
LA FOREST
NVPTIALE,
Où est representee vne varieté bigarree, non
moins esmerueillable que plaisante, de diuers
mariages, selon qu’ils sont obserueZ & pra
tiqueZ par plusieurs peuples & nations estran
ges : Auec la maniere de policer, regir, gou
uerner & administrer leur famille.
MONSTRANT REGIBVS ASTRA VIAM. PB
Vignette :
Image d'une étoile brillante sous une couronne.
Cadre de forme ovale avec inscription.
Feuilles entourant le cadre pour former
un rectangle. PB en bas.1
BIBLIOTHEQUE DE L'ARSENAL
Sceau de la bibliotheque de l'Arsenal
A PARIS,Chez Pierre Bertavlt au Mont
S. Hilaire à l’Estoille Couronnee. Filet simple.
1600.
AVEC PRIVILEGE DV ROY.
2
Bandeau décoratif. Auant-discours de l’Autheur.3
Lettrine "I", décorée de feuilles.
I'Ay honte qu’il faille maintenant que
ceux qui font marcher en public quelques œuures, soyent sujets de
dresser la premiere aisle de
leur bastillon alencontre des
bastardes mesdisances des iniques & mal-aduisés contreroleurs. Mais, puis que l’enuie
( comme disoit l’autre ) n’est
poinct morte, il est trop plus
que necessaire qu’õ s’arme &
munisse pour la rembarrer &
rabatre les coups d’vn tas de
regratteurs4 de desseins d’au-
truy. Pour iustifier de mon dire ie n’ay que faire de sortir
hors de nostre part-terre bigaré d’vne diuersité de mariage. Il me semble entẽdre marmonner, & desia ie vois des
yeux de l’esprit nos prestecharités5, fureteurs des labeurs
entrepris par autres & satyriques valemedire6 qui, des
pieds iusques à la teste, esplucherõt toutes les parties, voire les moindres parcelles des
bigareures entrelassées au parterre de nostre Forest nuptiale
pour y trouuer qu’à redire: Cela est cause, que ie les ay voulu
barriquer de cet auant propos
destiné pour faire entẽdre aux
esprits biẽ nés, le but de mõ intẽtiõ, l’occasiõ de mõ entreprise, l’vtilité & profit qui en reuiẽdra au public ( Dieu aydant ) &
finalemẽnt les prier de prẽdre
les raisõs, que ie deduirai pour
ma descharge & iustification
en payement & s’il y defailloit
quelque chose, me gratifier,
tant de leurs humanitez & benignes7 faueurs, que la verité,
que ie propose, ne soit rebrouee.
Il n’y a celuy auquel nature
n’apprẽne que le mariage est
vn estat le plus anciẽ qui soit
en tout le monde par lequel
nos deux tiges de l’humain lignage, Adam &
Eue, ont esté
vnis, conioincts & incorporez par ensemble, si bien que
c’est à tort8 si & Iustinien en
en sa Nouelle9 des nopces, & le
Docteur Balde, tiennent que
le mariage est le commencement, base & fondement du
gẽre humain. Quand tout est
dict, quelle plus saincte, chaste, asseuree & agreable
societé pourroit aduenir, que
celle du mary & de la femme ;
quand l’vn est ce que l’autre?
deux corps en vn esprit, d’vne
mesme volonté, & vn esprit,
& mutuel consentement en
deux corps. Les seuls mariez
homme & fẽme ne se portẽt
point d’enuie, seuls ils s’aimẽt
infiniment, chascun d’eux depend tout l’vn de l’autre, & se
repose en luy, ce n’est qu’vne
mesmes chair, vne mesme cõcorde, vne mesme ioye, vne
mesme tristesse, vne mesme
richesse, vne mesme pauureté, vn mesme gain, vne mesme perte, vne mesme dignité. Ils sont tousiours compaignõs d’vn mesme lit, & d’vne
mesme table, tellemẽt accouplés par ensẽble, que l’amour,
du mary à la femme, & de la
femme au mary surpasse celle du pere & de la mere aux enfans, des enfãs au pere, & celle que les freres & sœurs doyuent auoir ensemble. Voyla
pourquoy l’amour coniugale
doit surpasser toutes les autres, & doit demeurer perpetuelle, attendu que le pere, la
mere, les enfans, les freres, les
sœurs, les cousins, les amys sõt
accessoires, au lieu que l’hõme
a eu sa femme & la femme sõ
mary premier qu’on n’a ouy
parler de pere, mere, & enfãs.
Voire mais10 qu’ay-ie de besoin
de m’estendre d’auantage sur
la louange des mariages, le suiet en est si beau pour discourir, qu’apres auoir enflé beaucoup de Tomes de ce qui la
cõcerne encores n’auroit-on
pas attainct le tiers de la car
riere. Il y a plus, qu’au choc
des masles & femelles11 i’ay employé ce que le Poete Sceuole de Saincte Marthe a en partie tourné & imité du cinquiesme liure de Marcel Palingenie en son zodiaque de la vie:
Encores ie remploie ce que
là i’ay deduict & consecutiuement, puis que le mariage est
tant à priser i’infereray, qu’il
m’est loisible, voire12 honneste
d’entamer propos, qui quoy
que diametralement ne passe
par la ligne du milieu, par reflexion neant-moins se r’apporte au centre nuptial. Encores dõques que le mariage
soit party du cabinet celeste,
estably par l’Eternel, honoré
de la presence du fils de Dieu,
si est-ce que13, comme disoit vn
bon Docteur ancien, Iesus
Christ fut pendu entre deux
larrons atteints14 de plusieurs
& enormes meffaicts. Vous
voiés, que le mariage est fondé sur vne si sacree institutiõ,
le voyla costoyé & de ceux
qui le foulent aux pieds, & de
ceux, qui l’aians receu, ont introduict vne pluralité de femmes, ont adioint au mary des
Lieutenans de couche : Bref,
qui ont retenu le masque de
mariage & l’ont affeublé du
mãteau de paillardise. A ceux
là ie liure la guerre, & verrés, si
en vn seul poinct ie fauorise
à leur Poligamie & impudique lubricité. Et par-ce que ce
siecle ne nous a enfanté que
trop de maquignõs, supposts
& partisans Antigamiens15, i’ay
bien voulu dresser dans ceste
Forest Nuptiale vne bigareu
re des mariages, pour estaler,
en veue d’vn chascun ce qui
peut estre louable ou à mespriser de telles & si illicites cõionctions. Possible que ceux
qui faisoyent leur compte de
busquer d’auantage fortune,
voyans leur mine descouuerte & esuentee, poussés de hõte, se retirerõt du mauuais sentier, qui les menoit à la vallee
de misere. Les autres, qui ont
bons yeux dans la teste, contre-balançans les legitimes
mariages auec les illegitimes,
pourront tenir mon party &
croire fermement en premier
lieu, que ceux qui sont sortis
hors du rond orbiculaire de
mariage ( cecy toutesfois doit
estre sainement pris & ainsi
que ie l’entends ) ne sçauroiẽt
mieux se manifester estre de
naturés, des-raisonnables, &
ennemis de toute honnesteté, comme qui pour se veautrer en paillardises, & autres
accouplemens, lesquels, pour
horreur, ie n’ose nõmer, ont
mesprisé le mariage. En apres
que ceux, qui à leur sotte discretion ont voulu à tors & à
trauers donner dans le cercle
Nuptial, & ne s’assubiettir à la
ligne diametrale si bien marquee & designee par l’instituteur du mariage, ont faict des
sursaillies16 merueilleusement
estranges : les vns Poligamiẽt,
les autres prostituent ou leur
pucellage, ou leur pudicité à
des Bramins,
Brachmãs, passans & autres ; les autres finalement ( par le consentement
de leurs maris ) gaignent leur
vie impudiquement, & à la
sueur de leur corps. Quoy plus17?
vous voirez qu’ẽtre ceux mesmes qui se rangent du party
du mariage, le mariage est tellement defiguré, en plusieurs
endroicts, que l’on peut dire,
qu’il ne sert que de lodier18 de
cornardise. Le cœur me saigne
quãd ie lis ce que les autheurs
nous en rapporte, & ay esté en
voie par plusieurs fois de deschirer ce que i’en auoie broché, n’eut esté que quelques
miens amis m’en ont dissuadé, me remonstrans, qu’encores qu’il y eut plus à redire à
ces mariages, qu’il n’y a, si failloit-il les faire sortir en public, pour faire prẽdre en horreur à ceux qui auroyent enuie de s’y fourrer l’infamie,
qui accompaignoit ceux, lesquels s’emancipoyent au de
sus de leur deu19. Tout ne plus
ne moins, qu’encores que la
paillardise, l’adultere, le pecuculat, le larcin, le parricide, la
trahison & autres plus grands
crimes, formellement s’addressans à la maiesté diuine &
humaine, faſſent mal au cœur
à tous gens de bien, pour-ce,
la iustice ne laisse poinct à iusticier & publier les meffaicts
de ceux qui sõt attaints d’aucuns de ces crimes: de mesmes
voyõs nous qu’aucũs peuples,
pour destourner leurs enfans
d’yurongnerie, des qu’en rue
ils descouuroyent vn personnage surpris de vin, ils en repaissoiẽt les yeux de leurs enfãs, non point pour le semõdre20 à s’enyurer, ains pour leur
faire prendre en execratiõ la
vilanie des yuroignes. Ces
cõsideratiõs & remonstrãces
m’ont fait reprẽdre cœur, de
telle sorte que i’ose biẽ dire, que
mes amis m’õt osté des mains
ce labeur, à peine auant que ie
l’eusse reueu à mon plaisir. Or
puis qu’il est question de me
hazarder au iugemẽt d’autruy,
ie suis contrainct, pour ne me
monstrer trop failli de courage, d’icy rẽdre raison au moins
mal qu’il me sera possible des
poincts qui me semblent les
plus chatouilleux. Premieremẽt on me battra pource que ie
parle des mœurs des peuples
qu’õques ie ne vis. Argumẽt
coustumier à ceux, qui pour
auoir voyagé quelque peu se
font accroire, qu’ils tiennent
dans vne boite tout l’vniuers.
Ie prise grademẽt ceux, qui
de leurs yeux, ont peu descou
urir beaucoup de choses &
nous les rapportẽt fidellemẽt,
mais que de cela on doiue inferer qu’il soit interdit à ceux
qui n’ont peregriné de puiser de leurs discours ce qu’ils
en r’apportẽt, c’est rẽdre leur
labeur infructueux. Ma raison
est que de deux choses l’vne il
faut ou qu’ils disent vray, ou
qu’ils mentent : s’ils rapportẽt
la verité, il m’est aussi loisible
de la dire qu’à eux, moyennãt
que ie ne soie point ingrat de
recognoistre la tenir d’eux.
S’ils bourdent, he! la dois ie faire bonne pour eux? ceux qui
auront interest en cest affaire
qu’ils se prennent à eux, &
puis, à eux le debat. Cependãt
s’il leur plaisoit de iamais ne
s’accorder par ensemble, seroit il à dire qu’il nous fut de
ffendu de n’entendre parler
l’vn ou l’autre. Et afin que ie
des-charge tout d’vn coup
mon cœur, comment est-il
possible qu’vn personnage,
puisse entasser en son cerueau
tant de particularités de tant
& de si diuers pays, qu’a peine
vn homme peut-il descouurir
en vn fort long temps les singularités de la prouince, ouoù il
aura esté esclos: A plus forte
raison vn estranger pourra
fureter tous les secrets de diuers pays lointains, pour pouuoir donner en payement
quelque raison distincte, particuliere & qui soit vraye.
D’ailleurs l’ignorãce ou la malignité des estrãgers est telle,
qu’ils se plaisent à abbreuuer
ceux qui ne sont du pays de
bayes21, pour auoir occasiõ de
les desmẽtir quãd il leur plaira: D’où aduiẽt que les descriptions des pays estranges, se
contrarient de telle sorte: Et
voyla pourquoy, cy apres ie
dresse vn denombremẽt des
Autheurs desquels i’ay recueilly les plançons22 qui m’õt
seruy a attiffer23 ceste Forest, &
la diuersifier de ces bigarreures. Pour cela ne lairray-ie
point encores à estre recherché
de ce que particulierement ie
n’ay dõné icy nouueaux chapitres à nostre France, Angleterre, Escoçe & autres contrees de nostre Hemisphere.
Ie ne veu point nier que ie
n’en aye bien bõne enuie, voire que i’en ai dressé vn dessein
lequel si ie cognois qu’il puisse estre le biẽ venu enuers les
gens de bien, ie ne ferai point
difficulté d’acheminer à perfection. Toutefois i’ay mieux
aimé surseoir que d’apprester
matiere aux mesdisans de dire que ie vouloie embloquer
auec la Polygamie24 des maladuisez les mariages, que ie sçay
en plusieurs endroits estre sinceremẽt gardeés & obseruez.
Ordre
& suite
de ce traité.
Ne me reste plus pour mener
à chef25 cest auãt discours sinon
qu’à dõner l’adresse qu’il faut
tenir pour ne s’esgarer parmy
nostre Forest Nuptiale. Ie ne
la vous feray autre que celle à
laquelle ie me suis moy-mesmes reiglé. A l’entrée vous
trouuerez le 3. chapitre26 destiné aux Romains, Babyloniẽs
& Persans, lesquels ont esté
mis en frõt de la Forest, pour
autãt que ces peuples ont autresfois esté les premiers, plus
puissans & florissans d’entre
les autres. Apres fil à fil suiurõt
les nations estranges, que nous
visiterons iusques aux Patagoneens & Yucateens. A la
fin & auant que sortir de nostre Forest faudra brosser, non
vne cõtree particuliere, mais
refaire presque la vireuolle27 de
toute la course qu’auroie28 desia fait, pour esclarcir quelques
ombrages qui eussent peu rẽdre nostre Forest moins passagere. Ie n’y ay pas fait ce qui
eut esté bien requis & que
moi mesmes i’eusse biẽ desiré:
d’vn point suis asseuré y auoir
mis la peine & deuoir que i’ay
peu. S’il y a quelqu'un plus entendu, mieux aduisé que ie ne
suis pour es-brancher & approprier mieux l’entour, le
milieu & allees de ceste Fo
rest, il ne sera que singulier
plaisir de seconder mes desseins. Qu’il ayt bon courage,
il trouuera assez de besoigne
taillee29.
A. DIANE ou ANGE30.
Vignette à feuilles et fruits.
Bandeau décoratif.
AV LISEVR. Sonnet De L'Avtevr.
TE fasches tu, Liseur, pour veoir des mariages
Icy tout bigareZ ? quoy ? la diuersité
Te deuroit resiouïr ?31 voir de mainte Cité
Et de peuples diuers, les nuptiaux vsages.
Tu veois le bien, le mal, quicte les badinages,
Des Polygamies : suis la pudicité,
Où te guide le train, que ceux ont limité, (ges.32
Qui, a droit, sõt tenus pour prudẽs & pour sa-
Ioignant le blanc au noir, tu peux apperceuoir
La naïfue blancheur : hé ! pour te faire voir,
Le lustre nuptial, ie t’ay des bigareures
Dressé, comme i’ay peu, si quelque traict deffaut,
Sãs trop t’effaroucher, Liseur, il ne le faut, (res.33
Qu’abaisser sãs rigueur, les trop hautes coutu-
A. Diane ou Ange.
Filet simple. CATALOGVE DES AVTHEVRS desquels on a tiré ce discours.
- Agathie.
- Albert le Grand.
- André Theuet.
- Antoine du Verdier.
- Antoine Geuffroy.
- Antoine Pighasete.
- Aule Gelle.
- Beda.
- Claude Galien.
- Denis d’Halicarnasse.
- Diodore le Sicilien.
- Dominique Marie.
- Edouard Barbosse.
- Egnace.
- Esteuan de Garibay.
- Eusebe Cesareen.
- Fenestelle.
- Flaue Iosephe.
- François Aluarez.
- François de Belle-forest.
- François Sansouin.
- François Vasques
- George Pachimere.
- Giorgenitz.
- Goncal d’Ouiede.
- Guillaume Postel.
- Herodote.
- Hierosme Benzoni.
- Hierosme Cardan.
- Hippocrates.
- Iaques Cartier.
- Iean de Barros.
- Iean de Lery.
- Iean Leon.
- Iean Verazzan.
- Iustin.
- Laurens Surius.
- Louys Bartheme.
- Louys Cadamoste.
- Marc Paul
- Venitien.
- Nicephore.
- Nicolas Boyer.
- Olaus le grand.
- Paul Diacre.
- Paul Orose.
- Pausanias.
- Philostrate.
- Pierre Abbé Cluny.
- Pierre Belon.
- Pomponie Mele.
- Pline.
- Plutarque.
- Sebastien Munster.
- Sex Pompée.
- Solin.
- Strabon.
- Tite Liue.
Bandeau géométrique. TABLES DES CHAPITRES.
- Romains.34
- Babyloniens.
- Persans.
- Tartares.
- Chiots.
- Turcs.
- Thraciens.
- Moscouites.
- Gots & Suesses.35
- Laponiens.
- Arabes.
- Senegheens 36.
- Æthiopiens.
- Calecutiens.
- Malabariens.
- Narsingueens.
- Campioniens.
- Camuliens.
- Tarnassariens.
- Thebethiens 37.
- Fezeens.
- Cubeens & Haitiẽs.
- Sauuages,
- Patagoneens & Yucateens.
- Prestres.
- Bramins.
- Brachmans.
Bandeau géométrique. Approbation des Docteurs.
Nous soubsignez, Docteurs,
Regẽts, en la faculté de Theologie, à Paris. Certifions auoir veu,
& visité le liure intitulé, La Forest nuptiale : composé par le Sieur de Colieres, auquel n’auons trouué ny
aperceu chose qui puisse empescher qu’il ne soit imprimé & mis en
lumiere. En tesmoing de ce, auons
apposé nos signes manuels, ce huictiesme de may 1595.
L. Ardier.
Bandeau à feuilles et à fruits.
Entre achapt de
maris &
femmes.
LA FOREST NVPTIALE,
Où est representee vne varieté bigarree, non moins esmerueillable que plaisan- te, de diuers mariages, selon qu’ils sont obserueZ & pratiqueZ par plusieurs peuples & nations estranges. Auec la maniere de policer, regir, gouuer- ner & administrer leur famille.
Les Romains. Chapitre I.
Lettrine E.
ENcores que ie ne
veuïlle me formaliser contre le droict
Romain, neãtmoins
puis que les formalitez qui estoient anciennement gardees aux nopces
Romaines sont maintenant mises
hors d’vsage & pratique, ie ne fe
ray point de difficulté d’emprunter
des anciens autheurs ce qui appartient à ces mariages. Les anciens
Romains auoient accoustumé d’equipper la femme, quant elle preEquipage de la
nouuelle
mariee
Romaine & la
significa
tion de
chacune
de ces
particularitez.
noit mary en ceste maniere. Premierement ils luy bailloiẽt vne clef
en main entrãt en la maison de l’espoux, pour tesmoigner ( dit Sextus
Pompee ) la facilité de l’enfantement, ou qui mieux vaut, pour luy
donner à entendre que la garde &
soin de toutes les choses domestiques qui se serrent & fermẽt à clef,
voire38 toute la maison & ce qui appartient au soin du mesnage, luy estoit baillé en garde. Sur la teste ils
luy mettoiẽt vne lance, qui eut outre-percé le corps d’vn gladiateur,
pour aduertir la femme de la griefue punition dont elle estoit menacee si elle venoit a faire vn faux bõ a
son mariage. On la ceignoit d’vne
ceinture, tissue de la laine d’vne
brebis, laquelle le mary luy ostoit
apres sur le lict, pour luy apprendre
que deslors elle estoit rangee sous
le commandemẽt marital. En teste
elle portoit au dessous du voile
( qu’ils appelloient flammee ) vne
guirlande de Veruaine & d’autres
herbes entre-meslees, & la faisoit‑on assoir sur vne peau d’oüaille39. Sur
ce dernier chef n’est pas mal-aisé à
deuiner pourquoy on luy faisoit
prendre tel siege, d’autant que cela
n’estoit que pour la semondre40 &
faire ressouuenir d’estre bõne mesnagere, & d’auoir tousiours de la
laine deuant elle, pour filer : mais la
guirlande de Veruaine a appresté
matiere à plusieurs de gasouïller à
credit, comme s’il estoit croyable
que ces anciẽs eussent voulu sycophantiser vne si sacree conionctiõ
des abus & impietez qu’on phantasie sous la Veruaine41.
Feste Pompee escrit que quãd la nouuelle ma
Par qui
l'espousee Romaine estoit accompagnee.
riee alloit espouser, trois enfans qui
auoient pere & mere l’accompagnoient, dõt l’vn portoit deuãt vne
torche allumee, faite de l’herbe appellee Alba Spina42, vulgairement
charbon nostre Dame ( car on se
marioit de nuict, dit Plutarque en
ses Problemes, & les autres deux
marchoient auec elle vn de chasque costé, le flambeau alloit deuant
en l’honneur de Ceres: car comme
ceste Deesse ( qu’on tiẽt mere de la
terre & qu’elle a creé tous les fruits )
nourrit les humains, ainsi la nouuelle mariee, deuenue en apres mere
de famille, nourriroit ses enfans. Ce
qu’on tient encores à present estre
obserué ailleurs, principalement en
Angleterre, que deux ieunes enfans
conduisent l’espousee au temple,
de là deux hommes la rameinent
à la maison : & le troisiesme enfant
au lieu du flambeau porte vn vase
d’or ou d’argẽt. Outre-plus les Ro
Thalasse pourquoy estoit crié
aux noces.
mains crioient souuẽt en leurs nopces ce nom Thalasse, comme defenseur de la virginité. Aucuns disent que c’est le carme43 & chant nuptial, ou biẽ le Dieu Hymenee, qui
preside aux nopces. Tite Liue au
premier de ses Decades, & Plutarque en la vie de Romule disent, que
entre ceux qui rauissoient les filles
des Sabins se trouuerent quelques
vns de petite qualité, lesquels en amenoiẽt vne, qui surpassoit en merueilleuse beauté les autres. Ceux-cy
rencontrerent d’auenture en leur
chemin aucuns des principaux de
la ville qui la leur vouloyent oster
par force, ce qu’ils eussent fait, n’eut
esté qu’ils se mirent à crier, qu’ils la
menoient à Thalassie ou
Thalasse,
qui estoit vn ieune homme qu’vn
chascun prisoit & aymoit, & quand
les autres eurent sceu que c’estoit
pour luy, ils en furent fort ioyeux,
& les priserent d’vn tel exploict, tellement qu’il y en eut quelques vns
qui les accompaignerent rebroussans chemin pour l’amour de Thalasse, en criant & repetant souuent
son nom, dont est venue la coustume que les Romains chantent à
leurs nopces Thalasse, tout ainsi que
les Grecs chantent Hymenee, pourautãt qu’il fut heureux ( comme on
dit ) d’auoir rencontré ceste femme.
Toutesfois il y en a d’autres, desquels est Varron, qui tiennent que
ce nõ n’a esté introduict aux nopces à autre effect, sinon pour aduertir les nouuelles mariees de penser
à trauailler & faire leur besongne,
qui est de filer : car ils appelloient
le panier d’osier a tenir les laines
Talasse, que les
Latins d’vn autre nõ
appellẽt Calathus & Quasillus: mais
à sçauoir s’il y a vray semblance que
les Latins ayent voulu quémander
ce mot de Talasse des Grecs, puis
qu’ils pouuoient exprimer le mesmes en leur langage. Toutesfois
Plutarque
en ses Problemes faict
descendre ce vocable des Grecs
qui appelloiẽt la laine Tαλάσιον. D’auãtage l’espousee portoit trois pieces de mõnoye, qu’ils nõmoiẽt Asses dõt elle tenoit l’vne à la main, &
comme si elle achapta le mary la
donnoit à l’homme, d’où vient que
Euripide
en sa Medée en forme telle plainte.
De tout ce que la terre produit, & qui a
ame
Vegetatiue & sensible, il n’est rien que
la femme
Ne surpasse en mal-heur: il luy faut grãds
biens mettre
En l’achapt d’vn mary qui soit de son
corps maistre.
Par les anciennes loix des Candiots44 au contraire les hommes dotoiẽt les femmes & se les achetoyẽt
comme encores il s’obserue és mariages de Turquie: voire que45 les Indiens acheptent les femmes moyennant vne paire de bœufs qu’ils
offrent aux parens de l’espousée, de
mesmes qu’Homere au deuxiesme
de son Iliade feind46
qu’Iphydames,
fils d’Antenor, donna cent bœufs à
son beau-pere pour le doüaire de
celle qu’il deuoit espouser, moyennant lesquels il luy donna en mariage sa fille. Les anciens Alemans dict
P. crinit. li. 12. chap. 8. apportoyent
doüaire aux femmes, & non les fẽmes à eux. Il y a des femmes entre
nous & trop plus qu’il ne seroit à
souhaiter, qui encores qu’elles portent doüaire à leurs marys, se font
bien achepter: car sans tirer hors ligne de cõpte le temps qu’elles font
perdre à leurs mignons pour estre
courtisées deuant que leurs fiãcées
puissent iouïr de l’ayse le plus souuent frauduleux que l’on se promet
deuoir estre apporté la premiere
nuict des nopces, faut despendre
en ioyaux, affiquets47, habits & festins
plus que ne mõte la dote, & en cas
que restitution ait lieu par la mort
du mary, il faut augmenter quelquesfois la somme de la moytié du
doüaire (qu’õ appelle tiercer) pour
le droict de ſurvie de la femme.
Ie vous demande si la femme n’est
pas bien acheptée. Or pour reuenir
Oignement
que faisoit la
nouuelle
mariee
à l’huis
de son espoux auant qu’
entrer
en la
maison.48
à nostre espousée Romaine elle
portoit l’autre de ces pieces de mõnoye en ses chausses. Feste Pompée
dit en son pied, la mettãt au foyer
des Lares ou Dieux familiers, & la
troisiesme dans vne grande bourse
pendante, la deliant & ouurant
quelquesfois par les carrefours prochains. Et en ceste sorte le mary &
la femme s’entr’acheptoient: de fait
l’homme demandoit à la femme, si
elle luy vouloit estre mere de famil
le: à quoy elle faisoit responce, que
ouy: la femme pareillement disoit à
l’homme, me voulez vous estre pere de famille? il respõdoit, ie le veux.
Anneau
dõné par
le mary à
la femme.
Cela fait, mettãs leurs mains droites
ensemble se baisoyẽt, puis le mary
dõnoit à sa nouuelle femme vn anneau d’or en lieu d’arrhes & en signe
de mutuelle dilection49, ou bien, afin
que par ce gage leurs cœurs fussent
conioincts, lequel anneau Tertullien au liure de l’ornement des femmes appelle Pronube, & luy estoit
par le mary mis dans le quatriesme
doigt, voisin au petit de la main gauche pour autant ( dit Isidore au deuxiesme liure chapitre quinziesme
des diuins offices ) qu’en iceluy y a
vne veine de sang ou nerf fort tendre, qui va & s’estend droit au cœur.
Mesme raison baillent Aule Gelle &
Macrobe suyuans l’opinion d’Appion, & Atteie Capiton pourquoy
les anciens Grecs & les Romains
portoient l’anneau en ce doigt de la
main gauche, appellé medicinal.
Pline aussi raconte que de son tẽps
on auoit accoustumé d’enuoyer à
l’espousée vn anneau de fer où n’estoit aucune pierre enchassée. Auãt
qu’entrer en la maison du mary elle
oignoit la porte d’icelle auec vne
espee ointe de lard. Pline neãtmoins
au vingt-huictiesme liure de son histoire naturelle chap. neufiesme ne
fait point mẽtion d’espée, ains r’apporte que l’espousée graissoit seulement les posteaux de l’huis de la
maison de sõ mary auec de la grais
Oignement
que faisoit la
nouuelle
mariee
à l’huis
de son espoux auant qu’
entrer
en la
maison.
se de porceau ou de loup, & seruie
d’huyle, pour signifier, qu’ainsi tous
les maux seroyent chassés de là &
qu’elle apportoit l’abondance à la
maison. De faict le sein de porceau
est mollitif, chaud, resolutif & mõdificatif50, & a de grandes vertus. Quãd
à la graisse de loup Pline mesmes
au lieu sus allegué descouure à quelle fin les nouuelles espousées en
frottoyent le iour des nopces les
posteaux de l’huis de leurs maris, à
sçauoir pour rompre tous charmes
& toutes les sorceleries qui y pourroyẽt auoir esté faites. Ce n’est dõc
de ces temps51 que commencent à
courir les nœuds d’aiguillette52
& autres tels prestigieux & diaboliques
ensorcellemẽs dont quelques garnemẽs font estat, mestier & marchãdise de corrõpre les œuures naturelles qui bouclẽt53 & cõsõment les mariages. Si trouué-ie bien estrãge ce que
dit Pline touchant ce sein de Porc,
d’autãt que s’il auoit telle vertu & puissance, c’est sans doute que maintenant on s’en seruiroit pour preuenir ou rõpre ces charmes nuptiaux.
La richesse, fecondité & abondãce
est manifestement tesmoignée par
l’huyle. Ioinct que, cõmr l’huile ne
peut estre meslé qu’à fine force auec matiere humide, aussi la femme
doit demeurer ferme & arrestée, &
nager tousiours au dessus, sans se
laisser atterrer par les efforts & allechemens qu’on pourroit luy dõner.
A cause de ces oignemẽs quelques
Grammairiens, & entre autres Donat, ont dit, que le nom Vxor est venu ab vngendis postibus, &
Polydore
Virgile vnde ab vngendo dicta quasi
vxor. En apres on presentoit à l’es
pousée à la porte, de l’eau & du feu,
qu’on luy faisoit toucher, dequoy
fait mention le Iurisconsulte Sceuouole l. penult. ff. don. int. virum & vx.
L'eau &
le feu presenté à l'epousée à
la porte.
Sexte Pompée en baille la raison: la
nouuelle mariée (dit-il) estoit arrosée d’eau, pour dire quelle vint chaste & pure vers le mary, ou qu’elle
participa auec lui de l’eau & du feu,
elemens principaux, sans lesquels la
creation de l’homme ne peut cõsister. D’où il plaist à aucuns d’inferer que la fẽme porte le feu & l’eau. A la Panurgique54 il y a icy beau
moyen de pantagruëliser55, toutesfois ils modifient leur dire que la
femme ait le feu pour esmouuoir
l’appetit charnel au mary, & l’eau
pour l’eſteindre. Voila pourquoy
Varrõ dit, qu’il y a deux causes de la
naissance de l’hõme, l’eau & le feu,
que partãt elles estoient opposées aux
nopces sur le seuil, qui accouple.
De faict l’homme est le feu, par-ce
que Venus prend de luy la semence & la femme est l’eau, par-ce que
Venus prẽd de son humeur, & leur
conionction l’enfant. Quant tout
est dict lors que l’humeur & la chaleur sont ensemble temperez, toutes choses prennent commencement d’iceluy : Car quoy que le feu
soit repugnant à l’eau, si est-ce que
la vapeur humide cree toutes choses, & est leur accord mes-accordãt
propre à toute generatiõ: l’vn d’eux
est comme elemẽt masculin, l’autre
comme feminin, l’vn est actif, l’autre passif. C’est pourquoy anciennemẽt fut ordõné que les alliances
nuptiales fussent bouclées, ratifiées
& asseurées par sermens, faits solennellement sur le feu & l’eau, pource
que tous animaux reçoyuent corps
& ame par chaleur & humeur en
leur generation, & que par eux ils
viuent: car comme tout animal est
composé de corps & d’ame, la matiere du corps consiste en humeur,
& celle de l’ame en chaleur. Ce qui
appert par les œufs des oyseaux, lesquels pour cause des grosses humeurs dont ils sont pleins ne peuuẽt
estre reduicts en corps, & les corps
ne peuuent auoir ame, si la chaleur ne fait son operation. De ma
part i’estimerois qu’il n’y auroit pas
grand inconuenient de faire rapport de l’interdit de l’eau & du feu
auec la solemnité matrimoniale,
d’autant que le mariage est celuy
qui rend immortelle l’espece humaine, & l’interdict met hors du
rang des hommes celuy sur lequel
il est deschargé. Outre plus l’espousée n’entroit point de ses pieds à la
maison du mary, mais y estoit portee
comme si elle eut voulu tesmoigner
qu’elle n’alloit de son gré, mais par
force, au lieu où elle deuoit perdre
sa virginité. L’espousée entrant à la
maison sur le seuil du premier huis
appelloit Caie Cecilie ou Tanaquil,
femme de Tarquin Priscus, Roy des
Romains, pour mõstrer qu’elle sçauoit qu’elle entroit en vn train où
il falloit qu’elle suiuit la piste de ceste sage & vertueuse Princesse. Puis
on la vous despoüilloit de ses autres paremẽs, & luy mettoit-on à costé sa quenouïlle & son fuseau. Sur
tout les Romains estoyent fort scru
Les Romains ne
se marioient au
mois de May.
puleux de ne se marier au moys de
May, le reputans infortuné pour les
nopces, d’où est venu ce prouerbe
Ancien, espluché par le docte Erasme en la premiere Chiliade de sa
centurie quatriesme.57
Mense maio nubunt malæ. Au mois de May les mauuaises se marient. Il y en a encores
pour le iourd’huy, qui superstitieusement & à la Payenne font scrupule de se marier à tel moys & ce (diẽtils) pour estre exempts de ialousie,
& n’entrer en mauuais & mal-heureux mesnage. Or des que le consentement des parties y est, le mariage est
arresté, quoy que de faict il ne soit
Puissance maritale entre les
Romains.
consommé. Depuis la consommation du mariage la femme est soubs
la puissance du mary, s’il n’est esclaue ou enfant de famille58 :
car en ce
cas, la femme qui a espousé vn enfant de famille est sous la puissance
du beau-pere, aussi bien que l’homme libre se mariant est en la puissance d’autruy s’il va demeurer en la
maison du beaupere, bien qu’ẽ tou
tes autres choses il iouysse de ses
droicts & libertés. Et encores que la
loy de nature veuïlle que chascun
soit maistre en sa maison, comme dit
Homere, afin qu’il puisse dõner loy
à sa famille, toutes-fois les loix Romaines veulent que la fille mariée
& menée en la maison du mary, si
elle n’est emancipée du Pere, ne soit
point subiette au mary, ains au Pere.
La puissance du mary sur la femme
par la loy de Romule estoit telle
que non seulement le mary auoit
tout commandement sur la femme,
ains aussi pouuoir de la faire mourir
sans forme ny figure de proces, en
quatre cas, c’est à sçauoir pour adulteres, pour auoir supposé vn enfant,
pour auoir des fausses clefs & pour
auoir beu du vin, qui n’estoit point
seulemẽt la coustume des Romains,
ains aussi Theophraste escrit que les
anciens habitans de Marseille en
Prouence & les Milesiens vsoyent
de mesmes loy contre les femmes
qui auoyẽt beu du vin, iugeãs que
les appetits desreiglés de la fem
me subjette au vin la feroyent aussi
tost yurongne & puis adultere. Aussi trouuons nous que la puissance
donnée au mary par la loy de Romule de faire mourir sa fẽme pour
cause d’adultere sans authorité du
magistrat, estoit toute commune à
la Grece, aussi bien comme aux Romains, car la loy Iulia, qui permet
seulement au pere de tuer sa fille auec l’adultere trouués sur le faict,
& non autrement, a esté faicte par
Auguste sept cens ans apres la loy
de Romule. Depuis l’Emperiere
Theodora, aiant toute puissance sur
l’Empereur Iustinien, fit toutes les
loix qu’elle peut à l’auantage des
femmes, & entre autres mua la peine de mort en vne peine d’infamie, comme aussi anciennement
les Atheniens, excommunians les
adulteres auec note d’infamie. Et
autres crimes, qui touchent plus le
mary que le public, & qui ne meritent point la mort, tous sont d’accord que le mary a puissance de
chastier moderement sa femme. Et
afin que les maris n’abusassent de la
puissance que la loy leur donnoit
sur les femmes, elles auoyent contre le mary action en cas de mauuais traictement ou de mauuaises
mœurs: Ie pousserois plus outre ce
discours, ensemble sur les diuorces
& infractions de mariages, comme
aussi soit l’authorité & puissance paternelle, s’il n’y auoit vn assez bon
nombre de plumes delicattes qui
ont passé sur ce sujet, & peuuent me
releuer d’vne prolixité où ie pourrois à mon biẽ grand regret entrer.
Suffira si sur la fin de ce chapit. i’aduertis le liseur que n’a pas tenu à ce
sale Bouc de paillardises Helioga-
Touchãt
la communion
des femmes.
bale que la cõmunion des femmes
n’ait esté introduicte entre les Romains. De faict nous voyons en la
harangue qu’on luy faict tenir à ses
putains la promesse qu’il se faict de
faire vne loy par laquelle il rendroit
les femmes communes, se donnãt à
entẽdre par ces desraisõnées raisõs
que il feroit vn grãd biẽ, profit & plaisir tant à la Republique laquelle par
ce moyẽ s’accroistroit qu’aux particuliers qui en receuroient vn singulier contentement : car ( disoit-il ) ne
sera ce pas vn grand gain pour vn
estalon qui sera laissé ou tenu en relais qu’on en reçoiue cent mil. Quel
plus grãd plaisir pourroit auoir que
n’estre subjet à la rigueur à la loy &
pouuoir viure à discretion & au gré
de nos affections? On n’entendra
plus les plaintes des riottes, noises,
fascheries, groins & mauuais mesnage dont à tout propos les familles
Romaines estoyent troublees par
faute qu’encores que les humeurs
du mary & de la femme simbolisassent d’vne harmonieuse sympathie,
si failloit il que les mariages demeurassent fermes. La communiõ & meslange des femmes coupera broche
à tout cela d’autant que le lien de
conionction ne tiendra qu’entant
que tous deux s’agreeront par ensemble. N’estoit-ce pas bien discouru? comme si la multiplication ne
deuoit estre reiglee au niueau des
loix. Ie laisse l’impudique salacité de
ce vilain qui mesuroit vn chascun à
son aulne. Mais ce qu’il allegue sur
les incommoditez du mariage pour
les discordes des maris & femmes
a d’abordee quelque apparence : (Et
pleust à Dieu, que l’espreuue n’ẽ fut
en ces temps par trop coustumiere)
toutesfois au fonds est fort fresle &
mince, attendu que pour le mal qui
est perpetré au preiudice du bien,
n’est la raison que l’on retranche le
bien. En apres la meslange des femmes ne dissiperoit pas le brouïllis de
ces querelles. Icy n’est à oublier, que
au rebours de nostre practique les
Romains permettoient les nopces
des vefues aux iours chommables,
& vouloient que celles des filles se
fissent seulemẽt aux iours ouuriers,
pour monstrer que c’estoit vne tache de laquelle on ne se pouuoit acquitter aux festes, l’effort du depucelement estoit par trop grand.
Nopces
de pucelles & de
vefues.
Ioint qu’il estoit bien permis de rẽplir les fosses anciennes és iours de
festes, mais non pas en faire de nouuelles60.
Les Babyloniens. Chap. II.
SI oncques y eut peuple qui se
baigna en delices, çà esté le Babylonien, dont l’Escriture Saincte
dresse plainte fort souuent. Ie laisse
les exces des Roys qui y ont commandé, aymant mieux renuoyer le
liseur à ce qu’en a escrit le prophete
Daniel, que de rafraischir de nouueau la plaie de l’outrecuidé Balthasar. La delicatesse & effemination
de ce peuple estoit si grande, que iamais vn Babylonien ne sortoit en
ruë qu’il ne fut paré, attiffé62 & parfumé comme vne courtisanne, & qu’õ
ne sentit le musc tout le long de la
ruë par laquelle il passoit, & afin de
se monstrer plus gentil, chascun de
Mignardise &
somptuosité des
Babiloniens.
eux portoit vn anneau au doigt, auquel estoit ou son nom ou ses armoiries, d’autant qu’il leur seruoit
de cachet, ainsi que le temps passé
en vsoient toutes nations : chascun
encor auoit en main vn sceptre ou
masse Royale, elaborée gentiment
& auec industrie, à la creste de laquelle falloit que fissent mettre ou
quelque põme ou vne fleur de lys,
ou vne rose ou vne Aigle, ou quelque autre deuise63. Bref c’estoit la na
Filles
Babiloniennes
exposées,
à l’encãt.
tion la plus mignarde & popine
qu’on eut sceu penser. Pour leurs
loix on les a quelques-fois prisé, &
sur tout pour vne, qui visoit aux mariages, laquelle on tient estre ores64
practiquee ou bien peu s’en faut
(ainsi qu’on me fait entẽdre) à Venise, portans que les filles pucelles estãs en aage & prestes à estre mariées
ou parti seroit offert, estoient assemblées & conduites en plein marché,
où entourées d’vne grande troupe
d’hommes, le crieur public les mettoit à l’encan & dernier encherisseur. Or les premieres estoyent les
plus belles, lesquelles estoyent achetées par les plus riches, mais le
simple peuple, n’aiant dequoy fournir à cest appointemẽt, espousoit les
plus laides, qui estoient necessitées
d’acheter leurs maris, & falloit que
l’argent tiré de l'achapt des belles
seruit pour trouuer party à celles
qui estoient laides, & les achepteurs
estoyent obligez d’auoir des pleiges65 auant qu’on leur deliura la marchandise. Et d’autant qu’il y auoit eu
de la part des femmes plainte dressée de mauuais traictement, & de ce
qu’on les emmenoit hors de Babylone, fut faite loy, qu’il ne seroit
plus loisible à homme de mal-mener ou tourmenter sa femme, ny de
la tirer hors de la cité, à cause que
plusieurs, estãs appauuris, ne faisoiẽt
conscience de vẽdre leurs filles aux
estrangers, & les leur donner, pour
en abuser à leur fantaisie66. De tant que
ceste loi estoit hõneste, charitable &
à reputer, il y en auoit vne autre qui
Prostitution exe-crable de
femmes
Babyloniennes.
estoit horriblemẽt abominable, par
laquelle toutes les Dames de Babylone furent iadis obligées comme
nous apprennent Strabon au liure
seisiesme de sa Geographie & Celie
Rhodigin au liure huict chap. onze
de s’aller offrir au temple de Venus
vne fois en leur vie & là s’exposer &
prostituer à toute sorte d’estrangers
qui viẽdroyent les prier d’amourettes, lesquels les retiroyent à l’escart
du temple, puis leurs descouurans
leurs cuisses mettoiẽt sur leurs genoux
l’argent qu’ils auoyent deliberé leur
donner pour le gain de leur corps,
apres entroyent en besongne, ou
bien apres auoir abusé d’elles, leur
mettoyent dãs le sein ce qu’ils vouloyent pour le salaire de leur turpitude, & n’y auoit pas vne d’entre elles qui osast auoir refusé celuy qui la
requerroit & moins le present qu'il
luy dõnoit, à cause que le profit en
reuenoit non à elle, ains au temple
de la Deesse: & ne pouuoit s’en retourner en sa maison sans coup ferir
& sans receuoir quelque cas de celuy à qui elle auoit affaire. De mes
Prostitution des
Dames
Cypriottes & au-tres.
mes aueuglement estoyent frapées
les Dames Cypriotes, qui s’estoyent
laissé manier fort à l’aise à leur compatriote Venus67, laquelle pour couurir ses lubricitez, ouurit la premiere
l’escole de paillardise, & permit aux
femmes & à ses subiects de se veautrer sans punition à tout plaisir de
paillardise. Ce fut des ordonnances
de ceste courtisãne que sortit la loy
abominable, par laquelle il failloit
que les filles à marier se prostituassẽt
aux estrangers, & que du prix de leur
chasteté elles acheptassent celuy qui
les viendroit à prendre pour espouses. Telle lubricité a esté ( cõme i’ay
touché au chapitre destiné au Canadeens ) aussi practiquée en Canada
& Saguen, & à zele en Capadoce,
où en l’hõneur de la Deesse Anaililide68 on dedioit les filles vierges, &
les plus belles & excellentes qu’ils
pouuoyent choisir, pour les prostituer au temple voüé à ceste infame
Deesse, & apres que lõguemẽt elles
y auoyent couru l'aiguillette69, on les
marioit, si bien que ceux qui les espousoyent les prenoyent ioyeusement & s’estimoyent bien-heureux
d’auoir des femmes sacrees à vne si
puissante Deesse. En France, Italie,
Espaigne & ailleurs, par la grace de
Dieu les noms de ces Deesses impu
diques sont effacés ; au moins l’Idolatrie en est retranchée ; mais, helas! & combien de milliers de filles
& femmes pourroit-on y compter,
qui tiennent maison ouuerte à tous
allans & tous venans, moyennant
que la bourse treselle70. Pour retourner en Assirie vers nos Dames Babyloniennes, l’idolatrie les auoit tellement surfantés que nous trouuons
qu’en la huictiesme & derniere tour
du temple on voyoit vne chappelle
où estoit appresté vn beau lict fort
magnifiquemẽt paré, & deuant iceluy vne table d’or, sans que la dedãs
y eut ny statuë ny simulachre quelcõque & que pas vn homme y coucha: seulement y demeuroit vne fẽme telle qu’il plaisoit à ce Dieu de
choisir d’entre les citoyennes de la
ville, car ainsi le faisoyent accroire
les Chaldéens, qui auoient charge
de ce temple, à cause que le Dieu
venoit de nuict, & s’alloit reposer
en ceste belle couche71. Ie vous laisse
à penser quel Dieu, c’estoit & si la
femme ne le sentoit pas autre que
de condition spirituelle.72
Les Persans. Chapitre. III.
ON prise les Persans, pour vne
generosité, vaillance, gaillardise, bonté & courtoisie, dont ils estoyẽt accompagnés, mesmes pour
plusieurs belles loix, qui estoyent establies entre eux, si73 ont ils esté esclopés74 en beaucoup de leurs manieres de viure: ce que ie puis verifier sur le champ, sans ietter ma veuë
autre part que sur leurs mariages. De
Pluralité
de femmes, & le
réglemẽt
entre elles.
faict ils espousoyent plusieurs femmes, & outre icelles auoyent encores vn grand haraz75 de concubine, à
cause que les plus honorées d’entre
eux estoiẽt ceux, qui auoyẽt le plus
d’ẽfans & tãt plus76 vn hõme en estoit
chargé, & pouuoit fournir des siẽs à
la guerre de tãt estoit il reconeu par
le Roy, qui tous les ans luy enuoioit
des presens, en signe de faueur, &
pour la recompẽse du seruice faict à
la Republique: Les fẽmes, pour n’auoir ialousie auoyẽt leur rang, pour
aller coucher auec leur mary, de sor
te que presque ils ne pouuoiẽt leur
oster ce priuilege, quand bien il eut
aimé l’vne plus que l’autre de sorte
que les Persans entre-my ces femmes estoyent comme vn coq auec
ses poulles. En quoy nous deuons
recognoistre l’astuce de Sathan, qui
sous le mãteau de profiter au public
faict glisser la polygamie & pluralité de femmes, comme aussi le cõcubinage. Pourtant ne sont excusables
les Persans, qui pouuoyent produire vne belle engeance, sans entrer
en telles alteres77. Les Romains ont
Romains
quoy que
soigneux
de multiplier li-gnee, n’õt
entẽdu à
la pluralité des
femmes.
esté beaucoup plus aduisés, qui n’õt
point voulu faire voye à ce flot de
pluralité de femmes & neantmoins
on sçait, qu’ils ont esté autant amoureux de repeupler leur Empire de
citoyens, que sçauroyent auoir esté
les Persans. De faict les loix Iulies,
qu’on nomme caducaires, estoyent
expressément bandées alencontre
de ceux lesquels ou mesprisoyent
le mariage ou ne produisoyent lignée à la Republique: en aprés quels
beaux priuileges, quelles immuni
tés & prerogatiues ont eu les peres
fecõds en lignées? Voyre que78 maintes fois on a fait bresche à la rigueur
du droict pour soulager ceux qui
accroissoyent le peuple Romain.
Et y a biẽ plus, que tout ce qui pouuoit nuire ou preiudicier à la propagation des enfans, ils l’ont retranché, iusques à là, qu’encores que les
maistres & Seigneurs eussent puissance de vie & de mort sur leurs esclaues, si leur a esté faite expresse inhibition & defence de les chastrer
ou faire chastrer quoy que veritablemẽt on sceut qu’vn esclaue hõgre & deschargé des boulets perisomatiques estoit d’auantage prisé
que celuy qui estoit entier. On a biẽ
passé plus outre, d’autant qu’ẽcore
que le veuvage fut fort à recõmander, pour n’encourir aux peines imposées à celles qui se remariroyent,
si est-ce que les Empereurs ont brisé les liens, par lesquels le deffunct
mary pourroit auoir obligé sa vefue
n’aspirer à secondes nopçes. Ie sçay
biẽ que l’Empereur en allegue vne
autre raison, à sçauoir la fragilité du
sexe feminin, qui est bien telle, que
il est fort mal-aysé à la femme qui
aura faict vne telle promesse de ne
franchir le sault de ce sermẽt. Quãt
Touchãt
le concubinage.
au concubinage on ne peut dire,
qu’il n’ait aussi biẽ lieu entre les Romains, voire79 qu’il a esté séparé d’auec la paillardise: mais sur la fin il a
esté reietté, ou plustost permis par
contraincte, mais non point à gens
mariés, & par le droict Canon defendu aux Prestres. Or encores que
ceste pluralité de femmes & concubinage soit à condamner, est bien
plus detestable l’impieté de laquelle Agathie liure second les attache:
Inceste
des Persans.
car non seulement ils ne font aucune conscience de s’accoupler charnellement auec leurs cousines germaines & propres sœurs, ains, ô forfait execrable! les peres se mesloyẽt
impudiquement auec leurs filles, &
ce qui est le plus abominable, ô nature violée, & vous ô loix aneanties,
les enfans ne se soucioyent de coucher lasciuement auec leurs meres.
Toutes-fois le mesme autheur dict
que les Anciens Persans n’auoyent
point ceste maudite coustume, ains80
qu’Artaxerxe fils de Darie, sentant que sa mere Parisatide (imitant
Semiramis qui solicita son fils Nine de l’accoler), l’aiguillonnoit à se
ioindre auec elle seulement la repoussa auec vn grand desdaing, &
extreme colere à cause (dict il) que
c’estoit contre la loy & coustumes
du pays, & que ceste façon de faire
n’estoit receuë entre les hommes.
Encores sont biẽ plus brutaux & dénaturés les gentils-hommes Circas-
Incestes
detestables des
Circasses.
ses peuple Asiatique en la Sarmatie,
qui quand quelqu'un a messaict n’ont
d’autres bourreaux que les payens
mesmes, & le plus souuent le frere
iusticie son propre frere, apres cest
inhumain massacre il s’en va la nuit,
apres coucher auec la fẽme du defunct, sa belle sœur. Quant tout est
dit, il semble que ces Circassiẽs soiẽt
plustost bestes qu’hommes & de ma
part ie les iugerois tels, si ie ne trouuois qu’ils sont fort religieux à gar
Circas-
siens trop
courtois
enuers
leurs
hostes.
der l’hospitalité, & tellement courtois enuers leurs hostes, que de leur
laisser leurs filles auec eux, & souffrir, qu’ils les manient de la teste iusques aux pieds, sauf toutes-fois iusqu’à preiudice de la pudicité, tellement que lors que l’hoste est couché ces filles le nettoyent, à cause
que ce païs est fort subiet aux puces
& à telle vermine. Au reste ils sont si
Estrange
depucellemẽt des
filles Circasienes.
barbares qu’aux obseques de grãds
Seigneurs ils prennent vne fille de
douze à quatorze ans, qu’ils font asseoir sur la peau d’vn bœuf nouuellemẽt occis, & l’estendẽt sur le poil
de ceste peau par terre, en presence
de tous les hommes & les femmes:
lors le plus hardy & gaillard des ieunes gentils-hommes, là presens, se
couurant de son manteau de feutre
se met en effort de depuceler ceste
fille, & aduient souuent qu’auant
qu’elle soit depucellée, faisant resistence, elle aura rendu recrus trois,
quatre ou d’auantage des plus gaillards de la trouppe s’essayans à telle
lutte si deshonneste, & à la fin on la
gaigne & surmonte, auec promesse
de la prẽdre pour espouse. Ayãt gagné le pris, celuy qui l'a violée se leue & fait parade de sõ outil tout saigneux des despouilles de la fille &
les femmes tournent la face ailleurs
quoy que non sans rire, prenãt plaisir au deduit infame d’vne pire que
payenne sepulture.
Les Tartares. Chap. IIII.
COmme le naturel des Tartares est brusque, estrãge & sauuage, leurs façons de faire barbares,
& hors d’humanité, ils sont aussi
mal ordonnez & desreiglez pour le
faict de leurs mariages. Sur tout se
baignent-ils à la cruauté, & se donnent licence de sauuer celles des
Tartares
vilains à
leur paillardise.
femmes, qui leur semblerõt les plus
belles & les plus ieunes, desquelles
ils abusent à leur fantaisie, & les cõtraignent de seruir à leur vilaine &
detestable paillardise, auec la plus
grande misere qu’homme sçauroit
imaginer : aussi ce peuple est le plus
infect & sale, en matiere de paillarder, qu’autre que la terre porte, d’autant que, jaçoit qu’il luy soit loisible
d’espouser tout autant de femmes
que bon luy semble, & cõme il peut
nourrir, & sans aucun respect des
degrez de consanguinité, sauf que
de la mere, de la fille, & de la sœur: si
est-ce, qu’ẽcore il s’accouple & aux
masles, & aux bestes mesmes. Au reste espousãs vne femme, elle ne sera
tenuë pour leur espouse, iusqu’à tãt
qu’elle leur ait porté des enfans, à
ceste cause, ils repudient celles, qui
sont brehaignes & steriles, & en prẽnẽt d’autres, sans qu’õ voye aucune
partialité ny querelle entre tant de
femmes, encor’ que le mary caresse
& fauorise plustost vne que les autres : mais cela aduient pour-ce que
chascune a son mesnage à part, & vit
en fort grande & merueilleuse chasteté, & estãs aussi hõnestes que leur
marys, sont debordez en toutes sortes de vilainies : Et cecy nõ que na
turellement elles ne paillardassent
d’aussi bõ cœur que les hõmes, ains
pource que par la loy, il y va de la
mort, s’il est prouué, que soit hõme
ou femme, soit attainct d’adultere,
neãtmoins les hõmes y ont plus grãd
priuilege, se mariãs à tãt de femmes
qu’il leur plaist, là où il n’est ainsi des
femmes, qui faut que demeurẽt là à
la discretiõ du mary, fauorisee ou rejettee. Entre autres deuoirs de leur
charge, est cestuy-cy, qu’elles s’entremettẽt à la purgatiõ des familles,
par le feu, à sçauoir, quãd par necessité quelqu'vn a esté cõtraint d’y passer, car de guet à pend, il n’y a que la
mort pour recõpense. Or voicy cõ
Femmes
Tartares
emploiees
à la purgatiõ des
familles.
me les Tartares purifient leurs loges.
Ils font du feu en deux lieux esloignez trois pas l’vn de l'autre, entre
lesquels dressent deux lances, prés
chaque feu vne, & attachẽt vne cordelette, qui va de l’vne à l’autre &
est attacheé aux deux : ce qui doit
estre purgé, faut qu’il passe sous ceste corde: & cepẽdãt il a deux femmes, à chacun costé de ce feu arrou
sans d’eau ce qui passe sous la corde
& marmonans ne sçay quels suffrages sortis de leurs Necromãtiẽs, &
Bachsi81, lesquels elles pẽsẽt pouuoir
seruir à cest effet. Les dames, qui sõt
Accoustremens
des Dames Tartares.
mariees, ont vne certaine coiffure,
faite tout ainsi qu’vn panier tout rõd
ayãt pied & demy de haut, & applany comme le cul d’vn muyd sus le
bout : ceste coiffure est de soie de diuerses couleurs, & embellie de plusieurs plumages, & encor’ enrichie
de pierrerie & ioyaux d’or, selon la
richesse de la Dame: aussi les grãdes
& les riches se vestent d’escarlatte, & de soye, & de mesme parure
que font leurs marys: leurs robes sõt
faictes d’vne estrãge façon : car elles
sont fendues au costé gauche, & par
là, & les hõmes & femmes les vestẽt &
despouillẽt, & les attachẽt auec cinq
ou six boutons. En esté ils se vestent
ordinairement de noir, en hiuer &
lors qu’il pleut, de blãc: leurs habits
ne leur descẽdẽt point plus bas que
les genous, aussi ne sçauroit-on discerner les hommes d’auec les fem
mes, que de la coiffure, ny les filles
des femmes mariees, car leur vestement est semblable, & tous portẽt
des hauts de chausses, & gregesque82
bien bordees & passementees chacun selõ sa portee. Ie lairay leurs ceremonies, qu’ils obseruent au sacre
de leur Roy, & à deduire comment
ils donnẽt à leur Roy, celle des femmes qu’il aime le mieux, & tous deux
ensemble sont haussez dedans vn
feutte, & proclamez Roy & Royne
des Tartares : il vaut mieux que ie
vous propose leur sotte coustume,
dõt nous aduertit Marc Paul Venitiẽ, laquelle touche à nos mariages.
Sots mariages des
morts,
que font
les Tartares.
Quãt il y a deux hommes, l’vn desquels a vn fils, l’autre vne fille, &
qu’ils les ont fiancez ensemble, &
qu’il aduient que fils & fille viẽnent
à mourir, ne laissant point d’en faire
les nopçes, car ils donnent la fille
morte, au garson decedé, & cecy en
telle maniere. Ils font peindre des
esclaues, des cheuaux & des bestes:
de toutes sortes d’habits, de deniers,
ioyaux, bagues & toutes especes de
meubles puis font passer le cõtrac
de mariage, lequel approuué par le
parens de tous les deux costez, on
faict brusler tout ce que dessus, disãs que la fumee, qu’ils font, est portee à leurs enfans, en l’autre mõde,
lesquels s’espousent là par effet, ainsi que ça bas ils en ont faict la ceremonie: & les parẽs des morts se tiennent plus vrayement aliez, & s’entre-aiment & frequentent tout ains
que si leurs enfans fussent en vie, &
le mariage eust esté accõply: Icy n
Courtisannes
Tartares
faut oublier que le Cham de Tartarie83 retire grands deniers des courtisanes, qui sont à la suitte de sa cour,
mais il y a vne loy telle, que le Roy
estant en quelque Ville que ce soit
il n’est permis à femme, telle qui face l’amour ( si ce n’est secrettemẽt)
de se tenir dedãs les Villes, ains on
leurs logis aux faux-bourgs, & là
les va visiter qui veut. Aux fauxbourgs de Cambalu ( qui est l’vne
des principalles Villes du pays Cathaien ) il y en a vn beau escadron,
tel qu’aucuns en font compte de
vingt-cinq mil, qui s’exposent au
plus offrant, & vendẽt leur paillarde chair, à ceux qui mieux les payẽt.
Or ces femmes ont vn Capitaine
general, puis des chefs sur chacun
millier, & sur chacune cẽtaine lesquels tous faut que dependent de
ce General. La cause pour laquelle
il est dit,qu’il faut que ces femmes
ayent ainsi vn chef, est, d’autãt que
toutes les fois que quelques Ambassadeurs sont enuoyez au grand
Cham84, pour les affaires d’iceluy Seigneur, & qu’ils sont là à ses despens
on les traicte fort somptueusemẽt,
& faut que le Capitaine leur face
chete entiere, & leur donne, & table & lict garny, en donnant toutes les nuicts, vne de ces Dames, à
cest Ambassadeur, & autãt à chacun
de sa suitte, sans que ceux-cy soyẽt
tenus de rien leur donner : car c’est
tribut que ces femmes doiuent à
leur Prince. Aucuns assez hardimẽt
se sont essayez tirer la source & l’establissemẽt de tels bourdeaux d’vne coustume qui est ramentuë par
Punition
d’adultere entre
les Rom.
& autres
peuples.
Socrates, en son histoire Ecclesiastique, liure cinquisme,Chapitre
dix-huictiesme,où il nous apprend
que les Romains, si vne femme estoit surprise en adultere, ne corrigeoyent point le forfaict, mais par
vn adioustement & accroist de peché punissoyẽt celle qui auoit meffaict. De faict ils la contraignoyent
de paillarder effrontément, en vn
estroict bourdeau, & cepẽdant que
s’exploitoit ceste sale & deshonneste execution, on faisoit sonner les
cloches à double carillon, à fin que
ceux qui estoyent là, fussent aduertis des coups, qui se donnoyent, &
que par le retentissemẽt de ces cloches,ce vergongneux chastimẽt fut
descouuert & manifesté à vn chacun. On appelloit ces lieux destinez à telles operations, Sistra, lesquels, ainsi que la remarque le mesme Historien, furẽt destruits & abbatus par l’Empereur Theodose.
Quoy que soit, il y a bien à dire des
vns aux autres, ainsi que le lisans
pourrez bien aisémẽt apperceuoir.
Or puis qu’icy nous sommes entrés
sur le propos touchãt les peines de
l’adultere, ie suis bien contant de
m’y estendre vn peu au long. Aucuns peuples l’ont puny de mort.
Par la loy de Moyse on lapidoit l’adultere, & auparauãt icelle il estoit
bruslé,comme il est aisé à recueillir
du 38. chap. de Genese. Heraclides
en son liure des polices, faict mentiõ d’vn Roy nõmé Tennes,lequel
ordõna aux tenediẽs85, que les adulteres
seroient departis en deux auec vne
hache & fit espreuue d’vne telle &
si seuere ordonnãce sur son propre
fils. Pource en sa monnoye il fist engrauer vne hache d’vn costé, & de
l’autre deux visages penchans d’vn
mesme chef. Les Ægyptiens bailloient mil coups sur celuy, qui estoit
surpris en adultere, on couppoit le
nez à la femme. Diodore le Sicilien
adiouste bien d’auãtage au premier
liure de sa Bibliotheque que le plus
souuent on chastioit l’homme adultere. Les Siciliens ont practiqué la
mesme rigueur alendroit des fem
mes adulteres, qu’ont fait les Ægyptiens, & quant aux hommes Valere
le grand nous apprend au premier
chapitre du sixiesme liure que les
Romains ont esté aussi seueres que
les Ægyptiens, de faict, que Bibienus trancha les genitoires à Carbo,
Actienus & Puble Ceruius à Põtius.86
Zaleucus87 tint forte bride contre les
adulteres de Locres, ausquels, pour
punition, il ordonna, qu’on creuat
les deux yeux: supplice duquel luymesme ne sceut se garantir, car cõme son fils eut esté surpris en adultere, & qu’il vit, que pour le respect
de luy,toute la cité n’en fit autremẽt
instance, luy mesmes insista, à ce que
ce messait ne demeurast impuny. En
fin gaigné par les prieres du peuple,
luy mesmes se fit creuer vn œil & vn
autre à son fils ainsi que Valere remarque en son discours touchant
la iustice & Ælian au treziesme
liure var. histor. Les Lepreens menoient liés & garottez a l’entour de
la cité ceux lesquels ils auoient surpris en adultere, puis le reste de leur
vie les tenoient pour infames &
contemptibles. Et quant aux femmes adulteres on les contraignoit
de demourer vnze iour entiers toutes découuertes en public, seulemẽt
estoyent affublees d’vn simple &
fort delié vestement. Entre les Atheniens il estoit interdit aux femmes
adulteres d’entrer aux temples, que
si aucune s’estoit hazardée d’y auancer le pas, il estoit loisible à vn chascun de luy faire tel affront qu’il eut
voulu, sur tout luy estoit defẽdu de
la tuer de peur que (comme tesmoigne Demosthene en l’oraison contre Neera ) la peine de son ignominie ne print si tost fin. L’hõme adultere surpris sur le faict pouuoir estre
occis par le mari sãs recerche. Voire
que88 par la loi de Solõ (au rapport de
Plut. en la vie d’iceluy89) il y auoit peine de dix ou vingt drachmes sur celuy qui honissoit la pudicité d’vne
femme. A ce propos est fort remarquable le chastimẽt que, selon Suidas, fit Hippomenes, Prince d’Athe
nes, de Limone sa fille, laquelle il a
uoit eu d’Athalẽte. L’ayãt trouué en
adultere l’enferma auec vn cheual,
lequel n’ayant aucune pasture prit
sa repeuë, & se rua sur elle. L’adultere fut trainé par des cheuaux par le
pays Attique iusques à ce que son
corps fut desmembré & escartelé.
Les Laciades ou Placiades (qui sont
peuples de l’Attique) prenoient des
raifforts du pays, gros au possibles,
où, à faute d’iceux, des gros coins
de bois, & les mettoient deuant les
parties honteuses des adulteres. Ce
que Lucian en la vie du philosophe
Peregrin veut auoir aussi esté obserué en Armenie. L’historien Tacite
recite, que les Alemans rasoient les
cheueux de leurs femmes adulteres
deuant leurs voisins, puis les chassoient toutes nuës & les menoient
par la ruë à grands coups de verges.
Les Cumeãs faisoiẽt monter sur vne
haute pierre la fẽme adultere, d’où,
apres qu’elle y auoit demeuré quelque tẽps, non sans grande risée d’vn
chascun, on la descendoit, puis on
lui faisoit cheuaucher l’asne par tou
te la bourgade: de mesmes qu’au
rapport de Stobee serm. 42. les Pisides promenoiẽt par quelques iours
les deux adulteres sur vn asne. Salethe Seigneur des Crotoniates fit vne
ordonnance contre les adulteres
qu’õ les brusleroit tous vifs. Et partant, ayant pollué la couche de son
frere, comme il vit que les citoyens
vouloyent rabatre & addoucire ceste peine & les cõdamner seulemẽt
au bannissement, luy mesmes s’eslãça dãs vn feu, comme escrit Lucian
en vne apologie. Ie ne poursuiuray
point plus outre les autres peines
de l’adultere, crainte que i’ay, qu’on
ne die, que ie me play à dresser icy
vne contremire des punitions auec
l’impunité receuë en nostre France,
où cest enorme forfait, tant s’en faut
qu’il soit reprimé ou puny qu’au cõtraire (& de ce le Docteur Io. Faber.
§. Item lex Iulia.Iustit, de pub. iud. nous
en fait reproche) il est mis au nombre des actes ingenieux.
Les Chiots. Chap. V.
LA maluoisie qui fertilise le los
de l’Isle de Chiots, voire90 qu’ẽ
ce elle ne luy permet rien quitter
à celle de Candie, eschauffe pareillement les humeurs des habitans,
sur tout pour l’exploit qui se rapporte à nostre discours. Il y en a qui
passent bien plus outre & maintiẽnent qu’encores que la maluoisie Chioise ne soit point si furibonde que la Cãdiotte91, ce neantmoins
elle esceruelle les pauures Chiots,
de sorte qu’ils n’ont point le cœur
viril & courageux, voire92 qu’il se
baisse au dessous de celuy des femmes, qui, si nous croyons à certains
escriuains, tiennẽt le rang des coqs.
Femmes
de Chios
courageu
ses.
Outre l’experience ordinaire ils
employent ce qui est couché par
Plutarque que traicté qu’il a fait des
vertueux faicts des Dames en ceste
sorte. Ceux de Chio fonderent ia
dis la ville de Leuconie par vne telle occasion. Vn ieune gentil hõme
des meilleures maisons de Chio s’estoit marié & comme on luy menoit sa femme en sa maison sur vn
chariot, le Roy Hipoclus, qui estoit
amy & famillier du marié & auoit
assisté aux espousailles comme les
autres, où l’on auoit bien beu, bien
ry & fait encores meilleure chere,
sauta sur le chariot, où estoit la mariée non pour y faire aucune violence ny villainie, mais seulement
pour se ioüer, comme la coustume
estoit en telle Feste : Toutes-fois les
amis du marié, ne le prenans pas de
ceste façon le tuërent sur la place :
A raison duquel homicide s’estans
monstrés à ceux de Chio plusieurs
signes manifestes de l’ire & courroux des Dieux & ayant l’oracle
d’apollon respondu,que pour l’appaiser il failloit qu’ils tuassent ceux
qui auoiẽt occis Hippoclus : Ils respondirent que c’estoient tous ceux
de la ville qui l’auoiẽt tué. Dieu leur
commanda qu’ils eussent donques
tous a sortir de la ville de Chio, si
tous estoient participãs de ce meurtre : ainsi meirẽt ils hors de leur ville ceux, qui estoient Autheurs ou
aucunement participans de ce crime, qui n’estoient pas en petit nõbre ny gens de petite qualité, & les
enuoierẽt habiter en la ville de leuconie qu’ils auoient auparauant ostee & conquise sur les Coroniens
à l’aide des Erythreiẽs:mais depuis
guerre s’estant esmeuë entre eux &
les Erythreiẽs, qui estoiẽt pour lors
le plus puisãt peuple de tout le pays
d’Ionie, & les Erythreiens les estans
venus assaillir auec armee,ils firent
composition par laquelle il leur estoit permis de sortir auec vne robe & vn saye tant seulement & nõ
autre chose. Les femmes n’eurent
pas plustost entendu ce beau appointement qu’à belles iniures se
mirent à leur faire reproche s’ils
auoient le cœur si lasche que quicter leurs armes & de s’en aller tous
nuds au trauers de leurs ennemis.
Et comme les maris leurs alleguas
sent qu’ils auoyent iuré, elles les releuerent & dispenserent aysément
de ce serment: si leur conseillerent,
comment que ce fut n’abandõner
point leurs armes, & leur dire, que
la jaueline estoit la robe & le bouclier le saye à tout homme de bon
cœur. Les Chiots les creurẽt & parlerent audacieusement aux Erythreiens en leur monstrant leurs armes, si bien que par leur audace ils
les effrayerent & ny eut personne
d’eux qui s’en osa approcher pour
cuider les empescher, ains furent
tous contans qu’ils se retirassent en
tout tel equipage qu’ils voudroiẽt,
moyennant qu’ils luy quittassent la
place. Voyla doncques ces femmes
qui ont remis la virilité au cœur de
leurs maris & par mesmes moyen
leur on sauué leur honneur qui s’ẽ
alloit eclypsé par tout fetardise. Ne
pensez pas que ce soit esté pour vne
bouffée, car le mesme Historien
nous apprẽd que long temps apres
les femmes de Chio firent vn autre
acte qui n’a cedé de rien, en vertu
à celuy là lors que Philippus fils de
Demetrïus tenant leur ville assiegée fit proclamer vn mandemẽt par
ses heraus & vn cry merueilleusement hautain & barbare. Que les
esclaues de la ville se rebellassent
contre leurs maistres & se vinssent
rendre à luy & qu’il leur donneroit
liberté & si leur feroit espouser à
chascun leurs maistresses femmes
de leurs maistres. Que firent la dessus les femmes! Elles montent sur les
murailles de la ville, & y porterent
des pierres & des traits en priãt leurs
hommes qui combattoient, d’auoir
bon courage, & les admonestans de
ne se lasser point de faire bien leur
deuoir: Si bien qu’en faisant de faict
& de parole ce qu’elles pouuoyent
pour repousser l’ennemy, à la fin elles contraignirent Philippus de se
leuer de deuant la ville sans rien faire. Telles considerations auec d’autres me font croire que les femmes
à Chios tiennent le haut bout &
que les bons Chios tout doucemẽt
trainẽt le Balay. Pour cela ne laissẽt
ils maintesfois a auoir la puce à l’au
Chiots
ialoux.
reille & à tous coups les trouués
frappez du mal de ialousie, tellemẽt
craignent ils que la mer Ionique soit
transformee en Ægee, & que malgré eux on les fit charger cornes. Ce
la fait que le plus souuent elles sont
mal menees d’autant que comme
elles ont le cœur haut, elles dedaignent le commandément de leurs
barons,sur tout quand il tend à brider ce qu’elles veulent estre remis à
la discretion de leur bail, garde &
gouuernement. Les pauures filles
mesmes, sont tenuës fort subietes &
n’oseroyent clinotter la veuë sur vn
personnage quoy qu’elles luy fussent fort affectiõnees. Toutesfois le
braisier qu’elles portẽt au dedãs d’el
les fait de telles & si estrãges operations, qu’à tout coup on n’entend
que d’embrasemens ou embrassemens faits par surprise volontaire
pour raison des deux acouplez,mais
inopinees & contre gré à ceux qui
ont si grand peur que la bresche soit
enfoncee. Ie me souuiens auoir leu
en vn discours Italien dressé tou
chant l’Isle de Chio qu’a la racine
du mont Pethodes (lequel les Latins
nomment du nõ d’anciẽne assiette)
vous auez vne riuiere qui fait moudre
plusieurs moulins : Au long duquel
on voit vne tour anciẽne garnie de
tres-espesses murailles, laquelle on
nõme Tisichoris opirgos, qui est à dire la
tour de la fille. D’icelle ceux du pays
racõtẽt choses nõ pareilles:entre autres qu’autres fois il y eut vn Roy a
Chio, lequel faisoit estat de faire vn
voiage loingtain, auquel il ne pouuoit mener sa fille vnique dont il estoit en merueilleux esmoy, car si
tost qu’il l’auoit perdu de veuë il se
faisoit entendre qu’il y auoit quelcun aupres d’elle à crocheter sa serrure. De fait sa beauté estoit biẽ telle qu’elle ne pouuoit moins qu’elle
ne dõnast vifue impressiõ à ceux qui
eussent esté les plus refroidis, de l’aimer. Ce pauure pere, pour sceller
& cadenacer ce qu’il tenoit si trestant cher & pretieux en sa fille, fit
bastir ceste forte tour dans laquelle
il la confina iusques à son retour.
Faloit bien que la ialousie transporta bien ce pere assotté, que de faire
languir si fort long temps ceste pauure fille. Mais quoy : c’est vn malheur du pays, que, cõme les femelles sont dangereuses au possible de
la desserre, aussi ceux qui ont interest ou part à la medieté chargẽt incontinant martel inteste. L’habit &
Habit
& vestement de
Chios.
vestement des Dames de Chios est
tel. Celles qui sont mariees portent
en la teste vne coiffure faite en forme de Pyramide. Et entortillee au
bout de la pointe,auec diuerses entrelasseures de rubans de taffetas ou
autre telle ou plus pretieuse estoffe,
attiffez de telle sorte qu’ils font vne
couronne. Elles couurent leur visage d’vn voile, faict de la plus fine
& subtile toile, qu’elles peuuent
trouuer, Le port de leur teste est graue autant que faire se peut. Leurs
robbes ne sont gueres longues tout
expres, à celle fin qu’elles puissent
faire monstre de leurs iambes bien
chaussees & qu’elles sont tirees &
guindees proprement, des escar
pins blancs, dechiquetez & popins
de tout ce qui se peut desirer. Les
robbes sont de couleurs, & n’y a
que les vefues qui chargent le noir.
Elles sont bandées de velours fort
large, leur deuantier d’vne toile
fort deliée empesée & enrichie du
plus exquis ouurage qui se peut auoir. Sur leurs coiffures elles portẽt
des perles grosses, leur col est enrichyde plusieurs belles chaines d’or.
Les filles & femmes non mariees
au lieu de ce portent des scofions
tissus & elabourés d’or & de soye,
auec infinis fleurs par la teste: les
vefues comme i’ay defia touché cy
dessus, portent le noir & couurent
leur teste d’vn gros voile de toile
cruë. La celles qui portent le dueil
de leur pere, mere, & parens, sont
parées de blancs, mais leurs robbes sont comme les manteaux des
nonnains Grecques. Ie ne veux
pas icy particulariser toutes les
singularitez qui s'obseruent aux
nopçages de Chios, d’autant que
ce ne seroit que redire ce que
desia i’ay icy proposé touchant les
ceremonies Latines, Grecques, &
Turques attendu que dans Chios
il y a exercice de diuersitez de religions. Suffira de remarquer que
les filles le iour de leurs nopces, au
lieu qu’en France les espousees
ont accoustumé marcher en poil,
pendent certains filets fort deliés
d’or ou d’argent, comme lõgs cheueux, iusques a leur ceinture. Et
en tel equipage sont conduites au
moustier par la meilleure compagnie de Dames que faire se peut. Au
retour du seruice on rameine l’espousee au logis, là où toutes sortes
de bonne chere sont practiquées,
pour tesmoignage de resiouyssance. La bonne maluoisie est alors
resueillee d’vne fort gentile façon,
si bien qu’ils se monstrent vrays &
legitimes heritiers de ceux qui par
leur bien boire ont donné lieu au
mot de greciser. Icy ie ne veux
oublier que ie treuue qu’en ceste
Isle autresfois y a eu vne loy contre
les vefues laquelle on appelloit Ar
Ancienne loy de
Chios
contre
les vefues.
gomuniatico par laquelle estoit por
té que tons ceux qui se plairoiẽt trop
au vefuage & ne penseroiẽt à se remarier paieroient pendant le temps
qu’ils demeureroiẽt en tel estat vne
certaine somme de deniers, laquelle
ils cessoyent de foncer lors qu’ils
venoient à se remarier. Cela me fait
souuenir des peines, qu’autres-fois
ont esté imposées sous la charge de
viduité, qui sont de si peu de valeur,
qu’encores que la viduité soit grandement à priser, par-ce qu’elle ne
s’esloigne aucunement de la pudicité,toutesfois elle est peu vtile à la
Republique & par tãt telle rigueur a
esté faussee. Peut estre que de la les
Romains ont puisé l’honneur lequel
ils faisoient à leur pudicité matronale à laquelle dans Rome y auoiẽt
deux chappelles consacrées l’vne
pour les Dames patriciennes & l’autre depuis dediée par Virginie Patricienne, mais mariee à L. Volumne Consul. plebeien pour les plebeiennes esquelles n’estoit permis a
aucunes femmes de sacrifier, sinon
qu’elles fussent d’vne extreme chasteté & n’eussent esté mariees qu’à
vn seul mary.
Les Turcs. Chap. VI.
A Cause de l’impieté de Mahomet, i’auois deliberé de couler les mariages des turcs, mais puis
que tãt d’habiles hommes ont passé leur burin sur ce subject, m’a
semblé que ie ne pouuois, sãs oster
le lustre de mes bigareures, passer
par oubly ou mespris ce qui appartient au mariage des Turcs. Or
pour autant que le subject est fort
ample & spacieux, ie seray cõtraint
premieremẽt proposer ce que Mahomet par ces Azoar, a estably touchant les mariages : en apres deduire quel ordre ses supposts tiennent
Ordonnãces de
Mahomet pour
les mariages.
à leurs nopçes, auec quelles ceremonies ils y entrent, & finalement
descouurir les aduenuës & issuës
des mariages des Turcs. Au huictiesme Azoar de son Alcoran il limite le nombre de espousees, que
ses sectareurs peuuent auoir à sça
uoir trois ou quatre, selon le moyen qu’ils auront de les entretenir:
Pluralité
de femmes.
mais quant à luy, ayãt faict vne loy
pour soy-mesmes, il se donna permission de se marier auec autant de
femmes qu’il luy plairoit en auoir,
mesmes on trouue qu’il se maria à
quinze femmes tout à la fois: falloit que ce fust vn terrible bouc &
qui ne deust rien à Hercules, lequel
en vne nuict seule depucela les filles de Thespius, qui estoyent en
nombre de cinquãte, dont il en eut
autant d’ẽfans. Deuinez s’il n’y auoit pas bien de l’ancre au cornet,
& s’il n’est pas à presumer qu’il eut
de l’herbe ou racine, dont Theophraste fait mention, laquelle se
trouuoit en Scythie, suffisante
pour faire passer soixante dix carrieres, ainsi qu’auoit fait vn Indien,
que ramentoit Theophraste : Flauie
Vopisque raconte bien que Procule
Empereur Romain, se vantoit d’auoir engrossé, en quinze iours, cent
vierges de Sarmatie, qui auoiẽt esté
faites prisonnieres à la guerre:mais
cela n’estoit pour continuer le mesme train, ainsi que Mahemet, &
ceux qui se plaisent à ceste pluralité
de femmes. Si ie trouuois qu’eux
tous tinssent la reigle de noz sauuages, qui ne touchent iamais à leurs
femmes pendant leur grossesse, ie
dirois, que les Turcs, pour se couper
voye à paillardise, adultere, inceste,
& au peché contre nature ( duquel
ils sont horriblement entaché) se licentieroyent à vn si démesuré nombre de femmes. Toutesfois encores
qu’ils ne se restraignent à vne telle
abstinẽce, si ne laissent-ils a se veautrer parmy leurs essains de femmes.
Asçauoir
s’il deuroit
estre plustost permis aux
femmes
auoir plusieurs ma
rys, qu’-
aux hommes plusieurs
femmes.
Autres-fois ie me suis esbahy pourquoy le plus souuẽt on faisoit voye
à la Poligamie pour les masles que
pour les femmes : car encores que la
chose de soy-mesmes soit du tout
des-honneste & déraisonnable, si
faut-il qu’elle soit masquée de quelque telle quelle apparence de raison, qui (à mon aduis) sembloit mãquer en cest endroict, attendu que
nature nous apprend, & l’experien
ce mesmes le faict veoir aux plus
mescreãs, qu’vne femme lassera plusieurs masles, dont (à fin que ie n’offense plusieurs, en France, Italie, Espaigne, Angleterre, & ailleurs, qui
ne se meslans que trop du mestier,
ne veulent estre nommez, ne dõne
que trop de preuue. Messaline, la
prodigieuse luxure de laquelle est
decrire par Iuuenal. En apres Salomon dit aux prouerbes chapitre 30,
qu’il y a trois choses, qui ne se saoulent point, mesmes les quatres ne
dient point c’est assez, à sçauoir le
gouffre, la matrice de la femme sterile, la terre, qui n’est point rassasiée
d’eau, & le feu qui ne dit point c’est
assez. Cela est bien veritable : mais
les supposts Poligamiques, pour
leurs deffences alleguẽt que le mary, à l’endroict des femmes, est cõme le coq,pour l’esgard des poules:
en outre, employent le cas que Nicolas Boyer, en sa decision, 17. du
Parlement de Bordeaux, recite, qui
est autant prodigieux, comme il est
peu croyable, d’vn homme de Cata
loigne, qui estoit si puissant en l’acte
venerien, qu’il l’accomplissoit auec
sa femme, dix fois par chacun iour:
dequoy elle s’alla plaindre à la Roy
ne d’Arragon93, laquelle, ayant faict
appeller le mary, qui confessa le cas
estre vray, luy commanda de ne cognoistre sa femme, à l’aduenir, plus
que de six fois le iour, à peine de la
vie, à fin qu’elle n’encourut danger
de mort, par la continuation de tant
d’embrassemẽs, en peu de temps si
souuẽt reiterez. Quelqu’vn estimera que ie me suis extrauagué sans raison & hors de propos, attendu qu’il
se treuue qu’il y en a qui passent biẽ
les quinze femmes:pource faut sçauoir qu’outre ces quatre femmes,
les Turcs peuuent auoir des troupeaux d’esclaues, auec lesquelles ils
se meslent indifferément, sans auoir
esgard, si elles sont Iuifues, ou Chrestiennes, ou idolatres, & les enfans
qui en sortent, sont aussi bien legitimes que ceux de celle qui est mere
de famille : voire94 qu’aucuns tiennẽt
qu’elle est faicte libre. Ce qui leur
fut permis du viuãt mesmes de Mahemet : lequel ayant plusieurs femmes, qui s’estoiẽt laissees emplastrer
de sa loy, receut presens du Roy des
Iacobites, entre autres, d’vne fort
belle esclaue, pucelle Iuifue, de laquelle Mahemet s’enamoura extremement, & ne peut dompter ses
passions autrement qu’il ne la cogneut. Ses femmes s’en estans apperceuës, n’arresterent à charger
martel in teste,si luy feirent entendre (tant estoient-elles scrupuleuses
où plustost ialouses ) que s’il continuoit à faire tels coups, qu’elles estoyent deliberées de le quitter, &
trouuer moyen de se separer de luy.
Si fut faict, il fut dict, car cõme Mahemet pour toutes ces remonstrances ne daigna faire trefue,deux de
ses femmes se sentirent tellement
outrées,que de despit elles placque
rent là Mahemet : de mesmes qu’auiourd’huy celles de Quicama qui auoisinent la prouince de Ceuoli, à
present dicte Grenade : là les hõmes
n’ont veritablemẽt qu’vne femme,
laquelle ils repudient quand bon
leur semble : & les femmes aussi laissent leurs marys, si tost qu’elles découurent, qu’ils s’accostẽt d’autres.
Ceste separation donna bien de la
peine à Mahemet, car ces
deux fem
mes commencerent à publier la vie
de ce pauure Mahemet, le vous delauent de telle sorte, qu’il sembloit,
qu’il eut perdu le credit. A dire la
verité, il estoit bien en brãsle de faire le soubre-saut, & eut passé le pas,
s’il ne se fut aduisé d’adiouster vn
chapitre à son Alcoran, faisant loy
nouuelle, pour ses supposts, sçauoir,
qu’il fut permis à tous ceux, qui tiẽdroyent son party, se mesler tout
ainsi auec leurs esclaues femelles,
cõme auec leurs propres femmes:
laquelle loy il meit au commencement du quatriesme liure de son Alcoran, lequel encores pour le iour
Inceste
prohibé
entré les
Turcs.
d’huy, a nom le chapitre de la deffense. Mahemet, au mesme chapitre, deffend d’espouser celles de
son sang, telles que sont les meres,
filles, sœurs, tãtes, & niepces, soit du
costé du pere, où venant de la part
de leurs filles, ayans touché leurs
femmes, leurs nourrices, & la mere,
les meres des femmes qu’ils espousoyent, & leurs sœurs de laict, les
belles sœurs, & encores ne leur
estoit loisible d'espouser les deux
sœurs, quoy que Mahemet n’en ait
pas tant fait le renchery. Le neufiesme Azoar est, sur le poinct de l’achapt des femmes : car les Mahemetans, faut qu’ils dotent leurs espouses, & non pas qu’elles leur apportent rien que leurs corps en mariage : defend qu’ils n’en espousent
point qui soyent paillardes, ains belles, bonnes, chastes, & genereuses:
& les pauures, qui n’auront moyen
d’en choisir de telles, qu’ils se contantent de prendre des esclaues, cõuerties à l’Alcoranisme : & si ces esclaues s’oublient, iusques à faire tort
à leurs marys, il veut qu’elles soyent
punies à moitié prés,aussi rigoureusement que les Dames, qui sont de
bon lieu, luy semblant aduis que les
esclaues ne meritoyent tant de pu
nition que les autres. Ordonne que
les hommes ayent commandement
sur les femmes, & que celles soyent
punies, lesquelles s’emancipent de
l’obeyssance, qu’elles doiuẽt à leurs
espoux. Du reste de l’Alcoran ie ne
veux plus adiouster que les paroles,
qui sont addressées à Mahemet, en
son Alcorã, par ce qu’elles font foy
de la continence de ce bouc, & de
sa modestie, & sont telles. A toy seul
(ô Prophete ) est permis de te ioindre & accoupler auec toutes femmes, ausquelles tu auras dõné quelque chose, ou qui te seront sujettes,
pour les auoir achetees : & encores
à tes cousines, filles des sœurs de
ton pere, où de ta mere, & à toutes
les honnestes femmes, qui de gré à
gré voudront consentir à te faire
plaisir, car ie pense, que tu sois assez
informé comme est-ce que toy, &
les bons, se doiuẽt gouuerner à l’endroit de vos femmes, & de celles
qui sont sous vostre puissance. Chasse celles que tu voudras, & appelle
celles qui plus t’agreeront, car elles
doiuent se gouuerner selon que
leur comãderas. Quant aux vefues
& punition des crimes bandez alẽcontre du mariage, nous verrons ce
qui en est, apres qu’aurons veu cõ
Commẽt
le Turc
courtise
sa mignõ
ne.
ment c’est que les Turcs courtisent,
& se comportent en leurs mariages.
Le Turc quant il veut faire entẽdre
à quelque Dame le desir qu’il a d’estre son seruiteur, il fait tant qu’il se
trouue en lieu, où de loing il la peut
veoir. Les femmes de Turquie se
tiennent communémẽt sur les maisons, qui sont couuertes en terrasses.
De parler à elles, est fort mal-aisé,
par ce qu’allans par la ville elles ont
le visage couuert, ainsi qu’il leur est
expressemẽt enioinct, par le trentequatriesme Azoar, si ce n’est qu’elles
parlent à leurs marys, ou parens, &
autres, lesquels on ne peut point
souspeçonner. Toutesfois, de loing
on peut en auoir la veuë. Parquoy
le Turc, ayant apperçeu celle, laquelle il affectiõne, il hausse sa teste,
& met la main à la gorge, se pinçant
la peau du gosier, en l’estendant vn
peu, luy donnant à entendre par telle simagrée, qu’il est son esclaue enchaisné, & luy est seruiteur, d’extreme seruitude. Si la Dame se tient à
recoy, ou qu’elle baise la main, il en
prend bonne esperance. Les mariages de ceste nation, sont fort estrãges, desquels Hyorgenits parle ainsi.
Maniere
des maria
ges entre
les turcs.
Le mariage en leur langue, s’appelle
Eulenmech, & se fait en ceste maniere. Ils se fiancent sans nul serment,
& le mary les prend (cõme i’ay desia
dit) sans dot quelconque, ains, qui
pis est, il faut, que presqu’il achepte
celle, qu’il veut espouser, de sorte
que la mariée n’a rien, que le marié
ne soit contrainct d’achepter, de
son beau-pere, & pource le diuorce
Diuorce
entre les
Turcs.
leur est fort aisément permis, où
pour l’esgard des mœurs, ou pour
estre la femme sterile: c’est au Cady95
à cognoistre de cecy, deuant lequel
le mary fait venir les parens de sa
femme, pour luy donner reprimende. Ils souffrent que leurs esclaues
se mariẽt,mais les enfans qui en sortẽt, sont du reuenu, & proye de leur
maistre. C’est vn grand cas (dit Sanſouin96) que le grand Turc ne se soucie d’espouser la fille de quelque
grand Roy ou Prince, comme aussi
il ne fait difficulté de donner ses filles à quelqu’vn, qui soit de race illustre, & sang remarqué, de quelque
noblesse : veu que Rustan Bassa espousa la fille vnique de Sultan Soliman encor qu’il fut de bas lieu,
ayãt ses parens elimann la Bossine, qui labouroyent ordinairement la terre
& a Lutfi, estant sorty de sang vil
donna sa propre sœur. Il est vray
qu’il les ennoblist, & leur donne tiltres de Bassa, comme à ce Lutfi, qu’il
fit Vuisir Bassa, c’est à dire, premier
& grand Bassa, & celuy qui a les
sceaux, & tient le plus haut rang à la
Porte. Le Seigneur a plusieurs serails en diuers lieux, où il met celles des esclaues, qu’on luy donne
de present, qui luy sont le plus à gré
& s’il luy vient en fantaisie, il les fait
Sultanes, & puis s’en-amourãt d’vne autre, il quitte la premiere, sans
vser d’aucune ceremonie, en ce sien
opçage. Bien est vray, que le Roy
& les Seigneurs, donnent vn breuet
entre les mains du Cady97, dedans lequel est contenu le doüaire, qu’ils
donnent à leurs femmes. Là où entre les petits, dés incontinent qu’ils
sont d’accord, de ce que le mary dõne a la femme, à sçauoir du doüaire,
qu’ils appellent Chebin, il l’a conduit
à sa maison, sans autre ceremonie: Si
le logis ne plaist à la femme, il luy
est loisible de chercher vn autre ma
En Turquie, vn
Turc
peut espouser vne Chrestienne :
mais le
Chrestien ne
peut espouser vne Turque.
ry, sans qu’elle puisse emporter son
doüaire, si ce n’est qu’elle peut prou
uer, que le mary eust voulu abuser
d’elle cõtre nature, ou qu’il ait porté du vin en la maison, duquel la
femme en ait peu boire. Il est permis au Turc d’espouser vne Chrestienne, & la laisser viure (l’ayãs ainsi arresté en leur accord) en liberté
de conscience, & selon la loy Chre
stienne, là où l’homme Chrestien
ne peut espouser vne Turque, sans
se circoncir, autrement on luy feroit perdre la vie: comme aussi n’est
permis aux Chrestiens de tenir vne
cõcubine Chrestiẽne, ny autre, ains
les cõtrainct-on les espouser, auec
doüaire, & fut ce leur propre esclaue. Lors que les Turcs prenẽt femme ils ne font point autre feste de
nopçes, fors qu’ils ballent en leurs
maisons, les hõmes chãtãs d’vn cõsté & les femmes d’vn autre, come
aussi ils mangent separez les hõmes
d'auec les femmes. L'espousé faict
quelque petit present à son espouse,
& elle sẽblablemẽt, & y sonne-on
d’vne fleute, auec vn petit tabourin,
sãs autre musique. Icy ie ne me veux
amuser à deuider la difficulté qui se
presente sur ce que nous auõs dict
que les Turcs peuuẽt espouser trois
ou quatre femmes attẽdu que Guillaume Postel, en sa Republique des
Turcs soustiẽt, qu’outre les esclaues
ils n’ont qu’vne femme en chacun
lieu, & ainsi marchãs par beaucoup
de pays, ils en auront plusieurs, s’ils
ne vouloyent faire comme les Arabes, qui trans-marchẽt auec eux par
tout où ils vont, voire98 en la guerre,
leurs fẽmes. Il vaut mieux que nous
remariõs les vefues, & celles qui sõt
Mariages des
repudiees.
rejettees. Quant aux repudiees, l’Azoar troisiesme y est formel, où Mahemet ne veut que les repudiees se
remariẽt que quatre moys apres le
epude & diuorce, si ce n’est que les
marys le leur permettẽt : & que les
autres delaissées, ne se mariẽt, qu’elles n’ayent esté gueries trois fois de
leurs mẽstrues. Ne veut qu’on leur
oste rien de ce qu'on leur aura dõné
aux nopçes: & si les femmes taschẽt
de s'enfuir, que les marys les r'achaptẽt, mais nõ pour les mal traicter,
à fin qu’ils n’écourẽt l’ire diuin : deffend d’vser de violẽce, & d’espouser vne femme contre son gré. Fait
expresses inhibitiõs aux vefues, de se
marier que quatre moys dix iours apres le trespas de leur espoux, durãt
lequel temps elles ayent moyen de
se pouuoir parer & attiffer, sans
que ceux, qui les amourachent
leur parlent n'y facent aucun signe de les vouloir, iusques à tant
que leur temps & terme prefix
de quatre moys dix iours soit
escoulé: les ayant espousé il deffend
qu’on ne les contraigne point de se
tenir enfermées tout le lõg de l’année (car il faut, que selon la coustume, elles soient autant recluses veu
qu’autrement Dieu prendroit leur
querele) & que le mary repudiant
sa femme luy rende la moitié de son
Touchãt
les successions
entre les
enfans
Turcs.
doüaire afin de n’oublier l’alliance,
qui auoit esté entr’eux deux iuree. la
loy de leur hoiries est au huitiesme
Azoar, ou il veut, que les fils & filles
partissent les biens de leurs peres,
par l’aduis & conseil de leurs parẽs,
& que ce ne soit sãs distribuer quelque chose aux pauures. Les deux filles au partage egalent vn fils, & s’il
y en a trois le fils aura les deux parts
& les filles la troisiesme, mais n’y ayant point de fils lors les plus proches
parens partissans ensemble laisserõt
vne sixiesme partie à la mere du de
Punition
des femmes adul
teres.
ffunct. Et pour monstrer sa gratieuseté alendroit des femmes il veut,
que celle, qui sera accusée d’adultere soit conuaincuë pour telle par
quatre femmes & attainte du cri
crime, qu’elle soit enclose en sa maison, iusqu’à ce que Dieu luy monstre sa voye, ou qu’elle passe de ce
monde, & que ceux qui l’accoserõt
soyent punis seurement. Bien est
vray, qu’il adiouste, que s’ils y vont
ignorammẽt, & non pensans auoir
ce rencontre, & que soudain apres
auoir faict, ils se retirent, il dict, qu’il
leur faut pardonner, veu que Dieu
souffre les offenses legeres. Voyez
l’occasion, que ce paillard offre de
paillarder, à chacũ, sous couleur d’ignorance, & l’excuse qu’il donne à
ceux, qui sont diligens à la besoigne,
& se depeschent tost, & s’en vont
ayant fait leur coup. Deffend de rauir, violer, & deceuoir les femmes.
En charge que les meres alaitent &
nourrissent leurs enfans, l’espace de
deux ans, ausquelles faut que les peres, ou autres, ayans le bien d’iceluy
donnent & fournissent toutes choses necessaires, & pour la vie, &
pour le vestement, bien leur permet-il d’auoir des nourrices, si elles
ne peuuent nourrir leur lignée. Ie
ne deduiray point icy cõme les enfans sont nourris en Turquie, puis
que Pierre Belon, au chapit. vnziesme du troisiesme liure de ses singularitez, a assez au long esclairci ce
poinct : cõme aussi ie ne chargeray
point ce discours de ceremonies
qu’ils obseruent en leurs obseques,
au lieu de ce, ie n’ay qu’à adiouster
ce mot pour aduertir le liseur, qu’il
n’y a pas si grand lignage de parenté en Turquie, qu’en Europe, & qu’il
ne soit vray, les Turcs n’ont point
de surnom, qu’on puisse aduoüer
venir d’ancienneté, & par consequent, n’ont aucun tiltre de maison
& famille ancienne. Les femmes
Turques sont belles par singularité, & nettes comme perles. Elles ne
portent poil en aucune partie du
corps, fors leur cheuelure : sous les
Depilatoire des
Turques
aisselles, & celuy qu’vn certain personnage nõme amatoire, ou amoureux, ils le font tõber, par le moyen
d’vn depilatoire, qu’ils appellent
Rusina, ainsi que le mesmes Belon
descrit, au trente-troisiesme Chapi
tre d’iceluy liure, qui est vn metail
duquel faut qu’on employe grande
Punition
de l’hom
me adultere.
quantité, puis que Belõ couche par
estat dix-huict mil ducats, de dace
que le Turc en retire. Icy ne faut
oublier que les adulteres sont punis
assez rigoureusement en Turquie,
de faict, en l’Azoar trente-quatriesme, la peine de l’adultere est proposee de cent coups de verges ou de
baston, deuant tout le monde, à fin
que la honte & reproche le facent
retirer de sa vilainie:auec inhibitiõs
& defenses, faictes à vn chacun de
n’auoir pitié & compassiõ de celuy,
qui sera iusticié en ceste sorte. Et
pour la punition des calomniateurs
conuaincus d’auoir à tort accusé
quelque femme d’hõneur, d’adultere, il ordõne quatre-vingt coups,
s’ils ne se veulent desdire, & repentir:& ne veut que le mary mesmes,
accusant sa femme, soit creu, à sa simple parole, ains faut que quatre fois
liure, & que la cinquiesme il se
maudisse, s’il dit mensonge & les
femmes, pour s’exempter & garen
tir du supplice, sont receuës quatre
fois à serment, dementans ceux qui
les ont accusé, & la cinquiesme fois
elles doiuent prier Dieu qu’il les cõfonde, si ce qu’on leur impose est
veritable. Les adulteres de Cefala
ne passent point à si bõ marché : car
là il suffit, pour faire condamner vn
homme, pour le faict d’adultere, de
le veoir assis sur le lict, ou nacte où
s’asseera la femme d’vn autre, & faut
que l’homme & la femme meurent
ensemble, sans espoir quel cõque de
grace ou de remission. Anciennement les Atheniens excõmunioyẽt
l’adultere, auec note d’infamie, ainsi
que nous lisons aux plaidoyers de
Demosthene : qui semble chose ridicule, attendu que l’infamie ne
peut oster l’honneur à celle, qui l
perdu, & qui est du tout deshontée
tellemẽt qu’elle demeure quasi sans
peine, d’vn crime que la loy de dieu
punit de la plus rigoureuse mo
qui fut lors, c’est à sçauoir, de lapidation, & que du moins les Ægyptiens ( comme nous apprend Dio-
dore le Siciliẽ) punissoyent en coupant le nés à les femme, & les parties
honteuses à l’homme. En Alemaigne, s’il y auoit quelque femme cõuaincuë d’adultere, les cheueux luy
estoyent coupés, son mary apres l’auoir chassée, hors de sa maison, l’a
menoit toute nuë deuant ses prochains parẽs, & la fouëttoit par tout
le village, & si on auoit vne fois prostitué sa pudicité, il n’en falloit attendre aucune misericorde ne ny pardõ, car il ny auoit ny aage, ny beauté,ny richesses, qui sceussent appaiser le mary, ny faire r’entrer la femme corrompuë en mariage. C’est
chose gaillarde,de ce qu’on racompte de l’adultere, entre les Turcs,
pour la punition, qui est diuerse, selon la diuersité des religions. C’est
vne coustume entre eux, que tous
Chrestiens, soyent Grecs, Latins, ou
autres, peuuent nourrir, pour leur
seruice, outre leurs femmes & enfans, des seruans & seruantes, quoy
que d’estrange religion, mais s’il y a
accouplement, la perte de la vie y
pend, où faut que la bourse souffre
vne terrible phlebotomie, ou le
Chrestiẽ est cõtrainct se faire Turc.
I’ay leu d’vn Seigneur Venitien, qui
pour s’estre accroché à vne ieune
femme Turque, outre les presens
qu’il fallut ietter en la gueule des
Cadis99, & officiers du Turc, fut condamné à faire l’vne des tours modernes, de Tripoly, qui luy cousta
plus de quarante mil ducats. Au cõtraire, si quelque Turc est surpris en
adultere auec vne Chrestienne,
pour punition, on le conduit sur vn
asne, monté à rebours, le contraignant quelquesfois tenir de sa main
la queuë de ceste gẽtile beste pour
luy faire plus grande infamie, en
luy faire plus grande infamie, en
luy mettant sur son chef quelques
tripailles de bœuf ou de mouton.
Que si vn Chrestiẽ accuse vn Turc,
de s’estre accointé d’vne Chrestienne, s’il ne peut le prouuer, il est condamné à cent bastonnades, au lieu
que celuy qui accuse le Chrestien
n’est iamais puny.
Les Thraciens. Chap. VII.
S’Il y a eu soubs la chappe du ciel
nation barbare, cruelle & farouche, celle des Thraciens merite d’ẽporter le prix, ainsi qu’il me seroit
bien aysé verifier, si ie vouloye estaler icy leurs mœurs, façons &
manieres de viure. Pour preuue ie
ne daignerois sortir hors du chãp,
où le dessein que i’ay prins en ceste
œuure me retient. Strabon au liure septiesme de sa Geographie r’apporte qu’aucuns tiennent qu’en
Ctistes
& Auies
se passoient de
femmes
Thrace il y a vne sorte de gens, qui
viuent sans compaignie quelconque de femmes, & lesquels on appelle Ctistes, c’est à dire bastisseurs,
& lesquels, pour les honorer, on estime estre sacrés & ne paient aucũ
tribut. Possidonius les appelloit Auies, pour ce qu’ils se passoient de
l’accointance des femmes comme
s’il eut voulu tesmoigner qu’ils ne
Sceau de la Bibliothèque de l'Arsenal
viuoient qu’à demy rampans soubs
la rigueur & sequestre du cœlibat
de mesmes qu’on tenoit, que la maison de Protesilas n’estoit qu’à demy
parfaite, pour-autant qu’elle n’estoit
accompagnee d’vne fẽme & mesnagere. Neantmoins Strabon ne
peut accorder, qu’entre les Thraces
se soient peu trouuer tels personnages & si modestes & continens attendu qu’ils estoient fort addonnés
aux femmes, comme ceux, qui, nõ
contens d’vne en espousoient dix,
onze & douze, & celuy qui n’en auoit que quatre ou cinq estoit reputé pour enerué, failly & du tout
miserable, voire100 que celuy qui s’abstenoit du tout des nopces, estoit,
comme des-naturé, digne de mort:
qui croira à Cesar & à d’autres Historiens, qui ont haut loüé la pudicité
& chasteté des Scythes & autres
peuples Septentrionaux, la continence de ces Auies deura bien estre receuë. Ie sçay bien qu’il y en a
qui ont trãché iusques là que de dire que les Scythes & Alemans se
trouuoient fort empeschez d’vne
femme, voire101 qu’encores la pluspart
d’eux vit en perpetuelle virginité.
Pour preuue de leur dire ils font
targue de ce qu’Henry second Empereur, & Casimir, premier Roy de
Poloigne & Lancelo, Roy de Bohesme ne voulurent onques se marier: ce n’estoit pas par chasteté mais
plustost par impuissance naturelle:
car mesmes Iean II. grand Duc de
Moscouie auoit les femmes en si
grand’horreur qu’il s’esuanouïssoit
au seul regard des femmes, ainsi que
escrit le Baron d’Herbestein parlant
des Moscouites, qui ne voyent iamais (dit il) leurs femmes que le iour
des nopçes: mais à sçauoir si vne arondelle seule faict le printemps,
on pourroit dire & mesmes il y en
a, qui pour accrocher le cœlibat à
ces Auies dient, qu’ils se chastroient
en couppant les veines parotides
sous les aureilles, cõme dit Hippocrate, lequel, cherchant la cause de
ceste impuissance, conclud, que cest
pour la froideur du ventre & pour
estre ordinairement à cheual. Si ceste recepte estoit si singuliere ie
sçay plusieurs a qui elle feroit bon
mestier, & n’eut esté mis en arriere
par les Thraciẽs pour faire phlebotomier leurs Roys, à celle fin qu’ils
ne produisissent aucune engeance,
d’autãt qu’entre eux vn personnage
auoit beau estre adroit, courtois &
courageux, que s’ils le sçauoient
hoir pour luy succeder ils n’auoiẽt
garde de luy donner la charge du
Royaume, & s’il en engendroit apres estre couronné ils ne failloient
de le deposer & en mettre vn autre
en son lieu tant apprehendoient ils
que leur Royauté ne tomba en succession. Ceux qui voudroiẽt refroidir de telle sorte les Thraces ie les
renuoye à Strabon, qui dict, que les
Dames Thraciennes estoient grandes enchanteresses, & que par leur
art elles attiroient les hommes à les
aymer, & à diuerses superstitions, &
par ainsi ne se pouuoient qu’ils s’abstinssent de celles qui auoyent telle
puissance sur eux, & lesquelles es
contraignoient à suiure telles ceremonies. Or ces Auies ne furẽt baptisés de ce nom pour ce qu’ils viuoient sans femmes & en cœlibat,
ains à cause qu’ils n’auoyent point
de maisons, & que comme les Scythes, ils passoyent leur vie sur des
chariots, qui leur seruoyent de domicile, comme s’ils eussent esté priués de la compagnie & du reste des
hommes. Au reste Solin au chapitre
quinziesme approuuant ceste opinion de Strabon dit, que les Thraciens se glorifient d’espouser plusieurs femmes, & pensent, que ce
leur soit vn grand honneur s’ils en
prennent grand nombre en mariage d’auantage ils estoient peu soigneux de la chasteté de leurs filles,
lesquelles ils prostituoient ou souffroient qu’elles s’accointassent de
qui bon leur sembloit, mais estans
mariées on prenoit vn grãd esgard
sur elles, & fort enuy pouuoyent
ils endurer qu’on leur enroola auec
les confreres de la Lune102. Ils n’auoiẽt
rien de leurs femmes, ains faloit que
les acheptassent a grande somme
de deniers qu’ils faisoient d’ærain:
& les ayant vne fois acheptees les
marquoyent d’vn fer chaud au frõt,
ce qui estoit pour vne marque de
noblesse, & celles qui ne l’estoient
point, estoient reputées pour viles,
abiectes, de peu d’effect, de sang vil,
roturieres, & vilaines, leur semblant
bien aduis, qu’vn mariage, qui se
faisoit pour de l’argẽt & des richesses, estoit seruil, & pource en l’Asinaire de Plaute on lit des vers de ceste substance.
I’ay pour le dot beaucoup d’argent receu, Et mon pouuoir ce faisant i’ay vendu.
C’est achapt ne se rapportoit aucunement à la coemption Romaine, ains se faisoit publiquement, &
non au gré des parens mais plustost
des filles, ausquelles la chose touchoit de plus prés qu’aux peres ny
meres. Par ainsi les plus belles s’en
alloient au marché, où elles se parãs
& attiffans, se faisoyent vendre au
plus offrant & dernier encherisseur, ayans plus d’esgard au pris
qu’elles receuoient de tel marché,
qu’à la vertu & preud-hommie de
celuy qu’elles deuoient espouser.
Faute (helas! y pleut à Dieu que ie
n’eusse matiere de me plaindre des
folies d’autruy, à laquelle trop souuent choppent plusieurs de nostre
siecle sous nostre hemisphere fleurdelisé, qui se laissẽt pocher les yeux
& eberlüer par les escus & richesse,
quant à la vertu ce sont parties extraordinaires, & qui ne sont passées
& alloüees que d’auenture; voire103 &
en ce ie suis contrainct de detester
l’execrable auarice de ces harpies
en sage mondain: encores deuroit
on assortir les parties de pareil à
pareil, autrement le bois verd,
pourroit affadir & alentir la force chenuë & vermoulisée de quelques vieux radouteurs, qui par le
cliquetis de leurs escus pensent estourdir la vertu & vigueur d’vne
fleur de ieunesse. Ie laisse les mescontentements, les regrets & autres inconueniens que de iour à autre on voit surgir sur le bord escu
meux de tels haures, qui pour la
plus part seruent à faire des capes à
Moyse. Voyla donc la beauté des
belles qui estoyent venduë à l’inquant: les laides, falloit que payassent vne bonne somme de mõnoie
pour trouuer mary, & estoient cõtrainctes d’achepter celuy, qu’elles
auoient desir auoir pour mary. Les
Taxilles ( comme tesmoigne Strabon au quinziesme liure de sa Geographie) s’y portoient de toute autre façon, d’autant que si la pauureté empeschoit les filles de pouuoir
trouuer mary, on les menoit en la
fleur de leur aage en plein marché,
comme les cheuaux à la foire: là auec trompettes & clerons le peuple
assemblé la pucelle descouuroit les
parties de derriere iusques aux espaules & en apres celles de deuant
& celle qui se voyoit entiere, adroite & qui agreoit ne tardoit à trouuer mary. Ainsi faloit qu’elles iouassent à l’hazard & vinssent detaler &
mettre en veuë à tout le monde la
beauté de leur corsage, en danger,
d’estre esconduites & s’en retourner
( comme l’on dict) du marché sans
beste vendre d’autãt que quoy que
la beauté seruit de merueilleux aiguillons pour faire busquer fortune
à plusieurs, si est-ce que faute de
moyens les empeschoit de se sousmettre à telle charge. Mais les pauure laides recreuës de moyens demeuroient la plantées pour reuerdir, d’autant que la bourse estoit mal
garnie, & les traicts de visage degoustoient les plus enuisez, encores qu’elles se fussent deuergoignés
d’vne façon si tres-farouche. Heraclide en ses polytiques racompte
qu’en Thrace les maris se seruoient
tout ainsi de leurs femmes que de
leurs chambrieres. Voyre que s’il y
Mariages en
Thraces
de peu
d’arrest.
auoit quelcun d’entre eux qui fut
agoué104 de sa femme & n’en voulut plus ou se courrouça contre elle, les parens d’icelle estoyent necessités de la reprendre auec eux,
en rendant au mary l’argent, qu’il
auroit nanty & deliuré, pour l’auoir en mariage. Pour monstrer leur
Enfans
vendus
par les
peres,en
Thrace.
grande & desreiglée bestise, & le
peu de compte qu’ils faisoyent de
leur reputation, ne faut employer
que ce qu’ils vendoyent leurs enfans en public, tout ainsi que nous
vendons nos bestes au marché.
Coustume qui est à presumer estre
venuë de l’ordonnance de leur Legislateur Zamolxis, lequel, ayant esté esclaue, en l’Isle de Samos voulut que les citoyens, experimentãs
vne pareille fortune, taschassent
aussi de paruenir aux richesses, qui
l’auoyent faict le premier & de sa
robe & de son pays. Ie m’esbahis d’aucuns, qui se formalisent de
ce que les peres n’auoient aucun
creue cœur de debiter à prix d’argẽt
la chair de leurs filles. Encores estoit ce (à mon aduis) plus honestement qu’aux Romains, qui pouuoient vendre & esclauer leurs enfans pour le prix qui leur tomboit
és mains. Les Thraces auoyent les
rideaux de mariage, qui cachoient
toute l’indignité de telle vente.
En apres dequoy se fussent ils gui
sés. Leur condition estoit si bonne
qu’apres la mort des marys celles
qui restoient en vie leur demeuroient auec l’argent, qu’ils auoyent
receu de la vente, comme leur propre heritage : & ainsi les filles n’auoient que misere ayans à seruir
leur mary & à retomber en la puissance de leurs peres, sans que ny
de leur corps ny l’argẽt dõné pour
elles redonda à leur profit. Et en
ce l’vs Thracien estoit par trop rigoureux, pour raison des filles les
rendant vefues & de leurs marys &
de tout gain matrimonial. Et cepẽdãt s’estoient ces vefues, qui estoiẽt
les mieux parties car d’entre toutes
les espouses du deffunct la plus che
re & fidele, falloit, qu’elle l’accompaigna au cercueil & fut auec luy
enterrée toute vifue, comme encore à present ce pratique en plusieurs endroits des Prouinces de
Leuant: où les peuples sont idolatres. Cecy tournant à grãd honneur
à celle, qui emportoit cest aduãtage
aussi y auoit il vn grand debat entre
les espouses, à qui seroit iugee la plus
chere d’iceluy, & telle, qui meritast
de l’accompaigner & faloit que les
parens du deffunct vuidassent ce
different auec leur sentence diffinitiue. Celle qui gaignoit sa cause se
paroit & attiffoit tout ainsi que si on
l’eut conduite à des nopces, & auec
tout telle grace, qu’entre les Bresiliẽs on dit que võt ceux, qui sõt destinés au massacre, le iour ordonné
pour telle boucherie : & est conduicte par ses parens hommes &
femmes iusqu’au tombeau où elle
consacre sa vie aux Ombres de son
mary, auec lequel elle est soudainement mise en terre. Cependant les
Pleurs
des Thra
ciens
à la nais
sance des
enfans,
ris à leur
morts.
autres, qui ont perdu leur cause
sçachans à quel & combien grand
des-honneur, blasme & reproche
cela leur peut redonder, pleurent &
detestent leur vie, pour auoir esté
priuees d’vn si grand aduantage &
d’vne gloire & memoire (qu’ils pẽsent) immortelle. A la naissance de
leurs enfans ils se mettoient à lamẽter, comme au cõtraire ils s’esiouïs
soient quand on portoit quelcun
en terre, à cause que l’vn naissant venoit gouster les miseres & trauaux,
ausquels naturellement les hommes sont assubiettis, là où s’en allant
mourir il estoit allegé de toutes
telles angoisses, sans qu’ils eussent
esgard à ce qui suit la mort, ou
bien qu’ils se souciassent du bien
& profit, que portoyent au public
ceux qu’ils laisoiẽt en vie: sur quoy
le Poëte Archie a faict quelques
vers, allegués par Camers, desquels
voicy la subsstance.
Les Thraciens ie loue & accepte leurs mœurs,Lesquéls sont tout-cõfits en larmes et en pleursLors que de leurs enfans ils voient la naissãce:Au cõtraire on les voit tout pleins d’esiouissãceLors que quelcũ d’ẽtr’eux au trespas est cõduitD’autant que des viuans l’action & espritNe tẽd qu’à malheurté, & ceux qui sõt sãs vieDe mal faire n’ont plus ny desir ny enuie.
Si ces pleurs qu’ils iettent pouuoient amollir leurs cœurs, pour les
appriuoiser à l’humanité, & les desmouuoir de la cruauté, qui predomine en eux, encores seroient ils
à supporter, ou bien s’ils degour
dissoient leurs bras & membres,
pour gaigner leur vie, sans les laisser
croupir en fetardise & oisiueté, aucunement les excuseroyent les fantasquees idées de leurs patrons Heraclides & Democrite, mais quoy
ils ne font loüange que d’auoir les
bras croisés, & estoit ce peuple si a
Oisiueté
trop prisée entre
les Traces.
neanty qu’il estimoit que ce fut vn
signe de generosité & noblesse que
de viure en oisiuetez & que ceux
qui labouroient la terre fussent vilains & comme esclaues du reste des
hommes. Et pleut à mon Dieu que
la race en fut releguee seulement
en Thrace, & qu’en nostre France nous ne vissions tant de traineurs d’espee se bour-souslans la
pluspart du vent de noblesse & auilissans voire105 taschans de fouler
& mettre les pieds sur le ventre
de ceux qui s’entre-mettent à trauailler & faire quelque chose, ie
ne taxe poinct icy les gens de bien
by ceux qui meritent d’estre prisés & honorés si oseray ie bien dire que de cinq cents que ie cognois
en France, frisans l’espee, s’il en restoit seize les Prouinces Françoises ne seroient encores que trop sur
chargées. Voire mais,106 retournons
vers nos Thraciens, qui se recognoissans estre naturelement frappés au faux coin de Barbaresque
cruauté, pour addoucir le naturel farouche de leurs ieunes enfans, leur faisoyent apprendre la
musique & à iouër des instrumens
des leur tendre aage, iusques à
ce qu’ils fussent paruenus à l’an
trentiesme. De faict la musique a
Grands
profits
de la
Musique.
telle vertu que par les instrumens
de musique on guerit le mal qui
s’appelle en Allemaigne de Sainct
Vitus, de ceux qui ne font que
danser, rire & sauter en leur folie,
soit par ce que la cadence harmonieuse & mesurée range & remet la raison esgaree à son principe
soit que la musique guerit les maladies du corps par le moiẽ de l’ame
ainsi que la medecine guerit les maladies de l’ame par le moyen du
corps, soit que les malins esprits qui
s’aboulent quelques-fois aussi bien
les vns que les autres, ont en horreur l’harmonie diuine prenant
plaisir aux discords, comme il se lit
que le malin esprit, oyant le son de
la Harpe, s’enfuyoit, & laissoit le
Roy Saül en repos, qui semble
auoir esté la cause, qu’Elisee, quand
il voulut Prophetiser, fit entonner
vn instrument de musique, en la
presence des Roys de Iudée, & de
Sarmathie, & si tost que Saül eut
rencontré la troupe sacrée, des Prophetes ioüans des instruments de
musique, aussi-tost l’esprit de Dieu
le saisit107. En apres nous auons vn
exemple memorable, de la Republique des Cynetheens en Arcadie,
laquelle ayant laissé le plaisir de la
musique, bien-tost apres tomba en
seditions, & guerres ciuiles, ausquelles on n’oublia aucune sorte
de cruauté. Et comme vn chacun
ioüoit à l’estonné, pouquoy ce peu
ple-là deuint si reuesche & si barbare, veu que tous les autres peuples d’Arcadie estoyent doux,trai
tables & courtois à merueilles : Polybe apperçeut le premier, que c’estoit, pour auoir laissé la musique,
laquelle de toute ancienneté auoit
esté honorée & prisée, en Arcadie
plus qu’en lieu du monde : de sorte
que par les ordonnances & coustumes du pays, chacun deuoit s’exercer en icelle, iusques à l’aage de
trente ans, sur grandes peines. Qui
fut le moyen, dict Polybe, au liure
quatriesme, que les premiers Legislateurs de ce peuple-là la trouuerent pour l’addoucir & appriuoiser, estant de son naturel, barbare comme tous habitans de montagnes & pays froids. Nous pouuons, peut estre, faire semblable
iugement des Gaulois, que l’Empereur Iulien appelloit Barbares, de
son temps, & qu’on a veu depuis
les plus courtois & traittables qui
soyent en l’Europe, dequoy les
estrangers mesmes s’esmerueillent:
car chacun sçait, qu’il n’y a peuple,
qui plus s’exerce à la musique &
qui chante plus doucement : & qui
plus est, il n’y a presque bransle, en
France, qui ne soit Ionique ou Lydien, c’est à dire du cinq & septiesme ton, que Platon en ses loix
& Aristote en ses Politiques, defendent à la ieunesse, par ce qu’ils
ont grande force d’amollir & lascher les cœurs des hõmes : & vouloyent exercer les enfans au Dorien, qui est le premier ton, à fin
de les maintenir en vne certaine
douçeur, accompagnée de grauité,
qui est propre au Dorien. La deffense seroit meilleure en l’Asie, mineur, qui n’auoit autres bransles
que du cinq & septiesme ton, mesmes au pays de Lydie & Ionie
mais les peuples Septentrionnaux,
froids, ou montaignars, qui sont
ordinairement plus sauuages, ou
moins courtois que les Meridionnaux, & habitans és plaines, ne
peuuent se mieux appriuoiser &
addoucir, qu’en vsant de l’harmonie Lydienne & Ionique, qui estoit
aussi deffenduë en la primitiue
Eglise. Et tout ainsi que les hõmes
desarment les bestes sauuages, pour
en venir à bout : aussi l’harmonie
Lydienne & Ionique, desarme les
plus farouches & barbares nations
du naturel sauuage & cruel, & les
rend doux & ployables, comme
il est aduenu aux François, qui,
paraduenture n’eussent pas esté si
domptables & obeissans aux loix
& ordonnances de ceste Monarchie, si ce naturel, que l’Empereur Iulien dict auoir esté si haut,
& si peu souffrant la seruitude,
n’eut esté amolly par la musique:
laquelle toutes fois, n’a peu du
tout désauuaginer les Thraciens,
quoy qu’ils s’y addonnassent expressement, à celle fin que les esprits endurcis en leurs rudesses,
pour l’esgard de l’aspreté & rudesses,
pour l’esgard de l’aspreté & rigueur
de l’air, & qui estoyent appesantis & grossiers à cause des grandes
froidures ausquelles leur pays est
suject, fussent moderez, addoucis
& ciuilisez.
Les Moscouites. Chap. VIII.
ENcores que les Moscouites se
soyent rangez à l’Eglise Grecque, si ne differẽt-ils pas beaucoup
pour les mariages, d’auec les Latins,
fors que ( comme ie touche en passant au chapitre des mariages des
Prestres ) il est permis aux Prestres
de se marier, lesquels sont choisis
d’entre ceux qui ont seruy longuement de Diacres, en l’Eglise, & nul
Prestres
mariés en
Moschouie.
n’est receu Diacre s’il n’est marié,
tellement que souuent ils espousent
femme le mesme iour qu’ils viennent receuoir cest ordre: & si celle
qu’vn Diacre doit espouser, a mauuais bruit,il est rejetté de son office.
Le Prestre, sa femme estant morte,
est suspẽdu de sa dignité, & ne chãte plus Messe, ny n’est receu à seruir
à l’autel: Il est vray, que, s’il se contiẽt
& vit chastement, on luy permet
d’entrer au Chœur, & assister au ser
uice, car il n’est permis aux veufs de
celebrer, encores que jadis il leur
fut bien loisible: mais s’il se remarie,
ce qu’on ne luy deffend point, lors
il n’oseroit, non plus qu’vn lay, assister, ny à l’Autel, ny au Chœur, pour
y psalmodier. Quant aux Moines,
tout aussi-bien qu’aux Latins, le mariage leur est totalement interdit.
Pour le reste de ceux qui sont lays,
Menées
des maria
ges entres
les Moschouites.
& seculiers, leurs façons de mariages sont telles. Vn ieune homme
n’oseroit faire l’amour à vne fille,
pour l’auoir en mariage, ains c’est
au pere, d’elle de prier l’amoureux,
de l’espouser: & apres y consentans
les parens, on parle des conuentiõs:
& tout soudain iour assigné pour
les espousailles, durãt lequel temps,
le fiancé ne parle pas seulement à sa
fiancée, voire108 ne luy est-il pas permis de la veoir: le iour des nopçes,
on fait des dons, que l’espousé est
tenu de rembourser dans l’an à ceux
qui luy en ont faict present, ou leur
renuoyer ceux, qui luy semblẽt ne
luy estre point necessaires. Or n’es
Entre qui
le mariage defendu aux
Moschouites.
pousent-ils femme, qui leur attouche de sang, iusqu’au quatriesme
degré, & aucun n’oseroit espouser
la sœur de son allié, voire109 ne souffriroyent-ils mariage entre ceux, qui
ont tenu vn enfant ensemble au Baptesme. Il est permis de conuoler
aux secõdes nopçes, mais non sans
souspeçon d’incontenẽce : aux troisiesmes ne l’octroyent, sans grande
occasion, mais de se marier pour la
quatriesme fois, tant s’en faut qu’ils
le permettent, qu’encores ils dient,
que c’est contre la religion Chrestienne. La coustume du pays veut,
que les femmes portent des perles,
& bagues à leurs oreilles, & est bien
seant aux masles, mais c’est durant
qu’ils sont en enfance, les filles laissent pendre par derriere leur cheuelure, mais les mariées faut que la tiẽnent cachée. La condition des femmes y est fort miserable, d’autant
Moschouites ialoux.
qu’ils les souspeçonnent toutes peu
pudiques, si elles ne sont tenuës closes, & reserrées dans leur maison,
sans iamais gueres sortir, que quel
ques festes, qu’on leur permet d’aller seules, femmes auec femmes se
ioüer dans les prés, le reste de l’année estans enfermées pour filer &
coudre, & se mesler du mesnage. Ce
ne sont point dõcques seulemẽt les
Italiens, ou Portugais qui ont martel in teste, de leurs femmes, ains
aussi les Moscouites, lesquels (cõme
le Barõ d’Herbestin escrit) ne voyẽt
leurs femmes que le iour des nopçes. Si Iean Chopinel, dit de Meung,
Iean Chopinel dict
de Meung.
fut esté bien aduisé, il deuoit adresser aux Dames Moscouites ces deux
pauures couplets, qui peu s’en fallut, que ne luy coustassent vne vifue
estrillade, dont on pensa luy cingler
les espaules: Mais (possible) vouloit
il maintenir, qu’en France il y en a
aussi-bien qu’en Moscouie, qui ont
les talõs fort courts. Asseurez-vous,
que, s’il n’eut donné vne tortuë aux
Dames, & ne leur eut creué le cœur
d’honesteté, il estoit bien pour en
estre quitte en homme de son pays,
& ne fut pas sorty d’entre-my elles,
sans beste vendre, car il n’y en auoit
pas vne de la compagnie, qui ne luy
voüa vne couple de douzaines de
fessade, sur son pauure diable de
dos. Elles (cela soit dit sans preiudice du droict d'autruy, & sans faire
comparaison, qui est pour la pluspart du temps escloppée ) estoyent
bien mal gratieuses, au pris des Dames Moscouites, qui toutes mal menées qu’elles sont, ne laissent à porter grande amitié à leurs marys, qui
tant mieux les frottent, sont de tant
plus aimez d’elles. De fait ay-ie leu,
Moschouites, de
tãt mieux
honorez
de leurs
femmes
qu'ils
leurs sont
rudes.
qu’il y eut vn Aleman, lequel s’alla
marier en ces quartiers, ignorãt, que
pour estre bien venu de sa femme,
failloit bien l’espousseter, & pource
luy faisoit tout le meilleur traictement dont il se pouuoit aduiser,
pour captiuer ses bonnes graces,
pour s’estre donné à entendre, que
les femmes de ce pays-là, vouloyẽt
estre maniées, comme les Alemandes, mais tant plus il la caressoit, d’auantage luy faisoit-elle le groin, &
se monstroit si reuesche, que vaincu
de sa mine rechinée, luy commence
à demander dequoy elle faisoit la
mouë, veu qu’il prenoit si grãd peine à la mignarder. Ce ne sont ( ditelle) que mines, & puis coupe tout
court. Peu de tẽps, apres quelques
voisins luy firent entendre, que les
Moscouites, pour appriuoiser leurs
femmes, auoient accoustumé de les
darder dos & vẽtre, & se fondoyẽt
sur ce que, tout ainsi qu’vn cheual
est dit estre mal traicté & pensé, voire qu’il ne fera bon seruice, s’il n’est
bien estrillé & espousseté, aussi que
les Moscouites, pour rendre leurs
femmes promptes à l’esperon, les
grattoyent le plus roidement qu’ils
pouuoyent. Hà! (dit l’Alemand) ne
tient-il qu’à cela? ie luy monstreray,
que ie l’aime, & de ce pas fait courir
martin bastõ110 par la maison, & apres,
& vous en aurez. Si bien la vous espousseta, que les puces ne la pinçoyent pas: Aussi-tost elle s’en va
luy sauter au collet, & auec dix mil
baisers le remercie, de la grãde amitié, qu’il luy portoit. Dés qu’il y fut
achaty, & qu’il ne voyoit sa femme
luy prester vne chere riante, il vous
deschargeoit sur elle, voulez-vous
sçauoir, comme sur plastre, si souuent redoubla-il ceste nouuelle feste, qu’à la parfin111 la mit sur les carreaux, luy rompit bras & jambes &
la tua. Ie ne vous dis point son nom,
ne l’ayant trouué dans Laurens Surius, autheur d’vn tel compte, lequel i’appelle à garẽd, si aucun vouloit m’opresser de le maintenir. Ie
reuiendray vers nos Moscouites,
qui seroyent les plus heureux du
monde, s’ils sçauoient iouïr du bien
qui leur est mis entre les poings,
sans se donner parmy la ceruelle ces
faulses & estranges opinions de jalousie, qui rõge iusques aux os ceux,
qui s’en laissent embabouiner. Qu'ils
n’ayent occasion de se meffier de
leurs femmes, ie ne le voudrois pas
nier, d’autant qu’elles sont fort tendres de la croupiere, & aisées à estre
culebutées à la renuerse. Les ruptures de mariage sont pour ceste occasion fort frequẽtes, & communes
entr’eux, ils se donnent le libelle
du repude, mais c’est en secret, &
cachete, à cause qu’ils sçauent bien
que c’est cõtre la religion, & statuts
de l’Eglise, de tout temps. Si est-il
quelques fois descouuert, & quand
on voit que le mary a tort, le Magistrat interposant son authorité, les
contrainct de se remettre ensemble: d’où quelquesfois aduiennent
de terribles malheurs, comme de
faict il ne peut aduenir autrement,
lors qu’on contrainct les parties de
se tenir à vn contract, qui est si chatouilleux, que le mariage, la reuerence duquel empesche maintesfois, qu’on ne manifeste plusieurs
deffaux, qu’on est bien contrainct
de tenir sous le pied, & si ne laissent pourtant à blesser bien outrageusement. Ainsi qu’on peut veoir
alors qu’Æmil ( au rapport qu’en
fait Plutarque, en sa vie ) repudia sa
femme, laquelle il confessoit estre
fort sage & honeste, & de maison
fort noble, & de laquelle il auoit
plusieurs beaux enfans : & lors que
les parens de la femme s’en plaigni
rent à luy, voulans sçauoir la cause
qui le demouuoit de l’amitié coniugale, qu’il deuoit porter à sa femme,
il leur monstra son soulier, qui estoit
beau & bien fait, mais qu’il n’y auoit
que luy, qui sentit l’endroit, où il le
blessoit. Si n’appellẽt-ils point adultere, sinon celuy, qui entretiẽt chez
soy, la femme d’autruy. Article que
beaucoup desireroyent estre gardé
en nostre France, pour s’expẽter du
crime, où ils s’engagẽt chez autruy.
Les Goths & les Suesses. Chap. IX.
DE prime abordée ie sçay, que
plusieurs m’attacheront de
ce qu’il semble, que ie veuille mesler & cõfondre ces deux nations par
ensemble. Ie ne suis pas à apprẽdre,
que jadis ce n’estoit qu’vn peuple,
& n’auoyẽt qu’vn Seigneur, enclos
dãs vn mesme royaume: & que cõme souuẽt il aduiẽt quelques inimitiez se sont engẽdrées entre'eux, &
y a des partialitez quelquesfois, par
ce que chacun de ces deux peuples
vouloit auoir son Prince à part. Et si
pour cela ie ne laisse a demeurer
d’accord que les Suessiẽs ont acquis
plus de bruit en leur pays & és lieux
voisins, au lieu que la gloire des Goths
s’est estẽduë plus loing & a obtenu
plus grand renõ, és guerres lointaines. Mais si faudra il qu’õ me passe
cest article, que depuis ils se sont r’ejoints en vn, si bien qu’ils sont sous
l’obeïssãce d’vn seul Seigñr, & quãt
est du present sujet, on ne peut nier,
que ces deux peuples ne se rapportent tout à vn mesme poinct. Et à fin
que ie n’ẽ parle point en clerc d’armes, ou qu’õ me rebroüe, parce que
ie n’aurois moy-mesmes veu ce que
ie pretés alleguer, ie ne veux employer que ce qu’Olae le grãd nous en
apprend, au 5. chap. du 14. liure de
son histoire. Voicy la substãce de ce
qu’il en a escrit. C’est la coustume
du cõmũ populaire, entre les Goths,
& Suesses, quant il est question de
nopçage, d’vser de plusieurs cere
monies, rafraischies en diuers tẽps,
moyẽs, ordres & tesmoignages, sur
tout à ce qu'elles demeurẽt fermes
& indissolubles, sans qu'õ face aucune voye au diuorce, quoy que
Mariages cõme
sont menez entre
les Goths
et Suesses.
permis par la loy. Car les parẽs de la
fille qu'õ pourchasse à femme, s'enquierẽt diligẽmẽt de quelle race est
celuy qui aspire au mariage, que est
son estat, quelle sa qualité, & renommée, & comme il a accoustumé se
gouuerner, & principalemẽt s'il est
extraict de lict honeste, & de iuste
& legitime accouplement, d'autant
que cõme nous dirõs par apres, les
bastards sont là fort mal venus. Apres, s'il le treuuent accõpaigné de
toutes les parties qu'ils recognoissẽt
assortables, pour celle, pour laquelle
les fers sont mis au feu, en presence
de deux tesmoins, attouchãs à la fille, tant du costé paternel que du maternel, le pere presente sa fille au
poursuiuant, qui est là present, sous
ces paroles. Ie te dõne ma fille pour
hõneur, & a femme pour la moytié
du lit, pour les portes, pour les clefs
& pour posseder les tiers de vostre
cheuãce, tãt en biẽs meubles qu'en
immeubles, & le totage de ce que la
haute Suesse tient de S. Ery, & que
S. Ery a donné. Au nom du Pere, du
Fils, & du S. Esprit Amen. Tels accords tiennent, & ne chome on pas
lõg temps, qu'on ne viẽne à l'accõplissement du mariage, auec telles
solẽnitez, que les parẽs d'vn costé &
d'autre, s'assemblent à iour nommé,
pour faire hõneur aux mariés, selon
l'vs & coustume du pays, le plus
magnifiquement que faire se peut.
On les vous meine à l'Eglise, où, les
cierges empraints ; on vous meine
l'espouse couronnée d'vne benedictiõ Sacerdotale, puis deuãt le grãd
Autel on la met costé à costé de son
espoux, là où derechef on les sõme
de dire, si de bõ cœur & frãche volõté, ils s'allient par ensemble, & s'ils
ont enuie de viure & mourir en vn
tel estat, & quãd ils asseurent, on ratisie le tout par l'agneau qu'on met
au doigt de l'espousée & le reste des
ceremonies de la benediction Nu
ptiale. Et alors qu'õ met cest aneau
l'esassistans tournans le dos se frappent à coups de poings, à fin de se
ressouuenir d'vn tel & se solennel
acte, tout ainsi qu'en la creatiõ d'vn
Cheualier. Ceux qui se treuuẽt aux
nopçes n'y vont point les bras dégarnis, ains y fõt tous les plus beaux
Presens
faits aux
nopçes des
Goths &
Suesses.
presens qu'ils peuuẽt, comme cheuaux, bœufs, brebis, licts, draps, &
fruicts, à fin que ces liberalitez seruent pour dõner entrée à leur mesnage nouueau. Particulierement,
toutesfois vse-on de ceste ceremonie, de donner vn cheual, vn bœuf,
& vne coignée, à celle fin que les
nouueaux mariez sçachent qu'ils
sont appellez à vn estat qui les semond à trauailler, & pource leur
sont donnez les outils & instrumens, ne reste qu'à les faire seruir.
Olae le grand, ameine bien vne
autre raison, & dict, que c'est pour
les aduertir, qu'ils s'associent à tous
trauaux & dangers, de sorte qu'entre eux, doiue demeurer vn mesme vouloir, & non vouloir, ius
ques à ce que le diuorce, si la Loy
y faict voye, ou la mort, vienne à
couper le fil d'vne telle vnion. Tout
cela est bien veritable, mais sans
tirer les cheueux à la chose mesme,
est impossible qu'on puisse faire
symboliser à propos, en ce sens le
signe & la chose signifiée. Mais
auant qu'vn ieune homme ( comme i'ay dict ) peut cheuir d'vn mariage, il auoit beaucoup a demesler,
d'autãt qu'outre l'enqueste sus mẽtionnée, le beau-pere taschoit par
tous moyens, à luy dõner sous main
des trauerses, pour esprouuer sa patiẽce, ayãs ceste maxime, que qui ne
sçait biẽ obeïr, & endurer, ne sçauroit biẽ cõmander. De faict le mesme Autheur au 5. chap. du 15. liure
de la mesme histoire, nous apprend
Gendres
esprouues
par les
beauxperes.
que la coustume est entre ces peuples, que les beau-peres prouoquẽt
au ieu d'eschets leurs futures gendres, comme ils sont tres bien aduertis que cest vn ieu où la porte est
esbaillée à ceux, qui trop indiscrets
lascheront la bride à leurs folles
La condi
tion des
bastards
fort miserable entre les
Goths &
Suesses.
passions mais la scrupulosité qu'ils
font des bastards semble vn peu
fascheuse d'autant qu'encores que
les loix ne les mettent au rang des
legitimes, si ne sont elles poinct si,
rigoureuses que de les forclore
& forbannir de la compagnie des
autres, voire112 le mariage du legitime
auec le bastard n'est point expressément inhibé & deffẽdu. La raisõ est
que le mariage quant à la consommation tient plus du naturel que du
ciuil. Or que le bastard doiue quelque chose au legitime pour le naturel on ne me le fera point confesser
si on ne vouloit luy faire perdre sa
qualité de naturel qui lui a esté baillée, maintenuë & gardee par nos
loix. Si bien qu'il n'y a que ceste discretion que le droit ciuil a tres iustement introduict des mariages auec les accouplemens defendus reprouués & non loisibles, qui faict
que ceux qui sont procreés hors
mariage ne participent aux droicts,
priuileges & prerogatiues, dont
les legitimes ont esté gratifiés.
Mais au reste que nature se soit entierement despitée cõtre les bastards
qu'elle ne les ait fauorisé de plusieurs graces ne pourront dire sinõ
ceux la qui ou de gayeté de cœur se
voudront bander contre la verité
ou qui, pour rabotter leur ignorãce
& bestisse seront renuoyés aux Histoires qui leur apprendront qu'il y
a eu plusieurs bastards qui maintesfois ont fait de choses bonnes, dignes & louables, voire113 que par fois ont
fait honte aux legitimes. Ie ne vous
mettray point en ieu hercules, d'autãt que le liseur pourra s'il luy plaist
auoir recours au cent trentehuitiesme embleme du Docte Alicat, ny
moins Themistocles, Aenée, Thesee
Romulus, Alexandre le grand &
plusieurs autres celebres par les anciens, en passant ie ne vous veux
parler que de quelques vns presque
de nostre aage. Vous auez eu ce
Constantin le grand fils de l'Empereur Constantius & de S. Heleine.
Ne fut il pas, qui trãsporta l'Empire
en Cõstantinople & remit au dessus
plusieurs belles ordonnãces pour le
Christianisme? Que dirons nous de
cest indomté Guillaume Bastard de
Normandie, lequel ( comme entre
autres a tresbien remarqué le Cosmographe Theuet, en son histoire
des hommes illustres ) conquit sur
Erald & autres qui le voulurẽt troubler, l'estat de son pays d'Angleterre, où il exploicta telles proüesses
que si ceux qui luy sont les moins
affectionnés, ne se mettoient à le
louanger, ie feroie aucunement cõsciẽce de croire ce qu'õ cõte de luy.
Il faut bien que l'Angleterre reuere
grandemẽt sa memoire qu'encores
auiourd'huy elle garde, reuere &
honore les loix qu'il y establit. D'où
est ce qu'on extrait ce valeureux capitaine Castruccio Castracagne? ie
ne me veux formaliser sur la tige des
Antimellenes, d'où on luy veut dõner racine, si sçais ie bien auoir leu
qu'il fut esleué premierement &
nourri par vn chanoine de l'Eglise
S. Michel à Luques nommé messer
Anthoine Castracaigne. L'Italie a el
le enfanté Capitaine qui de son qua
libre ait fait des choses plus esmerueillables qu'a faict Castruccio ? Les
Luquois ne peurent empescher
qu'il ne les seigneuria. Les Pisans pareillemẽt le choisirẽt pour leur Prin
ce. Bref targué de l'õbre de l'Empereur Frederic deuxiesme, qu'aucuns, pour la meureté de l'aage qui
battoit sur Constance, sa mere, ne
font pas plus legitime que Castruccio, il nagea si bien en eau trouble,
que parmy les garbuges114 des Guelphes & Gibelins il trouua moien de
se percher aux degrés les plus eminens de toute l'Italie. Mettray
ie icy en rang Pierre Lombard &
ses deux freres Pierre Comester
& Gratien, tous trois illegitimes
qui ont resuscité pour la plus grand
part la Theologie. Où est ce Baptiste Mantuan, qui tout Carme qu'il
estoit a sceu si haut entonner sa musette que ses mal-veillans, sont contraints de priser la dexterité & excellence d'esprit cachee sous les replis d'vne robbe autrement mal
veuë pour la legitimation. Voyre
mais115, qu'est-il de besoin de m'estendre d'auantage sur ce discours, puis
que, pour accoster les Goths si delicats ie puis leur mettre en teste vn
des leurs, qui, illegitime à neantmoins faict esclater par les principales parties de l'vniuers le bruict &
excellence du nom Gottique ? C'est
ce Theodoris, lequel est tant celebre pour ses glorieux faits d'armes
principalement pour auoir fait teste
à ce fleau de l'vniuers Attile.
Les Laponienes. Chap. X.
COmme ce peuple est fort abbesti d'idolatrie,aussi leurs ma
riages sont embroüillez d'vne bestise vraymẽt Laponique, à laquelle i'entẽds faire allusion, puis que ie
treuue, que les Germains appellent
Lappons ceux qui ne sont ou ne disent rien à propos comme nous disons gens sots & niais & qui sont
grossiers d'entendement. Voici cõment Olaus le grand nous apprend
Ceremonies des
mariages
des Laponiens.
qu'ils se gouuernent en leurs mariages. Ils font prendre alliance (dit-il)
par mariage à leurs enfans en la presence de leurs parens alliés & amis,
& ce par le battement du fer contre vn caillou: car les mariages sont
plus heureusement & a propos par
le feu & le caillou que par aucun
autre signe. Voire116 que les Chrestiens Septentrionaux & qui sont
tenus pour les mieux ciuilisés ne
parlent iamais de nopçes sans feu.
Pour-ce chasque des espousés &
espouses, selon son estat & qualité
allans espouser à l'Eglise faict porter deuant soy des beaux cièrges
attintés, mirolés & parés de
grands bandeaux de soye, lesquels
ils offrent au prestres auec de fort
riches dons & presens, mais les porteurs de cierges s'entre pillẽt, à qui
pourra emporter ces bandeaux de
soye. En apres les femmes apres leur
releuee, vont remercier Dieu, ayant
de mesmes des cierges allumés. Or
quant au Lappons & leur maniere
defaire il faut encores adiouster que
outre le feu ainsi porté, comme dict
est suiuant la coustume du pays, l'espousee, selon la grandeur de sa maison & noblesse de ses parens, est reuestuë de belles martes subbellines117,
& mise sur vn Rangifere apriuoisé,
Resiouis
sance es
noçes des
Commin
gesoise.
entouree de parẽs & amys, lesquels
en chantant & dansant, la conduisent iusqu'aux tentes de son mary
ou iusqu'au lict. De mesmes que le
S. de Belleforest au quarante troisiesme chapitre du troisiesme liure
de l'Histoire vniuerselle escrit auoir
obserué en Comminge ce qui se fait
presque par toute la Gascoigne que
vne fille estant mariée, le iour des
nopces on assemble vne troupe de
filles les mieux chantants qu'ils appellent Douzelles, lesquelles, comme on conduit l'espousee à l'Eglise,
vont loin deuant elle en cheueux &
auec des guirlandes sur la teste deux
à deux, ou trois à trois chantant vn
long Epithalame à la loüange du
Sainct mariage & sur l'institution
d'iceluy, le refrein duquel est tel en
la langue du pays.
Qui veut dire que qui benit l'espousée
donne loüange à Iesus Christ, & en
cest equipage la meinent & rameinent au sacre. Estans de retour auant
que l'espousee entre en la maisõ ces
Douzelles chantent ces deux vers.
Qui signifie, iettes feues & four-
ment, car l'espousée est dedans: ce
qui est fait par ceux, qui sont demeu
rés exprés pour ceste ceremonie:
l'institutiõ de laquelle a esté des lõg
temps portant signification d'abondance & richesse par l'espanchemẽt
du bled & de fertilité en lignee par
les feues, ausquelles les sages Grecs
auroient attribué ceste signifiance,
entant que Pythagore pour ce respect, deffendoit l'vsage d'icelles à
Qui la Nobie benassis, Benasis à Iesus Christ.
Gestas hauez & fourment, Que la nobie est de sens.
Habille
mens des
Laponiẽs
ses disciples. Mais de ceci nous ne lairrõs discourir pour reuenir vers nos
Lapponiens pour les habiller aussi
bien que les femmes. Doncques le
mary vestu de peaux de Loup ceruier, va & marche auec vne grauité
& grace, pareille à celle d'vn Senateur ou magnifique de Venize, & resentant celle modestie, qui est deuë
en vn mystere si saint que celuy, auquel est permise la couche sans macule pour l'accroissement de l'hu
Mariages des
Laponiẽs
auec le
feu & le
caillou.
main lignage. Sur telles ceremonies
plusieurs ont prins plaisir de subtiliser & principalement sur ce qu'ils
ne repuroient les mariages heureux sans le feu & le caillou, mais
pensent que ce soit vn mystere propre à cela. Car tout ainsi que le caillou a le feu caché dedãs soy, lequel
estincelle quand on le frappe: aussi
en tous les deux sexes il y a vne vie
cachée laquelle finalement est produite en auant par mutuelle coniõcition en lignee viuante. Les autres
ont mythologisé sur ce que le feu estoit tenu pour l'vn des principes de
toutes choses, mais ils ne regardent
pas premierement que le feu sans
l'eau n'est point tenu pour principe
ayant efficace. En apres les Philosophes tiennẽt, que le feu et le plus
contraire à la generation, pour-ce
qu'il est fort actif & deuore l'humeur. Ce n'est pas, que ie n'aye leu,
qu'il produit certains animaux. Car
Mouches viuans par
my le feu
en Chipre és forges & fourneaux de
Bronze, qui y sont cõmuns on voit
au milieu du feu vne espece de gros
ses mouches, lesquelles ( ainsi que
Pline a mis parescrit au trẽtesixieme
chapitre de l'vnziesme liure de son
Histoire naturel) ont quatre pieds &
volẽt parmy le feu:lesquelles à cause de ce sont appellees Pyrales, Pyraustes ou Pyrotles. Car Pyrauste en
Aristote est prins pour vn ver; qui
gaste les rayons de miel autant que
feroit vne araigne. Qui plus est pẽdant que le feu est au fourneau &
qu'elles sont dans le feu elles se portent bien, mais si d'aduenture elles
sortent de la fournaise, & qu'elles
prennẽt l'air vn peu loin, elles meurent soudain. Voions si ceux là s'esloingnẽt point trop de ce qui est vray
semblable, lesquels rapportent ce
ste ceremonie du feu à l'Idolatrie,
qui a cicatrisé le cœur des Laponiẽs,
adorans le feu. Qu'il n'y ait de l'apparence on ne sçauroit le nier, attẽdu que, comme ils reueroiẽt le mariage, aussi ont ils voulu luy assigner
ce qui estoit entre eux tenu pour le
plus digne & excellent & qu'ils adoroient, ainsi que le Chaldeens,
les Perses, les Sensuz qui sont les
moynes en Tartarie, dont ils sont
fort mal voulus par les Bachsi119, encores que veritablemẽt les Tartares
respectent trop superstitieusement
le feu,ainsi que nous monstrons, au
chapitre destiné à la Tartarie. Ie ne
sçay où c'est que l'Autheur du badinage Laponique a voulu au lieu de
caillous faire croire, que ces Laponiens se seruent d'vn certain bois:
il est biẽ le premier qui a voulu imposer cellà a ces rustaux, mais c'est
qu'il tasche de leur approprier ce
qu'on trouuera que le Seigneur de
Lery au dixhuitiesme chapitre de sõ
histoire de l'Amerique attribue aux
sauuages. Et qu'ainsi ne soit voicy
ces propres mots. Mais puis qu'en
traitant de la police des sauuages ie
Estrange
façon de
faire du
feu.
suis tombé à parler du feu,lequel ils
appellent Tata & la fumee Tatalin,
ie veux aussi declarer l'inuẽtion gẽtile & incogneuë par deça qu'ils ont
d'en faire. D'autãt donques que aymans fort le feu ils ne demeurent
gueres en vn lieu, sãs en auoir, principalement la nuict qu'ils craignent
merueilleusement d'estre surpris
d'Aygnam, c'est à dire du malin esprit, lequel (comme i'ay dit ailleurs)
les bat & les tourmente souuẽt, soit
qu'ils soyent par les bois à la chasse,
ou sur le bord des eaux à la pesche
ou ailleurs par les champs: au lieu
que nous nous seruons à cela de la
pierre & dy fusil dont ils ignorent
l'vsage, ayans en recõpense en leur
pays de deux certaines sortes de
bois, dont l'vn est presque aussi tendre que s'il estoit pourry, & l'autre
au contraire aussi dure que celuy,
dont nos cuisiniers font des lardoires, quand ils veulẽt allumer du feu,
ils les accommodent de ceste sorte.
Premierement apres qu'ils ont apprimé & rendu aussi pointu qu'vn
fuseau par l'vn des bouts vn baston
de ce dernier, de la longueur d'enuiron vn pied, plãtent ceste pointe
au milieu d'vne piece de l'autre, que
i'ay dit estre fort tendre laquelle ils
couchent tout à plat contre terre,
ou la tiennent sur vn tronc ou grosse busche en façon de potense renuersée : tournant puis apres ce baston soudainement entre les deux
paumes de leurs mains, comme
s'ils vouloyent forcer & percer la
piece de dessoubs de part en part,
il aduient que de ceste roide agitation de ces deux bois, qui sont
ainsi comme entrefichez l'vn dans
l'autre, il sort non seulement de
la fumee, mais aussi vne telle chaleur, que ayans du cotton ou des
feuilles d'arbres bien seches, toutes
prestes ( ainsi qu'il faut auoir pardeça, le drappeau bruslé ou amorce
aupres du fusil ) le feu s'y emprend si bien, que ceux, qui m'en
voudront croire, en auoir fait moy
mesmes de ceste façõ. De dire que
les Laponiens vsent de ceste façon de faire du feu c'est prendre
plaisir de iouër au deuiner. Au reste ces Laponiens sont frappés de
la maladie Zelotypique, à laquelle ils ne peuuent bonnement remedier, estans contraincts, s'ils
veulent morfier120, aller à la chasse &
faire leurs besongnes & cependant
ie me recommande, s'il y a mot
Laponiẽs
ialoux et
non à
tort.
donné, si les femmes ne treuuent
pas des furons qui viennent furer
leurs connils en leurs garennes. Et
y a bien d'auantage, que quãd mesmes elles vont aux champs, elles ne
laissent point de iouër au bransle à
la renuerse, d'autant que leurs maris n'oseroyent les mener auec eux,
& sont si tres-superstitieux sots &
abrutis, qu'ils reputent vn grand
peché entre eux, si vne femme sort
hors du tabernacle ou pauillon par
la porte par laquelle son mary sera
sorty ce iour là pour aller à la chasse.
Les Arabes, Chap. XI.
CEs peuples, quoy qu'au reste
soyent fort adroicts pour les
Arabes
grands
larrons.
armes, sont si accoustumez qu larcin, qu'eux-mesmes ne peuuent se
garder de piller & voler ceux qu'ils
hebergent, mais c'est auec vne gaillardise telle que naturellement on
les iuges nés à la pinse. Ils viuoyent
autresfois par familles, & en communauté de biens, entre ceux de la
famille, mais auiourd'huy ils sont
Pluralité de
leurs fẽmes et de
la punition de
l'adultere.
deparcelez. Ils espousent plusieurs
femmes, aussi-bien que les Turcs,
& neantmoins punissent plustost vn
qui commettra adultere contre leur
sang, que celuy, qui sera si abominable, que s'accoupler auec les masles
ou auec les bestes: veu que ce sont
leurs vices plus communs, qu'ils appellent Melea, comme s'ils vouloient
dire chose plaisante & delectable.
Aucuns escriuent, que les incestes
parmy eux, sont hors de scrupule,si
biẽ que ce peuple Arabe s'accouple
auec leurs meres, & sœurs. Ce qui
semblera estrãge à ceux qui ont apprins de Strabon,au seiziesme liure,
que les Arabes nabathées sont continens,sobres, & sans aucune lubricité. Si faut-il, ou que Strabon ait
esté mal aduerty, ou que les Arabes
ayent changé de mœurs, d'autãt que
ceux, qui nous les ont nouuellemẽt
historiez, les nous representẽt pour
Habits
des Dames Arabesques.
estre beaucoup dissolus. Leurs femmes vont assez bien vestuës,suiuant
la façon & mode du pays,ayãs pour
habit les chemises noires,à grandes
& larges manches, sur lesquelles elles ont & portent comme vn drap
& linceul, de mesme couleur, ou de
blued Turquin, & de cecy s'enuelopent elles si gentiment, que plissé &
replissé, elles le viennẽt ioindre sur
les espaules, & l'attachent auec des
agraffes d'argent, faictes fort gentiment : aux oreilles ont des bagues
d'argẽt, & aux doigts aussi, & se ceignent les jambes de petits cercles
de mesme estoffe. Elles portent encores des torets de nez, ou plustost
des masques de toile, où n'y a ouuerture que pour les yeux, voire121
que Tertullian au liure de Virg. Vel.
asseure qu'elles ne regardent que
d'vn œil, de peur de ne mettre les
hommes en tentation, tant la pudicite leur est agreable : Des que ces
Arabesques voyent vn homme, qui
ne soit de leur parenté, elles se couurent le visage, & ne luy parleroient
pour chose du mõde:mais si ce sont
leurs parens ou marys, elles tiẽnent
la face descouuerte. Les Arabes al
Arabes
comme
marchent
par païs.
lans de lieu a autre (suiuãt qu'ils sont
vagabonds ) conduisent honestement leurs femmes, assises sur des
Chameaux, & en certaines selles
couuertes de quelques tapis à fin
que le chaud ne les offense, & sont
ces selles faictes de telle sorte, qu'il
n'y peut rien tenir qu'vne femme:
lors mesme qu'ils vont à la guerre,
où le propre iour de la bataille, ils
ont auec eux leurs femmes, pour les
encourager durant le combat, & les
aiguillõner, à ne craindre se hazarder, pour leur deffense, ou plustost,
parce que leur seule presence les semond à faire quelque acte valeureux, pour leur donner impression
de ceste generosité, qu'ils veulent
bien que ces femmes croyent estre
en leurs marys, de mesmes que vous
voyez, que, pour faire esuertuer
vn coq, à la iouste, on a de coustume de luy mettre aupres ses poules. Ces femmes, auant que d'aller
vers leurs marys, ou le iour des no
Arabes
peintes.
pçes, ou en vn autre saison, pour
coucher auec eux, se peignent la face, le sein, les bras & les mains, auec
certaine couleur azuree, leur estant
bien aduis que c'est chose bien gẽtile d'estre ainsi peintes & enluminées: & tiennẽt ceste coustume des
premiers Arabes, qui jadis entrerent
en Afrique, qui l'apprindrẽt des Africains, bien qu'à present les cytoyens des villes de Barbarie, qui sont
naturels du pays, n'imitẽt point ceste façon de faire, ains leurs Dames
ayment de se maintenir en la blan
cheur, qui leur est naturelle. Il est
vray qu'elles ont certaine ancre ou
peinture, faicte de fumée de noix
de Galle, & de safran, auec laquelle
elles se peignent les joües, en rondeur, & les sourcils en forme d'vn
triangle, & se mettent sur le menton
quelque chose, qui ressemble vne
feuille d'Oliuier, laquelle estant
loüée par les vers des Poëtes Arabes (dont il y a grãde foison) en leurs
chansons amoureuses, il n'y a grand
personnage Africain qui n'en veuille porter, par gallantise. Et est à noter, que ces femmes n'oseroyẽt porter, que deux ou trois iours ce fard,
ny paroistre deuant leurs parens, en
cest équipage, à cause que cela sent
sa courtisane, seulement en donnẽt
la veuë & le plaisir à leurs marys,
pour les mettre en ruts, & les resueiller au mestier : car ce sont les femmes du monde, qui desirent plus le
masle, & leur est bien aduis,que par
ce moyen elles donnent lustre &
accroissement à leur beauté. La misere des Arabes est si grande que
pour leur nourriture sont cõtraints
de donner leur enfans, pour gaiges,
aux Siciliens,à fin d'auoir viures : &
si au temps prefix du payement ils
ne satisfont aux marchans, faut que
leurs fils demeurent esclaues toute
leur vie, si ce n'est que le pere, les
racheptant, paye triple vsure, de la
somme premiere.
Les Senegheens122. Chap. XII.
I'Eusse bien pris la generalité des
Nigrites,pour tout d'vn coup &
en vn bloc, emmonceler mais ce cõcerne leurs mariages, mais ce faisant
ie me mettrois à l'hazard d'estre aisément battu d'vn d'eux, attendu
Terre
des Negres de
grande
estendue.
que la terre des Negres contient
sous soy plusieurs & diuerses regiõs, telles que sont Gualata, la Guinée, Nelli, Tombuts, Gago, Guber,
Ægadez, Cano, Casena, Zegzeg,
Zanfara, Guangara, Borno, Gaoga,
Nubie123. De vouloir faire reueuë de
chacune de ces contrées, ce seroit
s'embarasser en vne trop grande
prolixité. D'ailleurs de vouloir ranger tous ces peuples à mesmes loix
& ceremonies,matrimoniales, seroit
declarer ; qu'on n'a appris, qu'ils
estoyent plus brutaux les vns que
les autres,selon qu'ils estoyent plus
voisins des Lybiens. Ioint que nous
trouuõs, qu'aucuns d'ẽtr'eux estoiẽt
si bestiaux, qu'ils ne sçauoyent presque semer du grain, pour leur viure,
viuans simplemẽt de chairs & poissons, & vsans des femmes, sans reigle,ny loy de mariage, chacun s'accouplant auec la premiere, qui luy
venoit en main : car paissans leurs
bestes, ils habitoyent hommes &
femmes, en mesmes logettes, & estoit leur giste par terre, & sur des
peaux de leurs bestes. Les Azanag-
Sottise
des Aza
naghaz.
hez ( qui se tiennent entre le Promontoire de Cap Blanc & le fleuue de Senega) sont si nyais, que mãgeans ils se couurent & cachent le
visage, estimans, que ce soit vne saleté, aussi grande, de mettre la vian
de par dessus, que la vuider par enbas. Leurs femmes sont estimées les
plus belles, comme plus grandes
sont leurs mãmelles, de sorte qu'elles ont autant de peine à se les agrãdir, que nos mignonnes par de ça à
se les endurcir, & faire separées l'vne de l'autre, pour complaire plus,
que pour necessité naturelle. Donques nos Senegheens, comme ils
font les principaux du pays, & de
tant plus renommez, que la violence & roideur du fleuue Senega a
vogue, ont esté icy choisis pour pa
Senegheens cõme vestus.
rangon du reste des Negrites. Pour
la pluspart, ils vont tout nuds, sauf
qu'ils portẽt vne piece de cuir, faite
comme des brayes, pour couurir
leurs parties honteuses:mais les seigneurs, & ceux, qui ont quelque
moyen, portẽt des chemises de cotton, lequel croist abondamment en
leur terre. Quant aux femmes & filles, elles vont toutes nuës, depuis la
ceinture en sus, mais au bas elles
ont des pieces de ce cotton, comme des linceux, quelles s'entortillẽt
autour du corps, & qui leur pendẽt
iusques à demy-jambe, allans & hõmes & femmes, tous pieds-nuds,
ne portans chose quelconque en
leur teste, ains tressẽt leurs cheueux
fort gentiment, & les lient auec des
rubans, & hõmes & femmes. Quãt
aux hommes, ils font plusieurs cho-,
ses, qui sont de l'office des femmes entre nous, comme filer, & lauer les drapeaux, & elles cepẽdant,
viuẽt oiseuses, si ce n'est pour le fait
de leur mesnage, & viure ordinaire.
Mais ce n'est point (à mon aduis) le
principal lieu, où le bas les blesse:
car i'estime la seruitude de leur mariage plus esclaue & miserable. De
fait, fait à noter que le Roy de Senega est si bas percé, que n'ayãt tribut
gabelle, ny taille, qu'il leue sur son
peuple, est necessité de viure de
voles, & pilleries sur les voisins, les
prenant esclaues, & leur faisant labourer les terres de son domaine,
le reste il vend aux Azanaghez, &
aux Portugais, depuis qu'ils ont
commencé de traffiquer en ceste
contrée, & aux Arabes, qui leur
donnent des cheuaux en eschange.
Plura-
lité de
femmes
entre les
Senegheens.
Ce Roy neantmoins, tout pauure,
pietre, trupelu124 & recreu de moyens
qu'il est, ne laisse à se vouloir donner du bon temps, si tient tant de
femmes que bon luy semble, comme aussi & les Seigneurs, & tous
les Senegheens, en peuuent auoir
autant que leur puissance s'estend
pour les nourrir : Le Roy les depart
en diuers Casats ou villages, qui
sont deputez pour l'entretenement
de leur train, en chacun y en ayant
huict ou dix, mais se tenans chacune en son logis separé, & ayans
certains nõbres d'esclaues & femmes captiues, pour les seruir, & labourer les terres, assignées par le
Prince, pour la nourriture de ces
femmes, lesquelles, quand le Roy
les va veoir, sont tenuës de le defrayer auec sa suitte, chascune de
ces Dames luy enuoyant le matin
au leuer du Soleil, la viande toute
preste, chair & poisson, dequoy
il se repaist. De sorte que vous vo
yez, que ce Roy sert d'estalon à ses
femmes, chascune à son tour, or
qu'il faut, que, pour recognoissance
de la peine, qu'il prend a planter
les cornes à leurs bons maris, elles
le deffrayent. Mais la misere passe
bien plus outre, car des qu'vne est
enceinte, le Roy ne la touche plus,
& ainsi les pauures Senegheens
sont chargez des enfans, qui ne
seront extraicts de leurs reins.
Cela est cause, que pour la multitude de ces enfans, ils sont contraincts de desrober, & se rendre
esclaues de leur propre volonté.
Seneg-
heennes
se dõnent
du bon
temps.
Comme i'ay dict, les Senegheennes ont assez bon temps, aussi sontelle ioyeuses, alegres & gaillardes, chantans & dansans fort volontiers, & sur toutes celles qui sont
ieunes, qui engendrent le moins
de melancolie qu'elles peuuent:
Elles ne dansent que la nuict à la
clarté de la Lune, n'ayans autre
sorte d'instrumens que certains tabourins, & des violons, n'ayans
que deux cordes, qu'ils sonnent
des doigts. Ne pensez-pas que
les Senegheens soyent seuls, qui
participent d'vn des quartiers de
la Lune, soubs mesme tragedie
passent les Budomeliens leurs voisins, qui sont par vsage coustumiers de couler cela plus doux
que laict, encores que ce soyent
les plus vilains jaloux de la terre,
voire125 tellement outrez de ceste
maladie, qu'ils ne permettront
que personne entre au lieu, où
se tiennent leurs femmes, le pere mesmes, a deffiance de son fils
propre.
Les Æthiopiens. Chap. XIII.
IAdis les Æthiopiẽs estoiẽt si brutaux, que de se mesler indifferémẽt cõme bestes,auec leurs propres
meres, sœurs, tantes, niepces, & cousines, sans aucun respect de la reueIcy dõc
rence deue à la consanguinité: tou-tes-fois, selon le r'apport de ceux
qu'on tient auoir voyagé ces parties
Æthiopiennes) tels incestueux & abominables meslanges ont esté retranchez d'entr'eux. Icy dõc ie n'ẽ
ay aduerty le liseur, que celuy qui a
proposé la description d'Æthiopie,
raporte, qu'il trouua le lieu de Barua habité la plus grande partie de
femmes, qui sont la plus-part frequentez de courtisannes du PreteIan & de ceux qui sont à la suitte du
Baruhas. En ces quartiers la poligamie y est indifferemment suportée,si
bien que ceux, qui se sentẽt dequoy
Ceremonies gardez par
les Æthiopiens
en leurs
mariages.
& sont à leur gogue126, peuuent en
prendre & entretenir deux ou trois,
sans qu'il leur soit deffendu par le
roy ny la iustice, ais trop bien par
la Cour d'Eglise, tellement que tous
ceux qu'on sçait en auoir plus d'vne
ne peuuent entrer dans l'Eglise, qui
les tient pour excommuniés. En
ces pays il y a fort peu de tenuë aux
mariages, car ils se separent pour
des occasions fort legeres. Or les
ceremonies & solemnitez de la celebration du mariage qui se fait hors
l'Eglise & de ceux qui poligamient,
sont telles. On dresse vne couche
en vne court deuant la maison, &
sus icelle faict on asseoir l'espous &
l'espouse: trois Prestres se viennent
ranger aupres d'eux, qui commẽcẽt
à entonner Alleluya, fort brusquement, & ainsi tournoyent trois fois
autour d'eux, puis coupẽt à l'espoux
vn toupon de cheueux sur le sommet de la teste, & autant à l'espouse
sur vn mesme endroit, puis le trempent dans du vin, de miel, mettans
ceux de l'espoux sur le chef de l'espouse & sur la teste du mary ceux de
la nouuele mariée au mesme endroit
qui a esté denué de cheueux. Cela
faict ils vous les arrousent d'eau benite à leur mode, & lors chascũ demene feste iusques à la nuict, qu'on
accõpaigne les parties en leur maison, où n'est permis à personne d'ẽtrer par l'espace d'vn mois, sinon à
vn homme seul, qui est leur compere, & s'en part incontinent que le
terme est expiré. Que si l'espouse est
quelque femme de sorte ou autho
rité elle demeure cinq ou six moys
sans sortir de la maison, tenant ordinairement vn voile noir sur le visage, lequel elle ne peut laisser auãt
le terme de six mois, sinon que plustost elle se trouuast enceinte. Quãt
à la façon & ceremonie des espousailles, faites legitimement & en l'Eglise n'y a pas grand difference &
ne s'accordent les solemnitez Latines & Romaines. On fait seoir l'espoux & l'espouse sus vne couche
posee au deuant la porte principale de l'Eglise, au tour de ceste couche va l'Abuna127, qu'ils nomment Patriarche, auec la Croix, & l'encens,
puis s'accostant d'eux leur met la
main sur leur teste, leur disant, prenez garde d'obseruer diligemment
ce que Dieu commande par son Euangile, & croyés que vous n'estes
plus diuisés,mais vnis conioincts, &
incorporés tous deux en vne chair.
A ceste raison vous deuez estre doresnauãt d'vn mesme cœur & vouloir. Ce que leur ayant remonstré,ils
demeurent iusques à la fin de la
Dissolution du
mariage
entre les
Æthiopiens.
Messe. Or quand cecy se fait, les ma
riages sont sellees, clos, bouclés &
arrestez par contracts, qui sont tels,
que la femme abandonnant le mary & le mary la femme, sont obligés
à certaine peine, ordonnee & dont
est conuenu entre les parties, qui l'ésloignent selon qu'ils cognoissent la
qualité & portee des personnes, cõme en telle somme d'or d'argent, tãt
de mulets vaches, cheures, draps ou
quelque mesure de forment. Et si
quelqu'vn se veut separer il cerche
tous les moyens de le pouuoir faire
s'exemptant du pache & cõditiõ, en
payant telle amende. A cause de ce
ils se separẽt pour causes fort friuoles, mesmes racompte on, que le
Prete-ian, ayant promis d'espouser
la fille du Roy d'Adee, qui estoit
Maure, la refusa, à cause qu'il trouua
qu'elle auoit trop grandes dents,
toutesfois pour cela il ne voulut la
renuoyer à son pere, parce qu'il l'auoit desia faict Chrestienne, ains la
maria à vn grand Seigneur, de sa
Cour, qui ne fut point degousté de
la prẽdre, & quoy qu'elle eut grandes dẽts n'auoit pas peur qu'elle le
mordit. S'il y a d'entre eux aucuns
qui se maintiennent ensemble paisiblement & gardent inuiolablemẽt
l'ordre de mariage, ce sont les
Prestres, à cause que tout le moyen
d'en pouuoir ainsi vser, leur est
osté par l'expresse inhibition &
deffence de la loy. Les mariages
semblablement sont fort asseurés,
fermes & stables entre les paysans,
qui sont plus affectionnés à leurs
femmes, pour-autant que sans elles ils demeureroyent acculees,
pour le plaisir & contentement de
leur vie rusticque. De faict elles leur aydent à nourrir leurs
enfans, garder le bestail, recueillir
& nettoyer les grains, tellement que
ils ne les abandonnent iamais tandis qu'ils viuent : & mesmes pourautant que, retournans à la maison,
ils trouuent tout leur mesnage
bien en ordre & ce qui est necessaire bien appresté. Et pour-ce que
i'ay dict que par leurs contracts
ils establissent quelques peines,
pour esclaircir ce poinct ie vous
en veux amener vn exemple du
Barnagas Dori, lequel se separa d'auec sa femme, a raison dequoy
il fut contrainct de payer cent onces d'or, qui pourroient reuenir à
trois mil deux cents cinquante liures, puis se ioignit auec vne autre,
& la repudiee espousa vn gentilhomme, appellé Aaron, frere de
ce Barnagas, dont tous deux eurent des enfans. Et ne faut trouuer cecy estrange, car ils n'en
font que le sert & mestier, voire128
que telle est la coustume du pays,
auquel on ne trouue pas mal faict
si le frere a la compaignie de la
femme de l'autre & l'espouse,
pour autant ( dient-il ) que l'vn
suscite la lignee de l'autre. Or encores que i'aye destiné vn chapitre particulier au mariage des
Prestres, si ne sera il pas messeant pour le descharger d'autant de toucher icy vn mot
touchant le mariage des Prestres,
Æthiopiens: lesquels se marient auec vne seule femme obseruans
trop mieux les loix de mariages que
ne font les gens lais: En quoy faisãt
Mariage des
Prestres
Æthiopiens.
ils viuent iusques au dernier souspir
de leur vie en leur maison auec
leurs fẽmes & enfans. Leurs fẽmes,
mortes, ne leur est permis en blanc
ny en noir de conuoler à secondes
nopces, comme semblablement il
n'est loisible aux femmes sur-viuantes d'espouser autres marys,
mais bien de se rendre nonnains, si
bon leur semble. Que s'il aduenoit
que le Prestre marié eut affaire &
compaignie auec vne autre femme,
l'entree de l'Eglise luy seroit defendue, auec ce qu'il ne participeroit
au reuenu d'icelle, mais seroit tenu
au nombre des gens lais seulement.
Qu'ainsi ne soit appert parce qu'en
rapporte Dom Francisque Aluarez
qu'il en a veu conuenir vn, & appeller deuant le Patriarche, pour auoir
esté trouué couché auec vne femme: ce qu'il ne peut nier, & cõfessa
le delict en la presence d'vn chas
cun : en punition dequoy il fut
condamné à ne porter plus de croix
en main, de n'entrer en l'Eglise &
reprendre l'estat seculiere. En outre
aduenant qu'vn prestre vienne à se
coupler auec vne femme par mariage il demeure entre les gens laids
comme il en print à Abuquer fils de
Cabeata, l'vn des grands Seigneurs
qu'on eut sceu choisir d'entre tous
les courtisans, lequel aage de quarante ans, apres de decés de sa premiere femme, rentra en seconde
nopces espousant Romaine, or
que sœur du Prete-ian, qui pour
quelque mouche, qui luy vint picquer à la teste, se separe d'auec vn
ieune. Siegneur qu'elle auoit pris
pour mary. Cest Abuquer estoit
Prestre & d'auantage, grand Chappellain du Prete-ian, en grande authorité & reputation ayant laissé
escouler plusieurs annees qu'il passa en son solitaire vefuage print
phantaisie de se remarier. Pource l'Albuna Mars, le degrada, &
le relegua entre les laids. La plus
grand'partie des fils des Prestres, se
rangent de l'ordre paternel, à cause
Enfans
des Prestres Æthiopiẽs.
que ce n'est la coustume en ces païs
là de tenir escoles, pour enseigner à
lire ou escrire, pour-ce qu'il ne se
treuue personne, faisant profession
de telle vacation, si que les Prestres
monstrent ce peu qu'ils sçauent à
leurs enfans qui par ce moyen se rẽdent capables d'estre faicts Prestres
par l'Abuna129, qui est seul en toute
l'Ethiopie, sans aucun Euesque ny
autre personne qui donne les or
Punitiõ
de l'adul
tere entre lés Æ
thiopiẽs.
dres aux Prestres. Icy ie ne veux oublier ce qui concerne la punition
de l'adultere, d'autant qu'il est fort
nouueau & estrange: de faict s'il y a
vne femme accusee d'adultere, &
que le faict en soit aueré, cela ne va
deuant les iuges,ains en appartient
la vuidange au mary & aux parens,
qui se sentent interessés par telle
faute en leur reputation & honneur. N'est loisible aux Æthiopiens
de s'accointer aux femmes estrangeres, voire130 qu'il y en a, qui ont laissé
par escrit, que le Roy mesmes faut
qu'il prenne sa femme du pays telle qu'il luy plaist choisir,lequel n'en
a qu'vne non plus que les Prestres
seculiers. C'est aux marys à donner
& establir douaire à leurs femmes,
sans qu'elles apportent autre cas
que leur corps, & vn bõ desir de ser
Douaire
constitué
par les
mar is
aux Ethiopien
nes.
uir & obeyr à son espoux : ce-qu'ils
leurs donnent sont perles, aneaux,
chaisnes, draps de soye & autres
meubles. Et en ce ils practiquent
la loy des Lacedemoniens, laquelle
reiettoit le dot, non sans tresiuste
occasion: Car pour la plus-part ce
dot sert d'amorce, pour faire arpentir au mariage & par-ce moyen
faudra ou qu'il se rende serf & esclaue de celle, à laquelle il doit cõmander & comme dit Plaute, qu'il
vende sa liberté pour vn dot & biẽs
perissables, ou s'il est si leger, desloyal & mescognoissant, que s'estãs
emparé des biens de ceste femme il
la desdaigne & mesprise, Dieu, sçait
par quelles reproches il est pourmené.
Les Calecuthiens. Chap. XIII.
AV chapitre destiné aux Bramins, nous auons desia touché du passe-droict, que ces venerables se sont acquis sur les Roys de
Calecuts, tels qu'ils sõt les premiers
imitez, receus & destinez pour dõ
Roynes
de Calecut, depu
cellées
par les
Bramins
pter & cure-saillir les Roynes fraischement mariées, & se maintiennent si bien en la possession de telle
prerogatiue, que toutes & quantes
fois qu'il plaist à ces messieurs de
courtiser les Roynes, elles n'oseroyent refuser de leur prester ce
que les Roys à fine force de presens
les contraignent de prendre. En ce
veritablement sont-ils bien abrutis
d'autãt qu'outre l'outrage du couardisme, dont ils sont impudiquement festoyez sçachans, voulans,
& consentãs à leurs propres cousts,
se font eux-mesmes planter les cornes. Si y a il tousiours quelque na
turel, qui descouure la des-honnesteté d'vn tel coupaudisme131, d'autãt
que les enfans nés & procreés des
Rois, ou de leurs parens, en ligne
masculine ne succedent au Royaume,le Roy estant mort, ains les fils
des sœurs du Roy, si elles en ont, &
sinon ceux qui luy sont plus proches du costé des filles : de maniere
En Calecut la suc
cession à
la Royau
té deuoluë à la
quenouil
le.
que la Lieutenance qui est donnée
aux Bramins, pour les couches Royales, recule de la Royauté, l'agnation, pour y faire entrer la cognation. Autresfois ie m'esmerueillois
de ceste si estrãge coustume, & faisoy conscience de la croire, toutesfois deux poincts m'y ont fait incliner. Le premier est que les Calecutiens ne sont point si ialoux de
l'honesteté de leur couche maritale
qu'ils se formalisent autrement si
par ensemble ils se la viennent à entre-brouiller. De faict ie treuue que
cela est pratiqué entre les nobles, &
les marchands de Calecuts, que de
gayeté de cœur ils changẽt de femmes, & se les entreprestent tout ain
si qu'on feroit vn accoustrement,
ou autre chose. L'autre poinct est
Les Ca-
lecutiennes maistresses.
que les Dames Calecutiennes ont
mis le pied sur la gorge de leurs maris, qui ne leur seruẽt que de valets,
car elles ne daignent se mesler de la
cuisine, ains faut que le mary face le
mesnage, & tandis ces gouffres de
paillardise s'amusent à se parfumet,
& parer, n'ayans autre soin que de
plaire aux hommes, que plus souuent elles prient que ne sont priées,
& vont chargées de ioyaux & pierreries, aux mains, oreilles, bras, &
pieds, de sorte que cela les rend belles, auec ce qu'elles sont bien formées & non trop noires, ayans couleur telle que les Mores blancs, qui
sont comme de couleur d'Oliue.
Qui plus est, encor les femmes peu
uent auoir aussi-biẽ plusieurs & diuers maris, cõme les hommes plusieurs femmes, & en ayant des enfans, c'est à elles à dire & iuger des
peres, ausquels elles pensent qu'ils
appartiennnent. N'est donc merueille, si les Roys se laissent ainsi a cre
dit incucurbiter132, puis que la loy cõmune du pays, les oblige à vne telle
sujection, & seroyent tousiours à la
guerre & aux cousteaux, si ces sacrés
estafiers ne venoyent tabuter à l'entrée. Entre la populace il y en a de
deux sortes. Les vns s'appellent Poliari, & les autres Hitauà, lesquels
sont plus bestiaux, que se sentans
d'aucune gentillesse ou courtoisie.
Les femmes de ceux-cy alaictent
leurs enfans enuiron trois moys,
puis leur donnent du laict de vache
ou chieure, & les ayant ainsi saoulés
par force, sans leur lauer ny corps,
ny face, les mettent sous le sablon,
tous couuerts d'iceluy, du matin
iusqu'au soir, de maniere que ces
enfans estans tous noirs, vous ne
sçauriez discerner si ce sont Ourseaux, ou autres bestes tant ils sont
laids, à les contempler, & semble
que le diable les conserue en ce sablon, d'où la mere les tirant sur le
soir elle leur donne à manger : &
ainsi nourris, quant ils sont grands,
sont aussi grands voltigeurs, bons
courreurs, & adextres faiseurs de
soubre-sauts, qu'il y en ait en autre
lieu de la terre: Au reste faut sça
Femmes
aduanta
gées.
uoir que de mesmes que les Calecutiẽs, plusieurs autres peuples ont
de beaucoup aduantagé les femmes. En Champaigne, les femmes
qui espousẽt vn mary roturier, l'ennoblissent. Entre les Lyciens ( au
raport d'Herodote ) les enfans portent le nom de la maison de leurs
meres, sans se soucier du tiltre des
peres, comme si la noblesse leur venoit du ventre, & non de celuy qui
est la cause principale de leur generation. De sorte que, si on s'enquiert
de quelqu'vn, d'où il est, soudain il
ira faire vn long discours des meres
& ancestres de sa mere,sans faire aucune mention des hommes, compris en ceste race. Et si vne Dame
noble & libre de condition,espousoit vn serf & esclaue, les enfans en
sortans estoyent declairez nobles,
& affranchis, par le seul moyen de
la mere: Au lieu que si vn homme,
tant noble soit-il, espouse vne estrã
gere, ou de seruile contion, les enfans qui en sortiront,ne seront point
estimez nobles, ny libres aucunement. Ce qui monstre, ou que les
femmes y eurent l'Empire, du commencement, ou que celuy qui establit les loix, estoit coiffé de l'amour
de sa femme, ou bien que son pere
estant de bas lieu, il voulut par ceste loy cacher sa turpitude.
Les Malabariens. Chap. XV.
MAlabar est vn puissant Empire, aux Indes, & de grande
estenduë, comme ayant en iceluy
plusieurs Roys, & riches Prouinces,
à sçauoir, Bisnagar, Cotà, Canonor,
Tanor, Crangonor, Cochin, & au
Masles
deboutés
de la suc
cession à
la Royauté de Ma
labar.
tres. Les Roys de Malabar sont Bramins de race, & des familles les plus
honorables : leurs enfans masles ne
succedent point au Royaume, non
plus qu'en Calecut, ains les freres
du Roy, ou sõ nepueu, à cause qu'ils
sont Bramins, d'autant que les Bramins couchent auec les sœurs du
Roy, desquelles sortent les heritiers,
aussi que ceux qui viennent des
Roys, sont fils d'autres Dames que
Bramines, & qu'ils degenerent du
sang Royal, & par ainsi ils ne sont
que naires comme les autres, & ne
iouïssent de chose quelconque de
l'heritage. Ces Bramins, & autres,
Malaba
riennes
au dessus
de leurs
maris.
ayans a faire à leurs femmes, sont
ceux qui portent : car la femme est
celle qui monte, & l'homme qui
tient le dessous, & qui feroit autrement, ils luy acconteroyent à hõte,
tout ainsi que pardeça ceste façon
de faire seroit trouuée vilaine. Les
Mariages des
Rois de
Malabar.
Roys de Malabar, se marient aussi
souuent que bon leur semble, &
ayãs tenu leurs femmes pour quelque temps, les marient à gens de
qualité : aussi se marians ils prennent leurs femmes à cõdition, bien
que d'aucunes leurs facent compaignie iusques à la mort. S'il leur
prend volonté d'en auoir de maisons plus illustres, qui sont de ceux
qu'ils appellent Caimaez, ils le leur
donnent fort volontiers, & s'estiment pour tres honorez, que le
Roy se plaise à tenir leurs filles pour
ses concubines, & ont la mesme
coustume qu'en Calecut, à sçauoir
que les Bramins sont payez & salariez, pour depuceler la femme que
Bramins
ont pars
en toutes
couches.
le Roy espouse. Les Bramins sont
mariez, & leurs enfans heritent
à leurs biens, à cause qu'outre la
coustume du pays leurs femmes
sont tres-chastes, ne se meslans
onc auec autres qu'auec leurs marys, non plus que iamais vne Bramine est mariée auec autre que celuy qui est de ceste vocation, ne
pouuant espouser vn naire : là où
les femmes naires ont congé de
coucher auec les Bramins, lesquels
sont chiens à tous coliers, & tels
que toute couche leur est permise,
à cause qu'ils sont les Messagers de
leurs idoles. Quant aux naires, ils
ne se marient point, & n'y a pas vn,
qui recognoisse ny pere, ny fils : ny
frere, se meslans auec les femmes
de leur condition, tout ainsi que
des bestes, & leurs Dames tant plus
ont d'amoureux, tant plus sont-el
Depucel
lemẽt de
filles fait
par les
Naires.
les estimées : Ayans des filles elles
choisissent autant de ieunes hommes pour leur faire l'honneur de
les depuceler, & durant ce depucellement, l'espace de quatre ou
cinq iours, on faict feste, tout ainsi
que pardeça, aux nopçes, & le depuceleur depend selon ses richesses
& au bout du terme chacun se retire mais l'homme, donne à la fille vn
Queté, qui est vn petit colier d'or,
qu'ils mettent au col de leur amye,
en signe de sa defloration, & apres
luy les autres naires viennent & l'estreinent, tout ainsi qu'on faict les
dons pardeça aux espousées. Ces
naires ne se tiennent gueres auec
ces femmes qu'ils ont deflorées,&
n'y mangent gueres souuent : qui
est cause,que chacune d'elles,ayant
nombre d'hommes qui l'accostent,
ceste race d'hommes, ne sçachans
aussi, que c'est de consanguinité,
aussi auec tres grande difficulté peu
uent-ils discerner qui est leur vray
pere. Ils ont vne sotte coustume
entr'eux, que si vn Polean, qui est
la plus basse condition qui soit entre les Malabariens, rencontrant
vne Naire hors sa maison, la touche de la main, ou auec vne pierre,
elle est faicte de la race des Poleaz,
desquels la peuuent & vendre &
tuer, comme bon leur semble, si ce
n'est qu'il y eut vn Naire auec elle:
& si celuy qui faict cest attouchement est pris sur le faict, c'est vn cas
raclé qu'il faut qu'il en meure. Cecy est obserué, à fin que ces femmes ne s'addonnent auec gens de
plus bas lieu qu'elles, & ne meslent le sang noble auec celuy de la
populace. Les femmes en ce pays,
ne se meslent que de faire bonne
chere, & sont si poltronnes, qu'elles ne sçauent ny coudre, ny filer,
ou faire chose, concernant l'honeste exercice des femmes, seulement
s'addonnent à passe-temps & se parer pour plaire aux hommes.
Les Narsingueens. Chap. XVI.
QVoy que le Royaume de Narsingua soit sur la coste du goul
phe de Bengala, & partant enclauãt
dãs son pourpris celuy de Malabar,
si est-ce que, comme auiourd'huy le
Malabarien ne le recognoist en riẽ
Narsingueenes
comment
habillees
aussi les habitans different beaucoup en mœurs. En ce s'accordent,
que comme à Malabar, les femmes
sont icy fort popines. Elles ont vne
robbe de drap blanc & subtil, qui
leur va de la ceinture iusques à terre, & faut encores qu'elle traine:
aucunes d'elles portent cest habit
de soye & de quelque gaye couleur, & se ceignent ceste piece à l'ẽtour du corps, qui leur va pendant
d'vn costé iusqu'à terre, l'autre partie elles se la iettent sur vne espaule
demourant l'estomac, la gorge
vn bras & espaule à descouuert, cõme aussi faict leur cheueleure tres
bien peignee & tressee sur le som
met de la teste, & toute semee de
fleurs & pierrerie : à l'vn des
trous du nez & en la narine elles se mettent vne subtile vergette
d'or, auec quelque perle ou ruby,
comme chose gaillarde & donnant
grace, ainsi qu'elles ont aux oreilles
& au col vn fermaillet & collier,
chargé de pierrerie, & pour monstrer leur superfluité, outre les ceintures & chaisnes d'or, elles portẽt de
pareils atours aux iambes, ne laissans
partie du corps qui ne se sẽte de ceste parure. Ces femmes sçauent
tres-bien chanter & basler à leur
mode, & sonner de diuerses sortes
d'instrumens, sçauent faire tout
plein de gallantises, sauter & voltiger, sont belles, de bonne grace
& aduenantes, se marient comme
pardeça & ne sont ainsi desbordees
qu'en Calecut & aux terres de Ma
Pluralité de fem
mes à
Narsingua.
labar nõ plus que les hommes sauf,
que les grands Seigneurs peuuent
espouser autant de femmes que bõ
leur semble. Aussi le Roy en tient
vne grande troupe en son palais,
lesquelles sont filles des plus grands
Seigneurs de son Royaume, & sous
celles cy y en a d'autres, qui leur sõt
seruantes, pour cest effect on choisit les plus belles de toutes ses Prouinces, car le Roy n'est seruy que
par femmes, lesquelles n'ont autre
soin que de luy donner plaisir: De
sorte que chascun iour elles allãs se
lauer l'vne apres l'autre le Roy est
le iuge de leurs beautez, choisissant
celle, qui luy agree le mieux & de
la premiere, qui deuient grosse si
c'est vn m'asse c'est l'heritier & suc
Successeur de
la couronne
Narsingueenne.
cesseur de la couronne. Souuent il
aduient que ces pauures femmes
sont tellement à briguer le moyen
de se rendre chascune la plus aggreable, que se voyans auoir perdu la peine, y en a qui se font mourir par venin,de douleur & ennuyé
de n'auoir esté les premieres a qui
le leuain ait faict enfler la patte. Icy
donc vous voyez que l'ordre est interrompu pour le faict des successions au prix de ce que practiquent
les Calecutiens & Malabariens,
d'autant que l'accointance qu'ont
les Bramins auec les Roynes depossede & rend orpheline la ligne
masculine attouchant au Roy, pour
l'opinion, qu'on a que les enfans
Royaux tiennent de ces estalons
sacrez. Icy au contraire c'est à l'hazard de celle & qui agreera le plus
& qui prendra le mieux. Si ie ne
m'ennuyois de prolixité ie pourrois
icy deduire les ceremonies, que
tiennent les Narsingueennes a cõsacrer leurs vies sur le tombeau de
leurs maris, mais puis que ce dis
Ceremonies auãt
le nopçage des
Narcingueennes.
cours n'est funerailler, ie poursuiuray ma route, & pour patron ie
prendray Edouard Barbosse qui
nous apprend que là il y a des filles,
lesquelles, s'enamourans d'vn hõme & souhaittans de l'auoir pour
mary, font vœu à quelqu'vne de
leurs Idoles de luy faire quelque
grand seruice : & l'homme se contentant de l'espouser elle luy faict
entendre, qu'il attende vn peu de
la retirer chez luy, à cause qu'elle
veut faire feste à vne telle idole
(qu'elle luy nomme ) en luy faisant
offre & present volontaire de son
sang,à laquelle feste le mary se treuue. Au iour donc entre eux ordonné ils preparent vn chariot qui est
grand & tiré par des bœufs & sur
iceluy, ils armẽt & dressẽt vne gruë
ou cicoigne, auec laquelle on tire
de l'eau du puis,au bout de laquelle
ils mettent vne chaisne de fer auec
deux grands crocs: apres ce la fille
sort de la maison accompaignee de
tous ses parens & amis & vne infinité d'hommes & femmes de bailladins & bouffons, qui font mille
folasteries par le chemin : la fille est
ceinte bien estroitement sur ses habillemens blancs, par dessus lesquels
elle est couuerte d'vn drap de soye
qui luy va iusques aux pieds, là où le
reste du corps, de la ceinture en
dessus, est descouuert. Dés qu'elles
sort de la maison de son pere,au deuant la porte de laquelle est ceste
charette, on abaisse la cicoigne ou
grue, & y met on dessus ceste fil
le, aux deux costez de laquelle on
met ces deux crocs, qui luy entrent
dedans la chair, luy baillans en main
vne targue toute ronde auec vn sachet plein de limons & oranges:
& soudain auec vne voix haute ils
haussent la cicoigne et se mettent
à chanter, sonner & danser, & la
chairette s'en va droict vers le
temple de l'Idole, ou la fille s'estoit vouee: Elle estant pendue en
l'air à ces deux crocs, lequels
bien que la pinsent plus que gratieusement & luy facent ruisseler le
sang iusques sur les iambes, si ne
cesse elle pour autant de chanter &
monstrer vne face gaye & ioyeuse,
s'escrimant auec sa targue, & iettant les oranges & limons deuant
son futur espoux & ses parens.
Mais estans deuant la porte du temple ils la descendent de ceste cigoigne, & luy ostent ces crocs, qui
luy poignoyent les flancs, où elle est gouuernee fort doucement
& auec grand diligence, apres on
la met es mains de son mary, fai
sans des grands presens à l'Idole,
& des aumosnes & prodigalitez
aux Bramins, & vn somptueux bãquet à ceux qui les accompaignẽt.
Si toutes nos fringuantes, qui
ont si grande enuie de sçauoir aux
despens de leur pucellage que c'est
de s'acoupler auec le masle, estoiẽt
assubietties à la rigueur d'vne telle loy, pour achepter si cherement
Punition
des Narsinguennes, qui
refusent
de mourir auxobseques
de leurs
maris.
vn mary, i'en tiens la plus-part si
doüillettes qu'elles aimeroiẽt mieux
estre filles toute leur vie, qu'auec
vne si mal plaisante ceremonie cõmencer leurs nopçages & peut estre auant le bout de l'an estre contrainctes de s'aller sacrifier aux ombres de son mary : lice de laquelle elles n'oseroyent reculer sur peine d'estre monstrees au doigt comme vilaines, putains, d'autant qu'à
Narsingue celles qui refusent d'honorer par leur mort les obseques
de leurs marys, les parens les prennent & leur rasans la teste, les chassent honteusement de leur maison & de la compagnie de ceux
de leur race & ainsi mesprisees, elles paracheuens le cours de leurs
vie: que s'ils en veulẽt fauorir quelqu'vne, ils la mettent aux temples
de leurs idoles, où elles prient leurs
Impieté
des Nar
singueẽs
prostituans la
virginité de
leurs filles au
Diable.
Dieux & sonnent des instrumens
deuant eux, & faut que gaignent
leur vie, en se prostituant à quiconques les en requiert. Au reste les Narsingueens ont encor
vne estrange & abominable façon
de prostituer la virginité de leurs
filles au Diable, qui n'est pas chose nouuelle, veu que le temps passé on en a vsé de mesmes & passé les
enfans par le feu, pour les dedier
aux Idoles. Or la façon en est telle. Les filletes estans de l'aage de
dix à douze ans on les conduict à
ces Monasteres des Bramins à de
certains Idoles, en la compaignie
de tous leurs parens, auec grande ioye, tout ainsi comme si on les
menoit à nopces. A la porte de
ces maisons d'oraison, & hors l'enclos du Monastere des Bramins, y
a des puids, faicts de pierre noire,
creux de la hauteur demie d'vn hõme, & enuironnez d'vn petit escalier de bois, sur les degrez duquel y a plusieurs chandelles allumées, à cause que cecy se faict de
nuict. Sur ce puys y a vne pierre
haute d'vne coudée, ayant vn trou
ou milieu, & sur ce trou vn pieu aigu, pour l'effect qu'étẽdrez maintenant. L'escalier est tout enclos &
tapissé de quelques draps de soye,
si hauts, que ceux, qui sont au dehors ne sçauroyent rien veoir de ce
qui se faict au dedans : ainsi la mere
de la fille, & quelques autres dames
entrent dedans ce puis, où, apres
plusieurs ceremonies faictes, & oraisons dictes, font monter la fillette, sur le pieu aigu, qu'elles luy
fourrent & font entrer en son conduict naturel, iusques à effusion
de sang, & pensent ainsi l'auoir fait
depuceler, & consacrer sa virginité
à son idole.
Les Campioniens. Chap. XVII.
NOn loing de Succuir au pays
Cathajen, est la cité de Campion, laquelle est du Royaume de
Tanguts. Icy vous auez plusieurs
sortes de persõnes,les vns sont idolatres, les autres Mehemetistes, au
reste peut y auoir quelque poigneé
de Chrestiens, si tres-fort corrompus, qu'ils ne ressentent que de bien
loing le Christianisme. Les Bachsi133
& Religieux idolatres sont vn peu
Asça-
uoir si
l'homme
estant re
cerché
par la
femme
ne peche
pas.
plus sages, sobres & modestes, s'abstenants de quelques fautes, esquelles les autres se soüillent ordinairement, comme en la paillardise,
laquelle ils n'acomptent point à
peché, au moins duquel on doiue
faire estat, ayans opinion que si la
femme recherche l'homme, &
qu'elle le mette en rut d'amour,
que l'accointant il ne commet peché, mais si c'est l'homme, qui face
la poursuitte, lors eschoit de la faute. Autrefois, comme i'ay esté curieux de sçauoir plusieurs choses,
i'ay prins peine de sçauoir la cause
de ceste distinctiõ. Aucuns, & mesmes ceux qui sembloyent les mieux
habillez d'entendement, disoyent
que l'occasion estoit toute euidẽte,
car, puis que l'homme deuoit estre
chef de la femme, s'il venoit à choper, de tant plus estoit-il reprehensible, qu'ayant, comme l'on dit, les
yeux à la teste, il faisoit vne si lourde
demarche, que, quant bien elle seroit moindre, elle meriteroit vne
griefue reprimẽde. De ma part i'acculpe grandement le masle, qui ne
sçait vser de la prudence, que Dieu
luy a donné, pour sçauoir sagement
gouuerner son mesnage, & par ainsi deteste l'impudicité de ceux, qui
ou seduisent, ou forcent les Dames,
mais pourtãt on ne me pourra faire
accroire, que les femmes n'offensẽt
aussi griefuemẽt la Majesté du toutpuissant, lors qu'elles se mettent à
enjoller les masles indiscrets, d'au
tant que le mauuais aduis des vns
n'excuse point les autres, encores
que ce soit à l'homme à maistriser
& tenir bride aux essais & desseins
de la femme, tout ne plus ne moins
qu'Adã ne demeura hors de coulpe encores qu'Eue luy eut cõseillé
de manger du fruict inhibé & deffendu. Donc les Campioniens se
mesprenent bien lourdement, en
ce poinct, tout ainsi qu'à ce qui appartient au reste des ceremonies de
leurs mariages, c'est là où ils se sont
monstrez du tout mal-aduisez. De
Pluralité
de femmes receuë entre les
Campioniens.
faict ils se sont tellement desbordez
que chacun peut auoir iusqu'à trentes femmes, & plus, si tãt ils en pouuoyent nourrir, & tant s'en faut,
qu'elles leur portent rien, que plustost ils les dotent, non d'or ou d'argent, ains de bestial, & d'esclaues,
mais la premiere qu'ils espousẽt est
reputée la plus grande, & ayant la
sur-intendance de leurs maisons. Et
s'ils voyent qu'il y en ait quelqu'vne
de rioteuse & quereleuse, de sorte
qu'on ne la puisse supporter en ses
crieries ils la deschassent, tant peu
de tenuë a entre eux le sainct nœud
de mariage. Au reste ils sont si
brutaux, que sans respect de sang,ils
s'accouplent à leurs parentes, tant
leur soyent elles proches, sauf à
leurs meres, mais d'espouser & accointer les vefues de leurs peres ils
n'en font aucune conscience, comme aussi ne font ils d'autres forfaicts, qui sont abominables. Encores estoyent plus sobres les Lymyrmeis, dont parle Stobee Sermon quarante deux és loix, apres
l'Historien Nicolas touchant les
nations, lesquels auoyent leurs femmes communes, & nourrissoyent
leurs enfans en commun iusques à
la cinquiesme annee. Lequel temps
expiré, ils en chargeoient ceux ausquels les enfans, ressembloyent
le plus.
Sceau de la Bibliothèque de l'arsenal
Les Camuliens. Chap. XVIII.
LA Prouince de Camul est dans
le pourpris du pays Cathaien,
sujette au grand Cham134, non loing
du desert de Lop, & du mõt Vssonte où Emai, posée au midy de Tanguth. Les habitans d'icelle sont idolatres, mais au reste non point si décourtois que le reste des Tartares, &
quand tout est dict,sont plus charitables aux estrangers, qu'il n'est seãt
& conuenable, pour maintenir nette la chasteté de leur couche. Ils
sont plaisans & addonnez à passetemps, ne se soucians que de rire,
chanter, sonner d'instrumens, danser, lire & escrire à leur mode, en
somme à viure en repos, sans aymer
ny debat, ny guerres quelconques.
Sont au reste si courtois, enuers les
estrangers, qu'on ne sçauroit leur
faire plaisir plus grand, que le loger chez eux, & s'esiouïssent, voyãt
vn qui passe, s'addresser à eux, pour
Camuliẽ
nes trop
prodigue
de leur
pudicité
enuers
les passans.
heberger en leurs maisons : & tant
que l'estrãger y demeure, ils se tiennent aux champs, pour ne l'empescher de faire quelque bon coup,
voire135 qu'auant que se departir d'auec leurs femmes, ils leur commãdent tres-expres, & fils & filles, d'obeïr à leurs hostes, & faire tout ce, à
quoy ils les voudront employer, &
des champs auant leur enuoyent
toutes leurs necessitez, mais il faut
que l'estranger les paye à prix raisonnable. Il leur est permis de se
ioüer aux femmes de ceux qui les
reçoiuent, elles s'estimãs bien-heureuses de gratifier leurs hostes, de
ce dont ils les requierẽt, comme de
chose aggreable à leurs Idoles, &
d'obeïr aux cõmandemens de leurs
maris : ioint que par ce moyen elles
pensent que leurs biens sont augmentez, & leurs enfans maintenus
& conseruez en santé. Estans belles
en perfection, ne faut s'esbahyr si
les voyageurs ne se dedaignent de
receuoir ces charitez en gré, puis
que sans jalousie des maris, ils en
peuuẽt iouïr tout à leur aise, & sans
difficulté, pescher au plat. On dict
que Mangù, Cham136, ayant entendu
ceste vilainie & sotte façon de faire
des Camuliens, se plaisans ainsi au
Coquage, leur fit deffence, sur peine de la vie, de ne plus vser de ceste
illegitime liberté & abandon de
leurs femmes, leur permettant bien
de loger les passans, mais entendoit
qu'on fit des logis publics, où ils se
puissent retirer. Ils obeïrent pour
quelque temps, à l'Edict du Prince:
mais, voyãs, que leurs terres estoyẽt
deuenuës steriles & que le succez
de leurs affaires bastoit à l'Empire
eurent recours à leur Roy ( ainsi
qu'escrit Marc-Paul, Venitien, au
chapitre 37. liure 9. ) le supplient ne
leur deffendre ce que de toute ancienneté ils tenoyent de leurs predecesseurs, remonstrent les incommoditez aduenuës depuis que son
Edict auoit esté en vogue, que les
dieux courroucez de leur discontinuation d'vser du droict d'hospita
lité, les auoyent aussi punis de telle
sorte, que s'il ne leur permettoit de
viure, cõme au passé, leurs maisons
& biens s'en alloyent en ruine. Mãgu, oyant vne requeste tant inciuile,
& voyant la force de ce peuple se
trouua bien entrepris, & dict aux
deputez. Puis que vous souhaitez
tãt vostre vitupere & infamie, qu'il
vous soit octroyé, allez & viuez selon les coustumes de vos ancestres,
& faictes, que vos femmes à leur
plaisir, soyent charitables de leur
corps à tous ceux qui passent, car
desormais ie ne vous y feray aucun
empeschement. Et ainsi ces bons
Ieans ou bõnes gens ( il faut mesler
les masles auec les femelles) s'en retournerent gays & ioyeux en leur
pays, dispensez, par priuilege, de
maintenir le coquage en leurs terres. Icy le liseur doit considerer, cõbien grande est l'astuce du diable,
qui a sceu faire bresche au mariage,
par le moyen de la charité & hospitalité. Si l'Autheur que i'ay cy dessus cotté, n'eut luy-mesmes esté sur
les lieux, quelque temps apres que
cest octroy fut donné à ce peuple,
où qu'en ces mesmes œuures ie
n'eusse proposé des exemples des
Dames, qui ne se sont prostituées
que trop volontiers, ie cõseillerois
à qui voudroit, de mescroire ce cõpte : Mais (helas) nous ne trouuons
que trop d'exemples, de maints autres peuples, qui ont aussi aisément
presté l'espaule au coquage comme
les Camuliens. Entre autres vous
Lacedemoniẽnes
licẽtiées
de receuoir substituts de
leurs ma
ris.
auez les Lacedemoniens, lesquels
(selon le recit qu'en fait Dominique
Marie, au vnziesme liure de sa Geographie, apres l'Historien Trogue)
tenans assiegée la Cité de Messine,
où desia ils auoyent demeuré dix
ans, sans y rien profiter, leurs femmes les enuoyerent rappeller, pour
se veoir seules, & craignãs, qu'elles
ne demeurassent sans lignée. Eux
obstinez en leur deliberation, de ne
leuer le siege, qu'auec la prise de la
place assiegée, choisirent quelque
troupe de ieunes hommes au camp
pour les enuoyer à Lacedemone, à
fin qu'ils satisfissent au desir de
leurs femmes, & retranchassent ceste ardeur, qui les prouoquoit à mescontentement, en somme qu'ils fussent leurs substituts en matiere d'aides de couche. Ces ieunes leurons
firent si bien & beau leur deuoir,
que les Dames se trouuerent gentimẽt enceintes, & leurs enfans furent pour ceste occasion nommez
Spartains, où ( selon Iustin ) Parthenies, qui est à dire, virginaux, pour
auec l'honesteté de ce nom, couurir
le deshonneur de leurs meres. Les
Lithuaniens ont bien donné à leurs
femmes la bride plus lasche, car les
plus honestes d'entre elles ont des
concubins, par la permissiõ de leurs
Coadiuteurs du
mariage
receus en
tre les
Lithuaniens.
maris,lesquels elles appellent coadjuteurs du mariage. En France, Dieu
a permis, que la licence n'est point
ainsi desbordée, au moins la Loy ne
permet point que la cornardise y
regne en telle liberté, si trouue on
bien moyen d'y faire glisser le coupaudisme137, par deux voyes, du tout
detestables. Vous en auez aucuns,
& trop plus qu'il ne seroit à souhaitter,qui pour s'agrandir en hõneurs,
& biens, & faire bouillir la marmite
ne font conscience de prester ce
qu'il deuroyent tenir plus cher en
leurs femmes: mais puis que l'auarice & l'ambition a si bien enrumé
ceux-cy, qu'on ne peut leur faire
sentir la villainie, puanteur & infection de leur cornardise, nous sommes, malgré nous, contraincts les
laisser croupir en leurs ordures. Hé!
que dirons nous de ces maris, qui
pour rompre le charme du neud
d'aiguillette, eux-mesmes ( tant ils
sont dénaturez) sont cõtants d'estre
maquereaux, pour se faire planter
les cornes, à ceux qui y ont autant
de credit, que Magnificat vient à
propos à Matines. Et neantmoins
nous voyons vne si grande bande
de coquins de leur honneur, qui se
font à cul leué, incucurbiter138, que
moy-mesmes i'ay honte de croire
ce que ie ne puis entẽndre, qu'au
deshonneur de nostre France.
Les Tarnassariens. Chap. XIX.
LA prouince de Tarnassarie est
en l'ancienne region des Mesoliens au sein Gangetique, du costé
occidental de Gangé. Le Roy de ce
pais est fort puissant & idolatre, mais
toutesfois n'est si sot que celuy de
Calecut à faire depuceler ses femmes aux Bramins, mais pourtant ne
laisse d'vser de plus grande charité
Tarnas
sariẽnes
depucelés
par des e
strãgers.
& aussi sale vilanie que l'autre. De
faict les Tarnassariens ne veulent
espouser fille, qui porte son pucellage non plus que les Thebetiens,
ains les font essayer par des hommes blancs, soyent ils mores c'est à
dire Alcoranistes, ou Chrestiens,
s'il y en a de si malheureux, qui veulent s'accoupler auec les infideles:
car ces Roys ne souffrent pas, que
pas vn de leur loy idolatre ait l'aduantage de leur faire le passage des
nopçes. Voire139, les gentils, qui sont
naturels du pays vsent de ceste façon de faire, qu'auant que d'espouser, s'ils rencontrent vn blanc, de
quelque langue, estat ou nation
qu'il soit, ils le meneront en leurs
maisons exprés, pour faire depuceler leurs accordees. Il est bien vray,
Commẽt
les Tarnassariẽs
s'entretiennent
en l'amour de
leurs amies.
que depuis qu'vne femme est mariee,il ne faut s'y iouër, à cause que
les hommes n'en sont si liberaux
que les Calecutiens. L'amour est
en ces quartiers traictee d'vne estrange façon, d'autant que si vn
ieune homme deuient amoureux
de quelque femme, & il luy veut
faire entendre sa passion, & le desir
qu'il a d'estre à elle, pour luy monstrer, que ce ne sont faintises de son
affectiõ, mais que c'est du profond
du cœur, qu'il parle, & qu'il l'ayme,
& qu'il n'y a peril auquel il ne si hazarde pour luy faire seruice, tandis
qu'il deuisera auec sa Dame, il prẽdra vne piece de drap baignée en
huile, laquelle, bien trampee il allumera au feu, & icelle bruslant il la
met sur le bras tout à nud : & tandis
qu'elle se consume sur la chair il ne
cesse de deuiser auec son amoureuse
sans faire le moindre signe que ce
soit de se troubler ou de sentir douleur quelconque. Que si le Tarnassarien ayme bien sa partie asseurés
vous que la femme n'en est poinct
ingratte comme elle faict paroistre
par la subiection, humilité & obeissance qu'elle luy porte, mesmes par
Tarnassa
riennes
suiuẽt de
bien pres
leur mary
au tombeau.
le dernier deuoir duquel elle honore ses obseques. Le sacrifice mortuaire se fait sous quelque arbre &
là on brusle le corps auec bois d'a-
loy, Storax, Sandool & encens, y assistans tous les menestriers de la ville, & des masques déguisés en Diables, lesquels se resiouyssent & font
grands signes de liesse. Cependant
la femme du deffunct fait de grandes plaintes, bat les mains, pleure,
souspire & se tourmente iusques à
deux heures de la nuict. Mais quinze iours apres le trespas du mary elle va se sacrifier & brusler, toutesfois auant elle mange tant de Betelles & Areca, (qui sont fort propres
pour rauigourer le cœur ) qu'elles
en perdent tout sentiment & apprehension, car autrement il n'y a
personne si constante qui voyant
les masques representans les Diables auec du feu, ne s'effrayast & ne
perdit la constance, de laquelle vse
ce peuple & ces femmes, qui pensent s'en aller de tout ce pas au ciel,
s'offrans à la mort si volontairemẽt.
Ie ne veux point nier que la femme
ne soit necessitee à ce faire, d'autant que si elle refuse à se sacrifier
elle est mise à mort, chascun la tenant pour vne paillarde & adultere,
& ainsi la mort y escheant tousiours
les femmes ayment mieux se monstrer courageuses en mourant sans
infamie, que d'encourir blasme, &
mourir vituperées & infames.
Les Tebethiens. Chap. XX.
L'Vne des principales Prouinces
du Cathai, est celle de Thebeth,
& qui estoit autresfois de telle estẽ
due, qu'elle cõprenoit huict Royaumes & plusieurs grandes cités. Le
peuple y est le plus meschãt de tout
l'Orient, addonné à la Necromancie
sortileges, arts & impostures diaboliques. En leurs mariages sont ils encores plus difformes, car afin que ie
ne falisse point ce discours de l'impieté, par laquelle ils defigurent
l'entretien de leur conionction
Thebetiennes
depucelees
par les
passagers.
maritale, & pareillement que par
la pluralité de femmes qu'on leur
attribue ie ne semble me plaire en
redictes, ie ne veux que proposer
l'entree de leurs mariages, qui est
fort estrange. De faict les habitans
de ceste region ont ceste fole & sale coustume introduicte entre eux
par la villaine introduction des idoles de long temps en ça, qu'il n'y a
aucun, qui vueille espouser vne fille, qui soit pucelle, ains auant que la
prendre à femme il faut qu'vn autre
iouë le fol & face l'entree. Pour
toute raison ils ne sçauent vous alleguer sinon que tel est le plaisir
de leurs Dieux, qui monstre bien
quelle est la malice de Sathan, que
de causer l'aueuglement si grand de
ce peuple, que la saleté luy est ainsi
agreable. Par ainsi quand la Carouane140 passe par ce pays & qu'on tend
les pauillons, pour y loger, les meres, qui ont des filles a marier les
y conduisent, & prient les marchands de prendre leurs filles, &
s'en seruir ( on entend bien chat,
sans dire minon ) tandis qu'ils s'arresteront-là, afin qu'elles ayẽt moiẽ
de les pouruoir ainsi que r'apporte Marc Paul Venitien au chapitre trente-septiesme du second liure, les marchands choisissent les
plus gayes, gaillardes, disposes, ieunes, belles & qui leur aggreent le
plus, & renuoyent les autres, qui
sont bien maries de se voir de
la façon rebrouees, reiettées
& mises au rang des oubliees &
delaissees. Apres auoir retiré d'elles tout ce qu'ils ont en phantasie
& leur auoir donné le recipé, qui
les rend femmes, & rompu la taye
de leur pucellage, à leur depart rendent ces petites mignonnes à leurs
meres, mais bien en autre estat
qu'ils ne les auoyent receu, car de
pucelles, il n'en faut plus parler,
ains maintes-fois la bedaine leur
deuient enflee & hydropique.
Mais sçauez-vous auec quels remerciemens les meres reçoyuent
leurs filles domtees & façonnees à
l'esperon, voyre141 que le Caluacadour qui aura apprins à la fille à
courir la carriere ne partira iamais
sans estre honoré d'vn present fort
honneste. Quant à eux comme ils
ne sont vilains, prenans congé de
leurs mignardes ils leur donnent
quelque anneau ou petite bagatelle
qui leur sert de marque de leur
depucelement, & celle qui en est
la mieux fournie & embaguee est
aussi la mieux estimee, comme estant bonne robbe, & ayant donné contentemẽt a plus grand nombre d'hommes: pour ceste cause les
ieunes hommes du pays la poursuyuent plus volõtiers pour l'auoir
en mariage : mais depuis qu'elles
sont mariees ny a si hardy qui osast
toucher la femme d'vn autre, s'il ny
vouloit laisser la vie. Ie ne sçay où
l'autheur des discours touchant
les mœurs estrangers a trouué que
les hommes Thebethiens, facent
l'office de femmes: il se pourroit biẽ
estre mespris sur ce que Marc Paul
au quarante vniesme chapitre du second liure r'apporte de ceux de
Cardandan, & que ie ne puis croire,
quoy que Strabon au troisiesme liure de sa Geographie afferme que
iadis les Espagnols vsoient de pareille maniere de viure, qui est que
Sot allitement
d'hõmes.
des que la femme est deliuree de
son fruict, & qu'elle a geu elle se leue du lict, & lauant son enfant &
l'emmaillottant, son mary vient,
se coucher & fait la gisante au lieu
de la pauure femme affligee du trauail : & luy met on l'enfant aupres
duquel il a le soin par l'espace de
quarante iours, qu'il se tient là comme vne poule sur ses œufs, sans que
iamais durant cest espace il en bou
ge & tandis il est visité des parens &
amis pour le resiouïr & consoler-là
où la femme est cependant par la
maison, apprestant à manger & à
boire à ce sot accouché & ayant la
peine d'estre la nourrice & de l'enfant & du pere.
Les FeZeens. Chap. XXI.
PVis que ie ne me suis destiné à
descrire icy tout ce qui est des
mœurs & façons de viure des Fezeens, ains, seulement ce qui vise à
leurs mariages, ie passeray par dessus ce dont ie pourroie estre requis
concernant leurs Mosquees, Colleges, hospitaux, estuues, accoustremens, iustice, charmes & autres
particularitez qui pourront estre
apprises de Iean Leon. Quelques
vns veulent reigler les Fezeens,
pour le fait des mariages à ce qui est
pratiqué entre les Turcs & autres,
à sçauoir que les femmes sont a
chaptees par les maris. Toutes-fois
Quelles
choses
sont don
nées en
mariage
aux Fezeens.
d'autres tiennent, que le pere donne certaine somme de deniers selon sa portee, & faict vn banquet,
qui souuẽt luy reuiẽt à plus que le
douaire qu'il donne à sa fille: mais
quant aux habits il n'y est pas tenu,
ains faut que le mary face le reste
des frais, pour-autant qu'il est bien
raisonnable ( disent-ils) que celuy,
qui veut monter sur la beste la face ferrer & harnacher. Le pere n'est
obligé qu'à fournir l'argent couché au contract de mariage, lequel
ils vont passer en presence des parens de tous les deux costés dedans
la mosquee: Apres laquelle ceremonie le fiancé faict le banquet a
toute la compagnie, & donne plusieurs ioyaux à sa promise. Et
bien que les peres ne donnent à
leurs filles maisons, borde, ny
heritages ou possessions en mariage, si est-ce que la coustume
plus ordinaire est, que, si elle
est de maison, elle aura aussi de
son pere ( mais c'est de grace)trois
robes de drap fin, trois de soye soit
sattin, velous, ou damas, bon
nombre de chemises & linceux ouurés, oreillers elabourés richement,
& gentiment : comme encores le
pere luy dõne huit materas, & neuf
couuertures vn tapis velu long d'enuiron dix aunes & noter que des
couuertes, du lict, il y en a trois de
laine, & de toile reuestuë, trois de
soye cottonnee, comme sont nos
contrepoinctes & trois simples de
cotton: & vn tapis de fine laine &
comparty en labeur representant
des flambes de feu, bordé de cuir
doré crenelé, à chascun desquels
creneaux y a des houpes de soye &
des boutons de mesmes pour estendre le tapis contre la muraille. C'est
Quel
doüaire
est cõstitué aux
filles.
en somme le doüaire qu'on donne
ordinairement aux filles en Affrique, contre l'argẽt qui ne passe onc
cent ducats entre les plus riches:
De mesmes que par l'ancienne coustume de Marseille, il n'estoit permis de bailler aux filles plus de
cent escus en mariage & ainsi que
tesmoigne Strabon au liure de sa
Geographie ) & plus de cinq escus
en vestemens. Et par les ordonnances de Venise il est defendu de
donner plus de seize cent ducats à
à la fille noble : & si le gentil-hõme
Venitien espouse vne roturiere il ne
peut prendre que deux mil ducats.
Vray est que l'ordõnance y est aussi mal gardee que celle du Roy
Charles IX. qui deffend de bailler à
la fille en mariage plus de dix mil
liures qui quelques-fois decuplent
en des simples mercanti : & neantmoins l'ordõnance du Roy Charles
V. Ne donne aux filles de la maison
de Frãce que dix mil liures. Toutesfois depuis les doüaires ont biẽ enflé, tout ainsi qu'à Rome la loy qui
reigloit la desbordee prodigalité
des peres enuers leurs filles fut si biẽ
aneãtie qu'il se trouua vne fille d'vn
Procõsul, qui se mõstra vne fois, ayãt
sur elle en habits & pierreries la valeur de trois millions d'escus. Mais
laissons ces exces, & voyõs, cõmẽt à
Feez se celebrent les nopçes, puis
que nous sçauõs quel est le doüaire.
Ceremonies des
nopçes à
Feez.
L'espoux, le iour qu'il prend sa femme, la fait entrer en vne loge faite à
huict fares, toute bastie d'ais, & tapissée de soye & de drap d'or, & est
portée par des facquins & crocheteurs, qui la mettent sur leur teste,
accompagnée de ses parens, & de
grand nombre de fiffres, tabours, &
trompettes, & les parẽs du mary luy
vont au deuãt, auec torches, & ceux
de la fille vont apres, & faut qu'ils
aillent passer par deuant la grande
Mosquée, & de s'arrester en la place, qui est deuant icelle : là où le
mary saluë le pere & les parens de
la fille, & soudain s'en va en sa maison, où il attend sa femme dedans
sa chambre : là le suiuent le pere, le
frere & l'oncle de l'espousée ( si elle en a ) & estans à la porte de la
chambre offrent la fille, & la consignent entre les mains de la mere
de l'espoux : dés aussi tost que la
nouuelle marieé est en la chambre,
l'espoux luy marche sur le pied, &
tous deux s'enferment en la chambre seuls, & tandis qu'ils deuisent
ensemble, & font leur besongne,
(qui s'entend sans nommer) les autres se mettent à apprester le banquet, sauf qu'il y a vne femme deputée, qui se tient aux escoutes à
l'huis de la chambre, pour ouyr
quand le nouueau marié aura depucelé la fille : car elle ne peut estre
percée sans qu'il y ait de la collision
& du bruit d'of, tel que maintes
succrées142 sçauent bien faire par deça, qui quoy qu'ébaillées, pour raison de leur pucellage, sçauent si
biẽ restressir leur encouleure, qu'auec les simagrées, fuites & feintes,
qu'elles font, les plus habiles sont
bien souuent sur termes d'estre enjolez, & pris au trebuschet. Et ne
leur est besoing de s'aller baigner à
la fontaine Canathe, tout le cas est
si bien patronné qu'elles se font entendre estre depucelées. Or pour
reuenir à nostre depuceleur Fezeen, si sa femme est pucelle elle
luy donne vne toile ensanglantée
en main, & luy s'en va auec elle
vers les conuiez, criant & leur donnant asseurance, que la fille estoit
entiere, car si autre il l'a trouuee,ne
faut aussi de la rendre aux parens
d'elle, lesquels s'en retournẽt, auec
leur grande confusion, & les conuiez s'en vont aussi, sans prendre
leur repas : mais alors qu'elle est
pucelle, on faict gode chere, & la
femme, qui a esté aux escoutes, est
caressée, banquetée, & estrenée
par les parentes, & du mary & de
la nouuelle espousée. Insolence &
sottise qui semble encores estre resueillée parmy nostre France, où les
espies du depucelage, le broüet &
autres baguenauderies trottẽt pour
le couronnement du nopçage,desquelles ie suis hõteux d'ouurir propos, comme des banquets qui se
font par trois fois, ores par le pere,
de l'espousée, & d'autres fois par
le nouueau marié : de leurs danses
& chansons, des presens donnez
par les parens à l'espousée. Il vaut
mieux, que, pour le comble du
malheur des Dames Fezeennes, ie
r'amẽroiue143 qu'elles sont tenuës fort
sujettes par leurs maris, qui en sont
jaloux au possible,de maniere qu'ils
ne leur permettent de sortir gueres,
si elles ne vont à la Mosquée. Toutesfois,tous jaloux qu'ils sont,si permettent ils aux Sectaires, nommez
par vn de leurs Poëtes Ibnul Farill,
qu'ils leur plantent vn haut cimier
de cornes, sur la teste. Ceste secte est
Abomi-
nable licence des
Ibnul
Farill,
apres les
Fezeennes.
du tout detestable, tant pour l'impieté de leur heresie, que pour leur
vie, qui est du tout abominable, &
bestiale, comme ceux, qui courent
tous nuds par les ruës, & qui rencontrans vne femme, qui leur plaist,
vous l'empoignent en veuë de chacun, comme chiens, & la cognoissent charnellement, sans que personne leur ose donner empeschement, à cause que le peuple les tiẽt
pour saincts, & que ceux mesmes,
les femmes desquels ont ainsi esté
honnies, le treuuent le meilleur du
monde, & se reputent pour tres
heureux de telle accointance. Au
cuns dient qu'ils ne croyent point
que ce sainct homme ait eu cognoissance charnelle auec leur espouse, mais que çà esté vn seul
transport d'esprit , qui la luy a faict
coucher deuant tout le peuple. En
coniectures il n'est point deffendu
de iuger, parce que nous trouuons
estre pratiqué par ce peuple, principalement par les hosteleries, &
brelans de garses, & filles de ioye,
qui sont vrayement des bordeaux,
sans qu'ils soyent sujects à la iustice:
car ces hostes ont vn iuge pour eux,
& deuant lequel par leur priuilege,
ils vont seulement rendre compte
des fautes qu'on leur met à sus.
Bien est vray que ces hosteliers sont
tellement infames, qu'il n'y a hommes d'honneur qui vueille leur parler vne seule parole, & leur est interdict d'entrer és Mosquées pour
estre pecheurs publics & d'vne vie
tres-sale & deshoneste.
Les Cubeens, & Haytiens. Chap. XXII.
IE n'employeray grand discours
sur la diuersité des noms, qu'on a
baillé à l'Isle de Cuba, comme de
Fernandine144 pour l'amour de Ferdinand Roy d'Aragon, de Sainct
Iaques à cause de sa ville principale, portant mesme nom : de Guiana145,
d'Alpha, & Omega, & d'autres:puis
que ce n'est le but de mon dessein,
non plus que vous descrire l'assiete
& singularité du lieu, me suffit de
toucher à ce qui regarde les mariage de nos Cubeens, qui sont fort
estranges : veu qu'au nopçage des
Estrange
meslange
des Cubeẽs auec
les nouuelles ma
riées.
Caciques & Roitelets, tous les Seigneurs du sang Caciqual faut que
touchent & abordent l'espousée,
auant que le mary ait moyen de la
cognoistre:autant en font les hommes de leur maison, si vn de leur
rang se marie, entre les Plebejens &
populaires tout de mesmes, car tous
ceux qui sont appellez à la feste, faut
qu'essayent la portée de la mariée,
& facent l'entrée au mary. Tout le
seruice du depucellement finy, &
que la fille a souffert le choc de plusieurs, elle sort auec grande furie
de sa chambre, branlant les bras, &
tenant les poings serrez & haussant
la main, & crie ces mots, Manicato, Manicato, qui signifie, qu'elle
a esté efforcée, & qu'on l'a depucelée, & dict cecy si haut & auec
telle grace & constance, qu'on voit
bien, qu'elle se louë & se vante
d'auoir vaillamment soustenu l'assaut de tant d'hommes. Et non sans
cause, veu qu'en ce pays ils reputoyent à grande gentillesse, que de
se souiller en paillardise : qui pis est
ils estoyent addonnez au peché du
tout abominable. Quelques vns
s'escarmouchent de cest estrange
depucelement, lequel ie ne veux
autrement acertainer, n'estant assez
idoine, par faute de n'auoir hanté
sur les lieux,de l'asseurer. Si ne voisie point qu'il y ait occasion de
décroire, ce qu'en rapportent Goncal Domede & autres, qui se sont
meslé de nous proposer l'Histoire des
Indes Occidentales. Ce qui m'empesche de rejetter du tout leur opinion est, que nos bigarreures vous
font veoir les depucelements des
Roines Calecutiennes, faictes par
les Bramins, d'autres par les Ibnul,
d'autre par ceux qui sont blancs &
finalement, aux Isles Canaries, à Zipangu ou Iapan, on sçait, que nul
ne peut marier sa fille, que premieremẽt il ne la presente au Roy, pour
veoir ( ainsi qu'escrit le Cosmographe Theuet, au vingtiesme chapitre
du douziesme liure de sa Cosmographie vniuerselle ) si elle luy est
agreable : laquelle,estant belle, sera
retenuë pour quelque temps en sa
maison : apres on la renuoye en sa
maison vers ses parens, auec tel present, correspondant à sa qualité,
qu'elle a dequoy fournir au dot,
qu'elle voudra porter à celuy, qui la
prendra en mariage, lequel se tiendra pour bien-heureux, que le Roy
ait accointé sa femme. Que si elle
est grosse, l'enfant né est porté au
Roy, qui le nourrit auec le reste de
ses enfans. Et mesmes on me faict
entendre qu'entre les Chrestiens il
y a des Seigneurs, qui ont sur leurs
sujects ce droict de seruitude, qu'il
faut que le Seigneur couche auec la
nouuelle mariée. Ce n'est pas ( direz-vous ) pour la depuceler, ie le
confesse, puis que quelques vns de
ceux, qui ont voulu passer outre, y
ont perdu la vie, mais qu'vn coup
en robe ne soit bien tost fait, on ne
sçauroit me le nier, principalement
s'il y a de l'intelligence entre le Sei
Mariages peu
asseurez
entre les
Cubeens.
gneur & la fraische espousée. Or
pour reuenir à nos Cubeẽs, les mariages n'y sont gueres asseurez, d'autant que les hommes, à la moindre
mousche,qui venoit leur tarteueeller146 aux oreilles, abandõnoyẽt leurs
femmes, cõme aussi le plus c'estoiẽt
elles, qui laissoyẽt leurs maris, comme n'y ayans plus de licence, credit
& authorité en l'vn qu'en l'autre:
Bien souuent elles le faisoyẽt à bon
droict & a tres-juste occasion, eu
esgard à la vie detestable, & cõtrenaturée de ces hommes. Les Caciques en prenoyent tant qu'il leur
plaisoit, & les autres autant qu'ils
auoyent moyen d'en nourrir. Il est
vray, qu'il y en auoit vne entre elles, qui estoit la principale, & les enfans de laquelle sont les plus ad
Haitiẽnes pourquoy se
faisoyẽt
auorter.
uoüez. Vne chose trouue-ie horrible & detestable en elles, que tout
ainsi que les Haytiẽnes, elles se font
auorter, pour s'exempter des tyrãnies, forces & concussions des Espaignols. Quant aux Haitiẽs, nous
lisons, que n'estans accoustumez au
trauail, ils n'ont peu aussi durer depuis que leur Isle a esté Espaignolisée, d'autãt que contraincts d'estre
tout le lõg du iour au Soleil, ou par
les monts à cercher l'or, ou le long
des fleuues à cribler des sablons, il
en est mort fort grande quantité affaissée sous le trauail, la plus part de
ceux qui restoyent se sont fait mourir eux mesmes, aymans mieux sortir de ce monde, que d'y viure en
vne si extreme misere, & ceux qui
ne se sont occis, n'ont voulu se marier, pour n'engendrer & mettre au
mõde, qui seruissent d'esclaues aux
Espaignols, voire147 les femmes se sentãs grosses, ont vsé de ne sçay quelle herbe, auec laquelle elles se faisoyent escouler & perdre le fruict
qu'elles auoyent au ventre. En l'Isle
Espaignole, quand quelque Dame
& espouse d'vn Cacique ( car en ceste Isle y auoit diuers Roys & Seigneurs, selon les contrées d'icelle)
estoit accouchée d'vn masle, tous
Noms
des enfãs
de Haiti.
les voisins du pays la vont visiter en
sa gesine, & entrans en sa chambre,
chacun dõne vn nom à sa fantasie, à
l'enfant, l'vn le nommant, mais en
termes du pays, ou bien torche,
reluisante, ou fallot plein de flammes, d'autres, vainqueur des ennemis, ou plus luisant que fin or, &
si c'est vne fille, ils la nomment plus
souëfue que quelque fleur, plus
odoriferente que quelque herbe
aromatique, ou plus douce que
certain fruict, qu'ils vous nom
ment, ou l'appellent œil du Soleil,
ou des estoiles.
Les Sauuages. Chap. XXIII.
CEux qui ont frequẽté ces pays
des Sauuages du Cap de Frie,
remarquent, que bien que le lien de
mariage soit indignement commẽcé par ces Sauuages, si est-ce que
chacun est content du sien, sans
souiller la couche de son voisin. Ils
se marient sans discretion trop grãde pour la consanguinité, laquelle
Quels de
grés sont
obseruez
entre les
Sauuages pour
la prohibitiõ des
nopçes.
ils limitent seulement du fils auec la
mere, & du frere auec la sœur,
poussez seulement d'vn instinct naturel ( sans aucune police ou Loy,
qui les y contraigne ) & parce qu'ils
tiennent pour chose asseurée, que
quiconque coucheroit auec sa mere ou sa sœur, ou sa fille, faudroit
qu'il finist malheureusement, soit
que quelque experience le leur ait
appris ou autrement. Pour les au
tres degrez, ils n'y ont aucun esgard
ains y voit-on coustumierement
l'oncle espouser la fille de sa sœur,
qu'ils nomment Chéraindit-mébut,
c'est à dire la fille de ma sœur, &
Chérémirekorem, ma femme future. Sur ce faut noter, que dés qu'elles sont neés, l'oncle maternel les
leue & retient pour femmes, qui
doit estre, & par ce moyen le pere de la fille est acquité d'vne partie
de la seruitude, en quoy il estoit
obligé pour sa femme mere de l'enfant enuers les parens d'icelle : mais
pourtant, iamais les meres ne permettent, que les hommes couchẽt
auec leurs filles,auant aage cõpetãt,
& auquel elles puissent conceuoir,
En quel
temps les
filles de
ces Sauuages
couchent
auec les
hommes.
c'est à sçauoir, alors qu'elles sont
paruenuës au temps des purgations
feminines, qui leur aduiennent en
la quinziesme ou seiziesme année,
plustost ou plus tard, selon la diuerse nature & complexion d'icelles, & ce le plus souuent au deffaut
de la Lune. Les Romains (ainsi que
nos Legislateurs l'ont tesmoigné)
ayans rejetté l'inspection du corps,
ont limité le temps de marier à la
puberté. Vous voyez, que ces pauures Sauuages ont mieux aimé s'arrester à la compositiõ naturele, sans
mesurer les complexions de diuerses personnes à vne mesme année:
Par ce moyẽ semblẽt-ils auoir ioüé
au plus seur, d'autant que l'aage de
douze ans, voire148 quãd on les tireroit
à quinze, est quelquesfois trop
pressé pour elles, qui par quelque
empeschement naturel sont retardées de pouuoir conceuoir. Et puis
qu'icy ces Sauuages font bresche à
nostre droict, faut veoir quel mo
Sottes et
rigoureu
ses ceremonies
des Sauuages,
pour habiliter les
filles à la
cõceptiõ.
yen ils suiuent, pour habiliter les
ceremonies & superstitions outrageuses, dõt les meres vsent alors que
leurs filles commencẽt à auoir leur
premier temps, qu'elles nomment
en leur langue, Quioudu-ar,que
nous pourrions interpreter peur
escheuë ou aduenuë, parce que
les filles sont fort effrayées, quant
elles sentent approcher le temps
de ces non accoustumées decoulemens, encor plus quand il est arriué : car, outre ce qu'on leur oste
leur cheueux, auec vne dent de
poisson, qui tranche tellement
quellement, le plus prés de la teste que faire ce peut, & maintenant elles se pincettent leur poil
honteux auec des pincettes, qu'elles ont recouuré de ceux qui de deça ont frequenté en leur contrée,
on les met debout sur vne pierre,
platte qui sert de gray aux gens du
pais, à dresser leurs coliers, blancs, &
noirs, & à polir leurs pierres vertes,
que les hommes portent en leurs
leures, en leur decoupant le cuir,
depuis leurs espaules, iusques sur
leurs fesses, en leur faisant vne croix
biaise, au long du dos, de telle façon que le sang en découle de toutes parts, & ce auec la moytié d'vne dent de beste, affutée à la semblance d'vn crochet. Et n'estoit la
honte & crainte qu'elles ont, feroyent des cris horribles, de faict
elles grinsent les dents, serrent leurs
poulces & tordent leurs doigts pẽdant qu'on les martirise & bourele
de telle façon, & monstrent bien à
leur minois, qu'elles ne sont gueres
contẽtes de passer par vne si extreme douleur. Cela fait, on les frotte
auec de la cendre faicte de courges
sauuages, qui n'est moins corosiue
que salpestre ou poudre à Canon:
en sorte que iamais les marques n'ẽ
effacẽt. Apres on leur lie les bras &
le corps, d'vn fil de cottõ, leur metãt
au col des dẽts d'vne beste, nõmée
en leur patois Capu-gouare, c'est à dire herbe mangeant ou viuant d'herbe, à fin (disent-elles) que leurs dents
soyent plus dures, à mascher leur
breuuage, qu'ils appellent Chaouim,
maintiennent, si elles n'estoyẽt ainsi decoupées, que leur ventre seroit
gasté, & leurs enfans seroyent contrefaits. Apres on les couche en vn
vieil lict pendu par les deux bouts,
selon leur coustume, du quel la fille
ne descẽd iusqu'au bout de 3.iours,
où elle est serrée & enuelopée,
si que persõne ne la voit pẽdãt ceste
belle diette faut qu'elle se passe de
manger, boire ny tire aucunement.
Ces trois iours passés elles descendent sur le mesme gray, & sur tout
prennent garde de ne toucher terre auec leurs pieds. Que se elles veulent aller à leurs affaires secrettes la
mere ou quelqu'vne de ses tantes
ou mere grand la portent dehors auec vn charbon de feu ardant & vn
peu de cotton en vn taiz de pot, de
peur ( dient-elles ) que quelque
mauuaise chose ( qu'elles appellent
Mahe) ne les approche ou ne leur
entre au corps par leurs parties secrettes ou autrement, de là en apres
sont remises en leur lict, & leur donne on seulemẽt de la farine & quelques racines cuites, sans vser de sel
ny de quelque sorte de viande ou
breuuage, fors de l'eau. La pauure
patiente est en cest estat iusques à ce
que le second sang soit venu, qui est
l'espace d'vn mois pour le moins
Lequel temps accomply & le second decoulement faict, nommé
en leur language Pororoipok, qu'on
interprete faire bruit derechef, elle
n'est pas encore deliuree de tourmens, d'autant qu'on luy decoupe
la poitrine, & le ventre tout ainsi
que le dos sans luy laisser les fesses
entieres, qu'elles ne soyent deschirees, comme le dos & le ventre. Le
mois suyuant leur abstinence n'est
du tout se estroite, si ne frequentent
elles point encor auec les autres, &
ne vont aux iardins besoigner, ainsi qu'elles auoient coustume auparauant, seulement, se tiennent coyes
& sans grouiller dans leur lict,assises
à esplucher du cotton & filer tant
seulement. Le moys d'apres elles
commencent aller aux iardins, apres auoir esté noircies d'vne certaine peincture noire que font les
gens de ce pays là d'vn fruict d'arbre, qu'ils appellent en leur language Ianipap. Pour en auoir le suc ils le
maschent auant qu'il soit meur &
est quelque peu amer, mais estant
en maturité est bon à manger : Sa
grosseur & couleur est comme les
tres-grosses noix de noyer, quand
elles sont toutes vertes, mais elles
n'ont point de noyau, ainsi qu'a la
noix, ains est comme vne pomme,
Ie laisse aux Medecins, à sonder
pourquoy ces bonnes Dames font
ces singeries, & si telles detaillades
& meurdrisseurs seruent à rendre
les femmes plus fertiles qu'elles ne
sont. De dire qu'elles le facent pour
s'exempter du flux menstrual, c'est
à mon aduis prendre la matiere aux
cheueux, d'autant que ( selon que
tiennent ceux qu'on tient pour les
mieux habillés d'entendemẽt entre
les Naturalistes) les femmes, qui ne
Maligni
té des defluxions
mẽstrueles.
rougissent de tels descoulemens
sont brehaignes & steriles, attendu
que ce sãg mẽstrual sert de matiere
à la generation, & la semence de
l'homme y sert de presure, se meslãt auec iceluy. Et ne sert d'alleguer
Pl.ch.15
li.7.&
chap.7.
lib.28.
les imperfections compaignes de
telles emissions, lesquelles ie confesse, & adiouste, que les Philosophes naturels tiennent, & sur tous
autres Pline, que si la femme ayant
ses moys approche d'vn vin nou
ueau, il en aigrira:les bleds aussi seichent, si elle les touche estant en
cest estat, les hantes en meurent, cõme font les herbes des iardins, où
elle passe : mesmes le fruict des arbres, sous qui elle se sera rafraischie,
tombera:les miroirs se tachent à son
regard, aussi fait l'acier & l'hyuoire,
mesmes que l'air en est infecté : les
chiens aussi ayans gousté des fleurs
d'vne femme deuiennent enragés
& sont les morsures incurables: mesmes que le bitume, qui nage certain
temps sur le lac de Sodome, ou mer
morte, & qui à cause de sa viscosité
s'attache à tout ce qu'il rencontre
filant tousiours comme glu, n'a garde de prende au fil qui sera tient de
ce sang venimeux. Les Formis aussi
petites bestes & sages sentẽt ce sang
corrompu & iettent là le bled, qui
en est infecté, sans iamais vouloir
en gouster: que durant l'eclypse de
la Lune ou du Soleil, ou bien quand
la Lune est en coniõction, les fleurs
de la femme sont irremediables &
seruent de peste & de poison aux
hõmes, qui alors ont cognoissance
à elles: que si vne femme, ayant ses
mois touche seulemẽt le ieune bois
de la vigne elle le gastera, mesmes
qu'elle fait mourir & la rue & le lierre à les toucher seulement: qu'ayant
touché vne ruche de mouches à
miel, les mouches s'en irõt: que touchant vne iument preigne, elle la fera auorter: mesmes que le feu ( qui
neant-moins est fort actif, ne peut
corrompre & amortir ce venin. De
fait s'il se trouue tant soit peu de cẽdres de linges, infectés de ce sang,
parmy la buée des foulõs & degraisseurs de draps, la pourpre s'ẽ tachera & se perdra la fleur & naïueté de
quelque teinture que ce soit. Voyre
mais149 qu'est-il de besoin de nous arrester d'auãtage sur ce discours, puis
que ie demeure d'accord, que la ma
lignité du sang menstrual est trespernicieuse. Mais que pour cela on
doiue cõclure, que les meres veulẽt
deliurer leurs filles de telle subiectiõ
qui leur est naturelle, seroit & s'opposer à leur intention & vouloir de
mẽtir l'experience ordinaire: Puis
que l'õ sçait pour le seur, que ces decoupeures ne tẽdẽt qu'à preparer &
habiliter la fille à pouuoir cõceuoir,
qui, le cours de ces decoulemens se
tarissant, deuiendroit sterile & infecõde. En outre par le raport de ceux
qui ont hanté ces païs estrãges nous
apprenons, que veritablement elles
ne sont point si lõgs temps tourmẽtées de ces defluxiõs, mais que pour
ce elles ne laissent à en estre visitees
toutes les Lunes, & qu'alors elles se
mettoient auec vn bastõ blãc & vny
ayant enuirõ trois pieds de long &
se gardent d'attoucher à chose qu'õ
puisse boire ny manger sur tout de
coucher auec leurs maris, ausquels
elles font tenir leur eau par ce seul
mot Airo-aip, qui veut à dire ie
me treuue mal. Par ainsi, s'il m'est
loisible de iouër à couuerturer, ie diray que pensans se des-charger de
quelque malignité d'humeur, aidãt
à procréer ce sang corrompu, elles
se fõt inciser d'vne si brusque & fantasque façon. Ie sçay bien que ie me
suis beaucoup estẽdu sur ce propos,
mais puis qu'il y auoit vne manifeste immutation & alteration de nostre Droict a esté de besoin d'esclaircir ce point de ceste sorte. Donques
pour retourner au mariage de ces
sauuages les meres ne permettent
que leurs filles prẽnẽt mary iusques
à ce que leurs cheueux soiẽt recreus
& qu'il leur couure presque toutes
les espaules, ce qui ne se peut faire
qu'ẽ trois quarts d'an pour le moins
& le plus souuent autant de Lunes,
Oncle
maternel
le plus
proche et
habile à
espouser
les filles
sauuages.
qu'il y a dé doigts aux deux mains,
ainsi que leur coustume est de compter. S'il aduient que les filles refusent leur oncle maternel, & en prẽnent quelqu'autre à leur plaisir outre le gré de leur mere on les tient
pour paillardes. Et ne faict on pas
grand compte d'elles, pour estre iamais femmes arrestees à vn homme
mais font souuent maris nouueaux
qu'ils dient Assak, c'est à dire mary
passager, volage & non arresté mesmes sont cause que leur oncle maternel oste leur mere à leur pere, &
par ce moyen sont dictes filles sans
Exercice
de ces fil
les Sauuages.
pere & le plus souuent sans mere,
parce que de despit elles sont tuées.
Cependant leur meres leur mõstrẽt
à faire des vaisseaux de terre, cõme
sont les pots à cuire la chair, poisson
& autres viandes, qu'ils mangent,
plates escuelles, & vaisseaux marquetés en compartimẽs,assez beaux
& vernissés auec vne certaine gõme blanche, qui croist en des arbres
de l'escorce desquels on fait des barques longues, pour aller en guerre,
portans de trente cinq à quarante
hommes & d'auantage. Aussi leur
apprẽnẽt elles à faire d'autres grãds
pots à cuire leur breuuage & des au
tres pour le mettre, dont y en a, qui
tiennent plus d'vn muy : mesmes
faut, qu'elles sçachent tistre les licts
de cotton:Et en somme soyent ouurieres en toutes choses, qui soit en
leur mesnage, & ne soient en aucucune sorte paresseuses. Mais quand
les filles sont sages & suyuent le cõseil de leurs meres, si elles sont viuãtes, ou bien, si elles sont mortes, de
leurs tantes ou plus prochaines parentes(icy le pere ayant bien peu de
pouuoir) elles en sont bien mieux
prisees & sur termes de trouuer bon
party & vn mary allant à la guerre,
qu'on appelle Kereombar, pourueu
qu'elles n'ayent d'oncle maternel,
lequel suyuant la coustume, par obligation coustumiere & moyennant le mariage, pourchasse & faict
de bons & grands seruices à la mere
& aux freres de la fille & puis au pe
Moyens
par lesquels les
gendres
s'entretiennent
enuers
leurs
beauxperes.
re, qui est le dernier, ou bien aux oncles,le pere estant mort. Car il y a tel
entre ces nouueaux mariez, qui n'a
encore parlé au pere vn demy an
apres qu'il est marié, tant ont de hõte l'vn de l'autre, auec quelque crain
te que peut auoir le gendre, s'efforçant seulement par tous les moiens
qu'il luy est possible d'auoir l'amitié
& grace de tous les parens de celle,
qu'il veut garder pour fẽme, cõme
& grace de tous les parens de celle,
qu'il veut garder pour fẽme, cõme
de prendre des ennemis prisonniers
à bailler à ses ieunes beaux-freres, à
tuer, afin qu'ils en changent le nom
de leur enfance, ou bien autrement
pour vengeance de son beau-pere,
ou de quelcun des oncles dy frere
d'icelle morts à la guerre ou mangez par l'ennemy. Pareillement de
les accompaigner à la guerre & s'ils
sont en danger de l'ennemy se mettre au deuant, pour les deffendre,
de peur qu'ils ne soient pris ny blesséz : aussi porter la farine sur le dos
pour viure sur le chemin, tuer bestes, oyseaux, prendre possession,
faire les loges des reposees & plusieurs autres choses qu'ils ont de
coustume de faire, quand il vont
soit par mer ou par terre en voyage
Maris
Sauuages suiets
a de grãdes char
ges.
ou contre l'ennemy: Outre ce quãd
ils changent de village sont subiects
d'ayder à faire les maisons, à couper les arbres, pour faire places &
iardins. Somme, tout le tẽps que les
femmes sont viuãtes auec leurs maris, ils sont obligés à vne infinité de
choses enuers les parens d'icelle.
Que s'ils faisoyent autrement les
fẽmes les vous placqueroiẽt là tout
net, fussent elles ja toutes vieilles &
ayãs plusieurs enfãs, qu'elles quicte
roient à leurs maris par la contrainte
de leurs parens & freres, mesmes les
vont prendre iusques à leurs maisons quand ils les ont chez eux, sans
que nul les ose empescher. Telle
dissipation de mariage n'aduient
que trop souuent, d'autant que le
mary ne peut s'acquitter de toutes
ces charges, principalement ceux
qui en ont plusieurs, autrement faudroit qu'ils escartelassent leurs corps
en autant de parties qu'ils ont de
femmes. Pour ceste occasion aucuns ont dict que ceste subiection
deuoit estre restrainte à celle qui est
le mieux aymee entre toutes les autres. Ie ne veux contester sur chose,
de laquelle ie suis incertain : Si veuxie bien asseurer, que ny le Cosmographie Theuet, ny ceux, qui ont
deschiffré les vies, mœurs & façon
de viure de ces Sauuages n'ont faict
mention de telle distinction, ains
rapportent,que le plus souuent aduient que les hommes, qui ont des
femmes en telle condition n'ont
gueres de parẽs de leur costé, si que
ils sont cõtraincts de demeurer auec
leurs beaux peres & meres, & sont
dits Cont-samené, c'est à dire mary de
femmes. En apres si on veut regarder vn peu plus prés, on trouuera
que les filles des sœurs sont les femmes legitimes, & que ceste seruitude
ne s'entend sinon de ceux qui n'ont
point de sœur à leur engẽdrer femmes. Parquoy sont cõtraints, s'ils en
veulẽt auoir, de seruir iusqu'à ce que
leur fẽme ait fait des enfãs, pour seruir l'õcle maternel, & desgager leur
pere en partie, sinon du tout. Bref
c'est biẽ en cest endroit la plus grãde seruitude, dont vn pauure hom
Quelles
approches les
ieunes
Sauuages font
vers les
filles.
me puisse estre matté. Aussi disent
ils en leur prouerbe, Apuaue taigapu ancoepro romo Yieng, qui est à dire,
les peuples font lignées auec grand
trauail & difficulté, mais pour parler
des premieres approches que font
les hommes vers les filles à marier,
lors qu'où elles refusent leurs oncles, ou qu'elles n'en ont aucun,
ils vont à la chasse aux bestes, ou
aux oiſeaux, ou bien en pescherie, selon que la commodité du
lieu & la saison le portent, & principalement, quant ils cognoissent,
que la mere & autres parens de la
fille les desirent, apportent vne
charge de venaison, ou poisson le
plus exquis qu'ils peuuent recouurer, le soir entre Chien & Loup,
le mettent deuant la mere de la fille, sans dire mot, puis s'en reuont
le plus secrettement qu'ils peuuent,
de peur d'estre apperceus des voisins. Vray est, qu'auant toute œuure la fille peut auoir donné asseurance au ieune homme, puis la mere d'icelle s'en doutant, comme à
demy, & faisant semblant de n'en
rien sçauoir, luy demande d'où
vient ceste proye, & à qui elle a
donné telle asseurance. La fille luy
en compte la verité, & luy dict,
que c'est de la part d'vn tel, qui luy
dict le iour passé, qu'il la voudroit
bien pour femme, pourueu qu'elle s'y accordast, & que sa mere &
ses autres parens en fussent contens. Alors la mere appelle le pere
de la fille, pour departir le present
à tous leurs amys, en le mangeant
deuisent des mœurs & conditions
du jeune homme: vn chacun d'eux
en dict sa ratelée, en sorte qu'apres auoir esté tenu long temps sur
les rangs, si elle cognoist qu'il leur
soit aggreable, la mere luy dict la
premiere fois qu'il luy est loisible
de parler auec luy, l'asseurant auec promesses, que s'il luy plaist
d'aller coucher auec elle, sa mere ne luy en dira rien. La principa
Qualité
d'vn ieune hõme
pour posseder la
grace
d'vne
sauuage.
le qualité, qui peut rendre admissible vn ieune homme à auoir femme, est qu'il ait prins des prisonniers en guerre, autrement ne seroit-il receu. Et y a bien vne chose, qui iamais la mere ne permettra, que sa fille couche auec homme, qu'il n'en ait point pris pour le
moins vn ou deux, & qu'il n'ait
changé nom dés son enfance, parce que les enfans qui seroyent engendrez d'vn Manem, c'est à dire,
qui n'a prins quelque esclaue, ne
feroyent iamais bon fruict, & seroyent Mebels, c'est à dire faillis, &
faineans. Cela conclud entre la fille & son amoureux, il s'en va alors
que tous dormẽt, coucher en la ville auec la fille du costé, où la mere
se tient, puis s'en retourne de grand
matin, de peur d'estre apperceu. Et
s'il sont au gré l'vn de l'autre, le mariage est fait, & de la en auant il fait
tous les seruices, & s'humilie de la
façon que i'ay dit cy dessus, à sa belle mere, & à tous les autres parens
d'icelle. Et si leurs complexions se
rencontrent bien, leur mariage dure iusques à la mort. De là en apres
si l'homme est de grand lieu, & appartient à personnes qui meritent,
il faict tant, qu'auec le temps, il
transmarche sa femme vers ses parens, & en sa maison. Dés qu'il l'a
rangée sous son taudy & qu'il luy
faict bon traictement, elle cerche
par tous moyens d'auoir des compaignes, pour estre auec elle femmes de son mary, à fin qu'elle soit
aidée d'elles, à son mesnage, parce
qu'il est bien mal-aisé, qu'vne seule femme puisse faire tout, en vne
maison, selon la coustume de ce
pays-là, car il faut iardiner, accoustrer les cottonniers, & filler le cotton, tant gros, pour faire licts, que
delié à accoustrer les flesches de
leur mary, & de leurs freres, & les
plumasseries que font les vieillards:
aussi faire des pots à apprester comme est dict cy dessus, à manger,faire tous les iours des breuuages,cuire le sel & le mettre en masse, &
beaucoup d'autres ouurages,qui ne
sçauroyent estre menez à chef par
Pluralité
de fẽmes
entre les
sauuages.
vne seule femme. Cela est cause,
qu'ils ont plusieurs femmes, & autant qu'ils peuuent en auoir & entretenir. Et y a tel, qui en a plus
d'vne douzaine, & plus de quatre
vingts enfans. Leur mesnage, toutesfois, est si bien reiglé & s'entrentendent si bien tretous, qu'on n'y
veoit aucunes riottes entr'-elles, ny
moins de jalousie, au moins qui se
mette en euidence. Il y a encores
vne autre occasion, sur laquelle ils
fondent ceste pluralité de femmes,
par ce qu'ils ne hantent auec elles,
Discours
sur ce que
ces sauua
ges ne
touchent
a leurs
femmes
dés qu'el
les sont
grosses.
pendant qu'elles sont grosses, ny apres l'enfantement,iusques à ce que
l'enfant soit nourry & chemine
tout seul, terme bien long principalement à ces rustres qui ne sont si
sobres qu'ils puissent faire abstinence par deux ou trois ans. Ie sçay
bien auoir leu dans Hippocrate au
traicté qu'il a faict de la surfetation,
qu'il y auoit vn extreme danger
d'offenser l'enfant, si pendant la
grossesse on venoit à presser vn peu
de prés, le ventre de la mere. Voire que c'est là où se doit r'apporter
C. orige.
37.q.4.
ce qui est tiré de Sainct Hierosme,
qu'apres l'enflure du ventre, qu'il
faut, que l'on se donne garde de
perdre les enfans, d'autant que
( ainsi que là est noté par la glose)
l'enfant se pourroit perdre par la
concussion trop frequente. Cela
faict, que nous voyons, que les putains publiques conçoiuẽt fort peu
souuent, ou, si elles viennent à conceuoir, qu'elles retiennent bien peu
de temps leur fruict. A ce propos
aussi trouuons nous, qu'Isaac Com-
mene, Empereur de Constantinople, fut si continẽt, qu'il ne vouloit
auoir affaire à sa femme dés que seulemẽt il sentoit qu'elle auoit eu vne
fois de luy lignée. Il y a bien plus
qu'en vn Concile nommemẽt cela
fut prohibé & defendu, que les mariez ne s'entre-hantassent pour l'accouplement charnel, pendant que
la femme seroit enceinte, voire150 dés
que l'enfant auoit commẽcé à bouger, ainsi qu'il est remarqué és decrets de Burchard, mesmes aupara
Lib 19.
cap. 175
uant celuy qui auoit touché à sa
femme apres qu'elle auoit senty remuer l'enfant, estoit condamné à
ieuner au pain & a l'eau, par l'espace de vingt iours, & à dix celuy qui
auoit esté asseuré que sa femme estoit emprainte, & pour cela n'auoit laissé de cohabiter auec elle.
Lib. 3.
stromat.
Clement Alexandrin asseure, qu'on
ne pourra monstrer qu'aucun des
anciens se soit meslé à sa femme, si
tost qu'elle commençoit à charger,
ains on trouue qu'ils attendoyent
non point seulement qu'elle fut
deliurée, mais aussi, que l'enfant
fut seuré, & qu'apres ils ne faisoyẽt
difficulté de les cognoistre. Desia,
(dict-il )trouuerez-vous, que le pere de Moyse en estoit logé là, d'autant qu'il laissa escouler trois ans entre la generation d'Aaron & de
Moyse. Par telle abstinence monstroyent-ils, qu'ils n'entendoyent
point aux nopçes, pour assouuir
leurs impudiques conuoitises, ains
plustost pour multiplier l'humain lignage. Aristote recognoissant l'inõtinẽce des femmes, au 7. liure de son
histoire des animaux, chapitre 4. &
au 4. liure de leur generation chapit. cinquiesme, nous aduertit,qu'il
n'y a que la femme & la iument, qui
desirent & souffrent le masle, apres
leur cõception. Et pour ceste occasion, Plutarque soustiẽt, que les bestes brutes sont beaucoup plus raisõnables que les hõmes & femmes.
En l'estat de Solon telle diette n'eut
pas esté receuë, par ce que ce Legislateur auoit ordonné que le mary
allast voir sa femme, pour le moins
trois fois le moys, non pour la volupté, mais pour se rendre, comme
par obligation, les arres & gages
d'amitié par honneur, grace & loyauté mutuelle. Et comme les villes
renouuellent par interualle de tẽps,
les alliances, qu'elles ont les vnes
auec les autres : Aussi vouloit Solon, que l'on rafraischit l'alliance
des nopçes, en maniere de dire par
les propos que l'on s'entretenoit
en telle caresse & visitation. Autresfois, par maniere de deuis, i'ay
voulu sonder de quelques Medecins, occasion de ce ieusne auquel ces Sauuages s'humilient: pour
le dernier chef, de moy-mesmes
ie me resoluois assez ( ce me sembloit) sçachant tresbien, que le laict
d'vne femme, qui surcharge, est
fort mal sain, pour la nourriture de
l'enfant, qui tette, mais pour le premier, ie me trouuois bien entrepris ne pouuant prendre en payement la raison, dont ils ont accoustumé de faire bandeau à leur Polygamie, quand ils disent que s'ils a
uoyent affaire à leurs femmes, du
tẽps de leur grossesse, si elles estoyẽt
enceintes de masle, ils en feroyent
vn bardache ou bougeron, qu'ils
nomment en leur langue Teuir, & si
c'estoit vne fille, qu'ils l'incestueroyent, crimes qui leur sont aussi
bien que l'adultere, en telle detestation, que mesmes ils ne veulent
pas en ouïr parler. Et ne me sert ce
qu'aucuns alleguoyent de la superfœtatiõ,d'autãt que ie ne veux point
nier, que d'vne mesme portée, vne
femme ne puisse auoir plusieurs enfans, voire151 qu'il y ait vn, deux iours,
plus ou moins entre la generation
du premier & des autres. En outre,
ie passeray volontiers cest article,
que nos Iurisconsultes ont borné le
tẽps du deuil,iusques à vn an, pour
empescher le meslãge de semence
du deffunct,& celuy, auquel la
femme pourroit aspirer : mais que
cela fauorise à la bestise de ces Sauuages, ie n'y vois aucune apparẽce.
Attendu que le relais & la bride du
vefuage, que les Legislateurs ont
estroitement ordonné, n'est que
pour empescher, que la vefue ne
porte,sous le nom de Posthume, vn
enfant en la maisõ du deffunct, qui
aura toutesfois esté procreé par le
secõd mary. A l'ẽdroit de ces Sauuges cela ne peut auoir lieu, d'autant
que si tãt estoit qu'au bout de deux
ou trois moys le Sauuage sur-engẽdra vn fils, outre celuy duquel elle
seroit enceinte tousiours le Pere le
deuroit recognoistre, cõme siẽ. Voi
re,s'il n'y auoit que la multitude des
enfãs, qui boucla leur accointãce, ie
voudrois maintenir, que ces Sauuages, pour accoistre leur lignée tascheroyẽt à surgrossir leurs femmes,
veu que le plus grãd bien qu'ils s'estimẽt pouuoir receuoir, est d'auoir
vne grande & belle engence. Ceux
qui ont voulu subtiliser d'auantage
en coniectures, ont dit, que ces sauuages se sont restraints à telle diette,
pourautãt que la matrice de la femmes enceinte estãt close & serrée ne
reçoit aucune semẽce,si bien qu'ils
ne feroyẽt que perdre leur tẽps & si
pource ne lairoiẽt à engẽdrer beaucoup d'humeurs corrompuẽs, qui
pourroyẽt paraduenture beaucoup
nuire au petit enfant. Soit cõme que
ce soit ie m'en rapporte aux medecins, lesquels,s'ils le trouuent bon
pourrõt entrer plus auant en ceste
matiere & fureter tous les secrets
d'où ils cognoistrõt, qu'õ pourra tirer la raison, sur laquelle est fõdé ce
Punition
de la fẽme qui
estãt enceinte on
va paillardé.
lõg attermoyemẽt, & ce pendant ie
retourneray vers nos Sauuages,qui
sõt jaloux au possible, de l'integrité
qui leur doit estre gardée par leurs
femmes. De fait si d'auanture quelque femme a paillardé, estant enceinte, parce que leur mary faict
la surseance que i'ay cy dessus remarqué, & que cela vienne à estre
descouuert, comme bien à peine
Bastard
enterré
tout vif
par les
Sauuages.
peut-il estre celé, quand l'enfant
est né il est enterré tout vif, & la fẽme delaissée, qui ne sert apres que
pour les ieunes hommes, qui n'ont
encores le moyẽ d'auoir femme, &
n'est iamais en bõne estime entr'eux.
Telle punition semble certainemẽt
bien estrange & hors de raison, de
faire porter la peine à l'enfant qui
est hors de coulpe, plustost la mere
deuroit elle mesme porter le supplice, puis que c'est elle qui a offencé. Ioinct que ( comme tresbien disent nos Docteurs parlans des enfans naturels & engendréz hors des mariages) les bastards
au lieu d'estre chargez, rebroueez
& mesprisés doyuent plustost estre
embrassés par pieté & compassion,
& ne porter ( comme l'on dict) la
patte au four de ce dont ils ne peuuent mais : Si est-ce qu'autrement
on le practique parmy les sauuages,
qui appellent tel enfant, Mara-ouere, c'est à dire de plusieurs sortes,
à sçauoir de peres, tellement auily entre eux, qu'on ne souffriroit
aller en guerre auec les autres, de
peur qu'il ne leur porta malheur &
mal-encontre:mesmes que personne, ne voudroit manger de ce qu'il
auroit touché, fut venaison, poisson
au autre chose. Et puis que nous
sommes tombés sur le propos des
enfans, faut sçauoir, que quand
Commẽt
ces sauuages
sont deli
urees du
trauail
d'enfant
le temps d'enfanter est venu elles
se mettent sur vne buche platte
pres de la couuerture de la maison
par dedans, qui touche à terre &
en tiennent les lattes, & iettent
quelques cris assez forts & grands
en leur language, & demeureront
en ce trauail le long d'vn demi iour
sans estre aidées ny secourues d'aucunes femmes que ce soit les vnes
plus, les autres moins: puis quand
l'enfant est né, si le pere est viuant,il
le leue de terre, & coupe le nombril
auec les dẽts, si c'est vn masle:si c'est
vne femelle la mere le coupe ou la
plus prochaine parente, pour la debilité de la gisante : que si le pere
est mort ou absent, son oncle maternel le leue, comme i'ay dict cy
dessus. En apres la mere se met en
vn vieil lict iusques à ce qu'elle soit
bien purgee & nettoyee. Cela
faict le pere luy met le pied sur le
ventre tout bellement, affin que,
comme ils dient il soit resserré, l'en
fant aussi est laué bien net, puis
est tout incontinent apres peincturé de couleurs noires & rouges
par le pere lequel au surplus sans
l'emmaillotter, le couchant dans
vn lict de cotton pendu en l'air
entre-deux espees de bois si c'est
vn fils, & luy est faict vn Hanongraue, c'est a dire offerte ceremonieuse de bon presage, qui est d'ongles
d'Once & serres d'Aigle auec
ses plumes des ailles, ou de la
queuë, vn petit arc & des flesches
le tout pendu au lict de l'enfant.
Et c'est affin qu'il soit plus vertueux & de grand courage, comme ils croyent selon leur façon
superstitieuse. Si c'est vne fille on
luy pend des dents de cest animal,
comme on faict aux filles qui ont
leur premier moys, & pour la
cause mesmes trois iours durant
le pere se tient aupres de sa femme,
faisant abstinence de chair, de toute
sorte de poisson, de sel, & de mesmes
ne faict aucune besoigne iusques à
ce que le nombril de l'enfant soit
sec & tombé, de peur (dit-il) que luy
ny l'enfant ne sa mere n'ayent le
ventre tranché, qu'ils appellent TeKeaip, mettant par chascun iour au
midy & au soir le pied sur le ventre
de sa femme auec plusieurs singeries,simagrees & ceremonies presageuses, comme de petites attrapes
faictes à prendre bestes auquel il
met le porte-enfant en guise d'vne beste & le faict tõber dessus en
maniere que si vne souris se prenoit
au tres-buchet. D'autre-part prend
ce petit arc & les flesches qu'on a
pendu au petit lict de l'enfant & en
tire contre ce porte-enfant & auec
vn petit fillet à pescher le prend cõme en guise d'vn poisson, le tout à
celle fin que l'enfant prenne & tuë
bestes, oiseaux, & pesche du poisson
& vne infinité d'autres choses que
i'ay honte de publier,tant elles sont
ridicules, fades & superstitieuses.
Que si le mary n'y est, le frere de la
femme le faict où le plus proche
parent, si les hommes en sont reffu
sans. Quand le nombril de l'enfant
est sec & tombé, le pere le prend &
en faict des petits morceaux, lesquels il attache aux petits posteaux
de la maison, autant qu'il y en a, afin que l'enfant soit grand pere de
famille & qu'il entretienne maison
& mesnage. Cependant la femme
se leue & s'en va contre les grands
pilliers & posteaux de la maison
s'appuyer le ventre & le serrant biẽ
fort, de peur (dit-elle ) qu'il ne luy
pende en bas & qu'il n'y demeure
des rides. Les trois iours passés le
mary s'en va à ses affaires, apres auoir imposé le nõ à l'enfant, & faict
toutes ces ceremonies de bon presage, mais la mere demeure vne lune entiere en son lit nourrissant son
enfant auec l'abstinence de chair,
de poisson & de sel, que i'ay cy dessus ramenteu. Au bout du moys
elles vont à leurs iardins faire leurs
affaires cõme de coustume. Et ainsi
vous voiez que les hommes ont icy
beaucoup à souffrir tant à faire l'amour, que pour s'ẽtretenir des parẽs
de leur fẽmes, que du tẽps de leur
gessine, estans contraincts de leur
seruir de sages femmes, que pour
la subiection qu'ils ont à elles: car si
elles ne sont traitées, comme elles
veulent elles laissent leurs marys,
quand ce ne seroit que pour deuenir paresseux. Parquoy tout homme qui veut là auoir beaucoup de
femmes doit estre doux, bening, &
amiable, sans les tancer aucunemẽt. Icy ne faut oublier, que les fẽmes nourissent leurs enfans souëfuement, qu'il ne leur manque
chose qui soit. Pour les apprendre à manger leur maschent de
toutes choses vsitees en viandes,
sans iamais les tancer tant s'en faut
de les battre ny en aucune maniere les tourmenter. Or c'est bien
la plus grande gloire, qu'on puisse
auoir en ces pays-là tant hommes
que femmes, ie ne suis poinct le
vaisseau remply des iniures ny de
mon pere, ny de ma mere, &
tiennent que l'enfant tancé ne
peut iamais profiter ou faire bien.
Des vef
ues Sauuages &
des solem
nitez
faictes
aux obse
ques du
mary.
Reste maintenant à traicter quand
elles sont vefues cõme elles se gouuernent. Faut donc sçauoir, que leur
mary estãt mort en guerre de vieillesse ou bien d'autre accident, elles
font couper leurs cheueux pres de
la teste apres en auoir arraché la
plus grande partie, auec des horribles pleurs & lamentations fort
piteuses, puis elles courbent le
deffunct en vn bloc & monceau
ensemble dans le lict, où il est mort
ainsi que les enfans sont au ventre de leur mere, puis ainsi enueloppé le mettent dans vn grand
pot & le couurent de l'vn de leurs
plats, où il auoit accoustumé de
se lauer. Apres font vne fosse ronde, comme vn puits, & profonde enuiron de la hauteur d'vn
homme, & inhument ainsi leurs
morts auec quelque peu de feu,
affin (dient-elles) que le malin esprit
n'en approche & vn peu de farine,
a ce que si l'ame du mort a faim,
elle en mange, couurant le tout
de la terre qui en a esté tirée.
Si c'est vn pere de famille il est
enterré dans la maison à l'endroit propre,où il couchoit, & si
c'est vn enfant il est mis hors la maison derriere, vis à vis, où il estoit.
Les femmes pleurent le mort par
demy an, & apres font vne feste
pour l'amour du mort soit petit ou
grand. Les vefues ne se remarient
poinct si ce n'est aux freres & plus
proches parens de leur deffunct
mary, lesquels faut auant que ce faire, qu'ils vangẽt la mort du deffunct
s'il a esté prins & mangé de l'ennemy, ou bien s'il est mort de vieillesse ou maladie, faut neant-moins
que celuy, qui doit prendre la vefue
pour femme, prenne & ameine vn
prisonnier, qui nettoye sur la fosse
du trespassé, soit qu'on ait changé de
village ou autrement : Aussi que
toutes les pennassieres152, colliers, arcs
& flesches d'iceluy soyent lauees
par le prisonnier, mesmes son grand
lict, où il couchoit de son viuant,
ainsi que la coustume le porte. Iamais ces vefues ne se remarient à
vn qui soit moindre, fort & vaillant qu'estoit leur mary, autrement
on les chuteroit153 & mespriseroit,
leurs enfans mesmes en seroyent
faschés & mal-contans. Que si elles
ne peuuent auoir telle rencontre
elles aymẽt mieux se passer sans marier & demeurer ainsi vefues le reste de leur vie auec leurs enfans.
Or encores qu'elles se remarient elles ne se precipitent point si fort,
qu'elles ne laissent escouler vn an
entier, combien que le lendemain
de la mort de leur mary la mort fut
vengee, qui est le principal poinct,
qui peut les rẽdre dignes de secõdes nopces. A ce propos ie me souuiens auoir ouy raconter d'vne femme de ce pays-là, laquelle apres la
mort de son mary, qui auoit esté
prins & mangé de ces ennemis, ne
se voulut remarier, par-ce que nul
des parens de son mary ne s'efforçoit de venger sa mort : Prenãt l'arc
& les flesches elle mesme alla à la
guerre auec les hommes, & fit tant
qu'elle print & amene des prison
niers, lesquels elle bailla à tuer à
ses enfans, leur disant, tuez mes
enfans, vengez la mort de vostre
pere deffunct, puis que le reste de
ses parens ont le cœur si failly que
ils ne daignent en prendre la vengeance : c'est possible pource que
ie ne suis pas ieune & assez belle, si y a-il vne chose en moy, dont
ie ne feray poinct de difficulté me
vanter, c'est que ie suis forte, &
vaillante, pour venger la mort,
de vostre pere deffunct mon mary. Ceste femme fit tant que elle print plusieurs autres ennemis,
lesquels elle faisoit tuer mesmes
aux ieunes freres, & nepueux de
son deffunct mary, ne ressentant
rien moins que sa femme, tant elle auoit le cœur haut & viril. Voyla en somme ce qui appartient au
mariage de ces pauures. Sauuages,
ainsi que ie l'ay peu recueillir des
discours qui en ont esté dressees
par les Sieurs Theuets, de Lery,
Belle-Forest, & autres. Et pour
le regard de ce que nous auons dict
de la pluralité des femmes & de la
scrupulosité, que ces Sauuages font
de s'accointer d'elles auant qu'elles
aient eu leurs fleurs, cela n'est point
priuatiuement peculier à ces Sauuages, d'autant que les Cefaleens,
Preuue
de l'adul
tere entre ces
Sauuages.
vsent de mesmes, & entre eux la
premiere femme est la principale, &
faut que les autres luy façent seruice & les enfans d'icelle sont les heritiers. Quant à l'adultere pour
en rendre vn homme, attainct &
suffisamment conuaincu, suffit de
le voir assis sur le lict, ou la natte,
où s'asseera la femme d'vn autre,
& faut que l'homme, & la femme meurent ensemble, sans espoir quelconque de grace, ou remission. Or pour autant qu'au commencement de ce chapitre i'ay debattu la diuersité du Droict estably
par les Romains, & de celuy, qui est
pratiqué par les Sauuages, pour le
temps,auquel les filles peuuẽt estre
habiles à engendrer & entendre au
mariage i'estime qu'il ne sera point
messeãt, pour esclaircir de tãt mieux
l'affaire, icy apprendre aux peres &
meres,que comme il est tres dangereux de precipiter trop les mariages
pour l'incapacité, qui se manifeste,
aussi est il trop plus que perilleux de
tenir si long temps en abboys ces
pauures filles, qui comme le feu ne
leur manque,& sont imbecilles excessiuement laissent quelques-fois
Discours
trop
sur le
long re
tardemẽt
qui est
fait de
marier
les filles.
enyurees quelles sont de leurs foles
affections, mettre le feu à la cheminee. Il ne faut pas aller courir au
Peru, en Turquie ou en Perse, parmy nous nous n'ẽ voions que trop
d'exemples, qui maintes-fois font
transir de deuil & regret les pauures
peres & meres de n'auoir de meilleure heure donné ordre à loger
leurs filles, qui filletant, sans estre
mariees, se sont rendues femmes. En
maints endroits on recule en arriere, & cependant on ne signe que la
pauure fille rapporte la pense chargee, & embrasee des flammes d'amour & chatouillee des aiguillons
de la chair met à l'abandon sa pudicité. Voyla que c'est le pere, qui re
garde de bien colloquer sa fille & la
pouruoir de party cõuenable, crainte de dégainer d'argent pour la dot,
luy acquiert quelquesfois deshonneur & infamie, & consequemmẽt
à toute sa maison : ce qu'il deuroit
bien craindre aduenir, & tascher à
le fuir, & penser que la chasteté de
la vierge est de tres-difficile garde, à
guetter laquelle tous les yeux d'Argus ne suffiroyent : tellement que si
la fille qui a vingt-cinq ans passez,
voyant que son pere differe de la
partir, fait folie de son corps, ou se
marie à son plaisir, par le droict Romain, la fille ne peut estre desheritée, ny forclose de la succession,ains
pour n'auoir tenu cõte si long tẽps
du soing que nature luy commãde
auoir de sa posterité, il perd en ce
cas, l'authorité & preeminẽce, qu'il
auoit sur sa fille. Or à fin que celles,
qui de nostre temps ont esté surprises & preoccupées, ne se desesperent,pour estre remarqueés, & que
d'autre part on ne reuoque en doute l'histoire que ie veux icy propo
ser, ie mettray en butte l'vn des plus
grands Empereurs qui fut onques:
C'est ce Charles le grand, lequel
quoy que bien aduisé, se trouua cependant pris par la faute que se fit,
& à luy aussi sa fille aisnée, qui fit
faux-bon à sa virginité, il n'en donna la coulpe qu'à soy-mesmes, & essaya de couurir & reparer au mieux
qu'il peut, la faute aduenuë, où il
voyoit tremper & se morfondre la
bonne reputation & l'honneur de
Histoire
memorable de la
fille aisnée de
l'Empereur
Charles
le grand.,
tous les deux, comme Iaques Curio
en son 2. liure des choses Chronologiques,recite auoir autresfois leu
à Olbiopoli154, ville assise sur la riuiere du Meyn en Alemaigne,là où
est enterré Eginard principal personnage comprins en cest affaire.
Faut donques sçauoir, que l'Empereur Charles le grand estoit fort amoureux des sçiences Mathematiques, & mesmes n'auoit petite cognoissance des choses celestes,des
influences & cours des planettes &
de l'Astrologie, où il se baignoit, auec vne telle affection, que souuen
tesfois il se releuoit de nuict, pour y
repaistre son esprit. Or comme vne
nuict seraine & estoilée, il obseruoit
les astres par vne fenestre, il vit d'ad
uenture, Eginard son Chancelier,
(aucuns dient secretaire de sa chambre) pendant sur le dos de sa fille, la
plus grande d'aage, laquelle le portoit sur ses espaules, & trauersoit par
vne court, dont le paué estoit couuert de neige, à fin que le lẽdemain
matin aucun ne peut remarquer autre trace que de fẽme, qui fut pour
aller au corps d'hostel des Dames,
& principalemẽt droit en la chambre ou cabinet de la ieune Princesse : ioint qu'on eut peu recognoistre la piste, forme & marque du
pied d'Eginard, sur la neige, pour
celle d'vn homme, & possible d'Eginard mesmes. Deuinez à quelle
fin il estoit porté à heure induë, au
quartier des femmes par la fille de
son maistre, ce n'estoit point pour
enfiler des perles, ains (possible) elle-mesmes. l'Empereur fasché outre mesure, & non sans cause, vain
cu de douleur, ne sceut le tenir secret, & le diuulga le iour ensuiuãt,
contant tout le faict deuãt les Princes de sa Cour, qui trouuerent tous
l'acte fort estrange, de sorte, que
pas vn d'entre eux ne pouuoit, sans
regret, en ouïr parler, detestants
tel forfaict. Apres qu'il leur eut exposé le cas de point en point, & les
eut enquis de la peine meritée, &
qu'il eut entendu l'opinion de tous,
dont les vns estimoyent les delinquans dignes de la roüe, aucuns du
gibet, il enuoya querir Eginard, &
sa fille, lesquels venus deuant sa face il maria ensemble, & les feit espouser sur le champ, disant : Ie te
donne, Eginard, ta porteuse pour
legitime espouse, de l'amour de laquelle ie te veois espris: & ne fit autre signe ny semblant de courroux,
sinon que prendre sur soy toute la
coulpe, de n'auoir marié à temps sa
fille.
Les Patagoneens, Yucateens, & autres Indiens. Chap. XXIIII.
NOus ne serons en ce chapitre
si long, qu'auons esté au precedent, ains employerons pour esclaircir ce qui concerne ces mariages, vne partie de ce que le Sieur de
Belle-Forest en a laissé par escrit au
chapitre sixiesme du dernier liure
de la Cosmographie de Munster, apres Goncal Ouiede au dixiesme
chapitre du sommaire des Indes.
Ces mariages sont diuers selon la
qualité des personnes, d'autant que
les Caciques espousẽt autãt de femmes qu'il leur plaist, & vne telle
qu'ils iugent la plus belle est aussi la
plus estimée, lesquelles ils prennent
des filles des principaux de leurs ter
Nopçes
de leurs
Cacique.
res (car pour rien ils n'espouseroyẽt
vne estrangere ) auec lesquelles se
ioignent par mariage, & font de
grands banquets, & dances solen
nelles & publiques à la feste des
nopçes Royales : le premier enfant
masle, qui sort de ce mariage, est
celuy aussi, auquel ( le Roy mourant ) escheoit l'heritage du Royaume. N'y ayant point d'hoir masle, sont celles, qui succedent, lesquelles ils marient aux plus riches,
& mieux apparents de leurs vassaux : Mais s'il y auoit des enfans
du fils aisné decedé, i'entens des filles, elles ne viennent point à la succession, ains seront heritiers, ceux
qui seront de sa sœur,puisnée,pour
les estimer asseurément du sang du
Prince, ce qu'ils n'osent faire de la
part du frere, à cause de la defiance de la femme qu'il aura espousée.
Pluralité
de fẽmes
defendue
au simple
peuple.
Quant au simple peuple, il n'est
loisible à pas vn, d'espouser qu'vne seule femme,laquelle quelquesfois ils repudient, pour en prendre vne autre : bien que cela n'aduient gueres souuent, quoy que la
moindre & legiere occasion suffise, pour despecer leurs mariages,
& n'y faut que le consentement de
l'vne des parties, ou des deux ensemble, & sur tout, lors que les
femmes ne peuuent auoir des enfans, la plus part desquelles sont
assez continentes, combien que le
nombre ne soit que trop grand, de
celles, qui ne sont gueres chiches
de leurs personnes, ains volontiers
se prestent à ceux, qui les requierent de ce faire, & sur tout les plus
grandes, lesquelles dient, que ce
n'est à vne grande Dame, & qui est
de sang illustre, de refuser chose
aucune, qu'on luy demande, &
que c'est vn traict de vilainie. Il est
vray, qu'elles n'ont garde de se mesler auec vn homme, qui soit de basse estoffe & condition, sur tout ayment-ils les Chrestiens & si quelqu'vn des principaux les ayme, elles s'en sentent fort glorieuses, &
leur gardẽt loyauté, pourueu qu'ils
ne soyent long temps loing d'elles,
d'autant qu'elles n'ont accoustumé de se contenir longuement, &
pource sont fort promptes d'aller
au change. La plus grande mes
chanceté qu'on remarque en ces
femmes est, qu'ayans opinion que
c'est aux vieilles d'auoir des enfans,
& non aux ieunes, qui deuroyent
employer leur ieunesse en plaisir &
allegresse, & non à porter ceste
charge en leur ventre, elles sçauent
Auorte-
mẽt d'ẽfans.
faire des compositions & drogues,
(se sentans grosses ) pour se faire
vuider le germe, & fruict sans douleur quelconque. Elles doiuent
bien peu à nos succrées mignõnes,
qui ont des eaux & fards, dont elles
se seruent, pour faire reserrer leurs
mammelles trop pendantes & espanduës : ces Indiennes ont des
petits aiguillons à sensualité, qui
dérident entierement leurs tetins
flestris. Quant aux solennitez, qui
sont gardées en leurs mariages, par
ce qu'elles ne different essentiellement, d'auec celles de leurs voisins, icy n'ay voulu en dresser nouueau & particulier discours, pour
n'vser de redites. Seulement adiousteray-ie ce mot, que les femmes de Cabrâ, qui sont comme che
ualiers, ou simples Gentils-hommes distinguez du peuple, & plus
authorisez que le vulgaire, portent aussi bien le nom d'Espaues,
(qui est à dire Madame) que font
les espouses des Cacique.
Des mariages des Prestres. Chap. XXV.
L'Occasion qui m'a faict mettre
en lice, le mariage des Prestres
semblera, à plusieurs, toute autre
que ie n'ay pourpensé : aucuns,
qui ont ( peut estre ) quelque dent
sur moy, estimeront, que ie me
couperay en propos, & me formaliseray pour marier les Prestres.
Les autres qui auroyent bien enuie de rompre ieusne desireroyent
aussi bien, que ie leur prestasse la
main, à fin qu'ils puissent faire vne
belle enjambée : les autres finalement, attendront de moy, que ie
rabatte les coups, de ceux qui se
sont bandez contre le Cœlibat.
Vous verrez qu'ils se repaissent de
vaine esperance. Il ne faut pas, que
l'on pense qui ie me vueille topiquer d'vne chose, à laquelle, que
quant bien ie me serois rompu la
teste, ie ne sçaurois donner ordre.
Parce que la matiere est chatouilleuse, ie me contenteray de raconter simplement ce qui en est, sans
partiser pour les vns, & me disgracier des autres. Ie sçay tresbien,
qu'à l'encontre du Cœlibat on braque plusieurs & rudes pieces, mesmes qu'on faict pyuot de ce qu'au
Concile Niceen, Paphnuce s'opposa à l'interdiction du mariage faicte aux Prestres, & promeus aux
ordres : Que là dessus on respond,
que ce Sainct personnage ne voulut consentir, que les Prestres mariez fussent forcez, & necessitez
à quitter leurs femmes : C'est vne
question Theologale, que ie lairray, si on veut demesler pour la
tentatiue de quelque gentil cerueau : de ma part il me suffira, si ie
puis prouuer par authorité, que
les Prestres ont esté mariez: Au
chapitre du mariages des Æthiopiens, i'ay monstré, que les Prestres y sont mariez, ainsi que nous
apprend Don François Aluarez, &
mesmes au cent quarente-septiesme chapitre de sa deſcription d'Æthiopie, au trente - deux, & trente troisiesmes articles des demandes que luy feit l'Archeuesque de
Braga, dict, que les Moines ne se
peuuent marier : ce qui est permis
Prestres
& Chanoines
Æthiopiens ma
riez.
aux Prebstres & Chanoines, lesquels vont manger à part chacun
en sa maison, & le Religieux tous
ensemble, qui comme dict est, ne
se marient point. Leurs chefs se
nomment Licanati, & demeurent
les femmes des Chanoines hors du
Cloistre, chacune à part, là où ils
les vont trouuer, quand il leur
plaist. Les enfans des Chanoines
demeurent en la mesme dignité
que leurs peres, mais ceux des Prestres non, s'ils ne sont ordonnez
& continuez par l'Abuna155. Icy ie ramenteuroy les demandes, qui fu
rent faictes à ce dit, Don Aluarez,
par le commandement du Pretejan, sur le faict du mariage des
Prestres, & la resolution qu'il leur
bailla, si ie ne craignois enfler ce
discours, de chose qui ne me seroit,
peut estre, allouée & que le liseur
curieux pourra, s'il luy plaist, trouuer au soixante dix-septiesme chapitre de sa description d'Æthiopie.
Prestres
autresfois mariez en
Flãdres,
Angleter
re & Escosse.
On sçait que jadis les gens d'Eglise estoyent mariez en Flandre, aussi bien qu'en Escosse, & Angleterre pareillement, ce qui leur fut depuis deffendu, attendu le scandale, joinct, qu'il y auoit grand nombre de Moines, qui se secularisoient
& ce faisoyent Prestres seculiers,
pour se marier. Parquoy Euariste,
Euesque de Rome, ordonna,
que ceux qui se marieroyent, ce fut
publiquement, pour cognoistre,
ce qui s'en pourroit ensuiuir, du
depuis on a pressé de si prés les Ecclesiastiques, en l'Eglise Latine,
qu'il est bien peu de memoire
d'aucuns, qui se marient. Mais en
l'Eglise Grecque ils n'en font point
de difficulté, & entre ceux, qui se sõt
rendus Grecisans156, comme entre les
Moscouites, lesquels obeissent au
Prestres
Moscouites ma
riéz &
non les
Moynes.
Patriarche de Constãtinople. Quelques vns du Clergé, sont si reformés
& conscientieux qu'ils ne veulent
vser de chair, s'il ne sont subiects à
maladies & Pareillement quelques
Moynes, qui viuent austerement selon leur reigle principalement quelques Basiliens157. Ils portẽt tout le reuenu en commun & pour le profit
& soustiẽ du monastere, & sont ces
Moynes si reformés qu'ils ne frequentent que bien peu auec les hõmes, & ne sõt point mariés ainsi que
sont les Prestres seculiers, voire158 ne le
peuuent estre, & sont suiets au commandement du Prince. Il y a vne
secte d'Hermites entre eux, lesquels
sortans de ces Monasteres se retirẽt
aux forests & deserts, & sont nõmés
Stolpniki, comme qui diroit habitant
és Colomnes, à cause que leurs maisonnettes & cellules sont faictes,
ainsi que de Colomnes ou souste
nuës de piliers, & viuent d'herbes,
& racines, & des fruicts, qu'ils treuuent par les terres, & ceux-cy sont
fort estimez, & honorez par toute
la Moscouie. Quant aux Prestres
qu'on appelle Seculiers, ils viennent à telle dignité, à la façon des
anciens, & n'est nul faict Diacre,
qu'il ne soit marié, toutesfois n'estil permis se remarier, car celuy qui
se remarie, tout ainsi qu'entre les
Æthiopiens, demeure entre les lais.
I'ay autresfois parlé auec vn docte
personnage de ce pays,auec lequel
conferant de plusieurs choses, en
fin ie luy demandis, pour quelle
occasion ils licentioyent en l'Eglise
Discours
sur l'institution
du Celibat ordõ
né en l'E
glise Latine.
Grecisée159, les Prestres de se marier,
veu qu'en la Latine le Celibat est
tres-expressement enjoinct. Deux
causes m'amena il, & qui sont de
gentille grace. Le premier est, disoit-il puis qu'il n'y a en tout le nouueau testament couplet, qui forclose les Ecclesiastiques de mariage c'est se faire accroire estre plus
sage que Dieu, ou plustost estre ser
uiteur du Diable, faire plus qu'il
n'est commandé. L'autre estoit vn
appendix, de la premiere, que les
Latins, auoyent esté payez de leur
folie, d'autant que le Cœlibat, auoit engendré plus de mal-heurs, &
attiré plus de maledictions, sur les
Chrestiens que l'on me sçauroit estimer. Là dessus me dressa vne liste de bastards, adulteres, violemẽs
de filles, & efforts faicts à leur chasteté, apres dressa front des adminicules accompaignans le bordelage, par le moyen desquels (disoit
ce venerable) les supposts du Cœlibat auoient esté miserablemẽt enerués & estropiés.Pẽsez vous si ie demeuroy muet & manquois de replique, que ie couleray, sous silence,
pour ne sembler me vouloir moy
Prestres
Nestoriens ma
riez.
mesmes enfler de ma propre louange. De mesmes que les Moscouites,
vous voyés, que les Prestres Nestoriens foulent au pied le Cœlibat,
toutes-fois leur premiere femme,
estant morte ils ne conuolent point
aux secõdes nopces. Que si quelcun
à sa femme qui soit adultere, l'Eues
Punitiõ
d'adultere.
que l'absout de son serment, & luy
permet & dispẽse d'espouser vne au
tre fẽme. Lors que l'Armenie estoit
en plus grãde liberté maintenãt
les femmes adulteres y perdoyẽt le
nez, affin de porter la deformité de
leur face pour tesmoignange de leur
paillardise, & l'hõme qui estoit trou
ué auec elles y perdoit les genitoires. Le prestre paillardãt estoit degra
dé, sans esperance de iamais plus rẽtrer en son office:& si estãt marié sa
fẽme se portoit peu honestemẽt, il
failloit qu'il se cõtint sans plus habiter auec elle, autrement ainsi qu'en
Æthiopie, il perdoit l'entrée de l'Eglise. La femme du Prestre, estãt vefue, n'eust osé se remarier sur peine
d'estre bruslee sans remission quelconque : & toutes-fois si elle se fut
veautrée, en toute saleté de paillardise, elle n'en eut eu aucune punition:qui est cause qu'en Armenie, y
auoit tãt de paillardes, qu'il sembloit
qu'encor elles prostituassẽt leur cõtinence à celle Deesse Anaitide, la
quelle estoit adoré & seruie en Armenie. Là donc l'adultere estoit puny plus rigoureusement qu'en nostre France, où on n'en tiẽt pas grãd
compte ny qu'en certains païs de la
peine de l'adultere, est pecuniaire.
Comme à Peruse si vn homme retint durãt vne heure vne fẽme il y a
alencõtre de luy condamnation de
deux ou trois cẽs liures. Par le statut
de Treuise les biẽs de la fẽme adultere sont confisqués. A Nouare si
quelcũ à adulteré par force & qu'il
ait violenté la femme, il est cõdamné en cent liures imperiales, ou biẽ
en cinquante si ç'a esté de gré, à gré,
& sans effort. Toutes-fois Signorel
remarque que, s'il plaist au mary, la
femme sera bruslée, ou qu'elle perdra son dot. Par les loix des Austrasiẽs faites par Theodoric Roy François, celuy qui auoit pollué la couche d'autruy pour reparation est
condãné d'accorder auec son mary
auec son Vuergil c'est à dire en cent
quarante sols. Mais par les loix des
Ripuariẽs, il amẽde deux cẽs ſols, ne
forte que la plainte qu'a faict Alcia,
en la loy, probrum ff. de ver. sig. est tres
raisonnable que le dommage de la
bourse est auiourd'huy plus puny
que celuy de l'honneur & des bonnes mœurs. Car on pend les larrons,
mais les adulteres passent par le pẽdant de la bourse.
Philosophes Indiens.
sans la liste des Philosophes Indiens en font plusieurs cantons de
Gymnosophistes, Garmanes 160, que
Porphyre, appelle Samanées, des
Hylobies, des Pramnes, des Brachmanes des Bramins, & autres. Le
chapit. suyuãt est destiné aux Brachmanes , & le present aux Bramins,
desquels toutes les Indes, sont farcies. A Guzerath, on faict estat de
trois sortes de gentils, des Rebuthi,
qui sont les Cheualiers, des Bancani,
qui sont les marchands & des Bra-
mins lesquels sont comme les Prestres, & Philosophes ou Docteurs
des idolatres, d'autant, qu'ils seruent
deuant des idoles, & sont commis
au gouuernement des temples, desquels ils ont grande quantité, partie
Philosophes Indiens.
desquels sont rentés, és autres, il faut
que les Bramins viuent d'aumosne.
Ils vont tous nuds au dessus de la
ceinture, mais sur l'espaule ils ont
vn cordon à trois fils, ou bouquets
de soye, qui est la marque pour les
recognoistre des Bancani, & ne mãgent ceux cy chose quelcõque, qui
ait sang, comme aussi ils ne tuẽt animal quel qu'il soit en la terre, en l'air
ny es eaux, obseruent les ablutions,
& lauemens. Ils se marient comme
nous faisons sans auoir pluralité de
femmes, ainsi que font & les Mahemetans & les autres idolatres, &
estiment peché d'entendre aux secondes nopces, à celuy, qui a perdu
sa partie. Ils font grande feste à leurs
nopçes, & cecy par plusieurs iours
s'y faisant grande assemblee, chascun y estant vestu fort richement,
pour honorer les mariees: Pour euiter paillardise ils se marient, fort
Solennitez au
iour des
nopces
des Bramins.
ieunes, hommes & femmes: le iour
des nopces les espoux se tiennent
sur vn lict richement vestus, & chargés de ioyaux, & pierrerie, deuant
eux vne petite table & dessus icelle vne idole, couuerte de fleurs, &
autour quãtité de lampes allumées
vers laquelle idole le mary, & la fẽme faut que du matin iusqu'au soir,
tiennent les yeux fichés, sans boire,
ny manger, ny dire vn seul mot à
personne qui viue. Cependant les
inuitez les festoyent & se resiouyssent auec leurs chants, bals, dançes
& ieux d'instrumens, comme encor'ils font des feux artificiels, pour
le plaisir & passe-temps de la compaignie. Aduenãt que le mary meure il n'est plus permis à la femme de
se remarier, laquelle succede auec
les enfans à l'heritage du deffunct.
Est à noter, que les Bramins ne prẽnent femmes d'ailleurs que des Bramins,afin de ne souiller & meslãger
leurs races & familles: desquelles y
en a de deux sortes, les vns estans
Deux sor
tes de
Bramins
de grande qualité & les plus respectés, qui sont ceux, qui ont charge
des temples & qui offrent, les
sacrisices : les autres de plus basse condition, qui seruent de messagers & courriers pour ceux, qui les
employent, à cause que, quelque
part qu'ils aillent il n'y a personne,
qui leur face ennuy ny fascherie,
quoy que la guerre soit de tous costés allumee, voyre162 les voleurs, les
rencontrans sur le chemin les respectent de tant, que de leur faire voye
& les honorer, là où ils deualisent
Voleurs
n'osent
meffaire
aux Bra
mins.
les autres. Pour ce les marchans,
pour leur sauuegarde ont accoustumé de mener à quelque prix que ce
soit l'vn de ces Bramins, asseurés,
qu'ils sont, qu'en leur compaignie,
il n'y a si detestable brigand, qui osa,
leur meffaire. Et s'il y aduient qu'il y
en ait de si farouche, que de piller,
ou deualiser les pauures marchans,
qui seront en la cõpaignie d'vn Bramin, soudain il se tuë, ou se naure
d'vn poignard, du sang duquel les
autres vont teindre certaines images qu'ils trainent par les ruës, iusques à tant qu'on leur ait faict iustice du tort que les marchans ont receu, & vẽgeance du sang espãdu de
leur cõpaignõ. A Calicut le Roy fait
tel estat de ces Bramins, que lors que
il prend femme,il cerche & choisit
Bramins
ont la pre
rogatiue
de depuceler les
Roynes.
le plus honorable d'entre-eux, lequel il fait coucher la premiere nuit
des nopçes auec sa fẽme, afin qu'il
la depucelle:Et encor ne pensés pas
que ce soit gratuitemẽt que ces caphards vont plãter les cornes à leur
Prince, faut il qu'il les paye, & n'y a
que le Roy, qui ait ce credit, que les
Bramins facẽt les premiers essais de
leurs fẽmes. La coustume a tant gaigné là que les Rois pẽsent receuoir
vne grande grace, & faueur, si ces
maistres caphars se iouẽt auec leurs
femmes & les sursaillent toutes les
fois que bon leur semble. Or tout
ainsi qu'à Cambaià, des-can Goa, &
pays voisins il y a des Bramins, qu'õ
nomme Patameres, à cause qu'õ les
estime estre descendus du sang roial
des princes de Cambaie, aussi à Cochin le Roy est de la famille des Bramins, de mesmes qu'ẽ Malabar, les
Roys sont de ceste race, & pour-ce
les enfãs masles des Rois, ne succedẽt point à la courõne, nõ plus qu'ẽ
Calicut,ains les freres du Roi, ou sõ
neueu, à cause qu'ils sõt Bramins, les
Femmes
des Bramins.
quels couchent auec les sœurs du
Roy, desquelles sortẽt les heritiers,
d'autãt que ceux qui viẽnẽt des Rois
sont fils d'autres Dames que les Bramines, & qu'ils degenerẽt du sang
Royal. Les fẽmes de ces Bramins,
sont fort chastes, outre la coustume
du païs, & ne se meslẽt onc auec autres qu'auec leurs marys, non plus
que iamais vne Bramine est mariee,
auec autre que celuy qui est de ceste vocation ne pouuãt espouser vn
naire, là où les femmes naires ont licence de coucher auec les Bramins,
lesquels sont chiẽs à tous coliers, &
tels que toute couche leur est permise, à cause qu'ils sont les messagers de leurs idoles. Apres la mort
de ces Bramins, on brusle leurs
corps, & auec eux leurs femmes,
lesquelles refusans de ce faire, sont
blasmees au possible. Celles qui se
sacrifient auec leurs maris sont conduites en fort grande magnificence
& sont accompaignees des Bancans & Bracmins, pour les consoler,
tout ainsi que pardeça on donne
quelque Pasteur aux pauures patiẽs,
qu'on meine au gibbet, pour estre
iusticiés. Ces maistres, venerables
les exhortent à patience, & magnanimité & à mespriser la mort eu
esgard à la briefueté & incertitude
de ceste vie, la sermonent si bien
qu'il semble à ceste pauure esgaree,
qu'elle s'en va aux nopces.
Les Brachmans. Chap. XXVII.
PVis qu'au r'apport de Strabon,
liure quinziesme de sa Geographie, Megasthenes tenoit, que les
Brachmans estoyent les plus excellens entre les Philosophes qu'il ce
lebre, ce ne sera hors de propos, si
nous entrõs au discours de leur vie,
mœurs & doctrine, auant qu'entamer leur mariage. Ioinct que i'ay
enuie tout d'vn train de vuider la
question du meslange & communion des femmes, qui estoit receuë
parmy ces solz, aussi-bien que parmy les Nicolaites, & autres, ainsi
Vie,
mœurs et
doctrine
des Brachmans.
que verrons cy apres. Dés que ces
Brachmans sont conceus (dict Strabon ) ils ont des hommes doctes,
qui ont le soin d'eux, & lesquels, venans vers la mere, vsent de ne sçay
quels charmes & paroles sur elle &
sur le fruict, luy souhaitans & promettans felicité & bon succés, pour
l'aduenir : mais il y en a, qui dient,
qu'ils ne parloyent à la mere que de
choses bonnes & luy preschoyent
sobrieté & continence, estimãs celles estre heureuses, qui les escoutoyent de bon cœur, lesquelles, ils
disoyent, seroyent abondantes en
lignée. Les enfans estans venus en
lumiere, on leur donnoit des instructeurs, ores les vns, tantost les au
tres, mais quand ils venoyent à estre
grandelets, c'estoit alors qu'on leur
donnoit pour maistres, les plus doctes & excellents de leur escholle.
Ces Philosophes viuoyẽt dedãs les
bois ( ainsi que nos Gaulois Druydes163) lesquels estoyent les plus prochains des villes, & s'y tenoyent assemblez, comme sont les Religieux
en leurs Monasteres, viuans fort sobrement, couchans sur des materats
& peaux de bestes, ne mangeans
chair quelcõque ( comme encores
ils ne font ) & s'abstenans des femmes ( ce que maintenant ils n'ont
garde d'obseruer) ne parlans que de
choses serieuses, & communiquans
de bon cœur auec ceux qui les venoyent accoster, comme desireux
& d'apprendre, & faire cognoistre
& entendre leur sçauoir aux autres:
Les disciples vsoyent d'vne grande
reuerence & modeste respect, estãt
deuant leurs maistres, ne leur estant
loisible de parler, tousser, ny cracher, & s'il aduenoit à pas vn de ce
faire, il estoit soudain chassé, pour ce
iour, de la compagnie, & estimé hõme peu honeste, & sans sobrieté, &
continence. Il viuoyent par l'espace de trente sept ans en ceste discipline & sujection, & lors chacun
des disciples se retiroit en sa maison
luy estant permis de viure vn peu
plus licentieusement que de coustume: car il se pouuoit vestir de lin
subtil & delicat, porter des anneaux
aux doigts, & des bracelets, & des
bagues penduës aux oreilles, mais
le tout auec discretion & modestie,
& sans aucun desbord & superfluité : comme aussi leur estoit permis
de manger chair d'animaux, autres
que ceux qui sont secourables à
l'homme, & ce pendant les saulses
& les viandes fort aigres, & mordãtes, comme aux, oignons, & espicerie, leur estoyent deffenduës. Ils s'amusoyent sur tout à la science des
Astres, & a vouloir iuger des hommes, par leur Physiognomie, dont
les Pramnes, qui estoyent leurs ennemis mortels, se moquoyẽt, à gorge desployée, & les appelloyent
fols, & vains, prediseurs des choses
incertaines. Quant à leurs mariages, ie ne puis que ie ne les reprouue pour deux principales raisons.
Pluralité
de fẽmes
receuë
par les
Brachmans, cõdamnée.
La premiere est par ce qu'ils se donnoient licence d'espouser plusieurs
femmes, sous ceste consideration,
(disoient-ils ) que d'vn grand nombre il en sortiroit plusieurs enfans,
& en ce faisoyent-ils double faute, tant pource qu'ils s'affectoyent
peculieremẽt ie ne sçay quelle saincteté, qui n'estoit communiquée
aux autres, qu'aussi pour se peslemesler ainsi auec tant de femmes.
Et neantmoins ils sont tenuz pour
la saincteté mesme, voire qu'il y
en a164 qui aiguisent le fil de leur biendisance à esleuer l'integrité de vie,
de ces venerables, lesquels ils veulent maintenir en leur degré de priuauté, preeminence & precellence par dessus les Bramins, alleguans
pour leurs deffenses, qu'encores
que les Bramins ne s'accouplent
qu'à vne femme, en mariage, si ne
laissent-ils d'auoir d'autres esgouts,
pour leur faire passer la phantaisie
de toute charnalité : mais quant aux
Brachmans, ils ne sont appelez à
deflorer les Roynes, & encorner
les plus habiles du pays, si bien que
pour suppléer à tel rechãge, il embrassent la pluralité des femmes.
N'est-ce pas bien syllogiser ? & les
Bramins & les Brachmans offensoyent Dieu, mais encores plus les
Brachmans, par ce qu'ils abusoyent
du mariage lors qu'ils se fondoyent
en telle multiplicité de femmes.
L'autre raison qui me fait formaliser
contre les mariages des Brachmãs,
est qu'ils estoyent si charitables entr'eux, qu'ils auoient les femmes cõmunes entr'eux, chacun accostant
celle de son compagnon, tout ainsi
que Platon le requeroit, & que les
Nicolaites le vouloyent introduire,
Nicolaites heretiques.
en l'Eglise primitiue. Ces Nicolaites ont ainsi esté appelez de Nicocolas Antiocheen, l'vn des sept Diacres, qui auec Sainct Estienne furent deputez par les Apostres, au
seruice des vefues. Cestuy, ayant
esté repris par iceux Apostres, de
la ialousie qu'il auoit de sa femme,
laquelle estoit fort belle, à fin de se
rendre incoulpable deuant eux, de
ce qui luy estoit imposé, il l'amena en public deuant tous, l'abandonnant & permettant d'en vser,
à quiconque la voudroit, contre le
commandemẽt de nostre Seigneur,
qui deffend à tout homme, de separer ceux que Dieu a conjoincts.
Par ceste acte de Nicolas, plusieurs
prenans occasion, creurent qu'il
estoit loisible & permis à vn chacun se seruir de telle femme, que
bon luy sembleroit, voulans, ainsi que Platon le permettoit, que
toutes femmes fussent communes.
Tellement que telle coustume fut
entre-eux conuertie en fornication & paillardise sans aucun respect de mariage. A ceste heresie,
Saturnin here
tique.
se ioingnit l'heretique Saturnin natif d'Antioche, disciple de Simon
le magicien, & de Menander, qui
entres autres impietez de son heresie, disoit, auec les Nicolaites, que
l'on pouuoit vser des femmes indifferemment : si bien qu'vn chacun pouuoit sans offense, ne peché vser de celle qu'il voudroit.
Or encores que l'Escriture Saincte,
auec sainct Augustin, Philastrius,
Euesque de Brixie, en leur liures
des heresies, Nicephore & autres
sçauans personnages, detestent
ceste heresie, si veux-ie bien encores adiouster que quand nous
n'aurions autres moyens de defense, que ce qu'Aristote deduict au
deuxiesme chapitre du second liure de ses Politiques, sans doute
faudroit que ceste confusion de
femmes fit le soubre-sault. Et par
ce que la matiere semble le requerir, ie prieray le liseur m'excuser, si
Communion de
femmes
sur quels
moyens
fondés.
ie m'estens vn peu au long sur ce
discours. Ceux qui partialisent pour
la communion que Platon a voulu forger en sa republique Socratique font targue de plusieurs boucliers tirez de l'Arsenal Anabaptistique165, ou l'on ne souffre ces deux
mots de Mien & de Tien, com
me estant la source de tout mal.
Sur tout ils nous battent de deux
inconueniens. Le premier est que
la proprieté des femmes, qu'on a
voulu priuatiuement & exclusiuement attribuer aux marys a engendré la jalousie, les meurtres, & le
mauuais mesnage, dont on voit
les familles troublées pour l'adultere. L'autre, qu'appropriant de
telle façon les femmes & enfans à
certains particuliers, on degoustoit les autres d'aymer & porter
affection aux enfans, lesquels ils
eussent chery, pour la seule opinion
qu'ils eussent peu se donner, qu'il
se pouuoit faire que les enfans leur
appartenoyent. Voila deux poincts
qui ont quelque apparence, mais
au fonds, sont de peu de force &
Refutation d'iceux moyens.
efficace. Ie demeure d'accord qu'à
cause des insolences de quelques
garnemens les maris s'effarouchent
& quelquesfois deschargent bien
rudement, ou sur les estalons ou
sur ces desloyales, qui si tost se laissent atterrer. Si la bride estoit te
nuë roide à tels forfaicts, ou qu'à
la premiere touche ils peussent venir en euidence à iustice, estimezvous, que nous verrions telles &
si frequentes sur-saillies des maris,
qui quelquefois, & trop souuent
s'imagineroyent estre coqüéz. Ie
veux, que bien d'auantage ils se topiquent, pourtant faudra-il donner libre entrée à quiconques voudra passer sur le vẽtre des femmes?
De deux maux (dict-on coustumierement) faut élire le moindre, mais
si pour faire du nyais & Nicolaiser, il estoit question de se laisser
planter les cornes, ah ! combien de
sursaillans se trouueroyent, qui seroyent bien aises, sans crainte de
reprehension, d'y graisser leurs bottes. Le danger, certainement, est
bien grand de tuer vn ruffien, que
l'on trouue honnir la pudicité de
sa couche, ou de se hazarder à la
modestie ou prudence d'vn adultere, mais aussi de se laisser encorner, c'est vne touche qui pique si
vifuement au cœur, qu'encores,
que le Poëte du Belleau eust encor
mieux sophistiqué ses cornes, qu'il
n'a pas, si ne me sçauroit-on faire
croire qu'vn homme ayant le cœur
genereux, puisse souffrir qu'vn eſtranger vienne tremper son pain
au pot, qui exclusiuement de
tous autres luy est destiné. En apres
y a-il raison de permettre que Dieu
soit manifestement offensé? Les
deux mariez sont deux en vne
chair, s'il y a vn adioinct, faudra
qu'ils soyent troys en vne chair, &
ainsi sera illudée la volonté sacrée
de l'Eternel. C'est donc hors de
propos, qu'on met en jeu les malheurs, qui ensuiuent ceux, qui ne
sont bien reiglez en leurs mariages. La folie des temeraires, &
indiscrets, ne doit nuire aux bienaduisez. Encores que plusieurs
ayent souffert pour le nom sacré
des Chrestiens, sera-il à dire, que
l'on ne doiue se partialiser pour le
Christianisme, ou qu'on se doiue
laisser aller à toutes heurtes de religion ? Ie ne parle point des posses
sions, & des biens, d'autant que
ces noms Tien & Mien,
sont aussi enseuelis pour ce second
chef. Encores moins de nez y a-il
sur l'affection que les suposts du
Nicolaisme pensens estre affadie,
pour autant que l'on ne pensera que
l'enfant nous attouche. Puis qu'ils
veulent ne parler qu'en politics
humains, ie veux les arraisonner
en politiques. Ils ne me pourront
nier, que la disposition de nostre
corps ne se rapporte à la constitution du corps de la Republique,
encores donques que les functions
de la main, du cerueau, des pieds
& de nos cinq sens different toutes par ensemble, se trouuera-il
vn esprit si tres-éceruelé, & manque
de iugemẽt, qu'il vueille desauoüer
& mescognoistre l'ouurage de ses
mains,pourautãt qu'il estimera que
ce ne soit du besoigné du cerueau.
Partãt tout ainsi que toutes les parties de nostre corps symbolisent à
à leur tout,aussi faut-il croire, que si
quelque malignité ne nous a arraché
du cœur, nos parties naturelles nous
reputerons à nous mesmement &
à l'ornement du corps ciuil, tout ce
qui sera des parties d'iceluy, encor
qu'elles soyent possible, beaucoup
esloignées de nous: Voyre mais166, à
quel propos fais-ie sur ce discours si
longue pose?il ne faut que la raison
mesmes de ces Socratiques supposés, pour faire ou culbuter ou esparpiller ce sale meslange. Et aussi
est-ce là,ou a visé Aristote, qui pour
replique, met en faict, que ceste cõfusion de corps d'amitiés & d'affections pratiquee par le meslange
des Brachmans, Nicolaites & partisans de Socrates, ne peut qu'elle ne
nous agoue167, d'autant que tout ainsi
qu'vn peu de douceur, si on la delaue en vne grande lauasse d'eau,
perd toute sa saueur, aussi les peres,
se trampans en vne si grande multititude de flots ne pourroyent retenir l'amitié naturelle, que nous voyons estre reueree par ceux, qui sçauent drachmer168le poids, la force &
la vertu de leur virilité, sans l'espan
dre à l'incertain & ietter (comme l'õ
dit) la plume au vent: Qui prendra
de prés garde à la comparaison, qu'a
ameiné Aristote, s'il n'a le sens du
tout cacochimé, d'Anabaptisme,
faudra qu'il confesse, que quand la
loy diuine n'auroit lieu, nature,
mesmes suffit pour rendre condãnez ceux, qui à l'esgarée se fourrent
à telles & si volages accointãces, d'an
tãt que ce, qui oblige les peres à nourrir, les enfãs & aux enfãs à reuerer &
auoir soin de leur peres n'est cõtre
le commandement de Dieu, que
l'instinct naturel, qui nous pousse,
semond169, resueille & induit à cherir
nostre sang. Et comment pourra vn
homme recognoistre ce qu'il aura
enfourné, si plusieurs ont ( comme
l'on dit) mis leur pain à la fournee.
De dire qu'en la face ou au corps
demeure vne marque & arrhe imprimee, qui faict qu'vn chascun
puisse recognoistre sa piece, c'est
nous vouloir faire iouer trop au
mal asseuré:attendu qu'on lit, qu'en
la race de Lepide y eut veritablemẽt
La ressẽblãce du
visage
nous deçoit souuent.
trois enfans faicts à diuerses fois,
qui tous auoyẽt vn œil couuert d'vne pellicule, & si n'auoyent esté
faicts les vns apres les autres, car il
y auoit d'autres enfans entre-deux:
aussi quelques fois il aduient, que
les enfans retirent au pere-grand:
Des iumeaux, par fois l'vn retire au
pere, & l'autre à la mere. Il y a des
femmes, qui font tous leurs enfans
qui les retirent : d'autres les font
semblables à leurs maris, & quelquesfois les enfans ne retirent, ny à
pere ny à mere : aucunesfois aussi,
les filles retirent au pere, & les fils
à la mere. La preuue en est grande
en ce que raconte Aristote, au second chapitre du septiesme liure
de l'histoire des animaux, & au dixhuictiesme chapitre du premier liure de la generation des animaux,
touchant Nicee, ce luiteur renommé de Constantinople, lequel estant sorty d'vne bastarde d'Æthiopien, qui estoit blanche, comme
les autres femmes, neantmoins il
nasquit noir, comme son ayeul. Et
certes les fantaisies, impressions, &
discours de l'homme & de la femme, estans en l'acte de generation,
aidẽt beaucoup aux rapports & sem
blances : aussi font plusieurs cas qui
peuuẽt aduenir fortuitemẽt soit par
la veuë, ou par l'oüye, ou par vn sou
uenir des formes qu'on apprehẽde
en l'acte de generatiõ. L'esprit aussi
du pere & de la mere lors vagabõdãt & tracassant ça & là, & imprimãt
quelque semblãce est estimée cause
de semblance ou non-semblance,
par ainsi ce n'est de merueilles, si les
dissemblances sont plus grandes,
entre les hommes qu'entre autres
animaux : car le soudain mouuement de l'esprit, & les discours de
l'entendement s'imaginent, phantasient, & representent plusieurs
& diuerses marques:mais l'imaginatiue des autres animaux demeure
tousiours en vn estre:aussi vne beste
engendrera le plus souuẽt son semblable. Artemõ, hõme artisan, estoit
si semblable à Antioque, que la Roine Laodicée, apres qu'Antioque
fut tué, se seruit d'Artemon, pour resigner le Royaume, à qui bon luy
sembleroit, & pour recommander
au peuple celuy, qu'elle vouloit auancer. Vibius, homme Artisan, &
Publicius iadis esclaue, retiroyent si
fort à Põpee, qu'à peine les eut on
sceu discerner tous trois les vns d'auec les autres, tant bien representoiẽt ceste preud'hommie, & majesté, qui reluisoit en la care, & face
de Pompée. Cela aussi causa à son
pere le soubriquet de Menogenes,
son cuisinier, encores que desia on
l'appella Strabo, pour estre lousche,
comme vn autre sien esclaue. Serapio, aussi estoit du tout semblable à Scipion, & neant-moins c'estoit vn malotru esclaue, Porchier
d'vn marchand de porceaux. Sur
second Scipiõ, qui estoit de la mesme maison de l'autre Salutio170, basteleur & ioüeur de farces fit tomber son nom pour soubriquet L'an
du Consulat de Lentule & Metelle
d'aduenture se trouua rent sur les eschauffaux deux gladiateurs, tous
deux retirans aux deux Consuls, à
sçauoir Spinter171, qui vint en la seconde pointe,lequel retiroit entierement à Lentulus, & Pamphile172,
qui vint à la troisiesme pointe, qui
carioit à Metellus. De meſmes, Rubrius basteleur fut appellé Plancus,
pource qu'il retiroit à Lucius, Plancus l'Orateur fort renommé. Burbuleius aussi basteleur seruit de soubriquet au vieil Curion : Menogenes ioueur de farces à Messala, encores qu'il eut esté Censeur. En Sicile se trouua vn pescheur, qui retiroit du tout au Proconsul Sura, non
seulement au traict de visage, mais
aussi à parler bref, à faire la mouë
en parlant & à retirer la langue, cõme faisoit Sura. A Cassius Seuere,
Orateur renommé, Mirmillo fut
mis au deuant par reproche, comestant du tout semblable à luy. Et afin que nous ne nous esgarions par
les Forests & de l'antiquité & des
pays estranges, voulés vous vn plus
manifeste argument de deux personnes qui se retiroyent comme
deux gouttes d'eau que celuy de
cest imposteur Arnauld, du Thil,
du lieu de Sajas173qui ressembloit tellement à Martin Guerre, natif,
d'Andaye, au pays de Bascous, ou
de Biscaye, qu'il print le nom de
ce Martin Guerre. Or qu'il luy retira entierement des lineamens de
visage, de son port, maintien & stature appert par-ce que Bertrande,
Rolz, laquelle Martin Guerre, auoit espousé & pris à femme à Artigat lieu du Diocese de Rieux, en
Gascoigne le receut pour tel, comme aussi firent encores quatre sœurs
vn Oncle, & autre parens d'iceluy,
Martin Guerre, tous les voisins
luy firent la bien venuë. Auant cest
imposteur Bertrande demeura trois
ans sans le pouuoir recognoistre. En
fin elle print soupçon & cõmence a
descouurir & cognoistre l'imposture de ce du Thil, qui fut si bien poursuyuy, qu'apres le retour de son
vray mary Martin Guerre ( qui
auoit esté absent d'elle enuiron huit
ans il fut condamné par arrest de
la Cour de Parlement de Tholouse,
prononcé iudiciellement le douziesme iour de Septembre 1560, à
faire amende honorable au deuant
de l'Eglise d'Artigat, & illec de genoux, en chemise, teste & pieds nuds
ayant la hard au col & tenant en ses
mains vne torche de cire ardante,
demãdant pardon à Dieu, au Roy
a Iustice, ausdicts Martin Guerre, &
Bertrande, de Rolz, mariées, & ce
fait estre deliuré és mains de l'executeur de haute iustice, pendu & estranglé au deuant de la maison de
Martin Guerre en vne potẽce qui y
seroit dressée, à ces fins & apres son
corps estre bruslé. A esté besoing,
que ie m'exprimasse ainsi au long
sur ceste ressemblance, d'autant
que c'est le principal eschaptoire de ceux, qui prestant l'espaule
au meslange Brachmanien, de dire, que tousiours il y a des traicts,
qui nous peuuẽt faire recognoistre
ceux qui nous appartiennent. Et ne
faut point restraindre ce desbordemẽt de fẽmes cõmunes à certaines
sectes de mal-aduisés, d'autant que
les Taprobaniens, ou Sumatriens,
mesmes sont remarquez par les anciens, pour auoir eu leurs femmes
communes, sans qu'aucune forme
de mariage y fut gardée: Si bien que
les enfans y estoyent communes &
chascun les aymant comme pere.
Communion de
femmes
pratiquée,
entre plu
sieurs
peuples.
Or ceste communion de femmes
n'a esté que par trop practiquee par
maints autres peuples. Les Massagetes prenoyent chascun vne femme
en mariage, & toutesfois vne femme estoit commune à tous & toutes
les femmes communes à vn. Eusebe au sixiesme liure de la preparatiõ
Euangelique recite le contraire des
Serés peuple d'Asie habitans à l'Orient des-dicts Massagetes. Lesquels, il dict auoir eu des loix, qui
leur deffendoyent de tuer, de paillarder, de desrober & d'adorer des
idoles. Et pour le respect d'icelles
ne s'estre trouué par-my eux aucuns
temples nulle femme adultere, aucun larron, pas vn meurtrier: Con
tinuãt apres sõ discours par la vie des
Brachmanes il les loue d'vne grande preud'hommie & pieté en toutes leurs actions, les renomme ennemis de l'adoration rendue aux
simulachres des faux Dieux & fort
sobres en leur boire & manger si
bien qu'encores qu'il ne touche les
loix de leurs mariages, si est ce qu'il
les descript tels que quand nous ne
lirions autre chose de leur vie, nous
les deussions estimer auoir abhorré toute saleté de luxure desordonnee & principalement la Polygamie, & communauté de femmes.
Car il les depeinct entierement addonnez à la contẽplation de Dieu
& de ses œuures & retenus tout le
iour à le seruir & adorer. Mais qui a‑il de plus ennemy du culte diuin,
que la luxure ou la multiplicité de
femmes: desquelles le contentemẽt
est le mortel ennemy de la chasteté
& de ceste netteté d'Ame necessaire
en l'exercice des functiõs spirituelles? Le seruice diuin ne se peut ac
complir deuëment si les affections
ne sont sublimees là-haut, d'où
neant-moins les retire l'esguillon
charnel, & les attache à la terre, sur
laquelle elles rãpent tant que la memoire ou la pointure d'vne impudicité dure. Ainsi nous pouuons raisonnablement douter que les Brachmans, qui de leur franc gré &
sans y estre asseruis pour aucunes
loix demeuroyent attentifs, perpetuellement au seruice de Dieu, & à
la contemplation des choses hautes
ayent eu plusieurs femmes & communes entre eux, ou qu'ils ayent iamais mené vne vie si religieuse. Et
que chose qu'il en soit nous pouuons tenir pour tresseur que l'vn ne
peut compatir auec qu' l'autre non
plus que la terre se ioindre au Ciel.
C'est pourquoy les hommes vouez
aux choses sainctes au ministere de
la religion & contemplation des sacrés mysteres d'icelle, ont espousé
le sainct Cœlibat, & donné le libelle de repude à toutes femmes pour
estre esleuez plustost en haut par le
feu de chasteté, qui est tout diuin,
que rabbatus en bas par celuy de la
chair qui est terrestre & en l'approbation d'vn si sainct veu nous
finirons ce que nous auions à dire
des Mariages.
FIN.
Vignette à feuilles et fruits.
Sceau de la Bibliothèque de l'Arsenal.
Noms propres et Terminologie médicale
Aaron
Selon la Bible, Aaron aurait été le frère de Moïse et le premier grand prêtre des Hébreux.
- Aaron, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Abuquer
Selon l'Histoire de l’Éthiopie (1540) de Francisque Alvarez, Abucher fut choisi pour second mari par une dame de la cour éthiopienne, qui renonça
à son premier époux en sa faveur. Cet exemple sera à illustrer la possibilité de la
dissolution du mariage parmi ce peuple.
- Alvarez, Dom Francisque, Histoire de l’Éthiopie dans Léon l’Africain, De l'Afrique, contenant la description de ce pays et, La navigation des anciens capitaines portugais aux Indes orientales et occidentales, 1556, trad. Jean Temporal, rpt. Paris, 1830, t. 3, p.77. Google livres, 21 novembre 2010.
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Adam
Dans les traditions juive, musulmane et chrétienne, Adam fut le premier homme, créé
par Dieu et mis dans le Paradis terrestre (Éden). Dieu créa également une femme, Ève, à partir de la côte d'Adam, ainsi représentant le mariage comme l'union de l'homme
et de la femme en une seule chair.
Selon la tradition, Ève, tentée par Satan, qui avait pris la forme d’un serpent, encouragea Adam à manger le fruit défendu ; ce péché originel, qui pèse sur toute l’humanité, provoqua Dieu à chasser les deux du Paradis. Ève
et Adam eurent trois fils, Abel, Caïn et Seth. Le premier livre de la Bible, la Genèse, raconte l’histoire du premier homme et de la première femme sur la Terre.
- Adam, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Adé
Commune du Tchad située au Soudan.
- Adé (Tchad), Wikipédia l'encyclopédie libre (7 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ad%C3%A9_%28Tchad%29.
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Agathias
Agathie, dit Agathias le Scolastique (c. 530-c. 580), un poète et historien grec,
devient juriste dans la petite ville de Sosthénion près de Constantinople. Après la mort de Justinien (565), Agathias entame une histoire du règne de celui-ci, long de cinq livres. Cet
ouvrage est une des sources principales sur la période 551-559. Agathias écrivit aussi
de petits poèmes d'amour et composa une Anthologie d'épigrammes en sept livres.
- Agathias, Wikipédia (21 juillet 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 juillet 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Agathias.
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Alexandre le Grand
Né en 356 av. J.-C. à Pella, Alexandre le Grand fut le fils du roi Philippe II et d’Olympias devenant en -336 roi de Macédoine ainsi que le chef de la Confédération hellénique.
Considéré comme un des plus grands conquérants de l'histoire, Alexandre le Grand créa
un empire s'étendant de la mer Ionienne à l'Himalaya. Il fonda Alexandrie en Égypte
(-332- -331) et choisit Babylone comme la capitale de son empire (-331). Il mourut à Babylone en -323 après quoi ses
généraux, les Diadoques, partagèrent son empire et se mirent à combattre par la suite,
assassinant sa mère Olympias, son épouse, Roxane, et son fils, Alexandre IV.
- Alexander the Great, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 février 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Alexander_the_Great.
- Alexandre le Grand (~356-~323), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
- Alexandre le Grand ou Alexandre III, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Alexandrie en ar. al-Iskandarīyah, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Alvise Cadamosto, ou Alvide da Ca'da Mosto
Alvise Cadamosto, ou Alvide da Ca' da Mosto, également connu en portugais sous le
nom de Luís Cadamosto ou Luigi Cada-Mosto (c. 1432 - 1488) est un navigateur vénitien engagé par les Portugais pour explorer
les côtes africaines, notamment l’actuel Sénégal. Son journal de voyage édité à Milan
en 1507-1508 sous le titre de Navigatio ad terras ignotas fut publié en version latine à Paris en 1532. Ce fut un des best-sellers géographiques
de la Renaissance.
- Alvise Cadamosto, Wikipédia (26 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 juillet 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alvise_Cadamosto.
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Anaitide
Anaitide est le nom sous lequel les anciens Lydiens, Arméniens et Persans adoraient
la déesse romaine Diane, ou, selon certaines sources, Vénus.
- Anaitide, Dizionario della lingua italiana, Padova, nella Tipografia della Minerva, 1830, vol. VII. Google livres, Internet, 5 janvier 2011.
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André Alciat ou Andreas Alciatus
Andreas Alciatus (1492-1550) était un des plus célèbres juristes humanistes du XVIe
siècle. Né près de Milan, il s’installa en France où il était connu pour ses recherches
sur les textes légaux antiques. Son ouvrage le plus célèbre est l’Emblemata, un recueil de brefs textes latins illustrés de gravures sur bois, qui connut de
nombreuses rééditions dès sa publication en 1531. Alciatus est considéré comme le
créateur du genre du livre d’emblèmes, très populaire en Europe pendant les XVIe et
XVIIe siècles.
- André Alciat, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Alciat.
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André Thévet
(Angeloume 1503 ou 1504 - Paris 1592). Moine cordelier et voyageur français qui visita
la Palestine, la Grèce, l'Italie, l'Asie Mineure et le Brésil, où il participa à l'expédition
de Villegaignon en 1555. Lorsqu'il retourna en France, il fut élu aumônier de Catherine de Médicis. En 1558, il devint le cosmographe et historiographe du roi. Il est l'auteur d'une
Cosmographie du Levant (1554) et des Singularités de la France antarctique (1571-1575).
- Thévet (André), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Angelo Rocca ou Camers Camerinus
Angelo Rocca (Rocca 1545 – Rome 1620), docteur en théologie et fondateur de la Bibliothèque
angélique à Rome, fut connu également comme Camers Camerinus au monastère augustin
à Camerino où il servit de supérieur. Il assuma d'autres postes importants, y compris
la direction de l'imprimerie du Vatican, le sacristain dans la chapelle pontificale
et l'évêque titulaire du diocèse des Augustins à Thagaste en Numidie (aujourd'hui Souk-Ahras en Algérie).
- Angelo Rocca, Wikipédia l'encyclopédie libre (14 janvier 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 octobre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Angelo_Rocca.
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Antelminelli
Famille riche italienne appartenant à la faction gibeline. Vers 1300, Castruccio Castracani degli Antelminelli et son père furent exilés de la ville de Lucques par les Guelfes.
- Castruccio Castracani, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Castruccio_Castracani.
- Castruccio Castracani, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 26 octobre 2010. https://www.britannica.com/biography/Castruccio-Castracani.
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Anthoine Castracaigne ou Castracagne
En 1280, la sœur de ce chanoine trouva un enfant abandonné dans le jardin de son frère,
qui décida d’élever l’enfant qui deviendra le célèbre capitaine Castruccio Castracani.
- Gruget, Claude, Les diverses leçons de Pierre Messie [Pedro Mexia], Gentil-homme de Sevile 1556, rpt. Paris, 1643, p. 826, Google livres, Internet, 13 novembre 2010.
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Antioche (en turc Antakya)
Ancienne ville de la Syrie antique fondée v. 300 par Séleucos Ier Nicator, général
d'Alexandre le Grand, qui devint la capitale de l'Empire séleucide et grand centre de l'Orient hellénistique.
Pendant la domination de l'Empire romain, Antioche était la troisième plus grande
et importante ville après Rome et Alexandrie. Elle fut également le siège de la mission
de Saint-Paul (47-55 ap. J.-C.) d'où l'un des premiers centres du christianisme. Antioche
se trouve actuellement en Turquie au nord-ouest de la frontière syrienne.
- Antioch, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 21 décembre 2010. https://www.britannica.com/place/Antioch-modern-and-ancient-city-south-central-Turkey.
- Antioche en turc Antakya, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Antiochus II Theos
Roi Seleucid (empire de Syrie) né en 286 av. J.-C., mort en 246, Antiochus répudia
sa première femme, Laodice I, en –252, mais la reprit comme épouse en –246, juste avant sa mort, qu’on attribue
à Laodice.
- Lendering, Jona, Antiochus II Theos, Livius, Articles on Ancient History (3 janvier 2011), Internet, 8 janvier 2011. https://www.livius.org/articles/person/antiochus-ii-theos/.
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Antoine du Verdier
(1544 à Montbrison - 25 septembre 1600). Seigneur de Vauprivast qui fut aussi conseiller
du roi, contrôler général de Lyon, et grand bibliographe dans son temps libre. Il
a produit la Prosopographie, description des personnages-insignes, avec portraits, publié à Lyon en 1573 ; Antithèses de la paix et de la guerre en 1568 ; la Bibliothèque d'Ant. Duverdier, contenant le catalogue de tous les auteurs qui ont
écrit en français en 1585, qui fut réimprimé en 1772 et 1773.
- Antoine du Verdier, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Antoine Geuffroy
Antoine Geuffroy était un auteur du 16ème siècle, connu surtout pour son Estat de la court du grant Turc, l’ordre de sa gendarmerie, & de ses finances : avec
ung brief discours de leurs conquestes depuis le premier de ceste race (publié à Paris en 1542 chez C. Wechel).
- Antoine Geuffroy, Biliothèque Nationale de France (7 février 2017), Internet, 15 janvier 2018. https://data.bnf.fr/10435736/antoine_geuffroy/.
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Antoine Pigasette
Antoine Pigasette fut un grand voyageur italien. D'après Simon Goulart, il aurait
vu un géant dans le Pole antarctique.
- Goulart, Simon, Antoine Pigasette, Thrésor d'histoires admirables et mémorables de nostre temps, Saint Gervais, P. Marceau, 1610, vol. I. Google livres, Internet, 28 juillet 2010.
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Anténor
Conciliateur et un des plus sages parmi les anciens de Troie dans la mythologie grecque.
Anténor fut considéré comme traître de sa patrie car il suscita le sac de Troie en recevant chez lui Ulysse et Ménélas, les ambassadeurs venus pour ramener Hélène
en Grèce, et en conseillant les grecs de voler le Palladion et de construire le cheval
de bois.
- Antenor, Greek Myth Index (2007), Myth Index, Internet, 17 août 2010. http://www.mythindex.com/greek-mythology/A/Antenor.html.
- Anténor, Le grenier de Clio (2001-2007), Mythologica.fr, Internet, 17 août 2010. https://mythologica.fr/grec/antenor.htm.
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Apollon appelé aussi Phébus (en gr. Phoibus le Brillant)
Fils de Léto et de Zeus et frère jumeau d’Artémis, il est dieu grec de la lumière, du chant, de la raison,
de la musique et de la poésie. Décrit aussi comme dieu à l'arc et flèche, il punit
et détruit le méchant. Une légende notoire raconte que quatre jours après sa naissance,
Apollon tue au tir à l'arc le dragon, Python, qui avait poursuivi sa mère en route
pour Délos.
- Apollon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Apollon.
- Apollon appelé aussi Phébus, en gr. Phoibus le Brillant , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Appion
Evêque de Syène à Aswan en Égypte au Ve siècle.
- Coptic Diocese of Syene, Wikipédia l'encyclopédie libre (1er août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 août 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Coptic_Diocese_of_Syene.
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Apôtres
Les douze disciples de Jésus : saint André, saint Barthélemy, saint Jacques le Majeur, saint Jacques le Mineur, saint Jean, Judas l’Iscariote (remplacé par saint Matthias), saint Jude, saint Matthieu, saint Philippe, saint Pierre, saint Thomas, saint Simon le Cananéen.
Saint Paul, connu comme l'apôtre des gentils fut aussi disciple de Jésus.
- Apôtres, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Aragon (en esp. Aragón)
Un des royaumes chrétiens établis en 1035 et qui exista jusqu'en 1833. Depuis 1978,
l'Aragon est une communauté autonome comprenant les trois provinces de Huesca, Saragosse
et Teruel dans le nord-est de l'Espagne.
- Aragon (communauté autonome), Wikipédia l'encyclopédie libre (8 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aragon_%28communaut%C3%A9_autonome%29.
- Aragon n. m. - en esp. Aragón, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Royaume d'Aragon, Wikipédia l'encyclopédie libre (1er août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_d%27Aragon.
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Arcadie (en gr. Arkadía)
Région de l'ancien Grèce au centre de la péninsule du Péloponnèse.
- Arcadie n. f. en gr. Arkadía, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Arec
s.m. Fruit d'un arbre des Indes que les Sauvages mangent avec la feuille de betel & un peu de chaux.
- Arec, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1762), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 29 novembre 2010.
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Argos ou Argus
- Argos. Fils de Zeus et de Niobé qui a fondé la ville du même nom.
- Argos (Panoptès). L’épithète Panoptès qui voit tout témoigne de l’apparence physique de ce personnage : Argos est un géant à cent yeux, cinquante ouverts et cinquante fermés. Lorsqu’Héra lui demande de surveiller Io, Argos s’endort en entendant la musique de la flûte d’Hermès. Ensuite, celui-ci lui tranche la tête, et Héra sème les yeux du mort à la queue de son paon.
- Le chien d’Ulysse dans l’Odyssée.
- Argos, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Argos.
- Argus ou Argos (chien), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Argus ou Argos (prince), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Aristote (en gr. Aristotelês, dit le Stagirite)
Né à Stagire (Stavro), Macédoine en 384 av. J.-C. et mort à Chalcis,
Eubée en 322, le philosophe grec Aristote était l'étudiant de Platon et le tuteur d’Alexandre le Grand. À Athènes, Aristote fonda le Lycée (335) où il enseigna pendant douze ans. La philosophie,
selon Aristote, serait la totalité du savoir. Il gagna la réputation du père de la logique grâce à ses analyses des divers genres et parties de discours. Son recueil à ce sujet,
l’Organon, parle de la logique comme un instrument du savoir. Aristote étudia également les
espèces naturelles (La Physique ; Histoire des animaux) ; la morale (Éthique à Nicomaque ; Éthique à Eudème) ; la politique (Politique ; Constitution d’Athènes), parmi d'autres sujets. De plus, il fit une étude sur la création des genres littéraires,
d’où La Poétique et La Rhétorique.
- Aristote en gr. Aristotelês, dit le Stagirite, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Arménie (en arménien Hayastan)
Région d'Asie occidentale s'étendant entre l'Anatolie et le plateau iranien. Formée par un vaste haut plateau traversé de puissantes chaînes montagneuses (Caucase, Taurus, Kurdistan) où domine le massif volcanique d'Ararat (5 165 m), elle est partagée politiquement entre la république d'Arménie, l'Iran et la Turquie qui en possède la majeure partie (régions du N.-E. et du S.-E.) [...] Au XVIe siècle, Turcs et Perses se partagèrent le pays ; les premiers s'installèrent à l'ouest., les autres à l'est..
- Arménie en arménien Hayastan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Arnaud du Thil
Homme français du XVIe siècle qui fut jugé et executé pour avoir pris la place de
Martin Guerre, un paysan d'Artigat qui avait quitté sa femme et son fils pendant plusieurs années. Du Thil vécut avec
la famille de Guerre pendant trois ans jusqu'à ce qu'il soit découvert comme un faux
Martin Guerre.
- Martin Guerre, Wikipédia l'encyclopédie libre (9 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 janvier 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Guerre.
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Aron
Selon l'Histoire de l’Éthiopie (1540) du prêtre portugais Francisque Alvarez, Aron, le frère de Barnagas Dori, épouse la femme répudiée de celui-ci. Cette histoire sert d’exemple des pratiques
matrimoniales éthiopiennes. Alvarez prétend que Barnagas Dori et son frère Aron étaient
les oncles du Prêtre Jean.
- Alvarez, Dom Francisque, Histoire de l’Éthiopie dans Léon l’Africain, De l'Afrique, contenant la description de ce pays et, La navigation des anciens capitaines portugais aux Indes orientales et occidentales, 1556, trad. Jean Temporal, rpt. Paris, 1830, t. 3, p. 75-77. Google livres, 21 novembre 2010.
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Artaxerxès II
Artaxerxès II Mnémon est roi de Perse de -404 à -358. Il est aussi brièvement pharaon
d'Égypte. Son frère cadet Cyrus lui dispute le trône, mais celui-ci connaît la défaite
définitive en –401. Fils de Darius II et de Parysatis, il paraît qu’Artaxerxès II fut fortement influencé par sa mère
au long de son règne.
- Artaxerxès II, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Artaxerx%C3%A8s_II.
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Artigat
Commune française appartenant au département d'Ariège dans la région sud-ouest de
Midi-Pyrénées.
- Artigat, Wikipédia l'encyclopédie libre (9 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Artigat.
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Artémon
En –246, le Roi Antiochus II Théos de Syrie fut empoisonné, apparamment par sa femme Laodice. Selon Pline l’Ancien, celle-ci le remplaça avec Artémon, un homme du peuple qui lui ressemble, afin que
ce dernier puisse déclarer hériter du trône Seleucus Callinicus, fils de Laodice.
- Lendering, Jona, Antiochus II Theos, Livius, Articles on Ancient History (3 janvier 2011), Internet, 8 janvier 2011. https://www.livius.org/articles/person/antiochus-ii-theos/.
- Moreri, Louis, Le grand dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, Amsterdam, P. Brunel et al., 1740, t. 5. Google livres, Internet, 8 janvier 2011.
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Asinaire ou La Comédie de l’âne
Comédie de Plaute: un père indulgent, Déménète, souhaite aider son fils, Argyrippe, à libérer une prostituée
d'une vieille proxénète. Pourtant, il faut d'abord que Déménète trompe sa femme impérieuse,
Artémone, qui garde le contrôle de la bourse, en lui volant l’argent de la vente de
quelques ânes (d’où le titre de la pièce). Le père et le fils passent la soirée à
un banquet avec la prostituée, mais Artémone surprend son mari et le punit.
- Asinaria, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 janvier 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 octobre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Asinaria
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Assyrie
Royaume en Haute-Mésopotamie qui devint le centre de l'un des grands empires du l’ancien Moyen-Orient, situé dans
ce qui est maintenant le nord de l'Irak et le sud-est de la Turquie.
- Assyria, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 26 août 2010. https://www.britannica.com/EBchecked/topic/39555/Assyria.
- Assyrie n.f., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Atalante (en gr. Atalantê)
Chasseresse rapide de la mythologie grecque qui promet d'épouser celui qui la vainc
à la course.
Hippomène, en laissant tomber trois pommes d'or que lui donne Aphrodite, distrait Atalante, qui
s’arrête pour les rammasser, et la dépasse pour enfin gagner sa main en mariage.
- Atalante, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Atalante.
- Atalante en gr. Atalantê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Ateius Capiton
Jurisconsulte romain (v. 30 av. J.-C. – 22 ap. J.-C.) pendant le règne des empereurs
Auguste et Tibère devenant consul en l’an 5.
- Gaius Ateius Capito (jurist), Wikipédia l'encyclopédie libre (10 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 août 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Gaius_Ateius_Capito_%28jurist%29.
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Athanase Ier Gammolo
Primat de l’Église syrique orthodoxe (595-631).
- Église syriaque orthodoxe, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_syriaque_orthodoxe.
- Liste des primats de l'Église syriaque orthodoxe, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 juillet 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_primats_de_l%27%C3%89glise_syriaque_orthodoxe.
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Athènes (en gr. Athinai)
Capitale de la Grèce située sur la plaine d'Attique qui est une des plus anciennes villes du monde. La civilisation athénienne exerça
une influence prodigieuse et durable sur de nombreux
domaines dans la culture occidentale de l'Antiquité jusqu'à nos jours comprenant la
philosophie (Socrate et Platon), le théâtre (Euripide) et la rhétorique (Démosthène).
- Athènes, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 mars 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ath%C3%A8nes.
- Orateurs attiques, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 mars 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Orateurs_attiques.
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Attila
Né vers 395, roi des Huns (v. 434-453) dont l'invasion de l'empire romain d'Orient
étendit l'empire hunnique de l'Allemagne vers la rivière Oural et de la rivière du
Danube à la mer Baltique. Par contre, sa tentative de prendre l'empire d'Occident
échoua lorsque les forces unies des Romains et des Wisigoths le vaincut à la bataille des champs Cataluniques (451). Sa mort inattendue en 453
entraîna l'écroulement de son empire.
- Attila, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Attila, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 octobre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Attila.
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Attique (en gr. Attikí)
Péninsule située à sud-est de la Grèce centrale qui comprend les régions d’Athènes, de la Mégaride à l’ouest et des îles du Péloponèse oriental.
- Attique n. f. – en gr. Attikí, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Auguste (en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus) (aussi : Octave)
(Rome - 63 av. J.-C. - Nole 14 ap. J.-C.). Auguste fut l'empereur de Rome de -27 av.
J.-C. à -14 ap. J.-C. En -45, il devint le petit fils adoptif de Jules César (jusqu'alors, il en était le petit-neveu), et à la mort de l'homme d'état, Auguste
devint l'héritier de Rome, ce qui lui rendit aussi le rival de Marc Antoine. Après que celui-ci fut vaincu à Modène, Auguste fonda avec Lépide et Antoine le deuxième triumvirat en -43. Les trois divisèrent par la suite l'Empire
romain entre eux ; ce fut Auguste qui prit l'Occident. Pendant son règne, Octave fut
victorieux contre Sextus Pompée en Sicile (-36) ainsi que contre Cléopâtre (-31), de qui il reçut l'Égypte. En -38, on lui donna le titre d'Imperator et en -28, celui de princeps senatus (le premier ayant le droit de s'exprimer dans des délibérations sénatoriales). Onze
ans après, il reçut aussi le titre d'augustus (terme religieux). Pendant ce temps-là, Auguste fit de Rome un principat, ce qui rendit l'ancienne république l'équivalant d'un Empire qui avait pour Empereur
le Sénat et le peuple.
- Auguste, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste.
- Auguste en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Aulu-Gelle (en lat. Aulus Gellius)
(Rome v. 130). Érudit latin qui fut l'un des élèves de Fronton. Il a écrit les Nuits attiques, qui s'organise comme une série d'entretiens entre des amis érudits. Sous cette forme,
l'œuvre traite de la grammaire, de l'histoire et de la critique littéraire. Elle fournit
des renseignements importants sur les écrivans archaïques.
- Aulu-Gelle (en lat. Aulus Gellius), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Aulus Licinius Archias
Poète grec (Antioche, Syrie v.120 – 61 av. J.-C.) qui se rendit à Rome où il chanta les victoires de son
patron, Lucullus, contre Mithridate. Il fut accusé en 62 av. J.-C. d'avoir illégalement
assumé les droits d'un citoyen romain. Cicéron le défendit avec succès dans son discours Pro Archia. Un certain nombre d'épigrammes dans l'Anthologie grecque sont attribués à Archias.
- Archias [-kjas-] (Aulus Licinius), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Aulus Licinius Archias, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 juillet 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 octobre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Aulus_Licinius_Archias.
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Aurit Saguen
Nom d’une ville située actuellement dans le sud du Maroc.
- Aurit Saguen Map — Satellite Images of Aurit Saguen, Maplandia.com (2005), maplandia.com, Internet, 28 août 2010. http://www.maplandia.com/morocco/sud/tiznit/aurit-saguen/
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Austrasiens
Habitants de l'Austrasie, le royaume franc existant à l'époque mérovingienne (VIe
au VIIIe siècle) au début de l'Europe médiévale qui se serait situé au nord-est de
la France actuelle.
- Austrasie, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Austrasie.
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Azanaghez
Les Azanaghez, ou Zenaga, étaient une tribu maure nomade habitant au XVe siècle dans
la région du Cap Blanc. Ils sont décrits dans plusieurs récits de voyage portugais du XVe siècle.
- Catherine Coquery-Vidrovitch, La découverte de l'Afrique: l'Afrique noire atlantique des origines au XVIIIe siècle, 1965, rpt. Paris, L’Harmattan, 2003, p. 92-94. Google livres, Internet, 20 novembre 2010.
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Azoar
Un mot utilisé pour les chapitres du Coran en Europe au XVIe siècle, le mot provient
probablement
d’une mauvaise transcription de l’arabe du mot sourate (une unité du Coran formée d’un ensemble de versets).
- Sourate, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sourate.
- Bernard, Yvelise, L'Orient du XVIe siècle à travers les récits des voyageurs français: regards portés sur la société musulmane, Paris, L’Harmattan, 1988, p. 341, Google Livres, Internet, 20 septembre 2010.
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Babylone (en sémitique Bab-lli la porte du dieu, dans la Bible Babel)
Ancienne ville mésopotamienne qui se trouvait sur l’Euphrate dans le pays contemporain d'Iraq. Existant au moins
dès le XXIIIe siècle av. J.-C, Babylone atteignit son apogée comme capitale de l’empire
babylonien entre le deuxième et le premier millénaire av. J.-C. La ville de Babylone
(Babel) est d’une signifiance religieuse profonde. La Bible comporte plusieurs passages
dans l'Ancien et le l'Nouveau Testament représentant Babylone comme la personnification de l'orgueil, de la corruption et
de la décadence de l'Homme dans le monde temporel, mais parfois la ville est l'instrument
de la volonté divine.
- Babylone, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
- Babylone en sémitique Bab-lli la porte du dieu, dans la Bible Babel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Babylone (symbole), Wikipédia l'encyclopédie libre (4 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Babylone_%28symbole%29.
- Babylone, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 février 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 mai 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Babylone#Dans_les_civilisations_antiques.
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Baldo Angelo Abati (en lat. Baldus Angelus Abbatius)
Médecin, zoologiste et physicien italien qui vécut au XVIe siècle. Abati fut le médecin
du duc d'Urbino, François Marie II della Rovere. On a de lui deux livres, De admirabili viperae natura et de mirificis eiusdem facultatibus (1589, Urbino) et Opus discussarum concertationum praeclarum, de rebus, verbis, et sententiis controversis,
ex omnibus fere scriptoribus, libri XV (1594, Pesaro). Ce premier fut l'une des premières œuvres ayant pour sujet les serpents.
- Baldo Angelo Abati, Wikipédia (8 mars 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 juillet 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Baldo_Angelo_Abati.
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Balthasar
Balthasar, le fils aîné du dernier roi de Babylone, Nabonide, est dépeint erronément dans le Livre de Daniel de l’Ancien Testament comme un débauché. Au cours de la conquête de Babylone par les Perses vers 539, en
pleine fête religieuse et populaire, Balthasar fut surpris et tué dans son palais.
Son meurtre piqua les imaginations; l'auteur de Daniel transforma la fête en orgie
durant laquelle Balthasar aurait rendu un hommage idolâtrique aux dieux païens.
- Nikiprowetzky, Valentin, Balthasar, Encyclopédie Universalis (2010), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 26 août 2010.
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Baptiste Mantuan
Baptista Mantuanus (né Baptista Spagnoli 1447, m. 1516), moine carmélite surnommé
le second Virgile pour sa prouesse en poésie latine, fut nommé Général de son ordre en 1513, mais son
autorité était contestée à cause de l’influence de protecteurs puissants lors de son
élection. Il conserva le poste jusqu’à sa mort, malgré les tractations politiques
de ses opposants.
- Zimmerman, Benedict, Blessed Baptista Mantuanus, The Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company, 1907, vol. II. New Advent, Internet, 14 novembre 2010. https://www.newadvent.org/cathen/02276a.htm.
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Barnagas Dori
L’histoire de la dissolution du mariage de Barnagas Dori est cité comme un exemple
de la répudiation d’une femme éthiopienne par son mari par le prêtre portugais Francisque Alvarez dans son Histoire de l’Éthiopie (1540). Alvarez prétend que Barnagas Dori et son frère Aron étaient les oncles du Prêtre Jean.
- Alvarez, Dom Francisque, Histoire de l’Éthiopie dans Léon l’Africain, De l'Afrique, contenant la description de ce pays et, La navigation des anciens capitaines portugais aux Indes orientales et occidentales, 1556, trad. Jean Temporal, rpt. Paris, 1830, t. 3, p. 75-77. Google livres, 21 novembre 2010.
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Barthelemi Giorgenits ou Georgius de Hungaria (1422?-1502)
L’auteur d’un Tractatus de moribus, condictionibus et nequicia Turcorum, ou traité sur les mœurs des Turcs, publié en 1481. Ce mathématicien Dominicain fut
prisonnier et esclave des Turcs entre 1438 et 1458.
- Georgius de Hungaria (1422?-1502), Notice d'autorité personne, Bibliothèque Nationale de France catalogue général informatisé (5 août 2010), Internet, 5 janvier 2011. https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb130923013/PUBLIC.
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Bartolomeu de Braga
Ce prélat et théologien portugais (1514-1590) devient l’évêque de Braga en 1558. Il
fut un participant respecté aux dernières sessions (1561-1563) du Concile de Trente, surtout en ce qui concerne les réformes de la vie ecclésiastique.
- Bartholomew of Braga, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 janvier 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Bartholomew_of_Braga.
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Baruyas
Région située dans l’est de la Zambie en Afrique de l’est.
- Barua Map — Satellite Images of Barua, Maplandia.com (2005), maplandia.com, Internet, 22 novembre 2010. http://www.maplandia.com/zambia/eastern/chipata/barua/
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Bascous
Commune du département du Gers dans le sud-ouest de la France.
- Bascous, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bascous.
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Bertrande de Rols
Femme de Martin Guerre, un paysan français qui fut au centre d'une célèbre affaire d'imposture du XVIe siècle.
- Martin Guerre, Wikipédia l'encyclopédie libre (9 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 janvier 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Guerre.
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Biscaye
Province dans l'Espagne septentrionale formant la partie nord-ouest de la Communauté
autonome du Pays basque.
- Biscaye, Wikipédia l'encyclopédie libre (9 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Biscaye.
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Bisnagar
Ville située actuellement dans l'État sud-ouest de Kérala en Inde.
Ancien royaume très vaste et puissant de l'Asie.
- Bisnagar, Encyclopaedia Britannica: or, A dictionary of arts, sciences, and miscellaneous literature, enlarged and improved, 6e édition, Londres, Archibald Constable, 1823, vol. III. Google livres, Internet, 9 novembre 2010.
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Bois d’aloés
Résine naturelle produite par le bois malade de certains arbres du sous-étage forestier
de forêts tropicales d'Asie du Sud-Est; connu aussi sous les noms calambac, bois d'agar,
bois d'argile (bois de gélose pour les scientifiques).
- Calambac, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Calambac.
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Bracmane, Bramine ou Bramin
BRACMANE, BRAMINE, ou BRAMIN, s. m. Philosophe ou Prêtre Indien. — L'Académie met les trois mots sans remarque. — Il me semble que le 1er ne se dit que des anciens Philosophes, et les deux aûtres des modernes; et parmi ceux-ci, Bramine est le plus usité.
- Bracmane, Bramine ou Bramin, Jean-François Féraud : Dictionnaire critique de la langue française (1787-88), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 24 août 2009.
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Brixie, en ital. Brescia
Ville italienne dans la région septentrionale de la Lombardie.
- Brixia, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 décembre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Brixia.
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Budomeliens
Ce peuple habitait sur la côte africaine environ huit cent milles au sud du fleuve Sénégal, selon la description laissée par l’explorateur portugais Ca’da Mosto de son voyage
en Afrique de 1455, relatée dans sa Relation de voyage à la côte occidentale d’Afrique (1457).
- L’Histoire générale des voyages ou Nouvelle collection de toutes les relations de voyages par mer et par terre..., Paris, Didot, 1747, t. 6, p. 366-377 et passim. Google livres, Internet, 21 novembre 2010.
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Burchard de Worms
Évêque de Worms (v.965-1025) dans le Saint-Empire romain germanique et auteur du Collectarium canonum ou Decretum, un recueil de droit canon en vingt volumes.
- Burchard de Worms, Wikipédia l'encyclopédie libre (9 mars 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Burchard_de_Worms.
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Bède ou Beda (saint) dit le Vénérable
(Wearmouth, Durham 673 - Jarrow Durham 735) Historien et érudit anglo-saxon. Ses ouvrages
sont divers : il a écrit une chronologie basée sur des études détaillées astronomiques,
une histoire naturelle, un martyrologie, un ouvrage de métrique, un ouvrage sur la
vie de saint Cuthbert et son Histoire ecclésiastique des Angles qui traite les événements de la période entre la conquête de Jules César et l'année 597.
- Bède ou Beda (saint) dit le Vénérable, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cabeata
Selon l'Histoire de l’Éthiopie (1540) de Francisque Alvarez, Cabeata était un grand seigneur éthiopien des années 1520, père d’Abuquer.
- Alvarez, Dom Francisque, Histoire de l’Éthiopie dans Léon l’Africain, De l'Afrique, contenant la description de ce pays et, La navigation des anciens capitaines portugais aux Indes orientales et occidentales, 1556, trad. Jean Temporal, rpt. Paris, 1830, t. 3, p.77. Google livres, 21 novembre 2010.
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Cacique
Chef, prince des Indigènes de Haïti, de Cuba et de contrées appartenant au continent d'Amérique.
- Cacique, Émile Littré : Dictionnaire de la langue française (1872-77), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 1er décembre 2010.
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Cacochyme
adj. de tout genre. Mal sain, de mauvaise complexion. Cela ne se dit proprement que des corps humains pleins de mauvaises humeurs & tousjours sujets à quelque maladie. Un corps cacochime.
- Cacochime, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 19 janvier 2010.
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Calecutiens
Habitants de Calcutta (auj. Kolkata), la capitale de l'État du Bengale-Occidental
en Inde.
- Calcutta, Wikipédia l'encyclopédie libre (22 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Calcutta.
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Cambaluc du mongol Qān-baliq ville du khan
Nom donné à la capitale mongole, connue actuellement comme Pékin, par les voyageurs
médiévaux de l’Occident à partir de 1267.
- Cambaluc du mongol Qān-baliq « ville du khan », Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cambay
Cambay (forme francisée) ou Khambhat (forme officielle) est une ville du Gujarat en Inde.
- Cambay, Wikipédia l'encyclopédie libre (23 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cambay.
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Campion
Dans La Forest nuptiale, N. Cholières parle de la cité de Campion dans le royaume des Tanguts, non loin du
pays Cathayen, autrement dit la Chine (Cholières, p. 84). Le royaume tangut se trouva dans le nord-ouest
de la Chine actuelle, où il s’établit avant le Xe siècle.
- Tangut, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 juillet 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 août 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Tanguts.
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Candie
CANDIE, Est une Isle de Grece, anciennement nommée Crete, Creta. Elle est sous la seigneurie des Venitiens.
- Candie, Jean Nicot : Le Thresor de la langue francoyse (1606), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 13 septembre 2010.
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Cannanore (auj. Kannur)
Ville située actuellement dans l'État sud-ouest de Kérala en Inde.
- Cannanore, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cannanore.
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Cap Blanc
Promontoire situé à la pointe la plus septentrionale de la Tunisie et de l'Afrique.
- Cap Blanc (Tunisie), Wikipédia l'encyclopédie libre (6 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cap_Blanc_%28Tunisie%29.
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Cap de Frie (en portugais Cabo Frio)
Promontoire sur la côte sud-est du Brésil à l'est de la ville de Rio de Janeiro.
- Cape Frio, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 2 décembre 2010. https://www.britannica.com/place/Cape-Frio.
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Caphard
Caphard, m. acut. Est celuy qui monstre en l'exterieur apparence d'homme devot et religieux, et ne l'est point en l'interieur. Hypocrita, Simulator. On appelle aussi Caphard, celuy qui faisant profession de prescher, s'amuse plus à ce qui fait pour son profit particulier, ou de son Ordre qu'à l'exposition de son texte. Le mot vient de Caphar, Hebrieu, qui signifie couvrir et tenir caché. Car celuy qui est Caphard, souz un faux semblant couvre et cele sa meschante vie.
- Caphard, Jean Nicot : Le Thresor de la langue francoyse (1606), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 16 décembre 2010.
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Cappadoce
Ancien pays de l’Asie mineure situé aujourd’hui à l’est de la Turquie centrale.
- Cappadoce, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cappadoce.
- Cappadoce n.f., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cardan (en it. Gerolamo Cardano, en lat. Hieronymus Cardanus), dit en fr. Jérôme Cardan
(Pavie 1501 - Rome 1576) Médecin, physicien, inventeur, philosophe et mathémiticien
italien. Cardan enseigna les mathématiques à Milan, et la médecine à Pavie et à Bologne.
Comme philosophe, il tentait de constituer un panthéisme sans immortalité de l'âme.
En dépit de son érudition, Cardan était néanmoins un personnage naïf : Jean-Claude
Margolin de l'université de Tours témoigne,
[...] esprit génial, mais personnalité chaotique, [Cardan] pouvait faire preuve de l'esprit critique le plus aigu et de la crédulité la plus enfantine. On a de lui : sa Practica arithmeticè et mensurandi singularis (Milan, 1539) ; son Ars magna ; son Liber de ludo aleae, qui fait le premier calcul des probabilités ; et les ouvrages plutôt philosophiques De subtilitate (Nuremburg, 1550) et De rerum varietate (Bâle, 1557).
- Cardan (Gerolamo Cardano), dit en fr. Jérôme, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cardanden
Selon le ministre des Affaires étrangères du XIX siècle, H.M. Elliott, Cardanden était l'orthographe erronée par Marco Polo de la Zardadan, un peuple de l'Inde islamique.
- Elliott, H.M., Bibliographical Index to the Historians of Muhammaden India, The Calcutta Review, 1849, vol. XII, p. 400. Google livres, Internet, 3 janvier 2011.
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Carmélite
Nom des religieuses de l'Ordre du Carmel. (Les religieux de cet ordre s'appelaient
des Carmes.) L'Ordre du Carmel fut fondé en 1185 par Berthold de Calabre sur le mont Carmel
en Israël.
- Carmélite, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 6 novembre 2009.
- Carmel (le) ou ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Casimir le Grand
Roi de Pologne régnant de 1333 à 1370 qui réforma la législation polonaise et promut
l'expansion commerciale, économique et intellectuelle.
- Casimir III de Pologne, Wikipedia l'encyclopédie libre (29 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Casimir_III_de_Pologne.
- Casimir III le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cassius Severus
Orateur romain sous les règnes d'Auguste et Tibère célèbre pour son style dynamique et éloquente et pour sa lutte pour la
liberté d'expression.
- Cassius Severus, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 décembre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Cassius_Severus.
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Castracani degli Antelminelli (Castruccio)
Seigneur italien (Lucques 1280–1328) inféodé aux Gibelins. Il servit de condottiere ou chef d'armées de mercenaires en France, en Angleterre
et en Lombarde. Il s'allia avec le condottiere puissant de Pise, Uguccione della Faggiuola,
et mena les Gibelins à la victoire à Lucques en 1314. En 1316, Castracani renversa
Uguccione et se fit élire seigneur de Lucques. Après son triomphe sur les Florentins
à la bataille d'Altopascio en 1325, il fut nommé le duc de Lucques par l'empereur
germanique Louis de Bavière. Enfin, en 1327, il captura Pise et devint vicaire impérial;
pourtant, ses relations avec l'empereur, devenues plus hostiles, conduisirent à son
excommunication par le légat du pape Jean XXII, probablement sous l'influence des
Guelfes.
- Castracani degli Antelminelli (Castruccio), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Castruccio Castracani, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Castruccio_Castracani.
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Catalogne (en esp. Cataluña, en catalan Catalunya)
Communauté autonome d'Espagne qui comprend quatre provinces: Barcelone, Gérone, Lleida
et Tarragone. Elle fit partie de la couronne d'Aragon, l'ensemble des territoires
sous la règne des rois d'Aragon (XIIe – XVIIIe siècle).
- Catalogne, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Catalogne.
- Catalogne n. f. - en esp. Cataluña, en catalan Catalunya, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Couronne d'Aragon, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Couronne_d%27Aragon.
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Cathay, Catay ou Catai
Nom donné au nord de la Chine par les voyageurs et les cartographes médiévaux d’après
le nom de Kitai, peuple toungouze qui gouverna cette région du Xe siècle au début
du XIIe siècle.
- Cathay [katɛ], Catay ou Catai n. m., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cavalcadour
Écuyer qui dresse les chevaux, et qui est soumis à un premier Écuyer dans une grande
maison. L’Académicien et homme de lettres Jean D'Ormesson dans Une fête en larmes assimile cavalcadour à un personnage capable de donner beaucoup de plaisir à une
femme.
- Cavalcadour, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 3 janvier 2011.
- Cavalcadour, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 janvier 2011. https://fr.wiktionary.org/wiki/cavalcadour.
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Cefalà Diana
Commune italienne qui se situe dans la province de Palerme en Sicile.
- Cefalà Diana, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cefal%C3%A0_Diana.
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Chaldéens
Peuple habitant en Chaldée, région de Sumer occidental. La Chaldée n'exista comme
un pays qu'entre la fin du Xe et la mi-VIe siècle av. J.-C., avant d'être assimilé
à la Babylonie. Selon la Bible hebreu (le Tanakh), Abraham est originaire de la ville chaldéenne d'Ur Kaśdim (en hébreu).
- Chaldée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Chaldea, Wikipedia, The Free Encyclopedia (21 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 juillet 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Chaldea.
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Champagne
Ancienne province située dans le nord-est de la France qui aujourd'hui fait la majeure
partie de la région administrative de la Champagne-Ardenne. Elle est notamment connue
pour être la scène de la bataille des champs Cataluniques entre le général romain,
Aetius, et le roi des Huns, Attila en 451 et des Foires de Champagne pendant le Haut Moyen Age.
- Champagne (province), Wikipédia l'encyclopédie libre (8 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Champagne_%28province%29.
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Charlemagne ou Charles Ier, dit le Grand
(v.742 – Aix-la-Chapelle 814). Roi des Francs (768-814), roi des Lombards (774-814)
et l'empereur de l'empire d'occident (800-814). Considéré non seulement comme le fondateur
des deux monarchies française et allemande, mais aussi comme le Père de l'Europe, Charlemagne unit une grande partie de l'Europe occidentale et centrale, établit
les principes du gouvernement sur lesquels les grands États européens sont fondés
et encouragea la formation d'une identité européenne commune en mettant en œuvre la
renaissance carolingienne.
- Charlemagne, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne.
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Charles IX
Second fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, il devint roi de France (1560-1574) à l'âge de dix ans sous la régence da sa mère.
Son règne fut dominé par les guerres de religion entre les catholiques et les protestants.
Ses efforts de
réconcilier les deux factions finirent par entraîner plus d'hostilité. En particulier,
sous la pression des catholiques et sa mère,
Charles IX ordonna le massacre de la Saint-Barthélemy (1572), dans lequel des milliers
de protestants furent tués.
- Charles IX, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Charles IX de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mai 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_IX_de_France.
- Saint-Barthélemy (massacre de la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Charles V, dit Charles le Sage
(Vincennes 1338 – Nogent-sur-Marne 1380). Roi de France (1364-1380) dont le règne
fut marqué par sa réussite dans la récupèration d'une grande partie du territoire
français cédée à l'Angleterre au traité de Brétigny (1360) à la fin de la première
phase de la guerre de Cent Ans (1337-1543).
- Charles V de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (14 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_de_France.
- Traité de Brétigny, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Br%C3%A9tigny.
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Chio
CHIO, Île de l'Archipel. On a prononcé ou écrit ce mot de quatre manières: Chio, Scio, Cio, Kio.
- Chio, Dictionnaire critique de la langue française (1787-88), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 27 juillet 2010.
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Christ (Jésus) (en lat. Christus)
Les catholiques disent le Christ, les protestants souvent Christ, sans article. Figure centrale de la religion chrétienne, pour laquelle le Christ, c'est-à-dire le Messie, l'Oint du Seigneur, c'est Jésus (Jésus-Christ). Il s'identifie avec le Messie annoncé diversement par les prophètes de l'Ancien Testament (Daniel, VII, 13 ; Isaïe, XI, 1-9 et LII-LIII ; Zacharie, IX, 9), mais le royaume qu'il instaure.n'est pas de ce monde(Jean, XVIII, 36). Il est le fils de Dieu annoncé par Jean-Baptiste (Jean, I, 33). Dieu incarné, il possède les deux natures, homme et Dieu (ce point a soulevée plusieurs hérésies), ce qui fait de lui l'intercesseur, le lien entre les hommes et Dieu. Il a souffert sur la croix et il est mort pour le salut des hommes, compromis depuis la faute d'Adam. Il est donc le Rédempteur et le Nouvel Adam
- Christ en lat. Christus, calqué sur le grec khristos qui traduit l'hébreu mashiah (d'ou messie) « oint », Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Chypre (en gr. Kypros, en turc Kibris)
Pays, république et île qui se trouve en Méditerranée orientale. Chypre fut occupée
par les colons syriens et anatoliens au -IIIe millénaire et par les Égyptiens au -XVIe
et -XVe siècles. Ensuite, hellénisée par les Achéens, ils fondèrent plusieurs villes
dont quelques-unes furent consacrées à Aphrodite. Ainsi, l'île de Chypre devint dorénavant connue par les Grecs comme le lieu d'origine
de la déesse.
- Chypre en gr. Kypros, en turc Kibris, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cipangu, Cipango ou Cypango
Nom donné au Japon par Marco Polo lors de ses expéditions en Mer de Chine.
- Noms du Japon, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Noms_du_Japon#Cipango.
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Claude Élien (en gr. Elianos, en lat. Claudius Aelianus)
Historien et orateur romain (IIe – IIIe s.) de langue grecque, surnommé Élien le Sophiste, qui composa De la nature des animaux et Histoire variée, recueils qui rapportent en anecdotes l’histoire naturelle des animaux et des coutumes
culturelles et des événements miraculeux.
- Élien en gr. Elianos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Élien le Sophiste, Wikipédia l'encyclopédie libre (7 mars 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lien_le_Sophiste.
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Clément d'Alexandrie (en lat. Titus Flavius Clemens)
Écrivain grec (Athènes v.150 – Cappadoce v.215) converti du paganisme au christianisme, Clément essaya d'harmoniser la pensée
grecque et le christianisme. Il est considéré comme un Père de l'Église.
Dans son Protreptique ou exhortation, il montra la révélation divine dans l’œuvre des philosophes, et dans
son Pédagogue il donna les bases de l'éducation chrétiennes.
- Clément d'Alexandrie, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_d%27Alexandrie.
- Clément d'Alexandrie en lat. Titus Flavius Clemens, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cochin (auj. Kochi)
Ville dans l'État du Kérala en Inde qui fut un ancien comptoir portuguais du XVIe
siècle au XVIIe siècle.
- Kochi (Inde) , Wikipédia l'encyclopédie libre (15 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Kochi_%28Inde%29.
- Kochi anc. (Cochin), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Comminges
Ancien pays de France dans la région des Pyrénées centrales qui récouvrait une partie
des départements actuels de la Haute-Garonne, de l'Ariège, du Gers et des Hautes-Pyrénées.
Les Comminges furent compris dans le duché d'Aquitaine en 628 et puis annexé à la
Couronne en 1454. En plus, sa capitale, Saint-Bertrand-de-Comminges, fut le siège
d'un évêché du VIe siècle jusqu'en 1789.
- Comminges, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Comminges.
- Comminges n. m., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Constance de Sicile (1154-1198)
Fille du roi normand Roger II de Sicile, femme de l'empereur germanique Henri VI et mère de Frédéric II du Saint-Empire. Son mariage avec Henri VI donna la dynastie germanique une prétention au trône de
la Sicile. Constance fut impératrice-consort du Saint Empire de 1191 à 1197 et reine
de Sicile de 1194 à 1198.
- Constance, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 27 octobre 2010. https://www.britannica.com/biography/Constance-queen-of-Sicily.
- Constance de Hauteville, Wikipédia l'encyclopédie libre (9 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Constance_de_Hauteville.
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Constance Ier Chlore (en lat. Flavius Valerius Constantinus Chlorus)
(Dacia Ripensis v.250 – Eboracum auj. York 306). César des Gaules, de l'Espagne et
de la Bretagne de 293 à 305 qui fut promut à l'auguste en 305 avec Galère. Au cours
de son règne (305-306), il fit cesser dans ses États la persécution contre les chrétiens.
Il eut de sa concubine Hélène, son fils Constantin Ier le Grand.
- Constance Ier Chlore en lat. Flavius Valerius Constantinus Chlorus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Constantius I, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 25 octobre 2010. https://www.britannica.com/biography/Constantius-I.
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Constantin Ier le Grand (en lat. Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus)
(Naissus, auj. Niš, entre 270 et 288 – Ancyrona, près de Nicomédie 337). Empereur
romain de l’empire d’Orient (312) et puis le seul souverain d'Orient et d'Occident
à partir de 324. Pendant son règne, il proclama le christianisme comme la religion
d'État (313) et déplaça la capitale de Rome à Byzance qu'il rebaptisa Constantinople
(324).
- Constantin Ier le Grand en lat. Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Constantin Ier (empereur romain), Wikipédia l'encyclopédie libre (22 mai 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Ier_(empereur_romain).
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Constantin VII Porphyrogennetos ou Porphyrogenitus
Constantin VII (905-959) écrivit ou commanda le De Ceremoniis Aulæ Byzantinæ (Sur les cérémonies de la cour de Byzance) qui décrit les cérémonies de la cour royal de Constantinople en détail.
- Constantine VII Porphyrogénète, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 mai 2021), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 mai 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_VII_Porphyrog%C3%A9n%C3%A8te.
- De Ceremoniis, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 septembre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/De_Ceremoniis.
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Constantinople (en gr. Kônstantinoupolis, auj. Istanbul)
Fondée par l’empereur romain Constantin Ier le Grand en 330, Constantinople fut l'ancienne capitale de l’Empire romain d'Orient, l’Empire
byzantin, l’Empire latin et de l’Empire ottoman. Elle fut également la capitale religieuse
de l’Orient chrétien au Moyen Âge. En 1453, Constantinople fut occupé par les Turcs,
prenant dès lors le nom d’Istanbul, situé actuellement dans le nord-ouest de la Turquie.
- Constantinople, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 31 janvier 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Constantinople.
- Constantinople en gr. Kônstantinoupolis, auj. Instanbul, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Coron, Coronée ou Koroni (en gr. Korôneia)
Ancienne ville de la Grèce située actuellement en Messénie au sud du Péloponnèse.
- Coronée en gr. Korôneia, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Coron (Grèce), Wikipédia l'encyclopédie libre (24 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Coron_%28Gr%C3%A8ce%29.
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Cranganore (auj. Kodungallur)
Ville située actuellement sur la côte de Malabar dans l'État de Kérala en Inde.
- Cranganore, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cranganore.
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Crotone
Fondée par les Achéens (v.-710), Crotone fut une des plus prospères colonies de la
Grande-Grèce. Elle se situe actuellement dans la province de Calabre en Italie sur
la côte occidentale du golfe de Tarente.
- Crotone, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Crotone, Wikipédia l'encyclopédie libre (1er septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Crotone.
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Cubéens
Habitants de Cuba, pays d'Amérique centrale qui comprend l'Île de Cuba, l'Île aux
Pins et d'autres petites îles situé dans la Caraïbe au nord des grandes Antilles.
- Cuba, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cuba.
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Cumes (en gr. Kumê)
Ancienne cité de la Grande-Grèce fondée par des Ioniens de Chalcis et d’Érétrie au
VIIIe siècle av. J.-C., située actuellement dans la region de Campanie en Italie méridionale.
- Cumes en gr. Kumê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cynéthéens
Habitants de Cynèthe, ville d'Arcadie.
- Polybe, Histoire générale : Livre IV dans Bibliothèque historique et militaire dediée à l'armée et à la garde nationale, Paris, Liskenne et Sauvan, 1836, t. 2, trad. Thuillier, mis en ligne par Philippe Remacle, L’Antiquité grecque et latine du Moyen Âge, Internet, 18 octobre 2010. http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/quatre.htm.
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Cérès
Fille de Saturne et de Rhéa, Cérès est la déesse romaine de la fécondité, de l’agriculture et des moissons. Elle
est l’équivalente romaine de la déesse grecque Déméter.
- Cérès, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Cérès, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cérès_(mythologie).
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Cœlius Rhodigin (Lodovico Ricchieri)
Originaire de Venise, Rhodigin (Rovigo 1469 – 1525) était écrivain et professeur de
grecque et de latin. Son ouvrage le plus important est Antiquarium Lectionum (Antiques leçons).
- Caelius Rhodiginus, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 mai 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Caelius_Rhodiginus.
- La Flagellation et la Secte des Flagellants, Eros-Thanatos (5 mars 2007), Eros-Thanatos.com, Internet, 1er octobre 2009. http://www.eros-thanatos.com/La-Flagellation-et-la-Secte-des.html.
- Lodovico Ricchieri Caelius Lodovicus Rhodiginus, Summa Gallicana, Internet, 5 mai 2011. http://www.summagallicana.it/lessico/r/Ricchieri%20Lodovico.htm.
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Darius II
Fils de l’empereur de Perse Artaxerxès Ier, Darius II monte sur le trône après avoir assassiné son demi-frère Sogdianos, lui-même
assassin du roi légitime, Xerxès II. Il règna de -424 à v. -404. Époux de sa demie
sœur Parysatis, il est le père d’Artaxerxès II.
- Darius II, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 mars 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Darius_II.
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Denys d'Halicarnasse (en gr. Dionusios, en lat. Dionysius Halicarnasseus)
(-1er siècle). Historien et critique grec. Il passa sa vie comme professeur de rhétorique
à Rome, où il fréquenta un cercle littéraire. On a de lui : les onze premiers livres
de son Archéologie romaine ; son Traité de l'arrangement ; son Étude sur les anciens orateurs etLes Antiquités romaines.
- Denys d'Halicarnasse en gr. Dionusios, en lat. Claudius Galenus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Denys d'Halicarnasse, Wikipédia, L'encyclopédie libre (1 mai 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Denys_d%27Halicarnasse.
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Didier Érasme (en lat. Desiderius Erasmus)
Humaniste et théologien néerlandais né à Rotterdam vers 1469 et mort à Bâle en 1536.
Prêtre de l'ordre augustin, il était l'auteur non seulement des œuvres ecclésiastiques comme le Manuel du chevalier chrétien, livre instructif qui avertit des dangers du formalisme dans la vie chrétienne, mais
aussi des œuvres de l'intérêt humain en général, telle que les Adages, un recueil des adages et proverbes latins.
- Desiderius Erasmus, Wikipédia l'encyclopédie libre (31 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Desiderius_Erasmus.
- Érasme (Didier) en lat. Desiderius Erasmus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des nom propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Margolin, Jean-Claude, Érasme (1467 env.-1536), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
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Diocèse de Rieux
Ancien diocèse catholique français basé à Rieux-Volvestre dans le département moderne
de Haute-Garonne qui exista de 1317 jusqu'à la Révolution française.
- Ancient Diocese of Rieux, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 janvier 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Ancient_Diocese_of_Rieux.
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Diodore de Sicile (en gr. Diodôros Sikeliôtes en latin Diodorus Siculus)
(Agyrion, Sicile v. -90 - v. -20). Historien grec qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome.
Son ouvrage magistral en 40 livres, Bibliothèque historique, est une histoire universelle qui va des origines du monde jusqu'à la conquête de
la Gaule par Jules César.
- Diodore de Sicile en gr. Diodôros Sikeliôtes, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Dominique Marie (en lat. Domenicus Marius Niger)
Domenicus Marius Niger ou Le Noir, un Vénitien vivant à la fin du XVe siècle, était l’auteur de 26 Livres de géographie
comprenant l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Son œuvre fut publiée en 1557 à Bâle.
- Moreri, Louis, Dominique Mario Le Noir ou Domincus Marius Niger, Le grand dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, Partie 2e, 3e édition, Lyon, J. Gyrin et B. Rivière, 1683, t. 1. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 21 juillet 2010.
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Donat (en lat. Aelius Donatus)
Grammairien latin (IVe s.) et précepteur de saint Jérôme, Donat composa Commentaire de Térence et Commentaire de Virgile.
- Donat en lat. Aelius Donatus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Démocrite (en gr. Dêmokritos)
Philosophe grec (Abdère, Thrace v.-460 – v.-370) qui précisa et dévéloppa l'atomisme,
la théorie que l'Univers est composé d'atomes et de vide d’où il s’ensuit que l’être
humain n’a plus à craindre tout ce qui émane du monde matériel, par exemple la nature,
les dieux, la mort. La philosophie libératrice de Démocrite insiste sur la responsabilité
de vivre une vie utile, sans avoir peur d’interventions divines, ce qui mène en principe
à une sagesse joyeuse.
- Démocrite, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocrite.
- Démocrite en gr. Dêmokritos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Démosthène (en gr. Dêmosthenês)
Homme d’État et l'un des plus grands orateurs athéniens (Athènes -384 – Calaurie -322 av. J.-C). Sa carrière de chef de parti politique ainsi que
d’orateur fut inspirée par son opposition à l’expansion du Macédoine. Il écrivit entre
-351 et -341, son œuvre la plus célèbre, trois Philipiques qui avaient pour but d'unifier les Grecs contre Philippe II de Macédoine. Pourtant, sa lutte pour la liberté de son pays s'avéra futile en face des forces
grandissantes du fils de ce dernier, Alexandre le Grand. Enfin, Démosthène, accusé d'être impliqué dans le scandale financier d’Harpale,
prit la fuite pendant un an. Il regagna Athènes par la suite mais il dut se réfugier
de nouveau après l’échec de la révolte contre les Macédoniens. Lorsque l’armée du
général macédonien Antipatros le condamna à mourir, Démosthène mit fin à sa vie, s’empoisonnant
dans le temple de Poséidon à Calaurie.
- Démosthène en gr. Dêmosthenês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré de noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Mirhady, David, Demosthenes, The Oxford Encyclopedia of Ancient Greece and Rome, Oxford University Press, 2010. Oxford Reference Online, Internet, 4 juillet 2011.
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Démétrios II de Macédoine
Roi de Macédoine (-275 - -229) de 239 à 229 av. J.-C. qui, pendant son règne, étendit
le royaume macédonien jusqu’à l’Eubée, à la Magnésie et à la Thessalie. Plutarque en parle dans ses Vies parallèles.
- Démétrios II (roi de Macédoine), Wikipédia, L'encyclopédie libre (5 septembre 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9m%C3%A9trios_II_(roi_de_Mac%C3%A9doine).
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Désert de Lop ou Lop Nur ou Lop Nor
Désert dans la province occidentale de Xinjiang en Chine qui s'étend de l'est de la
ville de Korla le long du pied de Kuruktagh au bassin du Tarim.
- Lop Desert, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 novembre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Lop_Desert.
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Egnace, Jean-Baptiste (Joannes de Cipellis)
Egnace, Jean-Baptiste (Joannes de Cipellis), était un prêtre qui enseigna les belles
lettres à Venise à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Parmi ses ouvrages est
un Traité de l’origine des Turcs.
- Moreri, Louis, Le grand dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, 18e édition, Amsterdam, P. Brunel, 1740, t. 3. Google livres, Internet, 21 juillet 2010.
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Esteban de Garibay et Zamalloa
Esteban de Garibay et Zamalloa (1533-1600), un historien d'origine basque, fut l'auteur
des Quarenta Livres du Compendio Historial (1556-1566) et Écriteaux et des insignes réelles de tous les serenísimos Reyes d'Oviedo, León et Castille (1593); son Origine, discours et illustrations des dignidades seglares de ces reynos fut publiée partiellement en 1596.
- Esteban de Garibay, Wikipedia, l'Enciclopedia libre (21 avril 2016), Espagne, Internet, 22 juin 2016. https://es.wikipedia.org/wiki/Esteban_de_Garibay.
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Euripide (en gr. Euripidês)
Poète tragique grec (Salamine -480 – Macédoine -406 av. J.-C.) qui fut l'auteur de
92 pièces mais ne nous reste que dix-huit. D’habitude, on les répartit en trois groupes
:
- Classiques : Médée, Hippolyte porte-couronnne, Iphigénie à Aulis, Les Bacchantes
- Renouvellement de la tragédie : Alceste, Ion, Électre
- Tragedies ayant des allusions contemporaines : Héraclides, Andromaque, Les Troyennes, Hélène
Il écrivit aussi les tragédies Hécube, Les Suppliantes, Héraclès furieux, Iphigénie en Tauride, Les Phéniciennes et Oreste et le drame satirique Le Cyclope.
- Euripide en gr. Euripidês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Euripide, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Euripide.
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Eusèbe de Césarée
Eusèbe de Césarée (265 env. - av. 341), né probablement à Césarée de Palestine, devient
évêque de cette ville grâce à son immense érudition. Eusèbe est l'auteur de la première
histoire de l'Église, dont le triomphe était selon lui un phénomène historique décisif,
préparé depuis des siècles. Dans la Théophanie (333 env.), Eusèbe célèbre la mission providentielle de l'Empire romain. Le panégyriste
officiel de Constantin Ier le Grand, lorsque celui-ci meurt en 337, Eusèbe écrit un éloge enthousiaste de l'empe