Le mariage sous L'Ancien Régime
LA
COMTESSE
DE
CANDALE.
PREMIERE PARTIE.
Vignette.
A PARIS,
Chez JEAN RIBOU, au Palais,
vis-à-vis la porte de l’Eglise de la Sainte
Chapelle, à l’Image de S. Loüis.
Filet. M. DC. LXXII.
Avec Privilege du Roy.
L'empreinte de la Bibliothèque de l'Arsenal
Vignette d'hommes et de femmes (deux couples) dans une cour entourée d'arbres ;
dans le ciel, une manchette, sur laquelle est écrite :
La Contesse De Candale
Bandeau. AU LECTEUR.
T
Ous nos Historiens cõviennent que la haine de Madame de
Beauieu pour le Duc
d’Orleans, estoit fondée fur ce qu’il avoit
refusé de l’aimer ; c’eft
tout ce qu’ils en disent.
Mais si vous voulez
en sçavoir toutes les circonstances, qui ont esté
trouvées dans des memoires anciens & secrets, Vous n’avez qu’à
lire.
Bandeau.
LOUIS PAR LA GRACE
de Dieu, Roy de France &
de Navarre, à nos amez & feaux
Conseillers les gens tenans nos
Cours de Parlement, Maistres
des Requestes ordinaires de Nostre Hostel, Baillifs, Senéchaux,
Prevosts, leurs Lieutenans, & à
tous autres nos Justiciers & Officiers qu’il appartiendra ; Salut :
Nostre cher & bien aimé le Sieur
B.D.L. Nous a tres–humblement fait remontrer qu’il auroit
composé un Livre, intitulé, La
Comtesse de Candale ; lequel il
desireroit faire imprimer, s’il
avoit nos lettres sur ce necessaires. A ces causes voulant favora
blement traiter l’Exposant, Nous
luy avons permis & permettons
par ces presentes de faire imprimer ledit Livre, par tel Imprimeur ou Libraire qu’il voudra
choisir, autant de fois que bon
luy semblera, durant le temps &
espace de dix ans, à comter du
iour qu’il sera achevé d’imprimer
pour la premiere fois ; Pendant
lequel temps faisons tres-expresses inhibitions & deffenses à toutes personnes de quelque qualité
qu’elles soient, de l’imprimer ou
faire imprimer, vendre ou distribuer d’autres editions que celles
de l’Exposant, ou de ceux qui
auront droit de luy, à peine de
trois mille livres d’amande, payable sans deport par chacun des
contrevenans, applicable un tiers
à l’Hostel-Dieu de nostre bonne
Ville de Paris, un tiers au denonciateur, & l’autre tiers à l’Expo
sant, de confiscation des Exemplaires contrefaits, & de tous
despens, dommages & interests ;
à condition qu’il sera mis deux
Exemplaires dudit Livre en nostre Bibliotheque publique, un
au Cabinet des Livres de nostre
Chasteau du Louvre, avant que
de l’exposer en vente, à peine de
nullité des presentes, du contenu desquelles voulons que vous
fassiez ioüir & user l’Exposant
plainement & paisiblement, &
ceux qui auront droit de luy, &
qu’en mettant au commencement ou à la fin un Extrait des
presentes, qu’elles soient tenuës
pour bien & deuëment signifiées,
& que foy soit aioustée aux coppies colationnées par l’un de nos
amis & feaux Conseilleurs & Secretaires, comme à l’Original.
Mãdons au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis, de
faire pour l’execution d’icelles
tous exploits, saisies, executions,
& autres actes necessaires, sans
demander autre permission, visa
ne pareatis. Car tel est nostre
plaisir. Donné à Saint Germain
en Laye, le 22. iour de Février,
l’an de grace mil six cens soixante & douze, & de nostre reigne
le vingt-neufviéme. Signé par le
Roy en son Conseil,
D’Alence’.
Registré sur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, le 27. Fevrier
1672. suivant l’Arrest du Parlement du 8. Avril 1653. & celuy
du Conseil Privé du Roy du 27.
Fevrier 1665.
Achevé d’imprimer pour la
premiere fois le vingt-quatriéme May 1672.
1
Bandeau. LA COMTESSE DE CANDALE1.
LES plus Grands
du Royaume,
prévoyant la prochaine mort de Loüis
XI. n’épargnerent rien
pour se faire des Partisans, soit qu’ils eussent
dessein de se rendre
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Maistre des affaires, sous
le ieune Roy Charles
VIII. ou qu’ils voulussent gagner la confiance
de ceux qui avoient le
Gouvernement de l’Etat.
Anne de France mariée
au Comte de Beauieu, ou
Duc de Bourbon, pretendoit l’obtenir par le
credit qu’elle avoit sur
l’esprit du Roy son Pere,
& parce qu’elle estoit
soeur de Charles. Le Duc
d’Orleans, qui fut depuis
Loüis XII. y avoit plus
de droit estant premier
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Prince du Sang, heritier
presomptif de la Couronne, & outre cela ayant
épousé Ieanne de France,
sœur aînée de Madame
de Beauieu.
Mais comme l’autorité l’emporte presque toûiours sur le bon droit, le
Duc d’Orleans se trouva
décheu de ses esperances,
& quoy qu’il pût faire
pour s’opposer à l’ambition de cette Princesse,
peu de temps aprés la
mort du Roy son Pere, elle fut
declarée Regente ; la hai
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ne qu’il y avoit entr’eux,
a sans doute esté connuë
de toute la France. Mais
comme la cause n’en a
esté sceuë que de peu de
gens, ie veux bien en rapporter icy ce qu’en disent
des Memoires, qui pour
estre anciens & secrets,
ne laissent pas d’être tres‑veritables.
Sur la fin du regne de
Loüis XI. les affaires
d’Etat n’occupoient pas
si fort ceux qui y estoient
employez, qu’ils ne pussent trouver le loisir d’ai
5
mer, quand l’envie en
prend on quitte tout
pour la satisfaire, & l’on
ne refuse guere un plaisir
qui se presente, prinicipalement quand c’est l’amour qui le donne.
Le Roy depuis quelques années s’estoit renfermé dans le Plessis-les‑Tours, ses soupçons &
la ialousie qu’il avoit de
son autorité, luy en avoit
fait choisir le seiour comme un lieu de seureté
contre ceux de qui il se
défioit, & depuis sa ma
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ladie l’y avoit retenu, il
n’y eust sorte de précaution qu’il ne prit, soit à la
fortification du Château,
soit aux Gardes qu’il choisit pour veiller continuellement à sa seureté,
soit aux ordres qu’il donna pour n’y laisser entrer
personne, que par son
commandement, ou par
celuy de Madame de
Beauieu, qui avoit esté
assez habile pour entrer
dans les affaires les plus
importantes, & pour s’y
maintenir malgré l’hu
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meur défiante du Roy,
dont l’austere retraitte,
ou pour mieux dire l’estroite prison, estoit cause que la Cour n’estoit
pas nombreuse. Entre
ceux que la naissance,
& l’ambition y avoit retenu, l’on y voyoit la
Trimoüille encore ieune, mais bienfait, &
d’un merite extraordinaire, d’abord son interest l’atacha au service de
Madame de Beauieu,
dans le dessein de s’élever
par son credit aux pre
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premieres Charges du
Royaume ; mais depuis
regardant mieux cette
Princesse, il continua par
amour ce qu’il avoit commencé par ambition, elle estoit aimable, son esprit parroissoit doux, les
manieres donnoient de
l’esperance quand elle desiroit de plaire, & elle le
vouloit presque toûiours : enfin s’il n’y avoit
point eu de Comtesse de
Candale2, sans doute elle
auroit esté la plus belle
personne de France. La
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Trimoüille suivant donc
les mouvemens de son
cœur, & flaté d’ailleurs,
ou pour mieux dire
trompé par quelques regards qui ne luy sembloient pas indifferens,
oublia l’amitié que le
Duc de Bourbon avoit
pour luy, afin de mieux
penser à ce que sa passion
vouloit qu’il fit. Elle luy
conseilla de parler, il suivit son avis ; mais il s’en
trouva mal, Madame de
Beauieu estoit de l’humeur de quelques fem
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mes, qui ne sont point
fâchée d’estre aimés ;
mais qui ne veulent point
qu’on le leur dise ; la Trimoüille ne voyant point
trop d’aigreur ny de fierté dans les refus de
cette Princesse, prit le
party de l’aimer toûiours,
& de ne luy en plus rien
dire : quelques iours aprés
l’on découvrit que le
Duc d’Orleans, qui étoit
le plus aimable homme
de son temps, & qui pensa perdre la vie pour avoir
esté trouvé tel, avoit un
11
commerce d’amour avec
Madame de Candale.
Puis qu’ils avoient dessein de s’aimer l’un &
l’autre, ils ne pouvoient
faire un meilleur choix,
la Comtesse étoit tendre,
& le Prince estoit amoureux ; le Duc de Bourbon
dont le cœur voulait toûiours estre remply de
quelque passion, ayant
rompu tous les engagemens qu’il avoit avec une
des plus belles femmes
du Royaume, se mit à
considerer avec un atta
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chement agreable les divers agrémens, & les differentes beautez de Madame de Candale, & crut
qu’il seroit le plus heureux de tous les hommes
s’il en pouvait estre le
Maistre ; il resolut donc
de confirmer son inconstance & son amour par
des marques si veritables,
qu’elle n’eût pas lieu d’en
douter ; dés qu’on fait un
semblable dessein, nostre
desir nous presse toûiours
de l’executer promptement, & l’on croit avoir
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beaucoup fait à l’avantage de sa passion, quand
on la fait connoistre à la
personne qu’on aime ; le
Duc persuadé de cette
verité, & flaté d’ailleurs
par son merite & par son
rang, ne prit point le
chemin commun des
Amans ordinaires, qui
font preceder quelques
iours de soins & de silence respectueux à la declaration de ce qu’ils sentent : ce n’est pas qu’il ne
sçeut de quelle manière
on pouvoit se faire aimer ;
14
mais ayant pour maxime
que toutes les affaires d’amour veulent estre traitez differamment, il ne
crut pas qu’il dût laisser
échaper l’occasion qui
se presentoit ; mais ce
trait d’habilité ne luy
reüssit point, l’entretien qu’il eut avec elle,
ne luy laissa que l’esperance d’estre malheureux. Il soûtint ces premiers mépris avec douleur, & pensa pour sa satisfaction, que la gloire
d’une belle personne
15
voulant qu’elle payast de
rigueur la passion qu’on
luy faisoit connoistre, elle avoit esté contrainte
de luy obeïr. Le Duc
d’Orleans qui observoit
les regards & les actions
du Duc de Bourbon, s’aperceut le premier de son
dessein, quoy qu’il fut aimé, il n’osoit s’asseurer
de la durée de son bonheur, le Rival estoit redoutable, & quand on aime bien que ne craint on
pas ; mais quoy-qu’il apprehendast de perdre le
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cœur de Madame de
Candale, il la laissa sur sa
bonne-foy, & par cette
maniere d’agir il se mit
en estat de pouvoir iuger
quelle seroit sa constance
& sa delicatesse.
Estant le lendemain
dans la chambre de Madame de Beauieu, qui
seule avoit obtenu du
Roy la permission de loger dans le Château, &
qui l'avoit fait aussi donner à la Comtesse, parce
qu’elle l’avoit iugé utile à
ses desseins, remarqua
17
que le Duc sans considerer qu’il pourroit estre
observé des curieux &
des interessez, parla long‑temps à Madame de Candale, & il luy sembla
qu’elle prenoit plaisir à
ce qu’il luy disoit, la
Princesse voyoit l’empressement de son mary,
& iugeoit que sa ioye
estoit causée par la veuë
& par l’entretien de la
Comtesse ; elle estoit accoutumé à ses inconstances, parce que les retours de tendresses la
18
consoloient de ses infidelitez ; mais depuis
quelques iours ayant
conceu une grande ialousie de beauté contre sa
nouvelle rivale : elle ne
se contentoit pas de vouloir faire remarquer des
defauts en sa personne,
desquels on ne pouvoit
convenir, elle ne luy
voyoit point un amant
qu’elle n’essayast de luy
oster ; à cette ialousie de
beauté se ioignit encore
celle du cœur, & si elle
eust de grandes peines à
19
souffrir d’une passion
violente & qui n’est pas
heureuse ; ie le laisse à iuger à ceux qui en ont fait
la cruelle épreuve. Elle
aimoit le Duc d’Orleans,
qui n’avoit que de l’indifference à luy donner ;
mais c’estoit de l’amour
qu’elle vouloit ; dés que
le Prince put parler à Madame de Candale, il se
plaignit et fit des reproches, & cela fut mal receu, & comme il continuoit d’en faire, il ne
cessoit point aussi de l’ir
20
riter, le dépit & la ialousie du Prince avoit commencé l’entretien, le mépris & la fierté de la
Comtesse le finit, il n’avoit encore fait que
craindre que le Duc ne
devint son rival, mais
voyant la cruelle maniere
avec laquelle il estoit
traité, il ne fut que trop
certain d’un malheur que
l’on apprehende toûiours, quelque bien estably qu’on soit dans le
cœur de ce qu’on aime ;
Madame de Beauieu bel
21
le, fiere & ialouse, & qui
croyoit meriter toute la
passion de son mary, ne
s’apperceut point sans
douleur du larcin que la
Comtesse vouloit luy
faire, le lendemain retrouvant son mary avec
elle, & faisant remarquer
au Prince comme elle
souffroit agreablement
tout ce qu’il pouvoit luy
dire. On nous trompe,
luy dit-elle en le regardant d’un air le plus tendre du monde, & si ie
puis bien iuger de vous
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& de moy, nous ne meritons point ces iniustes
traitemens. Luy qui ne
vouloit pas estre en reste de dépit & de ialousie
avec Madame de Candale, crut que son cœur
pourroit prendre le party
qu’on luy offroit. Hé
bien, Madame, luy répondit-il en soupirant, profitez de l’exemple, & ne
gardez point pour un
homme qui s’en est rendu indigne, des sentimens amoureux, que
vous pourriez mieux em
23
ployer ; ie sçay bien qu’il
n’est pas impossible que
ie ne me puisse r’aquiter
de ce que ie perds, repartit-elle, si l’on vouloit
aider à ce que ie sens ;
mais ie crains tout, parce que ie voy, & ie n’oserois plus m’asseurer sur
rien ; il vous seroit honteux de ne point aimer,
Madame, repliqua-t’il,
ie vous conseille l’amour
par vengeance, par interest, & par le plaisir que
vous y rencontrerez, &
ie connois un homme
24
qui sera de moitié de
tout cela avec vous, si
vous voulez. Le Duc de
Bourbon, & Madame de
Candale avoit à leur
tour observé la conversation de Madame de Beauieu, & du Duc d’Orleans,
& avoient tirez de cette
observation, une coniecture presque certaine de
ce qu’ils s’étoient dit, si le
Duc sentit cruellement
cette offence, la Comtesse n’en fut pas moins
touchée, & l’on peut dire que ce iour là, le dépit,
25
la ialousie & l’amour leur
fit faire à tous quatre,
mille choses qui les desesperoient, & qu’ils ne
pouvoient s’empécher de
faire. Le Prince se retira
le premier, ne pouvant
soutenir plus long-temps
le trouble & l’inquietude dont il estoit agité.
La Comtesse sortit aussi
en aparence moins troublée, mais en effet vivement offencée dans la
partie la plus sensible de
son ame, aucun desir
d’infidelité ne s’estoit ve
26
nu mesler à l’amour
qu’elle avoit pour luy, &
si elle avoit écouté ce que
le Duc de Bourbon luy
avoit dit, le respect
qu’elle devoit à son rang
l’avoit empéchée d’estre
incivile ; mais non pas
de luy faire comprendre
qu’elle ne vouloit rien de
luy, de tout ce qu’il luy
offroit. Cette resistance
augmenta l’amour du
Duc, & plus il voyoit de
difficulté à se rendre
maistre de son cœur, &
plus il se persuadoit qu'il
27
y auroit de gloire & de
plaisir à le vaincre.
Le Prince ne douta
plus qu’il ne fust abandonné de la Comtesse,
quoy que cette connoissance l’affligeast, elle ne
luy osta pas les moyens
d’agir pour son repos &
pour le contentement de
son ame. La honte d’avoir esté trahy par tout
ce qu’il aimoit, luy conseilloit la tranquilité
comme un remede souverain, pour se vanger en
mesme temps de son
28
amour & de sa maistresse,
apres quelques iours d’inquietudes & de soufrances, il se consola, ou
pour mieux dire, il crut
estre consolé.
Madame de Beauieu
n’ayant pû le faire expliquer autant qu’elle l’eust
desiré, se servit de la
Trimoüille qui l’aimoit,
pour engager plus facilement le Prince à se mettre dans ses interests ; la
commission est cruelle
pour un amant, & sans
doute s’il en eust sceu le
29
secret, il auroit éprouvé
que de tous les malheureux il n’y en avoit pas
un qui le fut tant que
luy.
Pendant que le Duc
d’Orleans enduroit les
peines & les rigueurs de
l’amour, Chaumont qui
estoit d’une des plus illustres Maisons du Royaume, & de plus son favory, avoit des plaisirs en
abondance ; il aimoit
Hauteville, confidante de
la Princesse, il avoit parlé
de sa passion, & non seu
30
lement on l’avoit écouté,
mais encore on y avoit
répondu favorablement ;
on avoit ioint a tant de
bontez de ces tendres
douceurs qui rendent les
amans heureux, leur bonheur n’estoit point troublé, & si quelquefois ils
rencontroient la moindre difficulté de satisfaire
leurs desirs, ils ne sentoient la peine de cette
difficulté, que comme un
assaisonnement à l’amoureuse ardeur qu’ils
ressentoient.
Le Prince meritoit sans
31
doute d’estre aussi heureux que Chaumont,
mais il ne l’estoit pas :
croyant donc n’aimer
plus Madame de Candale, il entreprit de plaire à la Princesse, il iugea qu’il n’étoit pas mal‑aisé que son entreprise
n’eust un bon succez, &
que tout au moins s’il ne
pouvoit faire revenir la
Comtesse, il se consoleroit de son infidelité avec
la femme de son rival. Le
Duc de Bourbon luy
avoit fait connoistre les
32
soupçons qu’il avoit contre le Duc d’Orleans, il
luy avoit mesme montré
quelques soupçons ialoux qu’elle ne vit point
sans dépit, elle eut assez
de fermeté pour vouloir
rendre en cette rencontre
les choses égales à son
exemple. Elle eut de la
ialousie & du dépit, & elle sçut bien luy rendre reproches pour reproches ;
enfin cét entretien finit
par l’asseurance qu’elle
luy donna de l’imiter
dans ses inconstances.
33
Le Duc estoit seur de
la vertu de sa femme ;
mais comme il sçavoit
par son experience qu’un
peu d’amour déracinoit
beaucoup de severité, il
craignit l’esprit & la bonne mine du Prince, & la
bonne foy coniugale,
courant risque d’estre
violée par un homme
d’un si grand merite, il
eut tous les maux d’un
mary ialoux à souffrir, &
toutes les rigueurs d’un
amant méprisé à suporter.
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Les iardins du Plessis‑les-Toursayant receu de
nouveaux embellissemens par les soins que le
Roy en avoit fait prendre, presque tous les soirs
la plus grande partie de la
Cour s’y promenoit, le
Duc d’Orleans y entroit
lorsque la Trimoüille, qui
vouloit s’aquiter de sa
commission, luy fit comprendre quels avantages
il pourroit tirer en s’attachant aux interests de la
Princesse. Le Prince crut
au commencement que
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c’estoit à dessein de découvrir quels sentimens
il avoit pour elle : mais
dans la suite il perdit cette creance, & il connut
que Madame de Beauieu,
qui estoit artificieuse, le
faisoit servir à sa passion
sans qu’il s’en apperceut,
dans un autre temps il
l’auroit détrompé, mais
croyant que le dépit qu’il
avoit contre Madame de
Candale, s’estoit changé
en amour pour la Princesse, il promit à la Trimoüille qu’il profiteroit
de son avis.
36
Apres cela il prit le
chemin de la grande allée, où il vit beaucoup de
monde. Les hommes s’estoient rangez auprés des
Dames, le Duc de Bourbon donnoit la main à la
Comtesse, qui ne put refuser son entretien, il
continua de se plaindre
de sa severité, & par des
paroles touchantes essaya
de luy faire naistre l’envie
de l’aimer ; elle se deffendit, & ce fut sans aigreur ;
mais comme son air étoit
doux, il dementoit ce que
37
disoit sa bouche, & le
Duc trompé par une si
charmante apparence, ne
desespera pas de la faire
changer de sentimens.
La Princesse étoit dans le
iardin remarquant l’empressement de son mary,
elle ne voulut estre suivie
que de Hauteville, & elle
passa de l’autre costé de
la palissade, afin d’estre
témoin de ce qu’il diroit
à sa rivale, elle n’entendit pas sans colere, la maniere tendre & douloureuse dont le Duc se plai
38
gnoit de la cruauté de la
Comtesse, ny sans crainte aussi qu’elle n’y devint
sensible, l’inconstance
de son mary luy fit garder sa colere, mais la prudente vertu, ou pour
mieux dire, l’amour que
Madame de Candale
conservoit encore pour
le Duc d’Orleans, luy fit
diminuer sa crainte.
Que le Prince eust esté
heureux s’il eust pu entendre cét entretien, mais
il ne fit que les voir tous
deux ensemble, & assez
39
éloignez des autres personnes qui estoient dans
le iardin. Cette veuë, luy
fit bien sentir qu’il aimoit encore plus qu’il
ne pensoit, puis que son
cœur en estoit émeu &
troublé, on ne sçauroit
definir le cruel estat où il
estoit, tout ce qu’on en
peut dire, c’est qu’il conservoit ses soupçons ialoux, qu’il vouloit estre
inconstant, & qu’il cherchoit les moyens de n’aimer plus ; il estoit resolu
de se plaindre à la Com
40
tesse, de luy reprocher sa
perfidie, & d’aimer la
Princesse à sa veuë : enfin
il vouloit tant de choses
si differentes & si opposées, que si on avoit pû
voir dans son ame, on y
auroit veu la plus douloureuse & la plus cruelle
souffrance, que iamais un
malheureux amant eust
eu.
Madame de Beauieu
se retira sans estre apperceuë, cependant la Comtesse lassée du personnage
que son dépit luy avoit
41
contraint de faire, se plaignoit en secret de ses peines, & plaignoit aussi celles qu’elle faisoit endurer
au Prince : les soupçons ialoux qu’elle avoit cõceus
contre luy, n’avoient pas
toûiours tout credit dans
son cœur, l’amour venoit
s’y remettre en possession
de ses droits, & luy redonnoit un souvenir si doux
de ce temps heureux où
ils estoient si tendrement
unis, qu’elle écoutoit
avec plaisir tout ce qu’il
pouvoit luy dire, un re
42
ste de fausse gloire l’empéchoit de luy montrer
toute la douceur de ces
sentimens, elle ne vouloit point faire les premiers pas, & quoy que
l’amour luy representast
que qui faisoit le plus,
aimoit le mieux, cette
maxime ne s’accommodoit point à son orgueil,
elle eut souhaité que le
Prince fut revenu soûmis, amoureux & fidelle,
& malheureusement elle
ne voyoit ny ne trouvoit
en luy rien de tout ce
43
qu’elle desiroit qui y
fut.
Dés que la Princesse
put estre en liberté, elle
eust impatience que la
Trimoüille ne fut venu
luy rendre compte de ce
qu’il avoit fait auprés du
Prince, qu’elle ne trouvoit que trop aimable
pour son repos, à quelque prix que ce fust, elle
vouloit en estre aimée, &
elle se croyoit assez belle
pour faire la bonne fortune du plus honneste
homme du monde. En
44
fin la Trimoüille entra
dans sa chambre, dés
qu’elle le vit, avez vous
reüssi, luy dit–elle, seray–ie heureuse, & le
Prince m’aimera-t’il ; il
fut d’autant plus surpris
de la cruauté de ces paroles, qu’il ne croyoit pas
les meriter, Madame, luy
répondit-il, ie suis perdu, vous ne m’aimerez
iamais ? helas, repartit elle ! i’estois si fort occupée
de ma passion, que ie ne
songeois plus à la vostre,
que n’oublie-t’on point
45
quand on aime aussi fortement que ie fais, l’amour porte son excuse
avec soy, & si vous m’aimez comme vous voulez
me persuader, vous me
donnerez les moyens
d’atendrir le Prince, sans
offencer mes sentimens
par la continuation des
vostres ; il soupiroit, ses
regards tristes & languissans exprimoient sa douleur, & l’abondance de
ses larmes disoit assez ce
que sa bouche n’exprimoit pas : la Princesse en
46
tendoit assez les iustes
reproches que ces soupirs, ces yeux & ces
pleurs luy faisoient ; mais
son cœur estant prevenu pour un autre, elle
s’en alla chez le Roy sans
luy répondre. Ne pouvant la suivre en l’estat
où il estoit, & craignant
de luy déplaire, il demeura quelque temps auprés
d’Hauteville, à qui il fit
des plaintes de la cruauté
de Madame de Beauieu ;
Hauteville estoit au desespoir de les entendre,
47
parce que Chaumont qui
estoit caché dans sa
chambre, avoit quelque
chose de plus agreable à
luy dire : enfin la Trimoüille sortit, & elle eut
toute la liberté qu’elle
pouvoit desirer d’écouter
les tendres discours de
son amant, & d’y faire
d'amoureuses réponces.
Comme la Princesse
alloit entrer dans la
chambre du Roy, elle
rencontra le Duc d’Orleans, qui connut qu’elle
avoit dessein de luy par
48
ler dés qu’elle le put ; on
desire un entretien avec
vous, luy dit-elle, souvenez-vous que c’est moy
qui vous en prie ; elle
n’eust que le temps de
luy en marquer l’heure,
parce que le Duc de
Bourbon parut, le Prince n’osant répondre, luy
fit un signe, auquel elle
comprit qu’il ne manqueroit pas de se rendre
chez elle.
Il se retira à la veuë du
Duc, & fit chercher
Chaumont pour luy con
49
fier ce que la Trimoüille
luy avoit dit, & ce que la
Princesse luy avoit ordonné ; mais il estoit en
partie d’amour comme ie
viens de dire, & il s’y
trouvoit si bien, qu’il y
demeura iusqu’au iour.
Il vint le lendemain
au lever du Prince, qui
voulut sçavoir à quoy il
avoit passé la nuit, il voulut cacher son bonheur,
sous pretexte d’avoir esté
occupé par des soins pressans qui demandoient de
la diligence & de l’appli
50
cation. Le Prince qui
avoit envoyé chez luy
afin qu’on put le trouver,
soupçonna d’abord une
partie de la verité. Ces
soins, luy dit-il en soûrians, qui vous ont si fort
occupé, & ausquels vous
avez tant apporté de diligence & d’application,
sont sans doute des soins
d’amour, pourquoy me
les cachez vous, tous mes
secrets vous sont connus.
& il me semble que ie
merite bien que vous ne
m’en fassiez pas.
51
Quoy que Chaumont
fut amoureux, il ne put
estre discret, il luy apprit
donc toutes les particularitez de son avanture,
& il n’oublia pas la moindre circonstance de ses
plaisirs & de son bonheur.
Et par tout ce qu’il luy
dit, il luy redoubla la
cruauté de ses peines.
Helas! ie serois peut-estre
heureux comme vous,
répondit-il à Chaumont,
si ie n’avois point esté
trahy, l’ingrate que i’ai
52
mois tant, & qui m’aimoit si bien m’abandonne, devient sensible pour
un autre, & me voit malheureux sans avoir pitié
de mes souffrances : ha !
Chaumont, ie iure que
ie ne la verray iamais. Ne
faites point de serment,
luy répondit-il, on ne
sçait ce qui peut arriver,
& si vous veniez à vous
r’accommoder, vous auriez peut-estre regret d’avoir iuré. Les tristes & les
douloureuses pensées que
le bonheur de son confi
53
dant avoient renouvellées à ce Prince, l’entretinrent la plus grande
partie du iour, & l’heure
estant venuë où il devoit
se rendre chez Madame
de Beauieu, il entra dans
la chambre de Madame
de Candale, croyant entrer dans celle de la Princesse, la veuë d’une personne qu’il avoit si tendrement aimé, & qu’il
aimoit encore avec tant
de violence, quoy que
son dépit l’empéchast de
le connoistre, remit dans
54
son cœur le desir de se retrouver dans l’heureux
estat où il estoit avant sa
disgrace.
La Comtesse fut agreablement surprise d’un retour qu’elle n’osoit plus
esperer, dans ce moment
elle oublia son dépit &
son orgueil, & les plaintes & les reproches finis
de part & d’autre ; l’amour
sceut bien tost reprendre
la place que de trop iniustes soupçons avoient occupez.
Le Prince qui estoit
55
sincere, luy avoüa comme
il avoit pris sa chambre
pour celle de Madame de
Beauieu, qui selon toutes les apparences vouloit
luy parler de la passion
qu’elle avoit pour luy,
Madame de Candale qui
ne l’estoit pas moins, luy
dit les persecutions amoureuses que le Duc de
Bourbon luy faisoit, &
que ne pouvant plus en
souffrir, elle l’avoit menacé de se plaindre à la
Princesse, elle y adioûta
que pour toute grace il
56
l’avoit suppliée de luy accorder un entretien, &
que craignans de l’irriter
à cause de son credit, elle
n’avoit pu le luy refuser.
A peine achevoit-elle ces
paroles que le Duc entra,
parce que c’estoit l’heure
que la Comtesse luy avoit
marqué pour luy donner son audiance de congé ; il tira de la veuë du
Prince un mauvais augure pour son amour, & ne
douta point que son rival ne fust heureux.
La Comtesse qui vou
57
loit ôter iusqu’aux moindres soupçons qui eussent
pu demeurer dans le
cœur de son amant, luy
fit bien connoistre qu’elle n’avoit iamais aimé le Duc, à qui elle eust
la cruauté de dire, vous
ne m’avez pas voulu croire lors que ie vous asseurois qu’en continuant à
m’aimer, vous continuiez
à vous faire haïr, cependant ce malheur là vous
est arrivé, ce n’est pas
ma faute, c’est la vostre.
Le Duc cruellement ir
58
rité d’un si sensible outrage, & encore à la veuë
du Prince, n’ayant pas
assez de force pour le soutenir tranquillement, sortit plus malheureux qu’il
n’estoit entré.
Depuis le iour que le
dépit du Duc d’Orleans3
l’avoit contraint d’essayer
de plaire à Madame de
Beauieu, & qu’il avoit
esté assez malheureux
pour y avoir reüssi, elle
se flatoit d’avoir touché
son cœur, il l’avoit regardée comme on regar
59
de lors qu’on trouve une
personne aimable, & il
avoit parlé comme on
parle quand on commence d’aimer ; elle prenoit méme son respect
comme une marque d’un
grand amour, & enfin
elle n’estoit guere plus
persuadée de sa beauté,
qu’elle l’estoit de la passion qu’il avoit pour elle.
Ce Prince n’avoit pu
s’expliquer entierement
dans l’entretien qu’il eut
avec elle, en presence du
Duc & de la Comtesse de
60
Candale, comme elle
estoit impatiente & tendre, elle osa plus qu’il
n’avoit osé, & ce fut dans
le dessein de luy découvrir les progrez amoureux qu’il avoit fait dans
son ame, qu’elle luy ordonna de se rendre le
lendemain dans sa chambre, son amour l’empéchoit d’attendre la venuë
de ce Prince avec tranquilité, mais elle l’attendit long-temps. Madame de Candale plus
heureuse, plus aimable
61
& plus aimée aussi, trouvoit dans le plaisir du
r’accommodement, une
douceur qu’il faut avoir
éprouvée, pour l’exprimer aussi tendre qu’elle
estoit, son amant partageoit tout cela avec elle,
& content de l’estat où
il estoit, comment n’auroit-il pas oublié Madame de Beauieu, puis qu’à
peine il se souvenoit de
luy-méme. Cependant
la Comtesse pria le Prince qu’il feignit de l’aimer,
afin de conserver plus
62
seurement sous cette
feinte, les biens qu’ils
recevoient de leur passion, il se deffendit si
tendrement du personnage, qu’on vouloit l’obliger de faire, qu’on ne
luy ordonnoit plus rien
que d’estre fidelle, lors
que Hauteville entra,
qui estoit comme i’ay
desia dit confidante de la
Princesse, qui l’envoyoit
sous un faux pretexte,
pour découvrir si le Prince n’estoit pas dans sa
chambre, elle l’y trouva
63
donc, & luy raporta fidellement ce qu’elle avoit veu ; dans le premier transport qu’elle
eust, son ressentiment
luy fit prendre de cruelle
resolutions contre luy,
mais l’amour les rompit,
Madame de Candale qui
craignoit d’irriter Madame de Beauieu, & qui
apprehendoit aussi que
sa colere ne tombast sur
son amant, obtint de luy
avec bien de la peine,
qu’il s’en iroit chez elle.
Le Prince s’y étant rendu,
64
ne vit en elle que de la
ioye, tant elle sçavoit
bien dissimuler. Aprés de
legeres plaintes, sur la
negligence qu’il avoit eu,
elle luy fit adroitement
souvenir du discours
qu’il luy avoit tenu, ie
ne vous entens pas encore Madame, luy dit-il,
mais pour peu qu’il vous
plaise de continuer, ie
répondray sans doute de
la maniere que vous desirez que ie réponde, i’avois toûiours bien cru,
repartit-elle, que vous
65
parleriez comme vous
faites, mais malgré cette
creance, mon cœur doute encore, il craint tout ;
ostez luy donc ses craintes, puis que vous le pouvez, & ne me laissez pas
plus long-temps dans la
cruelle incertitude où ie
suis. Il comprenoit assez
ce qu’elle vouloit dire,
ses regards, ses paroles,
ses actions, le prioient
d’amour le plus tendrement du monde, mais il
feignoit de ne point entendre tout cela, de peur
66
de s’attirer d’autres bontez qu’il n’avoit pas dessein de meriter, & ne
voulant pas aussi faire la
moindre trahison à
Madame de Candale. La
Princesse voyant qu’il ne
répondoit pas, croyoit
que le trop de passion
l’empéchoit de la remercier de la preference
qu’elle faisoit de luy à
tout autre, mais elle
estoit cruellement trompée. Ce Prince ne sõgeoit
qu’aux moyens de refuser
son amour sans irriter
67
son orgueil, il n’estoit
point aisé d’y reüssir, elle
estoit penetrante, adroite, & l’interest de son
cœur y estoit mélé. Cependant il falloit qu’il se
tirast d’un pas si dangereux, & ie ne sçay comment il l’auroit pû faire,
si elle n’avoit aidé à l’en
tirer. Ie me souviens, luy
dit-elle en rougissant,
que vous me parlastes
d’un homme qui se seroit
offert d’estre de moitié
avec moy du plaisir de la
vengeance, & de celuy
68
de l’amour, s’il n’avoit
apprehendé quelque refus ; qu’il ose, poursuivit‑elle en se cachant le visage avec une de ses mains,
qu’il parle, & qu’il m’aime, tout cela luy est permis, & si ce n’est pas assez
pour le contẽter, qu’il espere tout de sa passion &
de la mienne. Que la Trimoüille est heureux, Madame, répondit le Prince, & quel plaisir ne recevra-t’il point lors que ie
luy apprendray ce que
vous venez de me dire.
69
Ce ne fust pas sans peine
qu’elle cacha le desespoir où elle estoit du mépris de ce Prince, & de
ce qu’il nommoit la Trimoüille, au lieu qu’elle
avoit crû qu’il alloit parler pour luy méme ; mais
enfin elle sceut si bien le
contraindre, que s’il ne
l’eust connuë, iamais il
ne l’eust soupçonnée de
dissimulation, tant elle
sçavoit parfaitement l’art
de se déguiser aux yeux
des plus clair-voyans.
Vous estes un dangereux
70
confidant, luy répondit‑elle, & ie ne vous aurois
iamais choisi pour cét office, ie me plaindray à la
Trimoüille de son imprudence, il ne devoit
point vous confier son
secret, & il ne pouvoit
plus mal s’adresser qu’à
vous. Le Prince entendoit
tout ce que cela vouloit
dire, sans oser y répondre ; mais comme c’estoit
luy donner lieu de se déclarer davantage, en demeurant interdit ; ne
condamnez point la Tri
71
moüille sans écouter ses
iustifications, Madame,
luy dit-il, il ne m’a point
fait connoistre qu’il vous
aime, ie m’en suis apperceu, peu d’hommes ont
plus de merite que luy,
ie l’estime, & ie suis bien‑aise d’avoir rencontré
une occasion de le servir,
que ie ne m’attendois pas
de trouver. La Princesse,
qui voyoit que ce Prince
continuoit de l’offencer,
sentit cruellement cette
outrage ; on ne refuse
point impunément l’a
72
mour d’une personne de
cette naissance, quand
on en méprise la beauté,
elle se souvient toûiours
de l’iniure qu’on luy fait,
& ce n’est que rarement
qu’elle pardonne. Pendant cét entretien, la
Trimoüille estoit avec le
Roy, qui regardoit des
Lions & des Tigres qu’on
luy avoit amenez d’Afrique, & qui n’estoient pas
les seuls qu’on devoit luy
envoyer. Le bruit de sa
maladie avoit couru presque dans toutes les par
73
ties du monde, comme il
estoit puissant & redoutable, il vouloit faire cesser ce bruit, ayant préveu
que son mal dureroit
long-temps, il avoit envoyé en diverses Contrées, tant d’Europe que
d’Afrique & d’Asie, pour
en faire venir ce qu’il y
avoit de plus rare ; il estoit
dans ce Chasteau du
Plessis-les-Tours avec
peu de domestiques, &
beaucoup d’Archers de
sa garde, ausquels il se
confioit, & ayant toû
74
iours les soupçons dont
i’ay parlé ; mais il y avoit
pourveu en ne laissant
personne dans le Château, desquels il ne fut
asseuré, on ne luy parloit d’aucunes affaires, à
moins que ce ne fust de
celles qui importoient au
repos de l’Estat, ou la
conservation de sa vie,
pour laquelle il faisoit
des choses extraordinaires & inusitées, il punissoit cruellement pour de
legeres fautes, afin d’estre
craint, & de peur de per
75
dre son autorité, & il se
faisoit enfin plus craindre que ne fit iamais aucun Roy, apprehendant
qu’on ne le crut mort s’il
agissoit autrement, peu
de gens le voyoient, mais
quand on entendoit parler des choses differentes
qu’il ordonnoit, à peine
pouvoit-on croire qu’il
fust malade. Voulant
faire voir ces Tigres &
ces Lions à Madame de
Beauieu, il commanda à
la Trimoüille de la faire
venir, cette commission
76
luy estoit dautant plus
agreable, qu’il croyoit
pouvoir luy parler d’une
passion qui ne luy estoit
pas inconnuë, mais qu’elle ne traitoit pas assez
bien pour devoir l’en remercier. La veuë du Prince qu’il ne croyoit point
en ce lieu, luy fit tout
craindre pour son amour,
& il se crut perdu, & par
le merite de son rival, &
par l’inclination de sa
maistresse. Ce qui luy faisoit faire ce iugement,
c’est que le Duc de Bour-
77
bon luy avoit appris de
quelle maniere cruelle
Madame de Candale l’avoit sacrifié à ce Prince,
& qu’il estoit d’autant
plus malheureux, qu’il
ne pouvoit point douter
qu’il ne fust aimé d’elle
& de la Princesse. Il luy
dit en suite tant de circonstances, qu’il en fut
aussi persuadé que luy.
Le Duc estoit bien plus
à plaindre qu’il ne pensoit, puis qu’il avoit pour
confidant & pour amy
un homme qui estoit l’a
78
mant de sa femme, mais
il ne le sçavoit pas, & la
Trimoüille n’avoit garde
de luy en confier le secret.
S’estant donc acquité
de ce qu’il avoit à luy dire, il la suivit chez le
Roy, où le Duc d’Orleans la quita pour aller
rendre conte à Madame
de Candale de l’entretien
qu’il venoit d’avoir, elle
eut la ioye de rencontrer
en ce Prince ce qu’elle
avoit desiré d’y trouver,
& Chaumont qui arriva
79
fut témoin d’une partie
de ce qu’ils se dirent, pour
s’asseurer que leur passion
ne finiroit iamais.
Quoy que Madame de
Beauieu eust resolu de se
vanger du mépris qu’elle
avoit remarqué dans ce
Prince, elle prenoit souvent des resolutions toutes contraires à la vengeance ; on ne se défait
point de l’amour quand
on veut, & tant qu’il est
le maistre d’un cœur, tout
ce qui s’y passe, tout ce
qui s’y fait, n’est que sous
80
son bon plaisir. La Tri
moüille ne la trouva
donc pas dans une disposition favorable à l’écouter, elle faisoit semblant
de regarder les Lions, elle estoit auprés du Roy,
& il ne pouvoit luy parler. Cependant elle révoit profondement, &
ce qu’elle pensoit l’occupoit si fort, qu’à peine
voyoit elle les obiets sur
lesquels ses yeux estoient
attachez ; mais enfin satisfaite des moyens qu’elle avoit imaginez, ou
81
pour se faire aimer, ou
pour perdre sa rivale dans
le cœur du Prince, elle
appella La Trimoüille,
luy parla long temps, &
luy fit iuger qu’un si
grand & si prompt changement ne se faisoit
point, sans que l’amour
en fust la cause. Depuis ce
iour il n’eut point à se
plaindre, & si elle ne l’aimoit, elle fit semblant
de l’aimer ; sur de si douces apparences il se laissa
tromper, il voyoit de belles choses, il desiroit d’en
82
estre le maistre, & on
luy faisoit esperer que
son bonheur passeroit son
esperance. En sa place qui
n’eust cru estre heureux,
& qui n’eust pas pensé
comme luy qu’il estoit
le plus aimé de tous les
hommes ; mais elle pensoit tout le contraire de
ce qu’elle luy faisoit voir,
& ce n’estoit que pour le
faire servir à son dessein,
sans qu’il s’en apperceut,
qu’elle le traittoit ainsi.
Elle luy ordonna de cacher si bien sa passion,
83
qu’on ne peust la découvrir, de la voir rarement
en public, & de feindre
d’aimer ailleurs, afin
qu’on ne le soupçonnast
point d’intelligence avec
elle, il se deffendit long‑temps comme un amant
delicat, qui ne pouvoit
faire dire à sa bouche ce
que son cœur ne sentoit
pas, mais elle le voulut
absolument, sans luy
nommer encore la personne à laquelle elle pretendoit qu’il s’attachast,
& il fut contraint d’o
84
beïr, elle ne luy parla
point de la conversation
qu’elle avoit euë avec le
Prince, & pour le mieux
tromper, elle luy fit croire que c’estoit à dessein
de connoistre s’il l’aimoit
assez pour estre ialoux,
qu’elle luy avoit ordonné
de travailler à le mettre
dans ses interests, &
qu’elle luy avoit montré
quelque legere envie d’en
étre aimée. Qu’on est credule quand on aime, &
qu’on croit aisément une
chose qui nous oblige.
85
Il crut donc tout ce qu’on
voulut luy faire croire, &
il la remercia des choses
qu’elle avoit faites, desquelles il auroit esté desesperé s’il en avoit appris
la verité ; mais de quelle
maniere pourroit-il la
sçavoir, il est persuadé de
la sincerité de sa maistresse, & quand mesme il ne
le seroit pas, il luy seroit
assez difficile d’estre desabusé.
Le Duc d’Orleans n’estoit pas si fort occupé
par son amour, qu’il ne
86
pensast aux moyens de
s’agrandir, si la maladie
du Roy continuoit, i’ay
déia dit qu’il pretendoit
à la Regence si le Roy
mouroit, mais Madame
de Beauieu la vouloit,
elle y avoit grande part à
cause de son credit, & de
la confiance que le Roy
avoit en elle ; son dessein
estoit de gagner le Prince, & de luy faire oublier
le soin de sa grandeur
dans les plaisirs d’une
passion amoureuse ; mais
elle n’obtint pas de luy ce
87
qu’elle desiroit.
Comines qui estoit
Chambelan du Roy, &
qui partageoit sa faveur
avec Madame de Beauieu, avoit toûiours eu
une forte inclination
pour le Duc d’Orleans,
mais il la cachoit au
Roy, & à la Princesse,
de crainte qu’ils n’en
eussent des soupçons, &
que cela ne servit de pretexte à le perdre ou à le
ruiner luy-mesme. La
mort du Roy arrivant, il
vouloit un puissant ap
88
puy contre la haine de
Madame de Beauieu, &
il n’en trouvoit pas un
plus grand que celuy du
Duc d’Orleans, qui ne
pouvoit aussi estre mieux
servy que du conseil, du
credit & de l’amitié de
Comines. Comme il
avoit eu quelques soupçons que cette Princesse
ne le haïssoit pas, il luy
en avoit souvent parlé ;
mais ce Prince l’ayant
remis plusieurs fois à luy
aprendre ce qu’elle avoit
fait pour le mettre dans
89
ses interests, il prit si bien
son temps pendant que
le Roy dormoit, qu’il se
rendit dans la Ville à la
chambre de Chaumont,
où on luy avoit dit que
le Duc d’Orleans estoit.
Luy ayant donc témoigné l’envie qu’il avoit de
sçavoir le secret de son
amour avec Madame de
Candale, qui ne luy étoit
pas aussi inconnu qu’il
pensoit, & tout ce qui
s’estoit passé sur ce suiet
entre la Comtesse, Madame de Beauieu, & luy ;
90
le Prince qui craignit de
ne pouvoir aller chez la
Comtesse à l’heure qu’il
avoit promis, le refusa
d’abord ; mais Chaumont
qui sçavoit le suiet de ce
refus, luy ayant dit qu’il
avoit assez de temps pour
satisfaire Comines, avant
que la nuit fût fort avancée, il donna ordre, non
seulement que personne
n’entrast, mais encore de
dire qu’il estoit sorty.
Estant donc en liberté de
dire à Comines ce qu’il
desiroit de sçavoir, il
luy parla ainsi.
91
Bandeau. HISTOIRE de Madame de Beauieu, de Madame de Candale, & du Duc d’Orleans.
ON arrive quelque‑fois à la fin que
l’on s’est proposée, quelque difficulté qu’on aye
rencontré d’abord. Madame de Candale sçait
que ce que ie dis est veritable, & vous en serez
92
persuadé lors que vous
sçaurez qu’au Mariage de
Monsieur le Dauphin, la
ceremonie estãt achevée,
& parlant avec Madame
de Ravaistin4, qui comme
vous sçavez avoit amené
Madame Marguerite de
Flandres5, elle me montra une ieune personne
blonde, d’un éclat admirable, & d’une beauté
touchante, ie regarday
quelque temps, i’admiray ; mais ie n’aimay pas,
& me tournant en riant
du costé de Madame de
93
Ravaistin, mon heure
n’est pas encore venuë,
Madame, luy dis ie, &
comme vous voyez ie l’atens avec assez de tranquillité. Elle viendra sans
doute, me répondit-elle,
& ie me trompe fort si
cette belle personne que
ie vous ay montrée ne
cause un iour quelque
tendre émotion dans ce
cœur si indifferent & si
tranquille. Ie la quitay ;
mais le soir dans l’assemblée, Madame de Ravaistin me redit encore
94
les mesmes choses qu’elle m’avoit dit, & ie pense que ie luy fis à peu prés
les mesmes réponces que
ie luy avois faites.
Vous devriez avoir
honte, me dit-elle, de
n’estre point plus curieux
& plus empressé, & ie
vous croy mesme si negligent, que vous ne
vous estes point informé
du nom de cette belle
personne. Luy ayant répondu que ie n’avois eu,
ny la volonté ny le loisir
de le sçavoir, elle m’ap
95
prit qu’elle s’appelloit
Madame de Candale, &
que son mary estoit le
plus ialoux de tous les
hommes. Dans ce moment elle me vint prendre pour danser, & ie remarquay qu’elle rougit,
ie vous avouë que i’eus
quelque dépit de ce que
Madame de Ravaistin,
qui estoit estrangere,
avoit eu plus de curiosité
que moy pour sçavoir
tout cela. À cette seconde veuë ie ne fus pas plus
touché qu’à la premiere,
96
& ie me trouvay aussi indifferent que i’avois touiours esté ; ie n’ay sceu
que depuis peu le suiet
qui avoit obligé Madame
de Ravaistin à me parler
ainsi ; elle avoit une étroite liaison avec Madame
de Beauieu, & l’amitié
qui estoit entr’elles, avoit
commencé à Hedin, où
comme vous sçavez cette
Princesse eut ordre d’aller recevoir Madame
Marguerite de Flandre,
qui est à present Madame la Dauphine.6 Long‑
97
temps auparavant elle
avoit cherché dans la
plûpart des femmes du
Royaume assez de beauté pour m’engager, &
assez d’attachement à
son service pour dépendre absolument de ses volontez ; mais elle n’avoit
encore rien trouvé qui
luy fut propre, que Madame de Candale, qu’elle
iugea telle qu’elle s’estoit
imaginé qu’il falloit estre
pour me plaire, & pour
ne faire aussi que ce qu’elle luy ordonneroit. Elle
98
fit donc ingenieusement
pressentir par Madame
de Ravaistin, quel iugement ie faisois de Madame de Candale, afin de
prendre des mesures sur
ce que ie répondrois ; mais
elle vit bien qu’il n’estoit
pas aisé de me rendre
amoureux, puis que ie ne
l’estois pas encore.
Madame de Candale
qui estoit dans une de ses
Terres auprés de Loche,
vint à Amboise, de là à
Tours avec le Comte son
mary, qui avoit quelques
99
affaires à terminer avec le
Roy, touchant des prétentions qu’il avoit au
Comté de Foix, la Princesse s’engagea de faire
consentir le Roy à l’accommodement qu’il demandoit, & la Comtesse
la voyait souvent pour
les interests de son mary.
Estant un iour auprés
d’elle, après luy avoir
donné mille loüanges sur
sa beauté, que Madame
de Candale luy rendoit
100
avec usure, elle luy découvrit son dessein, & elle la trouva plus prompte
à entreprendre d’en faire
reüssir l’exécution, qu’elle n’avoit pensée. Ie ne
sçay s’il n’y a pas trop de
vanité à un homme de
dire qu’il a esté aimé
d’une des plus belles personnes de France, avant
que d’avoir merité de l’estre ; quoy qu’il en soit,
il est vray que ie pleu à
Madame de Candale,
qu’elle m’aimoit sans que
ie le sceusse, & que mes
101
me sa tendresse m’étant
connuë, ie ne fis rien de
tout ce que ie devois faire en semblable conioncture. Aussi n’aimois-ie
pas, & i’avois si peu de
penchant à l’amour, que
ie regardois toutes les
Dames avec une indifference qui m’en devoit
faire haïr. Vous sçavez
que ce n’est pas ce qu’elles desirent des hommes,
& que s’il leur estoit permis de choisir, elles prendroient l’amour & laisseroient l’indifference, &
102
c’est en quoy ie les trouve de bon goust, & pour
dire la verité, l’un donne
beaucoup plus de plaisir
que l’autre, l’inclination
que Madame de Candale
avoit donc pour moy, fit
qu’elle receut agreablement la proposition de
cette Princesse, à qui elle cacha l’envie qu’elle
avoit de me plaire ; ie ne
sçavois rien de ce dessein,
i’avois seulement appris
que le Comte montroit
souvent de cruels effets
de ialousie à la Comtesse,
103
& qu’il l’accusoit d’avoir
un commerce d’amour
avec moy, il se trompoit.
Mais les ialoux ont
quelquefois de certains
pressentimens des choses
qui leurs doivent arriver,
ce fut Chaumont qui
m’en avertit. Il ne peut
l’avoir sceu que par Hauteville, interrompit Comines, parce que ie sçay
que le iour que Madame
de Candale se plaignit à
la Princesse des soupçons
de son mary, Hauteville
104
estoit dans sa chambre.
Chaumont sourit de ce
que Comines avoit compris si iudicieusement la
verité, & il ne feignit
point de luy avoüer que
cela estoit de la mesme
maniere qu’il l’avoit pensé. Ie me mocquay avec
luy de la ialousie du
Comte, poursuivit le
Prince, & ie parlay comme un homme qui estoit
bien esloigné d’en donner. Chaumont qui n’estoit pas de mesme sentiment que moy, & qui
1077
trouvoit des plaisirs dans
l’amour que le repos & la
tranquillité du cœur ne
peuvent donner, s’obstinoit à me dire que ie devois, ou par gloire, ou
par amusement, ou par
tendresse, aimer quelque
belle personne, & la rendre sensible ; alors qu’il
me parloit ainsi, nous
estions dans le iardin du
Plessis-les-Tours.
Et ne croyant point
estre écoutez, mais la
Princesse & Madame de
Candale qui venoient
108
prendre le frais que le Soleil leur avoit empéché
de recevoir tout le iour,
entendant du bruit, s’approcherent sans estre apperceuës, & ne perdirent
presque pas un mot de
tout nostre entretien : ie
continuois à me deffendre contre les persécutions de Chaumont, qui
me rapportoit plusieurs
exemples des grands
hommes qui avoient aimé, & à qui l’amour
n’avoit rien fait perdre de
la gloire que la valeur
109
leur avoit acquis. Ie puis
vous rendre exemple
par exemple, luy dis-ie,
& ie ne vous en veux citer qu’un seul, & duquel
ie veux profiter ; c’est celuy d’Antoine ce fameux
Romain, qui merita l’estime & l’amitié de Cesar, tant que l’amour ne
toucha point son cœur,
& que le seul desir de la
gloire en fust le maistre.
Iamais on n’eust tant de
reputation que luy, ses
combats, ses victoires, &
mesme ses défaites l’a
110
voient rendu le plus
grand de tous les hommes ; Auguste tout habile & tout puissant qu’il
estoit, loin d’entreprendre de le détruire, ne
l’eust iamais osé attaquer ;
mais ce que les forces ne
purent, Cleopatre le fit.
Cette voluptueuse Reine
d’Egypte desiroit des
amans, quoy qu’ils pussent luy coûter, elle les
vouloit illustres & du
premier rang de l’Vnivers, & elle payoit de sa
reputation les tendresses
111
qu’ils avoient pour elle.
Comme elle estoit ingenieuse, belle & galante,
& que son plus grand
soin estoit de plaire, elle
employa si utilement
la douceur de ses regards,
qu’Antoine se crut trop
heureux d’estre regardé ;
enfin elle sceut si bien le
toucher par les endroits
les plus sensibles de son
cœur, qu’elle le rendit
son esclave, il entroit
dans toutes ses passions,
il regloit ses volontez sur
les siennes, il faisoit tout
112
son plaisir de sa veuë, de
son entretien & de ces
faveurs, que les amans
appellent mal à propos le
souverain bien, quel
glorieux avantage tirat’il d’un abandonnement
si grand, luy aida-t’elle
par son esprit, par ses tresors & par ses suiets, à
conquerir de nouvelles
Provinces, luy laissat’elle assez de prudence
pour appaiser la revolte
des Royaumes que sa valeur & son merite luy
avoient acquis ; enfin luy
113
donna t’elle les moyens
de maintenir son credit,
& de conserver ses amis
dans sa Patrie. Elle ne fit
rien de tout cela, poursuivis-ie, mais pour le recompenser du honteux
sacrifice qu’il luy avoit
fait de sa gloire, elle l’honoroit de ses faveurs, elle
luy faisoit gouster les
plus tendres voluptez
que l’amour puisse imaginer, mais tout cela n’estoit qu’une repetition
des plaisirs qu'elle avoit
pris autrefois avec Cesar ;
114
Antoine le sçavoit, &
cependant il aimoit ; qu’il
estoit peu delicat, qu’il
estoit à plaindre de tant
aimer, & qu’il eust bien
mieux fait de resister à
Cléopâtre. Qui suivroit
vostre conseil interrompit Chaumont, on n’aimeroit iamais, & l’on
passeroit la vie sans ioye
& sans douceur, mais
heureusement on ne
vous en croit pas, & l’on
se trouve fort bien de son
amour. Antoine se trouva fort mal du sien, re
115
pris-ie, comme Cléopâtre estoit obligeante &
tendre, elle offroit ses faveurs à qui en vouloient,
il ne tint qu’à Herodes
Roy des Iuifs, d’en recevoir d’aussi grandes
qu’Antoine en avoit receu ; & elle pria d’amour
aussi Artabase Roy d’Armenie8, & ils eurent tous
deux l’incivilité de refuser une si belle conqueste.
Il n’y a pas trop de quoy
s’en estonner, interrompit Chaumont, c’estoient
des Barbares qui ne sça
116
voient pas vivre. Elle se
vengea cruellement du
mépris de l’Armenien,
poursuivis-ie, & ce qu’il
y eust de plus honteux
pour Antoine dans cette
vengeance, c’est qu’il fut
l’instrument dont elle se
servit pour arrester Artabase, à qui elle fit couper la teste, parce qu’il
n’avoit pas voulu répondre à sa passion. Aprés de
si grandes marques d’un
si violent amour, qui
n’eust cru qu’il estoit le
plus aimé de tous les
117
hommes, cependant cela
n’estoit pas, elle avoit
dessein sur le cœur d’Auguste, qui armoit contre
Antoine ; elle eut intelligence avec luy par un
de ses Afranchis qu’il luy
envoya pour la mieux
tromper, & fit servir les
mesures qu’il avoit prises
avec elle, pour ruiner
Antoine avec plus de
seureté ; cette artificieuse
& cruelle Egyptienne
voyant qu’Auguste étoit
prest d’entrer dans Alexandrie, feignit d’estre
118
morte, Antoine le crut.
Dans le fort de sa passion,
il avoit esté assez amoureux pour luy promettre
de ne point survivre à sa
perte, si les destins ordonnoient qu’elle arrivast devant la sienne ; &
il fut assez imprudent
pour luy tenir sa promesse
dans le mesme moment
qu’elle vivoit, & qu’elle
adioûtoit des graces
estrangeres aux siennes,
pour estre plus asseurée
de plaire à Auguste, qui
fut trop sage pour se lais
119
ser prendre à ses charmes.
Elle ne put pardonner à
sa beauté d’avoir manqué
de faire un esclave du
maistre du monde, peu
de iours aprés elle s’en
vengea sur elle mesme,
voulant que toute la terre crut qu’elle n’avoit eu
d’autre dessein que celuy
de suivre Antoine, mais
on n’estoit que trop persuadé, que le dépit de
n’avoir pu se faire aimer
d’Auguste, luy avoit fait
chercher les moyens de
mourir. Chaumont es
120
fayoit d’afoiblir l’autorité de cette exemple par
mille raisons, ausquelles
ie ne pouvois me rendre.
Madame de Beauieu & la
Comtesse écoutoient attentivement, & remarquant que nous nous
estions éloignez, elles ne voulurent point
nous suivre, & elles allerent se reposer sur un siege de Gazon qui estoit à
vingt pas de l’endroit où
elles estoient. La Princesse instruisoit Madame
de Candale de tout ce
121
qu’elle devoit faire pour
me rendre amoureux, elle y consentoit, parce
que son cœur & ses desirs
le vouloient, mais elle
n’esperoit rien ; Madame
de Beauieu la r’asseuroit,
& en ce temps-là elle
craignoit que la Comtesse ne se lassast de ne
me pouvoir attendrir,
ignorant encore les sentimens qu’elle avoit pour
moy. Le Duc de Bourbon s’estoit trouvé plus
sensible, & quoy que son
amour n’eust esté connu
L'empreinte de la Bibliothèque de l'Arsenal.
122
que long-temps depuis,
il prit la resolution de se
faire aimer de Madame
de Candale. L’entreprise est difficile quand il
s’agit de destruire un rival aimé ; il est vray que
ie n’estois pas si à craindre, que si i’eusse eu autant de passion que la
Comtesse : mais l’inclination qui combat contre un merite qu’on n’estime pas, est presque toûiours seure de vaincre,
iusqu’icy l’experience de
cette verité est toute à
123
mon avantage, i’ay eu
des craintes, des soupçons, i’ay esté ialoux ;
mais on ma fait connoistre avec tant de bontez,
que i’avois tort de conserver ces sentimens, que
i’ay promis de m’en défaire, & peut-estre serayie assez heureux pour tenir ma promesse.
Le Comte de Candale
qui observoit la conduite
de sa femme, n’y auroit
rien trouvé de contraire
à la vertu, si sa ialousie
luy eut laissé libre l’entier
124
usage de sa raison ; mais
malheureusement il ne
voyait que ce qu’elle luy
faisoit voir, & il soupçonnoit les moindres regards
& les moindres actions
de la Comtesse. Pour
moy i’estois heureux, si
l’on peut l’estre en n’aimant rien, & n’avois
d’autres pensées que celles d’acquerir de la gloire
& de la reputation, ie
n’avois d’autre dessein
que celuy là, & l’on ne
pouvoit me donner un
plus grand plaisir, que de
125
me faire esperer que ie
rencontreray bien-tost
dans la guerre de quoy
contenter mon ambition.
I’estois un iour dans
cét agreable iardin qui est
sur le bord de la Loire,
& i’y estois seul & sans
dessein que de le traverser pour aller monter sur
mes chevaux, qui m’attendoient de l’autre costé, lors que i’entendis
une voix que ie crus connoistre ; en m’approchant
ie trouvay à mes pieds
126
une boëte à portrait, que
ie n’eus seulement pas la
curiosité d’ouvrir, le
bruit & les cris redoublans, ie courus vers l’endroit où ie iugeois qu’il
devoit partir, & ie vis un
homme, que ie ne connus
point d’abord, qui tenoit
Madame de Candale, &
qui estoit prest de la ietter dans la riviere ; cét obiet m’inspira de la compassion pour la Comtesse, & de la colere & du
mépris pour le Comte,
que ie reconnus. Comme
127
il ne pouvoit s’oster de l’imagination qu’elle luy
estoit infidelle, il l’avoit
suivy dans ce iardin,
croyant qu’il y trouveroit la cause de ses soupçons, & m’ayant en suite
veu entrer un moment
aprés, il ne douta plus
de sa trahison. N’en
croyant donc que son ressentiment & sa ialousie,
il luy avoit reproché l’amour qu’elle avoit pour
moy, & l’ayant traitée
avec une violence trescruelle, l’auroit sans dou
128
te noyée, si mon bonheur & celuy de Madame
de Candale ne m’avoit
fait arriver assez à temps
pour la sauver, le Comte
paslit à ma veuë, & ce ne
fut pas sans peine que ie
luy fis quiter prise, la
Comtesse estoit venu
dans le iardin en habit
negligé, & la furie du
Comte qui s’estoit portée
sur tout ce qu’elle avoit
trouvé de plus propre à
la satisfaire, avoit aidé à
me faire remarquer dans
cette negligence & dans
129
ce desordre, des beautez
qui m’estoient inconnuës, & que ie ne
croyois pas aussi touchantes qu’elles estoient ;
ie tiray donc de mes yeux
mille plaisirs que ie ne
m’attendois pas de recevoir, mais ces plaisirs
n’alloient pas iusqu’à
mon cœur, & ie pense
que si i’eusse bien examiné ce qui m’obligeoit à
regarder avec un si grand
attachement, ie n’aurois
pu en bien dire la cause.
Ce que ie sçay, c’est que
130
ie ne desoirois rien que
d’arracher Madame de
Candale des bras de son
mary. Au cry qu’elle avoit
fait, plusieurs gens qui
estoient dans le iardin
vinrent au secours ; elle
me pria les larmes aux
yeux, que ie ne l’abandonnasse point, & ie la
remis entre les mains de
Madame de Beauieu, qui
se plaignit au Comte de
sa violence, luy reprocha
son iniuste ialousie, &
luy defendit d’en montrer iamais aucune mar
131
que, puis qu’il n’en avoit
aucun suiet, & luy dit
qu’elle vouloit faire loger la Comtesse auprés
de son appartement. Il
ny consentit pas sans s’en
murmurer, mais enfin il
fut contraint de s’y resoudre ; dés ce méme iour
elle fit trouver bon au
Roy que Madame de
Candale eut un logement
dans le Château, la Princesse qui n’avoit point
sceu la cause de l’accident qui venoit d’arriver,
& qui vouloit aussi sça
132
voir ce qui l’avoit obligé
de s’en aller di si bonne
heure dans le iardin, luy
fit connoistre qu’elle desiroit de l’apprendre. I’estois hier au soir dans ce
iardin, Madame, répondit-elle, & comme ie
pensois aux instructions
que vous me donniez
pour me faire aimer du
Prince, ie ne me suis apperceu que ce matin de la
perte de mon portrait ;
d’abord sans faire reflexion à ce qu’on pourroit
dire si l’on me trouvoit
133
seule dans ce iardin, dés
que i’ay esté en estat de
sortir, i’y suis allée,
n’ayant qu’une fille avec
moy, qui s’est enfuye.
Voyant la colere où estoit
mon mary, i’apprehendois qu’il ne s’imaginast
que ie ne l’eusse donné, il
croit si fortement que
i’aime le Prince, & que
i’en suis aimée, que tout
ce que i’ay pu dire & tout
ce que i’ay pu faire, n’a
iamais sceu luy persuader
le tort qu’il avoit d’estre
ialoux : ie craignois donc
134
que ce portrait ne l’augmentast encore, & comme ie voulois éviter ces
reproches, ie l’ay cherché dans les endroits méme où il ne pouvoit pas
estre ; mais i’ay esté assez
malheureuse pour ne le
pas trouver. Ainsi, poursuivit-elle en pleurant,
ie suis encore plus cruellement exposée à la furie
du Comte, si vous ne me
protegez contre sa violence. La Princesse avoit
un trop grand interest
qu’elle ne fust point sous
135
le pouvoir de son mary,
pour ne la pas garantir
des outrages qu’il eust pu
luy faire ; mais comme
elle la solicitoit souvent
de me donner de l’amour,
& que mon indifference
l’empéchoit de me rendre sensible ; vous voyez
que ie vous accorde ma
protection, luy dit-elle,
& que vous estes en seureté contre ce que vous
pourriez craindre de vostre mary, mais il faut
que vous travaillez à me
servir avec plus de soin
136
& de complaisance que
vous n’avez fait, ie
commence à me lasser
que vous ne soyez pas
encor aimée du Duc d’Orleans. Helas, peut-estre,
n’est ce pas tant ma faute
que vous pensez, Madame, répondit-elle, ie
vous asseure que c’est la
sienne, ie le regarde lors
que ie puis le regarder, il
me semble que ie luy parle plus souvent qu’à tout
autre : mais le cruel qu’il
est, ne remarque rien de
tout ce que ie faits d’obli
137
geant pour luy. Changez
de conduite, interrompit
la Princesse, ou ie changeray de sentimens pour
vous, & ie vous abandonneray à la cruauté de
vostre mary, si dans huit
iours vous ne faites naître une violente passion dans le cœur du
Prince. I’entray dans ce
moment, & ie remarquay
que Madame de Beauieu
estoit en colere, & que la
Comtesse estoit resveuse,
triste, & pleine d’inquietude, m’ayant dit la perte
138
qu’elle avoit faite dans le
iardin, ie me souvins du
portrait, ie le tiray de ma
poche, & luy demanday,
en le luy presentant, si ce
n’estoit pas le sien, elle le
reconnut d’abord ; la Princesse se retira contre une
fenestre, feignant de lire
une Lettre qu’elle venoit
de recevoir, mais c’estoit
pour nous laisser en liberté de nous entretenir ; luy
ayant donc rendu son
portrait, elle me dit peu
de chose, mais iamais ie
n’entendis rien de si tou
139
chant ny de si tendre.
Comme elle vit que ie
resistois à cela, elle m’offrit son portrait, & i’eus
le mesme empressement
à le refuser, que ie devois
avoir eu à le demander.
Que ce cruel refus, me dit‑elle tristement, me fera
souffrir de peine, & que
ie seray malheureuse, si
vous continuez de me
traiter de la maniere que
vous faites. Ie ne répondois point à ces plaintes,
& voyant que ie m’estois
retiré, il ne m’aimera ia
140
mais, Madame, dit-elle
à la Princesse, i’aime encore mieux estre livrée à
toute la colere d’un mary
qui m’aime, que d’estre
exposée au mépris d’un
homme que ie ne devrois
pas aimer, puis qu’il me
me hait encore malgré ce
que ie fais pour luy.
Alors elle luy redisoit ce
qui s’estoit passé entre
nous, Madame de Beau
ieu la consoloit de son
malheur, & luy faisoit
esperer que mon insensibilité ne dureroit pas toû
141
iours. Le Duc de Bourbon
ne pouvoit assez remercier sa bonne fortune de
l’occasion qu’elle lui donnoit, de voir Madame de
Cãdale plus aisémẽt qu’il
n’auroit pû faire dans la
Ville, pendant que le Cõte ialoux & desesperé ne
sçavoit à quoy se resoudre. Il estoit plus à plaindre qu’il n’avoit encore
esté, on ne luy permettoit
que rarement de voir la
Comtesse, & ses soupçons
augmentant à tous momens, il doutoit plus que
142
iamais de la vertu de sa
femme, il s’adressa au Duc
pour luy demander iustice de la violence qu’il pretendoit que Madame de
Beauieu luy avoit faite,
& le supplia d’employer
son pouvoir afin qu’elle
fust remise entre ses
mains. Ce n’estoit pas
l’intention du Duc, mais
voulant menager la bizarrerie du Comte, s’il
ne s’engagea pas à le satisfaire, il ne luy fit pas
aussi perdre l’esperance
d’obtenir ce qu’il deman
143
doit. Estant prest de me
coucher, ie redis à Chaumont tout ce qui m’estoit
arrivé : il ne put entendre
sans colere, avec quelle
méprisante manière i’avois refusé la tendresse de
Madame de Candale, &
avec quelle cruauté i’avois dédaigné le portrait
qu’elle m’avoit offert avec
tant de bonté. Vous ne
meritez point le bonheur que vous avez,
me dit-il fierement, &
quand on peut estre aussi
insensible à l’amour que
144
vous estes, on n'est gueres touché de l'amitié,
& on a peu de reconnoissances des longs
services. Ie romps donc
l'attachement que i'avois
pour vous, & vous ne me
reverrez iamais dans les
mesmes sentimens où
vous m'avez vû, que vous
ne deveniez le plus tendre & le plus amoureux
de tous les hommes.
Chaumont me quitta
brusquement, ce fut en
vain que ie le fis rapeller,
il ne voulut point reve
145
nir, il fuyoit les occasions
de me parler, il ne venoit
plus chez moy, & on s'aperçeut de la mesintelligence qu'il y avoit entre
nous. Comme ie connoissois son merite, son esprit
& sa probité, son procedé m'avoit surpris, i'étois irrité contre luy, &
il me sembloit que i'avois
du dépit de ce que ie ne
l'estois pas davantage.
Diray-ie à Comines,
poursuivit le Duc d'Orleans9 en parlant à Chaumont que vous estes
146
amoureux. Ie sçay il y a
desia long-temps ce que
vous pourriez m'apprendre, interrompit Comines, & pour vous montrer que ie ne suis pas si
ignorant que vous pensez, n'est-il pas vray, dit‑il à Chaumont, que Hauteville vous aime, que la
Princesse n'en sçait rien,
& que depuis deux iours
vous estes broüillé avec
elle, parce que vous estes
devenu ialoux de Pontdormis10. On se defend mal
de dire la verité, lors qu'on
147
ne fait que rougir & se
taire, poursuivit-il, &
si vous m'en croyez,
vous tomberez d'accord
que ce que ie dis est veritable, aussi bien n'en croiray-ie pas moins quand
vous ne l'avoüerez pas.
Chaumont ne put donc
s'empescher de parler de
la maniere qu'on vouloit
qu'il le fist, & comme on
a tousiours une extréme
impatience pour tout ce
qui touche nostre amour,
il pria Comines de luy
apprendre de ce qu'il avoit
148
sceu les particularitez
qu'il venoit dire : mais
Comines qui desiroit entendre la suite de l'histoire du Duc d'Orleans, remit à un autre iour à luy
donner la satisfaction
qu'il vouloit avoir, & suplia le Prince de continuer.11 Puis que l'amour
d'Hauteville & de Chaumont ne vous est point
inconnu, poursuivit-il, il
me sera plus aisé de vous
faire comprendre tout ce
que i'ay encore à vous dire : Madame de Beauieu
149
vouloit gagner Chaumont qui estoit dans ma
confidence, & remarquant qu'il prenoit plaisir
à voir Hauteville & à luy
parler, elle luy commanda de s'en faire aimer, afin
que si elle ne pouvoit faire reüssir son dessein par
Madame de Candale, elle le fit par le pouvoir que
sa confidente auroit sur
Chaumont. Ie vous ay
prevenu, Madame, luydit-elle, & iugeant que
vous me pourriez faire ce
commandement, ie n'ay
150
rien trouvé de difficile
pour vous obeïr ; Chaumont a des soins & des
complaisances pour moy,
que ie ne voy point qu'il
aye pour d'autres. Ie pense qu'il me veut persuader
qu'il est amoureux ; que
vous plaist il que i'en
croye, Madame, continuat'elle ; si ie luy donne de
l'esperance, il voudra estre
aimé ; si ie le méprise, il
s'en ira. La Princesse ne
luy ayant point conseillé
de le maltraiter, elle suivit d'autant plus facile
151
ment cét avis, que c'estoit
aussi celuy que son cœur
luy avoit desia donné.
Comme Chaumont tenoit sa colere contre
moy, ie gardois mon dépit contre luy, Hauteville fut la premiere qui remarqua ce changement,
elle luy en demanda le suiet : il estoit amoureux, &
il ne pût luy cacher ce
qu'elle desiroit de sçavoir ;
elle en trouva la cause si
singuliere qu'elle en avertit la Princesse, Chaumont y ayant consenty,
152
la Comtesse eut aussi part
à ce secret : Madame de
Beauieu la pressoit étrangement ; mais mon indifference la rebutoit, & elle ne sçavoit quelle resolution prendre. Elle ne
luy faisoit point connoître la passion qu'elle avoit
pour moy, & ie n'attribuois qu'à la simple reconnoissance tout ce
qu'elle me disoit, plûtost
que de l'attribuer à l'amour.
Deux iours apres, ie
rencontray Madame de
153
Cãdale chez la Princesse,
d'abord qu'elle me vit, elle me vint parler : ie sçay le
suiet de vostre querelle
avec Chaumont, me dit‑elle, que ie serois heureuse, si c'étoit par mõ moyen
qu'il se put r'accommoder avec vous. Elle me disoit si tendrement ces paroles, ses yeux estoient attachés avec tant de plaisir sur les miens, & elle
estoit si touchante &
si belle, que ie me suis
mille fois estonné de ce
que ie ne l'avois pas aimé
154
plûtost, ie ne sçay ce que
ie luy aurois répondu, si
Madame de Ravaistin qui
entra, n'estoit venuë me
tirer de la peine où i'étois. La conversation devint generale, & selon la
coûtume, on se mit insensiblement à parler d'amour, & l'on examina
lequel estoit le plus
agreable & le plus seur,
de faire sa declaration
soy-mesme, ou de l'écrire. Pour Monsieur d'Orleans, dit malicieusement Madame de Ra
155
vaistin, en me reprochant
mon indifference, nous
ne luy demanderons
point son sentiment, il
ne connoist cette passion
que sur le raport d'autruy,
& l'on n'en peut bien iuger que par sa propre experience. Ie remarquay
que la Comtesse rougit
du reproche qu'on me
faisoit, & qu'elle disoit
quelque chose tout bas à
Madame de Beauieu, que
ie ne pus entendre. Mais
peu de temps apres, ie
compris ce que ce pou
156
voit estre, lors qu'ayant
fierement répondu que
ie tombois d'accord de
mon ignorance, & que
iusques icy ie n'avois eu
aucun dessein de faire le
moindre progrez dans
cette science, la Princesse me pressa d'en dire
mon avis. Ie n'ayme pas
encore, luy dis-ie, ie ne
sçay si i'aimeray ; si ce
chãgement arrive, auquel
mon cœur ne s'attend
pas, ma bouche sera la
premiere interprete de
mes sentimens, i'ay ouy
157
dire qu'on hazarde beaucoup en parlant ; mais on
m'a fait entendre aussi
qu'on persuade bien
mieux, & que la douceur
des regards, & la tendresse des discours soûtenus du merite de la personne, faisoient touiours une plus forte &
plus prompte impression
dans le cœur, que la Lettre la plus amoureuse ne
sçauroit faire. Quoy que
ie pusse dire à l'avantage
de la parole, tout fut
contre moy, iusqu'à Ma
158
dame de Candale, qui me
condamna du consentement de Madame de
Beauieu & de Madame
de Ravaistin, à luy mander par écrit mon sentiment sur l'amour. Ie
m'en défendis long‑temps, parce que ie ne
sçavois ce que ie devois
écrire ; mais enfin ie me
resolus à luy donner la
satisfaction qu'elle desiroit, & ie vay vous dire à
peu pres de quelle maniere estoit conçeuë la
Lettre que ie luy en
159
voyay le lendemain au
matin.
Bandeau. LETTRE DV DVC D'ORLEANS A MADAME DE CANDALE.
IE n'ignore point comme on écrit une Lettre
indifferente, mais pour celle
que l'amour fait faire, oseray-ie vous le dire, Madame, ie vous avouë que ie ne
160
le sçay pas; cependant il me
semble que si i'aimois, & que
ie fusse contraint d'écrire,
voicy de quelle maniere ie le
ferois.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Que diriez-vous, Madame, si on estoit resolu à
vous faire confidence de l'amour qu'on a pour vous, seriez-vous obligée à celuy qui
vous choisiroit pour l'aimable dépositaire d'un si tendre
secret, ou si vous seriez
faschée qu'il vous apprist
161
avec quelques détours respectueux, n'osant pas vous
le montrer d'abord, aussi
sincerement que vous le trouverez veritable dans la
suite.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Apres cette declaration,
s'il s'agissoit de persuader, ie
me servirois de ces paroles.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Ie m'empescherois bien,
Madame, de vous propo
162
ser beaucoup d'amour, si ie
n'estois agreablement persuadé par celuy que ie sens,
qu'osté le plaisir d'estre aimé,
celuy d'aimer est le plus grand
plaisir du monde, & comme
ie suis seul à le gouster, ie me
voudrois mal toute ma vie,
si ie ne vous conseillois pas de
bonne foy de prendre part à la
douceur qu'il donne : soyez
persuadée, s'il vous plaist,
que ce conseil n'est que pour
vous, & si vostre cœur ne
veut pas m'en croire par l'épreuve que i'en fais, ie vous
prie d'en iuger par vostre
163
propre experience; apres cela
si ie vous trahis, le mépris
que vous aurez pour moy,
vous sçaura bien vanger de
ma trahison.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Comme ie n'ay iamais
esté aimé, ie ne puis pas
sçavoir de quelle maniere ie
recevrois la tendresse qu'on
auroit pour moy ; mais ie suis
seur, que mon ardeur & ma
fidelité me conserveroient
longs-temps le cœur, que
mon amour & mes soins
164
m'auroient une fois acquis.
Apres l'avoir receuë,
elle la lut plus d'une fois,
comme elle m'a depuis
avoüé, & fut en resolution de me faire responce sans rien dire à la Princesse, ny de sa Lettre ny
de la mienne ; mais venant à penser qu'elle l'iriteroit, sans doute, si elle s'apercevoit d'un mistere qui ne le pourroit
estre long temps, dés
qu'elle fut en estat de la
165
voir, elle luy montra ce
que i'avois écrit. Quoy
qu'il n'y eust rien qui
dust luy donner la moindre esperance de m'attendrir, la difficulté de
toucher mon cœur, luy
augmenta le desir qu'elle
en avoit, & mesme elle
crut qu'elle y reüssiroit :
& ie ne sçavois pas alors
surquoy elle establissoit
cette creance. Madame de
Beauieu fut contente de
ce que i'avois écrit, & elle
prit pour un commencement d'amour, ce qui
166
n'estoit qu'un pur effet
des sentimens qui ne venoient point de mon
cœur. Elle en felicita la
Comtesse, & luy laissa la
liberté de me répondre
selon qu'elle le trouveroit
à propos. Le soir elle me
donna la réponce chez le
Roy, ne s'en fiant qu'à
elle-mesme, ie la mis dans
ma poche, & comme ie ne
m'estois pas souvenu de
regarder le portrait, i'oubliay aussi de lire la Lettre qu'elle avoit montrée
avant que de me l'en
167
voyer à la Princesse, chez
laquelle ie retournay, suivy de la Trimoüille que
ie soubçonnay de l'aimer.
Dés que Madame de
Candale me vit, elle se
mit à rougir, & plus ie
m'approchois d'elle, &
plus elle s'éloignoit de
moy ; pourquoy me fuiyez-vous, Madame, luy
dis-ie, pourquoy rougissez-vous ; la raison de
tout cela, me répondit‑elle, est dans la Lettre que
ie vous ay écrite. Ie me
souvins alors que ie ne
168
l'avois pas luë, ie rougis
à mon tour, ie demeuray interdit, & ie parus
embarassé ; elle expliqua
ma confusion à son avantage, & ie iugeay à propos de ne la point détromper. Cependant
comme ie ne sçavois
point ce qui estoit dans
cette Lettre, ie ne pouvois répondre positivement à ce qu'elle me disoit, ie ne voulois point
aussi qu'elle me crust assez méprisant pour avoir
negligé de voir ce qu'elle
169
m'écrivoit. Il dépendoit
de vous de ne le point
faire, Madame, luy dis‑ie, & ie ne m'attendois
pas à une pareille réponce, en estes-vous content :
du moins, interrompitelle, avez-vous fait reflexion sur de certains endroits, où i'ay pris plaisir à exprimer une partie
de ce que mon cœur avoit
à vous dire ; non, sans
doute, vous n'y avez
point pensé ; montrez la
moy, afin que ie vous
fasse connoistre ce que
170
vostre indifference vous
empesche de remarquer,
& que ie vous force d'avoüer que vous estes un
ingrat & un cruel, qui ne
meritez point d'estre aimé. Ie me mis en estat de
luy obeïr, mais ie la cherchay vainement, & il me
fut impossible de m'imaginer ce qu'elle pourroit
estre devenuë. La Comtesse, comme i'ay dit, me
l'avoit donnée dans la
Chambre du Roy, où elle avoit suivy Madame
de Beauieu ; le Comte y
171
estoit venu dans le moment qu'elles ne faisoient
qu'en sortir. Comme il
vit une Lettre aux pieds
du Duc (qui estoit celle
que i'avois receu de Madame de Candale, & que
i'avois laissée tomber sans
y prendre garde) il la
remit entre ses mains,
croyant que ce fust à luy,
& le Duc de Bourbon ne voulut pas
l'en desabuser, & dés
qu'il fut en liberté de voir
ce que ce pouvoit estre,
il l'ouvrit, & y lut ces
paroles12.
172
QVe l'on seroit heureuse, si vous mettiez en
usage tout ce que vous dites,
l'on se plaint que toute vostre
éloquence est dans l'esprit :
pourquoy faut-il que vostre
cœur n'en ayt point, il me
semble qu'il parleroit si tendrement s'il vouloit le faire ;
n'y auroit-il point moyen de
l'entendre dire qu'il aime.
Helas ! ie sens bien qu'il ne
le diroit pas tout seul.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Si la ialousie du Com
173
te eust esté plus penetrante & plus curieuse, il
n'auroit pas donné cette
Lettre ; mais comme il
ne soupçonnoit point
qu'il dut y estre interessé,
il crut un peu trop legerement qu'elle estoit au
Duc : il n'en connut point
le caractere, & la Trimoüille arrivant, il luy
en fit la confidence, &
luy demanda s'il ne devinoit pas de qui elle estoit,
& à qui elle pouvoit estre
écrite, mais il ne put l'en
éclaircir. Pour moy ne
174
l'ayant donc point trouvée où ie pensois qu'elle
fust, ie dis à la Comtesse
que ie l'avois perduë, elle
me fit des reproches sur
ma negligence, & ie vis
bien qu'elle apprehendoit étrangement qu'elle
ne tombast entre les
mains de son mary. Elle
apprit ce malheur à la
Princesse, qui commanda secrettement qu'on
s'informast si l'on ne sçavoit pas ce qu'elle estoit
devenuë. Cét accident me toucha plus que
175
ie ne croyois, i'y parus
sensible, & Madame de
Candale iugea par ma
douleur, que ma dureté
commençoit à diminuer.
Ie fis chercher de mon
costé par tout où i'avois
esté, & moy-mesme aussi
i'en pris un soin tres‑exact ; mais on n'avoit
garde de la rencontrer,
puis que le Duc de Bourbon l'avoit : Madame de
Candale ne pouvoit se
consoler de cette perte,
& i'estois au desespoir
de l'avoir causée, mais sa
176
beauté & sa tendresse, ne
touchoient mon cœur
d'aucunes de ces douces
émotions de ioye & de
plaisir, qui sont tousiours
les marques d'un amour
naissant. La Princesse
voyant que les soins
qu'elle avoit pris estoient
inutiles, conceut un si
grand chagrin de ce que
la Comtesse n'avoit pû
me rendre amoureux,
qu'elle eut la cruauté de
se resoudre à la remettre
entre les mains de son
mary ; voulant faire reüs
177
sir d'autres moyens qu'elle avoit imaginez, pour
me mettre dans ses interests : de la maniere
qu'elle agissoit avec Madame de Candale, il n'y
avoit gueres d'apparence
qu'elle me deust aimer,
mais le plus souvent l'amour vient lors qu'on
y pense le moins. Iusques-là, cette passion
n'avoit osé s'attaquer à
elle, & ie ne l'eusse iamais cruë capable de deuenir si tendre, mais sa
vertu la trahit.
178
Les soupçons du Comte de Candale éveillerent
enfin sa ialousie, qui luy
persuada que c'estoit une
Lettre d'amour qu'il
avoit donnée au Duc.
Pour en estre plus assuré,
il fut le trouver, & luy
demanda si la Lettre qu'il
luy avoit renduë estoit à
luy : le Duc crut ne l'avoir point détrompé ;
mais le Comte sceut bien
remarquer qu'il avoit
d'abord esté interdit, &
qu'il avoit esté quelque
temps à luy répondre,
179
comme s'il eust cherché
de quelle maniere il le
devoit faire. Le Comte
qui songeoit tousiours
à sa femme, ne douta
point qu'elle ne l'eust
écrite, comme s'il n'y
avoit eu qu'elle à la Cour,
capable d'aimer & d'écrire : ayant demandé à
Madame de Beauieu qu'il
put la voir en sa presence,
ce qui luy estant accordé, Madame, dit-il à la
Princesse, ie ne suis pas si
iniuste que vous pensez ;
si ie n'aimois pas tant
180
cette perfide, continua‑t'il en montrant la Comtesse, ie serois beaucoup
moins ialoux ; mais comme elle blesse, sans doute,
mon honneur par l'endroit le plus sensible où
puisse estre atteint un
honneste homme, on ne
doit point s'estonner si
ie me plains, & si dans les
suiets du desespoir qu'elle
me donne, i'ay esté contraint d'avoir recours aux
moyens les plus cruels
que ma vengeance a pû
inventer. Vous la prote
181
gez, Madame, mais quand
vous sçaurez que Monsieur le Duc de Bourbon
vous trahit, & que ma
femme a part à cette trahison, ie ne doute point
que vous ne perdiez l'estime que vous avez pour
elle, que vous ne l'abandonniez, & que vous ne
soyez la premiere à me
conseiller de me vanger
de tant d'outrages. Il luy
apprit ensuite, que ce qui
l'obligeoit de parler ainsi, c'estoit une Lettre
qu'il avoit trouvée dans la
Chambre du Roy, &
182
qu'il avoit eu l'imprudence de remettre entre
les mains du Duc. Madame de Candale attendoit
avec impatience la fin du
discours de son mary,
pour sçavoir de quoy il
pouvoit l'accuser ; mais
ayant compris que tout
cela n'estoit fondé que
sur le soupçon qu'elle
avoit esté écrite au Duc,
il luy fut aisé de l'en desabuser, la Princesse ayant
aidé à le faire. Le Duc de
son costé, ayant fait reflexion sur la ialousie du
Comte de Candale, iu
183
gea que la Lettre
estoit de sa femme, & il
iugeoit de bon sens. Il
crut outre cela qu'il n'étoit pas impossible qu'elle ne s'adressast à luy.
Dans cette pensée, il
écrivit à la Comtesse, qui
porta son billet à Madame de Beauieu, & qui ne
douta plus, par ce qu'elle
voyoit, que la Lettre de
Madame de Candale ne
fust entre ses mains ; les
tendresses que son mary
écrivoit, luy donnerent
un grand dépit ; mais
comme elle estoit inge
184
nieuse à cacher ses sentimens, la Comtesse ne les
découvrit point. Sçachant donc qui avoit la
Lettre, il falut songer aux
moyens de la retirer, &
la Comtesse s'en chargea
par le conseil de Madame
de Beauieu. Vous vous
estonnerez, peut-estre,
comment i'ay pû sçavoir
toutes ces particularitez,
mais lors que ie vous auray dit que ie les ay sceus
de la pluspart des interessez, vous croirez aisément qu'il ne m'a point
esté trop difficile de les
185
apprendre.
En ce temps-là, comme vous sçavez, on parloit d'envoyer un Ambassadeur au Roy de Castille, touchant le Roussillon qu'il vouloit desengager, ou rompre la tréve qu'il avoit avec nous,
en cas que l'on apportast
quelque difficulté à la
restitution. i'appuyay
fortement la proposition
que Madame de Beauieu
fit du Comte de Candale, interrompit Comines, parce qu'il est heureux, vigilant & habile
186
en negociations, &
qu'outre cela, ie voyois
qu'il ne desiroit qu'un
employ honorable pour
se retirer de la Cour. Ie
sçay que le Roy approuva ce choix, & qu'il
fut resolu qu'il partiroit
dans trois iours, reprit le
Prince.13 Cette nouvelle
toucha vivement Madame de Candale ; la Princesse, bien éloignée de
s'en plaindre, eut la
cruauté de luy dire qu'il
falloit qu'elle se preparast à le suivre, puis qu'elle
187
avoit méprisé de la servir. Dans cette extremité, elle eut recours aux
prieres, aux larmes, & à
tout ce qu'elle crut capable de luy faire changer
de resolution ; mais la
Princesse fut inflexible,
& tout ce qu'elle put obtenir, c'est qu'elle luy
permettoit de faire un
dernier effort sur mon
indifference, & que si elle ne la surmontoit pas,
elle devoit s'attendre
d'estre livrée entre les
mains de son mary. Elle
188
me fit donc sçavoir,
qu'elle desiroit avoir un
entretien avec moy, ie
n'examinay point ce
qu'elle pouvoit avoir à
me dire, & ie luy manday
que ie me rendrois le lendemain chez elle, à l'heure qu'elle m'avoit marquée.
La douleur qu'elle avoit
de son départ, ne luy
avoit point fait oublier le
dessein de retirer sa Lettre ; dés qu'elle vit le Duc,
elle luy donna lieu d'en
parler, & il l'en remercia
en des termes qui luy fi
189
rent comprendre qu'il
n'estoit point encore
desabusé de la creance
que cette Lettre ne luy
eust esté écrite : mais elle
sceut si bien le détromper, qu'il crut qu'il avoit
eu tort d'estre si credule.
D'abord il refusa de luy
rendre sa Lettre, mais
l'ayant menacé de montrer la sienne à la Princesse qu'il craignoit, il n'en
fit plus aucune difficulté.
Ie voy bien, Madame,
luy dit-il, que ie ne suis
pas ce bien heureux que
190
i'avois cru estre, vous
l'aimez, sans doute, &
si i'en puis iuger, son
cœur ne s'est point encor
declaré pour vous. Il me
semble que vous decidez
un peu trop promptement de mes sentimens
& de ceux d'autruy, répondit-elle, ne iugez que
des vostres, si vous m'en
croyez, & ne les montrez
iamais à une personne
qui n'est pas dans le dessein de les voir, ny de les
connoistre. Elle le quitta
fierement en finissant ces
paroles : elle le laissa dans
191
la liberté de comprendre
quel estoit son malheur
qui devoit estre tres‑grand, puis qu'il perdoit
l'esperance qu'il avoit euë
d'estre aimé.
Le Comte de Candalle
qui avoit appris qu'il
avoit l'entiere obligation
à Madame de Beauieu, de
l'honorable employ, où
on l'avoit destiné, ne
manqua point de l'aller
remercier ; parmy les remerciemens qu'il luy fit,
il y mesla quelques desirs d'emmener sa fem
192
me. La Princesse, luy
promit de la remettre entre ses mains, lors qu'il
seroit prest à partir. Ainsi
le Comte fut plus heureux qu'il n'avoit esperé,
& il se prepara à faire
agreablement le voyage
de Castille, ayant avec luy
la personne du monde
qu'il aimoit plus, quoy
qu'il l'eust voulu traiter
de la mesme maniere qu'õ
traite ce qu'on hayt avec
la derniere violence.
Pour moy, comme i'avois oublié à voir le portrait & à lire la Lettre,
193
i'oubliay encore que i'avois promis à Madame
de Candale de me rendre
chez elle. Le lendemain
matin ie m'en allay à
Amboise chasser avec
Monsieur le Dauphin, &
ce ne fust qu'à mõ retour
que ie m'en ressouvins.
Le Duc de Bourbon
estoit au desespoir, de ce
que tout indifferent que
i'estois, i'avois fait plus de
progrez dans le cœur de
la Comtesse, que sa passiõ
& ses soins n'avoient pu
faire ; mais il devoit s'en
prendre à son mal heur,
194
plutost qu'à son merite.
Mais tout habile qu'il
est, c'est qu'il ne sçavoit
pas encore que le merite
est conté14 pour rien en
amour, s'il n'est soutenu
de l'heureux secret de
sçavoir se faire aimer.
D'abord que ie vis Madame de Cãdale, ie ne luy
fis pas seulemẽt la moindre excuse de luy avoir
manqué de parole, & ie
me preparay sans impatience à écouter tout ce
qu'elle vouloit me dire.
Fin de la premiere Partie.
Noms propres
Alexandrie en ar. al-Iskandarīyah
Ville d'Égypte, à l'extrémité nord-ouest du delta du Nil, sur une bande de terre entre
la Méditerranée et le lac Mariout. [...] Fondée en -332 par Alexandre le Grand, la ville, ornée de monuments grandioses, devint sous les premiers Ptolémées le centre
de l'Égypte (-IIIe - -IIe s.) et le foyer de la civilisation héllenistique. Son musée,
son université, son académie étaient renommés et sa bibliothèque la plus célèbre de
l'Antiquité (700 000 volumes).
- Alexandrie, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Amboise
Ch. -1. de cant. de l'Indre-et-Loire, arr. de Tours, sur la Loire. 10 982 hab. (aggl. 15 391) (Amboisiens). Château construit par Charles VIII, agrandi par Louis XII et François Ier : chapelle Saint-Hubert de style gothique flamboyant ; logies du roi (aile gothique et aile Renaissance), contigue à la tour des Minimes. Église Saint-Denis en majeure partie du XIIe s. (voûtes angevines et chapiteaux historiés). Clos-Lucé, manoir du XVe s., où mourut Léonard de Vinci et où sont installées des maquettes de machines imaginées par lui.
- Amboise, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Anne de France (dite la dame de Beaujeu)
(1461-1522). Fille de Louis XI, duchesse de Bourbon et régente de France entre 1483 et 1491. En 1474, elle fut mariée
à Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon. À la mort de Louis XI, le frère d'Anne, Charles VIII, monta sur le trône à l'âge de 13 ans. Ainsi Anne agit-elle en régente à la place
de son frère. Lors de la Guerre folle, menée contre Anne et son mari par les princes, notamment Louis d'Orléans (le futur
Louis XII), elle fut victorieuse en 1488. À ce moment-là, elle fait épouser son frère Charles
à Anne de Bretagne pour cimenter la victoire et attacher cette province à la monarchie,
parachevant en partie l'expansion territoriale entamée par son père.
- Anne de France (dite la dame de Beaujeu), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Anne de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_de_france.
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Arménie (en arménien Hayastan)
Région d'Asie occidentale s'étendant entre l'Anatolie et le plateau iranien. Formée par un vaste haut plateau traversé de puissantes chaînes montagneuses (Caucase, Taurus, Kurdistan) où domine le massif volcanique d'Ararat (5 165 m), elle est partagée politiquement entre la république d'Arménie, l'Iran et la Turquie qui en possède la majeure partie (régions du N.-E. et du S.-E.) [...] Au XVIe siècle, Turcs et Perses se partagèrent le pays ; les premiers s'installèrent à l'ouest., les autres à l'est..
- Arménie en arménien Hayastan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Artavazde II d'Arménie
Artavazde règne en Arménie de 55 à 34 av. J.-C. Il fut déposé par Marc Antoine, à qui il avait pourtant fourni des troupes en 36 av. J.-C. quand celui-ci combattait
contre les Parthes. Mais Artazvazde se retira pendant de la bataille, et Cléopâtre VII convainc Marc Antoine de le punir comme traitre. Artazvazde fut exilé en Égypte,
à Alexandrie, où il mourut en 30 av. J.-C., décapité sur ordre de Cléopatre.
- Artavazde II, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 juin 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 février 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Artavazde_II.
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Auguste (en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus) (aussi : Octave)
(Rome - 63 av. J.-C. - Nole 14 ap. J.-C.). Auguste fut l'empereur de Rome de -27 av.
J.-C. à -14 ap. J.-C. En -45, il devint le petit fils adoptif de Jules César (jusqu'alors, il en était le petit-neveu), et à la mort de l'homme d'état, Auguste
devint l'héritier de Rome, ce qui lui rendit aussi le rival de Marc Antoine. Après que celui-ci fut vaincu à Modène, Auguste fonda avec Lépide et Antoine le deuxième triumvirat en -43. Les trois divisèrent par la suite l'Empire
romain entre eux ; ce fut Auguste qui prit l'Occident. Pendant son règne, Octave fut
victorieux contre Sextus Pompée en Sicile (-36) ainsi que contre Cléopâtre (-31), de qui il reçut l'Égypte. En -38, on lui donna le titre d'Imperator et en -28, celui de princeps senatus (le premier ayant le droit de s'exprimer dans des délibérations sénatoriales). Onze
ans après, il reçut aussi le titre d'augustus (terme religieux). Pendant ce temps-là, Auguste fit de Rome un principat, ce qui rendit l'ancienne république l'équivalant d'un Empire qui avait pour Empereur
le Sénat et le peuple.
- Auguste, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste.
- Auguste en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Barbares (en gr. barbaroi)
Le nom grec d’origine est barbaroi. Par ce mot, les Grecs, désignaient tout peuple qui ne parlait pas leur langue. D’après
les Grecs, le Barbare était inférieur politiquement aussi car il était gouverné par
un monarque. À partir de cette notion de peuples barbares, la guerre contre les Perses acquit une signification idéologique aussi bien que politique. Pendant la période
hellénistique, le substantif barbare désignait en particulier les peuples d’Asie.
- Barbares en gr. barbaroi, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Charles Quint (en esp. Carlos I)
Charles Quint (Charles d’Habsbourg, Charles I d'Espagne, 1500-1558), empereur du Saint-Empire romain germanique et Roi des Espagnes, était considéré le monarque le plus puissant de son temps. C’est
le père de Philippe II d’Espagne.
- Charles Quint, Wikipédia, l'encyclopédie libre(18 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Quint.
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Charles V, dit Charles le Sage
(Vincennes 1338 – Nogent-sur-Marne 1380). Roi de France (1364-1380) dont le règne
fut marqué par sa réussite dans la récupèration d'une grande partie du territoire
français cédée à l'Angleterre au traité de Brétigny (1360) à la fin de la première
phase de la guerre de Cent Ans (1337-1543).
- Charles V de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (14 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_de_France.
- Traité de Brétigny, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 septembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 novembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Br%C3%A9tigny.
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Charles VIII
(Amboise 1470 - 1498). Fils du roi Louis XI et de Charlotte de Savoie, Charles VIII fut roi de France de 1483 à 1498. À la mort
de son père, Charles VIII monta sur le trône à l'âge de 13 ans. Sa sœur Anne de France agit en régente jusqu'en 1491. Pendant la régence de celle-ci, elle lutta contre
le Duc d'Orléans (le futur Louis XII) lors de la Guerre folle pendant laquelle les princes se révoltèrent contre le gouvernement d'Anne de France.
Cette guerre se termina enfin en 1488 par la victoire de la monarchie sur Louis d'Orléans.
À partir de 1494, Charles partit à la conquête du royaume de Naples. Après plusieurs succès, les Espagnols et le Pape se liguèrent contre lui et il dut
bâtir en retraite, perdant ses conquêtes, mais les guerres d'Italie seraient poursuivies
par ses successeurs au XVI siècle. À sa mort, il fut succédé par son cousin Louis d'Orléans.
- Charles VIII, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Charles VIII de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_viii_de_france.
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Chaumont, Charles II d'Amboise de
Charles II d'Amboise, seigneur de Chaumont (1473-1511) fut successivement grand-maître,
maréchal et amiral de France. Il mourut lors des guerres d'Italie menées par les rois
de France à la fin du XVe et au XVIe siècle.
Charles soutint Léonard de Vinci, le faisant venir dans son palais de Milan pour faire
des travaux d'hydraulique, des statues, et même les plans de son nouveau palais.
- Charles II d'Amboise, Wikipédia, The Free Encyclopedia (7 juillet 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_II_d%27Amboise.
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Cléopâtre
Née en 69 av. J.-C. en Alexandrie, Cléopâtre VII fut reine d'Égypte de 51 à 30 suivant son mariage avec son frère Ptolémée
XIII. Ayant perdu le trône après trois ans, elle le regagna en 46 grâce à Jules César, devenant en même temps sa maîtresse. À l'assassinat de César en 44, elle connut
Marc Antoine et l'inspira à partager son rêve d'un empire oriental. Antoine, déjà l'époux d'Octavie,
se maria avec Cléopâtre. Il effectua plusieurs conquêtes en Asie (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, comme le règne d'Antoine et de Cléopâtre posa un menace à la domination
romaine sur la Méditerranée, Octave les attaqua et fut victorieux contre les deux à Actium en 31. Entendant la fausse
nouvelle du suicide de sa femme Cléopâtre, Antoine se suicida. Après avoir sollicité
la clémence d'Octave, Cléopâtre se suicida en se faisant mordre par un aspic.
- Cléopâtre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Commines ou Commynes, Philippe de
Philippe de Commines (1447-1511) était un homme politique, diplomate, historien et
chroniqueur au service de Louis XI. Il soutint le Duc d'Orléans, le futur Louis XII comme successeur de Louis XI, d'où sa disgrâce sous le fils de ce dernier, Charles VIII.
De nos jours, Commines est surtout connu pour ses Mémoires des règnes de Louis XI et de Charles VIII.
- Philippe de Commynes, Wikipédia, The Free Encyclopedia (2 novembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_Commynes.
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Ferdinand II d'Aragon, dit "le Catholique"
(Sos, Aragon 1452 – Madrigalejo, Cáceres 1516). Roi de Castille (1474-1504), roi d'Aragon
et de Sicile (1479-1516) et roi de Naples (1504-1516), Ferdinand II unifia presque toute l'Espagne, introduisit l'Inquisition
(1479), conclut la Reconquête par la saisie de Grenade (1492) et démarra l'expansion
espagnole par le soutien des expéditions de Christophe Colomb.
- Ferdinand II d'Aragon, Wikipédia l'encyclopédie libre (22 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_II_d%27Aragon.
- Ferdinand II d'Aragon le Catholique, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Foix
Commune française située dans le département de l'Ariège, dans la région des Midi-Pyrénées.
- Foix, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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François Ier
François (1494-1547) succéda à son beau-père Louis XII comme roi de France en 1515. Sa rivalité avec Charles Quint du Saint-Empire romain entraina la guerre presque continuelle; il fut même fait prisonnier de Charles brièvement
en 1525 -- et cet antagonisme entre deux rois catholiques facilite la diffusion de
la Réforme protestant en Europe. Le règne de François fut aussi marqué par le renforcement
du pouvoir royal et par la construction d'un état puissant. Le développement de la
vie de cour favorisa l'essor des arts et des lettres; le règne de François Ier est
associé à l'avènement de la Renaissance italienne en France. Il attira à la cour des
artistes tels que Léonard de Vinci et il fit construire plusieurs châteaux de la Loire
dans le nouveau style qui fait d'eux moins des forteresses que des demeures de luxe.
- François Ier (France), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- François Ier, Wikipédia, The Free Encyclopedia (19 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Ier_(roi_de_France).
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Hérode Ier le Grand
(Ascalon -73 - Jéricho -4). Roi des Juifs (-40 - -4). Iduméen, fils d'Antipatros, le ministre d'Hyrcans II, il se fit reconnaître comme roi des Juifs par les Romains et Marc Antoine l'installa sur le trône (prise de Jérusalem, -37). Pour affermir son pouvoir, il fit périr les derniers membres de la famille asmonéenne, y compris sa propre femme Mariamne Ire. Il fit réaliser de grands travaux à Césarée, Sébasté (l'ancienne Samarie) et surtout Jérusalem où il rebâtit le Temple dans le style hellénistique. À sa mort, son royaume fut partagé entre ses fils Archélaos, Hérode Antipas et Hérode Philippe le Tétrarque.
- Hérode Ier le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Jules César (en lat. Caius Julius Caesar)
(Rome 101 – Ides de Mars 44 av. J.-C.) Illustre homme d'état, général et enfin dictateur
romain (46-44 av. J.-C.) qui joua un rôle essentiel dans la transformation de la République
romaine à l'Empire romain. Toutefois, ses réformes politiques et sociales furent déjouées
lorsque Marcus Junius Brutus, un noble à la Chambre du Sénat, l'assassina en 44 av. J.-C.
Non seulement César fut-il un homme politique célèbre, mais il était un bon orateur
et historien. Il écrivit quelques œuvres littéraires : Commentarii de bello gallico (Commentaires de la guerre des Gaules) et Commentarii de bello civili (Commentaires de la guerre civile).
- César ou Jules César en lat. Caius Julius Caesar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Julius Caesar, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 2 février 2011. https://www.britannica.com/biography/Julius-Caesar-Roman-ruler.
- Jules César, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 décembre 2023), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 décembre 2023. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_C%C3%A9sar.
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La Castille (en esp. Castilla)
Région historique du centre de l'Espagne s'étendant sur la Meseta et traversée par la Cordillère centrale. La Vieille-Castille fit d'abord partie du royaume de Léon et devint indépendante au Xe s. La région fut toujours fortement défendue ceontre les Maures, notamment par le système fortifié (Castella) d'où la Castille tire son nom. Annexée au royaume navarrais de Sanche III, qui la donna à son fils Ferdinand Ier, elle prit alors le nom de royaume de Castille. Peu à peu, les rois de Castille étendirent leurs possessions en repoussant les Maures et annexèrent au XIIIe s. les territoires qui formèrent la Nouvelle-Castille (Tolède, Séville et Cadix). Pendant des siècles, le royaume fut plongé dans l'anarchie. Mais le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon (1469) réalisa l'union des deux royaumes et soumit l'Espagne à une autorité unique.
- Castille (la) en esp. Castilla, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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La Loire
Dép. du S.-E. de la France, région Rhône-Alpes. Pays-de-la-Loire. 6 979 km². 1 052 /83 hab. CH.-L : Nantes. CH.-L.D'ARR. : Ancenis, Châteaubriant, Saint-Nazaire. Cour d'appel : Rennes. Académie : Nantes.
- Loire (la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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La Princesse de Clèves
Personnages : La Princesse de Clèves (protagoniste), sa mère Madame de Chartres, Monsieur
de Clèves (le mari de la Princesse), Monsieur de Nemours (l'homme de qui la Princesse
tombe amoureuse).
La Princesse de Clèves est un des romans les plus célèbres du XVIIe siècle. Écrit par Marie-Madeleine de
Lafayette, il fut publié anonymement en 1678. Le roman a pour cadre la cour de Henri II au XVIe siècle, mais il peut être considéré comme le reflet de la cour de Louis XIV
avec ses intrigues amoureuses et la lutte entre les courtisans pour la reconnaissance
royale.
- La Princesse de Clèves, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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La Trémoille ou de La Trimouille, Louis II de
(1460-1525). Vers l'âge de 14 ans, il fut envoyé comme page à la cour de Louis XI. À l'âge adulte il devint homme d'État et chef de guerre, servant les rois Charles VIII, Louis XII et François Ier.
En 1484, il épousa Gabrielle de Bourbon, cousine du monarque. Ce mariage, arrangé
par Anne de France pour mieux attacher La Trémoille à la monarchie, fut long et heureux.
Pendant la Guerre folle, il resta du côté d'Anne de France, alors la régente, remportant la victoire pour la monarchie en 1588 contre Louis
d'Orléans, le futur Louis XII.
- Louis II de La Trémoille, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 avril 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_II_de_La_Tr%C3%A9moille.
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Loches
Ch.-l. d'arr. de l'Indre-et-Loire, sur l'Indre. 6 544 hab. (aggl. 10 198) (Lochois). Anc. cité fortifiée conservant deux de ses trois enceintes primitives : porte Royale (XIIIe s.) ; porte Picois et porte des Cordeliers (XVe s.) ; tour Saint-Antoine (XVIe s.), l'un des rares beffrois du centre de la France. Bâti sur un promontoire naturel, le château comprend le donjon (XIe s.) et les logis royaux des XIVe et XVIe., renfermant notamment le tombeau d'Agnès Sorel. Église Saint-Ours du XIIe s. Musée Lansyer : œuvres du paysagiste lochois (1835 - 1893). Musée du Terroir.
- Loches, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Louis XI, dit le Prudent
(Bourges 1423 - Plessis-les-Tours 1483). Roi de France de 1461 à 1483. Il épousa d'abord Marguerite Stuart, suivie
de Charlotte de Savoie. Cette dernière donna naissance au futur roi Charles VIII et à Anne de France, régente pour son jeune frère qui n'a que 13 ans à la mort de Louis XI.
Louis XI était connu par ses détracteurs comme l'universelle araignée car il utilisa une politique violente, parfois qualifiée de surnoise, pour essayer
de rattacher au royaume des provinces auparavent indépendantes (notamment la Bretagne,
la Bourgogne, la Maine, l'Anjou, la Provence). Les conflits qu'il entraîna continuèrent
après son règne, qui contribua beaucoup à la tendance de centralisation du pouvoir
de la monarchie.
- Louis XI, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Louis XI, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 novembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XI.
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Louis XII
(Blois 1462 - Paris 1515). Roi de France (1498-1515). D'abord Duc d'Orléans, Louis
fut contraint par le roi Louis XI, son cousin, d'épouser la fille de ce dernier, Jeanne de France. Handicapée, Jeanne ne pouvait pas avoir d'enfants: Louis XI entendait mettre fin
à la branche Orléans de la famille royale en insistant sur ce mariage. Mais le fils de Louis XI, Charles VIII, mourut sans enfants alors Louis d'Orléans lui succéda.
Pendant le règne de Charles VIII, Louis prit la tête de la guerre contre la monarchie
au nom des ducs et princes que Louis XI avait voulu subjuger. Cette Guerre folle entre 1485 et 1488 mena à la défaite et l'emprisonnement de Louis d'Orléans pendant
trois ans. Par la suite il se reconcilia avec Charles VIII et prit part au nom de
ce roi aux guerres d'Italie, qui continuèrent pendant son règne à lui. Dès son avènement
au trône, Louis XII fit annuler son mariage avec Jeanne de France, jamais consommé,
pour épouser Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII. Il montra une rare clémence
vis-à-vis de ses anciens adversaires, et il introduisit des réformes de la justice
et des impôts qui lui valurent le nom du Père du peuple.
- Louis XII, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Louis XII, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 octobre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XII.
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Louis XIV
Louis XIV naquit à Saint-Germain-en-Laye en 1638. Son règne fut long : il fut roi
de France de 1643 à 1715. Lorsqu'il n'avait que cinq ans, Louis XIV prit le trône
lors de la mort de son père, Louis XIII, en 1643. Sa mère, Anne d'Autriche, régna de la part de son fils, aidé par le cardinal
Mazarin. Durant ce temps, l'on assista aux premiers éclatements de la Fronde. La nature absolutiste qui caractérise ce roi se manifesta pour la première fois
alors qu'il prit la décision de supprimer le poste de Premier ministre, jadis occupé
par Mazarin. Le règne de ce roi fut marqué par de nombreux conflits internes et externes.
La France se trouva épuisée à la mort du roi à Versailles en 1715.
- Louis XIV le Grand Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Louvre
Ancien palais royal qui se trouve entre la rive droite de la Seine et la rue de Rivoli,
dans le Ier arondissement de Paris. En 1793, le Louvre est devenu musée, grâce à un
projet entrepris à l'origine par Louis XVI. Le Louvre est de nos jours le plus grand
musée de Paris.
- Louvre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Musée du Louvre, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_du_Louvre.
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Marc Antoine (en lat. Marcus Antonius)
Marc Antoine (83 - Alexandrie 30 av. J.-C.) était un homme politique et général sous
Jules César lorsque César fut assassiné en 44. Antoine forma un nouveau gouvernement romain avec
Octave (Auguste) et Lépide en 43. Ensemble, les trois se débarrassèrent du parti républicain et se partagèrent
le monde romain (-40). Antoine épousa Octavie (la sœur d'Octave), délaissée à cause
de l'amour d'Antoine pour Cléopâtre VII. Antoine trouva ainsi une nouvelle ambition : créer un empire hellénique et oriental
cosmopolite. Plusieurs conquêtes romaines d'Asie s'ensuivirent (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, à Actium (de la Grèce ancienne), il fut vaincu par Octave sur mer, ensuite
assiégé en Alexandrie. Il se donna la mort en 30, entendant les fausses nouvelles du suicide de Cléopâtre
et de l'avancement d'Octave en Asie.
- Antoine ou Marc Antoine en lat. Marcus Antonius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Marguerite de Habsbourg (ou Marguerite d'Autriche)
Marguerite (1480-1530) fut connue jeune fille comme Marguerite de Bourgogne ou Marguerite
de Flandre. Elle a 2 ans à la mort de sa mère et finit par être élevée en Fille de
France à la cour de Louis XI, sous la houlette de Madame de Beauieu. Elle devait épouser Charles VIII, mais pour des raisons politiques, en 1491 Marguerite fut renvoyée et le mariage
n'eut pas lieu. Elle garda toute sa vie une profonde rancœur à l'égard de la France.
Elle continua à être un pion sur l'échiquier matrimonial de l'Europe. Cependant, ses
deux mariages et ses propres démarches finirent par faire d'elle une des souveraines
les plus puissantes de l'Europe.
- Marguerite d'Autriche (1480-1530), Wikipédia l'encyclopédie libre (16 novembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_d%27Autriche_(1480-1530).
- Marguerite d'Autriche, fiancée de Charles VIII, L'envers de l'Histoire (17 juillet 2006), Internet, 19 décembre 2016. http://enviedhistoire.canalblog.com/archives/2006/07/17/2307833.html.
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Pierre II Beaujeu
(1439 - 1503, château de Moulins). Sire de Beaujeu, duc de Bourbon et d'Auvergne.
Une fois membre dévoué de la Ligue du Bien public, qui cherchait à diminuer les pouvoirs
de Louis XI, le roi parvint à détacher le jeune noble de sa ligue pour le faire épouser sa fille,
Anne de France (Madame de Beaujeu).
- Pierre II Beaujeu, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Pierre II de Bourbon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_II_de_Bourbon.
- Ligue du Bien public, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligue_du_Bien_public.
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Plessis-lès-Tours ou Plessis-les-Tours
Écart de la comm. de la Riche (arr. de Tours). Vestiges du château construit par Louis XI sur l'emplacement d'un manoir qu'il avait acquis en 1463. Il y mourut en 1483. Petit musée..
- Plessis-lès-Tours ou Plessis-lez-Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Roussillon
Commune dans l'actuel département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
La Provence fut une région disputée au Moyen Âge, réunie à la France en 1481.
- Roussillon, Wikipédia, The Free Encyclopedia (24 octobre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 février 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Roussillon_(Vaucluse)#P.C3.A9riode_moderne.
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Sainte Jeanne de France ou de Valois
(1464 à Nogent-le-Roi - 1505 à Bourges). Fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie, après Anne de France. Handicapée, Jeanne fut mariée à son cousin Louis d'Orléans à l'âge de douze ans car son père ne voulut pas que ce dernier ait des héritiers
qui puissent faire concurrence pour le trone avec sa branche de la famille Valois-Orléans. Mais quand Louis XII accéda à la monarchie, il fit annuler son mariage avec Jeanne pour non-consommation.
Ainsi Jeanne de France se rendit-elle à Bourges pour y fonder l'ordre monastique de
l'Annonciade.
- Jeanne de France, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Jeanne de France (1464 - 1505), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_France(1464-1505).
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Tours
Département de l'Indre-et-Loire, sur la Loire. HISTOIRE. Sous l'impulsion de saint Martin, sont troisième évêque, la ville des Turons (civitas Turonum) devint au IVe s. l'un des plus importants centres religieux de la Gaule. L'influence de Tours comme foyer intellectuel et artistique alla grandissant aux siècles suivants avec Grégoire de Tours (VIe s.) sous la direction de qui la ville s'agrandit, puis avec Alcuin (VIIIe s.), fondateur d'une école renommée et d'une importante bibliothèque. Au XVe s., Louis XII introduisit l'industrie de la soie, qui assura pendant deux siècles la prospérité de la ville. Le calvinisme trouva au XVIe s. de fervents adeptes parmi les artisans et les ouvriers tourangeaux, et Tours devint un centre actif de la Réforme ; la révocation de l'édit de Nantes, provoquant l'émigration de nombreux soyeux, portera à la ville un coup dont elle ne commencera à se relever qu'au XIXe s., avec les débuts du chemin de fer.
- Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Notes
- Le roman paraît en 1676 sous le titre Le Duc d’Orléans, histoire galante (Paris, Barbin). Voir René Godenne, Histoire de la nouvelle française aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Droz, 1970, p. 124, n. 12.↑
- Catherine de Foix (1455-avant 1494) était l'épouse de Gaston de Foix, comte de Candale,
qui participa à la "Guerre folle" en soutenant Madame de Beaujeu et le parti royal. Le comte et la comtesse sont suffisamment inconnus pour permettre
à l'auteur de construire sa fiction à partir de Madame de Candale; le couple aurait
sans doute été à la cour royale.
- Catherine of Foix, Countess of Candale, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 février 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://en.wikipedia.org/wiki/Catherine_of_Foix,_Countess_of_Candale.
- Gaston de Foix, Count of Candale, Wikipédia l'encyclopédie libre (22 octobre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://en.wikipedia.org/wiki/Gaston_de_Foix,_Count_of_Candale.
- Guerre folle, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 décembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2016.https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_folle
-
Il s'agit du père de Louis d'Orléans ("le prince" dans ce roman et le futur Louis XII). Le père, Charles d'Orléans (1394-1465), était le petit-fils du roi Charles V, donc son fils pouvait prétendre au trône en l'absence d'héritiers de la part Charles VIII. Le roman La Comtesse de Candale émet l'hypothèse de la passion amoureuse d'Anne de Beaujeu pour Louis d'Orléans, qui l'aurait poursuivie -- selon le présent passage -- seulement à cause des directives de son père; la Guerre folle (1485-1488) entre Louis d'Orléans et Anne de Beaujeu aurait pour cause le dépit amoureux de cette dernière.Charles d'Orléans est surtout connu comme le Prince des poètes à cause d'une oeuvre importante écrite pendant pendant une captivité anglaise de 25 ans (1415-1440) suite à sa défaite lors de la bataille d'Azincourt, une défaite française importante dans la guerre de Cent Ans.Charles Ier d'Orléans, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 décembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Ier_d%27Orl%C3%A9ans#Contexte_historique.↑
- Nous ne trouvons pas de trace de Madame de Ravaistin, mais il y a une allusion à la Seigneurie de Ravaistin, située probablement de nos jours en Belgique ou dans le sud de l'Allemagne dans les Mémoires pour servir à l’histoire universelle de l’Europe par le Père d'Aurigny, t. 1, Nîmes, Pierre Beaume, 1763, p. 75. Google Livres, 2 février 2017.↑
- En 1483, Marguerite arrive à la cour de France à l'âge de 3 ans, fiancée à Charles VIII, qui a 13 ans.↑
- Il faut cependant noter que Marguerite et Charles n'étaient pas encore mariés, et ne le seraient jamais. Marguerite est néanmoins considérée comme la future reine lors de ses années an France (1483-1491).↑
- L'imprimeur a sauté les pages 105 et 106; la page 107 suit directement la page 104.↑
- Cette légende expliquerait le désir de vengeance de Cléopâtre VII à son égard.↑
- Le lecteur doit se souvenir que c'est en effet le Duc d'Orléans, le futur Louis XII, qui raconte cette histoire depuis la p. 91. En remplaçant la première personne (utilisée toujours en haut de cette page) par la troisième, l'auteur brouille les pistes, consciemment ou non.↑
- Encore une fois, l'auteur se sert d'un noble de la cour qui existait historiquement pour donner de la couleur locale à sa fiction. "Pontdormy" est Antoine de Créquy, Seigneur de Pontdormy, mort en 1521 menant une bataille pour François Ier contre son ennemi Charles Quint du Saint Empire Romain. Son rôle est évoqué dans les Mémoires du Messire Martin du Bellay Seigneur de Langey de 1524↑
- Encore une fois, comme à la p. 145, on a perdu momentanément la voix du narrateur, le Duc d'Orléans, le futur Louis XII.↑
- Le motif de la lettre perdue serait un tournant essentiel de l'intrigue du roman le plus célèbre du siècle, La Princesse de Clèves, publié en 1678.↑
- Encore un écart entre la troisième personne dans ce récit du Duc d'Orléans/Louis XII; la première personne reviendra explicitement en haut de la p. 188.↑
- "n'est compté"↑
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