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La Comtesse de Candale. Première partie.

LA
COMTESSE
DE
CANDALE.
PREMIERE PARTIE.

Vignette. A PARIS,
Chez JEAN RIBOU, au Palais,
vis-à-vis la porte de l’Eglise de la Sainte
Chapelle, à l’Image de S. Loüis.

Filet. M. DC. LXXII.
Avec Privilege du Roy.
L'empreinte de la Bibliothèque de l'Arsenal
Vignette d'hommes et de femmes (deux couples) dans une cour entourée d'arbres ; dans le ciel, une manchette, sur laquelle est écrite : La Contesse De Candale

Bandeau. AU LECTEUR.

T Ous nos Historiens cõviennent que la haine de Madame de Beauieu pour le Duc d’Orleans, estoit fondée fur ce qu’il avoit refusé de l’aimer ; c’eft tout ce qu’ils en disent. Mais si vous voulez en sçavoir toutes les circonstances, qui ont esté trouvées dans des memoires anciens & secrets, Vous n’avez qu’à lire.
Bandeau.
LOUIS PAR LA GRACE de Dieu, Roy de France & de Navarre, à nos amez & feaux Conseillers les gens tenans nos Cours de Parlement, Maistres des Requestes ordinaires de Nostre Hostel, Baillifs, Senéchaux, Prevosts, leurs Lieutenans, & à tous autres nos Justiciers & Officiers qu’il appartiendra ; Salut : Nostre cher & bien aimé le Sieur B.D.L. Nous a tres–humblement fait remontrer qu’il auroit composé un Livre, intitulé, La Comtesse de Candale ; lequel il desireroit faire imprimer, s’il avoit nos lettres sur ce necessaires. A ces causes voulant favora blement traiter l’Exposant, Nous luy avons permis & permettons par ces presentes de faire imprimer ledit Livre, par tel Imprimeur ou Libraire qu’il voudra choisir, autant de fois que bon luy semblera, durant le temps & espace de dix ans, à comter du iour qu’il sera achevé d’imprimer pour la premiere fois ; Pendant lequel temps faisons tres-expresses inhibitions & deffenses à toutes personnes de quelque qualité qu’elles soient, de l’imprimer ou faire imprimer, vendre ou distribuer d’autres editions que celles de l’Exposant, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine de trois mille livres d’amande, payable sans deport par chacun des contrevenans, applicable un tiers à l’Hostel-Dieu de nostre bonne Ville de Paris, un tiers au denonciateur, & l’autre tiers à l’Expo sant, de confiscation des Exemplaires contrefaits, & de tous despens, dommages & interests ; à condition qu’il sera mis deux Exemplaires dudit Livre en nostre Bibliotheque publique, un au Cabinet des Livres de nostre Chasteau du Louvre, avant que de l’exposer en vente, à peine de nullité des presentes, du contenu desquelles voulons que vous fassiez ioüir & user l’Exposant plainement & paisiblement, & ceux qui auront droit de luy, & qu’en mettant au commencement ou à la fin un Extrait des presentes, qu’elles soient tenuës pour bien & deuëment signifiées, & que foy soit aioustée aux coppies colationnées par l’un de nos amis & feaux Conseilleurs & Secretaires, comme à l’Original. Mãdons au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l’execution d’icelles tous exploits, saisies, executions, & autres actes necessaires, sans demander autre permission, visa ne pareatis. Car tel est nostre plaisir. Donné à Saint Germain en Laye, le 22. iour de Février, l’an de grace mil six cens soixante & douze, & de nostre reigne le vingt-neufviéme. Signé par le Roy en son Conseil, D’Alence’.
Registré sur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, le 27. Fevrier 1672. suivant l’Arrest du Parlement du 8. Avril 1653. & celuy du Conseil Privé du Roy du 27. Fevrier 1665.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois le vingt-quatriéme May 1672.
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Bandeau. LA COMTESSE DE CANDALE1.

LES plus Grands du Royaume, prévoyant la prochaine mort de Loüis XI. n’épargnerent rien pour se faire des Partisans, soit qu’ils eussent dessein de se rendre 2 Maistre des affaires, sous le ieune Roy Charles VIII. ou qu’ils voulussent gagner la confiance de ceux qui avoient le Gouvernement de l’Etat. Anne de France mariée au Comte de Beauieu, ou Duc de Bourbon, pretendoit l’obtenir par le credit qu’elle avoit sur l’esprit du Roy son Pere, & parce qu’elle estoit soeur de Charles. Le Duc d’Orleans, qui fut depuis Loüis XII. y avoit plus de droit estant premier 3 Prince du Sang, heritier presomptif de la Couronne, & outre cela ayant épousé Ieanne de France, sœur aînée de Madame de Beauieu.
Mais comme l’autorité l’emporte presque toûiours sur le bon droit, le Duc d’Orleans se trouva décheu de ses esperances, & quoy qu’il pût faire pour s’opposer à l’ambition de cette Princesse, peu de temps aprés la mort du Roy son Pere, elle fut declarée Regente ; la hai 4 ne qu’il y avoit entr’eux, a sans doute esté connuë de toute la France. Mais comme la cause n’en a esté sceuë que de peu de gens, ie veux bien en rapporter icy ce qu’en disent des Memoires, qui pour estre anciens & secrets, ne laissent pas d’être tres‑veritables.
Sur la fin du regne de Loüis XI. les affaires d’Etat n’occupoient pas si fort ceux qui y estoient employez, qu’ils ne pussent trouver le loisir d’ai 5 mer, quand l’envie en prend on quitte tout pour la satisfaire, & l’on ne refuse guere un plaisir qui se presente, prinicipalement quand c’est l’amour qui le donne.
Le Roy depuis quelques années s’estoit renfermé dans le Plessis-les‑Tours, ses soupçons & la ialousie qu’il avoit de son autorité, luy en avoit fait choisir le seiour comme un lieu de seureté contre ceux de qui il se défioit, & depuis sa ma 6 ladie l’y avoit retenu, il n’y eust sorte de précaution qu’il ne prit, soit à la fortification du Château, soit aux Gardes qu’il choisit pour veiller continuellement à sa seureté, soit aux ordres qu’il donna pour n’y laisser entrer personne, que par son commandement, ou par celuy de Madame de Beauieu, qui avoit esté assez habile pour entrer dans les affaires les plus importantes, & pour s’y maintenir malgré l’hu 7 meur défiante du Roy, dont l’austere retraitte, ou pour mieux dire l’estroite prison, estoit cause que la Cour n’estoit pas nombreuse. Entre ceux que la naissance, & l’ambition y avoit retenu, l’on y voyoit la Trimoüille encore ieune, mais bienfait, & d’un merite extraordinaire, d’abord son interest l’atacha au service de Madame de Beauieu, dans le dessein de s’élever par son credit aux pre 8 premieres Charges du Royaume ; mais depuis regardant mieux cette Princesse, il continua par amour ce qu’il avoit commencé par ambition, elle estoit aimable, son esprit parroissoit doux, les manieres donnoient de l’esperance quand elle desiroit de plaire, & elle le vouloit presque toûiours : enfin s’il n’y avoit point eu de Comtesse de Candale2, sans doute elle auroit esté la plus belle personne de France. La 9 Trimoüille suivant donc les mouvemens de son cœur, & flaté d’ailleurs, ou pour mieux dire trompé par quelques regards qui ne luy sembloient pas indifferens, oublia l’amitié que le Duc de Bourbon avoit pour luy, afin de mieux penser à ce que sa passion vouloit qu’il fit. Elle luy conseilla de parler, il suivit son avis ; mais il s’en trouva mal, Madame de Beauieu estoit de l’humeur de quelques fem 10 mes, qui ne sont point fâchée d’estre aimés ; mais qui ne veulent point qu’on le leur dise ; la Trimoüille ne voyant point trop d’aigreur ny de fierté dans les refus de cette Princesse, prit le party de l’aimer toûiours, & de ne luy en plus rien dire : quelques iours aprés l’on découvrit que le Duc d’Orleans, qui étoit le plus aimable homme de son temps, & qui pensa perdre la vie pour avoir esté trouvé tel, avoit un 11 commerce d’amour avec Madame de Candale. Puis qu’ils avoient dessein de s’aimer l’un & l’autre, ils ne pouvoient faire un meilleur choix, la Comtesse étoit tendre, & le Prince estoit amoureux ; le Duc de Bourbon dont le cœur voulait toûiours estre remply de quelque passion, ayant rompu tous les engagemens qu’il avoit avec une des plus belles femmes du Royaume, se mit à considerer avec un atta 12 chement agreable les divers agrémens, & les differentes beautez de Madame de Candale, & crut qu’il seroit le plus heureux de tous les hommes s’il en pouvait estre le Maistre ; il resolut donc de confirmer son inconstance & son amour par des marques si veritables, qu’elle n’eût pas lieu d’en douter ; dés qu’on fait un semblable dessein, nostre desir nous presse toûiours de l’executer promptement, & l’on croit avoir 13 beaucoup fait à l’avantage de sa passion, quand on la fait connoistre à la personne qu’on aime ; le Duc persuadé de cette verité, & flaté d’ailleurs par son merite & par son rang, ne prit point le chemin commun des Amans ordinaires, qui font preceder quelques iours de soins & de silence respectueux à la declaration de ce qu’ils sentent : ce n’est pas qu’il ne sçeut de quelle manière on pouvoit se faire aimer ; 14 mais ayant pour maxime que toutes les affaires d’amour veulent estre traitez differamment, il ne crut pas qu’il dût laisser échaper l’occasion qui se presentoit ; mais ce trait d’habilité ne luy reüssit point, l’entretien qu’il eut avec elle, ne luy laissa que l’esperance d’estre malheureux. Il soûtint ces premiers mépris avec douleur, & pensa pour sa satisfaction, que la gloire d’une belle personne 15 voulant qu’elle payast de rigueur la passion qu’on luy faisoit connoistre, elle avoit esté contrainte de luy obeïr. Le Duc d’Orleans qui observoit les regards & les actions du Duc de Bourbon, s’aperceut le premier de son dessein, quoy qu’il fut aimé, il n’osoit s’asseurer de la durée de son bonheur, le Rival estoit redoutable, & quand on aime bien que ne craint on pas ; mais quoy-qu’il apprehendast de perdre le 16 cœur de Madame de Candale, il la laissa sur sa bonne-foy, & par cette maniere d’agir il se mit en estat de pouvoir iuger quelle seroit sa constance & sa delicatesse.
Estant le lendemain dans la chambre de Madame de Beauieu, qui seule avoit obtenu du Roy la permission de loger dans le Château, & qui l'avoit fait aussi donner à la Comtesse, parce qu’elle l’avoit iugé utile à ses desseins, remarqua 17 que le Duc sans considerer qu’il pourroit estre observé des curieux & des interessez, parla long‑temps à Madame de Candale, & il luy sembla qu’elle prenoit plaisir à ce qu’il luy disoit, la Princesse voyoit l’empressement de son mary, & iugeoit que sa ioye estoit causée par la veuë & par l’entretien de la Comtesse ; elle estoit accoutumé à ses inconstances, parce que les retours de tendresses la 18 consoloient de ses infidelitez ; mais depuis quelques iours ayant conceu une grande ialousie de beauté contre sa nouvelle rivale : elle ne se contentoit pas de vouloir faire remarquer des defauts en sa personne, desquels on ne pouvoit convenir, elle ne luy voyoit point un amant qu’elle n’essayast de luy oster ; à cette ialousie de beauté se ioignit encore celle du cœur, & si elle eust de grandes peines à 19 souffrir d’une passion violente & qui n’est pas heureuse ; ie le laisse à iuger à ceux qui en ont fait la cruelle épreuve. Elle aimoit le Duc d’Orleans, qui n’avoit que de l’indifference à luy donner ; mais c’estoit de l’amour qu’elle vouloit ; dés que le Prince put parler à Madame de Candale, il se plaignit et fit des reproches, & cela fut mal receu, & comme il continuoit d’en faire, il ne cessoit point aussi de l’ir 20 riter, le dépit & la ialousie du Prince avoit commencé l’entretien, le mépris & la fierté de la Comtesse le finit, il n’avoit encore fait que craindre que le Duc ne devint son rival, mais voyant la cruelle maniere avec laquelle il estoit traité, il ne fut que trop certain d’un malheur que l’on apprehende toûiours, quelque bien estably qu’on soit dans le cœur de ce qu’on aime ; Madame de Beauieu bel 21 le, fiere & ialouse, & qui croyoit meriter toute la passion de son mary, ne s’apperceut point sans douleur du larcin que la Comtesse vouloit luy faire, le lendemain retrouvant son mary avec elle, & faisant remarquer au Prince comme elle souffroit agreablement tout ce qu’il pouvoit luy dire. On nous trompe, luy dit-elle en le regardant d’un air le plus tendre du monde, & si ie puis bien iuger de vous 22 & de moy, nous ne meritons point ces iniustes traitemens. Luy qui ne vouloit pas estre en reste de dépit & de ialousie avec Madame de Candale, crut que son cœur pourroit prendre le party qu’on luy offroit. Hé bien, Madame, luy répondit-il en soupirant, profitez de l’exemple, & ne gardez point pour un homme qui s’en est rendu indigne, des sentimens amoureux, que vous pourriez mieux em 23 ployer ; ie sçay bien qu’il n’est pas impossible que ie ne me puisse r’aquiter de ce que ie perds, repartit-elle, si l’on vouloit aider à ce que ie sens ; mais ie crains tout, parce que ie voy, & ie n’oserois plus m’asseurer sur rien ; il vous seroit honteux de ne point aimer, Madame, repliqua-t’il, ie vous conseille l’amour par vengeance, par interest, & par le plaisir que vous y rencontrerez, & ie connois un homme 24 qui sera de moitié de tout cela avec vous, si vous voulez. Le Duc de Bourbon, & Madame de Candale avoit à leur tour observé la conversation de Madame de Beauieu, & du Duc d’Orleans, & avoient tirez de cette observation, une coniecture presque certaine de ce qu’ils s’étoient dit, si le Duc sentit cruellement cette offence, la Comtesse n’en fut pas moins touchée, & l’on peut dire que ce iour là, le dépit, 25 la ialousie & l’amour leur fit faire à tous quatre, mille choses qui les desesperoient, & qu’ils ne pouvoient s’empécher de faire. Le Prince se retira le premier, ne pouvant soutenir plus long-temps le trouble & l’inquietude dont il estoit agité. La Comtesse sortit aussi en aparence moins troublée, mais en effet vivement offencée dans la partie la plus sensible de son ame, aucun desir d’infidelité ne s’estoit ve 26 nu mesler à l’amour qu’elle avoit pour luy, & si elle avoit écouté ce que le Duc de Bourbon luy avoit dit, le respect qu’elle devoit à son rang l’avoit empéchée d’estre incivile ; mais non pas de luy faire comprendre qu’elle ne vouloit rien de luy, de tout ce qu’il luy offroit. Cette resistance augmenta l’amour du Duc, & plus il voyoit de difficulté à se rendre maistre de son cœur, & plus il se persuadoit qu'il 27 y auroit de gloire & de plaisir à le vaincre.
Le Prince ne douta plus qu’il ne fust abandonné de la Comtesse, quoy que cette connoissance l’affligeast, elle ne luy osta pas les moyens d’agir pour son repos & pour le contentement de son ame. La honte d’avoir esté trahy par tout ce qu’il aimoit, luy conseilloit la tranquilité comme un remede souverain, pour se vanger en mesme temps de son 28 amour & de sa maistresse, apres quelques iours d’inquietudes & de soufrances, il se consola, ou pour mieux dire, il crut estre consolé.
Madame de Beauieu n’ayant pû le faire expliquer autant qu’elle l’eust desiré, se servit de la Trimoüille qui l’aimoit, pour engager plus facilement le Prince à se mettre dans ses interests ; la commission est cruelle pour un amant, & sans doute s’il en eust sceu le 29 secret, il auroit éprouvé que de tous les malheureux il n’y en avoit pas un qui le fut tant que luy.
Pendant que le Duc d’Orleans enduroit les peines & les rigueurs de l’amour, Chaumont qui estoit d’une des plus illustres Maisons du Royaume, & de plus son favory, avoit des plaisirs en abondance ; il aimoit Hauteville, confidante de la Princesse, il avoit parlé de sa passion, & non seu 30 lement on l’avoit écouté, mais encore on y avoit répondu favorablement ; on avoit ioint a tant de bontez de ces tendres douceurs qui rendent les amans heureux, leur bonheur n’estoit point troublé, & si quelquefois ils rencontroient la moindre difficulté de satisfaire leurs desirs, ils ne sentoient la peine de cette difficulté, que comme un assaisonnement à l’amoureuse ardeur qu’ils ressentoient.
Le Prince meritoit sans 31 doute d’estre aussi heureux que Chaumont, mais il ne l’estoit pas : croyant donc n’aimer plus Madame de Candale, il entreprit de plaire à la Princesse, il iugea qu’il n’étoit pas mal‑aisé que son entreprise n’eust un bon succez, & que tout au moins s’il ne pouvoit faire revenir la Comtesse, il se consoleroit de son infidelité avec la femme de son rival. Le Duc de Bourbon luy avoit fait connoistre les 32 soupçons qu’il avoit contre le Duc d’Orleans, il luy avoit mesme montré quelques soupçons ialoux qu’elle ne vit point sans dépit, elle eut assez de fermeté pour vouloir rendre en cette rencontre les choses égales à son exemple. Elle eut de la ialousie & du dépit, & elle sçut bien luy rendre reproches pour reproches ; enfin cét entretien finit par l’asseurance qu’elle luy donna de l’imiter dans ses inconstances.
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Le Duc estoit seur de la vertu de sa femme ; mais comme il sçavoit par son experience qu’un peu d’amour déracinoit beaucoup de severité, il craignit l’esprit & la bonne mine du Prince, & la bonne foy coniugale, courant risque d’estre violée par un homme d’un si grand merite, il eut tous les maux d’un mary ialoux à souffrir, & toutes les rigueurs d’un amant méprisé à suporter.
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Les iardins du Plessis‑les-Toursayant receu de nouveaux embellissemens par les soins que le Roy en avoit fait prendre, presque tous les soirs la plus grande partie de la Cour s’y promenoit, le Duc d’Orleans y entroit lorsque la Trimoüille, qui vouloit s’aquiter de sa commission, luy fit comprendre quels avantages il pourroit tirer en s’attachant aux interests de la Princesse. Le Prince crut au commencement que 35 c’estoit à dessein de découvrir quels sentimens il avoit pour elle : mais dans la suite il perdit cette creance, & il connut que Madame de Beauieu, qui estoit artificieuse, le faisoit servir à sa passion sans qu’il s’en apperceut, dans un autre temps il l’auroit détrompé, mais croyant que le dépit qu’il avoit contre Madame de Candale, s’estoit changé en amour pour la Princesse, il promit à la Trimoüille qu’il profiteroit de son avis.
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Apres cela il prit le chemin de la grande allée, où il vit beaucoup de monde. Les hommes s’estoient rangez auprés des Dames, le Duc de Bourbon donnoit la main à la Comtesse, qui ne put refuser son entretien, il continua de se plaindre de sa severité, & par des paroles touchantes essaya de luy faire naistre l’envie de l’aimer ; elle se deffendit, & ce fut sans aigreur ; mais comme son air étoit doux, il dementoit ce que 37 disoit sa bouche, & le Duc trompé par une si charmante apparence, ne desespera pas de la faire changer de sentimens. La Princesse étoit dans le iardin remarquant l’empressement de son mary, elle ne voulut estre suivie que de Hauteville, & elle passa de l’autre costé de la palissade, afin d’estre témoin de ce qu’il diroit à sa rivale, elle n’entendit pas sans colere, la maniere tendre & douloureuse dont le Duc se plai 38 gnoit de la cruauté de la Comtesse, ny sans crainte aussi qu’elle n’y devint sensible, l’inconstance de son mary luy fit garder sa colere, mais la prudente vertu, ou pour mieux dire, l’amour que Madame de Candale conservoit encore pour le Duc d’Orleans, luy fit diminuer sa crainte.
Que le Prince eust esté heureux s’il eust pu entendre cét entretien, mais il ne fit que les voir tous deux ensemble, & assez 39 éloignez des autres personnes qui estoient dans le iardin. Cette veuë, luy fit bien sentir qu’il aimoit encore plus qu’il ne pensoit, puis que son cœur en estoit émeu & troublé, on ne sçauroit definir le cruel estat où il estoit, tout ce qu’on en peut dire, c’est qu’il conservoit ses soupçons ialoux, qu’il vouloit estre inconstant, & qu’il cherchoit les moyens de n’aimer plus ; il estoit resolu de se plaindre à la Com 40 tesse, de luy reprocher sa perfidie, & d’aimer la Princesse à sa veuë : enfin il vouloit tant de choses si differentes & si opposées, que si on avoit pû voir dans son ame, on y auroit veu la plus douloureuse & la plus cruelle souffrance, que iamais un malheureux amant eust eu.
Madame de Beauieu se retira sans estre apperceuë, cependant la Comtesse lassée du personnage que son dépit luy avoit 41 contraint de faire, se plaignoit en secret de ses peines, & plaignoit aussi celles qu’elle faisoit endurer au Prince : les soupçons ialoux qu’elle avoit cõceus contre luy, n’avoient pas toûiours tout credit dans son cœur, l’amour venoit s’y remettre en possession de ses droits, & luy redonnoit un souvenir si doux de ce temps heureux où ils estoient si tendrement unis, qu’elle écoutoit avec plaisir tout ce qu’il pouvoit luy dire, un re 42 ste de fausse gloire l’empéchoit de luy montrer toute la douceur de ces sentimens, elle ne vouloit point faire les premiers pas, & quoy que l’amour luy representast que qui faisoit le plus, aimoit le mieux, cette maxime ne s’accommodoit point à son orgueil, elle eut souhaité que le Prince fut revenu soûmis, amoureux & fidelle, & malheureusement elle ne voyoit ny ne trouvoit en luy rien de tout ce 43 qu’elle desiroit qui y fut.
Dés que la Princesse put estre en liberté, elle eust impatience que la Trimoüille ne fut venu luy rendre compte de ce qu’il avoit fait auprés du Prince, qu’elle ne trouvoit que trop aimable pour son repos, à quelque prix que ce fust, elle vouloit en estre aimée, & elle se croyoit assez belle pour faire la bonne fortune du plus honneste homme du monde. En 44 fin la Trimoüille entra dans sa chambre, dés qu’elle le vit, avez vous reüssi, luy dit–elle, seray–ie heureuse, & le Prince m’aimera-t’il ; il fut d’autant plus surpris de la cruauté de ces paroles, qu’il ne croyoit pas les meriter, Madame, luy répondit-il, ie suis perdu, vous ne m’aimerez iamais ? helas, repartit elle ! i’estois si fort occupée de ma passion, que ie ne songeois plus à la vostre, que n’oublie-t’on point 45 quand on aime aussi fortement que ie fais, l’amour porte son excuse avec soy, & si vous m’aimez comme vous voulez me persuader, vous me donnerez les moyens d’atendrir le Prince, sans offencer mes sentimens par la continuation des vostres ; il soupiroit, ses regards tristes & languissans exprimoient sa douleur, & l’abondance de ses larmes disoit assez ce que sa bouche n’exprimoit pas : la Princesse en 46 tendoit assez les iustes reproches que ces soupirs, ces yeux & ces pleurs luy faisoient ; mais son cœur estant prevenu pour un autre, elle s’en alla chez le Roy sans luy répondre. Ne pouvant la suivre en l’estat où il estoit, & craignant de luy déplaire, il demeura quelque temps auprés d’Hauteville, à qui il fit des plaintes de la cruauté de Madame de Beauieu ; Hauteville estoit au desespoir de les entendre, 47 parce que Chaumont qui estoit caché dans sa chambre, avoit quelque chose de plus agreable à luy dire : enfin la Trimoüille sortit, & elle eut toute la liberté qu’elle pouvoit desirer d’écouter les tendres discours de son amant, & d’y faire d'amoureuses réponces.
Comme la Princesse alloit entrer dans la chambre du Roy, elle rencontra le Duc d’Orleans, qui connut qu’elle avoit dessein de luy par 48 ler dés qu’elle le put ; on desire un entretien avec vous, luy dit-elle, souvenez-vous que c’est moy qui vous en prie ; elle n’eust que le temps de luy en marquer l’heure, parce que le Duc de Bourbon parut, le Prince n’osant répondre, luy fit un signe, auquel elle comprit qu’il ne manqueroit pas de se rendre chez elle.
Il se retira à la veuë du Duc, & fit chercher Chaumont pour luy con 49 fier ce que la Trimoüille luy avoit dit, & ce que la Princesse luy avoit ordonné ; mais il estoit en partie d’amour comme ie viens de dire, & il s’y trouvoit si bien, qu’il y demeura iusqu’au iour.
Il vint le lendemain au lever du Prince, qui voulut sçavoir à quoy il avoit passé la nuit, il voulut cacher son bonheur, sous pretexte d’avoir esté occupé par des soins pressans qui demandoient de la diligence & de l’appli 50 cation. Le Prince qui avoit envoyé chez luy afin qu’on put le trouver, soupçonna d’abord une partie de la verité. Ces soins, luy dit-il en soûrians, qui vous ont si fort occupé, & ausquels vous avez tant apporté de diligence & d’application, sont sans doute des soins d’amour, pourquoy me les cachez vous, tous mes secrets vous sont connus. & il me semble que ie merite bien que vous ne m’en fassiez pas.
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Quoy que Chaumont fut amoureux, il ne put estre discret, il luy apprit donc toutes les particularitez de son avanture, & il n’oublia pas la moindre circonstance de ses plaisirs & de son bonheur.
Et par tout ce qu’il luy dit, il luy redoubla la cruauté de ses peines. Helas! ie serois peut-estre heureux comme vous, répondit-il à Chaumont, si ie n’avois point esté trahy, l’ingrate que i’ai 52 mois tant, & qui m’aimoit si bien m’abandonne, devient sensible pour un autre, & me voit malheureux sans avoir pitié de mes souffrances : ha ! Chaumont, ie iure que ie ne la verray iamais. Ne faites point de serment, luy répondit-il, on ne sçait ce qui peut arriver, & si vous veniez à vous r’accommoder, vous auriez peut-estre regret d’avoir iuré. Les tristes & les douloureuses pensées que le bonheur de son confi 53 dant avoient renouvellées à ce Prince, l’entretinrent la plus grande partie du iour, & l’heure estant venuë où il devoit se rendre chez Madame de Beauieu, il entra dans la chambre de Madame de Candale, croyant entrer dans celle de la Princesse, la veuë d’une personne qu’il avoit si tendrement aimé, & qu’il aimoit encore avec tant de violence, quoy que son dépit l’empéchast de le connoistre, remit dans 54 son cœur le desir de se retrouver dans l’heureux estat où il estoit avant sa disgrace.
La Comtesse fut agreablement surprise d’un retour qu’elle n’osoit plus esperer, dans ce moment elle oublia son dépit & son orgueil, & les plaintes & les reproches finis de part & d’autre ; l’amour sceut bien tost reprendre la place que de trop iniustes soupçons avoient occupez.
Le Prince qui estoit 55 sincere, luy avoüa comme il avoit pris sa chambre pour celle de Madame de Beauieu, qui selon toutes les apparences vouloit luy parler de la passion qu’elle avoit pour luy, Madame de Candale qui ne l’estoit pas moins, luy dit les persecutions amoureuses que le Duc de Bourbon luy faisoit, & que ne pouvant plus en souffrir, elle l’avoit menacé de se plaindre à la Princesse, elle y adioûta que pour toute grace il 56 l’avoit suppliée de luy accorder un entretien, & que craignans de l’irriter à cause de son credit, elle n’avoit pu le luy refuser. A peine achevoit-elle ces paroles que le Duc entra, parce que c’estoit l’heure que la Comtesse luy avoit marqué pour luy donner son audiance de congé ; il tira de la veuë du Prince un mauvais augure pour son amour, & ne douta point que son rival ne fust heureux.
La Comtesse qui vou 57 loit ôter iusqu’aux moindres soupçons qui eussent pu demeurer dans le cœur de son amant, luy fit bien connoistre qu’elle n’avoit iamais aimé le Duc, à qui elle eust la cruauté de dire, vous ne m’avez pas voulu croire lors que ie vous asseurois qu’en continuant à m’aimer, vous continuiez à vous faire haïr, cependant ce malheur là vous est arrivé, ce n’est pas ma faute, c’est la vostre.
Le Duc cruellement ir 58 rité d’un si sensible outrage, & encore à la veuë du Prince, n’ayant pas assez de force pour le soutenir tranquillement, sortit plus malheureux qu’il n’estoit entré.
Depuis le iour que le dépit du Duc d’Orleans3 l’avoit contraint d’essayer de plaire à Madame de Beauieu, & qu’il avoit esté assez malheureux pour y avoir reüssi, elle se flatoit d’avoir touché son cœur, il l’avoit regardée comme on regar 59 de lors qu’on trouve une personne aimable, & il avoit parlé comme on parle quand on commence d’aimer ; elle prenoit méme son respect comme une marque d’un grand amour, & enfin elle n’estoit guere plus persuadée de sa beauté, qu’elle l’estoit de la passion qu’il avoit pour elle. Ce Prince n’avoit pu s’expliquer entierement dans l’entretien qu’il eut avec elle, en presence du Duc & de la Comtesse de 60 Candale, comme elle estoit impatiente & tendre, elle osa plus qu’il n’avoit osé, & ce fut dans le dessein de luy découvrir les progrez amoureux qu’il avoit fait dans son ame, qu’elle luy ordonna de se rendre le lendemain dans sa chambre, son amour l’empéchoit d’attendre la venuë de ce Prince avec tranquilité, mais elle l’attendit long-temps. Madame de Candale plus heureuse, plus aimable 61 & plus aimée aussi, trouvoit dans le plaisir du r’accommodement, une douceur qu’il faut avoir éprouvée, pour l’exprimer aussi tendre qu’elle estoit, son amant partageoit tout cela avec elle, & content de l’estat où il estoit, comment n’auroit-il pas oublié Madame de Beauieu, puis qu’à peine il se souvenoit de luy-méme. Cependant la Comtesse pria le Prince qu’il feignit de l’aimer, afin de conserver plus 62 seurement sous cette feinte, les biens qu’ils recevoient de leur passion, il se deffendit si tendrement du personnage, qu’on vouloit l’obliger de faire, qu’on ne luy ordonnoit plus rien que d’estre fidelle, lors que Hauteville entra, qui estoit comme i’ay desia dit confidante de la Princesse, qui l’envoyoit sous un faux pretexte, pour découvrir si le Prince n’estoit pas dans sa chambre, elle l’y trouva 63 donc, & luy raporta fidellement ce qu’elle avoit veu ; dans le premier transport qu’elle eust, son ressentiment luy fit prendre de cruelle resolutions contre luy, mais l’amour les rompit, Madame de Candale qui craignoit d’irriter Madame de Beauieu, & qui apprehendoit aussi que sa colere ne tombast sur son amant, obtint de luy avec bien de la peine, qu’il s’en iroit chez elle. Le Prince s’y étant rendu, 64 ne vit en elle que de la ioye, tant elle sçavoit bien dissimuler. Aprés de legeres plaintes, sur la negligence qu’il avoit eu, elle luy fit adroitement souvenir du discours qu’il luy avoit tenu, ie ne vous entens pas encore Madame, luy dit-il, mais pour peu qu’il vous plaise de continuer, ie répondray sans doute de la maniere que vous desirez que ie réponde, i’avois toûiours bien cru, repartit-elle, que vous 65 parleriez comme vous faites, mais malgré cette creance, mon cœur doute encore, il craint tout ; ostez luy donc ses craintes, puis que vous le pouvez, & ne me laissez pas plus long-temps dans la cruelle incertitude où ie suis. Il comprenoit assez ce qu’elle vouloit dire, ses regards, ses paroles, ses actions, le prioient d’amour le plus tendrement du monde, mais il feignoit de ne point entendre tout cela, de peur 66 de s’attirer d’autres bontez qu’il n’avoit pas dessein de meriter, & ne voulant pas aussi faire la moindre trahison à Madame de Candale. La Princesse voyant qu’il ne répondoit pas, croyoit que le trop de passion l’empéchoit de la remercier de la preference qu’elle faisoit de luy à tout autre, mais elle estoit cruellement trompée. Ce Prince ne sõgeoit qu’aux moyens de refuser son amour sans irriter 67 son orgueil, il n’estoit point aisé d’y reüssir, elle estoit penetrante, adroite, & l’interest de son cœur y estoit mélé. Cependant il falloit qu’il se tirast d’un pas si dangereux, & ie ne sçay comment il l’auroit pû faire, si elle n’avoit aidé à l’en tirer. Ie me souviens, luy dit-elle en rougissant, que vous me parlastes d’un homme qui se seroit offert d’estre de moitié avec moy du plaisir de la vengeance, & de celuy 68 de l’amour, s’il n’avoit apprehendé quelque refus ; qu’il ose, poursuivit‑elle en se cachant le visage avec une de ses mains, qu’il parle, & qu’il m’aime, tout cela luy est permis, & si ce n’est pas assez pour le contẽter, qu’il espere tout de sa passion & de la mienne. Que la Trimoüille est heureux, Madame, répondit le Prince, & quel plaisir ne recevra-t’il point lors que ie luy apprendray ce que vous venez de me dire. 69 Ce ne fust pas sans peine qu’elle cacha le desespoir où elle estoit du mépris de ce Prince, & de ce qu’il nommoit la Trimoüille, au lieu qu’elle avoit crû qu’il alloit parler pour luy méme ; mais enfin elle sceut si bien le contraindre, que s’il ne l’eust connuë, iamais il ne l’eust soupçonnée de dissimulation, tant elle sçavoit parfaitement l’art de se déguiser aux yeux des plus clair-voyans. Vous estes un dangereux 70 confidant, luy répondit‑elle, & ie ne vous aurois iamais choisi pour cét office, ie me plaindray à la Trimoüille de son imprudence, il ne devoit point vous confier son secret, & il ne pouvoit plus mal s’adresser qu’à vous. Le Prince entendoit tout ce que cela vouloit dire, sans oser y répondre ; mais comme c’estoit luy donner lieu de se déclarer davantage, en demeurant interdit ; ne condamnez point la Tri 71 moüille sans écouter ses iustifications, Madame, luy dit-il, il ne m’a point fait connoistre qu’il vous aime, ie m’en suis apperceu, peu d’hommes ont plus de merite que luy, ie l’estime, & ie suis bien‑aise d’avoir rencontré une occasion de le servir, que ie ne m’attendois pas de trouver. La Princesse, qui voyoit que ce Prince continuoit de l’offencer, sentit cruellement cette outrage ; on ne refuse point impunément l’a 72 mour d’une personne de cette naissance, quand on en méprise la beauté, elle se souvient toûiours de l’iniure qu’on luy fait, & ce n’est que rarement qu’elle pardonne. Pendant cét entretien, la Trimoüille estoit avec le Roy, qui regardoit des Lions & des Tigres qu’on luy avoit amenez d’Afrique, & qui n’estoient pas les seuls qu’on devoit luy envoyer. Le bruit de sa maladie avoit couru presque dans toutes les par 73 ties du monde, comme il estoit puissant & redoutable, il vouloit faire cesser ce bruit, ayant préveu que son mal dureroit long-temps, il avoit envoyé en diverses Contrées, tant d’Europe que d’Afrique & d’Asie, pour en faire venir ce qu’il y avoit de plus rare ; il estoit dans ce Chasteau du Plessis-les-Tours avec peu de domestiques, & beaucoup d’Archers de sa garde, ausquels il se confioit, & ayant toû 74 iours les soupçons dont i’ay parlé ; mais il y avoit pourveu en ne laissant personne dans le Château, desquels il ne fut asseuré, on ne luy parloit d’aucunes affaires, à moins que ce ne fust de celles qui importoient au repos de l’Estat, ou la conservation de sa vie, pour laquelle il faisoit des choses extraordinaires & inusitées, il punissoit cruellement pour de legeres fautes, afin d’estre craint, & de peur de per 75 dre son autorité, & il se faisoit enfin plus craindre que ne fit iamais aucun Roy, apprehendant qu’on ne le crut mort s’il agissoit autrement, peu de gens le voyoient, mais quand on entendoit parler des choses differentes qu’il ordonnoit, à peine pouvoit-on croire qu’il fust malade. Voulant faire voir ces Tigres & ces Lions à Madame de Beauieu, il commanda à la Trimoüille de la faire venir, cette commission 76 luy estoit dautant plus agreable, qu’il croyoit pouvoir luy parler d’une passion qui ne luy estoit pas inconnuë, mais qu’elle ne traitoit pas assez bien pour devoir l’en remercier. La veuë du Prince qu’il ne croyoit point en ce lieu, luy fit tout craindre pour son amour, & il se crut perdu, & par le merite de son rival, & par l’inclination de sa maistresse. Ce qui luy faisoit faire ce iugement, c’est que le Duc de Bour- 77 bon luy avoit appris de quelle maniere cruelle Madame de Candale l’avoit sacrifié à ce Prince, & qu’il estoit d’autant plus malheureux, qu’il ne pouvoit point douter qu’il ne fust aimé d’elle & de la Princesse. Il luy dit en suite tant de circonstances, qu’il en fut aussi persuadé que luy. Le Duc estoit bien plus à plaindre qu’il ne pensoit, puis qu’il avoit pour confidant & pour amy un homme qui estoit l’a 78 mant de sa femme, mais il ne le sçavoit pas, & la Trimoüille n’avoit garde de luy en confier le secret.
S’estant donc acquité de ce qu’il avoit à luy dire, il la suivit chez le Roy, où le Duc d’Orleans la quita pour aller rendre conte à Madame de Candale de l’entretien qu’il venoit d’avoir, elle eut la ioye de rencontrer en ce Prince ce qu’elle avoit desiré d’y trouver, & Chaumont qui arriva 79 fut témoin d’une partie de ce qu’ils se dirent, pour s’asseurer que leur passion ne finiroit iamais.
Quoy que Madame de Beauieu eust resolu de se vanger du mépris qu’elle avoit remarqué dans ce Prince, elle prenoit souvent des resolutions toutes contraires à la vengeance ; on ne se défait point de l’amour quand on veut, & tant qu’il est le maistre d’un cœur, tout ce qui s’y passe, tout ce qui s’y fait, n’est que sous 80 son bon plaisir. La Tri moüille ne la trouva donc pas dans une disposition favorable à l’écouter, elle faisoit semblant de regarder les Lions, elle estoit auprés du Roy, & il ne pouvoit luy parler. Cependant elle révoit profondement, & ce qu’elle pensoit l’occupoit si fort, qu’à peine voyoit elle les obiets sur lesquels ses yeux estoient attachez ; mais enfin satisfaite des moyens qu’elle avoit imaginez, ou 81 pour se faire aimer, ou pour perdre sa rivale dans le cœur du Prince, elle appella La Trimoüille, luy parla long temps, & luy fit iuger qu’un si grand & si prompt changement ne se faisoit point, sans que l’amour en fust la cause. Depuis ce iour il n’eut point à se plaindre, & si elle ne l’aimoit, elle fit semblant de l’aimer ; sur de si douces apparences il se laissa tromper, il voyoit de belles choses, il desiroit d’en 82 estre le maistre, & on luy faisoit esperer que son bonheur passeroit son esperance. En sa place qui n’eust cru estre heureux, & qui n’eust pas pensé comme luy qu’il estoit le plus aimé de tous les hommes ; mais elle pensoit tout le contraire de ce qu’elle luy faisoit voir, & ce n’estoit que pour le faire servir à son dessein, sans qu’il s’en apperceut, qu’elle le traittoit ainsi. Elle luy ordonna de cacher si bien sa passion, 83 qu’on ne peust la découvrir, de la voir rarement en public, & de feindre d’aimer ailleurs, afin qu’on ne le soupçonnast point d’intelligence avec elle, il se deffendit long‑temps comme un amant delicat, qui ne pouvoit faire dire à sa bouche ce que son cœur ne sentoit pas, mais elle le voulut absolument, sans luy nommer encore la personne à laquelle elle pretendoit qu’il s’attachast, & il fut contraint d’o 84 beïr, elle ne luy parla point de la conversation qu’elle avoit euë avec le Prince, & pour le mieux tromper, elle luy fit croire que c’estoit à dessein de connoistre s’il l’aimoit assez pour estre ialoux, qu’elle luy avoit ordonné de travailler à le mettre dans ses interests, & qu’elle luy avoit montré quelque legere envie d’en étre aimée. Qu’on est credule quand on aime, & qu’on croit aisément une chose qui nous oblige. 85 Il crut donc tout ce qu’on voulut luy faire croire, & il la remercia des choses qu’elle avoit faites, desquelles il auroit esté desesperé s’il en avoit appris la verité ; mais de quelle maniere pourroit-il la sçavoir, il est persuadé de la sincerité de sa maistresse, & quand mesme il ne le seroit pas, il luy seroit assez difficile d’estre desabusé.
Le Duc d’Orleans n’estoit pas si fort occupé par son amour, qu’il ne 86 pensast aux moyens de s’agrandir, si la maladie du Roy continuoit, i’ay déia dit qu’il pretendoit à la Regence si le Roy mouroit, mais Madame de Beauieu la vouloit, elle y avoit grande part à cause de son credit, & de la confiance que le Roy avoit en elle ; son dessein estoit de gagner le Prince, & de luy faire oublier le soin de sa grandeur dans les plaisirs d’une passion amoureuse ; mais elle n’obtint pas de luy ce 87 qu’elle desiroit.
Comines qui estoit Chambelan du Roy, & qui partageoit sa faveur avec Madame de Beauieu, avoit toûiours eu une forte inclination pour le Duc d’Orleans, mais il la cachoit au Roy, & à la Princesse, de crainte qu’ils n’en eussent des soupçons, & que cela ne servit de pretexte à le perdre ou à le ruiner luy-mesme. La mort du Roy arrivant, il vouloit un puissant ap 88 puy contre la haine de Madame de Beauieu, & il n’en trouvoit pas un plus grand que celuy du Duc d’Orleans, qui ne pouvoit aussi estre mieux servy que du conseil, du credit & de l’amitié de Comines. Comme il avoit eu quelques soupçons que cette Princesse ne le haïssoit pas, il luy en avoit souvent parlé ; mais ce Prince l’ayant remis plusieurs fois à luy aprendre ce qu’elle avoit fait pour le mettre dans 89 ses interests, il prit si bien son temps pendant que le Roy dormoit, qu’il se rendit dans la Ville à la chambre de Chaumont, où on luy avoit dit que le Duc d’Orleans estoit. Luy ayant donc témoigné l’envie qu’il avoit de sçavoir le secret de son amour avec Madame de Candale, qui ne luy étoit pas aussi inconnu qu’il pensoit, & tout ce qui s’estoit passé sur ce suiet entre la Comtesse, Madame de Beauieu, & luy ; 90 le Prince qui craignit de ne pouvoir aller chez la Comtesse à l’heure qu’il avoit promis, le refusa d’abord ; mais Chaumont qui sçavoit le suiet de ce refus, luy ayant dit qu’il avoit assez de temps pour satisfaire Comines, avant que la nuit fût fort avancée, il donna ordre, non seulement que personne n’entrast, mais encore de dire qu’il estoit sorty. Estant donc en liberté de dire à Comines ce qu’il desiroit de sçavoir, il luy parla ainsi.
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Bandeau. HISTOIRE de Madame de Beauieu, de Madame de Candale, & du Duc d’Orleans.

ON arrive quelque‑fois à la fin que l’on s’est proposée, quelque difficulté qu’on aye rencontré d’abord. Madame de Candale sçait que ce que ie dis est veritable, & vous en serez 92 persuadé lors que vous sçaurez qu’au Mariage de Monsieur le Dauphin, la ceremonie estãt achevée, & parlant avec Madame de Ravaistin4, qui comme vous sçavez avoit amené Madame Marguerite de Flandres5, elle me montra une ieune personne blonde, d’un éclat admirable, & d’une beauté touchante, ie regarday quelque temps, i’admiray ; mais ie n’aimay pas, & me tournant en riant du costé de Madame de 93 Ravaistin, mon heure n’est pas encore venuë, Madame, luy dis ie, & comme vous voyez ie l’atens avec assez de tranquillité. Elle viendra sans doute, me répondit-elle, & ie me trompe fort si cette belle personne que ie vous ay montrée ne cause un iour quelque tendre émotion dans ce cœur si indifferent & si tranquille. Ie la quitay ; mais le soir dans l’assemblée, Madame de Ravaistin me redit encore 94 les mesmes choses qu’elle m’avoit dit, & ie pense que ie luy fis à peu prés les mesmes réponces que ie luy avois faites.
Vous devriez avoir honte, me dit-elle, de n’estre point plus curieux & plus empressé, & ie vous croy mesme si negligent, que vous ne vous estes point informé du nom de cette belle personne. Luy ayant répondu que ie n’avois eu, ny la volonté ny le loisir de le sçavoir, elle m’ap 95 prit qu’elle s’appelloit Madame de Candale, & que son mary estoit le plus ialoux de tous les hommes. Dans ce moment elle me vint prendre pour danser, & ie remarquay qu’elle rougit, ie vous avouë que i’eus quelque dépit de ce que Madame de Ravaistin, qui estoit estrangere, avoit eu plus de curiosité que moy pour sçavoir tout cela. À cette seconde veuë ie ne fus pas plus touché qu’à la premiere, 96 & ie me trouvay aussi indifferent que i’avois touiours esté ; ie n’ay sceu que depuis peu le suiet qui avoit obligé Madame de Ravaistin à me parler ainsi ; elle avoit une étroite liaison avec Madame de Beauieu, & l’amitié qui estoit entr’elles, avoit commencé à Hedin, où comme vous sçavez cette Princesse eut ordre d’aller recevoir Madame Marguerite de Flandre, qui est à present Madame la Dauphine.6 Long‑ 97 temps auparavant elle avoit cherché dans la plûpart des femmes du Royaume assez de beauté pour m’engager, & assez d’attachement à son service pour dépendre absolument de ses volontez ; mais elle n’avoit encore rien trouvé qui luy fut propre, que Madame de Candale, qu’elle iugea telle qu’elle s’estoit imaginé qu’il falloit estre pour me plaire, & pour ne faire aussi que ce qu’elle luy ordonneroit. Elle 98 fit donc ingenieusement pressentir par Madame de Ravaistin, quel iugement ie faisois de Madame de Candale, afin de prendre des mesures sur ce que ie répondrois ; mais elle vit bien qu’il n’estoit pas aisé de me rendre amoureux, puis que ie ne l’estois pas encore.
Madame de Candale qui estoit dans une de ses Terres auprés de Loche, vint à Amboise, de là à Tours avec le Comte son mary, qui avoit quelques 99 affaires à terminer avec le Roy, touchant des prétentions qu’il avoit au Comté de Foix, la Princesse s’engagea de faire consentir le Roy à l’accommodement qu’il demandoit, & la Comtesse la voyait souvent pour les interests de son mary. Estant un iour auprés d’elle, après luy avoir donné mille loüanges sur sa beauté, que Madame de Candale luy rendoit 100 avec usure, elle luy découvrit son dessein, & elle la trouva plus prompte à entreprendre d’en faire reüssir l’exécution, qu’elle n’avoit pensée. Ie ne sçay s’il n’y a pas trop de vanité à un homme de dire qu’il a esté aimé d’une des plus belles personnes de France, avant que d’avoir merité de l’estre ; quoy qu’il en soit, il est vray que ie pleu à Madame de Candale, qu’elle m’aimoit sans que ie le sceusse, & que mes 101 me sa tendresse m’étant connuë, ie ne fis rien de tout ce que ie devois faire en semblable conioncture. Aussi n’aimois-ie pas, & i’avois si peu de penchant à l’amour, que ie regardois toutes les Dames avec une indifference qui m’en devoit faire haïr. Vous sçavez que ce n’est pas ce qu’elles desirent des hommes, & que s’il leur estoit permis de choisir, elles prendroient l’amour & laisseroient l’indifference, & 102 c’est en quoy ie les trouve de bon goust, & pour dire la verité, l’un donne beaucoup plus de plaisir que l’autre, l’inclination que Madame de Candale avoit donc pour moy, fit qu’elle receut agreablement la proposition de cette Princesse, à qui elle cacha l’envie qu’elle avoit de me plaire ; ie ne sçavois rien de ce dessein, i’avois seulement appris que le Comte montroit souvent de cruels effets de ialousie à la Comtesse, 103 & qu’il l’accusoit d’avoir un commerce d’amour avec moy, il se trompoit.
Mais les ialoux ont quelquefois de certains pressentimens des choses qui leurs doivent arriver, ce fut Chaumont qui m’en avertit. Il ne peut l’avoir sceu que par Hauteville, interrompit Comines, parce que ie sçay que le iour que Madame de Candale se plaignit à la Princesse des soupçons de son mary, Hauteville 104 estoit dans sa chambre. Chaumont sourit de ce que Comines avoit compris si iudicieusement la verité, & il ne feignit point de luy avoüer que cela estoit de la mesme maniere qu’il l’avoit pensé. Ie me mocquay avec luy de la ialousie du Comte, poursuivit le Prince, & ie parlay comme un homme qui estoit bien esloigné d’en donner. Chaumont qui n’estoit pas de mesme sentiment que moy, & qui 1077 trouvoit des plaisirs dans l’amour que le repos & la tranquillité du cœur ne peuvent donner, s’obstinoit à me dire que ie devois, ou par gloire, ou par amusement, ou par tendresse, aimer quelque belle personne, & la rendre sensible ; alors qu’il me parloit ainsi, nous estions dans le iardin du Plessis-les-Tours.
Et ne croyant point estre écoutez, mais la Princesse & Madame de Candale qui venoient 108 prendre le frais que le Soleil leur avoit empéché de recevoir tout le iour, entendant du bruit, s’approcherent sans estre apperceuës, & ne perdirent presque pas un mot de tout nostre entretien : ie continuois à me deffendre contre les persécutions de Chaumont, qui me rapportoit plusieurs exemples des grands hommes qui avoient aimé, & à qui l’amour n’avoit rien fait perdre de la gloire que la valeur 109 leur avoit acquis. Ie puis vous rendre exemple par exemple, luy dis-ie, & ie ne vous en veux citer qu’un seul, & duquel ie veux profiter ; c’est celuy d’Antoine ce fameux Romain, qui merita l’estime & l’amitié de Cesar, tant que l’amour ne toucha point son cœur, & que le seul desir de la gloire en fust le maistre. Iamais on n’eust tant de reputation que luy, ses combats, ses victoires, & mesme ses défaites l’a 110 voient rendu le plus grand de tous les hommes ; Auguste tout habile & tout puissant qu’il estoit, loin d’entreprendre de le détruire, ne l’eust iamais osé attaquer ; mais ce que les forces ne purent, Cleopatre le fit. Cette voluptueuse Reine d’Egypte desiroit des amans, quoy qu’ils pussent luy coûter, elle les vouloit illustres & du premier rang de l’Vnivers, & elle payoit de sa reputation les tendresses 111 qu’ils avoient pour elle. Comme elle estoit ingenieuse, belle & galante, & que son plus grand soin estoit de plaire, elle employa si utilement la douceur de ses regards, qu’Antoine se crut trop heureux d’estre regardé ; enfin elle sceut si bien le toucher par les endroits les plus sensibles de son cœur, qu’elle le rendit son esclave, il entroit dans toutes ses passions, il regloit ses volontez sur les siennes, il faisoit tout 112 son plaisir de sa veuë, de son entretien & de ces faveurs, que les amans appellent mal à propos le souverain bien, quel glorieux avantage tirat’il d’un abandonnement si grand, luy aida-t’elle par son esprit, par ses tresors & par ses suiets, à conquerir de nouvelles Provinces, luy laissat’elle assez de prudence pour appaiser la revolte des Royaumes que sa valeur & son merite luy avoient acquis ; enfin luy 113 donna t’elle les moyens de maintenir son credit, & de conserver ses amis dans sa Patrie. Elle ne fit rien de tout cela, poursuivis-ie, mais pour le recompenser du honteux sacrifice qu’il luy avoit fait de sa gloire, elle l’honoroit de ses faveurs, elle luy faisoit gouster les plus tendres voluptez que l’amour puisse imaginer, mais tout cela n’estoit qu’une repetition des plaisirs qu'elle avoit pris autrefois avec Cesar ; 114 Antoine le sçavoit, & cependant il aimoit ; qu’il estoit peu delicat, qu’il estoit à plaindre de tant aimer, & qu’il eust bien mieux fait de resister à Cléopâtre. Qui suivroit vostre conseil interrompit Chaumont, on n’aimeroit iamais, & l’on passeroit la vie sans ioye & sans douceur, mais heureusement on ne vous en croit pas, & l’on se trouve fort bien de son amour. Antoine se trouva fort mal du sien, re 115 pris-ie, comme Cléopâtre estoit obligeante & tendre, elle offroit ses faveurs à qui en vouloient, il ne tint qu’à Herodes Roy des Iuifs, d’en recevoir d’aussi grandes qu’Antoine en avoit receu ; & elle pria d’amour aussi Artabase Roy d’Armenie8, & ils eurent tous deux l’incivilité de refuser une si belle conqueste. Il n’y a pas trop de quoy s’en estonner, interrompit Chaumont, c’estoient des Barbares qui ne sça 116 voient pas vivre. Elle se vengea cruellement du mépris de l’Armenien, poursuivis-ie, & ce qu’il y eust de plus honteux pour Antoine dans cette vengeance, c’est qu’il fut l’instrument dont elle se servit pour arrester Artabase, à qui elle fit couper la teste, parce qu’il n’avoit pas voulu répondre à sa passion. Aprés de si grandes marques d’un si violent amour, qui n’eust cru qu’il estoit le plus aimé de tous les 117 hommes, cependant cela n’estoit pas, elle avoit dessein sur le cœur d’Auguste, qui armoit contre Antoine ; elle eut intelligence avec luy par un de ses Afranchis qu’il luy envoya pour la mieux tromper, & fit servir les mesures qu’il avoit prises avec elle, pour ruiner Antoine avec plus de seureté ; cette artificieuse & cruelle Egyptienne voyant qu’Auguste étoit prest d’entrer dans Alexandrie, feignit d’estre 118 morte, Antoine le crut. Dans le fort de sa passion, il avoit esté assez amoureux pour luy promettre de ne point survivre à sa perte, si les destins ordonnoient qu’elle arrivast devant la sienne ; & il fut assez imprudent pour luy tenir sa promesse dans le mesme moment qu’elle vivoit, & qu’elle adioûtoit des graces estrangeres aux siennes, pour estre plus asseurée de plaire à Auguste, qui fut trop sage pour se lais 119 ser prendre à ses charmes. Elle ne put pardonner à sa beauté d’avoir manqué de faire un esclave du maistre du monde, peu de iours aprés elle s’en vengea sur elle mesme, voulant que toute la terre crut qu’elle n’avoit eu d’autre dessein que celuy de suivre Antoine, mais on n’estoit que trop persuadé, que le dépit de n’avoir pu se faire aimer d’Auguste, luy avoit fait chercher les moyens de mourir. Chaumont es 120 fayoit d’afoiblir l’autorité de cette exemple par mille raisons, ausquelles ie ne pouvois me rendre. Madame de Beauieu & la Comtesse écoutoient attentivement, & remarquant que nous nous estions éloignez, elles ne voulurent point nous suivre, & elles allerent se reposer sur un siege de Gazon qui estoit à vingt pas de l’endroit où elles estoient. La Princesse instruisoit Madame de Candale de tout ce 121 qu’elle devoit faire pour me rendre amoureux, elle y consentoit, parce que son cœur & ses desirs le vouloient, mais elle n’esperoit rien ; Madame de Beauieu la r’asseuroit, & en ce temps-là elle craignoit que la Comtesse ne se lassast de ne me pouvoir attendrir, ignorant encore les sentimens qu’elle avoit pour moy. Le Duc de Bourbon s’estoit trouvé plus sensible, & quoy que son amour n’eust esté connu L'empreinte de la Bibliothèque de l'Arsenal. 122 que long-temps depuis, il prit la resolution de se faire aimer de Madame de Candale. L’entreprise est difficile quand il s’agit de destruire un rival aimé ; il est vray que ie n’estois pas si à craindre, que si i’eusse eu autant de passion que la Comtesse : mais l’inclination qui combat contre un merite qu’on n’estime pas, est presque toûiours seure de vaincre, iusqu’icy l’experience de cette verité est toute à 123 mon avantage, i’ay eu des craintes, des soupçons, i’ay esté ialoux ; mais on ma fait connoistre avec tant de bontez, que i’avois tort de conserver ces sentimens, que i’ay promis de m’en défaire, & peut-estre serayie assez heureux pour tenir ma promesse.
Le Comte de Candale qui observoit la conduite de sa femme, n’y auroit rien trouvé de contraire à la vertu, si sa ialousie luy eut laissé libre l’entier 124 usage de sa raison ; mais malheureusement il ne voyait que ce qu’elle luy faisoit voir, & il soupçonnoit les moindres regards & les moindres actions de la Comtesse. Pour moy i’estois heureux, si l’on peut l’estre en n’aimant rien, & n’avois d’autres pensées que celles d’acquerir de la gloire & de la reputation, ie n’avois d’autre dessein que celuy là, & l’on ne pouvoit me donner un plus grand plaisir, que de 125 me faire esperer que ie rencontreray bien-tost dans la guerre de quoy contenter mon ambition.
I’estois un iour dans cét agreable iardin qui est sur le bord de la Loire, & i’y estois seul & sans dessein que de le traverser pour aller monter sur mes chevaux, qui m’attendoient de l’autre costé, lors que i’entendis une voix que ie crus connoistre ; en m’approchant ie trouvay à mes pieds 126 une boëte à portrait, que ie n’eus seulement pas la curiosité d’ouvrir, le bruit & les cris redoublans, ie courus vers l’endroit où ie iugeois qu’il devoit partir, & ie vis un homme, que ie ne connus point d’abord, qui tenoit Madame de Candale, & qui estoit prest de la ietter dans la riviere ; cét obiet m’inspira de la compassion pour la Comtesse, & de la colere & du mépris pour le Comte, que ie reconnus. Comme 127 il ne pouvoit s’oster de l’imagination qu’elle luy estoit infidelle, il l’avoit suivy dans ce iardin, croyant qu’il y trouveroit la cause de ses soupçons, & m’ayant en suite veu entrer un moment aprés, il ne douta plus de sa trahison. N’en croyant donc que son ressentiment & sa ialousie, il luy avoit reproché l’amour qu’elle avoit pour moy, & l’ayant traitée avec une violence trescruelle, l’auroit sans dou 128 te noyée, si mon bonheur & celuy de Madame de Candale ne m’avoit fait arriver assez à temps pour la sauver, le Comte paslit à ma veuë, & ce ne fut pas sans peine que ie luy fis quiter prise, la Comtesse estoit venu dans le iardin en habit negligé, & la furie du Comte qui s’estoit portée sur tout ce qu’elle avoit trouvé de plus propre à la satisfaire, avoit aidé à me faire remarquer dans cette negligence & dans 129 ce desordre, des beautez qui m’estoient inconnuës, & que ie ne croyois pas aussi touchantes qu’elles estoient ; ie tiray donc de mes yeux mille plaisirs que ie ne m’attendois pas de recevoir, mais ces plaisirs n’alloient pas iusqu’à mon cœur, & ie pense que si i’eusse bien examiné ce qui m’obligeoit à regarder avec un si grand attachement, ie n’aurois pu en bien dire la cause. Ce que ie sçay, c’est que 130 ie ne desoirois rien que d’arracher Madame de Candale des bras de son mary. Au cry qu’elle avoit fait, plusieurs gens qui estoient dans le iardin vinrent au secours ; elle me pria les larmes aux yeux, que ie ne l’abandonnasse point, & ie la remis entre les mains de Madame de Beauieu, qui se plaignit au Comte de sa violence, luy reprocha son iniuste ialousie, & luy defendit d’en montrer iamais aucune mar 131 que, puis qu’il n’en avoit aucun suiet, & luy dit qu’elle vouloit faire loger la Comtesse auprés de son appartement. Il ny consentit pas sans s’en murmurer, mais enfin il fut contraint de s’y resoudre ; dés ce méme iour elle fit trouver bon au Roy que Madame de Candale eut un logement dans le Château, la Princesse qui n’avoit point sceu la cause de l’accident qui venoit d’arriver, & qui vouloit aussi sça 132 voir ce qui l’avoit obligé de s’en aller di si bonne heure dans le iardin, luy fit connoistre qu’elle desiroit de l’apprendre. I’estois hier au soir dans ce iardin, Madame, répondit-elle, & comme ie pensois aux instructions que vous me donniez pour me faire aimer du Prince, ie ne me suis apperceu que ce matin de la perte de mon portrait ; d’abord sans faire reflexion à ce qu’on pourroit dire si l’on me trouvoit 133 seule dans ce iardin, dés que i’ay esté en estat de sortir, i’y suis allée, n’ayant qu’une fille avec moy, qui s’est enfuye. Voyant la colere où estoit mon mary, i’apprehendois qu’il ne s’imaginast que ie ne l’eusse donné, il croit si fortement que i’aime le Prince, & que i’en suis aimée, que tout ce que i’ay pu dire & tout ce que i’ay pu faire, n’a iamais sceu luy persuader le tort qu’il avoit d’estre ialoux : ie craignois donc 134 que ce portrait ne l’augmentast encore, & comme ie voulois éviter ces reproches, ie l’ay cherché dans les endroits méme où il ne pouvoit pas estre ; mais i’ay esté assez malheureuse pour ne le pas trouver. Ainsi, poursuivit-elle en pleurant, ie suis encore plus cruellement exposée à la furie du Comte, si vous ne me protegez contre sa violence. La Princesse avoit un trop grand interest qu’elle ne fust point sous 135 le pouvoir de son mary, pour ne la pas garantir des outrages qu’il eust pu luy faire ; mais comme elle la solicitoit souvent de me donner de l’amour, & que mon indifference l’empéchoit de me rendre sensible ; vous voyez que ie vous accorde ma protection, luy dit-elle, & que vous estes en seureté contre ce que vous pourriez craindre de vostre mary, mais il faut que vous travaillez à me servir avec plus de soin 136 & de complaisance que vous n’avez fait, ie commence à me lasser que vous ne soyez pas encor aimée du Duc d’Orleans. Helas, peut-estre, n’est ce pas tant ma faute que vous pensez, Madame, répondit-elle, ie vous asseure que c’est la sienne, ie le regarde lors que ie puis le regarder, il me semble que ie luy parle plus souvent qu’à tout autre : mais le cruel qu’il est, ne remarque rien de tout ce que ie faits d’obli 137 geant pour luy. Changez de conduite, interrompit la Princesse, ou ie changeray de sentimens pour vous, & ie vous abandonneray à la cruauté de vostre mary, si dans huit iours vous ne faites naître une violente passion dans le cœur du Prince. I’entray dans ce moment, & ie remarquay que Madame de Beauieu estoit en colere, & que la Comtesse estoit resveuse, triste, & pleine d’inquietude, m’ayant dit la perte 138 qu’elle avoit faite dans le iardin, ie me souvins du portrait, ie le tiray de ma poche, & luy demanday, en le luy presentant, si ce n’estoit pas le sien, elle le reconnut d’abord ; la Princesse se retira contre une fenestre, feignant de lire une Lettre qu’elle venoit de recevoir, mais c’estoit pour nous laisser en liberté de nous entretenir ; luy ayant donc rendu son portrait, elle me dit peu de chose, mais iamais ie n’entendis rien de si tou 139 chant ny de si tendre. Comme elle vit que ie resistois à cela, elle m’offrit son portrait, & i’eus le mesme empressement à le refuser, que ie devois avoir eu à le demander. Que ce cruel refus, me dit‑elle tristement, me fera souffrir de peine, & que ie seray malheureuse, si vous continuez de me traiter de la maniere que vous faites. Ie ne répondois point à ces plaintes, & voyant que ie m’estois retiré, il ne m’aimera ia 140 mais, Madame, dit-elle à la Princesse, i’aime encore mieux estre livrée à toute la colere d’un mary qui m’aime, que d’estre exposée au mépris d’un homme que ie ne devrois pas aimer, puis qu’il me me hait encore malgré ce que ie fais pour luy. Alors elle luy redisoit ce qui s’estoit passé entre nous, Madame de Beau ieu la consoloit de son malheur, & luy faisoit esperer que mon insensibilité ne dureroit pas toû 141 iours. Le Duc de Bourbon ne pouvoit assez remercier sa bonne fortune de l’occasion qu’elle lui donnoit, de voir Madame de Cãdale plus aisémẽt qu’il n’auroit pû faire dans la Ville, pendant que le Cõte ialoux & desesperé ne sçavoit à quoy se resoudre. Il estoit plus à plaindre qu’il n’avoit encore esté, on ne luy permettoit que rarement de voir la Comtesse, & ses soupçons augmentant à tous momens, il doutoit plus que 142 iamais de la vertu de sa femme, il s’adressa au Duc pour luy demander iustice de la violence qu’il pretendoit que Madame de Beauieu luy avoit faite, & le supplia d’employer son pouvoir afin qu’elle fust remise entre ses mains. Ce n’estoit pas l’intention du Duc, mais voulant menager la bizarrerie du Comte, s’il ne s’engagea pas à le satisfaire, il ne luy fit pas aussi perdre l’esperance d’obtenir ce qu’il deman 143 doit. Estant prest de me coucher, ie redis à Chaumont tout ce qui m’estoit arrivé : il ne put entendre sans colere, avec quelle méprisante manière i’avois refusé la tendresse de Madame de Candale, & avec quelle cruauté i’avois dédaigné le portrait qu’elle m’avoit offert avec tant de bonté. Vous ne meritez point le bonheur que vous avez, me dit-il fierement, & quand on peut estre aussi insensible à l’amour que 144 vous estes, on n'est gueres touché de l'amitié, & on a peu de reconnoissances des longs services. Ie romps donc l'attachement que i'avois pour vous, & vous ne me reverrez iamais dans les mesmes sentimens où vous m'avez vû, que vous ne deveniez le plus tendre & le plus amoureux de tous les hommes. Chaumont me quitta brusquement, ce fut en vain que ie le fis rapeller, il ne voulut point reve 145 nir, il fuyoit les occasions de me parler, il ne venoit plus chez moy, & on s'aperçeut de la mesintelligence qu'il y avoit entre nous. Comme ie connoissois son merite, son esprit & sa probité, son procedé m'avoit surpris, i'étois irrité contre luy, & il me sembloit que i'avois du dépit de ce que ie ne l'estois pas davantage. Diray-ie à Comines, poursuivit le Duc d'Orleans9 en parlant à Chaumont que vous estes 146 amoureux. Ie sçay il y a desia long-temps ce que vous pourriez m'apprendre, interrompit Comines, & pour vous montrer que ie ne suis pas si ignorant que vous pensez, n'est-il pas vray, dit‑il à Chaumont, que Hauteville vous aime, que la Princesse n'en sçait rien, & que depuis deux iours vous estes broüillé avec elle, parce que vous estes devenu ialoux de Pontdormis10. On se defend mal de dire la verité, lors qu'on 147 ne fait que rougir & se taire, poursuivit-il, & si vous m'en croyez, vous tomberez d'accord que ce que ie dis est veritable, aussi bien n'en croiray-ie pas moins quand vous ne l'avoüerez pas. Chaumont ne put donc s'empescher de parler de la maniere qu'on vouloit qu'il le fist, & comme on a tousiours une extréme impatience pour tout ce qui touche nostre amour, il pria Comines de luy apprendre de ce qu'il avoit 148 sceu les particularitez qu'il venoit dire : mais Comines qui desiroit entendre la suite de l'histoire du Duc d'Orleans, remit à un autre iour à luy donner la satisfaction qu'il vouloit avoir, & suplia le Prince de continuer.11 Puis que l'amour d'Hauteville & de Chaumont ne vous est point inconnu, poursuivit-il, il me sera plus aisé de vous faire comprendre tout ce que i'ay encore à vous dire : Madame de Beauieu 149 vouloit gagner Chaumont qui estoit dans ma confidence, & remarquant qu'il prenoit plaisir à voir Hauteville & à luy parler, elle luy commanda de s'en faire aimer, afin que si elle ne pouvoit faire reüssir son dessein par Madame de Candale, elle le fit par le pouvoir que sa confidente auroit sur Chaumont. Ie vous ay prevenu, Madame, luydit-elle, & iugeant que vous me pourriez faire ce commandement, ie n'ay 150 rien trouvé de difficile pour vous obeïr ; Chaumont a des soins & des complaisances pour moy, que ie ne voy point qu'il aye pour d'autres. Ie pense qu'il me veut persuader qu'il est amoureux ; que vous plaist il que i'en croye, Madame, continuat'elle ; si ie luy donne de l'esperance, il voudra estre aimé ; si ie le méprise, il s'en ira. La Princesse ne luy ayant point conseillé de le maltraiter, elle suivit d'autant plus facile 151 ment cét avis, que c'estoit aussi celuy que son cœur luy avoit desia donné. Comme Chaumont tenoit sa colere contre moy, ie gardois mon dépit contre luy, Hauteville fut la premiere qui remarqua ce changement, elle luy en demanda le suiet : il estoit amoureux, & il ne pût luy cacher ce qu'elle desiroit de sçavoir ; elle en trouva la cause si singuliere qu'elle en avertit la Princesse, Chaumont y ayant consenty, 152 la Comtesse eut aussi part à ce secret : Madame de Beauieu la pressoit étrangement ; mais mon indifference la rebutoit, & elle ne sçavoit quelle resolution prendre. Elle ne luy faisoit point connoître la passion qu'elle avoit pour moy, & ie n'attribuois qu'à la simple reconnoissance tout ce qu'elle me disoit, plûtost que de l'attribuer à l'amour.
Deux iours apres, ie rencontray Madame de 153 Cãdale chez la Princesse, d'abord qu'elle me vit, elle me vint parler : ie sçay le suiet de vostre querelle avec Chaumont, me dit‑elle, que ie serois heureuse, si c'étoit par mõ moyen qu'il se put r'accommoder avec vous. Elle me disoit si tendrement ces paroles, ses yeux estoient attachés avec tant de plaisir sur les miens, & elle estoit si touchante & si belle, que ie me suis mille fois estonné de ce que ie ne l'avois pas aimé 154 plûtost, ie ne sçay ce que ie luy aurois répondu, si Madame de Ravaistin qui entra, n'estoit venuë me tirer de la peine où i'étois. La conversation devint generale, & selon la coûtume, on se mit insensiblement à parler d'amour, & l'on examina lequel estoit le plus agreable & le plus seur, de faire sa declaration soy-mesme, ou de l'écrire. Pour Monsieur d'Orleans, dit malicieusement Madame de Ra 155 vaistin, en me reprochant mon indifference, nous ne luy demanderons point son sentiment, il ne connoist cette passion que sur le raport d'autruy, & l'on n'en peut bien iuger que par sa propre experience. Ie remarquay que la Comtesse rougit du reproche qu'on me faisoit, & qu'elle disoit quelque chose tout bas à Madame de Beauieu, que ie ne pus entendre. Mais peu de temps apres, ie compris ce que ce pou 156 voit estre, lors qu'ayant fierement répondu que ie tombois d'accord de mon ignorance, & que iusques icy ie n'avois eu aucun dessein de faire le moindre progrez dans cette science, la Princesse me pressa d'en dire mon avis. Ie n'ayme pas encore, luy dis-ie, ie ne sçay si i'aimeray ; si ce chãgement arrive, auquel mon cœur ne s'attend pas, ma bouche sera la premiere interprete de mes sentimens, i'ay ouy 157 dire qu'on hazarde beaucoup en parlant ; mais on m'a fait entendre aussi qu'on persuade bien mieux, & que la douceur des regards, & la tendresse des discours soûtenus du merite de la personne, faisoient touiours une plus forte & plus prompte impression dans le cœur, que la Lettre la plus amoureuse ne sçauroit faire. Quoy que ie pusse dire à l'avantage de la parole, tout fut contre moy, iusqu'à Ma 158 dame de Candale, qui me condamna du consentement de Madame de Beauieu & de Madame de Ravaistin, à luy mander par écrit mon sentiment sur l'amour. Ie m'en défendis long‑temps, parce que ie ne sçavois ce que ie devois écrire ; mais enfin ie me resolus à luy donner la satisfaction qu'elle desiroit, & ie vay vous dire à peu pres de quelle maniere estoit conçeuë la Lettre que ie luy en 159 voyay le lendemain au matin.

Bandeau. LETTRE DV DVC D'ORLEANS A MADAME DE CANDALE.

IE n'ignore point comme on écrit une Lettre indifferente, mais pour celle que l'amour fait faire, oseray-ie vous le dire, Madame, ie vous avouë que ie ne 160 le sçay pas; cependant il me semble que si i'aimois, & que ie fusse contraint d'écrire, voicy de quelle maniere ie le ferois.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Que diriez-vous, Madame, si on estoit resolu à vous faire confidence de l'amour qu'on a pour vous, seriez-vous obligée à celuy qui vous choisiroit pour l'aimable dépositaire d'un si tendre secret, ou si vous seriez faschée qu'il vous apprist 161 avec quelques détours respectueux, n'osant pas vous le montrer d'abord, aussi sincerement que vous le trouverez veritable dans la suite.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Apres cette declaration, s'il s'agissoit de persuader, ie me servirois de ces paroles.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Ie m'empescherois bien, Madame, de vous propo 162 ser beaucoup d'amour, si ie n'estois agreablement persuadé par celuy que ie sens, qu'osté le plaisir d'estre aimé, celuy d'aimer est le plus grand plaisir du monde, & comme ie suis seul à le gouster, ie me voudrois mal toute ma vie, si ie ne vous conseillois pas de bonne foy de prendre part à la douceur qu'il donne : soyez persuadée, s'il vous plaist, que ce conseil n'est que pour vous, & si vostre cœur ne veut pas m'en croire par l'épreuve que i'en fais, ie vous prie d'en iuger par vostre 163 propre experience; apres cela si ie vous trahis, le mépris que vous aurez pour moy, vous sçaura bien vanger de ma trahison.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Comme ie n'ay iamais esté aimé, ie ne puis pas sçavoir de quelle maniere ie recevrois la tendresse qu'on auroit pour moy ; mais ie suis seur, que mon ardeur & ma fidelité me conserveroient longs-temps le cœur, que mon amour & mes soins 164 m'auroient une fois acquis.
Apres l'avoir receuë, elle la lut plus d'une fois, comme elle m'a depuis avoüé, & fut en resolution de me faire responce sans rien dire à la Princesse, ny de sa Lettre ny de la mienne ; mais venant à penser qu'elle l'iriteroit, sans doute, si elle s'apercevoit d'un mistere qui ne le pourroit estre long temps, dés qu'elle fut en estat de la 165 voir, elle luy montra ce que i'avois écrit. Quoy qu'il n'y eust rien qui dust luy donner la moindre esperance de m'attendrir, la difficulté de toucher mon cœur, luy augmenta le desir qu'elle en avoit, & mesme elle crut qu'elle y reüssiroit : & ie ne sçavois pas alors surquoy elle establissoit cette creance. Madame de Beauieu fut contente de ce que i'avois écrit, & elle prit pour un commencement d'amour, ce qui 166 n'estoit qu'un pur effet des sentimens qui ne venoient point de mon cœur. Elle en felicita la Comtesse, & luy laissa la liberté de me répondre selon qu'elle le trouveroit à propos. Le soir elle me donna la réponce chez le Roy, ne s'en fiant qu'à elle-mesme, ie la mis dans ma poche, & comme ie ne m'estois pas souvenu de regarder le portrait, i'oubliay aussi de lire la Lettre qu'elle avoit montrée avant que de me l'en 167 voyer à la Princesse, chez laquelle ie retournay, suivy de la Trimoüille que ie soubçonnay de l'aimer. Dés que Madame de Candale me vit, elle se mit à rougir, & plus ie m'approchois d'elle, & plus elle s'éloignoit de moy ; pourquoy me fuiyez-vous, Madame, luy dis-ie, pourquoy rougissez-vous ; la raison de tout cela, me répondit‑elle, est dans la Lettre que ie vous ay écrite. Ie me souvins alors que ie ne 168 l'avois pas luë, ie rougis à mon tour, ie demeuray interdit, & ie parus embarassé ; elle expliqua ma confusion à son avantage, & ie iugeay à propos de ne la point détromper. Cependant comme ie ne sçavois point ce qui estoit dans cette Lettre, ie ne pouvois répondre positivement à ce qu'elle me disoit, ie ne voulois point aussi qu'elle me crust assez méprisant pour avoir negligé de voir ce qu'elle 169 m'écrivoit. Il dépendoit de vous de ne le point faire, Madame, luy dis‑ie, & ie ne m'attendois pas à une pareille réponce, en estes-vous content : du moins, interrompitelle, avez-vous fait reflexion sur de certains endroits, où i'ay pris plaisir à exprimer une partie de ce que mon cœur avoit à vous dire ; non, sans doute, vous n'y avez point pensé ; montrez la moy, afin que ie vous fasse connoistre ce que 170 vostre indifference vous empesche de remarquer, & que ie vous force d'avoüer que vous estes un ingrat & un cruel, qui ne meritez point d'estre aimé. Ie me mis en estat de luy obeïr, mais ie la cherchay vainement, & il me fut impossible de m'imaginer ce qu'elle pourroit estre devenuë. La Comtesse, comme i'ay dit, me l'avoit donnée dans la Chambre du Roy, où elle avoit suivy Madame de Beauieu ; le Comte y 171 estoit venu dans le moment qu'elles ne faisoient qu'en sortir. Comme il vit une Lettre aux pieds du Duc (qui estoit celle que i'avois receu de Madame de Candale, & que i'avois laissée tomber sans y prendre garde) il la remit entre ses mains, croyant que ce fust à luy, & le Duc de Bourbon ne voulut pas l'en desabuser, & dés qu'il fut en liberté de voir ce que ce pouvoit estre, il l'ouvrit, & y lut ces paroles12.
172
QVe l'on seroit heureuse, si vous mettiez en usage tout ce que vous dites, l'on se plaint que toute vostre éloquence est dans l'esprit : pourquoy faut-il que vostre cœur n'en ayt point, il me semble qu'il parleroit si tendrement s'il vouloit le faire ; n'y auroit-il point moyen de l'entendre dire qu'il aime. Helas ! ie sens bien qu'il ne le diroit pas tout seul.
Vignette rectangulaire, un centimètre de haut et deux centimètres de large.
Si la ialousie du Com 173 te eust esté plus penetrante & plus curieuse, il n'auroit pas donné cette Lettre ; mais comme il ne soupçonnoit point qu'il dut y estre interessé, il crut un peu trop legerement qu'elle estoit au Duc : il n'en connut point le caractere, & la Trimoüille arrivant, il luy en fit la confidence, & luy demanda s'il ne devinoit pas de qui elle estoit, & à qui elle pouvoit estre écrite, mais il ne put l'en éclaircir. Pour moy ne 174 l'ayant donc point trouvée où ie pensois qu'elle fust, ie dis à la Comtesse que ie l'avois perduë, elle me fit des reproches sur ma negligence, & ie vis bien qu'elle apprehendoit étrangement qu'elle ne tombast entre les mains de son mary. Elle apprit ce malheur à la Princesse, qui commanda secrettement qu'on s'informast si l'on ne sçavoit pas ce qu'elle estoit devenuë. Cét accident me toucha plus que 175 ie ne croyois, i'y parus sensible, & Madame de Candale iugea par ma douleur, que ma dureté commençoit à diminuer.
Ie fis chercher de mon costé par tout où i'avois esté, & moy-mesme aussi i'en pris un soin tres‑exact ; mais on n'avoit garde de la rencontrer, puis que le Duc de Bourbon l'avoit : Madame de Candale ne pouvoit se consoler de cette perte, & i'estois au desespoir de l'avoir causée, mais sa 176 beauté & sa tendresse, ne touchoient mon cœur d'aucunes de ces douces émotions de ioye & de plaisir, qui sont tousiours les marques d'un amour naissant. La Princesse voyant que les soins qu'elle avoit pris estoient inutiles, conceut un si grand chagrin de ce que la Comtesse n'avoit pû me rendre amoureux, qu'elle eut la cruauté de se resoudre à la remettre entre les mains de son mary ; voulant faire reüs 177 sir d'autres moyens qu'elle avoit imaginez, pour me mettre dans ses interests : de la maniere qu'elle agissoit avec Madame de Candale, il n'y avoit gueres d'apparence qu'elle me deust aimer, mais le plus souvent l'amour vient lors qu'on y pense le moins. Iusques-là, cette passion n'avoit osé s'attaquer à elle, & ie ne l'eusse iamais cruë capable de deuenir si tendre, mais sa vertu la trahit.
178
Les soupçons du Comte de Candale éveillerent enfin sa ialousie, qui luy persuada que c'estoit une Lettre d'amour qu'il avoit donnée au Duc. Pour en estre plus assuré, il fut le trouver, & luy demanda si la Lettre qu'il luy avoit renduë estoit à luy : le Duc crut ne l'avoir point détrompé ; mais le Comte sceut bien remarquer qu'il avoit d'abord esté interdit, & qu'il avoit esté quelque temps à luy répondre, 179 comme s'il eust cherché de quelle maniere il le devoit faire. Le Comte qui songeoit tousiours à sa femme, ne douta point qu'elle ne l'eust écrite, comme s'il n'y avoit eu qu'elle à la Cour, capable d'aimer & d'écrire : ayant demandé à Madame de Beauieu qu'il put la voir en sa presence, ce qui luy estant accordé, Madame, dit-il à la Princesse, ie ne suis pas si iniuste que vous pensez ; si ie n'aimois pas tant 180 cette perfide, continua‑t'il en montrant la Comtesse, ie serois beaucoup moins ialoux ; mais comme elle blesse, sans doute, mon honneur par l'endroit le plus sensible où puisse estre atteint un honneste homme, on ne doit point s'estonner si ie me plains, & si dans les suiets du desespoir qu'elle me donne, i'ay esté contraint d'avoir recours aux moyens les plus cruels que ma vengeance a pû inventer. Vous la prote 181 gez, Madame, mais quand vous sçaurez que Monsieur le Duc de Bourbon vous trahit, & que ma femme a part à cette trahison, ie ne doute point que vous ne perdiez l'estime que vous avez pour elle, que vous ne l'abandonniez, & que vous ne soyez la premiere à me conseiller de me vanger de tant d'outrages. Il luy apprit ensuite, que ce qui l'obligeoit de parler ainsi, c'estoit une Lettre qu'il avoit trouvée dans la Chambre du Roy, & 182 qu'il avoit eu l'imprudence de remettre entre les mains du Duc. Madame de Candale attendoit avec impatience la fin du discours de son mary, pour sçavoir de quoy il pouvoit l'accuser ; mais ayant compris que tout cela n'estoit fondé que sur le soupçon qu'elle avoit esté écrite au Duc, il luy fut aisé de l'en desabuser, la Princesse ayant aidé à le faire. Le Duc de son costé, ayant fait reflexion sur la ialousie du Comte de Candale, iu 183 gea que la Lettre estoit de sa femme, & il iugeoit de bon sens. Il crut outre cela qu'il n'étoit pas impossible qu'elle ne s'adressast à luy. Dans cette pensée, il écrivit à la Comtesse, qui porta son billet à Madame de Beauieu, & qui ne douta plus, par ce qu'elle voyoit, que la Lettre de Madame de Candale ne fust entre ses mains ; les tendresses que son mary écrivoit, luy donnerent un grand dépit ; mais comme elle estoit inge 184 nieuse à cacher ses sentimens, la Comtesse ne les découvrit point. Sçachant donc qui avoit la Lettre, il falut songer aux moyens de la retirer, & la Comtesse s'en chargea par le conseil de Madame de Beauieu. Vous vous estonnerez, peut-estre, comment i'ay pû sçavoir toutes ces particularitez, mais lors que ie vous auray dit que ie les ay sceus de la pluspart des interessez, vous croirez aisément qu'il ne m'a point esté trop difficile de les 185 apprendre.
En ce temps-là, comme vous sçavez, on parloit d'envoyer un Ambassadeur au Roy de Castille, touchant le Roussillon qu'il vouloit desengager, ou rompre la tréve qu'il avoit avec nous, en cas que l'on apportast quelque difficulté à la restitution. i'appuyay fortement la proposition que Madame de Beauieu fit du Comte de Candale, interrompit Comines, parce qu'il est heureux, vigilant & habile 186 en negociations, & qu'outre cela, ie voyois qu'il ne desiroit qu'un employ honorable pour se retirer de la Cour. Ie sçay que le Roy approuva ce choix, & qu'il fut resolu qu'il partiroit dans trois iours, reprit le Prince.13 Cette nouvelle toucha vivement Madame de Candale ; la Princesse, bien éloignée de s'en plaindre, eut la cruauté de luy dire qu'il falloit qu'elle se preparast à le suivre, puis qu'elle 187 avoit méprisé de la servir. Dans cette extremité, elle eut recours aux prieres, aux larmes, & à tout ce qu'elle crut capable de luy faire changer de resolution ; mais la Princesse fut inflexible, & tout ce qu'elle put obtenir, c'est qu'elle luy permettoit de faire un dernier effort sur mon indifference, & que si elle ne la surmontoit pas, elle devoit s'attendre d'estre livrée entre les mains de son mary. Elle 188 me fit donc sçavoir, qu'elle desiroit avoir un entretien avec moy, ie n'examinay point ce qu'elle pouvoit avoir à me dire, & ie luy manday que ie me rendrois le lendemain chez elle, à l'heure qu'elle m'avoit marquée.
La douleur qu'elle avoit de son départ, ne luy avoit point fait oublier le dessein de retirer sa Lettre ; dés qu'elle vit le Duc, elle luy donna lieu d'en parler, & il l'en remercia en des termes qui luy fi 189 rent comprendre qu'il n'estoit point encore desabusé de la creance que cette Lettre ne luy eust esté écrite : mais elle sceut si bien le détromper, qu'il crut qu'il avoit eu tort d'estre si credule. D'abord il refusa de luy rendre sa Lettre, mais l'ayant menacé de montrer la sienne à la Princesse qu'il craignoit, il n'en fit plus aucune difficulté. Ie voy bien, Madame, luy dit-il, que ie ne suis pas ce bien heureux que 190 i'avois cru estre, vous l'aimez, sans doute, & si i'en puis iuger, son cœur ne s'est point encor declaré pour vous. Il me semble que vous decidez un peu trop promptement de mes sentimens & de ceux d'autruy, répondit-elle, ne iugez que des vostres, si vous m'en croyez, & ne les montrez iamais à une personne qui n'est pas dans le dessein de les voir, ny de les connoistre. Elle le quitta fierement en finissant ces paroles : elle le laissa dans 191 la liberté de comprendre quel estoit son malheur qui devoit estre tres‑grand, puis qu'il perdoit l'esperance qu'il avoit euë d'estre aimé.
Le Comte de Candalle qui avoit appris qu'il avoit l'entiere obligation à Madame de Beauieu, de l'honorable employ, où on l'avoit destiné, ne manqua point de l'aller remercier ; parmy les remerciemens qu'il luy fit, il y mesla quelques desirs d'emmener sa fem 192 me. La Princesse, luy promit de la remettre entre ses mains, lors qu'il seroit prest à partir. Ainsi le Comte fut plus heureux qu'il n'avoit esperé, & il se prepara à faire agreablement le voyage de Castille, ayant avec luy la personne du monde qu'il aimoit plus, quoy qu'il l'eust voulu traiter de la mesme maniere qu'õ traite ce qu'on hayt avec la derniere violence.
Pour moy, comme i'avois oublié à voir le portrait & à lire la Lettre, 193 i'oubliay encore que i'avois promis à Madame de Candale de me rendre chez elle. Le lendemain matin ie m'en allay à Amboise chasser avec Monsieur le Dauphin, & ce ne fust qu'à mõ retour que ie m'en ressouvins.
Le Duc de Bourbon estoit au desespoir, de ce que tout indifferent que i'estois, i'avois fait plus de progrez dans le cœur de la Comtesse, que sa passiõ & ses soins n'avoient pu faire ; mais il devoit s'en prendre à son mal heur, 194 plutost qu'à son merite.
Mais tout habile qu'il est, c'est qu'il ne sçavoit pas encore que le merite est conté14 pour rien en amour, s'il n'est soutenu de l'heureux secret de sçavoir se faire aimer.
D'abord que ie vis Madame de Cãdale, ie ne luy fis pas seulemẽt la moindre excuse de luy avoir manqué de parole, & ie me preparay sans impatience à écouter tout ce qu'elle vouloit me dire.
Fin de la premiere Partie.

Noms propres

Alexandrie en ar. al-Iskandarīyah

Ville d'Égypte, à l'extrémité nord-ouest du delta du Nil, sur une bande de terre entre la Méditerranée et le lac Mariout. [...] Fondée en -332 par Alexandre le Grand, la ville, ornée de monuments grandioses, devint sous les premiers Ptolémées le centre de l'Égypte (-IIIe - -IIe s.) et le foyer de la civilisation héllenistique. Son musée, son université, son académie étaient renommés et sa bibliothèque la plus célèbre de l'Antiquité (700 000 volumes).
  • Alexandrie, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Amboise

Ch. -1. de cant. de l'Indre-et-Loire, arr. de Tours, sur la Loire. 10 982 hab. (aggl. 15 391) (Amboisiens). Château construit par Charles VIII, agrandi par Louis XII et François Ier : chapelle Saint-Hubert de style gothique flamboyant ; logies du roi (aile gothique et aile Renaissance), contigue à la tour des Minimes. Église Saint-Denis en majeure partie du XIIe s. (voûtes angevines et chapiteaux historiés). Clos-Lucé, manoir du XVe s., où mourut Léonard de Vinci et où sont installées des maquettes de machines imaginées par lui.
  • Amboise, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Anne de France (dite la dame de Beaujeu)

(1461-1522). Fille de Louis XI, duchesse de Bourbon et régente de France entre 1483 et 1491. En 1474, elle fut mariée à Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon. À la mort de Louis XI, le frère d'Anne, Charles VIII, monta sur le trône à l'âge de 13 ans. Ainsi Anne agit-elle en régente à la place de son frère. Lors de la Guerre folle, menée contre Anne et son mari par les princes, notamment Louis d'Orléans (le futur Louis XII), elle fut victorieuse en 1488. À ce moment-là, elle fait épouser son frère Charles à Anne de Bretagne pour cimenter la victoire et attacher cette province à la monarchie, parachevant en partie l'expansion territoriale entamée par son père.
  • Anne de France (dite la dame de Beaujeu), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Anne de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_de_france.

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Arménie (en arménien Hayastan)

Région d'Asie occidentale s'étendant entre l'Anatolie et le plateau iranien. Formée par un vaste haut plateau traversé de puissantes chaînes montagneuses (Caucase, Taurus, Kurdistan) où domine le massif volcanique d'Ararat (5 165 m), elle est partagée politiquement entre la république d'Arménie, l'Iran et la Turquie qui en possède la majeure partie (régions du N.-E. et du S.-E.) [...] Au XVIe siècle, Turcs et Perses se partagèrent le pays ; les premiers s'installèrent à l'ouest., les autres à l'est. .
  • Arménie en arménien Hayastan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Artavazde II d'Arménie

Artavazde règne en Arménie de 55 à 34 av. J.-C. Il fut déposé par Marc Antoine, à qui il avait pourtant fourni des troupes en 36 av. J.-C. quand celui-ci combattait contre les Parthes. Mais Artazvazde se retira pendant de la bataille, et Cléopâtre VII convainc Marc Antoine de le punir comme traitre. Artazvazde fut exilé en Égypte, à Alexandrie, où il mourut en 30 av. J.-C., décapité sur ordre de Cléopatre.

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Auguste (en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus) (aussi : Octave)

(Rome - 63 av. J.-C. - Nole 14 ap. J.-C.). Auguste fut l'empereur de Rome de -27 av. J.-C. à -14 ap. J.-C. En -45, il devint le petit fils adoptif de Jules César (jusqu'alors, il en était le petit-neveu), et à la mort de l'homme d'état, Auguste devint l'héritier de Rome, ce qui lui rendit aussi le rival de Marc Antoine. Après que celui-ci fut vaincu à Modène, Auguste fonda avec Lépide et Antoine le deuxième triumvirat en -43. Les trois divisèrent par la suite l'Empire romain entre eux ; ce fut Auguste qui prit l'Occident. Pendant son règne, Octave fut victorieux contre Sextus Pompée en Sicile (-36) ainsi que contre Cléopâtre (-31), de qui il reçut l'Égypte. En -38, on lui donna le titre d'Imperator et en -28, celui de princeps senatus (le premier ayant le droit de s'exprimer dans des délibérations sénatoriales). Onze ans après, il reçut aussi le titre d'augustus (terme religieux). Pendant ce temps-là, Auguste fit de Rome un principat, ce qui rendit l'ancienne république l'équivalant d'un Empire qui avait pour Empereur le Sénat et le peuple.
  • Auguste, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste.
  • Auguste en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Barbares (en gr. barbaroi)

Le nom grec d’origine est barbaroi. Par ce mot, les Grecs, désignaient tout peuple qui ne parlait pas leur langue. D’après les Grecs, le Barbare était inférieur politiquement aussi car il était gouverné par un monarque. À partir de cette notion de peuples barbares, la guerre contre les Perses acquit une signification idéologique aussi bien que politique. Pendant la période hellénistique, le substantif barbare désignait en particulier les peuples d’Asie.
  • Barbares en gr. barbaroi, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Charles Quint (en esp. Carlos I)

Charles Quint (Charles d’Habsbourg, Charles I d'Espagne, 1500-1558), empereur du Saint-Empire romain germanique et Roi des Espagnes, était considéré le monarque le plus puissant de son temps. C’est le père de Philippe II d’Espagne.

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Charles V, dit Charles le Sage

(Vincennes 1338 – Nogent-sur-Marne 1380). Roi de France (1364-1380) dont le règne fut marqué par sa réussite dans la récupèration d'une grande partie du territoire français cédée à l'Angleterre au traité de Brétigny (1360) à la fin de la première phase de la guerre de Cent Ans (1337-1543).

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Charles VIII

(Amboise 1470 - 1498). Fils du roi Louis XI et de Charlotte de Savoie, Charles VIII fut roi de France de 1483 à 1498. À la mort de son père, Charles VIII monta sur le trône à l'âge de 13 ans. Sa sœur Anne de France agit en régente jusqu'en 1491. Pendant la régence de celle-ci, elle lutta contre le Duc d'Orléans (le futur Louis XII) lors de la Guerre folle pendant laquelle les princes se révoltèrent contre le gouvernement d'Anne de France. Cette guerre se termina enfin en 1488 par la victoire de la monarchie sur Louis d'Orléans.
À partir de 1494, Charles partit à la conquête du royaume de Naples. Après plusieurs succès, les Espagnols et le Pape se liguèrent contre lui et il dut bâtir en retraite, perdant ses conquêtes, mais les guerres d'Italie seraient poursuivies par ses successeurs au XVI siècle. À sa mort, il fut succédé par son cousin Louis d'Orléans.
  • Charles VIII, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Charles VIII de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_viii_de_france.

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Chaumont, Charles II d'Amboise de

Charles II d'Amboise, seigneur de Chaumont (1473-1511) fut successivement grand-maître, maréchal et amiral de France. Il mourut lors des guerres d'Italie menées par les rois de France à la fin du XVe et au XVIe siècle.
Charles soutint Léonard de Vinci, le faisant venir dans son palais de Milan pour faire des travaux d'hydraulique, des statues, et même les plans de son nouveau palais.

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Cléopâtre

Née en 69 av. J.-C. en Alexandrie, Cléopâtre VII fut reine d'Égypte de 51 à 30 suivant son mariage avec son frère Ptolémée XIII. Ayant perdu le trône après trois ans, elle le regagna en 46 grâce à Jules César, devenant en même temps sa maîtresse. À l'assassinat de César en 44, elle connut Marc Antoine et l'inspira à partager son rêve d'un empire oriental. Antoine, déjà l'époux d'Octavie, se maria avec Cléopâtre. Il effectua plusieurs conquêtes en Asie (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, comme le règne d'Antoine et de Cléopâtre posa un menace à la domination romaine sur la Méditerranée, Octave les attaqua et fut victorieux contre les deux à Actium en 31. Entendant la fausse nouvelle du suicide de sa femme Cléopâtre, Antoine se suicida. Après avoir sollicité la clémence d'Octave, Cléopâtre se suicida en se faisant mordre par un aspic.
  • Cléopâtre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Commines ou Commynes, Philippe de

Philippe de Commines (1447-1511) était un homme politique, diplomate, historien et chroniqueur au service de Louis XI. Il soutint le Duc d'Orléans, le futur Louis XII comme successeur de Louis XI, d'où sa disgrâce sous le fils de ce dernier, Charles VIII.
De nos jours, Commines est surtout connu pour ses Mémoires des règnes de Louis XI et de Charles VIII.

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Ferdinand II d'Aragon, dit "le Catholique"

(Sos, Aragon 1452 – Madrigalejo, Cáceres 1516). Roi de Castille (1474-1504), roi d'Aragon et de Sicile (1479-1516) et roi de Naples (1504-1516), Ferdinand II unifia presque toute l'Espagne, introduisit l'Inquisition (1479), conclut la Reconquête par la saisie de Grenade (1492) et démarra l'expansion espagnole par le soutien des expéditions de Christophe Colomb.
  • Ferdinand II d'Aragon, Wikipédia l'encyclopédie libre (22 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_II_d%27Aragon.
  • Ferdinand II d'Aragon le Catholique, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Foix

Commune française située dans le département de l'Ariège, dans la région des Midi-Pyrénées.
  • Foix, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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François Ier

François (1494-1547) succéda à son beau-père Louis XII comme roi de France en 1515. Sa rivalité avec Charles Quint du Saint-Empire romain entraina la guerre presque continuelle; il fut même fait prisonnier de Charles brièvement en 1525 -- et cet antagonisme entre deux rois catholiques facilite la diffusion de la Réforme protestant en Europe. Le règne de François fut aussi marqué par le renforcement du pouvoir royal et par la construction d'un état puissant. Le développement de la vie de cour favorisa l'essor des arts et des lettres; le règne de François Ier est associé à l'avènement de la Renaissance italienne en France. Il attira à la cour des artistes tels que Léonard de Vinci et il fit construire plusieurs châteaux de la Loire dans le nouveau style qui fait d'eux moins des forteresses que des demeures de luxe.

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Hérode Ier le Grand

(Ascalon -73 - Jéricho -4). Roi des Juifs (-40 - -4). Iduméen, fils d'Antipatros, le ministre d'Hyrcans II, il se fit reconnaître comme roi des Juifs par les Romains et Marc Antoine l'installa sur le trône (prise de Jérusalem, -37). Pour affermir son pouvoir, il fit périr les derniers membres de la famille asmonéenne, y compris sa propre femme Mariamne Ire. Il fit réaliser de grands travaux à Césarée, Sébasté (l'ancienne Samarie) et surtout Jérusalem où il rebâtit le Temple dans le style hellénistique. À sa mort, son royaume fut partagé entre ses fils Archélaos, Hérode Antipas et Hérode Philippe le Tétrarque.
  • Hérode Ier le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jules César (en lat. Caius Julius Caesar)

(Rome 101 – Ides de Mars 44 av. J.-C.) Illustre homme d'état, général et enfin dictateur romain (46-44 av. J.-C.) qui joua un rôle essentiel dans la transformation de la République romaine à l'Empire romain. Toutefois, ses réformes politiques et sociales furent déjouées lorsque Marcus Junius Brutus, un noble à la Chambre du Sénat, l'assassina en 44 av. J.-C.
Non seulement César fut-il un homme politique célèbre, mais il était un bon orateur et historien. Il écrivit quelques œuvres littéraires : Commentarii de bello gallico (Commentaires de la guerre des Gaules) et Commentarii de bello civili (Commentaires de la guerre civile).

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La Castille (en esp. Castilla)

Région historique du centre de l'Espagne s'étendant sur la Meseta et traversée par la Cordillère centrale. La Vieille-Castille fit d'abord partie du royaume de Léon et devint indépendante au Xe s. La région fut toujours fortement défendue ceontre les Maures, notamment par le système fortifié (Castella) d'où la Castille tire son nom. Annexée au royaume navarrais de Sanche III, qui la donna à son fils Ferdinand Ier, elle prit alors le nom de royaume de Castille. Peu à peu, les rois de Castille étendirent leurs possessions en repoussant les Maures et annexèrent au XIIIe s. les territoires qui formèrent la Nouvelle-Castille (Tolède, Séville et Cadix). Pendant des siècles, le royaume fut plongé dans l'anarchie. Mais le mariage d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon (1469) réalisa l'union des deux royaumes et soumit l'Espagne à une autorité unique.
  • Castille (la) en esp. Castilla, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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La Loire

Dép. du S.-E. de la France, région Rhône-Alpes. Pays-de-la-Loire. 6 979 km². 1 052 /83 hab. CH.-L : Nantes. CH.-L.D'ARR. : Ancenis, Châteaubriant, Saint-Nazaire. Cour d'appel : Rennes. Académie : Nantes.
  • Loire (la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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La Princesse de Clèves

Personnages : La Princesse de Clèves (protagoniste), sa mère Madame de Chartres, Monsieur de Clèves (le mari de la Princesse), Monsieur de Nemours (l'homme de qui la Princesse tombe amoureuse).
La Princesse de Clèves est un des romans les plus célèbres du XVIIe siècle. Écrit par Marie-Madeleine de Lafayette, il fut publié anonymement en 1678. Le roman a pour cadre la cour de Henri II au XVIe siècle, mais il peut être considéré comme le reflet de la cour de Louis XIV avec ses intrigues amoureuses et la lutte entre les courtisans pour la reconnaissance royale.
  • La Princesse de Clèves, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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La Trémoille ou de La Trimouille, Louis II de

(1460-1525). Vers l'âge de 14 ans, il fut envoyé comme page à la cour de Louis XI. À l'âge adulte il devint homme d'État et chef de guerre, servant les rois Charles VIII, Louis XII et François Ier.
En 1484, il épousa Gabrielle de Bourbon, cousine du monarque. Ce mariage, arrangé par Anne de France pour mieux attacher La Trémoille à la monarchie, fut long et heureux.
Pendant la Guerre folle, il resta du côté d'Anne de France, alors la régente, remportant la victoire pour la monarchie en 1588 contre Louis d'Orléans, le futur Louis XII.

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Loches

Ch.-l. d'arr. de l'Indre-et-Loire, sur l'Indre. 6 544 hab. (aggl. 10 198) (Lochois). Anc. cité fortifiée conservant deux de ses trois enceintes primitives : porte Royale (XIIIe s.) ; porte Picois et porte des Cordeliers (XVe s.) ; tour Saint-Antoine (XVIe s.), l'un des rares beffrois du centre de la France. Bâti sur un promontoire naturel, le château comprend le donjon (XIe s.) et les logis royaux des XIVe et XVIe., renfermant notamment le tombeau d'Agnès Sorel. Église Saint-Ours du XIIe s. Musée Lansyer : œuvres du paysagiste lochois (1835 - 1893). Musée du Terroir.
  • Loches, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Louis XI, dit le Prudent

(Bourges 1423 - Plessis-les-Tours 1483). Roi de France de 1461 à 1483. Il épousa d'abord Marguerite Stuart, suivie de Charlotte de Savoie. Cette dernière donna naissance au futur roi Charles VIII et à Anne de France, régente pour son jeune frère qui n'a que 13 ans à la mort de Louis XI.
Louis XI était connu par ses détracteurs comme l'universelle araignée car il utilisa une politique violente, parfois qualifiée de surnoise, pour essayer de rattacher au royaume des provinces auparavent indépendantes (notamment la Bretagne, la Bourgogne, la Maine, l'Anjou, la Provence). Les conflits qu'il entraîna continuèrent après son règne, qui contribua beaucoup à la tendance de centralisation du pouvoir de la monarchie.
  • Louis XI, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Louis XI, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 novembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XI.

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Louis XII

(Blois 1462 - Paris 1515). Roi de France (1498-1515). D'abord Duc d'Orléans, Louis fut contraint par le roi Louis XI, son cousin, d'épouser la fille de ce dernier, Jeanne de France. Handicapée, Jeanne ne pouvait pas avoir d'enfants: Louis XI entendait mettre fin à la branche Orléans de la famille royale en insistant sur ce mariage. Mais le fils de Louis XI, Charles VIII, mourut sans enfants alors Louis d'Orléans lui succéda.
Pendant le règne de Charles VIII, Louis prit la tête de la guerre contre la monarchie au nom des ducs et princes que Louis XI avait voulu subjuger. Cette Guerre folle entre 1485 et 1488 mena à la défaite et l'emprisonnement de Louis d'Orléans pendant trois ans. Par la suite il se reconcilia avec Charles VIII et prit part au nom de ce roi aux guerres d'Italie, qui continuèrent pendant son règne à lui. Dès son avènement au trône, Louis XII fit annuler son mariage avec Jeanne de France, jamais consommé, pour épouser Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII. Il montra une rare clémence vis-à-vis de ses anciens adversaires, et il introduisit des réformes de la justice et des impôts qui lui valurent le nom du Père du peuple.
  • Louis XII, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Louis XII, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 octobre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 décembre 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XII.

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Louis XIV

Louis XIV naquit à Saint-Germain-en-Laye en 1638. Son règne fut long : il fut roi de France de 1643 à 1715. Lorsqu'il n'avait que cinq ans, Louis XIV prit le trône lors de la mort de son père, Louis XIII, en 1643. Sa mère, Anne d'Autriche, régna de la part de son fils, aidé par le cardinal Mazarin. Durant ce temps, l'on assista aux premiers éclatements de la Fronde. La nature absolutiste qui caractérise ce roi se manifesta pour la première fois alors qu'il prit la décision de supprimer le poste de Premier ministre, jadis occupé par Mazarin. Le règne de ce roi fut marqué par de nombreux conflits internes et externes. La France se trouva épuisée à la mort du roi à Versailles en 1715.
  • Louis XIV le Grand Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Louvre

Ancien palais royal qui se trouve entre la rive droite de la Seine et la rue de Rivoli, dans le Ier arondissement de Paris. En 1793, le Louvre est devenu musée, grâce à un projet entrepris à l'origine par Louis XVI. Le Louvre est de nos jours le plus grand musée de Paris.
  • Louvre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Musée du Louvre, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_du_Louvre.

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Marc Antoine (en lat. Marcus Antonius)

Marc Antoine (83 - Alexandrie 30 av. J.-C.) était un homme politique et général sous Jules César lorsque César fut assassiné en 44. Antoine forma un nouveau gouvernement romain avec Octave (Auguste) et Lépide en 43. Ensemble, les trois se débarrassèrent du parti républicain et se partagèrent le monde romain (-40). Antoine épousa Octavie (la sœur d'Octave), délaissée à cause de l'amour d'Antoine pour Cléopâtre VII. Antoine trouva ainsi une nouvelle ambition : créer un empire hellénique et oriental cosmopolite. Plusieurs conquêtes romaines d'Asie s'ensuivirent (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, à Actium (de la Grèce ancienne), il fut vaincu par Octave sur mer, ensuite assiégé en Alexandrie. Il se donna la mort en 30, entendant les fausses nouvelles du suicide de Cléopâtre et de l'avancement d'Octave en Asie.
  • Antoine ou Marc Antoine en lat. Marcus Antonius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Marguerite de Habsbourg (ou Marguerite d'Autriche)

Marguerite (1480-1530) fut connue jeune fille comme Marguerite de Bourgogne ou Marguerite de Flandre. Elle a 2 ans à la mort de sa mère et finit par être élevée en Fille de France à la cour de Louis XI, sous la houlette de Madame de Beauieu. Elle devait épouser Charles VIII, mais pour des raisons politiques, en 1491 Marguerite fut renvoyée et le mariage n'eut pas lieu. Elle garda toute sa vie une profonde rancœur à l'égard de la France. Elle continua à être un pion sur l'échiquier matrimonial de l'Europe. Cependant, ses deux mariages et ses propres démarches finirent par faire d'elle une des souveraines les plus puissantes de l'Europe.

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Pierre II Beaujeu

(1439 - 1503, château de Moulins). Sire de Beaujeu, duc de Bourbon et d'Auvergne. Une fois membre dévoué de la Ligue du Bien public, qui cherchait à diminuer les pouvoirs de Louis XI, le roi parvint à détacher le jeune noble de sa ligue pour le faire épouser sa fille, Anne de France (Madame de Beaujeu).

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Plessis-lès-Tours ou Plessis-les-Tours

Écart de la comm. de la Riche (arr. de Tours). Vestiges du château construit par Louis XI sur l'emplacement d'un manoir qu'il avait acquis en 1463. Il y mourut en 1483. Petit musée..
  • Plessis-lès-Tours ou Plessis-lez-Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Roussillon

Commune dans l'actuel département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La Provence fut une région disputée au Moyen Âge, réunie à la France en 1481.

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Sainte Jeanne de France ou de Valois

(1464 à Nogent-le-Roi - 1505 à Bourges). Fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie, après Anne de France. Handicapée, Jeanne fut mariée à son cousin Louis d'Orléans à l'âge de douze ans car son père ne voulut pas que ce dernier ait des héritiers qui puissent faire concurrence pour le trone avec sa branche de la famille Valois-Orléans. Mais quand Louis XII accéda à la monarchie, il fit annuler son mariage avec Jeanne pour non-consommation. Ainsi Jeanne de France se rendit-elle à Bourges pour y fonder l'ordre monastique de l'Annonciade.
  • Jeanne de France, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jeanne de France (1464 - 1505), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_de_France(1464-1505).

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Tours

Département de l'Indre-et-Loire, sur la Loire. HISTOIRE. Sous l'impulsion de saint Martin, sont troisième évêque, la ville des Turons (civitas Turonum) devint au IVe s. l'un des plus importants centres religieux de la Gaule. L'influence de Tours comme foyer intellectuel et artistique alla grandissant aux siècles suivants avec Grégoire de Tours (VIe s.) sous la direction de qui la ville s'agrandit, puis avec Alcuin (VIIIe s.), fondateur d'une école renommée et d'une importante bibliothèque. Au XVe s., Louis XII introduisit l'industrie de la soie, qui assura pendant deux siècles la prospérité de la ville. Le calvinisme trouva au XVIe s. de fervents adeptes parmi les artisans et les ouvriers tourangeaux, et Tours devint un centre actif de la Réforme ; la révocation de l'édit de Nantes, provoquant l'émigration de nombreux soyeux, portera à la ville un coup dont elle ne commencera à se relever qu'au XIXe s., avec les débuts du chemin de fer.
  • Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Notes

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