Le mariage sous L'Ancien Régime
DE SILE.
SIle me veut pour ſon mari,
Et n'y a rien qu'elle ne face:
Mais moy i'en ſeroy bien marri,
Quelque contract qu'elle me paſſe.
Ainſi qu'elle m'en preſse tant,
Tu me donneras, celuy di-ie,
Cinquante mille eſcus1 contant
Sans qu'à les rendre ie m'oblige.
Et pour le premiere nuitee
Ne gouſteras point le deduit:
Mais tu t'en paſseras couchee
Seule à part dans vn autre lit.
A ton nés, ſi ie le demande
I'auray ma garce entre mes bras:
Sans gronder, ſi ie le commande,
Ta ſervante m'enuoyeras.
Et le plus ſouuent à ta veuë
Pour careſser me ietteray,
Deſsus la premiere venüe,
Et haut & bas la taſteray.
Quand nous irons en compagnie
Si loin l'vn de l'autre ſerons,
(Tant ſois-tu paree & iolie,)
Que iamais ne nous toucherons.
De me baiſer point de nouuelle
Garde toy de t'y preſenter:
Si d'auenture ie t'appelle
Ta leçon ie te veux chanter.
Garde toy d'y eſtre ſi oſee,
Si ma femme vne fois tu es,
Me baiſer en femme épouſee:
Car ie le trouueray mauuais.
Ne me baiſe comme ton frere
Il y auroit trop d'appetit:
Mais comme quelque bonne mere
Baiſeroit ſon fils par acquit.
Si tu peux ſupporter en ſomme
Tout ceci ſans rien refuſer,
Touche là, tu as trouué l'homme
Qui eſt content de t'expoſer.
Notes
- Pièce de monnaie.↑
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