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Sur la crainte du cocuage

STANCES.

SVR LA CRAINTE DV
cocuage.

Par le ſieur de Sigognes.

PLuſieurs craignent comme priſon
De viure aux loix de mariage,
Et n’en ſçais point d’autre raiſon
Que la crainte du cocuage.
Crainte dont l’eſprit eſt attaint
D’vn travail preſque inſupportable,
Car c’eſt bien en vain que l’on craint
Sy le mal eſt ineuitable.
C’eſt alambiquer ſon cerueau
Que d’empeſcher le cours du tibre,
Car le pont fait paſſage à l’eau
Et l’eau veut ſon paſſage libre.
Ceſte crainte d’eſtre cocu
Rend l’homme ſi ſot & ſi beſte
Que le C. va d’aupres du cu
Luy porter mal a la teſte.
Il tremble il fremit de douleur
Chaud comme feu froid comme glace,
Faiſant ſon Roy & ſon bon-heur
De bien conſeruer ceſte place.
Doute-til que quelqu’vn la _ _ut
Il met en garde ſa femelle,
Craint il que l’on n’en vienne about,
Il place garde & ſentinelle.
La tient il ore entre ſes bras
Elle ne peut eſtre plus ſeure,
Il eſt meſme ialoux des draps,
Du lict & de la couuerture.
Bref ie croy fort aſſeurément
Que l’homme en cette reſuerie
Ne penſe en ſon entendement
Que C. que V. que _ _ _ _ _rie.
On ne ſçauroit dire en effect
La cauſes de ces craintes noſtres,
Fors qu’on dit qu’il nous ſera faict
Comme nous auons faict aux autres.
Mais ſi cela ſe peut prouuer
Beaucoup courent meſme fortune,
Car à peine peut on trouuer
Quelqu’vn qui n’ait _ _ _tu quelqu’vne.
Par la donc eſtant convaincus
Sans chercher d’autres teſmoignages,
Ceux qui auront fait des cocus
Seront ſubiets aux cocuages1.

Notes

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