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Contre les femmes

ELEGIE.

CONTRE LES FEMMES.


Par le ſieur Motin.

QVe c’eſt fait ſagement aux hommes d’empeſcher
Les femmes de iuger commander & preſcher,
Captiuant ſous les loix ceſte animal ſauuage
Qui chez les Muſulmans eſt touſiours en ſervage
Rendez ſi vous pouuez de bonne heure arreſteé
De la femme & de l’eau le courroux indompté,
De peur que l’vn et l’autre vsant de ſa puiſſance
Sur vous trop pareſſeux n’estende ſa puiſſance,
Malheureux eſt celuy qui ſ’en laiſſe abuſer:
Mais bien plus malheureux qui la veut eſpouſer:
I’aime mieux eſtre aux fers d’vn Tartare ſeuere,
La femme n’eſt ſinon qu’vne belle miſere
Perdant de nos parens le treſor amaſſé
Elle eſt comme vne poulle à un morceau de blé
Qui se plaiſt en riant ſe tourmente & ſe baſte
Affin que de ces pieds tout le reſte elle gaſte
Autant que l’auare eſt de ces biens indignes
A peine & de ſoign d’amaſser de l’argent,
Autant elle travaille à faire le contraire,
Le treſor de David ny pourroit ſatisfaire
Ny la riche rançon du Roy mal ſecouru
Que le fier Eſpagnol ruina dans le Peru?
Bien qu’elle ſoit prodigue elle eſt auare enſemble,
Vn contraire à la femme au contraire s’aſſemble,
Elle meſme ſe uend & la neceſſité
Sert alors de pretexte à la lubricité,
Mais qu’elle tour d’airain qu’elle porte ſerree,
Quel Argus quel Geolier pour tenir en priſon
Celle de qui l’amour ſurmonte la raiſon,
Eſt il flamme impudique horrible à la penſee
Qui par elle ne ſoit ſans respect exercee,
Teſmoing Semiramis qu’vn cheual embraſa,
Et celle qu’au taureau Dedalle ſupoſa
Leur impudicité de cruauté guidee
Funeſtre aux innocens fait naiſtre une Medée,
Fait-on contre vn vieux Père vn ſilence animer,
Fait contre leurs maris les Bellides aimer,
Le fer & la priſon exercent leur vengeance,
Et de leur long couroux le ſang eſt l’allegeance,
Aux funeſtres deſſeins de leur inimité
Il ne faut point iamais eſperer de pitié
Si quelqu’vne en ſon cœur quelque haine vous porte
Ne vous y fiez point encor qu’elle fut morte.
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