À partir des années 1570, la France connut une inondation de textes misogynes, une des dernières manifestations importantes de la Querelle des femmes. Selon Linda Timmermans, De 1580 environ, jusque vers 1625, règne un climat de franche misogynie. Les invectives contre les femmes sont légion, surtout dans la poésie satirique, qui connaît alors un essor extraordinaire (L’accès des femmes à la culture (1598-1715), p. 240). Notre accent sur la polémique misogame nous incite à inclure la décennie précédente : les Stances du mariage de Philippe Desportes, publiées en 1573, servent de texte fondateur de la nouvelle polémique misogame et misogyne dans la mesure où elles inspirent un foisonnement de répliques pour et contre la prise de position du poète. Les stances de Desportes n’apportent pas grand-chose d’original au discours marital du Moyen Âge, sauf le cadre mythologique (Jupiter instaure le mariage sur la terre pour punir l’homme) et la forme des stances qui prêtent un air plus moderne aux thèmes traditionnels : le mariage est une prison misérable, la fin des plaisirs et du repos, et un pari impossible à gagner, car belle ou laide, riche ou pauvre, la femme rendra la vie de son mari infernale.

Si le blason de la parole misogame se trouve redoré au début du XVIIe siècle, c’est en partie grâce à la (pseudo) érudition des auteurs comme Nicolas de Cholières, Jean-Philippe Varin et Thomas Sonnet de Courval : leurs allusions aux voyages d’exploration, à l’Antiquité, à la médecine donnent la patine du savoir à la bonne vieille misogynie. L’amertume de leurs propos est à mettre en contraste avec les vers du Cabinet satyrique et autres recueils de poésie légère, aussi dure pour la femme mais où les cocus sont eux aussi la cible du rire moqueur.

Bibliographie

• Timmermans (Linda), L’Accès des femmes à la culture (1598-1715) : Un débat d’idées de Saint François de Sales à la Marquise de Lambert, Bibliothèque Littéraire de la Renaissance, série 3, tome XXVI, Paris, Champion, 1993.