Le mariage sous L'Ancien Régime
A. F. B.
Mais qui te fait ainsi curieux
me reprendre,
Que ie ne deuois pas si soudain femme
prendre,
Ne me fay plus la guerre amy, car ie te
dis,
Que c’est le seul moyen pour gagner Paradis:
Ie n’eusse peu iamais faire vn plus saint
ouurage,
Pour le propre salut que par le mariage:
Voire ce qui rend les maris soucieux,
Ià desia me promet vn lieu dedans les
cieux,
Cet extréme hazard d’estre cocus les fasche,
Si i’ay le chef cornu, & que ie ne le scache,
Suis ie pas innocent? or’ tous les innocens
Resteront dans le Ciel l’Eternel benissant:
Si l’on me fait cocu, & n’ose contredire,
Bien que i’y sois present, n’est ce pas vn
martyre?
Les patiens martyrs irons là sus au ciel
Donc auecques raison n’y fermeray-ie
pas l’œil,
Que si i’ay pour compagne vne pucelle
honneste,
Suis-ie pas bien-heureux de si belle
conqueste:
Or tous les bien-heureux ainsi que
Dieu l’a dit,
Seront mis en sa gloire, & moy sans
contredit,
Voy donc ie te suppli si ie ne suis pas
sage,
D’auoir dedans le Ciel assignè mon partage,
Que pour l’heur qu’il y a desormais fusses tu,
Marié pour iamais, & ensemble cocu.
B.A.
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