Une jeune femme aux cheveux clairs, le sourire aux lèvres, donne un franc coup de
pied sur le tibia de son mari agenouillé. De sa main gauche elle serre le poignet
droit de l'homme (lequel tient un bâton, sans doute avait-il formé le projet téméraire
d'en user sur son épouse), et de la main droite lui balance à toute volée son trousseau
de clés sur la figure; le malheureux, son chapeau tombé par terre, porte la main à
son front ensanglanté. Inspirée par l'exemple maternel, une petite fille corrige son
frère à coups de poing, tandis que, à droite de l'image, une poule terrasse un coq
auquel elle arrache quelques plumes. La scène se passe dans un intérieur bourgeois.
Caché dans la ruelle du lit, à gauche, un autre homme, l'amant si l'on croit la légende
en vers, assiste sans déplaisir à une scène dont peut-être il est la cause immédiate,
et fait un geste de complicité à l'égard du spectateur. À droite, un feu brûle dans
l'âtre; à côté de la cheminée
est suspendue une image représentant la Vierge et saint Jean au pied de la croix,
sujet évidemment sans rapport avec la dispute conjugale. Deux pots de fleurs, contenant
des oeillets mignardises et un petit buis taillé, sont disposés côte à côte sur l'appui
de la fenêtre ouverte. M.P. [...] Blum, 966, propose une datation de 1633. Il existerait
une copie portant la mention : I. Huyssens excudit.
Abraham Bosse, savant gravure. Tours, vers 1604-1676, Paris. Sous la direction de Sophie Join-Lambert et de Maxime Préaud. Paris, Bibliothèque
nationale de France; Tours, Musée des Beaux-Arts, 2004.