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Au sujet du site
Faut-il se marier? La question de Panurge s’avère incontournable en Occident, surtout à partir de la contre-réforme. Des débuts du Concile de Trente en 1545 jusqu’à la fin du règne de Louis XIV en 1715, les tentatives de renouveler le mariage se heurtent en France à l’intervention croissante de la monarchie dans cette institution dominée auparavant par l’Église. La rencontre entre ces deux autorités fut tumultueuse mais propice au foisonnement des documents qui font l’objet de ce site : l’imaginaire nuptial se compose de divers genres textuels, chacun ayant son caractère propre, mais tous traitant des peurs, des désirs et des fantasmes au sujet de l’union conjugale dans le contexte des grands remous dans la pensée et les pratiques religieuses, politiques, sociales et culturelles de la première modernité (XVIe-XVIIIe siècles).
Cette anthologie virtuelle est tout d’abord ancrée dans la parole polémique relative au mariage, déployée en trois tranches chronologiques. Entre 1570 environ et 1630, la satire misogyne et misogame connaît une floraison importante : les topoi du Moyen Âge se renouvellent grâce à des gloses pseudo-savantes sur le discours médical et des comparaisons culturelles inspirées par les récits de voyage d’exploration. Les allusions historiques et mythologiques sont également ravivées pour mieux alimenter la critique des femmes et du mariage. Quand cette nouvelle polémique disparaît du monde de l’édition textuelle aux années 1630, la satire dirigée contre les mégères et leurs maris cocus se récupère dans les gravures ; nous en fournissons plus de 70 exemples. Reléguée à ces images populaires jusqu’au dernier quart du siècle, la satire de la femme et du mariage fait encore peau neuve dans certains ouvrages de fiction et au théâtre dès les années 1680.
Si la misogynie est présente à divers degrés dans la critique du mariage tout au long du siècle, la valorisation des épouses se manifeste dans la production textuelle émanant des salons, ce surtout à partir des années 1650 sous l’influence du mouvement précieux. La célébration de la femme connaît un nouvel élan lorsque les contes de fée deviennent à la mode au tournant du XVIIIe siècle ; dans les deux cas, le succès des écrivaines y est pour beaucoup. Entre les années 1640 et 1670, même les traités catholiques sur le mariage font l’éloge de la femme et soutiennent les deux membres du couple devant le défi que représente le mariage, la plupart du temps forcé.
Toujours est-il qu’à la fin du XVIIe siècle, les traités catholiques et le discours mondain reviennent à la méfiance de la femme tenue responsable des maux du mariage, un reflet du courant que nous observons dans les romans et au théâtre aussi. La tension entre ces deux tendances s’intensifie : certains textes et images soulignent la faiblesse morale de la femme tandis que d’autres insistent sur la force de caractère et la créativité féminines. Ce qu’elles ont en commun est une critique acerbe de l’institution du mariage.
La mise en examen du mariage depuis le XVIe siècle, développée sous divers angles au XVIIe, a préparé le terrain aux modèles émergents du XVIIIe siècle : d’une part, le divorce facile, libéré des contraintes catholiques traditionnelles, proposé par certains juristes même avant la Révolution ; de l’autre, le portrait du mariage amoureux et des relations de famille harmonieuses touchant à tous les niveaux sociaux. Ces imaginaires divergents sont le fruit de l’évolution des idées sur l’union conjugale tout au long de la première modernité – des idées qui persistent sous différentes formes de nos jours.
Il est à noter que cette anthologie a pour but non seulement de créer un corpus de textes et d’images au sujet du mariage sous l’Ancien Régime, mais aussi d’explorer les potentialités de l’édition savante virtuelle, d’où le rajout à un rythme régulier de notes, de références reliés à notre index de noms propres, d’entrées bibliographiques, de liens à des ressources externes au site, d’articles commentant le corpus et d’analyses textuelles grâce à notre engin de recherche. Le mariage sous l’Ancien Régime est aussi un étude de cas participant au projet Endings: Concluding, Archiving, and Preserving Digital Projects for Long-Term Usability, financé, comme l’anthologie l’a été, par le programme Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
Les droits de reproduction des gravures ont été achetés de la Bibliothèque Nationale de France. Les autres éléments du site (les contributions des éditeurs, les transcriptions des textes, l'encodage et le code) sont distribués sous les termes de cette licence: Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada.
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