Le mariage sous L'Ancien Régime
                     
                     LA
                     
                     COMTESSE
                     
                     DE
                     
                     CANDALE.
                     
                     PREMIERE PARTIE.
                     
                     
                     
                  
                     Vignette.
                     
                  
                  
                        A PARIS,
                     Chez JEAN RIBOU, au Palais,
vis-à-vis la porte de l’Eglise de la Sainte
Chapelle, à l’Image de S. Loüis.
Filet. M. DC. LXXII.
Avec Privilege du Roy.
L'empreinte de la Bibliothèque de l'Arsenal
                  
                     Vignette d'hommes et de femmes (deux couples) dans une cour entourée d'arbres ;
                        dans le ciel, une manchette, sur laquelle est écrite : 
               La Contesse De Candale
Bandeau. AU LECTEUR.
                     T
                     Ous nos Historiens cõviennent que la haine de Madame de 
                        Beauieu pour le Duc 
                        d’Orleans, estoit fondée fur ce qu’il avoit 
                     refusé de l’aimer ; c’eft 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     tout ce qu’ils en disent. 
                     Mais si vous voulez 
                     en sçavoir toutes les circonstances, qui ont esté 
                     trouvées dans des memoires anciens & secrets, Vous n’avez qu’à 
                     lire.
                  
                  
                  
                  
                     Bandeau.
                     
                  
                  
                   
                  
                  
                  
               
                          
               
               
               
               
                     LOUIS PAR LA GRACE 
                     de Dieu, Roy de France & 
                     de Navarre, à nos amez & feaux 
                     Conseillers les gens tenans nos 
                     Cours de Parlement, Maistres 
                     des Requestes ordinaires de Nostre Hostel, Baillifs, Senéchaux, 
                     Prevosts, leurs Lieutenans, & à 
                     tous autres nos Justiciers & Officiers qu’il appartiendra ; Salut : 
                     Nostre cher & bien aimé le Sieur 
                     B.D.L. Nous a tres–humblement fait remontrer qu’il auroit 
                     composé un Livre, intitulé,  La 
                        Comtesse de Candale ; lequel il 
                     desireroit faire imprimer, s’il 
                     avoit nos lettres sur ce necessaires. A ces causes voulant favora
                     blement traiter l’Exposant, Nous 
                     luy avons permis & permettons 
                     par ces presentes de faire imprimer ledit Livre, par tel Imprimeur  ou  Libraire  qu’il  voudra 
                     choisir,  autant  de fois que bon 
                     luy semblera, durant le temps & 
                     espace  de dix  ans, à comter  du 
                     iour qu’il sera achevé d’imprimer 
                     pour  la  premiere  fois ; Pendant 
                     lequel temps faisons  tres-expresses inhibitions & deffenses à toutes personnes de quelque qualité 
                     qu’elles soient, de l’imprimer ou 
                     faire imprimer, vendre ou distribuer d’autres editions que celles 
                     de  l’Exposant,  ou de  ceux   qui 
                     auront  droit de luy,  à peine  de 
                     trois mille livres d’amande, payable  sans  deport  par  chacun des 
                     contrevenans, applicable un tiers 
                     à l’Hostel-Dieu de nostre bonne 
                     Ville de Paris, un tiers au denonciateur, & l’autre tiers à l’Expo
                     
                     
                     sant, de confiscation des  Exemplaires contrefaits, & de tous 
                     despens, dommages & interests ; 
                     à condition qu’il sera mis deux 
                     Exemplaires dudit Livre en nostre Bibliotheque publique, un 
                     au Cabinet des Livres de nostre 
                     Chasteau du Louvre, avant que 
                     de l’exposer en vente, à peine de 
                     nullité des presentes, du contenu desquelles voulons que vous 
                     fassiez ioüir & user l’Exposant 
                     plainement & paisiblement, & 
                     ceux qui auront droit de luy, & 
                     qu’en mettant au commencement ou à la fin un Extrait des 
                     presentes, qu’elles soient tenuës 
                     pour bien & deuëment signifiées, 
                     & que foy soit aioustée aux coppies colationnées par l’un de nos 
                     amis & feaux  Conseilleurs & Secretaires, comme à l’Original. 
                     Mãdons au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis, de 
                     
                     
                     
                     faire pour l’execution d’icelles 
                     tous exploits, saisies, executions, 
                     & autres actes necessaires, sans 
                     demander autre permission, visa 
                        ne pareatis. Car tel est nostre 
                     plaisir. Donné à Saint Germain 
                     en Laye, le 22. iour de Février, 
                     l’an de grace mil six cens soixante & douze, & de nostre reigne 
                     le vingt-neufviéme. Signé par le 
                     Roy en son Conseil, 
                     D’Alence’.
                   
                  
                  
                  
                     Registré sur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, le 27. Fevrier 
                     1672. suivant l’Arrest du Parlement du 8. Avril 1653. & celuy 
                     du Conseil Privé du Roy du 27. 
                     Fevrier 1665.  
                   
                  
                  
                  
                     Achevé d’imprimer pour la 
                     premiere fois le vingt-quatriéme May 1672.
                  
                   
                  
                  
                  1
                  
                  
                  
                     
                     
                     
                  
                  
                  
                  
                     
                     
                     
                  
                  
                  
                     
                     
                     
                  
                  
                  
                     
                     
                     
                  
               Bandeau. LA COMTESSE DE CANDALE1.
LES plus Grands 
                     du Royaume, 
                     prévoyant la prochaine mort de Loüis 
                        XI. n’épargnerent rien 
                     pour se faire des Partisans, soit qu’ils eussent 
                     dessein de se rendre 
                     
                     
                     
                      
                     
                     
                     
                     
                     2
                     
                     
                     Maistre des affaires, sous 
                     le ieune Roy Charles 
                        VIII. ou qu’ils voulussent gagner la confiance 
                     de ceux qui avoient le 
                     Gouvernement de l’Etat. 
                     Anne de France mariée 
                     au Comte de Beauieu, ou 
                        Duc de Bourbon, pretendoit l’obtenir par le 
                     credit qu’elle avoit sur 
                     l’esprit du Roy son Pere, 
                     & parce qu’elle estoit 
                     soeur de Charles. Le Duc 
                     d’Orleans, qui fut depuis 
                     Loüis XII. y avoit plus 
                     de droit estant premier 
                     
                     
                     
                     3
                     
                     
                     Prince du Sang, heritier 
                     presomptif de la Couronne, & outre cela ayant 
                     épousé Ieanne de France, 
                     sœur aînée de Madame 
                        de Beauieu.
                  
                  
                  Mais comme l’autorité l’emporte presque toûiours sur le bon droit, le 
                     Duc d’Orleans se trouva 
                     décheu de ses esperances, 
                     & quoy qu’il pût faire 
                     pour s’opposer à l’ambition de cette Princesse, 
                     peu de temps aprés la 
                     mort du Roy son Pere, elle fut 
                     declarée Regente ; la hai
                     
                     
                     
                     4
                     
                     
                     ne qu’il y avoit entr’eux, 
                     a sans doute esté connuë 
                     de toute la France. Mais 
                     comme la cause n’en a 
                     esté sceuë que de peu de 
                     gens, ie veux bien en rapporter icy ce qu’en disent 
                     des Memoires, qui pour 
                     estre anciens & secrets, 
                     ne laissent pas d’être tres‑veritables.
                  Sur la fin du regne de 
                     Loüis XI. les affaires 
                     d’Etat n’occupoient pas 
                     si fort ceux qui y estoient 
                     employez, qu’ils ne pussent trouver le loisir d’ai
                     
                     5
                     
                     
                     mer, quand l’envie en 
                     prend on quitte tout 
                     pour la satisfaire, & l’on 
                     ne refuse guere un plaisir 
                     qui se presente, prinicipalement quand c’est l’amour qui le donne.
                  
                  
                  Le Roy depuis quelques années s’estoit renfermé dans le Plessis-les‑Tours, ses soupçons & 
                     la ialousie qu’il avoit de 
                     son autorité, luy en avoit 
                     fait choisir le seiour comme un lieu de seureté 
                     contre ceux de qui il se 
                     défioit, & depuis sa ma
                     
                     
                     
                     6
                     
                     
                     ladie l’y avoit retenu, il 
                     n’y eust sorte de précaution qu’il ne prit, soit à la 
                     fortification du Château, 
                     soit aux Gardes qu’il choisit pour veiller continuellement à sa seureté, 
                     soit aux ordres qu’il donna pour n’y laisser entrer 
                     personne, que par son 
                     commandement, ou par 
                     celuy de Madame de 
                        Beauieu, qui avoit esté 
                     assez habile pour entrer 
                     dans les affaires les plus 
                     importantes, & pour s’y 
                     maintenir malgré l’hu
                     
                     7
                     
                        
                     meur défiante du Roy, 
                     dont l’austere retraitte, 
                     ou pour mieux dire l’estroite prison, estoit cause que la Cour n’estoit 
                     pas nombreuse. Entre 
                     ceux que la naissance, 
                     & l’ambition y avoit retenu, l’on y voyoit la 
                        Trimoüille encore ieune, mais bienfait, & 
                     d’un merite extraordinaire, d’abord son interest l’atacha au service de 
                     Madame de Beauieu, 
                     dans le dessein de s’élever 
                     par son credit aux pre
                     
                     
                     
                     8
                     
                     
                     premieres Charges du 
                     Royaume ; mais depuis 
                     regardant mieux cette 
                     Princesse, il continua par 
                     amour ce qu’il avoit commencé par ambition, elle estoit aimable, son esprit parroissoit doux, les 
                     manieres donnoient de 
                     l’esperance quand elle desiroit de plaire, & elle le 
                     vouloit presque toûiours : enfin s’il n’y avoit 
                     point eu de Comtesse de 
                     Candale2, sans doute elle 
                     auroit esté la plus belle 
                     personne de France. La 
                        
                        
                        
                        9
                        
                         
                        Trimoüille suivant donc 
                     les mouvemens de son 
                     cœur, & flaté d’ailleurs, 
                     ou pour mieux dire 
                     trompé par quelques regards qui ne luy sembloient pas indifferens, 
                     oublia l’amitié que le 
                     Duc de Bourbon avoit 
                     pour luy, afin de mieux 
                     penser à ce que sa passion 
                     vouloit qu’il fit. Elle luy 
                     conseilla de parler, il suivit son avis ; mais il s’en 
                     trouva mal, Madame de 
                        Beauieu estoit de l’humeur de quelques fem
                     
                     10
                     
                     
                     mes, qui ne sont point 
                     fâchée d’estre aimés ;  
                     mais qui ne veulent point 
                     qu’on le leur dise ; la Trimoüille ne voyant point 
                     trop d’aigreur ny de fierté dans les refus de 
                     cette Princesse, prit le 
                     party de l’aimer toûiours, 
                     & de ne luy  en plus rien 
                     dire : quelques iours aprés 
                     l’on découvrit que le 
                     Duc d’Orleans, qui étoit 
                     le plus aimable homme 
                     de son temps, & qui pensa perdre la vie pour avoir 
                     esté trouvé tel, avoit un 
                     
                     
                     
                     11
                     
                     
                     commerce d’amour avec 
                     Madame de Candale. 
                     Puis qu’ils avoient dessein de s’aimer l’un & 
                     l’autre, ils ne pouvoient 
                     faire un meilleur choix, 
                     la Comtesse étoit tendre, 
                     & le Prince estoit amoureux ; le Duc de Bourbon 
                     dont le cœur voulait toûiours estre remply de 
                     quelque passion, ayant 
                     rompu tous les engagemens qu’il avoit avec une 
                     des plus belles femmes 
                     du Royaume, se mit à 
                     considerer avec un atta
                     
                     12
                     
                     
                     chement agreable les divers agrémens, & les differentes beautez de Madame de Candale, & crut 
                     qu’il seroit le plus heureux de tous les hommes 
                     s’il en pouvait estre le 
                     Maistre ; il resolut donc 
                     de confirmer son inconstance & son amour par 
                     des marques si veritables, 
                     qu’elle n’eût pas lieu d’en 
                     douter ; dés qu’on fait un 
                     semblable dessein, nostre 
                     desir nous presse toûiours 
                     de l’executer promptement, & l’on croit avoir 
                     
                     
                     
                     13
                     
                     
                     beaucoup fait à l’avantage de sa passion, quand 
                     on la fait connoistre à la 
                     personne qu’on aime ; le  
                     Duc persuadé de cette 
                     verité, & flaté d’ailleurs 
                     par son merite & par son 
                     rang, ne prit point le 
                     chemin commun des 
                     Amans ordinaires, qui 
                     font preceder quelques 
                     iours de soins & de silence respectueux à la declaration de ce qu’ils sentent : ce n’est pas qu’il ne 
                     sçeut de quelle manière 
                     on pouvoit se faire aimer ; 
                     
                     
                     
                     14
                     
                     
                     mais ayant pour maxime 
                     que toutes les affaires d’amour veulent estre traitez differamment, il ne 
                     crut pas qu’il dût laisser 
                     échaper l’occasion qui 
                     se presentoit ; mais ce 
                     trait d’habilité ne luy 
                     reüssit point, l’entretien qu’il eut avec elle, 
                     ne luy laissa que l’esperance d’estre malheureux. Il soûtint ces premiers mépris avec douleur, & pensa pour sa satisfaction, que la gloire 
                     d’une belle personne 
                     
                     
                     
                     15
                     
                     
                     voulant qu’elle payast de 
                     rigueur la passion qu’on 
                     luy faisoit connoistre, elle avoit esté contrainte 
                     de luy obeïr. Le Duc 
                        d’Orleans qui observoit 
                     les regards & les actions 
                     du Duc de Bourbon, s’aperceut le premier de son 
                     dessein, quoy qu’il fut aimé, il n’osoit s’asseurer 
                     de la durée de son bonheur, le Rival estoit redoutable, & quand on aime bien que ne craint on 
                     pas ; mais quoy-qu’il apprehendast de perdre le 
                     
                     
                     
                     16
                     
                     
                     cœur de Madame de 
                     Candale, il la laissa sur sa 
                     bonne-foy, & par cette 
                     maniere d’agir il se mit 
                     en estat de pouvoir iuger 
                     quelle seroit sa constance 
                     & sa delicatesse.
                  
                  
                  Estant le lendemain 
                     dans la chambre de Madame de Beauieu, qui 
                     seule avoit obtenu du 
                     Roy la permission de loger dans le Château, & 
                     qui l'avoit fait aussi donner à la Comtesse, parce 
                     qu’elle l’avoit iugé utile à 
                     ses desseins, remarqua  
                     
                     
                     
                     
                     
                     17
                     
                     
                     que le Duc sans considerer qu’il pourroit estre  
                     observé des curieux &  
                     des interessez, parla long‑temps à Madame de Candale, & il luy sembla  
                     qu’elle prenoit plaisir à  
                     ce qu’il luy disoit, la  
                     Princesse voyoit l’empressement de son mary,  
                     & iugeoit que sa ioye  
                     estoit causée par la veuë  
                     & par l’entretien de la  
                     Comtesse ; elle estoit accoutumé à ses inconstances, parce que les retours de tendresses la  
                     
                     
                     
                      
                     
                     
                     
                     18
                     
                     
                     consoloient de ses infidelitez ; mais depuis 
                     quelques iours ayant 
                     conceu une grande ialousie de beauté contre sa 
                     nouvelle rivale : elle ne 
                     se contentoit pas de vouloir faire remarquer des 
                     defauts en sa personne, 
                     desquels on ne pouvoit 
                     convenir, elle ne luy 
                     voyoit point un amant 
                     qu’elle n’essayast de luy 
                     oster ; à cette ialousie de 
                     beauté se ioignit encore 
                     celle du cœur, & si elle 
                     eust de grandes peines à 
                     
                     
                     
                     19
                     
                     
                     souffrir d’une passion 
                     violente & qui n’est pas 
                     heureuse ; ie le laisse à iuger à ceux qui en ont fait 
                     la cruelle épreuve. Elle 
                     aimoit le Duc d’Orleans,  
                     qui n’avoit que de l’indifference à luy donner ; 
                     mais c’estoit de l’amour 
                     qu’elle vouloit ; dés que 
                     le Prince put parler à Madame de Candale, il se 
                     plaignit et fit des reproches, & cela fut mal receu, & comme il continuoit d’en faire, il ne 
                     cessoit point aussi de l’ir
                     
                     
                     
                     20
                     
                     
                     riter, le dépit & la ialousie du Prince avoit commencé l’entretien, le mépris & la fierté de la 
                     Comtesse le finit, il n’avoit encore fait que 
                     craindre que le Duc ne 
                     devint son rival, mais 
                     voyant la cruelle maniere 
                     avec laquelle il estoit 
                     traité, il ne fut que trop 
                     certain d’un malheur que 
                     l’on apprehende toûiours, quelque bien estably qu’on soit dans le 
                     cœur de ce qu’on aime ; 
                     Madame de Beauieu bel
                     
                     21
                     
                     
                     le, fiere & ialouse, & qui 
                     croyoit meriter toute la 
                     passion de son mary, ne 
                     s’apperceut point sans 
                     douleur du larcin que la 
                     Comtesse vouloit luy 
                     faire, le lendemain retrouvant son mary avec 
                     elle, & faisant remarquer 
                     au Prince comme elle 
                     souffroit agreablement 
                     tout ce qu’il pouvoit luy 
                     dire. On nous trompe, 
                     luy dit-elle en le regardant d’un air le plus tendre du monde, & si ie 
                     puis bien iuger de vous 
                     
                     
                     
                     
                     
                     22
                     
                     
                     & de moy, nous ne meritons point ces iniustes 
                     traitemens. Luy qui ne 
                     vouloit pas estre en reste de dépit  & de ialousie  
                     avec Madame de Candale, crut que son cœur  
                     pourroit prendre le party 
                     qu’on luy offroit. Hé 
                     bien, Madame, luy répondit-il en soupirant, profitez de l’exemple, & ne 
                     gardez point pour un 
                     homme qui s’en est rendu indigne, des sentimens amoureux, que 
                     vous pourriez mieux em
                     
                     23
                     
                     
                     ployer ; ie sçay bien qu’il 
                     n’est pas impossible que 
                     ie ne me puisse r’aquiter 
                     de ce que ie perds, repartit-elle, si l’on vouloit 
                     aider à ce que ie sens ; 
                     mais ie crains tout, parce que ie voy, & ie n’oserois plus m’asseurer sur 
                     rien ; il vous seroit honteux de ne point aimer, 
                     Madame, repliqua-t’il, 
                     ie vous conseille l’amour 
                     par vengeance, par interest, & par le plaisir que 
                     vous y rencontrerez, & 
                     ie connois un homme 
                     
                     
                     
                     24
                     
                     
                     qui sera de moitié de 
                     tout cela avec vous, si 
                     vous voulez. Le Duc de 
                        Bourbon, & Madame de 
                     Candale avoit à leur 
                     tour observé la conversation de Madame de Beauieu, & du Duc d’Orleans, 
                     & avoient tirez de cette 
                     observation, une coniecture presque certaine de 
                     ce qu’ils s’étoient dit, si le 
                     Duc sentit cruellement 
                     cette offence, la Comtesse n’en fut pas moins 
                     touchée, & l’on peut dire que ce iour là, le dépit, 
                     
                     
                     
                     
                     
                     25
                     
                     
                     la ialousie & l’amour leur 
                     fit faire à tous quatre, 
                     mille choses qui les desesperoient, & qu’ils ne 
                     pouvoient s’empécher de 
                     faire. Le Prince se retira 
                     le premier, ne pouvant 
                     soutenir plus long-temps 
                     le trouble & l’inquietude dont il estoit agité. 
                     La Comtesse sortit aussi 
                     en aparence moins troublée, mais en effet vivement offencée dans la 
                     partie la plus sensible de 
                     son ame, aucun desir 
                     d’infidelité ne s’estoit  ve
                     
                      
                     
                     
                     
                     26
                     
                     
                     nu mesler à l’amour 
                     qu’elle avoit pour luy, & 
                     si elle avoit écouté ce que 
                     le Duc de Bourbon luy 
                     avoit dit, le respect 
                     qu’elle devoit à son rang 
                     l’avoit empéchée d’estre 
                     incivile ; mais non pas 
                     de luy  faire comprendre 
                     qu’elle ne vouloit rien de  
                     luy, de tout ce qu’il luy 
                     offroit. Cette resistance 
                     augmenta l’amour du 
                     Duc, & plus il voyoit de 
                     difficulté à se rendre 
                     maistre de son cœur, & 
                     plus il se persuadoit qu'il 
                     
                     
                     
                     27
                     
                     
                     y auroit de gloire & de 
                     plaisir à le vaincre.
                  
                  
                  Le Prince ne douta 
                     plus qu’il ne fust abandonné de la Comtesse, 
                     quoy que cette connoissance l’affligeast, elle ne 
                     luy osta pas les moyens 
                     d’agir pour son repos & 
                     pour le contentement de 
                     son ame. La honte d’avoir esté trahy par tout 
                     ce qu’il aimoit, luy conseilloit la tranquilité 
                     comme un remede souverain, pour se vanger en 
                     mesme temps de son 
                     
                     
                     
                     
                     
                     28
                     
                     
                     amour & de sa maistresse, 
                     apres quelques iours d’inquietudes & de soufrances, il se consola, ou 
                     pour mieux dire, il crut 
                     estre consolé.
                  
                  
                  Madame de Beauieu 
                     n’ayant pû le faire expliquer autant qu’elle l’eust 
                     desiré, se servit de la 
                        Trimoüille qui l’aimoit, 
                     pour engager plus facilement le Prince à se mettre dans ses interests ; la 
                     commission est cruelle 
                     pour un amant, & sans 
                     doute s’il en eust sceu le 
                     
                     
                     
                     29
                     
                     
                     secret, il auroit éprouvé 
                     que de tous les malheureux il n’y en avoit pas 
                     un qui le fut tant que  
                     luy.
                  
                  
                   Pendant que le Duc 
                        d’Orleans enduroit les 
                     peines & les rigueurs de 
                     l’amour, Chaumont qui 
                     estoit d’une des plus illustres Maisons du Royaume, & de plus son favory, avoit des plaisirs en 
                     abondance ; il aimoit 
                     Hauteville, confidante de 
                     la Princesse, il avoit parlé 
                     de sa passion, & non seu
                     
                     
                     
                     30
                     
                     
                     lement on l’avoit écouté, 
                     mais encore on y avoit 
                     répondu favorablement ; 
                     on avoit ioint a tant de 
                     bontez de ces tendres 
                     douceurs qui rendent les 
                     amans heureux, leur bonheur n’estoit point troublé, & si quelquefois ils 
                     rencontroient la moindre difficulté de satisfaire 
                     leurs desirs, ils ne sentoient la peine de cette 
                     difficulté, que comme un 
                     assaisonnement à l’amoureuse ardeur qu’ils 
                     ressentoient.
                  
                  
                  Le Prince meritoit sans 
                     
                     
                     
                     31
                     
                     
                     doute d’estre aussi heureux que Chaumont, 
                     mais il ne l’estoit pas : 
                     croyant donc n’aimer 
                     plus Madame de Candale, il entreprit de plaire à la Princesse, il iugea qu’il n’étoit pas mal‑aisé que son entreprise 
                     n’eust un bon succez, & 
                     que tout au moins s’il ne 
                     pouvoit  faire revenir la 
                     Comtesse, il se consoleroit de son infidelité avec 
                     la femme de son rival. Le 
                     Duc de Bourbon luy 
                     avoit  fait  connoistre les 
                     
                     
                     
                     
                     
                     32
                     
                     
                     soupçons qu’il avoit contre le Duc d’Orleans, il 
                     luy avoit mesme montré 
                     quelques soupçons ialoux qu’elle ne vit point 
                     sans dépit, elle eut assez 
                     de fermeté pour vouloir 
                     rendre en cette rencontre 
                     les choses égales à son 
                     exemple. Elle eut de la 
                     ialousie & du dépit, & elle sçut bien luy rendre reproches pour reproches ; 
                     enfin cét entretien finit 
                     par l’asseurance qu’elle 
                     luy donna de l’imiter 
                     dans ses inconstances.
                  
                  
                  
                  33
                  
                  
                  
                  
                  Le Duc estoit seur de 
                     la vertu de sa femme ; 
                     mais comme il sçavoit 
                     par son experience qu’un 
                     peu d’amour déracinoit 
                     beaucoup de severité, il 
                     craignit l’esprit & la bonne mine du Prince, & la 
                     bonne foy coniugale, 
                     courant risque d’estre 
                     violée par un homme 
                     d’un si grand merite, il 
                     eut tous les maux d’un 
                     mary ialoux à souffrir, & 
                     toutes les rigueurs d’un 
                     amant méprisé à suporter.
  
                  
                  
                  
                  34
                  
                  
                  
                  
                   Les iardins du Plessis‑les-Toursayant receu de 
                     nouveaux embellissemens par les soins que le 
                     Roy en avoit fait prendre, presque tous les soirs 
                     la plus grande partie de la 
                     Cour s’y promenoit, le 
                     Duc d’Orleans y entroit 
                     lorsque la Trimoüille, qui 
                     vouloit s’aquiter de sa 
                     commission, luy fit comprendre quels avantages 
                     il pourroit tirer en s’attachant aux interests de la 
                     Princesse. Le Prince crut 
                     au commencement que 
                     
                     
                     
                     35
                     
                     
                     c’estoit à dessein de découvrir quels sentimens 
                     il avoit pour elle : mais 
                     dans la suite il perdit cette creance, & il connut 
                     que Madame de Beauieu, 
                     qui estoit artificieuse, le 
                     faisoit servir à sa passion 
                     sans qu’il s’en apperceut, 
                     dans un autre temps il 
                     l’auroit détrompé, mais 
                     croyant que le dépit qu’il 
                     avoit contre Madame de 
                     Candale, s’estoit changé 
                     en amour pour la Princesse, il promit à la Trimoüille qu’il profiteroit 
                     de son avis.
   
                  
                  
                  
                  36
                  
                  
                  
                  
                  Apres cela  il prit  le 
                     chemin de la grande allée, où il vit beaucoup de 
                     monde. Les hommes s’estoient rangez auprés des 
                     Dames, le Duc de Bourbon donnoit la main à la 
                     Comtesse, qui ne put refuser son entretien, il 
                     continua de se plaindre 
                     de sa severité, & par des 
                     paroles touchantes essaya 
                     de luy faire naistre l’envie 
                     de l’aimer ; elle se deffendit, & ce fut sans aigreur ; 
                     mais comme son air étoit 
                     doux, il dementoit ce que 
                     
                     
                     
                     37
                     
                     
                     disoit sa bouche, & le 
                     Duc trompé par une si 
                     charmante apparence, ne 
                     desespera pas de la faire 
                     changer de sentimens. 
                     La Princesse étoit dans le 
                     iardin remarquant l’empressement de son mary, 
                     elle ne voulut estre suivie 
                     que de Hauteville, & elle 
                     passa de l’autre costé de 
                     la palissade, afin d’estre 
                     témoin de ce qu’il diroit 
                     à sa rivale, elle n’entendit pas sans colere, la maniere tendre & douloureuse dont le Duc se plai
                     
                     38
                     
                     
                     gnoit de la cruauté de la 
                     Comtesse, ny sans crainte aussi qu’elle n’y devint 
                     sensible, l’inconstance 
                     de son mary luy fit garder sa colere, mais la prudente vertu, ou pour 
                     mieux dire, l’amour que 
                     Madame de Candale 
                     conservoit encore pour 
                     le Duc d’Orleans, luy fit 
                     diminuer sa crainte.
                  
                  
                  Que le Prince eust esté  
                     heureux s’il eust pu entendre cét entretien, mais 
                     il ne fit que les voir tous 
                     deux ensemble, & assez 
                     
                     
                     
                     39
                     
                     
                     éloignez des autres personnes qui estoient dans 
                     le iardin. Cette veuë, luy 
                     fit bien sentir qu’il aimoit encore plus qu’il 
                     ne pensoit, puis que son 
                     cœur en estoit émeu & 
                     troublé, on ne sçauroit 
                     definir le cruel estat où il 
                     estoit, tout ce qu’on en 
                     peut dire, c’est qu’il conservoit ses soupçons ialoux, qu’il vouloit estre 
                     inconstant, & qu’il cherchoit les moyens de n’aimer plus ; il estoit resolu 
                     de se plaindre à la Com
                     
                     40
                     
                     
                     tesse, de luy reprocher sa 
                     perfidie, & d’aimer la 
                     Princesse à sa veuë : enfin 
                     il vouloit tant de choses 
                     si differentes &  si opposées, que si on avoit pû 
                     voir dans son ame, on y 
                     auroit veu la plus douloureuse & la plus cruelle 
                     souffrance, que iamais un 
                     malheureux amant eust 
                     eu.
                  
                  
                  Madame de Beauieu 
                     se retira sans estre apperceuë, cependant la Comtesse lassée du personnage 
                     que son dépit luy avoit 
                     
                     
                     
                     
                     
                     41
                     
                     
                     contraint de faire, se plaignoit en secret de ses peines, & plaignoit aussi celles qu’elle faisoit endurer 
                     au Prince : les soupçons ialoux qu’elle avoit cõceus 
                     contre luy, n’avoient pas 
                     toûiours tout credit dans 
                     son cœur, l’amour venoit 
                     s’y remettre en possession 
                     de ses droits, & luy redonnoit un souvenir si doux 
                     de ce temps heureux où 
                     ils estoient si tendrement 
                     unis, qu’elle écoutoit 
                     avec plaisir tout ce qu’il 
                     pouvoit luy dire, un re
                     
                      
                     
                     
                     
                     42
                     
                     
                     ste de fausse gloire l’empéchoit de luy montrer 
                     toute la douceur de ces 
                     sentimens, elle ne vouloit point faire les premiers pas, & quoy que 
                     l’amour luy representast 
                     que qui faisoit le plus, 
                     aimoit le mieux, cette 
                     maxime ne s’accommodoit point à son orgueil, 
                     elle eut souhaité que le 
                     Prince fut revenu soûmis, amoureux & fidelle, 
                     & malheureusement elle 
                     ne voyoit ny ne trouvoit 
                     en luy rien de tout ce 
                     
                     
                     
                     43
                     
                     
                     qu’elle desiroit qui y 
                     fut.
                  
                  
                  Dés que la Princesse 
                     put estre en liberté, elle 
                     eust impatience que la 
                        Trimoüille ne fut venu 
                     luy rendre compte de ce  
                     qu’il avoit fait auprés du 
                     Prince, qu’elle ne trouvoit que trop aimable 
                     pour son repos, à quelque prix que ce fust, elle 
                     vouloit en estre aimée, & 
                     elle se croyoit assez belle 
                     pour faire la bonne fortune du plus honneste 
                     homme du monde. En
                     
                     
                     
                     44
                     
                     
                     fin la Trimoüille entra 
                     dans sa chambre, dés 
                     qu’elle le vit, avez vous 
                     reüssi, luy dit–elle, seray–ie heureuse, & le 
                     Prince m’aimera-t’il ; il 
                     fut d’autant plus surpris 
                     de la cruauté de ces paroles, qu’il ne croyoit pas 
                     les meriter, Madame, luy 
                     répondit-il, ie suis perdu, vous ne m’aimerez 
                     iamais ? helas, repartit elle ! i’estois si fort occupée 
                     de ma passion, que ie ne 
                     songeois plus à la vostre, 
                     que n’oublie-t’on point 
                     
                      
                     
                     45
                     
                     
                     quand on aime aussi fortement que ie fais, l’amour porte son excuse 
                     avec soy, & si vous m’aimez comme vous voulez 
                     me persuader, vous me 
                     donnerez les moyens 
                     d’atendrir le Prince, sans 
                     offencer mes sentimens 
                     par la continuation des 
                     vostres ; il soupiroit, ses 
                     regards tristes & languissans exprimoient sa douleur, & l’abondance de 
                     ses larmes disoit assez ce 
                     que sa bouche n’exprimoit pas : la Princesse en
                     
                     
                     
                     46
                     
                     
                     tendoit assez les iustes 
                     reproches que ces soupirs, ces yeux & ces 
                     pleurs luy faisoient ; mais 
                     son cœur estant prevenu pour un autre, elle 
                     s’en alla chez le Roy sans 
                     luy répondre. Ne pouvant la suivre en l’estat 
                     où il estoit, & craignant 
                     de luy déplaire, il demeura quelque temps auprés 
                     d’Hauteville, à qui il fit 
                     des plaintes de la cruauté 
                     de Madame de Beauieu ; 
                     Hauteville estoit au desespoir de les entendre, 
                     
                      
                     
                     47
                     
                     
                     parce que Chaumont qui 
                     estoit caché dans sa 
                     chambre, avoit quelque 
                     chose de plus agreable à 
                     luy dire : enfin la Trimoüille sortit, & elle eut 
                     toute la liberté qu’elle 
                     pouvoit desirer d’écouter 
                     les tendres discours de 
                     son amant, & d’y faire 
                     d'amoureuses réponces.
                  
                  
                  Comme la Princesse 
                     alloit entrer dans la 
                     chambre du Roy, elle 
                     rencontra le Duc d’Orleans, qui connut qu’elle 
                     avoit dessein de luy par
                     
                     48
                     
                     
                     ler dés qu’elle le put ; on 
                     desire un entretien avec 
                     vous, luy dit-elle, souvenez-vous que c’est moy 
                     qui vous en prie ; elle 
                     n’eust que le temps de 
                     luy en marquer l’heure, 
                     parce que le Duc de 
                        Bourbon parut, le Prince n’osant répondre, luy 
                     fit un signe, auquel elle 
                     comprit qu’il ne manqueroit pas de se rendre 
                     chez elle.
                  
                  
                  Il se retira à la veuë du 
                     Duc, & fit chercher 
                     Chaumont pour luy con 
                     
                                
                     
                     49
                     
                     
                     fier ce que la Trimoüille 
                     luy avoit dit, & ce que la 
                     Princesse luy avoit ordonné ; mais il estoit en 
                     partie d’amour comme ie 
                     viens de dire, & il s’y 
                     trouvoit si bien, qu’il y 
                     demeura iusqu’au iour. 
                  
                  
                  Il vint le lendemain 
                     au lever du Prince, qui 
                     voulut sçavoir à quoy il 
                     avoit passé la nuit, il voulut cacher son bonheur, 
                     sous pretexte d’avoir esté 
                     occupé par des soins pressans qui demandoient de 
                     la diligence & de l’appli
                     
                      
                     
                     
                     
                     50
                     
                     
                     cation. Le Prince qui 
                     avoit envoyé chez luy 
                     afin qu’on put le trouver, 
                     soupçonna d’abord une 
                     partie de la verité. Ces 
                     soins, luy dit-il en soûrians, qui vous ont si fort 
                     occupé, & ausquels vous 
                     avez tant apporté de diligence & d’application, 
                     sont sans doute des soins 
                     d’amour, pourquoy me 
                     les cachez vous, tous mes 
                     secrets vous sont connus. 
                     & il me semble que ie 
                     merite bien que vous ne 
                     m’en fassiez pas.
                  
                  
                  
                  51
                  
                  
                  
                  
                  Quoy que Chaumont 
                     fut amoureux, il ne put 
                     estre discret, il luy apprit 
                     donc toutes les particularitez de son avanture, 
                     & il n’oublia pas la moindre circonstance de ses 
                     plaisirs & de son bonheur.
                  
                  
                  Et par tout ce qu’il luy 
                     dit, il luy redoubla la 
                     cruauté de ses peines. 
                     Helas! ie serois peut-estre 
                     heureux comme vous, 
                     répondit-il à Chaumont, 
                     si ie n’avois point esté 
                     trahy, l’ingrate que i’ai
                     
                     
                     
                     52
                     
                     
                     mois tant, & qui m’aimoit si bien m’abandonne, devient sensible pour 
                     un autre, & me voit malheureux sans avoir pitié 
                     de mes souffrances : ha ! 
                     Chaumont, ie iure que 
                     ie ne la verray iamais. Ne 
                     faites point de serment, 
                     luy répondit-il, on ne 
                     sçait ce qui peut arriver, 
                     & si vous veniez à vous 
                     r’accommoder, vous auriez peut-estre regret d’avoir iuré. Les tristes & les 
                     douloureuses pensées que 
                     le bonheur de son confi
                     
                     53
                     
                     
                     dant avoient renouvellées à ce Prince, l’entretinrent la plus grande 
                     partie du iour, & l’heure 
                     estant venuë où il devoit 
                     se rendre chez Madame 
                        de Beauieu, il entra dans 
                     la chambre de Madame 
                     de Candale, croyant entrer dans celle de la Princesse, la veuë d’une personne qu’il avoit si tendrement aimé, & qu’il 
                     aimoit encore avec tant 
                     de violence, quoy que 
                     son dépit l’empéchast de 
                     le connoistre, remit dans 
                     
                     
                     
                     
                     
                     54
                     
                     
                     son cœur le desir de se retrouver dans l’heureux 
                     estat où il estoit avant sa 
                     disgrace.
                  
                  
                  La Comtesse fut agreablement surprise d’un retour qu’elle n’osoit plus 
                     esperer, dans ce moment 
                     elle oublia son dépit  & 
                     son orgueil, & les plaintes & les reproches finis 
                     de part & d’autre ; l’amour 
                     sceut bien tost reprendre 
                     la place que de trop iniustes soupçons avoient occupez.
                  
                  
                  Le Prince qui estoit 
                     
                     
                     
                     55
                     
                     
                     sincere, luy avoüa comme 
                     il avoit pris sa chambre 
                     pour celle de Madame de 
                        Beauieu, qui selon toutes les apparences vouloit 
                     luy parler de la passion 
                     qu’elle avoit pour luy, 
                     Madame de Candale qui 
                     ne l’estoit pas moins, luy 
                     dit les persecutions amoureuses que le Duc de 
                        Bourbon luy faisoit, & 
                     que ne pouvant plus en 
                     souffrir, elle l’avoit menacé de se plaindre à la 
                     Princesse, elle y adioûta 
                     que pour toute grace il 
                     
                     
                     
                     
                     
                     56
                     
                     
                     l’avoit suppliée de luy accorder un entretien, & 
                     que craignans de l’irriter 
                     à cause de son credit, elle 
                     n’avoit pu le luy refuser. 
                     A peine achevoit-elle ces 
                     paroles que le Duc entra, 
                     parce que c’estoit l’heure 
                     que la Comtesse luy avoit 
                     marqué pour luy donner son audiance de congé ; il tira de la veuë du 
                     Prince un mauvais augure pour son amour, & ne 
                     douta point que son rival ne fust heureux.
                  
                  
                  La Comtesse qui vou
                     
                     57
                     
                     
                     loit ôter iusqu’aux moindres soupçons qui eussent 
                     pu demeurer dans le 
                     cœur de son amant, luy 
                     fit bien connoistre qu’elle n’avoit iamais aimé le Duc, à qui elle eust 
                     la cruauté de dire, vous 
                     ne m’avez pas voulu croire lors que ie vous asseurois qu’en continuant à 
                     m’aimer, vous continuiez 
                     à vous faire haïr, cependant ce malheur là vous 
                     est arrivé, ce n’est pas 
                     ma faute, c’est la vostre.
                  
                  
                  Le Duc cruellement ir
                     
                     58
                     
                     
                     rité d’un si sensible outrage, & encore à la veuë 
                     du Prince, n’ayant pas 
                     assez de force pour le soutenir tranquillement, sortit plus malheureux qu’il 
                     n’estoit entré.
                  
                  
                   Depuis le iour que le 
                     dépit du Duc d’Orleans3 
                     l’avoit contraint d’essayer 
                     de plaire à Madame de 
                        Beauieu, & qu’il avoit 
                     esté assez malheureux 
                     pour y avoir reüssi, elle 
                     se flatoit d’avoir touché            
                     son cœur, il l’avoit regardée comme on regar
                     
                     59
                     
                     
                     de lors qu’on trouve une 
                     personne aimable, & il 
                     avoit parlé comme on 
                     parle quand on commence d’aimer ; elle prenoit méme son respect 
                     comme une marque d’un 
                     grand amour, & enfin 
                     elle n’estoit guere plus 
                     persuadée de sa beauté, 
                     qu’elle l’estoit de la passion qu’il avoit pour elle. 
                     Ce Prince n’avoit pu 
                     s’expliquer entierement 
                     dans l’entretien qu’il eut 
                     avec elle, en presence du 
                     Duc & de la Comtesse de 
                     
                     
                     
                     60
                     
                     
                     Candale, comme elle 
                     estoit impatiente & tendre, elle osa plus qu’il 
                     n’avoit osé, & ce fut dans 
                     le dessein de luy découvrir les progrez amoureux qu’il avoit fait dans 
                     son ame, qu’elle luy ordonna de se rendre le 
                     lendemain dans sa chambre, son amour l’empéchoit d’attendre la venuë 
                     de ce Prince avec tranquilité, mais elle l’attendit long-temps. Madame de Candale plus 
                     heureuse, plus aimable 
                     
                     
                     
                     61
                     
                     
                     & plus aimée aussi, trouvoit dans le plaisir du 
                     r’accommodement, une 
                     douceur qu’il faut avoir 
                     éprouvée, pour l’exprimer aussi tendre qu’elle 
                     estoit, son amant partageoit tout cela avec elle, 
                     & content de l’estat où 
                     il estoit, comment n’auroit-il pas oublié Madame de Beauieu, puis qu’à 
                     peine il se souvenoit de 
                     luy-méme. Cependant 
                     la Comtesse pria le Prince qu’il feignit de l’aimer, 
                     afin de conserver plus 
                     
                     
                     
                     62
                     
                     
                     seurement sous cette 
                     feinte, les biens qu’ils 
                     recevoient de leur passion, il se deffendit si 
                     tendrement du personnage, qu’on vouloit l’obliger de faire, qu’on ne 
                     luy ordonnoit plus rien 
                     que d’estre fidelle, lors 
                     que Hauteville entra, 
                     qui estoit comme i’ay 
                     desia dit confidante de la 
                     Princesse, qui l’envoyoit  
                     sous un faux pretexte, 
                     pour découvrir si le Prince n’estoit pas dans sa 
                     chambre, elle l’y trouva 
                     
                     
                     
                     63
                     
                     
                     donc, & luy raporta fidellement ce qu’elle avoit veu ; dans le premier transport qu’elle 
                     eust, son ressentiment 
                     luy fit prendre de cruelle 
                     resolutions contre luy, 
                     mais l’amour les rompit, 
                     Madame de Candale qui 
                     craignoit d’irriter Madame de Beauieu, & qui 
                     apprehendoit aussi que 
                     sa colere ne tombast sur 
                     son amant, obtint de luy 
                     avec bien de la peine, 
                     qu’il s’en iroit chez elle. 
                     Le Prince s’y étant rendu, 
                     
                     
                     
                     64
                     
                     
                     ne vit en elle que de la 
                     ioye, tant elle sçavoit 
                     bien dissimuler. Aprés de 
                     legeres plaintes, sur la 
                     negligence qu’il avoit eu, 
                     elle luy fit adroitement 
                     souvenir du discours 
                     qu’il luy avoit tenu, ie 
                     ne vous entens pas encore Madame, luy dit-il, 
                     mais pour peu qu’il vous 
                     plaise de continuer, ie 
                     répondray sans doute de 
                     la maniere que vous desirez que ie réponde, i’avois toûiours bien cru, 
                     repartit-elle, que vous 
                     
                      
                     
                          
                     
                     65
                     
                     
                     parleriez comme vous 
                     faites, mais malgré cette 
                     creance, mon cœur doute encore, il craint tout ; 
                     ostez luy donc ses craintes, puis que vous le pouvez, & ne me laissez pas 
                     plus long-temps dans la 
                     cruelle incertitude où ie 
                     suis. Il comprenoit assez 
                     ce qu’elle vouloit dire, 
                     ses regards, ses paroles, 
                     ses actions, le prioient 
                     d’amour le plus tendrement du monde, mais il 
                     feignoit de ne point entendre tout cela, de peur 
                     
                     
                     
                      
                     
                     
                     
                     66
                     
                     
                     de s’attirer d’autres bontez qu’il n’avoit pas dessein de meriter, & ne 
                     voulant pas aussi faire la 
                     moindre trahison à 
                     Madame de Candale. La 
                     Princesse voyant qu’il ne 
                     répondoit  pas, croyoit 
                     que le trop de passion 
                     l’empéchoit de la remercier de la preference 
                     qu’elle faisoit de luy à 
                     tout autre, mais elle 
                     estoit cruellement trompée. Ce Prince ne sõgeoit 
                     qu’aux moyens de refuser 
                     son amour sans irriter 
                     
                     
                     
                     67
                     
                     
                     son orgueil, il n’estoit 
                     point aisé d’y reüssir, elle 
                     estoit penetrante, adroite, & l’interest de son 
                     cœur y estoit mélé. Cependant il falloit qu’il se 
                     tirast d’un pas si dangereux, & ie ne sçay comment il l’auroit pû faire, 
                     si elle n’avoit aidé à l’en 
                     tirer. Ie me souviens, luy 
                     dit-elle en rougissant, 
                     que vous me parlastes 
                     d’un homme qui se seroit 
                     offert d’estre de moitié 
                     avec moy du plaisir de la 
                     vengeance, & de celuy 
                     
                     
                     
                     
                     
                     68
                     
                     
                     de l’amour, s’il n’avoit 
                     apprehendé quelque refus ; qu’il ose, poursuivit‑elle en se cachant le visage avec une de ses mains, 
                     qu’il parle, & qu’il m’aime, tout cela luy est permis, & si ce n’est pas assez 
                     pour le contẽter, qu’il espere tout de sa passion & 
                     de la mienne. Que la Trimoüille est heureux, Madame, répondit le Prince, & quel plaisir ne recevra-t’il point lors que ie 
                     luy apprendray ce que 
                     vous venez de me dire. 
                     
                     
                     
                     69
                     
                     
                     Ce ne fust pas sans peine 
                     qu’elle cacha le desespoir où elle estoit du mépris de ce Prince, & de 
                     ce qu’il nommoit la Trimoüille, au lieu qu’elle 
                     avoit crû qu’il alloit parler pour luy méme ; mais 
                     enfin elle sceut si bien le 
                     contraindre, que s’il ne 
                     l’eust connuë, iamais il 
                     ne l’eust  soupçonnée de 
                     dissimulation, tant elle 
                     sçavoit parfaitement l’art 
                     de se déguiser aux yeux 
                     des plus clair-voyans. 
                     Vous estes un dangereux 
                     
                     
                     
                     
                     
                     70
                     
                     
                     confidant, luy répondit‑elle, & ie ne vous aurois 
                     iamais choisi pour cét office, ie me plaindray à la 
                        Trimoüille de son imprudence, il ne devoit 
                     point vous confier son 
                     secret, & il ne pouvoit 
                     plus mal s’adresser qu’à 
                     vous. Le Prince entendoit 
                     tout ce que cela vouloit 
                     dire, sans oser y répondre ; mais comme c’estoit 
                     luy donner lieu de se déclarer davantage, en demeurant interdit  ; ne 
                     condamnez point la Tri 
                        
                        
                        
                        
                        71
                        
                           
                        moüille sans écouter ses 
                     iustifications, Madame, 
                     luy dit-il, il ne m’a point 
                     fait connoistre qu’il vous 
                     aime, ie m’en suis apperceu, peu d’hommes ont 
                     plus de merite que luy, 
                     ie l’estime, & ie suis bien‑aise d’avoir rencontré 
                     une occasion de le servir,  
                     que ie ne m’attendois pas 
                     de trouver. La Princesse, 
                     qui voyoit que ce Prince 
                     continuoit de l’offencer, 
                     sentit cruellement cette 
                     outrage ; on ne refuse 
                     point impunément l’a
                     
                     72
                     
                     
                     mour d’une personne de 
                     cette naissance, quand              
                     on en méprise la beauté, 
                     elle se souvient toûiours 
                     de l’iniure qu’on luy fait, 
                     & ce n’est que rarement 
                     qu’elle pardonne. Pendant cét entretien, la 
                        Trimoüille estoit avec le 
                     Roy, qui regardoit des 
                     Lions & des Tigres qu’on 
                     luy avoit amenez d’Afrique, & qui n’estoient pas 
                     les seuls qu’on devoit luy 
                     envoyer. Le bruit de sa 
                     maladie avoit couru presque dans toutes les par
                     
                     
                     
                     73
                     
                        
                     ties du monde, comme il 
                     estoit puissant & redoutable, il vouloit faire cesser ce bruit, ayant préveu 
                     que son mal dureroit 
                     long-temps, il avoit envoyé en diverses Contrées, tant d’Europe que 
                     d’Afrique & d’Asie, pour 
                     en faire venir ce qu’il y 
                     avoit de plus rare ; il estoit 
                     dans ce Chasteau du 
                     Plessis-les-Tours avec 
                     peu de domestiques, & 
                     beaucoup d’Archers de 
                     sa garde, ausquels il se 
                     confioit, & ayant toû
                     
                      
                     
                     
                     
                     74
                     
                     
                     iours les soupçons dont 
                     i’ay parlé ; mais il y avoit 
                     pourveu en ne laissant 
                     personne dans le Château, desquels il ne fut 
                     asseuré, on ne luy parloit d’aucunes affaires, à 
                     moins que ce ne fust de 
                     celles qui importoient au 
                     repos de l’Estat, ou la 
                     conservation de sa vie, 
                     pour laquelle il faisoit 
                     des choses extraordinaires & inusitées, il punissoit cruellement pour de 
                     legeres fautes, afin d’estre 
                     craint, & de peur de per
                     
                     75
                     
                     
                     dre son autorité, & il se 
                     faisoit enfin plus craindre que ne fit iamais aucun Roy, apprehendant 
                     qu’on ne le crut mort s’il 
                     agissoit autrement, peu 
                     de gens le voyoient, mais 
                     quand on entendoit parler des choses differentes 
                     qu’il ordonnoit, à peine 
                     pouvoit-on croire qu’il 
                     fust malade. Voulant 
                     faire voir ces Tigres & 
                     ces Lions à Madame de 
                        Beauieu, il commanda à 
                     la Trimoüille de la faire 
                     venir, cette commission 
                     
                     
                     
                     
                     
                     76
                     
                     
                     luy estoit dautant plus 
                     agreable, qu’il croyoit 
                     pouvoir luy parler d’une 
                     passion qui ne luy estoit 
                     pas inconnuë, mais qu’elle ne traitoit pas assez 
                     bien pour devoir l’en remercier. La veuë du Prince qu’il ne croyoit point 
                     en ce lieu, luy fit tout 
                     craindre pour son amour, 
                     & il se crut perdu, & par 
                     le merite de son rival, & 
                     par l’inclination de sa 
                     maistresse. Ce qui luy faisoit faire ce iugement, 
                     c’est que le Duc de Bour- 
                     
                     
                     
                     77
                     
                     
                     bon luy avoit appris de 
                     quelle maniere cruelle 
                     Madame de Candale l’avoit sacrifié à ce Prince, 
                     & qu’il estoit d’autant 
                     plus malheureux, qu’il 
                     ne pouvoit point douter 
                     qu’il ne fust aimé d’elle 
                     & de la Princesse. Il luy 
                     dit en suite tant de circonstances, qu’il en fut 
                     aussi persuadé que luy. 
                     Le Duc estoit bien plus 
                     à plaindre qu’il ne pensoit, puis qu’il avoit pour 
                     confidant & pour amy 
                     un homme qui estoit l’a
                     
                     
                     
                     78
                     
                     
                     mant de sa femme, mais 
                     il ne le sçavoit pas, & la 
                        Trimoüille n’avoit garde 
                     de luy en confier le secret.
                  
                  
                  S’estant donc acquité 
                     de ce qu’il avoit à luy dire, il la suivit chez le 
                     Roy, où le Duc d’Orleans la quita pour aller 
                     rendre conte à Madame 
                     de Candale de l’entretien 
                     qu’il venoit d’avoir, elle 
                     eut la ioye de rencontrer 
                     en ce Prince ce qu’elle 
                     avoit desiré d’y trouver, 
                     & Chaumont qui arriva 
                     
                     
                     
                     79
                     
                     
                     fut témoin d’une partie 
                     de ce qu’ils se dirent, pour 
                     s’asseurer que leur passion 
                     ne finiroit iamais.
                  
                  
                  Quoy que Madame de 
                        Beauieu eust resolu de se 
                     vanger du mépris qu’elle 
                     avoit remarqué dans ce 
                     Prince, elle prenoit souvent des resolutions toutes contraires à la vengeance ; on ne se défait 
                     point de l’amour quand 
                     on veut, & tant qu’il est 
                     le maistre d’un cœur, tout 
                     ce qui s’y passe, tout ce 
                     qui s’y fait, n’est que sous 
                     
                     
                     
                     
                     
                     80
                     
                     
                     son bon plaisir. La Tri 
                        moüille ne la trouva 
                     donc pas dans une disposition favorable à l’écouter, elle faisoit semblant 
                     de regarder les Lions, elle estoit auprés du Roy, 
                     & il ne pouvoit luy parler. Cependant elle révoit profondement, & 
                     ce qu’elle pensoit l’occupoit si fort, qu’à peine 
                     voyoit elle les obiets sur 
                     lesquels ses yeux estoient 
                     attachez ; mais enfin satisfaite des moyens qu’elle avoit imaginez, ou 
                     
                     
                     
                     81
                     
                     
                     pour se faire aimer, ou 
                     pour perdre sa rivale dans 
                     le cœur du Prince, elle 
                     appella La Trimoüille, 
                     luy parla long temps, & 
                     luy fit iuger qu’un si 
                     grand & si prompt changement ne se faisoit 
                     point, sans que l’amour 
                     en fust la cause. Depuis ce 
                     iour il n’eut point à se  
                     plaindre, & si elle ne l’aimoit, elle fit semblant 
                     de l’aimer ; sur de si douces apparences il se laissa 
                     tromper, il voyoit de belles choses, il desiroit d’en 
                     
                     
                     
                     82
                     
                     
                     estre le maistre, & on 
                     luy faisoit esperer que 
                     son bonheur passeroit son 
                     esperance. En sa place qui 
                     n’eust cru estre heureux, 
                     & qui n’eust pas pensé 
                     comme luy qu’il estoit 
                     le plus aimé de tous les 
                     hommes ; mais elle pensoit tout le contraire de 
                     ce qu’elle luy faisoit voir, 
                     & ce n’estoit que pour le 
                     faire servir à son dessein, 
                     sans qu’il s’en apperceut, 
                     qu’elle le traittoit ainsi. 
                     Elle luy ordonna de cacher si bien sa passion, 
                     
                     
                     
                     83
                     
                      
                     qu’on ne peust la découvrir, de la voir rarement 
                     en public, & de feindre 
                     d’aimer ailleurs, afin 
                     qu’on ne le soupçonnast 
                     point d’intelligence avec 
                     elle, il se deffendit long‑temps comme un amant 
                     delicat, qui ne pouvoit 
                     faire dire à sa bouche ce  
                     que son cœur ne sentoit 
                     pas, mais elle le voulut 
                     absolument, sans luy 
                     nommer encore la personne à laquelle elle pretendoit qu’il s’attachast, 
                     & il fut contraint d’o
                     
                     84
                     
                     
                     beïr, elle ne luy parla 
                     point de la conversation 
                     qu’elle avoit euë avec le 
                     Prince, & pour le mieux 
                     tromper, elle luy fit croire que c’estoit à dessein 
                     de connoistre s’il l’aimoit 
                     assez pour estre ialoux, 
                     qu’elle luy avoit ordonné 
                     de travailler à le mettre 
                     dans ses interests, & 
                     qu’elle luy avoit montré 
                     quelque legere envie d’en 
                     étre aimée. Qu’on est credule quand on aime, & 
                     qu’on croit aisément une 
                     chose qui nous oblige. 
                     
                     
                     
                     85
                     
                      
                     Il crut donc tout ce qu’on 
                     voulut luy faire croire, & 
                     il la remercia des choses 
                     qu’elle avoit faites, desquelles il auroit esté desesperé s’il en avoit appris 
                     la verité ; mais de quelle 
                     maniere pourroit-il la 
                     sçavoir, il est persuadé de 
                     la sincerité de sa maistresse, & quand mesme il ne 
                     le seroit pas, il luy seroit 
                     assez difficile d’estre desabusé.
                  
                  
                  Le Duc d’Orleans n’estoit pas si fort occupé 
                     par son amour, qu’il ne 
                     
                     
                     
                     86
                     
                     
                     pensast aux moyens de 
                     s’agrandir, si la maladie 
                     du Roy continuoit, i’ay 
                     déia dit qu’il pretendoit 
                     à la Regence si le Roy 
                     mouroit, mais Madame 
                        de Beauieu la vouloit, 
                     elle y avoit grande part à 
                     cause de son credit, & de 
                     la confiance que le Roy 
                     avoit en elle ; son dessein 
                     estoit de gagner le Prince, & de luy faire oublier 
                     le soin de sa grandeur 
                     dans les plaisirs d’une 
                     passion amoureuse ; mais 
                     elle n’obtint pas de luy ce 
                     
                     
                     
                     87
                     
                     
                     qu’elle desiroit.
                  
                  
                  Comines qui estoit 
                     Chambelan du Roy, & 
                     qui partageoit sa faveur 
                     avec Madame de Beauieu, avoit toûiours eu 
                     une forte inclination 
                     pour le Duc d’Orleans, 
                     mais il la cachoit au 
                     Roy, & à la Princesse, 
                     de crainte qu’ils n’en 
                     eussent des soupçons, & 
                     que cela ne servit de pretexte à le perdre ou à le 
                     ruiner luy-mesme. La 
                     mort du Roy arrivant, il 
                     vouloit un puissant ap
                     
                     88
                     
                     
                     puy contre la haine de 
                     Madame de Beauieu, & 
                     il n’en trouvoit pas un 
                     plus grand que celuy du 
                     Duc d’Orleans, qui ne 
                     pouvoit aussi estre mieux 
                     servy que du conseil, du 
                     credit & de l’amitié de 
                     Comines. Comme il 
                     avoit eu quelques soupçons que cette Princesse 
                     ne le haïssoit pas, il luy 
                     en avoit souvent parlé ; 
                     mais ce Prince l’ayant 
                     remis plusieurs fois à luy 
                     aprendre ce qu’elle avoit 
                     fait pour le mettre dans 
                     
                     
                     
                     
                     
                     89
                     
                     
                     ses interests, il prit si bien 
                     son temps pendant que 
                     le Roy dormoit, qu’il se 
                     rendit dans la Ville à la 
                     chambre de Chaumont, 
                     où on luy avoit dit que 
                     le Duc d’Orleans estoit. 
                     Luy ayant donc témoigné l’envie qu’il avoit de 
                     sçavoir le secret de son 
                     amour avec Madame de 
                     Candale, qui ne luy étoit 
                     pas aussi inconnu qu’il  
                     pensoit, & tout ce qui 
                     s’estoit passé sur ce suiet 
                     entre la Comtesse, Madame de Beauieu, & luy ; 
                     
                     
                     
                      
                     
                     
                     
                     90
                     
                     
                     le Prince qui craignit de 
                     ne pouvoir aller chez la 
                     Comtesse à l’heure qu’il 
                     avoit promis, le refusa 
                     d’abord ; mais Chaumont 
                     qui sçavoit le suiet de ce 
                     refus, luy ayant dit qu’il 
                     avoit assez de temps pour 
                     satisfaire Comines, avant 
                     que la nuit fût fort avancée, il donna ordre, non 
                     seulement que personne 
                     n’entrast, mais encore de 
                     dire qu’il estoit sorty. 
                     Estant donc en liberté de 
                     dire à Comines ce qu’il 
                     desiroit de sçavoir, il 
                     luy parla ainsi.
                  
                  
                  
                  91
                  
                  
                  
                  
                  
                  Bandeau. HISTOIRE de Madame de Beauieu, de Madame de Candale, & du Duc d’Orleans.
ON arrive quelque‑fois à la fin que 
                        l’on s’est proposée, quelque difficulté qu’on aye 
                        rencontré d’abord. Madame de Candale sçait 
                        que ce que ie dis est veritable, & vous en serez 
                        
                        
                        
                        
                        
                        92
                        
                        
                        persuadé lors que vous 
                        sçaurez qu’au Mariage de 
                        Monsieur le Dauphin, la 
                        ceremonie estãt achevée, 
                        & parlant avec Madame 
                        de Ravaistin4, qui comme 
                        vous sçavez avoit amené 
                        Madame Marguerite de 
                           Flandres5, elle me montra une ieune personne 
                        blonde, d’un éclat admirable, & d’une beauté 
                        touchante, ie regarday 
                        quelque temps, i’admiray ; mais ie n’aimay pas, 
                        & me tournant en riant 
                        du costé de Madame de 
                        
                        
                        
                        93
                        
                        
                        Ravaistin, mon heure 
                        n’est pas encore venuë, 
                        Madame, luy dis ie, & 
                        comme vous voyez ie l’atens avec assez de tranquillité. Elle viendra sans 
                        doute, me répondit-elle, 
                        & ie me trompe fort si 
                        cette belle personne que 
                        ie vous ay montrée ne 
                        cause un iour quelque 
                        tendre émotion dans ce 
                        cœur si indifferent & si 
                        tranquille. Ie la quitay ; 
                        mais le soir dans l’assemblée, Madame de Ravaistin me redit encore 
                        
                        
                        
                        
                        
                        94
                        
                        
                        les mesmes choses qu’elle m’avoit dit, & ie pense que ie luy fis à peu prés 
                        les mesmes réponces que 
                        ie luy avois faites.
                     
                     
                     Vous devriez avoir 
                        honte, me dit-elle, de 
                        n’estre point plus curieux 
                        & plus empressé, &  ie 
                        vous croy mesme si negligent, que vous ne 
                        vous estes point informé 
                        du nom de cette belle 
                        personne. Luy ayant répondu que ie n’avois eu, 
                        ny la volonté ny le loisir 
                        de le sçavoir, elle m’ap
                        
                        95
                        
                        
                        prit qu’elle s’appelloit 
                        Madame de Candale,  & 
                        que son  mary  estoit    le 
                        plus  ialoux  de  tous  les 
                        hommes.  Dans ce moment elle me vint prendre pour danser, & ie remarquay  qu’elle  rougit, 
                        ie  vous  avouë que i’eus 
                        quelque dépit de ce que  
                        Madame de Ravaistin, 
                        qui estoit  estrangere, 
                        avoit eu plus de curiosité 
                        que  moy  pour  sçavoir 
                        tout cela. À cette seconde veuë ie ne fus pas plus 
                        touché qu’à la premiere, 
                        
                        
                        
                        96
                        
                        
                        & ie me trouvay aussi indifferent que i’avois touiours  esté ; ie n’ay  sceu 
                        que depuis  peu  le  suiet 
                        qui avoit obligé Madame 
                        de Ravaistin à me parler 
                        ainsi ; elle avoit une étroite liaison  avec  Madame 
                           de  Beauieu,  & l’amitié 
                        qui estoit entr’elles, avoit 
                        commencé à Hedin, où 
                        comme vous sçavez cette 
                        Princesse  eut ordre d’aller recevoir Madame 
                           Marguerite  de  Flandre, 
                        qui est à present Madame la Dauphine.6 Long‑
                        
                        
                        
                        97
                        
                        
                        temps auparavant elle 
                        avoit cherché  dans la 
                        plûpart  des  femmes du 
                        Royaume assez de beauté  pour  m’engager,  & 
                        assez d’attachement  à 
                        son  service  pour dépendre absolument de ses volontez ; mais elle n’avoit 
                        encore rien trouvé qui 
                        luy fut propre, que Madame de Candale, qu’elle 
                        iugea telle qu’elle s’estoit 
                        imaginé qu’il falloit estre 
                        pour me  plaire, & pour 
                        ne faire aussi que ce qu’elle luy ordonneroit. Elle 
                        
                        
                        
                         
                        
                        
                        
                        98
                        
                        
                        fit  donc  ingenieusement 
                        pressentir par Madame 
                        de Ravaistin, quel iugement ie faisois de Madame de  Candale, afin de 
                        prendre  des mesures sur 
                        ce que ie répondrois ; mais 
                        elle vit bien qu’il n’estoit 
                        pas aisé  de  me  rendre 
                        amoureux, puis que ie ne 
                        l’estois pas encore.  
                     
                     
                     Madame  de  Candale 
                        qui estoit dans une de ses 
                        Terres auprés de Loche, 
                        vint à  Amboise, de là à 
                        Tours avec le Comte son 
                        mary, qui avoit quelques 
                        
                        
                        
                        99
                        
                        
                        affaires à terminer avec le 
                        Roy, touchant des prétentions qu’il avoit au 
                        Comté de Foix, la Princesse s’engagea  de  faire 
                        consentir  le  Roy à l’accommodement qu’il demandoit, & la Comtesse 
                        la voyait souvent pour 
                        les interests de son mary. 
                        Estant  un    iour   auprés 
                        d’elle,  après  luy  avoir 
                        donné mille loüanges sur 
                        sa beauté, que Madame 
                        de Candale  luy  rendoit 
                        
                        
                        
                        
                        
                        100
                        
                        
                        avec usure, elle luy découvrit son dessein, & elle la trouva plus prompte 
                        à entreprendre d’en faire 
                        reüssir l’exécution, qu’elle n’avoit pensée. Ie ne 
                        sçay s’il n’y a pas trop de 
                        vanité à un homme de 
                        dire qu’il a esté aimé 
                        d’une des plus belles personnes de France, avant 
                        que d’avoir merité de l’estre ; quoy qu’il en soit, 
                        il est vray que ie pleu à 
                        Madame de Candale, 
                        qu’elle m’aimoit sans que 
                        ie le sceusse, & que mes
                        
                        101
                        
                        
                        me sa tendresse m’étant 
                        connuë, ie ne fis rien de 
                        tout ce que ie devois faire en semblable conioncture. Aussi n’aimois-ie 
                        pas, & i’avois si peu de 
                        penchant à l’amour, que 
                        ie regardois toutes les 
                        Dames avec une indifference qui m’en devoit 
                        faire haïr. Vous sçavez 
                        que ce n’est pas ce qu’elles desirent des hommes, 
                        & que s’il leur estoit permis de choisir, elles prendroient l’amour & laisseroient l’indifference, & 
                        
                        
                        
                        
                        
                        102
                        
                        
                        c’est en quoy ie les trouve de bon goust, & pour 
                        dire la verité, l’un donne 
                        beaucoup plus de plaisir 
                        que l’autre, l’inclination 
                        que Madame de Candale 
                        avoit donc pour moy, fit 
                        qu’elle receut agreablement la proposition de 
                        cette Princesse, à qui elle cacha l’envie qu’elle 
                        avoit de me plaire ; ie ne 
                        sçavois rien de ce dessein,  
                        i’avois seulement appris 
                        que le Comte montroit 
                        souvent de cruels effets 
                        de ialousie à la Comtesse, 
                        
                        
                        
                        103
                        
                        
                        & qu’il l’accusoit d’avoir 
                        un commerce d’amour 
                        avec moy, il se trompoit.
                     
                     
                     Mais les ialoux ont 
                        quelquefois de certains 
                        pressentimens des choses 
                        qui leurs doivent arriver, 
                        ce fut Chaumont qui 
                        m’en avertit. Il ne peut 
                        l’avoir sceu que par Hauteville, interrompit Comines, parce que ie sçay 
                        que le iour que Madame 
                        de Candale se plaignit à 
                        la Princesse des soupçons 
                        de son mary, Hauteville 
                        
                        
                        
                        
                        
                        104
                        
                        
                        estoit dans sa chambre. 
                        Chaumont sourit de ce 
                        que Comines avoit compris si iudicieusement la 
                        verité, & il ne feignit 
                        point de luy avoüer que 
                        cela estoit de la mesme 
                        maniere qu’il l’avoit pensé. Ie me mocquay avec 
                        luy de la ialousie du 
                        Comte, poursuivit le 
                        Prince, & ie parlay comme un homme qui estoit 
                        bien esloigné d’en donner. Chaumont qui n’estoit pas de mesme sentiment que moy, & qui 
                        
                        
                        
                        1077
                        
                        
                        trouvoit des plaisirs dans 
                        l’amour que le repos & la 
                        tranquillité du cœur ne 
                        peuvent donner, s’obstinoit à me dire que ie devois, ou par gloire, ou 
                        par amusement,  ou par 
                        tendresse, aimer quelque 
                        belle personne, & la rendre sensible ; alors qu’il 
                        me parloit ainsi, nous 
                        estions dans le iardin du 
                        Plessis-les-Tours.
                     
                     
                     Et ne croyant point 
                        estre écoutez, mais la 
                        Princesse & Madame de 
                        Candale qui venoient        
                        
                        
                        
                        108
                        
                        
                        prendre le frais que le Soleil leur avoit empéché 
                        de recevoir tout le iour, 
                        entendant du bruit, s’approcherent sans estre apperceuës, & ne perdirent 
                        presque pas un mot de 
                        tout nostre entretien : ie 
                        continuois à me deffendre contre les persécutions de Chaumont, qui 
                        me rapportoit plusieurs 
                        exemples des grands 
                        hommes qui avoient aimé, & à qui l’amour 
                        n’avoit rien fait perdre de 
                        la gloire que la valeur 
                        
                        
                        
                        109
                        
                        
                        leur avoit acquis. Ie puis 
                        vous rendre exemple 
                        par exemple, luy dis-ie, 
                        & ie ne vous en veux citer qu’un seul, & duquel 
                        ie veux profiter ; c’est celuy d’Antoine ce fameux 
                        Romain, qui merita l’estime & l’amitié de Cesar, tant que l’amour ne 
                        toucha point son cœur, 
                        & que le seul desir de la 
                        gloire en fust le maistre. 
                        Iamais on n’eust tant de 
                        reputation que luy, ses 
                        combats, ses victoires, & 
                        mesme ses défaites l’a
                        
                        110
                        
                        
                        voient rendu le plus 
                        grand de tous les hommes ; Auguste tout habile & tout puissant qu’il 
                        estoit, loin d’entreprendre de le détruire, ne 
                        l’eust iamais osé attaquer ; 
                        mais ce que les forces ne 
                        purent, Cleopatre le fit. 
                        Cette voluptueuse Reine 
                        d’Egypte desiroit des 
                        amans, quoy qu’ils pussent luy coûter, elle les 
                        vouloit illustres & du 
                        premier rang de l’Vnivers, & elle payoit de sa 
                        reputation les tendresses 
                        
                        
                        
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                        qu’ils avoient  pour  elle. 
                        Comme elle estoit ingenieuse, belle & galante, 
                        & que son plus grand 
                        soin estoit de plaire, elle 
                        employa si utilement 
                        la douceur de ses regards, 
                        qu’Antoine se crut trop 
                        heureux d’estre regardé ; 
                        enfin elle sceut si bien le 
                        toucher par les endroits 
                        les plus sensibles de son 
                        cœur, qu’elle le rendit 
                        son esclave, il entroit 
                        dans toutes ses passions, 
                        il regloit ses volontez sur 
                        les siennes, il faisoit tout 
                        
                        
                        
                        112
                        
                        
                        son plaisir de sa veuë, de 
                        son entretien & de ces 
                        faveurs, que les amans 
                        appellent mal à propos le 
                        souverain bien, quel 
                        glorieux avantage tirat’il d’un abandonnement 
                        si grand, luy aida-t’elle 
                        par son esprit, par ses tresors & par ses suiets, à 
                        conquerir de nouvelles 
                        Provinces, luy laissat’elle assez de prudence 
                        pour appaiser la revolte 
                        des Royaumes que sa valeur & son merite luy 
                        avoient acquis ; enfin luy 
                        
                        
                        
                        113
                        
                        
                        donna t’elle les moyens 
                        de maintenir son credit, 
                        & de conserver ses amis 
                        dans sa Patrie. Elle ne fit 
                        rien de tout cela, poursuivis-ie, mais pour le recompenser du honteux  
                        sacrifice qu’il luy avoit 
                        fait de sa gloire, elle l’honoroit de ses faveurs, elle 
                        luy faisoit gouster les 
                        plus tendres voluptez 
                        que l’amour puisse imaginer, mais tout cela n’estoit  qu’une repetition 
                        des plaisirs qu'elle avoit  
                        pris autrefois avec Cesar ; 
                        
                        
                        
                        114
                        
                        
                        Antoine le sçavoit, & 
                        cependant il aimoit ; qu’il 
                        estoit peu delicat, qu’il 
                        estoit à plaindre de tant 
                        aimer, & qu’il eust bien 
                        mieux  fait de resister à 
                        Cléopâtre. Qui suivroit 
                        vostre conseil interrompit Chaumont, on n’aimeroit iamais, & l’on 
                        passeroit la vie sans ioye 
                        & sans douceur, mais 
                        heureusement on ne 
                        vous en croit pas, & l’on 
                        se trouve fort bien de son 
                        amour. Antoine se trouva fort mal du sien, re
                        
                        
                        
                        115
                        
                        
                        pris-ie, comme Cléopâtre estoit obligeante & 
                        tendre, elle offroit ses faveurs à qui en vouloient, 
                        il ne tint qu’à Herodes 
                        Roy des Iuifs, d’en recevoir d’aussi grandes 
                        qu’Antoine en avoit receu ; & elle pria d’amour 
                        aussi Artabase Roy d’Armenie8, & ils eurent tous 
                        deux l’incivilité de refuser une si belle conqueste. 
                        Il n’y a pas trop de quoy 
                        s’en estonner, interrompit Chaumont, c’estoient 
                        des Barbares qui ne sça
                        
                         
                        
                        
                        
                        116
                        
                        
                        voient pas vivre. Elle se 
                        vengea cruellement du 
                        mépris de l’Armenien, 
                        poursuivis-ie, & ce qu’il 
                        y eust de plus honteux 
                        pour Antoine dans cette 
                        vengeance, c’est qu’il fut 
                        l’instrument dont elle se 
                        servit pour arrester Artabase, à qui elle fit couper la teste, parce qu’il 
                        n’avoit pas voulu répondre à sa passion. Aprés de 
                        si grandes marques d’un 
                        si violent amour, qui 
                        n’eust cru qu’il estoit le 
                        plus aimé de tous les 
                        
                        
                        
                        117
                        
                        
                        hommes, cependant cela 
                        n’estoit pas, elle avoit 
                        dessein sur le cœur d’Auguste, qui armoit contre 
                        Antoine ; elle eut intelligence avec luy par un 
                        de ses Afranchis qu’il luy 
                        envoya pour la mieux 
                        tromper, & fit servir les 
                        mesures qu’il avoit prises 
                        avec elle, pour ruiner 
                        Antoine avec plus de 
                        seureté ; cette artificieuse 
                        & cruelle Egyptienne 
                        voyant qu’Auguste étoit 
                        prest d’entrer dans Alexandrie, feignit d’estre 
                        
                        
                        
                        
                        
                        118
                        
                        
                        morte, Antoine le crut. 
                        Dans le fort de sa passion, 
                        il avoit esté assez amoureux pour luy promettre 
                        de ne point survivre à sa 
                        perte, si les destins ordonnoient qu’elle arrivast devant la sienne ; & 
                        il fut assez imprudent 
                        pour luy tenir sa promesse 
                        dans le mesme moment 
                        qu’elle vivoit, & qu’elle 
                        adioûtoit des graces 
                        estrangeres aux siennes, 
                        pour estre plus asseurée 
                        de plaire à Auguste, qui 
                        fut trop sage pour se lais
                        
                        119
                        
                        
                        ser prendre à ses charmes. 
                        Elle ne put pardonner à 
                        sa beauté d’avoir manqué 
                        de faire un esclave du 
                        maistre du monde, peu 
                        de iours aprés elle s’en 
                        vengea sur elle mesme, 
                        voulant que toute la terre crut qu’elle n’avoit eu 
                        d’autre dessein que celuy 
                        de suivre Antoine, mais 
                        on n’estoit que trop persuadé, que le dépit de 
                        n’avoir pu se faire aimer 
                        d’Auguste, luy avoit fait 
                        chercher les moyens de 
                        mourir. Chaumont es
                        
                        
                        
                        120
                        
                        
                        fayoit d’afoiblir l’autorité de cette exemple par 
                        mille raisons, ausquelles 
                        ie ne pouvois me rendre. 
                        Madame de Beauieu & la 
                        Comtesse écoutoient attentivement, & remarquant que nous nous 
                        estions éloignez, elles ne voulurent point 
                        nous suivre, & elles allerent se reposer sur un siege de Gazon qui estoit à 
                        vingt pas de l’endroit où 
                        elles estoient. La Princesse instruisoit Madame 
                        de Candale de tout ce 
                        
                        
                        
                        121
                        
                        
                        qu’elle devoit faire pour 
                        me rendre amoureux, elle y consentoit, parce 
                        que son cœur & ses desirs 
                        le vouloient, mais elle 
                        n’esperoit rien ; Madame 
                           de Beauieu la r’asseuroit, 
                        & en ce temps-là elle 
                        craignoit que la Comtesse ne se lassast de ne 
                        me pouvoir attendrir, 
                        ignorant encore les sentimens qu’elle avoit pour 
                        moy. Le Duc de Bourbon s’estoit trouvé plus 
                        sensible, & quoy que son 
                        amour n’eust esté connu 
                        
                           L'empreinte de la Bibliothèque de l'Arsenal.
                           
                        
                        
                        
                        122
                        
                        
                        que long-temps depuis, 
                        il prit la resolution de se 
                        faire aimer de Madame 
                        de Candale. L’entreprise est difficile quand il 
                        s’agit de destruire un rival aimé ; il est vray que 
                        ie n’estois pas si à craindre, que si i’eusse eu autant de passion que la 
                        Comtesse : mais l’inclination qui combat contre un merite qu’on n’estime pas, est presque toûiours seure de vaincre, 
                        iusqu’icy l’experience de 
                        cette verité est toute à 
                        
                        
                        
                        
                        
                        123
                        
                        
                        mon avantage, i’ay eu 
                        des craintes, des soupçons, i’ay esté ialoux ; 
                        mais on ma fait connoistre avec tant de bontez, 
                        que i’avois tort de conserver ces sentimens, que 
                        i’ay promis de m’en défaire, & peut-estre serayie assez heureux pour tenir ma promesse.
                     
                     
                     Le Comte de Candale 
                        qui observoit la conduite 
                        de sa femme, n’y auroit 
                        rien trouvé de contraire 
                        à la vertu, si sa ialousie 
                        luy eut laissé libre l’entier 
                        
                        
                        
                         
                        
                        
                        
                        
                        124
                        
                        
                        usage de sa raison ; mais 
                        malheureusement il ne 
                        voyait que ce qu’elle luy 
                        faisoit voir, & il soupçonnoit les moindres regards 
                        & les moindres actions 
                        de la Comtesse. Pour 
                        moy i’estois heureux, si 
                        l’on peut l’estre en n’aimant rien, & n’avois 
                        d’autres pensées que celles d’acquerir de la gloire 
                        & de la reputation, ie 
                        n’avois d’autre dessein 
                        que celuy là, & l’on ne 
                        pouvoit me donner un 
                        plus grand plaisir, que de 
                        
                        
                        
                        125
                        
                        
                        me faire esperer que ie 
                        rencontreray bien-tost 
                        dans la guerre de quoy 
                        contenter mon ambition.
                     
                     
                     I’estois un iour dans 
                        cét agreable iardin qui est 
                        sur le bord de la Loire, 
                        & i’y estois seul & sans 
                        dessein que de le traverser pour aller monter sur 
                        mes chevaux, qui m’attendoient de l’autre costé, lors que i’entendis 
                        une voix que ie crus connoistre ; en m’approchant 
                        ie trouvay à mes pieds 
                        
                        
                        
                        
                        
                        126
                        
                        
                        une boëte à portrait, que 
                        ie n’eus seulement pas la 
                        curiosité d’ouvrir, le 
                        bruit & les cris redoublans, ie courus vers l’endroit où ie iugeois qu’il 
                        devoit partir, & ie vis un 
                        homme, que ie ne connus 
                        point d’abord, qui tenoit 
                        Madame de Candale, & 
                        qui estoit prest de la ietter dans la riviere ; cét obiet m’inspira de la compassion pour la Comtesse, & de la colere & du 
                        mépris pour le Comte,  
                        que ie reconnus. Comme 
                        
                        
                        
                        127
                        
                        
                        il ne pouvoit s’oster de l’imagination qu’elle luy 
                        estoit infidelle, il l’avoit 
                        suivy dans ce iardin,  
                        croyant qu’il y trouveroit la cause de ses soupçons, & m’ayant en suite 
                        veu entrer un moment 
                        aprés, il ne douta plus 
                        de sa trahison. N’en 
                        croyant donc que son ressentiment & sa ialousie, 
                        il luy avoit reproché l’amour qu’elle avoit pour 
                        moy, & l’ayant traitée 
                        avec une violence trescruelle, l’auroit sans dou
                        
                        
                        
                        128
                        
                        
                        te noyée, si mon bonheur & celuy de Madame 
                        de Candale ne m’avoit 
                        fait arriver assez à temps 
                        pour la sauver, le Comte 
                        paslit à ma veuë, & ce ne 
                        fut pas sans peine que ie 
                        luy fis quiter prise, la 
                        Comtesse estoit venu 
                        dans le iardin en habit 
                        negligé, & la furie du 
                        Comte qui s’estoit portée 
                        sur tout ce qu’elle avoit 
                        trouvé de plus propre à 
                        la satisfaire, avoit aidé à 
                        me faire remarquer dans 
                        cette negligence & dans 
                        
                        
                        
                        129
                        
                        
                        ce desordre, des beautez 
                        qui m’estoient inconnuës, & que ie ne 
                        croyois pas aussi touchantes qu’elles estoient ; 
                        ie tiray donc de mes yeux 
                        mille plaisirs que ie ne 
                        m’attendois pas de recevoir, mais ces plaisirs 
                        n’alloient pas iusqu’à 
                        mon cœur, & ie pense 
                        que si i’eusse bien examiné ce qui m’obligeoit à 
                        regarder avec un si grand 
                        attachement, ie n’aurois 
                        pu en bien dire la cause. 
                        Ce que ie sçay, c’est que 
                        
                        
                        
                        
                        
                        130
                        
                        
                        ie ne desoirois rien que 
                        d’arracher Madame de 
                        Candale des bras de son 
                        mary. Au cry qu’elle avoit 
                        fait, plusieurs gens qui 
                        estoient dans le iardin 
                        vinrent au secours ; elle 
                        me pria les larmes aux 
                        yeux, que ie ne l’abandonnasse point, & ie la 
                        remis entre les mains de 
                        Madame de Beauieu, qui 
                        se plaignit au Comte de 
                        sa violence, luy reprocha 
                        son iniuste ialousie, & 
                        luy defendit d’en montrer iamais aucune mar
                        
                        131
                        
                        
                        que, puis qu’il n’en avoit 
                        aucun suiet, & luy dit 
                        qu’elle vouloit faire loger la Comtesse auprés 
                        de son appartement. Il 
                        ny consentit pas sans s’en 
                        murmurer, mais enfin il 
                        fut contraint de s’y resoudre ; dés ce méme iour 
                        elle fit trouver bon au 
                        Roy que Madame de 
                        Candale eut un logement 
                        dans le Château, la Princesse qui n’avoit point  
                        sceu la cause de l’accident qui venoit d’arriver, 
                        & qui vouloit aussi sça
                        
                        132
                        
                        
                        voir ce qui l’avoit obligé 
                        de s’en aller di si bonne 
                        heure dans le iardin, luy 
                        fit connoistre qu’elle desiroit de l’apprendre. I’estois hier au soir dans ce 
                        iardin, Madame, répondit-elle, & comme ie 
                        pensois aux instructions 
                        que vous me donniez 
                        pour me faire aimer du 
                        Prince, ie ne me suis apperceu que ce matin de la 
                        perte de mon portrait ; 
                        d’abord sans faire reflexion à ce qu’on pourroit 
                        dire si l’on me trouvoit 
                        
                        
                        
                        133
                        
                        
                        seule dans ce iardin, dés 
                        que i’ay esté en estat de 
                        sortir, i’y suis allée, 
                        n’ayant qu’une fille avec 
                        moy, qui s’est enfuye. 
                        Voyant la colere où estoit 
                        mon mary, i’apprehendois qu’il ne s’imaginast 
                        que ie ne l’eusse donné, il 
                        croit si fortement que 
                        i’aime le Prince, & que 
                        i’en suis aimée, que tout 
                        ce que i’ay pu dire & tout 
                        ce que i’ay pu faire, n’a 
                        iamais sceu luy persuader 
                        le tort qu’il avoit d’estre 
                        ialoux : ie craignois donc 
                        
                        
                        
                        134
                        
                        
                        que ce portrait ne l’augmentast encore, & comme ie voulois éviter ces 
                        reproches, ie l’ay cherché dans les endroits méme où il ne pouvoit pas 
                        estre ; mais i’ay esté assez 
                        malheureuse pour ne le 
                        pas trouver. Ainsi, poursuivit-elle en pleurant, 
                        ie suis encore plus cruellement exposée à la furie 
                        du Comte, si vous ne me 
                        protegez contre sa violence. La Princesse avoit 
                        un trop grand interest 
                        qu’elle ne fust point sous 
                        
                        
                        
                        135
                        
                        
                        le pouvoir de son mary, 
                        pour ne la pas garantir 
                        des outrages qu’il eust pu 
                        luy faire ; mais comme 
                        elle la solicitoit souvent 
                        de me donner de l’amour, 
                        & que mon indifference 
                        l’empéchoit de me rendre sensible ; vous voyez 
                        que ie vous accorde ma 
                        protection,  luy dit-elle, 
                        & que vous estes en seureté contre ce que vous 
                        pourriez craindre de vostre mary, mais il faut 
                        que vous travaillez à me 
                        servir avec plus de soin 
                        
                        
                        
                        136
                        
                        
                        & de complaisance que 
                        vous n’avez fait, ie 
                        commence à me lasser 
                        que vous ne soyez pas 
                        encor aimée du Duc d’Orleans. Helas, peut-estre, 
                        n’est ce pas tant ma faute 
                        que vous pensez, Madame, répondit-elle, ie 
                        vous asseure que c’est la 
                        sienne, ie le regarde lors 
                        que ie puis le regarder, il 
                        me semble que ie luy parle plus souvent qu’à tout 
                        autre : mais le cruel qu’il 
                        est, ne remarque rien de 
                        tout ce que ie faits d’obli
                        
                        137
                        
                        
                        geant pour luy. Changez 
                        de conduite, interrompit 
                        la Princesse, ou ie changeray de sentimens pour 
                        vous, & ie vous abandonneray à la cruauté de 
                        vostre mary, si dans huit 
                        iours vous ne faites naître une violente passion dans le cœur du 
                        Prince. I’entray dans ce 
                        moment, & ie remarquay 
                        que Madame de Beauieu 
                        estoit en colere, & que la 
                        Comtesse estoit resveuse, 
                        triste, & pleine d’inquietude, m’ayant dit la perte 
                        
                        
                        
                        138
                        
                          
                        qu’elle avoit faite dans le 
                        iardin, ie me souvins du 
                        portrait, ie le tiray de ma 
                        poche, & luy demanday, 
                        en le luy presentant, si ce 
                        n’estoit pas le sien, elle le 
                        reconnut d’abord ; la Princesse se retira contre une 
                        fenestre, feignant de lire 
                        une Lettre qu’elle venoit 
                        de recevoir, mais c’estoit 
                        pour nous laisser en liberté de nous entretenir ; luy 
                        ayant donc rendu son 
                        portrait, elle me dit peu 
                        de chose, mais iamais ie 
                        n’entendis rien de si tou
                        
                        
                        
                        139
                        
                        
                        chant ny de si tendre. 
                        Comme elle vit que ie 
                        resistois à cela, elle m’offrit son portrait, & i’eus 
                        le mesme empressement 
                        à le refuser, que ie devois 
                        avoir eu à le demander. 
                        Que ce cruel refus, me dit‑elle tristement, me fera 
                        souffrir de peine, & que 
                        ie seray malheureuse, si 
                        vous continuez de me 
                        traiter de la maniere que 
                        vous faites. Ie ne répondois point à ces plaintes, 
                        & voyant que ie m’estois 
                        retiré, il ne m’aimera ia
                        
                         
                        
                        
                        
                        140
                        
                          
                        mais, Madame, dit-elle 
                        à la Princesse, i’aime encore mieux estre livrée à 
                        toute la colere d’un mary 
                        qui m’aime, que d’estre 
                        exposée au mépris d’un 
                        homme que ie ne devrois 
                        pas aimer, puis qu’il me 
                        me hait encore malgré ce 
                        que ie fais pour luy. 
                        Alors elle luy redisoit ce 
                        qui s’estoit passé entre 
                        nous, Madame de Beau 
                           ieu la consoloit de son 
                        malheur, & luy faisoit 
                        esperer que mon insensibilité ne dureroit pas toû
                        
                        141
                        
                        
                        iours. Le Duc de Bourbon 
                        ne pouvoit assez remercier sa bonne fortune de 
                        l’occasion qu’elle lui donnoit, de voir Madame de 
                        Cãdale plus aisémẽt qu’il 
                        n’auroit pû faire dans la 
                        Ville, pendant que le Cõte ialoux & desesperé ne 
                        sçavoit à quoy se resoudre. Il estoit plus à plaindre qu’il n’avoit encore 
                        esté, on ne luy permettoit 
                        que rarement de voir la 
                        Comtesse, & ses soupçons 
                        augmentant  à  tous momens, il doutoit plus que 
                        
                        
                        
                        
                        
                        142
                        
                         
                        iamais de la vertu de sa 
                        femme, il s’adressa au Duc 
                        pour luy demander iustice de la violence qu’il pretendoit que Madame de 
                           Beauieu luy avoit faite,   
                        & le supplia d’employer 
                        son pouvoir afin qu’elle 
                        fust remise entre ses 
                        mains. Ce n’estoit pas 
                        l’intention du Duc, mais 
                        voulant menager la bizarrerie du Comte, s’il 
                        ne s’engagea pas à le satisfaire, il ne luy fit pas 
                        aussi perdre l’esperance 
                        d’obtenir ce qu’il deman
                        
                        143
                        
                        
                        doit. Estant prest de me 
                        coucher, ie redis à Chaumont tout ce qui m’estoit 
                        arrivé : il ne put entendre 
                        sans colere, avec quelle 
                        méprisante manière i’avois refusé la tendresse de 
                        Madame de Candale, & 
                        avec quelle cruauté i’avois dédaigné le portrait 
                        qu’elle m’avoit offert avec 
                        tant de bonté. Vous ne 
                        meritez point le bonheur que vous avez, 
                        me dit-il fierement, & 
                        quand on peut estre aussi 
                        insensible à l’amour que 
                        
                        
                        
                        
                        
                        144
                        
                         
                        vous estes, on n'est gueres touché de l'amitié, 
                        & on a peu de reconnoissances des longs 
                        services. Ie romps donc 
                        l'attachement que i'avois 
                        pour vous, & vous ne me 
                        reverrez iamais dans les 
                        mesmes sentimens où 
                        vous m'avez vû, que vous 
                        ne deveniez le plus tendre & le plus amoureux 
                        de tous les hommes. 
                        Chaumont me quitta 
                        brusquement, ce fut en 
                        vain que ie le fis rapeller, 
                        il ne voulut point reve
                        
                        145
                        
                        
                        nir, il fuyoit les occasions 
                        de me parler, il ne venoit 
                        plus chez moy, & on s'aperçeut de la mesintelligence qu'il y avoit entre 
                        nous. Comme ie connoissois son merite, son esprit 
                        & sa probité, son procedé m'avoit surpris, i'étois irrité contre luy, & 
                        il me sembloit que i'avois 
                        du dépit de ce que ie ne 
                        l'estois pas davantage. 
                        Diray-ie à Comines, 
                        poursuivit le Duc d'Orleans9 en parlant à Chaumont que vous estes 
                        
                        
                        
                        146
                        
                         
                        amoureux. Ie sçay il y a 
                        desia long-temps ce que 
                        vous pourriez m'apprendre, interrompit Comines, & pour vous montrer que ie ne suis pas si 
                        ignorant que vous pensez, n'est-il pas vray, dit‑il à Chaumont, que Hauteville vous aime, que la 
                        Princesse n'en sçait rien, 
                        & que depuis deux iours 
                        vous estes broüillé avec 
                        elle, parce que vous estes 
                        devenu ialoux de Pontdormis10. On se defend mal 
                        de dire la verité, lors qu'on  
                        
                        
                        
                        
                        
                        147
                        
                        
                        ne fait que rougir & se 
                        taire, poursuivit-il, & 
                        si vous m'en croyez, 
                        vous tomberez d'accord 
                        que ce que ie dis est veritable, aussi bien n'en croiray-ie pas moins quand 
                        vous ne l'avoüerez pas. 
                        Chaumont ne put donc 
                        s'empescher de parler de 
                        la maniere qu'on vouloit  
                        qu'il le fist, & comme on 
                        a tousiours une extréme 
                        impatience pour tout ce 
                        qui touche nostre amour,  
                        il pria Comines de luy 
                        apprendre de ce qu'il avoit 
                        
                        
                        
                         
                        
                        
                        
                        148
                        
                         
                        sceu les particularitez 
                        qu'il venoit dire : mais 
                        Comines qui desiroit entendre la suite de l'histoire du Duc d'Orleans, remit à un autre iour à luy 
                        donner la satisfaction 
                        qu'il vouloit avoir, & suplia le Prince de continuer.11 Puis que l'amour 
                        d'Hauteville & de Chaumont ne vous est point 
                        inconnu, poursuivit-il, il 
                        me sera plus aisé de vous 
                        faire comprendre tout ce 
                        que i'ay encore à vous dire : Madame de Beauieu 
                        
                        
                        
                        149
                        
                        
                        vouloit gagner Chaumont qui estoit dans ma 
                        confidence, & remarquant qu'il prenoit plaisir 
                        à voir Hauteville & à luy 
                        parler, elle luy commanda de s'en faire aimer, afin 
                        que si elle ne pouvoit faire reüssir son dessein par 
                        Madame de Candale, elle le fit par le pouvoir que 
                        sa confidente auroit sur 
                        Chaumont. Ie vous ay 
                        prevenu, Madame, luydit-elle, & iugeant que 
                        vous me pourriez faire ce 
                        commandement, ie n'ay 
                        
                        
                        
                        
                        
                        150
                        
                         
                        rien trouvé de difficile 
                        pour vous obeïr ; Chaumont a des soins & des 
                        complaisances pour moy, 
                        que ie ne voy point qu'il 
                        aye pour d'autres. Ie pense qu'il me veut persuader 
                        qu'il est amoureux ; que 
                        vous plaist il que i'en 
                        croye, Madame, continuat'elle ; si ie luy donne de 
                        l'esperance, il voudra estre 
                        aimé ; si ie le méprise, il 
                        s'en ira. La Princesse ne 
                        luy ayant point conseillé 
                        de le maltraiter, elle suivit d'autant plus facile
                        
                        151
                        
                        
                        ment cét avis, que c'estoit 
                        aussi celuy que son cœur  
                        luy avoit desia donné. 
                        Comme Chaumont tenoit sa colere contre  
                        moy, ie gardois mon dépit contre luy, Hauteville fut la premiere qui remarqua ce changement, 
                        elle luy en demanda le suiet : il estoit amoureux, &  
                        il ne pût luy cacher ce 
                        qu'elle desiroit de sçavoir ; 
                        elle en trouva la cause si 
                        singuliere qu'elle en avertit la Princesse, Chaumont y ayant consenty, 
                        
                        
                        
                        
                        
                        152
                        
                         
                        la Comtesse eut aussi part 
                        à ce secret : Madame de 
                           Beauieu la pressoit étrangement ; mais mon indifference la rebutoit, & elle ne sçavoit quelle resolution prendre. Elle ne 
                        luy faisoit point connoître la passion qu'elle avoit 
                        pour moy, & ie n'attribuois qu'à la simple reconnoissance tout ce  
                        qu'elle me disoit, plûtost 
                        que de l'attribuer à l'amour.
                     
                     
                     Deux iours apres, ie 
                        rencontray Madame de 
                        
                        
                        
                        153
                        
                        
                        Cãdale chez la Princesse, 
                        d'abord qu'elle me vit, elle me vint parler : ie sçay le 
                        suiet de vostre querelle 
                        avec Chaumont, me dit‑elle, que ie serois heureuse, si c'étoit par mõ moyen 
                        qu'il se put r'accommoder avec vous. Elle me disoit si tendrement ces paroles, ses yeux estoient attachés avec tant de plaisir sur les miens, & elle 
                        estoit si touchante &  
                        si belle, que ie me suis 
                        mille fois estonné de ce 
                        que ie ne l'avois pas aimé 
                        
                        
                        
                        
                        
                        154
                        
                         
                        plûtost, ie ne sçay ce que 
                        ie luy aurois répondu, si 
                        Madame de Ravaistin qui 
                        entra, n'estoit venuë me 
                        tirer de la peine où i'étois. La conversation devint generale, & selon la 
                        coûtume, on se mit insensiblement à parler d'amour, & l'on examina  
                        lequel estoit le plus 
                        agreable & le plus seur, 
                        de faire sa declaration  
                        soy-mesme, ou de l'écrire. Pour Monsieur d'Orleans, dit malicieusement Madame de Ra
                        
                        155
                        
                        
                        vaistin, en me reprochant 
                        mon indifference, nous 
                        ne luy demanderons 
                        point son sentiment, il 
                        ne connoist cette passion 
                        que sur le raport d'autruy, 
                        & l'on n'en peut bien iuger que par sa propre experience. Ie remarquay 
                        que la Comtesse rougit 
                        du reproche qu'on me 
                        faisoit, & qu'elle disoit 
                        quelque chose tout bas à 
                        Madame de Beauieu, que 
                        ie ne pus entendre. Mais 
                        peu de temps apres, ie 
                        compris ce que ce pou
                        
                        156
                        
                         
                        voit estre, lors qu'ayant  
                        fierement répondu que 
                        ie tombois d'accord de 
                        mon ignorance, & que 
                        iusques icy ie n'avois eu 
                        aucun dessein de faire le 
                        moindre progrez dans 
                        cette science, la Princesse me pressa d'en dire 
                        mon avis. Ie n'ayme pas 
                        encore, luy dis-ie, ie ne 
                        sçay si i'aimeray ; si ce 
                        chãgement arrive, auquel 
                        mon cœur ne s'attend 
                        pas, ma bouche sera la 
                        premiere interprete de 
                        mes sentimens, i'ay ouy 
                        
                        
                        
                        157
                        
                        
                        dire qu'on hazarde beaucoup en parlant ; mais on 
                        m'a fait entendre aussi 
                        qu'on persuade bien 
                        mieux, & que la douceur 
                        des regards, & la tendresse des discours soûtenus du merite de la personne, faisoient touiours une plus forte & 
                        plus prompte impression 
                        dans le cœur, que la Lettre la plus amoureuse ne 
                        sçauroit faire. Quoy que 
                        ie pusse dire à l'avantage 
                        de la parole, tout fut 
                        contre moy, iusqu'à Ma
                        
                        158
                        
                         
                        dame de Candale, qui me 
                        condamna du consentement de Madame de 
                           Beauieu & de Madame 
                        de Ravaistin, à luy mander par écrit mon sentiment sur l'amour. Ie 
                        m'en défendis long‑temps, parce que ie ne  
                        sçavois ce que ie devois 
                        écrire ; mais enfin ie me 
                        resolus à luy donner la 
                        satisfaction qu'elle desiroit, & ie vay vous dire à 
                        peu pres de quelle maniere estoit conçeuë la 
                        Lettre que ie luy en
                        
                        159
                        
                        
                        voyay le lendemain au  
                        matin.
                     Bandeau. LETTRE DV DVC D'ORLEANS A MADAME DE CANDALE.
                        IE n'ignore point comme on écrit une Lettre 
                        indifferente, mais pour celle 
                        que l'amour fait faire, oseray-ie vous le dire, Madame, ie vous avouë que ie ne 
                        
                        
                        
                        160
                        
                         
                        le sçay pas; cependant il me 
                        semble que si i'aimois, & que 
                        ie fusse contraint d'écrire, 
                        voicy de quelle maniere ie le 
                        ferois.
                      
                     
                        Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
                        
                      
                     
                     
                     
                        Que diriez-vous, Madame, si on estoit resolu à 
                        vous faire confidence de l'amour qu'on a pour vous, seriez-vous obligée à celuy qui 
                        vous choisiroit pour l'aimable dépositaire d'un si tendre 
                        secret, ou si vous seriez 
                        faschée qu'il vous apprist  
                        
                        
                        
                        161
                        
                        
                        avec quelques détours respectueux, n'osant pas vous 
                        le montrer d'abord, aussi 
                        sincerement que vous le trouverez veritable dans la 
                        suite.
                      
                     
                        Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
                        
                      
                     
                     
                     
                        Apres cette declaration,  
                        s'il s'agissoit de persuader, ie 
                        me servirois de ces paroles.
                      
                     
                        Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
                        
                      
                     
                     
                     
                        Ie m'empescherois bien, 
                        Madame, de vous propo
                        
                        162
                        
                         
                        ser beaucoup d'amour, si ie 
                        n'estois agreablement persuadé par celuy que ie sens, 
                        qu'osté le plaisir d'estre aimé, 
                        celuy d'aimer est le plus grand 
                        plaisir du monde, & comme 
                        ie suis seul à le gouster, ie me 
                        voudrois mal toute ma vie, 
                        si ie ne vous conseillois pas de 
                        bonne foy de prendre part à la  
                        douceur qu'il donne : soyez 
                        persuadée, s'il vous plaist, 
                        que ce conseil n'est que pour 
                        vous, & si vostre cœur ne 
                        veut pas m'en croire par l'épreuve que i'en fais, ie vous 
                        prie d'en iuger par vostre 
                        
                        
                        
                        
                        
                        163
                        
                        
                        propre experience; apres cela 
                        si ie vous trahis, le mépris 
                        que vous aurez pour moy, 
                        vous sçaura bien vanger de 
                        ma trahison.
                      
                     
                        Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
                        
                      
                     
                     
                     
                           Comme ie n'ay iamais 
                           esté aimé, ie ne puis pas 
                           sçavoir de quelle maniere ie 
                           recevrois la tendresse qu'on 
                           auroit pour moy ; mais ie suis 
                           seur, que mon ardeur & ma 
                           fidelité me conserveroient 
                           longs-temps le cœur, que 
                           mon amour & mes soins 
                        
                        
                        
                         
                        
                        
                        
                        164
                        
                        
                        m'auroient une fois acquis.
                      
                     Apres l'avoir receuë, 
                        elle la lut plus d'une fois, 
                        comme elle m'a depuis 
                        avoüé, & fut en resolution de me faire responce sans rien dire à la Princesse, ny de sa Lettre ny 
                        de la mienne ; mais venant à penser qu'elle l'iriteroit, sans doute, si elle s'apercevoit d'un mistere qui ne le pourroit 
                        estre long temps, dés 
                        qu'elle fut en estat de la 
                        
                        
                        
                        165
                        
                        
                        voir, elle luy montra ce 
                        que i'avois écrit. Quoy 
                        qu'il n'y eust rien qui 
                        dust luy donner la moindre esperance de m'attendrir, la difficulté de 
                        toucher mon cœur, luy 
                        augmenta le desir qu'elle 
                        en avoit, & mesme elle 
                        crut qu'elle y reüssiroit : 
                        & ie ne sçavois pas alors 
                        surquoy elle establissoit 
                        cette creance. Madame de 
                           Beauieu fut contente de 
                        ce que i'avois écrit, & elle 
                        prit pour un commencement d'amour, ce qui 
                        
                        
                        
                        
                        
                        166
                        
                        
                        n'estoit qu'un pur effet 
                        des sentimens qui ne venoient point de mon  
                        cœur. Elle en felicita la 
                        Comtesse, & luy laissa la 
                        liberté de me répondre 
                        selon qu'elle le trouveroit 
                        à propos. Le soir elle me 
                        donna la réponce chez le 
                        Roy, ne s'en fiant qu'à 
                        elle-mesme, ie la mis dans 
                        ma poche, & comme ie ne 
                        m'estois pas souvenu de 
                        regarder le portrait, i'oubliay aussi de lire la Lettre qu'elle avoit montrée 
                        avant que de me l'en
                        
                        167
                        
                        
                        voyer à la Princesse, chez 
                        laquelle ie retournay, suivy de la Trimoüille que 
                        ie soubçonnay de l'aimer. 
                        Dés que Madame de  
                        Candale me vit, elle se 
                        mit à rougir, & plus ie 
                        m'approchois d'elle, &  
                        plus elle s'éloignoit de  
                        moy ; pourquoy me fuiyez-vous, Madame, luy 
                        dis-ie, pourquoy rougissez-vous ; la raison de  
                        tout cela, me répondit‑elle, est dans la Lettre que 
                        ie vous ay écrite. Ie me 
                        souvins alors que ie ne 
                        
                        
                        
                        
                        
                        168
                        
                        
                        l'avois pas luë, ie rougis 
                        à mon tour, ie demeuray interdit, & ie parus 
                        embarassé ; elle expliqua 
                        ma confusion à son avantage, & ie iugeay à propos de ne la point détromper. Cependant 
                        comme ie ne sçavois 
                        point ce qui estoit dans 
                        cette Lettre, ie ne pouvois répondre positivement à ce qu'elle me disoit, ie ne voulois point 
                        aussi qu'elle me crust assez méprisant pour avoir 
                        negligé de voir ce qu'elle  
                        
                        
                        
                        169
                        
                        
                        m'écrivoit. Il dépendoit 
                        de vous de ne le point 
                        faire, Madame, luy dis‑ie, & ie ne m'attendois 
                        pas à une pareille réponce, en estes-vous content : 
                        du moins, interrompitelle, avez-vous fait reflexion sur de certains endroits, où i'ay pris plaisir à exprimer une partie 
                        de ce que mon cœur avoit 
                        à vous dire ; non, sans 
                        doute, vous n'y avez  
                        point pensé ; montrez la 
                        moy, afin que ie vous 
                        fasse connoistre ce que 
                        
                        
                        
                        170
                        
                        
                        vostre indifference vous 
                        empesche de remarquer,  
                        & que ie vous force d'avoüer que vous estes un 
                        ingrat & un cruel, qui ne 
                        meritez point d'estre aimé. Ie me mis en estat de 
                        luy obeïr, mais ie la cherchay vainement, & il me 
                        fut impossible de m'imaginer ce qu'elle pourroit 
                        estre devenuë. La Comtesse, comme i'ay dit, me 
                        l'avoit donnée dans la 
                        Chambre du Roy, où elle avoit suivy Madame 
                           de Beauieu ; le Comte y 
                        
                        
                        
                        
                        
                        171
                        
                        
                        estoit venu dans le moment qu'elles ne faisoient 
                        qu'en sortir. Comme il 
                        vit une Lettre aux pieds 
                        du Duc (qui estoit celle 
                        que i'avois receu de Madame de Candale, & que 
                        i'avois laissée tomber sans 
                        y prendre garde) il la 
                        remit entre ses mains, 
                        croyant que ce fust à luy, 
                        & le Duc de Bourbon ne voulut pas 
                        l'en desabuser, & dés 
                        qu'il fut en liberté de voir 
                        ce que ce pouvoit estre, 
                        il l'ouvrit, & y lut ces 
                        paroles12.
                     
                     
                     
                      
                     
                     
                     
                     
                     172
                     
                     
                     
                     
                     
                  
                  
                  
                        QVe l'on seroit heureuse, si vous mettiez en 
                        usage tout ce que vous dites, 
                        l'on se plaint que toute vostre 
                        éloquence est dans l'esprit : 
                        pourquoy faut-il que vostre 
                        cœur n'en ayt point, il me 
                        semble qu'il parleroit si tendrement s'il vouloit le faire ; 
                        n'y auroit-il point moyen de 
                        l'entendre dire qu'il aime. 
                        Helas ! ie sens bien qu'il ne 
                        le diroit pas tout seul.
                     
                        Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
                        
                      
                     Si la ialousie du Com
                        
                        173
                        
                        
                        te eust esté plus penetrante & plus curieuse, il 
                        n'auroit pas donné cette 
                        Lettre ; mais comme il 
                        ne soupçonnoit point 
                        qu'il dut y estre interessé, 
                        il crut un peu trop legerement qu'elle estoit au 
                        Duc : il n'en connut point 
                        le caractere, & la Trimoüille arrivant, il luy  
                        en fit la confidence, & 
                        luy demanda s'il ne devinoit pas de qui elle estoit, 
                        & à qui elle pouvoit estre 
                        écrite, mais il ne put l'en 
                        éclaircir. Pour moy ne 
                        
                        
                        
                        
                        
                        174
                        
                        
                        l'ayant donc point trouvée où ie pensois qu'elle 
                        fust, ie dis à la Comtesse 
                        que ie l'avois perduë, elle 
                        me fit des reproches sur 
                        ma negligence, & ie vis 
                        bien qu'elle apprehendoit étrangement qu'elle 
                        ne tombast entre les 
                        mains de son mary. Elle 
                        apprit ce malheur à la 
                        Princesse, qui commanda secrettement qu'on 
                        s'informast si l'on ne sçavoit pas ce qu'elle estoit 
                        devenuë.  Cét accident me toucha plus que 
                        
                        
                        
                        175
                        
                        
                        ie ne croyois, i'y parus 
                        sensible, & Madame de 
                        Candale iugea par ma 
                        douleur, que ma dureté 
                        commençoit à diminuer.
                     
                     
                     Ie fis chercher de mon 
                        costé par tout où i'avois 
                        esté, & moy-mesme aussi 
                        i'en pris un soin tres‑exact ; mais on n'avoit 
                        garde de la rencontrer, 
                        puis que le Duc de Bourbon l'avoit : Madame de 
                        Candale ne pouvoit se 
                        consoler de cette perte, 
                        & i'estois au desespoir 
                        de l'avoir causée, mais sa 
                        
                        
                        
                        
                        
                        176
                        
                        
                        beauté & sa tendresse, ne 
                        touchoient mon cœur  
                        d'aucunes de ces douces 
                        émotions de ioye & de 
                        plaisir, qui sont tousiours 
                        les marques d'un amour 
                        naissant. La Princesse 
                        voyant que les soins 
                        qu'elle avoit pris estoient 
                        inutiles, conceut un si 
                        grand chagrin de ce que 
                        la Comtesse n'avoit pû 
                        me rendre amoureux, 
                        qu'elle eut la cruauté de 
                        se resoudre à la remettre 
                        entre les mains de son 
                        mary ; voulant faire reüs
                        
                        177
                        
                        
                        sir d'autres moyens qu'elle avoit imaginez, pour 
                        me mettre dans ses interests : de la maniere 
                        qu'elle agissoit avec Madame de Candale, il n'y 
                        avoit gueres d'apparence 
                        qu'elle me deust aimer, 
                        mais le plus souvent l'amour vient lors qu'on 
                        y pense le moins. Iusques-là, cette passion 
                        n'avoit osé s'attaquer à 
                        elle, & ie ne l'eusse iamais cruë capable de deuenir si tendre, mais sa 
                        vertu la trahit.
                     
                     
                     
                     
                     
                     178
                     
                     
                     
                     
                     Les soupçons du Comte de Candale éveillerent 
                        enfin sa ialousie, qui luy 
                        persuada que c'estoit une 
                        Lettre d'amour qu'il  
                        avoit donnée au Duc. 
                        Pour en estre plus assuré, 
                        il fut le trouver, & luy 
                        demanda si la Lettre qu'il 
                        luy avoit renduë estoit à 
                        luy : le Duc crut ne l'avoir point détrompé ; 
                        mais le Comte sceut bien 
                        remarquer qu'il avoit 
                        d'abord esté interdit, & 
                        qu'il avoit esté quelque 
                        temps à luy répondre, 
                        
                        
                        
                        179
                        
                        
                        comme s'il eust cherché 
                        de quelle maniere il le 
                        devoit faire. Le Comte 
                        qui songeoit tousiours 
                        à sa femme, ne douta 
                        point qu'elle ne l'eust 
                        écrite, comme s'il n'y 
                        avoit eu qu'elle à la Cour, 
                        capable d'aimer & d'écrire : ayant demandé à 
                        Madame de Beauieu qu'il 
                        put la voir en sa presence, 
                        ce qui luy estant accordé, Madame, dit-il à la 
                        Princesse, ie ne suis pas si 
                        iniuste que vous pensez ; 
                        si ie n'aimois pas tant 
                        
                        
                        
                        180
                        
                        
                        cette perfide, continua‑t'il en montrant la Comtesse, ie serois beaucoup 
                        moins ialoux ; mais comme elle blesse, sans doute, 
                        mon honneur par l'endroit le plus sensible où  
                        puisse estre atteint un 
                        honneste homme, on ne 
                        doit point s'estonner si 
                        ie me plains, & si dans les 
                        suiets du desespoir qu'elle 
                        me donne, i'ay esté contraint d'avoir recours aux 
                        moyens les plus cruels 
                        que ma vengeance a pû  
                        inventer. Vous la prote
                        
                        181
                        
                        
                        gez, Madame, mais quand 
                        vous sçaurez que Monsieur le Duc de Bourbon 
                        vous trahit, & que ma 
                        femme a part à cette trahison, ie ne doute point 
                        que vous ne perdiez l'estime que vous avez pour 
                        elle, que vous ne l'abandonniez, & que vous ne 
                        soyez la premiere à me 
                        conseiller de me vanger 
                        de tant d'outrages. Il luy 
                        apprit ensuite, que ce qui 
                        l'obligeoit de parler ainsi, c'estoit une Lettre 
                        qu'il avoit trouvée dans la 
                        Chambre du Roy, &
                        
                        
                        
                        182
                        
                        
                        qu'il avoit eu l'imprudence de remettre entre 
                        les mains du Duc. Madame de Candale attendoit 
                        avec impatience la fin du 
                        discours de son mary, 
                        pour sçavoir de quoy il 
                        pouvoit l'accuser ; mais 
                        ayant compris que tout 
                        cela n'estoit fondé que 
                        sur le soupçon qu'elle 
                        avoit esté écrite au Duc, 
                        il luy fut aisé de l'en desabuser, la Princesse ayant 
                        aidé à le faire. Le Duc de 
                        son costé, ayant fait reflexion sur la ialousie du 
                        Comte de Candale, iu
                        
                        183
                        
                        
                        gea que la Lettre 
                        estoit de sa femme, & il 
                        iugeoit de bon sens. Il 
                        crut outre cela qu'il n'étoit pas impossible qu'elle ne s'adressast à luy. 
                        Dans cette pensée, il 
                        écrivit à la Comtesse, qui 
                        porta son billet à Madame de Beauieu, & qui ne 
                        douta plus, par ce qu'elle 
                        voyoit, que la Lettre de 
                        Madame de Candale ne 
                        fust entre ses mains ; les 
                        tendresses que son mary  
                        écrivoit, luy donnerent 
                        un grand dépit ; mais 
                        comme elle estoit inge
                        
                        184
                        
                        
                        nieuse à cacher ses sentimens, la Comtesse ne les 
                        découvrit point. Sçachant donc qui avoit la 
                        Lettre, il falut songer aux 
                        moyens de la retirer, & 
                        la Comtesse s'en chargea  
                        par le conseil de Madame 
                           de Beauieu. Vous vous  
                        estonnerez, peut-estre, 
                        comment i'ay pû sçavoir  
                        toutes ces particularitez, 
                        mais lors que ie vous auray dit que ie les ay sceus 
                        de la pluspart des interessez, vous croirez aisément qu'il ne m'a point 
                        esté trop difficile de les 
                        
                        
                        
                        185
                        
                        
                        apprendre.
                     
                     
                     En ce temps-là, comme vous sçavez, on parloit d'envoyer un Ambassadeur au Roy de Castille, touchant le Roussillon qu'il vouloit desengager, ou rompre la tréve qu'il avoit avec nous, 
                        en cas que l'on apportast 
                        quelque difficulté à la 
                        restitution. i'appuyay 
                        fortement la proposition 
                        que Madame de Beauieu 
                        fit du Comte de Candale, interrompit Comines, parce qu'il est heureux, vigilant & habile 
                        
                        
                        
                        186
                        
                        
                        en negociations, & 
                        qu'outre cela, ie voyois 
                        qu'il ne desiroit qu'un 
                        employ honorable pour 
                        se retirer de la Cour. Ie 
                        sçay que le Roy approuva ce choix, & qu'il  
                        fut resolu qu'il partiroit 
                        dans trois iours, reprit le 
                        Prince.13 Cette nouvelle  
                        toucha vivement Madame de Candale ; la Princesse, bien éloignée de 
                        s'en plaindre, eut la 
                        cruauté de luy dire qu'il 
                        falloit qu'elle se preparast à le suivre, puis qu'elle 
                        
                        
                        
                        
                        
                        187
                        
                        
                        avoit méprisé de la servir. Dans cette extremité, elle eut recours aux 
                        prieres, aux larmes, & à 
                        tout ce qu'elle crut capable de luy faire changer 
                        de resolution ; mais la 
                        Princesse fut inflexible, 
                        & tout ce qu'elle put obtenir, c'est qu'elle luy 
                        permettoit de faire un 
                        dernier effort sur mon 
                        indifference, & que si elle ne la surmontoit pas, 
                        elle devoit s'attendre 
                        d'estre livrée entre les 
                        mains de son mary. Elle 
                        
                        
                        
                         
                        
                        
                        
                        
                        188
                        
                        
                        me fit donc sçavoir, 
                        qu'elle desiroit avoir un 
                        entretien avec moy, ie 
                        n'examinay point ce 
                        qu'elle pouvoit avoir à 
                        me dire, & ie luy manday 
                        que ie me rendrois le lendemain chez elle, à l'heure qu'elle m'avoit marquée.
                     
                     
                     La douleur qu'elle avoit 
                        de son départ, ne luy 
                        avoit point fait oublier le 
                        dessein de retirer sa Lettre ; dés qu'elle vit le Duc, 
                        elle luy donna lieu d'en 
                        parler, & il l'en remercia 
                        en des termes qui luy fi
                        
                        189
                        
                        
                        rent comprendre qu'il 
                        n'estoit point encore 
                        desabusé de la creance 
                        que cette Lettre ne luy 
                        eust esté écrite : mais elle 
                        sceut si bien le détromper, qu'il crut qu'il avoit 
                        eu tort d'estre si credule. 
                        D'abord il refusa de luy 
                        rendre sa Lettre, mais 
                        l'ayant menacé de montrer la sienne à la Princesse qu'il craignoit, il n'en 
                        fit plus aucune difficulté. 
                        Ie voy bien, Madame, 
                        luy dit-il, que ie ne suis 
                        pas ce bien heureux que 
                        
                        
                        
                        
                        
                        190
                        
                        
                        i'avois cru estre, vous 
                        l'aimez, sans doute, & 
                        si i'en puis iuger, son 
                        cœur ne s'est point encor 
                        declaré pour vous. Il me 
                        semble que vous decidez 
                        un peu trop promptement de mes sentimens 
                        & de ceux d'autruy, répondit-elle, ne iugez que 
                        des vostres, si vous m'en 
                        croyez, & ne les montrez 
                        iamais à une personne 
                        qui n'est pas dans le dessein de les voir, ny de les 
                        connoistre. Elle le quitta 
                        fierement en finissant ces 
                        paroles : elle le laissa dans 
                        
                        
                        
                        191
                        
                        
                        la liberté de comprendre 
                        quel estoit son malheur 
                        qui devoit estre tres‑grand, puis qu'il perdoit 
                        l'esperance qu'il avoit euë 
                        d'estre aimé.
                     
                     
                     Le Comte de Candalle 
                        qui avoit appris qu'il 
                        avoit l'entiere obligation 
                        à Madame de Beauieu, de  
                        l'honorable employ, où 
                        on l'avoit destiné, ne 
                        manqua point de l'aller 
                        remercier ; parmy les remerciemens qu'il luy fit, 
                        il y mesla quelques desirs d'emmener sa fem
                        
                        
                        
                        192
                        
                        
                        me. La Princesse, luy 
                        promit de la remettre entre ses mains, lors qu'il 
                        seroit prest à partir. Ainsi 
                        le Comte fut plus heureux qu'il n'avoit esperé, 
                        & il se prepara à faire 
                        agreablement le voyage 
                        de Castille, ayant avec luy 
                        la personne du monde 
                        qu'il aimoit plus, quoy 
                        qu'il l'eust voulu traiter 
                        de la mesme maniere qu'õ 
                        traite ce qu'on hayt avec 
                        la derniere violence.
                     
                     
                     Pour moy, comme i'avois oublié à voir le portrait & à lire la Lettre, 
                        
                        
                        
                        193
                        
                        
                        i'oubliay encore que i'avois promis à Madame 
                        de Candale de me rendre 
                        chez elle. Le lendemain 
                        matin ie m'en allay à 
                        Amboise chasser avec 
                        Monsieur le Dauphin, & 
                        ce ne fust qu'à mõ retour 
                        que ie m'en ressouvins.
                     
                     
                     Le Duc de Bourbon 
                        estoit au desespoir, de ce 
                        que tout indifferent que 
                        i'estois, i'avois fait plus de 
                        progrez dans le cœur de 
                        la Comtesse, que sa passiõ 
                        & ses soins n'avoient pu 
                        faire ; mais il devoit s'en 
                        prendre à son mal heur, 
                        
                        
                        
                        194
                        
                        
                        plutost qu'à son merite.
                     
                     
                     Mais tout habile qu'il  
                        est, c'est qu'il ne sçavoit 
                        pas encore que le merite 
                        est conté14 pour rien en 
                        amour, s'il n'est soutenu  
                        de l'heureux secret de 
                        sçavoir se faire aimer.
                     
                     
                     D'abord que ie vis Madame de Cãdale, ie ne luy 
                        fis pas seulemẽt la moindre excuse de luy avoir 
                        manqué de parole, & ie 
                        me preparay sans impatience à écouter tout ce 
                        qu'elle vouloit me dire.
                     
                      
                     
                     
                     Fin de la premiere Partie.  
                     Noms propres
Alexandrie en ar. al-Iskandarīyah
Ville d'Égypte, à l'extrémité nord-ouest du delta du Nil, sur une bande de terre entre
                        la Méditerranée et le lac Mariout. [...] Fondée en -332 par Alexandre le Grand, la ville, ornée de monuments grandioses, devint sous les premiers Ptolémées le centre
                        de l'Égypte (-IIIe - -IIe s.) et le foyer de la civilisation héllenistique. Son musée,
                        son université, son académie étaient renommés et sa bibliothèque la plus célèbre de
                        l'Antiquité (700 000 volumes).
  
                     
                     
                     
                     - Alexandrie, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Amboise
Ch. -1. de cant. de l'Indre-et-Loire, arr. de Tours, sur la Loire. 10 982 hab. (aggl. 15 391) (Amboisiens). Château construit par Charles VIII, agrandi par Louis XII et François Ier : chapelle Saint-Hubert de style gothique flamboyant ; logies du roi (aile gothique et aile Renaissance), contigue à la tour des Minimes. Église Saint-Denis en majeure partie du XIIe s. (voûtes angevines et chapiteaux historiés). Clos-Lucé, manoir du XVe s., où mourut Léonard de Vinci et où sont installées des maquettes de machines imaginées par lui.
- Amboise, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Anne de France (dite la dame de Beaujeu)
(1461-1522). Fille de Louis XI, duchesse de Bourbon et régente de France entre 1483 et 1491. En 1474, elle fut mariée
                        à Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon. À la mort de Louis XI, le frère d'Anne, Charles VIII,  monta sur le trône à l'âge de 13 ans. Ainsi Anne agit-elle en régente à la place
                        de son frère. Lors de la Guerre folle, menée contre Anne et son mari par les princes, notamment Louis d'Orléans (le futur
                        Louis XII), elle fut victorieuse en 1488. À ce moment-là, elle fait épouser son frère Charles
                        à Anne de Bretagne pour cimenter la victoire et attacher cette province à la monarchie,
                        parachevant en partie l'expansion territoriale entamée par son père.
  
                     
                     
                     
                     - Anne de France (dite la dame de Beaujeu), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Anne de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_de_france.
 
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Arménie (en arménien Hayastan)
Région d'Asie occidentale s'étendant entre l'Anatolie et le plateau iranien. Formée par un vaste haut plateau traversé de puissantes chaînes montagneuses (Caucase, Taurus, Kurdistan) où domine le massif volcanique d'Ararat (5 165 m), elle est partagée politiquement entre la république d'Arménie, l'Iran et la Turquie qui en possède la majeure partie (régions du N.-E. et du S.-E.) [...] Au XVIe siècle, Turcs et Perses se partagèrent le pays ; les premiers s'installèrent à l'ouest., les autres à l'est..
- Arménie en arménien Hayastan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Artavazde II d'Arménie
Artavazde règne en Arménie de 55 à 34 av. J.-C. Il fut déposé par Marc Antoine, à qui il avait pourtant fourni des troupes en 36 av. J.-C. quand celui-ci combattait
                        contre les Parthes. Mais Artazvazde se retira pendant de la bataille, et Cléopâtre VII convainc Marc Antoine de le punir comme traitre. Artazvazde fut exilé en Égypte,
                        à Alexandrie, où il mourut en 30 av. J.-C., décapité sur ordre de Cléopatre.
                     
                     
                     
                     - Artavazde II, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 juin 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 février 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Artavazde_II.
 
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Auguste (en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus) (aussi : Octave)
(Rome - 63 av. J.-C. - Nole 14 ap. J.-C.). Auguste fut l'empereur de Rome de -27 av.
                        J.-C. à -14 ap. J.-C. En -45, il devint le petit fils adoptif de Jules César (jusqu'alors, il en était le petit-neveu), et à la mort de l'homme d'état, Auguste
                        devint l'héritier de Rome, ce qui lui rendit aussi le rival de Marc Antoine. Après que celui-ci fut vaincu à Modène, Auguste fonda avec Lépide et Antoine le deuxième triumvirat en -43. Les trois divisèrent par la suite l'Empire
                        romain entre eux ; ce fut Auguste qui prit l'Occident. Pendant son règne, Octave fut
                        victorieux contre Sextus Pompée en Sicile (-36) ainsi que contre Cléopâtre (-31), de qui il reçut l'Égypte. En -38, on lui donna le titre d'Imperator et en -28, celui de princeps senatus (le premier ayant le droit de s'exprimer dans des délibérations sénatoriales). Onze
                        ans après, il reçut aussi le titre d'augustus (terme religieux). Pendant ce temps-là, Auguste fit de Rome un principat, ce qui rendit l'ancienne république l'équivalant d'un Empire qui avait pour Empereur
                        le Sénat et le peuple.
                     
                     
                     
                     - Auguste, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste.
 - Auguste en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Barbares (en gr. barbaroi)
Le nom grec d’origine est barbaroi. Par ce mot, les Grecs, désignaient tout peuple qui ne parlait pas leur langue. D’après
                        les Grecs, le Barbare était inférieur politiquement aussi car il était gouverné par
                        un monarque. À partir de cette notion de peuples barbares, la guerre contre les Perses acquit une signification idéologique aussi bien que politique. Pendant la période
                        hellénistique, le substantif barbare désignait en particulier les peuples d’Asie.
                     
                     
                     
                     - Barbares en gr. barbaroi, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Charles Quint (en esp. Carlos I)
Charles Quint (Charles d’Habsbourg, Charles I d'Espagne, 1500-1558), empereur du Saint-Empire romain germanique et Roi des Espagnes, était considéré le monarque le plus puissant de son temps. C’est
                        le père de Philippe II d’Espagne.
                     
                     
                     
                     - Charles Quint, Wikipédia, l'encyclopédie libre(18 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Quint.
 
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Charles V, dit Charles le Sage
(Vincennes 1338 – Nogent-sur-Marne 1380). Roi de France (1364-1380) dont le règne
                        fut marqué par sa réussite dans la récupèration d'une grande partie du territoire
                        français cédée à l'Angleterre au traité de Brétigny (1360) à la fin de la première
                        phase de la guerre de Cent Ans (1337-1543).
                     
                     
                     
                     - Charles V de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (14 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_de_France.
 - Traité de Brétigny, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Br%C3%A9tigny.
 
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Charles VIII
(Amboise 1470 - 1498). Fils du roi Louis XI et de Charlotte de Savoie, Charles VIII fut roi de France de 1483 à 1498. À la mort
                        de son père, Charles VIII monta sur le trône à l'âge de 13 ans. Sa sœur Anne de France agit en régente jusqu'en 1491. Pendant la régence de celle-ci, elle lutta contre
                        le Duc d'Orléans (le futur Louis XII) lors de la Guerre folle pendant laquelle les princes se révoltèrent contre le gouvernement d'Anne de France.
                        Cette guerre se termina enfin en 1488 par la victoire de la monarchie sur Louis d'Orléans.
 
                     
                     
                     
                     À partir de 1494, Charles partit à la conquête du royaume de Naples. Après plusieurs succès, les Espagnols et le Pape se liguèrent contre lui et il dut
                        bâtir en retraite, perdant  ses conquêtes, mais les guerres d'Italie seraient poursuivies
                        par ses successeurs au XVI siècle. À sa mort, il fut succédé par son cousin Louis d'Orléans.
  
                     
                     
                     
                     - Charles VIII, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Charles VIII de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_viii_de_france.
 
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Chaumont, Charles II d'Amboise de
Charles II d'Amboise, seigneur de Chaumont (1473-1511) fut successivement grand-maître,
                        maréchal et amiral de France. Il mourut lors des guerres d'Italie menées par les rois
                        de France à la fin du XVe et au XVIe siècle.
                     
                     
                     
                     Charles soutint Léonard de Vinci, le faisant venir dans son palais de Milan pour faire
                        des travaux d'hydraulique, des statues, et même les plans de son nouveau palais.
                     
                     
                     
                     - Charles II d'Amboise, Wikipédia, The Free Encyclopedia (7 juillet 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_II_d%27Amboise.
 
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Cléopâtre
Née en 69 av. J.-C. en Alexandrie, Cléopâtre VII fut reine d'Égypte de 51 à 30 suivant son mariage avec son frère Ptolémée
                        XIII. Ayant perdu le trône après trois ans, elle le regagna en 46 grâce à Jules César, devenant en même temps sa maîtresse. À l'assassinat de César en 44, elle connut
                        Marc Antoine et l'inspira à partager son rêve d'un empire oriental. Antoine, déjà l'époux d'Octavie,
                        se maria avec Cléopâtre. Il effectua plusieurs conquêtes en Asie (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, comme le règne d'Antoine et de Cléopâtre posa un menace à la domination
                        romaine sur la Méditerranée, Octave les attaqua et fut victorieux contre les deux à Actium en 31. Entendant la fausse
                        nouvelle du suicide de sa femme Cléopâtre, Antoine se suicida. Après avoir sollicité
                        la clémence d'Octave, Cléopâtre se suicida en se faisant mordre par un aspic.
                     
                     
                     
                     - Cléopâtre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Commines ou Commynes, Philippe de
Philippe de Commines (1447-1511) était un homme politique, diplomate, historien et
                        chroniqueur au service de Louis XI. Il soutint le Duc d'Orléans, le futur Louis XII comme successeur de Louis XI, d'où sa disgrâce sous le fils de ce dernier, Charles VIII.
 
                     
                     
                     
                     De nos jours, Commines est surtout connu pour ses Mémoires des règnes de Louis XI et de Charles VIII.
                     
                     
                     
                     - Philippe de Commynes, Wikipédia, The Free Encyclopedia (2 novembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_Commynes.
 
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Ferdinand II d'Aragon, dit "le Catholique"
(Sos, Aragon 1452 – Madrigalejo, Cáceres 1516). Roi de Castille (1474-1504), roi d'Aragon
                        et de Sicile (1479-1516) et roi de Naples (1504-1516), Ferdinand II unifia presque toute l'Espagne, introduisit l'Inquisition
                        (1479), conclut la Reconquête par la saisie de Grenade (1492) et démarra l'expansion
                        espagnole par le soutien des expéditions de Christophe Colomb.
                     
                     
                     
                     - Ferdinand II d'Aragon, Wikipédia l'encyclopédie libre (22 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_II_d%27Aragon.
 - Ferdinand II d'Aragon le Catholique, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Foix
Commune française située dans le département de l'Ariège, dans la région des Midi-Pyrénées.
 
                     
                     
                     
                     - Foix, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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François Ier
François (1494-1547) succéda à son beau-père Louis XII comme roi de France en 1515. Sa rivalité avec Charles Quint du Saint-Empire romain entraina la guerre presque continuelle; il fut même fait prisonnier de Charles brièvement
                        en 1525 -- et cet antagonisme entre deux rois catholiques facilite la diffusion de
                        la Réforme protestant en Europe. Le règne de François fut aussi marqué par le renforcement
                        du pouvoir royal et par la construction d'un état puissant. Le développement de la
                        vie de cour favorisa l'essor des arts et des lettres; le règne de François Ier est
                        associé à l'avènement de la Renaissance italienne en France. Il attira à la cour des
                        artistes tels que Léonard de Vinci et il fit construire plusieurs châteaux de la Loire
                        dans le nouveau style qui fait d'eux moins des forteresses que des demeures de luxe.
                     
                     
                     
                     - François Ier (France), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - François Ier, Wikipédia, The Free Encyclopedia (19 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Ier_(roi_de_France).
 
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Hérode Ier le Grand
(Ascalon -73 - Jéricho -4). Roi des Juifs (-40 - -4). Iduméen, fils d'Antipatros, le ministre d'Hyrcans II, il se fit reconnaître comme roi des Juifs par les Romains et Marc Antoine l'installa sur le trône (prise de Jérusalem, -37). Pour affermir son pouvoir, il fit périr les derniers membres de la famille asmonéenne, y compris sa propre femme Mariamne Ire. Il fit réaliser de grands travaux à Césarée, Sébasté (l'ancienne Samarie) et surtout Jérusalem où il rebâtit le Temple dans le style hellénistique. À sa mort, son royaume fut partagé entre ses fils Archélaos, Hérode Antipas et Hérode Philippe le Tétrarque.
- Hérode Ier le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Jules César (en lat. Caius Julius Caesar)
(Rome 101 – Ides de Mars 44 av. J.-C.) Illustre homme d'état, général et enfin dictateur
                        romain (46-44 av. J.-C.) qui joua un rôle essentiel dans la transformation de la République
                        romaine à l'Empire romain. Toutefois, ses réformes politiques et sociales furent déjouées
                        lorsque Marcus Junius Brutus, un noble à la Chambre du Sénat, l'assassina en 44 av. J.-C.
                     
                     
                     
                     Non seulement César fut-il un homme politique célèbre, mais il était un bon orateur
                        et historien. Il écrivit quelques œuvres littéraires : Commentarii de bello gallico (Commentaires de la guerre des Gaules) et Commentarii de bello civili (Commentaires de la guerre civile).
                     
                     
                     
                     - César ou Jules César en lat. Caius Julius Caesar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Julius Caesar, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 2 février 2011. https://www.britannica.com/biography/Julius-Caesar-Roman-ruler.
 - Jules César, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 décembre 2023), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 décembre 2023. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_C%C3%A9sar.
 
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La Castille (en esp. Castilla)
Région historique du centre de l'Espagne s'étendant sur la Meseta et traversée par la Cordillère centrale. La Vieille-Castille fit d'abord partie du royaume de Léon et devint indépendante au Xe s. La région fut toujours fortement défendue ceontre les Maures, notamment par le système fortifié (Castella) d'où la Castille tire son nom. Annexée au royaume navarrais de Sanche III, qui la donna à son fils Ferdinand Ier, elle prit alors le nom de royaume de Castille. Peu à peu, les rois de Castille étendirent leurs possessions en repoussant les Maures et annexèrent au XIIIe s. les territoires qui formèrent la Nouvelle-Castille (Tolède, Séville et Cadix). Pendant des siècles, le royaume fut plongé dans l'anarchie. Mais le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon (1469) réalisa l'union des deux royaumes et soumit l'Espagne à une autorité unique.
- Castille (la) en esp. Castilla, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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La Loire
Dép. du S.-E. de la France, région Rhône-Alpes. Pays-de-la-Loire. 6 979 km². 1 052 /83 hab. CH.-L : Nantes. CH.-L.D'ARR. : Ancenis, Châteaubriant, Saint-Nazaire. Cour d'appel : Rennes. Académie : Nantes.
- Loire (la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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La Princesse de Clèves
Personnages : La Princesse de Clèves (protagoniste), sa mère Madame de Chartres, Monsieur
                        de Clèves (le mari de la Princesse), Monsieur de Nemours (l'homme de qui la Princesse
                        tombe amoureuse).
                     
                     
                     
                     La Princesse de Clèves est un des romans les plus célèbres du XVIIe siècle. Écrit par Marie-Madeleine de
                        Lafayette, il fut publié anonymement en 1678. Le roman a pour cadre la cour de Henri II au XVIe siècle, mais il peut être considéré comme le reflet de la cour de Louis XIV
                        avec ses intrigues amoureuses et la lutte entre les courtisans pour la reconnaissance
                        royale.
                     
                     
                     
                     - La Princesse de Clèves, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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La Trémoille ou de La Trimouille, Louis II de
(1460-1525). Vers l'âge de 14 ans, il fut envoyé comme page à la cour de Louis XI. À l'âge adulte il devint homme d'État et chef de guerre, servant les rois Charles VIII, Louis XII et François Ier.
                     
                     
                     
                     En 1484, il épousa Gabrielle de Bourbon, cousine du monarque. Ce mariage, arrangé
                        par Anne de France pour mieux attacher La Trémoille à la monarchie, fut long et heureux.
                     
                     
                     
                     Pendant la Guerre folle, il resta du côté d'Anne de France, alors la régente, remportant la victoire pour la monarchie en 1588 contre Louis
                        d'Orléans, le futur Louis XII.
                     
                     
                     
                     - Louis II de La Trémoille, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 avril 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_II_de_La_Tr%C3%A9moille.
 
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Loches
Ch.-l. d'arr. de l'Indre-et-Loire, sur l'Indre. 6 544 hab. (aggl. 10 198) (Lochois). Anc. cité fortifiée conservant deux de ses trois enceintes primitives : porte Royale (XIIIe s.) ; porte Picois et porte des Cordeliers (XVe s.) ; tour Saint-Antoine (XVIe s.), l'un des rares beffrois du centre de la France. Bâti sur un promontoire naturel, le château comprend le donjon (XIe s.) et les logis royaux des XIVe et XVIe., renfermant notamment le tombeau d'Agnès Sorel. Église Saint-Ours du XIIe s. Musée Lansyer : œuvres du paysagiste lochois (1835 - 1893). Musée du Terroir.
- Loches, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Louis XI, dit le Prudent
(Bourges 1423 - Plessis-les-Tours 1483). Roi de France de 1461 à 1483. Il épousa d'abord Marguerite Stuart, suivie
                        de Charlotte de Savoie. Cette dernière donna naissance au futur roi Charles VIII et à Anne de France, régente pour son jeune frère qui n'a que 13 ans à la mort de Louis XI.
                     
                     
                     
                     Louis XI était connu par ses détracteurs comme l'universelle araignée car il utilisa une politique violente, parfois qualifiée de surnoise, pour essayer
                        de rattacher au royaume des provinces auparavent indépendantes (notamment la Bretagne,
                        la Bourgogne, la Maine, l'Anjou, la Provence). Les conflits qu'il entraîna continuèrent
                        après son règne, qui contribua beaucoup à la tendance de centralisation du pouvoir
                        de la monarchie.
                     
                     
                     
                     - Louis XI, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Louis XI, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 novembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XI.
 
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Louis XII
(Blois 1462 - Paris 1515). Roi de France (1498-1515). D'abord Duc d'Orléans, Louis
                        fut contraint par le roi Louis XI, son cousin, d'épouser la fille de ce dernier, Jeanne de France. Handicapée, Jeanne ne pouvait pas avoir d'enfants: Louis XI entendait mettre fin
                        à la branche Orléans de la famille royale en insistant sur ce mariage. Mais le fils de Louis XI, Charles VIII, mourut sans enfants alors Louis d'Orléans lui succéda.
 
                     
                     
                     
                     Pendant le règne de Charles VIII, Louis prit la tête de la guerre contre la monarchie
                        au nom des ducs et princes que Louis XI avait voulu subjuger. Cette Guerre folle entre 1485 et 1488 mena à la défaite et l'emprisonnement de Louis d'Orléans pendant
                        trois ans. Par la suite il se reconcilia avec Charles VIII et prit part au nom de
                        ce roi aux guerres d'Italie, qui continuèrent pendant son règne à lui. Dès son avènement
                        au trône, Louis XII fit annuler son mariage avec Jeanne de France, jamais consommé,
                        pour épouser Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII. Il montra une rare clémence
                        vis-à-vis de ses anciens adversaires, et il introduisit des réformes de la justice
                        et des impôts qui lui valurent le nom du Père du peuple.
  
                     
                     
                     
                     - Louis XII, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Louis XII, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 octobre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XII.
 
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Louis XIV
Louis XIV naquit à Saint-Germain-en-Laye en 1638. Son règne fut long : il fut roi
                        de France de 1643 à 1715. Lorsqu'il n'avait que cinq ans, Louis XIV prit le trône
                        lors de la mort de son père, Louis XIII, en 1643. Sa mère, Anne d'Autriche, régna de la part de son fils, aidé par le cardinal
                        Mazarin. Durant ce temps, l'on assista aux premiers éclatements de la Fronde. La nature absolutiste qui caractérise ce roi se manifesta pour la première fois
                        alors qu'il prit la décision de supprimer le poste de Premier ministre, jadis occupé
                        par Mazarin. Le règne de ce roi fut marqué par de nombreux conflits internes et externes.
                        La France se trouva épuisée à la mort du roi à Versailles en 1715.
  
                     
                     
                     
                     - Louis XIV le Grand Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Louvre
Ancien palais royal qui se trouve entre la rive droite de la Seine et la rue de Rivoli,
                        dans le Ier arondissement de Paris. En 1793, le Louvre est devenu musée, grâce à un
                        projet entrepris à l'origine par Louis XVI. Le Louvre est de nos jours le plus grand
                        musée de Paris.
  
                     
                     
                     
                     - Louvre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Musée du Louvre, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_du_Louvre.
 
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Marc Antoine (en lat. Marcus Antonius)
Marc Antoine (83 - Alexandrie 30 av. J.-C.) était un homme politique et général sous
                        Jules César lorsque César fut assassiné en 44. Antoine forma un nouveau gouvernement romain avec
                        Octave (Auguste) et Lépide en 43. Ensemble, les trois se débarrassèrent du parti républicain et se partagèrent
                        le monde romain (-40). Antoine épousa Octavie (la sœur d'Octave), délaissée à cause
                        de l'amour d'Antoine pour Cléopâtre VII. Antoine trouva ainsi une nouvelle ambition : créer un empire hellénique et oriental
                        cosmopolite. Plusieurs conquêtes romaines d'Asie s'ensuivirent (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, à Actium (de la Grèce ancienne), il fut vaincu par Octave sur mer, ensuite
                        assiégé en Alexandrie. Il se donna la mort en 30, entendant les fausses nouvelles du suicide de Cléopâtre
                        et de l'avancement d'Octave en Asie.
                     
                     
                     
                     - Antoine ou Marc Antoine en lat. Marcus Antonius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Marguerite de Habsbourg (ou Marguerite d'Autriche)
Marguerite (1480-1530) fut connue jeune fille comme Marguerite de Bourgogne ou Marguerite
                        de Flandre. Elle a 2 ans à la mort de sa mère et finit par être élevée en Fille de
                        France à la cour de Louis XI, sous la houlette de Madame de Beauieu. Elle devait épouser Charles VIII, mais pour des raisons politiques, en 1491 Marguerite fut renvoyée et le mariage
                        n'eut pas lieu. Elle garda toute sa vie une profonde rancœur à l'égard de la France.
                        Elle continua à être un pion sur l'échiquier matrimonial de l'Europe. Cependant, ses
                        deux mariages et ses propres démarches finirent par faire d'elle une des souveraines
                        les plus puissantes de l'Europe.
                     
                     
                     
                     - Marguerite d'Autriche (1480-1530), Wikipédia l'encyclopédie libre (16 novembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_d%27Autriche_(1480-1530).
 - Marguerite d'Autriche, fiancée de Charles VIII, L'envers de l'Histoire (17 juillet 2006), Internet, 19 décembre 2016. http://enviedhistoire.canalblog.com/archives/2006/07/17/2307833.html.
 
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Pierre II Beaujeu
(1439 - 1503, château de Moulins). Sire de Beaujeu, duc de Bourbon et d'Auvergne.
                        Une fois membre dévoué de la Ligue du Bien public, qui cherchait à diminuer les pouvoirs
                        de Louis XI, le roi parvint à détacher le jeune noble de sa ligue pour le faire épouser sa fille,
                        Anne de France (Madame de Beaujeu).
  
                     
                     
                     
                     - Pierre II Beaujeu, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Pierre II de Bourbon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_II_de_Bourbon.
 - Ligue du Bien public, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligue_du_Bien_public.
 
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Plessis-lès-Tours ou Plessis-les-Tours
Écart de la comm. de la Riche (arr. de Tours). Vestiges du château construit par Louis XI sur l'emplacement d'un manoir qu'il avait acquis en 1463. Il y mourut en 1483. Petit musée..
- Plessis-lès-Tours ou Plessis-lez-Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Roussillon
Commune dans l'actuel département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
                        La Provence fut une région disputée au Moyen Âge, réunie à la France en 1481.
                     
                     
                     
                     - Roussillon, Wikipédia, The Free Encyclopedia (24 octobre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 février 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Roussillon_(Vaucluse)#P.C3.A9riode_moderne.
 
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Sainte Jeanne de France ou de Valois
(1464 à Nogent-le-Roi - 1505 à Bourges). Fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie, après Anne de France. Handicapée, Jeanne fut mariée à son cousin Louis d'Orléans à l'âge de douze ans car son père ne voulut pas que ce dernier ait des héritiers
                        qui puissent faire concurrence pour le trone avec sa branche de la famille Valois-Orléans. Mais quand Louis XII accéda à la monarchie, il fit annuler son mariage avec Jeanne pour non-consommation.
                        Ainsi Jeanne de France se rendit-elle à Bourges pour y fonder l'ordre monastique de
                        l'Annonciade.
  
                     
                     
                     
                     - Jeanne de France, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Jeanne de France (1464 - 1505), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_France(1464-1505).
 
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Tours
Département de l'Indre-et-Loire, sur la Loire. HISTOIRE. Sous l'impulsion de saint Martin, sont troisième évêque, la ville des Turons (civitas Turonum) devint au IVe s. l'un des plus importants centres religieux de la Gaule. L'influence de Tours comme foyer intellectuel et artistique alla grandissant aux siècles suivants avec Grégoire de Tours (VIe s.) sous la direction de qui la ville s'agrandit, puis avec Alcuin (VIIIe s.), fondateur d'une école renommée et d'une importante bibliothèque. Au XVe s., Louis XII introduisit l'industrie de la soie, qui assura pendant deux siècles la prospérité de la ville. Le calvinisme trouva au XVIe s. de fervents adeptes parmi les artisans et les ouvriers tourangeaux, et Tours devint un centre actif de la Réforme ; la révocation de l'édit de Nantes, provoquant l'émigration de nombreux soyeux, portera à la ville un coup dont elle ne commencera à se relever qu'au XIXe s., avec les débuts du chemin de fer.
- Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Notes
- Le roman paraît en 1676 sous le titre Le Duc d’Orléans, histoire galante (Paris, Barbin). Voir René Godenne, Histoire de la nouvelle française aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Droz, 1970, p. 124, n. 12.↑
 - Catherine de Foix (1455-avant 1494) était l'épouse de Gaston de Foix, comte de Candale,
                  qui participa à la "Guerre folle" en soutenant Madame de Beaujeu et le parti royal. Le comte et la comtesse sont suffisamment inconnus pour permettre
                  à l'auteur de construire sa fiction à partir de Madame de Candale; le couple aurait
                  sans doute été à la cour royale. 
                  
                  
- Catherine of Foix, Countess of Candale, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 février 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://en.wikipedia.org/wiki/Catherine_of_Foix,_Countess_of_Candale.
 - Gaston de Foix, Count of Candale, Wikipédia l'encyclopédie libre (22 octobre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://en.wikipedia.org/wiki/Gaston_de_Foix,_Count_of_Candale.
 - Guerre folle, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 décembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2016.https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_folle
 
 - 
                  
                  Il s'agit du père de Louis d'Orléans ("le prince" dans ce roman et le futur Louis XII). Le père, Charles d'Orléans (1394-1465), était le petit-fils du roi Charles V, donc son fils pouvait prétendre au trône en l'absence d'héritiers de la part Charles VIII. Le roman La Comtesse de Candale émet l'hypothèse de la passion amoureuse d'Anne de Beaujeu pour Louis d'Orléans, qui l'aurait poursuivie -- selon le présent passage -- seulement à cause des directives de son père; la Guerre folle (1485-1488) entre Louis d'Orléans et Anne de Beaujeu aurait pour cause le dépit amoureux de cette dernière.Charles d'Orléans est surtout connu comme le Prince des poètes à cause d'une oeuvre importante écrite pendant pendant une captivité anglaise de 25 ans (1415-1440) suite à sa défaite lors de la bataille d'Azincourt, une défaite française importante dans la guerre de Cent Ans.Charles Ier d'Orléans, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 décembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Ier_d%27Orl%C3%A9ans#Contexte_historique.↑
 - Nous ne trouvons pas de trace de Madame de Ravaistin, mais il y a une allusion à la Seigneurie de Ravaistin, située probablement de nos jours en Belgique ou dans le sud de l'Allemagne dans les Mémoires pour servir à l’histoire universelle de l’Europe par le Père d'Aurigny, t. 1, Nîmes, Pierre Beaume, 1763, p. 75. Google Livres, 2 février 2017.↑
 - En 1483, Marguerite arrive à la cour de France à l'âge de 3 ans, fiancée à Charles VIII, qui a 13 ans.↑
 - Il faut cependant noter que Marguerite et Charles n'étaient pas encore mariés, et ne le seraient jamais. Marguerite est néanmoins considérée comme la future reine lors de ses années an France (1483-1491).↑
 - L'imprimeur a sauté les pages 105 et 106; la page 107 suit directement la page 104.↑
 - Cette légende expliquerait le désir de vengeance de Cléopâtre VII à son égard.↑
 - Le lecteur doit se souvenir que c'est en effet le Duc d'Orléans, le futur Louis XII, qui raconte cette histoire depuis la p. 91. En remplaçant la première personne (utilisée toujours en haut de cette page) par la troisième, l'auteur brouille les pistes, consciemment ou non.↑
 - Encore une fois, l'auteur se sert d'un noble de la cour qui existait historiquement pour donner de la couleur locale à sa fiction. "Pontdormy" est Antoine de Créquy, Seigneur de Pontdormy, mort en 1521 menant une bataille pour François Ier contre son ennemi Charles Quint du Saint Empire Romain. Son rôle est évoqué dans les Mémoires du Messire Martin du Bellay Seigneur de Langey de 1524↑
 - Encore une fois, comme à la p. 145, on a perdu momentanément la voix du narrateur, le Duc d'Orléans, le futur Louis XII.↑
 - Le motif de la lettre perdue serait un tournant essentiel de l'intrigue du roman le plus célèbre du siècle, La Princesse de Clèves, publié en 1678.↑
 - Encore un écart entre la troisième personne dans ce récit du Duc d'Orléans/Louis XII; la première personne reviendra explicitement en haut de la p. 188.↑
 - "n'est compté"↑
 
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