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Le Bon Mariage
1


Frontispice allégorique du mariage de Jesus-Christ avec l'église, de l'imprimerie de Jean Serrurier à Douay.


LE BON MARIAGE,
O V
LE MOYEN D'ESTRE HEVREVX
ET FAIRE SON SALVT EN ESTAT DE MARIAGE
AVEC

VN TRAITÉ DES VEFVES:
Liure tres-utile à ceux qui ſont mariez, & à ceux qui aſpirent au mariage,
ou qui ne ſont encor determinez à aucun eſtat,
& condition de vie.

Ceux & celles qui font profeſsion de cœlibat ou de Religion,
connoistront l'uſage qu'ils peuuent auoir de ce
Liure en la ſeconde preface.

Par le R.P. Clavde Maillard de la Compagnie
de IESVS.

Vignette: un salamandre, devise en latin de l'éditeur en-dessous, VRIT NEC VRITVR (Il brûle sans être brûlé). A DOVAY,
De l'Imprimerie de Iean Serrvrier, à la Salemandre, 1643.
Filet simple.
AVEC PRIVILEGE.

L'explication, & l'application de la peincture
du frontiſpice eſt immediatement apres
l'Epiſtre dedicatoire.

Bandeau décoratif.

AVX
NOBLES, DISCRETS, ET EQVITABLES
SEIGNEVRS,
MESSIEVRS
LES
BAILLIF
ESCHEVINS
ET
NOBLES VASSAVX
DE LA SALLE ET CHASTELLENIE D'YPRE.

MESSIEVRS,


L'attente de mon retour en Lorraine, qui a coulé
depuis vn an, de mois à autre, m'ayant donné quelques treues en
mes Sermons, m'a pareillement fourny le loiſir de me communiquer
au public par eſcrit, comme i'auois fait par cy deuant de viue voix:
mettantã 3

EPISTRE
mettant en lumiere ce Traité du bon Mariage, qu'aucuns m'auoient
dés aſſez long-temps demandé.
Ie le fais d'autant plus volontiers, que moins on a traité de ce
ſubject quant aux mœurs, & pour l'vſage du commun ; quoy qu'aſ-
ſez liberalement quant à la ſpeculation, & pour l'eſcole ; qui eſt tou-
tefois le fondement de toutes les actions humaines, puis que ce qui
a fait viure aux hommes une vie commune & humaine, c'eſt le
Mariage : ce qui les a retiré de la brutalité, pour les appriuoiſer, eſt
le Mariage : ce qui a donné commencement aux villes, c'eſt le Ma-
riage : ce qui a enſeigné à garder la foy, honorer la iuſtice, travail-
ler pour le commun, faire des alliances & amitiés, eſt le meſme Ma-
riage.
Le mariage eſt la premiere compagnie de toutes, le ſouſtien de tous
les eſtats : l'vnique cauſe de la conſeruation de la nature humaine,
puis que des bons Mariages ordinairement viennent les bons enfans;
des bons enfans, des bons citoyens, & les bons Eccleſiaſtiques; des bõs
citoyens, des bons Magiſtrats ; & par conſequent les bonnes & flo-
riſſantes villes ; des bonnes villes, les bonnes Prouinces, & enfin la
grandeur & puiſſance des Royaumes. En vn mot, il ſemble que tou-
te la proſperité humaine depend de ces trois poincts, de bien commẽ-
cer les mariages : d'y maintenir l'vnion, & de bien eſleuer les enfans;
& voilà en quoy conſiſte l'eſtre du bon Mariage : pour l'eſtabliſſemẽt
duquel les ſages legisſlateurs de la Gentilité ont fait tant de loix.
Or ils n'ont pas connu ce qui eſt le principal, & que la foy nous
enſeigne, ſçauoir que le bon Mariage eſt pluſtot vn don du ciel, qu'vn
effect des loix humaines : qu'il eſt le ſigne du Mariage de Ieſus‑
Chriſt
auec l'Egliſe : qu'il donne vne grace ſurnaturelle aux mariez
(qui n'y mettent point d'empeſchement) qu'il les fauoriſe d'vne aſ-
ſiſtance

DEDICATOIRE.
ſiſtance du S. Eſprit : qu'il remplit les familles de benedictions, & le
ciel de predeſtinez : enfin eſt capable de rendre les mariez bien-heu-
reux en ce monde par anticipation, & eternellement en l'autre. En
vn mot qu'il eſt Sacrement.
Il ne faudroit autre inſtructiõ pour faire vn bon Mariage, qu'vne
attentiue conſideration de la peincture que i'ay miſe en teſte de mon
liure, qui eſt la repreſentation du Mariage de Ieſus-Chriſt auec l'E-
gliſe, qui doit eſtre l'idée du bon Mariage, comme il en eſt toute la
grandeur, teſmoin S. Paul, a & que ie propoſe aux mariez comme
a Epheſ. 5. vn parfait miroir, en la ſuite de mon liure.
S'il eſt vray ce que dit S. Auguſtin, b b Tota vi-
ta Chriſti
per homi-
nem que
in terris
geffit, mo-
rum difci-
plina, &
ſpeculum
fuit.Lib. I
de vera re-
ligione
c.
16.tom.I.2
que toute la vie que Ieſus‑
Chriſt a mené en terre a eſté la reigle & le miroir de nos mœurs, il
et particulierement veritable pour le regard des mariez, qui ſont
obligez s'ils veulent auoir vn bon Mariage, & y faire leur ſalut, d'y
eſſigier autant qu'ils pourront les traits & perfections du Mariage
de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe : & partant tout ainſi que les Dames
qui deſirent ſe rendre agreables aux yeux d'autruy, diſputent cent
fois le iour auec la glace d'vn miroir, pour adjancer & corriger ce
qui pourroit eſtre meſseant, ou moins parfait, en leurs perſonnes : de
meſme, quiconque ſe veut rendre agreable à Dieu en eſtat de maria-
ge, & y acquerir de la perfection, doit ſe ſeruir de ce miroir, auant
que ſe marier, & ne le quiter iamais tout le temps de ſon mariage.
Ie n'entens pas volontiers ces ames ſans cœur, qui diſent auec le
deſeſperé de l'Euangile, cc Luc 14.
Vxorem
duxi, &
ideo non
poffum
venire.
ie ſuis marié, & partant ie ne puis eſtre
parfait : ſi les Payens croyoient qu'en ſacrifiant à Iunon, leurs ma-
riages pouuoient eſtre chaſtes : à Venus, feconds : aux graces pleins
d'amitié & de concorde : croirons nous que les mariez ſe ſacrifians
par vn humble ſeruice, & offre de leurs corps & ames au vray
Dieu

EPISTRE
Dieu du ciel & de la terre, s'vniſsans par imitation à celuy qui eſt
le principe de chaſteté ; la ſource de fecondité ; & la fontaine des gra-
ces ; ne puiſsent arriuer à la perfection de leur vocation? ce ſeroit en
vain que Dieu les auroit appellé à cet eſtat, & qu'il l'auroit hono-
ré de la qualité de Sacrement : ce ſeroit en vain qu'il leurs auroit
donné le Mariage de Ieſus Christ, pour leurs ſeruir comme d'vn
parfait miroir, pour y reconnoiſtre l'idée de la perfection qu'ils doi-
uent eſſigier en leurs mariages.
Meſsieurs, i'ay dit, & ie le maintiens, qu'il ne faudroit qu'vne
attentiue conſideration de ce beau miroir que ie vous propoſe en pe-
tite forme en mon frontiſpice & en ma preface, pour faire un bon
mariage. Or d'autant que chacun n'eſt pas capable de la faire, ſans
l'aide d'vne expoſition plus ample, des merueilles que ce miroir re-
preſente, ie la fais en mon Liure, pour ſeruir à tous : & voila
mon deſſein, & le ſubiect de mon entrepriſe.
I'ay fais choix de Vos Seigneuries, pour par leur entremiſe &
authorité, communiquer ce beau miroir au public ; pouſsé de plu-
ſieurs raiſons. La premiere eſt, que comme ainſi ſoit que les exẽples
ſont plus puiſſans pour perſuader que les paroles : comme vous eſtes
choiſis, en tout le territoire, pour donner exemple aux autres de
ſyncerité, fidelité, & iuſtice ; auſsi ie veux croire que vos Ma-
riages ſont autant de confirmations & d'exemples des veritez que
i'aduance parlant du bon Mariage, & qu'en chacune de vos mai-
ſons y a vn miroir du bon Mariage, qui eſclate à l'edification &
instruction du public. ainſi que vous authoriſerez par vos exemples
& deportemens, ce que ie repreſente par mes paroles.
La ſeconde, que mon intention eſtant conformement à ma pro-
feſsion de proffiter au public, inſtruiſant ceux qui ſont à marier à
le bien

DEDICATOIRE.
le bien faire : ceux qui le ſont defia à s'y perfectionner, & à eſleuer
leurs enfans Chreſtiennement. Ie n'ay ſçeu faire choix de perſsonne
qui peuſt ſeconder mes intentions plus fauorablement que Vos Sei-
gneuries, qui par voſtre prudence, fidelité, integrité, & autres ver-
tus, auez eſté eſleuez ſur le noble tribunal de tout ce territoire : &
par les qualitez que la naiſsance vous a données, joinctes aux Sei-
gneuries que vous poſsedez, faictes la plus noble partie de toute la
Chaſtellenie, & en repreſentez le corps : ainſi m'addreſsant à vos
perſonnes, i'ay penſé m'addreſſer à tout le reſte pour communiquer
mon deſſein à tous les membres, par le moyen du chef, & de la par-
tie principale.
La troiſieſme eſt, que me trouuant au College d'Ypres3 depuis
d De ad-
uenis qui
peregri-
nantur a-
pud vos,
vel qui ex
his nati
fuerunt in
terra ve-
ſtra, hos
habebitis
famulos &
hæredita-
rio iure
tranſmit-
tetis ad
poſteros
ac poſſide-
bitis in æ-
ternum.
Leuit. 25.
tantoſt vn an, où i'ay mis du iour ce petit œuure que ie vous offre,
vous auez droict de le repeter comme voſtre par toute loy, & moy
obligation de le vous offrir.
La loy Diuine le veut, en voicy les termes. d Quant aux eſtran-
gers qui ſont pelerins parmy vous, ou quant à leurs enfans, qui ſe-
ront nez en voſtre terre, ils ſeront vos ſeruiteurs, & par droict de
ſucceſsion vous les lairrez à vos enfans pour en jouyr à iamais. Ce
Liure eſt mon part né en votre Ville, où ie ſuis eſtranger : donc la
loy vous l'adjuge, et à vos enfans à iamais, comme leur poſſeſsion
legitime et hereditaire. Ie n'ignore pas que la loy s'entend des ſer-
e Omnis
fructus nõ
iure ſemi-
nis, ſed iu-
re ſoli per-
cipitur. Vl-
pianus
lib.
7 D.lege
qui ſcit.
Eius eſt
fructus cu-
ius eſt fun-
dus.
uiteurs eſtrangers ; qualité que i'admets tres-volontiers pour le re-
gard de Vos Seigneuries, autant que ma profeſsion me le peut per-
mettre.
La loy ciuile m'oblige au meſme deuoir e qui donne le fruict non
à celuy qui a fourny la ſemence, mais à celuy à qui appartient le
fond ou croit le fruict, donc il appartient à toute votre Ville, et à
tout

EPISTRE
tout voſtre territoire : partant ie ne le puis mieux rendre au pro-
prietaire, que par les mains de vos Seigneuries, qui faites vn des
premiers corps de la iustice, & tout enſemble repreſentez la nobleſſe.
Il eſt voſtre par droict de reconnoiſſance, puis que demeurant en
ce College où i'apperçois tous les iours les marques de vos liberalitez
& magnificences, en la baſtiſſe des eſcoles, mais ſur tout en la ſtru-
cture de cette iolie, deuote, & magnifique Egliſe, admirée meritoi-
rement de tous ceux qui la voyent, marque de vos pieuſes liberalitez :
i'ay deu prendre cette occaſion pour teſmoigner au public, au nom de
tous nos Peres (quoy que ie ſois le moindre de tous) les obligations
que nous vous auons : tant pour les biens-faits du corps, dont vous
eſtes chef ; que pour les voſtres en particulier, & pour votre bon-
ne & ſyncere affection enuers noſtre Compagnie, & ce College.
I'eſpere tant de vos bontez, qu'encor que ce mien part, que ie
vous preſente comme voſtre, par tant de tiltres, ſoit habillé en eſtran-
ger : il ne manquera pourtant d'auoir entrée à vos bonnes graces :
ains luy ferez l'honneur de le receuoir & le traiter comme voſtre,
& comme choſe de laquelle vous pouuez diſpoſer pour vous & pour
vos enfans : & qui a cela de bon, qu'en le communiquant par vo-
ſtre liberalité & authorité à vos voiſins & amis, vous le ferez ſans
aucune diminution de vos droicts, ny de voſtre poſſeſsion & vſu-
fruict, ains le rendrez plus voſtre & plus recommandable.
Son habit ne luy empeſchera pas l'accés aupres des perſonnes
honneſtes, doctes, & nobles, qui le reconnoiſtront aſſez en cet habit :
ſi quelqu'vn auec le temps luy fait la charité de l'habiler à la fla-
mande, il luy en aura de l'obligation, puis qu'il en aura plus libre
communication auec le vulgaire, & ſera plus connu.
Pour moy ce m'eſt aſſez en l'offrant à vos Seigneuries, de ioindre
mes

DEDICATOIRE.
mes deuoirs à ceux des Peres de tout ce College, en reconnoiſsance de
vos bien-faits ; & mes vœux aux leurs, pour la proſperité & le
ſeruice de toute la ville, & de tout le territoire : & croiray auoir
bien employé mon petit trauail, s'il eſt capable de paroiſtre deuant
vos Seigneuries ; s'il peut auoir place en vos bonnes graces, & aug-
menter le bon-heur & contentement que vous pretendez en vos
mariages, & procurez en l'adminiſtration de vos charges à tout le
territoire, à la gloire de Dieu; & que vous eſperez dans le ciel : enfin
s'il vous fait connoiſtre que ie ſuis






MESSIEVRS


DE VOS SEIGNEVRIES



Tres-humble, & tres-affectionné Seruiteur
Clavde Maillard
de la Compagnie de Iesvs




ẽ 2





Filet cadre, rayé.

EXPLICATION DE LA PEINCTVRE
du frontiſpice.

L'Honneur du mariage entre l'homme & la femme, conſiſtant
en ce qu'il eſt ſigne du mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe
( comme dit ſainct Paul Epheſ. 5. ) & comme ie monſtre ample-
ment au chap. 9. du premier Traité du premier liure, i'ay voulu fi-
gurer au frontiſpice de ce liure, le Mariage de Ieſus-Chriſt auec
l'Egliſe : on pourra connoiſtre comme le mariage de l'homme &
de la femme en eſt le ſigne, par l'explication de la peincture, & par
l'application d'icelle.
Dieu le Pere par ſon amour enuers l'homme, a eſté autheur du
mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe, fecit nuptias filio ſuo, il a fait
des nopces à ſon fils, Math. 22.
Le ſainct Eſprit jettant ſes rayons ſur l'agneau, ſignifie les dons
qu'il a donné à l'humanité de Ieſus-Chriſt : & requieſcet ſuper eum
ſpiritus Domini
, Iſaiæ 11. l'eſprit du Seigneur repoſera ſur luy. Les
jettant ſur l'Egliſe, nous monſtre les prerogatiues, & l'aſſiſtance
ſpeciale dont il l'a fauoriſée entant qu'eſpouſe.
Les anges ſe reſioüyſſent de ce mariage, & en loüent Dieu : Gau-
deamus & exultemus, & demus gloriam ei quia venerunt nuptie agni
,
Apoc. 19. par ce que les enfans de ce mariage doiuent peupler le
ciel.
Les deux anges auec les trompettes repreſentent les anges &
les predicateurs qui inuitent les hõmes à ces nopces, Omnia parata
ſunt, venite ad nuptias
, tout eſt preſt, venez aux nopces. Math. 22.
L'eſpoux des nopces eſt l'agneau, qui ſignifie Ieſus-Chriſt en
tant d'endroits de l'Apocalypſe.
L'agneau, ou Ieſus-Chriſt en qualité d'eſpoux. 1. Nourrit ſon
eſpouſe, voire de ſa propre chair, & la gouuerne. Apoc.7.
2.  La mene aux fontaines de vie, qui ſont les Sacremẽs. Apoc.7.
3.  La purifie, la lauant de ſon ſang. Apoc.7.
4.  Ouure le liure pour l'inſtruire. Apoc.5.
5. A

5.  A ſept yeux pour la conduire & garder : ſept cornes pour la
defendre & gouuerner, d'vne puiſſance & authorité Royalle.
Apoc.5.
6.  Eſt aſſis au throſne, comme meritant tout honneur, Apoc.7.
7.  Meurt pour teſmoigner ſon amour à ſon eſpouſe. Apoc.5.
8.  Fera ſentir ſa cholere au iour du iugement contre les meſ-
chans. Apoc.6.
L'eſpouſe eſt l'Egliſe, Apoc. 21. Epheſ.5. Ieſus-Chriſt l'a eſpouſée,
in fide, par la foy : ſignifiée par le flambeau : Oſee 2. In iuſtitia, en ſain-
cteté, ſignifiée par le liure des ſainctes eſcritures, où ſont les prece-
ptes de toute ſaincteté. In iudicio, en iugement, auec meure deli-
beration : luy donnant iuriſdiction ſur les ames, ce qui eſt ſignifié
par les clefs. In miſericordia, & miſerationibus, par ſa grande miſeri-
corde, non pour les merites qui fuſſent en elle. In ſempiternum, in-
diuiſiblement, à iamais : ce que monſtre le quadre ſur lequel elle
eſt affermie, contre tous les efforts de l'enfer, qui ne pourront ia-
mais preualoir contre elle.
Comme ſouuerain Seigneur de l'vniuers, il l'a couronné d'vne
triple couronne : de pouuoir, de grace, & de gloire. Et ſcies quia
ego Dominus
, monſtrant qu'il eſt le ſouuerain Seigneur.
Sa robbe d'or & bigarrée monſtre ſa charité, & les graces &
vertus dont elle eſt ornée, qui eſt ſon doſt, & qui la rauiſſent en-
tierement à l'amour de ſon eſpoux : comme auſſi ſon eſpoux à ſon
amour : Dilectus meus mihi & ego illi, Cant. 2. mon bien-aimé eſt
tout à moy, & moy toute à luy.
Les Patriarches, Prophetes, Apoſtres, Martyrs, Confeſſeurs,
Religieux, ſeculiers & autres qui ſont d'vn coſté : les Matrones,
Vierges, Vefues, Religieuſes, Dames & Damoiſelles, & autres
qui ſont de l'autre coſté, predits par Iſaie, filÿ tui de longè venient,
& filiæ tuæ de latere ſurgent
, vos fils viendront de loin, & vos filles
de coſté. Iſaie 60.  Sont les enfans ſortis de ce mariage, qui ont
Ieſus-Chriſt pour pere, & l'egliſe pour mere.
Moyſe & ſainct Paul ſont les Paranymphes du Mariage, l'vn en
la loy ancienne qui en promulge les conditions, Gen. 2. Relinquet
homo patrem ſuum & matrem, & adherebit vxori ſuæ
, l'homme laiſſe-
ra ſon
ẽ 3

ra ſon pere & ſa mere, & demeurera auec ſa femme. L'autre en la
nouuelle loy qui les confirme, & nous aſſeure que c'eſt vn grand
Sacrement, Epheſ.5. Sacrementum hoc magnum eſt.
On peut voir cette explication plus amplement en la ſuite du
liure, & nommément au chap.9. du Traité I. du liure premier,
où ie monſtre les circonſtances de ce mariage de Ieſus-Chriſt
auec l'Egliſe par vn diſcours exprés.





Cul de lampe à motif floral.









AVX






Filet cadre, rayé.

APPLICATION DV MARIAGE DE IESVS-CHRIST
auec l'Egliſe, & de ſa peincture : au mariage de
l'homme auec la femme.

DIeu autheur du mariage de Ieſus Chriſt auec l'Egliſe, eſt autheur du
mariage de l'homme auec la femme, Gen. 2.
Le S. Eſprit donne vne grace ſpeciale à l'eſpoux & à l'eſpouſe en vertu du
Sacrement.
Les Anges & les Predicateurs y inuitent, puis que le mariage eſt vne vo-
cation diuine.
Les Anges s'en rejoüiſſent, & en donnent loüange à Dieu, d'autant qu'il
eſt la pepeniere du ciel.
Le mary doit eſtre vn agneau doux, debonnaire, patient, traittable, & à
l'imitation de l'agneau myſtique Ieſus Chriſt, doit
  • 1.  Nourrir ſa femme de la ſueur de ſon corps, & la conduire.
  • 2.  La conſoler.
  • 3.  La purifier par ſon bon exemple, par ſa bonne vie, & ſainctes prieres.
  • 4.  L'enſeigner.
  • 5.  La garder auec les yeux de ſa prudence & vigilance : & la defendre par
    ſa force & authorité.
  • 6.  Eſt aſſis au throſne comme le chef & comme celuy qui doit commander
    & qui doit eſtre honoré.
  • 7.  Meurt pour ſa femme ; ce qui luy fait entendre le grand amour qu'il
    doit auoir pour elle à l'imitation de Ieſus Chriſt.
  • 8.  Fait ſentir ſa cholere, quand il s'agit de l'honneur & ſeruice de Dieu,
    contre lequel il ne doit rien ſouffrir.
Le quadre monſtre l'indiſſolubilité du mariage, & la fermeté de l'amour
des mariez.
Le liure que tient l'eſpouſe, les fins du mariage inſtituées de Dieu, & con-
tenuës és eſcritures Sainctes : monſtre auſſi comme la femme doit eſtre do-
cille.
Les clefs ſignifient la liberté auec laquelle le mariage ſe doit faire : ou
bien que c'eſt à la femme d'auoir ſoin de la maiſon, & d'ouurir & fermer.
La robbe d'or & bigarrée, la diuerſité des vertus de la femme.
Le flambeau ſa fidelité ; ou ſa pureté ſans obſcurité : ou l'amour ſincere
qu'elle

qu'elle doit auoir pour ſon mary : ou la bonne reputation que ſa bonne vie
luy doit donner.
Ces paroles dilectus meus mihi & ego illi, Cant. 2. monſtrent l'amour reci-
proque des mariez, qui doiuent eſtre vn en vnité d'eſprit, comme ils ſont en
vnité de chair.
La triple Couronne, 1. que la bonne femme eſt la couronne & la gloire
de ſon mary, Prouerb. 22.  2. Que les enfans ſont la couronne & la gloire de
la femme mariée.  3. Qu'elle obtiendra la couronne de gloire en l'autre vie,
obſeruant ce que dit S. Paul, I. Timoth. 2. Saluabitur mulier per filiorum gene-
rationem & c.
La femme ſera ſauuée mettant des enfans au monde.
La multitude de perſonnes de l'vn & l'autre ſexe qui eſt a l'entour, ſigni-
fie que les Patriarches, les Prophetes, les Apoſtres & c. Vierges, Matrones,
& c. ſont les fruicts du mariage, creus en terre & deſtinez pour le ciel.
Moyſe & S. Paul ſont les Paranymphes du mariage.
Vous pouuez voir en ce frontiſpice, comme en vn tableau racourcy tout
le contenu de mon Liure, & cette application, faicte icy ſommairement,
deduicte plus amplement dans les chapitres.



AVX





Cul de lampe, cœur entouré de feuilles.


Bandeau décoratif

AVX MARIEZ, ET A CEVX
qui aſpirent au mariage, ou qui ne ſont encor de-
terminez à aucun eſtat & condition de vie.

Filet cadre, rayé.

PREFACE
ET
SOMMAIRE DE TOVT LE LIVRE.

Lettrine "M".
MESSIEVRS,


L'eſtat abſolument neceſſaire pour la conſeruation de la na-
ture humaine ; le plus important pour la proſperité de tous les
eſtats: le plus commun parmy les hommes: le fondement de tous: le plus eſ-
pineux : voire le plus perilleux pour le ſalut, eſtant le mariage. Ie ne croy
pas pourtant qu'il y en ait aucun qu'on entreprenne auec moins de deli-
beration, qui ſoit accompagné de plus d'incommoditez, & ſuiuy de plus de
repentir.
Il ſemble que le monde eſt plein maintenent de ces combatans, qui ſe
precipitoient anciennement au combat les yeux clos, puis que nous voyons
que tant de perſonnes ſe jettent dans le mariage les yeux bandez, ſans con-
ſeil, ny conſideration ; comme dans vn combat perilleux, où il faut luicter
auec la pauureté, les riottes, les ſoupçons, les jalouſies, la diuerſité d'hu-
meurs & de mœurs, les affaires continuelles, les ſoins rongeans, & vne infi-
nité de ſemblables ennemis. Ce qui verifie le dire de Socrate, que la plus
part des hommes ſont comme ces poiſſons qui ſe debatent pour entrer en
la naſſe, ſans prendre garde qu'elle doit eſtre leur priſon fatale ; mais n'y
ſont ſi toſt entrez, qu'ils en cherchent l'iſſuë, qu'ils ne trouueront iamais
qu'auec leur mort.
Les
ĩ

Preface et Sommaire
Les maux qui ſe retrouuent en cet eſtat, ne procedent pas de ſa nature,
qui eſt excellente & digne d'honneur, comme eſtant inuention & inſtitution
Diuine, capable d'eſleuer à la perfection ceux qui en font profeſſion : ils
procedent ou de ce que pluſieurs l'entreprennent mal â propos, ſans conſi-
derer ce qu'ils font, & ſans y eſtre appellez de Dieu, ainſi payent la faute de
leur temerité par vn long repentir : ou de ce que ceux qui l'ont entrepris
comme il falloit, ne s'y comportent comme ils deuroient.
Par la grace de Dieu ce mal-heur n'arriue pas à tous ceux qui ſont en
l'eſtat de mariage, pluſieurs ne s'y engagent que ſuiuant le fil de la vocation
de Dieu, & n'y prennent autre guide que ſes ordonnances & volontez ; ainſi
y trouuent la conſolation & le repos qu'ils y cherchoient, & par l'abondan-
ce des graces qu'ils reçoiuent de la main liberale de celuy qui les y a appellé,
reconnoiſſent que c'eſt la piſte de leur predeſtination.
Mon liure ſeruira d'exhortation à ces derniers, pour continuer coura-
geuſement leur carriere, & apprehender la couronne de gloire, qui doit
eſtre la recompenſe de leur perſeuerance : & aux autres de ſoulagement en
leurs maux, & fournira les remedes ou à leur temerité, ou à leurs mauuais
comportemens ; leurs rendant cette condition, où ils ſe ſont engagé, plus
tolerable & meritoire de la vie eternelle.
I'ay dit en mon Epiſtre Dedicatoire, que le mariage de Ieſus-Chriſt auec
l'Egliſe doit eſtre comme vn miroir aux perſonnes mariées & à marier, où
elles doiuent recõnoiſtre la perfection de leur eſtat, ce que les periodes ſui-
uantes mõſtreront plus clairement, & ſerõt cõme le Sommaire de mon Liure.
Les miroirs ſeruent pour voir noſtre face, qu'autrement nous ne pour-
rions voir, & d'ordinaire ils nous font voir tels que nous ſommes : ſi blancs,
blancs : ſi noirs, noirs : ſi aſſis, aſſis : ſi debout, debout : ſi nous approchons, l'i-
mage qui eſt au miroir s'approche de nous : ſi nous reculons, elle recule. De
meſme iamais les mariez ne veront la condition des bons Mariages, que
dans ce miroir, où ſe contemplans, ils connoiſtront s'ils ſont blancs, c'eſt à
dire, purs & Saincts : ſi noirs, c'eſt à dire, impurs & imparfaits : ſi prés de
Iesus-Chriſt en perfection, ſi eſloignez de luy. Ceſt dans la fine glace de ce
miroir ſans tache qu'ils apperceuront la beauté, ou la laideur: la bonté, ou la
malice : l'honneur, ou le des-honneur : les benedictions, ou maledictions
de leur mariage : & par conſequent l'eſtime qu'ils en doiuent faire : la perfe-
ction qu'ils y ont aquiſe, ou l'amendement qu'ils doiuent y apporter.
Pauſanias dit que dans le temple d'vne certaine Deeſſe4 y auoit vn mi-
roir, dans la glace duquel chacun pouuoit apprendre ſa bonne fortune :
Ie m'en rapporte à ce qui en eſt : mais ie vous aſſeure qu Dieu a mis le Ma-
riage de Ieſus-Chriſt dans ſon Egliſe, comme vn miroir, pour y faire voir
aux mariez leur bonne ou mauuaiſe fortune, & vn des principaux traits de
leur predeſtination ou reprobation.
C'eſt


De tovt le Livre.
C'eſt vne choſe diſputable parmy les Optiques5, ſi nous voyans par le mi-
roir, nous voyons noſtre face, ou bien l'image de noſtre face : le plus proba-
ble eſt, que ce n'eſt pas l'image de noſtre face que nous voyons, mais noſtre
face meſme, & ce par la reflexion de l'eſpece : mais c'eſt vne choſe hors de
controuerſe, que dans le mariage de Ieſus C. comme dans vn parfait miroir,
les mariez peuuent voir l'eſtat & condition de leur mariage, or ie les aduer-
tis qu'il y faut vne grande reflexion.
Le ſecond effect que produit cette ſpeculation, eſt vn moyen tres efficace
pour ſurmonter les ennemis du mariage. Le moyen duquel ſe ſeruent les
veneurs pour tuer le baſilic, animal ſi venimeux qu'il tuë de ſa ſeule veüe, eſt
qu'ils s'entourent de miroirs, dans leſquels le baſilic ſe regardant, les rayons
enuenimez des eſpeces viſibles qui ſortent de ſes yeux retournans par re-
flexion, du miroir contre luy, l'empoiſonnent, & le tuent. Si le diable puant
d'Aſmodée iette ſon infection contre les mariez : ſi la concupiſcence taſche
de tuer leur ame par les halenées empoiſonnées, ſi la ialouſie y veut eclypſer
l'amour par les nuages des ſoupçons & deffiances : ſi quelque langue ſer-
pentine y veut infecter & faire mourir la bonne intelligence : ſi quelque ruf-
fien attaque la fidelité, faut leurs oppoſer ce beau miroir, il ſera capable de
rendre leurs efforts inutiles, & de les faire reflechir ſur eux à leur confu-
ſion.
Lors que le veneur ayant enleué le faon du tygre ſe voit pourſuiuy par la
mere enragée de ſa perte, il ne fait que luy oppoſer vn miroir, ou elle ſe
mire & croyant y voir ſon faon, elle deſiſte de ſa pourſuite. Si le diable
plein de rage ; ſi le rapporteur plein d'enuie ; ſi l'impudique plein de ſoul-
fre infernal, pourſuit quelqu'vn en ſon mariage, ne faut que luy oppoſer ce
beau miroir, leur faiſant voir l'image de leur Dieu Createur & Sauueur
eſſigiée en leurs mariages pour les arreſter tout court.
Le troiſieſme effect eſt que tout ainſi que celuy qui eſt ſal & vilain ſe re-
a Nos ve-
ro omnes
reuelata
facie glo-
riam Do-
mini ſpe-
culantes,
in eandem
imaginem
transfor-
mamur à
elaritate in
claritatem
tanquam à
Domini
ſpiritu

2.Cor.3.
gardant dans le miroir, peut ſe nettoyer & deuenir comme vn autre hom-
me : de meſme, il n'y a ſi ſal, ny ſi abandonné en eſtat de mariage, qui ſe con-
templant dans ce miroir, ne puiſſe reconnoiſtre ſa laideur & vilainie, & a-
uec la grace que Dieu luy donnera la corriger, & deuenir vn autre homme.
I'ay pour garant S.Paul a qui dit que lors que nous contemplons la gloire
de Dieu en Ieſus Chriſt, comme en vn beau miroir, nous eſſigions la meſme
gloire en nous meſmes, & ſommes transformez en ſon image, tranſportans
ſa perfection en nous, & ce par l'aſſiſtance du S. Eſprit.
Ie confeſſe, Meſſieurs, que cela ſe peut entendre de tous les Chreſtiens,
b Donec
formetur
Chriſtus
in nobis
.
Galat.4
qui doiuent tenir Ieſus-Chriſt comme vn miroir, ou ils ſe contemplent con-
tinuellement taſchans d'effigier Ieſus-Chriſt en leurs ames par imitation de
ſes vertus : b toutefois on ne ſçauroit nier, qu'il ne ſe puiſſe entendre des ma-
riez
ĩ 2

Preface et Sommaire
riez, auſquels Ieſus-Chriſt & ſon mariage doit eſtre comme vn miroir pour
en figurer les traits, & en tirer les perfections ſortables à leur mariage & ſe
transfigurer d'hommes charnels, en ſpirituels : de naturels en ſurnaturels: ſe-
condez de la grace ſpeciale que le Sainct Eſprit à annexé à leur eſtat. Ils peu-
c Hæc no
ſtre gene-
ris eſt dig
nitas, ſi in
nobis,
quaſi in
quodam
ſpeculo,
diuinitatis
forma reſ-
plendeat
.
ſerm. I. de
quadrag6.
uent dire auec Sainct Leon, c l'excellence de noſtre condition eſt que la
forme & figure du mariage de Ieſus-Chriſt paroiſſe au noſtre, comme au
miroir de la Diuinité.
Pour arriuer à ce bon-heur, ne faut imiter ceux dont parle S.Iaques d qui
ne ſe voient dans le miroir qu'en paſſant, & auſſi toſt s'oublient de leurs mã-
quemens qu'ils deuoient corriger. Faut imiter les Dames curieuſes de leur
beauté & bonne grace, qui ſe regardent cent fois, & corrigent les defauts
qu'elles remarquent. Il y en a d'autres qui ſe voyans laids dans le miroir, ſe
d Iacobi I.7 faſchent contre luy & le iettent par deſpit : ce n'eſt pas le miroir qui cauſe la
laideur, il la monſtre pour l'oſter : perſonne ne ſe doit faſcher contre le mi-
roir ſans tache du mariage de Ieſus-Chriſt, ſi en s'y contemplant, il ſe trouue
e Dicentes
malum
bonum, &
bonum
malum :
ponentes
tenebras
lucem, &
lucem te-
nebras
,
Iſaiæ 5.
laid en ſon mariage, cette fine glace ne cauſe pas ces ordures, elle les monſtre
pour les nettoyer.
A Smyrne ville de Grece, on gardoit au temple vn faux miroir qui repre-
ſentoit les faces les plus belles auec vne inſigne deformité, & donnoit vne
beauté imaginaire aux plus laids. Le monde eſt plein de ſemblables miroirs,
qui ſont inuention de la chair, forgez ſur l'enclume de la concupiſcence,
dont le forgeron eſt l'amour propre, ils ſe vendent dans la boutique des fla-
teurs, menteurs, impoſteurs : ils font paroiſtre la beauté laideur : la blancheur,
noircure : e mais voicy le miroir de verité dit S. Bernard, qui ne flatte per-
f Speculũ
veritatis,
nemini
blanditur,
nullum,
ſeducit ta-
lem in eo
quiſque
reperiet
qualis
fuerit
.
Serm.I.de
7.panibus.8
ſonne, f ne trompe perſonne, les mariez s'y veront tels qu'ils ſont.
Il y a trois ſortes de miroirs : les vns plats, & repreſentent les choſes au na-
turel : les autres ſont en relief & ronds, ou demy ronds, & repreſentent les
choſes moindres qu'elles ne ſont : & les derniers ſont creux, & repreſentent
les choſes par deſſus le naturel. La nature fournira bien quelque miroir
pour y reconnoiſtre l'eſtat du mariage, mais ce miroir eſt plat & ne repre-
ſente rien que de naturel, vne amitié naturelle, vne alliance naturelle, vne
lignée naturelle, vne aſsiſtance & fidelité naturelle, tout cela eſt plat.
Le monde donne des miroirs de relief, pour la connoiſſance auſsi du ma-
riage, releuez par les richeſſes, les honneurs, les plaiſirs : tout ce relief conſi-
ſte en vne figure ronde, qui n'a autre conſtance que l'inconſtance : ny autre
conſiſtance qu'en vn point, & ce miroir amoindrit par trop la grandeur du
mariage : la bonté du miroir ne conſiſte pas à l'or, ny aux choſes pretieuſes
où il eſt enchaſſé, bien à la parfaicte repreſentation : ny la bonté du mariage
à ces choſes exterieures, ains à la plus parfaicte repreſentation du mariage
de Ieſus-Chriſt.
Ces

De tovt le Livre.
Ces deux ſortes de miroirs repreſentent l'object d'autant moindre, que
plus on eſt eſloigné du miroir : tout le contraire arriue au mariage, tant plus
on eſloigne ſa conſideration de la ſeule nature, & l'affection du relief des
choſes mondaines, tant plus grand voit on le mariage.
Enfin les miroirs creux font les choſes grandes par deſſus leur na-
turel, & ſont excellents pour ſeruir de miroirs ardants. D'autant que les
rayons du Soleil s'vniſſans & ſe reflechiſſans dans cette concauité, augmen-
tent la lumiere, & produiſent le feu. Ce qui repreſente le miroir creu & ap-
profondy du mariage de Ieſus-Chriſt, qui s'eſt humilié iuſques à ſe marier
auec l'Egliſe, autrefois Ethiopienne, ſale, infecte, & roturiere. Tant plus on
s'approche de ce miroir, tant plus grand on y voit le mariage, qui eſtoit
tout plat, veu dans le miroir de la nature : & n'auoit qu'vne grandeur imagi-
naire dedans celuy du monde : mais ſa grandeur ne ſe voit que dans le miroir
du mariage de Ieſus-Chriſt, comme aſſeure S. Paul: a & ce miroir eſt tres‑
g Sacra-
mentum
hoc mag-
num eſt
verunta-
men in
Chriſto &
in eccleſia

Epheſ. 5.
excellent pour produire le feu d'vn chaſte & ſainct Amour dans les maria-
ges, & l'ardeur de la grace de Dieu dans les cœurs des mariez, par le moyen
de l'vnion de leurs mariages auec celuy de Ieſus-Chriſt, & par la reflexion
des perfections qui y eſclatent.
On dit h qu'Archimede par l'artifice des miroirs ardants, bruſloit de la
h Galien. ville où il eſtoit aſſiegé toutes les nauires des aſſiegeans. Ie vous donne pa-
role que ce miroir ardant eſt capable de bruſler & reduire à neant toutes les
difficultez, qui voudroient aſſieger & troubler l'eſtat & la paix des mariez.
On fait les miroirs ou de verre : ou d'airain & eſaint : ou d'argent, ou enfin
d'or. Cela nous monſtre quatre ſortes de mariages : le premier eſt de verre,
qui eſt le mariage de la loy de Nature, qui eſt le moindre de tous : le ſecond
de la loy de Moyſe, eſtably auec plus de loix & ceremonies que le premier :
n'eſt toutefois que d'airain : le troiſieme eſt celuy des Chreſtiens, entant que
Sacrement, & entant qu'il repreſente le mariage de Ieſus-Chriſt auec l'E-
glise : il n'eſt toutefois que d'argent quand on ne reçoit pas la grace Sacra-
mentale, & qu'on ne repreſente pas le meſme mariage de Ieſus-Chriſt par
l'imitation de ſes perfections ; & lors que l'on le fait, il eſt tout d'or.
Les miroirs ont leurs ennemis. Pline dit i que rien n'en ternit tãt le luſtre
i Lib.7.
c.15.9
que ie ne ſçay quoy qui eſt aux femmes k : rien qui empeſche tant la ioüiſ-
ſance du luſtre de ce beau miroir que l'amour deſordonné des mariez, prin-
k mẽſtrua cipalement quand il rompt le digues du mariage, & desborde dehors de ſes
limites : la boüe entre l'œil & la glace du miroir en empeſche l'effect, &
la ioüſſance.
Le meſme Pline dit l qu'il y a ie ne ſçay quelle malignité aux dents des
l Lib.11.
c.37.10
hommes qui eclypſe le luſtre des miroirs, qui leurs ſont opposez : voire qui
fait mourir les pigeonneaux qui ſont encor ſans plumes. Les dents repreſen-
tent
ĩ 3

Preface et Sommaire
tent les meſdiſances, les rapports, les ſoupçons, les calomnies, les ruffiens,
les curioſitez & entretiens ſuperflus, qui mettent ſouuent la ialousie & la diſ-
corde dedans les mariages ; & ſeruent comme de nuages entre eux & le ma-
riage de Ieſus-Chriſt : voire tuent les petits innocens, & deffect & de mau-
uais exemples, & par des prodigalitez & mauuais meſnages.
La glace de Veniſe eſt ſi polie, qu'on dit que les mouches n'y peuuent
prendre pied, ce qui donna ſubject à vne certaine Princeſſe de prendre pour
deuiſe vne fine glace de miroir, auec vn nuage de moucherons qui volti-
geoient à l'entour, & auoit pour epigraphe : m Ie n'ay que faire de vous. Les
m Nil mi-
hi vobiſ-
cum eſt.
mariages des Chriſtiens, à l'imitation de celuy de Ieſus-Chriſt, doiuent
eſtre comme vne fine glace auec le poli d'vn parfait amour, & d'vne inuiola-
ble fidelité ; où ny les rapports, ny les meſdifances, ny les ialousies, ny les
diſcordes, ny les ſoupçons ne prennent iamais pied, beaucoup moins les
mauuaiſes actions.
Tout ce qui eſt au miroir n'eſt pas luiſant ny diaphane, il y faut de
l'opacité au derrier pour retenir l'eſpece : il n'y a que le beau miroir du ma-
riage de Ieſus-Chriſt qui ſoit diaphane & ſans macule ny opacité. Les
mariages humains ont bien de l'opacité, il s'en trouue peu où il n'y ait du
meſlange d'incommoditez & d'imperfections. Or voicy le remede.
Moyſe n fit le grand vaſe qui eſtoit au temple, des miroirs des femmes : ce
n Exod. 38 vaſe eſtoit afin que les miniſtres du temple s'y miraſſent, reconneuſſent s'ils
auoient quelque tache, & la lauaſſent auec l'eau qui eſtoit dans le vaſe. Et
pourquoy Dieu a-t-il mis dans l'Egliſe le beau miroir du mariage de ſon
Fils? ſinon afin que les mariez y viſſent leurs defauts, & les corrigeaſſent.
Mais voicy vn autre myſtere, il falloit que cette mer d'airain fuſt grande,
puis qu'elle fourniſſoit de l'eau pour lauer les pieds & les mains des mini-
ſtres du temple, & cependant il ſemble que la baſe n'eſtoit que de miroirs,
qui ſont freſles comme verre. Comment eſt-ce que les mariez peuuent faire
leur ſalut, dans vne mer de ſoins? dans vn ocean d'affaires : parmy tant d'op-
poſitions, de contradictions, de viciſsitudes ? ie confeſſe que l'infirmité hu-
maine n'eſt capable de ſupporter ce poids, mais la baſe & le ſouſtien eſt le
miroir d'or du mariage de Ieſus-Chriſt, repreſenté par le mariage humain :
& fortifié de la grace qu'il confere. Voilà quaſi le Sommaire de tout mon
liure, & l'idée du bon Mariage.
Ie confeſſe que pluſieurs traitent doctement & amplement de cette ma-
tiere, mais la plus part s'arreſtant à la ſpeculation & à la doctrine de l'eſco-
le, ie me ſuis eſtudié à ce qui eſt de la prattique & de l'inſtruction des
mœurs, de ceux qui entreprennent cet eſtat, ou l'ont entrepris ; afin qu'ils y
puiſſent treuuer la perfection qu'ils y doiuent chercher, & arriuer par le
moyen d'icelle à leur ſalut.
Ie

De tovt le Livre.
Ie rapporte pluſieurs ſentences de l'eſcriture Saincte des SS. Peres, & au-
tres en Latin, pour la ſatisfaction de ceux qui entendent cette langue : i'ay
laiſſé à la diſcretion de l'Imprimeur de les mettre en marge, ou au corps du
diſcours : ne m'eſtant pas trouué au lieu de l'impreſsion, & luy en ayant laiſ-
ſé la diſpoſition : il les a miſes dans le corps du diſcours ; & pour le ſoulage-
ment de ceux qui n'entendent le Latin, en lettre Italienne, de ſorte que paſ-
ſans ce qu'ils trouueront eſcrit en telle lettre, ils ne perdront rien du ſens du
diſcours, les meſmes ſentences eſtant rendues en François.
La modeſtie & ma profeſsion ne m'ont permis de particulariſer beaucoup
de cas, qui concernent cette matiere, qui auroient peu offenſer les oreilles
delicates : ie me ſuis contenté de toucher les principes generaux, deſquels,
ceux qui ſeront deſireux de leur perfection, pourront ayſément tirer la con-
noiſſance qui leur eſt neceſſaire : le ſurplus ſe peut plus ſuremẽt apprẽdre de
quelques Confeſſeur docte & prudent, qu'eſtre expoſé par eſcrit à la veuë du
vulgaire, qui ſouuent pour ſa mauuaiſe diſpoſition, tourne en poiſon ce qui
luy auoit eſté donné comme ſalutaire medicament.
Ie me tiendray fort bien recompenſé de mon petit trauail, ſi ceux qui aſ-
pirent à l'eſtat de mariage en tirent inſtruction, & ceux qui y ſont en reçoi-
uent conſolation : & les vns & les autres ſe laiſſans conduire par la Diuine
prouidence, y trouuent le repos & la perfection qu'ils y cherchent, & enfin
la gloire & ſalut eternel.

AVX





Cul de lampe, cœur entouré de feuilles.

Bandeau décoratif.

AUX PERSONNES DEVOTES,
Religieuſes, & autres qui viuent en l'eſtat
de Mariage.
PREFACE.

Lettrine "M".
MESSIEVRS ET DAMES,


Vous ne me ſçaurez mauuais gré, du tiltre qu i'ay
donné à mon liure, s'il vous plaiſt de prendre la peine de li-
re le premier Chapitre ; où vous connoiſtrez que mon intention n'eſt
pas de deroger à la préeminence de voſtre eſtat, au reſpect duquel le ma-
riage n'eſt que le trentieme à comparaiſon du ſoixantieme, ou du centieme :
mais de monſtrer que le mariage, n'eſt pas vne condition infructueuſe, ains
qu'eſtant regardée des influences celestes, ſecondée de la grace Sacramen-
tale ; arrosée des benedictions dont Dieu a couſtume de la fauoriſer, elle
porte le fruict qui luy eſt conuenable, & tel que le grand Pere de famille en
attend.
Mon deſſein eſt d'inſtruire ceux que Dieu appelle à cet eſtat, afin qu'ils
le puiſſent entreprendre à ſa gloire, & pour leur ſalut : ie pretens de donner
des remedes à ceux qui y ſont, pour euiter, ou au moins addoucir, les in-
commoditez qui en ſont quaſi inſeparables : & d'encourager aucuns à ſe
rendre touſiours plus capables des conſolations qu'ils y perçoiuent : non de
raualer la condition de ceux que Dieu a appellé à vn eſtat de uie plus rele-
uée, ny apporter aucun retardement à leurs genereuſes & religieuſes en-
trepriſes.
Ie veux faire voir que comme la prouidence Diuine a crée diuerſes in-
telligences dans le ciel ; & grand nombre de creatures en terre, differentes
en perfections & habitudes, qui ne laiſſent pourtant d'auoir la perfection
conforme

PREFACE.
conforme à la condition de chacune : de meſme qu'elle a eſtably diuers
eſtats en ſon Egliſe, & quoy qu'auec inegalité d'excellence, pas vn toute-
fois ſans ſa perfection ſpeciale.
Partant que c'eſt à ceux que cette Prouidence a priuilegié par deſsus les
autres, de la remercier tellement du choix qu'elle a fait de leurs perſonnes,
qu'ils ne laiſsent pourtant d'adorer la meſme Prouidence en la vocation
(quoy que moins noble) qu'elle a fait des autres ; ſans ſe tant complaire à
la faueur qu'ils ont receuë, qu'ils ſe laiſsent aller au meſpris de celle qu'elle
a donné aux autres.
Chacun ſe doit ſouuenir de ce que dit l'Apostre I. Cor. 7. Vnuſquiſque
proprium donum habet ex Deo, alius quidem ſic, alius autem ſic
.
Chacun a ſon propre don de Dieu, l'vn d'vne façon, l'autre de l'autre : mar-
quez ces paroles, ex Deo, de Dieu, duquel nous deuons attendre & tenir
nos vocations, & qui les proportionne aux habitudes & inclinations qu'il
nous a donné.
Il importe donc d'instruire & confirmer chacun en ſa vocation : par la
grace de Dieu les perſonnes deuotes & Religieuſes ne manquent de liures
à cet effect : ceux qui ſont mariez, ou à marier, n'en ont pas tant qui leurs
ſoient propres & particulieres ; ce qu'ils ont eſté quaſi commun à tous.
C'eſt ce qui m'a eſmeu à leurs donner ce mien petit trauail, qui leurs ſe-
ra tellement propre, qu'il ne lairra pourtant de vous ſeruir, en quel eſtat
que vous ſoyez, comme ayant quelque rapport au mariage duquel vous
eſtes fruict : vous y pourrez reconnoiſtre la faueur de vostre vocation
plus reſleuée, & voir
Combien il importe de vous propoſer vne bonne fin en vos actions : Les
belles alliances du Verbe auec nostre nature : de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe :
du meſme auec les iuſtes; auec les vierges, & auec les perſonnes Religieu-
ſes. Ce que monſtre le premier Traité du premier liure.
Au ſecond Traité du meſme liure, tout au commencement aux chapi-
tres 1. 2. 3. 4. 5. vous trouuerez ample matiere pour vous confirmer en
voſtre vocation, & puis aux ſuivans, comme vous deuez garder la fidelité
à Ieſus-Chriſt voſtre eſpoux.
Au premier Traité du ſecond liure, vous verez d'abord en quoy conſi-
ſte la vraye deuotion : en apres, les vertus propres aux hommes, & aux fem-
mes, & ce que ie dis pour les femmes conuient pour la plus part aux filles :
chacun
õ

PREFACE.
chacun en peut tirer ce qui luy eſt propre, ſuivant ſon ſexe & ſa condition.
Au ſecond Traité vous lirez les deuoirs des peres & meres enuers
les enfans, & des enfans enuers les peres & meres, chacun y a part.
Au troiſieme, les obligations des maiſtres & maiſtreſses, & des ſerui-
teurs & ſeruantes, il y en a peu qui ne ſoit d'vne de ces conditions.
Enfin le Traité des vefues vous monſtrera comme vous deuez les ho-
norer : les vertus qui leurs conuiennent ; que les vefues, qui ont fait diuor-
ce auec le monde, pour prendre Ieſus-Chriſt pour eſpoux, ſe peuuent faci-
lement appliquer.
Ainſi tout vous peut ſeruir, ſauf le Chapitre 12. du premier Traité du
premier liure.
Si Dieu me preſte la vie, la ſanté & le loyſir, i'eſpere vous donner en
bref quelque choſe qui vous ſera plus particulier, pour vous aduancer à la
perfection de voſtre eſtat, vous vnir plus eſtroittement auec Dieu par ſa
grace, & enfin par ſa gloire que ie vous ſouhaite en qualité de






Tres-humble, & tres-affectionné Seruiteur
en noſtre Seigneur C. M. de la Com-
pagnie de Iesvs
.







TABLE





Bandeau très orné.

TABLE
DES CHAPITRES
CONTENVS EN CE LIVRE.

Filet cadre, rayé. LIVRE PREMIER.
TRAITE' PREMIER.
De l'excellence & des fins du Mariage.

Lettrine "D".

DEs trois diuerſes eſtats qui ſe retrouuent en l'Egliſe, page 1
Combien le mariage eſt honorable. 6
Qu'au mariage & en toutes autres actions ſe faut propoſer
vne bonne fin.
10
De la premiere fin du mariage qui eſt la generation. 15
De la ſeconde fin du mariage qui eſt l'aſſiſtance mutuelle. 22
De la troiſieſme fin du mariage, ſçauoir qu'il eſt remede contre la concu-
piſcence.
28
De la quatrieme fin du mariage, ſçauoir qu'il eſt Sacrement. 35
Du mariage du Verbe auec la nature humaine. 39
Du mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe. 46
Du mariage de Dieu auec l'ame par la grace. 53
Du mariage de Dieu auec les perſonnes Religieuſes. 61
De l'vſage du mariage. 67
Des mauuaises fins qu'aucuns ſe propoſent en mariage, & premierement de
ceux qui ſe marient principalement pour les richeſſes.
76
De ceux qui ſe marient principalement pour ſatisfaire à leur ambition. 83
De la troiſieme fin qu'aucuns ſe propoſent en mariage qui eſt la ſenſualité. 87
Que
õ 2

TABLE
Que pour eſtre bien-heureux en mariage & en tous autres eſtats, ne faut s'y
engager ſans bien connoiſtre ſi Dieu y appelle.
92
Eſt prouué par exemples que ceux qui ſuiuent la vocation Diuine ont bon
ſuccés, & au contraire ceux qui ne la ſuiuent mauuais.
96
Comme on peut reconnoiſtre qu'elle eſt la volonté de Dieu touchant ſon
eſtat & vocation.
100

Filet cadre, rayé. TRAITE' SECOND.
Des maux & des biens du Mariage.

QV'en tous eſtats ſe trouuent des difficultez, page 107
Du premier mal du mariage qui eſt la tribulation de la chair. 110
De la ſeruitude, ſecond mal du mariage. 116
Du troiſieme mal du mariage que S. Paul appelle diuiſion. 122
Comme le ſoin de la famille & des affaires temporelles empeche les mariez
de connoiſtre & aymer Dieu.
128
Des biens du mariage & particulierement du bien de la lignée. 134
D'ou vient que pluſieurs en mariage ne participent point au bien d'auoir
lignée, ou de la ſterilité.
139
D'où vient que le mariage eſtant choſe ſi ſaincte, il en ſorte quelquesfois
des ſi mauuais fruicts, & de bons peres & bonnes meres quelquesfois ſi
mauuais enfans.
147
Du ſecond bien du mariage, qui eſt la fidelité. 154
De l'abominable infidelité que les mariez commettent par le deteſtable pe-
ché d'adultere.
161
Quelques cauſes d'où procede le vice infame d'adultere. 166
Si le peché d'adultere eſt plus grand en vne femme qu'en vn homme. 170
De la ialousie. 177
Quelques hiſtoires pour monſtrer que Dieu defend les innocens contre les
ialoux.
181
Du troisieme bien du mariage, qui eſt le bien de Sacrement. 189
Trois choſes qui empeſchent que les mariez ne reçoiuent la grace du Sacre-
ment, & premierement le peché mortel.
195
La ſeconde choſe qui empeſche la grace du Sacrement de mariage, qui eſt le
manquement de conſentement.
198
La

DES CHAPITRES.
La troiſieme choſe qui empeſche la grace du mariage, ſçauoir quand il eſt
clandeſtin.
204
Des empeſchemens qui rendent le mariage illicite, non toutefois nul. 209
Des empeſchemens qui rendent le mariage nul. 211
Quelques cauſes de tant de mariages infortunez qui ſe retronuent au mon-
de.
217

Bandeau décoratif. Des obligations des mariez.
LIVRE SECOND.

DIſcours fondamental de tout ce ſecond liure, qui eſt la crainte, & le
ſeruice de Dieu, ou la deuotion que doiuent auoir les mariez.
225

Filet cadre, rayé. Des obligations des mariez l'vn enuers l'autre.
TRAITE' PREMIER.

DE l'amour mutuel des mariez. 236
Condition que doit auoir l'amour des mariez. 242
Des obligations particulieres du mary, & premierement de ſa prudence. 250
Que ceſt au mary d'entretenir ſa famille, & trauailler. 254
Que ceſt au mary de commander entant que chef. 258
Que le mary entant que chef doit aimer ſa femme. 261
Quelques conditions que doit auoir l'amour du mary enuers ſa femme. 266
De la pudicité des femmes & filles. 275
De la pudeur & vergongne des femmes & filles. 280
De la diligence des femmes. 283
De l'obeyſſance des femmes. 289
Quelques conditions que doit auoir l'obeyſſance. 293
De l'humilité des femmes en leurs habits. 301
Quelles ſont les intentions de celles qui ſont curieuſes en habits. 307
Des nuditez qu'aucunes affectent. 312
Du fard des femmes. 319
En
õ 3

TABLE
En quoy conſiſtent les vrays ornemens des Chreſtiens. 325
De l'amour des femmes enuers leurs marys. 333

Filet cadre, rayé. Des obligations des peres & meres enuers leurs enfans.
TRAITE' SECOND.

DEs obligations particulieres des meres enuers les enfans. 341
Que les meres ont vne obligation particuliere d'auoir ſoin de leurs
filles.
347
Combien eſt choſe importante que l'inſtruction des enfans. 356
Qu'il faut inſtruire les enfans lors qu'ils ſont encor ieunes 360
Comme les peres & meres qui negligent l'inſtruction de leurs enfans en ſont
punis.
366
Que la correction des enfans doit eſtre diſcrette. 372
Comme les peres & meres s'acquiteront de l'obligation qu'ils ont d'inſtrui-
re leurs enfans les recommandans à Dieu, leurs monſtrans bons exemples,
& les pouruoyans de bons pedagogues.
378
Que les peres & meres ſont obligez de pouruoir leurs enfans. 384
Teſtament de S.Louys à Philippe ſon fils, & l'idée de l'inſtruction que les
peres & meres doiuent à leurs enfans.
392

Filet cadre, rayé. Des obligations des enfans enuers les peres & meres.
TRAITE' TROISIEME.

EN quelle qualité les enfans doiuent tenir leurs peres & meres. 395
Quel eſt l'honneur que les enfans doiuent à pere & mere. 398
De l'obeyſſance des enfans enuers pere & mere. 403
Que les enfans ſont obligez d'aſſiſter pere & mere. 409


TRAITE'

DES CHAPITRES.

Filet cadre, rayé. Des obligations des maiſtres & maiſtreſses enuers leurs ſeruiteurs
& ſeruantes, & des ſeruiteurs & ſeruantes enuers
maiſtres & maiſtreſses.

TRAITE' QVATRIEME.

QVe tous les hommes ſont ſeruiteurs. 415
De ce que les maiſtres doiuent à leurs ſeruiteurs de droict de nature. 419.
De ce que les maiſtres doiuent à leurs ſeruiteurs de droict Diuin. 422
Des obligations des ſeruiteurs enuers leurs maiſtres & maiſtreſſes, & en par-
ticulier de l'honneur qu'ils leurs doiuent.
427
De la fidelité des ſeruiteurs enuers leurs maiſtres. 430
De l'obeyſſance des ſeruiteurs enuers leurs maiſtres. 433
Tableau racourcy du bon mariage, qui eſt le mariage d'Iſaac auec Rebecca. 437

Filet cadre, rayé. TRAITE' DES VEFVES.

DE l'eſtat & condition des vefues. 456
Des qualitez des vrayes vefues, & premierement de leur pieté. 460
De la ſeconde qualité des vefues, qui eſt la prudence. 466
De la troiſieme qualité d'vne vraye vefue, qui eſt la chaſteté. 469
Exemples d'aucunes vrayes vefues. 475
De l'honneur qu'on doit aux vefues. 478
Des merueilles que Dieu fait par les vefues, & pour les vefues. 482
Qu'on peut ſe remarier, que c'eſt toutefois choſe plus honorable de demeu-
rer vefue.
487
L'eſtat que les loix Eccleſiaſtiques & Ciuiles font de la viduité. 490
Trois conſiderations en faueur de la viduité. 495
Quatrieme conſideration tirée de la nature, qui rend l'eſtat de viduité re-
commandable.
497
Le miroir & parangon des vefues. 502
Concluſion du preſent Traité. 504


1

Vignette.

LE BON MARIAGE
OV
LE MOYEN D'ESTRE HEVREVX
ET FAIRE SON SALVT EN MARIAGE.
LIVRE PREMIER

TRAITE' PREMIER.
De l'excellence & des fins du Mariage.
Des trois diuers eſtats qui ſe retrouuent en l'Egliſe.
CHAPITRE PREMIER.

Lettrine "L". L'Egliſe
eſt vne.
L'Vnite' eſt vne qualité inſeparable de l'Egliſe : Sainct
Paul
Rom.12. la compare à vn corps, auquel tous les mem-
bres ſont vnis ſouz la conduicte, influence & gouuernement
d'vn chef & non de pluſieurs. L'eſpoux myſtique (Cant.6.)
ſe congratule en l'vnité de ſon eſpouſe : le bon Paſteur met toute ſon induſtrie
à faire vn berçail ſouz la direction d'vn ſeul Paſteur (Ioan. 10.) Il ny peut
auoir qu'vne foy, qu'vn Bapteſme : qu'vn Dieu, ny par conſequent qu'vne
Egliſe. (Epheſ.4.) auſſi le ſymbole de Nice fait profeſſion d'vne Egliſe,
Saincte, Catholique, Apoſtolique : vnam, Sanctam, Catholicam, & Apoſtoli-
cam Eccleſiam
.
C'eſt la Reine laquelle dans l'eſclat de ſa magnificence & majeſté eſt de-
bout à la droite du Roy celeſte, couuerte d'vne robbe toute recamée de
fin or, bigarrée en la diuerſité de ſes couleurs, (Pſ.44.) elle eſt vne ; & tant
l'vnité de ſa perſonne que l'vnité de ſa robbe, nous repreſente ſon indiuiſi-
bilité : toutefois la varieté de ſes couleurs monſtre la diuerſité des eſtats
& conditions dont elle eſt enrichie, & qui releuent ſa beauté & majeſté Roy-
alle, deuant les yeux du Roy celeſte ſon vnique eſpoux.
On
A

2
Traite' Premier de l'excellence et
Significa-
tions di-
uerſes de
la bigar-
rure de la
robbe de
l'eſpouſe
myſtique
On peut entendre par cette bigarrure la diuerſité des vertus & dons ce-
leſtes qui l'embelliſſent, & luy ſeruẽt comme d'vn veſtement royal : ou bien
la diuerſité des Sacremens qui l'enrichiſſent comme autant de pretieux tre-
ſors, mis dans l'eſpargne de celuy qui ſe qualifie Roy des Roys : ou bien la
diuerſité des membres qui compoſent & font ce corps mystique : ou bien la
varieté des nations dont elle eſt ramaſſée : nous pouuons auſſi dire que cela
repreſente les diuerſes dignitez & prelatures qui comme broderies & pier-
reries l'ornent ; les miracles qui luy donnent l'eſclat ; les merites qui luy don-
nent le prix, & la recompenſent. S. Auguſt. (epiſt.86) entend les ceremo-
nies, leſquelles comme vn ouurage artiſtement elaboré releuent ſes fon-
ctions. Caſſiodorus, dit que l'or de cette bigarrure ſont les Apoſtres, en leur
charité : l'argent, les Prophetes en la clarté de leur conoiſſance & reuela-
tions : les pierreries, les Vierges en leur pureté : l'eſcarlatte, les Martys en leur
zele : la pourpre, les Penitens en leur auſteritez : le reste des diuerſes ſoyes &
couleurs qui entrent en cet œuure, ſont tant d'autres conditions de Saincts
qui ſe trouuent en l'Egliſe.
Trois eſ-
tats de
l'Egliſe.
Ie croy que toute cette bigarrure & varieté ſe peut entendre des trois
principaux eſtats qui ſont en l'Eglise, & auſquels tous les autres ſe peuuent
reduire : ſçauoir l'eſtat des Vierges ; celuy des continens : & celuy des ma-
riez, compris en ce paſſage du Cantique 6. Quæ eſt ista quæ progreditur quaſi
aurora conſurgens, pulchra vt Luna, electa vt Sol, terribilis vt castrorum acies or-
dinata ?
qui eſt cette cy qui s'aduance, paroiſſant en ſon leuer comme l'au-
rore : belle comme la Lune: choiſie comme le Soleil : terrible comme vne ar-
mée rangée ?
L'Egliſe
belle cõ-
me la lu-
ne, choiſie
comme le
ſoleil, ter-
rible cõ-
me vne
armée rã-
gée en ſes
progrés.
C'eſt l'Egliſe repreſentée en ſes diuers progrez : ſemblable à l'aurore en
ſon commencement, lors qu'apres la nuict obſcure & eſpeſſe de l'infidelité
& idolatrie, elle commença à poindre au trauers des nuées des perſequu-
tions, comme vne rayonnante aurore : belle comme la Lune, en ſa ſeconde
marche : lors que les perſequutions des Gentils eſtant ceſſées, apres la con-
uerſion de l'Empereur Conſtantin, ioüyſſant du doux air & de l'agreable
ſerain d'vne paix tant deſirée, elle fit paroiſtre l'eſclat de ſa beauté, au tra-
uers des broüillars de tant d'hereſies, leſquelles eſtans ſorties du puits de
l'abyſme taſchoient de ternir ſon luſtre ; elle les a toutefois diſsipées, re-
ceuant continuellement la lumiere de la grace & de la doctrine celeſte, par
les benignes influẽces du Soleil de iuſtice Ieſus-Chriſt; & partant belle com-
me la Lune en la candeur de ſa doctrine, en la pureté de ſes mœurs, & en
l'eſclat de ſa perfection : Choiſie comme le Soleil en l'eſtat auquel elle ſe re-
trouue maintenant, dans la ſplendeur de la foy, dans l'ardeur de la charité
comme vn Soleil en ſon zenit : dans le relief de ſes eſperances toutes ſurce-
leſtes11, & partant terrible aux perſecuteurs, aux heretiques, aux meſchans, à
l'enfer,

3
Des fins dv Mariage.
l'enfer, & à tous ceux qui voudront s'oppoſer à ſes progrés.
L'eſtat
des ma-
riez eſt
comme
l'aurore.
Diſons mieux & conformement à noſtre deſſein, auec Iuſtus Argelitanus
que cela nous repreſente les trois eſtats de l'egliſe. Celuy des mariez brillans
comme l'aurore, lors qu'ils viuent & ſe maintiennent dans les termes de la
chaſteté, ſobrieté & fidelité que leur eſtat requiert; & quoy qu'ils ſoient dãs
la nuict de beaucoup d'empeſchemens & deſtourbiers12 à la perfection, ſi ne
L'eſtat
des con-
tinens
comme la
Lune.
laiſſent ils pourtant d'auoir de la lumiere, & quelque eſclat de beauté en
leur condition. Celuy des continents, beau comme la lune en la pureté de
ſa ſplendeur : & enfin celuy des ſainctes Vierges, choiſies comme vn ſoleil,
dans la lueur de leur perfection & charité. Ces trois eſtats comme troisforts
L'eſtat
des vier-
ges com-
me le So-
leil.
eſcadrons, vnis par l'vnion d'vn ſainct amour, rangez par la diſpoſition
de la diuine prouidence, qui en fait le choix, & en donne les ordres, aſſiſtez
de ſa faueur et conduite, ſont effroyables à leurs ennemis & inuincibles cõ-
me vne bataille rangée.
Ie ne penſe en rien deroger à l'honneur que merite l'eſtat de mariage &
que l'Apoſtre me commande de luy rendre, ſi ie dis que c'eſt le moindre
des trois, & qu'il eſt aupres des deux autres comme l'aurore comparée à la
lune ou au ſoleil. I'ay pour garants la Theologie & les ſaincts Peres, qui tous
reuerent (comme ils ſont obligez, & la raiſon requiert) le mariage ; toute-
fois ſans preiudice de la preeminence que requiert l'eſtat des continents, &
ſur tout celuy des Vierges.
Que ſig-
nifie
Clerc.
S. Hieroſme ep. ad Nepoti.13 exhortant les clercs à bien viure leurs repre-
ſente leur nom, eſcoutons-le parler: Clericus interpretetur primo vocabulum
ſuum, & nominis definitione prolata, nitatur eſſe quod dicitur ; ſi enim ϰλἢρos Græ-
ce, ſors Latine appellatur, propterea vocantur Clerici, vel quia de ſorte Domini, vel
quia ipſe Dominus ſors, id eſt pars Clericorum eſt
. Deuant toutes choſes que le
Clerc interprete ſon nom & conſidere ce qu'il veut dire, & lors qu'il pro-
noncera ce mot, qu'il taſche d'eſtre ce qu'il dit : car ſi le mot de clerc qui
eſt grec ſignifie ſors en latin, les clers ſont ainſi appellez dautant qu'ils ſont
le ſort ou partage de Dieu, qu'il a choiſi entre les autres : ou d'autant que
Dieu eſt leur ſort, puis qu'ils l'ont choiſy pour leur part & portion, Dominus
pars hæreaitatis meæ
.
Commẽt
les Clercs
ſont le
ſort de
Dieu.
Les Clercs ſont appellez la part ou le ſort de Dieu dautant qu'ils ſont
deſtinez au ſeruice de ſa maieſté ; & conſacrez pour l'entretien de la religiõ
& des choſes ſacrées : le ſort de Dieu pour autant que par vn ſoin particu-
lier de ſa prouidence, ils ſont choiſis pour cette condition : Dieu eſt leur
ſort d'autant qu'ils doiuent renoncer à tout autre ſoin pour le ſeruice de
Dieu qu'ils doiuent prendre pour leur part & heritage : dont les clercs ont
cela pardeſſus les mariez & par conſequent tiennent un rang & eſtat plus
releué que ceux qui ſont en mariage, le ſoin deſquels eſt diuisé, & leur eſtu-
de
A 2

4
Premier Traicté
de, s'employe à la recherche des ſorts & heritages terreſtres.
Les teſmoignages de la Theologie & des ſaincts Peres, voir de l'oracle de
l'eternelle verité ſont euidens en faueur de l'eſtat des vierges (par lequel
i'entens l'eſtat des perſonnes religieuſes, de l'vn ou de l'autre ſexe) que ce
ſeroit temerité d'en doubter. Ceſt eſtat eſt appellé par les Theologiens eſtat
de perfection, non que les Eueſques ne ſoient en l'eſtat de perfection, mais
auec ceſte diſtinction, que les Eueſques ſont dans l'eſtat de perfection pour
Commẽt
les Eueſ-
ques ſont
en eſtatde
perfectiõ.
les autres, eſtant leur propre de procurer la perfection, en ceux qui ſont
ſoubz leur charge, & partant d'eſtre auſſi parfaits en leurs perſonnes, puis
qu'il eſt malayſé de perfectionner autruy ſi auparauant on n'eſt perfait : mais
les Religieux ſont en l'eſtat de perfection pour le regard d'eux meſmes, en-
tant que leur condition les oblige d'aſpirer continuellement à leur propre
Commẽt
les Reli-
gieux sõt
en l'eſtat
de perfe-
ction.
perfection. Leur eſtat eſt appellé vie Apoſtolique, eſtat Apoſtolique, neſt-
ce pas les mettre au plus haut faiſte de perfection, puis que c'eſt les mettre
en paralele auec les Apoſtres, que perſonne ne doubte auoir eſté au premier
degré de perfection, comme choiſis immediatement de Ieſus Chriſt, pour
luy eſtre domeſtiques, ſes amis, ſes freres, ſes teſmoins, ſes heraults, ſes trom-
Eloges
des Apo-
ſtres.

pettes, ſes ambaſſadeurs, ſes ſoldats, ſes lieutenans en terre, ſes compagnons
en la conuerſion du monde. Comme ceux qui ont eſté les fondemens de l'e-
gliſe, ſes colomnes, les tours de ceſte maiſon que la ſapience de Dieu ve-
noit baſtir au monde : les gouuerneurs du Royaume du fils de Dieu, qui eſt
l'Egliſe : les iuges au tribunal qu'il y a eſtably pour la remiſſion de pechez :
les portiers du paradis : les prophetes de la nouuelle loy : les diſpenſateurs des
treſors de Ieſus, les conſeillers & gardiens de ſon eſpouſe. Les lumieres du
monde, le ſel de la terre, ceux qui deuoient conuertir l'vniuers : les mede-
cins des corps & des ames : des conducteurs & capitaines de la milice Chre-
ſtienne : les docteurs des ignorans, les peſcheurs des ames. Enfin les iuges au
dernier iugement pour iuger les douze tribus d'Iſrael. Vne partie de ces
qualitez compete14 aux Religieux & partant leur eſtat eſt appellé Apoſtoli-
que, qui n'eſt pas vn petit degré d'honneur ny vn leger teſmoinage du re-
lief qu'il a pardeſſus les autres eſtats.
S. Hieroſme ad Hedibiam15 parle grandement à mon propos, & ie ne puis
obmettre ſes paroles. Vis eſſe perfecta, dit il, & in primo ſtare fastigio dignitatis?
fac quod fecerunt Apoſtoli, vende quæ habes & da pauperibus & ſequere Saluato-
rem, & nudam ſolamque crucem virtute nuda ſequaris
, Voulez vous eſtre par-
faicts, voulez vous eſtre au premier rang d'honneur? faictes ce qu'ont faict
les Apoſtres, vendez ce que vous auez & le donnez aux pauures & ſuiuez le
Sauueur : ſuiuez la croix nuë & ſeule, auec vne vertu nuë & deſtitué de
tout.
Les eſcrits des Saincts Peres ſont plein de ſemblables teſmoignages :
mais

5
Des fins dv Mariage.
Dignité
de l'eſtat
des vier-
ges.
mais quel plus authentique preuue voulons nous que celle de l'oracle de
verité Ieſus Chriſt, Matth. 19. Si vis perfectus eſſe vade & vende omnia quæ habes
& veni ſequere me
. Si tu veux eſtre parfait, vas, vends tout ce que tu as &
viens & me ſuis, remarquez qu'il ne parle pas à quelque enfant prodigue, ou
à quelque desbauché, mais à vn homme de bien, qui toute ſa vie auoit gar-
dé les commandemens de Dieu, ſans en enfraindre aucun; & ne voila pas la
condition des perſonnes religieuſes & des vrayes vierges qui quittent tout
pour ſuiure Ieſus Chriſt. S. Aug. de ſancta viduitate, bona pudicitia coniugalis,
ſed melior continentia virginalis vel vidualis
. C'eſt vne choſe bonne que la cha-
ſteté coniugale ; mais la virginité & viduité ſont meilleures. Le meſme lib.
de viduis ſupergreditur virginitas conditionem humanæ naturæ, per quam homines
Angelis aſſimilantur. Maior tamen eſt victoria virginum quam Angelorum. Angeli
enim ſine carne viuunt, virgines vero in carne triumphant.
Il faut confeſſer que la
virginité ſurpaſſe la condition humaine, & qu'elle rend les hommes ſem-
blables aux Anges. Toutefois diſons que la victoire des vierges eſt plus
grande que celle des Anges. Car les Anges viuent ſans chair, & les vierges
triomphent en vne chair fragile S. Cyprian lib. de virg. parlant de la virgini-
té, dict, flos eſt Eccleſiaſtici germinis : decus atque ornamentum gratiæ ſpritualis, il-
luſtrior portio gregis Chriſti.
C'eſt la fleur, le germe Eccleſiaſtique : la beauté
& ornement de la grace ſpirituelle : la meilleure part du trouppeau de Ieſus-
Chriſt. Le meſme, au meſme endroit, virginitas eſt ſoror Angelorum, victoria li-
bidinum regina virtutum poſseſſio omnium bonorum.
La virginité eſt la ſoeur des
Anges : la victoire de la lubricité, la Reine des vertus, la poſſeſſiõ de to9 biẽs.
Les eſcrits des SS.PP. sõt rẽplis de sẽblables eloges en faueur de la virginité.
Antitheſe
des trois
eſtats de
l'Egliſe.
Ie ne puis obmettre le teſmoignage de S. Aldholmus Eueſque qui viuoit
enuiron l'an 680. tiré de la Bibliotecque des peres tom. 3. libello de laudibus
virginitatis
c.9. teſmoignage par lequel il monſtre la difference de ces trois
eſtats (deſquels ie parle maintenant) par diuerſes ſimilitudes. Voicy ſes pa-
roles. Porro tripartitum, humani generis distantiam orthodoxæ fidei cultricem, Ca-
tholica recipit Eccleſia, ſicut in quodam volumine Angelica relatione refertur, quomodo
virginitas, caſtitas, iugalitas, tripartitis gradibus ſeparatim differant : quæ ſicut tifaria
diſparis vitæ qualitate ſigillatim ſequeſtrantur, ita diſcretis meritorum ordinibus tri-
pliciter dirimuntur, Angelo hoc modo alternatum diſtinguente, Vt ſit virginitas aurum :
caſtitas, argentum : iugalitas, æramentum vt ſit virginitas diuinitæ, caſtitas medio-
criter
medio-
critas iugalitas paupertas. Ut ſit virginitas, pax : caſtitas redemptio : iu-
galitas, capituitas Vt ſit virginitas ſol ; castitas, lucerna iugalitas, tenebræ. Ut ſi vir-
ginitas, dies : caſtitas aurora : iugalitas, nox. Ut ſit virginitas, regina : caſtitas, domina
iugalitas, ancilla. Vt ſit virginitas homo : caſtitas ſemiuiuus : iugalitas corpus. Vt ſit
virginitas purpura ; caſtitas, rediuiua : iugalitas lana
: L'Egliſe Catholique admet
trois eſtats de perſonnes qui font profeſſesion de religion orthodoxe, ſuiuant
ce
A 3

6
Premier Traite'
ce qui eſt rapporté en vn certain liure par teſmoignage Angelique, ou eſt
monſtré comme la virginité, la continence & le mariage ſont trois degrez
ou eſtats : & tout ainſi qu'ils ſont diſtincts l'vn de l'autre en la façon de viure,
auſſi ſont-ils diuers en merites, & voicy la diſtinction que l'Ange y a miſe.
La virginité eſt l'or, la chaſteté, l'argent : le mariage, l'airain. La virginité,
les richeſſes : la chaſteté, la mediocrité : le mariage, la pauureté. La virginité
la paix : la chaſteté, la rançon: le mariage, la captiuité. La virginité, le ſoleil : la
chaſteté, la lampe : le mariage, les tenebres. La virginité la Reine : la chaſteté,
la Dame d'honneur : le mariage, la Seruante. La virginité, l'homme : la cha-
ſteté, demy vif : le mariage, le corps. La virginité la pourpre : la chaſteté la pre-
miere teinture ; le mariage la laine. Puis il conclud au meſme chapitre, His
igitur tribus graduum ordinibus quibus credentium multitudo in Catholica florens
Eccleſia diſcernitur Euangelicum paradigma centeſimum, ſexageſimum & trigeſimum
fructum iuxta meritorum mercimoniam ſpopondit.
La parabole Euangelique
Math. 13. promet à ces trois eſtats par leſquels les fideles ſont diſtinguez en
l'Egliſe Catholique, le fruict centieme, ſoixantieme, trentieme, en ſuite des
diuers merites.
Ie ne dis pas cecy pour raualer l'eſtat du mariage que i'honore, comme il
eſt honorable en effect ; & le meſpriſer ſeroit meſpriſer l'eſcriture ſaincte ;
mais c'eſt pour maintenir les mariez dans leur rang & afin que ce que ie di-
ray cy apres à l'honneur de leur condition ne les face trop preſumer de leur
eſtat, le preferant aux deux autres & diminuant l'opinion qu'ils en doiuent
auoir. Que les mariez ſçachent que s'ils peuplent la terre des fruicts de leur
mariage, les vierges peuplent le Ciel comme dit S. Hieroſme & les vierges
ſuiuent l'agneau par tout ou il va dit S. Iean.

Filet cadre, rayé.

Combien le mariage eſt honorable.

CHAPITRE II.

Hereſies
contre le
mariage.
SAinct Paul impoſe le ſilence à tous ceux qui ont voulu condamner le
mariage, lors qu'eſcriuant aux Hebrieux c.13. il dict honorabile connubium
in omnibus & thorus immaculatus
: le mariage eſt honorable en tous, & le lict
immaculé. Cela confond l'impudence de Marcion qui nommoit le mariage
commerce d'impudicité : r'abbat l'inſolence D'Hierax qui diſoit que les
mariez ne pouuoient eſtre ſauuez : la temerité des Saturniens16, qui aſſeuroiẽt
que les nopces & la procreation des enfans prouenoient de Satan, & non de
Dieu. D'Euſtathius, qui ſouſtenoit que pas vn de ceux qui ont femme n'a-
uoit

7
Des fins dv Mariage.
uoit eſpoir en Dieu. Des Armeniens qui nioient que la grace accompagnaſt
le mariage : & eſmouſſe toutes les calomnies & entrepriſes de ſemblables
canailles, ennemis du mariage & du genre humain, entant qu'ils l'ont
voulu ſapper & deſtruire en ſon fondement & racine qui n'eſt autre que le
mariage.
L'authorité de S. Paul ſecondé des reuelations Diuines, & appuyé ſur
l'aſſiſtance du Sainct Eſprit, doit preualoir à ces chauues-ſouris qui n'ont
Explica-
tion de
S. Paul com-
me le ma-
riage eſt
honorable
en tout.
veu que dans la nuict de leurs entendemens obſcurcis de l'amour d'eux
meſmes, ſans faire eſtat d'ouurir les yeux aux clairs rayons de la foy Catho-
lique. Il nous aſſeure donc que le mariage eſt honorable, in omnibus, en tous,
Nõ cõme l'expliquent Luther & Beze, en toutes perſonnes, & partãt eſleuẽt
l'eſtendart de l'impudicité & d'vne totale liberté. En tous diſent ces cha-
ſtes Prophetes, ceſt à dire entre les Preſtres & Nonnains : pour quoy ne dirõt
ils pas, en tous, entre le pere & la fille? la mere & ſon fils? les freres & ſoeurs?
voila la brutalité de ces reformateurs. Mais le ſens de S. Paul eſt autre in om-
nibus
en tout ce qui le concerne, ceſt à dire, ſoit que vous le conſideriez cõ-
me Sacrement, ſoit que vous ayez eſgard aux perſonnes conioinctes ou à
l'amour & fidelité qu'elles ſe doiuent : ſoit que vous regardiez le fruict qui
en prouient qui ſont les enfans.
In omnibus, enuers tous, chacun en doit faire eſtat & l'honorer comme
interprete Fulgenti. lib. de fide ad Petrum c. 3. & quoy que Dieu par ſa
bonté & prouidence ayt daigné vous appeller à vn eſtat de plus grande per-
fection, ſçauoir, ou au cœlibat, ou à la virginité, vous deuez honorer le ma-
riage comme inſtitué de Dieu, comme vn eſtat qui ne manque de perfectiõ,
& ne deuez meſpriſer ceux que Dieu y appelle, qui diuiſe les vocations cõ-
me bon luy ſemble. In omnibus en tous pauures, riches, rouſturiers, ieunes,
Raiſons
pourquoy
le maria-
ge eſt ho-
norable.
vieux : le tout conformement aux loix & ordonnances de l'Egliſe. In omnibus
en toutes ſes circonſtances, que ie reduiray à ſix, deſquelles on peut recog-
noiſtre l'eſtime qu'on doit faire de ceſte condition.
La premiere eſt ſon autheur, ſçauoir Dieu meſme immediatement & non
par le miniſtere de ſes Anges, ou de quelque homme : car ayant formé la
Dieu au-
theur du
mariage.
premiere femme de la coſte d'Adam, il luy amena, voulant eſtre le premier
inſtituteur & paranymphe du mariage : & leurs dit à tous deux creſcite & mul-
tiplicamini & replete terram
: croiſſez, multipliez, & rempliſſez la terre. Gen.1.
Ce fut luy meſme qui eſtablit les loix du mariage relinquet homo patrem ſuum
& matrem & adherebit vxori ſue, & erunt duo in carno vna
, Pour cela l'homme
quittera ſon pere & ſa mere pour demeurer auec ſa femme, & ils ſeront
deux en vne chair, Gen. 2. Ainſi on ne peut douter que Dieu n'en ſoit l'in-
uenteur & inſtituteur, qui n'eſt pas vn petit honneur : car ſi on fait eſtime des
ordres pour les qualitez releuãtes de nobleſſe, de vertu, de ſaincteté de ceux
qui

8
Premier Traite'
qui les ont inuenté & eſtablis, il eſt clair qu'il ny peut auoir choſe au
monde, qui puiſſe entrer en parangon auec Dieu.
Le maria-
ge inſti-
tué au pa-
radis ter-
reſtre en
l'eſtat
d'inno-
cence.
La ſeconde eſt le lieu & le temps ou le mariage a eſté inſtitué ; le lieu n'a
eſté autre que le paradis terreſtre lieu de benedition & de delices : le temps,
celuy d'innocence. Les autres eſtats ont eſté inſtituez en lieu de miſeres, en
pays de banniſſement, en la vallée de larmes : depuis noſtre cheutte : com-
me remede à noz maux & mal heurs : mais le mariage comme vn office de
nature, & dans l'integrité d'icelle ; ainſi perſonne ne peut doubter que ce ne
ſoit le premier & le plus ancien de tous les eſtats : voire la ſource & la fon-
taine de tous les autres, cela eſt clair.
Excellen-
ce du
fruict de
mariage.
La troiſieſme eſt le fruict qui en ſort qui eſt le plus beau, le meilleur, & le
plus rare de tout le monde, pour lequel Dieu a creé le reſte du monde ; &
duquel naiſt tout autre fruict. N'eſt-ce pas du mariage que naiſſent les pa-
triarches
, que procedent les prophètes, ſortent les Apoſtres? vt pomma ex ar-
bore frumentum è stipula ita virginitas è nuptiis, Hier. lib. I. aduerſ. Iouinianum
tout
ainſi que la põme naiſt de l'arbre, le bled du tuyau, de meſme la virginité du
mariage n'eſt ce pas le mariage? qui germe les martyrs? produit les confeſ-
ſeurs? enfante les docteurs? eſleue les vierges? enfin donne l'eſtre à tout ce
qu'il y a de meilleur au monde? C'eſt ce qui fait dire à S. Hierome, Laudo
coniugium quia virgines generat, lego de ſpinis roſam & de concha Margaritam.
Ie
fais eſtat du mariage d'autant qu'il engendre les vierges ; ie cueille la roſe
des eſpines, ie tire les perles des coquilles. Le mariage eſt la vigne fertile &
belle qui eſtend ſes ſeps par tout le monde, voire les pouſſe iuſques au ciel.
Vxor tua ſicut vitis abundans, Pſ.127. C'eſt le champ odoriferant auquel Dieu
a donné ſa benediction : & Dieu fait ceſte faueur aux mariez que les meſmes
enfans qui ſont le fruict de leur mariage, peuuent auſſi eſtre enfans de Dieu,
fruicts de la grace, & enfin capables de gloire à laquelle ils ſont deſtinez
par la miſericorde Diuine, & coheritiers de Ieſus-Chriſt.
L'hõneur
que Ieſus
Chriſt a
rendu au
mariage.
La quatrieſme eſt l'eſtat que noſtre Seigneur a fait du mariage ne voulant
naiſtre que d'vne femme mariée, quoy que vierge, il pouuoit former ſon
corps ou comme il auoit formé celuy d'Adam : ou bien d'vne vefuefemme non ma-
riée : mais voulant naiſtre d'vne vierge mariée, il a voulu honorer la virgini-
té & le mariage tout enſemble. N'eſt-ce pas vne prerogatiue & honneur au
mariage qu'il a voulu le fauoriſer de ſa preſence, de celle de ſa mere, Noſtre
Dame
, & des Apoſtres ſe trouuant aux nopces de Cana en Galilée? & com-
me il auoit approuué la virginité naiſſant d'vne vierge : la viduité voulant
eſtre beniſt au temple, d'vne vefue, au iour de ſa preſentation, auſſi a il voulu
authoriſer le mariage par ſa preſence & par le premier miracle qu'il a fait,
changeant l'eau en vin delicieux : & par ce miracle monſtrant comme tous
les iours par ſa grace il change au Sacrement de mariage l'eau en vin : ie veux
dire

9
Des fins dv Mariage.
dire ce qui eſt naturel en ſurnaturel ; ce qui eſt ciuil en diuin : l'œuure de la
chair, de ſoy vile & brutale en œuure ſacramentale & meritoire : le con-
tract ciuil en ſacrement : adiouſtant à l'aſſiſtance mutuelle que ſe doi-
uent les mariez, qui n'eſt que ciuile & naturelle ( & qui ſe retrouue
parmy les gentils, voire parmy pluſieurs beſtes, & partant ſignifiée par
l'eau ) vne grace ſpeciale, ſignifiée par le vin, ce qui releue cét eſtat à vn eſtre
diuin & ſurnaturel.
La 5. eſt l'honneur que les anges en font, daignans en eſtre les mi-
Eſtat que
les anges
font du
mariage.
niſtres, comme appert au mariage du ieune Tobie auec Sara, duquel
l'ange Raphaël eſt non ſeulement l'autheur de la part de Dieu, & le
paranymphe, mais donne les preceptes ſalutaires au nouueau marié, pour
y trouuer repos, proſperité, & benedition ; & euiter la malignité que
cét ennemy commun des hommes auoit exercé enuers ſept autres eſpoux
de la meſme Sara : Il y a beaucoup d'autres exemples en confirmation
de la meſme verité.
Mais pourquoy les anges ne ſe monſtreroient-ils pas fauorables au
mariage? puis qu'il eſt inſtitué pour reparer la ruine faite dans le ciel
par la cheute des anges reuoltez? pourquoy ne l'honoreroient-ils pas?
puis que Dieu leur maiſtre l'honore tant, qu'il affecte le ſurnom des
Dieu pro-
tecteur
ſpecial
des ma-
riez.
mariez, ſe qualifiant le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Iſaac, le Dieu de
Iacob : voire il ſe monſtre protecteur ſpecial des mariez. Ne punit-il
pas Pharaon Gen. 12. & toute ſa maiſon, pour auoir enleué la femme
d'Abraham? n'eſt-il par contraint par la peſanteur de ſa main vange-
reſſe de la reſtituer? Il apparoit à Abimelech la nuict, le menace de
mort pour la meſme Sara, quoy qu'il ne penſaſt pas qu'elle fut la
femme d'Abraham ; mais ſeulement ſa ſœur, & quoy qu'il ne l'euſt
touché. Dieu luy pardonna ſur la proteſtation qu'il fit de l'auoir fait
en toute ſimplicité, ignorant qui elle eſtoit, mais cependant empeſcha
que rien ne fut fait au preiudice du mariage d'Abraham comme prote-
cteur des mariez.
La derniere & plus réleuante circonſtance du mariage eſt celle de laquel-
le parle S. Paul Epheſ. 5. Sacrementum hoc magnum est, ego autem dico in Chriſto
& in Eccleſia
, ce Sacrement eſt grand, mais en Ieſus-Chriſt & en ſon Egliſe,
Principal
honneur
du maria-
ge en ce
qu'il re-
preſente
trois ma-
riages.
cette grandeur conſiſte en ce qu'il repreſente trois admirables vnions qui
ſont comme autant de mariages : La premiere eſt l'vnion du Verbe auec la
nature humaine, par l'incarnation ; & ce ſont ces nopces que le Roy celeſte
a fait à ſon Fils, ſimile est regnum cœlorum homini regi qui fecit nuptias filio ſuo
Math 22 . Le royaume des cieux eſt ſemblable à vn roy qui a fait des nopces
à ſon fils. La ſeconde eſt de Ieſus-Chriſt ou du Verbe, fait homme, auec l'E-
gliſe, laquelle il a priſe pour eſpouſe dilexit Eccleſiam & tradidit ſemetipſum pro
ea vt
B

10
Premier Traite'
ea vt exhiberet ſibi glorioſam non habentem maculam aut rugam Epheſ.5. il a aimé
l'Egliſe, s'eſt donné pour elle, pour la glorifier & la rendre belle & ſans ta-
che. La troiſiéme eſt l'vnion du meſme Ieſus-Chriſt auec l'ame fidelle par la
grace, vnion, qui eſt qualifiée mariage Osée 2. Sponſabo te mihi in ſempiternũ,
& ſponſabo te mihi in iustitia, & iudicio & in miſericordia, & in miſerationibus &
ſponſabo te mihi in fide
, ie te fianceray pour iamais, ie t'eſpouſeray en iuſtice &
iugement, & en miſericorde & miſerations ie t'eſpouſeray en la foy. S. Bern.
Serm. Dom.
1. post octau. Epiph. Sponſa nos ipſi ſumus, & omnes ſimul vna ſponſa,
& anima ſingulorum quaſi ſingulæ ſponſæ
. Nous ſommes l'Eſpouſe, dit-il, tous
enſemble vne eſpouſe, & l'ame d'vn chacun en particulier vne eſpouſe : ie
parleray de ces trois mariages puis apres.

Filet cadre, rayé.

Qu'au mariage & en toutes autres actions ſe faut propoſer
vne bonne fin.


CHAPITRE III.

Dieu eſt
la fin de
toutes
choſes.
C'Eſt le propre d'vn agent raiſonnable de ſe propoſer quelque fin en
toutes ſes actions, & d'y dreſſer tout ce qu'il fait. Et comme ainſi ſoit
que Dieu eſt la premiere & ſouueraine raiſon, voire la regle de toute raisõ,
auſſi s'enſuit il, que tout ce qu'il fait il le fait pour quelque fin : & d'autant
qu'il eſt grand α & ω principium, & finis: le principe & la fin de toutes cho-
ſes, auſſi tout ce qu'il fait, il le rapporte à ſoy meſme & à ſa gloire, omnia pro-
pter ſemetipſum operatus est Dominus
; & par conſequent toutes les creatures ont
la meſme fin où elles doiuent mirer comme à leur but, & comme à la fin ge-
nerale de toutes choſes & principalement l'homme qui eſt doué de raiſon &
d'entendement.
Il ne s'enſuit pas pourtant que les creatures ne puiſſent auoir quelque fin
Chaque
creature
a vne fin
particu-
liere.
immediate & particuliere outre cette fin generale ; ainſi la viande outre la
gloire de Dieu, à laquelle elle ſe rapporte, comme à la fin generale & vni-
uerſelle, a pour fin particuliere la nourriture de l'animal : la medecine, a
pour fin particuliere la ſanté : le cheual a pour ſa fin le ſeruice de l'hom-
me : le ſoleil & la lune d'eſclairer le monde, & ainſi du reſte : toutefois tout
autant de creatures qu'il y a au monde, & qu'il y en peut auoir, ont Dieu &
ſa gloire pour leur derniere fin, à laquelle toutes ſe rapportent comme les
lignes à leur centre, & comme les fontaines & riuieres à la mer.
La perfection de chaque creâture giſt en ce qu'elle tende à la fin pour la-
quelle Dieu la creée : c'eſt pourquoy Dieu a donné à chaque creature des
habitudes & inclinations qui la portent à la fin que Dieu s'eſt propoſée en
ſa pro-

11
Des fins dv Mariage.
ſa production, & ces habitudes ſont comme autant de puiſſans reſſorts qui
infailliblement font leurs efforts, s'ils n'en ſont emportez par quelque vio-
lence.
Lors que les creatures vont tout droit à leur fin, voila le bon ordre & la
Cauſe du
deſordre
lors que
les crea-
tures ſe
deſtour-
nent de
leur fin.
paix de l'vniuers ; lors qu'elles s'en deſtournent voila les reuoltes, les deſor-
dres & confuſion, & vne guerre inteſtine dans le monde, parmy les creatu-
res quand l'air ſe maintient en ſa region qui eſt la ſuperficie de la terre & de
l'eau, il eſt en bonne paix : mais quand il eſt comme captif & detenu vio-
lemment dans les cauernes de la terre, contre l'ordre eſtably de la diuine
prouidence, il cauſe des terre-trembles : la ruine des chaſteaux & des villes.
L'eau ſe porte touſiours en bas pouſſée de la peſanteur naturelle que Dieu
luy a donnée, & par vn certain inſtinct de nature qui la tire au receptacle
cõmun des eaux, qui eſt la mer, quand elle eſt empeſchée & detenuë violem-
ment, elle rompt les digues, inonde les campagnes, gaſte les moiſſons, arra-
che les arbres, ſubmerge les villages & les villes, enfin cauſe des grands ra-
uages & deſolations : ainſi en eſt il de tout le reſte.
Si cela eſt veritable pour le regard des autres creatures il l'eſt à plus forte
raiſon de l'homme, qui eſt la principale de toutes les ſublunaires, ſi bien que
tout ſon bon-heur & toute ſa perfection, depend de ce qu'il correſponde à la
fin pour laquelle Dieu la creé ; qu'il y rapporte ſes actions ; & ſon mal-heur
arriue, quand il y manque.
La perfection de l'homme conſiſte non ſeulement en ce qu'il ayt pour but
la fin pour laquelle il a eſté creé, qui eſt Dieu, mais encor qu'en toutes ſes
actions en particulier, outre la fin commune & generale, il ſe propoſe la fin
que Dieu pretend de luy, en cette action particuliere qu'il fait lors, & ceſt
de là que les Philosphes diſent que la fin eſt la premiere en toute action :
premiere & in intentione en l'intention, d'autant que tout agent raiſonnable,
agit pour vne fin qui eſt la mire à laquelle il viſe auant toute choſe : derniere
in executione en l'execution, d'autant qu'il ne met la main à l'oeuure qu'en
La bonté
ou malice
de noz
actions
depend de
la fin.
vertu de la fin qu'il s'eſt propoſée : Les meſmes Philoſophes diſent que, actio-
nes ſpecificantur ab obiecto
, c'eſt à dire que les actions prennent leur eſtre &
diſtinction de l'object, qui veut dire de la fin pour laquelle elles ſont faites :
ainſi ſi elles ſont pour vne bonne fin, elles ſont bonnes : ſi pour vne mauuai-
ſe, mauuaiſes. Par exemple vous donnez l'aumoſne par charité, la fin eſt
bonne, & partant l'action eſt auſſi bonne : vous la donnez pour acquerir de
la reputation ou pour attirer à mal celuy ou celle à qui vous la donnez, la fin
eſt mauuaiſe, auſſi eſt l'action : ainſi la meſme action priſe materiellement
peut eſtre bonne ou mauuaiſe, eu égard à la fin bonne ou mauuaiſe, pour la-
quelle elle eſt faite : & cela eſt ſi veritable, que les choſes leſquelles d'elles
meſmes ſont bonnes, ſont renduës mauuaiſes, quand elles ſont faites pour
vne
B 2

12
Premier Traite'
vne mauuaiſe fin, comme le ieuſne, l'oraiſon, l'aumoſne faictes par va-
nité : au contraire les actions qui ſont ou ſemblent mauuaiſes, faictes
pour vne bonne fin ſont ſouuent bonnes, c'eſt choſe mauuaiſe de con-
uerſer auec vn heretique, vous le faictes auec deſir & eſperance de le
conuertir, cette fin la rend bonne ; & c'eſt choſe claire que les choſes
indifferentes, c'eſt à dire, que d'elles meſmes ne ſont ny bonnes ny mau-
uaiſes, ſont toutefois bonnes ou mauuaiſes ſuiuant la fin pour laquelle el-
les ſont faictes. Cette doctrine eſt commune entre les Theologiens, & tirée
de S. Thomas I. 2. q.19. art.5. in copore, voicy ſes paroles. Non ſolum enim quod
eſt indifferens, potest accipere rationem boni vel mali per accidens, ſed etiam id quod
eſt bonum poteſt accipere rationem mali, vel illud quod est malum, rationem boni, pro-
pter apprehenſionem rationis.
Qui eſt quaſi de mot à mot à ce que i'ay dit : & en
ſuite de cette doctrine pluſieurs excuſent Moyſe lors qu'il tua l'Egyptien17, &
les Sages femmes qui cacherent les enfans des Iuifs auec menſonge18, à raiſon
de la droite intention que luy & elles auoient, croyans qu'ils le pouuoient
faire en bonne conſcience.
Que ſi la bonté ou malice, l'honneur ou le des-honneur, le merite ou le
demerite de nos actions, procede de la fin pour laquelle nous les faiſons,
ainſi la mort pour la patrie eſt honorable, d'autant qu'elle a vne bonne
fin : la mort ſur le prez pour ſatisfaire à la rage d'vne paſſion & à vne
pointille d'honneur eſt blaſmable, au iugement des bien cenſez, d'au-
tant qu'elle a mauuaiſe fin, nous ne pouuons douter que la bonté ou la ma-
lice d'vn mariage, ſon honneur ou ſon blaſme : ſon bon-heur ou mal-heur,
ne depende de la fin pour laquelle il eſt fait.
Nous pouuons reduire les fins du mariage qui ſont bonnes licites & hon-
Quatre
bonnes
fins du
mariage.
neſtes à quatre : La premiere & principale eſt la multiplication du genre
humain, ou la generation : la ſeconde, l'aſſiſtance mutuelle : la troiſieme
le remede à l'incontinence ou à la concupiſcence : la quatriéme eſt la grace
ſacramentale ou la ſignification du mariage du Verbe auec noſtre nature,
ou de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe : ie parleray en particulier de chacune de
ces fins, apres que i'auray remarqué vn poinct & doctrine que chacun
doit diligemment remarquer, non ſeulement en entreprenant l'eſtat du
mariage, mais en tout autre affaire comme eſtant le fondement de toute
la vie Chreſtienne : il eſt traité amplement par Hieronymus Platus de
noſtre Compagnie, au liure qu'il a fait du bien de l'eſtat religieux lib.1. c.3.
ceux qui deſireront le lire le pourront faire, ie me contenteray d'en mettre
icy vn petit Sommaire.
Tous les hommes ſont nez pour eſtre ſeruiteurs de Dieu, & afin que
comme ſeruiteurs ils executent ſes volontez en toutes choſes, ſoient gran-
des ſoient petites, & pour ſe conformer entierement à ce qu'il deſire : ne
penſez

13
Des fins dv Mariage.
penſez pas que ce ſoit aſſez de vous garder d'offenſer Dieu, & qu'il vous
ſoit permis de choiſir vn eſtat ſelon voſtre volonté, ou de vous com-
porter comme il vous plaira en l'eſtat que vous auriez choiſy : c'eſt vn
erreur ; & c'eſt vne verité que nous ſommes entierement à Dieu, & que
nous ne deuons faire aucune action pour petite qu'elle ſoit que pour
luy complaire & qu'en toutes nos entrepriſes, deuant toute choſe, nous
deuons ſonder la volonté de Dieu, & rapporter tout à ſa gloire, il y a di-
uerſes raiſons de cette verité.
La premiere, tant plus vne choſe eſt eminente ſur vne autre, tant
Que nous
deuons
tout rap-
porter à
Dieu rai-
ſons di-
uerſes.
plus elle doit auoir d'authorité & de commandement ſur celle qui luy
eſt inferieure ; or Dieu a vne eminence infinie ſur l'homme, donc il s'en-
ſuit qu'il a vne ſouueraine authorité & Seigneurie ſur luy, & par conſequent
que l'homme ſe doit ſoubmettre à Dieu en tout, & chercher la gloire & vo-
lonté de Dieu par tout.
La ſeconde, il nous a fait, donc nous luy appartenons : voicy vn beau
diſcours de S. Bernard là deſſus de quadruplici debito, creator tuus eſt, tu crea-
tura : tu ſeruus, ille dominus ille figulus, & tu figmentum. Totum ergo quod es
illi debes, à quo totum habes
, il eſt ton Createur, & toy ſa creature : tu es
ſon ſeruiteur, luy ton Seigneur, toy le pot de terre moullé de ſa main. Donc
tu dois tout à celuy duquel tu as tout.
La troiſiéme, nous ſommes faits pour Dieu, donc la raiſon demande que
nous luy ſoyons ſubjects, & qu'en tout nous ne cherchions que ſa gloire
& ſa volonté : les choſes moindres ſont creées pour les plus grandes, les
plantes pour les animaux, les animaux pour les hommes, l'homme pour
Dieu : Dieu n'a peu auoir autre volonté ny fin en la creation de l'homme
que ſa gloire, donc l'homme ſe doit rapporter là, & toutes ſes actions pen-
ſées & intentions. Matth.22.
La 4. eſt le commandement qu'il nous en donne lors qu'il veut que nous
l'aimions de tout noſtre cœur, & partant que nous le craignions, le ſer-
uions, luy obeyſſions, puis que la clef dorée de la crainte, du ſeruice, &
de l'obeyiſſance eſt l'amour.
La 5. eſt tirée de la I. aux Corint.6. où S. Paul dit, non eſtis veſtri, empti enim
estis pretio magno
, vous n'eſtes pas à vous, vous eſtes acheptez à grand pris: le
pris auec lequel Dieu nous a achepté eſt ſon fils, ſon fils a dõné ſon ſang & ſa
vie pour nous, nemo igitur ſibi viuat ſed ei, qui pro ſe mortuus est, que personne
ne viue ſelon ſa volonté, pour ſes commoditez, à ſa diſpoſition, mais ſuiuant
la volonté de celuy qui eſt mort pour luy. Rom.14. & partant dit S. Bernard :
Si totum me debeo pro me facto, quid addam iam pro refecto, & refecto hoc modo? ſi
ie me dois totalement à Dieu d'autant qu'il m'a fait, que luy dois-ie donner
pour ce qu'il m'a refait, & m'a refait en cette façon ?
La 6.
B 3

14
Premier Traite'
La 6. eſt qu'il veut recompenſer le ſeruice, que iuſtement il demande de
nous, d'vn pris & recompenſe eternelle, qui eſt la gloire, en laquelle com-
me dit S. Augustin Dieu nous poſſedera, & ſera poſſedé de nous, & partant
puis que nous le poſſederons à iamais, la raiſon veut qu'il nous poſſede dés
maintenant , & la poſſeſſion que nous eſperons de luy , merite bien que
nous nous donnions entierement à luy, & c'eſt la condition ſans laquelle ia-
mais nous ne le poſſederons.
La 7. c'eſt la promeſſe & le ſerment ſolemnel que nous auons fait au ba-
pteſme de quitter tout autre ſeruice, & de renoncer à tout autre maiſtre
pour ſuiure & ſeruir Dieu, ce qui a fait dire S. Paul ad Coloſſ. 3. Mortui
eſtis & vita veſtra abſcondita est cum Christo in Deo
, & vous eſtes morts au mon-
de, à vous meſmes, & à toutes autres choſes, pour viure en Dieu auec Ieſus
Chriſt.
De ces raiſons nous pouuons & deuons tirer ceſte conſequence, que nous
ne ſommes pas à nous, mais à Dieu, & que tout ce que nous ſommes, tout
ce que nous pouuons, tout ce que nous auons, eſt à Dieu, ſe doit rapporter
à ſon ſeruice, & à ſa gloire : qu'en tout, nous deuons dependre de ſa bonté,
& dreſſer toutes nos penſées, intentions, deſſeins & actions à ſon ſeruice,
ainſi que ceux la font contre toute raiſon & iuſtice, qui veulent ſe gouuer-
ner ſelon leur volonté, diſpoſer de leurs actions comme il leurs plait & non
pas ſelon les ordonnances de Dieu, qu'en cela ils ſont pires que des ſerui-
teurs fugitifs qui ſe ſouſtraient de la domination de leur maiſtre, auquel ils
appartiennent, partant dit S. Bernard ſerm. 20 incant. dignus plane eſt mor-
te qui tibi Domine Ieſu recuſat viuere, & mortuus eſt : & qui tibi non ſapit, deſipit,
& qui curat eſſe niſi propter te, pro nihilo eſt, & nihil eſt : propter temetipſum
Deus fecit omnia, & qui vult eſſe ſibi, & non tibi, nihil eſſe incipit inter omnia.

Celuy la eſt digne de mort, ô mon Seigneur Ieſus-Chriſt, qui ne veut
viure pour vous, & eſt mort : qui n'est ſage en vous, eſt fol : quiconque
taſche d'eſtre pour autre que pour vous n'eſt rien. Dieu a tout fait pour
vous, quiconque veut eſtre à ſoy & non à vous commence d'eſtre rien
entre tout.
Si nous ſommes obligez de rapporter tout ce que nous ſommes & tout
ce que nous faiſons à Dieu, comme à noſtre derniere fin, & ſi nos actions
ne ſont pas bonnes ſinon entant qu'elles ſont rapportées à Dieu comme à leur
fin generale, & en particulier aux fins auſquelles il les a deſtiné ; &
mauuaiſes, entant qu'elles s'eſloignent des meſmes fins, c'eſt choſe no-
Le bon-
heur du
mariage
depend
de la fin.
toire que tout le bien & bon-heur du mariage depend de ce qu'il
s'entreprenne pour Dieu, & ſelon Dieu, & ſe rapporte aux fins pour leſ-
quelles il eſt inſtitué, & tout ſon mal-heur, procede de ce qu'il ne s'en-
treprend pour Dieu, & pour les fins qu'il luy a preſcript, in Chriſto & in
Eccleſia,

15
Des fins dv Mariage.
Eccleſia, conformement aux ordonnances de Dieu & de l'Egliſe. Ie m'en
vay monſtrer qu'elles ſont les bonnes fins qui rendent le mariage heu-
reux, & puis ie monſtreray qu'elles ſont les mauuaiſes fins qu'aucuns s'y
propoſent, & deſquelles procede leur mal-heur & leur ruyne.

Filet cadre, rayé.

De la premiere fin du mariage qui eſt la generation.

CHAPITRE IV.

C'Eſt choſe euidente que la premiere & principale fin du mariage eſt la
generation & multiplication du genre humain, quoy que S. Chryſoſt.
lib. de virginitate19 taſche de monſtrer que la conionction de l'homme & de
la femme, pour la production des enfans, eſt vn effect du peché & n'euſt eſté
en l'eſtat d'innocence, & ſemble que S. Iean Damaſcene lib. 2. & 4. de Fide
Orthodoxa
20 ayt eſté du meſme aduis, diſant que Dieu euſt pourueu à la multi-
plication humaine par quelque autre voye, cognuë à la diuine prouidence
& à nous incognuë.
L'opinion contraire eſt toute commune & ſemble bien fondée, puis que
La prin-
cipale fin
du maria-
ge eſt la
genera-
tion.
l'homme & la femme ont eſté creez auant le peché : qu'ils ont eſté de ſexe
different auant le peché, & que ceſte diuerſité de sexe n'eſtoit que pour la
generation, voire que le mariage a eſté inſtitué auant le peché. Il eſt
bien vray qu'en l'eſtat d'innocence ne ſe fuſt trouué cét appetit brutal &
deſordonné, qui s'y retrouue maintenant, qui eſt vn effect du peché : ne
La gene-
ration
euſt eſté
quand biẽ
l'homme
n'euſt
peché.
ſe fuſt trouué aucun mouuement en nos membres, ſinon par ordonnance
de la raiſon, & par conſequent ny euſt eu ny honte en cette action, ny ver-
gongne aucune à en parler : la nudité n'euſt point fait rougir, puis que
tout cela prouient de la rebellion de la chair, contre l'eſprit, en punition de
la rebellion de l'eſprit contre Dieu, laquelle rebellion nous fait rougir, &
cette peine & punition du peché nous cauſe la honte : toutefois l'action
euſt eſté quoy que ſans deſordre, ſans plaiſir dereglé, ſans brutalité com-
me elle eſt maintenant.
Apres la creation de l'homme Dieu dit non eſt bonum hominem eſse ſolum,
Diuerſes
raions
pourquoy
il a fallu
que la ge-
neration
fuſt.
il n'eſt pas bon que l'homme ſoit seul, comme voulant dire l'homme eſt vn
animal ſociable, & partant ne doit eſtre ſeul : nous auons creé l'hom-
me pour eſtre chef de tous les hommes, & la ſource de tous les autres, &
pour multiplier l'eſpece par ſon entremiſe : cette muliplication ne ſe
peut faire ſans la generation : la generation ne peut eſtre ſans compagne,
ainſi

16
Premier Traite'
ainſi faut luy faire vne compagne. C'eſt vne perfection des choſes qui ont
vie d'engendrer ſon ſemblable, or puis que les œuures de Dieu ſont parfai-
tes, & qu'entre toutes les choſes de ce monde, la plus parfaicte eſtoit l'hom-
me, il n'euſt eſté parfaict s'il n'euſt eu la faculté d'engendrer ſon ſembla-
ble : cette faculté euſt eſté en vain, s'il ne l'euſt peu mettre en execution,
cela ne ſe pouuoit faire ſans la femme, donc Dieu crea la femme à cét
effect.
Ce monde eſtant creé pour l'homme chef des œuures de Dieu, qui eſt
Diuers
eloges de
l'homme.
prince de toutes les creatures terreſtres ; lieutenant de Dieu en terre, pe-
tit monde, totius naturæ finis, fin de toute la nature dit Ariſtote: μἑσoν
ἀπαντων
, menſura omnium, la meſure de tout le reſte dit Pythagore: ma-
gnum mundi miraculum
, le grand miracle du monde, dit Triſmegiſte :
Exemplar totius vniuerſi, dit Theophraſte, l'idée de tout le monde. Totius
naturæ prodigium
, le prodige de toute la nature, dit Nemeſius. Horiſon
mundi
, la ligne orizontale du monde, dit S. Denys Areopagite, decor &
ornatus mundi
, la beauté & ornement du monde, dit S. Anaſtaſe. Omnis
creatura
, l'abregé de toutes les creatures, dit S. Gregoire. Totius creaturæ
dux & princeps
, le capitaine & le prince de toutes les creatures, dit Philon.
Enfin l'image de Dieu, imago Dei. L'homme manquant le monde demeuroit
ſans beauté ſans ornement, ſans capitaine, ſans prince, ſans chef : or l'homme
ne pouuoit ſubſiſter ſans generation, la generation ne pouuoit eſtre ſans
compagne, donc c'eſt à bon droit que Dieu dit, il n'eſt pas bon que l'hom-
me ſoit seul.
La ruine des anges deuoit eſtre reparée par la multiplication des hommes,
cette multiplication ne ſe pouuoit faire ſans la femme, anſi il n'eſt pas bon
pour les anges que l'homme ſoit ſeul.
Le Verbe eternel ſe deuoit faire homme, deuoit venir de la premiere ſou-
che de la nature humaine, ſçauoir Adam, deuoit eſtre le premier né de toutes
les creatures, le premier des predeſtinez, & ainſi il n'eſtoit pas bõ, que l'hom-
me fut ſeul, autrement le Verbe ne pouuoit prendre chair humaine.
Le deſſein de Dieu eſtoit de prendre pour ſes courtiſans pluſieurs des deſ-
cendans d'Adam, ce deſſein eſtoit en vain, ſans la multiplication, la multipli-
cation ne pouuoit eſtre ſans la generation, ainſi pour accomplir le conſeil &
deſſein Diuin, il n'eſtoit pas bon que l'homme demeuraſt ſeul.
Les heretiques de noſtre temps qui n'ont autre eſtude que leur liberté &
le contentement de la chair ; penſent auoir cauſe gagnée produiſans ces pa-
roles contre les religieux, pour condamner les vœux & donner licence
aux nonnains, aux preſtres, & autres qui font profeſſion de cœlibat de
ſe marier.  S'il n'eſt pas bon, diſent-ils, que l'homme ſoit ſeul, c'eſt à
dire, ſans femme, les vœux de chaſteté ſont donc mauuais, puis qu'ils
contrarient

17
Des fins dv Mariage.
contrarient à la compagnie que Dieu a trouuée bonne.
Voilà beaucoup de mauuais preſtres & religieux, bien obligez à ces pre-
Que les
vœux ne
ſont con-
traires à
l'ordon-
ance de
Dieu
touchant
la multi-
plication.
tendus reformateurs, qui leurs donnent diſpenſe de leurs vœux à ſi bon prix;
mais cette diſpenſe eſt elle canonique ? examinons-la. Il eſt vray que Dieu
a dit qu'il n'eſtoit pas bon que l'homme fuſt ſeul, ouy ie l'accorde, meſme
auec l'interpretation qu'ils pretendent, ſeul, ſans femme, ſans mariage : il eſt
vray que Dieu a inſtitué le mariage : mais auſſi eſt il vray que Dieu a dit par
la bouche de S. Paul, ſon Apoſtre, bonum eſt homini mulierem non tangere: il eſt
bon que l'homme ne touche point de femme, ne ſe marie point. I. Corint. 7.
& au meſme lieu, Qui matrimonio iungit virginem ſuam benefacit, & qui non iun-
git melius facit
. Quiconque marie ſa fille fait bien, qui ne la marie pas, fait
encor mieux : & mulier cui vult nubat tantum in Domino, beatior autem erit ſi ſic
permanſerit, ſecundum meum conſilium, puto autem quod & ego ſpiritum Dei ha-
beam
. La femme ſe marie à qui elle voudra ſuiuant les loix diuines ; mais elle
ſera plus heureuſe, ſi elle demeure ſans eſtre mariée, & c'eſt mon conſeil, &
ie croy que ie parle ſelon l'eſprit de Dieu. Voire Ieſus-Chriſt meſme n'a-t'il
pas dit Matth. 10. Sunt eunuchi qui ſeipſos castrauerunt propter regnum cœlorum.
Il y en a aucuns qui ſe ſont priué du mariage pour le Royaume des cieux.
S. Cyprian lib. de habitu virginum accorde ces paſſages, qui d'abbord ſem-
blent contraires par ces paroles, Prima Dei ſententia creſcere & generare præce-
pit, ſecunda continentiam ſuaſit, cum adhuc rudis mundus & inanis est, copia fœcun-
ditatis generante propagamur & creſcimus ad humani generis augmentum : cum
iam refertus est orbis, & mundus impletus ; qui capere continentiam poſſunt, ſpadonum
more viuentes caſtrantur ad regnum
. Par la premiere ſentence Dieu a comman-
dé de croiſtre & d'engendrer, par la ſeconde il a conſeillé la continence, lors
que le monde eſtoit encor rude & vuide, il deuoit ſe multiplier par la fe-
condité & generation, maintenant que le monde eſt peuplé, ceux à qui Dieu
fait la grace d'eſtre continens, s'abſtiennent de mariage pour le Royaume des
cieux
: partant que les heretiques & ſemblables eſtallons de haras, eſcoutent
ce que leurs dit noſtre Seigneur, Matth. 22. Erratis neſcientes ſcripturas neque
virtutem Dei
, vous vous trompez, vous n'entendez pas l'Eſcriture, vous ne
connoiſſez pas la vertu de Dieu, vous ne ſçauez pas le prix de la continence,
vertu diuine que Ieſus-Chriſt a enſeigné au monde.
Le mariage a eſté inſtitué de Dieu en l'eſtat d'innocence ie l'accorde,
Quel euſt
eſté le
mariage
en eſtat
d'inno-
cence.
mais il euſt eſté autre qu'il n'eſt maintenant, car lors on n'euſt engendré que
des efleus & des predeſtinez : il ne ſe fuſt point trouué de deſordre en la ſen-
ſualité : il euſt eſté ſans corruption, l'eſprit n'euſt aucunement empeſché
du ſeruice de Dieu par ſon vſage : Depuis le peché, le mariage eſt ſubject à
tant d'incommoditez, offuſque tellement l'eſprit, empeſche ſi fort l'excercice
des choſes meilleures : rauale ſi bas l'ame, la deſtourne tant de la connoiſſance
de
C

18
Premier Traite'
de Dieu, qu'on a iuſte occaſion de dire, Bonum est mulierem non tange-
re
: il eſt bon de n'auoir point de femme : Beatior erit ſi ſic permanſerit,
vaut mieux eſtre ſeul que d'eſtre marié, car eſtant ſeul on a plus de moyen
de ſeruir Dieu, & de procurer ſon ſalut plus efficacement & plus en re-
pos.
Donc en l'eſtat d'innocence auquel ny auoit point de reuolte au corps,
point de deſordre en la chair, point de mouuement qui ne fuſt commandé
& composé par la raiſon : eſtat auquel le monde n'eſtoit encor peuplé, non est
bonum hominum eſse ſolum
il ne falloit pas que l'homme fuſt ſeul, ainſi faciamus
ei adiutorium
, faut luy faire vn aide.
S. Aug. lib. 9. de Geneſi ad literam, recherchant quel aide l'homme pouuoit
Commẽt
la femme
eſt l'aide
de l'hõ-
me prin-
cipale-
ment
pour la
genera-
tion.
tirer de la femme, dit, que cet aide eſtoit purement pour la generation, car
en toutes autres choſes l'homme pouuoit receuoir plus d'aſſiſtance d'vn
autre homme que d'vne femme. Eſcoutons le parler. Si quæratur ad quam
rem fieri oportuerit hoc adiutorium, nihil aliud probabiliter occurrit, quam propter
filios procreandos : ſicut adiutorium ſemini terra est, vt virgultum ex vtroque naſca-
tur
. Si vous me demandez pourquoy cet aide a deu eſtre fait, ie ne trouue
autre choſe, ſinon pour la generation : tout ainſi que la terre aide la ſemence
afin que de l'vn & de l'autre naiſſe la plante. S. Ambroiſe lib. de paradiſo c.
10. Ideo quia ex viro ſolo non poterat humani eſſe generis propagatio, pronuntiauit
Dominus non eſſe bonum ſolum eſſe hominem
, d'autant que la multiplication des
hommes ne ſe pouuoit faire par l'homme ſeul, Dieu a dit, il n'eſt pas bon de
laiſſer l'homme ſeul ; & le meſme plus bas, adiutorium, ad generationem conſti-
tutionis humanæ intelligimus, & vere bonum adiutorium, maior quippe in cauſa ge-
nerationis operatio mulieris reperitur, ſicut istius terræ quæ ſemina primo accepta
cohibendo, paulatim fœtu ſuo, adoleſcere facit. & producit in ſegetem
. Nous deuons
entendre que c'eſt vn aide pour la generation, ouy vn fort bon aide, car la
femme opere d'auantage en la generation, tout ainſi que la terre, laquelle
receuant la ſemence, en la retenant la fait croiſtre petit à petit, & enfin la
fait meurir.
Rupert expliquant ce paſſage, non eſt bonum, dit il, non eſt vtile, non conducit
ad propoſitum noſtrum eſſe hominem ſolum, propoſuimus enim præſcitos &
prædestinatos de primo homine propagare ſanctos, imagini ac ſimilitudini no-
ſtræ conformes futuros ergo vt propoſitum istud impleatur, faciamus ei adiutorium
ſimile ſibi, adiutorium inquam ad multiplicandam prædestinatum progeniem ſancto-
rum
. Il n'eſt pas vtile ny expedient à noſtre deſſein, que l'homme ſoit ſeul :
noſtre deſſein eſt de tirer les predeſtinez du premier homme, qui ſoient con-
formes à noſtre image & ſemblance, donc pour accomplir noſtre deſſein,
faiſons luy vn aide qui luy ſoit ſemblable, aide pour multiplier les predeſti-
nez & les Saincts.
La

19
Des fins dv Mariage.
La meſme verité eſt confirmée par ces autres paroles que Dieu a dit à A-
dam
La bene-
diction de
Dieu dõ-
née à Adã
pour la
multipli-
cation
efficace.
& à Eue, apres les auoir conioinct creſcite & multiplicamini & replete
terram
, croiſſez & multipliezrempliſſez la terre : auquel effect il les benit non de pa-
roles creuſes, ou ſeulement accompagnées de fauorables ſouhaits, comme
faiſoient les Parens de Rebecca, diſans creſcas in mille millia, croiſſez de mil-
liers en milliers, mais de paroles efficaces, leurs donnant en vertu de ces pa-
roles la fecondité comme il auoit donné aux beſtes, pour la multiplication
de leur eſpece.
Les Rabbins diſent que Dieu s'eſt reſerué l'vſage & la diſpoſition de qua-
tre clefs, de nature ; l'vne de la pluye, pour la faire tomber des nuées quand
bon luy ſemble, Deut. 28. Aperiet Dominus theſaurum ſuum optimum cœlum
vt tribuat pluuiam terræ tue in tempore ſuo
. Il ouurira le ciel qui eſt ſon threſor
pour donner la pluye à la terre en ſon temps. La ſeconde eſt la clef de la ge-
Quatre
clefs de
nature
que Dieu
s'eſt re-
ſeruée.
neration, Gen. 30. Num pro Deo ego ſum qui te priuauit fructu ventris tui. Quoy
diſoit Iacob à Rachel, pour qui me prenez vous? croyez vous que ie ſois
Dieu, c'eſt de luy que depend la fecondité, c'eſt luy qui vous a priué du
fruict de votſre ventre. La troiſieme clef eſt la clef du garde de manger, au-
quel preſide la prouidence diuine, & qui donne à chacun ſa pitance. Aperis
tu manum tuam & imples omne animal benedictione.
Vous ouurez voſtre main,
& vous rempliſſez tous les animaux de benediction. La quatrieſme eſt la
clef de la vie & de la mort, auec laquelle il ouurira les ſepulchres, & com-
mandera aux morts d'en ſortir, aperiam tumulos veſtros, Ezechiel 87. I'ou-
uiriray vos ſepulchres. Dieu auec la ſeconde clef, par le moyen de ſa be-
nediction ouurit la fecondité aux premiers hommes pour la multiplication
de l'eſpece.
Les heretiques abuſent de ce paſſage comme de l'autre, non est bonum ho-
minem eſſe ſolem
, & veuillent inferer de ces paroles, creſcite & multiplicami-
ni
, que tous, hommes & femmes, preſtres, moines, religieuſes, & deuotes
ſont obligez de ſe marier : & que ces paroles ſont vn commandement obli-
gatoire. Voyons auec quelle verité, & examinons ce que les Docteurs Ca-
tholiques en diſent.
Poſons le cas que ces paroles ſoient commandement : s'enſuit il pour-
tant que tous les hommes y ſoient obligez ? & quand ils y ſeroient obligez
Si les pa-
roles de
Dieu croiſ-
ſez & mul-
tipliez sõt
comman-
dement.
pour vn temps, eſt-ce à dire que cette obligation durera touſiours? Nous
auons deſia monſtré par les paroles de S. Cyprian que ce pouuoit eſtre vn
commandement, lors que le monde eſtoit rude & groſſier, & n'eſtoit mul-
tiplié, mais que depuis il n'eſtoit plus commandement, mais la continence
eſtoit vn conseil, & qu'elle eſtoit louable, & le maiſtre des ſentences confir-
me l'aduis de S. Cyprian, lib. 4. diſt. 26.
S. Thomas dit que ce commandement n'obligeoit tous les hommes en
particulie
C 2

20
Premier Traite'
particulier, mais la multitude des hommes, & partãt n'eſtoit neceſſaire qu'il
fut mis en execution de tous, mais ſuffiſoit qu'aucuns le pratiquaſſent, pour
la conſeruation & la multiplication de l'eſpece : & 2.2. qu. 152. art. 2. il dit
qu'il y a deux ſortes de commandemens, les vns doiuent eſtre mis en ex-
Que tous
les hom-
mes ne
ſont obli-
gez à ſe
marier.
ecution de tous : les autres d'aucuns ſeulement, & cela ſuffit. Le com-
mandement que Dieu donna à l'homme de manger de omni ligno paradiſi, des
fruicts du paradis, obligeoit tous les hommes en particulier, puis que per-
ſonne ne peut viure ſans manger, & que chacun eſt obligé de conſeruer ſa
vie ; mais le commandemẽt de ſe marier, n'obligeoit pas tous en particulier,
mais obligeoit ſeulement à la conſeruation & multiplication de l'eſpece, ce
qui ſe pouuoit faire ſuffiſamment, aucuns ſe mariant ſans que chaque parti-
culier le fiſt : de plus la perfection de la nature humaine demandoit que com-
me aucuns ſe marioient & vaquoient aux affaires temporelles, auſſi d'autres
ne ſe mariaſſent pour s'employer auec plus d'attention & de perfection à la
contemplation des choſes celeſtes.
Scotus in 4. Sent. diſt. 26. dit que le commandement de ſe marier eſtoit
per modum præcepti affirmatiui, comme vn precepte affirmatif, qui oblige ſem-
per, ſed non ad ſemper
, touſiours, mais non pour touſiours, ains en temps de
neceſſité, & partant obligeoit au commencement du monde, à cauſe de la
neceſsité de la multiplication, & obligeroit encor ſi le monde venoit à
quelque notable ruine, ou par guerre, ou par peſte, ou par famine, ou au-
trement.
Aucuns penſent que c'eſtoit vn commandement qui a duré iuſque à
la Loy Euangelique, par laquelle il a eſté abrogé lors que noſtre Seigneur
a deſployé l'eſtendart de la Continence & Virginité, & y a inuité le
monde par ces paroles, qui poteſti capere capiat, ceux qui la pourront ſuiure
qu'ils la ſuiuent.
Quelqu'vns comme remarque S. Auguſt. 14. de ciuitate Dei21 c. 21. ont
expliqué ces paroles creſcite & multiplicamini, croiſſez & multipliez non de
la fecondité charnelle, mais de la ſpirituelle & de l'ame, il monſtre toutefois
qu'elles ſe doiuent entendre de la fecondité de la chair, pour laquelle Dieu
a creé l'homme & la femme, auec diuerſité de ſexe, & à cét effect leurs a
donné ſa benediction.
Voila diuerſes interpretations & intelligences de ces paroles, nous pou-
Les paro-
les de
croiſtre &
multi-
plier ne
ſont pas
comman-
dement.
uons toutefois dire qu'en ces paroles ny a aucun commandement, mais ſeu-
lement que Dieu par icelles, a voulu monſtrer qu'il auoit creé l'homme &
la femme auec diuerſité de ſexe pour la multiplication du genre humain, &
à cét effect leurs auoit donné ſa benedition & la fecondité, creſcite & mul-
tiplicamini
. Que ſi ces paroles croiſſez & multipliez, ſont dictes auec quel-
que authorité & commandement, ce n'eſt pas que cette authorité & com-
mandement

21
Des fins du Mariage
mandement oblige chaque homme en particulier de les mettre en practi-
que, mais cét pour monſtrer que ces paroles deuoient eſtre efficaces en
vertu de la benediction, de laquelle il les accompagnoit. Dieu auoit dit
les meſmes paroles auparauant aux beſtes, & toutefois perſonne ne peut
raiſonnablement inferer qu'il leurs euſt donné quelque commandement
par icelles, puis que les beſtes ſont incapables de commandement ; mais
par ces paroles il denote la benediction qu'il donne pour rendre ſes
paroles efficaces ; & tout ainſi que lors que Dieu dit replete terram &
ſubiicite eam, & dominamini piſcibus maris & volucribus cœli, & vniuerſis
animantibus, quæ mouentur ſuper terram
, rempliſſez la terre, ſoubmettez-
là, & ſeigneuriez ſur les poiſſons de la mer, ſur les oyſeaux du ciel, & ſur
tous les animaux qui ſe meuuent ſur la terre. Dieu n'a pas commandé à
l'homme de ſoubmettre la terre, de Seigneurier ſur les beſtes, mais ſeulement
luy a donné authorité pour ce faire, & pour s'en ſeruir : de meſme
lors qu'il a dit creſcite & multiplicamini, croiſſez & multipliez, il a don-
né le pouuoir de ſe marier & la benediction & la fecondité, & non le com-
mandement.
Quoy ! ſi ceſt vn commandement, pourquoy S. Iean Baptiste ? pourquoy
Iesus Chriſt ne ſe ſont-ils pas marié ? Pourquoy Iesus Chriſt exhorte-il à la
continence ? Pourquoy S. Paul dit il qu'il eſt bon de ne point toucher fem-
me ? pourquoy aſſeure-il que celles qui ne ſe ſeront mariées ſeront plus heu-
reuſes ? auront plus grande gloire ? au contraire, elles deuroient eſtre plus
puniſſables, ſi c'eſtoit commandement, d'autant qu'elles ne l'auroient ac-
comply. Diſons donc qu'il ny a point de commandement, au moins en la loy
Euangelique, mais que nos heretiques voudroient volontiers prendre ſub-
iect de ces paroles, d'authoriſer leur incontinence, & d'obliger toutes ſortes
de perſonnes à ſe marier contre conseil expres de Ieſus Chriſt pour auoir
quelque couuerture de leur impudicité.
Quoy qu'il en ſoit c'eſt choſe aſſeurée que la premiere & principale fin
du mariage eſt la generation & multiplication de l'eſpece, & telle eſtoit la
fin qu'auoit Tobie en ſon mariage, cõme il proteſte. Tu ſcis Domine quod non
luxuriæ cauſa accipio ſororem meam coniugem, ſed ſola poſteritatis dilectione, in qua
benedicatur nomen tuum in ſecula ſeculorum
. Seigneur vous m'eſtes teſmoing
que ie ne prens Sara pour femme, pour ſatisfaire à ma ſenſualité ; mais
ſeulement par deſir de lignée, par laquelle voſtre nom ſoit beny à iamais.
Tobie 8. Il auoit appris cette ſaincte & ſalutaire leçon de l'AngeRa-
phael
, paranymphe de ſon mariage, Accipies virginem cum timore Dei, amore ſi-
liorum magis quam libidine ductus, vt in ſemine Abrahæ benedictionem in filiis con-
ſequaris
. Tu prendras cette pucelle en la crainte de Dieu, pluſtoſt par deſir
d'auoir enfans que pour ſatisfaire à ta concupiſcence, afin que tu reçoiues
benedi-
C 3

22
Premier Traite'
benediction en la ſemence d'Abraham par tes enfans. Ceux qui ſe marient
doiuent donc ſe propoſer ceſte fin, & non ſeulement en l'inſtitution de
leur mariage, mais auſſi en l'vsage d'iceluy, comme vne fin pour laquelle le
mariage a eſté eſtably de Dieu & l'homme & la femme crées auec diuerſi-
té de ſexe.

Filet cadre, rayé.

De la ſeconde fin du mariage qui eſt l'aſſiſtance mutuelle.

CHAPITRE V.

LA bonté de Dieu enuers l'homme ne ſe contentant point de l'auoir
crée à ſon image & ſemblance ; de luy auoir donné le domaine & Sei-
gneurie ſur toutes les creatures ; a encor eu ſoin de luy donner de l'aſſiſtan-
ce par la production de ſa ſemblable, auec laquelle il peuſt contracter ami-
tié, conuerſer familierement & doucement auec elle, ſe peuſſent conſoler
& aider mutuellement, & exercer l'vn enuers l'autre tout deuoir de charité
& d'amitié.
C'eſt icy la ſeconde fin du mariage, ſçauoir l'aide & l'aſſiſtance mutuelle,
exprimée en ces paroles, adiutorium ſimile ſibi. Vn aide qui luy ſoit ſemblable.
Ie ſçay bien que l'aide principal que l'homme pouuoit pretendre de la fem-
me, eſtoit pour le regard de la generation & nourriture des enfans, ce que
l'homme ne pouuoit faire ſeul, comme i'ay dit au chapitre precedent : il
ne s'enſuit pas toutefois qu'elle ne peuſt aſſiſter & aider l'homme en beau-
coup d'autres choſes, & principalement en l'adminiſtration & ſoin de ſa fa-
Diuerſes
habitudes
de l'hõme
& de la
femme.
mille. Car comme Dieu a fait l'homme & la femme auec diuerſité de ſexe,
auſſi leurs a il donné diuerſes habitudes & inclinatiõs, conformement à leur
ſexe, à l'homme la prudence & la force pour faire les affaires exterieures &
plus difficiles : à la femme la vigilance, pour auoir soin des affaires dome-
ſtiques : à l'homme vne authorité pour maintenir les enfans en leur deuoir :
à la femme vne tendreſſe & douceur pour les nourrir & eſleuer : à l'hom-
me l'induſtrie pour amaſſer, à la femme la diligence pour conſeruer &
ſagement diſtribuer. Cecy paroiſtra mieux par l'interpretation de ces pa-
roles, Faciamus ei adiutorium ſimile ſibi, Faiſons luy vn aide qui luy ſoit
ſemblable.
La verſion Chaldaique22 au lieu d'adiutorium ſimile ſibi, tourne ſuſtentaculũ
quod ſit penes eum
, comme s'il vouloit dire, mettons aupres de luy quelqu'vn
qui le ſoulage à porter ſon fardeau, & qui luy preſte la main au beſoin : &
ainſi il crea la femme pour aſſiſter l'homme en ſa neceſſité. Le Sage dit Eccl.
4. me-

23
Des fins dv Mariage.
4. Melius est duos eſse ſimul quam vnum : habent enim emolumentum ſocietatis ſuæ :
ſi vnus ceciderit ab altero fulcietur : Væ ſoli quia cum ceciderit non habet ſublevan-
tem ſe, & ſi dormierint duo fovebuntur mutuo : vnus quomodo calefiet ? & ſi quiſ-
piam præualuerit, contra vnum duo reſistent ei
: vaut mieux eſtre deux, que d'e-
ſtre ſeul : car deux ont de l'aduantage de leur compagnie : ſi l'vn tombe il
ſera ſouſtenu de l'autre : malheur à celuy qui eſt ſeul, car lors qu'il ſera tom-
bé il n'aura perſonne pour l'aider à ſe releuer : ſi deux dorment enſemble
ils s'eſchauferont l'vn l'autre, comment eſt-ce que celuy qui eſt ſeul pourra
eſtre chaud ? ſi vn troiſieme attaque deux qui ſont enſemble, les deux ſe de-
fendront contre luy. Ne voila pas la condition des mariez depeinte par le
Sage
? & l'aſsiſtance qu'ils ſe doiuent, repreſentée auec ſes circonſtances.
Il en prit bien à Nabal qui eſtoit vn pauure ſot & eſtourdy, ſans courtoi-
Abiga il
ſoulage
Nabal
ſie ny recognoiſſance, homme auare & groſsier, d'auoir rencontré vn bon
aide, ie dis vne femme ſage & prudente, telle qu'eſtoit Abigail qui luy preſta
la main au beſoin : autrement il eſtoit perdu : Dauid eſtoit armé de cholere, &
d'vne iuſte vangeance contre luy, pour ſon ingratitude, il auoit iuré ſon
grand iuron de la chaſtier, mais à toute outrance, il eſtoit aſſiſté de gens
plein de reſſentiment & de reſolution, il ne pouuoit eſchapper, mais Abi-
gail
en ayant le vent, ſçeut par ſa prudence & bonne grace, & par ſes libera-
litez & bien dire, ſi bien appaiſer Dauid, qu'il pardonna à ce ſot pour l'a-
mour d'elle. Ceſte fẽme ne fut elle pas ſuſtent aculum penes eum, vn ſouſtien, vn
ſoulagement, qui l'empeſcha de tomber en vne ruine totale, voire à la mort ?
telle doit eſtre la femme sage, pluſtoſt qu'vne pierre d'achopement qui faſſe
tresbucher ſon mary : le mary doit porter les charges de la famille, mais la
femme ſe doit ſouuenir qu'elle eſt coniux, ceſt à dire ſouz le meſme ioug, &
partant qu'elle doit en porter ſa part & ſoulager ſon mary.
La parole Chaldaique23 Semach qui ſignifie adiutorium, ſuſtentaculum, aide,
La fẽme
eſt le ſup-
port des
hommes.
ſouſtien, ſignifie auſſi fulcrum, vn eſtançon, adminiculum vn appuy, vn ſupport :
& Chochible ſignifie prope ipſum, penesipſum, iuxta ipſum, proche de luy, à ſon
coſté, à ſa main, qui eſt à dire que la femme doit eſtre comme à la main de sõ
mary, pour l'aider, le conſoler, l'aſſiſter, le ſoulager en ſes trauaux : pour
l'aduertir doucement & prudemment. Telle eſtoit la fidelle Michol, lors
que ſi fidelement elle aſſiſta Dauid ſon mary, contre les pourſuites de Saül
ſon pere & luy ſauua la vie : telle la ſage Abigail qui prenoit ſi biẽ ſon apoint
pour faire cognoiſtre à ſon mary ſa ſottiſe, non auec empire authorité &
rigueur, comme font pluſieurs, mais auec douceur & manſuetude, ſuiuant
ce que dit Dauid, ſuperuenit manſuetudo & corripiemur, eſtant aduerty auec
manſuetude on ſe corrige. Elle ne criailla pas, ne tintamarra pas, lors qu'il
eſtoit yure, ains le flatta : mais quand il eut cuit ſon vin, elle l'aduertit douce-
ment, elle ſçauoit trop mieux que tout ainſi qu'il n'eſt ſalutaire d'abbreuuer
le

24
Traicte' Premier
le cheual, lors qu'il eſt eſchauffé ; de meſme qu'il ne faut aduertir le mary
lors qu'il eſt en cholere ou yure. Le Sage a fort bien dit, Eccl. 36. Si est lin-
gua curationis, eſt & mitigationis & miſericordie : non eſt vir illius ſecundum filis
hominum
. Si vne femme a la grace de remedier aux vices de ſon mary, de le
conſoler, le ſoulager, l'appaiſer : ſi elle aſſiſte ſon mary en ſes maladies, in-
commoditez, auec douceur & miſericorde en portant vne partie, cét homme
n'eſt pas de la condition des autres hommes, il eſt d'vne categorie plus rele-
uée que le reſte, il eſt le plus heureux homme du monde.
O quel ſoulagement à vn mary, qui a vne telle femme! mulieris bonæ beatus
vir
, heureux l'homme qui a trouué vne bonne femme ; vne femme ſage eſt
la couronne, l'honneur, le ſoulagement, la conſolation, l'ornement d'vn
mary, voire ſouuent la cauſe de ſon ſalut, & corporel & ſpirituel, c'eſt Sainct
Paul
qui le dit Sanctificatus est vir infidelis per mulierem fidelem, Corinth. 7.
l'homme infidele eſt ſanctifié, eſt ſauué, par la femme fidele, ne voila pas
ce que diſoit tantoſt Le Sage ? Emolumentum Societatis, vn grand aduantage
L'hõme
doit eſ-
couter
aucunes-
fois ſa
femme.
d'vne bonne compagnie.
La ſaincteté, prudence, ſageſſe, & autres vertus du Patriarche Abraham,
ſont aſſez cognuës, cependant Dieu veut qu'il ſoit aidé par ſa femme en la
conduicte de ſa famille, ne luy dit il pas, Geneſ. 21. audi vocem eius : eſcoutez,
faictes ce qu'elle vous dira, c'eſtoit touchant Iſmael, & l'education d'Isaac.
Si Pilate eut eſcouté la parole de ſa femme, & eut fait eſtat de ſes aduis, il ne
ſe fut ietté dans l'abyſme de mal-heur auquel il ſe precipita.
Au lieu de ſimile ſibi les ſeptante tournent ſecundum ipſum, ſelon luy, c'eſt
à dire de meſme nature auec luy, & non ſeulement de meſme nature,
mais principalement de meſme volonté, de meſme intention, conſpirans
par enſemble aux meſmes deſſeins par vn accord & bonne intelligence, par
vne condeſcendance mutuelle, Vir & mulier bene ſibi conſentientes, Eccli. 25.
S'eſchauffans l'vn l'autre au ſeruice de Dieu & à l'acquiſition de la vertu, ſui-
uant ce que dit Le Sage, Si dormierint duo fovebuntur mutuo, deux qui cou-
chent enſemble s'eſchaufferont l'vn l'autre, de peur que ce grand mal heur
ne leurs arriue, que de deux qui ſe trouueront en meſme lict, l'vn ſoit eſleué
à la gloire, l'autre reietté à l'opprobre & confuſion.
La verſion Hebraique au lieu de ſimile ſibi a contra ipſum, contre luy : ce qu'-
aucuns Hebreux expliquent qui luy ſoit contraire, puis que la femme ſou-
uent contrarie à son mary, le tourmente & ne luy donne point de repos, cet-
te interpretation repugne à l'intention de Dieu, lequel en la creation de la
femme a cherché le ſoulagement de l'homme, non ſon affliction, ſa conſola-
tion, non ſa deſolation : ſon aſſiſtance, non ſa ruine. Que ſi pluſieurs ſont des
fleaux à leurs marys, les contrarient, les inquietent, c'eſt vn effect du pe-
ché & de leur mauuaiſe volonté, non ſuiuant l'intention de Dieu, cela n'eſt
pas

25
Des fins dv Mariage.
pas commun à toutes, celles qui ſont Sages n'ont garde de le faire.
Toſtatus explique contra ipſum, de diuers Sexe : d'autres contra ipſum,
c'eſt à dire, coram ipſo, deuant luy, comme au Pſalme 50. Peccatum
meum contra me eſt ſemper
, mon peché eſt touſiours deuant moy, en
S. Matthieu 21. Ite in castellum quod contra vos eſt, Allez au chaſteau qui eſt
deuant vous. Donc coram ipſo deuant luy pour monſtrer que la femme doit
touſiours eſtre à la main de ſon mary, comme en ſa preſence, & ſe com-
porter par tout comme ſi par tout il la voyoit.
Helas que les intentions de Dieu ſont maintenant peruerties, par les hom-
En quoy
l'homme
ſemblable
à Dieu.
mes ! les femmes ne ſont pas à pluſieurs adiutorium ſimile ſibi, vn aide, vn ſup-
port ſemblable à l'homme, car pluſieurs marys ne les traictent pas comme
leurs ſemblabes, mais comme des eſclaues, comme des ſeruantes, voire com-
me des beſtes. Si l'homme eſt fait à la ſemblance de Dieu entant qu'il a vn
eſtre intellectuel, & par conſequent ſix beaux traits de reſſemblance. 1. l'eſtre
ſpirituel & indiuiſible, 2. immortel, 3. eſt pourueu d'entendemẽt, de volonté,
de memoire, 4. le franc arbitre preſque tout puiſſant qui peut meſme, s'il
veut, reſiſter à Dieu ſelon la voye ordinaire eſtablie de Dieu meſme, 5. eſt ca-
La fem-
me faite à
la reſſem-
blance de
Dieu cõ-
me l'hom-
me.
pable de vertu & de ſapience, & de grace, voire de la gloire & de la iouïſſan-
ce de Dieu, 6. qu'il ſurpaſſe le reſte des animaux & creatures en dignité, no-
bleſſe, authorité & maieſté royale. La femme eſt ſimile ſibi, non seulement sẽ-
blable à l'homme, mais auſſi ſemblable à Dieu faite & formée à ſon image &
ſemblance cõme l'homme ; car comme dit S. Baſile ho. 10. in Gen. Habet & mu-
lier nihilominus quam vir, quod ad imaginem Dei eſt facta, honor utrique nihilo diſpar,
æquales virtutes: utriq. in agone decertanti propoſitum par prœmiū, conſimilis pec-
canti decreta condemnatio
. La femme n'eſt pas moins faite à la ſemblance de Dieu
que l'homme, l'vn merite autant d'honneur que l'autre, les vertus ſont éga-
le en l'vn & en l'autre : le meſme prix eſt propoſé à tous deux, s'ils combattent
valeureuſement : que s'ils font mal, la meſme punition leurs eſt gardée.
S. Ambroiſe lib. de parad. c.10. de ipſius Ade coſta facta eſt mulier vt ſciremus
La fẽme
pour
quoy fai-
te de la
coſte de
l'homme
vnam in viro muliere eſse naturam, vnum fontem generis humani
. La femme
a eſté faite de la coſte d'Adam, afin que nous ſçeuſſions que c'eſt la meſme
nature en l'homme & en la femme, qu'ils ſont vne meſme fontaine du gen-
re humain. Elle a eſté tirée du coſté d'Adam dit S. Augustin, pour monſtrer
l'amour qu'ils ſe doiuent porter : non du limon de la terre comme l'homme,
dit Rupert, pour denoter l'indiſſolubilité de l'amour coniugale, S. Thomas
1. part. q.92, art.3. elle n'a pas eſté faite de la teſte de l'homme, dautant qu'elle
ne luy deuoit pas commander : non des pieds, dautant qu'elle ne deuoit pas
eſtre ſa ſeruante ny meſpriſer de luy : mais de sõ coſté, d'autant que l'homme
la deuoit tenir comme ſa ſemblable, comme ſa compagne, ſimile ſibi : au-
cuns pẽſent que cette coſte fut tirée du coſté gauche, qui eſt le coſté du cœur
pour
D

26
Premier Traite'
pour monſtrer la ſincerité de l'amour qui doit eſtre entre le mary & la fem-
me & qu'il doit eſtre tout cordial.
Mais mes dames remarquez cette parole adiutorium, aide : non ruine, non
Pluſieurs
femmes
ne ſont
aide à
leurs ma-
rys.
empeſchement, non occaſion de ſcandal & de damnation. Quel aide eut
Adam de ſa femme, ſinon qu'elle fut cauſe de ſa ruine & couppa la gorge à
toute ſa poſterité ? quel aide le pauure Iob en ſes malheurs de la ſienne? elle
l'incite à blaſphemer, & à ſe deſeſperer, elle ſe mocque de luy au lieu de
l'exhorter à patience, & de le conſoler.
Ce fut bien icy la plus cuiſante de toutes ſes afflictions que Dieu reſerua
comme la derniere, pour l'eſpreuue de ſon inuincible patience apres la
perte de ſes biens, de ſes enfans, l'abandonnement de ſes amis, les mala-
dies & pourritures de ſon pauure corps : il falloit vne femme eſceruelée,
qui au lieu de le conſoler & aider ſe mocquaſt de luy, le teint en qualité d'vn
badin & homme ſans courage, & l'incitaſt à ſe bander contre Dieu meſme.
Ô qu'elle n'a que trop de ſemblables qui ſont ſouuent la cauſe de la ruine
& damnation de leurs marys, & par leurs meſchantes langues les incitent &
conduiſent au deſeſpoir.
Raulin, de
matrimo-
nio ſerm.
2.
Ceſt vn
grand
tourment
qu'vne
mauuaiſe
femme.
Hiſtoire
plaiſante
à ce pro-
pos.
Vn bon autheur raconte qu'vn certain ieune homme eſtant en aage d'e-
ſtre marié pria ſon pere de luy donner deux femmes, & comme il luy faiſoit
tres-grande inſtance, le pere le pria que pour la premiere année il ſe con-
tentaſt d'vne, que la ſeconde année il luy en donneroit encore vne : la pre-
miere année il rencontra vne Proſerpine qui le faiſoit dépaſſionner : l'année
eſtant paſſée, le Pere luy dit, qu'il vouloit s'acquitter de ſa promeſſe & luy
donner encore vne femme, helas dit-il, ie vous rends voſtre parole, ſi ie pou-
uois auſſi bien quitter ma femme, ie le ferois volontiers : & ſi vne ſeule me
fait mourrir cent fois, ſans pouuoir mourir, me cauſant tant d'ennuis, com-
ment pourrois-ie viure auec deux. Il eſt vray que ceſt vn grand ſupport à un
mary qu'vne bonne & sage femme, mais auſſi ceſt vne charge inſupportable
qu'vne meſchante femme.
Le meſme autheur dit que comme on auoit apprehendé vn meſchant
Autre hi-
ſtoire au
meſme
propos.
homme, meurtrier, magicien, larron, voleur, & que les bourgeois de la ville
ſe plaignoient aupres du Iuge, des torts qu'ils auoient receu de luy : le Iuge
leurs demanda quel eſtoit leur aduis, de quel genre de mort on le deuoit
punir : l'vn diſoit qu'il falloit le bruſler : d'autres qu'il falloit l'eſcorcher
tout vif : chacun en parloit ſuiuant ſes reſſentimẽts, mais vn certain qui auoit
rencontré vne fort mauuaiſe femme, dit, pour Dieu donnez luy ma femme,
ie vous aſſeure que ce ſera le plus grand ſupplice qu'on luy ſçauroit donner.
Il eſt tout aſſeuré qu'vn des plus grands tourmens qu'vn honneſte homme
puiſſe auoir au monde, eſt d'auoir rencontré vne mauuaiſe femme, au con-
traire vne des plus grandes conſolations eſt vne bonne femme, Mulieris
bonæ

27
Des fins dv Mariage.
bonæ beatus vir. Comme on demandoit à Protagoras pourquoy il auoit
donné ſa fille en mariage à ſon ennemy, parce dit il que ie n'auois rien de
plus mauuais, & que ie ne le pouuois trauailler dauantage qu'en luy don-
nant vne mauuaiſe femme.
Que les femmes ſe ſouuiennent qu'elles ſont ſimile, ſemblables à l'homme
La foi-
bleſſe des
femmes
ne les diſ-
pense pas
d'eſtre ver-
tueuſes.
ouy à la ſemblance de Dieu, & ſi elles ſont plus foibles de corps, cela ne les
diſpenſe pas d'eſtre auſſi vertueuſes que l'homme ; ie les prie d'eſcouter vne
belle exhortation que leurs fait S. Baſile homil. 10. in Geneſim, ou apres a-
uoir monſtré comme la femme eſt auſſi bien formée à l'image & ſemblance
de Dieu que l'homme, comme nous auons rapporté vn peu auparauant, il
adiouſte, non dicat mulier imbellis ſum & infirmæ conditionis, que la femme ne
diſe pas ie ſuis delicate & d'vne condition plus foible, iſthæc infirmitas carnis
eſt, nam in anima ſibi ſedem fixit virtus firma ac potens
, ceſte foibleſſe & infirmi-
té eſt à la chair, la vertu qui doit eſtre forte & ferme eſt en l'ame. Comme
s'il vouloit dire la reſſemblance que l'homme & la femme ont auec Dieu,
n'eſt pas au corps, qui n'eſt ny ſpirituel ny intellectuel, ny indiuiſible, ny im-
mortel, ceſt en l'ame : & s'il y a de la diuerſité entre le corps de l'homme &
celuy de la femme, il n'y en a point entre leurs ames, qui n'ont point de ſexe :
la vertu eſt en l'ame non au corps, partant pourſuit S. Baſile. Nolim iſti exter-
no homini animum admone as tuum, quod velut quoddam animi tectorium eſt
: ie ne
veux pas que vous croyez que l'ame & l'eſprit conſiſte en ce que vous voyez
d'exterieur, qui eſt le corps, qui n'eſt que l'enduict de l'ame. Deliteſcit anima
intus ſub hoc integumento ceſſitans, & corpore molliuſculo, quæ tamen in viro & fœ-
mina pari honore inſignita eſt, tantum reperitur in iſtis integumentis diſcrimen
. L'ame
eſt cachée au dedans, elle eſt ſoubs cette enueloppe, ſoubs ce corps molle &
doüillet, laquelle toutefois eſt auſſi honorable en la femme qu'en l'homme,
toute la difference qui s'y retrouue n'eſt qu'a l'enueloppe, n'eſt qu'au corps.
Enfin il conclud Diuina igitur imago hæc, cum in vtroque ſexu peræque honoretur,
ſit & compar in vtroque virtus, quæ per bona opera vim ſuam exerat & explicet
.
puis donc que l'image de Dieu eſt autant honorable en vn ſexe qu'en l'au-
tre, que la vertu ſoit eſgale en l'vn & en l'autre, & ſe faſſe paroiſtre par l'ex-
ercice des bonnes œuures.
Voila la ſeconde fin du mariage, ſçauoir l'aide & aſsiſtance mutuel, que
peuuent auoir tant de gens vieilles qui ſe marient eſtant hors d'aage d'auoir
enfans, voire qui ſe mettent en mariage non pour y trouuer remede à leur
concupiſcence, qui eſt toute amortie ou par l'aage ou par les incommoditez
& maladies, mais pour s'aſsiſter mutuellement : non eſt bonum hominem eſſe ſo-
lum
, ne pouuans viure ſeuls, & voulans ſe ſeruir de la compagnie que Dieu
a fait à l'homme pour ſon aide & conſolation.
Ceſt vn grand ſoulagement à vn homme d'auoir rencontré vne bonne
femme,
D 2

28
Traite' Premier
femme, ceſt commencer ſon paradis en ce monde, & eſtre à demy bien heu-
La bonne
femme
prolonge
la vie de
ſon mary
reux comme dit le ſage Eccli. 26. mulieris bonæ beatus vir, numerus enim anno-
rum illius duplex
. Bien heureux l'homme qui a trouué vne bonne femme, le
nombre de ſes ans ſera double, premierement d'autant que le contente-
ment qu'il perçoit de la douce conuerſation de ſa femme luy cauſe vne
plus longue vie, car la ioye & le contentement prolonge les iours, com-
me au contraire la triſteſſe les abrege. Secondement, quoy que ſa vie
ne ſeroit plus longue, il vit toutefois, viuant en ioye & contentement,
la vie qui ſe paſſe en trouble, diſſenſion & facherie, eſtant pluſtoſt mort
que vie. Suiuant ce que dit le meſme Sage, Eccli. 30. Melior eſt mors
quam vita amara
, Mieux vaut la mort, qu'vne vie amere, &, Iucundi-
tas cordis haec eſt vita hominis, & exaltatio viri eſt longæ uitas
. Le contente-
ment de l'eſprit eſt la vie de l'homme : Sa ioye eſt la longue vie. Troiſié-
mement la bonne femme par ſes prieres obtient ſouuent de Dieu vne lon-
gue vie pour ſon mary.
En fin ſi le Roy eſt heureux qui voit tout ſon Royaume paiſible,
le mary doit eſtre eſtimé heureux qui voit toute ſa famille tranquille,
par l'aide, conduicte, & aſſiſtance d'vne bonne femme : car comme
dit le meſme Sage Eccli. 26. Mulier fortis oblectat virum ſuum, &
annos vitæ illius in pace implebit
. La femme ſage & vertueuſe eſt la con-
ſolation de ſon mary, & luy fait paſſer ſa vie en paix, & comme
il dict au meſme Chapitre, Oſſa illius impinguabit, l'engraiſſe, luy
cauſe vn embonpoinct par le contentement & aſſiſtance qu'elle luy
donne.
Ie peux bien expliquer tout cela d'vn plus grand aide que la bonne fem-
me donne à ſon mary, qui eſt que ſouuent par ſa ſaincteté & bons exem-
ples, elle le conuertit, en fait vn Sainct & eſt cauſe qu'il arriue à la vie eter-
nelle.

Filet cadre, rayé.
De la troiſieſme fin du mariage, ſçauoir qu'il est un remede
contre la concupiſcence.


CHAPITRE VI.

IL ſemble que Sainct Paul met en nous comme deux hommes, lors que
Des deux
hommes
deſquels
parle S.
Paul
.
ſi ſouuent en ſes Epiſtres il parle tantoſt de l'homme interieur, tantoſt de
l'exterieur : tantoſt de l'homme de l'eſprit, tantoſt de celuy de la chair, tan-
toſt du vieil homme, tantoſt du nouueau : tantoſt de l'homme ſelon le pre-
mier

29
Des fins dv Mariage.
mier Adam, tantoſt de celuy qui eſt ſelon le ſecond ; tantoſt de l'homme ter-
Mani-
cheens

ont creu
que nous
auions
deux a-
mes.
reſtre, tantoſt du celeſte. Les façons de parler ont donné ſubiect aux Ma-
nicheens
de dire que nous auions deux ames, l'vne bonne qui tiroit ſon ori-
gine de Dieu, l'autre mauuaiſe qui auoit le Diable pour autheur, que celle-
la eſtoit la racine des vertus, celle cy des pechez.
Ceſt vn erreur, mais la verité eſt que l'homme interieur, ſpirituel, diuin,
celeſte, renouuellé, conforme à Ieſus Chriſt, eſt celuy qui a la grace de Dieu,
Que ceſt
que l'hõ-
me inte-
rieur.
& marche & vit ſelon l'eſprit de Dieu : ſon ame ou la vie de ſon ame, c'eſt
la grace : ſa loy, c'eſt la raſon & volonté Diuine : ſes deſſeins ſont d'e-
ſtre chaſte, ſobre, humble, obeyſſant, aimer & craindre Dieu : ſes ope-
rations ſont, aimer Dieu, l'honorer, le craindre, luy obeyr, s'vnir à luy,
ſuiuant ce que dit Sainct Paul, Fructus ſpiritus ſunt charitas, gaudium, pax,
patientia, benignitas, bonitas, longanimitas, manſuetudo, fides, modeſtia,
Galat.5. continentia,castitas
. La charité, la ioye, la paix, la patience, la benignité, bon-
té, longanimité, manſuetude, foy, modeſtie, continence, chaſteté.
L'homme exterieur eſt le meſme homme : corrompu & gaſté, ſon ame,
L'hõme
exterieur
eſt la concupiſcence : ſa loy, l'inclination au mal : ſes deſſeins, ſont la ſenſuali-
té : ſes oeuures, ſont fornicatio, immunditia, impudicitia, luxuria & c. fornication,
immondicité, impudicité, luxure & c.
L'homme interieur à pour conduite la raiſon, aſsiſtée de la grace de
Dieu, auec laquelle il dompte les mouuemens de la concupiſcence : l'hom-
Mouue-
ment de
l'homme
interieur
& exte-
rieur.
me exterieur n'a autre guide que la nature corrompue & deprauée, laquelle
ne viſe qu'aux plaiſirs aux contentemens ſenſuels, à faire ſa volonté, ſe gou-
uerner ſelon ſa fantaſie ne deſpendre de perſonne, eſtre en credit & reputa-
tion.
L'homme n'a pas eſté crée de Dieu auec ceſte corruption, Creauit Deus
L'hõme
n'a eſté
creé auec
corrup-
tion.
hominem ad imaginem & ſimilitudinem ſuam
. Dieu a crée l'homme à ſon image
& ſemblance, l'image ſignifiant l'entendement, & la volonté : la reſſemblan-
ce, la ſageſſe & iuſtice, ſuiuant l'interpretation des Saincts Peres, d'ou ils in-
ferent que l'homme en ſa creation ne receut pas ſeulement la nature, auec
laquelle nous naiſſons maintenant, mais encor des ornemens de ſageſſe &
de iuſtice : & c'eſt au reſtabliſſement de cette reſſemblance que S. Paul nous
exhorte, Ephe. 4 Renouamini ſpiritu mentis veſtre, & induite nouum hominem ;
qui ſecundum Deum creatus est in iustitia & ſanctitate veritatis
. Renouuellez vos
ames, reueſtez vous du nouuel homme, qui a eſté creé à la reſſemblance de
Dieu en iuſtice & ſaincteté.
Cette reſſemblance eſtoit vne ſuite de la grace originele, qui auoit
Trois ef-
fects de la
grace ori-
ginelle.
trois principaux effects, le premier qu'elle ſoubmettoit tellement la
raiſon à Dieu, que l'homme pouuoit garder tous les commandemens natu-
rels, & ſe comporter enuers Dieu, comme autheur de nature, ſans commettre
vn
D 3

30
Premier Traicte'
vn ſeul peché veniel. Le ſecond, qu'elle aſſubiectiſſoit tellement la partie
inferieure de l'ame à la ſuperieure, ſçauoir le ſens à la raiſon, qu'elle ne pou-
uoit exercer aucun mouuement ſans l'ordre, commandement, & direction
de la raiſon. Le 3. eſtoit vne parfaicte ſubiection du corps à l'ame, en ſorte
que le corps ne cauſoit aucun empeſchement à l'ame & ne pouuoit receuoir
aucun changement contre la volonté ou naturelle inclination de l'ame :
Effects
du peché
originel.
or d'autant que l'eſprit s'eſt reuolté contre Dieu, & ainſi s'eſt priué du pre-
mier effect de la grace, il a eſté frappé d'vne peſanteur & ſtupidité en l'en-
tendement, d'vn aueuglement en ce qui concerne ſa derniere fin, d'vne ig-
norance touchant les choſes naturels : & en la volonté d'vne repugnance au
bien, d'vne negligence de ſon ſalut, d'vne propenſion à l'amour des choſes
temporeles : & en punition de cette reuolte contre ſon Createur, la partie
inferieure de l'ame s'eſt bandée contre la ſuperieure, & l'homme quant au
corps s'eſt trouué obligé & condamné à la mort & aux appennages de la
mort qui ſont, les miſeres, alterations & maladies.
De cette reuolte de la partie inferieure de l'ame contre la ſuperieure, ou
Que ceſt
que la cõ
cupiſcẽce.
de la chair & ſenſualité contre l'eſprit, a pris naiſſance ce que nous appellõs
concupiſcence, qui n'eſt autre choſe qu'vne certaine propenſion & inclina-
tion dereglée que nous ſentons en nous meſmes, qui nous fait appeter les
biens ſenſuels & charnels : auſſi cette concupiſcence eſt principalement en la
chair, ſuiuant ce que dit S. Paul caro concupiſcit aduerſus ſpiritum, la chair con-
uoite contre l'eſprit.
C'eſt icy la fontaine des tentations qui nous ſuruiennent, Vnuſquiſque
Effects de
la concu
piſcence.
tentatur à concupiſcentia ſua
, Iacobi 24 1. C'eſt la loy des membres, qui repugne à
la loy de l'eſprit, Roman 7. c'eſt le fouïer25 du peché, qui demeure en nous,
voire au plus iuſtes apres le bapteſme, pour leurs ſeruir de ſubiect de com-
bat & de triomphes, elle leurs ſert comme le feu & le creuſet à l'or pour les
purifier, elle n'eſt pas peché, eſt toutefois appellée peché, d'autant qu'elle
tire ſon origine du peché, & qu'elle nous incite au peché, & eſt cauſe de pe-
ché & punition du peché.
C'eſt elle qui eſt cauſe de la guerre ciuille que nous ſentons en nous. C'eſt
elle qui donne l'alarme au valeureux Champion Sainct Paul, & luy fait dire,
mente ſeruio legi Dei, carne autem legi peccati, Rom. 7. Ie ſers à Dieu auec la loy
de l'eſprit, & auec la chair à la loy du peché. C'eſt elle qui luy fait dire,
Sentio aliam legem in membris meis, repugnantem legi mentis meae, & capituan-
tem me ſub lege peccati
, Roman 7. Ie ſens vne autre loy en mes membres,
qui repugne à la loy de mon eſprit, ſe rebelle contre luy, & taſche de
me rendre eſclaue du peché. C'eſt elle qui luy fait quaſi perdre courage, lors
qu'il dit, inſelix ego homo quis me liberabit de corpore mortis huius? infortuné que
ie ſuis, qui me deliurera de ce corps mortel ? C'eſt elle qui l'eſpoinçonne,
qui

31
Des fins dv Mariage.
qui chatoüille ſa chair ; c'eſt l'Ange de Satan qui le ſoufflette, & qui l'o-
blige de faire ſi grandes inſtances à Dieu pour ſon ſecours & pour ſa de-
liurance.
Les Pelagiens diſoient que la concupiſcence eſtoit vn bien & benefice
Erreur
des Pela-
giens
tou
chant la
concupiſ-
cence.
de nature, S. August. lib. de peccato originali à cap. 34. vſque ad 39. & lib.
duob. de nuptiis & concupiſcentia, & ailleurs refute puiſſamment cét er-
reur. Si la concupiſcence eſtoit bonne, S. Paul ne l'appelleroit pas mal, Rom.
La cõcu-
piſcence
n'eſt pas
vn bien.
7. malum adiacet mihi, perficere autem bonum non inuenio. Le mal c'eſt à dire,
la concupiſcence eſt né auec moy, & à peine puis-ie trouuer moyen de faire
le bien, que ce mal ſoit la concupiſcence, il eſt clair du texte, ou il appelle la
meſme concupiſcence la loy des membres, la loy du peché, repugnante à l'eſ-
prit.
Le meſme Apoſtre 1. Cori.9. chaſtie ſon corps & l'afflige, le reduit à la ſer-
La cõcu-
piſcence
eſt vn mal.
uitude, & prie Dieu inſtamment, & par trois fois. 2. Cori.12. de le vouloir de-
liurer de l'aiguillon de la chair, c'eſt donc vn mal, puis qu'il ſe bande ſi
puiſſamment contre elle, afflige ſon corps & demande ſi feruemment à Dieu
d'en eſtre deliuré. Le meſme Apoſtre Gal.5. dit que la chair conuoite contre
l'eſprit, & l'eſprit contre la chair, on ne peut nier que la conuoitiſe de l'eſ-
prit ne ſoit bonne, puis que ſes œuures rapportées par Sainct Paul au meſ-
me endroict ſont ſi louables, comme ſont la charité, la ioye, la paix,
&c. donc puis que la concupiſcence de la chair luy eſt contraire, elle eſt
mauuaiſe, & n'eſt que trop manifeſte de ſes œuures racontées au meſme
Chapitre. Sainct Iean monſtre aſſez ſa malice, lors qu'au chapitre pre-
mier de ſa ſeconde, il dit que la concupiſcence ne vient pas de Dieu mais
du monde.
C'eſt mal & choſe repugnante à la iuſtice & à la raiſon de ſe mutiner
Compa-
raiſon de
la concu-
piſcence
à vn chiẽ
à vn lyon
à vn vo-
leur, à vn
tyran.
contre ſes Superieurs, n'eſt-ce pas la concupiſcence qui fait que la partie
inferieure de l'ame ſe mutine contre la ſuperieure ? ne luy veut obeïr, re-
gimbe, ne veut ſuiure ſes ordres & partant qui peut doubter qu'elle ne
ſoit mauuaiſe ? C'eſt comme vn cheual indompté qui a beſoin de frain, au-
trement elle s'emporte à toute liberté & diſſolution, c'eſt à la raiſon de la
brider, car elle eſt fougueuſe & immoderée & partant mauuaiſe : la honte
que nous auons de noſtre nudité, laquelle eſtoit honorable auant le peché,
monſtre aſſez que ſa rebellion eſt mauuaiſe, voire meſme la honte que les
mariez ont en l'vſage de leur mariage, qu'ils n'oſent exercer qu'en tenebres
en cachette & à l'eſcart à cauſe des fougues honteuſes de la concupiſcence
meſme ſouuent en mariage : on la compare à vn chien enragé qui eſt touſ-
iours aux aguets conte la raiſon : à vn lyon furieux, à vn voleur qui eſpie
touſiours pour faire ſon coup ; à vn tyran, qui ſempare quelques fois telle-
ment du domaine & empire que la raiſon deuroit auoir ſur elle, qu'elle luy
com-

32
Premier Traite'
commande tyranniquement, & la priue quaſi de tous moyens de pouuoir
luy reſiſter.
L'experience n'en eſt que trop claire, en tant de ieunes gens que la
concupiſcence embraſe tellement, qu'elle les faict deuenir comme
foulx, pour ne plus faire eſtat des iugemens de Dieu, meſpriſer ſes
Effects de
la concu-
piſcence.
menaces, ne tenir aucun compte de ſes promeſſes : voire oublier peres,
meres, & leurs aduertiſſemens, les conſeils de leurs meilleurs amis :
eux meſmes & leur propre vie, bien, honneur, tout pour ſatisfaire à
cette maudicte & effrenée concupiſcence : ſe mettans à toute ſorte de
hazard, & s'expoſans à toute infamie pour la ſeruir. Nous auons aſſez
de preuues de ſon pouuoir en tant de nouuelles & inouyes diſſolu-
tions qu'elle inuente tous les iours, & fait voire en cela que la con-
cupiſcence des hommes eſt plus diſſoluë que celle des beſtes les plus
brutes, comme Plutarque meſme monſtre au liure quod brutæ ratione u-
tuntur
,
Si nous voulons rechercher l'antiquité, nous ne trouuerons ny ſiecle ny
quaſi coing du monde, ou elle n'ayt eſté cauſe d'horribles tragedies, ou
les theatres ne ſe ſoient veus enſanglantez par elle, ou elle n'ayt ruiné les
familles, cauſé la ruine des innocens, & apporté la deſolation dans les Pro-
uinces & les Royaumes entieres : elle a ſurmonté la force, en Samſon; la
ſageſſe, en Salomon ; la Saincteté, en Dauid : la iuſtice aux rufians de Suſan-
ne
: enfin toutes les vertus, les hiſtoires Sacrées & prophanes ſont pleines
de ſes excez.
Ce n'eſt pas à dire qu'elle ſoit indomptable, voyez ce que Dieu dit à
S. Paul lors qu'il ſe plaignoit à luy de ſes furies, Sifficit tibi gratia mea,
La concu-
piſcence
n'eſt pas
indompta
ble.
nam virtus in infirmitate perficitur, Tu es aſſez fort eſtant ſecondé de
ma grace, elle te ſeruira pour raffiner ta vertu. Lors que le premier pe-
ché fut commis, le diable ne prit ny Adam ny Eue par la gorge, ne les
violenta pas, il s'addreſſa à Eue, elle regarda le fruict defendu, y prit plai-
ſir ; Adam ſon mary y conſentit. La concupiſcence peut bien nous re-
preſenter mille obiects, nous ſolliciter à dix mille excez, Eue qui eſt
la chair y prend quelquefois du plaiſir ; mais il n'y a point de peché,
ſi Adam, ſi la raiſon ny conſent : tout l'Enfer, tous nos membres
pourroient ſe mutiner & bander contre l'eſprit, & n'auront iamais aſſez
de pouuoir de nous faire commettre le moindre peché du monde, ſi
nous voulons ; nous ſommes aſſez forts contre leurs efforts, aſſiſtez
de la grace de Dieu, & encor que nos membres bruſlent, ſi la raiſon ny
conſent ils ſeront comme le buiſſon ardant de Moyſe, qui bruſloit ſans ſe
conſommer.
Sainct Bernard in ſerm. de ſex tribulationibus Peccatum in foribus est,
niſi

33
Des fins dv Mariage.
niſi ipſe aperias non intrabit ; appetitus in corde prurit, ſed niſi ſponte ceſseris, nihil
nocebit ; conſenſum cohibe, ne præualeant hæc, & immaculatus eris
. Le peché
eſt à la porte, ſi vous n'ouurez la porte il n'a garde d'entrer : la concupiſcen-
ce demange au cœur, mais ſi vous ne voulez elle ne vous nuira : ny conſen-
tez point, ne les laiſſez pas preualoir, & vous ſerez ſans peché, & ſans tache.
S. Aug. lib. 2. de Geneſi contra Manichæos c. 14. Aliquando ratio viriliter
etiam commotam cupiditatem reſrænat, atque compeſcit : quod cum ſit non labimur
in peccatum, ſed cum aliquanta luctatione coronamur.
Quelquefois la raiſon
dompte virilement la conuoitiſe, & la rabbat, voire meſme lors qu'elle eſt
la plus eſchauffée, & lors tant s'en faut qu'il y ayt du peché, mais au contrai-
re on emporte la courronne d'vn tel combat.
Pluſieurs ſe ſeruent de ieuſnes, de veilles, de cilices, de haires, de foüets,
Moyens
pour dõ-
pter la
concupiſ-
cence.
de diſciplines, de chaines de fer, pour la dompter, aucuns couchent ſur la
dure, ſe retirent de la conuerſation des hommes, s'empriſonnent, gardent
le ſilence pour euiter ſes ſaillies, aucuns ont recours à l'oraiſon & à l'vſage
des ſacremens contre ſes furies. S. Benoiſt ſe veautre parmy les eſpines,
S. François ſe couche tout nud dans la neige, S. Hieroſme ſe meurtrit la poi-
ctrine à grands coups de cailloux : aucuns ont vne grace ſpeciale de Dieu
par laquelle ils la manient comme vn agneau ſans reſſentir aucun de ſes ef-
forts : mais chacun n'a pas cette grace, Dieu la donne à qui bon luy ſemble,
c'eſt vne grace ſpeciale, chacun ne peut pas faire ces grandes auſteritez, ain-
ſi Dieu a donné vn remede plus doux contre ſes furies, qui eſt le mariage,
& c'eſt vne des fins du mariage, non qui luy ſoit propre dés ſa premiere inſti-
tution, car lors il n'y auoit encor point de rebellion, mais depuis le peché.
Gregor. 12. Moral. Qui tentationum procellas cum difficultate tolerant coniugij
portum petant, ſine culpa enim ad coniugium veniunt, ſi meliora non vouerunt.

Ceux qui ont de la difficulté de ſurmonter les tentations recourent au port
du mariage, ils ſe peuuent marier ſans peché, s'ils ne ſe ſont obligez par vœux
à choſe meilleure S. Paul 1. Corinth. 7 fait mention de cette fin en ces pa-
Le maria-
ge remede
à la con-
cupiſcẽce.
rolles : Propter fornicationem unuſquiſque uxorem ſuam habeat, & unaquæque
virum ſuum
. Pour euiter la fornication vn chacun ayt ſa femme, & chaque
femme ſon mary : ce n'eſt pas vn commandement, c'eſt vne permiſſion, c'eſt
vn remede à ceux qui ne trouuent point d'autre remede à cette maladie ; il
parle à ceux qui ne peuuent ſe contenir & ſont libres, comme il dit au meſ-
me chapitre, qui non ſe continent nubant, melius eſt enim nubere quam uri, ceux
qui n'ont pas aſſez de force pour ſe contenir ſe marient, il vaut mieux ſe ma-
rier que de bruſler. Il ne s'enfuit pas qu'auſſi toſt que vous ſentez le feu de
quelque tentation qu'il faille vous marier : mais ſi la tentation eſt ſi violente
& ſi frequente que vous voyez que vous n'y pouuez reſiſter.
Le mariage eſt donc vne bride contre la concupiſcence de la chair qui
empeſche
E

34
Premier Traite'
empeſche qu'elle ne s'eſchappe & s'emporte à des choſes illicites. Mais re-
marquez les parolles de S. Paul, Hoc autem dico ſecundum indulgentiam non
ſecundum imperium
, ce que i'en dis c'eſt par permiſſion non par commande-
ment. C'eſt le meſme remede que S. Paul donne à ceux qui ſont deſia mariez
leurs permettant de s'abſtenir quelquesfois de l'vſage du mariage auec con-
ſentement mutuel, pour mieux vacquer au ſeruice de Dieu, pour vn temps ;
mais puis apres de s'en ſeruir pour reſiſter aux tentations du Diable, & eui-
ter l'incontinence, & reſiſter au deſordre de la concupiſcence.
La concupiſcence eſt comme vn feu, auſſi eſt elle appellée foüier26, braſier,
La concu-
piſcence
eſt vn feu.
amorce, allumette de peché. Ignis est uſque ad perditionem deuorans & eradicans
omnia genimina.
C'eſt vn feu qui gaſte tout & penetre iuſques à la racine des
vertus, s'il n'eſt retenu & reſerré dans ſa ſphere. Or Dieu luy a donné le ma-
riage pour ſphere, & il donne la grace aux mariez s'ils veulent s'en ſeruir de
la retenir là dedans, afin qu'elle ne les bruſle, Vox domini intercidentis flammam
ignis
Pſal. 28. il veut bien que ce feu arde là, mais pas plus auant, & ne tien-
dra qu'aux mariez qu'ils ne ſoient comme les trois iouuenceaux de Baby-
lone
qui ne receurent aucun detriment au milieu des flammes : ils
pourront ſe conſeruer en la grace de Dieu en l'vſage de leur mariage s'ils
veulent cooperer à ſes faueurs.
La concupiſcence eſt vne mer eſmeuë & furieuſe, qui eſlance ſes flots
La concu-
piſcence
eſt cõme
vne mer.
auec impetuoſité, & menace de tout perdre, mais comme Dieu a donné
les bornes à la mer, Terminum poſuisti quem non tranſgradientur neque con-
uertentur operire terram.
Pſal. 103. & luy a dit, Vſque huc venies & huc te
confringes
Iob 38. voila où tu iras ſans paſſer plus auant, tu briſeras icy ta
furie : de meſme Dieu a donné des bornes à la concupiſcence qui eſt le ma-
riage auec defence de paſſer plus loing.
La concupiſcence eſt comme vne beſte indomptée, comme vn aſne
La concu-
piſcence
eſt cõme
vne beſte
ſauuage.
ſauuage, & partant le faut lier, Gen. 49. Ligans ad vineam pullum ſuum, &
ad vitem aſinam ſuam.
Tu lieras ta beſte, à la vigne, tu attacheras ton aſne
au ſep. La concupiſcence vray poulain indompté, vn aſne debaſté27 ; mais il
la faut lier à la vigne, lors qu'on ne la peut retenir autrement : la vigne eſt la
femme qu'on a en legitime mariage, Vxor tua ſicut vitis abundans, Pſal. 127.
Voſtre femme eſt comme vne vigne fertile : c'eſt le mariage qui fait cette
liaſon ſuiuant ce que dit S. Paul 1.Corinth.7. Alligatus es uxori, eſtes vous
lié à vne femme : c'eſt là qu'il faut lier cette meſchante beſte par vn amour
chaſte & fidele, afin qu'elle ne s'eſchappe comme vne beſte vagabonde &
ſans arreſt, & precipite l'ame dans vne ruine eternelle.


De

35
Des fins dv Mariage.

Filet cadre, rayé.

De la quatrième fin du mariage, ſçauoir qu'il eſt Sacrement.

CHAPITRE VII.

COmme Ieſus-Chriſt a releué la loy de grace par deſſus la loy de natu-
re, & par deſſus la loy de Moyſe ; auſſi a-il mis le mariage en vne autre
qualité qu'il n'eſtoit aux loix ſuſdittes, le mettant au rang des Sacremens,
qui eſt bien le plus grand honneur de cét eſtat : les fins dont i'ay parlé
Le maria-
ge eſt Sa-
crement.
aux Chapitres precedens ne sõt qu'humaines & naturelles, mais Ieſus-Chriſt
luy en a donné vne diuine & ſurnaturelle, ſçauoir qu'il eſt vray Sacrement,
& c'eſt ce qui fait parler S. Paul ſi aduantageuſement du mariage, lors qu'il
dit Sacramentum hoc magnum est, ce Sacrement eſt grand. Luther lib. de ca-
ptiuitate Babylonica
28 cap. de Matrimonio, ne peut ou ne veut reconnoiſtre
aucune qualité de Sacremẽt au mariage, Caluin l. 4. Inſtit.29 c. 14. §. 34. dit que
le mariage n'eſt non plus Sacrement qu'eſt l'agriculture, ou de faire vn ſou-
lier, ou de faire le poil & la barbe. Le Concile de Trente prononce ſentence
definitifue contre ces Hereſiarches30 ſeſſ 24. can. I. voicy les parolles, & les
termes de l'arreſt. Si quis dixerit matrimonium non eſſe verè & proprie vnum ex
ſeptem legis Euangelicæ Sacramentis, à Chriſto Domino inſtitutum, ſed ab hominibus
in Eccleſia inuentum, neque gratiam conferre, anathema ſit
. Si quelqu'vn oſe dire
que le mariage n'eſt pas vrayement & proprement vn des ſept Sacremens de
la loy Euangelique, inſtitué de Ieſus-Chriſt, mais que c'eſt vne inuention des
hommes, & qu'il ne confere pas la grace, qu'il ſoit anatheme.
Ie confeſſe que ce qui paroit d'abord au mariage, n'a pas ſi grande appa-
rence qu'il ſemble meriter l'honneur que S. Paul luy donne, l'appellant ho-
norable, non pas meſme la qualité de Sacrement. Le mariage eſt vn contract,
Ce qui pa-
roit exte-
rieuremẽt
au maria-
ge n'eſt
pas grãd.
cela n'eſt que naturel en apparence ; il eſtoit anciennement contract, & ſe
trouuent beaucoup d'autres contracts, voire de grande importance parmy
les hommes : le mariage eſt vne alliance corporelle, dreſſée à l'œuure de la
chair, rien ne ſemble de plus vil ny de plus brutal, dequoy les mariez meſ-
me ont honte, choſe commune auec les beſtes. Les mariez s'aſſiſtent mu-
tuellement, auſſi font les beſtes naturellement : il ſorte des enfans du ma-
riage, en cela rien qui ſurpaſſe la nature : les mariez ſe gardent la foy, auſſi
font pluſieurs beſtes inuiolablement : le mariage eſt comme vne medici-
ne & emplaſtre à la concupiſcence, l'emplaſtre n'eſt pas honorable de ſoy
ny le breuuage que donne l'apoticaire, mais vn indice de la playe, ou de la
maladie
E 2

36
Premier Traite'
maladie qu'il ſuppoſent & de laquelle ils ſont remedes. Le mariage a pour
apennage vne ſeruitude reciproque, vn engagement de ſa liberté : la tribu-
lation de la chair, comme dit S. Paul, vn ſoin continuel de la famille, tant
d'afflictions, tant de deſtourbiers du ſeruice de Dieu, tout cela n'eſt que de
l'eau, c'eſt à dire, rien que naturel, & partant ſemble d'abord qu'on ne
doit pas tant releuer le mariage, ny le mettre en tel rang d'honneur.
Mais voicy ſon honneur, c'eſt que Ieſus-Chriſt luy a donné la qualité &
Le maria-
ge a eſté
inſtitué
Sacre-
ment.
honneur de Sacrement, & ce probablement en S. Iean 1 quand il a honoré
les nopces de ſa preſence, les priuilegiées du premier miracle, conuertiſ-
ſant l'eau en vin, & monſtrant par ce miracle qu'il changeoit ce qui eſtoit
naturel, humain & ciuil au mariage, en ſurnaturel, Diuin, Sacramental : ren-
dant l'œuure charnel de ſoy vil & brutal, meritoire : rendant le contract na-
turel & ciuil Sacramental, & l'accompagnant d'vne grace ſpeciale, correſ-
pondante à ce Sacrement, & qui par ſa preſence addoucit les charges qui ſe
retrouuent au mariage.
S. Paul appelle le mariage Sacrement, & grand Sacrement ; l'eſſence du Sa-
crement eſt d'eſtre ſignificatif d'vne choſe ſacrée ; le meſme S. Paul monſtre
Le maria-
ge com-
ment Sa-
crement.
de quoy il eſt ſignifictif, diſtant Veruntamen in Chriſto & in Eccleſia. Entant
qu'il repreſente le mariage du Verbe eternel auec l'indiuidu de noſtre natu-
re par l'incarnation ; & le mariage du meſme Verbe incarné auec l'Egliſe,
mais me dira quelqu'vn le mariage d'Adam & d'Eue repreſentoit le meſme,
& n'eſtoit pas Sacrement : poſons le cas qu'il repreſentaſt le meſme, ce n'e-
ſtoit que comme future, mais en la nouuelle loy, il repreſente comme fait &
conſommé au lict de la ſaincte Croix, laquelle repreſentation eſt beaucoup
plus parfaite, & c'eſt l'occaſion pour laquelle S. Paul l'appelle grand Sacre-
ment, & eſt Sacrement par l'inſtitution de Ieſus Chriſt.
Outre cette repreſentation Ieſus-Chriſt a adjouſté au mariage vne grace
ſpeciale comme enſeigne le Concile de Trente par ce parolles, Gratiam vero
Le maria-
ge pro-
duit vne
grace ſpe-
ciale.
quæ naturalem illum amorem perficeret, & indiſſolubilem vnitatem confirmaret, ipſe
Chriſtus Sacramentorũ, inſtitutor & perfector, ſua nobis paſsione promeruit.
Seſs.24.
c. I. Ieſus-Chriſt qui a inſtitué & perfectionné les Sacremens, a merité par ſa
paſſion vne grace, laquelle perfectionnaſt l'amour naturel du mariage, &
confirmaſt ſon vnité indiſſoluble.
Or comme les Sacremens de la nouuelle loy ne ſont pas ſignes purs & ſim-
ples, ou ſignes vuides comme eſtoient ceux de la loy ancienne, s'il y en auoit,
mais sõt ſignes pleins & efficaces de la grace qu'ils ſignifient, auſſi le mariage
n'eſt pas ſeulement ſignificatif, mais encor effectif de la grace en ceux qui s'en
rendent capables & n'y mettent aucũ empeſchemẽt, afin qu'en vertu de cette
grace les mariez viuent ſainctement, imitans la pureté & ſaincteté de Ieſus-
Chriſt en ſon mariage auec l'Egliſe, & du Verbe auec la nature humaine.
Il a

37
Des fins dv Mariage.
Il a eſté fort conuenable que le mariage en la nouuelle loy fuſt Sacrement.
Pourquoy
le mariage
en la nou-
uelle loy
a deu eſtre
Sacre-
ment?
I. d'autant que noſtre Seigneur en la nouuelle loy adjouſtoit quelques char-
ges au mariage, qui n'eſtoient en la loy ancienne, ainſi il deuoit donner nou-
uelle grace pour les ſupporter. En la loy ancienne le mary pouuoit repudier
ſa femme, & en prendre vne autre, la loy nouuelle ne donne pas cette liberté,
au contraire fait vne ſi eſtroitte vnion entre le mary & la femme, qu'il n'y a
authorité ny puiſſance en terre, qui puiſſe diſſoudre vn vray mariage depuis
qu'vne fois il a eſté conſommé : or combien d'accidens arriuent ſouuent auſ-
quels les parties ſont contraintes de viure en continence ? ou pour voyage
& eſloignement l'vn de l'autre : ou pour maladies : ou pour furies ; ou pour
incompatibilité d'humeurs ? & en tels cas quel moyen a pluſieurs de garder
continence, ſi Dieu n'auoit adjoint au mariage vne grace ſpeciale pour re-
frener les boutades & furies de la concupiſcence?
2. Vne des fins du mariage eſtant comme i'ay dit, de ſeruir de remede à
Le maria-
ge ne re-
medieroit
ſuffiſam-
ment à la
concupiſ-
cence s'il
ne dõnoit
vne grace
ſpeciale.
la concupiſcence, ce remede ſeroit de peu d'efficace ſi Dieu n'auoit annexé
la grace au mariage le faiſant Sacrement, pour en rendre l'vſage honneſte :
pour empeſcher le desbordement que la corruption de la nature y pourroit
cauſer : pour en rendre l'vſage meritoire, pour y viure auec perfection,
ſans excés auec pureté, netteté & ſaincteté. La concupiſcence de la chair
s'allume pluſtot par l'vſage du mariage qu'elle ne s'eſteint, comme il eſt
manifeſte en Dauid & en Salomon, car quoy qu'ils ayent eu quantité de
femmes, leur conuoitiſe n'a pas eſté eſteinte pour cela, ains pluſtot al-
lumée, & de telle forte qu'elle bruſla la ſaincteté de Dauid, & la Sapien-
ce de Salomon. La chair eſt ſi deprauée qu'elle s'emporte ayſement des
choſes qui ſont permiſes aux choſes qui luy ſont defenduës & illicites, voire
meſme en l'vſage du mariage, & partant il ſembloit neceſſaire qu'en la
loy de grace Dieu donnaſt vne grace ſpeciale au mariage, pour rendre ce
remede contre la concupiſcence plus efficace, & fortifier les mariez con-
tre tant d'embuſches & tentations qui attaquent ſouuent la pureté & fi-
delité de leur mariage.
L'egliſe, ſagement inſpirée de Dieu, à cette fin en la benediction fait cet-
Priere de
l'Egliſe en
la benedi-
ction nu-
ptiale.
te priere en faueur de la femme, à laquelle la pureté & fidelité eſt prin-
cipalement recommandable en mariage, Seigneur Dieu regardéRegardez; on s'attend à voir la forme "regardés", courante à l'époque. cette vo-
ſtre ſeruante d'vn œil fauorable, laquelle joincte par le lien de mariage
auec un mary, demande d'eſtre munie de voſtre protection : faites qu'en
elle ſe retrouue le joug d'amour & de paix, & ayant commencé ſon mariage
en Ieſus-Chriſt auec foy & chaſteté ; qu'elle continuë ſe rendant imitatrice
des ſainctes matrones ; qu'elle ſoit aimable à ſon mary comme Rachel, ſage
comme Rebecca, de longue vie, & fidele comme Sara : que l'autheur de pre-
uarication ne s'attribue rien en ſes actions : qu'elle garde la fidelité à ſon
mary,
E 3

38
Premier Traite'
mary, qu'elle ſe garde de tous attouchemens illicites, qu'elle fortifie ſon in-
firmité du rempart d'vne ſaincte diſcipline, qu'elle ſoit graue par ſon hon-
neſteté ; venerable par ſa pudeur : & inſtruitte aux choſes celeſtes.
3. Les mariez eſtans obligez de viure enſemble auec amitié & bonne in-
Le maria-
ge rend
l'amour
des ma-
riez ſur-
naturel.
telligence, voire auec perfection ( puis que l'eſtat de la nouuelle loy eſt l'e-
ſtat de perfection ) noſtre Seigneur ne deuoit leur manquer de ce qui eſtoit
neceſſaire à cela, autrement ſa prouidence auroit eſté defectueuſe ; ainſi il
ne s'eſt pas contenté de faire que le mariage fuſt vn eſtat d'amitié naturelle,
comme il eſtoit en la loy ancienne, mais la voulu éleuer en vne amitié Diuine
& ſurnaturelle, par le moyen de la grace Sacramentale, qui rendiſt l'amour
charnel & humain plus parfaict & digne du ciel : & qui fiſt que l'amitié des
mariez fuſt de durée, comme eſtant appuyée ſur vn fondement ſolide & ſta-
ble, qui eſt la charité ſurnaturelle, & la grace de Dieu, de laquelle ſi les ma-
riez veulent ſe ſeruir, il ne tiendra qu'à eux que leur amitié ſoit ſolide en ce
monde, & dure autant que l'eternité. C'eſt ce que l'Egliſe demande à Dieu
pour les mariez en la benediction nuptiale, par ces parolles : Seigneur Dieu
jettez les yeux ſur cette ſolemnité de nopces, & tout ainſi que vous auez
daigné enuoyer voſtre ſainct Ange à Tobie, ainſi daignés enuoyer voſtre
grace celeſte ſur ces conjoincts, afin qu'ils viuent en voſtre paix, vieilliſſent,
& multiplient pluſieurs iours.
4. Quel moyen qu'vne femme puiſſe endurer auec conſtance tant d'in-
La grace
du Sacre-
ment de
mariage
aide à ſup-
porter les
charges du
mariage.
commoditez pendant ſa groſſeſſe, enfanter auec tant de douleurs, nourrir
ſon enfant auec tant de ſoin & de facheries, l'inſtruire auec tant de patience,
ſi elle n'eſtoit aſſiſtée d'vne grace ſpeciale pour ſe maintenir dans la perfe-
ction Chreſtienne parmy tous ces empeſchemens? quel moyen de ſuppor-
ter tant de charges qui ſe trouuent au mariage auec conformité à la volon-
té de Dieu? de s'aſſiſter mutuellement auec amour & ſaincte intelligence?
de ſurmonter tant d'ennemis de la fidelité coniugale ſans la grace ſpeciale du
Sacrement? tout ainſi donc que Dieu a donné aux autres Sacremens vne
grace particuliere conformement à la fin de leur inſtitutiõ, au bapteſme vne
grace regenerante par laquelle nous ſommes regenerez en Ieſus Chriſt : en la
confirmation vne grace fortifiante, pour profeſſer la foy de Ieſus-Chriſt : en
l'Euchariſtie vne grace nourriſſante & reſtaurante, contre la chaleur de la
concupiſcence : en la penitence vne grace reſſuſcitante du peché, ou gue-
riſſante les playes & maladies : en l'ordre vne grace dignifiante pour exer-
Graces
ſpeciales
des Sacre-
mens.
cer les miniſteres ſacrez : en l'extreme-onction vne grace conſolidante con-
tre les langueurs de l'ame, & contre les efforts de l'ennemy : de meſme au
mariage il donne vne grace qui perfectionne l'amour naturel, aide pour ſup-
porter les charges du mariage, & refrener la concupiſcence.
Cette grace eſt vn huile doux & efficace, qui addoucit le joug du mariage,
qui

39
Des fins dv Mariage.
qui autrement ſeroit inſupportable, ſuiuant la promeſſe d'Iſaye 10. Com-
putreſcet iugum à facie olei
. Le ioug ſera addoucy par l'onction de la grace, qui
confortera l'ame : cette grace eſt vn miel qui tempere le fiel de tant d'amer-
tumes, qui ſe retrouuent au mariage.
Voicy donc l'honneur du mariage, voicy l'endroit d'où les mariez doi-
uent prendre occaſion d'honorer leur eſtat par vne pureté & ſaincteté de vie,
ſçauoir qu'il eſt Sacrement, entant qu'il repreſente le mariage du Verbe
auec la nature humaine : le mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe : c'eſt ce
qui fait dire à S. Paul, Sacramentum hoc magnum est, veruntamen in Chriſto
& in Eccleſia
. Ce Sacrement eſt grand, mais Ieſus-Chriſt & en l'Egliſe,
& en cette qualité Dieu ne manque de grace à ceux qui s'y comportent
deüement, laquelle leurs eſt donnée en vertu des merites & de la paſſion de
Ieſus-Chriſt, comme en tous les autres Sacremens, conformement à l'in-
ſtitition d'vn chacun d'iceux.
Partant que les mariez prennent courage ſe confians à la prouidence di-
uine, qui ne manquera de les aſſiſter en leur eſtat, & de leurs donner les
moyens de viure en perfection, conformement à leur condition, s'ils n'y
mettent eux meſmes empeſchement, & enfin d'arriuer à la gloire eter-
nelle, ſuiuant ce qui dit S. Paul. 1. ad Timoth. 2. Saluabitur mulier per
filiorum generationem ſi permanſerit in fide, & dilectione & ſanctificatione, cum
ſobrietate
. La femme ſe ſauuera en l'eſtat de mariage ſi elle perſiſte en la
foy, en l'amour, en ſaincteté, & ſobrieté, qui ſont les quatre biens que
Dieu donne aux mariez, auec la grace Sacramentale, pour oppoſer aux
maux qui ſe retrouuent au mariage. Fidem, la fidelité, contre l'infidelité.
Dilectionem, l'amour contre les riottes, qui arriuent entre les mariez : San-
ctificationem
, la pureté contre les immondicitez, & la rebellion des mem-
bres. La ſobrieté contre l'intemperance. Le tout entant que le mariage eſt
Sacrement, & qu'il repreſente le mariage de Ieſus-Chriſt : ce que ie mon-
ſtreray aux Chapitres ſuiuans.

Filet cadre, rayé.

Du mariage du Verbe auec la nature humaine.

CHAPITRE VIII.

LA fecondité de l'eſcriture Saincte donne vn beau ſubject d'exercice
aux eſprits les plus ſubtils & plus curieux, dans la varieté des in-
terpretations dont elle eſt capable, qui ſe rapportent à quatre
ſens,

40
Premier Traite'
ſens, comme a remarqué le docte Lyranus au prologue ſur la Bible : & ſont,
le ſens literal ; le ſens allegorique ; le moral, & l'anagogique compris en
ces vers,
Quatre
ſens de
l'eſcriture.
Littera gesta docet, quid credas allegoria :
Morale quid agas, quid ſperes anagogia.
Où il monſtre que le ſens literal contient l'hiſtoire ou le fait qui eſt racon-
té : le ſens allegorique, contient matiere de foy : le ſens moral, concerne les
mœurs, & la charité : le ſens anagogique, donne ſubject d'eſperance.
Ces quatre ſens paroiſſent clairement en ce mot Hieruſalem, lequel ſelon
le ſens literal, ſignifie la ville qui a porté ce nom : ſelon le ſens allegorique,
ſignifie l'Egliſe : ſelon le ſens moral, ſignifie l'ame qui eſt en grace, & où
Dieu fait ſa demeure & monſtre ſes merueilles : ſelon le ſens anagogique, ſi-
gnifie la hieruſalem celeſte, demeure de Dieu & des bien-heureux.
De meſme en la matiere de laquelle ie traite, qui eſt le mariage, ce mot
Quatre
fortes de
mariages
ſuiuant
les quatre
ſens de
l'eſcriture.
de mariage ſelon ſa ſignification literale & materielle, ſignifie le maria-
ge entre l'homme & la femme, inſtitué de Dieu au paradis terreſtre : ſelon
le ſens allegorique, ſignifie le mariage de Ieſus-Christ auec l'Egliſe : ſelon
le ſens moral, le mariage entre Dieu & l'ame, qui ſe fait ou par la grace
auec tous les Chreſtiens, ou par la chaſteté auec ceux qui en font pro-
feſſion : ſelon le ſens anagogique, le mariage entre le Verbe eternel &
l'humaine nature. Mon ſubject en ce liure eſt de traiter principalement
du premier, & par occaſion des autres qui ſont figurez par le premier ;
mais ſur tout le mariage du Verbe auec la nature humaine, & celuy de
Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe, de la repreſentation deſquels le mariage
materiel ou qui ſe fait entre l'homme & la femme tire ſa principale gran-
deur, & plus excellente qualité : ie parleray en ce chapitre du mariage du
Verbe auec la nature humaine, qui s'eſt fait en l'incarnation.
Dauid au pſalme 18. parlant du Meſſie en parle comme d'vn eſpoux,
Le Verbe
eſt vn eſ-
poux en
l'incarna-
tion.
Tanquam ſponſus procedens de thalamo ſuo, il eſt ſorty de ſon lict nuptial
comme vn eſpoux. S. August. expliquant ce paſſage, dit Ipſe precedens de
vtero virginali vbi Deus naturæ humanæ, tanquam ſponſus, ſponſæ copulatus eſt
:
Il eſt ſorty du ventre virginal, qui a eſté le lict nuptial, où Dieu s'eſt con-
ioinct auec la nature humaine, comme l'eſpoux à ſon eſpouſe. Salomon
nous le repreſente comme vn eſpoux amoureux, au grand cantique, mon-
Les no-
pces de
l'incarna-
tion ou
comme
l'incarna-
tion eſt
mariage.
ſtrant & ſpecifiant les careſſes mutuelles de cét eſpoux & de ſon eſpouſe,
noſtre Seigneur ſe compare à vn eſpoux. Matth. 9.
L'eſpoux a eſté enuoyé en ce monde par le Roy ſon pere, pour faire ce
mariage ſuiuant ce que dit noſtre Seigneur, Matth, 22. Simile est regnum cœ-
lorum homini regi qui fecit nuptias filio ſuo.
Le royaume des cieux eſt ſem-
blable à vn Roy qui a fait des nopces à ſon fils. Le royaume des cieux eſt
l'Egliſe

41
Des fins dv Mariage.
l'Egliſe appellée és eſcritures ſainctes royaume de Dieu, dautant que Dieu
la poſſede, la gouuerne & regit, & elle luy obeit & luy eſt fidelle. Le Roy eſt
Dieu le Pere : le Fils eſt le Verbe eternel, les nopces est l'vniõ du meſme Ver-
be auec la nature humaine par l'incarnation appellée mariage.
Ce mariage a eſté fait ſelon le Martyrologe Romain l'an depuis la crea-
Temps
auquel
s'eſt faite
l'incarna-
tion.
tion du monde 5199. depuis le deluge 2957. Depuis la natiuité d'Abraham
2015. depuis Moyſe & la ſortie d'Egypte 1510. depuis que Dauid fut oint roy
de Iuda 1032. la 65. ſepmaine ſelõ la prophetie de Daniel : en la 19. olympiade :
depuis la fondation de Rome 752. l'an 49. de l'empire d'Octauian Auguſte.
ſur l'aage ſixieme du monde31, mais a eſté non ſeulement preueu de Dieu de
toute eternité, ains encor ordonné. Eccli. 24. ab initio & ante ſecula creata
ſum,
i'ay eſté creée dés le commencement, & auant les ſiecles, ce qui ſe peut
entendre de l'humanité de Ieſus-Chriſt premiere née entre toutes les crea-
tures, ſelon l'ordre de la diuine predeſtination & la meſme humanité dit,
L'incarna-
tion arre-
ſtée de
toute eter
nité.
Dominus poſsedit me in initio viarum ſuarum, antequam quicquam faceret à princi-
pio
, le Seigneur m'a poſſedé dés le commencement de ſes voyes32, auant qu'il
fiſt choſe quelconque : cette poſſeſſion a eſté faicte par le decret que Dieu a
porté de toute eternité de l'incarnation de ſon Verbe, auant qu'il fiſt choſe
quelconque, pour monſtrer qu'apres ſa gloire, ſon premier deſſein & inten-
tion a eſté de l'exaltation de ſon Verbe par l'incarnation.
Le mariage ſe cõmence par les promeſſes & fiãçailles, ſe ratifie par le cõſen-
Circon-
ſtances du
mariage,
du Verbe
en l'incar
nation.
Promeſſes
du maria-
ge du ver-
be par l'in-
carnation.
temẽt mutuel : ſe cõsõme par l'vniõ des corps : le mariage du Verbe a eſté pro-
mis par les prophetes Oſée.2. ſponſabo te mihi inſempiternum, & ſponſabo te mi-
hi in iustitia & iudicio & in miſericordia & in miſerationibus : & ſponſabo te mihi in
fide, & ſcies quia ego Dominus
, ie t'eſpouſeray à iamais, ie t'eſpouſeray en iu-
ſtice, & iugement, & en miſericorde, & miſerations, ie t'eſpouſeray en la foy,
& tu ſçauras que ie ſuis ton Seigneur : il a eſté ratifié en l'incarnation lors
que N. Dame, a donné le conſentement pour l'eſpouſe, à l'ange procureur
& ambaſſadeur de l'eſpoux : & enfin conſommé par l'vnion des deux natu-
Ratifica-
tion du
mariage
du verbe
en l'incar-
nation.
res, lors que Verbum caro factum eſt, le verbe a eſté fait chair.
Le mariage ſe fait entre deux perſonnes differentes en ſexe : & le mariage
du Verbe s'eſt fait entre deux natures bien differẽtes, la diuine & l'humaine,
le Createur s'vniſſant auec ſa creature, par l'vnion d'vn amour infiny : le
Roy auec ſa ſeruante : Dieu auec l'homme,
Le mariage ſe fait par le conſentement des parties : l'incarnation ou ma-
Circon-
ſtãces du
mariage
de l'incar-
nation.
riage du Verbe s'eſt fait par la volonté & conſentement de Dieu d'vn coſté,
apporté en terre par l'Ange Gabriel, & de l'autre coſté par celuy de noſtre
Dame
, au nom de toute la nature humaine.
Le nœud du mariage eſt l'amour : le nœud de ce mariage, ou la cauſe de
l'incarnation n'eſt autre que l'amour de Dieu enuers nous, Sic Deus dilexit
mundum,
F

42
Premier Traite'
mundum vt filium ſuum vnigenitum daret. Ioan. 3. Dieu a tant aimé le monde
qu'il luy a donné ſon fils vnique, & cét amour a eſté reciproque en l'huma-
nité vnie auec la diuinité par vn lien tres-eſtroict d'amour.
Le lien de mariage eſt indiſſoluble, ſinon par la mort, quod Deus coniunxit,
homo non ſeparet.
Matth 19. Ce que Dieu a conioint ne peut eſtre ſeparé des
hommes : le mariage du Verbe auec l'humanité n'eſt pas meſme diuiſible
par la mort, car les deux natures, la Diuine & l'humaine, n'ont pas eſté ſepa-
rées aux trois iours de la mort, la Diuinité ne s'eſtant nullement ſeparée, ny
du corps, qui eſtoit au ſepulchre, ny de l'ame qui eſtoit au limbes : voire cet-
te vnion ne ſe rompera iamais, Quod ſemel aſsumpſit nunquam dimiſit, Il n'a ia-
mais laiſſé ce qu'il a vne fois pris.
Le mariage doit eſtre legitime, celuy du Verbe par l'incarnation eſt legi-
time, comme eſtant fait In iustitia & iudicio, En iuſtice & iugement : en iu-
ſtice pour donner à l'homme en faueur du mariage dequoy ſatisfaire à la
iuſtice Diuine.
On fait feſte au mariage : & les Anges n'ont ils pas fait feſte à la Natiui-
té de Ieſus-Chriſt ? lors que ce celeſte Eſpoux eſt ſorty de ſon lict nuputial ?
n'ont ils pas entonné ce Diuin Epithalamium, ce celeſte Cantique, Gloria in
excelſis Deo, & in terra pax hominibus bonæ voluntatis
, Gloire ſoit aux Cieux
à Dieu, & en la terre paix aux hommes de bonne volonté ; monſtrans la
grande ioye que les Cieux receuoient de ce mariage, & le proffit que le
monde en deuoit attendre.
Les amis ſont inuitez aux nopces ; & Dieu a enuoyé Abraham, Moyſe,
& les Prophetes pour inuiter le monde à ces nopces, Miſit ſeruos ſuos
vocare inuitatos ad nuptias
, Puis il a enuoyé les Apoſtres & ne ceſſe d'en-
uoyer les Succeſſeurs des Apoſtres qui ſont les Eueſques & les Predica-
teurs, il attira à ces nopces les Roys Mages par l'apparition miraculeu-
ſe de l'eſtoille, & les Paſteurs par la voix des Anges, qui leurs en don-
nerent la bonne nouuelle, & les ſignes, pour reconnoiſtre l'eſpoux, par la
lueur & ſplendeur du ciel ; & attire les hommes par les predications & ce-
celeſtes inſpirations.
Au mariage, l'eſpoux quitte pere & mere pour demeurer auec ſon eſpou-
ſe : & le Verbe ſemble auoir quitté en quelque façon le ciel, pour s'vnir auec
noſtre humanité.
Du mariage ſortent les enfans : & par le moyen du mariage du Verbe
auec noſtre nature, nous deuenons enfans de Dieu, Voluntarie genuit nos
verbo veritatis
, il nous a engendré de ſa pure volonté auec la parole de ve-
rité, Iacobi I. & en S. Iean premier, Quotquot autem receperunt eum dedit eis po-
teſtatem filios Dei fieri,
il a donné le pouuoir à tous ceux qui l'ont receu, d'e-
ſtre faits enfans de Dieu.
Au

43
Des fins dv Mariage.
Au mariage, l'eſpouſe apporte ſon dot, mais en ce mariage, l'eſpou-
ſe n'a rien a donner, car il eſt fait In miſericordia & miſerationibus, par
vne pure miſericorde, l'eſpouſe n'ayant rien en vertu de quoy, elle puiſſe
meriter vne ſi fauorable alliance, & l'eſpoux ayant ſuffiſamment dequoy
l'enrichir.
Au mariage, y a communication de biens, d'honneur, & de quali-
té entre l'eſpoux & l'eſpouſe ; & ce en ſuitte de la conionction coniu-
gale ; & vne telle communication entre la nature diuine & l'humaine en
ſuitte de l'vnion hypoſtatique, que ce qui eſt propre à la Diuinité eſt at-
tribué à l'humanité, & ce qui conuient à l'humanité eſt attribué à la Diui-
nité, ainſi nous diſons que Dieu eſt mort, que Dieu eſt né, que Dieu a
ſouffert : & nous diſons qu'vn homme eſt Createur, qu'vn homme eſt eter-
nel, qu'vn homme eſt tout Puiſſant, & c.
Ce mariage a eſté preſignifié par le mariage d'Adam & Eue, par celuy du
Patriache Abraham & de Sara, d'Isaac & de Rebecca, de Iacob & de Lia, &
de Rachel, de Ioſeph auec la fille de Putiphar, de Moyſe auec l'Ethiopien-
ne, de Booz auec Ruth, de Dauid auec Berſabee & Abigail, d'Aſſuerus auec
Eſther : leſquel tous ont eu quelque particularité par laquelle ils ont prefi-
guré le mariage du Verbe en l'incarnation,
Le mariage a trois biens, Proles, Fides, & Sacramentum : en ce mariage
ſe retrouue proles, les enfans qui ſont les fideles : fides la foy, d'vne mu-
tuelle pureté & chaſteté : & Sacramentum, le Sacrement qui eſt l'vnion in-
ſeparable des parties. Voyons les cauſes pour leſquelles ce mariage a eſté
fait.
La premiere & principale raiſon de ce mariage a eſté pour recou-
Cauſes de
l'incarna-
tion.
urer l'heritage du Royaume celeſte perdu, par la faute d'Adam, on ne
peut mieux rentrer dans vn Royaume qu'on auroit perdu à cauſe de la di-
ſtance de la ſouche qu'en eſpouſant la perſonne qui eſt legitime heritie-
re dudit Royaume. La nature humaine ſelon l'ame eſt de la race de Dieu,
eſt ſon image & ſemblance, Ipſius enim & genus ſumus, genus ergo cum ſimus
Dei,
Act. 17. Mais par le moyen du peché, nous eſtions bien eſloignez de
Dieu & de l'heritage, Longè à peccatoribus ſalus, Pſ. 118. Tandis que l'homme
s'eſt maintenu en la ligne droicte de conſanguinité, c'eſt à dire de verité &
vertu, il a eſté capable du royaume, tout ainſi que celuy qui demeure en la li-
gne droicte royale. C'eſt pourquoy le Sage dit, Sap. 10 Iuſtum deduxit Domi-
nus per vias rectas, & oſtendit illi regnum Dei
, Dieu a mené le iuſte par les
voyes droictes & luy a monſtré le Royaume du ciel, or dautant que l'homme
s'eſt eſloigné de cette ligne droicte, il a fallu faire vn mariage entre
le Fils de Dieu33, Quem constituit hæredem vniuerſorum, qui eſt heri-
tier legitime de tous les eſtats de ſon Pere ; & entre noſtre nature,
pour
F 2

44
Traite' Premier
pour rentrer au royaume que la nature humaine auoit perdu par la faute
d'Adam.
La ſeconde raiſon fut, pour reconcilier l'homme auec Dieu, la terre auec
le ciel, & cauſer vne paix & alliance eternelle, on reconcilie les royaumes
ennemis par vne bonne alliance, & par vn mariage : l'homme auoit denoncé
la guerre à Dieu, Dieu haiſſoit l'impie & l'impieté & partant pour faire la
paix, le verbe eternel prent la nature humaine en mariage par l'incarnation :
Dieu s'eſt trouué en meſme maiſon auec l'humanité ſçauoir dans les entrail-
les de noſtre Dame : c'eſt la qu'ils ſe ſont veus ; qu'ils ſe sõt embraſſés, qu'ils ſe
ſont vnis, qu'ils ont fait alliance, qu'ils ont eu vn pourparler du tout plein
d'amour, qu'il ſe ſont trouués en meſme table & en meſme lict, & ſe ſont vnis
ſi eſtroictement, que depuis ils n'ont plus rien fait l'vn ſans l'autre : & voila
l'occaſion de noſtre reconciliation : c'eſt pourquoy il eſt apellé par Iſaie.
pinceps pacis, Le prince de paix, rex pacificus, Le Roy pacifique, pacificans ſiue
que in cœlis ſiue quæ in terris, faciens vtraque vnum
, pacifiant le ciel auec la terre
& vniſſant ce qui eſtoit diuiſé.
La troiſieſme on fait le mariage pour auoir lignée, pour euiter l'inconti-
nence, pour s'aſſiſter mutuellement, & eſtendre l'amitié ; combien d'enfans de
ce mariage ? tous les predeſtinez, cõbien qui en conſideration de ce mariage
& de l'honneur que Dieu a fait à noſtre nature, ont gardé & conſerué leur
chair de toute corruption ? viuans en vn corps de chair comme des Anges,
aymans mieux mourir & endurer toute ſorte de tourmens que de ſoüiller
leurs corps d'aucun plaiſir ſenſuel, non pas meſme de ceux qu'vn honneſte
& legitime mariage leurs permettoit, conſiderant ce que dit le prophete Ie-
remie
. Vſquequo delicijs diſſolueris filia vaga ? quia creauit Dominus nouum ſuper
terram, fœmina circumdabit virum
. Que c'eſt faire tort à la nature humaine, an-
noblie par vne telle alliance, de la raualler aux voluptez qui nous ſont com-
munes auec les beſtes, ainſi ce mariage a eſté vne forte bride contre la con-
cupiſcence.
Il ſe trouue vn aide mutuel en ce mariage, le corps de ceſte humanité pa-
tiſſant, l'ame meritant ce que Dieu ne pouuoit faire, & par conſequent ne
pouuoit ſatisfaire à la iuſtice diuine : & Dieu dignifiant les ſouffrances &
merites de l'humanité pour les rendre ſatisfactoires. Enfin en ce mariage
Dieu s'vniſſant auec vn indiuidu de noſtre nature, a fait alliance & amitié
auec tous les autres indiuidus, & non ſeulement ſelon l'ame faicte à l'image
& ſemblance de Dieu, mais encor ſelon la chair, vnie indiuiſiblement auec
Dieu en vne meſme hypoſtaſe.
Ne m'obiectez pas icy la pauureté de l'eſpouſe qui la rend indigne d'vn
tel eſpoux, car comme i'ay dit, c'eſt vne alliance d'amour & de miſericor-
de, & l'eſpoux a dequoy ſuffiſamment pour l'enrichir. Ne me dictes pas
auec

45
Des fins dv Mariage.
auec Ezechiel pater eius Amorrhæus & mater eius Chætea, qu'elle eſt d'vne
Noſtre
nature
embellie
par l'in-
carnation
extraction trop vile & trop baſſe pour aſpirer à vne ſi noble alliance, que ſon
pere eſt Amorrhæus c'eſt à dire Rebel, qu'elle eſt fille d'Adam, qui s'eſt re-
bellé contre Dieu que ſa mere eſt Chetæa formidoloſa craintifue fille d'Eue,
qui marchoit au paradis terreſtre auec crainte, dans l'apprehẽſion de ſon pe-
ché, ſon eſpoux eſt le roy des roys, & la nobleſſe des eſpoux, ſe commu-
nique aux eſpouſes, Eſther & Berſabée deuiennent reynes par le moyen de
leur mariage. Elle eſt laide, elle n'eſt que de terre, eſt comme l'Ethiopienne,
femme de Moyſe, mais ſon eſpoux eſt ſpecioſus forma præ filijs hominum, le plus
beau des enfans des hommes, qui par ſon alliance embellit les laides & de
terreſtres les fait deuenir celeſtes. C'eſt luy qui ſe vante chez Ezechiel 16.
expandi amictum meum ſuper te, & operui ignominiam tuam, qu'il donne vne
robbe à ſes eſpouſes qui oſte toute leur laideur, qui ſe congratulant de la
beauté de ſon eſpouſe dit, & decora facta es vehementer nimis, & profeciſti in
regnum, & egreſſum eſt nomen tuum in gentes propter ſpeciem tuam, quia perfecta
eras in decore meo quem poſueram ſuper te
. Vous eſtes belle à merueille, vous
eſtes deuenue reine, voſtre beauté vous a rendu recommandée aupres des
nations, d'autant que vous auez eſté perfectionnée par ma beauté, que ie
vous ay communiqué. Si elle eſt infame pour ſes proſtitutions, adulteres &
& desbauches, c'eſt le propre de ceſt eſpoux de rendre vierges & honneſtes,
celles qui ſont impures & corrompues. Si elle eſt de condition ſerfue, ſon
alliance affranchit les eſclaues. Quoy que la diſtance qui eſt entre cet eſ-
poux & l'eſpouſe ſoit infinie, il ne la dedaignera pourtant, il cognoit cette
diſtance, cependant il affecte ces nopces, ſon pere la enuoyé du ciel en terre
pour les contracter, c'eſt du conſentement de ſon pere qu'il le fait, il n'y a
point de ſurpriſe, rien de clandeſtin.
Quelle occaſion ont les mariez de ſe congratuler de l'honneur de leur
mariage qui eſt l'image & la repreſentation de ce noble mariage du Verbe?
mais quelle occaſion n'ont ils de prende garde à ne contaminer & foüiller
leurs nopces & mariage au preiudice de ce mariage pure & immaculé qu'ils
repreſentent par leur mariage ? quelle occaſion ont tout les Chreſtiens de
poſſeder leur chair, en ſaincteté, annoblie par vne ſi admirable alliance, com-
me eſt celle du Verbe, auec noſtre nature, & quelle occaſion ont les vns &
les autres de craindre le chaſtiment qui leurs eſt deu s'ils d'eshonorent ce
celeſte eſpoux & ſes nopces, par le mauuais vſage de leurs mariages & par
les impudicités de leurs corps?


CHA
F 3


46
Traite' Premier

Filet cadre, rayé.

Du mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe.

CHAPITRE IX.

LEs Iuifs eſtant gens groſſiers & charnels, auſſi entendoient ils ce que
les Prophetes auoient predit du Meſſie, groſſierement & corporelle-
Les Iuifs
ont penſé
que le
Meſſie
auroit vne
femme.
ment : ils croyoient qu'il deuſt venir auec vne pompe & magnificence ex-
terieur, ſuiuy de courtiſans comme vn Roy temporel, auec vne Maieſté
comme les Roys de la terre ; voire ont eſté ſi charnels & ſi ſots, qu'ils ont
penſé qu'il auroit vne femme & des enfans. Ils ſe ſont fondéz ſur diuers paſ-
ſages de l'Eſcriture Saincte entendus groſſierement & corporellement, com-
me de Dauid. Pſalm.44. Astitit regina à dextris tuis in vestitu deaurato cir-
cumdata varietate
, La Reine s'eſt trouuée à voſtre droicte habillée de drap
d'or & bigarrée de diuerſes couleurs : & lors qu'il dit Pro patribus tuis
nati ſunt tibi filij
, des enfans vous ſont nez au lieu des peres, & au Pſal.88.
Ponam in ſeculum ſeculi ſemen eius , Sa race, ſa ſemence, ſera de ſiecle en
ſiecle : & Iſaie 53. Videbit ſemen longæuum. Il verra ſa race de longue
durée.
Il eſt vray que le Meſſie deuoit eſtre marié, auoir vne femme & des enfans,
& que ſes enfans, ſa race & ſa ſemence deuoit paſſer de ſiecle en ſiecle ; mais
non ſicut estimabant, cela ſe doit entendre non corporellement ny charnelle-
ment, ains myſtiquement & ſpirituellement, comme le reſte qui a eſté pre-
dit de la magnificence du Meſſie.
Sainct Paul ad Epheſ.5. nous enſeigne qu'elle eſt la femme & eſpouſe du
L'egliſe
eſpouſe
du Meſſie
Meſſie, lors que parlant du Sacrement de mariage, il dit, Sacramentum hoc
magnum est, ego autem dico in Chriſto & in Eccleſia
, Ce Sacrement eſt grand, ie
Circon-
ſtance du
mariage
Ieſus-Ch.
auec l'E-
gliſe.
dis en Ieſus-Chriſt & en l'Egliſe, c'eſt à dire entant qu'il repreſente le ma-
riage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe : mariage figuré par le mariage d'Adam
& d'Eue : car tout ainſi qu'Adam & Eue, ont eſté vnis ſi eſtroictement, que
des deux n'eſt faite qu'vne chair, Erunt duo in carne vna, ainſi de Ieſus-Chriſt
& de l'Egliſe n'eſt fait qu'vn corps myſtique, duquel Ieſus-Chriſt eſt le
chef. Tout ainſi que le mary cherit ſa femme comme ſa chair, ainſi Ieſus-
Chriſt l'Egliſe comme de meſme chair auec luy, Nemo vnquam carnem
ſuam odio habuit, ſed nutrit & fouet eam ; ſicut Chriſtus Eccleſiam, quia
membra ſumus corporis eius, de carne eius & de oſſibus eius
, Epheſ.5. nous
ſommes membres de ſon corps, de ſa chair, & de ſes os, comme s'il diſoit,
nous ſommes membres de ſon corps myſtique, & ſommes compoſés de
chair

47
Des fins dv Mariage.
chair & d'os comme luy eſtant de meſme nature que l'Egliſe ſon eſ-
pouſe.
L'amour de cét eſpoux l'a obligé de quitter ſon pere, ſelon l'humanité, nõ
ſelon la diuinité, puis qu'il eſt touſiours en ſon pere & ſon pere en luy : ie dis,
ſelon l'humanité, dautant que ſelon elle, il a eſté en ce monde trente trois ans
eſloigné de ſon pere en qualité de ſeruiteur, formam ſerui accipiens, a abandõ-
né ſa mere, ie veux dire la Synagogue, de laquelle il eſtoit iſſu ſelon la chair,
& c'eſt en cela qu'il a accomply la loy du mariage, pour demeurer auec ſon
eſpouſe, Relinquet homo patrem & matrem & adherebit vxori ſue.
Dieu forma la premiere femme de la coſte d'Adam endormy, & l'eſpouſe
de Ieſus-Chriſt a eſté formée de la coſte du meſme Ieſus-Chriſt endormy en
la croix : la premiere femme fut appellé Virago, tirant ſon nom de l'homme
dont elle tiroit ſon origine ; l'Egliſe tire ſon nom de Ieſus-Chriſt eſtant ap-
pellée Chreſtienne de Chriſt, dont elle tire ſa ſource. La premiere femme
fut os des os, & chair de la chair du premier homme : l'Egliſe eſt os des os,
chair de la chair de Ieſus Chriſt, & ce qui eſt dauantage eſprit de ſon eſprit,
ſaincte de ſa ſaincteté, viſue & viuifiée de ſa vie. La premiere femme fuſt ap-
pellée Eue, c'eſt à dire, vie, dautant qu'elle eſtoit mere de tous les viuans,
Gen.3. & l'Egliſe n'eſt elle pas mere de la vie ? mere de tous ceux qui viuent
de la vie de la grace ? puis que hors de l'Egliſe ny a point de vie, & que per-
ſonne n'a la vie de la grace s'il n'eſt enfant de l'Egliſe.
C'eſt la gratieuſe Rebecca que le celeſte Iſaac, Gen. 24. a fait entrer dans
Figure de
l'Egliſe
entant
qu'elle eſt
eſpouſede
Ieſus Ch.
le tabernacle de ſa mere, la Synagogue, la priſe pour femme & la aimé ſi
tendrement qu'il a mitigé la douleur qu'il auoit conceu de la mort de ſa
mere la Synagogue, voire de ſa paſſion. Ceſt la belle Rachel, pour l'amour
de laquelle le vray Iacob a ſeruy non ſept ans, mais trente trois, & auec tant
d'affection pour elle, que le temps de ſa ſeruitude ne luy eſtoit rien à com-
paraiſon de ſon amour, pour laquelle il a ſouffert le froid, le chaud, la faim,
la ſoif, a veillé, ſué, peiné. O quelle a bien plus de ſubiect d'appeller ſon eſ-
poux, eſpoux de ſang que n'auoit autrefois Sephora ! lors qu'elle diſoit à
Moyſe, Sponſus ſanguinum tu mihi es. Vous eſtes vn eſpoux de ſang, car Ieſus-
Chriſt eſt eſpoux de ſang en ſon ſacré chef, en ſes mains, en ſes pieds, en ſon
coſté, en tout ſon corps, ſang qu'il eſpanche auec tant de prodigalité, pour
teſmoigner ſon amour enuers ſon eſpouſe : & auec ſon ſang donne ſa vie vo-
lontairement par vn excés d'amour. C'eſt la prudente Abigail que le myſti-
que Dauid a eſpouſé & eſleué à la Royauté. C'eſt la fille de Pharaon que le
magnifique & tres riche Salomon a choiſi d'vne nation eſtrangere, pour la
faire ſa compagne. Ie dis que Ieſus-Chriſt a tiré de la gentilité pour la faire
ſon eſpouſe.
Salomon en ſon Cantique eſt le paranymphe des grandeurs &
louages

48
Premier Traite'
louanges de cette eſpouſe, ou il l'appelle belle & agreable comme Hieruſa-
lem
: terrible cõme vne bataille rangée ; qui en ſa marche reſemble l'aurore à
ſon leuer ; belle comme la lune ; choiſie comme le ſoleil. Ceſt le iardin fermé ;
la fontaine ſellée ; le lis entre les eſpines ; dautant que les Iuifs mainte-
nant repudiez de Dieu, les payens deſtituez de la lumiere de la foy : les
Turcs en leur brutalité : ſont comme autant d'eſpines deſtinées à la four-
naiſe infernale, mais l'Egliſe eſt comme vn beau lys qui de la ſuauité de ſon
odeur parfume tout le monde & eſt choiſie pour embellir & embaumer le
ciel.
Le Prophete Oſeé au chap 2. a donné la promeſſe de ces ſainctes eſpou-
ſailles en ces paroles, ſponſabo te mihi in ſempiternum, & ſponſabo te mihi in iusti-
tia & iudicio & in miſericordia & miſerationibus, & ſponſabo te mihi in fide, &
ſcies quia ego Dominus
, ie t'eſpouſeray pour iamais ie t'eſpouſeray en iuſtice &
iugement, en miſericorde & miſerations : ie t'eſpouſeray en la foy, & tu ſçau-
ras que ie ſuis le Seigneur. Il l'a eſpouſée pour iamias par vn nœud d'a-
mour indiſſoluble, ego vobiſcum ſum omnibus diebus vſque ad conſummatio-
nem ſeculi
: ie ſuis auec vous touſiours iuſque à la fin du monde. C'a
eſté auec iuſtice & iugement, ouy auec cette rigueur de iuſtice, auec
laquelle il a ſatisfait pour nous à la croix, auec ce iugement ſi ſeuere que
Dieu le Pere a prononcé contre ſon Fils, le declarant coulpable de la
Le maria-
ge de Ie-
ſus.Chriſt
auec l'E-
gliſe eſt
vn maria-
ge de mi-
ſericorde.
mort, pour s'eſtre voulu charger de nos pechez : auec miſericorde & mi-
ſerations : & qu'elle plus grande miſericorde : que d'auoir ietté les yeux
de ſa bonté ſur ceſte pauure abandonnée, eſclaue, coulpable de l'enfer
ſans qu'elle euſt en ſoy choſe aucune qui peuſt attirer ſon affection, ny
ayant autre motif de cét amour que ſa miſericorde : autre ſubject de
ce choix, que ſa prouidence : autres attraits de cette vnion, que ſa
bonté.
Lors que Saül faiſoit eſtat de donner ſa fille Michol à Dauid pour
eſpouſe, Dauid s'excuſoit ſur ceſt offre recognoiſſant ſon affectionextraction qui
ne pouuoit aſpirer à vn ſi grand honneur ; repreſentoit ſa pauureté qui
ne pouuoit doter vne fille de Roy : Mais Saül luy fit dire, Non habet
Rex ſponſalia neceſſe
, Le Roy eſt aſſez puiſſant pour trouuer le dot à ſa
fille, vous n'auez que faire de vous en mettre en peine. Helas ſi cette
eſpouſe auoit égard à ſon extraction, qui n'eſt autre que ſa gentilité
barbare : à ſes moyens qui ne ſont que pauureté & miſeres, pourroit elle pre-
tendre cét honneur incomprehenſible, que d'eſtre eſpouſe du Fils de Dieu !
mais il eſt aſſez riche pour l'enrichir, ouy, il luy a donné le dot liberalement,
la paré de tant de ioyaux, que les eſprits celeſtes s'en eſtonnent, & tous rauis
en admiration dans l'eſclat de ſa beauté, & dans le prix de ſes ornemens,
s'eſcrient, Cantic. 8. Quæ est ista que aſcendit de deſerto, delicijs affluens
innixa

49
Des fins dv Mariage.
innixa ſuper dilectum ſuum ? La voyez vous, qui ſort du deſert de ſa pau-
ureté, & de la fondriere de ſes miſeres ? la voyez vous toute eſclatante &
rayonnante en ſes parures ? la voyez vous abondante en delices ? mais qui
eſt elle ? Ah c'eſt l'eſpouſe de noſtre ſouuerain Monarque, appuyée ſur
luy : eſleuée à cét honneur non pour ſes merites, mais par la miſericorde de
ſon eſpoux, entourée de ces parures, non qu'elle a tirée de ſes coffres, mais
qui luy ſont donnez par la main liberale de ſon bien-aimé. Auſſi les prie el-
le de n'auoir égard à ce qu'elle eſt en ſon extraction & de ſoy, elle n'eſt qu'v-
ne pauure Ethiopienne, Nigraſum, toute couuerte de la noirceure du peché ;
elle ne laiſſe pourtant d'eſtre belle par la grace que ſon eſpoux luy a donné :
elle eſt noire à cauſe du peché originel, & de ſes idolatries, mais belle par
les dons & parures que le ſainct Eſprit luy a ſi liberalement eſlargy, Nigra
ſum ſed formoſa
.
Il l'eſpouſe in fide en la foy. Nequaquam in legis iustitia, ſed in fide &
gratia Euangelij
dit S. Hieroſme, ces eſpouſailles ſe font non en vertu de la
iuſtice legale, mais en vertu de la foy & de la grace de l'Euangile : il la re-
ueſt d'vne robbe qui eſclatte en la bigarrure de ſes couleurs, qui ſont les
Parures
de l'Egliſe
entant
qu'eſpou
ſe.
diuerſes vertus : Il la chauffe, c'eſt à dire, munit & armes ſes affections
de ſouliers de couleur celeſte, qui ſont les ſainctes penſées de foy, d'eſ-
perance, & de charité : il la ceint d'vne ceinture de fin lin, qui eſt la chaſteté,
qui par ſa blancheur & pureté reſerre les affections deſordonnées de la
chair : il la couure d'habits tres-ſubtils, qui ſont les deſſeins & deſirs non
groſſiers du monde & des choſes temporelles, mais du ciel & de Dieu : luy
donne des braſſelets en ſes mains, qui ſont les bonnes œuures : vne chaine
d'or au col, qui ſignifie les parolles d'or, la doctrine de fin or de charité : les
pendans d'oreilles d'vne ſaincte obeyſſance à ſon eſpoux : vne couronne en
teſte qui eſt le ſouuerain pouuoir qu'il luy donne en terre & par tout le
monde, voire luy donnant les clefs du ciel : la repaiſt de fleur de farine &
de miel, c'eſt la paſture des Sacremens, & ſur tout de la ſaincte Euchariſtie
qui contient toute ſorte de douceur & ſuauité : il luy donne l'huile de ſes
celeſtes conſolations, & enfin la rend belle & digne d'eſtre eſpouſe d'vn ſi
grand Roy.
S. Augusſtin ſerm. 75. de tempore : monſtre les faueurs que cette eſpouſe
Rapports
du maria-
ge de Ie-
ſus Chriſt
& de l'E-
gliſe auec
celuy d'I-
ſaac
&
d'Abra-
ham
de Rebecca.
reçoit de ſon eſpoux, prenant pour figure de ces eſpouſailles ſpirituelles &
myſtiques, celles de l'obeyſſant Iſaac auec la ſage Rebecca. Où eſt ce, dit-
il, que le ſeruiteur d'Abraham trouua l'eſpouſe, deſtinée de Dieu pour
Iſaac ? ſinon à la fontaine ? où eſt-ce que Ieſus-Chriſt trouue ſon eſpouſe?
ſinon aux eaux du bapteſme ? ou ſi elle ne venoit, elle ne pourroit eſtre ſon
eſpouſe. Le ſeruiteur d'Abraham luy donna des ioyaux en la fontaine pour
la parer, & entre autres choſes des pendans d'oreilles d'or, & Ieſus-Chriſt
met
G

50
Premier Traite'
met aux oreilles de ſon eſpouſe, des parolles de fin or de charité. Celuy la
donne à Rebecca des braſſelets, & Ieſus Chriſt des bonnes œuures, qu'il met
és mains de ſon eſpouſe. Or tout ainſi dit S. Aug. que Rebecca n'euſt pas eu
ces ioyaux ſi Iſaac ne les luy euſt enuoyé par ſon ſeruiteur ; auſſi l'Egliſe n'au-
roit pas toutes ces richeſſes ſi ſon amoureux eſpoux ne les luy donnoit de ſa
pure grace, et luy meſme : premierement immediatement, & puis par les
mains de ſes Apoſtres. Abraham ſe ſeruit de ſon ſeruiteur pour trouuer vne
eſpouſe à ſon fils Iſaac, & Dieu le Pere ſe ſert de ſes Apoſtres, & des hommes
Apoſtoliques, qui ſont les Predicateurs, pour trouuer & amener l'eſpouſe
de ſon Fils. Eſcoutez ce braue paranymphe S. Paul, Deſpondi vos vni viro vir-
ginem caſtam exhibere Chriſto
. Ie vous ay fiancé auec vn homme, ie me ſuis eſtu-
dié de donner à Ieſus Chriſt pour eſpouſe vne chaſte vierge ; l'eſpoux eſt Ie-
ſus-Chriſt : l'eſpouſe eſt l'Egliſe, l'ambaſſadeur qui procure ce mariage, ou
le paranymphe, c'eſt S. Paul & les autres Apoſtres, & les Predicateurs qui
tiennent la place des Apoſtres, mais ils le doiuent faire imitans S. Paul en
ſon zele, qui dit, æmulor vos Dei æmulatione, i'ay vn grand zele pour vous,
procurant cette eſpouſe à ce diuin eſpoux, auec vn grand ſoin & un zele ar-
dant de la gloire de l'eſpoux.
S. Chriſoſtome & Theophylacte poſent ce zele en la perſonne du ſerui-
teur d'Abraham, lequel eſtant entré en la maiſon de Rebecca, comme on
luy euſt preſenté à manger, non, dit il, ie ne mangeray pas que ie ne me
ſois deſchargé de ma commiſſion : les Predicateurs qui cherchent l'eſ-
pouſe de Ieſus-Chriſt, leur maiſtre, ne ſe ſoucient pas de leurs commo-
ditez, mais ne cherchent que le ſeruice de leur maiſtre.
Le dot de ce mariage nous eſt figuré au Gen. 38 où le Patriarche Iudas
Les arrhes
de l'Egliſe
entant
qu'eſpou-
ſe de Ie-
ſus Chriſt
.
donne pour arrhes à Thamar ſon anneau & vne baguette : & Ieſus-Chriſt
à ſon eſpouſe ſon anneau, qui eſt la foy, ſignaculum fidei, & le baſton
de la ſaincte Croix, c'eſt l'obſeruation de S. Chriſoſtome hom. 1. ſup.
Matth. mais ce ſont des arrhes, dit le meſme Sainct ſur le chap. II. de l'E-
piſt
.2. aux Corinth. de ce dot incomprehenſible qu'il luy prepare, qui eſt
le royaume des cieux, & la claire viſion de Dieu. C'eſt auſſi la penſée de S.
Aug
. ſerm. 75. de tempore, où il dit, Eccleſia accipit in præſenti pretioſam ar-
rham, ſanguinem ſponſi ſui, acceptura dotem poſtmodum regni ſui
: l'Egliſe re-
çoit maintenant pour arrhes le pretieux ſang de ſon eſpoux, auec aſſeuran-
ce de receuoir puis apres ſon royaume, & eſtant vnie maintenant par la
grace auec ſon eſpoux, elle le ſera vn iour indiuiſiblement par la gloire :
Beati qui ad cœnam nuptiarum agni vocati ſunt. Heureux, & trois fois heureux,
ceux qui auront le bon-heur d'eſtre faits participans de nopces de l'agneau,
& eſtre à iamais ſes eſpouſes.
Corrigez voz penſées Iuifs endurcis & charnels, n'allez pas recherchant
des

51
Des fins dv Mariage.
des nopces charnelles à cét eſpoux myſtique : la reine ſon eſpouſe qui eſt
à ſon coſté, n'eſt autre que l'Egliſe : ornée, parée, enioliée à l'exterieur des
parures de ſes ceremonies, qui releuent le luſtre de ſes fonctions, mais
ſa principale beauté eſt au dedans, c'eſt à dire, en l'eſclat des vertus, &
des dons du S. Eſprit. Oyez l'exhortation que luy fait ſon eſpoux, de pre-
ſter l'oreille à ſes parolles, puis que la foy, le premier de tous ſes ornemens,
depend de l'oreille : d'oublier ſon peuple & la maiſon de ſon pere, qui ſont
les ceremonies Iudaïques & legales, & les idolatries des Payens ſes ance-
ſtres ; c'eſt à ces conditions que ce roy Dieu & homme, qui commande à
tous autres Monarques, la fauoriſera de ſes affections & de ſon alliance.
Les enfans qui naiſſent de ce mariage ſont les fideles deſquels S. Iean
Les en-
fans de Ie-
ſus Chriſt.
& de l'E-
gliſe.
dit au c.I.34 Qui non ex ſanguinibus, neque ex voluntate carnis, neque ex voluntate
viri, ſed ex Deo nati ſunt
, enfans compoſez non de ſang : non effects de la
chair, ou de la volonté d'vn homme, mais enfans de ce grand Pere, qui
dit, Iſaie 66. Nunquid ego qui alios parere facio, ipſe non pariam, dicit Dominus?
Si ego qui generationem cæteris tribuo, sterilis ero !
quoy ! moy qui donne la
fecondité aux autres, ie ſeray ſans enfans ! moy, qui fais que les autres
ſoient peres, ie ſeray ſteril ! ô admirable fecondité de ce Pere de toute be-
nediction ! fecondité preueuë long-temps auparauaut par le meſme
Iſaie c. 66. Nunquid parturiet terra in die vna? aut parietur gens ſimul, quia
parturiuit, & peperit Sion filios ſuos ?
Quoy la terre enfantera-elle en vn iour ?
verrons nous naiſtre des nations entieres tout d'vn coup ? Sion35 a enfanté &
produit ſes enfans. S. Hieroſme expliquant ce paſſage dit, les enfans de
l'Egliſe n'ont pas eſté engendrez & enfantez, comme ceux de la loy an-
cienne, par laps de temps, & par l'entremiſe d'Abraham, d'Iſaac, & de Ia-
cob
, par le moyen des douze Patriarches & de leurs deſcendans, l'eſpace
de pluſieurs ſiecles ; ains à la voix de la predication des Apoſtres, le mon-
de a conceu & enfanté des nations entieres, non en vn coing du monde,
mais par tout le monde vniuerſel, In omnem terram exiuit ſonus eorum, &
in fines orbis terræ verba eorum.
C'eſt vne œuure, non des hommes, mais de la
toute puiſſance de Dieu.
Cette eſpouſe mere de tant d'enfans ne manque pas de laict pour la nour-
Le laict de
l'Egliſe
eſt la do-
ctrine ce-
leſte.
riture de ſes enfans, qui eſt la doctrine celeſte tirée des deux teſtamens, qui
ſont ſes deux mammelles : Non poterat fieri, dit S. Hieroſ. vt quae erat puer-
pera careret lactis abundantia, in educationem eius gentis, & paruulorum, qui
ſimul nati fuerant, vt præberet ei duo vbera veteris ac noui teſtamenti, ad præ-
bendum rationale lac
, il appartenoit à la prouidence de Dieu de ne permettre
que celle qui deuoit enfanter tant d'enfans mãquaſt de laict pour leur nour-
riture, enfans qui ont eſté nez, ſi grãde multitude enſemble, ainſi il luy a don-
né les deux mãmelles du vieil & du nouueau teſtament pour leurs fournir le
laict
G 2

52
Premier Traite'
laict raiſonnable. I'apperçois ces mammelles pleines non ſeulement de laict
blanc & doucereux ; mais encor de ſang rouge & pretieux au Cant. 7. Statu-
ra tua aſsimilata eſt palmæ, & vbera tua botris
, voz mammelles ſont ſembla-
bles au raiſin, le raiſin eſt plein de vin rouge, & les mammelles de l'eſ-
pouſe qui ſont les Sacremens, dont elle allaicte ſes enfans, ſont pleines
du ſang de Ieſus-Chriſt ſon eſpoux, & de les merites empourprez de
ſon ſang.
O que voila bien la promeſſe qui auoit eſté faite à ce diuin Eſpoux ac-
complie, Si poſuerit pro peccato animam ſuam videbit ſemen longæuum, s'il
donne ſa vie pour les pecheurs, il ſera recompenſé d'vne longue lignée : ne
l'a il pas fait ? n'eſt-il pas mort pour les pecheurs ? ſuiuant la conuention
qu'il auoit fait auec Dieu ſon Pere ? auſſi ſon pere ne luy a manqué en ſes
promeſſes, Dabo tibi gentes hæreditatem tuam & poſſeſsionem tuam terminos
terræ
. Les Gentils ſeront vos heritiers, ſeront vos enfans, & vos enfans
ſeront eſtendus par tout le monde. Pro patribus tuis nati ſunt tibi filij, au
lieu des Prophetes & Patriarches anciens, il a engendré les Apoſtres, &
tous les Chreſtiens par ſa parole, voluntariè genuit nos verbo veritatis & les
a enfanté auec douleur, voire auec perte de ſa vie au lict de la croix.
S. Paul dit, Virginem caſtam exhibere Chriſto, voicy la merueille, ſçauoir
L'eſpouſe
de Ieſus
Chriſt l'E-
gliſe, com-
ment vier-
ge & me
re.
que nonobſtant cette grande fecondité, cette eſpouſe demeure vierge, c'eſt
pourquoy S. Aug ſerm. 119. de tempore compare l'Egliſe à noſtre Dame,
d'autant qu'elle eſt mere & vierge : les autres eſpouſes ſont données à leurs
eſpoux pour n'eſtre plus vierges, mais l'Egliſe eſt donnée comme eſpouſe
à Ieſus-Chriſt ſon eſpoux pour eſtre vierge : & ſi elle ne l'auoit pour eſ-
poux, elle ne ſeroit pas vierge.
Mais voicy vne plus grande merueille, c'eſt que ſon eſpoux l'ayant trou-
Ieſus Chr.
rend ſon
eſpouſe
de corrõ-
puë vier-
ge.
uée corrompuë & desbauchée, il la fait vierge : n'eſtoit-elle pas corrompuë
par tant de fornications ſpirituelles, qu'elle auoit commiſes à l'adoration
des idoles lors qu'elle eſtoit Gentile ? Fornicans fornicabitur terra à Domino,
Oſée I. Autant d'autels qu'elles auoit dreſſé aux Idoles, n'eſtoient ce pas au-
tant de lieux infames de ſes proſtitutions ? ſuiuant ce que dit Ezechiel 6.
Fabricasti lupanar tuum, in capite omnis viæ, & excelſum tuum fecisti in omni
platea
. Mais Dieu par ſa miſericorde l'a tirée de ces lieux d'infamie, pour la
faire vierge en la pureté & ſincerité de la foy, & pour la rendre vierge
apres des abominables proſtitutions. O noua res s'eſcrie S. Chriſoſt. in I.
Cor. c.II. In mundo virgines manent ante nuptias, poſt nuptias non item, hic au-
tem non ſic, nam licet non ſint virgines ante nuptias, post nuptias virgines fiunt
.
O merueille, & choſe non iamais ouye ! aux mariages du monde on eſt vier-
ge auant les nopces, & non apres les nopces : mais en ce mariage quoy que
l'eſpouſe ne ſoit pas vierge auant les nopces, elle deuient vierge, par le
moyen

53
Des fins dv Mariage.
moyen de ces nopces. S. Chriſoſtome dit, que cela nous a eſté figuré par
Rahab courtiſane, meretricem, laquelle ayant receu en ſa maiſon les explo-
rateurs du peuple de Dieu, fut mariée à Salmon & deuient femme de bien :
ainſi l'Egliſe addonnée à l'idolatrie & Gentilité, d'où pour la plus part elle
a eſté tirée : apres auoir admis & logé les explorateurs de Ieſus-Chriſt,
qui ſont les Saincts Apoſtres, eſt deuenuë ſaincte, & ayant eſté faite eſpou-
ſe de Ieſus Chriſt, a pareillement eſté faite vierge par l'vnité, pureté, & in-
tegrité de ſa foy.
C'eſt en vain que toutes autres ſectes ſe glorifient de cette noble al-
liance, car tout ainſi qu'en vn mariage n'y a qu'vn eſpoux & vne eſpouſe
auſſi en ce mariage n'y peut auoir qu'vne eſpouſe, Vna est columba mea, imma-
culata mea
: Toutes les autres ſectes ſont comme les vierges folles qui ont
des lampes, ſçauoir quelque apparence de religion, mais point d'huile,
point de charité, ny de vraye foy : il n'y a que cette eſpouſe laquelle ornée
des parures des bonnes œuures apres auoir rempli ce mõde de nombre d'en-
fans, & gardé la fidelité à ſon eſpoux, ſera enfin introduitte dans la chambre
de triomphe & de gloire au ciel, pour y regner à iamais auec ſon eſpoux.

Filet cadre, rayé.

Du mariage de Dieu auec l'ame par la grace.

CHAPITRE X.

Mariage
de Dieu
auec l'a
grace &
ſes circon-
ſtances.
LE mariage qui ſe fait entre Dieu & l'ame par la grace, duquel parle le
prophete Oſee c. 2. eſt ſi plein de conſolation, que ie n'ay ſçeu l'ob-
mettre ſans en faire vn Chapitre à part pour la conſolation des ames ſain-
tes & deuotes. S. Bernard expliquant les ſuſdittes parolles d'Oſée dit. Si non
fecit ille quod ſponſus, ſi non tanquam ſponſus amauit, ſi non zelatus eſt tanquam
ſponſus, noli acquieſcere ſponſam te vocari
, ſerm. 5. de dedicat. Eccleſ. S'il ne
s'eſt pas acquité de tous les deuoirs d'vn vray eſpoux : s'il ne vous a pas ai-
mé comme vn eſpoux, s'il n'a pas eſté ſainctement ialoux comme vn eſpoux,
ne permettez pas qu'il vous appelle eſpouſe.
Ce mariage ſe fait in fide par la foy que nous receuons au bapteſme, ou en
preſence d'vn preſtre & de deux teſmoins, qui ſont le parain & la maraine,
nous auons pris Ieſus Chriſt pour noſtre eſpoux, & luy nous a priſes pour
ſes eſpouſes. S. Aug. in Pſ. 44. Regi nubis Deo ab illo dotata, ab illo decorata, ab
illo redempta, ab illo ſanæta: quicquid habes vnde illi placeas ab illo habes.
Vous
eſpouſez le Roy des Roys, c'eſt luy qui vous donne le dot, c'eſt luy qui vous
donne des ioyaux pour vous parer, c'eſt luy qui vous rachepte : c'eſt luy qui
vous
G 3

54
Premier Traite'
vous guarit : ſi vous auez quelque choſe en vous qui luy ſoit agreable, vous
le tenez de ſa faueur, & liberalité.
Dieu donne ce dot & ces ornemens à l'ame pour oſter la grande inegalité
qui ſe retrouue en l'ame, & pour la rendre capable de ce ſainct mariage.
Saincte
Agnes eſ-
pouſe de
Ieſus Chr.
C'eſtoit le ſentiment de la chere eſpouſe de Ieſus-Chriſt S. Agnes, lors
qu'elle diſoit, Ipſi ſum deſponſata cui angeli ſeruiunt, cuius pulchritudinem
ſol & luna mirantur
, ie ſuis eſpouſe de celuy qui a les anges pour ſeruiteurs,
la beauté duquel eſt admirée du ſoleil & de la lune. Annulo ſuo ſubattauit
me, & tanquam ſponſam decorauit me corona
: il m'a donné vn anneau pour
arrhes de ſon amitié, m'a miſe vne couronne ſur la teſte, comme à ſon eſpou-
ſe. Poſuit ſignum in faciem meam vt nullum præter eum amatorem admittam,
il a mis vn ſigne en ma face, afin que ie n'aime autre que luy : Circumdedit
me vernantibus atque coruſcantibus gemmis pretioſis
: il m'a entourée de pier-
reries belles & brillantes: Dexteram meam & collum meum cinxit lapidibus pretioſis:
il m'a donné des braſſelets, & vn carquant de pierres pretieuſes.
Induit me dominus cyclade auro texta, & immenſis monilibus ornauit me, il m'a
reueſtu d'vne robbe de drap d'or, & m'a paré d'vne infinité de ioyaux:
& partant diſoit elle à celuy qui recherchoit ſon affection, au preiudi-
ce de ſon legitime eſpoux, Diſcede à ma pabulum mortis, quia iam ab alio
amatore præuenta ſum: ipſi ſoli ſeruo fidem
, retirez vous de moy paſture de la
mort, vn autre a emporté mon affection auant vous, c'eſt à luy ſeul que
ie garde ma fidelité. Quem cum amauero caſta ſum, cum tetigero munda ſum,
cum accepero virgo ſum
, l'aimant ie ſuis chaſte, le touchant ie ſuis pure, ſa
compagnie ne m'oſtera pas ma virginité.
Ieſus Chr.
embellit
sõ eſpouſe
l'ame.
Dieu eſleue l'ame par ce mariage d'vn eſtat vil, pauure & laid, en vne
condition noble, riche, & d'vne excellente beauté. Voicy comme en parle
S. Bernard ferm. Dom. I. poſt Oct. Epiphan. Maltum hæc ſponſa ſponſo ſuo
inferior genere, inferior ſpecie, inferior dignitate : attamen propter Æthiopiſ-
ſam istam filius Dei de longinquo venit, vt ſibi deſponſaret illam. Moyſes qui-
dem Æthiopiſsam duxit vxorem, ſed non potuit eius mutare colorem. Christus
vero quam adamauit ignobilem adhuc & fœdam, glorioſam ſibi exhibuit Eccle-
ſiam non habentem maculam aut rugam
. Cette eſpouſe eſt beaucoup inferieu-
re à ſon eſpoux en nobleſſe, en beauté, en dignité. Toutefois le fils de Dieu
eſt venu de loin pour eſpouſer cette Ethiopienne. Moyſe ſe maria bien à
vne Ethiopienne, mais pourtant il ne changea pas ſa couleur: mais Ieſus-
Chriſt ayant aimé vne routuriere & laide, la rendu pleine de gloire ſans ta-
che & ſans ride.
Ornemẽs
que l'ame
reçoit par
la grace.
Voulez vous voir l'eſtat de l'ame auant ces eſpouſailles, le prophete Eze-
chiel
le deſcrit c.16. Tranſiui per te & vidi te: & ecce tempus tuum, tem-
pus amantium: & expandi amictum meum ſuper te, & operui ignominiam tuam
,
& iuraui

55
Des fins dv Mariage.
& iuraui tibi & ingreſſus ſus pactum tuum, ait Dominus & facta es mihi, ie
ſuis paſſé prés de toy, ie t'ay veu, voila l'effect de la grace de Dieu, & le
choix de ſa diuine predeſtination : tu eſtois recherchée d'autres, des dia-
bles, & du monde, i'ay eſtendu ma robbe ſur toy, c'eſt la grace, i'ay cou-
uert ta turpitude, c'eſt le peché originel effacé au bapteſme : ie t'ay donné
la parole, ay fait partpact auec toy, & tu es deuenuë mon eſpouſe. Puis il ad-
iouſte, Laui te aqua & emandaui ſanguinem tuum ex me, & vnxi te oleo & veſti-
ui te diſcoloribus, & calceaui te hyacintho, & cinxi te byſſo, & indui te ſubtilibus,
& ornaui te ornamento, & dedi armillas in manibus tuis, & torquem circa collum
tuum & dedi inaurem ſuper os tuum, & circulos auribus tuis, & coronam decoris in
capite tuo, & ornata es auro & argẽto, & veſtita es byſſo, & polymito & multiscolo-
ribus, & c.
ie t'ay laué d'eau, oinct d'huile, & paré de toutes ſortes d'orne-
mens, qu'il raconte en particulier; n'eſt-ce pas ce que Dieu fait en l'ame au
bapteſme, l'ornant des vertus infuſes, & de ſes graces; que chacun peut re-
connoiſtre & accommoder à l'ame, conſiderant & meditant les parolles
du prophete.
Enfans de
l'ame en
qualité
d'eſpouſes
de Dieu.
La premiere & principale fin du mariage, eſt la procreation des enfans,
qui ſont l'eſperance de la poſterité, & qui font que les peres & meres vi-
uent, en quelque maniere, apres leur mort : les enfans qui ſont produits
au mariage ſpirituel de l'ame ſont les bonnes œuures, dont la ſemence eſt la
grace, à facie tua concepimus & quaſi parturiuimus ſpiritum ſalutis, Iſaiæ 66.
De ce mariage dit Origene hom. 20. in c.25. Numeri ſortent la pudici-
té, la iuſtice, la patience, la manſuetude, la charité, & les autres vertus : les
ſaincts deſirs, les chaſtes penſées, les affections angeliques, les œuures ar-
changeliques, tous enfans de benediction : tous vrays Benjamins, c'eſt à
dire, enfans de la dextre, qui eſt la grace : ce ne ſont point des Benonis, en-
fans de douleur qui font mourir leur mere, mais qui font viure apres la
mort, & d'vne vie eternelle : ce ſont des Ioſephs, c'eſt à dire, accroiſſement,
qui font croiſtre en merite, & enfin des Iſaacs, c'eſt à dire, ris qui cauſent la
ioye & la gloire interminable.
Vnion de
l'ame a-
uec Dieu
par le ma-
riage de la
grace
La premiere loy du mariage eſt l'vnion de deux en vne meſme chair,
erunt duo in carne vna, mais au mariage ſpirituel eſt l'vnion de deux en vn
meſme eſprit, qui adhæret Domino vnus ſpiritus eſt 1. Corint. 6. au mariage
corporel les deux corps ſont tellement vnis, que chacun d'iceux garde les
qualitez qui luy ſont propres. S'ils ſont noirs auant l'vnion ils demeurent
noirs, ſi blancs, blancs, ſi boſſus, boſſus, ſi boiteux, boiteux &c. mais en
Loix du
mariage
au maria-
ge de
Dieu auec
l'ame.
ce mariage ſpirituel Iesuſ-Chriſt l'epoux rẽd l'ame ſon eſpouſe ſemblable à
ſoy. 1. Cor. 6. Neque fornicarij, neque idolis ſeruientes, ne que adulteri, neque molles,
neque maſculorum concubitores, neque ſures, neque auari, neque ebrioſi, neque ma
ledici, neque rapaces regnum Dei poſsidebunt, & hæc fuiſtis, ſed abluti estis,

ſed

56
Premier Traite'
ſed ſanctificati eſtis, ſed iuſtificati eſtis in nomine Domini nostri Ieſu Chriſti & in
ſpiritu Dei nostri.
Ny les fornicateurs, ny les idolatres, ny les adulteres &c
n'entreront au royaume des cieux, vous auez eſté tels: voila l'eſtat de l'ame
auant ce mariage: mais voicy le changement, vous auez eſté lauez, vous
auez eſté ſanctifiez, vous auez eſté iuſtifiez, au nom de noſtre Seigneur Ieſus-
Chriſt, & par l'eſprit de Dieu.
Au mariage corporel l'vn des corps ne prend pas la vie de l'autre: mais en
ce mariage noſtre ame reçoit la vie de Ieſus-Chriſt ſon eſpoux, Rom. 6.
Conſepulti ſumus cum illo per baptiſmum in mortem; vt quomodo Chriſtus ſurre-
xit à mortuis per gloriam patris, ita & nos in nouitate vitæ ambulemus
. Nous
mourons par le bapteſme au peché, au monde, à nous meſmes, pour viure
vne nouuelle vie en Ieſus-Chriſt : & pour pouuoir dire auec S. Paul, Viuo
ego, iam non ego, viuit vero in me Chriſtus
. Ie vis, mais ce n'eſt plus moy qui vis,
c'eſt Ieſus Chriſt qui vit en moy.
La ſeconde loy du mariage eſt, Dimittet patrem & matrem & adhærebit vxo-
ri ſuæ
. Le mary quittera pere & mere pour demeurer auec ſa femme: noſtre
eſpoux ſpirituel ne pouuoit quitter ſon pere auec lequel il eſt vny indiuiſi-
blement, il l'a toutefois quitté en quelque façon pour venir demeurer auec
nous. Il a quitté ſa mere la Synagogue, nous deuons quitter pere, mere, voi-
re nous meſmes pour ſuiure noſtre eſpoux, c'eſt à dire, que la où il y va de la
fidelité & du ſeruice que nous deuons à noſtre eſpoux, ny le reſpect de pere,
ny la tendreſſe de mere, ny l'amour de nous meſmes & de noſtre vie ne nous
doiuent retenir : nous l'auons ainſi promis, contractans ce mariage, prote-
ſtans que nous renoncions à Satan, à ſes pompes, au monde, & à tout ce qui
ſeroit contraire à l'amour de noſtre eſpoux.
La troiſième loy du mariage eſt l'inſolubilité, qui eſt tel qu'il n'y a que la
mort qui en puiſſe rompre le lien : le mariage ſpirituel du coſté de Dieu eſt
indiſſoluble, Oſée 2. Sponſabo te mihi in ſempiternum, Ie t'eſpouſeray pour ia-
mais : & quoy que nous faiſions, la marque & charactere que Dieu a em-
praint en nos ames, par ce mariage, ne s'effacera iamais, le diuorce qui s'y
fait quelquesfois eſt vn effect de noſtre ingratitude & infidelité, & prouient
de nous. Le lien au mariage ſe fait par le conſentement, & au mariage ſpiri-
tuel par la pure volonté de Dieu, Voluntariè genuit nos verbo veritatis, Iacob.1.
& par noſtre conſentement reciproque, Quotquot autem receperuut cum,
Ioan. 1. Voluntariè ſacrificabo tibi, Pſal. 53.
Cette indiſſolubilité cauſe ſouuent des grands ennuis & degouſts au ma-
riage corporel : mais au mariage ſpirituel non, puis que Non habet amaritu-
dinem conuerſatio illius, nec tædium conuictus illius
. La conuerſation de cét eſ-
poux n'a ny amertume ny degouſt. C'eſt ce qui faiſoit dire à ſaincte Agnes
parlant de ſon eſpoux, Mel & lac ex ore eius ſuſcepi, il ne donne que miel
& laict,

57
Des fins dv Mariage.
& laict, que douceur. Le lien du mariage corporel ſe rompt par la mort
d'vn des conjoincts, celuy de mariage ſpirituel dure apres la mort, & ſi nous
voulons ſera eternel. Le lien du mariage corporel fait que les mariez ne ſont
plus à eux, mais s'appartiennent l'vn à l'autre: & le lien du mariage ſpirituel
fait que nous ſommes à noſtre eſpoux, Non eſtis veſtris, empti eſtis pretio magno.
Vous n'eſtes pas à vous, vous eſtes acheptez à grand pris. 1. Cor. 6. & tout
ainſi comme Dauid 2. Reg. 3. auoit droict de demander Michol à Isboſeth,
Redde vxorem meam Michol quam deſpondi mihi centum præputijs Philistinorum:
rendez moy Michol mon eſpouſe, pour laquelle i'ay donné cent prepuces
des Philiſtins, auſſi Ieſus-Chriſt n'a-il pas dõné ſa vie & ſon ſang pour dot du
mariage qu'il a contracté auec vous: nous pouuõs luy dire auec verité, Sponſus
ſanguinum tu mihi es
, qu'il eſt vn eſpoux de ſang, & partant il a droict de de-
mander que nous luy gardions la fidelité que nous luy auons promiſe.
C'eſt vn grand crime de violer la fidelité du mariage charnel & corporel;
& Dieu ſe plaint par Ieremie c. 3. de l'infidelité de ſes eſpouſes ſpirituelles,
Quomodo ſi contemnat mulier amatorem ſuum? ſic contempſisti me domus Iſrael:
O Iſraël tu t'és comporté auec moy , comme la femme qui eſt infidelle à ſon
mary ! mais cét eſpoux ſpirituel eſt plus debõnaire que ne sõt les eſpoux cor-
porels, qui ſouuent ſont implacables enuers leurs eſpouſes, lors qu'elles ont
commis vn acte d'infidelité, & luy touſiours preſt à pardonner: Tu fornicata
es cum amatoribus multis, tamen reuertere, & ego ſuſcipiam te
, Ierem. 3. tu t'és a-
bandonné à des ruffiens, qui ſont le monde & le peché, mais retourne à moy
& ie te receuray.
L'ame
annoblie
par le ma-
riage auec
Dieu.
Au mariage corporel l'eſpouſe entre en communication des biens de ſon
eſpoux, & eſt annoblie par le moyen de l'alliance & vnion auec luy, Gaudet
Auguſta ijſdem priuilegijs quibus Auguſtus, fœminæ gaudent priuilegijs maritorum
,
dit la loy, vne fille de village eſpouſant vn Roy eſt reine, & noble comme le
Roy: & l'ame par le moyen du mariage ſpirituel eſt eſleuée à vne diginité tel-
le, qu'elle eſt comme faite participante de la diuinité, diuinæ conſors naturæ,
1. Petri 2. & entre dans les droicts du royaume celeſte, & entant qu'elle eſt
eſpouſe du fils de Dieu, elle eſt fille du Pere eternel.
Le lien & l'entretien du mariage corporel eſt l'amour: l'entretien & le lien
du ſpirituel eſt auſſi l'amour : nous ſommes aſſeurez de l'amour de l'eſpoux
qui ne nous manquera iamais, ſi de noſtre coſté nous ne luy ſommes in-
fideles, & luy manquons les premiers; ſon amour eſt bien ordonné, non
deſreglé comme eſt ſouuent celuy de pluſieurs marys : non plein d'ingrati-
tude & de perturbation, mais accompagné d'vne grande prudence, amour
qu'il fait paroiſtre comme noſtre chef & eſpoux: nous conduiſant: nous
aimant: nous nourriſſant, nous pouruoyant, & faiſant tout deuoir d'vn
amoureux eſpoux.
Or
H

58
Premier Traite'
Deuoirs
de l'ame
enuers
Dieu ſon
eſpoux.
Or tout ainſi que S. Paul demande que l'eſpouſe ſoit obeyſſante à ſon
eſpoux, mulieres viris ſuis ſubditæ ſint, ſicut Domino, de meſme nous deuons
obeyſſance à cét eſpoux ſpirituel, in omnibus, eſtans bien aſſeurez qu'il ne
nous commandera rien qui ne ſoit raiſonnable & honorable. Nupſisti
Chriſto? illi tradidiſti carnem tuam, illi deſponſasti maturitatem tuam, incede ſe-
cundum ſponſi tui voluntatem
. Tertul. de veland. virg. auez vous pris Ieſus-
Chriſt pour eſpoux? vous luy auez donné voſtre chair & vous meſme, par-
tant comportez vous ſelon ſa volonté.
La femme doit viure conformement à la qualité de ſon mary, & quoy
qu'elle ne ſoit que villageoiſe, employée autrefois à choſes viles & baſſes,
ſi eſt-ce que depuis qu'elle a eſpouſé le Roy, elle ne doit auoir que des diſ-
cours, des penſées, des deſſeins, & entretiens de reine. C'eſt ce que de-
mande de nous S. Leon ſerm. 1. de Natiu. lors qu'il dit, Agnoſce, ô Chriſtiane
dignitatem tuam, & diuinæ conſors factus naturæ, noli in veterem vilitatem de-
generi conuerſatione redire, memento cuius capitis & cuius corporis ſis membrum,
reminiſcere quod erutus de potestate tenebrarum, & tranſlatus in Dei lumen & re-
gnum
. Chreſtien recognois ta qualité, & puis que Dieu t'a tant honoré, que
de te faire participant de ſa diuine nature, ne retournes pas dans ton vile
eſtat de rouſture, par l'indignité de tes mœurs, ſouuienne toy de qui tu as
l'honneur d'eſtre eſpouſe, & comme ton eſpoux t'a tiré de la bouë & de la
cendre pour t'eſleuer à la dignité royale par le moeyn de ce ſaincte & diuin
mariage.
S. Bernard conſiderant cét amour inexplicable s'eſcrie, ſerm. 2. Dom. 1.
poſt Octau. Epiph.
Vnde tibi, ô humana anima, vnde tibi hoc ? vnde tibi tam
inæſtimabilis gloria, vt eius ſponſa mereais eſſe, in quem deſiderant angeli ipſi
proſpicere? vnde tibi hoc vt ipſe ſit ſponſus tum, cuius pulchritudinem ſol & luna
mirantur & quid retribues Domino pro omnibus quæ retribuit tibi, vt ſis ſocia men-
ſæ, ſocia regni, ſocia denique thalami, vt intoducat te rex in cubiculum ſuum?

ô ame humaine d'où te vient ce bon-heur ? d'où te vient cette gloire ineſti-
mable, que tu ſois eſpouſe de celuy que les Anges s'eſtiment bien heureux
de regarder : qui t'a fait cette grace d'auoir celuy la pour eſpoux, la beauté
duquel le ſoleil & la lune admirent ? que pourras tu rendre à ce bon Sei-
gneur pour tant de faueurs qu'il t'a departies : quoy ! t'auoir faite com-
pagne de ſa table! participante de ſon royaume ! mais de ſon lict nuptial !
te faire entrer en ſa chambre !
Exhorta-
tion à l'a-
me pour
ſe cõpor-
ter cõme
eſpouſe de
Dieu.
Puis il pourſuit, vide iam quid de Deo tuo ſentias, vide quibus brachijs vi-
caria charitatis redamandus & amplectendus ſit, qui tanti te æſtimauit, imo qui
tanti te fecit, de latere enim ſuo te reſormauit, quando propter te obdormiuit in
cruce, & ſomnum mortis excepit, propter te à Deo Patre exiuit, & matrem
Synagogam reliquit, vt adhærens ei, vnus cum eo ſpiritus efficiaris
, regarde
maintenant

59
Des fins dv Mariage.
maintenant quel ſentiment tu dois auoir de ton Dieu, peſe auec quels
bras d'vn amour reciproque tu le dois aimer & embraſſer, puis qu'il a tant
fait d'eſtat de toy, qu'il t'a reformé de ſon coſté, lors que pour ton ſalut
il s'eſt endormy du ſommeil de la mort ſur le lict de la croix : il eſt comme
ſorty de ſon Pere par l'incarnation, a laiſſe ſa mere la Synagogue pour
t'eſpouſer, afin qu'eſtant vnie auec luy tu deuienne auec luy vn meſme
eſprit.
Enfin le meſme ſainct Bernard conclud. Et tu ergo audi filia & vide & con-
ſidera quanta ſit erga te dignatio Dei tui, & obliuiſcere populum tuum & domum
patris tui; deſere carnales affectus, ſeculares mores dediſce; à prioribus vitijs
abſtine, conſuetudines noxias obliuiſcere : quid enim putas? nonne ſtat Angelus
Domini qui ſecet te mediam, ſi fortè (quod auertat ipſe) alterum admiſeris ama-
torem
. Partant ma fille eſcoute & vois & conſidere quelle faueur ton Dieu
t'a fait, oublie ton peuple & la maiſon de ton pere, renonce aux affe-
ctions charnelles, aux façons ſeculieres, quitte tes vices anciens, & tes
mauuaiſes accouſtumances. A quoy penſes-tu? l'Ange du Seigneur eſt de-
bout pres de toy pour te couper en deux pieces, s'il arriue (qu'à Dieu ne
plaiſe) que tu ſois infidelle & ſi tu luy donne vn corriual36.
Que l'a-
mour de
l'ame en
qualité
d'eſpouſe
de Dieu
doit eſtre
toute à
Dieu.
Si l'amour comme dit S. Denys, non ſinit ſuos eſſe amantes, ſed amatorum,
ne permet pas que ceux qui aiment ſoient à eux meſmes, mais ſont entiere-
ment à ceux qu'ils aiment, puis que ce Diuin eſpoux nous a tant aimé qu'il
a voulu eſtre tout noſtre, la raiſon ne demande elle pas que nous ſoyons
tout à luy? & diſons auec l'eſpouſe myſtique, dilectus meus mihi & ego illi,
mon bien aimé eſt tout à moy, & moy tout à luy ? ſerions nous bien ſi
mal heureux que de meſpriſer vn tel eſpoux pour aimer des miſerables
eſclaues : ie dis meſpriſer Ieſus-Chriſt pour faire eſtat des creatures ! eſpoux,
qui est ſpecioſus forma præ filijs hominum, beau par deſſus tous les enfans des
hommes : luy qui eſt la ſapience de Dieu : luy dans lequel ſont tous les
treſors de la Diuinité : luy à comparaiſon duquel tous les Roys de la terre
ne ſont que vermiſſeaux : luy accomply en toutes perfections, totus deſidera-
bilis
: tout puiſſant, tout bon, tout miſericordieux, mais auſſi tout iuſte
& rigoureux pour chaſtier ceux qui abuſeront de ſon amour, & ne garde-
ront la fidelité d'eſpouſes qu'ils luy ont promiſe. Prenons garde que c'eſt
vn adultere ſpitiruel d'aimer autre choſe que luy, ou de chercher & prendre
des ioyaux & ornemens d'autre que de luy. C'eſt apres S. Proſper, ad De-
metriadem
, que ie le dis, voicy ſes parolles : Adultera eſt & à Diuino aliena
coniugio, ſi alterius cuiuſquam decorem, in ſpeculo ſui cordis oſtentat, aut vllis
alijs monilibus acquieſcit ornari, niſi illis quæ de theſauris ſponſi per ſancti Spiritus
pignus accepit.

Zonaras tõ.3. annal. in Theoph. raconte, que cõme l'Empereur Theophile
vouloit
H 2

60
Premier Traite'
vouloit ſe marier, il fit chercher toutes les plus belles filles qu'on peut
trouuer, & les ayant fait amener en ſa cour, les fit mettre en rang à
deſſein de les voir, en paſſant, & de donner vne pomme d'or à celle
qui luy agreeroit dauantage, pour gage de ſon affection, & pour arrhes
du chaſte mariage qu'il pretendoit contracter auec elle. Entre ces filles
il y an auoit vne nommée Icaſia noble, belle dans la perfection, fort ver-
tueuſe & ſçauante: l'Empereur l'enuiſageant fut tellement rauy & tranſ-
porté de l'eſclat de ſa beauté, qu'eſtant comme hors de ſoy, il donna
la pomme d'or à Theodora, qui eſtoit aupres d'Icaſia, penſant la don-
ner à Icaſia: ayant reconnu qu'il s'eſtoit meſpris, il creut que c'eſtoit
deroger à ſa grandeur de tromper Theodora, & de la fruſtrer des eſpe-
rances qu'elle auoit conceuës par l'acceptation de la pomme ; ainſi l'eſ-
pouſa au lieu d'Icaſia. Pluſieurs des principaux Seigneurs de la cour re-
chercherent Icaſia, pour les grands aduantages que Dieu & la nature
luy auoient ſi liberalement donné: mais elle, piquée d'vne genereuſe am-
bition, & d'vn vif reſſentiment de ſon mal-heur, en fit ſon bon-heur, croyant
choſe indigne de ſa generoſité37, apres auoir eſté choiſie pour eſtre eſpouſe
de l'Empereur, de faire alliance auec vn homme de moindre condition:
ainſi prit reſolution de n'auoir iamais autre eſpoux que le ſouuerain Em-
pereur du ciel & de la terre Ieſus-Chriſt, qu'elle eſpouſa par les ſaincts vœux
de religion, ſe rendant recommendable, & par la ſaincteté de ſa vie, & par
la ſubtilité de ſes eſcrits.
Eſt-il bien poſſible que nos ames ayant eſté choſies de Dieu pour eſtre
ſes eſpouſes, nous ſoyons ſi laſches que de les proſtituer au monde & à la
vanité, auec le meſpris de l'alliance du Roy des Roys!
De ces trois vnions ou mariages myſtiques, repreſentez par le mariage
corporel, chacun peut voir l'eſtat qu'on doit faire du mariage corporel,
non ſeulement entant qu'il a eſté inuenté & inſtitué immediatement de
Dieu, en vn lieu de delices: en vn temps de paix & de ſaincteté : pour por-
ter vn friuct ſi pretieux : entant que Dieu & ſes Anges l'honorent : mais prin-
cipalement entant qu'il eſt Sacrement. C'eſt vn crime de leze Majeſté hu-
maine de ietter dans la bouë, & fouler aux pieds l'image du Roy, d'autant
C'eſt vn
crime de
propha-
ner le ma-
riage.
qu'elle repreſente le Roy. C'eſt vn crime de leze Majeſté diuine, de meſpri-
ſer & prophaner la croix, par ce qu'elle nous repreſente la paſſion de noſtre
Seigneur. Et quel crime ſera-ce de des-honorer & prophaner le mariage par
vne meſchante & abominable vie? par vne des-vnion de corps & de volonté:
le ſouiller dans la bouë d'vne immoderée lubricité, ou de quelque deteſtable
adultere? n'eſt-ce pas prophaner le mariage du Verbe diuin auec le tres-no-
ble indiuidu de ſon humanité? n'est-ce pas vilipender le mariage de Ieſus-
Chriſt noſtre Pere, auec l'Egliſe noſtre Mere? n'eſt-ce pas meſpriſer le ma-
riage

61
Des fins dv Mariage.
riage que Dieu daigne miſericordieuſement faire auec nous par ſa grace !
Concluons donc auec le grand Apoſtre S. Paul, honorable connubium in
omnibus
, le mariage eſt honorable en tout ce qui le concerne : le mariage
doit eſtre honoré de tous: tout le monde le doit reuerer, & en faire eſtat.

Filet cadre, rayé.
Du mariage de Dieu auec les perſonnes religeuſes.

CHAPITRE XI

Les vier-
ges ſont
mariées,
& cõment
& toutes
les per-
ſonnes re-
ligieuſes.
SAinct Augustin tract. 9. in Ioan38. monſtre que les perſonnes qui font
profeſſion plus particuliere de chaſteté, comme ſont les perſonnes reli-
gieuſes, ne ſont pas exemptes de mariage : Voicy ſes parolles, Quæ virginita-
tem Deo vouent, licet ampliorem honoris gradum in Eccleſia teneant, tamen ſine nu-
ptijs non ſunt, nam & ipſæ pertinent ad nuptias cum tota Eccleſia, in quibus ſponſus
est Chriſtus
. Les perſonnes qui voüent virginité à Dieu, ſont bien releuées
par deſſus la condition des mariez, toutefois ne ſont pas exemptes de
nopces, elles appartiennent aux nopces auec toute l'Egliſe, dont Ieſus-
Chriſt eſt l'eſpoux.
Dieu n'a pas voulu priuer de l'honneur du mariage, ceux & celles qui ſe
priuent volontairement des nopces charnelles, & des plaiſirs naturels & li-
cites, par le vœux de chaſteté; ains comme ils ſe ſont donnez à luy li-
beralement, & par vn traict extraordinaire d'amour, auſſi Dieu les reçoit par
vn amour ſingulier, en qualité d'eſpouſes, & ſe donne à eux en qualité d'eſ-
poux : & tout ainſi qu'il donne le centuple à ceux qui pour l'amour de
luy quittent leurs maiſons, champs & poſſeſſions, & prend comme ſes
enfans ceux qui renoncent à pere & à mere pour luy, exerceant enuers eux
vne charité plus que paternelle, de meſme il honore d'vn ſainct & ſpirituel
mariage, ceux & celles qui ſe priuent du mariage charnel pour luy com-
plaire : qui ſont tous ceux qui pour l'amour de luy meſpriſent les nopces
charnelles, comme ceux & celles qui font vœux de chaſteté, & principale-
ment les religieux & religieuſes; comme ie m'en vay monſtrer par les rap-
ports que le mariage charnel a auec leur eſtat & condition.
Circon-
ſtances du
mariage
des per-
ſonnes re-
ligieuſes
auec Dieu.
Le mariage conjoinct les parties indiſſolublement, l'vne auec l'autre,
Matth. 19. Quod Deus coniuxit homo non ſeparet: que l'homme ne ſepare ce
que Dieu a conjoinct. De meſme les vœux ſolemnels faits en religion, con-
joignent les religieux inſeparablement auec Dieu : & tout ainſi que ce mot
uolo en mariage, ie veux, ie conſens, fait l'vnion, de meſme au mariage des
religieux
H 3

62
Premier Traite'
religieux le mot voueo, ie vouë, qui emporte auec ſoy vn nœud indiſſolu-
ble: le conſentement qu'on donne au mariage corporel, lie la perſonne a-
uec vne autre perſonne ; le conſentement qu'on donne faiſant le vœux, lie
la perſonne qui le fait auec Dieu, qui eſt vne vnion & liaison plus noble
infiniment & plus agreable, que celle qui ſe fait au mariage corporel : or
comme au mariage le lien en lie deux, l'homme auec la femme, de meſme
par le moyen du vœux le religieux ſe lie à Dieu, & Dieu par ſa bonté infinie
ſe lie à luy.
Au mariage corporel les parties renoncent à la puiſſance qu'elles auoient
ſur leurs corps, ſe les donnans mutuellement ; mais en ce mariage, les re-
ligieux ne renoncent pas ſeulement au pouuoir & liberté qu'ils auoient ſur
leurs corps, mais encor ſur leurs eſprits, faiſans vn tranſport de l'vn & de
l'autre à Ieſus-Chriſt leur eſpoux.
Au mariage corporel l'eſpouſe quitte la maiſon de ſon pere, voire pere,
mere, freres, ſœurs, amis, domeſtiques, & s'en va à la maiſon de ſon eſpoux:
& les religieux quittent toute proprieté, quittent peres & meres pour ſuiure
Ieſus-Chriſt, & ſe rendre ſes domeſtiques, mais bien d'vne autre façon que
d'affection, renonçans ſouuent à toute communication auec eux, voire ſe
priuants meſme ſouuent de leur doux & agreable colloque.
S. Bernard ſerm. 85. in can ica, apres auoir monſtré la reſſemblance que
l'ame religieuſe a auec le Verbe eternel, dit que l'ame ſe voyant eſleuée à
ce degré d'honneur oſe bien aſpirer aux nopces du meſme Verbe : & pour-
quoy, dit-il n'y aſpireroit elle pas ſe voyant ſemblable ? Non terret celſitu-
do quam ſociat ſimilitudo, amor conciliat, profeſſio maritat
: la majeſté du Verbe ne
l'eſpouuante point, puis que la reſſemblance l'aſſocie auec luy, l'amour luy
fait gaigner ſes bonnes graces, & la profeſſion fait le mariage.
La forme de la profeſſion dit S. Bernard, eſt tirée du pſalme I 18. Iuraui
& ſtatui custodire iudicia iuſtitiæ tuæ
. I'ay iuré & reſous de garder les iugemens
de voſtre iuſtice. Les Apoſtres auoient fait cette profeſſion, lors qu'ils di-
ſoient, Matth.19. Ecce nos reliquimus omnia, & ſequuti ſumus te. Nous auons
tout quitté pour vous ſuiure; comme l'homme quitte pere & mere pour
demeurer auec ſa femme, & ſont faits deux en vne chair : partant dit le meſ-
Signes
qu'vne a-
me eſt eſ-
pouſe de
Dieu
me ſainct Bernard, lors que vous verrez vne ame laquelle ayant quitté tout,
s'attache par les vœux auec le Verbe: vit par le Verbe, ſe gouuerne par le
Verbe, conçoit du Verbe, pour enfanter par le Verbe, & qui peut dire auec
S. Paul, Philip. I. Mihi viuere Christus est, & mori lucrum : ma vie eſt Ieſus-
Chriſt, mon gain eſt de mourir pour luy : croyez que cette ame eſt l'eſpouſe
du Verbe mariée auec luy : le cœur de ſon eſpoux ſe confie en elle dans l'ex-
perience qu'il a qu'elle eſt fidelle, puis que pour l'amour de luy elle a tout
meſpriſé,

63
Des fins dv Mariage.
meſpriſé, & tient tout comme bouë pour luy complaire: voila le diſcours
de S. Bernard.
Ce mariage n'eſt pas ſterile, car comme dit le meſme S. Bernard, les eſ-
pouſes de ce mariage ont deux ſortes d'enfantemens, l'vn eſt lors que par la
Enfans du
mariage
des ames
vierges &
religieu-
ſes.
predication elles enfantent les ames, l'autre quand par la meditation elles
produiſent des intelligences ſpirituelles. N'eſt-ce pas du premier enfante-
ment que parloït S. Paul Galat. 4. Filioli mei quos iterum perturio donec forme-
tur Chriſtus in vobis
. Mes chers enfançons que i'enfante vne autre fois, iuſ-
ques à ce que Ieſus-Chriſt ſoit formé en vous. Et de l'autre. 2. Cor. 5. lors
qu'il dit, ſiue mente excedimus Deo, lors que par la meditation il s'vnit auec
Dieu. Les perſonnes religieuſes enfantent lors que par leurs predica-
tions, bons exemples, & ſainctes prieres, elles gaignent les ames à
Dieu : elles enfantent lors qu'elles mettent au iour les bonnes œu-
ures qu'elles ont conceuës par la grace & inſpiration Diuine, ſuiuant
ce que dit Iſaye 26. A facie tua concepimus & quaſi parturiuimus ſpiri-
tum ſalutis
. Or il ne tiendra qu'à nous, que tout ainſi que ce mariage
commence en ce monde par la volonté de Dieu, qu'auſſi il ne ſe conſom-
me dans le ciel.
Tout ainſi qu'au mariage corporel l'eſpouſe diſant ces parolles, ie vous
prens pour mon mary, auſſi toſt elle tranſporte tout ſon amour à ſon
eſpoux, voire ſe donne entierement à luy ; de meſme le religieux doit
donner tout ſon cœur à Dieu, & luy faire vn tranſport de ſoy-meſme, & vi-
ure deſormais ſelon ſa volonté, comme l'eſpouſe eſt obligée ſe conformer à
la volonté de ſon eſpoux.
Tout de meſme que l'eſpoux reçoit l'eſpouſe à ſa protection, luy mon-
ſtre de la familairité & ſe communique à elle, de meſme Dieu prend vn
ſoin particuluer des religieux qui le choiſiſſent pour eſpoux, ſe familiariſe &
communique à eux, & lors qu'ils correſpondent à leur vocation, & viuent
conformement à leurs vœux, les enrichit des dons de ſa ſapience eternelle.
Mariage
du B. Lau-
rent Iuſti-
nian
auec
la Sapiẽce
eternelle.
Le B. Laurent Iuſtinian eſtant aagé de dix-neuf ans eut le bon-heur de
voir noſtre Seigneur en forme d'vne belle pucelle, qui de la ſplendeur de ſa
face ſurmontoit de beaucoup le luſtre du Soleil, & d'vne parole douce
& amoureuſe luy dit; ieune homme pourquoy te trauaille tu tant, cher-
chant la paix? i'ay auec moy & à mon pouuoir ce que tu cherche. Et par-
tant ſi tu me veux prendre pour eſpoux, ie te donneray pour dot vne paix
aſſeurée. Le ieune homme rauy d'vne telle beauté, piqué de telles promeſ-
ſes, luy demanda ſon nom & ſa race. Lors elle reſpondit: Ie ſuis la ſa-
pience Diuine qui ay pris la forme humaine pour reformer les hommes.
Le ieune homme donna incontinent ſon conſentement à ce ſainct ma-
riage, cette pucelle luy donna vn chaſte & gratieux baiſer, & diſparut; & luy
tout

64
Premier Traite'
tout remply de conſolation celeſte s'en alla en vn monaſtere pour y conclu-
re & conſommer ſes nopces, comme il fit par la profeſſion religieuſe.
Les filles
religieu-
ſes ſont
particu-
lierement
eſpouſes
de Ieſus
Chriſt.
Cecy eſt commun tant aux religieux qu'aux religieuſes, mais voicy qui
eſt particulier aux religieuſes, qui ſont encor plus intimement eſpouſes de
Ieſus-Chriſt, par le moyen de leurs vœux, comme elles peuuent reconnoi-
ſtre par les ceremonies que l'on fait en leur profeſſion. Tout ainſi que ia-
dis on mettoit vn voile ſur la teſte des eſpouſes qu'on nommoit velum flam- meum, & de ce voile elles eſtoient appellées nuptæ, c'eſt à dire, voilées, de
meſme les religieuſes ſont voilées, pour monſtrer qu'elles ſont mariées à Ie-
ſus Chriſt, Rebecca Gen. 24. fut voilée auant que d'eſtre conduitte à la mai-
ſon d'Iſaac ſon eſpoux: & entre autre torts dont l'eſpouſe ſe plaint, elle dit
que les gardes luy ont oſté ſon manteau, c'eſt à dire, ſelon la ſignification
Hebraïque, ſon voile. C'eſt icy l'aſyle des vrayes vierges dit Tertulian, c'eſt
leur bouclier impenetrable contre les tentations & meſdiſances, Pura virgi-
nitas ſemper timida oculos fugit, confugit ad velamen capitis, quaſi ad galeam
contra ictus tentationem, contra iacula ſcandalorum, contra ſuſpiciones & ſu
ſurros
, lib. de velandis virginibus39. C'eſt le ſigne de la perpetuelle ſeruitude
qu'elles offrent à leur eſpoux, c'eſt pourquoy en le prenant, elles diſent Suſ-
cipe me ſecundum eloquium tuum & viuam, & non confundas me ab expecta-
tione meæ
. Receuez moy ſelon voſtre parole, & que ie viue, & ne me con-
fondez pas en mon eſperance. On benit ce voile, pour ſigne des be-
nedictions abondantes que Dieu donne en ces nopces ſpirituelles à ſes
eſpouſes.
Voulez vous voir comme Dieu prend plaiſir à ces celeſtes eſpouſes, &
comme pour les careſſer il paſſe par deſſus toutes les loix de nature, y em-
ployant ſa toute puiſſante main? ie vous le monſtreray en la perſonne de
Admira-
ble con-
ſtance de
ſaincte
Aldegon-
de
.
ſaincte Aldegonde, Fondatrice des nobles Damoiſelles chanoineſſes de
Maubeuge en Haynault, cette noble fille eſtant importunée de ſes pere
& mere de ſe marier, voire d'eſpouſer le fils du Roy d'Angleterre, tout
eſtoit preſt pour la celebration des nopces, iour pris, parens & amis inui-
tez, quoy que contre la volonté de la fille. La nuict que l'eſpoux arri-
S. Alde-
gonde

marcha
ſur les
eaux.
uoit à la maiſon du pere de l'eſpouſe, elle s'enfuit, ſe retira en vne fo-
reſt, & s'y cacha, voila tout le monde allarmé voyant que l'eſpouſe ne
paroiſſoit pas, chacun ſe mit en deuoir de la trouuer, & entre autre ſon
eſpoux, qui enfin la trouua en vn deſtroit ne pouuant eſchapper, ayant de-
uant ſoy la Sambre: elle ſe voyant en danger d'eſtre enleuée, & craignant
de perdre ſa virginité qu'elle auoit dediée à Dieu, entendant le bruit des
cheuaux, apprehendant l'affection de ſon eſpoux, ennemy de ſa virginité,
iette vne œillade amoureuſe au ciel, darde dans le paradis cinq ou ſix
fleches d'vn pur amour tirées de ſon cœur, & toute pleine d'vne ſaincte
confiance

65
Des fins dv Mariage.
confiance enuers celuy qu'elle auoit choiſy pour ſon eſpoux, marcha ſur
les eaux comme ſur terre ferme, ayant vn Ange de chaque coſté qui la por-
toit par deſſouz les bras, & s'eſchappa à la veue de ſon eſpoux, lequel tout
eſtonné de la grandeur de ce miracle deſiſta de ſes entrepriſes, connoiſſant
manifeſtement que Dieu ſe reſeruoit cette eſpouſe: mais elle ſe ſentant
touſiours eſpriſe de plus en plus de l'amour de ſon diuin eſpoux, alla trou-
uer Sainct Aubert & S. Amand Eueſques, qui eſtoient en vn monaſtere à
vne lieue de Maubeuge, ſe ietta à leurs pieds, & fondant toute en larmes
les pria qu'ils luy permiſſent de ſe conſacrer à ſon cher eſpoux par vn vœu
ſolennel de chaſteté, pour enfin ſe garantir de importunitez de ſes pa- Prodige
au voile
de Saincte
Aldegõde.
rens, qui vouloient luy donner vn eſpoux mortel, les Eueſques y conſenti-
rent & comme ils beniſſoient le voile, & luy vouloient mettre ſur la teſte
on vit vne colombe deſcendre du ciel, laquelle des pieds & du bec eſle-
ua le voile & le mit ſur la teſte de la ſaincte pucelle, auec l'eſtonnement
de tons les aſſiſtans, on garde encor ce voile à Maubeuge auec grande reue-
rence.
Pour
quoy on
couppe
les che-
ueux aux
religieu-
ſes.
On coupe les cheueux aux religieuſes lors qu'elles ſe voüent à Dieu, ô le
beau myſtere! au Deuter. 21. Dieu donne ceſte loy à ſon peuple, ſi faiſant la
guerre contre vos ennemis vous voyez vne femme parmy les captifs qui
vous plaiſe, & deſirez de l'eſpouſer; introduces eam in domum tuam, quæ radet
ceſariem, & circumcidet vngues, & deponet vestem in qua capta est; ſedenſque in
domo tua, flebit patrem & matrem ſuam vno menſe & poste a intrabis ad eam, dor-
mieſque cum ea & erit vxor tua
. Vous la ferez entrer en voſtre maiſon, elle ra-
ſera ſes cheueux, coupera ſes ongles, quittera la robbe qu'elle auoit lors
qu'elle a eſté priſe, & elle demeurera vn mois en voſtre maiſon pleurant ſon
pere & ſa mere puis elle ſera voſtre femme.
Les religeuſes ne ſont-ce pas des captiues de Ieſus-Chriſt, qu'il a rauy
au monde, à la vanité, au diable; de l'amour deſquelles eſtant eſpris, & de-
ſirant les eſpouſer, il les a fait entrer en ſa maiſon qui eſt la religion, l'entrée
& le paruis du paradis : mais il faut prendre le raſoir en main, couper ſes
cheueux qui ſont les ſoins & affections du monde, & tout amour terrestre,
qui pourroit diminuer l'amour que demãde ce diuin eſpoux: faut retrancher
les ongles, c'eſt à dire toute cholere, rancune, vangeance, rebellion, d'autant
qu'il demande que ſes eſpouſes ſoient douces, paiſibles, obeiſſantes. Faut
quitter ſes anciens habits qui eſt l'habit duquel parle S. Paul Epheſ.4. depo-
nite veterem hominem cum actibus ſuis, & indiuite nouum quid ſecũdum Deum crea-
tus eſt in iustitia & ſanctitate veritatis
, abandonner ſes premieres façons de vi-
ure, l'homme d'Adam, du monde, de la chair, pour ſe reueſtir de Ieſus-Chriſt,
& de toute ſaincteté & vertus, & de la belle robbe nuptiale de la grace. Faut
s'aſſeoir & pleurer vn mois ſon pere & ſa mere, c'eſt à dire, deplorer ſa vie &
ſes
I

66
Premier Traite'
ſes fautes paſſées en faire vne bonne & ſalutaire penitence; penſer quel pe-
re on a eu au monde, qui a eſté Satan; quelle mere, qui a eſté la vanité; pleu-
rer pere & mere qui vous ont engendré, comme s'ils eſtoient morts pour
vous, & les oublier pour plaire à voſtre eſpoux, ſuiuant la condition qu'il de-
mande de ſes eſpouſes, obliuiſcere populum tuum & domum patris tui & concu-
piſcet rex decorem tuum
, & lors Dieu les prent pour ſes eſpouſes.
Les vier-
ges veſta-
les pen-
doient
leurs che-
ueux à vn
arbre.
Anciennement lors qu'on coupoit les cheueux aux vierges Veſtales elles
auoient couſtume de les pendre à vn arbre nommé Lotos40 qui portoit des
fruicts ſi doux, que quiconque en auoit gouſté ne s'en pouuoit retirer. Che-
res vierges, chaſtes eſpouſes de Ieſus, attachez vos cheueux à l'arbre de vie,
qui eſt la ſaincte croix: gouſtez ſes fruicts, vous y trouuerez le fruict benit
que la vierge des vierges41 a donné au monde, & puis tant de fruict ſi doux, &
ſi ſauoureux, que iamais vous ne pourrez vous en ſeprarer. Ie dis plus, mon-
tez hardiment en la croix comme au lict nuptial, vous y trouuerez infailli-
blement voſtre eſpoux, c'eſt la qu'il couche, c'eſt la qu'il ſe repaiſt : c'eſt la
qu'il vous rendra fecondes en toute ſorte de bonnes œuures.
Ce que ſi-
gnifie l'an-
neau qu'õ
donne
aux reli-
gieuſes en
profeſſiõ.
L'on donne vn anneau aux religieuſes en leur profeſſion & leurs dit-on,
deſponſo te Ieſu Chriſto Filio ſummi patris, qui te illæſam cuſtodiat, accipe ergo an-
nulum fidei, ſignaculum ſpiritus ſancti, vt ſponſa Dei voceris, & ſi fideliter ei ſer-
uieris in perpetuum coroneris
. Ie vous eſpouſe auec Ieſus-Chriſt Fils de Dieu
le Pere, & le prie de vous garder entiere, prenez donc l'anneau de la foy,
le ſigne du ſainct Eſprit, afin que vous ſoyez eſpouſes de Dieu, & qu'apres
l'auoir ſeruy fidellement, vous ſoyez couronnée d'vne couronne eternelle.
Voila ce que luy dit celuy qui fait les ceremonies, & elle dit, Annulo ſuo ſub-
arrhauit me Dominus Ieſus & quaſi ſponſam decorauit me corona
. Monſeigneur Ie-
ſus ma donné vn anneau pour arrés de ſon amour, & de ſon alliance, & ma
couronné comme ſon eſpouſe. Aux mariage charnels, l'eſpoux met l'anneau
nuptial au quatrieſme doiſt de la main gauche de ſon eſpouſe, mais on met
l'anneau des religieuſes au quatrieſme doiſt de la main droite, pour mõſtrer
que les mariages du monde ſont ſouuent accompagnez d'afflictions, ſignifi-
ées par la main gauche, mais les mariages des religieuſes de conſolations, &
d'vne vraye ioye du S. Eſprit, ſignifiée par la main droite, dextera Domini fecit
virtutem
.
Comme
Ieſus Ch.
eſpouſe
Saincte
Catherine
de Sienne
.
Se peut il trouuer plus grande careſſe que celle que N. Seigneur fit vn
iour à vne de ſes cheres & amoureuſes eſpouſes, en teſmoignage de celles
qu'il fait tous les iours aux religieuſes qui le choiſiſſent pour eſpoux. C'e-
ſtoit S. Catherine de Sienne, laquelle eſpriſe d'vn tres-ardẽt deſir de ſe cõſa-
crer entierement à Ieſus-Chriſt, principalement par vne viue foy, luy de-
mandoit ſouuent auec les Apoſtres qu'il luy accreut ſa foy, en ſorte que ia-
mais rien ne l'esbranla en ſa croyance, & noſtre Seigneur luy reſpondoit ſou-
uent,

67
Des fins dv Mariage.
uent, deſponſabo te mihi fide, ie t'eſpouſeray en la foy. Or pendant les liber-
tez & diſſolutions du carnaual s'eſtant retirée dans ſa cellule pour ne pen-
ſer qu'a ſon eſpoux, luy faiſant inſtance de luy accorder ce qu'il luy auoit
ſi ſouuent promis, noſtre Seigneur luy apparuſt accompagé de ſa benitte
mere & d'aucuns ſaincts, & luy dit, quia tu ſpreuiſti vanitates mundi, amplexa
crucem & pœnitentiam, quærens ſummum & æternum bonum, his diebus quibus
mundani vacant gulæ & luxuriæ, ideo ego te deſponſabo
. D'autant que vous auez
meſpriſé les vanitez du monde, & embraſſant la croix & la penitence, vous
auez cherché le vray & ſouuerain bien en ces iours auſquels les autres
s'addonnent à la gourmandiſe, & à la luxure, ie vous eſpouſeray. Les ce-
remonies de ces ſainctes eſpouſailles furent que Noſtre Dame prit la main
droite de Saincte Catherine, & tenant une anneau en ſa main pria ſon
fils de vouloir ce qu'il auoit tant de fois promis à cette chaſte
pucelle, noſtre Seigneur exauçant les prieres de ſa mere, prit l'anneau qu'el-
le tenoit & le mit au doiſt de Catherine ſon eſpouſe, diſant moy Ieſus
voſtre Createur & Sauueur vous eſpouſe en la foy & fidelité, qui durera
des à preſent ſans changer iuſques à ce que vous iouiſſiez des nopces eter-
nelles & me voyez face à face. Partant combatez genereuſement, & for-
tifiée de la foy que iay emprainte en voſtre cœur, ſurmontez tous les
allechemens du monde, & toutes les difficultez qui vous ſuruiendront, tri-
omphez de tous les aſſaults de voſtre chair, & de toutes les tentations de
l'ennemy. Cette hiſtoire eſt rapportée par Raymondus ſon confeſſeur &
ceſt anneau eſt gardé à Rome au conuent des religieuſes de Sainct Domi-
nique
.
Voila comme Dieu ſe comporte interieurement auec les religieuſes
ſes eſpouſes, mais auſſi voila les conditions qu'il demande d'elles : les
autres circonſtances de ce ſainct mariage ſe peuuent tirer de ce que iay
dit au chapitre precedent du mariage de Dieu auec l'ame, par la gra-
ce.

Filet cadre, rayé.
De l'uſage du mariage.

CHAPITRE XII.

O Vtre beaucoup d'heretiques qui ont abſolument cõdamné le mariage
& sõ vſage, oſans dire que c'eſtoit vne choſe mauuaiſe, damnable, illici-
te, Diabolique: ſe ſont trouuez aucũs docteurs Catholiques, qui ont dit que
l'vſage
I 2

68
Premier Traite'
Que l'v-
ſage du
mariage
peut eſtre
ſans aucũ-
peché.
l'vſage du mariage ne pouuoit eſtre ſans peché, à tout le moins veniel. Voyez
Sanchez de matrim. 1. 9. diſp. 1.
Cette opinion ſemble choquer Dieu meſme, puis qu'ayant inſtitué le ma-
riage, ſi ſon vſage eſt mauuais, & ne peut eſtre ſans peché, il s'enſuit que le
mariage eſt mauuais, & par conſequent que Dieu eſt autheur d'vne choſe
mauuaiſe, qui eſt vne hereſie.
Dieu eſt
autheur
du maria-
ge.
Or perſonne ne peut nier que Dieu ne ſoit autheur du mariage, ſans
nier pareillement la verité des Eſcritures Sainctes, qui diſent expreſſement
que Dieu ayant conſideré tout ce qu'il auoit creé auec vne telle puiſſance,
& rangé auec vn ordre ſi admirable, il ietta les yeux ſur l'homme, com-
me ſur ſon chef d'œuure, comme ſur le Prince qu'il eſtabliſſoit pour preſi-
der au reſte, & dit, Non eſt bonum hominem eſſe ſolum, faciamus ei adiutorium
ſimile ſibi
. Gen. 2. Il n'eſt pas expedient, ny conforme à l'intention, que
nous auõs eu en la production de cét vniuers, que l'homme ſoit ſeul, faiſons
luy vn aide ſemblable à luy ; ainſi il luy enuoya vn ſommeil extatique, pen-
dant lequel, ſelon l'opinion des Saincts Peres; il luy reuela beaucoup de
merueilles, luy fit connoiſtre, comme il eſtoit ſon Souuerain Seigneur &
Createur : comme il formoit Eue d'vne de ſes coſtes : comme il vouloit
eſtre l'inſtituteur du mariage : puis à ſon reueil, luy ayant preſenté cette
premiere femme, il dit, Hoc nunc os deex & adhærebit uxori ſuæ, & erunt duo
in carne una
. Voila vn os de mes os, la chair de ma chair, partant, l'hom-
me quittera ſon pere & ſa mere pour demeurer auec ſa femme, & ſeront
deux en vne chair : paroles qui contiennent les loix & conditions du ma-
riage, & qui ne doiuent eſtre conſiderées, comme prouenantes purement
& ſimplement d'Adam, mais comme à luy inſpirées de Dieu, qui ſe ſeruoit
de la bouche d'Adam pour promulger les loix qu'il vouloit eſtre obſeruées
au mariage. C'eſt pourquoy noſtre Seigneur en Sainct Matth. 19. attribuë
ces paroles à Dieu meſme, diſant, Quod Deus coniunxit, homo non ſeparet, que
l'homme ne ſepare point ce que Dieu a conioinct.
Donc le premier autheur du mariage n'eſt autre que Dieu, qui a creé la
femme, la fait d'vn autre ſexe que l'homme à cauſe du mariage, la preſenté à
l'homme comme paranymphe du mariage, & partant ny le mariage, ny ſon
vſage ne ſont mauuais, ſi nous ne voulons faire Dieu autheur du mal, qui ſe-
roit vn blaſpheme.
Que le
mariage
n'eſt pas
mauuais.
Sainct Paul confirme cette verité par paroles expreſſes, I. Corinth. 7.
lors qu'il dit, que celuy qui marie ſa fille fait bien, Qui matrimonia iungit
virginem ſuam, bene facit
, & au meſme lieu, Si nupſerit virgo non peccavit, la
vierge qui ſe marie ne peche point. Et I. ad Timoth. 4. Volo ego iuniores
nubere, filios procreare, matres familias eſſe
, quant à moy (il parle en maiſtre)
i'entens

69
Des fins dv Mariage.
i'entens que les ieunes (il entend les vefues) ſe marient, mettent des en-
fans au monde, ſoient meres de familles, & I. ad Timoth. 2. Saluabitur,
mulier, per filiorum generationem
, La femme ſera ſauuée en engendrant des
enfans. Enfin aux Hebreux 13. il dit que le mariage eſt honorable en tout,
donc & en ſa ſubſtance, & en ſon vſage. Dieu a commandé aux premiers
hommes, au moins permis qu'ils ſe mariaſſent & miſſent des enfans au
monde. Geneſ 2. Creſcite & multiplicamini & replete terram, croiſſez, mul-
tipliez & rempliſſez la terre, ce ſeroit blaſphemer de dire que Dieu eut
commandé ou permiſ vne choſe mauuaiſe, & à l'occaſion de laquelle il a
donné ſa benediction, qui a eſté ſi efficace, qu'en vertu d'icelle, de deux per-
ſonnes s'eſt faicte vne telle multiplication iuſques au deluge42; & depuis le
deluge, en vertu de la meſme benediction, de trois fils qu'avoit Noé, l'eſ-
pace de deux cent cinquante ans, le monde s'eſt tellement peuplé, que Ni-
nus
qui regna enuiron deux cent cinquante ans apres le deluge, fit vne ar-
mée de dix ſept cent mille hommes de pied, & de deux cent mille cheuaux :
Diodorus lib 3. c.2.
L'vſage
du maria-
ge eſt vn
acte de iu-
ſtice.
Tant s'en faut que l'vſage de mariage ſoit mauuais & touſiours peché, au
contraire c'eſt vn acte de la vertu de iuſtice, entant que les conioincts ſe rẽ-
dent mutuellement, ce à quoy ils ſont obligez par contract de iuſtice. Et qui
empeſche que l'vn & l'autre des mariez, en l'vſage de leur mariage, ne dreſſẽt
leur intention à la lignée qu'il plaira à Dieu leur donner : ne s'arreſtans pas à
la conſeruation de l'eſpece pour laquelle le mariage eſt ordonné de Dieu, &
à quoy la nature encline vniuerſellement, & partant qui ne peut eſtre mal,
mais pouſſant leur intention plus auant, qui eſt le ſeruice & honneur de
Dieu qu'ils pretendent en la generation & education des enfans, qui eſt vn
acte de religion & partant louable.
Outre ce que deſſus, le mariage des Chreſtiens a cela de plus, qu'il eſt Sa-
crement, & par conſequent accompagné de la grace Sacramentale, que s'il a
quelques incommoditez, il a ſes biens & commoditez pour recompenſe.
D'ou pro-
uient la
honte qui
eſt en l'v-
ſage du
mariage.
I'accorde que l'vſage du mariage, a ie ne ſçay qu’elle honte, qui fait que
les mariez ne l'exercent qu'en cachette; il ne s'enſuit pas pourtant qu'il ſoit
mauuais, cette honte dit S. Aug. 14. de Ciuit. Dei, prouient de ce que la
raiſon rougit, de ſe voir aucunement ſubiecte aux membres du corps, & à
des mouuemens qui ne ſont purement de ſes ordonnances : elle rougit à cau-
ſe qu'elle reſſent la punition de ſa rebellion contre Dieu, qui eſt la rebelliõ
de la chair contre elle.
L'vſage
du maria-
ge eſt me-
ritoire.
De ces diſcours chacun peut connoiſtre que non ſeulement l'vſage du
mariage n'eſt pas mauuais, ny touſiours accompagné de peché, mais que
lors qu'il eſt practiqué en eſtat de grace, & auec ſes circonſtances, il
eſt meritoire ; tout ainſi que les autres bonnes œuures qui ſont faites en
grace
I 3

70
Premier Traite'
grace & auec les circonſtances requiſes. Eſcoutons parler S. Auguſt. lib. de
bono coniugali
c. 6. Coniugalis concubitus generandi gratia non habet cul-
pam, concupiſcentiæ vero ſatiandæ, ſed tamen cum coniuge propter fidem to-
ri, venialem habet culpam, adulterium vero, ſine fornicatio lethalem habet
culpem
. L'vſage du mariage rapporté à la generation n'eſt pas peché :
rapporté ſeulement à contenter ſa concupiſcence eſt peché veniel, quoy
que dans la fidelité coniugale : l'adultere & la fornication ſont pechez mor-
tels, & au chapitre 7. Continentia meriti eſt amplioris, reddere debitum coniugi
nullius est criminus, exigere vltra generandi neceſſitatem culpæ venialis, forni-
cari vel mœchari puniendi criminis
. La continence eſt plus meritoire; rendre
le deuoir à ſa partie n'eſt pas peché, demander le deu de mariage ſans au-
cune intention de generation eſt peché veniel: adulterer & paillarder eſt pe-
ché mortel.
L'vſage
de maria-
ge eſt ſou-
uent obli-
gatoire.
I'adioute à ce que deſſus, que l'vſage de mariage eſt ſouuent obliga-
toire, ſuiuant les paroles de Sainct Paul 1. Corinth. 7. Vir vxori debitum red-
dat, ſimiliter & vxor viro: qui a mulier non habet potestatem corporis ſui ſed vir,
ſimiliter vir non habet poteſtatem corporis ſui ſed mulier
. Que le mary rende
le deuoir à ſa femme, & la femme au mary : d'autant que la femme n'a pas
le pouuoir de ſon corps, mais le mary : de meſme le mary n'a pas le pou-
uoir de ſon corps, mais la femme, en quoy la femme n'eſt nullement infe-
rieure à ſon mary. Or tout ainſi que c'eſt vn peché contre iuſtice de rauir
le bien d'autruy contre la volonté du proprietaire; ainſi le pouuant rendre,
& ne le faiſant, on luy fait tort, & partant vn des conioincts refuſant le
deuoir de mariage, à l'autre luy pouuant donner, fait contre iuſtice; &
contre le commandement de Dieu promulgé par Sainct Paul : & ſi celuy
qui encourt ce refus, fait mal à raiſon de ce refus, l'autre qui a fait le
refus eſt cauſe du mal : & notez qu'en cela n'importe ſi l'on le demande par
parolles expreſſes ou tacitement, comme ſeroit par ſignes, careſſes, ou
Le refus
du deu de
mariage
ordinaire-
ment eſt
peché
mortel.
autrement, comme il arriue ſouuent, lors que la honte empeſche qu'on en
vienne aux parolles expreſſes: & l'obligation à ce deu, eſt dautant plus gran-
de lors qu'on s'apperçoit qu'à faute de cela, l'vn des conioincts viendroit à
commettre quelque incontinence, ou quelque choſe contre la fidelité con-
iugale, & contre le ſalut de ſon ame. Parlant ordinairement tel refus, eſtant
fait ſans cauſe, eſt peché mortel : ie dis parlant ordinarement & ſans cauſe,
ce qui eſt digne de conſideration.
Quoy que l'vſage du mariage ſoit licite comme ie viens de monſtrer;
ſoit vn acte de vertu; ſoit meritoire; voire ſouuent obligation ſoubs pei-
ne de peché mortel : toutefois il ſe peut faire, & pleut il à Dieu que n'ar-
riuaſt ſi ſouuent qu'il eſt illicite & mauuais, ou à cauſe de la fin qu'on ſe
propoſe

71
Des fins dv Mariage.
propoſe en iceluy; ou à cauſe du temps: ou de la façon qu'on l'exerce.
Les fins
du maria-
ge & qu'õ
peut auoir
en ſon vſa-
ge.
La vraye & principale fin du mariage, eſtant la generation, l'vſage du
mariage eſtant rapporté à cette fin, eſt bon. Ne faut toutefois s'arreſter pu-
rement à la lignée, mais la rapporter au ſeruice & honneur de Dieu: n'eſt pas
toutefois neceſſaire que cela ſe face auec vne intention actuelle, toutes &
quantes fois qu'on vient à l'vſage du mariage, ſuffit qu'on ait eu ceſte inten-
tion en ſe mariant & qu'elle ne ſoit reuoquée par quelque intention contrai-
Faut rap-
porter la
lignée à
Dieu en
l'vſage du
mariage.
re, & voyla la vraye principale & meilleure fin du mariage.
Lors qu'on a pour fin en l'vſage du mariage, de rendre le deuoir à ſa par-
tie, & luy garder la promeſſe qu'on luy a faite, vn acte de iuſtice, quand
on le fait pour empecher l'incontinence en ſa partie, de laquelle on s'apper-
coit, c'est vn acte de charité.
Aucuns ſont d'aduis que quiconque en l'vſage du mariage ne pretend
Si c'eſt pe-
ché d'vſer
du maria-
ge, pour
euiter l'in
continen-
ce.
autre choſe, & n'a autre fin que d'euiter l'incontinence ou fornicatiõ en ſoy-
meſme peche venielement, s'il la peut euiter par quelques autres moyens :
que s'il ne le peut faire par autres moyens, qu'il peut licitement & ſans pe-
ché ſe ſeruir de ceſluy-cy : d'autres diſent que les mariez ne ſont pas obli-
gez ſur peine de peché de ſe ſeruir d'autres moyens, comme ieuſnes, auſte-
ritez & c. Mais peuuent ſe ſeruir de l'vſage du mariage, dautant que de-
puis le premier peché le mariage a vne ſeconde fin, qui eſt de ſeruir de re-
mede à l'incontinence & partant qu'il ny peut auoir aucun peché, en s'en
ſeruant ſelon la fin de ſon inſtitution, ce qui eſt aſſez probable & au ſoulage-
ment des conſciences.
On peut pretendre la conſeruation ou recouurement de la ſanté en
Comme
on peut
vſer du
mariage
pour ſa
ſanté.
l'vſage du mariage, quand il ny a point dautres remedes ou moyens
pour ce faire, autrement non; & s'en ſeruir à ceſte fin, ayant d'autres
moyens, ce ſeroit peché veniel, dautant que c'eſt peruertir l'ordre de ce Sa-
crement.
L'vſage
du maria-
ge pour le
ſeul plai-
ſir eſt pe-
ché ve-
niel.
C'est contre le bon ordre eſtably de Dieu en l'inſtitution du mariage de
n'auoir autre fin en ſon vſage, ou d'auoir pour fin principale, le plaiſir & tel
vſage eſt peché veniel.
On ſe peut propoſer en l'vſage du mariage la repreſentation de l'vnion du
Verbe auec l'humanité, toutesfois ne faut s'arreſter preciſement à ceſte fin,
mais le faut ioindre auec les autres qui ſont ou la lignée qu'on pretend, ou
L'vſage
du maria-
ge n'eſt
defendu
les iours
de feſtes
ou de
ieuſnes.
la foy du mariage, qu'on accomplit, rendant le deuoir à ſa partie. Voila ce
qui concerne la fin.
Quant à ce qui concerne le temps ie ne trouue aucun commande-
ment qui defende l'vſage du mariage les iours de feſte, voire les plus
celebres, ny les iours de ieuſne, de Careſme, de profeſſionsproceſſions publiques
ou

72
Premier Traite'
ou autres ſemblables; il eſt bien vray qu'on le conſeille auec S. Paul, Corint. 7.
Vt vacetis orationi. Pour s'addonner à la deuotion : mais notez que ceſt vn
conſeil non vn commandement; vne exhortation, non vne obligation. On
ne ſçauroit toutefois nier qu'il ne ſoit ſouuent expedient de s'abſtenir pour
eſleuer l'eſprit à Dieu, pour le ſeruir auec plus de pureté & de deuotion, &
afin que les mariez conſpirent enſemblement à leur ſalut auec plus de li-
berté d'eſprit, & ſe rendent plus idoines de la grace de Dieu, & impetrent
plus efficacement ſon ſecours & aide, non ſeulement contre les maux & dif-
ficultez de leur eſtat, mais encor contre les maux & afflictions communes &
publiques. C'eſt pourquoy le Prophete Ioel. c. 2. exhortant le peuple à ap-
paiſer Dieu, & à recourir à ſa miſericorde par l'exercice de toutes ſortes
de bonnes oeuures, n'obmet pas la continence des mariez, diſant, egrediatur
ſponſus de cubili ſuo, & ſponſa de thalamo ſuo
.
Il eſt aſſez probable que pendant le deluge qui eſtoit vne affliction vni-
uerſelle on garda la continence. Vrie ſçachant que l'armée & l'arche de Dieu
eſtoient en danger, ne voulut aller repoſer en ſa maiſon, ny viſiter ſa femme,
quoy que Dauid luy commandaſt: le Prophete Zacharie c.12. deſcriuant
vne affliction publique en Hieruſalem dit, plagent familiæ ſeorſum & mulieres
eorum ſeorſum
, les femmes meneront le düeil ſeparement de leurs marys, où il
denote aſſez l'abſtinence du mariage dans les afflictions publiques, & c'eſt
en ſemblables cas que ſe peut entendre ce que dit S. Paul, Corinth, 7. qui ha-
bent vxores tanquam non habentes ſint
. Ceux qui ont des femmes ſe comportent
comme s'ils n'en n'auoient point qui ſe peut expliquer, ou bien que les ma-
rys doiuent tellement aimer leurs femmes qu'ils n'offenſent Dieu pour
leurs complaire : ou bien qu'ils ſe doiuent tellement ſeruir du mariage,
qu'ils ſçachent s'en abſtenir en temps & lieu. Faut toutefois prendre garde
que ſemblable abſtinence ne cauſe quelque incontinence, autrement vau-
droit mieux retourner à l'vſage du mariage, car ce n'eſt qu'vn conſeil.
La Com-
munion
n'empeſ-
che l'vſa-
ge de ma-
riage.
La Communion faicte ou à faire n'empeche pas l'vſage du mariage, voi-
re le meſme iour, car il ny a nul commandement : ſe fait bien toutefois vne
certaine ſtupidité, eſtourdiſſement & euagation d'eſprit qui prouient ſou-
uent d'vn tel vſage, & ſemble indecent de s'approcher d'vn ſi adorable &
venerable Sacrement tandis que telle euagation dure : laquelle neantmoins
pourroit eſtre compenſée ou à cauſe de la ſolemnité du iour; ou à cauſe de
quelque iubilé, ou grandes indulgences; ou d'autant que ſi on s'abſtenoit de
la Communion il y pourroit auoir quelque ſcandale. Ainſi abſolument par-
lant on peut demander le deu du mariage, le iour qu'on a communié, ou
qu'on doit communier, ſans peché, & à plus forte raiſon celuy des parties
qui en eſt requis, le doit rendre, & la Communion ou faite, ou à faire le meſ-
me iour, ne le peut exempter de ſatisfaire, à ce à quoy la iuſtice l'oblige.
Ie

73
Des fins dv Mariage.
Ie prieray toutefois les mariez de ſe ſouuenir, que ſi Dieu commanda
aux Iuifs d'eſtre ſanctifiez, c'eſt à dire, de s'abſtenir de l'vſage du mariage
trois iours auant que de receuoir la Loy, & voir les merueilles qu'il deuoit
faire, que c'eſt incomparablement plus de receuoir l'autheur de la Loy en
ſoy meſme: & que ſi Abimelech ne donna les Pains de propoſition à Dauid
ny à ceux de ſa ſuitte, que ſur l'aſſeurance que Dauid donna qu'ils s'eſtoient
abſtenu de l'vſage du mariage, c'eſt icy le pain des Anges, & partant digne
de toute reuerence : Ie ne dis pas qu'il y aye obligation de s'abſtenir, ie
dis que c'eſt vn bon & ſalutaire conſeil, faut toutefois ſe garder de toute
incontinence, & prendre garde de ne manquer au deuoir auquel on eſt
obligé à ſa partie par voye de iuſtice.
Continẽce
de ſainct
Louys
.
I'apporteray icy la pratique du grand & incomparable S. Louys Roy de
France, qui eſt plus admirable qu'imitable : auſſi ne pretens ie pas d'en ti-
rer vne conſequence pour les mariez, qui potest capere capiat. L'imite qui
le pourra faire. Nonobſtant qu'il menaſt vne vie totalement religieuſe &
que ſa vie fuſt vne continuelle preparation à la Communion : qu'il ſe con-
feſſaſt tous les vendredis, que toutes & quantes fois qu'il ſe confeſſoit il
deſcouurit ſes eſpaules & ſe fit donner la diſcipline43 par ſon confeſſeur auec
vne diſcipline faicte de cinq chainettes de fer qu'il portoit dans vne boiſte
d'yuoir : qu'il portaſt le cilice fort ſouuent: qu'il donnaſt chaque iour
quarante eſcus aux pauures ; qu'il leurs ſeruit à table, leurs lauaſt les pieds,
qu'il baiſaſt les lepreux, leurs parlaſt familiarement & menaſt vne vie Ange-
lique, toutefois il s'abſtenoit de l'vſage du mariage tout l'aduent & le ca-
reſme, & quatre iours apres auoir communié. Quelle continence en vn
Roy! mais comme i'ay dit, elle eſt plus admirable qu'imitable, Abrahamus
Bzouius
in annalibus ad annum
1270.
Si l'excõ-
munica-
tion em-
peſche l'v-
ſage du
mariage.
L'excommunication de l'vn des conjoincts n'exempte pas l'autre de luy
rendre le deu de mariage : voire quand bien tous deux ſeroient excommu-
niez l'vſage du mariage ne leurs ſeroit pas pourtant interdit, ſi ce n'eſtoit
que l'excommunication fuſt à cauſe du mariage, la valeur duquel fuſt
en doubte.
L'vſage
du maria-
ge en pu-
blic peché
mortel.
L'vſage du mariage en lieu public eſt peché mortel, car c'eſt contre la
bien-ſeance & contre l'honneſteté humaine, & c'eſt donner occaſion de
ſcandale à ceux qui verroient telle action.
Il n'eſt non plus permis en lieu ſacré ſans neceſſité : c'eſt vne neceſſité
Commẽt
permis en
lieu ſacré.
ſuffiſante lors que le mary & la femme ſont aſſiegez depuis lõg temps en vne
Egliſe, principalement quand il y a quelque danger d'incontinence, voire
quand il n'y auroit nul danger d'incontinence, ſi la detention eſt longue.
L'honneſteté ne me permet de ſpecifier ce qui concerne la façon ou ſitua-
tion : ie diray ſeuelement que toute ſituation voire toute action qui em-
peſche
K

74
Premier Traite'
peſche directement l'effect de la generation en l'vſage du mariage eſt peché
Tout n'eſt
pas per-
mis aux
mariez.
mortel, comme eſtant contraire à la fin du mariage : & i'aduertiray les
mariez qu'ils ne ſe trompent pas penſans que ſouz pretexte de mariage tout
leurs ſoit permis, & qu'ils puiſſent faire l'vn enuers l'autre tout ce qu'ils
veulent, qu'ils ſe ſouuiennent de ce que dit S. Paul 1. Theſſal. 4. Sciat vnuſ-
quiſque vestrum vas ſuum poſſidere in ſanctificatione & honore, non in paſſione de-
ſiderij, ſicut & gentes quæ Deum ignorant
, que chacun de vous autres poſſede ſon
vaſe, le mary ſa femme, la femme ſon mary, auec ſaincteté & honneſteté, non
auec vne paſſion de leurs deſirs effrenez, comme les payens qui ne cognoiſ-
ſent pas Dieu. Mais diſons, pires que les beſtes, ſicut equus & mulus, comme
cheuaux & mulets, voire pires! puis que les beſtes gardent l'ordre de natu-
re, que les hommes outrepaſſent ſouuent, ne mettans aucune borne à leur
deſordonnée ſenſualité.
O le beau mot que dit S. Fulgence! epiſt 1. de coniug. où ayant monſtré
comme les mariez ſe doiuent comporter, il cõclud Sic ergo debet quæri ex nu-
ptijs fructus, vt cohibendus ſit lubricæ voluptatis exceſſus
. Il faut tellement cher-
cher le fruict au mariage que l'on empeſche l'excés de la volupté deſordon-
née. O combien qui font tout le contraire! qui ne cherchent nullement le
fruict, ains font tout leur poſſible pour l'empeſcher, ne pretendans que le
contentement de leurs infames & brutales voluptez, neque nuptias mundas iam
custodiunt
, Sap. 14. ſaliſſans leur mariage.
Si l'vſage
du maria-
ge eſt per-
mis pen-
dant les
ordinaires
de la fem
me.
La loy ancienne de ne s'approcher d'vne femme qui a ſes ordinaires eſtoit
vn precepte legal, qui n'a point de lieu maintement : c'eſt toutefois vn con-
ſeil auquel on ne doit auoir aucun eſgard, lors qu'il y a danger d'incontinen-
ce, ou crainte que le mary ne diminue ſon affection enuers ſa femme, ou ſem-
blable cauſe : & quoy qu'il fuſt probable que d'vn tel vſage, deut naiſtre vn
enfant monſtrueux, pluſieurs Docteurs penſent qu'on ne commettroit aucun
peché mortel par vn tel vſage, & eſt certain que la femme qui eſt en tel eſtat
eſtant requiſe de ſon mary, apres l'auoir aduerty de l'eſtat auquel elle ſe re-
trouue, eſt obligée de cõdeſcendre à ſes volontez, s'il perſiſte à ſes intentions.
L'vſage du mariage n'eſt pas illicite pendãt la groſſeſſe : & les mariez apres
l'accouchemẽt ne ſont pas obligez de garder les iours de la purification pre-
ſcriptes en la loy Moſaïque Leuit. 12, la loy eſtoit ceremoniale & eſt abrogée.
Si l'vſage
du maria-
ge eſt per-
mis aux
foux.
Quand les deux cõjoincts ſont foux ou furieux faut les ſeparer & ne leurs
permettre l'vſage du mariage, à cauſe du danger que l'enfant encourroit. Si
l'vn eſt ſain d'eſprit, l'vſage du mariage eſt permis, ſuppoſé qu'il n'y aye nul
danger d'auortement, ny peril pour le regard de celuy qui eſt ſain d'eſprit.
Lors que celuy qui eſt fol ou furieux demande le deu de mariage, celuy qui
eſt ſain d'eſprit n'y eſt pas obligé, d'autant que la demande de l'autre n'eſt
pas vne action humaine, libre ny raiſonnable : toutefois il pourroit arriuer
quel-

75
Des fins dv Mariage.
quelques fois qu'il y ſeroit obligé, à raiſon du peril d'incontinence. Cela s'en-
tend de ceux qui ſont continuellement foux & ſans aucun interual.
On n'eſt
pas obligé
au deu du
mariage
auec nota-
ble inter-
eſt de ſa
ſanté.
Perſonne n'eſt obligé au deu de mariage auec notable intereſt de ſa ſanté.
Si l'vn des mariez eſt lepreux & l'autre ſain, celuy qui eſt ſain n'eſt obligé à
rendre le deuoir, s'il y a danger de contagion, ou s'il a grande horreur de l'au-
tre, ce qui ſe doit entendre lors que la lepre eſt ſuruenue depuis le mariage,
car ſi elle l'a precedé, & a eſté connue de celuy qui eſt ſain, il eſt obligé au
deu de mariage, car c'eſt vne charge qu'il a voulu ſubir.
Quiconque ſçait que le mariage eſt nul ne peut ny rendre, ny demander
le deu de mariage à la partie qui n'en ſçait rien, car ce ſeroit fornication :
voire n'y a aucun commandement de ſuperieur qui l'y puiſſe obliger.
La pudeur m'oblige d'obmettre beaucoup d'autres cas concernans cette
matiere, & renuoyer ceux qui auront quelque doubte, aux reſolutions des
Docteurs qui en ont amplemet eſcry : ou aux aduis d'vn ſage, docte & prudẽt
confeſſeur, pluſtot que d'expoſer au vulgaire ce qui ſeroit peut eſtre leu auec
plus de curioſité que d'vtilité, auec plus de deſtruction que d'edification : i'en
diray encor quelque choſe traitant des empeſchemens qui rendent le ma-
riage illicite.
Les ma-
riez peu-
uent eſtre
parfaits.
Les mariez ne doiuent pas perdre courage en leur condition, ils peuuent
y trouuer la perfection : s'ils ne peuuent y auoir la pureté de corps, au moins
qu'ils s'efforçent d'avoir la pureté d'eſprit : que ſi la ſenſualité les emporte quelques fois qu'ils eſcoutent ce que dit S. Fulgence, epiſt. 1. de coniug.
Coniugatus ſi tori fidem non deſerat, ſed in uxore ſua naturali dumtaxat uſu ali-
quantum excedat, non ſolum generationem quærens, ſed carnis libidini obediens,
hoc equidem ſine culpa non ſacit. Talis autem culpa, citius bene operanti atque
oranti remittitur: quia ipſi coniugi ſeruat maritalis charitas fidem, in qua non potest
maritalis infirmitas cuſtodire temperiem: et ſi nuptialis in vxore modeſtia non tenetur,
à nuptiali tamen fide, nulla immoderatione diſceditur
. Si celuy qui eſt marié n'en-
fraint pas la fidelité coniugale, mais en l'vſage de ſon mairage fait quelque
excés, ne cherchant pas ſeulement la generation, mais encor de contenter ſa
ſenſualité, il n'eſt pas ſans faute, mais telle faute ſe remet ayſement par les
bonnes œuures & par l'oraiſon, d'autant qu'il garde la fidelité à ſa partie,
quoy qu'en cela l'infirmité humaine s'emporte à quelque excés, & encor
bien que la modeſtie qui y deuroit eſtre n'y ſoit pas, toutefois rien ne ſe fait
contre la fidelité qui eſt deuë.
Ces parolles doiuent ſeruir d'exhortation aux mariez d'exercer des bon-
nes œuures, & de s'addoner à l'oraiſon autant que leur condition leur
permettra, afin que par ce moyen ils ſatisfacent pour les excés auſquels la
ſenſualité & l'infirmité humaine pourroit les emporter à l'vſage de leur ma-
riage, & qu'ils reparent de ce coſté là ce qu'ils pourroient perdre de l'autre.
Des
K 2

76
Premier Traite'

Filet cadre, rayé.
Des mauuaiſes fins qu'aucuns ſe propoſent au mariage,
& premierement de ceux qui ſe marient
principalement pour les richeſſes.


CHAPITRE XIII.

Le deſor-
dre des
choſes hu-
maines
vient faute
de ſe pro-
poſer la
fin.
IL ſemble que tout le deſordre qui ſe retrouue és choſes humaines, pro-
cede de ce qu'on ne conſidere pas aſſez la fin de chaque choſe: par exem-
ple, pourquoy eſt-ce qu'aucuns employent leurs richeſſes à ioüer? à des
baſtimens ſuperflus, à yurongner & gourmander? à contenter leur lubri-
cité & en choſes ſemblables? ſinon d'autant qu'ils ne conſiderent pas aſſez
la fin pour laquelle Dieu leurs a donné. On ſe mocqueroit de celuy qui em-
ploiroit du velour, du ſatin, du drap d'or, pour torcher les planchers;
mais quelle occaſion de mocquerie? ſinon d'autant qu'il ne conſidere pas
aſſez la fin de ces eſtoffes pretieuſes, qui ne ſont pas faites pour vne choſe
ſi vile à laquelle il les employe, elles ſont faites pour vne fin plus noble.
Ne ſeroit-ce pas le monde renuerſé, ſi ayant à receuoir quelque grand Roy,
dans vn ſuperbe palais, vous logiez ſes cheuaux ou valets dans les belles
chambres dorées, azurées, lambriſſées, hiſtoriées, tapiſſées, & le Roy aux
eſcuries, ne voyez vous pas que c'eſt contre la fin qu'on s'eſt propoſée à la
baſtiſſe de ce palais?
La plus part des hommes en leurs actions & deliberations ſont ſemblables
aux petits enfans, qui empoignent tout auſſi toſt ce qu'on leurs preſente ;
monſtrez leurs vn couſteau, ils l'empoignent & ſe couppent ; vne chandelle
ils y mettent le doigt & ſe bruſlent: pluſieurs prennent le premier eſtat &
condition qu'on leurs offre, ſans penſer plus auant, & ſouuent ſe procurent
leur ruine & mal-heur eternel. Tout ainſi que preſentant à vn villageois vn
liure bien doré, dãs lequel il y a quelques figures, & qui eſt rempli d'vne bel-
le, haute & ſalutaire doctrine, ce bon homme s'amuſe à conſiderer cét or &
ces images, sãs ſe ſoucier du principal, qui eſt la doctrine, de meſme pluſieurs
en leurs actions & deliberations ne regardent que ie ne ſçay quelle pa-
rure, ie ne ſçay quoy d'exterieur ſans percer plus auant, prenans ſouuent
l'ombre pour le corps; l'accident pour la ſubſtance ; & les moyens, pour la
fin : ainſi au progrés de leurs actions, ce n'eſt que deſordre faute d'en auoir
bien conſidéré la fin.
Si cela eſt veritable en toutes autres actions humaines, il eſt ſans doute
tres veritable au mariage, lequel la plus part des hommes entreprennent
ſans ſçauoir ce qu'ils ſont, ny pourquoy ils le font : s'y iettans ſans conſidera-
tion

77
Des fins dv Mariage.
tion & ſans reflexion. Aucuns le font par ſurpriſe : d'autres par legereté s'en-
gageans ſans ſçauoir comment : d'autres ſe propoſans ie ne ſçay quelle liber-
té, & pretendans que par cét eſtat ils s'exempteront du domaine des peres &
meres : d'autres par imitation, faiſant ce qu'ils voyent que fait la plus part
du monde : d'autres pour eſtre riches; pour iouyr de leurs plaiſirs : pour at-
teindre à quelque eſtat ou honneur pretendu.
Ainſi il ne m'eſtonne pas qu'on voit tant de mariages infortunez, puis que
n'ayans pas eſté commencez pour les fins pour qui cét eſtat eſt ordonné, il
ne faut s'eſtonner ſi tout y vaſt à rebours, & ſi ayant mal commencé, on con-
tinue encor plus mal, & on finit tres-mal. Faut ne trouuer eſtrange ſi
on a tant de trauers, & tant de peine à les ſurmonter, d'autant que tels
mariez n'ont receu la grace du Sacrement, comme n'y ayant apporté la diſ-
poſition requiſe, qui eſt de ſe marier, in Chriſto & in Eccleſia c'eſt à dire,
pour la fin pour laquelle ce Sacrement a eſté inſtitué. Aucuns ſe propoſent biẽ
quelque fin, mais prouenantes du conſeil de leurs paſſions, & non de Dieu,
& partant oppoſées à la grace qu'il a adjoincte à ce Sacrement, & qu'il pre-
tend donner à ceux qui le reçoiuent, pour les fins pour leſquelles il eſt in-
ſtitué. Ces fins peruerſes & ſiniſtres peuuent eſtre en tres-grand nombre,
ie les reduiray à trois principales, qui ſont les richeſſes, l'ambition & le
plaiſir : ie commence par les richeſſes.
Ceux de
Toſcane
ne per-
mettoient
pas que
ceux qui
eſtoient à
marier ſe
dõnaſſent
des presẽs
mutuelle-
ment.
Anciennement en Toſcane on ne permettoit pas que ceux qui vou-
loient ſe marier ſe donnaſſent des preſens mutuellement, de peur
qu'ils ne fondaſſent & eſtabliſſent leur affection pluſtot ſur les dons
& richeſſes que ſur la vraye & ſolide amitié: on ne permettoit pour
tout autre don, ſinon vn anneau de fer ſans aucune pierrerie, que
l'eſpoux pouuoit donner à l'eſpouſe, & s'appelloit proubus, qui
eſtoit pluſtot vne marque de fidelité & d'amitié qu'vn object de con-
uoitiſe, n'eſtant d'aucun pris. Maintenant on fait tout le contraire, on
regarde le pris & non pas l'amitié, ny le fondement de la vraye amitié, qui
eſt la vertu.
Vn ieune homme eſt à marier, ſon intention ſera de ſe mettre à ſon ayſe,
d'auoir dequoy, ainſi voulant rechercher quelque fille, il ne s'informe pas
ſi elle eſt ſage, bien nourrie, humble, docile, deuote, craignante Dieu : ſi
Ce qu'or-
dinaire-
ment on
cherche en
mariage
les parens ſont gens de bien, ſi leurs moyens ſont acquis par bonne voye :
c'eſt aſſez qu'ils ſoient riches : & la premiere demande qu'on fait eſt, com-
bien elle aura. Vn autre ſe promet que le mariage luy ſeruira d'eſchelle
pour monter à l'honneur, & à quelque eſtat où il aſpire, ou à l'amitié & con-
noiſſance des grands & n'a autre but. D'autres n'ont que leur ſenſualité
pour fin, & l'aſſouuiſſement de leurs plaiſirs brutaux, & n'eſt-ce pas exclure
Ieſus
K 3

78
Premier Traite'
Ieſus Chriſt de leurs nopces pour y inuiter Mammon, Lucifer, Aſmodée ?
ainſi tant s'en faut qu'ils reçoiuent la benediction du ciel comme ceux de
Cana de Galilée par le changement de l'eau en vin, c'eſt à dire, par le chan-
gement de ce qui eſt naturel, en ſurnaturel : de ce qui eſt humain, en diuin:
de ce qui eſt ſenſuel, en meritoire ; au contraire ils n'ont que de l'eau &
ſouuent bien trouble, bien puante, & bien boüeuſe, qu'ils boiuent toute
leur vie, plus abondamment qu'ils ne voudroient : ce qu'il ne faut trou-
uer eſtrange puis que l'intention ou la fin eſtant vitiée tout le reſte ne peut
guere valoir : la ſource eſtant corrompue & gaſtée le ruiſſeau ne peut qu'il
ne s'en reſſente.
L'amitié
ne peut
eſtre fon-
dée ſur les
richeſſes.
Le fondement & le lien du mariage doit eſtre l'amour, l'amour ne peut
eſtre ferme & aſſeuré fondé ſur les richeſſes que S. Paul appelle, incertum di-
uitiarum
, 1. Timoth. 6. Incertitude comme n'ayant autre fermeté & ſolidité
que le temps, que la fortune, que le vent, que la ſable, & la pouſſiere :
qui en effect ne ſont que ſable & terre mouuante, & biens de fortune. Le
Philoſophe l'a bien reconneu, Eth.44 9. où il dit, amicis extantibus propter bo-
num delectabile : aut utile, hoc ceſsante ceſſat amicitia
. Lors que l'amitié n'a au-
tre fondement que l'vtilité, ou le plaiſir, le plaiſir, ou l'vtilité ceſſans l'a-
mitié perit. Ie n'improuue45 pas que quand on choiſit partie qu'on ayt quel-
que eſgard aux moyens, car autrement il ſeroit mal-aiſé de ſupporter les
charges du mariage, d'eſleuer les enfans, d'auoir vne paix entiere, puis que
ſouuent la pauureté eſt accompagnée de riottes ; mais ce que i'improuue &
qui doit eſtre improuué de tous, eſt de mettre les richeſſes pour principale
fin de ſon mariage, qui eſt inuiter Mammon à ſes nopces. Non Ieſus-Chriſt,
qui eſt prendre des biens, vne maiſon, vne metairie, vne Seigneurie, & non
vne femme.
Martia fil-
le de Catõ
ne veut
eſpouſer
perſonne
qui la prẽ-
ne pour
ſes richeſ-
ſes.
Martia46 fille du ſage Caton, monſtra bien qu'elle auoit eſté nourrie en
bonne eſcole, lors (comme rapporte S. Hyeroſ. contra Iouinian. lib. 1.) qu'e-
ſtant deuenue vefue, encor fort ieune, & ſe voyant ſollicitée par ſes amis de ſe
remarier, elle leurs reſpondit : ie ne puis acquieſcer à vos aduis, d'autant que
non inuenio virum qui me magis velit quam mea : ie ne trouue point d'homme
qui m'aime mieux que mes biens. Elle iugeoit fort prudemment (quoy que
Payène) qu'on ne doit pas attendre grãde amitié ny proſperité d'vn mariage
qui ſe fait pour l'amour des richeſſes pluſtot que pour l'amour des persõnes.
Vn Philo-
ſophe qui
donne ſa
fille à vn
pauure &
ſage plu-
ſtot qu'à
vn riche
& ſot.
C'eſtoit le ſentiment de cét autre Philoſophe qui voyant ſa fille recher-
chée de deux ieunes hommes, l'vn deſquels eſtoit pauure, mais ſage & biẽ ad-
uiſé : l'autre riche & eſtourdy : la donna à celuy qui eſtoit pauure, ce que ſes
amis luy reprochans, il leurs dit, malo dare filiam viro indigenti pecunia: quam
pecuniæ indigenti viro
: i'aime mieux donner ma fille à vn homme qui ait be-
ſoin d'argent : qu'à de l'argent qui ait beſoin d'vn homme.
Il arriue

79
Des fins dv Mariage.
Il arriue des grands inconueniens de ſemblables mariages faits principa-
Qui eſ-
pouſe plus
riche que
ſoy vend
ſa libreté.
lement pour les richeſſes, i'en remarqueray quelqu'vns des principaux. Et
ie tire le premier de Plutarque, de liberorum educatione, où il dit, argentum
qui accipit, imperium vendidit
, quicõnque reçoit de l'argent & des preſens d'au-
truy, vend ſa liberté : ſi cela eſt vray en autre occaſion, beaucoup plus en
mariage. Vn homme pauure marié à vne femme riche eſt obligé d'endurer
Inconue-
niens qui
arriuent
des maria-
ges qui ſe
font prin-
cipalemẽt
pour les
richeſſes.
mille reproches, & dix mille indignitez. Elle luy objecte à tout bout de
champs, qu'il n'eſtoit qu'vn gueux, qu'il ne vit que par elle, que ſans elle
il ſeroit miſerable, & n'auroit de quoy frire47, qu'il ſeroit ſans honneur &
conſideration : elle prent vn aſcendant ſur le pauure mary qui deuient
comme eſclaue de l'arrogance de ſa femme. Et enfin il voit qu'il a l'hon-
neur de manger à la table de ſon maiſtre qui eſt ſa femme: n'eſt-ce pas ce
que dit S. Hieroſme contra Iouinian. Pauperem uxorem, alere difficile eſt
diuitem ferre tormentum eſt
. C'eſt vne choſe bien difficile que d'entretenir vne
femme qui eſt pauure, & c'eſt vne peſante croix de ſupporter vne fem-
me qui eſt riche.
Secondement l'experience ne monſtre que trop ſouuent que les richeſſes
qui auoient eſté amaſſées auec beaucoup de temps & de ſueur ſe diſſipent en
peu de mois. En ſemblables mariages vn gentil-homme qui n'a peut-eſtre
rien de recommandable que ſes anceſtres, au reſte pauure & d'effect &
d'eſprit, qui n'a pas grande conduite, eſpouſera vne fille de marchand, ri-
che : tout ſon but n'eſt que d'en auoir : auſſi toſt on voit les eſcus de ce
pauure marchand (qui a voulu reſleuer ſa maiſon par cette alliance) voler
dru & menu, quoy qu'ils luy ayent tant couſté de ſueurs, tant de
veilles, tant de voyages, & qu'il a amaſſé auec tant de perils. Vne partie eſt
employée à payer les debtes que ce Monſieur a fait, pour ſe donner entrée
à ce mariage : partie à dreſſer ſon train, à des cheuaux, des chiens, des va-
lets, & puis au bout de quelque temps on eſt contraint de manger che-
uaux, caroſſes, tapiſſeries, & quand on a veſcu de ce meſnage, & vendu tout,
on ronge ce pauure marchand iuſques aux os, tout y va, & ce qui auoit
eſté amaſſé par pluſieurs generations, & de pere en fils, eſt tout diſſipé en
peu de temps.
Troiſiémement cela eſt cauſe ſouuent d'vne grande inegalité en mariage,
vn ieune homme eſpouſera vne vieille decrepite, pourquoy ? non par amour
qu'il ait pour elle, c'eſt pluſtot vn remede d'amour qu'vne allumette : mais
elle a des eſcus, c'eſt assez, il y fait bon : vne jeune fille prendra vn vieillard à
demy pourry, tout punais, & gangrené, quelle amitié peut-elle auoir pour
luy ? mais elle en a aſſez pour ſes moyens, auſſi quand ces mariages ſont ar-
reſtez, qu'on eſt aſſeuré des moyens de cette bonne vieille, ou de ce bon
vieillard, on n'en demande que la fin, on eſt fort aiſé qu'on eſt deſchargé de
ce qui

80
Premier Traite'
ce qui ne fait qu'ennuyer, ſe contentant d'en auoir la deſpouille; ſi on iette
quelque larmes en l'enterrant, qu'on faſſe quelques ſouſpirs, ce ne ſont que
des mines, & cela prouient de ioye pluſtot que de triſteſſe; car on poſſede ce
qu'on pretendoit, & on a perdu ce qu'on deſiroit perdre.
Quatriémement Dieu voulant faire le premier mariage, dit faciamus ei
adiutorium ſimile ſibi
, Gen.2. faisõs luy vn aide qui luy ſoit ſemblable. Quelle
reſſemblance y peut-il auoir entre vn homme frais & gaillard, & vne mar-
mote demy morte? entre vn vieillard qui radotte, & vne ieune fille fringante?
& puis que la reſſemblance eſt cauſe d'amitié, il ne faut pas attendre grande
amitié en cette diſſemblance, qui n'a autre alliance que pour les biens. Ie
ne dis pas qu'il n'y en puiſſe auoir, lors que ſemblables mariages ſe font pour
des bonnes & ſainctes conſiderations, & qui ſont ſelon Dieu. Mais il eſt bien
difficile que cela ſoit, lors que le but & la fin principale n'eſt autre que les
richeſſes. Quæ pars bona diuitis ad pauperem? Eccleſ.13. quelle alliance & in-
telligence y peut-il auoir entre le riche & le pauure?
Il y doit
auoir de
la reſſem-
blance en-
tre les
mariez.
Tout ainſi dit Platon, que le miroir qui eſt enchaſſé dans du fin or, fuſt il
à vingt quatre carats, n'eſt pas bon miroir pour cela, mais eſt d'autant meil-
leur miroir que plus naïfuement il repreſente ſon object : ainſi la femme ſem-
ble d'autant meilleure qu'elle repreſente ſon mary de plus prez en toutes
choſes, en nobleſſe, en aage, en richeſſes. Et qui ne voit qu'en cette diuer-
ſité & diſproportion, que cauſe ſouuent le deſir des richeſſes, il n'y peut auoir
grande repreſentation ? bien vne grande contradiction, & vne multitude
d'inconueniens, qu'on ne reſſent que trop tous les iours : car ſi le mary eſt
ieune & la femme vieille, ce ſont des ialouſies : ſi la femme vieille & le ma-
ry ieune, des adulteres : & tant d'autres maux, cauſe pourquoy S. Paul dit
aux Corinth.1.5. Scripſi vobis ne commiſceamini fornicarijs huius mundi, aut
auaris, aut rapacibus
, ie vous ay eſcry que vous n'ayez à faire aucune allian-
ce auec les fornicateurs, auec les auares, & auec les rauiſſeurs du bien
d'autruy.
Les ri-
cheſſes
cauſent la
damnatiõ.
Ces parolles me fourniſſent le cinquiéme inconuenient, qui eſt que lors
que le mariage ſe fait principalement pour les richeſſes, il y a danger de
tomber au gouffre d'auarice: & enfin de la damnation. Les poëtes ont feint
que Pluton eſtoit le Dieu des richeſſes & des enfers. Pourquoy ? ſinon pour
donner à entendre que le ſouuent les richeſſes ſont cauſe de la damnation, &
qu'il y a vn fort grãd rapport entre les richeſſes & l'enfer. N.S.48 dit, Matth. 5.
Beati pauperes ſpiritu, quoniam ipſorum est regnum cœlorum. Bien heureux ſont
les pauures d'eſprit, d'autant que le Royaume des Cieux leurs appartient: &
Difficile
au riche
d'eſtre
ſauué.
quelle ſera la part des riches? Væ vobis diuitibus, Luc. 6. Mal-heur à vous
autres riches, & Matth. 19. Amen dico vobis quia diues difficile intrabit in regnum
cœlorum
, ie vous dis en verité que mal-ayſement le riche entrera au Royaume
des

81
Des fins du Mariage
des cieux, au meſme lieu. Iterum dico vobis facilius eſt camelum per foramen acus
intrare quam diuitem intrare in regnum cœlorum
. Ie vous dis derechef qu'il eſt
plus aiſé de faire paſſer vn chameau par le trou d'vne aiguille, que ce qu'vn
riche entre en paradis.
Les Apoſtres s'eſtonnerent de ceſte parole, & dirent, quis ergo poterit ſaluus
eſſe?
Si cela eſt, qui pourra eſtre ſauué? mais noſtre Seigneur reſpondit, apud
homines hoc impoſſibile eſt, apud Deum omnia poſſibilia ſunt
. Comme voulant dire,
c'eſt vn trait de la toute puiſſance de Dieu; c'eſt vn faict de ſon infinie bonté
que le ſalut d'vn riche, c'eſt vne choſe qui ſurpaſſe tout pouuoir humain, il
faut vne aſſiſtance ſpeciale.
Ie confeſſe que quoy que les richeſſes d'elles meſmes ſoient indifferentes,
c'eſt à dire, ne ſoient ny bonnes, ny mauuaiſes, que touteſois elles ſont plu-
ſtot bonnes que mauuaiſes, puis qu'elles ſont creatures de Dieu, faictes pour
l'vſage de l'homme, & qu'elles ſont dons du meſme Dieu. Ce qu'elles ont
de mauuais, vient du mauuais vſage que la corruption de noſtre nature en
fait, & de noſtre inſatiable conuoitiſe : elles ſont comme vne eſcholeeſchelle de
laquelle on peut auſſi bien ſe ſeruir pour monter que pour deſcendre; on
peut auſſi bien monter au ciel par les richeſſes, que deſcendre en enfer : les
employant ſuiuant l'intention que Dieu a eu les creant. Elles ſont comme
vn bateau ſur la riuiere, ſi vous le laiſſez aller au fil de l'eau il coulle en bas,
& enfin ſe trouue à la mer : mais ſi vous voulez qu'il monte, il faut ramer.
Les richeſſes ſont de meſme, ſi vous vous laiſſez aller ſelon le fil & le cours
de la conuoitiſe humaine, elles deſcendent & vous meinent à l'abyſme de la
damnation; mais ſi trauaillant, ſi vous faiſant force, ſi reſiſtant à la conuoiti-
ſe, ſi ramant contre le fil vous ſurmontez la concupiſcence, elle vous feront
monter au ciel.
Socrate diſoit que les richeſſes és mains d'vn meſchant homme, ſont cõ-
me vn glaiue en la main d'vn frenetique, qui ne ſert qu'a ſe nuire, & aux au-
Les bons
ſe ſeruent
bien des
richeſſes,
les mau-
uais, mal.
tres : ainſi les richeſſes cauſent des vangeances, des banquets, des luxes, des
luxures, ſuperbe, vanité, & tant d'autres maux, eſtant és mains d'vn meſchãt,
mais és mains d'vn homme de bien, cauſent des miſericordes, des aumoſnes,
& tout autre bien. L'eau d'Egypte, par le commandement de Dieu fut
changée en ſang és mains des Egyptiens; mais és mains des Iſraelites, c'eſtoit
de l'eau tres pure: les vrays Iſraelites, les predeſtinez, manient les richeſſes
comme de l'eau pure : mais és mains des reprouuez, c'eſt ſang, meurtres, que-
relles, procés, rapines, cruauté, inhumanité. Es mains du mauuais riche, ce
n'eſt que ſang, pas vn petit reſſentiment de la miſere du pauure Lazare; mais
feſtins, delicateſſe, luxe, magnificence; és mains de Iob, vne eau de benedi-
ction, oculus fui cœco & pes clando; pater eram pauperum, Iob. 29. i'eſtois l'oeil
des aueugles, le pied des boiteux, le pere des pauures.
Vous
L

82
Premier Traite'
Vous ne cherchez que les richeſſes en vous mariant; & ne voyez vous pas
Richeſſe
compa-
rée à la
ratte.
que c'eſt chercher voſtre damnation? L'empereur Traian au rapport de Sex-
tus Aurelius
auoit couſtume de dire que les richeſſes eſtoient ſemblables à
la rate, d'autant que tout ainſi qu'a meſure que la rate croit, on deuient debi-
le, & a peine de marcher, voir de reſpirer; de meſme à meſure que les ri-
cheſſes croiſſent, l'infirmité des vices croit, la ſuperbe, la cholere, l'auarice,
la gourmandiſe, la luxure, &c. & à peine peut on marcher dans le chemin du
ciel.
L'eſpoux celeſte inuite ſon eſpouſe, l'exorte à ſe haſter, mais voyez la
qualité qu'il luy donne, ſurge propera amica mea, colomba mea. Cant.2. Leuez
vous, haſtez vous mamie, ma colombe : pour quoy colombe ſinon d'autant
que la colombe n'a quaſi point de rate, & partant eſt fort viſte à ſon vol, &
monte bien haut. Le moyen de vous rendre aggreable à Dieu en voſtre ma-
riage, de voler à la perfection de cét eſtat, enfin de monter au ciel, n'eſt pas
de mettre pour la fin principale d'iceluy les richeſſes qui au contraire ſou-
uent par le poids de leur affection attirent à la perte & damnation eternelle.
Helas ! qu'il n'eſt que trop vray ce que dict Huges de S. Victor eſcri-
uant à vn ſien compagnon qui vouloit ſe marier ! Ducuntur hodie vxores non
cauſa fornicationis vitandæ, ſed cauſa luxuriæ: non cauſa prolis ſed cauſa pecuniæ, di-
uitiæ magis in vxoribus eligi ſolent, quam pudicitia: multi non oculis ſed digitis vxores
ducunt. Optima & ſana res quam non auaritia conciliat, quam non luxuria copulat
.
On ſe marie maintenant non pour euiter la fornication, mais pour conten-
ter la ſenſualité : non pour auoir des enfans, mais pour auoir de largent : on
aime mieux des richeſſes en vne femme, que la pudicité : pluſeurs font l'a-
mour non par les yeux mais auec les doigts, ceſt à dire, non pour les vertus
qu'ils voient, mais pour les eſcus qu'ils comptent. C'eſt vne bonne alliance
qui n'eſt faicte par auarice, qui n'eſt cimentée par la luxure.
Quelqu'vn demandoit vn iour à Lycurgus pourquoy il auoit ordonné
en ſa republique qu'on ne donnaſt aucun doſt aux filles, c'eſt, dit-il, afin que
pas vne ne demeure ſans mary faute de moyens, & qu'on ne les recherche
pour les richeſſes : mais afin que les ieunes hommes ayent eſgard aux mœurs
des filles & à leurs vertus: c'eſtoit pour la meſme raiſon qu'il bannit le luxe,
le fard, & les ornemens de ſa ville. Nous aurions maintenant beſoin de cette
loy parmy les Chreſtiens, où la plus part de mariages ſe font pluſtot pour
les richeſſes que pour la vertu, auſſi en voit on reuſſir tant de mal-heurs.



CHA

83
Des fins dv Mariage.

Filet cadre, rayé.
De ceux qui ſe marient principalement pour
ſatisfaire à leur ambition.


CHAPITRE XIV.

AVcuns inuitent à leurs nopces vn diable nommé Lucifer qui preſide à la
ſuperbe, ce ſont ceux qui ſe propoſent l'honneur & aggrandiſſement de
leur famille, comme la fin principale de leur mariage : & comme cette fin
n'eſt fondée que ſur le vent & la fumée, il ny peut auoir grande ſolidité en tel
mariage, pour y fonder vn parfait contentement, & on n'en peut pas eſperer
grand bon-heur. Ie m'en vay vous marquer quelques inconueniens des ſem-
blables mariages.
Inconue-
urens des
mariages
faits pour
l'ambitiõ.
1. Les oiſeaux tindrent vn iour leurs eſtats generaux, ou apres auoir rendu
tous deuoirs & homages à l'aigle, & l'auoir reconnu pour leur Roy, depu-
terent vn d'entre-eux (peut-eſtre le roſſignol, comme le mieux enlangagé de
tous) pour luy congratuler de la part des Eſtats, de tant de qualitez royalles
deſquelles la nature l'auoit enrichy par deſſus tous les autres, ce qui le ren-
Fable de
l'aigle qui
ſe marie
auec l'au-
ſtruche.
doit meritoirement Roy : toutesfois qu'il ſembloit qu'vne luy manquoit
pour le comble de ſes grandeurs, ſçauoir qu'il eſtoit d'vn corſage trop petit,
ainſi qu'il eſtoit tres humblement prié par toute l'aſſemblée des Eſtats, de ſe
marier à vn oyſeau plus grand, pour auoir des aiglons plus grands, & afin
que rien ne manquant à ſa grandeur royalle: & on luy aſſigna l'auſtruche: l'ai-
gle ſe conforma au conſeil des Eſtats : le voila marié, mais voyant que l'au-
ſtruche mangeoit le fer & l'acier, voulut faire diuorce : c'eſt vne fable laquel-
le cependant nous repreſente au vif ce qui ſe paſſe tous les iours.
Ce bon marchand viuoit fort à ſon ayſe, riche, content, iouyſſant
en repos des trauaux de ſes anceſtres & des ſiens; ſes amis luy mettent
en teſte qu'vne choſe luy manque, ſçauoir vne bonne & releuée alliance,
qu'il faut marier ſa fille à quelque Seigneur pour auoir des enfans plus
grands, & ennoblir ſa race, il le fait, mais quand il voit qu'on mange
bois, montagnes, vallées, forges, metairies, champs, maiſons, Sei-
Les ma-
riages
faits par
ambition
cauſent
ſouuent
vn meſ-
pris.
gneuries: il voudroit bien trouuer le moyen de faire diuorce, or c'eſt trop
tard, il n'eſt plus temps.
2. Souuent par ſemblables alliances on pretend de l'appuy, & pour toute
pretenſion, on n'a que du meſpris : celuy des conioincts qui eſt d'vne condi-
tion plus releuée que l'autre, ne veut reconnoiſtre les parents de l'auſtre, &
quand
L 2

84
Premier Traite'
quand il y eſt contraint, ce n'eſt qu'auec honte & confuſion : que s'il y a de
la communication, celuy qui eſt plus releué, & qui a eſté mieux & plus ciui-
lement eſleué, voit tant d'impertinences, tant de manquemens de nourritu-
re de l'autre coſté, que cela luy fait mal au cœur, & n'a conuerſation auec
eux, qu'auec horreur & repugnance.
Au 4. des Roys chap. 14. il eſt dit par vne certaine parabole que le char-
don enuoya vne ambaſſade au cedre du Liban pour rechercher ſa fille en
mariage pour ſon fils, Da filiam tuam filio meo vxorem. Les beſtes du Liban
conceurent tant d'indignation de cette outrecuidance, qu'elles foulle-
rent aux pieds le chardon en vangeance de ſa temerité. Mon amy, vous
auez eſté ſi ſot que de vous allier, pouſſé de voſtre ambition, vous qui n'e-
ſtiez qu'vn petit chardon, à ces grands cedres; & ne vous eſtonnez pas ſi
toute la race vous foulle aux pieds, & au lieu de l'appuy qui vous pretendiez,
vous n'en auez qu'vn honteux meſpris & vne miſerable cheute.
On dit que la tortue conſiderant vn iour le bon heur de l'aigle qui vol-
loit ſi haut, & par ſon vol alloit quaſi par tout, regardant deſſoubs ſoy les
villes & les pays, commença à deplorer ſon mal heur, ſe voyant condamnée
à ramper touſiours par terre, & trainer dans la bouë & l'ordure : elle pria
Ambitiõ
de la tor
tue qui
veut mon
ter en
haut, &
l'applica-
toin
l'aigle de la porter en haut & luy faire voire le monde : mais regardant en
bas, les yeux commencerent à luy tourner en teſte; n'eſtant accouſtumée de
regarder de ſi haut, elle eut peur, & commença à ſouhaitter qu'elle fuſt dans
ſon ancien trou, pria l'aigle de l'y rapporter, mais l'aigle luy dit, ie t'ay bien
promis de t'eſleuer en haut, mais non de te remettre en ton ancienne place,
ainſi retira la ſerre, ma pauure tortue tomba en bas, & ſe froiſſa. Mon amy
que vous eſtiez à voſtre ayſe dans voſtre petite fortune, viuant en aſſurance,
& en tranquillité; vous auez veu ces Meſſieurs, qui comme des aigles ſe fai-
ſoient admirer par le vol de leur vanité, vous auez voulu eſtre eſleué par cet-
te belle alliance, mais n'eſtant accouſtumé à ces haulteurs & façons de viure,
les yeux vous tournent, les ſouſtiens que vous pretendiez vous manquent,
& vous eſtes tout eſtonné que vous vous voyez tombé de tant plus haut que
voſtre ambition eſtoit plus grande, & miſerablement froiſſé, par vne ruine
honteuſe & miſerable.
Le ma-
riage doit
eſtre en-
tre ſem
blables.
3. Ceſt vne grande merueille quand en ſemblables mariages s'y trouue de
l'amitié, car comme nous auons dit, la reſſemblance eſtant cauſe d'amitié,
comment en pourroit il auoir en vne telle diſſemblance? nunquid coniungere
poteris micantes Pleiades?
Iob. 38. Omne animal diligit ſibi ſimile, omnis caro ad ſimi-
lem ſibi coniungitur
, dit le Sage Eccli. 13. Tout animal aime ſon ſemblable &
s'allie auec luy, tout ainſi que la diſſemblance eſt cauſe d'auerſion, & d'anti-
pathie, ſi communicabit lupus agno, Eccli. 13. Que le loup & l'agneau n'ont
point de communication : de meſme, la reſſemblance en nature, en eſprit,
en

85
Des fins dv Mariage.
en mœurs, en richeſſes, en nobleſſe, en aage eſt cauſe d'amitié. Car comme
dit le meſme ſage, Eccli. 13. pondus ſuper ſe tollet, qui honeſtiori ſe communicat,
faire alliance auec plus grand que ſoy, car comme dit le meſme au meſme
endroit, quid communicabit cacabus ad ollam? quando enim ſe colloſerint conſrin-
gitur
. Le pot de terre n'a garde de s'approcher du pot de cuiure, dautant que
s'ils viennent à s'entre-hurter, il ſera briſé. Pares cum paribus ueteri prouerbio
facillime congregantur
, Cicer. in Catone maiore49. Les egaux s'accordent faci-
lement.
Il peut arriuer qu'vne ieune fille de village, quoy que d'extraction vile,
& La vertu
recom-
penſe ce
qui man-
que de
naiſſance.
de nulle recommandation, recompenſe ce que la nature ne luy a donné,
auec tant de vertus, que ce qui luy manquoit de naiſſance, eſt tres-abon-
damment rehauſſé par ſes bonnes mœurs, & bonne grace, & lors elle peut
eſtre tenue pour vrayement noble, puis que la vraye nobleſſe conſiſte en la
vertu: & lors l'alliance n'en eſt pas meſpriſable: comme au cõtraire, vne de
preſomption, & d'orgueil.
Eſther n'eſtoit qu'vne ſimple fillette, mais qui pour ſa ſinguliere beauté,
& ſes vertus royales, par vne prouidence Diuine, fut eſleuée au faiſte de
l'honneur, meritant d'eſpouſer le grand & puiſſant Roy Aſſuerus : & Va-
ſthi
50, pour ſon orgueil, fut repudiée. Athenais qui depuis fut appellée Eudo-
cia
, quoy que de petite extraction, fut portée par le char de ſes vertus, ſur
le troſne imperial, ayant eſté choiſie entre tãt d'autres par l'Empereur Theo-
doſe
pour ſon eſpouſe. Il y en a tant de ſemblables.
L'ineſga-
lité en
mariage
fait qu'vn
des con-
ioinctes eſt
valet de
l'autre.
4. Souuent en tel cas, l'vn ou l'autre eſt valet, ſi la femme eſt de grande
maiſon, elle fait la Dame, & tient ſon mary comme vn faquin : ſi le mary eſt
plus releué que ſa femme, il ne la tient que comme vne ſeruante. S. Hieroſme
dit, que comme Marius (ce grand capitaine Romain) offroit vn iour ſa fille
à Metellus, fille qui eſtoit forma nobilis, dote diues, genere clara, fama felix, Ex-
cellente en beauté, tres-puiſſante en moyens, noble d'extraction : de tres-
bonne reputation, il ne reſpondit autre choſe ſinon, Malo meus eſſe quam
ſuus
, I'aime mieux eſtre mon maiſtre, que d'eſtre valet d'vne femme.
Metellus
refuſe la
fille de
Marius,
de peur
d'eſtre
ſon valet.
Et non ſeulement vn mary releué tiendra vne femme de baſſe condition
pour ſa ſeruante, mais tous les parens de ſa femme, & en fera litiere, voire
s'ils ont quelque choſe, il faudra leur tirer pour contenter ſon ambition in-
ſatiable.
On n'en trouue pas beaucoup qui ſoient retenus en ce poinct, comme
Grande
modeſtie
& fidellité
de Lycur-
gus.
eſtoit Lycurgus. Son frere eſtant mort on le choiſit pour regner en ſa place,
à condition que ſi la femme de ſon frere eſtoit groſſe, que ce ſeroit ſans
preiudice du fils qu'elle porteroit, au cas que ce fuſt vn fils, il admit
la
L 3

86
Premier Traite'
la condition. La Reine vient trouuer Lycurgus, l'aſſeure qu'elle eſtoit groſ-
ſe, mais qu'elle ſçauoit bien le moyen de perdre ſon fruict, & qu'elle eſtoit
preſte de le faire s'il vouloit, & s'il luy promettoit de reconnoiſtre vn tel
bienfait. Non Madame (luy dit Lycurgus) conſeruez ce fruict que vous por-
tez, quand vous l'aurez mis au monde, nous nous en deferons bien. La reine
accoucha, & d'vn beau fils, Lycurgus auſſi toſt fit aſſembler le peuple, prend
cét enfançon entre ſes bras, le couure de la pourpre royalle, & dit, viue la
iuſtice & la la fidelité, voila voſtre Roy. O que telle retenuë eſt rare ! que dit
pluſtoſt la plus part du monde, viue l'iniuſtice & l'infidelité, moyennant
qu'on faſſe fortune, & qu'on s'aggrandiſſe, on ne ſe ſoucie ny de pere, ny de
mere, ny de nepueux, ny ſouuent de ſes propres enfans, quand vne fois on
s'eſt conſacré à l'ambition.
Anciennemet au rapport de Pline, les eſpoux quelques iours auant leurs
eſpouſailles, enuoyoient vn anneau de fer à leurs eſpouſes, aucuns diſent
Ancien-
nement
les eſ-
poux
donnoiẽt
vn an-
neau de
fer à
leurs eſ-
pouſes, &
pour-
quoy.
entre autres Pierius, que c'eſtoit pour leurs repreſenter la ſeruitude des fem-
mes, lors qu'elles ſe marient. Clement Alexandrin dit qu'en cet anneau nup-
tial, eſtoit grauée la marque de la fidelité, vertu que la femme doit garder
inuiolablement à ſon mary. L'anneau d'ordinaire ſe met au doigt qui eſt
le plus proche du petit. Iſidore remarque qu'au petit doigt y a vn nerf qui
tire au cœur, on met donc l'anneau proche de ce nerf du cœur, pour faire
entendre aux mariez que leur alliance doit proceder, non des richeſſes & des
conſderations humaines, mais du cœur, & d'vn vray amour, autrement, ia-
mais il ne ſera accompagné de bon-heur. Tout cela nous monſtre bien quel-
ques conditions du mariage, mais voicy vne penſée qui eſt plus à mon
propos : tout ainſi qu'entre l'anneau & le doigt il y doit auoir de la propor-
tion, ſi l'anneau eſt trop eſtroit, il ne peut ſeruir, s'il eſt trop large, il eſt auſſi
inutile : de meſme, il faut de la proportion entre ceux qui ſe marient, afin que
l'amitié, la paix, & la concorde accompagne leur mariage, & que le tout ſe
paſſe à leur contentement.
Ie ferme ce chapitre par vne histoire rapportée par par S.Bernardin tom 4.
ſerm 36. On auoit (dit il) fait vn mariage par ſurpriſe pour eſleuer & mettre
en honneur vne famille, mais il y auoit autant de correſpondance entre
les parties, comme entre le loup & l'agneau : le ieune homme eſtoit bien
fait & accomply en toutes les perfections de ſa qualité. La Damoiſelle eſtoit
riche en diſgraces du corps, & guere plus auantagée aux dons de l'eſprit. On
auoit couuert les defectuoſitez de ſon corps de beaucoup de parures, ſi bien
qu'on pouuoit l'accomparer à vn ſinge richement deſguiſé, ou à la corneille
d'Eſope, belle, mais d'vne beauté empruntée. Entre autres perfections, elle
eſtoit naine, mais on l'auoit monté ſur des patins capables d'en faire vne
geante. Le ieune homme la premiere nuict des nopces la voyant deſpouillée
de

87
Des fins dv Mariage.
de toutes ces impoſtures, & reconnoiſſant qu'il auoit eſpouſé vne beauté
feinte, en prit vn tel degouſt qu'il s'enfuit du lict nuptial & la quitta. Voila
la fin qu'ont ſouuent ſemblables mariages, ou s'ils ne ſont accompagnez de
diuorces, au moins le ſont ils de diſcordes & de reproches, & à peine ſi trou-
ue il vne once d'vne amitié ſincere, ny vn iour de bon-heur, & ſouuent tou-
te leur ambition n'eſt qu'vne fuſée qui ſe creue en l'air, & ne leurs laiſſe au-
tre choſe que du bruſlé, & la fumée, ie veux dire vn repentir & vne
confuſion.

Filet cadre, rayé.

De la troiſieſme fin qu'aucuns ſe propoſent en leur mariage,
qui eſt la ſenſualité


CHAPITRE XV.

VOicy vn puant Diable qu'aucuns inuitent aux nopces, c'eſt Aſmodée
qui ne fait ſa demeure qu'aux marets & cloaques; & qui par ſa puan-
teur & infection chaſſe des lieux où il ſe trouue, Ieſus Chriſt, noſtre Dame, &
les Apoſtres: c'eſt à dire la grace. Cela arriue lors que les contractans ont pour
fin principal de leur mariage l'aſſouuiſſement de leurs ſales & brutales
voluptez, ſicut equus & mulus quibus non est intellectus , comme cheuaux & mu-
lets ſans entendement.
Ce mal heur commence d'ordinaire par les yeux, leſquels eſpris de quel-
que beauté n'ont autre but que la iouiſſance d'icelle, & en vne affaire de tel-
le importance, n'admettent autre conſeil que de leur paſſion.
Ie n'oſerois condamner la beauté, c'eſt vn don de Dieu : ſi elle eſtoit blaſ-
mable Ieſus Chriſt ne l'auroit pas eu au ſouuerain degré duquel Dauid dit,
Ieſus Ch.
tres beau.
ſpecioſus forma præ filiis hominum. Qu'il eſt beau par deſſus tous les hõmes, quoy
que Tertul., ait voulu dire au contraire : Dieu ne l'auroit pas donnée à noſtre
Dame
qui eſtoit toute belle, non ſeulement interieurement & quant à l'ame,
mais auſſi exterieurement & quant au corps, & partant appellée par deux
fois belle Cant. 1. Ecce tu pulchra es amica mea, ecce tu pulchra es.
La beauté du corps eſt comme la monſtre de celle qui eſt, ou doit eſtre en
l'ame, & la vertu qui fait la beauté de l'ame, eſt d'autant plus priſable ſe-
lon l'ancien prouerbe, qu'elle eſt accompagnée d'vne plus grande beauté du
corps.
Gratior eſt pulchro ueniens de corpore uirtus.
La beauté eſt vn grand treſor, en vne femme principalement, & tout ain-
La bonté
eſt profi-
table.
ſi diſoit Anacreon in odis51, que la nature a armé le bœuf de cornes : le lion
de dents & de griffes, le poiſſon d'aiſlerons : l'oiſeau d'aiſles : le cheual
d'on-

88
Premier Traite'
d'ongles: le lieure de viteſſe, l'homme de prudence : ainſi a elle donné la be-
auté à la femme, qui luy ſert de bouclier & de lance, voire de chaine pour
capituer les cœurs des plus puiſſans monarques, & des plus redoutables
guerriers.
La beauté
eſt fragile.
Dieu n'a pas refuſé ce preſent à tant de nobles matrones de l'ancien Te-
ſtament
comme Sara femme d'Abraham, Rachel, Rebecca, Abigail, la Suna-
mite
, Iudith, Eſter, & autres. Mais c'eſt vne grande folie de s'arreſter ſeule-
ment ou principalement en vne choſe ſi fragile & inconſtante, forma bonum
fragile eſt quantumque accedit ad annos ſit minor, & ſpatio carpitur ipſa ſuo
: ἢϰρó
νoσ ảváλωσ εv ἢ vóτoς έμàρανε
la beauté ſe ſeiche, ou par maladie, ou flaiſtrit
avec l'aage.
La beau-
té com-
parée à
l'eau.
Pindare compare la beauté à l'eau, qui eſt en element beau & clair, mais
labile & periſſable, & ne fait que couler. Et tout ainſi diſoit il, que l'eau ap-
porte des grandes commoditez, toutefois ſon voiſinage eſt dangereux pour
des debordemens & deluges qu'elle cauſe; de meſme la beauté eſt priſa-
ble, mais quand elle desborde au dela de la raiſon, elle cauſe de grands
rauages.
La beau-
té com-
parée à
l'once.
L'once52 eſt vn animal beau & plaiſant à voir, la bigarrure de ſes couleurs,
ioincte à la proportion de ſon corps, accompagnée de ie ne ſçay quelle
grace que nature luy a donnée, fait qu'il charme les autres animaux, & les
attire à ſoy, mais comme il ſont prez de luy, il les deuore : la beauté a des
charmes qui entrans par les yeux, penetrent iuſque au cœur, le capituent le
perdent.
Il ne faut pas trop ſe fier à la beauté, diſoit Theophraſte, car comme dit
vn autheur moderne, c'eſt vne tromperie muette, qui perſuade ſonſans eloquen-
ce, qui crie ſans voix : qui bruſle, ſans feu; qui diſcourt, ſans langue; attire,
ſans violence : appelle, ſans parole : bleſſe, ſans armes : tue, ſans frapper &
ſans coup ferir. Ceſt vn puiſſant attrait qui a eu le pouuoir d'attirer Sam-
ſon
de ſa partiepatrie, Salomon du ſeruice de Dieu, pour le faire idolatrer; a re-
duit Iacob à vne longue ſeruitude; effeminé Hercule; rauy le cœur à Dauid,
cor meum dereliquit me, & à tant d'autres.
Beauté
dange-
reuſe.
La beauté eſt vn feu, mais plus actif que le feu elementaire: celuy cy ne
bruſle que ce qu'on luy donne, celuy là ce qu'il voit. Pauure papillon garde
les approches de cette chandelle brillante, ſi tu t'en approche temeraire-
ment, tu ty bruſleras, ignis est uſque ad perditionem deuoraus, Iob. 31. L'aſpic tue
de ſa veue, auſſi fait la beauté : il eſt vray que la beauté est priſable en vne
femme, elle ne laiſſe pourtant d'eſtre ſouuent dangereuſe. Voire meſme à
celles qui ſont tres-femmes de bien, mais en vne mechante femme ceſt vn
anneau d'or aux nazaux d'vne truie, circulus aureus in naribus ſuis mulier pul-
chra & fatua
, Prouerb. 11.
Ie

89
Des fins dv Mariage.
Ie m'en vay vous marquer quelques inconueniens qui arriuent lors
qu'au mariage on ſe propoſe pour fin principale la ſenſualité & la beauté.
Le premier eſt que rarement la concorde y dure, d'autant que n'eſtant fon-
dée que ſur la corruption qui eſt la beauté & ſur le plaiſir corruptible &
paſſager, qui eſt tout brutal & vil, elle ne peut eſtre ſolide, fallax gratia &
vana eſt pulchritudo
: Prouerb. 38. Voire ſouuent telle amitié ſe change en
L'amitié
n'y eſt de
durée.
inimitié, laquelle eſt d'autant plus grande que l'amitié a eſté plus paſſionnée.
Amnon m'en ſeruira d'exemple, qui apres auoir eu ce qu'il pretendoit de
Thamar ſa ſoeur, Exoſam eam habuit odio magno nimis: ita vt maius eſſet odium
quo oderat eam, amore quo antè dilexerat
, 2. Reg. 13. la hait mortellement & ſa
haine fut plus grande que n'auoit eſté grand l'amour qu'il auoit porté.
Sont ſui-
uies d'vn
repentir.
Le ſecond eſt que le repentir ſuit ordinairement ſemblable mariage,
apres que la paſſion eſt paſſée, que les yeux ſont deffilez, & qu'on
voit la faute qu'on a fait, ou ſe meſ alliant : ou s'incommodant,
ou meſpriſant les aduis des amis; l'authorité des peres & meres, voi-
re foullant aux pieds toute conſideration, raiſon & remonſtances :
naiſſent les regrets, & on eſt obligé de paſſer le reſte de ſes iours dans
des mes-ayſes, melancholies & chagrins, ſainct Auguſtin a bien remar-
qué cét inconuenient, ad Ruffinum. Placet delectatio, ſed pungit delictum:
flos veneris roſa, quia ſub eius purpura multi latitant aculei
: le plaiſir
attire, mais il cauſe des pointes : la roſe eſt agreable, mais les eſpi-
nes ſont cachées au deſſoubs de ce beau vermeil. C'eſt le meſme que
dit Solomon Prouerb. 5. Nitidius oleo, guttur eius, ſed nouiſſima eius amara
uelut abſynthium
. Souuent la beauté eſt ſemblable aux Syrenes qui atti-
rent les paſſans par la douceur de leur chant, & puis les precipitent
dans la mer. On eſt bien eſtonné lors qu'apres quelques iours de paſſe‑
temps & inconſiderement dans vne mer de maux, qu'on ſe voit aban-
donné de tout le monde, mocqué, meſpriſé dans la neceſſité, & qu'on
a de la chair & point de pain. On ſe trouue tout de meſme que ces
galleux qui ſe gratent & s'eſcorchent pour vn peu de plaiſir: pour vn plaiſir
mille douleurs.
L'iſſue en
eſt funeſte.
Troiſiemement l'iſſue de tels mariages eſt ſouuent funeſte & tragi-
que, on en voit naiſtre des ialouſies, des haines, des meurtres, &
Theophra-
ſte ne veut
eſpouſer
vne belle
femme ny
vne laide.
bien ſouuent les theatres enſanglantez, & les familles des-honorées : il n'y
en a que trop d'exemples. Propter pulchritudinem mulieris multi perierunt,
Eccle.9. Pluſieurs ſe ſont perdus pour la beauté des femmes. Theophraſtus
au rapport de S. Hieroſme contre Iouinian , diſoit à cette occaſion, Nec pul-
chram volo mulierem, nec turpem. Non pulchram quia difficile erit cuſtodire quod

omnes
M

90
Premier Traite'
omnes amant: nec turpem quia molestum eſt poſſidere quod nemo dignatur habere.
Ie n'en veux ny vne belle ny vne laide : non vne belle, car il eſt difficile de
garder ce que tous aiment : ny vne laide d'autant que c'eſt choſe facheuſe de
poſſeder, ce que perſonne ne daigne auoir. Vn autre eſtant interrogé pour-
quoy il auoit pris vne femme laide, ie pourray bien, dit-il, garder vne lai-
de, mais comment pourrois ie garder celle qui plairoit à tout le monde ?
Helas combien de mal-heurs, combien d'adulteres, & de deſordres ſuiuent
ſemblables mariages? Si Sara femme d'Abraham n'euſt eſté si belle, elle
n'euſt mis ſon mary en danger de ſa perſonne, et ne l'euſt obligé de l'aban-
donner à Pharaon au Geneſe 12. Si Bethſabée femme d'Vrie n'euſt eſté bel-
le, elle n'euſt donné ſubiect à Dauid de la conuoiter, & n'euſt eſté cauſe de
la mort de ſon mary, pleut-il à Dieu qu'il ne s'en trouuaſt tant d'exemples
ſi tragiques.
Souuent
la beauté
porte des
mauuais
fruicts.
Quatrieſmement il faut confeſſer que Dieu a donné la beauté à la femme
pour bonne fin & pour en tirer des bons effects, mais la corruption de no-
ſtre nature en tire ſouuent des tres-mauuais. Le cheſne eſt vn bel arbre d'vne
riche taille, droit, d'vn beau branchage & cependant qui ne porte autre
fruict que pour des beſtes immondes : la vigne eſt vn petit bois tortus, con-
temptible en apparence, rampant contre terre, mais qui porte vn fruict de
benediction. Souuent vne femme belle ne porte que des fruicts de lubricité
& vne moins belle, eſt comme vne vigne beniſte. Vxor tua ſicut vitis abun-
dans
, qui porte des fruicts de benediction. Et quelle merueille lors
qu'on ne ſe marie que pour la beauté & ſenſualité, ſi les enfans ne ſont
que fruict de ſenſualité, mais quand on ſe marie à bonne fin, Dieu
par ſa grace fait qu'on produit des fruicts de grace, & deſtinez pour
le ciel.
Vn Ange de Dieu me fournit vn cinquieſme inconuenient, c'eſt Raphaël.
Tobie 6. Voicy ſes propres parolles qu'il dit à Tobie, Audi me &, oſtendam
tibi qui ſunt quibus præualere potest damonium. Hi namque qui coniugium ita
ſuſcipiunt, ut Deum à ſe & à ſua mente excludant, & ſuæ libidini ita uacent,
ſicut equus & mulus quibus non eſt intellectus, habet potestatem dæmonium ſuper
eos
. Eſcoute moy, & ie te monſtreray qui ſont ceux leſquels le Diable peut
Comme
Dieu pu-
nit ceux
qui ne
cherchent
que la ſen-
ſualité en
leurs ma-
riages.
ſurmonter.
Ceux qui ſe marient ſans penſer à Dieu, qui n'ont autre but que d'aſſouuir
leur concupiſcence comme le cheual & le mulet qui ſont ſans entendement,
voila ceux contre leſquels le Diable peut preualoir. Auſſi diſoit Tobie fort
ſagement & ſainctement à ſa femme, filij ſanctorum ſumus, & non poſsumus ita
coniungi ſicut gentes quæ ignorant Deum
, Tob.8. nous ſommes enfans de peres
& meres craignans Dieu, & partant ne faut pas que nous nous comportions
en noſtre mariage comme des Gentils qui ne connoiſſent pas Dieu.
Les

91
Des fins dv Mariage.
Les Chreſtiens n'ont ils pas plus d'occaſion de dire le meſme? Ie vous de-
manderois volontiers qu'elle fut la cauſe de la mort de ſept marys de Sara,
mariée puis apres à Tobie, ne fut-ce pas leur ſenſuelle brutalité qu'ils ſe pro-
poſoient comme la fin de leur mariage ? & qui eſt cauſe que le Diable a
pouuoir ſur tant de mariages ? C'eſt ſouuent qu'on n'a autre intention que
la ſenſualité & non la lignée : C'eſt ſouuent qu'on met Dieu en oubly, &
qu'on ne le craint pas : C'eſt ſouuent qu'en ſe mariant on ne ſe ſoucie, ny
des conſeils des peres & meres, ny des ordonnances des hommes, ny de l'E-
gliſe : & puis ne faut s'eſtonner ſi Dieu enuoye des punitions exemplaires
ſur tels mariages, eſcoutez S. Paul il vous enſeignera comme Dieu veut que
vous vous cõportiez en vos mariages, Hæc eſt uoluntas Dei ſanctificatio ueſtra, vt
abſtineatis vos à fornicatione, vt ſiat vnuſquiſque vestrum vas ſuum poſſidere, in
ſanctificatione & honore, non in paſſione deſiderij ſicut & gentes quæ Deum igno-
rant
1. Theſſal., 4. Voicy ce que Dieu demande de vous, ſçauoir que vous
ſoyez ſaincts, que vous vous gardiez de fornication, & non pour ſatisfaire à ſa
paſſion, comme font les Gentils qui ne connoiſſent pas Dieu. C'eſt l'expli-
cation de S. Auguſtin.
Cecy a donné occaſion au Sage d'aduertir les ieunes hommes à marier de
ne faire l'amour par les yeux, Eccli. 25. Ne reſpicias in mulieris ſpeciem, & non
concupiſcas mulierem in ſpecie
, voulant vous mariez ne prenez pas tant garde à
la beauté comme aux mœurs d'vne femme. Quelqu'vn diſoit que pour faire
vn bon mariage il ne falloit faire l'amour ny des yeux ny des doigts, ceux-la
font l'amour des yeux qui ne regardent que la beauté, & n'ont autre fin que
leurs plaiſirs & ſenſualité, ceux- la font l'amour des doigts qui ne regardent
que les richeſſes. Les vns & les autres ſe trompent, puis que le plus ſolide
fondement de l'amour, eſt la vertu.
Dieu auoit deffendu aux enfans de Loth qu'ils ne ſe mariaſſent auec les
enfans de Cain, mais ayans eſtez pris par les yeux, & charmez de la beauté
de ces filles, ſans auoir eſgard à la deffenſe de Dieu, ils firent alliance auec
elles : il fallut vn deluge vniuerſel pour expier cette faute; cependant ie ny
trouue ny inceſte, ny adultere, rien que de la ſenſualité, Videntes filijs Dei
filias hominum quod eſſent pulchræ, acceperunt ſibi vxores ex omnibus quas ele-
gerant
.
Mais quoy ! faut-il donc que ceux qui ont contracté auec ces fins & in-
tentions faſſent diuorce ? doiuent-ils deſeſperer de leur ſalut, & du bon-
heur de leur mariage ? doiuent-ils paſſer le reſte de leurs iours en miſeres ?
rien moins, car leur mariage eſt vray mariage, ſi d'ailleurs rien n'y manque,
puis que c'eſt vn contract fait auec le conſentement mutuel, & auec les for-
mes ordinaires. Ce qu'il faut qu'ils faſſent eſt d'uoir recours à la grace &
aſſiſtance
M 2

92
Premier Traite'
aſſiſtance de Dieu qui ne leur manquera, s'ils ne manquent à Dieu de leur
coſté. Donc le remede (lors qu'ils s'apperçoiuent que leur principale fin en
contractant a eſté ou l'auarice, ou l'ambition ou la volupté) eſt d'en deman-
der pardon à Dieu, purifier leur intention pour l'aduenir, & affermir deſor-
mais leur mariage, ſur les fins pour leſquelles Dieu l'a inſtitué.
I'aduertis vne autre fois qu'on peut auoir eſgard aux richeſſes, pour
euiter les incommoditez qu'apporte la pauureté : à la beauté pour con-
ſeruer l'amour & n'entrer en degouſt; au plaiſir que la nature y adjoinct,
pour la conſeruation & multiplication de l'eſpece, comme elle l'a mis au
boire & manger pour la conſeruation de l'indiuidu, mais le mal eſt com-
me vne eſpece de ſacrilege, entant qu'on abuſe d'vne choſe ſaincte & ſa-
crée : ou qu'on y procede auec trop de paſſion & d'affection aux richeſſes,
aux honneurs, aux plaiſirs ne ſe ſouciant des fins pour lequelles Dieu l'a
inſtitué. Les Babyloniens ne pouuoient conſommer le mariage qu'ils n'euſ-
ſent auparauant gouſté du parfum : taſchez de vous mettre en la grace de
Dieu auant l'vſage de voſtre mariage, pour paſſer le tout à ſa gloire, & à
voſtre ſalut.

Filet cadre, rayé.
Que pour eſtre heureux en mariage, & en tous
autres estats, ne faut s'y engager ſans bien
connoiſtre ſi Dieu appelle.


CHAPITRE XVI.

V N Pere de famille ſage, iuſte & puiſſant, ne diſpoſe pas de ſes enfans
par hazard, & n'employe pas ſes ſeruiteurs qu'il a en nombre, ſans
reconnoiſtre leurs talents & inclinations : mais veille touſiours au bien de
ſes enfans, pour leur donner l'eſtat & la condition de vie qu'il ſçait leur eſtre
conforme, & employe ſes ſeruiteurs, ſuiuant les qualitez & habitudes qu'il
reconnoit en eux.
Dieu en la
creation a
eu eſgard
aux quali
tez & ha-
bitudes de
chaque
creature.
Ce grand Dieu qui ſe qualifie tant de fois Pere de famille, qui a fait
tout ce monde des trois doigts de ſa bonté, toute-puiſſance & ſageſ-
ſe : qui le gouuerne auec nombre poids & meſure : a eu tres-grand eſ-
gard en la creation à la place, nature, qualité, office & exercice qu'il a
donné à chaque creature en particulier, pour petite qu'elle ſoit, ſans
qu'il y en ayt vne ſeule en tout l'vniuers qui ne ſoit placée par la diſpo-
ſition

93
Des fins dv Mariage.
ſition & ordre de ſa diuine & ſouueraine prouidence.
Cela et tres-veritable pour le regard des autres creatures, & qui pour-
roit douter qu'il le ſoit à l'égard de l'homme, & que Dieu s'eſtant deliberé
de créer tant d'hommes qu'il auoit dans ſes diuines idées, il n'ayt eu eſgard
à chacun en particulier conſiderant l'eſtat auquel ſelon l'ordre de ſa pro-
uidence il le deſtinoit, luy donnant au poinct de l'execution de ſes deſſeins,
les talents, qualitez, & habitudes conformes au choix qu'il en auoit fait de
toute eternité ? douter de cela eſt douter de la diuine prouidence, douter
de la diuine prouidence eſt douter de la diuinité, & douter de la diuinité eſt
eſtre fol.
Dieu fait
choix de
chaque
homme en
particu-
lier.
De ce choix depend tout noſtre bon-heur & perfection ; mais quis nouit
ſenſum Domini, aut quis conſiliarius eius fuit ?
qui ſe peut vanter d'auoir eſté
Conſeiller d'eſtat de ce ſouuerain Monarque ? qui ſçait ſes ſecrets ? humilions
nous ſoubs ſa puiſſante main, & diſons ce qui eſt en Iob 38. Nunquid nosti or-
dinem cœli, & pones rationem eius in terra ?
connoiſſez vous l'ordre que Dieu a
eſtably dans le ciel ? pourriez vous rendre raiſon de celuy qu'il a conſtitué
en terre ? c'eſt choſe qui ſurpaſſe voſtre capacité, & qui eſt reſeruée à cette
ſupreme & incomprehenſible intelligence : laquelle par ſa bonté a donné
la nature & les proprietez aux moindres moucherons, & aux plus petits ver-
miſſeaux, & à plus forte raiſon à chaque homme en particulier ; & par ſa
ſageſſe les eſlit à tel eſtat qu'il ſçait leur eſtre conforme, appellant les vns à
vne ſorte de vie, d'autres à vne autre, ayant vn tel eſgard au bien vniuerſel
de tout le monde en general; qu'il ne neglige celuy de chaque creature en
particulier, & ſur tout de l'homme : & par ſa toute puiſſance fait reuſſir les
effects conformement & à ſa bonté & à ſa ſageſſe, ſans toutefois forcer l'or-
dre qu'il a eſtably en l'vniuers.
I'apperçois deux freres qui naiſſant de meſme pere & de meſme mere,
voire d'vne meſme ventrée. Dieu ! qu'ils ſont differens en inclinations !
Les diuer-
ſes inclina-
tions ſont
effects de
la Proui-
dence di-
uine.
Oſerions nous croire que cette diuerſité ſoit fortuite ? c'eſt vne impieté de
le croire : mais peut eſtre prouient elle des influences des aſtres ? ce ſont
des reſueries de le penſer. Non, il ne la faut attribuer à autre cauſe qu'à
la diuine Prouidence laquelle comme dit Iob c.28. Fecit uentis pondus
& aquas appendit in menſura, qui poſuit fluuij legem & uiam procellis ſo-
nantibus
, qui a donné le poids aux vents, qui a poſé les eaux par
meſure, qui a donné la loy aux riuieres, & la voye aux tempeſtes
ſonnantes : Auſſi c'eſt luy qui en a eſleué aucuns par des excellents ta-
lents qu'il leurs a donné, & les a fait comme des vents & nuées :
d'autres commes des eaux de riuieres, leurs ayant donné des talents
mediocres pour couler contre terre, & s'exercer aux offices de moin-
dre importance. Les Roys peuuent bien eſlire des ſeruiteurs, & les
admettre
M 3

94
Premier Traite'
admettre à leurs cours, mais ne peuuent leurs donner les talents ny les ha-
bitudes & inclinations conformes aux exercices auſquels ils les choiſiſſent:
mais Dieu autheur de la nature & de la grace, nous choiſit, & nous enri-
chit d'inclinations & de talents conformes au choix qu'il fait de nous ;
afin que nous faiſions ce à quoy il nous a deſtiné auec plaiſir en ſui-
te de l'inclination : & auec perfection en ſuite de la capacité qu'il nous
donne.
Mais comme la prouidence diuine eſt douce, elle s'accommode à la
nature des choſes qu'elle a creé, cooperant neceſſairement auec les ne-
ceſſaires, librement auec les libres, & comme elle a donné à l'homme
la liberté, auſſi nonobſtant toutes ces inclinations & ſuffiſances, elle ne
Noſtre
bon-heur
depend de
ce que
nous nous
confor-
mions au
choix que
Dieu a fait
de nous.
le force point de prendre l'eſtat auquel elle l'a deſtiné, ains laiſſe le tout à
ſon choix, c'eſt à luy de ſe determiner, mais cependant faut croire
que tout noſtre bien, toute noſtre ioye, tout noſtre bon-heur : le repos
de noſtre conſcience ; le bon ordre de noſtre vie ; la perſeuerance en la
vertu ; en vn mot le poinct de noſtre predeſtination conſiſte à nous con-
former au choix qu'il a pleu à ſa diuiue bonté faire de nous de toute
eternité, Elegit nos in ipſo ante mundi conſtitutionem. Dieu a fait choix de
nous par les merites de ſon fils de toute eternité, & cette conformité
ſe doit faire paroiſtre principalement lors qu'il eſt queſtion de nous re-
ſoudre touchant l'eſtat & condition de noſtre vie. Que ſi nous y man-
quons toute noſtre vie court riſque d'eſtre parſemée de triſteſſe, de regrets,
& peut eſtre de mal-heurs, & d'vne ruyne eternelle.
Poſons le cas que Dieu vous ayt deſtiné au mariage, il vous aura
donné les inclinations & habitudes conformes à cette vocation : que ſi
faiſi de quelque triſteſſe, de quelque deſeſpoir, pouſſé par le mouue-
ment d'autruy; violenté par vos parents, pour aduantager les autres; ou
ſans conſeil ny conſideration, vous vous iettez dans la religion, dans le celi-
bat : ne rompez vous pas l'ordre de la Prouidence diuine ? ne fermez vous
pas la porte aux graces celeſtes que Dieu auoit determiné vous donner en
l'eſtat auquel il vous auoit deſtiné ? voulez vous que Dieu faſſe vn nouueau
monde & vne nouuelle Prouidence pour vous ? eſt-ce la raiſon que Dieu
s'accommode à voſtre volonté, ou vous à celle de Dieu? ie dis le meſme
de tout autre eſtat.
D'icy viennent tant de plaintes lors qu'on ſe trouue chargé d'vn faiz in-
ſupportable; ce n'eſt pas celuy que Dieu vous auoit preparé, il paſſe vos
forces, attribuez en la peſanteur à voſtre temerité; c'eſt vn bel & bon habit,
mais qui n'eſt taillé ſur voſtre meſure : c'eſt vn gand qui n'a nulle propor-
tion auec voſtre main : c'eſt vn ſoulier qui n'eſt a voſtre poinct, & quelle
merueille s'il vous cauſe des incommoditez ?
Vous

95
Des fins dv Mariage.
Vous aurez recours à la miſericorde de Dieu, dites vous, en vos an-
goiſſes & difficultez ; ne meritez vous pas quelle vous manque au be-
ſoin, puis que vous luy auez manqué le premier ? mais Dieu eſt bon : il
eſt vray, & a plus de bonté que vous de malice, ie le confeſſe : toute-
fois ie crains qu'il ne vous die ce qu'il dit en Oſee 2. à vos ſemblables,
Me inuocabunt Deus meus, cognouimus te Iſrael : Mon Dieu nous auons re-
cours à vous en nos mal-heurs, nous connoiſſons que vous eſtes tout
bon & tout miſericordieux. Helas ! nous abandonnerez vous ? mais voi-
cy comme il reſpond, Proiecit Iſrael bonum, inimicus perſequitur eum, ipſi
regnauerunt & non ex me: principes extiterunt & non cognoui.
Iſrael m'a
meſpriſé, il n'a point fait d'eſtat de l'ordre de ma prouidence, il ſera
pourſuiui d'ennuis, de triſteſſes, de tentations : ils ont regné, ont eſté
eſleuez en des dignitez, mais ce n'eſtoit pas ſuiuant mes ordres. Pou-
uez vous donc attendre vn bon ſuccés d'vn tel eſtat de vie ? ce ſeroit
Eliezer contre la verité infallible de l'Euangile qui dit, Omnis plantatio quam non
plantauit Pater meus cœleſtis eradicabitur
, Matth. 15. toute plante qui n'aura
eſté plantée de la main de mon Pere celeſte ſera arrachée.
Helas ! ſi le mal-heur vous eſt arriué d'auoir choiſi vn eſtat de vie en
cette forte, ie n'entens pas que vous iettiez le manche apres la coignée53
par vn mal-heureux deſeſpoir, il eſt quelquesfois arriué par la bonté
& miſericorde Diuine, que ceux qui n'auoient eu autre conſeil en leur
vocation que leur paſſion ont fort bien finy, & apres s'eſtre reconnu,
& auoir demandé pardon à Dieu, & s'eſtre propoſé vne meilleure fin,
ont reſſenti les efforts de la miſericorde Diuine : mais c'eſt faire fort
imprudemment que de choiſir quelque eſtat auec mauuaiſe fin ſur cette
confiance. D'ordinaire ceux qui ſuiuent la vocation diuine au choix de
leur façon de viure, arriuent à bonne fin : de douze Apoſtres que Ieſus-
Chriſt choiſit il n'y a eu que Iudas qui ſe ſoit perdu : mais de ceux qui
prennent vne autre routte que celle que la Prouidence diuine leurs a mar-
quée pluſieurs periſſent, peu arriuent à bon port, ce que ie m'en vay
prouuer par exemples au Chapitre ſuiuant.



Cul de lampe.


Est pronné




96
Premier Traite'

Filet cadre, rayé.
Eſt prouué par exemples que ceux qui ſuiuent la
vocation Diuine ont bon ſuccez, & au contraire
ceux qui ne la ſuiuent, mauuais.


CHAPITRE XVII.

C E n'eſt pas aſſez à la prouidence & bonté Diuine de donner à chacun
les inclinations & habitudes naturelles deſquelles nous auons parlé
au Chapitre precedent, conformement à la vocation ou eſtat auquel elle
nous a deſtiné : mais elle paſſe plus outre, ces inclinations & habitudes
Ce que fait
la grace de
la vocatiõ.
n'eſtant que naturelles ſont ſeulement comme la ſemence de la grace ſans
laquelle elles ne peuuent rien qui ſoit : elles ſont bien quelque com-
mencement, mais c'eſt la grace qui introduit la forme & qui donne
l'eſtre & la vie à l'action. C'eſt elle qui nous faict comme vn autre homme,
nous donne comme vn nouueau cur, & nouuel eſprit : vne nouuelle ame,
nouueaux yeux, nouuelles mains, nouuelle langue, dit S.Machaire Homil.
44. & comme il donna à l'aſneſſe la parole ; & rendit le feu de la four-
naiſe, chaud de ſa nature, comme vne douce roſée : addoucit la furie des
lyons en faueur de Daniel, auſſi change il par ſa grace les ames & les
eſprits conformemnt à la vocation, qu'il en a fait : d'où vient que l'ame
fortifiée & aſſiſtée de cette grace fait auec douceur & conſolation ce qu'au-
trement luy ſembleroit impoſſible, & trouue vn ſingulier contentement en
ſa vocation.
Car tout ainſi que le bœuf ne peut voler comme n'ayant point d'aiſles,
& l'aigle ſe guinde parmy l'air à la faueur de ſes aiſles auec autant de fa-
cilité comme le bœuf marche auec les pieds; de meſme celuy qui eſt en
quelque eſtat de vie qu'il a choiſy de ſoy meſme, ſans conſulter la Pro-
uidence diuine, trouue difficulté par tout, eſtant deſtitué de ceſte grace
particuliere : mais celuy qui a ſuiuy la Prouidence diuine vole à la faueur
de la grace & ne trouue aucune difficulté, ou s'il en trouue la ſurmonte
ayſément, & à mon aduis on luy peut appliquer ce que dit Iſaie 40. Qui
ſperant in Domino mutabunt fortitudinem, aſſument pennas ſicut aquile, current
& non laborabunt, ambulabunt & non deficient
: ceux qui ont mis leur eſpe-
rance en Dieu changeront de force, prendront des aiſles comme vn aigle,
courront ſans trauail, marcheront ſans laſſitude : ie m'en vay vous le mon-
ſtrer par aucuns exemples tirez de l'eſcriture ſaincte.
Pourquoy
Iacob ſur-
monte
l'Ange?
Le Partriarche Iacob, Gen.32. ſe trouue en vn rude combat auec vn An-
ge, il ne s'eſtoit pas ietté temerairement dans ce hazard, il euſt eſté teme-
raire

97
Des fins dv Mariage.
Cyrill.
aduerſus
Iulianum

raire de le faire, la partie n'eſtoit pas egale: ce fut vn trait ſpecial de la Pro-
uidence, comme enſeigne le ſage Sap. 20. Certamen forte deditei vt vinceret,
& ſciret quoniam omnium potentior eſt ſapientia
. Il luy donna vn rude combat,
afin qu'il vainquit & ſçeuſt que la ſapience ſurmonte tout. S. Cyrille eſt
d'opinion qu'il combatit non auec vn ange, mais auec Dieu meſme; ſoit
que ce fuſt auec vn ange, ou auec Dieu, quelle proportion y auoit il entre
les combatans ? d'vn homme auec vn ange ? mais auec Dieu ! Mais il eſtoit
choiſi de Dieu pour cela, Dieu l'y appelloit, s'il s'y fuſt ingeré de ſoy meſme,
c'eſtoit vne inſolence & temerité, or l'entreprenant en ſuite du choix &
de la vocation diuine, vt vinceret, il deuoit emporter la victoire, ſecondé de
de ſa grace, fortifié de ſon aſſiſtance, & apprendre qu'il ny a rien de plus
puiſſant que la ſapience diuine.
Pourquoy ſouffrez vous tant en cét eſtat de mariage, de religion, de celi-
bat ? pourquoy eſtes vous ſi ſouuent vaincu ? pourquoy y trouuez vous tãt de
difficultez ſinõ d'autant que ce n'eſt pas Dieu qui vous a donné ce combat,
c'eſt voſtre paſſion, voſtre temerité, c'eſt voſtre ſageſſe terreſtre, animale, mõ-
daine pour ne dire diabolique qui vous y a conduit; & non la ſapience di-
uine de laquelle partant vous ne deuez attendre voſtre ſecours ſi ce n'eſt par
vn excés de miſericorde.
Cauſe de
la victoire
de Dauid
contre
Goliath.
Dauid 1. reg.17. entreprend vn perilleux duel, ne ſemble il pas vn petit
temeraire ? luy vn ieune homme, qui ne s'eſt iamais trouué au combat, qui
peut eſtre n'a iamais tiré eſpée; qui ayant endoſſé les armes de Saül ne peut
ſe bouger. Que diriez vous le voyant marcher auec hardieſſe ? la teſte le-
uée couuert tant ſeulement d'vn meſchant habit de paſteur : pour armes of-
fenſiues n'ayant pour tout qu'vne fronde & cinq pierres. Encor ſembleroit
il temeraire d'agaſſer vn chien auec ſi peu de defenſe; mais d'aller affronter
vne tour de chair, vn monſtre armé iuſques aux dents, deuant lequel il ne
ſembloit qu'vn petit pigmée, qui n'eut creu que ce geant l'eſcraſeroit com-
me vn petit ver ? & cependant tout le contraire aduient, car il luy planta la
confuſion ſur le front & la mort au cœur, l'abbatant par ſes propres armes
& triomphant de luy.
Ne vous en eſtõnez pas, certamen forte dedit ei vt vinceret, c'eſtoit par vn in-
ſtinct de la Diuine prouidence ce qu'il en faiſoit, c'eſt ce qu'il proteſte au
commencement du combat : tu venis ad me cum gladio & haſta, & clypeo: ego
autem venio ad te in nomine Domini exercituum Dei agminum Iſrael
. Goliath en-
treprit ce combat de ſoy meſme, pouſſé de ſa vanité : Dauid ſuiuant les inſ-
pirations de la ſapience Diuine. Goliath auec tous les aduantages naturels
& acquis qu'il auoit ſur Dauid, fut vaincu : Dauid demeura vainqueur, ap-
prenez combien nous pouuons auec la grace de Dieu : combien eſt foible no-
ſtre force, noſtre induſtrie, nos aduantages, lors qu'ils ſont deſtituez de ſe-
cours
N

98
Premier Traite'
cours d'enhaut & partant ne vous precipitez au hazard ſans la conduite de
la ſapience celeſte car, qui amat periculum peribit in illo, Eccli. 3. qui s'expoſe
au peril ſ'y trouuera engagé, & vaincu.
Dieu dit vn iour au Prophete Ieremie c.1 Prophetam in gentibus dedite. Ie
Ce que
faict la
grace de
la voca-
tion en
Hiere-
mie
.
t'ay choiſi pour eſtre mõ Prophete : le pauure Ieremie recourut auſſi toſt aux
excuſes, & dit, & quoy mon Dieu ! moy eſtre Prophete ! A a a Domine Deus
ecce neſcio loqui quia puer ego ſum
, ne voyez vous pas bien que ie ne fais que
begayer, ie ne ſuis qu'vn enfant : mais Dieu luy dit, noli dicere puer ſum, c'eſt vnen
vain que tu t'excuſes, c'eſt vnen vain que tu crains, ne crains point, d'autant
que ego tecum ſum. Ie ſuis auec toy, c'eſt vn effect de ma prouidence, c'eſt moy
qui t'ay choiſi, & pour preuue de ce choix, miſit dominus manu ſuam & tetigit os
meum
, dit il, &dixit Dominus ad me: ecce verba mea in ore tuo, ecce constituite ho-
die ſuper gentes, & ſuper regna, vt euellas, & destruas, & diſperdas, & diſſipes, &
ædifices, & plantes
. Dieu eſtendit la main, toucha ma bouche, & me dit, ie mets
ma parole en ta bouche, ie t'ay eſtably auiourdhuy ſur les peuples, & ſur les
royaumes, afin que tu arraches, que tu deſtruiſes, que tu perdes, que tu diſſi-
pes, que tu edifies & plantes.
Ie trouue fort bon que vous recognoiſſiez voſtre foibleſſe, & que de vous
meſme vous n'auez la force d'entreprendre aucun eſtat quel qu'il ſoit, mais
auſſi faut il qu'ayant reconnu ce que Dieu veut de vous, vous vous confiez
à ſon aſſiſtance, qui ſera que tout ce que vous entreprendrez reüſſira à ſa
gloire & à voſtre contentement, vous laiſſant gouuerner par ſa prouidence.
Que
nous ne
pouuons
rien ſans
la grace
de la vo-
cation.
Au premier de Machabées c.5. Ioſeph & Azarias, deux de plus ſignalez du
peuple d'Iſrael entendant les haults faicts de Iudas Machabée & de ſes com-
pagnons; piquez d'honneur ſe deliberent d'acquerir de la reputation par
leurs armes, mais au premier choc les voila en fuite, nõ ſans vne grãde bou-
cherie de ceux qui les ſuiuoient, en eſtant demeuré deux mille ſur la place,
& toute l'armée eſtant en deſroute, qu’elle fut la cauſe de ce mal heur? ipſi
non erant de ſemine virorum illorum, per quos ſalus facta eſt in Iſrael
, ils n'eſtoient
pas choiſis de Dieu pour cét office, il s'y eſtoient ingeré : leur ambition les y
auoit porté : & partant ils ny receurent que de la confusion. Cependant Iu-
das
& ſes freres proſperoient en leurs entrepriſes : auſſi eſtoient ils choiſis de
Dieu, appliquez cela à voſtre perſonne, l'application en eſt aiſée.
S.Pierre, Luc. 5. ſe plaint qu'il a peſché toute la nuict ſans rien prendre,
la nuict eſt fort propre pour la peſche, cependant il ne prend rien : ce n'eſtoit
pas par commiſſion de ſon miaſtre qu'il auoit entrepris cette peſche, c'eſtoit
de ſa propre volonté, & partant Dieu ne ſeconde pas ſon trauail, il ne prent
rien : mais il n'eut pas ſi toſt ietté ſes ſilets par commiſsion de ſon maiſtre,
qu'il enueloppa ſi grande quantité de poiſſons dãs ſes rets, qu'il y en eut ſuf-
fiſam-

99
Des fins dv Mariage.
fiſamment pour charger deux nacelles. Ce n'eſt pas merueille ſi rien ne vous
reüſsit en ce que vous aurez entrepris de voſtre propre volonté : au contraire
tout vous viendra à ſouhait ſuiuant la volonté de Dieu, in verbo tuo laxabo re-
te
, Luc 5.
Les Apoſtres Matth.8. ſe trouuent en grand danger de leurs perſonnes, la
mer eſt en furie, les ondes semblent les vouloir engloutir, les vents les mena-
cent de ruine totale. Vous diriez que leur pauure barque va fondre aux abyſmes;
mais noſtre Seigneur les ſecourt, il y eſtoit obligé, puis que c'eſtoit par ſa
conduicte & conſeil qu'ils s'eſtoient embarquez. Si vous vous embarquez en
quelque eſtat, auec la conduicte du ciel, tout l'enfer pourroit ſe bander
contre vous, tous les elemens pourroient conſpirer à voſtre ruine, toute
la nature la nature pourroit ſe renuerſer, que cependant vous demeurerez de-
bout & trouuerez qu'il eſt tres-veritable, quoniam omnium potentior eſt ſapien-
tia
.
Noſtre Seigneur enuoye ſes Apoſtres, pauures ignorans & rouſturiers
(pour la plus part) affronter les roys & empereurs, s'oppoſer à la ſageſſe des
philoſophes, pour renuerſer les faulſes diuinitez qui ont eſté adorées iuſques
alors; comme des petits agneaux entre les loups, il leurs predit les contradi-
ctions & perſecutions qu'ils doibuent auoir : mais voicy le ſecret, voicy
leur force, ecce ego mitto vos, ie vous enuoye; c'eſt moy. Poſui vos vt eatis. Com-
me s'il vouloit dire ne craignez rien, cette entrepriſe eſt moy & partant
ie ne vous abandonneray pas : il repugne à ma Prouidence ce de vous auoir
choiſi & vous abandonner, confiez vous en moy, tout ſuccedera com-
me ie l'ay minuté. Si Dieu permet qu'en l'eſtat que vous ſçauez n'auoir
entrepris que ſuiuant la vocation Diuine vous trouuez des difficultez,
c'eſt pour vous eſprouuer, non pour vous perdre, puis qu'il vous y-a mis il
doit vous y aſsiſter, autrement ſa Prouidence ſeroit defectueuſe & ſes pro-
meſſes trompeuſes, ce qui ne peut eſtre. C'eſt vne tempeſte qu'il permet, &
peut eſtre fait ſemblant de dormir, eſueillez-le par vos prieres, & vous
ſentirez ſon ſecours, ſi c'eſt ſa gloire & voſtre bien, ou la force & conſolation
pour la ſupporter auec patience & merite.
S. Paul 1.Corint.7. dit, volo omnes ſicut meipſum eſſe, ſed vnuſquiſque proprium
donum habet à Deo, vnus ſic, alius autem ſic
. Ie deſirerois bien, ſi faire ſe pouuoit,
que tous fuſſent comme moy, ſans eſtre mariez, & vequiſſent en vn eſtat au-
quel ils puiſſent librement vaquer au ſeruice de Dieu, & ſoient exempts des
tribulations que le mariage cauſe : mais chacun a ſon don & vocation parti-
culiere, l'vn au mariage, l'autre à la virginité, l'autre à la viduité. Il apparte-
noit à ſa prouidence d'eſtablir diuers eſtats auſquels la meſme prouidence
appelle les hommes chacun à celuy qu'elle connoit luy eſtre propre, & que
les mariez ne perdent pas courage, leur etat eſt vn don de Dieu, donum &
hoc
N 2

100
Premier Traite'
hoc à Deo, & ne manquera de donner à ceux qu'il y appelle la grace, qui eſt vn
autre don, neceſſaire pour viure conformement à cét eſtat, pour y trouuer
la perfection & y faire ſon ſalut. Dieu ne donne pas à tout le don de con-
tinence, il en appelle aucuns au mariage, ſoit ou de peur qu'ils ne bruſlent
dans les braſiers de la concupiſcence : ſoit qu'il veut les perfectionner dans
les difficultez du mariage & y raffiner leur patience & leurs autres vertus, &
les faire paroiſtre au monde comme autant de lumieres. Soit qu'il veut ſe
ſeruir d'eux comme de plantes de benediction pour en faire ſortir des
fruicts de predeſtination : partant chacun doit diligemment prendre gar-
de où Dieu l'appelle, & inuoquer le ſecours de la grace en l'eſtat ou il ſera
appellé.

Filet cadre, rayé.
Comme on peut reconnoiſtre quelle eſt la volonté de
Dieu, touchant ſon eſtat ou vocation.


CHAPITRE XVIII.

L'Eſpouſe au Cantique 5. parlant des cheueux de l'Eſpoux, dit, qu'ils
ſont haults comme les palmes les plus releuées, noirs, comme cor-
beaux, Comæ eius ſicut elatæ palmarum nigræ quaſi coruus, on peut entendre
cela de la prouidence Diuine, ſignifiée par les cheueux qui ſont les moin-
dres parties de nos corps, deſquels toutefois Dieu a vn ſoing particulier, ſui-
uant ce que noſtre Seigneur dit, Matth. 10. Veſtri capilli capitis omnes nume-
rati ſunt
. Tous les cheueux de voſtre teſte ſont comptez, & en ſuite des
cheueux, on entend les moindres creatures du monde, voire les moindres
actions qui s'y font, qui n'ont autre reſſort que la prouidence Diuine : ils
ſont eleuez comme palmes, dautant, ou que la connoiſſance humaine ny
peut attendreatteindre, à laquelle cette Prouidence eſt incomprehensible : ou pour
monſtrer que Dieu a ſoin des choſes petites & des grandes, Attingit à fine vſ-
que ad finem
, gouuernant toutes les creatures depuis la plus petite, iuſques à
la plus grande. Elle fait mention du corbeau, pour ſignifier que lors que nous
ſommes abandonnez de tous moyens humains, la Divine prouidence ne nous
abandonne pas, mais nous aſsiſte plus puiſſamment, comme il fait les pe-
tits corbillons, lors qu'eſtant eſclos, le pere & la mere les abandonnent l'eſ-
pace de ſept iours : mais la Diuine prouidence eſcoutant leurs petites pate-
noſtres, par leſquelles ils luy demandent leur pain quotidien, ſuiuant ce
que dit Dauid, Qui dat iumentis eſcam ipſorum, & pullis coruorum inuocan-
tibus

101
Des fins dv Mariage.
tibus eum, Pſ. 146. & Iob. 38. quis præparat coruo eſcam ſuam, quando
pulli eius clamant ad Deum vagantes eo quod non habeant cibos
, qui eſt- ce qui pre-
pare le deſieuner aux petits corbillons quand ils ont recours à Dieu, ſe voy-
ans abandonnez de pere & mere n'ayans de quoy manger ? comme voulant
dire, n'eſt-ce pas cette diuine Prouidence. Elle dit que ces cheueux ſont noirs
comme corbeaux, & eſleuez comme palmes. S.Iean Apoc. I. dit qu'ils ſont
blancs comme laine lauée, & comme la neige: les cheueux de l'eſpoux ou de
Dieu, ſont les haults proiects que ſa prouidence a formé de nous de toute
eternité, & comparé aux palmes les plus haultes. Ils ſont noirs & blancs
dit Theodoret ſur le 5. des Cantiques, noirs dautant qu'ils nous ſont obſ-
curs & incomprehensibles, blancs d'autant qu'ils ſont purs, ſaints & in-
faillibles, & ne ſont pas ſi noirs que ſi nous voulons nous ſeruir des moy-
ens qu'ils nous a laiſſé, ils ne nous puiſſent eſtre blancs; pas ſi hauts, que nous
ny puiſſions atteindre auec ſa grace, mais comment ?
La voca-
tion de
Dieu ne
nous mã
que pas.
Sainct Bernard Ad Cleric. cap.1. & 2. a des paroles pleines de grande
conſolation qui ſont fort à bon propos, & que ie ne puis obmettre : eſ-
coutez le parler : plane conuerſio animarum opus est Diuinæ vocis, non humanæ,
nec ſane, laborandum eſt, vt ad vocis huius perueniatur auditum, labor eſt potius
aures obturare ne audias, nimirum vox iſta ſe offert, ipſa ſe ingerit, nec pulſare
ceſſat ad hostia ſingulorum
. La conuerſion des ames (diſons la vocation aux
diuers eſtats) eſt vne œuure de la voix de Dieu, non de l'humaine, nous ne
deuons nous mettre en peine que cette voix ne ſe faſſe entendre, mais plu-
ſtoſt que nous ne bouchions nos oreilles pour ne l'entendre, cette voix crie
par tout, nous preuient, frappe à la porte d'vn chacun. Il ſemble auoit tiré
cette penſée du premier des Prouerbes, ou la Sapience crie & appelle les hõ-
mes, & fait tout deuoir de les attirer.
Pluſieurs ne ſe ſoucient pas beaucoup de recõnoiſtre la volonté de Dieu
au choix de leur eſtat, principalement du mariage. I'oſe dire toutefois qu'a-
pres le moment d'où depend l'eternité, qui eſt la ſortie de ce monde, il n'y a
rien qui nous importe tant que le choix d'vn eſtat arreſté: car outre qu'il
contient toutes les actions de noſtre vie, d'ordinaire auſſi c'eſt la porte de
noſtre bon-heur, ou mal-heur.
Cependant voyons qu'elles conſultations pluſieurs y apportent principa-
lement au mariage, aucuns le font ou par cas fortuit; ou par quelque lege-
re occaſion : d'autres par eſperance de quelque commodité ou liberté : d'au-
tres ſe laiſſent enleuer par le torrent de la multitude & de l'opinion com-
mune, choiſiſſant ce que le vulgaire eſtime, & qui eſt plus ordinairement
pratiqué. D'autres n'ont point d'autre reigle que la volonté, exemple, ou com-
mandement d'autruy, ſçauoir de leurs peres, meres, maiſtres, tuteurs: Les peres
&
N 3

102
Premier Traite'
& meres font ſouuent les mariages de leurs enfans auant qu'ils ſoient en aa-
ge, & à leur inſceu : les maiſtres & Seigneurs marient ſouuent leurs ſubiets ſe-
lon leurs volontez pour des intereſts & conſiderations temporelles : ils obli-
geront vn homme riche de donner ſa fille à vn gentil-homme pauure qui
les aura ſeruy, pour recompenſe de ſes ſeruices, ſans ſe ſoucier s'il y a de la
proportion ou de l'affection.
D'autres ſont de la categorie de ceux dont parloit Socrate, ſçauoir comme
les poiſſons qui fretillent d'entrer en la naſſe ſans conſiderer où ils vont, &
quand ils y ſont voudroient bien en ſortir.
D'autres ſont comme les nautonniers ſe trouuans aux naufrages, car tout
ainſi que ceux-cy embraſſent la premiere planche, qui leur vient en main pour
ſauuer leur vie, ainſi ceux qui-cy embraſſent le premier eſtant & cõdition qui ſe
preſente. Ie m'en vay apporter quelques moyens pour recõnoiſtre ce que Dieu
demande de nous : & quel eſt l'eſtat auquel il a determiné de nous ſauuer.
Auant que d'apporter ces moyens, ie vous aduertis que ſi vous voulez pro-
ceder ſainement en cette connoiſſance, il faut auoir premierement vne pure
& ſaincte intention : car, Si oculus tuus fuerit ſimplex, totum corpus tuum luci-
dum erit; ſi autem nequam fuerit etiam corpus tuum tenebroſum erit
. Tel qu'eſt
l'oeil, telle eſt l'action, l'oeil eſt l'intention qui eſclaire noſtre action, ſi l'in-
tention eſt bonne, auſſi eſt l'action : ſi l'intention eſt mauuaiſe, l'action
eſt mauuaiſe.
Secondement faut proceder en cette connoiſſance & entrepriſe, par des
moyens honneſtes & licites.
Troiſiemement auec vn bon conſeil, la precipitation y eſt dangereuſe,
auſſi eſt la temerité & la paſſion; la prudence y eſt neceſſaire.
Donc le premier moyen pour reconnoiſtre la volonté de Dieu, touchant
Dieu fait
entendre
ſa volon-
lonté à
aucuns
par reue-
lations.
noſtre eſtat & vocation, ſont les reuelations : ainſi Dieu reuela à Oſée c. 1.
qu'il ſe mariaſt, voire luy ſpecifia la qualité de la femme qu'il deuoit eſpou-
ſer. Le mariage d'Iſaac auec Rebecca fut vne reuelation : & celuy du ieune
Tobie auec Sara : nous auons pluſieurs ſemblables reuelations aux eſcritures
Sainctes
, touchant la vocation : comme de Moyſe choiſy chef du peuple.
Exod. 3. de ſon ſucceſſeur Ioſué, num. 27. de Gedeon, Iudith 2. de Saül & Da-
uid
eſleus Roys d'Iſrael, 1. Reg.16. & ces reuelations ſe font ou de Dieu im-
mediatement, ou par le miniſtere des Anges, ou des Prophetes: noſtre Seig-
neur reuela à S.Pierre qu'il ſeroit ſon Lieutenant en terre, à S. Paul qu'il ſe-
roit vn vaiſſeau d'élection, qui porteroit ſon nom par tout le monde &. c.
Num. 17.
Dieu en appelle aucuns miraculeuſement, comme il fit Moyſe par la viſiõ
du buiſſon ardant qui bruſloit ſans ſe conſommer : & ſon frere Aaron fai-
ſant fleurir ſa verge tout ſeiche & porter du fruict. Ce moyen eſt extraor-
dinaire & nous ne le deuons attendre. Quoy ! vous attendrez, peut eſtre à
vous

103
Des fins dv Mariage.
vous reſoudre, iuſques à ce que Dieu vous enuoye vn Ange ! ou que luy
meſme vienne vous declarer ſa volonté, ou bien qu'il faſſe quelque miracle
à cette fin ! il vous a donné l'oraiſon, l'entendement, Moyſe & les Prophe-
tes
, conſultez les, vous ne pouuez manquer.
Nous
pouuons
cõnoiſtre
la volonté
de Dieu
touchant
noſtre
vocation
par l'o-
raiſon.
Donc le ſecond moyen eſt de conſulter Dieu par l'oraiſon, Cum ignoremus
quod agere debeanmus hoc ſolum habemus reſidui vt oculos nostros conuertanus ad te
,
2. Paral. 20. Ne ſçachans ce qu'il nous conuient faire, nous auons recours à
vous. Priez-le tous les iours, qu'il vous veuille inſpirer ce qu'il ſçait vous eſtre
ſalutaire, & afin de vous rendre plus capable de ſes inſpiratiõs, diſpoſez voſtre
ame par frequentes confeſſions & communions. Ce fut le moyen duquel ſe
ſeruit Eliezer maiſtre d'hoſtel du Patriarche Abraham, lors qu'eſtant prés
de la fontaine de Nacor, Geneſ. 24. il dit, Domine Deus Domini mei Abra-
ham occurre obſecro mihi hodie, & fac miſericordiam cum domino meo Abraham,
ecce ego sto ad fontem aquæ & c.
Seigneur Dieu, Dieu de mon maiſtre
Abraham ie vous prie de m'aſſiſter auiourd'huy, faictes miſericorde à
mon Seigneur Abraham &c. Il demande ſon aſſiſtance pour connoiſtre celle
que Dieu auoit choiſy dans ſon conſeil priué, pour ſeruir d'eſpouſe à ſon pe-
tet maiſtre Iſaac. Mettez vous deuant la fontaine de tous biens qui eſt Dieu,
deuant le canal des graces du Ciel qui est noſtre Dame, & dites, Mon Dieu,
ie vous requiers par l'entremiſe de voſtre ſouueraine bonté, ie vous coniure
par les merites de voſtre tres-amoureuſe mere qu'il vous plaiſe m'addreſſer
à l'eſtat & au party le plus propre pour aduancer voſtre gloire & plus ſor-
table à mon ſalut.
Le troiſieſme moyen eſt que nous nous ſeruions de noſtre entendement,
Nous
pouuons
cõnoiſtre
la volon-
té de Dieu
touchant
noſtre
vocation
conſultãs
auec nous
meſmes.
i'entens aucuns qui diſent, comment connoiſtrons nous ce que Dieu veut de
nous ? Multi dicunt quis ostendit nobis bona. Auſquels nous pouuons reſon-
dre, Signatum eſt ſuper nos lumen vultus tui Domine. Ce ſeroit vain que Dieu
nous auroit choiſy & qu'il nous appelleroit, s'il ne nous donnoit le moyen
d'entendre & connoiſtre ce qu'il veut : le maiſtre auroit tort qui deſireroit
que ſon ſeruiteur ſiſt quelque choſe, & cependant ne luy en donneroit au-
cune connoiſſance. Ce n'eſt pas pour rien que Dieu nous a donné la lumiere
de raiſon, c'eſt afin que nous nous en ſeruions pour connoiſtre ce qu'il deſire
de nous, car il ne faut pas penſer, ou qu'il fait touiours des miracles pour
nous donner cette connoiſſance; ou qu'auſsi toſt que nous luy demandons
par nos prieres, qu'il nous la donne; il veut que nous nous ſeruions des moy-
ens qu'il nous a laiſſé, & entre autres, du diſcours, du iugement, de la raiſon,
& lors que nous le faiſons, il s'infinue en nos ames, fauoriſe nos deſſeins, ne
permet que nous ſoyons trompez, mais nous fait aſſeurement connoiſtre ce
qui nous eſt ſortable; or afin que cette conſultation ſoit bonne & ſolide, elle
doit eſtre accompagnée de ces circonſtances.
La

104
Premier Traite'
La premiere eſt que nous nous repreſentions la fin de noſtre creation qui
Circon-
ſtance de
la ſuſdite
conſulta-
tion.
n'eſt autre que de connoiſtre Dieu, l'aimer & le ſeruir, & en l'aymant & luy
ſeruant, d'eſtre eternellement bien heureux.
La ſeconde qu'il y a diuerſes voyes & diuerſes occupations en ce monde,
par leſquelles nous pouuons arriuer à cette fin, & que tout ce qui eſt en ce
monde, ſont comme autant de moyens qui nous aydent à y paruenir, & par-
tant nous deuons choiſir les moyens & occupations qui nous ſont plus con-
formes pour arriuer à noſtre fin, qui nous peuuent aider dauantage à l'ac-
querir & qui ſont plus aggréables à Dieu : puis que la raiſon veut que le ſer-
uiteur qui eſt au pain & au gage d'vn maiſtre, s'occupe ſelon le bon plaiſir de
ſon maiſtre : or tout ce que nous ſommes, nous ſommes à Dieu, come ſer-
uiteur au maiſtre & plus.
3. De bien conſiderer qu'a proprement parler il ny a aucun eſtat quel qu'il
ſoit, lequel abſolument parlant, & de ſoy, & de ſa nature, ſoit bon ou mau-
uais, pour mon regard, & partant ie n'en dois, & n'en puis aimer, ny en hair
aucun, parlant abſolument , d'autant que l'obiect de l'amour, c'eſt le bien, &
de la haine, le mal; or aucun eſtat n'eſt ny bon ny mauuais pour mon re-
gard parlant abſolument : mais ſeulement entant qu'il m'aide & m'empeſche
d'arriuer à ma fin qui eſt de ſeruir Dieu en ce monde, & puis apres iouyr de
ſa gloire, & partant vn eſtat peut eſtre bon à vn, qui ſera mauuais à l'autre :
le chemin de la gloire à l'vn, à l'autre de perdition : d'où i'infere que
nous deuons taſcher de nous mettre dans vne certaine indifference, ne
panchans ny d'vn coſté ny d'autres, ne deſirans autre choſe que de faire
la volonté de Dieu, quelle qu'elle elle ſoit, en quel eſtat & condition qu'il luy
plaira : or pour arriuer à ceſte indifference, faut deſtacher ſon affection de
tout obiect, & eſtre preſt de quitter tout ce qui nous pourroit deſtourner
d'accomplir la volonté de Dieu, & d'embraſſer tout ce que nous connoi-
ſtrons eſtre à ſa gloire.
4. Faut conſiderer les diuers eſtats qui ſe peuuent propoſer à noſtre eſ-
prit comme l'eſtat de religion, de continence, de mariage : les biens & les
maux qui ſe retrouuent en ces eſtats : lequel eſt plus aſſeuré pour arriuer
au ſalut : lequel eſt plus conforme à mon naturel & à ma condition : car
tous ne ſont pas propres, ny pour le mariage, ny pour la religion, ny pour
le cœlibat. Unuſquiſque proprium donum habet ex Deo, alius quidem ſic, alius vero
ſic
. 1. Corinth 7.
5. Quel conſeil me donneroit Ieſus-Chriſt, s'il eſtoit encor en terre, ou
bien quelque ſainct ou ſignalé docteur qui m'aimeroit, & ne voudroit me
tromper : voire quel conſeil ie donnerois à vne perſonne faicte comme moy
deuant Dieu, & eſloigné de toute paſſion : me deliberant de prendre vn tel
conſeil pour moy, & le mettre en pratique.
6. Ce

105
Des fins dv Mariage.
6. Ce que ie voudrois auoir fait ſi i'eſtois à l'heure de la mort preſt de
rendre compte à Dieu, & de receuoir la ſentence d'vne interminable
eternité.
Or remarquez que ces conſiderations ſe peuent faire non ſeulement
en general touchant l'eſtat qu'on doit choiſir comme de religion, ou de
celibat, ou de mariage : mais auſſi en particulier : comme d'vne telle ou
telle religion; d'vne telle forme de vie ou telle au celibat; d'vne telle
ou telle perſonne pour partie en mariage, & pour bien faire ces con-
ſiderations faut auoir l'eſprit tranquille, deſ-embarraſſé d'affaires impor-
tunes, & deſtaché de toute paſſion. On peut ſe diſpoſer à cette tranquil-
lité & paix d'eſprit par vne bonne confeſſion generale ou par vne fre-
quente communion, ou par quelqu retraitte.
Nous pou-
uons con-
noiſtre la
volonté de
Dieu par
conſeil.
Le 4. Moyen eſt le conſeil de nos ſuperieurs principalement deſin-
tereſſez, habent Moyſem & prophetas audiant illos, Luc 16. Qui vos audit, me
audit
, Luc. 10. & il appartient à la diuine prouidence d'aſſiſter les ſupe-
rieurs lors, & leur donner le don de conſeil : mais garde le ſang & la
chair & ſur tout l'intereſt, mauuais conſeillers. Animalis homo non perci-
pit ea quæ ſunt ſpiritus Dei
, 1.Cor.2. L'homme animal n'eſt pas capable de
l'eſprit de Dieu. Cum viro ſancto aſſiduus eſto, Eccli.37. addreſſez vous à
quelque ſainct perſonnage, expoſez luy tout voſtre naturel, vos inclina-
tions, difficultez, tentation, Dieu ne manquera de vous faire connoi-
ſtre ſa volonté par ſon entremiſe.
Aucuns prennent conſeils, mais de ceux qu'ils ſçauent qui leurs con-
ſeilleront ce qu'ils deſirent, & Dieu permet ſouuent qu'en tels cas & le
conſultant & le conſeiller ſont trompez. Achab 3.Reg.12. demanda à
Michée s'il donneroit la bataille, il eſtoit tout porté à la donner, voire
eſtoit reſolu à cela : Michée luy dit qu'il la donnaſt, il le fit mais ce fut
à ſa ruine.
Si chacun obſeruoit ces preceptes, ô qu'on viuroit contents ! nous
n'entendrions pas tant de plaintes; on ne verroit pas tant d'apoſtaſies;
ny tant de diuorces, ny de ſcandales, ny de mauuais meſnages, ny qui pis
eſt tant de deſeſpoirs : ny de tant d'autres mal-heurs qui arriuent d'ordi-
naire faute de conſiderer & connoiſtre ce que Dieu veut de nous.
Chacun n'eſt pas né pour tout eſtat, pluſieurs ſe damnent en mariage
que Dieu vouloit ſauuer en religion, au contraire d'autres ſe damnent
en religion, qui ſe fuſſent ſauuez en mariage : pluſieurs en mariage ſe
damnent auec vn tel mary ou auec vne telle femme : & Dieu auoit de-
terminé de les ſauver auec un tel ou une telle : puis donc que les re-
ſolutions diuines nous ſont inconnues, mais connues à Dieu ſeul, c'eſt
à nous de recourir aux moyens qu'il nous a laiſſé, & tout à luy, luy
diſans
O

106
Premier Traite'
diſans auec Dauid Pf.143. Notam fac mihi viam in qua ambulem, quia ad te
leuaui animam meam
. Mon Dieu monſtrez moy le chemin que ie dois te-
nir, c'eſt pour le connoiſtre, que i'eſleue mon ame à voſtre majeſté.
Doce me facere voluntatem tuam, quia Deus meus es tu: Enſeignez moy à faire
voſtre volonté, car il vous appartient de le faire, puis que vous eſtes
mon Dieu. Spiritus tuas deducet me in viam restam. C'eſt à voſtre ſainct
Eſprit
de me conduire au droict chemin. Emitte lucem tuam & veritatem
tuam: ipſa me deduxerunt & adduxerunt in montem ſanctum tuum, & in taber-
nacula tua
. Enuoyez moy quelque rayon de voſtre lumiere, faites moy
voir la verité, elle me ſeruira de guide pour enfin arriuer à voſtre ſaincte
montagne & à vos tabernacles. Dites auec Solomon Sap. 9. Da mihi ſedium
tuarum aſſiſtricem ſapientiam: & noli me reprobare à pueris tuis. Mitte illam
de coelis ſanctis tuis, & à ſede magnitudinis tuæ, vt mecum ſit, & mecum la-
boret vt ſciam quid acceptum ſit apud te.
Mon Dieu donnez moy voſtre ſa-
pience qui a l'honneur d'eſtre participante de vos diuins conſeils : ne me
rejettez pas du nombre de vos enſans : enuoyez-la du ciel : deſpechez-la
du throſne de voſtre majeſté, afin qu'elle m'accompagne, qu'elle trauaille
auec moy, & que ie connoiſſe ce qui vous eſt aggreable. Amen.







Cul de lampe orné de fleurs.











TRAITE







Filet cadre rayé entouré de petites fleurs pour créer un bandeau.
107

TRAITE' SECOND
Des maux & des biens du Mariage.

Filet cadre, rayé.
Qu'en tous estats ſe trouuent des difficultez.

CHAPITRE I.

En ce mõ-
de point
de parfait
repos.
SAinct Auguſtin en la Cité de Dieu remarque que les Romains s'eſtans
deliberé de baſtir deux temples, l'vn au repos, l'autre au trauail,
baſtirent celuy du repos hors de leur ville, & celuy du travail tout au beau
milieu de la ville : voulant faire entendre que le temple du vray repos eſt
hors de ce monde, & au ciel, mais que ce monde eſt le temple du trauail, &
qu'en quel eſtat & condition que vous ſoyez, vous ne pouuez euiter le trauail
ny les difficultez.
Vn ieune homme nommé Detraſthus conſultoit vn iour Socrate tou-
chant l'eſtat de vie qu'il prendroit, s'il ſe marioit ou non, Socrate luy reſ-
Point de
bien ſans
mal en ce
monde.
pondit, Elige quod vis, de quocunque ſemper te pœnitebit. Valerius Max.1.7.
de memorab. dictis c.2, choiſiſſez ce que vous voudrez, mais quoy que vous
choiſiſſiez vous en aurez du repentir. Comment voulez vous qu'il ſe trouue
eſtat ſans difficulté, puis qu'il ne ſe trouue aucun bien en ce monde ſans
meſlange de mal. Le ſoleil a ſes nuées : la terre, les eclypſes, qui le couurent :
l'air ſes changemens : tantoſt ſec tantoſt humide : tantoſt clair tantoſt obſ-
cur : tantoſt ſerain, ores pluuieux, il a les vents, les nuées, les tonnerres. La ter-
re a les frimats, les gelées, les terre-trembles, les ſterilitez, les diuerſes in-
iures du ciel : les inondations. La mer ſes tempeſtes & orages. Le vin n'eſt
ſans lie, & quoy qu'il ſoit donné de Dieu à bon vſage eſt cauſe de bien
grands maux. Les meilleurs & plus beaux arbres ont des vers qui les ron-
gent. L'huile ſes fondrilles. Le bled a ſon yuraye, & ſa paille : l'homme ſes
immondices & ſes changemens, & vous voudriez trouuer vn eſtat en ce
monde afforty d'vn parfait contentement & exempt de tous maux! Il n'y a
ſi grand
O 2

108
Second Traite'
ſi grand honneur qui ſoit ſans charge : Il n'y a ſi grand ſainct qui ſoit ſans
peché : il n'y ſi heureux qui ſoit ſans ſouffrance.
Ie m'en rapporte ſi ce que Pline raconte de Xenophile muſicien eſt verita-
ble, lequel il dit eſtre paruenu iuſques à l'aage de cent cinquante ans, ſans
aucune incommodité, difficulté, ny maladie, ie croy pluſtot que c'eſt vne
Xenophile
paruenu à
l'aage de
I 50.ans
ſans incõ-
moditez.
rodomontade, & que qui auroit bien eſpluché toute ſa vie, trouueroit
que comme Xenophile n'eſt venu au monde ſans miſeres, ſuiuant la ſen-
tence generale de noſtre nature, auſſi n'y a il veſcu ſi long-temps, & n'en
eſt ſorty ſans miſeres : que ſi ce que Pline dit de luy eſt vray, diſons que
c'eſt vn phoenix, & qu'il ne s'en rencontre qu'vn en mille ans, mais encore
à peine, voire en toute la durée d'vn monde.
Les Romains auoient baſty le temple de l'honneur & du trauail tout voi-
ſins l'vn de l'autre, on paſſoit de l'vn à l'autre : nul bien en ce monde ſans
mal. Le bien & le mal entrent vn iour en conteſte, dit-on, le bien ne vou-
loit ceder au mal, ny le mal au bien, la voye d'accord fut qu'ils iroient touſ-
iours coſte à coſte & de compagnie.
Ce monde eſt vn lieu de miſeres, trouuez moy vn coing qui en ſoit
Nul lieu
au monde
ſans mal.
exempt; Dieu qu'il ſera de grand prix ! c'eſt vne mer iamais ſans quelque agi-
tation : C'eſt vne milice dit Iob. Les vns ſont dans la meſlée : les autres gar-
dent le bagage : & les autres ſont dans les garniſons. Ie veux dire que tous
les eſtats ſe peuuent reduire aux trois que nous auons dit au commence-
ment, ſçauoir des continents, des religieux & des mariez, leſquels ſi nous
conſiderons comme ſoldats, & en cette qualité que l'eſpouſe les repreſente,
vt caſtrorum acies ordinata, comme vne armée rangée, comme les camps de
Dieu, castra Dei ſunt hæc,, comme parties de l'Egliſe militante, nous pou-
uons dire que ceux qui ſont en garniſon ſont les religieux, entourez des
forts rampars de leurs voeux, des bonnes murailles de leurs reigles, & ſur-
tout munis d'vne forte citadelle de l'aſſiſtance ſpeciale de Dieu. Que ceux
qui ſont au bagage ſont les continents qui ſont plus expoſez aux efforts des
ennemis, & ont plus d'occaſion d'eſtre ſur leur garde : mais que ceux qui ſont
au combat ſont les mariez : nul n'eſt ſans peine, mais l'vn en a plus que l'autre,
& c'eſt vne prouidence Diuine, afin que nous nous ſouuenions que nous ſom-
mes ſoldats, & que de cette Egliſe militante nous aſpirons à la la triomphante.
Ce n'eſtoit pas ſans cauſe qu'anciennement on mettoit les premiers ma-
Le maria-
ge n'eſt
ſans peine.
riez ſoubs le joug. Vrayement le mariage eſt joug, & bien peſant. Les Ro-
mains auoient couſtume lors qu'ils marioient quelqu'vn de mettre du feu
& de l'eau ſur le ſeuil de la porte, & le nouueau marié & la mariée les al-
Alexander
ab Alex
.
genial.die-
rum
l. 2.
c.5.
loient toucher; & puis on arroſoit la nouuelle mariée auec cette eau : cette
ceremonie pouuoit repreſenter diuerſes choſes : comme le lien eſtroict du-
quel ils eſtoient conjoincts, repreſenté par ces deux elemens qui ſont com-
me les

109
Des mavx et des biens dv Mariage.
me les premiers par leſquels ſubſiſte noſtre vie. Ou bien pour monſtrer
Pourquoy
ancienne-
ment les
nouueaux
mariez
touchoiẽt
du feu &
de l'eau,
& pour-
quoy on
arroſoit
l'eſpouſe.
qu'en ſuite de leur mariage, ils deuoient entrer en communication de toutes
choſes ſignifiée par l'eau & le feu ſi communs : ou pour monſtrer les prin-
cipes de la generation, pour laquelle ils ſe marioient, qui ſont la chaleur &
l'humidité. On arroſoit l'eſpouſe pour mõſtrer qu'elle deuoit entrer chaſte
& pure en la maiſon de ſon mary. Voila aucunes ſignifications de cette cere-
monie, mais i'aime mieux dire que ce qu'ils en faiſoient eſtoit pour donner à
entendre aux mariez, qu'ils deuoient ſe reſoudre (entreprenans cét eſtat) de
paſſer par l'eau & le feu, c'eſt à dire, par toute ſorte de ſouffrances, Tranſi-
uimus per ignem & aquam
. Et partant qu'ils deuoient ſe preparer à la pa-
tience : c'eſtoit pour la meſme raiſon qu'aucuns courronnoient les pre-
miers mariez de couronnes d'eſpines, pour monſtrer que le mariage n'eſt
ſans eſpines.
Ie confeſſe qu'en quel eſtat que vous choiſiſſiez, il s'y trouue des eſpines,
de l'eau & du feu, c'eſt à dire, des difficultez; mais ſur tout au mariage, ce qui
a fait dire à Dipocrates, qu'il n'y auoit que deux bons iours au mariage
Dipocra-
tes.
pour vn homme, le iour des nopces, & le iour des funerailles de la femme;
mais vn autre qui penſoit eſtre plus ſage, luy en donna le deſmentir diſant
Deux bõs
iours a
mariage.
qu'il n'y en auoit qu'vn bon, qui eſtoit le iour auquel on portoit ſa femme
au tombeau, & tout enſemble ſa captiuité. Auſſi Platon diſoit, que ſi le
monde pouuoit eſtre ſans mariage, noſtre vie ſeroit ſemblable à celle des
Dieux.
Mais eſcoutons vn Philoſophe Chreſtien, c'eſt ſainct Gregoire 12. Moral.
Bonum eſt coniugium, ſed mala ſunt quæ circa illud ex huius mundi cura ſuccreſcunt.
Dum ergo tenetur, quod non nocet, ex rebus iuxta poſitis committitur plerumque
quod nocet. Sicut ſæpe rectum mundumque iter pergimus: & tamen ortis iuxta
uiam vepribus per vestimenta retinemur. In via quidem munda non offendimur,
ſed à latere naſcitur quo pungamur
. Le mariage eſt bon, mais ce qui croit
à l'entour, à cauſe des ſoins de ce monde, eſt mauuais : lors qu'on tient ce
qui ne nuit pas, ſouuent à cauſe de ce qui eſt aupres on fait ce qui nuit, tout
ainſi que ſouuent nous marchons par vn chemin droit & net :& toutefois
nos habits ne laiſſent pas de s'accrocher aux eſpines qui ſont à coſté du che-
min, & de nous arreſter : nous ne receuons aucune incommodité du chemin,
mais les pointes & eſpines naiſſent aupres du chemin.
On peut dire qu'vne bonne femme eſt vn grand don de Dieu, Domus &
diuitiæ dantur à parentibus, à domino autem propriè vxor prudens
: Les peres
& meres peuuent bien donner des richeſſes & maiſons, mais c'eſt Dieu qui
donne la bonne femme, on ne ſçait comme proceder au choix; car ſi vous en
prenez vne ieune, elle eſt dangereuſe : ſi vne vieille, elle eſt riotteuſe : ſi vne
riche, elle eſt glorieuſe: ſi vne pauure, elle eſt contemptible: ſi vne belle, elle eſt
volage;
O 3

110
Second Traite'
volage : ſi vne laide, elle fait peur : ſi vne ſaine, elle eſt coureuſe : vne ma-
lade eſt ennuyeuſe : vne ſçauante eſt babillarde, vne idiote eſt vne meſna-
gere, auaricieuſe : vne liberale, prodigue, le choix en eſt fort difficile, la bon-
ne rencontre eſt vn benefice du ciel, & vne faueur ſpeciale de la diuine Pro-
uidence.
Ie ne dis pas cecy, cy pour diminuer l'eſtime que chacun doit faire du
mariage, ie ſçay combien il eſt honorable, & me donneray bien de garde
de contredire à ſainct Paul aux eloges qu'il luy donne : ny pour en diuertir
aucun, car i'aduoüe que tel ſe peut ſauuer en mariage & y eſtre ſainct, qui
ſe damneroit hors de mariage : ie confeſſe que Dieu donne à aucuns la vo-
cation & l'inclination à cét eſtat : ce que i'en die eſt pour monſtrer, que
comme ainſi ſoit que chaque eſtat ayt ſes difficultez, le mariage en eſt bien
party, S. Paul le dit, Beatior erit ſi ſic permanſerit. 1. Corinth.7. & partant, que
ceux qui y ſont engagez faſſent prouiſion de reſolution, & de patience : ceux
qui ſont encor libres ne s'y engagent temerairement, & ſans reconnoiſtre ſi
c'eſt l'eſtat pour lequel Dieu les a creés.
Or afin que chacun reconnoiſſe les biens & les maux qui s'y retrouuent
pour iouyr des biens, & en loüer Dieu, les rapportant à ſa gloire : & euiter
les maux, autant que faire ſe pourra, ou s'armer contre iceux de patience;
& de la grace de Dieu : i'en parleray en particulier, & les reduiray chacun à
trois, ſans auoir eſgard à tant de diſcours que pluſieurs font en general con-
tre cét eſtat. Les trois maux ſeront : la tribulation de la chair : la ſeruitude :
& le ſoin de la famille. Les trois biens qui leurs ſont oppoſez ſont : la lignée,
qui eſt le bien oppoſé à la tributation de la chair : la fidelité, qui addoucit la
ſeruitude & le ſoin de la famille : & enfin, la grace du Sacrement.

Filet cadre, rayé.

Du premier mal du mariage, qui eſt la tribulation de la chair.

CHAPITRE II.

L'Ange de l'eſcole S. Thomas 1.2.q.85. art.3. a vne inſigne doctrine, qui
eſt comme le fondement de ce que ie dois dire en ce Chapitre. En l'eſtat
d'innocence, dit-il, la raiſon contenoit toutes les forces inferieures de l'a-
me : & l'ame eſtant ſubjecte à Dieu, eſtoit perfectionnée de Dieu. Cette iu-
ſtice originelle a eſté perdue par le peché d'Adam, & partant toutes les for-
ces de l'ame ſont comme priuées de leur ordre, ou inclination, par lequel
naturellement elles eſtoient portées à la vertu : & cette priuation s'appelle
bleſſure

111
Des mavx et des biens dv Mariage.
bleſſure de la nature. Or l'ame a quatre puiſſances, auſquelles ſe peut trou-
uer la vertu : ſçauoir, la raiſon, où ſe trouue la prudence : la volonté, où ſe
rencontre la justice : l'iraſcible, où eſt la force : la concupiſcible, où ſe trouue
la temperance. Donc entant que la raiſon eſt priuée de ſon ordre touchant
le vray, elle eſt bleſſée d'ignorance : entant que la volonté perd le meſme
ordre : touchant le bien, elle a la bleſſure de malice : entant que l'iraſcible
perd ſon ordre ou inlincation aux choſes difficiles & ardues, c'eſt la bleſſure
de foibleſſe : entant que la concupiſcible perd ſon ordre à la moderation tou-
chant le plaiſir ou le bien delectable, c'eſt la playe de concupiſcence. Ainſi,
dit-il, la raiſon eſt comme hebetée touchant les choſes qu'il conuient faire :
la volonté endurcie touchant le bien : la difficulté à bien faire, s'accroit : & la
concupiſcence s'echauffe. Voila les vrays effects du peché originel, l'ignorance
en l'entendement : le refroidiſſement en la volonté : la ſoibleſſe en l'iraſ-
cible : l'ardeur en la concupiſcible.
Nous n'experimentons que trop ces miſeres, mais ſur tout la derniere; car
depuis que l'eſprit s'eſt reuolté contre Dieu, la chair s'eſt reuolté contre
l'eſprit : & c'eſt de là que naiſt cette guerre inteſtine de laquelle parle l'Apo-
ſtre
, Sentio aliam legem in membris meis repugnantem, legi mentis meæ & c. inſelix
ego homo quis me liberabit de corpore mortis huius?
ie ſens vne autre loy en mes
membres, repugnante à la loy de mon eſprit &c. Ah miſerable que ie ſuis!
qui me deliurera de ce corps mortel ? Rom. 7.
Cette conteſte, qui n'eſt autre choſe que la cõcupiſcence, a donné ſubject
à S. Paul de mettre comme deux hommes en nous, l'vn qu'il appelle l'hom-
me interieur, l'autre exterieur: l'vn nouueau, l'autre vieil: l'vn animal, l'autre
Les Mani-
chiens
di-
ſent que
l'homme
à deux a-
mes.
ſpirituel : l'vn de chair, l'autre eſprit: & les Manichiens ont dit que nous
auions deux ames: l'vne bonne, & portée à la vertu, l'autre mauuaiſe & en-
cline au mal, & à la volupté : l'vne auoit Dieu pour principe & autheur, l'au-
tre le Diable qui eſt vne abominable hereſie. I'en ay parlé au Chapitre 6. du
premier Traité, parlant de la concupiſcence.
Dieu nous a donné diuers remedes contre cette concupiſcence, comme la
raiſon, aſſiſtée de ſa grace : comme le ieuſne, les auſteritez, les mortifications
& autres, & nommément le mariage, c'eſt pourquoy S. Paul dit 1.Corint.7.
Propter fornicationem vnuſquiſque vxorem ſuam habeat, & vnaquæque virum
Mariage,
remede à
la concu-
piſcence.
ſuum habeat, de peur de la fornication, c'eſt à dire, pour reſiſter aux bouta-
des & furies de la concupiſcence, mariez vous, c'eſt pourquoy le meſme S. Paul
parlant des mariez dit, Tribulationem tamen carnis habebunt huiuſmodi. 1.Cor.7.
ils auront la tribulation de la chair, qu'aucuns expliquent d'vne esblouyſſe-
ment & eſtourdiſſement, que cauſe ſouuent l'vſage du mariage : lequel em-
porte la raiſon dans vne impetuoſité & brutalité, où ne ſe trouue quaſi
rien

112
Second Traite'
La chair
eſtant fla-
tée regim-
be.
rien d'humain ny de raiſonnable. La chair eſt d'vn naturel ſeruille, tant plus
on la flate tant plus elle eſt reueſche, tant plus on la careſſe, tant plus elle ſe
reuolte : & quand elle eſt mattée elle obeyt.
Elle eſt comme ce poiſſon qui vouloit deuorer Tobie, il eſtoit redouta-
La chair
comparée
au poiſſon
de Tobie.
ble tandis qu'il nageoit dans la mer, mais par l'aduis de l'Ange ietté ſur le ſa-
ble, il fut auſſi toſt eſtouffé. Noſtre chair monſtre marin, dans la mer des de-
lices, dans les licts & couches molles; dans les feſtins; dans l'aſſouuiſſement
Semblable
au ſerpent
d'Eſope.
de ſes plaiſirs deuient comme furieuſe, mais tirée ſur le ſable de la peni-
tence elle eſt mattée. Elle eſt comme ce ſerpent d'Eſope lequel eſtant tout
morfondu, eſtoit comme mort, mais le bon villageois l'ayant mis dans ſon
ſein par compaſſion, & l'ayant rechauffé il reprit force & l'empoiſonna :
noſtre chair chaſtiée eſt ſouple : eſchauffée par les delices, indomptable, qui
delicate nutrit ſeruum ſuum postea ſentiet eum contumacem
, Prouerb.29.
Par la tribulation de la chair aucuns entendent les maladies prouenans
de l'vſage du mariage, c'eſt vn fait de medecin, ie ny touche pas. Si diray ie
en paſſant qu'il abrege la vie. Ariſt. De longitudine & breuitate vitæ, dit que les
paſſereaux viuent peu à cauſe qu'ils engendrent trop ſouuent, & la raiſon &
l'experience monſtrent que les animaux qui font ſouuent des petits ne ſont
pas de longue vie : on dit de Salomon qu'il eſt mort vieil, il n'auoit gueres
plus de cinquante ans, mais le trop frequent vſage des voluptez charnelles
l'auoit fait vieillir auant l'aage.
Ne ſont ce pas grandes tribulations de la chair que les accidens qui arri-
uent incontinent apres la conception, tant de degouſts, de veilles contrain-
Miſeres &
peines des
meres.
tes, vertiges, melancholies, difficulté de reſpirer, des appetits deſreglez, &
vn trouble en toute l'œconomie du corps. Puis ſuiuent les trenchées du
part54 qui cauſent ſouuent la mort. L'enfant eſt-il né, faut le nettoyer, le nou-
rir, l'emmailloter, le veſtir, le coucher, le berſer, l'alaicter, le chanter & flat-
ter pour l'endormir, & empeſcher de pleurer : de ſorte qu'vne pauure mere
eſt occupée à l'entour iour & nuict, ſans pouuoir penſer ny faire autre choſe,
& ſouuent ſans prendre aucun repos : que diray ie des puanteurs, ordures,
cris, maladies qui ſuruiennent à la mere & à l'enfant ? les ſoins plus grands
qu'il faut auoir à meſure que l'enfant croit en aage, les facheries s'il s'aban-
Diuerſes
miſeres
du mariage.
donne aux meſchantes compagnies : s'il eſt desbauché, s'il diſſipe ſon bien aux
berlans & tauernes, s'il ſe marie ſans adueu de pere & mere ? s'il meurt ne
ſont-ce pas tribulations de la chair?
Reſſenti-
ment de
Solon ſur
la mort
imaginai-
re de ſon
fils.
Solon ce grand legiſlateur des Atheniens, & vn des ſept Sages de la Grece,
eſtant vn iour chez Thales le Mileſien, s'eſtonnoit de ce qu'il ne ſe marioit
pas & ne ſongeoit à ſa poſterité. Thales ne dit mot lors, mais quelques temps
apres, appoſta vn quidam & l'emboucha55. Cettuy-cy fit ſemblant qu'il ve-
noit de voyage & ſe preſenta à Solon, diſant qu'il eſtoit party d'Athenes
depuis

113
Des mavx et des biens dv Mariage.
depuis dix iours : auſſi toſt Solon luy demanda ce qu'il y auoit de nouueau,
rien dit le meſſager, ſinon que lors que ie ſuis ſorty de la ville tout le mon-
de eſtoit en deuil à raiſon de la mort d'vn ieune homme qu'on portoit en
terre, & eſtoit ſuiuy de toute la ville, d'autant que ſon pere y eſt en tres‑
grande reputation, & de mal-heur le pere eſtoit abſent. Solon ſouſpira en-
tendant cela, & dit, voila vn pauure pere bien deſolé, & mal-heureux. Mais
dictes-moy, mon grand amy, n'auez vous pas ouy nommer le pere dit So-
lon
: ſi ay-ie bien Monſieur dit le meſſager, mais ie vous prie m'excuſer, i'en ay
perdu la memoire, ſi me ſouuiens-ie bien d'vne choſe, ſçauoir que par toute la
ville on parloit du pere de ce ieune homme comme d'vn perſonnage qui n'a
pas ſon pareil en prudence & iuſtice. Solon entendant ces parolles pallit, puis
trembla, enfin dit au meſſager, vous ſouuiendriez vous bien du nom de ce
perſonnage ſi ie vous le nommois ? paraduenture qu'ouy dit le meſſager :
ne s'appelloit-il pas Solon; repliqua Solon ? vrayement Monſieur dit le
meſſager vous auez rencontré, c'est le meſme : ouy il ſe nomme Solon, i'en
avois entierement perdu la memoire. Ce fut lors que Solon commença à
changer de contenance, s'arrachant la barbe & les cheueux, & frappant ſa
teſte, croyant aſſeurement que ſon fils eſtoit mort. Thales qui conſideroit
toute cette farce tenant bonne mine, & s'empeſchant de rire, & prenant vn
ſingulier plaiſir à voir comme ce meſſager iouoit parfaictement ſon perſon-
nage, commença à ſouz-rire, & dit, ouy, Monſieur Solon vous me deman-
diez dernierement pourquoy ie ne me mariois pas : en voila la cauſe,
i'ay peur de tomber dans les accidens qui font perdre courage à vn per-
ſonnage ſi reſleué & ſi conſtant comme vous eſtes. Ie vous prie de vous
mettre hors de peine, tout cecy n'eſt qu'vne feinte, i'ay appoſté cét homme
pour vous en donner d'vne, & pour vous faire voir la cauſe pourquoy
ie ne me marie point. Ce ſont là des tribulations qui esbranlent meſmes
les rochers.
Diuerſes
miſeres du
mariage.
S. Chriſoſtome monſtre cette tribulation par vn excellent diſcours au li-
ure de Virginitate56 en pluſieurs chapitres. Voicy comme il parle au chap. 53:
on eſtime celuy-la auoir fait bonne fortune, lequel eſtant de petite extra-
ction & pauure, aura eſpouſé vne femme riche & de maiſon illuſtre : qu'au-
ra-il gaigné en cette alliance ſinon vn meſpris ? car ordinairement les fem-
Inſolences
d'aucunes
femmes.
mes ſont ſuperbes & inſolentes, & partant plus ſubjettes à s'eſmouuoir : que
ſi elles rencontrent quelques grandes occaſions de meſpris, rien n'eſt capable
de les maintenir dans leur deuoir; mais tout ainſi qu'vne flamme s'eſtant iet-
tée dans vne foreſt s'eſleue ordinairement : de meſme elle s'eſlancent, bou-
leuerſent tout ordre, & renuerſent ſens deſſus deſſoubs : car lors la femme
ne permet pas que le mary ſoit le chef, mais comme elle eſt arrogante & im-
perieuſe, elle en fait ſon valet : cõmande, fait tout à ſa volonté : & qui pourroit
raconter
P

114
Second Traite'
raconter les reproches, les iniures, les faſcheries, les meſpris, qu'endure
ce pauure mary. Puis au chap. 54. Quelqu'vn me dira (dit S.Chryſoſt.) que
Dieu m'enuoye ſeulement cette bonne fortune : que ie rencontre vne fem-
me riche, ie la rangeray bien, ie rabattray bien ſa ſuperbe. Mais ie luy reſ-
pondray qu'il eſt plus difficile qu'il ne penſe : & puis i'en ſuis content qu'il
le faſſe, il y aura plus de dommage qu'il ne croit : car c'eſt choſe plus faſch-
euſe de contenir vne femme par force & violence que ſi elle commandoit abſo-
lument. D'autant que cette force & violence oſte tout amour; & l'amour
eſteint quand il n'y reſte plus que de la crainte & neceſſité, quel honneur
& contentement y peut-il auoir?
Inſolence
d'aucuns
marys.
Au ch.55. Or poſons le cas que la femme eſt pauure, & le mary riche : la
femme ſera ſeruante, & celle qui eſt noble & libre deuiendra eſclaue, & ay-
ant perdu ſa liberté ſera-elle de meilleure cõdition que les eſclaues acheptez
à beaux deniers contans ? & lors ſi le mary eſt yurogne, ſi desbauché, ſi des-
bordé, s'il amene des courtiſanes à ſa maiſon, la pauure femme deura auoir
patience ou ſortir de la maiſon. Voire meſme tandis que ſon mary ſe com-
portera de la ſorte, elle n'oſera commander, ny à ſeruiteurs ny à ſeruantes,
mais traittera auec eux comme auec des eſtrangers, & conuerſera auec ſon
mary, non comme auec mary, mais comme auec ſon maiſtre.
Que ſi les parties ſont eſgales, cette eſgalité empeſchera que la femme ſe
ſoubmette à ſon mary, comme la raiſon le veut, mais elle voudra marcher de
pair, comme eſtant auſſi riche & d'auſſi bonne maiſon que luy : i'aduoue que
cela n'arriue pas touiſours, mais ie maintiens qu'il arriue plus ſouuent que le
contraire.
Il pourſuit au chap. 56. & dit, que ſi la bonne fortune eſt accompagnée de
tant de miſeres & incommoditez, que ſera la mauuaiſe fortune ? La femme
n'eſt condamnée qu'vne fois à la mort, puis qu'elle n'a qu'vne vie, & elle meurt
mille fois : elle eſt en peine & apprehenſion de la mort de ſon mary, de ſes en-
fans, des femmes ou marys de ſes enfans, des enfans de ſes enfans, & dans ces
apprehenſions meurt mille & mille fois : & d'autant plus ſouuent que ſa race
eſt plus eſtendue, s'ils font quelque perte; s'il leur arriue quelque maladie
ou autre incommodité, cela l'afflige comme s'il eſtoit arriué à ſa propre per-
ſonne. Si elle enterre ſon mary & tous ſes enfans, elle ſera contrainte de paſ-
ſer le reſte de ſa vie dans vne triſteſſe inconſolable : ſi elle n'en pert qu'aucuns,
& les autres ſuruiuent, elle eſt affligée de la perte des morts, & en crainte de
ce qui peut arriuer aux viuans : la perte des morts reçoit conſolation auec le
temps, mais l'apprehenſion du mal-heur des viuans la ronge ſans ceſſe. Il eſt
vray que tous n'experimentent pas ceſte tribulation, mais ſi font bien pluſieurs :
or ie m'en vay parler de ce que perſonne ne peut euiter en l'eſtat de mariage
& qui arriue à tous veuille, non veuille. Voila comme parle S. Chryſoſt. puis
il pour-

115
Des mavx et des biens dv Mariage.
il pourſuit. Vne ieune fille eſt à marier, la voila deſia dans la peine auant que
d'eſtre mariée : qui eſpouſera-elle ? vn rouſturier ? vn infame ? vn teſtu ? vn
trompeur ? vn arrogant ? vn temeraire ? vn jaloux ? vn punais ? vn fol ? vn meſ-
chant ? vn cruel ? vn poltron ? cette incertitude la met en peine, elle donnera
quelquefois ſon affection à vn, ſes parents n'y veulent conſentir, & luy en
donnent vn autre, & quelle peine ?
Si les filles ont leurs afflictions, les hommes n'en manqent point : car
comment eſt-ce qu'vn ieune homme pourra connoiſtre les mœurs d'vne
fille, qui eſt touſiours gardée eſtroittement dans la maiſon de ſes peres &
meres ? ces maux ſont auant le mariage, or auſſi toſt qu'on eſt marié, vne
pauure nouuelle mariée craint que dés le commencement elle n'aggrée à ſon
mary, que s'il s'en deſgouſte dés le commencement, quel contentement y
pourra-il trouuer auec le temps ?
Ie veux qu'elle ſoit belle; pluſieurs quoy que tres-belles, n'õt ſçeu empeſcher
que leurs marys ne s'abãdõnaſſent à d'autres moins belles que leurs femmes :
mais ie ſuis content que cela n'arriue, cõbien s'en trouuent-ils, qui ne peuuent
auoir leur dot de leurs beaux peres : le gendre ne l'oſe demãder, la femme n'oſe
leuer les yeux deuãt ſon mary de hõte qu'elle a que ſon pere ne le cõtente pas.
Puis les voila en peine s'ils auront des enfans; puis, qu'ils n'en ayent trop:
la femme deuient elle enceinte on craint qu'elle n'auorte, qu'elle ne meure
en ſes couches : ſi elle eſt vn peu long-temps ſans deuenir groſſe, ſon mary
la regarde de trauers, comme ſi c'eſtoit ſa faute. Quelles douleurs à l'accou-
chement ? quelles tranchées au corps ! mais plus grandes à l'eſprit dans la
crainte qu'elle n'enfante quelque monſtre ? qu'au lieu d'vn fils elle n'aye vne
fille ? elle eſt plus en peine, que ſon mary ne reçoiue quelque meſontente-
ment que de ſa propre vie. L'enfant eſt- il né, c'eſt la peine à le nourrir & le
conſeruer : s'il eſt ſage & de bon naturel on eſt en crainte qu'il ne ſe change,
qu'il ne ſe corrompe, qu'il ne meure auant ſon aage. Ainſi ſoit qu'on ayt des
enfans, ſoit qu'on n'en ayt point : ſoit qu'ils ſoient gens de bien, ou meſchans :
les pauures mariez ne ſont iamais ſans peine.
Il peut arriuer que le mary & la femme viuent de tres-bon accord, on
craint que la mort n'en faſſe diuorce; qui eſt d'autant plus dur que l'vnion
& amitié a eſté plus eſtroitte, & puis les voyages & abſences qu'il faut faire,
les ſoins qu'on a l'vn pour l'autre : les maladies & choſes ſemblables, ne ſont
ce pas des tribulations, qui ſouuent cauſent des triſteſſes, des ennuis, des ma-
ladies & la mort ? voila vne partie de ce que dit S.Chryſoſtome, plusſieurs qui
ſont en eſtat de mariage en experimentent peut-eſtre dauantage.
Ce ſont ces conſiderations qui faiſoient que S. Aug. à l'imitation de S.
Ambroiſe
ne conſeilloit iamais à perſonne de ſe marier, comme eſcrit
Poſſidonius en ſa vie, chap. 27. & donnoit ce conſeil à ceux qui faiſoient
profeſſion
P 2

116
Second Traite'
profeſſion de ſeruir Dieu. 1. de ne chercher iamais femme à perſonne. 2. de
ne recommander iamais aucun qui vouluſt ſuiure la guerre. 3. de ne ſe trou-
uer iamais aux banquets. La raiſon du premier eſtoit de peur que les ma-
riez diſputans entre eux ne maudiſſent celuy qui auroit eſté cauſe de leur
mariage : la raiſon du ſecond de peur que le ſoldat faiſant mal, n'en attribuaſt
la cauſe à celuy qui l'auroit recommandé : la raiſon du 3. de peur de l'intem-
perance & d'expoſer ſon authorité.
Filet cadre, rayé.

De la ſeruitude, ſecond mal du mariage.

CHAPITRE III.

PVis que la liberté ſelon le ſentiment commun eſt vn ſi grand bien qu'il
ne ſe peut priſer, il s'enſuit que la ſeruitude eſt vn grand mal, par la rei-
gle des contraires. Or que le mariage ſoit accompagné de ſeruitude, S. Paul
l'aſſeure 1. Cor.7. par ces parolles, Mulier ſui corporis potestatem non habet, ſed
uir, ſimiliter autem & vir ſui corporis poteſtatem non habet, ſed mulier
. La femme
La ſerui-
tude du
mariage
eſt eſgale
au mary
& à la
femme.
n'eſt pas maiſtreſſe de ſon corps, mais le mary : ſemblablement le mary n'eſt
pas maiſtre de ſon corps, mais la femme : cette ſeruitude eſt reciproque, &
quoy que le mary ſoit chef de la famille en ce qui concerne l'adminiſtration
d'icelle, & que la femme luy doiue ſoubmiſſion en cela : toutefois en ce qui
regarde la ſeruitude des corps, elle n'eſt moindre au mary qu'à la femme, &
la femme n'eſt en rien inferieure au mary pour ce regard, car ils ſe ſont don-
né l'vn à l'autre par contract mutuel, & ce auec eſgale obligation de l'vn à
l'autre, ſans que le mary ſoit plus maiſtre de ſon corps, ou de celuy de ſa
femme, que la femme de celuy de ſon mary, ou du ſien propre. C'eſt pour-
quoy le meſme S. Paul appelle le mariage lien. 1. Cor.7. Alligatus es vxori?
eſtes-vous liez à vne femme ?
La maria-
ge eſt in-
diſſoluble
apres la
conſom-
mation.
C'eſt vn lien, mais ſi fort, que depuis que le mariage eſt conſommé, il n'y
a aucune force qui le puiſſe diſſoudre que la mort, quant au lien, quoy
qu'en certain cas il puiſſe eſtre diſſout, quant au lict : & la raiſon principale
eſt, d'autant qu'autrement ce ſeroit vn ſigne faux, puis qu'il eſt le ſigne
de la conjonction de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe laquelle conjonction eſtant
indiuiſible, le mariage qui la repreſente doit auſſi eſtre indiuiſible.
Noſtre Seigneur enſeigne cette doctrine par parolles expreſſes, Marc 10.
Quicunque dimiſerit vxorem ſuam, & aliam duxerit, adulterium committit ſuper
eam. Et ſi vxor dimiſerit virum ſuum, & alij nupſerit mœchatur
. Quiconque quit-
te ſa femme, & en prend vne autre, il eſt adultere. La femme qui abandonne
ſon

117
Des mavx et des biens dv Mariage.
ſon mary, & ſe marie à vn autre, eſt adultere. Il dit le meſme en S. Luc 16.
v.18. S. Paul ſuiuant la doctrine de ſon maiſtre enſeigne le meſme aux Ro-
mains
c.7. v.2. & aux Corinth.1. chap. 7. v. 10.
Cette doctrine ſembla ſi rude aux Apoſtres qu'entendans que noſtre Sei-
gneur leurs enſeignoit, ils dirent ſi ita eſt cauſa hominis cum vxore non expedit
nubere
, Matth.19. ſi la ſeruitude eſt telle en mariage, il eſt expedient de ne ſe
marier. Il eſt mal ayſé de demeurer long temps en voyage auec vn amy
qu'on ne ſe ſaoulle de ſa compagnie : & que ſera-ce d'eſtre toute ſa vie iour
& nuict auec vne meſme perſonne ? quelquefois punaiſe, puante, pourrie,
faſcheuſe, riotteuſe, inſupportable ?
Cruauté
de ceux de
Toſcane
qui lioient
vn viuant
à vn mort.
Certains voleurs de Toſcane anciennement (par vne grande cruauté)
lioient vn hõme viuant auec vn corps mort, ſi eſtroittement qu'il ne pouuoit
s'en ſeparer, & eſtoit contraint de le porter par tout, & pourrir auec luy : ne
voila pas la ſeruitude du mariage ? puis que vous trouuerez quelquesfois vne
persõne ſaine & gaillarde liée par le lien de mariage à vne autre demy morte,
& pourrie, de laquelle n'y a cependant moyen de ſe ſeparer que par la mort.
L'enfant quoy qu'il ſoit vne partie de la ſubſtance du pere & de la mere, ſe
peut ſeparer d'eux, pour l'amour de ſa femme. quam ob rem relinquet homo pa-
trem & matrem, & adhærebit vxori ſuæ
, Gen.2. mais les mariez ne ſe peuuent
ſeparer l'vn de l'autre, ny pour pere ny pour mere. Le mariage eſt appellé
coniugium, comme vn joug commun, il faut que deux bœufs accouplez en
vn meſme joug marchent de compagnie : il faut que les mariez viuent indiui-
ſiblement ſoubs le joug du mariage, portant eſgalement & auec concorde
le joug qu'eux meſmes ſe ſont impoſé. Alligatus es vxori noli quærere ſolutionem,
1.Cor.7. eſtes vous lié à vne femme, ne cherchez pas d'en eſtre deſlié,
d'autant que nulle force le peut faire, ce lien eſt perpetuel. Que ſi vous auez
rencontré vne partie ſaſcheuſe, bon Dieu quelle ſeruitude ! melius eſi habitare
in terra deſerta, quam cum muliere rixoſa & iracunda
, Prouerb. 21. vaut mieux
demeurer en vn deſert qu'auec vne femme faſcheuſe & cholere. Tecta iugiter
perstillantia, litigioſa mulier
, vne femme faſcheuſe eſt comme vn toict qui
goutte de tous coſtez, Prou.17. quel moyen de demeurer à la maiſon ?
Auant la
conſom-
mation du
mariage
ratifié on
peut ſe ren
dre reli-
gieux, &
l'vn ayant
fait profeſ-
ſion l'au-
tre peut ſe
remarier.
Notez que i'ay dit depuis que le mariage eſt conſommé, non pas de-
puis qu'il eſt contracté ou ratifié, car n'eſtant conſommé ſi vn des conjoincts
entre en religion, & fait profeſſion l'autre ſe peut remarier. Telle eſt la do-
ctrine de Theologie, conformement à la definition de l'Egliſe, nommé-
ment du Concile de Trente ſeſſ.14. de matrim. cap.6. telle eſt la pratique.
Comme de ſaincte Thecle, laquelle par le conſeil de ſainct Paul, ſe retira du
mariage auant la conſommation d'iceluy, pour ſuiure l'eſtendart de la cha-
ſteté, & puis par les pourſuites de ſon eſpoux fut condamnée d'eſtre expoſée
aux lions, leſquels au lieu de luy nuire luy baiſerent les pieds monſtrans
qu'ils
P 3

118
Second Traite'
qu'ils n'auoient l'aſſeurance de toucher à ſon chaſte corps. Epiphan. hereſie
78. de S. Machaire, comme teſmoigne S. Hieroſme, de S. Alexis, comme aſ-
ſeure Metaphraſte, de ſaincte Cecile, & pluſieurs autres. Et partant, il eſt li-
bre aux nouueaux mariez, meſme apres la celebration des nopces, de de-
meurer deux mois ſans conſommer le mariage pour prendre deliberation
cependant, & pour entrer en religion : voire nonobſtant toutes les contra-
dictions de l'vne des parties, & tant le mary que la femme ont droit de de-
mander ce delay de deux mois, en faueur de a religion, & eſt contre iuſtice,
& contre les ordonnances de l'Egliſe de le refuſer.
Il y a deux liens au mariage, l'vn eſt ſpirituel, & procede du ſeul conſente-
ment des parties, l'autre eſt charnel, & procede de l'vnion des corps & de
l'vſage du mariage : or tout ainſi que le lien charnel & corporel ſe diſſout
par la mort corporelle, auſſi ſemble-il conuenable que celuy qui eſt ſpiri-
tuel ſe rompe pas la mort ſpirituelle & ciuile, qui ſe fait par la profeſſion reli-
gieuſe, par laquelle l'homme meurt totalement au monde, & meurt quant
à l'ame, & en la volonté par le vœu d'obeïſſance, au corps par le vœu de
chasteté; aux choses exterieures par le vœu de pauureté, ainſi l'vn ayant
fait profeſſion, l'autre peut ſe remarier le mariage n'ayant eſté conſommé.
Cas au-
quel le
mariage
conſom-
mé peut
eſtre diſ-
ſous voire
quant au
lien.
Outre ce cas auquel le mariage ſe peut diſſoudre n'eſtant pas consommé,
il y a encore vn autre cas auquel il peut ſe diſſoudre, voire eſtant conſommé,
ſçauoir ſi de deux infidelles qui ſe ſont mariéz, ont veſcu enſemble long‑
temps, & ont des enfans, vn vient à ſe conuentir, & l'autre ne veut pas ſe
conuertir ny demeurer auec celuy qui eſt conuerty, ou s'il y demeure, fait
iniure au createur, c'eſt à dire, ou il taſche d'attirer celuy qui eſt conuerty
à l'infidelité : ou il blaſpheme contre Dieu & Ieſus-Christ, ne veut en-
tendre parler de Ieſus-Chriſt : ou il fait toute ſorte d'Exercice d'infidelité
en preſence de celuy qui eſt conuerty, ou autre choſe au meſpris de la foy,
mettant au hazard la foy de celuy qui eſt conuerty, en ce cas celuy qui eſt
conuerty n'eſt pas ſeulement obligé de quitter la compagnie de cét infidelle,
de peur de ſe peruertir, & y demeurant auec ce danger peche, mais auſſi peut
ſe marier à qui bon luy ſemblera. Cette doctrine eſt tirée de S. Paul 1.Cor. 7.
où il dit, Quod ſi fidelis diſcedit, diſcedat, non enim ſeruituti ſubiectus eſt frater aut
ſoror in huiuſmodi
.
Ce n'eſt pas vn priuilege qui ſoit accordé aux mariez par les Papes, car tou-
te l'authorité de l'Egliſe ne peut pas diſſoudre vn mariage qui eſt conſommé :
c'eſt vn priuilege que Dieu a donné en faueur de la foy, & qu'il a reuelé à l'E-
gliſe par l'entremiſe de S. Paul : puis que le fidelle eſtant obligé d'euiter la com-
pagnie de l'infidelle auec qui il eſt marié, pluſtot que d'entendre des iniures
contre Ieſus-Chriſt, & d'eſtre en continuel hazard de ſe peruertir, & d'ail-
leurs

119
Des mavx et des biens dv Mariage.
leurs Dieu ne voulant obliger perſonne au celibat contre ſa volonté. Ce ſe-
roit vne choſe dure d'eſtre obligé à cette ſeparation, & ne pouuoir ſe ma-
rier à vn autre : c'eſt pourquoy Dieu a donné cette permiſſion en ce cas, en
faueur de la foy. Et telle eſt l'opinion des doctes en ſuite de la definition de
S. Paul, telle eſt la determination des Papes & des SS. Peres, S.Ambroiſe
entre autres, Non debutur ei reuerentia coniugij qui horret auctorem coniugij, ſed
potest alteri ſe iungere
. On ne doit pas rendre l'honneur du mariage à celuy qui
a en horreur l'autheur du mariage, mais on peut le quitter & ſe marier à vn
autre, cela eſt manifeſte du chap. Quanto, du chap. Gaudemus, titul.de diuort.
& c. Si infidelis, 28. q.2. Vide Sanchez diſp. 74.
Hors ces deux cas le mariage eſt abſolument indiſſobleindiſſoluble quant au lien,
quoy qu'en pluſieurs cas il puiſſe ſe diſſoudre quant au lict, comme ie diray
tantoſt : & n'eſt-ce pas vne grande ſeruitude, qu'vne telle indiſſolubilité ?
Ordonnée de Dieu meſme ſuiuant la doctrine de S. Paul, His qui matrimonio
iuncti ſunt præcipio non ego, ſed Dominus vxorem à viro non diſcedere ſi autem
diſceſſerit manere innuptam
. 1.Corinth. 7. i'ordonne aux mariez, mais ce n'eſt
pas moy, c'eſt Dieu, que la femme ne quitte pas ſon mary, qui ſi elle le quit-
te, elle ne peut pas ſe remarier.
Seruitude
du maria-
ge.
S.Chryſoſtome ſuiuant ſon eloquence ordinaire, parle fort diſertement
des maux du mariage au liure qu'il a fait de la Virginité, & nommément de
cette ſeruitude au chap. 40. ie rapporteray ſes parolles mot à mot : poſons le
cas, dit-il, qu'vn mary ait rencontré vne femme meſchante qui n'a autre cho-
ſe en ſa bouche que maledictions, caqueteuſe, & ce qui eſt commun à toutes,
preſomptueuſe, & farcie de pluſieurs autres maux : comment eſt-ce que ce
pauure miſerable pourra ſupporter cette faſcherie, cette superbe, cette
impudence iournaliere ? Que ſi la femme eſt douce, debonnaire, modeſte, &
le mary faſcheux, cruel, inſolent, cholere, plein de faſt & d'inſolence, qui ne
faſſe non plus d'eſtat d'vne femme honneſte, que d'vne eſclaue : qui la traitte
auec autant de rigueur, que ſes ſeruantes ? quelle patience faudra-il pour en-
durer cette violence & neceſſité ? Que ſi le mary a vne auerſion perpetuelle
de ſa femme ? ſi faut-il ſupporter cette ſeruitude, & elle n'en peut eſtre deli-
vurée que par la mort : car tandis que ſon mary viura, il n'y a point d'autre
remede, ſinon de le gaigner par toute ſorte de douceur & courtoiſie, &
luy faire changer de mœurs & de condition : ou s'il n'y a nulle eſpoir de
ce faire, d'eſtre en vne cruelle & continuelle guerre : voila le diſcours de ce
Sainct Pere.
Le meſme ſainct Chryſoſtome au chap. 41. Vides neceſſitatem, ineuita-
bilem ſeruitutem, & vinculum quod utrumque constringit? verè enim vincu-
lum matrimonium eſt, non ſolum propter ſolicitudinum turbam, ac quotidia-
nas moleſtias, ſed etiam quod coniuges quouis ſeruo grauius inuicem ſubijci cogat
.
Voyez

120
Second Traite'
Voyez vous la neceſſité ? la ſeruitude ineuitable ? le lien qui les lie tous
deux ? Veritablement le mariage eſt vn lien, non ſeulement à cauſe de la
multitude des ſoins & des faſcheries qu'il apporte, mais auſſi d'autant qu'il
aſtraint les mariez l'vn à l'autre plus fort qu'aucun ſeruiteur à ſon maiſtre.
Puis il pourſuit ſon diſcours en ces termes. Le mary en a le commandement
ſur la femme, mais quel eſt l'vſage de ce commandement ? puis que par vne
nouuelle eſpece de ſeruitude il eſt fait ſeruiteur de celle à laquelle il com-
mande, tout ainſi que deux ſeruiteurs fugitifs liez chacun ſeparément, puis liez
tous deux enſemble par par vne contrechaine attachée aux ſeps de l'vn à
l'autre, ne peuuent marcher auec liberté, d'autant qu'il faut que l'vn ſuiue
l'autre, de meſme les mariez ont chacun ſes chaiſnes en particulier, qui ſont
leurs ſoins particuliers : puis vne chaiſne qui les lie enſemble, qui eſt la mu-
tuelle obligation qui les lie plus eſtroittement qu'aucune chaiſne, & leur
oſte la liberté : d'autant que le mariage ne donne pas le commandement ab-
ſolu à l'un des deux, mais le diviſe entre les deux. Voilà comme parle ſainct
Chryſoſtome
. Partant combien y en a-il de trompez ! tant de ieunes gens qui
ſe marient pour ſe retirer de la ſeruitude de leurs parens & tuteurs, & viure en li-
berté ? mais ils ſe iettent dans vne ſeruitude incomparablement plus eſtroitte
que la premiere.
Cas auſ-
quels le
mariage
peut ſe diſ-
ſoudre
quant au
lict.
Ie ſçay bien qu'il y a certains cas auſquels les mariez peuuent ſe deſcharger
de cette ſeruitude non pas entierement, mais en partie, ſçauoir quant à la
cohabitation ou quant au lict, non toutefois quant au lien, & ces cas ſont
cinq.
Le premier eſt l'adultere volontaire & coulpable de l'vne des parties,
apres lequel celuy des conjoincts qui eſt innocent peut de ſon authorité ſe
ſeparer de l'autre quant au lict, non pas toutefois quant à la cohabitation
auant la ſentence du iuge, ſinon lors que l'adultere eſt publique : en quoy
la femme a tout autant de droict que le mary, puis qu'ils ſont eſgalement
obligez à la fidelité. I'ay dit qu'il peut, il n'y eſt pas touſiours obligé, & l'in-
nocent peut receuoir en grace le coulpable.
Le ſecond eſt lors qu'vn des conjoincts eſt en grand & euident danger de
ſa vie & ſanté à cauſe que l'autre eſt ou fort cruel, ou furieux, ou lepreux, ou
atteint de quelque autre maladie contagieuſe.
Le troiſieſme eſt la fornication ſpirituelle ou l'hereſie, en laquelle l'vn des
conjoincts ſeroit tombé depuis le contract du mariage.
Le quatrieſme vn grand danger du ſalut de ſon ame, comme ſi l'vn des
mariez induit l'autre à des grands pechez auec meſpris de tout aduertiſſe-
ment, comme à l'hereſie, apoſtaſie, ſodomie, ſorcelerie, ſi le mary induit ſa
femme ou à deſrober, ou à receuoir les larrons, & qu'elle ne peut l'euiter : ou
ſi le mary apres auoir eſté aduerty de ne le faire, amene en ſa maiſon quel-
ques-vns

121
Second Traite'
ques-vns qui recherchent ſa femme de des-honneur & la mettent au hazard de
ſa pudicité.
Le cinquieſme eſt le conſentement mutuel des parties qui ſe peuuent
abſtenir ou pour vn temps, ou pour touſiours, moyennant qu'il n'y ayt aucun
danger d'incontinence.
Quoy qu'il en ſoit on ne ſçauroit nier que ce ne ſoit vn lien bien fort, puis
qu'il n'y a que la mort qui le puiſſe diſſoudre, quod Deus coniunxit homo non
ſeparet
: Matth.19. & vne grande ſeruitude qui oblige ſi eſtroittement, au
dire de Hugues de S. Victor, in libello ad ſocium volentem nubere, quod nulla eſt
vxoris electio: ſed qualis aduenerit talis est habenda. Si iracunda, ſi fatua, ſi de-
formis, ſi ſuperba, ſi fœtida, quodcunque vitium eſt, post nuptias diſcimus. Equus,
aſinus, bos, canis, & viliſſima mancipia prius probantur & ſic emuntur: ſola vxor
non oſtenditur, ne ante diſpliceat quam ducatur
. Telle qu'eſt la femme il faut
auoir patience, ſi elle eſt cholere, ſi ſotte, ſi laide, ſi ſuperbe, ſi puante.
Apres qu'on eſt marié on connoit les defauts : on a vn cheual, vn aſne,
vn boeuf, vn chien à l'eſpreuue : voire des miſerables eſclaues, & les
ayant eſprouué on les renuoye, ou on les achepte : il n'y a que la femme
qu'on ne monſtre pas de peur qu'elle ne dégouſte auant que l'on l'eſ-
pouſe.
On ne ſçauroit nier que quiconque ſe marie vend ſa liberté: mais s'il ar-
riue qu'vn homme doux & paiſible rencontre vne femme faſcheuſe ne le
voila pas eſclaue d'vn animal indomptable ? poſons le cas qu'elle apporte
vn grand dot, elle eſt imperieuſe : ſi elle n'apporte rien, le mary en eſt bien
toſt ſaoul, & ce ne ſont que reproches. Encor vn homme faſcheux s'apriuoiſe
par les careſſes & mignardiſes d'vne femme, car il entend raiſon : vne meſ-
chante femme n'entend ny raiſon ny demy : elle menace, elle tempeſte, elle
eſcume : ſi vous parlez, elle hurle; ſi vous ne dites mot, elle creue de deſpit :
elle dit, elle deſdit, elle redit, elle maudit, quelle ſeruitude pour vn pauure
mary qui s'y trouue engagé ! Au contraire s'il arriue que la femme ſoit ſage
& modeſte, & le mary meſchant, iamais forçat ne fut traicté plus rudement
qu'eſt cette pauure eſclave, il diſſipe tout aux tauernes & lieux infames,
cependant une pauuvre femme eſt contrainte de ieuſner & voir des pauures
petits enfans mourir de faim : retourne-il à la maiſon le ventre plein de
vin, le coeur plein de furie, allumée par vne meſchante, ie ne ſçay qui,
qu'il entretient, & qui luy a remply la teſte de calomnies & de jalouſie contre
ſa propre femme, ce ne ſont qu'iniures atroces; ſi elle ne dit mot, il la tient
coulpable : ſi elle penſe ſe deffendre en ſon innocence, on en vient aux coups.
Encore faut-il luy demander pardon apres auoir eſté outragée, & traittée plus
indignement qu'on ne traitteroit vne beſte, il faut le flatter & ſe donner de
garde
M 3

122
Second Traite'
garde de regarder de trauers celle qu'elle ſçait qu'il entretient au preiudice
de leur mariage, & qui eſt cauſe de la ruyne totale de leur famille. Qui pour-
roit nier que cela ne ſoit vne intolerable ſeruitude ? de laquelle cependant
il eſt fort difficile pour ne dire impoſſible de ſe faire quitte.

Filet cadre, rayé.

Du troiſieſme mal du mariage, que S. Paul appelle diuiſion.

CHAPITRE IV.

COmme tout le bon-heur de l'homme conſiſte à voir Dieu & l'aimer,
Satiabor cum apparuerit gloria tua, Pſ. 16. Ne pouuans iouyr de ce con-
tentement en ce monde, ny auant que d'eſtre deſpouillez de ce corps mor-
tel, ſi pouuons nous en auoir quelques arres & auant-gouſt, qui eſt de voir
le meſme Dieu par la connoiſſance, & l'aimer autant que noſtre fragilité &
condition peut permettre, hæc eſt vita eterna vt cognoſcant te ſolum verum
Deum, & quem miſisti Ieſum Chriſtum
. Ioan. 17. Noſce te conſummata iustitia est,
& ſcire iustitiam, & virtutem, radix eſt immortalitatis
. Sap. 15. Nous auons deux
Deux lu-
mieres qui
nous font
connoiſtre
Dieu.
lumieres qui nous introduiſent à cette connoiſſance & amour, l'vne moin-
dre, luminare minus, qui eſt la raiſon naturelle, qui eſt comme la lumiere
de nuict, qui a meſme eſclairé les payens, & les a conduit à la connoiſſance
d'vn Dieu : & l'autre plus grande, luminare maius, qui eſt la foy; & de l'vne
& l'autre naiſt la chaleur en la volonté, c'eſt à dire, l'amour.
Pluſieurs choſes ſuffoquent ces lumieres, & eſteignent ou diminuent cét
amour, mais rien à mon aduis dauantage que les voluptez charnelles, du
boire, manger, dormir, & ſur tout de la lubricité ou qui accompagnent l'acte
de generation.
Qu'elle
eſt la diui-
ſion de la-
quelle par-
le S. Paul
parlant des
mariez.
S. Paul parlant de l'homme marié dit, qui cum vxore eſt, ſollicitus eſt quæ ſunt
mundi, quomodo placeat vxori
, 1. Corinth.7. l'homme qui eſt auec vne femme
a ſoin des choſes du monde, comme il plaira à ſa femme, & diuiſus eſt,
adjouſte-il, & il eſt diuiſé. Puis parlant de la femme mariée, il dit, quæ au-
tem nuptea est, cogitat quæ ſunt mundi, quomodo placeat viro
: la femme qui eſt
mariée penſe aux choſes du monde, comme elle plaira à ſon mary, cette di-
uiſion dit S. Ambroiſe n'eſt autre, ſinon les ſoins de la famille, de plaire à
vne femme, d'eſleuer les enfans, d'entretenir la maiſon, qui font qu'il ne
peut donner tout ſon coeur & amour à Dieu, mais eſt contraint de le diui-
ſer, d'en donner vne partie à ſa femme, l'autre à ſes enfans, vne autre aux
affaires, & ſouuent Dieu a la moindre.
Le

123
Des mavx et des biens dv Mariage.
Le meſme S. Paul au meſme lieu dit, existimo hoc bonum eſſe propter instan-
tem neceſſitatem
: mon aduis eſt, qu'il eſt bon de n'eſtre point marié à cauſe
de la neceſſité vrgente. S. Hieroſme, S. Chryſoſtome, S.Anſelme entendent
par cette neceſſité vrgente, la neceſſité & fatalité de la mort : comme ſi l'A-
poſtre
diſoit, ce peu de temps que nous auons à viure nous eſt donné pour
nous rendre aggreables à Dieu & nous faire capables de la vie eternelle : &
cependant voſtre ſoin eſt d'entretenir vne femme, d'eſleuer des enfans, d'eſta-
blir voſtre famille, d'amaſſer des moyens, d'acquerir de l'honneur, d'achepter
des Seigneuries, de baſtir des maiſons. Helas ce peu de temps de voſtre vie
vie qui n'eſt qu'vne meſchante rogneure du temps, & vn moment à comparaison
d'une eternité, eſt-il trop grand pour acquerir vn iamais de bon-heur ! La mort
vous talonne, le temps vous preſſe, l'eternité bien-heureuſe vous inuite, vous
n'auez autre espace pour acquerir cette eternité que la vie preſente, &
cependant vous l'employez en vne femme, en des enfans, en vne famille, le di-
uiſant au preiudice d'vne choſe de ſi grande importance qui eſt l'eternité bien‑
heureuſe!
S. Paul au meſme endroit dit que la femme qui n'eſt point mariée a cét
aduantage par deſſus celle qui l'eſt, que, cogitat quæ Domini ſunt, vt ſit ſancta
corpore & ſpiritu
, elle penſe à ce qui appartient à Dieu, elle s'eſtudie à la
connoiſſance de Dieu, & à ſon amour, afin qu'elle ſoit ſaincte de corps &
d'eſprit, OEcumenius dit, corpore ſancta est propter caſtitatem, ſpiritu autem
ſancta eſt, propter familiaritatem cum Deo, & ſpiritus ſancti inhabitationem
, elle
eſt ſaincte quant au corps par la chaſteté, elle eſt ſaincte quant à l'eſprit, à
cauſe de la familiarité qu'elle a auec Dieu, & d'autant que le ſainct Eſprit
habite en elle par ſa grace.
Il me ſemble que S.Paul en tout cét endroit veut monſtrer que les per-
ſonnes mariées ont deux choſes qui les diuiſent de la connoiſſance & amour
de Dieu, & empeſchent la familiarité auec luy : l'vne eſt ce qui eſt contraire
à la parfaitte chaſteté ou virginité, qui eſt l'vſage du mariage, l'autre eſt
le ſoin des choſes domesſtiques, & la vierge a ces deux aduantages, par
deſſus les mariez, pour ſe rendre familiere auec Dieu, le connoiſtre &
l'aimer. Ie m'en vay monſtrer comme l'vn & l'autre diuiſe l'eſprit des
mariez.
Etimolo-
gie du
nom de
Venus.
Platon lib. vltimo de Legibus, dit, que Venus eſt comme vἢ & νϰς, com-
me qui diroit, ſine mente, ſans ceruelle, ſans eſprit, d'autant qu'elle rend
l'homme ſtupide & comme eſtourdy.
Euripide in Hecuba l'appelle Aphrodiſia57 ab a priuatiuo, & ϕϱoσùvn qui
ſignifie prudence, comme qui diroit ſans prudence : au meſme lieu il l'appel-
Venus
Deeſſe de
folie.
le, inſipientiæ Deam, la Deeſſe de folie : & in Hecuba, amentiæ præfectam, la
maiſtreſſe de ſottiſe. Salomon conformement à cela aux Prouerb.7. appelle
vn
Q 2

124
Second Traite'
vn ieune addonné aux plaiſirs vecordem, ſans coeur, ce que les ſeptante
tournent indigentem mente, qui n'a point d'eſprit, d'autant que la volupté
eſmouſſe la pointe de l'eſprit, & eſtourdit l'homme.
Venus
pourquoy
peinte a-
uec vne
tortue.
Pauſanias & Plutarque diſent que Phidias depeignit Venus tenant vne
tortue ſoubs ſes pieds, c'eſtoit pour monſtrer que comme la tortue n'a point
de cœur, ainſi ceux qui ſe laiſſent emporter à la volupté ſont ſans cœur, ou
s'ils en ont, elle leur rauit.
L'eſcriture ſaincte ne dit-elle pas fornicatio, & vinum, & ebrietas auferunt
cor?
la fornication, le vin, l'yurognerie rauiſſent le coeur? Oſée 4. Dauid
s'en plaint, cor meum dereliquit me, mon coeur m'a delaiſſé, qui luy a rauy ſi-
non la volupté ? S. Augustin expliquant ce verſet du Pſal. 57. Supercecidit
ignis, & non viderunt ſolem
, le feu de eſt tombé deſſus, & ils n'ont point veu le
La volup-
té eſmouſ-
ſe l'eſprit.
ſoleil, dit que ce feu, eſt le feu de luxure qui excite vne eſpaiſſe fumée, la-
quelle obſcurcit la lumiere de l'ame, & de l'entendement, pour le rendre
incapable de voir Dieu, Soleil de iuſtice, & conſequemment de l'aimer.
S. Chryſoſtome en quelque homelie. His qui in delicijs & luxuria vitam ducunt,
ſenſus tardi, graues, obtuſi, & quodammodo conſepulti
: ceux qui viuent en deli-
ces ont les ſens tardifs, peſans, lourds, & comme enſeuelis dans la chair
& le plaiſir, l'ame demeure comme en paſmoiſon, & comme ſans mouue-
ment & action.
S. Athanaſe & la raiſon enſeignent que le cœur eſt vne des trois parties
par leſquelles l'ame meut tout le corps, & comme peut-il ſe mouuoir
n'ayant point de cœur ? le cœur eſt le premier viuant & le dernier mourant,
le cœur eſt la forge de nos deſirs & desseins, & des mouuemens de l'ame;
quels mouuemens peut donc auoir vne ame qui eſt ſans cœur ? Nous auons
deux ſortes de cœur, l'vn de la raiſon, l'autre de chair; le cœur de chair eſt ce-
luy qui n'a mouuement que pour les creatures, le cœur de la raiſon eſt celuy
qui n'eſt que pour Dieu; Dauid n'auoit point de cœur pour Dieu, Bethſabée
luy auoit rauy : ſouuent l'amour d'vne femme voire legitime, emporte tel-
lement le cœur qu'vn mary n'a plus qu'vn cœur de chair, point de cœur de rai-
ſon, ne peut penſer à Dieu : n'eſt-ce pas vne miſerable diuiſion ?
L'vſage de
mariage
offuſque la
raiſon, &
empeſche
les ſcien-
ces.
Cela eſt veritable me direz vous par le regard de ceux qui s'addonnent
aux plaiſirs illicites, & hors du mariage, mais ne peut auoir lieu en vn iuſte,
licite, & honneſte mariage. Il ne m'eſt pas fort mal-ayſé de prouuer le con-
traire, comme ie m'en vay faire. Ciceron ayant repudié ſa femme Terentia,
comme on luy demandoit pourquoy il n'en prenoit vne autre, reſpondit, non
poſsum philoſophari, & ſimul vxori operam dare
, il eſt impoſſible de philoſopher
ayant vne femme. Auſſi Ariſtote & les philoſophes ont enſeigné que le moyen
de deuenir docte eſt de s'eſloigner de toute volupté, voire licite.
Les

125
Des mavx et des biens dv Mariage.
Minerue
vierge.
Les Grecs ont creu que Minerue Deeſſe des ſciences & de ſageſſe eſtoit
vierge, & ſortie ſans ſouïllure de la ceruelle de Iupiter, & ſans mariage : que
iamais elle ne voulut ſe marier, ny conſentir à choſe qui fuſt contre la pu-
reté, pour la defence de laquelle elle tua le geant Pallas qui vouloit la
des-honorer, d'où elle fut appellée Pallas, & les anciens depeignoient les
vertus comme vierges.
Cic. l. 2.
de nat.
Deorum
.
Platon diſoit que s'il n'y auoit point de mariage, noſtre vie ſeroit ſembla-
ble à celle des Dieux, voulant dire que meſme le mariage empeſche que
l'homme ne meine vne vie celeſte & diuine. S. Auguſtin le confirme 1. Soli-
loq
. c.10. Nihil eſſe ſentio quod magis ex arce deijciat animum virilem, quam blandi-
menta fœminea, corporumque ille contactus ſine quo vxor haberi non poteſt
. Ie ne
ſçay choſe quelconque qui raualle tant l'eſprit d'vn homme, que l'entretien
d'vne femme, & l'vſage du mariage.
Prouué
par raiſon
naturelle
que le ma-
riage of-
fuſque la
raiſon.
Hippocrate dit lib. 4. de morbis, que la prudence ordinairement a ſon
ſiege au ſang, & partant que la phreneſie arriue de ce que la bile entre aux
veines, & dans le ſang, & l'agite, le meut, le trouble, l'altere : il veut dire que
le ſang, ou bien les eſprits qui ſont les plus ſubtiles parties du ſang, donnent
la force & l'efficace aux ſens pour faire leurs fonctions, & pour operer auec
ſens & prudence, d'où vient que le ſang eſtant troublé & corrompu, les ſens
s'en reſſentent : or il n'y a nul doute que le ſang ne diminue & ne s'altere
par l'vſage du mariage, & par conſequent que les organes des ſens ne s'eſ-
mouuent
s'eſ-
moucent 58 : le corps & cette fonction, qui ſe rapporte à la la generation, eſt
commune à l'homme auec les beſtes, de ſorte que l'eſprit s'abbaiſſant
iuſques à ces plaiſirs, communique d'autant plus auec les beſtes, ainſi par
l'accouſtumance des plaiſirs l'eſprit deuient comme hebeté, & ne peut
rien conceuoir ny entreprendre de grand ny magnifique. Et cela vient
non ſeulement par l'vſage des plaiſirs illicites, mais encore des licites, la rai-
ſon en eſt euidente.
Belle cõ-
paraiſon
de Caſſian
à ce pro-
pos.
Car tout ainſi dit Caſſian, que la cholere ſoit qu'elle ſoit iuſte ou non, ne
laiſſe d'obſcurcir l'eſprit : & la lame qui eſt deuant les yeux, empeſche la
veuë, ſoit qu'elle ſoit de plomb ou d'or : ainſi le plaiſir ſoit qu'il ſoit licite
ou illicite, ne laiſſe de ſeruir comme de lame à l'entendement, & luy em-
peſcher ſon operation. C'eſt ce que frere Gilles compagnon de S. François
fit entendre à vn homme qui ſe vantoit de ce qu'il eſtoit fidele en mariage, &
Belle cõ-
paraiſon
de fierce
Gilles au
meſme
subject.
ſe contenoit dans les bornes de la chaſteté coniugale : An ex ſuo quoque ipſius
dolio non potest aliquis ebrius fieri?
dit-il, penſez vous, qu'on ne ſe puiſſe auſſi
bien enyurer du vin de ſa caue, que de celuy de la tauerne ? voulant dire, que
les plaiſirs, voire licites, enyurent & rendent l'homme comme incapable de
ſcience & de connoiſſance de Dieu.
Dieu
Q 3

126
Second Traite'
Dieu eſt
vn miroir
dans le-
quel les
voluptez
empeſchẽt
de voir.
Dieu eſt comparé à vn miroir poly, ſpeculum ſine macula, or comme il eſt
impoſſible de voir dans le miroir s'il y a quelque nuage ou ordure entre l'oeil
& le miroir ainſi eſt-il impoſſible de voir Dieu au trauers des vapeurs groſ-
ſieres & viſqueuſes, que les plaiſirs charnels excitent, qui empeſchent l'ame,
& ſont comme nuées entre Dieu, & l'entendement. Auſſi noſtre Seigneur dit,
Beati mundo corde, quoniam Deum videbunt, Matth. 5. Bien-heureux ſont ceux
qui ont le cœur net, car ils verront Dieu, Quem docebit Dominus ſcientiam aut
quem intelligere ſaciet auditem? ablactatos à lacte, auulſos ab uberibus
. Iſai. 28. à
qui eſt-ce que Dieu communiquera la ſcience ? qui ſera capable de l'eſcou-
ter ? ſinon ceux qui ſont ſevrez & eſloignez des plaiſirs : c'eſt pourquoy
S. Paul au lieu ſus-allegué 1. Corinth.7. parlant de l'aduantage qu'ont les non-
mariez par deſſus les mariez, dit, præbet facultatem ſine impedimento Domi-
num obſecrandi
, le celibat donne moyen de vaquer à Dieu ſans deſtour-
bier.
Entre ceux qui eſtoient inuitez aux nopces, celuy qui s'eſtoit marié dit
tout plat, vxorem duxi ideo non poſſum venire : i'ay pris femme, partant ie ne
puis m'y trouuer; les autres s'excuſerent, firent quelque compliment, mais
ceſtuy-cy, non poſsum, il m'eſt impoſſible. Ie ne ſçaurois, ie ne veux pas m'y
trouuer.
L'ame de
l'homme
comparée
à vne plu-
me.
Comme la plume eſtant nette auec vn petit ſouffle s'eſſorre & s'eſlance en
haut, mais eſtant mouillée ou chargée de quelque humeur viſqueuſe, s'attache
contre terre, de meſme vne ame eſpurée des plaiſirs ſenſuels, monte ayſe-
ment à Dieu & à ſa connoiſſance, mais eſtant trempée dans des humeurs
terreſtres & groſſieres de la chair, elle ſe retient contre terre, animalis homo
non percipit ea quæ Dei ſunt
, l'homme animal ne peut perceuoir les choſes
diuines. Incorruptio facit eſſe ſimilem Deo, l'incorruption nous fait deuenir ſem-
blables à Dieu.
S. Ambroiſe, lib. 1. de Virginibus, Virginitas, nubes, aëra, Angelos, ſideraque;
tranſcendens, Verbum Dei in ipſo ſinu Patris inuenit: Elias etiam quia nullius cor-
porei coitus ſuiſſse permixtus cupiditatibus inuenitur, ideo curru raptus eſt ad cœ-

La virgi-
nité eſleue
l'ame à
Dieu, & le
fait con-
noiſtre.
lum. La virginité paſſe au deſſus des nuées, de l'air, des Anges, des aſtres,
& penetre iuſques au ſein de Dieu le Pere, pour y trouuer le Verbe. D'autant
qu'Elie n'eſtoit point marié il a eſté rauy au ciel dans vn char de feu.
Le Prophete Ezechiel chap. 28. dit, Mortua eſt vxor mea, & apertum eſt os
meum
, voila ma femme morte, & auſſi toſt i'ay commencé à prophetiſer.
Voulant dire qu'il eſtoit incapable de prophetiſer pendant la vie de sa femme,
tandis qu'il eſtoit marié. S.Hieroſ. lib.1. contra Iouinian dit, que les Sybilles
ont eu le don de prophetie, d'autant qu'elles eſtoient vierges.
L'eſtat des non mariez s'appelle cœlibat. S. Hieroſme lib.2. contra Iouin.
Coelibem,

127
Des mavx et des biens dv Mariage.
Pourquoy
l'eſtat des
continents
apellé
cœlibat.
Coelibem, dit-il, quaſi coelitem, comme qui diroit celeſte, par ce que, d'autant
qu'on eſt plus eſloigné des plaiſirs, d'autant eſt on plus proche du ciel par vne
vie celeſte, nostra conuerſatio in coelis eſt, in carne viuentes non ſecundum carnem
militamus
, Philip.3. noſtre conuerſation eſt aux cieux, & viuans en vn corps
de chair, nous ne viuons pas ſelon les maximes de la chair. Ie vous demande,
qui eſleue cette grande multitude qui ſuit l'agneau de ſi prez, qui chante vn
cantique que nul ne peut entonner ſinon la pureté ? Virgines enim ſunt, & ſe-
quuntur agnum quocunque ierit
, ils ſont vierges, & ſuiuent l'agneau par tout, cét
agneau plus blanc que neige en pureté, paſcitur inter lilia, paiſt parmy les lys,
ſe communique aux purs.
Pouuez vous vous ſeruir d'vn parchemin qui n'eſt bien deſgraiſſé ? il
Belle cõ-
paraiſon.
ne veut receuoir l'eſcriture que vous voulez y former. Penſeriez-vous
imprimer la connoiſſance de Dieu ſur vne ame toute engraiſſée de plai-
ſirs? Helas Moyſe ! que preſumez vous ? quoy ! de vous approcher de
cette diuine montagne ! de traitter familierement auec Dieu ayant les
ſouliers aux pieds ! non, non, tolle calceamenta de pedibus tuis, quoy ! pre-
tendiez vous bien monter à Dieu & à ſa connoiſſance, ayant l'ame plei-
ne d'affections mondaines & charnelles ! qui cum vxore eſt ſollicitus est quæ
ſunt mundi, quomodo placeat vxori, & diuiſus est
, voſtre coeur eſt diuiſé.
Il ne peut monter ſi haut, Deum videre vis? prius cogita de corde mundan-
do, & quidquid ibi vides quod Deo diſplicet tolle
: voulez vous voir Dieu? pen-
ſez premierement à purifier voſtre coeur, & en oſter tout ce qui déplaiſt à
Dieu, dit S. Aug. ſerm. 2. de Aſcenſ. on ne peut rien voir dans l'eau qui eſt
trouble, l'ame qui eſt trouble par les plaiſirs, n'eſt pas capable de la connoiſ-
ſance, ny de l'amour de Dieu.
Comme le heron volant au deſſus du ſaulcon, luy moüille les aiſles de ſes
excrements, & ainſi luy appeſantit le vol, & rend ſon effect inutile; de meſme
les ſaillies de la cõcupiſcence, meſme dans l'vſage des plaiſirs permis, eſmouſ-
ſent la vigueur de la raiſon, & apeſantiſſent l'eſprit contre terre, le rendant
incapable de s'eſlancer au ciel.
L'hiſtoire de S. Gregoire de Nazianze eſt commune; lors qu'il eſtudioit à
Athenes, pendant le ſommeil, il luy ſembla qu'il eſtoit aſſis, & eſtudioit, &
qu'il y auoit deux belles Damoiſelles prez de luy, l'vne à droite, l'autre à
gauche, luy qui estoit chaſte comme un Ange, commença à les regarder d'vn
œil de trauers, & leur demanda qui elles eſtoient, & ce qu'elles vouloient :
auſſi toſt elles commencerent à luy parler plus familierement, & le careſ-
ſer, diſans : ne vous troublez point ieune hõme, vous nous connoiſſez, nous
vous ſommes familieres; l'vne de nous deux s'appelle Sagesse, l'autre Chaſteté,
Dieu nous a commandé de venir demeurer auec nous, d'autant que vous nous
auez preparé vne demeure nette & agreable en voſtre cœur. Cela nous monſtre
que

128
Second Traite'
que ces deux ſœurs vont de compagnie, la ſapience & la chaſteté, & que nos
cœurs ſont d'autant plus capables de ſapience qu'ils ſont plus eſpurez de
toute ſenſualité. Et partant que les mariez meſme ont vn grand empeſchement
à la vraye ſapience & que leur eſprit en cela eſt diuiſé & moins capable
non ſeulement de la ſcience des Saincts, qui eſt la connoiſſance de Dieu,
mais encore des ſciences humaines.

Filet cadre, rayé.

Comme le ſoin de la famille, & des affaires temporelles empeſcha les mariez de connoiſtre
& d'aimer Dieu.


CHAPITRE V.

LA ſeconde choſe qui diuiſe l'eſprit des mariez, eſt le ſoin des affaires
domestiques, ou de la famile. S.Chryſoſtome expliquant ce paſſage de
S. Paul 1. Corinth.7. Existimo hoc bonum eſſe propter inſtantem neceſſitatem, ie
penſe que cela eſt expedient (c'eſt à dire, de ne ſe marier) à cauſe de la ne-
ceſſité preſſante, demande qu’elle eſt cette neceſſité ſi preſſante, pour laquel-
le S. Paul conſeille le cœlibat ? & reſpond lib. de virginitate c. 43. c'eſt la
multitude d'affaires, vn pauure mary eſt accablé de tant de ſoins, oppreſſé
de tant de ſollicitudes, accueilly de tant de diuers accidents, que ſouuent il
eſt comme contraint & forcé de pecher, troublé, incité, harcelé par ſa fem-
me. Que ſi la femme eſt ſage, modeſte, paiſible, toutefois le ſoin qu'il faut
auoir pour l'entretenir, & pour eſleuer les enfans, ne permet de penſer à
Dieu. Mais comme vn gouffre abyſme l'eſprit.
Que ſi le mary deſire de mener vne vie priuée & tranquille, il luy eſt im-
poſſible, car ſe voyant entouré d'enfans, & qu'il luy faut beaucoup pour
entretenir ſa femme, il eſt contraint veuille non veuille, de ſe ietter dans
les flots des affaires publiques: où eſtant vne fois enueloppé Dieu ſçait com-
bien d'occaſions il a d'offenſer Dieu, par cholere iurant, iniuriant : par
vengeance trompant, feignant, complaiſant. Et comment ſe peut-il faire, que
ſe trouuant en vne ſi furieuſe tempeſte, & s'y complaiſant, il n'en reçoiue
du detriment en l'ame ?
Que ſi on vient à examiner ce qui ſe paſſe en ſa maiſon, nous trouuerons
qu'il y a de plus grandes difficultez que dehors, car il eſt obligé à ſonger
à beaucoup de choſes à cauſe de ſa femme, auſquelles il ne ſeroit obligé
de penſer pour ſon particulier : s'il a rencontré vne femme teſtüe, faſcheuſe,
difficile, ce n'eſt plus neceſſité, mais peine & ſupplice : comment donc pourra
il

129
Des mavx et des biens dv Mariage.
s'eſleuer vers le Ciel eſtãt accablé d'vn poids ſi peſant d'affaires ? ayant
les pieds enferrez dans des ſeps ſi eſtroits, ie dis lié & empeſché par
la malice de ſa femme & tenu comme attaché contre terre ? ce diſcours eſt
de S. Chryſoſtome.
Soins d'v-
ne femme
mariée.
Si le mary a ſes empeſchemens, la femme n'en manque point, comme ſont
la domination faſcheuſe & contrainte d'vn mary, ſa cholere, ſes caprices, ſes
yurogneries, ſes prodigalitez, la pauureté & les neceſſitez du meſnage, le
vefuage, la perte des enfans, l'entretien des parens de ſon mary, le ſoin de ſes
enfans, de ſes ſeruantes, vne continuelle diſtraction.
Pourquoy
il eſtoit
expedient
que no-
ſtre Seig-
neur quit-
ta les Apo-
ſtres
.
Noſtre Seigneur dit à ſes Apoſtres, Ioann. 16. Niſi ego abiero paraclitus non
veniet ad vos
, vous ne pouuez receuoir le Sainct Eſprit, ſi ie ne vous quitte,
S.Auguſt. tract.94. Gregor. 18.moral. c.13. diſent que les Apoſtres eſtoient
incapables de receuoir le ſaint Eſprit, tandis que noſtre Seigneur eſtoit auec
eux, d'autant qu'ils aimoient noſtre Seigneur d'vn amour humain & corpo-
rel, & non purement ſpirituel, & iaçoit59 que leur amour ne fuſt pas mauuais,
toutefois il deuoit eſtre changé en vn amour ſpirituel, afin qu'ils deuinſſent
parfaicts, & qu'ils fuſſent remplys du Sainct Eſprit : Ils eſtoient trop attachez à
l'humanité de noſtre Seigneur, & le trop grand amour qu'ils luy portoient,
empeſchoit qu'ils n'aimaſſent Dieu auec tant de perfection. Grand Dieu, ſi
l'amour des Apoſtres enuers noſtre Seigneur, rendoit moins parfait leur a-
mour enuers Dieu : quel empeſchement pourra apporter l'amour d'vne
femme, des enfans, & des moyens? Mens occupata carnalibus deſideriis gratiam
Spiritus Saincti non ſperet
, l'ame qui eſt deſtenue des deſirs charnels, n'a que
faire d'eſperer la grace du Sainct Eſprit, dict Sainct Bernard ſer, 6. de
Aſcenſ.
Noſtre Seigneur, en Sainct Luc 8. compare les ſoins, richeſſes, voluptez,
aux eſpines, d'autant que tout ainſi que les eſpines ſuffoquent la bonne ſe-
Le ſoin
des choſes
temporel-
les empeſ-
che le ſalut.
menence, ainſi les ſoins & ſollicitudes eſtouffent la ſemence de la vie eternelle
qui eſt la parolle de Dieu; & empeſchent noſtre ſalut.
Zenon Philoſophe, au rapport de Stobaeus, apperceuant vn de ſes amis
deuenu tout voutté à cauſe du trauail continuel qu'il apportoit à cultiuer
ſon champ, luy dit, niſi tu agrum perdideris, ipſe te perdet, ſi tu ne perds tõ chãps,
il te perdra : ne pourrions-nous pas dire le meſme de pluſieurs mondains ? il
ſeroit expedient qu'ils perdiſſent ce qu'ils ont, puis que la trop grande affe-
ction & le ſoin immoderé les perd, les empeſchant de connoiſtre Dieu, de
l'aymer, & de ſonger à leur ſalut.
Tout ainſi que l'impreſſion violente de quelque choſe empeche qu'on ne
puiſſe voir vne autre : comme l'experience monſtre en celuy qui ayant eſté
long temps à la neige, ne peut rien voir à cauſe des eſpeces qui ſont forte-
ment imprimées : de meſme celuy qui a vne forte impreſſion des choſes tem-
porelles
R

130
Second Traite'
porelles, ne peut voir les ſpirituelles : celuy qui a vne grande affection des
choſes de la terre ne peut aymer celles du ciel.
Les ri-
cheſſes
peruertiſ-
ſent, belle
reſponce
de Phociõ.
Plutarche en ſes Apoth. racompte qu'Alexandre ayant fait grand butins
ſur ſes ennemis, en envoya vne grande partie à Phocion philoſophe Athe-
nien; Phocion admirant la grandeur du preſent, demanda pourquoy l'Em-
pereur luy auoit enuoyé pluſtot qu'a quelque autre; les ambaſſadeurs reſ-
pondirent, dautant qu'il vous tient le plus homme de bien de tous les Philo-
ſophes. Allez donc, dit Phocion retournez à Alexandre auec ſon or, s'il
me tient en qualité d'homme de bien pourquoy me preſente-il des richeſſes
capables de me peruertir.
Les choſes mondaines comme richeſſes, femmes & enfans ſont comme
autant de degrez par leſquels nous pouuons monter à Dieu, mais ſouuent
elles ſeruent de lacets & de ſourriciere pour nous retenir & engager en ter-
re, creaturæ Dei in odium factæ ſunt & in muſſipulam pedibus inſipientium, ce
qui vient de noſtre aueuglement & de la corruption de noſtre nature.
Il ne faut qu'vn petit poiſſon pour arreſter vn grand nauire, nonobſtant
toute l'impetuoſité des vents & tous les efforts des pilotes : auſſi ne faut-il
qu'vne petite affection pour empeſcher que noſtre ame ne ſoit enleuée par
les vents & efforts du S.Eſprit & de ſa grace. C'eſt choſe impoſſible de ſer-
uir à Dieu & aux richeſſes, Matth.6. L'arche de Dieu & ne peut demeurer ſur
meſme autel auec l'idole de Dagon; ny l'amour de Dieu & du monde en
vne meſme ame.
Les ri-
cheſſes
empeſ-
chent de
cõnoiſtre
Dieu.
Vn iour vne pauure femme, Luc. 13. ſe preſenta à noſtre Signeur toute
courbée contre terre & ne pouuant regarder le ciel, elle ne regarda pas no-
ſtre Seigneur, ne luy demanda pas qu'il la guariſt, mais noſtre Seigneur de ſa
bonté la regarda, & la toucha. Ordinairement ceux qui eſtoient guarys de
noſtre Seigneur, luy demandoient la guariſon, puis d'vne parolle il les gua-
riſſoit : cela nous monſtre que d'ordinare le ſoin des choſes mondaines, qui
eſt comme vn peſant fardeau, courbe tellement ceux qui l'ont endoſſé, qu'ils
ne peuuent s'eſleuer pour regarder Dieu, qu'ils ne peuuent penſer à leur ſa-
lut, & ſi Dieu par vne miſericorde ſpeciale ne les regarde, & ne les touche,
mal-ayſément peuuent-ils eſtre ſauuez : c'eſt pourquoy noſtre Seigneur s'eſ-
crie, Quam difficile diuites intrabunt in regnum cœlorum! Qu'il eſt difficile qu'-
vn homme riche entre au Royaume des Cieux ! dautant que, Oculos ſuos ſta-
tuerunt declinare in terrum
, Ils ſont attachez à la terre, comme par neceſſité.
N'eſt-ce pas ce que dit S. Paul, propter instantem neceſſitatem, à cauſe de la ne-
ceſſité preſſante.
Giezi, 4. Reg.5. n'eut pas pas ſi toſt receu les richeſſes & dons de Naaman,
qu'il deuint lepreux; d'orinaire les richeſſes ſont ſuiuies de lepre, c'eſt à di-
re, de ſuperbe, d'ambition, de gloutonnie, d'enuie, de pareſſe, & enfin d'oubly
de Dieu.
Tel

131
Des mavx et des biens dv Mariage.
Le riche
comparé
à l'oyſeau
englué.
Tel ſe marie & ſe met dans les affaires qui a vne forte reſolution de ne
s'y pas engager, mais il luy arriue tout ainſi qu'a l'oyſeau qui met premiere-
ment le pied ſur le gluon, puis l'aiſle & enfin eſt englué de tout le corps
& ne peut plus voler & le voyla la proye de l'oiſeleur : la glu c'eſt l'amour
des choſes du monde, l'oiſeleur eſt le Diable, l'oiſeau c'eſt l'homme, les aiſles
ſont l'entendement & la volonté : on croioit ne mettre que le bout du
pied ſur la glu, & ſouuent on ſe trouue englué de telle ſorte, qu'on ne peut
s'en retirer. Ah comme Iudas voloit à tire d'aiſles vers le ciel au commen-
cement de ſon Apoſtolat ! mais depuis qu'il commença d'auoir ſoin du
temporel le voyla petit à petit englué, deuient auare, larron, traiſtre, hypo-
crite, & pour comble de tout, deſeſperé & damné. Si ce mal-heur luy arriua
en la compagnie de noſtre Segineur, nonobſtant tant de ſaincts aduertiſſe-
mens qu'il entendoit tous les iours, que ne doit craindre vn pauure homme,
qui ſe voit ſollicité à toute heure par l'auarice de la femme, par l'amour de
ſes enfans, d'accroiſtre ſes moyens ?
Comme il
eſt diffi-
cile aux
gens du
monde
de mon-
ter à la
perfectiõ.
Ie confeſſe bien que quelques fois au milieu des embarras & ſollicitudes
de la famile, on donnera quelques eſlans vers le ciel, mais ils ſont ſembla-
bles à ceux d'vn eſpreuier, lequel eſtans lié ſur vne perche auec ces gets &
longes60 les yeux couuerts d'vn chaperon : la pauure beſte entendant le vol
de quelque oyſeau s'eſlance, mais il eſt contraint de retourner ſur la perche,
il y eſt attaché : vn homme ſentant quelque ſaincte inſpiration, entendant
quelque bon diſcours, entrant en quelque celeſte conſideration, s'eſlance; mais
comme il eſt attaché au gets & longes de la famille, coëffé61 & chaperonné
d'vne femme, auſſi toſt il retourne ſur ſes premieres affections & ſollicitudes
vne banqueroutte, vn procés, vne querelle, vne ruine, la perte d'vn enfant ou
d'vn amy, la cholere d'vne femme, l'impatience d'vn enfant, la ſottiſe d'vn
valet, l'impertinence d'vne ſeruante, eſtouffe tout ce qu'il auoit reſolu de bon,
& eſteint toutes les penſées de Dieu & de l'autre vie.
Le ieune homme de S. Matthieu 19. auoit bonne volonté, mais quand il en-
tendit qu'il falloit renoncer aux affections mondaines, abijt triſtis, le cœur luy
manqua, le voila tout abbatu de triſteſſe, il perdit courage, quitta toute en-
trepriſe.
N. Seigneur dit à ceux que S.Iean luy auoit enuoyé, pauperes euangelizantur,
les pauures ſont preſchez, ne preſchoit-il pas à tous ? il ſemble que non, puis
qu'il dit par la bouche d'Iſaie 61. Spiritus Domini ſuper me, euangelizare paupe-
ribus miſit me
, l'eſprit de Dieu eſt ſur moy, il m'a enuoyé preſcher les pauures :
ouy il preſchoit & les pauures & les riches, mais il be preſchoit efficacement
que les pauures, dautant qu'il n'y auoit qu'eux qui ſe conuertiſſoient ou peu
d'autres, par ce que le ſoin & l'affection des choſes du monde comme vne
glu, empechoit que les riches ne ſe conuertiſſent.
Vou-
R 2

132
Second Traite'
Voulez vous trouuer Dieu, & l'aymer, imitez l'eſpouſe, laquelle voyant
qu'elle ne trouuoit l'eſpoux in lectulo, dans les plaiſirs; per vicos & plateas,
dans les quarrefours, dans l'embarras & ſoins des choſes mondaines : enfin
le trouua, paululum cum pertranſiſſet, paſſant par deſſus toutes ces affections
terreſtres par vn ſaint meſpris : elle y perdit ſon manteau, tulerunt pallium meum
Canti. 5. Auſſi fiſt Ioſeph pluſtoſt que de conſentir à la mechante volonté de
Putipharla Putiphar, auſſi fit Elie, voulant monter au ciel. Ouy quiconque veut trou-
uer Dieu, quiconque veut euiter les tentations, quiconque veut monter
au ciel auec Elie, doit quitter le manteau, S. Greg, Hom. 32. quid ſunt terre-
na omnia niſi quædam corporis indumenta?
Que ſont toutes les choſes terre-
ſtres, que des manteaux ? faut les quitter au moins d'affection, ſinon d'ef-
fect.
Si tant de philoſophes anciens, & tant de grands perſonnages, ont quitté
tous ces ſoins pour vaquer à la philosophie mondaine & humaine, croyez-
vous eſtre capable de vaquer à la philoſophie Chreſtienne, qui eſt de con-
noiſtre & aymer Dieu dans l'embarras des affaires d'vne famille ? ô qu'il eſt
difficile !
Viſion de
S. Anto-
nin
d'vne
famille
pauure &
vertueuſe,
puis riche
& vitieuſe.
Sainct Antonin Archeueſque de Florence, lumiere de l'ordre de S. Do-
minique
, allant vn iour par vne rue de Florence, vit vne multitude d'anges
admirables en beauté, qui faiſoient feſte ſur vne petite maiſon : luy tout
eſtonné entra dans la maiſon, demanda qui y demeuroit, on luy dit que ce-
ſtoit vne bonne vefue auec trois filles vierges, pauures, & qui viuoient ſain-
cetement gagnans leur vie par le trauail de leurs mains : leurs ayant congra-
tulé : & les ayant exhorté à la perſeuerance, il leurs donna vne bonne aumoſ-
ne : quelque temps apres repaſſant au meſme endroict, il eut bien vne autre
viſion, car il apperceut quantité de Diables qui danſoient & triomphoient
au deſſus de cette maiſon, il s'informa d'ou venoit ce ſubit changement, on
luy dit que ces filles auoient employé leur argent à achepter des beaux &
vains habits, qu'elles eſtoient deuenuës toute mondaines, qu'elles ne pen-
ſoient plus qu'à ſe rendre aggreables aux yeux des hommes; n'auoient plus
de penſée de Dieu, mais ſeulement du monde & de la vanité. Si vn peu d'ar-
gent & de commodité a ainſi changé leur cœur & façon de vie, & que ferez
vous ? vous trouuant dans vn ocean de ſoins, de tant d'occaſions de vanité ?
ſçauez-vous à qu’elle condition l'eſpoux veut receuoir ſon eſpouſe en
qualitez d'eſpouſe ? la voicy, audi filia, & uide, & incline aurem tuam, & obli-
uiſcere populum tuum, & domum patris tui, & concupiſcet rex decorum tuum
: eſ-
coutez ma fille, conſiderez, preſtez l'oreille, oubliez la maiſon de voſtre pe-
re, c'est à dire, quittez l'affection des choſes terreſtres qui vous empeſche de
vous vnir auec Dieu. Il est bien mal-ayſé de le faire dans les ſollicitudes d'vne
fa-

133
Des mavx et des biens dv Mariage.
famille, & partant on ne peut nier que ceux qui ſont dans le cœlibat, n'ayent
moyen, dominum ſine impedimento obſecrandi, de prier Dieu ſans empeſchement
& l'aymer : au contraire que ceux qui ſont en mariage n'ayent de grands em-
peſchemens, & que leur eſprit, leur cœur, leur amour, ne ſoient plus diuiſez
puis que dans l'vſage des choſes du monde il eſt bien mal-ayſé de retenir
l'affection, & dans le ſoin & multitude d'affaires & d'accidens qui ſe rencon-
trent en cét eſtat, conſeruer le cœur entierement à Dieu.
Faiſons parler Hugues de S.Victor, deſriuant à vn ſien amy qui vouloit ſe
marier. Non vxor ducenda ſapienti, primum quia ſtudia philoſophie impedit, nec po-
teſt quiſquam libris & vxori pariter inſeruire. Multæ ſunt quæ matronarum uſibus
neceſſaria ſunt, uidelicet pretioſæ veſtes, aurum, gemmæ, ſumptus, ancillæ, ſuppel
lex uaria, deinde per totas noctes garrulæ quæſtiones. Illa ornatior procedit in pub-
licum hæc honorator ab omnibus. Ego in conuenta fœminarum misera deſpicior.
Cur aſpiciebas uicinam? quid cum ancilla loquèbaris? de foro veniens quid attu-
listi? non amicum habere poſſumus non ſodælem: alterius amorem ſuum ſuſpicatur
odium.
Iamais vn hõme ſage ne ſe marira, premierement d'autant que la femme
empeche l'eſtude de la philoſophie, & eſt impoſſible de contenter vne femme
& les liures tout enſemble. Combien de choſes faut-il à vne femme ? des habits
ſomptueux, de l'or, des perles, des deſpenſes inutiles, des ſeruantes, diuers
meubles curieux : & ne fera que ſe plaindre toute vne nuict, diſant, vne telle eſt
mieux habillée que moy, vne telle eſt honorée de tout le monde & on me
meſpriſe. Pourquoy auez-vous regardé noſtre voiſine ? quel diſcours auez vous
tenu auec la ſeruante ? que dit-on par la ville ? il n'eſt pas poſſible d'auoir
vn amy, de conuerſerauec quelqu'vn, car ſi elle s'apperçoit qu'on porte
de l'amitié à quelqu'vn, elle croira qu'on la hait. Le meſme Hugues au meſme
endroit. Attendenda eſt ſemper eius facies & pulchritudo laudanda, ne ſi alteram
inſpexeris, ſe existimet diſplicere, ſi totam domum ei regendam commiſeris ſeruien-
dum eſt. Si aliquid tuo arbitrio reſeruaueris, fidem ſibi haberi non putabit, & in
odium vertitur & iurgia, & niſi citò conſulueris parabit venena anus.
Faut touſiours
auoir les yeux pointez ſur ſa face, & loüer ſa beauté : ſi vous regardez quelque
autre elle croit qu'elle vous deplaiſt : ſi vous luy laiſſez tout le gouuernement de
la maiſon, il faut vous rèsoudre à eſtre valet; ſi vous ne luy donné vn entier
pouuoir, elle penſe qu'on ne ſe fie pas en elle : incontinent la haine ſe ſaisit
de ſon cœur, elle en vient aux paroles & diſputes, & ſi vous ne prenez garde
à vous, il y a danger que quelque vieille ne vous donne vn boucon, ne voyla
pas bien du ſubiect de diuiſion ?



CHA

134
Des mavx et des biens dv Mariage.

Filet cadre, rayé. Des biens du mariage & particuluerment, du bien
de la lignée.


CHAPITRE VI.

Ceremo-
nie des
Grecs au
mariage.
LEs Grecs auoient couſtume, lors qu'on menoit l'eſpouſe à la maiſon de
l'eſpoux, de faire marcher deuant elle vn ieune garçon entouré d'eſpi-
nes & de glands, portant en ſa main vn panier plein de pain, & criant à haute
voix, ἔφυγoν ϰαϰὀν ἔυρoν ἄμεινoν, effugi malum inueni bonum, i'ay fuy le mal,
i'ay trouué le bien, ils voulaient faire entendre que le mariage d'vne fille
eſtoit le commencement de ſon bon-heur : on pourroit maintenant crier
tout le contraire, Effigu bonum, inueni malum, i'ay quitté le bien, i'ay trouué le
mal, puis qu'auſſi toſt qu'on s'engage au mariage, on preſte ſes eſpaules à
tant de maux, comme nous auons monſtré aux chapitres precedens, & on
quitte le bien & la liberté qu'on auoit auparauant.
Si ne faut-il pas penſer que le mariage n'aye ſes biens, puis qu'eſtant vn
eſtat neceſſaire pour la conſeruation de la nature humaine, Dieu par ſa pro-
uidence a deu aſſaiſoner les maux & incommoditez qui s'y retrouuent , de
quelque bien, autrement perſonne ne voudroit s'y ietter, & ainſi la nature
humaine viendroit à defaillir : donc à ces maux que nous auõs apporté, Dieu
a oppoſé trois grands biens qui ſont ſelon S. Auguſt. lib. 1. de nupt. de con-
cup.
c.4. & lib. de bono coniugal. c.7. lib.9. de Gen. ad liter.62 c.7. & lib.5.
contra Iulian.c.19. Bonum prolis, bonum fidei, bonum Sacrementi, le bien de la
lignée, le bien de la fidelité, & le bien du Sacrement.
S. Bonauenture dict, in 4. diſt. 28. que ces trois biens repreſentent la tres-
ſaincte & tres ineffable Trinité, & que pour ceſte cauſe en la celebration des
nopces, on chãte la meſſe de la Trinité. Le bien de la lignée, repreſente Dieu le
Pere, le propre duquel eſt d'engendrer. Le bien de la fidelité ou de la foy,
repreſente le Fils qui eſt venu du ciel en terre pour nous apporter la foy, &
Les trois
biens du
mariage &
ce qu'ils
repreſen-
tent.
nous enſeigner la fidelité. Le bien du Sacrement qui conſiſte en l'vniõ eſtroi-
cte & indiuiſble entre le mary & la femme, repreſente le Sainct Eſprit, qui
eſt le lien & l'vnion du Pere & du Fils, & vn amour indiſſoluble.
On ſe marie pour trois raiſons, la premiere pour la multiplication, &
voila le bien de la lignée : ou pour euiter l'incontinence, & voila le bien de
la fidelité que ſe doiuent les mariez : ou pour l'aide & aſſiſtance mutuelle, &
voila le bien du Sacrement. Ces trois biens repreſentent les trois vertus
Theolo-

135
Des mavx et des biens dv Mariage.
Theologales, la fidelité la foy, la lignée l'eſperance, puis que des enfans on
eſpere comme la continuation de ſoy meſme, de ſa race, & du ſeruice de
Dieu. L'vnion, ou le bien du Sacrement la charité. Il y a trois ſortes de
biens, dit le Philoſophe63, vtile, honestum, delectabile, l'vtile, l'honneſte,
le delectable, tous trois ſe trouuent au mariage : l'vtile aux enfans qui
conſeruent la race : l'honneſte en la fidelité mutuelle : le delectable en
l'vnion & amour mutuel. Ce Chapitre ſera du premier bien qui eſt la
lignée.
Que la
fecondité
eſt vn
grand bien.
Comme la fecondité a eſté tenuë en l'ancienne loy pour benediction de
Dieu, auſſi la ſterilité a efté eftimée comme malediction : Dieu ayant creé le
premier homme & la premiere femme, & les ayant marié, leurs donna fa
benediction, afin qu'en vertu d'icelle ils multipliaſſent & euſſent lignée. Eue
ayant mis au monde le premier fruict de ſon mariage, qui fut Cain, en re-
mercia Dieu, comme celuy qui luy auoit donné cette grace, & reconnoiſſant
cét enfant comme vn grand don de Dieu, dit, Poſſedi hominem per Deum, i'ay
poſſedé vn homme par la grace de Dieu, l'Hebreu veut dire, poſſedi, emi, ac-
quiſiui
, i'ay poſſedé, achepté, acquis, pour donner à entendre aux peres &
meres que c'eſt comme vn achapt d'vne choſe digne d'vn grand prix, que
c'eſt le meilleur acquet qu'ils ſçauroient faire : que c'eſt leur vraye poſ-
ſeſſion.
La fecondité eſt vne des principales recompenſes que Dieu donnoit an-
ciennement à ceux qui le ſeruoient dans la garde de ſes ordonnances, com-
La fecon-
dité eſt
vne recõ-
penſe de
la bonne
vie.
me il appert du Deuter. ch.7. Custodi præcepta & cœremonias atque indicia quæ
ego mando tibi hodie, vt facias ea, & Dominus Deus tuus diliget te, ac multiplicabit,
benedicetque fructio ventris tui, non erit apud te sterilis utriuſque ſextus, tam in ho-
minibus quam in gregibus tuis.
Garde mes commandements, mes ceremonies,
mes iugemens que ie t'ordonne auiourd'huy, & le Seigneur t'aymera, mul-
tipliera & benira le fruict de ton ventre, il n'y aura rien de ſterile en ta
maiſon, ny entre les hommes, ny entre les beſtes.
Dauid au Pſalm. 127. le chante hautement, diſant vxor tua ſicut vitis abun-
dans in lateribus domus tuæ filij tui, ſicut nouellæ oliuarum in circuitu menſæ tuæ,
ecce ſic benedicetur homo qui timet Dominum
: voulez vous ſçauoir qu’elle bene-
diction Dieu donnera à l'homme qui le craint, ſa femme ſera comme vne
vigne abondante & fertile, ſa table entourrée de ſes enfans comme d'au-
tant de petits oliuiers.
La ſterili-
té igno-
minieuſe
parmy les
Iuifs.
Au contraire la ſerilité portoit vne telle ignominie parmy les Iuifs, que
les plus ſaincts en auoient de tres-cuiſſans reſſentimens, puis qu'ils ſe voy-
oient priuez du fruict de leur mariage, qui n'a eu autre fin en ſa premiere
inſtitution, que d'auoir lignée afin que de pere en filz & par vne continuelle
ſuc-

136
Second Traite'
ſucceſſion, le genre humain ſubſiſtat, & que ceux qui naiſtroient ſuccedaſ-
ſent à la place de ceux qui mouroient. Pourquoy Dieu a-il fait la femme ? ſi-
non afin d'auoir lignée, c'eſt en cela qu'elle eſt appellée adiutorium, l'ayde de
l'homme, d'autant que comme dit S.Auguſt. lib.9. de Geneſ. ad lit.64 c.3. elle
eſt donnée à l'homme pour l'ayder à auoir des enfans qui ſeruent & honorent
Dieu, ainſi dit S.Auguſt. au lieu fus-allégué c.7. in prole attenditur ut aman-
ter ſuſcipiatur, benigne nutriatur, religiosè educatur
: la fin du mariage eſt de
receuoir les enfans amoureuſement, les nourrir doucement, les eſleuer re-
ligieusement.
La belle Rachel ſe voyant priuée de cette honneur & contentement, ne
fait point d'eſtat de tous les autres aduantages que ſon mariage luy pouuoit
apporter, comme de l'amour ſincere que Iacob ſon mary luy portoit, des
grands moyens que Dieu luy auoit donné; des plaiſirs & paſſe-temps
qu'elle pouuoit auoir; non pas meſme de la vie; ains dit à ſon mary, da
mihi liberos alioquin moriar
, faites que ie ſois mere, que ie voye quelque
fruict de noſtre chaſte mariage, ou il faut que ie meure. La pauure Anne
mere de Samuel 1.reg.1. ſe voyant ſterile paſſe ſa vie en continuelle triſteſſe, &
quaſi toute ſa nourriture ne ſont que larmes, qui luy ſont augmentées par les
reproches que luy fait Phenenna ſa compagne à cauſe de ſa ſterilité. Michol
femme de Dauid, fille du Roy Saül, eſt punie de Dieu & rendue ſterile pour
s'eſtre mocquée de Dauid danſant deuant l'arche 2.reg.6.
La benedi-
ction an-
cienne de
fecondité
ne repug-
ne pas à la
virginité
de l'eſtat
de grace.
Les enfãs
ſont vn
grand don
de Dieu.
C'eſt fort mal à propos qu'aucuns heretiques prennent occaſion de cecy
de cõdamner la virginité, cette condamnation eſtoit bonne à l'ancien Teſta-
ment & au commencement du monde, lors qu'il falloit multiplier l'eſpece,
& que les hommes n'eſtoient encore capables du noble eſtat de la virginité,
mais noſtre Seigneur ayant voulu naiſtre d'vne vierge & demeurer vierge a
authorizé la virginité, non qu'il l'ayt commandé, mais ſeulement conſeillé,
qui poteſt capere capiat, chacun n'en a pas le don.
Il ne ſ'enſuit pas pourtant que les enfans ne ſoient vn fort grand bien &
don de Dieu à ceux qui ſont mariez : les enfans ſont l'honneur & l'ornement
des maiſons : qu’elle ioye peut-il auoir en vne maiſon où il n'y a point d'en-
fans, les mariez y ſont comme ces vieux cheſnes, ou comme des ormes pleins
de mouſſe ſans fruict. Les enfans ſont le lien de l'amour des mariez, le nœud
de leur amitié, & c'eſt comme vn miracle de s'accorder & viure en paix en
vn mariage où il ny a point d'enfans : c'eſt vne benediction de Dieu de voir
des enfans ſaulter, danſer, iouer parmy la maiſon, voire d'entendre des en-
fans pleurer & ſe plaindre. Faiſons parler S. Chryſologue au ſerm. 92. Honor
coniugij, matrimonij dignitas, eſt procreatio dulcium liberorum. Satis enim graue
eſt, & ſatis triſte, & virginitatis carere prœmio, & filiorum ſolatia non habere: ſuſti-

nere

137
Des mavx et des biens dv Mariage.
nere onera matrimonij, & ad fructum matrimonij non venire. L'honneur du ma-
riage, la dignité de cette alliance eſt la douce lignée, c'eſt choſe aſſez faſ-
cheuſe & aſſez triſte, & d'eſtre priué du prix de la virginité, & n'auoir la
conſolation de la fecondité; ſupporter les charges du meſnage, & ne perce-
uoir le fruict de mariage.
Le meſme S. Chryſologue Hom. 18. in Geneſ. dit, ſumma poſtquam ſub-
intrauit moralitas, conſolatio erat filiorum ſucceſſio. Idcirco miſericors Deus pu-
niendi ſeueritatem diminuens & mortis perſonam auferens, liberorum ſucceſſionem
onem largitus eſt: & quaſi imaginem reſurrectionis, per hoc ſubindicans, & diſpenſans,
vt pro cadentibus alijreſurgant
, belles raiſons qui doiuent ſeruir de conſo-
lation aux mariez, la premiere l'homme eſt condamné à la mort pour le peché
d'Adam, mais les enfans deliurent l'homme en quelque façon de cette ſentence,
entant que le pere vit en ſon fils & eſt rendu comme immortel par ſa lignée :
la ſeconde, les enfans ſont comme l'image de la reſurrection, entant que les
peres & meres mourans reſuſcitent en quelque façon en leurs enfans, qui
leurs ſuccedent & prennent leur place pour les faire viure apres leur mort.
Quel bien
à la mere
d'auoir
des enfans.
Il faut bien dire, dit S.Chryſoſtome, que c'eſt vn grand bien que d'auoir
des enfans, puis qu'vne pauure mere apres auoir eſté trauaullée l'eſpace de
neuf mois portant vn enfant dans ſon ventre : apres l'auoir mis au monde
auec des ſi cuiſantes trenchées, voire auec danger de ſa vie, auſſi toſt qu'elle
le voit nay, le baiſe, le careſſe, l'embraſſe, oublie toutes les peines paſſées, &
n'apprehende pas les peines & les dangers d'vne ſeconde couche, c'eſt vn
traict de la prouidence Diuine, dit S. Chryſoſtome, qui en diſpoſe ainſi, pour
la conſeruation du genre humain. Il arriue ſouuent, dit-il, qu'aucunes meres
meurent à la peine, & cependant cela n'eſpouuante pas les autres, elles n'en
ont point d'horreur tant le contentement & la conſolation d'auoir lignée
eſt grande. C'eſt ce que noſtre Seigneur a dit, Ioan. 16. Mulier cum parit tri-
ſtitiam habet quia venit hora eius cum autem peperit, iam non meminit preſſuræ
propter gaudium quia natus est homo in mundum.
Lors que la femme enfante elle
eſt triſte, elle ſe voit à deux doigts de la mort, mais l'enfant eſtant nay, elle
ne ſe ſouuient plus de ſes trenchées, d'autant qu'elle a mis vn enfant au mon-
de. Si ce n'eſtoit ce contentement & conſolation qu'on reçoit des enfans,
qui ſeroit celle qui voudroit eſtre mere auec tant de peines & de hazards de
ſa vie ? les peines, les trenchées, les miseres qu'il faut ſouffrir à l'entour des
enfans, les portant, les enfantant, les nourriſſant, les eſleuant, ſont recom-
penſées par cette conſolation d'auoir des enfans, c'eſt le diſcours de S.
Chryſoſtome
.
S. Ambroiſe lib. 3. ad Virgin. compare l'eſtat de mariage auec l'eſtat de
viduité & virginité en ces parolles, hîc cernas germina virginitatis flore ver-
nantia:
S

138
Second Traite'
nantia: illic tanquam in campis ſyluæ viduitatem grauitate pollentem: alibi tan-
quam uberi fruge coniugij Eccleſiæ ſegetum replentem mundi horrea, ac veluti ma-
riatæ vineæ fœtibus torcularia Ieſu Domini redundantia, in quibus fidelis coniugij
fructus exuberat
. Voila comme il repreſente les trois eſtats de l'Egliſe compa-
rant la virginité à vne belle prairie eſmaillée d'vne infinité & diuerſité de
belles fleurs : la viduité aux arbres & bois forts hauts & reueſtus d'vne ra-
uiſſante verdure : & le mariage à des vignes fecondes, ou à des champs char-
gez d'vne belle moiſſon dont on peut remplir les caues & les greniers du
grand maiſtre & pere de la famille de ce monde, pour puis apres en faire le
tranſport dans le ciel.
N'eſt-ce pas vn grand honneur aux peres & meres, & vne grande conſola-
tion contre les maux & incommoditez de leur mariage, qu'ils ſont peres
& meres des enfans que Dieu forme de ſa main, dans le ventre de la mere,
ſuiuant ce que dit la bonne Machabée au ſecond des Machab. chap.7. ? C'eſt
luy qui fait par ſa toute puiſſance & incomprehenſible ſageſſe cette belle
œconomie de nos corps, d'vne petite parcelle de la ſubſtance des peres
& meres qui crée l'ame immediatement, pour ſeruir de forme à ce corps,
& luy donner la beauté, la vie, le mouuement, les operations : ame douée
de raiſon & d'entendement capable de vertus, de ſapience, de grace &
de gloire. Quel honneur aux peres & meres d'eſtre peres & meres des en-
fans que Dieu fait ſes enfans par adoption ? & auſquels il deſtine le paradis ?
quelle conſolation de voir leurs enfans doctes, deuots, Saincts : mais de voir
le Ciel remply du fruict de leur mariage, & que Dieu ſera eternellement loué
& beny, par ceux auſquels ils auront donné la vie ? C'eſt donc le mariage qui
fait viure les peres & meres apres leur mort : car comme dit le ſage Eccle. 30.
Mortuus est pater & quaſi non eſt mortuus ſimilem enim reliquit ſibi poſt ſe, le pere
eſt mort & n'eſt point mort, car il a laiſſé ſon ſemblable apres ſoy. C'eſt le
mariage qui les rend immortels : qui conſerue les familles, qui peuple les
royaumes, maintient les peuples, fait fleurir les villes, qui fait les alliances,
entretient la charité, fait les accords, eſteint les guerres, fait les paix, qui
Biens du
mariage.
ſauue les peres & meres, ſaluabitur mulier per filiorum generationem, 1. ad Ti-
moth
. 2. C'eſt le mariage qui rend les peres & meres cooperateurs auec Dieu
du plus excellent ouurage du monde, du chef-d'œuure de l'vniuers, qui eſt le
corps de l'homme, enfin c'eſt le mariage qui fait les Vierges, les Martyrs, les
Confeſſeurs, les Predicateurs, les Docteurs, les Saincts & les organes, deſ-
quels Dieu eſt loué en ce monde & ſera eternellement honoré en paradis, &
les ſieges des Anges remplis par toute l'eternité.



D'où

139
Des mavx et des biens dv Mariage.
Filet cadre, rayé.

D'où vient que pluſieurs en mariage ne participent pas au bien d'auoir lignée. Ou de la sterilité.

CHAPITRE VII.

ON tenoit anciennement le mariage mal-heureux & infortuné, auquel
il n'y auoit point d'enfans : car comme ainſi ſoit que l'homme a vn
deſir naturel d'immortalité, il ſemble que c'eſt vne eſpece de felicité &
bon-heur de voir ce deſir arriuer à ſon effect, & vn mal-heur d'en eſtre priué :
or s'il y a choſe qui perpetue les hommes, & les rende aucunement im-
mortels, c'eſt la ſucceſſion de leurs enfans : ſuiuant le dire du ſage Eccle. 30.
Mortuus eſt pater eius, & quaſi non eſſet mortuus: ſimilem enim reliquit post ſe. In
uita sua uidit & lætatus eſt in illo: in obitu ſuo non eſt constriſtatus, nec confuſus
eſt coram inimicis, reliquit enim defenſorem domus contra inimicos
: Le pere eſt
mort, & c'eſt autant comme s'il n'eſtoit pas mort : puis qu'il a laiſſé ſon ſembla-
ble apres ſoy, il a eu le bon-heur de le voir pendant ſa vie, & ça eſté ſon con-
tentement : la mort ne luy a pas eſté à contre-cœur, il n'a receu aucune con-
fuſion de ſes ennemis, parce qu'il a laiſſé un defenſeur de ſa maiſon contre leurs
efforts. Voila des grands aduantages du bien de la lignée, dont ceux qui ſont ſte-
riles ſont priuez.
En l'ancienne loy ceux qui n'auoient point d'enfans eſtoient tenus com-
me tranſgreſſeurs de la loy, à cauſe que Dieu auoit promis benediction &
fecondité en mariage à ceux qui garderoient ſa loy, & auoit menacé de ſterilité
ceux qui l'enfraindroient, Oſée 9. Da eis Domine, quid dabis eis? Mon Dieu pu-
niſſez les : mais quelle ſera la punition que vous leurs enuoyrez ? Da eis
vuluam ſine liberis, & vbera arentia
, puniſſez les de ſterilité, que leurs femmes
ne conçoiuent point d'enfans, ou si elles en conçoiuent & les enfantent, faites
feicher leurs mammelles, afin qu'elles ne les puiſſent nourrir.
Ce fut la punition que Dieu enuoya ſur la maiſon d'Abimelech Roy de
Gerara pour auoir enleué Sara femme d'Abraham, Gen. 20. Concluſerat Dominus
omnem vuluam domus Abimelech propter Saram vxorem Abrahæ.
Cette opinion auoit tant d'authorité parmy les Iufs qu'ils croyoient meſme
que les femmes les plus Sainctes que Dieu permettoit qu'elles demeuraſſent
long-temps en mariage ſans auoir enfans, non pour punition d'aucune
faute qu'elles euſſent commiſe, mais d'autant qu'il vouloit prendre occaſion
de
S 2

140
Second Traite'
de leur ſterilité de leurs donner des enfans miraculeux & de benediction,
eſtoient comme infames.
Telle fut Sara femme d'Abraham; Rebecca femme d'Iſaac : Rachel fem-
me de Iacob : Anne femme d'Elcana : Sarah fille de Raguel : Elizabeth femme
de Zacharie. C'eſt pourquoy Sara fille de Raguel diſoit, peto Domine vt de
vinculo improperij huius abſoluas me, aut certè deſuper terram eripias me
, Tobie 3.
Mon Dieu plaiſe à voſtre majeſté ou me deliurer de cette confuſion, ou
m'enuoyer la mort. Et Rachel femme de Iacob ayant enfanté dit, abstulit
Deus opprobrium meum
, Dieu m'a deliuré de mon infamie Gen.30. & S. Eli-
zabeth
voyant qu'elle auoit conceu diſoit, quia ſic fecit mihi Dominus in die-
bus, quibus reſpexit auferre opprobrium meum inter homines
. Luc.1. Voila comme
Dieu s'eſt comporté auec moy, lors qu'il m'a voulu deliurer de l'infamie que
i'auois encourue parmy les hommes.
Le Patriarche Abraham, Gen. 15. ayant remporté vne ſignalée victoire
ſur les Aſſyriens, Dieu luy apparut & luy dit, ne crains point Abraham ie
ſuis ton protecteur & ta grande reconpenſe. Caietan & d'autres penſent
qu'Abraham craignoit que les Aſſyriens, qu'il auoit vaincu ne ſe reuniſſent
& vinſent fondre ſur luy en plus grand nombre. Il craint, dit Burgenſis,
qu'il ne ſe ſoit porté auec trop de violence & de chaleur à la pourſuitte de ſes
ennemis. Lyranus dit, qu'il craignoit que Dieu ne luy eût donné cette vi-
ctoire pour recompenſe des ſeruices qu'il luy auoit rendu & qu'il ne luy en
reſtaſt point d'autres. Mais Dieu luy dit, noli timere ego protector tuus ſum &
merces tua magna nimis
. Ne crains point ie te ſeruiray comme d'vn bou-
clier contre tous les efforts de tes ennemis. Ie t'ay tiré de la Chaldée;
ie t'ay conduit en cette terre : ie t'ay deliuré de l'Egypte; ie t'ay pro-
mis tant de fois que ie te donnerois cette poſſeſſion, & que crains tu ?
ie te rendray de iour en iour plus illuſtre, ie combattray pour toy :
ie te defendray : i'ay pris vn ſoin particulier de toy, ie te rendray fa-
cile, ce qui ſemble plus difficile, ie ſuis ton protecteur. Ne penſe pas
que cette victoire que ie t'ay donné ayt eſpuiſé mes liberalitez en ton
endroit, ie te garde bien d'autres recompenſes, iette ſeulement ton eſpe-
rance en moy.
Abraham ayant entendu ces grandes promeſſes de Dieu prend coura-
ge, & la hardieſſe de luy dire, Domine Deus quid dabis mihi? Mon Dieu,
ie ne ſuis iamais entré en doute de vos bontez & miſericordes en mon
endroit; mais de quoy me ſeruiront toutes ces victoires ? la gloire que
vous me donnerez aupres des hommes ? les moyens que vous m'auez ſi
liberalement eſlargy, & tout le reſte que ie ſçaurois attendre ? Ego
vadam abſque liberis
, apres tant de biens receus, que me ſeruira tout
cela ſi ie meurs ſans enfans : vous m'auez promis que vous beniriez toutes
les

141
Des mavx et des biens dv Mariage.
les nations de la terre en ſemence, & que vous multipliriez ma race com-
me les eſtoilles du ciel, ſi cela ſe fait par quelqu'vn que i'adopte pour mon
fils, ce ne m'eſt pas grande conſolation : quoy mon Dieu, mourir ſans enfans
& hoirs65 de mon corps! vadem abſque liberis! & ecce vernaculus meus, erit bæ-
res meus.
Ie mourray ſans enfans, & vn eſtranger ſera mon heritier! eſcoutez
S. Ambroiſe là deſſus lib. 1. de Abrah.66 c. 3. Non diuitias vt aurus expoſcit, non
longæuitatem vita iſtius, vt meticulos mortis, non potentiam; ſed dignam quærit
ſui hæredem laboris
, il ne demande point de richeſſes, comme font les auares :
non vne longue vie, comme font ceux qui craignent la mort : non de grands
honneurs, comme les ambitieux; mais vn fils qui ſoit ſon heritier. Comme
s'il diſoit, dit S. Chryſoſt. de quoy me ſeruent tant de liberalitez de mon Dieu,
ſi Dieu ne m'a pas fait la faueur qu'il a fait à ma ſeruante, d'auoir vn heritier,
& ſi ie ſuis contraint d'adopter vn de mes ſeruiteurs, faute d'vn hoir de mon
corps, & voir les eſtrangers iouyr de mes trauaux.
Mais voicy la conſolation que Dieu luy donne, non erit hic hæres tuus,
ſed qui egredictur de vtero tuo ipſum habebis hæredim
. Non, dit Dieu, ton
ſeruiteur ne ſera pas ton heritier ny vn eſtranger, mais celuy qui ſor-
tira de tes reins : ne regarde pas ton age, ny la ſterilité de Sara ta fem-
me, mais conſidere la puiſſance de celuy qui te parle, & crois aſſeure-
ment qu'il te donnera vn fils pour te ſeruir d'heritier. Puis menant
Abraham hors de ſa tente luy faiſant voir le Ciel eſtoillé luy dit, nume-
ra ſtellas, ſi potes, ſic erit ſemen tuum
, compte les eſtoilles ſi tu peux, voila
comme ie multipliray ta race, ayant vn fils il l'appella Iſaac, c'eſt à dire, ris,
pour monſtrer le contentement qu'il en auoit.
Il me ſemble entendre pluſieurs peres & meres, qui font les meſmes
doleances qu'Abraham, n'eſtiment rien les richeſſes, les honneurs, &
tous autres contentemens que le monde & le mariage leurs peut don-
nes, lors qu'ils ſe voient priuez d'enfans. Le Roy Ezechias, Iſai. 38. ſe
voyant condamné à la mort, recourt aux plaintes de ſe voir mourir en la
fleur de ſon aage, mais ce qui l'afflige le plus eſt de ne laiſſer aucun heritier.
Generatio mea ablata eſt, & conuoluta eſt à me quaſi tabernacula paſtorum. Donc
voila ma race eſteinte, donc la voila enueloppée comme la tente des pa-
ſteurs. I'ay parlé des complaintes de Rachel attriſtée de n'auoir enfans, voire
iuſques à la mort.
I'accorde que les plaintes d'Abraham, d'Ezechias, de Rachel, & de
ſemblables ſont iuſtes, premierement d'autant que lors c'eſtoit vne igno-
minie de n'auoir enfans, & comme vne malediction, mais ce temps eſt paſ-
ſé : ſecondement d'autant qu'ils auoient la promeſſe de la venue du Meſſie,
& leur faiſoit mal de mourir ſans enfans, ſe voyans priuez de l'honneur d'a-
uoir contribué à la generation temporelle du Meſſie, & perdans eſperance
qu'il
S 3

142
Second Traite'
qu'il deût naiſtre de leur race. Mais ces occaſions n'ont plus de lieu mainte-
nant, & ſouuent Dieu permet la ſerilité au mariage par vne ſingulière pro-
uidence pour ſa gloire, & pour le bien des mariez.
Cauſes de
la ſterilité
Premierement la ſterilité peut prouenir pour la gloire de Dieu, afin
que les mariez connoiſſent que la fecondité du mariage vient de Dieu, &
que ſans luy, ny le mary, ny les medecins, ny les medecines, ny autre
choſe quelconque n'y peuuent rien : c'eſt Dieu qui donne la vertu aux ſe-
mences : qui forme le corps au ventre de la mere, qui crée l'ame; qui en fait
l'infuſion au corps; & partant Dieu veut que les peres & meres, deuant
toutes choſes, s'adreſſent à luy en leur mariage, puis que c'eſt de luy
qu'ils doiuent eſperer la benediction : que s'ils voient qu'ils ſoient ſte-
riles, ils doiuent auoir recours à Dieu par la priere, qui peut eſtre per-
met cette ſterilité, pour manifeſter ſa gloire & ſa toute puiſſance, voulant
leurs donner des enfans, non de chair & de concupiſcence; mais d'oraiſon;
comme il fit à Sara, à Rebecca, à S. Elizabeth, à Anne mere de Samuel, &
à tant d'autres auſquels il en a donné miraculeuſement: differant ſouuent
de le faire pour augmenter la deuotion des mariez, & afin qu'ayant receu
des enfans, comme par deſſus la nature, par vne liberalité & grace parti-
culiere de Dieu, ils les aiment ſelon Dieu, & les efleuent d'autant plus ſoi-
gneuſement à ſon ſeruice.
Secondement quelquesfois cela arriue pour humilier les mariez com-
me il arriua à Rachel, laquelle eſtoit beaucoup mieux aimée de Iacob que
Lia ſa ſoeur, ſi elle euſt eſté feconde, cét amour extraordinaire luy euſt
peut eſtre fait meſpriſer ſa ſoeur, & partant Dieu permet qu'elle fuſt ſte-
rile iuſques au temps auquel Dieu auoit reſolu de luy faire miſericorde,
& la rendre mere.
Sterilité
punition
du peché
quelques
fois.
Troiſieſmement quelquesfois en punition de quelque peché, comme
Michol laquelle s'eſtant mocquée de Dauid ſon mary, qui ſautoit deuant
l'Arche; en punition fut ſterile, les loups ne portent pas beaucoup, ſi font
bien les brebis : ſouuent Dieu permet que les meſchans ſont ſteriles, comme
il ſe peut voir, Oſée 9. & les gens de bien feconds, Ecce ſic benedicetur homo
qui timet Dominum, benedixit eis & multiplicati ſunt
, Pſal.106. Dieu donne la
benediction à ceux qui le craignent; tout ainſi que le laboureur iette ſa ſemen-
ce en vne bonne terre, & non en la mauuaiſe : auſſi fait Dieu ſa benediction ſur
ceux qui luy ſeruent, & non touſiours, ans ſouuent des gens de bien ſont ſteriles,
& c'eſt en leur faueur, & pour leur conſolation que i'apporteray la quatrieſme
raiſon.
La ſterilité
aucunes-
fois eſt vn
don de
Dieu.
Quatrieſmement c'eſt quelquesfois par vne prouidence ſpeciale, pour le
ſalut des peres & meres, & vn dõ du ciel de n'auoir des enfans : Dieu preuoit
que

143
Des mavx et des biens dv Mariage.
que ſi vous auiez des enfans vous les aimeriez, plus que luy, vous enfrain-
driez ſes ordonnances pluſtoſt que de deſplaire à vos enfans, vous amaſſeriez
à tort & à trauers pour les faire riches & grandes : vous ne feriez aucune au-
tre aumoſne; vous ne feriez pas les bonnes œuures que vous faites; Dieu pre-
uoit peut eſtre que vous vous trouueriez en la meſme peine que Rachel,
laquelle apres auoir demandé des enfans auec tant d'inſtance ſe voyant
ſaiſie des trenchées s'en repentoit, & luy en couſta la vie. Dieu voit que
les douleurs de l'enfantement vous feroient mourir, & ainſi permet que
vous ſoyez ſterile. N'eſt-ce pas vne grande faueur que Dieu vous deliure
des ſoins, peines, douleurs, faſcheries, qu'il faut qu'vne pauure mere ſouffre
pour eſleuer vn enfant ? combien de craintes & d'apprehenſions ont des pau-
ures peres & meres qu'il n'arriue quelque mal-heur à leurs enfans ? qu'ils ne
ſe desbauchent ? que ſe laiſſans emporter au torrent de leur ieuneſſe, ils
ne periſſent miſerablement & honteuſement ? Dieu vous deliure de toutes
ces apprehenſions.
Qui eſt le pere & mere qui n'ayt mille ſoins de l'education de l'enfant
quand il eſt encore petit : eſt-il deuenu grandelet on eſt en peine de luy trou-
uer vn bon pedagogue : s'il eſt deſobeyſſant & meſchant, quel deſplaiſir ? s'il
eſt bon, & de bon naturel, porté au bien, quelle crainte de le perdre ? ſi on a
des enfans boſſus, boitteux, aueugles, ſourds, muets, on aimeroit ſouuent
mieux n'en point auoir : quand il faut les marier, quelles ſollicitudes ſi on en
a beaucoup, & peu de moyens, quelle peine ?
Les peres & meres eſperoient de la conſolation de leurs enfans, & c'eſt leur
deſolation : du ſoulagement, & ils les ruynent : de l'honneur, c'eſt le des-hon-
neur de toute la famille : ils croyoient les voir eſleuez en honneur, & ils les
voient miſerables & infortunez. Eſcoutez le ſage Salomon, Eccle. 2. Deteſta-
tus ſum omnem induſtriam meam qui ſub ſole ſtudioſſisme laboraui habiturus hære-
dem poſt me, quem ignoro utrum ſapiens, an stultus futurus ſit, & dominabitur
ribus meis, quibus deſudaui & ſollicitus fui, & eſt quiconquam tam vanum?
I'ay de-
teſté toute mon induſtrie, quoy! apres auoir tant trauaillé i'auray vn he-
ritier que ie ne ſçay s'il ſera ſage ou fol ! & il poſſedera ce que i'ay acquis
auec tant de trauail & de ſueurs! ſe peut-il trouuer plus grande vanité que
celle-la?
Enfans
cruels cõ-
tre leurs
plus pro-
ches.
Vous deſirez des enfans, & qui ſçait s'ils ſeront point comme Neron qui
fit tuer ſa propre mere ? Comme Cain qui d'enuie & de rage tua ſon frere :
comme Abſalon qui ſe reuolta contre ſon propre pere, & voulut le priuer
de la couronne & de la vie apres auoir tué ſon frere. Comme Sylla fille de
Niſus qui de rage couppa les cheueux de ſon pere, auſquels conſiſtoit
ſa force & ſon bon-heur, & puis le tua. Comme Tullia fille de Seuius qui
ne ceſſoit d'animer Tarquin ſon mary, pour faire la guerre à sõ propre pere
embraſée

144
Second Traite'
embraſée d'vne conuoitiſe de regner, & de voir ſon mary Empereur, puis
eut le courage de faire paſſer ſon caroſſe ſur le corps mort de ſon pere, pour
porter les nouuelles de ſa mort à ſon mary. Les hiſtoires ſont pleines de ſem-
blables monſtres, les theatres en ſont infames. Souuent les meres ont ſubject
de dire, ſi ſic mihi ſuturum erat quid neceſſe erat concipere, ſi ie deuois eſtre mere
auec tant d'infortune, il valloit mieux mille fois eſtre ſterile : combien qui
maudiſſent l'heure de leur mariage, la nuict en laquelle elles ont conceu, ſe
voyant meres de ſi maudits enfans.
Les enfans
cauſent les
plus ſenſi-
bles dou-
leurs aux
peres &
meres.
Iacob diſoit à ſon fils aiſné Ruben, tu fortitudo mea & principium doloris
mei
, vous eſtes ma force & le commencement de ma douleur. Comment dites-
vous cecy, ô ſainct Patriarche? ie vous vois en voyage allant en Meſopo-
tamie
: pour hoſtellerie le deſert, pour pauillon le ciel : pour cheuet vne
pierre : à l'enſeigne de la lune : au lieu de repoſer vous voila aux priſes
contre vn Ange, vous ſuez, vous luitter, bien battu, iuſques à en demeurer
boitteux : vous ſeruez à Laban ſept ans, & puis encore ſept ans : paſſez le
Iourdain hay de voſtre frere Eſau : pourſuiuy comme vn voleur de Laban,
trompé de luy en ſes promeſſes : & puis vous reprochez à voſtre fils qu'il eſt
voſtre plus grande douleur. C'eſt que vous voulez nous faire entendre
que toute autre peine n'eſt que ieu, à comparaiſon de la peine que les en-
fans donnent aux peres & meres, & qu'il n'y a rien de plus ſenſible au monde.
Percuſſit omne primogenitum in terra Ægypti primitias omnis laboris eorum, Pſal.
104. il a frappé les premiers nais en Egypte, ce ſont les premices de leurs tra-
uaux, les tenebres, les mouches, ſauterelles, & le reſte deuança le maſſacre des
premiers nais, mais il l'appelle les premices, d'autant que ce fut la plus
ſenſible de toutes ſes peines.
Mais vos enfans ſeront bons, i'en ſuis content, que ſi lors qu'ils ſeront
arriuez à l'aage de vingt, ou vingt cinq ans, quand vous ſongerez à leur faire vne
honorable alliance, la mort vous les rauit ? ne vaudroit-il pas mieuz n'en a-
uoir iamais eu? il vaudroit mieux que le laboureur n'eut ny labouré ny ſe-
mé, qu'apres auoir bien pris de la peine, ſa moiſſon eſtant toute preſte à coup-
per, la voir ou raſlée par vne greſle, ou conſommée par vn feu de mal-heur
vaudroit mieux n'auoir iamais eu enfans que les voir rauis au plus fort de
vos eſperances.
Vn enfant
mort par
les prieres
de S.Iean
l'aumoſ
nier
à l'aa-
ge de dou-
ze ans de
peur qu'il
ne fuſt
damné.
On lit en la vie de ſainct Iean l'aumoſnier qu'il fut vn iour importuné
d'vn homme riche de luy impetrer de Dieu (par ſes prieres) quelque li-
gnée, car ſa femme eſtoit ſterile, ce qu'il fit; l'enfant eſtoit ſuiuant les de-
ſirs des peres & meres beau, de bon naturel, ſage, & promettoit beaucoup : à
l'aage de douze ans ſe pourmenant ſur le bord d'vne riuiere il y tomba, & ſe
noya : le pauure pere en vient quaſi au deſeſpoir, & ne faiſoit qu'importuner
le Sainct, luy diſant qu'il voudroit ne l'auoir iamais prié de luy obtenir cét
enfant

145
Des mavx et des biens dv Mariage.
enfant, puis que ſa mort, & en telle aage luy cauſoit vne telle triſteſſe. A-
pres de longues plaintes & importunitez, il eut reuelation que ſon fils luy
auoit eſté rauy par les prieres de Sainct Iean l'Aumoſnier, & qu'il eſtoit ſau-
ué, que s'il eut veſcu ſon aage, il ſe fuſt peruerty & euſt eſté damné. Conſo-
lez-vous ſi vous eſtes ſterile, ou ſi ayant eu des enfans, Dieu vous les a oſté,
c'eſt peut eſtre voſtre bien & le leur, vaut mieux n'en point auoir que de les
voir damnez, Melius fuiſſet, ſi natus fuiſſet homo ille.
Combien de mal-heureux qui diront à iamais, mais ſans aucun ſoulas,
ces parolles de Iob 3. Pereat dies in qua natus ſum, & nox in qua dictum eſt, conce-
ptus est homo. Quare non concluſit oſtia ventris, qui portauit me? Quare non in vulua-
mortuus ſum cur exceptus genibus, cur lactatus vberibus?
Pleut il à Dieu, que le
iour de ma naiſſance ne ſe trouuaſt pas dans le Calendrier, ny la nuict de
ma conception dans le rang des nuicts : pourquoy eſt-ce que ma mere n'a eſté
brehaigne ? pourquoy n'ay-ie eſté eſtouffé dans ſon ventre ? pourquoy receu
dans ſon gyron, pourquoy allaicté.
Cinquieſmement la ſterilité peut prouenir par l'imprudence des femmes
qui ſe ſerrent trop pour paroiſtre plus belles, & plus graiſles : par malices
d'autres comme par charmes, ſorceleries, breuuages, auortemens procurez
par vne trop grande intemperence & incontinence, & ſemblables raiſons
que ie laiſſe aux medecins : ſeulement i'aduertis que c'eſt vn peché mortel
d'empeſcher la conception de l'enfant, ſoit par medicamens ou autrement,
& par telle voye ſe rendre ſterile, & que c'eſt contre nature.
Exemples
d'aucuns
qui ont
gardé per-
petuelle
continen-
ce en leur
mariage.
Sixieſmement la ſterilité peut prouenir d'vn conſentement mutuel des
mariez, par lequel ils viuent comme freres & ſœurs, ſans aucun vſage de leur
mariage, de quoy il y a tant d'exemples, comme de noſtre Dame auec S. Io-
ſeph
, mariage toutefois que Dieu a voulu exalter par deſſus tous autres,
accouplant & accordant la virginité auec la fecondité. Comme de S. Cecile
& Valerien: de Iulien & Baſiliſſe: de Pulcheria ſœur de l'Empereur Theodoſe
auec Marcien: d'Henry ſecond Empereur, & de Cunegunde, qui donna preu-
ue de ſa virginité marchant à pieds nuds ſur des charbons ardants: Boleſlaus
Les ma-
riez ne
doiuent
perdre la
bonne in-
intelligence
pour leur
ſterilité.
cinquieſme prince de Pologne & de Cunegunde fille du Roy d'Hongrie :
Conradus Roy, fils de Henry IV Empereur auec Mathilde: & tant d'autres
anciennement, & encor auiourd'huy.
Si Dieu ne vous donne en mariage la lignée que vous deſireriez, penſez
que c'eſt pour ſa plus grande gloire & voſtre plus grand bien : vous ne man-
querez d'heritiers ſi vous voulez; tant de pauures & tant d'hoſpitaux, où vos
biens ſeront mieux employez qu'és mains de quelques prodigue, que vous
auriez mis au monde, qui s'en donneroit parmy les ioües ſans dire peut eſtre
vn De profundis pour voſtre pauure ame. Que cela ne diminue en rien la bon-
ne intelligence & l'amour que vous deuez auoir l'vn pour l'autre, ſouue-
nez
T

146
Second Traite'
nez vous que Iacob ne laiſſa d'aimer tendrement Rachel, quoy qu'elle fut
ſterile, Elcana Anna, puis apres mere de Samuel: Abraham ſa femme Sara,
quoy que brehaigne: Sainct Zacharie & S. Elizabeth n'ont rien diminué de
leur affection & bonne intelligence non plus que S.Ioachim & S.Anne, aſſez
long-temps ſans enfans ſelon l'opinion plus probable; peut eſtre que Dieu
recompenſera voſtre bonne intelligence d'vne heureuſe lignée, & de quel-
que fruict de benediction comme il a faict à la pluſpart des ſufdicts : ſinon
adorez ſes iugements que vous ne connoiſſez pas maintenant, croyant que
ce n'eſt ſans tres-grande ſageſſe & prouidence qu'il donne beaucoup d'en-
fans à aucuns : peu à d'autres & d'autres point du tout, vous en verez les rai-
ſons lors qu'il deploira ceſte belle grande tapiſſerie de ſa prouidence ſi
Sterilité
oſtée par
prieres.
artiſtement trauaillée, mais qui nous eſt preſentement pliée & inconnue, &
ſera vn iour expoſée à la veue de tout le monde.
A Rome en l'Egliſe de Sainct Sauueur du Laurier, ſe trouue vn monu-
ment celebre d'vne ſterilité changée, puis apres en vne grande ſecondité, l'an
mille quatre cent ſeptante quatre, Iean Mates & Catherine Calagnira67, ay-
ant eſté huict ans en mariage ſans auoir enfans, firent vœux à Dieu afin qu'il
luy pleuſt leurs donner lignée, & firent dire vne meſſe ſolemnelle en l'Egliſe
S. Seuerin
à l'honneur des douze Apoſtres, allumans douze cierges ſur cha-
cun deſquels eſtoit eſcrit le nom d'vn Apoſtre. Leur vœu fut exaucée & l'eſ-
pace de douze ans conſecutifs, eurent douze enfans, huict filz & quatre fil-
les, à chacun deſquels ils donnerent le nom de quelque Apoſtre. Ils veſqui-
rent encore pluſieurs années depuis ſans auoir autres enfans : apres la mort
du pere & de la mere, tous les enfans moururent enuiron la feſte de l'Apo-
poſtre
duquel il portoit le nom. Celuy qui veſquit le dernier de tous qui fut
Pierre Mates68 chambellan du Pape, fit grauer cette hiſtoire en marbre, qui
ſe voit encore auiourd'huy dans le cloiſtre du monaſtere.
Dieu permit que ces mariez fuſſent ſteriles pour leurs donnner des enfans
d'oraiſon : changeant leur ſterilité en fecondité, il monſtra que les enfans ſont
vn don de ſa main liberale : les retirant ſi toſt de ce monde, donna à connoi-
ſtre combien les reſſorts de ſa prouidence nous ſont cachez; & partant les peres
& meres les doiuent adorer ſoit en ſterilité, ſoit en fecondité.




D'ou

147
Des mavx et des biens dv Mariage.
Filet cadre, rayé.

D'ou vient que le Mariage eſtant choſe ſi ſaincte, il en
ſort quelquefois de ſi mauuais fruicts, & de bons
peres & bonnes meres quelquefois
de mauuais enfans.


CHAPITRE VIII.

NOſtre Seigneur, Matth. 7. nous aſſeure que du bon arbre vient le bon
fruict, qu'vn mauuais arbre ne peut porter vn bon fruict, ny vn bon
arbre vn mauuais fruict, Arbor bona bonos fructus facit, non potest arbor bo-
na malos fructus facere
. Sainct Paul aux Rom. II. dict, Si radix Sancta & ra-
mi
, ſi la racine eſt ſaincte, auſſi ſont les rameaux, le dire commun eſt aſſez
connu.
Horat.69
carmi. lib.
4.ode 4.
Fortes creantur fortibus & bonis
Est in iuuencis, eſt in equis patrum
Virtus : nec imbellem feroces
Progenerant aquilæ columbam.


Le mariage eſt comme vn arbre, les enfans ſont les fruicts : le mariage eſt
la racine : les enfans les rameaux : d'ou vient cependant qu'on voit ſi ſouuent
que d'vn ſainct mariage, commencé à bonne fin, continué dans vne concor-
Le ſem-
blable pro-
duit ſon
ſemblable.
de, & dans la crainte de Dieu, ſortent de ſi mauuais enfans; d'vn arbre planté de
la main de Dieu, arrouſé du Sang de ſon Fils, ſorte de ſi mauuais fruicts : d'vne
ſi ſaincte racine plantée en laquelle les mariez ont commencé leur mariage, de ſi
mauuais rameaux. Icy ne ſe verifie pas le commun dire, car d'vn pere ge-
nereux naiſt vn enfant poltron, d'vn ſainct vn meſchant, d'vn homme de bien
vn perdu, d'vn predeſtiné vn reprouué. Naturæ ſequitur ſemina quiſque ſuæ.
Mali corui, malum ouum
, il n'eſt pas touiſours vray.
On dit que les abeilles qui ſont produictes d'vn corps de taureau, retien-
nent vne petite figure de taureau ſur leur corps : & que ſi vous faictes vne fi-
gure ou charactere ſur la ſemence d'vn arbre, ſouuent cette figure paroiſt
ſur les feuilles & les fruicts. Suiuant ce dire, la figure des peres & meres ſe
deuroit trouuer aux enfans, leur image en eux : & ſi les peres & meres ſont
vertueux & ſaincts, les enfans le deuroient eſtre : toutefois l'experience mon-
tre ſouuent le contraire, & nous voyons que tout ainſi que le laboureur
ne iette que du pur froment en terre, toutefois il en ſorte de la paille, de
meſme quoy que les peres & meres ſoient gens de bien, ſi eſt-ce que ſouuent
auec la nature de leurs enfans, laquelle eſt bonne puis que Dieu en eſt le
Prince, il y a de la paille de malice, ce qui prouient de diuerſes cauſes, i'en

rapporteray
T 2

148
Second Tracte'
rapporteray quelques'vnes, ſans toutefois profonder dans les abyſmes
inſcrutables des iugemens de Dieu, qui permet cela.
Premiere raiſon: nous auons dit au chap.3. que la bonté de nos actions
depend de la fin pour laquelle elles ſont faictes, cette verité pourroit auoir
lieu en cét endroict, & comme il ſe rencontre des mariages qui ſont faicts
auec de mauuaiſes fins, ſçauoir, ou pour la ſenſualité, ou pour les richeſſes,
ou par ambition, auſſi que les effects qui en procedent, qui ſont les enfans,
ſont mauuais par vn iuſte iugement de Dieu. Car comme il eſt mal ayſé de
mettre vn edifice ſolide ſur vn mauuais fondement, auſſi eſt il bien difficile
d'eſperer bon fruict d'vn mariage mal commencé : ſouuent les peres & me-
res ont offenſé Dieu auant le mariage par le ventre & ſenſualité, & partant
ils ſont punis au fruict de leur ventre, ayant des vipereaux qui dechirent le
ventre de leur pere & mere par leur meſchante & abominable vie : per quæ quis
peccat per hæc & punietur
, Sap. II. lors qu'il ſe ſont mariez, voire en l'vſage de
leur mariage, ils n'ont eu aucune intention d'auoir lignée, & partant Dieu per-
met qu'ils en ayent vne mauuiſe. Il eſt mal-ayſé de cueillir vn bon fruict d'vne
plante miſe en mauuais ſol : & d'vn mariage mal commencé c'eſt vne faueur de
Dieu s'il ne ſort de mauuais enfans, & vne miſericorde s'il en ſort de bons.
Vne ſeconde cauſe pourroit eſtre les deportemens des peres & meres en
leur mariage, il ne ſont fideles ny à Dieu, ny entre eux, ne craignent Dieu,
ſont pleins de fraudes, rapines, vſures, & partant en punition de leur mechan-
te vie, Dieu permet qu'ils engendrent de mauuais enfans. Vn loup engendre
vn loup: le renard, vn renard: auſſi vn mechant pere, vn mechant enfant. Dauid
perſecute Vrie contre toute iuſtice, & Dieu permet qu'il eſt perſecuté de ſon
propre fils Abſalon, qui taſcha de le priuer, & de ſes eſtats, & peut eſtre de
la vie s'il euſt peu. C'eſt la raiſon pour laquelle S.Chryſoſtome donne ce ſa-
lutaire conſeil aux peres & meres, ſçauoir qu'ils regardent ſoigneuſement
en qu’elles maiſons ils allient leurs enfans, & qu'ils ſe donnent de garde de
les mettre en des maiſons mal famées, & ou le maiſtre & la maiſtreſſe ſoient
de mechante vie, car ordinairement de bons peres & de bonnes meres ſor-
tent de bons enfans : fortes creantur foribus, & tout ainſi dit Ariſtote que les
fruicts qui naiſſent aux montagnes ſont plus ſauoureux, que ceux qui naiſſent
aux vallées, de meſme les enfans qui naiſſent des peres & meres qui ſont com-
me montagnes en vertus & perfections, ſont meilleurs que ceux qui naiſſent
des parents qui comme vallées ſont remplis de boue & d'imperfections.
Raguel voyant le ieune Tobie, Tobie 7. luy dit, benedictio ſit tibi fili mi, quiæ
boni & optimi viri filius es
, mon enfant ie prie Dieu qu'il vous beniſſe, puis que
De bons
peres bõs
enfans.
vous eſtes fils d'un bon, mais d'un tres bon pere. Aussi en conſideration des ver-
tus du pere & de la bonne vie du fils, imitateur du pere, Dieu luy trouua vn
fortuné party, voſtre fille eſt pour ce ieune homme craignant Dieu, comme
dit

149
Des mavx et des biens dv Mariage.
dit l'Ange à Raguel, Tobie 7. Huic timenti Deum debetur coniunx filia tua. Noé
eſtoit homme de bien, l'eſcriture ſaincte le qualifie tel, Gen.6. Noe vir iuſtus, &
que s'enſuiura-t-il; ſinon que Dieu luy donnera de bons enfans, perfectus fuit
in generationibus ſuis
, dit l'eſcriture au meſme endroit. Comme au contraire de
mauuais progeniteurs, mauuais deſcendans. N. Seigneur en S. Matth. 23 inue-
De mau-
uais peres
mauuais
enfans.
ctiuant contre les Scribes70 & Phariſiens, leurs dit filij eſtis eorum qui prophetas
occiderunt, & vos implete menſuram patrum vestrorum
: vos peres ont mis à mort les
prophetes, & vous autres vous les imiterez & mettrez le comble à leurs iniqui-
tez. Le S. Patriarche Abraham voulant marier ſon cher Iſaac, fit venir le ſur-
intendant de ſa maiſon, & luy dit, Pone manum tuam, ſubterfemur meum, vt ad-
iurem te per Dominum cœli & terre, ut non accipias vxorem filio meo de filiabus Cha-
nanæorum inter quos habito
, Gen.24. iurez moy ſolemnellement par le Dieu du
ciel & de la terre, que vous ne chercherez point vne eſpouſe à mon fils parmy
les Chananeans, parmy leſquels ie demeure. Le bon & ſainct vieillard ſçauoit
trop mieux combien il importe de ſe bien allier. Iſaac imita ſon pere. Geneſ.
28. commandant à Iacob ſon fils de ſe donner de garde de prendre femme
parmy les Chananeans, dautant que cette Tribu eſtoit mauditte de Noé, &
que lors elle eſtoit idolatre & pleine de magies & d'enchantemens, mais voulut
que ce fuſt de ſtirpe ſua, de ſa race qui eſtoit en faueur aupres de Dieu : le re-
prouué Eſau prit femme parmy les Chananeans, auſſi luy en prit-il fort mal,
car toute ſa race idolotra.
Tout ainſi dit Ariſtote qu'vn homme engendre vn homme, vne beſte vne
beſte, de meſme des gens de bien des bons, des meſchans, des meſchans : la
Raiſon
naturelle
pourquoi
les peres
engendrent
des enfans
qui leurs
ſont ſem-
blables.
raison naturelle eſt, que ſouuent les enfans ſont de meſme temperamment que
les peres & meres, comme eſtant de meſme matiere, & ſemblables quant à la
force du corps : & comme ainſi ſoit dit Ariſtote, que l'ame s'accommode aux
inclinations corporelles, & que le temperamment contribue beaucoup à l'ame
& à ſes fonctiõs, adiouſtons au dire d'Ariſtote, que la nature eſt le fondement
de la grace, il ſ'enſuit que les enfans retirans ſur les peres & meres quant au
corps, le font auſſi quant à l'ame, ſi les parens ſont blancs, les enfans d'ordinaire
ſont blancs: ſi noirs, noir; ſi grands, grands: ſi ſanguins, ſanguins etc. auſſi ſi
bons, bons: ſi ſage, ſages: ſi ſaincts, ſaincts: les oyſeaux ont les plumes de meſ-
mes couleurs que leurs peres & meres.
Combien
il impor-
te de ſe
bien
allier.
Ie vous prie de meurement peſer les conſiderations ſuiuantes par leſquelles
vous pourrez recõnoiſtre combien il importe de s'allier à des gens de bien. I. vne
mauuaiſe alliance ſera peut eſtre cauſe que toute voſtre race ſera eſteinte : en
voulez-vous des teſmoignages irreprochables. Pſ. 36. Semem impiorum peribit,
la race des impies perira : au contraire, ſemen iustorum ſaluabitur, Prouer. II, la
race des iuſtes ſera conſeruée. Sap. 8. ab iniquo thoro ſemen exterminabitur. Dieu
ne permettra pas que la race d'vn mauuais mariage dure long-temps. Cain
eſt
T 3

150
Second Traite'
eſt meſchant, auſſi Dieu ne permet pas que ſa race dure, elle eſt toute eſtouffé
par le deluge, voire meſme toutes les autres races à la reſerue de huict per-
ſonnes, dautant qu'elles auoient fait alliance auec cette race maudite : Achab
& Iezebel ſont tyrans, meurtriers, larrons, cruels, auſſi Dieu en punition de
leur malice eſteint leur race.
2. Souuent ceux qui deſcendent des meſchans, ſont ſubiects à la cholere
& indignation de Dieu, & Dieu ne veut auoir aucune communication auec
eux. S. Hieroſme, ſur S. Matth. remarque que l'Euangeliſte à obmis trois
Roys rapportant la genealogie de noſtre Seigneur, & n'en n'a voulu faire
aucune mention, d'autant qu'ils eſtoient deſcendans d'Achab & de Iezebel
race mauditte. La race de Ioab eſtoit quaſi toute lepreuſe, la malediction a-
uoit eſté donné à Ioab pour ſon homicide, & eſtoit paſſée de pere en fils. S.
Chryſoſtome
remarque que cela ſe verifie principalement, lors que la ma-
lediction eſt donnée de Dieu pour auoir deshonorée pere & mere, comme
au contraire, ceux qui les honorent ſont benits de Dieu en leurs enfans, qui
honorat patrem incundabitur in filijs
, Eccl. 3. & le meſme Sainct Chryſoſtome,
ſur ces paroles, Salmon genuit Booz de Raab, Salmon engendra Booz de Ra-
hab
, qui eſtoit femme vertueuſe, dit que de bonnes races, viennent des
bons enfans.
L'exemeple
des peres
& meres
ſouuent eſt
cauſe que
les enfans
ſont meſ-
chans.
3. Chacun ſçait quelle force a l'exemple: comme c'eſt vn maiſtre plus puiſ-
ſant que les preceptes : & comment voulez-vous que les enfans ſoient gens de
bien, ayant des peres & meres meſchans, & ne voyans que des mauuais exem-
ples, Dauid au Pſ. 105. parlant des Iuifs, dit, Commixti ſunt inter Gentes, & di-
dicerunt opera eorum
, ils ſe ſont alliez auec les Gentils, & ils ont fait comme
eux, c'eſt à dire, ont idolatré.
L'Eſcriture 4. Reg.8. remarque que Ioram Roy de Iuda, fut meſchant, &
ambulauit in vijs Achab, & qui en fut la cauſe ? l'Eſcriture Saincte la remar-
qué, Filia Achab erat vxor eius, il auoit pris pour femme la fille d'vn meſ-
chant homme qui eſtoit le Roy Achab, tant l'amour & l'exemple d'vne fem-
me a de pouuoir ſur vn mary : Mais l'exemple des peres & meres encore plus
ſur les enfans qui ſont comme des petits ſinges, faiſant tout ce qu'ils voient
faire, ſi bien, bien : ſi mal, mal. S. Auguſt. lib. 2. retract. dit, qu'vn Roy de Cy-
pre eſtant fort laid, n'engendroit que des enfans laids, dequoy s'apperceuant,
il prit vn beau maſque, & depuis eut de beaux enfans. Si vous eſtes meſchant
en voſtre ame, au moins couurez cette laideur & meſchanceté d'vn maſque
de vertu en preſence de vos enfans, afin qu'ils ſoient tels qu'ils vous verront
Les bons
enfans sõt
vn don de
Dieu.
à l'exterieure, les enfans ordinairement reſſemblent les peres & meres quant au
corps, mais encore dauantage quant à l'ame, & ſouuent forment leur vie ſur
l'idée de celle de leurs peres & meres.
4. Souuent les enfans ne vaillent rien, d'autant que leurs peres & meres
n'ont eu ſoin de les eſleuer & inſtruire, & quoy qu'ils ſoient nez bons & de
bon

151
Des mavx et des biens dv Mariage.
bon naturel, ils n'ont eſté cultiuez : car tout ainſi que bons fruicts cueillis
de bons arbres doiuent eſtre mus en bon lieu, où ils faut ſouuent les viſiter,
autrement ils ſe pourriſſent, de meſme les enfans, s'ils ne ſont ſoignez & eſle-
uez ſe corrompent : vous trouuerez des peres & meres qui n'ont autre ſoin
que des corps de leurs enfans, & ne ſongent jamais à leurs ames, non plus que
s'ils n'en auoient point : qui ont ſoin de leurs amaſſer des richeſſes, & non de
leurs procurer de bonnes mœurs : vne mere veille iour & nuict, pendant que
l'enfant eſt petit, quoy que lors il ne ſoit queſtion que du corps, mais quand
il eſt queſtion de ſoigner l'ame, on ny penſe nullement, nous en parlerons,
plus amplement traictant de l'obligation des peres & meres enuers les
enfans.
D'ou vient
que de
bõs peres
ſortent de
mauuais
enfans.
Il arriue quelquefois que les peres & meres ſont gens de bien, & que
les enfans ne vallent rien. Ce qui peut prouenir premierement des ſecrets
iugemens de Dieu, qui veut eſprouuer la patience des peres & meres en leurs
enfans, & lors faut que les peres & meres ayent recours à luy, luy recommã-
dans par leurs prieres, & faiſans de bonnes œuures pour eux, les recomman-
dans auſſi à des gens de bien, à l'imitation de S. Monique, laquelle voyant
Les peres
& meres
doiuent
recõman-
der leurs
enfans à
Dieu &
aux gens
de bien.
les mauuais deportemens de S. Auguſtin ſont fils, ne ceſſoit de prier, pleurer,
d'importuner S. Ambroiſe; auſſi merita elle d'entendre ces parolles de ce
grand Prelat, Filius tantarum lachrymarum non peribit, vn enfant pour lequel
vous auez ietté tant de larmes ne peut perir.
Secondement, cela prouient des mauuaiſes compagnies qu'ils frequen-
tent, la pomme qui eſt touchée d'vn mauuais air, pourrit bien toſt, quoy qu'elle
vienne d'vn bon arbre : & l'enfant hantant les meſchans ſe corrompt ayſe-
ment, quoy que ſorti de bons parens. Il y a certains fruicts qui ne meuriſ-
ſent iamais, & ſont touſiours comme ſauuages, d'autant qu'ils ne ſont iamais
regardez des benings & fauorables rayons du ſoleil : & comment voulez
vous que voz enfans ſoient bons, ſi iamais ils ne voyent aucun rayon de
bons exemples ? aucuns fruicts pourriſſent bien toſt, d'autant qu'ils ont eſté
cuillis trop toſt : pluſieurs enfans ſe gaſtent d'autant qu'on les emancipe
trop toſt, on les met trop toſt dans le monde, on les marie trop toſt. Les
fruicts ſe conſeruent ſur la paille & le foin, & les enfans dans l'humilité; vous
auez enflé cette fille de luxe & de ſuperbe, vous en auez faict vne deeſſe &
vous vous eſtonné de ce qu'elle eſt coureuſe, rebelle, inſupportable, &
qu'elle vous contraint d'enuier le bon-heur de ceux qui ſont ſteriles, vous
deuez vous en attribuer la faute.
Les bons
enfans sõt
vn don de
Dieu.
Enfin les bons enfans ſont vn don de Dieu & vn effect de la miſericorde,
& partant faut auoir recours à luy, qui de ſon coſté ne demande que le bien
& la perfection de ſes creatures, & nommement de l'homme, mais les peres
& meres & les enfans y doiuent cooperer chacun pour ſa part : les peres &
meres

152
Second Traite'
meres ſe comportans en leur mariage tant au commencement qu'au pro-
grés auec intention conforme à celle de Dieu, & diſans auec Tobie c.8. filij
ſanctorum ſumus & non poſsumus coniungi ſicut & gentes quæ Deum ignorant, de-
precemus Deum hodie & eras
, nous ſommes enfans de peres & meres ſaincts, de
Chreſtiens, & ne deuons-nous comporter en noſtre mariage comme de payens
qui n'ont point de connoiſſance de Dieu, ayons recours à Dieu par l'oraison.
Qu'ils ſe ſouuiennent de ce que dit S.Criſoſt. ſicut unigenito in virginem in-
greſſuro præceſſit Spiritus ſanctus vt præcedente ſpiritu in ſancificatione naſcatur
Chriſtus, ſic & ille debet præcedere thorum vt quod concipitur in ſanctificatione con-
cipiatur.
Tout ainſi que lors que N. Seigneur a deu eſtre incarné, le ſainct
eſprit a precedé afin que Ieſus-Chriſt naſquit en ſaincteté, de meſme il doit
preceder le mariage afin que ce qui ſera conceu ſoit conceu auec ſaincte-
té : les peres & meres doiuent eſleuer leurs enfans en la crainte de Dieu,
les nourriſſans de bons exemples, & de ſalutaires enſeignemens : les de-
ſtournans des occaſions de ſe perdre, & ne contraignans Dieu de les punir
en la malice de leurs enfans.
Que ſi apres qu'ils auront fait tout leur poſſible les enfans ne vallent
rien, qu'ils ſe ſouuiennent qu'à la maiſon d'Adam a eſté Cain : de Noé Cham,
d'Abraham Iſmael : d'Iſaac Eſau : de Iacob Ruben : de Dauid Amnon & Ab-
ſalon
: Il est vray que de bons peres & meres naiſſent ſouuent des bons en-
fans, ſuiuant ce que dit Dauid Pſ. 24. anima eius in bonis demorabitur & ſemen
eius hæreditabit terram
: il eſt vray que, Dominus in generatione iuſta eſt, que Dieu
donne benediction aux peres & meres qui ſont gens de bien en leurs enfans;
mais il s'y trouue des exceptions la cauſe deſquelles depend ſouuent des
ſecrets iugemens de Dieu qui nous ſont inconnus.
Les enfãs
iſſus de
mauuais
peres &
meres
peuuent
eſtre bõs.
Les enfans doiuent y apporter du leur, ſe ſouuenans que la bonté & mali-
ce eſt perſonnelle, que Dieu donne ſa grace à tous, que l'inquité du pere ne
ſera imputée au filz : qu'il ne ſert de rien d'eſtre né de bons peres & meres,
ſi on veut eſtre mechant : & que quand les peres & meres ſeroient
meſchans, que les enfans auec la grace de Dieu ont leur franc arbitre,
& peuuent eſtre gens de bien. Thare eſtoit vn faiſeur d'idoles, il eut vn braue
fils, qui fut Abraham: Achab tyran, Ezechias ſon fils fut bon: Amon ne vallut
rien: Ioſias, ſon fils fut homme de bien. S. Hieroſme, ad Lætam, vt radicis amari-
tudinem dulcedo fructuum compenſaret, & viles virgultæ pretioſa balſama
ſudarent
. Des racines ameres ne laiſſent de porter des fruict doux, des plan-
tes viles portent de pretieux bauſmes : quoy qu'vn larron ſeme la terre, elle
ne laiſſe de porter des bons fruicts : la plante ne laiſſe pas d'eſtre bonne quoy
qu'elle ſoit plantée d'vn lepreux, ce n'eſt pas crime d'auoir vn pere qui eſt
mechant homme, c'eſt crime d'imiter ſa meſchanceté. Sicut boni filij, adultero-
rum nulla eſt defenſio: ſic mali filij coniugatorum nullum crimen eſt matrimonij: quia
non

153
Des mavx et des biens dv Mariage.
non in ſeminibus, ſed in voluntate naſcentis cauſa vitiorum eſt atque virtutum, dit S.
Hier
. in Ep. ad Rufinü. Tout ainſi que les bons enfãs des adulteres n'excuſent
pas leur crime : de meſme les meſchans enfans des mariez ne ſont pas la faute
du mariage : car la cauſe de la vertu ou du vice ne depend pas de la ſemence,
mais de la volonté des enfans. Les enfans doiuent ſe dire le meſme que fai-
ſoit Tobie, filij ſanctorum ſumus, & expectamus hæreditatem quam daturus eſt ijs
qui nunquam ſidem mutant ab eo
. Nous ſommes enfans de Chreſtiens, nous at-
tendons l'heritage de celuy qui le donnera infailliblement à ceux qui le ſer-
uiront fidelement. Tobie.2.
Ie fermeray ce chapitre par vn exemple qui fera voir comme de mauuais
peres ſortent de bons enfans, & de bons peres de mauuais enfans. Achaz quita
4. Reg. 16. Dieu par ſa meſchante vie, & ne ſe ſoucia de la pieté de ſes anceſtres. Il fut
tellement Idolatre, qu'il fit ietter en fonte de nouueaux Idoles en l'hon-
Achaz
meſchant
a vn bon
fils ſça-
uoir Eze-
chias
.
neur de Baal, & ce en ſi grande quantité qu'il y en auoit en tous les coings
de Hieruſalem, & en toutes les villes de ſon royaume, leurs fit dreſſer des
autels, & leurs offrit des ſacrifices. Il viola le temple de Hieruſalem, le pil-
lant, le prophanat, & le fermant afin que perſonne ny allaſt reconnoiſtre
& adorer le vray Dieu. Il ne laiſſa pourtant d'auoir vn tres-bon filz qui fut
Ezechias, duquel l'eſcriture ſaincte dit, fecit quod erat bonum coram Domino,
iuxta omnia quæ fecerat Dauid pater eius. Ipſe diſſipauit excelſa, & contriuit ſtatuas,
& ſuccidit lucos: confregitque ſerpentem æneum. In Domino Deo Iſrael ſperauit
. Il fut
homme de bien & agreable à Dieu, imitant en tout Dauid ſon progeniteur,
il ruina les lieux où on adoroit les Idoles, rompit les ſtatues, couppa les bois,
briſa le ſerpent d'airain, mit ſon eſperance au Dieu d'Iſraël.
Or comme il auoit eu vn meſchant pere, il ne laiſſa pourtant d'eſtre bon
filz, & bon pere, il eut neantmoins vn tres-meſchant filz qui fut Manaſſes.
Conſiderez l'anthiteſe du pere pieux, deuot, craignant Dieu, vertueux, & du
filz homme impie, cruel, & tres-abominable.
Ezechias tout au commencement de ſon regne repara ce que ſon pere
auoit violé touchant la religion, & ramena à la vraye foy les infideles meſ-
mes des autres royaumes.
Manaſſes peruertit les fideles de ſon royaume, & les rendit impies & Ido-
latres, Ezechias ramaſſa les preſtres, & les Leuites pour le ſeruice du temple, &
pour honorer & louer Dieu. Manaſſes les bannit, & eſtablit les preſtres des
Idoles en leur place.
Ezechias honora Iſaie & les autres Prophetes, comme les interpretes des
volontez de Dieu, & comme les miniſtres & inſtrumens de la majeſté diui-
ne : Manaſſes fit mourir Iſaie, ſon proche parent, tout chenu de vieilleſſe
apres l'auoir fort mal traitté, & ne le fit pas mourir d'vne mort commune,
mais le fit ſcier71.
Eze-
V

154
Second Traite'
Ezechias par ſes prieres & larmes obtient des enfans de Dieu. Manaſſes
conſacra ſolemnellement ſes enfans aux Diables.
Ezechias conſulta Dieu par le miniſtere & entremiſe des Prophetes &
des Preſtres. Manaſſes conſulta les Diables par magie & enchantemens.
Le ſoleil ſeruit de ſigne à Ezechias, & auec le ſoleil tous les aſtres, Dieu
luy accordant ſa requeſte : Manaſſes adora le ſoleil & les aſtres au meſpris du
vray Dieu.
Ezechias impetra par ſes prieres la miſericorde de Dieu aux meſchans &
aux pecheurs. Manaſſes remplit toute la ville du ſang des innocens.
Ezechias obtient vne glorieuſe victoire ſur ſes ennemis tres puiſſans,
ſans effuſion de ſang & ſans peine, par la pure aſſiſtance de Dieu : Manaſſes en
vengeance de ſes crimes, fut ſurmonté de ſes ennemys, fut faict captif, chargé
de chaiſnes, priué de ſon royaume & mis en priſon.
Tout ainſi qu'vn pere laid engendre quelquesfois vn fils qui eſt beau, &
vn nain engendre vn demy geant; & tout au contraire vn pere qui eſt beau
engendre vn enfant laid, & vn geant vn nain : de meſme vn meſchant homme
engendre vn homme de bien, & vn homme de bien vn meſchant enfant,
quoy qu'ordinairement les bons enfans ſont donnez de Dieu pour recom-
penſe aux bons peres, ſuiuant ce que dit Salomon Prouerb. 20. iuſtus qui am-
bulat in ſimplicitate ſua, bonos poſt ſe filios derelinquit
. Il arriue quelquesfois le
contraire par des ſecrets iugemens de Dieu qui nous ſont tres-obſcurs, mais
tres-iuſtes & tres-adorables.


Filet cadre, rayé.

Du ſecond bien du mariage qui eſt la fidelité.

CHAPITRE IX.

LA corneille eſtoit iadis vn bon augure aux nouueaux mariez, d'autant
qu'elle eſt hieroglyphique de fidelité & d'vn contract inuiolable : les
corneilles ont vne telle amitié l'vne pour l'autre, que de deux qui ont fait
alliance, l'vne eſtant morte, l'autre demeure en perpetuelle viduité, comme
auſſi l'once72, aymans mieux paſſer leur vie en vne triſte ſolitude que de vio-
ler leur fidelité.
I'ay monſtré au chap. 3 la grande ſeruitude qui accompagne le mariage,
mais elle eſt compenſée par vn grand bien qui eſt la fidelité, fides bonum fidei,
& c'eſt de ce bien que i'ay à parler en ce chapitre.
Que c'eſt
que fide-
lité.
Il faut premierement voir que fides, ou fidelité : quel bien c'eſt &
en quoy les mariez la doiuent exercer. La fidelité eſt vne vertu par laquelle
nous

155
Des mavx et des biens dv Mariage.
nous nous acquitons de nos promeſſes : & tout ainſi que la verité fait que
nous ne trompons perſonne en nos parolles, auſſi la fidelité fait que nous ne
trompons en nos promeſſes; quoy que la fidelité priſe plus amplement &
ſuiuant l'opinion de S. Auguſtin, & du commun, nous oblige à ne tromper
perſonne, ny en nos parolles, ny en nos promeſſes, ou pour mieux dire, ny de
faict ny de parolles.
La fideli-
té recom-
mandable.
La fidelité eſt fort recommandée en l'Eſcriure Saincte, Prouerb. 28. Vir
fidelis multum laudabitur
. L'homme fidele receura grande loüange. C'eſt vne
des principales loüanges qu'elle donne à Abraham, Eccl.44. Abraham in ten-
tatione inuentus eſt fidelis
, Abraham a eſté trouué fidele en la tentation: & Dieu
ſe vante parlant de Moyſe, Num. 12. qu'il eſt le plus fidele de ſa maiſon, Moy-
ſes
in omni domo mea fideliſsimus eſt
. Dauid reçoit vn ſemblable eloge, I. Reg.22.
Quis in omnibus ſeruis tuis ſicut Dauid fidelis? qui trouuerez-vous entre tous vos
ſeruiteurs qui puiſſe eſtre comparé à Dauid en fidelité.
Nous pouuons dire que la fidelité eſt comme le nœud qui nous lie auec
Dieu & auec les hommes, & que ce nœud rompu ne reſte qu'vne diſſolution
totale : c'eſt la fidelité qui fait que nous gardons à Dieu le ſerment que nous
luy auons fait au Bapteſme de le ſuiure, l'aymer, combattre pour luy, renon-
cer à tout ce qui luy ſeroit contraire : c'eſt la meſme fidelité qui oblige tous
les hommes à faire les volontez du meſme Dieu, entant que naturellement
ils luy ſont obligez comme ſeruiteurs à leur maiſtre & ſouuerain Seigneur.
Effects de
la fidelité.
C'eſt la meſme fidelité qui fait que les ſubiects & vaſſaux ſe maintiennent
en bonne intelligence auec leurs Seigneurs & Roys, & les Seigneurs & Roys
auec leurs ſubiects, gardans mutuellement ce à quoy ils ſont obligez : ainſi
c'eſt la fidelité qui maintient les Royaumes: voire les Roys en bonne intelli-
gence l'vn auec l'autre, entant qu'ils gardent les traictez & alliances qu'ils
ont faittes entre eux. Oſtez la fidelité d'entre les hommes, vous oſtez le com-
merce, vous renuerſez la ſocieté humaine, voire les familles ne ſeront que
reuoltes, que pilleries, que brigandages, que trahiſons, que couppe-gorges :
vous renuerſez toute communication.
Quoy que ceſte vertu ſoit ſi neceſſaire, ſi eſt-ce que l'Eſcriture Saincte ſe
plaint qu'elle eſt fort rare, Prou.22. Virum fidelem quis inueniet? qui trouuera
vn homme fidele? 1. Cor.4. Quæritur inter diſpenſatores vt fidelis quis inueniatur?
il eſt mal-ayſé de trouuer vn homme fidele entre les diſpenſateurs. C'eſt aux
hommes fideles que Dieu veut donner la ſurintendance de ſa maiſon, Matt.
24. Quis putas est fidelis ſeruus & prudens quem constituit Dominus ſuper familiam
ſuam
. Qui penſez vous qui eſt le ſeruiteur fidele & prudent que Dieu a eſta-
bly ſur ſa maiſon. C'eſt à l'homme fidele que Dieu augmente ſes graces, Luc
19. Quia in modico ſuiſti fidelis, eris poteſtatem habens ſuper decem ciuitates, d'autant
que tu as eſté fidele en peu de choſe, tu auras le gouuernement ſur douze ci-
tez
V 2

156
Second Traite'
tez. C'eſt le meſme fidele à qui Dieu promet la gloire, Matth. 25. Quia ſu-
per pauca fuisti fidelis ſupra multa te constituam; intra in gaudium Domini tui
, d'au-
tant que tu as eſté fidele en peu de choſe, ie t'eſtabliray ſur choſes grandes,
entre en la ioye de ton Seigneur. Et en l'Apoc. 2. Esto fidelis vſque ad mortem,
& dabo tibi coronam vitæ
, Sois fidele iuſques à la mort, & ie te donneray la
couronne de vie.
La fidelité eſt recommandable en toutes perſonnes, au Roy enuers ſes
ſubiects, aux ſubiects enuers leurs Roys : aux maiſtres enuers les ſeruiteurs,
aux ſeruiteurs enuers leurs maiſtres : aux nations les vnes enuers les autres :
aux citoyens entre-eux, mais ſur tout entre les amys, car oſtez la fidelité, plus
d'amitié : ce qui a fait dire au Sage, Eccl. 6. Amico fideli nulla eſt comparatio, il
ny a rien qui puiſſe entrer en parangon auec auec vn amy fidele: il dit de plus,
Amicus fidelis medicamentum eſt vitæ, l'amy fidele eſt comme la Nicotiane &
remede contre les incommoditez de noſtre vie73.
Offices de
la fidelité.
La fidelité a comme quatre offices : le premier de garder ſa parolle : le ſe-
cond de ne reueler le ſecret qu'on vous aura fié : le troiſieſme de n'abandon-
ner en l'aduerſité : le quatrieſme de bien adminiſtrer ce qu'on a en charge,
c'eſt à dire, de ne le diſſiper : de l'accroiſtre : de ne frauder le proprietaire : de
ne s'attribuer ce qu'on a en depoſt ou en adminiſtration : enfin, de ne le com-
muniquer aux ennemis du proprietaire.
Si la fi-
delité des
mariez
ſurpaſſe
toute au-
tre.
Si la fidelité oblige tous les hommes, de quelle condition qu'ils ſoient, &
conſerue tous les eſtats, beaucoup plus les mariez : la fidelité que le Roy doit
à ſes ſubiects, les ſubiects aux Roys, n'eſt pas indiſſoluble, le Roy peut quit-
ter ſa couronne, peut remettre quelques obligations à ſes ſubiects : les ſub-
iects peuuent changer de pays : le maiſtre peut renuoyer le ſeruiteur : le ſer-
uiteur peut eſtre mis en liberté. Ceux qui ont fait quelques contracts y peu-
uent renoncer de part & d'autre, par conſentement mutuel; mais il n'en eſt
pas ainſi de la fidelité que ſe doiuent les mariez, qui n'eſt pas vn ſimple con-
tract, mais vn contract Sacramental, indiſſoluble, & diuin ſans qu'aucune
authorité humaine le puiſſe diſſoudre, non pas meſme ceux qui l'ont noué,
n'y pouuans renoncer.
Si c'eſt vn ſi grand bien que d'auoir rencontré amy fidele, quel bien eſt-
ce que la fidelité du mariage puis qu'il n'y a amitié, ny lien qui ſe puiſſe com-
parer à l'amitié du mariage où deux deuiennent vn, non ſeulement par v-
nion d'eſprit mais auſſi par vnion corporelle, & vne meſme chair, Non ſunt
duo, ſed vna caro
.
Ie pourrois monſtrer comme les quatre offices de la fidelité que i'ay re-
marqué vn peu auparauant, ſe doiuent trouuer en la fidelité des mariez, tou-
tefois pour plus grande briefueté ie les reduiray à deux, qui ſont, qu'ils gar-
dent leur parole, & qu'ils adminiſtrent fidelement ce qu'ils ont en charge :
les

157
Des mavx et des biens dv Mariage.
les deux autres offices ſe rapportans à ceux-cy comme on pourra voir.
La parolle que les mariez ſe ſont donné, eſt celle qui conſtitue l'eſtre &
eſſence du Sacrement de mariage, ſçauoir ie vous prens pour ma femme : ie
vous prens pour mon mary, qui ſont le meſme comme ſi le mary diſoit, ie vous
donne puiſſance ſur mon corps, il eſt à vous, & plus à moy : & ſi la femme di-
ſoit au mary, ie vous donne pouuoir ſur mon corps qui eſt deſormais à vous,
& plus à moy : ce qui ſe doit entendre quant à l'vſage du mariage. C'eſt cette
donation qui a fait dire à S. Paul, Mulier ſui corporis poteſtatem non habet, ſed
vir: ſimiliter autem & vir ſui corporis potestatem non habet, ſed mulier
. La femme
n'eſt pas maiſtreſſe de ſon corps, mais le mary : ſemblablement le mary n'eſt
pas maiſtre de ſon corps, mais la femme : cette donation eſt mutuelle &
oblige mutuellement & egallement comme i'ay dict au chapitre. 3.
De cette donation ſ'enſuit I. que tout ainſi que c'eſt faire tort à autruy, &
contre iuſtice de retenir ſon bien contre la volonté du proprietaire : de luy
en refuſer l'vſage lors qu'il en a beſoin, qu'il le demande, ſoit expreſſément,
ſoit tacitement, & ſi c'eſt en choſe d'importance, c'eſt peché mortel de luy
refuſer, & de l'en priuer, & vn acte d'infidelité contre la promeſſe qu'on luy
auroit faite, de luy remettre en mains, toutes & quantes fois qu'il le deſire-
roit : de meſme les mariez ſe font tort : font contre iuſtice : commettent vn
acte d'infidelité contre la donation qu'ils ſe ſont faite de leurs corps mutuel-
lement : lors qu'ils s'en refuſent l'vſage, en eſtant requis ſoit expreſſément,
ſoit tacitement, & s'il n'y a legitime excuſe, c'eſt vn peché mortel, & cette obli-
gation eſt égale à tous deux, car la iuſtice oblige également à rendre à vn
chacun ce qu'il luy appartient : & la fidelité à garder ſa parole & qui fait
autrement en choſe d'importance tel qu'eſt le mariage, ſelon le ſentiment com-
mun des Docteurs, peche mortellement, notez que i'ay dit s'il ny a excuſe
legitime, ce qui peut arriuer en pluſieurs cas.
2. S'enſuit que tout ainſi qu'il n'eſt pas loisible de deteriorer le bien d'au-
truy que vous auez en garde, ny le reduire en tel eſtat qu'il ne puiſſe plus
ſeruir au proprietaire, mais le faut adminiſtrer ſuiuant l'intention du pro-
prietaire, de meſme les mariez, par exemple le mary ne peut deteriorer
ſon corps au preiudice de ſa femme, ou en diſpoſer ſelon ſa volonté, car il
n'eſt pas à luy, mais à elle : non plus que la femme le ſien, puis qu'il n'eſt plus
à elle mais à luy. Ce qui peut arriver par des ieuſnes immoderez, des veilles
exceſſiues, des vœux indiſcrets & autres moyens qui pourroient contrarier
au droict que l'vn a enuers l'autre, comme choſe à luy appartenante, & cela
eſt ſi veritable que meſme il peut arriuer que les mariez ſoient exempts du
ieuſne commandé, pluſtoſt que de rendre leurs corps par tel ieuſne inhabile
à l'vſage pour lequel ils ſe les ſont donné mutuellement : & la raiſon eſt, d'au-
tant que le commandement de ieuſner eſt vn commandement humain : & le
tant
V 3

158
Second Tracte'
commandement d'eſtre fidele en mariage eſt vn commandement naturel di-
uin, & de iuſtice & lors que ces deux commandemens concourrent & ſe
trouuent incompatibles le dernier doit eſtre preferé comme le plus impor-
tant, comme eſtant de iuſtice, & d'autant que la tranſgreſſion d'iceluy eſt au
preiudice d'autry.
Les ma-
riez ſont
obligez
de de-
meurer
enſemble.
3. S'enſuit que les mariez ſont obligez de demeurer en meſme maiſon :
manger en meſme table, ne faire qu'vn lict, ce qui procede de la nature & eſ-
ſence du mariage, qui n'eſt autre choſe ſinon, coniunctio maritalis viri & fœmi-
næ inter legitimas perſonas indiuiduam vitaæ conſuetudinem retinens
, vne conion-
ction maritale de l'homme & de la femme entre perſonnes legitimes auec
vne compagnie de vie indiuiſible. C'eſt vne conionction, & c'eſt en cela que
conſiſte le mariage, en l'vnion des volontez par le conſentement & contract :
maritale c'eſt à dire qui procede de la tradition mutuelle qu'on s'eſt faict des
corps; entre l'homme & la femme, creez de Dieu auec diuerſité de ſexe à
cét effet : perſonnages legitimes, c'eſt à dire qui n'ayent point d'empechemens
contraires à cette donation ou contract, comme vœux, parenté &c. auec vne
compagnie de vie indiuiſible, c'eſt à dire auec vne cohabitation mutuelle qui
ne ſe peut diſſoudre que par la mort. Ce qui eſt conforme à la nature qui a
donné diuerſes inclinations & aptitudes à l'homme & à la femme, afin que
cohabitans, & chacun s'employant ſuiuant les aptitudes qu'il a receu, le ma-
ry pour les affaires de dehors, la femme pour les domestiques, ils puiſſent ſe
ſoulager mutuellement : & comme ainſi ſoit que l'homme eſt d'ordinaire
plus prudent que la femme, l'homme doit gouuerner la femme, & luy ſeruir
de conſeil; la femme doit ſeruir l'homme aux choſes domeſtiques, ce qui ne
ſe peut bien faire ſinon par la cohabitation. Et ce qui eſt le principal il
eſt mal-ayſé d'eſleuer les enfans, les nourrir, les pouruoir qui eſt la fin du
mariage ſans ceſte cohabitation : outre que l'ordonnance de Dieu y eſt toute ex-
preſſe, Gen.2. Relinquet homo patrem & matrem & adhærebit uxori ſuæ, l'homme
quittera pere & mere pour demeurer auec ſa femme, ie dis demeurer auec,
car telle eſt l'explication de S .Thomas, ad Epheſ.5. lect.10. & Abulenſis c.19.
Matth q. 23. & l'intelligence des doctes.
Les ma-
riez com-
ment ſe
peuuent
ſeparer
quant au
lict.
Ie confeſſe que cette cohabitation quant au meſme lict, n'eſt pas ſi eſtroi-
cte que par conſentement mutuel des parties elle ne ſe puiſſe rompre, ſoit
pour vn temps, ſoit pour touſiours : non par motif de cholere, de haine &
d'indignation, mais par affection à la continence, moyennant toutefois que
ce ſoit ſans aucun danger d'incontinence : c'eſt le ſentiment de S. Paul, I. Cor.
7. Vt vacetis orationi, niſi forte de conſenſu ad tempus & iterum reuertimini in id
ipſum, ne tentet vos Satanas propter incontinentiam veſtram
, & par conſequent le
ſentiment commun. Cette cohabitation eſt ſi obligeante que le Iuge Ec-
cleſiaſtique aydé du bras ſeculier peut y contraindre les parties, au cas qu'-
elles

159
Des mavx et des biens dv Mariage.
elles ſe ſeparent : voire meſme le iuge ſeculier, lors qu'il ny a nul doute de la
valeur du mariage, peut contraindre les parties (entant que le mariage eſt vn
contract ciuil), à ſe garder la fidelité qu'ils ſe ſont promiſe, qui conſiſte entre
autre choſe en cette cohabitation : & partant le mary peut repeter ſa femme,
voire contre ſon propre pere, lors qu'on empeſche cette cohabitation74.
De la meſme fidelité quant à la cohabitation, ſ'enſuit que la femme doit
ſuiure ſon mary quand il change de demeure : que le mary ne peut s'abſenter
pour long temps de ſa femme, ie laiſſe aux Theologiens certains cas & ex-
ceptions qui ſont contraires à ces concluſions, & deſquels i'ay parlé au ch.3.
Ie croy auoir ſuffiſamment monſtré les deux deuoirs de la fidelité des ma-
riez, ſçauoir de garder la parole & d'adminiſtrer fidelement ce qu'ils ont en
charge qui ſont leurs propres corps qu'ils ſe gardent l'vn pour l'autre : le
mary ayant charge du ſien, mais comme choſe appartenante à ſa femme : &
la femme du ſien, mais appartenant à ſon mary. Or d'autant qu'expliquant
en quoy conſiſte cette adminiſtration, i'ay dit qu'entre autres choſes elle conſiſte
à ne communiquer le bien du proprietaire aux ennemis du proprietaire :
ie ſuis obligé de parler de cette communication, qui ſe fait quelques fois par
les mariez au preiudice de la fidelité qu'ils ſe doiuent, & ce par le deteſtable
& abominable peché d'adultere, mais auparauant ie coucheray icy vne hiſ-
toire de la fidelité de quelques mariez, & de la recompenſe que Dieu leur
en donna.
Belle hi-
ſtoire de
la fidelité
de deux
mariez.
Vn marchand ayant fait naufrage & tout perdu, n'ayant ſauué choſe quel-
conque que ſa perſonne, eſtant de retour en ſa maiſon fut auſſi toſt appre-
hendé à la requeſte de ſes creanciers & ietté en priſon : on vendit tout ce
qu'on pût trouuer en ſa maiſon iuſques aux hardes de ſa femme. La pauure
femme pleuroit inconſolablement, & principalement de ce quelle ne pou-
uoit donner vn morceau de pain à ſon pauure mary, qui mouroit de faim.
Vn iour eſtant allée viſiter ſon mary, pendant qu'ils pleuroient enſemble,
ſuruient vn homme riche, qui viſitoit les priſonniers & leurs donnoit l'au-
moſne; ayant enuiſagé cette femme, il s'en amouracha, & dit au geolier
qu'il la luy amenaſt. La pauure femme y vient auec grande devotion pouſſée
d'eſperance de quelque bonne aſſiſtance, elle luy raconta ſon infortune.
Il luy promit de la mettre hors de peine & de ſatisfaire à ſes creanciers, ſi
elle vouloit condeſcendre à ſes volontez, & paſſer la nuict auec luy. Cette
bonne femme fidelle & chaſte reſpondit : Monſieur i'ay ſouuent ouy preſ-
cher que la femme n'a pas le pouuoir de ſon corps, mais ſon mary, il ne m'eſt
pas loiſible de diſposer selon ma volonté de ce qui appartient à autruy :
permettez-moi d'aller trouuer mon mary; le pauure mary fondant tout en
larmes, luy dit, m'amie la pauureté & les miſeres où ie me retrouue ne
m'ont

160
Second Traite'
m'ont pas encore fait oublier qu'il y vn Dieu au ciel, que nous deuons
craindre, & le ſeruice duquel nous deuons preſerer à toutes incommo-
ditéz. Allez reſpondre à cét homme que nous ſommes reſolus, par la grace
de Dieu, de mourir de mille morts pluſtot que l'offenſer. Dites luy que
nous auons miſ toute noſtre eſperance en ſa bonté & prouidence, qui ne
manque iamais aux ſiens, & qui nous aſſiſtera ſi c'eſt ſa gloire & noſtre
bien, au moins nous fera la grace d'auoir patience. Ce Richard qui penſoit
tenir ſa proye fut tout confus entendant cette reſponce. Dieu ne manqua de
ſon coſté à ces chaſtes & fideles conioincts. Pendant leur pourparler, vn
voleur qui eſtoit aux meſmes priſons les eſcoutoit fort attentiuement,
& admirant vne telle conſtance & vne ſi genereuſe reſolution en vne telle mi-
ſere, tout contrit, dit en ſoy-meſme, helas pauure miſerable que feray-ie ?
ces bonnes gens ne voudroient pas commettre vn peché qu'ils peuuent
cõmettre ſi aiſément pour ſe deliurer de ſi grãdes miſeres, voir pour leur vie:
preferans la volonté & la crainte de Dieu à toutes incommoditez, & moy
infortuné, à peine ay-ie iamais eu vne bonne penſée de Dieu, nonobſtant
tant de vols, tant de meurtres, tant de crimes, que i'ay commis. Diſant
ces paroles en ſoy-meſme & fondant tout en larmes, il appella ces bonnes
gens & leurs dit : Il faut que ie vous confeſſe que ie me ſuis rendu attentif
à voſtre pouparler, & que voſtre chaſte reſolution m'a donné iuſques au
cœur, & m'a fait rentrer en moy-meſme, mes crimes ſont tels que ie ne
puis pas euiter la mort : i'ay caché vne bonne ſomme d'argent en tel en-
droit, vous l'y trouuerez infailliblement, ſeruez-vous en pour vous tirer de
la miſere ou vous eſtes, & priez Dieu qu'il daigne me faire miſericorde: bien
toſt apres le voleur fut executé, la femme trouue l'argent, & deliura ſon ma-
ry. Ex prato ſpririt. c. 18975.
Apprenez d'icy que Dieu ne manque iamais à ceux qui ne luy man-
quent, & qu'il faut ſe reſoudre à ſouffrir tout, voire la mort, pluſtoſt
que l'offencer, & que vous monſtrans fidele à Dieu, Dieu vous ſera fi-
dele.


Cul de lampe.

De

161
Des mavx et des biens dv Mariage.
Filet cadre, rayé.

De l'abominable infidelité que les mariez commettent
par le deteſtable peché d'adultere.


CHAPITRE X

LE mary n'ayant ny le domaine de ſon corps, mais ſa femme : ny la fem-
me le domaine du ſien, mais le mary, il s'enſuit que ny l'vn ny l'autre
n'en peut diſpoſer à ſa volonté ny en donner ou permettre l'vſage à qui que
ce ſoit, ny à autre qu'à celuy auquel il appartient, ſans encourir l'infame cri-
me d'adultere. Crime condamné par toutes ſortes de loys, de nature, des
payens, des Iuifs & des Chreſtiens, & par la raiſon, ce que ie m'en vay
monſtrer, afin de donner occaſion aux mariez de ſe donner de garde d'un
ſi execrable mal-heur : commençons par la loy de nature.
L'adultere
eſt contre
la loy de
nature.
Le chaſte Ioſeph n'ayant autre lumiere que de nature, Gen. 39. impor-
tuné auec toute inſtance par ſon impudique maiſtreſſe, ne voulut iamais
acquieſcer, operi nefario, à vn meſchant œuure, dit l'Eſcriture, faiſant paroiſtre
en vn aage boüillant, parmy des telles recherches, vne conſtance Angelique :
Iob en la meſme loy a eſté ſi chaſte qu'il oſe prendre ciel & terre à teſmoins,
& demander que Dieu luy enuoye le feu du ciel pour conſommer ſes
champs & jardins, ſi deceptum fuit cor ſuum ſuper muliere, & ſi ad ostium ami-
ci ſui inſidiatus eſt
, ſi iamais il s'eſt laiſſé aller à ce mal-heureux crime. Il fait
beaucoup d'autres imprecations, & conclud, hoc enim eſt nefas & iniquitas ma-
xima, ignis eſt vſque ad perditinem deuorans & eradicans omnia genimina
, Iob 31.
c'eſt vne tres-grande iniquité, c'eſt vn feu qui deuore & perd tout, & penetre
On bruſ-
loit les a-
dulteres.
iuſques aux racines. On bruſloit en la loy de nature les adulteres tout vifs,
comme il appert de la ſentence que Iudas auoit porté contre Thamar ſa bru
ſur la croyance qu'elle auoit commis adultere : producite eam vt
comburatur
, qu'on la conduiſe au feu, qu'elle ſoit bruſlée Gen. 38.
Les beſtes meſme ſemblent auoir horreur de ce vice, tant il eſt deteſta-
ble : Aelian lib. II. eſcrit qu'vn elephant en l'abſence de ſon maiſtre tua ſa
maiſtreſſe & l'adultere qui pechoit auec elle, tous deux enſemble. Vn autre
elephant à Rome ſoubs l'Empire de Tite voyant ſa maiſtreſſe auec l'adultere
les tua tous deux & les couurit; le maiſtre eſtant retourné il tira la couuerte
auec ſa trompe & fit voir leur infamie. Athenée lib. I. cap. 12. eſcrit qu'vn
oyſeau nommé porphyrion nourry à la maiſon reconnoiſt ſi la dame du logis
eſt fidelle à ſon mary, que ſi elle vient à commettre quelque adultere auſſi
toſt
X

162
Second Traite'
toſt que le maiſtre du logis entre il ſe tue, deſcouurant & publiant le crime
de ſon hoſteſſe par ſa propre mort. Aelian lib. 3. cap. 42. & lib. 8 cap. 20.
aſſeure qu'vne cicogne ayant trouué Alcinoe maiſtreſſe de la maiſon en
ſemblable faute, luy creua les yeux. Pline lib. 8. cap. 16. dit que le lion
connoiſt ſi la lionne luy a eſté infidelle, & s'eſt abandonnée au leopard &
en prend vengeance, la deſchirant & mettant en pieces. Aelian lib. I. cap. 57.
dit que les Philles peuples de Lybie connoiſſent ſi leurs enfans ſont d'adult-
teres, prenans vn tonneau plein de ſerpents nommez Ceraſtes, qui ſont
tres-venimeux dans lequel iettans les enfans, s'ils ſont d'adulteres les ſerpents
courent pour les deuorer : ſi legitimes ne leurs ſont aucun tort. Vn docte
medecin aſſeure que mettant vn eſclat de diamant ſous la teſte d'vne femme
qui dort, ſi elle a commis cette faute qu'elle s'eſueillera auec des terreurs
paniques & effroys; ſi elle eſt chaſte elle s'eſueillera d'vn reſueil doux, paiſ-
ible & chaſte, auec des penſées douces &amoureuſes de ſon mary. Voila pour
la nature, voyons les ſentimens des Payens.
Les Payẽs
ont puny
l'adultere.
Les Egyptiens chargeoient les adulteres de mille coups de foüets & cou-
poient les mains à la femme Diod. Sicul. lib. I. cap. 7.
Les Parthes par la loy de Zeleuque leurs creuoient les deux yeux, ſon fils
s'eſtant laiſſé aller à ce mal-heur, & tranſgreſſé la loy de ſon pere le premier.
Le Roy voulut faire executer la loy ſur ſon fils, mais le peuple l'en ayant empeſ-
ché, ſi faut-il, dit le Roy, que ma loy ſoit inuiolable, ainſi pour ne l'enfrain-
dre fit creuer vn œil à ſon fils & vn à ſoy-meſme. Iuſtin. lib. 14.
Les Allemands anciennement raſoient leurs femmes adulteres, les met-
toient toutes nues, & les chaſſoient de la maiſon, les fuſtigeans eux-meſmes
tout le long des rues, au rapport de Tacite.
Les Atheniens ne permettoient à la femme adultere d'entrer au temple, il
eſtoit loiſible à quiconque les rencontroit de leurs faire toute ſorte d'affronts
& d'opprobres hors la mort, le mary toutefois la pouuoit tuer, Pauſanias,
Plutarque in Solone76. Voyons quelques ordonnances des anciens Empereurs.
Ordonnã-
ces des
Empe-
reurs con-
tre l'adul-
tere.
Aurelian ordonna qu'on abbaiſſaſt la cime de deux arbres voiſins, & qu'on
lia vn des pieds de l'adultere à vn de ces arbres, l'autre pied à l'autre arbre, &
puis qu'on laiſſa aller l'arbre. Nauclerus volum. 2. generatione 10. anno 276
& alij.
Numa permettoit au mary & aux parents de tuer la femme adultere com-
me il voudroit. Gellius lib. 10. cap. 13.
Tenedius ordonna qu'on ſcia les coupables de ce crime tous deux enſem-
ble, & fit executer cette ſentence ſur la perſonne de ſon propre fils.
Lycurgus ne fit aucune loy contre ce crime ne croyant pas qu'il peut
arriuer qu'aucun le commit, & comme vn eſtranger euſt demandé à
Geradate

163
Des mavx et des biens dv Mariage.
Geradate77 Lacedemonien, de quelle peine on puniroit celuy qui commet-
troit ce crime au cas qu'il arriuaſt, il deura payer, dit Geradate, vn taureau
ſi grand que de Sparte il puiſſe boire dans le fleuue d'Eurote au delà de la
grande montagne de Taygete : l'eſtranger s'eſtonnant de cela & diſant qu'il
eſtoit impoſſible de trouuer vn tel taureau : Geradate reſpondit, quomo-
do Spartæ poſſit adulter exiſtere, vbi diuitiæ, luxus & fucus ignominioſa cenſentur
,
il n'eſt pas moins impoſſible qu'il ſe trouue des adulteres à Sparte, où les ri-
cheſſes, le luxe, le fard ſont ignominieux.
Les Braſiliens tuent les femmes adulteres, ou les vendent comme eſclaues.
La loy de Mahomet ordonne qu'on les foüette iuſques à cent coups.
En Eſpagne encore auiourd'huy on leur trenche la teſte, & le mary tient à
l'honneur d'en faire l'office, & d'eſtre luy-meſme executeur de la iuſtice.
Loy Diui-
ne contre
l'adultere.
Voicy la loy Diuine couchée au Leuit. 20 pour le Iuifs, Si mœchatus quis
fuerit cum vxore alterius, & adulterium perpetrauerit cum coniuge proximi ſui,
morte moriatur & mœchus & adultera
. Quiconque commettra adultere mour-
ra tant l'homme que la femme, la meſme loy eſt reïterée au Deuteron. 22. &
& l'adultere maudit, Deuteron. 27. Ioan. 8. Moyſes mandauit nobis huiuſmodi
lapidare
, nous auons l'ordonnance de Moyſe de lapider l'adultere. Au nom-
bre
5. Si le mary ſoupçonnoit ſa femme d'adultere, & la choſe n'eſtoit pas
bien auerée, il la menoit aux preſtres, faiſoit oblation & ſacrifice pour elle,
& le ſacrifice s'appelloit, Zelotypiæ, de ialouſie, puis le preſtre prenoit de
Miracle
continuel
en la loy
ancienne
pour deſ-
couurir
l'adultere.
l'eau beniſte, la mettoit en vn vaſe de terre, y meſloit vn peu de la terre du
paué du temple, en outre deuoit auoir des eaux tres-ameres, leſquelles il
maudiſſoit par diuers anathemes & maledictions : de là preſentoit la femme
ſoupçonnée deuant le Seigneur, & l'adjuroit & exorciſoit en cette façon, ſi tu
ne t'es polluë auec aucun homme eſtranger, ces eaux tres-ameres ne te nui-
ront en rien : mais ſi tu as eſté infidelle à ton mary, & t'es abandonnée à d'au-
tre, voicy les maledictions qui t'accableront. I. que Dieu te maudiſſe. 2. que
ton ventre ſe pouriſſe, & qu'il creue, & que les eaux maudites y entrent : la
femme reſpondoit Amen Amen, Ainſi ſoit-il, i'en ſuis contente puis le preſtre
eſcriuoit toutes ces maledictions dans vn liure, & les effaçoit auec de l'eau
tres-amere, & faiſoit aualer cette eau à la femme ſoupçonnée, & ſi elle eſtoit
coupable, les eaux paſſoient au trauers d'elle, & toutes les imprecations luy
arriuoient, mais ſi elle eſtoit innocente, Dieu la rendoit feconde : voyez vous
comme Dieu faiſoit miracle continuel pour deſcouurir l'adultere, luy meſ-
me voulant en eſtre teſmoin & iuge.
La chaſte Suſanne bien inſtruitte en la loy de Moyſe connoiſſoit l'enor-
mité de ce crime, lors qu'elle ayma mieux ſe mettre au hazard des calomnies
de ces infames ruffiens que de faire choſe quelconque contre la fidelité
qu'elle deuoit à ſon mary, Daniel 13.
Quoy
X 2

164
Second Traite'
Punition
de la loy
de Grace
contre l'a-
dultere.
Quoy que la loy de Grace ſoit douce & pleine de miſericorde, ſi ne laiſſe
elle d'eſtre ſeuere enuers ceux qui ſe laiſſent aller à ce crime, voicy la ſenten-
ce que S. Paul porte contre eux. 1. Corinth.6. Neque fornicarij, neque idolis
ſeruientes, neque adulteri, neque molles, neque maſculorum concubitores, neque
fures, neque ebrioſi, neque maledici, neque rapaces regnum Dei poſſidebunt
: In-
capable du royaume des cieux, donc eternellement maudicts de Dieu &
damnez. Prouerb 6. Non grandis eſt culpa cum quis furatus fuerit, qui adul-
ter est propter cordis inopiam perdet animam ſuam
. Le larcin n'eſt pas grande
faute à comparaiſon, mais l'adultere monſtre qui n'a point de cœur & per-
dra ſon ame.
C'eſt pe-
ché de tuer
ſa femme
trouuée en
adultere.
Les loix Ciuiles tolerent le meurtre que le mary auroit fait de ſa femme &
d'vn adultere qu'il auroit trouué auec elle ſur la iuſte paſſion & reſſentiment
qui l'auroit porté à cet acte : mais la loy Diuine le tient coupable d'homici-
de, c'eſt vn peché mortel, & outre cela c'eſt vne barbarie entre les Chreſtiens
de tuer ces coupables de la ſorte, puis que d'vn meſme coup on tue le corps
& l'ame.
Me reſte à monſtrer l'abomination qui accopmagne ce crime, par diuer-
L'adultere
eſt contre
la raiſon.
ſes raiſons. Combiens d'heritiers legitimes ſont des-heritez par le moyen de
l'adultere, vn baſtard eſtant cenſé legitime, eſt inueſti du bien qui ne luy
appartient, ceux à qui il appartient en ſont priuez; cela paſſe de pere en
fils auec obligation de reſtitution, puis que ce n'eſt pas à eux, & quelle
confuſion!
L'adultere pille & deſrobe l'honneur d'autruy, ſçauoir du mary, auquel il
L'adultere
eſt larcin.
fait tort, honneur que pluſieurs preferent à leur propre vie.
Il eſt contre la fidelité du mariage entant qu'on communique à d'au-
Eſt contre
iuſtice.
tre ce qui appartient au mary priuatiuement à tous autres, & partant con-
tre iuſtice.
Il eſt pire que l'homicide, puis que nous voyons que le pere ne reſſentira
L'adultere
pire que
l'homicide.
pas tant l'homicide fait en la perſonne de ſon fils ou de ſa fille, comme la-
dultere de ſa femme. S. Hieroſme in 7. Amos, libentius audit uxorem interfici
quam pollui
, le mary n'a pas tant de deſplaiſir entendant qu'on a tué ſa
femme, que de ce qu'elle luy aura eſté infidelle. Fabius Iuriſconſulte
adjouſte, plus quam ſeſe proprio corpore vulnerari, cela luy eſt plus ſenſible
que ſi on l'auoit bleſſé en ſon propre corps.
L'adultere eſt vne eſpece de ſacrilege, c'eſt ainſi que le qualifient les loix
L'adultere
eſt vne eſ-
pece de ſa-
crilege.
Ciuiles au Code l.30. ad legem Iuliam de adulterijs : ſacrilege entant qu'il eſt
contre la ſaincteté du Sacrement, fait tort & des-honore le mariage de Ieſus-
Chriſt auec l'Egliſe : & du Verbe eternel auec la nature humaine, prophane
en quelque façon ce Sacrement : ſepare ce que Dieu a conjoint : fait que les
mariez ne ſont plus vne chair contre l'inſtitution du mariage.
L'adultere

165
Des mavx et des biens dv Mariage.
L'adultere eſt pariure & fauſſaire, entant qu'il contreuient à la promeſſe
ſolemnelle qu'il a fait en face de l'Egliſe, & viole la foy qu'il a donné par le
contract de mariage.
S. Chryſoſtome homil. 62. tient l'adultere pire que l'idolatrie, maiores
noſtri quam impudicam iudicarunt, eam veneſicij quoque damnatam exiſtimabant,
quid ita? quia neceſſe eſt eam timere permultos, quos? virum, parentes, cateros:
quid poſtea? quos tantopere timeat, eos neceſſe eſt vt quoquo modo poſſit, veneſicio
petat
. Nos anceſtres ont creu qu'vne femme ne pouuoit eſtre adultere ſans
eſtre ſorciere ou magicienne : pourquoy cela ? quelle connexion de l'vn
à l'autre ? d'autant, dit-il, qu'il eſt neceſſaire que la femme adultere crai-
gne beaucoup de gens, mais qui ? son mary, ses parents, tant d'autres : &
que s'enſuit-il de là ? ſinon qu'elle en ſorcelle ou empoiſonne ceux deſquels
elle a ſi grande apprehenſion. Le meſme S. Chryſoſt. Hom. 49. in cap. 14.
Matth. Nec dubitandum eſt adulterij cupidas ad maritorum cedem paratas eſſe atque
accintas
, il ne faut nullement douter qu'vne femme addonnée à l'adultere
ne ſoit auſſi determinée à faire mourir ſon mary. Auſonius
Toxica zelotypo dedit vxor mœcha marito,
Nec ſatis ad mortem credidit eſse data.
Miſcuit argenti lethalia pocula viui.
Cogeret vt celerem bis geminata necem.
Les anciens, au rapport de Ciceron ad Herenn.78 croyoient qu'vne ſor-
ciere ou magicienne eſtoit auſſi adultere : veneficij damnatam putabant quoque
impudicam neceſſario: quare? quia nulla facilius ad maleficium cauſa quam turpis
amor & intemperans libido commouere potest
. Et la raiſon eſt, d'autant qu'il n'y
a rien qui pouſſe vne perſonne plus violemment aux malefices que l'amour
deſordonné & l'impudicité.
N'eſt ce pas ce deteſtable crime qui remplit les familles de haines, de
troubles, de querelles, de meurtres, d'aſſaſinats, de charmes & malefices, de
crimes horribles ? qui eſtouffe les pauures petits innocens pour ſe cacher ?
cauſe les auortements ? fraude les enfans legitimes ? remplit les maiſons de
confuſion ? enſanglante les theatres ? des-honore les familles ? allument les
guerres ? renuerſe les royaumes & eſtats ? enfin eſt le comble de mal-heur,
& la fin d'abomination.
Apulée eſcrit d'vne femme laquelle eſtant comme deſeſperée de ce que
ſon mary eſtoit adultere, bruſla tous ſes papiers, blez & prouiſion : puis
eſtrangla vn enfant qu'elle auoit de luy à ſon deſpit, & enfin ſe precipita dans
vn puits, combien d'hiſtoires tragiques à ce ſubject?
L'adultere eſt vn peché de luxure : vne infidelité, vn larcin entant qu'il
rauit la femme, qui eſt le bien d'autruy : vne trahiſon arriuant ſouuent par
celuy
X 3

166
Second Traite'
celuy auquel le mary ſe fioit, & qu'il tenoit pour ſon amy : vn ſacrilege, com-
me i'ay dit : ſouuent eſt accompagné d'inceſte : rauit à autruy ſon heritage,
entant que les enfans legitimes en ſont fraudez par la communication qui
en eſt faite à l'enfant venu d'adultere. Bon Dieu, quelle confuſion ne cau-
ſe ce crime !
Il arriuera qu'vn adultere eſtant mort, & ayant eu vne fille par adultere,
que le fils du treſpaſſé eſpouſera cette fille conceue d'adultere, & voila pas
le frere marié auec ſa soeur ? voire il arriuera que le pere eſpouſera ſa propre
fille conceue d'adultere : & vne infinité de ſemblables deſordres.
On raconte qu'vne mere voyant que ſon fils entretenoit ſa ſeruante, ſe
ſuppoſa vne nuict au lieu de la ſeruante & conceut de ſon fils, le trompant
penſant que ce fuſt la ſeruante : elle enfanta vne fille ſecrettement, qui fut
nourrie comme ſi c'euſt eſté la fille de la ſeruante, laquelle puis apres ce fils
eſpouſa, ainſi eſtoit le pere, le frere, & le mary, quelle confuſion !


Filet cadre, rayé.

Quelques cauſes d'où procede le crime infame d'adultere.

CHAPITRE XI

Clem. A-
lexand
.
Hierony.
Beda.
LE Sage Prouerb.9. dit, Aquæ furtiuæ dulciores ſunt: & panis abſcon-
ditus ſuauior
, les eaux deſrobées ſont plus douces, & le pain caché plus
ſauoureux; il y a diuerſes explications de ce paſſage, mais pluſieurs l'expli-
Cauſes de
l'adultere.
quent des voluptez qu'on prend à la deſrobée. Donc vne des cauſes de l'adul-
tere eſt cette folle apprehenſion de pluſieurs qui croient touſiours le bien
d'autruy meilleur que le leur. Et comme noſtre nature nature corrompue se
porte d'ordinaire auec plus de violence à ce qui eſt defendu, & que ce qui eſt
plus rare reſueille dauantage l'appetit & eſchauffe le deſir, de là vient
qu'on ſe dégouſte ayſement de ce qu'on a à ſa diſpoſtion, & qu'on re-
cherche auec auidité ce qu'on n'a pas & qui eſt defendu. Vn ancien, c'eſt
Quintilian qui le dit auec des belles parolles. Declamat.79 14. Diliguntur im-
modicè ſola, quæ non licent. Vt in furorem charitas aliqua conualeſcat, opus eſt
difficultatibus: breuis de conceſſis, & ſtatim ſatietati vicinus affectus eſt. Non fo-
uet non nutrit amorem concupiſcendi, vbi frui licet, & quæcunque in mentibus
circa permiſsa coaleſcunt, non ſunt deſiderij ſed voluntatis.
Le poëte dit le meſme,
Ouidius de arte,
Sed cum ſit noua grate voluptas,
Et capiant animos plus aliena, ſuis.
Fertilior

167
Des mavx et des biens dv Mariage.
Fertilior ſeges eſt alienis ſemper in agris,
Vicinumque pecus grandius uber habet.
Vne autre cauſe eſt la curioſité des femmes, elles veulent eſtre braues, io-
lies, bien parées, eſtre veuës; elles ſont veuës cõme Dina, conuoitées, recher-
chées, des-honorées, & voila le mal-heur planté & enraciné au beau milieu
de leur maiſon. On ſe trouue aux bals, aux berlans, aux places, aux ruës, aux
farces, aux theatres, aux ieux, on prend plaiſir d'eſtre recherchée, de recher-
cher, de courir, d'eſtre courue : on a vn ſingulier contenement de voir
priſer ſa beauté, puis on donne l'aſſignal80, on fait accroire à vn pauure ma-
ry qu'on va aux ſtations, à la confeſſion, à la communion, au ſermon, & Dieu
ſçait où on va.
L'eſpoux myſtique inuite ſon eſpouſe, Surge propera amica mea, colum-
ba mea
, leuez vous, haſtez vous ma colombe : la colombe court riſque
en la campagne, l'eſpreuier81 ne manquera de l'attaquer, ſon aſſeuran-
ce eſt en la retraitte, in foraminibus petræ in cauerna maceriæ, oſtende mihi
faciem tuam
. Vne femme n'eſt hors de danger en publique, ces petits tier-
celets ne manqueront de donner la chaſſe à la proye, & des yeux &
des griffes s'ils peuuent; ſon aſſeurance eſt dans les occupations domeſti-
ques.
Voyez vous qu'il faut que cét eſpoux myſtique admoneſte ſon eſpouſe
de ſortir ? & maintenant faudroit des chaines pour retenir aucunes qui ne
font que trotter & chercher à eſtre veuës, Abraham Gen. 12. inuite trois
ieunes hommes comme il croioit, c'eſtoient trois Anges, eſtants à la mai-
ſon, Sara n'oſe ſe monſtrer deuant eux, ils demandent ubi eſt Sara vxor tua?
où eſt Sara voſtre femme ? il faut l'appeller, & maintenant au lieu de tra-
uailler en la maiſon, de s'y tenir cachée & cloſe, on court pour eſtre veuë, &
puis viennent les mal-heurs.
Quæritur Ægistus quare ſit factus adulter
In promptu cauſa eſt, deſidioſus erat82.
La meſme curioſité les porte à des nouueautez, à des friandiſes, des
affiquets, des fards : le pauure ſot de mary permet à vne femme vaine
& curieuſe tout ce qu'elle veut, la poictrine deſcouuerte, la nouueauté
des habits, les poudres, le fard, il ſe ruyne pour faire vne femme pou-
pinne, on rend des enfans gueux, on incommode toute vne famille pour
ſatiſfaire à la curioſité d'vne femme, & le pauure niais de mary ne veut pas
(comme de raiſon) que ſa femme ſoit à autre qu'à luy, & il luy donne des
filets pour attraper les autres, & pour eſtre attrapée.
La meſme curioſité les porte à tout voir, & c'eſt ſouuent par cette porte
qu'entre le mal, Gen. 39. Post multos dies iniecit domina ſua oculos in Ioſeph,
& ait

168
Second Traite'
& ait dormi mecum. Cette femelle ietta les yeux ſur Ioſeph, & le ſollicita à
mal, ah ! impudente, effrontée, impudique, eshontée ! ſi tu euſſes tenu les
yeux bas, ſi tu n'euſſes frequenté ce beau ieune homme : ſi tu euſſes aymé ton
mary, tu ne te fuſſes pas abandonnée à cette brutalle impudicité.
Modeſtie
de Martia
fille de
Varon.
Martia83 fille de Varon tres-excellente en l'art de peinture, ne peut iamais
eſtre perſuadée de peindre vn homme, eſtant ſi chaſte & ſi retenue, qu'elle
n'oſoit meſme regarder vn home en peinture, & maintenant les liures de
deuotion de pluſieurs Dames ſont les metamorphoſes d'Ouide, leurs en-
tretiens les adulteres des faux Dieux, leurs peintures ſont des tableaux im-
pudents & impudiques, des rauiſſements, des infamies, & puis on s'eſtonne
s'il arriue des mal-heurs. Dauid fut perdu par vne œillage, & partant il dit,
Auerte oculos meos ne uideant vanitatem: Mon Dieu deſtournez mes yeux afin
qu'ils ne voient la vanité, & on ne ſe repaiſt que de vanité & d'impudicité.
La meſme curioſité les porte à parler à toute ſorte de perſonne. Il eſt dit
des Apoſtres que Mirabantur quia cum muliere loquebatur, qu'ils s'eſtonnoient
de ce que noſtre Seigneur parloit auec vne femme. Noſtre Seigneur ! im-
peccable, inalterable, la pureté meſme, la ſaincteté : & on s'eſtonne qu'il
parle auec vne femme, ſeul à ſeule : & vne femme qui eſt toute de feu, la fra-
gilité, l'infirmité, parlera bec à bec toute vne iournée auec vn muguet 84, auec
vn courtiſan, auec vn preſtre, auec vn religieux ſans autre neceſſité, ſeule-
ment par entretien, & pour ſatisfaire à ſa curioſité, & puis on s'eſtonne de ce
qui s'enſuit !
La cruauté
des marys
eſt cauſe
de i'adul-
tere des
femmes.
Vne troiſieſme cauſe eſt la meſme que diſoit la bonne Samaritaine à no-
ſtre Seigneur au pourparler qu'elle eut auec luy, ſçauoir, non habeo virum,
ie n'ay point de mary : ouy la cauſe que pluſieurs femmes mariées ſe laiſſent
emporter à ce vice eſt, qu'elles n'ont point de mary : mais comment peuuent
elles eſtre mariées & n'auoir point de mary ? ils ne ſont pas marys ce ſont des
petits tyrans, qui traittent leurs pauures femmes commes des eſclaues, non
comme leurs campagnes : leurs donnent plus de maledictions que de ſalu-
tations, ne leurs peuuent dire vn beau mot : ne les appellent iamais par leur
nom : ne leurs donnent aucun credit dans la maiſon, & moins qu'à des ſer-
uantes. Cependant dit Iob 24. Oculus adulteri obſeruat caliginem & ad ni-
mium calorem tranſit ab aquis niuium, & uſque ad inferos peccatum illius.
Le meſ-
chant homme qui veut commettre adultere eſt comme vn eſpion, il regarde
s'il y a quelque nuage de deſplaiſir au viſage d'vne femme : ſi le tonnerre des
coups bruye dans la maiſon : ſi les eſclairs des maledictions y paroiſſent, ſi
les brouillards de ialouſie y ſont, ſi la pluye de larmes y tombe, & lors il
prend ſon temps, fait voir à vne femme comme ſon mary eſt vn lion, prend
vne peau d'agneau, la cajolle, la flatte, & ſouuent l'induit à faire mal, voire
quand ce ne ſeroit qu'au deſpit de ſon mary.
Non

169
Des mavx et des biens dv Mariage.
Non habeo virum, ie n'ay point de mary, ouy c'eſt vn bouc, c'eſt vn im-
L'impudi-
cité des
marys cau-
ſe l'adul-
tere des
femmes.
pudique qui en cherche où il en peut auoir, & il veut que ſa femme ſoit fem-
me de bien, il ne luy eſt point fidele, & il demande la fidelité d'elle, voicy la
loy de l'Empereur Antonin, periniquum mihi videtur eſſe pudicitiam vir ab
vxore exigat quam ipſe non exhibet.
C'eſt vne choſe inuiſte que le mary veuille
que ſa femme ſoit fidelle luy ne l'eſtant point.
Dum fuit Atrides vna contentus, & illa
Caſta fuit; vitio eſt improba facta viri85.
Ce n'eſt pas à dire que l'inſolence du mary donne liberté à la femme de
mal faire.
L'adultere
eſt vne pu-
nition de
Dieu.
Quatreiſmement l'adultere eſt quelquesfois vne punition de Dieu, com-
me enſeigne Salomon Prouerb 22. Fouea profunda os alienæ, cui iratus est Do-
minus incidet in eam
, la femme d'autruy eſt vn abyſme, Dieu permettra que
celuy contre lequel il eſt faſché y tombe. Vous auez commis d'autres pe-
chez & Dieu permet que pour comble vous tombez en ceſtuy-cy, qui eſt
bien la plus horrible punition que Dieu puiſſe enuoyer puniſſant vn peché
par vn autre, & nous pouuons dire que c'eſt vne punition de fureur, que
Dauid craignoit tant, ne in-furore tuo arguas me. Le peché vient ſouuent de
ce qu'on aura abandonné Dieu, & apres cét abandonnement on va d'vn pe-
ché à vn autre, abyſsus abyſsum inuocat, c'eſt vn abyſme duquel il eſt mal-
ayſé de ſortir quand vne fois on s'y eſt ietté, fouea profunda: puteus anguſtus
aliena
, dit Le Sage.
Il ne faut point d'excuſe à cét enorme peché rejettant la faute ſur la fra-
gilité de voſtre chair, pourquoy auez vous vne femme ? pourquoy vn mary ?
le pilote ne merite il pas d'Eſtre blaſmé qui fait naufrage au port ? le mariage
eſt voſtre port, c'eſt le port de la continence, quelle excuſe pouuez vous
auoir du mal-heureux & honteux naufrage que vous y faites par voſtre adul-
tere? cette penſée eſt de S. Chryſoſt. Hom. 3. de verbis Iſiæ.
Les ma-
riez n'ont
point d'ex-
cuſe à leur
adultere.
Mais les occaſions & tentations ſont ſi grandes; ceux qui craignent Dieu
aſſiſtez de ſa grace y pourront reſiſter. Ioſeph nonobſtant les importunitez
de ſa maiſtreſſe, les feux de ſa ieuneſſe, les allumetes de ſa beauté, les careſſes
& promeſſes de cette impudique Phutiphar y reſiſta, la crainte de Dieu & la
fidelité qu'il deuoit à ſon maiſtre luy ayant donné la force de meſpriſer tout
ce qui pouuoit arriuer du meſpris qu'il faiſoit de cette effrontée. Suſanne
y reſiſta aymant mieux ſubir la honte du monde & l'infamie innocente, que
de l'euiter, en l'offenſant, ayez recours à Dieu il ne manquera pas de vous
donner les forces pour ſurmonter les tentations : ny de vous proteger en cas
d'oppreſſion comme il fit à Ioſeph & à Suſanne & tant d'autres, fuſt il neceſ-
ſaire de faire miracle, ſi ſa gloire, & voſtre plus grand bien le requiert, comme
ie monſtreray au Chapitre ſuiuant.
Si le
Y

170
Second Traite'

Filet cadre, rayé.

Si le peché d'adultere eſt plus grand en vne femme,
qu'en vn homme.


CHAPITRE XII

IE penſe auoir dit ſuffiſamment pour monſtrer combien ce peché
eſt abominable & en l'homme & en la femme, & que l'homme pour
eſtre chef de la femme n'a pas plus de liberté en ce point que la femme :
toutefois ie me ſens obligé de dire encor vn mot contre certains liber-
tins deſquels parle Hierem. cap. 5. Equi amatores & emiſſarij facti ſunt,
vnuſquiſque ad vxorem proximi ſui hinniebat
, ils veulent bien que leurs fem-
mes leurs ſoient fidelles & s'ils ſçauoient qu'elles euſſent manqué à leur
fidelité ils les eſtrangleroient, mais eux ſont comme des eſtallons de ha-
ras, à la chaſſe continuelle pour ſatiſfaire à leur inſatiable lubricité, &
pour faire curée de la femme d'autruy. C'eſt vn peché irremiſſible en vne
femme, diſent-ils, elle eſt indigne de viure s'eſtant laiſſé aller à cette abo-
mination, mais en un homme c'est vne galanterie, c'eſt vne pecadile, prin-
cipalement lors qu'on n'en fait pas profeſſion, mais que cela arriue par
rencontre, & principlement qu'il n'y a point de force, ains vn libre &
prompt conſentement des parties.
Ces parolles & excuſes ſont pluſtot d'vn Athée que d'vn Chreſtien, plus
dignes d'vne beſte que d'vn homme. Qui entant que Chreſtien eſt obligé
aux commandemens de Dieu, & à la reuerence du Sacrement; & entant
qu'homme à la fidelité qu'il a promiſe ſolemnellement à ſa partie, comme
il deſire qu'elle luy garde. Cette inſolence ſe refute aſſez de ſoy-meſme, tou-
tefois pour ne laiſſer aucune excuſe à ſemblables impudens, ie m'en vay mon-
ſtrer combien ce peché eſt grand tant en l'homme qu'en la femme & auquel
des deux il eſt plus grand.
La dona-
tion des
corps en-
tre les ma-
riez eſt
recipro-
que.
Perſonne ne peut nier que l'obligation des mariez ne ſoit reciproque,
& que tout ainſi que la femme donne ſon corps à ſon mary & n'en a plus
la diſpoſition, & qu'elle commet vn peché d'infidelité & d'iniuſtice en diſ-
poſant contre ſa volonté, auſſi le mary donne le ſien à ſa femme auec
meſme charge, & partant deuant Dieu le peché eſt eſgal & vn l'homme
& en la femme. Il eſt toutefois plus grand en l'homme en quelque ſens,
& plus grand en la femme en quelque autre, comme ie m'en vay mon-
ſtrer.
Les

171
Des mavx et des biens dv Mariage.
La gran-
deur du
peché ſe
tire de la
perſonne
ou de la
faute.
Les Docteurs enſeignent que pour reconnoiſtre la grandeur du peché il
faut auoir eſgard à celuy qui le commt & au peché qui eſt commis, faut
conſiderer la perſonne & la faute. Si on eſgard à la perſonne le peché d'a-
dultere en l'homme eſt plus grand qu'en la femme : ſi on a eſgard à la faute
elle eſt plus grande en la femme qu'en l'homme.
La faute en la femme eſt plus grande, premierement d'autant que par
La faute
au peché
d'adultere
eſt plus
grande en
la femme
qu'en
l'homme,
& pour
quoy.
ce peché elle en des-honnore pluſieurs, il eſt contre ſon honneur, contre
celuy de ſon mary, de ſes peres & meres, de ſes enfans, de toute ſa race,
ce qui n'eſt pas en l'homme, puis qu'ordinairement on ne tient pas que
ce ſoit ſi grand des-honneur en vn homme principalement lors qu'il n'en fait
pas profeſſion.
Secondement, ie confeſſe que la chaſteté eſt recommandable tant en
l'homme qu'en la femme, toutefois elle a vn eſclat particulier en la fem-
me, c'eſt ſon plus pretieux ioyau : on dit ordinairement que c'eſt ſon hon-
neur, & que l'ayant perdue elle a perdu ſon honneur : c'eſt la vertu des fem-
La vertu
des fem-
mes eſt la
chaſteté.
mes & tout le reſte qu'elles pourroient auoir de recommandable perd ſon
pris & ſon luſtre, ſi la chaſteté n'y eſt. Vn homme ne laiſſe d'eſtre recom-
mandable en pluſieurs autres choſes quoy que moins chaſte : ainſi cette
faute de ce coſté là eſt plus grande en la femme qu'en l'homme.
Troiſieſmement, la femme ſuiuant l'ordre de nature, & de plus par or-
donnance de Dieu eſt inferieure à l'homme, l'homme eſt ſon chef & ſuper-
rieur, & partant la faute qu'elle commet ſemble plus grande, d'autant que
le tort qui ſe fait au ſuperieur eſt plus grand que celuy qui ſe fait à l'infer-
rieur parlant ordinarement.
Quatrieſmement, par cette faute elle fait paſſer les enfans d'autruy pour
enfans de ſon mary, & fraude les legitimes & vrays enfans de ſon mary d'vne
partie de leur ſubſtance, laquelle eſt donnée à ceux qu'elle ſuppoſe comme
legitimes non ſans vn abominable larcin.
Cinquieſmement, d'ordinaire ce peché en vne femme eſt plus connu &
plus ſcandaleux, & partant plus grand, l'homme peut ayſement cacher
cette faute, voire quoy qu'il ne la cache on ne s'en ſcandaliſe pas beaucoup
d'ordinaire.
En dernier lieu la femme par ce peché donne ſouuent occaſion à ſon
mary de prendre des grandes querelles, & de faire des grands meurtres :
ainſi pour ces conſderations la faute eſt plus grande en vne femme qu'en vn
homme.
La Sage Eccli. 23. Touche quatre raiſons pour leſquelles ce crime eſt
deteſtable en vne femme. Eſcoutons le parler, primo in lege Altiſſimi incre-
dibilis fuit
: premierement elle eſt rebelle à Dieu, deſobeyſſante, deſloyalle,
tranſgreſſant
Y 2

172
Second Traite'
tranſgreſſant ſa loy : Secundo in virum ſuum deliquit, elle eſt infidelle à ſon
mary qui eſt ſon ſuperieur, comme i'ay dit. Tertio in adulterio fornicata eſt, elle
a abuſé de ſon corps contre le droit que ſon mary y auoit, & ex alio viro
filios statuit ſibi
, enfin elle a mis au monde des enfans infames & baſtards &
incapables de ſucceder à l'heritage de ſon mary qui ſont quaſi les meſmes
raiſons qui i'ay apporté.
Le meſme Sage au meſme endroit monſtre combien ce peché eſt abomi-
Punitions
de la fem-
me adul-
tere.
nable en vne femme par les punitions qui luy ſont reſeruées leſquelles il
apporte en ces termes. I. Hæc in Eccleſiam adducetur. On l'amenera en l'aſſem-
blée du peuple, ou deuant les iuges, pour la conuaincre, & puis pour la la-
pider. Ou ſi le crime eſt occulte pour en reconnoiſtre la verité par le moyen
que Dieu a ordonné au Nombre 5.
Secondement, in filios eius reſpicietur. On aura vn grand eſgard à ſes en-
fans pour ſeparer les legitimes de ceux qui ne le ſont, pour donner la ſuc-
ceſſion aux vns & rejetter les autres, & confondre la mere, & la punir en ſes
propres enfans.
Troiſieſmement, non tradent filij eius radices: les enfans qu'elle a eu d'vn
autre homme ſeront mis hors de la maiſon comme illegitimes, & ſeront
comme arrachez de la famille : ou bien ne viuront pas long temps. La Sage
confirme cette explication, Sap., 4. Spuria vitulamina non dabunt radices altas,
nec ſtabile firmamentum collocabunt.
Les plantes baſtardes ne ietteront pas de
grandes racines, ny ne feront pas de ſolide fondement, Sap. 3. Filij adul-
terorum in conſummatione erunt, & ab iniquo toro ſemen exterminabitur
, les
enfans des adulteres periront, la ſemence d'vn lict inique ſera exterminée.
Quatrieſmement, ramis eius non dabunt fructum: ſi les enfans procreez
d'adultere viuent; ils ne porteront point de fruict, n'auront point de ſucceſ-
ſeurs en punition du peché de la mere.
Cinquieſmement, derelinquet in maledictum memoriam eius, & dedecus illius
non delebitur
, on ne parlera d'elle qu'auec infamie, ſa memoire ſera mau-
ditte, chacun l'aura en horreur, elle ſera infame à iamais, voila les princi-
paux chefs par leſquels on peut connoiſtre la grandeur de cette faute en vne
femme, & comme elle excede celle de l'homme.
Le peché
d'adultere
eſt plus
grand en
l'homme
qu'en la
femme eu
eſgard à la
perſonne,
& pour-
quoy.
Si nous auons eſgard à celuy qui commet l'adultere, ſi nous conſde-
rons la perſonne, le peché eſt plus grand en l'homme qu'en la femme.
Il n'y a point de doute que la grandeur du peché ne procede quelques-
fois de la perſonne qui le commet, ainſi c'eſt vn plus grand peché à vn
medecin d'empoiſonner quelqu'vn, qu'à vn autre : tromper vn pupille à
vn tuteur, qu'à vn autre : ſigner faux à vn notaire, qu'à vn qui ne l'eſt
pas : faire de la fauſſe monnoye à vn orfeure, qu'à vn autre : vne trahiſon
en vn

173
Des mavx et des biens dv Mariage.
La gran-
deur du
peché pro-
cede ſou-
uent de la
personne.
en vn ſubject & vaſſal : eſtre ſorcier ou magicien en vn preſtre : ſeduire vne
fille ou femme à vn confeſſeur : eſt heretique en vn predicateur &c. &
partant le peché d'adultere eſt plus grand, eu eſgard à la perſonne, en l'hom-
me qu'en la femme.
Premierement, par ce que l'homme eſt d'vne complexion plus forte, &
plus robuſte pour reſiſter à la tentation, ainſi s'y laiſſant emporter il eſt plus
coupable, la femme eſtant excuſable à comparaiſon de l'homme pour ſa
ſoibleſſe & fragilité naturelle.
Secondement, ordinairement l'homme eſt plus docte & plus capable que
la femme, & ainſi peche auec plus de connoiſſance, & par conſequent auec
plus de malice.
Troiſiemement, l'homme eſt le chef & ſuperieur de la femme, & par
droict de nature, & par l'ordonnance diuine; ainſi il doit gouuerner ſa
femme, & ſon peché croit de cette obligation comme enſeigne fort bien
ſainct Auguſtin lib. de adult. coniug. Tanto grauius eos puniri oportet,
quanto magis ad eos pertinet & virtute vincere, & exemplo regere fœminas.

Les hommes doiuent eſtre punis d'autant plus ſeuerement, qu'ils ſont
plus obligez d'eſtre plus vertueux que les femmes, & de les gouuerner.
Quatrieſmement, l'homme donne occaſion à ſa femme par ſon ex-
emple de ſe laiſſer emporter au meſme mal-heur, croyant qu'il luy eſt au-
tant permis qu'à ſon mary, ou au moins par rage, & pour ſe vanger de l'in-
fidelité qu'il commet enuers elle.
Cinquieſmement, ce ſont ordinairement les hommes qui ſont les pre-
miers autheurs de ce peché par leur liberté, importunité, menaces,
prieres, promeſſes, dons, enuoyant des meſſagers, eſcriuant, & par mille
autres inuentions auec leſquelles ils attirent les femmes dans cét abyſme
de mal-heur.
Sixieſmement, d'autant que fort ſouuent l'homme eſt la premiere cau-
ſe de l'adultere de ſa femme, ou par ſon conſentement, ou par ſa trop
grande diſſimulation, ou pour la trop grande liberté qu'il luy donne, la
laiſſant aller par tout, voir tout, eſtre veuë de tous, parler à tous, à heure
indue, luy permettant des habits ſuperflus, diſſolus, des nuditez : ou la
tenant trop courte, eſtant trop ſeuere enuers elle, la traittant rudement :
ou par ſa ialouſie, ou par ſa laſciueté & impudique liberté, auec laquelle
il ſe comporte enuers elle, & par laquelle il luy fait perdre toute honte
& retenue, voire meſme enuers tous autres. Ce qui arriue non ſeule-
ment pendant le mariage, mais ſouuent auparauant & pendant les
recherches, luy empliſſant les oreilles de dicts & chanſons impudiques,
luy repaiſſant les yeux de tableaux & regards laſcifs, le cœur de
mille
Y 3

174
Second Traite'
mille penſées & imaginations des-honneſtes qui embraſent l'ame, font
perdre toute honte & vergongne, ce qui luy donne ſubject d'eſtre
ſouuent adultere auant que d'eſtre mariée, ou de s'emporter à toute li-
berté apres qu'elle eſt mariée. De quoy les hommes ſont cauſe.
Le Sage Eccli.23. monſtre la grandeur, & tout enſemble la punition de
ce crime en vn homme.
Punition
du peché
d'adultere
en l'hom-
me.
Premierement Omnis homo qui tranſgreditur lectum ſuum contemnens
animam ſuam
. L'adultere eſt ſi miſerable, qu'il meſpriſe ſa propre vie,
la mettant en euident danger, il parle conformement à la loy ancien-
ne, par laquelle l'adultere eſtoit puny de mort : & maintenant il
s'expoſe à la mort, les loix ciuiles tolerant l'homicide qu'vn homme
auroit fait d'vn autre qu'il auroit trouué auec ſa femme, quoy que
deuant Dieu il eſt coupable d'homicide. Vne autre verſion, A contem-
nens in animam ſuam
, offençant ſi enormement ſon ame & ſa conſcien-
ce : faiſant si peu d'eſtat de ſon ſalut & de ſon ame, la rendant contemptible,
eſclaue de Satan, ſeruante de ſa chair, & la raualant à la condition
des beſtes : vendant ſa part de paradis & ſon ame pour vn plaiſir ſi vil.
L'adultere
eſt ſans
cœur.
Salomon dit quaſi le meſme Prouerb 6. Qui adulter eſt propter cordis ino-
piam perdet animam ſuam.
L'adultere faute de cœur perd ſon ame. Il veut
dire que iamais vn homme ne ſera ſi mal-heureux que de ſe laiſſer em-
porter à cette extremité de mal-heur, s'il n'eſt deſpourueu de raiſon, de
conſeil, de prudence, en vn mot, s'il n'eſt fol : car l'adultere dit S. Chryſoſt.
hom. 8 de pœnitentia, eſt vne folie & vn aueuglement. Cæcitas mala eſt adul-
terium, oculorum eſt morbus, non corpis, ſed animæ prius, propter cordis ino-
piam
, il n'a point de cœur, ce peché luy fait perdre tout courage, toute
generoſité86, & le fait deuenir comme vne femmelette. N'eſt-ce pas ce que
reconnoiſſoit Dauid, cor meum dereliquit me, ie n'ay point de cœur, non ce
courage qui mettoit en pieces les ours & les lions, qui auoit l'aſſeurance
d'affronter Goliath, eſt eſteint: l'adultere qu'il a commis auec Bethſabée luy
a rauy ſon cœur : l'a rendu laſche, poltron, & quaſi ſans forces, aruit tan-
quam testa virtus mea
, ma force & ma vigueur s'eſt deſſeichée comme vn pot
de terre, defecit ſpiritus meus. Mon eſprit, mon courage eſt tout affady, tout
failly.
Ouy s'il y a choſe qui rende vn homme poltron, laſche, ſans cœur,
ſans courage, ſans force : choſe qui le faſſe deuenir comme vne femme-
lette, c'eſt la volupté principalement hors du mariage, & ſur tout d'a-
dultere: Qui adulter est propter cordis inopiam perdet animam ſuam. L'adul-
tere quoy qu'auparauant il ait eſté comme vn Samſon, comme vn Her-
cule,

175
Des mavx et des biens dv Mariage.
cule, deuient ſi effeminé qu'il n'a pas la force ny le courage de defen-
dre ſa vie, & faute de defence la perd. Au contraire s'il y a choſe qui
fortifie & l'ame & le corps, c'eſt la chaſteté, comme il appert en Iudith,
en Daniel, en tant de ieunes hommes & de tendres pucelles qui ont ſur-
monté les tourments & les tyrans ayant eſté rendus inuincibles par la
chaſteté.
Godefroy
de Bouliõ
extraordi-
nairement
fort &
pourquoy.
On dit que Godefroy de Bouillon, la gloire des Princes Chreſtiens,
la terreur des Turcs : le parangon des Roys, le premier Roy de Hieruſa-
lem
, l'honneur de la tres-illuſtre & Royalle maiſon de Lorraine, & le
progeniteur de tant de braues Princes & Princeſſes qui ont fait paroi-
ſtre par leur generoſité87 qu'ils eſtoient dignes deſcendans d'vn tel pere.
Auoit vn bras ſi prodigieuſement fort, qu'ayant apprehendé vn homme
pour robuſte qu'il fuſt, il ne pouuoit s'eſchapper de ſes mains. Vn Prin-
ce d'Arabie ayant ouy dire des merueilles de la force de ſon bras, fit
paix auec luy, luy enuoya des ambaſſadeurs le priant luy vouloir per-
mettre l'honneur de le venir voir, & d'eſprouuer par experience ce
qu'il ne ſçauoit que par rapport : Godefroy luy ayant mandé qu'il ſe-
roit le tres-bien venu, pour preuue de la force de ſon bras il coupa
tout d'vn coup de ſon eſpée la teſte d'un chameau. L'Arabe creut que
cela prouenoit de l'eſpée non du bras, dit ſa penſée à Godefroy lequel
ayant demandé l'eſpée de cét Arabe en fit tout autant auec l'eſtonne-
ment de l'Arabe qui luy fit des grands preſens, & chanta par tout la
force admirable de Godefroy. On dit auſſi que de ſon coutelas il
tranchoit par le milieu vn homme armé. Guillelm. Tyrius hiſt. lib. 9.
cap. 22.
Or comme on luy demandoit vn iour d'où procedoit vne force ſi prodi-
gieuſe, il reſpondit, hæ manus impudicam fœminam non tangunt, ces mains
ne touchent iamais point de femmes inpudiques : attribuant ſa force non
tant à la viuacité de ſes nerfs comme à ſa chaſteté.
Secondement, diceus quis me videt, tenebræ circumdant me, & parietes
cooperiunt me, & nemo circumſpicit me : quem vereor : delictorum meorum
non memorabitur altiſſimus
. Il dit qui me voit ? ie ſuis au milieu des ten-
nebres, ie ſuis entouré de la nuict, enfermé entre bonnes & fortes
murailles, perſonne ne me voit : qui craindray-ie ? Dieu ne ſe ſou-
uiendra pas de mes pechez : voila, voila l'abomination de deſolation
où l'adultere amene vn homme, il le fait venir à l'infidelité & au
blaſpheme, oſtant à Dieu toute ſcience & connoiſſance de ſon crime
& n'eſt-ce pas faire Dieu aueugle, ignorant, ou pluſtot nier toute Di-
uinité ?
Troiſieſmement, hic in plateis ciuitatis vindicatibur, & quaſi pullus
equinus

176
Second Traite'
equinus fugabitur: & ubi non ſperauit apprehendetur. Dieu par vn iuſte iuge-
ment manifeſtera ſon ordure, & permettra qu'il ſera puny publiquement
& quoy qu'il s'en fuye comme vn poulain, il ſera attrapé où il penſoit le
moins.
Quatrieſmement, erit dedecus omnibus, il ſera infame deuant tout le
monde, tant pour ſon crime, comme pour la punition publique & hon-
teuſe qu'il en receura : c'eſt le meſme que dit Salomon Prouerb. 6. Turpi-
tudinem & ignominiam congregat ſibi, & opprobium illius non delebitur
, iamais
ſon infamie ne ſera effacée.
Cinquieſement, eo quod non intellexerit timorem Domini. Il s'eſt oublié
qu'il y auoit vn Dieu dans le ciel qui voit tout, qui punit tout, s'il fuſt tant
ſoit peu entré en cette conſderation, elle eſtoit ſuffiſante de le deſtourner
d'vn tel mal-heur. Mais il a fermé les yeux à toute conſideration, & a laiſſé
eſteindre en ſon ame toute crainte des iugemens Diuins, autrement ia-
mais il n'auroit eſté ſi miſerable que de ſe laiſſer aller à vne telle abomi-
nation.
N'y a
point d'ex-
cuſe pour
l'homme
adultere.
Il n'y a point d'excuſe à ce peché dit S. Chryſoſt. Hom. 3. de verbis Iſaiæ.
Tout ainſi que le pilote qui fait naufrage au port eſt inexcuſable, auſſi eſt
le mary qui commet adultere : ſa femme luy doit ſeruir de port contre les
flots & orages de la concupiſcence, s'il s'en laiſſe accabler il ne peut auoir
aucune excuſe ny deuant les hommes ny deuant Dieu : quand il apporteroit
dix mille fois le plaiſir & la concupiſcence pour excuſe, cela n'eſt rece-
uable & faut aduouer qu'il eſt fol, & que faute d'entendement & de raiſon
il perd ſon ame. Voila comme diſcoure S. Chryſoſtome, puis il pourſuit.
Quel plaiſir peut apporter ce peché, qui n'apporte que crainte, que peril,
que danger, qui eſt ſuiuy de tant de maux, d'adiournemens, d'accuſa-
tions, de cholere & ſeuerité des iuges, de ruyne, d'vn bourreaux tenant
le glaiue en main, de l'enfer & d'vne malediction eternelle ? Mais poſons
le cas qu'il n'y ait rien de tout cela, & que perſonne n'en ſçache rien que les
deux complices. Quelle geine luy donnera la conſcience, l'accuſant par
tout, le condamnant à tout moment? il a beau faire, tout ainſi que per-
ſonne ne peut s'enfuir de ſoy meſme, auſſi perſonne ne peut euiter la ſen-
tence de ſa propre conſcience : ce parquet ne ſe peut corrompre ny par
argent, ny par flatteries, d'autant qu'il eſt de Dieu, & que Dieu l'a eſtably
en nos ames.
Le meſme S. Chryſoſt. in Pſ. 7. dit que l'adultere auant qu'eſtre damné
eſt le plus miſerable de tous des hommes, il a ſoupçon de tout, il tremble
de la moindre ombre, il n'oſe regarder perſonne librement, il a peur de
tout le monde & de ceux qui le ſçauent, & de ceux qui ne le ſçauent : il
luy ſemble par tout où il eſt qu'il voit des eſpées nuës, que les ſergeants
ſont

177
Des mavx et des biens dv Mariage.
ſont à ſes coſtez, que les iuges prononcent ſa ſentence. Il n'eſt iamais ſans
peine, voire meſme au milieu des tenebres, les douleurs qu'il ſouffre ne ſont
pas ſemblables à celles des femmes qui enfantent, mais à celles de la vipere
qui ne peut mettre au monde ſes vipereaux, ſinon qu'ils luy deſchirent, & le
ventre & les flancs.

Filet cadre, rayé.

De la ialouſie.

CHAPITRE XIII

I'Aurois outrepaſſé la briefueté que ie me ſuis propoſée en ces chapitres, ſi
i'auois voulu enfermer au chapitre precedent toutes les cauſes deſquelles
procede le crime infame d'adultere : partant i'en ay reſerué vne pour en faire
La ialou-
ſie eſt vne
grande af-
fliction.
vn chapitre à part, qui eſt la ialouſie, qui eſt bien vn des plus cruels bour-
reaux qui puiſſent affliger les pauures mariez, & comme dit S. Chriſoſt. hom.
38. in Geneſ.
où eſt la ialouſie, la paix en eſt bannie, encor qu'ils foiſſonnent
en richeſſes, qu'ils ayent des tables ſomptueuſement couuertes, qu'ils ſoient
nobles & illuſtres, ils ſont miſerables : ils ne taſchent qu'à ſe nuire l'vn l'au-
tre, ſont en continuels ſoupçons : ne peuuent auoir aucun plaiſir, la guerre
inteſtine mettant tout en confuſion & leurs cauſant mille meſcontentements.
Qui zelotypia laborant, & bonum pacis amittunt, etiamſi magnis affluant diuitijs,
etiamſi ſumptuoſas habeant menſas, etiamſi clari fuerint, ac nobiles, miſerrimi om-
nium ſunt: turbas ac fluctus ſibi quotidie excogitant & viciſſim ſuſpicantur, nullam-
que voluptatem habere poſsunt, interno bello omnia confundente multamque eis ama-
ritudinem inuehente
.
La ialouſie n'eſt autre choſe qu'vne faſcherie de l'ame, & vn ſoupçon qui
fait craindre vn des conioincts, que l'autre ne mette ſon amour à vn tiers, &
ne l'aime plus que luy. Ce ſoupçon prouient ordinairement d'vn amour ex-
Que c'eſt
que ia-
louſie.
ceſſif & comme les pommes les plus tendres & les plus douces ne laiſſent
d'engendrer des vers, ainſi l'amour des mariez le plus tendre & le plus doux
produit ce maudit ver, rongeur de la paix & bonne intelligence, & les fait
ſeicher & mourir tout vifs.
Il eſt aſſez malayſé de reſoudre auquel des deux ſexes la ialouſie eſt plus
dangereuſe, & auquel elle produit des plus pernitieux effets.
Ie ſçay bien que le Sage dit qu'il a eu crainte en ſon cœur de trois choſes :
La premiere, la calomnie, ou fauſſe accuſation : la ſeconde vne eſmotion
populaire contre ſa perſonne : la troiſieſme, le faux teſmoignage : ces trois
craintes n'ont eſté qu'en ſon cœur, ſans en faire paroiſtre aucun ſigne
exterieurement
Z

178
Second Traite'
exterieurement, mais il en a eu vne quatrieſme pire que ces trois qui la
fait pallir : à tribus timuit cor meum, & in quarto facies mea metuit. Eccli. 26.
Les trois premieres ont donné quelque attaque à mon interieur, mais la
quatrieme, a paru par dehors & à la face : mulier zelotypa, c'eſt vne femme
ialouſe.
Quel grãd
mal c'eſt
que la ia-
louſie en
vne fem-
me.
Le meſme ſage au meſme endroit dit, in muliere Zelotypa flagellum linguæ,
omnibus communicans
. La femme ialouſe ſe ſert de ſa langue comme d'vne
fleau pour affliger continuellement ſon pauure mary : elle le querelle, le
gronde, murmure, le menace, ſe plaint ſans ceſſe, l'iniurie, omnibus communi-
cans
, fait ſes plaintes à tout le monde que ſon mary ne l'aime pas, mais au con-
traire le traitte mal : detracte de luy en toutes rencontres : omnibus communi-
cans
, parle a toute ſorte de perſonnes indifferemment : s'abandonne à tous,
omnibus communicans, pour ſe venger de ſon mary. Enfin, dolor cordis & luctus,
dit le meſme ſage, l'afflige au cœur & luy fait ietter mille larmes.
Voyez cecy par experience au pauure Samſon, eſcoutez les plaintes de
cette femelle, Dalila odiſti me & non diligis, Iudicum 14. Vous me haiſſez, vous
n'auez point d'affection pour moy : elle ne ceſſoit, ny iour, ny nuict, ſe plai-
gnant, l'importunant, pleurant, & diſant, quomodo dicis quod amas me cum ani-
mus tuus non ſit mecum?
comment pouuez vous dire que vous m'aymez, puis
que vous m'eſtes ſi contraire. Eſcoutez le Texte, ſanè cumque moleſta eſset ei,
& per multos dies iugiter adhæreret, ſpatium ad quietem non tribuens, deſecit anima
eius, & ad mortem uſque laſſata est
. Elle le moleſtoit, & l'importunoit l'eſpace
de pluſieurs iours, ne luy donnant aucune relache ny repos, enfin il perdit
courage & fut laſſé comme preſt à mourir, & luy reuela ſon ſecret, preferant
tout ce qui en pouuoit arriuer aux faſcheries qu'elle luy donnoit par ſes
importunitez.
Si ce courage d'acier ou pluſtoſt de diamant a cedé & s'eſt laiſſé briſer aux
importunitez d'vne femmelette, helas que feront tant de pauures marys,
qui ne ſont pas des Samſons : comment pouuront-ils reſiſter aux importuni-
tez d'vne femme ialouſe ? ô que pluſieurs ont bien ſubiect de dire ce que
dit Le Sage, Eccleſ. 7. Inueni amariorem morte mulierem. Ma femme m'eſt plus
amere que la mort meſme.
Que ſera-ce ſi vn pauure mary entre dans des iuſtes apprehenſions que ſa
femme piquée de ialouſie, & ſe voyant trop foible pour ſe vanger, n'ait recours
aux armes des femmes, qui ſont les tromperies & fineſſes, & ne le faſſe
Combien
dangereu-
ſe eſt la
ialouſie
en vn hõ-
me.
mourir par ſurpriſe ? Dura ſicut infernus æmulatio, la ialouſie d'vne femme eſt
au mary comme vn enfer, Cant. 8.
D'ailleurs il ſemble que la jalouſie du mary eſt d'autant plus dangereuſe
qu'il a plus de pouuoir, lors qu'il ſe laiſſe emporter à cette mal-heureuſe
frenaiſie. Il tient vne pauure femme comme priſonniere; la traite comme
vne

179
Des mavx et des biens dv Mariage.
vne eſclaue, ne luy donne aucun credit, ne luy permet ny d'aller aux Egliſes,
ny de viſiter ſes plus proches, non pas meſme de leur parler, il eſt touſiours
aux aguets, a des eſpions par tout, prent garde à touts les deportemens, pa-
rolles, œillades, mouuemens de ſa femme, voire meſme ſe veut meſler de sõ-
der ſes intentions, ſe laiſſant aller à mille diſcours, dix mille ſoupçons, cent
mille iugemens temeraires : il la tourmente & de paroles & de coups, enfin
elle peut dire auec la Samaritaine, Non habeo virum, ie n'ay point de mary : ce
n'eſt pas vn mary, c'eſt vn bourreau qui la geſne continuellement, vn lyon
qui la deſchire ſans relache & ſouuent la contraint par ſes mauuais traitte-
mens d'en venir aux extremitez.
C'eſt ce qui a fait dire au Sage, Eccli. 9. Non zeles mulierem ſinus tui, ne
oſtendat ſuper te malitiam doctrine nequam
. Donnez-vous de garde de vous laiſ-
ſer ſaiſir de ialouſie pour voſtre femme, de peur qu'elle ne vous faſſe vn
mauuais tour. On explique cecy diuerſement, aucuns de peur par voſtre
ſoupçon & ialouſie, vous ne luy donniez occaſion de faire ce que vous craignez.
Seneque dit fort bien, Habita fides, ipſam fidem obligat, multi fallere docuerunt
dum timent falli, & aliis ius peccandi ſuſpicando dederunt
: la confiance qu'on a
à vne perſonne, l'oblige d'eſtre fidelle, pluſieurs par leurs deffiance ont donné
occaſion qu'on les trompaſt, & ſemblent auoir donné quelque droict de trom-
perie par leurs ſoupçons. L'amour & la fidelité ſont enfans de la con-
fiance : la haine & l'indifelité du ſoupçon & de la deffiance.
D'autres expliquent ces paroles de peur que par voſtre ialouſie vous ne
luy donniez occaſion de ſe laiſſer auſſi emporter à la meſme paſſion; & que
voſtre ialouſie ne luy enſeigne la meſchante doctrine de ialouſie, & qu'elle
n'apprenne de vous à eſtre ialouſie & lors vous verez vn beau tintamare en
voſtre maiſon.
En fin d'autres de peur qu'elle n'en vienne aux ſorceleries, aux magies,
aux empoiſonnemens & que pour ſe vanger du tort que vous luy faites, elle
n'experimente ſur voſtre perſonne, toutes les malices qu'elle a appriſes des
autres.
Si le mary
doit gar-
der ſa fem-
me.
Ou voſtre femme eſt femme de bien, ou non : ſi elle eſte femme de bien,
qu’elle atroce iniure luy faictes-vous d'entrer en ſoupçon de ſa fidelité ? quel
reſſentiment en doit elle auoir ? penſez vous l'obliger par tel ſoupçon à
vous aymer ? ou pluſtoſt de vous auoir en horreur, & ſi elle ne craint Dieu
de vous en iouer d'vne pour punition de voſtre temerité, & de l'iniure que
vous luy faites ? Que ſi elle ne vaut rien, c'eſt en vain que vous vous tourmen-
tez par vos ſoupçons & ialouſies qui vous rongent le cœur iour & nuict,
vous auez beau y prendre garde, Breuis omnis malitia ſuper malitiam mulieris.
Eccli. 25. Il n'y a malice qui puiſſe entrer en paralele auec la malice d'vne
meſchante
Z 2

180
Second Traite'
meſchante femme, elle trouuera bien l'occaſion de faire ſon coup, & de vous
planter les cornes au beau milieu du front.
Areolus Philoſophe, demandoit vn iour à vn autre ſi le mary deuoit
garder ſa femme, l'autre reſpondit, la femme honneſte ne ſe doit garder, ſa
pudicité luy ſert de garde : l'impudique ne ſe peut garder. S. Hieroſme dit
tout le meſme, lib. I. contra Iouinianuin, Quid prodeſt diligens custodia, cum vxor
ſeruari impudica non poſsit, pudica non debeat? infida enim cuſtos est castitatis ne-
ceſſitas, & illa vere pudica dicenda eſt, cui licuit peccare ſi voluit.
De quoy ſert
de garder vne femme ſi ſoigneueſement, puis qu'il n'y a gardes ſufiſſantes
contre vne impudique, & la femme honneſte ne doit eſtre gardée : la con-
trainte eſt vne mauuaiſe gardienne de la chaſteté : cette femme eſt vrayment
honneſte & chaſte qui a eu le pouuoir & la liberté de mal faire, & n'a mal
fait.
Il n'y a meilleure garde que la craincte de Dieu, & l'amour mutuel, le
frain d'vne femme chaſte eſt l'amour & la craincte de Dieu, & la craincte
& amour de ſon mary qui la retient aux occaſions & l'empeſche de ſe
laiſſer emporter à la liberté, & la rend ferme comme vne Suſanne :
il n'y a murs aſſez eſpais contre vne femme impudique, la violence & la
crainte luy font perdre tout amour, & luy fourniſſent mille inuentions,
luy donnent hardieſſe, & l'obligent ſouuent à venir à des extremitez.
Sainct Chryſoſtome nous fait entendre les miſeres que cauſe cette
paſſion par deux beaux paſſages, l'vn eſt in cap. 2. Matth. où il dit, Si vir
zelet uxorem, aut uxor uirum, omnem auditionem credit de illo, & ſi non ſit
auditio digna & idonea vt credatur, tamen fidem auditionis zelus commendat.

Si le mary eſt ialoux de ſa femme, ou la femme de ſon mary, ils
croient tout ce que l'on leurs rapporte, & encore que les rapports que
l'on leurs fait n'ayent point de probabilité, toutefois leur ialouſie les
rend aſſez croyables. Il auoit dit auparauant que comme vn Roy ialoux
de ſon eſtat, & de ſa couronne, croit les moindres ſoupçons qui
pourroient eſtre au preiudice de la meſme couronne, qu'ainſi en font
les mariez qui ſont ialoux, l'experience l'enſeigne & fait croire à
ceux qui ſont frappez de cette maladie, ce qui ne fut & ne ſera iamais,
ils croyent ſouuent, aueuglez de cette paſſion, voir ce qui n'eut iamais
eſtre.
L'autre paſſage de Sainct Chryſoſtome eſt de Virginitate, voicy com-
me il parle, Morbus iſte non triſtitiam ſolum, ſed iram intolerabilem inge-
nerare ſolet
: Cette maladie n'engendre pas ſeuelement la triſteſſe, mais
encor vn cholere intolerable. Cum vero eo furore corripitur, nihilo me-
lius afficitur, quam qui à Dæmonibus agitantur, aut mente capiuntur, adeo con-

tinenter

181
Des mavx et des biens dv Mariage.
tinenter effertur, inſultat & ſtomachatur omnibus, in obuium omnino & in-
nocentiſſimum quemque ſemper exercet iracundiam.
Lors que quelqu'vn eſt
ſaiſy de cette rage, il eſt tout ſemblable à vn demoniaque, ou on à vn ſol,
il eſt en continuelle furie, ſe fache & ſe met en fougue contre tout le
monde : il deſcharge ſa cholere contre tous ceux qu'ils rencontre, voire
contre les plus innocens.
Nous auons vne infinité d’hiſtoires en confirmation de cette verité, en-
tre-autres, l'hiſtoire infame d'Herode, qui fit mourir miſerablement Ma-
riamne
ſa femme, laquelle meritoit tout reſpect, & ayant l'eſprit tout tran-
ſporté par la violence de ſa ialouſie, luy parloit apres ſa mort & l'appel-
loit comme ſi elle eut eſté en vie. On en voit aſſez de ſemblables qui de-
uroient donner occaſion aux autres de ſe garder de cette abominable
manie.
Remede
contre la
ialouſie,
le mary
doit eſtre
ſourd, &la
femme a-
ueugle.
Ie me ſemble qu'Alphonſus n'a pas mal rencontré, lors qu'il a dit qu'vn
bon remede contre la ialouſie eſtoit, que la femme ſe comportaſt comme ſi
elle eſtoit aueugle, & le mary comme s'il eſtoit ſourd, ainſi arriueroit que la
femme ne ſeroit pas ſi curieuſe à prendre garde où ſon mary iroit, à qui il
parleroit, & le mary ne ſe ſoucieroit pas beaucoup des plaintes & gronde-
ries de ſa femme & par ce moyen ils euiteroient beaucoup de riottes, & vi-
uroient en meilleure intelligence.


Filet cadre, rayé.

Quelques histoires pour monstrer comme Dieu deffend les
innocens contre les ialoux.


CHAPITRE XIV.

Merueille
que Dieu
fait en
protectiõ
d'vne fem-
me inno-
cente frap-
pée ſept
fois de la
main d'vn
bourreau
accuſée
par ialou-
ſie.
C'Eſt vne cruelle bourrelerie88 que la condition d'vne pauure femme qui
ſe retrouue ſouz la domination d'vn mary ſaiſi de cette furie; ſentir vn
mary touſiours dans les ſoupçons; eſtre continuellement aux enqueſtes où
elle a eſté, à qui elle a parlé, croire tout ce qu'on luy dit qui peut nourrir &
entretenir ſa maladie; ne vouloir eſcouter aucune verité, ne faire eſtat des iu-
remens, des ſermens, des larmes de ſa femme non plus que d'vne ame dam-
née. Or quel remede ? ie n'en connois point de meilleur que la patience &
le recours à la prouidence diuine qui ne manque de predre la cauſe des in-
nocens fuſt-il neceſſaire de faire miracle, quand ſa gloire le requiert.
Voulez-vous teſmoingnage plus authentique de cette verité, que celuy
que rapporte S. Hieroſme. Tom. I. Epiſt. 47. ie rapporteray icy l'hiſtoire la
traduiſant
Z 3

182
Second Traite'
traduiſant le plus fidelement qu'il me ſera poſſible des paroles du meſme
ſaint : à Vercelle en Lombardie, vn mary piqué de ialouſie tire ſa femme en
iugement, l'accuſe de luy auoir fauffé la foy : on le ſaiſit & le ieune homme
qu'on ſoupçonnoit d'eſtre complice, la voyla miſe en vn fond de foſſe & luy
confiné dans vn noir cachot. Apres y auoir eſté quelques iours on les tire
deuant le iuge criminel. Le mary ne reſpirant que ſang, les accuſe puiſſamment,
le ieune homme nie conſtamment; la femme pleure amerement, & tous deux
leuans leurs cœurs & leurs yeux au ciel, attendent de Dieu le teſmoignage
de leur innocence, faiſans mille & mille proteſtations de n'eſtre tels qu'on
les qualifioit. Le mary cependant produit ſes ſoupçons, le iuge les condamne
à la queſtion ordinaire, on attache le ieune homme à vn poteau, ou on le deſ-
chire à coups deſcorgées89: le pauure garçon voyant ſon corps tout ouuert de
playes, & ſon ſang couler de tous coſtez perd la conſtance, aime mieux mourir
vne bonne fois que d'en mourir mille, ſans pouuoir acheuer de mourir, &
pour euiter cette eſcorcherie & cette mort qui n'auoit point de fin, confeſſe
ce qu'il n'auoit iamais fait, & mentant au preiudice de ſa vie, accuſe par ſa
confeſſion l'innocente, oſtant tout moyen à cette pauure femme de ſe defen-
dre de cette atroce calomnie dont elle eſtoit chargée.
On la tire de la priſon, on luy lie les mains derriere le dos auec vne groſſe
corde, on l'eſtend ſur le cheualet eſtant toute liée horſmis les yeux que le
bourreau ne pouuoir garotter : elle darde des œillades amoureuſes dans le
ciel, arrouſe ſa face de groſſes larmes & dit : Doux Ieſus auquel n'eſt rien
caché, qui penetré iuſques au creux & des cœurs & des reins, vous m'eſtes teſ-
moin que ce qui me fait tenir ferme ſur la negatiue n'eſt pas la crainte de la
mort, mais la crainte de contreuenir à la verité, & en mentant de vous offen-
ſer. Ah miſerable garçon, ſi tu as ſi grande haſte de mourir, pourquoy ſeras
tu cauſe de la mort de deux innocens ? Dieu m'eſt teſmoin que ie ſouhaite
la mort, ie deſire me deſpouiller de ce corps mortel, mais i'ay horreur de
mourir en qualité d'adultere. Voila mon col ouuert, ie n'ay point d'appre-
henſion de l'acier du bourreau, ma conſolation eſt que ie mourray auec mon
innocence. Ce n'eſt pas mourir que treſpaſſer le Laurier en la main.
Le iuge enyuré de ce ſang, tout de meſme comme vn lyon qui ayant vne
fois gouſté le ſang ne ſe peut ſaouler: commande au bourreau de redoubler
les tourmens, & enrageant & grinçant les dents, le menace de la mort s'il
ne fait confeſſer à vne femme, ce que le ieune homme robuſte auoit franche-
ment auoué.
O bon Ieſus! au ſecours, helas i'ay horreur voyant tant de ſupplices prepa-
rez pour vn ſeul corps tendrelet & ſi chaſte ! on la lie par les cheueux à vn po-
teau, & tout le corps chargé de fer & de chaiſnes eſt attaché : puis on allume
vn petit feu à ſes pieds, cependant le bourreau luy deſchire les coſtez ſans eſ-
pargner

183
Des mavx et des biens dv Mariage.
pargner ſes chaſtes mammelles : cette femme cõme vne amazone, nonobſtant
tant de cruautez demeure immobile, comme vn rocher, ſon eſprit ſe promeine
parmy le paradis pendant que ſon corps eſt ainſi bourrellé90, la pureté de ſa
conſcience charme tellement ſes ſentimens, qu'ils ſemblent eſtre inſenſibles.
Le cruel iuge comme ſurmonté de la conſtance de cette femme enrage : elle a
recours à Dieu par des deuotes prieres. On ouure ſon corps de toutes parts
à coups d'eſcorpions91, elle eſleue le cœur & les yeux vers le ciel : Le ieune
homme confeſſe ce qu'il ne fit iamais pour faire mourir deux innocens, elle nie
conſtamment pour les ſauuer. On n'entend autre parole ſinon, frappez, bru-
ſlez, deſchiré, iamais ie ne fis ce dont on m'accuſe. Si vous ne me croyez i'en
appelle au parquet de Dieu, viendra le iour qui manifeſtera la verité. Dieu eſt
mon iuge, i'adjourne les autres au parlement de la verité.
Le bourreau eſtoit hors d'haleine, ſouſpiroit & ne trouuoit plus de place
dans ce corps pour y exercer ſa cruauté, voire ſa cruauté cõme ſurmontée a-
uoir horreur d'auoir ainſi déſchiré ce beau corps. Le iuge tout en furie ſe
tournant vers les aſſiſtans, vous eſtonnez vous dit-il ſi ceſte meſchante femme
aime mieux eſtre tourmentée que de mourir ? qui a iamais ouy dire qu'vn a-
dultere ſe ſoit commis qu'il ny eut deux perſonnes ? n'eſt il pas plus croyable
que cette femme nie eſtant coupable que de penſer que ce ieune homme ſoit
innocent confeſſant ſon crime ? partant ie les condamne pareillement à la
mort : le bourreau leur iette auſſi-toſt la hart au col, toute la ville y accourt &
la ville ſort comme de la ville : le monde penſe s'écraſer à la foule ſortant de la
porte. Il prend ce ieune homme, au premier coup de hache, voila ſa teſte à ſes
pieds & ſon corps tout trempé dans ſon ſang: cette chaſte Suſanne comme vne
ſaincte victime plie les genoux en terre, le bourreau hauſſe le bras & brandit
ſon coutelas, voila le trenchant qui deſcend auec toute l'impetuoſité de ſes
forces, mais le coutelas n'oze toucher à ce col innocent, s'arreſte à fleur de
peau, raze tant ſoit peu d'vne legere eſgratigneure ſurſemant quelques gout-
tes de ſang. Le bourreau tout eſtonné ſe fache contre ſon bras & contre le
trenchant eſmoucé, de ſon bras il entoiſſe92 ſon eſpée vne autre fois, il
la decharge de toutes ſes forces ſur la pauure innocente : mais le trenchant ſe
rebouche93 : vne autre fois, vous euſſiez dit que le fer auoit apprehenſion de
l'offenſer, car il s'arreſtoit ſur le col ſans l'endommager : ce cruel forcené tout
en rage, retrouſſe ſa caſaque & bandant tous ſes nerfs fait tomber en terre vn
crochet d'or qui accrochoit ſa caſaque, & ſans s'en prendre garde brandilloit
son coutelas, mais cette chaſte colombe voyant ce crochet luy dit : mon amy,
ramaſſé cét or qui vous couſte ſi cher : ce ſeroit dommage de le perdre.
Dieu eternelle a on iamais veu vne telle aſſeurance? la mort n'eſt diſtante
d'elle que d'vn moment, & elle ne la craint point, elle ſe reiouit eſtant frap-
pée & le bourreau bleſmit : elle n'a point d'yeux pour voir le fer de la mort,
&

184
Second Traite'
& elle en trouue deux pour voir ceſt or, & non ſeulement elle n'apprehende
pas la mort mais penſe à faire plaiſir à ce turc94. On donne le troiſieme coup
à meſme ſuccez que les deux precedans. Le bourreau tout effrayé ne ſça-
chant plus que faire ne ſe fiant plus au trenchant de ſon eſpée, puis qu'il ne
peut trencher, veut experimenter la pointe : il pouſſe de toutes ses forces
pour luy percer le col : choſe inoüie la pointe ſe rebouche & la lame ſe retire
vers la poigné, comme regardant ſon maiſtre & confeſſant qu'elle ne pou-
uoit entamer cette innocente.
Souuenez vous des 3. iuuenceaux qui trouuent vn refraichiſſement au mil-
ieu des flammes chantent au lieu de pleurer, le feu n'osant toucher vn ſeul de
leurs cheueux. De Daniel qui ſe ioue des lyons comme des agneaux : de la noble
Suſanne, laquelle eſtant iniuſtement condamnée fut deliurée. Dieu ſuſcitant vn
enfant remply du Saint Eſprit. Voyez comme la diuine miſericorde ſe monſtre
egalement enuers l'vn & l'autre. Suſanne fut deliurée du glaiue par ce petit
iuge ſuſcité de Dieu : cette femme condamnée par le iuge eſt abſoue par le
glaiue qui n'oſe toucher à ſon innocence. Voila tout le peuple en alarme, il veut
deliurer l'innocente. Il menace le bourreau, on eſt tellement eſtonné de ce
miracle qu'à peine croit-on ce qu'on voit.
Toute la ville à la nouuelle de cette merueille eſt eſmeue, voila toutes les
gardes en vn gros. Mais celuy qui auoit charge de faire executer l'arreſt ſe
lance au mitan de la trouppe, monſtre ſa barbe blanche & ſon chef qu'il
auoit ſurſemé de pouſſiere, & pleurant à chaudes larmes, commence à crier,
quoy meſſieurs ! voulez vous donc me faire mourir, il y va de ma teſte ſi ie
ne fais executer l'arreſt du preſident, voudriez vous bien me faire mourir à la
place de ceſte adultere ? Si voſtre miſericorde, ſi voſtre clemence vous porte
à ſauuer vne criminelle, vous ne deuez eſtre cauſe de la mort d'vn innocent.
Ses larmes eſteignirent la ferueur du peuple : Ses cris luy percerent le cœur,
& pour ſauuer cét homme il permit qu'on paſſa outre à l'execution. Voicy
donc vn bourreau tout frais auec vne nouuelle eſpée.
La pauure victime eſtoit touſiours là, n'ayant autre aſſiſtance que de Ieſus
Chriſt. On luy donne vn coup ſi lourd quelle fut vn peu eſtourdie, on redouble
elle eſt vn peu entamée, on recharge pour la troiſieſme fois, elle tombe comme
paſmée à terre. O coup tres-admirable de la diuine prouidence, elle auoit
eſté quatre fois rudement frappée ſans bleſſure, & puis la voila atterrée comme
ſi elle eſtoit morte, afin que celuy qui auoit charge de l'execution peuſt
eſchapper la mort. Soudain on enueloppe le corps comme s'il euſt eſté mort,
on ouure la terre pour luy donner ſepulture, la nuict ſuruient ce ſemble par vne
miſericorde de Dieu pluſtot que l'ordinaire, auſſi toſt ceſte femme reuient
à ſoy, ouure les yeux, puis le cœur, puis la bouche, & va dire : O mon doux
Ieſus vous eſtes mon ſecours, ie ne craindray tout ce que les hommes me
ſçauroient

185
Des mavx et des biens dv Mariage.
ſçauroient faire : le meſme iour meurt vne bonne vieille, on la met dans
la foſſe qui eſtoit preparée pour cette reſuſcitée. Le diable cependant enrage
de deſpit, ſuſcite vn des ſergeans d'aller viſiter le corps du grand matin, on
le mene au tombeau, & d'vn iuſte courroux on luy dit : deterrez ce corps mort,
n'eſt-ce pas aſſez de luy auoir fait vne ſi furieuſe guerre pendant ſa vie ? faut-il
encore la perſecuter apres la mort ? ouy ouy, ouurez le tombeau, tirez-en le
corps, donnez-le à manger aux beſtes et aux oyſeaux, mangez luy le cœur puis
qu'elle a eſté frappée ſept fois, c'eſt bien la raiſon que iamais voſtre barbarie
ne ſe ſaoule meſme apres ſa mort. Il eut honte, & tout plein de confuſion
s'en retourna.
Cependant on pansa ſecretement cette femme, on luy couppa les che-
ueux, on l'habilla en homme pour la faire eſcouler, on la mit en vne maiſon
de vierges où elle finit ſes iours viuant en toute ſaincteté, & loüant la bonté
diuine qui l'auoit aſſiſté ſi puiſſamment, & protegé ſon innocence auec tant
de miracles.
La main de Dieu eſt-elle affoiblie ? ſa miſericorde eſt-elle eſpuiſée ? man-
que-il de bonté pour ſecourir les innocens, s'il ne le fait touſiours auec tant
de miracles, ſi le fera-il vn iour auec pareille bonté & pareille prouidence.
I'ay apporté cette hiſtoire quaſi de mot à mot de S. Hieroſme, & apres vn eſ-
criuain moderne, & aſſez connu pour la gentileſſe de ſes eſpritseſcrits, & pour ſon
Binet. eloquence. En voicy vn autre.
L'an 1286. mourut en Eſpagne F. Don Garſias Martinez ſoldat de S. Iean
de Hieruſalem
, apres auoir veſcu en grande eſtime de ſaincteté : & Dieu
Autre hi-
ſtoire &
miracle en
faueur d'v-
ne inno-
cente.
l'a honoré apres ſa mort de quelques miracles. En voicy vn entre autres
fait par ſon inuocation, pour la iuſtification d'vne pauure femme mali-
cieuſement calomniée, & ſoupçonnée de ſon mary, de luy eſtre infidelle.
Vn certain mareſchal auoit eſpouſé depuis peu vne ieune femme, rare en
beauté, plus rare en pudicité. Certains meſchans ſoit d'enuie qu'ils por-
toient au mareſchal d'vne ſi belle femme qu'il auoit : ſoit qu'ils enrageoient
de ce que nonobſtant tous leurs efforts ils n'auoient iamais ſçeu corrom-
pre ſa pudicité, ny esbranler ſa fidelité, eurent recours aux calomnies, jette-
rent la ialouſie dans l'eſprit du pauure mareſchal : le voila plein de ſoupçons
& de deffiance, il garde ſa femme, ne luy permet plus de ſortir, la regarde
de prez & de trauers, la traitte mal, ne luy peut dire vn bon mot, enfin
luy fait paroiſtre ſa paſſion & ſon auerſion par toute ſorte de mauuais trait-
tement. La pauure femme ne trouuant plus de conſolation qu'en ſon in-
nocence, ny autre recours qu'à Dieu, protecteur des chaſtes, eſleue ſon cœur
à Dieu, & apres auoir inuoqué bien humblement noſtre Dame & le B.95
Garſias Martinez, pleine d'vne grande confiance à la miſericorde de Dieu,
auec les mains nuës prend le ſoc d'vne charrue tout ardant en la fournaiſe
de ſon
A a

186
Second Traite'
de ſon mary, & le porte iuſques au ſepulchre du Sainct, ſans en receuoir au-
cune incommodité : Dieu permettant ce miracle pour la deffence de cette
pauure innocente, pour guarir la maladie d'eſprit de ſon mary, & pour la
confuſion de ces abominables calmoniateurs. Boſſius lib. 10. Abrah. Bzo-
uius
in continuatione Annal. Baronij96 tom. 13. ad an. 1286.
Hiſtoire
tragique
d'vn mary
ialoux.
Ie pourrois icy rapporter beaucoup d'histoires tragiques pour donner
horreur aux mariez de cette mauditte paſſion. Ie me contenteray d'vne ſeule
tirée de Surius in Chron.97 an. 1528. En la ville de Baſte vn bourgeois hom-
me riche nommé Chriſtophe Bongartener entra en jalouſie de ſa femme
ſoupçonnant ſon valet. Il preſſe ſa femme de dire la verité, luy fait toute
inſtance, luy promettant impunité ſi elle confeſſe la verité, & menaçant de
la tuer ſi elle nie. Cette pauure femme eſpouuantée de ces menaces & de
l'horreur de la mort, ſe confeſſa coupable de ce à quoy elle n'auoit iamais
penſé : puis craignant la furie de ſon mary ſe deſroba de ſa maiſon & s'en-
fuit aupres de ſa ſœur en vn village. Les amis ſe mirent en deuoir de les re-
concilier, la voila retournée. Le mary luy monſtra bon viſage, ne ſirent
qu'vn lict la nuict, elle croioit que ſa paſſion fuſt eſteinte. Mais le matin
le mary enuoya ſa ſeruante quelque part, fit ſortir hors de la maiſon les
enfans de ſon premier lict, puis tranſperça ſa femme qui eſtoit enceinte
& la tua, & de là vne petite fille qu'il auoit d'elle, laquelle à peine auoit
quatre mois, eſcriuit au Senat le narré de tout ce qu'il auoit fait, & apres
auoir inuoqué par trois fois le Sainct nom de Ieſus, ſe precipita du plus
haut de ſa maiſon & ſe froiſſa tout le corps, que la iuſtice fit rompre &
briſer ſur vne roue, quelle rage ſur vn ſoupçon ! cét exemple ne doit-il
pas eſtre comme vn puiſſant remede contre cette furieuſe paſſion qui con-
duit les hommes à vn tel deſeſpoir ! vous pouuez lire vne infinité de
ſemblables tragedies dans les hiſtoires : pleut-il à Dieu qu'on n'en vit pas
tant au preiudice des pauures innocens, & à la confuſion des familles
honorables.
Auant que finir cette matiere ie prieray les mariez d'eſcouter l'exhor-
tation que leurs fait le bon vieillard Tobie en la perſonne de ſon bien aimé
fils, Attende tibi fili mi ab omni fornicatione, & præter uxorem tuam nunquam
patiaris crimen ſcire.
Mon enfant donne toy de garde de toute fornication,
& garde la fidelité à ta femme : ou comme d'autres expliquent maintenant
que tu es encore ieune homme, vis chaſtement en gardant ta virginité, &
quand tu ſeras marié garde la chaſteté conjugale. Tobie. 4.
Souuenez vous comme Dieu a touſiours puny rigoureuſement ce peché :
Pharaon oſe s'emparer de la femme d'Abraham, Dieu le chaſtie & toute ſa
famille, bien qu'il ne ſçut pas qu'elle fuſt mariée, voire auant qu'il euſt le
moyen ny le loyſir d'executer les intentions. Gen. 12 Le Roy Abimelech
pour

187
Des mavx et des biens dv Mariage.
pour meſme ſubject, ſans auoir paſſé outre ouyt98 cette horrible punition,
morieris propter mulierem quam tulisti, habet enim virum, Gen. 20 tu mourras
d'autant que tu as enleué cette femme, car elle eſt mariée, & de fait toute
ſa famille pour cette offence auoit eſté rendue ſterile.
O que de maux a eu Dauid pour ſon adultere, & quoy qu'il en eut par-
don en ſuite de ſa grande contrition : qu'il en fit vne grande penitence;
toutefois il entend ces horribles parolles, non recedet gladius de domo tua
uſque in ſempiternum, eo quod tuleris uxorem Vriæ vt eſſet uxor tua
. Le glaiue ne
partira de ta maiſon, d'autant que tu as enleué la femme d'Vrie, l'enfant né
de cette couche mourut en punition, & le pere ne le peut racheter par aucunes
larmes ny auſteritez : Abſalon ſe rebella contre ſon propre pere, luy fit la
guerre ouuerte : il ſouilla ſa couche, & tant d'autres mal-heurs qui luy arri-
uerent en punition de ſon adultere.
Que ſi Dieu ne ſemble ſi ſeuere & ne punit l'adultere ſi exactement parmy
les Chreſtiens, c'eſt qu'il en reſerue la puition à l'autre vie, n'y ayant point
de punition en ce monde condigne d'vn tel crime en des perſonnes qui font
profeſſion d'vne telle ſaincteté que requiert le Chriſtianiſme. Oſee 4. Non
viſitabo filias eorum cum fuerint fornicatæ, nec ſponſas eorum cum adulter auerint.
Ie
ne puniray pas leurs filles, lors qu'elles ſeront desbauchées, ny leurs femmes
lors qu'elles ſeront infidelles à leurs marys; pour monſtrer qu'il en reſerue la
punition en l'autre monde où il veut les punir ſans miſericorde. Voicy vne
viſion veritable pour confirmation de cette verité.
Du temps que S. Dominique preſchoit à Paris, il y auoit vn homme de
tres-grande authorité, & fort riche, adonné à tous vices, & principalement
à la lubricité, de laquelle il s'eſtoit tellement laiſſé gagner, que ny les
prieres, ny les aduertiſſemens ne l'en pouuoient deſtourner. Sa femme
qui eſtoit de ſang Royal & n'eſtoit pas moins Saincte que Noble, ſouf-
froit des grands ennuis, tant pour la mauuaiſe vie de ſon mary, que pour
la haine que luy portoient les courtiſanes qu'il entretenoit. Elle reſſentoit
Supplices
des volu-
ptueux en
l'autre vie
repreſen-
tez par v-
ne viſion.
fort l'offence que ſon mary faiſoit contre Dieu; & le meſpris qu'il faiſoit
d'elle pour careſſer ces vilaines : Apres vne longue patience, ne ſça-
chant plus quel remede employer elle creut qu'elle ne pouuoit mieux ſe
vanger de ſon mary, qu'en luy eſtant infidelle comme il luy eſtoit, à
quoy elle ſe reſolut par deſeſpoir & vangeance de l'infidelité de ſon
mary. Comme elle eſtoit en des angoiſſes extremes, Dieu luy fit voir les
supplices eternels que les impudiques ſouffrent pour vne brieſue vol-
upté : les fournaiſes ardantes au lieu des licts mollets : les tours &
contours des dragons & ſerpens, enuelopans tout le corps au lieu des
embraſſemens impudiques : & jettans par les yeux & les oreilles des
flammes puantes, comme des veines de ſoulfre mixtionnées de venin tres
infecte
A a 2

188
Second Traite'
infecte. C'eſtoit comme vne pluye qui tomboit ſur la teſte des voluptueux
& arrouſoit tout le corps iuſques aux pieds, & penetroit iuſques aux
entrailles qui bruſloient comme vne fournaiſe. Il y auoit des dragons qui
vomiſſoient l'airain ardant tellement mixtionné, qu'ils rompoient les par-
ties les plus ſenſibles du corps, & contraignoient ces mal-heureux de crier
ſi eſpouuantablement qu'ils faiſoient hurler & retentir tout l'enfer. Ils
deſiroient ſur tout de mourir, ne voyans point d'eſperance à leur infortune,
& ne pouuoient mourir. Entre pluſieurs places, elle en vit vne qui eſtoit
preparée à ſon mary, au cas qu'il continuoit à viure comme il auoit fait. Elle
ſe reſueille & auſſi toſt, entre en compaſſion de la miſere de ſon mary, &
agitée de ſon mouuement ordinaire de jalouſie, s'en va trouuer S. Do-
minique
pour luy dire au moins la peine qu'elle ſouffroit iour & nuict.
S. Dominique luy donna vne roſe qu'il auoit receu de noſtre Dame, qui la
deliura auſſi toſt de ſon anxieté : & luy ayant perſuadé de s'enrooller en
la Confrerie du Roſaire, elle ſentit ſon ame comblée d'vne ioye extraordinaire.
Il luy donna de plus ſon chappelet & l'aduertit qu'apres qu'elle l'auroit
recité quinze iours, qu'elle le mit ſouz l'oreiller de ſon mary pendant
qu'il dormiroit. Elle retourna en ſa maiſon fort conſolée, & pleine d'vne
ſaincte eſperance, fit ponctuellement tout ce qui luy eſtoit ordonné, recom-
manda tres-feruemment toute cette affaire à Dieu & à noſtre Dame.
Le chappelet ne fut pas ſi toſt ſous le cheuet de ce Seigneur qu'il commença
à trembler, & fondre en larmes, ſouſpirant entre les bras de ſa femme,
implorant l'aſſiſtance de Dieu, & ſe recommandant aux prieres de ſa chere
partie.
La nuict enſuiuant comme il dormoit il luy ſembla que Dieu l'appelloit
à ſon tribunal, où il ſe voyoit entouré d'vn nombre innombrable de de-
mons, qui demandoient iuſtice de tant de pechez, deſquels ils l'accuſoient :
cela l'eſpouuanta tellement, qu'eſtant eſueillé, il demanda humblement par-
don à ſa femme de ſes adulteres, promettant de s'en amender.
La troiſieſme nuict la femme ayant encor mis le chappelet ſous l'oreiller
de ſon mary, la choſe fut plus eſpouuantable qu'auparauant, pendant qu'il
dormoit il ſe vit traiſné en enfer, vit les tourmens qu'y endurent les volup-
tueux : & ne les vit pas ſeulement, mais les ſentit en partie, iuſques à ce que
ſon bon Ange y accourut, qui auſſi toſt l'en deliura, luy commanda de s'en-
rooller en la Confrerie du Roſaire; & que s'il le faiſoit, Dieu luy feroit la
grace de mieux viure, laquelle grace il obtiendroit par les prieres des
Confreres, qu'il ne pouuoit obtenir de ſoy meſme. Auſſi toſt qu'il fuſt eſ-
ueillé, eſpris d'vne grande repentance, il promit à ſa femme que deſormais
il l'aimeroit ſincerement, & luy garderoit la foy coniugale inuiolablement:
luy communiqua tout ce qu'il auoit veu, promettant de faire ce que l'Ange
luy

189
Des mavx et des biens dv Mariage.
luy auoit ordonné, & qu'il ſeroit veritable & conſtant en ſes promeſſes :
Qu'il feroit en ſorte que tout le monde ſeroit teſmoin de ſon changement
de vie. Il commença vne nouuelle vie par vne ſaincte & ſalutaire confeſ-
ſion qu'il fit à S. Dominique, lequel luy ayant donné un modelle de la
vie qu'il deuoit mener à l'aduenir, le mit au roolle des Confreres du Roſaire,
depuis il fut ſi conſtant que iamais il ne quitta ſon Roſaire, & ſoit qu'il fuſt
en guerre, ſoit qu'il fuſt en ſa maiſon, ou aux champs, en voyage, auec le
Roy ou les courtiſans, iamais il ne manqua à reciter ſon Roſaire & en faire
eſtat, & par ſon exemple on aduança grandement la deuotion en France.
Garda la fidelité à ſa femme le reſte de ſes iours, & apres pluſieurs an-
nées moururent tous deux en meſme temps, noſtre Dame conduiſit leurs
ames au ciel, & leurs corps furent enterrez tous deux enſemble à Paris.
Ferdinand. hiſt. Dominic. 1. p. cap. 34. refertur ab Abrahamo Bzouio in
continuatione annalium Baronij
tom. 13. ad an. 122099.
Finiſſons ce Chapitre auec cette belle parabole du Sage, Prouerb. 8. beu-
uez l'eau de voſtre ciſterne, & de la ſource de voſtre puits ſans vous addreſſer
à ceux des autres, afin que les ruiſſeaux qui ſortent de voſtre propre fontaine
(c'eſt à dire vos enfans) puiſſent paroiſtre publiquement ſans rougir, & ſe
qualifier voſtres. Iouyſſez de cette eau tout ſeul, ſans que les eſtrangers y
participent. Tenez cette veine beniſte, & vous reſiouyſſez auec la femme que
vous auec priſe en voſre ieuneſſe. Ne vous laiſſez pas emporter à la femme
d'autruy, pour ce que Dieu regarde la voye des hommes, & conte tous leurs
pas, & le meſchant ſera attrapé en ſes malices, & lié des cordes de ſes
pechez, & il finira mal, faute de s'eſtre ſoubmis à la diſcipline.


Filet cadre, rayé.

Du troiſieſme bien du mariage. Qui eſt le bien
du Sacrement.


CHAPITRE XV.

LEs effects des Sacremens de la nouuelle loy ſe rapportent à deux,
l'vn eſt le charactere, l'autre eſt la grace : tous les Sacremens ne pro-
duiſent pas le charactere, mais tous produiſent la grace, & c'eſt l'effect
qui eſt propre au Sacrement, & que nous appellons au mariage bonum Sa-
cramenti
. Le bien du Sacrement, qui eſt le dernier & le principal des trois
biens du mariage.
C'eſt
A a 3

190
Second Traite'
C'eſt vn article de foy que les Sacremens ſont Les Sacre-
mens ſont
cauſes de
la grace.
cauſe & inſtrumens de la
grace, & la produiſent. Cette verité eſt confirmée par le Symbole de Nyce
qui dit, Confiteor unum baptiſma in remiſſionem peccatorum. Ie confeſſe qu'il y a
vn bapteſme inſtitué pour la remiſſion des pechez. En S. Iean 6. il eſt dit, que
l'Euchariſtie donne la vie eternelle, qui manducat hunc panem viuet in æter-
num
. Quiconque mange ce pain viura eternellement. Au chap. 20. la re-
miſſion des pechez eſt accordée aux Apoſtres, quorum remiſeritis peccata re-
mittuntur eis
, les pechez que vous remettrez ſeront remis, ce qui ſe fait par le
Sacrement de penitence. S. Iacques ch. 5. nous aſſeure que les pechez ſont
remis par l'extreme-onction, Oratio fidei ſaluabit infirmum. Et ainſi des au-
tres.
Les Sacremens produiſent la grace, non en qualité de vaſes dans leſquels
la grace ſoit comme reſeruée, & en ſoit tirée comme la medecine de la boiſte :
ou l'or de la bourſe & du coffre, mais comme cauſes leſquelles produiſent
leurs effects : non comme les ſermons, les bons diſcours, exhortations &
ſainctes lectures, qui nous incitent au bien, & ainſi auſent la grace, mais
comme cauſes qui donnent eſtre à leurs effects, qu'elles contiennent en ſoy,
c'eſt pourquoy ils ſont appellez ſigna efficacia gratiæ, fignes efficaces de la
grace laquelle ils produiſent.
Les Sacre-
mens pro-
duiſent la
grace, non
pour la
diſpoſitõ
de ceux
qui les re-
çoiuent,
non pour
la ſaincte-
té des mi
niſtres.
Nous pouuons acquerir la grace de Dieu par deux moyens, l'vn eſt ex
opere operantis
, c'eſt à dire, par notre diſpoſition, par des mouuemens de
noſtre liberal arbitre, & par des bonnes actions : l'autre eſt ex opere operato,
c'eſt à dire, non pour les merites ou diſpoſition de celuy qui reçoit la grace,
ou du miniſtre qui confere le Sacrement : mais par la force & vertu du Sa-
crement, entant ſeulement & preciſement qu'il eſt inſtitué de Ieſus Chriſt,
& conferé par le miniſtre à ce ordonné; ſoit que le miniſtre ſoit bõ, ſoit qu'il
ſoit meſchant, moyennant qu'il faſſe le deuoir de miniſtre.
D'icy ſ'enſuit qu'encore que celuy qui reçoit le Sacrement n'apporte au-
cune diſpoſition, il ne laiſſe pourtant de receuoir la grace, comme font les
petits enfans au bapteſme; ou la reçoit en plus grande abondance qu'il ne
feroit s'il y apporte de la diſpoſition comme font ceux qui ſont en aage. S.
Auguſtin
confirme toute cette doctrine par ce paſſage lib. 4. contra Creſco-
nium
100 cap. 16. Non eorum meritis, à quibus miniſtratur, neque eorum, quibus mi-
niſtratur, conſtat baptiſmus, ſed propria ſanctitate atque veritate propter eum à quo
institutus eſt.
Les Iuifs n'ont rien eu de ſemblable, c'eſt pourquoy S. Paul ap-
pelle leurs Sacremens (ſi toutefois ils en ont eu) infirma & egena elementa, ad
Galat. 4 . qui n'eſtoient que ſignes & figures ſans effects, mais nos Sacremens
ſont efficaces : au plus leurs Sacremens ne conferoient ou n'augmentoient
la grace qu'à proportion de la diſpoſition de celuy qui la receuoit, & les
noſtres le font par deſſus la diſpoſtion, & ce en vertu des merites de Ieſus-
Chriſt

191
Des mavx et des biens dv Mariage.
Chriſt, & de l'inſtitution qu'il en a faite. Ce qui s'appelle ex opere operato.
Deux gra-
ces, la pre-
miere & la
ſeconde.
Faut ſuppoſer qu'il y a deux ſortes de graces, l'vne s'appelle prima, la pre-
miere grace, l'autre la ſeconde grace : la premiere grace eſt celle qui eſt in-
compatible auec le peché, qui le chaſſe de nos ames, qui nous rend agrea-
bles à Dieu, nous met en ſon amitié; nous rend Saincts; nous donne droict
à l'heritage celeſte, entant qu'elle nous fait enfans de Dieu, ſi filij & hæredes.
La ſeconde grace eſt vne augmentation de la premiere grace, laquelle quand
elle eſt donné comme premiere, n'eſt pas donnée auec tout le comble &
perfection qu'on la peut auoir, mais va s'augmentant & croiſſant par les
bonnes œuures.
Deux Sa-
cremens
inſtituez
pour don-
ner la pre-
miere gra-
ce.
Tous les Sacremens ne ſont pas inſtituez pour donner la premiere grace,
mais ſeulement deux, ſçauoir le Bapteſme & la Penitence qui ſont inſti-
tuez à cét effect, quoy qu'aucuns penſent probablement que tous en cer-
tains cas la donnent : ces deux le Bapteſme & la Penitence ſont appellez
pour cette raiſon Sacremens des morts, c'eſt à dire, inſtituez pour rendre la
vie à ceux qui ſont morts ſpirituellement, le Bapteſme à ceux qui ſont morts
à la grace de Dieu, qui eſt la vie de l'ame, par le peché originel : la Peniten-
Les Sacre-
mens des
morts.
ce à ceux qui ſont morts à la meſme grace par le peché actuel & mortel. Les
autres Sacremens ſont appellez Sacremens des viuans, d'autant qu'ordinai-
rement ils ſuppoſent que ceux qui les reçoiuent ſont en la grace de Dieu;
& ont la premiere grace, laquelle ils augmentent, lors qu'on les reçoit,
& qu'on ny met point d'empeſchement. Et tant cette premiere grace que
la ſeconde eſt ordinairement accompagnée des vertus infuſes & dons du
ſainct Eſprit que Dieu donne à proportion de la grace qu'on reçoit.
Les Sacre-
mens dõ-
nent des
graces ſpe-
ciales.
Outre cette grace premiere ou ſeconde, chaque Sacrement a quelque
grace qui luy eſt propre & pour laquelle il eſt inſtitué de Ieſus-Chriſt, & ces
graces propres & ſpeciales ſont certains aides actuels, qui nous ſeruent tant
pour l'adminiſtration des Sacremens au prouffit d'autruy, comme pour la
conſeruation de la premiere grace, & pour l'exercice des vertus & dons
auſquels telles graces ſe rapportent, ſuiuant la fin & inſtitution de chaque
Sacrement.
Graces
ſpeciales
des Sacre-
mens.
Ainſi le Bapteſme ne donne pas ſeulement la premiere grace : mais la
donne auec cette particuliere conſideration qu'il nous regenere : la Confirma-
tion ſoit qu'elle donne la premiere ou la ſeconde grace, & le meſme ſe doit
dire des autres, la donne en qualité d'accroiſſement apres la generation
ſpirituelle : l'Euchariſtie en qualité de viande ou nourriture : La Peniten-
ce, de medecine : l'Extreme-onction, d'aſſiſtance contre les tentations au
dernier conflict de la mort : l'Ordre, pour diſpoſer les miniſtres de l'Egli-
ſe à ſe bien & deuëment acquiter de leurs charges : le Mariage en qualité
d'vne

192
Second Traite'
d'vne ſpirituelle & chaſte vnion d'eſprits entre les mariez, & pour les fins du
mariage.
I'ay deu apporter ſuccinctement cette doctrine, qui eſt commune à tous
les Sacremens, pour eſclaircir dauantage cette matiere; maintenant ie m'en
vay monſtrer en quoy conſiſte cette grace ſpeciale, ou ce bonum Sacramenti,
ce bien particulier du Sacrement de mariage.
Graces
ſpeciales
du Sacre-
ment de
mariage.
La grace ſacrementale ou particuliere & ſpeciale du mariage ſont certai-
nes aides que Dieu donne aux mariez tout le temps de leur mariage (moyen-
nant qu'ils n'y apportent aucun empeſchement) pour arriuer heureuſement
aux fins pour leſquels il eſt inſtitué.
Nous auons dit que le mariage a eſté inſtitué pour quatre fins, la premie-
re eſt d'auoir des enfans, & Dieu a annexé vne aide & grace ſpeciale à ce Sa-
crement, pour les eſleuer chreſtiennement & ſainctement.
La ſeconde fin eſt l'aſſiſtance mutuelle auec bonne intelligence & amour;
& Dieu donne vne grace ſpeciale pour cela, & ce en vertu du Sacrement de
mariage.
La troiſieſme fin eſt le remede à la concupiſcence, Dieu donne auſſi vne
grace particuliere aux mariez à cet effect en vertu du Sacrement. Cecy a
eſté figuré aux trois ieunes hommes qui furent mis en la fournaiſe de Baby-
lon
qui ne receurent aucune incommodité du feu, quoy qu'il conſommaſt
ceux qui l'auoient allumé, ce qui nous monſtre que quoy que les mariez
ſoient comme au milieu du feu de concipiſcence, toutefois lors qu'ils y
ſont auec foy, eſperance & charité, in Chriſto & in Eccleſia, ſuiuant l'inten-
tion de Ieſus-Chriſt & de l'Egliſe, le feu de la concupiſcence ne leurs nuit :
mais nuit à ceux qui procedent autrement.
Les Anges au Gen. 19. ſauuerent Loth de l'incendie de Sodome, & ce
dans vne petite ville nommée Segor qui eſtoit entre Sodome & la montagne,
c'eſtoit bien l'intention des Anges de le mener en la montagne, mais il de-
manda de demeurer au milieu, ſçauoir en Segor. Le lieu de l'incendie ſont
les voluptez deſreglées & illicites hors du mariage, chacun eſt obligé de le
fuir: la montagne eſt l'eſtat des vierges, tous n'y peuuent pas monter: aucuns
ſe ſauuent en Segor, c'eſt à dire, en eſtat du mariage par le moyen de la grace
ſpeciale que Dieu y donne pour empeſcher l'incendie de la concupiſcence.
S. Chryſoſtome ſuper Math. compare le mariage aux eaux de la mer qui
ont leurs bornes, ſuiuant ce que dit Iob. 38. Vſque huc venies, & non procedes
amplius & hic confringes tumentes fluctus tuos
, tu viendras iuſques icy & ne
Le maria
ge compa-
ré à la
mer.
paſſeras pas outre; auſſi Dieu a donné & mis les bornes à la concupiſcence
de la chair, qui ſont les loix du mariage, & comme la mer outre paſſant ſes
bornes rauage tout, renuerſe les campagnes, abyſme les villes, noye les ani-
maux, ainſi la concupiſcence ſe iettant hors des digues & loix du mariage
cauſe

193
Des mavx et des biens dv Mariage.
cauſe des tres-grands deſordres. Et comme les eaux du Iordain ſe fendirent,
celles d'en bas coulans en la mer morte, celles d'en haut s'arreſtans comme
vne muraille, & groſſiſſans touſiours ſans couler en bas : de meſme les plai-
ſirs qui ſe prennent hors du mariage coulent à la mort eternelle, ceux du
mariage en vertu de la grace ſpeciale du Sacrement montent au ciel, entant
que ſouuent ils ſont actes de iuſtice, & de charité, & partant meritoires de
la vie eternelle : & comme les eaux ſeruirent de murailles aux Iſraëlites
contre leurs ennemys, & noyerent les Egyptiens; de meſme les plaiſirs d'vn
chaſte mariage ſeruent de muraille & rempart contre les tentations du dia-
ble, & de la chair; mais perdent & noyent hors du mariage.
Le maria-
ge cõparé
au buiſſoa
ardant.
Nous pouuons comparer le mariage à ce myſterieux buiſſon que Moyſe
vit qui bruſloit ſans ſe conſommer, rubus ardens incombustus: c'eſt vn buiſſon,
il a ſes eſpines : il ard, il y a du feu de concupiſcence : ne ſe conſomme point,
c'eſt à dire, ne conſomme point les vertus, ne contrarie pas à la grace, ny à
la ſaincteté lors qu'on y procede deuëment.
La concupiſcence eſt comme vn loup affamé & gourmand qui entrant
dans la bergerie ne ſe contente pas d'vne brebis, mais eſtrangle tout autant
qu'il en trouue, ainſi la concupiſcence qui s'eſlanceroit à pluſieurs eſt mo-
derée à vne: par la grace du Sacrement: la concupiſcence cherche le plaiſir,
mais le mariage aſſiſté de la grace cherche le fruict: la concupiſcence appor-
te incontinent du dégouſt comme il appert en Amnon enuers ſa ſœur Thamar:
mais la grace du Sacrement de mariage conſerue l'amour enuers la meſme.
Enfin la quatrieſme fin du mariage eſt la repreſentation du mariage du
Verbe auec noſtre nature ou de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe, & afin que cette
repreſentation fuſt plus parfaitte, Dieu ayant voulu que le mariage fuſt in-
diſſoluble & d'vn auec vne, comme l'vnion du Verbe auec noſtre nature &
de Ieſus Chriſt auec l'Egliſe eſt indiſſoluble & d'vn Verbe, auec vn indiuidu :
& d'vn Ieſus Chriſt, auec vne Egliſe : auſſi il a voulu reſleuer cette vnion à vn
eſtre ſurnaturel & diuin, & l'accompagner d'vn amour ſurnaturel duquel les
conjoincts s'aymaſſent, non ſeulement d'vn amour humain mais auſſi diuin,
faiſant que cet amour duraſt entre eux, cõme eſtant fondé en charité, de ſorte
qu'il ne tiendra qu'aux mariez que leur amour ſoit eternel, puis qu'en ver-
tu du Sacrement Dieu leurs confere la grace & la charité, en faueur de la-
quelle ils pourront obtenir cet amour s'ils n'y apportent aucun empeſche-
ment, & ce afin que la ſignification du Sacrement ſoit parfaitte, ſouuent en
l'vſage du mariage y a du peché, d'où aucuns ont penſé que l'oblation qui ſe
faiſoit en la purification pro peccato, pour le peché eſtoit pour le peché des
parens quoy que S. Aug. penſe que c'eſtoit pour le peché originel de l'en-
fant, la grace du Sacrement eſt pour empeſcher ce peché des parens en l'vſa-
ge du mariage.
La
B b

194
Second Traite'
La prouidence Diuine n'auroit-elle pas manqué à l'eſtat des mariez, ſi
apres leurs auoir impoſé des ſi grandes charges & plus penibles qu'en l'an-
cienne loy, elle ne leurs auroit donné vne nouuelle grace pour les pouuoir
ſupporter ? n'eſt-ce pas vne grande charge que l'indiſſolubilité ? que les Iuifs
n'ont eu : que de n'auoir qu'vne femme ? ayant autrefois eſté permis d'en auoir
pluſieurs? Et comment est-ce que les mariez pourroient garder continen-
ce, lors que l'vſage de leur mariage ne leurs eſt permis ? comme quand l'vn
d'eux eſt tombé en quelque infirmité incurable & perpetuelle : ou quand
un eſt absent, our pour quelque crime, ou de ſa volonté, & pour affaires; ou
qu'il deuient furieux, ou tel qu'il y a du peril de viure en ſa compagnie ? ou
qu'il tombe en adultere, & que l'autre ne veut plus habiter auec luy ? en ces
cas ils ſont obligez de garder continence, ce qui ſeroit bien difficile ſi Dieu
n'auoit donné vne grace ſpeciale à cet eſtat, ſuiuant le train de ſa Diuine
prouidence, qui ne manque à perſonne ny à aucun eſtat ſi on ne s'en rend in-
digne. C'eſt icy le plus grand bien d mariage, ſuiuant ce que dit S. Auguſt.
lib. de bono coniugali c. 18. In noſtrorum nuptijs plus valet ſanctitas Sacramenti,
quam ſœcunditas uteri
, au mariage des Chreſtiens, mieux vaut la ſaincteté du
Sacrement, que la fecondité.
Voulez-vous pauures mariez addoucir l'amertume & les maux de vo-
ſtre mariage, imitez le prophete Eliſee 4. Reg. 4. ſon ſeruiteur ayant fait
vn potage d'herbes qu'il ne connoiſſoit pas, mais ſi ameres qu perſonne
n'en pouuoit gouſter. Eliſée jetta de la farine dedans le potage, & corrigea
toute l'amertume : jettez la grace de Dieu, par voſtre bonne vie dans
vos mariages, rendez-vous dignes de receuoir les graces que Dieu y a
annexé entant qu'il eſt Sacrement, & vous verez l'amertume que vous y
trouuez, fort addoucie, & receurez le contentement que vous en eſperez,
& y ferez voſtre ſalut. Iettez la farine du ciel, le plan des Anges par vn
frequent vſage des Sacremens de confeſſion & communion dans les amer-
tumes de vos mariages, & vous les ſentirez bien adoucies.





Cul de lampe fleuri.





Trois

195
Des mavx et des biens dv Mariage.
Filet cadre, rayé.

Trois choſes qui empeſchent que les mariez ne reçoiuent la grace du Sacrement,
& premierement le peché mortel.


CHAPITRE XVI.

TOut ainſi que le feu ſi ſon actiuité n'eſt retenue par quelque violen-
ce produit infailliblement la chaleur, & le ſoleil la lumiere, de meſ-
me les Sacremens produiſent aſſurément la grace, & ſans y faillir, ſi celuy
qui les reçoit n'y met empeſchement: la raiſon eſt d'autant qu'ils ſont cauſes
efficaces de la grace. Le Concile de Trente ne nous laiſſe aucune occaſion
Sacremens
cauſes effi-
caces de la
grace.
de douter de cette verité par l'arreſt definitif qu'il en a prononcé ſeſſ. 7.
can. 7. en cette forme. Si quis dixerit non dari gratiam per huiuſmodi Sacra-
menta ſemper & omnibus, quantum eſt ex parte Dei, etiam ſi ea ritè ſuſcipiant,
ſed aliquando & aliquibus, anathema ſit
. Quiconque dira que les Sacremens
ne donnent pas la grace touſiours & à tous ceux qui les reçoiuent, quoy
qu'ils les reçoiuent comme il faut, entant qu'il depend de Dieu, mais ſeule-
ment quelquesfois & à aucuns, qu'ils ſoit anatheme.
Le peché
mortel
empeſche
que le Sa-
crement
ne confere
la grace.
C'eſt vne choſe non moins aſſeurée, que quiconque commet vn peché
mortel en receuant vn Sacrement, ne reçoit aucune grace, d'autant que le
peché mortel eſt incompatible auec la grace : la grace eſt la vie, le peché
la mort : la grace l'honneur, le peché l'infamie : la grace les richesses, le peché
la pauureté : la grace la lumière, le peché les tenebres : la grace la force, le
peché la foibleſſe : la grace l'amitié, le peché la haine : la grace la ſanté, le
peché la maladie : la grace la beauté, le peché la laideur : la grace l'eſtre, le
peché le non eſtre. Accordez ces contraires, & vous accordrez la grace auec
le peché. Vous joindriez pluſtoſt le ciel, auec la terre, le iour, auec la nuict :
le blanc, auec le noir : que la grace auec le peché, ainſi il eſt impoſſible
qu'en commettant vn peché mortel, vous puiſſiez receuoir la grace, ce ſont
choſes incompatibles.
C'eſt vne controuerſe parmy les Theologiens, ſi lors que vous receuez
vn Sacrement validement, c'eſt à dire, qui eſt vrayement Sacrement, la ma-
tiere, la forme & l'intention, qui ſont les choſes neceſſaires & eſſentielles
pour faire le Sacrement s'y retrouuants, & cependant vous ne receuez pas
la grace, d'autant que vous auez vn peché mortel, ou quelque obſtacle à la-
ditte grace, ſi le peché mortel eſtant puis apres effacé, vous receuez la
grace
B b 2

196
Second Traite'
grace du Sacrement, laquelle vous n'auez pas receue en la reception du
Sacrement.
Aucuns ſont s'aduis qu'ouy pour le regard du Bapteſme tant ſeulement,
d'autres y adjouſtent la Penitence : aucuns tous les Sacremens qui impriment
le charactere : aucuns tous les Sacremens indifferemment, c'eſt vne choſe
controuerſe.
Quicõque
reçoit vn
Sacrement
eſtant en
grace re-
çoit aug-
mentation
de grace
en vertu
du Sacre-
ment.
Voicy qui eſt plus aſſeuré, ſçauoir que quiconque reçoit quelque Sacre-
ment n'ayant point de peché mortel en l'ame, & par conſequent ayant la pre-
miere grace, appellée ordinairement grace ſanctifiante, grace qui nous rend
agreables à Dieu, & nous fait ſes enfans, reçoit vn accroiſſement de cette pre-
miere grace en vertu du Sacrement qu'il reçoit, quoy qu'il n'y apporte au-
tre diſpoſtion, & quoy qu'il aye des pechez veniels, voire qu'il commette
des pechez veniels en receuant ledit Sacrement, ſelon l'opinion la plus pro-
bable, d'autant que le peché veniel ne repugne à la grace & n'a point d'in-
compatibilité auec elle comme a le peché mortel.
Les pe-
chez ve-
niels n'em
peſchent
pas l'aug-
mentation
de la grace
au Sacre-
ment.
Il eſt neceſſaire qu'on foit en grace pour receuoir les aides actuels qui ſont
donnez par les Sacremens lors qu'on reçoit leſdits Sacremens, ſauf tou-
tefois lors que les Sacremens qu'on reçoit, ne ſont ordonnez pour la ſancti-
fication de celuy qui les reçoit, ains ſeulement pour le bien & vtilité des
autres, ou pour l'vſage de quelque pouuoir & authorité ſpirituelle, comme
ſont les Ordres101 qui ſont au prouffit & vſage d'autruy.
Tous les Sacremens ne conferent pas touſiours eſgale grace : voire vn
meſme Sacrement, receu de pluſieurs, ne donne pas touſiours eſgale grace à
tous ceux qui le reçoiuent. La raiſon eſt d'autant qu'aucuns Sacremens ſont
plus dignes que d'autres, comme tous ſont d'accord touchant le Sacre-
Tous les
Sacremens
ne confe-
rent pas
grace eſ-
gale.
ment de l'Euchariſtie, qui ne contient pas ſeulement la grace comme les
autres, mais auſſi l'autheur de la grace, & par conſequent paſſe tous les au-
tres en excellence. Il y a auſſi aucuns Sacremens, leſquels à raiſon de la fin
pour laquelle ils ſont inſtituez, demandent plus grande grace que d'autres;
& partant pour ces raiſons il eſt clair que tous les Sacremens ne confe-
rent pas grace eſgale. Voire non pas le meſme Sacrement receu de plu-
Le meſme
Sacrement
receu de
pluſieurs
ne confere
pas touſ-
iours gra-
ce eſgale.
ſieurs, car la raiſon veut que celuy qui reçoit quelque Sacrement, par
exemple l'Euchariſtie ou la Penitence, auec plus grande contrition ou
charité, reçoive auſſi plus grand degré de grace, & à proportion de ſa
diſpoſition, comme il feroit s'il exerçoit vn ſemblable acte de contrition
ou d'amour hors du Sacrement, puis que tel acte n'eſt de moindre
valeur fait auec le Sacrement que s'il eſtoit fait ſans iceluy : meſme il eſt
probable, que la grace qui eſt donnée en vertu du Sacrement, ex opere ope-
rato
, comme on parle en l'eſcole, c'eſt à dire, en conſideration des merites
de Ieſus-Chriſt, eſt d'autant plus grande qu'eſt la diſpoſition auec laquelle
on

197
Des mavx et des biens dv Mariage.
on le reçoit : ainſi voyons nous que les cauſes naturelles produiſent d'autant
mieux leurs effects, que le ſubject eſt mieux diſposé.
Il eſtoit conuenable que Dieu procedaſt de meſme train aux Sacremens,
afin que les hommes fuſſent d'autant plus incitez à faire des bonnes & ſalu-
taires actions, & à ſe diſpoſer à la reception des Sacremens, & à l'augmenta-
tion de la grace qui s'y fait : d'où s'enſuit que les mariez reçoiuent d'autant
plus de grace en vertu du Sacrement de mariage, que les diſpoſitions qu'ils y
apportent ſont plus grandes.
Les ma-
riez con-
tractants
en peché
mortel ne
reçoiuent
ny l'aug-
mentation
de la grace
ny les ai-
des actuels
au moins
lors.
De tout ce diſcours il eſt clair que les mariez contractans le mariage, en
eſtat de peché mortel, ne reçoiuent lors ny l'augmentation de la grace
que les Sacremens donnent infailliblement, ny trouuans point d'obſtacle; ny,
au moins lors, les aides actuels qui correſpondent au Sacrement de mariage,
partant il eſt expedient que ceux qui ſe marient mettent en prattique l'ex-
hortation du Concile de Trente ſeſſ. 24. cap. 1. de reformat. matrim. en ces
parolles, Antequam contrahant, vel ſaltem triduo ante matrimonij conſummatio-
nem ſua peccata diligenter confiteantur, & ad ſanctiſſimum Euchariſtiæ Sacramen-
tum pie accedant
. Et adjouſte, ſi quæ prouinciæ alijs, ultra prædictas, laudabilibus
conſuetudinibus & cæremonijs hac in re vtantur, eas omnino retineri Sancta Synodus
vehementer optat
. Auant que de contracter, ou au moins trois iours auant la
conſommation du mariage, qu'ils ſe confeſſent diligemment, & communient
deuotement; que ſi quelques prouinces ont quelques autres louables couſtu-
mes ou ceremonies, le Concile deſire fort qu'elles les retiennent.
Ceux qui ſe marient deuroient imiteri le bon Tobie, auant la conſomma-
tion de leur mariage, & dire Deprecemur Dominum hodie & cras, filij quippe
ſanctorum ſumus, & non poſſumus ita coniungi ſicut gentes quæ ignorant Deum
.
Prions Dieu auiourd'huy & demain, car nous ſommes enfans des Saincts, &
n'eſt pas conuenable que nous commencions noſtre mariage comme les
Gentils, qui ne connoiſſent pas Dieu : qu'ils ayent recours à l'oraiſon, & di-
ſent nous ſommes Chreſtiens & enfans de Chreſtiens : qu'ils diſent auec le
meſme Tobie cap. 8. Miſerere nobis Domine, miſerere nobis, & conſeneſcamus am-
On peche
ſe mariant
en eſtant
de peché
mortel.
bo pariter ſani. Seigneur Dieu ayez pitié de nous, faites nous miſericorde, &
donnez nous la grace de vieillir enſemble en ſanté.
Tant s'en faut qu'on reçoiue la grace ou augmentation d'icelle receuant
le Sacrement de mariage en eſtat de peché mortel, au contraire on commet
vn peché mortel & vne eſpece de ſacrilege contre la reuerence qui eſt deue
à ce Sacrement : & en s'oppoſant à la grace qu'il promet, & on fait, entant
qu'il eſt en ſoy, que ce ſoit vn ſigne vain & qu'il n'opere ce qu'il ſignifie.
Comment eſt-ce qu'il repreſentera dignement l'vnion de noſtre Seigneur
Ieſus-Chriſt auec ſon Eſpouſe l'Egliſe, ſi on eſt vny d'amitié auec le meſme
Ieſus-Chriſt ? mais ſi tout au contraire on luy eſt ennemy capital ?

Il n'y
B b 3

198
Second Traite'
Il n'y a pas faute de Theologiens qui diſent que ceux qui ſe marient en
eſtant de peché mortel commettent deux pechez mortels, l'vn entant qu'ils
reçoiuent le Sacrement en mauuais eſtat, l'autre entant qu'ils ſont miniſtres
du Sacrement en mauuais eſtat : tout ainſi qu'vn preſtre qui dit la meſſe
en eſtat de peché mortel commet deux pechez mortels, l'vn communiant in-
dignement, l'autre faiſant le Sacrement indignement. Ie ſuppoſe ce qui eſt
tres-aſſeuré que les contractans en mariage ſont les miniſtres du meſme
mariage, entant que Sacrement, non le preſtre qui y aſſiſte qui n'eſt que
teſmoin de la part de l'Egliſe.
L'opinion la plus probable eſt qu'il n'y a pas deux pechez mortels con-
tractant le mariage en eſtat de peché mortel, c'eſt bien vn grand peché mor-
tel entant qu'on reçoit le Sacrement idignement, & qui eſt encor plus
grand, d'autant qu'on en eſt miniſtre entant en mauuais eſtant ce n'eſt pas tou-
tefois vn ſecond peché, d'autant que ceux qui contractent le mariage, ne
ſont pas conſacrez particulierement pous eſtre miniſtres de ce Sacrement, &
partant n'ont point de particuliere obligation de l'adminiſtrer en eſtat de
grace, comme ont les preſtres, qui ſont conſacrez pour eſtre miniſtres des
autres Sacremens, & inſi pechent mortellement les adminiſtrans en eſtant
de peché mortel. D'icy appert l'obligation qu'on ceux qui ſe marient de
procurer vne pureté de conſcience auant que le faire, tant pour euiter vn
nouueau peché mortel & vn ſacrilege, que pour ſe diſpoſer à la reception de
la grace.


Filet cadre, rayé.

La ſeconde choſe qui empeſche la grace du Sacrement de mariage,
qui eſt le manquement de conſentement.


CHAPITRE XVII.

Le cõſen-
tement eſt
neceſſaire
au maria-
ge.
LE mariage eſtant vn contract, & le conſentement des parties eſtant
vne choſe neceſſaire à tout contract, il s'enſuit que le mariage ne
peut eſtre mariage ſans le conſentement, qui doit eſtre mutuel, libre
& franc, faict auec deliberation & raiſon : veritable, & non feint, &
cela eſt ſi neceſſaire, qu'autrement non ſeulement on ne reçoit pas la grace
du Sacrement, mais pas meſme le Sacrement, & quiconque procede aux
ſolemnitez du Sacrement de mariage auec vn conſentement feint, peche
mortellement, contre la reuerence qu'il doit au Sacrement, & l'homme
qui a trompé vne femme par vn conſentement feint, eſt obligé ſouz
peine

199
Des mavx et des biens dv Mariage.
peine de peché mortel, tant en conſcience qu'en iugement, in utroque foro,
de ratifier le mariage par vn vray conſentement, ſi les parties ne ſont fort
inegales, & s'il eſt en eſtat de pouuoir ſe marier, comme il apert, ex ca-
pite conſultationis de ſponſalibus
.
Les con-
tractans au
mariage
ſont mini-
ſtres du
mariage
En tout contract les miniſtres du contract ſont les contractans, & par
conſequent au mariage, qui eſt vn contract, les miniſtres ſont ceux qui
ſe marient, les parolles ou les ſignes qui expriment le conſentement ſont
la matiere & la forme, la matiere, entant qu'ils ſignifient la donation
mutuelle des corps : la forme, entant qu'ils contiennent l'acceptation ou
le conſentement. Le preſtre eſt comme teſmoin de la part de l'Egliſe, & les
parolles qu'il dit, ego uos coniungo, ie vous conjoinct, ne ſont pas la forme
du Sacrement de mariage, mais ce n'eſt qu'vne ceremonie poſterieure au
mariage, par laquelle il confirme au nom de Dieu & de l'Egliſe ce qui a
eſté fait comme maiſtre & miniſtre des ceremonies, approuuées par
l'Egliſe; & quand le preſtre ne diroit ces parolles (ſuppoſé le conſente-
ment) le mariage ſeroit mariage & Sacrement. L'vnion des corps ne fait
pas le mariage, c'eſt ſeulement l'vſage du mariage, & ſuppoſe le maria-
ge, & quoy que cette vnion ne s'enſuiue le mariage ne laiſſe d'eſtre
vray mariage, non deſloratio virginitatis facit conuigium, ſed pactio coniu-
galis
, Ambroſ. in inſt. virg. cap. 6. ce qui fait le mariage eſt le conſen-
tement.
Le cõſen-
tement au
mariage
fait auec
grande
crainte rẽd
le mariage
nul.
Lors que le conſentement eſt donné auec quelque grande crainte
qu'on appelle, cadentum in conſtantem virum, capable d'esbranler vn
homme fort & conſtant, laquelle crainte eſt cauſée par quelqu'vn in-
iuſtement & à deſſein d'extorquer le conſentement, le mariage eſt nul,
& la raiſon eſt, d'autant que le mariage eſtant indiſſoluble, & de
telle nature qu'ayant vne fois eſté faict il ne peut eſtre deffait, il eſt
bien conuenable qu'on ne ſe ſoumettre à vne telle charge, & obli-
gation, qu'auec liberté. Or c'eſt aux perſonnes ſages & prudentes d'ex-
aminer cette crainte. Si la crainte n'eſt pas grande ou n'eſt pas à deſ-
ſein de tirer le conſentement, & faire le mariage, le mariage ne laiſſe
d'eſtre bon. La menace de mort peut eſtre ſubject de la crainte ſuffi-
ſante, ou quelque grand ſupplice diſpoſant à la mort, vn long em-
priſonnement, vn exil, des coups violents, vne ſeruitude, le violement
de quelque pucelle honneſte, la perte de quelque eſtat d'importance,
quelque infamie qui ne ſe puiſſe ayſement effacer &c. Enfin quelque
grand mal : car les maux legers & de peu d'importance ſont ſubject de la
ſeconde crainte, qui n'eſt pas ſuffiſante pour empeſcher le conſentement
& la valeur du mariage.
Quel tort font les peres & meres à leurs enfans les contraignans par
menaces,

200
Second Traite'
On ne
doit con-
traindre
ny empeſ-
cher per-
ſonne de
ſe marier.
menaces, coups & autres mauuais traittemens à des mariages auſquels ils
n'ont nulle inclination, ou les obligeans à ne ſe marier le voulans faire : ce qui
eſt cauſe de tant de mal-heurs, de tant de ſcandals, de tant d'apoſtaſies
qui ſe voient tous les iours. Comme on ne peut empeſcher les enfans de
ſe marier s'ils le veulent faire, ny les obliger de viure dans le celibat, contre
leur volonté, puis que la liberté de ſe marier eſt du droict de la nature, auſſi
ne peut-on les contraindre à ſe marier. Cauſe pourquoy le Concile de
Trente
ſeſſ. 24. de reformat. matrim. defend à toute ſorte de perſonne de
quel eſtat & condition qu'elle ſoit, de contraindre ſes ſubjects à ſe marier,
ou de les empeſcher de le faire librement, s'ils le veulent faire ſoit directement
ou indirectement, & ce ſouz peine d'excommunication qu'on encoure
ipſo facto. Et cela ſe doit entendre non ſeulement des peres & meres pour le
regard de leurs enfans, mais auſſi des Roys, Princes & Seigneurs pour le re-
gard de leurs ſubjects & vaſſaux. Et l'experience fait voir les mauuais meſ-
nages, les adulteres, les homicides, les empoiſonnemens qui ſuiuent ſouuent
tels mariages qui ont eſté forcez.
Comme
les peres
& meres
peuuent
cõmander
à leurs
enfans de
ſe marier.
Ce n'eſt pas à dire que les peres & meres & autres ſuperieurs ne puiſſent
agir enuers leurs enfans & subjects, par prieres, exhortations & aduis, voire
quelquesfois par precepte ſuiuant l'opinoin de S. Thomas 3. p. q. 47. art. 6.
voicy ſes parolles qui eſclairciront grandement cette matiere. Cum in matri-
monio ſit quaſi quædam ſeruitus perpetua, pater non poteſt congere filium ad matri-
monium per præceptum; cum ſit liberæ conditionis: ſed potest eum inducere ex ratio-
nabili cauſa & tunc ſicut ſe habet filius ad cauſum illam, ita ſe habet ad præceptum
patris, vt ſcilicet ſi cauſa illa cogat de neceſſitate, vel de honestate & præceptum pa-
tris ſimiliter cogat : alias non.
Puis qu'au mariage ſe retrouue vne eſpece de ſer-
uitude perpetuelle, le pere ne peut contraindre ſon fils par commandement
à ſe marier, d'autant qu'il eſt d'vne condition libre, mais le peut induire
pour quelque iuſte cauſe, & lors le fils eſt autant obligé au commandement
de ſon pere, comme il eſt obligé à cette cauſe; que ſi la cauſe le contraint
pareillement, & non autrement. Ainſi les peres & meres, les Princes & Seig-
neurs peuuent pouſſer & inciter leurs enfans à ſe marier pour quelque bonne
cauſe, voire leurs commander, non toutesfois les contraindre, & ſi les en-
fans ou subjects n'y conſentent le mariage eſt du tout nul.
Notez qu'encore que le pere ayt vn tel pouuoir ſur ſon fils, qu'il le
peut vendre eſtant en neceſſité & le priuer de ſa liberté l. 2. C. de patri-
bus qui filios ſuos diſtraxerunt
, il ne s'enſuit pas toutefois qu'il le puiſſe
contraindre à ſe marier, par ce que la ſeruitude du mariage eſt plus grande
que celle qui eſt faite par la vente, celle-là eſtant perpetuelle, celle-cy non.
Celle-là ne pouuant eſtre rachetée, celle-cy le pouuant eſtre. Outre que
celle du mariage doit eſtre accompagnée d'amour mutuel, ainſi elle eſt plus
difficile

201
Des mavx et des biens dv Mariage.
difficile que l'autre: & le pere pouuant priuer ſon fils de la premiere, ne s'en-
ſuit pas qu'il le puiſſe faire de la ſeconde.
Point de
mariage
ſans le co-
ſentement
des par-
ties.
Quoy que les peres & meres des parties ſoient d'accords & donnent leur
conſentement, le mariage eſt nul ſans le conſentement des parties : & les par-
ties donnans leur conſentement auec les formes & circonſtances requiſes de
l'Egliſe, encor que les peres & meres y contrediſent, le mariage eſt bon. Les
parens de Rebecca eſtant d'accord auec le ſurintendant de la maiſon d'A-
braham
, enuoyé de ſon maiſtre auec procuration authentique, pour trouuer
femme à Iſaac, dirent Vocemus puellam, & inquiramus eius voluntatem, appel-
lons la fille, reconnoiſſons ſa volonté, Geneſ. 24. Et comment y pourroit-il
auoir mariage ſans le conſentement des parties ? puis que ce ſont les parties
qui prononcent la forme du mariage, ie vous prens ma femme, ie vous
prens pour mon mary : paroles qui ne ſeroient pas veritables ſans le conſen-
tement de ceux qui les prononcent.
L'eſcriture ſaincte fait mention de pluſieurs mariages faicts ſans le cõſen-
tement des peres & meres, qui n'ont pas laiſſé de ſubſiſter comme d'Eſau
qui prit deux femmes, ce qui lors eſtoit permis, contre le gré d'Iſaac & de
Rebecca ſes peres & meres, Gen. 26. & puis vne troiſieme, Gen. 28. Iacob
ſuiuit bien le conſeil de pere & mere pour le regard de la premiere femme
qu'il prit, non toutefois pour le regard de deux autres, Gen 29. & 30. Le ieu-
ne Tobie, voir meſme par le conſeil & direction d'vn Ange, qui ne luy pou-
uoit rien conſeiller de mauuais, ſe maria à l'inſceu de pere & mere, & con-
ſequemment ſans leur conſentement : & ces mariages ne ſont pas pour cela
reuoquez en doute.
C'eſt vn arreſt definitif & ſans appel cap. cum virum de regularibus
Clement 3. parle ainſi en faueur d'vne fille à marier. Tunc quia liberum
Le maria-
ge eſt val-
lable ſans
le cõſen-
tement des
parens.
habet arbitrium in electione propoſiti, parentum ſe qui non cogitur voluntatem.
D'autant quelle a ſon franc arbitre au choix de l'eſtant qu'elle doit prendre,
elle n'eſt pas obligée de ſe conformer à la volonté de ſes peres & meres.
Ceſt arreſt eſt confirmé par le Concile de Trente ſeſſ. 24. c. 1. de reformat ma-
trimonij
. Et n'eſt loiſible de dire le contraire ſous peine d'excommunica-
tion.
Il eſt bien vray que l'enfant doit l'obeiſſance & le reſpect à ſes pere &
mere, toutefois lors qu'il a l'vſage de ſon franc-arbitre, il a autant de droict
& de liberté que pere & mere au choix de l'eſtat & condition de vie qu'il
veut prendre, & contractant ſans le conſentement de pere & mere, le reſte y
eſtant, il n'y a aucune raiſon de reuoquer en doubte ſon mariage, le tout In
Chriſto & in Eccleſia
, entendu conformement à l'inſtitution de Ieſus-Chriſt &
de l'Egliſe.
Ie ne pretens pas par ce diſcours d'excuſer les enfans qui ſe marient à l'in-
ſceu
C c

202
Second Traite'
Les enfãs
qui ſe ma-
rient ſans
le cõſen-
tement de
pere &
mere pe-
chent s'ils
n'ont iu-
ſte cauſe,
le maria-
ge eſt tou-
tefois val-
lable.
ſceu de pere & mere & contre leur gré, ie les condamne & declare que lors
qu'ils le font ſans bonne & iuſte cauſe, ils pechent mortellement, le mariage
neantmoins ne laiſſe de ſubſiſter. Il eſt vray que les enfans ont liberté de
prendre vn eſtat de vie, mais auſſi la raiſon veut que lors qu'ils ſe marient, ce
ne ſoit à l'inſceu de leur pere & mere, autrement ce ſeroit vn meſpris & par
conſequent peché : Les parens ſont d'ordinaire plus prudents que les enfans,
& prenant leur aduis, la choſe reuſſit mieux, & les enfans ne doiuent pas dou-
ter que leurs peres & meres ne ſoient aſſez ſoigneux de procurer leur plus
grand bien, puis que naturellement ils les aiment & puisqu'ils ſont obligez
de pouruoir leurs enfans, & de les conſeiller, auſſi ſemble-t-il que les enfans
ſe doiuent laiſſer gouuerner de pere & mere, & ſuiure leur conſeil & direction.
O le bel exemple que l'obeiſſant Iſaac donne aux ieunes hommes! il eſtoit
en agge competant, toutesfois il porte vn tel reſpect à ſon pere, a vne telle con-
fiance à ſa prudence & bonté, qu'il ne ſe ſoucie nullement de ſon mariage,
Obeiſſan-
ce d'Iſaac
en ſon
mariage.
s'en remettant du tout à ce que ſon pere en ordonneroit : son pere ne vou-
lut pas qu'il prit femme au lieu où il eſtoit, ains qu'on luy en cherchaſt vne
ailleurs, il en eſt content & ſans aucune replique : il eſtoit ieune, toutefois ai-
ma mieux ſuiure le conſeil de ſon pere en ſes amours, que celuy de ſes yeux :
il pouuoit luy meſme aller en Meſopotamie, mais voyant que ce n'eſtoit
l'intention de ſon pere, il n'y oppoſa aucun contredict, ſe confiant au maiſtre
d'hoſtel que son pere auoit commis en cette affaire de ſi grande importance,
eſtant bien aſſeuré que tandis qu'il ſe comporteroit en enfant obeiſſant, &
ſe maintiendroit dans le reſpect, ſon pere ne luy manqueroit ny de ſoin, ny
de bonté, ny Dieu de prouidence.
Obeiſſan-
ce de Re-
becca
en
ſon ma-
riage.
En voicy vn autre pour les filles, c'eſt de Rebecca femme du meſme Iſaac,
elle laiſſe faire pere & mere, & ſes freres, leurs laiſſe tout le ſoin de ſon ma-
riage, auſſi Dieu conduit le tout à ſa gloire, & au contentement des parties.
C'eſt au
pere de
ſoigner le
mariage
de ſes en-
fans.
Ne laiſſons pas les peres ſans leur exemple, qui ſera Abraham, lequel
auſſi toſt qu'il fut temps, penſa ſerieuſement aux moyens de pouruoir ſon
fils, & ne pouuant luy meſme en perſonne aller en Meſopotamie pour luy
chercher femme, ne pouuant l'y enuoyer pour bonnes raiſons, commit en
ceſt affaire celuy qu'il connoiſſoit le plus ſage, le plus prudent, & le plus ver-
tueux de toute ſa maiſon nommé Eliezer ſurintendant de ſa famille, homme
aagé, & qu'il pretendoit faire ſon heritier s'il n'eut point eu d'enfans : il fit
l'office d'vn vray pere, auquel appartient de ſonger au mariage de ſes en-
fans, c'est au pere & non aux enfans que Dieu en donne le commandement,
Exod. 34. Deut. 7. Filiam tuam non dabis filio eius, nec filiam illius accipies filio tuo,
id est, Chananei
: tu ne donneras pas ta fille à aucun Chananean, & ne prendras
aucune fille des Chanaeans pour ton fils.
Or

203
Des mavx et des biens dv Mariage.
Or il faut remarquer les paroles que i'ay dit, ſans bonne & iuſte cauſe,
car auec bonne & iuſte cauſe les enfans peuuent ſe marier, non ſeulement
Les en-
fans peu-
uent ſe
marier
à l'inſceu
de leurs
parens, &
contre
leur gré
pour iuſte
cauſe.
à l'inſeu des parens, mais meſme contre leur gré & conſentement, & les pe-
res & meres qui empechent ſans iuſte cauſe le mariage de leurs enfans of-
fenſent grieuement Dieu. Il y a des peres & meres qui ſemblent n'eſtre pe-
res que de nom, que vous diriez n'eſtre nez que pour eux meſmes, qui n'ont
nulle affection pour leurs enfans; qui ne ſongent non plus à les pouruoir
comme s'ils ne leurs touchoient de rien; & ſouuent la raiſon eſt qu'ils ſont ſi
tenans de ce qu'ils ont, qu'ils ne voudroient rien quitter pour accommoder
leurs enfans, ainſi les laiſſent vieillir, ſans ſe ſoucier ny de leurs ames, ny de
leur fortune. Lors que les enfans rencontrent tels peres, ils peuuent ſe ma-
rier à leur inſceu; comme auſſi quand les peres & meres veulent que leurs
enfans ſe meſ-allient pour eſtre plus riches : ou qu'ils eſpouſent vne fille qui
n'a point de ſanté, point de prudence, ou tel naturel que le ieune homme
ne croit pas pouuoir faire ſon ſalut auec elle : ou quand le pere traitte mal ſes
enfans.
Le meilleur & le plus aſſeuré eſt que les enfans rendent ce reſpect à leurs
peres & meres, qu'ils leurs facent entendre leur volonté, & prennent leur
Les enfãs
doiuent
prendre
aduis de
pere &
mere
pour ſe
marier.
conſeil, autrement il ſemble que c'eſt vn notable meſpris qu'ils font des per-
ſonnes auquelles ils ont tant d'obligation & s'expoſent par tel meſpris au
hazard d'encourir leur inimitié : ie ne veux pas inferer pourtant que les en-
fans ſoient obligez de ſuiure le conſeil de pere & mere en fait de mariage,
d'autant que la ſeruitude du mariage eſtant ſi grande & eſtant perſonnelle,
la raiſon veut que quiconque s'y ſoubmet le face de ſon plein gré ſans au-
cune contrainte, & ſans dependance de la volonté d'autruy : tous les hom-
mes eſtant libres en ce qui eſt de ſe marier ou non, ſans qu'aucun depende
d'autruy, non pas meſme l'enfant du pere.
Donc vn grand empechement à la grace du ſacrement de mariage eſt, ou
le conſentement feinct, ou contraint, ou auſſi quelquesfois le meſpris que
l'on fait des peres & meres & de leurs aduis, entreprennant vne affaire de
telle importance ſans leur communiquer, principalement lors qu'ils font
tout deuoir de pere, qu'ils ſont gens de bien, & qu'on ne peut douter de leur
prudence n'y de leur affection enuers leurs enfans, & ny a nul doute que les
enfans ne pechent grandement ne faiſans eſtat de ces obligatiõs qu'ils ont à
pere & mere, & nous voyons ordinairement que les mariages qui ſe font
auec ſemblables meſpris, ſont ſuiuis de mal heurs & de longs repentirs.




La
Cc 2

204
Second Traite'

Filet cadre, rayé. La troiſieſme choſe qui empeſche la grace du mariage ſçauoir
quand il eſt clandeſtin.


CHAPITRE XVIII.

Que c'eſt
que ma-
riage clã-
deſtin.
AVcuns appelle mariage clandeſtin celuy qui ſe fait ſans le ſçeu des
peres & meres, ou contre leur gré : ce n'eſt pas proprement mariage
landeſtin : d'autres plus proprement celuy qui ſe fait ſans teſmoins : d'autres,
celuy qui ſe fait ſans les trois publications : & enfin celuy qui ſe fait ſans la
benedicion du preſtre. I'ay parlé du premier au chapitre precedent, ie par-
leray des trois autres au preſent.
Les mariages qui ſe ſont ſans teſmoins ſont proprement clandeſtins &
ont touſiours eſté defendus, & partant ordinairement ne ſe peuuent faire
ſans peché mortel : toutefois auant le Concile de Trente, ils n'ont eſté inuali-
des & ne le ſont encore au lieu où le Concile n'eſt receu.
Pourquoi
les ma-
riages
clande-
ſtins de-
fendus.
On a iuſte occaſion de defendre tels mariages, d'autant que ſouuent vne
des parties y eſt priſe & trompée, & comme la choſe arriue quaſi touſiours
auec precipitation & ſans meure deliberation, auſſi eſt belle bientoſt ſuiuie
de repentir : on ſe quitte l'vn l'autre : on ſe marie à d'autres, auec leſquels on
vit en perpetuel adultere : on irrite les parens de part & d'autre, d'où ſouuent
s'enſuiuent des grands maux & incommoditez : outre que c'eſt choſe vilaine
de faire en cachette vne choſe ſi ſaincte & ſi honorable comme eſt le Sa-
crement de mariage, toutefois tels mariages eſtoient valides auant le Conci-
le de Trente
, & le ſont encore où il n'eſt promulgé & receu, d'autant que rien
n'y manque eſtant vn vray contract.
Mariages
clande-
ſtins in-
ualides.
Depuis le Concile Trente aux lieux où il eſt promulgé & receu tels
mariages qui ſe font ſans preſence du Curez ou d'vn preſtre ayant permiſ-
ſion de luy & de deux teſmoins ne ſont pas ſeulement condamnez, mais
auſſi puniſſables & nuls. Toute cette doctrine eſt manifeſte des paroles du
Concile ſeſſ. 24 c. I de reform. matrim. & ne fuſſit d'auoir vn preſtre qui ait
permiſſion ſans deux teſmoins : ny d'auoir deux ou pluſieurs teſmoins ſans vn
preſtre ayant permiſſion : que ſi les contractans ſont de diuerſes paroiſſes,
ſuffit que le Curé de l'vn ou l'autre ſoit preſent, ou vn preſtre deputé de
ſa part, ſoit que cela ſe ſasse de la volonté & conſentement dudit Curé, ou
preſtre, & des teſmoins, ou non, c'eſt aſſez qu'ils ſoient teſmoins, & qu'ils
connoiſſent ce qui ſe fait pour eſtre vn vray & indiſſoluble mariage, & voila
pour le mariage qui ſe fait ſans teſmoins.
Ce

205
Des mavx et des biens dv Mariage.
Les pro-
mulga-
tions ne
ſont pas
de la ne-
ceſſité du
mariage.
Ce n'eſt pas choſe abſolument neceſſaire pour l'eſſence du mariage de
faire trois publications, & auant le Concile de Trente, & depuis les mariages
faits ſans les publications, ont eſté vaillables, ſuppoſé que le reſte n'y ait man-
qué, toutefois on ne les doit obmettre ſans iuſte cauſe, ſoubs peine de peché
mortel. Telle eſt la definition du Concile, ſeſſ. 24. I. de reform. matr. & cela
eſt prudemment ordonné pour obuier à beaucoup d'accidens qui pourroient
rendre nul le contract de mariage & à beaucoup d'inconueniens qui arriuent
faute de telles promulgations : neantmoins elles ſe peuuent obmettre, ou
toutes, ou partie par diſpenſe de l'Eueſque, lors qu'il y a quelque bonne rai-
ſon de ce faire.
La bene-
diction
au maria-
ge eſt an-
cienne.
Reſte la derniere intelligence de mariage clandeſtin, ſçauoir qui ſe fait
ſans le benediction du Preſtre. C'eſt vne ancienne couſtume pratiquée en l'e-
gliſe, de benir les nouueaux mariez, les anciens Peres, comme Tertullian lib.
2. ad vxorem. S. Iſadore l. 2 de officiis ca. 19. S. Ambroiſe epiſt. 70. ad. vigilium,
& l. 1. de Abraham c. vltimo102. Innocent 1. epiſt. 2. c. 6. Siritius papa epiſt. 1. c.
Par qui la
benedi-
ction au
mariage
ſe doit
faire.
4. en ont fait mention. Le Concile de Conſtance l'a approuuée, & enfin le Con-
cile de Trente
ſeſſ. 24. c.1. de reform. matrim. en parle ainſi, Sancta Synodus
hortatur, vt coniuges ante benedictionem ſacerdot alem in templo ſuſcipiendam, in ea-
dem domo non cohabitent : statuitque benedictionem à proprio parocho fieri, neque à
quoquam niſi ab ipſo parecho, vel ab ordinario, licentiam ad predictam benedictionem
faciendam, alij ſacerdoti concedi poſse, quacumque conſuetudine etiam immemorabili,
quæ potius corruptela dicenda eſt, vel priuilegio non obstante.
Le S. Concile exhorte,
que les mariez ne demeurent en meſme maiſon auant qu'auoir receu la bene-
diction ſacerdotale en l'Egliſe, & ordonné qu'elle ſe donne par le propre
Curé & que la permiſſion ne s'en peut donner à vn autre preſtre par autre
que par le Curé, ou par l'ordinaire, nonobſtant tout priuilege ou couſtume,
voire immemoriale, qui ſe doit pluſtoſt appeller abus.
La dignité du Sacrement merite bien telles benedictions, afin que le tout
ſe paſſe auec plus reuerence : & cette raiſon deuroit ſuffire pour en faire
eſtat & ne les obmettre, toutefois i'en mettray icy quelques autres dignes de
conſideration.
Cauſe de
la bena-
diction
qui ſe dõ-
ne au ma-
riage.
La bene-
diction
ſert pour
moderer
la ſenſua-
lité.
On ſçait aſſez que le mariage eſt ordonné à des actes qui ſont fort animaux
pour ne dire brutaux : qui ſont grandement conformes à l'appetit ſenſuel,
& charnel, meſme ſouuent au grand preiudice de la raiſon, & partant eſt
beſoin de recourir aux benedictions Eccleſiaſtiques pour moderer & re-
gler la ſenſualité, & pour reſiſter aux efforts du puant diable d'Aſmodée :
imitant en cela le pieux & prudent Eliezer, lequel creut ne pouuoir mieux
commencer le mariage de ſon petit maiſtre, qu'en demandant à Dieu qu'il
luy pleut le fauoriſer & conduire ſon deſſein, & celuy de ſon maiſtre A-
braham
. Les mariez doiuent commencer leur mariage, demandans la grace
de
Cc 3

206
Second Traite'
de Dieu par l'entremiſe des benedictions Sacerdotales.
La bene-
diction
ſert pour
empeſ-
cher les
efforts de
Satan.
2. Ce que diſoit l'Ange Raphael au ieune Tobie, eſt aſſez connu, ſçauoit
que le diable a pouuoir ſur ceux qui entreprennent le mariage ſeulement
pour ſatisfaire à leur ſenſualité, ce fut pour ce ſubiect qu'il eſtouffa les ſept
premiers marys de Sara, mariée depuis au ieune Tobie. Ah qu'il eſt ayſé que
la ſenſualité s'emporte dans l'impétuoſité de ſes plaiſirs ! principalement
pouſſée du ſouffle de Satan, ſi elle n'eſt retenue par la grace & aſſiſtance de
Dieu qui eſt communiquée par la benediction Eccleſiaſtique. Il me ſemble
entendre Dieu qui dit à cet infame Aſmodée, ne diſſipes, Iſaie 65. donne-toy
garde de toucher à ce mariage, ne le trouble point, n'y ſeme point de zizanie,
point d'inimitié, point de jalouſie, qui a benedictio eſt, d'autant que i'y ay mis ma
benediction.
La bene-
diction
ſert cõtre
les male-
fices.
3. Non ſeulement le diable fait la guerre aux nouueaux mariez par ſoy, &
immediatement les pouſſans au deſordre & à des excez, à cauſe de l'appre-
henſion qu'il a qu'ils ne mettent au monde des enfans de benediction, en la
crainte de Dieu, & qui luy ſoient bons ſeruiteurs, & enfin rempliſſent le ciel;
mais ſe ſert auſſi de ſes miniſtres, qui ſont les ſorciers, magiciens, enchan-
teurs, qui par leurs charmes, nœuds, ſortileges, ligatures, cauſent tant de mal-
heurs aux mariages, or ces charmes & inuentions diaboliques, ſont ſouuent
empeſchez ou diſſouts par la benediction des preſtres, comme ces maudits
inſtrumens du diable ont confeſſé. Notez que le diable en veut principale-
ment à ces ieunes plantes pour empeſchez leur fruict, ſoit par ſoy, ſoit par ſes
miniſtres. Lors que les enfans de Zambri danſoient & ſe reſiouyſſoient aux
nopces, leur ennemis ſuruindrent, les tuerent, & changerent les nopces en
funerailles. Lors que tout eſt en ioye aux nopces, le diable tache de troubler
la feſte, & conuertir la benediction en malediction, partant faut ſe preualoir
de la benediction Eccleſiaſtique contre ſes deſſeins, & ceux de ſes ſuppoſts.
Si on benit les viandes qu'on mange pour en chaſſer toute malediction, &
pour ruiner les entrepriſes du diable, qui par tout cherche moyen de nuire
à l'homme, on a bien ſubiect de benir les nouueaux mariez, contre leſquels
cet ennemy iuré de noſtre nature, n'eſpargne rien pour rendre leur mariage
infortuné.
Benedi-
ctiõ cau-
ſe de fe-
condité.
4. Ceſte benediction eſt fort ancienne, & Dieu l'a donné luy meſme au pa-
radis terreſtre, auant qu'il y eut des preſtres, & en vertu d'icelle, il a donné la
fecondité à nos premiers parens : & partant ceux qui pretendent tirer quel-
que fruict de leur mariage, ne la doiuent obmettre, aucuns s'eſtonnent de
ceſte grande multiplication que firent les enfans d'Iſrael en Egypte, leſquels
de ſeptante tant ſeulement, l'eſpace de deux cens quinze ans qu'ils furent en
Egypte, accreurent tellement, qu'outre les femmes & les petits enfans, ils
ſortirent ſix cent mille hommes : mais voicy la raiſon qu'en apporte S. Aug.
18. de

207
Des mavx et des biens dv Mariage.
18. de Ciuitate c. 7 creuerunt Hebræi diuintus fæcundata eorum multiplicatione.
Cette multiplication fut vn effect de la benedtion diuine. Toute ainſi que
la multiplication des pains au deſert fut vn effect de la benediction de no-
ſtre Seigneur, de meſme ordinairement la multiplication & fecondité du ma-
riage eſt vn effect de la benediction Eccleſiaſtique. Benedixit eis & multiplica-
ti ſunt
, Pſalm. 106. Dieu a benit Noé & cette benediction a eſté ſi efficace que
de trois fils qu'il auoit, il a peuplé tout le monde. Voyez les ceremonies que
garde Raguel au mariage de Tobie ſon gendre, & de Sara ſa fille, Tobie. 7.
Apprehendens dexteram filiæ ſuæ, dexteræ Tobie tradidit dicens: Deus Abraham, &
Deus Iſaac, & Deus Iacob vobiſcum ſit, & ipſe coniungat vos, impleatique benedictio-
nem ſuam in vobis.
Il prit la main droicte de ſa fille, la mit dans la main droicte
de Tobie, & dit, que Dieu ſoit auec vous, vous conioigne & acompliſſe ſa
benediction en vous. Il y a beaucoup de ſemblables exemples qui ne figurent
autre choſe que la benediction abondante que Dieu reſeruoit aux mariez, au
nouueau teſtament, & qu'il leurs donne par l'entremiſe des preſtres.
La bene-
diction du
mariage
eſtablit les
maiſons.
5. Il eſt tres-veritable, que benedictio patrem firmat domos filiorum. Eccli.3.
Que la benediction des peres charnels eſtablit la maiſon des enfans : nous
pouuons croire que la benediction des preſtres qui ſont les peres ſpirituels,
qui ſont les miniſtres de Dieu ordonnez ſpecialement pour nous donner par
eux ſes benedictions, n'eſtablit pas moins la maiſon de ceux qui la reçoiuent.
Voicy des belles paroles que Dieu enſeigna à Moyſe & à Aaron Num. 6. ſic
benedicetis Iſrael, & dicetis eis benedicat tibi Dominus & custodiat te. Conuertat
Dominus vultum ſuum ad te, & det tibi pacem. Inuocabuntque nomen meum ſuper
filios Iſrael, & ego benedicam eis
. Voicy la forme auec laquelle vous benirez Iſ-
rael
& luy direz que Dieu te beniſſe & te garde, que Dieu te monſtre ſa face
& ayt pitié de toy : que Dieu tourne ſes yeux vers toy & te donne la paix. Ils
inuoqueront mon nom ſur les enfans d'Iſrael, & ie les beniray. Combien d'ef-
fects ſignalez de la bonté & miſericordre de Dieu en ces paroles ? ſa benedi-
ction, ſa garde & protection, ſon amour & faueur, ſa miſericorde : le regard
de ſes yeux : la paix.
Si Dieu donnoit tous ces biens & graces en faueur de la benediction de
Moyſe & d'Aaron, ſera-il moins liberal en faueur de nos preſtres ? ordonnez
de Dieu à cét effect, & miniſtres de l'Egliſe à laquelle il a promis ſon aſſiſtan-
ce : en conſideration d'vn Sacrement auquel il fait profeſſion d'annexer ſes
graces & benedictions ? permettera-il que ces benedictions & oraiſons qu'il
a enſeigné & ſuggeré à l'egliſe ſon eſpouſe, pour le bien de ſes enfans, qui luy
ſont communs auec la meſme Egliſe, ſoient ſans efficace ? cela repugne à ſa
bonté & à ſes promeſſes & deroge aux merites infinis de Ieſus-Chriſt ſur leſ-
quels ces benedictions ſont fondées & deſquels elles tirent leur efficace. Re-
marquez ces paroles, conuertat Dominus vultum ſuum ad te & det tibi pacem,
que

208
Second Traite'
que Dieu tourne ſa face vers toy & te donne ſa paix. C'eſt vn effect de la be-
nediction de Dieu, qui tourne ſa face vers ceux qu'il benit & leurs donne la
paix. Qui ne deſire d'eſtre regardez d'vn œil fauorable de ceſte infinie maie-
ſté ? qui ne deſire de iouir de la paix en ſon mariage ? ſans laquelle il n'y peut
auoir aucun contenement. Or c'eſt la benediction de Dieu qui la donne,
Dominus benedicet populo ſuo in pace. Pſ. 24.
6. Lempereur Veſpaſian auoit fait battre vne monnoye, où il y auoit deux
mains qui ſe tenoient mutuellement, & de ces deux mains ſortoit vne gerbe
de blez. Ces deux mains ſignifient la concorde & la paix des mariez, que le
grand Dieu de benediction leurs donne en vertu de la benediction ſacerdo-
tale, comme ie viens de dire; mais de ces deux mains, de ceſte paix & concor-
de naiſt vn autre bien ſignifié par la gerbe de blez, ſçauoir, abundantia pacis,
l'abondance & proſperité temporelle, effect de la meſme benediction. Salo-
mon
authoriſe cette doctrine, Prouerb. 10. Benedictio Domini diuites facit. La
benediction du Seigneur fait deuenir riches. Si la benediction des anciens
Patriarches deliuroit les enfans de la ſeruitude, leurs donnoit la fecondité :
cauſoit vn abondance de tous biens & partant eſtoient ſi ſoigneux de la de-
mãder, nous ne deuons pas moins attendre de celles des peres ſpitiruels qui
ſont les preſtres. La benediction de Noé eſtablit la maiſon de Sem, & de Ia
phet
& ſa malediction apporta la ruine à celle de Cham. Auſſi la benediction
de l'egliſe donnée par les preſtres aux nouueaux mariez eſtablit leur maiſon,
& ceux qui la meſpriſent ſont ſouuent maudit, noluit benedictionem & elonga-
bitur ab eo
, Pſal. 108. Il a meſpriſé la benediction, & elle s'eſloignera de luy.
Au contraire, qui ſeminant in benedictionibus de benedictionibus & metent, ceux
qui reçoiuent la benediction cueilleront les fruicts de benediction 2 Co-
rinth
. 9.
Quel tort ſe font les mariez meſpriſans la benediction nuptiale, & ſe pri-
uans de ces grands biens que ie viens de rapporter ? lors qu'on commence
vn baſtiment on benit la premiere pierre, & n'eſt-ce pas bien la raiſon qu'on
beniſſe les mariez qui ſont comme pierres viues du baſtiment ſpirituelle qui
eſt l'Egliſe ? à laquelle ils ſont vnis par foy & charité, & par le moyen de ces
benedictions Sacramentales : & afin qu'en vertu de cette benediction ils
ſoient comme temple du S. Eſprit luy eſtans comme dediez & conſacrez en
ſuite des benedictions ſacerdotales. C'eſt en vertu de la meſme benediction
que Dieu leurs donne ſouuent des enfans de benediction, & aſſiſtent les me-
res en leurs couches pour leurs donner des enfantemens de benediction, en-
fin fait que leur mariage eſt comme vn petit paradis ſuiuant ce que dit le
Sage Eccli. 40. Gratia ſicut par adiſus in benedictionibus.
Des

209
Des mavx et des biens dv Mariage.
Filet cadre, rayé.

Des empeſchemens qui rendent le mariage illicite,
non toutefois nul.


CHAPITRE XIX.

IL ne faut ſe perſuader que le conſentement des parties ſuffiſe pour faire
vn mariage, il peut arriuer que le conſentement ſoit libre, plein, & entier,
voire confirmé par ſerment, que toutefois le mariage ſera entierement &
abſolument nul.
Empeſ-
chemens
qui rendent
le mariage
illicite, nõ
toutefois
nul.
La Theologie enſeigne qu'il y a deux ſortes d'empeſchemens au mariage,
les vnes ne deſtruiſent pas le mariage quand il eſt fait, d'autant qu'ils ne re-
pugnent pas à ſon integrité & ſubſtance, ains ſont cauſe ſeulement qu'on
peche en le faiſant auec ces empeſchemens : les autres rompent entierement
le mariage, ou pluſtot font qu'il eſt tout nul, pour autant qu'ils ſont contre
ſa ſubſtance & eſſence.
Les empeſchemens qui font que le mariage eſt illicite qui toutefois n'em-
peſchent pas qu'il ne ſoit vray, ſont ſix compris en ces vers
Eccleſiæ vetitum, nec non tempus feriatum.
Atque catechiſmus, crimen, ſponſalia, votum
Impediunt fieri, permittunt iuncta teneri.
Ie m'en vay les expliquer tous en particulier. Le premier eſt, Eccleſiæ vetitum,
la defenſe de l'Egliſe, qui n'eſt autre choſe que la defenſe de l'Eueſque, du
iuge ou du paſteur, lors que pour iuſte cauſe, ils defendent qu'on ne con-
tracte iuſques à ce qu'on ſoit aſſeuré qu'il n'y a nul empeſchement : & con-
tracter nonobſtant telle defenſe eſt peché mortel ou veniel, eu eſgard aux
circonſtances du fait, & aux cauſes de la defenſe, Sanchez lib. 7. diſp. 17.
num. I.
Le ſecond eſt, tempus feriatum, le temps qui eſt depuis l'Aduent iuſques
à l'Epiphanie incluſiuement : quoy que ce ſoit vne opinion fort probable
que ce n'eſt pas peché mortel de ſe marier en ce temps-là, moyennant que
cela ſe face ſans ſcandal, ſans bruit & ſolemnité, modeſtement, & auec vn
honneſte & modeſte banquet, Sanchez diſp. 7. n. 18.
Le troiſieſme eſt Catechiſmus, l'affinité ſpirituelle, que l'on contracte
auec celuy ou celle, pour qui on reſpond aux interrogats du Catechiſme,
lors
D d

210
Second Traite'
lors qu'on le baptiſe, ſoit qu'il ſoit en aage de raiſon ou non, or il eſt plus
probable que cét empeſchement eſt abrogé par le Concile de Trente, de
ſorte que ſi l'on baptiſe vn enfant en la maiſon ſans parain & maraine, &
que puis apres on le porte à l'Egliſe pour faire les ceremonies, ceux qui reſ-
pondent aux interrogats en l'Egliſe, & ſont comme parains & maraines, ne
contractent aucune affinité.
Le quatrieſme, Crimen. Crime. On en rapporte ordinairement ſept, le
premier d'auoir commis vn inceſte auec la parente de ſa femme au ſecond
degré pendant la vie de ſa femme. Le ſecond d'auoir tué ſa femme. 3. le rapt
de la fiancée d'vn autre. 4. eſtre parain de ſon propre fils à intention de
priuer ſa femme de ſon droict de mariage. 5. eſtre dans l'exercice d'vne pe-
nitence ſolomnelle. 6. eſtre conuaincu en iugement d'auoir tué vn preſtre.
7. contracter auec vne qu'on ſçait eſtre religieuſe.
Le cinquieſme empeſchement eſt d'auoir fait des fiançailles auec vn au-
tre validement & puis ſe marier au preiudice du premier, auant qu'auoir le-
gitiment
diſſou les premieres fiançailles.
Vne fille
ſe mariant
contre la
foy qu'elle
auoit don-
née à vn
autre eſt
emportée
du Diable.
Ie rapporteray vne hiſtoire effroyable à ce propos tirée de Delrio diſ-
quiſ. magic
.103. lib. 3. p. 1. q. 7. ſ. 1. En Saxe vne ieune fille riche s'eſtant amou-
rachée d'vn fort beau ieune homme, mais pas fort riche, luy donna la foy
de mariage. Le ieune homme ſe doutant aucunement de ce qui arriueroit,
& que ſa pauureté joincte à la legereté de ſemblables muguettes pourroient
donner occaſion à cette fille de changer de volonté, & faire contre la pa-
role qu'elle luy auoit donnée, luy dit Madamoiſelle ie n'oſe prendre aſſeu-
rance ſur vos promeſſes, i'ay peur que vous ne logiez vos affections ailleurs.
Moy! dit-elle, changer de volonté pour vous. Ie ſuis contente, & ie le dis
de tres-bon cœur, qu'au cas que ie me marie à autre qu'à vous que le Diable
m'emporte le premier iour de mes nopces. Quelques iours apres arriua ce
dont le ieune homme s'eſtoit douté, elle donna ſon affection à vn autre : le
premier l'aduertit pluſieurs ſois de prendre garde à ce qu'elle faiſoit & de ſe
ſouuenir des horribles imprecations qu'elle auoit faites. Elle ne fit aucun
eſtat de ces aduertiſſemens, & ſe maria auec le ſecond faiſant vn grand meſ-
pris du premier, le iour des nopces les parens & amis ſe reſiouyſſoient fort
contents, il n'y auoit que l'eſpouſe qui eſtoit toute triſte, la conſcience la
bourrellant104, pendant le diſner arriuerent deux Diables en forme de caua-
liers, on les pria vouloir honorer le banquet nuptial de leur preference, ce
qu'ils firent volontiers, prenans place & entrenans la compagnie fort gail-
lardement : apres diſner il fut queſtion de danſer, & par honneur on defera
la premiere danſe au plus apparent105 de ces deux caualiers, comme eſtant
eſtranger : il danſa deux fois auec l'eſpouſe, & puis l'enleua en l'air à la veuë
de tous les parens & amis, non ſans grand deuil & gemiſſement de tous, qui
eſtoient

211
Des mavx et des biens dv Mariage.
eſtoient forte eſmeus d'vn accident ſi funeſte. Le lendemain les parens & amis
tout abbatus de triſteſſe faiſoient tout deuoir de chercher le corps pour
l'enſeuelir, croyans qu'il ſeroit retombé d'enhaut. Lors que les deux caua-
liers parurent, rapportans les habits & les ioyaux, & dirent, nous n'auons
point de pouuoir ſur cela, mais ſeulement ſur l'eſpouſe : ainſi elle fut em-
portée en corps & ame ſuiuant ſon imprecation, pour auoir faulſé la foy à
ſon premier eſpoux.
Le ſixieſme, votem, le vœux, ce qui s'entend du vœux ſimple de cha-
ſteté, ſauf toutefois noſtre Compagnie, où le vœux ſimple de chaſteté fait
apres deux ans de nouitiat, rend le mariage entierement nul par la Bulle de
Gregoire 13.106 d'heureuſe memoire Aſcendente107, l'an 1584. Si on
n'eſt auparauant diſpenſé des vœux. Nous parlerons du vœux ſolemnel au
Chapitre ſuiuant.
En ces empeſchemens faut auoir eſgard à la couſtume, laquelle en cer-
tains lieux eſt contraire, & par conſequent oſte l'obligation de procurer la
diſpenſe des empeſchemens auſquels elle eſt contraire.


Filet cadre, rayé.

Des empeſchemens qui rendent le mariage nul.

CHAPITRE XX.

AVant le Concile de Trente il y auoit douze empeſchemens qui ren-
doient le mariage nul, auſquels le Concile a adjouſté deux, & tous
ſont compris aux vers ſuiuans, les douze qui eſtoient auant le Concile aux
tois premiers, les deux qui ont eſté adjouſtez au quatrieſme vers & au cin-
quieſme :
Error, conditio, votum, cognatio, crimen,
Cultus diſparitas, vis, ordo, ligamen, honeſtas,
Si ſis affinis, ſi forte coire nequibis,
Si parochi, & duplicis deſit præſentia teſtis,
Raptaue ſit mulier, nec parti reddita tute
Hæc ſocianda vetant connubia, facta retractant.
Ie les expliqueray tous en particulier apres vne brieſue obſeruation pour
plus grand eſclairciſſement du tout.
Au mariage on peut conſiderer le contract ; ou les perſonnes qui con-
Empeſ-
chemens
qui rendent
tractent: aucuns empeſchemens font que le contract eſt nul, comme error,
conditio,
D d 2

212
Second Traite'
le mariage
nul, & leur
explication.
conditio, vis, l'erreur, la condition, la force, par ce qu'ils derogent à la liberté
du contract, ou à ſa ſolemnité, comme quand on contracte ſans la preſence
du Curez & de deux teſmoins: les autres empeſchemens font que les perſon-
nes qui contractent ſont incapables de le faire, & quelquefois cette incapa-
cité eſt abſolue & generale, comme vocum, ordo, ligamen, impotentia: l'ordre,
le vœux, le lien, l'impuiſſance, qui font que quiconque a ces empeſchemens
ne peut contracter auec qui que ce ſoit : autrefois elle n'eſt abſolue, mais
ſeulement pour le regard de quelque particulier, auec qui on ne peut con-
tracter, comme cognatio, crimen, cuitus diſparitas, honeſtas, affinitas, raptus,
frigiditas ſeu impotentia ex parte
. La cognation, le crime, la diuerſité de reli-
gion, l'honneſteté, l'affinité, le rapt, l'impuiſſance qui n'eſt pas entiere. Leſ-
quels empeſchemens ne rendent pas abſolument incapable de mariage, la
perſonne en laquelle ils ſe retrouuent, ains ſeulement la rendent incapable
de ſe marier auec aucunes perſonnes, & non auec d'autres. Venons à l'expli-
cation de ces empeſchemens.
Comme
l'erreur
empeſche
la validité
du maria-
ge.
Le premier empeſchement qui rend le mariage nul eſt, error, l'erreur, pour
autant que l'erreur empeſche le conſentement. L'erreur peut eſtre tou-
chant la perſonne auec laquelle on contracte, par exemple, quelqu'vn croit
contracter auec Marie, & c'eſt Anne, ſon intention eſt de contracter auec
Marie, le contract auec Anne eſt nul, ſi ce n'eſt que ſe prenant garde de l'er-
reur, il conſente au mariage auec Anne, comme fit le Patriarche Iacob auec
Lia s'eſtant apperceu qu'elle eſtoit ſuppoſée au lieu de Rachel. L'erreur peut
auſſi eſtre touchant la qualité de la perſonne, par exemple, quelqu'vn penſe
contracter auec vne riche, & elle eſt pauure, auec vne qui ſoit pucelle, & elle
ne l'eſt pas; lors le mariage ne laiſſe de ſubſiſter, ſi ce n'eſt que telle condi-
tion ayt eſté exprimée au contract, ou qu'elle ſe rapporte à la perſonne
comme ſeroit, ſi quelqu'vne croyant contracter auec le premier né d'vn
Roy, elle contracte auec le puiſné qui luy fait accroire qu'il eſt le premier né
lors le mariage eſt nul, car l'erreur eſt touchant la perſonne proprement, &
non touchant la qualité.
Que c'eſt
que l'em-
peſche-
ment de
condition.
Le ſecond eſt, conditio, qu'aucuns expliquent de la condition de la per-
ſonne, par exemple, quelqu'vn contracté auec vn eſclaue & ſerf, penſant
contracter auec vne perſonne de condition libre, lors le contract eſt nul,
ſi ce n'eſt que celuy qui contracte ſoit auſſi ſerf, ou bien qu'eſtant libre
& ſe prenant garde de l'erreur il conſente au mariage, ou aye affaire
auec celle auec laquelle il auoit contracté. D'autres expliquent ce mot
conditio, de quelque condition qu'on met en contractant laquelle deroge
à la ſubſtance du contract, comme ſeroit ſi les contractans diſoient, ie con-
tracte auec vous à condition que vous gaignerez voſtre vie par adultere: que
nous ne viuront pas enſemble : que vous ne me rendez pas le deuoir de
mariage.

213
Des mavx et des biens dv Mariage.
mariage, ou que ie ne le vous rendray pas : que vous empeſcherez la conce-
ption, que nous n'eſleuerons pas nos enfans, telles conditions rendent le
contract nul, quand elles precedent le contract ou l'accompagnent, mais non
pas quand elles ſe font apres que le contract eſt deſia fait.
Le 3. eſt, votum, le vœux, ce qui s'entend ou du vœux qui ſe fait en prenant
Comme le
vœux em-
peſche le
mariage.
quelque ordre ſacré, qui rend vne perſonne inhabile au mariage : ſi ce n'eſt
qu'on ayt receu tel ordre ou par crainte, ou contre ſa volonté, ou n'ayant
l'vſage de diſcretion, ou comme aucuns penſent probablement n'ayant
l'aage de puberté. Ou cela s'entend du vœux ſolemnel fait en vne religion
approuuée qui rend le mariage nul, d'autant que par vn tel vœux on dedie
& conſacre ſa perſonne & ſon corps à Dieu, & ce publiquement, ainſi la rai-
ſon veut que ce vœux ſoit accompagné de perſeuerance, autrement il y au-
roit du ſcandal. Celuy qui ſe marie qpres auoir fait vn vœux ſimple de cha-
ſteté peche mortellement, toutefois le mariage eſt vray mariage, il ne peut
neantmoins demander le deuoir de mariage à cauſe de ſon vœux, le peut ren-
dre lors qu'il en eſt requis.
Les ordres
pris pen-
dant le
mariage
ne le rom-
pent pas,
ny la pro-
feſſion en
religion.
Que s'il arriuoit que le mary apres auoir conſommé le mariage, vient à fai-
re profeſſion en quelque religion, ou à receuoir quelque ordre ſacré, ſa pro-
feſſion ſeroit nulle, & ne pourroit exercer ſes ordres quoy qu'il les auroit
veritablement receu : & ſeroit obligé de retourner aupres de ſa femme, ſi
d'ailleurs il n'auoit point de cauſe iuſte de s'en ſeparer, & deuroit luy rendre
le deu de mariage quoy qu'il ne pourroit pas le demander, & ſa femme eſtant
morte il ne pourroit ſe remarier.
Voire ſi le mary entre en religion & y fait profeſſion, meſme auec le con-
ſentement de ſa femme, mais encor ieune, & ſans le conſentement de l'Eueſ-
que, ſi puis apres ſa femme le repete, ne voulant ſe paſſer de luy, & elle ne vou-
lant entrer en religion, l'Eueſque le peut contraindre de retourner aupres de
ſa femme. I'ay dit apres auoir conſommé le mariage, car le vœux ſolemnel de
religion fait apres le mariage conracté & non conſommé, diſſout le mariage.
Trois ſor-
tes de co-
gnation.
Le 4. eſt, cognatio, cognation, & y en a de trois ſortes, l'vne naturelle qui
s'appelle auſſi conſanguinité, laquelle procede du ſang & de la generation
charnelle : l'autre ſpirituelle qui prouient d'vn principe ſpirituel; & la troi-
ſieſme legale, qui vient des loix & ordonnances ciuiles.
Cognatiõ
naturelle.
La cognation naturelle eſt la communication du meſme ſang; ou vn lien
entre des perſonnes qui viennent de la generation charnelle & participent
au meſme ſang par voye de generation. Ce qui ſe fait premierement par
ligne droitte qui va de pere en fils & par generation de l'vn à l'autre, com-
me de l'ayeul au pere, de pere au fils, du fils au petit fils, & ainſi en
ſuite de l'vn à l'autre, l'vn procedant mediatement, ou immediatement de
l'autre.
Elle
D d 3

214
Second Traite'
Ligne deſ-
cendante.
Elle s'appelle deſcendante, quand elle procede de celuy qui eſt la ſouche
ou le tronc, & va à ſes deſcendans comme du grand pere elle deſcend au pe-
re, du pere elle deſcend au fils, du fils au petit fils, & c. elle s'appelle aſcen-
Ligne aſ-
cendante.
dante quand elle remonte à la ſouche, comme du petit fils au fils, du fils au
pere, du pere au grand pere ou ayeul, &c. Secondement cela ſe fait par ligne
oblique, qui eſt lors qu'on ne procede pas l'vn de l'autre, & qu'on vient
Ligne o-
blique.
toutefois d'vn meſme principe, comme les freres ne ſont pas engendrez l'vn
de l'autre, ny les couſins, oncles, tantes, l'vn de l'autre, ils ſe rapporent tou-
tefois au meſme principe & à la meſme ſouche de laquelle ils procedent,
non pas en ligne droite, mais oblique.
Moyen
pour con-
noiſtre en
quel degré
on eſt en
ligne droi-
te.
Pour connoiſtre en quel degré on eſt en ligne droite, faut voire le nom-
bre des perſonnes qui ſont en la ligne, & en oſtant vne deſdittes perſonnes,
vous auez le nombre des degrez : par exemple triſayeul, biſayeul, ayeul, pe-
re, fils, petit fils : voila fix perſonnes, ainſi le petit fils eſt au cinquieſme de-
gré pour le regard du triſayeul.
Pour connoiſtre en quel degré on eſt en la ligne oblique, faut voire la di-
ſtance qu'on a du tronc, ſi Pierre & Iean, par exemple, ſont eſgalement di-
Moyen
pour con-
noiſtre en
quel degré
on eſt en
ligne obli-
que.
ſtans du tronc, ils ſont en meſme degré entre eux qu'ils ſont auec le tronc,
comme ſont deux freres, par exemple, leſquels ſont eſgalement diſtans de
leur pere, ou de leur grand pere, ainſi ils ſont tous deux au premier degré
pour le regard de leur pere, & au ſecond pour le regard du grand pere: Si la
diſtance eſt inegale entre Pierre & Iean, que Pierre ſoit eſloigné du tronc de
quatre degrez, & Iean d'vn ou de deux, Pierre & Iean ſeront diſtans entre
eux de quatre degrez, car lors la diſance ſe prend de la perſonne la plus eſ-
loignée du tronc.
Ie ſay bien que les Iuriſconſultes ſupputent autrement les degrez en la
ligne oblique, quoy qu'ils s'accordent auec le droict Canon pour le regard
de la ligne droicte, mais ce n'eſt pas mon fait, car ie ne recherche icy que ce
qui concerne le mariage ſuiuant le droict Canon & la Theologie.
Cette connoiſſance ſuppoſée, i'aduertis qu'anciennement on ne pouuoit
contracter mariage ſinon au huictieſeme degré, cela eſt reduit maintenant au
cinquieſme auquel le mariage eſt bon, & au quatrieſme, troiſieſme, ſecond,
premier, nul.
La raiſon de cet empeſchement eſt I. que ceux qui ſont de meſme paren-
té ſe doiuent quelque reſpect, qui fait que c'eſt choſe indecente d'auoir ac-
cointance charnelle entre eux : Dieu meſme l'auoit defendu, Leuit. 18. Omnis
homo ad proximam ſanguinis ſui non accedet, vt reuelet turpitudinem eius
. 2. c'eſt
afin que par le moyen de l'alliance qui ſe fait auec des eſtrangers & d'autre
race, la charité s'eſtende dauantage. 3. c'eſt d'autant que l'experience enſei-
gne que tels mairages ne reüſſiſſent guere.
La

215
Des mavx et des biens dv Mariage.
Cognatiõ
ſpirituelle.
La cognition ſpirituelle eſt celle qui ſe fait en ſuite des ordonnances de
l'Egliſe entre aucuns perſonnes, à cauſe de l'adminiſtration ou reception
des Sacremens de Bapteſme & de Confirmation. Au Bapteſme le parain & la
maraine contractent vne cognation ſpirituelle auec celuy qu'ils ont leué au
Bapteſme, & auec ſon pere & ſa mere. Le meſme arriue à celuy qui baptiſe.
En la Confirmation la cognation ſe contracte entre celuy qui donne la con-
firmation & celuy qui eſt confirmé, & auec ſon pere et ſa mere; comme auſſi
entre celuy qui eſt confirmé & celuy qui eſt ſon parain en la confirmation,
& telle cognation empeſche le mariage.
Cognatiõ
legale.
La cognation legale prouient de l'adoption, & eſt entre celuy qui adopte
& celuy qui eſt adopté & ſes deſcendans, iuſques au quatrieſme degré : pa-
reillement entre l'adopté tandis qu'il n'eſt pas emancipé, & entre les enfans
de celuy qui l'a adopté, pendant que leſdits enfans ſont ſouz le pouuoir du
pere, entre la femme de celuy qui adopte & entre l'adopté : comme entre la
femme de celuy qui eſt adopté & celuy qui a adopté. Celuy qui a adopté
eſtant mort, il n'y a nul empeſchement de mariage entre ſes enfans legitimes,
& celuy qu'il auroit adopté : il eſt probable que deux adoptez peuuent ſe
marier enſemble.
L'empeſ-
chement
du crime.
Le 5. empeſchement eſt crimen, le crime, & arriue 1. ſi vn adultere fait
mourir ſa femme, ou le mary de celle auec laquelle il a commis adultere
pour pouuoir l'eſpouſer : ou ſi la femme fait mourir ſon mary, ou la femme
de celuy auec lequel elle a adulteré; en tel cas s'ils ſe marient le mariage eſt
nul. 2. ſi l'homme & la femme qui commettent adultere ſe donnent la foy
de ſe marier enſemble apres la mort de leur partie, ou que de fait ils contra-
ctent dés lors, & pendant la vie de leur partie, en ce cas ils ne peuuent ia-
mais ſe marier enſemble, ces deux cas ſuppoſent que de fait ils ayent com-
mis adultere. 3. Pierre & Marie voulans ſe marier enſemble, procurent tous
deux la mort de la femme de Pierre & du mary de Marie, & de fait la mort
s'enſuit, quoy qu'ils n'ayent adulteré ils ne peuuent pourtant ſe marier en-
ſemble : que s'ils ne procurent pas ladite mort tous deux enſemble, mais
l'vn ſeulement à l'inſçeu de l'autre, & il n'y a point eu d'adultere le mariage
eſt vray & valide.
Le 6. Cultus diſparitas, la diuerſté de religion. Ainſi vn Chreſtien ne peut
contracter mariage auec vne perſonne qui n'eſt pas baptiſée, & le faiſant le
mariage eſt nul. Contractant auec vn Heretique on peche mortellement,
toutefois le mariage eſt valide, car l'Heretique eſtant baptiſé eſt capable de
Sacrement. On peut toutefois contracter auec vn Heretique auec permiſ-
ſion du Pape ſans peché.
Le 7. Vis, la force, d'autant qu'elle empeſche la liberté du contract : i'en
ay parlé au Chapitre 13. de ce Traité.
Le 8.

216
Second Traite'
Le 8. Ordo, l'ordre. I'en ay parlé expliquant le troiſieſme empeſche-
ment.
Le 9. Ligamen, le lien qui n'eſt autre choſe que le mariage auec vn autre,
car quiconque eſt marié validement, ne peut ſe marier auec vn autre pen-
dant la vie du premier.
Le 10. Honestas, l'honneſteté qui requiert qu'aucunes perſonnes ne con-
tractent entre elles, comme aux fiançailles, il y a vn empeſchement entre le
fiancé & les parentes de la fiancée au premier degré, comme ſont ſa mere, ſa
ſœur, ſa fille : comme auſſi entre le fiancé & les parens du fiancé auſſi au pre-
mier degré, ſçauoir ſon pere, ſon frere, ſon fils : que s'ils ſe marient, encore
que le mariage n'ayt eſté conſommé, touteſois ils contractent alliance auec
les parens l'vn de l'autre iuſques au quatrieſme degré.
Le 11. Affinitas, l'affinité qui eſt vne alliance qui prouient de l'entier con-
jonction & operation charnelle capable de ſoy d'engendrer, ſoit en mariage
ſoit hors de mariage : par exemple, le mary contracte affinité auec les paren-
tes de ſa femme, & la femme auec les parens de ſon mary, auec leſquels ils
ne ſe peuuent marier, qu'apres le quatrieſme degré : que ſi telle affinité pro-
uient de l'œuure charnel hors du mariage, elle n'empeſche que iuſques au
ſecond degré : la raiſon de tel empeſchement eſt d'autant que deux perſon-
nes par l'œuure de la chair ſont faites vne meſme chair, & par ainſi con-
tractent affinité auec les parens l'vne de l'autre, à raiſon qu'elles procedent
de meſme chair.
Le 12. Impotentia, l'impuiſſance à l'vſage du mariage, faut toutefois qu'elle
ſoit perpetuelle & auant le mariage pour le rendre nul; perpetuelle, c'eſt à
dire, qui ne peut eſtre corrigée que par miracle, ou bien en pechant, ou ſans
notable intereſt de la ſanté ou danger de mort : auant le mariage, c'eſt à dire,
qui n'a iamais peu auoir aucun effect au mariage. Tel empeſchement re-
pugne à la nature & eſſence du mariage qui eſt vne tradition mutuelle des
corps pour l'vſage du mariage.
Le 13. Quand le mariage ſe fait ſans que le Curez ou outre de ſa part y ſoit
preſent, ou ſans deux teſmoins : i'en ay parlé au Chapitre 14. de ce Traité.
Que c'eſt
que rapt.
Le 14. & dernier eſt raptus, le rapt qui eſt lors qu'vn homme enleue vio-
lemment d'vn lieu à vn autre vne fille pour l'eſpouſer contre ſa volonté, la-
quelle il n'a ny fiancé ny eſpouſé, & auec laquelle il n'a aucune promeſſe, &
eſt rapt, ſoit que l'on violente ou la fille, ou ſes parens & tuteurs. Ce rapt eſt
vn empeſchement qui fait qu'il ne la peut eſpouſer, tandis qu'elle eſt en ſon
pouuoir : que s'il la met en lieu où elle ſoit aſſeurée, & hors du pouuoir de
celuy qui l'a rauy, & que lors elle conſente de l'eſpouſer, le mariage eſt vray
mariage, encore que les parens n'y conſentent pas. Ce n'eſt pas proprement
rapt lors qu'vn homme enleue vne fille de ſon conſentement contre la vo-
lonté

217
Des mavx et des biens dv Mariage.
lonté des parens de la fille, moyennant toutefois qu'on ne face aucune vio-
lence aux parens de la fille.

Filet cadre, rayé.

Quelques cauſes, de tant de mariages infortunez, qui ſe
retrouuent au monde.


CHAPITRE XXI

Le bon
conſeil eſt
fort neceſ-
ſaire pour
faire vn
bon ma-
riage.
LE S. vieillard Tobie cap.4. donnoit ce precepte entre autres à ſon fils.
Fili conſilium ſemper à ſapiente perquire. Mon fils demandez touſiours con-
ſeil en vos affaires à vn homme ſage. Seneque à ce propos, diſoit, deliberan-
dum est diu, quod statuendum eſt ſemel
, il eſt bon de conſulter long-temps ce
qu'on ne doit faire qu'vne fois. C'eſt le propre d'vn evprit ſot & eſtourdy de
faire ſes actions ſans conſeil & deliberation, d'autant que la folie & la paſ-
ſion aueugle, & donne vne certaine preſomption & opinion de ſoy-meſme,
qui fait croire qu'on n'ignore rien, & qu'on n'a que faire du conſeil d'autruy :
& quand on eſt trompé, on a recours à, ie n'y penſois pas. Via stulti recta in
oculis eius, qui autem ſapiens eſt audit conſilia
, Salomon Prouerb. 12. le meſme
Prouerb. 11. Salus ubi multa eſt conſilia, ubi non eſt gubernator populus corruet, les
affaires qui ſont conduites par conſeil ont bon ſuccés, celles qui ſe font ſans
conſeil ne peuuent bien reüſſir.
Si le conſeil eſt neceſſaire pour le bon ſuccés de nos autres affaires, il eſt
tres-neceſſaire pour le bon ſuccés du mariage, & nous pouuons dire qu'vne
des cauſes de tant de mal-heurs qui s'y retrouuent eſt qu'on l'entreprend ou
ſans conſeil, ou par l'advis de mauuais conſeilliers, S. Hieroſme contra Io-
uin.
cap. 28. Pleriſque nulla eſt vxoris electio, ſed qualis obuenerit habenda. Plu-
ſieurs ne font point de choix quand ils veulent ſe marier, mais s'allient à la
premiere recontre, & apres que c'eſt fait, on connoit qu'on eſt trompé, &
qu'on eſt engagé en des mal-heurs quaſi irremediables. D'autres ſe ſeruent
de mauuais conſeilliers, comme de la chair, de la ſenſualité, des yeux, ne con-
ſultants que ce qui paroit exterieurement, ſans auoir eſgard à l'interieur, &
ainſi s'engagent dans des abymes de miſeres, où ils ſont ſouuent obligez
de faire vne longue penitence, & peut-eſtre forcée, & ſouuent ſans fruict.
On doit a-
uoir égard
à l'égalité
au maria-
ge.
Vne autre cauſe des mariages infortunez peut eſtre l'inegalité qui ſe re-
trouue entre les conjoincts, Dieu puniſſant iuſtement la temerité de ceux
qui ont voulu monter plus haut qu'ils ne deuoient, & qui ſe ſont voulu allier
auec
E e

218
Second Traite'
auec leurs inegaux pouſſez d'vn eſprit d'ambition. Le poète Ouide a dit fort
à propos,
Quam malè inæquales veniunt ad aratra iuuenci,
Tam premitur, magno coniuge, nupta minor.
Comme il eſt mal-ayſé d'accoupler deux bœufs inegaux en vn meſme joug,
auſſi eſt-il fort difficile de joindre deux perſonnes inegales en mariage.
Tout ainſi dit Euripide apud Stobeum ſerm. 73. que le gouuernail du nauire
doit eſtre proportionné au nauire, ſi le nauire eſt grand, & que le gouuernail
ſoit petit, il n'y a moyen de conduire & gouuerner le nauire : que ſi le gou-
uernail eſt grand & le nauire petit, cela ſert pour plonger le nauire & non
pour le faire voguer. Ainſi ſi le mary qui doit eſtre le gouuernail eſt petit,
& la femme, qui eſt comme le nauire, eſt grande, il eſt bien mal-ayſé qu'il la
gouuerne & conduiſe, car elle voudra eſtre maiſtreſſe : ſi le mary eſt grand
& la femme petite & de baſſe condition, la femme ſera ſeruante & non com-
pagne.
Il faut auoir eſgard non ſeulement à l'égalité d'extraction, de moyens,
d'aage, mais principalement de mœurs. Le charbonnier demanda vn iour au
foullon ou blanchiſſeur qu'ils peuſſent demeurer enſemble, & faire vne
alliance, offrant ſa fille pour le fils du foullon : le foullon reſpondit prudem-
ment, i'ay peur que vous ne noirciſſiez ce que ie blanchis auec tant de trauail.
Il eſt bien à craindre qu'vn homme noir en ſes mœurs, ne terniſſe la blan-
cheur d'vne fille qu'il eſpouſera, & qu'vn homme blanc en pureté de mœurs,
ne ſe noirciſſe en la compagnie d'vne meſchante femme.
Vne troiſieſme cauſe des mariages infortunez eſt que pluſieurs ne les en-
treprennent pour les fins pour leſquelles le mariage eſt ordonné : ainſi quel-
le merueille, s'ils n'ont aucun ſuccés fauorable ! I'ay parlé amplement des
bonnes & mauuaiſes fins du mariage, ie n'en diray pas dauantage.
Vne quatrieſme cauſe eſt que pluſieurs entreprennent cet eſtat ſans y eſtre
appellez, ce n'eſtoit pas l'eſtat auquel Dieu les auoit deſtiné, & auquel il les
vouloit perfectionner & les ſauuer : & quelle apparence que l'ayant entre-
pris contre les ordres de ſa diuine prouidence cela puiſſe reüſſir ?
Il y a pluſieurs autres cauſes, ie m'arreſte à deux principales, l'vne eſt qu'on
n'implore pas l'aſſiſtance de Dieu auant que de ſe marier : l'autre qu'on em-
peſche le cours de ſes graces par la meſchante vie qu'on mene auant ſon ma-
riage, ou pendant le mariage.
Comme les
anciens in-
uoquoient
le Dieu
hymen en
leurs no-
pces.
Les anciens Idolatres qui forgeoient les diuinitez ſelon leur fantaſie & en
mettoient par tout au champ & à la ville, en donnoient à toute ſorte de per-
ſonne : n'auoient garde d'obmettre les mariez, ils adoroient vn Dieu qu'ils
appelloient hymen, ou hymeneus, duquelle ils croioient que dependoit tout le
bien

219
Des mavx et des biens dv Mariage.
bien & proſperité de leur mariage, & partant en leurs nopces ils chantoient
diuers hymnes & cantiques en ſon honneur, l'inuoquans, afin qu'il voulut
les fauoriſer de ſes benedictions, comme celuy qui preſidoit aux nopces &
auoit ſoin des nouueaux mariez.
Peinture
du Dieu
hymen &
ſa ſignifi-
cation.
Ils le depeignoient en forme d'vn beau ieune homme, portant en teſte vne
couronne de fleurs odoriferantes, en la main droicte vne torche ardante,
en la gauche vn voile de ſoye, de couleur paille, nommé flammeum, ayant
des ſouliers de meſme couleur, tels qu'ordinairement les femmes por-
toient.
Pourquoy en forme d'vn homme ? ſinon pour monſtrer que l'amour des
mariez doit eſtre pur, vigoureux, & ſyncere : pourquoy courronné de fleurs ?
ſinon pour faire entendre la ioye & le contentement d'eſprit, dont il faut
que le mariage ſoit accompagné, & que tout ainſi qu'il n'y a rien de plus
freſle qu'vne fleur qui ſe flaiſtrit incontinent, de meſme les plaiſirs de la
chair & les contentemens du corps, ne peuuent auoir grande ſolidité. Parmy
ces fleurs y auoit des feuilles de myrrhe, qui eſt amere, ce qui signifioit que
souuent les contentemens du mariage ſont accompagnez d'amertume; ou
bien que tout ainſi que la myrrhe preſerue le corps de corruption, ainſi
que le mariage eſtoit indiſſoluble & qu'il doit eſtre ſans aucune corruption.
Plutarque dit qu'en certains pays on couronnoit la nouuelle mariée d'aſper-
Les nou-
uelles ma-
riées cour
ronnées
d'aſperges.
ges, pour luy faire entendre que tout ainſi que l'aſperge eſt bien toſt cuitte,
qu'ainſi l'amour qu'elle deuoit auoir pour ſon mary deuoit incontinent
cuire & digerer toute la triſteſſe qu'elle pouuoit conceuoir, pour auoir quitté
ſes pere & mere. La torche eſtoit d'autant qu'anciennement on menoit l'eſ-
pouſe à la maiſon de l'eſpoux la nuict, comme par vergogne, voire le nou-
Eſpouſes
conduittes
à la mai-
ſon de l'eſ-
poux la
nuict &
pourquoy.
ueau marié n'alloit au lict nuptial qu'en tenebres, ce qui fut cauſe que Iacob
fut trompé penſant auoir Rachel pour eſpouſe, n'ayant que Lia. Mais cette
torche monſtre la fidelité que les mariez ſe doiuent, qui ne doit s'eſteindre
par aucune aduerſité, ny s'eclypſer par aucune tentation, ains touſiours luire
dans la pureté & candeur d'vn vray & chaſte amour : le voile qu'il tint en la
main eſt ſigne de la ſubiection & obeiſſance que la femme doit à ſon mary :
les ſouliers de couleur paille la font reſouuernir qu'elle doit garder ſa maiſõ,
& que c'eſt vne choſe repugnante à ſon honneur & pudicité, d'eſtre vaga-
bonde. Voila le Dieu qu'ils inuoquoient comme celuy qu'ils croioient
eſtre protecteur des nouueaux mariez, preſider aux nopces, & les fauoriſer
de benedictions.
Faut inui-
ter Dieu
aux nop-
ces.
Arriere arriere ces ſottiſes Idolatres: la foy ne nous permet d'y dõner au-
cune croyance, mais bien de reconnoiſtre que celuy qui a eſté le premier
autheur du mariage en eſt le protecteur : que c'eſt luy qu'il faut inuiter aux
nopces, afin qu'il les beniſſe par ſa diuine preſence, changeant l'eau en vin,
les
E e 2

220
Second Traite'
les difficultez en facilité : l'eau de concupiſcence charnelle, en amour ſurna-
turel & diuin. C'eſt luy qui par ſa preſence chaſſera le diable puant d'Aſmo-
dée
; rabbatera les ſaillies effrenées de la chair, fera que le lict coniugal ſera
honnorable & ſans macule; diſſipera les magies, charmes, ſorcelleries, ialou-
ſies, ſoupçons, alienations, diſcordes, impudicitez, & ne permettra pas que
le vin de la grace y manque. Sa preſence fera que le mariage ſera comme vn
petit paradis, qui en ſon abſence ne peut eſtre qu'vn enfer. C'eſt luy qu'il
faut inuiter aux nopces, c'eſt ſa mere, la mere des vierges, l'honneur des ma-
riez, à la recommandation & inſtance de laquelle l'eau eſt changée en vin, &
la grace eſt donnée aux mariez, accompagnée d'vn caſte & fainct amour. Ce
ſont les Apoſtres, & les ſaincts Anges paranymphes des mariez, qui ont con-
duit Elieſer pour trouuer femme à Iſaac, & chaſſé les demons, qui infectoient
Oraiſon
de l'Egliſe
en la be-
nediction
des ma-
riez.
Sara, eſpouſe de Tobie : C'eſt ce qu'il faut faire auec l'Egliſe, qui dit en la
benediction des nouueaux mariez : Domine Ieſu Chriſte fili Dei, & beatæ Vir-
ginis Marie, qui in paradiſo matrimonium inſtituiſti in officium, & pro nobis homo
factus, etiam in Sacramentum tua præſentia, ac miraculorum primitijs dignanter il-
luſtrans: tu per merita & preces Virginis Mariæ, & omnium Sanctorum, hos quos ſa-
cro matrimonio coniunxiſti, benedicere digneris, & liberare ab omni ligamento, faſci-
namento, & maleficio Satanæ, & dare eis fœcunditatem & gratiam quâ liberè poſſint
vti matrimonio ad generandum, concipiendum, gestandum, pariendum, & fouen-
dum prolem, gratem Deo & hominibus, in nomine Patris, & Filij, & Spiritus
ſancti. Amen.
Seigneur Ieſus-Chriſt, fils de Dieu, & de la bien heureuſe Vierge Marie,
qui auez inſtitué le mariage au paradis terreſtre, pour ſeruir de moyen à la
multiplication, & vous eſtant fait homme pour nous, l'auez honoré de la
qualité de Sacrement, voire de voſtre preſence, & du premier miracle : be-
niſſez par vos merites, & par l'interceſſion de voſtre Mere & de tous les
Saincts ces perſonnes que vous auez joint en mariage, par voſtre diuine pro-
uidence : daignez les deliurer de toute ligature, charme, & malefice de Sa-
tan
: donnez leurs fecondité, & la grace qu'ils puiſſent auoir vn libre vſage
de leur mariage, pour engendrer, conceuoir, porter, enfanter, & eſleuer des
enfans qui ſoient agreables à voſtre diuine majeſté, & aux hommes, au nom
du Pere, & du Fils, & ſainct Eſprit. Amen.
Cauſe des
mal-heurs
du mariage
qu'on in-
uoque pas
Dieu.
Voila donc vne des cauſes de tant de mauuais ſuccez qui arriuent en ma-
riage, ſçauoir qu'on n'a pas recours à Dieu auant le mariage, & qu'on ne le
conſulte pas par la deuotion, & l'oraiſon qu'on ne l'inuite pas, domus & di-
uinitæ dantur à parentibus, à Domino autem vxor prudens
, les enfans reçoiuent
deux biens ou faueurs de leurs parents, ſcavoir la noblesse et les richeſſes,
mais la bonne femme vient de Dieu. Les 70. liſent, aptatur vxor viro à Domi-
no
, comme s'ils vouloient dire, toute femme n'eſt pas propre à tout homme,
& comme

221
Des mavx et des biens dv Mariage.
& comme il n'y a que Dieu qui connoiſſe parfaictement & les mœurs & les
cœurs des hommes, auſſi n'y a-il que luy qui ſoit capable de donner à vn
homme, vne femme qui luy ſoit propre; & vn homme à vne femme : ainſi
il faut auoir recours à Dieu & l'obliger par prieres, ſeruices & bonnes œu-
ures de vous adreſſer celuy ou celle qu'il connoit vous eſtre propre.
La derniere cauſe, eſt la meſchante vie qu'on a mené auant le mariage,
ou qu'on mene en mariage car tout ainſi que Dieu recompenſe ſouuent la
bonne vie par vne bonne rencontre qu'il donne, ſuiuant ce qui eſt eſcrit,
Eccl. 26. Pars bona, mulier bona, in parte timentium Deum dabitur viro pro factis
bonis.
Vne bonne partie des faueurs que Dieu garde aux gens de bien, dans
le treſor de ſa prouidence, & ſuiuant l'ordre de ſa diuine predeſination, eſt
La bonne
femme eſt
ſouuent
vne re-
compenſe
de la bon-
ne vie.
vne bonne femme, qu'il donne ſouuent à ceux qui le craignent & le ſeruent,
pour recompenſe de leurs ſeruices : ainſi Dieu procura Sara au petit Tobie,
& Rebecca à Iſaac: S. Baſiliſſe à S. Iulian: à Henry, Cunegunde: à Elzearius
Daulphine, & tant d'autres ſemblables. De meſme ſouuent il permet qu'on
rencontre vne meſchante femme, ou vn meſchant homme en punition de ſa
meſchante vie, ſuiuant ce que dit le meſme Sage Eccli. 25. Breuis omnis ma-
litia, ſuper malitiam mulieris ſors peccatorum cadat ſuper illam
. Il n'y a malice
La mau-
uaiſe ren-
contre en
mariage
eſt ſouuent
punition
de la mau-
uaiſe vie.
comparable à celle d'vne meſchante femme, que le ſort des pecheurs puiſſe
tomber ſur elle. Cecy ſe peut expliquer en diuerſes façons : premierement
que la punition reſeruée par le iuſte iugement de Dieu pour les pecheurs, la
puiſſe accabler. Secondement qu'elle ſoit femme de quelque meſchant hom-
me, pour accoupler le pareil à la pareille, & chaſtier l'vn par l'autre pour
leur meſchante vie, que ſon ſort tombe ſur elle, comme choſe qui luy eſt
ſortable pour luy ſeruir de punition de ſes pechez.
Et que peuuent eſperer ces ieunes hommes diſſolus, libertins, impudi-
ques, yurognes, qui ne ſe ſoucient ny de Dieu, ny de pere & mere, qui n'ont
point d'autre Dieu que leurs plaiſirs, point d'autres conſeils que leurs paſ-
ſions ? ouy! ils cherchent vne femme chaſte, ſobre, deuote, modeſte, docile,
meſnagere. Si c'eſt à Dieu de donner vne femme conuenable à chacun, ne
doiuent-ils pas attendre vne femme legere, cauſeuſe, riotteuſe, lubrique,
prodigue, qui ſymboliſe auec eux ? partant dit fort bien S. Augu. De verbis
Domini
, ſi ducturi eſtis vxores ſeruate vos vxoribus verstris ; quales vultis eas inuenire,
tales & ipſæ inuentant vos. Quis eſt qui non caſtam velit ducere? Intactam quæris,
intactus esto, puram, purus esto
. Voulez vous vous marier ? gardez vous pour
vos femmes, qu'elles vous trouuent tels, que vous deſirez les trouuer. Il n'y
a perſonne qui ne veuille vne femme chaſte. Vous en cherchez vne qui n'aye
point fait de faute, n'en faites point : qui ſoit pure, ſoyez le : mais les hommes
ont plus de liberté que les femmes. Ouy ! voire ils ont plus d'obligation à
bien faire, puis que d'ordinaire ils ont plus de iugement, & ſont plus forts, &
qu'ils
E e 3

222
Second Traite'
qu'ils ſont chef de la femme, cum tu caput vxoris ſis, dit le meſme S. Auguſt. Le mary
doit eſtre
tel qu'il
deſire que
ſa femme
ſoit.
præcedit te ad Deum, & ſic vis domum tuam, capite deorſum pendere. Caput enim
mulieris, vir est, vbi autem melius viuit mulier quam vir, capite deorſum pendet do-
mus
. Vous eſtes chef de la femme & vous voulez que voſtre femme ſoit plus
ſage & plus vertueſe que vous, ainſi vous voulez que voſtre maiſon n'aye la
teſte en bas, le mary eſt le chef de la femme, & lors que la femme vit mieux
que le mary, la maiſon a la teſte en bas : & eſt renuerſeés.
La mau-
uaiſe vie
cauſe de
mauuais
mariages.
Combien de liberté ſe trouue entre les ieunes gens qui ſont à marier? Il
ſemble à pluſieurs que ſouz le pretexte de recherche de mariage, ou de pro-
meſſes, ou de fiançailles, tout ſoit permis, ou conuerſe auec autant de pri-
uauté & familiarité comme ſi on eſtoit deſia eſpouſé, & apres auoir fait tout
ce qu'il ne falloit pas faire, on ſe preſente au sacrement de mariage pleins
d'ordures, & de corruption, & de pechez : eſt cela vne diſpoſition à receuoir
la grace de Dieu ? ou pluſtot donner occaſion à Dieu d'enuoyer toute ſorte
de miſeres ſur tels mariages ? & puis à la premiere difficulté & different qu'on
a, le mary reproche à vne femme, les legeretez & libertez qu'elle a permis
auant le mariage, & en vient aux iniures & au meſpris, voila la cauſe des ma-
riages infortunez.
Combien de mariages qui ſe font ſur des fauſſes promeſſes, qui n'ont au-
tre fondement que le menſonge, ou on n'eſpargne aucune ſorte de ſerment,
moyennement qu'on vienne au bout de ſes pretenſions, & qu'on trompe ſa par-
tie. Pluſieurs apres s'eſtre gorgés de toutes les voluptez qu'ils ont peu, &
apres auoir veſcu vne vie d'Epicuriens108 ſe marient, ne penſans non plus à la
ſaincteté du mariage, comme s'ils faiſoient vn marché de cheuaux : s'ils ſe
confeſſent ce n'eſt que par maniere d'acquit, & par ce qu'il le faut faire : &
quel bon-heur peut on eſperer de ſemblables mariages ? qui s'eſtonne ſi les
ſorciers, magiciens, & ſemblables miniſtres de Satan y predominent &
les troublent par leurs malefices, ſorceleries, ligatures, & ſemblables mal-
heurs ?
Voulez vous que Dieu s'oblige à vos donner bonne rencontre en voſtre
mariage, obligez le autant que vous pourrez par voſtre bonne vie : en vos
recherches donnez vous de garde de faire, ny de permettre choſe qui ſoit
contre l'honneur & deuoir des Chreſtiens, que s'il s'eſtoit paſſé quelque cho-
ſe vn peu trop libre, donnez vous bien de garde de vous preſenter au Sacre-
ment pour conclure le contract, qu'auparauant vous n'ayez taſchez de re-
couurer la grace de Dieu par vne ſaincte & ſalutaire confeſſion, pour oſter
tout obſtacle que voſtre vie paſſée pourroit apporter à la grace du Sacre-
ment, & appaiſer l'ire de Dieu irritée contre vous pour vos pechez, afin
qu'elle ne desbonde fur voſtre mariage & le rende infortuné. Dites auec
S. Cecile, fiat cor meum, & coprpus meum immaculatum, vt non confundar. Mon
Dieu

223
Des mavx et des biens dv Mariage.
Dieu faites moy la grace que mon cœur & mon corps ſoient immaculez de
peur qu'en punition de mes pechez ie ne ſois chargé de confuſion, & mon
mariage de mal-heur.
Que ſi vous auez fait tout le contraire ne perdez point courage, nunquid
reſina non eſt in Galaad, & medicus non eſt ibi
, Ieremiæ 8. La choſe n'eſt pas en-
cor deſeſperée : ſi vous auez recours à Dieu auec vn bon propos de corriger
tous les deſordres paſſez & de le ſeruir deſormais fidellement, aſſeurez vous
qu'il ne manquera de vous donner la grace pour arriuer à la perfection de
voſtre eſtat.
Remedes
à ceux qui
ſont mal
mariez.
Si vous eſtes engagé ou par amourettes, ou par precipitation & impru-
dence, ou par quelque violente paſſion, ou par quelque fin ſiniſtre dedans
le mariage, & par conſequent dans des difficultez irremediables, prenez les
pour ſatiſaction de voſtre faute. Adorez la pruidence diuine touſiours
iuſte & equitable, & demandez la grace tres-humblement à Dieu de pouuoir
vous conformer à ſa volonté, par vne entiere & parfaite patience. Taſchez
de tirer de l'huile de ces rochers de tribulations : & des roſes de ces eſpines
d'afflictions par vne humble reconnoiſſance de voſtre faute, & par vn ſainct
exercice des vertus.
Si voſtre temerité vous a allié à vne perſonne faſcheuſe, efforcez vous de
la gagner par voſtre douceur & de la conuertir par vos bons exemples.
Souuenez vous que Dieu a permis que pluſieurs ſaincts ſe ſoient trouuez
en ſemblables rencontres non pour les perdre, mais pour perfectionner leurs
vertus & les rendre d'autant plus illuſtres. Iob quoy que canoniſé par la bou-
che du ſainct Eſprit, n'a pas laiſſé de reſſentir tant d'infortunes, comme la
perte de ſes enfans, la ruyne totale de ſes biens, vne gangrene en tout ſon
corps, l'abandonnement de ſes plus proches, & enfin les reproches & moc-
queries d'vne meſchante femme. Ie vous en pourrois rapporter beaucoup
d'autres, de l'vn & l'autre ſexe, qui nonobſtant les mauuaiſes rencontres
qu'ils auoient faites, voire par leur faute & temerité, ont fait de neceſſité
vertu, ont tiré le bien du mal & pris occaſion de leur mal-heur, d'eſtre au-
tant plus feruents, & partant ſe ſont rendus d'autant plus dignes, d'vne me-
moire & gloire eternelle : ſuiuez les en leur patience, conſtance, humilité,
reconnoiſſance de leur faute & temerité, adorant la iuſte prouidence diuine,
deteſtant le paſſé, propoſant de bien faire & Dieu ne manquera de vous
ſeconder de ſa grace, & vous couronner comme eux, de ſa gloire eternelle.



SECOND


225

Filet cadre rayé encadré de petites fleurs pour créer un bandeau.

DES OBLIGATIONS DES MARIEZ
LIVRE II.

Filet cadre, rayé.
Diſcours fondamental de tout ce ſecond Liure,
qui est la crainte & le ſeruice de Dieu :
ou la deuotion que doiuent auoir les mariez.

Lettrine "L" fleurie.
LA premiere obligation qu'ont tous les hommes eſt enuers
Dieu, comme eſtant celuy auquel nous deuons tout, & du-
quel depend tout autre obligation : partant ie trouue qu'il
eſt fort mal-ayſé que les mariez s'acquitent des obligations
qu'ils ont l'vn enuers l'autre, s'ils ne s'acquitent des obliga-
tions qu'ils ont enuers Dieu, ainſi auant toute choſe, faut
qu'ils iettent pour fondement la crainte de Dieu, & ſon ſeruice qui conſiſte
en vne vraye & ſolide deuotion, s'acquittans des obligations qu'ils luy ont
& que là deſſus ils eſtabliſſent l'acquit des obligations qu'ils ont mutuel-
lement.
C'eſt la cauſe pour laquelle i'ay voulu faire ce diſcours, comme vn auant-
propos des obligations que les mariez ont l'vn pour l'autre, pour rendre
leurs deuoirs l'vn enuers l'autre plus ſolides, lors qu'ils ſeront affermies ſur
le principe duquel procede toute autre obligation qui eſt Dieu, ſa crainte
& ſon ſeruice. Ce que i'ay fait d'autant plus volontiers, que ie me ſuis
apperceu, qu'aucuns mariez faute de crainte de Dieu & de vraye deuotion
s'emportent à des grands excés, ſouz pretexte d'obligation mutuelle &
d'autres pour auoir trop de crainte, mais vaine & ſeruille, & trop de de-
uotion, mais creuſe & imaginaire, manquent aux obligations qu'ils ont
l'vn enuers l'autre. Ainſi tacheray leurs faire entendre en quoy conſiſte
la vraye crainte de Dieu & la vraye deuotion : afin que prenans occaſion
de cette connoiſſance de s'acquiter de leur deuoir enuers Dieu, le craignans
& le
F f

226
Des obligations des mariez.
& le ſeruans, comme ie feray voir qu'ils peuuent faire en leur eſtat, ils s'ac-
quitent plus ſolidement & plus meritoirement des deuoirs & obligations
mutuelles que requiert leur condition.
La premiere choſe qui eſt neceſſaire en tous eſtats eſt la crainte de Dieu,
timor Domini gloria, & gloriatio, & lætitia, & corona exultationis. Eccli. 1. ce
qui rend l'homme honorable deuant Dieu & ſes Anges & deuant les hom-
mes eſt la crainte de Dieu, c'eſt le fondement de la ioye & du contentement
qu'il peut eſperer en ce monde. Timor Domini delectabit cor, & dabit lætitiam,
& gaudium, & longitudinem dierum
, Eccli. 1. le meſme, initium ſapientiæ timor
Domini
. Le commencement de la ſageſſe eſt la crainte de Dieu, mille ſem-
blables ſentences dans les ſacrez cayers.
Diuerſes
compa-
raiſons de
la crainte.
Il y a deux ſortes de crainte, l'vne eſt rouſturier, l'autre noble, l'vne ſer-
uile, l'autre filialle : l'vne eſt le commencement de la ſapience, l'autre en eſt
la perfection. La crainte eſt comme vn frain qui retient noſtre ame, dit S.
Chryſoſtome
Hom. 5. de verbis Iſaiæ, afin qu'elle ne s'emporte comme che-
ual indompté par la violence des paſſions c'eſt comme le gouuerail au na-
uire, dit le meſme, qui conduit le vaiſſeau de noſtre ame ſur la mer orageuſe
de ce monde, & le preſerue de la furie des orages & tempeſtes, le conduiſant
au port d'vne eternité bien heureuſe. C'est comme la ſentinelle qui fait le
guet au chaſteau de l'ame, dit S. Aug. ſerm. 18. de verbis Apoſt. qui auec vne
torche, monſtre de loing que l'ennemy s'approche, & eſueille les ſoldats : elle
nous monſtre le feu de l'enfer, les foudres de la iuſtice de Dieu, reſueille les
vertus, & nous retire de l'abyſme, où comme cheuaux indomptez nous al-
lions nous precipiter, comme vn vaiſſeau du naufrage, comme vn chaſteau
du pillage.
La crain-
te ſeruile
compa-
rée au ra-
ſoir du
chyrur-
gien, à
vne me-
decine a-
mere, à la
theriaque.
La crainte ſeruile eſt ſemblable au raſoir du chyrurgien qui fait ouuertu-
re à la playe, oſte la pourriture, retranche la gangraine, ſemble faire la
playe plus grande qu'elle n'eſt, mais cependant & le feu, & le fer qu'on ap-
plique à la playe, ne ſont que pour en procurer la guariſon : cette crainte
nous repreſente le fer des iugemens de Dieu : le feu de ſa iuſtice, mais c'eſt
pour guerir les playes de nos ames, cette comparaiſon eſt de S. Aug. in ep. 1
Ioan tract. 9
.
Theodoret la compare à vne medecine amere, qui ne laiſſe pourtant de
chaſſer les mauuaiſes humeurs & rendre la ſanté. C'eſt vne theriaque, dit le
meſme, compoſée de vipres, de diables, d'Enfers, de feux, de foudre, de ton-
nerres, mais cependant qui a de bons effects, timor Domini expellit peccatum. Ec-
cli
. 1. la crainte de Dieu chaſſe le peché.
In hiſto-
ria Socié-
tatis
109
Tom.1.
Au commencement de noſtre compagnie (comme la mere eſtoit ieune,
auſſi les enfans ne pouuoient eſtre fort vieux) on eſtoit eſtonnez de voir au-
cuns de nos Peres ieunes, conuerſer à la cour de Philippe ſecond, Roy
d'Eſ-

227
Des obligations des mariez.
La crain-
te de Dieu
eſt le re-
mede con-
tres les ten
tations.
d'Eſpaigne, voire parmy les dames & damoiſelles qu'ils formoient & la pieté,
auec vne pureté angelique & en tres-grande opiniõ de ſaincteté, aucuns firent
courir vn bruit que nos Peres portoient vne herbe qui rabatoit les aſſaults
de la concupiſcence, & ſeruoit de remede contre les tentations contraires à
la chaſteté. Le Roy en ayant eſté aduerty, fit appeller le Pere Araozius, luy
demanda qu'elle eſtoit cette herbe qui les protegoit contre les ardeurs de
la chair : le Pere luy reſpondit. Sire elle n'eſt autre que la crainte de Dieu, c'eſt
elle qui fait ce miracle, & a la force de chaſſer les Diables, tout ainſi que le
foye du poiſſon de Tobie, timenti dominum non occurrent mala, ſed in tentatione
Deus illum conſeruabit, & liberabit à malis
. Tobie 6.
La crain-
te filialle
que c'eſt.
La crainte filialle eſt la couſine germaine de la charité, & n'eſt autre cho-
ſe qu'vne ſaincte paſſion ou mouuement de l'ame qui craint, haït, & a en
horreur tout ce qui eſt contraire à Dieu, non pour l'apprehenſion des pei-
nes, ny pour la grandeur des recompenſes : mais pour la peur de l'offencer.
Cette crainte ne fait pas ſeulement ſuir ce qui eſt contraire à Dieu, mais
fait pourſuiure auec vn grand courage ce que Dieu deſire, rend l'homme
fort, & ſans peur de toutes autres choſes que de Dieu, ſuiuant ce que
dit Le Sage Eccli. 24. Qui timet Deum nihil trepidabit, & non pauebit, quoniam
ipſe eſt ſpes eius.
Cette crainte n'eſt autre choſe qu'vne ſoubmiſſion à la vo-
lonté de Dieu : vne ſaincte inclination à faire toutes ſes volontez : vne re-
uerence & pieté que nous appellons ordinairement deuotion, qui eſt vne
prompte volonté à faire tout ce qui concerne le ſeruice de Dieu, & ſon hon-
neur.
Nous pouuõs dire que c'eſt icy le cõmencemẽt de ſageſſe, initium
ſapientiæ timor Domini
. Eccli. 1. & radix ſapientiæ eſt timere Dominum, la racine de
ſageſſe eſt de craindre Dieu. Cette crainte eſt vn ſentiment ſyncere de Dieu &
de la vraye religion qui cauſe en nous la iuſtice & ſaincteté, comme en Cornelius
Actor. 10110. qui eſt qualifié, vir religioſus & timens Deum, homme religieux &
craignant Dieu. Le bon Simeon Luc. 2. Simeon iuſtus & timoratus, iuſte & crai-
gnant Dieu111 : c'eſt tout dire, ſuiuant ce que dit Salomon Eccli. 12. Deum time
& mandata eius obſerua, hoc eſt enim omnis homo
, craignez Dieu & gardez ſes
commandemens, car cela eſt tout dire, c'eſt la perfection de l'homme, & la
vraye deuotion.
Il y a des perſonnes mariées auſquelles quand vous parlez de la deuotion
le ſeul mot de deuotion les eſpouuante, car elles croient que comme c'eſt
vne imprudence de chercher des raiſins parmy les eſpines, ou des figues par-
my les ronces, auſſi que c'eſt vne temerité de chercher la deuotion par-
my les ſoins d'vne famile, parmy les ſollicitudes d'vn traficque112, parmy les
vanitez de la cour, dans les hazards de la guerre, au milieu des diſputes &
contentions des barreaux, & que ce doux raiſin, que cette agreable figue, ne
croit
Ff 2

228
Des obligations des mariez.
croit que le doux air de la retraitte, & dans le paradis de la religion &
des cloiſtres.
La deuo-
tion &
crainte de
Dieu eſt
le main-
tien des
familles.
Mais ie pretens monſtrer que c'est vn abus, & qu'il eſt impoſſible de ſe
maintenir dans la grace de Dieu en quel eſtat que vous ſoyez ſans la deuo-
tion, & qu'il eſt de nous tout de meſme que des anges, que Sainct Iean Da-
meſcene
en vn liure qu'il a fait contre les Manicheens compare à des horo-
loges, qui viendroient enfin à languir & demeurer ſans aucune action ſi Dieu
ne les remontoit continuellement par le ſouffle de ſon Diuin eſprit : ouy les
hommes voire les plus vigoureux vielliſſent bien toſt, les plus forts s'af-
foibliſſent, les plus courageux s'élangouriſſent s'ils ne prennent de la vi-
gueur par le moyen de la deuotion, & partant tout le bon-heur d'vn ma-
riage, la bonne intelligence, le repos de la conſcience, la proſperité d'vne
famile depend de la deuotion, & à faute d'icelle tout va en ruine, ſuiuant ce
que dit Le Sage, Eccli. 27. Si non in timore tenueris te instanter, cito ſubuerte-
tur domus tua.
Si vous ne vous maintenez en deuotion, voſtre maiſon ſera
bientoſt renuerſée.
Pluſieurs parlent de la deuotion ſans ſçauoir ce que c'eſt: aucuns croyent
que la deuotion conſiſte en des mines refroignées qui eſpouuante le mon-
de : à des auſteritez indiſcretes qui tuent le corps, & eſteignent toute la vi-
gueur de l'eſprit: à des ieuſnes exceſſives: des veilles ſans meſure: qui cauſent
ſouuent des grandes incommoditez, ſans apporter aucun prouffit. C'eſt vne
Deuotiõ
des Pha-
riſiens
.
deuotion des Phariſiens condamnée de I. C. meſme: lors qu'ils marchoient en
public ce n'eſtoit que ſaincteté en apparence, des hommes haues & defigurez,
qui portoient la loy de Dieu dedans des eſcriteaux qui leurs pendoient de-
uant les yeux; auoient des eſpines au franges de leurs robbes qui leurs pi-
quoient le talon en marchant, & cependant leur cœur eſtoit vne fourmillie-
re d'impureté, & vne fondriere d'abomination. Telle deuotion n'a ſouuent
autre effet que l'orgueil, eſt ſuiuie de grandes tromperies de Satan, d'vn grand
degouſt au ſeruice de Dieu, & quelquesfois du deſeſpoir.
Diuerſes
ſortes de
deuotion.
D'autres mettent la deuotion à faire des petites mines & fingeries, à auoir
vn oratoire bien agencé, vn reliquaire bien eſtoffé : mais au reſte à viure à ſa
liberté, ne dependre de perſonne, ſe gouuerner ſelon ſa fantaiſie, ſe repaiſtre
de mille curioſitez, aller, trotter, meſpriſer ce qui eſt de ſa condition, comme
les affaires de la maiſon, le ſoin qu'on doit auoir des peres & meres, des ma-
rys, auſquels on donne dix mille occaſions de murmures & meſcontente-
mens : telle deuotion eſt ſemblable aux pommes de Sodome, belles en appa-
rence, au dedans ce n'eſt que cendre & pouſſiere.
D'autres penſent que la deuotion conſiſte à entendre douze meſſes par
iour, dire vignt cinq chapellets, faire deux cent confeſſions par an, trois cent
communions : courir de confeſſeur à autre, & les experimenter tous en vn
mois:

229
Des obligations des mariez.
mois: ou bien s'attacher tellement à vn comme ſi nul autre n'auoit la clef de
la grace, ny des Sacremens, & s'il le faut quitter c'eſt à perdre toute deuotion:
ou bien à faire des longues confeſſions, à s'entretenir des heures entieres
auec des peres ſpirituels, donnant occaſion aux autres de murmures, & apres
toutes ces niaiſeries, on eſt auſſi vain qu'auparauant, on eſt fier comme verjus :
colere comme des petits lyons : inexorables aux prieres des pauures comme
enclumes, inſenſible aux miſeres d'autruy comme rochers.
D'autres mettront la deuotion à faire ſcrupule de regarder vne fleur
par recreation : de boire frais en eſté, & vous aualeront à grands traits les
detractions & meſdiſances, ſe repaiſtront d'enuies & de ialouſies : entretien-
dront leurs eſprits de iugemens qu'ils formeront d'autruy, faiſant paſſer
tout le monde par la cenſure de leur petite ceruelle, ſans eſpargner ny con-
feſſeur, ny predicateur, s'eſtimans capables de porter iugement de tous, voi-
re des Prelats & du Pape.
D'autres ſont beaucoup plus ſubtiles mettans la deuotion à des extaſes
deſguiſées, à des rauiſſemens trompeux, en des paroles eſtrangeres: voulans
raffiner toute autre deuotion dans le creuſet de leur eſprit. Ils ont le palais
trop ſubtil en matiere de deuotion, pour prendre gouſt aux viandes com-
munes: il ne faut que des elixirs, des quintes eſſences, des conſommez: leurs
parolles ſont toutes alembiquées113: vous ne voyez en leurs deportemens que
des choſes ſpecieuſes & ſont comme ces inſcriptions qui ſont ſur les boittes
des apoticaires, tout eſt de fin or au dehors, & au dedans, ce ne ſont que des
feuilles, & de l'eſcorce : & ſoub ces belles apparences vous ne trouuez autre
choſe qu'vn tintamarre de paſſions, ou vn meſchant rat de vanité & de pre-
ſomption, & bien ſouuent toute cette deuotion n'a autre effect que de la
fumée, & quelquefois la folie.
Il y a deux ſortes de deuotion, l'vne commune, l'autre ſinguliere: la com-
mune conſiſte à ſeruir Dieu, premierement ayant des creances tres-pures &
tres-chaſtes en ce qui concerne la vraye foy, ſans aucun meſlange de curioſi-
Deux
ſortes de-
vraye de-
uotion, la
commune
& la ſin-
guliere.
tez & opinion eſtrangere. Secondement s'applicant au culte & ceremonies
qui appartiennent à la religion, franchement, cordiallement, religieuſement,
tant pour la ſatiſfaction de ſa propre conſcience, comme pour l'edification
du prochain, chacun eſt obligé à cette deuotion, puis que la religion ne peut
ſubſiſter ſans icelle, & qu'elle n'eſt autre choſe à proprement parler que
l'exercice ſincere & pure de la religion: ſeruant Dieu dans la pieté commune,
La deuo-
tion com-
mune.
& n'y a aucune affaire qui puiſſe vous en exempter, ou bien faut renoncer à
toute religion.
La deuotiõ ſinguliere enſeigne à ſeruir Dieu par deſſus la pieté comme à
La deuo-
tion ſin-
guliere.
trouuer quelque retraitte ſelon voſtre qualité & condition pour traitter auec
Dieu, à l'imitation de Moyſe, lequel en toutes ſes affaires recouroit touſiours
au
F f 3

230
Des obligations des mariez.
au tabernacle. S. Gregoire Nazianzene dit que nous deuons auoir Dieu en
memoire à chaſque fois que nous reſpirons : voila la vraye deuotion, prati-
quée par Dauid, prouidebam Dominum in conſpectu meo ſemper, i'auois touſiours
Dieu deuant mes yeux; ne vous imaginez pas que cela ſoit impoſſible; que ce
ſoit vne Chymere ou idée de Platonique; que cela n'eſt propre que pour les bien-
heureux, qui n'ont autre object que Dieu, la choſe n'eſt pas ſi mal ayſée
comme pluſieurs penſent.
La deuo-
tion eſt
vn don de
Dieu.
L'eſpouſe Cant. 1. dit à l'eſpoux, trahe me post te, curremus in odorem vnguen-
torum tuorum
: l'odeur & le parfum de l'ame c'eſt la deuotion, la premiere cau-
ſe d'icelle eſt Dieu qui nous doit attirer, c'eſt pourquoy l'eſpouſe dit, trahe
me poſt te
, c'eſt vn don de Dieu. S. Ambroiſe ſuper cap. 9. Lucæ, quos dignatur
vocat, & que vult religioſum facit, & ex indeuotis deuotos reddit
: Dieu appelle ceux
qu'il veut rend pieux, ceux qu'il veut, & d'indeuots les rend deuots. Dauid le
reconnoiſſoit lors qu'au Pſal. 38. il dit, concaluit cor meum intra me & in medita-
tione me a exardeſcet ignis
, mon cœur s'eſt eſchauffé, mais qui y a mais le feu? ſi-
non celuy qui n'eſt que feu, qui eſt Dieu, & qui embraſe les Seraphins, il y
La deuo-
tion de-
mãde no-
ſtre coope-
ration.
faut toutefois de noſtre cooperation, car c'eſt à nous d'attiſer ce feu par no-
ſtre meditation, In mediatione mea exardeſcet ignis. La deuotion n'eſtant au-
tre choſe qu'vne prompte volonté qui nous porte à tout ce qui concerne le
ſeruice de Dieu, la volonté s'eſchauffe dans la meditation & conſideration
des benefices diuins, & dans la conſideration de ſa ſouueraine bonté : cette
conſideration cauſe l'amour : l'amour la tendreſſe : cette tendreſſe eſt la de-
uotion qui nous fait dire auec Dauid mihi adhærere Deo bonum est, ponere in Do-
mino Deoſpem meam
, tout mon contentement eſt en Dieu en qui i'ay mis tou-
tes mes eſperances, & à qui ie dreſſe toutes mes intentions.
Allumet-
tes de la
deuotion.
Pour cauſer vne vraye deuotion, il ne faudroit autre motif que l'infinie
bonté de Dieu, laquelle ſeule (ſi pouuions bien l'apprehender) ſeroit
capable pour nous inciter à l'aimer, & nous porter à tout ce qu'elle deſire
de nous, d'vne prompte volonté; mais d'auant que noſtre ſoibleſſe ne
nous permet d'apprehender comme il faudroit cette ſouueraine bonté, nous
auons beſoin de quelques motifs, qui nous ſoient plus familiers & confor-
mes à noſtre foibleſſe, comme ſont les benefices diuins enuers nous, la
creation, conſeruation, prouidence, & ſur tout l'humanité ſacrée de Ieſus-
Chriſt; la conſideration des myſteres qu'il a operé en icelle pour
nous : car comme dit l'Egliſe il eſt venu en ce monde, a fait tout ce qu'il
a fait, afin que, dum viſibiliter Deum cognoſcimus, per hunc in inuiſibilium
amorem rapiamur
, le connoiſſant viſiblement nous ſoyons rauis à l'amour
des choſes que nous ne voyons pas, qui eſt ſur tout la bonté de Dieu qui
nous l'a donné.
Il faudroit eſtre de marbre pour ne s'atendrir à l'amour de celuy qui nous a
tant

231
Des obligations des mariez.
tant aymé que de nous donner ſon Fils : il faudroit auoir le cœur plus dur
que diamant, s'il n'eſtoit amolly, plus froid que marbre, s'il n'eſtoit eſ-
chauffé : conſiderant comme Dieu apres nous auoir donné tout le reſte des
creatures, nous a enfin donné ſon Fils par vn excés d'amour, & ce pour ſuer
pour nous, trauailler, ſouffrir, mourir: Hæc in statera cordis veſtri appendite, vt to-
tus vobis figatur in corde, qui pro vobis totus fixus est in cruce.
Aug. de S. Virg. c.
55. Peſez cecy dans la balance de voſtre cœur, afin que celuy-là ſoit totale-
ment attaché à voſtre cœur, qui a eſté attaché entierement pour vous à la
croix, dit S. Auguſtin.
Que les
mariez
peuuent
s'appli-
quer à la
deuotion.
Cela eſt bon me direz-vous pour les Anges & Bien-heureux, qui n'ont nul
autre obiect que Dieu; & en l'intime preſence de ſon eſſence, ne ſont ſubiects
à aucun diuertiſſement, eſtant entierement attachez & collez à luy par amour,
comme ils ſont par la connoiſſance & operation de l'entendement : & peu-
uent eſtre aucunement imitez par des parfaits religieux, mais impoſſible par
vn homme du monde qui a vne famille à gouuerner : par vn marchand,
qui a tant de negoces: par vne femme, qui a le ſoin d'vne famille, & l'obligation
de complaire à vn mary, & de prendre garde à des enfans, & à des ſeruiteurs &
ſeruantes. Mais croiriez vous que, & les affaires, & les ſoins, & l'adminiſtration
d'vne famille, vous exceptaſt de l'obſeruatiõ des cõmandemens de Dieu ? il me
ſemble que Dieu s'addreſſe à vous, lors qu'il dit, Deut. 6. Audi Iſrael, Dominus
Deus noster, Deus vnus eſt, diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo, & ex tota
anima tua, & tota fortitudine tua eruntque verba hæc, quæ ego præcipio tibi hodie, in
corde tuo, & narrabis ea filiis tuis, & meditaberis in eis ſedens in domo tua & ambu-
lans in itinere, dormiens, atque conſurgens.
Eſcoutes Iſrael, noſtre Dieu eſt vn, tu
l'aymeras de tout ton cœur, de toute ton ame, de toutes tes forces : ces paro-
les que ie t'ordonne auiourdhuy, ſeront en ton cœur : tu les raconteras à tes
enfans: tu les mediteras eſtant aſſis en la maiſon: marchant par ton chemin: te
couchant & leuant. C'eſt le meſme que dit N. Seigneur, Luc. 18 Oportet ſem-
per orare, & nunquam deficere
, il faut touſiours prier, & iamais ne ceſſer, & S.
Paul
. 1. Cor. 10. Siue manducatis, ſiue bibitis, ſiue aliud quid facitis, omnia in gloriam
Dei facite
: Soit que vous mangiez, ſoit que vous beuuiez, ſoit que vous ſaffiez
quelque autre choſe, faites tout à la gloire de Dieu : & au Coloſſ. 3. Omne
quodcunque facitis in verbo, aut in opere, omnia in nomine Domini Ieſu Chriſti facite
,
tout ce que vous faites, ou de parolles, ou d'œuures, faites-le au nom de no-
ſtre Seigneur Ieſus-Chriſt. Voila la vraye deuotion, aymer Dieu de tout ſon
La vraye
deuotion.
cœur, rapporter tout à ſa gloire, qui eſt comme vne perpetuelle oraiſon, fai-
re tout en ſon nom, & de bonne volonté.
Ne penſez pas cela s'adreſſe ſeulement aux Religieux & aux perſon-
nes qu'on appelle ordinairement deuotes, qui font profeſſion de la deuo-
tion

232
Des obligations des mariez.
tion ſinguliere : il s'addreſſe à tous les Chreſtiens : qui ſont obligez comme
enſeigne S. Thom. 2. 2. qu. 60. art 1. Non ſeulement par conſeil, mais auſ-
Nous de-
uons tout
rapporter
à Dieu.
ſi par precepte, de rapporter tout ce qu'ils font à la gloire de Dieu, car puis
que Dieu entant que nous ſommes Chreſtiens eſt noſtre fin ſurnaturelle, il
ſ'enſuit qu'entant que Chreſtiens nous ſommes obligez de dreſſer nos inten-
tions & actions à cette fin. S. Aug. ſur le pſal. 54. Intentio dirigatur in finem, di-
rigaturin Chriſtum, quare finis dicitur? quia quicquid agimus ad illum referimus
:
noſtre intention doit buter à vne fin, mais cette fin eſt Ieſus-Chriſt : pour-
quoy eſt-ce qu'on l'appelle la fin ? ſinon d'autant que nous deuons rapporter
à luy tout ce que nous faiſons, & qui eſt-ce qui ſoit ſi embaraſſé dans les af-
faires du monde qu'il ne puiſſe au moins au matin, à midy, au ſoir, dreſſer
toutes ſes intentions & actions à Dieu ? & partant faire tout à ſa gloire, quoy
qu'en chaque action, en particulier, il ne penſe pas à luy actuellement ? & ne
peut-on pas renouueller cette meſme intention à chaque heure ? oyant la
meſſe, entendant l'horologe: commençant quelque œuure d'importance: fai-
ſant le ſigne de la croix; voire tout en trauaillant, comme dit S.Baſile lib. qq.
fuſius diſputat. interrog.
37. rendant grace à Dieu qui nous donne les forces,
qui nous donne l'induſtrie, qui nous fournit la matiere pour faire les inſtru-
mens deſquels nous nous ſeruons : le priant de dreſſer les œuures de nos
mains à ce que nous puiſſions luy plaire.
Les Roys
peuuent
auoir la
deuotion.
Pluſieurs Roys l'ont ainſi fait dans le gouuernement de leurs Royaumes &
dans la direction des armées, comme vn S. Louys, n'ayant autre deſſein que de
conſacrer ſa perſonne, ſa femme, ſes enfans, & ſon Royaume à la gloire de
Dieu & partant eſtant touſiours luy meſme : d'autant que iamais il ne s'eſloi-
gnoit de Dieu ny de la deuotion. Son eſprit au milieu des plus rudes ſecouſ-
ſes eſtant inesbranlable, d'autant qu'il eſtoit affermy ſur la pieté : tant d'autres
Roys & Reynes qui ont trouué la deuotion parmy les pourpres & les deli-
cateſſes de la cour; voire parmy les rudeſſes des marys barbares & infideles.
On peut eſtre deuote & femme mariée tout enſemble, on eſt obligée de com-
plaire à vn mary, de ſoigner les enfans & les domeſtiques mais on ne laiſſe
pourtant de trouuer Dieu ſi on veut, au meſnage, quoy qu'on ſoit eſloigné
des autels en faiſant ce qui eſt du meſnage pour complaire à Dieu.
Deuotiõ
de S. Seve-
rus tiſſerã.
On trouue la deuotion en tous eſtats, S. Seuerus tiſſeran ſe comportoit en
ſon ouurage auec tant de pieté, de deuotion, & de ſaincteté, qu'enfin, comme
vn iour apres auoir trauaillé, il alloit à l'Egliſe ne penſant à rien moins, Dieu
enuoya vne colombe qui monſtra comme il l'auoit choiſi pour eſtre Eueſ-
que de Rauenne, toute ſa famille à ſon exemple, eſtoit ſaincte, ſes reliques,
celles de ſa femme Vincentia, de ſa fille Innocentia, ſe voyent à Mayenne,
Sigebert in Chron. an. 824. Surius. 1. Ianuarij.
De noſtre temps on a canoniſé S. Iſidore, ſçauez vous bien qu'il eſtoit
labou-

233
Des obligations des Mariez.
Pluſieurs
artiſans
deuots.
laboureur ? ſa charrue & ſon meſnage ne diminuoient en rien ſa deuotion qui
eſtoit bien ſi grande, que ſouuent pendant qu'il prioit & ſembloit ne rien
faire, les Anges conduiſoient ſa charrue & faiſoient ſon ouurage.
S. Criſpin & Criſpinian eſtoient cordonniers, S. Coſme & S. Damien
Chryrurgiens : Claudius114, Nicoſtratus & leurs trois compagnons martyrs
eſtoient ſculpteurs.
Grande
deuotion
d'vn con-
roieur.
Il eſt rapporté lib. 2. de vitis & miraculis SS. Patrum Heremitarum115
cap. de S.Macario
que le grand S.Antoine eſtant vn iour en prieres en ſa cellule,
entendit vne voix qui luy diſoit, tu n'es pas encore arriué à la perfection d'vn
conroieur116 qui eſt en Alexandrie : auſſi toſt deſireux de voir cet homme, il ſe
mit en chemin & arriué en Alexandrie trouua ce bon homme, & ayant fait
quelques preuues de ſon humilité, pieté & deuotion, qu'il exerçoit parmy
ſon trauail iournaliers; confeſſa librement qu'apres tant d'années de ſolitude
il n'eſtoit encore arrivé à la perfection de ce bon homme : il avoit couſtume
auſſi toſt qu'il eſtoit leué, auant que commencer ſon ouurage, de ſe recom-
mander à Dieu, luy conſacrer tout ce qu'il feroit, s'humilier au deſoubz de
tous ceux de ſa ville, ſe perſuadant que tous les autres alloient au ciel, &
qu'il ne faiſoit rien digne du paradis, n'ayant aucune opinoin de ſoy-meſme.
Ne penſez pas que la deuotion ſoit rencloſe dans les monaſteres, & enfermée
dans la ſolitude du deſert : elle ſe trouue par tout.
Deuotion
de S. Deus
dedit.
S. Deusdedit cordonnier veſquit ſi ſainctement que trauaillant toute la
ſepmaine il diſtribuoit le Samedy aux pauures ce qui luy reſtoit de gain
apres ſon viure, & ſon entretien : vn Saint homme vit des ouuriers qui
baſtiſſoient vne maiſon à ce Saint homme, mais qui ne trauailloient que le
Samedy, c'eſtoient des Anges. Greg. lib. 4. Dialog. cap. 36. Martyrolog.
Rom.
10. Auguſt.117
Palladius cap. 41. & 42. apres S. Baſile fait mention d'vne bonne ſœur
conuerſe, qui eſtoit cuiſiniere dans vn grand monaſtere, eſtoit le but de
toutes les religieuſes, chacun l'agaſſoit & l'importunoit & eſtoit meſpriſée
de toutes : vn iour vn Ange apparut à S. Pyoterius tres-ſaint Hermite & luy
dit que cette bonne ſœur eſtoit plus ſaincte que luy, luy commande d'aller
au monaſtere, qu'il la reconnoiſtroit par le moyen d'vne couronne qu'elle
auoit alentour de ſa teſte, & qu'il declaraſt par tout, qu'elle auoit ſi bien
vny ſon trauail auec l'obſeruation exacte de ſes regles, & auec la deuotion :
qu'elle eſtoit paruenue à vne plus grande ſaincteté que luy, puis que iamais
ſon cœur n'eſtoit ſeparé de Dieu au milieu de tant d'embarras, & luy dans ſon
Hermitage vagabondoit d'eſprit par tout le monde.
Le bien-heureux Alexandre frere de S. Mathildis, fille du Roy d'Eſcoſſe
n'a-il pas veſcu inconnu dans vn monaſtere de l'ordre de Ciſteau118? ſeruant de
vallet au vacher, & faiſant des fourmages, recognu apres ſa mort par des mi-
racles?
G g

234
Des obligations des Mariez
racles ? Cantiprat. lib. 2. cap. 10. num.3. Caroliman fils de Charle Martel
s'eſtant fait moine au mont Caſſin par commandement de l'Abbé, gardoit
les brebis portant les debilles ſur ſes eſpaules. Ex annalib. cœnobij montis
Caſſini
119 On trouue Dieu & la deuotion par tout; vous la trouuerez en
voſtre mariage ſi vous voulez.
Gardez les commandemens de Dieu exactement; fuiez le peché mortel
comme la peſte, non ſeulement en voſtre perſonne, mais en tous vos ſub-
jects & ſur tout, en vos domeſtiques : ayez pour but en toutes vos actions
En quoy
conſiſte la
deuotion
des ma-
riez.
la gloire de Dieu, mirez120-la, & faites que tous les ſoins que vous prenez en
voſtre meſnage y viſent: exercez les actes de religion conformement à voſtre
condition entendant la ſaincte meſſe, les veſpres, les ſermons : gaignant
les indulgences, vous confeſſant & communiant ſuiuant la commodité que
vous en aurez : faites bien aux pauures, à proportion de vos moyens : re-
commandez-vous à Dieu matin & ſoir, prenez garde que vos enfans & vos
domeſtiques le facent, voila voſtre deuotion. Ne vous perſuadez pas que
voſtre deuotion conſiſte à eſtre toute vne matinée à vne Egliſe, à entendre
dix meſſes, & cependant negliger ce qui eſt du contentement & du ſervice
d'vn mary, laiſſer le ſoin de la maiſon à vne ſeruante : dire tant de Roſaires
au lieu de prendre garde que vos domeſtiques s'acquitent de leur deuoir.
Enfin ſi vous deſirez ſçauoir en vn mot en quoy conſiſte la deuotion, ap-
prenez & retenez bien qu'elle conſiſte à faire promptement, & auec alle-
greſſe, & pour Dieu ce qui eſt de voſtre eſtat & condition. Vous le pouuez
faire en mariage & ainſi vous y pouuez auoir la vraye deuotion & y acque-
rir la perfection conforme à voſtre vocation. Voicy ce que Dieu demande
de vous.
En la vie de peres eſt raconté qu'vn iour S. Macaire entendit vne voix
du ciel qui luy diſoit, Macaire Macaire tu n'es pas encore arriué à la deuo-
Deux
femmes
mariez
bien de-
uotes.
tion & perfection de deux femmes mariées qui ſont en la ville voiſine: eſpris
d'vn grand deſir de ſçauoir qui eſtoient ces deux femmes, & pouſſé du ſaint
Eſprit il alla à la ville, entra en vne maiſon en laquelle demeuroient deux
femmes mariées à deux freres. Il les pria bien humblement de luy vouloir
dire comme elles viuoient : elles luy reſpondirent qu'il y auoit onze ans
qu'elles demeuroient en meſme maiſon en grande paix & en vne parfaite
intelligence auec leurs marys, qu'en leur mariage, elles n'auoient autre in-
tention que d'auoir lignée ou de s'acquitter de leur deuoir enuers leurs
marys, qu'elles auoient touſiours taſché d'offrir à Dieu la pureté de leur
cœur & s'eſtoient donné de garde de ne l'offenſer ny de fait ny de parolles.
S. Macaire les ayant entendu & reconnu leur pureté & la grande crainte
qu'elles auoient d'offenſer Dieu, conjoincte à vne extreme deſir de luy
complaire, commença à s'eſcrier, veritablement la pureté de cœur eſt agrea-
ble

235
Des obligations des Mariez.
ble à Dieu en tous eſtats & faut confeſſer qu'il ſe trouue des gens mariez qui
ſurpaſſent en deuotion pluſieurs vierges & religieux.
Par la grace de Dieu il ne manque maintenant de ſemblables mariez de
l'vn & l'autre ſexe, qui craignent Dieu, le ſeruent, ſe gardent de l'offenſer
& non ſeulement parmy le ſimple peuple, mais encore parmy les grands &
au milieu de cours, & font paroiſtre par leur vie & bons exemples que la
deuotion & Dieu ſe trouuent par tout, & s'acquitans ſelon leur petit pouuoir
des obligations qu'ils ont à Dieu, prennent nouuelles forces pour s'acquitter
des obligations qu'ils ont l'vn pour l'autre & de les rendre d'autant plus ſo-
lides & plus meritoires.







TRAI-
G g 2










Vase ornée, remplie de fleurs










236

Grand bandeau, chérubin entouré de feuilles.

TRAITE' PREMIER.

Des obligations des mariez l'vn enuers l'autre.

Filet cadre, rayé.

De l'amour mutuel des mariez.

CHAPITRE I

Lettrine "L", fruits et feuilles.
LA plus grande & principale obligation des mariez l'vn enuers
l'autre, reciproque & egale à tous deux, eſt celle qui procede de
la donation mutuelle qu'ils ſe ſont fait de leurs corps, de laquelle
reſultent toutes les autres : or d'autant que i'en ay parlé au liure
precedent traitté. 2. Chapitre 3. ie n'en diray rien maintenant,
ains monſtreray les autres obligations, & commenceray par l'amour mutuel
ou reciproque.
Tout ſe
fait en ce
monde
par amour.
Il ſemble que l'amour peut eſtre appellé comme la grande ame de ce mon-
de, que c'eſt luy qui donne la vie & le mouuement à toutes les creatures : que
c'eſt comme le premier mobile qui emporte tout le reſte dans l'impetuoſité
de ſon mouuement, amor meus, pondus meum, amore feror quocunque feror,
mon amour eſt mon poids, ie n'ay mouuement que par amour. Aug. Si le feu
monte, c'eſt l'amour de ſa conſeruation qui l'eſlance : ſi la pierre deſcend
c'eſt le poids du meſme amour qui la tire. Si les animaux cherchent ſi aui-
dement ce qui eſt de la conſeruation de leur indiuidu, & la propagation de
leur eſpece, ce n'eſt qu'auec les reſſorts de l'amour : mais ſur tout, cela eſt ve-
ritable en l'homme, & d'autant plus qu'eſtant doué de raiſon la meſme rai-
ſon veut qu'en toutes ſes actions il agiſſe par amour, dans la pourſuite du
bien qui luy eſt ſortable, & la fuite du mal qui luy eſt contraire : l'vn & l'au-
tre procedant d'amour, puis qu'il ne fuit le mal qu'à cauſe de l'amour qu'il
ſe porte.
Que ſi l'amour doit eſtre comme la vie de toutes les autres actions de
l'homme, beaucoup plus du mariage : d'autant que comme le fondement du
mariage

237
Obligations des Mariez.
mariage eſt l'amour, auſſi le lien du meſme mariage, eſt le meſme amour: &
le moyen d'y viure content eſt l'amour: il n'y a point d'autre ſucre pour ad-
doucir les amertumes & difficultez qui s'y retrouuent que l'amour.
Horat. l. I.
carm. ode
13121.
Felices ter & amplius,
Quos irrupta tenet copula, nec malis.
Diuulſus quærimonijs.
Suprema citius ſoluet amor die.
Anciennement chez les Romains, on prenoit garde de ne faire eſpouſailles
en vn iour auquel y euſt ou tremblement de terre, ou tempeſte en l'air, mais
que tout fuſt tranquil & calme en ce premier iour d'alliance : Alex. ab Alex.
genial. dier. lib. 2. cap. 5.
arrière les troubles en cette alliance d'amour.
Le Sage Eccl.35. dit que Dieu prend plaiſir à trois choſes qui ſont recom-
mandables deuant luy & les hommes : la concorde entre les freres, l'amour
du prochain; le mary & la femme qui viuent en bonne intelligence ou qui
Diuerſité
d'amour.
s'aiment.
Faut remarquer auec S. Bonauenture opuſc. de profectu relioſ. l. 2. ch.
27. qu'il y a diuerſes ſortes d'amour. Vn amour charnel qui n'a autre en-
Amour
charnel.
tretien que la chair & ſes plaiſirs : vn amour appellé d'ordinaire de concu-
piſcence, qui eſt quand on ayme pour ſes intereſts, comme le chien ayme ſon
Amour
de concu-
piſcence.
maiſtre pour le pain qu'il luy donne; le ſeruiteur le ſien pour la recompenſe :
l'amour naturel, comme celuy qui eſt entre ceux de meſme parenté ou de
meſme pays, comme celuy par lequel nous aymons ce qui eſt de plus beau
Amour
naturel.
& plus conforme à noſtre naturel : l'amour ſocial par lequel nous aymons
ceux qui ſont de noſtre connoiſſance & qui nous ſont familiers ainſi le vo-
Amour
ſocial.
leur ayme le voleur : l'amour ſpirituel qui s'appelle ainſi, d'autant que c'eſt
le premier fruict du S. Eſprit, lequel n'eſt autre choſe que l'amour du Pere
& du Fils. C'eſt cet amour que Dieu nous ordonne, c'eſt cet amour qui eſt le
Amour
ſpirituel.
lien de perfection : c'eſt cet amour qui eſt le precepte de Ieſus-Chriſt, qui eſt
la fin de la loy, & qui ſeul de ſoy eſt meritoire & rend l'amour naturel & ſo-
cial meritoire lors qu'il les informe & gouuerne : ce n'eſt pas cet amour qui
gouuerne l'amour de concupiſcence, mais le tolere & le modere de peur
qu'il n'excede : or il a l'amour charnel en horreur & ne peut auoir aucune
accointance auec luy.
De ce diſcours de S. Bonauenture il eſt ayſé à voir quel eſt l'amour que
Dieu demande des mariez, mais mariez Chreſtiens : non vn amour fondé en
l'vnion de la chair & du ſang, ce ſeroit vn amour charnel, naturel où ſo-
cial, tel qui peut eſtre entre les payens & les plus barbares: non vn amour
Quel doit
eſtre l'a-
mour des
riez.
fondé ſur le bien, l'honneur, les proſits, ce ſeroit vn amour de concu-
piſcence : mais vn amour d'amitié non humaine, mais diuine procedante de
la
G g 3

238
Premier Traite’
la charité, fruict du S. Eſprit, qui eſt la fin des preceptes, laquelle ayme d'vn
cœur pure auec vne bonne conſcience, & foy ſans feintiſe, de corde puro, &
conſcientia bona, & fide non ficta
, 1. ad Timoth. 1.
Comme
les mariez
ſont deux
en vne
chair.
Remarquez ces epithetes ou proprietez de l'amour que S. Paul deman-
de, le premier, de corde puro, d'vne pureté de cœur, c'eſt à dire, dit S. Aug-
lib. 1. de doctrina Chriſtiana cap. 35. ſans meſlange de choſe aucune con-
traire à cét amour. Cor purum eſt vacuum cupiditate & amore ſui, vt nihil aliud
diligatur, quam quod diligendum est
, n'aymant que ce qu'il faut aymer, ſçauoir
Dieu pour l'amour de luy & le prochain pour Dieu.
Cet amour ne ſe doit pas contenter d'vne certaine eſcorce & apparence
exterieure, mais doit eſtre au cœur & à l'interieur : quand on ente vn arbre,
on a beau mettre de la terre à l'entour de la greffe, iamais elle ne s'incorpo-
rera auec le ſauuageon s'il ny a de la vie & de la chaleur naturelle interieure
tant en la greffe qu'au ſauuageon pour faire vn des deux. De meſme on a
beau auoir des richeſſes, honneurs & plaiſirs en mariage, iamais cela ne ſera
vne bonne vnion ſi l'amour du cœur ne ſe retrouue & en l'vn & en l'autre
des conjoincts pour faire vn des deux.
Le ſecond, bona conſcientia, ce que S. Ambroiſe explique d'vne bonne vie.
Le troiſieſme, fide non ficta, auec vne fois ſans diſſimulation, ſans feintiſe ny
tromperie aucune, s'entregardans la fidelité mutuelle.
La loy du mariage couchée au ſacré Code, Gen. 2.122 en ces termes, erunt
duo in carne vna
, ils ſeront deux en vne chair : les mariez ſont appellez vne chair.
1. d'autant qu'ils ſont joincts pour viure vne vie charnelle ou corporelle. 2.
à cauſe de l'vnion des corps prouenant de la donation mutuelle. 1. Corinth.
6. qui adhæret mulieri unum corpus efficitur. 3. à cauſe d'vne chair qui procede
de tous deux & eſt commune à tous deux par indiuis, qui sont les enfans, fruicts
de leur mariage. 4. à cauſe du pouuoir qu'ils ont mutuellement ſur leurs
corps ou leur chair. Les mariez ſont vne chair, ſont comme vn arbre qui a
deux branches, ſans leſquelles il ne peut produire ſont fruict. C'eſt pourquoy
nous ſommes appellez, filij hominum, enfans d'hommes, & non pas d'homme
comme noſtre Seigneur qui fut filius hominis, fils d'vn homme, d'vne ſeule
femme ſans mary, qui contribuaſt à la formation de ſon corps. Duo in carne
una
, deux en vn par vnion d'amitié, car ſi l'amy eſt vn autre moy-meſme,
Ethic.123 8. à plus forte raiſon la femme pour le regard du mary & le mary pour
le regard de la femme doiuent eſtre deux en vn.
Trois v-
nions des
mariez.
S.Thomas in cap. 5. Epiſt. ad Epheſ.124 dit que les mariez doiuent auoir
trois vnions : la premiere eſt de l'eſprit par vn ſainct amour & affection qui
doit eſtre tel que les mariez conformement à la loy de Dieu doiuent quiter
pere & mere l'vn pour l'autre. Il eſt bien vray qu'il n'y a nul amour non pas
meſme du mary enuers ſa femme, ny de la femme enuers ſon mary, qui ſoit
preferable

239
Obligations des Mariez.
preferable à celuy des enfans enuers peres & meres quant à l'obeiſſance, re-
uerence & aſſiſtance, toutefois quant à la compagnie domeſtique & cohabi-
tation, les mariez ſont plus obligez l'vn à l'autre qu'à leurs peres & meres.
La ſeconde vnion eſt vne tres-eſtroicte conuerſation du mary & de la fem-
me. La troiſieme eſt l'vnion des corps en l'vſage de leur mariage, les ſeptan-
te
ſignifient la force de ces trois vnions tournans, agglutinabitur, le mary ſera
collé : le Chaldée, hærebit in vxore, s'arreſtera en ſa femme n'eſtant qu'vn par
la colle & vnion d'amour.
Vn enfant
qui a deux
corps &
vne ame.
Pline raconte d'vn enfant monſtrueuſement double qui auoit deux
corps bien formez mais collez enſemble & n'auoient qu'vne ame, ils auoient
vne telle ſympathie que tout ce qu'vn des corps faiſoit eſtoit contrefait de
l'autre. Figure des mariez qui ſont deux corps par nature, mais vnis en vne
chair par l'vnion d'vn meſme amour, que s'ils ſont vnis d'vne vnion corpo-
relle & charnelle, ils le doiuent eſtre plus eſtroittement de l'vnion d'eſprit,
afin que l'on puiſſe dire d'eux plus veritablement qu'on ne diſoit des anciens
Chreſtiens, multitudinis credentium erat cor vnum & anima vna, en la grande
multitude des Chreſtiens ne ſe trouuoit qu'vn cœur & vne ame. Les mariez
ſont appellez, coniuges, c'eſt à dire, qui portent vn meſme ioug : le moyen de
le porter doucement ? c'eſt par vn mutuel conſentement & bonne intelli-
gence, par vn ſainct amour, par lequel on procure la perfection & ſaincteté
l'vn de l'autre. Si Dieu a obligé chacun à auoir ſoin du ſalut de ſon prochain
on ne peut douter que les mariez ny ſoient particulierement obligez.
Nous pouuons reduire l'amour que les mariez ſe doiuent mutuellement
à deux poincts, ſçauoir l'ame & le corps. Les mariez deuroient auoir cette
L'amour
des ma-
riez ſe re-
duit à 2.
poincts.
Les ma-
riez ſe
doiuent
aymer ſe-
lon l'ame.
ſentence de Tobie 8. bien emprainte en leurs ames, filij ſanctorum ſumus, &
non poſsumus coniungi, ſicut & gentes quæ Deum ignorant
, nous ſommes enfans de
Saincts & ne pouuons nous ioindre comme les Gentils qui ne connoiſſent
pas Dieu. Nous ſommes Chreſtiens, & partant noſtre amour doit eſtre plus
releué que celuy des payens. Nous ſommes Chreſtiens, & partant Gens
ſancta
, vne nation ſaincte, ainſi noſtre vnion doit eſtre ſaincte, c'eſt à dire,
noſtre amour doit eſtre ſelon Dieu, & ſe doit faire paroiſtre principalement,
ſecundum animam, en ce qui concerne l'ame, c'eſt à dire, le ſalut: & cet amour
conſiſte au ſoin que les mariez doiuent auoir mutuellement de leur ſalut
S. Paul 1. Corinth.7. Sanctificatus eſt vir infidelis per mulierem fidelem, le mary
infidele eſt ſanctifié par ſa femme fidelle, comme s'il diſoit ainſi qu'explique
S. Anſelme, le mariage eſt ſainct : & partant le fidele n'eſt pas ſouillé demeu-
rant auec l'infidelle, mais pluſtot l'infidelle eſt en quelque façon ſanctifié de-
meurant auec le fidele. Le mary infidele eſt ſanctifié ſouuent, d'autant qu'il a
eſpouſé vne femme ſaincte & eſt conuerty par les prieres, merites, exhorta-
tions, bons diſcours & exemple de ſa femme fidelle & ſaincte.
Il eſt

240
Premier Traite’
S. Brigitte
gaigne ſon
mary.
Il eſt rapporté en la Bulle de la canonization de ſaincte Brigitte qu'ayant
eſté mariée à Vlfo Prince, elle ſçeut ſi bien le gaigner qu'elle luy faiſoit reci-
ter l'office de noſtre Dame tous les iours, ſe confeſſer tous les vendredis, &
par ſon exemple & Sainctes exhortations luy faiſoit faire beaucoup d'autres
exercices de pieté & deuotion. Elle nourriſſoit ſes enfans auec vn tres-grand
ſoin à la crainte de Dieu : eſtoit mere des malades, & des pauures, leurs auoir
aſſigné vne maiſon où elle les ſeruoit auec vne extra-ordinaire humilité,
leurs lauant & baiſant les pieds: elle fit le voyage de S. Iacque en Galice auec
ſon mary.
S. Margue-
rite Reyne
d'Eſcoſſe
reforma
ſon mary
& le Roy-
aume.
Saincte Marguerite Reyne d'Eſcoſſe fut rare en prudence & ſaincteté: elle
eut vne deuotion ſinguliere, fut tres-liberalle en ce qui concernoit le ſeruice
diuin, eut vn ſoin ſignalé de l'education de ſes enfans, leurs enſeigna les
myſteres de la foy, les inſtruiſit à la crainte de Dieu. Dreſſa ſa famille & la
maiſon du Roy auec vne prudence admirable : porta ſon mary Malcolinus
Roy d'Eſcoſſe à l'exercice de la iuſtice, de la miſericorde, & des autres ver-
tus : il la reſpectoit tellement pour ſa ſaincteté qu'il taſchoit de luy com-
plaire en tout, & craignoit extremement de luy donner aucun meſcontente-
ment : il en faiſoit tel eſtat pour ſes rares vertus, qu'il baiſoit par deuotion
ſes heures. Elle corrigea toutes les corruptions du Royaume d'Eſcoſſe, fut
la mere des pauures, ſe monſtrant tres liberalle enuers eux, non ſeulement
de ſes biens, mais encore de tous les ſeruices qu'elle leur pouuoit rendre,
apud Surium tom. 5. 10. Iunij.
Pieté de S.
Mathilde
Reyne
d'Angle-
terre.
De cette vertueuſe mere ſortit vne fille imitatrice de ſes vertus qui fut
ſaincte Mathilde Reyne d'Angleterre 125 laquelle faiſoit venir les lepreux en ſa
maiſon, & oſtant ſa robbe Royale s'accommodant comme vne ſeruante,
mettoit elle-meſme l'eau dans des baſſins, leurs lauoit les pieds, les torchoit,
les baiſoit. Vn iour ſon frere nommé Dauid l'ayant veu luy dit : Ma ſœur, ſi
le Roy vous auoit veu baiſer les pieds de ces vilains lepreux, il ne voudroit
iamais toucher voſtre bouche : elle ne fit que ſousrire, & dit, ne ſçauez-vous
pas que les pieds du Roy du ciel ſont plus pretieux que la bouche d'vn Roy
de la terre, ce n'eſt pas pour me controoler que ie vous ay fait venir, c'eſt
pour m'imiter.
B. Iacopõ
conuerty
par ſa
femme.
Dieu retira le B. Iacopon du monde où il ne ſongeoit qu'à ſe faire grand,
& luy fit embraſſer l'humilité de la croix en la Religion de S. François, par
le moyen de la femme, lors qu'apres ſa mort il la trouua reueſtue d'vn rude
cilice. Radderus126 cap. 3.
Qui ſera curieux de lire beaucoup de ſemblables exemples le pourra faire
au traitté que Ludouicus Viues a fait de l'inſtitution de la femme Chreſtienne
qu'il a addreſſé à Catherine Reyne d'Angleterre principalement au liure
troiſieſme.
Il eſt

241
Des obligations des Mariez.
Il eſt arriué ſouuent ce que dit S. Paul 1. ad Corinth. 7. que, Sancti-
ficatus est vir infidelis per mulierem fidelem
, qu'vne femme ſage, deuote, & pru-
dente, a conuerty ſon mary & en a fait vn Sainct, & partant Le Sage a raiſon
de dire Eccli. 25. Beatus qui habitat cum muliere ſenſata. Bien-heureux l'hom-
me qui demeure auec vne femme ſage.
Ainſi ſaincte Cecile fut cauſe du ſalut de Valerianus. Theodore de Siſi-
nius
; S. Natalia de S. Adrian ſon mary, qu'elle fit non ſeulement Chreſtien
par ſes bons diſcours, mais anima au martyre. Clotilde Reyne de France
cauſe de la conuerſion de Clouis Roy de France ſon mary : Placida Em-
periere
de la ſaincteté de Theodoſe, lors qu'elle ſeruoit de ſes propres mains
les malades, & miserables, & exhortoit son mary de ſe ſouuenir ſouuent de
ce qu'il auoit eſté autrefois & eſtoit lors, & que c'eſtoit le moyen d'eſtre re-
connoiſſant enuers Dieu, & de bien gouuerner ſon Empire127.
S. Gregoire de Nazianze eſcrit de ſa ſœur Gorgonia qu'elle eſtoit telle-
ment vnie auec ſon mary par l'vnion d'vn Saint amour, qu'elle croioit
n'eſtre baptiſée qu'à demy, ſon mary ne l'eſtant point, & partant elle ne
ceſſoit de prier Dieu pour luy, afin qu'il luy fiſt la grace d'eſtre vnis par vni-
té d'eſprit, & religion, comme ils eſtoient par vnité de corps, ce qu'elle
obtient.
Si les mariez s'entr'aiment d'vn vray amour, ils ne permettront iamais
que cet amour ſoit rompu pendant cette vie, voire deſireront que leur
amour ſoit eternel, & partant procureront, autant qu'il ſera de leur pou-
uoir, qu'ils ſoient vnis en l'autre vie par amour & gloire, & ne ſeroit-ce pas
vn grand creuecoeur, apres auoir eſté vnis en cette vie, de voir cette horri-
ble ſentence verifiée en eux Math., 24. Erunt duo in lecto vno, vnus aſſumetur &
alter relinquetur
: de deux qui ſeront en vn meſme lict l'vn ſera ſauué, l'autre
damné.
Or comme les bonnes & vertueuſes femmes ſont cauſe du ſalut de leurs
marys, ainſi les mauuaiſes ſont ſouuent cauſe de leur perte & damnation, qui
perdit Adam ? ſinon, mulier quam dediſti mihi ſociam, la femme que vous m'a-
uez donné pour compagne, elle le fit chaſſer du paradis terreſtre apres auoir
eſté cauſe qu'il perdiſt la grace de Dieu. Qui renuerſa la ceruelle à Salomon,
ſinon les femmes ? Iezabel porta ſon mary Achab à voler le bien d'autruy,
& à tuer l'innocent.
Valens Empereur par les allechemens de ſa femme deuient Arrien128, per-
ſequuta les Chreſtiens, & enfin perit miſerablement. L'empereur Arcadius
par les importunez d'Eudoxia fut trompé & priua S. Chryſoſtome de ſon
Siege de Conſtantinople, Baronius tom. 5. an. 404. Herodias fut cauſe
qu'Herode fit decapiter S. Iean Baptiſte, les liures ſont pleins de ſemblables
hiſtoires.
Le
H h

242
Premier Traite’
Le bon vin eſt gaſté meſlé auec le vinaigre : la pomme ſaine, & entiere,
eſtant aupres d'vne qui eſt pourrie ſe pourrit : vn membre ſain reçoit la gan-
graine par la contagion de celuy auquel il eſt vny : ainſi, ſouuent le mary
ſain & entier eſt gaſté, depraué, corrompu par la compagnie & contagion
d'vne mauuaiſe femme. Nous voyons ordinairement, que quaſi tous les
corps naturels, prennent la figure des corps auſquels ils ſont immediatement
conioincts, & de ce principe, les Philoſophes prouuent, que ſi le premier
corps eſt rond, que le corps qui le touche de tous coſtez eſt rond : vous ne
pouuez ioindre parfaictement deux corps enſemble par exemple, deux bois
s'ils ne ſont ſemblables en figure, ſi l'vn eſt plat, l'autre rond, iamais vous ne
les pourrez ioindre parfaictement : il eſt quaſi ordinaire qu'vn des mariez
s'accommode aux humeurs, & prent la figure de l'autre, d'autant qu'il eſt im-
poſſible d'y auoir vne parfaicte vnion entre eux, tandis qu'ils ſont differens
en mœurs & humeurs.
I'ay dit que l'amour que les mariez ſe doiuent mutuellement, ſe peut re-
duire à deux poincts, ſçauoir l'ame & le corps, i'ay parlé de l'amour de
l'ame, ie n'ay qu'vn mot à dire de l'amour ſelon le corps, qui ſera apres S.
Paul
, Epheſ. 5. Viri debent diligere vxores ſuas, ſicut corpora ſua, les marys doi-
uent aymer leurs femmes comme leurs propres corps : on doit dire le meſ-
me de l'amour de la femme enuers ſon mary, cet amour conſiſte à ne per-
mettre iamais aucune diuiſion de ſon corps, ce qui ſe fait par l'infame, &
abominable peché d'adultere, duquel i'ay parlé au lib. 2. traitté 2. chap. 10. Ie
m'en vay monſtrer quelques conditions que doit auoir cet amout recipro-
que des mariez.

Filet cadre, rayé.

Conditions que doit auoir l'amour des mariez.

CHAPITRE II

LA meſure que noſtre Seigneur nous donne de l'amour duquel nous de-
uons nous aimer les vns les autres, eſt comme il nous a aymé, hoc est præ-
ceptum vt diligatis inuicem ſicut dilexi vos
. Ioan. 15. Voicy mon commandement,
ſçauoir, que vous vous aymiez l'vn l'autre comme ie vous ay aymé. C'eſt
de nous aymer l'vn l'autre iuſques à donner noſtre propre vie l'vn pour l'au-
tre comme a fait Ieſus Chriſt. Tel eſtoit l'amour des premiers Chreſtiens deſ-
quels les payens tout eſtonnez diſoyent, au rapport de Tertulian, vide vt ſe di-
ligant, vide vt alter pro altero mori ſint parati
. Voyez comme ils s'ayment & ſont
preſts de mourir l'vn pour l'autre. C'eſtoit la meſure que S. Paul prenoit de
ſon

243
Des obligations des Mariez.
ſon amour lors qu'aux Rom. 9. Il proteſte qu'il eſt content d'eſtre anatheme
pour ſes freres, & long temps auparauant Moyſe lors qu'il demande d'eſtre
effacé du liure de vie les Iuifs.
Voicy vne autre meſure du meſme amour, diliges proximum tuum ſicut teip-
ſum
, tu aymeras ton prochain comme toy-meſme. Il y a vn ordre & des degrez
L'amour
eſt reiglé
& quels
ſont ſes
degrez.
en l'amour comme dit l'eſpouſe, ordinauit in me charitatem, Cant. 2. Le plus
hault degré eſt Dieu, auquel tous les autres ſe doiuent rapporter. Voicy la
regle des autres degrez ſelon S. Thomas, ſçauoir que nous deuons aymer quel-
que choſe d'autant plus qu'elle s'approche de plus prez des principes de cha-
rité : or les principes de charité ſont deux, l'vn eſt Dieu entant que ſouuerain
bien, & qui eſt l'obiect du parfait amour, & le motif pour lequel nous de-
uons aymer : l'autre principe eſt celuy qui ayme, d'où s'enſuit que d'autant
que quelqu'vn s'approche plus prez de Dieu par ſaincteté & vertu, & de
nous par grace, nature, & alliance, que nous le deuons aimer dauantage : or
y peut-il auoir plus grande vnion que celle qui eſt entre les mariez ? rien de
plus prez à l'homme que ſa femme, rien de plus à la femme que ſon mary, &
partant ils ſe doiuent grandement aymer.
Tout ainſi que cette parole tu aymeras ton prochain comme toy-meſme,
ne ſignifie pas comme dit S. Thomas 2. 2. q. 44. art. 7129. vne egalité, ne nous
oblige pas à aymer noſtre prochain à l'egal de nous-meſmes : mais vne re-
ſemblance, ou la façon auec laquelle nous deuons aymer noſtre prochain,
ſçauoir pour Dieu, auſſi donne-elle à connoiſtre comme les mariez ſe doiuent
aymer, ſçauoir comme dit le meſme Docteur parlant de l'amour du pro-
chain, ſanctè, iuſtè, verè. Sainctement, iuſtement, veritablement. Ie rappor-
teray les conditions que doit auoir l'amour de mariez à ces trois points.
Que c'eſt
qu'aymer
ſaincte-
ment.
Premierement leur amour doit eſtre ſainct, c'eſt à dire, pour Dieu d'au-
tant que Dieu le veut ainſi, & le commande expreſſement; pour le regard
du prochain, hoc mandatum habemus à Deo, vt qui diligit Deum, diligat & fratrem
ſuum.
1. Ioan. 4. Dieu nous commande que quiconque l'ayme, ayme auſſi ſon
frere, ſon prochain, celuy qui eſt de meſme nature.
Mais ce commandement appartient aux mariez, d'autant plus particulie-
rement, qu'ils ſont vnis par entre eux plus eſtroittement. Que s'ils s'ayment
pour les biens qu'ils eſperent l'vn de l'autre : pour leurs commoditez : pour
l'vnion naturelle & ciuille qu'ils ont entre eux : pour ce qu'ils ſymboliſent en
humeurs : ce n'eſt pas vn amour pour Dieu, mais vn amour d'intereſt ſembla-
ble au jardinier qui ayme l'arbre de ſon jardin tandis qu'il en eſpere du
fruict, au vigneron qui garde ſa vigne tandis qu'elle luy donne quelque eſ-
perance : comme les renardeaux qui ſuccent la mammelle de leur mere tan-
dis qu'ils y trouuent du laict, mais quand il n'y a plus rien la dechirent. S'il eſt
ſainct, c'eſt à dire, pour Dieu & rapporté à Dieu comme au principe de tout
amour
H h 2

244
Premier Traite’
amour & ſaincteté, iamais ils ne viendront à faire choſe pour l'amour l'vn de
l'autre, qui ſoit contraire à Dieu, puis que Dieu eſt la reigle de leur amour.
L'amour d'Adam enuers Eue manqua en cette condition, lors que pour ne
la meſcontenter il tranſgreſſa le commandement de Dieu, & tout d'vn coup
eſgorgea toute ſe poſterité. L'amour de Salomon n'eſtoit pas ſainct, puis
qu'il fut ſi paſſionné que pour complaire à ſes femmes, il leurs baſtit des tem-
ples pour y adorer leurs idoles, voire l'induiſirent (tant elles eurent de pou-
uoir ſur ſes affections) de les adorer. Eſt-ce vn amour ſainct lors que les
mariez font comme ce fol de l'Euangile, Luc. 14. diſans tout à plat qu'ils ne
peuuent ſeruir Dieu pour l'amour exceſſif de leurs femmes ? Multi dementes
ſacti ſunt propter vxores ſuas, & ſerui facti ſunt propter illas, & multi perierunt,
& iugulati ſunt, & peccauerunt propter mulieres.
Eſdræ 3. c. 4. Pluſieurs ſont
deuenus foux pour le trop grand amour qu'ils portoient à leurs femmes : ſe
ſont rendus eſclaues pour elles : ſe ſont perdus : ont eſté eſgorgez, ont offen-
ſé Dieu pour les femmes. Si leur amour euſt eſté ſainct, il ne fut arriué à cette
extremité de folie.
Mariez
damnez
pour le
mauuais
vſage de
leur ma-
riage.
S. Catherine de Gennes vit vn iour l'enfer ouuert, & parmy les damnez
pluſieurs Eccleſiaſtiques pour auoir mal recité leurs heurs, & payé illegi-
timement le deu de leur mariage ſpirituel; & plusſieurs mariez pour auoir
abuſé de leur mariage. Pour auoir trop aymé. S. Hieroſme contra Iouin.
lib. 1. compare l'amour exceſſif des mariez à l'amour d'vn adultere, & dit
que l'homme ſage doit aymer ſa femme auec iugement, non auec excés
d'affection, iudicio cum affectu. Le iugement conſiſte à ne poſtpoſer130 l'amour
de Dieu à l'amour d'vne femme. Mais la hair comme dit noſtre Seigneur Luc.
14. c'eſt à dire, comme l'explique S. Thomas, l'aymer d'vn amour moindre
que celuy duquel il ayme Dieu ne faiſant iamais pour ſa femme, ny la femm-
me pour le mary choſe qui puiſſe eſtre contre Dieu, ne ſe laiſſant emporter
aux allechemens de ſa femme comme fit Adam à ceux d'Eue. Ne s'abbaiſſant
à l'adoration des idoles comme Salomon : ne quittant le ſeruice de Dieu
pour complaire à ſa femme comme le fol de l'Euangile.
Admira-
ble con-
ſtance de
S. Natalia
femme de
S. Adrian.
Nous auons vn excellent exemple de ce ſainct amour en la vie de Sainct
Adrian
: ayant eſté apprehendé, & ietté en priſon comme Chreſtien, Natalia
ſa femme y accourut tout auſſi toſt, louant Dieu de toute l'eſtendue de ſon
affection : eſtant arriuée à la priſon, elle ſe proſterna aux pieds de ſon cher ma-
ry, baiſant en toute reuerence les fers deſquels il eſtoit lié : diſant ces parol-
les, ô mon cher mary que vous eſtes heureux d'auoir trouué vn ſi pretieux
treſor : vous eſtes maintenant aſſeuré d'aller à Ieſus-Chriſt, aupres duquel
vous enuoyez de tres-grandes richeſſes, pour vous ſeruir au temps de la ne-
ceſſité, lors que le pere ne pourra deliurer ſon fils, ny la mere ſa fille, ny le
ſeruiteur ſon maiſtre. Soyez ſans crainte, que l'amour des choſes de ce mon-
de

245
Des obligations des Mariez.
de ne vous trompe pas, que l'affection de vos parens, & de voſtre femme, ne
diminue l'amour que vous deuez à Dieu, que la craincte des tourmens ne
vous eſpouuante. Ne regardez autre choſe que la couronne que Ieſus-Ch.
tient en main pour vous mettre ſur la teſte, & la conſtance de ceux qui ſont
auec vous. Puis baiſant les chaiſnes de tous les autres martyrs qui eſtoient
auec son mary, leurs diſoit à tous : fideles ſeruiteurs de Ieſus-Chriſt, ie vous
prie d'encourager mon mary par vos aduertiſſemens, gaignez-le à voſtre mai-
ſtre, ſeruez-luy de pere, engendrez-le à la vie eternelle. Adrian encouragé de
la conſtance de ſa femme, luy dit, allez m'amie en la maiſon, lors qu'on me
voudra mettre à la queſtion131, ie vous feray appeller, afin que vous ſoyez teſ-
moin de ma conſtance : quelques iours apres, comme on eſtoit preſt à le mettre
ſur la geine132, il dõna quelque preſent aux gardes, & enſemble cautiõ, pour
luy permettre d'aller en ſa maiſon appeller ſa femme. Quelqu'vn de ſes amis le
reconnut & le preuenant alla aduertir Natalia que ſon mary venoit. Natalia
croyant qu'il auoit perdu cœur, commença à pleurer, ferma ſa porte, & luy
dit comme il demandoit d'entrer, ah mal-heureux ne t'approches de moy,
apoſtat, perfide, inconſtant, qui t'a contraint de commencer vn ſi ſainct œu-
ure pour ne l'accomplir ? qui t'a ſi mal-heureuſement ſeparé de la compagnie
des Saincts Martyrs. Mais Adrian luy dit, ma bien-aymée ſœur, il n'en va pas
comme vous penſez, ouurez la porte, ie ſuis venu pour m'acquitter de ma
promeſſe, & pour vous aduertir que me voila ſur le poinct d'eſtre expoſé à la
queſtion : mais Natalia n'en croyant rien d'abord, ah le trompeur, dit-elle,
encore m'en voudroit-il faire accroire, ie m'eſtranglerois pluſtot que d'auoir
iamais aucune communication auec toy, va. Le ſainct martyr fort conſo-
lé du zele de ſa femme, enfin luy fait croire ce qu'il pretendoit; elle luy ayant
ouuert la porte, ſe iette à ſes pieds auec mille congratulations, accompagnées
de larmes. Ils allerent tous deux au lieu du ſupplice, ou Adrian luy deman-
da, m'amie, comment auez-vous diſpoſé de nos biens, mais elle luy dit, ne
penſez plus, ie vous prie, aux choſes du monde, n'ayez autre penſée que du
ciel. Il fut preſenté au tyran, où Natalia ſe trouua, & luy dit, mon tres-cher
mary, iettez tout voſtre cœur vn Dieu, n'ayez point de peur, il vous aſſiſtera
contre les tourmens, & s'il permet que vous ſouffriez, vn moment de ſouf-
france vous ſera l'entrée à vn eternel repos. N'eſt-ce pas là aymer ſaincte-
ment ? auſſi ce ſont deux Saincts : & qui vous empeſchera de les imiter, re-
nonçant à tout autre choſe pluſtot qu'à Dieu, & procurant voſtre ſalut re-
ciproquement.
L'amour
iuſte des
mariez
en quoy
conſiſte.
Secondement l'amour des mariez doit eſtre iuſte : cette iuſtice conſiſte en
pluſieurs choſes, comme de ne diſpoſer de leurs corps au preiudice l'vn de
l'autre, ce qui eſt directement contre la iuſtice, entant qu'elle diſpoſe du
bien d'autruy contre la volonté du proprietaire : ne ſe fraudant l'vn l'autre de
l'vſage
H h 3

246
Premier Traite’
l'vſage de ce qui leur appartient. Comme de ne s'aymer ſinon en ce qui eſt
iuſte, & ne faire comme des Herodes & Pilate qui s'accorderent pour la rui-
ne de Ieſus-Chriſt le iuſte : comme les renards de Samſon qui eſtoient tous
vnis, mais c'eſtoit pour mal faire. Doit eſtre iuſte, c'eſt à dire d'vn à vn, car la
iuſtice du mariage demande, que le mary, apres Dieu ſoit tout à ſa femme, &
la femme tout à ſon mary, & à nul autre, & qu'elle puiſſe dire auec verité,
dilectus meus mihi, & ego illi, mon mary eſt tout à moy, & moy tout à luy.
Si cela n'eſt, il eſt impoſſible que le mariage ſubſiſte, vous ne pouuez con-
ioindre deux pieces de fer enſemble quoy que l'vne ſoit toute ardante, ſi
l'autre demeure froide, vn des mariez a beau eſtre tout embraſé d'amour, ia-
mais il n'y aura vne vraye vnion tandis que l'autre ſera refroidy : ils doiuent
tous deux auoir pareille volonté, ayant pareil deſir au bien, chacun toute-
fois demeurant dans l'ordre & degré que Dieu luy a preſcrit, ſçauoir, la fem-
me en la ſoubmiſſion qu'elle doit à ſon mary, le mary en la préeminence ou
Dieu l'a eſtably. Ils doiuent eſtre comme deux Seraphins marchans vnanime-
ment deuant Dieu, le louant & beniſſans vniformement, s'exhortans l'vn l'autre
de paroles & d'exemples à toute ſorte de iuſtice, & s'aduertiſſans charitable-
ment de leurs defauts.
Et pourquoy Dieu a il ordonné le mariage en la nouuelle loy entre deux,
ſans que le mary puiſſe auoir pluſiuers femmes, ny la femme pluſieurs marys ?
ſinon pour donner à entendre la parfaite vnion qu'il demandoit d'eux, ſem-
blable à celle de l'eſpoux myſtique à ſon eſpouſe, dilectus meus mihi, & ego illi,
tout l'vn à lautre que leur amour ſoit iuſte, ceſt à dire ſingulier, vnique,
comme demande l'equité & iuſtice d'vn vray & legitime mariage : le mary
aymant ſa femme comme ſa moitié, la femme reciproquement ſon mary.
Tel eſtoit l'amour de l'eſpoux myſtique, lors qu'il dit Cant. 2. ſicut lilium in-
ter ſpinas, ſic amica mea inter filias
: tel l'amour de l'eſpouſe qui dit, ſicut malus in-
La fem-
me doit
eſtre vn
lys à ſon
mary.
ter ligna ſyluarum, ſic amicus meus inter filios. Tel qu'eſt le pommier entre les ar-
bres ſauuages, tel eſt mon amy entre les enfans : la femme doit eſtre au mary
comme le lys, toute autre femme luy doit eſtre comme eſpines, deſquelles il
ſe doit donner de garde, mais la ſienne comme vn beau lys blanc en pu-
reté & ſyncerité de ſon amour, odoriferant en la ſuauité de ſes mœurs : com-
me vn lys ſans evpines d'aigreur, de cholere, d'impatience. Tous les hommes
luy doiuent eſtre comme des arbres ſauuages, & ſteriles, ſon mary ſeul luy
eſtant comme vn bel arbre chargé de bons fruicts.
Enfin la iuſtice de cet amour conſiſte en vn ayde, & aſſiſtance mutuelle
qu'ils ſe doiuent, portants le ioug qu'il ſe ſont impoſé d'vn commun accord,
en ſe ſoulageans, & s'aſſiſtans l'vn l'autre. Vne charge eſt mieux portée de
deux que d'vn ſeul : auſsi la charge du mariage eſt plus douce, & legere dans
l'aſsiſtance mutuelle, & dans la communication de leurs ſentimens, de tri-
ſteſſe

247
Des obligations des Mariez.
ſteſſe, de ioye, des contentements, des deſplaiſirs, principalement lors qu'elle
procede de l'interieur, & d'vn parfait amour, & non d'vne faintiſe, & de
quelques compliments, & complaiſance exterieure.
Amour
veritable
Enfin l'amour des mariez doit eſtre veritable. L'amour dit S. Iean. 1. 3. ne
conſiſte pas en parole, mais aux œuures, & en la verité : non diligamus verbo, &
lingua ſed opere, & veritate
. Pour aymer auec verité, ce n'eſt pas aſſez qu'on ſoit
mariez, qu'on ayt communication de maiſon, de table, de lict, mais il faut
venir aux œuures. S'entraydans, ſe ſeruans l'vn l'autre. Cet amour ſera veri-
table s'il eſt conſtant, non comme l'amour d'vne courtiſanne, ou d'vne adul-
tere qui ne dure non plus que le plaiſir.
De ſcrip
tion de
l'amour.
Les anciens depeignoient l'amour ayant vn foudre en main, pour mon-
ſtrer que comme le foudre ne monſtre iamais ſa force dauantage, que lors
qu'il trouue plus grande obſtacle, qu'auſſi le vray amour ne ſe fait iamais
paroiſtre dauantage, que lors qu'il ſe trouue combatu des difficultez. D'au-
tres ne depeignoient iamais l'amour, ſinon luy donnant d'vn coſté Mercure
le Dieu de l'eloquence, & de l'autre, Hercule, le Dieu de force, pour mon-
ſtrer que le vray amour n'a pas ſeulement les paroles, mais encor les effects.
D'autres luy donnoient des aiſles, & le faiſoient aueugle : ouy le vray amour
eſt aueugle, pour ne voir aucun peril pour ſe communiquer à la choſe ay-
mée : ouy il a des aiſles pour ſe porter à tout auec vne promptitude ad-
mirable.
Si tous ceux qui font profeſſion d'aymer, & d'aymer veritablement, doi-
uent accompagner leur amour de ces circonſtances, qui ne voit que les ma-
riez y ſont plus obligez qu'aucun autre, puis que leur amour eſt le plus
grand; & le plus imtime de tous les amours. Amour fondé non ſur le ſable
des richeſſes & biens periſſables : non ſur la boue des plaiſirs charnels, mais
fondé ſur la pierre ferme qui eſt Ieſus Chriſt, à laquelle tandis qu'ils ſe tien-
dront fermement vnis, il n'y aura tempeſte qui puiſſe preualoir contre eux :
leur amour ne ſera d'vn iour, mais inſeparable & pour touſiours, quod Deus
coniunxit, homo non ſeparet
, puis qu'il eſt fondé ſur l'amour de Dieu, & cimen-
té auec le pretieux ſang de ſon Fils: ſi leur amour eſt tel, ſainct, iuſte, vray: ils
s'aduanceront l'vn l'autre à la vertu, ayant vn grand ſoin mutuellement de
leur ſalut : ils ne ſe feront aucun tort : ils ſupporteront ayſement les defauts
l'vn de l'autre, comme Ieſus Chriſt fait de ſon eſpouſe l'Egliſe, à laquelle
il pardonne continuellement : cet amour ſera eſloigné de ſoupçons, de def-
fiances, de ialouſies, de chagrins : enfin il leur ſeruira comme d'vn char de
feu à Elie, pour les tranſporter de ce lieu de miſere, en vne bien heureuſe
eternité.
Heureux le mary qui peut dire auec verité ce que dit l'Eſpoux, Cant. 4.
Quam pulchra es amica mea, quam pulchra es ſicut fragmen mali punici genæ tuæ.
O m'amie

248
Premier Traite’
O m'amie que vous eſtes belle, que vous eſtes belle, vos ioues ſont comme
vne piece de grenade : il ſe complait en ſa beauté, dans vn parfait amour, ac-
compagné d'vne eſtroicte vnion, & parfait concordre, repreſentée par la pom-
me de grenade, qui par ſa couronne ſignifie la charité, reyne des vertus, de
laquelle l'amour des mariez doit tirer tout ſon honneur : qui par ſes grains,
& pepins ſi bien vnis & arrangez, monſtre l'vnion & bonne intelligence des
mariez, chacun ſe maintenant en ſa place. Mais mal-heureux ceux qui ſont
ſemblables aux pauots, où ſe trouuent multitude de grains ſans vnion, eſtans
tous diuiſez l'vn de l'autre & ſans ordre.
L'aſpic quoy que ſerpent, comme dit Pline, lib. 8. a vn tel amour pour ſon
pair, que l'vn eſtant tué, l'autre ſe iette au trauers des hommes armez, pour
vanger ſa mort : ſymbole de l'amour des mariez. Ieſus-Chriſt a aymé ſon Eſ-
Amour de
l'aſpic a-
uec ſon
pair.
pouſe iuſques à la mort. Viri diligite vxores vestras, ſicut Chriſtus dilexit eccleſiam,
& tradidit ſeipſum pro ea.
Marys aymez vos femmes comme Ieſus-Chriſt a ay-
mé l'Egliſe, & s'eſt liuré pour elle, Epheſ. 5.
Pour concluſion de tout ce que i'ay dit en ces deux chapitres, & pour en
donner comme vn ſommaire aux mariez, ie reduiray les deuoirs de l'amour
des mariez, l'vn enuers l'autre à 5. points.
Deuoirs
de l'a-
mour des
mariez.
Le premier eſt que les mariez facent l'vn pour l'autre tout ce qu'ils pour-
ront faire licitement, & conformement à leur eſtat, & condition, qu'ils
s'eſtudient à ſe complaire autant qu'il leurs ſera poſſible, & ſe gardent de
tout ce qu'ils penſeront deuoir deplaire à leur partie. Procurans l'honneur,
la gloire, & les commiditez l'vn de l'autre, ſe preuenans l'vn l'autre en ſer-
uice, & reſpect : corrigeans en eux touts defaults par leſquels ils pourroient
ſe donner quelque meſcontentement l'vn l'autre : le mary laiſſant faire à ſa
femme ce qui eſt de ſa condition en l'adminiſtration de la famille, la femme
ne controolant ſon mary aux affaires de dehors, & en ſes deſſeins : l'vn &
l'autre s'acquittant tellement de ce qui luy eſt propre que ſe trouue en
la maiſon vn calme tres-parfaict, joinct à vn amour pure cordial, & ſyncere.
2. Qu'ils parlent honorablement l'vn de l'autre lors que l'occaſion s'en
preſentera : s'il y a quelques defauts la ſyncerité de leur amour leurs fournira
des voiles pour les couurir, & des parolles pour les excuſer, & partant qu'ils
ſe donnent de garde de publier par dehors les petits manquemens de la mai-
ſon, & ſur tout que iamais la femme ne ſe plaigne à ſes voiſines, racontant
les imperfections de ſon mary, ny le mary celles de ſa femme : quand ils au-
roient ſubiect de meſcontentement l'vn de l'autre, dequoy leurs ſeruira que
d'autres le ſçachant ? ſinon pour leur honte, & confuſion, & pour en faire des
contes puis apres.
3. Ie les prie de ſe ſouuenir des proprietez que S. Paul donne à la charité
1. Co-

249
Des obligations des Mariez.
1. Corinth. 13. ſçauoir, 1. qu'elle eſt patiente, patiens est, & comme il eſt bien
difficile qu'il n'arriue beaucoup de petits accidents, & faſcheries en maria-
ge, qu'auſſi l'amour ne s'y peut conſeruer ſans patience. 2. Benigna eſt, elle eſt
douce & benigne, & partant capable de rabattre ce qui ſeroit vn peu trop
violent. 3. Non æmulatur, elle ne ſçait que c'eſt d'enuie, que ſi cela eſt vray
vniuerſellement de l'amour, il doit eſtre tres-vray du mary, & de la femme
qui doiuent auoir vne tres-parfaicte vnion de biens, d'honneurs, & de con-
tentement, & partant ſe reiouir du bien de l'vn l'autre, ſe douloir133 de leur
mal, comme du leur propre, & ne donner aucun accés à l'enuie.
4. Non agit perperam, elle ne ſçait que c'eſt de flatterie, de diſſimulation de
malice, de tromperie, de complimens vains, & creux : de precipitation, d'in-
conſtance, de legereté, de ſuperbe, de preſomption, de vanterie, d'impudence
& effronterie. 5. Non est ambitioſa, elle n'eſt pas honteuſe, n'eſtime rien de
vil ny d'abject pour ſe communiquer. 6. Non cogitat malum, ſi elle eſt attaquée
elle ne tient pas cela à iniure, n'en cherche point de vangeance, mais diſſimule,
excuſe, pardonne. 7. Non quærit quæ ſua ſunt, n'eſt pas attachée à ſes intereſts,
enfin, Non irritatur, ne ſe fache pont, Non gaudet ſuper iniquitate, congaudet
veritati, omnia ſuffert, omnia credit, omnia ſperat, omnia ſuſtinet
, ne ſe reſiouyt
pas du mal, ſe reſiouyt de la verité, ſupporte tout, croit tout, eſpere tout,
patiente par tout.
4. Ils doiuent auoir ſoin du ſalut l'vn de l'autre, s'exhortans mutuellement
au bien, & à l'exercice des bonnes œuures, s'aduertiſſans charitablement, &
modeſtement l'vn l'autre de leurs manquemens, & receuans reciproquement
ces aduertiſſements de bonne part. Ie confeſſe que le mary y a vne obligation
particuliere entant que chef, & partant eſt coupable des fautes de ſa femme,
auſquelles il auroit negligé de remedier : toutefois la femme le doit auſſi
faire, mais modeſtement, prudemment, & choiſſantchoiſiſſant le temps & l'occaſion
propre.
5. S. Paul les aduertit 1. Corinth 13. que, Charitas nunquam excidit, que le
vray amour ne meurt iamais, & partant, que les mariez ne doiuent pas s'ay-
mer ſeulement au temps de la proſperité, mais encore pendant l'aduerſité, &
c'eſt lors que l'amour ſe doit principalement faire paroiſtre par vn ſecours,
& aſſiſtance mutuelle, ayant ſoins des biens, de l'honneur, de la ſanté, de la
vie l'vn de l'autre. Le vray aymant, ayme Eſté, & Hyuer, c'eſt à dire au temps
de la proſperité, & de l'aduerſité.
Meſſieurs les mariez, ſeruez-vous de cet amour, comme d'vne medeci-
ne contre les difficultez, & deſolations qui vous peuuent arriuer en voſtre
eſtat. L'Eſcriture Saincte dit, que le bon Patriarche Iſaac, ayma Rebecca
d'vn tel amour, qu'il modera la douleur qu'il auoit de la mort de ſa chere
mere, Geneſ. 24. L'amour des mariez leur doit ſeruir de conſolation, & de
remede
I i

250
Premier Traite’
remede contre toute deſolation.
Il ſemble que Dieu a eu egard à l'eſtabliſſement de cet amour, lors qu'en
l'ancien teſtament il auoit defendu que le nouueau marié exerçaſt aucune
charge publique, & qu'il fuſt receu à la guerre la premiere année de ſon ma-
riage, afin qu'il demeuraſt auec ſa femme & que leur amour encore tendre &
nouueau, ne receuſt aucune diminution. Deute. 24.


Filet cadre, rayé.

Des obligations particuliers aux marys & premierement
de la prudence du mary.


CHAPITRE III.

LEs marys peuuent reconnoiſtre les obligations qu'ils ont enuers leurs
femmes, & qui leurs ſont particuliers par les paroles de S. Paul. 1. Co-
rint.
11. qu'ils doiuent conſiderer diligemment, volo autem vos ſcire, quod om-
nis viri caput Chriſtus eſt, caput autem mulieris vir: caput vero Chriſti Deus
: ie veux
que vous ſçachiez que le chef (ceſt à dire) le ſuperieur, le maiſtre, le dire-
cteur de l'humanité de Ieſus-Chriſt, c'eſt Dieu : Ieſus Chriſt eſt le ſuperieur,
maiſtre, & directeur de l'Egliſe; le mary ſuperieur, maiſtre, & directeur de la
femme.
Ieſus-Chr.
chef de l'e-
gliſe en 4.
façons.
S. Thomas remarque que Ieſus-Chriſt eſt chef de l'Egliſe en quatre façõs,
premierement d'autant qu'il eſt de meſme nature que les autres hommes : ſe-
condement à cauſe de l'abondance de grace qu'il a par deſſus le reſte des
hommes, troiſiemement d'autant qu'il eſt releué par deſſus toutes les crea-
tures : quatriemement d'autant qu'il influe en toutes les creatures, & nom-
mement à l'Egliſe. Ainſi dit S. Thomas, l'homme eſt chef de la femme en
quatre façons: premierement il eſt plus parfaict que la femme, non ſeulement
d'autant que naturellement il a vne preeminence par deſſus la femme : troi-
ſiemement d'autant qu'il influe gouuernant la femme : quatriemement d'au-
tant que le mary & la femme ſont conformes en nature, faciamus ei adiuto-
rium ſimile ſibi
.
Rapport
de la teſte
& de l'en-
tendement.
La teſte eſt au corps de l'homme, ce que l'entendement eſt à l'ame, car
tout ainſi que l'entendement eſt le premier principe des actions volontaires,
& humaines, auſſi eſt la teſte des corporelles : la volonté n'a aucune ope-
ration ſi elle n'eſt eſclairée de l'entendement, puis qu'elle eſt aueugle, & ne
peut aymer le bien, ny hair le mal, ſi l'entendement ne luy fait connoiſtre
aupa-

251
Des obligations des Mariez.
auparauant que le bien, eſt bien, & le mal, mal : le corps n'a aucun mouuement
ſãs la teſte, car elle eſt le premier reſſort de tous les mouuements du corps, & en
elle eſt la racine de tous les ſentimens. C'eſt la teſte laquelle par le moyen du
cerueau & des nerfs, enuoye par tout le corps les eſprits animaux, & fait iouer
les reſſorts que la nature a mis en chaque partie du corps, pour leurs mouue-
mens & operations. Dans la teſte reſident les cinq ſens : les yeux comme deux
flambeaux pour la conduitte de tout le corps & pour ſeruir comme d'eſpions
pour decouurir de loing ce qui luy pourroit nuire, les aureilles qui ſont comme
le guichet & les autres, ſçauoir, le gouſter, le flairer, le toucher. La teſte eſt la
premiere ſource de tous les mouuemens interieurs, par les nerfs qu'elle fournit
au cerueau, & la cauſe du total mouuement exterieur par les meſmes nerfs.
L'entendement donne mouuement à l'ame, & la fait agir, luy fourniſſant
l'intelligence, auſſi fait la teſte au corps : la teſte eſt de figure ronde qui eſt la
plus parfaicte de toutes : l'entendement eſt rond en quelque façon, entant
qu'il diſcourt d'vne choſe à l'autre, faiſant comme vn mouuement circulaire
par la raiſon.
Compa-
raiſon de
la teſte a-
uec le ciel.
La teſte eſt au corps de l'homme, ce qu'eſt le ciel au monde : le ciel eſt la
plus haute partie de tout le monde, la teſte de tout le corps : rien de plus beau
entre toutes les parties du monde qui ſont deſtituées d'ame, que le ciel, dit
Ariſtote, 2. phyſ. c.2. à cauſe de ſa figure, lueur, mouuement, & autres qualitez:
rien de plus admirable que la teſte, qui ſurpaſſe le ciel en la varieté de ſes figu-
res, car le ciel n'ayant autre figure que la ronde, la teſte les a quaſi toutes
eſtant ronde en ſa ſubſtance totalle : oualle aux yeux, pyramidalle au nez, ay-
ant la figure de Cylindre, de cube, & autres en la varieté des os, dont elle eſt
compoſée. Au ciel eſt la Lumiere des aſtres, à la teſte les yeux, capables de
voir toute forte d'obiects, & de couleurs, & de les enclorre dans leur capacité :
Le ciel maintient aucunement ce monde, luy communiquant ſes influences,
la teſte conſerue le corps, influant en tous ſes membres. Si le mouuement
du ciel s'arreſtoit, tout ceſſeroit en ce monde, ſi la teſte manque, tout le
corps defaut.
4. offices
de la teſte.
Ie reduiray tous les effects de la teſte en quatre, que i'appliqueray à l'hõ-
me, entant qu'il eſt chef de la femme. Le premier eſt, de conduire le corps.
Le ſecond, de pouruoir au corps, & diſtribuer la nourriture aux membres.
Le troiſieme, de commander à tout le corps. Le quatrieme, d'aimer le corps,
& tous les membres.
L'homme
a plus de
prudence
que la
femme.
Tout ainſi que la nature a mis les yeux, le cerueau, & les ſens en la teſte,
pour la conduitte & gouuernement du corps, auſſi a elle donné à l'hom-
me plus de prudence qu'à la femme, pour la conduitte & gouuernement de
la femme, & de toute la famille, ſuiuant le dire de Salomon, Prouerb. 15. Vir
prudens dirigit greſſus ſuos
, c'eſt à luy de monſtrer à ſa femme ce qu'il con-
uient
I i 2

252
Premier Traite’
uient faire, quand & comment; & partant il eſt comparé par S. Bernard, ſur
les Cantiques, à vn chartier134, qui tient les reſnes de ſes cheuaux, les lache, &
les retire, pour les conduire : à un Docteur qui enſeigne ſes diſciples, & leur
monſtre ce qu'il conuient faire : c'eſt comme vn ſoleil au milieu de ſa mai-
ſon, qui par ſa prudence, & ſes vertus, doit eſclairer ſa femme, & tous ſes do-
meſtiques, & leur faire voir ce qu'il faut faire, & ce qu'il conuient euiter. O
qu'heureuſe eſt la maiſon où ſe retrouue vn tel chef, puis que comme dit
Salomon Prouerb. 24. Sapientia ædificabitur domus, & prudentia roborabitur, in
doctrina replebuntur cellaria, vniuerſa ſubſtantia pretioſa, & pulcherrima. Vir ſa-
piens fortis eſt, & vir doctus robustus: & validus: erit ſalus vbi multa conſilia.
Ce qui
fait les maiſons, & qui les fortifie, & confirme, c'eſt la ſapience, & la prudence :
c'eſt la doctrine qui remplit les caues, & les greniers, & qui fait que les mai-
ſons foiſonnent en tous biens. Rien de plus fort qu'vn homme ſage, & pru-
dent, on eſt en aſſeurance, ou on ſe gouuerne auec conſeil.
Force de
la pruden-
ce.
Le Sage en l'Eccleſiaſte chap. 9. nous monſtre ce que peut vn homme
prudent par cette figure : il y auoit dit-il vne petite ville, peu de garde en
icelle, vn grand & puiſſant Roy l'attaqua, la bloqua, l'aſſiega, l'entourant
de tous coſtez de tranchées & de forts : ſe trouua vn pauure homme, mais
ſage lequel par ſa prudence & ſageſſe la deliura, d'où il prent occaſion de ti-
rer cette concluſion, melior est ſapientia quam arma bellica. Mieux vaut la ſa-
geſſe que les forces, & les armes. Combien de familles voit-on rendues flo-
riſſantes par la prudence & conduicte d'vn pere de famille ? au contraire
deſtruittes par l'imprudence d'aucuns ? Baruch. 3. quoniam non habuerunt ſa-
pientiam perierunt propter ſuam inſipientiam
, ils ont manqué de ſageſſe, & par-
tant ſe ſont perdus.
L'orateur Romain dit fort à propos, in Rethoricis, parua foris ſunt arma
niſi ſit conſilium domi
135: vne maiſon a beau auoir des grands appuys d'alliances,
d'amys, de faueur, s'il n'y a de la prudence & du conſeil à la maiſon, c'eſtoit
le ſentiment de ce Philoſophe duquel i'ay parlé au chapitre. 5. du traitté. 1.
du premier liure lors qu'il diſoit, malo dare filiam viro indigenti pecunia: quam
pecuniæ indigeanti viro
, i'ayme mieux donner ma fille à vn homme pauure &
prudent qu'à vn riche ſot. Le Sage Eccli. 7. Trade filiam & grande opus feceris
homini ſenſato de illam
, mariez voſtre file à vn homme prudent.
Ie m'en vay vous monſtrer quelques effects de cette prudence. 1. de diſſi-
muler beaucoup, & quoy que le mary voye beaucoup de petites choſes, en
Effects de
la pruden-
ce du mary.
la maiſon, qu'il face ſemblant de rien, comme Dauid : ego autem tanquam
ſurdus non audiebam, & tanquam mutus non aperiens os ſuum
, qu'il ſoit ſouuent
ſourd & muet. Comme cet agneau d'Iſaie 53. qu'on tond & ne dit mot,
quaſi agnus coram tondente ſe obmuteſcet & non aperiet os ſuum.
2. Qu'il faut s'armer de patience ſuiuant l'aduis de S. Paul aux Epheſ. 4.
obſecro

253
Des obligations des Mariez.
obſecro vos ego vinctus in Domino, vt digne ambuletis vocatione qua vocati estis, cum
omni humilitate, & manſuetudine, cum patientia ſupportantes inuicem in charitate,
ſolliciti ſeruare vnitatem ſpiritus in vinculo pacis
, eſcoutez vn pauure priſonnier
pour Ieſus- Chriſt qui vous prie, que vous marchiez dignement en la voca-
tion & condition où Dieu vous a appellé auec toute humilité, manſuetude
& patience, vous ſupportans l'vn l'autre auec charité, eſtans ſoigneux de con-
ſeruer l'vnité d'eſprit, auec l'vnion de paix. Souuent la victoire eſt plus glo-
rieuſe en patientant qu'en frappant. Prouerb. 17. melior eſt vir patiens viro
forti
.
3. C'eſt de remedier aux maux qu'il verra en ſa maiſon, & à ſes domeſti-
ques, par des choſes contraires, non pas par des ſemblables. Si ſa femme eſt
cholere, y apporter remede non par vne autre cholere, mais par debonnaireté:
ſi impatiente, non par impatience, mais par patience : ſi portée à la rancune,
la vaincre par amour, ſuiuant le precepte de Salomon Prouerb. 25. ſi eſurie-
rit inimicus tuus ciba illum
, ſi voſtre ennemy a faim donnez-luy à manger, &
au chap. 26 ne reſpondeas ſtulto iuxta ſtultitiam ſuam, ne ei ſimilis efficiaris, ne
reſpondez pas à vn fol follement, de peur que vous ne deueniez fol comme
luy.
4. Eſt de croire comme choſe aſſeurée que le moyen de bien conduire
autruy, c'eſt de ſe bien conduire ſoy-meſme, S. Auguſt. lib. de doctrina
Chriſtiana
, non obedienter auditur qui ſeipſum non audit: quelle apparence de
ſuiure celuy-là comme conducteur, qui ne ſçait où il va, S. Greg. in Moralib.
cum imperio docetur, quod prius agitur, quam dicitur. On ne peut enſeigner plus
efficacement, qu'en faiſant premierement ce qu'on enſeigne.
Ie conclus ce poinct auec le Sage, Sapientæ 8. Omne aurum comparatione
ſapientiæ arena est exigua, & quaſi lutum æstimabitur argentum in conſpectu illius.

L'or, & toutes les richeſſes, en comparaiſon de la ſageſſe, n'eſt que du ſable,
& l'argent n'eſt que de la bouë. En fin la vraye prudence eſt de ſe perſuader
que, Dominus dat ſapientiam, & ex ore eius prudentia, Prouerb. 2. que la ſageſſe
& la prudence vient de Dieu, & partant faut auoir recours à luy, luy deman-
der par frequentes prieres, & l'obliger à la donner par vne bonne vie.




Cul de lampe.

Que
I i 2



254
Premier Traite’

Filet cadre, rayé.
Que c'eſt au mary d'entretenir ſa famile & trauailler.

CHAPITRE IV.

LA ſeconde obligation du mary entant que chef eſt de pouruoir au
corps, c'eſt à dire, à ſa femme, & à ſa famille, il y eſt condamné par ar-
reſt ſouuerain couché au Geneſe 3. en ces termes, quia audiſti vocem vxoris
L'homme
condamné
à trauailler.
tuæ, & comedisti de ligno, ex quo præceperam tibi ne comederes, maledicta terra in
opere tuo
, d'autant que tu as eſcouté la voix de ta femme, & que tu as mangé
du fruict que ie t'auois defendu, la terre ſera maudite en ton œuure. In ſu-
dore vultus tui veſceris pane tuo
, tu mangeras ton pain à la ſueur de ton front:
la femme a eu les punitions de ſa legereté à eſcouter le ſerpent, & à ſeduire
ſon mary, i'en parleray apres, voicy celle de l'homme pour auoir preferé
les parolles de ſa femme à celles de Dieu, c'eſt qu'il doit trauailler, & pour-
uoir à ſa famille par ſa ſueur.
S. Bernard ſerm 27. In paruis, Adam dit-il, a peché en aymant trop ſa
femme, non pas d'autant qu'il a fait ſa volonté, mais d'autant qu'il l'a preferé
à la volonté diuine : la raiſon vouloit qu'il fit pluſtot la volonté de celuy au-
quel il eſtoit plus obligé, & qui doute qu'il ne fuſt plus obligé à ſon Crea-
teur qu'a ſa femme ? il n'auoit autre obligation à ſa femme que de l'aymer
comme ſa compagne, or il eſtoit obligé d'aymer, reuerer & craindre Dieu,
& partant ces liens le deuoient aſtrainde dauantage auec Dieu que le ſeul
lien d'amour auec ſa femme, or en punition de cette imprudence il eſt con-
damné au trauail.
Et quoy! l'homme ne deuoit-il pas trauailler auant qu'il euſt peché? po-
L'homme
euſt tra-
uaillé s'il
n'euſt pe-
ché, par
plaiſir non
par neceſ-
ſité.
ſuit eum in paradiſo vt operaretur & custodiret illum. Dieu l'auoit mis au paradis
terreſtre pour y trauailler, & pour le garder. Il eſt vray, mais c'eſtoit vn tra-
uail ſans peine, & par recreation, non par neceſſité, tout ainſi qu'vn prince
& Seigneur prent plaiſir à dreſſer des bordures, compartimens, & allées dans
ſon jardin, dit S. Chryſoſt. Adam eut fait diuers ouurages, & enjoliuemens
dans le paradis pour ſon plaiſir & pour paſſer le temps : & quoy que la terre
euſt eſté fort fertile il l'euſt encore rendue plus fertile par ſon iuduſtrie. Or
depuis le peché la terre a eſté maudicte & l'homme condamné au trauail non
plus par plaiſir & recreation, ains par neceſſité & obligation.
Comme
la terre
maudicte
de Dieu.
Maledicta terra in opere tuo. La terre ſera maudicte en ton œuure, ce que
S. Hieroſme explique du peché, in opere tuo, en ton peché : toutefois il eſt plus
proba-

255
Des obligations des Mariez.
probable que Dieu veut dire tu trauailleras en punition de ton peché, & en
trauaillant & cultiuant la terre, tu experimenteras qu'elle eſt maudicte pour
toy, c'eſt à dire, qu'elle ſera ſterile des choſes qui te ſont vtiles, & fertile des
choſes qui te ſont inutiles, & nuiſables, & qu'elle ne te fournira ce qui eſt ne-
ceſſaire pour ton entretien qu'auec grande peine & trauail. Ce n'eſt pas à dire
que la terre ayt perdu ſa ſterilité laquelle elle auoit auant le peché d'Adam
La terre
n'a pas per-
du ſa fecon-
dité pour
le peché
d'Adam.
ou qu'elle ſoit diminuée, elle eſt de meſme nature & condition depuis le pe-
ché qu'elle eſtoit auparauant : mais auant le peché l'homme n'auoit que faire
de la cultiuer pour auoir de quoy viure, ou s'il l'euſt cultiuée c'euſt eſté ſans
faſcherie ou peine : d'autant que le paradis terreſtre comme vn ſol tres-fertile
euſt fournie à l'homme en tres grande abondance tout ce qui luy euſt eſté ne-
ceſſaire ſans autre culture, ou au moins ſans peine ou facherie : le ciel euſt en-
uoyé ſes influences plus benignes & plus aſſeurées ſur la terre, pour ſeconder
les trauaux de l'homme, mais depuis le peché, ayant eſté chaſſé de cette terre de
benediction, & les hommes eſpars en diuers quartiers du monde, dont aucuns
eſtoient gras, d'autres maigres : aucuns tout de pierres, d'autres de ſable, aucuns
ſains, d'autres mal-ſains : aucuns fertiles, d'autres ſteriles : aucuns pleins de
ronces & d'eſpines; il a eſté neceſſaire de trauailler, ſuer, peiner, & dautant
plus que ſouuent au lieu que le ciel deuroit ſeconder les trauaux des hom-
mes, par la douceur & benignité de ſes influences, il les ruine par orages, &
punition du peché.
Dauid fait mention de la meſme condamnation, Pſ. 127. Labores manuum
Le trauail
de l'hom-
me eſt nul
ſans la be-
nediction
diuine.
tuarum, quia manducabis beatus es, & bene tibi erit
, qui ſont paroles que le
Preſtre dit beniſſant les nouueaux mariez, pour aduertir le mary qu'il en-
treprent le mariage, non pour eſtre faineant, mais pour trauailler, & pouruoir
ſa famille par ſon trauail, mais qu'il ne ſe doit tellement confier ſur ſon in-
duſtrie, & trauail, qu'il s'oublie de la prouidence & benediction diuine. Puis
que toute l'induſtrie humaine, ſi elle n'eſt ſecondée de la benediction de Dieu
n'eſt que vent, Niſi Dominus ædificauerit domum, in vanum laborauerunt, qui
ædiſicant eam.
Si Dieu n'edifie la maiſon, c'eſt en vain qu'on y trauaille : edifier
la maiſon, eſt eſtablir ſa famille, la pouruoir, eſleuer ſes enfans, ce qui ne peut
reuſſir par tous les trauaux humains, s'ils ne ſont accompagnez de la bene-
diction de Dieu.
C'eſt ce grand pere de famille qui edifia vne maiſon aux ſages femmes d'E-
gypte, dautant qu'elles n'auoient tué les enfans des Hebreux, Exod. 1. C'eſt donc
en vain qu'on ſue, qu'on ſe tue, ſi Dieu n'aſſiſte, Vanum eſt vobis ante lucem
ſurgere, ſurgite poſtiquam ſederitis qui manducatis panem doloris.
Vous perdrez
voſtre peine de trauailler du grand matin, & frauder voſtre repos pour gaigner
voſtre vie & celle de voſtre famille, ſi Dieu ne benit voſtre trauail : & partant
vous autres pauures artiſans qui mangez, panem doloris, qui ne viuez que du
tra-

256
Premier Traite’
trauail de vos bras, qui gaignez voſtre pain auec grande peine & douleur,
mettez voſtre confiance en Dieu, ayez recours à luy pendant vos trauaux,
afin qu'il beniſſe les œuures de vos mains. Voicy la promeſſe que Dieu vous
fait, Deuter. 28. Si mandata mea cuſtodieris, venient ſuper se benedictiones istæ:
benedictus eris in ciuitate, & benedictus in agro, benedictus fructus ventris tui, &
fructus terræ tuæ, fructuſque iumentorum tuorum.
Si vous gardez mes comman-
demens vous receurez ces benedictions : vous ſerez benit en la ville, vous ſe-
rez benit au champ : benit au fruict de voſtre ventre, benit en voſtre beſtail.
Ie ſçay qu'aucunes fois il arriue que par des reſſorts ſecrets de la diuine
prouidence, aucuns quoy que gens de bien ſont priuez de ces benedictions
mais qu'ils s'aſſeurent que Dieu eſt iuſte, & que ce qu'il en fait n'eſt que
pour les benir de benedictions plus grandes, & les combler de biens de plus
grande importance; & partant ſi nonobſtant tout leur trauail, tout le deuoir
qu'ils taſchent de rendre à Dieu en qualité de vrays Chreſtiens, à peine peu-
uent ils viure, qu'ils ſçachent que Dieu leurs prepare vn banquet de plus
grande importance, & leurs baſtit vne maiſon plus ſolide dans l'eternité,
pour recompenſe de leur patience & de la confiance qu'ils ont à ſa diuine
bonté.
Remarquez ce que dit Dauid, labores manuum tuarum quia manducabis, tu
mangeras le trauail de tes mains pour vous faire entendre qu'il ne faut pas
manger le trauail des mains d'autruy, en deſrobant ſon bien & ſes ſueurs par
rapines, fineſſes, vſures, & faux contracts : non ſe nourrir du ſang des pau-
ures, des larmes de la vefue, des gemiſſemens & ſouſpirs du pauure orphelin :
mais de ſon propre trauail.
Folie de
ceux qui
par auari-
ce ſe frau-
dent en
leurs ne-
ceſſitez.
Auſſi ne faut-il ſe laiſſer emporter tellement à l'auarice & au deſir d'auoir
qu'on ſe fraude du repos neceſſaire, & qu'on refuſe à ſon corps l'entretien
qui luy eſt deu par vn auidité d'auoir, car comme dit Le Sage Eccle. 4. quid
proderit homini de vniuerſo labore, & afflictione ſpiritus, qua ſub ſole cruciatus eſt?
cuncti dies doloribus & ærumnis pleni ſunt, nec per noctem mente requieſcit, & hoc
nonne vanitas eſt? nonne melius est comedere & bibere & oſtendere animæ ſuæ bona
de laboribus ſuis? & hoc de manu Dei eſt.
Que ſeruira à l'homme d'auoir tra-
uaillé & de s'eſtre peiné : il paſſe toute ſa vie en douleur & faſcheries, ne
prent le temps de repoſer la nuict, n'eſt-ce pas vne folie ? ne vaut-il pas bien
mieux manger & boire honneſtement & ioüir modeſtement des trauaux
de ſes mains reconnoiſſant que ce ſont des effects de la benediction diuine ?
Or il y en a qui ſe laiſſent emporter à vne autre extremité de laquelle parle
auſſi le Sage Eccle. 4. stultus complicat manus ſuas, & comedit carnes ſuas dicens:
melior eſt pugillus cum requie, quam plena vtraque manus cum labore & animi affli-

ctione,

257
Des obligations des Mariez.
ction,, le fol croiſſe les bras & va diſant, mieux vaut vne bouchée auec repos,
qu'vne grande abondance de toutes choſes, auec trauail & peine.
En la
prouince
de Zyten,
les hom-
mes font
les offices
des femmes
& les fem-
mes des
hommes.
Il y a vne certaine prouince en Orient nommée Zyten ou Zyben136, où les
femmes font les grandes affaires, & les hommes gardent les enfans à la mai-
ſon, les ſoignent, les bercent, & fillent, enfin font tout ce qui eſt propre des
femmes: n'eſt-ce pas là le monde renuerſé ? c'eſt à l'homme de ſoigner ce qui
eſt des grandes affaires, & pouruoir à ſa famille : c'eſt pourquoy S. Paul dit
1. Corinth. 7. Qui habet vxorem, cogitat quæ ſunt mundi, celuy qui a vne fem-
me, penſe à ce qui eſt du monde, c'eſt à dire, doit ſoigner ce qui eſt de ſa
famille.
Le bon meſnager Iacob, reconnoiſſoit bien cette obligation, lors qu'il
diſoit, Geneſ. 30. Iuſtum est vt prouideam domui meæ. La raiſon demande que
ie pouruoie à ma maiſon. Comme on demandoit vn iour à vn certain, ce qui
engraiſſoit dauantage le cheual, il reſpondit, l'œil du maiſtre : & vn autre e-
ſtant interrogé ce qui engraiſſoit mieux le champ, reſpondit le pied du mai-
ſtre, diſons de meſme, qu'il n'y a rien qui eſtabliſſe tant la maiſon, que la
diligence & trauail du mary, ſecondé de la benediction de Dieu.
Tout ainſi que c'eſt au chef de diſtribuer la nourriture aux membres,
auſſi eſt-ce le deuoir d'vn mary de nourrir ſa famille, & ſa femme principa-
lement lors qu'elle ſe maintien au deuoir & ſubiection qu'elle doit à ſon ma-
ry, car ſi elle s'en retire, il n'y eſt pas obligé, qui enim non facit quod debet, non
recipit quæ oportet
dit la Loy : celuy qui ne fait ce qu'il doit, ne doit receuoir
ce qu'il pourroit.
Poſons le cas que le pere du mary, ſa mere, ſes freres, ſes ſœurs, ſes couſins
& ſa femme, ſe trouuent en extreme neceſſité, & cependant qu'il ne puiſſe
Si le mary
eſt plus
obligé de
nourrir ſa
femme,
que pere,
mere, fre-
res, ſœurs.
les aſſiſter tous, à qui eſt il plus obligé ? à ſa femme, ou à pere, mere, freres,
ſœurs, couſins ? reſponce. Hors de la neceſſité extreme, le mary eſt obligé d'aſ-
ſiſter ſa femme auant tous autres, dauant qu'en ce qui concerne l'œcono-
mie (hors toutefois la neceſſité extreme, il n'y a point de plus eſtroicte vnion
que celle du mary & de la femme, ſuiuant la Loy du mariage portée au Gen.
2. Propter hoc relinquet homo patrem & matrem, & adhærebit vxori ſuæ. L'hom-
me quittera pere & mere pour ſa femme, & demeurera auec elle : mais en
extreme neceſſité, il doit pluſtoſt aſſiſter pere & mere, freres, ſœurs, que ſa
femme, dautant que les premieres obligations vont deuant, or il eſt obligé à
pere, mere, freres, ſœurs, auant que de l'eſtre à ſa femme, & voicy la raiſon
fondamentale. Le pere, la mere, les freres, & ſœurs ſont comme le princi-
pe d'amour, & le mary a plus de conionction auec eux parlant abſolument,
qu'auec nul autre : & de ce principe, aucuns colligent137 que le mary eſt
plus obligé d'aſſiſter ſes enfans en extreme neceſſité, que ſa femme,
dautant qu'ils ſont plus intimes au pere, que n'eſt la femme, puis qu'ils ſont
vne
K k

258
Premier Traite’
vne partie de la ſubſtance du pere, ce que n'eſt la femme.
Voicy la regle qu'en apporte S. Thomas. Tant plus quelque choſes s'auoi-
ſine des principes de charité, tant plus nous ſommes obligez de l'aymer, les
principes de charité ſont Dieu, & nous, & partant tant plus vne choſe eſt vnie
auec Dieu par la ſaincteté, ou auec nous par nature, tant plus ſommes-nous
obligez de l'aymer. Or eſt-il que le pere eſt plus vny par nature auec ſon filz,
que n'eſt ſon fils auec ſa femmequ'auec ſa femme plus vny auec frere & ſœur, comme eſtant
de meſme ſang, dont il eſt plus obligé à les aſſiſter dans l'extreme neceſſité,
comme i'ay dit. Cette doctrine eſt ſuiuie par pluſieurs autres. Voyez Sanchez
lib. 9. diſp. 4. num. 26.
Hors de cette extreme neceſſité, le mary eſt obligé de nourrir ſa femme,
& par ſon trauail d'entretenir ſa famille, c'eſt ſa condamnation, c'eſt ſa pei-
ne, que ſi au contraire il ne fait que diſſiper le bien & le trauail de ſa fem-
me, c'eſt vn chef monſtrueux, contraire à la nature, & la volonté de Dieu.

Filet cadre, rayé.
Que c'est au mary de commander, entant que chef.

CHAPITRE V.

C'Eſt au chef de donner l'ordre au reſte du corps, & au mary à toute la
famille, & à ſa femme : Dieu l'ordonne ainſi Gen. 3. diſant à la femme,
ſub viri poteſtate eris, & ipſe dominabitur tui, tu ſeras ſouz le pouuoir de ton
C'eſt au
mary de
comman-
der à ſa
femme.
mary, & il te commandera, ie parleray de cette ſubiection parlant de l'obeiſ-
ſance des femmes, & me contenteray de donner icy vn aduis ſalutaire aux
marys, ou pluſtot ils l'apprendront du ſage Eccli. 9. où il dit, non des mulierei
poteſtatem animæ tuæ, ne ingrediatur in virtutem tuam & confundaris
. Donnez-
vous de garde que l'amour de voſtre femme ne vous emporte, & de maiſtre
ne vous rende valet, & vous face comme vne eſclaue, & luy donne ſubject
d'abuſer de l'authorité que vous luy auriez donnée, vous commandant ſelon
ſa volonté, contre l'ordre de Dieu, contre l'inſtitution du mariage, de quoy
vous ne pouuez tirer autre choſe, qu'vne honteuſe confuſion. Ne ingredia-
tur in virtutem tuam
, ſi vous luy donnez authorité, elle eſpuiſera vos moyens
pour ſe faire braue, elle vous fera perdre voſtre generoſité138, par ſes flatteries,
& careſſes.
Pouuoir
des fem-
mes, ſur
Salomon.
N'eſt-ce pas choſe eſpouuantable que de conſiderer le mal-heur où ſe laiſ-
ſa aller Salomon, quoy que ſi ſage, & ſi puiſſant, ne maintenant l'authorité
qu'il deuoit auoir ſur ſes femmes ? il en vient comme on ſçait iuſques à ba-
ſtir

259
Des obligations des Mariez.
ſtir des temples à leurs Idoles, au preiudice de l'honneur qu'il deuoit au vray
Dieu, qui l'auoit priuilegié par deſſus le reſte des mortels : aucuns penſent
que luy-meſme idolatra.
Anneau
fatal de
Salomon.
On raconte de luy qu'il auoit vn anneau qui eſtoit fatal, dans lequel eſtoit
enfermée cette admirable ſapience, de laquelle il eſtoit doué, comme la force
de Samſon en ſes cheueux; eſtant vn iour venu ſur le bord du Iordain pour
ſe baigner, ſes femmes qui eſtoient marries de le voir ſi ſage, le caiolerent
tant, qu'il depoſa ſon anneau, auſsi toſt ces proſerpines le ietterent dans le
coulant des eaux, & ſoudain cet ocean de ſapience qui rauiſſoit tout le mon-
de en admiration, ſe tarit, & il deuient comme hebeté; quelque temps apres
comme on euſt trouué cet anneau dans les entrailles d'vn poiſſon, & qu'on
l'euſt rendu à Salomon, il recouura ſa premiere ſageſſe, refert Pineda. l. 3. de
rebus Salom. c. 29. num. 7. Ie veux croire que c'eſt vne fable, & vn conte de
Rabbins, mais qui n'eſt pas ſans myſtere, puis qu'il monſtre combien peuuent
les femmes ſur les hommes lors que les hommes leurs cedent, ce dont la na-
ture, & Dieu meſme autheur de nature & du mariage les a honoré par prefe-
rence139, qui eſt le domaine, & la preeminence.
Se peut-il trouuer exemple plus tragique que celuy de cette grande Ama-
zone Sémiramis ? qui n'eſtant que ſeruante d'vn eſclaue, Ninus Roy ſe laiſſa
tellement coeffer140 de ſa beauté & charmer de ſa bonne grace qu'il ne luy
Comme
Semira-
mis
abuſa
du pou-
uoir que
luy auoit
donné le
Roy Ni-
nus
.
pouuoit rien refuſer, & le credit qu'il luy donna la rendit ſi inſolente, qu'il
n'y auoit plus rien qu'elle n'oſaſt demander au Roy. Vn iour comme elle
diſoit familiairement au Roy qu'elle ſe ſentoit eſpriſe d'vn grand deſir, le
Roy luy dit, qu'elle demandaſt librement tout ce qu'elle voudroit, qu'il ne
luy pouuoit rien refuſer. Sire, dit-elle, faites moy cette faueur que ie puiſſe
m'aſſeoir ſeulement vne iournée dans voſtre throſne Royal, & rendre la
iuſtice & commander abſolument en voſtre Royaume, & que tous vos
ſubiects ayent à m'obeir ſeulement cette iournée comme à voſtre majeſté.
Le Roy entendant ce deſir creut que c'eſtoit vne ambition de femme, & com-
mença à rire par familiarité qu'il auoit auec elle, & luy accorda ſa demande :
on deſigne le iour auquel cela ſe deuoit faire : le Roy fait entendre par tout
à ſon de trompe qu'il veut honorer Semiramis, & qu'il entend que tous ſes ſub-
iects luy obeiſſent ſous peine de la vie, comme à ſa propre perſonne, qu'ainſi
luy plaiſt, qu'il luy a fait tranſport de toute ſon authorité Royalle, pour ce
iour : ce iour venu, voyla Madame habillée comme vne deeſſe, toute eſclatante
en or, & brillante de pierreries, la couronne royalle en teſte, le ſceptre en main,
qui s'aſſeoit au throſne Royal : toute la court luy fait omage, & luy rend ſes
deuoirs; tout le peuple accourt à cette nouueauté. On n'entend que des cris
de congratulation. Au commencement elle commanda choſes de peu d'im-
portance, pour eſprouuer l'obeiſſance de ſes ſubiects, puis voyant que
c'eſtoit
K k 2

260
Premier Traite’
c'eſtoit tout à bon, & que chacun plioit ſous ſes ordonnances, elle comman-
da aux gardes du corps qu'ils euſſent à ſe ſaiſir du Roy, on luy obeit, voila le
Roy ſaiſi au corps, puis garotté, enfin le voyant à ſa diſpoſition, & és mains
de ceux qui s'eſtoient monſtré ſi parfaictement obeiſſans iuſques là, elle
commande qu'on le tue, on le fait, ainſi d'vne iournée qui auoit eſté ac-
cordée pour commander elle eſtendit ſon authorité au reſte de ſa vie. Voyla
où la ſottiſe du pauure Ninus l'amena, lequel ne retenant le domaine & au-
thorité qu'il deuoit ſur cette femme, fut enfin l'obiect de ſon ambition : le
ſubiect d'vne abominable ingratitude : le jouet d'vne inſigne cruauté : la riſée
de tout le monde, & l'exemple aux marys pour ne ſe laiſſer poſſeder &
maiſtriſer de leurs femmes.
Comme
l'amour
de Dalila
aſſeruit
Samſon.
Auroit-on iamais creu que l'amour d'vne femme deuſt tellement aſſer-
uir Samſon qu'il luy dit ſes ſecrets, luy manifeſtaſt en quoy conſiſtoit ſa for-
ce, s'endormiſt dans le gyron de cette paillarde, & enfin perdiſt ſa liberté, ſa
force, & la vie ? quelle honte de voir vn Hercule apres auoir deſpecé les mon-
ſtres, & s'eſtre rendu inuincible ſe rendre tellement eſclaue d'vne Iole qu'el-
le luy change ſa maſſue en vne quenouille. Vn Sardanapalus qui pour com-
Hercule
aſſeruy
par Iole.
plaire à des femmelettes eſt deuenu comme femme, file auec elles, & leurs
diſtribue leur tache ? mais tant de marys que l'amour, & authorité qu'ils ont
donné à leurs femmes a tellement aſſeruy, qu'ils n'ont rien de maſle que
l'exterieur, eſtant deuenus tout feminins, Idolatres de leurs femmes, ſerfs, eſ-
Sardana-
palus
tra-
uail auec
des fem-
mes.
claues, voire s'eſtant oubliez de leur generoſité141, preeminence & authorité
que leur ſexe, que la nature, que Dieu leurs ont donné pour vſer auec
raiſon, pour la conduitte & gouuernement de leurs familles & de leurs fem-
mes, principalement quand il eſt neceſſaire pour la gloire de Dieu.
Comme
Darius ſe
ſoubmet
à Apeme.
N'eſt-ce pas trop raualer ce domaine que Dieu a donné à l'homme ſur la
femme de voir vn homme, mais vn Roy comme eſtoit Darius Eſdræ 3. c. 4.
aſſis proche d'vne Apeme142, & que cette femelle prenne bien la hardieſſe de
luy oſter ſon diademe de deſſus la teſte, le mettre ſur la ſienne, luy donner
des ſoufflets, & cependant le Roy auoir les yeux collez ſur elle, ſi elle luy
monſtre bon viſage il eſpanouit de ioye, ſi elle fait la refrognée & meſcon-
tente, il la flatte, & la cajolle iuſque à ce qu'il l'ayt appaiſée & remiſe, enfin
de Roy qui fait trembler le monde, qui commande aux armées, de qui de-
pendent les vies des hommes, eſtre deuenu l'eſclaue & le badin d'vne concu-
bine, n'eſt-ce pas eſtre indigne de porter le tiltre & la qualité d'homme ? &
Comme
la femme
doit hono-
rer ſon
mary. Beau
paſſage de
S. Hieroſ-
me
.
plus qu'indigne de porter le ſceptre & la couronne Royalle.
Si le mary doit commander, il eſt clair que la femme doit obeir, & le
doit honorer, comme nous dirons traittans des deuoirs de la femme. Ie di-
ray icy ſeulement en paſſant auec S. Hieroſme, ad Celantiam143. Seruetur viro
authoritas ſua, totaque à te diſcat domus quantum illi honoris debeat. Tu illum Domi-

num

261
Des obligations des Mariez.
num obſequio tuo, tu magnum illum tua humilitate demonſtra, tanto ipſa honoratior
ſutura, quanto illum amplius honoraueris. Caput enim vt ait Apostolus, mulieris, eſt:
nec aliunde magis reliquum corpus ornatur, quam ex capitis dignitate.
Gardez l'au-
thorité à voſtre mary, que toute la maiſon apprenne à voſtre exemple, com-
bien elle le doit honorer : faictes paroiſtre par voſtre obeiſſance, & par vos
ſeruices, qu'il eſt le maiſtre, monſtrez par voſtre humilité, qu'il eſt grand :
vous ſerez d'autant plus honorée, que plus vous l'honorerez. Le mary, com-
me dit l'Apoſtre, eſt le chef de la femme, & n'y a rien qui orne dauantage tout
tout le reſte du corps, que la dignité du chef.

Filet cadre, rayé.
Que le mary entant que chef doit aymer ſa femme.

CHAPITRE VI.

TOut ainſi que le chef ayme toutes les parties du corps, & pour viles,
baſſes, & contemptibles qu'elles ſoient, n'en meſpriſe pas vne, ayme
Le mary
doit ay-
mer ſa
femme.
toutefois plus tendrement, & garde plus ſoigneuſement celles qui ſont plus
nobles, & principales; ſe porte au ſecours de toutes & s'humilie pour les
aſſiſter : de meſme, le mary doit aymer tous ſes domesſtiques, & principale-
ment les parties principales de ſa maiſon, qui ſont ſes enfans, comme partie
de ſa ſubſtance, mais ſur tout ſa femme, comme la moitié de ſoy-meſme, &
ſans laquelle il ne ſeroit ny mary, ny chef : ainſi ne doit meſpriſer, ny ſa foi-
bleſſe, ny ſon ſexe, ains au contraire, ſuiuant le precepte de Sainct Pierre, 1.
3. tanquam infirmiori vaſculo impertiens honorem, l'honorant comme la plus
foible.
Le mary
obligé à
l'amour
de ſa fem-
me par
ordonnan-
ce diuine,
pourquoy
la femme
formée de
la coſte
d'Adam.
Le mary eſt obligé à cet amour, premierement par ordonnance diuine,
car Dieu en l'inſtitution du mariage, a voulu que l'homme quittaſt pere, &
mere, pour demeurer auec ſa femme, & a formé la femme du coſté de l'hom-
me, d'vne coſte proche du cœur, non des pieds, pour luy faire entendre, qu'il
ne doit pas la meſpriſer, ou fouller aux pieds, ny la tenir comme ſeruante :
non des yeux, afin qu'elle ne fuſt trop curieuſe : non des reins, pour luy en-
ſeigner qu'elle ne doit eſtre abandonnée, ny ſubiecte à ſes plaiſirs : non des
bras, de peur qu'elle ne fuſt trop hardie, & entreprenante. Mais d'vne coſte
qui eſt ſous le bras, pour autant qu'elle doit eſtre ſous la protection, dire-
ction, & domaine de ſon mary; proche du cœur, pour enſeigner au mary,
La nature
oblige
l'homme
à aymer
ſa femme.
qu'il doit l'aymer d'vn amour ſyncere, & cordial.
Secondement, la nature le veut ainſi, puis que perſonne ne hait ſa chair,
mais la nourrit, & la careſſe : or la chair de la femme eſt la chair du mary,
ils
K k 3

262
Premier Traite’
ils ſont deux en vne chair, ainſi comme chacun s'ayme ſoy-meſme, procure
à ſa chair tout contentement, la defend contre ceux qui l'attaquent, de meſ-
me, le mary doit aymer ſa femme, & en ſuite de cet amour luy rendre tout
deuoir d'amour, l'aſſiſtant, la defendant, la careſſant, c'eſt l'ordonnance de
S. Paul, Epheſ. 5. viri diligitè vxores veſtras, ſicut & Chriſtus dilexit Eccleſiam,
& tradidit ſemetipſum pro ea, ita & viri debent diligere vxores ſuas, vt corpora ſua,
qui ſuam vxorem diligit, ſeipſum diligit
. Marys, aymez vos femmes comme Ieſus-
Chriſt a aymé ſon Egliſe, & s'eſt donné pour elle : ainſi les marys doiuent
aymer leurs femmes. Comme leurs corps, quiconque ayme ſa femme,
s'ayme ſoy-meſme.
Pouuoit il donner reigle plus parfacite d'amour que celle-là ? nous pro-
poſant l'amour de Ieſus-Chriſt, ſi grand qu'il n'a refuſé, ny difficulté, ny tra-
uaux, ny miſeres, ny meſpris, ny opprobres, ny tourmens, ny la mort meſ-
me, pour teſmoigner ſon amour à ſon eſpouſe l'Egliſe. Comme leurs corps
dit l'Apoſtre, quiconque ayme ſa femme, s'ayme ſoy-meſme, voulant dire,
que comme on ne doit tenir la femme & le mary pour deux, ains pour vne
meſme choſe, puis que par l'vnion d'amour, & d mariage, iam non ſunt duo,
ſed vna caro
, ils ne ſont plus deux, mais vne chair : ſi le mary s'ayme ſoy-meſ-
me, il doit aymer ſa femme, & partant, dit S. Thomas, lect. 8. in 5. ad Epheſ.
ſicut peccaret contra naturam qui ſeipſum odio haberet ita qui vxorem. Comme ce-
luy-là pecheroit contre nature, qui ſe hairoit ſoy-meſme, de meſme, celuy
qui hait ſa femme, puis que c'eſt la moitié de ſoy-meſme, & partant on doit
tenir celuy-là, non pour vn homme, mais pour vne beſte, qui n'ayme ſa fem-
me, voire pire qu'vne beſte : puis que comme les beſtes s'ayment, auſſi elles
ayment leur pair naturellement.
Cette raiſon reçoit vne nouuelle efficace des parolles du Prophete Ma-
lachie
, c. 2. où exhortant le mary d'aymer ſa femme, il dit hæc particeps tua,
& vxor fæderis tui
. Elle eſt voſtre compagne, vous auez fait pact, & alliance
auec elle, puis adjouſte, nonne vnus fecit, & reſiduum ſpiritus eius eſt, n'eſt-ce
pas le meſme Dieu qui a fait Adam & Eue, & qui a donné la vie à l'vn, & à
l'autre par ſon ſoufle & haleine ? en donnant comme vne partie, à Adam, &
La fem-
me eſt
comme
la moitié
de l'eſprit
de l'hom-
me.
le reſte à Eue, reſiduum ſpiritus eius. Voulant dire, qu'Eue n'a pas ſeulement
eſté faite de la coſte de l'homme, & ainſi n'eſt pas ſeulement chair, de la chair
d'Adam, & os de ſes os, mais auſſi, ont eſté faits tous deux, d'vn meſme ſou-
fle de vie, emané de Dieu, dont vne partie a eſté donnée à Adam, l'autre
à Eue, pour monſtrer à l'homme, l'amour qu'il doit porter à ſa femme, non
ſeulement en l'vnité d'vne chair, mais auſſi en l'vnité d'eſprit : non charnel,
mais ſpirituel : & c'eſt ce que veut dire le meſme Prophete, par ces parolles,
au meſme endroit, cuſtodite ergo ô viri ſpiritum ueſtrum. Partant marys, gardez
vos femmes, honorez vos femmes, faites eſtat de vos femmes, aymez
vos

263
Des obligations des Mariez.
vos femmes, qui ſont la moitié de voſtre eſprit, la moitié de voſtre ame.
Le mary
eſt obligé
d'aymer
ſa femme
par obli-
gation ci-
uille.
Ces paroles de Malachie, vxor fœderis tui, la femme de voſtre alliance,
me fourniſſent vne troiſieſme raiſon, qui oblige le mary d'aymer ſa femme,
qui eſt le pact, & alliance d'amour qu'ils ont fait par enſemble, & vne raiſon
ciuille, procedant de l'alliance ciuille, qu'ils ont contractée, laquelle comme
elle n'a deu auoir autre fondement que l'amour, auſſi ne doit-elle auoir au-
tre entretien que l'amour, & comme c'eſt l'alliance & le pact le plus eſtroit
qui ſe puiſſe retrouuer entre les hommes, auſſi s'enſuit-il que l'amour y doit
eſtre le plus grand de tous les amours humains.
S. Pierre me fournit vne quatrieme raiſon 1. 3 Viri cohabitantes ſecundum
ſcientiam, quaſi infirmiori vaſculo muliebri impertientes honorem, tanquam cohæredi-
bus gratiæ Christi vitæ, vt non impediantur orationes veſtræ
, demeurans auec leurs
femmes ſelon la ſcience, honnorans le vaſe qui eſt plus foible, comme eſtans
coheritiers de la grace de Dieu; afin que vos oraiſons ne ſoient empechées.
Ie tire ma quatrieme raiſon de ces paroles, tanquam infirmiori vaſculo
muliebri impertientes honorem
, l'honorans comme la plus foible, comme la fem-
me eſt naturellement plus foible que l'homme, auſſi eſt-elle fort encline à pen-
ſer qu'on la mepriſe, & voicy la cauſe pour laquelle S. Pierre veut que le mary
l'honore, c'eſt à dire l'ayme, pour luy oſter toute occaſion de croire qu'elle eſt
meſpriſée, & de perdre courage, & pour luy donner ſubiect de viure paiſible-
ment, & d'aymer & honorer ſon mary.
Quel eſt
l'honneur
que ſaincte
Pierre
veut que
le mary
rende à ſa
femme.
S. Hieroſme explique cet honneur que S. Pierre demande aux marys en-
uers leurs femmes d'vne certaine retenue, honneſteté, & moderation en l'vſa-
ge du mariage, ſe ſouuenans qu'elles ſont Chreſtiennes, & eſpouſes de Ie-
ſus-Chriſt, les tenans, non en rang de concubines, ou courtiſanes, auec leſ-
quelles on ne cherche que le plaiſir, & la ſenſualité, mais comme femmes
d'honneur, & ſe comportans auec elles, non auec liberté, & diſſolution, com-
me on feroit auec vne paillarde, mais auec reſpect, modeſtie, & reuerence
comme requiert la condition de Chreſtiens : & pour parler auec Ariſtote,
ne ad vxores tanquam ad meretrices adeant, ne s'approchans pas de leurs fem-
mes, comme ils feroient des femmes de ioye. Œcumenius explique cet hon-
neur de l'honneur pris en ſa ſignification ordinaire, qui conſiſte à vn trait-
tement honorable, & plein de reſpect, ſemblable à celuy d'Abraham enuers
Sara, laquelle il apelloit Sarai, ceſt à dire, Domina mea, Madame, ou ma Mai-
ſtreſſe.
La femme eſtant naturellement craintiue, & vergongneuſe, le mari luy
doit releuer le courage par l'honneur qu'il luy rendra. Or cet honneur con-
ſiſte à vn amour ſincere, accompagné de reſpect, & d'vne confiance que le
mary doit auoir enuers elle : ne ſe monſtrant pas ſi exacte à luy faire rendre
compte

264
Premier Traite’
compte de ce qu'elle a en charge, ne la traittant pas comme ſeruante, mais
comme ſa compagne : enfin, cet honneur giſt en vn traittement doux, paiſible,
familier, reſpectueux, & ſur tout accompagné d'amour, luy compatiſſant, ſe
donnant de garde d'amertume, & de rigueur, conformement aux preceptes
de l'Apoſtre, Coloſſ. 3. Viri diligite vxores vestras, & nolite eſſe amari adillas.
Marys aymez vos femmes, & ne leurs ſoyez point faſcheux. Tanquam infir-
miori vaſculo impertientes honorem.
La traittant comme vne vaſe plus fragile,
il eſt bien aſſeuré que vous maniez vn vaſe de terre, ou de criſtal plus deli-
catement, & auec plus de circonſpection, qu'vn vaſe d'or, ou d'argent, non
qu'il ſoit plus pretieux, ains dautant qu'il eſt plus delicat, & plus fragile, tant
plus vous connoiſſez de fragilité, & de foibleſſe en voſtre femme, tant plus
doucement, & plus prudemment deuez-vous la traitter.
La derniere raiſon de cet amour eſt tirée de la condition, & qualité de
leur alliance qui eſt ſacramentalle, & ſurnaturelle, & ſeroit faulſe ſi elle n'e-
ſtoit accompagné d'amour. C'est de la nature des Sacremens d'eſtre repre-
ſentatifs de quelque choſe : le mariage entant que Sacrement repreſente l'v-
nion du Verbe auec la nature humaine, & de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe
qui ſont deux vnions d'vn tres-parfaict amour : ainſi la repreſentation du ma-
riage de l'homme, & de la femme ſeroit faulſe, ſi le mariage n'eſtoit accom-
pagné d'amour, puis que l'vnion du Verbe auec noſtre nature, & de Ieſus-
Chriſt auec l'Egliſe, ne peut eſtre ſans amour.
Si entrant en la boutique d'vn apoticaire, vous voyez vne boitte qui por-
te le tiltre de beſoüard, ou de fines perles, ou de quelque autre choſe pre-
tieuſe, & dedans ceſte, du ſublimé, ou de l'arſenic; vous voyez que c'eſt vn
tiltre ſpecieux ſans effect, vn tiltre trompeur. Voſtre mariage porte vn beau
tiltre, puis que c'eſt la marque, & le ſigne de l'amour du Verbe enuers l'hu-
manité de Ieſus-Chriſt, enuers l'Egliſe. Si donc il n'y a que la diuiſion, & meſ-
intelligence entre vous: ſi dans vos cœurs il n'y a que du poiſon, de la haine
& rancune, n'eſt-ce pas vn faux tiltre ? Vous deuez vous confier à la bonté di-
uine, qui ne vous manquera de grace pour rendre voſtre mariage ſigne effi-
cace, ſi vous taſchez de voſtre coſté de cooperer à ſes graces, & d'allumer
voſtre amour par cette conſideration ſi aduantageuſe, & ſi honorable, qu'il
eſt Sacrement : & partant qu'il doit eſtre accompagné d'vn amour, & intelli-
gence qui ſoit ſigne de l'amour du Verbe enuers la nature humaine, & de Ie-
sus Chriſt enuers l'Egliſe. L'image doit eſtre conforme à ſon prototype; La
figure à la choſe figurée, Propter quam cauſam, dit S. Paul, admoneo vos, vt re-
ſuſcitetis gratiam Dei
. 2. Tim. 1. Partant ie vous aduertis que vous entreteniez
la grace de Dieu, le mariage eſt Sacrement, ne permettez pas que cette con-
ſideration ſoit enſeuelie dans l'oubliance, ou eſtouffée dans le plaiſir ſen-
ſuel, ou abyſmée dans la multitude d'affaires. Sacrement donc accompagné
de grace & d'amour.
S.Chry-

265
Des obligations des Mariez.
S. Chryſoſtome comprent quaſi toutes ces raiſons que ie viens de dedui-
re en trois mots, par vne belle ſentence qui meriteroit bien que les marys
l'euſſent touſiours deuant les yeux, Vir, dit-il, vxorem tanquam gubernator diri-
gat, tanquam conſortem vitæ honoret, participet vt cohæredi gratiæ.
Que le mary
conduiſe ſa femme comme vn gouuerneur, qu'il l'honore comme ſa compa-
gne, qu'il communique auec elle comme auec celle qui eſt coheritiere de la
grace auec luy, paroles d'or, & ſi le mary les met en pratique, il ne manquera
pas d'amour enuers ſa femme.
Le moyen
d'eſtre ay-
mé eſt d'ai-
mer.
Le mary veut que ſa femme l'ayme, c'eſt bien la raiſon, mais voicy le moy-
en de ſe faire aymer, c'eſt Seneque qui me l'apprent, Ego tibi monſtrabo amato-
trium ſine medicamento, ſine herba, ſine vllius veneſicæ carmine, ſi vis amari, ama

. Ie vous enſeigneray vn philtre, vn moyen de vous faire aymer, ſans que vous
ayez beſoin de recourir aux drogues des apoticaires : ny aux arboriſtes, ny
aux vieilles, pour auoir quelque charme : voulez-vous eſtre aymé, aymé : c'eſt
tout le meſme que dit ce petit poete, Mart. lib. 6. Epigram. ad Marcum.
Vt præſtem Pyladen, aliquis mihi præſtet Oreſtem.
Hoc non fit verbis : Marce vt ameris, ama.
Quintilian in gladiatore 144, dit quaſi le meſme, amantem odiſſe non potui, il m'eſt
impoſſible de hayr celuy qui m'ayme. Zælicius in panegyrico145, Poteſt fortaſſe
princeps odio eſſe nonnullis, etiam ſi ipſe non oderit: amari, niſi amet, non poteſt.
Peut-
eſtre ſe peut il faire qu'vn prince ſoit hay d'aucuns, quoy qu'il ne hayſſe per-
ſonne : mais il ne peut eſtre aymé de perſonne s'il n'ayme. Comme vn iour
Platon eut entendu Xenocrates ſon diſciple qui diſoit rage contre luy, il n'en fit
point d'eſtat, & comme on luy eut demandé pourquoy il s'en mettoit ſi
peu en peine, la raiſon eſt, dit-il, que ie ne me puis perſuader qu'il parle à
bon eſcient, dautant que ie ne croy pas qu'il ſoit poſſible qu'il ne m'ayme,
puis que i'ay vne affection ſi tendre pour luy; Valerius max. lib. 4. c. 1. S. Au-
guſtin
confirme tout cela, lib. de Catech. rudibus146, par ces paroles, nulla
eſt maior ad amorem inuitatio, quam præuenire amando
, il ny a motif plus puiſſant
pour ſe faire aymer, que d'aymer le premier, nimis durus eſt animus, qui amorem,
ſi nolebat impendere, nolit rependere
: vous en trouuerez bien qui ſont ſi froids,
qu'ils ne peuuent aymer les premiers : mais il faudroit auoir le cœur plus du-
re que marbre, pour n'aymer celuy qui nous preuient par ſon amour.
C'eſt choſe ſi naturelle d'aymer ceux qui nous aiment, que meſme les be-
ſtes les plus cruelles le font : & que doiuent faire les hommes, qui ont la rai-
ſon, & ſe doiuent laiſſer gaigner par l'amour, & l'humanité ? Vous auez vn
cœur de tygre enuers voſtre femme, vous ne luy pouuez teſmoigner aucu-
ne amour, ne vous eſtonnez pas ſi elle n'a point d'affection pour vous. Natu-
ra non amantes, amare prohibuit
: La nature deffend d'aymer ceux qui ne nous
ayment, dit S. Gregoire de Nazianze, in verſibus heroicis : C'eſt vne vertu
Chre-
L l

266
Premier Traite’
Chreſtienne d'aymer nos ennemis, cela ſurpaſſe la nature, il faut eſtre aſſiſté
d'vne grace ſpeciale pour le faire, & principalement pour aymer auec vne
tendreſſe d'amour, telle que vous voulez que voſtre femme ait pour vous.
Si vis amari, ama: Si vous voulez eſtre aymé, aymez : le feu engendre le feu, &
l'amour, l'amour.

Filet cadre, rayé.
Quelques conditions que doit auoir l'amour du mary
enuers ſa femme.


CHAPITRE VII.

Le cerf a
vn ardent
amour
pour ſa bi-
che.
SAlomon en ſes prouerb. 5. parle du mary, & de la femme ſoubz la me-
taphore du cerf, & de la biche, & dit, cerua gratiſſima, & gratiſſimus,
hinnulus
, la femme doit eſtre à ſon mary, comme vne biche tres-agreable, &
la mary à la femme, comme un cerf tres-cher, & tres-doux : Aucuns remar-
quent qu'entre tous les animaux, il n'y en a gueres qui ait vne plus grande
tendreſſe d'amour pour ſa femelle que le cerf, & c'eſt la raiſon pour la-
quelle Salomon appelle le mary vn cerf : voicy comme Seneque parle du
cerf.
In furias veneremque ruunt,
Si coniugio timuere ſuo
Poſcunt timidi prælia cerui.
Et mugitu dant concepti
Signa furoris.
Quoy que le cerf ſoit extraordinairement craintif, ſi eſt-ce qu'il entre en
furie, entreprent courageuſement le combat pour la defenſe de ſa biche,
Le mary
doit eſtre
comme
vn cerf.
dit Albert le grand, & d'autres. L'homme donc doit eſtre comme vn cerf,
mais comme vn cerf ſans peur, & imiter celuy duquel parle l'eſpouſe myſti-
que, ſimilis est dilectus meus caprea, hinnuloque ceruorum. Mon eſpoux eſt ſembla-
ble à vn cheureux, à vn cerf, l'amour duquel a eſté ſi grand pour ſon eſpouſe,
qu'il n'a point fait de difficulté de ſaillir ſur les plus hautes montagnes, paſ-
ſer au trauers des plus releuées colines, brouſſer au milieu des halliers, des
plus eſpeſſes difficultez pour l'amour de l'Egliſe ſon eſpouſe : le mary doit
donc eſtre comme vn cerf enuers ſa femme en tendreſſe d'amour, en dou-
ceur de mœurs, en ſuauité de conuerſation.
Helas que pluſieurs marys ont bien vne autre qualité que celle du cerf, le
ſage s'en plaint, Eccli.. 4. Noli eſſe ſicut leo in domo tua, euertens domesticos tuos &
oppri-

267
Des obligations des Mariez.
Mauuais
marys
comparé
au lyon.
opprimens ſubiectos tuos: ne ſoyez pas comme vn lion en voſtre maiſon, renuer-
ſant tout, & accablant vos domeſtiques. Tant de marys les paroles deſquels
ne ſont que rugiſſemens de lyons, n'eſtants que menaces, qu'iniures, que ma-
ledictions, que reproches, à peine peuuent-ils appeller leur femme par leur
nom. Ils ont des yeux de lion, touſiours ardants de cholere, de ſorte qu'vne
pauure femme n'oſe dire vn mot, & à peine oſe-elle regarder ſon mary en fa-
ce : des dens de lion deuorans toute la ſubſtance d'vne pauure femme, mais
encore pires que lions; le lion cherche la paſture à ſa pair, & à ſes lionceaux, &
des marys qui ne ſe ſoucient que de ſe farcir le ventre, ſans ſe ſoucier ny de
femme, ny d'enfans : des pattes de lions armées d'ongles tres-aigues, pour
deſchirer leurs domeſtiques de coups, & ce qui eſt plus indigne leurs pau-
ures femmes. Choſe indigne d'vn Chreſtien.
Choſe in-
digne que
le mary batte ſa
femme.
Meſſieurs les marys, ie vous prie eſcouter cette inſigne predicateur, cette
bouche tout d'or S. Chriſoſt. & de bien apprendre, & encore mieux retenir la
leçon qu'il vous donne, Hom. 26. in. 1. ad Corinth. Et vos viros illud admoneo,
nullum ſit tam magnum peccatum quod ad verberandum vxores vos compellat, &
quid vxorem dico, ne ſeruam quidem verberare, & manus in eam inijcere viro libero
eſſet tolerandum.
Meſſieurs dit-il, i'ay vn aduis à vous donner, c'eſt qu'il n'y peut
auoir ſi grande faute de vos femmes, qui vous doiue obliger de les battre, &
que dis-ie battre ſa femme ! voire c'eſt vne choſe indigne d'vn homme d'hon-
neur, choſe intolerable de battre vne ſeruante. Helas, ſi cela eſt, combien y
en a-il qui veulent eſtre tenus pour hommes d'honneur, qui ne ſont que fa-
quins, & des hommes de rien.
Les payens
ont ordon-
né que la
femme
qui auroit
eſté battue
de ſon
mary le
quittaſt.
Ce Sainct adiouſte que les Payens meſmes, ont tenu que c'eſtoit vne telle
indignité qu'vn mary en vient aux coups enuers ſa femme, que par Loy
expreſſe, ils contraignoient vne femme qui auoit eſté battue de ſon mary,
de ne plus habiter auec luy, & dit qu'vn homme qui en vient là, eſt, ſera non
uir, patricidæ, & matricidæ ſimilis
, c'eſt vne beſte ſauuage, non vn homme, c'eſt
vn matricide, vn parricide, voire pire, puis que l'amour du mary enuers ſa
femme eſt tel, qu'il quite pere & mere pour elle, & puis la traitter comme
vn eſclaue, comme vne beſte, la battre, quelle manie, dit-il, contraindre vne
femme à force de coups, de crier, en ſorte que les voiſins y accourent, comme
pour voire vne beſte farouche ? ouy vn tygre, vn lion en furie, vaudroit
mieux dit-il, que la terre s'ouurit pour abyſmer vn tel monſtre, vne beſte ſi
deſnaturée, que de la ſupporter.
Mais dira quelqu'vn, i'ay vne femme qui me donne tant d'occaſions :
eſt-elle plus meſchante que cette deſeſperée, la femme de Iob, qui iniurie ſon
Patience
de Iob
enuers ſa
femme.
mary, l'appelle mais fol, l'exhorte à maudire Dieu, & à ſe deſeſperer, cepen-
dant, ie ne lis pas en toute l'Eſcriture ſaincte qu'il en ſoit venu aux coups :
voicy la vangeance qu'il en prent, Quaſi vna de stultis mulieribus loquuia es. Si
bona
Ll 2

268
Premier Traite’
bona ſusſcepimus de manu Domini, mala quare non ſiſtineamus, m'amie, vous par-
lez comme font les femmes qui ne ſont pas ſages, il ne l'appelle ny vilaine, ny
diableſſe, ny deſeſperée, ny ſotte, mais vous parlez comme font celles qui
ne ſont pas ſages. Puis il l'inſtruict auec bonnes raiſons, diſant; puis que tout
ce qui ſe paſſe en ce monde vient de la main de Dieu, & que ſa prouidence
diſpoſe auſſi bien des maux que des biens : la raiſon veut que puis que Dieu
a ouuert ſa main ſi liberalement enuers nous, pour nous combler de tant
de faueurs, qu'auſſi nous receuions de ſa main touſiours paternelle, les maux
qu'il nous enuoye.
S. Chryſoſtome parle aux marys en cette ſorte, ſouuenez-vous du iour au-
quel le pere & la mere de voſtre femme vous l'ont donnée, & qu'elle les a
quités pour ſe donner à vous & vous ſuiure : ſouuenez-vous que vous n'auriez
point d'enfans ſans elle : s'il y a des mauuaiſes herbes dans le champ le labou-
reur ne le meſpriſe pas pour cela, il les arrache : ſi voſtre femme à des mau-
Comme
le mary ſe
doit com-
porter
enuers ſa
femme.
uaiſes inclinations, corrigez les, ne la diffamez pas pour cela à l'imitation
d'Adam qui deſcrie ſa femme, mulier quam de disti mihi ſociam, &c. Gen. 3. re-
iettant la faute ſur elle, voire Dieu qui luy a donné vne telle compagne.
Ne l'appellez iamais que d'vn nom d'amitié, parlez d'elle & de ce qui luy
appartient honorablement, louez ce qui ſe peut louer en elle, ſa beauté, ſa
prudence ſa conduite, ſes parens, vous y trouuerez touſiours aſſez à louer ſi
vous l'aymez. Preferez là à toute autre femme, & que toutes vous ſoient
comme eſpines à comparaiſon d'elle, qui vous doit eſtre comme vn lis, ou
vne biche amoureuſe. Enſeignez luy la crainte de Dieu par vos vertus &
exemples & vous verrez voſtre maiſon remplie de benediction.
I'emprunteray vne belle fentence d'vn petit payen, c'eſt Varron in Sat-
yra Menippea
qu'il a eſcry du deuoir du mary, ie defirerois fort que vous la
L'amour
du mary
enuers ſa
femme.
miſſiez en pratique. Vxoris vitium, dit-il, aut tollendum aut ferendum eſt, qui
tollit vitium, vxorem commodiorem præstat, qui fert, ſe meliorem facit.
Ou il faut
corriger les imperfections de ſa femme, ce qui ſe fait par des aduis & admo-
nitions charitables, & prudentes, ou par bons exemples; ou les ſupporter
auec patience. Celuy qui les corrige rend ſa femme meilleure & plus accor-
te, & reçoit plus de contentement en ſa conuerſation, celuy qui les ſupporte
patiemment ſe fait meilleur.
Cecy me donne entrée en la ſeconde condition que doit auoir l'amour
du mary enuers ſa femme qui eſt vne grande patience pour ſupporter ſes de-
fauts, tanquam infirmiori vaſculo muliebri impertiens honorem, s'accommodant
à ſa foibleſſe & infirmité & ſe ſouuenant que Dieu a donné plus de force à
Patience
de Socrate
enuvers ſa
femme.
l'homme pour auoir plus de courage & plus de patience contre les imperfe-
ctions & foibleſſes d'vne femme.
Ie n'oſe quaſi vous apporter l'exemple de ce petit payen Socrate, car i'ay
peur

269
Des obligations des Mariez.
peur qu'il confondroit voſtre impatience, ſi faut il ſe ſeruir de toute piece
contre les mauuais marys, il auoit eſpouſé vne Xantippe auec laquelle il ne
pouuoit auoir paix, quand il eſtudioit elle brouilloit ſes papiers, gaſtoit ſes
liures, renuerſoit la table, l'agaçoit de parolles, le lardoit d'iniures & d'op-
probres, & mon pauure Socrate auoit patience, & ma folle enrageoit, & tant
plus Socrate ſouffroit patiemment tant plus cette folle eſcumoit inſolem-
ment. Vn iour apres auoir crié, hurlé, tempeſté, enragé, taſchant d'eſmou-
uoir ſon pauure mary, luy demeurant touſiours ferme comme vn rocher
dans ſa patience; elle forcenée monte en haut, renuerſe vn ſceau d'eau ſur la
teſte de ſon mary : qu'euſſiez vous fait ? dites moy de grace ? auſſi toſt le fu-
met vous euſt monté au nez, vous euffiez couru apres, vous luy euſſiez rom-
pu bras & jambes : mais Socrate fut plus ſage que vous. Car ſe tenant coy
ſans ſe troubler de plus, dit ſeulement, ie ſçauois bien qu'apres tant de ton-
nerre & de foudres viendroit la pluie. Imitez cette patience, mais i'eſpere
que vous n'en aurez point d'occaſion, car voſtre femme ſera plus ſage.
Alcibiades luy diſoit vn iour, ie ne ſçay comme vous pouuez ſouffrir vne
femme ſi faſcheuſe, quant à moy diſoit-il ie la mettrois à la porte : mais le
bon homme luy reſpondit celuy qui veut manger des œufs doit ſe reſoudre
à ſouffrir les poulles qui gloſſent. I'apprens la patience à la maison afin de la
mettre mieux en pratique eſtant dehors Laert. in eius vita Aul. Gell.147 lib.
1. c. 17.
Socrate auoit vn iour inuité Euthydemus à ſouper; tout au milieu du re-
pas le fumet monta à la teſte de Xantippe, elle ſe leua de table & apres auoir
dit pouille contre Socrate renuerſa la table. Euthydemus fut tout troublé
voyant cette inſolence, & commença à froncer le ſourcil, tenant cela pour
affront. Helas dit Socrate, mon amy pourquoy vous troublez vous ? vous ſou-
uenez vous que comme nous ſoupions dernierement en voſtre maiſon, vne
poulle vola ſur la table & renuerſa pots, verres & tout ce qu'il y auoit.
Laer-
tius
lib. 2. c. 5.
Alcibiades luy enuoya vn iour vne grande tarte, bonne & bien faite.
Xantippe eſtoit lors en mauuaiſe humeur, elle prit le panier dans lequel
eſtoit la tarte, renuerſa tout par terre, & foulla la tarte aux pieds; Socrate ne
s'en eſmeut dauantage, mais auec vn petit ſousris luy dit, m'amie vous ne
mangerez point de la tarte. Ie n'oſerois vous dire que vous appreniez la pa-
tience de ce petit payen. Toutefois ſi vous deſirez l'auoir pour maiſtre, vous
trouuerez beaucoup de ſemblables traits en ſa vie, que i'obmets de peur
Pluſieurs
qui n'ont
pas laiſſé
d'eſtre
Saincts
quoy que
mariez.
d'eſtre trop long.
Ie veux vous repreſenter vn beau diſcours de S. Chryſoſtome pour vous
fermer la bouche aux excuſes que vous ne pourriez apporter de voſtre im-
patience, c'eſt homil. 4. de verbis Iſaiæ : Iſaie, dit-il, auoit vne femme, qui ne
l'a pas empeſché d'eſtre Saint: Moyſe auoit vne femme, il n'a pas laiſſé de fai-
re tant
Ll 3

270
Premier Traite’
re tant de merueilles, de reſiſter à l'ire de Dieu & luy parler auec tant de fa-
miliarité. Abraham en auoit vne qui ne l'a pas empeſché d'eſtre le Pere des
croians, le grand amy de Dieu & le progeniteur de Ieſus-Chriſt S. Pierre qui
a eſté la baſe de l'Egliſe, le grand amoureux de noſtre Seigneur, qui a fermé
la bouche aux philoſophes, a fait tant de miracles, enfin qui a eſté martyr
auoit eſté marié; quaſi tous les plus grands, & plus ſaincts perſonnages de
l'ancien teſtament ont eſté mariez. Adam, Enoch, Noé, Abraham, Iſaac, Ia-
cob
, Ioſeph, Moyſe, Ioſias, Dauid, Oſée, Ezechiel, Iſaie, & tant d'autres; ce qui
n'a pas derogé à leur ſaincteté. Penſez vous qu'aucuns d'eux n'ayent pas trou-
ué des femmes auſſi facheuſes que la voſtre pourroit eſtre ? mais ils ont eu
plus de patience, & la ſyncerité de leur amour, & vous trouuerez la tranquillité
qu'ils ont trouué, & arriuerez à la ſaincteté qu'ils ont acquis, & qui les rend
recommandables.
Vous me direz peut eſtre, que les femmes eſtoient meilleures en ce temps
là, qu'elles ne ſont maintenant, mais auſſi ie pourrois vous reſpondre que les
marys eſtoient plus doux, & plus patients : ie vous nie toutefois abſolument
qu'elles fuſſent lors meilleures, car elles n'auoient lors tant de bons exemples
qu'elles ont maintenant : n'avoient la grace ſacramentalle que Dieu a donné
en la nouuelle loy. Mais ie vous diray que comme en tout temps ſe ſont
trouvé des marys ſages, prudens, doux, patients, & des cruels, barbares, ſots,
& impatiens : auffi en tout temps ſe ſont trouvées des femmes ſages, & des folles.
Il y a eu des Semiramis, Phaedra, Thisbé, Phylis, Helene la Grecque,
Meſchan-
tes fem-
mes.
Clytemneſtre, Cleopatra, Agrippine, Iulia, Meſſaline, Callirhoe, Thais, Phrine,
Rhodopé, & tant d'autres qui ont des-honoré leur ſexe par leur mechanceté.
Mais il n'y en a pas eu faute de celles qui l'ont rendu recommandable par leurs
vertus. Comme Sara, Rachel, Lia, Debora, Abigail, Suſanne, Eſter, Iudith, Ma-
Sainctes
femmes.
riamne
, S. Cecile, S. Helene: S. Monique, S. Felicité, Zenobia, Amalzunthe,
Placidia, Pulcheria, Theodora, Marcelle, Paule, Euſtochie, Victorine, Clo-
thilde
, Radegunde, S. Anne, S. Elizabeth, & le parangon, & l'honneur de tou-
tes les femmes, la mere de Dieu noſtre Dame, & tant d'autres.
Mechante fut Medée, mais Penelopé bonne, & vne perle entre les femmes.
Clytemneſtra mechante, Alceſtis fut vn parangon de bonté. La mere des Macha-
bées
que i'auois quaſi oublié, auoit eſté mariée, auoit eu ſept garçons, ne les
vit elle pas mourir devãt ſes yeux pour la religiõ ? ne couronna elle pas les ſept
Martyres qu'elle auoit ſouffert en la mort de ſes ſept fils, qu'elle aymoit comme
ſes yeux, d'vn huictieſme martyre ? immolant ſa perſonne aux tourmens com-
me vne glorieuſe victime auec vne conſtance plus qu'humaine. La femme
de Iob eſtoit vne ſotte, ſi ne peut elle pourtant esbranſler la conſtance de ſon
mary

271
Des obligations des Mariez.
mary. Suſanne eſtoit ſage & fidelle. La Phutiphar eſtoit vne impudente, im-
pudique, effrontée & eshontée. Sara femme d'Abraham eſtoit pudique,
vergogneuſe & chaſte comme vn Ange. Ce n'eſt pas la nature ny le ſexe qui
fait le vice, c'eſt la volonté, mais il faut l'eſchauffer d'vn ſainct amour, pour
la rendre de plus en plus digne de la grace de Dieu. L'experience monſtre
tous les iours que comme les bonnes femmes font les bons marys, & les
mauuaiſes femmes les mauuais marys; qu'auſſi les bons marys font les bon-
nes femmes, & les mauuais marys les mauuaiſes femmes : ſi la volonté eſt
mauuaise, rendez la meilleure par voſtre bonté & patience.
Vous attendez de moy quelque moyen pour pouuoir le faire; le voicy
tout preſt. Valere le Grand lib. 2. c. 1. dit qu'à Rome il y auoit vn petit tem-
ple dedié à vne certaine diuinité qu'on appelloit Viri placa, c'eſt à dire, qui
appaiſe le mary, lors que le mary & la femme eſtoient en diſcorde & qu'ils
pouuoient ſe parler en ce temple auſſi-toſt par l'entremiſe de cette Deeſſe
ils eſtoient d'accord. Ie vous diray que ce temple n'eſt autre que la crainte
de Dieu, que c'eſt la deuotion, que c'eſt le ſouuenir de cet honneur & emi-
nence que Dieu a donné au mariage le faiſant Sacrement. Cette conſidera-
tion eſt ſuffiſante pour accorder tous vos differents, ſi vous ne voulez pro-
phaner vne choſe ſi ſaincte comme eſt ce Sacrement & rendre ſa ſignification
inutile, le faire vn Sacrement creux & ſans effect.
Comme
la vipere
retire ſon
venin à
l'interieur
auant que
d'admet-
tre la mu-
rene.
S. Ambroiſe lib. 5. Hexameron c. 7. prent ſubiect de la vipere d'exhorter
les marys à aimer ſyncerement, & cordialement leurs femmes, & de mon-
ſtrer, & au mary, & à la femme, comme ils ſe doiuent comporter l'vn enuers
l'autre. La vipere dit-il, eſt vne mechante beſte, & il n'y a ſerpent ſi cauteleux
qu'elle eſt quand elle eſt en amour. Comme elle aime grandement la murene
de mer, auſſi appete elle extremement ſa compagnie, elle va ſur le riuage,
& auec ſon ſiffletis148, fait entendre à la murene qu'elle eſt là; la murene
ne manque pas de venir à ſes recherches, ny de reciproquer à ſes amours :
mais auant que la vipere admette la murene à ſa compagnie, elle retire tout
ſon poiſon à ſon interieur de peur de nuire à ſon pair. Voila dit S. Ambroi-
ſe
vn bel exemple aux mariez, premierement de ſe garder la fidelité, & o-
beiſſance en l'vſage du mariage : ſecondement ſi l'vn ou l'autre eſt comme
vne vipere pleine de poiſon, d'vn naturel facheux, cholere, deſpiteux, faut ti-
rer tout cela à l'interieur pour n'infecter l'autre, & ſe ſouuenir de l'amour
qu'on ſe doit mutuellement, & de la reuerence qu'il conuient rendre au Sa-
crement : ſur tout dit S. Ambroise le mary ne doit pas eſtre comme vne vipe-
re venimeuſe pleine de poiſon, & d'indignation, mais doit ſe ſouuenir qu'il
eſt mary non maiſtre: qu'il a vne femme, non vne ſeruante: que Dieu l'a eſta-
bly gouuerneur de celle qui eſt d'vn ſexe plus foible, non ſon ſeigneur, &
partant, s'il veut eſtre aymé qu'il doit aymer : s'il veut eſtre honoré qu'il doit
hono-

272
Premier Traite’
honorer : s'il veut que ſon mariage ſoit benit de Dieu, qu'il vomiſſe tout le
poiſon qui peut contrarier au vray amour.
Il ſe trouue des marys qui ſont ſi barbares qu'ils ne peuuent dire vn beau
mot à leurs femmes, ne les peuuent appeller par leur nom, ce ne ſont qu'in
iures & parolles de meſpris. Ne ſont-ce ce pas de belles eſtincelles d'a-
mour.
Hiſtoire
d'vn enfãt
de Liege
eſgaré.
Il y a quelques années qu'à Liege vn petit garçon de quatre ou cinq ans
iouant & follaſtrant auec ceux de ſon aage, & courant par la ville s'eſgara,
ſans pouuoir retrouuer la maiſon de ſon pere, ſur le ſoir ne ſçachant ou ſe re-
tirer, il commença à pleurer, on luy demanda, d'où il eſtoit, il reſpondit
qu'il eſtoit de Liege : de quel quartier ? il reſpond qu'il s'appelloit petit
diable, comme s'appelloit ſon pere, coquin : comme s'appelloit ſa mere, il dit
qu'elle s'appelloit Carogne, il ne ſçauoit point d'autre nom ny de pere ny de
mere, d'autant qu'entre eux ils ne s'appelloient pas autrement & n'appel-
loient leur fils que petit diable, voila à la verité de belles allumettes d'a-
mour.
L'amour
exceſſif des
marys.
La troiſieſme condition que doit auoir l'amour du mary enuers ſa femme
eſt qu'il n'y ait point d'excés, toute extremité eſt vitieuſe, la vertu tient le
milieu & ne peut eſtre vertu ſans la moderation. L'excés de l'amour du mary
enuers ſa femme peut-eſtre ou en vne trop grande ſenſualité qui le porte à
cet amour : ou lors que par excés d'amour il ſe laiſſe emporter à vne jalouſe
inquietude, & vne jalouſie inquiete, qui eſt ſouuent vn effect d'vn trop
grand amour, principalement lors qu'il a pour object la ſenſualité.
Amour
exceſſif de
Sardana-
palus
.
C'eſt vn excés d'amour lors que le mary ſe laiſſe aller à des choſes indi-
gnes de ſa perſonne pour complaire à ſa femme, comme fit Adam tranſgreſ-
ſant le commandement de Dieu pour ne deſplaire à Eue. Sichem exceda en
amour lors que pour vne femme il ſe fit circoncir, & ceux de ſa ville ſes ſub-
jects, & leurs en couſta la vie. Sardanapalus excedoit en amour lors qu'il fi-
loit auec ſes femmes, & leurs diſtribuoit leur tache, auſſi merita-t'il pour ſa
lacheté d'eſtre le dernier des Roys des Aſſyriens au rapport de Iuſtin.
Les Ro-
mains ay-
moient
trop leur
femme.
Caton reprochoit cet excés d'amour aux Romains, apud Liui. decad. 4.
lib. 4. omnes homines vxoribus dominantur, nos omnibus hominibus, nobis autem
vxores
, tous les autres hommes commandent à leur femme : nous comman-
dons à tous les hommes : & nos femmes nous commandent. L'amour du
mary doit eſtre tellement moderé, qu'il ſe ſouuienne qu'il eſt le chef, & par-
tant, que iamais cet amour ne le porte à mettre le chef au deſſous des coſtes,
ce ſeroit vn monſtre, qu'il ne ſe laiſſe maiſtriſer de ſa femme, ny face choſe
indecente à ſa condition & à l'aſcendant que Dieu & la nature luy ont donné.
Gyges

273
Des obligations des Mariez.
Gyges Roy des Lydiens auoit vn amour ſi exceſſif pour ſa femme, qu'il
Amour
exceſſif de
Gyges en-
uers ſa
femme.
l'auoit touſiours en bouche & la loüoit par tout. Ayant vn iour extollé ſa
beauté en preſence de deux de ſes amis, non content de ces louanges l'amour
l'emporta ſi fort, que pour leurs en donner d'autres preuues que de parolles,
il la leur fit voir toute nüe. Elle aymoit auparauant ſon mary comme vne fem-
me de bien & ſage, mais elle fut ſi fort indignée de cette legereté qu'il auoit
commis, & de cette confuſion qu'il luy auoit cauſée, qu'elle commença à le
hayr, & le fit mourir. Herodotus 149. Voila la fin d'vn amour exceſſif, vne
haine exceſſiue.
Il y a des femmes leſquelles ſouz pretexte de cet amour croient qu'elles
doiuent impetrer de leurs marys tout ce qu'elles deſirent, & au cas qu'ils
leurs refuſent quelque choſe, font des plaintes qu'ils manquent à leur deuoir,
& qu'ils ne les ayment pas, ſemblables à la femme de Samſon qui luy diſoit,
odisti me & non diligis, idcirco problema quod propoſuisti filiis populi mei, non vis
mihi exponere
. Vous me haiſſez, vous n'auez point d'affection pour moy, ainſi
vous ne me voulez point declarer l'enygme que vous auez propoſé à mes
compatriots. Quomodo dicis quod amas me, cum animus tuus non ſit mecum, & non
vis dicere in qua ſit maxima tua fortitudo?
Comment pouuez vous dire que vous
m'aimez puis que vous n'auez point d'affection pour moy, & ne me voulez
pas dire en quoy conſiſte voſtre grande force. Cette femelle fit tant par ſes
plaintes & importunités, qu'elle tira le ſecret de Samſon, le liura à ſes ennemis
& fut cauſe de ſa mort.
Helas qu'il n'y a que trop de Dalila qui peruertiſſent leurs marys par des
plaintes importunes, & déraiſõnables de mãquement d'amour. Trop de Ieſabel
qui ſont cauſe de la ruine de leurs marys : trop de marys qui ayans les ſeps
au pieds ou pluſtot au cœur, d'vn amour deſreglé, diſent auec ce fol de l'Euan-
gile
, vxorem duxi non poſſum vernire: i'ay vne femme, l'amour que ie luy porte
m'empeſche de faire la volonté de Dieu. Mais il faudroit que les marys ſe ſou-
uinſſent qu'ils ſont hommes, & que leur courage, & generoſité150, ne doit ceder
aux careſſes d'vne femme, principalement lors qu'il s'agit du ſeruice de Dieu.
Victor Vticenſis, raconte à ce propos la conſtance de Saturus151, lib. 1. de
Conſtan-
ce de Sa-
turus cõ-
tre les
plaintes
de ſa
femme.
perſequut. Wandalica. Il eſtoit ſurintendant de la maiſon de Hunericus, Roy
des Wandales. On luy fit toute inſtance pour le faire Arrien, on n'eſpargna
ny promeſſes, ny menaces : mais rien ne peut amollir ſa conſtance diamanti-
ne. Sa femme le vient trouuer, menant auec ſoy ſes enfans, qui tous enſemble
ſe iettent à ſes pieds, le prient & le coniurent d'auoir pitié d'eux, ſa femme
luy repreſente vne fillette qui eſtoit encore à la mammelle, le prie d'auoir
egard à tous ces pauures enfans, qu'il auoit mis au monde, qu'il ne tient qu'à
luy de les garantir du malheur qu'ils ne peuuent euiter par la mort de leur
pere
M m

274
Premier Traite’
pere, qu'il ne leurs face pas ce tort, que de les priuer de la nobleſſe que la na-
ture leurs a donnée par la mort honteuſe de leur pere, qui les rendra infames
& rouſturiers : qu'elle ne peut euiter d'eſtre femme d'vn valet, à qui on la de-
ſtine, apres auoir eu l'honneur d'auoir vn tel mary : que Dieu aura egard à la
ſincerité de ſon cœur, qu'on le peut bien exciter à quelque choſe exterieure,
mais non pas forcer ſon interieur, qu'il le peut garder entier à Dieu, qu'il au-
ra egard à ſon intention, & à la contrainte qu'on luy fait. Tant s'en faut que
ces conſiderations, & ces larmes le peurent esbranler, au contraire, prenant
nouueau courage, il dit à ſa femme, M'amie vous parlez comme vne femme
qui n'eſt pas ſage : i'aurois peur, ſi la douceur de cette vie m'eſtoit ſi amere en
la perte de ce qu'il me faut perdre : ſi vous auiez vne affection ſyncere pour
moy, vous ne tacheriez pas par vos attraits de me precipiter dans l'abyſme
d'vne mort eternelle : que les perſecuteurs m'oſtent mes enfans, qu'ils
enleuent ma femme, qu'ils emportent mes moyens, quant à moy ie m'affer-
miray ſur la promeſſe de mon Dieu, & croyez fermement, que qui ne quit-
te femme, enfans, poſſeſſion, pour le nom de Dieu, n'eſt pas capable d'eſtre
ſon diſciple. Voila aymer comme il faut. Voila quelle doit eſtre la conſtan-
ce d'vn mary, laquelle il monſtra non ſeulement de paroles, mais encore par
effect, contre tous les tourmens : pluſtoſt mourir, que de ſe laiſſer emporter
par la force de l'amour qu'on a pour vne femme, à faire quelque choſe con-
tre Dieu, & contre ſon ſeruice.
Puis que les marys ſont le chef, c'eſt à eux de conduire leurs femmes, &
par leur prudence, & par leur exemple, que ſi la femme vit mieux que le
mary, c'eſt vn corps renuerſé, & qui a la teſte en bas, dit S. Aug. que les ma-
rys ne menent leurs femmes par leurs mauuais exemples, où ils ne deſirent
pas qu'elles aillent. Ie conclus cette matiere auec ces paroles que i'ay rap-
porté vn peu auparauant, mais qu'on ne ſçauroit trop inculquer aux ma-
rys, Vir mulierem vt gubernator dirigat, tanquam conſortem vitæ honoret, partici-
pet, vt cohæredi gloriæ
, que le mary conduiſe ſa femme comme vn bon gouuer-
neur : qu'il l'honore comme ſa compagne, qu'il communique auec elle, comme
auec celle qui doit eſtre coheritiere de la meſme gloire.


Petit cul de lampe.



De




275
Des obligations des Mariez.
Filet cadre, rayé.

De la pudicité des femmes & filles.

CHAPITRE VIII.

LE grand ſecretaire du ciel S. Iean, parmy ſes myſterieuſes extaſes, au
chap. 19. de l'Apocal. dit, qu'il ſortit vne voix du throſne de Dieu, in-
uitant tous les ſeruiteurs de cette ſouueraine majeſté, grands, & petits, à luy
rendre louange, laudem dicite Deo omnes ſerui eius, & qui timetis eum puſilli &
magni
. Et tout auſſi toſt, il entendit vne voix comme d'vne grande multitu-
de, comme d'vne infinité de peuple, comme de puiſſans tonnerres qui di-
ſoient alleluia. L'occaſion de cette ioye eſtoit d'autant que les nopces de
l'agneau eſtoient arriuées, & que ſa femme s'eſtoit preparée, & s'eſtoit cou-
uerte de fin lin, luiſant, & blanc, & il explique que c'eſt que ce fin lin, biſſinus
enim iustificationes ſanctorum
, ce ſont les iuſtifications des Saincts, c'eſt à dire,
pureté, humilité, obeiſſance, modeſtie, amour & ſemblables vertus qui ſont
les plus grands ornemens des femmes. Voire des hommes.
Le mary qui a rencontré vne femme qui eſt couuerte de cette belle pa-
rure, à bien occaſion de faire feſte, & d'inuiter tous ſes amis à luy congratu-
ler, & dire alleluia; puis que, mulieris bonæ beatus vir, l'homme qui a rencontré
vne bonne femme, eſt comme en vn paradis, eſt heureux.
Comme
la femme
eſt la
gloire de
l'homme.
S. Paul donne vn excellent eloge à la femme, 1. Cori. 11. mulier gloria viri
eſt
, la femme eſt la gloire de l'homme, cela ſe peut entendre en diuerſes fa-
çons, ou bien que la femme eſt faite pour la gloire & honneur du mary, en-
tant qu'elle a eſté formée de l'homme, qu'elle eſt comme l'ouurage de
l'homme, comme l'image de l'homme, qu'elle eſt produitte de l'homme,
comme de ſon principe, & de ſa ſource; ou bien que la femme eſt le plus
grand ornement de l'homme, entant qu'elle luy eſt donnée de Dieu, com-
me vn ayde pour multiplier ſon eſpece, & auoir des enfans, & produire ſon
ſemblable, qui n'eſt pas vn petit honneur : ou bien c'eſt la gloire de l'hom-
me, entant qu'elle l'ayde à gouuerner la famille, ou enfin c'eſt ſa gloire en
ce que quoy que l'homme ſoit comme le lieutenant de Dieu en terre, com-
mandant à toutes les creatures, il n'y en a point enuers laquelle il exerce vn
domaine plus honorable, vn empire plus glorieux, vn authorité plus emi-
nente, qu'enuers la femme qui eſt de meſme nature que luy, douée d'ame,
d'entendement, de volonté, de memoire, de franc-arbitre; capable de ſa-
geſſe, de grace, de gloire, auſſi bien que l'homme.
Comme
M m 2

276
Premier Traite’
Comme la femme ſage eſt la gloire du mary, auſſi la femme folle eſt le
deshonneur, & infamie de ſon mary. La femme ſage eſt celle qui s'acquitte
des obligations qu'elle a enuers ſon mary, la folle qui les meſpriſe. Ie m'en
vay monſtrer aucunes de ces obligations, qui doiuent ſeruir à vne femme
d'vn bel ornement pour ſe faire aymer de ſon mary, & ſeruiront d'atours aux
filles qui ſont à marier, pour rencontrer vn bon mary, & pour s'acquitter de
leur deuoir en leur endroit lors que Dieu les aura miſes en cet eſtat.
Quel eſt
l'honneur
d'vne fem-
me.
La femme, au Cant. 2., eſt comparée au lis, ſicut lilium inter ſpinas, ſic amica
mea inter filias
, ce qu'eſt le lis entre les eſpines, cela eſt mon eſpouſe entre les
filles. Chacun ſçait que le lis eſt le ſymbole de la pureté : vertu qui doit eſtre
inſeparable d'vne femme, & d'vne fille: c'eſt ſa gloire, & honneur, c'eſt
La femme
comparée
au lys.
la gloire, & l'honneur de ſon mary : ne dit-on pas d'vne femme, & d'vne fille
qui a fait quelque choſe contre la pureté, qu'elle a perdu ſon honneur ? elle
n'a pas perdu ſon honneur pour auoir perdu ſes peres, meres, freres, ſœurs,
mary, enfans, beauté, richeſſes, ſanté, ioyaux, voire la vie : ſi bien pour auoir
fait faux bond à ſa pudicité.
Si elle doit eſtre lis enuers ſon mary dans la belle blancheur de ſa pudici-
té, auſſi le mary la doit tenir en cette qualité, ne la terniſant nullement par
ſoupçons, & deffiance, l'aymant comme vn beau lis & tenant toutes autres
femmes comme eſpines à comparaiſon d'elle.
Voyez comme Dieu a fait eſtat de cette vertu, il auoit determiné de ſe
faire homme, de naiſtre d'vne femme mariée, mais qui fuſt pure comme le
lis: il dit qu'il ne ſe repaiſt que parmy le lis, qui paſcitur inter lilia, auſſi prent-
il la qualité de lis, lilium conuallium, le lis des vallées, pour ſon inſigne pureté.
Pourquoy pare-on tant vne nouuelle mariée, luy donnant vn couronne ſur
la teſte, ſinon pour luy monſtrer par cette parure exterieure la beauté, & la
parure de ſon ame, & que la plus belle couronne qu'elle puiſſe apporter à la
maiſon de ſon mary c'eſt ſa pureté, qui doit eſtre la gloire de ſon mary. Or
tout ainſi que la beauté du lis ſe perd en le maniant, & qu'en le touchant il
put, de meſme, rien qui noirciſſe tant la beauté d'vne femme, & d'vne fille,
rien qui la rende plus puante, que les touchers trop libres & illicites.
La fem-
me ne doit
trotter.
Les lis ne ſe conſeruent pas bien au milieu des campagnes, ou ils ſont ex-
poſez à la mercy des beſtes, & des paſſans, le moyen de les conſeruer eſt vn
jardin bien clos. La pureté d'vne femme, ou fille, court riſque quand elle
trotte, & ſe trouue par tout, aux bals, aux comedies, aux ieus, aux danſes,
qu'elle veut voir & eſtre veuë : le moyen de la conſeruer eſt de ſe tenir cloſe,
& couuerte, ſous la garde des peres, des meres, & des marys. Dina voulut
voir, elle vit, elle fut veuë, elle fut conuoitée, fut enleuée, fut des honorée
& perdit le beau lis de ſa pureté. La femme d'Abraham eſtoit plus ſage, auſſi
eſtoit

277
Des obligations des Mariez.
eſtoit-elle plus vieille, mais nonbſtant ſon aage elle eſt d'autant plus priſa-
ble pour ſa grande retenue, n'oſant paroiſtre deuant ces ieunes hommes,
mais c'eſtoient des Anges, qui eſtoient venus en ſa maiſon.
Sur tout, faut euiter les lieux retirez, & ſuſpects, pour conſeruer cette
pureté, & ne s'entretenir ſeule auec des hommes. Thamar fut ſi temeraire
que d'entrer ſeule en la chambre de ſon frere, mais c'eſtoit ſon frere : elle ne
laiſſa pourtant d'en ſortir auec vn affront & perte de ce qu'elle ne peut ia-
mais recouurer. C'eſt ce qui a occaſionné S. Hieroſme Epiſt. ad Demetria-
dem
, de donner ce precepte aux filles, nunquam ſolæ, nunquam ſine matre pro-
deant
: que iamais elles ne paroiſſent ſeules, iamais qu'en la compagnie de
La femme
& fille
doit eui-
ter les
lieux eſ-
cartez.
leur mere. Tout ainſi que l'eſpreuier ne prent pas ayſement la colombe lors
qu'elle eſt en compagnie, ainſi taſche d'en eſcarter quelqu'vne & la ſeparer
de la compagnie des autres, ſur laquelle il fond, & en fait curée; de meſme
l'eſpreuier d'enfer, le diable, qui eſt continuellement à la chaſſe, & ces petits
tiercelets de damoiſeaux, qui cherchent la proye par tout, n'ont garde d'at-
traper cette belle colombe en la compagnie de ſon mary, de ſa mere, ou de
quelque honneſte matronne; mais s'il peut la ietter à l'eſcart, elle eſt en dan-
ger d'eſtre perdue, Ephraim, facta est quaſi columba ſeducta non habens
cor
, Oſee 7. Ephraim a eſté comme vne colombe ſeduite ſans cœur.
Ne doit
s'expoſer
à la veue
de tout le
monde.
C'eſt vn pretieux treſor que l'honneur, & pudicité d'vne femme, & fille,
le treſor eſt mal aſſeuré qui eſt expoſé à la veue de tout le monde, il faut le
garder ſouz bonne clef, & ferme ſerrure : l'honneur d'vne dame eſt au hazard,
quand elle s'expoſe à la veue de tous, & ne ſe tient cloſe, ſous la garde, ou
d'vn mary, ou de ſes plus proches. Quiconque porte vne liqueur pretieuſe
dans vn vaſe fragile, doit eſtre ſur ſes gardes, habemus theſaurum in vaſis fictibus.
Meſdames vous auez vne liqueur pretieuſe, qui eſt la pucidité, mais elle eſt
dans des vaſes extremement freſles, gardez le heurt, donnez vous de garde des
occaſions, & de la rencontre des compagnies. Le vin qui eſt tranſporté de ca-
ue en caue eſt malayſement clair; la femme & la fille qui trotte de maiſon en
maiſon, eſt difficilement pure, au moins ne peut-elle euiter le ſoupçon d'im-
pureté. Le premier deuoir d'vne femme, & d'vne fille, doit eſtre la netteté, &
pureté qu'elle doit taſcher de conſeruer par la retraite & la ſolitude.
Les mou-
ches ne
prennent
pied ſur
la glace
de Veniſe.
On dit que les mouches ne peuuent prendre pied ſur la glace de Veniſe,
à cauſe de ſa politeſſe, c'eſt pourquoy vne certaine princeſſe auoit pris pour
deuiſe, vne ſine glace de miroir, auec vn nuage de moucherons, qui volti-
geoient alentour, auec cet epigraphe, nil mihi vobiſcum eſt, ie n'ay point d'alliance
auec vous. Meſdames ie prie Dieu que vos ames ſoient polies comme vne tres‑
fine glace de miroir, & que toutes vos actions ſoient ſi pures, que les mouche-
rons des imaginations impudiques, meſme que les ſoupçons contraires à voſtre
pudicité & honneur, ny puiſſent prendre pied, & qu'en tous vos deportements,
com-
M m 3

278
Premier Traite’
comme en vn beau miroir, paroiſſe l'éclat de voſtre pureté, & de voſtre honneur.
La femme
impudi-
que eſt ap-
pellée
mechante
femme.
Il ſemble que quaſi toute la recommandation d'vne femme, au moins la
principalle, conſiſte en cette vertu; poſons le cas qu'elle ſoit addonnée à quel-
que autre vice, moyennant qu'elle ſoit pudique, & chaſte, on dit qu'elle eſt
femme de bien : au contraire quand elle auroit toutes les autres vertus, ſi elle
eſt impudique elle eſt appellée pechereſſe, & mechante femme. Ou d'autant
qu'il ſemble que ce peché eſt vn precipice & abyſme de tous pechez, dit Plu-
tarque
, principalement en vne femme; ou d'autant que c'eſt comme omne
malum
, dit S. Chriſtoſt, tout mal : ou, calamitatis cumulus, le comble de cala-
mitez, dit Menander : ou malum malorum, le mal des maux, dit S. Greg. de
Nazianze
; ou d'auant qu'vne femme qui eſt ſubiecte à ce eché, eſt appellée
pechereſſe, comme la Magdeleine, & mechante femme.
On appelle vne femme ſubjecte à la cholere, cholere, & non pechereſſe, ny
mechante femme : vne qui eſt ſubiecte à ſa bouche, gourmande, non peche-
reſſe, ny mechante femme : ainſi d'vne auaritieuſe, ſuperbe, yurogne, cruel-
le &c. Mais vne femme qui eſt addonnée à ce peché quoy qu'exempte de tous
autres on l'appelle pechereſſe, mechante femme.
S. Paul 1. ad Timoth. 2. parlant de la femme, ne demande pas grande cho-
ſe pour eſtre ſauuée, ſaluabitur mulier per filiorum generationem ſi permanſerit in
fide, & dilectione, & ſanctificatione cum ſobrietate
. La femme ſera ſauuée en met-
tant des enfans au monde, ſi elle demeure en la foy, en l'amour, en la ſancti-
fication auec ſobrieté. On explique ce mot, ſanctificatione, de la pureté; ainſi
Dauid diſoit à Achimelech.1. Reg. 21. fuerunt vaſa puerorum ſancta, les corps
de mes compagnons ſon ſaincts, c'eſt à dire purs, donc, in ſanctificatione, pour
monſtrer qu'vn des plus grands points de la ſaincteté d'vne femme eſt la
pudicité, la chaſteté, la pureté, quy luy doit eſtre auſſi naturelle comme le vo-
ler aux oyſeaux, le nager aux poiſſons, la beauté aux fleurs, & la lumiere au
ſoleil.
L'impu-
dicité en
vne fem-
me eſt la
portiere
de tous
vices.
Comme la femme pudique, & chaste, a vn grand aduantage pour les autres
vertus; auſſi la femme impudique, ſemble eſtre capable de toute ſorte de cri-
mes, & ſemble que l'impudicité eſt la portiere qui ouure la porte de l'ame à
touts pechez : qui dit ce vice d'vne femme n'a quaſi plus rien à dire de tous
les maux du monde, & n'y a vice qui ne trouue entrée en l'ame d'vne femme
qui a fait banqueroutte à ſon honneur.
Chariot
de la lu-
xure.
S. Bernard le monſtre excellemment bien au ſermon 39. in cantica152, où il
repreſente le chariot de la luxure cn ces termes : Luxuriæ currus quadriga vol-
uiter vitiorum, videlicet ingluuie ventris; libidine coitus: mollitie veſtium, otij ſoporiſ-
que reſolutione: trahibitur equis duobus, proſperitate vitæ, & rerum abundantia: his
præſident ignauiæ torpor, & inſida ſecuritas
. Le chariot de la luxure eſt porté ſur
quatre roues, qui ſont la gourmandiſe : le plaiſir de la chair : le luxe des habits :
l'oi-

279
Des obligations des Mariez.
l'oiſiuité ou le trop dormir. Les cheuaux ſont la proſperité, & les richeſſes,
les caroſſiers ſont la pareſſe, & la trop grande aſſeurance. Le chariot eſt tout
de feu, mais feu qui deuore toute la beauté, & verdure des vertus, & penetre
iuſque à la racine, & au germe, ignis eſt uſque ad perditionem deuorans & eradi-
dicans omnia genimina
, Iob 153. 36.
Ne voila pas aſſez monſtrer comme tous les autres vices accompagnent
cetuy-cy, & que ce vice comme vn feu d'enfer conſomme toutes les vertus, &
la beauté d'vne ame ? ce qui a fait dire à S. Hieroſme O ignis infernalis luxuria,
cuius materia gula, cuius flamma ſuperbia, cuius ſcintillæ praua colloquia, cuius ſumus
infamia, cuius cinis inopia, cuius finis eſt gehenna
154, ô feu infernal que la luxure,
qui a pour matiere la gourmandiſe, pour flamme la ſuperbe, pour eſtincelles
les paroles diſſoluës : pour fumée l'infamie, pour cendre la pauureté : & pour
fin l'enfer.
Quelle obligation a donc la femme d'eſtre chaſte, & pudique, puis qu'e-
ſtant deſtituée de cette vertu tout eſt perdu, & comme dit S. Hieroſme in
eſpiſt. Quacunque virtute polleat, quibuſcunque operibus niteat, ſi cingulo caſtitatis
careat, omnia per terram trahit
: quand elle auroit toutes les autres vertus, qu'el-
le exerceroit toutes ſortes de bonnes œuvres ſi elle n'a la ceincture de chaſte-
té tout va en diſſolution.
Ie ne puis obmettre le bel eloge que S. Cyprian de 12. abuſonibus 155,
donne à cette vertu, eſcoutons le parler : pudicita eſt ornamentum nobilium, exal-
tatio humilium, nobilitas ignobilium, pulchritudo vilium: ſolamen mœrentium aug-
mentum omnis pulchritudinis: decus religionis: minoratio criminum: multiplicatio
meritorum, creatoris omnium Dei amica.
La pudicité eſt l'ornement des nobles:
elle exalte les humbles : annoblit les roſturiers : rend beaux les laids : conſole
les affligez : augmente la beauté : elle eſt l'honneur de la religion : amoindrit les
pechez : multiplie les merites : eſt la bien aymée de Dieu Createur de toutes
choſes : ce n'eſt pas aſſez d'auoir ce pretieux treſor, il le faut conſeruer : c'eſt vn
beau lis, mais il ne faut luy laiſſer perdre ſa beauté.










De

280
Premier Traite’

Filet cadre, rayé.
De la pudeur & vergongne des femmes & filles.

CHAPITRE IX.

LE ſecond deuoir de la Dame peut eſtre repreſenté par la roſe, & n'eſt
autre choſe qu'vne honneſte pudeur & vergongne, qui eſt bien vn des plus
pretieux ornemens de ce ſexe, ſuiuant ce que dit Le Sage, Eccli. 7. Noli diſce-
dere a muliere ſenſata, & bona, quam ſortitus es in timore Domini: gratia enim ve-
recundiæ illius ſuper aurum.
Il parle aux Iuifs, qui pouuoient quitter leurs
femmes, ſi elles eſtoient ſteriles, malades, ou moins aggreables : & leurs dit
quand voſtre femme ſeroit ſterile, malade, moins belle, ſi elle eſt ſage & pru-
dente, ne la repudiez pas : ſa pudeur & honneſte vergongne eſt le plus grand
treſor qu'elle puiſſe auoir.
Il dit le meſme au chap 26. auec plus d'emphaſe, Gratia ſuper gratiam, mu-
lier ſancta & pudorata
. Vn des plus grands benefices que l'homme puiſſe re-
ceuoir de Dieu, eſt de trouuer vne bonne femme, & ſainctement vergon-
gneuſe : gratia ſuper gratiam, c'eſt vne faueur qui ſurpaſſe toute autre faueur :
ou gratia ſuper gratiam, grace ſur grace, ce n'eſt pas vn ſimple benefice, c'eſt
vn comble & amas de benefices : gratia ſuper gratiam, la vergongne en vne
femme eſt, gratia ſuper gratiam, c'eſt vne grace qui doit eſtre preferée à toute
autre grace, qu'elle pourroit auoir, à la beauté, nobleſſe, richeſſes, fecondité,
& autres.
Stobæs ſerm. 72. dit, τἠv ảίδω τδ ϰάλλδς ἀϰρόπoλιv έιvαι, que la pu- deur en vne femme eſt comme le donjon de la beauté. On donnoit iadis

 aux nouuelles mariées vn voile de couleur iaune, qu'on appelloit Flami-

 neum
. Le iaune eſtoit la couleur d'vne chaſte honte, & d'vne honneſte ver-

 gongne, & de ce voile elles ont eſté appellées nuptæ, c'eſt à dire voilées : pour
leurs faire entendre que le plus pretieux
 ornement qu'elles pourroient a-
uoir, eſt la pudeur. 
Rebecca entendant que ſon eſpoux
 approchoit, ne fit
pas l'affaiſtée mais ſe couurit inconintent la face, par vne chaſte pudeur,
Geneſ. 24. Si elle
 faiſoit cela en preſence de ſon eſpoux, qu'euſt-elle fait de-
uant les autres?
Pythia fille d'Ariſtote, diſoit qu'il n'y auoit fard, ny couleur aucune, qui
rendiſt ſi agreable la face d'vne femme, ou d'vne fille, comme la pudeur : c'eſt
le traict de beatué que l'eſpouſe celeſte loue tant en ſon eſpouſe : ſicut fragmen
mali punici genæ tuæ
, Cant. 4. vos ioues ſont comme vne pomme de grenade
ouuer-

281
Des obligations des Mariez.
ouuerte, pour monſtrer la rougeur, de laquelle vne ſaincte pudeur auoit ver-
milogné156 ſa face.
Les ſeptante traduiſans ce paſſage, qui inuenit mulierem bonam, inuenit bo-
unm
, Prouerb. 28. Quiconque a trouué vne bonne femme, a trouué le bien,
tournent; inuenit gratias, Charites, les graces. Les anciens ont dit qu'il y auoit
trois graces, mais le mary qui a trouué vne bonne femme, c'eſt à dire, ſaincte,
& vergongneuſe, a trouué autant de graces, qu'elle a de vertus, leſquelles
prennent leur relief, & leur vernis du pinceau de la ſaincte pudeur.
Le meil-
leur doſt
d'vne fem-
me eſt la
pudeur.
Ie ne puis icy obmettre le traict du petit payen Plaut. in Amphitrione,
voicy comme il parle, non ego dotem duco eſſe, quæ dos dicitur, ſed pudicitiam, &
pudorem, & ſedatum cupidinem, Deûm metum, parentum amorem, & cognatam con-
cordiam
. Quant à moy ie ne tiens pas pour doſt d'vne femme, ce qu'on appel-
le doſt, ſçauoir vne ſomme d'or ou d'argent : mais le vray doſt eſt la pudicité,
la pudeur, la moderation de la concupiſcence, la crainte de Dieu, l'amour
des parens & alliez. Se peut il dire choſe mieux que cela ? & ces paroles ne
meritent-elles pas d'eſtre eſcrittes en lettres d'or, en l'ame, & des hommes, &
des femmes ? des hommes, pour bien conſiderer ce qu'ils doiuent ſouhaiter
en leurs femmes : des femmes, pour s'eſtudier à amaſſer les vrayes richeſſes.
La pudeur
eſt la me-
decine cõ-
tre l'impu-
dicité.
La Roſe eſt vne fleur medicinale, & la pudeur & vergongne en vne femme,
eſt la medecine contre le peché, & depuis qu'vne femme ou vne fille l'ont
perdue, elle s'abandonnent à toute liberté, & ne ſe trouue plus de remede à
leurs maux & diſſolutions : Fornicatio mulieris in extollentia oculorum & in pal-
pebris eius agnoſcitur
, Eccl. 26. Voulez vous connoiſtre ſi vne femme ne vaut
rien, vous le connoiſtrez ſi elle eſt effrontée, eshontée, a les yeux hagards, & la
veue eſgarée. C'eſt le meſme que dit S. Auguſtin en ſa regle, impudicus oculus,
impudici cordis eſt nuntius
. L'oeil impudique & ſans honte, eſt vn teſmoignage
euident d'vn cœur impudique & eshonté.
Tandis que Samſon retient ſes cheueux, il briſa toutes les cordes des
Philſtins, & ſe mocqua de leurs entrepriſes, auſſi toſt qu'ils furent coupez, il
fut pris, deuient leur iouet, & le traicterent comme vne beſte. Tandis qu'vne
La pudeur
eſt la force
d'vne fem-
me.
femme conſerue la pudeur, elle ſurmonte ayſement les aſſauts de ceux qui
voudroient attaquer ſon honneur : auſſ toſt qu'elle l'a perdue, le guichet eſt
ouuert à la la diſſolution & liberté, & encore qu'elle ſoit chaſte, ſi ne peut-elle
euiter le ſoupçon de ne rien valoir : Auſſi toſt que la Phutiphar perdit la ver-
gongne, elle eut l'aſſeurance, ou pluſtoſt l'impudence de regarder le beau Io-
ſeph
, lacha la bride à ſa conuoitiſe, & puis en vient à des inſolentes recher-
ches, & voyant qu'elle rencontroit vn cœur d'acier, & impenetrable aux traits
de ſon impudicité, elle eut recours aux menſonges & calomnies, faiſant
tous
N n

282
Premier Traite’
tous ſes efforts de perdre celuy qui ne la vouloit impudiquement aymer.
Dés qu'vne femme, ou vne fille a perdu la vergongne, ſa langue n'a plus
de frain, ſon cœur plus de ſerrure, ſes pieds plus de ſeps, & ſon corps plus
d'honneur.
Pudeur de
N.Dame.
Noſtre Dame qui eſtoit confirmée en grace, qui eſtoit la pureté meſme,
eut peur voyant vn Ange, & fut ſaiſie de vergongne. Ah ! que deuroient faire
les femmes & filles qui ſont bien eſloignées de cette perfection ? elles ne ſont
que poudre à feu, que ſoulfre, qu'eſtouppes, prennent le feu au moindre
ſouffle, & cependant ont l'aſſeurance de traitter bec à bec auec des hommes,
& des heures entieres, & à diuerſes repriſes.
Belle ex-
hortation
de S. Am-
broiſe
à la
pudeur.
S. Ambroiſe leur fait vne belle exhortation, lib. 2. in Lucam 157, où parlant
de l'ambaſſade de l'Ange vers noſtre Dame, & de la vergongne qu'elle eut
le voyant, il dit, Diſce uirginem moribus, diſce virginem verecundia, diſce virginem
oraculo, diſce mysterio.
Apprens quelle doit eſtre vne vierge par ſes mœurs, par
ſa vergongne, par l'oracle, par le myſtere. Trepidare virginum eſt , dit il, & ad
mones viri ingreſſus pauere, omnes viri affatus vereri.
C'eſt le propre d'vne vier-
ge, (diſons d'vne femme pudique & honneſte) d'auoir peur & trembler, lors
que quelque homme entre vers elle, & d'apprehender tous les pourparler
des hommes. Et partant pourſuit le meſme Sainct. Diſcant mulieres propoſitum
pudoris imitari. Sola in penetralibus, quam nemo virorum videret, ſolus Angelus
gelo ſalutatur
: que les femmes apprennent à imiter cette pudeur : elle eſt ſeu-
le en ſa maiſon, elle fuit la veue & aſpect des hommes : l'Ange le trouue &
la ſalue ſeule, ſans compagnie, ſans teſmoins, de peur qu'elle ne fuſt infectée
de quelque mauuaiſe parole : O la belle & ſalutaire exhortation à ces liber-
tines qui veulent tout voir, tout ſçauoir, & veulent eſtre veües de tous.
Noſtre Dame qui eſtoit l'honneſteté meſme, traitte en ſi peu de paroles
auec l'Ange, & ces femmes n'ont point de crainte de tenir de longs diſcours
auec des hommes de chair & d'os : quelle preſomption ! qui præſumit minus
veretur, minus præcauet, plus periclitatur, timor fundamentum ſalutis eſt
, Ter-
tullian
lib. de cultu fœminarum 158, quiconque preſume de ſoy, n'a point de
crainte, eſt moins ſur ſes gardes, eſt en plus grand danger. La craincte eſt le
fondement de ſalut, auſſi toſt qu'vne femme n'a plus de pudeur, ny de crain-
cte de parler à toute ſorte d'homme, elle eſt à demy perdue.
Eue parle ſeule à ſeule auec le ſerpent, auſſi ne tarda-elle guere à eſtre
trompée, il n'auoit garde de l'abborder en preſence de ſon mary, il y euſt
trouué de la reſiſtance. Si la fille ou la femme n'entretenoit cet homme à
part, mais ſaiſie d'vne honneſte pudeur, l'inuitoit à la preſence de ſon mary,
ou de ſon pere, elle ne ſe trouueroit dans le malheur qui la fera gemir
mille

283
Des obligations des Mariez.
mille & mille fois.
S. Eliza-
beth
eſt
honteuſe
ayant con-
ceu.
Saincte Elizabeth, ſi chaſte, ſi ſaincte, ayant conceu miraculeuſement
& par reuelation Diuine, eſt ſaiſie d'vne ſi chaſte vergongne, qu'elle n'oſe
paroiſtre cinq mois tout entiers : & ſe trouuent des femmes & filles qui
n'ont point de honte de regarder des hommes en face, de dire des paroles,
chanter des chanſons, lire des liures, auoir des peinctures, qui font
quelquefois rougir les plus impudens ! & le pis que i'y vois, c'eſt que ſou-
uent cela prouient de l'inſtruction des peres & meres, & des marys, qui
nourriſſent leurs filles & leurs femmes en cette liberté, qui puis apres
les fait rougir eux meſmes, & couure leur famille de honte & d'infamie.
Tout ainſi que la nature a donnée la crainte au lieure & au cerf pour gar-
der leur vie, & euiter le danger par la fuite, de meſme, la nature a donné la
pudeur & vergongne à la femme pour garder ſon honneur. Socrate, au rap-
Socrate
demande
trois cho-
ſes aux
ieunes gens.
port de Maximus ſerm. 41. demandoit trois choſes aux ieunes gens. La pru-
dence en l'ame : le ſilence en la langue : la pudeur au viſage : nous pouuons
dire que ce ſont trois des plus grands ornemens, & treſors d'vne fille & femme.

Filet cadre, rayé.
De la diligence des femmes.

CHAPITRE X.

La femme
doit tra-
uailler.
ANciennement chez les Grecs & les Lacedemoniens l'eſpoux & l'eſ-
pouſe prennoient vn pain, le coupoient par enſemble, & en mange-
oient; c'eſt pour leurs faire entendre que tous deux doiuent trauailler
pour leur viure, & mettre la main à la paſte. Chez les Galates ils beuuoient
tous deux dans vn meſme pot : chez les Romains eſtoient mis ſous vn meſ-
me ioug. Toutes ces ceremonies donnoient à connoiſtre qu'ils deuoient
trauailler tous deux.
Ie confeſſe que c'eſt proprement à l'homme de trauailler & de pouruoir
à ſa famille par ſon trauail, il y eſt condamné par arreſt formel & definitif.
Inſudore vultus ſui veſceris pane tuo. Il ne faut pas pourtant que la femme ſe
perſuade qu'elle ne doit rien faire, S. Paul luy enſeigne le contraire 1.
Corinth. 7. quæ nupta cogitat quæ mundi ſunt, la femme mariée penſe aux cho-
ſes du monde, elle doit ſoigner ſon meſnage, & pourquoy eſt elle eppellée
l'aide de l'homme ? faciamus ei adiutorium, vne des raiſons eſt d'autant qu'elle
doit aſſiſter ſon mary & l'aider en l'adminiſtration de la maiſon.
Augu-
N n 2

284
Premier Traite’
Auguſte
Ceſar
vou-
lut que ſes
filles ap-
priſſent à
traualler.
Auguſte Ceſar quoy qu'Empereur voulut que ſes filles appriſſent à tra-
uailler en laine & qu'en effect elles trauaillaſſent pour fuyr l'oyſiueté, & les
maux qu'elle apporte, otia ſi tollas periere cupidinis artes.
Tout ainſi que la terre n'eſtant cultiuée ny ſemée ne porte que de l'herbe,
des ronces, & eſpines : de meſme l'ame dans l'oyſiueté ne porte que des mau-
uaiſes penſées, des parolles inutiles, des murmures & mauuaiſes actions. Les
L'oyſiue-
té produit
des vices.
cieux ſont en perpetuel mouuemens, & la terre immobile : vne femme qui
ne ſe meut deuient toute terreſtre & voluptueuſe, mais vne femme celeſte
& veruteuſe eſt en perpetuel mouuement. Ie m'en vay vous repreſenter l'i-
mage d'vne femme diligente, depeint & embellie de tous ſes traits & enri-
chie de toutes ſes couleurs par Salomon en ſes Prouerbes chap. 31.
Femme
forte, c'eſt
à dire dili-
gente.
Mulierem ſortem quis inueniet, heureux le mary qui trouuera vne femme
forte. Voicy ſes qualitez, c'eſt vne femme forte, c'eſt à dire laborieuſe, dili-
gente, induſtrieuſe : c'eſt ainſi que ſe prent ſouuent le mot de fort en l'Eſcri-
ture Sainte
Prouerb. 10. manus fortium diuitias parat, les mains de ceux qui
ſont forts amaſſent des richeſſes : c'eſt à dire, qui ſont diligens, laborieux,
induſtrieux, & au chap. 12. manus fortium dominabitur, & quæ remiſſa eſt tribu-
tis ſeruiet
. Ceux qui ſont laborieux commanderont, les pareſſeux ſerui-
ront.
La femme
diligente
eſt l'appuy
du mary.
Voicy le premier trait, conſidit in ea cor viri ſui, ſon mary ſe confie en elle
touchant l'adminiſtration de la maiſon, luy en laiſſant le ſoin & faiſant les
affaires de dehors. Le Sage dit le meſme Eccli. 36. par ces parolles, qui poſſidet
mulierem bonam, inchoat poſseſſionem: adiutorium ſecundum illum eſt, & colmna vt
requies
. Quiconque poſſede vne bonne femme, commence ſa poſſeſſion, c'eſt
vn aide qui luy eſt ſemblable, vne colomne de reops. Il veut dire que qui-
conque a vne femme forte, diligente, il eſt deſia demy riche, d'autant que la
ſeule femme diligente eſt vne grande richeſſe : & d'autant qu'elle ſçait con-
ſeruer ce que le mary amaſſe. C'eſt la colomne de ſon repos, colomna vt re-
quies
. Par ce que lors qu'il eſt hors de la maiſon il n'eſt pas en ſoin de ce qui
s'y fait, confidit in ea, il ſe fie à ſa femme comme à ſoy-meſme, & quand il re
tourne c'eſt la colomne de ſon repos, c'eſt toute ſa conſolation. Elle eſt com-
me la colomne qui ſupporte toute la maiſon & ſouſtient ſon mary en ſes tra-
uaux.
La femme
diligente
n'a que
faire de
parure.
Le ſecond trait, & ſpolijs non indigebit le mary ne ſera pas en peine de cher-
cher des ioyaux de pris, des robbes, & habits à la mode, des atours pretieux
pour parer ſa femme : elle n'a que faire de cela, car ſon occupation n'eſt pas
à paſſer toute vne matinée à s'adiancer, ſe coeffer, ſe mirer, s'enioliuer : ſon
occupation eſt de ſoigner ce qui eſt de ſa maiſon, ſpolijs non indigebit, elle n'a
que faire de toutes ces parures pour ſe faire aymer de ſon mary, confidit in ea
cor viri ſui
, ſon induſtrie, ſa diligence, la rend aſſez aymable.
Le

285
Des obligations des Mariez.
Eſt fidelle.
Le troiſieſme, reddet, ei bonum & non malum omnibus diebus vitæ ſuæ, la femme
diligente, n'aura garde d'eſtre infidele à ſon mary, mais ſa fidelité ſera
d'autant plus grande que ſera la confiance de ſon mary enuers elle : elle ne
diſſipera pas mal à propos le bien de la famille, mais au contraire le multi-
plira : puis qu'elle n'a qu'autant de pouuoir que ſon mary luy en donne, au-
quel ſeul appartient la diſpoſtion des biens de la maiſon : ainſi elle n'aura
garde de prendre occaſion de cette confiance de le tromper & de diſpoſer de
choſe aucune notable à ſon inſceu, ſoit par don, ſoit par aumoſne, ou autre-
ment, & quoy qu'il arriue quelquesfois que ſon mary la traitte rudement,
qu'il la reprenne, la tanſe, reddet ei bonum & non malum, elle ſe gardera de per-
dre la conſtance pour cela, de luy rendre mal pour mal, ains au contraire
taſchera de l'adoucir par toute ſorte de bons offices, & de le gaigner par ſa
douceur & patience.
Le 4. quæſiuit lanam & linnum & operata est conſilio manuum ſuarum, elle n'a
pas attendu que ſon mary luy donnaſt ſa tache, mais elle par ſon induſtrie a
Elle tra-
uaille.
cherché de la laine & du lin, & s'eſt miſe à trauailler, conſilio manuum ſuarum,
non par contrainte, mais d'vne prompte volonté : non tellement quellement,
mais auec vne grande prudence & induſtrie : non pour faire des bagatelles
& ornemens ſuperflus; mais au prouffit de la famille.
C'eſt ſuiuant le conſeil de S. Hieroſme ad Demetriadem, habeto lanam
ſemper in manibus, vel staminis pollice fila ducito, vel ad torquenda ſubtegmina in al-
ueolis fuſi vertantur
: ayez touſiours de la laine en main, ou filez, ou remuez les
La femme
doit tra-
uailler.
fuſeaux ſur le quarreau, & ad Lætam159, diſcat & lanam facere, tenere colum, rota-
re fuſum, & ſtamina pollice, ducere
, qu'elle apprenne à manier la laine, tenir la
quenouille, remuer les fuſeaux & filer, Varron, Plutarque, & Pline remar-
quent qu'anciennement chez les Romains les nouuelles mariées portoient
Les nou-
uelles ma-
riez ancien-
nement
portoient
vne que-
nouille.
à la maiſon de leur mary vne quenouille & vn fuſeau, pour donner à con-
noiſtre qu'elles eſtoient mariées non pour demeurer oyſeuſes, mais pour tra-
uailler : Salomon compare la femme forte à vne nauire qui porte des proui-
ſions de bouche d'vn pays à vn autre, tout ainſi que cette nauire n'a point de
relache, mais va iour & nuict, de meſme vne femme induſtrieuſe & meſna-
gere trauaille ſans ceſſe pour pouruoir à l'entretien de ſa famille.
La femme
diligente
ſe leue du
matin, ſe
couche
tard.
Voyci le 5. trait de pinceau que donne Salomon, & que pluſieurs dames
deuroient bien conſiderer, de nocte ſurrexit, deditque prædam domeſticis ſuis, &
cibaria ancillis ſuis
. Elle n'a pas fait comme pluſieurs qui ne ſe leuent que lors
qu'il eſt grand iour, & ſouuent lors qu'on couure la table pour diſner, ou ſi
c'eſt pour entendre la meſſe, ce ſera apres midy contre les ordonnances de
l'Egliſe, & les ſaints canons : mais elle s'eſt leuée auant le iour, a diſtribué la
taſche à ſes domeſtiques. Helas combien de ſeruiteurs, & ſeruantes, ou qui
demeurent oiſeux, ou qui font pis pendant que Madame ou dort la graſſe
matinée
N n 3

286
Premier Traite’
matinée ou ſe tourne, & mignarde dans vn lict mollet, au lieu de prendre gar-
de à ſes domeſtiques ! de ſon trauail elle a achepté vn champ fertile, & y a
planté vne vigne; elle n'a pas fait comme ces douillettes qui ſont ſi delicates
qu'à peine ſe peuuent-elles remuer, elle a retrouſſé ſes habits & ſes bras, a mis
la main à l'œuure trauaillant auec vne force & courage viril. Non extinguetur
in nocte lucerna eius.
Non contente de ſe leuer du matin, elle paſſe vne partie
de la nuict, non à danſer, iouer, folaſtrer, mais à trauailler.
Elle eſt
miſericor-
dieuſe.
Le 6. trait de pinceau, manum ſuam aperuit inopi, & palmas ſuas extendit ad
pauperem
, Non ſeulement elle a eu de quoy par ſon trauail pour l'entretien
de ſa famille : mais encore pour exercer la miſericorde enuers les pauures, &
ſouffreteux; vertu ſans laquelle la femme eſt comme vn monſtre dit S. An-
felme
. Mulier immiſericors portento, & monstro ſimilis eſt, puis que la nature luy
La femme
ſans miſe-
ricorde eſt
comme vn
monſtre.
ayant donné la tendreſſe pour appennage l'ayant douée d'vne certaine dou-
ceur & compaſſion, ſi elle n'exerce la miſericorde, c'est vn monſtre non vne
femme, puis qu'elle ne correſpond à la condition & qualité de ſon ſexe.
Cela eſt bõ, me direz-vous, pour les vefues qui ont l'entiere diſpoſition de
leur bien, & peuuent faire des aumoſnes ſelon leur volonté, mais non pour
les mariées deſquelles S. Auguſtin parle ainſi, epiſt. 199. ad Ediciam. Mulieri
coniugatæ non licet dicere, facio de meo quod volo: nam & ipſa non eſt ſui, ſed capitis
ſui, id eſt, viri ſui
, il n'eſt pas à ſoy, mais à ſon chef, c'eſt à dire à ſon mary,
& telle eſt l'opinion de S. Thom. 2. q. 32. art. 8. car c'eſt à celuy-là de faire
l'aumoſne qui a la libre diſpoſition des biens, tel qu'eſt le mary, & non la
Si la fem-
me peut
faire des
aumoſnes,
ſans le cõ-
ſentement
de ſon
mary.
femme. Cela n'empeſche pas toutefois qu'elle ne puiſſe faire des aumoſnes, ou
auec le conſentement expres de ſon mary, ou auec raiſonnable preſomption
du meſme conſentement : voire meſme contre la volonté de ſon mary, s'il
eſtoit ſi auaritieux, & ſi barbare qu'il vouluſt l'empeſcher de faire des au-
moſnes, comme font ordinairement les autres qui ſont de meſme condition
qu'elle, & conformement à ſes moyens voire meſme elle peut faire des au-
moſnes ſans conſentement de ſon mary, de ce qui luy eſt propre, & qu'elle a
acquis de son truail, & de son induſtrie : ſi ce n'eſt que quelque loy ou couſtu-
La femme
diligente
pouruoit
ſes dome-
ſtiques.
me particuliere l'en empeche : ſes aumoſnes dit Salomon, ne diminuent en rien
le ſoin qu'elle doit auoir de ſes domeſtiques qui ne craignent pas la rigueur de
l'hyuer, car ils ont chacun deux paires d'habits deſquels elle les a pourueu
par ſa diligence. Et ſa diligence & fidelité eſt ſi grande, que ſon mary s'en re-
mettant entierement à elle, s'employe aux affaires publiques ſe trouuant
dans ſon rang, & habillé par le ſoin de ſa femme ſuiuant ſa condition, parmy
les premiers de la ville.
Le 7. ſortitudo & decor indumeneum eius. La force luy ſert de veſtemens pre-
tieux, elle n'a que faire de chercher autres ornemens que ſa beauté naturelle :
elle

287
Des obligations des Mariez.
Elle ne ſe
ſoucie des
habits põ-
peux.
elle eſt habillée comme vne forte & courageuſe matrone, non comme vne
nymphe ou pouppée ou comme vne courtiſane : mais decemment & honne-
ſtement, & ſes habits ſont teſmoignages de la force de ſon eſprit, & non des
indices de ſa delicateſſe & molleſſe : elle ne ſe ſoucie pas beaucoup des pa-
rures, & veſtemens exterieurs, ſes plus pretieux habits ſont la force, & bien-
ſeance interieure, & l'ornement des vertus. Voyla pratiquer le precepte de S.
Pierre
1. 2. Lors que parlant des dames, il dit, quarum non ſit extrinſecus capilla-
tura, aut circumdatio auri, aut indumenti ueſtimentorum cultus, ſed qui abſconditus
eſt cordis homo in incorruptibilitate quieti, & modeſti ſpiritus, qui eſt in conſpectu Dei
locuples
. Que les cheueux ne paroiſſent pas en dehors, ny des treſſes d'or, ou
des habits pretieux : mais qu'elles ornent l'homme interieur (c'eſt l'ame)
dans la tranquillité, & modeſtie interieure, qui eſt la vraye richeſſe deuant
Dieu. I'en parleray plus amplement, & en feray vn chapitre à part, la matiere
le merite bien.
Elle parle
peu.
Le 8. Il apporte deux notables vertus en vne femme, l'vne eſt quelle parle
peu, l'autre qu'elle ne parle qu'auec prudence, & peſant ſes paroles, os ſuum a-
peruit ſapientiæ.
Vertu qui eſt comme vne fille de ſa diligence, & du ſoin qu'el-
le a de ſa maiſon : il n'appartient qu'à celles qui ne s'occupent à choſe quel-
conque, qui laiſſent tout le ſoin de la maiſon, ou à vn pauure mary, ou à des
ſeruantes, de caqueter toute vne iournée, ſans diſcretion ny retenue : vne fem-
me bien occupée au ſoin de ſon meſnage, n'a pas loiſir de beaucoup cauſer.
Et d'icy vient encor vn autre bien, qui eſt lex clementiæ ſub lingua eius, qu'elle
Eſt cle-
mente.
ne profere aucune parole ny de dedain, ny de meſpris, ny de rigueur, ny con-
tre ſon mary, ny contre les domeſtiques, ce qui n'empeſche pas qu'elle ne re-
prenne ſes domestiques quand ils faillent, mais c'eſt touſiours dans la meſure
de la loy & de la raiſon, c'eſt ſans exceder les loix de la clemence, lex clemen-
tiæ ſub lingua eius
, car elle fait ſa demeure ſoubs ſa langue.
Le 9. Conſiderauit ſemitas domus ſuæ, & panem otioſa non comedit, elle
prent garde aux deportemens de ſes domeſtiques, elle a ſoin qu'ils ne ſoient
Elle a ſoin
de ſa mai-
ſon.
desbauchez & corrompus en leurs mœurs, qu'ils ne ſoient oiſeux & ſaineants,
& pour leurs donner bon exemple, ne mange iamais qu'elle n'ayt gaigné ſon
diſner par ſon trauail. Elle a l'œil ouuert à toutes les ſorties & auenues de ſa
maiſon, de peur que rien n'y entre, ny en ſorte à ſon inſceu, de quoy elle a vn
tel ſoin que meſme lors qu'elle eſt à table, elle n'en eſt pas à repos, panem
otioſa non comedit
, en mangeant elle ne quite pas ce ſoin tant important.
Notez que c'eſt proprement à la femme qu'apartient le ſoin & garde de la
maiſon, comme enſeigne Ariſtote Oeconom. lib. 1. cap. 3. par ces paroles : Di-
uina prouidentia vtriuſque natura, viri ſcilicet ac mulieris, ordinata eſt ad ſocietatem.
Alterum enim robuſtum fecit, alterum imbecillius: hoc quidem ob timorem, cautius:
illud verò propter fortitudinem pugnacius: alterum parat foris, alterum parta domi

conſer-

288
Premier Traite’
conſeruat. C'eſt par vne prouidence diuine, & pour le bien des deux natures
qu'elles s'aſſemblent : l'vne eſt plus forte, l'autre plus foible : la plus foible à
cauſe qu'elle eſt plus craintiue eſt plus ſur ſes gardes; l'autre à cauſe qu'elle eſt
plus forte eſt plus propre au combat : l'vne pouruoit en dehors, l'autre garde
à la maiſon ce qui aura eſté pourueu. La nature l'a donc pourueu de plus gran-
de crainte, qui eſt toute propre pour garder.
Comme on demandoit vn iour à vne femme de Lacedemone qui eſtoit
captiue ce qu'elle ſçauoit faire, ie ſçay bien, dit-elle, auoir ſoin de ma
maiſon. Plutarque in Laconi. Apophth.160 c'eſt vne grande ſcience en vne
femme.
C'eſtoit la raiſon pour laquelle les nouueaux mariez chez les Romains
donnoient à leurs femmes des clefs, lors qu'elles entroient en leurs maiſons
la premiere fois comme pour prendre poſſeſſion de l'adminiſtration de la
maiſon, & des affaires domesſtiques, & pour leurs enſeigner que c'eſtoit à elles
de fermer, ouurir, garder, diſtribuer.
On gardoit à Rome les ſandales de Caia Cæcilia qui fut vne bonne meſ-
nagere pour les monſtrer aux nouuelles mariées & les exhorter à l'imiter
demeurant en la maiſon & en prennant le ſoin. La nature a donné aux fem-
mes les pieds plus petits qu'aux hommes pour leurs enſeigner qu'elles doi-
uent demeurer en la maiſon & la garder. Conſiderauit ſemitas domus ſuæ, la
femme forte a bien conſideré tous les coings de ſa maiſon. Galien dit que
la nature a laiſſé les ioues de la femme nuës pour luy enſeigner qu'elle doit
garder la maiſon. 11. de vſu partium161, elle a reueſtu celles de l'homme,
d'autant qu'il doit ſoigner les affaires de dehors & s'expoſer au froid.
Les 70. tournent ce paſſage, Conſiderauit ſemitas &c. auguſtæ ſunt ſeu
conſtrictæ ſunt manſiones, aut viæ domus eius.
La caue, la deſpence, le garde-
manger, ſont fermez, non par taquinerie, & auarice; mais comme il con-
uient à vne bonne meſnagere, qui diſtribue tout par meſure, & panem
otioſa non comedit
, ou comme tournent les 70. cibos autem pigros non man-
ducauit
, elle ne garde pas toutefois des viandes pareſſeuſes, c'eſt à dire, in-
utiles, & qui ſe gaſtent, mais les diſtribue liberalement & quand il faut & à
ſes domeſtiques, & aux pauures.
Enfin voicy la recompenſe qui ſuit la diligence & preuoyance de cette
bonne meſnagere, Surrexerunt filij & beatiſſimam prædicauerunt: vir eius, & lau-
dauit eam
. Les enfans de cette femme diligente & bonne meſnagere, luy ont
donné tout plein de louanges, ſon mary chante ſes vertus par tout, & à tou-
te occaſion, Surrexerunt filij, ſes enfans ſont deuenus grands, & par leur bon-
ne education qu'ils ont tiré de leur mere, l'ont rendu recommandable par
tout, & ont donné occaſion au monde, de louer la mere qui a porté de tels
enfans, & a eu le ſoin de les eſleuer. Vir eius, & laudauit eam, comme s'il di-
ſoit

289
Des obligations des Mariez.
ſoit la docueur & bon comportement du mary a eſté vn teſmoignage de la
bonne conduicte de la femme, & occaſion de louange : puis que par ſes ver-
tueux deportemens, elle a eſté cauſe de la bonne & louable vie de ſon mary.
S. Auguſtin lit, Surrexerunt filij & ditati ſunt. Elle a tant amaſſé de richeſſes
par ſon bon ſoin & vigilance, que ſes enfans ſortans de la maiſon paternelle
& ſe marians ſe ſont trouuez fort riches.
Le Sage Eccli. 26. parlant d'vne telle femme dit gratia mulieris ſedulæ
delectabit uirum ſuum, & oſſa illius impinguabit
. La bonne grace d'vne femme
diligente ſera tout le plaiſir de ſon mary & l'engraiſſera.

Filet cadre, rayé.
De l'obeyſſance des femmes.

CHAPITRE XI.

LA quatrieſme obligation luy eſt ſignifiée par le tourne-ſol, qui monſtre
que tout ainſi que cette fleur ſe tourne touſiours vers le ſoleil, ainſi la
Le bon-
heur du
monde
depend
du bon
ordre, &
qu'il ſoit
gardé.
femme doit touſjoirs auoir l'eſprit tourné vers les commandemens de ſon
mary par vne ſaincte obeiſſance : le bon heur de ce monde depend de ce que
le bon ordre y ſoit gardé, la proſperité des republiques, que les citoyens
obeyſſent au Magiſtrat auec humilité, le Magiſtrat commande auec rai-
ſon : entre les eſprits bien heureux la paix & la felicité ny ſçauroient durer,
ſi l'ordre que Dieu y a eſtably ne ſ'y maintenoit : entre les elemens, les cieux,
les eſtoilles, & toute les creatures, le bon-heur depend du bon ordre; &
l'ordre rompu ce n'eſt que trouble : on peut dire le meſme de nos corps, des
armées, des familles particulieres. C'eſt ce qui a fait dire à S. Greg. de Na-
zianze
, orat. de moderatione in diſputatione ſeruanda. Ordinis perturbatio,
in aere fulmina, in terra ſuccuſſiones in mari exundationes, in vrbibus & familijs bel-
la, in corporibus morbos, in animis peccata, quaſi nouas res moliendo introduxit.
Le
defaut d'ordre en l'air cauſe les foudres, en la terre les tremblemens, en la
mer, les inondations, aux villes & familles les guerres, au corps les mala-
dies, aux ames les pechez, introduiſant des nouueautez.
L'hom-
me plus
noble que
la femme
& pour-
quoy.
Le maſle
d'ordi-
naire eſt
plus par-
faict.
L'ordre eſtably de Dieu eſt que les choſes inferieures ſoient ſubjectes &
obeyſſantes aux ſuperieures, les moins parfaictes aux plus parfaictes, & par
conſequent la femme à l'homme : l'homme eſt plus noble que la femme
comme enſeigne S. Aug. lib. 83. quaeſt. Premierement d'autant que l'hom-
me eſt le principe de la femme, car le premier homme n'a pas eſté formé de
la femme, mais la femme de l'homme. Secondement l'homme eſt plus fort
& plus induſtrieux que la femme. Troiſieſemement il a plus d'authorité pour
preſider
O o

290
Premier Traite’
preſider, & comme remarque Aelian lib. 11. c. 26. le maſle ordinairement,
voire entre les beſtes eſt plus parfaict : entre les dragons le maſle a vne creſte
& de la barbe : le coq a ſa creſte & ſes ergots : le cerf ſes ramures. Le lyon ſon
crin, entre les oyſeaux les maſles chantent d'ordinaire plus melodieuſement.
La fem-
me ne
doit com-
mander
à l'homme.
Partant c'eſt comme vn monſtre & contre nature que la femme comman-
de à l'homme : c'eſt la reproche qu'Iſaie fait aux Iuifs c. 3. Effeminati domi-
nabuntur eis
, Ariſtote 2. poli. 1. n'a pas oublié de reprendre les Dames
Lacedemoniennes qui commandoient à leurs marys. C'eſt vne choſe mon-
ſtrueuſe qu'vne femme commande aux hommes : & vne infamie que les
hommes obeyſſent aux femmes, à muliere dominari ſummum eſt viro dedecur,
philo apud Antonium in Meliſſa tom. 2. Serm. 34. S. Aug. de Catech. rud.
cum fœmina dominatur in virum, peruerſa & miſera domus eſt, la maiſon eſt
meſchante & miſerable où la femme maiſtriſe le mary.
Si la fem-
me euſt
eſté ſub-
iecte au
mary en
l'eſtat
d'inno-
cence.
Si c'eſt choſe naturelle que la femme obeyſſe, & le mary commande;
d'où vient donc que Dieu a donné cette ſubjection à la femme comme en pu-
nition de ce qu'elle auoit ſeduit l'homme, puis que cette ſubiection euſt eſté
meſme en l'eſtat d'innocence comme eſtant naturelle, S. Auguſt. lib. 11. de
Geneſ. ad liter.
c. 27. reſpond à ce doute, & dit que la femme en eſtat d'in-
nocence, ſeruiret quidem, ſed ſeruitutem dilectionis, non conditionis: elle euſt
ſeruy, mais par amour non par contrainte, ou par punition & malediction :
car connoiſſant qu'il eſtoit conuenable que la raiſon & l'ordre que Dieu auoit
eſtably, vouloit qu'elle fuſt ſubjecte, elle ſe fuſt ſoubmiſe ſans aucune repu-
gnance, n'ayant lors aucune corruption, ny deſordre en ſon eſprit, aucune
peruerſité en ſa volonté, aucun dereglement, ny en la chair, ny en les appe-
tits & paſſions, elle euſt obey tres-volontiers, & auec plaiſir, auſſi le domai-
ne de l'homme euſt eſté accompagné de raiſon, d'equité, & de charité, il
n'euſt pas tenu ſa femme comme ſeruante, mais comme ſa compagne &
participante à ſes conſeils, & partant, cette ſubmiſſion euſt eſté douce &
pleine d'amour.
Mais depuis le peché, la nature eſtant corrompue, ſubiecte au deſordre, &
à la reuolte des paſſions, & partant bien eſloignée de cette paix & tranquillité
d'eſprit qu'elle auoit lors, c'eſt vne grande peine & punition à la femme que
d'eſtre ſubiecte à ſon mary, & dautant plus grande qu'à cauſe de cette corru-
ption elle eſt ſouuent legere, inconſtante, vaine, ſuperbe, impatiente, deſi-
reuſe de liberté, ſubiecte à ſes paſſions, moins capable de raiſon, & partant
ne peut ſupporter le domaine du mary qu'auec grande repugnance. D'ail-
leurs, ſouuent le mary à cauſe de la meſme corruption de la nature, eſt ſu-
perbe meſchant, iniuſte, inſolent, cruel, ialoux, iniurieux, outrageux, inſup-
portable, barbare, brutal, & traitte vne pauure femme tyranniquement, &
comme

291
Des obligations des Mariez.
comme vne eſclaue, & lors c'eſt vn Enfer, non vn mariage.
Seruitude
de la fem-
me.
On ne ſçauroit nier que cette ſeruitude ne ſoit facheuſe, & qu'a raiſon
d'icelle la condition de la femme ne ſoit deplorable, puis que comme dit S.
Ambroiſe
, in exhortat. ad virgines, quae nupſerit ad ſeruitutem pecunia ſua ven-
ditur; meliore conditione mancipia quam coniugia comparantur, in illis meritum emi-
tur ſeruitutis, in iſtis pretium ad ſeruitutem additur
. La fille qui ſe marie donne de
l'argent, ſe vend pour eſtre ſeruante; la condition des eſclaues eſt meilleure
que celle des mariées, on achepte les eſclaues pour le ſeruice qu'on en pre-
tend, & les filles ſe vendent pour rendre ſeruice, & eſtre ſerfues, on charge la
fille d'or, & d'argent pour la vendre, il ſemble que tout ſon prix conſiſte à ſon
or. Cette ſeruitude de la femme eſt vne punition, car comme dit Procopius,
Seruitude
de la fe-
me eſt
vne puni-
tion.
mulier male imperitans, præuaricationis cauſa fuit viro. Quapropter quaſi non
recte imperaſſet, ex libera & ingenua, alieno iuri ſubijcitur, & ſerua fit
: la femme n'a
pas bien commandé, & ainſi a eſté cauſe que ſon mary a enfraint le comman-
dement de Dieu, & partant en punition elle a perdu ſa liberté, & eſt deuenue
ſerfue, & ſujete à ſon mary. Verum, dit Rupert, caſtis & fidelibus mulieribus, hanc
pœnam beneuolentia nullam, aut leuiſſimam efficit, & non ſolum non obeſt, ſed etiam
laudi eſt.
L'amour & la bienueillance des femmes chaſtes & fidelles enuers
leurs marys fait ou que cette ſeruitude n'eſt pas punition, ou eſt tres-legere,
& non ſeulement ne les incommode pas, mais leurs eſt louable. Or ie m'en
vay monſtrer les moyens de l'adoucir, & d'en tirer beaucoup de louange, &
de merite.
Toute
puiſſance
vient de
Dieu.
C'eſt choſe claire & aſſeurée que toute la puiſſance que les vns ont ſur les
autres vient de Dieu, en la ſapience 8. Meum eſt conſilium, & æquitas, mea eſt
prudentia, & mea eſt fortitudo, per me reges regnant, & legum conditores iuſta de-
cernunt, per me principes imperant, & potentes decernunt iuſtitiam.
C'eſt de moy
que vient le conſeil, & l'équité : la prudence, & la force : les roys n'ont royau-
mes que de moy, c'est par moy que les legiſlateurs font eurs ordonnances,
que vient le conſeil, & l'equité: la prudence, & la force: le roys n'ont royau-
mes que de moy, c'est par moy que les legiſlateurs font leurs ordonnances,
que les princes commandent, & que ceux qui ont du pouuoir font la iuſtice.
Par ces paroles nous apprenons. Premierement que ceux qui commandent
ne le font pas par hazard ou par vn pur conſeil des hommes, mais par l'ordre
de la prouidence diuine, qui donne l'authorité & preeminence à qui il veut.
Secondement qu'en s'acquittant de leur charge ils prennent la force, &
pouuoir de Dieu qui leurs donne auſſi le conſeil, la prudence, la lumiere, &
intelligence, qui ſouuent les porte, voire ſans ſçauoir ce qu'ils font à accom-
plir l'ordre, & la volonté de Dieu & partant que quiconque leurs reſiſte, re-
ſiſte à Dieu : qui poteſtati reſiſtit, Deo reſiſtit, Rom. 13. Et quiconque leurs obeit
pour Dieu, obeit à Dieu : qui vos audit me audit. Et partant que pour rendre la
ſubiection à laquelle la nature a reduit la femme pour le regard de ſon mary
meritoire, elle doit ſuiure le conſeil que donne S. Paul Epheſ. 9. obeditæ domi-
nis
O o 2

292
Premier Traite’
nis carnalibus cum timore, & tremore in ſimplicitate cordis veſtri ſicut Chriſto, non ad
oculum ſeruientes, quaſi hominibus placentes, ſed vt ſerui Chriſti facientes voluntatem
Dei ex animo, cum bona voluntate ſeruientes, ſicut domino, & non hominibus
, obeiſ-
ſez à vos Seigneurs & maiſtres charnels auec crainte en la ſimplicité de vo-
ſtre coœr, comme à I. C. ne ſeruans point à veue d'oeil comme pour plaire aux
hommes, mais comme ſeruiteurs de I.C. faiſans la volonté de Dieu de bon cœur,
auec bonne volonté ſeruans comme à Dieu, & non comme aux hommes.
On n'eſt
obligé
d'obeyr
aux Supe-
rieurs,
lors qu'-
ils com-
mandent
quelque
choſe con-
tre Dieu.
D'icy il ſ'enſuit que puis que les ſuperieurs n'ont aucun pouuoir, ny autho-
rité ſinon dependemment de Dieu, qu'auſſi on n'eſt tenu de leurs obeir lors
qu'ils commandent quelque choſe manifeſtement contre Dieu, car ils n'ont
point de pouuoir lors, & ſont traiſtres à Dieu, & tout ainſi que les ſoldats ne
ſont pas obligez d'obeir au capitaine, ny le capitaine au colonel, ny le colo-
nel au general, lors qu'ils commandent quelque choſe qui eſt manifeſtement
au preiudice du Roy, ou contre ſa volonté, de meſme les inferieurs ne ſont
obligez d'obeyr aux ſuperieurs en choſe qui eſt manifeſtement contre Dieu,
& c'eſt en ce poinct que ſe verifie le dire de N.S.162 qui non odit patrem & ma-
trem, non eſt me dignus
, qui ne hayt ſon pere & ſa mere, n'eſt pas digne de moy,
il eſt clair qu'il ne veut pas que nous hayſſions pere & mere, au contraire, il
nous commande de les honorer; mais il veut que nous les quittions, que nous
les fachions, que nous leurs desobeyſſions, pluſtoſt que de faire par complai-
ſance enuers eux quelque choſe que ſoit contre Dieu : & voila en quoy con-
ſiſte la haine de pere, mere, frere, ſœur, mary, femme, voire de nous meſmes.
Or remarquez que comme ce n'eſt pas à l'inferieur d'examiner curieuſe-
En choſes
douteuſes
l'infe-
rieur eſt
obligé
d'obeyr
au supe-
rieur.
ment le commandement de ſon ſuperieur, qu'auſſi la femme ſage ne doit pas
controller, ny examiner les volontez & commandemens de ſon mary : voicy
vne regle generale pour tous inferieurs, & partant pour la femme enuers ſon
mary, ſçauoir que comme il ne faut iamais obeyr manifeſtement contre la
volonté de Dieu, qu'auſſi en choſes douteuſes, l'inferieur eſt obligé d'obeyr
au ſuperieur, la femme à ſon mary, & encore qu'elle iuge en ſoy que la choſe
qui luy eſt commandée eſt pluſtot mal que bien, toutefois elle doit obeyr &
ſe conformer au iugement de ſon mary : ſi d'elle meſme elle vouloit faire
quelque choſe, & elle doute ſi cela eſt bon ou mauuais, & penſe plus proba-
blement qu'il eſt mauuais & elle le fait, elle offence Dieu : car elle fait con-
tre ſa conſcience : il n'en eſt pas ainſi lors que ſon mary luy commande, car
elle doit prendre le iugement de ſon mary, comme regle du ſien, & en le faiſant,
tant s'en faut qu'il y ait du mal, au contraire; il y a du merite. C'eſt la regle que
donnent les Theologiens & les SS. Peres : conformement aux paroles de S.
Bernard
, lib. de diſpenſatione & præcepto 163. Quicquid vice Dei præcipit homo,
quod non ſit tamen certum diſplicere Deo, haud ſecus accipiendum eſt, quam ſi præ-
cipiat Deus, & ipſum quem pro Deo habemus tanquzm Deum in iis quæ apertè non ſunt
contra Deum, audire debemus
, tout ce que les hommes qui tiennent la place de

293
Des obligations des Mariez.
Dieu nous commandent, quand il n'eſt pas manifeſtement contre Dieu, il le
faut faire comme ſi c'eſtoit Dieu qui le commandaſt immediatement : nous
deuons eſcouter celuy qui nous eſt donné de la part de Dieu, comme Dieu
meſme, en ce qui eſtn’eſt manifeſtement contre Dieu.

Filet cadre, rayé.
Quelques conditions que doit auoir l'obeyſſance.

CHAPITRE XII.

Condi-
tions de
l'obeyſ-
ſance.
IE ne ſçaurois mieux repreſenter aux femmes, voire à tous ſubiects, les con-
ditions dont elles doiuent accompagner leur obeyſſance, que par la repre-
ſentation de l'eſchelle myſterieuſe de Iacob. Elle eſtoit debout, non couchée,
ce qui monſtre que l'obeyſſance doit eſtre droite vers le ciel, & non couchée
L'obeiſ-
ſance doit
eſtre droi-
cte.
contre terre dans des reſpects terreſtres & humains : le bout touchoit le ciel,
l'obeyſſance doit toucher Dieu qui doit eſtre son obiect, & ſon dernier but, &
c'eſt par le moyen de l'obeyſſance qu'on monte au ciel : les anges montoient
& deſcendoient; on vit en ange, obeyſſant, & ſoit qu'on monte par l'execution des
choſes hautes & ſpecieuſes, ſoit qu'on deſcende par la pratique des choſes baſſes
L'obeyſ-
ſance cõ-
parée à
l'eſchelle
de Iacob.
& humbles, c'eſt touſiours viure en ange. Dieu eſtoit appuyé ſur le haut de l'eſ-
chelle, pour faire entendre que la recompenſe du vray obeyſſant n'eſt autre que
Dieu, & qu'à proportion qu'on monte ſur l'eſchelle de l'obeyſſance, on s'auoiſine
de Dieu. Iacob voyant cette eſchelle, dit, ce lieu eſt terrible; rien de plus
terrible au diable qu'vne maiſon où le bon ordre & obeyſſance eſt exacte-
ment gardée, il dit, le Seigneur eſt en ce lieu, c'eſt icy la maiſon de Dieu, & la
porte du ciel, Dieu eſt dans la maiſon d'obeyſſance, comme dans ſon domaine :
c'eſt comme l'entrée de paradis : comme au contraire, la maiſon où il n'y a point
d'obeyſſance, eſt l'ombre de l'enfer : vbi nullus ordo, où il ny a nul ordre. Mon-
tons par les diuers degrez de ceſte eſchelle que ie reduiray à ſept.
L'obeyſ-
ſance doit
eſtre vo-
lontaire.
Le premier eſt d'obeir volõtiers: Seneq. ep.67. omne honeſtũ voluntariũ, admiſce
illi pigritiam, querelam, tergiuerſationem, metum, quod habet in ſe optimum, amiſit
: toute
choſe honneſte eſt volontaire, meſlez y de la pareſſe, des plaintes, & murmures,
des retardemens, des craintes, ce qui y eſtoit bon eſt perdu : c'eſt entant que la
choſe n'eſt plus volontaire, mais contrainte, & comme forcée. Dieu auoit ordon-
Dieu de-
mande
aux ſacri-
fices la
poictrine,
& l'eſpau-
le.
né : Exod. 15. qu'on luy offrit de victimes non contraintes, mais volontaires, iſte
eſt ſermo quem præcepit dominus, omnis voluntarius prono animo offerat primitias
Domino
, auſſi le faiſoit Dauid, voluntariè ſacriſicabo tibi, ie vous preſenteray des
ſacrifices volontiers: Dieu demandoit aux ſacrifices, pectuſculum & armum, Leuit.
7. Voila les deux parties que ceux qui veulent ſe ſacrifier à Dieu par obeiſſance
doiuent offrir : la poictrine, & l'eſpaule; la poictrine ſignifie le cœur, ou la volon-
té;
O o 3

294
Premier Traite’
té; l'eſpaule, l'execution. L'vne n'eſt ſuffiſante ſans l'autre, ce n'eſt pas aſſez d'a-
uoir la volonté ſi on ne vient aux effects : ny d'executer ſi cela ne procede d'v-
ne bonne volonté. Paratum cor meum Deus, paratum cor meum, dit Dauid. Mon
Dieu, mon cœur eſt preſt, mon cœur eſt preſt : pour quoy deux fois ſinon pour
monſtrer, qu'il donnoit le cœur & l'eſpaule. Vous faictes ce qu'on vous com-
mande, c'eſt auec murmure, c'eſt par la crainte, vous donnez l'eſpaule, & non
le cœur. Vous receuez le commandement volontiers, mais quand ce vient à
l'execution les mains ſont ſans mouuemens, vous y trouuez mille difficultés,
c'eſt donner le cœur, & non pas les eſpaules : il faut tous deux enſemble. Les
Iuifs qui eſtoient en Hieruſalem eſcriuans à ceux qui eſtoient en Egypte 2. Mach.
c. 1. leurs font ce ſouhait. Det vobis Deus cor omnibus, vt colatis eum, & faciatis
eius voluntatem corde magno, & animo volenti.
C'eſt la meſme priere que ie fais
aux Dames, & à tous ceux qui ſont obligez d'obeir, que Dieu vous donne du
cœur, afin que vous le ſeruiez, & faiſiez ſa volonté d'vn cœur franc & genereux.
L'obeyſ-
ſance doit
eſtre ſim-
ple.
Le ſecond eſt, que l'obeiſſance ſoit ſimple, ſans auoir egard ſi celuy qui com-
mande eſt bon ou mechant : docte, ou ignorant. Mais ſeulement conſiderer
qu'il tient la place de Dieu, & commande comme lieutenant de Dieu. Le vray
deuot ne ſe ſoucie pas en l'adoration de la croix, ſi elle eſt d'or, ou d'argent, ou
de terre : c'eſt aſſez que que ce ſoit vne croix : le vray obeiſſant n'a pas egard
ſi celuy qui commande eſt noble, ou rouſturier, mais de qui il a l'authorité qui
eſt Dieu.
Beau trait
d'Amaſis
touchans
l'obeyſſã-
ce.
Amaſis Roy d'Egypte, voyant que ſes ſubiects luy refuſoient l'obeiſſance,
d'autant qu'il eſtoit de baſſe extraction, fit faire vne idole d'vn baſſin d'or à
lauer les pieds ,& la propoſa à ſes ſubiects; auſſi toſt ils l'adorent, d'ou il prit
occaſion de leurs faire vne bonne exhortation & leurs monſtrer, comme ils ne
deuoient regarder d'où venoit celuy auquel ils obeiſſoient mais de qui il tenoit
Herodot.
l. 2.
la place : vn peintre boſſu, contrefait, & boiteux, peut peindre vne belle image,
& vn ſuperieur méchant, & ignorant, peut faire vn bon commandement, &
Dieu ſe peut ſeruir de luy, comme d'vn inſtrument vile pour nous notifier ſes
volontez.
Le merite
eſt plus
grand, o-
beyſſant à
vn hom-
me pour
Dieu qu'
obeyſſant
à Dieu
immedia-
tement.
Rupert Abbé, a fort bien remarqué, que tant s'en faut que le merite ſoit
moindre lors que nous obeyſſons à vn homme pour Dieu, au contraire, il eſt
plus grand que ſi nous obeyſſions à Dieu immediatement, d'autant qu'il y a plus
de difficulté & de repugnance d'obeyr à vn homme, qui peut-eſtre en qualité, en
ſageſſe, ſcience, prudence nous eſt inferieur, qu'à Dieu immediatement : quelle
repugnance aurions nous d'obeyr à Dieu, ſi luy en perſonne nous commandoit ?
ce ſeroit trop d'honneur pour nous, nous volerions à l'execution de ſes comman-
dements, mais d'obeyr à vn homme ſimplement & pour Dieu, nous y auons
ſouuent plus de difficulté : & la ſurmonter, c'eſt vn acte plus heroique, & de plus
grand merite. Comme la deuotion nous fait auſſi bien adorer vne croix de bois,
qu'vne d'or; auſſi l'obeyſſance nous rend auſſi obeyſſant à vn homme ignorant,
&

295
Des obligations des Mariez.
& mechant, qui nous eſt donné pour ſuperieur, entant qu'il ne commande rien
contre Dieu, qu'à vn homme de bien & ſçauant. La foy nous fait auſſi bien croi-
re les myſteres qui ſont petits & humbles, comme la cheute d'Adam & autres,
que les plus hauts : comme la Trinité, l'incarnation, la reſurrection : puis que
c'eſt le meſme Dieu qui a reuelé, & les vns, & les autres : auſſi eſt-ce pour le
meſme Dieu que nous obeyſſons aux choſes grandes, & petites, nihil minutum
eſt quod Dei cauſa fit, ſed grande atque illustre
ce qui ſe fait pour Dieu, ne peut
eſtre petit, mais eſt grand & illuſtre, dit S. Baſile le grand.
L'obeiſ-
ſance a-
ueugle.
On appelle ce degré, obeyſſance aueugle, d'autant que tout ainſi qu'vn a-
ueugle ne ſe conduit pas, mais ſe laiſſe conduire, ainſi le vray obeyſſant : & ſe
laiſſant conduire, marche en aſſeurance : qui ambulat ſimpliciter, ambulat con-
fidenter
, qui marche ſimplement, marche aſſeurement, & comme en choſe de la
foy nous deuons croire ſimplement ſans nous enqueſter comment ? pourquoy ?
comme faiſoient les Capharnaites164: auſſi en matiere d'obeyſſance, faut aller in
ſimplicitate cordis
, auec ſimplicité de cœur, reconnoiſſant Dieu au ſuperieur :
quodcumque; facitis ex animo operamini ſicut Domino, & non hominibus, Coloſ. 3.
tout ce que vos faites, faites-le de cœur, comme à Dieu, & non pas comme aux
hommes.
L'obeyſ-
ſance doit
eſtre auec
ioye.
Le Sage, Eccl. 35. nous enſeigne le troiſieme degré disant, in omni dato hi-
larem fac vultum tuum, & in exultatione ſanctiſica decimas tuas
, en tout ce que vous
donnerez, donnez d'vn viſage gaye, & ſerain : ſanctifiez vos preſens par la ioye a-
uec laquelle vous les donnerez. S. Paul le confirme, 2. Cor. 9. non ex triſtitia, aut
ex neceſſitate hilarem enim datorem diligit Deus
, que ce ne ſoit pas auec triſteſſe,
ou contrainte, Dieu aime celuy qui donne gaillardement, le meſme Sage,
Eccli. 33. monſtre la condition de celuy qui obeyt en grondant, & ſans alle-
greſſe, par vne belle ſimilitude, præcordia fatui quaſi rota carri, le cœur d'vn fol
eſt comme la roue d'vn char : vn chariot mal graiſſé ne fait que murmurer &
gronder, & que fait celuy qui manque de graiſſe ſpirituelle ? d'onction de la
grace de Dieu ? ſinon de murmurer contre ce qui luy eſt ordonné ?
Richard de S. Victor, tract. de ſacrificio Dauid & Abrahae 165, remarque vn
beau myſtere vn ce que dit Dauid, Pſ. 65. offeram tibi boues cum hircis. Ie vous of-
friray vn bœuf : & Dieu commande à Abraham de luy immoler vne vache, ſume
tibi vaccam triennem
: il veut qu'il ſacrifie vne vache, c'eſt pour monſtrer, dit-il,
qu'il y a deux ſortes d'obeyſſance, l'vne qui eſt ſans ioye, ſignifiée par le bœuf,
qui porte le ioug, obeyt, fait l'ouurage, mais ne donne point de laict : l'autre
qui ſe fait auec ioye & allegreſſe, ſignifiée par la vache, qui donne du laict,
bouem facit obedientia fortis, vaccam obedientia dulcis: bouem offerre eſt obedire
viriliter; vaccam offerre eſt obedire grantater: bouem offerimus obediendo con-
stanter, vaccam offerimus obendiendo gratulanter: caro bouina obedientia robusta,
caro vaccina obedientia iucunda
. Le bœuf ſignifie l'obeyſſance forte, la vache,
l'obeyſſance douce : offrir vn bœuf, eſt obeyr virilement, offrir vne vache, eſt
obeyr

296
Premier Traite’
obeyr gaillardement : la chair de bœuf eſt l'obeyſſance robuſte, la chair de
vache l'obeyſſance ioyeuſe : enfin S. Aug. in Pſ. 42. Si panem dederis triſtis, &
panem & meritum perdidisti
, vous perdez ce que vous donnez auec triſteſſe, &
le merite tout enſemble.
L'obeyſ-
ſance doit
eſtre prõ
pte.
Le 4. eſt la promptitude, à laquelle contrarie certain commandement
dont le Prophete Iſaie fait mention c. 28. Manda, remanda, expecta, reexpecta
modicum ibi, modicum ibi
, commande, commande vne autre fois, attents, attents
encore vn peu, encore vn peu, il faut quelques fois commander mille fois la
meſme choſe, & auoir tant de patience auant qu'on execute ce qui eſt com-
mandé : on trouue tant d'excuſes, tant de delay : ce n'eſt iamais fait. Voicy
quel doit eſtre le vray obeiſſant Prouerb. 22. Uidiſti hominem velocem in opere
ſuo, coram regibus ſtabit, nec erit ante ignobiles.
Tout ainſi que les courtiſans des
roys sont touſiours deuant le roy teſte nue, n'attendans qu'vn clin d'œil, & au
premier ſigne de ſa volonté courent, volent à l'execution de ſes comandemens,
& que le roy prent vn ſingulier plaiſir à cette promptitude : de meſme les ſer-
uiteurs de Dieu attendent touſiours ſes volontez qui leurs ſont declarées par
leurs ſuperieurs, & auſſi toſt ſe portent d'affection à l'execution, & cela plaiſt
Prompti-
tude de
l'obeyſ-
ſance des
ſoldats de
Dauid.
De Sa-
muel
.
grandement à Dieu. Voyez les ſoldats de Dauid: il ne commande rien, il monſtre
ſeulement le deſir qu'il auoit de boire de l'eau de la fontaine qui eſtoit proche
de Bethleem : ils y courent paſſant au trauers de l'armée ennemie, auec eui-
dent danger de leur vie. Voyez l'obeiſſance du petit Samuel : il croit que ſon
maiſtre Elie l'a appellé, il ne combat pas auec ſon cheuet, il ne s'excuſe pas
qu'il n'a aſſez dormy : mais auſſi toſt qu'il entend la voix, il quitte le lict, court
à ſon maiſtre, ecce ego quia vocaſti me: me voila mon maiſtre, que vous plaiſt-il ?
Des Apo-
ſtres
.
S. Pierre, S. André, S. Iacques, ſont appelez, ils auoient de grands empeche-
ments, leurs femmes (ceux qui eſtoient mariez) leurs parents, familles, toutefois
mettans tout cela à part, continuo relectis omnibus ſequuti ſunt eum, auſſi toſt,
De Za-
chée
.
ſans delay, point de tergiuerſation. Zachée eſtant appellé par N. S., viſte, feſ-
tinans deſcendit
; auſſi en eut il bonne recompenſe, car N. S. luy dit, ſalus domui
huic facta est
. Le bon-heur eſt venu ſur cette maiſon. Le bon cheual n'attend
pas qu'on luy donne le coup d'eſperon, il ne faut que remuer la bride, faire
ſiffler la houſſine; tourner le pied. Ainſi le vray obeiſſant fait, au moindre
ſigne de la volonté du ſuperieur.
L'aſtrologie enſeigne que tous les cieux des planetes ont deux mouuemens,
l'vn qui leurs eſt propre, & ſe fait de l'Occident à l'Orient : l'autre qui eſt com-
Deux
mouue-
mens des
cieux rap-
portez à
l'obeyſ-
ſance.
mun à tous, & ſe fait au mouument du premier mobile, de l'Orient à l'Occident :
les cieux ſont fort lents en leur mouuement propre, & particulier : la Lune n'a
cheue le ſien qu'en vn mois : le Soleil en vn an. Mars en deux : le firmament où
ſont les eſtoilles en 36 000 ans : mais au mouuement commun, ils ſont fort
prompts, ſe laiſſans emporter à la violence du premier mobile, & faiſant leur
tour en vn iour. Nous deuons eſtre fort lents en ce qui vient de noſtre propre
advis

297
Des obligations des Mariez.
aduis & volonté, ne nous mouuoir qu'auec grande deliberation & conſeil :
mais en ce qui vient de Dieu & de nos ſuperieurs, qui nous commandent à
la place de Dieu, qui doit eſtre le premier mobile de nos actions & mouue-
mens, il faut vne grande promptitude. Qui citò dat, bis dat, c'eſt ſeruir deux
fois que de ſeruir promprment.
S. Ambroiſe lib. 2. de Cain c. 7. duplex culpa in Cain, dit-il, altera quod post
multos dies obtulit
, Gen. 4. altera quod ex fructibus, non ex primis fruſtibus, ſacri-
ficium autem & alacritate commendatur, & gratia
. Il y a eu deux manquements
au ſacrifice de Cain pour leſquels Dieu n'a pas accepté ſon offrande, l'vn qu'il
l'a offert apres pluſieurs iours; l'autre que ç'a eſté des fruicts non des premiers
fruicts : le ſacrifice eſt recommandable & pour la viteſſe & pour la bonté.
S. Benoiſt en ſa reigle c. 5. mox vt aliquid imperatum à maiore fuerit, ac ſi
diuinitus imperetur, moram pati neſciant in faciendo
. Auſſi toſt que le ſuperieur
vous commandera quelque choſe, faictes la viſte comme ſi Dieu meſme
vous le commandoit. Caſſian de inſtit. c. 12 louë la promptitude des an-
ciens moines qui eſtoient ſi prompts à obeyr, qu'au commandement du ſu-
perieur ils laiſſoient la lettre encommencée & non encore acheuée, par vn
deſir d'obeyr. Vous qui eſtes mariée, n'eſtes pas religieuſe, ie le confeſſe, vous
ne laiſſez pourtant d'eſtre obligée d'obeyr à voſtre mary, faites le auec prom-
ptitude, voſtre ſeruice luy ſera dautant plus agreable, il vous en aimera da-
uantage, & voſtre merite en redoublera. Vous qui n'eſtes pas mariée, rendez
la meſme obeyſſance à vos ſuperieurs qui que ce ſoit.
L'obeyſ-
ſance doit
eſtre accõ-
pagnée de
force.
Mais ce qu'on me commande eſt ſi difficile, i'y ay tant de repugnance :
ma nature y contredit ſi fort : c'eſt en cela que vous aurez tant plus de merite
ſi vous ſurmontez cette repugnance, & auec vne grande force & courage
vous paſſez par deſſus toutes les contradictions de voſtre nature, & voicy
en quoy conſiſte le cinquieſme degré d'obeyſſance. Sçauoir à vne grande
force. La vertu, dit Ariſtote, est circa difficilia , lib. 2. Eth. eſt aux choſes diffi-
files, & partant l'obeyſſance ſera d'autant plus grande, (le reſte allant à
proportion) que la choſe commandée ſera plus difficile : c'eſt à quoy nous
exhorte Dauid Pſ. 30. Viriliter agite & confortetur cor veſtrum, agiſſez virilement
auec vn grand courage.
L'obeyſ-
ſance re-
preſentée
par vn le-
urier.
Certains pour monſtrer la force de l'obeyſſance depeignoient vn leurier
pourſuiuant vn lieure auec grande ardeur, qui toutefois au moindre siſſle-
ment du veneur quittoit ſa chaſſe, & contre ſon inlination retournoit à ſon
maiſtre : quoy que la volonté repugne à ce qui eſt commandé que le iuge-
ment y contrediſe : que l'inclination naturelle ſe porte au contraire : toute-
fois le vray obeyſſant ſe fait force, ſurmonte toutes oppoſitions pour execu-
ter le commandement de ſon ſuperieur.
S. Gre-
P p

298
Premier Traite’
S. Gregoire moraliſant 7. moral. ſur les vaches qui porterent l'arche
lors qu'elle fut renuoyée par les Philiſtins 1. Reg. 6. qui alloient le droict che-
min vers Bethſames, ne ſe deſtournoient ny à droite ny à gauche, ne tenoient
qu'vn chemin : mugiſſoient toutefois ou pour la peſanteur du faix qu'elles
auoient : ou à cauſe qu'elles quittoient leurs veaux : dit que ces vaches repre-
ſentent les iuſtes, qui endoſſent le joug de noſtre Seign. & de la croix; por-
tent toutes les difficultez qui ſe preſentent, & quoy que la chair, la nature,
les habitudes paſſées regimbent, grondent, murmurent, ne laiſſent pourtant
de pourſuiure leurs cours ſans ſe deſtourner ny à droite ny à gauche, d'autant
que comme dit S. Paul, Spiritu Dei aguntur, Rom. 1. ils ſont pouſſez de l'eſprit
de Dieu, ſemblables aux animaux d'Ezechiel qui alloient in ſimilitudinem ful-
guris coruſcantis, vbi erat impetus ſpiritus illuc gradiebantur
, marchoient comme
ſoudres, & n'alloient qu'auec l'impetuoſité de l'eſprit.
Pourriez vous bien vous perſuader qu'Abraham n'auoit point de repu-
gnance lors qu'il eut le commandement d'immoler ſon Iſaac ? le bien aimé,
toute ſon eſperance : cet enfant qui luy auoit eſté donné miraculeuſement,
Obeyſſan-
ce d'A-
braham
.
comme le commencement de la benediction de tout le monde. Quoy ! apres
tant d'eſperances & de promeſſes luy trancher la teſte, & tout enſemble cou-
per le fil de toutes ſes pretenſions ! mais le pere à ſon fils, & à un tel fils ſi ſa-
ge, ſi obeyſſant, & en la plus naïfue vigueur de ſa ieuneſſe ! cependant il le
fit entant qu'il luy fut poſſible, & l'eut fait entierement ſi Dieu ne l'en euſt
empeſché : Mementote fractres, dit S. Bern. Chriſtus ne perderet obedientiam per-
didit vitam: Abraham factus obediens vſque ad mortem, mortem autem filij: Iſaac
obediens vſque ad mortem, mortem autem holocauſti.
Souuenez vous que Ieſus-
Chriſt a mieux aimé perdre la vie que l'obeyſſance : Abraham a eſté obeyſſant
iuſques à la mort, & la mort de ſon fils : Iſaac obeyſſant iuſques à la mort, & la
mort de l'holocauſte, n'y ont-ils point eu de difficulté ? la ſueur de ſang
de noſtre Seigneur a bien fait paroiſtre que ſi, mais il n'a laiſſé pourtant de
preferer la volonté de Dieu ſon Pere à la ſienne, paſſant au deſſus de toute
difficulté.
L'obeyſ-
ſance doit
eſtre hum-
ble.
Ce degré a vne grande connexion auec le ſuiuant, qui eſt l'humilité : magna
virtus humilitatis, ſine cuius obtentu virtus fortitudinis non ſolum virtus non ſit, ſed
etiam in ſuperbiam erumpit
. O que la vertu d'humilité eſt grande, ſans laquelle
la vertu de force non ſeulement n'eſt pas vertu, mais deuient ſuperbe, dit S.
Bern.
N'eſt-ce pas ce degré quenoſtre Maiſtre nous enſeigne, Luc. 17. Cum fe-
ceritis omnia quæ præcepta ſunt, dicite ſerui inutiles ſumus, quod debuimus facere
fecimus?
quand vous aurez fait tout ce qui vous eſt commandé, dictes nous
La ſuper-
be contrai-
re à l'o-
beyſſance.
sommes ſeruiteurs inutiles, nous n'auons fait ce que nous deuions. La ſuperbe
eſt comme vne gangreine qui infecte toutes les œuures, parmy leſquelles elle
ſe retrouue, mais ſur tout l'obeyſſance, puis que c'eſt le propre de l'obeyſſance
de

299
Des obligations des Mariez.
de ſe ſoubmettre à autruy, & de la ſuperbe de ſe preferer à tous, & ne vouloir
dependre de perſonne; l'obeyſſance endoſſe le joug, la ſuberbe le ſecouë;
l'obeyſſance captiue ſon iugement au iugement d'autruy, la ſuperbe con-
damne le iugement d'autruy pour authoriſer le ſien.
L'obeyſ-
ſant com-
paré à vn
corps
mort.
S. François au rapport de S. Bonauenture en ſa vie chap. 6. auoit couſtu-
me de repreſenter l'obeyſſant par vn corps mort, tolle, dit-il, corpus exanime
& vbi placuerit pone, videbis non repugnare motum, non murmurare ſitum, non re-
clamare dimiſſum: quod ſi ſtatuatur in cathedra non alta, ſed ima reſpiciet, ſi collocetur
in purpura duplo palleſcet: hic verus obediens eſt, qui cum moueatur non diiudicat,
vbi collocetur non curat, vt traſmutetur non inſtat, euectus ad officium ſolitam tenet
humiliatem, plus honoratus, plus reputat ſe indignum
: Prenez vn corps mort,
mettez-le où vous voudrez, il n'aura garde de repugner eſtant meu : ny de
murmurer eſtant aſſis; ny de controoller eſtant couché : ſi vous le mettez en vne
haute chaire, il ne regardera pas en haut, mais en bas : ſi ſur de la pourpre, il
paroiſtra paſle au double : tel eſt le vray obeyſſant, quand on le meut il ne iuge
point, ne ſe ſoucie où on le met, ne fait point d'inſtance pour eſtre changé de
place : s'il eſt eſleué en quelque office il garde ſon humilité accouſtumée, &
tant plus il eſt honoré tant plus ſe repute-il indigne d'honneur.
L'obeyſ-
ſant doit
eſtre per-
ſeuerant.
Enfin le dernier degré c'eſt la perſeuerance. Que ſert-il de monter cinq ou
ſix degrez en vne eſchelle ſi vous ne venez à celuy qui vous doit faire arri-
uer au lieu pretendu ? ce n'eſt rien d'obeyr quelque temps, il faut que l'o-
beyſſance ſoit iuſques à la fin, currere quid prodeſt & ante curſus metam defice-
re? ſic currite vt comprehendalis
, dit S. Bernard. De quoy ſert-il de courir &
s'arreſter auant que vous ſoyez arriué à la fin de la courſe ? Courrez tant que
vous arriuiez à la fin, qui perſeuerauerit vſque in finem hic ſaluus erit, celuy-là
ſera ſauué qui perſeuera iuſques à la fin. Math. 10.
On demandoit vn iour à Diogene le Cynique pourquoy il demeuroit
dans ſon tonneau, voire en ſa derniere vieilleſſe, & pourquoy il ne ſe rela-
choit vn peu ſur la fin de ſa vie en vne ſi extreme rigueur de vie. O que vous
eſtes foux, dit-il, ſi ie courois en la quarriere, ne ſerois-ie pas vn grand ſot, ſi
eſtant tout aupres de la fin de la courſe & preſt à prendre le prix, ie m'arre-
ſtois pour laiſſer prendre le prix à vn autre, tout au contraire, c'eſt lors qu'il
faut courir auec plus de viteſſe.
Obeyſſan-
ce conſtã-
te de no-
ſtre Sei-
gneur
.
Noſtre Seigneur nous a monſtré la perfection de cette obeyſſance n'ayant
voulu deſcendre de la croix qu'il n'euſt acheué le ſacrifice de ſon obeyſſance.
Combien de motifs auoit-il pour deſcendre ? ſes tourmens : ſa mere deſo-
lée : les larrons qui luy diſoient ſi tu es le fils de Dieu ſauue toy & nous :
les Iuifs qui diſoient qu'il deſcende de la croix, & nous luy croirons : les
Apoſtres tout abbatus, mais il ne l'a voulu faire qu'apres auoir tout con-
ſommé, conſummatum eſt: conſommez le ſacrifice de voſtre obeyſſance, afin
que
P p 2

300
Premier Traite’
que vous puiſſiez dire auec S. Paul, curſum conſummaui, repoſita eſt mihi corona
iuſtitiæ
, i'ay acheué mon cours, il ne me reſte plus que la couronne de iuſtice
que Dieu ne manquera de me donner.
Meſdames ie ne vous impoſe aucune charge en cette obeyſſance qu'apres
S. Paul ad Coloſſ. 3. Mulieres ſubditæ eſtote viris ſicut oportet in Domino. Meſ-
dames ſoyez obeyſſantes à vos marys comme vous eſtes obligées, ſelon Dieu.
Selon la loy de Dieu, ſelon ſa volonté, conformement à l'Euangile, comme
des perſonnes qui font profeſſion d'imiter la modeſtie, l'humilité, l'obeyſſance
que le Chriſtianiſme leurs enſeigne. In domino, en ce qui eſt
conforme au ſeruice & à la volonté de Dieu, in Domino, auec reſpect & reuerence.
Les Payens
ordonnent
aux fem-
mes d'o-
beyr à
leurs ma-
rys.
Perſonne ne doit s'eſtonner de ce que S. Paul donne ce commandement
aux femmes, que les payens leurs ont donné auant S. Paul, n'ayans autre lu-
miere que la raiſon, Ariſtote lib. 1. Œconom. c. 1. & 2. Exiſtimare debet mulier
bene compoſita, mores viri eſſe legem vitæ ſuæ, impoſitam ſibi à Deo per coniunc-
tionem matrimonij. Qui hæc ergo negligit, Deos ipſos videtur negligere, quibus
præſentibus, ſacra fecit & matrimonium injit.
La femme ſage doit croire que les
mœurs de ſon mary ſont la loy de ſa vie, laquelle Dieu luy a donnée par la
conjonction du mariage. Donc quiconque meſpriſe cela, meſpriſe
Dieu en preſence duquel il a fait vne choſe ſaincte & a contracté le mariage. Si
Ariſtote euſt eſté auſſi grand Theologien que S. Thomas pouuoit-il mieux
parler en ce poinct ? Le Sage Caton a reconnu la meſme verité apud Liuium
1. 34. Maiores noſtri nullam, ne priuatam quidem rem, agere fœminas, ſine auctore
voluerunt, ſed in manu eſſe virorum.
Nos anceſtres n'ont pas voulu que les
femmes fiſſent choſe quelconque, non pas meſme en leur particulier, ſans
obeyſſance, ains ont voulu qu'elles dependiſſent du commandement de leurs
marys. Le meſme Caton reprochoit aux Romains que leurs femmes au lieu
de leurs obeyr leurs commandoient.
Meſdames ne penſez pas en obeyſſant à vos marys de deteriorer vo-
ſtre condition, au contraire vous la meliorez : puis que comme diſoit
vn homme ſage & prudent à vne matrone, voulez-vous commander à vos
marys, obeyſſez : la femme de bien obeyſſant à ſon mary, commande. Ce
fut le moyen par leuquel Liuia femme d'Auguſte l'appriuoiſa & deuient la
maiſtreſſe, faiſant promptement, alaigrement, pontuellement tout ce qu'il
vouloit, ainſi en font les femmes ſages.
Ie finiray ce diſcours auec S. Hieroſme lequel expliquant les paroles de
ſainct Paul, Subditas eſſe viris ſuis, vt non blaſphemetur Verbum Dei, ad Titum
2. que les femmes ſoient obeyſſantes à leurs marys, afin que la parole
de Dieu ne ſoit pas blaſphemée, dit : Puis que le mary eſt le chef de la
femme, & Ieſus-Chriſt le chef du mary, la femme qui n'eſt obeyſſante à
ſon

301
Des obligations des Mariez.
ſon mary, c'eſt à dire, à ſon chef, eſt autant coupable que le mary s'il n'o-
beyt à Ieſus Chriſt qui eſt ſon chef. La parole de Dieu eſt blaſphemée,
lors qu'on meſpriſe la premiere ſentence de Dieu, & qu'on n'en fait nul
eſtat, ou qu'on des-honore l'Euangile de Ieſus-Chriſt, lors que contre
la foy, & la loy de nature la femme qui eſt Chreſtienne, & qui eſt ſub-
jecte à ſon mary ſelon l'ordonnance de Dieu veut commander; puis que
les femmes gentilles obeyſſant à leurs marys par la loy de nature.

Filet cadre, rayé.
De l'humilité des femmes en leurs habits.

CHAPITRE XIII.

LA curioſité des femmes à ſe parer & habiller a de tout temps don-
né occaſion aux Saincts Peres de s'alarmer, & de crier à pleine teſte
contre les vanitez & ſuperfluitez d'aucunes, ou pour les ranger à leur
deuoir, ou pour empeſcher que celles qui eſtoient modeſtes ne ſe laiſ-
ſaſſent emporter au torrent d'vn ſi pernicieux exemple. S. Paul ne s'eſt
S. Paul
defend la
vanité des
habits.
pas teu, eſcoutez le parler 1. ad Timoth. 2. où donnant les preceptes
pour viure Chreſtiennement, il dit, volo mulieres orare in habitu ornato,
cum verecundia & ſobrietate ornantes ſe, & non in tortis crinibus aut auro,
aut margaritis, vel veste pretioſa
. Ie veux (voyez comme il parle en mai-
ſtre pour monſtrer combien la choſe eſt d'importance) que les femmes
prient auec vn habit honneſte, bien-ſeant, modeſte, chaſte, moderé,
ſobre, non auec des treſſes aux cheueux, ou or, ou pierreries, ou habits
pretieux.
Tertulian qui viuoit ſur la fin du ſecond ſiecle, c'eſt à dire, l'an 197. com-
mence ainſi vn liure intitulé de cultu fœminarum, de l'ornement de fem-
mes. Seruantes de Dieu viuant, mes tres-cheres ſœurs, ayant l'honneur de
ſeruir le meſme maiſtre que vous, ie prens la hardieſſe de vous addreſſer ma
parole, non par affectation; mais par affection, & porté du deſir de voſtre
ſalut. Sçachez qu le ſalut non ſeulement des femmes, mais encore des hom-
mes depend de la pudicité : car comme ainſi ſoit que nous ſommes tous
temples du S. Eſprit, puis qu'il habite en nous par la grace, le Sacriſtain de
ce temple eſt la pudicité, qui empeſche qu'il n'y entre rien d'immonde &
d'impure, de peur que Dieu qui y fait ſa demeure ne trouue quelque choſe
de ſouillé. Ie ne veux pas parler, dit-il, de la pudicité à laquelle nous ſom-
mes
P p 3

302
Premier Traite’
mes obligez par les ordonnances diuines, mais de ce qui la concerne qui
ſont les habits. Car pluſieurs marchent comme ſi la chaſteté conſiſtoit ſeu-
lement en l'integrité de la chair, & à fuyr la fornication & non à la qualité &
condition des habits.
La pudici-
té conſiſte
en partie à
n'auoir
aucune ſu-
perfluité
d'habit.
En ce liure il monſtre. 1. que la chaſteté ne conſiſte pas ſeulement à conſer-
uer ſa chair de toute impureté, mais encore à eſloigner de ſoy toute ſuperſlui-
té & vanité d'habits. 2. que les parures trop curieuſes ſont ſignes qu'vne con-
ſcience n'eſt pas pure, & met ceux qui en ſont ſpectateurs au hazard. 3. que
ceux qui ont tant de ſoin de ſe parer defigurent l'image de Dieu. 4. que les
diuerſes couleurs, les clinquans & pierreries ſont inuentions du diable. 5.
que tel eſtude & ornement eſt propre des Gentils. 6. que ce ſont les appaſts
& attraicts des courtiſanes, meretricum, des desbauchées. 7. que les Chre-
Sentiment
de Tertu-
lian
ſur les
habits sump-
tueux.
ſtiens ſont appellez non aux delices & pompes, mais aux croix & martyres.
Il dit au liure qu'il a fait, de habitu mulierum 166, que les femmes conſide-
rans leurs habits deuroient pleurer & expier la honte & le peché d'Eue leur
mere : que telle ſuperfluité eſt vn ſigne, ambitionis aut proſtitutionis, ou d'am-
bition ou de proſtitution, voyla parler gros. Enfin il dit que Dieu punit
grieſuement telle curioſité & ſuperfluité.
La femme
qui ſe pare
hors de la
maiſon te-
nue pour
impudi-
que.
Euripides a bien oſé dire que la femme qui ſe pare pour eſtre veuë hors
de la maiſon en ſes ornemens doit eſtre tenue comme vne femme qui ne
vaut rien : d'autant qu'elle n'eſt obligée de ſe parer que pour plaire à ſon
mary, & partant voulant paroiſtre deuant les autres elle cherche quelque
choſe qu'elle ne deuroit chercher, ſçauoir à mal faire.
Zaleucus legiſlateur defendit qu'aucune femme ne portaſt des habits
Les habits
pretieux
defendus
aux fem-
mes hon-
neſtes.
pretieux, ſinon lors qu'elle voudroit viure en perdue & attirer les hom-
mes au mal, & par cette loy il retient l'inſolence des femmes qui eurent
peur d'eſtre tenuës comme infames ſi elles ſe paroient. Diodorus Siculus
lib. Biblioth. 12.
Baldus in proœmio Gregoriano col. 5. in verbo violentos, remarque
que les Eueſques peuuent faire des ſtatuts contre la ſuperfluité des habits
& contre le fard, & que fulminants vne excommunication contre celles
qui ſont ſuperflues en habits, l'excommunication auroit lieu & ſeroit le-
gitime.
Lucianus remarque que tant s'en faut que ſemblable luxe prof-
fite aux femmes qui ſont naturellement belles pour refleuer leur beauté,
au contraire il leurs nuit : d'autant qu'on regarde leurs pierreries, atours &
habits pretieux & cependant on ne regarde ny leur beau teint, ny leurs
yeux, ny leurs viſages, ny leurs fronts, ny leur proportion, & autres traits
de beauté qui ſont en leurs perſonnes.
Il faut bien dire que cette paſſion eſt grande aux femmes, pui qu'elle
opere

303
Des obligations des Mariez.
Les fem-
mes ou-
blient tout
pour eſtre
braues.
opere des ſi puiſſans effects en leurs ames & leurs fait oublier tout ce
qu'elles ont de plus cher. Brennus pillant l'Aſie eſtant arriué à Ephe-
ſe
rencontra vne fille de l'amour de laquelle eſtant eſpris elle luy per-
mit tout ce qu'il voudroit, & luy promit de trahir Epheſe moyennant
qu'il luy donna des atours & ſemblables parures. Brennus pria ſes
ſoldats de ietter l'or qu'ils auoient dans le ſein de cette fille, ce qu'ils
Femmes
qui trahiſ-
ſent patrie
& parens
pour eſtre
braues.
firent auec telle violence & quantité qu'ils l'accablerent. Clitophon rerum
Gallicarum
lib.
I167.
Vne autre Romaine & noble liura le Capitol & trahit ſa patrie ſur
la promeſſe qu'on luy fit de luy donner des ioyaux, ce qu'ayant fait
elle fut accablée de ioyaux par ceux meſmes auſquels elle auoit liuré ſa
patrie. Ariſtides Mileſius lib. rerum Italicarum. Dionyſ. Halicarnaſſeus
lib.
2. antiquitat. Rom. Plutarque in Romulo. 168 Eriphyla trahit Amphia-
raüs
ſon mary corrompue par ſemblables bagatelles, & fut cauſe de ſa mort;
& quelle merueille ſi cette paſſion leurs fait oublier leur deuoir & fidelité
enuers leurs plus proches, puis que ſouuent elle leurs fait oublier leur ſanté,
leur propre vie, & Dieu meſme.
Il faut confeſſer qu'il y a maintenant de l'excés parmy les Dames
Chreſtiennes, & que nous aurions affaire de Magiſtrats particuliers com-
me on auoit autrefois à Athenes, comme teſmoigne Iulius Pollux lib. 8.
pour prendre garde à celles qui excedent & les condamner à vne bonne
amende.
La ſource
des habits
eſt le pe-
ché d'A-
dam
.
Allons prendre la choſe à ſa ſource. C'eſt choſe hors de doute que les
habits ſont marques & punition du peché. Adam & Eue furent creez nuds,
mais auſſi-toſt qu'ils eurent peché Dieu leurs donna des habits & les cou-
urit. Quelle occaſion de vanterie & de gloire pourroit auoir vn Roy qui eſt
en priſon ſe voyant enchainé auec des chaines d'or ? quoy qu'elles ſoient
pretieuſes elles ſont chaines, le tiennent captif, luy oſtent ſa liberté : & leur
prix ne ſert que de luy ramenteuoir169 ce qu'il a eſté autrefois, & luy cauſer
d'autant plus de regret ſe voyant tombé du faiſt de l'honneur au centre de
miſere. Et quelle ſubiect de gloire peuuent donner les habits aux hommes ?
qui ſont les marques de noſtre ancienne liberté, les chaines de noſtre capti-
uité, leurs prix ne remediant nullement à nos miſeres. Ce n'eſt pas vne grande
gloire à vn larron d'auoir ſur le dos les marques de ſes larcins : ny a nous
de porter ſur nos corps les habits, vrayes marques du larcin de nos premiers
peres, & de l'infamie que nous en auons encouru.
Habits,
couuertu-
re de no-
ſtre honte.
On ne ſçauroit nier que les habits ne ſoient le remede à la honte de noſtre
concupiſcence, car la raiſon s'eſtant reuoltée contre Dieu, la chair en punition
s'eſt reuoltée contre la raiſon, & eſtant deuenue rebelle ne ſe mouuant
plus par le commandement & ordonnance de la raiſon, mais par des
boutades

304
Premier Traite’
boutades & furies commes les beſtes, il a fallu des habits pour couurir la
turpitude de cette rebellion. Auant le peché l'homme n'auoit rien de plus
beau que ſa nudité, & n'auoit garde d'en rougir : c'eſtoit ſa gloire, ſon corps
eſtant le chef-d'œuure de Dieu, fait auec tant de ſageſſe. Il ne faut point
d'habit pour refleuer la beauté du ſoleil, ſa ſplendeur luy ſuffit : la roſe n'a
que faire d'ornement emprunté, ſon beau vermeil la rend aſſez recomman-
ble, ſans qu'elle ayt beſoin de fard : auſſi le corps de l'homme n'a que faire
d'emprunter des parrures des creatures moindres que luy, ſa plus grande
beauté eſt celle-qui luy eſt naturelle, & eſt l'œuure de ce grand ouurier : l'ha-
bit n'eſt que la couuerture de noſtre honte, & de la rebellion de noſtre chair:
la marque de noſtre infamie : le deuil de nos premiers parens; & nous en
ferons gloire !
Ce n'eſt pas grand gloire à celuy qui n'a qu'vn pied d'auoir vn pied de
bois, qui n'eſt que le remede de ſon infirmité, & le teſmoignage de ſon mal-
heur : ny à vn pauure miſerable galleux, ou plein de gangreine d'auoir des
pretieuſes bandes qui couurent ſes miſeres : ſes miſeres le rendent aſſez con-
fus : & quelle gloire de ſe vanter & glorifier des habits marques de noſtre
infirmité, & couuerture de noſtre ordure & pauureté ! ceux qui ſe glorifient
en la multitude de leurs habits reſſemblent au malade qui ſe glorifie de la
Richeome. multitude de ſes medecines & emplaſtres. I'emprunteray le diſcours qui ſuit
d'vn ſignalé eſcriuain de noſtre ſiecle.
Vanité des
habits.
Iugeons ſans paſſions, en quelle qualité tiendrons nous les habits? ſinon
comme des ſacs de deuil, & teſmoins de noſtre confuſion, tiſſus des deſpouil-
les & excremens des morts, les peaux, les ſoyes, les draps, les taffetas pro-
uiennent de la mort des beſtes : l'or, l'argent, les pierreries, la toile & cho-
ſes ſemblables dont les hommes ſe couurent & ſe parent ſont le butin &
l'eſcume de la terre : & nous monſtrons noſtre pauureté en ce que nous au-
ons beſoin d'emprunter tant de choſes d'autruy.
Adam au paradis terreſtre eſtoit nud, & n'auoit beſoin d'aucun habit : il
eſt banny, & auſſi toſt deuient neceſſiteux, & eſt contraint d'auoir recours à
la peau des morts : la neceſſité va touſiours croiſſant, ainſi on ne ſe contente
plus d'vne ſimple peau, comme Adam, mais on ſe couure & de peau, & de
terre, & de plantes, & d'excremens des beſtes, & cependant on eſt ſi esblouy
qu'on fait gloire de ce qui eſt les teſmoignage de noſtre pauureté & le reme-
de noſtre diſette, & l'aliment de noſtre ambition.
Ce n'eſt pas aſſez de deſpouiller la nature pour nous reueſtir, & d'em-
prunter de tant de creatures des teſmoignages de noſtre pauureté, mais en-
core il faut employer l'eſprit humain à trouuer des inuentions pour nous deſ-
guiſer. Lors que nous voyons vn ſinge couuert d'vn hoqueton, ou vne cico-
gne portant vn haut de chauſſes on en rit, d'autant que ce n'eſt pas leur habit
naturel,

305
Des obligations des Mariez.
naturel, mais vne groteſque & inuention de quelque couſturier qui a vou-
lu appreſter à rire à ceux qui voyoient cette gallanterie.
O que les Anges ont plus d'occaſion de rire, ou pluſtot de deplorer la ſot-
tiſe de tant de mortels, bigarrez, habillez, deſguiſez plus que ne fut iamais
ſinge. Certes, ſi les beſtes pouuoient noter nos impertinences, elles s'en ri-
roient, nous voyans chargez de leur deſpouilles, de la laine des brebis, des
peaux de loups, de renards, de martres, de chats, d'onces170, de lyons, de
bœufs, de cheuaux, d'aſnes, & de tant d'autres beſtes : porter les plumes des
autruches, des paons, & faire parade de leurs queües, & de leurs aiſles : voire
de leurs excremens, comme des foines171, des ciuettes, & autres : n'eſt-ce pas
choſe ridicule & puis mettre ſa gloire & piaffe en cela qui n'eſt que de l'em-
prunt ? Si chaque beſte prenoit le ſien à cette damoiſelle qui va pauonnant &
piaffant par le moyen de tant d'emprunts, vous la verriez bien honteuſe.
Mais que peuuent dire les Anges voyant des Dames qui font profeſſion
d'eſtre Chreſtiennes, chargées de tant d'autours ? porter des pierres, & des me-
taux ſur leurs teſtes, repreſentans des monſtres, pluſtoſt que ce qu'elles ſont :
ayans les cheueux entortillez en ſerpens, eſtendus en chauue-ſouris, friſez à
la moreſque, pendans comme des megeres, ou comme queues de renards :
leurs habits dechiquetez, balafrez, mouchetez, bigarrez, vertugalez, degui-
ſez, & contrefaits en autant de façons qu'vn couſturier a eu de reſueries. Les
oreilles percées, anelées de cercles de metaux, auec des contrepoids de pierres
pendantes, ne ſont-ce pas là des teſmoignages authentiques de la ſottiſe hu-
maine ? de l'ambition, de la legereté de ceux & celles qui affectent telles imper-
tinences ? auec tant de ſoin & curioſité qu'ils ſemblent n'auoir eſprit, ny eſtu-
de que pour cela, qui n'eſt cependant à vray dire, que parade du bien d'autruy,
ſigne de noſtre deuil : gloire de noſtre crime, indice de noſtre pauureté : reme-
de de noſtre confuſion : mais malheur de noſtre conuoitiſe inſatiable.
Ouy piaffez-vous tant que vous voudrez, dans ces emprunts, accompag-
nez de tant d'inuentions, & d'artifices, iamais vous n'arriuerez à la perfection
& beauté de l'habit naturel de la moindre beſtiole du monde.
Mais eſcoutez plus, & eſcoutez auec reuerence, car c'eſt Ieſus Chriſt qui
parle. Matth. 6. De veſtimento quid ſolliciti eſtis? conſiderate lilia agri quomodo creſ-
cunt: non laborant, neque nent. Dico autem vobis, quoniam nec Salomon, in omni
gloria ſua coopertus eſt, ſicut vnum ex iſtis
, pourquoy vous peinez vous tant pour
vos habits ? conſiderez comme croiſſent les lys des champs, ils ne trauaillent
ny ne filent; neantmoins ie vous dis que Salomon meſme en toute ſa gloire,
n'a pas eſté habillé comme l'vn d'iceux.
Ieſus-Chr.
defend la
vanité
des habits.
Vous croyez à Ieſus Chriſt, puis qu'il eſt la pure verité, & vous n'oſerez
dire autrement. N'eſtes vous donc pas bien ridicule de prendre tant de peine
auec laquelle vous ne pourrez iamais arriuer à la beauté de l'habit naturel,

Q q

306
Premier Traite’
non ſeulement d'vne petite beſtiole, mais non pas meſme d'vne plante cham-
peſtre ? puis que les habits des beſtes & plantes ſont viuans, & conuenables
à leur nature, & nos habits ne ſont qu'emprunts, & des inuentions de couſ-
turiers, mais couuertures de noſtre honte, & accouſtremens de vray criminel
qui nous ſont donnez comme notes de noſtre infamie.
Que ces ornemens & curioſitez ſoient contre la volonté de Dieu, c'eſt
choſe claire. Ie ne me ſeruiray que de duex paſſages de l'eſcriture, outre celuy
de S. Paul que i'ay apporté au commencement de ce chapitre. Le premier eſt
tirée d'Iſaie 3. Pro eo quod eleuatæ ſunt filiæ Sion, & ambulauerunt extento collo, &
nutibus oculorum ibant, & plaudebant, ambulabant, & pedibus ſuis compoſito gra-
du incedebant, decaluabit, Dominus verticem filiarum Sion, & Dominus crinem earum
nudabit, in die illa auferet Dominus ornamentum calceamentorum, & lunulas, &
torques, & monilia & armillas, & mitras, & diſcriminalia, & periſcelidas, & mure-
nulas, & olfactoriola, & inaures, & annulos, & gemmas in fronte pendentes, & mu-
tatoria, & palliola, & linteamina, & acus, & ſpecula, & ſindones, & vittas, & the-
ristra, & erit pro ſuaui odore fœtor, & pro zona funiculus, & pro criſpanti crine cal-
uitium, & pro faſcia pectorali cilicium.
D'autant que les filles de Sion ſe ſont
eſleuées, & ont cheminé le col eſtendu, & les yeux affetez : & ont marché ſe
guidant, & branlant, & marchant auec affectation : Le Seigneur deſcheue-
lera172 la teſte des filles de Sion, & fera tomber leurs cheueux. En ce iour là le
Seigneur oſtera les ornemens de leurs ſouliers, & les lunettes, & les carquans173,
& les braſſelets, & les atours, & les treſſes, & les iarretieres, & boiſtes des par-
funs, & les pendans d'oreilles, & les bagues, & les perles pendantes du front :
& les roquets174, & les mantelets, & les collets, & les aiguilles175, & les miroirs,
& les robbes, & les diademes, & les couurechefs, & au lieu de ſouefue176 odeur,
il y aura puanteur, & au lieu de ceinture, vne corde, & au lieu de treſſes, pelu-
re de teſte, & pour le corſet, le ſac.
Le ſecond eſt de S. Pierre 1. 3. où parlant des femmes, il dit, quarum non ſit
exterius capillatura, aut circumdatio auri, aut indumenti vestimentorum cultus, ſed
qui abſconditus eſt homo cordis in incorruptibilitate modesti, & quieti ſpiritus
. Dont
l'ornement ne ſoit point de dehors qui conſiſte en tortillement de cheueux, ou
parure d'or, ou en ſuperfluité, & ſomptuoſité d'habits : mais l'homme qui eſt
caché qui eſt le cœur qui conſiſte en l'incorruptibilité d'vn eſprit doux & paiſ-
ible.
Apres des paroles ſi preſſantes comme ſont celles d'Iſaie, ſi expreſſes com-
me ſont celles de S. Pierre, eſt-il poſſible que nous ayons l'effronterie de nous
profeſſer Chreſtiens, & de deroger ſi expreſſement au Chriſtianiſme par nos
luxes, vanitez, ſuperfluitez, curioſitez, ſottiſes ? mais conſiderons à quelles
intentions ces vanitez & excés ſe font.
Quelles

307
Des obligations des Mariez.

Filet cadre, rayé.

Quelles ſont les intentions de celles qui ſont curieuſes
en habits.


CHAPITRE XIV.

C'Eſt choſe fort difficile que de connoiſtre les intentions des hommes,
puis qu'elles dependent de la connoiſſance du cœur, dont Dieu a la clef,
Trois ſi-
gnes pour
connoi-
ſtre l'in-
terieur de
l'homme,
entre au-
tres les
habits.
qui fait profeſſion d'en eſtre le ſcrutateur, & s'en eſt reſerué la connoiſſance :
ce que nous en pouuons connoiſtre eſt par les ſignes exterieurs, Le Sage, Eccl.
29. nous en fournit trois, ſçauoir, amictus corporis, & riſus dentium, & ingreſſus
hominis, enuntiant de illo
: l'habit, le ris, & le marcher. Voyez qu'il n'a pas obmis
les habits, mais les a mis en premier lieu.
Or quels ſignes ſont les habits ſomptueux ? ie ne l'oſerois dire ſi Tertul-
lian
ne l'auoit dit le premier, c'eſt au Liure de cultu fœminarum 177, où il dit
tout à plat qu'ils ſont ſignes, aut ambitionis, aut prostitutionis, ou d'ambition,
ou de proſtitution. S. Bernard ne couche pas ſi gros, il dit toutefois aſſez a-
uec peu de paroles, de modo bene viuendi, ſerm. 9. Mollia indumenta, animi
mollitiem indicant
diſant que les habits mols,à ſont ſigne d'vne ame mole, c'eſt
à dire, lache, & effeminée; vous pourrez tirer des conſequences de cette pa-
role, qui reuiendront au dire de Tertullian. Ie ſçay bien que ſouuent on ſe
trompe voulant iuger de l'interieur par l'exterieur, mais auſſi rencontre-on
quelquefois : & les hommes qui ne peuuent ſonder le cœur pour connoiſtre
les intentions, n'ont autre moyen pour ce faire que l'exterieur, or examinons
plus particulierement quelles intentions peuuent auoir ceux & celles qui ſe
laiſſent aller à tels excez & curioſitez.
Ie ne veux pas penſer qu'il ſe puiſſe retrouuer des femmes Chreſtiennes
ſi eshontées, ny ſi deſeſperées, qu'elles ſe parent pour donner des allechemens,
Grand
peché
d'attirer
au mal
par ſump-
tuoſité
d'habits.
& ſe faire conuoiter par d'autres que par leurs marys : ce ſeroit vne horrible
meſchanceté, & indigne d'vne ame dans laquelle reſte encore quelque eſtin-
celle du Chriſtianiſme : & on ne peut douter que ce ne ſoit vn peché mortel,
d'auoir intention de donner ſemblable attraits de conuoitiſe, quoy que
celles qui les donneroient ne vouluſſent aucunement conſentir à la recher-
che procedante de tels attraits.
Aucũs ſe
parẽt par
ſuperbe.
Qu'il n'y en ayent qui le font par ſuperbe, ie n'oſerois le nier, & auoir
telle intention eſt expreſſement contre Le Sage Eccl. II. In vestitu ne glorieris
vnquam, nec in die honoris tui extollaris: quoniam mirabilia opera altiſſimi ſolius, &

glorioſa
Qq 2

308
Premier Traite’
glorioſa, & abſconſa, & inuiſa opera illius. Ne vous glorifiez iamais en vos ha-
bits, ne vous eſleuez pas au iour de voſtre gloire, dautant qu'il n'y a que les
œuures de Dieu qui ſoient dignes d'admiration & de gloire, & que les iuge-
mens de Dieu ſont cachez, qui ſouuent change les habits de ſuperbe & de
vanité, en habit de deuil & de lamentation : il ne defend point vne honneſte-
té & bien-ſeance aux habits, qui doit eſtre conforme à la qualité d'vn cha-
cun : mais vne vaine ſuperfluité & curioſité qui n'a ſouuent autre but que de
paroiſtre par deſſus les autres, ſuiuant ce que dit Sainct Gregoire hom. 40.
in Euangel. Nemo vestimenta pretioſa niſi ad inanem gloriam querit, vt hono-
ratior cæteris eſſe videatur, nemo vult ibi pretioſis vestibus indui, vbi ab aliis non
poſſit videri.
Perſonne ne ſe veſte ſuperbement que par vne vaine gloire, &
pour paroiſtre par deſſus les autres, perſonne ne porte des habits pretieux
aux lieux auſquels il n'eſt veu de perſonne, Sainct Chryſoſt. hom. 2. in I.
ad Timoth. monſtre la vanité de cette gloire, en ce qu'elle ne depend que
de la tigne & des petits artiſons, leſquels ayant rongé vos habits, ont rongé
le ſubiect de voſtre gloire, ainſi comme voſtre gloire naiſt des vers, auſſi de-
pend elle des vers.
Vanité de
Crœſus
en ſes ha-
bits.
Vn iour Crœſus habillé à la Royalle, ſe panadoit dans ſon throſne Royal,
& rauy de l'eſclat de ſa gloire; & esblouy du brillant de ſes habits, deman-
da à Solon ſi iamais il auoit veu choſe plus belle ? ouy dea dit Solon : &
quoy dit Crœſus ? les coqs, les faiſans, les paons en leur beauté & plumage
naturel, ſont plus beaux que vous en tous ces emprunts, qui ne vous don-
nent qu'vne beauté exterieure & empruntée. Laertius de vita Philiſopho-
rum
cap.
2. Ie dirois volontiers à ſemblables piaffeurs qui font la roüe dans
leurs habits, ce que dit vn iour Demonax à vn ieune muguet178 qui faiſoit le
brauache, heus tu, hoc ante geſtabatonis, hola mon amy, ſouuenez vous qu'-
vne brebis, qu'vn ver a porté naguere ce qui vous fait enfler maintenant
de gloire.
Comme
Dieu pu-
nit la va-
nité des
habits.
Et comment eſt-ce que Dieu chaſtie ſemblable vanité ? le mauuais ri-
che eſt damné, nous ne liſons pas que ce ſoit pour ſes paillardiſes, meur-
tres, extorſions, tyrannies : mais induebatur quotidie purpura, & byſſo: il s'ha-
billoit tous les iours de pourpre & de fin lin : S. Luc Act. 12. nous aſſeure
Herode
frappé de
Dieu pour
ſon info-
lence.
qu'vn iour Herode haranguant ſon peuple, aſſis dans ſon throſne, habillé
à la royalle, & le peuple l'adorant comme vne diuinité, ſoudain ce Dieu de
vent, fut frappé d'vn Ange pour punition de ſon inſolence, & mourut eſtant
tout rongé des vers.
Aucunes
ſe parent
pour plai-
re à leurs
marys.
Il y en a qui ont vne intention qui ſemble vn peu meilleure, mais qui en
effect n'eſt qu'vne couuerture de leur vanité, ce qu'elles en font diſent-elles,
eſt pour ſe rendre agreables à leurs marys, & pour les empeſcher de porter
leur affectiõ & amour ailleurs : pleut-il à Dieu que cela fuſt touſiours veritable
&

309
Des obligations des Mariez.
& qu'elles peuſſent dire auec autant de ſyncerité & verité que faiſoit vne
Princeſſe de Parmes eſtant contrainte de ſe parer, les paroles de la braue
Eſther c.14. tu ſcis domine neceſſitatem meam, quod abominer ſignum ſuperbiæ, &
gloriae meæ quod eſt ſuper caput meum, in diebus oſtentationis meæ, & deteſter il-
lud quaſi pannum menstruatæ, & non portem in diebus ſilentij mei
. Mon Dieu vous
connoiſſez ma neceſſité, & que j'ay en abomination le ſigne de ma grandeur
qui eſt ſur ma teſte, au iours que ie fais parade : & que ie l'ay en horreur com-
me vne choſe des plus infames, & que ie ne le porte point au iour de ma
retraitte.
Mais ſi ce que ſemblables dames diſent eſt veritable, ſçauoir que ce qu'el-
les en font eſt pour complaire à leurs marys, que c'eſt pour leurs oſter occa-
ſion d'en aymer d'autres, & pour les retenir dans les bornes & fidelité de leur
mariage, leur intention n'eſt pas mauuaiſe : elles font toutefois aſſez paroiſ-
tre que ce n'eſt qu'vne couuerture de leur vanité, & curioſité, puis qu'el-
les ont plus de ſoin d'eſtre bien parées quand elles marchent en public que
quand elles ſont en la maiſon en preſence de leurs marys : hors de la mai-
ſon elles ſont comme des nymphes; en la maiſon comme des ſouillons.
Souuent
les habits
ſomptu-
eux deſ-
plaiſent
aux marys.
Tant s'en faut que pluſieurs par ſemblables parures attirent leurs marys
à les aymer, au contraire elles leurs donnent toute ſorte d'occaſion d'auer-
ſion, & de meſ-intelligence, lors qu'elles importunent iour & nuict vn pau-
ure mary pour auoir des nouueautez, & curioſitez, auoir vne parrure telle
qu'elles ont veu à vne autre; s'il ne l'accorde point, ce ne ſont que plaintes,
que murmures; s'il l'accorde faut ſouuent faire des debtes au marchand
pour parer Madamoiſelle; faut que les enfans ieuſnent pour la faire braue, &
à peine le mary peut-il gagner de quoy ſuffiſamment à contenter la curioſi-
té d'vne femme.
C'eſt à la verité vne bonne, & ſaincte intention que la femme taſche de
ſauuer ſon mary, & l'empeche de s'abandonner à des amours eſrangers,
mais le mary n'a pas moins d'obligation à procurer le ſalut de ſa femme,
& partant il doit prendre garde que luy permettant trop de parrures il ne
donne ſubiect à d'autres de la conuoiter. Les chats qui ſont beaux & bigar-
rez ſont en danger d'eſtre deſrobez; & les femmes trop enioliuées d'eſtre
conuoitées, & d'eſtre à d'autres qu'à leurs marys; vaut mieux qu'elles ſoient
moins parées, & n'appartiennent qu'à vn, que d'eſtre fort iolies, & eſtre à
pluſieurs.
Souuent
les fem-
mes ſe
parent
pour eſtre
veues.
Socrate voyant vn iour que Xantippe ſa femme s'eſtoit parée mieux que
de couſtume, luy demanda pourquoy elle l'auoit fait; elle reſpondit qu'elle
deuoit aller en viſite ce iour-là : m'amie luy dit Socrate, vous n'irez pas vi-
ſiter, mais vous irez pour eſtre veue. L'empereur Auguſte au rapporte de
Suetone
Q q 3

310
Des obligations des Mariez.
Suetone c. 35 en ſa vie, appelloit ces curioſitez d'habits, ſuperbiæ vexillum, & lu-
xuriæ nidum
, l'eſtendart de ſuperbe, le nid de luxure.
Vn habitant de la ville de Sparte dit à celuy qui luy demandoit de quelle
punition on chaſtieroit vn adultere en ſa patrie, Quodomo Spartæ continget a-
dulterium, vbi nullus luxus, nullæ diuitiæ, nulla voluptas
, comme y peut-il auoir
d'adultere à Sparte, où ny a ny luxe, ny richeſſes, ny voluptez : voyez vous
qu'il met le luxe la premiere cauſe d'adultere ?
Si les Dames qui ont quelque ſoin de leur reputation, ſçauoient comme
l'Eſcriture Saincte nomme ces curioſitez d'habits, elles en auroient horreur,
Habits
ſonptu-
eux ap-
pellez ha-
bits de
couritſan-
nes.
voicy comme en parle Salomon, Prouerb. 7. Ecce occurrit ei mulier ornatu me-
retricio, præparate ad capiendas animas
, il rencontre vne femme en habits de
courtiſane, ie croy que vous ſçauez ce que veut dire ce mot de courtiſane,
preparée pour attraper les ames, il ſuppoſe donc qu'il y a quelque habit, ſinon
celuy de ces poupettes qui ſemble n'eſtre autre choſe que des rets & fillets
pour attraper les ames, contre leſquelles le Prophete Ezechiel ch. 16. fait ſes
inuectiues, habens fiduciam in pulchritudine tua fornicata es, ad omne caput viæ
ædificaſti ſignum proſtitutionis tuæ
, tu t'es abandonné ſur la confiance que tu
as eu en ta beauté, tu as mis des marques de tes proſtitutions par tous les
carrefours.
Les tauerniers qui ont des maiſons qui correſpondent ſur diuerſes ruës,
mettant des enſeignes ſur chaque rue, pour faire ſçauoir aux paſſans qu'il y
a du vin à vendre, ainſi les femmes mettent des marques par tout, à la teſte,
aux mains, aux pieds, pour monſtrer qu'il y a de la chair à vendre : & puis elles
veulent qu'on ayt bonne opionin de leur chaſteté : elle font profeſſion d'e-
ſtre honneſtes; qu'elles eſcoutent S. Hieroſme, aut loquendum nobis eſt, ut ve-
ſtiti ſumus, aut veſtiendum, ut loquimur
, parlons comme nous ſommes habillez,
ou habillons-nous comme nous parlons, ſi elles ſont honneſtes, qu'elles s'ha-
billent honneſtement.
Reſpon-
ſe aux
obiectiõs
des curi-
euſes en
habits.
Mais elles n'ont point de mauuaiſe intention, c'eſt la mode, c'eſt leur con-
dition, c'eſt le propre de leur ſexe, c'eſt vne curioſité & petite legereté : elles
n'y penſent pas plus auant : poſons le cas qu'il ſoit ainſi, mais le diable a mau-
uaiſe intention qui ſe ſert de ces modes, de ces curioſitez & vanitez, comme
de lacets pour attraper les ames; voudroient elles bien ſeruir d'inſtrument à
ſa malice pour damner vne ame ? elles le font cependant, comme m'enſeigne
le Sage, Ecc. 7. Inuerni amariorem morte mulierem, quæ laqueus venatorum eſt, i'ay
Les fem-
mes vai-
nes, ſont
les lacets
du diable.
trouué vne femme plus amere que la mort, qui eſt le lacet des chaſſeurs. Les
chaſſeurs ne ſont-ce pas les diables qui chaſſent continuellement aux ames ?
Ceux qui chaſſent aux Loups font vne foſſe, puis la couurent de paille, y
mettent vne piece de chair, qui attire le Loup qui tombe dans la foſſe, ainſi
fait

311
Des obligations des Mariez.
fait le diable. Le diable ſe ſert de ſemblables femmes comme de poignards
pour tuer les ames; le poignard n'a pas mauuaiſe intention, ſi a bien le meur-
trier : vous n'auez pas de mauuaiſe intention, ſi a bien le diable, & ſelon la
Loy, celuy qui donne occaſion au mal eſt cauſe du mal : vous donnez occaſion
à la perte de cette ame & partant vous en eſtes coupable, Exod. 21. Si quis aper-
uerit ciſternã, & foderit, & nõ operuerit eã, cecideritque; bos vel aſinus in eã, reddet Do-
minus ciſternæ pretium iumentorum.
Si quelqu'un fait vne ciſterne, & ne la bouche
pas, & vn bœuf ou vn aſne vient à y tõber, le maiſtre de la ciſterne payera le prix
du bœuf ou de l'aſne. La femme qui comme vne ciſterne doit eſtre le remede
à la ſoif, & conuoitiſe de ſon mary, bibe aquam de ciſterna tua, Prouerb. 5. eſt
ſouuent par ſes vanitez & curioſitez comme vne ciſterne ouuerte, & Dieu
luy fera rendre compte de cette aſne debatté qui s'y eſt ietté par le conſen-
tement qu'il a donné à ſa concupiſcence eſmeue & eſchauffée par ces vani-
tés & ſuperfluitez d'ornemens.
Superflui-
té en ha-
bits ſigne
d'impudi-
cité.
Meſdames vous voulez qu'on vous eſtime femmes de bien, c'eſt la raiſon,
mais ne donnez point d'occaſion du contraire. Ie veux que vous ſoyez auſſi
chaſtes que des Lucreces: auſſi fidelles que des Suſannes: auſſi pures que des
Agnes, Barbes, Catherines; ſi eſt-ce que ces ornemens & ſuperſluitez ſont
ſignes de courtiſanes, & marques ordinairement d'impudicité, & donnent ſub-
iect à ceux qui vous voient de former iugement au preiudice de voſtre pu-
dicité, & ce ſans aucune temerité, puis que vous leurs en donnez ſubiect.
Ouide fait mention d'vne vierge veſtale en ces termes 4. Faſtorum,
Caſta quidem, ſed non est credita, rumor iniquus
Læſerat, & falſi criminis acta rea eſt:
Cultus, & ornatos varié fudiſſe capillos
Obfuit, ad rigidos linguaque prompta ſonos.
Elle eſoit chaſte en effect, mais non de reputation, & ſur le mauuais bruit el-
le fut condamnée d'vn crime dont elle eſtoit innocente. Ce qui luy nuiſit
fut trop de curioſité à ſe parer, le ſoin trop grand de ſes cheueux, & la trop
grande liberté à parler.
Clement Alex. Pæd. 179 l. 3. c. 2, compare ces curieuſes au temple d'E-
Femmes
curieuſe-
ment pa-
rées
aux tem-
ples d'E-
gypte.
gypte. Vous voyez de beaux edifices de marbre auec leurs colomnes, chapi-
taux, architraues, friſes, & corniches : les parois brillantes en pierreries, les
lambris d'or & d'azures; au lieu le plus ſainct du temple vn voile d'vne eſtoffe
pretieuſe recamée d'or, & enrichie de pierreries, mais ſi vous demandiez où
eſtoit la Diuinité qu'on y adoroit, vous voyez vn preſtre qui auec beaucoup
de ceremonies & reuerence vous tiroit le rideau, & pour toute Diuinité vous
ne trouuiez qu'vn chat, vn crocodile, ou quelque ſerpent. Tant de Dames ſi
richement parées circumornatæ vt ſimilitudo templi, comme des Egliſes; mais
ſi

312
Premier Traite’
ſi vous pouuiez voir le dedans, vous ne trouueriez qu'vn chat, vn crocodile,
vn ſerpent, d'enuie, de rage de concupiſcence, d'ignorance, de folie, de pre-
ſomption, &c.
A quoy aboutiſſent ces parures ? ſouuent apres vne infinité de pechez
qu'on a commis à cette occaſion, le tout aboutit à vne extreme pauureté, & rui-
ne, ſuiuant ce qui eſt en l'Apocal. 8. Væ væ ciuitas magna, quæ amicta erat pur-
pura, & byſſo, & cocco, & deaurata eſt auro, & lapide pretioſo, & margaritis; quo-
niam vna hora deſtitutæ ſunt tantæ diuitiæ.
Mal-heur mal-heur à cette grande ci-
té entourée de pourpre, de fin lin, d'eſcarlatte, eſclatante en or, brillante en
pierreries, d'autant que tout eſt perdu en vne heure, où vn ſergeant enleue tout
par authorité de iuſtice, pour payer les debtes, ou vient vn feu, ou vne guer-
re qui raffle tout en punition des excés paſſez.

Filet cadre, rayé.

Des nuditez qu'aucunes affectent.

CHAPITRE XV.

CEſt icy que ie me ſouhaiterois la ferueur d'vn S. Iean Baptiſe, & l'elo-
quence d'vn S. Paul pour inuectiuer contre vne inſolence que ie ne puis
L'eſcritu-
re
a les
nuditez
en hor-
teur.
ſouffrir aux Dames Chreſtiennes, qui eſt vne impudique nudité, & vne impu-
dicité impudente, par laquelle elles monſtrent à tout le monde ſans rougir
ce qu'elles ne deuroient monſtrer à leurs marys ſans honte, faiſans parade de
la nudité de leur ſein, & de leurs mammelles, & de leurs bras.
Voicy comme en parle Dieu meſme par la bouche d'Oſée c. 2. Judicate
matrem veſtram, iudicate, quoniam ipſa non vxor mea, & ego non vir eius.
Iugez
voſtre mere, iugez-la, ie ne la reconnois plus pour ma femme, ie ne ſeray plus
ſon mary : & voicy la raiſon, auferat fornicationes ſuas à facie ſua, & adulteria
ſua de medio vberum ſuorum
, qu'elle oſte ſes fornications de ſa face, & ſes adul-
teres du milieu de ſes mammelles : les fornications de la face ſont les fards &
artifices pour ſe rendre aymables, & aggreables aux yeux des hommes qui
ſont autant d'allechemens à la lubricité, & aux fornications: ie ne ſçay ce qu'on
peut entendre par les adulteres au milieu des mammelles, ſinon les ſeins, &
mammelles deſcouuertes; les bouquets, les pierreries qu'on y met pour atti-
rer les yeux des hommes : (car pourquoy tout cela ſinon pour ſe faire voire) ce
qui n'eſt autre choſe que ſubiect d'adulteres, d'inceſtes, & ſemblables abomi-
nations. Les fornications aux viſages ſont vne impudence, & hardieſſe, qui ne
ſçait rougir, & qui monſtre l'inſolence de l'ame, oculos habentes plenos adulterij,
& ina-

313
Des obligations des Mariez.
& inacceſſibilis delicti. 2. Petri 2. Ayãs les yeux pleins d'adulteres & de meſchã-
cetez : les adulteres au milieu des mammelles ſont les allechemens qu'elles
donnent par leur nuditez, enyurans les hommes, ſuiuant ce qui eſt aux Pro-
uerb.
7. Veni inebriemur vberibus, & fruamur cupitis ampleximus.
Femmes
qui affe-
ctent les
nuditez
comparées
aux lamies.
Nos premiers parens furent honteux ſe voyans nuds, & maintenant les
Dames en font gloire. Ieremie 4. les compare aux lamies. Sed & lamiæ nu-
dauerunt mammas, & nutrierunt catulos ſuos
, les lamies ont deſcouuert leurs
mammelles, & ont nourry leurs petits. Les lamies eſtoient certains monſtres
d'Afrique ayans les mammelles ſi belles qu'elles charmoient les moins ad-
uiſez; vous deſcouurez vos mammelles & voſtre ſein, c'eſt pour repaiſtre vos
appetits brutaux & ces chiens impudiques, tant de muguets180 qui n'ont aucu-
ne paſture plus ſauoureuſe que celle-la : mais pourquoy l'expoſer, ſinon pour
donner à connoiſtre, que tout ainſi que le boucher met vne piece de chair
hors de la boutique, pour faire ſçauoir qu'il y en a à vendre en la maiſon; de
meſme elles monſtrent vn eſchantillon de ce qui eſt à vendre. C'eſt pourquoy
Tertulian appelle les teſtes bien coiffées capita nundinalia, de habitu mulie-
rum
, cap. 3. des teſtes à vendre : nous pouuons dire le meſme, des ſeins à ven-
dre; & au meſme endroit il dit, propter mutuum videre, & videri, omnes pompe in
publicum producuntur, aut vt luxuria negotietur, & gloria inſoleſcat
, on ne paroiſt
en public auec pompe, que pour voir, ou eſtre veu, pour trafiquer la luxure,
ou acquerir quelque vaine gloire. Ah combien de ſemblables trafiques main-
tenant aux bals, aux danſes, aux comedies, mais aux Egliſes ! & puis on ſe
dit Dame, ou Damoiſelle d'honneur, laiſſez ce trafique à ces femmes qui
font meſtier d'attirer les hommes au mal, mais c'eſt choſe intolerable à vne
femme ou fille qui fait profeſſion d'honneſteté.
S. Hieroſme eſcriuant à Demetrias fait vne belle leçon aux Damoiſelles
en ces mots, Illa tibi ſit pulchra, illa amabilis, illa habenda inter ſocias, quæ ſe
neſcit eſſe pulchram, quæ negligit formæ bonum, & procedens ad publicum, non
pectus, non colla denudat, nec pallio deuoluto ceruices aperit: ſed quæ celat fa-
ciem, & vix vno oculo, qui viæ eſt neceſſarius, patente ingreditur.
Tenez
celles-là au rang des belles & aimables, prenez les pour compagnes, qui ne
ſçauent pas qu'elles ſont belles, qui negligent leur beauté, & qui ſortans
en public ne deſcouurent ny le col, ny le ſein; n'oſtent pas leur voile
pour faire voir leurs eſpaules, mais qui couurent leur face, & marchent
ne regardants que d'vn œil, & autant qu'il eſt neceffaire pour ſe con-
duire.
Plutarque dit qu'vne femme honneſte & pudique ne doit pas ſeulement
Honneſte-
té de
Micca.
monſtrer ſon coude, in præceptis connubialibus cap. 32. Helas il y en a
donc maintenant beaucoup d'impudiques ! le meſme, Lib. de claris mulier-
ibus
181 cap.
15. louë grandement Micca fille d'Ariſtodemus, laquelle en
mourant
R r

314
Premier Traite’
mourant pria inſtamment qu'on ne la deſcouurit indecemment apres ſa
mort182.
Il n'y a pas long temps qu'vn Ambaſſadeur pour ſa Majeſté Catholique
aupres du Roy d'Angleterre, s'eſtonnant de voir la nudité honteuſe (quoy
que neantmoins ſans honte) des Dames de ce pays, vn Gentil-homme
luy dit, Monſieur ne penſés pas que ces Dames ainſi deſcouuertes ſoient
pourtant courtiſanes, elles ſont fort chaſtes & honneſtes. C'eſt la mode du
temps, & du pays; à quoy repartit prudemment l'Abaſſadeur : Vn payſan
apres auoir appriuoiſé vne perdrix, la porta au marché, l'expoſant hors de
ſa cage; vn certain qui cherchoit tel gibier luy en demanda le prix, à qui le
payſan reſpondit, ma perdrix n'eſt pas à vendre, ie n'ay garde de m'en priuer,
ce ſont tous mes plaiſirs. Mon amy repliqua l'acheteur, ſi elle n'eſt pas à ven-
dre pourquoy l'apportés vous au marché ? pourquoy la mettés vous hors de
ſa cage ? pourquoz la monſtrés vous comme venale ? les Dames pourront
ſans difficulté faire l'application de cette reſponſe, pourquoy ainſi monſtrer
& deſcouurir leurs corps s'ils ne ſont venaux : pourquoy faire parade de ces
nuditez, autant & plus que ne font les vrayes courtiſanes, qui ſouuent n'o-
ſent faire paroiſtre leur impudicité en public.
Iuſtin lib. 14. loue grandement Olympias mere d'Alexandre le grand,
de ce qu'en mourant elle ſe couurit auec ſes cheueux, de peur que rien ne
paruſt en ſon corps contre la bien-ſeance. Chriſtianiſme ! Chriſtianiſme !
quoy en mourant ces Payennes ont ſoin de l'honneſteté, & qu'aucune
nudité ne paroiſſe en leurs corps ! & nos Dames Chreſtiennes, voire celles
qui veulent eſtre tenues pour chaſtes & honneſtes affectent les nuditez
pendant leur vie en leurs bras, en leur col, en leurs eſpaules, en leur ſein,
auec le ſcandale des gens de bien, & la perte & ruyne des mechans & laſ-
cifs ?
Mais mon pere le veut, mon mary me le commande : peut eſtre que
voſtre pere & voſtre mary voudroit bien le contraire, & que ce qu'il en fait eſt
pour vous contenter & auoir paix : que ſi en effect il le veut, c'eſt vn vray
boucher, qui expoſe voſtre chair à vendre : & bien il le veut, il le comman-
de, Dieu le defend, à qui obeyrez vous ? eſtes vous encore à l'alphabeth du
Chriſtianiſme ? ne ſçauez vous pas que, obedire oportet Deo magis quam homi-
nibus
: qu'il vaut mieux obeyr à Dieu qu'aux hommes ? & qui non odit patrem
aut matrem non eſt me dignus
: qui ne haït pere & mere, n'eſt pas digne de moy.
C'eſt icy qu'il faut haïr ſainctement pere, mere, & mary, entant qu'ils vous
commandent quelque choſe contre Dieu & l'honneſteté.
Mais c'eſt la mode, mode diabolique, de qui apprendrez vous la mode,
d'vne folle, d'vne macquerelle, d'vne fille legere, d'vn reſte de cour, d'vne
damnée; ou du vaiſſeau d'eſlite, du grand maiſtre de l'Euangile, du heraut de
Ieſus-Chriſt : de S. Paul : eſcoutez-le parler, mais auec reſpect, & donnez
croyance

315
Des obligations des Mariez.
croyance à ſes paroles : il vous commande, voire meſme de couurir vos teſtes,
I. Cor. II. non ſeulement pour les hommes, mais propter Angelos, pour les
Anges ! Quoy ? y-a-il danger que les Anges ſoient eſmeus par vos beautez,
non non, mais pour ne les offenſer voyans en des perſonnes qui font profeſ-
ſion d'vne religiõ ſi ſaincte, des traits d'impudicité; voire-meſme dans le San-
ctuaire. Vos marys le veulẽt, vos peres le commandent, donc ils veulent qu'on
vous conuoitent, & que vous en donniez occaſion, & S. Paul le defend.
Linus de-
fendit que
nulle fem-
me entraſt
à l'Eliſe
la teſte dé-
couuerte.
Linus diſciple de S. Pierre defendit qu'aucune femme n'entraſt à l'Egliſe
ſans eſtre voilée. Dieu ! quelle ordonnance euſt-il fait, s'il euſt veu des fem-
mes & des filles entrer dans les Egliſes, comme ſi elles alloiẽt à des bourdelles?
Clement Alexandrin ne veut pas meſme que les ſemmes paroiſſent aux yeux
de leurs domeſtiques autrement qu'entierement habillées, non pas meſme
en preſence de leurs parens ou plus proches, non pas meſme deuant leurs
propres yeux; & ſe laiſſer voir, mais s'expoſer à la veue de tout le monde !
Comme
les fem-
mes d'A-
rabie ſe
couurent.
Quelle condamnation porteront contre vous les femmes d'Arabie, dit Ter-
tulian
? qui ne couurent pas ſeulement leur ſein, mais leur teſte, mais auec
vne ſi exacte modeſtie, qu'elles ne voient que d'vn œil, aimans mieux ſe pri-
uer de la moitié de la lumiere que de ſe laiſſer voir en face.
Caius Sulpitius repudia ſa femme, d'autant qu'elle eſtoit ſortie de la mai-
Caius Sul-
pitius
re-
pudie ſa
femme
pour eſtre
ſortie de
la maiſon
ſans voile.
ſon la teſte deſcouuerte, luy diſant la loy vous commande de ne plaire qu'à
mes yeux, & non à ceux d'autruy, de vous parer pour moy ſeul, non pour
d'autres. Quel iuge à pluſieurs marys qui permettent des ſi grandes libertez
à leurs femmes ?
Les Romains defendoient que les enfans n'entraſſent dans les bains auec
leurs peres & meres. Chriſtianiſme ! où ſommes nous deuenus ? ces Payens
ne veulent pas que les peres & meres commettent ces indecences en preſen-
Les Ro-
mains ne
vouloient
que les
enfans en-
traſſent
dans les
bains auec
leurs peres
& meres.
ce de leurs enfans; & des femmes qui ſe diſent Chreſtiennes, des filles qui ſe
diſent honneſtes & pudiques : qui veulent auoir cette reputation : paroiſſent
col, eſpaules, bras, ſeins nuds, deuant tout le monde : & en font gloire !
Noé eut tant de deplaiſir ſçachant qu'il auoit paru nud en preſence de ſes
enfans, qu'il en maudit Cham : Clement Alexandrin dit, qu'en tous lieux,
voire meſme en noſtre particulier, nous deuons ce reſpect au Verbe diuin,
d'eſtre touſiours decemment couuerts.
Pleut il à Dieu que les marys, & ceux qui ont de l'authorité ſe monſtraſ-
Beau trait
du Roy de
France
Louys 13.
touchant
la nudité
des fem-
mes.
ſent auſſi alienes de ces nuditez, comme le Roy de France Louys XIII le
Iuste
. Faiſant son entrée en la ville de Dijon l'an 1629. il alla deſcendre à la
ſaincte Chapelle ſelon la couſtume, pour y faire ſes prieres, & entendre chan-
ter le Te Deum, parmy vne mutlitude de peuple, dont ce beau & ample vaiſ-
ſeau eſtoit remply, & qui s'approchoit à qui mieux mieux, pour auoir le
bon-heur de voir le Roy de prez, il y eut vne Damoiſelle, laquelle ayant
fendu
R r 2

316
Premier Traite’
fendu la preſſe, s'approcha aſſez proche du Roy, & tout contre le Capitaine
de ſes gardes, demandant inſtamment qu'il luy permit de la laiſſer paſſer
plus auant, il eſtoit tout preſt de le faire, mais s'eſtant apperceu qu'elle
auoit le ſein deſcouuert, il luy dit, Madamoiſelle ou couurez vous, ou reti-
rez vous, le Roy ne vous verra pas de bon œil en cet eſtat, ſçachez que ces
nuditez l'offenſent : i'eſtois tout contre le Capitaine des gardes, & entendis
tout ce diſcours auec mon tres-grand contentement.
Le lendemain on permit au peuple d'entrer à la ſale pour voir diſner le
Roy. Pendant le diſner il y auoit vne Damoiſelle vis à vis de ſa Majeſté ha-
billée & deſcouuerte à la mode : le Roy tient ſon chapeau enfoncé tout le
temps du diſner pour ne la voir, & la derniere fois qu'il beut, il retient en
ſa bouche vne gorgée de vin qu'il lança dans le ſein deſcouuert de cette
Damoiſelle, qui ſe trouua toute honteuſe & confuſe. Pleut-il à Dieu que
que ce bon Roy euſt beaucoup d'imitatuers en ce fait, on n'en verroit pas
tant qui par leur applaudiſſement fomenteroient cette effrontée liberté
de ſe deſcouurir, nous ne lamenterions pas tous les iours tant d'ames
attrappées dans ces pieges de Satan : nous verrions les Dames vn peu plus
retenues, & bien toſt reduittes à la modeſtie, & honneſteté Chreſtienne.
Femme
fouettée
des Anges
pour puni-
tion de ſa
nudité.
Tertulian lib. de habitu mulier. c. 17. rapporte d'vne Dame qui auoit
couſtume de ſe deſcouurir, qui fut payée de la monnoye qu'elle meritoit :
vn Ange la nuict la fouetta bien ſerré ſur le dos, l'aduiſant d'eſtre vne au-
tre fois plus ſage, & de ſe couurir deſormais. Si Dieu ne vous enuoye point
d'Ange maintenant pour chaſtier voſtre impudique legereté, ſçachez qu'il
ne la lairra impunie, comme choſe qu'il a en tres-grande horreur, car com-
me remarque S. Chryſologue Serm. 3. parlant du prodigue, ſuſtulit filij cri-
mina, qui non ſuſtilit nuditatem, citò proferte ſtolam primam
, ce bon pere eut
patience ſupportant les crimes de ſon fils, mais ne peut ſupporter ſa nudité,
viſte viſte, qu'on le couure, & comment eſt-ce que Dieu ſouffrira vos im-
pudiques nuditez ?
Noſtre
Dame
ne
veut en-
trer en la
cellule
d'vn reli-
gieux mal
couuert.
S. Dominique vit vne nuict noſtre Dame accompagnée de ſaincte Cecile &
de ſaincte Catherine qui viſitoit les cellules de tous ſes religieux, & les arrousoit
d'eau beniſte : elle en paſſa vne ſans y entrer. S. Dominique luy demanda la
raiſon, pourquoy elle n'y eſtoit entrée : elle reſpondit que c'eſtoit d'autant que
le religieux qui y eſtoit n'eſtoit decemment couuert : il eſtoit en ſon parti-
culier, perſonne ne le voyoit : perſonne ne pouuoit prendre ſubject de là d'of-
fenſer Dieu, cependant il est priué de ce bon-heur : & vous voulez que la pudi-
cité, que l'honneur, que la grace de Dieu, que le ſaint Eſprit loge dans ces
voiries, dans ces attrappes, où les Diables ſont attendans les ames ? Auferte
adulteria de medio vberum veſtrorum
, oſtez ces adulteres du milieu de vos mam-
melles.
Comme

317
Des obligations des Mariez.
Comme dit S. Cyprian, lib. de habit. virg. Serico & purpura indutæ, Chri-
ſtum ſyncerè induere non poſſunt, in auro & margaritis adornatæ & monilibus,
ornamenta mentis & coporis perdiderunt
, celles qui ſon veſtues de ſoye, & de
pourpre ne peuuent ſe reueſtir de Ieſus-Chriſt : celles qui ont des parures
d'or & de pierreries, ont perdu les parures de l'ame & du corps; comment
eſt-ce que celles qui affectent ces nuditez pourront eſtre agreables à Dieu ?
L'Empe-
reur Hera-
clius
ne
peut por-
ter la ſain-
cte Croix
eſtant ſu-
perbemẽt
veſtu.
Si Dieu ne voulut pas permettre que l'Empereur Heraclius portaſt ſa
croix eſtant habillé à l'imperial, croyez-vous que vous la porterez en l'ame
eſtant habillée en Courtiſane ?
Ie demanderois volontiers à ces femelles ce qu'elles diront au iour de iu-
gement, à ce ieune homme Payen, nommé Spurina, rapporté par Valere le
grand
lib. 4. c. 5. & par S. Ambroiſe lib. de Virginibus, & exhorta ad. vir-
gines
, lequel eſtant doué d'vne tres-grande beauté, & s'aperceuant que ſa
beauté ſeruoit d'achoppement à quelques eſuentées, ſe défigura la face par
Pudicité
de Spurina.
diuerſes cicatrices, eſteignant par ſon ſang les flammes de ces folles qui le
recherchoient : & vous donnez des flammes de voſtre plein gré pour perdre
les ames.
Pudicité
de Damo-
cles.
Quelle condamnation portera contre vous le ieune Damocles, rapporté
par Plutarque en la vie du Roy Demetrius ? ce ieune homme eſtoit entré
dans vn bain retiré, & à l'eſcart, pour ſe lauer, croyant n'eſtre apperceu de
perſonne : le Roy Demetrius l'ayant veu, eſpris de ſa beauté, entra à la deſ-
robée dans ce lieu, paſſionné de l'amour de cet enfant, & dans vn fort mau-
uais deſſein : le pauure garçon ſe voyant ſurpris, & ne trouuant autre moyen
pour euader l'impudique rage de ce Roy, de quoy il auoit tres-grande hor-
reur, tira le couuercle d'vne chaudiere qui eſtoit là, & ſe jetta dans l'eau
toute bouillante : ne voila pas vn fait digne d'vne eternelle memoire, n'eſt-ce
pas dommage qu'il n'a eſté fait par vne perſonne capable d'vne eternelle
recompenſe183? & que vous objectera-il au iugement vniuerſel184?
Ie ne veux pas apporter pour exemples à ces muguettes vne ſaincte
Agnes
, qui faſchée contre ſa beauté, diſoit ſelon S. Ambroiſe, pereat corpus,
quod placere potuit oculis quibus nolo
: ça ça que ce corps periſſe qui a peu plaire
à ceux que ie ne deſire pas : ny de tant de ſainctes Vierges qui ſe font arraché
les yeux, deſchiré la face, pour eſteindre les flammes de ceux qui eſtoient em-
braſez de leur amour.
Comme
S. Paule
matte ſon
corps.
Ie ne parleray non plus de S. Paule laquelle comme teſmoigne S. Hier-
roſme
en ſon Epitaphe eſtant aduertie de S. Hieroſme meſme, de moderer
ſes larmes : Non, non, dit-elle, il faut pourrir de larmes la face que i'ay
fardée ſi ſouuent contre la volonté de Dieu : Non, non, il faut matter le corps
que i'ay autrefois tant careſſé : il fait recompenſer mes ris diſſolus par des
larmes
R r 3

318
Premier Traite’
larmes continuelles, & changer les fines toiles & les ſoyes & habits pretieux
en de rudes cilices : ma volonté eſt, que comme i'ay taſché autrefois de me
rendre agreable au monde & à mon mary, ie me rende maintenant agrea-
ble à Ieſus-Chriſt.
Voyla ce qu'ont fait non ſeulement les Saincts, mais meſme les Payens,
& vous, dit S. Chryſoſtome tom. 5. Serm. Quod regulares ſœminæ 185: vous
allumez le feu par vos nuditez pour bruſler les ames ? Penſez-vous eſtre ex-
emptes de pechez ? lors que par ces montres vous faites entrer en appetit de
la piece tant de foux, qui enragent dans la furie de leur ardente paſſion ? vous
en eſtes la cauſe, vous auez affilé le glaiue : vous auez armé le bras : & vous
penſeriez eſtre exemptes d'homicide !
Dictes-moy, les iuges puniſſent-ils ceux qui boiuent le poiſon, ou bien
ceux qui le compoſent & le donnent à boire ? on n'a garde de punir ceux qui
le boiuent, au contraire on leurs porte compaſſion; mais on punit ceux qui
le preparent : & croyez-vous que ce ſoit vne excuſe pertinente pour eux de
dire qu'ils ne ſe ſont pas nuis, mais aux autres, ils en ſont d'autant plus pu-
niſſables. C'eſt vous miſerable, c'eſt vous qui preparez le poiſon, & le donnez,
& faites mourir ce mal-heureux : & vous croyez eſtre innocente d'autant
que vous n'en auez point beu, mais vous ſerez d'autant plus grieſuement
punie, que ne ſeroit l'apoticaire qui auroit preparé le poiſon : que celuy-là
n'auroit tué que le corps, & vous tuez l'ame, & pour ſatisfaire à voſtre vanité
& curioſité, vous iouez les ames qui ont couſté la vie à Ieſus-Chriſt. Voila
le diſcours de S. Chryſoſtome.
Les fem-
mes ſe
cauſent la
mort par
leur nudi-
té.
Mais ie diray auec la permiſſion de S. Chryſoſtome que non ſeulement
vous tuez les ames de ceux qui vous voient, mais encore les voſtres, voire
vos propres corps : vrayes martyrs de Satan, homicides de vous-meſmes, il
faut faire paroiſtre la greue186 de la teſte, & voſtre pauure petit cerueau ſe re-
froidit : voyla vn catarre qui ſe forme, voſtre poictrine par vne longue nudité
s'eſt affoiblie, les fluxions y tombent comme ſur la partie la plus foible, &
s'y arreſtent : voila des rhumes & catarres, voila des maux de poulmons, des
courtes haleines, & enfin la mort, qui en eſt cauſe ? ſinon voſtre vanité &
legereté, martyrs de Satan, meurtieres de vous meſmes, ames abandonées.
I'ay veu mourir vne des plus belles Dames de France à l'aage de vingt-trois
ans, & quaſi ſoudainement : les medecins ouurirent le corps & ne trouuerent
autre cauſe de ſa mort, ſinon qu'elle s'eſtoit refroidie la poictrine l'ayant
deſcouuerte à la mode, dans laquelle ils trouuerent quantité d'eau qui s'y
eſtoit amaſſée, & l'auoit ſuffoquée.
Du

319
Des obligations des Mariez.

Filet cadre, rayé.
Du fard des femmes.

CHAPITRE XVI.

COmme la principale & plus ordinaire louange qu'on donne aux fem-
eſt la beauté, auſſi ſont-elles eſperduement deſireueſes d'auoir la
reputation d'eſtre belles, & font tout leur poſſible ou pour l'eſtre, ou pour
paroiſtre telles, ſi elles ne le ſont pas, ou pour conſeruer leur beauté. De là
Les fem-
mes ſont
fort deſi-
reuſes de
ſe parer.
vient ce ſoin eſperdu qu'elles ont de ſe parer, dont S. Hieroſme parle en
cette ſorte, adGaudentium de educatione Pacatulæ infantulæ187, Studio-
ſum amãſque ornatus, genus fœnmineum eſt: multaſque inſignis pudicitæ, quamuis
nulli virorum, tamen ſibi, ſcimus libenter ornari.
Les femmes ſont grandement
curieuſes de ſe parer : & s'en trouuent pluſieurs tres-honneſtes, qui ſe parent
non pour plaire aux hommes, mais pour contenter leur curioſité : le meſme
S. Hieroſme ad Demetriadem dit, ad corporis ornatum, cultumque ardere,
ac inſanire studia matronarum
. Que les femmes ſont comme folles & enragées
en ce qui concerne l'ornement de leurs corps. Ce que ſemble inſinuer le Pro-
phete Baruch c. 6. par ces paroles, ſicut virgini amanti ornamenta, comme à
vne fille qui eſt amoureuſe de ſes parures.
Le grand excés qui ſe retrouue en cette paſſion m'oblige d'en parler & de
monſtrer quel ſentiment en a l'eſcriture ſaincte : ce qu'en diſent les SS. Peres :
le iugement qu'en ont porté les Payens, & quelques conſequences qui en-
ſuiuent ſemblable curioſité. Ie parleray principalement en ce Chapitre des
fards, peinctures, vermillons, & ſemblables inuentions de la curioſité de ce
ſexe. Pour commencer par l'Eſcriture ſaincte. Il ſemble qu'elle inſinue aſſez
que ſemblables fards ſont propres aux femmes & filles perdues & desbau-
Quel ſen-
timent a
la ſaincte
Eſcriture

des fards?
chées, Iſaie c. 57. parlant d'vne meſchante femme dit, ornaſti te regio vnguento
& multiplicaſti pigmenta tua
. Tu t'es ornée d'onquent Royal, & as multiplié
tes odeurs. Ezechiel 23. Circumliniſti stibio oculos tuos, & ornata es mundo mulie-
bri
, tu as fardé tes yeux & t'es parée. Au 4. des Roys 188 c. 9 l'infame & abo-
minable Iezabel ne manqua pas à cette curioſité, porro Iezabel introitu eius au-
dito, depinxit oculos ſuos ſtibio, & ornauit caput ſuum
. Quand elle entendit que
Iehu entroit elle mit du fard ſur ſes yeux, & para ſa teſte. Oſias parlant d'une
meſchante femme dit c. 2.189 Ornabatur in aure ſua, & monili ſuo, & ibat post
amatores ſuos
, elle auoit des pendans d'oreilles & des braſſelets, & alloit apres
ſes mignons. Le Sage Eccli. 9. aduertit de deſtourner ſes yeux d'vne femme
curieuſe-

320
Premier Traite’
curieuſement parée. Auerte faciem tuam à muliere compta. Enfin au Gen. 38.
Iudas creut que Thamar eſtoit vne publique190 la voyant parée. De ces paſſages,
chacun peut voir que l'Eſcriture ſaincte tient ſemblables ornemens comme
propres des filles & femmes perdues. Voyons le ſentiment des SS. Peres.
S. Cyprian, lib. de habitu virginum, parle ainſi, non virgines tantum aut vi-
Sentiment
des Saincts
Peres
tou-
chant les
fards.
duas, ſed & nuptas puto, & omnes fœminas admonendas, quod opus Dei & factu-
ram eius, & pſalma adulterare nullo modo debeant, adhibito flauo colore, vel nigro
puluere, vel rubore, aut quolibet denique lineamenta natiua corrumpere medicami-
ne
. Il faut aduertir non ſeulement les filles ou le vefues, mais encore les fem-
mes mariées, voire toutes les femmes, qu'elles ne doiuent nullement cor-
rompre l'œuure de Dieu auec des couleurs iaulnes, des pouldres noires,
auec du vermeil, ou auec quelque autre fard, quel qu'il foit. Puis il fait ce
diſcours que ie rapporteray mot à mot le traduiſant en François. Elles atta-
quent Dieu, lors qu'elles pretendent reformer, & transfigurer ce que Dieu
a formé : & ne prennent pas garde que ce qui naiſt eſt œuure de Dieu : & ce
qu'on y change eſt œuure du Diable. Si apres qu'vn peinctre a fait & parfait
vn tableau, vn autre prend le pinceau en main pour le reformer, il fait tort à
celuy qui a fait la piece, & luy donne ſubject de ſe facher. Penſez-vous donc
que Dieu ne vous chaſtira pas pour voſtre temerité & outrecuidance, & pour
l'offenſe que vous commettez contre luy ? Ie veux que vous ſoyez chaſtes
pour ce qui regarde les hommes; ie veux que par ces fards vous ne preten-
diez d'attirer aucun à mal : vous eſtes toutefois pires qu'adulteres corrom-
pants & voulants corriger ce qui appartient à Dieu. Ne craignez-vous pas
qu'au iour du iugement, & de la reſurrection, celuy qui vous a fait ne vous
connoiſſe pas ? qu'il vous rejette de la compagnie de ſes eſleus ? & comme vn
ſeuere cenſeur & rigoureux iuge vous diſe, Cet ouurage n'eſt pas mien, ce
n'eſt pas là mon image, tu as pollu ta peau auec des fards, tu as changé tes
cheueux auec des couleurs eſtrangeres : ta face eſt couuerte de menſonge : ta
figure eſt corrompue, ce n'eſt pas là ton viſage. Tu ne peux voir Dieu, puis
que ce ne ſont pas là les yeux que Dieu a fait, mais ceux que le Diable a con-
trefait : tu l'as ſuiuy, tu as imité les yeux brillants du ſerpent : puis que tu t'es
laiſſé parer par ton ennemy, bruſles eternellement auec luy.
Tertulian lib. de cultu fœminarum 191. In Dominum delinquunt, quæ
cutem medicaminibus vngunt, genas rubore maculant, oculos fuligine collinunt:
diſplicet illis nimirum plaſtica Dei: in ipſis redarguunt, repræhendunt artificem
omnium: repræhendunt enim, cum emendant, cum adijciunt, vtique ab aduer-
ſario artifice ſumentes additamenta iſta, id eſt Diabolo.
Celles-là offenſent
Dieu qui oignent leur peau de medicamens, peignent leurs ioues, frot-
tent leurs yeux de ſuye : l'ouurage fait de la main de Dieu leurs deſplaiſt :
elles

321
Des obligations des Mariez.
elles reprennent Dieu qui eft le maiſtre ouurier de toutes choſes, n'eſt-ce pas
le reprendre & le controoler, de vouloir corriger ſes œuures, & y adiouſter ?
elles empruntent ce qu'elles y adiouſtent d'vn ouurier contraire à Dieu, qui
eſt le Diable.
Sainct Auguſtin ad Poſidonium, Fucare pigmentis, quo rubicundior, vel ve-
recundior appareat mulier, adulterina fallacia eſt: qua non dubito ipſos etiam ma-
ritos ſe nolle decipi, quibus ſolis permittende ſunt fœminæ ornari
. Se farder pour
paroiſtre plus rouge ou plus blanche eſt vne tromperie, & ie ne doute pas
qu'elle ne déplaiſe aux marys, pour le regard deſquels tant ſeulement les fem-
mes ſe doiuent parer. Le meſme Sainct Auguſt. lib. de Sermone Domini,
Quanta amentia eſt effigiem mutare, naturæ picturam quærere! tolerabiliora
propemodum in adulterio crimina ſunt, ibi enim pudicitia hic natura adulteratur
.
Quelle folie de changer ſa face, & chercher des peinctures pour alterer
la nature ! les crimes ſont en quelque façon plus tolerables en l'adultere:
car en l'adultere on corrompt la pudicité, & icy la nature.
Sainct Hieroſme, Ad Furiam de viduitate ſeruanda 192, Quid faciat in
facie Chriſtianæ purpuriſſus, & ceruſſsa (quorum alterum ruborem genarum,
labiorumque mentitur: alterum candorem oris & colli: ignis iuuenum, fomenta
libidinum, impudicæ mentis indicia. Quomodo flere poteſt pro peccatis ſuis,
quæ lachrymis cutem nudat, & ſulcos ducit in faciem? ornatus iſte non Domini
eſt: velamen iſtud Antichriſti eſt, qua fiducia erigit ad cœlum vultus? quos condi-
tor non agnoſcit.
De quoy ſeruent en la face d'vne femme Chreſtienne les
teinctures de pourpre & la cœruſe, l'vne qui fait paroiſtre les ioues ver-
meilles, & les leures : l'autre qui fait paroiſtre le col & le reſte blanc. C'eſt
vn feu pour bruſler la ieuneſſe, c'eſt vn fuſil & des allumettes d'impudicité,
ce ſont des teſmoignages d'vne ame laſciue. Comment eſt-ce que celles-là
pourroient pleurer leurs pechez qui auec leurs larmes deſcouurent leur
peau, & font des ſillons parmy leur face ? ces parures ne ſont pas de Dieu,
c'eſt le voile de l'Antechriſt : auec quelle aſſeurance eſleuez-vous la face
vers le ciel, laquelle Dieu ne reconnoiſtra pas, quoy qu'il l'aye faicte.
S. Ambr. l. I. de virginibus, dit, c'eſt de ces fards qu'elles font pour ne point
deſplaire aux hommes, que naiſſent les allumettes des vices : & adulterants
leur viſage, elles ſongent aux adulteres contre la chaſteté : quelle folie de
changer le pourtraict de la nature, chercher des peinctures; & lors qu'elles
redoutent le iugement de leurs marys, faire paroiſtre le iugement qu'elles
portent d'elles meſmes ? elles monſtrent aſſez l'opinion qu'elles ont d'elles
meſmes, deſirant chãger ce qu'elles ont de nature : ainſi deſirans de plaire à au-
truy, elles ſe deplaiſent auparauant. M'amie pouuons nous chercher vn plus
veri-
S ſ

322
Des obligations des Mariez.
veritable iuge de voſtre laideur que vous meſme qui craignez d'eſtre veue ?
Si vous eſtes belle, pourquoy vous cachez vous ? ſi vous eſtes laide, pourquoy
ſeignez vous d'eſtre belle, voyez le reſte au lieu ſus-allegué, & lib. hexamer.
6. c. 8. où il monſtre ce qu'on doit eſtimer de ces fards, & conclud, Noli tol-
lere picturam Dei, & picturam meretricis aſſumere
, ne reiettés pas l'image de Dieu
pour prendre l'image d'vne femme perdue. Graue est crimen vt putes, quod me-
lius te homo quam Deus pingat. Graue eſt vt dicat de te Deus non cognoſco colores
meos, non agnoſco imaginem meam, non agnoſco vultum, quem ipſe formaui, reijcio
ego quod meum non eſt: illam quære qui te pinxit: cum illo habeto conſortium, ab illo
ſume gratiam cui mercedem dediſti, quid reſpondebis?
C'eſt vn grand crime de pen-
ſer qu'vn homme vous peindra mieux que Dieu. C'eſt vne choſe d'importance
que Dieu ſoit contraint de vous dire ie ne connois pas mes couleurs, ie ne con-
nois pas mon image, ie ne reconnois pas le viſage que i'ay fait : partant ie
reiette ce qui n'eſt pas mien : cherchez celuy qui vous a peinct : faictes alliance
auec luy, demandez la faueur de celuy auquel vous auez donné voſtre mar-
chandiſe, que reſpondrez vous ?
Voyez S. Chryſoſtome hom. 21. ad populum Antioch. 193 & hom. 8. in
Matth. & hom. 40. in Ioan. & hom. 28. in epiſt. ad Hebraeos, & in Gen. hom. 36.
I'obmets pluſieurs autres peres, des paſſages & conceptions deſquels ſur ce
ſubiecte ie pourrois faire vn volume entier.
Les Payens meſme ont condamné ces inuentions & ces fards, Xenophon
Sentimẽs
des payẽs
touchant
le fard.
inuectiue puiſſamment contre in Œconomico. Gallien s'en mocque, in Ex-
hortatione ad bonas artes
, & rapporte cette hiſtoire. Phryne eſtant vn iour
en vn banquet auec pluſieurs autres Dames qui eſtoient fardées, on ſe mit à
iouer ce ieu auquel chacun commande & eſt obey à ſon tour : Phryne ayant
Plaisant
traict de
Phryne.
ſon tour pour commander, ordonna qu'on apportaſt de l'eau, & puis com-
manda que toutes ces Dames trempaſſent leurs mains dans l'eau, & les miſ-
ſent contre leur viſage, & les eſſuyaſſent auec vn linge, & le fit la premiere :
c'eſtoit vn plaiſir de voir comme ce fard ſe liquefioit, apres lequel vous voyiez
des marmottes toutes ridees, qui faiſoient peur au monde, mais Phryne qui
ne ſe ſeruoit point de ſemblables inuentions, paroiſſoit plus belle.
Le Poete dit fort bien à ce propos, Ouid. lib. 2. Faſtorum, parlant de
Lucrece,
Forma placet, niueuſque color, flauique capilli:
Quique aderat nulla factus ab arte color:
Sic ſedit, ſic culta fuit, ſic stamina neuit,
Neglecte collo ſic iacuere comæ.
Les Liures ſont pleins des arreſts de condamnation que la Genti-
lité

323
Des obligations des Mariez.
lité a porté contre ſemblables inuentions.
Pythago-
ras
fait
quitter le
fard aux
Dames.
Or i'ay peur que ny l'authorité des Eſcritures Sainctes, ny le iugement
des Sainctes Peres, ny les arreſts des Payens, n'ayent pas tant de force enuers
les Dames Chreſtiennes, qu'eut Pythagoras le Samien au rapport de Iuſtin
lib. 20. lequel voyant les Dames de ſa ville portées à ſemblables folies fut ſi
puiſſant en ſes perſuaſions qu'elles les quitterent; voire meſme conſacrerent
leurs habits ſomptueux, & leurs atours à la Deeſſe Iunon les donnans à ſon
temple. O Dieu quelles puiſſantes accuſations feront elles contre nos Da-
mes qui ſe diſent Chreſtiennes, & qui pour ſatisfaire à leur vaine curioſité
meſpriſent l'eſcriture, & les ſaints peres !
Les motifs que ie viens d'apporter deuroient eſtre ſuffiſans pour reprimer
leur legereté : en voicy toutefois d'autres que ie les prie de conſiderer.
Le fard
nuit à la
ſanté.
1. Galien libro de medicamentorum compoſitione c. 19 aſſeure qu'il a
veu pluſieurs femmes mortes pour auoir vſé de ſemblable fard, & s'eſtre
refroidi la teſte. Quoy meſdames ſerez vous meurtrieres de vous meſmes ? &
quel compte aurez vous à en rendre deuant Dieu !
Eſt vn ſi-
gne d'im-
pudicité.
2. Ie veux que vous ſoyez chaſtes, & honneſtes; cette curioſité & vanité
donne occaſion à ceux qui vous voyent de penſer le contraire.
Combien de temps perdu en ſemblables ſottiſes duquel vous deurez
ſatisfaire à la iuſtice Diuine.
4. Si vous le faictes pour attirer les hommes à mal, il eſt manifeſte que
c'eſt vn grand peché : quand bien vous n'auriez pas cette intention, & vous ne
chercheriez que de ſatisfaire à voſtre vanité, & legereté, ſi ne laiſſez vous
ſouuent de donner occaſion de mal & de conuoitiſe à ceux qui vous voyent,
& que vous trompez par ſemblables hypocriſies. Qui vous voyent, & vous
admirent ornées comme des poupées, dorées comme des beaux lambris, &
au deſſous de ces ornements & de cet or & de ces fards, ce n'eſt que foin, &
pourriture.
Si telle vanité eſt blaſmable en des filles, beaucoup plus en des vieilles
toutes ridées, & decrepites, qui affectent cependant de paroiſtre ieunes, & auſ-
quelles on pourroit bien dire ce que diſoit Protagoras à vne. Si ad viros, fal-
leris: ſi ad ſepulchrum, ſatis ornata es
, m'amie ſi vous vous fardez pour plaire aux
Choſes in-
tolerables
aux hom-
mes de ſe
tant parer
& farder.
hommes, vous vous trompez : ſi c'eſt pour vous enſeuelir, vous eſtes aſſez pa-
rées. Mais en des hommes c'eſt choſe intolerable, qu'eſtans nez pour choſes
plus grandes ils employent & raualent leurs eſprits à ces legeretez de fem-
mes. Et deuiennent femmes en leurs fards, en leurs cheueux, en leurs poul-
dres, en leurs mœurs & deportemens. Il faudroit maintenant vn Empereur
Aurelian
pour leurs en faire defence ou renouueller celle qu'il leurs fit au-
trefois, la tolerant aux femmes. Au rapport de Vopiſch Syracuſuis. Mon diſ-
cours n'eſt pas maintenant pour les hommes ſi r'apporteray-ie en paſſant : le
ſentiment
S ſ 2

324
Premier Traite’
ſentiment des anciens touchant cela. Philippe pere d'Alexandre auoit fait
Philippe
depoſe vn
iuge d'au-
tant qu'il
ſe fardoit.
iuge quelqu'vn des amis d'Antipater, mais ayant appris qu'il coloroit ſa bar-
be & ſes cheueux, le priua de ſa charge diſant, puis qu'il eſt hypocrite & trom-
peur en ſes cheueux, comment pourra-t-il eſtre ſincere au gouuernement de
la iuſtice ? Plutarq. in Apoph.
Archidamus Roy des Lacedemoniens, s'eſtant apperceu qu'vn certain
Archida-
mus
reiet-
te vn am-
baſſadeur
fardé
ambaſſadeur qui eſtoit venu à la ville pour quelque commiſſion, ſe coloroit
la barbe & les cheueux pour ne paroiſtre ſi vieil, ne voulut l'eſcouter, mais
dit, que peut dire de bon ce reſueur, puis qu'il a non ſeulement l'eſprit fardé,
mais encore la teſte. Aelianus l. 8. variar. hiſtoriar. & vous me perſuaderez
que ces muguets194 feront quelque choſe de grand aux occaſions, qui mon-
ſtrent en leurs actions, que leur ame eſt totalement feminine.
Diogene ayant rencontré vn ieune homme bien friſé & poudré, luy dit,
non te pudet deterius quam naturam de te ipſo statuere? illa enim te virum fecit, tu
teipſum refingis in mulierem
, n'eſtes-vous pas honteux de vous traicter plus in-
dignement que n'a fait la nature ? la nature vous a fait homme, & vous vous
faites femme. Laertius.
Zenon eſtant en vne compagnie où il y auoit vn ieune homme parfumé,
tout eſtonné, commença à s'eſcrier, quis mulierem olet? qui eſt-ce qui ſent la
femme ? pour monſtrer que ces ſottiſes ſont plus propres à des femmelettes,
qu'à des hommes. Laertius. Syneſius tient les ieunes hommes qui ont des
longs cheueux, & en ont ſi grand ſoing, pour des garcilleux195, oratione de cal-
uitio
. Si cela eſt vray, le nombre en eſt bien grand maintenant, puis qu'on ne
peut tantoſt plus reconnoiſtre les hommes d'auec les femmes, à la longueur
des cheueux & à l'artifice qu'on y apporte196.
Ie concluray ce chapitre par l'hiſtoire que rapporte Camerarius, cent. 2.
horar. ſucciſ. c. 38. Il dit que Dominique Syluius, Duc de Veniſe, auoit vne
femme qui eſtoit ſœur de Nicephorus Botoniata, Empereur des Grecs, ad-
mirable en beauté, mais ſi eſperduement addonnée aux fards, dont elle ſe
ſeruoit ordinairement : elle eſtoit bien ſi delicate, que iamais elle ne lauoit
Puanteur
d'vne Du-
cheſſe de
Veniſe.
ſes mains, ny ſa face, qu'auec de l'eau de roſée, ou de roſes, ne mangeoit cho-
ſe quelconque qui ne fut auparauant haché, & ne touchoit ce qu'elle man-
geoit qu'auec vne fourchette d'or : mais par vn iuſte iugement de Dieu, elle
tomba en vne maladie ſi puante, que perſonne ne la pouuoit ſupporter, &
pourrit en ce miſerable eſtat. Les medecins iugerent que c'eſtoit vn effect de
ſes fards & de ſa trop grande delicateſſe197: encore vaudroit-il mieux mourir
en cette pourriture & y faire vne bonne penitence pour ſes legeretez, que
bruſler à iamais ſans eſperance de mieux.
En

325
Des obligations des Mariez.

Filet cadre, rayé.
En quoy conſistent les vrays ornemens des Chreſtiens.

CHAPITRE XVII.

Vrays
ornemens
des fem-
mes.
TErtullian permet aux Dames de ſe parer, mais voicy les atours qu'il leurs
donne, li.de cultu fœminarum198 in fine199, prodite vos iam medicamentis,
& ornamentis exſtructæ Apoſtolorum, ſumentes de ſimplicitate candorem, de pudicitia
ruborem, depictæ, oculos verecundia, & ſpiritus taciturnitate, in ſerenentes in aures ſer-
monem Dei, annectentes ceruicibus iugum Christi: caput maritis ſubiicite: & ſatis orna-
tæ eritis: manus lanis occupate; pedes domi figite; & plus quam in auro placebunt: ve-
ſtite vos ſerico probitatis, byſſino ſanctitatis, purpura pudicitiæ, taliter pigmentatæ Deũ
habebitis amatorem.
Faites-vous voir parée des atours des Apoſtres, auec la
blancheur de ſimplicité : la rougeur de pudicité : les yeux chargez de vergon-
gne : la bouche de ſilence, pour pendans d'oreilles, vous aurez la parole de Dieu:
pour eſpaulieres, le ioug de Ieſus-Chriſt : pour ornement de teſte, l'obeyſſance
à vos marys : vous voila aduantageuſement parées : que vos mains manient
la laine; vos pieds ſoient arreſtez à la maiſon; & ils ſeront plus beaux que s'ils
eſtoient reueſtus de fin or : pour robbe, vous aurez la ſoie de bonté, le fin lin
de ſaincteté, la pourpre de pudicité : auec ces ornemens, vous attirerez Dieu à
voſtre amour.
S. Chryſoſtome hom. 21. ad populum, dit choſe ſemblable, voulez-vous,
dit-il, bien parer voſtre face ? parez-la non de pierreries, mais de modeſtie, &
d'honneſteté, & lors voſtre mary vous aymera : les atours empruntez de la
terre, comme l'or, l'argent, pierreries, fards, cauſent ſouuent la ialouſie, des
differents, des inimitiez, & querelles : mais les atours empruntez de la mode-
ſtie, & de la miſericorde, chaſſent tout meſchant ſoupçon, rendent la femme
aymable : ce qui rend vne perſonne belle & agreable n'eſt pas tant la beauté
naturelle, la proportion & belle couleur, comme l'affection : or rien n'engen-
dre mieux l'affection que la modeſtie & l'honneſteté. Parez-vous de modeſtie,
d'honneſteté, de miſericodre enuers les pauures : de douceur, de charité : d'am-
our enuers voſtre mary : de manſuetude, de benignité, de patience : voila les
couleurs de la vertu qui vous rendront recommandables, non à quelques
Le mary
vertueux
eſt l'or-
nement
d'vne
femme.
hommes, mais aux Anges, & à Dieu meſme, & eſtant agreable à Dieu, vous
plairez à vos marys.
La femme de Phocion eſtant vn iour en vne compagnie de pluſieurs no-
bles matrones, on luy demanda pour quoy elle ne portoit point d'habit d'or
comme
S ſ 3

326
Premier Traite’
comme faiſoient toutes les autres qui eſtoient de ſa qualité, voire aucunes
de moindre qualité : elle reſpondit fort ſagement que la vertu de ſon mary la
paroit aſſez : ouy, le plus bel ornement d'vne dame, eſt auoir vn mary recom-
mandable pour ſa vertu, & l'imiter.
Sainct Iean Baptiſte a eſté loué de noſtre Seigneur pour la pauureté de ſes
Habit de
S. Iean Ba-
ptiſte
, &
des premiers
Chreſtiẽs.
habits, & le mauuais riche damné pour la vanité des ſiens : les habits des pre-
miers Chreſtiens nous ſont repreſentez par S. Paul, Hebræ II. Circuierunt in
melotis, in pellibus caprinis
, ils ont cheminé ça & la veſtus de peaux de brebis, &
de cheures.
Le ſigne que les Anges donnerernt pour reconnoiſtre Ieſus-Chriſt en ſa
Les ſignes
de Ieſus-
Chriſt sõt
des langes
viles.
venue au monde ne fut, ny des habits magnifiques, ny vn palais ſuperbe, ny
des riches tapiſſeries, ny ſemblables magnificences : mais des langes, vne
eſtable,vne creche : Hoc vobis ſignum, inuenietis infantem pannis inuolutum, & po-
ſitum in præſepio
, S. Bernard ſerm. 4. de natiuitate Domini, non ſine certa ratione
myſterij pannis Saluator obuoluitur, quando id manifestè in ſignum commendatur ab
Angelo, hoc ait vobis ſignum. In signum poſiti ſunt panni tui Domine Jeſu, ſed in ſig-
num cui à multis contradicitur, vſque hodie, multi enim vocati, ſed non multi electi, &
ideo nec ſignati. Agnoſco certè, agnoſco Ieſum ſacerdotem magnum, ſordidis opertum
veſtibus dum altercaretur cum diabolo: exemplum autem dedit nobis, vt quemadmo-
dum ipſe fecit, & nos faciamus: vtilior ſi quidem in conflictu lorica ferrea, quam ſtola
linea, licet oneri ſit illa, hcæ honori.
Ce n'eſt pas ſans bonne raiſon que noſtre Sau-
ueur eſt enueloppé de langes, puis que c'eſt le ſigne que l'Ange donne. Ah Seig-
neur Ieſus, vos langes ſont ſignes, mais ſignes auſquels pluſieurs contrediſent
maintenant, pluſieurs ſont appellez, & peu de choiſis : peu qui portent voſtre
liurée. Ie reconnois, ie reconnois Ieſus le grand preſtre, couuert de vieux
haillons, lors qu'il combat auec le diable : mais il nous a donné exemple,
afin que nous faiſons comme il a fait. Lors qu'on combat, vn habit de fer eſt
plus vtile qu'vn de lin, quoy que l'vn charge, & l'autre honore & pare.
Indecent
que les
hommes
ſe parent
curieuſe-
ment.
Seneque dit, epiſt. 51. qu'il ne faut pas attendre des grandes proueſſes de
ces ieunes muguets200, friſez, goffrez, parfumez enioliuez: in primo deficit puluere
ille nitidus, & unctus
, à la premiere allarme ces beaux meſſieurs perdent courage,
& trouuent plus d'aſſeurance à leurs pieds, qu'à leurs mains, ny à leurs habits.
Cela eſt veritable, & c'eſt choſe indecente de voir des hommes s'amuſer à
ſemblables folies, paſſer les heures entieres à ſe releuer la mouſtache, à ſe fri-
ſer, & enioliuer, exercice indigne totalement de la generoſité201 d'vn homme,
ce n'eſt pas eſtre homme, c'eſt eſtre effeminé.
Sint procul à nobis inuenes, vt fœmina compti, dit vn Poete, arriere ces ieunes
hommes parez comme des fillettes.
Mais

327
Des obligations des Mariez.
Mais il faut accorder quelque choſe aux Dames, & principalement aux
filles qui ſont à marier, & qui ſe doieunt rendre agreables aux yeux des hom-
Folie des
peres qui
parent ſi
curieuſe-
mẽt leurs
filles.
mes, pour trouuer bon party. C'eſt icy la folle perſuaſion des peres & meres,
qui croient ſouuent que l'aduancement & le bon-heur de leurs fillesdepend
de leurs habits, & de les faire voir à tous venans & allans, & de les expoſer
comme à vente : ainſi font les Parents, en la façon que deſcrit Tertullian, l. de
habitu mulier
202, c. 5. Breuiſſimis loculis patrimonium grande profertur, vno
lino decies ſeſtertium inſeritur; ſaltus, & inſulas tenera ceruix fert: graciles aurium
cutes Kalendarium expendunt: & in ſiniſtra per ſingulos digitos de ſaccis ſingulis ludit:

dans des petites boiſtes, on met en ioyaux la meilleure part de tout ſon bien,
vne enfilure de perles vaut vingt-cinq mille eſcus, on porte au col tout ce que
peuuent valoir les bois & les iſles : les pendans d'oreilles eſpuiſent tout le re-
uenu tant des mois, que des ans : & les bagues des doigts vallent plus que les
Ornemẽs
de filles.
ſacs pleins d'or & d'argent : voila la ſottiſe des peres & meres qui ſouuent
s'appauuriſſent pour vendre leurs filles.
Mais c'eſt pour les faire voir & les marier, ouy les faire voir, eſcoutez le
meſme Tertullian, lib. de velandis virginibus 203, c. 15. Omnis publicatio virginis
bonæ, ſtupri paſſio eſt
, quand vous faictes voir voſtre fille, vous mettez ſon hon-
neur au hazard : ſi elles paroiſſent, que ce ſoit auec les ornements de la mode-
ſtie, de pudeur, de douceur, de ſilence, ſouuent ces beaux atours ſont comme
vn beau tapis de Turquie qui couure vn fumier puant : ſoubs ces atours,
tant de paſſions deſreglées : tant de cholere, d'impatience, de preſomption,
de vanité, de deſobeyſſance, &c. Les vierges folles auoient leurs lampes bien
nettes & polies exterieurement, mais au dedans point d'huile, auſſi n'eurent-
elles l'honneur d'entrer en la chambre des nopces : tant de petites folles qui
ſont commes des deeſſes à l'exterieur, pas vn grain de beauté, pas vne goutte
d'huile de douceur & de miſericorde au dedans : auſſi ſouuent Dieu les priue
de leur eſperance, & les laiſſe ſans maris, pluſieurs les dedaignent, apprehen-
dant qu'elles leurs couſteroient trop à entretenir braues.
La fille
doit eſtre
miſeri-
cordieu-
ſe.
L'Eſcriture Saincte remarque que Rebecca vint à la fontaine puiſer de
l'eau, puis en donna au ſeruiteur d'Abraham, & à ſes chameaux, & ainſi trou-
ua vn bon mary, ce fut le moyen par lequel elle fut choiſie eſpouſe d'Iſaac. Si
vous voulez que voſtre fille trouue vn bon mary, faites qu'elle puiſe de l'eau
de deuotion dans la fontaine qui eſt Ieſus Chriſt, qu'elle en donne au pauure
neceſſiteux. Innupta virgo cogitat quæ Domini ſunt, vt ſit ſancta: qu'elle penſe à ce
qui appartient au ſeruice de Dieu, à ce qu'elle ſoit ſaincte. Ce qui eſleua Eſter
à l'honneur d'eſtre eſpouſe du Roy Aſſuerus ne furent pas ces atours, car
l'eſcriture remarque que, non quæſiuit ornatum muliebrem, qu'elle les meſpriſa,
ce fut ſon humilité : ce qui fit repudier Vaſhti fut ſa ſuperbe.
Non, non, il faut auoir maintenant vne nouuelle Theologie, il faut immo-
ler

328
Premier Traite’
ler les filles à la vanité, aux yeux des ieunes hommes, à Venus, au Diable, pour
les aduantager, pour les marier, immolauerunt filios ſuos, & filias ſuas Dæmonijs,
faut les contraindre à ſe parer, & ſe faire voir quand elles ne voudroient pas,
faut s'accommoder à la mode.
Punition
de Præ-
textata
pour
auoir pa-
Euſto-
chium
.
Ie croy que vous n'ignorez pas l'histoire eſpouuantable de Prætextata,
tres-noble Dame, rapporté par ſainct Hieroſme Epiſt. ad Lætam. Hymetius
oncle d'Euſtochium commanda à Prætextata ſa femme de parer la petite
Euſtochium à la mode, de l'habiller pompeuſement, luy releuer ſes cheueux à
la façon mondaine, contre la reſolution de cette vierge, & de ſa mere, elle le
fit : mais la nuict elle vit vn Ange qui venoit à elle auec vne voix effroyable
la menaçant, & luy diſant quoy ! vous auez eſté ſi hardie que de preferer le
commandement de voſtre mary à celuy de Ieſus Chriſt : vous auez eu la har-
dieſſe de mettre vos mains ſacrileges ſur la teſte de cette vierge, eſpouſe de
Dieu ! ſçachez qu'elles ſeicheront tout maintenant, afin que vos tourments
& punition vous facent voir la faute que vous auez commis : & d'icy à cinq
mois vous ſerez abyſmée en enfer : que ſi vous continuez en voſtre crime,
Dieu vous oſtera, & voſtre mary, & vos enfans. Tout cela arriua comme il
Sentimẽt
de Tho-
mas Mo-
rus
tou-
chant la
curioſité
des filles.
auoit eſté predit, & la mort ſoudaine qui arriua à cette miſerable Dame, fut
ſigne de ſon impenitence. Sic vlciſcitur Chriſtus violatores templi ſui, ſic gemmas
& pretioſa ornamenta defendit.
Voila comme Dieu punit ceux qui violent ſon
temple, voila comme il defend les pierreries, & ornemens pretieux, conclud
S. Hieroſme.
Vous contraignez vos filles de porter des habits pliſſez, bourrez, deſchi-
quetez, chargez de pierreries, de chaines, elles portent des morts ſur leurs
teſtes, des ponts leuis attachez aux pieds, employent quaſi la moitié de leur
Le ſoin
des peres
doit eſtre
de garder
leurs fil-
les.
vie à ſe peigner & plaſtrer le viſage. Si ce grand chancelier d'Angletere Tho-
mas Morus
viuoit encore il vous diroit ce qu'il dit vn iour à vne Damoiſel-
le qui prenoit beaucoup de peine à adiancer ſes cheueux pour faire paroiſtre
son front plus hault, & ſe ſerroit pour paroiſtre moins groſſiere : Madamoiſelle
Dieu vous fera grand tort s'il ne vous donne l'enfer pour cette grande peine
que vous prenez. Il adiouſta qu'il eſtoit tres-aſſeuré, que pluſieurs prenoient
beaucoup de peine pour ſe damner, qui pourroient gaigner le ciel auec la
moitié d'autant de peine.
Vous auez tant de ſoin de faire voir vos filles, voſtre plus grand ſoin
deuroit eſtre de les bien garder, car comme dit Le Sage Ecli. 26. Colum-
næ aureæ ſuper baſes argenteas & pedes firmi, ſuper plantas ſtabilis mulieris.

Tout ainſi qu'il n'y a rien de plus beau que des colomnes d'or ſur des baſes
Peincture
d'vne fil-
le qui ne
vaut rien.
d'argent, rien de plus riche ny de plus ſolide : ainſi rien de plus beau, ny de
plus pretieux, qu'vne femme graue & modeſte, & qui ſe contient en la
maiſon. Voulez-vous voir la peincture d'vne fille ou femme qui ne vaut rien ?
Elle

329
Des obligations des Mariez.
Elle eſt d'vn excellent peinctre, c'eſt Salomon Prouerb. 7. Mulier ornatu me-
retricio præparata ad capiendas animas, garrula & vaga, quietis impatiens, nec
valens in domo conſiſtere pedibus ſuis.
Bien parée pour attraper les ames, vne ca-
quetiere, vagabonde, inquiete, ne pouuant ſe tenir à la maiſon. Ou comme
dit S. Paul I. ad Timoth. 5. Otioſæ diſcunt circuire domos, oiſeuſes, qui ne ſauent
autre meſtier que de trotter de maiſon en maiſon, & de place en place.
C'eſt vn
bon doſt à
vne fille
que la re-
tenue.
L'Eſpouſe au Cantique 8. eſtant deſja mariée, eſtoit en peine de ſa ſœur
qui ne l'eſtoit pas encore, & diſoit ſoror noſtra paruula eſt, & vbera non habet,
quid faciemus ſorori noſtræ in die quando alloquenda eſt?
noſtre ſœur eſt en-
core petite, elle n'a point de mammelles, que ferons nous d'elle, lors qu'il
faudra luy parler ? comment la marierons-nous ? quelle doſt luy donne-
rons nous ? voicy ce que reſpond l'Eſpoux, ſi murus eſt ædificemus ſuper cum
propugnacula argentea
, c'eſt à dire, tenons la bien fermée dans la maiſon,
entre quatre murailles, que ſi les murs ſont fendus, ou ſe ruynent, faut les
reparer de peur qu'on ne la voye, & quand il faudroit boucher les trous
auec de l'argent, & faire grande deſpence, ne faut rien eſpargner : ſi ostium
eſt compingamus illud tabulis cedrinis
: ſi la porte a des fentes par leſquelles
elle puiſſe parler, ou eſtre veue, faut les boucher, quand il faudroit le
faire auec du bois de cedre. Voila le meilleur doſt que nous ſçaurions luy
preparer, elle ne manquera pas d'honneſte recherche lors qu'on ſçaura
qu'elle eſt honneſte & bien gardée. Ces paroles ſont les paroles de l'Eſpoux
auquel l'Epouſe reſpond, Ego munus, & ubera mea turris ex quo facta ſum co-
rum eo pacem reperiens.
Vous auez raiſon, quant à moy i'ay eſté eſtroittement
gardée, eſtant fille, & i'ay eu l'honneur d'eſpouſer vn ſi grand Roy. O le bon
doſt, que la retenue & modeſtie d'vne fille !
Comme la
vertu des
filles les
rend ai-
mables.
S. Iean Damaſcene en l'hiſtoire de Barlaam & de Ioſaphat, confirme ce
que deſſus par vne belle hiſtoire ou parabole. Vn homme fort riche vou-
lant marier ſon fils, luy chercha vne fille tres-belle, tres noble, & tres-
riche, mais le ieune homme n'ayant point d'affection pour elle (peut eſtre
manquoit-elle au principal, ſçauoir d'eſtre vertueuſe & ſage) ſe deſroba de
la maiſon de ſon pere, pluſtot que de l'eſpouſer contre ſon gré : comme il
alloit par pays vn iour qu'il faiſoit grand chaud, il s'arreſta proche de la
maiſon d'vne bon homme de village, iuſques à ce que la chaleur fuſt paſſée.
Ce bon homme auoit vne fille vnique, laquelle eſtoit au deuant de la mai-
ſon trauaillant, chantant & louant Dieu, & luy rendant mille actions de gra-
ce. Le ieune homme prenoit vn ſingulier plaiſir à l'entendre, & apres l'a-
uoir entendu bien long-temps, luy dit m'amie ie m'eſtonne de tant d'actions
de graces que vous rendez, mais dictes-moy, ie vous prie, à qui ? & pour-
quoy ? ie n'en vois pas grand ſubiect : puis que vous eſtes pauure, & fille
d'vn
T c

330
Premier Traite’
d'vn pauure homme. Lors la fille luy reſpondit auec vne modeſtie Angeli-
que, & vne pudeur Archangelique : Monſieur, toute ainſi qu'vne petite me-
decine deliure quequefois de grandes maladies, de meſme les actions de
graces pour des petits dons receus de Dieu, font ſouuent accroiſtre ſes libe-
ralitez : Il eſt vray que ie ne ſuis autre choſe que fille d'vn pauure vieillard,
ie ne laiſſe pourtant de rendre grace à Dieu pour ces petits biens qu'il m'a
fait, ſur l'aſſeurance que i'ay que celuy qui m'a donné ce peu, me peut donner
beaucoup : mais à vray dire, ces choſes exterieures ne ſont proprement no-
ſtres, qui ſouuent nous nuiſent, & ſont communes aux bons & aux meſchans;
& qui nous ſeront rauies par la mort, & que veuillions ou non, il faut enfin
quiter. I'ay receu des beaucoup plus grands biens que ceux-là, comme que
Dieu m'a fait à ſon image, qu'il m'a doué de raiſon; m'a fait Chreſtienne,
m'a donné la connoiſſance de ſoy-meſme, m'a creée capable de ſa grace, &
de ſa gloire : voila le ſubject de mes actions de grace.
Le ieune Seigneur rauy de la ſageſſe & prudence de cette fille, pria le
bon vieillard ſon pere de la luy donner pour eſpouſe, diſant que ſa ſageſſe
luy auoit rauy le cœur, & ſon affection; mais le bon vieillard tout eſtonné
de cette demande, Quoy, dit-il, mon bon Monſieur, ma fille ! vous qui
eſtes vn grand Monſieur, & ma fille vne paure villageoiſe : vous qui eſtes
fort riche, & elle qui n'a rien, voſtre eſpouſe ! vous vous mocquez de moy
& d'elle. Non deâ, dit ce ieune Seigneur, ie parle à bon eſcient, elle eſt
aſſez noble eſtant ſi ſage, aſſez riche eſtant ſi bien inſtruitte & ſi deuote,
c'eſt ſa pieté & ſageſſe que ie recherche. Allez Monſieur, luy dit le bon
vieillard, paſſez voſtre chemin, ie n'ay garde de vous donner ma fille, ie
n'ay qu'elle, elle eſt toute ma conſolation, & tout mon appuy, quand
vous l'auriez eſpouſé, vous la meneriez dans les grandes villes, vous en
ſeriez vne grande Dame, & vous me lairiez tout ſeul, dans ma pauure
maiſonnette. Non dit le ieune homme, ie vous iure ſur ma foy, que ſi vous
me la donnez, ie demeureray auec vous, & m'accommoderay à voſtre façon
de vie : auſſi toſt il quita ſes habits pompeux, prit vn meſchant hocqueton
du bon vieillard, ſe mit à trauailler auec luy : le bon vieillard luy fit faire
comme vn nouitiat, eſprouua ſa conſtance, & la ſyncerité de ſon affection, &
connoiſſant que ce qu'il en faiſoit n'eſtoit pas ny par legereté de ieuneſſe,
ny par aueuglement d'amourettes; mais qu'il faiſoit plus d'eſtat de la ſageſſe,
modeſtie, pieté, bonne nourriture, que des pompes, des richesſſes, & de la
nobleſſe, prit le ieune homme par la main, le mene en vne arriere chambre,
luy fit voir des grands treſors, & luy dit Monſieur, voila le doſt de ma fille,
que ie vous donne, & tout ce que i'ay & enfin il ſe trouua le plus riche de
toute cette contrée. O le riche & pretieux doſt que la vertu !
Si

331
Des obligations des Mariez.
Si les filles vouloient, outre qu'elles ſe rendroient recommandables par
leurs vertus, & trouueroient des tres-bons partis elles reformeroient les
Ludoui-
cus viues
.
ieunes hommes : on raconte d'vne certaine ville qu'eſtant fort desbauchée
elle fut reformée par le moyen des filles : elles s'adonnerent à bon eſcient
à la vertu, meſpriſerent tous ceux qui les recherchoient en mariage, s'ils
Des filles
qui refor-
merent v-
ne ville.
n'eſtoient deuots & modeſtes, ce qui fut vn moyen tres-puiſſant pour ex-
tirper le vice, & eſtabllir le royaume de la vertu, de ſorte qu'en peu de
temps on vit la ville toute renouuellée, ô que pleut-il à Dieu qu'on vit cet-
te ſaincte coniuration en pluſieurs villes ! on n'y verroit pas tant de pau-
ures trompez & trompées, nous ne reſſentirions pas tant de verges du ciel
que ſouuent Dieu enuoye pour punition du luxe, & pour chaſtier les diſſo-
lutions de la ieuneſſe, &les curioſitez & vanitez des Dames.
Dieu ap-
paiſé par
les habits
rudes.
Le moyen par lequel ie trouue que Diue a eſté ſouuent appaiſé, a eſté
tout contraire à celuy dont nos Dames ſe ſeruent maintenant, Exod. 22.
le peuple au deſert ayant commis ce peché que Moyſe appelle maximum,
tres grand; adorant le veau d'or, & voyant Dieu courroucé, & foudroyant
ſes menaces, luxit, & nullus ex more indutus eſt cultu ſuo, prit des habits de
deuil, quita toute pompe & ornement. Au 3. des Roys 21. Dieu porte ſen-
tence de mort contre l'impie Achab, il ſe couure d'vn cilice, saupoudre
ſa teſte de cendres, & Dieu modere ſa ſentence. Le pauure qui veut obtenir
quelque aumoſne, n'a garde de paroiſtre dans la piaffe204, il ſe reueſte de
drilles, monſtre ſes playes; & vous obtiendrez la miſericorde de Dieu de
laquelle vous auez ſi grand beſoin pour vos desbordemens ! paroiſſant
deuant luy plein de faſte ! Voyez comme les Niniuites obtiennent la miſeri-
corde de Dieu, & font caſſer l'arreſt de condamnation fulminé contre eux,
c'eſt quitans la ſoye & la pourpre, endoſſant les ſacs, ſe couurans de cen-
dres, voire meſme le Roy.
On ne
pouuoit
s'appro-
cher du
Roy de
Perſe qu'e-
ſtant ha-
billé pom-
peuſement.
Noſtre Seigneur dit que ceux qui s'habillent pompeuſement & molle-
ment ſont aux cours des Roys : il eſt bien vray que ceux qui vouloient
s'approcher du Roy de Perſe, ne le pouuoient faire qu'eſtans habillez
pompeuſement, mais Daniel a bien vn autre ſentiment du Roy du ciel
duquel voulant s'approcher, ne le fait ſinon in ieiunijs, ſacco, & cinere,
auec le ieuſne, le ſac, & les cendres, & c'eſt par ces moyens qu'il obtient
la deliurance de ſon peuple, Daniel 9. C'est par le meſme moyen qu'Esther
obtient le pardon de ſon peuple, cum depoſuiſſet veſtes regias, fletibus & luctui
apta veſtimenta ſuſcepit, cinere & ſtercore impleuit caput, & corpus ſuum humi-
liauit ieiunijs:
Eſther 14. ayant mis bas les habits royaux, elle prit des ha-
bits de penitente & de deuil, jetta des cendres & de l'ordure ſur ſa teſte,
& dompta ſon corps par jeuſnes.
Ce
T t 2

332
Premier Traite’
Ce ſont ces armes deſquelles ſe fortifie Iudith voulant entrepren-
dre la deliurance de ceux de Bethulie, Iudith 4. & Ioſué voulant appai-
ſer la iuſtice de Dieu, & obtenir ſon aſſiſtance & faueur contre ſes enne-
mys, Ioſué 7. Si nous ne voulons appaiſer le ciel par des habits de peni-
tens, au moins ceſſons de le prouoquer à la continuation de ſes cour-
roux par nos habits de courtiſanes, mais de vanité, mais d'arrogance,
mais d'ambition, mais de proſtitution.
Pour conlucſion de tout ce Traité ie diray auec Le Sage, Eccli. 26.
mulieris bonæ beatus vir, bien-heureux l'homme qui a rencontré vne
bonne femme : il ne dit pas vne belle femme, puis qu'Eue eſtoit belle,
& cependant elle n'a pas laiſſé d'eſtre cauſe du mal-heur de ſon mary,
de le trahir & couper la gorge à tous ſes enfans : il ne dit pas cajoleuſe &
flateuſe : Dalila l'eſtoit, elle a cependant rendu Samſon mal-heureux, le
faiſant le jouet de ſes ennemys, & le liurant à la mort. Il ne dit non plus affe-
tée, puis que Berſabée auec ſes affectations & attraits a perdu Dauid le
Sainct, & l'a quaſi damné : quoy donc ! riche ? Helas Iezabel riche a eſté
cauſe de l'infortune du Roy Achab ſon mary. Ouy, ouy, mulieris bonæ bea-
tus vir.
Heureux le mary qui a trouué vne bonne femme. Que ce mot em-
porte beaucoup : bonne, craignante Dieu, douce, accorte, debonnaire,
miſericordieuſe, modeſte, ſaincte, diligente, patiente, obeyſſante, meſ-
nagere, prudente, vigilante. Mais mulierem fortem quis inueniet? où la trou-
uerez vous ? voicy l'endroit où vous la trouuerez, domus & diuitiæ dantur à
parentibus à Domino autem propiè vxor prudens
, Prouerb. 20. ce ſont les
peres & meres qui donnent les maiſons, & les richeſſes, mais c'eſt de Dieu
qu'il faut attendre vne bonne femme, & partant c'eſt à luy qu'il faut auoir
recours, non aux yeux, non à la paſſion, non aux richeſſes, non aux habits,
non aux charmes, & choſes ſemblables.



Vignette orné.

De



333
Des obligations des Mariez.

Filet cadre, rayé.

De l'amour de la femme enuers ſon mary.

CHAPITRE XVIII.

L'amour
enjoinct
principa-
lement au
mary.
QVoy que l'amour ſemble laiſſé à l'homme par ordonnance diuine
portée dedans les Eſcritures ſainctes en pluſieurs endroits, & nommé-
ment aux Epheſ. 5. Viri diligite vxores vestras, marys aimez vos femmes, aux
Coloſſ. 3. & ailleurs, ſans faire mention de la premiere inſtitution du maria-
ge, propter quod relinquet homo patrem & matrem, & adhærebit vxori ſuæ, &
erunt duo in carne vna
, l'homme quitera pere & mere pour demeurer auec ſa
femme, & ſeront deux en vne chair : ce qui ne peut eſtre ſelon Dieu, & con-
formement à ſa volonté & ordonnance ſans que le mary aime ſa femme.
L'obeyſ-
ſance pro-
pre à la
femme.
Quoy que l'obeyſſance eſt comme la taſche de la femme, mulieres viris
ſuis ſubditæ ſint
, que les femmes ſoient ſubjectes & obeyſſantes à leurs ma-
rys Epheſ.. 5. Mulieres ſubditæ eſtote viris, Coloſſ. 3. qui ſont ordonnances
confirmatiues de celle qui a eſté promulgée immediatement de Dieu, Gen.
3. Sub viri poteſtate eris, & ipſe dominabitur tui. Tu ſeras ſouz le pouuoir de
ton mary, il te commandera. Quoy qu'en en ſuite de cette obeyſſance la
femme ſoit obligée de craindre ſon mary, ſuiuant le commandement de
Dieu publié par S. Paul, Epheſ. 5. Vxor timeat virum ſuum. Ce que S. Hie-
roſme
explique de la reuerence & honneur. Toutefois la femme ne doit pas
penſer qu'elle ſoit exempte de la loy d'amour enuers ſon mary.
L'obeyſſance que la femme doit à ſon mary par ordonnance diuine
n'eſt pas vne obeyſſance d'eſclaue, mais de compagne, vne ſubiection rai-
ſonnable, du moins parfait, au plus parfait : comme à celuy qui la doit
gouuerner, & qui à cet effect eſt doué de plus grande prudence. Cette crain-
te n'eſt pas vne crainte feruile, mais coniugale, vne reuerence & reſpect
ſocial; & qui ne voit que ny telle obeyſſance, ny telle crainte ne peuuent
ſubſiſter ſans amour ? cauſe pourquoy le meſme S. Paul ad Titum205 2.
commande à Titus d'exhorter les femmes d'aimer leurs marys, vt vires
ſuos ament
.
Les raiſons par leſquelles i'ay prouué que le mary eſt obligé d'aimer
ſa femme, au chap. 6. du ſecond liure, prouuent pareillement que la femme
eſt obligée d'aimer ſon mary : elle y a encore cette obligation particuliere,
que
T t 3

334
Premier Traite’
que le mary eſt ſon chef, obligé de la conduire, & en cette qualité de chef
d'influer à ſon gouuernement, & partant la femme eſt obligée de l'aimer
comme ſon chef & partie principale : & d'autant plus que l'vnion qu'ils ont
par enſemble eſtant vne vnion toute d'amour, elle ne peut ſubſitſter ſans
amour reciproque. Ie m'en vay monſtrer quelques conditions que doit
auoir cet amour.
L'amour
doit rendre
la femme
conforme
à ſon ma-
ry.
I'ay dit parlant de l'amour du mary enuers ſa femme, que Salomon com-
pare le mary au cerf, & la femme à la biche, cerua gratiſſima, la biche eſt vn
animal docile, amiable, facile à appriuoiſer, & eſtant appriuoiſée fort agrea-
ble. L'amour de la femme ſe doit faire paroiſtre enuers ſon mary en ſa do-
cilité, ſuauité, bonté, ſubmiſſion, comme vne biche s'accommodant aux hu-
meurs de ſon mary : l'Eſpoux celeſte Cant. 8. dit à ſon Eſpouſe, pone me vt ſi-
gnaculum ſuper cor tuum, vt ſignaculum ſuper brachium tuum, quia fortis vt mors di-
lectio
, imaginez vous que ie ſuis vn cachet, & que vous eſtes vne cire molle,
& partant mettez moy ſur voſtre cœur, & ſur voſtre bras, imprimez moy
principalement ſur ces deux parties, afin que vous ſoyez ma viue image, & vn
autre moy-meſme, que vous me reſſembliez en amour, en vie, en tout, com-
me la choſe ſcellée reſſemble le cachet, & cela ne vous ſera pas fort diffi-
cile à faire ſi vous m'aimez, puis que l'amour eſt fort comme la mort, &
l'amour ſeruira de preſſe pour imprimer cette figure en voſtre bras, & en
voſtre cœur.
Liuia femme d'Auguſte ne patiſſoit que trop de ſon mary qui eſtoit aſſez
Amour de
Liuia en-
uers Au-
guſte
ſon
mary & ſa
prudence.
libertin, addonée à ſes plaiſirs, entretenoit meſme aucunes des Damoiſelles
de ſa femme, de quoy elle ſe doutoit bien. Il eſtoit auſtere, faſcheux, &
rebarbatif, tout le monde connoiſſoit ſes humeurs, & compatiſſoit à cette
pauure Emperiere, qui n'auoit que trop de ſubject d'exercer la patience,
& de rafiner ſes vertus. On fut tout eſtonné qu'on vit l'Empereur deuenu
tout modeſte, retenu, doux comme vn agneau, eſloigné de tout amour deſ-
Dio in
Tiberio206.
ordonné & eſtranger. On demanda à l'Emperiere comme elle l'auoit peu
ainſi gaigner : c'a eſté, dit-elle, par ma douceur, modeſtie, & patience, & quoy
que ie me ſois aſſez apperceue des entretiens qu'il auoit au preiudice de la
fidelité qu'il me deuoit, i'ay diſſimulé lors, n'y pouuant remedier de force;
ie n'ay iamais diminué d'vn poinct l'amour que ie luy deuois, & par mon
amour, i'ay gaigné le ſien. Si vne Payenne a eu ce pouuoir, n'ayant autre aſſi-
ſtance que la raiſon : que ne ſera, mais que ne doit faire vne Dame Chreſtien-
ne ſe ſeruant de la grace que Dieu eſt preſt de luy donner, ſi elle veut s'en ren-
dre digne, & y cooperer ?
La femme
comparée
à la biche.
La biche a vne antipathie contre les ſerpens & leurs fait vne furieuſe
chaſſe : la femme de bien doit faire paroiſtre ſon amour enuers ſon mary,
comme la biche par ſon antipatie &incompatibilité auec ces ſerpenteaux
qui

335
Des obligations des Mariez.
qui voudroient infecter de leur maudict venin la pureté de ſes mœurs,
& ternir le luſtre de ſon honneur, & corrompre la fidelité qu'elle doit à
ſon mary.
La biche a un ſoin particulier par deſſus beaucoup d'autres animaux de
la nourriture de ſes faons, auſſi doit auoir la femme de ſes enfans, pour l'a-
mour de ſon mary, puis qu'ils luy appartiennent & à elle par indiuis, & prin-
cipalement pour Dieu.
La biche n'a point de fiel, auſſi ne doit auoir la femme enuers ſon ma-
ry : les anciens ne permettoient pas qu'aux banquets qu'on faiſoit à Iuno
qu'ils croioient preſider au mariage, il y euſt du fiel. Point de fiel en ce Sac-
rement d'amour, s'il y en a il doit eſtre contre ceux qui voudroient attenter
contre la ſyncerité de l'amour que la femme porte à ſon mary : c'eſt là
qu'elle doit monſtrer ſon fiel & ſa cholere, c'eſt là qu'il ne faut point parle-
menter ny proceder auec douceur, il faut eſtre non biche, mais vne lionneſſe.
La biche eſt fort chaſte & fidelle à ſon maſle, auſſi doit eſtre la femme à
ſon mary, ſi elle l'aime d'vn vray amour, & n'auoir autre ſoin que de luy
complaire, autre object de ſes affections que luy. La femme de Phocion
appelloit ſon mary ſes richeſſes, ſes ioyaux & parures, & diſoit n'auoir autre
treſor que luy. Le mary doit eſtre le treſor de la femme de bien & d'honneur.
Amour de
la femme
de Tygra-
nes
.
Il faut que ie propoſe icy à nos Dames Chreſtiennes les miroir d'vn vray
amour, & d'vne vraye eſpouſe. C'eſt la femme de Tygranes Roy d'Armenie.
Le mal-heur leurs en ayant voulu iuſques là que d'eſtre faits captifs de Cyrus
Roy de Perſe
, Cyrus demandant vn iour à Tygranes quelle rançon il don-
neroit volontiers pour la dilurance de la Reyne ſa femme, il reſpondit, ie n'ay
rien plus digne de ſes merites, & de l'amour que ie luy porte, que moy-meſme,
& ma vie, que ie donneray tres librement, & de tres bon cœur pour ſa liberté.
Cyrus eſmeu de la ſyncerité de cette de tres bon affection les renuoya à leur
Royaume, où eſtant venus Tygranes demanda à ſa femme ſi elle n'auoit pas
admiré la magnificence du palais de Cyrus, mais ſur tout la maieſté & beauté
du Roy. Quoy, dit-elle, auoir eu autre object de ma veuë qu'vn ſi amoureux
mary, qui preferoit ma liberté à ſa captiuité, & ma vie à ſa mort ! ie iure &
proteſte par tous les Dieux viuans, que ie n'ay veu la magnificence du palais
de Cyrus, encore moins ſon viſage & ſa beauté, n'ayant iamais deſtourné
mes yeux de deſſus la face de celuy qui eſt l'vnique object de toutes mes am-
ours & curioſitez. Elle n'eſtoit pas comme ces biches eſgarées, qui ont touſ-
iours leurs yeux aux champs, & font aſſez connoiſtre par la legereté de leur
regard, que leur cœur n'eſt gueres arreſté à l'affection de leur mary.
Il y a

336
Premier Traite’
La mau-
uaiſe fem-
me com-
parée au
ſerpent.
Il y a des femmes qui ne ſont pas des biches amoureuſes, douces & do-
cilles, mais des lioneſſes, & des dragons, c'eſt apres Le Sage Eccli. 25. que ie
parle, commorari leoni & draconi placebit, quam habitare cum muliere nequam.
Pourquoy ces comparaiſons, certes non ſans cauſe. I. tout ainſi que le ſer-
pent ramaſſe tout ſon venin dans la bouche, afin que trouuant la commodi-
té il le vomiſſe tout d'vn coup, & tue : ainſi la mauuaiſe femme, ſe ſentant
inferieure en forces à ſon mary, ramaſſe toute ſa cholere à l'interieur de ſon
cœur, pour l'eſpancher tout d'vn coup ſur ſon mary, & la perdre.
2. Le ſerpent ſiffle, & puis nuit, ainſi ſouuent la mauuaiſe femme chante
& flatte pour mieux donner ſon coup.
3. Le ſerpent fait paroiſtre ſa furie, & ſa rage en ſifflant, la mauuaiſe fem-
me plus maligne que le ſerpent, la cache ſouz le maſque d'vne amitié feinte,
& partant dit Le Sage vaut mieux demeurer auec vn lion ou vn ſerpent qu'a-
uec vne meſchante femme. Le dragon & le lion ne nuiſent qu'au corps, la
meſchante femme au corps & à l'ame. Le lion & le dragon font la guerre ou-
uertement, la meſchante femme en cachette. Le lion & le dragon s'appriuoi-
ſent par induſtrie, la meſchante femme ne ſe peut appriuoiſer, ains auec le
temps deuient touſiours plus cruelle. Le lion & le ſerpent ſont mourir bien
toſt & d'vne mort courte, la mauuaiſe femme d'vne mort longue & ennuyeuſe.
Enfin la mauuaiſe femme eſt vn dragon par ſa cholere, dragon par ſes fi-
neſſes, rages, ſurpriſes, par ſes iniures iournalieres, contre vn pauure mary,
par ſa ſuperbe voulant eſtre braue : & eſtant ſubçonneuſe, & jalouſe.
Quel furieux dragon que la femme de Iob, eſcoutez ſes ſifflets enueni-
mez : adhuc tu permanes in ſimplicitate tua benedic Deo & morere, que tu es
niais, ne vois tu pas bien comme Dieu te traitte auec toute rigueur, vne bon-
ne malediction contre Dieu & le ciel qui te ſont ſi cruels, & puis la mort.
La mauuaiſe femme eſt vn dragon, vn lion, qui veut tout faire ſelon ſa
volonté, commander au mary, qui luy fait des continuelles reproches de ſes
richeſſes, nobleſſe, beauté, eſprit : dragon, le pouſſant à vengeance, larcin,
rapine, meurtre, comme la maudite Iezabel. Tout cela eſt bien eſloigné de
l'amour que Dieu demande d'vne femme enuers ſon mary, qui ne peut con-
ſiſter qu'auec vn reſpect, ſoupleſſe, docilité, douceur, modeſtie, debonnai-
reté, humilité, ſoubmiſſion, patience, à l'exemple de S. Monique mere de
Modeſtie
de ſaincte
Monique
.
S. Auguſtin, laquelle quoy qu'elle euſt vn mauuais mary qui la traittoit fort
rudement, & que ſe trouuant à la compagnie des autres Dames qui racon-
toient chacune ce qu'elle ſouffroit du ſien, iamais on ne luy entendit faire vn
mot de plainte, jaçoit qu'elle euſt le pire de toutes, imitez cette prudence,
patience, & conſtance.
Si

337
Des obligations des Mariez.
La fem-
me doit
auoir vne
meſme
volonté
auec ſon
mary.
Si l'amour conſiſte en l'vnion des volontez, c'eſt choſe manifeſte que la
femme ne peut auoir vn vray amour pour ſon mary, qu'en ſe maintenant en
cette vnion par vne humble ſubiection, conſpirant à tous les bons deſirs, &
ſainctes intentions de ſon mary: taſchant que comme ils ne ſont qu'vne chair,
auſſi ne ſoient-ils qu'vne ame, & n'ayent qu'vne volonté.
I'ay conneu vn certain bon frippon qui vint vn iour trouuer vne gran-
de Dame, ſage, & à laquelle on auoit recours comme à vn oracle, tant elle
Plaiſante
hiſtoire
d'vn qui
auoit la
meſme
volonté
que ſa
femme &
ne pou-
uoient
s'accorder.
eſtoit en reputation pour ſa prudence, & bon conſeil : ce galland207 commen-
ça à faire le triſte & l'affligé, ſe plaignant que depuis trente ans qu'il eſtoit
marié, iamais il n'auoit eu vne heure de paix, n'y de ſyncere amitié auec ſa
femme, & ce qui l'eſtonnoit le plus, eſtoit que ce qu'il vouloit, ſa femme vou-
loit, ayant tous deux la meſme volonté : que ce mal-heur l'amenoit aupres de
cette Dame pour voir ſi ſa prudence y trouueroit quelque remede. Cette Dame
demeura fort eſtonnée, ne ſaçhant quaſi que dire là deſſus. Enfin elle luy
demanda s'ils ſeruoient bien Dieu, s'ils ſe confeſſoient ſouuent ? Il dit qu'oüy,
qu'au reſte ils faiſoient le deuoir de vrays Chreſtiens : S'ils n'eſtoient point
addonnez à quelque vice notable ? dit que non, & pluſieurs choſes ſemblables,
& eſtant toute ſongeante & ne ſçachant quel remede donner à ce bon com-
pagnon : il prit la parole, & dit, Madame ce qui deuroit eſtre la cauſe de noſtre
bon-heur, & d'vne paix & amour mutuel, eſt la cauſe de noſtre mal-heur, &
diſcorde. Ce que l'vn veut l'autre veut : nous n'auons qu'vne meſme volonté,
mais non comme vous l'entendez, c'eſt que moy & ma femme voulons eſtre
maiſtre tous deux : nous auons la meſme volonté tous deux, or il ne faut qu'vn
maiſtre en vne maiſon, voyla la raiſon de nos diſcordes.
Il eſt tres-vray, c'eſt la riaſon que le mary ſoit maiſtre, mais la femme n'eſt
pas ſeruante, elle doit eſtre maiſtreſſe auec l'humilité & ſubiection que ſon
ſexe demande, que chacun ſe maintienne dans ſon rang. Et dans l'ordre que
Dieu & la nautre ont eſtably, & ce ſera le moyen de maintenir la paix & bon-
ne intelligence, & d'auoir en ce monde quelque auant-gouſt du parfaict con-
tentement qu'on eſpere en l'autre.
L'amour
ſe fait pa-
roiſtre
par les
œuures.
S. Iean 1.3. nous enſeigne que l'amour ne conſiſte pas aux paroles, & ne
reſide pas au bout des leures, mais aux œuures & aux mains, non diligitur ver-
bo & lingua, ſed opere & veritate
. Iehu ayant rencontré Ionadab 4. Reg. 10. luy dit,
Nunquid eſt cor tuum rectum, ſicut cor meum, cum cordre tuo? auez-vous autant de
bonne volonté pour moy, comme i'en ay pour vous ? Eſt, reſpondit Ionadab,
ouy. Iehu ne ſe contenta pas de cela, mais repliqua, ſi eſt, da manum tuam: s'il
eſt vray, donnez-moy la main : il ne pouuoit luy demander teſmoignage plus
authentique de l'affection qu'il diſoit auoir au cœur pour luy, que la main,
c'eſt à dire les œuures : car tout ainſi que les medecins connoiſſent l'affection
& diſpoſition du cœur par le mouuement du poulce, à cauſe de la grande
cor-
V v

338
Premier Traite’
correſpondance qui eſt entre le cœur & le poulce, de meſme on connoit l'a-
mour du cœur par le mouuement des mains qui ſont les œuures.
Ce n'eſt donc pas aſſez que la femme diſe qu'elle aime ſon mary, elle doit
faire paroiſtre ſon amour par ſes mains, par ſes œuures, l'aſſiſtant, le ſeruant,
le ſecourant en ſes neceſſitez, puis qu'elle luy eſt donnée pour aide, & que
l'amour ceſſe d'eſtre amour, lors qu'il eſt oyſif, ayant trouué l'occaſion de
trauailler.
Amour
rare d'vne
reyne
d'Angle-
terre en-
uers ſon
mary.
Rodericus Santius, hiſtoriæ Hiſpanicæ part. I. cap. 4. me fournit vne hiſ-
toire de cet amour effectif, laquelle eſt d'autant plus celebre, que les perſonnes
auſquelles elle eſt arriuée ſont plus illuſtres : Edouard premier né du Roy
d'Angletere, eſtant allé au Sainct Sepulchre de noſtre Seigneur en Hieru-
ſalem
, receut en chemin vn coup d'eſpée enuenimé, par vn Maure traiſtre :
les medecins y employerent toute leur induſtrie ſans aucun ſoulangement :
il retourna en Angleterre deſeſperé de ſa ſanté, & de la vie, n'attendant que
la mort : ſa femme qui eſtoit fille d'Eſpagne trouua vne nouuelle medecine
pleine d'amour, parmy les recipé & inuentions de l'amour, qui fut de ſuccer
tous les iours elle-meſme la playe de ſon mary, & d'en tirer de ſa bouche a-
moureuſe le venin; & quoy que les medecins l'euſſent aduerty qu'elle ne le
pouuoit faire ſans mourir, l'amour toutefois vainquit la mort : elle tira tout
le poiſon de la playe, ſauua la vie à ſon mary, ſans qu'elle en eceuſt aucune
incommodité, Dieu recompenſant, comme il eſt croyable, cet amour extra-
ordinaire, cette fidelité inouye miraculeuſement. Il ſe trouue encore auiour-
d'huy des femmes en toute condition, ſincerement amoureuſes de leurs ma-
rys, & leſquelles en ſemblables rencontres ſeroient preſtes de faire paroiſtre
leur amour par des ſemblables effects.
L'amour
de la fem-
me peut
auoir de
l'excez.
Tout ainſi comme i'ay dit parlant de l'amour du mary enuers ſa femme,
que l'amour du mary peut auoir de l'excez, auſſi peut celuy de la femme.
C'eſt vn excés d'amour, lors que la femme pour complaire à ſon mary, ou
tranſportée de ſon amour, manque à l'amour qu'elle doit à Dieu, ne ſe ſou-
uenant pas qu'elle doit hayr pere, mere, mary, enfans pour Dieu, c'eſt à dire
leurs deſplaire, les quiter, & abandonner pluſtot que de manquer à vn ſeul
point de l'amour & ſeruice de Dieu, & qu'il n'y a amour, ny authorité de ma-
ry qui ſoit ſuffiſant pour la diſpenſer de l'amour qu'elle doit à Dieu, à com-
paraiſon duquel elle doit meſpriſer toute autre amour, voire ſoy-meſme.
C'eſt vn excés d'amour, lors que les femmes ſont tellement attachées à
Exces des
femmes
de Cya-
nippus
, &
d'Æmi-
lius.
leurs marys, qu'elles n'en peuuent perdre la preſence, comme on raconte de
la femme de Cyanippus, & d'Æmilius Sybaritain208. Ils eſtoient tous deux fort
addonnez à la chaſſe, & eſtans vn iour allez au bois, quoy qu'en diuers temps
& lieux, leurs femmes les ſuiuirent de loing, & en cachettes, leſquelles s'e-
ſtans muſſées parmy les buiſſons, comme elles menerent quelque bruit, les
chiens

339
Des obligations des Mariez.
chiens y accoururent qui les deſchirerent, & les firent mourir auant que leurs
marys ſe fuſſent pris garde que c'eſtoient leurs femmes : dequoy puis apres
les marys s'eſtans apperceu ſe firent mourir eux-meſmes, pour ne ſuruiure à
leurs femmes mortes par vn ſuneſte accident. Il y eu de l'excés en ces a-
mours, & du coſté des femmes trop attachées à leurs marys, & du coſté des
marys trop paſſionnez de la mort de leurs femmes. Fulgoſius209 li. 4. c. 6.
Il n'y en a que trop de ſemblables.
C'eſt vn excés d'amour à vne femme lors qu'elle ſe rend inconſolable à
la perte de ſon mary, comme Artemiſia Reyne de Carie, laquelle ſe voyant
priuée de Mauſole ſon mary, qu'elle aymoit vniquement, en conceut vne
Amour
d'Artemi-
ſia
enuers
ſon mary.
triſteſſe qui n'admettoit aucune conſolation. Enfin pour ſe conſoler aucune-
ment en ſon malheur, elle propoſa des pris aux plus excellens Orateurs &
Poetes, qui voudroient haranguer en faueur du treſpaſſé. Cela ne fut pas ca-
pable de la conſoler, elle fit donc eriger deux des plus ſuperbes monumens
qui furent iamais, mais où elle penſoit trouuer ſa conſolation, elle trouua
l'accroiſſement de ſa triſteſſe, d'autant que ces ſuperbes baſtiments luy ſer-
uoient d'vn continuel memorial de ce qu'elle auoit perdu, & par conſequent
d'vne augmentation de douleurs. L'amour luy fournit vne autre inuention
qui fut de prendre les cendres du corps de ſon mary, les meſler auec ce qu'-
elle beuuoit, pour ſe reunir par ce moyen auec celuy dont la mort l'auoit
ſeparée : ce qui toutefois n'appaiſa pas ſa triſteſſe, ſe laiſſant tellement ſaiſir
par les regrets, qu'elle viuoit, ou mouroit pluſtot en continuels gemiſſemens,
& acheua bientoſt de mourir toute ſeiche210, & languiſſante d'amour, & de tri-
ſteſſe. Valerius Maximus. Il y a de l'excés en cet amour.
C'eſt encore vn plus grand excez lors qu'elles ſe font mourir, n'ayant pas
le courage de ſupporter la perte de ce qu'elles aymoient, ny la force de ſur-
Femmes
qui ſe fõt
mourir
par trop
d'amour.
uiure : c'eſt vne barbarie qui a eſté tenue parmy les payens pour grandeur de
courage, & pour teſmoignage d'vn amour fidele, comme de Panthea, fem-
me d'Abradata, laquelle ſe ietta ſur le bucher de ſon mary qui auoit eſté tué
combattant en l'armée de Cyrus contre les Babyloniens, & s'y fit mourir,
Fulgoſius211. Comme Phila femme du Roy Demetrius, laquelle ſçachant que
ſon mary auoit eſté ſurmonté en bataille, & priué de ſes royaumes, eut tant
de deſplaiſirs de le voir deſtitué de ſes couronnes, que par vne violence d'a-
mour qu'elle auoit pour luy, elle s'empoiſonna. Fulgoſius212. Comme de Pau-
lina
femme de Seneque, laquelle voyant que Neron faiſoit mourir ſon ma-
ry, & qu'il auoit choiſy de mourir ſe faiſant ouurir les veines dans vn bain,
elle en fit tout de meſme ne voulant luy ſuruiure, quoy qu'on luy arreſta le
ſang apres en auoir perdu quantité, ce qui la rendit palle le reſte de ſes iours,
& luy fit porter toute ſa vie en la face des marques de ſon affection. Fulgoſius.
L'antiquité en a veu tout plein de ſemblables, & d'autant plus qu'on a tenu
cela
V u 2

340
Premier Traite’
cela pour vne grandeur de courage, & pour teſmoignage d'vn vray amour,
qui doit eſre eſtimé des Chreſtiens pour foibleſſe, pour vn deſeſpoir, & pour
vne cruelle barbarie. Voyez Fulgoſius, lib. 4. cap. 6. où il rapporte d'autres
exemples ſemblables aux precedens.
Il faut que la femme ſage puiſſe dire auec verité ce que dit l'eſpouſe my-
ſtique, Cant 2. ordinauit in me charitatem, Dieu a ordonné & reiglé mon amour.
S. Denys de diuinis nominibus213, c. 4. dit que l'amour de Dieu a quatre
degrez : & puis que l'amour de Dieu doit eſtre la reigle de tout autre amour,
& qu'à luy ſe doit rapporter tout autre amour comme au principe & à la fin
de tout amour, ie diray que l'amour de la femme enuers ſon mary doit auoir
les meſmes degrez auec proportion.
Le premier degré d'amour eſt, facere vnionem, vnir : la femme ſage doit
eſtre vnie auec ſon mary, non ſeulement par l'vnion d'vne meſme chair, mais
par l'vnion d'amour, ou d'eſprit.
Le ſecond degré d'amour eſt, mutua inhæſio, vne reciprocation d'amour,
par laquelle on ſe procure mutuellement toute ſorte de ſeruice & d'aſſiſtance.
Qu'elle diſe donc auec l'eſpouſe myſtique, dilectus meus mihi, & ego illi, mon eſ-
poux eſt tout à moy, & moy tout à luy.
Le troiſieme, vne penſée continuelle de ſon bien aymé, meſmes deſſeins
que luy, meſmes affections, meſmes entrepriſes.
Le quatrieme eſt l'extaſe. Extaſim facit diuinus amor, dit S. Denys214,
amatores ſuo statu dimouet, & ſui iuris eſſe non ſinit, ſed in ea quæ amant penitus
transfert
. L'amour diuin exſtaſie celuy qu'il poſſede, le fait oublier de ſoy-meſme,
fait qu'il n'eſt pas à ſoy, mais tout à la choſe qu'il ayme : parlant auec proportion
de l'amour de la femme enuers ſon mary, ſi elle l'ayme parfaictement il faut
qu'elle ſoit comme extaſiée dans cet amour, s'oubliant de ſes intereſts, mettant
à part ſes commoditez : voire qu'elle s'oublie de ſoy-meſme, ne ſoit plus à ſoy,
mais tout à ſon mary, ſans toutefois ſe laiſſer emporter à ces extaſes, non d'a-
mour mais de folie, de deſeſpoir & de rage, dont i'ay parlé : ſe ſouuenant que
comme ſon amour n'eſt pas vray amour qu'entant qu'il procede du principe
du vray amour, & ſe rapporte à la fin du vray amour, qui eſt Dieu, auſſi pour
eſtre parfait amour il doit eſtre ordonné, & reiglé ſuiuant les reigles du vray
amour, qui eſt la raiſon, & la volonté diuine qui doit ordonner & reigler tout
amour.



Des



341

Bandeau, filet cadre rayé bordé de petites fleurs.

Des obligations des Peres & meres
enuers leurs enfans.


TRAITE' SECOND

Filet cadre, rayé.
De l'obligation particuliere des meres enuers
les enfans.


CHAPITRE I.


Lettrine fleurie, "C". Soin que
la mere
doit auoir
de ſon en-
fant auant
qu'il ſoit
né.
COmme la nature oblige la mere de n'empeſcher ny la conce-
petion, ny la formation de l'enfant; auſſi l'oblige-elle de pren-
dre garde qu'elle ne luy nuiſe, & qu'elle n'en empeſche l'heu-
reuſe naiſſance. Elle eſt pareillement obilgée de s'abſtenir de
ce qui pourroit nuire à ſon fruict, ſoit en ſon boire & man-
ger, ſoit en ſes recreations, ſoit en ſon trauail, ſoit en ſes af-
flictions, ieuſnes, abſtinences, ſoit en quelque violente paſſion, comme de
haine, de cholere, d'impatience, de triſteſſe, ou autre.
La mere
ne peut
procurer
vn auorte-
ment.
Et cela eſt ſi veritable, que la mere ne peut procurer vn auortement, ny
auant que le fruict ſoit animé, ny depuis qu'il eſt animé, non auant qu'il ſoit
animé, car c'eſt contre nature, non depuis qu'il eſt animé, d'autant qu'il
n'eſt loiſible de tuer vn innocent, d'vne intention formelle & directe pour
ſauuer vn autre.
Si la mere
peut pren-
dre vne
medecine
au preiu-
dice de sõ
fruict.
Que ſi mere ſe trouuoit en danger de ſa perſonne, & qu'il n'y euſt point
d'autre moyen pour luy ſauuer la vie, qu'en luy donnant quelque medecine
à deſſein de luy ſauuer la vie, cela ſe pourroit faire, quoy qu'on creuſt que
l'auortement s'en deuſt enſuiure, au cas toutefois que l'enfant ne fuſt encore
animé : car en cela elle vſe du droict qu'elle a de chercher les remedes neceſ-
ſaires pour ſa conſeruation : ſon intention n'eſtant de procurer cet auorte-
ment quoy qu'il s'enſuiue de la priſe de la medecine.
Or
V u 3

342
Second Traite’
Or ſi l'enfant eſt deſia animé elle ne peut prendre aucune medecine or-
donnée pour la conſeruation de ſa vie, auec danger de l'enfant, quand il eſt
probable que l'enfant pourroit naiſtre viuant, ſi elle ne prenoit cette mede-
cine. La raiſon eſt que chacun eſt obligé de preferer le ſalut eternel d'autruy à
ſa vie corporelle, & l'expoſer à cet effet : ainſi ſi la mere ſçait que ne prenãt la
medecine, l'enfant naiſtra capable de bapteſme, elle eſt obligée de ne la pren-
dre, quoy qu'auec euident danger de ſa vie : que s'il eſt probable que ne pre-
nant la medecine, & la mere, & l'enfant mouront tous deux; mais ſi elle la
prent, qu'au moins la mere ſe ſauuera la vie, en tel cas la mere peut prendre
la medecine, & cauſer l'auortement de l'enfant deſia animé, non toutefois di-
rectement, & d'vne intention formelle, mais ſon intention principale directe
& formelle doit eſtre de ſe ſauuer la vie.
Belle pra-
tique que
la mere
ayant cõ-
ceu offre
ſon fruict
à Dieu.
C'eſt vne bonne & ſaincte pratique que la mere ſentant qu'elle a con-
ceu, offre ſon fruict à Dieu, & le recommande à ſon ange gardien, qui a
ſoin de la mere & de l'enfant tandis que l'enfant demeure vny auec la mere;
qu'elle ſe maintienne en la grace de Dieu, de peur que ſes pechez ne
ſoient cauſe de quelque aduanture qui arriue à l'enfant, & qu'elle oblige
Dieu par ſes vertus, & bonne vie d'eſtre d'autant plus liberal de ſes graces
& benedictions enuers l'ame qu'il creera pour vnir à ce petit corps.
Si auant que l'enfant ſoit né, la mere en doit auoir vn tel ſoin, la rai-
ſon veut qu'il ne ſoit moindre depuis qu'il eſt né, & ſur tout tant le pere que
la mere doiuent eſtre ſoigneux de procurer la vie de la grace à l'enfant
par le bapteſme. C'eſt vn abus de differer le bapteſme pluſieurs iours
d'autant que les enfans eſtans ſi tendrelets, on ſe met au hazard de les
priuer de la gloire eternelle par mille accidens qui peuuent leurs arriuer.
Lauduna
mere de
S. Elzea-
rius
, offre
ſon fils né
à Dieu.
Ie voudrois que toutes les meres imitaſſent la Comteſſe Lauduna me-
re de Sainct Elzearius, laquelle ayant enfanté ce ſien premier né, dit ces
paroles auec la plus grande ferueur & plus deuote tendreſſe qu'il luy fut
poſſible. Monſeigneur & mon Dieu, au commandement duquel toutes
les creatures ont eſtre, ie vous rend grace pour ce filz que par voſtre
bonté vous m'auez donné, & vous prie en toute humilité que vous dai-
gnez l'accepter pour voſtre ſeruiteur, & luy donner voſtre benediction :
que ſi vous connoiſſez qu'il doiue eſtre contraire à voſtre ſaincte volon-
Tendreſſe
de S. El-
zearius

pour les
pauures à
l'aage de
trois ans.
té, ie vous prie de le prendre auſſi toſt qu'il ſera baptiſé. Il vaut beaucoup
mieux qu'il iouiſſe de voſtre gloire innocent, & ſans aucuns ſiens merites,
que de viure en ce monde en vous offenſant.
Cette offrande fut ſi aggreable à Dieu qu'en conſideration d'icelle
il

343

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
il priuilegia cet enfant de grandes graces : entre autres, il auoit vne telle
tendreſſe pour les pauures, qu'à l'aage de trois ans, lors qu'on le portoit
hors du chaſteau de ſon pere, s'il rencontroit des pauures à la porte, il n'y
auoit moyen de le faire paſſer outre, mais pleuroit irremiſſiblement iuſques
à ce qu'on leurs auoit donné l'aumoſne, & l'aumoſne eſtant donnée, ſe
laiſſoit porter où on vouloit. Surius in eius vita.
La mere
doit allai-
cter ſon
enfant.
La nature & la raiſon demandent que la mere, ſi faire ſe peut, allaicte ſon
enfant, & c'eſt à cet effect que la nature donne des mammelles, & le laict aux
meres : auſſi voyons nous cela pratiqué, meſme des beſtes, qui n'ont autre in-
ſtinct que la nature qui leurs enſeigne de nourrir leurs petits, auec tant de
ſoin & d'amour.
Inſtinct de
la brebis
à recon-
noiſtre sõ
agneau.
S. Baſile hom. 9. in hexamer. ne peut aſſez admirer l'inſtinct de la brebis à
reconnoiſtre ſon agneau, entre milliace d'autres tous ſemblables, & de l'agneau
reconnoiſſant ſa mere parmy tant d'autres, que le berger ne ſçauroit diſtinguer
l'vne de l'autre, pour leur grande reſſemblance.
L'experience nous fait voir qu'il n'y a quaſi animal ſi cruel, qui ne nour-
riſſe ſes petits. Sed & lamiæ nudauerunt mammam, lactauerunt catulos ſuos, La-
ment
4. les lamies allaictent leurs petits, & quoy qu'en toutes autres choſes,
pluſieurs meres parmy les beſtes ſoient fort cruelles, elles ſemblent toute-
fois s'eſtre deſpouillées de toute ferocité en allaictant leurs petits.
Les oyſeaux, dont la nature n'a donné ny laict ny mammelles, cherchent
Tendreſſe
des oy-
ſeaux vers
leurs pouſ-
ſins.
auec tant de ſoin, de trauail, & peril, la petite prebende de leurs pouſſins; les
couuent ſi tendrement, les eſchauffent ſi amoureuſement : & nous croirons
que Dieu en aura exempté les femmes ? Dieu ſe plaint de celles qui ne le font,
Lament. 4. Filia populi mei crudelis quaſi ſtruthio in deſerto. Les filles de mon
peuple ſont cruelles comme l'auſtruche deſnaturée qui abandonne ſes petits.
L'auſtruche ſe contente de pondre ſans auoir ſoin de plus & pluſieurs meres
de mettre des enfans au monde ſans plus.
Importe
beaucoup
que l'en-
fant ſoit
nourry
du laict
de ſa me-
re.
Il y en a qui croient que peu importe ſi la mere nourrit ſon enfant ou
vne autre, en quoy ils ſe trompent lourdement. Il eſt notoire qu'il y a plus de
proportion entre le laict de la mere, & entre l'enfant, qu'entre le laict d'vne
nourrice : & que l'enfant eſtant accouſtumé à eſtre nourry de la ſubſtance
de ſa mere, qu'il a tiré dans le ventre de ſa mere, tirera plus profitablement
la meſme ſubſtance des mammelles de ſa mere, qu'vne ſubſtance & laict
eſtranger.
Force de
la nourri-
ture.
L'experience enſeigne que la nourriture eſt comme vne ſeconde nature,
& que nourriſſant vn agneau de laict de cheures, il aura la laine plus rude :
au contraire, vn cheureau nourry de laict de brebis, l'a plus douce : & la
meſme

344
Second Traite’
meſme experience monſtre tous les iours qu'vne plante qui eſtoit belle, viue,
vigoureuſe en vn ſol, ſe fleſtrit, ſeiche, & enfin meurt en vn autre.
Les me-
res qui
ne nour-
riſſent
leurs en-
fans ſont
demy
meres.
Aulus Gellius appelle ces meres qui ne nouriſſent leurs enfants, demy
meres, dimidiatum matrum genus, & adiouſte, par adoxum eſt aluiſſe ſanguine in v-
tero id quod non videbant, non alere autem poſtea ſuo lacte, quod vident iam viuens,
iam hominem, iam matris officia implorantem
. C'eſt vne choſe comme incroyable
& contre nature, qu'vne mere ayt nourry de ſon ſang ſon enfant dans ſon ven-
tre qu'elle ne voyoit pas, & de ne le point nourrir de ſon laict le voyant né,
viuant, homme, & par ſes petits cris, & mouuemens tendrelets, implorant l'aſ-
ſiſtance de ſa mere.
C'eſt l'hõ-
neur des
meres
d'allai-
cter leurs
enfans.
Prouocantur fœminae meminiſſe dignitatis ſuæ, & lactare filios ſuos, hoc enim
matrum gratia.
Ambroiſ. lib. I. de Abraham cap. 7. On exhorte les femmes de
ſe ſouuenir de leur dignité, & de l'honneur que Dieu leurs a fait, les ſaiſant
meres, & partant d'allaicter leurs enfans. C'eſt l'honneur de meres. S. Chryſoſt.
hom. 60. ad popul.215 inuectiuant contre ces Dames nobles qui ne veulent
prendre la peine de nourrir leurs enfans, dit, erubeſcit fieri nutrix quæ facta eſt
mater
: elle a honte d'eſtre nourrice apres auoir eſté faicte mere.
Aucuns Theologiens ſont bien paſſé ſi auant qu'ils ont dit que la mere la-
quelle ſans iuſte cauſe n'allaictoit ſon enfant, pechoit mortellement : d'autres
ne ſont pas ſi rigoureux. On ne ſçauroit nier que la raiſon ne demande ce deuoir
des meres enuers leurs enfans, & ie prie les meres de bien peſer les conſidera-
tions ſuiuantes.
Raiſons
pour leſ-
quelles les
meres doi-
uent allai-
cter leurs
enfans.
I. Comme la mere qui allaicte ſon enfant, eſt en quelque façon double me-
re, ou mere toute entiere, les autres ne l'eſtans qu'a demy, dimidiatum matrum
genus
, diſoit tantoſt Aulus Gellius, auſſi cela accroiſt l'obligation de l'enfant
enuers ſa mere, & l'amour de la mere enuers l'enfant, & l'experience fait voir
que les meres ayment d'ordinaire moins les enfants qu'elles n'ont pas allaictés,
que ceux qu'elles ont allaictez, & que reciproquement les enfans ayment
dauantage les meres dont ils ont eſté allaictez, ce qui a donné occaſion à
L'amour
eſt plus
tendre
lors que
les meres
allaictent
leurs en-
fans.
quelqu'vn de remarquer que parlant communement, l'amour eſt plus ſincere
entre les peres & meres & les enfans parmy le commun peuple, que parmy
la nobleſſe, d'autant que parmy le commun peuple, les enfans ſont allaictez
de leurs meres, & ſont nourris auec leurs peres, mais parmy la nobleſſe, ſont
mis és mains d'vne nourrice, & ſouuent les peres & meres ſont les ſemaines,
les mois, les années entieres ſans les voir, & les enfans ne connoiſſent autre
mere que leur nourrice, ce qui ne peut eſtre ſans grand preiudice de l'amour
qui doit eſtre entre la mere & l'enfant.
L'Eſcriture Saincte, pour monſtrer vne tendreſſe d'amour parle de
l'amour de la nourrice, Ego quaſi nutritius Ephraim, Ozee II. ie ſuis comme
le

345

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
le nourricier d'Ephraim, & Iſaie 66. Ad vbera portabamini, & ſuper genua bla-
dientur vobis.
On vous portera dans le ſein, on vous careſſera dans le gyron.
Ieſus-Chriſt pour nous obliger à l'aimer n'a point eu de moyen plus efficace
que de nous repaiſtre de ſon ſang pretieux, comme vne nourrice. C'eſt ce
qu'admire S. Hieroſme hom. 66. Multæ ſunt quæ poſt partus dolores, filios tra-
dunt alijs nutricibus, hoc autem ipſe non eſt paſſus, ſed ipſe nos proprio ſanguine
paſcit, & per omnia nos ſibi coagmentat.
Il ſe trouue des meres leſquelles apres
les douleurs du part, mettent leurs enfans à nourrices, mais Ieſus-Chriſt
a bien eu plus d'amour pour nous, nous repaiſſant de ſon ſang pretieux &
nous vniſſant tres-eſtroittement à ſoy.
L'eſcriture ſaincte recommande Sara, de ce que nonobſtant ſa vieilleſſe,
elle nourrit & allaicta ſon bien-aimée Iſaac. Rebecca, Iacob. Anne fem-
me d'Elcana Samuel; la mere des Machabées ſes ſept fils, & notre Dame
Ieſus-Chriſt, de laquelle l'Egliſe chante Saluatorem ſeculorum, ipſum Regem
Angelorum, ſola virgo lactabat, vbere de cœlo pleno
, elle ſeule allaictoit le
Sauueur du monde, le Roy des Anges de ſa mammelle virginalle, pleine
non tant par le moyen de la force & chaleur naturelle, comme par la force
du ſainct Eſprit qui l'auoit rendu mere.
L'enfant
nourry
d'autres
que de ſa
mere en
reçoit ſou-
uent grand
intereſt.
L'enfant ayant quaſi tout ce qu'il a de ſa mere, auſſi a il vne grande
proportion & reſſemblance auec ſa mere, & partant n'y peut auoir laict
qui ayt plus de rapport au temperament de l'enfant, qui eſt quaſi touſiours
conforme au temperament de la mere, que le laict de la mere : de là vient
que le faiſant nourrir d'vn autre laict, ſouuent il en reçoit de grands inte-
reſts, & au corps & en l'ame. Le corps n'eſtant ny ſi vigoureux, ny ſi noble,
d'autant que le laict de la nourrice n'eſt tant conforme à ſa nature; l'eſprit
s'en reſſent, qui depend en ſes fonctions des organes & du corps. Et par-
tant ſi les meres ne peuuent nourrir elles-meſmes leurs enfans pour iuſte
cauſe, au moins doiuent-elles chercher des nourrices, & qui ſe portent
bien, & qui ſoient ſages, d'autant que ſouuent l'enfant auec le laict tire
l'humeur & la complexion de la nourrice, ſi elle eſt cholere, impudique,
yurogne, cruelle, lepreuſe, on infectée d'autre maladie, ſoit du corps, ou de
l'eſprit, ſouuent l'enfant y participe : Comme nous monſtrerons tantoſt par
diuers exemples.
L'enfant
nourry
d'autre
que de ſa
mere vit
moins.
Quelqu'vn remarque que l'enfant nourry d'vne autre que de ſa mere,
eſt d'ordinaire de moindre & plus courte vie, d'autant que ſon corps eſt
compoſé de plus de diuerſité, ſçauoir de la ſubſtance du pere, de celle de la
mere, & de celle de la nourrice, & que les choſes qui ſont compoſées de plus
de diuerſité durent moins.
3. Il
X x

346
Second Traite’
Hiſtoire
d'vn en-
fant chan-
gé à nour-
rice.
3. Il eſt fort facile de changer vn enfant qui eſt à nourrice, & en ſuppoſer
vn autre en ſa place, comme il eſt arriué à Paris, & a eſté reconnu au Iubilé216
de l'an 1626. Vn Conſeillier auoit mis ſon enfant en nourrice, entre les mains
de la femme de ſon vigneron hors de la ville : on ſe fioit à cette femme, la fi-
delité de laquelle le pere & la mere de l'enfant auoient eſprouuée pluſieurs an-
nées. Vn iour l'enfant par la negligence de la nourrice tomba dans le feu & ſe
bruſla la face auec notable difformité. La pauure nourrice ne ſçachant que
faire, craignant la diſgrace du pere & de la mere de l'enfant, conſulta auec
ſon mary; ils furent d'aduis de ſuppoſer leur fille de meſme aage, & ſembla-
ble à cet enfant, au lieu de la fille du Conſeillier : ils le firent. Le pere & la
mere furent quelques mois ſans voir leur enfant, & enfin cet autre leurs eſtant
repreſenté, creurent que c'eſtoit le leur : l'enfant eſtant ſevré on l'apporta
à la ville, on le nourrit ſelon la qualité du Conſeillier, & celuy qui auoit eſté
eſchaudé fut nourry au village à la villageoiſe. Enfin on la maria au fils d'vn
autre Conſeillier, & la vraye fille du Conſeillier demeura ſans mariage. Ce-
pendant le vigneron & ſa femme, piquez & geſnez en leur conſcience, s'en
vont trouuer vn Confeſſeur pendant le Iubilé, luy expoſent le fait; il les oblige
de le deſcouurir à qui il appartient. Quel embarras dedans ces deux familles
ſur fait de ce mariage ! & le tout par la faute d'vne nourrice.
Ie finiray ce Chapitre par quelques exemples, qui feront voir comme les
enfans participent d'ordinaire aux qualitez des nourrices qui les ont allaicté.
Enfans qui
ont parti-
cipé aux
humeurs
de leurs
nourrices.
4. Le Roy Nabuchodonoſor, comme rapporte la gloſſe de Lyranus ſur
Daniel, ſut expoſé dés ſa naiſſance dans vne foreſt, & nourry par vne cheure
ſauuage, auſſi tira-il des mœurs du tout brutalles d'vne nourriture de beſte,
qui degenererent auec le temps en vne ſtupidité & orgueil du tout barbare,
& ayant obligé Dieu par ſes preſomptions à le punir, Dieu le fit retourner
auec les beſtes auec leſquelles il auoit eſté nourry.
Titus fils de Veſpaſian fut malade toute ſa vie, d'autant que ſa nourrice
eſtoit infirme.
Tiberius Cæſar fut vn ſignalé yurogne, il auoit tiré cela de ſa nourrice.
Caligula vn monſtre de cruauté, qui ne ſembloit eſtre grand que pour a-
uoir l'authorité de faire mal à autruy. Il eſtoit de pere & mere fort doux &
humains, mais on luy auoit cherché à deſſein vne nourrice virille, barbuë
comme vn homme, qui tiroit de l'arc, couroit la bague, piquoit vn cheual,
meſchante & cruelle; on fit choix de cette Amazone pour le rendre Martial,
& elle mettoit du ſang ſur le papillon de ſa mammelle, pour faire ſuccer la
cruauté à l'enfant auec le laict, & la choſe reüſſit ſi bien, qu'elle en fit vn tygre
pluſtot qu'vn homme.
Vn

347

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
Vn religieux auoit eſté nourry du laict de cheure, il eſtoit modeſte en
public, par vne grande reflexion ſur ſes actions, mais il ſe retiroit quelques
heurs parmy la iournée, pour faire des cabrioles, & des ſaults de cheures.
Mendoça in viridario: tant la nourriture auoit de pouuoir ſur luy.
Heliogabalus eſtoit lubrique, auſſi eſtoit ſa mere. I'en pourrois apporter
cent autres ſemblables, qui ont tiré les mœurs de leurs nourrices auec leur
laict, & la raiſon eſt d'autant que tout ainſi que les peres & meres commu-
niquent leurs qualitez à leurs enfans par la communication de leur ſang en
la generation, de meſme la nourrice les ſiennes à ſon nourriſſon par le
moyen du laict, ce qui ſe fait plus efficacement que par le ſang & la ſemen-
ce, d'autant que le laict eſtant du ſang raffiné, plus cuit, plus pure, comme
enſeigne Ariſtote lib. 4. de generat. animal. cap. 8. Albert le Grand lib. 18.
de animalibus cap. 7. & d'autres, il s'enſuit que les qualitez de la nourrice
ſe communiquent mieux à l'enfant par la nourriture & le laict, que celles
des peres & meres par la generation & le ſang : ainſi ſi les meres deſirent
que leurs enfans leurs reſſemblent d'autant plus, elles doiuent prendre la
peine de de les nourrir & allaicter elles-meſmes, ſi elles n'en ſont diſpen-
ſées pour bonne raiſon. Helas ! quelle excuſe pourront auoir deuant Dieu
celles qui ſe diſpenſent de ce deuoir de nature, ou pour auoir plus de com-
modité de ſatisfaire à leur lubricité : ou pour conſeruer leur beauté !


Filet cadre, rayé.

Que les meres ont une obligation particuliere d'auoir ſoin
de leurs filles.


CHAPITRE II.

La garde
des filles
appartient
au pere &
à la mere.
LA garde des filles appartiennent au pere & à la mere, & ce n'eſt pas
vne des moindres ſollicitudes d'vn pauure pere, ſuiuant ce qu'enſei-
gne le Sage, Eccli. 42. Filia patris, abſcondita eſt vigilia. La fille qui eſt preſt
à marier fait bien paſſer des nuicts à ſon pauure pere ſans dormir, lors qu'il
conſidere à par-ſoy les mœurs de ſa fille, ſes inclinations, ſes deportemens,
ſes affections, ſes conuerſations, ſes occupations, ſes diſcours. Ce ſoin le
tourmente & l'inquiete fort ſouuent, lors qu'on penſe qu'il ſoit à ſon repos.
Il
X x 2

348
Second Traite’
Il faut qu'vn pauure pere ſoit comme vn argus à cent yeux, ou pluſtot tout
œil pour garder ſa fille, & empeſcher qu'il ne luy arriue aucun mal-heur, le
meſme Sage dit, Eccli. 7. Filiae tibi ſunt, ſerua corpus illarum. Si Dieu vous
a fait pere de quelques filles, prenez garde à leurs corps.
C'eſt prin-
cipalemẽt
à la mere
d'auoir
ſoin des
filles.
Ie dis que ce ſoin appartient au pere & à la mere, mais principalement
à la mere : c'eſt le commandement que leurs en donne S. Chryſoſt. Homil. 9.
I. ad Timoth. Matres filiarum vobis curam aſſumite, eſt ea cura vobis perfacilis,
curate ſolicite vt domi iugiter ſint, ante omnia pias religioſaſque eſſe docete, aſper-
nari pecunias, exterioris ornatus contemptrices eſſe, atque ita demum nuptui tra-
dite. Eas ſi inſtitueritis, non ipſas modo ſeruabitis, verum & viros qui illas ducturi
ſunt: neque viros tantum, ſed filios ac nepotes, quippe ex radice optima, ſurculi
prodeunt firmiores, ac ſemper in meliora proficiunt, horumque omnium merces
reddenda eſt.
Meres prenez le ſoin de vos files, cela vous eſt facile. Or voicy
en quoy conſiſte ce ſoin ſuiuant le meſme S. Chryſoſtome.
Les filles
doiuent
garder la
maiſon.
I. Qu'elles gardent la maiſon. Curate vt domi iugiter ſint. Plutarque au
liure de Iſide, & Oſiride217 remarque que Phidias ayant fait la ſtatue de Ve-
nus
auoit mis vne tortue ſouz ſes pieds : & qu'aupres de Minerue on mettoit
d'ordinaire vn dragon. Cela nous fait entendre qu'il faut qu'vne fille garde
La ſtatue
de Ve-
nus
ayant ſouz
ſes pieds
vne tortue,
& aupres
d'elle vn
dragon, &
pourquoy.
la maiſon, comme monſtre fort à propos Alciate par ſon embleme,
Alma Venus, quænum hæc facies; quid denotat illa
Testudo, molli quam pede Diua premis ?
Me ſic effinxit Phidias, ſexumque; referri
fœmineum, noſtra iuſſit ab effigie
Quodque, manere domi, & tacitas decet eſſe puellas,
Suppoſuit pedibus talia ſigna meis.

Les filles doiuent eſtre comme celle de laquelle il eſt dit, Cant. 4. Hortus conclu-
ſus, fons ſignatus
, vn jardin fermé, vne fontaine ſeellée, & comme dit le Sage,
Eccli. 26. Columnæ aureæ ſuper baſes argenteas, & pedes firmi ſuper plantas ſtabi-
lis mulieris.
Elle doit eſtre ferme & ſtable, & ne ſortir de la maiſon qu'en ne-
ceſſité.
Mais pourquoy vn dragon auprés de la ſtatue de Minerue ? Alciate en ap-
porte la raiſon en cet embleme,
Vera hæc effigies innuptæ eſt Palladis, eius
Hic draco, qui Dominæ conſtitit ante pedes
Cur

349

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
Cur Diuæ comes hoc animal ? cuſtodia rerum
Huic data, ſic lucos, ſacraque templa colit.
Innuptas opus eſt cura aſſeruare puellas.
Peruigili, laqueos vndique tendit amor.
C'eſt pour monſtrer que comme le dragon eſt le ſymbole de la vigilance,
qu'auſſi il faut vne grande vigilence pour garder les filles, & que leurs meres
doiuent eſtre comme dragons touſiours veillans. Comme vn Argus ayant des
yeux de tous coſtez, ou pluſtot n'eſtant autre choſe qu'œil pour prendre
garde à tous les deportemens de leurs filles. Que iamais elles ne les perdent
de veue, & que ſi elles ſortent quelquesfois de la maiſon, ce ne ſoit qu'en com-
pagnie de leurs meres.
Les Chinois coupent le nerf du pied à leurs filles, afin qu'elles ne ſortent
de la maiſon. Plutarque in præcept. coniugal. lib.218 c. 33. dit, que chez
les Egyptiens, les filles ne portoient point de ſouliers, afin qu'elles fuſſent obli-
gées de demeurer à la maiſon.
Les filles
doiuent
eſtre de-
uotes.
La ſeconde choſe, qu'elles ſoient deuotes & craignantes Dieu, ante omnia
pias religioſaſque eſſe docete
. On a beau les garder, ſi elles n'ont la crainte de
Dieu, la vigilance & le ſoin qu'on y apportera n'y fera guere : Il faut que la
fille ſoit comme vn Pallas219 ayant en teſte la caſque de la crainte de Dieu, le
bouclier d'vne ſaincte confiance à ſa bonté & miſericorde deuant ſa poitrine,
en main la lance d'vne ferme reſolution, autrement la garde de ſa mere ne
Vne fille
doit eſtre
armée co-
me vne
Pallas.
ſera ſuffiſante pour la preſeruer. Niſi Dominus custodierit ciuitatem fruſtra vigi-
lat, qui cuſtodit eam.
C'eſt en vain que les gardes de la ville font la ſentinelle
ſi Dieu ne la garde. Lectulum Salomnis ſexaginta fortes ambiunt omnes tenentes
gladios
, Cant. 3. Le lict de Salomon eſt entouré de ſoixante hommes armez,
qui ont l'eſpée à la main. Le lict du vray Salomon eſt le cœur de la Vierge,
de la fille craignante Dieu, les vertus en ſont les gardes, qui feront plus que
tous les ſoins d'vne mere.
Les filles
ne doiuent
eſtre aua-
res.
La troiſieſme, qu'elles meſpriſent l'argent, & ne ſoient auares, Aſper-
nari pecunias
. Philippe de Macedoine diſoit qu'il n'y auoit aucune forte-
reſſe imprenable, dans laquelle pouuoit entrer vn aſne chargé d'or. Auſſi
peut on dire qu'il n'y a fille qui ſoit inuincible, qui ſe laiſſe emporter par
l'affection de l'argent, & ſe rend tributaire à l'auarice, les meres leurs
doiuent enſeigner d'eſtre bonnes meſnageres, mais non pas d'eſtre ſor-
dides, beaucoup moins d'idolatrer l'or & les richeſſes.
La quatrieſme, qu'elles ne ſoient addonnées au luxe, mais meſpri-
ſent
X x 3

350
Second Traite’
ſent les atours & ornemens d'habits. Exterioris ornatus contemptrices eſſe,
Ne doiuẽt
eſtre ad-
données au
luxe.
& combien de meres qui font tout le contraire, & contraignent leurs
filles de ſe parer dans l'excés, importunent continuellement leurs ma-
rys pour donner des nouueautez à leurs filles à la ruyne totalle de leurs
maiſons !
Ie pourrois adjouſter beaucoup d'autres choſes, mais d'autant que
i'en ay parlé au Traité premier du liure ſecond, parlant des qualitez que
doiuent auoir les Dames, & que la plus part de ces qualitez ſont auſſi bien
pour les filles que pour les meres : ie les renuoiray à ce que i'en ay dit.
Voyla dit S. Chryſoſtome le meilleur doſt que vous ſçauriez donner
à vos filles, c'eſt qu'elles ſoient bien vertueuſes. Or remarquez les motifs
dont il ſe ſert pour induire les meres à faire leur deuoir en cet endroit.
1. Si vous les inſtruiſez vous ne les garderez pas ſeulement, mais en-
core vous garderez ceux qu'elles auront pour marys.
Prouffits
qui reuiẽ-
nent de la
bonne
nourriture
des filles.
2. Vous ne proffiterez pas ſeuelement à leurs marys, mais encore à
leurs enfans, & aux enfans de leurs enfans, puis que d'vne bonne racine vien-
nent de bons jettons, qui vont touſiours en produiſans des meilleurs, & la
bonne inſtruction que vous aurez donné à vos filles ira de race en race, & de
ſiecle en ſiecle.
Enfin vous en receurez la recompenſe deuant Dieu, qui ne manquera de
reconnoiſtre ce bon office que vous aurez rendu à voz filles.
Abus des
meres à
nourrir
leurs fil-
les.
O qu'on a bien ſubject de faire maintenant la plainte que faiſoit jadis Fa-
bius Quintilianus
, vn des plus ſages de l'Empire Romain, ante palatum eorum,
dit-il, quam os instituimus: in purpuris repunt, in lecticis creſcunt, gaudemus
ſi quid licentius dixerint, verba nec Alexandrinis quidem permittenda delicijs,
riſu & oſculo excipimus
, on a plus de ſoin de leurs chercher des friandiſes,
& leurs rendre le palais delicat, que de leurs apprendre à prier Dieu,
elles ne marchent que parmy la pourpre & la ſoye, elles ne couchent que
ſur le cottom & le fin lin, ſi elles diſent quelque parole licentiueſe : on
s'en reſiouyt, on en rit, & on les baiſe; & on les careſſe lors qu'elles ont
dit des paroles qu'on ne deuroit permettre à des lauandieres. On les
laiſſe courir & trotter par tout, ou en fait de petites Diuinitez en la mai-
ſon, on n'oſeroit les faſcher, & tout le ſerain d'vne famille depend d'elles,
il n'y a curioſité qu'on ne leurs accorde, liberté qu'on ne leurs permette,
elles ſont ſuperbes, haultaines, preſomptueuſes, languardes220, curieuſes,
inhumaines, impitoyables, voila pas bien de quoy pour rendre vn mary
mal-heureux ? mais pour rendre coupable deuant Dieu, des meres qui
deuoient

351

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
deuoient auoir ſoin d'inſtruire leurs filles, & qui les ont perdues.
Les meres
doiuent
enſeigner
leurs filles
par exem-
ple.
Meres, voulez vous que vos filles ſoient telles que S. Chryſoſtome, mais
que la raiſon, mais que Dieu demande, faut que vous meſmes le ſoyez, &
que vous leurs enſeignez la vertu, pluſtot par exemple que par paroles.
Car tout ainſi qu'ordinairement on naiſt auec cinq doigts, & que c'eſt
choſe extra-ordinaire d'en auoir ſix dit S. Chryſtoſt. Hom. 60. ſup. Math.
auſſi c'eſt choſe extra-ordinaire que les enfans ne reſſemblent aux peres
& meres, & nommément les filles à leurs meres : partant dit S. Chyſtotſt.
lors qu'vn ieune homme cherche femme, s'il ne connoit les mœurs de
la fille qu'il deſire, qu'il examine les mœurs de ſa mere, car d'ordinaire
les filles imitent la mere, & ſequitur leuiter filia matris iter.
Comment voulez vous que la mere perſuade à ſa fille d'eſtre chaſte,
temperante, deuote, liberale, aumoſnier, humble ? ſi elle meſme eſt im-
pudique, gourmande, ne ſe ſoucie de la deuotion, eſt auare, impitoyable,
toute pleine de vanité & de luxe ? comment la rendra-elle vertueuſe ſi
elle-meſme n'a autre diſcours que de menſonges, de detractions, de liber-
tinages ? quelqu'vn a dit fort veritbalement, quorum vita turpis eſt, illi ne ſeruos
quidem obiurgandi poteſtatem habent
, ceux qui viuent mal, n'ont pas l'autho-
rité de reprendre meſme vn ſeruiteur.
Compa-
raiſons du
bon exem-
ple aux
pigeons
parfumez,
aux flam-
beaux du
nauire, à
l'aimant, à
l'ambre.
Tout ainſi que ceux qui veulent attirer les pigeons eſtrangers dans leurs
colombiers ont couſtume de parfumer quelques vns de leurs pigeons, que
les autres ſuiuent auſſi toſt à l'odeur & ſuauité du parfum, auſſi il n'y a rien
de plus efficace pour attirer les filles à la vertu que l'odeur & ſuauité de la
bonne vie de leur mere. Les vertus de la mere ſont comme ces flambeaux
qu'on met ſur les nauires la nuict, pour monſtrer le chemin. Autant de
vertus qu'elles exercent comme autant d'eſtoilles brillantes qui eſclairent
leurs filles : ce ſont comme les baguettes que Iacob mettoit deuant les
brebis lors qu'elles conceuoient, & qui leurs faiſoient porter des agneaux
bigarrez : les filles conçoiuent de bons deſirs, de ſainctes penſées enfantent
de bonnes œuures, conformement aux exemples que leurs meres leurs
repreſentent par leurs vertus & bonne vie. Le bon comportement des meres
eſt comme vne pierre d'aimant qui attire les filles doucement au bien,
fuſſent-elles de fer : c'eſt comme l'ambre lequel eſtant eſchauffé attire
la paille; les meres eſtant eſchauffées de l'amour de la vertu attirent ayſe-
ment leurs filles au bien & à la vertu.
Seneque de tranquillitate animi221 cap. 3. parlant en general du bon
exemple dit, nunquam inutilis eſt opera ciuis boni: auditu enim, viſu, vultu, nutu,
obſtinatione tacita, inceſſuque ipſo prodeſt: vt ſalutaria quædam citra guſtum,
tactumque odore proficiunt, ita virtus etiam utilitatem ex longinquo, & latens

fundit

352
Second Traite’
fundit. Iamais l'homme de bien n'eſt inutile, il proffite en l'oyant, en le
Efficace
du bon
exemple.
voyant, de ſa ſeule face, d'vn clin d'œil, par ſa grauité, par ſon marcher,
& comme il y a certaines choſes qui proffitent non ſeulement par le gouſt
& par le toucher, mais encore par l'odeur, de meſme la vertu proffite de
loin, voire meſme eſtant cachée fait ſentir la ſuauité de ſon odeur.
Si cela eſt vray, comme il eſt tres veritable de toute perſonne vertueuſe,
beaucoup plus d'vne mere enuers ſa fille. Elle la conduit à la vertu par ſes
oreilles, par ſes yeux, par ſa face, par ſes mains, par ſa bouche en parlant, ſe
taiſant, en marchant, repoſant, en toutes ſes actions eſtant reiglées comme
elles doiuent eſtre, mais ſi elles ſont deſreiglées elle a beau exhorter ſes
filles à la vertu, l'exemple eſt plus puiſſant que les paroles.
Ne vous eſtonnez pas ſi vous voyez tant de filles qui ne vaillent guere,
les meres ne ſont pas meilleures. Tant de meres qui ſe plaignent que leurs
filles ne ſont obeyſſantes, ſont ſuperbes, leurs reſpondent, ne leurs portent
aucun reſpect, n'ont point de deuotion ny de crainte de Dieu, qu'elles pren-
nent garde ſi elles ne leurs en ont donné exemple. On leurs apprend des
amourettes, des chanſons laſciues, pluſtot que leurs patenoſtres, voire meſ-
me dés la mammelle, & puis on s'eſtonne ſi eſtant grandes elles s'emportent
à toute ſorte de diſſolution. Audite mulieres verbum Domini, & docete filias ve-
ſtras lamentum, & unaquæque proximam ſuam planctum
, Ierem. 9. meres eſcou-
tez la parole de Dieu, enſeignez à vos filles des complaintes, enſeignez leurs
comme il faut prier Dieu, & elles ne vous donneront point de ſubject de dire
auec le temps, beatæ ſteriles quæ non genuerunt, & ubera quæ non lactauerunt,
heureuſes celles qui n'ont point d'enfans, heureux les ventres qui ſont ſteriles,
& les mammelles qui n'ont point allaicté.
Les meres
doiuent
recommã-
der leurs
filles à
Dieu.
Apres que les meres auront fait leur deuoir, & de paroles, & d'exemples
touchant l'inſtruction de leurs filles, ſi elles ne vaillent rien, qu'elles imitent
la bonne ſaincte Monique, mere de S. Auguſtin, qu'elles aient recours à Dieu
par leurs larmes & prieres. Mater mea præcepta vitæ quæ in animo plantauerat
verbo, rigabat lachrymis, alebat exemplis
, dit S. Aug. Ma mere arrouſoit de ſes
larmes les preceptes qu'elle m'auoit donné de paroles, & les nourriſſoit par
ſes bons exemples. Il ne ſe pouuoit faire qu'elle ne receut vn grandiſſime
deſplaiſir, voyant qu'apres tant de peine qu'elle auoit apporté pour l'inſtru-
ction de cet enfant, les torrens des mauuaiſes compagnies, & la violence de
ſa ieuneſſe l'auoient emporté dans les bourbiers de la chair & des voluptez,
Larmes de
S. Moni-
que
pour
la conuer-
ſion de S.
Auguſtin
.
& dans la fondriere & l'abyſme de l'hereſie; elle recourt donc à Dieu.
Auſſi c'eſt à ſes larmes que S. Auguſtin attribue ſa conuerſion, lib. 3. con-
feſſ.
c. II. mon Dieu, dit-il, vous auez enuoyé voſtre main d'en haut, & auez
retiré mon ame des tenebres obſcures, où elle s'eſtoit jettée, lors que ma
bonne

353

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
bonne mere voſtre fidelle ſeruante pleuroit pour moy, mais bien autrement
que les autres meres ne pleurent la mort de leurs enfans. Par la foy & l'eſ-
prit que vous luy auiez donné, elle voyoit la mort dangereuſe qui auoit ſaiſi
mon ame : mon Dieu vous l'auez exaucé, vous n'auez pas meſpriſé ſes larmes
dont elle arrouſoit tous les lieux où elle prioit. Vous receuiez iour & nuict
des ſacrifices de ſang du cœur de ma mere par ſes larmes, & en conſidera-
tion de ces ſacrifices, vous auec faict des merueilles en moy : ouy ! mon
Dieu c'eſt vous qui les auez faict, car c'eſt vous qui maniez les cœurs des
hommes, & les addreſſez au bon chemin. Elle ne vous demandoit ny or, ny
argent, ny aucune autre choſe tranſitoire, mais le ſalut de ſon fils. O Dieu de
miſericorde, euſſiez vous bien peu n'auoir point d'eſgard au cœur contrit &
humilié d'vne vefue chaſte & sobre ? qui faiſoit des aumoſnes continuelles,
qui ſeruoit les pauures, qui ne paſſoit pas vn iour ſans preſenter quelque of-
frande ſur vos autels, & ne manquoit de venir deux fois le iour au temple,
le matin, & le ſoir, pour y apprendre vos volontez, & pour eſtre exaucée de
voſtre miſericorde ?
C'eſt là eſtre mere, c'eſt là monſtrer qu'on viſe à la fin pour laquelle on a
des enfans, qui eſt que Dieu en ſoit ſeruy, & qu'enfin ils iouiſſent de ſa gloire.
Meres imitez cette bonne mere, arrouſez vos aduertiſſemens de vos larmes,
impetrez leurs l'efficace par vos prieres, vous ſouuenans de ce que S. Am-
broiſe
dit à S. Monique, vade fieri non potest, vt filius tantarum lachrymarum pe-
reat
, allez Madame, il eſt impoſſible qu'vn enfant pour lequel vous auez iet-
tez tant de larmes periſſe. Dieu aura eſgard à vos larmes, à vos oraiſons, à vos
offrandes, à vos aumoſnes, & aux autres bonnes œuures que vous ferez pour
la conuerſion de vos enfans.
Meres, ſçauez-vous bien en quoy doit eſtre voſtre eſtude & ambition? c'eſt
que vos filles ſoient ſeruantes de Dieu, & non du monde, des ſainctes, non des
libertines.
Ie m'en vay vous repreſenter l'exemple d'vne ſaincte mere, & de trois fil-
Soin de
de S. So-
phie
à in-
ſtruire ſes
filles, &
martyre
des ſes
trois fil-
les.
les qui ont enſuiuies les traces de leur bonne mere: c'eſt ſaincte Sophie, laquel-
le ſoubs la perſeqution de l'Empereur Adrian à Rome, employoit tout ſon eſ-
tude, non ſeulement à inſtruire trois filles qu'elle auoit à la deuotion, & à tout
ce qui concernoit le ſeruice de Dieu, mais les fortiſioit contre tout ce qui leurs
pouuoit arriuer, fuſt-ce le martyre. Elle auoit donné pour nom à l'vne Fides,
Foy, à l'autre, Spes, Eſperance : & la troiſieme, Charitas, Charité. L'aiſnée
n'auoit que douze ans, la ſeconde dix, & la cadette neuf : mais leurs vertus &
pieté ſurpaſſoit leur aage, & ſe faiſoit connoiſtre dans Rome auec eſclat. Elles
furent donc deferées auec leur mere qu'elles retiroient pluſieurs du culte
des Idoles : les voila apprehendées & preſentées deuant le Iuge. Le Iuge
demanda à la mere ſon nom, d'où elle eſt, de quelle religion elle faiſoit pro-
feſſion
Yy

354
Second Traite’
feſſion : elle reſpondit librement qu'elle eſtoit Italienne, & noble, qu'elle
s'appelloit Sophie, qu'elle ne ſe glorifioit nullement de ſon extraction, qu'el-
le mettoit toute ſa gloire en ce qu'elle auoit l'honneur d'eſtre Chreſtienne.
Le tyran indigné de cette grande franchiſe commande qu'on la mit dans
vn cachot auec ſes filles; apres trois iours de prison, on les fit comparoiſtre
deuant les Iuges, qui firent tous leurs efforts par promeſſes, careſſes, craintes,
& menaces, de faire renoncer ces fillettes à la foy de leur mere, à laquelle elle
les auoit inſtruit dés la mammelle : mais elles pleines d'vne genereuſe reſo-
lution reſpondirent au Iuge, vous auez beau faire, vous ne gaignerez rien en-
uers nous, nous n'auons que faire, ny de vos richeſſes, ny de vos honneurs,
& toutes vos menaces ne ſçauroient esbranler noſtre reſolution, car ſçachez
que tout le contentement des Chreſtiens eſt de patir pour Ieſus-Chriſt, qui
nous a donné cette vie, qui nous doit ſeruir de paſſage à vne meilleure, qu'il
nous a merité par ſon ſang.
Le tyran perdant eſperance de leur faire renoncer à leur foy, les mit entre
les mains du iuge pour les faire tourmenter. On mit l'aiſnée nommée Fides
toute nue, puis on la deſchira à grands coups de verges, mais comme elle ſe
mocquoit de tout cela, le iuge commanda qu'on luy coupaſt les mammel-
les, & au lieu de ſang, il en ſortit du laict tres pur qui la blanchit, & la ren-
dit belle extraordinairement. Le Iuge enrageant à la veue de cette merueil-
le, commanda qu'on la iettaſt dans vne chaudiere de poix bouillante, où ny
receuant non plus d'incommodité que iadis les trois Gentils-hommes en la
fournaiſe, ains ſe reſiouyſſant au milieu des bouillons de la poix, le Iuge la
condamna à eſtre decapitée.
Auant l'execution, s'addreſſant à ſa mere & à ſes ſœurs qui voyoient tou-
te cette tragedie, leurs dit, voyez ma chere mere les faueurs de Dieu en mon
endroit, ie ne vous demande plus autre faueur ſinon que par vos prieres, vous
m'impetriez de Dieu la grace d'acheuer ce combat, & vous mes tres-aymées
ſœurettes, ne craignez point de mourir glorieuſement pour Ieſus-Chriſt,
noſtre tres-honorée mere nous a engendré toutes trois, nous a nourry &
eſleuées toutes trois enſemble, Dieu nous face la grace d'auoir toutes trois
vne meſme fin, taſchons d'auoir toutes trois meſme volonté & reſolution.
Ayant dit ces paroles, la mere & les deux ſœurs luy dirent l'adieu, ne pou-
uans tenir leurs larmes de ioye; elle preſta le col au bourreau, & s'enuola à
Dieu.
Le Iuge attaqua la ſeconde, l'inuita à ſacrifier à Diane, luy promit de
grands biens. Quoy ! dit-elle, croyez-vous que ie ſois ſœur de celle que vous
venez de faire mourir ? ouy ie le ſuis, & ſeray ſa ſœur en conſtance : La deſ-
ſus on la batit auec des nerfs de bœufs, puis on la ietta dans vne fournaiſe ar-
dante, mais ny receuant aucune incommodité, on la pendit à vn bois, où on
la

355

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
la deſchira auec des peignes de fer, en ſorte qu'on luy voyoit les os. Lors eſle-
uant le cœur & les yeux vers le ciel, elle prioit Dieu qu'il ne permit pas qu'on
luy fit choſe repugnante à la ſaincteté Chreſtienne, puis auec vn grand cou-
rage, dit au tyran : mal-heureux, ie triompheray de toy auec ma sœur, aſſiſté
de la grace & faveur de mon Dieu. On la ietta vne autre fois dans vne chau-
diere pleine de poix, mais la chaudiere ſe caſſant comme du verre, la poix
s'eſpandit, & fit mourir aucuns des bourreaux, enfin on luy trencha la teſte
comme à ſa ſœur.
Le tyran fit traitter la troiſieme tout de meſme, & de plus, percer ſon
corps tendrelet auec des tarieres. Elle ſupporta tous ces tourmens auec vne
conſtance Angelique, puis eſtant condamnée à la mort, la bonne mere com-
mença à s'eſcrier, grand Dieu que ie ſuis heureuſe d'auoir honoré la tres-
ſaincte Trinité par le moyen de mes trois filles ! Qui pourroit comprendre la
faueur que Dieu me fait, de me voir auiourd'huy mere de trois filles cou-
ronnées de la couronne du martyre, & tranſportées au Royaume eternel ?
Courage ma tendre fille, ie vois les Anges qui attendent auec ioye la fin de
vos combats : courage, allez à la chambre nuptiale de voſtre eſpoux Ieſus, où
vos ſœurs ſont deſia. La mere ayant dit ces paroles, on trencha la teſte à l'en-
fant. La mere enterra leurs corps honorablement, & au bout de trois iours
venant ſur le tombeau de ſes filles rendit l'ame en priant Dieu, & fut enter-
rée auec ſes filles, Metaphrastes & alij.
Quel contentement maintenant à la mere, d'eſtre mere de telles filles !
quelle ioye aux filles d'auoir eu vne telle mere ! mere qui a donnée vne ſi
ſaincte inſtruction à ſes filles, filles qui ſe ſont rendues ſi docilles aux in-
ſtructions de leur mere : mere qui a preferé le ſeruice de Dieu à la tendreſſe
de l'amour maternel : filles qui en vn ſi bas aage ſont demeurées ſi cõſtantes,
nonobſtant la cruauté des tourmens, & la grandeur des promeſſes : mere qui
n'a eu des filles que pour le ſeruice de Dieu, & pour les immoler à vn glo-
rieux martyre : filles qui n'ont point eu de plus grand contentement, que de
ſouffrir pour Ieſus Chriſt, & de teſmoigner leur fidelité par vne mort ſi
cruelle. Heureuſe la mere, heureuſes les filles : & heureuſes les meres & les
filles qui les imitent : les meres ne pretendans autre choſe en l'education de
leurs filles que le ſeruice de Dieu : les filles renonçans à tous les apaſts du
monde, ſouffrans tout ce qu'il y a de plus cruel pluſtot que de quiter Dieu.
Ie confeſſe qu'il ne ſe trouue point d'Adrian maintenant ny ſemblables
tyrans qui ſollicitent la conſtance de vos filles, mais il y en a d'autant ou plus
dangereux, qu'ils ſont plus occultes, & que leurs careſſes ſont plus charman-
tes qui ſont le monde auec ſes pompes & vanitez : la chair auec ſes mignardi-
ſes & chatouillements, le Diable auec ſes ſuggeſtions & les effects de ſes mi-
niſtres
Y y 2

356
Second Traite’
niſtres. C'eſt contre ces tyrans que vous deuez les munir de vos bons exem-
ples, de vos ſalutaires inſtructions, & de vos ſainctes & feruentes prieres.


Filet cadre, rayé.

Combien c'eſt choſe importante que l'inſtruction
des enfans.


CHAPITRE III.

LE Sage, Eccli. 30. donne ce precepte aux peres & meres, Doce filium tuum,
& operare in illo, ne in turpitudinem illius offendas
, inſtruiſez voſtre enfant,
Le pere
doit tra-
uailler à
l'inſtru-
ction de
ſes enfans.
trauaillez à l'entour de luy, tout ainſi que vous feriez à cultiuer vn champ, ou
vne vigne, labourant, plantant, cerclant, arrachant : faites comme la nourrice, &
toute ainſi qu'elle emmaillote l'enfant pour luy dreſſer & former les membres,
de meſme eſtudiez vous à former ſon eſprit, & dreſſer ſes mœurs : Ne in tur-
pitudinem illis offendas
, autrement, voſtre enfant eſtant mal inſtruict ſera la
cauſe de voſtre honte, de voſtre des-honneur, & de voſtre triſteſſe, puis que
la honte & la confuſion de l'enfant mal inſtruict redonde iuſques au pere :
Confuſio patris eſt de filio indiſciplinato, Ecc. 22. Ne in turpitudinem illius offendas,
de peur que vous ne ſoyez coupable de ſes vices, faute d'inſtruction : de peur
qu'en mal faiſant, il ne vous rende infame : de peur que de voſtre exemple &
de voſtre negligence, il ne prenne occaſion de mal faire.
Les peres
doiuent
auoir plus
de ſoin
d'inſtrui-
re leurs
enfans
que de les
mettre au
monde.
S. Aug. in pſ. 127. dit que les peres & meres doiuent auoir plus de ſoin à
bien eſleuer leurs enfans, qu'à les mettre au monde, car le bon-heur des pe-
res & meres, ne giſt pas à auoir des enfans, mais à auoir de bons enfans : de
quoy ſeruiroit à l'ourſe d'auoir mis au monde vne maſſe de chair informe, ſi
elle ne la poliſſoit & luy donnoit la forme auec la langue ? & de quoy ſeruiroit
aux peres & meres d'auoir engendré des enfans, s'ils ne forment leurs eſprits
par bonne education ? la terre qui eſt ſterile & rude, par trauail & diligence
deuient fertile, & la plus fertile eſtant delaiſſée, ne porte que des ronces : les
meilleurs eſprits eſtant abandonnez deuiennent tout pleins de ronces de
vices; les plus groſſiers par la bonne education deuiennent fertiles. Hac con-
ditione gignimur, vt generati Deo debita obſequia præſtemus, hunc ſolum nouerimus,
hunc ſequamur
, dit Lactance, nos peres & meres nous ont engendré pour ſer-
uir Dieu, pour le connoiſtre, & le ſuiure, ne ſuffit donc pas qu'il nous ayent
donné l'eſtre, mais ils nous doiuent donner l'inſtruction pour laquelle nous
auons l'eſtre.
Les

357

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
Reſponſe
de l'ora-
cle tou-
chant l'in-
ſtruction
de la ieu-
neſſe.
Les Atheniens conſulterent vn iour l'oracle pour ſçauoir par quel moyen
leur republique pourroit eſtre heureuſe & floriſſante. L'oracle reſpondit qu'il
n'y en auoit point de meilleur, que de pendre aux oreilles des enfans ce qu'ils
auoient de meilleur & de plus pretieux. Auſſitoſt on attacha aux oreilles
des enfans des anneaux d'or, on y fit pendre des pierres pretieuſes en grand
nombre, mais la republique n'en fut pas plus heureuſe pour cela : il falloit
mettre dans leurs oreilles de bonnes & ſalutaires inſtructions, c'eſtoit là le
ſens de l'oracle.
Le bon-
heur des
eſtats de-
pend de
l'inſtru-
ction des
enfans.
Auſſi Platon, lib. 21. de repub. &. 2. de Legibus, ne recommande rien
tant que l'inſtruction de la ieuneſſe, de laquelle depend le bon-heur des eſtats,
car comme il dit, vous ne pouuez auoir de bons Magiſtrats, ſi vous n'auez de
bons citoyens, dont vous choiſiſſez les Magiſtrats : il eſt impossible d'eſtre
bon citoyen, ſi on n'a eſté bon ieune homme, puis que les cityens ſe font des
ieunes hommes, & ſont tels eſtant en aage, qu'ils ont eſté en leur adoleſcence :
& comment pourront-ils eſtre bons ieunes hommes, ſi on n'a ſoin de les bien
inſtruire en leur ieuneſſe ? L'inſtruction de la ieuneſſe eſt le fondement du
bon-heur des eſtats, & ce fondement manquant, vous ne ſçauez rien baſtir
de ferme ny de ſolide.
Plutarque a eſcry vn Liure de l'inſtruction de la ieuneſſe, ou entre autres
choſes, il dit, que tout ainſi qu'on forme les membres des enfans auſſi toſt
qu'ils ſont nez, afin qu'ils ne ſoient contrefaits, de meſme, il faut former les
eſprits afin qu'ils ne ſoient vitieux.
Il y a des peres & meres ſi ſots qu'ils penſent auoir ſuffiſamment ſatisfait
à leur deuoir, lors qu'ils ont amaſſé force biens à leurs enfans, ſemblables à
cette mere dont parle Sainct Hieroſme, mere de Sainct Iean, & de Sainct Iac-
que
222, Auiditate fœminea præſentia petit, immemor futurorem, qui auec vne
Contre
les peres
& meres
qui ont
plus de
ſoin d'a-
maſſer
des moy-
ens à
leurs en-
fans que
de les in-
ſtruire.
auidité de mere, ne penſoit qu'aux choſes preſentes, oubliant les futures : ſem-
blables à ceux dont ſe plaint Sainct Chryſoſtome par ces paroles, Alij filiis
ſuis militiam comparant, alij honores, alij diuitias, nemo filiis ſuis comparat Deum,
perditionem eorum magno pretio comparant, ſalutem vero illorum, nec dono accipere
volunt.
Aucuns ſe mettent en deuoir de procurer des charges en la guerre à
leurs enfans, d'autres à leurs chercher quelque eſtat, d'autres à leurs amaſſer
des richeſſes : perſonne ne ſe met en deuoir de les bien inſtruire à la crainte
de Dieu, ils leurs cherchent à grand prix leur ruine, & ne veulent admettre
leur ſalut qu'on leur offre gratuitement. Quelle proportion peut auoir tout
le reſte, moyens, honneur, ſanté, beauté, force, nobleſſe, gloire, reputation,
auec la bonne nourriture ? Ceux-la ſont indignes d'eſtre peres & meres qui ont
plus de ſoin d'amaſſer des richeſſes, que d'inſtruire leurs enfans à la vertu,
auſquels ils doiuent laiſſer leurs leurs richeſſes; c'eſt proprement faire comme
celuy qui a vn grand ſoin de ſon ſoulier, & ne ſe ſoucie de ſon pied, vous
verrez
Y y 3

358
Second Traite’
verrez des peres & meres qui auront grand ſoin que leurs enfans ne facent
quelque inciuilité, comme qu'ils ne mangent de la main gauche, qu'ils
ne marchent ſe penchant, qu'ils ne regardent de trauers, mais qui ne ſe
ſoucient s'ils ſont menteurs, choleres, dedaigneux, opiniaſtres, impatiens,
volontaires.
Ariſtote diſoit que les peres & meres qui inſtruiſent leurs enfans ſont
plus dignes d'honneur que ceux qui les engendrent : d'autant que par la gene-
ration, ils ne donnenet que la vie : mais par l'inſtruction ils donnent la bonne
vie. Laert. lib. 5. c. I. on les peut appeller peres & meres deux fois.
Il faut donner quelque place en ce diſcours à S. Chriſoſt. lequel in I. ad
Timoth.
2. hom. 9. dit aux peres & meres, ô quel grand treſor Dieu vous à
mis en main, gardez le ſoigneuſement, & prenez garde que le larron ne vous
le deſrobe ! mais helas, qu'on ne s'en ſoucie gueres maintenant ! on eſt fort
ſoigneux d'auoir vn bon champ, de trouuer vn bon & fidele laboureur pour
luy mettre en main; on cherche par tout vn bon palfrenier, vn bon muletier,
vn bon procureur223, & deſpenſier224, qui ſerue auec grande affection, mais
on meſpriſe ce qui doit eſtre plus cher, & ne ſe ſoucie-on pas de l'inſtruction
des enfans, ny de trouuer quelque braue homme pour les luy mettre en
main & les inſtruire, & rendre gens de bien. Cependant il n'y a champs, poſ-
ſeſſion, ny choſe quelconque de quoy on doiue faire tant d'eſtat que des en-
fans, puis que tout le reſte n'eſt que pour eux; & on a plus ſoin des poſſeſ-
ſions, que de ceux pour leſquels on les amaſſe. N'eſt-ce pas vne ſottiſe & im-
pertinence ? partant on doit s'eſtudier deuant toute choſe à les former à
la vertu, & à la pieté, & puis le reſte apres. Car s'ils ſont mechans les moy-
ens ne leurs ſeruiront de rien : s'ils ſont gens de bien, la pauureté ne les in-
commodera pas.
Le pere de l'eloquence latine 2. de diuinatione, dit qu'il n'y a rien de plus
important pour le bien d'vne republique, rien de meilleur, rien de plus noble,
que d'inſtruire la ieuneſſe lors principalement qu'elle eſt ſi libertine qu'il faut
chercher tous les moyens poſſibles pour la maintenir. Ie diray plus qu'il n'y a
rien de plus important pour le bien & proſperité de l'Egliſe.
L'impor-
tance de
l'inſtru-
ction de
la ieuneſ-
ſe pour le
bien de
l'Egliſe.
On racompte qu'vne ſaincte matrone prioit vn iour Dieu fort inſtamment
afin qu'il luy pleut reformer ſon Egliſe, & la reſtituer en ſa premiere vigueur :
on luy demanda comme on pourroit tirer des pommes belles & bonnes, d'vne
pomme gaſté & pourrie ? Ne ſçachant que reſpondre, on luy dit qu'il n'y auoit
point d'autre moyen ſinon de prendre les pepins de la pomme pourrie, auant
qu'ils ſoient pourris & gaſtez, les mettre en bonne terre, deſquels ſortiroit vn
pommier qui porteroit de fort bonnes pommes; de meſme que l'vnique moyen
de reformer l'Egliſe eſoit en la ieuneſſe, la cultiuant pour de cette ſemence
tirer

359

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
tirer la premiere vigueur & beauté de l'Egliſe.
Les tyrãs
pour nui-
re à l'E-
gliſe ont
corrom-
pu la ieu-
neſſe.
Les cruels Empereurs qui auoiẽt minuté la ruine de l'Egliſe ſçauoiẽt fort
bien cela, & partant pour ſapper l'Egliſe par le fondement & la ruiner tout d'vn
coup, ils n'ont rien trouué de plus efficace que la corruption de la ieuneſſe,
luy donnant des principes tout contraires à la vraye pieté & la pureté & ſince-
rité de noſtre religion. L'Empereur Maximin, entre autres, vn des plus cruels
qui fut iamais, voyant que tous les tourmens & cruautez que ſa rage pouuoit
inuenter, ne profitoient de rien contre les Chreſtiens, taſcha d'en venir au
Inuentiõ
diaboli-
que de
Maximin
pour cor-
rompre
la ieuneſſe.
bout par ſubtilité & fineſſe, de ce qu'il n'auoit ſçeu faire par force & cruauté;
il fit faire vn liure intitulé, Acta Pilati, les Actes de Pilate 225, plein de men-
ſonges & calomnies contre noſtre Seigneur, commanda que tous les les maiſ-
tres d'eſcole l'explicaſſent, & le fiſſent apprendre à leurs diſciples, afin que les
enfans appriſſent de bonne heure l'impitié, & que commençans à haïr Ieſus-
Chriſt auſſi toſt qu'à parler, petit à petit ils fuſſent imbus de cette abominable
doctrine, euſſent les Chreſtiens en horreur, comme gens abominables & exec-
rables, & les perſecutaſſent à toute outrance.
Comment eſt-ce que Luther & Caluin ont cauſé vne ſi grande ruine en
l'Egliſe ? n'a-ce pas eſté faiſant des Liurets gentils, des poëſies plaiſantes, con-
tre le Pape, les Prelats, les Preſtres, contre les ceremonies de l'Egliſe ? faiſant
courir ces Liurets par les eſcoles pour donner des impreſſions à la ieuneſſe,
qui duraſſent tout le temps de la vie, & qui engendraſſent vne horreur &
haine de la vraye religion.
C'a eſté pour remedier à ce mal-heur que l'on a eſcrit tant de Liures de
l'inſtruction de la ieuneſſe, qu'on a erigé tant de Colleges; fait choix de bons
maiſtres & pieux, qu'on a fait vne nouuelle dignité aux Egliſes Cathedrales,
qui eſt des Eſcolaſtres qui euſſent ſoin des eſcoles : qu'on a eſtably tant de
ſeminaires, que tant de grands perſonnages ſe ſont abbaiſſez iuſques à l'in-
ſtruction des enfans, dans le ſentiment commun, que non ſeulement le bon-
heur des familles, mais que la proſperité des Republiques & des Royaumes,
voire de l'Egliſe, dependoit de l'inſtruction de la ieuneſſe.
Trait de
Lycurgus
pour mõ-
ſtrer l'im-
portance
de l'inſtru-
ction de
la ieuneſſe.
Vous n'ignorez pas le trait de Lycurgus rapportée par Plutarque, au liure
de l'inſtitution de la ieuneſſe : il fit prendre deux chiens de meſme pere & de
meſme mere, & d'vne ventrée, en fit nourrir vn à la cuiſine, à lecher les
plats : l'autre à la chaſſe, puis les amenant en preſence du peuple, fit mettre
vn plat de potage d'un coſté, de l'autre fit lacher vn lievre : le chien de cui-
ſine ſe ietta auſſi toſt ſur le potage : & l'autre pourſuivit chaudement le li-
eure, lors il prit occaſion de monſtrer au peuple, quelle force auoit l'educa-
tion des enfans.
Tout ainſi, dit Seneque, que l'on appriuoiſe les lyons, que le maiſtre les
rend

360
Second Traite’
rend ſi doux qu'il les baiſe, leurs met la main dans la gueule : qu'on apprend
à l'Elephant (quoy que ſi maſſif) à danſer ſur la corde, ainſi il n'y a rien qu'on
n'apprenne à la ieuneſſe, quand on veut y apporter l'aſſiduité & la diligence.

Filet cadre, rayé.
Qu'il faut inſtruire les enfans lors qu'ils ſont
encore ieunes.


CHAPITRE IV

Faut in-
ſtruire les
enfans
dés la plus
tendre
ieuneſſe.
CE n'eſt pas aſſez d'inſtruire les enfans, mais faut le faire dés leur
premiere ieuneſſe : ſuiuant le precepte du Sage Eccli. 7. Filij tibi ſunt?
erudi illos, & curua illos à pueritia illorum.
Tout ainſi que la terre produit l'or,
mais rude, brut, ſans luſtre ny beauté, & l'orfeure par le moyen du feu l'eſpure,
& luy donne la beauté : de meſme les peres & meres produiſent les enfans
auec la lie & le meſlange de beaucoup d'imperfections, mais faut les purifier
par le moyen de la bonne nourriture & inſtruction : tout ainſi qu'en vn ſauua-
geon226 on ente vne greſſe d'vn bon arbre qui porte de bons fruicts : ainſi
les peres & meres par l'inſtruction doibuent enter la bonne doctrine dans
l'ame de leurs enfans qui ſont comme ſauuages en leur naiſſance. Mais pour
faire vnir la greſſe faut qu'elle ſoit tẽdre, auſſi pour rendre les enfans capables
de diſcipline, faut les inſtruire dés leur premiere ieuneſſe. On ne peut plus
flechir ny manier les arbres qui ſont vieux, faut le faire quand il ſont encore
tendres; le meſme eſt de la ieuneſſe. Le Poëte a dit fort veritablement, à tene-
ris aſſueſcere multum
, il importe beaucoup de s'accouſtumer dés qu'on eſt en-
core ieune. Virg. 2. Georg.
Quo ſemel eſt imbuta recens ſeruabit odorem teſta diu. Horat.227. Les pots de
terre gardent long-temps les premieres ordeurs.
Les en-
fans ſont
tels en
vieilleſſe,
qu'ils ont
eſté en
ieuneſſe.
Mais à quel propos ces teſmoignages des Poëtes apres ces belles ſentences
de l'eſcriture aux Prouerb. 22. adoleſcens iuxta vitam ſuam etiam ſenuerit
non recedet ab ea
, le ieune homme ſera tel en ſa vieilleſſe, qu'il aura eſté en ſa
ieuneſſe, & Iob. 20. Oſſa eius implebuntur vitijs adoleſcentiæ ſuæ, ſes os
ſeront remplis des vices de ſa ieuneſſe.
S. Baſile compare l'eſprit à la cire, quand elle eſt molle on en fait ce qu'on
L'eſprit
ſemblable
à la cire.
veut, on y imprime le cachet ſans difficulté, on en fait vn Ange ou vn Diable,
comme les doigts veulent : le meſme eſt des enfans, quand ils ſont ieunes, on
les forme comme on veut, ou à la vertu, ou au vice. C'eſt pourquoy Platon
aduer-

361

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
aduertiſſoit les nourrices qu'elles n'appriſſent aux enfans des fables ſottes, &
ſales, de peur d'infecter leurs eſprits tendres dés le commencement : auſſi dit
fort à propos vn certain Poëte,
Nil dictu fœdum, uiſuque hæc limina tangat,
Intra quæ puer eſt, procul hinc procul eſte puellæ
Lelonum, & cantus pernoctantis paraſiti
Maxima debetur puero reuerentia, ſi quid
Turpe paras, nec tu pueris contempſeris annos
Sed peccaturo obſiſtat tibi filius infans.
Iuuenal.
Satyr. 14.
Oſtez de deuant leurs yeux toute laſciueté : eſloignez tout ſexe diuers de leur
conuerſation : ne permettez pas qu'on diſe des chanſons impudiques ou des
bouffonneries & des flatteries en leur preſence : ſi vous auez enuie de faire
mal, au moins gardez vous en, en preſence de la ieuneſſe, voire meſme des
enfançons.
Suſanne
bien in-
ſtruicte.
Ce qu'on
a enſeig-
né aux
enfans en
ieuneſſe,
demeure
en vieil-
leſſe.
D'ordinare ce qu'on a enſeigné aux enfans en ieuneſſe, demeure en leur
vieilleſſe : d'où penſez vous que prouenoit cette inuincible conſtance de la
chaſte Suſanne, laquelle ne ſe laiſſa emporter, ny aux careſſes de ces impures
& deteſtables ruffiens : ny aux menaces de ces iniuſtes iuges ? d'où procedoit
ſa grande patience contre vne iniuſte ſentence, à laquelle elle ſe voyoit con-
damnée, n'en cherchans point d'autre raiſon que la bonne inſtruction qu'on
luy auoit donnée dés ſa plus tendre ieuneſſe, parentes illius cum eſſent iusti eru-
dierunt illam ſecundum legem Moyſi
228, Daniel 13. & tant de rares & ſignalées ver-
tus du bon vieillard Tobie, au milieu de tant d'afflictions : n'eſtoient-ce pas des
fruicts de la bonne inſtruction de ſa ieuneſſe ? Cum ab infantia ſua ſemper Deum
timuerit, & mandata eius custodierit, non eſt contriſtatus contra Deum, quod plaga
cœcitatis euenerit ei, ſed immobilis in Dei timore permanſit, agens gratias Deo omni-
bus diebus vitæ ſuæ.
Tob. 2. Ayant commencé à craindre Dieu dés ſa plus tendre
ieuneſſe & à garder ſes commandemens, il ne murmura pas contre luy de ſon
aueuglement, mais il demeura ferme & conſtant, rendant grace à Dieu tous
les iours de ſa vie.
Le bon vieillard Eleazarus, contre la conſtance duquel ny les tourmens,
La con-
ſtance
d'Eleaza-
rus
pro-
uenoit de
la bonne
educatiõ
de ieuneſ-
ſe.
ny les promeſſes, ny les tyrans, ny les amys, n'eurent non plus de force que les
flots contre vn rocher, auoit acquis cette force & conſtance par vne bonne edu-
cation, & qu'ainſi ne ſoit conſiderez les paroles de l'eſcriture comme on l'inuite
non à faire contre la loy, mais ſeulement à feindre de faire, pour s'exempter
des tourmens & de la mort cruelle. Cogitare cœpit ætatis ac ſenectutis ſuæ emi-
nentiam dignam; & ingenitæ nobilitatis cantiem, atque; a puero optimæ conuerſa-
tionis actus
. 2. Machab. 6. Il commença à ſe repreſenter ſa venerable vieilleſſe
& la nobleſſe de ſa race, & ſa bonne nourriture dés ſa plus tendre ieuneſſe &
lors
Z z

362
Second Traite’
lors dit conſtamment, præmitti ſe malle in inſernum, quam à Diuina lege ſeparari:
qu'il aymoit mieux mourir que d'enfraindre la loy de Dieu. S. Aug. 3. conf. 4.
confeſſe que ſa bonne mere luy ayant appris le ſainct nom de Ieſus dés la mam-
melle, quoy que puis apres il ſe ſoit emporté à beaucoup de vices, toutefois il
ne trouuoit gouſt à choſe quelconque où il ne rencontroit ce ſaint nom, tant il
eſt veritable que les premieres teintures demeurent touſiours.
Aug. 6. confeſſ. raconte que ſa mere eſtant encore enfant, le pere & la mere
luy donnoient ſouuent du vin à boire; elle apprit ſi bien, qu'elle beuuoit des
verres entiers. Or comme vn iour elle reprenoit la ſeruante, la ſeruante luy
reprocha qu'elle eſtoit vne aualeuſe de vin, à cette reproche elle fit reflexion
ſur ſoy-meſme, & s'amenda, voyez quelle force a la premiere education.
On prit vn iour vn enfant loup aux foreſts d'Allemagne, dont on fit
Vn enfant
loup pour
auoir eſté
nourry
parmy les
loups.
preſent à Henry Prince de Haſſe. Il auoit eſté nourry parmy les loups, dés
l'aage de trois ans, deſquels il auoit appris à marcher à quatre pieds comme
vne beſte : il alloit à la chaſſe comme les loups auec les loups, partageoit la
proye auec les loups, dormoit au milieu des loups : enfin eſtoit deuenu tout
loup. On eut aſſez de peine de l'appriuoiſer, & ne peut-on le faire, qu'en
luy liant les mains auec des baſtons pour luy apprendre à ſe tenir debout, &
marcher en homme; il rompoit tout, taſchant de retourner à ſes premieres
façons de loup : voila ou porte vn homme la nourriture, qui eſt comme vne
ſeconde naiſſance229.
L'experience fait voir que ceux qui commencent de bon-heur à s'addon-
ner à la vertu ſe rendent la vertu comme connaturelle, n'ont point de difficul-
té à bien faire, & au contraire ceux qui s'addonnent aux vices & à la liberté
dés le commencement, ſe les rendent familiaires, & ne peuuent les quiter qu'a-
uec vne tres-grande violence.
Iamais il n'eſt bon de differer ce qui ſe peut faire bien toſt quand il eſt
d'importance. Peut-il y auoir choſe de plus grande importance que l'inſtru-
ction de la ieuneſſe ? partant ne faut la differer, curua ceruicem eius in inuentu-
te, & tunde latera eius dum infans eſt
. Domptez la ſuperbe de cet enfant, ſon
opiniaſtreté, ſa teſte, par vne amoureuſe correction auec le ioug d'obeiſſance,
& n'attendez pas qu'il ſoit en aage, dés qu'il eſt tendre faictes voſtre deuoir
de le dreſſer.
L'eſpoux au Cant. c. 5. inuite ſon eſpouſe en ſon iardin, par ces paroles,
Dieu de-
mande la
ieuneſſe
& la vieil-
leſſe.
Veniat in hortum meum ſoror mea ſponſa, meſſui myrrham meam cum aromati-
bus meis, comedi fauum cum melle meo, bibi vinum cum lacte meo
: i'ay meſlé
mon laict auec mon vin, le laict ſignifie la ieuneſſe, le vin la vieilleſſe : pour-
quoi dit-il qu'il a meſlé le laict auec le vin ? ſinon pour monſtrer qu'il faut con-
ioindre la ieuneſſe auec la vieilleſſe, & que d'ordinaire telle qu'eſt la ieuneſſe,
telle eſt la vieilleſſe : pour monſtrer que Dieu veut que nous luy preſentions
l'vne

363

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
l'vne & l'autre : il ne boit pas ſeulement du vin, il veut encore du laict. Si le laict,
c'eſt à dire la ieuneſſe, eſt corrompu, il eſt malayſé que le vin, c'eſt à dire, la vieil-
leſſe ſoit pur, & aggreable à Dieu.
Dieu ne vouloit pas anciennement qu'on luy offrit des cygnes. Ce pouuoit
Dieu ne
veut pas
qu'on luy
offre des
cygnes.
eſtre entre autres raiſons, d'autant que quoy qu'ils chantent melodieuſement,
ce n'eſt qu'à la fin de la vie, & non en la ieuneſſe : voulez vous faire vn aggre-
able ſacrifice à Dieu ? offrez-luy vos enfans, non ſeulement à la vieilleſſe,
mais en la ieuneſſe, par vne bonne education. Et pourquoy Dieu Exodi. 22.
demande-il les premices & les premiers nez ? Primitias tuas non tardabis reddere,
primogenitum filiorum tuorum dabis mihi:
tu ne tarderas pas de me rendre tes
premices, tu me donneras le premier né de tes fils : les premices, eſt le premier
aage : nos premiers nez, ſont les premiers actions : c'eſt le laict dont nous
auons parlé, mais il veut le vin auec : auſſi dit-il, Eccl. 26. ſerua timorem Dei, &
in illo veteraſce
, gardez la crainte de Dieu, & vieilliſſez en icelle.
Il ne faut pas faire comme certains arbres qui fleuriſſent en automne, &
ainſi ne portent aucun fruict; ny comme les amandiers qui fleuriſſent bien
toſt, & à la premiere gelée perdent leurs fleurs. Aucuns fleuriſſent en ieuneſſe
par vne bonne education, & à la premiere rencontre perdent tout : d'autres
ne fleuriſſent qu'en vieilleſſe, & eſt fort mal-ayſé qu'ils portent de bons
fruicts.
Eccli. 24. La ſapience ſe compare à la vigne, & dit que ſes fleurs ſont
des fruicts, ego quaſi vitis fructificaui, & flores mei fructus. Les fleurs ſont auant
les fruicts voire meſme en la vigne : quelle nature de vigne eſt-ce cy qui a des
fruicts pour des fleurs ? les fleurs c'eſt vne ieuneſſe douée de ſapience, par
vne bonne & ſaincte inſtruction : les fruicts ſont la vieilleſſe: elle dit donc, flo-
res mei fructus
, mes fleurs ſont des fruicts : c'eſt à dire les fleurs d'vne bonne &
ſaincte ieuneſſe bien eſlevé, ſont des teſmoignages ſi aſſeurez d'vne fructueuſe
vielleſſe, que quoy que ce ne ſoient que des fleurs, on peut les qualifier des
fruits.
Il n'y a point de fruict ſans fleurs, ex flore, & per florem omnis fructus, c'eſt
Les Dia-
bles en
veulent à
le ieuneſ-
ſe.
pourquoy le Diable en veut principalement aux fleurs, c'eſt à dire à la ieu-
neſſe, luy tendant mille pieges, luy donnant dix mille occaſions; incitant les
peres & meres à luy donner toute liberté, ſçachant bien que les fleurs eſtant
perdues le fruict court hazard : c'eſt pourquoy l'eſpouſe eſt ſi ſoigneuſe de
chaſſer les renardeaux de la vigne : capite nobis vulpes paruulas quæ demoliun-
tur vineas
, Cant. 2. & la raiſon eſt, vinea nostra floruit, ſa vigne eſt en fleur. Les
vrays renards en veulent principalement aux raiſins quand ils ſont meurs,
mais les renards myſtiques, les Diables à la vigne quand elle fleurit, c'eſt à
dire à la ieuneſſe.
O que
Z z 2

364
Second Traite’
O que Ieremie monſtre bien le bon-heur de ceux qui ſont inſtruicts à la
C'eſt cho-
ſe bonne
de porter
le ioug de
Ieſus Ch.
dés la ieu-
neſſe.
vertu dés leur ieuneſſe, Thren. 3. Bonum eſt viro cum portauerit iugum ab ado-
leſcentia ſua, ſedebit ſolitarius, & tacebit, quia leuauit ſe, ſuper ſe
: il eſt expedient
de porter le ioug de la vertu dés la ieuneſſe, autrement il eſt fort mal-ayſé de
le porter en la vieilleſſe. Vn certain auoit vn aſne beau & fort, il ne voulut
luy faire porter le bat quand il eſtoit ieuſne, fort & beau. Comme ſa beauté
commença à faillir, & ſes forces manquer, il voulut la charger, mais la pau-
ure beſte n'auoit pas accouſtumé ce meſtier, & n'auoit plus de force; ainſi
il n'en tira aucun ſeruice, ny en ieuneſſe, ny en vieilleſſe : noſtre Seigneur
dit que ſon ioug eſt doux, & ſa charge legere, ouy pour ceux qui ſe ſont ac-
couſtumés de ieuneſſe à la porter, mais inſupportable, ou au moins fort pe-
ſante, quand on ne l'endoſſe qu'en la vieilleſſe.
Sedebit, dit Ieremie, pour monſtrer la grande tranquillité & repos de con-
ſcience qu'on a, lors qu'on a commencé de bonne heure à bien faire.
Et tacebit, il n'aura point d'occaſion de deplorer ſon malheur, comme font
ceux dont parle Salomon, Prouerb. 5. Ne des alienis honorem tuum, & annos
tuos crudeli, ne forte impleantur extranei viribus tuis, & labores tui ſint in domo a-
liena, & gemas in nouiſſimis, quando conſumpſeris carnes tuas, & corpus tuum, &
dicas, Cur deteſtatus ſum diſciplinam, & increpationibus non acquieuit cor meum,
nec audiui vocem docentium me, & magiſtris non inclinaui aurem meam.
Donnez-
vous de garde de donner voſtre honneur, c'eſt à dire, voſtre ieuneſſe, aux
eſtrangers, aux vices : & vos années au cruel, au Diable, de peur que le eſ-
trangers ne conſomment vos forces, & que vos travaux ne ſoient en vain,
& que vous ſoyez contrainct de vous plaindre à la fin quand les forces vous
manquerõt, & de dire, ha mal-heureux que ie ſuis, pourquoy ay-ie eu en hor-
reur la diſcipline ? pourquoy ay-ie meſpriſé la correction ? pourquoy ne me
ſuis-ie rendu obeyſſant à ceux qui m'enſeignoient, & prompt à la volonté de
mes maiſtres ?
Solitarius, ſeul, il arriuera à vne telle perfection, qu'il fera comme vn rang
à part : il meritera vne telle recompenſe, que rien ne pourra luy eſtre comparé :
il ſera eſleué à vn ſiege de gloire particuliere, à cauſe des merites qu'il aura
acquis, ayant commencé de bonne heure à s'addonner à la vertu, & à ſeruir
Dieu : ſolitarius, ſans trouble, ſans rebellions, ſans reuolte de ſes paſſions, d'au-
tant que leuauit ſe ſuper ſe, il s'eſt ſurmonté ſoy-meſme, entant que de bonne
heure il a commencé à refrener ſes deſirs, & moderer ſes paſſions.
S. Ambr. ſerm. 19. in pſ. 118. dit tout cela en peu de paroles, qui à iuuentute
iugum portauerit, & habenis maturi moderaminis teneriora volens colla ſubdiderit,
ſedebit ſingulariter remotus à ſtrepitu interpellantium paſſionum, & quietus ſedebit:
cui neceſſe eſt iam non iurgari cum corpore, decertare cum variis cupiditatibus, quia
tulit iugum verbi anima, quæ quærit Deum, quæ captiuas ſibi fecit, omnes delicias iu-
uentutis
.
Dieu

365

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
Dieu voulant faire vn homme incomparable de S. Iean Baptiſte, il le fait
commencer de bonne heure, & dés ſa plus tendre ieuneſſe. Notre Dame dés
l'aage de trois ans fut miſe au temple, quoy que deſia auparauant Saincte
Anne
n'auoit manqué de faire tous deuoirs d'vne bonne mere en ſon endroit,
& tant d'autres.
S. Denys Areopagite, eccl. Hierarch.230 c. vltimo, remarque que ce
Pourquoi
on donne
le bapteſ-
me dés
l'enfance.
n'a pas eſté ſans cauſe que les Apoſtres ont ordonné qu'on baptiſa les petits
enfans afin qu'eſtans encore purs & ſaincts, exempts de toute erreur, & cor-
ruption, ils commençaſſent à porter le ioug de Ieſus-Ch. & de l'Egliſe, qu'ils
s'addonnaſſent à la pieté dés leur naiſſance, & ſucçaſſent la deuotion auec le
laict de leurs nourrices, & qu'eſtans regenerez en Ieſus-Chriſt par le bapteſme,
ils n'euſſent aucuns deſſeins, aucune penſée que pour Ieſus-Chriſt.
S. Anſelme, lib. de ſimilitud.231 c. 78. compare ceux qui ſeruent à Dieu
dés leur plus tendre ieuneſſe aux Anges, qui ne ſont iamais tombez, mais qui
ont perſeueré au ſeruice de Dieu : c'eſt viure en Ange de commencer de bon-
ne heure, & perſeuerer dans des ſi heureuſes briſées232.
Dieu auoit expreſſement ordonné qu'on ne luy offrit aucune victime,
Dieu ne
veut au-
cune vic-
time qui
ne ſoit
ſaine.
qui ne fut ſaine, pure, & ſans macule, Leuit. I. Malach. I. Que ſe ſoucioit Dieu
de la pureté d'vn agneau ? s'il auoit des taches ou non ? mais c'eſtoit pour
nous enſeigner l'eſtat qu'il faiſoit de vos enfans, lors que vous les luy offrez
comme de tendres agnelets dans l'integrité & pureté de vie, prouenant d'vne
bonne inſtruction.
L'Eſpouſe233 dit, Omnia poma noua, & vetera ſeruaui tibi dilecte mi, O mon
bien aymé, ie vous ay gardé tous mes fruicts, vieux & ieunes : Dieu veut auoir
tous les fruicts, de ieuneſſe & vieilleſſe, partant faut que les peres & meres
ſoient ſoigneux de les luy garder.
Le Diable fait tous ſes efforts pour empeſcher que tous les fruicts ne
ſoient à Dieu, c'eſt l'homme ennemy qui ſurſeme la mauuaiſe ſemence ſur la
bonne, & s'en va : qui taſche de ſemer la ſemence des vices dans le champ de
ces ames tendrelettes eſtant bien aſſeuré que s'il le peut faire, postquam creu-
erint, apparuerunt zizania
, l'ivraye ſe fera paroiſtre quand ils ſeront en aage.
C'eſtoit iadis la couſtume parmy les Romains, que les enfans portoient
Les enfãs
Romains
portoient
des me-
dailles à
leur col.
des medailles à leur col, & n'eſtoient permis de les oſter, qu'ils n'euſſent qua-
torze ans : c'eſtoit pour les aduertir qu'ils eſtoient enfans, & partant qu'ils
deuoient eſtre inſtruicts pendant cet aage : maintenant parmy la plus part
des familles on ne ſe ſoucie guere de cela; vn bon eſtat, de l'argent, vn bon
mariage, ils ſeront vertueux quand ile ſeront vieux.
Faut cor-
riger les
enfans.
Le Sage a fort bien dit, Virga, & correctio tribuit ſapientiam, puer antem qui
relinquitur propriæ voluntati, confundit matrem ſuam
, Prouerb. 29. La verge, & la
corre-
Zz 3

366
Second Traite’
correction donne la ſageſſe : l'enfant qu'on laiſſe viure à ſa volonté, ſera la
confuſion de ſa mere; vaudroit mieux n'auoir point d'enfans que d'en auoir
de mauuais, & ne les corriger, ie le dis apres le Sage, Eccli. 16. Ne iucunderis
in filiis ſi multiplicentur, nec oblecteris ſuper ipſos, ſi non eſt timor Dei in illis. Melior
est vnus timens Deum, quam mille filij impij, & vtilius eſt mori ſine filijs quam relin-
quere filios impios.
Ne vous reſiouyſſez pas ſi Dieu vous donne beaucoup d'en-
fans; ne vous congratulez pas à leur occaſion s'ils ne ſont craignans Dieu : vaut
mieux n'en auoir qu'vn qui craigne Dieu, que mille de mechans, mieux mourir
ſans enfans que d'en laiſſer qui ſoient impies.
Souuenez-vous de ce que dit le Sage, Eccl. 30. Equus indomitus euadit
durus, & filius remiſſus vadit præceps
, vn cheual indompté n'eſt pas maniable :
vn enfant negligé eſt comme abondonné. Lacta filium, dit le meſme, & pauen-
tem te faciet, lude cum eo, & contriſtabit te
. Careſſez voſtre enfant, & il vous fera
peur, iouez auec luy, & il vous attriſtera : il faut les retenir dans leur deuoir
auec le frain de la crainte, & ne pas attendre qu'ils ſoient deuenus forts en
bouche par vne longue liberté, & indomptables par des habitudes inueterées :
quand ils ſont ieunes, on les fait aller comme on veut en leurs monſtrant
ſeulement la verge, quand ils ſont vieux, & accouſtrezaccouſtumez à la liberté, ils ne font
rien, meſme pour l'eſperon.

Filet cadre, rayé.
Comme les Peres & meres qui negligent l'inſtru-
ction & correction de leurs en-
fans ſont punis.


CHAPITRE V.

DIeu a touſiours monſtré comme il vouloit que les peres & meres s'ac-
quitaſſent de ce deuoir, car commandant aux Iuifs, Deut. 10. de garder
ſes ordonnances, & de s'en ſouuenir continuellement, il adiouſta, docete filios
vestros, vt illa meditentur
, enſeigner vos enfans à ce qu'ils les meditent : ce n'eſt
pas aſſez qu'ils ayent ſoin des corps, il faut qu'ils ſe ſouuiennent qu'ils ſont
Peres, non des corps, mais des hommes; & que l'eſtre de l'homme conſiſte
principalement en l'ame, & partant Dieu dit par S. Paul, Epheſ. 4. Vos patres
educate illos in diſciplina, & correptione Domini
, peres inſtruiſez vos enfans en
la Loy de Dieu, & I. ad Timoth. 5. Si quis ſuorum maximè domeſticorum curam
non habet, fidem negauit, & eſt infideli deterior
: Si quelque pere n'a ſoin des ſiẽs,
& principalement de ſes domeſtiques, tenez-le comme vn apoſtat, & pire qu'vn
infidele, & le pere, y manquant, la mere le doit faire. I. Timoth. 2. Saluabitur
mulier

367

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
mulier per filiorum generationem, ſi permanſerit in fide, & dilectione, & ſanctifica-
tione, cum ſobrietate
: la femme ſera ſauuée mettant des enfans au monde, per-
ſeuerant en la foy, en l'amour, en la ſaincteté, auec ſobrieté.
Dieu monſtre vne grande familiarité à Abraham, Gen. 18. iuſques-là
La fami-
liarité de
Dieu auec
Abraham
attribuée
au ſoin
qu'il auoit
de ſes en-
fans.
qu'il dit, Num potero celare Abraham quæ geſturus ſum? Pourray-ie bien celer
à Abraham ce que ie dois faire ? mais quelle eſt la cauſe de cette priuauté ?
vous croirez peut eſtre que ce sõt ſes aumoſnes, que c'eſt ſa foy, que c'eſt ſon
obeyſſance : non c'eſt le ſoin qu'il auoit de l'education de ſes enfans, Scio quod
præcepturus ſit filiis ſuis, & domui ſuæ post ſe, ut cuſtodiant viam Domini
: ie ſçay
qu'il commandera à ſes enfans, & à tous ſes domeſtiques, & à ſa poſterité, de
garder mes ordonnances.
Au contraire, rien qui fache tant Dieu, que lors que les peres & meres
negligent l'inſtruction de leurs enfans. Qui ne s'eſtonne conſiderant la gran-
de miſericorde de Dieu qui eſt ſi grande, qu'il cherche quelqu'vn en Eze-
chiel
22. qui s'oppoſe à ſa cholere, s'il peſe le commandement qu'il donne à
Ieremie 7. Tu noli orare pro populo hoc, neque aſſumas pro eis laudem, & oratio-
nem, & ne obſiſtas mihi, quia non exaudiam te
: garde toy bien de prier pour ce
peuple, ne t'oppoſe point à ma cholere contre luy, car ie ne t'exauceray pas :
qui a mis Dieu dans cette cholere inexorable ? en voicy la cauſe, Nonne
vides quid isti faciunt in ciuitate Iuda, & in plateis Jeruſalem? filij colligunt ligna
,
Dieu pu-
nit rigou-
reuſement
ceux qui
ne corri-
gent leurs
enfans.
& patres ſuccendunt ignem, & mulieres conſpergunt adipem, vt faciant placen-
tas reginæ cœli, & libent Diis alienis, & me ad iracundiam prouocent
: Ne vois-tu
pas ce qu'ils font ? les peres, les meres, & les enfans, ne penſent qu'à mal
faire, à idolatrer, & les peres & meres monſtrent l'exemple aux enfans, au
lieu de les inſtruire à l'obſeruation de mes commandemens. Les peres &
meres n'ont autre ſoin que d'engraiſſer leurs enfans, leurs amaſſer des rich-
eſſes, qu'à enioliuer leurs filles, les faire voir, eſtre veuës, leurs permettre
de courir & trotter, n'ont autre penſée que de les aduancer ſelon le monde,
craignent de les facher, en font de petites idoles, leurs laiſſant faire tout ce
qu'elles veulent : & puis quelle merueille ſi Dieu les punit.
Dauid s'en plaint bien fort, Pſalm. 105. Immolauerunt filios ſuos, & filias
ſuas dæmonijs
: ce qui ſe doit entendre non ſeulement de ces barbares qui im-
moloient leurs enfans aux Idoles, au Dieu Moloch, c'eſt à dire au ſoleil, & les
faiſoient bruſler tout vifs dans une ſtatuë creuſe du Soleil; mais des peres &
meres qui immolent leurs enfans au monde, & ſeroient fort marris qu'ils ſer-
uiſſent Dieu, & s'addonnaſſent à la pieté. Et pour les deſtourner du ſeruice
de Dieu, leurs permettent tout ce qu'ils veulent : plus cruels que ces barbares,
en ce que ceux-là n'oſtent que la vie du corps, ceux-cy de l'ame & de la grace
Pauures peres & meres, pourquoy penſez-vous que Dieu vous oſte ſouuent
vos

368
Second Traite’
vos enfans, ſinon en punition de cet excés ? vn roy qui ayme ſon fils & deſire
Dieu oſte
ſouuent
les enfans
aux peres
& meres,
d'autant
qu'ils les
perdent
par trop
de liberté.
ſon aduancement n'a garde de le laiſſer és mains d'vn pedagogue qui le perd :
vous eſtes peres de vos enfans, mais Dieu dauantage : Dieu vous a eſtably
comme pedagogues : mais lors qu'il voit que vous les perdez, ou negligeans
leur inſtruction, ou les corrompans par vos mauuais exemples, ou leurs don-
nans trop de liberté, il vous les oſte. Tant d'exemples de cecy. Aux Iug. 12. ces
deux Iuges & Gouuerneurs d'Iſrael dont l'vn auoit 30. fils & autant de filles,
l'autre 40. & toutefois n'y l'vn n'y l'autre n'eut le contentement d'auoir au-
cun de ſes enfans pour ſucceſſeur en punition de leur negligence en leur in-
ſtruction. Se peut-il trouuer exemple plus tragique que celuy de grand pre-
I. Reg. 2.
Punition
d'Elie
pour a-
uoir ne-
gligé la
correctiõ
de ſes
enfans.
ſtre Elie qui de peur de faſcher deux fils qu'il auoit, deſquels toutefois il en-
tendoit beaucoup de plaintes, les aduertiſſoit lachement, & auec trop de
retenue : mais Dieu l'aduertit que pour punition de cette trop grande indul-
gence, pars magna domus tuæ morietur, cum ad virilem ætatem venerit, qu'vne
grande partie de ſa famille mourroit eſtant arriuée à l'aage virile, & ſes deux
fils, Ophni & Phinées, in vno die morientur ambo, ils moururent tous deux en
vn meſme iour, & le pere tomba à la renuerſe, & ſe caſſa la teſte, & à domo eius
nunquam receſſit plaga
, & la punition ne ſortit iamais de ſa maiſon. Il falloit les
chaſtier ſelon leurs demerites, ne les point flatter, n'aprehender pas de les
facher, & Dieu ne l'euſt pas chaſtié de la ſorte.
On ne peut reuoquer en doute l'amour que Dieu portoit à Dauid; toute-
fois aucuns croient qu'il permit qu'Abſalon fut pendu, Amnon tué apres le
violement de ſa ſœur, parce qu'il les auoit eſleué trop tendrement : & que de-
uez vous craindre ? vous qui n'eſtes ny ſi auant aux bonnes graces de Dieu
comme eſtoit Dauid, & qui n'auez autre ſoin que du corps, ſans vous ſouuenir
de l'ame de vos enfans.
Stupidité
de l'au-
ſtruche.
Il y a cette difference entre l'auſtruche & les autres oyſeaux que la plus
part font leurs nids en haut, puis pondent, couuent les œufs, & viuifient leurs
petits & les nourriſſent, iuſque à ce qu'ils puiſſent voler, & ſe pouruoir; mais
l'auſtruche eſt ſi ſtupide qu'elle met ſes œufs à platte terre, & ſe contentant de
les couurir auec de la pouſſiere, les abandonne ſans penſer qu'on les foulera
aux pieds; ou que quelque beſte en fera curée : elle n'a non plus d'affection pour
ſes petits comme s'ils n'eſtoient à elle : obliuiſcitur quod pes conculcet ea, aut beſtia
agri conterat, duratur ad filios ſuos quaſi nõ ſint ſui
, Iob 39. Tout son trauail n'eſt
qu'à pondre. Ne voila pas la vraye image de tant de peres & meres, qui n'ont
autre ſoin que de pondre, de mettre des enfans au monde, s'ils font quelque
choſe dauantage c'eſt de les couurir de pouſſiere, ils ne s'en ſoucient qu'ils ſoient
foullez aux pieds des vices & des Diables, qu'ils ſoient faicts leur curée; c'eſt
la plainte que fait Dieu, Thren. 4. filia populi mei crudelis, quaſi ſtruthio in deſerto.
C'eſt

369

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
C'eſt vn
grand don
de Dieu
d'auoir
des peres
qui nous
inſtruisent.
C'eſt vn grand don de Dieu aux enfans d'auoir rencontré des peres &
meres qui ayent ſoin de leur inſtruction : S. Paul reconnoit cette faueur, & en
rend graces à Dieu, 2. ad Timoth. II. Gratias ago Deo meo, cui ſeruio à progeni-
toribus meis
, ie rens grace à Mon Dieu, qui m'a donné des peres & meres qui
m'ont eſleué à ſa connoiſſance, & m'ont enſeigné de l'adorer, comme ont fait
Abraham, Iſaac, Iacob, & autres mes progeniteurs, dont i'ay receu la religion,
comme de pere en fils. Il eſt vray qu'il s'oppoſoit à Ieſus-Chriſt, mais c'eſtoit
vn effect de ſon zele, croyant que le Iudaïſme, auquel il auoit eſté inſtruit fuſt
la vraye religion, & partant il adjouſte, in conſcientia pura: ce que i'en ay fait
a eſté dans la ſincerité de ma conſcience, & en bonne foy. Helas combien d'en-
fans y a-il qui ſont comme des treſors cachez & enfouys faute de nourriture ?
qui rauiroient le monde, s'ils eſtoient deterrez par le moyen d'vne bonne nour-
riture ? combien de pauures villageois qui feroient des merueilles, & aux ar-
amées & aux barreaux, & aux chaires, & aux cours, s'ils eſtient cultiuez ? & ſi
leur naiſſance ne les auoit condamnez au joug de pauureté, & d'vne charue,
& faute de nourriture, ce ſont des lumieres ſoubs des boiſſeaux. Helas com-
bien de damnez faute d'inſtruction, & de ſauuez par l'entremiſe d'vne bonne
inſtruction !
Peres trop
indulgens
comparez
aux chi-
rurgiens.
S. Chryſoſt, hom. 59. in Gen. compare certains peres à ces chriurgiens,
leſquels ayant vne playe à penſer, à laquelle il faudroit appliquer le raſoir &
le feu pour couper ce qui eſt pourry, ſe contentent d'y appliquer quelques
emplaſtres lenitifs, ſans plus : de là vient que la gangreine gaignant le de-
dans, la playe ſe rend incurable : pluſieurs peres & meres ſe contentent de
quelques corrections lenitiues, lors qu'il faudroit appliquer & le fer & le feu
pour la cure des fautes de leurs enfans, & puis les fautes ſe rendent irreme-
diables : & lors les enfans ſont l'affliction des peres & meres, & comme des
bourreaux qui les tourmentent iour & nuict, Num. 33. Erunt vobis quaſi claui
in oculis, & lanceæ in lateribus
.
Affection
deſreglée
d'Agrip-
pina
en-
uers ſon
fils.
Agrippina mere de Neron nourrit ſon fils en toute liberté, n'auoit autre
eſtude que de l'aduancer, autre deſir que de le voir regner. On luy dit que ſi
ſon fils eſtoit Roy qu'il la feroit mourir : n'importe, dit-elle, qu'il me face
mourir, moyennant qu'il ſoit Roy : tant elle eſtoit affollée de l'amour de ſon
fils. En effect il la fit mourir, & le meſme iour qu'elle mourut vn Orateur dit
au Senat, iure interficienda erat Agrippina, quæ tale monſtrum peperit populo
Romano
: Agrippina deuoit mourir, puis qu'elle auoit enfanté vn tel monſtre.
Ne voila pas ce que ie viens de dire, Erunt vobis claui in oculis, & lanceæ in
lateribus.
Sennacherib fut tué de ſes propres enfans, pour trop de liberté qu'il leurs
auoit donné, 2. Paralip. c. 32. Vous trouuerez des peres & meres qui n'au-
ront garde de dire vn mot à vn enfant, il ne faut le faſcher, vous luy eſchauf-
ferez
A a a

370
Second Traite’
ferez le ſang, vous luy altererez la ſanté, quand il ſera en aage la raiſon luy
ſeruira de correcteur. Dictes-moy de grace, ſi voſtre enfant tombe dans l'eau,
& vous le voyez qui ſe noye, vous pouuez le retirer de ce danger, le prenant
par les cheueux; mais vous le bleſſerez luy tirant les cheueux, & pluſtot que
de luy cauſer cette petite incommodité vous le laiſſez noyer, n'eſtes-vous pas
vn meurtrier de voſtre enfant ? vous voyez voſtre enfant qui ſe perd dans des
mauuaiſes habitudes, mais ſi vous l'aduertiſſez, ſi vous le corrigez, ſa ſanté
en ſera alterée : cruel que vous eſtes ! vous dictes que vous l'aimez, non, vous
ne l'aimez pas, ſi vous l'aimiez bien, vous procureriez ſon plus grand bien,
Quid parcit virgæ, odit filium ſuum, qui autem diligit eum, inſtanter erudit, Pro-
uerb.
13. Vous n'oſeriez démentir celuy qui dit ces paroles, car c'eſt le S. Eſ-
prit
par la bouche de Salomon : celuy qui eſpargne la verge hait ſon fils, celuy
qui l'aime l'inſtruit diligemment.
L'hiſtoire que rapporte S. Auguſt., ſerm. 35. ad fratres in eremo234, eſt
Hiſtoire
effroyable
d'vn en-
fant nour-
ry en li-
berté.
triuialle, elle ne laiſſe pourtant d'eſtre fort eſpouuantable. Vn pauure & mi-
ſerable pere aimoit tendrement vn fils vnique qu'il auoit, & luy permettoit
tout ce qu'il deſiroit. Ce galland eſtoit quaſi touſiours yure, touſiours aux
berlans ou aux bordeaux235, vn iour eſtant eſchauffé & de vin & de ſa concu-
piſcence força ſa mere, ſuffoquant l'enfant dont elle eſtoit groſſe; tua ſon pere,
bleſſa ſes ſœurs. O doloſa libertas, ô grandis filiorum perdito, ô paternus amor
mortifer!
s'eſcrie S. Aug. O trompeuſe liberté ! ô abominable ruyne des en-
fans ! ô amour paternel qui ne cauſe que la mort ! ne voila pas bien confir-
mé ce que dit Salomon, Prouerb. 29. Virga atque correptio tribuit ſapientiam,
puer autem qui dimittitur voluntati ſuæ, confundit matrem ſuam?
La verge & la
correction donnent la ſageſſe, l'enfant qu'on abandonne à ſa volonté confond
ſa mere.
Peres in-
dulgens
pires que
parricides.
S. Chryſoſtome, aduerſus vituperatores vitae Monaſticæ 236, parlant de
ſemblables peres indulgens, dit des paroles que ie ne puis obmettre : Hos par-
ricicidis
, dit-il, immaniores ſceleratioresque dixerim, illi enim corpus ab anima diſſi-
pant, iſti & animam & corpus æternis ignibus tradunt, atque is quidem qui corpore
occiditur, neceſſariò naturali lege, etiam ſi necatus non ſuiſſet, moreretur, his vero
ſempiternam mortem vitare potuiſſet, niſi hanc illi conſciuiſſet paterna negligentia:
præterea corporis mortem, ſuperueniens protinus reſurrectionis gloria delere poterit
facillimè, animæ vero interitum ſolari non poterit, cum nulla erit ſpes, ſed immorta-
les cruciatus lugere cogatur.
Tels peres ſont pires & plus meſchans que des par-
ricides, car les parricides ſeparent l'ame du corps, & ceux-cy ſont cauſe de la
damnation & du corps & de l'ame : celuy qui eſt tué deuoit touſiours mourir
quoy qu'il n'euſt eſté tué, mais tels enfans, nourris en liberté, pouuoient evi-
ter la damnation eternelle, ſi la negligence de leurs peres ne leurs euſt pro-
curée : la mort du corps ſera reparée par la reſurrection, qui viendra bien toſt,
point

371

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
point de reparation à la damnation de l'ame, n'y ayant plus d'eſperance de
retour, mais vne neceſſité d'endurer ſans reſource.
Peres in-
dulgens
ſont des
traiſtres.
Sainct Cyprian dit quelque choſe approchant de cela ſerm. de opere &
elemoſy.
237 Præuaricator & proditor pater es, niſi filijs tuis fideliter conſulas, niſi
conſeruandis eis religioſa & vera pietate proſpicias, qui ſtudes terreno magis, quam
cœleſti patrimonio, filios tuos Diabolo magis commendare, quam Chriſto; bis de-
linquis, & quod non præparas filijs tuis Dei patris auxilium, & quod doces filios
patrimonium plus amare, quam Christum.
Il en veut principalement aux peres
qui s'eſtudient plus à rendre leurs enfans riches que vertueux, & dit pere, tu
es vn traiſtre & meſchant homme, ſi tu n'as ſoin de tes enfans; ſi tu ne t'ef-
forces de les rendre vertueux & pieux : toy qui t'eſtudies pluſtot à leurs amaſ-
ſer des richeſſes que la vertu : de recommander tes enfans pluſtot au Diable
qu'à Dieu; tu commets deux grandes fautes : la premiere, que tu ne procures
à tes enfans l'aſſiſtance Diuine; la ſeconde, que tu leurs enſeignes par ton
exemple d'aimer davantage les biens terriens, que Ieſus-Chriſt. Quelles
reproches feront les enfans à tels peres à tout iamais, ſe voyans damnez par
leur grande liberté ? De patre impio queruntur filij, quoniam propter illum
ſunt in opprobrio.
Eccli. 41.
Plaintes
des enfans
damnez
par l'in-
dulgence
de leurs
peres.
Ils diront ce que dit S. Cyprian, de lapſis238, prodidit nos aliena perfidia,
parentes ſenſimus parricidas.
Ah mal-heureux que nous ſommes ! peres non
peres, mais meurtriers : falloit-il que vous nous donnaſſiez la vie tempo-
relle & paſſagere, pour nous cauſer vne mort eternelle ? falloit-il que vous
nous communiquaſſiez vne eſtincelle de lumiere, pour eſtre puis apres ad-
iugez à des tenebres horribles & interminables ! pourquoy naiſtre, s'il
falloit eſtre l'object d'vne mort qui n'aura iamais fin ? de quoy nous ſert
d'auoir eſté Chreſtiens, puis que vous n'auez eu le ſoin de nous faire vi-
ure ſuiuant la loy de Ieſus Chriſt, & que nous ayans laiſſé viure ſuiuant no-
ſtre liberté nous ſommes maintenant de pire condition que les payens.
Ainſi le bon-heur que nous auions ( par la miſericorde de Dieu ) d'auoir
eſté faits Chreſtiens eſt le comble de noſtre mal-heur, cauſé par voſtre ne-
gligence. Pleut-il à Dieu que nous euſſions eſté ſuffoquez dans le ventre
de nos meres, & comme auortons jettez dans la voirie, nous ne nous trou-
uerions pas maintenant dans ces flammes ſi cuiſantes. Pleut-il à Dieu
qu'auſſi toſt que nous auons eſté nez nous euſſions eſté eſtouffez : nous
n'euſſions pas commis les crimes que nous auons commis, par la liber-
té que nous ont donné nos peres, crimes, cauſe de noſtre mal-heur. Donc
il a fallu naiſtre, & receuoir vne meſchante rogneure de temps & de vie,
pour mourir d'vne mort eternelle ! O l'heure infortunée à laquelle vous
vous eſtes marié, pour mettre au monde des enfans que voſtre trop grande
licence
A a a 2

372
Second Traite’
licence deuoit rendre enfans de perdition. Vous n'auez pas aſſez conſideré
la fin de voſtre mariage, qui eſtoit d'eſleuer vos enfans à la crainte de Dieu
& à ſon ſeruice, & en faire des Saincts. Tout au contraire vous nous auez eſ-
leué dans la vanité, vous nous auez laiſſé viure ſelon nos volontez : vous
auez pris plaiſir à nos diſſolutions : voire vous nous auez attiré au mal, &
comme forcé par vos mauuais exemples, & de peur de nous contriſter n'a-
uez voulu nous aduertir de nos fautes, non pas meſme permettre que nos
maiſtres nous corrigeaſſent. Tout voſtre ſoin a eſté de nous amaſſer vn heri-
tage gras & ample, ſans vous ſoucier de l'heritage du ciel, & pour vne piece
de terre vous nous auez priué du Royaume du paradis, vous nous auez pro-
curé des honneurs mondains, pour nous priuer de la gloire celeſte. Malheur-
eux que nous ſommes d'auoir rencontré de tels peres ! ſi nous euſſions eu
des peres qui nous euſſent corrigé, nous ne nous verrions pas maintenant re-
duits à cette eternité infortunée. Helas la perfidie d'autruy eſt cauſe de noſtre
perte, ſi nos peres euſſent eſté fideles à Dieu, faiſans enuers nous ce que Dieu
demandoit d'eux, nous ne ſerions pas damnez ! ils ne ſe ſont pas monſtrez
enuers nous des peres, mais des parricides, en la liberté qu'ils nous ont don-
née, qui eſt cauſe que nous ſommes priuez de Dieu, & maudits pour iamais.
Ah maudits peres ! maudites les richeſſes que vous nous auez acquis auec
tant d'auidité, maudits les honneurs qui n'eſtoient que fumée qui nous pri-
uent maintenant des vrays honneurs. Maudit le ventre qui nous a porté,
maudites les mammelles qui nous ont allaictez : que la malediction de Dieu
ſoit eternellement ſur vous : vous qui eſtes les peres de nos corps, les cauſes
de nos deſordres : l'occaſion de la damnation de nos ames, & la raiſon de-
mande que vous ſoyez compagnons de noſtre malediction, & maudits de Dieu
à toute eternité.

Filet cadre, rayé.
Que la correction des enfans doit eſtre diſcrete.

CHAPITRE VI.

La corre-
ction com-
parée à
vne mede-
cine.
LA correction eſt proprement vne teſtification du cœur, vne admonition
charitable, elle doit eſtre comme vne medicine ſagement ordonnée &
exactement doſée : les ingrediens ſont le vinaigre, & l'huile ou le miel : le vi-
naigre qui eſt la iuſtice, le miel ou l'huile qui eſt la charité, du ſel qui eſt la
diſcretion : le vinaigre ou la iuſtice ſuppoſe le vice qui eſt la cauſe de la cor-
rection : le miel ou l'huile ſuppoſe l'amour & la charité de laquelle la corre-
ction

373

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
ction doit proceder non de haine ny de paſſion : il y faut du vinaigre, c'eſt à
Faut de la
ſeuerité en
la corre-
ction de la
ieuneſſe.
dire, de l'aigreur, car tout ainſi que la vigne qui n'eſt coupée par l'abondan-
ce de bois inutile qu'elle jette, ſe rend ſterile, de meſme la ieuneſſe ſi elle n'eſt
retranchée en la ſuperfluité des mauuaiſes habitudes qu'elle pouſſe ne por-
tera guere de bons fruicts : la grangreine cauſe bien toſt la mort ſi on n'y ap-
plique ou le fer ou le feu, & la corruption de la ieuneſſe cauſe la mort de l'ame,
& bien des mal-heurs, ſi on ne ſe ſert du fer & du feu de ſeuerité : il y faut ce-
Il y faut
de l'huile.
pendant meſler la doſe de miel ou d'huile, ou elle ſera trop aigre & trop corro-
ſiue : & faut que la diſcretion ayt eſgard à tous les ſymptomes du malade,
prenne garde au temps & au lieu pour appliquer cette medecine, autrement
ſouuent elle nuit plus que de proſiter, & faut vne grande induſtrie pour
la faire receuoir auec fruict.
Tout ainſi qu'il y peut auoir de l'exces à la trop grande liberté qu'on
donne aux enfans, auſſi en peut-il auoir à la trop grande rigueur : il faut ſe
donner de garde de l'vn & de l'autre des extremes. L'Apôtre Coloſſ. 3. aduer-
tit les peres & meres en ces termes, patres nolite ad indignationem prouocare
filios vestros, vt non puſillo animo fiant
, ne donnez pas occaſion d'indignation
à vos enfans de peur de leurs rabbatre le courage.
Enfans ge-
nereux
ſemblables
aux petits
lions.
Les enfans genereux, dit Philoſtrate, in vita Apollonij lib. 7. c. 13.239 ſont
ſemblables aux petits lions, il ne faut ny les battre, ny les flatter : ſi vous les
battez ils entrent en furie, deuiennent plus fiers, s'en ſouuiennent, & s'en van-
gent : ſi vous les flattez ils deuiennent inſolens. Il y a certaines plantes qu'il
eſt facile de plier, d'autres qu'en penſant les plier vn peu trop, vous les rompez.
Il y a des enfans deſquels on en fait tout ce qu'on veut, d'autres ſi reueſches
qu'à peine peut-on les manier, c'eſt pourquoy il y faut bien de la diſcretion.
Le Prophete Zacharie c. 11. dit, Aſſumpſi mihi duas virgas, vnam vocaui de-
corem, alteram vocaui funiculum, & paui gregem.
I'ay pris deux verges, l'vne ie
l'ay appellé beauté : l'autre vne cordelette, & i'ay donné la paſture à mon trou-
Deux ver-
ges l'vne
de beauté
l'autre ap-
pellée cor-
delette.
peau. Les peres & meres en la correction de leurs enfans doiuent auoir la
verge de beauté qui eſt l'amour, la douceur, la clemence, les promeſſes, les re-
compenſes : voila le beau & bon gouuernement : que ſi les enfans ſe rendent
indociles à cette verge, faut prendre funiculum. La corde, le foüet qui eſt la
ſeuerité, faut venir aux menaces, à la crainte, aux chaſtimens, mais pour bien
faire faut meſler l'vn auec l'autre, le vin auec l'huile, & en cela imiter le bon
Samaritain
en la cure du voyageur, conformement au precepte de S. Paul
2. ad Timoth. 4. Argue, obſecra, increpa, reprenez, priez, tançez : meſlez l'a-
Faut meſ-
ler l'a-
mour auec
la rigueur
en la cor-
rection.
mour & la douceur auec la reprehenſion & la rigueur. Mais que les peres &
meres ſe ſouuiennent qu'on prend plus de mouches auec du miel qu'auec du
vinaigre, & que les hommes ſe gaignent pluſtot par douceur & amitié qu'auec
rigueur & auſterité.
L'Apoſtre
A a a 3

374
Second Traite'
L'Apoſtre donne vn fort bon aduis Epheſ. 6. Nolite ad iracundiam prouo-
care filios vestros, fed educate eos in diſciplina & correctione Domini
: ne donnez
point d'occaſion à vos enfans par vos continuelles menaces, reprehenſions
& chaſtimens de ſe reuolter & prendre le frain aux dents : ne les laiſſez pas
auſſi viure ſelon leurs volontez, meſlez le vin auec l'huile, le vinaigre auec le
miel, la verge de beauté auec la cordelette.
Pour la
guariſon
de la lepre
falloit
mettre du
ſang & de
l'huile ſur
l'oreille.
Dieu auoit commandé Leuit. 14. que pour la guariſon du lepreux, le pre-
ſtre prit du ſang de la beſte qui eſtoit immolée pour le lepreux, & qu'il le mit
ſur l'oreille du lepreux auec de l'huile. Pourquoy mettre du ſang & de l'huile
ſur l'orelle pour guarir la lepre eſparſe par tout le corps ? ſinon pour monſtrer
qu'il faut guarir le vice ſignifié par la lepre, par l'oreille, y appliquant l'huile
d'vne douce exhortation, d'vne charitable admonition, d'vn amour paternel,
& le ſang d'aigreur de punition, quand l'huile n'eſt aſſez efficace : ſouuent
ce qui cuit & pique dauantage, eſt ce qui guarit pluſtot. Souuent, meliora
ſunt vulnera diligentis, quam fraudulenta oſcula blandientis, melius eſt à ſapiente
corripi, quam ſtultorum adulatione decipi
, mieux vaillent les coups de celuy
qui aime, que les baiſers trompeurs de celuy qui flatte : mieux vaut eſtre
chaſtié d'vn ſage que d'eſtre trompé des flatteries des foux, Prouerb. 27.
Ne faut
eſtre trop
ſeuere en
la corre-
ction des
enfans.
Vn certain Prelat ſe plaignoit vn iour à S. Anſelme de ce qu'il chaſtioit
continuellement ſes nouices, ne leurs donnoit aucune liberté, & cependant
qu'ils deuenoient tous les iours plus meſchans. Si vous auiez, luy dit S. An-
ſelme
, vne plante en voſtre jardin, & que vous l'enfermaſſiez de tous coſtez,
de ſorte qu'elle ne peut s'eſtendre, pourriez-vous eſperer que cet arbre
deuſt valoir quelque choſe ? il ſera inutile, courbé, forcé, & eſtroit. Auſſi ſi
vous tenez vos nouices ſi courts que vous ne leurs donniez aucune liberté,
ne leurs monſtriez aucun ſigne d'amour, mais qu'ils ayent occaſion par vos
menaces & rigueur de croire que vous ne les aimez pas, tant s'en faut qu'ils
doiuent deuenir meilleurs, au contraire ils deuiendront tous les iours pires,
& plus reueſches.
Les peres
& meres
ne doiuent
maudire
leurs en-
fans.
Sur tout les peres & meres doiuent ſe donner de garde de maudire
leurs enfans, & de les donner au Diable, car comme la benediction des
peres & meres eſt ſouuent efficace, auſſi l'eſt la malediction : nous auons
pluſieurs exemples en confirmation de cette verité, entre autres celuy que
raconte S. Aug. 22. de Ciuit. c. 8. d'vne mere en Ceſarée, laquelle eſtant
tranſportée de cholere, & maudiſſant dix enfans qu'elle auoit, ſept fils &
Hiſtoire
de la ma-
lediction
d'vne me-
re ſur ſes
enfans.
trois filles, auſſitoſt ces pauures enfans ſe ſentirent ſaiſis d'vn tremblement
par tout leurs corps, & ne pouuant ſupporter la honte qu'ils conceuoient
de cette malediction quiterent leur pays, s'en allerent quaſi par toute l'I-
talie, & aucuns furent deliurez de cette incommodité viſitans les re-
liques

375

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
liques de S. Eſtienne, entre autres deux en la preſence de S. Auguſtin. La
miſerable mere voyant le mal-heur qu'elle auoit cauſé à ſes enfans par ſa
malediction, s'eſtrangla. O que Le Sage a bien dit, Eccli. 38. Benedictio patris
firmat domos filiorum: maledictio autem matris eradicat fundamentæ
. La bene-
diction des peres eſtablit la maiſon des enfans, la malediction de la mere la
ruyne de fond en comble. Ouy ! ſouuent Dieu attache la bonne ou mauuaiſe
fortune des enfans à la benediction ou malediction des peres & meres; c'eſt
pourquoy les anciens Patriarches recherchoient ſi ſoigneueſement la bene-
diction paternelle, comme il appert en Iacob & Eſau.
Combien de peres & meres exceſſifs en ce poinct, qui à la moindre occa-
ſion maudiſſent leurs enfans, leurs ſouhaitent la peſte, les enuoyent au Diable ?
ſemblables à Saül lors que Ionathas luy remonſtroit l'innocence de Dauid qu'il
perſecutoit & cherchoit à mort, qui luy dit, Fili mulieris vltro virum rapientis,
fils de femme qui ſe proſtitue, fils de putain : parole trop commune parmy
pluſieurs Chreſtiens au preiudice meſme de l'honneur de leur lict & de leur
famille.
Contre les
peres trop
doux.
Il y a aucuns peres qui ont vne affection ſi tendre pour leur enfans, qu'ils
ne les ſçauroient contriſter ny les voir pleurer, & partant ne peuuent les corri-
ger; mais il vaut bien mieux que les enfans pleurent pendant qu'ils ſont ieunes,
que de faire pleurer leurs peres & meres par leur meſchante vie quand ils ſer-
ont en aage; vaut mieux les attriſter que faſcher Dieu, & s'expoſer à la punition
de ſa iuſtice, & les enfans à la damnation.
Douceur
de noſtre
Seigneur.
Mais noſtre Seigneur preſche tant la douceur & debonnaireté : il eſt vray
& s'il faut exceder vaut mieux exceder en trop de douceur, que de rigueur,
quoy qu'il faut ſe garder de tout excés. Noſtre Seigneur nous donne pour le-
çon ſa douceur & manſuetude. Iſaie dit qu'il ſeroit ſi doux que, calamum quaſ-
ſatum non conteret, & lignum fumigans non extinguet
, c'eſt à dire, dit S. Chryſoſt.,
quoy qu'il fuſt ſi puiſſant & ſi fort qu'il pouuoit briſer tous les Iuifs comme
vn roſeau rompu, & les conſommer comme vn tiſon qui eſt quaſi eſteint :
toutefois ſa douceur & manſuetude ne le permettoit pas. C'eſtoit vn agneau
qui ne ſçauoit beeler eſtant iniurié & perſecuté; & nonobſtant cette admir-
able douceur il prend le foüet en main, chaſſe les vendeurs du temple, ren-
uerſe leurs comptoirs, inuectiue contre les Scribes & Phariſiens, & d'agneau
deuient comme vn lion. Il eſt bon que les peres & mere apprennent de noſtre
Seigneur la manſuetude, mais auſſi doiuent-ils prendre la verge en main à
ſon imitation, quand la raiſon le veut : & faut que cette verge ſoit telle que
celle que repreſente Hieremie c. 1., vne verge veillante, ou bien vne verge
au deſſus de laquelle eſt vn œil, qui ſignifie la diligence, la prudence, que
doiuent

376
Second Traite’
doiuent auoir les peres, pour prendre garde aux de fauts de leurs enfans,
pour reconnoiſtre leurs inclinations, & y remedier auec l'œil de la prudence.
Conſola-
tion aux
peres qui
ayant fait
leur de-
uoir en-
uers leurs
enfans,
leurs en-
fans ne
vaillent
rien.
Il faut que ie diſe icy vn mot, qui ſeruira comme de concluſion à ce Cha-
pitre, & au precedent; & de conſolation à aucuns peres & meres leſquels ap-
res auoir fait tout leur poſſible touchant l'inſtruction de leurs enfans, n'ont
enfin que des vaut-neant & des pendars, qui leurs ſeruent de bourreaux
& de confuſion à toute la famille, & ſont comme vipereaux qui rongent
les entrailles de leurs pauures meres, par les ennuis continuels qu'ils leurs
cauſent. Ce mot eſt du Prophete Ezechiel ch. 35. Si annuntiante te ad impium,
vt à vitijs ſuis conuertatur, non fuerit conuerſus à via ſua, ipſe in iniquitate ſua
morietur, porrò tu animam tuam liberaſti.
Lors que vous aurez fait voſtre de-
uoir pour corriger l'impie, s'il meurt en ſon impieté, vous n'en eſtes pas
coupable. C'eſt en ce cas que le dire du meſme Prophete ch. 18. eſt tres-
veritable, Filius non portabit iniquitatem patris, & pater non portabit iniquita-
tem filij, iustitia iusti ſuper eum erit, & impietas impij erit ſuper eum.
L'iniquité de
l'enfant ne ſera imputée au pere, ny celle du pere à l'enfant, le iuſte ſera re-
Aux mai-
ſons ſain-
tes ſont
ſouuent
des mau-
uais en-
fans.
compenſé de ſa iuſtice, & l'iniuſte puny de ſon iniquité. Tous ceux que no-
ſtre Seigneur a preſché, repris, corrigé, n'ont pas eſté conuertis : il ſe trouue
vn Cain en la maiſon d'Adam : vn Cam en celle de Noé : vn Iſmael à celle
d'Abraham : vn Eſau à celle d'Iſaac : vn Ruben en celle de Iacob : vn Amnon
& vn Abſalon en celle de Dauid. Iudas en celle de Ieſus-Chriſt : vn Lucifer
dans le ciel.
Ces pauures peres doiuent auoir patience, & leur recours à la prouiden-
ce Diuine, & redoubler leurs prieres & bonnes œuures pour leurs enfans :
ce n'eſt pas pour eux que ſont les menaces de Dieu, mais pour ces peres
negligens qui ne ſe ſoucient de l'education de leurs enfans, qui de peur de
les faſcher leurs permettent tout ce qu'ils veulent : & ſe rendent coupables
des vices de leurs enfans deuant Dieu & les hommes.
Punition
des peres
indulgens
chez les
Romains.
Les Romains auoient vne loy nommée Falcidia240, qui ordonnoit que ſi
l'enfant, faute de correction paternelle, venoit à faillir, que pour la premiere
fois on aduertit l'enfant : pour la ſeconde, qu'on le chaſtiat, & la troiſieſme
qu'il fuſt pendu, & le pere banny & priué de ſes biens, comme coupable du
crime de l'enfant : c'eſt plus d'eſtre banny à iamais du paradis, pour auoir
conniué à la meſchante vie des enfans, & auoir eſté cauſe de leur diſſolution
pour trop de liberté.
Loy de
Solon cõ-
tre les pe-
res negli-
geans l'e-
ducation
de leurs
enfans.
Plutarque & Laërtius, in Solone, diſent que Solon fit vne loy, par laquel-
le il vouloit que le pere qui auoit negligé l'éducation de ſon fils, & ne luy
auroit fait apprendre vne pratique, fut abandonné de ſon fils en ſa neceſſité,
& que le fils ne fuſt obligé de le nourrir en punition de ſa negligence. Les
loix

377

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
loix de Dieu ſont plus ſeueres, puis qu'elles priuent les peres de la nourri-
ture eternelle des Anges, pour auoir meſpriſé l'education de leurs enfans.
Les enfans
ſont la
poſſeſſion
des peres
& meres.
Peres & meres ſouuenez vous de ce que dit la premiere mere du monde
ſe voyant mere, par l'enfantement de ſon fils, Poſſedi, dit-elle, hominem per
Deum
. Par la grace de Dieu i'ay poſſedé vn homme, elle appelle ſon enfant
ſa poſſeſſion : ouy vos enfans ſont la plus pretieuſe poſſeſſion que vous ayez :
ne laiſſez pas cette poſſeſſion en friche, & toute heriſſée d'eſpines de mau-
uaiſes inclinations, arrachez en les meſchantes herbes, & les ronces que la
corruption de la nature y produit : labourez la auec le trenchant de la diſci-
pline Chreſtienne : enſemencez la de la ſemence d'vne ſaincte doctrine,
arrouſez là de vos bons exemples & ſaincts aduertiſſemens. Eſcoutez ce que
vous dit Le Sage Eccli. 30. Non des illi poteſtatem in iuuentute, & tunde latera
eius dum infans eſt, ne fortè induret, & no credat tibi, & erit dolor animæ tuæ:
equus indomitus euadit durus, & filius remiſſus euadit præceps.
Ne luy donnez
pas trop de liberté pendant qu'il eſt ieune, chaſtiez le pendant qu'il eſt en-
fant, de peur qu'il ne prenne ſon plis, qu'il ne s'endurciſſe, qu'il ne vous croye
pas, & lors ce ſeront les douleurs. Le cheual qu'on ne dompte deuient inutile;
& l'enfant libertin s'emporte à l'impetuoſité de ſa paſſion.
Prudence
du chirur-
gien d'Au-
guſte
.
On peut comparer les peres à des chirurgiens, & à des eſcuyers : ſi le chi-
rurgien flatte trop la playe la gangreine s'y met, & cauſe la mort : il y faut
mettre quelquefois & le feu & le fer, mais prudemment & auec circonſpection
& diſcretion. La fille d' Auguſte Empereur auoit vn iour vne apoſtume ſouz
la mammelle : le chirurgien de l'Empereur y auoit appliqué tous les remedes
lenitifs de ſon art, & en vain, il y falloit mettre le fer. Cette tendre pucelle
aimoit mieux mourir que de ſentir le fer, & paſmoit quand on luy en parloit.
Le chirurgien cacha ſubtilement le fer de ſa lancette dans du cotton huilé,
& engraiſſant l'apoſtume la preſſa & la perça. Cette fille jetta vn petit cris, &
puis commença à rire voyant la gentilleſſe du chirurgien, mais encore plus
ſe voyant deliurée des douleurs qu'elle ſouffroit auparauant, & du danger de
la mort. Les peres & meres doiuent imiter cette induſtrie cachant le fer de la
rigueur ſouz l'huile & le cotton de l'amour & de la douceur, mais cependant faut
donner le coup, percer l'apoſtume : ſi les enfans crient ils en ſeront bien ayſes
quand ils connoiſtront le bien que ce fer leurs aura cauſé.
Si l'eſcuyer laiſſe le cheual ſans luy mettre le mord & le caueſſon pendant
qu'il eſt ieune, s'il ne le monte, le trauaille, le flatte tantoſt, tantoſt luy monſtre
la houſſine, tantoſt luy donne de l'eſperon, luy rompt ſes volontez, luy corrige
ſes ombrages, il n'en fera iamais rien qui vaille : il en eſt tout de meſme des
enfans
B b b

378
Second Traite’
enfans. Peres & meres voulez vous auoir du ſeruice & du contentement de vos
enfans ? inſtruiſez-les, c'eſt l'aduis que vous donne Salomon Prouerb. 29.
Erudi filium tuum, & refrigerabit te, & dabit delicias animæ tuæ. Enſeignez voſtre
fils, il vous conſolera, & ſera le contentement de voſtre cœur, & Eccli. 30.
Lacta filium tuum, & pauentem te faciet, lude cum eo, & contriſtabit te. Flattez voſ-
tre fils, il vous fera trembler, iouez auec luy, il vous attriſtera, qui parcit virgæ
odit filium, qui autem diligit, instanter erudit
, c'eſt hair voſtre enfant de ne le cor-
riger : vous ne pouuez mieux luy faire paroiſtre voſtre amour qu'en l'inſtrui
ſant, dit Le Sage.

Filet cadre, rayé.
Comme les peres & meres s'acquiteront de l'obligation qu'ils ont
d'inſtruire leurs enfans, les recommandans à Dieu, leurs mon-
ſtrans bon exemple, & les pouruoyans de bons pedagogues.


CHAPITRE VII.

Les peres
& meres
doiuent
recommã-
der leurs
enfans à
Dieu.
PVis que la Sapience vient de Dieu, c'eſt de là que les peres & meres la
doiuent attendre pour leurs enfans, & luy demander par leurs conti-
uelles prieres, à l'imitation du bon pere Iob, dont l'eſcriture ſaincte dit, Iob
c. I. Conſurgens Iob diluculo offerebat holocauſta per ſingulos dies, dicebat enim
ne peccauerint filij mei & benedixerint Deo in cordibus ſuis, ſic faciebat Iob cunctis
diebus.
Le bon homme ſe leuoit du grand matin, offroit à Dieu des holocau-
ſtes tous les iours, pour expier les fautes de ſes enfans; & afin que Dieu leurs
fiſt la grace, non ſeulement de ne donner aucun ſcandale, & ne commettre
aucune faute à l'exterieur, mais pas meſme de penſée, c'eſtoit là ſa premiere
penſée, non dit S. Chryſoſt. hom. 3. ad Philip.241 de leurs laiſſer de grands
moyens, comme font pluſieurs, des eſtats, des principautez, des metairies :
mais qu'ils honnoraſſent Dieu, & euſſent ſa grace.
Doiuent
auoir ſoin
que leurs
enfans
ſoient gẽs
de bien.
Voilà par où il faut commencer l'inſtruction des enfans, les vouer & con-
ſacrer à Dieu auſſi toſt qu'ils ſont nez : tous les iours renouueller cette offrande :
leurs donner la benediction : demander à Dieu la grace qu'ils ne l'offenſent, &
à l'imitation de ſaincte Monique, lors qu'ils ne ſont tels qu'ils deuroient, prier
pour eux, les recommander à des gens de bien, faire prier pour leur conuerſion
comme elle faiſoit, faire des aumoſnes à leur intention, en quoy on eſt double-
ment pere & mere des enfans. Telle eſtoit la Reine Blanche, mere de S. Louys,
qui

379

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
qui diſoit, mais de bon cœur, qu'elle aimeroit mieux ſon fils mort, que de luy
voir commettre vn ſeul peché mortel. O quelle mere ! vn tel fils ! bon Dieu
qu'elle n'a guere de ſemblables maintenant ! que les enfans offenſent, qu'ils
ſoient deprauez, n'importe : c'eſt aſſez qu'ils ſoient gras, en bon poinct, grands,
en honneur, peu importe qu'ils ſoient en la grace de Dieu, moyennant qu'ils
ſoient riches, & en reputation.
Les Ma-
chabées

ſoignent
principa-
lement le
culte de
Dieu.
Pleut-il à Dieu qu'on peut dire des Chreſtiens auec verité, ce qui ſe dit des
Machabées du temps de Iudas, 2. Mach. II. Erat enim pro vxoribus & filijs, item-
que pro fratribus, & cognatis, minor ſollicitudo, maximus vero, & primus pro ſancti-
tate timor erat templi.
Ils ne ſe ſoucioient guere du temporel, non pas meſme
de la vie de leurs plus proches, leur ſoin principal eſtoit de la ſaincteté, & de
ce qui appartenoit au culte de Dieu. Auſſi Dieu benit-il cette race, & la rendit
illuſtre, & c'eſt en elle qu'on a trouué cette genereuſe mere, qui exhorta ſi con-
ſtamment ſept fils de mourir pour Dieu & pour la religion, les coniurant par
les mammelles qui les auoient allaicté, de n'auoir eſgard aux choſes tempo-
relles, mais de jetter les yeux vers le ciel, & de rendre courageuſement leurs
eſprits à celuy qui auoit formé leurs corps, & creé leurs ames : auſſi merita
elle de les voir tous ſept martyrs en vn iour, & de mourir la derniere, & em-
porter vne glorieuſe couronne.
Soin de
Tobie à
inſtruire
ſon fils.
Peres & meres prenez exemple du bon Tobie, c. 4. voicy comme il inſtruit
ſon fils, Omnibus diebus vitæ tuæ in mente habeto Deum, & caue ne aliquando pec-
cato conſentias & prætermittas præcepta Domini tui: ex ſubstantia tua fac eleemoſy-
nas, ſi multam tibi fuerit abundanter tribue; ſi exiguũ tibi fuerit, exiguum libenter im-
pertiri ſtude: attende tibi fili mi, ab omni fornicatione &c. honorem habebis matri tuæ,
omnibus diebus vitæ tuæ
. Ayez touſiours Dieu deuant vos yeux, prenez garde de
ne iamais conſentir au peché, ny de iamais enfraindre les commandemens de
Dieu : faites des aumoſnes : ſi vous auez beaucoup, donnez beaucoup, ſi peu,
peu; mais de bonne volonté : gardez vous de toute fornication &c. honorez
voſtre mere tous les iours de voſtre vie.
Ie vous prie de contenter voſtre ſaincte curioſité liſant ce ch. 4. de Tobie,
qui eſt comme ſa derniere volonté qu'il fait entendre à ſon fils, & vn teſmoi-
gnage qu'il ne deſiroit en luy rien plus que la crainte de Dieu. Si ce bon vieil-
lard inſtruiſoit bien ſon fils, la mere de Sara qui fut femme du petit Tobie,
& bru du vieillard Tobie, ne manqua à ſa fille, voicy l'adieu qu'elle luy fait,
honorare ſocerum, diligere maritum, familiam regere, & ſeipſam exhibere irrepre-
heſibilem
, luy recommande d'honorer ſon beau-pere, d'aimer ſon mary, d'a-
uoir bon ſoin de ſa famille, & de viure irreprehenſiblement : voilà la premiere
choſe que doiuent faire peres & meres pour s'acquiter de leur deuoir.
La ſeconde choſe eſt de leurs mõſtrer bon exemple, Longum iter eſt per præ-
cepta,
B b b 2

380
Second Traite’
cepta, breue & efficax par exempla, dit Seneque, c'eſt vn long chemin quand il
Force de
l'exemple.
faut aller par les preceptes, il eſt plus court & plus efficace par les exemples :
il prouue cela par exemple, & dit, Metrodorum & Hermachium, & Polyæmum
magnos viros non ſchola Epicuri, ſed contubernium effecit
, Metrodorus, Herma-
chius
, Polyæmus ſont deuenus grands perſonnages, non pour auoir frequen-
té l'eſcole d'Epicurus, mais par le bon exemple de leurs compagnons242.
Validiora ſunt exempla quam verba, & plenius opere docetur, quam voce. Leo Pa-
pa
ſerm. de ieiunio243. L'exemple eſt plus puiſſant que la parole, on enſeigne
mieux par œuure, que par la voix.
C'eſt le moyen dont Ieſus-Chriſt s'eſt ſeruy, Cœpit Ieſus facere & docere,
Act. I. Ieſus commença à faire, puis il enſeigna. S. Cyprian dit fort veritable-
ment lib. de duplici matryrio244, Efficacius eſt vitæ, quam linguæ testimonium:
le teſmoignage de la vie eſt plus efficace que de la langue : puis il adjouſte,
habent & opera linguam ſuam, habent etiam ſuam facundiam tacente lingua, les
œuures parlent & (la langue demeurant muette) ſe font entendre. Noſtre
Seigneur parlant de ceux qui ſeront grands en paradis, dit que ce ſeront
ceux qui auront fait & enſeigné, qui fecerit & docuerit hic magnus vocabitur
in regno cælorum
, Math. 5.
La ieuneſ-
ſe desbau-
chée faute
de bon
exemple.
Le bon Eleazar 2. Machab. 6. aima bien mieux mourir s'expoſant à la
cruauté des tyrans, que d'enfraindre la loy, & de donner mauuais exemple à
la ieuneſſe. Voyez le bien qui en arriua : ſept freres animez de ſa conſtance,
confirmez par ſon exemple, endurerent vn glorieux martyre.
S. Chryſoſtome Homil. 40. ad popul.245 ſe plaint de tant d'enfans des-
bauchez, & apporte la raiſon, exemplaria deleta ſunt, propterea neque iuuenes
euadunt laudabiles
, ils manquent de bons exemples, & quelle merueille s'ils ne
vaillent rien ? S. Hieroſ. eſcriuant ad Heliod. ep. 3246. luy dit, in te oculi om-
nium diriguntur, domus tua & conuerſatio, quaſi in ſpecula conſtituta, magiſtra
eſt publicæ diſciplinæ; quicquid feceris, id ſibi omnes faciendum putant, caue ne
committas, quod aut qui reprehendere volunt, dignè laceraſſe videantur; aut
qui imitari, cogantur delinquere
. Tous ont les yeux pointez ſur vous, voſtre
maiſon & voſtre vie eſt comme vne eſchauguette, c'eſt comme l'idée des
mœurs, tous croient leurs eſtre loiſible de faire ce que vous faites : prenez
garde de ne rien faire qu'on puiſſe iuſtement cenſurer, & qu'on ne puiſſe
louablement imiter.
La force
de l'exem-
ple.
N'eſt-ce pas choſe eſpouuantable que de lire ce qu'eſcrit S. Greg. 4. Dia-
log. 18. de cet enfant de cinq ans, qui ayant ouy ſouuent ſon pere iurer &
blaſphemer, & ayant appris de luy ce langage de Diable, fut rauy par malins
eſprits entre les bras de ſon pere ? Si noſtre nature corrompue eſt ſi encline au
mal de ſoy-meſme, ſi le chemin de la vertu eſt gliſſant comme vne glace, que
ſera-ce ſi nous ſommes tirez & pouſſez violemment par le mauuais exemple ?
Valere

381

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
Valere le Grand dit que Themiſtocles fut incité à faire les choſes grandes
qu'il a fait par l'exemple de Milciades. Flauius Vopiſcus, que ce qui eſpoin-
çonna Alexandre le grand fut l'exemple d'Achille : & Plutarque que ce qui
donna le cœur à Iule Cæſar fut l'exemple d'Alexandre. Quand vos enfans
auroient le naturel tout enclin au mal, ſi eſt-ce que voyans de bons exem-
ples, ils ſont obligez à bien faire : quand ils ſeroient du meilleur naturel du
monde, le mauuais exemple eſt capable de les peruertir.
Quoy que le peuple des Iuifs fut le peuple choiſy de Dieu, que Dieu ſe
communiquaſt à luy ſi familiairement ; qu'il euſt la vraye religion, que Dieu
luy euſt donné ſes ordonnances ; qu'il fuſt aſſiſté de tant de graces : toute-
fois le mauuais exemple le corrompit, commixti ſunt inter gentes, & didicerunt
opera eorum, & ſeruierunt ſculptilibus eorum, & immolauerunt filios ſuos, & filias
ſuas dæmonijs
. Ils ont veu l'exemple des Chananeans, l'ont enſuiuy, ont ad-
oré leurs idoles, & leurs ont immolé leurs enfans.
Les enfans
ſont comme
des ſinges.
Les enfans ſont comme des ſinges, ils font tout ce qu'ils voient faire :
& partant quelle obligation ont les peres & meres de ne rien faire, d'où ils
puiſſent tirer mauuais exemple ? Belle ſentence de S. Greg. De cura paſto-
rali
247 parte 3. c. 5. Prælatus tot ſibi coronas multiplicat, quot Deo animas lucri-
ſicat: ſic ſi peruerſa perpetrat, tot mortibus dignus eſt, quot ad ſubditos ſuæ perditi-
onis exempla tranſmittit
, le ſuperieur acquiert autant de couronnes qu'il gaigne
d'ames par ſon bon exemple : & eſt digne d'autant de morts, qu'il ſcandaliſe de
ſubjects par ſon mauuais exemple. S. Bernard Epiſt. 104. monſtre fort ſubtile-
ment le tort que ſe font les peres & meres par le mauuais exemple qu'ils don-
nent à leurs enfans, Male de te meruit, dit-il, qui te peperit, ſi propter te perit, an
non propter te perit, qui ipſum quem peperit, perimit
, celuy qui vous a engendré
ne vous eſt pas beaucoup obligé, s'il ſe damne à voſtre occaſion : & celuy qui
vous a engendré ne ſe damne-il pas, vous tuant & damnant par ſon exemple
apres vous auoir engendré ?
Le mau-
uais exẽ-
ple ne ne-
ceſſite
point.
Ie ne veux pas inferer que le mauuais exemple, non plus que le bon, ſoit
vne neceſſité : nous auons touſiours noſtre franc arbitre, & l'aſſiſtance de la
grace de Dieu nonobſtant l'exemple ; mais l'exemple a vne grande force.
Abraham auoit eu de mauuais exemples, ſon pere eſtant vn faiſeur & adora-
teur d'idoles, Gen. II. il ne laiſſa pourtant d'eſtre ce que chacun ſçait ; Eze-
chias
eut vn fort mauuais exemple en Achaz ſon pere, 4. Reg. 16. il fut tou-
Pluſieurs
nonobſtant
le mauuais
exemple
n'ont laiſ-
ſé d'eſtre
bons.
tefois homme de bien, & bon Roy. Et tant d'autres, S. Chryſoſtome diſcou-
rant des vertus d'Abraham dit, Lando iuſtum, quia tales parentes habens, talis
ipſe factus: ecce enim valde rarum & admirabile eſt, ex agreſti radice dulcem fruc-
tem produci. Non accuſandi ſunt ob parentum malitiam filij piè viuentes: ſed & vt
admirabiles habendi, eo quod cum pietatem à parentibus non acceperunt, nec
habuerunt qui manu ducerent, quaſi in eremo, & inuio euntes viam quæ in cœlum

fert
B b b 3

382
Second Traite’
fert inuenire potuerint: non igitur crimen eſt habere parentum impium, ſed imitari
patris impietatem
, Ie loue cet homme iuſte, d'autant qu'ayant vn tel pere, il
a eſté ſi homme de bien : ô que c'eſt choſe rare & admirable de cueillir vn
fruict doux d'vne racine ſauuage ! il ne faut pas blaſmer les enfans, qui ſont
gens de bien, pour la meſchanceté de leurs parens, mais il faut les admirer,
d'autant que n'ayant eſté inſtruits à la pieté par leurs parens, n'ayans eu per-
ſonne pour les conduire, & marchans comme dans vn deſert, & ſans chemin,
ils ont pu trouuer le chemin du ciel : ce n'eſt pas crime d'auoir vn meſchant
pere, mais c'eſt crime d'imiter la meſchanceté de ſon pere.
Il faut que les peres & meres ſe ſouuiennent qu'ils doiuent eſtre comme
Les peres
& meres
doiuent
eſtre com-
me des ſo-
leils en
leur mai-
ſon.
des ſoleils dans leurs maiſons pour eſclairer tous leurs domeſtiques, & prin-
cipalement leurs enfans, par la lumiere de leur exemple, & que S. Paul leurs
dit ce qu'il diſoit autrefois à Timoth. I. 4. Exemplum eſto fidelium in verbo, in
conuerſatione, in charitate, in fide, in caſtitate, vt profectus tuus manifeſtus ſit omni-
bus.
Vous deuez eſtre l'exemple & l'idée de vos domeſtiques en vos paroles,
en voſtre conuerſation, en charité, foy, chaſteté : & vos vertus doiuent par-
oiſtre deuant les yeux de tous : & S. Auguſtin les aduertit in lib. de Paſto.248
Omnis qui male viuit in conſpectu eorum quibus præpoſitus eſt: quantum in ipſo eſt
occidit, & fortè qui imitatur moritur: qui non imitatur, viuit: tamen quantum ad
illum pertinet, ambo occidunt
, quiconque vit mal en preſence de ſes ſubjects
les tue, entant qu'il eſt en luy : & peut eſtre que celuy qui l'imite meurt,
celuy que ne l'imite pas, vit : il ne tient pas toutefois à celuy qui donne
mauuais exemple qu'ils ne meurent tous deux. Photius in Bibliotheca
Oyſeau
appellé le
iuſte.
fait mention d'vn oyſeau nommé le iuſte, d'autant qu'il cache ſes excre-
mens, qu'il ſçait eſtre tres-pernicieux, de peur d'infecter les hommes :
peres & meres ſi vous faites mal, au moins cachez vos malices de peur d'in-
fecter vos enfans.
La derniere choſe que les peres & meres doiuent faire pour s'acquiter
Faut don-
ner de
bons pe-
dagogues
aux en-
fans.
de leur obligation touchant l'inſtruction de leurs enfans, eſt de leurs procurer
de bons pedagogues s'ils en ont les moyens, & s'ils ne peuuent les inſtuire
eux-meſmes, voicy comme parle Plutarque, lib. de pueror. educatione249,
apres qu'il a dit beaucoup d'autres choſes, & donné beaucoup de preceptes,
enfin il dit, maximum omnium, longèque primarium, dicturus accedo. Inquir-
endi filijs præceptores, quorum vita nullis obnoxia criminibus, irreprehenſi mores,
& optimum experimentum
. Ie m'en vay dire la choſe la plus grande & la prin-
cipale de toutes. C'eſt qu'il faut chercher aux enfans des maiſtres qui ſoient
ſans crimes, irreprehenſibles en leurs mœurs, & de grande experience. Car
tout ainſi, dit-il, que les bons jardiniers enlacent les arbriſſeaux en bordures,
de meſme les bons maiſtres donnent de bonnes inſtructions aux enfans,
leurs donnent de bons preceptes, d'où procedent puis apres de bonnes
mœurs

383

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
mœurs : il pourſuit diſans. O que l'on doit faire peu d'eſtat de certains peres,
qui ſans auoir tiré aucune experience des maiſtres, mettent leurs enfans és
mains d'hommes meſchans & ignorans!
S. Chryſoſtome Homil. 60. in Math. encherit par deſſus Plutarque diſant,
maiorem aſinorum ac equorum, quam filiorum curam habemus, nam ſi aſinis agaſo
nobis præficiendus eſt, non parum vigilamus, ne dementem aut temulentum, aut
furem, aut eius rei imperitum præficiamus: ſin vero ad colendum filiorum ingenium
pædagogus ſit nobis inueniendus, qui caſu oblatus fuerit eum recipimus, nec conſide-
ramus nullam artem hoc artificio ſublimiorem inueniri: quid enim maius quam mode-
rari, quam adoleſcentulorũ fingere mores? omni certe pictore, omni ſtatuario, cæter-
iſque huiuſmodi omnibus excellentiorem hunc duco, qui inuenum animos fingere non
ignoret
, on a plus grand ſoin des aſnes & des cheuaux que des enfans, s'il faut
vn muletier ou vn palfrenier, on prend bien garde de n'en auoir vn qui ſoit
eſtourdy, ou yurogne, ou larron, ou qui ne ſçache ſon meſtier : mais s'il faut
vn pedagogue pour cultiuer les enfans, on prend le premier qu'on rencontre
ſans autre conſideration : ſans penſer que le meſtier des meſtiers eſt d'inſtruire
la ienueſſe : car que ſe peut-il trouuer de plus grand que de dompter ces ieunes
eſprits, que de dreſſer leurs mœurs ? ie fais plus d'eſtat de celuy qui peut bien
eſleuer la ieuneſſe, que ny des peintres, ny des ſculpteurs, ny de tous autres
artiſans.
Et pourquoy enuoyoit-on jadis la ieuneſſe dans les monaſteres ? pour-
quoy tiroit-on les Hermites de leur ſolitude pour enſeigner la ieuneſſe : ſinon à
cauſe du ſentiment qu'on auoit que la choſe eſtoit de tres-grande importance :
& partant faut que les peres & meres prennent bien garde où ils enuoyent
leurs enfans. S. Chryſoſtome dit quaſi le meſme in I. Timoth. 2. Hom. 9.
Aulus
Gell.
l. 9.
c. 3.
Philippe de Macedoine Pere d'Alexandre le grand, ayant entendu que ſa
femme eſtoit accouchée d'Alexandre, eſcriuit à Ariſtote qui eſtoit le plus
docte & le plus ſage de ſon temps, luy mandant qu'il n'auoit pas tant de con-
tentement de ce qu'il auoit vn fils heritier de ſes eſtats, comme de ce qu'il
Philippe
pere d'A-
lexandre

ſe reſiouyt
de ce que
ſon fils eſt
né du temps
d'Ariſtote.
eſtoit né pendant la vie d'vn ſi grand Philoſophe comme il eſtoit, & le pria
d'en vouloir prendre la charge & le former à la vertu dés ſa plus tendre ieu-
neſſe. Il faut auouer qu'en cela il y a de l'abus parmy les Chreſtins qui ſou-
uent ne ſe ſoucient guere de l'inſtruction de leurs enfans, ny de leurs procu-
rer de bons maiſres, mais pluſtot des biens.
S. Hieroſ-
me
donne
des prece-
ptes pour
l'inſtructiõ
des enfans.
Il faut bien dire que c'eſt vne choſe fort importante, puis que S. Hie-
roſme
homme de telle ſaincteté & vertu, parmy tant d'occupations de ſi
grande importance, prend bien la peine d'enſeigner comme il faut eſleuer
des petites fillettes, eſcriuant à cet effect à Gaudentius & luy donnant les pre-
ceptes pour l'education de Pacatula enfançon : & à Læta250, luy monſtrant
comme


384
Second Traite’
comme elle doit eſleuer ſa fille, voire meſme prenant la peine de luy parti-
culariſer les choſes les plus petites : mais ſur tout l'aduertit de choiſir vn
maiſtre d'aage, de bonne vie, & docte : & ie ne croy pas, dit-il, qu'vn hom-
me docte doiue faire difficulté de prendre ſoin d'vne noble fillette, puis
qu'Ariſtote a bien pris la peine d'enſeigner à lire à Alexandre : il ne faut pas
meſpriſer comme choſe petite, ce qui eſt neceſſaire pour arriver aux grandes.
L'on apprend bien autrement (voire meſme à lire) d'vn homme docte, que
d'vn ruſtaut. Alexandre imita Leonides ſon pedagogue, en ce qu'il auoit de
reprehenſible & en ſes mœurs, & à ſon marcher : tout cela eſt de S. Hieroſme,
qui en a encore plus, & mõſtre l'eſtat qu'il faut faire de l'inſtruction de la ieu-
neſſe, & comme on doit choiſir vn bon pedagogue à ſes enfans.
Et pourquoy voyons nous maintenant tant de religieux, doctes, nobles,
de bons eſprit capables de choſes grandes, paſſer toute leur vie dans les eſ-
coles ? ſinon à cauſe de ſentiment qu'ils ont de l'importance de l'inſtruction
de la ieuneſſe, de laquelle (comme nous auons dit) depend non ſeulement
le bien des eſtats & royaumes, mais de l'Egliſe, mais le poinct de la predeſti-
nation & de la felicité eternelle.
Helas ne ſe trouue-il pas maintenant beaucoup d'enfans qui pourroient
dire ce que diſoit autrefois Diogene ! Mallem Megarenſis eſſe aries quam filius.
I'aimerois mieux eſtre vn mouton à Megare qu'vn enfant : puis qu'il y a des
peres qui ont plus de ſoin de leurs beſtes que de leurs enfans ! On ne manque
pas de bons maiſtres, mais on eſt plus ſoigneux d'en chercher pour apprendre
à danſer, apprendre ce qui eſt du monde, que pour apprendre ce qui eſt des
bonnes mœurs, & du ſeruice de Dieu.

Filet cadre, rayé.

Que les peres & meres ſont obligez de pouruoir
leurs enfans.


CHAPITRE VIII.

Les peres
& meres
ſont obli-
gez de
pouruoir
leurs en-
fans.
L'Axiome dit que celuy qui donne l'eſtre, donne ce qui ſuit l'eſtre, Qui
dat eſſe, dat conſequentia ad eſſe
: Puis donc que les peres & meres donnent
l'eſtre aux enfans, la raiſon veut qu'il les pouruoient : & nous voyons que les
beſtes meſme par vn inſtinct de nature, gardent cette loy, pouruoyans leurs
petits auec tant de ſoin : les hommes y ſont beaucoup plus obligez, & par la rai-
ſon, & par le commandement de Dieu, qui a eſtably les peres & meres comme
ſes

385

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
ſes inſtrumens & lieutenans, non ſeulement en la generation des enfans, mais
encore en leur inſtruction, & à les pouruoir, ce qui ſe doit entendre des enfans
ſoient legitimes, ou non, puis qu'ils ſont peres des vns & des autres.
Cette obligation conſiſte en deux points, le premier eſt de leurs pouruoir
d'vn eſtat & condition, où ils puiſſent viure conformement à leur qualité &
ſuiuant leur inclination, & la vocation Diuine, en quoy pluſieurs peres &
meres font de lourdes fautes : ou par leur negligence ne s'en ſouciant pas
beaucoup; ou par leur auarice, ne pouruoyans leurs enfans, de peur de ſe de-
ſaiſir d'vne partie de ce qu'ils poſſedent, ou d'eſtre priuez du ſeruice & aſſi-
ſtance qu'ils en tirent, n'ayant egard à autre choſe qu'a leur intereſt particu-
lier. Et de la s'enſuiuent de tres-grands inconuenients, principalement pour
le regard des filles, lors que les peres & meres n'y prennent pas garde, &
n'ont point ſoin de les marier : ceſt pourquoy Le Sage Eccl. 7. dit aux peres :
trade filiam, & grande opus feceris, & homini ſenſato, da illam. Quand vous auez
vne fille qui deſire d'eſtre mariée, ayez ſoin de la pouruoir, vous vous deli-
urerez d'vn grand ſoin que vous deuez auoir à la garder, ce ſera à ſon mary
de prendre garde à elle, vous l'empecherez de faire choſe qui pourroit eſtre
contre ſon honneur, & celuy de voſtre famille.
On dit que quoy que Charle-Magne euſt vn tres-grand ſoin de ſes filles
Charle-
Magne
ſe
tient cou-
pable de
n'auoir
aſſez toſt
marié vne
ſienne fille
qu'il faiſoit touſiours mener auec ſoy en campagne, afin d'eſtre teſmoin de
leurs deportemens : meſme leurs auoit fait apprendre à trauailler en laine &
en lin, afin qu'eſtans à la maiſon elles ne fuſſent oiſeuſes : toutefois ayant vn
peu trop tardé d'en marier vne, elle s'amouracha d'vn ſecretaire de ſon pere
nommé Eginartus. Elle ne pouuoit trouuer l'occaſion de contenter ſes amours
auec luy ; il eſtoit mal ayſé qu'il allaſt au lieu où les filles de l'Empereur
eſtoient nourries ; encore plus d'aller à la chambre de la fille du Roy, car le
chemin en eſtoit vn peu long, & cecy ſe paſſoit en temps d'hyuer que la terre
eſtoit couuerte de neige, ſi bien que le ieune homme ne pouuoit ſe tranſpor-
ter à la chambre de cette princeſſe, ſans laiſſer les veſtiges de ſes pas en che-
min imprimez ſur la neige. Mais comme l'amour eſt plein d'inuention, la
princeſſe chargea la nuict ſon mignon ſur ſes eſpaules, & le porta en ſa cham-
bre. L'Empereur par hazard n'eſtoit pas couché, mais contemploit les aſtres ;
il vit, non ſans regret, ſa fille portant ſon ſecretaire, & diſſimula l'affaire iuſ-
ques au lendemain. Lors il appella les principaux Seigneurs de ſa cour, leurs
propoſa le faict, ſans toutefois nommer perſonne, mais ſoubz des noms em-
pruntez. Tous ces Seigneurs donnerent leur concluſion à mort, de l'vn & de
l'autre : mais luy, Non, dit-il, ils n'en mourront pas, c'eſt ma fille qui eſt cou-
pable de ce fait, & moy i'en ſuis aucunement251 cauſe, car ie n'ay eu le ſoin que
ie deuois auoir de la marier à temps. Lors il fait venir ſa fille & ſon ſecretaire,
leſquels
C c c

386
Second Traite’
leſquels eſtans fort eſpouuantez, la conſcience les iugeant, eſtoient plus morts
que vifs, lors l'Empereur dit à Eginardus, Mon amy ie vous donne pour
femme celle qui vous a porté cette nuict ſur ſes eſpaules ; puis que ie vois que
vous en eſtes amoureux.
Ce n'eſt pas à dire que les peres & meres doiuent incontinent acquieſcer
aux fols amours de leurs enfans, & principalement de leurs filles : ils doiuent
vſer de conſultation ſuiuant l'aduis du Sage, qui dit au lieu ſuſallegué, homini
ſenſato da illam
, donnez-la à vn homme ſage, & bien aduiſé.
Il eſt bien
difficile
de faire
vn maria-
ge.
Marc Aurele l'vn des plus dignes Empereurs qui onc252 porta le ſceptre
eſtoit vn iour importuné de marier ſa fille : Quoy! dit-il, l'affaire eſt de ſi gran-
de importance que ſi tous les ſages auoient mis leur conſeil enſemble, &
qu'on l'eut tout fondu en vn, encore ne ſeroit-il ſuffiſant pour faire vn bon
mariage, & vous voulez que moy ſeul, & ce promptement, donne la reſolu-
tion touchant le mariage de ma fille ; ie n'ay garde, i'en connois trop bien
l'importance. Il y a ſix ans que Antonius Pius me fit l'honneur que de me
choiſir pour ſon gendre, & pour doſt de ſa fille me donna l'Empire; toutefois
nous sommes trompez tous deux, luy en ce qu'il ma pris pour gendre, moy
prenant ſa fille pour femme. Il s'appelloit Pius, & ce nom luy conuenoit fort,
eſtant pitoiable253 par tout, & enuers tous, ſauf auec moy : car il s'eſt monſtré
fort cruel, puis qu'en peu de chair, il ma donné bien des os. On ne ſçauroit
nier que la choſe ne ſoit de tres-grande importance, & qui a beſoin de bon
conſeil, & d'vne meure deliberation : ſi ne faut-il pas auoir tant de conſider-
ation qu'on mette la pudicité des enfans au hazard, & nommement des filles,
on doit auoir quelque egard à leur affection, & à leur aage, & inclination, puis
que la choſe les touche, qu'elles y ſont parites, & qu'il y va de leur ſalut.
Comme les peres & meres ne doiuent empecher leurs enfans de ſe ma-
rier ſans bonne & iuſte raiſon, auſſi ne doiuent-ils les contraindre ou pouſſer
violemment à faire des vœux legerement lors qu'ils ſont encore ieunes : voire
On ne
doit aiſe-
ment fai-
re vœux
de perpe-
tuelle cha-
ſteté.
ne leurs doiuent permettre ſans grande conſideration. L'experience fait aſ-
ſez voir pluſieurs repentirs qui arriuent de ſemblables vœux faicts dans vne
tendreſſe de deuotion en vn bas aage ; par vne complaiſance auant qu'on ayt
aucune experience ; & puis lors qu'on vient en aage, qu'on commence à gou-
ſter les careſſes du monde, on rompt les vœux, & on ſe iette dans des embar-
ras inextricables.
Les confeſſeurs doiuent auſſi eſtre fort retenus en ce point, ne permettans
à leurs penitens & penitentes de s'engager par vœux perpetuels de chaſteté,
qu'apres vne longue experience de leur conſtance. Les inconueniens qu'on en
voit tous les iours les aduertiſſent aſſez d'eſtre ſur leur garde en choſe de ſi
grande importance, il vaut mieux iuniores nubere, filios procreare, matresfami-
lias eſſe, nullam occaſionem dare maledicti gratia
, qu'elles ſe marient, qu'elles
mettent

387

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
mettent des enfans au monde, qu'elles ſoient meres de famille, qu'elles ne
ſcandaliſent perſonne, que faire des vœux, & puis, conuerti retro poſt Satanam,
les enfraindre, quiter Dieu : habentes damnationem, quia primam fidem irritam
fecerunt
, ſe damner fauſſant la foy qu'elles auoient donnée à Dieu, vous enten-
dez aſſez que c'eſt ſainct Paul qui parle ad Timoth. 8.
Si a la ferueur de leur deuotion les porte à faire des vœux de chaſteté,
qu'elles les facent de mois en mois ; de trois mois en trois mois, d'an en an,
& non à perpetuité, iuſques à ce qu'elles ſoient fermes à la vertu & qu'on ayt
tiré vne longue experience de leur conſtance. Ce que ie dis principalement
pour le regard de ceux & celles qui demeurent dans le monde, & qui ſont
parmy les occaſions iournalieres : ie ne touche pas à ce qui eſt des vœux de
Religion, le temps deſquels eſt prudemment & ſainctement ordonné de
l'Egliſe.
Le ſecõd poinct auquel conſiſte l'obligation de pouruoir les enfans, con-
C'eſt aux
peres d'a-
maſſer
pour leurs
enfans.
ſiſte à leurs procurer de quoy viure, ce n'eſt pas proprement aux enfans d'a-
maſſer pour les peres & meres, quoy qu'en certains cas, ils ſoient obligez de
les nourrir, comme nous dirons cy-apres : mais c'eſt aux peres & meres d'a-
maſſer pour les enfans ſuiuant ce que dit S. Paul. 2. Cor. 12. Nec debunt filij pa-
rentibus theſaurizare, ſed parentes filiis
: on trouue des peres, ou pluſtot des pa-
raſtres qui mangent tout, auallent leur patrimoine bon & gras, & laiſſent des
enfãs gueux : d'autres qui pour aduãtager les enfans d'vn lict, laiſſent ceux de
l'autre, comme s'ils eſtoient batards : d'autres qui font des grandes aumoſ-
nes, des baſtiments ſumptueux & ſuperflux, & laiſſent des enfans dans la ne-
ceſſité, aucuns qui ne ſe ſoucient pas de leur faire apprendre le moyen de ga-
gner leur vie.
Si tibi ſint nati, nec opes, tunc artibus illos
Inſtrue, quo poſſint inopem traducere vitam,
dit Caton. Si vous auez des enfans, & point de moyens, faites leurs apprendre
quelque pratique, afin qu'ils puiſſent gagner leur vie : quelle cruauté de mettre
des enfans au monde, & puis par la pauureté leurs donner ſuject d'eſtre larrons,
brigands, bandoliers, voleurs, & enfin pendars & peut-eſtre reprouuez.
Ariſtote dit que l'homme a deux maiſons, l'vne eſt le ventre de ſa mere;
l'autre la maiſon paternelle, & tout ainſi, dit il, que l'enfant ne ſorte de la
L'hõme
a deux
maiſons
ſelon A-
riſtote
.
premiere, ſans emporter vne partie de la ſubſtance des peres & meres, ainſi
les peres & meres ne doiuent les renuoyer de la ſeconde, ſans leurs donner
vne partie de leur poſſeſſion, & le moyen de viure conformement à leur con-
dition.
L'on fait icy vne queſtion fort à propos, ſçauoir ſi les peres & meres doi-
uent
C c c 2

388
Second Traite’
uent donner leurs moyens à leurs enfans pendant leur vie, & ſe deſpouiller
auant leur mort : il ſemble qu'ils deuroient le faire, pour pluſieurs raiſons.
Raiſons
qui prou-
uent que
les peres
& meres
doiuent
laiſſer
leurs biẽs
à leurs
enfans pẽ-
dant leur
viuant.
1.   Afin que les enfans puiſſent faire des connoiſſances, viure honneſtement,
manier leur bien auec honneur, inuitans leurs amis & les obligeans à les aſ-
ſiſter au beſoin.
2.   Les enfans auront d'autant plus de ſubject d'honorer leurs peres & me-
res, pour ce teſmoignage de bien-veillance en leur endroit, & plus d'obliga-
tion de prier Dieu pour eux.
3.   Si les enfans ne ſont heritiers des biens paternels qu'apres la mort des
peres & meres, ils ne leurs en auront pas grande obligation, mais pluſtot à
la mort, que leurs auront-ils donné? ſinon ce qu'ils ne pouuoient plus retenir
& s'ils l'euſſent peu retenir plus long-temps, ils ne l'auroient quité. C'eſt plu-
ſtot vn faict de neceſſité, que de bienueillance.
4.   Les enfans ſe voyans depourueus, & ſi long-temps en attente dans des
incommoditez & neceſſitez, pour la detention que les peres & meres font
de leurs biens, n'auront-ils pas quelque occaſion de conuoiter la mort des
peres & meres, pour ſe voir à leur ayſe, & iouyr de leur ſucceſſion ?
5.   Ils apprendront de bonne heure à adminiſtrer leurs biens, & à meſnager,
& autrement il ſe pourroit faire que les enfans n'auroient aucune admini-
ſtration de biens, qu'eſtans fort aagez, ny aucun exercice ; ainſi il ſemble eſ-
tre expedient de leurs donner de bonne heure de l'occupation en vn hon-
neſte exercice de l'adminiſtration des biens paternels.
6.   Qu'ont à faire ces bonnes vieilles gens de ſe tourmenter & embrouiller
l'eſprit au gouuernement & detention de leurs biens ? ne vaut-il pas bien
mieux qu'eſtans deſchargez de tels embarras, ils viuent dans vne tranquil-
lité d'eſprit, dans vn repos de conſcience, ſe diſpoſans à vne heureuſe mort ?
Charle
Quint
re-
ſigne ſes
eſtats à sõ
fils pen
dãt ſa vie.
Coſdras
de meſme
Sẽnache-
rib.
Ptolomée.
C'eſt ce qu'ont fait tant de ſignalez perſonnages, & que des gens de moin-
dre condition peuuent ſeurement imiter comme le Grand & incomparable
Empereur Charle Quint, qui l'an 49 de ſon aage, inueſtit Philippe ſon fils du
Royaume d'Eſpagne, pour viure plus à repos. Coſdras Roy de Perſe donna
ſon Royaume à Medaſe ſon fils254; Sennacherib en fit de meſme & tant d'au-
tres. Ptolomée Roy d'Egypte reſigna ſon Royaume à ſon fils, diſant que le plus
grand honneur que ſçauroit auoir vn homme, eſt de ſe voir en ſon viuant,
pere d'vn Roy : auſſi le plus grand contentement que puiſſe auoir vn pere,
eſt de voir ſes enfans en honneur & credit, pendant ſa vie, ce qui ſe fait, lors
qu'il leurs donne ſes moyens de bonne heure, n'attendant pas apres ſa mort.
Ces

389

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
Ces raiſons ont quelque apparence, toutesfois elles ne peuuent preualoir
Les peres
& meres
ne doiuẽt
ſe deſaiſir
de leurs
biens en
faueur de
leurs en-
fans auant
la mort.
contre l'authorité du S. Eſprit qui nous eſt exprimée par la bouche du Sage,
Eccli. 33. où il determine cette queſtion par ces paroles, qui ſont comme vn
arreſt definitiſ : eſcoutez-le parler, Roys, Princes, tous, car il parle à tous : au-
dite magnates, & omnes populi, & rectores Eccleſiæ, auribus percipite: filio, & mulie-
ri, & fratri, & amico, non des poteſtatem ſuper te in vita tua, & non dederis alij poſ-
ſeſſionem tuam: ne forte pœniteat te, & depreceris pro illa, melius eſt enim, vt filij
tui te rogent, quam te reſpicere in manus filiorum tuorum
: Eſcoutez grands, &
petits, nobles, & rouſturiers : prelats, paſteurs & autres, preſtez l'oreille, ne
donnez pas le domaine de ce que vous poſſedez à vos enfans, ny à vos femmes,
ny à vos freres, ny à vos amis, pendant voſtre vie, de peur que vous ne vous
en repentiez, & ne ſoyez contraints d'auoir recours à eux. Il vaut mieux que
vos enfans vous prient, que d'eſtre contraint de deſpendre de leur miſeri-
corde.
Les peres & meres rarement manquent d'amour pour leurs enfans, l'a-
mour humain a cela de mauuais qu'il deſcend pluſtot que de monter, & par-
tant eſt comparé à la terre qui deſcend : au contraire, l'amour diuin eſt com-
paré au feu qui monte touſiours, & prent le haut, Dieu nous aime plus que
nous ne l'aymons : le pere ayme plus que ſon enfant que l'enfant le pere, &
partant le pere aura touſiours plus de bonne volonté pour l'enfant, que l'en-
fant pour le pere. Ie n'oſerois condamner pluſieurs perſonnages qui ont donné
leurs biens à leurs enfans auant leur mort, mais auſſi n'y en a-il pas eu qui s'en
ſont repentis ? Ie croy qu'il vaut mieux faire comme Iob, qui dit, Filij mei ſem-
per in circuitu meo
: mes enfans ſont touſiours à ma table. Il vaut bien mieux
que les enfans ſoient obligez de ſe trouuer à la table du pere, que le pere à la
table des enfans. Il faut imiter Raguel, il donne dequoy à ſon gendre, mais c'eſt
Raguel
donne la
moitié à
ſon gẽdre
ſe reſerue
l'autre
moitié.
ſans ſe deſpouiller : De omnibus quæ poſſidebat Raguel, dimidiam partem dedit To-
biæ, & fecit ſcripturam, vt pars dimidia quæ ſupererat poſt obitum eorum, Tobiæ do-
minio deueniret.
Quoy qu'il euſt vn gendre qui eſtoit ſi homme de bien, il ſe
contenta toutefois de luy donner la moitié de ſes biens, ſe reſeruant l'autre
moitié, auec aſſeurance qu'il paſſa à ſon gendre qu'il iouiroit de l'autre moi-
tié apres ſa mort. Les enfans honorent peres & meres tandis qu'ils eſperent
quelque choſe : quand il n'y a plus rien à prendre, ils ne s'en ſoucient guere,
ſouuent on voit par experience ce que dit Iſaie c. I. filios enutriui & exaltaui,
ipſi autem ſperauerunt me
, apres que les peres & meres ont engraiſſé leurs en-
fans, les ont mis à leur ayſe, les ont aduantagé, ils n'en ont autre recompenſe
que le meſpris, & la meſconnoiſſance.
Mais il faut les faire riches: il faut les mettre en honneur: il faut donc ſe
rendre miſerable pour les mettre à leur ayſe. Voire eſt-il queſtion d'encourir
la
C e c 3

390
Second Traite’
la malediction de Dieu & des hommes ? n'importe, il faut imiter cette mere
Les peres
doiuent
auoir plus
de ſoin
de laiſſer
des vertus
à leurs
enfans que
des richeſ-
ſes.
qui diſoit, in me erit maledictio iſta, fili mihi : ie prendray la malediction ſur
moy, moyennant qu'ils ſoient grands.
Ah que dira vn Socrate contre les Chreſtiens ? Socrate, diſ-ie, qui auoit
couſtume de dire, liberis pudorem magis quam aurum relinquendum, qu'il falloit
pluſtot laiſſer vne ſaincte pudeur aux enfans que de l'or, qui comparoit ſembla-
bles peres à vn eſcuyer qui ayant vn bon cheual, n'a autre ſoin que de l'en-
graiſſer ſans ſe ſoucier de le former, & enfin il n'a qu'vne roſſe & piece de chair.
Anacharſis diſoit, liberos doctiores, quàm ditiores eſſe oportere, qu'il falloit
laiſſer les enfans pluſtot doctes que riches; diſons, pluſtot vertueux que riches.
Zele de
Crates le
Thebain

contre les
peres trop
ſoigneux
de laiſſer
leurs en-
fans riches.
Il faudroit maintenant vn Crates Thebanus, lequel au rapport de Plutar-
que
eſtant monté au lieu le plus eminent de la ville, commença à crier, quor-
ſum ruitis homines, qui omne ſtudium in pecunijs collocatis, filiorum vero, quibus eas
relinquatis nullam curam habetis?
où vous precipitez-vous miſerables, qui met-
tez tout voſtre eſtude à amaſſer de l'argent pour vos enfans, & n'auez point
de ſoin de vos enfans auſquels vous laiſſez ceſt argent.
Nous auons bien d'autres herauts que Crates, mais on ne les eſcoute pas,
tant de ſaints peres qui crient contre cet abus, entre autres S. Chryſoſt. hom.
9. in I. ad Timoth. Vis filium relinquere diuitem? bonum illum ac benignum eſſe
doce, ita enim rem familiarem auctiorem facere poterit; filios non recte inſtitutos
præſtat pauperes eſſe, quam diuites, paupertas enim vel inuitos coercet, atque intra
virtutis limites continet, opes vero ne volentes quidem pudice temperanterque viuere
ſinunt, verum exorbitare faciunt atque peruertunt.
Voulez vous laiſſer voſtre fils ri-
che ? enſeignez luy à eſtre bon & doux, ce ſera par ce moyen qu'il amaſſera de
quoy ; il vaut mieux ſi vos enfans ne ſont vertueux qu'ils ſoient pauures, que
riches : car la pauureté les retiendra dans leur deuoir, quand ils ne voudroient
pas, & les rendra vertueux : s'ils ſont riches ils ne pourront viure ny chaſtement,
ny vertueuſement quand ils voudroient, mais ſeront peruertis & desbordez.
Ie concluray ce chapitre auec le narré d'vn plaiſant trait que fit vn bon vieil-
Ex ſpecu-
lo exem-
plorum.

Plaiſant
trait de
Connaxa.
lard nommé Connaxa255 ſe voyant delaiſſé de deux gendres qu'il auoit apres
leurs auoit tout donné.
Ce bon homme n'auoit que deux filles qu'il aimoit tendrement, il les
maria à deux gentils hommes, & eut tant d'affections pour eux, que petit à
petit il ſe deſpouilla de tout pour leurs donner. Tant qu'il eut de quoy leurs
bien faire, ce n'eſtoient que reſpect & offres des ſeruices; quand il n'y eut plus
rien, on vous le laiſſa là, mais il ne fut pas ſot. Il alla trouuer vn marchant qui
luy eſtoit amy, le pria luy vouloir preſter dix mil liures pour trois iours. Il
porta cet argent en ſa maiſon, fit appreſter vn bon banquet, y inuita ſes gen-
dres

391

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
dres, & ſes filles; apres auoir fait bonne chere il entra en ſon cabinet, ouurit
vn coffre tout neuf qu'il auoit fait faire, iette l'argent ſur la table auec grand
bruit. Ses filles qui eſtoient en vne autre chambre entendans ce bruit accou-
rurent, regarderent pas les fentes, virent ce bon vieillard qui comptoit ſon ar-
gent, & puis le reſerroit dans ſon coffre; elles ne dirent mot pour ce iour là, &
eſtans retournées à leurs maiſons, le bon vieillard rapporta l'argent au mar-
chand qui le luy auoit preſté. Le lendemain elles reuindrent auec leurs marys,
demanderent à leur pere combien il auoit en ſes coffres : il leurs dit qu'il y
auoit vingt-cinq mille liures, dont il vouloit faire vn teſtament & leurs laiſ-
ſer, moyennant qu'elles le traittaſſent comme elles deuoient, & que celle-là
auroit plus qui le contenteroit dauantage. Dés lors ce fut à l'enuie l'vne de
l'autre à qui careſſeroit ce bon vieillard, ſes gendres luy rendoient mille ſer-
uices à qui mieux mieux, & ne manquoient de rien. Eſtant preſt de mourir
il fit appeller ſes filles, leurs dit qu'elles trouueroient ſon teſtament apres ſon
treſpas dans ſon coffre, qui leurs laiſſoit tout, moyennant qu'elles fiſſent
quelques legs pieux pendant qu'il eſtoit encore en vie. Vous donnerez, dit-il
aux Freres Preſcheurs, aux Freres Mineurs, & aux Hermites cinquante liures
qui vous mettront en main apres ma mort les clefs de mon coffre. Auſſi-
toſt dict auſſitoſt fait, tant l'eſperance d'vne bonne ſucceſſion les pouſſoit. Le
bon vieillard meurt, on fait ſes obſeques ſomptueuſement puis les religieux
donnent les clefs du coffre, dans lequel ils ne trouuerent autre choſe ſinon
vne groſſe maſſue, au manche de laquelle eſtoit eſcrit : Moy Iean Connaxa fais
mon teſtament, & declare que quiconque a ſoin d'autruy, & non de ſoy,
merite d'eſtre bien battu de cette maſſue. Voila le traittement que meritent
les peres & meres qui ſe rendent miſerables, ſe priuans de leurs biens pour
aduantager & aggrandir leurs enfans, qui ſouuent ſont ingrats & meſcon-
noiſſans de l'amour exceſſif de leurs peres & meres.




Cul de lampe.


TESTA-



392

Bandeau, filet cadre rayé bordé de petites fleurs.

TESTAMENT DE SAINCT LOVYS
A PHILIPPE SON AISNE';

ET

L'Idée de l'inſtruction que les peres doiuent donner
à leurs enfans.

Lettrine "L". Teſtamẽt
de S. Lou-
ys & in-
ſtructions
qu'il don-
ne à ſon
aiſné.
LEs Peres qui ſont deſireux de l'inſtruction de leurs enfans peu-
uent tirer vne belle idée du chapitre quatrieſme de Tobie, où
le bon vieillard penſant eſtre ſur la fin de ſa vie, taſche de s'ac-
quiter du deuoir d'vn bon pere enuers ſon fils, luy laiſſant des
preceptes & dernieres volontés dignes d'vn pere. Ie prie ceux
qui le pourront faire, de lire & conſiderer attentiuement le ſuſdict chapitre :
ils en pourront tirer de beaux enſeignemens pour inſtruire leurs enfans, &
ſatisfaire au deuoir de bons peres.
Ie croy que c'eſt de là que S. Louys l'honneur des lis de France, voire le
parangon des Roys, a tiré la pluſpart des articles du teſtament qu'il laiſſa en
mourant à Philippe ſon aiſné, pour faire le deuoir d'vn vray pere en ce der-
nier poinct, comme il l'auoit fait au reſte de ſa vie. Il a eſté trouué dans l'ar-
chiue de Charle cinquieſme Roy de France, comme teſmoigne Robertus Ga-
guinus lib. 7. de geſtis Francorum, eſcrit de la propre main de S. Louys, &
preſenté à Charle par Gerard de Montaigu, ſecretaire du Roy. Il eſt rapporté
par Surius en la vie de S. Louys, & par Abraham Bzouius en la continuation
des Annales Eccleſiaſtiques de l'Eminentiſſime Cardinal Baronius, tom. 13.
ſur l'an 1270. auquel S. Louys mourut, & par d'autres. I'ay bien voulu le rap-
porter icy, d'autant qu'il eſt diuiſé en articles courts & clairs, & qu'il pourra
ſeruir de lumieres aux peres qui ſont deſireux du bien & ſalut de leurs enfans,
& de leur propre.
1.   Sur toute choſe aimez Dieu d'vne bonne & franche volonté, car perſonne
ne peut eſtre ſauué s'il ne l'aime.
2.   Ne l'offenſez iamais mortellement.
3. Souffrez

393

Obligations des Peres et Meres envers levrs enfans.
3.   Souffrez pluſtot toute ſorte de tourmens, voire la mort, que d'offenſer
Dieu.
4.   Lors qu'il vous arriuera quelque aduerſité, ſouffrez-la patiemment, &
penſez que vous l'auez bien merité, ainſi vous en tirerez du profit.
5.   En proſperité, rendez grace à Dieu : ne vous en orgueilliſſez pas; c'eſt
faire follement de prendre occaſion du bien-faict d'offenſer le bien-faicteur.
6.   Deſcouurez ſouuent voſtre conſcience à vn ſage & experimenté confeſ-
ſeur, qui n'ayt point de crainte de vous reprendre de vos fautes, & vous en-
ſeigne ce qu'il vous conuient faire.
7.   Aſſiſtez aux offices Diuins, n'y diſcourez pas, n'y regardez pas çà, & là,
ains priez Dieu de bouche & de cœur, principalement depuis la conſecration.
8.   Soyez miſericordieux & charitable enuers les pauures : aſſiſtez les ſui-
uant vos moyens.
9.   Lors que vous aurez quelque facherie ou inquietude, communiquez-en
auec quelque Eccleſiaſtique, ou auec un fidele ami & cela vous ſoulagera.
10.   Traitez ſouuent auec les perſonnes Religieuſes & deuots, fuyez les
meſchans & les traiſtres.
11.   Eſcoutez volontiers la parole de Dieu & les bons diſcours, & en public
& en particulier.
12.   Par tout aymez le bien, & deteſtez le mal.
13.   Que perſonne ne ſoit ſi oſé de dire en voſtre preſence choſe qui attire à
peché, & partant fermez la bouche aux detracteurs.
14.   Ne laiſſez les blaſphemateurs impunis.
15.   Rendez ſouuent grace à Dieu pour ſes bienfaits, afin de vous rendre
capable de plus grands.
16.   Rendez la iuſtice equitablement, vous monſtrant ſeuere autant que la
raiſon requiert, ſans pancher ny à droite, ny à gauche.
17.   Fauoriſez la cauſe des pauures iuſques à ce que la verité paroiſſe.
18.   Si quelqu'vn a quelque procés ou different contre vous, ſoyez pluſtoſt
pour luy que pour vous, iuſques à ce que vous connoiſtrez le droict : & par
ce moyen vos conſeillers ſeront plus libres, & plus equitables en leurs aduis.
19.   Si vous ou vos miniſtres detenez quelque choſe qui appartienne à au-
truy, rendez-la auſſitoſt que vous le ſçaurez aſſeurement.
20.   Si la choſe eſt douteuſe, faites la incontinent examiner par gẽs capables.
21.   Soignez diligemment que ceux qui adminiſtrent la iuſtice, & tous vos
ſubiects, viuent en bonne paix, & principalement les Religieux & autres per-
ſonnes d'Egliſe : aymez les ſeruiteurs de Dieu, & procurez la paix.
22.   Reſpectez vos parens & ne meſpriſez pas leurs preceptes.
23.   Donnez les benefices à des gens de bien & de merites, & auant que de
les conferer, conſultez des perſonnes ſages & craignans Dieu.
24. Ne
D d d

394
Second Traite’
24.   Ne faites la guerre, principalement contre aucun Chreſtien, ſans grand
conſeil & meure deliberation : que ſi vous y eſtes contraint, ne permettez
pas qu'on face tort ny aux Egliſes, ny aux innocens.
25.   Si vous auez quelque different, ou bien vos ſubiects, ou quelque
guerre, taſchez de l'accorder au pluſtoſt, & terminer le tout par vne bonne
paix.
26.   Ayez de bons officiers & miniſtres de iuſtuce ; & de bons ſeruiteurs en
voſtre maiſon, & prenez garde à leurs mœurs & deportemens.
27.   Oppoſez vous aux pechez.
28.   Deffendez les iuremens.
29.   Soyez touſiours affectionné à l'Egliſe Romaine, obeiſſant au Pape
comme à voſtre Pere Spirituel, & coupez la teſte au ſectes nouuelles & aux
Hereſies.
30.   Prenez garde à la deſpence de voſtre maiſon, & qu'elle ſoit moderée
ſelon la raiſon.
31.   Ie vous prie mon cher fils, & vos coniure, que ſi ie meurs auant vous,
vous aſſiſtiez mon ame de meſſes & ſainctes prieres, & que vous me faſſiez
participant de toutes les bonnes œures que vous ferez le reſte de vos iours.
32.   Enfin mon bien-aymé fils ie vous ſouhaite & prie Dieu vous donner
toutes les benedictions que le pere le plus affectionné peut ſouhaiter & don-
ner à ſon fils. Que la tres-ſaincte & indiuiſible Trinité, Pere, Fils & Sainct
Eſprit
vous protege, & vous garde contre tous maux, vous face la grace de
viure touſiours ſelon ſa ſaincte volõté; qu'elle ſoit honorée de vous, & qu'en
fin par ſa miſericorde nous puiſſions par enſemble la voir & contempler, vi-
ure auec elle, & la louer toute eternité. Ainſi ſoit-il.
Voila le teſtamẽt d'vn tres-grand Sainct; d'vn Roy incomparable, & d'vn
pere tres-affectionné à ſon fils : voila les ſainctes & ſalutaires inſtructions dont
il luy auoit donné exemple pendant ſa vie, & qu'il luy laiſſoit à la mort com-
me ſes dernieres volontez, capables de le faire vn autre Sainct. I'exhorte les
peres qui ſont affectionnez au ſeruice de Dieu, & deſireux de la perfection
& ſalut de leurs enfans, d'en tirer ce qui eſt conforme à leur condition; & les
enfans de le receuoir comme les dernieres volontés de leurs peres; afin que
les peres s'eſtans acquité du deuoir de bons peres, & les enfans ayant mis en
execution les ſalutaires aduertiſſemens de leurs peres; les vns, & les autres
ſe trouuent de compagnie à la gloire, pour laquelle Dieu les a fait peres, & à
laquelle il a deſtiné leurs enfans, & les louent, & remercient vnanimement à
iamais.   Amen.


Des

395

Bandeau, filet cadre rayé bordé de petites fleurs.

TRAITE' TROISIEME.

Des obligations des enfans enuers les
peres & meres.


Filet cadre, rayé.
En quelle qualité les enfans doiuent tenir leurs
peres & meres.


CHAPITRE I.

Lettrine "P".
PEut-on dire dauantage en faueur des peres & meres, que ce que
dit Le Sage Eccli. 3. qui timet Deum honorat parentes, & quaſi do-
minis ſeruiet his, qui ſe genuerunt
: quiconque honore Dieu, honore
ſes peres & meres, & ſeruira à ceux qui l'ont engendré comme
à ſes maiſtres : par leſquelles paroles il veut faire entendre, que
l'obligation des enfans enuers les peres & meres eſt ſi grande, qu'il leurs doi-
uent obeiſſance, reſpect, & ſeruice, comme font des eſclaues à leurs maiſtres.
Conformement à cela les Theologiens & Iuiſconſultes enſeignent que
ſuiuant la loy de nature, les peres & meres peuuent vendre leurs enfans qui
Les peres
& meres
peuuent
vendre
leurs en-
fans en
grande
neceſſité.
ne ſont encore emancipez, comme ceux qui en ſont les vrays maiſtres : ainſi
apparoit-il de l'Exode, ch. 21. ce qui ſe doit entendre en la grande neceſſité
& pauureté des peres & meres. Cela eſt conforme à la raiſon, car les enfans
ſont les fruicts, & comme vne partie des peres & meres, & partant la raiſon
veut que tout ainſi que le maiſtre de la vigne, du champ & iardin, diſpoſe des
fruicts qui en prouiennent : qu'auſſi le pere & la mere puiſſent diſpoſer des
enfans comme de leurs fruicts. Auſſi Ariſtote les appelle ſeruiteurs : & tout
ainſi dit Hierocles, apud Stobæum ſerm. 77. qu'apres qu'vn ſculpteur a fait
vne ſtatue, ſi la ſtatue fait quelque action, elle eſt attribuée au ſculpteur, de
meſme les actiõs des enfans ſont attribuées aux peres & meres, & tout ce qui
appartient aux enfans, eſt au pere, & à la mere, puis qu'ils leurs ont donné l'e-
ſtre ſans lequel ils ne pourroient rien, & n'auroient rien.
Mais
D d d 2

396
Troisieme Traite’
Mais quelle conſequence eſt-ce que faict Le Sage en ces paroles ? qui ti-
met Deum, honorat parentes
, quiconque craint Dieu, quiconque honore Dieu,
honore ſes peres & meres. Comment eſt-ce que l'honneur de Dieu ſuit l'hon-
neur des peres & meres ?
Les peres
& meres
ſont lieu-
tenans de
Dieu aux
enfans.
Le Sage veut dire que les peres & meres ſont l'image de Dieu; ſont comme
des vice-Dieux aux enfans : des petits createurs, comme des Diuinitez terre-
ſtres ; & partant que tout ainſi que celuy qui honore le Roy, honore ſes im-
ages, ſes vice-roys, ſes lieutenans, de meſme quiconque honore Dieu, honore ſes
peres & meres : honneur qui leur eſt deu, non ſeulement par commandement
diuin, mais ſoubs peine de damnation.
Voyez l'eſtat que Dieu fait de l'honneur des peres & meres le mettant en
parallele auec celuy qui luy eſt deu : Moyſe reçoit la Loy au mont Sinaï en
deux tables : la premiere contient ce qui concerne le culte de Dieu, la ſecon-
de, ce qui concerne le prochain : mais le premier commandement de la ſecõ-
de table, eſt d'honorer pere & mere. Voicy donc les deux plus grands com-
mandemens, l'vn d'honorer Dieu, l'autre d'honorer pere & mere : vice-Dieu,
Le com-
mande-
ment d'ho-
norer pere
& mere
eſt coſte à
coſte de
celuy qui
ordonne
d'honorer
Dieu.
petit Dieu en terre, au regard des enfans : l'vn de ces commandemens tient la
droite, l'autre la gauche : Dieu veut qu'ils marchent de pair, ſauf que l'vn a la
droite. Auſſi S. Ambroiſe dit ſur ces paroles de S. Matt. 9. honora patrem, primus
gradus pietatis eſt iſte, vt quos auctores tibi voluit eſſe Deus, honores obſequijs, abſti-
neas cotumeliis, nec vultu lædenda eſt pietas parentum
: le premier degreé de pieté
eſt que nous honorions ceux que Dieu a voulu qui fuſſent autheurs de noſtre
vie, que nous nous gardions de les offenſer, non pas meſme de les regarder de
trauers.
Trois cõ-
mãdemẽs
grauez au
temple
d'Apollon.
S. Hieroſme dit qu'au temple d'Apollon eſtoient grauez trois commande-
mens. Ie I. eſtoit d'honorer les Dieux, & eſtoit au coſté droit : le 2. d'honorer
pere & mere, & eſtoit au coſté gauche, mais vis à vis du premier, coſte à coſte
l'vn de l'autre, & le 3. de s'abſtenir des voluptez charnelles.
Pourquoy ces deux commandemens vis à vis l'vn de l'autre ? ſinon pour
monſtrer en quelle qualité les anciens ont tenu les peres & meres, ſçavoir
comme de petits Dieux terreſtres. Auſſi tenoient-ils comme ſacrilege l'offen-
ſe qu'on commettoit contre pere & mere. Platon 2. de legibus, exiſtimandum
eſt nullum apud Deos magis honorandum ſimulachrum nos habere poſſe aut debere,
quam patres ſenio confectos, matreſque ſimiliter, quibus honoratis, Deus gaudet.
Faut
croire qu'il n'y a rien que nous ſoyons plus obligez d'honorer, que nos peres &
meres vieux, & Dieu prend plaiſir à l'honneur que nous leurs rendons. C'eſt
pourquoy on puniſſoit egalement ceux qui manquoient à l'honneur des Dieux,
& des peres & meres, au rapport de Valere le grand, lib. 1. Iuſtiſſimè quadam
pari vindicta parentum atque Deorum, violatio expianda eſt.
Hierocles, apud Stobæum diſoit que la maiſon paternelle eſt vn ſanctuai-
re

397

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
La maisõ-
paternel-
le eſt cõ-
me vn sã-
ctuaire di-
ſoit Hiero-
cles
.
re, & comme vn temple ſacré ; que les peres & meres en ſont les Diuinitez :
que les enfans ſont les ſacrificateurs & ſacriſtains, leſquels la nature a dedié
& conſacré pour le ſeruice de ces Dieux domeſtiques & tutelaires, & que les
peres & meres n'eſtoient pas ſeulement les images des Dieux celeſtes, mais
eſtoient des Dieux terreſtres & des ſeconds Dieux.
Entre vne multitude quaſi ſans nombre de Diuinitez que ces anciens ado-
Les peres
& meres
ſont Dil-
lares
, les
Dieux du
ſoyer.
roient, en mettans par tout, au champ, à la ville, de tous coſtez : ils adoroient
certains Dieux qu'ils appelloient lares Dieu du Foyer : mais auec bien tant
de reſpect, que ſi quelqu'vn ſe retiroit au Foyer, voire de ſon ennemy capi-
tal, on ne luy pouuoit faire aucune violence, pour le reſpect qu'on portoit à
ces Dieux domeſtiques, & ce lieu leur ſeruoit d'azyle. Platon appelle les pe-
res & meres Deos lares, Dieux du Foyer, & par là nous monſtre en quelle con-
ſideration nous les deuons auoir, adiouſtant que les peres & meres vieux
ſont les plus grands biens & richeſſes que puiſſent auoir les enfans.
Mais parlons Chreſtiennement, & diſons que les peres & meres ne ſont pas
des Dieux, puis qu'il n'y a qu'vn Dieu : ego Dominus, & non eſt alter, mais bien
les viues images de la Diuinité, & les lieutenans de Dieu en terre, pour le regard
des enfans. Faiſons les paralleles entre Dieu & les peres & meres.
Paralleles
entre Dieu
& les pe-
res & me-
res.
1.   Dieu nous donne l'eſtre, ex quo omnia, per quem omnia, in quo omnia: & le
Sage nous dit Eccli. 7 parlant des parens, memento quoniam niſi per illos natus
non fuiſſes
; ſouuenez vous que ſans eux vous ne ſeriez pas.
2.   Dieu eſt ce grãd pere nourricier, Nutritius Ephraim, Adonai : c'eſt à dire
ſelon l'interpretation de S. Hieroſme, nutriens familiam, Deus mammarum, le
Dieu des mammelles : & nos peres & meres ſont nos nourriciers, ce qu'ils
font auec tant de ſoin & tant de trauaux, accompagnés ordinairement d'vn
tres-grand amour.
3.   Dieu par ſa prouidence nous regit & gouuerne, auſſi font nos parens, s'e-
ſtudians à nous pouruoir, & nous faiſans apprendre quelque choſe ſuiuant
noſtre qualité.
4.   Dieu a vne puiſſance ſouueraine ſur nous comme le Createur ſur ſa cre-
ature, comme le potier ſur le pot qu'il a formé : comme le maiſtre ſur ſon
ſeruiteur, & ainſi nous ſommes tout à luy, mais il l'a comme transferé à nos
Les Loix
de Romou-
lus
don-
noient
tout pou-
uoir aux
peres &
meres ſur
leurs en-
fans.
peres & meres. Parmy les loys de Romulus leg. 17. eſt ordonné, parentum in li-
beros omne ius eſto, relegandi, vendendi, & occidendi
, les peres & meres auront
tout pouuoit ſur leurs enfans, voire de les bannir, de les vendre, meſme de
les tuer : les loix Chreſtiennes ſont plus douces, toutefois l'authorité des pe-
res & meres ne laiſſe d'eſtre tres grande.
5.   Dieu a toute choſe en ſa protection, & ſauuegarde ; & les enfans ſont
ſoubs la protection & ſauuegarde particuliere de leurs peres & meres.
6. La
D d d 3

398
Troisieme Traite’
6.   La benediction de Dieu eſt de grand prix & efficace à ceux qui la reçoiuent,
implet omne animal benedictione, la benediction des peres & meres eſtablit la
maiſon des enfans, benedictio patris firmat domos filiorum, Eccl. 3.
7.   La malediction de Dieu eſt dangereuſe comme il appert en la perſonne de
Cain, Gen. 4. Auſſi la malediction des peres & meres comme en Cam fils de
Noé, & en tant d'autres.
8.   Dieu veut eſtre honoré, ſi ego dominus, vbi eſt honor meus? ſi ie ſuis Dieu où
eſt l'honneur que vous me portez ? Auſſi veut-il que nous honorions peres &
meres, & punit ceux qui ne le font.
9.   Nous ne pouuons iamais rendre à Dieu l'honneur qu'il merite, & que nous
luy deuons ; auſſi ne le pouuons nous à peres & meres.
10.   Tout ce que nous auons appartient à Dieu, comme à la premiere cauſe
de noſtre eſtre, & à nos parents comme à la ſeconde, quæ ſunt filiorum, ad pa-
trem referri æquiſſimum ac iuſtiſſimum eſt
, Greg. Nazianz. Orat. 20. de Ma-
chab.
La raiſon & la iuſtice demande que tout ce qui appartient aux enfans
ſoit aux parents.
11.   C'eſt vn crime de leze Maieſté diuine de meſpriſer Dieu, auſſi de meſpri-
ſer pere & mere, entant qu'ils ſont les viues images de Dieu.
12.   Tout ainſi que celuy qui ſurpaſſe les ordonnances du Lieutenant du Roy,
offenſe le Roy, ainſi celuy qui tranſgreſſe les ordonnances des peres & meres
offenſe Dieu, dont ils ſont les lieutenans. Voila où Dieu a releué l'honneur
que nous deuons à peres & meres, le faiſant quaſi egal à celuy qu'il de-
mande de nous, & voulant que nous les tenions en qualité de ſes lieutenans,
& comme de petits Dieux en terre.


Filet cadre, rayé.

Quel eſt l'honneur que les enfans doiuent à pere & mere.

CHAPITRE II.

IE reduiray les obligations des enfans enuers leurs peres & meres à trois
En quoy
conſiſte
l'hõneur
qu'õ doit
à pere &
mere.
chefs, le premier eſt l'honneur, le ſecond eſt l'obeyſſance, le troiſieſme eſt
l'aſſiſtance : en ce chapitre ie traitteray de l'honneur.
Le Sage, Eccli. 3. monſtre en quoy conſiſte l'honneur qu'on doit aux peres &
meres in opere, dit, & ſermone, & omni patientia, honora patrem tuum: honore ton
pere, d'œuure, de parole, & auec toute patience : d'œuure, executant leurs
commandemens, les ſeruant en ce qu'ils ont affaire, les aſſiſtant en leurs ne-
ceſſitez. De parole leurs parlant auec des paroles douces, & de reſpect, non à
la

399

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
la façon de ceux dont il eſt parlé en la parabole de S. Mathieu 21. d'vn pere
qui auoit deux enfans, & commanda à l'vn d'aller trauailler à la vigne, mais
il reſpondit qu'il n'en feroit rien : puis ſe repentant de ſa deſobeyſſance y alla :
& ayant donné le meſme commandement à l'autre, il ſe montra prompt,
diſant qu'il y alloit, & n'en fit rien : l'un & l'autre manqua à l'honneur qu'il
deuoit à ſon pere : le premier ne l'honorant pas de paroles, & le ſecond ne
l'honorant point d'œuure. Le Sage adiouſte, in omni patientia, c'eſt à dire, ne
murmurant contre leurs ordonnances, ſouffrant leurs reprehenſions auec
tranquillité : ſe ſoubmettant à leurs commandemens, quoy que facheux, ſup-
portant le chagrin de leur vieilleſſe, comme ils ont ſupporté l'impertinence
de noſtre ieuneſſe.
Exhorta-
tion de S.
Hieroſ-
me
à vne
fille qui
vouloit
quitter ſa
mere fa-
cheuſe.
S. Hieroſme eſcriuant à vne fille qui vouloit quiter ſa mere, dautant qu'elle
eſtoit facheuſe, dit, maius præmium habebis ſi talem non deſeras: mater te diu porta-
uit in vtero, diu aluit, & difficiliores infantiæ, mores blanda pietate ſuſtinuit, lauit
pannorum ſordes, & immundo ſæpe fœdata eſt ſtercore, aſſedit ægrotanti, & quæ
prote ſua faſtidia ſuſtinuit, tua quoque paſſa eſt, ad hanc perduxit ætatem, vt Chriſtum
amares, docuit
: quoy que voſtre mere ſoit facheuſe, vous aurez plus de merite
ſi vous ne la quitezpas. Elle vous a porté long-tmeps en ſon ventre, vous a
nourry, a ſupporté doucement les ſottiſes de voſtre enfance, a laué vos lan-
ges & ordinaires, vous a gardé lors que vous eſtiez malade, a ſouffert ſes pro-
pres degouſts dont vous eſtiez cauſe, & les voſtres, vous a eſleué iuſques à
cet aage, & vous a enſeigné à aimer Ieſus Chriſt.
Patience
de Mãlius
Torqua-
tus
enuers
ſon pere.
Valere le Grand, l. 5. c. 4. loue & meritoirement l'affection & patience
de Manlius Torquatus enuers ſon pere, duquel, quoy qu'il fuſt indignement
traitté & accablé d'outrages indignes de ſa qualité ; ſçachant toutefois que
Pomponius Tribun l'auoit fait adiourner, ſe gliſſa du grand matin à la cham-
bre du Tribun, & luy preſentant le poignard ſur la gorge, l'obligea de iurer
qu'il ſe deportertoit de l'accuſation qu'il auoit minuté contre ſon pere : voicy
comme en parle Valere le Grand, commendabilis eſt pietas quæ manſuetis paren-
tibus præſtatur, ſed Manlius quo horridi orem patrem habuit, hoc laudabilius peri-
culo eius ſubuenit; quia ad eum diligendum, præter naturalem amorem, nullo indul-
gentiæ blandimento inuitatus fuerat
.
C'eſt choſe louable que d'honorer ſes peres & meres qui ſont doux & trait-
tables, mais tant plus le pere de Manlius a eſté rude & rebarbatif, tant eſt-il
plus digne de louange, de l'auoir aſſiſté en ſa neceſſité, puis qu'outre l'amour
naturel, il ne l'auoit obligé par aucune careſſe de l'aymer. Que diront les
Chreſtiens ? comment s'excuſeront-ils de l'amour & honneur qu'ils doiuent
à pere & mere, puis qu'outre la nature ils ont le commandement de Dieu, &
vn motif ſurnaturel que Manlius n'a pas connu, dont la diſcourtoiſie des peres
& meres ne peut les exempter : qui timet Dominum, honorat parentes, quicon-
que craint Dieu, honore pere & mere.
Les

400
Troisieme Traite’
Les grands honneurs auſquels Ioſeph eſtoit eſleué en la cour de Pharaon
Ioſeph
honore
ſon pere.
ne le diſpenſerent pas de l'honneur qu'il deuoit à ſon pere, & quoy qu'il fuſt
la ſeconde perſonne de toute l'Egypte, il n'eut point de honte de recõnoiſtre
ſon pere en ſa pauureté & diſette; mais le voyant, irruit ſuper collum eius &
inter amplexus fleuit
, Geneſ. 48. il luy ſauta au col, l'embraſſa & pleura de ten-
dreſſe, luy faiſant vne profonde reuerence, adorauit pronus interram, ſe pro-
Salomon
honore ſa
mere.
ſternant contre terre pour l'honorer. Salomon en fit autan à Berſabé ſa mere
3. Reg. 2. laquelle l'eſtãt venue trouuer, ſurrexit in occurſum eius, le Roy ſe leua
de ſon throſne, luy alla au deuant, l'adora, adorauitque eam, & ſedit ſuper thro-
num ſuum: poſituſque eſt thronus matri regis, quæ ſedit ad dexteram eius
, il l'aſſit ſur
ſon troſne, on poſa vn autre troſne pour la mere du Roy, qui s'aſſit à la droite
L'hõneur
qu'Al-
phonſe
Roy d'A-
ragõ
por-
te à ſon
pere.
du Roy. Alphonſe Roy d'Aragon ſçachant que Ferdinand ſon pere venoit, luy
alla au deuant, deſcendit de cheual, & le ſuiuit à pied : le pere l'aduertiſſant
qu'il remontaſt à cheual, comme auoit fait la plus part de la nobleſſe, reſpondit
les autres feront comme ils l'entendront, mais perſonne ne m'empechera
que ie ne ſuiue à pied mon pere, refert Panormitanus.
Thomas
Morus

demande
tous les
ſoirs la
benedi-
ction à
ſon pere.
Lib. 4.
Ce grand Chancelier d'Angletere Thomas Morus nonobſtant ſes hon-
neurs & grades, ne manquoit iamais tous les ſoirs de ſe mettre à genoux, &
demander bien-humblement la benediction à ſon pere.
Ie ne ſçaurois obmettre ce que Valere raconte de Decius fils de l'Emper-
Honneur
que De-
cius porte
à ſon pere.
eur Decius. Son pere luy voulant mettre le diademe ſur la teſte, & ſe deporter
de l'Empire en faueur de ſon fils, le fils le refuſa, diſant ie crains que ſi ie
deuiens Empereur, ie ne deſapprenne à eſtre fils : i'ayme mieux n'eſtre Em-
pereur, mais humble fils, que d'eſtre Empereur & fils moins reſpectueux en-
uers mon pere. Que mon pere regne, mon Royaume & mon Empire eſt de luy
obeir en toute humilité. Quel reſpect ! renoncer à l'Empire, pluſtot que de
ſe mettre au hazard de manquer au reſpect & à l'honneur deu à ſon pere !
Il n'arriue que trop ſouuent ce qu'on raconte d'vn bon charbonnier, le-
quel voyant que ſon fils eſtoit de bon naturel, & né pour choſes grandes, fit
Le fils
d'vn char-
bonier
deuenu
Roy meſ-
connoit
ſon pere.
tout ſon effort pour le nourrir à la cour, & la choſe reüſſit ſi bien, que le Roy
eſtant mort on ne trouua perſonne plus capable de porter la couronne que
ſon fils. Comme tout le monde venoit faire la reuerence au nouueau Roy, le
bon pere charbonnier s'y trouua, tout encharbonné, rendit ſes deuoirs au
Roy ſon fils. Le fils ne fit point ſemblant de le connoiſtre : & quoy, dit le pere,
mon fils me meconnoiſſez vous ? Et comment vous connoiſterois-ie ? moy qui
ne me connois pas moy meſme ? Il n'eſt que trop vray que les honneurs au-
euglent ſouuent les enfans en telle ſorte, qu'ils ne connoiſſent ny leurs peres
& meres ny eux meſmes, eſtans honteux de ſe confeſſer pour tels qu'ils ſont,
&

401

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
& de reconnoiſtre ceux qui leurs ont donné l'eſtre pour autant qu'ils ne ſont
ou aſſez riches, ou braues & en honneur.
Vn fils qui
meſcõnoit
ſon pere.
Lors qu'Alexandre Farneſe Duc de Parme eſtoit Gouuerneur des Pays
bas, il auoit vn nain en ſa cour, fils d'vn pauure homme de village, lequel il
cheriſſoit grandement. Le pere de ce nain vient à Bruxelles, ſe preſenta à ſon
fils, qui ne daigna pas ſeulement le ſaluer. Le pauure pere dans ce meſpris
n'eut autre recours qu'à ſes larmes. Le Prince en fut aduerty, fit appeller le
pauure pere, luy demanda qui il eſtoit : pourquoy il eſtoit venu en cour, fit
appeller le nain, luy demanda s'il reconnoiſſoit ſon pere. Mon pere, dit-il,
iamais ie ne fus fils d'vn tel villageois, ie ſuis de bonne & de noble maiſon.
Le Duc ayant ſceu l'impoſture, reprit l'impoſteur aigrement, & le chaſſa
honteuſement de ſa cour. Si ce nain euſt imité Benoiſt II. il n'euſt encouru
Benoiſt
II.
ne
veut recõ-
noiſtre ſa
mere en
ſes ſuper-
bes habits.
cette diſgrace. Il eſtoit de petite maiſon, mais par ſa vertu eſtoit deuenu
Pape. Sa mere le vient voir & auant que de ſe preſenter s'addreſſa à des Da-
mes Romaines, leſquelles l'habillerent magnifiquement : cette bonne fem-
me ſe preſente à ſon fils auec cette pompe. Luy la regardant de trauers, ma
mere, dit-il, n'eſt pas de cette condition, elle n'a pas couſtume d'eſtre ha-
billée ſi pompeuſement : ie ſçay qu'elle eſt pauure, & rouſturiere. Elle s'en
retourna fort honteuſe, mit bas ces habits de ſoye, prit ſes meſchans hail-
lons, s'en alla trouuer le Pape, lequel la receut, l'embraſſa, & dit ah voila
ma mere, ie la reconnois volontiers en cette qualité & equipage.
Pechez cõ-
tre l'hon-
neur des
peres &
meres.
Ceux-là pechent contre l'honneur qu'ils doiuent à peres & meres. I. qui
les maudiſſent, les iniurient, les contriſtent, les mettent en cholere, les ac-
cuſent, les tirent en iugement pour rien, & auec ignominie, & voicy l'arreſt
de leur condamnation en l'Exode 21. Qui maledixerit patri, aut matri, morte
Ceux qui
maudiſ-
ſent peres
& meres
punis.
moriatur
, quiconque maudira ou ſon pere ou ſa mere eſt digne de mort. Elle
eſt reiterée Leuit. 20. Patri matrique qui maledixerit, ſanguis ſit ſuper eum. Salo-
mon
l'a confirmé Prouerb. 20. Qui maledixerit patri ſuo, aut matri ſuæ, extingue-
tur lumen eius in medijs tenebris
.
2. Ceux qui morguent peres & meres & les regardent de trauers au Pro-
uerb.
20. Oculo qui ſubſannat patrem, & qui deſpicit partum matris ſuæ, effodiant
eum corui de torrentibus & comedant eum filij aquilæ
, quiconque regarde ſon
pere par moquerie, quiconque n'a eſgard aux trauaux qu'à eu ſa mere le por-
tant en ſon ventre, ſera tourmenté des Diables leſquels comme corbeaux
& aiglons le feront mourir, le deſchireront, ou bien merite d'eſtre attaché
à vn gibet, où les corbeaux & aiglons luy arracheront les yeux. Entre autres
louanges que S. Ambroiſe donne à noſtre Dame lib. de Virg. il dit, nunquam
vultu parentes læſit
: iamais elle n'a donné aucun meſcontentement à ſes peres
& meres par aucun regard moins gratieux.
3. Ceux qui frappent peres & meres ſont dignes de mort ſuiuant la loy,
Exod.
E e e

402
Troisieme Traite’
Exod. 21. Qui percuſſerit patrem, aut matrem, morte moriatur.
4. Ceux qui leurs ſouhaitent ou procurent la mort. Il y a vne loy qui or-
Punition
des enfans
qui frap-
pent ou
tuent pe-
res &
meres.
donne que ſemblables parricides ſoient foüettez, puis enfermez dans vn ſac
de cuir auec vn chien, vn coq, vne vipere, & vn ſinge, & jettez dans la mer, ou
expoſez auz beſtes. ff. de parricid. l. penult. & leg. I. C. eodem256. Solon
ne fit aucune loy contre ces parricides, & eſtant interrogé pourquoy ? Reſpon-
dit qu'il ne croyoit pas qu'aucun deuſt eſtre ſi mal-heureux que d'enfrain-
dre ce droit que nature a tellement graué en nos ames. Ariſtote a dit lib. 8.
Topicorum qu'il ne falloit pas agir par raiſon auec celuy qui doute s'il faut
honorer Dieu & ſes pere & mere : mais le chaſtier de meſme peine : qui dubitat
vtrum oporteat Deos venerari, aut parentes, non indiget ratione, ſed pari pœna
.
Cham
maudit de
Dieu pour
s'eſtre
mocqué
de ſon
pere.
L'Eſcriture ſaincte nous fournit les horribles chaſtimens que Dieu a en-
uoyé à ſemblables monſtres de nature : les hiſtoires ſacrées & prochaines en
ſont pleines. Cham fils de Noé pour s'eſtre mocqué de ſon pere eſt maudit,
& luy & ſes deſcendans punis de ſeruitude, maledictus Chanaam, ſeruus ſeruo-
rum erit fratibus ſuis
, S. Ambroſ. lib. de arca257, & Noé remarque qu'ils furent
ſubiugez, ruinez, & ſaccagez par Ioſué, & les Hebreux qui eſtoient les deſ-
Punition
de Ruben
pour n'a-
uoir ho-
noré ſon
pere.
cendans de Sem. Ruben fils de Iacob Gen. 49. pour auoir attenté à l'endroit
d'vne des concubines de ſon pere au preiudice de l'honneur & reſpect qu'il
luy deuoit, eſt maudit, effuſus es, ſicut aqua non creſeas, vous n'aurez non plus
de conſiſtance ny de fidelité en vos enfans & poſterité ; en vos moyens &
honneur, que de l'eau. Et ſe peut-il trouuer punition plus exemplaire que
celle du miſerable Abſalon ? il ſe bande contre ſon pere, prend les armes, fait
Punition
d'Abſalon
pour n'a-
uoir ho-
noré ſon
pere.
reuolter ſes ſubjects, taſche de le priuer de ſes eſtats : mais Dieu prend la
cauſe du pere permettant que ce mal-heureux enfant paſſant ſouz vne arbre
y eſt attaché par les cheueux & percé de trois fleches mortelles. Comment
ſe pouuoit-il faire qu'vn homme armé, comme il eſtoit, fuſt attaché par les
cheueux en paſſant ? ſa monture n'eut-il pas la force de le retirer ? ne ſe trou-
ua-il perſonne de ſes gens qui le peuſt ſecourir ? il n'y a perſonne qui ne voye
que c'eſt vn coup de la main de Dieu, qui prend la cauſe du pere contre le fils
rebelle.
Hiſtoire
d'vn en-
fant de 18.
ans pendu
qui deuint
barbu
comme vn
vieillard.
S. Bernardin Dominica 2. quadrageſ. ſer. 17. art. 3. c. I.258 dit que de
ſon temps vn ieune homme en Catalogne en la ville de Sui259 en Eſpagne prez
de Valence apres auoir meſpriſé ſes pere & mere ſans ſe ſoucier de leurs con-
ſeils ny aduis, s'abandonna à toute ſorte de liberté & pour ſes larcins & autres
crimes fut apprehendé de la iuſtice, & à l'aage de dix-huict ans fut pendu,
n'ayant encore point de barbe : auſſi toſt qu'il euſt rendu l'eſprit, voila ſon
menton reueſtu d'vne longue barbe, qui deuient ſoudain toute blanche
comme auſſi ſes cheueux en preſence de tout le peuple, qui auoit aſſiſté à
l'execution,

403

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
l'execution, & ſembloit eſtre vn homme de quatre vingt & dix ans : on en fit le
rapport à l'Eueſque qui y accourut, luy, & tout le peuple ſe mirent en deuotion.
Leur priere eſtant faite, l'Eueſque fit vne harangue au peuple, & dit que Dieu
vouloit monſtrer par là que ce ieune homme ſelon le cours de nature deuoit
viure iuſques à cet aage de quatre vingt & dix ans, ſi par le manquement de
deuoir & de reſpect enuers ſes pere & mere, il n'euſt racourcy ſa vie, & que
d'ordinaire Dieu punit d'vne mort precipitée ceux qui manquent d'honneur,
de reſpect, & d'obeyſſance à leurs peres & meres.
Eſcoutez enfans, eſcoutez le Sage Eccli. 3. Filij ſuſcipe ſenectum patris tui,
& non contriſtes eum in vita illius, & ſi defecerit ſenſu, veniam da, & ne ſpernas eum
in virtute tua: elecmoſyna enim patris non erit in obliuione
. Mon fils, receuez
voſtre pere en ſa vieilleſſe, ne l'attriſtez pas pendant ſa vie, ſi le iugement
vient à luy manquer, excuſez-le, & ne le meſpriſez pas : le bien que vous luy
ferez ne ſera pas mis en oubly. C'eſtoit le meſme precepte que donnoit Tobie
à ſon fils, honorem habebis matri tuæ omnibus diebus vitæ tuæ, vous honorerez
voſtre mere tous les iours de voſtre vie, Tobie 4.


Filet cadre, rayé.

De l'obeyſſance des enfans enuers pere & mere.

CHAPITRE III.

CE que i'ay dit au liure ſecond Traité I. Chap. 6. Section 4. & 5. de l'ob-
eyſſance des femmes enuers leurs marys peur ſeruir aux enfans, &
leurs monſtrer l'obligation qu'ils ont d'eſtre obeyſſans à peres & meres, &
comme ils doiuent ſatisfaire à cette obeyſſance. Mais outre cela, ie leurs
diray icy quelque choſe qui leurs eſt propre.
Les enfans
doiuent
obeyſſan-
ce à pere
& mere.
Salomon en ſes Prouerbes inſtruiſant vn ieune homme à la vertu, & à
toute ſorte de perfection, apres auoir dit que le commencement de ſapience
eſt la crainte de Dieu, commence auſſitoſt par l'obeyſſance deue aux peres &
meres, & dit, Audi fili mi diſciplinam patris tui, & ne dimittas legem matris tuæ,
vt addatur gratia capiti tuo, & torques collo tuo
, eſcoute mon enfant la leçon de
ton pere ; ne meſpriſe pas la loy de ta mere, afin que tu te rendes agreable à
tout le monde & que tu merites vne couronne eternelle. Prouerb. I. S. Paul aux
Epheſ. 6. Obedite parentibus veſtris in Domino, hoc enim iustum eſt, obeyſſez à
vos peres & meres ſelon Dieu, car cela iuſte.
Cette
E e e 2

404
Troisieme Traite’
En quoy
conſiſte
l'obeyſsã-
ce des en-
fans en-
uers leurs
peres &
meres.
Cette obeyſſance conſiſte 1. en ce que les enfans ſuiuant la direction des
peres & meres en choſes qui ſont d'importance, ne ſe laiſſans emporter par
l'impetuoſté de leur ieuneſſe, & par la furie de leurs paſſions. 2. qu'ils exe-
cutent leurs commandemens, auec les circonſtances que nous auons deduit
en la ſection 5. du chap. 1. du traité 1. du liure ſecond. 3. qu'ils n'abuſent des
trauaux & ſueur de leurs peres & meres, diſſipans mal à propos ce qu'ils gai-
gnent, ou ne s'employans en ce qu'ils ſont occupez comme ils doiuent. 4. qu'ils
ne facent rien contre le bien & aduancement de leur famille, comme en ſe
marians au deſ-auantage de leur maiſon, faiſans des alliances preiudiciables
à leur race & extraction.
Punition
des enfans
deſobeyſ-
ſans.
Les punitions que Dieu auoit ordonné anciennement, & celles que nous
voyons iournellement contre les enfans deſobeyſſans, deuroient ſuffire pour
eſpouuanter ceux qui ſont tels : voicy la loy & ſentence de Dieu, Deuter 21. Si
genuerit homo filium contumacem & proteruum, qui non audiat patris aut matris
imperium, & coërcitus obedire contempſerit, apprehendent eum, & deducent ad ſen-
iores ciuitatis illius, & ad portam tudicij, dicentque ad eos: filius iſte noster proteruus,
& contumax eſt, monita nostra audire contemnit, comeſſationibus vacat, & luxuriæ,
atque conuiuijs, lapidibus eum obruet populus civitatis, & morietur, vt auferatis mal-
um de medio veſtri, & vniuerſus Iſrael audiens pertimeſcat.
Si vn pere a vn enfant
deſobeyſſant, & refractaire, qui ne veuille obeyr ny à pere ny à mere, il le pren-
dra, il le menera aux anciens de la ville, & à la porte du tribunal, & dira aux
iuges : Voila noſtre fils refractaire & deſobeyſſant qui ne fait point d'eſtat de nos
aduertiſſemens, c'eſt vn hanteur de cabarets, de banquets, de garces : tout le
peuple de la ville le lapidera, & mourra, afin d'exterminer du milieu de vous
ce meſchant homme, & que tout le peuple entendant cecy, ayt crainte.
Entre pluſieurs marques de reprobation que S. Paul apporte, Rom. I. il n'a
Le maria-
ge n'exẽp-
te pas les
enfans de
l'obeyſſa-
ce aux pe-
res & me-
res.
pas obmis cette-cy, la deſobeyſſance enuers les peres & meres, Parentibus non
obedientes
. Vn des ſignes de l'aduenement de l'antechriſt eſt la meſme deſobeyſ-
ſance, in nouiſſimis diebus inſtabunt tempora periculoſa, & homines ſeipſos amantes,
cupidi, elati, ſuperbi, blaſphemi, parentibus non obedientes
. Aux derniers iours il y
aura des temps fort dangereux, & des hommes pleins d'amour d'eux-meſmes,
conuoiteux, preſomptueux, ſuperbes, blaſphemateurs, n'obeyſſans pas à leurs
peres & meres.
Mais me dira quelqu'vn, ie ſuis maintenant emancipé, & partant exempt
de l'obeyſſance, ie ſuis mariée, ie ſuis obligée d'obeyr à mon mary, & non à
pere & mere, puis que la loy du mariage veut que ie quite pere & mere pour
ſuiure mon mary. I'accorde que telle eſt la loy du mariage, qu'on peut quiter
pere & mere pour demeurer auec ſon mary : toutefois elle n'exempte pas
pourtant

405

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
pourtant les enfans de l'obeyſſance deue à leurs peres & meres : voicy comme
il faut entendre cette loy, & comme l'explique S. Thomas lect. 10.260 Eph. 5.
cap. Tantus eſt affectus inter coniuges, vt parentes ſuos relinquant, nam licet quoad
reuerentiam, obendientiam, & ſubuentionem plus debeat quiſque diligere patrem,
quam vxorem, tamen quoad domesticam adhæſionem, & cohabitationem plus de-
bet diligere vxorem
, il y a vne telle affection entre le mary & la femme, qu'ils
En quoy
le mary eſt
plus obli-
gé à ſa
femme
qu'à ſon
pere.
quitent pere & mere l'vn pour l'autre, & jaçoit que quant au reſpect, obeyſ-
ſance & aſſiſtance, chacun ſoit plus obligé à ſon pere qu'à ſa femme, toutefois
quant à la cohabitation, le mary eſt plus obligé à ſa femme, d'où il eſt mani-
feſte que pour eſtre emancipé & marié, on n'eſt pas exempt de l'obeyſſance &
reſpect deü aux peres & meres, & que ceux-là pechent griefuement qui meſ-
priſent leurs aduis en choſe d'importance, quoy que mariez.
Les peres & meres ne doiuent tant s'arroger en faueur du pouuoir qu'ils
Les enfans
ne ſont
pas en
toutes
choſes
ſubjects
aux peres
et meres.
ont ſur leurs enfans, & ſur l'obligation que les enfans ont à leurs obeyr qu'ils
croient eſtre leurs ſouuerains Seigneurs, & penſent leurs pouuoir commander
en toutes choſes. Ils ſont priez d'entendre ce que S. Thomas leurs enſeigne
2. 2. q. 104. art. 5.261 premierement que tous les hommes ſont eſgaux, & per-
ſonne n'eſt inferieur à autre en ce qui concerne la nature du corps, & qu'en ce
point le ſeruiteur n'eſt inferieur au maiſtre, ny l'enfant au pere, comme ſont
les neceſſitez du corps, les habits, la nourriture, ſe marier, ou non ; & partant
que ny le maiſtre ny le pere ne peuuent empeſcher leurs ſeruiteurs ou enfans
de ſe marier, ou non, s'ils veulent : d'entrer en religion, ou non : le reſpect
que les enfans doiuent à leurs peres, & les ſeruiteurs à leurs maiſtres, les ob-
lige de n'entreprendre ſemblable eſtat ſans leurs communiquer leur deſſein,
& ceux qui ſe marient contre la volonté de leurs peres & meres s'il n'y a iuſte
cauſe, qui les excuſe, principalement au preiudice de leur religion, ou au des-
auantage de leur famille pechent mortellement : le mariage eſt toutefois valide
eſtant accompagné de ſes autres circonſtances, ils ne laiſſent pourtant d'offen-
ſer Dieu. Or ie prie les peres & meres de conſiderer que le mariage doit eſtre
libre & non contraint, & qu'ils doiuent pluſtot auoir eſgard à la volonté & incli-
nation de leurs enfans qui ſont parties en cette affaire, qu'à la leur propre.
C'eſt leur fait, c'eſt leur joug, les parens leurs peuuent bien remonſtrer ce qui
eſt de leur deſir, mais non les contraindre ny violenter. Ariſtote meſme ſuiuant
les ſeuls principes de nature Eth. 9. c. 2. monſtre que les enfans ne ſont pas
obligez d'obeyr en toutes choſes à leurs peres & meres, car l'enfant qui eſt mal-
ade eſt plus obligé d'obeyr au medecin qu'à ſon pere : celuy qui eſt ſoldat à ſon
Capitaine,
E e e 3

406
Troisieme Traite’
Capitaine, en ce qui concerne la guerre, qu'à ſon propre pere.
Les enfãs
doiuent o-
beyr à
Dieu plu-
ſtot qu'à
pere &
mere.
Secondement dit S. Thom. l'authorité des peres & meres ſur leurs enfans
n'eſt autre choſe qu'vne participation de l'authorité ſouueraine qui eſt en Dieu,
à quo omnis paternitas in cœlo, & in terra nominatur, Eph. 3. duquel vient toute
paternité, & partant ce n'eſt qu'vne authorité dependante & ſubordonnée, d'où
ſ'enſuit que ſi Dieu veut d'vne façon, & les peres & meres de l'autre, obedire
oportet Deo magis, quam hominibus
; vaut mieux obeyr à Dieu qu'aux hommes.
Le vice-roy ou ſon lieutenant ne doit eſtre eſcouté quand il commande quelque
choſe ou preiudice de ſon Roy. En S. Math. 10. Qui amat patrem aut matrem
pluſquam me, non eſt me dignus
, celuy qui aime ſon pere ou ſa mere plus que
moy, n'eſt pas digne de moy. C'eſt aimer pere & mere plus que Dieu, de leurs
obeyr en choſe qui eſt contre Dieu. S. Bernard Epiſt. 3. Sola cauſa qua non licet
obedire parentibus, Deus eſt
, la ſeule cauſe qui nous diſpenſe de l'obeyſſance à
nos peres & meres, eſt Dieu.
Troiſiemement comptons, calculons, combien nous deuons à nos peres
Combien
nous ſom-
mes plus
obligez à
Dieu, qu'à
pere &
mere.
& meres à comparaiſon de Dieu : nous auons l'ame & le corps, l'ame eſt le
principal : or combien y ont nos peres & meres ? autant comme à la lune,
elle eſt créee immediatement de Dieu, & n'eſt pas au pouuoir ny de tous les
hommes ny de tous les Anges enſemble, d'en creer vne ſeule : noſtre ame
peut dire à Dieu, tu formaſti me & poſuiſti super me manum tuam, Pſ. 138. Vous
m'auez formé, ie ſuis l' œuure de vos mains, & partant diſons auec Dauid,
benedic anima mea Domino, & omnia quæ intra me ſunt, nomini ſancto eius, mon
ame benis Dieu, rend luy grace, tout ce qui eſt en moy beniſſe ſon ſainct nom
Pſ. 103.
Peut-eſtre nos peres & meres auront dauantage à nos corps, poſons le cas
Combien
nos peres
& meres
ont en nos
corps.
qu'ils l'ayent entierement fait : & qu'eſt-ce ſinon comme l'habit de l'ame, ſon
eſtuis, vn vaſe dans lequel elle loge ? & peut-il entrer en comparaiſon auec
la nobleſſe & excellence de l'ame ? mais que nos peres & meres ne s'arrogent
pas tant : le corps n'eſt pas tout à eux. Si quelqu'vn crachoit en terre, & que
de ce crachat Dieu formaſt vn homme ou vne ſtatue, qui en ſeroit l'autheur ?
Voila tout ce que nos peres & meres ont à la formation de nos corps : vne
parcelle de leur ſubſtance qu'ils donnent, mais c'eſt Dieu qui fait cette belle
œconomie, formant le corps, moulant les os, eſtendant les nerfs, les veines,
les arteres, compoſant les muſcles, & diſpoſant le tout auec la belle ſymme-
trie qu'on ne peut aſſez admirer : qui ſeront les peres & meres qui oſeroient
s'attribuer la formation de ce bel œuure ? tant s'en faut qu'il leurs apparti-
enne, que meſme ils ne ſçauent comment cela ſe fait, & ſouuent deſirans que
cela ſe face il ne ſe fait : ne le deſirans il ſe fait.
Peres

407

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
Iob recõ-
noit Dieu
autheur de
ſon corps.
Peres & meres eſcoutez le grand S. Auguſt. in Pſ. 70. Iſtis generantibus,
Deus creat, nam ſi tu creas, dic quid tua mulier paritura ſit. Quid dicam? tu dic, dicat
ipſa, quæ quid portat ignorat.
C'eſt Dieu qui crée. Si tu crées, dis ce que ta fem-
me doit enfanter, vn fils ou vne fille ? quoy ! que tu le diſes, elle-meſme le
diſe, mais elle ne ſçait ce qu'elle porte.
C'eſt de quoy Iob rend hommage à Dieu, le reconnoiſſant autheur de ſon
eſtre, nonne ſicut lac mulſiſti me, & ſicut caſeum me coagulaſti? c. 10. Ne m'auez
vous pas coulé comme le laict ? ne m'auez vous pas moulé & aſſemblé comme
le fromage ? Diſons, tu pater noſter, & Abraham neſciuit nos: vous eſtes noſtre
pere, nos peres qui nous ont engendré ne ſçauent comme nous auons eſté
formez.
C'eſtoit le motif duquel ſe ſeruoit la bonne ſaincte mere des ſept freres
La mere
des Ma-
chabées

reconnoit
que Dieu
a formé
les corps
de ſes en-
fans.
Machabées 2. Machab. 7. pour les inciter à oublier & mettre à part toute
tendreſſe enuers elle, & toute conſideration humaine, pour ſe conſacrer
& victimer courageuſement à Dieu : neſcio qualiter in vtero meo apparuiſtis:
neque enim ego ſpiritum, & animam donaui vobis, & vitam, & ſingulorum mem-
bra non ego ipſa compegi, ſed enim mundi creator qui formauit hominis natiuita-
tem, quique omnium inuenit originem, & ſpiritum vobis iterum cum miſericordis
reddet, & vitam, ſicut nunc voſmetipſos deſpicitis propter leges eius.
Mes chers
enfans, ie ne ſçay comme vous vous eſtes trouué dans mon ventre ; ce n'eſt
pas moy qui vous ay donné l'eſprit, l'ame, & la vie, ce n'eſt pas moy qui ay
moulé vos membres : c'eſt ce grand Dieu, Createur du Ciel & de la terre,
qui eſt l'autheur de tous, qui par ſa miſericorde vous rendra vne autre fois
l'ame & la vie que que vous meſpriſez maintenant pour l'obſeruation de
ſes loix.
Voila ce que nos peres & meres ont à la creation de nos ames, & la for-
mation de nos corps, & à la vie corporelle : mais ont-ils dauantage en la vie
de l'ame ? voyons-le.
La vie de l'ame conſiſte en la grace. Nous reconnoiſſons auec Dauid que
nos meres nous ont conceu en peché, in peccatis concepit me mater mea, Pſ. 50.
La grace nous eſt donnée par la ſeule miſericorde de Dieu, & par l'influence
de ſon ſainct Eſprit : c'eſt à luy ſeul que nous en ſommes redeuables.
Les peres
& meres
n'ont rien
à la vie de
grace de
leurs en-
fans.
C'eſt le motif qu'apporte S. Hieroſme, Epl. 10. Ad furiam matronam262,
pour meſpriſer toutes conſiderations humaines, quand il eſt queſtion du ſer-
uice de Dieu, contriſtabitur pater, ſed lætabitur Chriſtus: lugebit familia, ſed An-
geli gratulabuntur: faciat pater quod vult de ſua ſubſtantia, non es eius cui nata, ſed
cui renata, & quite grandi pretio redemit ſanguine ſuo.
Voſtre pere ſ'attriſtera,
mais Ieſus-Chriſt ſe reſiouyra : la famille en portera le deuil ; les Anges en fe-
ront feſte : que voſtre pere face de ſa ſubſtance ce qu'il voudra, vous n'eſtes
pas à celuy auquel vous eſtes née, mais à celuy auquel vous eſtes renée, & qui
vous

408
Troisieme Traite’
vous a rachepté à grand pris ſçauoir de ſon ſang, & Epiſt. 1. ad Heliodor. Licet
paruulus ex collo pendeat nepos, licet ſparſo crine & ſciſſis veſtibus, ubera quibus
te nutrier at mater, oſtendat, licet in limine pater iaceat, per calcatum perge patrem
ad vexillum crucis, ſiccis oculis euola: ſolum pietatis genus eſt, in hac re eſſe crude-
lem &c. facilè rumpit hæc vincula Chriſti amor & gehennæ timor.
Quand bien voſtre
Faut meſ-
priſer pere
& mere
pour Dieu.
petit nepueux s'attacheroit à voſtre col : quand bien voſtre mere toute deſche-
uelée & ſes habits rompus vous coniureroit par les mammelles deſquelles elle
vous a nourry : quand bien voſtre pere ſe coucheroit ſur le ſueil de la porte,
pour vous empeſcher d'aller au ſeruice de Dieu ; marchez ſur voſtre pere,
courez apres l'eſtandart de Ieſus-Chriſt à yeux ſecs : la vraye pieté eſt d'eſtre
cruel en ce point. &c. i'aduoüe que ce ſont des liens bien forts, mais l'amour
de Ieſus Chriſt & la crainte de l'enfer les rompt ayſement. Voyez Platus,
de bono ſtatus religioſi lib. 3. c. 34.
N'auons-nous pas l'exemple de noſtre Seigneur confirmatif de toute cette
doctrine ? iamais ne s'eſt trouué enfant plus obeyſſant, cependant il s'abſente
Noſtre
Seigneur
quite ſa
mere pour
le ſeruice
de Dieu
ſon pere.
de la compagnie de ſa chere mere, ſe fait chercher auec beaucoup d'ennuys
l'eſpace de trois iours, à l'aage de douze ans, preferant le ſeruice de Dieu ſon
pere, au contentement de ſa mere : & à l'aage de trente ans la quite pour vaquer
à la conqueſte des ames : & l'amour & intereſt de ſa mere ne l'empeſcha pas de
mourir en ſa preſence. Pour nous enſeigner iuſques où s'eſtend l'amour des
enfans enuers leurs peres & meres, & qu'il ne doit preiudicier à l'amour que
nous deuons à Dieu.
Conſtan-
ce d'vne
fille à ne
ſe marier.
S. Ambroiſe, lib. de Virginit. raconte qu'vne ieune Damoiſelle de ſon
temps bien noble eſtant eſpriſe d'vn deſir de ſeruir Dieu, & s'en voyant em-
peſchée par ſes parens qui la pourſuiuoient pour l'obliger à ſe marier, luy
offrans des grandes richeſſes : elle s'enfuit proche d'vn autel. Mais vn de ſes
parens ſe mettant en humeur, luy dit auec rigueur, Quoy, petite inſolente !
oſez-vous bien faire ce tort à voſtre famille ? croyez-vous que ſi voſtre pere
viuoit encore qu'il vous permettroit de ne vous point marier ? mais elle luy
reſpondit courageuſement, peut-eſtre Dieu l'at-il retiré de ce monde, de
peur qu'il ne m'empechaſt : & bien toſt celuy-la meſme qui eſtoit le plus ar-
dant à l'empeſcher, mourut, & chacun conneut que c'eſtoit vne vraye puni-
tion de Dieu, de façon que les autres qui auparauant eſtoient contre elle, fu-
rent pour elle.
Les enfans ſont obligez d'obeyr à peres & meres, mais à Dieu dauantage ;
lors qu'il s'agit du ſeruice de Dieu, il faut quiter celuy de pere & mere. Souuent
Dieu rauit la vie aux peres & meres, lors qu'ils luy rauiſſent les ames qui ſont
à luy, & deſquelles il veut eſtre ſeruy. Il n'y a mary qui n'ayt vn iuste reſſenti-
ment, lors qu'on luy rauit ſon epouſe : & ce grand Dieu qui fait eſtat d'eſtre
jaloux, n'aura point de reſſentiment des eſpouſes qu'on luy oſte ? Conſiderez
enfans

409

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
enfans ce que vous devez à vos peres & meres, & à l'imitation de Noſtre Sei-
gneur rendez vous obeiſſans : honora tuos, quia ſuos Dei filius honorauit, dit S.
Ambroiſe
. c. 18. in Lucam263. Conſiderez peres & meres ce que vous & vos en-
fans doiuent à Dieu, & pour voſtre contentement n'empechez pas le deuoir &
obeyſſance de vos enfans enuers luy : conſiderans que ce que vous auez en
vos enfans n'eſt guere à comparaiſon de ce que Dieu y a : & qu'encore ce que
vous leurs auez donné du voſtre, vous a eſté donné ou pluſtot preſté de Dieu,
ils ont de vous le peché & les miſeres, contentez vous de les auoir introduit
dans ce lieu de miſeres, contentez-vous que vous les auez engendré en peché,
& nourry en peché : ne ſoyez pas cauſe par vn empire tyrannique que vous
voulez exercer enuers eux, qu'ils ſoient enfin des enfans de damnation &
de perdition, & le ſuiect de l'accroiſſement de vos peines.

Filet cadre, rayé.

Que les enfans ſont obligez d'aſſiſter leurs
peres & meres.


CHAPITRE IV.

LE mot d'honneur és Eſcritures Sainctes ne conſiſte pas ſeulement en des
Que ſig-
nifie le
mot
d'ho-
neur.
ſalutations, reuerences, complimens : comme remarque S. Hieroſme in
cap.
15. Math. 1. & comme i'ay deſia dit, mais principalement en l'aſſiſtance &
bienfaits : Sainct Paul commande qu'on honore les vefues qui ſont vrayement
vefues, il ne parle pas tant des reuerences, comme de l'aſſiſtance des dons &
preſens : il dit que les preſtres ſont dignes d'vn double honneur, & principale-
ment ceux qui trauaillent en preſchant & enſeignant, c'eſt à dire, d'vn double
ſalaire & recompenſe ; donc quand Dieu nous commande d'honorer peres
& meres, il entend que nous les ſecourions en leurs neceſſitez.
Les enfãs
ne doiuẽt
entrer en
religion ſi
leurs peres
& meres
ne peuuẽt
viure ſans
leur aſſi-
ſtance & y
eſtans en-
trez en
doiuent
ſortir.
Cela eſt ſi veritable, qu'encore que ce ſoit vn bon œuure, & choſe fort a-
greable à Dieu de ſe conſacrer à luy en la religion, toutefois, l'enfant ne le
peut faire, ſi le pere, ou la mere ne peuuent viure ſans ſon aſſiſtance : & ſi
l'enfant ne peut les aſſiſter ſinon demeurant au monde, il doit le faire pour
les aſſiſter, dautant que l'entrée en Religion qui eſt de conſeil, ne deroge au
droict de nature, qui oblige l'enfant à aſſiſter pere & mere, comme eſtans la
racine & le principe duquel l'enfant a receu l'eſtre : voire meſme, ſi quelqu'vn
eſt
F f f

410
Troisieme Traite’
eſt deſia profés en religion, & ſon pere ou ſa mere ne peuuent viure ſans luy,
non ſeulement il peut, mais il doit ſortir de la religion pour aſſiſter ſon pere
ou ſa mere, quoy que pour cela, il n'eſt pas libre de ſa profeſſion, qui n'eſt
que ſuſpendue, iuſques à ce qu'ils n'ayent plus beſoin de ſon aſſiſtance, & lors
Aſſiſtance
des payens
enuers pe-
res & me-
res.
eſt obligé de rentrer en religion.
Les payens ont reconnu cette obligation, voire les beſtes meſmes. Cha-
cun loue le faict d'Ænée qui porta ſon pere Anchiſes ſur ſes eſpaules pour le
Pieté
d'Æneas.
deliurer de l'incendie de Troye, & eſt ordinairement appellé pour cela, pieux.
Valere le Grand lib. 5. c. 4. rapporte quelque choſe de ſemblable de deux
freres, l'vn nommé Amphinomus, & l'autre Anapus, leſquels voyant que
Pieté
d'Amphi-
nomus, &
Anapus
freres.
le mont Ætna embraſoit leur contrée, chargerent leurs peres ſur leurs eſ-
paules, & les porterent au trauers des flammes264: & Strabo lib. 6. & Pau-
ſanias
in Phocicis, diſent que Dieu voulut monſtrer combien ce deuoir de
pieté luy eſtoit aggreable, meſme en des Payens ; commandant aux flammes
de ſe diuiſer en deux, comme iadis les eaux en faueur de ſon peuple, & tout le
lieu par lequel ils paſſerent, fleurit tout alentour comme vne belle Iſle, tout le
reſte eſtant roſty & conſommé des flammes, ou tout noircy & gaſté de ſuye
ou de fumée.
Il y a tant d'autres hiſtoires parmy l'antiquité payenne. Sur ce ſubiect
Pieté d'v-
ne fille
qui nour-
rit ſa
mere de ſa
mammelle.
entre autres de cette fille dont fait mention Pline lib. 7. c. 36. laquelle ayant
obtenu permiſſion de viſiter ſa mere condamnée à priſon criminelle, & le
geolier l'ayant touſiours fouillée pour voir ſi elle ne luy portoit à manger, en-
fin on s'apperceut que de ſa propre mammelle elle la nourriſſoit, & ce devoir
de pieté pleut tant aux Iuges, qu'on mit la mere en liberté, & qu'on nour-
rit & la mere & la fille aux deſpens du public, & pour memoire de cette pieté,
on baſtit au lieu de la priſon vn temple à la Deeſſe Pieté. La fille de Cimon
fit le meſme enuers ſon pere au rapport de Valere le Grand l. 5.265 & tant
d'autres.
Quelle merueille 1ue les hommes reconnoiſſent cette obligation par la
Pieté de la
cicogne.
lumiere de raiſon, puis que les beſtes meſme le font par le ſeul inſinct de na-
ture ? S. Baſile, S. Ambroiſe, S. Epiphane, Pline, Solinus, & autres font men-
tion du deuoir que la cicogne rend à ſes peres & meres eſtans vieux, voicy
comme en parle S. Ambroiſe in in Hexameron lib. 5. c. 16. lors que les peres &
meres ont perdu leurs plumes par vieilleſſe, leurs deſcendans eſtendent leurs
aiſles, & les couurent : Ils leurs donnent à manger, & auec leurs aiſles les eſle-
uent de part & d'autre, les ſupportent, & les aident à voler, leurs apprenant
vne autre fois ce que la vieilleſſe & la deſaccoutumance leurs auoient fait ou-
blier. Auſſi prend-on ordinairement la cicogne pour Symbole hierogliphyque
de pieté, & du deuoir des enfans enuers les peres & meres.
S. Am-

411

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
Sainct Ambroiſe lib. 8. in Luc c. 17. fait vne puiſſante exhortation aux en-
fans à ce propos. Eſcoutez-le parler, paſce patrem tuum, paſce matrem: & ſi
paueris matrem, adhuc non reddidiſti dolores, non reddidiſti cruciatus quos pro te

Belle ex-
horatiõ
de S. Am-
broiſe
aux enfãs
pour aſſi-
ſter peres
& meres.
paſſa eſt, non reddidiſti obſequia quibus te illa geſtauit, non reddidiſti alimenta, quæ
tribuit tenero pietatis affectu, immulgens labris tuis vbera, non reddidiſti famem,
quam pro te illa tolerauit, ne quid, quod tibi noxium eſſet, ederet, ne quid quod lacti
noceret, hauriret, tibi illa ieiunauit, tibi manducauit, tibi illa, quem voluit cibum non
accepit, tibi, quem noluit cibum, ſumpſit: tibi vigilauit, tibi fleuit, & tu illam egere
pateris? ô fili, quantum tibi ſumes iudicium, ſi non paſcas parentem, illi debes quod
habes cui debes quod es.
Nourriſſez voſtre pere, nourriſſez voſtre mere, encore
que vous nourriſſiez voſtre mere, vous n'auez pas recompenſé les douleurs
qu'elle a ſouffert pour vous. Vous n'auez pas ſatisfaict pour les ſeruices qu'elle
vous a rendu en vous portant, ny les alimens qu'elle vous a donné auec vne
affectueuſe tendreſſe, vous mettant la mammelle ſur les leures : vous n'auez
pas ſatisfaict pour la faim qu'elle a ſouffert à voſtre occaſion, ſe gardant de
manger ce qu'elle penſoit vous eſtre contraire, s'abſtenant de ce qu'elle
croioit pouuoir gaſter ſon laict : elle a ieuſné à voſtre occaſion ; elle a mangé
pour voſtre ſubject, elle s'est gardé de ce qu'elle appetoit, pour vous, elle a man-
gé ce qu'elle ne deſiroit ; elle a veillé pour vous ; pleuré pour vous, & vous ſouf-
frirez qu'elle ayt neceſſité ! ô mon enfant quel iugement vous attirez ſur vous,
ſi vous ne nourriſſez voſtre mere, vous luy eſtes obligé de tout ce que vous auez,
puis que vous luy eſtes obligé de voſtre eſtre, & de voſtre vie.
Les enfãs
qui n'aſſi-
ſtent peres
& meres
ſont enfãs
du diable.
Eſt-il poſſible qu'il ſe puiſſe trouuer des enfans ſi cruels qu'ils manquent
à ce deuoir, auquel les payens & les beſtes ſatiſfont ? non ce ne ſont pas des
enfans, mais des monſtres, & enfans du diable. Ie le dis apres Pierre de Ra-
uenne
, en vn ſermon où il dit, Auelle à ſole ſolis radium, & non lucet, riuum à fonte
& areſcet: ramum ab arbore, & exſiceatur: membrum à corpore, & putreſcit: ſepara
filium à deuotione paterna, & iam non eſt filius, ſed frater, & collega illorum, de qui-
bus dicitur: vos ex patre diabolo eſtu.
Oſtez le rayon du Soleil, il ne luit plus :
le ruiſſeau de la fontaine, & il tarit : le rameau de l'arbre, & il ſeche : le mem-
bre du corps, il pourrit. Separez le fils de la pieté & deuoir qu'il doit à pere &
mere, il n'eſt plus fils, mais, frere, & collegue de ceux qui ont le diable pour
pere.
Enfans
comparez
à vn gen-
tilhomme
qui tient
vn fief.
S. Thomas opuſ. 7. dit que les enfans ſont comme les gentils hommes qui
reçoiuent quelque fief d'vn Roy, ils le tiennent tant qu'ils ſont fideles & ſatis-
font aux deuoirs annexez à leur fief : y manquans ils en ſont priuez, auſſi la
loy
F ff 2

412
Troisieme Traite’
loy permet aux peres & meres de reuoquer la donation faicte entre vifs aux en-
fans en cas d'ingratitude, Lege finali, C. de reuocat. donation. Où la Loy
ſpecifie cinq cas d'ingratitude.
1.   Si donatarius iniurias atroces in donatorem effuderit. Si celuy qui a receu vn
bien-fact, fait quelque tort ſignalé à ſon bien-faicteur.
2.   Si manus impias intulerit, s'il frappe.
3.   Si iacturam non leuem bonis eius intulerit. S'il luy nuit griefuement en ſes
biens.
4.   Si periculum vitæ ei intulerit. S'il le met en danger de la vie.
5.   Si donationi appoſitam conditionem, non impleuerit, s'il n'accomplit les condi-
tions portées en la donation : les Docteurs adiouſtent, ſi inopia preſſum non al-
uerit
, s'il ne le nourrit eſtant pauure.
Les benedictions que Dieu promet aux enfans qui s'aqcuitent des deuoirs
auſquels la nature, la raiſon, & la Loy diuine les obligent, leurs doiuent ſeruir
d'vne puiſſante exhortation, ie m'en vay leurs repreſenter, les tirant du chap.
3. de l'Eccli.
La premiere eſt que Dieu les comble ſouuent de moyens, & richeſſes tant
corporelles que ſpirituelles. Eccli. 3. v. 5. ſicut qui theſaurizat, ita & qui honori-
ficat matrem ſuam
.
2.   Qu'ils ſont ſouuent heureux en leurs enfans v. 6. qui honorat patrem ſuum,
incundabitur in filijs.

3.   Dieu les exauce en leurs prieres au meſme endroit, in die orationis ſuæ,
exaudietur
.
4.   La longue vie, Qui honorat patrem ſuum, vita viuet longiore, v. 7. Que
ſi aucuns bien obeyſſans meurent ieunes, c'eſt qu'ils eſoient meurs pour le
Ciel, & que Dieu veut leurs donner des biens de plus grande importance.
5.   L'eſtabliſſement de leur maiſon, & de leur poſterité v. 11. benedictio pa-
tris firmat domos filiorum
.
6.   Ils ſont honorés, v. 13. Gloria hominis ex honore patris ſui, & dedecus filij
pater ſine honore
, Chacun honore ceux qui honorent pere & mere.
7.   Dieu les deliure des calamitez, v. 17. In die tribulationis commemorabitur
tui.
8.   Le pardon des pechez au meſme endroict, Sicut in ſereno glacies, ſoluen-
tur peccata tua
.
9.   Le comble de tous biens qui eſt l'amitié de Dieu, & ſa protection, Vt ſuper-
ueniat tibi benedictio ab eo, & benedictio illius in nouiſſimo maneat.
Ie

413

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
Ie n'obmettray pas cette celebre hiſtoire, quoy qu'aſſé notoire, rapportée
par Thomas Cantiprat. lib. 2. apum, c. 7. p. 4. & par Cæſarius li. 6. c. 22.
d'autant qu'elle eſt grandement à mon propos. Il y auoit vn homme fort riche
en Normandie, mais rouſturier, qui n'ayant qu'vn fils le nourrit delicatement :
vn gentil homme ſoldat le vient trouuer, luy dit qu'il a vne fille belle, prudente,
& bien nourrie, luy offre pour ſon fils, à condition qu'il veuille ceder ſes biens
à ſon fils en faueur du mariage, & que le fils s'obligera de nourrir ſon pere &
ſa mere, ſelon leur qualité. Le pere trouuoit bien de la difficulté en cette con-
dition, ne quitoit pas volontiers priſe, ne ſe deſpouilloit pas facilement auant
que ſe coucher : n'oſoit ſe confier à autruy, de ce qu'il tenoit aſſeuré pour ſoy‑
meſme. Cependant, ſes amis luy repreſenterent le tort qu'il faiſoit à ſa famille,
qu'il ne deuoit pas laiſſer paſſer cette occaſion de l'annoblir par vne belle allian-
ce, qu'il n'a plus guere à viure, qu'il ne doit pas auoir tant d'eſgard à ſes propres
intereſts, comme à ſa poſterité ; que ſon fils, à qui il a monſtré tant d'amour, n'a
garde de luy manquer. Le bon vieillard paſſe la condition, on celebre les nopces,
le fils s'acquita fort honorablement de ſon deuoir la premiere année, la ſeconde
vn peu eſcharcement266, & la troiſieme fort meſquinement, enfin la quatrieme
année à la ſuaſion de ſa femme qui ne pouuait plus supporter son beau pere &
belle mere, il leur acheta vne meſchante maiſonnette vis à vis la ſienne, où il les
relegua : ce fut là qu'ils commencerent à reſſentir la faute qu'ils auoient faicte,
patiſſans, & ſe trouuans dans la neceſſité & à l'abandon, à peine oſoient-ils
venir à la maiſon de leurs fils pour le mauuais accueil qu'on leurs faiſoit, mais
enuoyoient querir leurs neceſſitez par vn valet. Comme vn iour la bonne mere
eſtoit à la maiſon de ſon fils, elle vit vne oye qu'on embrochoit : eſtant de retour
à ſa maiſonnette, elle conſeilla à ſon mary d'aller à la maiſon de ſon fils, afin
pour le moins qu'il fit vn bon repas. Voila mon pauure vieillard qui s'y porte
au moins qu'il peut, à l'aide de ſon baſton : ſon fils le voyant venir, commanda
qu'on deſtournaſt l'oye, va au deuant de ſon pere, luy demande ce qu'il luy
plaiſt. Le bon homme quoy qu'outré au cœur, diſſimule ſa douleur, fait ſemblant
de rien, retourne en ſa maiſonnette, va deſcharger son cœur & ſes plaintes au-
prés de ſa femme. Le fils commanda à la ſeruante de remettre l'oye auprés du
feu, mais le penſant faire, elle trouue vn gros vilain crapaud attaché ſur l'eſto-
mach de l'oye, elle crie, le maiſtre accourt, tache de faire tomber le crapaud, le-
quel ſe iettant contre la face de ce ieune homme, ſ'y attacha ſi beau & ſi bien,
qu'il n'y eut ny chirurgien, ny inſtrument qui l'en peuſt faire tomber, & y de-
meura pluſieurs années. Lors qu'on touchoit le crapaud, c'eſtoit autant comme ſi
on euſt percé le cœur à ce ieune homme, tant cela luy eſtoit ſenſible. Se voyant
reduit à ce malheur, il alla ſe ietter au pied de l'Eueſque, ſe confeſſa, monſtra
grande
F f f 3

414

Obligations des enfans envers les Peres et Meres.
grande douleur de ſon forfait. L'Eueſque luy enioignit pour penitence qu'il allaſt
par les villes de France & de Normandie la face deſcouuerte, & qu'il racontaſt
par tout l'occaſion de ſon infortune, ce qu'il fit, & apres quelques années fut
deliuré par les prieres des gens de bien, & par l'aſſiſtance des Saincts. Il me ſem-
ble que voila vn puiſſant ſermon aux enfans ingrats : que ſi Dieu ne les chaſtie
touſiours par ſemblables punitions temporelles, il ſeroit beaucoup plus ſouhait-
able pour eux qu'il le fiſt, que de les reſeruer pour des punitions eternelles,
qu'il garde pour chaſtiment de leur impieté.





Cul de lampe à motif floral.










TRAI-

415

Bandeau, filet cadre rayé bordé de fleurs.

TRAITE' QVATRIEME.

Des obligations des maiſtres & maiſtreſſes enuers leurs
ſeruiteurs & ſeruantes, & des ſeruiteurs & ſeruantes
enuers leurs maiſtres & maiſtreſſes.


Filet cadre, rayé.
Que tous les hommes ſont ſeruiteurs.

CHAPITRE I.

Lettrine, "I".
IL n'y a que Dieu qui proprement ſe puiſſe qualifier Sei-
1. Tim 6.
Il n'y a
que Dieu
qui ſoit
propre-
ment Sei-
gneur.
gneur, il eſt Rex Regum, Dominus Dominantium, Roy des
Roys, Seigneur des Seigneurs : l'Egliſe luy dit, Tu ſolus Do-
minus, tu ſolus altiſſimus
, vous eſtes ſeul Seigneur, ſeul tres-
haut, c'eſt la qualité qu'il affecte ſi ſouuent és Eſcritures
Sainctes
, Ego Dominum, c'eſt moy qui ſuis Seigneur & mai-
ſtre. Il n'y a que ceux qui ont la ceruelle creuſe & pleine de vent qui ſe tien-
nent libres, que Iob compare à des aſnons ſauuages, cap. 2. Vir vanus in ſu-
perbiam erigitur, & quaſi pullum onagri ſe liberum natum putat.
Il n'y a que
ces foux dont parle Dauid qui oſent dire, quis noster Dominus eſt? qui eſt
celuy qui oſe nous commander & ſe qualifier noſtre maiſtre ? Il n'y a que
l'endurci Pharaon & ſes ſemblables qui diſent neſcio Dominum, ie ne recon-
nois point de maiſtre.
Dieu eſt
maiſtre
de tous &
les raiſons
pourquoi.
Dieu eſt maiſtre de tous, & tous ſont ſeruiteurs, de quelle condition qu'‑
ils ſoient, Princes, Roys, Empereurs, Papes, 1. d'autant qu'il a l'authorité &
le domaine de ſoy-meſme, ſans aucune dependence d'autruy, toute autre
maiſtriſe venant de luy, Per me reges regnant, & legum conditores iuſta decer-
nunt, per me principes imperant, & potentes decernunt iustitiam.
C'eſt par moy
que les Roys regnent, que les Legiſlateurs ont authorité de faire des loix,
que les Princes commandent, & que ceux qui ſont en authorité font iuſtice.
2. Sa

416
Qvatrieme Traite’
2.   Sa puiſſance s'eſtend enuers tous, Anges, Archanges &c. Princes, Roys
&c. car tout ainſi que tous deſpendent eſſentiellement de luy en leur eſtre,
actions, & ſubſiſtance, in ipſo viuimus, mouemur, & ſumus, auſſi luy font ils
tous ſubjects & ſeruiteurs : ſon domaine ayant vne telle amplititude &
eſtendue, qu'il va iuſques aux choſes inſenſibles & deſtituées de raiſon, quo-
niam omnia ſeruiunt tibi
: tout luy ſert. Voyez comme les vents & la mer luy
obeiſſent, Matth. 8. voire ce qui n'eſt pas : la lumiere n'eſtoit pas, il luy com-
manda d'eſtre, elle obeit, ainſi du reſte des creatures, vocat ea quæ non ſunt,
tanquam ea quæ ſunt.
3.   Il n'y a ny temps ny lieu qui puiſſe borner ſon domaine, c'eſt ce que re-
connoit Dauid Pſ. 144. reguum tuum regnum omnium ſeculorum, & dominatio
tua in omni generatione, & generationem
. Voſtre Royaume s'eſend ſur tous les
ſiecles, & voſtre domaine de generation en generation. Auſſi S. Iean Apoc.5.
entend toutes les creatures qui ſont au ciel, en terre, ſoubs terre, toutes qui
luy rendent hommage, le reconnoiſſans pour leur Roy & Seigneur.
4.   Il peut commander & defendre tout ce qu'il luy plaiſt, il nous pourroit
commander abſolument tout ce que nous pouuons faire : de ce qu'il nous a
laiſſé comme conſeils, il en pourroit faire des ordonnances ; nous pourroit
obliger à des ieuſnes perpetuels, des cilices, des haires, des diſciplines, &
toutes autres rigueurs : pourroit nous defendre toutes recreations & paſſe‑
temps, & ſa douceur paroiſt en ce que pouuant nous impoſer vne infinité
d'ordonnances il ſe contente de ſi peu.
5.   C'eſt à luy de nous punir non ſeulement au corps, de froid, de chaud, de
faim, de ſoif, de maladies, & par toute autre ſorte : mais encore en l'ame, &
n'y a ſi grande peine qu'il ne puiſſe augmenter, & partant il eſt à craindre, ti-
mete eum qui poteſt, & corpus, & animam perdere in gehennam, ita dico vobis hunc
timete
, Luc. 12.
6.   Les Roys ont beau ouurir leurs treſors, iamais ils ny trouueront de ſi am-
ples recompenſes comme Dieu dans les ſiens, car Dieu donne des recom-
penſes eternelles ; les Roys ne donnent que des recompenſes temporelles,
qu'ils trouuent en terre : qui eſt celuy d'entre eux qui puiſſe donner pour
recompenſe des ſeruices qu'il reçoit, la ſanté, la force, la beauté, la longue
vie, la ſageſſe ? cela n'appartient qu'à Dieu priuatiuement à tous autres, qui
peut donner non ſeulement cela, mais choſe encore plus grande.
7.   Il a le pouuoir de punir, mais ſi abſolu qu'il n'en reçoit l'ordre de per-
ſonne, il n'a autre Loy en cela que ſa volonté, puniſſant autant qu'il veut, re-
compenſant autant qu'il luy plaiſt, ſans que perſonne le puiſſe iuſtement
controller.
Rendons luy donc honneur & hommage, grands, & petits, nobles, & rouſ-
turiers, & diſons, Dominus vniuerſorum tu es. Vous eſtes le maiſtre de tous : in
ditione

417

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
ditione tua cuncta ſunt poſita, & non eſt qui poſſit reſistere voluntati tuæ, Eſther 13.
Toutes choſes ſont ſouz voſtre domaine, & n'y a rien qui puiſſe reſiſter à voſtre
volonté.
C'eſt l'argument dont ſe ſert S. Paul. aux Epheſ. 6. monſtrant les de-
uoirs des maiſtres & maiſtreſſes enuers leurs ſeruiteurs, vos Domini eadem fa-
cite illis remittentes minas, ſcientes quia & illorum, & veſter Dominus eſt in cœ-
lis, & perſonarum acceptio non eſt apud Deum
: Rendez à vos ſeruiteurs ce que
vous leurs deuez, vous ſouuenans que vous auez vn maiſtre commun auec
eux, qui eſt au ciel, & qu'il n'a eſgard aux perſonnes, & partant il dit Coloſſ.
4. Domini quod iustum eſt & æquum, ſeruis præstate: Rendez à vos ſeruiteurs
ce qui eſt de raiſon & de iuſtice, & à Timoth. 1. c. 5. Si quis ſuorum & maximè
domeſticorum curam non habet, fidem negauit, & eſt infideli deterior
: Si quelque
Chreſtien n'a ſoin de ceux qui le touchent, mais principalement de ſes do-
meſtiques, tenez le pour vn apoſtat, & pire qu'vn infidele.
Ariſtote 1. Politicorum cap. 4. dit qu'aucuns ſont ſeruiteurs de nature,
Les ho-
mes ſont
egaux par
nature, la
ſeruitude
vient du
peché.
d'autres de condition, & en vertu de la loy. S. Auguſtin, lib. 19. de ciuit. c. 15.
a mieux dit, diſant que la ſeruitude eſt vn effect du peché, & que tous ſelon la
nature ſort eſgaux, & que le ſeruiteur s'il eſt homme de bien eſt libre : ſi le
maiſtre eſt meſchant il eſt ſerf, voicy ſes paroles : Bonus etiam ſi ſeruit, liber eſt:
malus autem, & ſi regnat, ſeruus eſt. Nec eſt vnius hominis, ſed quod grauius eſt, tot
dominorum, quot vitiorum
, il a autant de maiſtres qu'il a de vices. Innocent, de
vilitate condit. human.
dit le meſme, natura liberos genuit, ſed fortuna ſeruos
constituit
: nous ſommes libres & eſgaux de nature, c'eſt la fortune qui a fait
aucuns ſeruiteurs, d'autres maiſtres.
Eſcoutons parler Seneque qui a des penſées dignes de ſa perſonne ſur
cette matiere, lib. 3. Beneficijs267 c. 28. eadem omnibus ſunt principia, eadem
origo, nemoque eſt altero nobilior
: nous venons tous de meſmes principes, de
meſme ſource, & perſonne n'eſt plus noble l'vn que l'autre, & en l'Epiſtre
Les ſerui-
teurs peu-
uent de-
uenir mai-
ſtres &
les mai-
ſtres ſer-
uiteurs.
31 : Quid eſt eques Romanus, aut libertinus, aut ſeruus? nomina ex ambitione,
aut ex iniura nata
: Que penſez vous que ce ſoit d'eſtre ou cheualier Romain,
ou affranchy, ou ſeruiteur ? ce ſont noms, que ou l'ambition, ou l'infortune
a controuué268, & en l'Epiſtre 47. Vis tu cogitare illum quem ſeruum tuum
vocas, ex eiſdem ſeminibus ortum, eodem frui cœlo, æque reſpirare, æque viuere,
æque mori, tam tu illam ingenuum videre potes, quam ille te ſeruum. Stare
ante limen Calisti dominum ſuum vidi, & aliis intrantibus excludi. Martiana
clade multos ſplendidiſſimè natos, fortuna depreſſit, alium ex illis paſtorem,
alium cuſtodem caſæ fecit.
Conſiderez bien la condition de celuy que vous appellez voſtre ſerui-
teur, vous verrez qu'il eſt né comme vous, qu'il participe au meſme air, reſ-
pire
G g g

418
Qvatrieme Traite’
pire comme vous, vit & meurt comme vous ; vous le pouuez auſſi bien voir
noble & commandant, comme il peut vous voir ſeruiteur. I'ay veu le maiſtre
de Caliſtus attendant à la porte de ſon ſeruiteur, & qu'on donnoit entrée aux
autres, & non à luy : en la iournée de Martius pluſieurs de tres-bonne maiſon
furent humiliez, les vns deuindrent bergers, d'autres gardes d'vne mechante
maiſonnette & chaumiere.
Ce n'eſt pas proprement la nature ou la fortune qui rend l'homme ſerui-
Les paſ-
ſions ren-
dent vn
homme
eſclaue.
teur, mais le vice, & celuy eſt d'autant plus libre, qui eſt plus vertueux : au
contraire celuy-là d'autant plus ſerf qu'il eſt plus vitieux. Les vices & les
paſſions ſont de cruels tyrans, ou pluſtot des bourreaux ou furies, qui exer-
cent vn puiſſant empire ſur ceux qu'ils poſſedent. C'eſtoit ce qui faiſoit dire
à Seneque, maior ſum, & ad maiora natus, quam vt ſim mancipium corporis mei,
ie ſuis de tres-bonne naiſſance, ie ſuis né à choſe plus grande qu'à me rendre
eſclaue de mon corps. Seneq. epiſt. 47. Seruus eſt, ſed fortaſſe liber animo ſeruus
eſt, oſtende quis non fit? alius libidini, alius auaritiæ, alius ambitioni, omnes timori.
Nulla ſeruitus turpior eſt, quam voluntaria
. Celuy-là eſt ſeruiteur mais peut
eſtre eſt il libre de l'eſprit. Il eſt ſeruiteur, & qui ne l'eſt ? l'vn eſt eſclaue de
l'ordure, l'autre de l'auarice, l'autre de l'ambition, tous de le crainte. Il n'y a
ſeruitude plus infame que celle qui eſt volontaire.
Ariſtote in Politicis dit qu'il y a deux ſortes de ſeruitudes, l'vne eſt natu-
Deux ſor-
tes de ſer-
uitude ſe-
lon Ari-
ſtote
, la
naturelle
& la le-
galle.
relle, l'autre legalle. L'ame, dit-il, a le domaine & commandement ſur le
corps. Or il eſt neceſſaire qu'il en ſoit de meſme en tous les hommes : quand
vn homme eſt different d'vn autre homme, autant comme eſt le corps de
l'ame, il eſt ſeruiteur de celuy-là, & non maiſtre, & partant ceux qui n'ont au-
tres exercices ny penſées que pour le corps ſont ſeruiteurs naturellement :
ceux qui ont leurs penſées & exercices touchant l'eſprit, ſont maiſtres & Sei-
gneurs, voila ce que dit ce Philoſophe. Cette ſeruitude n'eſt pas proprement
ſeruitude naturelle, mais ſeruitude volontaire, de laquelle a parlé Seneque
vn peu auparauant.
Ce n'eſt donc pas la nature qui nous rend ſeruiteurs, c'eſt le vice & la paſ-
ſion ; & ſi la fortune nous eſt contraire, & nous ſoubmet à autruy, l'on ne
perd pas ſa liberté pourtant : & ſouuent ceux, que ou la naiſſance ou la fortu-
ne a ſoubmis, ſont plus libres que ceux qui commandent, d'autant qu'ils
ſont plus vertueux : eſt ſapienti ſeruire libertas: ſtulto imperare ſeruitus eſt, Hiero.
ep. ad Simplicianum. Le Sage en ſeruant eſt libre : le ſol en commandant eſt
ſeruiteur269.
C'eſt choſe aſſeurée que nous ſommes tous ſeruiteurs d'vn meſme maiſtre
qui eſt Dieu, qui a vne charité & amour commun pour tous : nous ſommes
tous créez à meſme fin, & pour la iouiſſance d'vne meſme beatitude, qui ne
ſe donnera pas ſelon la condition de fortune qu'on aura eu en ce monde,
mais

419

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
mais ſelon l'amour & le ſeruice que nous aurons rendu à Dieu, qui rendra
à vn chacun la recompenſe conforme à ſes œuures. C'eſt le motif & argu-
ment de S. Paul, illorum & veſter Dominus eſt in cœlis, & perſonarum acceptio
non eſt apud Deum
. Le maiſtre de voſtre ſeruiteur & le voſtre eſt au ciel, qui n'a
eſgard aux perſonnes. Si aucuns, quoy que douez de bons eſprits, ſages &
vertueux ſont ſoubz le ioug de ſeruitude, ou par la condition de leur naiſſance,
ou par le mal-heur de la fortune, ce n'eſt pas ſans vn trait particulier de la
prouidence diuine, qui dans la balance de ſa diuine predeſtination peſe les
ſorts & conditions d'vn chacun, ſans que choſe quelconque puiſſe arriuer au
delà des ordres qu'il a conſtitué : & partant, ſi eſt tibi ſeruus fidelis, ſit tibi quaſi
anima tua; quaſi fratem ſic eum tracta
, Eccli. 33. Si vous auez vn ſeruiteur fidele,
aymez-le comme vous meſme, traittez-le comme voſtre frere de meſme na-
ture que vous, & creé à la meſme fin que vous : & ſi vous eſtes ſeruiteur d'au-
truy, reconnoiſſez la prouidence Diuine qui l'a ainſi fait, & taſchez d'eſtre libre
en voſtre eſprit.

Filet cadre, rayé.

De ce que les maiſtres doiuent à leurs ſeruiteurs
de droict de nature.


CHAPITRE II.

TOute la iuridiction des maiſtres enuers leurs ſeruiteurs ſe rapporte à
cinq actes, ſçauoir à commander, à defendre, à permettre, à punir, & à
recompenſer : ils commandent ce qu'il faut faire : defendent ce qu'il ne faut
La iuriſ-
diction
des mai-
ſtres con-
ſiſte en
cinq
points.
pas faire : permettent, donnans le pouuoir aux ſeruiteurs de faire licitement
ou au moins impunement. Puniſſent ce qu'ils ont mal faict : recompenſent
ce qui a eſté bien fait.
Nous pouuons reduire les meſmes deuoirs du maiſtre enuers le ſerui-
teur à deux chefs, ſçauoir à ce qui concerne la nature, & ce qui regarde la
grace. Ie m'en vay parler de ce qui concerne la nature.
Le de-
uoir du
maiſtre ſe
reduiſant
à ce qui
concerne
la nature
& la gra-
ce.
Premierement les maiſtres & maiſtreſſes doiuent la nourriture à leurs
ſeruiteurs, panis, & diſciplina, & opus ſeruo, Eccli. 33. Si Dieu a eu ſoin des
bœufs qui trauaillent, & a fait vne ordonnance à leur faueur, non alligabis os
boui trituranti
, 1. Cori. 9. Vous ne ferez pas ieuner le bœuf qui trauaille, aura‑
il oublié l'homme capable du ciel ? n'eſt-ce pas vne cruauté de viure de la
ſueur d'vn ſeruiteur, & luy eſpargner ſa nourriture ? toutefois faut ſe donner
de garde d'vne extremité de laquelle Salomon aduertit, Prou. 28. qui delicate
nutrit ſeruum ſuum, poſtea ſentiet eum contumacem
, le ſeruiteur qui eſt trop
nourry
G g g 2

420
Qvatrieme Traite’
delicatement nourry deuient rebelle, c'eſt là vne extremité.
Mais en voicy vne autre, c'eſt qu'il ſe trouue des maiſtres, voire parmy
les Chreſtiens, qui font plus d'eſtat de leurs bœufs que de leurs ſeruiteurs : ſi
voſtre bœuf ou voſtre aſne tombe malade, & ne peut trauailler, vous ne laiſ-
ſez pas pourtant ſans paſture, ains c'eſt lors que vous en auez plus de ſoin, le
nouriſſez plus delicatement, le viſitez & careſſez plus diligemment ; & ne ſe
trouue-il pas des maiſtres qui laiſſent leurs ſeruiteurs eſtans malades & ne
leurs rendent les deuoirs qu'ils renderoient à vn bœuf ou à vn aſne, leurs
eſpargnans la nourriture, & ne daignans les viſiter, ou les faire viſiter ?
Ie ne dis pas que les maiſtres ſoient obligez de faire des grands fraiz en
medecins & chirurgiens pour leurs ſeruiteurs, mais bien ſont-ils obligez aux
fraiz communs.
Auſſi ne veux-ie pas les obliger de les tenir long-temps malades en leurs
maiſons : ie ſçay qu'ils ont ſatisfait à leur deuoir, lors qu'ils leurs ont procuré
place, ou à vn hoſpital, ou en quelque autre lieu : mais ie loue fort la charité
Charité du
Samari-
tain
.
du bon Samaritain, Luc. 10. & voudrois que les maiſtres l'imitaſſent ; luy
meſme appliqua l'huile & le vin ſur la playe du pauure languiſſant qu'il ren-
contra, quoy qu'il ne fuſt ſon ſeruiteur : luy meſme luy ſeruit d'ecuyer pour
le monter ſur ſon propre cheual ; luy meſme le mena à l'hoſtelerie, en eut
ſoin, fournit dequoy à le penſer, promettant de ſuppleer au pardeſſus. Il n'eſ-
toit pas le maiſtre, qu'euſt-il fait s'il euſt eſté ſon ſeruiteur ?
Voicy vn bon maiſtre Luc. 7. Centurionis cuiuſdam ſeruus malè habens erat
Charité
du cente-
nier en-
uers ſon
ſeruiteur.
moriturus, qui illi erat pretioſus, & cum audiſſet de Ieſu, miſit ad eum ſeniores
Iudæorum, rogans eum vt veniret, & ſanaret ſeruum eius
, le ſeruiteur d'vn certain
centenier eſtoit malade, & alloit mourant, duquel il faiſoit grand cas ; en-
tendant les merueilles que faiſoit Ieſus, luy enuoya des principaux des Iuifs,
pour le prier de prendre la peine de venir, & le guarir. Voyez comme il em-
ploye les principaux des Iuifs, penſant qu'ils auront plus d'authorité. Si ſa
charité fut grande, ſon humilité & ſa foy ne fut pas moindre, lors que voyant
que noſtre Seigneur luy faiſoit l'honneur de vouloir venir en ſa maiſon, il
diſoit, Domine non ſum dignus. O Seigneur ie ne merite pas cet honneur, vne
parole ſortie de voſtre bouche ſuffira.
La ſeconde obligation des maiſtres pour le regard de la nature enuers
La maiſtre
doit le ſa-
laire au
ſeruiteur.
leurs ſeruiteurs eſt de payer fidellement leur ſalaire, ou ſuiuant la conuen-
tion qui a eſté faite, ou ſuiuant la couſtume des lieux, Eccl. 7. Ne lædas ſeruum
in veritate operantem
, ne traittez pas mal ny de paroles ny d'effect le ſerui-
teur qui fait fidellement & exactement ce qui luy eſt enjoinct, qui trauaille,
non par complaiſance & à veue d'œil, mais auec ſincerité : puis il adiouſte,
Seruus

421

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
Seruus ſenſatus ſit tibi dilectus quaſi anima tua, non defraudes illum libertate, neque
inopem derelinquas illum
: auez vous rencontré vn ſeruiteur d'eſprit & bien ad-
uiſé ? aymez le comme vous meſme, ne le priuez pas de ſa liberté, & ne le laiſ-
ſez pas pauure. C'eſt le meſme commandement que fait S. Paul, Coloſſ. 4.
Domini quod iuſtum, & æquum eſt ſeruis præſtate, maiſtres, rendez à vos ſerui-
teurs ce qui eſt iuſte & de raiſon. Si le ſalaire qu'on retient ſur vn ouurier d'vn
iour crie vengeance, quel iugement doit attendre le maiſtre qui fraude ſon
ſeruiteur ? Non morabitur opus mercenarij apud te, vſque mane, Leuit. 19. Tu
ne retiendras le ſalaire du mercenaire iuſques au lendemain. Ie louë fort la
couſtume qui eſt en pluſieurs lieux, laquelle oblige, quand elle eſt receuë, qu'on
ne diminue rien du loyer du ſeruiteur pour le temps duquel il eſt malade,
quand le temps eſt court.
Punition
de Dieu
enuers les
maiſtres
cruels.
Dieu fait vne horrible menace à ſon peuple, Hierem. 34. Vos non audi-
ſtis me, vt prædicaretis libertatem vnuſquiſque fratri ſuo, & unuſquiſque amico
ſuo, ecce ego prædico vobis libertatem, ait Dominus, ad gladium, ad peſtem, & ad
famem, & dabo vos in commotionem cunctis regibus terræ
. Vous n'auez pas voulu
m'eſcouter, ny obſeruer ma loy, touchant vos ſeruiteurs ; allez ie vous aban-
donne, ie ne ſeray plus ny voſtre maiſtre, ny voſtre pere, ie vous expoſe à la
mercy des Roys de la terre.
Voulez-vous voir vn braue maiſtre ? c'eſt Iob qui prent Dieu à teſmoin
qu'il s'eſt comporté en bon maiſtre enuers ſes ſeruiteurs, & non pas en tyran.
Si contempſi ſubire iudicium cum ſeruo meo, & ancilla mea, cum diſceptaret aduer-
ſum me, quid enim faciam cum ſurrexerit ad iudicandum Deus, & cum quæſierit,
quid reſpondebo illis?
Ie n'ay iamais refuſé de comparoiſtre en iugement auec
mon ſeruiteur, & ma ſeruante, lors qu'ils ont eu quelque different auec moy, &
pourquoy le ferois-ie, puis qu'eux & moy auons le meſme iuge, qui eſt Dieu,
qui prendra la cauſe des ſeruiteurs fideles contre les maiſtres trompeurs &
deteneurs de leurs ſalaires ? Voila touchant ce qui regarde les deuoirs de na-
ture & du corps.



Vignette à feuilles.





De

422
Qvatrieme Traite’

Filet cadre, rayé.

De ce que les Maiſtres doiuent à leurs ſeruiteurs
de droict Diuin.


CHAPITRE III.

LA principale obligation des maiſtres enuers leurs ſeruiteurs, ie dis des
maiſtres Chreſtiens, conſiſte en ce qui regarde l'ame & le ſalut. Si Dieu
a obligé vn chacun à auoir ſoin du ſalut de ſon prochain, Vnicuique mandauit
de proximo ſuo
, beaucoup plus des domeſtiques. C'eſt ce qui fait dire à S. Paul,
Les mai-
ſtres doi-
uẽt auoir
ſoin que
leurs ſer-
uiteurs
exercent
les œu-
ures de
religion.
que qui n'a ſoin des domeſtiques, eſt comme apoſtat, & pire qu'vn infidele.
Les maiſtres doiuent prendre garde que leurs ſeruiteurs ne ſoient vitieux, yv-
rognes, paillards, larrons, iureurs, menteurs, qu'ils ſeruent Dieu, aſſiſtans à
la meſſe au moins les iours d'obligation, qu'ils ſoient inſtruicts aux myſteres de
la foy, qu'ils oyent les ſermons, aſſiſtent aux catechiſmes, ſe confeſſent & com-
munient, & exercent ſemblables œuures de religion. Mais ne ſe trouuent-ils pas
des maiſtres & maiſtreſſes, qui au lieu de ſoigner à cela, employent leurs ſerui-
teurs & ſeruantes les iours de feſtes à des meſſages, voyages, & à des ouurages
par la maiſon contre la reuerence des feſtes, & contre les ordonnances de l'Eg-
liſe ? Ie ne parle pas des cas de neceſſité : mais d'autres maiſtres qui permettr-
ont que ſeruiteurs & ſeruantes paſſent les iours de feſtes en danſes, tauernes,
ieux, ſans ſe ſoucier des exercices pour leſquels les feſtes ſont ordonnées : il y
va leur conſcience & ils en ſeront reſponſables, ſi faute de s'eſtre acquité de
leur deuoir, leurs ſeruiteurs ſe damnent.
Seneque Ep. 47. a des paroles dignes de ſoy, Libenter ex his qui à te veniunt
cognoui familiariter te cum ſeruis tuis viuere: hoc prudentiam tuam, hoc eruditionem
decet, ſerui ſunt, imo homines: ſerui ſunt, imo contubernales, ſerui ſunt, imo humiles
amici: ſerui ſunt, imo conſerui.
I'ay pris plaiſir d'entendre de ceux qui viennent
d'aupres de vous, que vous traittez familiairement auec voz ſeruiteurs : cela
eſt conforme à voſtre prudence & erudition. Ils ſont ſerutieurs, voire ils ſont
hommes : ils ſont ſeruiteurs, voire vos compagnons : ils ſont ſeruiteurs, voire
vos humbles amis : ils ſont ſeruiteurs, voire vos conſeruiteurs.
Il y a des maiſtres qui croiroient auoir derogé à leur authorité, s'ils au-
oient traitté familierement auec leurs ſeruiteurs, s'ils s'eſtoient informé de leur
croyance,

423

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
croyance, s'ils auoient prié auec eux. I'ay connu des Seigneurs de grande
qualité, qui vouloient que tous les ſeruiteurs & ſeruantes de leur maiſon ſe
trouuaſſent ou à la chappelle commune, ou à la chambre du maiſtre le ſoir,
pour faire tous enſemble leurs prieres, en compagnie du maiſtre. Le maiſtre
dira peut-eſtre de grandes kyrielles, & les ſeruiteurs & ſeruantes feront ce-
pendant ie ne ſçay quoy, & ſe coucheront comme des beſtes : ils ſont hom-
mes, ſont créez pour la meſme fin, ſeruent au meſme maiſtre. Ce n'eſt pas
monſtrer qu'on eſt Chreſtien que de meſpriſer le ſalut de ceux pour leſquels
Ieſus-Chriſt a eſpanché ſon ſang, principalement quand ils ſont ſoubs voſtre
charge, & vos domeſtiques, nonne oportuit, & te miſereri conſerui tui, Math. 18.
Il y va du
prouffit
des mai-
ſtres qu'ils
aient ſoin
de la con-
ſcience de
leurs ſer-
uiteurs.
Ne deuez vous point auoir compaſſion de voſtre conſeruiteur ?
Les maiſtres doiuent auoir ſoin du ſalut & inſtruction de leurs ſeruiteurs
non ſeulement pour la decharge de leur conſcience, mais encore pour leur
prouffit temporel. Il eſt aſſeuré que tant plus ils ſont gens de bien, & ſeruent
Dieu plus parfaitement, tant mieux & plus fidelement ſeruent ils leurs mai-
Dieu be-
nit la mai-
ſon de La-
ban
pour
Iacob ſer-
uiteur fi-
dele.
ſtres : & ſouuent Dieu benit toute vne maiſon pour vn ſeruiteur fidele, &
homme de bien, au Gen. 30. Laban le reconnoit diſant à Iacob. Experimento
didici, quod benedixerit mihi Deus propter te
, l'experience m'a fait connoiſtre
Celle de
Pharaon
pour Io-
ſeph
.
que Dieu m'a donné benediction pour l'amour de vous. Dieu benit la maiſon
de Pharaon à cauſe de ſon ſeruiteur Ioſeph. Gen. 39. Benedixitque Dominus
domui Ægiptij propter Ioſeph, & multiplicauit tam in adibus, quam in agris, totam
Le mau-
uais ſerui-
teur cauſe
la maledi-
ction de la
maiſon de
ſon mai-
ſtre.
eius ſubſtantiam, & Dominus eius optime nouerat Dominum eſſe cum eo, & omnia quæ
gereret, ab eo dirigi in manu illius.
Dieu à ſa conſideration benit tout ce qui ap-
partenoit à Pharaon, & en la ville, & aux champs : ſon maiſtre voyoit bien que
Dieu eſtoit auec luy, & qu'il dreſſoit tout ce qu'il faiſoit.
Si le bon ſeruiteur cauſe la benediction à la maiſon, le mauuais y eſt ſou-
uent cauſe de malediction. Franciſcus Senenſis lib. 4. De rep. raconte qu'vn
ſeruiteur meſchant ayant rencontré vn maiſtre pareil, tel maiſtre, tel valet,
comme le maiſtre ne faiſoit que gronder, auſſi le ſeruiteur ne faiſoit que mur-
murer, & tout par deſpit : vn iour ayant eſté rudement traité de ſon maiſtre,
& tout en cholere, ne pouuant ſe vanger autrement, prent deux petits gar-
çons que ſon maiſtre auoit, l'vn d'vn an, l'autre de deux, monte ſur vne haute
tour, appelle ſon maiſtre, l'aduertit de tendre les bras pour receuoir ſes en-
fans, plus leurs froiſſant la teſte contre la muraille, les iette en bas, & enfin ſe
precipita de la meſme tour, afin de ne tomber viuant és mains de ſon mai-
ſtre, & de n'eſtre puny ſelon ſes demerites.
Le maiſtre
ſe doit
plus faire
aymer que
craindre.
Les maiſtres ſont obligez de corriger leurs ſeruiteurs, mais il y faut vne
grande moderation. Premierement le maiſtre ne ſe doit comporter auec ſon
ſeruiteur d'vne façon arrogante & ſuperbe, ſe faiſant plus craindre qu'aymer :
c'eſt le precepte de Seneque Epiſt. 47. Seruis tuis hilarem te præstes, non ſuper-
bum;

424
Qvatrieme Traite’
bum: ſuperiorem te colant potius quam timeant. S. Hieroſme, epiſtola 14. donne le
meſme precepte à Celant. Familiam tuam ita rege, & confoue ut te matrem magis
tuorum, quam dominam videri velis, à quibus benignitate potius quam ſeueritate exi-
ge reuerentiam, fidelius, & gratius ſemper obſequium eſt, quod ab amore, quam à metu
proficiſcitur
, gouuernez voſtre famille en ſorte que vous faſſiez paroiſtre que
vous eſtes mere, pluſtot que maiſtreſſe, que vos domeſtiques vous honorent
pluſtot pour voſtre douceur, que pour voſtre rigueur : le ſeruice qu'on rend
par amour eſt plus fidele & plus agreable, que celuy qu'on rend par crainte.
Les mai-
ſtres doi-
uent eſtre
comme
peres en-
uers leurs
ſeruiteurs.
S. Ambroiſe ad Conſtantinum Epiſtola 44.270 dit encore plus, & monſtre
que les maiſtres doiuent auoir vn cœur de pere enuers leurs ſeruiteurs : Eſ-
coutez le parler, ſeruos quoque, dit-il, dominus purè ſeruitij ſubditos habeat, pro
moderatione correctionis quaſi animæ conſortes: paterfamilias enim dicitur vt
quaſi filios regat, quoniam, & ipſe Dei ſeruus eſt, & pater appellat Dominum cœli,
moderatorem poteſtatum omnium.
Que le maiſtre ne pretende que le ſeruice
en ſes ſeruiteurs : en la correction, qu'il les traitte comme ceux qui ont vne
ame de meſme condition que luy : il eſt appellé pere de famille, d'autant qu'il
les doit gouuerner comme ſes enfans, d'autant que luy meſme eſt ſeruiteur de
Dieu, & appelle pere celuy qui eſt Seigneur du Ciel & qui preſide à toute puiſ-
ſance. Lactantius lib. 4. inſtitut. cap. 5. Conformement au dire de ſainct Am-
broiſe
, dit, propterea paterſamilias nominatur, vt appareat cum duplici poteſtate
præditum, quia & indulgere debet quia pater, coercere quia dominus
, il eſt ap-
pellé pere de famille, pour monſtrer qu'il a deux ſortes de pouuoir, l'vn eſt
qu'il doit pardonner comme pere, l'autre qu'il peut chaſtier comme maiſtre.
Il doit aymer & careſſer comme pere, chaſtier & corriger comme maiſtre ;
mais obſeruant trois choſes en la correction.
Le mai-
ſtre doit
obſeruer
3. choſes
en la cor-
rection.
La premiere que la punition ſoit conforme & proportionnée à la faute,
ſuiuant la Loy du Deuteron. 25. Pro menſura peccati erit & plagarum modus, &
du Leuit. 24. ne affligas eum per potentiam, ſed metuito Deum tuum: n'abuſant pas
de ſon authorité, mais ne chaſtiant qu'auec la crainte de Dieu, & Eccl. 4. noli
eſſe ſicut leo in domo tua euertens domeſticos tuos, & opprimens ſubiectos tuos
. Ne
ſoyez pas comme vn lion furieux en voſtre maiſon, confondant tout, & oppri-
mant vos subiects. Clem. Alex. l. 3. Pædag. ſemble inuectiuer contre aucuns
qui traittent leurs ſeruiteurs comme des beſtes, neque vero, dit-il, tanquam
iumentis famulis vtendum eſt ei, qui fuerit ſanæ mentis: quemadmodum enim
illis præcipitur, vt cum omni metu dominis non ſolum bonis, & clementibus, ſed
moroſis etiam, & prauis, ait Petrus, ſubijciantur ita æquitas, & patientia, & benig-
nitas pulchre conuenit.
Quiconque eſt ſage ne traittera pas ſes ſeruiteurs
comme des beſtes : mais tout ainſi que les ſeruiteurs ſuiuant le commandement
de

425

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
de ſainct Pierre ſont obligez d'obeyr à leurs maiſtres, non ſeulement quand
ils ſont bons & doux, mais encore quand ils ſont faſcheux & meſchans ; auſſi
la raiſon veut que les maiſtres les traittent auec douceur, patience, & iuſtice.
Le maiſtre
ne peut
punir que
de legeres
punitions.
Mais les fautes que le ſeruiteur a commis ſont grandes, & meritent vne
rude & ſeuere punition, voire la mort : lors ce n'eſt pas aux maiſtres de les
punir, car ils ne peuuent punir que de legeres punitions : s'ils meritent plus
grande punition c'eſt à la iuſtice de le faire, ſuiuant les loix ciuiles & diuines.
Cruauté
de Bedius
Pollio
en-
uers ſon
ſeruiteur.
Seneque lib. 3. de ira 271 c. 40. fait mention de la cruauté de Bedius
Pollio
(& pleut-il à Dieu qu'il n'euſt point d'imitateurs parmy les Chreſtiens).
Comme vn iour Auguſte Cæſar ſoupoit chez luy vn de ſes ſeruiteurs rompit
par hazard vn verre de cryſtal. Bedius ſans faire ſemblant de rien, commanda
qu'on le jettaſt dans vn viuier, qu'il auoit en ſa maiſon plein de poiſſons,
comme anguilles, pour y eſtre mangé de ces beſtes : le pauure garçon eſ-
chappa des mains de ceux qui le menoient pour le precipiter, & ſe vient jetter
aux pieds de l'Empereur, ne luy demandant autre miſericorde, ſinon qu'il
ne mourut de ce genre de mort, & qu'il ne fut fait la paſture des poiſſons.
L'Empereur fut tout eſtonné d'abord, & s'eſtant informé du tout, deteſtant
la cruauté de ce barbare, renuoya le ſeruiteur libre, fit rompre deuant ſes
yeux tous les cryſtaux qui eſtoient là, & remplir le viuier. Helas ne voyons
nous pas, & parmy les maiſons des particuliers, & parmy les cours des Prin-
ces, tant de ſeruiteurs ſi mal traittez pour vn verre caſſé, battus, chaſſez,
honnis de reputation, & priuez de la recompenſe de pluſieurs années de ſer-
uices ! & de toutes leurs eſperances paſſées.
La ſeconde, qu'il faut auoir eſgard à la qualité de la perſonne qu'on chaſtie.
Il y a certaines perſonnes domeſtiques qui ſont d'authorité, d'aage, de telle
condition qu'il eſt mal-ſeant de les chaſtier ; s'ils faillent, il faut les aduertir
doucement & prudemment. Ce n'eſt pas auſſi au pere de famille de chaſtier
les manouuriers & autres qui trauaillent à la iournée, & ne ſont domeſtiques,
ny de ſa iuriſdiction.
La corre-
ction doit
proceder
d'amour.
La 3., que la correction ſoit accompagnée d'amour & de droite intention,
non de haine & de cholere : du zele de iuſtice & de l'honneur de Dieu ; non
de vengeance immoderée : il y peut bien auoir quelque pointe de cholere qui
faſſe apprehender la faute, mais il faut que la raiſon batte la meſure, & qu'on
ne paſſe ſes ordres d'vne note ; ſur tout il faut auoir eſgard à la correction &
amendement du delinquant, & à l'exemple & edification des autres ; que s'il
n'y a point d'eſperance, ny d'amendement, ny d'edification du prochain, vaut
vaut mieux vſer de miſericorde & de diſſimulation que de punition.
Il
H h h

426
Qvatrieme Traite’
Comme
on doit
ſe com-
porter
enuers les
ſeruiteurs
incorrigi-
bles.
Il arriue quelques fois que les ſeruiteurs ſe rendent incorrigibles, le re-
mede lors eſt celuy que pratiquoit le Roy Dauid Pſ. 100. Non habitabit in medio
domus meæ, qui facit ſuperbiam, qui loquitur iniquæ, non direxit in conſpectu ocu-
lorum meorum
: c'eſt de leurs donner leur congé, ambulans in via immaculata hic
mihi miniſtrabat
, ie ne retiendray à mon ſeruice que des gens de bien. Il vaut
beaucoup mieux leurs donner congé, que de ce qu'ils ſcandaliſent les autres,
& troublent toute vne maiſon : car ſi ſuiuant le precepte de noſtre Seigneur,
au cas que voſtre pied, voſtre main, voſtre œil, vous ſcandaliſe il faut le coup-
per & arracher, c'eſt à dire ſi voſtre pere, mere, frere, vos plus proches, vous
troublent & ſcandaliſent au ſeruice de Dieu, il faut s'en ſeprarer ; beaucoup
plus de voſtre ſeruiteur.
Vous trouuez quelquesfois des vieux ſeruiteurs dans des maiſons qui
ſont ſcandaleux, auſquels cependant on donne toute permiſſion, on leurs
ſouffre tout ce qu'ils veulent, tout le reſte de la maiſon tremble ſoubs leur
authorité, & gemit ſoubs leur tyrannie : vaudroit mieux offenſer Monſieur
& Madame, que ces petits tyrans, perſonne ne peut compatir auec eux qu'en
ſouffrant tout ce qu'ils veulent ; & cependant ils ſont les bien-aymez, ils ſont
creus en tout, on n'eſcoute pas les autres contre eux, & pour la verité : mais
c'eſt qu'ils ſont fort vtiles & au profit de la famille, mais n'eſt-ce pas peut eſ-
tre qu'ils ſont les miniſtres de mechanceté, qu'ils cherchent la proye pour la
ietter aux filets, & qu'ils entretiennent des infames pratiques, & qu'on n'oſe
leurs deplaire de peur qu'ils ne deſcouurent les abominations cachées ?
Celuy
qui eſt
maiſtre
peut de-
uenir ſer-
uiteur.
Ie finis ce chapitre par vne belle ſentence de Seneque parlant aux mai-
ſtres, Epiſt. 47. Sic cum inferiore viuas, quemadmodum ſuperiorem tecum viuere
velis. Quoties in mentem venerit quantum tibi in ſeruum liceat, veniat in mentem
tantundem in te, domino tuo licere. At ego, inquis, nullum habeo Dominum, bona
ætas eſt, forſitã habebis. Neſcis quâ ætate Hecuba ſeruire coeperit, quâ Crœſus, quâ
Darij mater, quâ Plato, quâ Diogenes?
Viuez auec vos ſeruiteurs comme vous de-
ſirez que voſtre maiſtre viue auec vous. Quand vous vous repreſenterez le pou-
uoir que vous auez ſur voſtre ſeruiteur, penſez que voſtre maiſtre en a autant ſur
vous. Mais ie n'ay point de maiſtre me direz vous. Vous n'eſtes pas encore ſi
vieux que vous n'en puiſſiez auoir. Ne ſçauez vous pas à quelle aage Hecuba a
commencé à ſeruir, Crœſus272, la mere de Darius273, Platon, Diogenes ? Voyla
les paroles de ce Philoſophe qui ſont maintenant bien confirmées par l'experi-
ence de tant de perſonnes, leſquelles viuans autrefois dans la grandeur & magni-
ficence, ſeruis comme des Princes, ont eſté reduittes par les mal-heurs du temps
à ſe faire ſeruiteurs d'autruy pour auoir de quoy viure.
Des

427

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.

Filet cadre, rayé.

Des obligations des ſeruiteurs enuers leurs maiſtres,
& en paritculer de l'honneur qu'ils
leurs doiuent.


CHAPITRE IV.

Diuerſes
ſortes de
ſeruitu-
de.
IE trouue diuerſes ſortes de ſeruiteurs : aucuns ſont condamnez à la ſerui-
tude en punition de leurs pechez, comme Cham, fils de Noé Gen. 9. le-
quel s'eſtant mocqué de ſon pere, receut ſa malediction, & fut condamné à
eſtre ſeruiteur des ſeruiteurs de ſes freres, maledictus Chanaan ſeruus ſeruorum
erit fratribus ſuis
: ſur leſquelles paroles S. Chryſoſt. hom. 29. in Geneſ. dit ecce
fratrem eodem natum patre, eodemque egreſſum vtero, peccatum fecit ſeruum, &
ablata libertate, iugum illi viliſſimæ ſubiectionis impoſuit, vnde postea ſeruitus ſum-
pſit originem
. Le peché a rendu ſeruiteur, & oſtant la liberté a mis ſoubs le ioug
d'vne tres vile ſubiection de ſes freres, celuy qui eſtoit né de meſme pere, ſorty
de meſme ventre. D'autres ont eſté reduits à la ſeruitude par force, & ſurmon-
tez par guerre. D'autres par neceſſité comme les Ægyptiens, qui s'obligerent
de ſeruir à Pharaon eſtans preſſez de faim Gen. 47. Cette ſorte de ſeruiteurs
n'eſt pas en vſage parmy les Chreſtiens, mais bien des ſeruiteurs & ſeruantes
qui ſe louent à autruy, pour vn temps, à certaines conditions, & c'eſt de ces ſer-
uiteurs que ie traitte maintenant.
Deuoir
des ſerui-
teurs en
uers leurs
maiſtreſſes.
Le deuoir des ſeruiteurs enuers leurs maiſtres ſe peut reduire à trois points,
ſçauoir, à l'honneur, à la fidelité, & à l'obeyſſance. S. Paul ſemble auoir compris
ces trois deuoirs en cette ſentence, Tit. 2. Seruos Dominis ſuis ſubditos eſſe, in
omnibus placentes, non contradicentes, non fraudantes, ſed in omnibus fidem bonam
ostendentes.
Mais quant à l'honneur plus particulierement, 1. Tim. 6. Quicum-
que ſunt ſub iugo ſerui, dominos ſuos omni honore dignos arbitrentur, ne nomen Dom-
ini, & doctrina blaſphemetur
, quiconque eſt ſeruiteur honore ſon maiſtre, de peur
que le nom & la doctrine du Seigneur ne ſoient blaſphemez. Il y a deux ſortes
d'honneur, l'vn interieur, l'autre exterieur : l'interieur conſiſte en vne reconnoiſ-
ſance du ſuperieur, & en vne crainte accompagnée de reuerence enuers luy :
l'exterieur conſiſte à ne commettre aucune choſe exterieurement contraire à
cette reuerence interieure, à ne proferer aucune parole de murmure, de repro-
ches, ou malediction contre ſon maiſtre, comme faiſoit la mechante ſeruante de
Sara, femme du ieune Tobie, laquelle voyant que ſa maiſtreſſe la reprenoit de
ſes fautes, luy reprocha ſa ſterilité, l'accuſant calomnieuſement d'auoir tué
ſes
H h h 2

428
Qvatrieme Traite’
ſes ſept marys, que le Diable Aſmodée par permiſſion diuine auoit eſtranglé pour
leur lubricité. Tobie 3. C'eſtoient des grandes & ſenſibles reproches, d'autant
qu'en ce temps là, la ſerilité eſtoit ignominieuſe & comme malediction : quelles
iniures de l'appeller meurtriere, interſectrix virorum tuorum, d'auoir tué ſept
marys ! qu'euſt fait vne maiſtreſſe cholere & impatiente ? elle l'euſt priſe par le
poil, luy euſt rompu bras & jambes, s'en fut plaint au ciel & à la terre, mais Sara
fut plus ſage, perrexit in ſuperius cubiculum domus ſuæ: & tribus diebus, & tribus noc-
tibus non manducauit, neque bibit, ſed in oratione perſiſtens cum lachrymis depreca-
batur Deum, vt ab isto improperio liberaret eam.
Elle ſe retira en vne chambre au
haut de la maiſon ne mangeant ny ne beuuant choſe quelconque l'eſpace de trois
iours & trois nuicts : mais continuant en oraiſon accompagnée de larmes, auoit
recours à Dieu, le priant de la vouloir deliurer de cette calomnie.
Naaman vn des Princes de Syrie 4. Reg. 5. ayant receu ordre du Prophete
Eliſée de ſe lauer ſept fois au Iordain pour remede à ſa meſellerie274, indigné
de cet ordre & s'en allant tout grondant, ſes ſeruiteurs luy dirent, Pater &c.
noſtre pere : d'où on collige qu'anciennement les ſeruiteurs appelloient leurs
Les ſerui-
teurs doi-
uent auoir
vn cœur
filial en-
uers leurs
maiſtres.
maiſtres, peres ; auſſi ſont-ils patres familias, peres de familles, quoy qu'ils
n'ayent point d'enfans : d'autant que comme nous auons dit au chap. precedent
ils doiuent auoir vne affection paternelle non seulement enuvers leurs enfans,
mais enuers tous leurs domeſtiques. Si cela eſt, il s'enſuit que les ſeruiteurs
doiuent auoir vn cœur filial enuers leurs maiſtres : que ſi la loy condamne à
mort l'enfant qui maudit pere ou mere, Exod. 21. Leuit. 20. les ſeruiteurs ne
ſeront-ils pas ſubjects à la meſme condamnation, s'ils ſe rendent coupables de
meſme crime ?
Le ſerui-
teur ne
doit eſtre
impoſteur
enuers ſon
maiſtre.
C'eſt contre l'honneur que le ſeruiteur doit à ſon maiſtre de ſe ſeruir de
ſon nom, & l'emprunter au preiudice de ſon maiſtre & de ſa reputation &
authorité, comme fit le meſeau275 Giezi ſeruiteur d'Eliſée. Ce gallant voyant
que ſon maiſtre auoit refuſé les grands preſens que Naaman luy auoit offert,
piqué d'auarice, & croyant faire fortune par ce moyen, courut apres Naa-
man
, luy fit entendre fauſement que ſon maiſtre s'eſtoit rauiſé, luy deman-
da de l'argent & des habits, receut deux talents276 & deux paires d'habits
au nom de ſon maiſtre, mais il fut touché de lepre tant pour ſon auarice,
comme pour l'impoſture de laquelle il s'eſtoit ſerui au preiudice de l'autho-
rité & reputation de ſon maiſtre.
Salomon Prouerb 30. dit, per tria mouetur terra, & quartum non poteſt ſu-
ſtinere, per ſeruum cum regnauerit, per stultum cum ſaturatus fuerit cibo: per odio-
ſam mulierem cum in matrimonio fuerit aſſumpta, & per ancillam cum fuerit hæres
Dominæ ſuæ
. Il y a trois choſes qui donnent le branſle à la terre, & vne qua-
trieſme qu'elle ne peut ſupporter. Le ſeruiteur qui regne, le ſol qui eſt ſaoul,
la

429

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
la meſchante femme qui eſt mariée, & la ſeruante qui eſt heritiere de ſa mai-
ſtreſſe.
L'appetit
eſt comme
vn ſerui-
teur.
Aucuns expliquent cecy comme ſi c'eſoient des enygmes & metaphores,
& par le ſeruiteur entendent l'appetit, la chair, le corps (qui eſt vray ſeruiteur
de l'ame) quand il eſt deuenu maiſtre, & qu'il commande à la raiſon : qui
eſt auſſi comme vn ſot tout brutal & ſans raiſon, & eſtant ſaoul des volup-
tez ne peut eſtre dompté : c'eſt comme vne femme inſolente, lors qu'elle a
rencontré vn mary facile, elle le maiſtriſe & le meſpriſe. C'eſt comme la ſer-
uante qui tient la place de la maiſtreſſe, & la gourmande faiſant la mutine
contre la raiſon.
D'autres expliquent le meſme paſſage allegoriquement des Prelats, Prin-
ces & Superieurs, comme ſi Salomon vouloit dire, ce qui trouble & renuerſe
les Royaumes, les republiques, les eſtats, les maiſons, eſt le ſeruiteur qui regne,
vn Prelat, vn Prince, vn Maiſtre, qui preſide, qui regne, qui commande aux
autres, mais eſt ſeruiteur de ſes paſſions, & leurs obeyt. C'eſt le fol qui eſt ſaoul,
vn Prelat, vn Prince, vn Superieur qui eſt riche, & ſot & ſans eſprit.
La meſchante femme eſtant mariée ce ſont les Egliſes eſpouſes des Pre-
lats : ce ſont les eſtats & principautez eſpouſes des Princes, ce ſont les familles
eſpouſes des Superieurs, lors qu'elles ſe reuoltent contre leurs Superieurs &
troublent toute la terre. C'eſt la ſeruante qui tient la place de la maiſtreſſe. Les
bons doiuent eſtre comme les eſpouſes des Prelats, des Princes, des Superi-
eurs ; les meſchans comme les ſeruantes. Le deſordre eſt lors que les meſchans
ſont en eſtime, ſont priſez & careſſez aupres des Princes & des Prelats, & que
les gens de bien ſont ſans credit.
Expliquons cecy au pied de la lettre, & diſons qu'il y a trois choſes qui
troublent & mettent le deſordre dans les familles, & vne quatrieſme qui les
renuerſe.
D'où pro-
cedent les
terre trem-
bles.
Les terre-trembles prouiennent ou de l'air qui eſt enfermé dans la terre,
& la remuë voulant en ſortir, ou comme diſent d'autres, de ce que toute la
terre eſt hors de ſon centre, & voulant y retourner cauſe ce tremblement.
Lorsque le ſeruiteur qui de ſa naiſſance eſt vile, & par ſa ſuperbe n'eſt que
vent, veut s'eſleuer au deſſus de ſa condition, toute la terre tremble, toute
la famille eſt eſmeue, de meſme le fol, de meſme la femme inſolente, de meſ-
me la ſeruante mutine & rebelle.
Quel
trouble
quand le
ſeruiteur
comman-
de.
Lors que le ſeruiteur commande à ceux qui ſont libres, le fol aux ſages,
la femme au mary, la ſeruante à la maiſtreſſe, c'eſt le monde renuerſé, cela
cauſe bien du trouble. La nature veut que la terre ſoit en bas, l'air au deſſus,
& le bon ordre du monde conſiſte en ce que les elemens gardent chacun ſa
place
H h h 3

430
Qvatrieme Traite’
place, autremẽt ce n'eſt que deſordre : la raiſon veut que le ſeruiteur obeiſſe
& honore ſon maiſtre, la ſeruante ſa maiſtreſſe, & cela eſtant, voila le bon
ordre d'vne famille ; mais le contraire arriuant ce n'eſt que deſordre, & cho-
ſe ſi indigne que cela eſt capable d'esbranler toute le terre, c'eſt le deſordre
que dit Salomon, vidi ſeruos in equis, & dominos ambulantes ſuper terram. I'ay
veu les ſeruiteurs montez à l'aduantage, & les maiſtres à pied.
Ce que
font les
mechans
ſerui-
teurs de-
uenus
les mai-
ſtres.
Voyez la preuue de cecy : Ieroboam ſeruiteur de Salomon eſtant deuenu
Roy commit des enormes mechancetez, & induiſit le peuple à l'idolatrie, 3.
Reg. 12. Nabal fol eſtant ſaoul de richeſſes ne fit aucun eſtat de Dauid. 1. Reg.
25. Semiramis ayant obtenu le commandement fit mourir le Roy ſon mary :
Agar ſeruante de Sara, femme d'Abraham, ſe voyant honorée d'Abraham, &
qu'elle auoit conceu, meſpriſa ſa maiſtreſſe.
C'eſt contre l'honneur, reſpect, & reuerence que le ſeruiteur doit à ſon
maiſtre, de s'enfuir de la maiſon pour auoir eſté ou repris, ou chaſtié, c'eſt la
Le ſerui-
teur ne
s'en doit
fuir pour
auoir eſté
chaſtié.
reproche que faiſoit l'Ange à Agar, Gen. 16. Agar ancilla Saræ vnde venis?
aut quo vadis? reuertere ad dominam tuam, & humiliare ſub manu illius.
Agar
ſeruante de Sara, d'où viens tu ? où vas tu ? retourne aupres de ta maiſtreſſe
& t'humilie ſous elle, tu as tort d'auoir quité vne ſi bonne maiſtreſſe, elle a eu
raiſon de te reprendre, retourne, & te ſoubmets à la correction.


Filet cadre, rayé.
De la fidelité des ſeruiteurs enuers leurs
maiſtres.


CHAPITRE V.

Les fa-
ueurs
que Dieu
fait au
ſeruiteur
fidele.
QVoy que la fidelité ſoit grandement recommandable en toute ſorte de
perſonne, comme celle de laquelle depend la communication humaine,
elle l'eſt toutefois ſpecialement aux ſeruiteurs ; & quoy qu'vn ſeruiteur ſoit
excellent en toute autre qualité s'il manque en cette cy, on n'en doit faire au-
cun eſtat. C'eſt la vertu qui releue Dauid en qualité de ſeruiteur de Dieu I.
Reg. 22. quis in omnibus ſeruis tuis ſicut Dauid fidelis? qui eſt ce qui ſe retrouue
entre tous vos ſeruiteurs fidele comme Dauid ? C'eſt au ſeruiteur fidele que le
grand pere de famille donne la diſpenſation de ſes biens : fidelis ſeruus, & pru-
dens quem conſtituit Dominus ſuper familiam ſuam.
Math. 24. C'eſt au ſeruiteur
fidele, entant que fidele, que Dieu donne l'accroiſſement de la grace, Luc. 19.
Euge ſerue bone, quia in modico fuiſti fidelis, eris poteſtatem habens ſuper decem ciui-
tates.

431

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
tates. D'autant que tu as eſté fidele en peu de choſes qu'on t'auoit mis en
mains, tu auras charge de dix citez, on te donnera dauantage. C'eſt au ſerui-
teur fidele que ſe donne la gloire, Euge ſerue bone, quia ſuper pauca fuisti fidelis,
ſupra multate constituam, intra in gaudium Domini tui
, Matth. 25. D'autant que
tu as eſté fidele, entre en la ioye de ton Seigneur.
En quoy
conſiſte la
fidelité
d'vn ſer-
uiteur.
La fidelité d'vn ſeruiteur conſiſte à eſtre veritable, & iamais ne tromper
ſon maiſtre par ſes paroles, que iamais il ne reuele ſes ſecrets : qu'il ne l'aban-
donne, ny à l'aduerſité, ny à la proſperité : qu'il n'abuſe de ce qu'on luy met
en main, ne le diſſipe, mais l'accroiſſe & augmente, le faiſant valoir au profit
de ſon maiſtre, non comme faiſoit ce mauuais ſeruiteur, Luc. 16. Diffamatus
eſt quaſi diſſipaſſet bona
, qui fut accuſé pour auoir diſſipé les biens de ſon mai-
ſtre : ny comme l'autre qui cache & enfouyt le bien de ſon maiſtre, Matth. 25.
ne le faiſant profiter comme il pouuoit & deuoit.
Ne pourrions nous pas dire ce que dit Salomon Prou. 22. Virum fidelem quis
Aucuns
ſeruiteurs
fideles.
Mardo-
chée
.
Ioſeph.
inueniet?
qui trouuera vn ſeruiteur fidele ? & I. Chriſt, Matth. 24. Quis putas eſt
fidelis ſeruus & prudens?
qui eſt le ſeruiteur fidele ? I'en trouue dans l'eſcriture
ſaincte
, entre autre Mardochée, lequel ayant deſcouuert la coniuration qu'au-
oient fait Bagathan & Thares deux ſeruiteurs du Roy Aſſuerus qui auoient min
uté de le tuer, en fit aduertir le Roy, Eſther 2. Ioſeph fut vn ſeruiteur fidele,
Gen. 39. lors que ſollicité de ſa maiſtreſſe de faire quelque choſe au preiudice
de la fidelité qu'il deuoit à ſon maiſtre, ne quaquam acquieſcens operi nefario
dixit ad eam: ecce Dominus meus, omnibus mihi traditis, ignorat quid habeat in domo
ſua, nec quidquam eſt, quod non in mea fit poteſtate, vel non tradiderit mihi: quomodo
ergo poſſum, hoc malum facere, & peccare in Dominum meum?
ne voulut iamais
conſentir à cette meſchanceté, mais luy dit, quoy ! mon maiſtre n'a donné la
ſurintendance de ſa maiſon, il ne ſçait ce qu'il a, il n'a rien reſerué dont il ne
m'ayt donné charge, & ie ſerois ſi lache & ſi infidele de commettre vne telle
infidelité ? Cette tentation ne luy arriua pas vne ſeule fois, mais pluſieurs, Hui-
uſcemodi verbis per ſingulos dies loquebatur, & mulier molesta erat adoleſcenti, & ille
recuſabat ſtuprum
, c'eſtoit tous les iours à refaire, cette ſemelle l'importunoit,
mais iamais il ny voulut conſentir : il ayma mieux s'expoſer à la calomnie, com-
me il fit, & eſtre mis innocent dans vn cachot, que d'enfraindre la fidelité qu'il
deuoit à ſon maiſtre.
Iacob fut vn ſeruiteur fidele, voyez les traicts de ſa fidelité, quid inueni-
sti
, dit-il à Laban ſon beau pere, qui fouilloit parmy ſon bagage, le tenant
en qulité de larron, de cuncta ſubstantia domnus tuæ? pone hic coram fratribus
meis, & fratribus tuis, & indicent inter te, & me, idcirco viginti annis fui tecum?
oues tuæ, & capræ ſteriles non fuerunt: arietes gregis tui non con edi: nec captum
à beſtia osentdi tibi: ego damnum omne reddebam: quicquid furtim peribat,
à me exigebas, die noctuque, æſtu vrebar, & gelu, ſugiebatque ſomnus ab

oculis

432
Qvatrieme Traite’
oculis meis, ſicque per 20. annos in domo tua ſeruiui tibi, quatuordecim pro filiabus,
& ſex pro gregibus tuis.
Vous auez fouillez toutes mes hardes, qu'auez vous
trouué du voſtre ? ça produiſez le en preſence de toute la compagnie, ie la re-
çois pour Iuge entre vous & moy. Voila la recompenſe que i'ay apres 20. ans
de ſeruice d'eſtre pourſuiuy & fouillé comme vn larron : dites moy ſi vous
pouuez me reprendre d'infidelité, & de ne m'eſtre acquitté de mon deuoir. I'ay
fait par mon induſtrie que vos brebis & vos cheures n'ont eſté ſteriles : ie n'ay
pas fait bonne chere des moutons de voſtre troupeau: ſi les beſtes ſauuages
en ont deuoré, ie ne m'en ſuis pas plaint à vous, i'en ay porté les fraiz, vous
m'auez fait rendre compte, & fait reparer ce qu'on a deſrobé : tantoſt i'ay eſté
roſty de chaud, tantoſt morfondu de gelée : i'ay paſſé les nuicts ſans fermer
l'œil, & voila la vie que i'ay mené l'eſpace de 20. ans à voſtre ſeruice, vous ſer-
uant quatorze ans pour vos filles, & fix pour les beſtes que m'auez donné.
Eliezer
ſeruiteur
fidele.
Eliezer ſeruiteur d'Abraham fut fidele à ſon maiſtre, gardant ponctuelle-
ment ſes ordonnances touchant la recherche d'vne femme à ſon petit maiſtre
Iſaac, & ſur tout en ce qu'il prefera le ſeruice de ſon maiſtre à ſon contentement
particulier, lors qu'eſtant arriué à la maiſon de Bathuel pere de Rebecca, il ne ſe
ietta pas incontinent ſur la viande qu'on luy auoit ſeruy : mais preſerant la com-
miſſion qui luy auoit eſté miſe en main à tous ſes intereſts, ne voulut manger
vne ſeule bouchée, qu'il ne ſe fuſt acquité de ſa commiſſon, non comedam donec
loquar ſermones meos
. Geneſ. 24.
Hector Pinto dialog. 1. de tranquillitate vitæ 277, cap. 20. Fulgoſ. lib. 3.
Fidelité
de Geſ-
ualdus
ſeruiteur.
c. 8. raconte vn trait admirable de fidelité d'vn certain Geſualdus ſeruiteur
de Remoaldus fils de Grimoaldus Roy des Lombards. Remoaldus ſe voyant
aſſiegé fort eſtroictement dans Beneuente en Italie par Conſtantius ſecond
Empereur heretique, & ennemy iuré des Chreſtiens, enuoya Geſualdus ſon
ſeruiteur vers ſon pere pour demander ſecours. Le ſeruiteur fit voyage fort
heureuſement, mais à ſon retour tomba és mains des gens de Conſtantius.
Conſtantius ayant trouué les lettres de Grimoaldus qu'il portoit à Remoal-
dus
, par leſquelles il l'exhortoit d'auoir bon courage, & qu'en bref il luy enuoy-
roit du ſecours pour ſa deliurance, creut qu'il ne falloit attendre le ſecours,
mais qu'il falloit auoir la ville par fineſſe, qu'il deſeſperoit pouuoir emporter
par force. Il fait donc tout ſon pouuoir pour gaigner le ſeruiteur de Remoal-
dus, luy promet de grandes recompenſes moyennant que la nuict il veuille
s'approcher de la muraille de la ville, & apres auoir demandé de parler à
Remoaldus luy veuille conſeiller de ſe rendre à l'Empereur, d'autant qu'il ne
doit attendre aucun ſecours de ſon pere ; autrement qu'il le fera mourir de
mort cruelle : à cet effet il le fait accompagner proche de la muraille par
des ſoldats. Remoaldus vient ſur la muraille : lors Geſualdus luy dit, Mon-
ſeigneur me connoiſſez vous bien ? ie ſuis Geſualdus voſtre ſeruiteur. Me voila
de

433

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
de retour d'auprés Monſeigneur voſtre pere, qui vous promet vn prompt
ſecours, & partant prenez bon courage. Ie ne puis vous en dire d'auantage,
d'autant que ie ſuis és mains de l'ennemy qui infailliblement me fera mourir ;
ie vous recommande ma femme & mes enfans, & disant ces paroles fut mis
à mort.
Les Payens meſmes nous ont laiſſé multitude d'exemples de pareille fide-
lité, ie me contenteray d'vn entre pluſieurs. Le ſeruiteur de Panopion ayant
entendu que certains ſoldats eſtoient venus pour tuer ſon maiſtr le fit eua-
der, & ſeignant d'eſtre le maiſtre ſe reueſtit des habits de ſon maiſtre, prit
ſon anneau, ſe mit au lict de ſon maiſtre, & quoy qu'il vit les armes, entendit
le bruit, ouyt leurs menaces, ne s'eſpouuanta nullement, ains ſe laiſſa tuer
pour ſauuer ſon maiſtre. Dieu quelle fidelité ! quel accuſateur contre les ſer-
uiteurs Chreſtiens qui manquent à la fidelité, à laquelle la raiſon, la iuſtice,
& la Loy Diuine les oblige enuers leurs maiſtres !

Filet cadre, rayé.

De l'obeyſſance des ſeruiteurs enuers
leurs maiſtres.


CHAPITRE VI.

LA troiſieme choſe que le ſeruiteur doit à ſon maiſtre eſt l'obeyſſance, &
Les ſer-
uiteurs
doiuent
l'obeiſ-
ſance à
leurs mai-
ſtres.
ce telle que demande ſainct Paul, Epheſ. 6. Serui obedite Dominis carnali-
bus cum timore & tremore, in ſimplicitate cordis vestri, ſicut Chriſto, non ad oculum
ſeruientes quaſi hominibus placentes, ſed vt ſerui Chriſti, facientes voluntatem Dei ex
animo, cum bona voluntate ſeruientes, ſicut domino, & non hominibus, ſcientes quo-
niam vnuſquiſque, quodcunque fecerit bonum, hoc recipiet à Domino, ſiue ſeruus, ſiue
liber.
Seruiteurs obeiſſez à vos maiſtres charnels auec crainte & reſpect, en la
ſimplicité de voſtre cœur, comme à Ieſus-Chriſt, ne ſeruans point à veüe d'œil,
comme pour plaire aux hommes, mais comme ſeruiteurs de Ieſus-Chriſt,
faiſans la volonté de Dieu de bon cœur, ſeruans de bonne volonté comme à
Dieu, & non pas comme aux hommes, ſçachans que chacun receura la bien
qu'il aura fait, ſoit qu'il ſoit ſeruiteur ou libre. In Domino, ſelon Dieu. Sicut
Chriſto
, comme à Ieſus-Chriſt, non ad oculum ſeruientes, ne ſeruans pas ſeule-
ment lors qu'ils vous voient : non pour captiuer & gaigner leur bien-veillan-
ce : mais pour plaire à Dieu, comme ſeruiteurs non tant des hommes com-
me de Ieſus-Chriſt meſme.
Mais dira quelqu'vn cela ſeroit facile ſi Ieſus-Chriſt me commandoit,
or
I i i

434
Qvatrieme Traite’
or i'ay affaire à vn Barbare, à vn Turc, qui me traitte comme vn eſclaue, le
moyen de luy obeyr ? S. Pierre vous l'ordonne toutefois, moyennant que le
Faut
obeyr aux
maiſtres
faſcheux.
commandement ne ſoit contre Dieu, eſcoutez-le. Serui ſubditi eſtote in omni
timore Dominis, non tantum bonis & modeſtis, ſed etiam diſcolis.
Seruiteurs obe-
yſſez à vos maiſtres & Seigneurs, non ſeulement s'ils ſont bons & modeſtes,
mais meſme s'ils ſont faſcheux. Souuenez-vous que voſtre obeyſſance ſera
d'autant plus parfaite & plus meritoire, qu'ils ſont plus faſcheux, ſi d'vn
grand cœur vous leurs obeyſſez pour Dieu.
S. Paul repete quaſi la meſme ſentence que deſſus aux Coloſſ. 3. Mais il
adjouſte vn mot, qui pourroit donner occaſion à aucuns maiſtres d'abuſer
de leur authorité, obedite, dit-il, per omnia, obeyſſez en toutes choſes. Pour
Diuerſité
de com-
mande-
mens.
l'intelligence de cette parole faut ſçauoir ce que nous auons dit auparavant
de l'obeyſſance, & remarquer ce que nous dirons icy, ſçauoir eſt qu'aucuns
commandemens ſont purement & abſolument bons, comme eſtans confor-
mes aux loix diuines, tel eſt ce qui appartient à la foy, eſperance, & charité :
d'autres ſont indifferents, c'eſt à dire, de ſoy ne ſont ny bons, ny mauuais,
mais peuuent eſtre, ou bons, ou mauuais ſuiuant les diuerſes intentions :
d'autres ſont purement mauuais comme le larcin, l'adultere, le meſonge, le
ſacrilege &c. Les ſeruiteurs ſont obligez d'obeyr en toutes choſes, per omnia,
Le ſerui-
teur eſt
obligé
d'obeyr en
choſes bõ-
nes & in-
differentes
qui appar-
tiennent à
ſon office.
qui ſont purement bonnes, & concernent leur qualité : en toutes choſes qui
concernent leurs offices, quoy qu'en ſoy elles ſoient indifferentes. S. Bernard
Epiſt. 7. Sunt media quædam quæ pro modo, loco, tempore, vel perſona, & mala
poſſunt eſſe, & bona, & in his lex poſita eſt obediente, tanquam in ligno ſcientiæ bo-
ni, & mali, quod erat in medio paradiſi. In his profectò, fas non eſt nostrum ſenſum,
ſententiæ præſcribere magiſtrorum, in his omnino prælatorum nec iuſſio, nec prohi-
bitio, contemnenda.
Il y a certains commandemens metoyens leſquels eu eſ-
gard à la façon, au lieu, au temps, ou à la perſonne peuuent eſtre bons, ou
mauuais. En tels commandemens on eſt obligé d'obeyr, tel eſtoit le com-
mandement de l'arbre de la ſcience, du bien & du mal, qui eſtoit au milieu
du paradis terreſtre, en ſemblables choſes, il n'eſt pas permis de preferer ſon
iugement à celuy de ſes ſuperieurs, & ne faut meſpriſer ny les ordonnances
ny les defenſes des ſuperieurs.
Le ſerui-
teur ne
doit obeyr
en ce qui
eſt contre
Dieu.
Lors que ce que le maiſtre commande eſt purement contre Dieu, point
d'obeyſſance : car il n'a ny authorité de commander cela, ny le ſeruiteur
pouuoir de le faire. S. Bernard au lieu ſus allegué, quid enim quod iubet homo,
prohibet Deus, & ego audiam hominem, ſurdus Deo? non ſic Apoſtoli clamant, quippe
dicentes: melius eſt obedire Deo, quam hominibus. Hinc Dominus in Euangelio Pha-
riſæos
increpans, quare, & vos tranſgredimini mandatum Dei, propter traditionem
veſtram? & per Iſaiam, ſine cauſa autem colunt me, mandata, & doctrinam hominum
tenentes, & item ad Adam, pro eo quod obediſi voci vxoris tuæ, pluſquam meæ, ma-

ledicta

435

De l'obligation des Maistres envers levrs Servitevrs.
ledicta terra in opere tuo. Igitur ſacere malum, quolibet etiam iubente, conſtat non
eſſe obedientiam, ſed potius inobedientiam
. Quoy! Dieu me defend ce que l'hom-
me me commande, & ie ſeray ſourd au commandement de Dieu, pour pre-
ſter l'oreille à vn homme! ce n'eſt pas ce que m'enſeignent les Apoſtres, lors
qu'ils diſent qu'il vaut mieux obeyr à Dieu qu'aux hommes. Dieu ne reprend‑
il pas les Phariſiens en l'Euangile, diſant, Pourquoy enfraignez-vous le com-
mandement de Dieu pour obſeruer voſtre tradition ? & ne dit-il pas par la
bouche d'Iſaie, c'eſt en vain qu'ils m'honorent preferans les commandemens
& doctrine des hommes à mes ordonnances ! ne reproche-il pas à Adam,
D'autant que tu as obey à ta femme pluſtot qu'à moy, la terre ſera maudite
en ton œuure ? Ce n'eſt donc pas obeyſſance, mais des-obeyſſance de faire
du mal, qui que ce ſoit qui le commande. Le bel exemple de Ioſeph, pluſtot
mourir que d'obeyr à ſa maiſtreſſe, contre la volonté & ordonnance de Dieu.
Reſpon-
ſes aux ob-
jections
des ſerui-
teurs qui
obeyſſent
en choſes
mauuaiſes.
Quelqu'vn me dira, dit S. Bernard, c'eſt à mon maiſtre de reſpondre de-
uant Dieu de ce qu'il me commande, & non pas à moy de controoler ſes
commandemens, le diſciple n'eſt pas par deſſus le maiſtre, c'eſt à moy d'o-
beyr non de commander, de ſuiure mon maiſtre non de le conduire. Bien,
dit-il, s'il vous mettoit vn poignard en main, & vous commandoit de le tuer,
le feriez-vous ? s'il vous commandoit de le ietter dans le feu, ou le precipi-
ter dans l'eau, le feriez-vous ? ne ſeriez-vous pas homicide le faiſant ? prenez
garde que ſouz pretexte d'obeyſſance vous ne luy faiſiez pis, ne ſçauez-vous
pas que la Verité Eternelle a dit, Math. 18. qu'il valloit mieux eſtre ſubmer-
gé dans la mer que de ſcandaliſer autruy. Pourquoy a-il dit cela ? ſinon
pour monſtrer que ceux qui commandent choſes mauuaiſes ſeront ſi grief-
uement punis, que la mort temporelle à comparaiſon n'eſt pas à craindre,
mais à ſouhaiter. Voicy comme il inuectiue contre vn ſeruiteur qui a obey
en choſe mauuaiſe : mal-heureux tu voyois ton maiſtre qui eſpanchoit le sang
& tu le ſuiuois. Tu ſçauois qu'il te commandoit choſe ſcandaleuſe, & tu obeyſ-
ſois ! la vraye patience eſt de patir, ou agir contre ſa volonté, mais non contre
la raiſon : tu eſcoutois vn homme qui comme un larron te ſouffloit à l'oreille,
& tu n'eſcoutois pas ton Dieu qui crioit comme vn tonnerre, mal-heur à ceux
qui ſont cauſe de ſcandale.
Mais il faut conſeruer la paix auec mon maiſtre, ſi ie ne luy obeys, i'en-
coure ſa diſgrace : ſi Ieſus-Chriſt eſt venu pour mettre la glaiue & la guerre
entre le pere & le fils, la mere & la fille, la belle mere & la bru, combien plus
entre le ſeruiteur & le maiſtre ? Dieu eſt l'autheur de paix, il la deſire, la don-
ne, mais non pas comme le monde. Il vaut mieux encourir la diſgrace du
maiſtre, que de Dieu : quiter le maiſtre, que Dieu, obeyr à Dieu, qu'aux hom-
mes, obedire oportet Deo magis, quam hominibus, Theſſ. 3. Denuntiamus autem
vobis
I i i 2

436
Qvatrieme Traite’
vobis fratres in nomine Domini noſtri Ieſu Christi, vt ſubtrahatis vos ab omni fratre
ambulante inordinatè, & non ſecundum traditionem, quam accepterunt à nobis.

Mes freres nous vous commandons de la part de Dieu, de qui comme Vicaires
nous auons authorité que vous vous ſepariez de ceux qu ne viuent pas en
vrays Chreſtiens.
Salomon Prouerb. I. Fili mi, ſi te lacauerint peccatores, ne acquieſcas eis: ſi les
meſchans vous nourriſſent, ne conſentez pas à leurs meſchancetez : car non
ſolum digni ſunt morte qui ea faciunt, ſed etiam qui conſentiunt facientibus
, Rom. I.
Ceux-là ſont dignes de mort, non ſeulement qui font le mal, mais qui y con-
ſentent, ne ſoyez pas ce Vagao ſeruiteur d'Holofernes, vray maquereau, qui
alloit chercher la proye pour ſon maiſtre. Introiuit Vagao ad Iudith, non verea-
tur bona puella intriore ad Dominum meum, vt honoretur ante faciem eius, &
manducet cum eo, & bibat vinum in iucunditate
, ne faites point de difficulté de
venir vers mon maiſtre, & d'auoir l'honneur de le voir, de manger & boire
auec luy : on en trouue trop de ſemblables, qui ne ſe ſoucient d'offenſer Dieu
pour complaire à leurs maiſtres. Noſtre Seigneur a dit qu'on ne pouuoit ſer-
uir à deux maiſtres, ce qui s'entend lors qu'ils ſont conraires, ſi le commande-
ment de voſtre maiſtre eſt contraire à celuy de Dieu, regardez auquel des
deux vous eſtes plus obligé, & ſouuenez vous qu'il faut obeyr à Dieu pluſtot
qu'aux hommes.







Cul de lampe.









TABLEAV




437

Bandeau décoré.
TABLEAV RACOVRCY
DV BON MARIAGE,
QVI EST
LE MARIAGE D'ISAAC
AVEC REBECCA, Geneſ. 24.


Lettrine "I".
IE trouue tant de choſes remarquables au mariage d'Iſaac
auec Rebecca, que ie l'ay bien voulu repreſenter icy, comme
le portraict du bon mariage, & le mieux effigié de tous ceux
que i'ay conſideré au vieux Teſtament. Les peres & meres y
trouueront de l'inſtruction. Les ieunes hommes & les filles
y pourront remarquer de beaux traits ; ceux qui ſe meſlent
d'eſtre paranymphes au mariage, & de traiter ſemblables affaires, y auront
leur modelle. Or pour plus grande intelligence ie mettray en veuë le ta-
bleau de l'hiſtoire, puis i'en remarqueray les traits les plus notables.
Abraham eſtant deſia vieil appella ſon maiſtre d'hoſtel278, & le fit iurer
qu'il ne marieroit ſon fils Iſaac à pas vne Chananeenne, parmy leſquelles il
viuoit ; ains qu'il iroit en Meſopotamie, lieu de ſon extraction, & que de là il
luy ameneroit vne femme. Le maiſtre d'hoſtel repliqua, ſi la fille refuſe de
venir auec moy, y meneray-ie voſtre fils. Gardez vous en bien, luy dit Abra-
ham
. Le Seigneur Dieu du ciel & de la terre qui m'a tiré de ce pays-là, & m'a
amené en ceſtuy-cy, enuoyera ſon Ange deuant vous, & fera que vous ame-
nerez de là vne femme à mon fils, qui ſi elle ne veut pas venir ie vous quitte
de voſtre ſerment. Le maiſtre d'hoſtel ſe met en chemin, & eſtant arriué en
Meſopotamie, en la ville en laquelle demeuroit Nachor, pere de Rebecca279,
fit repoſer les chameaux qu'il conduiſoit prés d'vn puits, où les femmes ve-
noient tirer de l'eau ; & ſe mettant en oraiſon, dit : Seigneur, Dieu de mon
maiſtre Abraham, ie vous ſupplie de m'ayder auiourd'huy, & vſer de miſeri-
corde enuers mon maiſtre Abraham. Ie ſuis prés de ce puits où les filles des
bourgeois
I i i 3

438
Tableav racovrcy dv bon Mariage
bourgeois de la ville viennent querir de l'eau, que la fille donc à laquelle ie
diray, donnez moy à boire dans voſtre cruche, & qui me reſpondra beu-
uez, & ie tireray meſme de l'eau à vos chameaux, ſoit celle que vous auez
preparée à voſtre ſeruiteur Iſaac, & i'entendray par là que vous auez fait
miſericorde à voſtre ſeruiteur. A peine eut-il acheué ces paroles, que Re-
becca
parut auec vne cruche, qui eſtoit vne fort belle fille, de la parenté
d'Abraham : elle tira vne cruchée d'eau, & s'en retournoit, mais le maiſtre
d'hoſtel luy dit donnez-moy vn peu d'eau à boire, elle luy reſpondit, beuuez
Monſieur, & luy preſenta ſa cruche pour boire, & apres qu'il eut beu elle
adjouſta : ie tirereay auſſi de l'eau du puits pour faire boire tous vos cha-
meaux, ce qu'elle fit. Le maiſtre d'hoſtel conſideroit auec vn profond ſi-
lence ce qu'elle faiſoit, pour voir ſi Dieu luy auoit donné l'heureux ſuccés
dont il l'auoit prié. Puis luy donna des braſſelets & des pendans d'oreilles,
& luy demanda de qui elle eſtoit fille, & s'il y auoit commodité pour loger
en la maiſon de ſon pere : elle ayant reſpondu, il fit la reuerence, & adora le
Seigneur, diſant beniſt ſoit le Seigneur Dieu de mon maiſtre Abraham, qui
n'a pas eſloigné ſa miſericorde & verité de mon maiſtre, & m'a conduit tout
droit en la maiſon du frere de mon maiſtre. La fille courut incontinent en
la maiſon, & raconta à ſa mere tout ce qu'elle auoit ouy. Rebecca auoit vn
frere nommé Laban lequel accourut viſtement vers cet homme qui eſtoit
pres de la fontaine, vient aupres de luy, & luy dit, Entrez le benit du Sei-
gneur, pourquoy demeurez-vous dehors ? i'ay preparé la maiſon & le lieu
pour les chameaux. Il le fit entrer, deſella les chameaux, leurs donna de
la paille & du foin, & de l'eau pour lauer les pieds du maiſtre d'hoſtel & de
ceux qui eſtoient venus auec luy, & on couurit la table. Mais il dit ie ne man-
geray pas, que ie n'ay dit le ſubject de mon voyage. On luy dit qu'il par-
laſt. Ie ſuis, dit-il, ſeruiteur d'Abraham. Dieu a comblé mon maiſtre de be-
nedictions, il eſt en gloire, a multitude de brebis, de bœufs, quantité d'ar-
gent, d'or, nombre de ſeruiteurs & ſeruantes, de chameaux & d'aſnes. Sara
ſa femme a enfanté vn fils en ſa vieilleſſe, lequel il a fait ſon heritier vniuer-
ſel ; puis raconte le reſte de ſa commiſſion, & ce qui s'eſtoit paſſé proche du
puits. Enfin demande ſi on luy veut donner Rebecca pour Iſaac. Laban &
Bathuel reſpondent qu'ils connoiſſent en cela la prouidence Diuine, &
qu'ils ne veulent y reſiſter, que Rebecca le ſuiue. Ayant le conſentement, il
ſe jetta en terre, & remercia Dieu. Dés le lendemain il demande ſon congé.
On le prie vouloir demeurer au moins dix iours, il dit ne le pouuoir faire,
enfin on appelle la fille, on luy demande ſi elle eſt contente de partir prom-
ptement, à quoy elle conſent. Elle partit auec ſa nourrice, ſes freres luy ſou-
haitans des milliers de benedictions. Elle & ſes filles monterent ſur des
chameaux & ſuiuirent le ſeruiteur d'Abraham. En meſme temps Iſaac ſe
pourmenoit

439
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
promenoit aux champs où il eſtoit allé pour mediter ſur le ſoir, & leuant les
yeux vit les chameaux de loing. Rebecca voyant Iſaac demanda au maiſtre
d'hoſtel qui il eſtoit, & le ſçachant elle deſcendit, mit pied à terre, & ſe cou-
urit de ſon manteau. Iſaac la mena en la maiſon de Sara ſa mere, l'eſpouſa,
& l'aima tellement qu'il adoucit la douleur qu'il auoit conceu de la mort de
ſa mere.
Voila ſommairement le tableau de l'hiſtoire vn peu racourcy : ſi vous de-
ſirez le voir en ſon naturel, liſez le chapitre 24. de la Geneſe. Il eſt mainte-
nant queſtion d'en conſiderer les traites les plus remarquables.
Modeſtie
& chaſteté
d'Iſaac.
1.Le premier trait qui ſe repreſente à mes yeux eſt la modeſtie & chaſteté
d'Iſaac, aagé lors de quarante ans, comme teſmoigne l'Eſcriture. Voicy comme
en parle Rupert, lib. 6. in Geneſ. 38. Ita inuentutis petulantiam, ſupergreſſus eſt,
vt illam expectaret coniugem; quam Deus daret, non quam concupiſcentibus oculis,
ipſe cum dote magna, arripuiſſet
, il a tellement ſurmonté les ſaillies de la ieun-
eſſe, qu'il a attendu la femme que Dieu luy auoit deſtiné, & n'a pas pris celle
que ſes yeux luy euſſent peu faire conuoiter, accompagnée d'vne grande doſt.
Ce n'eſt pas vne petite marque de la modeſtie, retenue & chaſteté d'Iſaac. Il
ſemble que Rupert remarque en ces paroles la cauſe pour laquelle Abraham
a differé ſi long-temps le mariage de ſon fils, lequel toutefois il deſiroit extre-
mement, ne luy manquant rien pour comble d'vn parfait bon-heur en ce
monde, que de voir ſon cher fils honneſtement marié, & quelque fruict de ſon
mariage ; & cette cauſe eſt, qu'il attendoit coniugem quam Deus daret, l'ordre
de la prouidence Diuine, à laquelle il remettoit toute cette affaire : & Rebec-
ca
eſtant deſtinée de Dieu à ce mariage, Dieu n'a pas voulu donner l'ordre
qu'elle ne fut en aage, n'ayant que quatorze ans quand elle a eſté mariée.
C'eſt aux
peres &
meres de
ſoigner le
mariage
des enfans.
2. Le ſecond trait eſt le ſoin qu'Abraham a eu de marier ſon fils. C'eſt
du deuoir des peres & meres de colloquer leurs enfans, & ſur tout leurs fil-
les, qui courent riſque de leur honneur apres la mort de leurs peres & me-
res, ſi elles ne ſont mariées, ou courent fortune de ne l'eſtre iamais ſi aduan-
tageuſement qu'elles pouuoient eſtre de leur viuant.
Ce n'eſt
pas aux
enfans de
ſoigner
leur ma-
riage, &
ſur tout
mal ſeant
aux filles.
Ce n'eſt pas proprement aux enfans de procurer leur mariage, & ſur tout
eſt fort mal-ſeant que les filles parlent de nopces, de mariage, & d'enfans, &
y facent paroiſtre de l'inclination. Les enfans s'en doiuent repoſer ſur leurs
peres & meres, & attendre & receuoir de bonne part, & comme de la main
de Dieu, ce que leurs peres & meres en feront. Ce n'eſt pas le fils du Roy qui
procure ſes nopces en S. Matth. 22. c'eſt le Roy ſon pere : Simile eſt regnum
cœlorum homini regi, qui ſecit nuptias filio ſuo
. Le Roy eſt Dieu le Pere, le Fils eſt
le Verbe, qui eſt la Sapience eternelle ; que ſi cette infinie Sapience n'a pas
ſoin de ſes nopces & mariage auec l'Egliſe, ains le Pere : quelle inſolence,
que

440
Tableav racovrcy dv bon Mariage
que tant de ieunes gens, & principalement des filles, ieunes, ſans experien-
ce, qui ſouuent n'ont pas vne once de prudence, oſent ſe marier ſans aduis
de pere ny de mere, voire contre leur volonté, ſans prendre autre conſeil que
de leur aueugle temerité, & de leur impudique liberté, au grand regret de
leurs parens qui en jettent des larmes bien ſenſibles, & au preiudice de tou-
te leur famille, & c'eſt ſouuent la cauſe de tant de mal-heureux & infortunez
mariages.
3. Abraham ne pouuant luy meſme & en perſonne traitter cette affaire
à cauſe de ſa vieilleſſe caduque, ne deſirant auſſi que ſon fils allaſt en Meſopo-
tamie
où il vouloit qu'il prit femme, pour la diſtance du lieu & les hazards du
chemin, joint qu'il ne vouloit ſe priuer de la douce preſence de ſon bien-aimé
fils, & peut eſtre craignoit qu'y allant il n'y demeuraſt, choiſit vne perſonne
d'aage, la plus vertueuſe & la plus prudente qu'il eut en ſa maiſon, nommé
Eliezer auquel il auoit donné la ſurintendance de ſa maiſon, & qu'il propo-
ſoit faire ſon heritier vniuerſel, à cauſe de ſa grande vertu, s'il fuſt mort ſans
enfans.
Les parens
ne doi-
uent em-
ployer que
des gens
ſages pour
faire les
mariages.
Les peres peuuent apprendre d'icy qu'en ſemblables affaires ils ne doi-
uent employer des ieunes gens, ſans experience, eſtourdis, paſſionnez, ſans
crainte de Dieu, & dont ils n'ayent bien experimenté la vertu : beaucoup moins
des maquerelles & ſemblables perſonnes infames, qui ne cherchent que leur
intereſt, & ne ſeruent qu'à ſeduire la ieuneſſe, à ſuborner vne fille & à l'attirer
à vn mariage desauantageux par de vaines promeſſes, ou qu'à tromper les par-
ens par des menſonges, eſperances creuſes, & ſupercheries.
Les enfans
ſe doi-
uent re-
mettre de
leur ma-
riage à
leurs pa-
rens.
Les enfans peuuent auſſi tirer vn bel exemple d'Iſaac, il eſtoit en aage com-
petant pour ſoigner cette affaire qui le touchoit de ſi prés ; toutefois il ſe ſoub-
mit entierement à la volonté de ſon pere, s'en remettant à tout ce qu'il en
ordonneroit. Il n'y auoit faute de filles en Canaan ; toutefois ſon pere voulant
qu'il prit femme en Meſopotamie, il ne luy contredit nullement. Il pouuoit
luy-meſme y aller pour en choiſir vne à ſon gré ; mais il ne voulut s'eſloigner
d'vn poinct de l'intention de ſon pere, ſe fiant au maiſtre d'hoſtel auquel ſon
pere en donnoit la charge. Nous ne remarquons point qu'en toute cette affaire
on aye pris aduis d'Iſaac qui eſtoit en aage de le donner, d'autant qu'Abraham
eſtoit ſi aſſeuré de la vertu & obeyſſance de ſon fils, & du reſpect qu'il luy por-
toit, qu'il ne doutoit nullement qu'il ne deuſt trouuer bon tout ce qu'il en
feroit.
4. Abraham conſiderant l'importance de cette affaire, pour obliger ſon
maiſtre d'hoſtel à y eſtre plus exact, & nommément au point de ne marier
ſon fils à aucune Chananeenne, le voulut obliger par vn ſerment, pour mon-
ſtrer aux peres & meres la grande precaution qu'ils doiuent auoir en choſes
ſemblables, qu'ils ne doiuent confier à qui que ce ſoit, qu'auec toutes les
aſſeurances

441
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
aſſeurances poſſibles de leur fidelité ; mais auſſi qu'ayans preuue ſuffiſante
de la fidelité & preud'hommie de ceux qu'ils y employent, ils y doiuent
prendre vne grande confiance, à l'exemple d' Abraham, qui donna plein
pouuoir à ſon maiſtre d'hoſtel de choiſir vne fille telle qu'il voudroit, ne
luy en ſpecifiant aucune en particulier, quoy que probablement il y
en eut pluſieurs en la maiſon de Nachor, procreées d'huict fils qu'auoit
eu Melcha.
Le 5. trait eſt la defenſe qu'Abraham donne à Eliezer de prendre ſem-
me à Iſaac parmy les Chananeans : la raiſon, dit Procopius, eſtoit qu'il
ſçauoit que la race de Cham, duquel venoient les Chananeans eſtoit mau-
dite de Noé, & que ceſte race deuoit enfin eſtre exterminée. Voicy comme
en parle ſainct Ambroiſe, Conſtrinxit ſeruum vt non de ſemine Chananæorum
vxorem accerſiret Domino ſuo, quorum generis autor patrem non honorauerat,
& ideo maledictionis hæreditatem tranſmiſit in ſuos:
il a obligé ſon ſeruiteur
à ne prendre femme à ſon petit maiſtre parmy les Chananeans : le pere &
progeniteur deſquels n'auoit honoré ſon pere, & partant auoit communi-
qué la ſucceſſion de la malediction à ſes deſcendans.
Dieu a en
horreur
ceux qui
ne reſpe-
ctent peres
& meres.
Voila comme Dieu & les hommes ont en horreur ceux qui ne reſpe-
ctent peres & meres, Dieu ne voulant pas que cette race maudite fuſt al-
liée auec celuy de la race duquel ſon fils deuoit prendre chair humaine : &
Abraham craignoit la contagion que pouuoit encourir ſa maiſon par vne
telle alliance.
Sainct Ambroiſe apporte encore vne autre raiſon, Vt cognoſcamus, dit-il,
fidem & quamdam hæreditatem de autoris proſapia in his requirendam, quos
nobis volumus adiungere.
Afin que nous connoiſſions que nous deuons faire
alliance auec ceux qui ſont recommandables par la foy & vertu de leur pro-
geniteur : car puis que par le mariage on eſt fait vne meſme chair, la raiſon
veut qu'on choiſiſſe vne chair recommandable par la vertu des anceſtres.
Ne faut
faire al-
liance auec
meſchans.
C'eſtoit auſſi d'autant que les Chananeans eſtoient Idolatres & impies.
Il eſt bien vray que Nachor adoroit les Idoles, ſuiuant la couſtume de ſon
pays ; toutefois il auoit quelque connoiſſance du vray Dieu, & l'honoroit, &
ſa maiſon eſtoit bien reglée.
Ne faut
faire al-
liance auec
infideles.
Sainct Ambroiſe tire vne conſequence de ce faict d'Abraham, à laquelle
les peres & meres doiuent bien prendre garde, ſçauoir que iamais ils ne fac-
ent
aucune alliance auec les infideles, ny auec perſonne de diuerſe religion :
comment pouuez-vous eſperer, dit-il, que Dieu vous donne la grace coniu-
gale eſtant vne meſme chair auec vne perſonne qui n'eſt agreable à Dieu, &
qui n'a la vray religion ? comment voulez-vous qu'vn heretique qui a violé
la
K k k

442
Tableav racovrcy dv bon Mariage
la foy qu'il auoit donné à Dieu au bapteſme, vous garde la foy du mariage ?
le corps peut-il eſtre chaſte, l'eſprit eſtant corrompu d'hereſie ? comment
eſt-ce que ceux-là pourront eſtre gens de bien qui ont en horreur les Sacre-
mens, & principalement celuy de Confeſſion, qui eſt la bride des vices, &
qui purifie l'ame ? qui ne reconnoiſſent l'Euchariſtie, ſource de toute pudi-
cité, & de tous biens ; qui ſe mocquent de mortification, de penitence, de ma-
ceration de la chair, & qui ſouz pretexte d'vne foy creuſe & trompeuſe, s'a-
bandonnent à toute ſorte de voluptez & de liberté ? quelle apparence que
le mariage puiſſe eſtre ſtable, pur, chaſte ſelon Dieu, auec des perſonnes in-
fidelles, impures & qui ne ſeruent Dieu que par fantaiſie ? C'eſt vne eſpece
de miracle, si vn mary fidele ne ſe peruertit demeurant auec vne femme infi-
delle. La raiſon eſt, dit Sainct Ambroiſe, que ratio docet, ſed amplius exempla
commouent: ſpecies illecebra decepit etiam fortiores maritos, & à religione fecit diſ-
cedere, & ideo, tu vel amori conſule, vol errorem caue, primum ergo in coniugio reli-
gio quæritur
. La raiſon enſeigne, & les exemples eſmeuuent. La beauté qui eſt
comme vn charme a trompé pluſieurs marys tres forts, & leurs a fait changer
de religion : & partant ou moderez vos amours, ou gardez d'eſtre trompé :
la premiere choſe à laquelle il faut prendre garde faiſant vn mariage, eſt la
religion.
6. Abraham ordonne qu'au cas que la fille qu'il enuoyoit querir pour ſon
fils ne voulut venir en Chanaan, qu'il ſe donnaſt bien de garde de mener ſon
fils en Meſopotamie, ſoit que ce fut ſeulement pour la ſolemnité des nopces,
ou pour y demeurer touſiours auec ſa femme ; d'autant que Dieu luy ayant
commandé de ſortir de ſon pays & de la maiſon de ſon pere, & luy ayant
promis qu'il multiplieroit ſa famille en la terre où il eſtoit, de laquelle il le
feroit iouyr, il ne vouloit en quoy que ce fut contreuenir à l'ordre, ny aux
promeſſes de Dieu, ne voulant que ſon fils y allaſt. Abraham voulut auſſi que
ſon ſeruiteur luy amenaſt vne bru qui ſymbolizaſt auec luy, & auec ſon fils :
& que tout ainſi que par obeyſſance il auoit quité ſon pays, & la maiſon de
ſon pere, qu'Iſaac par obeyſſance s'eſtoit expoſé à la mort, qu'auſſi par ob-
eyſſance elle quitaſt ſa patrie & ſes parens : c'eſt la penſée de Procopius.
Cela enſeigne que pour quelle conſideration que ce ſoit, il ne faut iamais
admettre aucune condition au mariage contraire aux ordonnaces de Dieu,
autrement on n'en peut eſperer aucun fauorable ſuccés.
Le 7. trait nous monſtre l'admirable confiance qu'auoit Abraham en la
Diuine prouidence, qu'il taſche auſſi de mettre bien auant dans l'ame de ſon
ſeruiteur, luy diſant : Le grand Dieu tout bon & tout puiſſant, qui iuſques
à preſent m'a comblé de tant de faueurs, qui m'a retiré de la maiſon de mon
pere & du lieu de ma naiſſance, qui m'a fait l'honneur de me parler, & de me
iurer

443
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
me iurer qu'il donneroit cette terre à ma poſterité, ne manquera de vous faire
conduire par vn Ange, qui vous ſeruira de conſeil, & vous fera connoiſtre
celle qu'il a deſtinée pour femme à mon fils, & pour l'accompliſſement de
ſes promeſſes.
Voulez-vous trouuer parti ſortable à vos enfans ? imitez Abraham re-
connoiſſant les bien-faicts de Dieu en voſtre endroit, & par voſtre reconnoiſ-
ſance l'obligeant de combler ſes autres graces d'vne alliance qui vous duiſe280,
& aux voſtres. Apres que vous y aurez apporté la diligence que vous pouuez
de voſtre coſté, mettez voſtre confiance en ſa bonté, qui ne vous manquera
au beſoin, recourez à ſa prouidence, vous perſuadant que la ſentence de Sa-
lomon
eſt tres-veritable, que les peres & meres peuuent bien donner des
maiſons & des richeſſes à leurs enfans, mais que la bonne rencontre en ma-
riage eſt vn don de Dieu, Prouerb. 19.
Il faut
chercher
en vne
femme la
vertu.
8. Abraham eſtoit homme fort riche : Iſaac fort vertueux, noble, beau,
& heritier d'vne maiſon opulente, & partant il n'eſtoit en peine de trouuer vne
femme noble, belle, & riche ; toutefois ſans ſe ſoucier de tout cela il donna
de grands preſens à ſon maiſtre d'hoſtel, pour donner à la fille qu'il trouue-
roit, & à ſes parens, ſans obliger les parens de la fille à choſe quelconque, &
ne fit aucune mention de ce qu'elle pourroit pretendre. S. Chryſoſt. là deſſus
dit, cogita mentem, & propoſitum iusti, & quò ſpectant: & attende quomodo veteres
non quærebant ſubſtantiam multam, non diuitias, non ſeruos, & iugera agri, tot &
tot, non externæ venuſtatis formam: ſed animæ pulchritudinem, & morum noblita-
tem. Patriarcha igitur habens reſpectum virtutum animæ, ita ſe gerit.
Prenez garde
à l'intention, & au fait de ceſt homme iuſte, & à quoy cela viſe : & ſçachez
que les anciens ne cherchoient pas de grandes richeſſes, ny nombre de ſerui-
teurs, ny tant & tant de meſures de terre, ny la beauté du corps : mais celle
de l'ame & la nobleſſe des mœurs. At nunc, dit le meſme, omnes tale quiddam
ne cogitant quidem. Name etſi malis innumeris plena ſit mulier, hoc ſolum inquirunt
quantum abundet pecunijs, cætera omnia poſteriore loco habent, neſcientes quod
cum mens peruerſa ſit, licet indicibles aſſluant diuitiæ, facile in extremam venient ino-
piam, & nihil proderunt opes, cum non ſit tibi mens quæ bene illas diſpenſare queat
.
Maintenant à peine penſe-on à cela, iaçoit qu'vne femme ſoit remplie d'imper-
fections, on ne ſe ſoucie ſinon qu'elle aye beaucoup d'argent, tout le reſte eſt
de moindre conſideration, ſans prendre garde que l'ame eſtant mechante,
quoy qu'on aye des richeſſes ſans meſure, il eſt facile d'eſtre reduit à vne ex-
treme pauureté : & les richeſſes ne profitent de rien, ſi on n'a de l'eſprit pour
les bien diſpenſer. C'eſt aſſez qu'vne fille ſoit riche pour eſtre recherchée,
quoy que d'ailleurs elle n'aye rien qui la rende recommandable, ſigne qu'on
ne la cherche pas, mais ſon argent, lequel puis apres s'en va en des ieux, des
habits ſuperflus, des banquets ſomptueux, des desbauches, des courtiſanes &
vilaines.
Nullus
K k k 2

444
Tableav racovrcy dv bon Mariage
Nullus fuit in huius coniugij petitione ambitionis locus, ſed dominus præſul coniu-
gij petitionem implet.
En ce mariage on n'y va pas par ambition, mais le Seigneur
qui preſide au mariage l'accomplit. Dit S. Ambroiſe lib. I. de Abrah. c. 9.281
partant, dit-il, diſce quid in vxore quæratur, non aurum, non argentum quæſiuit
Abraham, non poffeſſiones, ſed gratiam bonæ indolis
. Appprenez ce qu'il faut deſi-
rer en vne femme : Abraham n'a pas cherché les poſſeſſions, ny l'or ny l'ar-
gent, mais vn bon naturel.
9. Si Abraham fit le deuoir d'vn bon pere, Iſaac d'vn fils obeyſſant, & reſ-
pectueux, Eliezer ne manqua à celuy d'vn ſeruiteur prudent, diligent & fi-
dele, & d'vn ſage & bien aduiſé paranymphe. Nous ne liſons pas qu'Eliezer
ayt parlé à qui que ce ſoit en tout ce voyage, d'enuiron dix iours qu'il a em-
ployé d'Hebron à Haran, comme remarque Procopius. Seruus, dit-il, obſe-
quens admonitioni herili, eo adueniens neminem conuenit, ſed continuo colloquitur
cum Deo, quem Abraham itineris comitem, & gerundæ rei arbitrum fore polliceba-
tur:
Le ſeruiteur allant pour accomplir la commiſſion qui luy auoit eſté don-
Faut ſe
ſeruir de
l'oraiſon
pour faire
vn bon
mariage.
née par ſon maiſtre, ne parle à perſonne en chemin, traite continuellement
auec Dieu, qu'Abraham luy auoit promis luy deuoir eſtre compagnon en ce
voyage, & procureur de ſon affaire : le bon ſeruiteur ſçauoit trop mieux que le
moyen ordinaire dont on ſe ſeruoit en la maiſon d'Abraham pour impetrer
les faueurs du ciel, eſtoit l'oraiſon, & ainſi il s'en ſert. Dieu veut auſſi que
nous nous en ſeruions, comme de la clef pour tirer des treſors de la provi-
dence diuine, les graces & benefices qu'il a determiné de toute eternité de
nous donner : & les peres & meres, & les enfans, & tous ceux qui ſe meſlent
de faire des mariages, doiuent ſe ſeruir de ceſte clef, comme de la clef d'or du
ciel & des graces diuines.
10. Si Eliezer auoit recommandé cette affaire à Dieu tout le long de ſon
voyage, il redouble ſes deuotions eſtant venu proche de la ville, où ſe re-
poſant auprés d'vn puits, il dit : O Seigneur, Dieu de mon maiſtre Abraham,
ie vous ſupplie de m'ayder auiourd'huy & vſer de miſericorde enuers mon
maiſtre Abraham &c. Remarquez en cette oraiſon vne admirable modeſtie
& prudence. Il ne fait aucune mention de ſes propres merites, ſon humilité
ne luy permet de les reconnoiſtre, bien de ceux de ſon maiſtre, diſant Deus
Nous de-
uons fon
der l'o-
ctroy de
nos prie-
res, princi-
palement
ſur la mi-
ſericorde
de Dieu.
Abraham
, comme s'il diſoit Seigneur Dieu qui auez reconnu tant de meri-
tes en mon maiſtre, qu'en conſideration d'iceux vous l'auez comblé de tant
de graces, auez daigné traiter ſi familiarement auec luy, voire meſme vous
qualifier ſon Dieu &c. Et encore qu'il connoiſſe que les merites d'Abraham
ſont grands, ce n'eſt pas neantmoins là deſſus qu'il fonde l'eſperance de ſon
octroy, mais ſur la miſericorde de Dieu, diſant, fac miſericordiam cum Domino
meo Abraham
, c'eſt à dire, dit Procopius, Seigneur mon Dieu ie ſuis du tout
indigne d'eſtre exaucé de vous, mais ayez egard à mon maiſtre : ce que ie
vous

445
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
vous demande n'eſt pas que ie preſume que vous luy ayez aucune obligation,
ie n'ay garde d'eſtre ſi temeraire ; c'eſt ſur la grandeur de voſtre bonté, & de
voſtre infinie miſericorde que ie fonde mon eſperance, ne me reiettez pas, vous
priant humblement en l'affaire de mon maiſtre.
Apprenons à l'imitation de ce bon maiſtre d'hoſtel de fonder l'eſperance
de nos prieres ſur la liberalité & miſericorde de Dieu, de laquelle comme de
la ſource de toutes graces, nous deuons attendre tout le bien que nous pre-
tendons : & nos merites pour grands qu'ils ſoient ne ſont que des effects de
la bonté de Dieu, & des dons de ſa miſericorde ; c'eſt pourquoy Dauid, quoy
que chargé de tant de merites dit, ego autem in multitudine miſericordiæ tuæ in-
troibo domum tuam
. Mon Dieu c'eſt par la grandeur de voſtre miſericorde que
i'eſpere auoir entrée en voſtre maiſon eternelle.
11. Ce bon ſeruiteur ſe deffiant de la prudence humaine en vn telle affaire
a recours à la prouidence diuine, laquelle (conformement à la foy de ſon maiſ-
tre) il croioit preſider à ce mariage, & partant il y met toute l'eſperance de
ſon election : il ne veut pas s'en rapporter à ſes yeux, qui ne voient que ce qui
paroit exterieurement, & ne penetrent iuſques au cœur ; mais inſpiré de Dieu,
il determine vn ſigne par lequel il puiſſe reconnoiſtre aſſeurément quelle eſt
celle que Dieu a deſtiné à Iſaac. Ie dis inſpiré de Dieu, car autrement c'euſt eſté
vne ſuperſtition de ſe reſoudre à vn tel ſigne : & le meſme Dieu inſpira à Re-
becca
de reſpondre ſuiuant l'intention du maiſtre d'hoſtel, ayant determiné
de toute eternité d'effectuer ce mariage par cette voye.
S'il eſt loi-
ſible de ſe
ſeruir de
pronoſti-
ques, ou ſi-
gnes pour
ſçauoir ſi
on ſe doit
marier, ou
à qui.
C'eſt vne grande imprudence de ſe fier à ſa prudence en fait de mariage.
Les mariages ſelon le commun dire ſe font au ciel, & s'executent en terre : ce
ſont des effects de cette prouidence eternelle qui donne les vocations comme
bon luy ſemble, & ſçait comme il faut apparier les perſonnes ; c'eſt donc à
elle qu'il faut auoit recours. C'eſt encore vne plus grande imprudence de s'en
fier à ſes yeux : mais vne temerité ſuperſtitieuſe, & ſuperſtition temeraire,
& tromperie diabolique, de prendre tel ou tel ſigne, tel ou tel ſonge, telle ou
telle auanture pour aſſeurance de l'eſtat qu'on doit prendre, & de la perſonne
auec laquelle on doit s'allier, ſi on n'eſt pouſſé par vn inſtinct particulier du
ſainct Eſprit, qu'il faut reconnoiſtre ſerieuſement. Car ſouuent l'eſprit des
tenebres ſe transfigure en Ange de lumiere.
12. La prudence d'Eliezer reluit en la qualité du ſigne qu'il demande,
c'eſt auec S. Chryſoſt. que ie le dis. Pour autant, dit-il, qu'il ſçauoit qu'Ab-
raham
eſtoit hoſpitalier, auſſi eſtoit-il expedient que la fille qu'il deuoit
emmener en ſa maiſon luy fut conforme de mœurs ; ainſi il ne demande
autre ſigne pour la connoiſtre que la douceur, la charité, & l'hoſpitalité. Le
ſigne
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446
Tableav racovrcy dv bon Mariage,
ſigne qu'il demanda, dit Procopius, montra bien qu'il ne cherchoit ny l'or, ny
l'argent, ny la beauté, mais la vertu, & ſur tout la charité & l'hospitalité.
Voulez-vous faire bonne alliance ? taſchez qu'elle ſoit auec des perſonnes
qui ſymboliſent282 auec vous, & ayent meſmes inclinations à la vertu ; Sur tout
qui ſoient portées au bien & à la miſericorde. Abraham ayant receu Dieu en
ſa maiſon eut pour recompenſe la promeſſe qu'il auroit vn fils : ſa femme ay-
Recom-
penſe de
l'hoſpita-
lité.
ant peſtry ſa paſte pour feſtoier ſes pelerins, receut l'aſſeurance que ſa poſte-
rité ſeroit multipliée comme les eſtoilles du ciel : ainſi le maiſtre d'hoſtel
creut que le moyen le plus efficace pour continuer les benedictions celeſtes
en la maiſon d'Abraham, eſtoit de procurer vne femme auſmoſniere & hoſpi-
taliere à ſon petit maiſtre Iſaac.
Helas pluſieurs croient que ſi la femme eſt aumoniere qu'elle eſt la
ruyne de la maiſon ! qu'ils ſçachent que l'auſmoſne eſt la ſemence des bene-
dictions de Dieu, & que comme, dit Proſper, lib. 3. de vit. cont.283 c. 24. De
terreno cenſu, regni cœleftis hæreditas comparatur
, le ciel s'acquiert par l'au-
moſne.
Le 13. trait effigie la bonté de Dieu & ſa promptitude à exaucer les pri-
Comme
Dieu eſt
prompt
à exaucer.
eres de ceux qui ont recours à luy, diſpoſant les affaires par vne prouidence
ſpeciale, en ſorte qu'auſſi toſt Rebecca ſe fait voir, & tout ſe paſſe ſuiuant
le deſir du maiſtre d'hoſtel : ô qu'il eſt vray ce que dit Iſaie 65. Antequam
clament ego exaudiam, præparationem cordis eorum audiuit auris mea.
Auant
qu'ils ouurent la bouche ie les exauceray, mon oreille a eſcouté la pre-
miere diſpoſition de leur cœur. Auant que ce bon maiſtre d'hoſtel priaſt,
Dieu diſpoſoit deſia les pas de Rebecca, & les compaſſoit tellement qu'elle
s'eſt trouuée à poinct nommé. Le maiſtre d'hoſtel pouuoit dire ce que di-
ſoit autrefois Daniel en cas ſemblable, adhuc me loquente ecce vir Gabriel,
ie n'auois pas encore finy ma parole que ce que ie demandois m'a eſté ac-
cordé. Apprenez à vous confier à Dieu, & à prendre aſſeurance ſur la force
de l'oraiſon.
Six belles
vertus re-
marqua-
bles aux
filles.
14. Les filles trouueront bien dequoy imiter en ce trait, où elles remar-
queront. I. La diligence de Rebecca, qui n'eſtoit pas comme ces petites
delicates, mignardes, poupinnes que vous diriez n'eſtre que du laict caillé,
ou vn peu d'air eſpaiſſy. Tant elles ſont flouettes, qui ne marchent que ſur
la ſoye & le cotton, & qui à peine peuuent ſe bouger, ſi elles ne ſont ſouſ-
tenuës par l'aſſiſtance d'autruy : elle eſtoit laborieuſe, actiue, meſnagere,
mettoit la main à la paſte, prenant bien la peine, quoy que de bonne mai-
ſon, d'aller querir de l'eau, & faire des ouurages aſſez groſſiers & penibles.
2. Son humilité s'abbaiſſant aux exercices d'vne ſimple ſeruante, & ap-
pellant

447
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
pellant le ſeruiteur d'Abraham ſon Seigneur, ſon Monſieur. Tant de petites
ſuperbes qui ne voudroient s'humilier à quoy que ce fuſt, & tiennent le reſte
du monde, & luy parlent comme ſi c'eſtoient des eſclaues, ſe faiſant ſeruir
comme ſi elles eſtoient quelque diuinité.
3. Sa charité eſtant requiſe de donner à boire elle ne s'excuſe point ſur
ce qu'elle ne connoit pas cet homme, ne dit pas qu'il eſt tard, qu'elle eſt
preſſée de retourner, qu'elle eſt trop ieune & peu forte pour tirer de l'eau
en telle quantité comme il en falloit pour abbreuuer tous les chameaux ;
ne luy dit pas qu'il en tire luy-meſme, ou qu'il en faſſe tirer par quelqu'vn
des ſiens : mais le ſert promptement, luy rendant plus de ſeruice qu'il ne
luy demandoit, ſans ſe ſoucier ſi ſes compagnes auec leſquelles elle eſtoit
venuë, s'en retournent, poſtpoſant tout le reſte à l'exercice de la charité,
voire enuers vn eſtranger.
4. Sa grande modeſtie & douceur à reſpondre, & la bonne grace auec
laquelle elle-meſme preſente ſa cruche au ſeruiteur, la penchant douce-
ment pour l'ayder à boire : Elle n'attend point qu'il l'a prie d'abbreuuer ſes
chameaux, ce qu'il n'euſt oſé faire ; elle le fait ſans en eſtre priée auec vne
admirable bonté, charité, promptitude, diligence, humilité, & auec vne
modeſtie & pudeur virginale ; & quoy qu'elle ſçeut comme il eſt probable
qu'il eſtoit ſeruiteur d'Abraham, elle ne l'amena pas tout auſſi toſt à la
maiſon comme vne eſtourdie, ce qui n'eut pas eſté bien-ſeant à vne pucelle,
ſa modeſtie ne luy permit de le faire, mais en vient donner la nouuelle à ſa
mere.
5. Sa chaſteté ſignifiée par ces paroles, virgo pulcherrima, vne tres-belle
fille. Il deſcrit, dit Procopius, ſa beauté, pour donner le relief à ſa chaſteté,
en ce que n'ayant pas ſa pareille en beauté, elle eſtoit toutefois tres-pure
& eſloignée de toute corruption. L'Eſcriture ſaincte dit, virgo & incognita
viro
, vne vierge, & qui n'auoit eu aucune accointance ny approche auec au-
cun homme. N'eſtoit-ce pas aſſez de dire vierge, pourquoy adjouſter, qui
n'auoit eſté touchée d'aucun homme? Procopius, Clement Alex., Origene,
diſent que cette repetition monſtre qu'elle eſtoit vierge, & de corps, & d'eſ-
prit ; & ſa pureté eſt d'autant plus admirable, qu'elle eſtoit plus belle, &
qu'elle ne cachoit pas ſa beauté dans la maiſon, mais alloit en public querir
de l'eau à la veuë de tout le monde, d'où j'infere ou vne grande integrité
aux hommes de ce temps-là ; ou vne admirable & extra-ordinaire chaſteté
en Rebecca.
6. Sa retenuë, elle n'accourut pas auſſi toſt à cet homme pour luy de-
mander qui il eſtoit, d'où il venoit, où il alloit, ne luy parla pas la premiere,
ne le ſalua point, qu'il n'eut parlé : auſſi ne fit-elle pas la dedaigneuſe, le
meſpriſant

448
Tableav racovrcy dv bon Mariage,
meſpriſant comme eſtranger, mais auſſi toſt qu'elle fut priée luy donna à
boire : ſa chaſteté n'a pas empeſché ſon hoſpitalité, ny ſon hoſpitalité n'a pas
derogé à ſa chaſteté, dit Procopius.
Ie remarqueray quelques autres de ſes vertus au Traité 23. 24. 26.
Le 15. trait du tableau eſt encore vn trait de la prudence d'Eliezer. Le bon
homme eſtoit tout ravy, contemplant la modeſtie, pudeur, diligence, charité,
humilité, & autres vertus de cette fille, & voyoit bien qu'elle eſtoit propre
pour eſtre femme de ſon petit maiſtre : toutefois ne ſe contentant pas encore
de cela, il luy demande de qui elle eſtoit fille, pour voir ſi cela correſpond-
roit au pronoſtique de ſon ſigne. Sa reſponſe luy fit aſſez connoiſtre qu'elle
eſtoit celle qu'il cherchoit. Elle, outre les bien faits ſuſdits l'aſſeure auec vne
grande candeur & charité qu'il y a en la maiſon de ſon pere quantité de paille
& de foin, que la maiſon eſt ample & capable pour y loger. Ce qu'entendant,
il ſe proſterna en terre, & adora Dieu, le remerciant de l'heureux ſuccés
qu'il luy auoit donné, attribuant le tout à ſa prouidence, & luy en imputant
toute la gloire.
Il fait paroiſtre ſa prudence, ne croyant pas de leger, mais cherchant
toutes les aſſeurances qu'il peut, confondant en cela la legereté & temerité
d'aucuns qui ſe laiſſent emporter aux premieres apparences, meſme aux
affaires d'importance. Il monſtre ſa pieté par la reconnoiſſance qu'il fait à
Dieu, qui eſt vne grande diſpoſition à ce que Dieu daigne mener à chef ce
qu'il a commencé, puis que l'ingratitude bouche ſouuent les canaux de ſes
graces, & en empeſche les influences vers ceux, leſquels s'attribuans ce qui
prouient de la liberalité & prouidence Diuine, ſe rendent indignes de la con-
tinuation d'icelles.
16. Eliezer n'ayant plus d'occaſion de douter de la perſonne qu'il cher-
choit, & deſcouurant manifeſtement la volonté de Dieu en cette affaire, luy
donna des pendans d'oreilles & des braſſelets d'or, partie en reconnoiſſance
des faueurs qu'il auoit receu d'elle, partie pour luy faire affectionner Iſaac ;
partie pour arres de ſon mariage.
Les pendans d'oreilles repreſentent la foy, qui vient par l'oreille, dit
Que ſigni-
fient les
pendans
d'oreilles,
les braſſe-
lets.
l'Apoſtre : les braſſelets la charité, qui ſe fait paroiſtre par les œuures ;
l'vne ne ſert de rien ſans l'autre. Les pendans d'oreilles peuuent auſſi ſig-
nifier l'obeyſſance interieure ; les braſſelets, l'exterieure : les pendans d'or-
eilles vn entendement docile & preſt à eſcouter ce qu'on commande : les
braſſelets vne volonté prompte à le mettre en pratique. Les pendans d'or-
eilles vne doctrine celeſte & diuine : les braſſelets des œuures conformes
à cette doctrine. O les beaux ornemens pour les filles qui ſont à marier !
17. Auſſi-toſt Rebecca accourut à la maiſon, & raconta à ſa mere ce qui
s'eſtoit

449
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
s'eſtoit paſſé, & luy monſtra les preſents. Bel enſeignement aux filles de
communiquer auec leurs peres & meres, pour euiter les tromperies de ces
petits tiercelets qui ne cherchent que d'attirer à l'eſcart ces pauures co-
lombes pour les perdre, & ſur tout apprehendent la communication auec
Filles ne
doiuent
traitter a-
uec hom-
me à l'in-
ſceu de
pere &
mere.
les peres & meres, ſçachans que c'eſt la ruine totale de leur deſſein. La mere
de Samſon ſe monſtra admirable en ſemblable fait laquelle ne voulut com-
muniquer auec l'Ange, ny ſçauoir les heureuſes nouuelles qu'il luy appor-
toit de la part de Dieu ſans la permiſſion de ſon mary, Iudic. 13. Apprenez
filles & femmes quelle reſerue vous deuez auoir, communiquans auec les
hommes & receuans des preſens de leur part, que ce ne ſoit qu'à demy gag-
nées. Si Eue n'euſt communiqué auec le ſerpent ſans ſon mary, elle n'euſt
eſté trompée, ny la cauſe de noſtre perte.
Pourtrait
d'vn bon
pere de
famille.
18. Comme Rebecca eſt le pourtraict des vierges, auſſi Laban ſon frere
eſt celuy des peres de famille ; auſſi toſt qu'il eut entendu le rapport de ſa
ſœur, 1. il ſortit pour aller au deuant du maiſtre d'Hoſtel, & l'inuiter à
prendre logis, il n'attendit point qu'il en fuſt prié. 2. L'ayant rencontré, il
luy parla courtoiſement & pieuſement, l'appellant le benit d Dieu. 3. Fait
entrer tous ceux de ſa ſuite, ſans ſe ſoucier des frais. 4. Deſſelle les cham-
eaux, appreſte l'eau à lauer les pieds, met la table. 5. Ayant entendu le nar-
ré du maiſtre d'Hoſtel, attribuë tout à la prouidence Diuine, ſans y appor-
ter aucune oppoſition. 6. Il ne contrainct pas ſa ſœur à ce mariage, ou à
s'en aller promptement, ains demande ſon conſentement. 7. Ne retient pas
le ſeruiteur auec importunité. 8. Pouruoit ſa ſœur de bonne compagnie, &
de perſonnes qui en ayent ſoin. 9. Luy ſouhaite toute ſorte de proſperité &
benediction.
Remarquez qu'en cette maiſon freres & ſœurs tous vniuerſellement con-
ſpiroient à l'hoſpitalité & à exercer la charité, & apprenez qu'à leur imita-
tion, vous deuez receuoir les eſtrangers comme les benits de Dieu.
19. Apres les complimens & ſalutations ordinaires, mais pluſtoſt d'vne
charité extraordinaire, on inuite Eliezer à vouloir prendre quelque refection ;
Le ſerui-
teur doit
preferer
le bien de
ſon mai-
ſtre à ſes
propres
commo-
ditez.
la table eſtoit couuerte. Luy preferant le ſeruice de ſon maiſtre à ſes commo-
ditez, Ie n'ay garde, dit-il, de prendre vne ſeule bouchée que ie ne me ſois deſ-
chargé de ma commiſſion. O qu' Abraham eſtoit heureux d'auoir rencontré
vn ſeruiteur ſi fidele & ſi ſoigneux en ſes affaires ! S'il fut recommandable en
cette action, il ne le fut pas moins en ſa harangue, laquelle il commença par
la recommandation de ſon maiſtre, pretendant (comme remarque Proco-
pius
) de faire voir qu'Abraham eſtoit vn grand Roy, que Dieu en auoit vn
ſoin particulier, qu'il l'auoit doué de grandes richeſſes & d'honneurs, & que
pour comble de beaucoup d'autres faueurs, il luy auoit donné vn fils mira-
culeuſement;
L l l

450
Tableav racovrcy dv bon Mariage,
culeuſement ; & puis fit le narré de ſa commiſſion & de ſes aduantures.
Bel exemple aux ſeruiteurs, comme ils doiuent preferer le ſeruice de leurs
maiſtres à leur commoditez : parler d'eux honorablement, procurer leur bien,
& s'acquiter fidelement des commiſſions qu'ils leurs mettent en main.
20. Ayant expoſe ſa commiſſion, Laban, qui auoit charge de cette affaire,
voire de toute la maiſon, ſoit ou que le pere fut mort comme aucuns croient,
ou qu'il fuſt vieil, dit, Cette affaire eſt conduite de Dieu, c'eſt ſa volonté que ce
mariage ſe faſſe, ie ne puis my oppoſer, & y conſentit adorant la prouidence
Diuine. Rebecca entendoit tout ce diſcours, ouyt comme ſes freres conſen-
toient à ſon mariage, & par ſon filence monſtra aſſez qu'elle en eſtoit contente.
Apprenez à ne vous oppoſer iamais à la volonté de Dieu, lors que vous
la reconnoiſtrez, quis reſlitit Deo, & pacem habuit? qui eſt-ce qui peut auoir du
contentement reſiſtant à Dieu ?
21. Le conſentement eſtant donné, Eliezer ſe ietta de genoux en terre, &
remercia Dieu, & par cette action, dit Procopius, il monſtra en quelle maiſon
il ſeruoit, & qu'il eſtoit ſeruiteur d'vn maiſtre deuot, & craignant Dieu.
La pieté & deuotion des ſeruiteurs eſt marque de celle des maiſtres : or-
nairement tel maiſtre, tel valet.
22. Le lendemain dés le matin Eliezer demanda ſon congé, ſoit qu'il euſt
peur qu'on ne ſe deſdiſt s'il tardoit plus long-temps, dit Procopius : ſoit de de-
ſir de porter incontinent cette heureuſe nouuelle à ſon maiſtre : ſoit par dili-
gence & promptitude en l'execution de ce qui luy eſtoit ordonné. Et quoy que
les parens de la fille deſiraſſent de la retenir au moins dix iours pour l'accom-
moder, la careſſer, & luy dire à Dieu, il n'y voulut acquieſcer. Les ſeruiteurs
ont bien de quoy icy à imiter, & tous ceux qui ſe chargent de quelque com-
miſſion.
23. Sur l'inſtance que fit Eliezer de s'en retourner promptement, les fre-
res de Rebecca s'en remirent à elle, demandans ſon aduis & conſentement ;
non pour la promeſſe du mariage, elle auoit eſté donnée par le conſentement
exprés des freres, & par le tacite de la fille : mais pour vn prompt depart, com-
La fille
doit laiſ-
ſer le
choix
d'vn ma-
ry à ſon
pere.
me remarque S. Ambroiſe, & adiouſte vn aduis aux filles, Adoleſcentula, dit-il,
nubat, ſed vt electionem mariti parentibus deſerat, ne appetentiæ procacioris æſti-
metur autor, ſi ipſa de nuptijs ſuis electionem ſibi vendicet. Expetita enim magis
debet videri à viro, quam ipſa virum expetiſſe. Verecundiam præmittat antequam
nubat quo ipſum coniugium plus commendet verecundia
. Ie ſuis content que la
fille ſe marie, mais à condition qu'elle laiſſe le choix d'vn mary à ſes peres
& meres, & à ceux qui tiennent leur place, de peur que le voulant choiſir
elle-meſme, elle ne faſſe croire qu'elle recherche vn mary pluſtot que d'eſtre
recherchée. L'honneſteté demande qu'vn mary recherche vne femme, pluſ-
toſt

451
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
toſt qu'vne femme vn mary. La pudeur doit preceder ſon mariage pour le ren-
dre d'autant plus recommandable. Voila comme parle S. Ambroiſe. Que les
filles ſçachent qu'elles ne peuuent rien apporter en mariage qui ſoit plus
agreable à leurs maris, qu'vne honneſte vergogne & chaſte modeſtie : & celles
qui l'ont perduë, & qui pendant les recherches ſe ſont laiſſé aller aux impor-
tunitez de leurs eſpoux, & leurs ont donné trop de liberté, n'en ont ordinaire
ment autre recompenſe, quand elles ſont mariées, que des reproches & des
iniures honteuſes : au contraire celles qui qui ſe ſont monſtrées fermes &
craignants Dieu, ſont dans l'eſtime & cheres à leurs marys.
24. Quelqu'vn trouuera eſtrange la reſolution de Rebecca, laquelle auſſi-
toſt, & ſans autre conſultation, dit vadem. Me voila preſte à partir. Quoy ! ſi
toſt ! ſortir ſi promptement de la maiſon paternelle ! quitter ſa chere mere,
quaſi ſans luy dire à Dieu ! abandonner ſes freres & autres parens ! s'en aller
en pays loingtain, & qu'elle ne connoiſt pas ! ſuiure vn homme, vn ſeruiteur
qu'elle n'a iamais veu que cette fois ! aller trouuer vn mary, qui ? de quelles
humeurs ? de quel naturel ? comment fait ? tout cela luy eſt inconnu. N'a-on
pas ſubiect de dire qu'elle eſt de la categorie de ces ieunes eſuentées qui ne
s'en ſoucient pas, moyennant qu'elles ſoient mariées, ſans penſer plus auant ?
mais conſiderez que tout cela eſtoit myſterieux, & ſe faiſoit par vn inſtinct
Ne faut
differer
les œu-
vres de
Dieu.
particulier du ſainct Eſprit, autheur de tout ce mariage, qui donnoit la volon-
té à cette fille de ſe marier, & la promptitude pour l'execution. C'eſt pourquoy
ſainct Ambroiſe dit, merito dilationem non attulit, iure enim properare debuit
ad maritum
, c'eſt à bon droict qu'elle n'a pas differé, car la raiſon deman-
doit qu'elle allaſt auſſi-toſt vers ſon mary. Eſtant aſſeurée de la volonté de
Dieu, elle a fait conſcience d'y apporter du delay, neſcit tarda molina, Spiri-
tus Sancti gratia
. Les affaires qui ſont de Dieu, ne doiuent ſe remettre de iour
à autre.
C'eſt vn aduis ſalutaire de proceder aux nopces le pluſtoſt que faire ſe
peut depuis que les fiançailles ſont faictes, pour euiter des grands inconuen-
iens qu'on voit tous les iours, principalement quand on eſt obligé de conuer-
ſer familiairement par enſemble.
25. Rebecca monte gaillardement ſur vn chameau. Voyez, dit S. Chryſoſt.
Genero-
ſité de
Rebecca.
quelle fille eſpouſe le Patriarche Iſaac : fille faicte à la fatigue, qui va à l'eau,
porte la cruche ſur ſes eſpaules, monte les chameaux. En ce conuoy de nop-
ces, mais de perſonnes de telle qualité, on ne voit point de mules ayant le
crin richement lacé d'or & d'argent ; ny grand nombre de pages, laquais, ou
eſtafiers ; point de ces mignardiſes, & delicateſſes qu'il faut maintenant aux
filles ; on y voit des filles douées d'vne force & courage virile ; capables
de
L l l 2

452
Tableav racovrcy dv bon Mariage,
de monter les chameaux, & ſouffrir le trauail d'vn long voyage. L'eſpouſe
eſt vigoureuſe, elle n'a que faire de tant de caroſſes & lictieres, ny de tant
d'attirail & d'ornemens, ſes plus riches parures, ſes ornemens plus pretieux
ſont ſes vertus, ſa beauté eſt toute naturelle ſans meſlange de fard ou d'arti-
fice.
26. Iſaac eſtoit ſorty de la ville ſur le ſoir, ſe promenoit à l'eſcart & en
L'oraiſon
eſt vne
bonne di-
ſpoſition
au maria-
ge.
lieu qui n'eſtoit pas beaucoup frequenté, s'entretenant en des ſainctes &
celeſtes penſées, meditant les choſes Diuines. Egreſsus eſt domo vir iustus
ad orationem, & ſpirituales Deo victimas obtulit
, dit ſainct Hieroſme. Le ſaint
homme eſt ſorty de la maiſon pour prier, & a offert à Dieu des victimes ſpi-
rituelles.
Voyez la pieté de ce ieune homme. Voulant ſe marier il ſe diſpoſe à
cet eſtat par l'oraiſon & familiarité auec Dieu, croyant que le meilleur
ſondement de ſon mariage eſt la deuotion, par laquelle Dieu veut qu'on
l'oblige à ſeconder de ſes faueurs nos entrepriſes, & principalement le ma-
riage, qui eſt vne affaire de ſi grande importance. Et non ſeulement Iſaac
vacque à l'oraiſon, mais choiſit le lieu propre, ſçauoir lieu ſolitaire, ſça-
chant que c'eſt là que Dieu traitte auec l'ame, a egard au temps, qui eſt ſur
le tard.
Les diſpoſitions que la pluspart apportent au mariage ſont des ieux, des
ballets, des collations ſomptueuſes, des feſtins, des lettres impudiques, des
chanſons des-honneſtes, des hantiſes & familiaritez abominables, des trains
qui ſurpaſſent la qualité, des habits ſuperflus, des vanteries, des menſonges,
des piperies & tromperies, des vaines eſperances, & ſemblables deſordres
& diſſolutions : & quel bien en peut-on eſperer ? ſouuent au lieu d'auoir
recours à Dieu & à l'oraiſon, on a recours à des inuentions Diaboliques, à
des perſonnes infames, à des maquerelles pour venir au bout de ſes preten-
ſions.
27. Rebecca apperçut Iſaac, demanda à Eliezer qui eſtoit cet homme, &
ayant entendu que c'eſtoit Iſaac ſon eſpoux, deſcendit de ſon chameau, & ſe
couurit de ſon manteau.
Conſiderez dit S. Chryſoſtome, la generoſité284 de cette fille. Elle ne fit pas
Generoſi-
té de Re-
becca
.
la mignarde & doüillette voyant ſon eſpoux, ne prit point d'excuſe ſur la laſſitude
de son voyage, mais auec vne vigueur maſle, deſcendit de ſon chameau. Elle
n'eut que faire, ny d'ecuyer, ny de l'aſſiſtance de ſes filles, ny d'autre, mais ſeule
d'vne promptitude virile ſe met à pied pour monſtrer le reſpect qu'elle porte à
ſon eſpoux : elle ſe couure de ſon voile, c'eſt la marque de ſa modeſtie & ſaincte
vergogne : elle ſçauoit qu'elle ne pouuoit ſe rendre plus aimable à ſon eſpoux
que par tels ornemens.
Apprenez filles, dit S. Ambroiſe, ſi l'honneſteté qui vous doit eſtre tant
recom-

453
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
recommandable vous permet de vous faire voir ſans voile deuant des eſtran-
gers, puis que Rebecca ne ſe laiſſe voir meſme à ſon eſpoux. Et que diroit
S. Ambroiſe s'il voyoit ces petites impudentes pour ne dire impudiques &
effrontées qui font gloire de ſe faire voir à tous venans, & allans auec des nu-
ditez infames ?
Pudeur
recom-
mandable
aux filles.
La fille qu'on va marier ne ſouhaite rien tant que de plaire à ſon eſpoux :
elle croit qu'elle luy plaira, s'il la trouue belle ; elle ſe peigne, ſe friſe, ſe parfu-
me, ſe farde, s'enjoliue, ſe pare, & ainſi ſe prenſente à ſon mary taſchant de ga-
gner ſon affection par ces parures. La ſage Rebecca n'a pas tant cherché de
paroiſtre belle comme de paroiſtre honneſte & chaſte : elle n'a pas fait para-
de & montre de ſa beauté, mais de ſa pudeur : elle n'a pas craint d'en eſtre
meſpriſée, au contraire elle a creu que rien ne la pouuoit rendre plus recom-
mandable que cette pureté virginale, cette modeſtie Angelique, cette pu-
deur & vergogne Archangelique. Elle a monſtré dit S. Ambroiſe qu'elle eſtoit
vierge par ſa grauité, en faiſant marcher deuant ſoy la pudeur, allant poſe-
ment, ayant la face modeſte, les yeux baiſſez, Virginem grauitas ſua nuntiat,
pudore obuio, gradu ſobrio, vultu modeſto, & prænuntia integritatis anteeunt ſigna
virtutis
.
Ie demanderois volontiers à ces petites effrontées & impudentes, quelle
opinion on peut prendre de leur pudicité, lors qu'on ne voit en elles autre
choſe que des legeretez ; qu'elles ſont eshontées, affectées en leur marcher,
la face impudique, les yeux laſcifs, le ſein nud, les bras à l'air, les mains fretil-
lantes, la langue ſans arreſt : hardies comme des lions, la teſte leuée comme
des biches : & que peut eſtre le cœur ſinon vne fonderiere d'impudicité, &
vn vray temple de Venus ?
28. Iſaac mena Rebacca dans le quartier de feüe ſa mere, morte depuis
Modeſtie
des no-
pces d'I-
ſaac
.
trois ans, & la prit pour femme. Sainct Chryſoſtome. Conſidera hic quomodo
nuſquam ſuperflua illa & inutilia, nuſquam diabolica pompa, nuſquam tibæ, &
choreæ, & ſatanica illa conuiuia, & ſcommata omni obſcœnitate plena, ſed omnis
honeſtas, omnis ſapientia, omnis mititas.
Conſiderez qu'en ces nopces ne ſe re-
trouue aucune ſuperfluité, ny choſe inutile : point de pompe Diabolique,
point d'inſtrumens de muſique, ny de danſes : point de banquets de Satan,
ny de broquarts pleins de tout impudicité : mais on n'y voit que toute ſor-
te d'honneſteté, toute ſorte de ſageſſe, & modeſtie, toute douceur. Voila la
modeſtie de ces nopces, voire d'vn grand Seigneur, qui condamne la ſuper-
fluité qui ſe retrouue à celles de pluſieurs Chreſtiens, meſme de condition
fort mediocre. Et les inſolences & impudicitez qu'on y voit, & qu'on y en-
tend quaſi ordinairement, & où il ſemble à pluſieurs qu'il y faut leuer la
bonde de modeſtie, de pudeur, de toute vertu pour ſe laiſſer aller à toute li-
berté, autrement la feſte n'eſt pas bonne.
26. Iſaac
L ll 3

454
Tableav racovrcy dv bon Mariage,
29. Iſaac l'ayma ſi tendrement, qu'il modera la douleur qu'il auoit conceu
Charmes
puiſſans
des fẽmes
pour ſe
faire ay-
mer, la
vertu, &
l'amour
de leurs
marys.
de la mort de ſa mere. Cet amour procedoit, dit Procopius, des deux plus
puiſſans philtres qu'vne femme puiſſe auoir pour ſe faire aymer de ſon mary :
ſçauoir eſt, virtus, & amor, la vertu & l'amour, qui ſont des charmes ſi puiſ-
ſans, qu'il n'y a mary ſi farouche qui ne s'adouciſſe ; ſi ſauuage, qui ne s'apri-
uoiſe ; ſi tygre, qui ne deuienne agneau ; ſi diſſolu, qui enfin ne ſe rende à
la chaſteté : Si la femme eſt deuote, patiente, debonnaire, miſericordieuſe,
craignant Dieu, voila le premier philtre. Et ſi nonobſtant le mauuais meſ-
nage de ſon mary, ſes desbauches, ſes diſſolutions, le mauuais traittement
qu'il luy fait, elle luy monſtre de l'amour, le ſert, luy obeyt promptement
& humblement, voila la ſecond. Il faudroit qu'vn mary fut entierement
deſnaturé, & eut perdu tout ſentiment de raiſon, pour n'eſtre gaigné par ces
charmes ; & l'experience a fait voir que pluſieurs par iceux qui ſembloient
deſeſperez, ſe ſont rangez dans les bornes de la modeſtie & honneſteté con-
iugale.
Cet amour d'Iſaac enuers Rebecca addoucit bien la triſteſſe qu'il auoit
Le mary
ne doit
oublier
pere &
mere pour
l'amour
de ſa fẽ-
me.
conceu de la mort de ſa mere, mais ne l'oſta pas entierement : O le bon
fils ! combien qui auſſi toſt qu'ils ſont mariez ſe laiſſent emporter dans vn
tel oubly de pere & mere, que vous diriez qu'ils ſont deſnaturez, perdent
toute volonté de les aſſiſter s'ils ſont encore en vie, ou s'ils ſont morts, enſe-
ueliſſent leur memoire, ne leurs rendans auncun deuoir pour le ſoulagement
de leurs ames.
30. La verſion Chaldaïque a, Introduxit eam Iſaac in tabernaculum, & vidit,
& ecco opera eius recta erant, ſicut opera Saræ matris ſuæ.
Il la fit entrer dans la
maiſon, conſidera ſes deportemens, & trouua ſes actions louables, & ſembla-
bles à celles de Sara ſa mere. Voila vne cauſe du grand amour qu'il auoit
pour elle : ſçauoir que cette prudente femme quita incontinent la façon de
viure de ſon pays, les habitudes particulieres de la maiſon paternelle, taſcha
de ſe former entierement ſur le modelle de la vie de feüe ſa belle mere, aſſez
connue par le rapport des domeſtiques, & par la reputation que ſes vertus
luy auoient acquiſe. C'eſt ce qui a rendu l'eſpouſe myſtique ſi aymable à ſon
La fẽme
ſe doit
confor-
mer à ſa
belle me-
re.
eſpoux. Audi filia, & vide, & inclina aurem tuam & obliuiſcere populum tuum, &
domum patris tui, & concupiſcet Rex ſpeciem tuam.
Eſcoute ma fille, & regarde,
preſte l'oreille, oublie ton peuple, & la maiſon de ton pere, & le Roy conuoi-
tera ta beauté.
Salutaire precepte à vne ieune femme ſi elle veut obliger ſon mary à
l'aymer, qu'elle oublie ſes anciennes façons de faire, qu'elle ſe conforme
du tout aux mœurs de ſa belle mere, entant qu'elles ſont louables : qu'elle
la tienne comme ſa propre mere, & à peine ſe pourra-il faire que ſon ma-
ry ne l'ayme.
O qu'E-

455
Qvi est le Mariage d'Isaac avec Rebecca.
O qu'Eliezer diſoit fort bien, Per hoc intelligam quod feceris miſericordiam
cum Domino meo Abraham
, c'eſt par ce ſigne mon Dieu que ie connoiſtray
que vous auez fait miſericorde à mon maiſtre Abraham, mais par quel ſigne ?
Ce n'eſt ny par la beauté, dit Theodoret, ny par les richeſſes, ny par la ſplen-
deur de ſa maiſon : mais par ſon hoſpitalité, affabilité, douceur, condeſcen-
dance, obeyſſance à ſon mary : Abraham eſtant doué de toutes ces vertus, c'eſt
vne inſigne miſericorde que Dieu luy fait de luy donner vne bru, qui symbol-
iſe285 auec luy, & qui luy ſerue de fille en ſa vieilleſſe, & entretienne la paix
en ſa maiſon, par la conformité, & d'humeurs & de mœurs.
Voila ſommairement quelques traits de ce grand tableau du mariage d'I-
ſaac
& de Rebecca, tableau inuenté par le S. Eſprit, & effigié par Moyſe : Il peut
donner de l'exercice aux peres & meres, les ieunes gens en peuuent tirer
copie & tous ceux qui ſe meſlent de contribuer aux mariages, le peuuent pren-
dre pour modelle ; ceux qui le voudront bien conſiderer, trouueront que
c'eſt quaſi tout ce que i'ay dit en cet œuure, reduit au petit pied, & mis en
pratique par Abraham, Iſaac, Rebecca, & tous ceux qui ont contribué à ce
mariage.






Cul de lampe à motif floral.
















TRAITE

456

Bandeau décoré.
TRAITE'
DES VEFVES.

Filet cadre, rayé.
De l'eſtat des Vefues.

CHAPITRE I.

Lettrine "Q".
QVoy que les vefues ſoient hors de l'eſtat de mariage, par ce
toutefois qu'ils y ont eſté, & y peuuent rentrer, & que ceux
qui ſont mariez s'y peuuent rencontrer : i'ay creu eſtre obli-
gé de dire quelque choſe de cet eſtat, afin que ceux qui y
ſont & qui pretendent y perſiſter, en faſſent l'eſtat qu'ils
doiuent, y trouuent leur conſolation, & ſçachent comme
il faut s'y comporter, & ceux qui cherchent l'occaſion d'en ſortir, ne puiſſent
pretendre aucune cauſe d'ignorance : & enfin ceux qui n'y ſont pas encore,
ſe premuniſſent par la connoiſſance que ie leurs en donneray.
Quand l'Eſcriture Sainte ou les Saints Peres parlent de l'eſtat des vefues,
Que c'eſt
que l'e-
ſtat des
vefues.
ils entendent ordinairement vne continence volontaire, & abſtinence
libre du mariage, apres auoir eſté marié vne fois, ſoit des hommes ſoit des
femmes : & quand cette continence eſt confirmée par vœux, c'eſt proprement
eſtat, c'eſt à dire, vne condition & qualité de vie ſtable, fixe & permanente,
comme eſtant aſſeurée, eſtablie & confirmée par le moyen des vœux. C'eſt
l'eſtat de viduité que les ſaints peres apres l'eſcriture ſainte priſent tant, &
duquel ſe trouuent des liures entiers eſcrits, entre autres par S. Ambroiſe, S.
Auguſtin
, S. Hieroſme, S. Fulgence.
C'eſt l'eſtat auquel S. Paul exhorte I. Corinth. 7. Comme eſtant plus pro-
pre pour ſeruir Dieu, & auquel appartient plus grande recompenſe, & du-
quel les ſaincts peres parlent ſi fauorablement : entre autres S. Ambroiſe,
libro

457
Traite' des Vefves.
libro de viduis286, en ces paroles que i'ay choiſy entre pluſieurs autres, d'autant
qu'elles monſtrent la diuerſité des trois eſtats qui ſont en l'Egliſe, dont nous
auons parlé au commencement de cette œuure. Docemur triplicem castitatis
eſſe virtutem, vnam coniugalem, aliam viduitatis, tertiam virginitatis, non enim
aliam ſic prædicamus, vt excludamus alias: ſuis quibuſque conditionibus iſta con-
ducunt. In hoc Eccleſiæ opulens diſciplina: quod quos præferat habet, quos reijci-
at non habet, atque vtinam nunquam habere poſſit. Ita igitur virginitatem prædi-
camus, vt viduas non reijciamus: ita viduas honoramus, vt ſuus honos coniugio re-
ſeruetur: non noſtra hæc præcepta, ſed diuina teſtimonia docent.
On nous enſeigne
qu'il y a trois ſortes de chaſteté : vne coniugale, l'autre des vefues, & la troiſi-
eſme des vierges : nous n'en priſons pas tellement vne, que nous rejettions
les autres, elles conuiennent à chacun ſelon ſa condition : C'eſt en cela que
paroit la riche diſcipline de l'Egliſe : laquelle en a aucuns qu'elle prefere aux
Les trois
eſtats de
l'Egliſe.
autres, mais n'a perſonne qu'elle rejette, & Dieu veuille qu'elle n'en ayt ia-
mais à rejetter. Nous priſons donc la virginité ſans depriſer les vefues : nous
honorons les vefues, ſans priuer les mariez de l'honneur qui leurs eſt deu.
Ce que nous faiſons en cela n'eſt pas de noſtre authorité, mais par l'autho-
rité & teſmoignage diuin.
Trois ſor-
tes de
vefues.
Il y a trois ſortes de vefues ſelon la remarque qu'en fait S. Auguſt., lib. de
Sancta viduitate
: aucunes ſont vefues du Diable, d'autres du Monde, &
les troiſieſmes vefues de Dieu. Les vefues du Diable ſont celles qui eſtant pri-
uées de leurs marys, n'ont autre ſoin que de contenter leur ſenſualité ; autres
Les vefues
du Diable.
penſées que de ſatisfaire à leurs voluptez, qui ſont vaines, curieuſes, trotti-
eres287, dont S. Paul parle. I. ad Timoth. 5. en ces termes, adoleſcentiores vi-
duas deuita, cum enim luxuriatæ fuerint in Chriſto, nubere volunt, habentes damna-
tionem quia primam fidem irritam fecerunt, ſimul autem & otioſæ, diſcunt circuire
domos, non ſolum otioſæ, ſed & verboſæ & curioſæ, loquentes quæ non oportet,
iam enim quædam conuerſæ ſunt retro poſt Satanam
. N'admettez pas ces ieunes
vefues dans l'aſſemblée de celles qui ſe ſont dediées à Dieu, & qui ſont en-
tretenues de l'Egliſe, l'experience m'a fait voir qu'apres qu'elles ont eſté
bien nourries & engraiſſées aux deſpens de l'Egliſe, elles ſecoüent le joug,
rompent leurs vœux, enfreignent leurs bons propos de chaſteté, & penſent
à ſe remarier au preiudice & des-honneur de la religion Chreſtienne, & de
Ieſus-Chriſt, qu'elles auoient pris pour eſpoux : elles ſont infames deuant
les hommes entant qu'elles quitent l'eſtat de viduité, dont elles auaient
fait comme profeſſion publique : coupables deuant Dieu, puis qu'elles font
diuorce auec luy apres s'y eſtre conſacrées par le vœux de continence, pour
faire alliance auec Aſmodée preſident des voluptez & lubricitez. Elles ſont
oyſeuſes, caquetieres, trottieres288, curieuſes, diſans beaucoup d'impertinen-
ces : nous en auons deſia veu aucunes, qui ont abandonné Ieſus-Chriſt, pour
ſuiure
M m m

458
Traite' des Vefves.
ſuiure leurs voluptez. Voilà le diſcours de ſainct Paul. On trouue quelque-
fois ſemblables vefues leſquelles frequentent les Egliſes, reçoiuent ſou-
uent les Sacremens, traittent auec des gens d'Egliſe, font des deuotes &
ſpirituelles exterieurement & en apparence, & ſouuent ce n'eſt à autre deſ-
ſein, que pour ſe donner de la reputation, pour paſſer le temps, pour voir,
ou eſtre veuës, & pour auoir quelque couuerture de leur liberté.
Les vefues
du Mõde.
Les vefues du Monde ſont celles qui viuent honneſtement en l'eſtat
de leur viduité, ſans toutefois ſe priuer de la liberté de ſe remarier, ains
en cherchent les commoditez & occaſions, ne s'obligeans à cet eſtat par
aucuns vœux de continence ; elles ſont vefues de corps, & non de cœur.
Aucunes n'ont point d'intention de ſe remarier, non pour l'amour de
Dieu, ny pour affection qu'elles portent à la continence, mais pour ne
s'engager vne autre fois dans les embarras du mariage ; pour ne depen-
dre des fantaiſies d'vn mary, pour n'eſtre ſubjettes à ſes caprices, pour
eſtre Dames & Maiſtreſſes de leurs actions, viure auec plus de liberté, &
d'independance ; employent au reſte tout leur temps & induſtrie au ſoin
des choſes temorelles, ne penſans qu'à faire leur maiſon, pouruoir leurs
enfans, & les aggrandir ſelon le mõde, quoy qu'elles ne laiſſent de viure cha-
ſtement & modeſtement : cet eſtat a quelque luſtre & gloire deuant le mon-
de, mais non deuant Dieu. Il s'en eſt trouué beaucoup de ſemblables parmy
les Payens, louées par les autheurs, comme Æmilia, Martia fille de Ca-
ton289, Valeria Romaine, & autres : s'en trouuent quantité parmy les Chre-
ſtiens, mais ſans aucun merite de leur viduité.
Les vefues
de Dieu.
Les vefues de Dieu ſont celles, qui pouuans ſe remarier preferent
l'eſtat de viduité aux ſecondes nopces, purement & ſimplement, par de-
ſir de plaire à Dieu, de le mieux ſeruir, & par vne ſaincte affection qu'el-
les portent à la continence, qui ne cherche en cet eſtat que de conſacrer
toutes leurs affections à Dieu, & s'vnir à luy de tout leur cœur, mettant
en luy toute leur eſperance, & tout leur amour, comme l'eſpouſe fait à ſon
eſpoux ; puis qu'elles le choiſiſſent pour leur mary, pour leur protecteur
& conſolateur, s'obligeans à tel eſtat par vœu, par lequel elles offrent
leurs corps & leur chaſteté à Dieu, afin de rejetter toutes penſées de ma-
riage, comme choſe qui leurs eſt deſormais illicite, & conſacrer la der-
niere partie de leur vie entierement à Dieu. Ce qui ſe doit faire auec gran-
de prudence & maturité, & apres vne grande preuue & experience de leur
conſtance, & non ſans auoir inuoqué auparauant l'aide & aſſiſtance du
ſainct Eſprit, de peur qu'elles ne ſoient auec le temps du nombre de cel-
les, dont parle S. Paul, leſquelles apres s'eſtre données à Dieu, le quitent &
l'abandonnent, pour ſuiure vn Diable d'Aſmodée auec ſcandal, & au preiu-
dice de la religion.
C'eſt

459
Traite' des Vefves.
C'eſt de ſemblables vefues que parle ſainct Paul I. ad Timoth. 5. Honora
viduas quæ verè viduæ ſunt
, honorez les vefues qui ſont veritablement vefues.
Les hiſtoires ſacrées ſont pleines d'exemples de tant d'Imperatrices, Reines,
Princeſſes, & autres grandes Dames, qui ont meſpriſé les couronnes
& les ſceptres, ont renoncé aux recherches des Monarques & grands Seign-
eurs, pour n'auoir deſormais autre eſpoux que Ieſus-Chriſt, qu'aucunes ont
ſeruy & aimé & careſſé, demeurans dans le monde en vn eſtat ſimple &
modeſte de viduité : d'autres ſe ſont retirées dans la religion, y viuans
comme ſimples religieuſes, & auec grande humilité. Nous en auons encore
quantité d'exemples de nos iours.
Cecy n'eſt pas ſeulement pour les femmes, car nous auons veu quantité
d'hommes fort releuez en nobleſſe, qualitez & ſçauoir, ou ſe faire preſtres
apres la mort de leurs femmes ou entrer en religion, & y viure fort chaſte-
ment, humblement, & religieuſement.
C'eſt choſe claire que les vefues dont parle ſainct Paul, eſtoient de-
diées & conſacrées à Dieu par vœux de continence & chaſteté, comme
appert de S. Aug., De bono viduitatis ad Iulianam, voicy ſes paroles :
Si nondum Deo vouiſſes continentiam vidualem, exhortaremur profectò vt voue-
res. Quia uero iam vouiſti, exhortamur vt perſeueres: talia mihi tamen video
eſſe dicenda, quibus cam diligant, & accipant quæ adhuc nubere cogitant.
Si
vous n'auiez pas encore voüé la continence viduale, ie vous exhorterois
à la vouer. Mais d'autant que vous l'auez deſia voüé, ie vous exhorte à
perſeuerer : ie croy deuoir vſer de ces termes, pour donner occaſion à
celles qui penſent à ſe remarier d'aimer la continence & l'embraſſer.
Voilà le diſcours de S. Auguſtin : mais quelles doiuent eſtre ſemblables
vefues ? ie m'en vay le monſtrer aux Chapitres ſuiuans.




Cul de lampe, une tête de diable entouré de fruits.




Des
M m m 2

460
Traite' des Vefves.

Filet cadre, rayé.
Des qualitez des vrayes vefues, & premierement
de leur pieté.


CHAPITRE II.

SAinct Paul ſemble demander cinq qualitez aux vefues de Ievus-Chriſt.
La premiere eſt de bien gouuerner leur maiſon, & leurs enfans ſi elles
Cinq qua-
litez des
vefues ſelõ
S. Paul.
en ont, les bien inſtruire & eleuer au ſeruice de Dieu, honorer leurs peres
& meres, & les aſſiſter s'ils ſont encore en vie ; que s'ils ſont morts, aſſiſter
leurs enfans, & deſcendans. La ſeconde eſt de mettre toute leur eſperance
en Dieu, & vaquer à l'oraiſon. La troiſiéme, euiter les delices, ſe ſouuenans
que la vefue qui eſt en delices eſt viue & morte, comme dit S. Paul, c'eſt à
dire, viue ſelon le corps, morte ſelon l'eſprit. La quatriéme, qu'elles ſoient
irreprehenſibles en leur conuerſation, en leurs paroles, en leur marcher, en
leurs actions. La cinquiéme, qu'elles s'adonnent aux bonnes œuures, &
principalement à l'hoſpitalité & à la miſericorde.
Sainct Auguſtin lib. 9. confeſſ. cap. 9. aſſeure que ſa mere ſaincte Mo-
nique
a eu toutes ces qualitez en ſon vefuage : elle n'auoit eu qu'vn mary,
S. Moni-
que
vraye
vefue.
dit-il, auoit rendu la pareille à ſes peres & meres, auoit gouuerné ſa mai-
ſon prudemment : on ſçauoit aſſez qu'elle s'eſtoit exercée aux bonnes œu-
ures, auoit nourry ſes enfans, les enfantant290 autant de fois qu'elle les
voyoit offenſer Dieu.
Ie reduiray ces cinq qualitez à trois ; ſçauoir la pieté, la prudence, & la
L'oraiſon
conuient
aux vefues.
chaſteté. Sainct Paul parle de la premiere, I. ad Timoth. 5. en ces termes,
Quæ autem verè vidua eſt, & deſolata, ſperet in Deum, & inſtet orationibus, &
obſecrationibus nocte ac die
, celle qui eſt vrayement vefue & deſtituée du ſe-
cours de ſon mary, jette ſon eſperance en Dieu, qu'elle prie iour & nuict.
La pieté & deuotion eſt conuenable à toute ſorte de perſonnes, donne com-
modité de viure paiſiblement & tranquillement en cette vie, & heureuſe-
ment en l'autre, comme dit S. Paul, I. ad Timoth. 4. Pietas ad omnia valet
promiſſionem habens vitæ, quæ nunc eſt & futuræ.
Elle conuient toutefois
principalement aux vefues, puis qu'ayant pris Ieſus-Chriſt pour leur con-
ſolateur, pour leur pere, pour leur mary, l'oraiſon eſt le moyen par lequel
elles pourront conuerſer familiairement auec luy, & c'eſt par le moyen de la
raiſon

461
Traite' des Vefves.
raiſon qu'il les aſſiſte & conſole. C'eſt pourquoy ſainct Auguſtin eſcriuant à
Proba vefue291, l'aduertit qu'elle doit ſurmonter le monde par l'entremiſe
d'vne oraiſon continuelle, qu'elle prie auec eſperance, auec foy & amour,
auec perſeuerance & componction ; enfin qu'elle prie comme vefue de
Ieſus Chriſt.
Il y a diuerſes ſortes de pieté : la premiere eſt enuers Dieu, & n'eſt au-
tre choſe qu'vne ſaincte deuotion & occupation à ſon ſeruice ; la vefue a le
moyen de le faire, n'eſtant plus obligée de ſeruir vn mary, ny de deſpendre
de luy en l'exercice de la deuotion : ſa condition l'y inuite, puis qu'elle eſt à
moitié hors du monde, ayant perdu ſon mary ; & ſuppoſant que ſon mary eſt
au ciel, elle y doit eſtre au moins ſelon ſa moitié, & n'eſtre en terre qu'au-
tant que la volonté de Dieu & la neceſſité l'y retient, diſant auec S. Paul,
noſtra conuerſation in cœlis eſt, noſtre conuerſation eſt és cieux.
Deuotion
d'Anne la
Prophe-
teſſe
.
L'eſcriture ſaincte en fournit de beaux exemples, entre autres, d'Anne,
Luc. 2. laquelle aagée de quatre vingt & quatre ans n'auoit autre employ que
de ieuſner, & prier iour & nuict au temple : voicy comme parle d'elle Amphi-
lochius Eueſque Iconij
, De occurſu Domini, & Dei genitrice : Anne la gloire
des femmes vefues, femmes de ſexe, propheteſſe d'ordre : eſtant dans le
monde, foible & caſſée ſelon le corps, forte & nerueuſe ſelon l'eſprit, ayant la
face toute ridée, mais la prudence vigoureuſe & entiere ; voultée de vieilleſſe,
droicte en connoiſſance ; vieille d'années, gaillarde comme en ieuneſſe, par
la ſcience Diuine : ieuſnant, & ne ſe ſaoullant ; priant auec confiance ; ne tra-
caſſant aux maiſons d'autruy, chantant, & ne follatrant ; prophetiſant, & ne
racontant des fables : meditant les choſes diuines, & n'apprenant pas des or-
dures. Auſſi merita-elle pour recompenſe de ſa pieté de voir le Sauueur du
monde
, & d'en eſtre la paranymphe.
L'autre eſt Iudith laquelle auoit fait faire vne chambre retirée au plus
Deuotion
de Iudith.
haut de ſa maiſon, où elle s'enfermoit auec ſes filles, & ayant vn cilice ſur
ſes reins, ieuſnoit tous les iours de ſa vie hors mis les feſtes, non par neceſ-
ſité, car ſon mary luy auoit laiſſé de grands moyens. Elle eſtoit encore belle
à merueille, & pouuoit ſe faire voir ; mais elle auoit quité toutes les vani-
tez du monde, pour vaquer à la pieté, au ſeruice de Dieu, & à vne oraiſon
continuelle : auſſi Dieu ſe ſeruit d'elle pour monſtrer la force de ſon bras,
à la deliurance de ſon peuple tout effrayé, & à la confuſion des ennemis.
I'ay choiſy ces deux dans l'Eſcriture ſaincte entre pluſieurs autres, i'en rap-
porteray deux autres dont S. Hieroſme fait mention, l'vne eſt Melania, l'au-
tre ſaincte Paule.
Melania pendant vne peſte à Rome s'occupant à enterrer les morts, vn
Deuotion
de Mela-
nia
.
meſſager luy apporta la nouuelle de la mort de deux braues fils qu'elle a-
uoit, aucuns diſent que lors qu'elle receut cette nouuelle, elle enſeueliſſoit
actuelle-
M m m 3

462
Traite' des Vefves.
actuellement ſon cher mary : elle entendant cette faſcheuſe nouuelle qui
ſembloit capable de la faire mourir, ne fit qu'eſleuer le cœur vers le ciel,
puis les yeux, & enfin les mains, & tira ces paroles amoureuſes du plus pro-
fond de ſon cœur, ſcio Domine Ieſu quid quæris, totum ſcilicet amorem meum,
partem habebat maritus, partem liberi, tu alteram partem, & ecce totum amorum
quæris, & totum habebis
. O mon Seigneur Ieſus ie vous entens venir, ie ſçay
ce que vous demandez, vous voulez que ie vous aime de tout mon cœur,
mon mary en auoit vne partie, mes enfans vne autre, & vous le reſte, vous
voulez le tout, la raiſon le requiert, ie le vous donne. Elle le dit, elle le fit,
quitant le monde, & ſe retirant aux deſerts d'Egypte, où apres auoir veſcu
en toute ſorte d'auſteritez & de ſaincteté, elle mourut en ſaincte, comme
elle auoit veſcu en ſaincte, & s'alla vnir au centre de ſes amours qui eſtoit
ſon amoureux Ieſus.
Pieté de
S. Paule.
L'autre eſt ſaincte Paule de la vie dontde laquelle ie feray icy vn petit abregé que
ie tireray de ſon Epitaphe que ſainct Hieroſme enuoye à Euſtochium ſa
fille. Du coſté paternel elle eſoit de la race d'Agamemnon. Du coſté mater-
nel elle deſcendoit des Scipions292: elle eut pour pere Rogatus, pour mere
Bleſilla : fut mariée a Toxotius, dont elle eut quatre filles, Bleſilla, Paulina,
Euſtochium, qui fut auſſi nommée Iulia, & Ruffina, & vn fils nommé Toxo-
tius. Se voyant priuée de ſon mary elle ſe priua auſſitoſt de l'affection des
choſes du monde, viuant à Rome l'eſpace de cinq ans en eſtat de vraye
vefue, & auec tres-grande edification de tout le monde, puis elle quita ſa
chere patrie pour aller viſiter les ſaincts lieux, & ny l'affection de ſes par-
ents & amis, ny la tendreſſe de ſon bien-aimé fils, ny les larmes de Ruffina
qui eſtoit preſte à marier, & la prioit inſtamment de differer ſon deſſein
iuſques apres ſes nopces, ne la peurent iamais attendir, ny diminuer la re-
ſolution qu'elle auoit priſe de ſe donner entierement à Dieu ; s'oubliant
qu'elle eſtoit mere pour ſe profeſſer ſeruante de Ieſus-Chriſt. S'eſtant donc
embarquée elle viſita la terre ſaincte, & les ſaincts Peres de l'Egypte, &
enfin vient prendre port à Bethleem, où elle edifia quatre monaſteres, vn
d'hommes, & trois de filles, parmy leſquelles elle veſquit vingt ans dans
l'exercice de toutes vertus, & mourut tres-ſainctement. Voicy vne preuue
entre pluſieurs de ſon inuincible courage.
Comme vn iour S. Hieroſme l'aduertiſſoit de moderer ſes auſteritez, &
ſur tout ſes larmes, de peur qu'elle n'intereſſaſt ſa veuë, & ſe rendit incapable
de vaquer à la lecture, elle reſpondit, Il faut enlaidir la face que i'ay ſouuent
fardée & parée, il faut affliger le corps que i'ay tant careſſé ; il faut ſatisfaire
par mes larmes, pour les ris diſſolus dont ie me ſuis tant de fois recréerecreée293 ; au
lieu de fines toiles que i'ay cherché ſi curieuſement pour chatoüiller ma chair,
il

463
Traite' des Vefves.
il faut endoſſer la haire & porter le cilice. C'eſt là parler en vefues de Ieſus‑
Chriſt : or elle ne parla pas ſeulement, elle fit plus qu'elle n'auoit dit. Helas
qu'il n'arriue que trop ſouuent qu'au lieu d'imiter ces ſainctes Dames, & de
s'addonner à la deuotion à leur exemple, on perd le peu de deuotion que
le bon exemple & les pieuſes exhortations d'vn mary allumoit au cœur d'vne
femme durant le mariage : comme auſſi qu'vn mary ſuruiuant à ſa femme
laiſſe eſteindre tous les bons ſentimens de Dieu, & de ſon ſeruice, que ſa
femme excitoit en ſon ame du temps de leur conjonction.
Apres l'exercice de pieté que la vefue doit à Dieu, elle doit monſtrer
La pieté
d'vn vef-
ue doit
s'eſtendre
enuers ſon
mary treſ-
paſſé.
ſa pieté enuers ſon mary treſpaſſé, en l'execution de ſes derniers volontez,
recommandant ſon ame à Dieu, l'aſſiſtant par bonnes œuures, aumoſnes,
ieuſnes, applications d'indulgences, communions, & faiſant paroiſtre que
ſa fidelité n'eſtoit bornée dans les limites de cette vie mortelle, mais qu'-
elle s'eſtendoit auſſi loing que l'eternité. La tourterelle animal fort fidele
à ſa compagne, ſe voyant priuée de ſa chere moitié, ne fait iamais alliance
auec autre, mais paſſe le reſte de ſa vie en ſouſpirs & gemiſſemens, dans
ſes plaintes & reſſentimens de la perte de ce qu'elle aimoit comme ſoy‑
meſme. C'eſt le ſymbole d'vne vraye vefue, qui doit ſouſpirer & aſpirer con-
tinuellement apres vne meilleure vie, dans le deſir d'eſtre reünie en gloire
auec ce qu'elle a aimé fidelement pendant cette vie.
Enfin la pieté de la vraye vefue doit s'eſtendre enuers le prochain par
La pieté
d'vne vef-
ue doit
s'eſtendre
enuers le
prochain.
l'exercice des œuures de miſericorde, c'eſt ce que demande S. Paul, I. ad. Ti-
moth.
5. Vidua eligatur in bonis operibus teſtimonium habens, ſi filios educauit, ſi
hoſpitio pauperes excepit, ſi ſanctorum pedes lauit, ſi retributionem patientibus ſub-
miniſtranit, ſi omne opus bonum ſubſequuta eſt.
Qu'on rende teſmoignage de ſes
bonnes œuures, qu'elle a eſleué ſes enfans à la crainte de Dieu, qu'elle a logé
les pauures & pelerins, qu'elle à laué les pieds aux Chreſtiens, qu'elle a don-
né l'auſomoſne aux pauures, qu'elle s'eſt exercée en toute ſorte de bonnes
œuures.
Les vefues
doiuent
fuyr l'aua-
rice.
Dieu preſerue celles qui font profeſſion d'vne ſaincte viduité du mal-
heur que S. Auguſtin, lib. de bono viduitatis, dit auoir remarqué par ex-
perience, ſçauoir, que pluſieurs vefues d'autant qu'elles retirent d'auantage
leurs affections des voluptez de la chair, d'autant plus les attachent-elles aux
biens du monde par vne ſordide & abominable auarice. Voicy ſon diſcours :
Dieu deſtourne de vous ce mal-heur, & vous faſſe la grace de ne tranſporter
vos affections des plaiſirs à l'amour des richeſſes ; Dieu veuille que l'or ne
poſſede voſtre cœur, au lieu d'vn mary. Conſiderant comme les hommes ſe
comportent, i'ay ſouuent trouué par experience que la conuoitiſe de la chair
eſtant

464
Traite' des Vefves.
eſtant domptée, celle des moyens & richeſſes croit. Car tout ainſi que les
aueugles ont l'ouye d'autant meilleure, & reconnoiſſent pluſieurs choſes
par le toucher que les plus clair-voyans ne ſçauroient, la nature recom-
penſant en vn ſens ce qui manque à l'autre. De meſme ſouuent aduient que
la conuoitiſe des plaiſirs charnels eſtant reprimée, la conuoitiſe des rich-
eſſes s'augmente, & au contraire l'auarice ceſſant & mourant, les voluptez
renaiſſent. Mais donnez ordre qu'auec l'amour des voluptez, vous eſtei-
gniez l'amour des richeſſes, & que vous employiez en choſes pieuſes ce que
vous poſſedez, afin que voſtre liberalité ſoit plus grande en aydant les pau-
ures, qu'en enrichiſſant les auaritieux. Voilà le diſcours de S. Auguſtin.
C'eſt aux
vefues
d'exercer
les oeu-
ures de
miſeri-
corde.
Dieu enuoya vn iour le Prophete Elie 3. Reg. 17. en Sarephta, & luy dit :
Voilà où ie veux que tu demeures, car i'ay commandé à vne vefue que tu y
trouueras, qu'elle te nourriſſe. Il n'y manquoit pas en cette ville de riches
marchands, de gentilshommes ayſez, de bons bourgeois, chez leſquels le
Prophete ne pouuoit eſtre à charge, & pouuoit loger auec abondance de tout
ce qui luy eſtoit neceſſaire ; cependant Dieu choiſit vne pauure vefue entre
tous, pour eſtre l'hoſteſſe & mere nourrice du Prophete. Ne vous ſemble-il pas
que c'eſt le bien mal pouruoir ? & que c'eſt vne eſpece de cruauté d'obliger
cette pauure femme à donner ce peu qu'elle auoit, au detriment de ſa per-
ſonne & de ſes enfans ? elle eſtoit quaſi reduitte à l'extremité. N'importe, Dieu
veut monſtrer que c'eſt aux vefues d'exercer les œuures de miſericorde : Il
ne daigne ſouuent receuoir les biens de ces grands richards & de ces grandes
Dames, d'autant que peut-eſtre c'est le ſang des pauures, amaſſé par rapines,
concuſſions & vſures, leurs mains ſont toutes enſanglantées, & indignes que
Dieu reçoiue quelque choſe par elles, mais il eſt affriandé du bien des ſainctes
vefues.
C'eſt ce qui a fait dire à S. Hieroſme, ad Furiam294, recordetur uidua viduæ
Sareptanæ, quæ ſuæ & filiorum ſaluti prætulit famem Prophetæ, in ipſa nocte cum
filio moritura, malens vitam perdere, quam eleemoſynam.
Que la vefue ſe ſou-
uienne de la vefue de Sarephta, laquelle eut plus de ſoin de raſſaſier le pro-
phete
, que ſa propre perſonne, ou ſes enfans, ſe mettant au hazard de mourir
de male-faim elle & ſon fils la meſme nuict, aymant mieux perdre la vie que
l'occaſion de faire l'aumoſne.
Toutes les vefues n'ont pas le moyen de faire de grandes aumoſnes,
toutes peuuent auoir la compaſſion des pauures, & la bonne volonté de
leurs bien faire ſi elles en auoient les moyens : ſi elles ont peu qu'elles don-
nent peu, mais de bon cœur : qu'elles imitent la bonne vefue, laquelle ne
donnant que deux petites pieces de monnoye, Luc. 21. donna plus ſelon le teſ-
moignage de celuy qui ne ſe peut tromper, que ces grands Meſſieurs, que ces
Dames

465
Traite' des Vefves.
Dames pimpantes qui faiſoient ſonner l'or à poignée. Car elle donna ce qui
On peut
donner
beaucoup
en don-
nant rien.
luy eſtoit grandement neceſſaire, & ces Meſſieurs & Dames ne donnoient
que la moindre parcelle de leurs ſuperfluitez. S. Ambroiſe parlant d'elle, lib.
de Viduis
, dit fort veritablement, liberalitas non cumulo patrimonij, ſed largita-
tis definitur aſſectu
. La liberalité ne conſiſte pas en la grandeur de ce qu'on
donne, mais en l'affection auec laquelle on le donne. Et plus bas, vberior eſt
nummus à paruo, quam theſaurus à maximo
, vn petit denier donné par vn pau-
ure eſt plus agreable que des treſors donnez par des grands : quia non quan-
tum detur, ſed quantum reſideat, expeditur
. Dieu ne regarde pas combien vous
donnez, mais combien il vous reſte. Nemo plus tribuit, quam qui nihil ſibi relin-
quit
, perſonne ne donne dauantage que celuy qui ne ſe reſerue rien.
S. Paule le parangon des vefues, s'acquitoit tellement de ce deuoir de pie-
té, que S. Hieroſme aſſeure qu'elle croyoit auoir faite vne perte ſignalée, ſi
Liberalité
de ſaincte
Paule
.
elle voyoit vn pauure nud & ſouffreteux auoir faim, ſi elle ne le reueſtoit ou le
repaſſoit : voire recherchoit les pauures, fort curieuſement, pour leurs bien
faire. Et comme ſainct Hieroſme l'euſt aduerty que ſes aumoſnes eſtoient in-
diſcretes, & qu'elle meſme ſe pourroit bien trouuer en neceſſité ; C'eſt, dit‑
elle, tout mon ſouhait, & le comble de mes contentemens, de mendier ma
vie pour Ieſus-Chriſt.
Heureuſes les vefues qui ont des funerailles ſemblables à la grande au-
moſniere Thabita, vefue, où ſe retrouuent quantité de pauures pluerans,
d'autant qu'ils perdent leur bonne mere nourrice. Vaut bien mieux auoir
de tels obſeques que ceux dont parle Dauid, Pſal. 77. Viduæ eorum non plora-
bantur
, perſonne ne pleuroit leurs vefues, mais au contraire pluſieurs les
maudiſſoient pour auoir accumulé treſor ſur treſor, or ſur or ; auoir laiſſé
pourrir leur bled, vins, habits, pluſtot qu'en ſuſtenter les membres de Ieſus‑
Chriſt, qui ſont les pauures. Tels obſeques vaillent incomparablement mieux
que tant de pompes & magnificences, tant de ſons de cloches ; mieux que de
teſtamens pompeux, qui ſont ſouuent pluſtot des témoignages de vanité, que
des effects d'vne vraye pieté.




Cul de lampe.

De
N nn

466
Traite' des Vefves.

Filet cadre, rayé.
De la ſeconde qualité des Vefues qui eſt
la prudence.


CHAPITRE III.

LA ſeconde qualité d'vne vraye Veſue eſt contenue en ces paroles de
Sainct Paul, I. ad Timoth. 5. Si qua vidua filios, aut nepotes habet,
diſcat primùm domum regere, ſi filios educauit, ſi omne opus bonum ſubſequuta
eſt.
Si la vefue a des enfans, ou des petits nepueux, qu'elle apprenne à
gouuerner ſa maiſon, qu'elle eſleue ſes enfans, & s'exerce à toute ſorte de
bonnes œuures.
Cette qualité eſt vne certaine prudence qui doit accompagner ſes ac-
tions & ſe doit faire paroiſtre en trois choſes : la premiere au gouuernement
de ſa famille, la ſeconde à la nourriture & education de ſes enfans, la troiſi-
eſme en ſa conuerſation auec ſes voiſins, parens & alliez.
Voicy le premier traict & excercice de prudence, que Sainct Paul deman-
La vefue
doit dreſ-
ſer sa maison.
de d'vne vefue, diſcat primùm domum ſuam regere. Qu'elle gouuerne & dreſſe
bien ſa maiſon. Vous en trouuerez qui paſſeront toute vne iournée, les ſep-
maines, les mois & les années en des deuotions : cependant n'ont aucun
ſoin de leur maiſon, tout y va ſens deſſus deſſous ; les ſeruiteurs & ſeruantes
ſont en pique l'vn contre l'autre ; il s'y paſſe des libertez contre l'honneſte-
té & bien-ſeance. On ne prend pas garde ſi Dieu y eſt ſeruy, s'il ſe commet
beaucoup d'offences contre Dieu, ſi la deſpence qui ſe fait eſt proportionnée
à la recepte, ſi le bien des enfans ſe diſſipe par mauuais meſnage, en aumoſ-
nes indiſcretes, en deſpens ſuperflus, en prodigalitez, en meubles inutiles, en
habits & baſtimens exceſſifs.
Vne bonne vefue ſe laiſſe piper par ces endormeurs de couleuures dont
parle noſtre Seigneur, Matth. 23. Uæ vobis Scribe & Phariſæi hypocritæ, quia co-
meditis domos viduarum, orationes longas orantes.
Mal-heur à vous autres, Scri-
bes & Phariſiens, qui deuorez les maiſons des vefues, trop credules, & leurs
tirez toute leur ſubſtance, ſoubs pretexte de vos longues oraiſons & deuotions,
pleines d'hypocriſie, vrays eſcorniſleurs, qui ruinent de pauures vefues par
leur deuotion apparente, & cependant les pauures enfans demeurent gueux,
neceſſiteux, & miſerables : telles vefues doieunt apprendre de S. Paul que
leur deuotion & longues patenoſtres ſont indiſcretes & imprudentes, & que
le deuoir, apres ce qui eſt du ſeruice ordinaire de Dieu, eſt, primum domum
ſuam

467
Traite' des Vefves.
ſuam regere, ſur tout & auant tout dreſſer bien leur maiſon, & ne s'en fier à
quelque œconome, qui fait ſa maiſon, & deſtruit celle de ſa maiſtreſſe & de
ſes heritiers.
Secondement, la prudence d'vne vraye vefue doit paroiſtre en l'edu-
La vefue
doit ſoi-
gner l'e-
ducation
de ſes en-
fans.
cation de ſes enfans, auſquels depuis la mort de ſon mary, elle doit ſeruir
de pere & de mere : de pere par la verge de correction, accompagnée de
diſcretion, & maintenant vne authorité comme paternelle enuers eux : de
mere, les nourriſſant auec des mammelles d'amour & de douceur, & ſur
tout prenant vn ſoin particulier qu'ils ſoient gens de bien, craignent & ſer-
uent Dieu.
Conſtan-
ce de la
mere des
Macha-
bées
.
Sainct Antonin, Tertia parte ſummæ Theologicæ titulo. 2. capitulo
tertio
, propoſe aux vefues la ſaincte & non iamais aſſez louée Machabée. 2.
Machab. 7. qui exhortoit ſi conſtamment ſes ſept fils au martyre, & à ſouf-
frir pluſtot tout ce que la rage & cruauté des bourreaux pourroit inuenter,
que d'enfraindre la Loy de Dieu, aymant mieux les perdre tous que de les
voir offenſer Dieu. Mere qui eut bien ce courage de voir ſes ſept enfans
en vne iournée, eſcorchez, deſchirez, demembrez, tenaillez, bourrellez295,
& inhumainement martyriſez en ſa preſence, & cependant les encourageoit
auec des paroles toutes embraſées d'vn ſainct amour de Dieu & de ſon
ſeruice. Le meſme Sainct Antonin repreſente auſſi aux vefues, l'exemple
de Saincte Blanche, qui n'auoit leçon plus ordinaire à faire à ſon fils, que de
l'aduertir que iamais il ne conſentit à aucun peché mortel, & diſoit ſouuent,
Soin que
S. Blan-
che
a de
S. Louys
ſon fils.
mais de bon cœur, qu'elle euſt mieux aymé le voir mort ; mais vn tel fils,
mais vn Roy de France, que de le voir pecher mortellement, auſſi en fit-elle
vn S. Louys.
O que ces prudentes vefues ſont mal ſuiuies par tant de folles & impru-
dentes meres, qui ne ſe ſoucient guere ſi leurs enfans ſont gens de bien, moy-
ennant qu'ils ſoient gens de moyens ! s'ils plaiſent à Dieu, moyennant qu'ils
plaiſent au monde : s'ils ſont ſages, moyennant qu'ils ſoient riches : s'ils ſont
vertueux, moyennant qu'ils ſoient gros & gras & en honneur. Le ſoin & eſ-
tude des vrayes vefues, dit S. Bernardin, tom. 4. ſerm. 3. eſt d'inſtruire leurs
enfans en la religion Chreſtienne, & à la crainte de Dieu, les faire confeſſer
& communier quand ils ſeront en aage competant ; & ſi elles ont des filles ne
les quitter iamais de veuë : ſi elles vont à la meſſe ou à la predication, les me-
ner quant & ſoy, ou mal leurs en prendra.
La vefue
doit pro-
curer la
paix.
Troiſiemement, les vefues doiuent monſtrer leur prudence, taſchans de
maintenir la paix & bonne intelligence en leur parenté, parmy leurs voiſins
& amys, non comme pluſieurs qui ſemblent eſtre aux gages de celuy dont
parle ſainct Iean, Apocalyp. 6. Datum eſt illi, ut ſumeret pacem de terra, & ut
inuicem ſe interficiant, & datus eſt ei gladius magnus
, qui a taſché d'oſter la paix
du
N n n 2

468
Traite' des Vefves.
du monde, & de faire eſgorger les hommes l'vn l'autre : vrayes allumettes
de diſcorde, vrayes boute-feux qui ne ſongent à autre-choſe qu'à femer de la
zizanie par leur langue peſtifere & ſerpentine ; par leurs maudits rapports,
qui ſont comme autant de pommes de diſcorde qu'elles iettent malicieuſe-
ment dans les familles ; Ouy autant de brandons infernaux, par leſquels elles
allument les cœurs pour les conſommer dans des inimitiez & malheurs
eternels. Ce ſont ces cheuaux de l'Apocal. c. 9.296 qui ont des teſtes de lions,
de la bouche deſquels ſortoit du feu & du ſouffre, feu ſi dangereux qu'il n'en
faut qu'vne eſtincelle pour conſommer des familles entieres. Vefues qui
n'ont autre eſtude, que de troubler la paix dans les maiſons par leurs rapports
& langues de ſerpents.
Elles deuroient imiter la bonne & prudente Thecuite, laquelle voyant
Dauid en cholere contre ſon Abſalon, ne ietta pas de l'huile dans le feu, mais
Prudence
de la The-
cuite
à
appaiſer
Dauid.
y ietta l'eau auec tant de prudence, qu'elle l'eſteignit, & appaiſa cet eſprit qui
eſtoit tout eſmeu. 2. Reg. 14. La langue d'vne vefue ſage & prudente doit
nager, dit Salomon Prouerb. 31. entre le laict & le miel, mel & lac ſub lingua
eius
: elle ne doit auoir autre loy que la clemence, lex celementiæ ſub lingua eius:
La langue
d'vne
vraye vef-
ue com-
parée à la
langue du
chien.
elle doit eſtre comme la langue d'vn chien, elle ne doit s'en ſeruir que pour
guerir les playes, & non pas comme la langue des ſerpens & des aſpics pour
faire les playes, Venenum aſpidum ſub labiis eorum: uenenum aſpidum inſanabile,
playes qui ſouuent ne ſe gueriſſent qu'auec des torrens de ſang, & auec la
ruine & deſtruction des familles.
Voulez-vous apprendre les traits de prudence que doit auoir vne vraye
vefue, d'vn grand Pape ? c'eſt Sainct Clement lib. 3. conſtitut. Apoſtolicarum
capitulo
33. Uiduæ temperatæ, caſtæ, fideles, piæ: ſit omnis uidua mitis, placida,
proba
, Que les vefues ſoient temperantes, chaſtes, fidelles, deuotes, debon-
Qualité
des bonnes
vefues.
naires, douces, bonnes. Voila de belles qualitez, & des traits qui peuuent
les rendre fort recommandables. Mais voicy ce dont elles ſe doiuent donner
de garde ſuiuant l'aduis du meſme Pape, au meſme endroict, Malitiæ expers,
Vices des
mauuai-
ſes vefues.
non iracunda, non laquax, non vociferatrix, non procax, non maledica, non ver-
borum anceps, non bilinguis, non curioſa.
Exempte de malice, point cholere,
point languarde297, ny criarde, ny effrontée, ny meſdiſante, qu'elle ne ſe ſerue
de paroles à deux ententes, ne ſoit à deux langues, ny curieuſe.
Ie prie les vrayes vefues de ſe ſouuenir de ce que dit Salomon, Prouerb.
9. Scientia Sanctorum prudentia, que la prudence eſt la ſcience des Saincts,
& aux Prouerb. 3. Beatus homo qui inuenit ſapientiam, & qui affluit prudentia,
melior est acquiſitio eius negotiatione argenti & auri.
Bien-heureux celuy qui
a trouué la ſapience, & qui a de la prudence, elle vaut mieux que ny l'or,
ny l'argent car comme dit le meſme, Prouerb. 24. Domus prudentia robo-
rabitur
. La maiſon s'eſtablit par la prudence : la vefue aſſiſtée de prudence
ſurmontera

469
Traite' des Vefves.
ſurmontera tous les efforts de Satan & du monde, ſuiuant la promeſſe d'Iſaie
9. Non nocebunt, & non occident in uniuerſo monte Sancto meo, quia repleta eſt
terra ſcientia Domini.
Il parle des ſerpents, & dit, ils ne nuiront pas, ne feront
pas mourir en la ſaincte montagne, d'autant que la terre eſt remplie de la
ſcience du Seigneur. La maiſon de la vefue, qui eſt gouuernée par la ſcience
de Dieu, qui eſt vne ſaincte prudence, ne receura aucun detriment de ces ſer-
pentaux qui taſchent d'infecter les maiſons des vefues, mais elle ſe maintien-
dra moyennant la grace de Dieu contre leurs entrepriſes.


Filet cadre, rayé.

De la troiſieſme qualité d'vne vraye veſue,
qui eſt la chaſteté.

CHAPITRE IV.

Moyens
par leſ-
quels la
vefue peut
conſeruer
la chaſteté.
SI la chaſteté doit eſtre vne vertu inſeparable de la femme, en quel
eſtat & condition qu'elle ſoit, & ſi la femme mariée, parmy les de-
lices du mariage, doit eſtre chaſte, à plus forte raiſon la vefue de Ieſus‑
Chriſt, doit aymer la chaſteté, la practiquer, & ſe la rendre familiere, puis
qu'elle en fait particuliere profeſſion. Or iamais elle ne ſera chaſte, dit S.
Hieroſme
, ſi elle n'eſt humble en ſes habits, temperante en ſa bouche &
retenue en ſa maiſon.
La chaſte-
té eſt la
couronne
des vefues.
Les Romains au rapport de Valere le Grand lib. 2. c. I. donnoient vne
couronne de chaſteté aux vefues qui propoſoient de ne ſe remarier, pour
monſtrer que la principale gloire & honneur des vefues giſt en leur pureté,
laquelle leurs doit ſeruir de couronne & de guirlande, où il n'y doit auoir au-
cune defectuoſité, aucune tache, non pas meſme le moindre ombre de ſoub-
çon contrariant à la chaſteté.
La palme
femelle ſe
ſeiche, la
maſle qui
eſtoit au-
prés eſtant
couppée.
S'il y a deux palmes en vn iardin, plantées l'vne proche de l'autre, l'vne
maſle, & l'autre femelle, & que vous couppiez ou arrachiez la maſle, la
femelle en trois ans deuient ſterile. Auez-vous perdu voſtre compagnie,
vous reſoluez-vous de viure ſeule, & de n'auoir deſormais autre eſpoux que
Ieſus-Chriſt ? Il faut vous reſoudre par meſme moyen à deuenir ſterile des
La vefue
doit eui-
ter la ſu-
perfluité
d'habits.
plaiſirs de la chair : que ſi vous eſtes pompeuſe, pimpante & piaffante en
vos habits, ſouuenez-vous qu'il y a vne grande affinité entre le luxe & la
luxure ; ſi vous eſtes braue, c'eſt pour voir, & pour eſtre veuë ; ſi vous vou-
lez
N n n 3

470
Traite' des Vefves.
lez voir, & eſtre veuë, il eſt mal-ayſé que vous ne conuoitiez, & ne ſoyez
conuoitée : que ſi vous deſirez porter la couronne de chaſteté dans ſon
iour & ſon luſtre, allez honneſtement habillée, ſans fard, ſans curioſité,
modeſtement voilée, non la teſte au vent comme vne biche : mais les yeux
baiſſez & pudiques, non hagards & laſcifs. Car comme dit ſainct Aug. Im-
pudicus oculus, impudici cordis nuntius
, l'œil qui eſt impudique eſt le meſſager
d'vn cœur impudique : & le Sage, Eccle. 16. Fornicatio mulieris in extollentia
oculorum
, l'impudicité d'vne femme paroit en la liberté de ſes yeux.
S. Hieroſme parle aux vefues vaines & curieuſes eſcriuant à Saluia298,
Epiſt. 9. & en la perſonne de cette vefue reprent la ſuperfluité de pluſieurs
autres, voicy ſon diſcours, donnons luy audience : vous qui auez enterré
auec voſtre mary toutes les voluptez, vous qui auec vos larmes auez effacé
ſur ſon cercueil le fard de voſtre face, vous qui auez changé voſtre robbe
blanche, & vos brodquins299 dorez en vn habit noir & de deuil, vous n'auez
plus beſoin d'autre choſe que de ieuſne. Vos pierres precieuſes, vos perles
deſormais ſont la couleur palle & les ordures, il faut quitter les habits mol-
lets, & ne point eſchaufer voſtre ſang, encore boüillant de ieuneſſe, par la de-
licateſſe des bains.
Quel
doit eſtre
l'habit
des
vefues.
S. Fulgence leurs fait vne belle leçon, Epiſt. 2. ad Gallam de ſtatu vidua-
rum
La voicy : ſi les ſainctes Dames, quoy que mariées, ne doiuent ſe parer
de ioyaux, mais de mœurs, & ſi leur ornement doit eſtre pluſtot en leur humi-
lité, qu'en leur habit : qu'elle doit eſtre l'habit & le marcher d'vne vefue qui
ne cherche plus de complaire à vn mary & à vn homme, mais à Ieſus Chriſt ?
puis il conclud, habitus talis ſit qui non ad laſciuiam excitet, ſed ad continentiam
prouocet: qui non alliciat ad libidinem, ſed copmrimat ad timorem: qui non accendat
carnis concupiſcentiam, ſed extinguat
. Que l'habit des vefues ſoit tel, qu'il n'attire
pas à la laſciueté, mais incite à la continence : qu'il n'alleche pas à la lubricité,
mais cauſe vne ſaincte crainte : qu'il n'allume pas la concupiſcence de la chair,
mais l'eſteigne.
C'eſt ainſi que ſe paroit la chaſte Iudith, eſtant plus ſoigneuſe d'eſtre pa-
rée de vertus que d'habits ; de modeſtie, que d'affronterie : de pudeur que
d'imprudence. C'eſt ainſi qu'en faiſoit la bonne & honneſte Noemi, laquelle
ſe voyant reduite à l'eſtat de viduité, diſoit, ne m'appellez plus Noemi qui
ſignifie belle, la beauté eſtoit pour plaire à mon mary, les parures eſtoient
pour entretenir & conſeruer ſon affection, appellez-moy amere, i'ay enſeuely
auec mon mary les douceurs de la vie, les plaiſirs du corps, les curioſités
des habits : mon doſt n'eſt plus que l'amertume & le meſpris de mon corps.
Vefues de Ieſus-Chriſt, voulez-vous viure conformement à voſtre pro-
feſſion

471
Traite' des Vefves.
feſſion ? laiſſez le ſoin de la beauté du corps aux mariées, ſoignez la beauté de
l'ame. Les hommes ne voient que celle-là, Ieſus-Chriſt voſtre eſpoux ne fait
eſtat que de cette-cy, omnis gloria filiæ regis ab intus: toute la beauté des eſ-
pouſes de Ieſus Chriſt eſt au dedans.
Le ſecond moyen que S. Hieroſme donne aux vefues pour eſtre chaſtes,
La vefue
doit eſtre
tempe-
rante
pour eſtre
chaſte.
eſt d'eſtre temperantes en la bouche, puis que comme dit l'Apoſtre, vidua
quæ in delicijs eſt, viuens mortua eſt
, I. Timoth. 5. La vefue qui s'addonne à faire
bonne chere vit ſelon le corps, mais enſeuelit la vie de l'ame dans les delices
& dans la gourmandiſe. S. Ambroiſe, lib. de Viduis, parlant de la ſaincte
vefue Anne la Propeheteſſe, dont ſainct Luc faict mention c. 2. dit, cuius di-
uerſorium erat in templo, colloquium in prece, vita in iciunio
. Le lieu où elle han-
toit eſtoit le temple, ſon parler eſtoit l'Oraiſon, & ſa vie eſtoit le ieuſne : telle
eſtoit la vie de la ſaincte Iudith. Et le moyen qu'vne femme bien nourrie,
qui boit d'autant & du meilleur, ſoit chaſte ? Iudith pour ſe maintenir dans la
pudicité, habebat ſuper lumbos ſuos cilicium, & ieiunabat omnibus diebus vitæ
ſuæ, præter Neomenias & Sabbatha
. Au lieu de fine toile elle portoit vn rude
cilice, au lieu de friands morceaux, elle ieunoit toute ſa vie horsmis les feſ-
tes, & vous voulez eſtre chaſtes eſtant gourmandes & bien couchées ?
C'eſtoit vne infamie anciennement aux Dames Romaines de boire du
vin : car comme ainſi ſoit que l'honneur d'vne femme conſiſte en la pudi-
cité, ils croyoient que c'eſtoit choſe impoſſible d'eſtre chaſte & amatrice
du vin.
Pline. lib. 14. c. 13. rapporte que Egnatius Mecennius tua ſa femme à
Femmes
punies
pour
auoir beu
du vin.
coups de baſton, d'autant qu'elle auoit beu du vin au tonneau, & Romulus
luy donna grace de cet homicide300. Fabius Pictor en ſes annales raconte que
les parens d'vne certaine matrone la firent mourir de faim, d'autant qu'on
trouua qu'elle auoit les clefs de la caue dans quelques cachettes. Caton vou-
lut que les proches parens donnaſſent le baiſer aux femmes par ſalutation,
pour connoiſtre ſi elles ſentoient le vin. Cneus Domitius condamna vne
Loy con-
tre les
femmes
qui boi-
uent du
vin.
femme pour auoir beu du vin à l'inſceu de ſon mary, & la priua de ſon dot.
Plin. 301
Alcimus Siculus (In Italica hiſtoria apud Athenæum) dit que Faunus
Roy de Latium
fit mourir ſa femme Fatua à coups de foüet d'autant qu'elle
Femmes
addõnées
au vin
tenues
comme
adulteres.
auoit beu vne cruche de vin en cachette. Romulus auoit fait cette Loy, SI
VINVM BIBERIT DOMI, VTI ADVLTERAM PVNIVN-
TO.
La femme qui boira du vin en ſa maiſon, ſoit punie comme adultere.
Et pourquoy comme adultere ? ſinon d'autant qu'on peut preſumer qu'vne
femme addonnée au vin n'eſt pas chaſte.
N'eſt-ce

472
Traite' des Vefves.
N'eſt-ce pas ce que dit S. Paul ad Epheſ. 5. Nolite inebriari vino, in quo eſt
luxuria
, donnez-vous de garde du vin, qui contient la luxure. Et Salomon
Prouerb.
20. Luxurioſa res eſt vinum. S. Chryſoſtome confirme tout ce que deſ-
ſus, expliquant ces paroles de S. Matth. I. Cum eſſet deſponſata mater eius maria.
Où il dit, Omnis mulier quæ vinolenta, & comeſſatrix eſt, eadem quoque meretrix
eſt
. Toute femme addonnée au vin & à ſon ventre eſt impudique. Et comme me
perſuaderez-vous qu'vne vefue qui eſt addonnée au vin ſoit vefue de Ieſus‑
Chriſt & chaſte ? Partant ſi toutes les femmes doiuent s'en garder, ſur toutes
les vefues, pour conſeruer l'honneur d'vne vraye viduité.
Les Da-
mes Ro-
maines ne
beuuoient
point de
vin.
S. Hieroſme, ad Furiam302 dit, Quidquid fœminarum voluptatis eſt, vene-
num puta
. Toutes delices en vne femme, autant de venin en l'ame : mais ſur
tout le vin : le meſme S. Hieroſme nous aſſeure que ſaincte Paule, quoy que
malade à la mort, ne voulut iamais boire du vin, elle ſçauoit trop mieux, que
les friands morceaux, que les vins delicats, que les licts mollets ſont autant
d'huile, de poix, de graiſſe, de ſouffre, d'eſtoupes, d'allumettes pour attiſer le
feu de la concupiſcence.
Sobrieté
de Iudith.
S. Ambroiſe lib. de Viduis, Aduertitis quantum nocere poſſit mulieribus
obrietus? quando viros vina ſic ſoluunt, vt vincantur à fœminis. Eſto igitur vidua
temperans, caſta primùm à vino, vt caſta poſſis eſſe ab adultero, nequam te ille ten-
tabit, ſi vina non tentent, nam ſi Iudith bibiſſet, dormiſſet cum adultero. Sed quia non
bibit, haud difficile ebrios exercitus, vnius ſobrietus, & vincere potuit & eludere
.
Voyez-vous combien l'yurognerie peut nuire aux femmes ? puis que le vin
reduit les hommes à tel point, qu'ils ſont ſurmontez des femmes. Partant
que la femme vefue ſoit temperante, & qu'elle ſe garde du vin, ſi elle veut ſe
garder de l'homme adultere, la tentatino duquel n'aura aucun pouuoir ſur
elle, ſi le vin n'en a point. Si Iudith ſe ſuſt enyurée, elle ſe fuſt abandonnée à
Holofernes : mais parce qu'elle ne beut, elle ſurmonta ayſement par ſa ſobri-
eté, quoy que ſeule, les armées entieres enyurées, & ſe mocqua d'elles.
S. Fulgence, Epiſt. 2. c. 14. à ce propos fait vn excellent diſcours parlant
de Iudith : La chaſteté, dit-il, ſort en champ de bataille pour combatre la lu-
bricité : la ſaincte humilité marche pour renuerſer la ſuperbe : Holofernes
combatoit auec des armes de fer & d'acier, Iudith auec le ieuſne : luy auec
l'yurognerie, elle auec l'oraiſon : & auec ces armes elle fit ce que tout le peu-
ple d'Iſrael non ſeulement n'auoit peu faire, mais n'oſoit eſperer. Cette ſain-
cte vefue fortifiée par la chaſteté trancha la teſte au General d'vne ſi gran-
de armée, & rendit la liberté au peuple contre toutes ſes eſperances. Voila
ce que peut la chaſteté, mais ſecondée de l'humilité, de la deuotion, & de la
ſobrieté.
La vefue
doit gar-
der ſa
maiſon.
La vefue pour eſtre chaſte doit eſtre retenüe en ſa maiſon, & point trotti-
ere303, c'eſtoit vn des moyens dont ſe ſeruoit Iudith, viro mortuo in ſuperiori
parte

473
Traite' des Vefves.
parte domus ſuæ fecit ſibi ſecretum cubiculum, in quo cum puellis clauſa morabatur.
Son mary eſtant mort, elle fit faire vne chambre au haut de ſa maiſon, eſloi-
gnée de toute conuerſation, où elle eſtoit enfermée demeurant auec ſes filles.
Iudith 8.
Tandis que Thamar vefue demeura en ſa maiſon, elle fut femme de bien ;
ſe trouuant ſur les grands chemins, elle fut tenue pour vne publique, fut ſol-
licitée, & perdit ſon honneur. Anne la propheteſſe ne ſçauoit autre chemin
que celuy du temple. Dés qu'vne vefue commence à conuerſer, elle eſt obli-
gée de voir, & d'eſcouter beaucoup, & toutes ces veuës, & tous ces diſcours
luy farciſſent l'eſprit de mille fantaiſies & imaginations, qui reueillent & re-
nouuellent les idées paſſées. Elle eſt obligée de parler à ſon tour & de deue-
ir du nombre de ces vefues dont parle S. Paul. I Timoth. 5. Otioſæ, verboſæ,
& curioſæ, loquentes quæ non oportet
, oyſeuſes, parleuſes, curieuſes, diſans ce
qu'il ne faudroit pas.
Trois biens
communs
aux fem-
mes.
S. Paul en ces paroles remarque trois vices qui ſont aſſez communs aux
femmes, mais que les ſainctes vefues doiuent euiter. Le premier, c'eſt l'oi-
ſiueté, car s'eſtant accouſtumées à ne point trauailler, tout leur temps ſe
paſſe en fables, ris, & badineries : & pour trouuer occaſion de paſſer le
temps, elles prennent le pretexte des viſites de charité, & vont de maiſon
en maiſon, & paſſent les iournées entieres ſans rien faire, & ſouuent la pre-
miere penſée qu'elles ont le matin, & le premier poinct de leur meditation,
eſt de ſonger où elles iront cette iournée-là. Le ſecond eſt de parler beau-
coup, & ce vice ſuit ayſement de l'autre ; car il faut s'entretenir, faire pa-
roiſtre qu'on a de l'eſprit, ne ceder aux autres en diſcours. Et d'autant que
d'ordinaire elles n'ont pas beaucoup de diſcours ſerieux & ſolides, elles ſont
curieuſes recherchans ce qui ſe fait aux maiſons de leurs voiſins, & s'entre-
tenans des bruits & de vaulx de ville304. Enfin le troiſieſme eſt de dire ce
qu'il ne faudroit pas, parlant par ſoupçon, auec iugement temeraire, diſans
tout ce qu'elles penſent, & qui leurs vient en bouche, & n'eſpargnans ſouvent
ny les viuans ny les morts, qu'elles noirciſſent par leurs vains, curieux & in-
iuſtes diſcours.
La mai-
ſon d'vne
vraye vef-
ue ne doit
eſtre ou-
uerte à
toute ſorte
de viſites.
Il y en a qui croient eſtre fort retenues, & auoir ſatisfait au deuoir d'vne
bonne vefue gardans leur maiſon exactement, s'abſtenans de toute viſite
actiue, mais cependant elles reçoiuent toute ſorte de viſite, leur maiſon eſt
ouuerte iour & nuict, elles en ſont vn berlan, ce ne ſont que ieux, que dan-
ſes, que balets, que violons, que balladins, que badins. Vous y voyez quan-
tité de valets poupins, friſez, iolis, pouldrez, parfumez, & vous voulez
qu'on tienne cette maiſon pour le temple & domicile de pudicité ! arriere,
arriere tout ce qui peut donner ſoupçon du contriare. Tenera res in fœmina
fama pudicitiæ, & quaſi flos pulcherrimus citò ad leuem marceſcit aurum, maximè

vbi

474
Traite' des Vefves.
vbi ætas conſentit ad iudicium, & maritalis deeſt authoritas, cuius umbra tuta-
men eſt vxoris
, dit S. Hieroſme ad Saluiam305, c'eſt vne choſe delicate aux
femmes que l'opinion & la renommée de leur pudicité, c'eſt comme vne
fleur laquelle à la moindre haleine ſe fleſtrit, principalement lors que
l'aage donne occaſion de ſoupçon, que l'authorité d'vn mary n'y eſt plus,
l'ombre duquel eſt la defenſe de la femme.
Les oyſeaux qui s'eſleuent de terre ſont en aſſeurance contre les la-
cets, & ont ordinairement le plumage net : ceux qui ne font que marcher
par terre ſont ſouuent attrapez, & ſont chargez de bouë : les vefues qui
s'eſloignent de la conuerſation des hommes terreſtres & charnels, ne
tombent pas ayſement aux pieges des tenations, ny dans les lacets de la
lubricité, celles qui ſe trouuent ſouuent aux compagnies des muguets306
& charnels, ſont ayſement enlacées.
Belles paroles de ſainct Hieroſme, Epiſt. 85. Quid facis vidua inter fa-
mulorum multitudinem, & inter miniſtrorum greges? caueas quicquid de te fin-
gi poteſt: non ambulet iuxta te calamiſtratus, non hiſtrio fractus in fœminam,
non cantoris diabolici venenata dulcedo, non inuenis cultus & nitidus, nihil
artium ſcenicarum, nihil tibi in obſequijs molle iungatur: habeto tecum vidua-
rum & virginum choros, habeto tui ſexus ſolatia.
Il fait beau voir vne vefue
parmy vne multitude de valets ? donnez vous de garde de tout ce qui
pourroit donner occaſion de mal penſer de vous: qu'on ne voye point de
ces friſez auprés de vous : point de farceurs effeminez, point de chan-
tres diaboliques, qui empoiſonnent par l'oreille : point de ieune homme
bien peigné & ioly, point de plaiſanteurs ny de comediens : n'ayez rien
d'affecté ny de mollace à voſtre ſeruice, ayez auec vous des vefues & des
vierges, que voſtre compagnie ſoit de voſtre ſexe.






Cul de lampe, une tête de diable entouré de fruits.






Exemples

475
Traite' des Vefves.

Filet cadre, rayé.

Exemples d'aucunes vrayes vefues.

CHAPITRE V.

Exemples
d'aucunes
vrayes
vefues.
IL ne faut pas icy s'imaginer que ce pourtrait & image des vefues
que ie viens de repreſenter ſoit vne idée de Platon, qui conſiſte
en la ſeule imagination, & qui ne puiſſe ſe mettre en pratique : on
trouue des vefues par centaines, qui ont effigié ces belles & releuantes
qualitez en leurs mœurs & perſonnes, & ſe ſont rendues recomman-
dables & admirables à tout le monde ; & ſans parler d'Anne la Pro-
pheteſſe
, de Iudith, de ſaincte Paule Romaine, de Bleſilla, de Melania,
illuſtres par les eſcrits de ſainct Hieroſme, qui a ecſrit leurs vies, mais
beaucoup plus par leurs ſignalées vertus, en voicy quelques autres que
ie vous repreſenteray.
Euphraſia
braue vef-
ue.
L'vne eſt Euphraſia Romaine, laquelle ayant eſté laiſſée vefue fort
ieune & riche, fut recherchée par l'Empereur307, mais elle prefera la vi-
duité à la couche imperiale ; le meſpris des choſes mondaines aux cou-
ronnes & aux ſceptres : toutes les careſſes qu'elle pouuoit pretendre
dans l'Empire n'eurent pas aſſez de pouuoir pour l'empeſcher de quiter
tout, pour ſe retirer dans les deſerts de la Thebaïde, où elle veſquit en
Ange, & mourut en Archange.
Conſtãtia.
Vous auez vne Conſtantia fille de l'Empereur Conſtantin, qui fut ſi effi-
cace par ſes perſuaſions auprés de Gallicanus ſon mary, General de toute
l'armée, que non ſeulement elle le fit Chreſtien, mais luy fit faire vœu de
continence, apres lequel il s'addonna entierement au ſeruice des pauures, &
couronna toutes ſes bonnes œuures de la glorieuſe couronne du martyre,
ſouz Iulien l'apoſtat308.
S. Elizabeth fille du Roy de Hongrie fut laiſſé vefue fort ieune, & ne
voulut plus auoir autre entretien que le ſeruice de Dieu & le ſoin des pau-
ures & des malades.
S. Brigitte tres-noble vefue ne voulut iamais entendre à ſe remarier,
s'occupant à viſiter les Saincts lieux de Rome & de Hieruſalem, & à fonder
pluſieurs Monaſteres, & faire autres merueilles.
Olympias.
Olympias toute ieune, apres deux ans de mariage auec Nebridius
gouuerneur
O o o 2

476
Traite' des Vefves.
gouuerneur de Constantinople, ne voulut iamais admettre autres recher-
ches. L'Empereur Theodoſe fit tous ſes efforts pour la marier à Elidius
ſon proche parent & grand Seigneur, mais elle luy dit : Si mon Dieu &
ſouuerain Empereur euſt voulu que ie paſſaſſe ma vie auec vn homme, il
ne m'auroit oſté celuy qu'il m'auoit donné : en me l'oſtant il ma deliurée
des embarras du mariage, & m'a chargée le doux joug de continence ; ie
le porteray le reſte de mes iours, ainſi elle s'addonna toute entierement
au ſeruice du temple & des pauures, & à l'exercice d'autres bonnes œuures.
Marcella Romaine, vefue apres ſept mois, eſtant recherchée de Cerealis
Marcella.
Conſul, tant à cauſe de ſa floriſſante ieuneſſe, comme pour ſon illuſtre extra-
ction, rare beauté, & vertus admirables : meſme il luy promettoit qu'il la
tiendroit non ſeulement comme ſa femme, mais encore comme ſa fille, &
qu'eſtant ja vieil il la feroit ſon heritiere. Sa mere Albina luy faiſoit toute in-
ſtance pour accepter ces offres, luy remontrant que c'eſtoit l'honneur &
l'appuy de ſa famille : mais elle reſpondit, Si ie voulois me marier & non
pas faire profeſſion d'vne perpetuelle continence, ie chercherois vn mary,
non de l'or, ny de l'argent, ny vne ſucceſſion : elle demeura donc dans
ſa viduité, s'addonnant entierement à la deuotion & au ſeruice de Dieu.
Galla fille de Symmachus, Conſul Romain, apres vn an de mariage
Galla.
eſtant deuenue vefue, fut importunée de tous ceux de ſa connoiſſance de
ſe remarier. Les medecins entre autres l'aſſeuroient, que ſi elle ne le fai-
ſoit, qu'à cauſe de ſa complexion boüillante elle deuiendroit barbuë :
Comme de fait il arriua, elle prefera l'eſtat de viduité à tout ce qu'on luy
pouuoit faire & d'offres, & de menaces, ne ſe ſouciant d'aucune difformité
qui luy peuſt aduenir, moyennant qu'interieurement elle aggreaſt à Dieu
ſon eſpoux : donc incontinent apres la mort de ſon mary elle quita l'habit
du monde, ſe rendit Religieuſe en vn monaſtere proche de l'Egliſe S. Pi-
erre, viuant en grande deuotion & ſimplictié pluſieurs années, & faiſant
de grandes aumoſnes. Dieu pour la recompenſer de tant de bonnes œuures,
& les combler d'vne grande patience, luy enuoya vn chancre à la mam-
melle qui luy donnoit bien de l'exercice309. Elle auoit couſtume d'auoir
touſiours la nuict deux chandelles allumées deuant ſon lict, d'autant qu'elle
eſtoit extremement amoureuſe de lumiere, & auoit les tenebres en hor-
reur, non ſeulement les ſpirituelles, mais encore les corporelles. Comme
vne nuict elle eſtoit couchée extremement trauaillée de ſon chancre, elle
apperceut S. Pierre au milieu des deux luminaires, au deuant de ſon lict.
Tant s'en faut que cette viſion l'eſpouuantaſt, au contraire pleine d'aſſeur-
ance & d'vn ſainct amour luy dit, Et quoy mon bon Seigneur, mes pechez
me

477
Traite' des Vefves.
me ſont-ils pardonnez ? Ouy ma fille, luy dit S. Pierre, ils le ſont, n'en dou-
Heureuſe
mort de
Galla vef-
ue.
tez pas, venez auec moy. Elle repartit, ie vous prie que ma ſœur Benoiſte
(c'eſtoit vne religieuſe du meſme Monaſtere, qu'elle aimoit grandement)
ſoit de la partie. Non, dit S. Pierre, mais ce ſera vne telle, & luy en nomma
vne autre, & Benoiſte vous ſuiura dans trente iours, puis diſparut : incon-
tinent elle fit prier ſa ſuperieure de la vouloir viſiter, luy raconta tout ce qu'‑
elle auoit veu, & le troiſiéme iour elle mourut ſainctement auec celle qui auoit
eſté nommée, & Benoiſte le trentiéme iour, Greg. lib. 4. Dialog. c. 13. anno
504. Fulgentius, Epiſtola ad Gallam.
La France a eu & a encore pour le preſent quantité de ſemblabes vefues,
qui apres la mort de leurs marys ont quitté toute mondanité pour viure dans
vne ſimplicité & modeſtie de vefue, aucunes meſme pour viure ſouz l'obeyſ-
ſance comme ſimples Religieuſes dans des monaſteres, il s'en voit encore
auiourd'huy.
Clotilde vefue de Clodouée Roy de France, apres la mort du Roy ſon
Clotilde
vefue.
eſpoux, paſſa le reſte de ſes iours à Tours en l'Egliſe de S. Martin, y ſeruant
auec vne grande pudicité, modeſtie, douceur & humilité.
Elizabeth, vefue de Charles neufuieme dans vne vigoureuſe ieuneſſe,
Elizabeth
vefue de
Charle 9.
eſtant recherchée des plus grands Monarques du monde, reſpondit qu'ap-
res eſtre vefue de Charles de France, il ne luy reſtoit plus rien que d'auoir
Ieſus-Chriſt pour eſpoux, & paſſa le reſte de ſa vie parmy des religieuſes,
qu'elle auoit fondées. Il y a tout plein de ſemblables exemples, & ſemble
qu'autrefois c'eſtoit le propre des Reines & grandes Princeſſes d'en faire
ainſi.
L'Allemagne n'en manque point, ie n'en rapporteray qu'vne de plu-
ſieurs, qui eſt Cunegunde, femme de Henry ſecond Empereur, ſon mary
Cunegon-
de
.
eſtant mort elle ne manqua à aucun deuoir qu'elle peuſt rendre à ſon ame
pour ſon ſoulagement, ſoit d'oraiſons, ſoit d'auſmones, ſoit de meſſes &
autres : & le iour du bout de l'an, fit dedier vne Egliſe qu'elle auoit fait
baſtir, quitta tous les ornemens d'Emperiere, prit l'habit de religieuſe en
vn monaſtere qu'elle auoit fondé, auec reſolution d'y ſeruir les religieuſes,
où elle perſiſta quinze ans, au bout deſquels mourant, & voyant qu'on pre-
paroit des habits & ornemens imperiaux pour ſa pompe funebre : Non, non,
dit-elle, ie ne l'entens pas ainſi, ces habits magnifiques ne ſont pas miens,
ils ſont eſtrangers, ce ſont ceux auec leſquels i'ay eſté mariée & alliée à vn eſ-
poux terreſtre, voicy ceux (dit-elle) monſtrant ſon pauure habit de religion,
qui m'ont joinct à vn eſpoux celeſte. Ie ſuis ſortie nue du ventre de ma mere,
ie retourneray volontiers en la mere commune toute nuë. Des grandeurs &
ſuperfluitez du monde ie ne deſire emporter autre choſe que ce pauure ha-
it, dans lequel Dieu me fait la grace de mourir ; ie vous prie d'en enueloper
ma
O o o 3

478
Traite' des Vefves.
ma miſerable carcaſſe, & de mettre mon corps proche du tombeau de mon
frere, & Monſeigneur Henry Empereur, qui m'appelle, & ayant dit ces pa-
roles rendit ſa beniſte ame à ſon Dieu. Ex Adelberone Epiſcopo 6. Traie-
ctenſi: Baron. tom. 2. anno 1024. 1025. 1040310.
Qui a donné les forces à tant de ſainctes vefues pour viure en terre vne
vie ſi celeſte ? Pour ſurmonter l'infirmité de leur ſexe par des actions ſi he-
roiques ? Pour mener vne vie de Seraphin dans vn corps de chair & de bouë ?
C'eſt le pere & protecteur des vefues : c'eſt luy qui a fait vne Amazone d'vne
Iudith. Vn Seraphin d'vne Anne, des Anges & Archanges de celles que nous
auons raconté, & de tant d'autres qui les ont imité : mais quel en a eſté le
motif ? Sans doute celuy qui a acquis à Iudith vne ſi grande gloire : motif
que l'Eſcriture ſaincte a voulu qui nous fut connu. Eò quod castitatem ama-
ueris, & post virum tuum, alterum neſcieris, ideo & manus Domini confortauit te,
& ideo eris benedicta in æternum.
Pour autant que tu as aimé la chaſteté, &
qu'apres la mort de ton mary tu n'en as point pris d'autre, la main de Dieu
t'a fortifié, & tu ſeras beniſte à iamais.


Filet cadre, rayé.

De l'honneur qu'on doit aux vefues.

CHAPITRE VI.

Faut ho-
norer les
vefues.
LE commandement d'honorer les vefues eſt exprés I. Timoth. 5. Honora
viduas, quæ vere viduæ ſunt
, honorez les vefues qui ſont vrayemẽt vefues.
S. Hieroſme explique ces paroles, quæ vere viduæ ſunt, qui ſont depourueuës
de ſecours, qui ne peuuent gaigner leur vie, qui ſont pauures, qui ſont vieil-
les, qui ont mis toute leur eſperance en Dieu, & qui n'ont autre ſoin que de
le ſeruir, autre occupation que de le prier.
Tout ainſi que l'honneur qu'on doit à pere & mere ne conſiſte pas à des
complimens, à des bonnetades, ny à des reuerences exterieurs, mais à vne
aſſiſtance & ſecours en leur neceſſité & beſoin : auſſi l'honneur que S. Paul
entend qu'on defere aux vefues, giſt principalement à les ſecourir en leur be-
ſoin: honos in ſcriptura non tam in ſalutationibus deferendis, quam in elcemoſynis
& munerum oblatione ſeruitur
, dit S. Hieroſme in 13. Matth.311 L'honneur és
Eſcritures ſainctes ne conſiſte pas tant à des reuerences exterieures, comme à
des aumoſnes & à des preſens.
Ie

479
Traite' des Vefves.
En quoy
conſiſte
l'honneur
qu'on doit
aux vefues.
Ie reduiray l'honneur qu'on doit aux vefues à quatre points. Le premier
eſt de les aſſiſter en leur pauureté, & c'eſtoit jadis la couſtume que les vefues
qui ne pouuoient trauailler fuſſent nourries des moyens des Prelats. I. Ti-
moth.
5. Si quis fidelis habet viduas, ſubministret illis, ne grauetur Eccleſia, & his
quæ vere viduæ ſunt, ſufficiat.
Si quelque fidele a des vefues en ſa famille & a
On doit
aſſiſter les
vefues en
leur pau-
ureté.
dequoy leurs donner qu'il les aſſiſte, afin que l'Egliſe n'en ſoit chargée, & que
les vefues qui n'ont point d'autre aſſiſtance que de l'Egliſe, ne ſoient fraudées
d'autant.
Au commencement de l'Egliſe, l'Egliſe n'eſtoit pas ſi riche comme elle
eſt maintenant, & cependant on nourriſſoit les vefues des biens de l'Egliſe :
& maintenant que par la liberalité des fideles les biens ſont ſi fort accreus,
les vefues ſont abandonnées, & ſouuent les biens qui deuroient eſtre pour
leur entretien ſont pour des chiens, des oyſeaux, des cheuaux, & des louues.
Voyez le ſoin que Dieu a eu de l'entretien des vefues, Deuter. 24. Cum meſ-
Le ſoin
que Dieu
a des vef-
ues, & de
leur nour-
riture.
ſueris ſegetem tu agro tuo, & oblitus manipulum reliqueris, non reuerteris vt
tollas illum, ſed aduenam & pupillum, & viduam auferre patieris, vt benedicat
tibi Dominus Deus tuus in omni opere manuum tuarum.
Lors que tu feras la
moiſſon en ton champ, & que par oubliance tu auras laiſſé vne iauelle,
tu ne retourneras pas pour l'enleuer, mais tu la laiſſeras pour l'eſtranger,
pour l'orphelin & la vefue, afin que Dieu beniſſe toutes les œuures de
tes mains. Voilà comme en faiſoit le charitable & miſericordieux Booz,
qui tout exprés laiſſoit des eſpis, afin que Ruth les remaſſaſt apres les moiſ-
ſonneurs, pour la nourriture de la bonne Noemi vefue, autrefois riche, &
reduitte à la pauureté.
Pourquoy croyez-vous que noſtre Seigneur eſt piqueé de compaſſion,
voyant la pauure vefue de Naim toute deſolée ſur la mort de ſon fils ? Pour-
quoy le reſuſcite-il ſans en eſtre requis ? ſinon pource que cet enfant eſtoit
tout le ſecours, aſſiſtance & conſolation de ſa mere, & pour nous enſeigner
comme nous deuons ſecourir les vefues en leurs neceſſitez, meſme auant
que d'en eſtre priez, par vne certaine tendreſſe que nous deuons auoir pour
elles, à raiſon de leur condition & eſtat digne de toute ſorte de compaſſion
& d'aſſiſtance. Que ſi cette obligation s'eſtend enuers tous ceux qui le peu-
uent faire, il n'y a nul doute que les Prelats & Eccleſiaſtiques n'y ſoient ſpe-
cialement obligez, comme ceux qui doiuent eſtre les protecteurs & conſo-
lateurs des vefues.
Faut viſi-
ter les vef-
ues en
leurs af-
flictions.
Le ſecond poinct de l'honneur qu'on doit aux vefues eſt de les viſiter en
leurs afflictions ſuiuant le precepte de S. Iacques c. 1. Religio munda & im-
maculata apud Deum & Patrem, hæc eſt, viſitare pupillos & viduas in tribula-
tione eorum, & immaculatum ſe custodire ab hoc ſeculo
: la religion pure & ſans
macule deuant Dieu le Pere, eſt de viſiter les orphelins & veſues en leur
affliction

480
Traite' des Vefves.
affliction, & ne ſe ſoüiller dans le monde. C'eſt le bon office que noſtre Sei-
gneur rendit à la veſue de Naim, la viſitant pour reſuſciter ſon fils.
Pourquoy
N. Seign.
reſuſcite le
fils de la
vefue de
Naim ſans
en eſtre
prié?
Remarquez que de trois morts que nous liſons auoir eſté reſuſcitez par
noſtre Seigneur, il eſt prié de ce faire pour deux, ſçauoir pour le fils du
Prince de la Synagogue, & ce par ſon pere, homme marié : pour le Lazare,
en eſtant requis par Marthe ſa ſœur, vierge ; mais il reſuſcite le fils de la
vefue, ſans en eſtre prié, de ſon propre mouuement, pour nous enſeigner
que l'eſtat des vefues doit feruir de motif à noſtre charité pour les aſſiſter,
ſans qu'il ſoit neceſſaire d'attendre les prieres. N'eſt-ce pas pour la meſme
raiſon que Dieu enuoye le Prophete Elie à la pauure vefue de Seraphta.
3. Reg. 17. pour l'aſſiſter en ſa grande neceſſité ? Et Eliſée à vne autre.
Aucuns viſitent les vefues pour les attirer au mal & les perdre; d'autres
pour les eſcorniſler & les deualiſer : Dieu veut qu'on ayt égard particulier
à elles, & à leur condition : voyez la loy qu'il fait, Deuter. 24. Non accipies
loco pignoris, viduæ veſtimentum
: Tu ne prendras pas pour gage l'habit de la
N'eſtoit
aucune-
ment loiſi-
ble de prẽ-
dre à vne
vefue aucũ
habit pour
gage.
vefue. Lyranus là deſſus dit qu'il n'eſtoit loiſible de prendre pour gage à
qui que ce fuſt le jour, l'habit qui luy eſtoit neceſſaire pour pour le iour ; ny la
nuict, la couuerture qui luy eſtoit neceſſaire pour la nuict : que ſi de iour on
prenoit pour gage la couuerture de nuict, falloit la rendre la nuict appro-
chante : & ſi on prenoit la nuict, l'habit neceſſaire pour le iour, falloit le ren-
dre pour s'en ſeruir de iour : au reſte on pouuoit bien prendre pour gage
vn habit non neceſſaire : les vefues eſtoient toutefois priuilegiées, & n'eſ-
toit nullement permis de prendre d'elles aucun habit pour gage : mais tout
ce qu'elles ont, & comme dit noſtre Seigneur, pour manger leurs maiſons,
Comedunt domos viduarum, Matth. 23. on les ruyne, & quelques fois ſouz
pretexte de deuotion ; d'autres par vraye rapine, d'autre par des concuſ-
ſions & procés inuiſtes.
Le troiſieme poinct de l'honneur qu'on doit aux vefues, eſt de les conſo-
Faut con-
ſoler les
vefues.
ler : Iob s'acquitoit parfaitement de ce deuoir qui dit, c. 29. Benedictio peri-
turi ſuper me veniebat, & cor viduæ conſolatus ſum.
I'aſſiſtois ceux qui eſtoient
abandonnez, & i'ay conſolé la vefue. Le vray conſolateur des vefues eſt Dieu.
1. Timoth. 5. Quæ verè vidua eſt, & deſolata, ſperet in Deum. La vefue qui eſt ab-
andonnée de tout le monde, & deſolée mettre ſon eſperance en Dieu, qui luy
ſeruira de paraclet, de pouruoyeur, de pere, de mary, de tout.
Noſtre Seigneur dit à la vefue de Naim, noli flere: m'amie ne pleurez pas,
c'eſt pour la conſoler : & non content des paroles vient aux effets, & reſuſci-
te ſon fils. Il y eſt obligé par ſes promeſſes, Non deſpiciet, Dominus preces pupil-
li, nec viduam, ſi effundat loquelam gemitus: nonne lachrymæ viduæ ad maxillam
deſcendunt, & exclamatio eius ſuper deducentem eas?
Eccli. 35. Dieu ne meſpri-
ſera

481
Traite' des Vefves.
ſera pas la priere de l'orphelin, ny de la vefue, d'autant qu'il les a pris en ſa
ſpeciale protection, l'vn comme eſtant deſtitué de pere ; l'autre de mary, &
partant il les eſcoute, les aſſiſte, les conſole, principalement lors que leurs
prieres ſont accompagnées de larmes & de ſouſpirs. Deuter. 10. Facit iudi-
cium pupillo & viduæ
, il eſt le iuge des orphelins & des vefues, Pſ. 145. Domi-
nus cuſtodit aduenas, pupillum & viduam ſuſcipiet
, il eſt leur gardien, Pſal. 67.
Pater orphanorum, & iudex viduarum: il eſt leur pere. Pſal. 9. Tibi derelictus eſt
pauper, orphano tu eris adiutor
, c'eſt leur aide & ſecours.
Les veſ-
ues doi-
uent met-
tre leur
confian-
ce en Dieu.
Iudith le ſçauoit bien, lors qu'elle s'addreſſoit à Dieu auec tant de con-
fiance, & luy diſoit, ſubueni quæſo te, Domine Deus mihi viduæ, Iudith. 9. Mon
seigneur & mon Dieu, qui faites profeſſion d'eſtre mary, pere, tuteur, prote-
cteur, conſolateur des vefues, aſſiſtez moy. Partant les vefues doiuent auoir
recours à Dieu par l'oraiſon en toutes leurs afflictions : c'eſt le precepte que
leurs donne S. Paul. I. ad. Timoth. 5. Instet obſecrationibus, & orationibus
nocte & die
, qu'elle prie iour & nuict. Quelqu'vn appelle l'oraiſon le mary des
L'oraiſõ,
le mary
des vefues.
vefues, peut-eſtre d'autant que Dieu eſt obligé par leurs oraiſons de ſe com-
porter enuers elles comme s'il eſtoit leur mary. L'oraiſon eſoit le mary de la
bonne Anne propheteſſe, Luc. 2. Quæ non diſcedebat de templo obſecrationibus
ſeruiens nocte & die
, elle entretenoit ce mary iour & nuict. Eſcoutons parler
Le Sage à ce propos, nonne lachrymæ viduæ ad maxillam deſcendunt, & excla-
matio eius ſuper deducentem eas? à maxilla enim aſcendunt vſque ad cœlum & Do-
minus exauditor non delectabitur in illis
. Les larmes qui tombent des yeux des
vefues ſont autant d'auocates qui montent iuſques au ciel, & obligent Dieu
d'en prendre la protection & defenſe contre tous & enuers tous ceux qui les
attaquent : il fera bien paroiſtre par le chaſtiment qu'il prendra de ces te-
meraires, qu'il ne prend point de plaiſir à l'oppreſſion qu'on fait aux vefues.
Non ſeulement Dieu prend immediatement la protection des vefues,
mais auſſi il entend que ceux qu'il a eſtably en ce monde comme ſes lieu-
Les lieu-
tenans de
Dieu doi-
uent auoir
ſoin des
vefues.
tenans le faſſent. S. Paul eſcriuant à Timothée, dit, viduas honora, honorez
les vefues : la Gloſſe ſur ces paroles adjouſte, ſumptibus Eccleſiæ ſuſtentan-
do, & ſolatijs fouendo
, les entretenant aux frais de l'Egliſe & les conſolant. Il
veut donc que l'Egliſe ſon eſpouſe, que les Prelats ſes lieutenans, prennent
vn ſoin particulier des vefues, les nouriſſans & conſolans.
Conformement à cecy, & au ſentiment de Gelaſe Pape, diſt. 87. c. I.
eſt ordonné aux Eueſques d'auoir vn ſoin ſpecial des vefues, de les prendre
ſous leur defenſe & protection : voicy les propres paroles du Canon, viduis &
orphanis Eccleſiæ præſidium implorantibus, Epiſcopi debent adeſſe, & contra impro-
boborum violentias protectionis patrocinium eis negare non debent.
Les Eueſques
ne
P p p

482
Traite' des Vefves.
ne doiuent pas delaiſſer les vefues & orphelins qui ont recours à l'aſſiſtance
de l'Egliſe, ains les doiuent defendre contre les violences des mechans,
comme lieutenans de Dieu.
Les Roys ſont les Lieutenans & les viues images de la Diuinité en terre,
auſſi eſt-ce leur propre, facere iudicium atque iuſtitiam, & liberare de manu ca-
lumniantium vi oppreſſos, & perigrinis pupilliſque, & viduis, quod facilius oppri-
muntur à potentibus, præbere auxilium
. Cauſa. 23. q. 5. c. Regum312. C'eſt leur
propre de rendre iugement & faire iuſtice, & de deliurer des mains des ca-
lomniateurs ceux qui ſont oppreſſez, & d'aſſiſter les pelerins, les orphelins,
& vefues, comme perſonnes qui ont couſtume d'eſtre pluſtot trauaillées de
ceux qui ſont puiſſans, & expoſées comme but à leur auarice & iniuſtice.
Les Iuges ſont les Lieutenans de Dieu en terre, auſſi eſt-ce à eux de
prendre la defenſe des vefues, & les ſaincts Conciles de la part de Dieu les
excommunient s'il leurs font tort, ou s'ils ne leurs rendent iuſtice. Et noſtre
Seigneur meſme, Luc. 7. appelle le iuge inique qui ne defend la vefue.


Filet cadre, rayé.
Des merueilles que Dieu fait par les vefues,
& pour les vefues.


CHAPITRE VII.

Merueil-
les que
Dieu a
fait par
les vefues.
SE peut-il trouuer plus grande merueille que ce que Dieu a fait par la
ſaincte & chaſte vefue Iudith ? Si l'eſcriture ſaincte ne nous en donnoit
vn infaillible le teſmoignage, nous croirions que ce ſont des Romans, & des
contes faicts à plaiſir. Vne femme tendre & delicate entreprendre vne choſe
ſi grande, & confondre toute cette grande armée des Aſſyriens, qui ſe ten-
oit toute aſſeurée de triompher de la ville de Bethulie, qu'il tenoit aſſiegée.
Sainct Ambroiſe lib. de Viduis, monſtre les merueilles que Dieu a fait
Merueil-
les que
Dieu fait
par De-
bora

vefue.
par les vefues, & d'autant, comme il dit, qu'il eſt quaſi eſt quaſi impoſſible
de raconter toutes les vefues, dont Dieu s'eſt voulu ſeruir pour monſtrer la
force de ſon bras, il ſe contente de mettre en ieu Debora, laquelle comme il
dit a bien fait paroiſtre que les vefues pouuoient non ſeulement ſe paſſer de
l'aide des hommes, mais que les vefues pouuoient aſſiſter les hommes : la-
quelle n'a pas eſté empechée par la foibleſſe de ſon ſexe d'entreprendre les ex-
ercices qui ſont propres des hommes, & de les mener à chef. Les Iuifs eſtant
gouuernez

483
Traite' des Vefves.
gouuernez par les Iuges, & n'eſtans ſuffiſans ou de leurs rendre la iuſtice, ou
de les defendre contre les ennemis, dont ils eſtoient attaquez de tous coſtez,
ils appellerent Debora à leurs ſecours & aſſiſance, pour eſtre gouuernez
par elle, & vne ſeule femme gouuerna des milliers de perſonnes pendant la
paix, & les defendit contre leurs ennemis. Barach Capitaine General mon-
ſtra bien que la victoire dependoit de Debora, lors qu'ayant receu commande-
ment d'aller attaquer l'ennemy, il luy repliqua, ſi venis mecum vadam: ſi nol-
ueris venire mecum non pergam
, Iudic. 4. Madame ſi vous venez auec moy,
i'iray : ſi vous ne voulez venir ie ne puis aller. Monſtrant par la que toute ſon
eſperance, apres Dieu, conſiſtoit en la force, prudence, & conduite de cette
courageuſe vefue, & inuincible Amazone.
Quelle reſolution de la magnanime Iahel vefue, lors qu'elle perça les tẽ-
ples de Siſara auec tant de courage : mais quelle conſtance de la ſaincte mere
Courage
de Iahel.
des Machabées, par laquelle Dieu a fait des ſi grandes merueilles ? nous
en auons deſia parlé.
Merueil-
les que
Dieu fait
pour les
vefues.
Non ſeulement Dieu fait des merueilles par elles, mais encore pour elles.
Il enuoye Elie. 3. Reg. 17. à la vefue de Sarepta pour l'aſſiſter en la pauureté :
il enuoye Eliſée à vne autre pour la ſecourir à ſon abandonnement 4. Reg. 4.
Et en ſa faueur reſuſcite ſon fils, & multiplie miraculeuſement ſon huile.
Noſtre Seigneur meſme reſuſcite le fils de la vefue de Naim. Sainct Pierre
eſmeu par les prieres des vefues reſuſcite Thabita mere nourrice des vefues.
Actor. 9. Sainct Eſtienne eſt conſtitué des Apoſtres comme pouruoyeur des
vefues.
Dieu a bien vn tel ſoin des vefues que meſme il defend de les attriſter,
Comme
Dieu pu-
nit ceux
qui offen-
ſent les
vefues.
Hierem. 22. Viduam nolite contristare. Eſcoutez les eſpouuantables menaces
qu'il fait à ceux qui en ce point outrepaſſent ſes ordonnances, Viduæ & pupil-
lo non nocebitis: ſi læſeritis eos vociferabuntur ad me, & ego audiam clamorem eo-
rum, & indignabitur ſuror meus, percutiamque vos gladio, & erunt vxores vestræ
viduæ, & filij veſtri pupilli
. Gardez-vous d'offenſer les vefues ny les orphelins :
ſi vous le faites, ils auront recours à moy, ie les eſcouteray, ie me mettray en
furie, ie vous feray paſſer par le tranchant de l'eſpée, vos femmes deuiendr
ont vefues, & vos enfans orphelins. Le meſme aſſeure aux Prouerb. 15. qu'il
renuerſera la maiſon de ces temeraires qui oſent attaquer les vefues, & affer-
mira celles des vefues, Domos ſuperborum demolietur, & firmos faciet terminos
viduæ.
Cauſe de
la reſurre-
cetion pre-
fumée de
Traian le
ſecours
d'vne vefue.
Aucuns penſent que l'Empereur Traian a eſté reſuſcité & deliuré de l'En-
fer, puis a fait penitence, & enfin eſt ſauué. Ils attribuent cette grace à ce
que ſon fils eſtant vn iour monté ſur vn cheual ſougueux, le cheual par cas
fortuit tua d'vn coup de pied le fils d'vne pauure vefue, laquelle demandant
iuſtice à l'Empereur, il donna ſon fils à la vefue, luy commandant de la ſeruir
& hono-
P p p 2

484
Traite' des Vefves.
& honorer, comme ſi ce fuſt ſa propre mere, & que S. Gregoire, eſmeu de cet
acte heroique & nonpareil fait par vn Idolatre & perſecuteur des Chreſtiens,
pria pour luy, obtint de Dieu qu'il ſortit de l'Enfer, reſuſcitaſt, fit penitẽce,
& enfin fuſt ſauué. Voyez Baronius ad Annum Chri. 604. & autres qui ex-
aminent la verité de cette hiſtoire.
Pleut-il à Dieu que nos iuges imitaſſent l'Empereur Theophile en ce
La iuſtice
que l'Em-
pereur
Theophi-
le
a fait en
faueur d'v-
ne vefue.
poinct. Cedrenus & Zonaras, tom. 3. in vita Theophili, racontent qu'vn Ca-
pitaine oſta le cheual à vn ſoldat, & le ſoldat deſtitué de ſon cheual, auquel
il ſe confioit grandement, fut tué en la bataille. Le Capitaine fit preſent du
cheual à l'Empereur. La vefue du ſoldat ayant apperceu l'Empereur qui al-
loit à l'Egliſe monté ſur ce cheual, court à grand pas, prend le cheual par la
bride, proteſte qu'il eſt à elle, & que perſonne autre n'eſt cauſe de la mort
de ſon mary que l'Empereur, qu'elle croyoit auoir rauy le cheual à ſon ma-
ry : l'Empereur eſtonné de l'aſſeurance de cette femme, & eſpouuanté de
ſes clameurs, la pria d'auoir vn peu de patience, iuſques à ce qu'il ſeroit de
retour à ſon palais, où il la fit incontinent venir, & s'informa du tout. Il fit
appeller le Capitaine, & pendant qu'il l'interrogeoit, commanda à la vefue
de demeurer derriere la tapiſſerie. Le Capitaine fit mille ſermens à l'Empe-
reur que le cheual luy appartenoit, enfin on fit paroiſtre la femme, le Capi-
taine ne l'euſt pas ſi toſt apperceu, qu'il deuient muet comme vn poiſſon, &
tout eſperdu ſe jetta aux pieds de l'Empereur, & la parole luy eſtant reuenu
confeſſa ſon larcin. L'Empereur confiſqua ſes biens en faueur de la vefue &
de ſes enfans, & l'ayant priué de ſa charge, le bannit à perpetuité.
Lactance 6. Diuinorum inſtit. c. 25. fait vne belle remarque touchant
la conſtance des ſaincts martyrs. Il ſembloit qu'ils euſſent perdu tout reſſenti-
ment de nature, lors qu'auec tant d'aſſeurance ils couroient au martyre, ſans
auoir egard ny à leurs pauures femmes, qu'ils laiſſoient vefues, expoſées à la
riſée des Gentils, & à la cruauté des tyrans : ny à leurs enfans tendrelets qu'ils
laiſſoient orphelins : eſtoit-ce qu'ils euſſent perdu toute affection pour elles
& pour eux ? Ie ſçay bien qu'en cela ils pratiquoient le commandement de N.
Seign., qui commande de haïr pere & mere, ſa femme, ſes enfans, tout. Ouy !
les haïr, c'eſt à dire les abandonner & quiter pluſtot que d'enfraindre la fide-
lité que nous deuons à Dieu. Mais ce qui leurs donnoit vne ſi admirable con-
ſtance, dit Lactance, eſtoit la grande aſſeurance qu'ils auoient que Dieu ſe-
Quatre
raiſons
pour leſ-
quelles
on doit
aſſiſter les
vefues.
roit le protecteur des orphelins & des vefues, Pupillum & viduam ſuſcipiet.
Pſalm. 143. & qu'il auoit vne particuliere obligation de prendre ſous ſa pro-
rection les femmes & les enfans de ceux qui meurent pour la defenſe de ſon
ſainct nom, & pour ſa gloire.
Hugue de S. Victor remarque quatre raiſons pour leſquelles on doit ſe-
courir les vefues. La premiere eſt la miſere de leur condition, qui eut le
pouuoir

485
Traite' des Vefves.
pouuoir d'eſmouuoir le iuge iniuſte, Luc. 18. La ſeconde, l'exemple de no-
ſtre Seigneur qui a aſſiſté les vefues. La troiſieme, le commandement que
Dieu en donne. La quatrieme, la miſericorde que Dieu promet à ceux qui
le feront.
Comme
on perſe-
cute les
vefues.
Tout ainſi que lors qu'vn chien eſt mal traité, d'ordinaire tous les autres
ſe iettent deſſus à corps perdu, de meſme lors qu'vne pauure femme a perdu
ſon mary, vous diriez qu'elle eſt la proye du monde, chacun en veut tirer
pied ou aiſle, vous croiriez qu'elle eſt à l'abandon.
Mais que penſez-vous faire malheureux ? quoy ! preualoir contre Dieu,
qui ſe qualifie le iuge des vefues ! ſçachez que leurs cauſes ſont priuilegiées,
& que Dieu en iuge immediatement, & qu'entreprenans contre elles, vous
prenez Dieu à partie. L'inſolent Heliodorus voulut repaiſtre ſon inſatiable
auarice des treſors & depoſts des vefues & orphelins qui eſtoient au temple :
il fut traicté ſelon ſes demerites, 1. Mach. 3. & quiconque l'imitera ſera payé
de meſme monnoye, ſuiuant ce que dit Dauid, turbabuntur à facie eius patris
orphanorum, & iudicis viduarum
, le pere des orphelins, le iuge des vefues, vous
iugera comme vous meritez.
Dieu reproche à ceux de Hieruſalem, que cauſam viduæ non iudicauerunt,
Hierem. 5. Ils n'ont tenu compte de rendre la iuſtice aux vefues, & Iſaie 1. Pu-
pillo non iudicant, & cauſa viduæ non ingreditur ad illos
: & ne ſe trouuent-ils pas
maintenant des iuges, qui non ſeulement ne rendent point de droict aux
vefues, mais qui les accablent & ruinent d'iniuſtice, ſemblables à ceux d'I-
ſaie
10. Qui condunt leges iniquas vt eſſent viduæ prædæ eorum. Qui font des loix
iniuſtes pour mettre en proye les pauures vefues. Au moins s'ils eſtoient
ſemblables à ce Iuge de S. Luc. 18 qui ne craignoit ny Dieu, ny les hommes,
qui toutefois iugea la cauſe de la vefue, non par affection qu'il eut à la iuſtice,
mais preſſé d'importunité.
Dauid parlant des vefues dit, Viduam eius benedicens benedicam, Pſal. 131.
La traduction Hebraïque a, Venationem eius benedicens benedicam, il appelle
vne vefue vne chaſſe, vne venaiſon, vne proye, pourquoy ? ſinõ pour monſtrer
que maintenant la proye, la chaſſe, la venaiſon des meſchans iuges, des aduo-
cats iniques, des procureurs larrons, ſont les pauures veſues, qu'ils chaſſent,
qu'ils eſcorchent, qu'ils mangent, Viduam & aduenam interfecerunt, & pupillos
occiderunt
, Pſal. 93. & puis ils ne craignent la punition, d'autant que Dixerunt
non videbit Dominus, nec intelliget Deus Iacob.
Dieu n'en ſçaura rien.
Ah mal-heureux, qui plantauit aurem non audiet? aut qui finxit oculum non
conſiderat? qui corripit gentes, non arguet?
Celuy qui fait ouyr les ſourds, fait voir
les aueugles, qui iuge les nations, n'entendra les clameurs des vefues ? ne ve-
ra leurs larmes ? ne ſçaura vos iniuſtices ? vous laiſſera impunis? Mais eſcou-
tez-le qui vous parle par la bouche de Malachie 3. Accedam ad vos in iudicio, &
ero
Ppp 3

486
Traite' des Vefves.
ero testis velox maleficis, & adulteris, & periuris, & qui calumniantur mercedem
mercenariis, & humiliant viduas & pupillos.
Ie vous trouueray bien, ie vous
iugeray promptement, vous ſorciers, magiciens, adulteres, pariures, qui rete-
nez le ſalaire des mercenaires, qui accablez les vefues & orphelins. Maledi-
ctus qui peruertit iudicium pupillo, & viduæ.
Maudict celuy qui ne rend bonne
iuſtice à l'orphelin & à la vefue.
Se trouue-il pas encore des reliques de la race de ceux dont parle le Sage,
Sap. 2. Non parcamus viduæ, & veterano multi temporis, n'eſpargnons pas la
vefue, ny les vieillards chenus, dont ſe plaint Iob 24. Vim fecerunt pupillo de-
prædantes, & acceperunt pro pignore bouem viduæ.
Ils ont pillé le pauure orphe-
lin, ils ont emmené le bœuf de la pauure vefue.
Comme
Dieu pu-
nit ceux
qui font
tort aux
vefues.
Pierre Damien raconte qu'vn certain ſe trouuant au point de la mort, co-
mença à crier comme vn deſeſperé, de ce que S. Gregoire & S. Ambroiſe le
battoient à toute outrance, d'autant qu'il auoit rauy ſept eſcus à vne vefue,
& que la ſentence portoit qu'il auoit autant de coups, que la vefue auoit fait
de pas pour r'auoir ſon argent.
En la vie des peres, vn certain ayant emmené ſon fils à S. Amon pour eſtre
guary de la rage, S. Amon luy dit, que s'il vouloit que ſon fils fut guary, qu'il
rendit auparauant le bœuf, que luy & ſon fils auoient rauy à vne vefue. N'ap-
perceuez-vous pas que cette rage eſtoit le chaſtiment du tort fait à la vefue ?
Souuenez vous donc que Dieu commande d'honorer les vefues, c'eſt à
dire, de les aſſiſter, viſiter, conſoler ; mais les vrayes vefues, qui ſeruent Dieu,
qui ſont chaſtes & prudentes : Souuenez vous qu'il eſt le mary, le pere, le pro-
tecteur, le iuge, le tout des vefues, & partant que comme il punit ceux qui
leurs font tort, auſſi recompenſe-il ceux qui les honorent.
S. Chryſoſtome en vne epiſtre qu'il eſcrit à vne ieune vefue, luy dit, Mada-
me, ſi parmy tant de maux & trauerſes que vous auez eu, vous eſtes demeu-
rée conſtante, & voſtre eſprit eſt touſiours demeuré dans ſon ſerein, vous n'en
eſtes obligée à aucun aide, ny aſſiſtance humaine, mais c'eſt vne œuure de la
main du tout puiſſant, c'eſt vn traict de cette ſouueraine intelligence qui n'a
point de meſure ; de cette prudence qui ne ſe peut comprendre : c'eſt vne fa-
ueur du pere des miſericordes, & du grand Dieu de toute conſolation, car
comme dit le prophete Oſée c. 6. il nous bat & nous guarit, nous frappe, &
nous penſe313, & nous ſanctifie. Lors que voſtre mary viuoit, quoy qu'il ne fuſt
qu'vn homme, il auoit toutefois ſoin de vous, mais d'autant que Dieu l'a ap-
pellé à ſoy, il a pris ſa place : ie ne dis pas cela de moy, c'eſt apres le Prophete,
Pſal. 145. Pupillum & viduam ſuſcipiet, il prendra la protection de l'orphelin
& de la vefue, & au Pſ. 67. il s'appelle le pere des orphelins & iuge des vefues ;
& l'experience vous ſera connoiſtre qu'il a pour ſingulierement recomman-
dez & les vns & les autres, les orphelins & les vefues. Voila le diſcours de S.
Chryſoſtome
.
Qu'on

487
Traite' des Vefves.

Filet cadre, rayé.
Qu'on peut ſe remarier, que c'eſt toutefois choſe plus honorable
de demeurer vefue.


CHAPITRE VIII.

M ontanus, les Cataphryges314, Tertulian, les Nouatiens & autres,
ont enſeigné que depuis qu'vne fois quelqu'vn eſtoit vefue, il ne luy
eſtoit loiſible de ſe remarier. Cette doctrine eſt oppoſée formellement à
La fem-
me vefue
peut ſe
remarier.
celle de S. Paul, Rom. 7. où il dit, Quæ ſub viro est mulier, viuente viro alliga-
ta eſt legi: ſi autem mortuus fuerit vir eius, ſoluta eſt à lege viri: igitur viuente viro,
vocabitur adultera ſi fuerit cum alio viro; ſi autem mortuus fuerit vir eius, liberata
eſt à lege viri, vt non ſit adultera ſi fuerit cum alio viro
. La femme mariée, pen-
dant que ſon mary vit, eſt obligée à la loy du mariage : ſi ſon mary meurt,
elle n'eſt plus ſubjette à la loy du mariage : du viuant de ſon mary, elle ne
peut viure auec vn autre hõme ſans cõmettre adultere : ſon mary mort, elle
peut ſe remarier à vn autre ſans adultere. Il ſemble parler aſſez expreſſe-
ment & clairement, toutefois il parle encore plus clairement, Corinth. 7. di-
ſant, Mulier alligata eſt legi, quanto tempore vir eius viuit: quod ſi dormierit vir
eius, liberata eſt: cui vult nubat tantum in Domino. Beatior autẽ erit ſi ſic perman-
ſerit, ſecundum meum conſilium, puto autem quod & ego ſpiritum Dei habeam.
La
femme eſt obligée à la loy du mariage tandis que ſon mary vit : ſon mary
eſtant mort, elle eſt libre : elle peut ſe marier à qui bon luy ſemblera, ſui-
uant la loy de Dieu, & conformement à ſes ordonnances. Toutefois elle ſera
plus heureuſe en ſon vefuage, & ne ſe remariant pas.
On peut
ſe rema-
rier plu-
ſieurs
fois.
S. Auguſtin lib. de bono Viduitatis cap. 12. remarque que ſainct Paul ne
dit pas qu'elle peut ſe remarier vne fois, deux fois, trois fois, quatre fois,
mais qu'il dit abſolument, cui vult nubat, elle peut ſe marier à qui elle vou-
dra, ſelon Dieu, pour monſtrer qu'on peut ſe remarier pluſieurs fois, & que
ny les ſecondes nopces, ny les troiſiemes, ny les quatriemes &c. ne doiuent
eſtre condamnées.
S. Paul ne
commãde
pas aux
vefues de
ſe rema-
rier.
Le meſme S. Paul I. ad Timoth. 5. dit, volo iuniores nubere, i'entens que
les ienues vefues ſe marient. S. Aug.. cap. 8. de bono Viduitatis, S. Ambroiſe
lib. de Viduis, S. Chryſoſtome, S. Hieroſme, Epiſt. 11. ad Ageruchiam315, &
ad Saluinam316, remarquent fort bien que S. Paul par ces paroles ne com-
mande

488
Traite' des Vefves.
mande pas, mais permet, & qu'il accorde les ſecondes nopces aux ieunes
vefues, d'autant qu'aucunes auoient fait faux bond à la continence, qu'elles
auoient vne fois profeſſée, cela eſt clair du texte.
Voilà la ſentence de S. Paul, qui approuue les ſecondes nopces, les troi-
ſiemes, quatriemes, cinquiemes &c. ſentence confirmée par l'Egliſe : & pour
quoy non ? puis que les fins du mariage ſe peuuent auſſi bien rencontrer
aux ſecondes & troiſiemes & autres, qu'aux premiers. Que les ſecondes, troi-
ſiemes, & autres ſont Sacrement comme les premieres : qu'és ſecondes, troi-
ſiemes &c. il peut y auoir vn vray contract, il peut y auoir l'intention de la
generation, le remede à la concupiſcence, l'aſſiſtance mutuelle, & enfin la
grace ſacramentelle, partant c'eſt hereſie de condamner les ſecondes, 3. 4.
nopces.
On ne ſçauroit toutefois nier, que ce ne ſoit choſe plus honorable de
C'eſt cho-
ſe plus
honorable
de ne ſe
remarier.
demeurer vefue que de ſe remarier, ce que ie m'en vay prouuer par la loy
des Iuifs, par le ſentiment des Gentils, mais principalement par l'authorité
de l'Egliſe & des loix Ciuiles.
Sainct Hieroſme eſcriuant à Ageruchia317, dit qu'en l'ancien Teſtament
En l'an-
cien Te-
ſtament

l'eſtat de
viduité
preferé
aux ſecõ-
des nop-
ces.
les filles des preſtres n'ayant eſté mariée qu'vne fois, & eſtant deuenues vefues
pouuoient manger des viandes ſacerdotales, & ſi elles mouroient en leur vi-
duité leurs peres pouuoient faire leurs obſeques auec ſolemnité, mais ſi elles
ſe remarioient elles ne pouuoient plus demeurer auec leurs peres, ny man-
ger des viandes ſacerdotales, & eſtoient tenues comme le reſte des femmes,
& comme perſonnes prophanes.
Le meſme S. Hieroſme au meſme endroit monſtre que les Payens ont eu
la meſme couſtume, & que perſonne n'eſtoit admis pour eſtre ſacrificateur
Les Payẽs
ont fait
eſtime
des vef-
ues.
qui euſt eſté remarié. Il monſtre l'eſtat que les payens ont fait d'vne Reyne
de Carthage
, laquelle aima mieux eſtre bruſlée que de ſe remarier au Roy
Hiarba : & de la femme d'Aſdrubal laquelle prenant ſes enfans de ſes deux
mains ſe precipita auec eux dans le feu, pluſtot que de ſe remarier318. De ces
hiſtoires Payennes S. Hieroſme prend occaſion de confondre pluſieurs Chre-
ſtiens qui ne font pas tant pour Ieſus-Chriſt que ces Payens ont fait pour le
Diable. Pour confondre l'inſolence & intemperance de pluſieurs Dames
qui penſent à ſe remarier, auant que leur mary ſoit enterré, & authoriſent
leur incontinence par les paroles de S. Paul, qu'elles ſçauent par cœur com-
me il dit. Le meſme remarque que les Atheniens n'admettoient perſonne à
la preſtriſe qui euſt eſté marié deux fois, non plus que les Egyptiens, qui re-
iettoient des autels de leur plus grand Dieu celuy qui auoit eſté marié deux
fois. Tertulian, in fine exhortationis ad caſtitatem, teſmoigne que les Payens
ont grandement priſé ceux & celles qui ſe contentoient d'auoir eſté mariez
vne fois, qu'on leurs faiſoit des honneurs particuliers, & que le ſouuerain
Pontife

489
Traite' des Vefves.
Pontife319 ne pouuoit auoir eu deux femmes.
Portigena
ne veut
entendre
à ſe rema-
rier.
Portigena fille de Darius tua ſa nourrice, parce qu'elle luy conſeilloit
de ſe remarier320. Portia fille de Caton, entendant qu'on loüoit vne matrone
qui s'eſtoit remariée, & qu'entre autres choſes on diſoit qu'elle viuoit en
femme de bien & en bonne reputation, voire qu'on l'exhortoit à ſon exem-
ple de ſe remarier, elle dit, Felix & pudica matrona nunquam niſi ſemel nupſit.
Ny Portia.
Iamais matrone heureuſe & pudique ne s'eſt mariée plus d'vne fois. Hieron.
lib. I. aduerſus Iouinianum.
Vefues de
Goa ne ſe
remarioẽt.
Les vefues de Goa ou femmes des Brachmanes auant que d'eſtre Chre-
ſtiennes eſtant vefues iamais ne ſe remarioient, voire meſme ſe jettoient
dans le bucher & ſe bruſloient auec le corps de leur mary, eſtimans choſe
indigne de ſuruiure apres la mort de leur principale moitié : & cela a eſté
pratiqué iuſque à ce que leurs Roys, par edicts publiques, ont empeſché
cette barbarie : maintenant qu'elles ſont Chreſtiennes, depuis qu'elles ſont
vefues, elles portent continuellement des habits de deuil, iamais de blanc,
& ſe font touſiours raſer les cheueux. Epiſt. Indic. anno 1586.
A la Chine, les Mandarins donnent de grands pris & priuileges aux vef-
Vefues
honorées
à la Chine.
ues, qui demeurent en leur viduité, comme on faiſoit jadis aux vierges Veſta-
les
chez les Romains. P. Alexander Valignagnus præpoſitus Indiæ Prouin-
ciæ in literis anni
1588.
Mon intention n'eſt pas qu'on defere beaucoup en cet endroit, ny à la
loy de l'ancien Teſtament, laquelle eſt abrogée en pluſieurs choſes, ny au
ſentiment des Payens ſuperſtitieux en leurs ceremonies ; & partant ie paſſe à
des preuues plus fortes & plus authentiques.
Il ſemble que S. Paul parle definitiuement en cette matiere, & ſes paroles
nous doiuent ſeruir d'arreſt, c'eſt aux Corinth. I. c. 7. Dico non nuptis & vi-
duis, bonum eſt illis ſi ſic permanſerint, ſicut & ego, quod ſi non ſe continent, nu-
bant melius eſt enim nubere quam vri
. Ie veux que ceux qui ne ſont mariez & les
vefues entendent qu'il eſt expedient qu'ils demeurent en eſtat de continence,
comme moy : que s'ils ne peuuent ſe contenir qu'ils ſe marient : vaut meiux
ſe marier que de bruſler : & au meſme lieu, beatior erit ſi ſic permanſerit, la fem-
me qui demeurera en eſtat de viduité ſera plus heureuſe, & en cette vie, & en
l'autre : me semble qu'il n'y a plus rien à douter en ce poinct apres vn tel ar-
reſt prononcé de la bouche de ce grand Apoſtre, toutefois ie m'en vay exami-
ner le ſentiment de l'Egliſe, en ſuite de cet arreſt.
L'eſtat
Q q q

490
Traite' des Vefves.

Filet cadre, rayé.

L'eſtat que les loix Eccleſiaſtiques & Ciuiles font
de la viduité.


CHAPITRE IX.

C'Eſt vne ſaincte & louable couſtume pratiquée en l'Egliſe, approuuée
des Saincts peres & Docteurs, authoriſée par les ſacrez Conciles de
Les bene-
dictions
nuptiales
ſainctemẽt
inſtituées.
benir ceux qui ſe marient. Le Concile de Trente, ſeſſ. 24. de matri. Can. I.
condamne d'Anatheme ceux qui oſeront improuuer telles benedictions in-
ſtituées ſainctement, tant pour la dignité, reuerence & majeſté du Sacrement,
comme pour la neceſſité qu'en ont les contractans puis que le Sacrement de
mariage eſtant ordonné à des actions grandement conformes aux appetits
charnels, & aux inclinations de la ſenſualité, il a eſté neceſſaire d'y apporter
ces benedictions, afin qu'à l'aide d'icelle on s'y comportaſt plus decemment.
Les benedictions du mariage ſe doiuent faire, ou par le propre Paſteur de
Par qui ſe
doiuent
faire les
benedi-
ctions nu-
ptiales.
l'vn ou de l'autre des contractans, & n'importe que ce ſoit du Paſteur de l'eſ-
poux, ou de l'eſpouſe, ou bien par quelqu'vn approuué de luy, & ayant au-
thorité de ce faire : & ceux qui obmettent ces benedictions par meſpris pe-
chent mortellement, icelles obligeans non comme choſe de conſeil, mais de
precepte, & en pluſieurs endroits ceux qui ne les reçoiuent encourent des
grandes peines : & l'opinion la plus commune eſt que c'eſt peché mortel tant
à l'homme qu'à la femme de conſommer le mariage auant ces benedictions,
ce qui ſe doit entendre parlant ſelon l'ordinaire, car il y peut auoir des cas
auſquels il n'y aura aucun peché. I'en ay parlé amplement, liv. I. tra. 2. chap.
18.
Cecy preſuppoſé d'où vient que les ſacrez Canons defendent de faire ces
Pourquoy
les benedi-
ctions nu-
ptiales ne
ſe font aux
ſecondes
nopces.
benedictions aux ſecondes nopces ? & non ſeulement quand tous les deux
contractans ſont veufs, mais auſſi en aucuns lieux quand ſeulement l'vn des
deux l'eſt : en quoy il faut auoir eſgard aux couſtumes & à l'aduis des Do-
cteurs. Aucuns croient que c'eſt pour faire entendre à ceux qui ſe remarient
qu'ils feroient mieux de demeurer veufs, ita Goffredus ſumma titulo de
ſecundis nuptijs
num. 2. D'autres d'autant que la benediction qui a eſté don-
née aux premieres nopces demeure, & encore qu'il n'y ait qu'vn des contra-
ctans qui ſoit veuf, que celuy qui a receu la benediction aux premieres no-
pces

491
Traite' des Vefves.
pces la communique à l'autre, qui n'a pas encore eſté marié, tout ainſi que
l'eau beniſte communique ſa benediction à de l'autre eau non beniſte que l'on
y meſle. D'autres diſent que c'eſt pour ne point reïterer la benediction à vne
perſonne qui la deſia receüe, & pour ne rendre la benediction vile & contemp-
tible.
Voicy la raiſon de l'Ange de l'eſcole S. Thomas. La grandeur du mariage,
dit-il, conſiſte en ce qu'il repreſente le mariage de Ieſus-Chriſt avec l'Egliſe :
les ſecondes nopces ſemblent manquer en cette repreſentation, d'autant qu'au
mariage de Ieſus-Chriſt n'y a qu'vn eſpoux & vne eſpouſe : or ceux qui ſe
marient pour la 2. ou la 3. fois ont plus d'vn eſpoux ou d'vne eſpouſe, & par-
tant leur repreſentation eſt defectueuſe, ainſi en punition de cette defectuoſité,
ils ſont meritoirement priués de la benediction des nopces : & par là chacun
peut connoiſtre que l'Egliſe fait eſtat de ceux qui demeurent en l'eſtat de vi-
duité, & ne ſe remarient.
Ie peux dire que c'eſt pour la meſme raiſon que l'Egliſe exclud des ordres
Pourquoy
ceux qui
ont eſté
mariez
deux fois
exclus des
ordres ſa-
crez ?
ſacrez ceux qui ont eſté mariez deux fois, qui ſont irreguliers, & cette irre-
gularité s'appelle Irregularitas orta ex Sacramenti defectu, ſeu ex defectu ſignifi-
cationis Sacramenti
. N'eſt-ce pas ce que ie viens de dire tout maintenant ? à
cauſe du manquement qui ſe trouue aux ſecondes nopces, en la repreſenta-
tion du mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe, où ſe trouue vn auec vne, &
non auec pluſieurs, comme ſe fait aux ſecondes nopces : laquelle irregularité
ſemble fort iuſtement ordonnée, car comme ainſi ſoit que ceux qui reçoiuent
les ſacrez ordres, ſont eſtablis pour l'adminiſtration des Sacremens, la raiſon
veut que iamais ils n'ayent manqué, ny commis aucun defaut en la ſignifica-
tion des meſmes Sacremens, ce que font ceux qui ſe remarient, comme i'ay
monſtré, & partant ſont irreguliers.
Les Loix Ciuiles ſont fort rigoureuſes contre les femmes qui ſe remariẽt ;
Rigueur
des loix
Ciuiles
contre les
femmes
qui ſe re-
marient.
Premierement elles declarent la femme qui ſe remarie dans l'année du deuil
de ſon mary, infame, comme auſſi celuy qui l'eſpouſe. l. I. C. de ſecundis nup-
tiis
, & l. regia. 3. titul. 6. part. 7. laquelle infamie on encourt ipſo iure, en ſuite
du droict.
Secondement, elle ne peut donner à ſon mary, ny par doſt, ny par dernie-
re volonté plus de la troiſieme partie de ſes biens.
Troiſiemement, elle eſt incapable de receuoir aucune ſucceſſion, legs, fidei-
commis, donation par derniere volonté, donation par cauſe de mort, d'autre que
de ſon mary, l. I. C. de ſecundis nuptijs.
Quatriemement, elle eſt priuée de tout ce que ſon premier mary luy auoit
laiſſé par ſa derniere volonté, & non ſeulement quant à la proprieté, mais meſme
quant à l'vſu-fruict, ex leg. I. C. de ſecundis nuptijs.
Cinquiemement ſe remariant auant la fin de l'année de deuil, elle ne peut
ſucceder
Q q q 2

492
Traite' des Vefves.
ſucceder par inteſtat à ceux de ſon parenté au dela du troiſeme degré, l. I. C.
de ſecundis nuptijs
, ainſi ne peut ſucceder au fils de ſon pere, d'autant que ſe-
lon la ſupputation du droict ciuil, il eſt au quatrieme degré.
Sixiemement elle eſt obligée de donner la moitié de ſon bien aux enfans
du premier lict. l. ſi qua mulier. 4. C. ad Senat. Conſult. Tertul.
Remarquez que ces peines ne ſont que pour les femmes qui ſe remarient
dedans l'an, d'autant qu'elles doiuent eſtre plus reſeruées que les hommes ; &
ces peines ſemblent eſtre iuſtes tant pour moderer leur intemperance, com-
me pour ne rendre les enfans incertains, ce qui arriueroit ſi la femme ſe re-
marioit bien-toſt apres la mort du premier mary, on ne ſçauroit s'il ſeroit du
premier, ou du ſecond.
Or d'autant que le mariage doit eſtre libre pour euiter l'incontinence, &
La rigueur
des loix
Ciuiles
corrigée
par les
loix Ca-
noniques.
d'autres grands incõueniens, les loix canoniques ont corrigé ces peines por-
tées par les loix ciuiles, comme il appert c. Finali de ſecundis nuptijs, où il eſt
dit, non debet legalis infamiæ ſustinere iacturam, quæ licet poſt viri obitum infra
tempus luctus, ſcilicet vnius anni ſpatium, nubat, conceſſa ſibi adab Apostolo vtitur fa-
cultate
. La femme qui ſe remarie dans l'année du deuil, ne doit encourir l'infa-
mie portée par la loy : elle ne fait que ce que l'Apoſtre luy permet. Et iaçoit
que loyla loy canonique ne faſſe mention que de la peine d'infamie, la correction
toutefois s'entend de toutes les autres peines, puis que la raiſon qui eſt rap-
portée au texte eſt autant pour les autres peines, comme pour l'infamie : &
la douceur & iuſtice des ſaincts canons ne permet pas qu'elle ſoit ſubiecte à
punition pour ſe ſeruir de ſon droict, & faire ce que l'Apoſtre luy permet, en
quoy les canons ont egard à la liberté du mariage, & à euiter les inconueniens
que telle reſtriction des loix ciuilles pourroit cauſer, & ſur tout l'incontinence
qui pourroit arriuer par la crainte des peines ciuilles portées contre celles
qui ſe remarient.
Aucuns penſent que nonobſtant cette correction, la femme qui ſe rema-
rie dans l'an n'eſt pas exempte de la quatrieme peine : d'autres, que cette mo-
deration faite par le droict Canon ſe doit entendre, lors qu'elle ſe remarie
en tel temps qu'il n'y a plus de doute à qui appartient l'enfant, ſi au premier
mary, ou au ſecond.
D'autres, que ces peines ſont corrigées quant au tribunal Eccleſiaſtique,
non quant au ſeculier, auquel ces loix doiuent eſtre obſeruées & conſeruées
en leur entier. Toutefois le plus probable eſt, que toutes ces peines ſont
corrigées par le droict Canon, d'autant qu'elles preiudicient à la liberté du
mariage, reſtreignent le pouuoir que Ieſus-Chriſt a donné de ſe remarier,
& de ſe ſeruir du remede qui eſt laiſſé contre l'incontinence, & donnent oc-
caſion de commettre des fornications.
De ce que ie viens de dire en ces deux Chapitres, ie ne pretens pas d'infe-
rer

493
Traite' des Vefves.
rer que les veufs, ſoient hommes, ſoient femmes, facent mal de ſe remarier
vne fois, deux fois, trois fois, & plus ; ce ſeroit contre la permiſſion qu'en
donne S. Paul, contre les Peres & Docteurs Catholiques, contre les ſacrez
Conciles & Canons, contre la definition de l'Egliſe, & partant vne hereſie.
Mais i'apporte ſeulement le ſentiment des legiſlateurs qui ont creu eſtre
choſe plus conforme à la raiſon & plus honneſte de ne ſe remarier, que de ſe
remarier : & ne me dites pas que S. Paul commande aux vefues de ſe rema-
rier. I. Timoth. 5. Volo iuniores nubere, filios procreare, matres familias eſſe. Ie
veux que les ieunes vefues ſe marient, qu'elles mettent des enfans au mon-
de, ſoient meres de famille, ces paroles ne ſont de commandement, mais ſeu-
lement de permiſſion comme ie vay monſtrer.
S. Paul ne
comman-
de pas aux
ieunes vef-
ues de ſe
remarier.
S. Hieroſme, Epiſt. ad Ageruchiam321 explicant ces paroles de S. Paul
dit, volo iuniores nubere, quia nolo adoleſcentulas fornicari, ie veux que les ieunes
vefues ſe marient, d'autant que ie ne veux pas qu'elles paillardent : procreare
filios, ne metu partus, ex adulterio filios nectare cogantur
: qu'elles mettent des en-
fans au monde, de peur qu'ayans conceu d'adultere, elles ne ſoient contrain-
tes de faire mourir leurs enfans. Matres familias eſſe, quare obſecro? quia multò
tolerabilius eſt bigamam eſſe, quam ſcortum, & ſecundum habere virum, quàm plu-
res adulteros.
Ie veux qu'elles ſoient meres de famille, pourquoy ie vous prie ?
ſinon d'autant que c'eſt choſe plus tolerable d'eſtre mariée deux fois, que d'eſ-
tre vne publique ; d'auoir vn mary que pluſieurs ruffiens.
Voilà les paroles de S. Hieroſme leſquelles ne condamnent pas les ſe-
condes, ny troiſiemes nopces, ny dauantage : mais monſtrent aſſez la cauſe
pour laquelle S. Paul veut que les ieunes vefues ſe remarient, cauſe qu'il ex-
prime dauantage par ces paroles qui ſuiuent encore au meſme texte : Nullam
occaſionem dare aduerſario maledicti gratia
, afin qu'elles ne donnent occasion
aux infideles de parler mal de l'Egliſe : ou bien qu'elles ne donnent des attraits
aux ieunes hommes : qu'elles ne ſe parent auec ſuperfluité : qu'elles ne ſe com-
portent autrement que leur eſtat de viduité requiert, & voicy la raiſon de cette
permiſſion, iam enim quædam abierunt retro poſt Satanam, aucunes ont quité
Ieſus-Chriſt leur eſpoux, ont enfraint le vœu de continence, ont violé leur re-
ſolution, s'abandonnans à leurs plaiſirs. Partant ie permets les 1. 2. 3. & 4.
nopces & plus, car il vaut mieux qu'vne femme s'allie auec un homme, qu'auec
Satan. Toutefois, dit l'Apoſtre, ſi vous me demandez conſeil ie vous diray qu'il
vaut mieux demeurer vefues, que de ſe remarier, beatior erit ſi ſic permanſerit,
& ce que i'en dis, ie penſe le dire ſelon l'eſprit de Dieu.
La viduité
meilleure
que les ſe-
condes
nopces.
S. Auguſt. en confirmation de la concluſion de l'Apoſtre, dit ces belles
paroles, Angeli non nubunt, & hoc erimus cum ſurrexerimus: quantò ergo meliores
eſtis, ó viduæ, quia hoc quod erunt homines poſt reſurrectionem, hoc vos incipitis eſſe
ante mortem, ſeruate gradus vestros, & Dominus ſeruabit honores vestros: compara-

ta eſt
Q q q 3

494
Traite' des Vefves.
ta eſt reſurrectio mortuorum stellus, in cœlo constitutis: stella enim à stella differt in
gloria, ſic & reſurrectio mortuorum. Aliter ibi lucebit virginitas, aliter castitas con-
iugalis, aliter ſancta viduitas, ſeruate ergo gradus vestros.
Les Anges ne ſe marient
point, & nous ſerons comme eux apres la reſurrection. O combien eſtes vous
meilleures que les mariez, ô vefues ! puis qu'auant la mort vous commencez
d'eſtre ce que nous ſerons apres la reſurrection ! gardez vos grades, Dieu
vous gardera vos honneurs & recompenſes. La reſurrection des morts eſt
comparée aux eſtoilles qui ſont au ciel, vne eſtoille eſt differente de l'autre
en ſplendeur, ainſi les reſſuſcitez. La virginité aura vn autre luſtre que la chaſ-
teté coniugale : & la ſaincte viduité que le mariage, maintenez vous dãs voſtre
condition. Le meſme S. Auguſt., de bono viduali cap. 5. Bonum eſt pudicitia
coniugalis, ſed melius bonum eſt continentia vidualis. Beata est Ruth, ſed beatior
Anna, illa tranſijt ad ſecundas nuptias, illa non.
C'eſt vne choſe bonne que la
chaſteté des mariez, mais la continence des vefues eſt meilleure, Ruth eſt heu-
reuſe, Anne plus heureuſe : celle-là s'eſt remariée, l'autre non.
Ie ſçay que l'eſtat & condition des vefues a ſes incommoditez, elles ſont
Remede
des vefues
contre les
meſdiſan-
ces.
ſujettes aux langues & meſdiſances des meſchans : mais voicy le remede
donné par S. Hieroſme, ad Furiam322, Sanctus amor impatientiam non habet,
falſus rumor citò opprimitur; & vita poſterior, iudicat de priori:
Si elles aiment
bien Dieu leur eſpoux, elles auront patience : les faux bruits s'eſtouffent
incontinent, & la vie qui ſuit eſt preuue de celle qui a precedé. Que leurs
deportemens facent rougir les meſchans, & donnent le dementir aux meſdiſ-
ans. Elles ſont ſubjettes aux perſecutions & rapines, Dieu en prend vn ſoin
& protection particulier, leurs ſeruant de mary : elles ſont ſeules ; mais Dieu
ne les abandonnera : elles ſont priuées de la conſolation d'vne mary, non de
celle de Dieu : elles ſeront ſteriles, mais fecondes en bonnes œuures : meſpri-
ſées deuant les hommes, honorées deuant Dieu : pauures, quiconque a Dieu
pour protecteur, ne peut auoir neceſſité.





Vignette décorative.




Trois

495
Traite' des Vefves.

Filet cadre, rayé.

Trois conſiderations en faueur de la viduité.

CHAPITRE X.

Explicatiõ
de la pa-
rabole du
30. 60.
& 100.
ON explique quelquefois la parabole du champs de l'Egliſe enſemencé,
& qui porte diuerſité de fruict, en vne partie le trentieme, en l'autre le
ſoixãtieme, & en l'autre le centieme, de la diuerſité de noſtre cooperation qui
peut rendre la ſemence de la grace & de la parole de Dieu plus ou moins fruc-
tueuſe. Theophile & Euthimius l'expliquent de ceux qui commencent à bien
faire, de ceux qui ont commencé dés long-temps & profitent, & des parfaicts.
S. Hieroſme, S. Cyprian & d'autres des trois eſtats de l'Egliſe, des mariez,
des vefues, & des vierges. Les vierges portent le centieme : les mariez le
trentieme : les vefues le ſoixantieme. Ainſi ſuiuant cette explication l'eſtat
des vefues eſt plus honorable que celuy des mariez. Mais ie le vay prouuer
par diuerſes raiſons.
S. Paul
met les
vefues en
parallele
auec les
vierges.
Ce n'eſt pas vne petite recommandation pour l'eſtat de viduité que S. Paul
I. Cor. 7. le met comme en parallele auec l'eſtat de virginité lors qu'il dit, mu-
lier innupta, & virgo cogitat quæ Domini ſunt, vt ſit ancta corpore, & ſpiritu
. La
femme qui n'eſt pas mariée, & la vierge penſe à ce qui concerne le ſeruice de
Dieu, afin qu'elle ſoit ſaincte & du corps, & de l'eſprit, voulant dire que les
vefues & les vierges ont la meſme liberté de ſeruir Dieu, & que la meſme pur-
eté qui rend les Vierges honorables, doit auſſi decorer les vefues, entant que
les vnes & les autres ſe priuent des voluptez charnelles, les vnes eſtant recom-
mandables pour ne les auoir iamais eſprouuées, les autres, pour y auoir
renoncé, nonobſtant l'vſage & habitude qu'elles en auoient : Ce que i'en dis,
dit Sainct Paul, n'eſt pas pour vous contraindre, mais pour voſtre profit, c'eſt
pour vous exhorter à ce qui eſt plus honneſte, & qui vous donne moyen de
prier Dieu ſans empechement, Hæc ad utilitatem ueſtram dico, non vt laqueum
vobis inijciam, ſed ad id quod honeſtum eſt, & quod facultatem prebeat ſine impedi-
mento Dominum obſecrandi
.
La femme vefue n'eſt plus ſoubs la domination d'vn mary, ne depend plus
de ſes fantaiſies, peut ſe leuer & coucher quand elle veut, eſt maiſtreſſe de ſon
corps, n'eſt plus ſeruante d'vn homme, mais de Dieu, n'eſt plus obligée d'au-
oir mille complaiſances pour vn mary, de luy preparer ſes neceſſitez, ains a
moyen

496
Traite' des Vefves.
moyen de vaquer à Dieu & ſon ſeruice : & voila la premiere raiſon, par laquelle
ie prouue que l'eſtat des vefues eſt plus honorable que celuy des mariez, d'au-
tant que les vefues ont plus de moyen de ſeruir Dieu.
La ſeconde, combien d'inconueniens ſe rencontrent ordinairement au
Inconue-
niens des
ſecondes
nopces.
mariage ? vne bonne vefue & ſage matrone Romaine, nommée Annia, eſtant
incitée par d'autres à ſe remarier : Ie ſuis, dit elle, fort perplexe, & ne ſçais ce
que ie dois faire. Si ie me remarie, & que ie rencontre vn bon mary, ie ſeray
en perpetuelle apprehenſion de le perdre, comme i'ay perdu le premier : ſi ie
rencontre vn facheux, i'auray continuellement la bonté du premier en mon
eſprit, dans des cuiſants regrets de l'auoir perdu, & ne pourray aymer le ſe-
cond, Hieron. contra Iouinianum.
L'experience ne nous enſeigne que trop, que rarement il y a de la paix
entre les enfans de deux licts : vne mere n'oſe monſtrer ſon affection à ceux
du premier lict : ſi elle leur donne du pain, ce n'eſt qu'en cachette : le ſecond
mary ne peut ſouffrir qu'elle parle du premier : il faut pour auoir paix, qu'elle
faſſe ſemblant de haïr les enfans du premier mariage, autrement vn ſecond
mary croira qu'elle garde encore l'affection du premier, & manque d'affectiõ
pour luy : ſi le mary a des enfans d'vne autre femme, la ſeconde femme pour-
roit eſtre la douceur meſme, que toutefois elle ſera tenue pour maraſtre.
Les enfans ſont-ils grands, ce ne ſont que procés : vne femme, vn mary, par
complaiſance ſont ſouuent contraints d'aduantager les enfans du ſecond
lict, au preiudice de ceux du premier ; voire meſme de s'aduantager l'vn
l'autre, au preiudice de la nature & de la raiſon, d'où ie conclus que le vef-
uage eſt plus honorable que les ſecondes nopces, puis qu'il exempte de ces
grands inconueniens.
Troiſieme preuue, ne ſemble-il pas que la femme qui ſe remarie met en
La femme
qui ſe re-
marie sẽ-
ble oublier
ſon pre-
mier mary.
oubly ſon premier mary, & s'oublie de la moitié de ſoy-meſme ? L'homme
& la femme ſont vne chair, Iam non ſunt duo, ſed vna caro : ſi vous auiez per-
du vos mains, ou vos pieds, vous en ſeriez marrie, & vous auez perdu la meil-
leure moitié de vous meſme, & cependant ſemble que vous n'en ayez point
de reſſentiment. Sainct Auguſtin fait mention d'vn amy, lequel ayant perdu
ſon amy diſoit, Dimidium animæ meæ, quia & ego ſenſi animam meam, & illius
unam fuiſſe in duobus corporibus, & ideo vita mihi erat horrori, nolens dimidius vi-
uere
. La moitié de mon ame, puis que i'ay ſenty que mon ame & la ſienne
eſtoit vne ame en deux corps, & partant i'auois la vie en horreur, ne voulant
Regret de
S. Bernard
à la mort
de ſon fre-
re Gerard.
pas viure à moitié. Sainct Bernard parlant de ſon frere Gerard mort, dit
Cum eſſemus cor vnum & anima vna, hanc meam pariter & ipſius animam pertran-
ſiuit gladius, & medium quidem ſcindens, mediam locauit in cœlo, maliam in cœno
deſeruit: nam ego ſum miſera illa portio, quæ iacet in luto truncata media per te ſui,

&

497
Traite' des Vefves.
& parte vtique potiori. Puis que mon frere & moy n'eſtions qu'vn cœur & vne
ame, le glaiue a percé ſon ame & la mienne tout enſemble, il l'a couppé par
le milieu, en a mis la moitié au ciel, a laiſſé l'autre moitié dans la bouë : ie
ſuis cette miſerable portion qui ſuis dans la bouë, tronçonnée par moitié, &
en la principale partie. Si Sainct Auguſtin auoit vn tel ſentiment pour ſon
amy, Sainct Bernard pour ſon frere : quel ſentiment doit auoir vne vefue
pour ſa moitié, puis que le mary & la femme ne ſont qu'vne chair ? Sainct
Hieroſme
, aduerſ. Iouiniamum, raconte que Valeria, vefue Romaine, eſtant
interrogée pour quoy elle ne ſe remarioit, d'autant que ſon mary n'eſtoit pas
mort, mais viuoit, & que tandis qu'elle viuroit, il viuroit. C'eſtoit cette con-
ſideration qui faiſoit dire à cette autre,
Sed mihi vel tellus optem, prius ima dehiſcat
Vel pater omnipotens adigat me fulmine ad umbras
Pallentes umbras Erebi, noctemque profundam,
Ante pudor quam te violem, aut tua iura reſoluam.
Ille meos primus qui me ſibi iunxit amores
Abſtulit, ille habeat ſecum ſeruetque ſepulchro.
Pluſtot la terre m'engloutiſſe, & Dieu me foudroye & m'abyſme dans l'enfer,
que ie vienne à commettre quelque choſe contre la pudeur. Mon premier
mary a emporté tous mes amours, & les a enterré auec foy, iamais autre que
luy ne les poſſedera.


Filet cadre, rayé.

Quatrieme conſideration tirée de la nature, qui rend l'eſtat de
viduité recommandable.


CHAPITRE XI.

La vidui-
té cõfor-
me à la
nature.
S Ainct Hieroſme, ad Ageruchiam323 monſtre que la viduité eſt conforme
à la nature, & le prouue par exemple des hommes & des beſtes. Adam
n'a eu qu'vne femme : la tourterelle eſtant priuée de ſa compagne n'en admet
iamais d'autre : S. Bernard le confirme, Hom. 59. in Cant. Turtur compare vno
contenta eſt, quo amiſſo alterum penitus non admittit, numeroſit atem nuptiarum in
hominibus redarguens, itaut pudeat ad negotium honeſtatis rationem non poſſe in
homine, quod natura poſſit in volucre: cernere eſt turturem tempore ſuæ viduitatis,
ſanctæ viduitatis opus ſtrennè exigentem, vbique ſingularem, vbique gementem au-

dias,
R r r

498
Traite' des Vefves.
dias, nec unquam in viridi ramo reſidentem, tu ab ea diſcas voluptatum virentia
virulenta vitare, & in iugis montium, & in ſummitatibus frequentior illius conuer-
ſatio eſt, ut quod propoſitum vel maximè decet, doceat mundum deſpicere, &
amare cœleſtia.
La tour-
terelle
ayãt per-
du ſon
pair de-
meure
vefue.
La tourterelle ſe contente d'vne compagne, & l'ayant perdue ne s'ac-
couple iamais à vne autre, condamnant en cela la multitude des nopces par-
my les hommes. Quelle honte, qu'en fait d'honneſteté la raiſon n'a pas tant
de pouuoir ſur l'homme, comme a la nature ſur vn oyſeau? Vous verrez vne
tourterelle pendant ſa viduité, qui monſtre le deuoir d'vne ſaincte viduité.
Par tout elle eſt ſeule : par tout gemiſſante, iamais vous ne la verrez ſe percher
ſur vne branche verde324. Apprenez d'elle à euiter les verdures venimeuſes
des voluptez : ſa demeure ordinaire eſt aux ſommets des montagnes, & à la
croupe des rochers, pour enſeigner aux vefues ce qui eſt du tout conforme
à leur eſtat, ſçauoir de meſpriſer le monde, & aimer les choſes celeſtes. Voilà
vn bel embleme de la vraye & ſaincte vefue.
Ne me dites pas que vous eſtes ieune, ſoyez vieille de mœurs & de ver-
tus : ætas ſenectutis vita immaculata, la vie qui eſt ſans tache, eſt vne honorable
vieilleſſe. Sapientiæ 4.
Reſpon-
ſes aux
objectiõs
des vefues
qui veu-
lent ſe
remarier.
Que vous eſtes ſeule, la chaſteté aime la ſolitude : vous ne pouuez eſtre
ſeule, ayant Ieſus-Chriſt pour eſpoux, & ſes Anges pour courtiſans.
Que vous n'auez point d'aſſiſtance ny d'aide pour ſolliciter vos affaires :
Dieu eſt le procureur, l'aduocat, & le iuge des vefues.
Que vous eſtes pauure : il ne faut guere à vne vefue, & c'eſt vn grand
treſor que la prouidence Diuine, qui nourrit la vefue lors que tout le monde
meurt de male-faim, luy enuoyant vn Prophete exprés. 3. Reg. 17. il ſera
voſtre pouruoyeur.
Que vous n'auez point de conſolation : Dieu eſt voſtre conſolateur, &
vous eſtes d'autant plus heureuſe, qu'auec quelque petite deſolation vous
achetez les ioyes du paradis, & en peu de temps vous gaignez vne eternité.
Que Dieu a dit, creſcite & multiplicamini, croiſſez & multipliez : cela eſtoit
bon pour la loy ancienne, elle eſt abrogée en pluſieurs choſes : c'eſtoit le
temps d'embraſſemens, & Ieſus-Chriſt eſt venu promulger le temps de s'eſ-
loigner des embraſſemens, non par commandement, mais par conſeil ; qui
poteſt capere, capiat
.
Mais vous auriez volontiers des enfans : Vous en auez du premier lict,
ou non : ſi vous en auez, pourquoy en deſirer d'vn ſecond ? ſi vous n'en auez
point, à quel propos vous mettre au hazard de n'en auoir point du ſecond,
& de lamenter vne autre fois voſtre ſterilité, ou bien de les voir mourir
comme ceux du premier ? pourquoy vous expoſer vne autre fois à telles
craintes

499
Traite' des Vefves.
craintes & miſeres ? que ſi vous auez des enfans, quæ tibi cauſa nubendi? niſi
fortè leuitatis error, & intemperantiæ uſus, & ſaucij cogit pectoris conſcientia?
Pour-
quoy vous marier ? ſinon, ou par quelque legereté, ou à cauſe de voſtre in-
temperance, & que la conſcience vous bourrelle325 : Tu filia quid moliris? cur
hæredes extraneos, cum habeas tuos, non filios deſideras quos habes, ſed ſeruitutem,
quam non habes. Generare liberos vis, non ſratres futuros tuorum, ſed aduerſarios
filiorum. Quid eſt ergo generare alios liberos, niſi ſpoliare quos habes liberos: quibus
pariter, & auferuntur pietatis officia, & compendia facultatum.
Ma fille, à quoy
penſez-vous ? pourquoy cherchez-vous d'autres heritiers, en ayant ? voulez
vous des-heriter vos enfans ? vous ne cherchez pas d'auoir des enfans, vous
en auez, mais vous cherchez la ſeruitude que vous n'auez pas. Vous voulez
engendrer des enfans, qui ne ſeront pas freres de ceux qui vous auez, mais
leurs ennemis. Qu'eſt-ce dõc d'engendrer d'autres enfans ? ſinon deſpouiller
ceux que vous auez, leſquels vous priuez des deuoirs de pieté, dont vous
leurs eſtes obligée entant que mere & de l'aſſiſtance de leurs moyens. Tout
ce diſcours, & la plus part des obiections precedentes, eſt de S. Ambroiſe au
liure de Viduis.
Que perſonne ne penſe que ces paroles & diſcours condamnent les ſe-
condes, troiſiemes, quatriemes, & autres nopces, nous auons deſia monſtré
qu'elles ſont permiſes : mais elles confirmẽt ce que dit S. Paul, que l'eſtat de
viduité eſt preferable à celuy de ſecondes nopces, & ſeruent d'exhortation à
celles qui le pourront faire, d'aſpirer au ſoixantieme fruict, puis qu'elles
ne peuuent plus pretendre le centieme.
On ne peut nier que S. Paul ne prefere l'eſtat de viduité aux ſecondes
Eſt plus
honneſte
de ne ſe
remarier.
nopces. I. Corinth. 7. Dico autem non nuptis, & viduis, bonum est illis ſi ſic perma-
neant, ſicut & ego.
I'aduertis celles qui ne ſont pas mariées, & les vefues, qu'il
eſt bon qu'elles demeurent comme moy (c'eſt à dire ſans eſtre mariées) en
celibat. Et au meſme endroict il adiouſte, porro hoc ad vtilitatem vestram dico:
non vt laqueum inijciam, ſed ad id quod honestum eſt, & quod facultatem præbeat
ſine impedimento Dominum deprecandi
. Ce que i'en dis c'eſt pour voſtre pro-
fit, non pour vous contraindre & obliger, mais pour vous exhorter à ce qui
eſt plus honneſte, & qui vous donne moyen de prier Dieu ſans empechement.
Sainct Ambroiſe lib. 2. de offijs, expliquant ce paſſage demande, Qui
peut-il auoir de plus honneſte que l'integrité ? que conſeruer ſon corps en-
tier, & la pudeur immaculée ? qui a-il de plus honneſte que de garder l'af-
fection & la fidelité à voſtre mary treſpaſſé ? qui peut-il auoir de plus vtile
que ce qui nous fait acquerir le royaume celeſte ? que Dieu promet à ceux
qui gardent continence, promettant plus grande gloire aux vefues qu'à cel-
les qui ſe remarient : & S. Paul nous eſt caution de cette promeſſe lors qu'il
dit,
R r r 2

500
Traite' des Vefves.
dit, beatior erit ſi ſic per manſerit. Elle ſera plus heureuſe, plus glorieuſe, recom-
penſée plus liberalement ſi elle demeure en eſtant de viduité.
Sainct Hieroſme, ad Ageruchiam326, taxe la legereté & incontinence d'au-
Liberté
d'aucunes
à ſe re-
marier.
cunes qui ſe remarient ſi ayſement, & ſi toſt. Quid, dit-il, ſi statim ſecundum per-
diderit, ſocietur & tertia? & ſi ille dormierit, in quartum quintumque procedat, vt nihil
ſit, quo à meretricibus differat, omni ratione viduæ prouidendum eſt, ne caſtitatis
primos excedat limites: quos ſi exceſſerit, & verecundiam ruperit matronalem, in om-
nem debacchabitur luxuriam.
Si la femme perd ſon ſecond mary, en prendra elle
auſſi toſt vn troiſieme ? & le troiſieme mort, vn quatrieme ? & puis vn cin-
quieme ? afin qu'elle ſoit en tout ſemblable à vne femme abandonnée & pub-
lique? la vefue doit ſerieuſement prendre garde de ne franchir les premieres
barrieres de la chaſteté, car ſi elle le fait, & qu'elle perde la vergogne que doit
auoir vne matrone, elle s'emportera à toute diſſolution, & ordure.
Vn ma-
riage où
la mary
auoit en-
terré 20.
femmes &
la femme
21. marys.
Puis le meſme ſainct Hieroſme dit, qu'il veut raconter vne choſe qui ſem-
ble incroyable, mais qui eſt confirmée par le teſmoignage de pluſieurs : I'ay
veu, dit-il, y a quelques années deux mariez, dõt le mary auoit enterrez vingt
femmes : & la femme auoit le vingt & deuxieme mary : chacun attendoit auec
deuotion lequel des deux ſeroit victorieux, & enterroit l'autre, enfin ce fut
le mary. Toute la ville ſe trouua au conuoy, où le mary marchoit deuant le
corps, portant vne couronne en teſte, & vne palme en main, & tous luy chan-
toient triomphe & victoire & cantiques de congratulation. Que dirons-nous à
vne telle femme ? dit le meſme S. Hieroſme, ſinon ce que dit noſtre Seigneur
à la Samaritaine, Vous auez eu vingt & deux mary, & ceſtuy-cy qui vous en-
terrera n'eſt pas voſtre mary. Voila comme S. Hieroſme reprend cette grande
intemperance.
Trait me-
morable
de l'incõ-
ſtance &
legereté
d'vne fẽ-
me.
I'inſereray icy vn exemple memorable pour monſtrer la legereté & impu-
dicité d'aucuns vefues. Il eſt rapporté par Petronius Arbiter, qui dit qu'à
Epheſe y auoit vne matrone ſi recommandable pour ſa pudicité, que les Da-
mes des pays voiſins la viſitoient par honneur & admiration de ſon honneſte-
té. Son mary eſtãt mort, elle ne ſe cõtenta pas de faire ſes funerailles comme
les autres matrones de ſa qualité, mais entra dãs le caueau où eſtoit le corps
de ſon mary le gardant continuellement, & pleurant iour & nuit. Cõme elle
ſe faiſoit mourir par ſes pleurs continuelles, & ne mangeant point, ſes parẽs,
ſes amis, enfin le Magiſtrat ſirẽt tout leur poſſible pour la retirer de cet excés,
mais en vain : elle demeura cinq iours & cinq nuicts en cet eſtat, n'ayant
autre aſſiſtance qu'vne ſeruante qui eſtoit aſſiſe aupres de ſa maiſtreſſe, pleu-
roit auec elle, & entretenoit la lampe qui eſtoit eu caueau. Par toute la ville
on ne tenoit autre diſcours que de la pudicité de cette femme, & de ſon am-
our ſignalé enuers feu ſon mary. Cependant on pendit deux larrons en vn
gibet

501
Traite' des Vefves.
gibet proche du caueau. La nuit on conſtitua vn ſoldat pour faire la ſentinelle,
afin que perſonne n'emportaſt les corps de ces pendus. Le ſoldat ayant apper-
ceu la lumiere de la lampe s'approcha du caueau, & entendant les ſouſpirs
qui en ſortoient, curieux de ſçauoir ce que c'eſtoit, deſcendit dans le caueau
où ayant trouué vne tres-belle femme, il fut d'abord tout effrayé, croyant que
c'eſtoit quelque eſprit, mais ayant veu le corps du defunct, voyant les larmes
de cette femme, conſiderant ſa face toute deſchirée de ſes ongles, ſe doutant
bien de ce que c'eſtoit, & qu'elle eſtoit reduitte à cette extremité d'affliction
pour la perte de ſon mary ; il apporta dãs le caueau la petite prouiſion qu'il
auoit pour ſon ſoupper, commença à conſoler le mieux qu'il peut cette pau-
ure affligé : Or tant plus il luy compatiſſoit, tant plus elle ſe deſchiroit la face
auec ſes ongles. Il ne perdit pourtant courage, ains exhorta cette matrone
à vouloir prendre quelque parcelle de ſes prouiſions. La ſeruante ne ſe fit
pas beaucoup prier, & ayant beu & mangé, inuita ſa maiſtreſſe d'en faire de
meſme, luy remonſtrant qu'elle ſe faiſoit mourir à credit, qu'il ne luy profite-
roit de guere de s'enſeuelir toute viue, que toutes ces pleurs & ces ſouſpirs
ne profitoient de rien à ſon mary : elle luy en dit tant, & de ſi bonne grace,
qu'elle beut & mangea fort liberalement. Le ſoldat voyant qu'elle s'eſtoit
laiſſée vaincre en ce point, creut qu'il la pourroit encore vaincre en ſa pudi-
cité, ainſi l'attaqua par careſſe, & par tout autre moyen, ſe ſeruant auſſi de
l'entremiſe de la chambriere, & enfin fut victorieux, & l'eſpouſa. Il paſſa
quelques nuicts dans le caueau, faiſant bonne chere, & tout le reſte, ayant
reduit cette matrone à ſon entiere diſpoſition. Cependant les parens d'vn de
ces pendus s'apperceuans que la ſentinelle s'abſentoit la nuict, emporterent
le corps : de quoy le ſoldat s'eſtant pris garde, vient faire ſes doleances à ſa
bien aimée, luy monſtra qu'il eſtoit en danger de ſa vie, & qu'abſolument il
ne vouloit attendre qu'on luy miſt la main ſur le collet, & ſe vouloit tuer :
priant cette femme de le vouloir mettre aupres de ſon premier mary, apres
qu'il ſe ſeroit tué : mais cette femme reprenant ſes eſprits : Quoy ! dit-elle, que
ie voye tout d'vn coup deuant mes yeux les corps morts de deux hommes que
i'ay tant aymé ! la choſe ne ſe paſſera pas ainſi : i'ayme mieux expoſer le corps
d'vn mort, que laiſſer mourir vn viuant : elle fait donc tirer le corps de ſon ma-
ry de dedans le cercueil, & le fait porter au gibet à la place de celuy qui auoit
eſté enleué. Le ſoldat ſe ſeruit de cette occaſion, & le lendemain, tout le peu-
ple fut fort eſtonné comme vn mort eſtoit allé au gibet. Voila pas comme en
font tant de vefues, qui font les deſeſperées à la mort de leurs marys, & au bout
de trois iours font tout ce qu'il ne faudroit ny dire ny penſer. Tiraquelle
rapporte cette hiſtoire, lib. de legibus connubialibus, & iure maritali in no-
nam legem
paragr. 131. pour monſtrer l'inconſtance & legereté des femmes :
ie veux croire que la grace du Chriſtianisme corrige ce qui pourroit eſtre

de
R r r 3

502
Traite' des Vefves.
de trop leger & inconſtant du naturel, au moins en celles qui s'en rendent dignes.

Filet cadre, rayé.

Le miroir & parangon des vefues.

CHAPITRE XII.

C'Eſt Saincte Olimpias, tres noble & tres-riche matrone, laquelle a eu
l'honneur de garder ſa virginité en mariage, & eſtant vefue, a mené vne
vie qui ſurpaſſe l'infirmité de ſon ſexe. Ie ne diray rien d'elle qu'apres Palla-
dius
in Lauſiaca c. 144. i'en ay dit vn mot au chapitre cinquieme, mais ce
n'a eſté qu'vn petit eſchantillon de la piece que ie m'en vay deſplier apres
Palladius. Voicy comme il parle. Ses aumoſnes eſtoient telles, qu'il n'y a eu
coing ny en la compagne, ny en la ſolitude, qui n'ayt reſſenty les influences
de ſes miſericordes : elle a fourny aux Egliſes de quoy pour les ſacrifices &
pour les ornemens : a eſtendu ſes liberalitez aux monaſteres & conuents,
aux hoſpitaux, aux priſons, aux pelerins, aux bannis, en vn mot, elle a eſpan-
ché ſes aumoſnes par tout le rond de la terre.
Cette bien heureuſe vefue paruient au dernier poinct d'humilité, au delà
duquel on ne peut paſſer. Sa vie eſtoit ſans aucune vaine gloire, point d'hy-
pocriſie, elle eſtoit douce en ſes mœurs, point de fard ny faintiſe en ſa face :
le corps floriſſant, l'eſprit exempt de ſuperbe & eſloigné d'arrogance ; le
cœur calme & tranquille : elle auoit vne charité immenſe, vne liberalité in-
comprehenſible : ſon habit eſtoit vil & contemptible, ſa continence eſtoit
ſans fin, ſa penſée droicte, ſon eſperance eternelle en Dieu. On ne ſçauroit
raconter ſes aumoſnes : elle n'auoit autre parure que celle des plus pauures
& plus hũbles : le Diable ennemy de tout biẽ, pere de tous maux, luy ſuſcita
diuerſes tentations : elle eut de grands combats pour la defenſe de la verité :
elle veſquit fort long-temps en des larmes continuelles : elle ſe ſoubmet-
toit à tout le monde pour Dieu, obeyſſant aux Eueſques en toute humilité,
honorant les Preſtres & les perſonnes dediées à Dieu : elle deferoit aux ma-
riez, admiroit les vierges, honoroit vn chacun.
Voicy ſes œuures de miſericorde ; Elle ſecouroit les vefues, eſtoit mere
des orphelins, le baſton des vieillards, viſitoit les malades, auoit compaſſion
des pecheurs, ramenoit les déuoyez au bon chemin, exerceoit la miſericorde
enuers tous, mais eſtoit prodigue enuers les pauures ; nourriſoit pluſieurs
femmes

503
Traite' des Vefves.
femmes des infideles qui ſe faiſoient inſtruire à la religion Chreſtienne ; tou-
te ſa vie n'a eſté autre choſe qu'vn continuel exercice ce bonté, & de bien-
faits. Elle a mis en liberté grand nombre d'eſclaues, les faiſant ſes egaux,
ou pour mieux dire, les rendant plus grands, plus puiſſans, & plus riches
qu'elle-meſme.
On ne pouuoit trouuer rien de plus vil que ſes habits : les plus drilleux
auoient horreur de ſe reueſtir de ce qu'elle portoit : ſa manſuetude eſtoit
telle, qu'elle ſurpaſſoit de beaucoup la ſimplicité des petits enfans. Iamais
elle n'a dit parole à perſonne qui peut offenſer : elle portoit Ieſus-Chriſt en
ſes actions, & en ſon cœur : toute ſa vie, ſi vie ſe doit appeller, n'eſtoit que
componction, & vn continuel torrent de larmes : pluſtot l'eau euſt manqué
aux fontaines, que les pleurs à ſes beniſts yeux, qui voyoient Ieſus Chriſt
ſans ceſſe.
Mais à quel propos m'arreſte-ie en ce diſcours, dit Palladius ? Tant plus
mon eſprit trauaille à raconter les combats & les vertus de cette ame ferme
comme vn rocher, tant moins ie trouue de paroles qui puiſſent correſpon-
dre à ſes actions : & qu'on ne penſe pas que ce que i'en dis ſoit ou pour me
donner carriere, ou pour exercer mon eloquence, lors que ie parle de cette
Dame plus forte que toute ſouffrance : qu'on ne penſe pas que ie recherche
curieuſement tout ce qu'a fait Olympias, qui a eſté vn pretieux vaſe du S.
Eſprit
: ie n'en parle pas par ouy dire, i'ay eſté teſmoin oculaire de ſa vie bien‑
heureuſe & du tout Angelique. Voilà ce qu'en dit Palladius, que i'ay
voulu rapporter mot à mot & ſans aucune amplification.
Or notez que les maladies, dont elle eſtoit continuellement trauaillée,
ne diminuoient en rien l'exercice de ſes heroïques vertus. Pour les rafiner,
& pour augmenter ſes couronnes, Dieu permit qu'elle fuſt chargée de ca-
lomnies, priuée de ſes biens, chaſſée en exile, dautant qu'elle fauoriſoit S.
Iean Chryſoſtome
, & endura vne eſpece de martyre auec luy, comme on
peut voir en S. Chryſoſt. Epiſt. 5. Quel miroir pour les vefues ! quel exemple
pour les vierges ! quelle exhortation à la vertu & à toute ſorte d'exercice
de bonnes œuures, que la conſideration de la vie de cette ſaincte vefue, pa-
rangon de toutes vertus, & le but des afflictions, maladies, calomnies &
perſecutions.





CON-

504

Bandeau : filet cadre rayé, entouré de fleurs.
CONCLVSION
DV PRESENT TRAITE'.

Lettrine fleurie "I".
IE fermeray ce Traité des vefues, voire tout cet œu-
ure du bon-heur du mariage auec trois grands per-
ſonnages, & par les Eloges qu'ils donnent à l'eſtat de
Le ma-
riage qua-
ſi autant
honora-
ble que la
viduité
ſelon S.
Ambroise
.
viduité, ce ſont S. Ambroiſe, S. Fulgence, & S. An-
tonin
; ie feray parler ſainct Ambroiſe le premier, tom.
4. de viduis327 initio. Voicy ſes paroles. Nec nim inhonoras viduas de-
buimus præterire, & à virginibus præconio ſeparare: quas Apoſtolica ſen-
tentia cum virginibus copulauit, iuxta quod ſcriptum eſt. Et mulier innu-
pta, & virgo cogitat quæ ſunt Domini, vt ſit ſancta corpore, & ſpiritu:
quodammodo enim magiſterium virginitatis, viduarum valeſcit exem-
plis, quæ cum viro caſtum cubile cuſtodierunt, documento virginibus ſunt,
integritatem Deo eſſe ſeruandam: & propemodum non inferioris virtutis
eſt, eo abſtinere coniugio quod aliquando delectauerit, quam coniugij oble-
ctamenta reſpuere.
Nous ne deuions pas laiſſer les vefues ſans les
honorer, ny les ſeparer des louanges & recommandations des
vierges. Puis que l'Apoſtre les a joinct auec les vierges, ſuiuant ce
qui eſt eſcrit, la femme qui n'eſt point mariée, & la vierge penſe
au ſeruice de Dieu, afin qu'elle ſoit ſaincte & du corps & de l'eſ-
prit. L'exemple des vefues fortiſie en quelque façon l'eſtat des
vierges. Les vefues qui eſtant en mariage s'y ſont comporté cha-
ſtement, enſeignent aux vierges qu'elles doiuent garder leur inte-
grité à Dieu. C'eſt preſque vne auſſi grande vertu s'abſtenir du
mariage, apres en auoir eu l'experience, que de renoncer à tout
mariage.
On voit par ces paroles l'eſtat que S. Ambroiſe fait des vefues,
les mettant en parallele auec les vierges, & les honorant quaſi à
l'eſgal.

505
Traite' des Vefves.
l'eſgal. Eſcoutons parler S. Fulgence Epiſt. 2. c. 6. ad Gallam com-
parant la viduité auec le mariage. Vtrumque donum Dei eſt, & con-
Excellen-
ce de la
viduité
pardeſſus
le mariage
tinentia vidualis, & coniugalis pudicitia: & hoc quidem quantum in ſe
eſt, laudabile eſt quia bonum, hoc autem laudabilius, quia melius, coniugali
namque ſeruitute vincitur turpitudo fornicationis: viduali vero liberatate
creſcit dignitas caſtitatis. Illic fides conſulit infirmitati ne cadat in vi-
tium: hic ſe fidelis animus ad virtutis extendit augmentum: de coniuga-
tis enim dicitur propter fornicationem vnuſquiſque vxorem ſuam habeat,
& unaquæque virum; de vidua vero beatior erit ſi ſic permanſerit: perin-
de ex eo quod ex coniugata facta es vidua, donum Dei tibi auctum magis
exiſtima, non ablatum. Neque enim te deſeruit, qui tibi ſequendam vieam
vitæ melioris oſtendit, gradibus te voluit Dominus ad meliora conſcen-
dere.
La continence des vefues, & la chaſteté coniugale ſont tou-
tes deux don de Dieu. La chaſteté coniugale eſt louable, d'autant
qu'elle eſt bonne : la continence des vefues eſt plus louable, d'au-
tant qu'elle eſt meilleure. Par la ſeruitude coniugale on ſurmonte
la turpitude de la fornication : par la liberté du vefuage, l'honneur
de la chaſteté s'accroit. Au mariage la fidelité empeſche que l'in-
firmité humaine ne tombe au vice : En la viduité l'ame fidele au-
gmente la vertu. Il eſt dit des mariez, que pour remedier à la for-
nication chaque homme ayt ſa femme, & chaque femme ſon ma-
ry : mais de la vefue, elle ſera plus heureuſe ſi elle demeure en ſa
viduité : partant ſi Dieu de femme mariée vous a rendu vefue, ne
croyez pas qu'il ayt retiré ſa grace & faueur de vous : au contraire
il l'a accreu : il ne vous a pas abandonné quand il vous a monſtré le
chemin d'vne meilleure vie, Dieu vous a voulu faire monter à choſes
grandes par diuers degrez.
Voilà comme ſainct Fulgence monſtre l'excellence de l'eſtat de
viduité par deſſus l'eſtat des mariez.
Sainct Antonin, 3. parte Summæ Theologicæ tit. 2. cap. 3. de
ſtatu viduarum
, fait mention de la bonne vefue que noſtre Sei-
gneur louë en ſainct Luc 21. pour deux petites pieces de mon-
noye qu'elle auoit donné, & la prefere à ceux qui auoient donné
de grands preſens ; d'autant que ces Meſſieurs de l'abondance
des moyens que Dieu leurs auoit eſlargi, ont contribué vne petite
parcelle
S ſſ

506
Traite' des Vefves.
Les ma-
riez ont
vn denier,
les vefues
deux, les
vierges
trois.
parcelle de ce qui leurs eſtoit ſuperflu, & cette pauure vefue a
contribué ce qui luy eſtoit neceſſaire & ſon tout. D'où S. Anto-
nin
infere, patet hic quod duo æra dat vidua, quæ etiam ſi minima ſint
& quibus minora nemo intulerat: tamen omnia alia bona parua haben-
tur, vel ſi placet, partem ſimplici obtinuerunt ad duplum. Castitas itaque
matrimonialis non niſi vnum æs infert, & tribuit Deo, tametſi filios gignat
plurimos, & plurima dare videatur. Atqui caſtitas vidualis, ex animo
ſancto, quæ habet dat, & duo dat æra: nam virginitatem quæ omnia ſu-
perat, & tria offert æra, vt perfecta in trino illa offerre non poterat. Vt
igitur viduæ inferant duo æra templo, per totam vitam caſtè degant, de-
ficientemque ſibi virginitatem appetant
. D'icy il appert que la vefue
donne deux pieces de monnoye, leſquelles quoy qu'elles ſoient
petites & ſemblent les moindres de toutes, toutefois elles ſont les
plus grandes, & le reſte eſt petit à comparaiſon, & ſont au double
plus pretieuſes que les autres pieces qui ſont offertes.
La chaſteté coniugale ne donne qu'vne piece de monnoye à
Dieu, quoy qu'elle engendre pluſieurs enfans, & qu'il ſemble
qu'elle donne beaucoup. La chaſteté des vefues donne de bonne
volonté ce qu'elle a, & donne deux pieces : Il eſt bien vray qu'elle
n'en peut offrir trois, comme fait la virginité, laquelle ſurpaſſe
tout, & fait vne offrande parfaite, & de trois pieces de monnoye.
Donc ſi les vefues veulent donner deux pieces de monnoye au
temple, qu'elles viuent chaſtement toute leur vie, & ayent vn
grand deſir de la virginité qu'elles ont perduë.
Des teſmoignages de ces trois ſaincts Peres nous pouuons re-
connoiſtre l'eſtat qu'on doit faire de la viduité, laquelle S. Am-
broiſe
eſgale quaſi à l'eſtat de la virginité, voire la prefere en quel-
que façon entant qu'il reconnoit les ſainctes vefues comme mai-
ſtreſſes des vierges. S. Fulgence fait voir ſes excellences & paſſe‑
droicts par deſſus l'eſtat des mariez : & S. Antonin monſtre que
tout ce que les mariez peuuent offrir à Dieu en leur eſtat, ne peut
arriuer au pris de ce qu'offrent les vefues, quoy que toutefois leur
offrande ne ſoit ſi pretieuſe ny ſi parfaite que celle des ſainctes
vierges.
Chacun ne peut pas eſtre vierge, non omnes capiunt verbum iſtud,
qui

507
Traite' des Vefves.
qui potest capere capiat. Math. 19. chacun ne peut pas demeurer en
eſtat de viduité, qui ſe non continent, nubant, celles qui ne peuuent ſe
contenir, ſe marient. La continence eſt vn don de Dieu, il la donne
à qui bon luy ſemble : mais chacun auec la grace & miſericorde de
Dieu peut trouuer la perfection en l'eſtat auquel Dieu par ſa di-
uine prouidence l'a conſtitué, ſeruate gradus veſtros, & Deus ſeruabit
honores veſtros
, viuez conformement à voſtre vocation, & Dieu ne
manquera de vous donner la recompenſe qui luy eſt proportion-
née, dit S. Auguſtin.
C'eſt vn grand treſor que la paix, pureté & fidelité coniugale :
plus grand la continence viduale : tres-grand l'integrité virginalle.
Les mariez doiuent garder ce treſor, ſe gardans de ceux qui leurs
pourroient rauir : les vefues & les vierges y ont plus d'obligation,
puis que le laiſſans perdre elles font tort à Dieu, à qui elles l'ont
conſacré. Celuy qui trouua le treſor Euangelique le cacha, & ven-
dit tout pour l'achepter, & en eſtre proprietaire. Il faut que cha-
cun ſoit reſolu, en quel eſtat qu'il ſoit, de perdre tout, voire la vie
meſme, pluſtot que de perdre le treſor que Dieu luy a donné en
garde. Ie confeſſe que celuy des mariez n'eſt que de trente, celuy
des vefues eſt de ſoixante, & celuy des vierges eſt de cent ; mais la
recompenſe & des mariez, & des vefues, & des vierges ſera le tre-
ſor qui n'a point de fond, & ne ſe meſure ny par trente, ny par ſoi-
xante, ny par cent, ny par mille, ny par millions, ny par milliers ;
perſonne n'en peut faire le calcul, puis qu'il eſt infiny, & eſt Dieu
meſme, lequel en qualité de recompenſe ſera omnia in omnibus,
tout en tous : Ie le vous ſouhaite de tout mon cœur, le priant vous
faire la grace que par ſa miſericorde vous puiſſiez garder le treſor
qu'il vous a mis en main, en l'eſtat auquel il vous a appellé, & poſ-
ſeder celuy qu'il vous garde au ciel. Amen.
TABLE
S ſ ſ 2



Bandeau d'vn cherubin entouré de feuillages. TABLE
DES CHOSES PLVS REMARQVABLES
CONTENVES
EN CE LIVRE.

A.
Lettrine "A".
ABigail ſoulage Nabal ſon mary. page 23
Achaz mechant, a vn bon fils, ſçauoir Ezechias. 153

Adam & Eue, faits d'vn meſme ſouffle Diuin. 262

Adultere.
L'adultere eſt contre la loy de nature. 161
Anciennement on bruſloit les adulteres. ibidem.
Les beſtes ont l'adultere en horreur. ibid.
Les Payens ont puny l'adultere. 162
Ordonnances des Empereurs contre l'adultere. 262
Loy diuine contre l'adultere. 163
Miracle continuel en la loy ancienne pour deſcouurir l'adultere. ibid.
Punition de la loy de grace contre l'adultere. 164
C'eſt peché de tuer ſa femme trouuée en adultere. ibid.
L'adultere eſt contre raiſon. 164
L'adul-
S ſſ 3

Table des choses plvs remarquables
L'adultere eſt vn larron. 164
Eſt vn pariure & fauſſaire. 165
L'adultere eſt contre iuſtice. 164
L'adultere eſt pire que l'homicide. ibid.
L'adultere eſt vne eſpece de ſacrilege. ibid.
Pire que l'idolatrie, 165
Confuſion qu'apporte l'adultere. ibid.
Cauſes de l'adultere. 166
La curioſité des femmes, cauſe de l'adultere. 167
La cruauté des marys cauſe de l'adultere. 168
L'impudicité des marys, cauſe de l'adultere de leurs femmes. 169
L'adultere eſt quelquesfois vne punition de Dieu. ibid.
Les mariez n'ont point d'excuſe de l'adultere. ibid.
La faute au peché d'adultere eſt plus grande en la femme, qu'en l'homme, &
pourquoy.
171
Punition de la femme adultere. 172
Le peché d'adultere eſt plus grand en l'homme qu'en la femme, eu egard à
la perſonne, & pourquoy?
ibid.
Punition du peché d'adultere en l'homme. 174
L'adultere eſt ſans cœur. ibid.
Il n'y a point d'excuſe pour l'homme adultere. 176

S. Agnes eſpouſe Ieſus-Chriſt. 54

Admirable conſtance de Saincte Aldegunde. 64
S. Aldegunde marche ſur les eaux. ibid.
Prodige au voile de S. Aldegunde. 65

Alliance.
Combien importe de ſe bien allier. 149

Ambition.
Inconueniens des mariages faits par ambition. 83
Les mariages faits par ambition, cauſent ſouuent meſpris. ibid.
Ambition de la tortüe qui veut monter en haut, & l'explication. 84
Fable de l'Aigle qui ſe marie auec l'Auſtruche. 83

Ame.
Comme Ieſus-Chriſt embellit l'ame ſon eſpouſe. 54
Ornemens de l'ame par la grace. ibid.
Enfans de l'ame en qualité d'eſpouſe de Dieu. 55
Loix du mariage de Dieu auec l'ame. ibid.
L'ame ennoblie par le mariage auec Dieu. 57
Deuoirs

Contenves en ce Livre.
Deuoirs de l'ame enuers Dieu ſon eſpoux. 58
Exhortation à l'ame pour ſe comporter comme eſpouſe de Dieu. ibid.
Que l'amour de l'ame en qualité d'eſpouſe de Dieu doit eſtre tout à Dieu.
59
Signes qu'vne ame eſt eſpouſe de Dieu. 62
Les Manichiens donnent deux ames à l'homme. 29. & 111
L'ame comparée à vne plume. 126

Amour.
Tout ſe fait en ce monde par amour. 236
Diuerſité d'amour. 237
Amour charnel. ibid.
Amour de concupiſcence. ibid.
Amour naturel. ibid.
Amour social. 237
Amour ſpirituel. 237
Quel doit eſtre l'amour des mariez. 237
Trois vnions des mariez. 238
L'amour des mariez ſe reduit à deux points. 239
Les mariez ſe doiuent aimer ſelon l'ame. 239
L'amour eſt reiglé, & quels ſont ſes degrez. 243
Que c'eſt qu'aimer ſainctement. 42
Que c'eſt que l'amour iuſte des mariez. 245
L'amour veritable des mariez. 247
Deſcription de l'amour. ibid.
Amour de l'aſpic aue ſon pair. 248
Deuoirs de l'amour des mariez. ibid.
Reigle de l'amour des marys enuers leurs femmes. 262
Le mary doit aimer ſa femme par obligation Ciuile. 263
Le mary doit aimer ſa femme comme ſa chair. 262
Le mary obligé d'aimer ſa femme en vertu du Sacrement. 264
Le moyen d'eſtre aimé eſt d'aimer. 265
Amour exceſſif des marys. 272
Les Romains aimoient trop leurs femmes. ibid.
Amour exceſſif de Sardanapalus. ibid.
Amour exceſſif de Gyges. 273
Amour de Liuia enuers Auguſte ſon mary, & ſa prudence. 334
L'amour doit rendre la femme conforme à ſon mary. 334. & 337.
Amour d'Artemiſia enuers ſon mary. 339
Amour de la femme de Tygranes. 335
Raiſons

Table des choses plvs remarquables
Raiſons pour leſquelles les marys doiuent aimer leurs femmes. 261
L'amour du mary enuers ſa femme doit eſtre patient. 267
L'amour ſe fait paroiſtre par les œuures. 337
L'amour de la femme peut auoir de l'excés. 338
Excés de l'amour des femmes de Cyanippus & d'Æmilius. ibid
Amour rare d'vne Reyne d'Angleterre enuers ſon mary. ibid
L'amour de Dieu a quatre degrez. 340
Amour deſreiglé d'Agrippina enuers Neron ſon fils. 369

Anneau.
Ce que ſignifie l'anneau qu'on donne aux religieuſes à leur profeſſion. 66
Anciennement les eſpoux donnoient vn anneau de fer à leurs eſpouſes &
pourquoy.
86
Anneau fatal de Salomon. 259

Eloges des Apoſtres. 4
Pourquoy il eſtoit expedient que noſtre Seigneur quitaſt es Apoſtres. 129

Auarice.
Folie de ceux qui par auarice ſe fraudent en leur neceſſitez. 256

Austruce.
Stupidité de l'Auſtruche. 368

B.
Beauté.
IEſus Chriſt a eſté tres-beau. 87
La beauté eſt priſable. ibid.
La beauté eſt fragille. 88
La beauté comparée à l'eau. ibid.
Comparée à l'Once animal. ibid.
La beauté eſt dangereuſe. ibid.
Theophraſte ne veut eſpouſer ny vne belle femme, ny vne laide. 89
Souuent la beauté porte des mauuais fruicts. 90

Benediction.
La benediction de Dieu donnée à Adam pour la multiplication eſt efficace. 19
Prieres de l'Egliſe en la benediction nuptiale. 220
La benediction au mariage eſt ancienne. 205
Par qui la benediction au mariage ſe doit faire. ibid.
Cauſes de la benediction qui ſe donne au mariage. ibid.
La benediction ſert pour moderer la ſenſualité. ibid.
Pour empeſcher les efforts de Satan. 206
Contre

Contenves en ce Livre.
Contre les malefices. 206
Cauſe la fecondité. ibid.
Eſtablit les maiſons. 207
Cauſe la proſperité. 208
Oraiſon de l'Egliſe en la benediction des mariez. 220
Les benedictions nuptiales ſainctement inſtituées. 490
Pourquoy ne ſe font aux ſecondes nopces. 490
Par qui ſe doiuent faire les benedictions nuptiales. 490

Benoiſt II. ne veut reconnoiſtre ſa mere ſuperbement veſtue. 401

Regret de S. Bernard à la mort de ſon frere Gerard. 496

Bien.
En ce monde point de parfait bien ny repos. 107
Au monde nul bien ſans mal. 108

Brebis.
Inſtinct de la brebis à reconnoiſtre ſon agneau. 343


C.
Chair.
LA chair eſtant flatée regimbe. 112
La chair comparée au poiſſon de Tobie. ibid.
La chair comparée au ſerpent d'Eſope. ibid.

Charle.
Charle-magne ſe tient coulpable de n'auoir aſſez toſt marié vne ſienne fille.
385
Charles Quint reſigne ſes eſtats à ſon fils pendant ſa vie. 388

Chasteté voyez pudicité
La ſapience, & la chaſteté apparoiſſent à Sainct Gregoire de Nazianze. 127
Chaſteté, vertu des femmes. 171
On ne doit facilement permettre aux filles de faire vœu de chaſteté. 386

Catherine.
Comme Ieſus-Chriſt eſpouſe S. Catherine de Sienne. 66

Chef.
Ieſus-Chriſt Chef de l'Egliſe. 250
Rapports du chef, & de l'entendement. ibid.
Comparaiſon du chef auec le ciel. 251
Quatre offices du chef. ibid.
Cerf
Ttt

Table des choses plvs remarquables
Cerf.
Le mary doit eſtre comme vn cerf. 266
Le cerf a vn ardant amour pour ſa biche. ibid.

Cheueux.
Pourquoy on coupe les cheueux aux religieuſes. 65
Les vierges Veſtales pendoient leurs cheueux à vn arbre. 66

Cicogne.
Pieté de la Cicogne. 410
Clefs.
Les Romains donnoient les clefs de la maiſon à la nouuelle mariée. 288
Quatre clefs de nature que Dieu s'eſt reſeruées. 19

Clere.
Qui ſignifie Clere ϰλἢρoc 3
Comme les Clercs ſont le ſort de Dieu. ibid.

Cognation.
Trois ſortes de cognations. 213
Cognation naturelle. ibid.
Cognation ſpirituelle. 214
Cognation legale. ibid.

Commandement.
Trois commandemens grauez au temple d'Apollon. 396
Diuerſité de commandemens. 20. & 434

Concupiſcence.
Que c'eſt que concupiſcence. 30. Effects de la concupiſcence. 30. & 32
Erreurs des Pelagiens touchant la concupiſcence. 31
La concupiſcence n'eſt pas vn bien. ibid.
La concupiſcence eſt vn mal. ibid.
La concupiſcence comparée à vn chien; vn lion; vn voleur; vn tyran. ibid.
La concupiſcence n'eſt pas indomptable. 32
Moyens pour dompter la concupiſcence. 33
Mariage, remede à la concupiſcence. ibid.
La concupiſcence eſt vn feu. 34
C'eſt vne mer. ibid.
C'eſt vne beſte ſauuage. ibid.
Le mariage ne remedie ſuffiſamment à la concupiſcence, s'il ne donne vne
grace ſpeciale.
37

Connaxa.
Plaiſant trait de Connaxa. 390.

Conſeil.
Le bon conſeil eſt fort neceſſaire pour faire vn bon mariage. 217.
Conſen-

Contenves en ce Livre.
Conſentement.
Du conſentement au Mariage, voyez Mariage.  

Continence.
L'eſtat des continents eſt comme la lune. 3
Continence de S. Louys. 73
Pourquoy l'eſtat des continents appellé cœlibat? 127
Exemples d'aucuns qui ont gardé perpetuelle continence en mariage. 145

Correction des enfans.
Faut corriger les enfans. 365
Dieu punit les peres & meres qui ne corrigent leurs enfans. 367
Dieu oſte ſouuent aux peres & meres leurs enfans, d'autant qu'ils les per-
dent par trop de liberté.
368.
Punition d'Eli pour auoir negligé la correction de ſes enfans. ibid.
La correction comparée à vne medecine. 372
Faut de la ſeuerité en la correction de la ieuneſſe. 373
Il y faut de l'huile. ibid.
Faut meſler l'amour auec la rigueur en la correction. ibid.
Ne faut eſtre trop ſeuere en la correction des enfans. 374
La correction doit proceder d'amour. 425

Crainte.
Crainte ſeruile comparée au raſoir du chirurgien. 226
Comparée à vne medecine amere. ibid.
Comparée à la theriaque. ibid.
La crainte eſt le remede contre les tentations. 227
La crainte filiale, que c'eſt. ibid.

Cygne.
Dieu ne veut pas qu'on luy offre des Cygnes. 363


D.
DArius ſe ſoubmet à Apeme. 260

Deuotion.
La deuotion & la crainte de Dieu eſt le maintien de la famille. 228
Deuotion des Phariſiens. ibid.
Diuerſes deuotions. ibid.
Deux ſortes de vraye deuotion. 229
Deuotion commune. ibid.
Deuotion ſinguliere. ibid.
La deuotion eſt vn don de Dieu. 230
La deuotion demande noſtre cooperation. ibid.
Allumettes de la deuotion. ibid.
Que
Ttt 2

Table des choses plvs remarquables
Que les mariez peuuent s'appliquer à la deuotion. 231
La vraye deuotion. ibid
Les Roys peuuent auoir la deuotion. 232
Deuotion de S. Seuerus tiſſeran. ibid.
Pluſieurs artiſants deuots. 233
Grande deuotion d'vn conroyeur. ibid.
Deuotion de S. Deus-dedit. ibid.
En quoy conſiſte la deuotion des mariez. 234
Deux femmes mariées bien deuotes. ibid.
Deuotion d'Anne la Propheteſſe, de Iudith, de Melania. 461
De ſaincte Paule. 462

Dieu.
Dieu eſt la fin de toutes choſes. 10
Dieu eſt l'autheur du mariage. 7. & 68
Raiſons pourquoy nous deuons tout rapporter à Dieu. 13
Dieu en la creation a eu eſgard aux qualitez & habitudes de chaque crea-
ture.
92
Dieu fait choix de chaque homme en particulier. 93
Deux lumieres qui nous font connoiſtre Dieu. 122
Faut inuiter Dieu aux nopces. 219
Cauſe des mal-heurs du mariage qu'on n'inuoque pas Dieu. 220
Nous deuons tout rapporter à Dieu. 232
Toute puiſſance vient de Dieu. 291
Les Machabées ſoignent principalement le culte de Dieu. 379
Combien nous ſommes plus obligez à Dieu qu'à pere & mere. 406
Iob reconnoit Dieu autheur de ſon corps. 407
La mere des Machabées reconnoit Dieu, autheur des corps de ſes enfans. ibid.
Il n'y a que Dieu qui ſoit proprement Seigneur. 415
Dieu eſt maiſtre de tous, & les raiſons pourquoy. ibid

Diligence.
Femme diligente eſt l'appuy du mary. 284
Femme diligente n'a que faire de parure. ibid.
Auguſte Cæſar voulut que ſes filles appriſſent à trauailler. ibid.
Les nouuelles mariées anciennement portoient vne quenoüille. 285
Femme diligente eſt fidelle 285. Trauaille ibid. Se leue matin ibid. Eſt miſe-
ricordieuſe. 286. Pouruoit ſes domeſtiques. ibid. Ne ſe ſoucie d'habits
ſomptueux. 287. Parle peu. ibid. Eſt clemente. ibid. A ſoin de la maiſon. ibid. Ferme tout.
288.
Les louanges de la femme diligente. ibid.
Dou-

Contenves en ce Livre.
Douceur.
Douceur de noſtre Seigneur. 375

E.
Egalité en mariage.
Faut auoir egard à l'egalité en mariage. 217

Egliſe.
L'Egliſe eſt vne. pag.1
Trois eſtats de l'Egliſe. 2. & 457
Les mariez ont vn denier: les vefues deux: les vierges trois. 506
L'Egliſe belle comme la Lune, choiſie comme le Soleil, terrible en ſes pro-
grés comme vne armée rangée.
2
Antitheſes des trois eſtats de l'Egliſe, & comme ils different. 5
L'Egliſe eſpouſe du Meſſie. 46
Circonſtance du mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe. 46
Figures de l'Egliſe entant qu'elle eſt eſpouſe de Ieſus-Chriſt. 47
Le mariage de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe eſt vn mariage de miſericorde. 48
Parure de l'Egliſe entant qu'Eſpouſe. 49
Rapport du mariage de Ieſus-Chriſt, & de l'Egliſe auec celuy d'Iſaac, & de
Rebecca.
ibid.
Arres de l'Egliſe entant qu'Eſpouſe de Ieſus-Chriſt. 50
Enfans de Ieſus Chriſt, & de l'Egliſe. 51
Le laict de l'Egliſe eſt la doctrine celeſte. ibid.
L'Egliſe entant qu'Eſpouſe de Ieſus-Chriſt eſt vierge, & mere. 52
Ieſus-Chriſt rend ſon eſpouſe de corrompue, vierge. ibid.

Tendreſſe de S. Elzearius pour les pauures à l'aage de trois ans. 342

Enfans.
Enfans cruels contre leurs proches. 143
Les enfans cauſent les plus ſenſibles douleurs aux peres & meres. 144
Vn enfant mort à l'aage de 12. ans par les prieres de S. Iean l'Aumoſnier de
peur qu'il ne fuſt damné.
ibid.
Les mauuais enfans ſont quelques fois punition des mauuais peres. 148
Des bons peres, bons enfans. ibid.
Des mauuais peres, mauuais enfans. 149
Raiſons naturelles pour lequelles les peres engendrent des enfans qui leurs
ſont ſemblables.
ibid.
D'où vient que de bons peres ſortent des mauuais anfans. 151
Les
Ttt 3

Table des choses plvs remarquables
Les peres & meres doiuent recommander leurs enfans à Dieu, & aux gens de
bien.
151
Les bons enfans ſont vn don de Dieu. ibid.
Les enfans iſſus de peres & meres mauuais, peuuent eſtre bons. 152
Achaz mechant, a vn bon fils. 153
Les enfans ſe peuuent marier à l'inſeu de pere & mere, & contre leur gré
pour iuſte cauſe.
203
Les enfans doiuent prendre aduis de pere & mere pour ſe marier. ibid.
Vn enfant auec deux corps, & vn ame. 239
Enfans genereux ſemblables aux petits lions. 373
Aux maiſons ſainctes ſe trouuent quelques fois des mauuais enfans. 376
Les enfans ſont la poſſeſſion des peres & meres. 377
Les enfans ſont comme des ſinges. 381
Les peres & meres peuuent vendre leurs enfans en grande neceſſité. 395
Les peres & meres Lieutenans de Dieu aux enfans. 396
Les enfans doiuent obeyſſance à pere & mere. 403
En quoy conſiſte cette obeyſſance. 404
Punitions des enfans deſ-obeyſſans. ibid.
Le mariage n'exempte les enfans de l'obeyſſance deüe aux pere & meres.
ibid.
Les enfans ne ſont pas ſubiects en toutes choſes aux peres & meres. 405
Les enfans doiuent obeyr à Dieu pluſtot qu'à pere & mere. 406
Les enfans ne doiuent entrer en religion ſi les peres & meres ne peuuent vi-
ure ſans leur aſſiſtance, & y eſtans entrez en doiuent ſortir.
409
Les enfans qui n'aſſiſtent pere & mere ſont enfans du Diable. 411
Enfans comparez à vn Gentil homme qui tient vn fief. ibid.
La loy permet aux peres & meres de reuoquer ce qu'ils ont donné aux en-
fans en cas d'ingratitude.
412
Benedictions que Dieu promet aux enfans qui aſſiſtent pere & mere. ibid.
Hiſtoire d'vn enfant ingrat enuers pere & mere & ſa punition. 413
C'eſt aux peres & meres de ſoigner le mariage des enfans. 439
Ce n'eſt aux enfans de ſoigner leur mariage & ſur tout mal-ſeant aux filles.
ibid.
Les enfans ſe doiuent remettre de leur mariage à leurs parens. 440

Quatre ſens de l'Eſcriture, Literal, Moral, Allegorique, Anagogique. 40

Eſpouſe.
Significations diuerſes de la bigarrure de la robbe de l'eſpouſe myſtique. 2
Eſpouſe conduitte à la maiſon de l'eſpoux la nuict & pourquoy. 219
Eueſque

Contenves en ce Livre.
Eueſque.
Comme les Eueſques ſont en eſtat de perfection. 4

Exemple.
L'exemple des peres & meres eſt ſouuent cauſe que les enfans ſont meſchans.
150
Comparaiſon du bon exemple aux pigeons parfumez. 351
Au flambeau, ou à la lanterne du nauire. 351. A l'aymant. ibid. A l'ambre. ibid.
Efficace du bon exemple. 352
L'eſprit eſt ſemblable à la cire, & ſe moulle par l'exemple. 360
La force de l'exemple. 380
La ieuneſſe desbauchée faute de bon exemple. ibid.
Le mauuais exemple ne neceſſite point, & pluſieurs nonobſtant le mauuais
exemple n'ont laiſſé d'eſtre bons.
381.

Exhortation.
Exhortation de S. Hieroſme à vne fille qui vouloit quiter ſa mere faſcheuſe.
399


Fards.328
Quel ſentiment à la S. Eſcriture des fards. 319
Sentiment des SS. Peres touchant les fards. 320
Sentiment des payens touchant le fard. 322
Plaiſant trait de Phryne touchant le fard. ibid
Pythagoras fait quiter le fard aux Dames. 323
Le fard nuit à la ſanté. ibid.
C'eſt vn ſigne d'impudicité. ibid.
C'eſt choſe intolerable aux hommes de ſe tant parer & farder. ibid.
Philippe depoſe vn iuge, d'autant qu'il ſe fardoit. 324
Archidamus reiette vn Ambaſſadeur fardé. ibid.

Fecondité, voyez Sterilité.
Le fecondité eſt vn grand bien. 135
C'eſt vne recompenſe de la bonne vie. ibid
La benediction ancienne de fecondité ne repugne pas à la virginité de l'eſtat
de grace.
136
Que les enfans ſont vn grand don de Dieu. ibid
Quel bien à la mere d'auoir des enfans. 137

Femme.
Comme la femme eſt l'aide de l'homme principalement en la generation. 18
La femme creée pour eſtre le ſoulagement de l'homme. 23
L'homme doit eſcouter quelques fois ſa femme. 24
La femme faite à la ſemblance de Dieu auſſi bien que l'homme. 25
Pluſieurs

Table des choses plvs remarquables
Pluſieurs femmes ne ſont aide à leurs marys. 26
C'eſt vn grand tourment qu'vne mauuaiſe femme. ibid.
Hiſtoire plaiſante à ce propos. ibid.
Autre hiſtoire au meſme propos. ibid.
La foibleſſe des femmes ne les diſpenſe pas d'eſtre vertueuſes. 27
La bonne femme prolonge la vie de ſon mary. 28
La femme pourquoy faite de la coſte de l'homme. 25
Inſolences d'aucunes femmes. 113
Si le mary doit garder ſa femme. 179
La bonne femme eſt ſouuent vne recompenſe de la bonne vie. 221
Pluſieurs femmes qui ont eſté cauſe du ſalut de leurs marys. 241
Mauuais femmes perdent leurs marys. ibid.
Admirable conſtance de S. Natalie femme de S. Adrian. 144
La femme doit eſtre vn lis à ſon mary. 246
La femme impudique eſt appellée meſchante femme. 278
L'impudicité en vne femme eſt la portiere de tous vices. ibid.
La femme comparée à la biche. 334
Mauuaiſes femmes comparées au ſerpent. 336
Mauuaiſes femmes. 270
Bonnes femmes. ibid.
Pouuoir des femmes sur Salomon. 258.
Comme la femme doit honorer ſon mary, beau paſſage de S. Hieroſme. 260.
La femme eſt comme la moitié de l'eſprit de l'homme. 262.
Quel eſt l'honneur que le mary doit à ſa femme. 263.
La femme doit auoir vne meſme volonté auec ſon mary. 337.
Femmes qui ſe font mourir par trop d'amour. 339.
Comme la femme eſt la gloire de l'homme. 275.
Quel eſt l'honneur de la femme. 276.
La femme comparée au lis. ibid.
La femme ne doit trotter. ibid.
La femme & fille doit euiter les lieux eſcartez. 277
Elle ne doit s'expoſer à veue de tout le monde. ibid
La femme doit trauailler. 283. & 285
Femme forte, c'eſt à dire diligente. 284
Femme ſans miſericorde eſt comme vn monſtre. 286
Si la femme peut faire des aumoſnes ſans le conſentement de ſon mary. ibid.

Femme diligente, voyez Diligence.
La femme ne doit commander à l'homme. 290
Si la femme euſt eſté ſubjette au mary en l'eſtat d'innocence. ibid.
Seruitude de la femme. 291.
La

Contenves en ce Livre.
La ſeruitude de la femme eſt punition. 291.
Les femmes ſont fort deſireuſes de ſe parer. 219.
Vrays ornemens des femmes. 325.
Le mary vertueux eſt l'ornement d'vne femme. ibid.
L'amour doit rendre la femme conforme à ſon mary. 334. & 337
Amour de Liuia femme d'Auguſte enuers ſon mary. 334
La femme comparée à la biche. ibid.
Amour de la femme de Tygranes. 335
Hiſtoire plaiſante d'vn qui auoit la meſme volonté que ſa femme, & ne ſe
pouuoient accorder.
337
L'amour de la femme peut auoir de l'excés. 338
Excés de l'amour des femmes de Cyanippus & Æmilius. ibid
L'amour de la femme enuers ſon mary reduit à quatre degrez. 340
Faut chercher en vne femme la vertu. 443
Charmes puiſſans des femmes pour ſe faire aimer, ſçauoir la vertu, & l'a-
mour de leurs marys.
454
La femme ſe doit conformer à ſa belle mere. ibid.
Les femmes Romaines ne beuuoient point de vin. 472.
Trois vices communs aux femmes. 473.
Femmes punies pour auoir beu du vin. 471.
Loix contre les femmes qui beuuoient du vin. ibid.
Femmes addonnées au vin tenues comme adulteres. ibid.

Fidelité.
Que c'eſt que la fidelité. 154
Fidelité recommandable. 155
Les effets de la fidelité. ibid.
Fidelité recommandable entre les amis. 156
Offices de la fidelité. ibid.
Si la fidelité des mariez ſurpaſſe toute autre. 156
Belle hiſtoire de la fidelité de deux mariez. 159
Vne fille ſe mariant contre la foy qu'elle auoit donnée à vn autre, eſt
emportée du Diable.
210

Filles, voyez Femme.
Ornemens des filles. 327
La fille doit eſtre miſericordieuſe. ibid.
Punition de Prætextata pour auoir parée Euſtochium. 328
Sentiment de Thomas Morus touchant la curioſité des filles. ibid.
Peinture d'vne fille qui ne vaut rien. ibid.
C'eſt vn doſt à vne fille que la retenue. 329
Comme la vertu des filles les rend aimables. ibid.
Filles
V u u

Table des choses plvs remarquables
Filles qui reformerent vne ville. 331
Les filles doiuent garder la maiſon. 348
Doiuent eſtre deuotes. 349
Doiuent eſtre armées comme Pallas. 349
Ne doiuent eſtre auares. ibid.
Ne doiuent eſtre addonnées au luxe. 350
Proffit qui reuient de la bonne nourriture des filles. ibid.
Abus des meres à nourrir leurs files. ibid.
Conſtance d'vne fille à ne ſe marier. 408
Six belles vertus recommandables aux filles. 446
Filles ne doiuent traitter auec homme à l'inſceu de pere & mere. 449
La fille doit laiſſer le choix d'vn mary à ſon pere. 450

Fin, voyez fin du Mariage.
Chaque creature a vne fin particuliere. 10
La cauſe du deſordre eſt quand les creatures ſe deſtournent de leur fin. 11
La bonté & malice de nos actions depend de la fin. ibid.
Les bonnes fins du mariage ſont quatre. 12
Nous deuons tout rapporter à Dieu comme à noſtre fin, & pourquoy. 13
Le deſordre des choſes humaines, vient faute de ſe propoſer la fin. 76
Diuerſes fins qu'aucuns ont entreprenant le mariage. 77


G.
Generation.
LA Generation eſt la principale fin du mariage. 15
La generation euſt eſté quand bien l'homme n'euſt peché. 15
Diuerſes raiſons pour leſquelles il a fallu que la generation fuſt. ibid.
C'eſt vne perfection d'engendrer ſon ſemblable. 16
La femme eſt l'aide de l'homme en la generation. 18
Si les paroles de Dieu, touchant la generation, croiſſez, & multipliez, ſont
commandement.
19. & 20
Godefroy de Bouillon, extraordinairement fort, & pourquoy. 175

Grace, voyez Sacrement.
Trois effects de la grace originelle. 29
La grace du Sacrement de Mariage, aide à supporter les charges du Ma-
riage.
38
Grace ſpeciales des Sacremens. ibidem
Mariage de Dieu auec l'ame par la grace, & ſes circonſtances. 53
Ornemens de l'ame par la grace. 54
Vnion l'ame auec Dieu par la grace. 55
Deux

Contenves en ce Livre.
Deux graces, la premiere & la ſeconde. 291
Amour exceſſif de Gyges enuers ſa femme. 273

H.
Habits.
Sainct Paul defend la vanité des habits. 301
La pudicité conſiſte en partie à n'eſtre vain en habit. 302
La femme qui ſe pare hors de la maiſon tenue pour impudique. ibid.
Sentiment de Tertulian touchant les habits ſomptueux. ibid.
Les habits pretieux defendus aux femmes honneſtes. ibid.
Source des habits, eſt le peché d'Adam. 303
Les femmes oublient tout pour eſtre braues. ibid.
Femmes qui trahiſſent patrie & parens pour eſtre braues. ibid.
Habits couuerture de noſtre honte. ibid.
Vanité des habits. 304
Ieſus-Chriſt defend la vanité des habits. 305
L'eſcriture defend l'ornement des habits. 306
Les habits ſont vn ſigne pour connoiſtre l'interieur de l'homme. 307
Grand peché d'attirer au mal par la ſomptuoſité d'habits. ibid.
Aucuns s'habillent & ſe parent par ſuperbe. ibid.
Vanité de Crœſus en ſes habits. 308
Comme Dieu punit la vanité des habits. ibid.
Aucunes en s'habillant & parant cherchent plaire à leurs marys. ibid.
Souuent les habits ſomptueux deplaiſent aux marys. 309.
Souuent les femmes ſe parent pour eſtre veuës. ibid.
Habits ſomptueux appelez habits de courtiſanes. 310
Reſponſes aux objections des curieuſes en habits. ibid.
Les femmes vaines en habits ſont des lacets du Diable. ibid.
Superfluité en habits ſigne d'impudicité. 311
Femmes curieuſement parées, comparées aux temples d'Egypte. ibid.
L'empereur Heraclius ne peut porter la ſaincte Croix eſtant richement ha-
billé.
317
Habits de S. Iean Baptiſte & des premiers Chreſtiens. 326
Les ſignes de Ieſus-Chriſt ſont des langes viles. ibid.
Il eſt indecent que les hommes ſe parent curieuſement. ibid.
Folie des peres qui parent ſi curieuſement leurs filles. 327
Dieu appaiſé par les habits rudes. 331
On ne pouuoit s'approcher du Roy de Perſe qu'eſtant habillé pompeuſe-
ment.
ibid.
Her-
V u u 2

Table des choses plvs remarquables
Hercule aſſeruy par Iole. 260

Herode frappé de Dieu pour ſon inſolence. 308

S.Hieroſme donne des preceptes pour l'inſtruction des enfans. 385

Hiſtoires.
Hiſtoire plaiſante d'vn qui auoit la meſme volonté que ſa femme & ne ſe
pouuoit accorder.
337
Hiſtoire d'vn enfant de Liege eſgaré. 272
Hiſtoire effroyable d'vn enfant nourry en liberté. 370
Hiſtoire memorable de la legereté d'vne vefue à ſe remarier. 500

L'homme.
Diuers Eloges de l'homme. 16
Diuerſes habitudes de l'homme & de la femme. 22
L'homme doit eſcouter aucunes fois ſa femme. 24
En quoy l'homme ſemblable à Dieu. 25
Des deux hommes dont parle S. Paul. 28
L'homme interieur. 29
L'homme exterieur. ibid.
Mouuemens de l'homme interieur & de l'exterieur. ibid.
L'homme n'a eſté crée auec corruption. ibid.
L'homme a plus de prudence que la femme. 251
L'homme plus noble que la femme & pourquoy. 289
L'homme a deux maiſons ſelon Ariſtote. 287

Honneur.
Quel honneur le mary doit à ſa femme. 263
Que ſignifie le mot d'honneur. 409
Honneur interieur & exterieur. 427

Hoſpitalité.
Recompenſe de l'hoſpitalité. 446

Comme les anciens inuoquoient le Dieu Hymen en leurs nopces. 218
Peincture du Dieu Hymen & ſa ſignification. 219


I.
Ialouſie.
LA jalouſie eſt vne grande affliction. 177
Que c'eſt que jalouſie. ibid.
Quel

Contenves en ce Livre.
Quel grand mal eſt la jalouſie en vne femme. 178
Combien dangereuſe eſt la Ialouſie en vn homme. ibid.
Merueille que Dieu fait en faueur d'vne femme innocente accuſée par jalou-
ſie, & frappée ſept fois fois de la main d'vn bourreau.
181
Autre hiſtoire à ce ſubject. 185
Autre hiſtoire tragique d'vn mary jaloux. 186
C'eſt vn remede contre la jalouſie ſi le mary eſt ſourd & la femme aueugle.
181

Le bien-heureux Iacopon conuerty par ſa femme. 240

Generoſité d'Icaſia noble Vierge. 60

Ieſus-Christ.
Ieſus-Chriſt Chef de l'Egliſe en quatre façons. 250
Ieſus-Chriſt quite ſa mere pour le ſeruice de ſon pere. 408

Ieuneſſe, voyez Pere.
Reſponſe de l'Oracle touchant l'inſtruction de la ieuneſſe. 357
Le bon-heur des eſtats depend de l'inſtruction de la ieuneſſe. ibid.
Contre les peres & meres qui ont plus de ſoin d'amaſſer des moyens à leurs
enfans que de les inſtruire.
ibid.
Importance de l'inſtruction de la ieuneſſe pour le bien de l'Egliſe. 358
Les tyrans pour nuire à l'Egliſe ont corrompu la ieuneſſe. 359
Trait de Lycurgus pour monſtrer l'importance de l'inſtruction de la ieu-
neſſe.
ibid.
Faut inſtruire les enfans dés la plus tendre ieuneſſe. 360
Les enfans ſont tels en vieilleſſe qu'ils ont eſté en ieuneſſe . ibid.
Ce qu'on a enſeigné aux enfans en ieuneſſe demeure en vieilleſſe. 361
La conſtance d'Eleazarus prouenoit de la bonne education de ſa ieuneſſe.
ibid.
Vn enfant loup pour auoir eſté nourry parmy les loups. 362.
Dieu demande la ieuneſſe & la vieilleſſe. ibid.
Les Diables en veulent à la ieuneſſe. 363
C'eſt choſe bonne de porter le joug de Ieſus-Chriſt dés ſa ieuneſſe. 364
Pourquoy on donne le bapteſme dés la plus tendre ieuneſſe. 365
Hiſtoire effroyable d'vn enfant nourry en liberté. 370

Incarnation.
En l'incarnation le Verbe eſt vn eſpoux. 40
Comme l'incarnation eſt mariage. ibid.
Temps auquels s'eſt faite l'incarnation. 41
L'incarnation arreſtée de toute eternité. ibid.
Cir-
V u u 3

Table des choses plvs remarquables
Circonſtances du mariage de l'incarnation. 41. & ſuiuants
Promeſſes du mariage du Verbe par l'Incarnation. ibid
Ratification du mariage du Verbe en l'Incarnation. ibid
Cauſe de l'Incarnation. 43
Noſtre nature embellie par l'Incarnation. 45
Les Iuifs on penſé que le Meſſie auroit vne femme. 46

Inclination.
Les diuerſes inclinations ſont effects de la prouidence Diuine. 93

Ingratitude.
Cinq cas d'ingratitude. 412

Patience de Iob enuers ſa femme. 267

Modeſtie, & chaſteté d'Iſaac. 439

Sobrieté de Iudith. 472


L.
LAuduna mere de S. Elzearius offre ſon fils à Dieu. 342

Le B. Laurent Iuſtinian marié auec la ſapience. 63

Lepre.
Pour la guariſon de la lepre falloit mettre du ſang, & de l'huile ſur l'oreille.
374

Liberalité.
On peut eſtre liberal, & donner beaucoup en donnant peu. 465
Liberalité de Sainte Paule. 465

Ligne.
Ligne deſcendante. 214
Ligne aſcendante. 214
Ligne oblique. ibid
Moyen pour connoiſtre en quel degré on eſt en ligne droite. ibid.
Moyen pour connoiſtre en quel degré on eſt en ligne oblique. ibid.

Amour de Liuia enuers Auguſte ſon mary, & ſa prudence. 334

Continence de Sainct Louys. 73
Teſtament de Sainct Louys, & inſtruction qu'il donne à ſon aiſné. 392

Luxe, voyez Habit.
Luxu-

Contenves en ce Livre.
Luxure.
Le chariot de luxure. 278
La luxure eſt vn ſeu. 279

Grande modeſtie, & fidelité de Lycurgus. 85


M.
Honneur du mariage.
L'Eſtat des mariez eſt comme l'aurore. 3
Hereſies contre le mariage. 6
Comme le mariage eſt honorable en tout, S. Paul expliqué. 7
Raiſon pourquoy le mariage honorable. ibid.
Dieu eſt autheur du mariage. 7. & 68.
Mariage inſtitué au paradis terreſtre, & en l'eſtat d'innocence. 8
Excellence du fruict du mariage. ibid.
L'honneur que Ieſus-Chriſt a rendu au mariage. ibid.
Eſtat que les Anges font du mariage. 9
Dieu protecteur ſpecial des mariez. ibid.
Principale honneur du mariage en ce qu'il repreſente trois mariages, celuy
du Verbe auec la nature humaine; celuy de Ieſus-Chriſt auec l'Egliſe : &
celuy de Dieu auec l'ame.
ibid.
Le mariage quaſi autant honorable que la viduité ſelon S. Ambroiſe. 504
Ceſt vn crime de prophaner le mariage. 60

Fins du mariage. Voyez le tiltre fin. Richeſſes.
Quatre bonnes fins du mariage. 12
Le bon-heur du mariage depend de ſa fin. 14
La principale fin du mariage eſt la generation. 15
Quel euſt eſté le mariage en l'eſtat d'innocence. 17
Tous les hommes ne ſont pas obligez à ſe marier. 20
Le mariage remede à la concupiſcence. 33 . & 111
Ce qu'ordinairement on cherche en mariage. 77

Le mariage est Sacrement.
Le mariage eſt Sacrement. 35
Ce qui paroiſt exterieurement au mariage, n'eſt pas grand. ibid.
Le mariage a eſté inſtitué Sacrement. 36
Comment le mariage eſt Sacrement. ibid.
Le mariage donne vne grace ſpeciale. ibid.
Pourquoy le mariage en la nouuelle Loy a deu eſtre Sacrement. 37
Le mariage ne remedie ſuffiſamment à la concupiſcence s'il ne donne vne
grace ſpeciale.
ibid.
Priere

Table des choses plvs remarquables
Prieres de l'Egliſe, en la benediction du mariage. 37
Le mariage rend l'amour des mariez ſupernaturel. 38
La grace du Sacrement de Mariage, aide à ſupporter les charges du maria-
ge.
ibid.
Quatre ſortes de mariage ſuiuant les quatre ſens de l'Eſcriture. 40
C'eſt vn crime de prophaner le mariage. 60
Les mariez contractans en eſtat de peché mortel, ne reçoiuent ny l'augmen-
tation de la grace, ny les aides actuels, au moins lors.
197
Faut ſe confeſſer auant que ſe marier. ibid.
On peche, ſe mariant en eſtat de peché mortel.
ibid.
Si ceux qui ſe marient en eſtat de peché mortel, font deux pechez mortels.
198
Les contractans au mariage, ſont miniſtres du Sacrement de Mariage. 199

Vſage du Mariage.
L'vſage du mariage peut eſtre ſans aucun peché. 68
Le mariage n'eſt pas mauuais. 68
L'vſage du mariage eſt vn acte de iuſtice. 69
D'où prouient la honte qui eſt en l'vſage du mariage. ibid.
L'vſage du mariage eſt meritoire. ibid.
L'vſage du mariage eſt ſouuent obligatoire. 70
Le refus du deu de mariage ordinairement eſt peché mortel. ibid.
Les fins qu'on peut auoir en l'vſage du mariage. 71
En l'vſage du mariage, faut rapporter la lignée à Dieu. ibid.
Si c'eſt peché d'vſer du mariage pour euiter l'incontinence. ibid.
Comme on peut vſer du mariage pour ſa ſanté. ibid.
L'vſage du mariage pour le ſeul plaiſir, eſt peché veniel. ibid.
L'vſage du mariage n'eſt defendu, ny aux iours de feſtes, ny de ieuſnes. ibid.
Eſt expedient de s'abſtenir quelques fois du mariage & pourquoy. 72
La communion, n'empeche l'vſage du mariage. ibid.
L'vſage du maraige en public eſt peché mortel. 73
Comment permis en lieu ſacré. ibidem.
Tout n'eſt pas permis aux mariez. 74
Si l'vſage du mariage eſt permis parmy les ordinaires des femmes, pendant
la groſſeſſe, & quand elles ſont en couche.
ibid.
Si l'vſage du mariage eſt permis aux foux. ibid.
On n'eſt pas obligé au deu du mariage auec intereſt notable de ſa ſanté. 75
Les mariez peuuent arriuer à la perfection. ibid.
L'vſage du mariage offuſque la raiſon, & empeche les ſciences. 124
Le meſme, prouué par raiſon naturelle. Voyez virginité, volupté. ibid.
Belle comparaiſon de Caſſian à ce propos. 125
Belle

Tableav racovrcy dv bon Mariage
Belle reſponſe de frere Gilles au meſme ſubject. 125
Mariez, damnez pour le mauuais vſage du mariage. 244

De l'indiſſolubilité du mariage.
Le mariage eſt indiſſoluble depuis la conſommation. 116
Auant la conſommation du mariage ratifié on peut ſe faire religieux, & l'vn
ayant fait profeſſion l'autre ſe peut remarier.
117
Les mariez peuuent demander delay de deux mois pour la conſommation
du mariage.
118
Cas auſquels le mariage peut eſtre diſſout quant au lien. ibid
Cas auſquels le mariage peut eſtre diſſout quant au lict. 120
Les mariez ſont obligez de demeurer enſemble. 158
Comment les mariez ſe peuuent ſeparer quant au lict. ibid.
La donation des corps entre les mariez eſt reciproque. 170.
Comme les mariez ſont deux en vne chair. 238

Maux du mariage.
Nul bien au monde ſans mal. 108
Le mariage n'eſt ſans peine. ibid.
Pourquoy anciennement les nouueaux mariez touchoient du feu & de
l'eau, & pourquoy on arrouſoit l'eſpouſe.
109
Il n'y a que deux bons iours au mariage, diſoit quelqu'vn. ibid.
Seruitude du mariage. 119
Miſeres & peines des meres. 112
Miſeres du mariage. 112. & 113
Quelle eſt la diuiſion des mariez dont parle S. Paul. 122
Comme le ſoin de la famille trauaille le mary. 128
Soins d'vne femme mariée. 129
Pourquoy du mariage choſe ſi ſaincte ſortent quelques fois des mauuais
enfans.
129. & 148

Biens du mariage.
Trois biens du mariage, & ce qu'ils repreſentent. 134
Biens du mariage.
Voyez fecondité & fins du mariage.
138

Conſentement du mariage.
Le conſentement eſt neceſſaire au mariage. 198
Le conſentement fait auec grande crainte rend le mariage nul. 199
On ne doit contraindre ny empeſcher perſonne de ſe marier. 200
Comme les peres & meres peuuent commander à leurs enfans de ſe marier.
200
Point de mariage ſans le conſentement des parties. 201
Le mariage eſt valable ſans le conſentement des parens. ibid.
Les
X x x

Table des choses plvs remarquables
Les enfans qui ſe marient ſans le conſentement de pere & mere pechent s'ils
n'ont iuſte cauſe. Le mariage eſt toutefois valable.
202.
Obeyſſance d'Iſaac en ſon mariage. ibid.
Obeyſſance de Rebecca en ſon mariage. ibid.

Mariage clandeſtin.
Que c'eſt que mariage clandeſtin. 204
Pourquoy les mariages clandeſtins defendus. ibid.
Mariage clandeſtins inualides. ibid.

Empeſchements du mariage.
Empeſchements qui rendent le mariage illicite, & non nul. 209
Empeſchements qui rendent le mariage nul, & leur explication. 211
Comme l'erreur empeſche la validité du mariage. 212
Que c'eſt que l'empeſchement de condition. ibid.
De l'empeſchement du vœu. 213
De l'empeſchement du crime. 215
Les ordres pris pendant le mariage ne le copent pas, ny la profeſſion en
religion.
213

Mary.
Inſolences d'aucuns marys. 114
Le mary doit eſtre tel qu'il deſire que ſoit ſa femme. 222
Le mary doit aimer ſa femme.
Voyez Amour.
261
Le mary doit eſtre comme vn cerf. 266
Mauuais mary comparé au lion. 267
Choſe indigne que le mary bate ſa femme. ibid.
Les Payens ont ordonné que la femme qui auroit eſté batue de ſon mary le
quitaſt.
ibid.
Comme les marys doiuent traiter leurs femmes. 268
Comme ils ſe doiuent comporter vers elles. ibid.
L'amour du mary enuers ſa femme. ibid.
Le mary eſt plus obligé de nourrir ſa femme que ſes peres, meres, freres,
ſœurs.
257
C'eſt au mary de commander à ſa femme. 258
Le mary eſt obligé d'aimer ſa femme par ordonnance Diuine.
Par Nature. 261. Par obligation Civile. 263.
261.
L'amour enjoint principalement au mary. 333
En quoy le mary eſt plus obligé à ſa femme qu'à ſes enfans. 405
Le mary ne doit oublier pere & mere pour l'amour de ſa femme. 454

Mere.
Soin que la mere doit auoir de ſon enfant auant qu'il ſoit né. 341
La

Contenves en ce Livre.
La mere ne peut procurer auortement. ibid.
Si la mere peut prendre vne medecine au preiudice de ſon fruict. ibid.
Belle practique que la mere ayant conceu offre ſon fruict à Dieu. 342
La mere doit allaicter ſon enfant. 343
Importe beaucoup que l'enfant ſoit nourry du laict de la mere. ibid.
Force de la nourriture. ibid.
Les meres qui ne nouriſſent leurs enfans ſont demy meres. 344
C'eſt l'honneur des meres d'allaicter leurs enfans. ibid.
Raiſons pour leſquelles les meres doiuent allaicter leurs enfans. ibid.
L'amour eſt plus tendre lors que les meres allaictent leurs enfans. ibid.
L'enfant nourry d'autre que de ſa mere en reçoit ſouuent grand intereſt. 345
Il vit moins. ibid.
Hiſtoire d'vn enfant changé à nourrice. 346
Enfans qui ont participé aux humeurs de leurs nourrices. ibid.
C'eſt principalement à la mere d'auoir ſoin de ſes filles. 348
Les meres doiuent enſeigner leurs filles par exemple. 351
Doiuent recommander leurs filles à Dieu. 352

Second mariage, voyez ſecondes nopces & viduité.
Pourquoy ceux qui ont eſté mariez deux fois, exclus des ordres ſacrez. 491
Rigueur des loix Ciuiles contre les femmes qui ſe remarient. ibid.
Cette rigueur corrigée par les loix Canoniques. 492
La femme qui ſe remarie ſemble oublier ſon premier mary. 496
Liberté d'aucunes à ſe remarier. 500
Mariage, où le mary auoit enterré vingt femmes, & la femme vingt & vn
marys.
500

Mariage en general
Ceux de Toſcane ne permettoient pas que ceux qui eſtoient à marier ſe
donnaſſent des preſens mutuellement.
77
Il y doit auoir de la reſſemblance entre les mariez. 80. & 84
L'inegalité en mariage fait qu'vn des conjoint eſt valet de l'autre. 85
Ceremonies des Grecs au mariage. 134
Mariage comparé à la mer. 192
Au buiſſon ardant. 193
C'eſt au pere de ſoigner le mariage de ſes enfans. 202 . & 439
Nouuelles mariées couronnées d'aſparges. 219
Mauuaiſe rencontre en mariage eſt ſouuent punition de la mauuaiſe vie. 221
La mauuaiſe vie cauſe des mauuais mariages. 222
Remede à ceux qui ſont mal mariez. 223
Pluſieurs qui n'ont pas laiſſé d'eſtre Saincts quoy que mariez. 269
Il eſt bien difficile de faire vn bon mariage. 386
Hiſtoire
Xxx 2

Table des choses plvs remarquables
Hiſtoire du mariage d'Iſaac auec Rebecca. 437
Les parens ne doiuent employer que gens ſages pour faire les mariages. 440
Ne faut ſe marier auec les meſchans & infideles. 441
Les promulgatinos ne ſont pas de la neceſſité du mariage. 205

Maiſtres
La iuriſdiction des maiſtres conſiſte en cinq poincts. 419
Les deuoirs du maiſtre conſiſtent en ce qui concerne la nature & la grace. 419
Charité du centenier enuers ſon ſeruiteur. 420
Le maiſtre doit le ſalaire à ſon ſeruiteur. ibid.
Punition de Dieu enuers les maiſtres cruels. 421
Ce que les maiſtres doiuent aux ſeruiteurs de droit Diuin. 422
Les maiſtres doiuent auoir ſoin que les ſeruiteurs exercent les œuures de
religion.
422
C'eſt du prouffit des maiſtres qu'ils ayent ſoin de la conſcience de leurs ſer-
uiteurs.
423
Le maiſtre ſe doit plus faire aimer que craindre. ibid.
Les maiſtres doiuent eſtre comme peres enuers leurs ſeruiteurs. 424
Le maiſtre doit obſeruer trois choſes en la correction. ibid.
Le maiſtre ne peut punir que de legeres punitions. 425
Cruauté de Bedius Pollio enuers ſon ſeruiteur. ibid.
Celuy qui eſt maiſtre peut deuenir ſeruiteur. 426

Metellus refuſe la fille de Marius de peur d'eſtre ſon valet. 85.

Patience de Manlius Torquatus enuers ſon pere. 399

Saincte Marguerite Reine d'Eſcoſſe reforma ſon mary & le royaume. 240

Martia.
Modeſtie de Martia fille de Varon. 168

Maſle.
Le maſle eſt ordinairement plus parfait. 289

Pieté de ſaincte Mathilde Reine d'Angleterre. 240

Malediction.
Pere & mere ne doiuent maudire leurs enfans. 347
Hiſtoire à ce ſubject. ibid.

Minerue vierge. 125

Larmes de S. Monique pour la conuerſion de S. Auguſtin. 352
Mou-

Contenves en ce Livre.
Mouches.
Mouches ne prennent pied ſur la glace de Veniſe. 277


N.
ADmirable conſtance de S. Natalie femme de S. Adrien. 144

Nopces
Inconueniens de ſecondes nopces. 496
Modeſtie des nopces d'Iſaac. 453

Nourrice.
Hiſtoire d'vn enfant changé en nourrice. 346
Enfans qui ont participé aux humeurs de leurs nourrices.
Voyez, Mere doit allaicter ſon enfant.
446

Nudité.
L'eſcriture a les nuditez en horreur. 312
Femmes qui affectent les nuditez comparées aux lamies. 313
Linus Pape defendit les femmes d'entrer à l'Egliſe teſte deſcouuerte. 315
Comme les femmes d'Arabie ſe couurent. ibid.
Caius Sulpitius repudie ſa femme, pour eſtre ſortie de la maiſon ſans voile.
ibidem.
Femme foüettée des Anges en punition de ſa nudité. 316
Noſtre Dame ne veut entrer en la cellule d'vn religieux mal couuert. ibid.
Beau trait de Louys XIII. Roy de France touchant les nuditez. 315
Les femmes ſe cauſent la mort par leur nudité. 318
Honneſteté de Micca fille touchant la nudité. 313
Les Romains ne permettoient que les enfans entraſſent dans les bains auec
leurs peres & meres.
315


O.
Obeyſſance.
ON n'eſt pas obligé d'obeyr au Superieurs, lors qu'ils commandent
quelque choſe contre Dieu.
292
En choſes douteuſes, l'inferieur eſt obligé d'obeyr au ſuperieur. ibid.
Conditions de l'obeyſſance. 293
L'obeyſſance doit eſtre droite. ibid.
Comparée à l'eſchelle de Iacob. ibid.
Doit eſtre volontaire. ibid.
Doit eſtre ſimple. 294
Beau
X x x 3

Table des choses plvs remarquables
Beau trait du Roy Amaſis touchant l'obeyſſance. 294
Le merite eſt plus grand obeyſſant à vn homme pour Dieu, qu'obeyſſant
à Dieu immediatement.
ibid.
Obeyſſance aueugle. 295
Doit eſtre auec ioye. 295. Prompte. 296. Forte. 297. Humble. 298. Perſe-
uerante.
299
Promptitude de l'obeyſſance des ſoldats de Dauid. 296
De Samuel. 296. Des Apoſtres. 296. De Zachée. 296. d'Abraham. 298.
Deux mouuemens des cieux rapportez à l'obeyſſance. ibid.
Obeyſſance repreſentée par vn leurier. 297
Comparée à vn corps mort. 299
La ſuperbe contrairie à l'obeyſſance. 298
Obeyſſance conſtante de noſtre Seigneur. 299
Les Payens ordonnoient aux femmes d'obeyr à leurs marys. 300

Ouures.
Ne faut differer les œuures de Dieu. 451
Tendreſſe des oyſeaux vers leurs pouſſins. 343

Oyſeau.
Oyſeau appellé le iuſte. 382

Oyſiueté.
Oyſiueté produit les vices. 284
Auguſte Cæſar vouloit que ſes filles trauaillaſſent pour fuyr l'oyſiueté. ibid.

Oraiſon.
Faut ſe ſeruir de l'oraiſon pour faire vn bon mariage. 444
Nous deuons fonder l'octroy de nos oraiſons ſur la miſericorde de Dieu.
ibid.
Comme Dieu eſt prompt à nous exaucer en nos oraiſons. 446
L'oraiſon eſt vne bonne diſpoſition au mariage. 452

Ordre.
Le bon-heur du monde depend du bon ordre, & qu'il ſoit gardé. 289

Oreilles
Que ſignifient les pendans d'oreilles, & les braſſelets. 448

Olympias.
Honneſteté d'Olympias. 314
Louange de la vefue Olympias. 502


P.
LA palme femelle, ſeiche le maſle qui eſtoit aupres eſtant coupé. 469
Explication de la parabole du 30. 60. 100. 495
Comme

Contenves en ce Livre.
Comme S. Paule matte ſon corps. 317
Liberalité de S. Paule. 465

Peché.
Effects du peché originel. 30
La grandeur du peché ſe tire de la perſonne, ou de la faute. 171
Deprauation que fait en nous le peché originel. 110
La grandeur du peché procede ſouuent de la perſonne. 173

Peres.
Peres & meres doiuent eſtre comme des Soleils en leurs maiſons. 382
Les peres & meres doiuent ſoigner à garder leurs filles. 347

Doiuent pouruoir leurs enfans.
Sont obligez de pouruoir leurs enfans. 384
C'eſt à eux d'amaſſer pour leurs enfans. 387
Charle Quint laiſſe ſes eſtats à ſon fils pendant ſa vie. Coſdras Sennacherib
Ptolomée.
388
Les peres & meres doiuent auoir plus de ſoin de laiſſer des vertus aux en-
fans auant la mort.
389
Les peres & meres doiuent auoir plus de ſoin de laiſſer des vertus aux en-
fans que des richeſſes.
390
Zele de Crates le Thebain contre les peres trop ſoigneux de laiſſer leurs
enfans riches.
ibid.

Pouuoir des peres & meres enuers leurs enfans,
& l'honneur qu'on leurs doit.
Peres & meres peuuent vendre leurs enfans en grande neceſſité. 395
Sont lieutenans de Dieu aux enfans. 396
Le commandement d'honorer pere & mere eſt coſte à coſte de celuy d'ho-
norer Dieu.
ibid.
Dieu a en horreur ceux qui n'honorent pere & mere. 441
La maiſon paternelle eſt comme vn ſanctuaire, diſoit Hierocles. 397
Les peres & meres ſont les Dieux domeſtiques. ibid.
Paraleles entre Dieu & les peres & meres. ibid.
Les loix de Romulus dounoient tout pouuoir aux peres & meres ſur leurs
enfans.
ibidem.
En quoy conſiſte l'honneur qu'on doit aux peres & meres. 398
Ioſeph honore Iacob ſon pere. 400
Salomon ſa mere. ibid.
Alphonſe Roy d'Aragon, honore ſon pere. ibid.
Thomas Morus demande la benediction à ſon pere. ibid.
Decius honore le ſien. ibid.
Le

Table des choses plvs remarquables
Le fils d'vn charbonier deuenu Roy, meſconnoit ſon pere. 400
Vn autre fils qui meſconnoit ſon pere. 401
Pechez contre l'honneur deu aux peres & meres. ibid.
Ceux qui maudiſſent peres & meres punis. ibid.
Ceux qui les regardent de trauers. ibid.
Punition des enfans qui tuent, ou frappent peres & meres. 402
Cham maudict de Dieu, pour s'eſtre mocqué de ſon pere. ibid.
Punition de Ruben pour n'auoir honoré ſon pere. ibid.
Punition d'Abſalon pour n'auoir honoré ſon pere. ibid.
Vn enfant pendu, deuient apres ſa mort comme vn vieillard, en ſigne qu'il
eſtoit mort ieune, pour n'auoir honoré pere & mere.
ibid.
Combien nos peres & meres ont en nos corps. 406
Les peres & meres n'ont rien à la vie de grace de leurs enfans. 407
Faut meſpriſer pere & mere pour Dieu. 408
Aſſiſtance des Payens enuers peres & meres. 410
D'Æneas. ibid. D'Amphinomus, & d'Anapus freres. ibid
Vne fille qui nourrit ſa mere de ſa mammelle. ibid
Belle exhortation de S. Ambroiſe aux enfans pour aſſiſter peres & meres.
411
Les enfans qui n'aſſiſtent peres & meres ſont enfans du Diable. 411

Peres & meres doiuent inſtruire leurs enfans.
Faut donner des bons pedagogues aux enfans. 382
Le pere doit trauailler à l'inſtruction de ſes enfans. 356
Les peres doiuent auoir plus de ſoin d'inſtruire leurs enfans, que de les met-
tre au monde.
356
La familiarité de Dieu auec Abraham attribué au ſoin qu'il auoit de ſes
enfans.
367
C'eſt vn grand don de Dieu d'auoir des peres & meres qui nous inſtrui-
ſent.
369
Peres trop indulgens comparez aux chirurgiens. ibid.
Peres indulgens pires que parricides. 370
Peres indulgens ſont traitres. ibid.
Plaintes des enfans damnez par l'indulgence de leurs peres. ibid.
Peres & meres ne doiuent maudire leurs enfans. 374
Contre les peres trop doux. 375
Conſolation aux peres qui ayants fait leur deuoir, les enfans ne vaillent
rien.
376
Punition des peres indulgens chez les Romains. ibid.
Loy de Solon contre les peres negligeans l'education de leurs enfans. ibid.
Les peres & meres doiuent recommander leurs enfans à Dieu. 378
Doi-

Contenves en ce Livre.
Doiuent auoir ſoin que leurs enfans ſoient gens de bien. ibid.

Perfection.
Comme il eſt difficile aux gens du monde de monter à la perfection. 131

Prouidence.
La prouidence Diuine a ſoin des moindres choſes. 100

Philippe Pere d'Alexandre ſe reſiouyt de ce que ſon fils eſt né du temps
d'Ariſtote.
383

Prudence.
Force de la prudence. 252
Effects de la prudence du mary. ibid.
L'homme a plus de prudence que la femme. 251
Prudence du chirurgien d'Auguſte. 377

Pudeur & Pudicité.
Elogé de la pudicité. 279
La pudeur eſt vn grand treſor en vne femme. 280
N'y a fard preferable à la pudeur. ibid.
Le meilleur doſt d'vne femme eſt la pudeur. 281.
La pudeur eſt la medecine contre l'impudicité. ibid.
La pudeur eſt la force d'vne femme. ibid.
La pudeur recommandable aux filles. 453
Pudeur de noſtre Dame. 282
Belle exhortation de S. Ambroiſe à la puduer. ibid.
S. Elizabeth ſaiſie de pudeur ayant conceu. 283
Pudicité de Spurina. 317
Pudicité de Damocles. ibid.


R.
Raguel donne la moitié de ſes biens à ſon gendre, ſe reſerue l'au-
tre moitié.
389
Que c'eſt que rapt. 216
Generoſité de Rebecca. 451. & 452

Religieux.
Comme les religieux ſont en eſtat de perfection. 4
Les perſonnes religieuſes ſont mariés, & comment. 61
Circonſtances du mariage des perſonnes religieuſes. ibid.
Enfans du mariage des perſonnes religieuſes, & des vierges auec Dieu. 63
Filles religieuſes particulierement eſpouſes de Ieſus-Chriſt. 64
Pourquoy on coupe les cheueux aux religieuſes. 65
Ce que
Y y y

Table des choses plus remarqvables.
Ce qui ſignifie l'anneau qu'on donne aux religieuſes en leur profeſſion. 66

Richeſſes.
L'amitié ne peut eſtre fondée ſur les richeſſes. 78
Les richeſſes ne doiuent eſtre la fin principale du mariage. ibid.
Martia fille de Caton ne veut eſpouſer perſonne qui la prenne pour ſes ri-
cheſſes.
78.
Vn philoſophe qui donne ſa fille à vn pauure ſage, pluſtot qu'à vn riche fol.
ibid.
Qui eſpouſe plus riche que ſoy, vend ſa liberté. 79
Inconueniens des mariages qui ſe font principalement pour les richeſſes.
ibid.
Les richeſſes cauſent la damnation. 80
Difficile aux riches d'eſtre ſauuez. ibid.
Les richeſſes comparées à vne eſchelle. 81
On peut bien ſe ſeruir des richeſſes. ibid.
Les bons ſe ſeruent bien des richeſſes, les mechans mal. ibid.
Richeſſes comparées à la rate. 82
Le ſoin des choſes temporelles empeche le ſalut. 129
Richeſſes peruertiſſent, belle reſponce de Phocion. 130
Richeſſes empeſchent de connoiſtre Dieu. 130
Le riche comparé à vn oyſeau englué. 131
Viſion de S. Antonin, d'vne famille pauure & vertueuſe, plus riche, & vi-
tieuſe.
132

Romains.
Les enfans Romains portoient des medailles au col. 365


S.
Sacrement.
Le mariage eſt Sacrement, voyez mariage.  
Les Sacremens ſont cauſes de la grace. 190
Les Sacremens produiſent la grace non pour la diſpoſition de ceux qui les
reçoiuent, ny pour la ſaincteté des miniſtres.
ibid.
Deux Sacremens inſtituez pour pour donner la premiere grace. 191
Des Sacrements des morts. ibid.
Les Sacremens donnent des graces ſpeciales. ibid.
Graces ſpeciales des Sacremens. 38. .& 191
Graces ſpeciales du Sacrement de Mariage. 192
Sacremens, cauſes efficaces de la grace. 195
Le peché mortel empeche que le Sacrement ne confere la grace. 195
Quicon-

Contenves en ce Livre.
Quiconque reçoit vn Sacrement eſtant en grace, reçoit augmentation de
grace en vertu du Sacrement.
196
Les pechez veniels n'empechent point l'augmentation de la grace au Sacre-
ment.
ibid.
Les Sacremens ne conferent pas la grace egalement. ibid.
Le meſme Sacrement receu de pluſieurs, ne confere pas touſiours grace eſ-
gale.
ibid.

Sterilité, voyez fecondité.
Sterilité ignominieuſe parmy les Iuifs. 139 135. & ſuiu.
Combien Abraham craint la ſterilité. 140.
Cauſes de la ſterilité. 142.
Sterilité punition du peché. ibid.
La ſterilité eſt vn don de Dieu. ibid.
Les mariez ne doiuent perdre la bonne intelligence pour la ſterilité. 145
Sterilité oſtée par prieres. 146

Seruitude.
Seruitude du mariage eſgale au mary & à la femme. 116
Les hommes ſont eſgaux par nature, la ſeruitude vient du peché. 417
Les ſeruiteurs peuuent deuenir maiſtres, & les maiſtres ſeruiteurs. ibid.
Les paſſions rendent l'homme ſeruiteur. 48
Deux ſortes de ſeruiteurs ſelon Ariſtote la naturelle & la legale. ibid.
Charité du Samaritain. 420
Dieu benit Laban & ſa maiſon pour Iacob ſeruiteur fidele. 423
Dieu benit la maiſon de Pharaon pour Ioſeph. ibid.
Le mauuais ſeruiteur cauſe la malediction de la maiſon de ſon maiſtre. ibid.
Comme il faut ſe comporter enuers les ſeruiteurs incorrigibles. 426
Diuerſes ſortes de ſeruitudes. 427
Deuoirs des ſeruiteurs enuers leurs maiſtres. ibid.
Les ſeruiteurs doiuent auoir vn cœur filial enuers leurs maiſtres. 428
Le ſeruiteur ne doit eſtre impoſteur enuers ſon maiſtre. ibid.
L'appetit eſt comme vn ſeruiteur. 429
Quel trouble quand le ſeruiteur commande. ibid.
Ce que font les meſchans ſeruiteurs deuenus maiſtres. 430
Le ſeruiteur ne s'en doit fuyr pour auoir eſté chaſtié. ibid.
Les faueurs que Dieu fait au ſeruiteur fidele. ibid.
En quoy conſiſte la fidelité d'vn ſeruiteur. 431
Aucuns ſeruiteurs fideles. Comme Mardochée, Ioſeph, Eliezer, Ge-
ſualdus. 432. Le ſeruiteur de Panopion.
431
Les ſeruiteurs doiuent obeyſſance à leurs maiſtres. 433
Doient obeyr aux maiſtres faſcheux. 434
Le
Yyy 2

Table des choses plus remarqvables.
Le ſeruiteur eſt obligé d'obeyr en choſes bonnes & indifferentes qui appar-
tiennent à ſon office.
ibid.
Le ſeruiteur ne doit obeyr en ce qui eſt contre Dieu. ibid.
Reſponſes aux objections des ſeruiteurs qui obeyſſent en choſes mauuaiſes.
435
Le ſeruiteur doit preferer le bien de ſon maiſtre à ſes propres commoditez.
449

Sacrifice.
Dieu demande aux ſacrifices la poictrine & l'eſpaule. 293
Dieu ne veut aucune victime qui ne ſoit ſaine. 365

Comme l'amour de Dalila aſſeruit Samſon. 260

Amour exceſſif de Sardanapalus enuers ſa femme. 272
Sardanapalus trauaille auec des femmes. 260

Saturus.
Conſtance de Saturus contre les plaintes de ſa femme. 273

Semblable.
Le ſemblable produit ſon ſemblable ſouuent. 147

Semiramis abuſa du pouuoir que luy auoit donné ſon mary. 259

Signe.
S'il eſt loiſible de ſe ſeruir de ſignes pour ſçauoir ſi on ſe doit marier, & à qui.
445

Patience de Socrate enuers ſa femme. 268
Socrate demande trois choſes aux ieunes gens. 283

Reſſentiment de Solon ſur la mort imaginaire de ſon fils. 112

Soin de S. Sophie à inſtruire ſes filles, & martyre de ſes trois filles. 353

Suſanne bien inſtruitte. 361


T.
Trauail. Voyez diligence.
L'homme condamné au trauail. 254
L'homme euſt trauaillé par plaiſir, & non par neceſſité s'il n'euſt peché. ibid.
Le trauaille de l'homme eſt nul ſans la benediction de Dieu. 255
En

Contenves en ce Livre.
En la Prouince de Tyten les hommes font les trauaux des femmes, & les
femmes ceux des hommes.
257
L'oyſiueté produit des vices. 284

Terre.
Comme la terre eſt maudite de Dieu. 254
La terre n'a perdu la fecondité pour le peché d'Adam. 255
D'où procedent les terre-trembles. 429

Teste.
Rapport de la teſte & de l'entendement, voyez le chef. 250

Soin de Tobie à inſtruire ſon fils. 379

Toſcane.
Cruauté de ceux de Toſcane, qui lioient vn viuant auec vn mort. 117

Tourterelle.
La tourterelle ayant perdu ſon maſle, demeure vefue. 498


V.
Vefues.
QVe c'eſt que l'eſtat des vefues. 456
Trois ſortes de vefues. 457
Vefues du Diable. ibid.
Vefues du Monde. 458
Vefues de Dieu. ibid.
Cinq qualitez des vefues ſelon S. Paul. 460
S. Monique vraye vefue. ibid.
L'oraiſon conuient aux vefues. ibid.
La pieté d'vne vefue doit s'eſtendre enuers ſon mary treſpaſſé. 463
Enuers le prochain. ibid.
Les vefues doiuent fuyr l'auarice. ibid.
Doiuent exercer les œuures de miſericorde. 464
La vefue doit dreſſer ſa maiſon. 466
Doit ſoigner l'education de ſes enfans. 467
Conſtance de la mere des Machabées vefue. ibid.
Soin que la vefue S. Blanche a de ſon fils S. Louys. ibid.
La vefue doit procurer la paix. ibid.
Prudence de la Thecuite vefue, à appaiſer Dauid. 468
La langue d'vne vraye vefue, comparée à la langue d'vn chien. ibid.
Qualitez des bonnes vefues. ibid.
Vices des mauuaiſes vefues. ibid.
Moyens
Y y y 3

Table des choses plus remarqvables.
Moyens par leſquels les vefues peuuent conſeruer leur chaſteté. 469
La chaſteté eſt la couronne des vefues. ibid.
La vefue doit euiter la ſuperfluité d'habits. ibid.
Quel doit eſtre l'habit des vefues. 470
La vefue doit eſtre temperante pour eſtre chaſte. 471
La vefue doit garder ſa maiſon. 472
La maiſon d'vne vraye vefue ne doit eſtre ouuerte à toute ſorte de viſites.
473
Exemples d'aucunes vrayes vefues. 475
Euphraſia braue vefue. 475. Conſtantia. 475. Olympias.
Marcella. 476. Galla. ibid. Clotilde. 477. Elizabeth vefue de
Charle 9. 477. Cunegonde. ibid.
ibid.
Heureuſe mort de Galla vefue. 477
Faut honorer les vefues. 478
En quoy conſiſte l'honneur qu'on doit aux vefues. 479
On doit aſſiſter les vefues en leur pauureté. ibid.
Le ſoin que Dieu a des vefues, & de leur nourriture. ibid.
Faut viſiter les vefues en leurs afflictions. ibid.
Pourquoy noſtre Seigneur reſuſcite le fils de la vefue de Naim ſans en
eſtre prié.
480
N'eſtoit anciennement loiſible de prendre à vne vefue aucun habit pour
gage.
ibid.
Faut conſoler les vefues. ibid.
Les vefues doiuent mettre leur confiance en Dieu. 481
L'oraiſon eſt le mary des vefues. ibid.
Les Lieutenans de Dieu doiuent auoir ſoin des vefues. ibid.
Merueilles que Dieu a fait par les vefues. 482. Et pour les vefues. 483.
Merueilles que Dieu a fait par Debora. 482.
La iuſtice que l'Empereur Theophile a fait en faueur d'vne vefue. 484
Quatre raiſons pour leſquelles on doit aſſiſter les vefues. ibid.
Courage de Iahel vefue. 483
Comme Dieu punit ceux qui offencent les vefues. 483 & 486.
La cauſe de la reſurrection preſumée de Traian, eſt le ſecours d'vne vefue. 483
Comme on perſecute les vefues. 485
La vefue peut ſe remarier. 487
On peut ſe remarier pluſieurs fois. ibid.
S. Paul ne commande pas aux vefues de ſe remarier. 487 & 493.
Eſt plus honorable de demeurer vefue, que de ſe remarier. 488
En l'ancien Teſtament l'eſtat de viduité preferé aux ſecondes nopces. ibid.
Les Payens ont fait eſtat des vefues. 488
Portigena

Contenves en ce Livre.
Portigena ne veut entendre à ſe remarier. Ny Portia. Ny les
vefues de Goa.
ibid.
ibid.
Vefues honorées à la Chine. ibid.
La viduité meilleure que les ſecondes nopces. 493
Remede des vefues contre les meſdiſances. 494
S. Paul met les vefues en paralele le auec les vierges. 495
La viduité conforme à la nature. 497
Reſponces aux obiections des vefues qui veulent ſe remarier. 498
Il eſt plus honneſte de ne ſe remarier. 499
Excellence de la viduité par deſſus le mariage. 505

Etimologie du nom de Venus. 123
Venus Deeſſe de folie. ibid.
Venus pourquoy peincte auec vne tortue. 124
La ſtatuë de Venus ayant ſouz ſes pieds vne tortüe, & aupres de ſoy vn dra-
gon, & pourquoy.
348

Verge.
Verges, l'vne de beauté, l'autre appellée cordelette. 373

Vertu.
La vertu recompenſe en mariage, ce qui manque de naiſſance. 85

Vipere.
La vipere retire le venin à l'interieur auant que d'admettre la murene. 271

Volupté.
Inconueniens des mariages faits par ſenſualité & volupté. 89
L'amitié n'y eſt de durée. 89
Ils ſont ſuiuis de repentir. ibid.
L'iſſuë en eſt funeſte. ibid.
Comme Dieu punit ceux qui ne cherchent que la volupté en mariage. 90
La volupté eſmouce l'eſprit. 124
Dieu eſt vn miroir dans lequel les voluptez empechent de voir. 126
Supplice des voluptueux en l'autre vie, repreſenté par vne viſion. 187

Vierges.
L'eſtat des vierges eſt comme le Soleil. 3
Dignité de l'eſtat des vierges. 5
Les vierges ſont mariées, & comment, Voyez mariage des religieux, religieux.
La virginité eſleue l'ame à Dieu, & le fait connoiſtre. 126
Comparaiſon à ce propos. 127
Minerue vierge. 125

Vocation.
Noſtre bon-heur depend de ce que nous nous conformions au choix que 94
Dieu

Table des choses plus remarqvables.
Dieu a fait de nous. 94
Ce que fait la grace de la vocation. 96
La grace de la vocation fait que Iacob ſurmonte l'Ange. ibid.
Que Dauid ſurmonte Goliath. 97
Ce que fait la grace de la vocation de Ieremie. 98
Que nous ne pouuons rien ſans la grace de la vocation. ibid.
L'eſtat de mariage eſt vn don & vocation de Dieu. 99
Effects de la vocation aux Apoſtres. ibid.
La vocation de Dieu ne nous manque pas. 101
Dieu fait entendre ſa volonté touchant la vocation à aucuns par reuelation.
102
Nous pouuons connoiſtre la volonté de Dieu touchant noſtre vocation par
l'oraiſon.
103
Item conſultant auec nous meſmes. ibid.
Item par conſeil. 105
Circonſtance de cette conſultation. 104

Vœux.
Les vœux ne ſont contraires à l'ordonnance de Dieu touchant la generation.
17

Voile
Ce que ſignifie le voile des religieuſes. 64
Prodige au voile de Saincte Aldegunde. 65
Pourquoy on donnoit anciennement vn voile aux nouuelles mariées. 280


X.
Xenophile paruenu à l'aage de 150. ans ſans incommoditez. 108



FIN.




Cul de lampe.


Filet cadre, rayé.

APPROBATION

EGo infraſcriptus Societatis IESV in Prouinciâ Flandro Belgicâ Præ-
poſitus Prouincialis, poteſtate mihi ad hoc fractâ ab admodum R. P. N.
Mutio Vitelleſco Præpoſito Generali, Facultatem concedo, vt typis man-
detur liber, cui titulus : Le bon Mariage, ou, le moyen d'eſtre heureux, & faire
ſon ſalut en mariage, auec vn petit traitté des vefues
, Conſcriptus à P. Clavdio
Maillard
, & à tribus noſtræ Societatis Theologis approbatus. In quorum
fidem has manu propriâ ſubſcriptas, officij, noſtri ſigillo muniri curauimus.
Antuerpiæ. 23. Ianuarij 1643.

ANDRÆAS IVDOCI.




Filet cadre, rayé.

APPROBATION

IE ſoubigné ay veu ce liure Du bon Mariage, ou du moyen d'estre
heureux & faire ſon ſalut en eſtat de mariage, auec vn traitté des vefues
, compoſé
par le R. P. Clavde Maillard de la Compagnie de IESVS ; & l'ay trouué
digne d'eſtre mis en lumiere, comme ne contenant rien qui ſoit contraire à
la doctrine Catholque, ou aux bonnes mœurs ; au contraire, fort vtile à
ceux qui aſpirent au mariage pour l'entreprendre ſelon Dieu, & à ceux qui y
ſont pour y viure en concorde & arriuer à la perfection de leur eſtat, qui
conduit à la felicité eternelle. Fait à Douay ce 21. Auril. 1643.

George Coluenere, Docteur & Profeſſeur en la
ſaincte Theologie, Preuost de l'Egliſe Collegiale
de S. Pierre, Chancelier de l'vniuerſité de Douay,
& Cenſeur des Liures.


Zzz





PRIVILEGE.

IE ſoubſigné Prouincial de la Compagnie de I E S V S au
Pays-bas, ſuiuant le Priuilege donné à ladicte Compagnie
par lequel eſt defendu à tous Libraires d'imprimer les Liures
compoſez par ceux de ladicte Compagnie ſans le congé des
Superieurs, ay permis à Iean Serrvrier Marchand Libraire
à Douay d'imprimer le Liure intitulé :
Le bon Mariage, ou le moyen
d'eſtre heureux, & faire ſon ſalut en mariage : Auec vn traité des
Vefues
: Par le R. P. Clavde Maillard de la Compagnie de
IESVS
, & ce pour le terme de ſix ans. Fait à Lille le 18. d'A-
uril 1643.


IEAN LE PESSIER.


Fautes plus notables ſuruenuës en l'impreſſion.

Page 5. ligne 6. auant la fin, mediocriter liſez mediocritas
page 8. ligne 10. finale, vefue liſez femme
page 19. ligne 3. croiſſez & multipliez la terre, liſez multipliez & rempliſſez
page 48. ligne 12. finale, affection liſez extraction
page 49. derniere note marginale, d'Abraham liſez de Rebecca
page 51. ligne 2. enioliée liſez enioliuée
page 55. ligne 6. part liſez pact
page 68. ligne 20. de oſſibus liſez ex oſſibus
page 71. ligne derniere, profeſſions liſez proceſſions
page 81. ligne 16. eſchole liſez eſchelle
page 88. ligne 16. finale, ſon liſez ſans. 12. partie liſez patrie
page 98. ligne 8. vn vain, liſez en vain. Idem ligne 9.
page 100. ligne 11. attendre liſez atteindre
page 102. ligne 12. ceux qui liſez ceux cy
page 119. ligne 11. indiſtoble liſez indiſſoluble
page 125. ligne 22. s'eſmouuent liſez s'eſmoucent
page 132. ligne 6. Putiphar liſez la Putiphar
page 172. ligne 20. ſane liſez ſacré
page 185. ligne 20. eſprits liſez eſcrits
page 249. ligne 14. finale, choiſſant liſez choiſiſſant
page 258. ligne 7. que n'eſt ſon fils auec ſa femme liſez qu'auec ſa femme
page 293. ligne 4. eſt liſez n'eſt
page 298. ligne antepen. nous n'auons fait ce liſez que ce
page 366. ligne 18. accouſtrez liſez accouſtumez.
page 462. ligne 14. dont liſez de laquelle ligne derniere recrée liſtez recreée
page 492. ligne 16. ad. liſez ab ligne 19. que loy liſez que la loy.

Noms propres et Terminologie médicale

Aaron

Selon la Bible, Aaron aurait été le frère de Moïse et le premier grand prêtre des Hébreux.
  • Aaron, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Abbaye du Mont-Cassin (en italien Montecassino)

Un monastères les plus anciens d'Italie, l'abbaye territoriale du Mont-Cassin fut fondé par Saint Benoît de Nursie en 529 : c'est le berceau de l'ordre des Bénédictins.
Carloman, fils de Charles Martel se retira à Mont-Cassin aux années 750. Le futur Saint Thomas d'Aquin y passa son enfance, entre 1230 et 1239.

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Abigaïl

Personnage biblique d'une beauté immense, elle était la femme du riche Nabal. Dans le passage (I Samuel, XXV), elle sauve son mari de la fureur de David. Après la mort de Nabal, elle devint ensuite la seconde épouse de David.
  • Abigail, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Abigaïl (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (6 février 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Abiga%C3%AFl_(Bible).

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Abimelech

Monarque cité dans la Bible, Abimelech est le nom d'un prince de Guérar, ville des Philistins, qui enleva Sara la croyant sœur d'Abraham et non son épouse. Son fils, aussi nommé Abimelech, se trouva dans le même cas à l'égard de Rébecca, femme d'Isaac. Abimelech est aussi le nom commun d'un certain nombre de rois des Philistins qui signifie Mon père le roi.

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Abradatas

Le roi Abradatas était probablement fictif, la création de Xénophon dans sa biographie de Cyrus II le Grand. Selon l'histoire de Xénophon, Abradatas faisait la guerre contre Cyrus et les Perses. Pendant son absence, la femme d'Abradatas, Panthea, fut enlevée par Cyrus. Cyrus la traita si honorablement qu'Abradatas finit par se rallier à l'armée de Cyrus. Abradatas fut tué dans une bataille contre l'armée de Crésus lors de la conquête de Lydie en 547 av. J.-C. Panthea, inconsolable, se suicida. Cyrus fit ériger un monument en l'honneur du couple.

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Abraham

Patriarche biblique du livre de Genèse, époux de Sara puis de Cétura, et père d'Ismaël et d'Isaac; il reçoit à plusieurs reprises la bénédiction de Dieu qui lui donne le pays de Canaan, lui promet une nombreuse descendance et instaure la circoncision comme signe de cette alliance. Il est ainsi considéré comme l'ancêtre des peuples hébreux et arabe, père du judaïsme, patriarche du christianisme et prophète de l'islam.
  • Abraham, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Abraham, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham.

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Abraham Bzowski (en lat. Bzovius)

Cet historien dominicain polonais (1567–1637) continua les Annales ecclésiastiques de Cesare Baronio (1538-1607), une histoire de tout le christianisme.

Liens à cette référence dans les documents

Absalon

« Fils de David et de Maakah, il fit tuer son demi-frère Amnon pour venger le viol de sa sœur Thamar puis se révolta contre son père. La Bible le montre vaincu, retenu dans sa fuite aux branches d'un chêne où s'est prise sa chevelure, et mis à mort par Joab (II Samuel, XIII-XVIII). »
  • Absalon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Achab

Personnage biblique qui apparaît dans le Premier Livre des Rois. Achab est le fils d'Omri et était roi d'Israël vers 873 à 853 a.v. J.C. Il réignait pendant l'apogée du royaume du Nord, et il était l'allié de Tyr. Ses disputes avec le prophète Élie furent très importantes dans la religion juive.
  • Achab (roi), Wikipédia, l'encyclopédie libre(25 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Achab_(roi).
  • Achab, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Achaz, Ahaz, ou Joahaz (en gr. Ἄχαζ Akhaz, en héb. אָחָז)

Fils et successeur de Jotham, et père d'Ézéchias, Achaz fut roi de Juda de 736 à environ 716 av. J.-C. Dans la Bible, Achaz est mal famé pour son impiété.
  • Achaz, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • AchazWikipédia, l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Achaz.

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Achille

Achille, un héros de la guerre de Troie, était un des plus grands guerriers grecs. À sa naissance, sa mère le plongea dans le Styx, l'un des fleuves des Enfers, pour que son corps devienne invulnérable, mais son talon, par lequel elle le tint, n'y est pas trempé et resta celui d'un mortel, donc son point vulnérable. À la fin de la guerre, c'est lui qui affronta Hector, le meilleur des Troyens. Achille trouva la mort peu après l'avoir tué, atteint au talon par une flèche de Pâris guidée par le dieu Apollon.

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Actes des Apôtres

Livre du Nouveau Testament de datation difficile (80-100?), placé après les Évangiles. Il raconte l'origine de la première communauté chrétienne de Jérusalem ainsi que les voyages missionnaires de saint Paul. La tradition l'attribue à saint Luc.
  • Actes des Apôtres, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Adam

Dans les traditions juive, musulmane et chrétienne, Adam fut le premier homme, créé par Dieu et mis dans le Paradis terrestre (Éden). Dieu créa également une femme, Ève, à partir de la côte d'Adam, ainsi représentant le mariage comme l'union de l'homme et de la femme en une seule chair.
Selon la tradition, Ève, tentée par Satan, qui avait pris la forme d’un serpent, encouragea Adam à manger le fruit défendu ; ce péché originel, qui pèse sur toute l’humanité, provoqua Dieu à chasser les deux du Paradis. Ève et Adam eurent trois fils, Abel, Caïn et Seth. Le premier livre de la Bible, la Genèse, raconte l’histoire du premier homme et de la première femme sur la Terre.
  • Adam, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Adversus Jovinianum

Texte de réfutation (par Saint Jérôme v. l'année 393) contre les opinions non-catholiques concernant le mariage et la virginité de l'ancien hérétique Jovinien.

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Adversus Julianum

Écrit par Saint Cyrille, cet écrit est critique des pensées de Julien l'Apostat, l'empereur romain de 361 à 363.

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Aelia Eudocia Augusta

Écrivaine et femme de Théodose II, Eudocia était la fille d'un philosophe grec païen et pauvre d'Antioche. Précédemment nommée Athenais, elle dût se convertir au christianisme et changer de nom avant de se marier. Elle utilisait son pouvoir et son influence pour protéger les païens et les Juifs de la persécution et recommandait le fusionnement des enseignements sophistes et chrétiennes. Vers la fin de sa vie en 443, elle fut accusée d'adultère et bannie de la cour. Elle passa le restant de sa vie à Jérusalem où elle écrivit plusieurs poèmes et épopées chrétiens. Elle mourut en 460.

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Agamemnon

Roi légendaire d'Argos et de Mycènes et frère de Ménélas, Agamemnon servit de chef suprême des Grecs pendant la guerre de Troie. Il épousa Clytemnestre qui lui donna trois enfants : Électre, Iphigénie et Oreste. Lorsqu'Agamemnon sacrifia leur fille Iphigénie à Aulis (un port grec en Béotie) Clytemnestre prit Égisthe pour amant. Les deux assassinèrent Agamemnon et Cassandre (l’amante d’Agamemnon) de retour de Troie, après lequel Égisthe prit le trône. Sept ans plus tard, Oreste et Électre, souhaitant venger leur père Agamemnon, assassinèrent Clytemnestre.
  • Agamemnon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Agar (en héb. Hagar)

Dans la Genèse (XVI et XXI), Agar est une servante égyptienne de Sara, la femme d'Abraham. Elle est mère d'Ismaël, un enfant que Sara, qui est jusqu'alors stérile, a suggéré à Abraham d'avoir de sa servante. Agar est renvoyée dans le désert avec son fils à la demande de Sara après la naissance d'Isaac.
  • Agar ou Hagar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Agar (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Agar_(Bible).

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Agrippine la Jeune

(Ara Ubiorum, auj. Cologne 16 – Baïes 59 ap. J.-C.). Fille du général romain Germanicus, Agrippine la Jeune épousa le préteur et le consul Cneus Domitius Ahenobarbus et donna naissance à Néron. À la mort de son mari, elle épousa l’empereur Claude, son oncle, et le fit adopter son fils pour que celui-ci prît le trône. Ensuite, aidée par Locuste, elle empoisonna Claude. Lorsque Néron fut proclamé empereur, il semblait que les rêves d'Agrippine de gouverner sous le nom de son fils se réalisaient. Pourtant, Néron, voulant se débarrasser de la tutelle de sa mère, la fit assassiner.
  • Agrippine la Jeune, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ahenobarbus en lat. Cneus Domitius Ahenobarbus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ahmôsis II, Ahmès II, Iâhmes II, ou Amasis

Pharaon d'Égypte régnant de -571 environ à -526, d'origine plébéienne, les grands succès militaires d'Ahmôsis lui permirent de conserver le pouvoir sur la longue durée. Son règne est caractérisé par une intense activité architecturale; il fut un souverain novateur et réformateur. Il conçut un grand nombre de lois auxquelles on continua de se référer des siècles plus tard. Un an après la fin du règne, les Perses finirent par triompher de l'Égypte, malgré les efforts d'Ahmôsis pour tisser des alliances contre eux.

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Albine

Mère de Sainte Marcelle, Albine était une dame de Rome riche et éduquée connue pour sa piété. Pendant sa vie, Albine correspondait regulièrement avec Saint Jérôme au sujet des saintes Ecritures et des passages difficiles. Selon les Actes des Saints (en lat. Acta Sanctorum), Albine fut martyrisée à Rome avec plusieurs d'autres. Elle meurt le 4 mars 387.
  • Marcelle de Rome, Wikipédia, l'encyclopédie libre (16 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 août 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcelle_de_Rome
  • Saint Albina, Wikipedia, the free encyclopedia (14 août 2017), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 août 2017. https://en.wikipedia.org/wiki/Saint_Albina
  • Migne, J.-P., ALBINE (Sainte), Encyclopédie théologique: Dictionnaire de l'histoire universelle de l'église, Tome I (1-1108), Paris, Jacques-Paul Migne, 1854, p. 576. Google livres, Internet, 28 août 2017.

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Alceste (en gr. Alkêstis)

Dans la mythologie grecque, Alceste était la fille de Pélias roi d’Iolcos en Thessalie. Femme fidèle d'Admète, roi de Phères en Thessalie, Alceste se sacrifia pour délivrer son mari de la mort. Pourtant, Héraclès la ramena des Enfers, la sauvant. La légende évoque la dévotion conjugale, ce qui inspirèrent des œuvres d'Euripide, de Quinault et de Gluck.
  • Admète & Alceste, Le grenier de Clio (2001-2011), Mythologica.fr, Internet, 24 juin 2011. https://mythologica.fr/grec/admete.htm.
  • Alceste en gr. Alkêstis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Alcibiade (en gr. Alkibiadês)

Général et homme d’État grec (Athènes -450 - Melissa, Phrygie 404 av. J.-C.) de l’illustre famille des Alcméonides. Pendant sa jeunesse, il étudia avec Socrate et fut le favori du philosophe. Lors de la bataille de Potidée pendant la guerre du Péloponnèse, Socrate même lui sauva la vie. Alcibiade posséda une reputation controversée car il fut symbole de la démocratie mais aussi déserteur qui alterna son alliance entre Athènes et Sparte. Par conséquent, il fut toujours en fuite de ses ennemis et il finit par être asssasiné. On aurait mis le feu à sa chambre et lorsqu’il tenta de s’enfuire, ses gardiens l’auraient battu jusqu’à ce que la mort s’en suivît.
  • Alcibiade en gr. Alkibiadês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pouget, Andrée, Alcibiade (~450-~404), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Alcimus (en grec Alkimos)

Selon Diogène Laërce, Alcimus était un rhétoricien distingué actif vers l'an 300 av. J.-C. Diogène Laërce parle aussi d'un Alcimus auteur d'une importante histoire d'Italie, mais il n'est pas clair que ce soit la même personne. Athanaeus fait référence lui aussi à un Alcimus historien sicilien.

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Alcinoe

Alcinoe devint victime de la colère divine d'Athéna quand elle a refusé de payer la tisserande qu'elle avait employée. Sous le sort d'Athéna, Alcinoe s'est entichée de Xanthus et s'est enfuie avec lui, en quittant ses enfants et son mari. Au beau milieu de leur voyage ensemble, Alcinoe revint à la raison et se jeta dans la mer.

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Alessandro Alessandri

Écrivain et juriste italien durant la Renaissance. Inspiré par les textes de l'Antiquité, Alessandri écrivit le texte célèbre Dies geniales (1522).

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Alessandro Alessandri Alexander ab Alexandro

Alessandro naquit à Naples en 1461. Il quitta ses études de droit en faveur d'une vie d'écrivain loin de la corruption du monde juridique et se consacra à la lectures des classiques de l'antiquité. Son grand ouvrage en six livres, Genialium Dierum: ("Jours joyeux"), est une compiliation de passages ses lectures, traitant de l'histoire et des coutumes des Grecs et des Romains, publié en 1522. Alexandre mourut à Rome en 1523.
  • Aiken, John Alexander ab Alexandro, General Biography; or Lives, critical and historical, London, G.G. and J. Robinson, 1799, p. 172. Google Books, Internet, 26 juillet 2020.
  • Alessandro Alessandri, Wikipédia, The Free Encyclopedia (11 juin 2019), Los Angeles, Wikimedia Foundation, 26 juillet 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Alessandro_Alessandri

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Alessandro Valignano

Ce prêtre et missionnaire jésuite italien, né en 1539 et mort en 1606, Valignano devint le vicaire général des jésuites de tout l'Orient. Arrivé à Goa en 1574, il intervint aussi à Malacca, à Macao et au Japon, insistant sur le respect des cultures locales pour assurer les conversions au christianisme, changeant complètement les perspectives missionnaires de l’Église. Il passa ses dernières années à Macao.

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Alexandre le Grand

Né en 356 av. J.-C. à Pella, Alexandre le Grand fut le fils du roi Philippe II et d’Olympias devenant en -336 roi de Macédoine ainsi que le chef de la Confédération hellénique. Considéré comme un des plus grands conquérants de l'histoire, Alexandre le Grand créa un empire s'étendant de la mer Ionienne à l'Himalaya. Il fonda Alexandrie en Égypte (-332- -331) et choisit Babylone comme la capitale de son empire (-331). Il mourut à Babylone en -323 après quoi ses généraux, les Diadoques, partagèrent son empire et se mirent à combattre par la suite, assassinant sa mère Olympias, son épouse, Roxane, et son fils, Alexandre IV.
  • Alexander the Great, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 février 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Alexander_the_Great.
  • Alexandre le Grand (~356-~323), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Alexandre le Grand ou Alexandre III, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Alexandrie en ar. al-Iskandarīyah, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Alonso Tostado ou Alonso Fernández (en lat. Tostatus Abulensis)

Exégète espagnol très bien instruit dans la philosophie, la théologie, la loi civile et chanoine, en grec, et en hébreu. Tostado avait écrit des critiques et des commentaires sur l'Ancien Testament et l'Évangile selon Matthieu.

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Alphonse V d'Aragon

Alphonse V, aussi appelé Alphonse le Magnanime ou Alphonse le Grand, né vers 1396 à Medina del Campo en Castille et mort en 1458 à Naples en Italie, fut roi d'Aragon et de Sicile. Fils et successeur de Ferdinand Ier le Juste, il prit pour la première fois le titre de « roi des Deux-Siciles » (royaume de Naples et de Sicile) et s'installa à Naples où il tint une cour brillante.
  • Alphonse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Alphonse V d'Aragon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alphonse_V_d'Aragon.

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Alphonsus de Orozco

Alphonsus de Orozco (1500-1591) était un prêtre augustinien et le théologien espagnol le plus connu de son siècle grâce à ses nombreux écrits. Il servait à la cour d'Espagne, mais était aussi populaire parmi le peuple que chez les aristocrats.
  • Burns, Paul, Butler's Lives of the Saints: The Third MilenniumLondon, Burns & Oates, 2005, p. 226-228.

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Amalasonte

Née en 494 ou 500 près de Ravenne en Italie, Amalasonte était une reine des Ostrogothes et nièce du roi des Francs Clovis. Une femme cultivée, jeune veuve depuis 522 ou 523, elle règna en régente pour son fils. Diplomate, elle entretint de nombreuses ambassades avec les royaumes voisins. Elle adopta une attitude effacée en apparence, laissant la place visible à son fils et agissant plutôt dans la discrétion de sa condition féminine. Amalasonte finit sa vie étranglée par ses ennemis en 535.

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Amnon

Personnage biblique, fils aîné du roi David. Selon le Deuxième livre de Samuel, Amnon viola sa demi-sœur Thamar et se fit tuer par son demi-frère Absalon.
  • David, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Amnon, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Amnon.

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Amon (en gr. Αμων, en lat. Amon, en héb. אָמוֹן)

Fils de Manassé, père de Josias, et roi de Juda, Amon fut assassiné à l'âge de 24 ans par ses serviteurs.
  • Amon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Amon (Juda)Wikipédia, l'encyclopédie libre (24 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Amon_(Juda).

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Amon de Toul (en latin Amonis)

Considéré comme saint par l'Église catholique, Amon dût quitter Toul au moment de la retraite d'Attila suite à la bataille des champs Catalauniques en 451. Selon la tradition,un rocher qui faisait obstacle sur la route d'Amon s'ouvrit puis se referma sur lui pour le cacher de l'armée d'Attila.
Voué à une vie de pénitence, il se retira souvent dans une grotte avec des cavités en forme de cellules.

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Amos (en héb. עָמוֹס)

Un des douze petits prophètes, Amos était berger qui s'éleva contre l'injustice sociale. Il paraît dans le livre d'Amos et il est discuté dans un commentaire écrit par Saint Jérôme.

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Amphiaraos

Selon la mythologie grecque, Amphiaraos était le fils du roi d'Argos Oïclès, ou d'Apollon d'après certaines sources, et d’Hypermnestre. Après avoir rendu service important aux femmes de la Grèce, il reçut une partie du royaume d’Argos dont Adraste aurait dû héritier. Ainsi de longues querelles eurent-elles lieu entre les deux. Or, le mariage entre Amphiaraos et Ériphyle, la sœur d'Adraste, apaisa celui-ci car il reçut enfin le trône auquel il avait droit. Pourtant, le bonheur d’Amphiaraos ne dura pas. Après une vision qu’il périrait dans la guerre des Sept Chefs contre Thèbes, Amphiaraos se cacha. Pourtant, Ériphile, sachant où se trouvait son mari, dévoila le lieu à Polynice après que celui-ci la tenta avec un collier. Avant de partir, Amphiaraos ordonna sa vengeance à son fils Alcméon. La veille de sa mort, Amphiaraos se trouva à table avec les autres chefs lorsqu’un aigle laissa tomber une lance qui se transforma en laurier. Le lendemain, lorsqu’Amphiaros était dans son char, la terre s’ouvrit et l’engloutit, réalisant le mauvais destin de l’ancien roi. Quelques années après, Thersandre, fils de Polynice, prépara une seconde expédition contre Thèbes. Cette fois-ci, il tenta Ériphyle avec une tunique. Ainsi engagea-t-il son fils Alcméon à la tête de l’armée. Ensuite, Thèbes fut presque détruite. En fin de compte, lorsque qu'Éryphile tenait à engager le fils d'Alcméon à encore une expédition dangereuse, celui-ci finit par la tuer.

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Amphiloque d'Iconium (en grec Amphilokhios); en latin Amphilocius

Amphiloque était évêque d'Iconium en Cappadoce au IVe siècle. Cité dans plusieurs conciles, ses écrits les plus connus sont les lettres échangées avec Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze. Huit de ses homélies ont survécu, dont le plus célèbre est In Occursum Domini sur la fête de la purification de Jésus.

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Anacharsis

Anacharsis, rangé parmi les Sept Sages, était un philosophe venu en Grèce mais originaire de la Scythie (donc considéré comme "barbare" par les Grecs, bien qu'il était un fils de prince). Il vivait au début du VIe siècle av. J.-C.; aucun ouvrage ne reste de lui, mais il est connu pour sa perspective du dehors sur la civilisation grecque.

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Anacréon (en gr. Anakréôn)

Poète lyrique né en Grèce vers 550 av. J.-C. Anacréon écrivait des chansons d'amour en dialecte ionien et il est considéré comme un des plus grands poètes lyriques grecs de l'époque.
  • Anacréon, Wikipédia, l'encyclopédia libre(9 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Anacréon.
  • Anacréon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Anchise (en gr. Agkhisês)

Berger troyen et l’amant d’Aphrodite selon la mythologie grecque. Les deux eurent un fils, le légendaire Énée. Fâché contre Anchise lorsqu'il révéla sa liaison avec la déesse, Zeus le foudroya, ce qui, selon certaines sources, tua Anchise, mais selon d'autres, le rendit boiteux ou aveugle. Lors de la guerre de Troie, il fut sauvé par son fils Énée. Après la mort d'Anchise, Énée lui rendit visite aux champs Élysées, sa dernière demeure dans les Enfers.

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Ancien Testament de la Bible

Un ensemble des écrits réligieux rédigés à l'origine en hébreu, araméen et grec, l'Ancien Testament décrit les histoires antérieures à la naissance de Jésus-Christ. Composé des mêmes textes qui constituent la Bible juive (Bible hébraïque ou Tanakh), l'Ancien Testament forme la première partie de la Bible chrétienne avant le Nouveau Testament. Il est constitué de quatre parties principales: 1) le Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome); 2) les livres historiques (Josué, Juges, Ruth, I-II Samuel, I Rois et II Rois, I-II Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther, Tobie, Judith, I-II Maccabées); 3) les Hagiographes (le Livre de Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse de Salomon, Ecclésiastique); et 4) les Prophètes (Isaïe, Jérémie, les Lamentations, Baruch, Ézéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie).

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André Alciat ou Andreas Alciatus

Andreas Alciatus (1492-1550) était un des plus célèbres juristes humanistes du XVIe siècle. Né près de Milan, il s’installa en France où il était connu pour ses recherches sur les textes légaux antiques. Son ouvrage le plus célèbre est l’Emblemata, un recueil de brefs textes latins illustrés de gravures sur bois, qui connut de nombreuses rééditions dès sa publication en 1531. Alciatus est considéré comme le créateur du genre du livre d’emblèmes, très populaire en Europe pendant les XVIe et XVIIe siècles.

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André Tiraqueau (en latin Andreas Tiraquellus)

Un juriste né en 1488 et décédé en 1558, Tiraqueau est parfois considéré comme l'initiateur de la Querelle des femmes, une polémique sur l'égalité entre les hommes et les femmes dont on peut tracer les vrais débuts au XVe siècle et les écrits de l'autrice Christine de Pizan. Dans son traité de 1513, De legibus connubialibus et de jure mariti (Des lois du mariage), Tiraqueau insiste sur la supériorité de l'homme sur la femme. Son ouvrage semble avoir influencé le Tiers livre de François Rabelais car certaines idées exprimées par le personnage de Rabelais, Panurge, reflètent les prises de position de Tiraqueau.
De nobilitate (Traité de la noblesse) et le De poenis temperandis (Traité de la modération des peines) sont d'autres ouvrages renommés de Tiraqueau qui contribuèrent au développement de la culture juridique française.

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Ange Gabriel

Un des archanges des traditions juive, chrétienne et musulmane, le nom Gabriel se traduit par homme de Dieu. Dans le Livre de Daniel, Gabriel interprète visions et prophéties et dans l'Évangile de Luc il annonce à Zacharie la naissance de Jean-Baptiste et à Marie celle de Jésus.
  • Gabriel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ange Raphaël

Raphaël (de l'hébreu : refa- : guérir et -El : Dieu ; c'est-à-dire Dieu guérit) est le troisième archange reconnu par l'Église catholique. C'es un personnage biblique du Livre de Tobie où il apparaît comme le bon ange de Tobie.
  • Raphaël (archange), Wikipédia l'encyclopédie libre (8 août 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Raphaël_(archange).
  • Raphaël , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Anne la prophétesse

Anne la prophétesse (en hébr. חַנָּה ; en grec ancien Ἄννα), fille de Phanuel et de la tribu d'Asher, fut une veuve très âgée du Nouveau Testament, mentionnée dans le livre de Luc. Elle est connu pour avoir prédit l'arrivée de l'enfant Jésus dans le Temple de Jérusalem.

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Antioche (en turc Antakya)

Ancienne ville de la Syrie antique fondée v. 300 par Séleucos Ier Nicator, général d'Alexandre le Grand, qui devint la capitale de l'Empire séleucide et grand centre de l'Orient hellénistique. Pendant la domination de l'Empire romain, Antioche était la troisième plus grande et importante ville après Rome et Alexandrie. Elle fut également le siège de la mission de Saint-Paul (47-55 ap. J.-C.) d'où l'un des premiers centres du christianisme. Antioche se trouve actuellement en Turquie au nord-ouest de la frontière syrienne.

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Antipater ou Antipatros

Né en 394 av. J.-C., Antipater était un général sous Philippe de Macédoine et son fils Alexandre le Grand. Il mourut en 319 av. J.-C.

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Antoine Mélisse (en latin Antonius Melissa

Antoine, un moine du XIe siècle, écrivit un recueil de sermons et de sentences morales, les Loci Communes, qui est similaire à un ouvrage du même titre attribué erronément à Maxime le Confesseur. Les deux contiennent de nombreux extraits des écrits des père de l’Église; ils furent souvent publiés ensemble à la fin des éditions des œuvres de Stobée.
On ne sait pas grand-chose de sa vie, mais le surnom "Mélisse" veut dire "l'Abeille" était probablement le titre d'origine de son ouvrage.

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Antonin le Pieux (en lat. Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius)

Antonin le Pieux (Lanuvium 6 - Lorium 161) fut l'empereur de Rome de 138 jusqu'en 161. Il reçut le titre de Pieux car il exigea du Senat la déification de son père adoptif l'empereur Hadrien après sa mort. Membre du Conseil impérial et proconsul en Asie, Antonin le Pieux fut d'abord et avant tout connu pour son don pour l'administration. Son règne, décrit comme l'apogée de l'Empire Romain, fut paisible. Aucune conquête n'eut lieu, et il fit construire le mur d'Antonin entre le Forth et la Clyde. Son mariage avec Faustine l'Ancienne lui donna quatre enfants, dont Faustine la Jeune qui se maria avec son cousin et frère adoptif Marc Aurèle, le futur empereur romain.
  • Antonin en lat. Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Antonin le Pieux, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonin_le_Pieux.

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Antonius Araozius

Un des fondateurs de l'ordre jésuite, Araozius travailla de près avec Ignace de Loyola. Araozius fut le premier Provincial (leader) des jésuites d'Espagne, aux années 1550.

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Aphrodite (en gr. Ἀφροδίτη / Aphrodítê)

La déesse grecque de l'amour et de la fertilité. À cause de son pouvoir sensuel, Aphrodite est considérée comme corruptrice et maléfique.
  • Aphrodite, Wikipédia, l'encyclopédie libre(19 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Aphrodite.
  • Aphrodite, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Apocalypse (en gr. apokalupsis, révélation)

L'Apocalypse est le dernier livre du Nouveau Testament de la Bible. Le livre prophétise ce qui doit arriver à la fin des Temps et le retour de Jésus-Christ sur la terre. Il contient des visions prophétiques et eschatologiques : les sept sceaux, les quatre cavaliers, la chute de Babylone (Rome), et le Jérusalem céleste. La tradition l'attribue à saint Jean l'Évangéliste (L'apôtre Jean.)
  • Apocalypse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Apocalypse, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_l'Apocalypse.

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Apollon appelé aussi Phébus (en gr. Phoibus le Brillant)

Fils de Léto et de Zeus et frère jumeau d’Artémis, il est dieu grec de la lumière, du chant, de la raison, de la musique et de la poésie. Décrit aussi comme dieu à l'arc et flèche, il punit et détruit le méchant. Une légende notoire raconte que quatre jours après sa naissance, Apollon tue au tir à l'arc le dragon, Python, qui avait poursuivi sa mère en route pour Délos.
  • Apollon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Apollon.
  • Apollon appelé aussi Phébus, en gr. Phoibus le Brillant , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Apulée (en lat. Lucius Apuleius Theseus

Avocat, rhéteur et écrivain latin (v.125 - ap. 170) dont l'œuvre le plus illustre est son roman en prose Les Métamorphoses (appelé aussi L'Âne d'or). Une parodie mystique en onze livres, il s'agit d'un héros dont la curiosité pour la magie, le transforme en âne.
  • Apulée, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 juin 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Apulée.
  • Apulée en lat. Lucius Apuleius Theseus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Apôtres

Les douze disciples de Jésus : saint André, saint Barthélemy, saint Jacques le Majeur, saint Jacques le Mineur, saint Jean, Judas l’Iscariote (remplacé par saint Matthias), saint Jude, saint Matthieu, saint Philippe, saint Pierre, saint Thomas, saint Simon le Cananéen.
Saint Paul, connu comme l'apôtre des gentils fut aussi disciple de Jésus.
  • Apôtres, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Archidamos II

Roi de Sparte qui régna de 469 à 427 av. J.-C. Selon Théophraste, à cause du mépris éprouvé par les Spartiates envers les gens de petite taille, les Éphores (magistrats) de Sparte condamna Archidamos à une amende pour avoir épousé une femme trop petite, disant qu'elle ne leur enfanteroit pas des Rois, mais des Roitelets.
  • Howatson, Margaret, éd., Politics, The Oxford Companion to Classical Literature, Oxford University Press, 2011. Oxford Reference Online, Internet, 27 septembre 2011.
  • Plutarque, Les vies des hommes illustres de Plutarque, Amsterdam, R. & G. Wetstein, 1724, t. 5, trad. et éd. Mr. Dacier, p. 293-294. Google livres, Internet, 28 septembre 2011.

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Archimède (en gr. Arkhimêdês)

Grand scientifique grec, on lui doit un corpus scientifique considérable : en mathématiques, il perfectionna le système de numération des Grecs, il compléta les livres d'Euclide sur la géométrie dans l'espace, il découvrit une méthode de calculer Pi d'une précision remarquable. Archimède n'est pas exempte de la légende; la tradition lui attribue la phrase « Eurêka » après avoir trouvé la méthode de mesurer la densité et composition d'une couronne d'or. Il est aussi associé avec la défense de Syracuse après l'attaque par la flotte romaine. On dit qu'il ait construit des miroirs géants au bord de la mer pour réfléchir et concentrer les rayons du soleil dans les voiles des navires romains et ainsi les enflammer.
  • Archimède, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Archimède, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 août 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Archim%C3%A8de.

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Argos ou Argus

  • Argos. Fils de Zeus et de Niobé qui a fondé la ville du même nom.
  • Argos (Panoptès). L’épithète Panoptès qui voit tout témoigne de l’apparence physique de ce personnage : Argos est un géant à cent yeux, cinquante ouverts et cinquante fermés. Lorsqu’Héra lui demande de surveiller Io, Argos s’endort en entendant la musique de la flûte d’Hermès. Ensuite, celui-ci lui tranche la tête, et Héra sème les yeux du mort à la queue de son paon.
  • Le chien d’Ulysse dans l’Odyssée.
  • Argos, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Argos.
  • Argus ou Argos (chien), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Argus ou Argos (prince), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Arianisme

L'arianisme était une doctrine religieux où Jésus-Christ est le fils de Dieu, mais distinct de Dieu, et donc subordonné à Dieu. Le christianisme croit en la Trinité où Dieu le père, Dieu le fils (Jésus) et le Saint Esprit ne font qu'un être suprême, complètement uni. L'Église catholique considère l'arianisme une hérésie dès le premier Concile de Nicée en 325.

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Aristide de Milet (en gr. ancien Aristeidês; en latin Aristides Milesius)

Écrivain grec (-IIe s. ?) initiateur du conte érotique en prose. Ses Fables milésiennes, très appréciées par les Romains, donnèrent le modèle d'un genre d'esprit licencieux. De ces 6 volumes de contes, il nous reste des fragments traduits en latin.
  • Aristide de Milet, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Aristide de Milet, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristide_de_Milet.

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Aristodemos Malakos, Aristodème le Malaque ou le Mou

Aristodemos, né c. 550 av. J.-C. et mort en -490, régnait sur la cité de Cumes suite à un coup d'état en -505 ou -504. Son programme politique s’opposa à l’aristocratie, et il fut tué par une conjuration d'aristocrates qui furent aidés par une jeune femme, Xénocrite, selon le De claris mulieribus (Conduites méritoires des femmes) de Plutarque.

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Aristote (en gr. Aristotelês, dit le Stagirite)

Né à Stagire (Stavro), Macédoine en 384 av. J.-C. et mort à Chalcis, Eubée en 322, le philosophe grec Aristote était l'étudiant de Platon et le tuteur d’Alexandre le Grand. À Athènes, Aristote fonda le Lycée (335) où il enseigna pendant douze ans. La philosophie, selon Aristote, serait la totalité du savoir. Il gagna la réputation du père de la logique grâce à ses analyses des divers genres et parties de discours. Son recueil à ce sujet, l’Organon, parle de la logique comme un instrument du savoir. Aristote étudia également les espèces naturelles (La Physique ; Histoire des animaux) ; la morale (Éthique à Nicomaque ; Éthique à Eudème) ; la politique (Politique ; Constitution d’Athènes), parmi d'autres sujets. De plus, il fit une étude sur la création des genres littéraires, d’où La Poétique et La Rhétorique.
  • Aristote en gr. Aristotelês, dit le Stagirite, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Artémise II

Artémise II était reine de la cité d'Halicarnasse en Carie (l'actuelle ville de Bodrum en Turquie) au IVe siècle av. J.-C. Épouse de son frère, Mausole, qui décéda en 353, Artémise entra dans un deuil extrême. Elle fit décorer le tombeau de Mausole, dit le mausolée d'Halicarnasse, par les plus grands artistes grecs ; il fut considéré l'une des Sept Merveilles du monde et le terme "mausolée" désigne les grands monuments funéraires depuis ce temps. La légende veut qu'Artémise but les cendres de son époux, mêlés à une boisson. Veuve, elle continua à gouverner la Carie pendant deux ans, jusqu'à sa propre mort en -351.

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Asmodée

Démon biblique qui possède plusieurs autres noms (par exemple : Asmoth, Aesma, Sidonay, etc.), il apparaît dans le Livre de Tobie, chassé du corps de Sara par l'archeange Raphaël. Selon la tradition juive, il est celui qui sème le discorde entre mari et femme.
  • Asmodée, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Asmodée.
  • Asmodée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Assyrie

Royaume en Haute-Mésopotamie qui devint le centre de l'un des grands empires du l’ancien Moyen-Orient, situé dans ce qui est maintenant le nord de l'Irak et le sud-est de la Turquie.
  • Assyria, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 26 août 2010. https://www.britannica.com/EBchecked/topic/39555/Assyria.
  • Assyrie n.f., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Athènes (en gr. Athinai)

Capitale de la Grèce située sur la plaine d'Attique qui est une des plus anciennes villes du monde. La civilisation athénienne exerça une influence prodigieuse et durable sur de nombreux domaines dans la culture occidentale de l'Antiquité jusqu'à nos jours comprenant la philosophie (Socrate et Platon), le théâtre (Euripide) et la rhétorique (Démosthène).

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Athénée de Naucratis 

Érudit et grammairien grec, né à Naucratis en Égypte vers 170, et mort au IIIe siècle. Il est l’auteur du Banquet des Sophistes (ou Banquet des savants), œuvre d’imagination où se rencontrent dans une ambiance festive des penseurs d’époques différentes.

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Auguste (en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus) (aussi : Octave)

(Rome - 63 av. J.-C. - Nole 14 ap. J.-C.). Auguste fut l'empereur de Rome de -27 av. J.-C. à -14 ap. J.-C. En -45, il devint le petit fils adoptif de Jules César (jusqu'alors, il en était le petit-neveu), et à la mort de l'homme d'état, Auguste devint l'héritier de Rome, ce qui lui rendit aussi le rival de Marc Antoine. Après que celui-ci fut vaincu à Modène, Auguste fonda avec Lépide et Antoine le deuxième triumvirat en -43. Les trois divisèrent par la suite l'Empire romain entre eux ; ce fut Auguste qui prit l'Occident. Pendant son règne, Octave fut victorieux contre Sextus Pompée en Sicile (-36) ainsi que contre Cléopâtre (-31), de qui il reçut l'Égypte. En -38, on lui donna le titre d'Imperator et en -28, celui de princeps senatus (le premier ayant le droit de s'exprimer dans des délibérations sénatoriales). Onze ans après, il reçut aussi le titre d'augustus (terme religieux). Pendant ce temps-là, Auguste fit de Rome un principat, ce qui rendit l'ancienne république l'équivalant d'un Empire qui avait pour Empereur le Sénat et le peuple.
  • Auguste, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste.
  • Auguste en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Aulu-Gelle (en lat. Aulus Gellius)

(Rome v. 130). Érudit latin qui fut l'un des élèves de Fronton. Il a écrit les Nuits attiques, qui s'organise comme une série d'entretiens entre des amis érudits. Sous cette forme, l'œuvre traite de la grammaire, de l'histoire et de la critique littéraire. Elle fournit des renseignements importants sur les écrivans archaïques.
  • Aulu-Gelle (en lat. Aulus Gellius), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Aurélien (en lat. Lucius Domitius Aurelianus)

Empereur romain entre 270 et 275. Restorateur de l'unité de l'Empire romain, qu'il consolida face à nombreux groupes d'envahisseurs même s'il ne put pas reprendre toutes les anciennes territoires de l'Empire. Aurélien voulait aussi l'unité morale de l'Empire romain, créant le culte de Soleil et une identification personnelle avec ce dieu.
  • Aurélien, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Aurélien (empereur romain)Wikipédia, l'encyclopédie libre(5 novembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aurélien_(empereur_romain).

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Ausone (en lat. Decimus Magnus Ausonius)

Professeur et conseiller politique du Bas-Empire romain, Ausone était aussi renommé comme poète latin. Auteur de vingt livres en latin et de plusieurs courtes pièces dont le plus célèbre est La Moselle, un récit racontant son voyage sur la Moselle de Trèves au Rhin.
  • Ausone, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • AusoneWikipédia, l'encyclopédie libre (11 octobre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ausone.

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Avantages de la viduité (en lat. De bono viduitatis)

Les remarques les plus élaborées de Saint Augustin sur la vidiuité paraissent dans Avantages de la viduité ou lettre à Julienne veuve, une lettre écrite probablement en 414 et reliée aux Biens du mariage. Les deux textes considèrent ces deux états de la vie : Augustin, comme les autres théologiens de l'époque, note la supériorité de l'état vierge, tout en valorisant le mariage. Il insiste sur le besoin d'humilité de la part des vierges, malgré la supériorité de leur état.
  • Avantages de la viduité, trad. M. l'abbé Burleraux, in Œuvres complètes de Saint Augustin, L. Guérin et Cie., Bar-le-Duc 1869, t. XII p. 150-165. Bibliothek der Kirchenväter, Internet, 26 avril 2021. https://bkv.unifr.ch/works/402/versions/586/divisions.
  • Dunn, Geoffrey David, The elements of ascetical widowhood: Augustine’s de Bono Viduitatis and Epistula 130, in W. Mayer, P. Allen and L. Cross (ed.), Prayer and Spirituality in the Early Church IV: The Spiritual Life, St Pauls Publications, 2006, p. 247-256.

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Azarias

Personnage dans le livre des Machabées. Suivant les ordres de Judas Machabée, Azarias travailla avec Joseph comme capitaine militaire pour entrer en combat contre Gorgias et son armée. Ensemble ils perdirent la guerre.

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Baal

Titre donné aux dieux sémitiques, canéens, phéniciens, et arméens. Les cultes de Baal adoptés par les Israélites se composaient de sacrifices qui étaient parfois humains. Baal, alors, représente tout culte idolâtrique.
  • Baal, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Babylone (en sémitique Bab-lli la porte du dieu, dans la Bible Babel)

Ancienne ville mésopotamienne qui se trouvait sur l’Euphrate dans le pays contemporain d'Iraq. Existant au moins dès le XXIIIe siècle av. J.-C, Babylone atteignit son apogée comme capitale de l’empire babylonien entre le deuxième et le premier millénaire av. J.-C. La ville de Babylone (Babel) est d’une signifiance religieuse profonde. La Bible comporte plusieurs passages dans l'Ancien et le l'Nouveau Testament représentant Babylone comme la personnification de l'orgueil, de la corruption et de la décadence de l'Homme dans le monde temporel, mais parfois la ville est l'instrument de la volonté divine.
  • Babylone, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Babylone en sémitique Bab-lli la porte du dieu, dans la Bible Babel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Babylone (symbole), Wikipédia l'encyclopédie libre (4 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Babylone_%28symbole%29.
  • Babylone, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 février 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 mai 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Babylone#Dans_les_civilisations_antiques.

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Balde (en latin Baldus) de Ubaldis

Balde était un juriste italien du XIVe siècle (1327-1400). Son œuvre est composée de traités de droit civile et droit canon, aussi bien que des commentaires sur maintes questions de doctrine catholique, et surtout le schisme entre l'Église occidentale et orientale.

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Barac, Barach, Baraq ou Barak

Dans le Livre des Juges, Barac était fils d’Abinoëm, de Cédés en Nepththali, et général des Hébreux. Sous le commandement de Débora, il lutta contre les armées cananéennes et finit par obtenir une victoire définitive contre les troupes de Sisra et du roi Yabin.

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Barlaam

L'histoire de Barlaam et Josaphat est un récit bouddhiste en sanskrit qui circula dans plusieurs sociétés au 1er millénaire avant d'être christianisé au IXe ou Xe siècle. Dans la version chrétienne, le roi Abenner ou Avenier d'Inde persécutait les chrétiens, mais un astrologue prédit que son propre fils, Josaphat, serait un jour de cette religion, alors le roi isola son fils de tout contact. Mais Josaphat finit par rencontrer le saint Barlaam, un hermite qui le convertit. En fin de compte, le roi se convertit au christianisme lui aussi, se retirant dans le désert et laissant le trône à Josaphat, qui se retira à son tour pour développer sa spiritualité. Barlaam et Josaphat sont considérés des saints par l'Église catholique et l'Église orthodoxe.

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Benjamin (en héb. Benyamîn)

Dans la Genèse (XXXV, 16-20), Benjamin, qui signifie le fils de ma droite, est le dernier fils de Jacob et de Rachel. Il est l'ancêtre éponyme d'une tribu d'Israël qui resta fidèle à Roboam, roi de Juda, après la mort de Salomon.
La naissance de Benjamin coûta la vie à Rachel, qui avant de mourir l'appela "Benoni" ou "Ben Oni" ("fils de mon deuil"), mais Jacob changea le nom en Benjamin.
  • Benjamin, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Rachel, Wikipedia, the free encyclopedia (11 avril 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 avril 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Rachel.
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livres de Genèse, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Benoît II (pape)

Pape du 26 juin 684 jusqu'à sa mort l'année suivante, Benoît, né à Rome, fit restaura plusieurs églises romaines pendant son bref pontificat.

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Bethléem (en hébreu Bet Lehem, en arabe Kfar Naḥūm)

La ville à 10 km au sud de Jérusalem. Dans aa tradition juive, la ville s'appelle aussi Éphrata, et c'est le lieu de naissance et de couronnement de David. Dans la tradition chrétienne, c'est le lieu où Jésus est né.

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Bethsabée (en hébr. Bath-Sheba)

Selon l'Ancien Testament de la Bible (II Samuel, XI-XII), la femme d’Urie, officier dévoué du roi David. Sa grande beauté captiva le roi David qui la séduit. Dès que David apprit que Bethsabée était devenue enceinte, il fit tuer Urie pour cacher leur rapport adultère et, ensuite, prit Bethsabée comme épouse. Leur premier enfant mourut mais Bethsabée donna naissance plus tard à Salomon, successeur de David qui promut Bethsabée à Reine mère.
  • Bethsabée, Wikipédia, L'encyclopédie libre (18 janvier 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bethsab%C3%A9e.
  • Bethsabée (en hébr. Bath-Sheba, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Bethsames (en hébreu Beit Shemesh

Une ville à 30 km à l'ouest de Jérusalem, Bethsames est évoqué dans l'Ancien Testament, dans les livres de Josué, I Samuel et Regnes

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Betouel

Personnage biblique dans le Livre de la Genèse, Betuel est le fils de Nahor et de Milcah, le frère d'Abraham. Il est le père de Rébecca, l'épouse d'Isaac et la belle-fille d'Abraham, l'oncle de Betuel.

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Biens du mariage (en lat. De bono coniugali)

Opuscule de Saint Augustin écrit en 401 où il décrit les trois biens du mariage, qui sont les enfants, la fidélité et le sacrement.

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Blanche de Castille 

Reine de France, née le 4 mars 1188 à Palencia et morte le 27 novembre 1252 à Melun. Fille d’Alphonse VIII, roi de Castille, et d’Aliénor d’Angleterre, elle épousa en 1200 le prince Louis, fils de Philippe Auguste, qui devint en 1223 le roi de France Louis VIII. Blanche donna à son mari douze enfants dont le futur Louis IX et Alphonse de Poitiers. Louis VIII la consultait sur les affaires du royaume et, dans son testament, il la désigna comme régente et comme tutrice de leurs enfants. Régente pendant la minorité de Louis IX (1226-1234), elle brisa la révolte des barons (1226-1231), et mit fin à la croisade des albigeois en concluant le traité de Meaux-Paris (1229). Après la majorité de Louix IX, qu’elle maria à Marguerite de Provence (1234), elle continua à s’occuper des affaires puis exerça à nouveau la régence lorsque le roi participa à la septième croisade (1248-1252).

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Boaz ou Booz

Selon le livre de Ruth dans l'Ancien Testament, Boaz était un très riche propriétaire de Bethléem. Il épousa Ruth, une veuve pauvre dont le premier mari (Malchon) et son père (Elimelech) lui étaient apparentés. Ruth et Boaz furent les arrière-grands-parents du roi David. Le nom Boaz signifie la force.

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Boccace (en it. Giovanni Boccaccio)

Écrivain italien né en 1313 et mort en 1375. Son livre le plus connu est Le Décaméron, recueil de nouvelles (1349-1351) qui fonde le genre de la nouvelle européenne en prose. Le cadre de l’ouvrage est la peste à Florence en 1348: dix personnes qui la fuient se racontent des histoires pour se divertir. Des leçons de tolérance, de lucidité et d’humour face aux vicissitudes de l’existence ont fait que Le Décaméron reste durablement partie du canon littéraire occidental.
  • Boccace (Giovanni BOCCACCIO, dit en fr.), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Boccace, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 janvier 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 janvier 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Boccace.

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Boleslas V le Pudique ou Boleslas le Chaste (en pol. Boleslaw V Wstydliwy)

Cinquième souvereign de Pologne et membre de la dynastie Piast. Fils de Lech Ier le Blanc et de Grzymislawa de Luck, Boleslas naquit en 1226 et décéda en 1279.

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Bracmane, Bramine ou Bramin

BRACMANE, BRAMINE, ou BRAMIN, s. m. Philosophe ou Prêtre Indien. — L'Académie met les trois mots sans remarque. — Il me semble que le 1er ne se dit que des anciens Philosophes, et les deux aûtres des modernes; et parmi ceux-ci, Bramine est le plus usité.
  • Bracmane, Bramine ou Bramin, Jean-François Féraud : Dictionnaire critique de la langue française (1787-88), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 24 août 2009.

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Brennos (en lat. Brennus; IIIe siècle av. J.-C.)

Un chef celte du -IIIe siècle, Brennus dirigea une grande expédition, attaquant en 298 la Thrace et la Macédoine avant d'être repoussé. Il eut plus de succès en -279, mais défaite encore, Brennos se suicida en s'empoisonnant vers -278.

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Brutus (en lat. Marcus Junius Brutus)

(Rome v. -85 - -42 av. J.-C.). Homme d’État romain et neveu de Caton d’Utique, Brutus fut adopté par César. Bien que Brutus eût participé comme allié de Pompée à la bataille de Pharsale, César le désigna comme propréteur en Gaule cisalpine en -46, ainsi que préteur urbain en -44. Cependant, Brutus se retourna contre César. À l’aide de Cassius, que César avait fait aussi préteur, Brutus projeta d'assassiner l’empereur. Le fait accompli, il s’évada en Macédoine. À Philippes, pourtant, Brutus et Cassius furent vaincus en -42. Ainsi les deux se donnèrent-ils bientôt la mort. En entendant parler de sa mort, sa femme Porcia prit cette même décision funeste.
  • Brutus en lat. Marcus Junius Brutus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Bède ou Beda (saint) dit le Vénérable

(Wearmouth, Durham 673 - Jarrow Durham 735) Historien et érudit anglo-saxon. Ses ouvrages sont divers : il a écrit une chronologie basée sur des études détaillées astronomiques, une histoire naturelle, un martyrologie, un ouvrage de métrique, un ouvrage sur la vie de saint Cuthbert et son Histoire ecclésiastique des Angles qui traite les événements de la période entre la conquête de Jules César et l'année 597.
  • Bède ou Beda (saint) dit le Vénérable, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Béla IV de Hongrie (Béla IV Árpád)

Fils d'André II de Hongrie et de Gertrude de Méran, Béla IV fut roi de Hongrie entre 1235 et 1270. Durant son règne il réussit à ranimer la vie économique suite à une invasion mongole. Sa femme était Cunégonde ou Kinga de Pologne, et son successeur fut son fils Étienne V.
  • Béla IV, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Béla IV de HongrieWikipédia, l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Béla_IV_de_Hongrie.

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Béthulie

Cette ville de l'ancienne Palestine, en Judée, est célèbre par le siège de Holopherne. Judith est de Béthulie et c'est dans le camp d'Holopherne en dehors de Béthulie que Judith le tue.

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Caesar Baronius (en italien Cesare Baronio)

Prêtre italien de l’Oratoire et historien ecclésiastique de renom, né en 1538 à Sora et mort en 1607 à Rome. Il fut confesseur du pape Clément VIII, bibliothécaire de la Vaticane et cardinal (1596). Il a laissé une édition critique du Martyrologe romain (1586) et 12 volumes d’Annales ecclésiastiques (1588-1607), qui retracent l’histoire de l’Église depuis les premiers temps jusqu’à 1198. Il est parfois nommé le Père de l’histoire ecclésiastique.

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Caius Marius

Né en 157 av. J.-C. à Arpinum des origines humbles, Marius devint un grand général et homme politique romain. Il se distingua comme un excellent soldat et servit comme lieutenant de Metellus pendant la guerre de Jugurtha. Il fut élu au consul par le parti populaire à sept reprises au cours de sa carrière; il est connu surtout pour sa réforme décisive de l'armée romaine, permettant aux prolétaires et aux chômeurs de s'y joindre. Il présida au dénouement de plusieurs victoires et sous ses ordres l'armée devint un instrument puissant pour la conquête de l'empire. Malgré sa réputation comme chef de guerre, sa carrière d'homme politique était entaché de plusieurs incidents sanglants (sa dispute avec Sylla, la guerre sociale, et le massacre de ses ennemis). Il mourut en 86 av. J.-C.
  • Caius Marius , Wikipedia the Free Encyclopedia (9 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Marius.
  • Marius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Caius Sulpicius Galba

D'une famille romaine riche, Sulpicius devint consul en 5 av. J.-C. Il épousa pour première femme Mummia Achaica, dont il eut deux fils, Galba, le futur empereur, et Caius. Sa seconde femme, fort riche selon Suétone, se nommait Livia Ocellina.

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Caligula (en lat. Caius Caesar Germanicus)

(Antium 12 – Rome 41). Troisième empereur romain, regnant de 37 à 41, succédant à Tibère. Fils de Germanicus et d'Agrippine l'Ancienne, il mena pendant quelque temps une politique de libéralisme. On attribue à une maladie mentale le brusque changement de sa personnalité qui le fit régner en roi, et en dieu. Il mourut assassiné par plusieurs membres de la garde prétorienne en 41 à Rome.
  • Caligula (Caius Caesar Germanicus, dit), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Caligula, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caligula.

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Callirrhoé fille d'Achéloos (en grec ancien Kalliróê)

Dans la mythologie grecque, Callirrhoé ou Callirhoé est une naïade et son fils un dieu fleuve. Elle réclama de son mari Alcméon le "Collier d'Harmonie" qu'il avait offert à sa première femme; Alcméon est tué en train de récupérer le collier. Une "intime" de Zeus, Callirrhoé obtient de lui que ses deux fils puissent devenir immédiatement adultes afin de venger leur père, ce qu'ils firent dans une grande tuerie.

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Canaan

Nom biblique donné à la région du Proche-Orient qui correspond aujourd'hui aux territoires d'Israël, de la Palestine, et de l'ouest de la Jordanie, du sud de la Syrie et du Liban. Selon le Bible, ce territoire est la Terre promise, le pays de miel et de lait des Israélites.
  • Canaan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Canaan, (région), Wikipédia l'encyclopédie libre (16 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_de_Canaan.

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Cananéens

Originaires de Canaan, le peuple cananéen était le premier à habiter la Terre Sainte, sous le gouvernement de Moïse.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique ou vie des saints et des bienheureux, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 167-168. Bibliothèque numérique Gallica, 24 octobre 2013. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63160692/f88.image.r=chananeans.
  • Guillaume Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, métropolitaine de la Gaule BelgiqueReims, L. Jacquet, Imprimeur de l'Académie, 1843, Vol. I, p. 92, Internet, Google Books, 24 octobre 2013.https://books.google.ca/.

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Cantique des Cantiques ou Le Cantique de Salomon

Situé dans l'Ancien Testament, le Cantique des Cantiques contient des chants d'amour qui se présente comme une suite de poèmes où les voix alternées d'une femme et d'un homme décrivent l'histoire de leur amour.

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Capharnaüm ou Capernaüm (en hébreu Kəfar Nāḥūm ou Kfar Naḥūm)

Un très ancien village de pêcheurs de Galilée, Capharnaüm est cité 16 fois dans le Nouveau Testament car Jésus y séjourna.
Les juifs pieux empreints de la tradition ancestrale sont peu réceptifs à la parole de Jésus qui maudit le village : « Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu'au ciel? Non, tu descendras jusqu'au séjour des morts! (Luc ch. 10, v. 15).

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Captivité babylonien

Il s'agit de la papauté d’Avignon, la résidence du pape en Avignon plutôt que dans son siège traditionel à Rome entre 1309 et 1378, puis dans une deuxième période entre 1378 et 1418 pendant laquelle il y avait deux papes rivaux.

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Cardan (en it. Gerolamo Cardano, en lat. Hieronymus Cardanus), dit en fr. Jérôme Cardan

(Pavie 1501 - Rome 1576) Médecin, physicien, inventeur, philosophe et mathémiticien italien. Cardan enseigna les mathématiques à Milan, et la médecine à Pavie et à Bologne. Comme philosophe, il tentait de constituer un panthéisme sans immortalité de l'âme. En dépit de son érudition, Cardan était néanmoins un personnage naïf : Jean-Claude Margolin de l'université de Tours témoigne, [...] esprit génial, mais personnalité chaotique, [Cardan] pouvait faire preuve de l'esprit critique le plus aigu et de la crédulité la plus enfantine. On a de lui : sa Practica arithmeticè et mensurandi singularis (Milan, 1539) ; son Ars magna ; son Liber de ludo aleae, qui fait le premier calcul des probabilités ; et les ouvrages plutôt philosophiques De subtilitate (Nuremburg, 1550) et De rerum varietate (Bâle, 1557).
  • Cardan (Gerolamo Cardano), dit en fr. Jérôme, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Carloman

Fils de Charles Martel, Carloman (710-754) reçut en héritage le pouvoir sur la moitié de la Gaule, l'autre moitié étant sous la houlette de son frère Pépin le Bref. Carloman est à l'origine d'une réforme ecclésiastique, y compris la moralisation des mœurs des clercs, ce qui suggère une grande piété de sa part.
Pourtant, en 746 il est responsable du massacre des chefs ennemis qui s'étaient joints à son frère pour prendre une partie du territoire que leur père avait attribué à Carloman. À la suite de cet acte, Carloman se retira dans monastère pour le reste de sa vie, peut-être pour expier le massacre.

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Cassienne de Constantinople

Une abbesse, poétesse et compositrice de l'empire byzantin, né vers 805 et morte en 865, Cassienne devint sainte de l'église orthodoxe. Jeune, elle participa au concours de beauté organisé pour que le jeune empereur Theophile choisisse une femme. Théophile préféra Theodora à Cassienne dont l'intelligence semblait blesser la fierté de l'empereur. Cassienne était heureuse de pouvoir entrer en religion.

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Cassiodore (en lat. Flavius Magnus Aurelius Cassiodorus)

Écrivain latin et fondateur du monastère de Vivarium à Sicile, il fut né vers 485 à Scylacium. Après avoir été consul et préfet sous Théodoric, il se retira au monastère. Notamment il écrivit une Historia ecclesiastica tripartita, un manuel encycolpédique sur le plan de l'œuvre de Martianus Capella Institutiones divinarum et saecularium lectionum et un De anima.
  • Cassiodore, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cassiodore, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cassiodore.

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Catherine d'Aragon (en ang. Catherine of Aragon)

Catherine d’Aragon (1485-1536), fille de Ferdinand II d’Aragon et d’Isabelle Ire de Castille, épousa le Prince de Galles Arthur Tudor en 1501. À la mort d’Arthur, elle épousa en secondes noces en 1509 son frère, Henri Tudor, le futur Henri VIII. Henri la répudia en faveur d’Anne Boleyn en 1532, provoquant le schisme entre la monarchie anglaise et l’Église catholique.

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Caton d'Utique ou Caton le Jeune (en lat. Marcus Porcius Cato)

Caton d’Utique était, comme son arrière-grand-père Caton l’Ancien, un homme politique romain. Il vécut de -93 à -46 av. J.-C. Pendant sa vie, il défendit la République avec une férocité stoicienne. Il lutta aux côtés de Cicéron contre Catilina, contre Crassus, César et contre Pompée, mais il devint finalement l’allié de ce dernier. Après la mort de Pompée, Caton continua de mener la guerre en Afrique. Lors de la défaite de son armée à Thapsus en -46, il se suicida.
  • Caton d'Utique en lat. Marcus Porcius Cato, Le Petit Robert : Dictionnaire illustrédes noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Caton d'Utique, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caton_d%27Utique.

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Caton l'Ancien (en lat. Marcus Porcius Cato)

Caton l’Ancien que l’on appelle couramment aussi Caton le Censeur, était un homme politique romain qui vécut de -234 à -149 av. J.-C. Il est connu pour les luttes qu’il mena contre le luxe, la culture et les mœurs helléniques car il privilégiait toujours les mœurs traditionnelles sur lesquelles Rome était fondé. Il participa à la condamnation de Scipion l’Asiatique, le frère du général Scipion l’Africain. Vers la fin de sa vie, il voyagea à Carthage agissant en ambassadeur. Dans la troisième guerre punique, les discours qu’il prononçait eurent une grande influence. Il ajouta à ces discours Delenda quoque Carthago, formule qui signifiait et en outre, il faut détruire Carthage. De nos jours, il ne nous reste que quelques fragments de son œuvre : des parties de ses Origines, une histoire romaine, et De agri cultura, un traité portant sur l’agriculture.
  • Caton dit l'Ancien ou le Censeur en lat. Marcus Porcius Cato, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Caïn

Fils d'Adam et Ève, et le frère d'Abel. Caïn apparaît dans le Livre de la Genèse. Le premier être-humain né, il devint le premier meurtrier sur terre quand il tua son frère Abel. Il fut alors condamné à fuir pour toute l'éternité.
  • Cain and Abel, Wikipédia, l'encyclopédie libre(22 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 novembre 2012.https://en.wikipedia.org/wiki/Cain_and_Abel.
  • Cain, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Chaldéens

Peuple habitant en Chaldée, région de Sumer occidental. La Chaldée n'exista comme un pays qu'entre la fin du Xe et la mi-VIe siècle av. J.-C., avant d'être assimilé à la Babylonie. Selon la Bible hebreu (le Tanakh), Abraham est originaire de la ville chaldéenne d'Ur Kaśdim (en hébreu).
  • Chaldée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Chaldea, Wikipedia, The Free Encyclopedia (21 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 juillet 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Chaldea.

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Cham ou Ham

Fils de Noé et père de Canaan qui paraît dans le Livre de la Genèse. Cham est dépeint comme fils irrévencieux quand il découvre à ses frères leur père ivre et nu.
  • Cham, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Charlemagne ou Charles Ier, dit le Grand

(v.742 – Aix-la-Chapelle 814). Roi des Francs (768-814), roi des Lombards (774-814) et l'empereur de l'empire d'occident (800-814). Considéré non seulement comme le fondateur des deux monarchies française et allemande, mais aussi comme le Père de l'Europe, Charlemagne unit une grande partie de l'Europe occidentale et centrale, établit les principes du gouvernement sur lesquels les grands États européens sont fondés et encouragea la formation d'une identité européenne commune en mettant en œuvre la renaissance carolingienne.

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Charles IX

Second fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, il devint roi de France (1560-1574) à l'âge de dix ans sous la régence da sa mère. Son règne fut dominé par les guerres de religion entre les catholiques et les protestants. Ses efforts de réconcilier les deux factions finirent par entraîner plus d'hostilité. En particulier, sous la pression des catholiques et sa mère, Charles IX ordonna le massacre de la Saint-Barthélemy (1572), dans lequel des milliers de protestants furent tués.
  • Charles IX, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Charles IX de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mai 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_IX_de_France.
  • Saint-Barthélemy (massacre de la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Charles Martel (en lat. Carolus Martellus)

Charles Martel (688-741) dirigea la Francie (royaumes francs) de 718 jusqu'à sa mort, en rétablissant les Francs comme les maîtres de toute la Gaule. En 1732 ses forces triomphent sur l'armée musulmane qui envahit la Gaule dans une bataille décisive qui eut lieu entre Tours et Poitiers. Administrateur aussi bien que guerrier, il est crédité d'un rôle déterminant dans la création du système féodal franc.
À sa mort, il divise la Francie entre ses fils, Carloman et Pépin le Bref. Le petit-fils de Charles (et fils de Pépin) est Charlemagne.

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Charles Quint (en esp. Carlos I)

Charles Quint (Charles d’Habsbourg, Charles I d'Espagne, 1500-1558), empereur du Saint-Empire romain germanique et Roi des Espagnes, était considéré le monarque le plus puissant de son temps. C’est le père de Philippe II d’Espagne.

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Charles V, dit Charles le Sage

(Vincennes 1338 – Nogent-sur-Marne 1380). Roi de France (1364-1380) dont le règne fut marqué par sa réussite dans la récupèration d'une grande partie du territoire français cédée à l'Angleterre au traité de Brétigny (1360) à la fin de la première phase de la guerre de Cent Ans (1337-1543).

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Christ (Jésus) (en lat. Christus)

Les catholiques disent le Christ, les protestants souvent Christ, sans article. Figure centrale de la religion chrétienne, pour laquelle le Christ, c'est-à-dire le Messie, l'Oint du Seigneur, c'est Jésus (Jésus-Christ). Il s'identifie avec le Messie annoncé diversement par les prophètes de l'Ancien Testament (Daniel, VII, 13 ; Isaïe, XI, 1-9 et LII-LIII ; Zacharie, IX, 9), mais le royaume qu'il instaure n'est pas de ce monde (Jean, XVIII, 36). Il est le fils de Dieu annoncé par Jean-Baptiste (Jean, I, 33). Dieu incarné, il possède les deux natures, homme et Dieu (ce point a soulevée plusieurs hérésies), ce qui fait de lui l'intercesseur, le lien entre les hommes et Dieu. Il a souffert sur la croix et il est mort pour le salut des hommes, compromis depuis la faute d'Adam. Il est donc le Rédempteur et le Nouvel Adam.
  • Christ en lat. Christus, calqué sur le grec khristos qui traduit l'hébreu mashiah (d'ou messie) « oint », Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Cicéron (en lat. Marcus Tullius Cicero)

(Arpium 106 – Formie 43 av. J.-C.) Homme d’État latin, avocat, consul et orateur exceptionnel qui a fort influencé la rhétorique latine. Il se fit champion de la préservation de la République romaine mais ses efforts furent en vain lorsque la république fut finalement détruite après une série de guerres civiles suivies par son assassinat en 43. Cicéron chercha pendant toute sa vie à être un grand homme de l’État et son travail intellectuel témoigne de cette ambition. Un écrivain prolifique, il a produit parmi d'autres ouvrages des plaidoyers (Les Verrines), des harangues politiques (Les Catilinaires), des œuvres théoriques sur l’éloquence (De oratore), des écrits philosophiques (De republica, De officiis, De natura deorum, De officiis, Hortensius, De diuinatione) et des lettres (par exemple Ad Atticum).
  • Cicéron en lat. Marcus Tullius Cicero, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marcus Tullius Cicero, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 12 mai 2011. https://www.britannica.com/biography/Cicero.

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Cimon (en grec Kímôn)

Cimon, né en 510 av. J.-C. et décédé en 450 ou 449, était un homme d'état et stratège d'Athènes, où il appartenait à une des plus grandes familles aristocratiques (bien que son père Miltiade mourut en disgrâce. Les largesses de Cimon au peuple lui valurènet le soutien populaire. Il était par contre hostile aux idées démocratiques.
Il mena plusieurs campagnes militaires contre les Perses; il fut tué pendant un siège contre leur ville de Cition. Comme son père, il connut aussi l'oprobre à un moment donné, mais sa gloire était intact à la fin de sa vie.

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Claude Élien (en gr. Elianos, en lat. Claudius Aelianus)

Historien et orateur romain (IIe – IIIe s.) de langue grecque, surnommé Élien le Sophiste, qui composa De la nature des animaux et Histoire variée, recueils qui rapportent en anecdotes l’histoire naturelle des animaux et des coutumes culturelles et des événements miraculeux.
  • Élien en gr. Elianos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Élien le Sophiste, Wikipédia l'encyclopédie libre (7 mars 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lien_le_Sophiste.

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Clotilde Reine des Francs

Clotilde (474 ou 475-545) fut canonisée entre 550 et 560 grâce à sa piété. Elle épousa le Roi Clovis vers 493; selon Grégoire de Tours, Clotilde est responsable de la conversion de Clovis. Clotilde est la première reine chrétienne qui ait fondé plusieurs établissements religieux.

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Clovis Roi des Francs (en latin Chlodovechus)

Clovis (466-511) était d'abord un chef militaire qui finit par accroître considérablement le territoire du royaume des Francs (une ligue des peuples germaniques dans le nord de la France actuelle), dont il hérite à la mort de son père. Il unifia aussi une grande partie des royaumes francs. Grégoire de Tours fit la description du règne de Clovis dans son Histoire des Francs, et Clovis est toujours considéré de nos jours comme un des personnages les plus importants de l'histoire de France.
Il se convertit au christianisme, peut-être en 496, de toute manière sous l'influence de sa femme Clotilde : sur le point de perdre une bataille, il pria au Dieu de sa femme et finit par gagner ladite bataille. Entre 496 et 511, il fut baptisé ainsi que 3 000 de ses guerriers. Le baptême eut lieu dans la cathédrale de Reims, établissant une tradition : presque tous les rois de France furent sacrés dans cette cathédrale, jusqu'à Charles X en 1825.

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Clytemnestre (en gr. Klutaimnêstra)

Clytemnestre était la fille du roi de Sparte Tyndare et de Léda selon la tradition la plus répandue. Il existe, pourtant, une autre version du mythe où celle-ci naquit de l’union de Léda avec Zeus, qui s'était métamorphosé en cygne. Selon cette version, Léda aurait pondu deux œufs : Clytemnestre et Castor dans l’un, et Hélène et Pollux dans l’autre.
Clytemnestre épousa le roi de Mycènes Agamemnon. Les deux donnèrent naissance à des enfants, parmi lesquels furent Oreste et Électre. Leur fille Iphigénie fut sacrifiée à Aulis, un port grec en Béotie. Après ceci, Clytemnestre prit Égisthe pour amant, et les deux assassinèrent Agamemnon et Cassandre (l’amante d’Agamemnon), après lequel Égisthe prit le trône. Sept ans plus tard, Oreste et Électre, souhaitant venger leur père Agamemnon, assassinèrent Clytemnestre.
  • Clytemnestre en gr. Klutaimnêstra, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Clément d'Alexandrie (en lat. Titus Flavius Clemens)

Écrivain grec (Athènes v.150 – Cappadoce v.215) converti du paganisme au christianisme, Clément essaya d'harmoniser la pensée grecque et le christianisme. Il est considéré comme un Père de l'Église.
Dans son Protreptique ou exhortation, il montra la révélation divine dans l’œuvre des philosophes, et dans son Pédagogue il donna les bases de l'éducation chrétiennes.
  • Clément d'Alexandrie, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_d%27Alexandrie.
  • Clément d'Alexandrie en lat. Titus Flavius Clemens, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Clément de Rome

Clément de Rome, saint et martyre, fut le quatrième pape de l'Église catholique, de l'an 92 à l'an 99. Il est surtout connu pour une lettre importante qu'il adressa aux Corinthiens, insistant que son autorité était héritée directement des Apôtres. Cette lettre est considérée un des premiers écrits chrétiens après le Nouveau Testament, établissant, au moins pour l'Église catholique, la primauté de l'évêque de Rome.
Parmi les écrits faussement attribués à Clément est un recueil de doctrine chrétienne écrit vers la fin du IVe siècle, les Constitutions apostoliques, qui développe certaines idées de la lettre aux Corinthiens. Les Constitutions prétendent être l'œuvre des douze apôtres, dont les instructions sont censées avoir été transmises par le pape Clément.

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Clément VIII (en lat. Clemens VIII)

Pape de janvier 1592 jusqu'à sa mort en 1605, Clément VIII était d'abord avocat en droit canonique avant de devenir juge de la Rote romaine, le tribunal ecclésiastique du plus haut niveau établi par le Saint-Siège.
C'est Clément VIII qui effectua la conversion d'Henri IV, mettant fin aux guerres de Religion en France.

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Cléopâtre

Née en 69 av. J.-C. en Alexandrie, Cléopâtre VII fut reine d'Égypte de 51 à 30 suivant son mariage avec son frère Ptolémée XIII. Ayant perdu le trône après trois ans, elle le regagna en 46 grâce à Jules César, devenant en même temps sa maîtresse. À l'assassinat de César en 44, elle connut Marc Antoine et l'inspira à partager son rêve d'un empire oriental. Antoine, déjà l'époux d'Octavie, se maria avec Cléopâtre. Il effectua plusieurs conquêtes en Asie (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, comme le règne d'Antoine et de Cléopâtre posa un menace à la domination romaine sur la Méditerranée, Octave les attaqua et fut victorieux contre les deux à Actium en 31. Entendant la fausse nouvelle du suicide de sa femme Cléopâtre, Antoine se suicida. Après avoir sollicité la clémence d'Octave, Cléopâtre se suicida en se faisant mordre par un aspic.
  • Cléopâtre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Comtesse Laudune (en lat. Lauduna)

La Comtesse Laudune d’Albe était la mère de Saint Elzéar.

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Concile de Constance

Le XVIe concile œcuménique de l'Église catholique romaine mit fin au Grand Schisme d'Occident. Le concile de Constance fut mobilisé par l'antipape Jean XXIII et l'empereur Sigismond Ier en 1414 et réalisa quarante-cinq sessions jusqu'en 1418.

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Concile de Trente

Le Concile de Trente (1545-1563) représente un moment capital de la Contre-Réforme catholique. Il confirme la doctrine du péché originel, insiste sur l’autorité de la Bible spécifique au catholicisme romain et confirme les sept sacrements, dont le mariage. C’est le concile de l’Église catholique le plus important jusqu’au Concile de Vatican II (1962-1965), le seul autre entre le XVIe et le XXe siècle étant le Concile du Vatican I en 1870.
Le mariage est l’objet des premières et des dernières sessions du Concile, spécifiant, entre autres éléments, la nécessité du consentement des parents, de la publication des bans et de la célébration solennelle du mariage pour lutter contre le phénomène du mariage clandestin.
  • Concile de Trente, Wikipédia l'encyclopédie libre (1er novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Concile_de_Trente.
  • Gaudemet, Jean, Le mariage en Occident: les mœurs et le droit, Paris, Le Cerf, 1987, p. 275-295, Imprimé.

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Confrérie du Rosaire

La Confrérie du Rosaire est une association spirituelle à la charge de l'ordre dominicain, dans laquelle les membres visent prier le rosaire en entier chaque semaine. Par tradition, les origines de la confrérie sont datées de plus de 500 ans, et sont associées avec Saint Dominique.

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Conrad de Basse-Lotharingie (Conrad de Germanie)

Fils d'Henri IV de Germanie et de Berthe de Turin, Conrad de Germanie fut roi des romains de 1087 à 1098 et roi d'Italie de 1093 à 1098. En opposant son père et sous l'influence de la comtesse Mathilde de Toscane, il se rallia au camp papal. Il mourut en 1101 à Florence.

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Constance ou Constantia (fille de Constantin)

Constance, fille de Constantin Ier (née entre 307 et 317 et morte en 354), exerça le pouvoir auprès de son mari Hannibalianus, puis seule quand celui-ci est assassiné, et enfin auprès de l'empereur Constantinus Gallus, avec qui elle gouverne la Syrie.
Après la mort d'Hannibalianus, elle se convertit au christianisme, et elle effectua la conversion de Constantinus Gallus et de ses deux filles à lui. Elle finit par vivre comme une vierge consacrée. Elle est vénérée comme une sainte par les églises catholiques et orthodoxes.

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Constant II (en latin Flavius Heraclius Constantinus Augustus)

Constant II (630-668) fut l'empereur byzantin de 641 jusqu'à sa mort. Il reçoit le nom de Constantin en l'honneur de son père Constantin III; le peuple le surnomma Constant, un diminutif de Constantin. Puisqu'il fut nommé empereur à l'âge de 11 ans lors de l'assassinat de son père, le Sénat et le Patriarche de l'église chrétienne orthodoxe, Paul II de Constantinople, furent nommés régents, mais c'est le général Valentin qui détint le vrai pouvoir. Celui-ci maria sa fille Fausta à Constant dès 642.
Suite à l'échec de Valentin de défendre l'empire contre des invasions arabes, il fut lynché en 644. C'est alors que Constant prit le pouvoir. Cependant, ce n'est qu'aux années 650 que l'empire byzantin peut s'assurer de ses frontières à cause d'une guerre civile entre les Arabes. En 662, il quitta Constantinople pour faire une grande expédition vers l'ouest et le nord, d'Athènes jusqu'en Italie du nord, où il s'attaqua au Duché de Bénévent où il triompha sur le duc Romuald. Par la suite il fut reçu par le Pape à Rome, qu'il fut le seul empereur byzantin à visiter jusqu'au XIVe siècle. En 663, il s'installa à Syracuse, un site stratégique où il passa le reste de ses jours, jusqu'au moment où il fut assassiné par un de ses serviteurs.

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Constantin Ier le Grand (en lat. Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus)

(Naissus, auj. Niš, entre 270 et 288 – Ancyrona, près de Nicomédie 337). Empereur romain de l’empire d’Orient (312) et puis le seul souverain d'Orient et d'Occident à partir de 324. Pendant son règne, il proclama le christianisme comme la religion d'État (313) et déplaça la capitale de Rome à Byzance qu'il rebaptisa Constantinople (324).
  • Constantin Ier le Grand en lat. Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Constantin Ier (empereur romain), Wikipédia l'encyclopédie libre (22 mai 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Ier_(empereur_romain).

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Constantinople (en gr. Kônstantinoupolis, auj. Istanbul)

Fondée par l’empereur romain Constantin Ier le Grand en 330, Constantinople fut l'ancienne capitale de l’Empire romain d'Orient, l’Empire byzantin, l’Empire latin et de l’Empire ottoman. Elle fut également la capitale religieuse de l’Orient chrétien au Moyen Âge. En 1453, Constantinople fut occupé par les Turcs, prenant dès lors le nom d’Istanbul, situé actuellement dans le nord-ouest de la Turquie.
  • Constantinople, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 31 janvier 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Constantinople.
  • Constantinople en gr. Kônstantinoupolis, auj. Instanbul, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Constantius Gallus (Flavius Claudius Constantius Gallus)

Deuxième mari de Conſtance (fille de l'Empereur Conſtantin), Gallus (325-354) fut nommé césar et gouverneur de la Syrie à l'âge de 26 ans en 351. Suite à une situation mal gérée, Constance II le rappelle et le fait exécuter en 354.

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Cratès de Thèbes

Diogène Laërce nous raconte la vie de Cratès, né à Thèbes en 365 av. J.-C., mort à Athènes en 285. Il était un philosophe de l'école cynique qui se débarrassa de son bien pour vivre en pauvreté dans la rue. Il épousa Hipparchia qui vécut de la même manière. Élève de Diogène de Sinope, Cratès était connu pour sa joie de vivre, en toute simplicité.

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Crésus ou Crœsus (en grec Κροῖσος)

Roi de Lydie, Crésus (c. av. J.-C. 596 - c. -546) était le dernier souverain de la dynastie Mermnades fondé par Gyges en 687 av. J.-C. Vaincu par Cyrus II le Grand, Crésus reste néanmoins riche grâce aux revenus d'une ville que Cyrus lui octroie. Il fit une énorme quantité d'offrandes au temple de Delphes, d'où l'expression "riche comme Crésus".

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Cyanippus

Selon la légende, Cyanippus de Thessalie aimait tellement la chasse qu'il passait peu de temps avec sa jeune épouse, Leucone, qui soupçonnait de l'infidelité de son mari. Elle le suivit à la forêt pour l'espionner. Les chiens de Cyanippus la prirent pour un animal sauvage et la dévorèrent. Cyanippus arriva trop tard pour la sauver et finit par se tuer de désespoir. Cette histoire ressemble de près à celle de Céphale et de Procris.

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Cyrus II le Grand (en gr. Kuros

Fondateur de l'Empire perse achéménide (-550 à -530). Fils de Cambyse Ier et de Mandane [...]. Roi d'Anshan, il se révolta contre son suzerain Astyage, roi des Mèdes (-556), le déposa (-550) et substitua à l'empire mède un empire perse, mieux organisé et plus puissant. Il annexa d'abord la Lydie (Crésus) et les cités grecques de la côte d'Asie Mineure, puis l'Iran oriental, la Syro-Palestine, l'Arabie du Nord. En -539 il prit Babylone, tua Balthasar, fit prisonnier Nabonide, et entra dans la ville en libérateur. Il s'y fit reconnaître comme roi, sans pourtant annexer le pays. Il se concilia les populations soumises par Babylone en leur restituant leurs divinités. Il mit fin à la captivités des Juifs, autorisant 40 000 d'entre eux à retourner en Palestine [...]. Son fils Cambyse II lui succéda. 
  • Cyrus II le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Céréalis

Devenu consul romain en 358, riche et noble, quelques années plus tard pendant sa vieillesse Céréalis voulut épouser la jeune veuve Marcelle. Conseillée par Saint Jérôme, Marcelle refusa de l’épouser, préférant la vie monastique.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 370. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 24 février 2016. https://gallica.bnf.fr/

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Césaire de Heisterbach (en lat. Caesarius Heisterbach)

Un moine cistercien de l’Allemagne médiévale, né vers 1180 près de Cologne, et mort vers 1240. Il est parfois appelé le Moine Césarius. Il écrivit entre 1219 et 1223 le Dialogus magnus visionum ac miraculorum (Le dialogue des miracles), un des textes les plus connus et appréciés à l’époque. Dans cet écrit on trouve 746 histoires hagiographiques de miracles, composées sous forme de dialogue entre un novice et son maître. Il est également l’auteur de Volumen diversarum visionum seu miraculorum et d’Actus, passio et miracula domini Engelberte.

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Dagon

Dieu de la fertilité, des semences, et de l'agriculture pour le peuple hébreu du Nord-Ouest.
  • Dagon (divinité), Wikipédia, l'encyclopédie libre(12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Dagon_(divinité).
  • Dagan, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Dalila

Le personnage biblique Dalila séduit Samson et lui rasa la tête pendant que celui-ci dormait après avoir appris que sa force se trouvait dans la chevelure.
  • Dalila, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Daniel

Le quatrième des grands prophètes dans la tradition chrétienne qui, après son exil à Babylone entre 587 et 538 av. J.-C., fait connaître au roi Nabuchodonosor la suprématie de Dieu. Livre le plus récent de l'Ancien Testament, le Livre de Daniel fut écrit en hébreu et araméen. Les chapitres I-VI racontent les aventures de Daniel et les chapitres VII-XII décrivent les visions eschatologiques de Daniel. La tradition catholique admet aussi des adjonctions à Daniel après le chapitre XII, notamment l'histoire de Suzanne et les vieillards, L'idol de Bel, et Le Dragon.
  • Daniel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Daniel (Livre de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre de Daniel, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 décembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_Daniel.

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Darios ou Darius Ier

Darius Ier, dit Darius le Grand, né vers -500, mort en -486, fut roi de Perse de -522 jusqu'à sa mort. Il est le fils d'Hystape et le petit-fils d'Arsamès. Il prit part à la conjuration contre Bardiya et monta sur le trône. Il imposa son autorité à l'ensemble de l'Empire achéménide, l'étendant jusqu'à l'Iaxarte et l'Indus à l'Est, soumettant les Thraces et les Maédoniens à l'Ouest. Grand organisateur de l'empire, il réforma l'administration, fit creuser le canal du Nil à la mer Rouge et frapper les premières monnaies perses, les dariques. Après avoir réprimé la révolte des cités grecques d'Asie (-499 à -493), il lança une expédition contre la Grèce qui s'acheva par la défaite de Marathon (-490). Son fils Xerxès Ier lui succéda.
  • Darios ou Darius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Darius Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Darius_Ier.

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David

Selon la Bible (de I Samuel, XVI à I Rois, II), David, fils de Jessé, fut choisi par Dieu pour succéder à Saül comme roi d’Israël (v. -1000 à -972). Après la défaite du géant Goliath, champion des Philistins, que David tua par un coup de fronde à la tête, Saül le nomma comme chef de ses armées et lui donna sa fille Michol comme épouse. À la mort de Saül, David devint, d’abord, le roi de Juda et puis de tout Israël. Il conquit Jérusalem et en fit la capitale sainte en y transférant l’Arche d’alliance. Pourtant, la décadence de sa prospérité commença lorsqu’il fit tuer Urie, un officier dévoué, pour cacher son rapport adultère avec la femme d’Urie, Bethsabée, qui était devenue enceinte. Les malheurs de David à cause de son péché comprennent le viol de sa fille Thamar par son fils Amnon, qui fut vengé par son fils Absalon. À sa mort, son quatrième fils Salomon accéda le trône.
Musicien poète qui écrivit 73 Psaumes que la Bible lui attribue, il est considéré comme figure messianique. Jésus, considéré comme le messie par les Chrétiens, est appelé rejeton ou fils de David.
  • David, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • David (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 décembre 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 janvier 2010.

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De Genèse (De Genesi contra Manichaeos)

Écrit par Saint Augustin à Thagaste vers 389 ap. J.-C., l'œuvre présente une réfutation systématique des arguments manichéens contre le Livre de Genèse. Tout d'abord, Augustin raconte chaque vers de la première histoire de Genèse et discute les objections Manichéennes, puis il explique en détail les passages II:IVb à III:XXIV de Genèse, ce qu'on appelle le Document jahviste.
  • Augustine, Saint, On Genesis, New York, Augustinian Hertiage Institute, 2002. Google livres, Internet, 8 décembre 2011.

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De la doctrine chrétienne (en latin De doctrina christiana)

Un des principales œuvres de saint Augustin. De doctrina christiana (De la doctrine chrétienne) est un traité d'initiation à l'exégèse biblique commencé en 396 et achevé en 426. Le traité est composé de deux parties : herméneutique (livres I à III), et homilétique (livre IV).
  • Augustin (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Augustin d'Hippone, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hippone.

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De la sainte virginité (en lat. De sancta virginitate)

Traité de Saint Augustin écrit probablement en 401 et relié aux Biens du mariage. Les deux traités considèrent ces deux états de la vie : Augustin, comme les autres théologiens de l'époque, note la supériorité de l'état vierge, tout en valorisant le mariage. Il insiste sur le besoin d'humilité de la part des vierges, malgré la supériorité de leur état.
  • P. G. Walsh trad. et éd., De sancta virginitate in De bono coniugali; De sancta virginitate, Clarendon Press, 2001, pp. 65-147. Google Books, 19 juin 2020.

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De Legibus (ou Des Lois) (en gr. Νόμοι)

Le dernier et le plus long dialogue de Platon qui discute la philosophie politique et présente le problème de la meilleure constitution politique. Platon est plus expérimental ici que dans La République. Il analyse des constitutions réelles et propose une constitution aussi juste que possible en grand détail.

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De Natura Deorum

Dialogue philosophique écrit par Cicéron vers 45 av. J.C., établi dans trois livres qui font l'analyse des questions basiques de théologie par les philosophes grecs et romains.

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De officiis ministrorum

Traité d'éthique en trois livres d'Ambroiſe de Milan.

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De Statu Viduarum

S. Fulgence s'inspira de la vie de la jeune veuve Galla en écrivant sa lettre au sujet des veuves, influencée de la pensée de Saint Augustin dans Avantages de la viduité.
  • Fulgence de Ruspe, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fulgence_de_Ruspe.
  • Fulgence (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Éd. Daniel Bachelet et Johnnes Fraipoint, SC 487 Lettres ascétiques et morales de Fulgence de Ruspe, Les éditions du Cerf, 2004.
  • Galla of Rome, Wikipedia, The Free Encyclopedia (5 mai 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 mai 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Galla_of_Rome

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De verbis domini et apostoli

Une collection de sermons de saint Augustin explique les paroles du Christ tirés des Evangiles et autres livres du Nouveau Testament.

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Denys d'Halicarnasse (en gr. Dionusios, en lat. Dionysius Halicarnasseus)

(-1er siècle). Historien et critique grec. Il passa sa vie comme professeur de rhétorique à Rome, où il fréquenta un cercle littéraire. On a de lui : les onze premiers livres de son Archéologie romaine ; son Traité de l'arrangement ; son Étude sur les anciens orateurs etLes Antiquités romaines.
  • Denys d'Halicarnasse en gr. Dionusios, en lat. Claudius Galenus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Denys d'Halicarnasse, Wikipédia, L'encyclopédie libre (1 mai 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Denys_d%27Halicarnasse.

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Des unions adultères (en lat. De adulterinis conjugiis)

Deux livres de Saint Augustin en 419-420, connus aussi sous le titre de Les deux livres à Pollentius sur les mariages adultères.

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Des vierges (en latin De Virginibus)

Dissertation écrite par Saint Ambroise au sujet de l'éthique de la virginité consacrée. De Virginibus est écrit en forme de lettre à sa sœur, Sainte Marcellina.

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Deutéronome

Cinquième livre du Pentateuque, Deutéronome comprend 34 chapitres qui racontent les événements et préceptes figurant déjà dans l'Exode, le Lévitique et les Nombres, et y ajoute le récit des derniers discours de Moïse aux Israélites et le récit de sa mort avant l'entrée dans la Terre promise (au pays de Canaan).
  • Deutéronome, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Deutéronome, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Deutéronome.

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Deuxième Livre des Rois

Livre de l'Ancien Testament qui raconte une autre partie de l'histoire d'Israël, y compris l'histoire du règne de David et la mort de Saül.

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Diane (en lat. Diana)

Déesse italique et romaine identifiée dès le - VIe s. à l'Artémis grecque. La Diane primitive, dont les légendes sont très pauvres, était une des plus anciennes divinités adorées par les Latins. Ses sanctuaires les plus importants étaient ceux de Capoue (Diana Tifatina) et d'Aricie, sur les bords du lac de Nemi (Diana Nemorensis).
Pour apprendre plus sur le mythe de Diane, veuillez consulter https://fr.wikipedia.org/wiki/Diane_(mythologie).
  • Diane en lat. Diana, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Diane (mythologie), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Diane_%28mythologie%29.

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Didier Érasme (en lat. Desiderius Erasmus)

Humaniste et théologien néerlandais né à Rotterdam vers 1469 et mort à Bâle en 1536. Prêtre de l'ordre augustin, il était l'auteur non seulement des œuvres ecclésiastiques comme le Manuel du chevalier chrétien, livre instructif qui avertit des dangers du formalisme dans la vie chrétienne, mais aussi des œuvres de l'intérêt humain en général, telle que les Adages, un recueil des adages et proverbes latins.
  • Desiderius Erasmus, Wikipédia l'encyclopédie libre (31 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Desiderius_Erasmus.
  • Érasme (Didier) en lat. Desiderius Erasmus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des nom propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Margolin, Jean-Claude, Érasme (1467 env.-1536), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Didon ou Élissa (en lat. Dido)

Selon la légende grecque, Didon, aussi nommée Elissa, fut princesse de Tyr vers IXe siècle av. J.-C. Dépeinte comme la fondatrice de Carthage, certaines versions de la légende prétendent qu'elle se suicida pour éviter d'épouser le chef de Libye Hiarbas.
Virgile la fit vivre pendant la guerre de Troie dans son Énéide, où elle est l'amante déchue d'Énée. Veuillez consulter la référence Énée pour apprendre davantage sur le rôle de Didon dans l'Énéide.
  • Didon ou Elissa en lat. Dido, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Picard, Gilbert-Charles, Didon, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Didon, Wikipédia, L'encyclopédie libre (26 mai 2020), Internet, 1 juillet 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Didon.

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Dijon

Ville qui se trouve dans la région Bourgogne et qui fait partie de la métropole Rhin-Rhône. C'est une ville très connue pour la gastronomie et pour la moutarde de Dijon, moutarde forte et acidulée faite à partir de vinaigre, d'acide citrique, de sel et de graines de moutarde.

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Dina ou Dinah

Fille du patriarche biblique Jacob et sa première femme Léa. Selon le chapitre XXXIV du livre de Genèse, Dina fut violée par Sichem, fils de Hémor Hévien, prince du pays de Sichem. Épris de Dina, Sichem demanda à son père d'obtenir la main de Dina auprès de Jacob. Les frères de Dina consentirent au mariage à condition que tous les hommes de la ville de Sichem soient circoncis. Les citoyens acceptèrent cette proposition; pourtant, trois jours après leur circoncision, les frères de Dina attaquèrent la ville pour venger leur sœur. Siméon et Lévi tuèrent tous les mâles et enlèverent Dina de la maison de Sichem pendant que les autres frères pillèrent la ville, prenant les richesses, les bétails, les femmes et les enfants.

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Diodore de Sicile (en gr. Diodôros Sikeliôtes en latin Diodorus Siculus)

(Agyrion, Sicile v. -90 - v. -20). Historien grec qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome. Son ouvrage magistral en 40 livres, Bibliothèque historique, est une histoire universelle qui va des origines du monde jusqu'à la conquête de la Gaule par Jules César.
  • Diodore de Sicile en gr. Diodôros Sikeliôtes, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Diogène de Sinope, ou Diogène le Cynique

Philosophe grec de l’Antiquité, né à Sinope vers 413 av. J.-C. et mort à Corinthe vers 327 av. J.-C. Il est le plus célèbre représentant de l’école cynique.

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Dion Cassius (en latin Lucius (ou Claudius) Cassius Dio)

Historien de l'Empire romain, Dion naquit vers 155 et vécut jusqu'en au moins 235. Un homme politique et consul romain, il écrivit une Histoire romaine en 80 livres qui raconte 973 ans de la vie de Rome, de sa fondation à 229.

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Dionysius Cato

Cato, qui vécut au IIIe ou IVe siècle, est connu pour ses maximes de caractère moral, en quatre livres. L'œuvre eut une grande réputation au Moyen Âge et fut traduite dans de nombreuses langues.

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Domenico Selvo (en latin Domenicus Silvius)

Élu 31ième doge de Venise en 1071, Selvo conclut des accords avec les principaux pays et empires entourant la République de Venise, assurant ainsi une grande période de prospérité et le développement du commerce international. Il fut pourtant forcé d'abdiquer en 1084 après une défaite militaire.

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Donato Bosso (en lat. Donatus Bossius)

(1436–c. 1500). Cet historien milanais est l'auteur d'une histoire universelle, la Chronica bossiana, publié en 1492.
  • J. L. von Mosheim, J. Murdock, Institutes of Ecclesiastical History: Ancient and Modern, A. H. Maltby, 1832, p. 525. Google Books, 2 juillet 2020.
  • Bossius, Donatus, WorldCat Identities, Internet, 2 juillet 2020. http://worldcat.org/identities/lccn-n91046949/

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Duché de Parme et Plaisance (en italien Ducato di Parma e Piacenza

Créé en 1545, le duché, dont la capitale était Parme, est un ancien État italien Il est intégré au royaume d'Italie en 1860.

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Duns Scot, John (en lat. Johannes Duns Scotus)

(1266-1308) Théologien écossais, franciscain, enseigna à Paris et à Cologne. Son habileté à manier la dialectique le fit nommer le "Docteur Subtil". Sa philosophie affirme la priorité de la foi sur la raison, dans la lignée de Saint Augustin.
  • Duns Scot (John), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Dèce, en latin Gaius Messius Quintus Traianus Decius

D'abord un politicien, puis empereur romain de 249 à 251, Decius fut élu empereur par le Sénat suite à des victoires militaires. La persécution des Chrétiens caractérise son règne.
Pendant la dernière année de son règne, Decius partagea le pouvoir avec son fils Herennius Etruscus Messius Decius (227-251). Les deux furent tués en bataille cette même année, 251.

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Débora, Dvora ou Deborah

Selon les chapitres 4 et 5 du Livre des Juges, Débora était une prophétesse et la seule femme mentionnée par la Bible parmi les Juges d’Israël. Elle exerça cette fonction pendant quarante ans, de 1260 à 1221 avant l’ère chrétienne. À la commande des armées des Hébreux, elle poussa Barac à libérer les Israélites de l’oppression du roi cananéen Yabin.

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Démonax 

Philosphe grec, né en Chypre, contemporain d'Hadrien et de Marc Aurèle. Disciple d'Epictète pour le stoîcisme et de Démétrios le Cynique pour le cynisme. Il fut très respecté des Athéniens et mourut très vieux, se laissant mourir de faim.

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Démétrios Ier Poliorcète

Démétrios fut appelé Poliocète, ou Preneur de villes, grâce à son succès militaire. Né en 336 av. J.-C., il était un général macédonien et fut le roi de Macédoine de 294 à 288. Mais après sa défaite par Séleucos Ier en 285 av. J.-C., il devint le captif de ce dernier. Bien traité par Séleucos qui lui assure une existence digne de son rang, néanmoins Démétrios mourut deux ans plus tard

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Démétrios II de Macédoine

Roi de Macédoine (-275 - -229) de 239 à 229 av. J.-C. qui, pendant son règne, étendit le royaume macédonien jusqu’à l’Eubée, à la Magnésie et à la Thessalie. Plutarque en parle dans ses Vies parallèles.

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Ecclésiaste

Livre de la Bible attribué par la tradition au roi Salomon, son titre se traduit par Celui qui prend la parole dans une assemblée du peuple. Il aborde principalement le thème de la vanité des choses humaines et exprime une philosophie désenchantée et matérialiste. Le livre insiste sur l'impossibilité de connaître les plans de Dieu et sur cette vie comme le seul champ de réalisations pour l'homme. Selon les écrits, la seule chose importante c'est de Craindre Dieu et garder Ses commandements, car c'est là tout l'Homme (12:13).
  • Ecclésiaste, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ecclésiaste.
  • L'Ecclésiaste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Elcana ou Elkana

Personnage biblique qui paraît dans le premier Livre de Samuel. Elcana était le père de Samuel et prit Hanna (Anna) comme son épouse.
  • Pétin, L.-M.,Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 190. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 29 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.

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Eléazar (en latin Imperator Caesar Gaius Valerius Galerius Maximinus Pius Felix Invictus Augustus)

Eléazar, dont l'histoire est racontée dans l'Ancien Testament, 2 Maccabées ch. 6, était un juriste juif persécuté par Antiochos IV Épiphane. Quand Éléazar, un vieillard de 90 ans, refusa de manger du porc (interdit selon la loi juive), Antiochos le fit battre jusqu'à la mort.

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Empereur Trajan

Empereur romain né en l'an 53 à Bétique, son règne (98-117) marque l'apogée territoriale de l'Empire romain. Grand chef de guerre, il conquit la Dacie, l'Arabie Pétrée, l'Arménie, l'Assyrie et la Mésopotamie. Il mourut brusquement au retour de ses campagnes d'Orient en 117, laissant le trône à Hadrien, son fils adoptif.
  • Trajan, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Trajan.
  • Trajan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Esther

Personnage de l'Ancien Testament et héroïne du Livre d'Esther, elle est la fille d'Abigaïl. Elle s'appelait Hadassah jusqu'à ce qu'elle soit entrée au harem du roi de Perse Assuérus (assimilé au roi de perse Xerxès I par les historiens jusqu'à l'époque moderne). Dans le harem Hadassah reçut le nom d'Esther. Quand le ministre Haman décida d'exterminer tous les Juifs du royaume, Esther obtint le faveur du roi et empêcha le massacre du peuple juif.
  • Esther, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Esther, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Esther_(Bible).

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Etna (mont)

Volcan d'Italie au Nord-Est de la Sicile. Dans la mythologie grecque, les géants Typhon et Encelade s'y seraient logés.
  • Etna, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Euclide (en gr. Eukleidês)

Mathématicien grec (IIIe s. av. J-C.) qui fonda l'école de mathématique d'Alexandrie. Ainsi que sa contribution la plus importante fut les Éléments de Géométrie, l'un des textes fondateurs des mathématiques modernes, le grand corpus d'Euclide aborde plusieurs sujets dans les domaines de la géométrie et les mathématiques. Parmi ses œuvres existants sont L'Optique, première taité sur la perspective mathématique, Phaenomena, traité de l'astronomie sphérique, Catoptriques, concernant la théorie mathématique des miroirs, De la division des polygones, et Données, un traité qui aborde le sujet des implications de l'infrmation « donné » dans les problèmes de géométrie.
  • Euclide en gr. Eukleidês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Euclide, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 juin 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Euclide.

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Eudoxie (en latin Aelia Euxdoxia)

Eudoxie épousa Arcadius en 395, prenant rapidement l'ascendant sur son époux d'esprit faible. Elle était critiquée par Jean Chrysostôme à cause de son amour du luxe et du faste, comparant Eudoxie à Jézabel de l'Ancien Testament. Jean est exilé en 404 suite aux manigences d'Eudoxie, qui meurt la même année à la suite d'une fausse couche.

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Euphrasie

Euphrasie, une dame romaine du IVe siècle, vivait à la cour de l'empereur Théodose Ier à Constantinople dont faisait partie son mari Antigonus, un parent de l'empereur. Lors de la mort d'Antigonus, la jeune veuve abandonna sa vie aisée en faveur du désert d'Egypte où elle vécut près d'un monastère; il se peut qu'elle ait pris des vœux. Elle était accompagnée de sa fille Euphrasie, qui demanda à l'âge de sept de prendre ses propres vœux, et qui devint une sainte de l'Église catholique.

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Euripide (en gr. Euripidês)

Poète tragique grec (Salamine -480 – Macédoine -406 av. J.-C.) qui fut l'auteur de 92 pièces mais ne nous reste que dix-huit. D’habitude, on les répartit en trois groupes :
  • Classiques : Médée, Hippolyte porte-couronnne, Iphigénie à Aulis, Les Bacchantes
  • Renouvellement de la tragédie : Alceste, Ion, Électre
  • Tragedies ayant des allusions contemporaines : Héraclides, Andromaque, Les Troyennes, Hélène
Il écrivit aussi les tragédies Hécube, Les Suppliantes, Héraclès furieux, Iphigénie en Tauride, Les Phéniciennes et Oreste et le drame satirique Le Cyclope.
  • Euripide en gr. Euripidês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Euripide, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Euripide.

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Eurotas (en gr. Εὐρώτας)

Le principal fleuve grec de la Laconie, qui passe par la chaîne de montagnes Taygète.

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Eustathe de Sébaste (en gr. Eustathius)

Né vers l'an 300, Eustathe était évêque de Sébaste (aujourd'hui Sabasṭiyah en Cisjordanie) et métropolitain de l'Arménie romaine. Il est connu pour ses positions théologiques extrêmes et pour son plaidoyer en faveur d'un ascétisme excessif selon lequel le mariage est condamnable et les personnes mariées ne peuvent pas accéder au paradis chrétien.
Eustathe de Sébastée, Wikipédia l'encyclopédie libre (23 août 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. ttps://fr.wikipedia.org/wiki/Eustathe_de_Sébastée.

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Eusèbe de Césarée

Eusèbe de Césarée (265 env. - av. 341), né probablement à Césarée de Palestine, devient évêque de cette ville grâce à son immense érudition. Eusèbe est l'auteur de la première histoire de l'Église, dont le triomphe était selon lui un phénomène historique décisif, préparé depuis des siècles. Dans la Théophanie (333 env.), Eusèbe célèbre la mission providentielle de l'Empire romain. Le panégyriste officiel de Constantin Ier le Grand, lorsque celui-ci meurt en 337, Eusèbe écrit un éloge enthousiaste de l'empereur qui a su si bien soutenir de l’Église.
  • Eusebe de Césarée, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 27 juillet 2010.

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Euthydème

Sophiste grec du Ve siècle av. J.-C., disciple et ami de Socrate. Il est héros d'un dialogue de Platon (l'Euthydème), où il débat de la valeur de l'éristique.

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Exode (en gr. exodos, en hébr. Shemoth)

Deuxième livre de l'Ancien Testament de la Bible. Il raconte l'exode hors d'Égypte des Hébreux sous la conduite de Moïse, le don des Dix Commandements et les pérégrinations du peuple hébreu dans le désert du Sinaï en direction de la Terre promise.

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Fabius Jurisconsulte (en lat. Servius Fabius Pictor)

Jurisconsulte et historien romain, ce Fabius vivait vers 150 av. J.-C. Il était l'auteur du traité De Jure pontificio, cité par Aulu-Gelle et Macrobe et aussi des Annales cités par Cicéron.
  • Fabius (Serv. Pictor), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot Frères, 1858, t. 16, p. 920. Livre numérique Google, 15 juin 2020.

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Ferdinand Ier d'Aragon, dit le Juste ou l'Honnête

Ferdinand (1380-1416) est nommé roi d'Aragon en 1410 suite à une guerre de succession. Parmi ses sept enfants est son illustre successeur, Alphonse V d'Aragon.

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Flavius Arcadius

Fils de Théodose Ier, Arcadius (377-408) était l'empereur de la partie est de l'Empire romain, son père ayant divisé l'empire entre Arcadius et son frère Honorius, qui règna dans l'ouest. Un empereur faible, Arcadius était dominé par ses ministres et par sa femme Eudoxie.

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Flavius Julius Valens 

Empereur romain (364 à 378), né vers 328, mort le 9 août à Andrinople. Il fut associé à l’Empire par son frère Valentinien Ier, qui lui confia les provinces orientales de l’empire, avec Constantinople pour capitale. Il se convertit à l’l'arianisme et fut battu et tué par les Wisigoths dans la grande bataille d’Andrinople.

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Flavius Vopiscus

L'un des six auteurs présumés des biographies d'empereurs romains contenues dans Histoire Auguste, receuil composé à la fin du IVe siècle.

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Francesco Patrizi (Siena) (en latin Franciscus Patricius Senensis)

Patrizi (1413-1494) était un évêque italien et un auteur humaniste. Ses écrits mettent l'accent sur la politique, notamment dans deux œuvres posthumes, De regno et regis institutione libri IX (1519) et De institutione reipublicæ libri IX (1520).

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Frà Don Garcia Martinez

Saint dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Garcia Martinez était portugais et commandant des cinq royaumes d'Espagne ; il mourut en 1286. On dit que plusieurs miracles se produisirent suite à sa mort.

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Frère Hector Pinto

Moine portugais mort en 1584, patriote nationaliste, Fr. Hector fut surtout connu comme exégète et écrivain spirituel. Il est l'auteur de commentaires sur Isaïe, Daniel et Ézéchiel, il se fit connaître du grand public grâce à son ouvrage Image de la vie chrétienne.

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Galice (en esp. Galicia)

Située à l'extrémité nord-ouest de l'Espagne, la Galice fut connue pendant la première modernité (et de nos jours) comme la région où se trouve Saint-Jacques-de-Compostelle, une commune censée être le lieu où Saint Jacques. C'est un haut lieu de pèlerinage depuis le IXe siècle, jusqu'aujourd'hui.
  • Galice, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Galice, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 avril 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 avril 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Galice.
  • Santiago de Compostela, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 juillet 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Santiago_de_Compostela.

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Galien (Claude) (en gr. Klaudios Galênos, en lat. Claudius Galenus)

(Pergame v. 131 - Rome ou Pergame v. 201) Médecin grec. Il commença par étudier la philosophie mais opta pour la médecine, domaine auquel il excelait : il a fait de notables découvertes grâce à ses dissections d'animaux. Comme Hippocrate, Galien croyait aux quatre humeurs (sang, bile, pituite, atrabile et les quatre éléments). Il laissa une forte influence en médecine jusqu'au XVIIe siècle; voir la liste de ses ouvrages, vaste, dans les articles en ligne notés ci-dessous.
  • Galien (Claude) en gr. Klaudios Galênos, en lat. Claudius Galenus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Claude Galien, Wikipédia, L'encyclopédie libre (11 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Galien.
  • Galenic corpus, Wikipedia, The Free Encyclopedia (7 mars 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 septembre 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Galenic_corpus.

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Galilée

Région du nord de la Palestine, actuellement en Israël; berceau de la prédication de Jésus, très présente dans les Évangiles.
  • Galillée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Galla

Galla était la fille du Consul romain Symmachus le Jeune. Quand son père fut injustement condamné à mort par Théodoric I en 525, Galla fut mariée mais après seulement un an, elle devint veuve. Riche, elle fonda un hôpital et un couvent à Rome. Elle mourut en 550 après une vie dédiée au soin des malades et des pauvres. La vie de Galla inspira la lettre de S. Fulgence au sujet des veuves, De statu viduarum.

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Galla Placidia

Galla Placidia (388-450), réputée pour sa piété personnelle, était la fille de Théodose Ier. Elle Elle joua un rôle politique durant les années 410 à 440, devint impératrice romaine en 417 en tant qu'épouse de Constance III, décédé en 421. À partir de 425, elle règna au nom de son fils Valentinien. Elle représente un cas unique de femme exerçant le pouvoir pendant vingt-cinq ans, exerçant une forte influence sur les affaires publiques même après la majorité de son fils. Elle fit construire de nombreuses églises et mit le pouvoir au service de l'Église catholique romaine.

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Genèse (en gr. genesis, traduisant l’hébr. tôledôth générations, généalogie)

Premier livre dans la Bible en 50 chapitres racontant la Création, la faute d’Adam, le Déluge, la tour de Babel et l’histoire du peuple israélite.
  • Genèse en gr. genesis, traduisant l’hébr. tôledôth « générations », « généalogie », Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Georges Cédrène (en grec Georgios Kedrenos; en latin Georgius Cedrenus)

Un historien byzantin du XIe siècle dont l'ouvrage le plus connu est le Synopsis historion, une histoire du monde du temps biblique de la Genèse jusqu'à sa propre époque.

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Giezi (Gehazi, Geichazi)

Domestique d'Élisée qui apparaît dans le Premier livre des Rois.

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Gilles le Bienheureux

L'un des premiers disciples de Saint François d'Assise. Gilles vécut une existence d'extase; à sa mort on apprit de lui des révélations, des prophéties et des maximes spirituelles.

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Goa

État situé au sud-ouest de l'Inde bordant la mer d'Oman qui fut une colonie portugaise de 1510 à 1961.
  • Goa, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Goa, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 16 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Goa.

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Godefroy de Bouillon (ou Godefroi)

Duc de Basse-Lorraine qui dirigeait l'armée des chevaliers à la première croisade. Il fut élu comme souverain après la prise de Jerusalem en 1099, et prit comme titre l'avoué du Saint-Sépulcre.
  • Godefroy de Bouillon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • GodefroiWikipédia, l'encyclopédie libre (4 décembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Godefroy_de_Bouillon.

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Goffredo da Trani (ou di Trano), en latin Godefridus de Trano ou Gaufridus de Trano ou Goffredus Tranensis

Un cardinal et juriste catholique, Goffredo, né en 1200, enseigna aux universités de Naples et de Bologna. Son ouvrage le plus connu est la Summa titulorum Decretalium ou Summa super-titulis Decretalium où il fait des commentaires sur les Décrétales de Grégoire IX. Goffredo fut considéré une autorité en droit canon. mourut en 1245.

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Goliath

Personnage biblique qui paraît dans le Premier livre de Samuel. Goliath était un géant philistin qui fut vaincu par David.
  • Goliath (Bible), Wikipédia, l'encyclopédie libre(10 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Goliath_(Bible).
  • Goliath, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Grimoald Ier de Bénévent

Grimoald (c. 610-671) devint Duc de Bénévent (situé dans la province de Campagnie, dans le nord de l'Italie) en 647. En 662, le roi de Lombardie sollicita son aide, mais Grimoald le tua et prit possession de son royaume. En tant que roi des Lombards, son règne fut marqué par de nombreuses batailles aux frontières de son territoire, couronnées de beaucoup de victoires.

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Grégoire XIII (Ugo Buoncompagni)

Né à Bologne en 1502 et mort à Rome en 1585, Ugo Buoncompagni succéda au pape Pie V en 1572 sous le nom de Grégoire XIII. Afin de continuer le mouvement de Réforme catholique, Grégoire XIII fonda et réorganisa plusieurs collèges, les confiant aux Jésuites.
  • Grégoire XIII (Ugo Buoncompagni), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Grégoire XIIIWikipédia, l'encyclopédie libre(5 février 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grégoire_XIII.

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Guillaume de Tyr

Historien au Moyen Âge et archevêque de Tyr de 1175 à 1184. Guillaume travaillait pour assurer la régence de son fils, Baudouin IV, et prêcha la troisième croisade.
  • Guillaume de Tyr, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Guillaume de TyrWikipédia, l'encyclopédie libre (16 décembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_de_Tyr.

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Guérar

Dans le livre de Genèse, Guérar est une ville ancienne dans le sud de la Palestine gouvernée par le roi Abimelech. Abraham séjourna à Guérar, et c'est probablement la ville de naissance d'Isaac.

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Gygès (en grec ancien Gúgês

Roi de Lydie à partir d'une date entre 708 et 687 av. J.-C., il mourut entre 680 et 648 av. J.-C. Le règne de Gygès marqua le plus haut point du royaume, étendant son territoire. Selon Hérodote, le prédecesseur de Gygès, Candaule, "ne cessait de vanter la beauté de sa femme à son confident Gygès, qui était le fils d'un de ses gardes. Pensant que Gygès doutait des charmes de la reine, Candaule lui ordonne de faire tout son possible pour la voir nue. Gygès, qui s'estime indigne de cette proposition, refuse. Le roi parvient à le rassurer et Gygès accepte finalement de se cacher dans la chambre royale au moment où la reine se déshabille, mais celle-ci s'en aperçoit. Elle décide alors de ne rien laisser paraître et prépare sa vengeance contre le roi qu'elle tient pour l'auteur de cet outrage. Le lendemain, elle convoque Gygès et lui propose un marché : soit il assassine Candaule pour obtenir sa main et le trône de Lydie, soit il est exécuté. Gygès choisit alors de poignarder le roi et s'empare du trône".

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Gédéon (ou Gideon)

Personnage biblique du Livre des Juges et juge des Hébreux. On attribue à Gédéon la conquête des Madianites.
  • Gédéon, Wikipédia, l'encyclopédie libre(5 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Gédéon.
  • Gédéon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Gélase I

Pape de 492 jusqu'à sa mort en 496, Gélase eut une forte influence sur la doctrine pendant sa brève papauté, surtout en ce qui concerne les relations entre l'église et l'état, et la primauté de la papauté. On lui attribue faussement un Liber sacramentorum Romanae ecclesiæ, une compilation des rituels et sacrements du VIe siècle, mais ses positions doctrinales furent néanmoins souvent citées au Moyen Âge. C'est un saint de l'église catholique romaine.

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Gérard de Montaigu (ou Montagu) l'Ancien

Connu principalement comme secrétaire de Charles V, Montaigu mourut soit en 1380, soit en 1391; sa date de naissance est inconnue. Annobli en 1363, il devint Garde des Chartes et Titres royaux (donc des archives royales) en 1370, une charge dont hérite son fils Gérard de Montaigu le Jeune en 1391.

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Hadrien (en latin Imperator Cæsar Traianus Hadrianus Augustus)

Le 14e empereur romain (76-138), Hadrien était considéré un poète et philosophe à la réputation pacifique, renonçant à la politique expansionniste de son prédécesseur Trajan, s'attachant à structurer administrativement l'Empire, tout en consolidant des frontières. Nommé empereur en 117, il voyagea pendant plus de dix dans les provinces de l'Empire pour mieux en assurer l'ordre. Ile est aussi connu pour sa vie amoureuse, avec un fort penchant pour les femmes et les jeunes hommes.

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Hanna ou Hannah (parfois Anna ou Anne)

Dans l'Ancien Testament, Hannah est l'épouse d'Elcana et la mère longtemps stérile de Samuel. Hannah pria Dieu de lui accorder un fils qu'elle promit de consacrer à l'adoration de Dieu; Samuel fut né par la suite.

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Haran

Haran est une ville qui paraît dans la Genèse comme le lieu où s'installa Tharé (ou Tarah), père d'Abraham, et sa famille. Abraham y resta jusqu'à l'âge de 75 ans, au moment où il partit pour Canaan.

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Hasdrubal le Boétharque

Un général de Carthage lors de la Troisième guerre punique (149-146 av. J.-C.), Hasdrubal défendait sa ville contre le siège des Romains quand il se rendit à l'ennemi, estimant la défaite inévitable. Sa femme, indignée par sa trahison, aurait égorgé ses enfants sous ses yeux puis se serait précipitée dans les flammes -- mais cet incident si contraire à la réputation d'Hasdrubal fait peut-être partie de la propagande romaine à son égard.

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Henri Ier de Hesse, l'Enfant de Brabant (en allemand Heinrich I. von Hessen)

Né en 1244, Henri fut landgrave de Hesse de 1275 à sa mort en 1308. Une guerre civile éclata pourtant en 1292 concernant la succession d'Henri car sa deuxième femme exigeait une part pour ses fils, tandis les fils de la première femme d'Henri refusent de partager leur héritage. Ce conflit continua jusqu'à la mort d'Henri, quand ses possessions furent partagées entre Othon, son fils du premier lit et Jean, fils du deuxième lit.

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Henri II du Saint-Empire (973 - 1024)

Henri II, dit le Boiteux ou le Saint, fut roi de Germanie (1002-1024) et le dernier empereur saxon du Saint-Empire romain germanique (1014-1024). Il épousa sainte Cunégonde de Luxembourg en 998. Comme les époux laissèrent une réputation de piété et qu'ils n'eurent pas d'enfant, une légende tardive veut qu'ils aient fait vœu de continence au soir de leurs noces. Henri II fut canonisé en 1146.
  • Henri II le Saint, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Henri II du Saint-Empire, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_II_du_Saint-Empire.

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Hercule (en lat. Hercules, en gr. Héraclès)

Héros de la mythologie gréco-romaine dont la vie est racontée en plusieurs épisodes héroïques et fabuleux. C’est un demi-dieu, ayant pour père le dieu Zeus et pour mère Alcmène. Héraclès grec a fait plusieurs aventures partout dans la Méditerranée ainsi qu’aux Enfers. Hercule romain semble être moins violent que son alter ego grec.

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Hermarque de Mytilène (en latin Hermarchus)

Philosophe grec qui naquit au IVe siècle av. J.-C. et mourut vers 250, Hermarque était un disciple très proche et successeur d'Épicure. Toutes ses œuvres, pourtant célèbres à l'époque, furent perdues. Elles sont connues seulement grâce aux écrits de Diogène Laërce et de Cicéron. Son nom était autrefois écrit par erreur Hermachus, mais fut rétabli dans sa véritable forme par un chercheur du XVIIIe siècle.

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Hermès Trismégiste (en grec ancien Hermễs ho Trismégistos, Trois fois très grand)

Personnage mythique de l'Antiquité greco-égyptienne, Hermès Trismégiste est identifié avec le dieu grec Hermès et la divinité égyptienne Thot. La tradition lui attribue l'ensemble de textes appelés Hermetica, dont les plus connus sont le Corpus Hermeticum, et la Table d'Émeraude. C'est le père de la doctrine philosophico-religieuse d'Hermétisme.
Selon une interprétation evhémériste de l'époque hellénistique, Hermès Trismégiste fut considéré par plusieurs pères de l'Église catholique comme un ancien roi d'Égypte et contemporain de Moïse. Dans cette tradition il était aussi l'inventeur de l'alchimie, l'écriture et les arts.

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Hiarbas

Selon la légende, Hiarbas était le roi de Libye qui demanda en mariage la princesse phénicienne Didon, fondatrice de Carthage. Didon, ou Élissa, préféra le suicide à ce mariage.

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Hierax

Hierax fut un ascète du IIIème siècle à Léontopolis en Égypte, et le chef de la secte dites des Hieracites. Les personnes mariées furent exclus de cette société ascétique dont un des principes était que seuls les célibataires pouvaient entrer dans le royaume des cieux.

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Hippocrate (en gr. Hippokratês)

(Cos v. 460 - Lárissa, Thessalie, v. 377 av. J.-C.) Médecin grec que l'on considère le père de la médecine. Hippocrate était le premier à employer l'observation clinique pour parvenir à un diagnostic. Comme ordonnance, il préférait prescrire des traitements simples afin de céder la guérison du patient à la nature. Sa physiologie était fondée sur la théorie des quatre humeurs (sang, lymphe, bile jaune et bile noir), qui, selon lui, contrôlaient la santé, la maladie et les tempéraments. On lui attribue avec incertitude un ensemble de traités, tels que son Traité du prognostic, des fractures, des luxations, des airs, des eaux et des lieux, ainsi que les Aphorismes. Le serment d'Hippocrate continue à inspirer des pratiques médicales de nos jours dans le sens où les nouveaux médecins généralement doivent réciter une version moderne de ce serment qui leur rappelle leurs obligations morales, éthiques et légales.
  • Hippocrate (en gr. Hippokratês), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hiéroclès

Philosophe grec de l'école stoïcien, Hiérocles vécut au IIe siècle. Il ne reste que des fragments de ses écrits, conservés par Stobée.

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Holopherne

Dans le Livre de Judith, Holopherne est un général assyrien envoyé par le roi Nabuchodonosor pour punir les Juifs de ne pas avoir participé à une guerre. Il assiège la ville de Béthulie, désormais sans eau et au désespoir. La belle Judith séduit Holopherne, ivre, et lui coupa la tête. Montrant la tête de Holopherne au peuple, ils reprirent courage et chassèrent l'armée assyrienne.

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Homélies sur la pénitence (en lat. Homiliæ de pœnitentia)

Textes de saint Jean Chrysostôme. Il faut noter que l'ordre et la numérotation du XVIIe siècle sont différents de ce que l'on trouve dans les éditions modernes.
  • Jean Chrysostome, Homélies sur la pénitence, Œuvres complètes de saint Jean Chrysostôme, trad. J. Bareille, tome II, Paris, Louis Vivès, 1866, 241-303. Google Livres, internet, 18 juin 2020.

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Hophni ou Ophni

Fils du grand prêtre Héli et frère de Phinéas. Selon la Biblie, Hophni et Phinéas étaient des parangons de vice. Ils finirent par mourir de la main de Dieu lors de la défaite contre les Philistins, en punition de l'irrévérence qu'ils manifestaient en accomplissant leurs tâches sacredotales.

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Horace (en lat. Quintus Horatius Flaccus)

Poète romaine renommé (Venouse 65 – 8 av. J.-C.) dont les œuvres, qui abordent les thèmes de la philosophie, l'art de la poésie, l'amour et l'amitié, eurent une influence énorme sur la littérature latine. De nos jours, il nous reste ses Satires, ses Épodes, ses Odes et ses Épîtres.
  • Horace, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 mai 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Horace.
  • Horace (en lat. Quintus Horatius Flaccus), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hugues de Saint-Victor

Théoligien et philosophe français (Ypres – Paris 1141). Il voulut défendre dans son monastère l'éducation humaniste, tout en la maintenant au rang de servante de la théologie. C'est le problème qu'il aborde dans les Commentaria in hierarchiam caelestem (où il distingue la philosophie mondaine et la théologie divine) et dans l'Éruditio didascalica.
  • Hugues de Saint-Victor, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hunéric ou Honéric (en latin Hunericus ou Hunirix)

Hunéric, né. c. 420, était le deuxième roi du royaume vandale qui couvrait l'ancienne Afrique du Nord-Ouest et la Méditerranée. Il est connu pour sa persécution des membres de l'Église catholique, noté surtout dans l'Histoire de la persécution vandale en Afrique de Victor de Vita. Il mourut en 484 à Carthage, la capitale vandale.

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Hyménée (en gr. Humenaios)

  • Dieu romain, fils de Vénus (Aphrodite) et de Bacchus (Dionysos). Dans l’antiquité, Hyménée présidait au mariage. Les Athéniens en particulier l’invoquèrent souvent, non seulement dans des noces, mais également dans d’autre fêtes.
  • Le cri poussé lors du banquet de noces.
  • Hyménée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Hyménée, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hymen.

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Hébron (en hébreu Hevron; en arabe Al-Khalil)

Hébron de nos jours est une ville palestinienne importante, au sud de Jérusalem. C'est une ancienne ville des Canaanéens qui devint la capitale du roi David dans l'Ancien Testament. Abraham et sa famille sont censés y être enterrés.

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Hécube (en gr. Hekabê)

Dans la mythologie grecque, Hécube fut l’épouse de Priam, roi de Troie. Les deux donnèrent le jour à 19 enfants, parmi lesquels furent Hector, Déiphobe et Pâris. Homère en parle dans son Iliade, où elle devient la personnification de la douleur maternelle, ayant le malheur de voir périr presque tous ses fils pendant la guerre.
Sa vie est le sujet de le tragédie d'Euripide, Hecuba, où elle devient l'esclave d'un des principaux Grecs, vainqueurs de la guerre de Troie, Ulysse.
  • Hécube, Wikipédia, l'encyclopédie libre (1er février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er mars 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9cube.
  • Hécube en gr. Hekabê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Héli ou Éli

Personnage biblique. Juge et grand prêtre des Juifs (-XIe s.). Il éleva Samuel dans le temple de Silo. Il mourut de douleur lorsque les Phéniciens vainquirent les Israélites.
  • Héli ou Éli, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Eli (Juges), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eli_(Juges).

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Héliodore

Dans la deuxième Livre des Maccabées, Héliodore est un général et ministre de Séleucos IV qui finit par assassiner ledit roi quand Séleucos lui ordonne de confisquer le trésor du Temple de Jérusalem. Héliodore tenta de se faire déclarer roi mais il fut renversé et exécuté par le frère de Séleucos, Antiochos IV Épiphane.

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Héliodore d'Altino

Héliodore devint le premier Évêque d'Altino (région Abruzzes en Italie) au IVe siècle. Il était le compagnon de saint Jérôme et l'accompagna dans son voyage en Palestine. Il est fêté le 3 juillet.

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Héliogabale ou Élagabal (Varius Avitus Bassianus)

Varius Avitus Bassianus (204 - 222) fut le grand-prêtre d’Élagabal, dieu solaire de la cité d’Émèse en Syrie, d’où vint son surnom lorsqu’il monta sur le trône comme empereur romain à l’âge de quatorze ans. Son règne (218 - 222) connut une forte opposition, surtout à cause de son mépris des traditions religieuses romaines et des tabous sexuels. Bassianus fut assassiné en 222 et succédé par son cousin Sévère Alexandre.

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Hélène de Troie

Fille du roi de Sparte Tyndare et de Léda. Pourtant, il existe une autre version du mythe où celle-ci naquit de l’union de Léda avec Zeus, qui s'était métamorphosé en cygne. Selon cette version, Léda aurait pondu deux œufs : Clytemnestre et Castor dans l’un, et Hélène et Pollux dans l’autre.
Connue principalement pour sa beauté, la princesse de Sparte et l'épouse de Ménélas fut enlevée par Pâris ainsi provoquant la guerre de Troie. Il existe plusieurs descriptions du comportement d'Hélène pendant la guerre. Certaines versions, comme l'Iliade d'Homère, dépeignent Hélène comme aidant les Grecs en secret, tandis que d'autres indiquent qu'elle consentit à son propre enlèvement.
  • Hélène, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hénoch (en latin Enoch, en arabe Idris)

Hénoch est un patriarche biblique, père de Mathusalem et arrière grand-père de Noé. Selon la Genèse, il vécut 365 avant que Dieu le place au ciel.

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Héraclius (en latin Flavius Heraclius Augustus)

Né vers 575, Héraclius était une Empereur romain d'Orient, ou byzantin, de 610 jusqu'à sa mort en 641. La séparation entre l'ancien monde romain occidental et l'Empire d'Orient s'affirme pendant son règne, et le schisme entre l'église catholique romaine et l'église orthodoxe de l'est apparaît. Néanmoins, il devient un symbole de la défense de la chrétienté et plusieurs siècles plus tard il était un modèle pour les Croisades des catholiques qui cherchaient à reconquérir le Moyen Orient musulman.

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Hérode Ier le Grand

(Ascalon -73 - Jéricho -4). Roi des Juifs (-40 - -4). Iduméen, fils d'Antipatros, le ministre d'Hyrcans II, il se fit reconnaître comme roi des Juifs par les Romains et Marc Antoine l'installa sur le trône (prise de Jérusalem, -37). Pour affermir son pouvoir, il fit périr les derniers membres de la famille asmonéenne, y compris sa propre femme Mariamne Ire. Il fit réaliser de grands travaux à Césarée, Sébasté (l'ancienne Samarie) et surtout Jérusalem où il rebâtit le Temple dans le style hellénistique. À sa mort, son royaume fut partagé entre ses fils Archélaos, Hérode Antipas et Hérode Philippe le Tétrarque.
  • Hérode Ier le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hérodias (ou Hérodiade)

Hérodias était une princesse juive, petite-fille d'Hérode le Grand et épouse d'Hérode dit Philippe le Tétrarque. Après la mort de Philippe, Hérodias épousa Hérode Antipas, son oncle et beau-frère. Ceci scandalisa les Juifs et notamment, selon l'Évangile, Jean-Baptiste. Hérodias demandait qu'on arrête Jean-Baptiste dont, lors d'une fête, elle finit par obtenir la tête.
  • Hérodiade, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hérodias.
  • Hérodiade ou Hérodias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hérodote (en gr. Hêrodotos)

(Halicarnasse v. -484 - v. -425) Le premier historien grec nommé par Cicéron le père de l'Histoire. Son œuvre porte témoignage de l'émergence d'un nouveau genre. Il est également le premier prosateur dont l'œuvre nous appartient aujourd'hui. Il suit sa famille aristocratique en exil à Samos, puis participe au renversement de la tyrannie à Halicarnasse vers -454. À Athènes, devient l'ami du grand tragédien Sophocle avant de s'installer à Thurium en Italie du sud avec les fondateurs de l'ancienne ville. C'est peut-être à Thurium qu'il meurt. Ses œuvres magistrales sont : les Récits assyriens (perdus) et ses Histoires, qui racontent les guerres récentes, notamment les guerres médiques. Inspiré par ses nombreux voyages, Hérodote y énumère aussi les sept Merveilles du monde.
  • Hérodote (en gr. Hêrodotos), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Innocent I (pape)

Pape de 401 à 417, les écrits d'Innocent datent de la même période que ceux des Pères de l'Église. Il joua un rôle influent en établissant les livres canoniques de la Bible (car plusieurs livres existants à l'épopque ne paraissent pas dans la Bible que nous connaissons aujourd'hui), et ses choix furent finalement retenus par le Concile de Trente neuf siècles plus tard.

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Innocent III (pape)

Né Lotario dei Conti di Segni, Innocent III est consideré comme un des papes des plus influents et puissants du Moyen Âge. Élu en 1198, il fut responsable de l'organisation de la quatrième croisade, qui menait par erreur au sac de Constantinople. Il tentait sans succès de réunir les églises orthodoxes et catholiques. Connu pour sa direction autoritaire, il menait la réforme de l'Église et luttait contre l'hérésie jusqu'a sa mort en 1216.
Innocent III est l'auteur du traité influent De Miseria Condicionis Humane (Sur la misère de la condition humaine.

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Iole (en gr. Iolê)

Iole fut une princesse de Thessalie dans la mythologie grecque. Son père le roi, Eurytos, organisa un concours de tir à l’arc, promettant sa fille au vainqueur. Lorsque le concours fut gagné par Héraclès, pourtant, le roi changea d’avis, connaissant les tendances meurtrières du héros. En conséquence, Héraclès enleva la fille. Toutefois, Déjanire, la femme du héros qui était jalouse d’Iole, donna la tunique de Nessus à son mari, ainsi engendrant la mort de celui-ci.
  • Iole en gr. Iolê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Isaac

Patriarche biblique du livre de Genèse et fils miraculeux d'Abraham et de Sara, Isaac hérite de la promesse faite par Dieu à son père. Pour répondre à sa tâche, son père n'hésite pas à vouloir le sacrifier, mais enfin Dieu lui substitue un bélier. Isaac devint l'époux de Rebecca et père d'Ésaü et de Jacob.
  • Isaac, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Isaïe ou Ésaïe

Prophète juif (actif de -746 à -701 env.). La première graphie est plutôt le fait des catholiques ; la seconde, des protestants. Originaire du royaume de Juda, il fut contemporain de l'avance assyrienne qui aboutit à la chute de la Maison d'Israël et à la mise sous tutelle de Juda. Ses prophéties exaltent la puissance de Iahvé (Dieu) seul, aux dépens des forces humaines (préparatifs militaires, recherche d'alliances) qui mènent au malheur .
  • Isaïe ou Ésaïe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Isboseth, Ishboshet ou Isbaal

Dans l'Ancien Testament, Isboseth est le quatrième fils de Saül et son successeur dans la royauté. Il régna à Mahanaïm au-delà du Jourdain sur onze tribus. Son vrai nom était Isbaal, mais les Hébreux, qui avaient en horreur les dieux étrangers, pour ne pas prononcer Baal, mettaient en sa place Boseth, qui signifie confusion, ou homme de la honte. Il avait quarante ans lorsqu'il commença à régner, et il régna deux ans assez paisiblement. Au bout de ce terme, il y eut un petit combat entre les troupes d'Isboseth, commandées par Abner, et celles de David, commandées par Joab. Depuis ce temps, il y eut toujours guerre entre la maison de Saül et celle de David. Isboseth fut assassiné pendant son sommeil par deux chefs benjamites.

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Isidore de Séville

Évêque de Séville et savant prélat (v. 570-636) qui forma l’Église d’Espagne. Il encouragea le dégagement de la religion chrétienne de la culture et de la philosophie païenne. L’un de ses ouvrages le plus célèbre est Originum sive etymologiarum libri, une encyclopédie classifiant les connaissances en arts libéraux, sciences morales, naturelles, agriculture et arts manuels.
  • Isidore de Séville (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ismaël

Personnage biblique du livre de Genèse, XVI-XXI. Son père, Abraham devait être le père de nombreuses nations mais sa femme Sara était stérile. Il prit alors sa servante Agar comme concubine. Lorsque Sara devint jalouse, Agar fut renvoyée dans le désert où elle donna naissance à Ismaël.
Agar et Ismaël retournèrent auprès d'Abraham et de Sara, qui a finalement donné à Abraham un fils nommé Isaac. Les frères furent élevés ensemble, mais encore une fois Sara chassa Agar et Ismaël parce qu'elle ne voulut pas qu'Ismaël hérite d'Abraham. Ismaël grandit dans le désert de Paran et devint archer. Plus tard, il épousa une femme Égyptienne et eut douze fils, devenus tous chefs de tribu.

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Jacob

Patriarche biblique du livre de Genèse. Fils d'Isaac et de Rebecca, frère d'Esaü à qui il achète son droit d'aînesse. Père de douze fils, souches des douze tribus d'Israël. Surnommé Israël après la lutte avec Dieu, il est l'ancêtre éponyme des Israélites, qu'il fait descendre en Égypte à l'appel de Joseph.
  • Jacob, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jacob, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob.

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Japhet (en arabe يافث ; en héb. יפת)

Personnage de la Genèse, Japhet est l'un des trois fils de Noé, ainsi que Cham et Sem. Il est l'ancêtre des peuples de Scythie et de l'Asie Mineure.
  • Japhet, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JaphetWikipédia, l'encyclopédie libre(26 février 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Japhet.

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Jean Calvin

Né en 1509 à Noyon, Jean Calvin fut l'un des principaux artisans de la Réforme protestante ainsi que Martin Luther, Ulrich Zwingli et Martin Bucer. Il étudia les lettres, la philosophie, le droit, l'hébreu, le grec et la théologie en France et en 1533 il adhéra à la Réforme et commença une vie de prédicateur. En 1538 il publia son œuvre déterminante L'institution de la religion chrétienne en latin, qu'il traduisit ensuite en français en 1541. Il fut alors le premier à donner une version systématique de la théologie réformée. Les principes du calvinisme, basé sur L'institution, résident surtout dans la reconnaissance de la Bible comme la source unique de la foi et fut très proche aux thèses de saint Augustin. À Genève, il participa à la rédaction des Ordonnances ecclésiastiques qui furent le statut de l'Église réformée de la ville et il réorganisa l'académie qui devint un centre universitaire renommé. À sa mort en 1564, Théodore de Bèze le remplaça à la tête de l'Église réformée.
  • Calvin (Jean Cauvin, dit), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Calvin, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Calvin.

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Jean Cassien (Joannes Cassianus, le Romain, ou le Roumain)

Moine et homme d'Église né vers 360 et mort vers 433. Reconnu comme saint par l'Église catholique, Cassien a laissé une œuvre doctrinale concernant la vie monastique.

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Jean de Stobes ou Jean Stobée (en lat. Joannes Stobæus)

Doxographe et compilateur byzantin du Ve siècle ap. J.-C., son Anthologie cite plus de 500 auteurs antiques : poètes, historiens, orateurs, philosophes et médecins. Nous lui devons les seuls fragments connus de certains dramaturges. Il rédigea également plusieurs passages célèbres sur la philosophie stoïque.
  • Jean de Stobée, Wikipédia l'encyclopédie libre (31 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Stobée.
  • Stobæus, Joannes, Sententiarum Ioannis Stobaei, Paris, Martinum Juvenem, 1557, t. 2. Google livres, Internet, 21 juin 2011.

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Jean Louis Vivès (en espagnol Juan Luis Vives; en latin Ioannes Lodovicus Vives)

Un juif converti au catholicisme, Vivès était un théologien et philosophe espagnol du XVIe siècle (1492-1540) qui fit des études à la Sorbonne avant de s'établir aux Pays-Bas espagnols, devenant professeur à l'Université de Louvain en 1519. Son ouvrage le plus influent de nos jours est l'Éducation des filles (De institutione feminæ Christianæ), dédié à la pieuse et très catholique Catherine d’Aragon, la première femme d'Henri VIII d'Angleterre. Grâce à Catherine, Vivès fut nommé professeur à l'Université d'Oxford en 1523. Quand Vivès s'opposa au remariage de Henri VIII avec Anne Boleyn, il fut banni de l'Angleterre et termina sa vie à Bruges.

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Jean Moschos ou Moschus (Jean le Limonaire)

Moine syrien de l'époque byzantine, né à Damas au milieu du VIe siècle (c. 550-619). Il devint moine dans le monastère de saint Théodose, près de Jérusalem, puis il vécut en ermite près du Jourdain et enfin il s'installa auprès de saint Sabas, au sud-ouest de Bethléem. Il se retira ensuite dans le désert de Juda pendant dix ans. Au début du règne de Tibère, il commença à voyager hors de la Palestine. Il se réfugia à Chypre et à Rome, où il mourut en l'an 619. Il est l'auteur d'un des ouvrages hagiographiques les plus célèbres de cette époque, Le Pré spirituel, qui recense et commente les faits et les écrits des érmites d'Orient de son époque.
  • Moschos (Jean), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Moschus, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Moschus.

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Jean Zonaras (en gr. Iôánnês Zônarãs)

Historien, théologien et canoniste byzantin du douzième siècle. Zonaras est l'auteur de plusieurs commentaires sur les constitutions apostoliques et les pères de l'Église. Son ouvrage le plus important est une chronique universelle, l'Epitomé historion. Il décrit le commencement du monde jusqu'à la mort de l'empereur Alexis Comnène en 1118 et critique sévèrement les abus de l'Eglise et de l'État.

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Joab (en héb. יוֹאָב)

Personnage biblique qui paraît dans le deuxième livre de Samuel et dans le premier livre des Chroniques. Joab est le fils de Tsrouyah et le neveu de David, et prince et chef de l'armée de David. Quand Absalon fomente une insurrection contre David, Joab le tue et reste fidèle au roi David. Juste après la mort de David, Joab fut tué par Benaya sur l'ordre de Salomon.
  • Joab, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JoabWikipédia, l'encyclopédie libre (3 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joab.

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Joachim Camerarius l'Ancien

Un érudit allemande du XVIe siècle (1500-1574), Camerarius est issu d'une famille dont le nom avait été Liebhard, surnommé Camerarius parce que plusieurs avaient été chambellans. Il joua un grand rôle dans les affaires politiques et religieuses et fut un champion du protestanisme. Toujours est-il qu'il jouait d'un grand crédit auprès des empereurs catholiques du Saint-Empire romain dont Charles Quint.
Camerarius était surtout connu pour ses nombreuses traductions en latin des classiques grecs, ainsi que des éditions des auteurs classiques avec commentaires.

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Job

Héros du Livre de Job dans l'Ancien Testament, Job est l'archétype du Juste dont la foi est mise à l'épreuve par Satan, avec la permission de Dieu.

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Johannes Nauclerus (Johann Vergenhans)

Historien et humaniste, Nauclerus est l'auteur d'une Chronique universelle (en lat. Memorabilium omnis aetatis et omnium gentium chronici commentarii), qui couvre la période entre Adam du livre de la Genèse et l'an 1500.

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Jonadab ou Jehonadab (en hébreu Yonādāb

Un personnage de l'Ancien Testament, il accompagna Jehu dans l'élimination de la maison d'Achab.

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Jonathas ou Jonathan

Fils de Saül (-XIe s.), et ami de David (I Samuel, 13-20).
  • Jonathan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Joram roi de Juda (en lat. Ioram, en gr. ᾿Ιωρὰμ, en héb. יְהוֹרָם)

Époux d'Athalie et roi de Juda pendant huit ans au milieu du IXe siècle av. J.-C. Il est présenté dans le Bible comme roi impie.
  • Joram, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Joram (Juda)Wikipédia, l'encyclopédie libre (15 mai 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joram_(Juda).

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Josaphat ou Joasaph

L'histoire de Barlaam et Josaphat est un récit bouddhiste en sanskrit qui circula dans plusieurs sociétés au 1er millénaire avant d'être christianisé au IXe ou Xe siècle. Dans la version chrétienne, le roi Abenner ou Avenier d'Inde persécutait les chrétiens, mais un astrologue prédit que son propre fils, Josaphat, serait un jour de cette religion, alors le roi isola son fils de tout contact. Mais Josaphat finit par rencontrer le saint Barlaam, un hermite qui le convertit. En fin de compte, le roi se convertit au christianisme lui aussi, se retirant dans le désert et laissant le trône à Josaphat, qui se retira à son tour pour développer sa spiritualité. Barlaam et Josaphat sont considérés des saints par l'Église catholique et l'Église orthodoxe.

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Joseph

Fils du patriarche biblique Jacob et sa séconde femme Rachel. Selon le livre de Genèse (chapitre XXXVII-L), vendu par ses frères jaloux comme esclave, Joseph fut amené en Égypte où il devint l'intendant de Putiphar, officier de Pharaon. La femme de Putiphar tenta de séduire Joseph, mais, comme il ne succomba pas à ses avances, elle accusa Joseph d'avoir tenté de la violer. Par conséquent, Putiphar mit Joseph en prison. Quelques années plus tard, à l'aide de son don d'interpréter les rêves, il s'attira les bonnes grâces de Pharaon qui le fit ministre. Enfin, il retrouva sa famille et l'installa en Égypte.

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Joseph, fils de Zaccharias

Personnage juif dans le livre des Machabées, et fils de Zaccharias. Suivant les ordres de Judas Machabée, Joseph entra en combat contre Gorgias et son armée. Joseph et Azarias, son partenaire en combat, perdirent la guerre.

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Josias

Fils et successeur d'Amon, Josias fut roi de Juda de 640 à 609 av. J.-C., quand il fut tué par le pharaon Nékao II à la bataille de Megiddo.
  • Josias, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JosiasWikipédia, l'encyclopédie libre (25 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Josias.

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Josué (en gr. Iêsous)

Personnage biblique du Livre de Josué et successeur de Moïse dans la conduite des Hébreux vers la Terre promise. On lui attribue des phénomènes tel que l'arrêt du Soleil au-dessus de Gabaon pendant la guerre, le passage du fleuve Jourdain, et l'effondrement des murailles à Jéricho.
  • Josué, Wikipédia, l'encyclopédie libre(11 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Josué.
  • Josué, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Joël

L'un des douze petits prophètes, Joël est l'auteur présumé du Livre de Joël qui fait partie de l'Ancien Testament. D'après le récit biblique, il vivait au sein de la tribu de Juda et il amenait le peuple à se repentir.
  • Joël, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Joël (prophète), Wikipédia l'encyclopédie libre (18 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joël_(prophète).

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Juan de Pineda 

Juan de Pineda (Sevilla, 1558-1637), un théologien jésuite espagnol, n'est pas à confondre avec ses contemporains, les deux "Juan Perez de Pineda", l'écrivain protestant et le frère et auteur franciscain. Juan de Pineda est l'auteur de commentaires sur Salomon en huit livres (Salomo previus sive de rebus Salomonis regis libri octo) et d'un index de livres proscrits, Index novus librorum prohibitorum et expurgatorum (1612) utilisé dans les condamnations pour hérésie pendant l'Inquisition espagnole.

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Juda

Personnage biblique du Livre de la Genèse, Juda était le quatrième fils de Jacob et de Léa et l'ancêtre épynome d'une des douze tribus d'Israël. La tribu de Juda fut celle dont les rois d'Israël sont issus, de la lignée de David.
  • Juda, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tribu de Juda, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tribu_de_Juda.

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Judas l'Iscariote

L'un des douze apôtres de Jésus Christ. Judas était la seule des apôtres à trahir les demandes de Jésus. Pas longtemps après il eut des remords et il se pendit.
  • Judas Iscariote, Wikipédia, l'encyclopédie libre(23 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Judas_Iscariote.
  • Judas l'Iscariote, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Judas Machabée, ou Judas Maccabée

Guerrier juif qui dirigea la révolte des Maccabées contre Antiochos IV Épiphane et la domination syrienne. Il succéda à son père et le prêtre juif Mattathias comme chef de la révolte. Aujourd'hui Judas est considéré comme un héros de l'histoire juive.
  • Maccabée, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Judas Maccabée, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Judas_Maccabée.

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Judith

L'héroine biblique du livre de Judith. Après avoir séduit Holopherne, Judith lui coupa la tête pendant son ivresse pour sauver la ville de Béthulie.
  • Judith, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jules César (en lat. Caius Julius Caesar)

(Rome 101 – Ides de Mars 44 av. J.-C.) Illustre homme d'état, général et enfin dictateur romain (46-44 av. J.-C.) qui joua un rôle essentiel dans la transformation de la République romaine à l'Empire romain. Toutefois, ses réformes politiques et sociales furent déjouées lorsque Marcus Junius Brutus, un noble à la Chambre du Sénat, l'assassina en 44 av. J.-C.
Non seulement César fut-il un homme politique célèbre, mais il était un bon orateur et historien. Il écrivit quelques œuvres littéraires : Commentarii de bello gallico (Commentaires de la guerre des Gaules) et Commentarii de bello civili (Commentaires de la guerre civile).

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Julia (fille d'Auguste) (en latin Julia Caesaris filia)

Julia est la fille unique du premier empereur romain Auguste Caesar. Elle était mariée trois fois, la dernière au successeur de son père comme empereur, Tibère, un homme réservé qui n'appréciait pas que Julia fut entourée de nombreux amants. En 2 av. J.-C. elle fut accusée d'adultère et exilée sur l'île de Pandateria selon la loi promulguée par son père, la lex Julia.

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Julien dit l'Apostat (en lat. Flavius Claudius Julianus)

Neveu de Constantin Ier le Grand (Constantinople 331 – Mésopotamie 363). Julien régna comme empereur romain (Julien II) de 361 à 363. Il fut surnommé l'Apostat à cause de sa tentative de renoncer à la religion chrétienne et de restaurer la religion païenne dans l'empire romain.
  • Julien dit l'Apostat en lat. Flavius Claudius Julianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Julien (empereur romain), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_%28empereur_romain%29.

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Julius Pollux (en grec Julius Polydeukès)

Au IIe siècle Julius enseigna la rhétorique à l'empereur Commode. Il est l'auteur d'un dictionnaire du grec classique en dix volumes, l'Onomasticon. Ses autres œuvres ont été perdus.

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Junon (en lat. Juno)

Déesse de la nature dans la religion romaine, Junon représentait la féminité. Junon et Jupiter, son frère de la même mère Rhéa ainsi que son époux, sont considérés comme divinités primordiaux qui constituent deux des trois figures dans la triade capitoline (Jupiter-Junon-Minerve).
Les grecs hellénisèrent Junon et la renommèrent Héra. Ils lui attribuèrent le rôle de protectrice du mariage et des femmes mariées.
  • Héra en gr. Hêra, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Junon en lat. Juno, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jupiter

D’autres noms : Stator (qui arrête), Elicius (qui fait le foudre) et Feretrius (qui frappe). L’équivalent du dieu grec, Zeus, Jupiter, fils de Saturne, est le roi des dieux considéré comme divinité primordiale faisant partie de la triade capitoline (Jupiter-Junon-Minerve) dans la mythologie romaine-italique. Jupiter gouverne le ciel, les éléments météorologiques (tonnerre, foudre) et la lumière du jour. Ainsi il est souvent représenté avec les emblèmes de l'éclair, du trône et du sceptre.
D'un esprit licentieux, Jupiter prit maintes amantes, cependant, seulement sa sœur jumelle Junon conquit son cœur. Après plusieurs tentatives de la courtiser, il réussit finalement à gagner sa main en se transformant en coucou mouillé pour exciter la sympathie et l'affection de la déesse. Ainsi leurs noces marquèrent le premier mariage du monde.
  • Hera / Junon, Le grenier de Clio (2001-2008), Mythologica.fr, Internet, 19 juillet 2011. https://mythologica.fr/grec/hera.htm.
  • Jupiter, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Zeus / Jupiter (3/4), Le grenier de Clio (2001-2008), Mythologica.fr, Internet, 19 juillet 2011. https://mythologica.fr/grec/zeus3.htm.

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Justin (en lat. Marcus Junianus Justinus)

(IIe siècle). Historien latin et l'auteur d'une Histoire universelle qui comprend 44 livres, résumé par Trogue Pompée dans ses Histoires philippiques.
  • Justin (en lat. Marcus Junianus Justinus), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Juvénal (en lat. Decimus Junius Juvenalis)

Poète latin, auteur de satires. Il naquit à Aquinum en Campanie vers l’an 55 ap. J.-C. Il produisit seize Satires qui traitent des vices de son époque, contrastant la Rome traditionnelle (pure, exaltée par Cicéron) avec la Rome contemporaine. Juvénal mourut vers 140.
  • Juvénal en lat. Decimus Junius Juvenalis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré de noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jéhu

Fils de Josaphat et petit-fils du Namsi, capitaine des troupes de Joram, roi d’Israël. Il fut destiné par le Seigneur pour régner sur Israël, et pour venger les crimes de la maison d’Achab. Son règne (841-814 avant J.-C.) est évoqué dans le Deuxième livre des Rois.

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Jérobaum

Un officier de la cour de Salomon, Jérobaum fut impliqué dans un complot contre son maître qui l'incita à s'enfuir en Égypte. À la mort de Salomon, Jérobaum rentre en Israël où il est sacré Roi avec le soutien de dix tribus d'Israël; seulement deux tribus restent sous la tutelle de Roboam, fils de Salomon. Cett e histoire est racontée dans le dans le Premier livre des Rois.

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Jérusalem (en hébr. Yerushalayim)

La ville de Jérusalem fut construite à l’époque cananéenne. Vers 1,000, elle fut conquise par David, le Roi d’Israël, qui nomma la ville ensuite la capitale judaïque. Sous Titus, la ville fut conquise par les Romains. Ce fut également là où Jésus mourut. En 637, Jérusalem devint une ville sainte islamique, prise par les Arabes. Selon la tradition, le prophète Mahomet se serait levé dans le ciel au sommet du mont Moriah.
Aujourd'hui, Jérusalem est la capitale de la Palestine qui demeure toujours partie d’une intense lutte politique israélo-palestinienne (le nom Israélien comprenant les juifs, les chrétiens et les musulmans) vu qu’elle est un lieu important aux trois monothéismes.
  • Jérusalem en hébr. Yerushalayim la paix apparaîtra en ar. al-Quds, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jérémie

Le deuxième des grands prophètes de l'Ancien Testament, la tradition lui attribue la rédaction du Livre de Jérémie, du Livre des Lamentations et des deux Livres des Rois (I Rois et II Rois). Selon la tradition ces livres furent écrits avec l'assistance de son scribe et disciple, Baruch ben Neriah. La Bible présente Jérémie comme un grand solitaire sans femmes ni enfants. Alors que le roi Josias réformait le royaume de Juda, la mission de Jérémie était de dévoiler l'immoralité et le péché des Judéens et de leur expliquer la cause de la catastrophe imminente. Il annonça l'arrivée des Chaldéens et prédit la destruction de Jérusalem, ainsi que l'exil des Judéens à Babylone du fait de leur manque de foi.
  • Jérémie, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jérémie.
  • Jérémie (Livre de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jésuites, ou Compagnie de Jésus

Ordre catholique de clercs réguliers, appelés Jésuites, fondé par Ignace de Loyola en 1540. Les missions principales des Jésuites sont l'évangélisation (d'où leurs nombreuses incursions en terres étrangères dès la fondation de l'ordre) et l'éducation (d'où les nombreuses écoles et universités jésuites, qui existent toujours de nos jours).
  • Jésus (Compagnie de), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Compagnie de JésusWikipédia, l'encyclopédie libre(27 mars 2018), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2018.https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_de_Jésus.

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Jézabel

Princesse tyrienne (-IXe siècle) et épouse d'Achab, le roi d'Israël. La Bible lui reproche de détourner Achab du vrai Dieu et d'adorer son dieu Baal. Ce sacrilège souleva l'hostilité violente de tout un parti, exprimée par la voix indignée du prophète Élie. Jézabel fut assassinée avec ses fils sur l'ordre de Jéhu.
  • Achab, Encyclopædia Universalis France France, Encyclopædia Universalis, Internet, 31 octobre 2012. https://www.universalis.fr/encyclopedie/achab/.
  • Jézabel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Khosrō Ier Anocharvan (en gr. Chosroès)

Roi sassanide de Perse (531-579). Il fut le plus brillant des souverains sassanides, célèbre autant par sa sagesse que par le raffinement de la civilisation de son temps. En 540, il entreprit la guerre contre Byzance, prit Antioche, occupa la Lazique; mais il signa une trève (555) puis la paix (562) : Justinien lui payait tribut, en échange de quoi il évacuait la Lazique et accordait la liberté de conscience aux chrétiens de son empire. [...] 
  • Khosrō Ier Anocharvan , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Khosro Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 décembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Khosro_Ier.

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L'Arche d'Alliance

D'abord mentionné dans le livre biblique de l'Exode (ch. 25 et 37), l'Arche d'Alliance était le coffre fabriqué par les Israélites dans le désert du Sinaï, destiné à transporter les deux tables de la Loi. Le coffre sacré accompagna les Hébreux durant l'Exode et à Canaan, avant d'être installé dans le Temple de Jérusalem par le roi Salomon. Perdu dans des circonstances énigmatiques, il devint un des objets antiques les plus convoités.

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L'Art d'aimer (en lat. Ars amatoria)

Une des œuvres les plus célèbres d'Ovide composée vers le premier siècle avant J.-C. qui a pour thème l'art de l'amour et de la séduction. En dépit du succès du poème, Ovide fut exilé à Tomes en 8 ap. J.-C. par l'empeureur Auguste sous l'allégation, entre autres, de l'immoralité sexuelle représentée dans ses vers.

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L'Ascension du Seigneur

L'Ascension du Seigneur est le titre de quelques sermons (261-265) de Saint Augustin.

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L'Exhortation aux veuves (en latin De Viduis)

L'Exhortation aux veuves de Saint Ambroise est placée dans ses œuures juste après sa dissertation De Virginibus (Des Vierges), et au milieu de ses autres écrits sur la virginité. Les deux états ont beaucoup en commun dans la pensée d'Ambroise.

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L'Hexaëméron

L'Hexaëméron ou l'Ouvrage de six jours de Saint Basile de Césarée explique la création du monde d'après la Genèse. L'ouvrage fut traduit du grec en latin par Saint Ambroise.

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La bonne Samaritaine

Dans le Nouveau Testament (l’Évangile selon Saint Jean, IV, 1-30), cette femme de Samarie s'étonne que Jésus lui demande de l'eau car normalement les Juifs ont du mépris pour les Samaritains. Jésus lui explique que "celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle", ce qui entraîne la conversion de cette femme au Christianisme. Elle déclara partout que Jésus était le Messie tant attendu.

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La Catéchèse des débutants (en lat. De Catechizandis rudibus)

Ouvrage écrit par Saint Augustin vers 399.

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La Cité de Dieu (en lat. De civitate Dei)

Œuvre comprenant 22 livres écrite par Saint Augustin vers 413-427 ap. J.-C. Dans son traité, il conteste les critiques païennes en attestant que le sac de Rome par les Wisigoths (410) fut à cause de sa déchéance morale plutôt que l'abolition de la religion païenne pour le christianisme. En plus, l’auteur caractérise la relation conflictuelle entre l'éternelle Cité de Dieu et la temporelle Cité de l'Homme.
  • La Cité de Dieu en lat. De civitate Dei, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • The City of God, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 4 mai 2011. https://www.britannica.com/topic/The-City-of-God.

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La Galatie

La Galatie est une région historique d'Anatolie, aux environs de l'Ankara actuelle. Son peuple, les Galates, est celtique qui migra dans cette région vers 279 av. J.-C.

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La Physique d'Aristote (en gr. Phusike akroasis)

C'est un recueil de traités ou de leçons qui examinent les principes (philosophiques) les plus généraux au sujets des choses naturelles ou en mouvement, vivants ou inanimés.

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La Politique (en gr. Hê Politikê) d'Aristote

Traité en huit livres dans lequel Aristote analyse la constitution des gouvernements divers (monarchie, aristocratie, démocratie, etc.) et présente sa théorie de l'État idéal. Une partie du septième livre est dédiée à la discussion sur le mariage, l'enfantement et l'éducation des enfants.
  • Howatson, Margaret, éd., Politics, The Oxford Companion to Classical Literature, Oxford University Press, 2011. Oxford Reference Online, Internet, 27 septembre 2011.

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La République (en gr. Hê Politeia ê peri tês dikês)

Dialogue socratique en dix livres écrit par Platon vers 380 av. J.-C. où le philosophe distingue la raison de la justice et précise les caractéristiques de la cité juste et de l'homme juste.
  • La République en gr. Hê Politeia ê peri tês dikês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • The Republic (Plato), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Republic_%28dialogue%29.

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La Sunamite

Dans II Rois ch 4, cette femme de la ville de Sunam invitait plusieurs fois Élisée chez elle pour manger et dormir, le reconnaissant comme un saint homme de Dieu. Sans enfants, elle accoucha d'un fils un an après la promesse miraculeuse d'Elisée. Quand cet enfant mourut, elle appela Elisée au secours et il redonna la vie au petit. La foi de la Sunamite, reconnaissant en Elisée un représentante de Dieu, fut récompensée deux fois.

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La Thécuite

La femme de Thécua ou la Thécuite venait de la ville de Thécué ou Thécua, située selon Saint Jérôme à douze milles de Jérusalem. (Les Thécuites étaient des pasteurs éleveurs de moutons qui vivaient dans le désert.) Selon la Bible hébraïque (II Samuel, 14), la Thécuite était responsable du pardon d'Absalon par son père David.
  • Calmet, Augustin, Dictionnaire historique, archéologique, philologique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, Paris, J. P. Migne, 1846, 4, 760-764. Google Books, Internet, 13 mai 2021.
  • Migne, Jean-Paul, Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés, Paris, J. P. Migne, 1855, 62, 1596. Google Books, Internet, 13 mai 2021.
  • Woman of Tekoa, Wikipedia, The Free Encyclopedia (1 juin 2022), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 mai 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Woman_of_Tekoa

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La Trinité (chrétienne)

Dans le christianisme, la Trinité est Dieu en trois personnes: le Père, le Fils et le Saint Esprit, trois êtres distincts bien que participant de la même essence divine.

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Laban (en héb. lavan)

Personnage biblique qui paraît dans le livre de la Genèse comme fils de Betouel, frère de Rebecca, père de Léa et de Rachel qu'il donne en mariage à Jacob, son neveu.
  • Laban, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • LabanWikipédia, l'encyclopédie libre (19 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Laban.

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Lactance (en lat. Lucius Caecilius Firmianus, dit Lactantius)

Rhéteur latin (v.260 – v.325) et précepteur du fils de l'empereur Constantin Ier. Son œuvre la plus connue est les Institutions divines, une apologie chrétienne en 7 livres écrite après sa conversion au christianisme (v. 300).
  • Lactance en lat. Lucius Caecilius Firmianus), dit Lactantius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lacédémone

Veuillez consulter la référence Sparte.

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Laertius ou Diogène Laërce

Écrivain grec, né à Laërte, en Cilicie, vers le début du IIIe siècle après J.-C. Il est l’auteur des Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, compilation en 10 livres regroupant des informations sur les vies des philosophes les plus célèbres et des commentaires sur leurs doctrines.

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Laurentius Surius (en allemand Lorenz Sauer)

Historien d'église et hagiologue allemand de l'ordre des Carthusiens (Lübeck 1522 - Cologne 1578). Il traduisit plusieurs œuvres ascétiques et théologiques en latin mais il est surtout connu pour son recueil de vies de saints en six volumes, Histoire de la vie, mort, passion et miracles des saints reconnus par l'Église Catholique (De probatis vitis sanctorum), publié entre 1570 et 1577.
  • Grudé, François, Laurens Surius, Les Bibliothèques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier, sieur de Vauprivas, Paris, Saillant & Nyon, 1773, t. 4, p. 577. Google livres, Internet, 20 octobre 2010.
  • Laurentius Surius, Wikipedia (26 décembre 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juillet 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Laurentius_Surius.

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Lazare

Dans le Nouveau Testament (l’Évangile selon Saint Jean), Lazare est le nom du frère de Marthe et de Marie, ressuscité par Jésus quatre jours après sa mort. Ce miracle contribue à augmenter le nombre de croyants en la divinité du Christ.
  • Lazare, Dictionnaire de la langue française (Littré), 1873, 3, The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 24 août 2009.
  • Lazarus of Bethany, Wikipedia, The Free Encyclopedia (8 avril 2021), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 mai 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Lazarus_of_Bethany.

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Le Bienheureux Jacopon

Jacopon, qui vivait en Italie au tournant des XIIIe et XIVe siècles, était un avocat dont la femme mourut des mortifications qu'elle s'imposa à cause de sa grande piété, ce qui inpira Jacopon à devenir lui-même moine franciscain (ordre fondé par saint François d'Assise). Il refusa par humilité l'incitation de devenir prêtre, après des années de vie pieuse. Critique du Pape Boniface VIII, emprisonné par ce dernier, Jacopon fut libéré à la mort de Boniface.
  • Fulgence Ferot, Le Bienheureux Jacopon, Abrégé historique de la vie des saints et saintes, bienheureux des trois ordres de Saint François, Paris, Jean-François Bastien, 1779, t. 2, p. 170-173, Google Books, Internet, 31 juillet 2020.

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Le bon Samaritain

Dans le Nouveau Testament (l’Évangile selon Saint Luc, X, 25-37), la parabole du bon Samaritain met en scène un voyageur attaqué par des bandits et laissé pour mort. Le Samaritain lui sauva la vie, tandis que deux Juifs, dont un prêtre, passent à côté de lui sans l'aider. Les Samaritains sont considérés comme impies par les Juifs, mais Jésus observe que cet homme illustre son exhortation d'aimer ton prochain comme toi-même, déjà énoncé dans l'l'Ancien Testament (Lévitique XIX:18).

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Le fils prodigue

Le fils ou l'enfant prodigue est une parabole de Jésus relatée dans l'Évangile de Luc 15:11-32. La parabole met en scène le Père, le Fils aîné, qui suit fidèlement les commandements de son père et ne le quitte pas, et le deuxième, le Fils cadet, le fils prodigue, qui s'éloigne de son Père et part à la découverte du monde et de ses séductions. L'aîné est en colère quand le Père reçoit le cadet les bras ouverts, répliquant « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ».

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Le Jourdain (en héb. ירד ou נהר הירדן)

Fleuve du Proche-Orient qui s'écoule sur 360 km du mont Hermon à la mer Morte, ayant la vallée la plus profonde du monde. Dans l'Ancien Testament, c'est le Jourdain que les Hébreux traversent à pied pour entrer en Canaan. Dans le Nouveau Testament, c'est dans les eaux du Jourdain que Jésus reçoit le baptême par Jean-Baptiste.
  • Jourdain, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JourdainWikipédia, l'encyclopédie libre (22 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jourdain.

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Le Martyrologe romain

Dans le Martyrologe Romain il s'agit d'une liste détaillée, mais non exhaustive des saints reconnus par l'Église catholique romaine. La première édition date de 1583 sous la papauté de Grégoire XIII, mais ce n'est que la troisième édition de 1584 qui devint obligatoire partout où s'appliquait le rite romain. Son origine remonte au premier martyrologe, le Martyrologium Hieronymianum traduit par saint Jérôme au quatrième siècle. Puisque le genre connaît une grande vogue au neuvième siècle plusieurs martyrologes furent imprimés dont le martyrologe d'Usuard, moine parisien de l'époque, est un des plus influents. Le Martyrologe Romain est le seul qui fasse autorité aux yeux de l'Église catholique romaine.

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Le Verbe (en grec le Logos)

Le "logos" signifie "parole" en grec, et aussi raison et intelligence. On le traduit par le terme Verbe ou Parole dans les textes anciens. C'est le titre que Jean donne à Jésus dans le prologue de son Évangile.

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Les Alamans ou Alémans (du germanique all-mann-, tous les hommes)

Ensemble de tribus germaniques mentionnés pour la première fois par l’historien romain Dion Cassius en 213.

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Les Apophtegmes

Les Apophtegmes de rois et de généraux, ou anecdotes, sont parmi les œuvres les plus connues des Œuvres morales de Plutarque.

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Les Confessions

Un texte autobiographique introspectif sur le voyage spirituel de saint Augustin, écrit entre 397 et 401. L'œuvre est composée de treize livres. Les 9 premiers racontent sa jeunesse, ses erreurs et sa conversion au christianisme, jusqu'à la mort de sa mère. Les suivants sont une méditation sur Dieu, le temps, la mémoire et un commentaire des premiers versets de la Genèse.
  • Les Confessions, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Les Confessions (saint Augustin), Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Confessions_(saint_Augustin).

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Les Gaules

Nommées celtiques par les Grecs, les territoires de la Gaule s'étendaient de l'Atlantique jusqu'au Danube pendant la deuxième âge du fer (vers 450 av. J.-C.) . Nommée Gaule par les Romains lors de leur conquête du 1er siècle av. J.-C., la région comprenait trois aires distinctes: la Gaule celtique (au centre, entre la Seine, la Garonne et le Rhin), la Gaule aquitaine (au sud-ouest) et la Gaule belgique (au nord, entre le Rhin et la Seine; la Belgique actuelle). Le sud-est de la France actuelle faisait partie de la patrie romaine donc avait un statut différent du reste de la Gaule, considérée comme une colonie. Le nom Gaule fut remplacé petit à petit à partir du VIIIe siècle par Francia à cause de la domination des Francs, une tribu germanique arrivée du nord.
  • Gaule, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Gaule, Wikipédia, l'encyclopédie libre (22 octobre 2017), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 octobre 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaule

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Les Gentils

Traduction du mot hébreu Goyim, qui signifie les non-Juifs. Dans la littérature chrétienne, les auteurs emploient le terme pour désigner les païens.

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Les Macabées, Maccabées ou Machabées; les livres des Machabées

Famille juive qui vivait à Jerusalem au IIe siècle et qui joua un rôle important dans la sauvegarde du judaïsme face à l'hellénisme. Le nom Maccabée est le surnom de Juda, qui dirigea la révolte, mais par extension on l'applique à ses frères, Jean, Simon, Éléazar et Jonathon.
Le Premier livre des Machabées décrit le temps avant les combats pour la libération d'Israël. La famille Machabée dirigea la lutte des juifs contre Antiochos IV Épiphane et ses successeurs, qui régnaient sur les Sélucides.
Le deuxième livre des Machabées (qui fait partie de l'Ancien Testament) raconte le martyr des sept frères Machabées et leur mère qui, n'ayant pas voulu manger de viande de porc, furent mis à mort par l'ordre d'Antiochus IV Épiphane, roi séleucide.
  • Maccabées, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 août 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Maccabées.
  • Maccabée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Saints Maccabées, Martyrs et Saints (28 avril 2009), Martyretsaint.com, Internet, 3 octobre 2012. http://www.martyretsaint.com/.

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Les Manichiens

Au IIIe siècle, les Manichiens pratiquaient le Manichéisme, une religion maintenant disparue composée de certains éléments du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme.
  • Manichéisme, Wikipédia, l'encyclopédie libre(7 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Manichéisme.
  • Manichéisme, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Les Parthes

Peuple semi-nomade d'origine iranienne gouvern​é par une aristocratie guerrière. Ils établirent l'empire parthe qui s'étendit de l'Iran à la Mésopotamie entre -190 et 224 av. J.-C. Les Parthes sont connus pour leurs tactiques militaires de harcèlement et de l'attaque surprise qu’ils utilisèrent pour vaincre le siège de Marc Antoine en 36 av. J.-C.

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Les Remèdes à l'amour (en lat. Remedia amoris)

Cet ouvrage écrit par Ovide en l'an 2 après J.-C. explique comment guérir de la passion amoureuse.

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Les Rétractations (en lat. Retractationes)

Dans ses Rétractations, Saint Augustin établit une chronologie de ses écrits, en les relisant et les évaluant entre 426 et 427, à la fin de sa vie.

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Les Sept Sages

Nom donné par les Grecs à des philosophes et des tyrans du – VIe s. à qui on attribuait des maximes devenues très populaires à l'époque hellénistique. La liste des Sept Sages varie selon les historiens, mais inclut le plus souvent les noms de Thalès de Milet, Pittacos de Mytilène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos, Périande de Corinthe, Chilon de Lacédémone et Solon d'Athènes. On admettait parfois au nombre des Sept Sages notamment Épiménide, Phérécyde, le Scythe Anacharsis.
  • Sages (les Sept) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Les Sibylles

Le nom donné aux femmes de l'Antiquité qui reçurent le don de prophétie d'Apollon. La plus célèbre des prophétesses Sibylles fut celle de Cumes.

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Les Soliloques d'Augustin

Dissertation constitué de deux livres écrits par Saint Augustin au IVe siècle.

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Les Économiques (en gr. Οἰκονομικά) d'Aristote

Traité en trois livres attribués traditionnellement à Aristote, mais le deuxième ne peut pas être de la main du philosophe. Le titre en grec fait allusion à la gestion d'une maison privée ou d’un patrimoine privé, ce qui est pertinent dans la présente anthologie.

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Lex Julia maritandis ordinibus et Lex Julia de adulteriis et de pudicitia

Lois promulguées sous l'Empire romain par l'empereur Auguste en 17-18 av. J.-C. La Lex Julia maritandis ordinibus encouragea le mariage et la procréation des enfants parmi les citoyens romains pour maintenir la pureté de la race tandis que la Lex Julia de adulteriis et de pudicitia chercha à réprimer l'adultère et l'impudicité et à rendre plus difficile le divorce.

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Linus

Deuxième pape, après Saint Pierre. Mort en 76 apr. J.-C., il est mentionné dans le Nouveau Testament comme accompagnant Saint Paul à Rome.

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Livie (en lat. Livia Drusilla)

Née en 58 av. J.-C., fille de Marcus Livius Drusus Claudianus et membre de la gens Claudia par son premier mariage avec Tiberius Claudius Nero dont elle eut deux fils, Tibère et Drusus. Elle épousa l'empereur romain Auguste en 38 av. J.-C. et parvint à assurer à son fils Tibère la succession au trône.
  • Livie, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livie, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livie.

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Livre d'Esther

Livre biblique, un des cinq rouleaux. Il est lu lors de la fête juive des Pourim ou Sorts, fête dont il narre l'institution par Esther et Mardochée. Il comporte 10 chapitres rédigés en hébreu entre -300 et -150. Les Septante et la Vulgate acceptent des compléments grecs au Livre d'Esther, rédigés au -1er siècle.
  • Esther (Livre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre d'Esther, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d'Esther.

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Livre d'Isaïe

Le livre biblique d'Isaïe, ou d'Ésaïe, est le premier des grands prophètes (66 chapitres). Chapitres I-XXXIX : prophéties et visions d'Isaïe proprement dit ; forme poétique ; texte issu de traditions remontant en partie au prophète lui-mème ou à ses disciples (-VIIIe s.) chapitres XL-LV (Deutéto-Isaïe) : poèmes de la fin de l'exil à Babylone, relatifs à la restauration future d'Israël (-VIe s.) chapitres LVI-LXVI (Trito- Isaïe) : poèmes visant les juifs réinstallés après l'exil, dans une perspective de religion universelle.
  • Isaïe ou Ésaïe (Livre d') , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre d'Osée

Livre de l'Ancien Testament qui raconte l'histoire du prophète mineur Osée. Le récit présente un parallèle entre la vie d'Osée et son rapport avec sa femme, une ancienne prostituée sacrée, et la relation de Dieu avec la nation d'Israël. Le livre contient des prophéties et des enseignements contre l'idolâtrie, la prostitution spirituelle et la corruption morale.
  • Livre d'Osée, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d'Osée.
  • Osée (Livre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre d'Ézéchiel (ou la Prophétie d'Ézéchiel)

Livre de l'Ancien Testament écrit par le prophète Ézéchiel, le troisième des quatres grands prophètes, lorsqu'il était parmi les exilés de Babylonie entre 593 et 570 av. J.- C. Le livre est divisé en trois parties distinctes : les chapitres 1 à 25 parlent des jugements sur Jérusalem et des reproches contre les Israélites; les chapitres 25 à 32 proclament les jugements sur les autres nations et la prophétie de la chute des nations entourant Jérusalem; les chapitres 33 à 48 contiennent des visions du rétablissement d'Israélites.
  • Ézéchiel (Livre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre d'Ézéchiel, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d'Ézéchiel.

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Livre de Baruch

Un livre de l'Ancien Testament absent de la Bible juive (Bible hébraïque ou Tanakh) et de la tradition protestante, le Livre de Baruch fit partie des Septante en grec et de la Vulgate latine (catholique). Il est placé parmi les livres des Prophètes. Le nom du livre vient de Baruch ben Neriah, le scribe bien reconnu de Jérémie.

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Livre de Josué

Le Livre de Josué est le premier livre des Prophètes dans le Tanakh ou Bible hébraïque, et le premier livre historique de l'Ancien Testament chrétien. Il suit le Pentateuque et relate la conquête de la Terre promise sous la direction de Josué.

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Livre de Judith

Livre deutérocanonique de l'Ancien Testament. Il raconte l'histoire de Judith, une jeune veuve qui coupe la tête du général de l'ennemi, Holopherne, pour sauver la ville de Béthulie. Au même temps elle restaure la foi du peuple Juif en son Dieu.
  • Livre de Judith, Wikipédia, l'encyclopédie libre(1 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_Judith.
  • Judith (Livre de), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre de la Sagesse

Appelé en grec Sagesse de Salomon, ce livre de l'Ancien Testament fait partie du canon des Écritures inspirées pour les catholiques ainsi que pour les orthodoxes. Attribué à Salomon par les Septante, le rédacteur probable était un juif d'Alexandrie au premier siècle av. J-C. À travers les dix-neuf chapitres, le livre personnifia la sagesse et l'établit comme l'esprit du Seigneur agissant dans le monde.
  • Livre de la Sagesse, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_la_Sagesse.
  • Sagesse (Livre de la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre de Luc

Le troisième Évangile du Nouveau Testament.
  • Luc (saint) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre de Tobie ou de Tobit

Livre biblique de l'Ancien Testament. Le livre raconte l'histoire de Tobit, un Judéen devenu aveugle et qui envoie son fils Tobie en Médie pour récupérer une dette.

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Livre des Chroniques

Deux des livres historiques de l'Ancien Testament, les Septante et la Vulgate les nomment Paralipomènes, du grec paraleipomena, « ce qui a été omis » car ils représentent une interprétation orginale des Livres de Samuel et des Livres des Rois (I Rois et II Rois).
  • Chroniques (Livre des) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre des Chroniques, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 juillet 2019), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livres_des_Chroniques.

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Livre des Juges

Le deuxième livre historique de la Bible ; dans la Bible hébraïque, il suit le Livre de Josué. Cet ensemble emploie plusieurs sources et contient 21 chapitres qui parlent de la résurgence du polythéisme en Israël, les guerres entre les indigènes et des Israélites et les efforts des Juges, visant à restaurer la vénération d’Iahvé.
  • Juges (Livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre des Juges, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Livre des Lamentations

Ce recueil de cinq poèmes est une élégie pour la ville de Jérusalem suite à sa destruction par Nabuchodonosor II. La tradition l'attribuait à Jérémie mais cette attribution n'est pas acceptée par les experts de nos jours.
Le Livre des Lamentations, connu aussi comme Le Livre des Thrènes, est considéré comme l’un des chefs-d’œuvres du lyrisme biblique. Il suit le Livre de Jérémie dans l'Ancien Testament.

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Livre des Nombres

Livre biblique, quatrième tome du Pentateuque, et donc de l'Ancien Testament. Ce livre regroupe tous les éléments qui ont pris place entre la sortie d'Égypte (racontée dans le livre de l'Exode) et l'entrée dans la terre promise (racontée dans le Livre de Josué).

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Livre des Proverbes

Un des livres poétiques de la Bible, les Proverbes comprennent 31 chapitres et neuf sections, dont le deuxième et le cinquième sont attribués (soit directement, soit indirectement) à Salomon, roi d’Israël. Ces deux sont considérés les sections de base du Livre, et ils discutent de la situation sociale que remarque l’auteur (brutalité, la disparité entre riches et pauvres, etc.). D’autres collections du livre sont d’origine étrangère. Le Livre aurait été composé entre le XIIe siècle et l’époque hellénistique.
  • Proverbes, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Proverbes (livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre des Psaumes

Les psaumes sont des prières poétiques composées en plusieurs versets qui font partie de la Bible. Il existe 150 poèmes qui se divisent en cinq livres par analogie avec le Pentateuque. Les psaumes servaient à une fin liturgique et ils sont toujours incorporés dans la synagogue. La liturgie chrétienne en a adopté plusieurs (LI, Miserere ; CXXX, De profundis). En outre, le Psautier a toujours été le livre de l’Ancien Testament le plus utilisé par les chrétiens.
  • Psaumes (Livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre des Règnes

Livre dans la Septante, version grecque de la Bible hébraïque, le Livre des Règnes comprend les deux Livres de Samuel et les deux Livres des Rois (Le Premier et Le Deuxième).

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Livres d'Esdras (en anglais Ezra, en grec Ἔσδρας)

Le Livre d'Esdras est un livre de la Bible hébreu qui comprenait anciennement le Livre de Néhémie. Il existe deux autres Livres d'Esdras (III et IV) qui sont considérés aprocryphes.
  • F. Vigouroux éd., Esdras (Premier Livre D'), Esdras (Second Livre D'), Esdras (Troisième Livre D'), Esdras (Quatrième Livre D') in Dictionnaire de la Bible, Letouzey et Ané, 1899, p. 1934-1945. Google Books, 18 août 2020.
  • Book of Ezra, Wikipedia, The Free Encyclopedia (21 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 août 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Book_of_Ezra.

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Livres de Samuel

Les deux livres de Samuel sont des livres de l'Ancien Testament qui, à l'origine, ne formaient qu'un seul ouvrage. Ils couvrent une période d'environ cent-trente ans et sont consacrés à la vie de Samuel et aux règnes de Saül et David.
  • Premier Livre de Samuel, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_livre_de_Samuel.
  • Samuel (Livres de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livres de Timothée

L'apôtre Paul, emprisonné, ecrivit deux épîtres à son disciple Timothée qui forment deux livres du Nouveau Testament.

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Liège

Liège est une ville francophone de l'est de la Belgique. De 972 à 1795, elle fut la capitale de la principauté de Liège. À partir de 980, l'évêque de Liège devint l'unique maître de ses terres, prince-évêque, et son domaine une principauté ecclésiastique.

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Lombardie (en it. Lombardia)

Région dans le nord de l'Italie et à l'est du Piémont, dont la capitale est la ville de Milan. La région de Lombardie tient son nom des Lombards, qui y régnèrent de 568 à 572.
  • Lombardie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • LombardieWikipédia, l'encyclopédie libre(24 décembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 janvier 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lombardie.

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Lorraine

Anc. province de l'E. de la France qui a donné son nom à une région. HISTOIRE. [...] cette région devint le cœur de l'empire carolingien. [...] au XVIe s. [...] la Lorraine joua alors un rôle de premier plan dans la politique française, par l'intermédiaire des Guise, cadets de la maison ducale, se fit le champion du catholicisme [...] et, après sa réconciliation avec Henri IV (1595), connut son apogée, accompagné d'un épanouissement intellectuel et artistique [...].
  • Lorraine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Loth (ou Lot)

Personnage dans le Livre de la Genèse. Il est le neveu d'Abraham et il échappe de la destruction de la ville de Sodome.
  • Loth, Wikipédia, l'encyclopédie libre(16 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Loth.
  • Loth ou Lot, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Louis IX (Saint Louis)

Fils de Louis VIII, Louis prit le trône comme roi de France à l'âge de douze ans (1226) sous la régence de sa mère Blanche de Castille. Ce roi avait une réputation de diplomate et de juriste ; il développa notamment la juridiction d'appel et en 1259 il régla le conflit avec Henri III d'Angleterre par le traité de Paris. Son règne fut marqué par un rayonnement tant intellectuel et artistique que moral ; il fit construire la Sainte Chappelle du Palais, fonda l'hospice des Quinze-Vingts et confirma la fondation de la Sorbonne. Louis IX mourut en 1270 à Tunis pendant la huitième croisade.
  • Louis IX de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IX_de_France.
  • Louis XI ou Saint Louis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Louis Richeome

Né à Digne en 1544, Louis Richeome, aussi appelé le Cicéron français, était père jésuite et auteur de traités de théologie, de morale et de controverse. Il mourut à Bordeaux en 1625.
  • Carayon, Auguste,Documents inédits concernant la Compagnie de Jésus : L'Université de Pont-à-Mousson : 1572-1650; document V, vol. 22, Poitiers, Oudin, 1870. Livre numérique Google, Internet, 20 mars 2013.https://books.google.fr.

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Louis XIII le Juste

(Fontainebleau 1601 - Saint-Germain-en-Laye 1643). Fils d'Henri IV et de Marie de Médicis. À l'âge de neuf ans suivant la mort de son père, Louis XIII prit le trône comme roi de France (1610 – 1643), et sa mère fut proclamée régente. Puisque sa mère lui exclut du pouvoir, même quand il atteignit l'âge de régner, Louis finit par exiler Marie de Médicis à Blois. Cependant, à cause de l'instabilité mentale et la mauvaise santé, le roi restaient incapable d'exercer le pouvoir total. Ainsi, il compta sur son principal ministre le cardinal de Richelieu pour les conseils politiques. Ensemble, ils enlevèrent aux Huguenots La Rochelle (1628) ; ils vainquirent les Espagnols dans la guerre franco-espagnole (1635-1659) ; finalement, ils réussirent à établir la France comme une grande puissance européenne.
  • Louis XIII le Juste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lucien de Samosate (en gr. Loukianos, en latin Lucianus Samosatensis)

Écrivain satirqiue grec (v. 125 – v. 192 ap. J.-C.) qui était particulièrement critique de ceux qu’il considéra comme hypocrites. Ses 86 ouvrages comprennent La Mort de Pérégrinos, lettre satirique qui critique le philosophe cynique, Pérégrinos, de son opportunisme et de son exhibitionnisme lorsqu’il se suicida en public en s’incendiant sur un bûcher funéraire aux Jeux olympiques de 165 ap. J.-C.
  • Lucian, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 9 septembre 2010. https://www.britannica.com/biography/Lucian.
  • Lucien de Samosate en gr. Loukianos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lucifer

s. m. Chez les anciens Païens, Étoile de Vénus, quand elle précédoit le Soleil. Chez les Chrétiens, chef des Démons. Veuillez consulter également la référence Satan.
  • Lucifer, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1798), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 12 août 2010.

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Lucrèce (en lat. Lucretia)

Femme de l'homme politique romain Tarquin Collatin réputée pour sa beauté et, surtout, sa vertu. Selon la tradition, après avoir été violée par Sextus, fils du roi de Rome Tarquin le Superbe, elle se donna la mort (-509 av. J.-C.). L'affaire déclencha la révolution qui renversa la monarchie tarquine à Rome et fonda la République romaine.
  • Lucrèce en lat. Lucretia, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lybie antique

La Lybie antique désigne une ancienne région de l'Afrique du Nord-Ouest, et plus étroitement le pays immédiatement à l'ouest de l'Egypte.

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Lycurgue (en gr. Lykoûrgos)

Législateur mythique de Sparte au IXe siècle avant J.-C. Inspiré par les modèles juridiques en Crète, en Égypte, et en Asie, Lycurgue créa la Constitution officielle de Sparte. La constitution de Lycurgue introduisit la gérousie (l'équivalent du Sénat moderne) et mit en place une institution éducatif spartiate.

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Léa ou Lia

Selon le livre de Genèse chapitre XXIX, Léa est la cousine et la première femme de Jacob. Le récit biblique raconte que Dieu lui accorda la fécondité tandis que Rachel, sa sœur et la femme la plus aimée de Jacob, fut stérile. Elle donna à Jacob six fils, Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar et Zabulon, et une fille, Dinah.

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Léon Ier le Grand (pape)

Pape de 440 à 461 et docteur de l'Église, Léon Ier est l'auteur des premiers Sermons, qui contiennent des exhortations morales ainsi que de grandes affirmations de la dignité et la primauté de l'évêque de Rome.
  • Léon Ier le Grand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Léon Ier (pape), Wikipédia, L'encyclopédie libre (21 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Léon_Ier_(pape).

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Léonidas d'Épire

Parent d'Olympias (princesse d'Épire, reine de Macédonie et mère d'Alexandre le Grand), Léonidas fut un des précepteurs d'Alexandre le Grand. D'un caractère austère, il est dit que Léonidas instruisait Alexandre dans la discipline laconique.

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Lévites (Tribu de Lévi)

Une des douze tribus d'Israël dans l'Ancien Testament, les Lévites sont les descendants de Lévi. Les Lévites sont dédiés au service de Dieu; ils détenaient 48 villes du royaume d'Israël sur lequel ils exerçaient un pouvoir administratif et politique. Ils avaient le devoir de veiller sur les trésors de la maison de Dieu et des choses saintes.

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Lévitique (en gr. Leuitikon)

Troisième livre du Pentateuque dans l'Ancien Testament. Il détaille les prescriptions des Israélites et le code selon lequel le peuple doit vivre pour devenir saint. Son but fut d'enseigner les préceptes moraux et les vérités religieuses de la loi de Moise au moyen du rituel.
  • Lévitique, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Lévitique, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lévitique.

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Macaire de Scété (ou Macaire le Grand)

Moine égyptien du IVe siècle et auteur de Homélies spirituelles, où l'on trouve toute la substance de la théologie ascétique, vivant en hermite dans le désert.

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Mahomet (en arabe Muhammed)

Mahomet (571?-632) fonda l'islam, qui compte aujourd'hui près d'un milliard d'adhérents. Cette religion est basée sur son livre sacré, le Coran, annoncé ou transmis par Mahomet, qui prit la tête du premier groupe de croyants et que ceux-ci à leur tour vénérèrent comme un prophète et un envoyé de Dieu. Après sa mort en 632, une expansion fulgurante mena les armées arabes, puis musulmanes, loin de leur pays d'origine. L'expansion militaire fut doublée et souvent précédée par une pénétration pacifique, un rayonnement religieux et, très vite, culturel, ces divers aspects se complétant les uns les autres. Selon l'Islam, il y a un seul Dieu, Allah, dont Mahomet était le messager. De nos jours plus de 24% de la population du monde adhère à l'Islam.

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Maison d'Israël, Enfants d'Israël

Appellations utilisées souvent dans l'Ancien Testament pour désigner les Israélites, c'est-à-dire les Hébreux descendus du patriarche Jacob, renommé Israël.

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Malachie (Livre de)

Malachie est le dernier des douze petits prophètes du canon juif; le Livre de Malachie est le dernier de l'Ancien Testament chrétien. Son nom veut dire "messager" en hébreu. La prophétie du Livre de Malachie dénonce la répudiation des hommes par rapport à la femme qu'ils ont aimée dans leur jeunesse; elle est donc un important témoignage du passage progressif à la monogamie fidèle.

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Mammon

Mot d'origine araméenne, Mammon désigne les richesses injustement acquises dans les écrits bibliques. Mammon est souvent personnifié comme un ange de la richesse ou un démon de l'avarice.
  • Mammon, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mammon.
  • Mammon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Manassé

Quinzième roi de Juda (v. 687 – v. 642 avant J.-C.), fils et successeur d’Ézéchias. Il réorganise le royaume de Juda après les destructions infligées au royaume pendant la campagne de Sennachérib et la perte des possessions judéennes dans la Shéfélah. Il restaure un état prospère qui se développe en direction du nord du Néguev et de la mer Morte. Il est mentionné dans les annales d’Assarhaddon.
Le Deuxième livre des Rois le décrit comme un roi impie et impénitent, coupable de tout ce qui peut être fait contre le Dieu de ses pères, mais le Deuxième livre des Chroniques, ainsi que la Prière de Manassé décrivent sa conversion.

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Manichéisme

Doctrine religieuse fondée au IIIe siècle par Mani. Il s'agit d'un dualisme qui présente des ressemblances avec le gnosticisme : le caractère radicale de l'opposition entre bien et mal, Dieu et la matière, la lumière et l'ombre. L'homme aussi est radicalement coupé en deux et doit chercher à produire et à maintenir la séparation entre l'âme et le corps. Les sectes dites manichéennes apparurent en Europe médiévale à partir du XIe siècle.
  • Manichéisme, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Marc Aurèle (en lat. Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus

Marc Aurèle fut un empereur et philosophe romain. Il naquit à Rome, 121, et en 180 mourut à Vindobona, qui est aujourd’hui Vienne. Il fut adopté par l’empereur Antonin, dont il épousa la fille plus tard. En 139, Aurèle devint césar, et après avoir reçu l’imperium proconsulaire (c’est-à-dire un pouvoir presque illimité), il fut empereur. En tant qu’empereur, il changea l’administration financière et fut scrupuleux concernant la pratique judiciaire. Plusieurs guerres contre les Germains et les Parthes ponctuèrent son règne. Aurèle fut humaniste, mais il ne fit jamais rien pour cesser la persécution des Chrétiens romains de son Empire. Il rédigea ses Pensées avant sa mort, qui furent le dernier ouvrage stoïque antique, ayant pour but de se remémorer le but fondamental de la vie (Hadot, Pierre).
  • Hadot, Pierre, Marc Aurèle (121-180), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Marc Aurèle en lat. Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Marcien (en lat. Flavius Marcianus)

Empereur d'Orient qui fut successeur de Théodose II et mari de sa sœur, sainte Pulchérie.
  • Marcien, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • MarcienWikipédia, l'encyclopédie libre (19 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcien.

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Marcion de Sinope

Marcion était un évêque chrétien de la fin du Ier siècle et du début du IIe siècle ap. J.-C. ; c'était le fondateur d'une église dissidente Marcionite. Marcion rejetait en bloc l'Ancien Testament et il écarta la Déité décrite dans les Écritures juives comme inférieur au Dieu proclamé dans l'Évangile chrétien. Il était considéré comme l'un des premiers hérésiarques et fut excommunié par Rome en 144. Son rejet de plusieurs livres saints aboutit à la création du canon catholique des Écritures.
  • Marcion, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marcion, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcion.

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Mardochée 

Personnage biblique du Livre d'Esther. Fils de Jaïr de la tribu de Benjamin et cousin d'Esther, il déjoua un complot entre les Juifs.
  • Mardochée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livre d'Esther, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Mariage et concupiscence (en lat. De nuptiis et concupiscentia)

Du mariage et de la concupiscence de Saint Augustin, écrit en 419, traite de la grâce et du péché en mariage.

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Mariamne l'Hasmonéenne ou Mariamne Ier (en héb. מִרְיָם)

Princesse hasmonéenne et reine de Judée vers -60 à -29. Mariamne était la petite-fille d'Hyrcan II et l'épouse d'Hérode Ier le Grand. Ce même époux, Hérode, la fit mettre à mort quand 'il la soupçonna de complot. L'histoire de Mariamne fut l'inspiration des tragédies de Tristan l'Hermite et de Voltaire.
  • Mariamne, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Mariamne l'HasmonéenneWikipédia, l'encyclopédie libre (14 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mariamne_l'Hasmonéenne.

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Marie

Selon la tradition chrétienne la Vierge Marie, aussi appelée la Sainte Vierge, Notre Dame ou Mère de Dieu chez les catholiques et les orthodoxes, était la mère de Jésus et l'épouse de Joseph. Les Évangiles de Luc et de Matthieu narrent son histoire en commençant par l'Annonciation de l'ange Gabriel que Marie enfanterait le fils de Dieu et en finissant par la Nativité, la naissance de Jésus.
Marie apparaît dans tous les Évangiles du Nouveau Testament et les Églises catholiques et orthodoxes accordent une place spéciale à son histoire. Le culte de la Vierge Marie se développa à partir du IVe siècle et se concentre sur deux thèses principales : L'immaculée conception de Marie et son Assomption, dogme selon lequel Marie fut enlevée corps et âme au ciel et alors mourut sans souffrir.
  • Marie (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marie (mère de Jésus), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_(mère_de_Jésus).

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Marthe (sainte)

Sœur de Lazare de Béthenie dans les Évangiles de Jean, XI, et de Luc, X, 38. Selon la légende, elle aurait débarqué avec Marie et Lazare à Marseille.
  • Marthe (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Martia Catonis

Fille aînée de Caton d'Utique et sœur de Porcia Catonis. Devenue veuve, on lui conseilla de prendre un second mari, mais elle refusa, se déclarant inconsolable jusqu'à la fin de ses jours. (À ne pas confondre avec la femme de Caton d'Utique, aussi appelée Martia.)
  • Bourdeille, Pierre de,Œuvre du seigneur de Brantome, t. 2, Londres, aux dépens du Libraire, 1779, p. 446. Livre numérique Google, Internet, 10 mai 2013. https://books.google.fr.

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Martial (en lat. Marcus Valerius Martialis, surnommé Cocus)

Poète latin qui vécut d'environ 40 à 104 ap. J.-C. Il est l'auteur de 15 livres d'Épigrammes qui attaquent, entre autres, les débauchés et les femmes âgées.
Dans Les épines du mariage, Jean-Philippe Varin cite une des épigrammes de Martial sans en citer l'auteur. La citation en question vient du premier livre des épigrammes, seizième poème, Ad Julium.
  • Martial en lat. Marcus Valérius Martial, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sur Martial et sur ses écrits, Épigrammes de M. Val. Martial., Paris, Le général baron Simon, son fils, et P. R. Auguis, de la Société royale des Anqiguaires de France, 1819, p. III-V.

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Martin Luther

Moine augustinien allemand, théologien, réformateur de l'Église, et premier traducteur de la Bible en allemand, Martin Luther (1483-1546) est considéré le père du protestantisme et de la théologie luthérienne.
En 1517, il afficha sur les portes du château de Wittenbuerg ses 95 Thèses où il dénonçait la vente des indulgences, et qui marquèrent le début de la Réforme... En 1520, il publia son manifeste À la noblesse chrétienne de la nation allemande puis Prélude sur la captivité babylonienne et De la liberté du chrétien (dans lequel il affirme l'autorité de la seule Écriture sainte et précise la doctrine de la justification par la foi). Il brûla publiquement la bulle Exsurge Domine et, en 1521, il fut excommunié et mis au ban de l'empire par la diète de Worms.
  • Luther, Martin, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Martin Luther, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Luther.

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Martín Antonio Delrío

Né en 1551 à Anvers et décédé en 1608 à Louvain, Martín Delrío était prêtre jésuite des Pays-Bas, philologue, juriste, et exégète. Il est l'auteur de Disquisitiones magies, un ouvrage qui traite de la magie et de l'occultisme.

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Mathilde d'Écosse (en anglais Matilda of Scotland)

Fille de Marguerite d'Écosse, Mathilde (1080-1118) devint la femme d'Henri Ier, roi d'Angleterre, en 1100. Elle agit beaucoup sur les plans politiques et religieux. Très pieuse, elle était la patronne de plusieurs établissements catholiques.

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Mathilde de Toscane (la comtesse Mathilde, Mathilde de Briey, Mathilde de Canossa)

Marquise de Toscane née vers 1046 et morte en 1115. Elle soutint le pape Grégoire VII durant la querelle des Investitures et la réconciliation de cette querelle avec l'empereur germanique Henri IV eut lieu à son château.
  • Mathilde dite la comtesse Mathilde, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Mathilde de ToscaneWikipédia, l'encyclopédie libre (24 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mathilde_de_Toscane.

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Maubeuge

Maubeuge est une commune française située près de la frontière belge, est rattachée à la France seulement en 1678. Aldegonde, citée par les théologiens du XVIIe siècle comme exemple d'une vierge ayant refusé le mariage, y fonda une abbaye de femmes au VIIe siècle.

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Mausole

Mausole devint le satrape, ou gouverneur, de la cité d'Halicarnasse en Carie (l'actuelle ville de Bodrum en Turquie) en 377 av. J.-C., héritant le poste de son père. La Carie faisait partie de l'empire perse sous le règne d'Artaxerxès II. Mausole se joigna à une révolte contre lui, terminé en 360 av. J.-C., mais fut pardonné par le successeur d'Artaxerxès (Artaxerxès III). Mausole finit par maintenir beaucoup d'indépendance, et acquit le statut de roi.
Il fit construire un monument funéraire reconnu à l'époque comme l'une des Sept Merveilles du monde, au point où le terme "mausolée" désigne depuis de grands tombeaux. Il mourut sans postérité en 353 av. J.-C. et fut remplacé par sa femme Artémise II (qui était aussi sa sœur) ; elle fit venir les grands artistes grecs pour décorer le mausolée.

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Maximin II Daïa (en latin Imperator Caesar Gaius Valerius Galerius Maximinus Pius Felix Invictus Augustus)

Né en 270, Maximin a été l'empereur romain de 310 à 313. Défait par Licinius en 313, il a dû s'enfuire de Rome déguisé; sa femme et sa fille furent executées. C'est Maximin qui apparemment fait torturer et tuer sainte Catherine d'Alexandrie en 312, parmi plusieurs autres martyres chrétiens.

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Menander

Disciple de Simon le Magicien (Ier siècle ap. J.-C.) venant de Samarie considéré comme hérétique par l'Église car il enseigna que les hommes recevraient l'immortalité et la résurrection de son baptême et de la pratique des arts magiques. Il prétendit également être un sauveur envoyé par les puissances spirituelles supérieures pour enseigner aux gens la connaissance sacrée qui leur permettrait de se libérer de la domination des archontes, c'est-à-dire, les pouvoirs régissant le monde matériel.

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Mercure (en lat. Mercurius)

Dieu du commerce, du profit et du voyage qui sert aussi de messager des autres dieux dans la mythologie romaine. Assimilé au dieu grec, Hermès, Mercure représente également l'habileté et la ruse.
  • Hermès, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Mercure, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercure_(mythologie).
  • Mercure en lat. Mercurius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Messaline (en lat. Valeria Messalina)

(25 av. J.-C. - Rome 48 ap. J.-C.). Fille du consul romain Marcus Valerius Messalla Barbatus, Messaline devint impératrice romaine lorsqu'elle épousa Claude Ier. Connue pour sa conduite despotique, Messaline manipula Claude pour qu'il éliminât les rivaux potentiels à elle et à leurs enfants, Octavie et Britannicus. Messaline était également réputée pour la vie dévergondée qu'elle mena. Selon le poète latin Juvenal, elle se prostituait dans des bordels de Rome et elle aménagea même une partie du palais en lupanar. Cependant, l'empereur mit fin à ses débauches lorsque l'affranchi Narcisse l'avertit du mariage prévu entre Messaline et Silius, son amant secret, et de leur attentat comploté contre lui. Effectivement, Claude fit exécuter sa femme et Silius dans les jardins de Lucullus.
  • Messaline, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 31 mars 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Messaline.
  • Messaline en lat. Valeria Messalina, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Pars, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Metelle Le Numidique (en lat. Quintus Caecilius Metellus Numidicus, Conquérant de Numidie)

Général et consul romain. C'est en 109 av. J.-C. que Metellus devint consul et mena la guerre contre Jugurtha, le roi de Numidie. Malgré le fait que c'était son successeur comme consul, Marius, et le lieutenant de celui-ci qui finirent par remporter la victoire définitive contre Jugurtha, Metellus obtint le titre de conquérant en -106. En -100, suite à des disputes avec ses ennemis politiques, Numidicus s'exila, mais rentra à Rome en 99 où il mourut en -91.

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Michol (ou Michal)

Selon le livre de Samuel dans l'Ancien Testament, Michol fut la fille benjamine du Roi Saül et elle fut aussi l'épouse de David après sa défaite du géant Goliath. Dans son histoire, elle choisit d'aller à l'encontre de la volonté de son père pour protéger son mari. Elle aida David à s'échapper afin qu'il ne soit pas exécuté par Saül. Enfin, bien que David soit resté en vie, Saül donna Michol à Phaltiel.

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Michée

L'un des douze Prophètes juifs qui prophétiserent pendant les règnes de Joatham, Achaz, et Ezéchias. Michée est l'auteur du Livre de Michée dans l'Ancien Testament, dans lequel il prédit que le Messie sera né à Bethléem.
  • Michée, Wikipédia, l'encyclopédie libre(7 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Michée.
  • Michée, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Milcah or Milkah

Personnage biblique dans le Livre de la Genèse, Milcah est la femme de Nahorm la mère de Betouel et donc la grand-mère de Rébecca, qui épousa le fils d'Abraham, Isaac.

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Miltiade le Jeune

Miltiade (540-489 av. J.-C.) était un stratège athénien dont la résolution et l'énergie permirent à Athènes de gagner l'importante bataille de Marathon contre les Perses en 490 av. J.-C. Il mourut par contre en prison, accusé de trahison.

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Minerve (en lat. Minerva)

Déesse romaine appartenant à la triade capitoline (Jupiter-Junon-Minerve), Minerve équivaut à la déesse grecque Athéna. Celle-ci est la déesse guerrière et la déesse de la raison ainsi que la déesse de l’intelligence, s’occupant de la littérature et des beaux arts et protégeant les sciences. Elle est d’habitude associée à la chasteté, d’où l’épithète Athena Parthenos.
Selon la tradition, Jupiter avala son amante Métis de peur que l'enfant qui naîtrait de Minerve ne le détrônât. Un jour, pris par un mal de tête violent, Jupiter quémanda à Vulcain de lui fendre le crâne, d'où sortit Minerve tout armée.
  • Athéna, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Athéna / Minerve, Le grenier de Clio (2001-2008), Mythologica.fr, Internet, 24 février 2011. https://mythologica.fr/grec/athena.htm
  • Minerve en lat. Minerva, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Moloch (en hebr. Ha-Molék)

Moloch était un dieu cananéen mentionné dans la Bible auquel les Ammonites sacrifiaient leurs premiers-nés. Les enfants étaient passés par le feu , c'est-à-dire immolés et puis brûlés. Cette pratique suscita la réprobation des prophètes bibliques.
  • Moloch, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Moloch.
  • Moloch (le), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Montanus de Phrygie

Montanus était un chrétien du IIe siècle, fondateur du "christianisme phrygien" ou "montanisme" qui naquit avec lui en Phrygie perdura jusqu'au IXe siècle en Asie Mineure et en Afrique du Nord. Selon Eusèbe de Césarée, Montanus entra dans un état d'extase en 172 ou 173. Convaincu de l'imminence de la fin du monde, il prêcha une morale rigouriste et le détachement du monde matériel. Le plus célèbre converti au montanisme était Tertullien, converti en 207.
La secte finit par être condamné par l'Église catholique car ses adhérents considéraient l'inspiration divine supérieure à l'autorité de la hiérarchie l'Église.

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Moralia in Job

Un commentaire à la fois littéral et historique, mystique et surtout moral du livre de Job par saint Grégoire le Grand, élu pape en 590. Le premier manuscrit renferme les vingt premiers livres et la plus grande partie du vingt et unième. Le second contient la suite jusqu'au trente-cinquième livre.

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Moïse (en hébr. Mosché)

Prophète et fondateur de la religion juive et de la nation d'Israël (- XIIIe s.), on lui attribue la rédaction des premiers livres de la Bible.
Selon le livre d’Exode, Moïse monta sur le Mont Sinaï pour recevoir La Loi (Décalogue) dicté par Dieu. Pendant ce temps, les Israélites, ne pouvant plus supporter d’avoir affaire à un dieu invisible, persuadèrent Aaron, le frère de Moïse, de leur fabriquer un veau en or, l'acte qui brisa le premier des Dix Commandements. En conséquence de cette transgression, Moïse dut remonter le Mont Sinaï pour renouveler l’alliance entre le peuple juif et Dieu, après quoi il redescendit de la montagne, la peau toute rayonnante.
Moïse est le descendant direct d'Abrahahm.
  • Moïse, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 mai 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Moïse.
  • Moïse (en hébr. Mosché, nom d'origine égyptienne), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Römer, Thomas, Les cornes de Moïse, Évangile et liberté (2005), numéro 190, Évangile et Liberté, Internet, 22 juillet 2010. http://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/190/article8.html.

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Médée (en gr. Mêdeia)

Selon la mythologie grecque, Médée fut la fille du roi de Colchide, Éétès. Cette magicienne célèbre, amoureuse de Jason, trahit son père et son pays en utilisant la magie pour aider celui-ci à gagner la Toison d’or. Lorsqu'ils furent poursuivis par Éétès, Médée tua son frère Absyrtos et dépèça son corps, jetant ses membres sur la route pour retarder son père. Les deux amants réussirent à s'évader et, ensuite, ils se marièrent. Parvenue à Iolcos en Thessalie, Médée fit périr Pélias, roi de Iolcos et l'oncle qui avait envoyé Jason en Colchide pour s'emparer de la Toison d’or. Elle convainquit les filles de Pélias de dépecer leur père et de jeter les morceaux dans un chaudron d’eau bouillante pour ainsi le faire rajeunir. À cause de ce crime, Médée et Jason furent exilés à Corinthe où les époux donnèrent le jour à deux fils. Pourtant, lorsque Jason la répudia pour Créüse, la fille du roi Créon, Médée se vengea de l'adultère. Elle envoya à Créüse une tunique empoissonée comme cadeau et, enfin, égorgea ses propres enfants.
  • Medea, Wikipédia l'encyclopédie libre (7 mars 201), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 mars 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Medea.
  • Médée, Le grenier de Clio (2001-2007), Mythologica.fr, Internet, 9 mars 2011. https://mythologica.fr/grec/medee.htm
  • Médée en gr. Mêdeia, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Mélanie l'Ancienne

Mélanie (341-410) perdut successivement son mari, un Préfet romain, et ses deux fils vers 365. Par la suite, elle se retira au désert en Terre sainte, où elle fonda vers 380 un monastère sur le mont des Oliviers à l'est de Jérusalem. Sa petite fille Mélanie la Jeune le rendit célèbre.

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Mésopotamie (en gr. Μεσοποταμία/Mesopotamíos)

Région historique du Moyen-Orient, située entre les vallées du Tigre et de l'Euphrate. La Mésopotamie fait référence généralement à son histoire antique, pour la civilisation qui avait occupé la région jusqu'aux derniers siècles avant l'ère chrétienne et avant l'ère musulmane du XIe siècle.
  • Mésopotamie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • MésopotamieWikipédia, l'encyclopédie libre (19 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mésopotamie.

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Métrodore de Lampsaque le Jeune (en latin Metrodorus)

Philosophe grec originaire de Lampsaque en Asie Mineur, Métrodore, qui vécut de 330 à 278 av. J.-C., était un disciple très proche d'Épicure. Ses écrits ne sont connus qu'indirectement ou par de courtes citations; les titres ont été transmis par Diogène Laërce.

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Naaman (en héb. נַעֲמָן)

Lieutenant du roi Ben-Hadad II qui a eu la lèpre après avoir baigné dans le Jourdain sur le conseil d'Élisée. On trouve son histoire dans le Deuxième livre des Rois.

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Nabal

Personnage biblique du premier livre de Samuel dans l'Ancien Testament, Nabal fut un riche marchand de la famille de Caleb. Le nom Nabal est librement traduit par imbécile et on dit qu'il fit honneur à son nom.
Pendant qu'ils promenaient la campagne, les bergers de Nabal furent protégés par David et ses hommes, avant que David devint roi. Quand David demanda de l'argent et des provisions en échange de sa protection, Nabal les lui refusa. En colère, David décida d'envoyer 400 de ses hommes chez Nabal pour se venger. La belle femme de Nabal, Abigail, les intercepta et leur offrit des provisions pour sauver son mari.

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Nabuchodonosor II

(605-562 avant J.-C.) Fils et successeur de Nabopolassar, battit les Égyptiens à Karkemish (605) et à Hamat (Hama), réunissant la Syrie au royaume de Babylone. Il s’empara de Jérusalem et en déporta les habitants (587), puis bloqua Tyr pendant 13 ans (585-572). Il rétablit les réseaux d’irrigation, restaura les temples de Babylonie et protégea sa capitale par deux lignes de remparts et un mur barrant l’isthme entre Tigre et Euphrate au N. de Babylone.

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Nahor, Nachor, ou Naghor

Personnage biblique dans le Livre de la Genèse, Nahor est le frère d'Abraham, le mari de Milcah et le père de Betouel. La fille de Betouel, Rébecca, épousa le fils d'Abraham, Isaac.

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Naïm

Naïm est un village de Galilée cité dans le Livre de Luc comme l'endroit où Jésus ressucita le fils d'une veuve éplorée.

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Niccolò Tedeschi, dit Panormitanus

Après avoir étudié le droit à Bologne, Tedeschi (1386-1455) devint professeur à Bologne, à Parme, à Siene et enfin à Florence. Membre de l'ordre des Bénédictins, il devint archévêque de Palerme en 1434 et cardinal en 1440. Il est considéré un juriste important, ayant publié un nombre d'œuvres canoniques.

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Nicolaus Lyranus

Né en 1270 à Vieille-Lyre en Normandie, Lyranus, un des plus grands théologiens franciscains et exégètes bibliques du Moyen Age, fut l'auteur du premier commentaire sur la Bible. Docteur à la Sorbonne à Paris en 1309, en 1319 on l'élut chef de l'ordre franciscain de France. Lyranus mourut en 1349 à Paris.
Son chef-d'œuvre, Postillae perpetuae in universam S. Scripturam, consiste de cinquante volumes de commentaires sur la Bible et fut le texte principal des exégètes jusqu'au seizième siècle. Le commentaire influença plusieurs réformateurs, y compris Martin Luther, à cause de l'insistance sur une interprétation littéral et non allégorique des Écritures saintes.

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Nicéphore III Botaniatès

Nicéphore, né vers 1001 et mort en 1081, fut l'Empereur byzantin de 1078 à 1081, une époque où crises et révoltes secouent le monde politique byzantin. Nicéphore abdiqua et se retira dans un monastère où il meurt quelques mois plus tard. La dynastie de la famille Comnène s'établit suite à la défaite de Nicéphore.

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Ninive

Une des plus anciennes villes de l'Assyrie, dans le nord de la Mésopotamie.

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Ninus ou Ninos

D'après la mythologie grecque, Ninus, le fils de Bélus, était le fondateur de l'ancienne ville de Ninive (appelé parfois Ninus) en Assyrie. Ninus conquit toute l’Asie de l’Ouest en 17 ans avec l’aide d’Ariaeus, roi arabe. Il se maria avec Sémiramis, la femme d’un de ses soldats. De leur union naquit Ninyas le Ninevien.
  • Nikiprowetzky, Valentin, Sémiramis, reine légendaire d'Assyrie, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 28 octobre 2009.
  • Ninus, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 16 mars 2011. https://www.britannica.com/topic/Ninus.

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Nisos

Selon la légende grecque, Nisos était roi de Mégare et père de la princesse Scylla.

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Noces de Cana

Dans l'Évangile selon Jean du Nouveau Testament, l'apôtre Jean raconte le premier miracle de Jésus Christ où Jésus, invité à un mariage à Cana en Galilée, transforme l'eau en vin. L'événement préfigure le mariage entre Jésus, le jeune marié, et l'Église, sa future épouse, dont le vin, symbole du sang du Messie, signale sa mort prévue et la célébration de l'Eucharistie. La présence du Christ aux noces représente la bénédiction de l'institution du mariage.
  • Burnet, Éliane et Régis Burnet, Pour décoder un tableau religieux, Nouveau testament, Paris, Éditions du Cerf, 2006, p. 123-24. Google livres, Internet, 13 juillet 2011.

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Nouveau Testament de la Bible

Considéré par les chrétiens comme deuxième moitié de la Bible avec l'Ancien Testament, le Nouveau Testament comporte plusieurs textes racontant la vie de Jésus, ses enseignements, et les premieres années du christianisme. Cette œuvre comprend les livres des quatre Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, et Jean), les Actes des Apôtres, les Épîtres de Paul, les Épîtres catholiques, et l'Apocalypse (ou livre de la Révélation).

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Novatien (en latin Petrus Damianus)

Né en 220 en Phrygie, Novatien était un prêtre et théologien catholique. Pendant la persécution des Chrétiens par l'empereur romain Decius entre 249 et 251, Novatien maintint depuis Rome les contacts avec les Églises chrétiennes d'Afrique et d'Orient grâce aux nombreuses lettres qu'il leur envoya. Amer lors de l'élection de Corneille comme pape en 251, Novatien essaya de se faire élire à sa place. Il finit par être excommunié et quitta Rome en 253; il mourut vers 258.
Une secte novatianiste exista au sein du catholicisme jusqu'au IVe siècle, soutenant la position de Novatien que ceux qui avaient apostasié lors de la persécution des Chrétiens ne devraient pas être reçus de nouveau par l'Église suite à un repentir. Au IVe siècle, elle se confonda avec d'autres courants qui abondaient dans le même sens.

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Noé (en hébr. Noakh)

Patriarche biblique qui, selon le livre de Genèse de la Bible, fut épargné avec sa famille du Déluge que Dieu lança sur la Terre pour éliminer l'humanité corrompue. À la faveur de sa vertu, Noé fut choisi pour faire perdurer la race humaine. Suivant l'ordre de Dieu, le patriarche construisit un arche sur lequel il fit embarquer un mâle et une femelle de toutes les espèces animales existantes. L'arche flotta sur les eaux d'inondation jusqu'à ce qu'il s'arrêta sur les montagnes d'Ararat.
  • Noé (en hébr. Noakh, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Noé, Wikipédia, L'encyclopédie libre (30 mai 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 juin 2016.https://fr.wikipedia.org/wiki/No%C3%A9_(patriarche).

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Noémi ou Naomi

Dans l'Ancien Testament, Noémi est la veuve d'Elimelech la belle-mère de Ruth, qui l'accompagne quand elle retourne du royaume de Moab à Bethléem après la mort de son mari.

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Numa Pompilius

Le second des sept rois de Rome, il établit une organisation politique fondée sur le droit, la loi, les bonnes mœurs et la crainte des dieux, pacifiant ainsi une société fondée sur les valeurs militaires.
  • Numa Pompilius, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Numa PompiliusWikipédia, l'encyclopédie libre(22 novembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Numa_Pompilius.

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Némésius (ou Némésios)

Né vers 350 apr. J.-C., Némésius était un théologien et philosophe chrétien et l'évêque d'Émèse (aujourd'hui Homs), en Syrie. Némésius était l'auteur du premier recueil connu de l'anthropologie théologique avec une orientation chrétienne, Peri physeōs anthrōpou (La Nature de l'homme). Le livre pose la question : Puisque créée, comment l'âme peut-elle être immortelle, voyant que tout ce qui est créé est périssable? Enfin Némésius rejeta la préexistence et la doctrine matérialiste et conclut que l'homme est composé d'une âme et d'un corps, principes séparés mais sympathiques. Selon ses conclusions, l'homme est immortel à l'origine et mortel après le péché.
L 'ouvrage eut un grand succès au Moyen Âge ; de grandes sections furent incorporées dans le livre De fide Orthodoxia par Saint Jean Damascène.

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Néron (en lat. Lucius Domitius Claudius Nero)

(Antium 37 - Rome 68). L'arrière-petit-fils de l'empereur romain Auguste (Octave), Néron fut le cinquième et dernier empereur romain (54-68 ap. J.-C.) connu surtout pour son règne tyrannique et prodigue. Néron succéda à son beau-père l'empereur Claude Ier en 54. Consommé par la paranoïa et désirant se libérer de la tutelle de sa mère, Agrippine, Néron empoisonna Britannicus, le fils de Claude, en 55 et fit assassiner sa mère en 59. En 64, Rome fut incendiée, et certains, désillusionnés, blâmèrent Néron, qui choisit de nombreux chrétiens romains comme boucs émissaires, les exécutant. En plus, l'incendie permettait à Néron de faire bâtir son Domus aurea, la Maison dorée. Après une conspiration de la part de certains opposants, Néron fit périr Sénèque parmi d'autres et s'appropria les biens des condamnés. L'Empire dans son ensemble commença à souffrir de la démence démesurée de Néron. Vindex, général gaulois, rallia la Gaule contre Néron, et Galba, jusqu'alors le gouverneur de l'Espagne tarraconaise, fut proclamé empereur. Néron s'évada dans une villa près de Rome et, après une crise de paranoïa, se suicida.
  • Neron en lat. Lucius Domitius Claudius Nero, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Olympias (en gr. Olumpias)

Née vers 375 à Pydna, Olympias fut reine de Macédoine lorsqu’elle épousa Philippe II, roi de Macédoine. Elle fut aussi la fille de Néoptolème, roi d’Épire, une région montagneuse des Balkans. Les deux époux donnèrent naissance à un fils, Alexandre le Grand. Après avoir été répudiée par Philippe, elle retourna chez son père. Certains pensent qu’Olympias a instigué l’assassinat de son mari. Il est certain qu’elle a instigué celle de Cléopâtre, et de la fille de celle-ci.
  • Olympias en gr. Olumpias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ordre de Cîteaux

  • Cîteaux-l'Abbaye : Hameau de la comm. de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux (Côte d'Or), à l'E. de Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne. Abbaye fondée en 1098 par Robert de Molesme.
  • Cisterciens : Moines de l'ordre bénédictin réformé de Cîteaux. Fondé par Robert de Molesme en 1098, l'ordre se développa à partir de l'abbatiat d'Étienne Harding (1109-1133) et sous l'impulsion de Bernard de Clairvaux. Le routour à la règle bénédictine appliquée dans toute sa rigueur, l'idéal de retrait du monde et de pauvreté absolue assurèrent le succès de la spiritualité cistercienne. Après la fondation en 1113 - 1115 des abbayes de La Ferté, Pontigny, Clairvaux, Morimond (les « quatre filles de Cîteaux »), qui à leur tour essaimèrent, les cisterciens s'organisèrent en une fédération d'abbayes observant la Charte de charité (1114, confirmation pontificale en 1119) et regroupées en lignes sous la direction d'« abbayes mères ». Ils connurent leur âge d'or aux XIIe-XIIIe s., lorsqu'ils furent appelés à intervenir dans maintes affaires de l'Église, cependant qu'ils constituaient de puissants domaines agricoles.
  • Cîteaux-l'Abbaye, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cisterciens, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (l'ordre Hospitalier)

Ordre religieux qui remonte jusqu'au XIe siècle, dès l'installation des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d'hôpitaux en Terre sainte, d'où le nom Hospitalier. Avec le temps, l'Ordre devint militaire en plus que d'être hospitalier afin de protéger les pèlerins malades dans leurs hôpitaux et pour combattre les Sarrasins.

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Origène

Docteur chrétien grec, Origène fut né à Alexandrie vers 185 et mourut à Tyr vers 253 ap. J.-C. À un très jeune âge, en 215 il succéda à la tête de la Didascalée à L'École théologique d'Alexandrie. Auteur de plusieurs textes ascétiques, dogmatiques et polémiques, il est considéré comme le père de l'exégèse biblique pour ses Commentaires sur toute l'Écriture sainte et ses Homélies. Il enseignait une doctrine mystique et gnostique, et fut le premier à proposer un système complet du christianisme intégrant les théories néoplatoniciennes. En 250, sous le règne de Dèce, il subit la persécution et la torture, il mourut peu après des suites de ses blessures.
  • Origène, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Origène, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Origene.

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Ovide (en lat. Publius Ovidius Naso)

Poète latin (Sulmona, Abruzzes 43 av. J.-C. – Tomes 17 ou 18 ap. J.-C.) connu pour sa poésie élégiaque. Ses œuvres sont particulièrement diverses : Les Amours, livre de poésie qui parle de son amour pour Corinne évoque un érotisme subtil; Les Héroïdes, de l’autre côté, sont des lettres fictives écrites par des femmes et des hommes légendaires; Les Fards et Les Remèdes à l'amour sont des traités qui satirisent l’élégance de la haute société romaine; Les Fastes portent sur le calendrier romain et les fêtes religieuses. L’œuvre la plus ambitieuse de sa carrière fut les Métamorphoses, poème mythologique comprenant quinze livres, qu’il n’acheva pas. Ovide fut exilé à Tomes (aujourd'hui Costantza) par Auguste, qui trouva immoral le poème L’Art d’aimer, dix années après sa publication.
  • Ovide en lat. Publius Ovidius Naso, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Viarre, Simone, Ovide (~43-17), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Ozias ou Azarias

Roi de Juda pendant 52 ans, au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. Sa vie est décrite dans l'Ancien Testament dans le Deuxiène Livre des Rois et les Livres des Chroniques. Il est aussi mentionné dans le Livre d'Isaïe, le Livre d'Osée, le Livre de Zacharie et dans le Nouveau Testament, Livre de Matthieu.

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Pains de proposition

Dans l'l'Ancien Testament, on appelle pains de proposition, c’est-à-dire de présentation (les pains présentés), ceux que le prêtre déposait chaque sabbat sur la table d’or du sanctuaire où ils restaient exposés jusqu’au sabbat suivant. Il y en avait douze; seuls les prêtres avaient le droit de les manger.
Un jour, Dauid, affamé avec ses hommes, s’en fit donner par le prêtre (1 Samuel 21.1-6), exemple d’indépendance envers la loi rituelle en cas de nécessité.

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Palladios (en lat. Palladius)

Né en Galatie en 363 ou 364, Palladios se rendit en Égypte vers 387 pour connaître les fameux Pères du Désert. En 400 il fut consacré évêque de Hélénopolis en Bithnyie par saint Jean Chrysostôme. Palladios est l'auteur des Dialogues I et II sur la vie de Jean Chrysostome (c. 408) et vers 420 de la Histoire lausiaque (en latin Historia Lausiaca), un recueil de biographies d’ascètes égyptiens et syriens, dédié à Lausus, chambellan de Théodose II.

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Pallas

Dans la mythologie des Grecs, Pallas fut un Géant qui voulait violer Athéna. Ainsi celle-ci le brûla et se fabriqua une cuirasse de la peau écorchée qu’elle portait en combat contre les Géants.
Pallas fut également un surnom de la déesse Athéna. Selon une légende, celle-ci aurait été une fille de Triton, le dieu grec des mers, et une amie enfantine d’Athéna. Pallas aurait été tuée pendant un de leurs jeux. Pour commémorer son amie, Athéna aurait pris son nom et construit le Palladion (en lat. Palladium), statue ayant des propriétés magiques.
  • Pallas, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Panthea

Selon une histoire, probablement fictif, racontée par Xénophon dans sa biographie de Cyrus II le Grand, Panthea était la femme du roi Abradatas. Quand son mari fut tué en bataille, Panthea, inconsolable, se suicida. Cyrus fit ériger un monument en l'honneur de la fidélité du couple, car Abradatas devint l'allié de Cyrus uniquement grâce à la manière dont ce dernier traita Panthea quand elle fut capturée par lui.

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Patriarches

On appelle patriarches plusieurs personnages de la Genèse, membres d’une famille avec laquelle Dieu fonda selon l’Ancien Testament une alliance avec pour but de créer une grande nation. Dans la tradition juive, on identifie cette grande nation avec le peuple juif ; les patriarches sont considérés comme les pères des civilisations juive et chrétienne par les théologiens de ces religions. Les patriarches devaient peupler la terre avec leur descendance.

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Paul de Burgos Paul de Santa Maria

Paul du Burgos (1351-1435) était un juif d'Espagne et un rabbin respecté. Converti au christianisme en 1391, il devint docteur en théologie à l'Université de Paris et l'archévêque de Burgos.

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Pausanias

(Lydie - Rome IIe siècle) Géographe et voyageur grec qui parcourut l'Orient, toute la Grèce et l'Italie avant de s'installer à Rome vers 174. On a de lui sa Description de la Grèce (Periegêsis), œuvre en 10 livres, qui décrit notamment les sites qu'il a visités et des légendes et récits y associés.
  • Pausanias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pharaon de l'Exode

Roi d'Égypte qui refusa de reconnaître le dieu de Moïse et des Israélites.
Selon le livre de l'Exode, le Pharaon d'Égypte refusa de laisser les Hébreux quitter le pays pour honorer leur dieu. Afin de persuader le Pharaon de laisser son peuple partir, Moïse, sous l'ordre de Dieu, invoqua une série de plaies. Après la dixième plaie, le Pharaon céda et agréa la demande des Israélistes.

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Pharisiens

Adhérents au judaisme ancien actifs entre le IIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle après, les Pharisiens n'hésitaient pas à modifier la Loi juive en faisant appel à la tradition de la Torah orale. Les Évangiles les accusaient d'un ritualisme stérile .
  • Pharisiens, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phenenna 

Phenenna était la seconde femme d'Elcana, père de Samuel. Phenenna tourmentait la première femme de celui-ci, Hannah (Hanna, Anna ou Anne), qui était stérile. Hannah pria Dieu de lui accorder un fils qu'elle promit de consacrer à l'adoration de Dieu; Samuel fut né par la suite.
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Rois, livre premier, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Phidias ou Pheidias (en gr. Φειδίας)

Artiste grec vers 490-430. Phidias était sculpteur, architecte, et peintre des œuvres classiques tel que la statue chryséléphantine de Zeus à Olympie, ce qui est considérée comme l'œuvre la plus admirable de l'Antiquité grecque.
  • Phidias, Wikipédia, l'encyclopédie libre(4 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Phidias.
  • Phidias, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phila Ire

Une princesse macédonienne née vers 350 av. J.-C., Phila épousa en secondes noces Démétrios Ier Poliorcète, qui avait 12 ans de moins qu'elle. Cette union dura 33 ans; Démétrios finit par prendre quatre autres épouses, mais c'est Philia qui devint la Reine de Macédoine en 294 quand Démétrios accèda au trône. Démétrios perd son royaume en 288; ne voulant pas survivre à la chute de son mari, Phila s'empoisonne.

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Philippe II d'Espagne

Philippe II d’Espagne (1527-1598) épousa en secondes noces Marie Ire d’Angleterre en 1554, un mariage très impopulaire en Angleterre. Quant Marie mourut sans descendance en 1558, le trône anglais passe à la demi-sœur de cette dernière, Elizabeth Ire.

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Philippe II de Macédoine

Philippe II, roi de Macédoine naquit vers 382. Le troisième fils d’Amyntas III, il fut d’abord régent pour son jeune neveu, mais se proclama roi en 356. Il épousa Olympias, fille de Néoptolème, le roi d’Épire (région montagneuse des Balkans). Les deux donnèrent le jour à Alexandre le Grand. Après avoir été répudiée par Philippe, Olympias, selon certains, aurait instigué son assassinat. Il mourut en 336.
  • Philippe II de Macédoine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Philistins

Peuple ancien vivant sur le littoral de Canaan depuis -1190 av. J.-C., les Philistins sont d’une origine incertaine. Ce peuple domina les autres peuples indigènes, tels les Israélites et les Cananéens (de l’âge du bronze), jusqu’à la triomphe des Israélites sous David. Les livres Juges et I Samuel racontent ces luttes.
  • Philistins, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phillippe III de France, dit Philippe le Hardi

Philippe III (1245-1285), fils de Louis IX (Saint Louis), fut roi de France de 1270 à 1285.

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Philon d'Alexandrie (ou Philon le Juif)

Philosophe grec d'origine juive, Philon reçut une formation hellénique tout en étudiant la Bible et la doctrine hébraïque. Ses écrits se partagent en traités apologétiques et en ouvrages de philosophie. Sa pensée est connue pour une tentative de synthèse et de conciliation entre sa foi monothéiste et la philosophie grecque.
  • Philon d'Alexandrie, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philon_d'Alexandrie.
  • Philon le Juif, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Philostrate

Philostrate l’Athénien fut un orateur et biographe romain de langue grecque du IIe siècle. Il est l’auteur d’une célèbre Vie d’Apollonius de Tyane, une biographie romancée de ce philosophe.

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Phinéas ou Phinées

Fils du grand prêtre Héli et frère d'Hophni. Selon la Bible, Phinéas et Hophni étaient des parangons de vice. Ils finirent par mourir de la main de Dieu lors de la défaite contre les Philistins, en punition de l'irrévérence qu'ils manifestaient en accomplissant leurs tâches sacredotales.
  • Eli (Juges), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eli_(Juges).
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livres des Juges, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Phocion (en gr. Phôkiôn)

Phocion (c. 402-318 av. J.-C.) était un stratège et un orateur athénien du parti aristocratique. Il était connu comme un combattant courageux et en même temps un partisan de la paix et un ambassadeur efficace auprès d'Alexandre et d'Antipatros.
  • Phocion, Wikipédia, l'encyclopédie libre(1 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Phocion.
  • Phocion, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phocis

Phocis était une région ancienne au centre de la Grèce Ancienne. C'est un des sujets du 10e de la Description de la Grèce Pausanias.

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Photios ou Photius

Photius était un théologien byzantin à Constantinople au IXe siècle. L'Église orthodoxe le compte parmi les saints et les Pères de l'Église. Il est l'auteur de plusieurs œuvres, notamment la Bibliothèque de Photius, Amphilochia, Contre les manichéens et Traité sur le Saint-Esprit.
  • Photios Ier de Constantinople, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 décembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Photios_Ier_de_Constantinople.
  • Photios ou Photius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phryné (en gr. Phrunê)

Née à Thespies, Phryné fut joueuse de flûte et la courtisane grecque la plus riche et connue d’Athènes au IVe siècle av. J.-C. Elle aurait servi de modèle pour son amoureux, le sculpteur célèbre athénien Praxitèle, lorsqu'il sculptait ses statues d’Aphrodite. Elle aurait été d’une beauté hors du commun, car, selon la tradition, lorsqu’elle fut accusée d’impiété, le tribunal l’acquitta lorsque son défenseur dévoila le corps de la courtisane.
  • Phryné en gr. Phrunê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phyllis

Dans la mythologie grecque, Phyllis est la fille d'un roi de Thrace qui épousa Démophon, roi d'Athènes et fils de Thésée et de Phèdre. Démophon rentrait après la guerre de Troie quand il rencontra Phyllis. Malgré leur mariage, Démophon continua sa route, la laissant à Thrace. Phyllis lui remit un coffret en lui disant de ne pas l’ouvrir tant qu’il conserverait l’espoir de revenir auprès d’elle. Démophon ne revenant pas, Phyllis le maudit et se tua. Démophon de son côté ouvrit le coffret, et frappé de terreur, il monta à cheval, s’élançant à bride abattue; il mourut en retombant sur son épée.

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Phèdre (en gr. Phaidra)

En mythologie grecque, la fille de Minos, roi de Cnossos, et de Pasiphaé. Elle était également la sœur d’Ariane et la femme de Thésée, héros de l’Attique et le fils du héros Énée. Phèdre tomba amoureuse de son beau-fils, Hippolyte, qui la repoussa. Anéantie, Phèdre accusa Hippolyte d’avoir cherché à la violenter. Thésée implora la malédiction de Poséidon, dieu grec des mers, qui fit périr ensuite Hippolyte. Peu après, Phèdre se pendit.
  • Phèdre en gr. Phaidra, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Piatti, Girolamo (en latin Hieronymus Platus)

(1545-1591) Théologien jésuite, auteur d'un célèbre Traité du bonheur de la vie religieuse (1601), traduit en français dès 1620.
  • Piatti, Girolamo, Istituto Centrale per il Catalogo Unico delle biblioteche italiane e per le informazioni bibliografice - ICCU Ministero dei beni e delle attività culturali e del turismo, Internet, 22 mai 2014. http://edit16.iccu.sbn.it/web_iccu/ihome.htm.

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Pierius

Curé Catholique et écrivain d'une douzaine de traités religieux. Pierius souffrit pour la foi Catholique et est considéré comme un martyr de l'Église Catholique.

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Pierre Auriol (Petrus Aureolus)

Théologien et philosophe franciscain, on ne connaît pas trop de sa vie avant l'année 1312. Dès 1312, il enseignait au couvent franciscain à Bologne, et ensuite au couvent à Toulouse vers 1314. En 1321, Aureolus fut nommé archevêque d'Aix.

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Pierre Damien (en latin Petrus Damianus, en italien Pier Damiani)

Né en 1002, Pierre Damien était un moine-ermite italien qui devint évêque, puis cardinal. Considéré un saint depuis son décès en 1072, il produisit une œuvre considérable qui consiste surtout en une imposante correspondance (158 lettres), des sermons (75), des hagiographies et des traités.

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Pindare (en gr. Pindaros)

Poète lyrique grec (-518 - v. -438) célèbre pour ses dithyrambes patriotiques, ses odes triomphales, ses hymnes, ses thrènes et ses péans. Il fut admiré par les poètes français de la Renaissance, particulièrement par Pierre de Ronsard.
  • Pindare (en gr. Pindaros), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Platon

(Athènes -428 - -348 av. J.-C.). Étudiant de Socrate qui, comme philosophe, prit part à la formation de la pensée du monde occidental. Il était le fondateur de l'école philosophique, l'Académie, à Athènes (387) où Aristote compta parmi ses élèves. Auteur d'au moins 28 dialogues socratiques, Platon créa un genre littéraire qui le permit d’aborder certains problèmes métaphysiques et philosophiques en combinant le discours rationnel et le langage poétique. Parmi ses dialogues les plus connus on trouve le Timée, La République, Des Lois et Le Banquet.
  • Platon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Plaute (en lat. Titus Maccius Plautus)

(Sarsina v. -254 - Rome -184 av. J.-C.). Poète comique latin, Plaute parvint à assimiler la technique théâtrale des Grecs tels que Ménandre, Philémon et Diphile dans son œuvre, tout en l’adaptant au goût romain. Le public de son temps fut sensible à des personnages plutôt typés qu’à ceux témoignant d’un caractère extrêmement nuancé. Nous n’avons que vingt de ses comédies. Parmi les plus connues sont Amphitryon (Amphitruo), La Comédie de l’âne (Asinaria) et Les Bacchides (Bacchides).
  • Plaute en lat. Titus Maccius Plautus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pline l’Ancien

Pline l’Ancien (23-79) est l’auteur d’une Histoire naturelle, une sorte de bilan du savoir de la Rome antique. Dans ses écrits, Pline présentait beaucoup d'information factuelle concernant la littérature, les arts, la botanique, et la gastronomie.
  • Pline l'Ancien (23-79), Encyclopédie Universalis (2010), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 29 juillet 2010.
  • Pline l'ancien, Wikipédia, l'encyclopédia libre(26 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 octobre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Pline_l'Ancien.

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Plutarque (en gr. Ploutarkhos)

Biographe et philosophe grec de moyen-platonisme (v.46/49 – v.125 ap. J.-C.), Plutarque est l’auteur des Vies parallèles et des Œuvres morales qui traitent la religion, la politique, la pédagogie, l'histoire et la littérature.
Ses Préceptes du mariage (en latin Præcepta connubialia ou Conjugalia praecepta), un petit traité qui fait partie des Œuvres morales, était très connu en France à partir du XVIe siècle grâce à la traduction de Jacques Amyot.
Les Apophtegmes de Plutarque sont souvent cités pendant la période de la première modernité aussi.

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Pluton

Dieu chthonien (chthonien qui renvoie à la terre, par opposition aux dieux célestes) de la mythologie romaine. Il garde les Enfers ainsi que le sol. Il est similaire au dieu grec Hadès.
  • Pluton, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pluton_(mythologie)#Descriptions.
  • Pluton n. f., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Polyen de Lampsaque (en latin Polyænus)

Philosophe grec originaire de Lampsaque en Asie Mineur, mort en 278 av. J.-C., Polyen avait une formation en géométrie, qu'il abandonna pour devenir un disciple d'Épicure. Son importance dans l'école épicurienne semble être attesté par le fait qu'il fut un des interlocuteurs d'Épicure dans son ouvrage intitulé Le Banquet.

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Pompeia Paulina

Paulina était la femme du philosophe et homme politique Sénèque. En 65, l'empereur romain Néron exigea que Sénèque se suicide, l'accusant d'avoir pris part à une conjuration contre l'empereur. Paulina tenta de mourir avec son mari, mais survit à sa tentative de suicide. Elle ne se remarie pas et reste fidèle à la mémoire de son mari.

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Ponce Pilate (en lat. Pontius Pilatus)

Préfet de la province romaine de Judée de 26 à 36 connu surtout dans le Nouveau Testament comme le juge qui ordonna à contrecœur la cruxifixion de Jésus.
  • Pilate (PONCE) en lat. Pontius Pilatus), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ponce Pilate, Wikipédia l'encyclopédie libre (14 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 juin 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ponce_Pilate.

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Porcia Catonis

Fille de Caton d’Utique, Porcia épousa son cousin Brutus, l'assassin de Jules César. Elle se suicida après avoir appris que son mari s’était donné la mort (-42 av. J.-C.).
  • Brutus en lat. Marcus Junius Brutus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Porcia, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Posidonius (en gr. Poseidônios)

Philosophe grec (Apamée -135 - Rome -51 av. J.-C.), considéré comme l'homme le plus savant de son temps, qui fonda l'école stoïcienne à Rhodes. À part la philosophie, ses traités contribuèrent également aux domaines historique, scientifique et mathématique.
  • Posidonius, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Posidonios.
  • Posidonius en gr. Poseidônios, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Premier Livre des Rois

Livre de l'Ancien Testament qui raconte une partie de l'histoire d'Israël, y compris l'histoire de Samuel et le règne de Saül.

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Procope de Césarée (en latin Procopius Caesarensis

Un historien byzantin, Procope né vers 500 et mort vers 565. Son œuvre est consacrée surtout au règne de l'empereur Justinien.

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Properce (en lat. Sextus Aurelius Propertius)

Poète latin (Ombrie v. -47 - -15 av. J.-C.) connu pour sa thématique de l’amour romanesque et de l’imagination angoissée. Il produisit quatre livres d’Élégies témoignant de son amour pour Cynthie. Selon plusieurs, Properce est le plus personnel des élégiaques de l’époque augustéenne.
  • Properce en lat. Sextus Aurelius Propertius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Prophète Osée

Prophète d’Israël qui vécut au huitième siècle (v. 780-740). Protagoniste du Livre d'Osée de l'Ancien Testament.
  • Osée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Prophètes

L’Ancien Testament de la Bible parle de trois grands prophètes : Isaïe, Jérémie, Ézéchiel. L’Ancien Testament parle également de douze petits prophètes (l’on distingue grand de petit selon la longueur des livres qui portent leur nom) : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie. Le Nouveau Testament ajoute Daniel aux trois grands prophètes.
  • Prophètes (Livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Testament (Ancien et Nouveau), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 12 mai 2009.

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Proserpine

L'équivalente à Perséphone dans la mythologie grecque. Divinité des Enfers, Proserpine était probablement d'abord une déesse agraire, mais elle fut par la suite assimilée à Perséphone, divinité chtonienne.
  • Proserpine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Perséphone, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Perséphone.

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Protagoras (en gr. ancien Πρωταγόρας)>

Philosophe grec du Ve siècle av.J-C.

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Pseudo-Denys l'Aréopagite

Cet auteur de traités chrétiens de théologie mystique en grec n'est pas à confondre avec Denys l’Aréopagite, converti par saint Paul dans les Actes des Apôtres du Nouveau Testament. Le Pseudo-Denys était probablement un moine syrien qui a vécu vers l'an 500. La rédaction des traités de Denys est fixée entre 485 et 515. Ses œuvres furent traduits en français au XXe siècle et comprennent Les Noms divins, La Théologie mystique , La Hiérarchie céleste, La Hiérarchie ecclésiastique et des Lettres.

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Ptolémée Ier Sôter le Sauveur

(-367 à -283). Roi d'Égypte (-323 à -285). Fils de Lagos, il fut un des principaux généraux d'Alexandre le Grand et reçut l'Égypte en partage à la mort de ce dernier (-323). Entré en rivalité avec les successeurs d'Alexandre, il s'allia à Séleucos Ier contre Antigonos Monophthalmos et battit le fils de celui-ci, Démétrios Ier Poliorcète, à Gaza (-313). La bataille d'Ipsos (-301) lui permit d'établir sa dominsation sur la Palestine, la Cœlésyrie et Chypre. À l'intérieur, il organisa administrativement le pays, y introduisit le culte de Sérapis et fonda en Haute-Égypte la Ptolémaïs qui supplanta Memphis. Il établit sa capitale à Alexandrie et donna à la ville un essor intellectuel et commercial considérable ; il y fit construire le musée et la bibliothèque.
  • Ptolémée Ier Sôter, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pulchérie (en lat. Aelia Pulchéria)

Fille d'Arcadius et d'Eudoxie, née à Constantinople, Sainte Pulchérie fut nommée impératrice d'Orient en 414 à la place de son frère, l'empereur Théodose II. Pour obtenir un appui, Pulchérie se marie avec Marcien, qu'elle proclame empereur.
  • Pulchérie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • PulchérieWikipédia, l'encyclopédie libre (9 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pulchérie.

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Putiphar (ou Potiphar)

Personnage biblique qui apparaît dans le Livre de la Genèse comme officier égyptien et maître de Joseph. La femme de Putiphar tenta de séduire Joseph, mais, comme il ne succomba pas à ses avances, elle accusa Joseph d'avoir tenté de la violer. Par conséquent, Putiphar mit Joseph en prison.
  • Potiphar, Wikipédia, l'encyclopédie libre(14 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Potiphar.
  • Putiphar, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pyrame et Thisbé

La légende des deux jeunes amants babyloniens fut racontée pour la première fois dans les Métamorphoses d’Ovide. Les parents de Thisbé et de Pyrame leur interdirent de s’unir, ce qui poussa les deux à se parler à travers une fissure du mur qui séparait leurs deux maisons. Un soir, les deux décidèrent de fuir ensemble ; ainsi projetèrent-ils de se donner rendez-vous au pied d’un mûrier en dehors de la ville. Lorsqu’arriva Thisbé, elle fut effrayée par une lionne. Elle s’évada, abandonnant son écharpe, que la lionne déchira par la suite. Pyrame, arrivant le second, vit l’écharpe en pièces et pensant que sa bien-aimée avait été dévorée par la lionne, se poignarda. Ensuite, Thisbé, de retour, vit son cher Pyrame mort par terre et se donna la mort de la même épée. Selon la légende, à cause du sang versé sur la terre, les mûres de l’arbre, jusqu’alors blanches, devinrent rouges.
  • Pyrame en gr. Puramos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pythagore (en gr. Puthagoras)

Mathématicien et philosophe grec, Pythagore vécut au VIe siècle. De nos jours, sa vie demeure mal connue. L’on croit qu’il naquit à Samos et qu’il vécut en Italie, où il fonda des communautés savantes qui propageaient une morale ascétique. Son œuvre nous est également mal connue aujourd’hui : aucun de ses écrits ne reste. Ceci dit, on attribue plusieurs découvertes à l’école pythagoricienne, dont la science principale était l’arithmétique. L’arithmétique de cette école est pourtant loin de celle que nous avons aujourd’hui. Celle-là était liée à la religion et au mysticisme : selon cette école, il existe un nombre entier qui correspond à toute chose. Pythagore exerça ainsi une influence sur la musique : certaines des formes géométriques des figures représentant les nombres sont harmonieuses, et l’harmonie musicale provient d’une mise en place de nombres appropriée. De ce fait, Pythagore provoqua une découverte important acoustique concernant la relation entre une corde vibrante et la hauteur du son émis. On attribue plusieurs autres découvertes à l’école pythagoricienne, notamment celle des nombres irrationnels (qui ne sont pas entiers). Pythagore nous est d’abord et avant tout connu pour le fameux théorème de Pythagore qui nous permet de calculer la troisième côté d’un triangle à partir des deux autres.
  • Pythagore en gr. Puthagoras, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pythias la Jeune

Pythias est la fille d'Aristote et de Pythias d'Assos, une biologiste et embryologiste et la première femme d'Aristote. Pythias d'Assos est connue pour avoir fait une grande collection de spécimens vivants et pour avoir collaboré avec Aristote dans l'étude de l'embryologie.

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Pères de l'Église

Depuis le XVIe siècle, l'historiographie moderne appelle Pères de l'Église des auteurs ecclésiastiques, généralement (mais non exclusivement) des évêques, dont les écrits, les actes et l'exemple moral ont contribué à établir et à défendre la doctrine catholique. Ce sont donc des personnages qui se recommandent par quatre caractéristiques : l'ancienneté, la sainteté, l'orthodoxie, l'approbation ecclésiastique.
Il y a quatre pères de l'Église d'Occident : Saint Ambroise, Saint Augustin, Saint Grégoire, Saint Jérôme.

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Pères du Désert

Représentants du clergé de l'Antiquité tardive (IIIe et IVe siècles) qui vécurent dans les déserts de l'Égypte, en hermites.

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Pélagianisme

Doctrine de Pélage et première hérésie de l'Occident chrétien, le pélagianisme est marqué par le stoïcisme et l'affirmation de la création et du libre arbitre aux dépens du péché originel. Par rapport à la vie conjugale, les idées pélagiennes élaborèrent une morale sexuelle du mariage fondée sur la maîtrise de soi (tradition ascétique). La doctrine fut combattue par saint Augustin et condamnée au concile d'Éphèse en 431.
  • Pélagianisme, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pénélope

Dans l'Odysée d'Homère, Pénélope est l'épouse fidèle par excellence, attendant son mari Ulysse, parti pour la guerre de Troie pendant de longues années, malgré l'insistance de beaucoup de prétendants.

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Pétrone (en latin Petronius Arbiter

Écrivain romain du Ier siècle, Pétrone est l'auteur du roman satirique Satyricon, considéré comme un des premiers romans de l'histoire littéraire.

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Quintilien (en lat. Marcus Fabius Quintilianus)

Rhéteur latin qui vécut entre 30 et 100 ap. J.-C. Sous l’empereur Vespasien, qui régna entre 69 et 79, Quintilien fut maître de rhétorique à Rome. Domitien, le second fils de Vespasien, fit de Quintilien le tuteur de ses neveux. Quintilien fut également l’auteur d’un ouvrage décrivant la formation de l’orateur, l’Institution oratoire. Dans l’ouvrage, qui comprend douze livres, il soutient les théories de l’auteur Cicéron contre celles de Sénèque.
  • Quintilien en lat. Marcus Fabius Quintilianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Quintilien, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 août 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Quintilien.

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Rachel

Selon le livre de la Genèse (XXIX-XXXV), Rachel était la fille de Laban et l'épouse préférée de Jacob à qui elle n'est accordée, par ruse, que suite au mariage de Jacob et de la sœur de Rachel, Léa. Mère de Joseph et de Benjamin, Rachel meurt sur le chemin du retour du pays de Canaan.
  • Rachel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Rachel, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachel.

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Raffaele Fulgosio (en latin Fulgosius)

Juriste à l'Université de Padoue, Raffaele Fulgosio (1367-1427) fut un intervenant important lors du Concile de Constance en 1414-15. Son œuvre la plus connue est In Justiniani Codicem Commentarii, un commentaire sur le Code Justinien en trois volumes.

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Raguel ou Reuel

Père de Sara et beau-père de Tobie.

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Rahab

Héroïne biblique du Livre de Josué, Rahab était la prostituée à Jericho qui cacha les deux espions de Josué et leur sauva la vie. Elle devint la femme de Salmôn et la mère de Boaz.

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Raulin, Jean

(1443-1514) Théologien français dont le recueil des sermons est publié pour la première fois en 1512.

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Raymond de Capoue (en lat. Raymondus; en it. Raimondo delle Vigne)

Raymond (1318-1399), maître général des Dominicains à partir de 1380, est considéré le deuxième fondateur de l'ordre fondé par Saint Dominique grâce aux réformes qu'il a introduites. Il était le confesseur de Sainte Catherine de Sienne.

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Rebecca

Personnage biblique du livre de Genèse, épouse d'Isaac, mère des jumeaux Esaü et Jacob. Sa grossesse était pénible parce que les deux enfants se battaient dans son sein. Dieu lui prédit que deux nations seront issues de ces deux garçons et que l'ainé servira le cadet. Par la suite, Rebecca aidera Jacob, le plus jeune et son préféré, à usurper la bénédiction qu'Isaac devait donner à Esaü.

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Rhodope

Esclave d’origine de Thrace au VIe siècle av. J-C, Thaïs travailla comme hétaïre (courtisane ou prostituée) à Samos où elle fut la maîtresse d'Ésope avant que Charax ne l'épouse et l'emmène en Egypte.

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Richard de Saint-Victor

Richard de Saint-Victor (1110-1173) était un moine écossais ou irlandais, prieur de l'Abbaye de Saint-Victor à Paris de 1162 à sa mort. Disciple de Hugues de Saint-Victor, Richard promulgua une théologie basée sur l'amour divine et le mysticisme intérieur. Il laissa 33 œuvres derrière lui, dont De la Trinité (en latin De Trinitate est la plus célèbre.

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Robert Gaguin (en latin Robertus Gaguinus)

Gaguin (1433 ou 1434-1501) était un religieux, historien, philosophe humaniste et diplomate français de l'ordre des Trinitaires. Son Compendium de Francorum origine et gestis (La mer des chroniques et miroir historial de France) est une histoire de la monarchie franque, puis française, des origines légendaires du Ve siècle jusqu'en 1500.

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Rodrigo Sánchez De Arévalo (en latin Rodericus Zamorensis ou Rodericus Sanctius)

Évêque, historien et théologien espagnol du XVe siècle (1404-1470), Sánchez De Arévalo était un plein participant à la vie politique de l'Église catholique de son époque et passa plusieurs années à Rome. Parmi ses œuvres l'Historia Hispanica, une histoire de l'Espagne depuis les commencements jusqu'en 1469, est cité par Claude Maillard dans Le bon mariage.

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Rois mages

Selon l'Évangile de Matthieu, ce sont des visiteurs guidés par une étoile "de l'Orient" qui rendent hommage à Jésus lors de sa naissance en lui apportant des présents d'une grande richesse symbolique.

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Romuald Ier de Bénévent

Fils aîné de Grimoald Ier de Bénévent, Romuald (630-687) succéda à son père comme Duc de Bénévent en 662 quand celui-ci part à la conquête de la Lombardie. (Le frère cadet de Romuald, Garibald, succéda à leur père comme roi des Lombards car sa mère était une princesse lombarde.) En 663, Bénévent fut assiégé par l'empereur byzantin Constant II, chassé seulement grâce à l'aide de Grimoald.
Contrairement à son père, Romuald se convertit au catholicisme.

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Romulus

Selon la légende romaine (de -753 à -715 av. J.-C.), Romulus, fils du dieu Mars et de la vestale Rhéa Silva, fut le fondateur et le premier roi de Rome.
  • Romulus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Romulus et Rémus, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Romulus_et_R%C3%A9mus.

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Royaume de Juda

Royaume formé par la région actuelle de Palestine après la mort du roi Salomon vers 931 av. J.-C. Lorsque Salomon meurt, dix tribus d'Israël se rassemblaient dans le nord pour former le royaume d'Israël tandis que les tribus de Juda et de Benjamin formaient le royaume plus religieusement homogène de Juda autour de Jérusalem au sud. Sa disparition intervint en -587 lors d'une campagne menée par le roi babylonien Nabuchodonosor II contre Jérusalem.
  • Juda (royaume de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Royaume de Juda, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_de_Juda.

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Royaume des Cieux (Royaume de Dieu ou Règne de Dieu)

Concept théologique du judaïsme, du christianisme, et de l'islam qui forme la base de la prédication de Jésus de Nazareth, qui introduit l'idée chrétienne d'une ère nouvelle de rédemption grâce à sa venue sur terre. Les gens qui y croient auraient accès à la vie éternelle.

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Ruben ou Reouven (en héb. ראובן)

Fils aîné de Jacob et Léa dans le livre de la Genèse, et l'ancêtre d'une tribu située dans le Mishor.
  • Ruben, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ruben (Bible)Wikipédia, l'encyclopédie libre (29 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ruben_(Bible).

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Rufinus de Syrie

Rufinus était un théologien chrétien, un prêtre et un auteur du IVe siècle qui entretint une correspondance avec Saint Jérôme.

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Ruth

Personnage biblique, son histoire fut racontée dans le Livre de Ruth dans l'Ancien Testament. Ruth était une veuve dont l'époux, Malchon, et le père et le frère décèderent dans le pays de Moab. Ruth suivit sa belle-mère à Bethléem où elle épousa Boaz, parent de Malchon. Leur fils, Obed, était le grand-père du roi David.
  • Ruth, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ruth, Wikipédia l'encyclopédie libre (12janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ruth_(Bible).

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Saint Adrien

Martyr à Nicomédie vers l'an 306 et époux de Sainte Natalie. Adrien était officier dans les armées de l'empire et il persécuta les chrétiens sous l'ordre de l'empereur Maximien Galère. Quelques années plus tard, Saint Adrien se convertit au christianisme. Il fut arrêté et torturé à son tour à Nicomédie.
  • Adrien de Nicomédie, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Adrien_de_Nicomédie.
  • Godescard, Jean François, La vie des saints, pères et Martyrs, Paris, Furne et Ce., 1844, p.407.
  • Adrien (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Albert le Grand (en lat. Albertus Magnus

(Lauingen v. 1193 - Cologne 1280). Albert le Grand était un philosophe, théologien et scientifique allemand. Il avait une formation dominicaine et fit ses études comme maître de théologie à l'université de Paris. Ensuite, il enseigna à Cologne. D'une érudition encyclopédique, il fit des commentaires sur la Bible (In psalmos ; In matthaeum), sur la théologie (Commentaire des Sentences ; De mystica theologica), sur le corpus aristotélien (Super duos libros Aristotelis Prihermenias ; Commentarium in De generatione et corruptione) et sur les sciences De secretis mulierum ; De vegetalibus et plantis).
  • Albert le Grand, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_le_Grand.
  • Albert le Grand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Aldhelm

Évêque anglais (vers 639 – 25 May 709) qui mit lui-même en musique ses poèmes anglo-saxons. Ses écrits, hymnes et chants anglo-saxons ont tous disparus, mais ses œuvres latines existent toujours. De ces œuvres, on y trouve un poème en l'honneur des vierges sacrées et un traité sur la virginité.
  • Aldhelm de Sherborne, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aldhelm_de_Sherborne.
  • Aldhelm (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Alexis (l'Homme de Dieu, Alexis de Rome, ou Alexis d'Édesse)

Saint chrétien né vers 411. La légende de sa vie est connue dans La Vie de saint Alexis, un assortiment de poèmes hagiographiques. Il s'embarqua vers la ville d'Édesse où il devint mendiant pendant dix-sept ans. Après il retourna à Rome et fut hébergé par son père qui ne le reconnaissait plus. Il a vécu sous un escalier pendant dix-sept ans, jusqu'à sa mort.

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Saint Amand

Évêque itinérant puis évêque de Maastricht, Saint Amand était l'évangélisateur du nord de la Gaule et est considéré comme le fondateur de l'Église en Belgique. Il est l'apôtre des Flandres et de Hainaut et le patron des corporations de brasseur et des marchands de vin. Il mourut à Elnone vers 679.
  • Amand de Maastricht, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Amand_de_Maastricht.
  • Amand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Ambroise (ou Ambroise de Milan)

Né à Trèves vers 340 ap. J.-C., Saint Ambroise fut évêque de Milan de 374 à 397. Docteur de l'Église, il est l'un des Pères de l'Église d'Occident avec saint Augustin, saint Jérôme et Grégoire 1er. Connu en tant qu'écrivain et poète, il fut aussi l'auteur de plusieurs œuvres et traités d'éthique chrétienne, dont De officiis ministrorum, en 3 livres, qui inclut par exemple De Cain et Abel. Un de ses ouvrages les plus célèbres est la dissertation De Virginibus, sur le virginité. Il meurt en 397.

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Saint Anastase (pape)

Né à Rome, Anastase le 1er fut le 39e pape, de 399 à 401 ap. J.-C. Anastase condamna les donatistes et les sectes hétérodoxes, et décida que les prêtres devaient se lever et tenir la tête inclinée durant la lecture de l'Évangile.
  • Anastase Ier (pape), Wikipédia l'encyclopédie libre (7 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anastase_Ier_(pape).
  • Anastase Ier (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint André (apôtre)

Un des douze apôtres du Christ, André, un Juif de Galilée, est le frère de Saint Pierre. Jésus l'appela à se joindre à lui quand André faisait de la pêche avec son frère, mais en fait André était le premier des apôtres à rencontrer Jésus, alors la tradition ecclésiastique lui donne le titre de Protoclet ou « Premier appelé » (par le Seigneur).

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Saint Anselme (Anselme de Cantorbéry, Anselme d'Aoste, ou Anselme du Bec)

Théologien et philosophe chrétien, il était un des plus grands écrivains mystiques de l'Occident médiéval, et certaines le considère comme le premier penseur scolastique. Il voulait comprendre la foi chrétienne et créa l'argument ontologique en faveur de Dieu.
  • Anselme de Cantorbéry, Wikipédia, l'encyclopédie libre (3 janvier 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 janvier 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anselme_de_Cantorbéry.
  • Anselme (saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Antoine le Grand (Antoine d'Égypte, Antoine l'Hermite, Antoine du Désert)

Né en 251 près d'Héraclée, dans la Haute-Égypte, saint Antoine est considéré comme le fondateur du monachisme chrétien. Sa vie nous est connue par le récit qu'en a fait Athanase d'Alexandrie, qui avait été quelque temps son disciple, vers l'an 360.
  • Pétin, L.-M.,Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 208-216. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 17 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Antoine le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Antoine le Grand, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 avril 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_le_Grand.

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Saint Antonin de Florence ou Antonino Pierozzi de Forciglioni

Saint Antonin, né en 1389 à Florence, était un dominicain et prélat italien. Il devint archevêque de Florence en 1445. Les principaux écrits de saint Antonin sont Somme théologique, dont il fit un abrégé à l'usage des confesseurs, et Chronique tripartite, un abrégé de l'histoire depuis la création du monde jusqu'en 1458.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 228-232. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 23 janvier 2013. https://gallica.bnf.fr/.
  • Antonin (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Athanase ou Athanase d'Alexandrie (en gr. Αθανάσιος)

Évêque d'Alexandrie et docteur de l'Église chrétienne, Athanase était l'auteur de plusieurs œuvres polémiques et dogmatiques des années 300.
  • Athanase d'Alexandrie, Wikipédia, l'encyclopédie libre(13 janvier 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Athanase_d'Alexandrie.
  • Athanase (Saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Aubert d'Avranches

Évêque d'Avranches mort vers 725. Selon la tradition, Saint Aubert eut trois visions dans lesquelles l'archange Michel lui ordonnait d'édifier une église en son honneur sur l'île rocheuse Mont Tombe sur la côte de la Noramndie. Ainsi, en 709 Aubert fonda le Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-Mer, ou simplement le Mont-Saint-Michel et y installa un chapitre de douze chanoines.

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Saint Augustin (en lat. Aurelius Augustinus)

(Thagiste, auj. Souk-Ahras 354 – Hippone, auj. Annaba 430 ap. J.-C.). Évêque africain, docteur et père de l’Église, Saint Augustin a un impact énorme et durable sur la théologie chrétienne, la philosophie logique et la théorie du sens. Parmi ses nombreuses œuvres les plus éminentes sont Les Confessions (397-401), texte autobiographique introspectf sur le voyage spirituel de l'auteur, et La Cité de Dieu (413-427). Les débats suscités par sa conception de la grâce continuent de nos jours; il insista que la grâce du Christ est un don de Dieu et que ce n'est pas à nous de la gagner par nos actes. Le fait que toute l'humanité est tarée par le péché originel et l'importance de la doctrine de la prédestination a fait de la théologie augustinienne le contrepoids de la théologie jésuite en France sous l'Ancien Régime.
  • Augustin (Saint) en lat. Aurelius Augustinus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Augustin d'Hippone, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 mai 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 mai 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d%27Hippone.

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Saint Basile de Césarée ou Basile le Grand (en gr. Basileios)

Né en Césarée de Cappadoce en 329, Basile mourut en 379. Docteur et père de l'Église qui fonda une communauté monastique en Cappadoce. Devenant évêque de Césarée en 370, il combattit contre l'arianisme de l'empereur Valens. Il est égalment l'auteur de plusieurs œuvres monastiques, théologiques et canoniques, y compris l'Hexaméron et le Contre Eunomios (contre l'arianisme).
  • Basile de Césarée, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Basile_de_C%C3%A9sar%C3%A9e.
  • Basile le Grand (saint) en gr. Basileios, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Benoît de Nursie

Né en 490 en Nursie, Italie, Saint Benoît est souvent vénéré comme patriarche des moines d'Occident. Sa vie n'est connue qu'à travers le récit des Dialogues, II par Grégoire le Grand. En 529 il fonda l'abbaye du Mont-Cassin et il y rédigea sa célèbre Règle Monastique de Saint Benoît en 547. La Règle décrit la vie spirituelle et matérielle des moines ainsi que l'organisation du monastère; elle reste la règle fondamentale des bénédictins.
  • Benoît de Nursie (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Bernard de Clairvaux

Saint Bernard (1090-1153) était moine et le directeur de conscience de l'ordre cistercien. Il devint une des principales personnalités de l'Occident chrétien. C'est un conservateur qui intervenait souvent dans les affaires publiques et conseillait les papes. En 1146, à la demande du pape Eugène III, il prêcha la deuxième croisade. Plus homme d'action et de spiritualité que théologien, il est cependant l'auteur de quelques traités polémiques, de sermons, et de poèmes.
  • Bernard de Clairvaux, Wikipédia, L'encyclopédie libre (3 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_de_Clairvaux.
  • Bernard de Clairvaux (Saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Bernardin (ou Bernardin de Sienne)

Prêtre franciscan (1380-1444) et un prédicateur important dont les sermons publiés avaient une grande influence au Moyen Âge et à la Renaissance.

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Saint Bonaventure (surnommé le Docteur séraphique)

Théologien italien (1221-1274) et Docteur de l'Église. Saint Bonaventure (Giovanni di Fidanza) s'inscrit dans la lignée augustinienne. Comme philosophe et mystique, Saint Bonaventure est aussi l'auteur de plusieurs œuvres, tel que l'Itinéraire de l'âme vers Dieu.
  • Bonaventure (saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 455-462. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 10 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Cyranides, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bonaventure_de_Bagnoregio.

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Saint Cyprien de Carthage (en lat. Thascius Caecilius Cyprianus)

Écrivain latin chrétien et Père de l'Église né vers 200, mort en 258, il fut nommé évêque de Carthage en 248. Il prêcha l'indulgence en faveur des chrétiens qui avaient abjuré. Il laissa plusieurs œuvres dont Des faillis, De l'unité de l'Église, des Lettres, précieux témoignage de leur temps, et De habitu virginum, ou Les habits des vierges, qui doivent être simples et modestes.
  • Cyprien (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cyprien de Carthage, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage.

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Saint Cyrille (ou Cyrille d'Alexandrie)

Un évêque d'Alexandrie et un des Pères de l'Église. Cyrille fut neveu et successeur de Théophile, et un saint chrétien.

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Saint Denys l'Aréopagite

Selon les Actes des Apôtres, Denys fut le converti de Paul et le premier évêque d'Athènes.
Il est surtout connu pour la fausse attribution des traités chrétiens de théologie mystique écrits par le Pseudo-Denys l'Aréopagite. En dépit de sa fausseté, l'attribution fut significative. À l'époque, emprunter le nom d'un personnage pour lui attribuer une œuvre était une manière de la situer dans un courant de pensée, ainsi l'attribution représente-t-elle une des tentatives faites par l'Église de réconcilier le message évangélique et la tradition néoplatonicienne.

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Saint Denys ou Denis (en lat. Dionysius, surnommé l’Aréopagite)

Évêque et martyr, membre du célèbre tribunal de l’Aréopage, qui siégeait à Athènes. Il fut converti par l’apôtre Paul, lorsque celui-ci vint, en 51, prêcher l’Évangile à Athènes. Il devint ensuite le premier évêque de cette ville et il y fut martyrisé vers l’an 95, pendant la persécution de l’empereur Domitien.

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Saint Deusdedit

Deusdedit était un laboureur romain dont les vertus et la charité étaient reconnus dans les Dialogues de Grégoire le Grand et dans la Martyrologie romaine. Chaque samedi il distribuait aux pauvres ce qu'il a pu gagner pendant la semaine. Il mourut vers la fin du Ve siècle.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 739. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 23 juillet 2020. https://gallica.bnf.fr/.

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Saint Dominique

Prédicateur castillan né vers 1170, Dominique de Guzman est le fondateur de l'ordre des Prêcheurs appelés couramment les « dominicains ». Il étudia la théologie et la philosophie avant d'entrer comme chanoine régulier au chapitre d'Osma. Après un voyage à Rome en 1205, il passa par l'Occitanie et y rencontra l'hérésie cathare et pour concurrencer les institutions cathares il fonda un monastère de femmes à Prouille. Dominique suivit les croisades mais ne prit aucune part à la guerre; il obtint un grand nombre de conversions par la persuasion et la prédication. À son retour il s'établit à Toulouse avec quelques compagnons de mission et se mit à prêcher dans tout le territoire. Après les réticences d'Innocent III, l'ordre des Prêcheurs fut approuvé officiellement par pape Honorus III en 1216. Il mourut en 1221 à Bologne, et fut cannonisé peu après en 1234.
  • Dominique de Guzmán , Wikipédia l'encyclopédie libre (11 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_de_Guzmán.
  • Dominique (Saint) [Domingo de Guzmán], Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Elzéar ou Elzéar de Sabran (en lat. Elzearius)

Saint Elzéar, comte d'Arian, né en 1285 à Robians, dans le diocèse d'Apt, épousa Delphine de Glandèves en 1299. Elle imposa un mariage virginal à son époux; Elzéar et Delphine firent d'un commun accord leur vœu de chasteté en 1316.
Parmi ses charges politiques, il fut régent du Royaume de Naples. Elzéar fut canonisé en 1369.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 839-843. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 21 janvier 2013. https://gallica.bnf.fr/.
  • Elzéar de Sabran, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 janvier 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Elzéar_de_Sabran.

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Saint Euthyme le Grand 

Abbé en Palestine, né en 377 à Mélitène, dans la province de Petite-Arménie, et mort le 20 janvier 473. Il est le père et le fondateur du grand mouvement monastique qui allait remplir le désert de Palestine. Il passa soixante-sept ans dans la solitude et mourut célèbre par son humilité, sa charité et son observance de la règle monastique.

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Saint François d'Assise

Moine catholique italien et fondateur de l'ordre des frères mineurs, une organisation catholique pour les hommes qui ne pouvaient pas suivre la vie nomade de prédicateurs. Ces hommes suivaient, alors, les lois de Saint François. C'est le patron des animaux et de l'environnement.
  • Francis of Assisi, Wikipédia, l'encyclopédie libre(10 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://en.wikipedia.org/wiki/Francis_of_Assisi.
  • Franciscan, Wikipédia, l'encyclopédie libre(12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://en.wikipedia.org/wiki/Franciscan.
  • François d'Assise, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Fulgence

Né à Thelepte vers 467, Saint Fulgence était un fonctionnaire, un moine et puis l'évêque de Ruspe. Il professa l'augustinisme et défendit le christianisme orthodoxe dont la doctrine ne s'était pas encore affermie dans la région de Byzacène (de nos jours la Tunisie). Lors son exil en Sardaigne par le roi Thrasamund, il fonda le monastère de Cagliari et écrivit plusieurs ouvrages théologiques pour instruire les chrétiens d'Afrique, dont un recueil de 18 lettres sur différentes questions de morale.
  • Fulgence de Ruspe, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fulgence_de_Ruspe.
  • Fulgence (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Grégoire 1er (le Grand)

Né vers 540 ap. J.-C., Saint Grégoire le Grand était un docteur de l'Église et le 64e pape. Il est l'un des quatre Pères de l'Église d'Occident (avec Saint Ambroise, Saint Augustin et Saint Jérôme). Grâce à lui, la papauté devint la principale puissance de l'Occident. Il fut l'auteur des Moralia in Job, des Dialogues et de la Regula pastoris, traité d'administration de l'Église. C'est à lui que l'on doit le nom de "chants grégoriens". Mort le 12 mars 604.
  • Grégoire Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Grégoire_le_Grand .
  • Grégoire Ier Le Grand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Grégoire de Nazianze

Saint Grégoire (v.330 – v.390), docteur de l'Église et archevèque de Constantinopole, fut surnommé le Théologien à cause de sa profonde connaissance de la religion chrétienne. Il est l'auteur de deux discours Contre Julien (l'Apostat) et de cinq Discours théologiques dans lesquels il développe la théologie chrétienne et principalement la nature divine de l'Esprit Saint comme personne de la Trinité. Sur la fin de sa vie, il composa des poèmes sur des sujets de piété, afin de contribuer à l'édification des fidèles.
  • Grégoire de Nazianze, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 juin 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grégoire_de_Nazianze.
  • Grégoire de Nazianze (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Godescard, Jean François, La vie des saints, pères et Martyrs, Paris, Furne et Ce., 1844, p.216-218.

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Saint Jacques, dit le Majeur

L'un des douze disciples de Jésus Christ qui serait mort par le sabre sur ordre d'Hérode Agrippa Ier (Actes des Apôtres 12, 2). Il est considéré comme l'apôtre de l'Espagne car, selon une légende, son tombeau se trouverait dans la ville de Compostelle en Galice.
  • Jacques de Zébédée, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_de_Z%C3%A9b%C3%A9d%C3%A9e.
  • Jacques (saint) dit le Majeur, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Jean Chrysostome

Docteur de l'Église et prêtre d'Antioche vers 349 ap. J.-C. ; c'est un saint de l'Église catholique romaine, de l'Église orthodoxe et de l'Église copte. Il devint célèbre pour sa prédication et son éloquence, d'où vient son surnom de Chrysostome, en grec chrysóstomos, littéralement Bouche d'or. Cependant, son œuvre, qui comporte des traités ascétiques et un grand nombre d'homélies, ne supporta ni le luxe du haut clergé ni l'adultère de l'impératrice, ce qui lui valut d'être enfin exilé en 404.
  • Jean Chrysostome, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Chrysostome, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Chrysostome.

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Saint Jean Damascène

Né vers 696 ap. J.-C., Jean Damascène fut un Père de l'Église grecque à Damas. Il est l'auteur de plusieurs traités doctrinaux importants. Dans son œuvre Source de la connaissance, il défendit les vérités philosophiques contre le scepticisme, et dans De fide orthodoxa il se lança dans une controverse avec l'Islam, qu'il classa parmi les hérésies. Il mourut le 4 décembre 749, et fut déclaré docteur de l'Église catholique par le pape Léon XIII en 1890.
  • Jean Damascène, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Damascène, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Damascène.

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Saint Jean l'Aumônier

Jean l'Aumônier, patriarche d'Alexandrie, naquit vers l'an 556 à Amathonte en Chypre, dans une famille noble et riche. Il s'engagea de bonne heure dans l'état du mariage, mais ayant perdu sa femme et ses enfants, il résolut de renoncer entièrement au monde. Il entra alors dans l'Église et déménagea à Alexandrie en Égypte, où il fut nommé archevêque et patriarche de la ville en 608. Dès son arrivée, il recensa les pauvres et les sans domicile fixe. Jean les logea tous dans son palais patriarcal et la nourriture ne manqua jamais grâces aux prières et miracles de celui-ci. Lors de l'invasion de la Palestine par les Perses, de nombreux réfugiés vinrent se cacher à Alexandrie. Jean les accueillit chez lui avec un grande générosité. Les Perses ayant envahi l'Egypte, saint Jean, afin d'échapper à leur fureur, s'embaraqua pour l'île de Chypre. Il mourut à Amathonte, vers l'an 619, âgé de soixante-quatre ans.

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Saint Jean l'Évangéliste (Apôtre)

Un des douze  principaux apôtres, on l'appelle Jean l'Apôtre, Jean l'Évangéliste, Jean le Théologien, ou Le disciple que Jésus aimait pour le distinguer de Jean le Baptiste. Saint Jean avait été choisi vierge et resta vierge toute sa vie. Selon saint Jérôme, cette pureté lui mérita la garde de Marie, la mère de Jésus. Saint Jean assista à la Transfiguration et à la Passion, et accéda avec saint Pierre au tombeau vide. Saint Jean mourut à Éphèse, âgé d'environ quatre-vingt-quatroze ans. La tradition lui attribue la quatrième Évangile, trois épîtres, et l'Apocalypse.

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Saint Jean-Baptiste

Saint-Jean Baptiste (aussi appelé le Baptiste) fut un prophète juif. Les Évangiles reconnurent en lui certaines qualités chrétiennes ; ainsi fut-il surnommé le Précurseur. Il vécut dans le désert (possiblement celui de Juda) et trouva des disciples, leur prêchant la conversion intérieure et annonçant la venue prochaine du Messie. Selon Marc I,IX Jésus fut baptisé par lui dans l’eau du Jourdain, où il pratiquait d’habitude le baptême. Il mourut par décollation (décapitation) sur un ordre donné par Hérode Antipas, comme demandé par Salomé (princesse juive). Elle aurait dansé devant Antipas, son oncle, et demanda la décollation comme récompense.
  • Jean-Baptiste (saint) ou le Baptiste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Joachim

Époux de sainte Anne et père de la Vierge Marie, selon la tradition catholique et orthodoxe. L’Écriture sainte ne fait de lui aucune mention formelle. Il aurait vécu au premier siècle.

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Saint Joseph

Dans l'Évangile, Saint Joseph est l'époux de Marie et père nourricier de Jésus. Il est présenté comme un homme justequi a accepté d'accueillir Marie et son enfant suite au message de l'ange.
  • Joseph (Nouveau Testament), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_(Nouveau_Testament).
  • Joseph (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Julien l'Hospitalier

Martyr et époux de sainte Basilisse. Un jour, rentrant de la chasse, Julien trouva donc dans son lit un homme et une femme, qu'il pensa être sa femme et un amant; il les tua tous les deux. Mais c'étaient ses parents, dont la mort de sa main avait été prédit.
Julien s'enfuit et vit dans la pauvreté. Les deux époux finirent par consacrer tous leurs biens à des œuvres de charité et firent de leur maison une espèce d'hôpital pour les pauvres et les malades. Julien fut martyrisé, vers l'an 313, sous l'empereur Maximin II. Il est notamment le patron des charpentiers, des hôteliers et des passeurs.

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Saint Justus Orgelitanus (ou Urgellensis)

Justus fut le premier évêque d'Urgell, un comté de Catalogne, entre 526 et 546, approximativement. Son ouvrage le plus connu est un commentaire sur La cantique des cantiques.
  • Oliver A. Taylor, Catalogue of the Library of the Theological Seminary in Andover, Mass, Andover, Gould and Newman, 1838, p. 253. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.
  • Catalogue of the Printed Books in the Library of the Faculty of Advocates,, vol. 4, Edinburgh and London, William Blackwood and sons, 1876. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.
  • James Darling, Cyclopaedia Bibliographica: A Library Manual of Theological and General Literature, vol. 2, London: J. Darling, 1854, p. 1703. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.
  • J. Doujat, Histoire du droit canonique, Paris, Michel Petit, 1675. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.

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Saint Jérôme

Ce Père de l’Église, qui vécut de 342 à 420, connu pour son rigorisme, mena une vie austère, d’abord en ermite dans le désert en Syrie. Après un séjour à Rome pour établir la Vulgate, la première version latine de la Bible, il passa les trente dernières années de sa vie isolé dans un monastère en Palestine.
En 393, il écrit un traité polémique Contre Jovinien (en lat. Adversus Jovinianum), où il critique les thèses du moine Jovinien, qui était un opposant de l'ascétisme chrétien au IVe siècle.
On a aussi un recueil de ses Epîtres.
  • Saint Jerôme, 342-420, Le dossier pédagogique, Bibliothèque nationale de France, Internet, 21 janvier 2010.
  • Jérôme de Stridon, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jérôme_de_Stridon.

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Saint Laurent Justinien

Né en 1381 à Venise, Saint Laurent Justinien était un religieux catholique italien au XVe siècle. Il fut l'évêque de Castello et le premier patriarche de Venise. Considéré comme un grand réformateur, il est l'auteur des Degrés de la perfection. Il mourut en 1455 et fut canonisé en 1690 par le Pape Alexandre VIII.
  • Laurent Justinien, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Justinien.
  • Laurent Justinien (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Luc (Apôtre)

Auteur du troisième Évangile, Luc est identifié avec le compagnon de saint Paul de L'Épître aux Colossiens, (IV:XIV). En plus, la tradition lui attribue les Actes des Apôtres.
  • Luc (saint) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Macaire d'Alexandrie 

Saint Macaire, né vers 293, était confiseur à Alexandrie. À l'âge de 40 ans, il décida de devenir moine au désert auprès d'Antoine. Devenu prêtre, Macaire était célèbre pour ses austérités extraordinaires et ses exploits ascétiques. À partir de 335 et pendant sept ans, il ne vécut que de légumes et d'herbes crues. La rigueur de son ascèse le fit reconnaître. Il vécut une soixantaine d'années au désert et mourut en 393. On a de saint Macaire un Discours sur la mort des justes, et on lui attribu aussi les Règles des Moines, ouvrage qui se trouve dans le Codex regularum.

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Saint Marc

Un des douze apôtres choisis par Jésus-Christ. L'Évangile selon Marc est le deuxième des quatre évangiles du Nouveau Testament, et aussi le plus bref et le plus ancien de ces livres bibliques, centré sur la vie adulte de Jésus.
  • Évangile selon Marc, Wikipédia, l'encyclopédie libre (24 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 janvier 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Évangile_selon_Marc.
  • Évangile (Marc), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Martin de Tours (surnommé Saint Martin le Miséricordieux

Évêque de Tours, né à Sabarie dans la Pannonie, en 316, et mort à Candes en 397. Il est un des principaux saints de la chrétienté et le premier saint à être vénéré sans avoir subi le martyre. Sa Vie par son disciple Sulpice Sévère répandit son culte dans toute la Gaule ; son tombeau devint le centre d'un important pélerinage.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 425-432. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 5 juillet 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Martin de Tours, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 juillet 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Martin.

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Saint Matthieu

Appelé Lévi par Marc et Luc, Matthieu est l'un des douze apôtres. Son évangile est le premier des quatre évangiles canoniques; il raconte la passion, l'envoi en mission, la mort et la résurrection du Christ selon la perspective de Matthieu en s'appuyant beaucoup sur l'Évangile selon Marc.
  • Évangile selon Matthieu, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Évangile_selon_Matthieu.
  • Matthieu (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Nicostrate

Chef de la Cour Impériale à Rome dans la seconde moitié du troisième siècle et mari de Sainte Zoe. Nicostrate fut emprisonné par l'empereur Dioclétien après avoir été converti au christianisme par saint Sébastien. Nicostrate fut torturé et jeté dans la mer avec Claude, Castor et Victorin.
  • Godescard, Jean François, La vie des saints, pères et Martyrs, Paris, Furne et Ce., 1844, p.45-46.

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Saint Paul

Paul naquit à Tarse (ville de l’ancienne province romaine Cilicie en Turquie) environ 5 av. J.-C. Il fut un des douze apôtres du Christ et il travaillait en particulier auprès des non-juifs, ce qui lui a donné le surnom l’Apôtre des gentils. Nous connaissons son travail grâce aux Actes des Apôtres et à ses quatorze Épîtres. Juif fervent, nommé Saül, il commença par lutter contre le christianisme, pourtant, à cause d’une vision du Christ sur le chemin de Damas, il changea d’avis et se convertit. Dès lors, il fit trois voyages missionnaires en Asie Mineure, Macédoine et Grèce pour fonder d’autres communautés proto-chrétiennes. Il fut accompagné pendant ces voyages par les apôtres Barnabé et Marc et par les compagnons Timothée, Tite et Silas. Paul fut arrêté à Jérusalem, incarcéré et ensuite transféré à Rome où, selon la tradition, aurait été exécuté (vers 62 ou 64 ap. J.-C.).
  • Paul (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Pierre

Dans les Evangiles de la Bible, Pierre est le principal apôtre. Jésus qui lui donna son nom de Képhas Pierre : Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église (Matthieu XVI, 18) ; jusqu’alors, Pierre s’appelait Simon et il était un pêcheur sur le lac de Tibériade en Galilée. Pierre fut le premier à suivre Jésus, avec son frère, André. Tous les deux devinrent ensuite des apôtres. Pierre assista à plusieurs miracles religieux et événements majeurs pendant sa vie, notamment la Transfiguration, la Passion et l’arrestation de Jésus. Il vit également le tombeau de Jésus vide; par la suite, avec les douze autres apôtres, il assista à l’apparition du Christ dans la grotte. Selon Jean XXI, 15-17, Pierre devint le chef de l’Église de Jésus après la Résurrection. En outre, selon la Tradition Catholique Romaine, il aurait été le premier évêque de Rome. En 64, sous Néron, il fut martyrisé. On attribue à Pierre deux Épîtres canoniques, écrites sous son nom.
  • Pierre (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Pierre Chrysologue ou Pierre de Ravenne

Né à Imola dans la Romagne, saint Pierre Chrysologue, c'est-à-dire « qui parle d'or », fut théologien et archevêque de Ravenne vers l'an 433 jusqu'à sa mort, en 450.

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Saint Prosper d'Aquitane

Théologien, moine et écrivain chrétien né en Aquitaine vers 390, Saint Prosper était un disciple de Saint Augustin d'Hippone. Il prit le parti d'Augustin contre les pélagiens et il se mit à propager sa pensée et sa doctrine à Rome. Il y mourut entre 455 et 463. Ses œuvres principales sont Sur la vocation des gentils et la Chronique.
  • Prosper d'Aquitane, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Prosper Tiro, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Prosper.

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Saint Rupert de Salzbourg

Né vers 660 ap. J.-C., Saint Rupert fut le premier évêque de Salzbourg en Autriche. D'une famille mérovingienne, il fut nommé évêque de Worms vers 697 avant de partir évangéliser la Bavière. En 699 le duc Théodon de Bavière lui donna les restes ruinés de la ville de Juvavum, aujourd'hui Salzbourg, et il y érigea la première église dans la région, l'église de saint Pierre, ainsi que le premier monastère. Selon la tradition, Rupert instaura l'exploitation du sel à Salzbourg, ce qui donna à la ville son nouveau nom. Il est considéré comme l'apôtre de la Bavière, de la Carinthie et de l'Autriche.

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Saint Sévère de Ravenne (en lat. Severus de Ravenna)

Un pauvre homme du IVe siècle, Sévère fut désigné par un colombe qui atterit trois fois sur son épaule au moment où il regardait l'élection pour le nouvel évèque de Ravenne. Le peuple considéra que c'était Sévère qui devait être élu. Sévère décéda en 348.

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Saint Thomas (surnommé Didyme)

Un des douze apôtres des Évangiles, la légende lui fait l'évangélisateur des Indes. Dans l'Évangile selon saint Jean, Thomas refuse de croire à la résurrection de Jésus avant d'avoir touché ses plaies; il devint ainsi symbole de la persévérance de la foi face au doute religieux. Selon la légende, il meurt martyr à Mylapore, près de Chennai.
  • Thomas (apôtre), Wikipédia l'encyclopédie libre (24 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_(apôtre).
  • Thomas (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Thomas d’Aquin

Thomas d'Aquin (c. 1224-1274) est célèbre pour son œuvre théologique et philosophique. Considéré comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, canonisé en 1323, il fut proclamé docteur de l'Église en 1567. Son ouvrage le plus célèbre est sans doute sa Somme théologique écrit entre 1266 et 1273 et resté inachevé, mais il publia de son vivant beaucoup d'autres ouvrages.

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Saint Théophylacte d'Ohrid

Père de l'Église orthodoxe du XIIe siècle, Saint Théophylacte fut né sur l'île d'Euripe en Eubée vers 1054. Théologien et orateur inspiré et professeur de rhétorique à l'académie patriarcale, Théophylacte fut consacré évêque d'Ohrid dans l'empire de Bulgarie-Macédonie par l'empereur de Byzance. Il fut métropolite de l'Église de Bulgarie durant 25 ans. Grand érudit et commentateur de l'Écriture, il fit une exégèse complète du Nouveau Testament ainsi que des commentaires sur le texte grec des Psaumes et sur les Prophètes de l'Ancien Testament.

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Saint Timothée

Timothée vécut à Lystres, en Asie Mineure, au premier siècle. Selon les Actes des apôtres 17, il accompagna Paul pendant ses deux derniers voyages missionnaires. Il mourut à Éphèse (une cité d’Ionie, en Turquie). Il est le destinataire de deux Épîtres pauliennes.
  • Timothée (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Timothée de Lystre, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 juillet 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Timoth%C3%A9e_de_Lystre.

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Saint Tite

Apôtre du Christ d'origine grecque, Tite fut collaborateur et compagnon de Saint Paul pendant la 1ère siècle AD. Connu pour sa clarté et sa fermeté comme diplomat, Tite joua un rôle éssentiel en ramenant la paix dans l'Église de Corinthe. Il contribuait aussi à l'organisation de l'Église crétoise, où Paul lui ordonna comme évèque. Il est célébré le 25 août par l'Église orthodoxe et le 26 janvier par l'Église catholique, avec son contemporain Saint Timothée.

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Saint Valérien

L'un des quarante martyrs de Sébaste en Arménie, souffrit diverses tortures pendant la persécution de l'empereur Licinius, et fut ensuite condamné, ainsi que ses compagnons, à être exposé nu sur un étang glacé où ils moururent presque tous de froid. Comme ceux qui vivaient encore ne pouvaient plus marcher, à cause de l'engourdissement de leurs membres, on les chargea sur des voitures pour les conduire à un bûcher où leur corps furent livrés aux flammes, l'an 320. 10 mars. 
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 1222. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 3 décembre 2012. https://gallica.bnf.fr/.

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Saint Zacharie (père de Saint Jean-Baptiste)

Prêtre juif et miraculeusement père de Saint Jean-Baptiste, malgré la stérilité de sa femme Élisabeth. L'histoire de Saint Zacharie et Sainte Élisabeth paraît dans l'Évangile de Luc.

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Saint Étienne

L'un des sept premiers diacres choisis par les apôtres (Actes des Apôtres 6, 1-6) considéré comme le premier martyr chrétien.

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Saint-Esprit (Esprit saint ou l'Amour du Père et du Fils)

Dans le christianisme, le Saint-Esprit est l'Esprit de Dieu et la troisième personne de la Trinité. Dans le Nouveau Testament, on dit que le Saint-Esprit diffère du Père et du Fils et avec eux forment tous les trois un seul Dieu. Le dogme de la Trinité a été formulé progressivement, mais il tire son origine lors des conciles anciens; particulièrement, le premier concile de Nicée.

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Sainte Agnès

Sainte Agnès de Rome (209-303 ap. J.-C.) était une vierge et martyre dont l'histoire est racontée par saint Damase, saint Ambroise et d'autres. À l'âge de douze ans, ayant refusée les avances du fils d'un préfet romain puisqu'elle était chrétienne et promise à Jésus-Christ, Agnès fut enfermée dans un lupanar. Lorsque le fils du préfet vint la conquérir, un démon l'étrangla et il mourut. Son père, le préfet, ordonna qu'Agnès soit brulée mais le feu l'épargna et tua le bourreau. Enfin Agnès fut égorgée. Elle est la patronne de la chasteté, des couples, de la pureté corporelle, des filles, des victimes de viol et des vierges.

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Sainte Aldegonde

Sainte et abbesse Franque, né vers 630, Aldegonde est la patronne du cancer et des plaies. Elle est la Sainte la plus reconnue des Saints Mérovingiens. Elle fit construire l'Abbaye de Mauberge entre 659 et 661, s'étant consacrée à Dieu suite à son refus de se marier. Elle mourut en 684 d'un cancer au sein.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 93-94. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 8 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Aldegonde, Wikipedia, the Free Encyclopedia (6 mars 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 mars 2012. https://en.wikipedia.org/wiki/Aldegonde.

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Sainte Anne

Épouse de saint Joachim et mère de la sainte Vierge Marie. On ignore les détails de sa vie et l’année de sa mort, mais elle aurait vécu au premier siècle. L’Écriture sainte ne fait d’elle aucune mention formelle.

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Sainte Barbe (en lat. Barbara)

Vierge et martyre à Nicomédie, en l'an 235, pendant la persécution de l'empereur Maximin Ier. Elle fut emprisonnée pour la foi et subi la torture des lampes ardentes. Ensuite, on lui brûla certaines parties du corps et on lui coupa les mamelles, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Elle fut enfin décapitée par son père, Dioscore.

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Sainte Basilisse

Originaire d'Égypte, elle épousa saint Julien l'Hospitalier. Sainte Basilisse demeura vierge à partir du jour de leur mariage. Saint Julien et sa femme prenaient soin des malades qui résidaient dans leur maison qui fût transformé en hôpital.

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Sainte Blésille

Fille de Sainte Paule et sœur de Sainte Euſtochium, elle devint comme elles une disciple de Saint Jérôme une fois devenue veuve à l'âge de 18 ans. Blésille n'a pas eu l'occasion de suivre Jérôme dans le désert comme sa mère et sa sœur parce qu'elle pratiquait le jeûne comme discipline spirituelle de façon si stricte qu'elle s'affaiblit et finit par mourir à l'âge de 20 ans.

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Sainte Brigitte de Suède

Née en 1303, cette mère de huit enfants devient veuve en 1344 de son mari le prince Ulf Gudmarson. Retirée dans un l'abbaye suédois de Wadstena, qu'elle fonda, elle finit par s'établir à Rome, où elle se consacre à des pèlerinages, une vie d'intense apostolat et de prière assidue. Renommée pour ses prophéties, elle n'hésita pas à donner ses avis politiques sur la gouvernance des états. Décédée en 1373, elle a travaillé de son vivant pour l'unité au sein de l'Église catholique.

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Sainte Catherine de Gênes

Mystique italienne et veuve, née à Gênes en 1447, morte le 14 septembre 1510. Elle est l’auteur d’un Traité sur le Purgatoire et un Dialogue où elle insiste particulièrement sur la nécessité de la mortification universelle et de l’humilité parfaite.

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Sainte Catherine de Sienne

Née à Sienne en 1347, Catherine était une mystique italienne du tiers ordre de Saint-Dominique qui exerça une grande influence sur l'histoire de la papauté et sur l'Église Catholique. Elle se fit connaître par sa passion et les phénomènes mystiques et elle réunit vite un cercle de disciples. Catherine accomplit deux missions à Avignon avec l'aumônier des dominicains en tant qu'ambassadrice de Florence et son influence auprès du pape Grégoire XI jouait un grand rôle dans sa décision de quitter Avignon pour Rome en 1377. Pendant le grand Schisme d'Occident elle écrivit de nombreuses lettres aux princes et cardinaux pour promouvoir l'obéissance au pape Urbain VI.
Elle mourut en 1380. Publié en 1472, son œuvre principale, Le Dialogue de la Divine Providence, est un ensemble de traités spirituels écrits sous forme d'un dialogue entre elle et Dieu. L'Église reconnut sa grande influence et l'importance théologique de ces écrits. Elle fut canonisée en 1461, déclarée sainte patronne de Rome en 1866 et de l'Italie en 1939, et (avec Thérèse d'Avila) elle fut la première femme déclarée Docteur de l'Église en 1970.
  • Catherine de Sienne, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Catherine_de_Sienne.
  • Catherine de Sienne (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pétin, L.-M.,Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 531-537. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 1 mai 2013. https://gallica.bnf.fr/.

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Sainte Cunegonde (ou Kinga) de Pologne

Fille du roi d'Hongrie Béla IV et reine de Pologne qui fut mariée à Boleslas le Pudique en 1239. Cunegonde servait elle-même des pauvres dans les hôpitaux en Pologne.

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Sainte Cunégonde de Luxembourg

Impératrice germanique née vers 975 et morte le 3 mars 1033 ou 1039 à Kaufungen. Elle épousa en 998 le duc Henri de Bavière qui devint l'empereur Henri II et fut plus tard canonisé. Comme les époux laissèrent une réputation de piété et qu'ils n'eurent pas d'enfant, une légende tardive veut qu'ils aient fait vœu de continence au soir de leurs noces. À la mort de son mari, sainte Cunégonde se retira à l'abbaye de Kaufungen qu'elle avait fondée.
  • Cunégonde (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cunégonde de Luxembourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 mars 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cunégonde_de_Luxembourg.

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Sainte Cécile (Cécile de Rome ou Sainte Aziliz)

Sainte chrétienne connue par une légende de la fin du Ve siècle. Elle était fiancée à Valérien mais elle le convainquit de respecter sa décision de démeurer vierge et le convertit dans la chambre nuptiale. Les deux sont devenus martyrs.
  • Cécile de Rome, Wikipédia, l'encyclopédie libre(20 janvier 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Cécile_de_Rome.
  • Cécile (sainte), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sainte Delphine

Delphine de Glandèves (ou de Sabran), née en 1283 à Pui-Michel dans les Alpes provençales, fut l'épouse de Saint Elzéar, comte d'Arian. Le jour de leurs noces, Elzéar et Delphine s'engagèrent, d'un commun consentement, à passer toute leur vie dans la continence. Veuve en 1323, Delphine continua à vivre à la cour de Naples où pendant 17 ans elle fut la confidente de la reine Sancia.
Bien que désignée comme une sainte dans l'imaginaire populaire, Delphine ne fut jamais canonisée, contrairement à son mari.

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Sainte Démétrias

Né en 398 d'une illustre famille romaine, à 15 ou 16 ans Démétrias était sur le point d'être mariée quand elle refusa en faveur d'une vocation religieuse. Elle fut influencée par ses contacts et correspondance avec Saint Augustin et Saint Jérôme, dont la Lettre à Démétrias (en latin Epistola ad Demetriadem) la félicite de son choix tout en lui recommendant une pratique spirituelle stricte.

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Sainte Eustochie (en lat. Eustochium

Vierge et abbesse, née à Rome vers l’an 364. Elle est la sœur de sainte Blésille et la fille de sainte Paule à laquelle elle succéda à la tête du monastère de Bethléem. Vers l’an 382, elle prit saint Jérôme pour son guide spirituel, et s’engagea à rester toute sa vie dans l’état de virginité. À cette occasion, saint Jérôme lui adressa une lettre intitulée De custodia virginitatie, son traité De la Virginité, plus connu sous le nom de Lettre à Eustochie.
Hymettius, un oncle d'Eustochie, ainsi que sa femme, Prætextata, essayèrent vainement de la persuader la jeune femme de quitter cette vie austère et de jouir des plaisirs du monde, mais elle resta ferme dans sa vœu de virginité perpétuelle.
Sainte Eustochie mourut un an avant saint Jérôme, l’an 419, et fut enterrée auprès de sa mère.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 950-951. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 4 juillet 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Eustochium, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 juillet 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eustochium.

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Sainte Félicité

Sainte Félicité de Rome était veuve martyre avec ses sept fils en 150 ou 164.

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Sainte Hélène

Concubine de l'empereur Constance Ier Chlore et mère de l'empereur Constantin Ier le Grand, Hélène fut proclamée Augusta par son fils en 325. On lui attribue la découverte de la Sainte Croix lors de son pèlerinage à Jérusalem et à Bethléem en 326.

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Sainte Marcelle

Sainte Marcelle (m. 410), une jeune veuve à l’époque de Saint Jérôme, refusa d’épouser le riche vieillard Céréalis, ancien prefet de Rome et (en 358) consul romain. Marcelle préféra la vie monastique ; elle vécut le reste de sa vite dans une retraite religieuse; Jérôme la conseillait.
En 409 lors du sac de Rome par les Goths, elle protège les vierges qui partagent son asile; elle meurt peu après.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 370-371. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 24 février 2016. https://gallica.bnf.fr/

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Sainte Marguerite d'Écosse (en anglais Margaret of Scotland)

Une princesse anglo-saxonne née en Hongrie en 1045, Marguerite et sa famille retournèrent de leur exil en 1057 pour que son frère puisse réclamer le throne d'Angleterre. Ils durent fuir en Écosse en 1066 lors de la victoire de Guillaume le Conquérant. En 1070, Marguerite épousa Malcolm III, roi d'Écosse. Très pieuse, connue pour ses œuvres charitables, Marguerite fut canonisé en 1250.

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Sainte Marie Madeleine (en gr. Magdalênê, de Magdala

Dans les Évangiles, une des saintes femmes qui assistèrent à la Passion. Elle fut guérie par Jésus, qui chassa d'elle « sept démons ». Elle appartenait au groupe des femmes qui suivaient Jésus et l'aidaient de leurs biens. Elle était présente lors de la mise au tombeau, et, au matin de Pâques, elle fut la première à trouver le tombeau vide (Matthieu, XXVI, 6-13). On l'identifie avec la femme anonyme (pécheresse pour Luc, VII, 37) qui parfuma les pieds de Jésus. Dans Jean, XII, 1-8, cette femme est Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare. Une légende la fit débarquer miraculeusement à Marseille avec Marthe et Lazare et fonder le couvent de la Sainte-Baume.
  • Marie Madeleine (sainte) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marie de Magdala, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 mai 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Magdeleine.

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Sainte Monique

Née à Thagaste (aujourd'hui Souk-Ahras, Algérie) vers 331 et morte à Ostie en 387, sainte Monique fut la mère de saint Augustin. Elle se maria très jeune à Patrice, un homme païen dont le tempérament impétueux et l'infidelité incitèrent la discorde dans leur mariage. C'était la foi chrétienne et la dévotion de Monique à son mari et à son fils qui amenèrent Patrice et Augustin à se convertir.
  • Monique (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pope, Hugh, St. Monica, The Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company, 1911, vol. X. New Advent, Internet, 4 janvier 2012. https://www.newadvent.org/cathen/10482a.htm.

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Sainte Natalie

Martyre chrétienne et épouse de Saint Adrien. Sainte Natalie soignaient en cachette les chrétiens emprisonnés par l'empereur Maximien Galère vers 306.

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Sainte Olympiade (Olympe de Constantinople)

Olympiade (368-408) épousa Nébridius, préfet de Constantinople devint veuve à l'âge de 19 ans, après à peine deux ans de mariage. La protégée de Grégoire de Nazianze et proche de Jean Chrysostome, elle se consacra à la religion et s'occupa d'un hôpital et d'un orphelinat.
En 404 elle fut persécutée pour son soutien de Jean Chrysostome et dut s'exiler en Nicomédie pour le reste de sa vie.

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Sainte Paule

Paule, née patricienne romaine en 347, décida de mener une vie ascétique après la mort de son mari sénateur (Toxoce) et quatre de ses enfants. Elle devint une disciple de Saint Jérôme et co-fondatrice de son ordre. Avec sa fille Euſtochium, elle soutint Jérôme dans sa traduction de plusieurs livres de l'Ancien Testament. Sainte Paule mourut en 404.

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Sainte Perpétue

Jeune femme noble, Perpétue fut martyrisée à Carthage en 203 avec son esclave Félicité, deux hommes libres (Saturninus et Secundulus) et l'esclave Revocatus. Ayant accouché récemment et allaitant encore pendant son emprisonnement, Perpétua fut suppliée par son père de renier sa foi afin de ne pas laisser orpheline son enfant. Cependant, Perpétua demeura fidèle à Jésus-Christ et fut condamnée à être déchirée par des bêtes.

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Sainte Radegonde 

Reine franque (en Thuringe v. 520 – Poitiers 587), épouse de Clotaire Ier. Après la révolte de la Thuringe et l'exécution de son frère par Clotaire (555), elle se fit consacrer diaconesse par saint Médard puis fonda l'abbaye de Sainte-Croix, près de Poitiers [...].
  • Radegonde (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sainte Sophie

Une martyre chrétienne de Rome, Sophie mourut en 137. Elle gagna beaucoup de femmes au christianisme; Sophie et ses trois filles très pieuses, Pistis, Elpis et Agapi (ou Foi, Espérance et Charité, les "vertus théologales") étaient renommées parmi les Romains. Selon la légende, émerveillé par la beauté des enfants l’empereur Hadrien voulut les adopter. Rendu furieux par leur refus de renoncer à leur religion, l’empereur décida de les mettre à mort. Sophie encouragea ses trois filles pendant leur supplice; elle fut mise à mort par la suite.

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Sainte Thècle (ou Thècle d'Iconium)

Sainte chrétienne de l'Église catholique. Elle pensait devenir une épouse, mais elle changea sa décision selon les prédications de Saint Paul. Sainte Thècle devint, alors, le disciple de Saint Paul et s'engagea au christianisme. De plus, elle pratiqua la virginité pendant sa vie.

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Sainte Élisabeth (mère de Saint Jean-Baptiste)

Femme du prêtre Zacharie et mère de Saint Jean-Baptiste malgré sa stérilité. Le miracle de cette conception est élucidé dans l'Évangile de Luc.

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Sainte Élisabeth de Hongrie (en hong. Erzsébet)

Élisabeth (1207- Marburg 1231) est la fille du roi André de Hongrie. Elle fut fiancée à 4 ans et mariée à 14 ans au landgrave Louis IV de Thuringe. Veuve à 20 ans, elle entra dans le tiers ordre de Saint-François et se consacra à son hôpital de Marburg. Elle meurt d'épuisement à 24 ans à Marburg.
  • Élisabeth de Hongrie (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Élisabeth de Hongrie, Wikipédia l'encyclopédie libre (23 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 mars 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Élisabeth_de_Hongrie.

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Saintes Écritures (ou Écritures Saintes)

Inspiré par le Saint-Esprit, les Saintes Écritures sont les paroles de Dieu racontées à l'oral et à l'écrit par les hommes saints.

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Saints Crépin et Crépinien (en lat. Crispinus et Crispinianus)

Crépin et Crépinien sont des frères martyrs persécutés par l'empereur Maximien en 285 ou 286. Ce sont les patrons des cordonniers : cordonniers euxpour les pauvres, qu'ils ne faisaient pas payer, et pour les riches, qui appréciaient la qualité de leur travail.

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Saints Côme et Damien (en lat. Crispinus et Crispinianus)

Saint Côme est le patron des chirurgiens et Saint Damien le patron des pharmaciens. Ce sont des frères chrétiens martyrisés sous l'empereur Dioclétien en 303 ou 310. Appelés "anargyres", ils soignaient sans accepter de l'argent. Ils attirèrent un grand nombre de convertis au christianisme en Cilicie.

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Salmôn (Salmah)

Personnage biblique, Salmôn était le mari de Rahab et père de Boaz.

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Salomon

Salomon fut le roi d’Israël de 972 à 932 av. J.-C. et le fils de Bethsabée et de David. Pendant son règne, Israël vît la construction du Temple, d’un palais, d’une flotte, aussi bien qu'une alliance puissante entre Salomon et Hiram 1er de Tyr (ancienne cité phénicienne) et le maintien d’une armée équipée de chars et de cavalerie. Selon la tradition, ce roi aurait écrit le Cantique des cantiques, l’Écclésiaste, les Proverbes, la Sagesse, une partie des Psaumes et certaines Odes. I Rois, III, 16 de la Bible décrit la sagesse de Salomon. Lorsque deux femmes lui rendirent visite, prétendant être la mère d'un enfant, il annonça qu’il fallait le partager en deux dans l’espoir que la vraie mère y renoncerait. Ainsi la femme qui montra de la compassion reçut-elle l’enfant. La locution jugement de Salomon se voit associé donc à un jugement équitable.
Malgré sa sagesse, Salomon avait une grande faiblesse – son amour des femmes, qui était témoigné par ses septs cents épouses Princesses et trois cents concubines. Selon I Rois XI, puisque Salomon se maria avec des femmes étrangères (des Moabites, des Hammonites, des Iduméènnes, des Sidoniènnes et des Héthiènes) qui avaient détourné sa dévotion vers leurs dieux, le Dieu d'Israël lui avertit que tout son royaume, à l'exception d'une tribu, serait perdu pour son fils en faveur de son serviteur.
  • Salomon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sambre

La Sambre est une rivière franco-belge, affluente de la Meuse. Selon la légende, Sainte Aldegonde put marcher sur les eaux de la Sambre quand elle s'échappait de l'homme qu'elle devait épouser, ayant refusé le mariage en faveur d'une vie consacrée à Dieu.

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Samson (en hébr. Shimshin celui de Shemesh, du Soleil)

Personnage biblique, juge d’Israël (Juges, XIII-XVI). Consacré à Dieu (nazir), il porte intacte sa chevelure, siege de sa force. Il lutte contre les Philistins, en tue mille avec une mâchoire d’âne, mais est trahi par Dalila qui lui rase la tête et le livre. Prisonnier, il retrouve sa force et renverse le temple de Dagon sur lui-même et sur les Philistins.
  • Samson en hébr. Shimshin celui de Shemesh, du Soleil, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Samuel

Personnage biblique, prophète et juge d'Israël. Il lutte victorieusement contre les Philistins, instaure la royauté en nommant Saül, puis, lorsque celui-ci devient indésirable, joint secrètement David. Il aurait vécu au -XIe s.
  • Samuel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sara ou Sarah, femmme d'Abraham

Femme du patriarche biblique Abraham. Selon le chapitre XII du livre de Genèse de l'Ancien Testament, lorsqu'Abraham et Sara arrivèrent en Égypte, de peur que les Égyptiens le tuât en raison de la beauté de sa femme, Abraham fit passer Sara pour sa sœur. Pharaon, captivé par sa beauté, prit Sara comme épouse et montra sa faveur à Abraham par égard pour elle. Toutefois, Dieu infligea de grandes plaies à Pharaon et à sa maison à cause de Sara. Pharaon, découvrant que Sara était, en fait, la femme d'Abraham, renvoya les deux de l'Égypte.
Sara étant stérile, Abraham prit sa servante Agar comme concubine. Lorsque Sara devint jalouse, Agar fut renvoyée dans le désert où elle donna naissance à Ismaël.

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Sara, femme de Tobie

Dans le Livre de Tobie, Sara, fille de Raguel, devient la femme de Tobie. Elle est tourmentée par le démon Asmodée; afin de la libérer, Tobie la prend comme épouse.

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Sardanapale, Sardanapalos ou Sardanapalus

Dans la littérature grecque, Sardanapale est le fils d'Anakindaraxés, empereur d'Assyrie, lui-même dernier souverain de la dynastie de Ninus. Différents auteurs de l'antiquité grecque parle de la vie de Sardanapale comme un exemple de la mollesse, du luxe effréné et d'une vie dissolue, mais cette évaluation critique n'est pas historiquement avérée.

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Sarepta

Sarepta était une ville phénicienne sur la côte de la Méditerrannée, entre Sidon et Tyr. Le site de la ville, qui n'est plus, est au Liban de nos jours. La ville se trouve dans le premier Livre des Rois (XVIII, 8-10), quand Dieu y envoie le prophète Elie qui serait hébergé par une veuve pauvre mais pieuse. Cet épisode est évoqué encore dans le Nouveau Testament, dans le Livre de Luc, ch. 4.

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Satan (en hébr. ha-sâtân)

Le nom vient du mot hébreu ha-sâtân, qui veut dire l’Adversaire en justice, l’Accusateur, et correspond au mot grec diabolos (accusateur, calomniateur). Dans les traditions juive et chrétienne, Satan fut le chef des démons. Dans le poème épique Le Paradis perdu (Paradise Lost) de John Milton, le poète décrit l’avènement au pouvoir de ce démon. Celui-ci est mentionné dans les livres Zacharie III, 1 ; Job, I et II ; et Apocalypse II de la Bible.
  • Satan en hébr. ha-sâtân, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Satires Ménippées

Satire en 150 livres composée par l’érudit latin Varron. Imitant l’œuvre du philosophe Ménippe de Gadara, Varron entremêle la prose et les vers. Ses satires discutent de querelles philosophiques et religieuses, les irritations quotidiennes et de la politique, tout sur un ton ironique.
  • Marcus Terentius Varro, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 17 mai 2011. https://www.britannica.com/biography/Marcus-Terentius-Varro.
  • Ménippe en gr. Menippos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saturnin d'Antioche

Disciple de l'enseignement de Menander, Saturnin établit en Syrie (IIe siècle) un secte gnostique, considéré hérétique par l'Église catholique. Le secte saturnien fut fondé sur la tradition de Simon le Magicien.

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Saül

Premier roi des Israélites (-1020 - -1000) selon la Bible.
Troublé par un esprit maléfique, Saül appelle David, harpiste et soldat habile, pour l'apaiser par sa musique. Gagnant sa faveur, Saül donne sa fille cadette à David en mariage et le fait chef de l'armée. Toutefois, devenant jaloux des succès militaires de David et ayant peur qu'il usurpe son trône, Saül le persécute et tente de l'assassiner. Ses attentats échouent et Saül, enfin, se donne à la mort après sa défaite à Guilboa par les Philistins. David devient finalement roi des Israëlites après la mort du fils de Saül.
  • Saül, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Saul, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 octobre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Saul.

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Scylla

Dans la mythologie grecque, Scylla est la fille du roi Nisos de Mégare. Selon la légende, elle avait promis le pays de Mégare à son amant Minos. Afin de mettre son plan à exécution, Scylla coupa un cheveu doré de la tête de son père pendant qu'il dormait. Mais Minos la méprisa pour sa traîtrise, et Scylla se jeta dans la mer.

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Sem (en arabe سام ; en héb. שם)

Personnage de la Genèse, Sem est le fils de Noé et le frère de Cham et de Japhet. C'est lui l'ancêtre éponyme des sémitiques. Sem a vécu pendant une période de 600 ans.
  • Sem, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sem (Bible)Wikipédia, l'encyclopédie libre(27 octobre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sem_(Bible).

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Sennachérib

Quand Sennachérib devint roi d'Assyrie en 705 av. J.-C., les provinces périphériques de son empire se révoltaient. Il arriva à supprimer toutes les révoltes, notamment à Babylone (qu'il détruisit en 689 av. J.-C.) et dans le royaume de Juda. L'histoire de Sennachérib est racontée dans Ancien Testament, notamment dans le Deuxième livre des Rois et le Deuxième livre des Chroniques. Avant de mourir assassiné en 681 av. J.-Ch., il fit construire la dernière grande capitale de l'Assyrie, Nineveh.

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Septante

Les Septante sont les 70 ou 72 interprètes qui, selon l'opinion commune, traduisirent en grec de la Bible hébraïque, le Tanakh. On appelle par extension "Septante" la version grecque ancienne de la totalité des Écritures de l'Ancien Testament.
  • Septante, Wikipédia, L'encyclopédie libre (27 juin 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 juillet 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Septante.
  • Calmet, Augustin, Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, t. 4, Paris, Migne, 1830, pp. 178-184. Livre numérique Google, Internet, 10 janvier 2015. https://books.google.ca/.

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Sichem (en hébr. Shechem)

Fils de Hémor Hévien qui, selon le chapitre XXXIV du livre de Genèse dans la Bible, il violenta Dina, fille du patriarche biblique Jacob. Épris de Dina, Sichem demanda à son père d'obtenir la main de Dina auprès de Jacob. Les frères de Dina consentirent au mariage à condition que tous les hommes de la ville de Sichem soient circoncis. Les citoyens acceptèrent cette proposition; pourtant, trois jours après leur circoncision, les frères de Dina attaquèrent la ville par vengeance de leur sœur. Siméon et Lévi tuèrent tous les mâles et enlèverent Dina de la maison de Sichem pendant que les autres frères pillèrent la ville, prenant les richesses, les bétails, les femmes et les enfants.

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Sigebert de Gembloux 

Moine bénédictin et hagiographe, polémiste et chroniqueur gibelin, né dans le Brabant français vers 1030, et mort le 5 octobre 1112 à Gembloux. Son ouvrage le plus célèbre, et historiquement très précieux, est sa Chronographia, une chronique universelle des événements les plus importants entre 379 ou 381 et 1111.

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Sion

Nom de la colline de Jérusalem où dans l'Ancien Testament la citadelle conquise par David fut construite. Le nom s'étendit à la ville entière et finit par symboliser pour les chrétiens le Jérusalem céleste, donc la présence de Dieu.
  • Sion, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sirice (pape) (en lat. Siricius)

38e pape, Sirice vécut de 320 à 399, et fut élu en 384. Il écrivit la première décrétale, lettre pontificale sur des questions de discipline ou de droit canonique, où il établit des sanctions pour les chrétiens qui ne respectent pas la doctrine établi dans les conciles. Il s'adresse à des questions importantes, y compris le mariage.

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Sisinnius et Théodore

Théodore, femme de Sisinnius, fut convertie au christianisme par le Pape Clément Ier; Sisinnius se convertit à la suite.

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Smyrne (en gr. Smyrna)

Ancienne ville située à un point central et stratégique sur la côte égéenne de l'Anatolie, ce qu'on appelle maintenant la ville d'Izmir en Turquie moderne.
  • Izmir et Smyrne, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Socrate (en gr. Sôkratês)

Philosophe grec né à Athènes en -470 av. J.-C. dont la philosophie d'atteindre à la connaissance de soi et au bonheur par la raison humaine exerça une grande influence sur la philosphie antique et moderne. Socrates fut fort influencé par les sophistes (qu'il critiqua plus tard dans sa vie), maîtres du raisonnement axé sur des fins utilitaires et par le savant grec et biologiste, Anaxagore, de l’école ionienne. Il se maria avec Xantippe vers 416 et eut d'elle trois fils mais il continua à dédier sa vie à l'enseignement des jeunes athéniens, parmi lesquels le général Alcibiade et les philosophes Phédon et Aristippe, et au débat partout à Athènes, suscitant des réactions favorables de beaucoup mais aussi hostiles de certains. C'étaient les hostiles, nommément Anytos, Lycon et Mélitos, qui provoquèrent la mort de Socrate en -399, le condamnant à boire la ciguë sous prétexte d'avoir corrompu la jeunesse.
  • Socrates, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 8 février 2011. https://www.britannica.com/biography/Socrates.
  • Socrate en gr. Sôkratês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Socrate le Scolastique ou Socrate de Constantinople

(Constantinople -380 – 450 ap. J.-C.). Historiographe de l'Église byzantine célèbre pour son ouvrage Historia ecclesiastica qui fait l'autorité en histoire chrétienne de 305 jusqu'en 439.

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Sodome

Une cité biblique qu'on situe au sud de la mer Morte, dans l'actuelle Jordanie, en face de la forteresse de Massada. Sodome est détruite, avec Gomorrhe, par le soufre et le feu à cause de la décadence qui y régnait, dans la Genèse, XIX.
  • Sodome, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sodome, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 octobre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sodome.

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Solin (en lat. Caius Julius Solinus)

Grammairien et compilateur de langue latine qui a écrit soit au IIIe, soit au IVe siècle. On a de lui son ouvrage De mirabilibus mundi (Les Merveilles du monde) que l'on appelle parfois Collectanea rerum memorabilium (Recueil de choses mémorables), ou bien Polyhistor (Celui qui en sait beaucoup). L'ouvrage fut inspiré par l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien.

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Solon

Législateur et poète athénien (v. -640 – v. -558) connu comme l’un des Sept Sages de la Grèce qui introduisit une série de réformes sociales et politiques à Athènes. Parmi ces réformes, Solon introduisit la démocratie en accordant le droit de vote et l’égalité à toutes les classes dans l’Assemblée du peuple et il passa un nouveau code de droit plus juste.
  • Solon, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 8 septembre 2010. https://www.britannica.com/biography/Solon.
  • Solon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Solon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Solon.

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Sparte ou Lacédémone

Ancienne ville grecque située sur le fleuve Eurotas dans la Laconie sur la péninsule Péloponnèse qui fut fondée au -IXe siècle av. J.-C. Connue pour sa puissance militaire éminente, sa domination dans la Grèce antique dura du VIIe au IVe siècle av. J.-C.
  • Sparte, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sparte, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 février 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sparte.

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Strabon (en gr. Strabôn, en lat. Strabo)

Géographe grec (-58? av. J.-C. – entre 21 et 25 ap. J.-C.) et auteur de l’ouvrage perdu Mémoires historiques et de l’ouvrage conservé (sauf que quelques parties du livre VII), Géographie. Ce dernier présente une histoire descriptive des peuples et des pays de différentes régions du monde connus par les Grecs et les Romains à l’époque de Strabon.
  • Strabo, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 25 août 2010. https://www.britannica.com/EBchecked/topic/567832/Strabo.
  • Strabon, Wikipédia l'encyclopédie libre (1er août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Strabon.
  • Strabon en gr. Strabôn, en lat. Strabo), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Suzanne

Héroine d'un des suppléments grecs au Livre de Daniel de l'Ancien Testament. Dans l'histoire de Suzanne et les vieillards, elle est l'objet des convoitises de deux vieillards qui la surprennent au bain et veulent la séduire. Sur son refus, les hommes l'accusent d'adultère et veulent la condamner à mort au tribunal religieux. Le jeune prophète Daniel prit la défense de Suzanne et convainquit le tribunal du faux témoignage des vieillards, qui sont alors condamnés et lapidés.
  • Suzanne, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Suzanne et les vieillards, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 décembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_et_les_vieillards.

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Suétone (en lat. Caius Suetonius Tranquillus)

Tranquillus (français moderne : Suétone). Biographe latin, Suétone naquit à Rome vers l’an 70 ap. J.-C. et mourut après 128. C'était un homme d'études, consacrant toute sa vie à des recherches érudites. Vers 120, il devint secrétaire chargé de la correspondance d’Hadrien, ce qui lui donna accès aux archives du Palatin, bibliothèque dans le temple d’Apollon Palatin établie par Auguste. Grâce à ses visites fréquentes à cette bibliothèque, Suétone écrivit ses Vies des douze Césars, biographies des empereurs, plutôt anecdotiques qu’historiques. Il produisit également De viris illustribus (Des hommes illustres), recueil de biographies des figures littéraires célèbres.
  • Suétone, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 31 mars 2011. http://fr.wikipedia.org >/wiki/Su%C3%A9tone.
  • Suétone en lat. Caius Suetonius Tranquillus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Symbole de Nicée

Profession de foi commune au catholicisme, à l'orthodoxie, et à la plupart des églises protestantes. Promulgué depuis le concile de Nicée en 325 et complété dès le concile de Constantinople en 381, le symbole de Nicée résume les points fondamentaux du christianisme.

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Syméon Métaphraste (Syméon Magistros ou Syméon le Logothète)

Homme d'État, historien, et l'auteur de la plus notable collection hagiographique du Moyen Âge byzantin.

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Synésios de Cyrène

Synésios (370-414) était un philosophe néoplatonicien grec et un evêque en Libye.

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Syrie Ancienne

La région en question était d'abord connu comme Eber Nari ('de l'autre côté de la rivière') par les gens de Mésopotamie. Elle comprenait la Syrie, le Liban, et l'Isräel actuels. Les livres bibliques d'Ezra et de Nehemiah font référence à Eber Nari, ainsi que les rapports des scribes des rois d'Assyrie et de Perse. Le nom moderne de la Syrie est considéré par beaucoup d'érudits d'émaner de l'habitude de l'historien Herodote d'appeler toute la Mésopotamie "l'Assyrie", et après la chute de l'Empire assyrien en 612 av. J.-C., la partie à l'ouest continuait à se faire appeler "l'Assyrie" jusqu'à la période suivant l'Empire seleucid quand il devint "la Syrie".

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Sémiramis

Reine légendaire d’Assyrie et de Babylonie, elle fut la femme du gouverneur Omnès puis du roi Ninus, montant sur le trône après la mort de celui-ci.
  • Sammu-ramat, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 30 août 2010. https://www.britannica.com/EBchecked/topic/520556/Sammu-ramat .
  • Sémiramis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sémiramis, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9miramis.

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Sénèque (en lat. Lucius Annaeus Seneca)

Philosophe stoïcien, homme politique et écrivain, Sénèque naquit à Cordoue en -4 av. J.-C. Il fut également le précepteur de Néron, exerçant une influence bienveillante et stable sur le jeune empereur pendant les premières années de son règne. Pourtant, après le meurtre de Burrus (le préfet de la garde) par Néron, Sénèque se retira. En 65 ap. J.-C., il dut se suicider sur l’ordre de Néron après que l’empereur l’ait accusé de participer à une conspiration.
Plusieurs tragédies sont attribuées à Sénèque : Médée, Les Troyennes, Phèdre, Agamemnon et Hercule furieux. Il écrivit aussi les traités de philosophie De la clémence, Des bienfaits, De la constance du sage, De la tranquillité de l’âme, De la colère, De la providence et Lettres à Lucilius. L’ouvrage scientifique Naturales Quaestiones lui est également attribué.
  • Sénèque, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Sénèque en lat. Lucius Annaeus Seneca, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sénèque, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2021), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 mars 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que.

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Séphora

Selon le Livre de l'Exode, Séphora fut l'épouse de Moïse et la fille de Jéthro (aussi appelé Réuel), prêtre des Madianites. Séphora donna à Moïse deux fils, Guershom et Éliézer. D'après la tradition juive, elle est enterrée dans le Tombeau des Matriaches à Tibériade.

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Séraphins

Des créatures célestes ailées (trois paires d'ailes), que l'on trouve dans la Bible entourant le trône de Dieu.
  • Séraphin (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (25 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Séraphin_(Bible).

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Tabitha (en grec Dorcas)

Dorcas ou Tabitha est une chrétienne resuscitée par l'apôtre Pierre selon les Actes des Apôtres. C'était une veuve riche connue par sa charité à l'égard des veuves moins bien munies.

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Tacite (Publius Cornelius Tacitus)

Historien latin (v. 55 - v. 120 ap. J.-C.) qui fut également consul (97) et proconsul d’Asie (110-113) sous l’empereur Vespasien. Sa première œuvre, Dialogue des orateurs (-106), est un essai qui visait à chercher la cause du déclin de l’éloquence. En 98, il produisit l’éloge Vie d’Agricole, biographie qui loue la carrière de son beau-père comme général sous l’empereur Domitien. Tacite écrivit aussi la Germanie, traité parlant des coutumes germaines. Ses deux ouvrages les plus connus, pourtant, sont les Histoires (-106), qui examinent l'Empire romain à partir de 69 jusqu'en 96, et les Annales (-110), qui traitent la période de l'empire entre 14 et 68. Tacite avait une façon très particulière d’écrire, qui aurait été inspirée par Thucydide : ses phrases ont une tension nerveuse et sont extrêmement concises. La mention de cette concision pourrait faire de ses écrits historiques des chroniques, mais en effet, il s’agit du contraire : l’Histoire devient, dans un ouvrage de Tacite, un genre littéraire.
  • Tacite en lat. Publius Cornelius Tacitus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tacitus, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 5 avril 2011. https://www.britannica.com/biography/Tacitus-Roman-historian.

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Tanaquil (ou Caia Cæcilia ou Gaia Cæcilia)

Aristocrate étrusque du VIe siècle av. J.-C. et femme de Tarquin l’Ancien, cinquième des sept rois de Rome légendaires. Selon Tite-Live, Tanaquil avait le don de prophétie. Après la mort de son époux, elle fit ensuite proclamer roi Servius Tullius, son gendre, et le fit reconnaître par le peuple.
Elle était aussi associée au dieu du foyer familial et considérée comme un modèle pour la vie domestique. Selon la tradition romaine, avant d'entrer dans la maison de leur mari, les nouvelles mariées déclareraient "Je m'appelle Caia", ce selon Valère Maxime et Plutarque.

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Tarquin le Superbe (en lat. Lucius Tarquinius Superbus)

Fils de Tarquin l'Ancien, Tarquin le Superbe fit assassiner son beau-père, Servius Tullius, afin de devenir le septième et dernier roi de Rome.
  • Tarquin le Superbe, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tarquin le SuperbeWikipédia, l'encyclopédie libre (22 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarquin_le_Superbe.

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Taygète (en gr. Ταΰγετος)

Le Taygète est une chaîne de montagnes qui sépare la Laconie et la Messénie en Grèce. Dans l'Antiquité, le Taygète était bien connu pour sa hauteur et son caractère majestueux.

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Terentia (ou Terenzia)

Noble romaine, épouse de Cicéron dont Terentia a deux enfants; Tullia et Cicero Minor.
  • Terentia, Wikipédia, l'encyclopédie libre(17 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Terentia.
  • William Smith, ed., Terentia, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, Boston: Little, Brown and co., p. 995, .

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Tertullien (en lat. Septimius Florens Tertullianus)

Écrivain latin (v. 155 - v . 225) considéré comme le fondateur de la théologie chrétienne de langue latine. Auteur d’œuvres apologétiques et polémiques, il fut le premier à tenter la synthèse entre le christianisme et la culture païenne. Ayant une morale rigoureuse, particulièrement pour le mariage, il rejoignit le mouvement montaniste, considéré hérétique par les catholiques, vers la fin de sa vie.
  • Tertullien, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tertullien.
  • Tertullien en lat. Septimius Florens Tertullianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Thalès de Millet (en gr. Thalês)

Un philosophe, mathématicien, physicien et astronome grec né à Milet vers 625 av. J.-C. et mort vers l'an 547 av. J.-C. Il fut le plus ancien et le plus célèbre des Sept Sages de la Grèce antique et était considéré par Aristote comme le premier des philosophes ioniens.
  • Thalès, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thalès.
  • Thalès de Millet , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Thamar (Livre de Samuel)

Selon la Bible (II Samuel XIII), Thamar est fille du roi David et de Maakah. Elle fut violée par son demi-frère Amnon; son frère Absalon la vengea en tuant Amnon.
  • Thamar ou Tamar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Thamar ou Tamar

D'après le Livre de la Genèse, Thamar était l'épouse des deux fils de Juda, Er et puis Onan. Veuve rejetée par le troisième fils de Juda, elle feignit de se prostituer et devint enceinte de Juda lui-même. Elle lui donna les jumeaux Zerah et Perets, ancêtre du roi David.
  • Thamar ou Tamar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tamar (Genèse), Wikipédia l'encyclopédie libre (23 décembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thamar.

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Tharé ou Terah (en héb. תֶּרַח)

Père d'Abraham, de Nahor et de Haran, Tharé est un personnage dans le Livre de la Genèse. Dans le Coran, il est connu par le nom d'Azar et est le père d'Ibrahim, qui est l'équivalent d'Abraham.

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Thaïs

Thaïs était une hétaïre, en Grèce ancienne une femme éduquée et de haut niveau social qui offrait compagnie et services sexuels. Elle vécut au IVe siècle av. J.-C. et accompagna Alexandre le Grand en Asie. Elle était la maîtresse de Ptolémée Soter, avec qui elle eut trois enfants.

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Thomas de Cantimpré (en lat. Thomas Cantipratensis)

Cantimpré (1201-1272) est un théologien de Bruxelles et l'auteur du Bonum universale de apibus, un ouvrage allégorique d'édification morale et spirituelle en deux volumes, inspiré de la vie des abeilles et du livre encyclopédique Liber de Natura Rerum.

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Thomas de Vio, dit Caietan

Thomas de Vio (1469-1534) était un théologien et cardinal italien, né à Gaete, en latin Caieta (dans la province actuelle de Latina), d'où son nom.

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Thomas More (en lat. Thomas Morus)

Thomas More (1478-1535) fut le plus célèbre représentant anglais de la pensée humaniste. Théologien, historien, juriste, philosophe et homme politique, More était le Chancelier du roi Henri VIII. Mais après son refus de reconnaître l'autorité religieuse du Roi (en refusant d'abord d'assister au couronnement d'Anne Boleyn comme reine d'Angleterre), More fut décapité. Sir Thomas More est devenu saint Thomas More, béatifié par l'Église catholique en 1886 et canonisé en 1935.

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Thébaïde, région de l'Égypte antique

Thébaïde était une region du sud de l'Égypte dont le nom vient de sa capitale, Thèbes. La ville était entourée de déserts où se retirèrent plusieurs ermites chrétiens, notamment au IVe siècle.

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Thémistocle (en gr. Themistokiês)

Homme d'État et stratège athénien (v.-525 – Magnésie du Méandre v.-460) qui établit la puissance maritime d'Athènes et sauva la Grèce de la sujétion à l'Empire perse à la bataille de Salamine en 480 av. J.-C.
  • Themistocles, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 25 octobre 2010. https://www.britannica.com/biography/Themistocles.
  • Thémistocle en gr. Themistokiês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Théodora (Impératrice Byzantine)

Théodora était l'épouse de l'empereur Théophile et mère de Michel III. Après la mort de son époux et pendant la minorité de son fils, elle assura la régence de l'empire byzantin entre 842 et 856. En 843, contre la volonté de son mari défunt, elle convoqua un concile qui mit fin à l'iconoclasme et rétablit le culte des images. En 858, Théodora et ses quatre filles furent enfermées dans un monastère sur l'ordre de son fils Michel III ; elle y mourut en 867.
  • Théodora, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Théodora (femme de Théophile), Wikipédia l'encyclopédie libre(26 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Théodora_(femme_de_Théophile).

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Théodore de Bèze

Né en 1519 à Vézelay, Théodore de Bèze, un écrivain et théologien protestant, était le disciple et successeur de Jean Calvin en 1548 comme modérateur de la Compagnie des pasteurs. Il tint un rôle important durant les guerres de Religion et dans la Réforme. Il fut l'auteur de quelques œuvres humanistes et théologiques ainsi qu'une tragédie biblique, Abraham sacrifiant (1550), considérée comme la première tragédie du théâtre français. Il mourut à Genève en 1605.
  • Bèze (Théodore de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Théodore de Bèze, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Théodore_de_Bèze.

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Théodoret de Cyr

Évêque, historiographe chrétien, et théologien grec. Il se rattacha à l'École d'Antioche et il défendit Nestorius contre Cyrille d'Alexandrie. Théodoret ait plusieurs commentaires sur des textes bibliques. Son commentaire sur le Cantique des Cantiques est nommée le Commentaire sur le Cantique.
  • Théodoret de Cyr, Wikipédia, l'encyclopédie libre(22 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Théodoret_de_Cyr.
  • Théodoret de Cyr, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Guinot, Jean-Noël, La Christologie de Théodoret de Cyr dans son commentaire sur le CantiqueJSTOR: Vigiliae Christianae39.3 (1985): 256-272, Internet, 5 décembre 2012.http://www.jstor.org/stable/1583856.

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Théodose Ier le Grand (en lat. Flavius Theodosius)

Théodose Ier (347-395) fut l'Empereur romain de l’empire d’Orient (379-392) puis devint le seul souverain d'Orient et d'Occident (392-395). Sous son règne, il lutta avec force contre le paganisme et il établit le christianisme comme la religion d’État.
  • Théodose Ier le Grand en lat. Flavius Theodosius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Theodosius I, Wikipedia, The Free Encyclopedia (2 août 2020), Internet, 2 août 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Theodosius_I.

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Théodose II

Fils de Flavius Arcadius et d'Eudoxie, Théodose fut l'empereur romain de l'empire d'Orient de 408 à sa mort en 450. Son règne est marqué par les victoires contre les Perses, et une relation diplomatique et complexe avec l'empire hunnique. Théodose était toujours sous l'influence de son entourage, mais principalement de sa sœur Pulchérie qui choisit aussi sa femme Eudocia. Pulchérie exerçait un rôle dominant dans la cour et elle le succéda après sa mort.

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Théophile (Empereur Byzantin)

Né en 813, Théophile fut l'Empereur byzantin de 829 à 842, et le fils de Michel II, le fondateur de la dynastie amorienne. Son règne marqua le prélude d'une période prospère pour l'Empire byzantin en dépit des menaces extérieures : il soutint une longue guerre contre les califes de Bagdad et fut battu en 838. Cependant, en 841 il parvint à signer une trêve avec le calife Al-Mutasim, mais il dut leur abandonner la Sicile.
  • Théophile, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Théophile (empereur byzantin), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Théophile_(empereur_byzantin).

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Théophile d'Antioche

Évêque d'Antioche au IIe siècle mort en 183 ou 185, Théophile est surtout connu pour son Traité à Autolycus, une apologie du christianisme en trois livres. Divers témoignages attestent que Théophile jouissait d'une bonne réputation dans l'Église ancienne : il est cité, par exemple, par Eusèbe de Césarée, par Jérôme de Stridon et par Lactance.

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Théophraste

Philosophe grec péripatéticien, naturaliste et alchimiste, Théophraste fut le successeur d'Aristote et le directeur de l'école du Lycée de 322 à 288 av. J.-C. Ses qualités d'orateur attirèrent un large public à l'école qui atteint alors son zénith.
Né à Erése, dans l'île de Lesbos vers 371 av. J.-C., Théophraste est considéré comme le fondateur de la botanique. Il fut l'auteur de plusieurs traités sur la nature, surtout sur les plantes, dont les plus connus sont Historia de Plantis (Histoire des plantes) et De Causis Plantarums (Causes des plantes). En philosophie il suivit et continua les doctrines d'Aristote. On dit que : Il plaçait la vie spéculative au-dessus de la vie pratique ; il insistait sur la nécessité de joindre les biens extérieurs à la vertu pour vivre heureux. Il maintenait que la vertu mérite d’être recherchée pour elle-même.
Il fut également l'auteur des Caractères, un ouvrage philosophique, scientifique et moraliste sur les mœurs de son époque, qui était le modèle des Caractères de La Bruyère (1688).

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Thériaque

s. f. Composition medicinale, qui est faite avec de la chair de vipere & plusieurs autres ingredients, & que l'on donne pour fortifier le coeur, & pour servir d'antidote contre le venin & le poison.
  • Theriaque, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 12 mai 2010.

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Tibère (en latin Tiberius Cæsar Divi Augusti Filius Augustus

Né en 42 av. J.-C., fils de Livie et de Tiberius Claudius Nero, Tibère fut adopté par son beau-père, Auguste, et devint son successeur comme Empereur romain en 14 apr. J.-C. Tibère, le deuxième empereur, régna jusqu'en 37.

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Tigranes

Roi d'Arménie entre 560 et 535 av. J.-C., Tigranes était un allié du roi perse Cyrus II le Grand.

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Tite-Live (en lat. Titus Livius)

Historien Romain illustre (Padoue v. -64 ou -59 - Rome v. 10), auteur d’une Histoire de Rome (Ab Urbe condita libri), 142 livres couvrant des origines de la ville jusqu'à l'an 9.
  • Tite-Live en lat. Titus Livius), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Titus (en lat. Titus Flavius Sabinus Vespasianus)

Titus (Rome -40 – Aquae Cutilae, Sabine 81 ap. J.-C.) regna comme empereur romain de 79 à 81. Fils de Vespasien, il mena des campagnes militaires sous son père et conquit Jérusalem ainsi mettant fin à la guerre de Judée (67-70). Pendant la campagne en Galilée (67), Titus rencontra la belle princesse juive Bérénice et tomba amoureux d'elle. Contre l'approbation de son père et des Romains, il continua sa liaison avec Bérénice et, en 75, il la reçut dans le palais dans l'espoir de faire d'elle sa femme. Cependant, lors de la mort de son père, il renonça à Bérénice et la renvoya en Judée par respect du désir du peuple romain. De ce fait, son avènement au trône était pacifique. La période de son règne, par contre, était tumultueuse. L'Italie fut bouleversée par une série de catastrophes parmi lesquelles l'éruption du Vésuve (79), l'incendie de Rome (80) ainsi que des épidémies mortelles. Pourtant, c'étaient à cause de ces catastrophes qui manifestèrent les qualités d'un empereur dévoué et généreux comme démontrée par la consécration de tous ses efforts à faire parvenir des secours et des réparations aux sinistrés.
L'histoire de Titus et Bérénice fut le sujet de deux tragédies célèbres de 1670, une créée par Pierre Corneille et l'autre par son rival Jean Racine.
  • Titus (empereur romain), Wikipédia l'encyclopédie libre (3 mai 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mai 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Titus_%28empereur_romain%29.
  • Titus en lat. Titus Flavius Sabinus Vespasianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Titus Manlius Imperiosus Torquatus

Homme politique romain, Titus Manlius fut consul en 347, 344 et 340 av. J.-C. et dictateur en 353 et 349 av. J.-C. Fils du dictateur de 363 av. J.-C. Lucius Manlius Capitolinus Imperiosus. Le tribun Marcus Pomponius l'accusa d'avoir agi avec cruauté envers les Romains et surtout envers son propre fils, mais Titus Manlius defendit son pere en forçant Pomponius à retirer sa plainte. Ce geste plut au peuple, et Titus Manlius fut élu tribun. Il eut une carrière politique et guerrière glorieuse.
Titus Manlius fit executer son propre fils pour avoir désobéi aux ordres pendant une campagne militaire, dans une inversion de l'histoire père-fils qu'il vécut dans sa jeunesse. Le fils fit un acte héroïque contraire aux réglement établi par son père de ne pas attaquer l'ennemi hors des rangs.

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Tobie ou Tobias

Fils de Tobit et le héros du Livre de Tobie, qui raconte les actes de ce jeune Israélite lors de la déportation à Ninive en 721. Selon l’histoire, Tobie, aidé par un poisson magique, aurait chassé les démons qui tourmentaient Sara. Ensuite, il aurait épousé cette dernière et aurait rendu la vue à son père, qui était aveugle auparavant.
  • Tobie ou Tobias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Tobit, père de Tobie

Selon le Livre de Tobie, l'Israélite Tobit, devenu aveugle, retrouva la vue grâce à un miracle accordé à son fils.
  • Tobie ou Tobias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Tomás Sánchez

Né en 1550 à Cordoue en Espagne et mort en 1610 à Grenade, Tomás Sánchez était un théologien et écrivain jésuite. Professeur de droit canonique et de théologie morale, son ouvrage principal, le traité sur le mariage De sancto matrimonii sacramento, fut publié en 1602 et attirait beaucoup de controverse. Destiné aux religieux, l'ouvrage traite des questions relatives à la sexualité des gens mariés, d'où l'interdiction de certains volumes, placés à l'index.
  • Sánchez (Tomás), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tomás Sánchez, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tomás_Sánchez.

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Tours

Département de l'Indre-et-Loire, sur la Loire. HISTOIRE. Sous l'impulsion de saint Martin, sont troisième évêque, la ville des Turons (civitas Turonum) devint au IVe s. l'un des plus importants centres religieux de la Gaule. L'influence de Tours comme foyer intellectuel et artistique alla grandissant aux siècles suivants avec Grégoire de Tours (VIe s.) sous la direction de qui la ville s'agrandit, puis avec Alcuin (VIIIe s.), fondateur d'une école renommée et d'une importante bibliothèque. Au XVe s., Louis XII introduisit l'industrie de la soie, qui assura pendant deux siècles la prospérité de la ville. Le calvinisme trouva au XVIe s. de fervents adeptes parmi les artisans et les ouvriers tourangeaux, et Tours devint un centre actif de la Réforme ; la révocation de l'édit de Nantes, provoquant l'émigration de nombreux soyeux, portera à la ville un coup dont elle ne commencera à se relever qu'au XIXe s., avec les débuts du chemin de fer.
  • Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Traités sur l'épitre de Saint Jean aux Parthes

Augustin écrivit en 416 dix traités sur la première Épître de Jean.

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Trenchée ou tranchée

En termes de Medecine, se dit d'une colique, ou d'une douleur de ventre qui est causée par des vents enfermez dans les boyaux. Les femmes prestes d'accoucher ont des trenchées..

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Troie (en gr. Troia ou Ilion, en lat. Ilium)

Ancienne ville située dans le nord-ouest d'Anatolie en Asie Mineure, près de la mer Égée qui fut le cadre de plusieurs mythes grecs, notamment de la fameuse guerre de Troie qui est racontée dans l'Iliade et l'Odyssée d'Homère. Selon la légende, c'était l'enlèvement d'Hélène, femme du roi de Sparte Ménélas par le prince troyen Pâris qui provoqua le siège de Troie. Ménélas vainquît Pâris lors d’un combat ; pourtant, celui-ci fut sauvé par Aphrodite. Peu après, Pâris fut tué. Cependant, c'était la ruse du cheval de Troie qui mit fin à dix ans de combat. Après avoir reçu le cheval en bois dans la ville, Ménélas et les autres guerriers cachés à l'intérieur s'affranchirent, détruisant Troie par le feu, massacrant tous les hommes et contraignant toutes les femmes à l'esclavage.

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Tsoar (Tsoara ou Soar ; en héb. צוער)

Ville de la Palestine située près de la mer Morte dans la Judée. Connue autrefois sous le nom de Béla ou Segor, la ville de Tsoar est reconnue dans le Bible pour avoir abrité Loth et sa famille du désastre qui avait détruit les villes de Sodome et Gomorrhe.
  • Moreri, L., Le grand dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l'histoire sacrée et profaneParis, Pierre-Augustin le Mercier, t. VI, p. 192, Internet, Google Books, 20 février 2014.https://books.google.ca/.
  • TsoarWikipédia, l'encyclopédie libre(30 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 février 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tsoar.

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Tullie la Jeune (ou Tullia Minor)

Jeune fille du roi de Rome Servius Tullius. Elle tua sa sœur, la première femme de Tarquin le Superbe, pour en devenir sa deuxième.

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Tyrannius Rufinus, Rufin d'Aquilée, ou Turranius Rufinus

Tyrannius Rufinus était un moine, un historien et théologien qui traduisit les œuvres des Pères de l'Église du grec en latin.

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Ténès (en lat. Tenedius)

Selon les Questions grecques de Plutarque, Ténès régnait dans l'île de Ténédos, à laquelle il donna son nom après qu'il y fut abandonné par son père à cause du faux témoignage de la femme de celui-ci. Cette femme prétendait avoir été violée par son beau-fils Ténès. Ténès établit dans son royaume des lois sévères contre la fausseté, y compris l'adultère, crime pour lequel il fit exécuter son propre fils.

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Ulpien (en latin Gnaeus Domitius Annius Ulpianus)

Domitius Ulpianus (né c. 170) était un juriste romain réputé. Les réformes introduites par Justinien dans le Corpus iuris civilis (le Code Justinien) plus de 300 ans plus tard s'inspirent largement des écrits d'Ulpien. Parmi les formules attribuées à Ulpien, l'idée que la validité du mariage tient non pas au fait qu'il soit consommé [ou non], mais en son consentement mutuel est reprise par Justinien.

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Urbinius Panopion

Selon Valère Maxime, un des esclaves de Panopion se laissa tuer à la place de son maître, prenant ses habits et son anneau et se mettant sur son lit. Panopion fit ériger un magnifique tombeau en son honneur.
  • Valère Maxime, De la fidélité des esclaves, Œuvres complètes, livre VI, chapitre 8.6. Ed. C. A. F. Frémion, trad. P. Charpentier, Paris, Garnier, 1864, t. 2, p. 61-62. Livre numérique Google, Internet, 29 juin 2013. https://books.google.fr/.

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Urie le Hittite

Selon le deuxième livre de Samuel, Urie était un officier et homme influent dans l'armée de David et l'époux de Bethsabée. Pendant la bataille de Rabba, David ordonna que l'on mette Urie en première ligne afin qu'il meure pour que David puisse s'approprier sa femme.
  • Urie le Hittite, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Urie le Hittite, Wikipédia l'encyclopédie libre (7 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Urie_le_Hittite.

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Valeria (femme de Sylla)

Romaine du premier siècle avant J.-C., sœur de Marcus Valerius Messala Corvinus et la cinquième épouse de Sylla (Lucius Cornelius Sulla). Devenue veuve à un jeune âge, elle refusa de se remarier.

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Valère Maxime ou Valère le Grand (en lat. Valerius Maximus)

Historien et moraliste latin (-1er s. av. J.-C. – 1er s. ap. J.-C.) dont les Faits et dits mémorables, recueil d’anecdotes en neuf livres, connut un grand succès dans l’Antiquité et au Moyen Âge.
  • Valère Maxime en lat. Valerius Maximus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Valère Maxime, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 août 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Val%C3%A8re_Maxime.

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Varron (en lat. Marcus Terentius Varro)

(Réate, auj. Rieti -116 - -27). Écrivain qui était un lieutenant de Pompée le Grand pendant les guerres civiles. Après la victoire de César contre l’armée de Pompée, Varron se réconcilia avec César, qui lui ordonna de faire construire les premières bibliothèques publiques de Rome. Varron fut un des premiers encyclopédistes romains ainsi qu’un auteur de nombreux traités. Il produisit 74 ouvrages sur plusieurs sujets, dont il ne reste que des fragments. Parmi les plus connus :
  • La langue latine, traité de grammaire
  • L’Économie rurale, traité d’agriculture
  • Les Satires Ménippées, traité philosophique
  • Les Antiquités, traité historique
  • Varron, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Vashti

Femme putative d'Xerxès I, roi de Perse (appelé Assuérus dans la Bible), on trouve son histoire dans le livre biblique d'Esther. Ayant bu beaucoup de vin a un grand festin de tout le royaume, le roi ordonna à ses officiers de faire venir la reine Vashti, avec la couronne royale en tête, afin de montrer sa beauté aux peuples et aux grands. Mais Vasthi refusa fièrement de venir. Le roi fut enflammé de colère, et le principal de ses conseillers, Marnucan, lui conseillait que l'exemple de Vasthi pourrait avoir des suites très fâcheuses dans le royaume, puisque toutes les autres femmes se croiraient autorisées à ne pas obéir à leurs maris. Vasthi fut alors répudiée, et Esther mise en sa place.

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Vedius Pollion (en latin Publius Vedius Pollio)

Vedius était un très riche homme d'affaires romain mort en 15 av. J.-C. L'empereur Auguſte facilita son ascension ; le père Vedius était un esclave affranchi. Pourtant, Vedius était connu pour sa cruauté envers ses esclaves.

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Verceil (en it. Vercelli)

Ville italienne dans le nord-ouest du Piémont, sur la rivière Sesia, et fondée vers l'an 600 av. J.-C.
  • Verceil, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • VerceilWikipédia, l'encyclopédie libre(8 août 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 janvier 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Verceil.

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Vespasien (en lat. Titus Flavius Vespasianus)

Empereur romain de 69 à 79, succédé par ses fils Titus et Domitien. Son grand-père étant centurion et son père un publicain, il n'y avait rien qui le désignait à l'empire. Il avait en premier une carrière militaire et fut finalement proclamé empereur par les légions d'Orient. Vespasien était le fondateur de la dynastie Flavien qui régna sur l'Empire de 69 à 96.
  • VespasienWikipédia, l'encyclopédie libre(8 février 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 février 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vespasien.
  • Vespasien, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Victor de Vita (en latin Victor Vitensis)

Né vers 440, Victor était l'évêque de Byzacène, qui correspond à la Tunisie actuelle et l'auteur d'une Histoire de la persécution vandale en Afrique contre les fidèles catholiques. En 482 il doit abandonner son église et part avec les autres exilés. Il mourut en Sardaigne en 510.

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Victorine ou Vitruvia

Au IIIe siècle, Victorine assura la stabilité de l'Empire des Gaules lors de l'assassinat de son fils, l'Empereur Victorinus, en 271.

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Vierges vestales

Les vestales étaient des prêtresses romaines dédiées à la déesse Vesta. Le bien-être des vestales étaient considéré essentiel à la sécurité de Rome. Elles entretint le foyer du temple de Vesta dans le Forum romain. Les vestales étaient libérées des obligations sociales habituelles de se marier et de donner naissance à des enfants, et font vœu de chasteté pendant 30 ans afin de se consacrer à l'étude et au respect des rituels de l'État.

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Virago

Une Virago désigne une femme qui possède l'allure et les manières héroïques d'un homme. Construit sur la racine latine vir, homme, à laquelle on ajoute le suffixe féminin ago. La première traduction de la vulgate en latin par saint Jérôme utilise les termes Vir, et Virago, pour homme et femme afin de marquer le fait que les femmes tirent leurs origines des hommes.

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Virgile (en lat. Publius Vergilius Maro)

(Près de Mantoue, v. -70 – Brindes -19 av. J.-C.). Poète latin renommé dont les œuvres les plus célèbres comprennent les Géorgiques, épopée qui loue le travail et la vie rurale et l'Énéide, épopée qui parle des aventures du héros Énée et du fondement de Rome. Malheureusement, Virgile mourut avant que l'Énéide ne fût achevée. Quoiqu’il eût demandé qu’on brûlât l’épopée partielle, Auguste ordonna que la publication fût terminée par Varrius et Tucca, poètes et amis de Virgile.
  • Perret, Jacques, Virgile, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Virgile Publius Vergilius Maro, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Vénus

Déesse romaine de la végétation et des jardins. À partir du -IIe siècle, elle fut assimilée à Aphrodite grecque acquérant ses attributs de la beauté, de l'amour et des plaisirs. C'est ainsi que la déesse attira plusieurs amants, parmi lesquels Vulcain, Mars et Jupiter. Comme déesse grecque, Vénus est parfois appelée Cythérée, surnom accordé à Aphrodite alors qu'elle fut portée à l'île de Cythère après sa naissance.

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Xanthippe (en gr. Xanthippê)

(Athènes -Ve s. - déb. - IVe s.). Femme du philosophe athénien Socrate qui devint symbole de la femme d’esprit acerbe. Selon la tradition, Socrate ne l’aurait épousé que pour mettre à l’épreuve sa patience. Dans son dialogue Phédon, Platon dit que Socrate, condamné à mort par la consommation de la ciguë, aurait renvoyée Xanthippe avant de s’empoisonner en raison de ses pleurs irritants.
  • Xanthippe en gr. Xanthippê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Xanthippe (femme), Wikipédia l'encyclopédie libre (2 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 février 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Xanthippe_%28femme%29.

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Xerxès Ier ou Assuérus

Roi de Perse (de -486 à -465), né vers -519, mort en -465, membre de la dynastie des Achéménides. Fils de Darios Ier et d'Atossa. À son avènement il dut faire face aux révoltes d'Égypte (-486) et de Babylonie (-482) qu'il réprima durement. Pour venger l'échec de son père à Marathon, il prépara longuement l'invasion de la Grèce. Pendant la deuxième guerre médique (-480 à -479), il traversa la Thrace, la Macédoine, puis vainquit les Grecs aux Thermopyles et à l'Artémision et prit Athènes. La fin de son règne fut marquée par des complots et il fut assassiné à Suse par un dignitaire de sa cour. Son fils Artaxerxès Ier lui succéda.
Xerxès Ier est assimilé par les historiens contemporains à l'Assuréus de la Bible, qui apparait dans le Livre d'Esther et les Esdras comme le mari d'Esther.
  • Xerxès Ier, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Xerxès Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 novembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Xerxès_Ier.

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Xénocrate (en gr. Xenokratês)

Philosophe grec, Xénocrate (Chalcédoine v. 400 – Athènes v. 314 av. J.-C.) était élève et ami de Platon. En 339, Xénocrate devint le directeur de l'école philosophique de Platon, l'Académie. Inspiré par les théories platonicienne et pythagoricienne, il chercha à unir les deux pensées.
Réputé pour tenir des mœurs austères, une histoire bien connue raconte que la courtisane athénienne Phryné perdit un pari lorsqu'elle n'a pas réussi à séduire Xénocrate.
  • Xénocrate, Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, L.-G. Michaud, 1828, t. 51. Google livres, Internet, 27 octobre 2011.
  • Xénocrate en gr. Xenokratês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Xenocrates, Encyclopædia Britannica (2011), Encyclopædia Britannica en ligne, Internet, 27 octobre 2011. https://www.britannica.com/biography/Xenocrates.

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Xénophile de Chalcis (en gr. Ξενόφιλος)

Philosophe et musicien grec du IVe siècle. Xénophile est considéré comme fondateur de l'école philosophique d'Élée.
  • Xénophile de Chalcis, Wikipédia, l'encyclopédie libre(13 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Xénophile_de_Chalcis.
  • Xénophane, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Xénophon (en gr. Xenophôn)

(dème d'Erchia, Attique v. 430/425 – v. 355/352 av. J.-C.). Historien, philosophe et chef militaire grec dont les contributions littéraires comprennent des récits sur l'histoire politico-militaire grecque de son époque (Helléniques ; Histoire de Thucydide) et des dialogues socratiques (Mémorables ; Apologie de Socrate).
  • Xénophon en gr. Xenophôn, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Yaël, Jaël ou Jahel

Dans le Livre des Juges de l'Ancien Testament, Yaël est une héroïne qui tua le chef de l'armée de Canaan, Siséra, délivrant les Israélites de la domination de du roi Yabin. La juge Débora avait prédit la victoire du général israélite Barac, mais Siséra s'était échappé et c'était Yaël arriva à le tromper en enfin le tuer avec un piquet de tente.

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Ypres

Ville de Belgique, en Région flamande. Connu pour son patrimoine architectural important, Ypres fut considérée une des plus grandes villes d'Europe pendant le XIIIe siècle et une des principales cités drapières de Flandre.

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Zacharie

L'un des douze petits prophètes, Zacharie est l'auteur du Livre de Zacharie dans l'Ancien Testament. Selon la tradition il était le contemporain du petit prophète Aggée, avec qui il participa à la reconstruction du Temple de Jérusalem après l'exil à Babylone.

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Zachée (en latin Zacchaeus

Zachée est mentionné dans le livre de Luc à cause d'un incident où Jésus s'invita chez Zachée, devant une foule étonnée car Zachée était détesté de ses compatriotes : il travaillait comme receveur d'impôts pour les Romains. Zachée se convertit au christianisme, en donnant la moitié de ses biens aux pauvres.

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Zaleucos ou Zaleucus de Locres

Un législateur mythique grec du VIIe siècle av. J.-Chr., Zaleucos est selon des auteurs antiques le legislateur responsable des lois de la ville grecque de Locres, qui devint un modèle de la stabilité politique. Zaleucos est surtout connu pour la légende selon laquelle il aurait partagé la punition de son fils adultère : plutôt que de laisser excuser son fils qui devait avoir les deux yeux crevés, il insista pour que le châtiment ait lieu, mais en faisant enlever un œil à son fils et un de ses propres yeux.

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Zambri

Fils de Salu, chef de la tribu de Siméon, étant entré à la vue de tout le monde dans la tente d’une fille madianite nommée Cozbi, y fut suivi par Phinées, fils du grand prête Éléazar, qui le perça d’un seul coup avec Cozbi au milieu de leurs honteux embrasements (Num. 25 :14).
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livres des Nombres, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Zeleuque

Roi des Locriens, une ancienne tribu grecque. Zeleuque avait mis en pratique une loi dirigée aux adultères – on crevait les yeux des coupables.

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Zénobie d'Arménie

Femme de Rhadamiste, roi d'Ibérie, en 53 ap. J.-C. elle fut poignardée et laissée dans la rivière Araxe par son mari, qui craignait qu'elle ne soit capturée par l'ennemi lors d'une bataille en cours. Elle fut sauvée par des paysans et amenée à la cour du roi arménien Tiridate, qui la traita en reine.

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Zénon de Citium ou Zénon de Cition (en gr. Ζήνων / Zếnôn)

Philosophe grec v. 335 av. J.-C. et fondateur du stoïcisme. Aucune de ses œuvres n'a été conservée. Nous ne pourrons que faire référence aux titres et aux extraits tirés d'autres historiens, tel que Stobée.
  • Zénon de Cition, Wikipédia, l'encyclopédie libre(8 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 11 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Zénon_de_Cition.
  • Aénon de Citium ou Cition, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Æmilia Tertia ou Æmilia Paula

L'épouse du général romain Scipion l'Africain, Aemilia (c. 230 - 163 ou 162 av. J.-C.) était aussi la mère de Cornelia Africana, bien plus connue que sa mère. Aemilia fut connue surtout sa loyauté féroce à son mari, mais aussi pour sa mode de vie luxueuse qui continua après la mort de Scipion.

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Ève

Dans les traditions juive, musulmane et chrétienne, Adam fut le premier homme, créé par Dieu et mis dans le Paradis terrestre (Éden). Dieu créa également une femme, Ève, à partir de la côte d'Adam, ainsi représentant le mariage comme l'union de l'homme et de la femme en une seule chair.
Selon la tradition, Ève, tentée par Satan, qui avait pris la forme d’un serpent, encouragea Adam à manger le fruit défendu ; ce péché originel, qui pèse sur toute l’humanité, provoqua Dieu à chasser les deux du Paradis. Ève et Adam eurent trois fils, Abel, Caïn et Seth. Le premier livre de la Bible, Genèse, raconte l’histoire du premier homme et de la première femme sur la Terre.
  • Ève, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Édouard I d'Angleterre (en anglais Edward I of England, Edward Longshanks ou The Hammer of Scotland)

Édouard mena la Neuvième Croisade en Terre Sainte en 1271-1272, avant d'accéder au trône. Malgré quelques succès militaires, les conflits entre les diverses communautés chrétiennes empêchait une paix durable, qu'Édouard tentait d'instaurer lorsqu'il fut gravement blessé au moment d'une tentative d'assassinat, ce qui a retardé son retour en Angleterre. Il rentra en Angleterre enfin en 1274, après le décès de son père. Édouard fut couronné le 19 août 1274, et son règne dura jusqu'à sa mort en 1307.
Une grande partie du règne fut consacrée à la réforme de l'administration royale et du droit commun. Il s'intéressa également aux affaires étrangères, conquérant le pays de Galles en 1283, suivi de l'invasion de l'Écosse en 1296 -- mais Édouard n'arriva jamais à dompter ce pays.

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Éginhard ou Einhard

Érudit et écrivain du IXe siècle (Franconie v.770 – abbaye de Seligenstadt 840) surtout connu pour sa biographie de Charlemagne, Vita Caroli Magni. Étant homme de confiance de l'empereur, Éginhard fut chargé d'organiser la construction des grands édifices, y compris le palais impérial et la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle, aussi d'accomplir plusieurs missons diplomatiques.
L’éditeur des Œuvres d'Éginhard qualifie l’histoire du mariage de celui-ci avec la fille de Charlemagne de “légende poétique”. Teulet démêle avec soin les sources de cette légende.
  • Éginhard, Wikipédia l'encyclopédie libre (11er octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eginhard.
  • Éginhard [eʒinar] ou Einhard, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Teulet, J.-B. Alexandre T., éd., Les œuvres d'Éginhard, Paris, Librairie Firmin-Didot, 1856, notice, p. xxii-xxxviii. Google livres, Internet, 5 janiver 2011.

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Église Saint Sauveur (Basilique Saint-Jean-de-Latran)

Connue aujourd'hui sous le nom de Basilique Saint-Jean-de-Latran, cette église est l'une des quatre basiliques majeures à Rome. Elle fut construite en 324 sous le règne de Constantin Ier.

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Église Saint-Séverin

Église du Quartier latin de Paris dédiée à Saint Séverin de Paris. L'église a été construite au VIe siècle dès la mort de Saint Séverin, au lieu où il avait l'habitude de prier dans un petit oratoire durant sa vie.

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Église éthiopienne orthodoxe

L'église éthiopienne orthodoxe est une des institutions religieuses les plus anciennes au monde. Fondée au IVe siècle, elle une des seules Églises chrétiennes pré-coloniales de l'Afrique. Elle fut isolée du reste du monde chrétien suite aux conquêtes musulmanes du VIIe siècle.

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Élie (en héb. Eliyahû)

Prophète biblique d'Israël qui dut s'enfuir à cause de l'inimitié de la reine d'Israël Jézabel. Il laisse sa succession à Élisée avant qu'un char de feu ne l'enlève au ciel.
  • Élie, Wikipédia, l'encyclopédie libre(27 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Élie.
  • Élie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Élisabeth d'Autriche

La femme de Charles IX, Élisabeth (1554-1592) fut la reine de France entre 1570 et 1574. Après la mort de son mari quand elle avait 20 ans, elle retourna vivre en Autriche où elle décéda à 37 ans, ayant refusé toutes les offres de mariage, sans quitter le deuil de son mari.
Elle fonda un monastère près de Vienne et l'église de tous les saints à Prague, tout en continuant de doter des églises et les pauvres.

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Élisée

Prophète biblique dans l'Ancien Testament (I Rois, XIX, 16-21 ; II Rois, II-XIII) et disciple du prophète Élie.
Dans II Rois III, 12-19, le roi d'Israël, le roi de Juda et le roi d'Edom, manquant d'eau pour l'armée et pour les animaux qui la suivent, consultent Élisée qui fait appel à un joueur de harpe dont la musique permet de comprendre le message de Dieu. Élisée prophétise que Dieu remplira d'eau la vallée où ils se trouvent et qu'il livrera l'adversaire, Moab, entre les mains des trois rois.
  • Élisée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Élisée, Wikipédia l'encyclopédie libre (11er octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lis%C3%A9e.

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Éliézer de Damas

Personnage biblique qui sert son maître Abraham et qui est considéré comme son héritier. Éliézer est identifié comme le serviteur anonyme dans le Livre de la Genèse qui cherche Rébecca pour qu'elle devienne l'épouse d'Isaac, le fils d'Abraham.
  • Éliézer de Damas, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Éliézer, Wikipédia, l'encyclopédie libre(28 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Éliézer.

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Éléonore de Castille

La première épouse d'Édouard I d'Angleterre, Éléonore l'accompagna lors de la Neuvième Croisade en Terre Sainte, quittant l'Angleterre en 1270 pour ne rentrer qu'en 1274. Suite à une tentative d'assassiner Édouard en 1272, il fut blessé au bras. Selon une légende (infondée), Éléonore suça le poison de la blessure infectée.
Éléonore mourut en 1290. Édouard se remaria neuf années plus tard avec Marguerite de France, fille de Philippe III.

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Énée (en gr. Aineias, en lat. Aeneas)

Tout comme Hercule, Énée fut le fils d’un mortel et d’une déesse, ayant pour parents Anchise (cousin du roi Priam) et Vénus. L’épopée romaine l’Énéide raconte l’histoire d’Énée, le décrivant le plus souvent comme pieux. Ainsi ce héros incarne-t-il des valeurs romaines comme la dévotion à son devoir, d’abord et avant tout.
Selon la mythologie gréco-romaine, Énée fut un des plus grands héros de la guerre de Troie, avec Hector. Il luttait avec les héros grecs Dioméde et Idoménée pendant la guerre, et deux fois, les dieux le délivrèrent de situations périlleuses. Éventuellement, les Grecs lui ordonnèrent de fuir la Troie, et ensuite, il se trouva naufragé avec quelques-uns de ses hommes à Carthage. Là, selon l'Énéide, il connut Didon, fondatrice et reine de la ville. Les deux tombèrent vite amoureux. Malheureusement, cet amour menaçait le destin de ce héros : il était censé fonder Lavinium (Rome) en Italie. À cause du départ de son bien-aimé, Didon, inconsolable, se donna la mort. Atteignant l'Italie, Énée rencontra Latinus, le roi du Latium qui désira lui donner sa fille Lavinie en mariage. Cependant, Turnus, roi des Rutules d'Ardée, qui voulait à tout prix prendre Lavinie comme épouse, fit la guerre contre Latium. C'était Énée qui mit fin à la lutte lorsqu'il tua Turnus au combat rapproché. Il épousa, finalement, Lavinie et les deux se donnèrent le jour à Ascagne, futur fondateur d'Albe la Longue.
  • Aeneas, Greek Mythology Link (1997), Carlos Parada et Maicar Förlag, Internet, 10 août 2011. http://www.maicar.com/GML/Aeneas.html.
  • Énée (en gr. Aineias, en lat. Aeneas), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Éphraïm

Deuxième fils d'Asnath et Joseph, Éphraïm fut béni par son grand-père Jacob avant son frère ainé, Manassé. Ce signifie la préséance éventuelle de la tribu d'Éphraïm sur celle de Manassé. Ses descendants constituent une des douze tribus d'Israël, incluant Josué fils de Noun.

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Éphèse (en turc Efes; en gr. Éphesos; en lat. Ephesus)

Éphèse est l'une des plus anciennes villes de la côte Ouest de l'Asie Mineure (aujourd'hui en Turquie). Elle était dans l'Antiquité l'une des plus importantes cités grecques, la première de l'Ionie, et l'un des ports les plus actifs de la mer Égée. Elle fut également l'un des premiers centres du christianisme.
  • Éphèse, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Éphèse.
  • Éphèse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Épicure (en gr. Epikouros)

(Samos ou Athènes 341 – Athènes 270 av. J.-C.). Philosophe grec qui fonda l’épicurisme, une école philosophique très importante de l’Antiquité. Cette philosophie se base sur une théorie de la connaissance qui voit les sensations physiques comme la seule preuve de la réalité.
La plupart des ouvrages qui exposent les théories d’Épicure ont disparu. Cependant, il nous reste trois lettres :
  • Lettre à Hérodote (qui parle de la physique)
  • Lettre à Ménécée sur la morale (qui critique les fausses idées des hommes concernant les dieux et la mort)
  • Lettre à Pythoclès (qui traite des météores)
  • Épicure en gr. Epikouros, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Épicure, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure.

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Épiphane de Salamine, ou Épiphane de Chypre (en lat. Epiphanius Constantiensis)

Évêque et théologien chrétien né en 315 et mort en 403.
  • Épiphane de Salamine, Wikipédia, l'encyclopédie libre(2 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 janvier 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Épiphane_de_Salamine.
  • Épiphane (saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Épître aux Colossiens

Lettre de saint Paul adressée à l'Église de la cité phrygienne de Colosses. C'est une des quatre lettres écrites par Paul pendant sa première captivité à Rome, pendant laquelle il écrivit les Épîtres aux Éphésiens, aux Phillipiens et à Philémon.
La situation à Colosses fut semblable à celle chez les Galates, où les docteurs judaïsants prêchèrent le retour à la loi de Moise (en particulier l'accent sur les observances : circoncision, prescriptions alimentaires et fêtes annuelles) et sur un ascétisme extrême. Dans sa lettre, Paul reprend les membres de l'Église en enseignant que la rédemption n'est possible que par le Christ et qu'ils devaient faire preuve de sagesse et le servir.

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Épître aux Corinthiens

Les deux épîtres intitulées Corinthiens dans le Nouveau Testament ont été écrites par saint Paul. La première épître aux Corinthiens a été écrite à Pâques de l’an 55, 56 ou 57. Dans cette première lettre, Paul traite des difficultés qu’il a rencontrées dans l’Église de Corinthe, par exemple, cas d’inceste, désordres dans la pratique de l’Eucharistie, l’existence des tribunaux païens et des erreurs doctrinales concernant la résurrection. Il répond également à quelques questions posées par les Corinthiens concernant les dons spirituels et la virginité, parmi d’autres. De nos jours, on se fie à l’authenticité de cette première épître aux Corinthiens, vu qu’elle est citée par Clément de Rome et par Ignace.
La seconde épître écrite aux Corinthiens fut produite pendant le séjour de Paul en Macédoine, lorsqu’il pensait à aller à Corinthe pour la troisième fois. Dans cette seconde épître, Paul fait allusion à un deuxième séjour en Corinthe, apparemment pénible (I, 23 et II, 3). Il parle d’une lettre écrite en larmes aux Corinthiens ; l’on croit de nos jours qu’il y aurait eu au moins quatre épîtres écrites à ce peuple, dont deux nous restent. La seconde épître peut être divisée en quatre parties : celle de Paul et de son rapport avec les Corinthiens ; la collecte et les bienfaits en résultant ; discours où il se dresse contre les diffamateurs et ensuite, la conclusion, qui est la quatrième partie.
  • Corinthiens, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 20 mai 2009.

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Épître aux Galates

L'Épître, neuvième livre du Nouveau Testament, prend la forme d'une lettre de l'apôtre Paul aux chrétiens de la Galatie. Elle énonce les « fruits de l'esprit » à savoir les vertus théologales que le chrétien est en mesure de développer lorsqu'il a reçu le Saint-Esprit (Galates V:XXII). Elle inscrit aussi la vie chrétienne comme une liberté vécue dans l'amour. Le thème de cette lettre est qu'on ne peut trouver la vraie liberté qu'en vivant l'Évangile de Jésus-Christ. Si les saints (soit les chrétiens disciples de Paul) adoptaient les enseignements des judéo-chrétiens qui tenaient à observer la loi de Moïse (à commencer par la circoncision), ils limiteraient ou anéantiraient la liberté qu'ils avaient trouvée dans le Christ. Dans l'épître, Paul se définit comme apôtre, expliquant la doctrine de la justification par la foi et affirme la valeur d'une religion spirituelle.

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Épître aux Hébreux

Une épître dans le Nouveau Testament. Elle s'adresse à des chrétiens issus du judaïsme, c'est-à-dire, au sens premier, aux judéo-chrétiens encore attachés à certains usages de la Loi juive. L'église catholique reconnaît l'épître aux Hébreux comme « de filiation paulienne indirecte », mais la critique indépendante en considère plusieurs autres comme des attributions postérieures, notamment les épîtres pastorales et les épîtres catholiques.
L'épître se divise en deux parties. Dans la première partie, Jésus-Christ est décrit comme supérieur à Moïse, il est considéré comme le grand prêtre qui remplace le sacerdoce lévitique et qui établit une nouvelle alliance pour être accepté par la foi (chap. 1-10). Dans la deuxième partie, l'auteur donne des conseils sur la persévérance fidèlement dans la nouvelle alliance (chap. 10 à 13).
  • Épîtres du Nouveau Testament , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Épître aux Hébreux, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 mai 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Épître_aux_Hébreux.

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Épître aux Philippiens

Livre biblique du Nouveau Testament à propos de l'importance du dévouement à Jésus Christ. Le livre fut écrit pendant l'emprisonnement de l'apôtre Paul à Rome, et envoyé à l'Église de Philippes par la suite.

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Épître aux Romains

L'épître aux Romains, le plus long des livres du Nouveau Testament, fut envoyée par l'apôtre Paul à l'Église de Rome. Les idées développées dans cette épître forment le fondement de la doctrine des Églises chrétiennes. L'épître comprend deux parties : la première est une lettre de circonstance à une communauté rencontrant des difficultés, et la deuxième est la lettre doctrinale où Paul expose ses convictions sur le salut et la foi chrétienne.

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Épître aux Éphésiens

La lettre aux Éphésiens correspond aux chapitres XVIII et XIX des Épîtres des Apôtres du Nouveau Testament, et fut écrite par des disciples de l'Apôtre Paul entre l'an 60 et 63. Dans la première partie (I:III-III:XIX), l'auteur insiste sur l'union de tous les chrétiens avec Jésus Christ grâce au sacrement du baptême et réalisée dans l'Église. La deuxième partie continue avec la conception de l'union de Christ avec l'Église comme l'archétype du mariage chrétien, une idée tirée de l'Ancien Testament; elle exhorte les chrétiens à vivre d'une manière honorable et digne pour maintenir cette unité. Dans cette deuxième partie, (de V:XXI à VI:IX) l'auteur décrit brièvement les normes et les règles fondamentales de la conduite de tous les membres de la famille (maris, femmes, enfants, parents, etc.) De V:XXI à V:XXXIII l'auteur décrit la vie domestique et présente les devoirs des époux, ce qui forment la base de la conception du mariage chrétien.
  • Rouche, Michel, Le sacrement de mariage dans l'Église paléochrétienne, Mariage et sexualité au Moyen Âge. Accord ou crise?, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2000. Google livres, Internet, 17 août 2011.
  • Épîtres aux Éphésiens, Wikipédia, L'encyclopédie libre (29 juillet 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Épître_aux_Éphésiens.
  • Éphésiens, Épître aux, Encyclopédie Universalis (2011), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 17 août 2011.

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Épître à Tite

L'Épître à Tite est un livre du Nouveau Testament attribué à l'apôtre Paul, dont Tite était un disciple.

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Épîtres (en lat. Epistulæ) de Horace

Ensemble de lettres divisées en deux livres dont l'auteur est Horace. Le premier livre fut publié vers 20 av. J-C. et le second livre vers 14 av. J.-C. Les épîtres traitent des thèmes qui incluent l'amour, l'amitié, la philosophie et l'art de la poésie.
  • Horace, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 5 décembre 2011. https://www.britannica.com/biography/Horace-Roman-poet.
  • Horace en lat. Quintus Horatius Flaccus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Épîtres aux Thessaloniciens

Attribués à Saint Paul, la première épître aux Thessaloniciens est le plus ancien texte du Nouveau Testament. Elle fut envoyé en 51 à Thessalonie, où Paul s'était rendu en 50 lors de son deuxième voyage missionnaire; elle comprend une exhortation à la chasteté et à la charité.

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Épîtres du Nouveau Testament ou Épîtres des Apôtres

Cet ensemble de 21 lettres est le troisième livre du Nouveau Testament, suivant les Actes des Apôtres, qui décrivent Paul et Pierre comme les héros du christianisme pendant la naissance de celui-ci. Il s’agit de quatorze Épîtres écrites par Saint Paul -- ou ses disciples -- qui prennent la forme de lettres ayant pour destinataires les premières communautés chrétiennes. Les Épîtres pauliennes sont suivies par sept autres lettres, appelées communément les Épitres catholiques. Les quatorze de Paul sont divisés ainsi :
Les Épîtres catholiques sont divisées ainsi:
1 Épître de Jacques, 2 Épîtres de Pierre, 3 Épîtres de Jean, 1 Épître de Jude.
Ces sept Épîtres prennent également la forme de lettres, mais cette fois-ci, elles ne s’adressent pas à une communauté spécifique, contrairement à celles de Paul, adressées à une communauté chrétienne. L’adjectif catholique est donc quelque peu trompeur et devrait être compris plutôt comme universel. Ainsi les appelle-t-on également les Épîtres universelles.
  • Épîtres, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Épîtres du Nouveau Testament ou Épîtres des Apôtres, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ériphyle

Selon la légende grecque, Ériphyle, fille de Talaos, était la femme d’Amphiaraos qui régnait sur une portion du royaume d’Argos. Le mariage des deux apaisa Adraste, frère d’Éryphile, qui était l’héritier du royaume qu’Amphiaraos avait reçu. Après le mariage, Amphiaraos céda le trône à Adraste. Pourtant, le bonheur d’Amphiaraos ne dura pas. Après une vision qu’il périrait dans la guerre des Sept Chefs, Amphiaraos se cacha. Seulement, Ériphile, sachant où se trouvait son mari dévoila le lieu à Polynice après que celui-ci la tenta avec un collier. Avant de partir, Amphiaraos ordonna sa vengeance contre sa femme à son fils Alcméon. La veille de sa mort, Amphiaraos se trouva à table avec les autres chefs lorsqu’un aigle laissa tomber une lance. Ensuite, la lance se transforma en laurier. Le lendemain, lorsqu’Amphiaros était dans son char, la terre s’ouvrit et l’engloutit, réalisant le mauvais destin de l’ancien roi. Quelques années après, Thersandre, fils de Polynice, prépara une seconde expédition contre Thèbes. Cette fois-ci, il tenta Eryphile avec un peplum (tunique). Ainsi engagea-t-il son fils Alcméon à la tête de l’armée. Ensuite, Thèbes fut presque détruite. En fin de compte, Éryphile fut tuée par son fils, Alcméon, lorsque celui-ci apprit que sa mère tenait à engager son fils à encore une expédition.
  • Claustre, André de, Éryphile, Dictionnaire portatif de mythologie : pour l’intelligence des poëtes, de l'histoire fabuleuse, des monumens historiques, des bas-reliefs, des tableaux, &c., Paris, Briasson, 1765, t.1. Google livres, Internet, 6 avril 2011.

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Ésaü (en héb. עשו)

Personnage de la Bible dans la Genèse. Ésaü était le fils d'Isaac et de Rébecca et le frère aîné de Jacob, à qui il vend son droit d'aînesse pour un plat de lentilles. Par la suite, il fut formellement supplanté par Jacob qui usurpe la bénédiction paternelle par une ruse. Ésaü faillit tuer son frère, qui part vivre chez son oncle Laban. Les frères se réconcilièrent vingt ans plus tard.
  • Ésaü, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • ÉsaüWikipédia, l'encyclopédie libre (3 août 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ésaü.

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Ésope (en gr. Aísôpos)

Auteur grec à qui on attribue l'origine de la fable. Les fables d'Ésope servaient d'inspiration pour plusieurs écrivains notamment, Jean de La Fontaine de la dix-septième siècle.
  • Ésope, Wikipédia, l'encyclopédia libre (18 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Ésope
  • Ésope, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Éthique à Nicomaque

Traité d'Aristote qui traite de l'éthique, la politique et de l'économie. Il se propose surtout à interroger la notion du bonheur.

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Étienne Binet

Binet (1569-1639) était un prêtre jésuite et écrivain spirituel. Un auteur prolifique, son œuvre connut beaucoup de popularité : ses quarante-cinq ouvrages de spiritualité sont réimprimés plusieurs fois de son vivant, et traduits en d'autres langues.

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Évangile

Livres saints de la Bible qui contiennent la révélation chrétienne du Christ. Il existe quatre Évangiles canoniques, qui comprennent les premiers livres du Nouveau Testament : ceux d’après saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean. Les trois premiers parlent des mêmes événements et on les appelle les Synoptiques à cause de leur relation et dépendance entre eux. Le livre de Matthieu comprend 28 chapitres et se concentre sur l’annonce du Royaume chrétien et sur son accomplissement en Jésus Christ. Celui de Marc traite plutôt de la vie adulte de Jésus et a pour destinataire en particulier les chrétiens qui étaient jadis des païens. Le livre de Luc comprend 24 chapitres et transmet la prédication faite par Paul. Le dernier livre, celui de Jean, consiste en 21 chapitres et se distingue des trois autres par son mélange de symbole et d’histoire, témoignant d’une perspective théologique aussi bien que liturgique.
  • Évangile, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ézéchias (en héb. חזקיה)

Fils et successeur du roi Achaz, Ézéchias est un roi du royaume de Judah qui paraît dans le Deuxième Livre des Rois.
  • Ézéchias, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ézéchiel 

Un prophète du Tanakh et de l'Ancien Testament. On lui attribue le livre auquel il donne son nom, le troisième dans l'ordre canonique des « Grands Prophètes » (Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel). Aux Juifs à Babylone, il annonça la ruine de Jérusalem, puis la restauration future d'Israël.
  • Ézéchiel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ézéchiel, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ézéchiel.

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Œcumenius (en gr. Οικουμένιος, Επίσκοπος Τρίκκης)

Un commentateur grec sur le Nouveau Testament dont les écrits datent probablement du Xe siècle.

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Œuvres morales (en lat. Moralia ou Ethica) de Plutarque

Ouvrage de Plutarque qui se compose de plus de soixante traités écrits sous la forme de dialogues et de diatribes. Les traités discutent de sujets éthiques, religeux, physiques, politiques et littéraires.

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Notes

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