Le mariage sous L'Ancien Régime
                     
                     LA
                        
                        COMTESSE
                        
                        D'ISEMBOURG.
                     
                     
                        Vignette, coupe à fruits, fleurs, feuilles et ailes.
                        
                     
                        Au-dessous de la vignette, à gauche, l'empreinte (illisible) de la bibliothèque.
                        
                     
                     
                  
                  A PARIS, Chez Claude Barbin, au
Palais, sur le Perron de la
Sainte Chappelle. Filet simple. M. DC. LXXVIII.
Avec Privilege du Roy. Cote Y2 23585 (écrit à la main)
               
               
               
               3
                
               
                  Bandeau décoratif.
                  
               
               
               
                  
                  
                  
               
            
            
            LA COMTESSE D'ISEMBOURG. 1
Lettrine (L)
                     LA Maison de 
                     Hohenzollern, 
                     est une Maison fort 
                     illustre dans l'Alemagne. Elle a eu 
                     l'honneur d'estre al
                     
                     
                     
                     
                     4
                     
                     liée à ses Empereurs, 
                     puis qu'un Comte 
                        de Hohenzollern a 
                     épousé autrefois une 
                     fille de la Maison 
                        d'Autriche à laquelle l'Empereur donna les Estats du Marquis de Brandebourg qui luy étoient dévolus par 
                     un droit de l'Empire. La Comtesse 
                     d'Isembourg estoit 
                     sortie de cette fa
                     
                     5
                     
                     mille, elle estoit fille de Iean George de 
                     Hohenzollern Prince de l'Empire de la 
                     haute Alemagne & 
                     de la Province de 
                     Suaube. Il fut sur la 
                     fin de sa vie le favory de l'Empereur 
                        Ferdinand II. comme il l'avoit déja 
                     esté des Empereurs 
                     Rodolphe & Mathias, & c'étoit un 
                     des plus grands hom
                     
                     
                     
                     
                     6
                     
                     mes d'Estat que l'Alemagne ait jamais 
                     eû.
                  
                  
                  Il laissa trois garçons & six filles. 
                     L'aisné des Princes 
                     fut élevé en France 
                     & prefera toûjours 
                     une vie douce & 
                     tranquille à l'éclat 
                     des grands emplois. 
                     Il se maria en Flandres avec une fille 
                     unique de la Maison 
                     de Berg qu'il ne pût 
                     
                     
                     
                     
                     7
                     
                     
                     obliger de passer 
                     dans la haute Alemagne, & qu'elle ne 
                     pût retenir dans la 
                     basse. De sorte qu'ils 
                     se separerent aprés 
                     la naissance de Madame la Comtesse 
                     d'Auvergne leur fille. Le second des 
                     Princes mourut dans 
                     son enfance, & le 
                     troisiéme est marié 
                     dans la haute Alemagne.
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  8
                  
                  La Comtesse
                  
                  
                  
                     Des six filles du 
                     Prince de Hohenzollern qui furent 
                     toutes mariées à des 
                     Comtes Souverains 
                     ou à des Princes, 
                     l'aînée entra dans la 
                     Maison de Furstemberg. La seconde 
                     épousa le Prince 
                     Guillaume de Bade 
                     qui presida à la Diette de Ratisbonne 
                     l'année 1640. & l'infortunée Princesse 
                     
                     
                     
                     
                     9
                     
                     Marie Anne la plus 
                     jeune & la plus belle épousa le Comte 
                     d'Isembourg de la 
                     basse Alemagne.
                  
                  
                   Comme la fortune luy preparoit 
                     bien moins de bonheur qu'à ses sœurs, 
                     la nature voulut la 
                     favoriser de tous les 
                     avantages qui peuvent rendre une personne accomplie. 
                     Elle estoit grande, 
                     
                     
                     
                     
                     10
                     
                     blanche & blonde, 
                     ses yeux avoient plus 
                     de langueur que de 
                     feu. La blancheur 
                     & l'éclat extraordinaire de son teint ne 
                     donnoient pas à ceux 
                     qui la regardoient 
                     le loisir ny la liberté 
                     d'examiner, si tous 
                     les traits de son visage estoient reguliers, enfin dés que 
                     l'on la voyoit il estoit 
                     difficile de ne se lais
                     
                     11
                     
                     ser pas persuader 
                     qu'elle estoit parfaitement belle. L'on 
                     ne vit jamais un air 
                     si touchant & si majestueux que le sien. 
                     Elle n'avoit que dix 
                     ans lorsque le Prince son pere estant 
                     mort, la Comtesse 
                     de Furstemberg sa 
                     sœur infiniment spirituelle prit le soin 
                     de son enfance, & 
                     & par le secours de 
                     
                     
                     
                     
                     12
                     
                     l'art & les avantages 
                     de la nature la jeune Princesse n'ignora rien de ce qui peut 
                     rendre une personne 
                     accomplie.
                   
                  
                  
                  Elle parut avec 
                     tous ces charmes à 
                     l'âge de quinze ans 
                     à la Cour de l'Imperatrice durant la 
                     Diette de Ratisbonne de l'année 1630. 
                     Comme l'on y de
                     
                     13
                     
                     voit traiter des plus 
                     grandes affaires de 
                     l'Empire, cette Cour 
                     n'avoit jamais esté 
                     si belle. La Princesse 
                     eut d'abord un fort 
                     grand nombre d'Amans. Le Prince 
                     Iulien de Saxe le 
                     mieux fait & le plus 
                     amoureux de tous, 
                     ayant dans une course de Bague remporté le prix que l'Imperatrice donnoit, 
                     
                     
                     
                     
                     14
                     
                     l'offrit à la jeune 
                     Princesse ; & dans 
                     ce moment le vieux 
                     Comte d'Isembourg 
                     arrivant de Cologne, la vit & l'ayma, 
                     c'estoit pour elle 
                     deux choses qui se 
                     suivoient de prés.
                  
                  
                  Il avoit esté marié à Caroline d'Aremberg de la Maison d'Arschot, mais 
                     il l'avoit épousée 
                     sans amour & vivoit 
                     
                     
                     
                     
                     15
                     
                     avec elle sans tendresse, lors qu'une 
                     violente colique, 
                     dont la cause fut inconnuë l'enleva du 
                     monde dans deux 
                     heures. 
                  
                  
                  Ce Comte avoit 
                     de l'esprit & du courage, l'ame liberalle & le cœur grand, 
                     il estoit mal-fait, 
                     mais ses plus grands 
                     deffauts étoient dans 
                     son humeur, il l'a
                     
                     16
                     
                     voit sombre, emportée, bijarre, l'amour qui adoucit 
                     les naturels les plus 
                     farouches n'avoit 
                     pû changer le sien. 
                     Il n'avoit jamais rien 
                     aymé, il estoit mesme nay avec une 
                     antipathie extreme 
                     pour toutes les femmes, & il en donna 
                     dés le Berceau un 
                     assez plaisant témoignage, puis qu'on 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     17
                     
                     ne pût jamais luy 
                     faire teter aucune 
                     femme. On luy choisit inutilement des 
                     nourrices brunes, 
                     des blondes, des 
                     vieilles & des jeunes, il les refusa 
                     toutes, & prit avec 
                     avidité une chevre 
                     qu'on luy presenta. 
                     Il avoit la phisionomie sauvage & terrible, & la conduite du Comte tenoit 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     18
                     
                     fidellement tout ce 
                     que sa physionomie 
                     promettoit. Il est 
                     assez difficile à l'amour de se rendre 
                     maistre d'un cœur 
                     de cette nature, il 
                     vint pourtant à bout 
                     de celuy du Comte. 
                     & quoy qu'il ne prit 
                     pas le chemin qu'il 
                     suit d'ordinaire pour 
                     arriver aux autres 
                     cœurs, il y parvint 
                     enfin.
                  
                  
                  
                  
                  19
                  
                  
                  
                  Comme le Comte ne connoissoit 
                     point l'usage des 
                     soûpirs, il fut surpris des premiers qui 
                     luy échaperent, il 
                     ne sçavoit ce qu'ils 
                     demandoient, mais 
                     ses pressants desirs 
                     le luy ayant bientost fait comprendre, par un accord 
                     fatal de son destin 
                     avec celuy de la jeune Princesse, il fut 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     20
                     
                     preferé à tous les 
                     Amans par le Comte & la Comtesse de 
                     Furstemberg. Ce n'étoit pas sans raison, 
                     il avoit exercé les 
                     premiers emplois de 
                     l'Armée, il estoit 
                     parvenu à celuy de 
                     Mestre de Camp general, & c'estoit un 
                     des plus riches & des 
                     plus vaillans Seigneurs de l'Empire.
                  
                  
                  A la fin de la Die
                        
                        21
                        
                        te la Comtesse de 
                     Furstemberg retourna chez elle avec la 
                     jeune Marie Anne 
                     sa sœur, & le Comte partit pour aller 
                     à Isembourg. Mais 
                     comme il avoit dans 
                     le cœur une impatience amoureuse à 
                     laquelle il n'estoit 
                     pas accoustumé, il 
                     fit tant de chemin 
                     en peu de temps 
                     qu'à peine le croyoit
                     
                     22
                     
                     on chez luy qu'il arriva à Furstemberg 
                     pour épouser la Princesse avec un train 
                     digne d'un des plus 
                     grands Princes de 
                     l'Empire.
                  
                  
                  L'amour l'instruisit tout d'un coup, il 
                     fit faire un équipage 
                     pour la Princesse aussi galand qu'il estoit 
                     magnifique, & excitant la pante naturelle qu'il avoit 
                     
                     
                     
                     
                     23
                     
                     d'estre liberal, il fit 
                     present à sa maîtresse 
                     d'une quantitié prodigieuse de pierreries. On a eu raison 
                     de dire depuis, que 
                     l'amour ne faisoit 
                     que mettre ces pierreries en dépot dans 
                     les mains de la Princesse, & que le Comte s'en reservoit l'usage. Quoy qu'il en 
                     soit le Comte avoit 
                     ses intentions, & l'a
                     
                     24
                     
                     mour pouvoit avoir 
                     les siennes.
                  
                  
                  La jeune Princesse paroissoit en cét 
                     état si belle au Comte d'Isembourg, qu'il 
                     estoit le plus amoureux & le plus content de tous les hommes. Il connoissoit 
                     pourtant bien qu'il 
                     n'en estoit pas aymé, 
                     mais cette connoissance qui auroit 
                     troublé les plaisirs 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     25
                     
                     d'un autre n'alteroit 
                     nullement les siens, 
                     il n'étoit pas d'humeur de les gâter par 
                     de semblables delicatesses. Il partit bientost aprés ses Nopces 
                     pour aller à Isẽbourg 
                     disposer les choses 
                     pour la reception de 
                     la Comtesse sa femme, la Princesse de 
                     Bade & la Comtesse 
                     de Furstemberg la 
                     voulurent accompa
                     
                     
                     
                     
                     26
                     
                     gner. Elles firent 
                     presque tout leur 
                     voyage sur le Rhin 
                     & dans un batteau 
                     des plus galans & des 
                     plus magnifiques qui 
                     eussent jamais paru 
                     sur ce fleuve.
                  
                  
                  Le Rhein est bordé en ces endroits de 
                     tres-agreables Villes. Comme le Comte estoit en grande 
                     consideration en ce 
                     païs-là ; les Gou
                     
                     27
                     
                     verneurs & les Magistrats tâchoient à 
                     l'envy de regaler la 
                     Comtesse ; ils luy 
                     faisoient par tout 
                     des receptions magnifiques, les rivages retentissoient 
                     de mille concerts ; 
                     on n'entendoit par 
                     tout que des acclamations & des cris 
                     de joye, & avec un 
                     vin excellent qu'on 
                     luy offroit selon la 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     28
                     
                     mode du païs ; les Deputez de toutes ces 
                     Villes venoient luy 
                     faire des harangues. 
                     Comme elle estoit 
                     fort jeune ces ceremonies la fatiguerent, la contrainte 
                     n'est pas de cet âge, & 
                     le divertissement & 
                     la joye luy conviennent mieux ; la Comtesse y avoit un penchant que toutes les 
                     infortunes de sa vie 
                     
                     
                     
                     
                     29
                     
                     on eu peine de chãger. Pour se divertir 
                     & se delasser de la fatigue de ces ennuyeuses harangues ; elle 
                     s'avisa de faire joüer 
                     le personnage de 
                     Comtesse d'Isem 
                        bourg à une fille de 
                     sa suite à peu prés de 
                     sa taille, mais laide 
                     & vieille. Le Comte plein d'amour & 
                     de joye avoit publié 
                     en passant qu'il ve
                     
                     
                     
                     
                     30
                     
                     noit d'épouser une 
                     Princesse jeune & 
                     belle, & l'on l'avoit 
                     cru de bonne foy. 
                     L'étonnement de ces 
                     Messieurs, & la peine 
                     qu'ils avoient de prononcer les mots de 
                     belle & jeune estoit 
                     une chose tres-réjoüissante à voir. La 
                     Princesse de Bade 
                     s'en divertissoit comme la Comtesse, mais 
                     Madame de Furstem- 
                     
                     
                     
                     
                     31
                     
                     berg toûjours severe 
                     & toûjours scrupuleuse, craignant que 
                     le Comte ne fut fasché que l'on pust 
                     condãner son choix 
                     arrêta le cours de cette plaisanterie en faisant connoître la veritable Comtesse, & 
                     il fallut qu'elle écoutât de nouveau des 
                     Harangues. Si bien 
                     que lors que les Habitans de ces diffe
                     
                     
                     
                     
                     32
                     
                     rents lieux se trouvoient ensemble, ils 
                     avoient des contestations sur la beauté 
                     ou sur la laideur de 
                     la Comtesse d'Isembourg, dont ils ne 
                     sont pas encore d'accord.
                  
                  
                  Elle arriva enfin à 
                     Isembourg. Il n'y avoit rien de si beau 
                     que le Château, rien 
                     n'en pouvoit surpasser la magnificence, 
                     
                     
                     
                     
                     33
                     
                     soit pour le dedans 
                     soit pour le dehors. 
                     La structure en estoit 
                     admirable, & les 
                     peintures, les lambris, les jardins le rendoient un des plus 
                     agreables lieux du 
                     monde. La Comtesse y fut receuë par 
                     le Comte, tout plein 
                     & tout transporté de 
                     sa passion, avec toutes les marques de 
                     
                     
                     
                     
                     34
                     
                     joyes qu'on a accoûtumé de faire paroître en ces sortes d'occasions. Il luy fit de 
                     nouveaux presens de 
                     Pierreries, & pendant tout le sejour 
                     que la Princesse de 
                     Bade & Mme de Furstẽberg firent à Isembourg, ce ne fut que 
                     courses de bague, 
                     que promenades, que 
                     parties de chasse, de 
                     divertissement & de 
                     
                     
                     
                     
                     35
                     
                     plaisir. La separation 
                     de ces Princesses fut le 
                     premier chagrin que 
                     la Cõtesse fit paroître, 
                     elle y fut sensible au 
                     delà de tout ce qu'on 
                     pourroit exprimer, 
                     & beaucoup plus que 
                     le Comte n'eust souhaité, il faisoit tous 
                     ses efforts pour la 
                     consoler, il s'avisoit 
                     de mille petites manieres pour la divertir, en fin pour dis
                     
                     36
                     
                     siper la mélancholie 
                     où elle s'abandonnoit quelquefois par 
                     le souvenir de ce 
                     qu'elle perdoit, il luy 
                     faisoit un détail de 
                     tous les avantages 
                     qu'il luy preparoit & 
                     il n'oublioit rien 
                     pour luy plaire.
                  
                  
                  Quand on ne commence à aymer qu'à 
                     l'âge de soixante ans 
                     & qu'on s'y prend 
                     d'abord de cette ma
                     
                     37
                     
                     niere, il semble que 
                     l'on devroit porter sa 
                     passion jusques au 
                     tombeau. Cependant le vieux Comte 
                     cessa bien-tost d'aymer, son cœur n'étoit pas propre à l'amour. Il se lassa d'une 
                     passion si douce, & 
                     les chagrins, les soupçons, les dégoûts en 
                     chasserent bien-tost 
                     ce qu'il y avoit eu de 
                     doux & de raisonna
                     
                     38
                     
                     ble. Comme depuis 
                     son mariage il n'avoit point esté à l'Armée exercer sa valeur, il voulut l'employer à dompter la 
                     beauté de sa femme, 
                     il ne songea plus qu'à 
                     faire peur à la jeune 
                     Comtesse. Cela luy 
                     fut plus facile que de 
                     s'en faire  aimer. Il 
                     reprit son air sombre 
                     & sauvage que l'amour avoit un peu 
                     
                     
                     
                     
                     39
                     
                     radoucy, & tout cela faisoit un effet si 
                     terrible sur le cœur 
                     & sur l'esprit de la 
                     Comtesse, qui n'avoit pas assez de 
                     courage pour le regarder sans frayeur. 
                     Il ne s'entretenoit 
                     que d'Histoires tragiques, d'evenemens 
                     funestes, & des punitions que de jeunes femmes s'étoient 
                     attirées de leurs vieux 
                     
                     
                     
                     
                     40
                     
                     maris. C'estoit ordinairement au lict 
                     qu'il luy faisoit ces 
                     galands recits, & 
                     une nuit la Comtesse en fut si effrayée 
                     qu'elle ne pust s'empécher de crier de 
                     toute sa force : un 
                     long évanoüissemẽt 
                     succeda à ses cris, & 
                     peut-estre seroit-elle 
                     morte de frayeur si 
                     l'on ne fût venu 
                     promptement à son 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     41
                     
                     secours. Le Comte 
                     fut fâché de l'avoir 
                     jettée dans ce peril, 
                     & par une grace singuliere il changea 
                     l'heure de ses entretiens.
                  
                  
                  Lorsque la Comtesse ne sçavoit plus 
                     que devenir, il arriva 
                     pour sa consolation 
                     une Courier de l'Empereur qui portoit un 
                     ordre pressant au 
                     Comte de se rendre 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     42
                     
                     auprés de lui à l'occasion de la guerre dõt 
                     l'Empire estoit presque accablé par le 
                     vaillant Gustave Roi 
                        de Suede. Le Comte 
                     qui estoit habile jugea d'abord que cette guerre seroit longue & perilleuse pour 
                     les Alemans, mais il 
                     craignit qu'elle ne 
                     le devînt davantage 
                     pour luy-mesme par 
                     la beauté & la jeu
                     
                     43
                     
                     nesse d'une femme 
                     qu'il estoit obligé de 
                     quitter, & d'abandonner à sa bonne 
                     foy & à sa conduite. 
                     La campagne luy 
                     paroissant plus suspecte qu'une Ville 
                     où l'on est sans cesse exposé à la veuë 
                     de tout le monde, il 
                     se resolut de faire aller la Comtesse à Cologne qui estoit la 
                     ville la plus proche 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     44
                     
                     d'Isembourg, On y 
                     transporta les meubles les plus precieux 
                     du Château, & le 
                     Comte craignant 
                     toûjours quelque 
                     vangeance pour les 
                     traitemens injurieux 
                     qu'il avoit faits à la 
                     Comtesse voulut la 
                     conduire luy-mesme 
                     dans une Ville où il 
                     croyoit estre mieux 
                     à couvert de la seule 
                     chose qu'il craignoit 
                     
                     
                     
                     
                     45
                     
                     au monde. Cette 
                     guerre fut d'un grand 
                     secours à la Comtesse pour la délivrer de 
                     beaucoup d'ẽbarras 
                     & dissiper un peu ses 
                     chagrins, elle en avoit de plus d'une 
                     maniere, & toute 
                     jeune qu'elle estoit 
                     elle ne pouvoit se 
                     consoler des ordres 
                     cruels que le Comte 
                     avoit donnez pour 
                     son sejour de Colo- 
                     
                     
                     
                     
                     46
                     
                     gne. Elle essaya d'abord d'ébloüir toute la Ville par une 
                     joye qu'elle ne ressentoit pas veritablement dans l'ame, 
                     mais à force de cacher & de déguiser 
                     ses douleurs elle les 
                     étouffa tout-a-fait. 
                     Elle oublia jusques 
                     aux brutalitez & aux 
                     injustices du Comte, 
                     & jamais elle ne goûta plus tranquille
                     
                     47
                     
                     ment le plaisir. Elle 
                     avoit ainsi passé ses 
                     beaux jours pendant 
                     les six mois que le 
                     Comte avoit fait la 
                     guerre sans que personne se fut apperceu de ses déplaisirs, 
                     elle en auroit encore 
                     passé bien d'autres, & 
                     peut-estre qu'elle eut 
                     même oublié tout à 
                     fait qu'elle estoit la 
                     plus mal-heureuse 
                     femme du monde si 
                     
                     
                     
                     
                     48
                     
                     le Comte ne fût venu luy-mesme pour 
                     l'en faire ressouvenir. 
                     Comme il avoit passé six mois parmy le 
                     sang & le carnage, il 
                     n'avoit point appris 
                     à devenir plus traittable. Au contraire 
                     il revint plus fascheux & plus farouche qu'il n'estoit auparavant. Il estoit jaloux sans sçavoir le 
                     sujet de sa jalousie. Il 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     49
                     
                     avoit l'ame pleine de 
                     soupçons sans s'arréter nulle part, parce que la Comtesse étoit innocente. Mais 
                     enfin ils tomberent  
                     sur la personne du 
                     monde pour qui elle 
                     avoit le moins apprehendé.
                  
                  
                  Entre tous les presens que le Comte 
                     luy avoit faits en l'épousant, il luy avoit 
                     donné un page dont 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     50
                     
                     la bonne mine & l'esprit estoient l'admiration de tous ceux 
                     qui le connoissoient. 
                     Son pere s'appelloit 
                     Massauve, il estoit 
                     François, & d'une 
                     ancienne famille de 
                     la ville de Montpellier. Par quelque caprice de son destin il 
                     se maria en Lorraine, & s'attacha au 
                     service des plus proches parens de la 
                     
                     
                     
                     
                     51
                     
                     Comtesse. Lorsqu'elle se maria Madame 
                     de Fustembourg presenta le plus jeune 
                     des fils de Massauve au Comte d'Isembourg, qui le trouvant extrémement 
                     bien fait le donna 
                     pour Page à la Comtesse sa femme. Ce 
                     Page devint en peu 
                     de temps fort accomply. Il estoit sage, adroit, respec
                     
                     
                     
                     
                     52
                     
                     tueux, fidelle ; & la 
                     Comtesse prenoit en 
                     luy une confiance 
                     entiere. Mais ce qui 
                     devoit faire en partie sa consolation devint la source de tous 
                     ses malheurs.
                  
                  
                  Ce Page parust 
                     trop beau aux yeux 
                     du Comte. Sa jeunesse & sa bonne grace 
                     le menaçoient sans 
                     cesse à son avis d'une 
                     secrete intelligence 
                     
                     
                     
                     
                     53
                     
                     avec les charmes de 
                     la Comtesse, & il ne 
                     pouvoit pas se persuader que deux jeunes cœurs peussent 
                     estre si prés l'un de 
                     l'autre sans s'embrazer. 
                  
                  
                  Dés que les soupçons incertains du 
                     Comte se furent ainsi arrêtez sur le jeune 
                     Massauve, ils éclaterẽt avec tant d'emportement que la 
                     
                     E iij
                     
                     
                     
                     
                     54
                     
                     Comtesse crut que 
                     le premier jour de 
                     cette jalousie seroit 
                     le dernier de la vie de 
                     son Page ; cette crainte jointe au juste ressentiment qu'elle avoit d'un traitement 
                     si injurieux la fit resoudre à prévenir les 
                     suites d'un mal qui 
                     pouvoit devenir funeste à son honneur 
                     dans l'estime des 
                     hommes qui ne se 
                     
                     
                     
                     
                     55
                     
                     donnent pas toûjours la peine d'examiner l'injustice d'un 
                     vieux mari à l'égard 
                     d'une jeune femme. 
                     Pour cet effet ne prenant conseil que de 
                     sa seule innocence ; 
                     elle le va trouver & 
                     laissant agir tout son 
                     air de douceur & de 
                     Majesté ; elle luy reproche ses caprices 
                     avec toute la fermete d'une ame qui se 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     56
                     
                     sent incapable de 
                     commettre un crime ; elle luy fait voir 
                     le peu de fondement 
                     de sa rage ; elle luy 
                     en exaggere l'injustice & la violence, & 
                     s'offre à la faire cesser par toutes les 
                     voyes qu'il voudra 
                     luy prescrire.
                  
                  
                  C'est une étrange 
                     fureur que la jalousie. Elle empoisonne 
                     tout ce qu'on fait 
                     
                     
                     
                     
                     57
                     
                     pour la guerir. La 
                     justification de la 
                     Comtesse acheva de 
                     la perdre dans l'esprit de son vieux mari, & il ne peut pas se 
                     persuader qu'elle ne 
                     fût coupable, puis 
                     qu'elle prenoit tant 
                     de soin de paroître 
                     innocente.
                  
                  
                  Il n'est pas difficile de juger combien 
                     cette nouvelle injustice luy fit de 
                     
                     
                     
                     
                     58
                     
                     peine, elle sentit renouveller toutes ses 
                     douleurs, & peutestre qu'elle en eust 
                     esté accablée si Massauve & Delmas une 
                     de ses filles en qui elle se confioit beaucoup ne luy eussent 
                     donné un expedient 
                     que mille experiences ont fait trouver 
                     infaillible en de pareilles occasions. Ce 
                     fut de faire entre
                     
                     59
                     
                     voir au Comte que 
                     la Comtesse avoit un 
                     autre Amant, & détourner par cette 
                     adresse le cours de sa 
                     jalousie.
                  
                  
                  Le Prince François de Lorraine, 
                     Doyen de Cologne, 
                     estoit effectivement 
                     amoureux de la 
                     Comtesse. Mais il 
                     l'aimoit avec tant 
                     de discretion que 
                     personne n'avoit en
                     
                     60
                     
                     core penetré son secret. Il n'est pas malaisé de vaincre la retenuë d'un jeune 
                     cœur fort amoureux. 
                     La Comtesse par mille petites manieres 
                     galantes & enjoüées 
                     qui ne l'engageoient 
                     à rien, rendit le Prince de Lorraine indiscret, la joye qu'elle 
                     luy donna le troubla 
                     tellement qu'il n'eut 
                     plus la force de ca
                     
                     61
                     
                     cher sa passion, non 
                     pas mesme au Comte d'Isembourg, qui 
                     croyant avoir une 
                     penetration admirable & sortir de la 
                     plus grande erreur 
                     du monde, cessa d'être jaloux du Page, 
                     & le devint effectivement du Doyen 
                     de Cologne. Comme cét Amant luy 
                     faisoit moins de honte & qu'il y avoit plus 
                     
                     
                     
                     
                     62
                     
                     d'apparence que la 
                     Comtesse aimât un 
                     Prince, qu'un Page, 
                     il s'abandonna sans 
                     resistance à tout ce 
                     qu'il plut à cette jalousie de luy faire 
                     sentir. La Comtesse 
                     n'aimoit ny le Page ny le Prince, mais 
                     son innocence l'empeschant de ne rien 
                     craindre pour elle, 
                     & le Prince de Lorraine n'estant pas ex
                     
                     63
                     
                     posé à la colere du 
                     Comte comme Massauve, elle s'applaudissoit en secret de 
                     l'estat où elle avoit 
                     mis les choses.
                  
                  
                  Le vieux Comte 
                     qui souffroit toutes 
                     les injures de l'air & 
                     toutes les fatigues 
                     de la guerre sans se 
                     plaindre feignoit d'être malade dés qu'il 
                     arrivoit à Cologne à 
                     la fin de la campa
                     
                     64
                     
                     gne. La Comtesse ne 
                     bougeoit de sa chambre & il falloit malgré luy qu'il y vit souvent le Prince de 
                     Lorraine. Sa naissance & sa dignité ne 
                     luy permettant pas 
                     de luy faire les mauvais tours qu'il faisoit à d'autres. La 
                     Comtesse n'avoit la 
                     liberté de sortir que 
                     pour aller aux Carmelites visiter une 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     65
                     
                     sainte Religieuse qui 
                     prenoit mille soins 
                     pour sa consolation ; 
                     c'estoit une fort belle & fort spirituelle 
                     personne, dont Henry Prince d'Orange 
                     avoit esté extremement amoureux : apres qu'elle eut fait 
                     tous les efforts possibles pour le guerir 
                     d'une passion qu'elle 
                     ne pouvoit approuver, elle s'échapa se
                     
                     
                     
                     
                     66
                     
                     cretement & s'alla 
                     jetter dans la ville de 
                     Grol sous la domination du Roy d'Espagne. Vne action si 
                     belle redoubla l'estime & la tendresse du 
                     Prince, & son amour 
                     luy faisant trouver 
                     des pretextes de guerre assez specieux, il 
                     fit comprendre aux 
                     Hollandois que l'assiete de la ville de 
                     Grol coûtoit de gran
                     
                     67
                     
                     des contributions au 
                     Duché de Gueldres, 
                     & à toute la Frise avec l'entretien de 
                     huit mille Hollandois pour empescher 
                     les courses de la Garnison de cette Place. 
                     L'avis du Prince d'Orange fut suivi. Grol 
                     fut assiegé & bientost reduit à se rendre2. Dans la prise 
                     d'une Ville tous les 
                     crimes semblent per
                     
                     
                     
                     
                     68
                     
                     mis. Ce jeune Prince victorieux avoit 
                     resolu d'enlever sa 
                     Maîtresse, mais elle 
                     luy parla avec tant 
                     d'esprit & d'une maniere si forte & si touchante, que ce Prince 
                     devint tout d'un 
                     coup respectueux & 
                     moderé : Neanmoins 
                     cette sage fille craignant toûjours quelque retour des sentimens impetueux du 
                     
                     
                     
                     
                     69
                     
                     Prince, s'enfuit derechef dans les Carmelites de Cologne, 
                     c'est-là qu'elle consoloit la Comtesse 
                     d'Isembourg : elle 
                     sçavoit toutes les intrigues des Seigneurs 
                     de Flandres & de la 
                     Cour du Prince d'Orange, & divertissant 
                     la Comtesse par mille contes agreables 
                     elle luy faisoit mieux 
                     goûter ce qu'elle luy 
                     
                     
                     
                     
                     70
                     
                     disoit en suite de solide.
                  
                  
                  Pour donner quelque soulagement à la 
                     captivité de la Comtesse, le Ciel permit 
                     que l'Infante Isabelle, Claire, Eugenie, 
                     qui gouvernoit les 
                     Païs bas, pria le Comte d'Isembourg de 
                     trouver bon que sa 
                     femme allât tenir à 
                     sa place & faire baptiser à son nom un 
                     
                     
                     
                     
                     71
                     
                     enfant du Duc de 
                     Neubourg. Il y consentit parce qu'il n'osa pas le refuser : & 
                     comme sa mere avoit esté tendrement aimée de l'Infante, il donna un 
                     train magnifique à 
                     la Comtesse, & luy 
                     fit faire tant de liberalitez que l'Infante 
                     mesme n'en eut pas 
                     fait davantage. Le 
                     Duc de Neubourg 
                     
                     
                     
                     
                     72
                     
                     de son costé mit tout 
                     en usage pour divertir la Comtesse, il 
                     avoit des troupes sur 
                     pied qu'il avoit partagées afin que le 
                     Prince son fils en 
                     commandât la moitié ; il voulut lui donner le plaisir d'une 
                     espece de combat. 
                     Le vieux Duc se mit 
                     à la teste de ses troupes, & le jeune Prince 
                     à la teste des siennes. 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     73
                     
                     Ils vinrent d'abord 
                     au combat comme 
                     on y vient dans un 
                     carrouzel, mais par 
                     quelque accident les 
                     soldats s'irriterent si 
                     fort les uns contre 
                     les autres qu'ils combattirent comme ennemis. Le Duc & son 
                     fils eurent toutes les 
                     peines du monde de 
                     les arrester. La Comtesse pensa mourir 
                     de frayeur & les Ale
                     
                     
                     
                     
                     74
                     
                     mands estant superstitieux, on crut d'abord que c'estoit un 
                     presage de la mauvaise intelligẽce qu'il 
                     y eut bien-tost apres 
                     entre le Duc & son 
                     fils, qui n'estoit pas 
                     content depuis que 
                     son pere avoit épousé en secondes nopces la fille du Duc des 
                     deux Ponts.
                  
                  
                  Cependant la guerre duroit toûjours, & 
                     
                     
                     
                     
                     75
                     
                     le Comte d'Isembourg estoit trop attaché au service de 
                     l'Empereur pour mãquer de se rendre à 
                     l'Armée au commencement de la campagne. Ainsi le Printemps faisoit renaître les innocens plaisirs de la Comtesse, 
                     & l'Hyver luy ramenoit son vieux mary 
                     plus bizarre & plus 
                     terrible que lors qu'il 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     76
                     
                     estoit party. Ses 
                     injustes soupçons 
                     s'étoient renouvelez 
                     contre le jeune Massauve, quoy que n'étant plus Page il le 
                     suivit toûjours à 
                     l'armée.
                  
                  
                  La Comtesse avoit 
                     naturellement une 
                     si grande crainte de 
                     la mort que jamais 
                     personne ne l'a tant 
                     apprehendée, elle faisoit de grand cris 
                     
                     
                     
                     
                     77
                     
                     dés qu'elle entendoit 
                     sonner les cloches 
                     pour un enterremẽt, 
                     & ne paroissoit jamais satisfaite que 
                     lors qu'elle estoit 
                     pleinement instruite 
                     de la maladie & de la 
                     mort de celuy qu'on 
                     alloit enterrer. Elle 
                     apprit un jour que 
                     trois personnes étoient mortes d'une 
                     mesme maladie, & 
                     qu'un de ses domes
                     
                     
                     
                     
                     78
                     
                     tiques en estoit attaqué ; Il ne luy en fallut pas davantage 
                     pour luy faire quitter 
                     Cologne, elle s'enfuit d'abord dans 
                     un Chasteau d'une 
                     Dame de ses amies, 
                     & cette mesme nuit 
                     le Prince de Lorraine arriva dans ce 
                     Château. La Comtesse se troublant de 
                     cette avanture, luy 
                     demanda dés qu'il 
                     
                     
                     
                     
                     79
                     
                     parut, qu'est-ce qui 
                     pouvoit l'avoir amené à cette heure en ce 
                     lieu. Mais, vous mesme, Madame, luy ditil, feignant d'estre 
                     aussi surpris que la 
                     Comtesse paroissoit 
                     interdite, que faitesvous icy ? Ie fuis la 
                     mort, reprit-elle, qui 
                     ravage tous dans la 
                     ruë que j'habite à 
                     Cologne, & j'ay 
                     choisi ce lieu parce 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     80
                     
                     que l'air y est bon & 
                     pur, deux de mes 
                     domestiques sont 
                     morts de mesme aujourdh'uy. Madame, 
                     respondit le Prince, 
                     ma maison est infectée, toute la ville 
                     de Cologne le va 
                     devenir, je crains la 
                     mort comme vous, 
                     adjoûta-t'il en riant, 
                     & je suis venu dans 
                     ce lieu connoissant 
                     la pureté de l'air que 
                     
                     
                     
                     
                     81
                     
                     l'on y respire. Ah ! 
                     Prince, luy dit-elle, 
                     il faut vous en retourner, vous sçavez 
                     à quels égards m'engage le chagrin que 
                     le Comte d'Isembourg a contre vous. 
                     Quoy, Madame, repliqua le Prince en 
                     riant, toûjours j'irois mourir à Cologne pour faire plaisir au Comte d'Isembourg, vous me dis
                     
                     82
                     
                     penserez s'il vous 
                     plaist de cette obeïssance. La Comtesse 
                     eut beau parler, le 
                     Prince ne répondoit 
                     qu'en plaisantant à 
                     tout ce qu'elle luy 
                     disoit de serieux. La 
                     maîtresse du logis & 
                     deux de ses amies qui 
                     l'estoient aussi du 
                     Prince de Lorraine 
                     la determinerent à 
                     souffrir de bonne 
                     grace ce qu'elle ne 
                     
                     
                     
                     
                     83
                     
                     pouvoit éviter, puis 
                     qu'elle avoit renvoyé son équipage, 
                     & que le Prince ne 
                     luy auroit pas asseurément presté le sien. 
                     Il se rendit donc galamment le maistre 
                     de cette maison, & 
                     durãt huit jours l'on 
                     ne vit que ses Officiers qui traiterent la 
                     Comtesse & les autres Dames avec une 
                     magnificence prodigieuse.
                  
                  
                  
                  
                  84
                  
                  
                  
                  C'estoit sur la fin 
                     de d'Esté. Le Comte 
                     d'Isembourg arriva 
                     bien-tost de l'Armée, & son retour 
                     troubla toutes les 
                     festes. Il avoit des 
                     gens gagez pour luy 
                     rendre compte de la 
                     conduite de sa femme, qui ne manquerent pas de luy dire 
                     cette absence de huit 
                     jours avec toutes ses 
                     circonstances. Ia
                     
                     85
                     
                     mais la rage n'a inspiré de mouvemens si 
                     violens. Le Comte 
                     forma déslors le dessein de faire mourir 
                     sa femme, il n'avoit 
                     point d'enfans & l'espoir qui luy restoit 
                     encore d'en avoir 
                     combattoit quelquefois ce noir dessein. Il ne voulut pas 
                     demeurer dans l'irresolution. Il consulta 
                     les Medecins qui fi
                     
                     86
                     
                     rent prendre des remedes à la Comtesse si opposez à son 
                     temperament qu'elle 
                     en a esté incommodée toute sa vie, mais 
                     comme cela ne le 
                     contentoit pas il la 
                     fit déguiser un jour, 
                     & se déguisant luymesme sans luy rien 
                     dire de son dessein, il 
                     la mena chez un habile Iuif qui se m'éloit de prédire l'ave
                     
                     87
                     
                     nir, & qui sans les 
                     connoistre leur declara qu'ils n'auroient jamais d'enfans. Ils s'en consolerent tous deux, la 
                     Comtesse parce qu'elle crût qu'on ne la 
                     tourmenteroit plus 
                     par des remedes, & 
                     le Comte par ce qu'il 
                     pouvoit la faire mourir sans regret. Dés 
                     le lendemain il ne 
                     luy parla plus que de 
                     
                     
                     
                     
                     88
                     
                     fer & de prison. Il 
                     sçavoit avec quelle 
                     foiblesse la Comtesse craignoit la mort, 
                     & sa rage n'eust pas 
                     esté satisfaite si elle 
                     l'eust soufferte sans 
                     la prévoir.
                  
                  
                  Vn jour qu'il la 
                     regardoit d'une maniere où la Comtesse crût d'entrevoir 
                     quelque chose de 
                     moins farouche qu'à 
                     son ordinaire. Elle 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     89
                     
                     luy demanda avec 
                     une douceur capable 
                     de toucher le plus 
                     barbare de tous les 
                     hommes. Qu'est-ce 
                     qu'elle voyoit dãs ses 
                     yeux de moins menaçãt que de coûtume. 
                     C'est que je vous 
                     trouve fort belle aujourd'huy, luy ditil, & que je prends 
                     plaisir de m'imaginer 
                     en vous regardant 
                     que quand il me plai
                     
                     
                     
                     
                     90
                     
                     ra vous ne serez plus 
                     qu'un objet d'horreur. Quoy que les 
                     termes fussent assez 
                     intelligibles, & qu'il 
                     ne fut pas mal-aisé 
                     de donner dans le 
                     sens du Comte, la 
                     Comtesse ne penetra 
                     pas d'abord cette réponse. Son esprit 
                     quelque éclairé qu'il 
                     fut, ne comprit pas 
                     ce qu'elle avoit d'effroyable : Et par 
                     
                     
                     
                     
                     91
                     
                     quel art magique,  
                     luy dit-elle en riant, 
                     me pouvez-vous 
                     oster tout d'un coup 
                     le peu de beauté 
                     que le Ciel m'a donnée, & usurper le 
                     droit du temps qui 
                     mesme n'a le pouvoir que de me l'ôter peu à peu ? Mou 
                     art est seur, reprit le 
                     Comte, j'ay plus 
                     d'un secret pour ce
                     
                     
                     
                     
                     92
                     
                     la ; mais je vous traiteray en femme de 
                     qualité. Ie ne me servirai que d'une poudre de Diamans qui 
                     donne une colique 
                     toute faite comme 
                     celle qui fit mourir 
                     dans deux heures 
                     Caroline d'Aremberg ma premiere 
                     femme Ah ! Ciel, 
                     s'écria la Comtesse, 
                     qui le comprit enfin, 
                     
                     
                     
                     
                     93
                     
                     garantissez-moy 
                     des cruels desseins de 
                     cet inhumain, & sortant precipitamment 
                     de la chambre du 
                     Comte elle courut 
                     dans la sienne s'abandonner à la plus 
                     juste de toutes les 
                     douleurs.
                  
                  
                  Massauve luy estoit 
                     toûjours fidelle, & 
                     Delmas n'estoit pas 
                     moins dans ses interests aprés un tor
                     
                     94
                     
                     rent de larmes, elle 
                     leur apprit ce que le 
                     Comte venoit de luy 
                     dire, qu'il luy avoit 
                     avoüé qu'il avoit 
                     empoisonné sa premiere femme, & qu'il 
                     l'avoit menacée d'un 
                     pareil traitement : Et  
                     là dessus s'abandonnant derechef à ses 
                     larmes, elle disoit des 
                     choses si touchantes 
                     que le Comte mesme auroit eu de la 
                     
                     
                     
                     
                     95
                     
                     peine à n'en estre pas 
                     attendry.
                  
                  
                  Massauve & Delmas touchez du malheur de leur Maîtresse luy conseillerent 
                     d'écrire à Mesdames 
                     de Bade & de Furstemberg de la vouloir secourir & la retirer des mains du 
                     Comte, ce qu'elle 
                     fit. Mais on est toûjours coupable quãd 
                     on est jeune & belle, 
                     
                     
                     
                     
                     96
                     
                     & que l'on a un vieux 
                     mary. Les sœurs de 
                     la Comtesse la condamnerent, & Madame de Furstemberg sçavante & spirituelle s'attacha à 
                     luy prouver par bonnes raisons qu'elle avoit tort; qu'une jeune & honneste femme ne devoit jamais 
                     quitter son mary, 
                     qu'elle n'avoit rien 
                     à craindre par cet
                     
                     
                     
                     
                     97
                     
                     te maxime generale 
                     que l'on ne menace 
                     point d'un mal qu'on 
                     veut faire, & que puis 
                     que le Comte parloit de poison, il falloit conclurre qu'il 
                     ne songeoit pas à en 
                     donner.
                  
                  
                  Toutes ces raisons 
                     ne rasseurerent pas la 
                     Comtesse. Elle avoit 
                     incessament devant 
                     les yeux l'image de 
                     cette mort qu'elle 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     98
                     
                     craignoit tant, & 
                     n'ayant plus d'esperance qu'en la fidelité de Massauve elle 
                     l'obligea d'écrire à 
                     un de ses freres qui 
                     étoit plus âge que lui 
                     & qui commandoit 
                     en Lorraine le Regiment de Vaubecourt 
                     depuis la mort de son 
                     pere, de d'en venir 
                     incessamment pour 
                     une affaire de la derniere consequence. Il 
                     
                     
                     
                     
                     99
                     
                     avoit esté Page du 
                     feu Prince de Hohenzollern, & la 
                     Comtesse ne doutoit 
                     pas qu'il n'entrast 
                     dans ses interests aussi bien que son pere. 
                     En effet Massauve 
                     l'aisné se rendit à 
                     Cologne en diligence, & aprés avoir esté 
                     instruit par son frere, 
                     feignant d'avoir une 
                     méchante affaire sur 
                     les bras, il demanda 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     100
                     
                     refuge au Comte d'Isembourg qui le luy 
                     accorda de bonne 
                     grace. Il n'eust pas 
                     plûtost appris le détail des avantures de 
                     la Comtesse, qu'il partagea d'abord toutes 
                     ses craintes avec elle, il n'oublia rien 
                     pour sa seureté, & 
                     ces deux freres ayant 
                     gagné les Officiers 
                     du Comte ne manquoient jamais de 
                     
                     
                     
                     
                     101
                     
                     faire faire l'essay de 
                     certaines viandes dõt 
                     la Comtesse mangeoit lorsqu'ils luy 
                     avoient fait signe 
                     qu'elle pouvoit le faire avec asseurance. 
                     Massauve l'aisné lia 
                     une si étroite amitié 
                     avec un des valets de 
                     chambre du Comte, que ce Prince ne 
                     pouvoit plus rien faire que Massauve n'en 
                     fut averti. Il sçavoit 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     102
                     
                     par là ses plus secretes 
                     pensées, & son ami 
                     luy en rendoit un si 
                     bon compte que la 
                     Comtesse n'ignoroit 
                     plus rien de ce qui se 
                     passoit sur son sujet 
                     dans l'ame de son 
                     vieux mary. Il luy 
                     bailla même un jour 
                     un papier qu'il disoit 
                     avoir trouvé dans la 
                     poche d'un habit que 
                     son Maistre avoit 
                     quitté. Ce papier en
                     
                     103
                     
                     fermoit quelque poudre. Massauve la montra à la Comtesse, & 
                     cette jeune Princesse 
                     en qui la crainte de la 
                     mort fit ce qu'elle a 
                     coûtume de faire 
                     dans les ames les plus 
                     timides, ne doutant 
                     pas que ce ne fût cette poudre de diamans 
                     dont le Comte l'avoit menacée, declara dés ce moment 
                     aux deux Massauves 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     104
                     
                     qu'elle vouloit absolument quitter le 
                     Comte & s'en aller 
                     dans quelque Royaume étranger s'ils avoient assez d'attachement pour elle 
                     pour l'y vouloir conduire. Ils s'engagerent à tout ce qu'elle 
                     voulut. Ils la fortifierent mesme dans un 
                     dessein si surprenant 
                     & si dangereux, & 
                     l'on ne songea plus 
                     
                     
                     
                     
                     105
                     
                     qu'à l'executer dés 
                     que le Comte seroit 
                     party pour l'Armée. 
                     Cependant la Comtesse envoya consulter l'Vniversité de 
                     Doüay. Massauve 
                     qu'elle employoit à 
                     tout la servit si utilement en cette affaire qu'il luy aporta 
                     un ample avis de cette Faculté pour aller 
                     avec toute seureté de 
                     conscience éviter la 
                     
                     
                     
                     
                     106
                     
                     mort en tel endroit 
                     du monde qu'elle 
                     voudroit.
                  
                  
                  Le Comte en partant la menaça de 
                     son retour, & la Comtesse crût positivement tout ce qu'il lui 
                     dit. Le jeune Massauve fut obligé de partir avec le Comte 
                     pour l'Armée & son 
                     frere alla en Lorraine pour faire avancer quelques Com
                     
                     107
                     
                     pagnies de son Regiment sur la frontiere 
                     afin d'escorter la 
                     Comtesse. Mais sa resolution s'affoiblissoit par l'absence du 
                     Comte, & dés qu'elle ne le voyoit plus, 
                     elle oublioit tout de 
                     luy jusques à sa fureur. Elle se seroit divertie de nouveau à 
                     Cologne, si le jeune 
                     Massauve ne fut venu 
                     déguisé en pauvre l'a
                     
                     108
                     
                     vertir que le Comte 
                     ayant receu quelques 
                     nouveaux avis contre elle alloit quitter 
                     l'Armée & revenoit 
                     infailliblement pour 
                     la faire mourir. Ils 
                     arresterent le jour de 
                     leur fuite, & ils en 
                     donnerẽt avis à Massauve qui n'estoit pas 
                     encore de retour, & 
                     qui ne manqua pas  
                     de venir au devant 
                     de la Comtesse. Il 
                     
                     
                     
                     
                     109
                     
                     leur fut aisé d'emporter de grandes richesses, puisque tout 
                     ce qu'il y avoit de precieux dãs le Château 
                        d'Isembourg avoit 
                     esté transporté à Cologne. Toute la vaisselle d'argent étoit 
                     entre les mains de la 
                     Comtesse, & outre 
                     quantité de pierreries, elle avoit encore 
                     beaucoup d'argent.
                  
                  
                  L'on chargea deux 
                     
                     
                     
                     
                     110
                     
                     charriots & quatre 
                     mulets que l'on fit 
                     partir secretement,  
                     & la Comtesse feignant d'aller à quelque lieu de devotion 
                     se determina à la 
                     chose du monde la 
                     plus étrange par la 
                     crainte de la mort & 
                     par le cõseil des Massauves dont la fidelité ne pouvoit luy être suspecte, puisqu'elle les voyoit at
                     
                     111
                     
                     tachez à ses interests 
                     au milieu de ses disgraces. Elle connoissoit si peu l'importance de ce qu'elle 
                     alloit faire qu'elle 
                     dormoit tranquillement lorsque le jeune Massauve & Delmas vinrent l'avertir 
                     qu'il falloit partir. Elle s'y resolut, & pour 
                     mieux cacher son dessein elle sortit de chez 
                     elle en coiffure de 
                     
                     
                     
                     
                     112
                     
                     nuit & en mulle de 
                     chambre. Son carrosse l'attendoit à une 
                     des portes de la Ville. Dés qu'elle y fut 
                     arrivée elle s'y jetta 
                     avec Delmas, & le 
                     jeune Massauve monta à cheval pour les 
                     conduire à l'endroit 
                     ou quelques domestiques de la Comtesse, cinq ou six gardes 
                     du Comte que l'on 
                     avoit gagnez & Mas
                     
                     
                     
                     
                     113
                     
                     sauve l'aisné les attendoit avec cinquante soldats. Lorsque l'on s'apperceut 
                     à Cologne que c'étoit une fuite & non 
                     pas un voyage, les 
                     amis du Comte d'Isembourg firent un 
                     grand amas de gens 
                     & les separant en plusieurs bandes on alla 
                     de toutes parts pour 
                     chercher la Comtesse. Le second jour de 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     114
                     
                     
                     leur route les Massauves prirent garde 
                     qu'ils estoient poursuivis. Quelle fatalité ? Dans deux heures de chemin ils entroient dans les Estats 
                     d'un Comte Souverain où l'on ne pouvoit les arréter, & où 
                     Massauve l'aisné avoit disposé toutes 
                     choses pour leur seureté.
                  
                  
                  La Comtesse crai
                     
                     115
                     
                     gnant d'estre remenée à Cologne poussa des cris qui penetrerent toute l'ame 
                     du jeune Massauve. 
                     Son grand attachement pour elle & la 
                     veüe du peril inévitable qui l'a menaçoit luy fit d'abord 
                     former une resolution digne de sa fidelité & de son courage. Il s'approche du 
                     carrosse & pour ras
                     
                     
                     
                     
                     116
                     
                     seurer la Comtesse. 
                     Ne craignez rien, Madame, luy dit-il, j'exposeray ma vie pour 
                     garantir la vôtre. 
                     Fuyez avec mon frere, tandis qu'avec 
                     nos gens & quelquesuns de ses soldats je 
                     tiendray ferme contre ceux qui vous 
                     poursuivent, & vous 
                     donneray le temps 
                     de vous dérober à 
                     leur veuë. Le trouble 
                     
                     
                     
                     
                     117
                     
                     de la Comtesse redoublant par la resolution de Massauve. Non, non, s'écria-elle, nous vivrons ou nous mourons ensemble, fuyõs 
                     tous le plus viste qu'il 
                     nous sera possible, & 
                     si nous ne pouvons 
                     l'éviter vous combattrez tous à mes 
                     yeux. Ne craignez 
                     rien pour moy, Madame, reprit-il, je 
                     
                     
                     
                     
                     118
                     
                     vaincray & vous me 
                     reverez bien-tost. 
                     A ces mots aprés l'avoir pourtant regardée comme s'il eut 
                     crû de ne la revoir jamais, il fit signe au 
                     cocher de la Comtesse d'aller fort viste, 
                     & courant embrasser son frere. Ah ! luy 
                     dit-il, sauvez la Princesse, ne l'abandonnez jamais, & sur 
                     tout, mon chere fre
                     
                     119
                     
                     re, traittez-la toûjours en personne de 
                     sa qualitê. A ces mots 
                     tournant son cheval 
                     & animant à plusieurs fois tous ses 
                     gens par sa Voix & 
                     par ses regards, il se 
                     mit en estat de disputer le passage d'un 
                     chemin assez étroit 
                     & assez difficile à prés 
                     de cent cavaliers qui 
                     les poursuivoient. 
                  
                  
                  Sans vouloir faire 
                     
                     
                     
                     
                     120
                     
                     un recit de Roman 
                     d'un combat veritable que toute l'Alemagne & toute la  
                     France ont sceu. Il 
                     est certain que le  
                     jeune Massauve fit 
                     des actions d'une valeur prodigieuse. Il 
                     tua plusieurs hommes de sa main, il  
                     combatit à genoux 
                     aprés que son cheval 
                     eût esté tué sous luy. 
                     Ses soldats animez 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     121
                     
                     par son exemple témoignerent un courage extraordinaire, 
                     & si les gardes du 
                     Comte ne l'avoient 
                     lâchement abandonné, le vaillant Massauve eut vaincu 
                     malgré l'inégalité du 
                     combat : mais enfin 
                     accablé par le nombre de ses ennemis, il 
                     mourut percé d'une 
                     infinité de coups. On 
                     ne s'amusa point à 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     122
                     
                     poursuivre la Comtesse, on connut bien 
                     qu'avant qu'on pût 
                     la joindre elle seroit 
                     en seureté ; l'on mit 
                     sur un cheval le corps 
                     sanglant du jeune 
                     Massauve, afin que 
                     par cette veuë le 
                     Comte pût assouvir 
                     son ressentiment. Il 
                     en fut si contant que 
                     quoy qu'il arrivât de 
                     l'Armée peu de jours 
                     aprés, il ne se soucia 
                     
                     
                                        
                     
                     123
                     
                     plus de la fuite de sa 
                     femme, & depuis ce 
                     jour jusques à sa 
                     mort il ne prononça 
                     plus ny le nom de 
                     Massauve, ny celuy 
                     de la Comtesse.  
                  
                  
                  Les chariots & les 
                     mulets furent pris, & 
                     l'infortunée Comtesse n'eut pour tout 
                     biens que ses pierreries. Cependant Massauve l'aisné malgré 
                     ses cris & ses larmes 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     124
                     
                     la faisoit éloignér avec une vîtesse extréme. Ah! Massauve luy crioit-elle à 
                     tout moment, arrétons-nous vôtre frere est mort, ou prisonnier & je suis la 
                     cause de son infortune. Des torrens de 
                     larmes suivoient les 
                     tristes pressentimens 
                     de la Comtesse, mais 
                     il fallut bien-tost 
                     pleurer pour un mal
                     
                     125
                     
                     heur certain. Vn valet échapé du combat les joignit dans 
                     leur route. La Comtesse le reconnut d'assez loin, & luy criant 
                     de toute sa force où 
                     est Massauve, elle fit 
                     connoître la part 
                     qu'elle prenoit à ce 
                     qu'il estoit devenu. 
                     Celuy-cy ne croyant 
                     pas qu'il falut luy déguiser une chose 
                     qu'elle luy manque
                     
                     
                     
                     
                     126
                     
                     roit pas d'apprendre, 
                     luy avoüa ingenûment qu'il estoit 
                     mort. La Cõtesse s'évanoüit à cette nouvelle, & aprés estre 
                     un peu revenuë, elle 
                     dit tout ce que la 
                     douleur la plus violente put faire dire, 
                     & rendit par là Massauve plus sensible au 
                     pitoyable destin de 
                     son frere. Il est certain qu'elle n'auroit 
                     
                     
                     
                     
                     127
                     
                     point quitté le Comte d'Isembourg pour 
                     l'amour du jeune 
                     Massauve, quoy que 
                     la médisance l'ait 
                     ainsi publié, la seule 
                     crainte de la mort avoit causé sa fuite ;  
                     mais peut-estre eûtelle attendu constamment cette mort 
                     si elle n'avoit crû 
                     trouver en luy un 
                     guide respectueux & 
                     fidele qui pouvoit la 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     128
                     
                     consoler de ce qu'elle abandõnoit. Peuton s'imaginer un état 
                     plus pitoyable que 
                     celuy où se trouvoit 
                     alors la Comtesse. 
                     Dés que les premiers 
                     transports de sa douleur furent un peu 
                     calmez, elle réva 
                     quelques momens, & 
                     puis se tournant vers 
                     Massauve, tous mes 
                     desseins changent,  
                     luy dit-elle, par la 
                     
                     
                     
                     
                     129
                     
                     mort de vôtre frere, 
                     il me faut remener à 
                     Cologne, je ne crains 
                     plus la mort, & je me 
                     sens assez de courage 
                     pour aller soûtenir 
                     mon innocence & 
                     braver le Comte d'Isembourg. Massauve 
                     fremit à ce dessein, il 
                     en avoit de secrets 
                     qui ne s'accordoient 
                     pas avec celuy-la. Il 
                     estoit bien fait, il avoit de l'esprit sur 
                     
                     
                     
                     
                     130
                     
                     tout pour tromper & 
                     pour nuire. Il dit à 
                     la Comtesse que sa 
                     mort estoit inévitable si elle retournoit 
                     à Cologne, qu'il valoit bien mieux attendre en seureté celle du Comte d'Isembourg, que sa rage avanceroit peut-estre ; 
                     qu'elle pourroit par 
                     des manifestes instruire tout l'Alemagne des raisons de sa 
                     
                     
                     
                     
                     131
                     
                     fuite, & que le temps 
                     qui changeoit toutes choses changeroit aussi l'estat de sa 
                     fortune. L'on se laisse facilement persuader de vivre. Le conseil de Massauve parut bon, & la Comtesse s'abandonnant 
                     à ses soins, il fut conclud qu'ils iroient à  
                     Paris, Massauve jugeant que dans le tumulte & l'embarras 
                     
                     
                     
                     
                     132
                     
                     de cette grande Ville ils seroient mieux 
                     cachez qu'en lieu du 
                     monde. Mais il fit arréter quelque temps 
                     la Cõtesse à Rheims, 
                     tandis qu'il fut à la 
                     Cour de France où il 
                     obtint secretement  
                     un passe-port du feu 
                     Roi Loüis XIII
                  
                  
                  Lorsqu'ils furent arrivez à Paris Massauve prit le nom de Mesplets & la Comtesse 
                     
                     
                     
                     
                     133
                     
                     passoit pour sa sœur. 
                     Comme elle n'a jamais pû se resoudre 
                     de vivre obscurement, elle vendit 
                     des pierreries pour 
                     fournir à une grande 
                     dépense. Elle parloit 
                     assez bien François 
                     & n'affectant point 
                     de se cacher, on ne 
                     soupçonna point 
                     qu'elle ne fut pas ce 
                     qu'elle semboit être. 
                     Quoy que le souve
                     
                     134
                     
                     nir de sa qualité & de 
                     la mort du jeune 
                     Massauve la troublât 
                     extremement, elle fit 
                     des connoissances agreables pendant son 
                     sejour à Paris, mais 
                     un accident bizarre 
                     pensa gaster tout le 
                     mistere.
                  
                  
                  Elle estoit à la promenade dans un jardin d'une Dame de 
                     ses amies avec plusieurs personnes. Sur 
                     
                     
                     
                     
                     135
                     
                     le soir toute la compagnie se ramassa 
                     dans un cabinet, & 
                     comme la conversation tombe souvent  
                     sur les choses que l'on 
                     a le moins preveuës, 
                     l'on vint à parler des 
                     avantures extraordinaires qui arrivent 
                     dans le monde. Y en 
                     peut-il avoir dit un 
                     homme de la troupe 
                     de plus surprenante 
                     que celle qui est arri
                     
                     136
                     
                     vée depuis peu en 
                     Alemagne à la Comtesse d'Isembourg. 
                     Mesplets trembla à 
                     ces mots & voulut 
                     changer de discours, 
                     mais la Comtesse qui 
                     brûloit d'envie de 
                     sçavoir ce que l'on 
                     disoit d'elle, prenant 
                     la parole, j'ay entendu parler de cette avanture, dit-elle à 
                     cét homme, mais  
                     comment la sçavez
                     
                     
                     
                     
                     137
                     
                     vous, ajoûta-t'elle. 
                     Alors cet homme 
                     pour luy obeïr luy 
                     raconta ses propres 
                     avantures avec de si 
                     noires couleurs qu'elle n'a jamais tant  
                     souffert. Il disoit que 
                     la Comtesse d'Isembourg n'avoit quitté 
                     le Comte son mary 
                     que pour aller inconnuë & vagabonde  
                     aimer sans contrainte le jeune Massauve 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     138
                     
                     par tout le monde. 
                     Que le Ciel l'avoit 
                     punie, qu'il avoit esté 
                     tué, & que chacune 
                     des cinq sœurs de la 
                     Comtesse ayant envoyé de toutes parts 
                     sans apprendre de ses 
                     nouvelles, on ne doutoit point que Massauve l'ainé aprés s'être saisi de ses pierreries & de son argent 
                     ne l'eut jettée dans 
                     quelque riviere. Cõ
                     
                     139
                     
                     me la Comtesse étoit 
                     extremement enjoüée, cette derniere 
                     particularité luy fit 
                     faire un grand éclat  
                     de rire. Elle est donc 
                     noyée cette pauvre  
                     Comtesse, dit-elle, 
                     c'est dommage, elle 
                     n'estoit pas si coupable que vous pensez : 
                     I'ay sçeu son Histoire, d'un homme qui 
                     avoit esté à son service. En suite elle ra
                     
                     
                     
                     
                     140
                     
                     conta à la compagnie une avanture 
                     qu'elle sçavoit tresbien, mais avec tant 
                     de vehemence que  
                     Mesplets crût voir 
                     cent fois le moment 
                     où elle alloit se découvrir. Il avoit 
                     beaucoup d'adresse, 
                     & tâchoit de racommoder ce que la 
                     Comtesse gâtoit. Il 
                     tenoit le party du 
                     Comte d'Isembourg, 
                     
                     
                     
                     
                     141
                     
                     & il ne doutoit point, 
                     disoit-il, de la mort 
                     de la Comtesse, & 
                     que Massauve ne fut  
                     aux extremitez du 
                     monde.
                  
                  
                  Lorsque la Comtesse fut de retour  
                     dans sa chambre 
                     Mesplets voulant luy 
                     faire appercevoir respectueusemẽt le danger où elle s'estoit 
                     exposée. Quoy Mesplets, luy dit-elle, 
                     
                     
                      
                     
                     142
                     
                     vous voulez que l'on 
                     déchire en ma presence la Comtesse 
                     d'Isembourg, & que 
                     je ne la deffende pas ? 
                     La chose est cruelle, 
                     Madame, je l'avoüë, 
                     reprit-il ; mais enfin 
                     l'on trouve vostre 
                     Histoire plus divertissante de la maniere dont on la raconte ; & mille conversations comme celle   
                     d'aujourd'huy, & 
                     
                     
                     
                     
                     143
                     
                     mille manifestes cõme ceux que vous  
                     avez envoyez en Alemagne ne tourneront pas la chose autrement. S'il est ainsi, Mesplets, dit la  
                     Comtesse, & que je 
                     sois si injustement 
                     l'opprobre de l'Alemagne & de la France, cachez-moy dans 
                     quelque endroit du 
                     monde où je n'entende jamais pro
                     
                     144
                     
                     noncer mon nom. Ie 
                     veux quitter Paris,  
                     ajoûta-t'elle, aprés 
                     une profonde réverie Il faut Mesplets 
                     que vous alliez dans 
                     vôtre Province de 
                     Languedoc, que l'on 
                     dit estre un fort agreable païs, m'a 
                     chepter une maison 
                     solitaire, & dés que 
                     vous l'aurez mise en  
                     estat venez moy querir avec toute la dili
                     
                     
                     
                     
                     145
                     
                     gence que vous pourrez. C'estoit justement ce que Mesplets 
                     vouloit. Il estoit devenu amoureux de la  
                     Comtesse si-tost qu'il 
                     l'avoit veuë à Cologne, il avoit augmenté ses frayeurs & 
                     contribué à sa fuite, 
                     dans l'esperance que 
                     peut-estre un évenement si extraordinaire luy donneroit des 
                     avantages qu'il ne 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     146
                     
                     pouvoit jamais esperer dans le train reglé de la vie de la 
                     Comtesse. Il avoit 
                     pris la mort de son 
                     frere pour un heureux presage, & la 
                     resolution que formoit la Comtesse 
                     d'aller vivre seule avec luy dans un desert luy donna ces esperances qui le comblerent de joye. Il 
                     prit la poste. Il cher
                     
                     147
                     
                     cha dans tout le Languedoc & ne trouvant son compte 
                     nulle part, il achepta 
                     enfin un petit Château nommé la Longaigne situé au milieu d'un agreable 
                     bois, à une lieuë de 
                     la Ville d'Alby, & 
                     l'ayant meublé fort  
                     proprement il reprit  
                     la poste pour aller 
                     trouver la Comtesse 
                     à Paris. Ie n'ay point 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     148
                     
                     changé de dessein,  
                     Mesplets, luy dit-elle, dés qu'il l'approcha pour luy rendre  
                     compte de son voyage, partons le plus 
                     viste que nous pourrons, je meurs d'impatience d'estre loin 
                     d'icy, & je regarde 
                     le moment que je 
                     sortiray de la plus 
                     belle Ville du monde 
                     comme le commencement de mon bonheur.
 
                  
                  
                  
                  
                  149
                  
                  
                  
                  L'Albigeois est à  
                     deux cens lieuës de 
                     Paris, l'endroit par 
                     lequel la Comtesse  
                     vit la premiere fois 
                     ce petit païs contribua beaucoup à le 
                     luy faire aimer toute sa vie. Elle estoit 
                     fatiguée de la longueur d'un grand  
                     voyage que la difficulté des chemins avoit rendu tres-rude. 
                     La derniere journée 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     150
                     
                     avoit mesme esté 
                     plus fascheuse que 
                     les autres, parce que 
                     l'Albigeois du côté 
                     qu'elle l'aborda est 
                     borné par des montagnes. Elle n'avoit 
                     veu que des deserts 
                     & des landes lorsque 
                     tout d'un coup ces 
                     objets lassans, disparoissans à ses yeux 
                     elle apperceut la plus 
                     jolie vallée du monde. La diversité y est 
                     
                     
                     
                     
                     151
                     
                     merveilleuse.  Vne 
                     grande riviere la 
                     coupe en deux parties presque égales, 
                     ses-bords extremement élevez semblent des precipices 
                     & des abismes, mais 
                     la nature a reparé ce 
                     defaut, elle a planté 
                     des arbres tout le  
                     long du rivage qui 
                     s'élevant à une hauteur prodigieuse cachent ce que ces pre
                     
                     
                     
                     
                     152
                     
                     cipices ont de terrible. Lorsque par des 
                     sentiers commodes 
                     la Comtesse fut descenduë jusques au 
                     plus bas, elle fut surprise de trouver à  
                     mesme temps & en 
                     mesme lieu la solitude des forests, la 
                     verdure des prairies,  
                     la rusticité des troupeaux, & enfin tout 
                     ce qu'une humeur 
                     gaye ou mélãcolique 
                     
                     
                     
                     
                     153
                     
                     peut desirer pour son 
                     plaisir. Cette veuë surprenãte fit naître dãs 
                     son esprit un mélange de joye & de tristesse qu'elle ne pouvoit separer. Il y a  
                     sans doute un certain rapport secret & 
                     inconnu entre toutes les choses du 
                     monde qui fait qu'elles se réveillent mutuellement, & c'est 
                     par cette raison qu'à 
                     
                     
                     
                     
                     154
                     
                     
                     la vüe de ce païs, tout 
                     ce qui durant la vie 
                     de la Comtesse luy 
                     avoit donné du contentement ou de la  
                     douleur se presenta à  
                     elle & luy causa un 
                     trouble qui fut remarqué de Mesplets.  
                     Quel est ce trouble, 
                     Madame, luy dit-il, 
                     qui paroist sur vôtre 
                     visage. Tous les malheurs de vôtre vie n'y 
                     en ont jamais mis de 
                     
                     
                     
                     
                     155
                     
                     si grand. Y en-a-t'il 
                     quelqu'un qui me 
                     soit inconnu dont le 
                     souvenir fasse ce qu'il 
                     n'a pû faire luy-mesme ? Non Mesplets, 
                     reprit la Comtesse, 
                     ce n'est point le souvenir de quelque disgrace que Vous ne 
                     sçachiez pas qui cause mon agitation, 
                     mais en un moment 
                     tout ce qui m'est arrivé en ma vie de 
                     
                     
                     
                     
                     156
                     
                     doux & de fâcheux 
                     a repassé dans ma memoire. I'ay senti des 
                     mouvemens que j'ay 
                     voulu arrêter, la violence que je leur ay 
                     faite les a irritez, & 
                     vous en voyez paroître l'impression sur 
                     mon visage. Il est 
                     certain pourtant que 
                     mon cœur panche  
                     plus vers la joye que 
                     vers la douleur, & 
                     sans en sçavoir la rai
                     
                     157
                     
                     son je sens une tranquillité qui m'étoit inconnuë depuis 
                     long-temps. Ie ne 
                     sçay si c'est la beauté 
                     de ce que nous  
                     voyons qui la fait 
                     naître, ou si c'est le 
                     présage du repos que 
                     je dois goûter en ce 
                     lieu. Ie commence,  
                     Madame, répondit 
                     Mesplets, à sentir veritablement le bonheur que j'ay de pas
                     
                     158
                     
                     ser ma vie auprés de 
                     vous. Ie vous avouë 
                     que j'avois craint 
                     jusques icy que vous 
                     vous repentiriez d'avoir quitté Paris qui 
                     est le seul lieu de 
                     France qui a des 
                     charmes capables de 
                     vous arréter agreablement : j'apprehendois que vôtre esprit 
                     n'eut quelque retour 
                     vers ce lieu, & que 
                     vous voyant proche 
                     
                     
                     
                     
                     159
                     
                     du terme que vous 
                     vous estiez proposée 
                     vous n'y trouvassiez 
                     de nouvelles peines. 
                  
                  
                  Tandis que Mesplets parloit la Comtesse qui ne l'écoûtoit 
                     guere, regardoit avec plaisir que les 
                     prairies, les terres & 
                     les petits bois étoient 
                     si bien mélez qu'il 
                     sembloit que l'artifice eut fait ce que l'on 
                     ne peut attribuer qu'à 
                     
                     
                     
                     
                     160
                     
                     la nature. Les fontaines couloient par 
                     tout avec une abondance & une pureté, 
                     qui marquoient assez 
                     l'excellence de l'air 
                     de cét heureux climat. Enfin, Mada-, 
                     me, luy dit Mesplets, 
                     en luy montrant une 
                     maison parmy des 
                     arbres, voicy l'endroit que je vous ay 
                     choisi, & c'est dans 
                     ce desert que vous  
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     161
                     
                     allez cacher ce que 
                     le monde a de plus 
                     admirable & de plus 
                     beau. A la veuë de 
                     cette petite maison si 
                     differente des superbes Palais qu'elle avoit habitez, la 
                     Comtesse leva les 
                     yeux au Ciel laissa 
                     couler quelques larmes & donnant la 
                     main à Mesplets pour 
                     entrer dans cette 
                     maison, je vous suis 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     162
                     
                     obligée, luy dit-elle, de m'avoir choisi 
                     ce lieu, puis que mon 
                     destin me l'ordonne, 
                     je ne songeray plus 
                     qu'à me dérober à 
                     toute la terre, & 
                     qu'à chercher dans 
                     mon propre cœur dequoy me passer du 
                     monde tout entier ;  
                     Aussi bien, Mesplets, 
                     ajoûta-elle en soûpirant, je n'ay que de 
                     la haine & du dé
                     
                     163
                     
                     goust pour tout ce 
                     qui n'est pas ce que  
                     j'ay perdu.
                  
                  
                  La Comtesse trouva dans ce lieu quelque chose de si charmant, soit pour sa 
                     situation, pour la 
                     pureté de son air, & 
                     pour toutes les commoditez qui sont necessaires pour passer 
                     une vie douce & trã 
                     quille, qu'elle n'avoit jamais vécu si 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     164
                     
                     contente. Tout ce  
                     que la vertueuse Carmelite luy avoit dit 
                     en faveur de la vie 
                     solitaire luy repassoit 
                     dans la memoire, elle se faisoit des plaisirs de mille secrets 
                     de la nature, & pour 
                     se divertir elle apprit 
                     avec le jargon du païs 
                     à filer de quelques païsannes ses voisines.  
                     Elle avoit vẽdu quelques pierreries avant 
                     
                     
                     
                     
                     165
                     
                     que de partir de Paris, lorsque l'argent 
                     luy manquoit Mesplets en alloit vendre 
                     d'autres à Thoulouze, & comme les 
                     Heros des Romans 
                     ils faisoient toutes 
                     leurs affaires avec des 
                     diamans & des rubis. 
                     Mesplets s'occupoit  
                     à peindre. Il estoit 
                     sçavant en cét art & 
                     il peignoit la Comtesse de mille manie
                     
                     166
                     
                     res differentes. Cette occupation continuelle acheva de 
                     l'enflammer. Son amour devint si violent qu'il n'eut pas 
                     seulement la force 
                     de le combatre. Il ne 
                     s'amusa point à pousser des soûpirs qu'il  
                     sçavoit bien qui ne 
                     seroient pas écouttez. Les premiers témoignages de sa passion furent des trans
                     
                     167
                     
                     ports d'un insensé.  
                     La Comtesse fut si 
                     épouvãtée d'un malheur si prêveu qui 
                     venoit troubler le repos dont elle commẽçoit à joüir, qu'elle faillit à mourir de 
                     déplaisir. Elle vit bien 
                     tout d'un coup que 
                     les emportemens ny 
                     les ménaces n'épouvanteroient pas un 
                     scelerat au pouvoir 
                     duquel son destin l'a
                     
                     168
                     
                     voit mise, aussi ne 
                     songea-elle qu'à le 
                     ramener de son égarement par des voyes 
                     douces & raisonnables. Elle versoit des 
                     larmes, elle le faisoit souvenir de ce  
                     qu'elle estoit, & de 
                     ce qu'il luy devoit, 
                     & quelquefois elle 
                     réüssissoit, si bien que 
                     Mesplets versoit des 
                     larmes à son tour, & 
                     luy demandoit par
                     
                     
                     
                     
                     169
                     
                     don de sa temerité. 
                   
                  
                  
                  Mais la source du 
                     mal restant toûjours 
                     dans son cœur, il 
                     n'étoit jamais un 
                     jour dans une mesme 
                     assiete, & tantost brutal & tantost soûmis, 
                     il tourmentoit la 
                     Comtesse d'une maniere effroyable. Elle n'oublia rien pour 
                     le guerir, & croyant 
                     que la solitude nourissoit sa passion, Mes
                     
                     
                     
                     
                     170
                     
                     plets, luy dit-elle un 
                     jour, il me semble 
                     qu'il est indigne d'un 
                     homme aussi vaillant 
                     que vous de vous amuser à peindre tandis que tous les Gentilshommes de cette 
                     Province exposent 
                     leur vie pour vôtre 
                     Roy. Il fut sensible à 
                     ce reproche, il étoit 
                     brave, il aimoit la 
                     guerre, & la passion 
                     qu'il avoit dans le 
                     
                     
                     
                     
                     171
                     
                     cœur y regnant malgré luy, il fut bien 
                     aise d'essayer les remedes de l'absence. 
                     La Comtesse afin de 
                     l'éloigner d'elle luy 
                     donna un équipage 
                     pour aller à Leucate, 
                     où feu Monsieur l'Evesque d'Alby plein 
                     d'ardeur pour la gloire de son Prince conduisoit toute la Noblesse du païs au secours du Mareschal  
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     172
                     
                     de Schomberg : Mais 
                     quoy que Mesplets  
                     changeât de place il 
                     ne changea point de 
                     sentiment. L'absence 
                     redoubla son amour, 
                     & la joye qu'il eut de 
                     revoir la Comtesse acheva de troubler sa 
                     raison. Comme il avoit quelquefois hõ 
                     te de sa conduite, il 
                     faisoit des foibles efforts pour la changer. Il fit amitié avec  
                     
                     
                     
                     
                     173
                     
                     des Gentils hommes 
                     de son voisinage, & 
                     pour vaincre une passion qui faisoit le suplice de la Comtesse, 
                     il cherchoit mille 
                     amusemens pour lesquels il n'avoit que 
                     du dégoust ; mais tous 
                     les remedes estoient 
                     inutiles. Mesplets étoit toûjours amoureux & toûjours insolent, & la Comtesse 
                     perdãt tout espoir de 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     174
                     
                     le changer ne songea  
                     plus qu'à se faire un 
                     puissant protecteur 
                     qui la put garantir 
                     des emportemens de 
                     ce temeraire.
                  
                  
                  Elle avoit entendu 
                     parler de feu Monsieur l'Evesque d'Alby. Il estoit de l'illustre Maison de Daillon du Lude. Vne 
                     longue suite d'ayeuls 
                     tous grands, rendent cette Maison 
                     
                     
                     
                     
                     175
                     
                     une des plus considerables du Royaume. 
                     Vne grande richesse 
                     accõpagnoit sa naissance ; & son esprit 
                     & son merite étoient 
                     encore plus grands 
                     que sa naissance & sa 
                     dignité. Elle ne douta point qu'un si grãd 
                     Prelat ne fut bien aise de secourir une 
                     Princesse infortunée. 
                     Dans cette pensée aprés avoir vécu trois 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     176
                     
                     ans dans la solitude 
                     de la Longaigne, elle en partit un jour 
                     de Noël & fut surprendre toute la ville 
                     d'Alby dans un Sermon solemnel, par 
                     son éclat par sa bonne mine & par la 
                     quantité des pierreries dont elle estoit 
                     parée ; & declarant 
                     le jour mesme à Mesplets qu'elle ne vouloit pas retourner de  
                     
                     
                     
                     
                     177
                     
                     quelque temps à la 
                     Longaigne, elle le 
                     mit au desespoir ; 
                     mais la Comtesse ne 
                     le craignoit pas dans 
                     une Ville comme 
                     dans un desert, & de 
                     son tyran devenu 
                     son écuyer, il chercha la consolation 
                     de ce changement 
                     parmy la débauche 
                     & le jeu. Elle luy 
                     donna tout l'argent 
                     qu'il voulut pour 
                     
                     
                     
                     
                     178
                     
                     l'appaiser & le faire 
                     taire, parce qu'elle 
                     ne vouloit pas encore se faire connoître 
                     à tout le monde. 
                     Deux jours aprés son 
                     arrivée comme elle 
                     entroit un matin 
                     dans une Eglise, Monsieur l'Evêque d'Albi   
                     y entroit aussi. Il l'avoit déja veuë au Sermon, mais la voyant 
                     de plus prés il la trouva beaucoup plus 
                     
                     
                     
                     
                     179
                     
                     belle. L'admiration 
                     & la curiosité l'obligeant de s'arréter,  
                     Madame, luy dit-il,  
                     en luy presentant de 
                     l'Eau benite, mon 
                     Aumônier sera s'il 
                     vous plaist le vôtre 
                     aujourd'huy, je le 
                     veux bien, Monsieur, 
                     luy dit-elle, en laissant agir tout son air 
                     de grandeur qu'elle 
                     avoit si long-temps 
                     contraint, & je vais 
                     
                     
                     
                     
                     180
                     
                     prier le Ciel qu'il 
                     vous inspire le dessein d'estre le Protecteur d'une personne 
                     que vous ne trouverez peut-estre pas indigne de cette grace.  
                     Elle connut bien à la 
                     réponse de Monsieur 
                     d'Alby qu'il estoit 
                     tres-disposé à l'écouter & à la servir, aussi 
                     le visita-elle le jourmesme, ils eurent 
                     une longue conver
                     
                     181
                     
                     sation, & la Comtesse ne luy cacha que 
                     l'amour de Mesplets. 
                     Il trouva bon qu'elle ne se fit pas connoître, il aimoit les 
                     grands & les petits 
                     secrets, & quand la 
                     Comtesse n'auroit 
                     pas esté belle & charmante il auroit eû de 
                     l'amitié pour elle, 
                     parce qu'il y avoit un 
                     grand mystere à conserver.
                  
                  
                  
                  
                  182
                  
                  
                  
                  Toute la ville d'Alby à l'exemple de son  
                     Prelat ne songea qu'à 
                     divertir cette belle  
                     inconnuë, & ce ne 
                     furent que bals &  
                     festins. La Comtesse 
                     goûtoit les plaisirs 
                     comme si elle avoit 
                     esté moins malheureuse, & s'asseurant 
                     de la protection d'un 
                     fort grand Seigneur, 
                     elle commençoit à 
                     vivre sans inquietu
                     
                     183
                     
                     de, & dans une profonde tranquillité ; 
                     aussi estoit-elle dans 
                     un lieu où la joye regne incessamment, & 
                     où l'on la voit peinte 
                     dans les yeux de tout 
                     le monde. La ville 
                     d'Alby n'est pas grande, mais elle plaist & 
                     l'on se promene à  
                     l'entour agreablement, l'adresse des 
                     habitans a fait que 
                     ce qui sert seulement  
                     
                     
                     
                     
                     184
                     
                     de deffence aux autres Villes sert encore d'ornement à celle-cy. De la terre 
                     que l'on a tirée pour 
                     faire des fossez profonds on a élevé une 
                     terrasse qui estant 
                     bordée de deux rangs 
                     d'ormes forme une 
                     allée qui n'est pas 
                     droitte, puis qu'elle 
                     environne une Ville 
                     qui est ronde, mais 
                     qui dans une figure 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     185
                     
                     assez extraordinaire 
                     est tout à fait belle. La 
                     Comtesse passoit dãs  
                     cette Ville la plus 
                     douce vie du monde, 
                     & Mesplets alloit souvent à la Longaigne 
                     se divertir avec ses amis. Quoy qu'ils pussent faire pour l'engager à parler dans la 
                     débauche le secret ne 
                     luy échappa jamais. 
                     Il disoit seulement 
                     des choses qui fai
                     
                     
                     
                     
                     186
                     
                     soient comprendre 
                     qu'il y en avoit de 
                     fort cachées dans les 
                     avantures de la belle inconnuë. L'on 
                     se mit en teste de penetrer ce secret, on 
                     leur voyoit des monoyes étrangeres &  
                     une source d'argent 
                     qui ne s'épuisoit 
                     point par de grandes  
                     dépences : les uns disoient qu'ils estoient 
                     les espions du Roy 
                     
                     
                     
                     
                     187
                     
                     d'Espagne ; d'autres 
                     que ce devoient estre 
                     des gens de qualité 
                     échapez de quelque 
                     naufrage, ou embarrassez dans des 
                     affaires fâcheuses, & 
                     d'autres conclurent 
                     qu'ils estoient des 
                     faux monnoyeurs, 
                     que c'étoit pour cela 
                     qu'ils avoient demeuré seuls dans un 
                     Château écarté, & 
                     que Mesplets alloit  
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     188
                     
                     de temps en temps  
                     debiter sa fausse monoye à Thoulouze. 
                  
                  
                  La Comtesse en 
                     mariant Delmas avec un homme du 
                     bas Languedoc, 
                     luy avoit donné 
                     quatre cens Pistoles 
                     & substitué la Longaigne aprés sa mort 
                     & celle de Mesplets : 
                     cét ingrat pour s'enrichir plûtost de 
                     leurs dépoüilles for
                     
                     189
                     
                     ma le dessein de les 
                     faire perir tous deux. 
                     Le Parlement de 
                     Thoulouze faisoit alors une exacte recherche des faux 
                     monnoyeurs. Ce traître donna des indices sur lesquels l'on 
                     dénonça Mesplets,  
                     & l'on l'arrêta prisonnier dans Thoulouze. Vn Commissaire du Parlement 
                     se transporta dili
                     
                     190
                     
                     gemment à la Longaigne, où la Comtesse s'étant trouvée 
                     il la cõduisit à Thoulouze comme complice de Mesplets.  
                     Dans le trouble où 
                     la jetta une accusation si surprenante 
                     pour elle, elle eut assez de liberté d'esprit 
                     pour retirer adroitement d'un de ses 
                     coffres dont on faisoit l'inventaire le 
                     
                     
                     
                     
                     191
                     
                     passe-port du Roy 
                     qui la nommoit par 
                     son veritable nom. 
                  
                  
                  Monsieur l'Evesque 
                     d'Alby fort affligé 
                     d'une avanture qu'il 
                     jugea bien qui luy 
                     coûteroit la perte 
                     d'un grand secret fit 
                     suivre la Comtesse à 
                     Thoulouze par des 
                     gens habiles & éclairez afin de lui donner conseil dans une 
                     affaire si perilleuse. 
                     
                     
                     
                     
                     192
                     
                     L'on fit ce que l'on 
                     pût pour sauver tout 
                     ensemble Mesplets & 
                     le secret de la Comtesse, mais il fut impossible. Il répondit 
                     si ambiguëment à 
                     tout ce qu'on luy demandoit que l'on 
                     creut qu'il estoit coupable, & il eut tant 
                     de fidelité qu'il ne 
                     voulut jamais rien  
                     dire sans la permission de la Com
                     
                     
                     
                     
                     193
                     
                     tesse, elle estoit trop 
                     bonne & trop genereuse pour le laisser 
                     perir. Elle fut au Parlement toute allarmée & demandant 
                     un moment d'audience, elle justifia 
                     Mesplets au dépens 
                     de son secret. Elle tira de son sein le passeport du Roy & le 
                     donnant hardiment  
                     à Monsieur le premier President, il leut 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     194
                     
                     tout haut, que veu 
                     l'avis de l'Vniversité de Doüay, le Roy 
                     permettoit à la Princesse Marie Anne de 
                     Hohenzollern, de 
                     choisir tel endroit 
                     de son Royaume 
                     qu'il luy plairoit 
                     pour y vivre en seureté. L'air noble & 
                     grand de la Comtesse ne permettoit 
                     pas de douter un moment de la verité de 
                     
                     
                     
                     
                     195
                     
                     ce qu'elle avançoit. 
                     Par un dénoüement 
                     si extraordinaire Mesplets fut élargy. La 
                     Comtesse aprés luy 
                     avoir sauvé la vie ne 
                     le vouloit plus voir, 
                     il luy avoit donné 
                     de nouveaux sujets 
                     de plainte & porté 
                     son extravagance, 
                     jusques à publier par 
                     des mouvemens jaloux que Monsieur 
                     l'Evesque d'Alby ê
                     
                     
                     
                     
                     196
                     
                     toit amoureux de la 
                     Comtesse. Elle avoit 
                     un ressentiment extreme de cette conduite, mais il lui témoigna tant de repentir, il fit tant de 
                     sermens qu'il seroit 
                     le reste de ses jours 
                     raisonnable & soûmis que la Comtesse 
                     se laissa flechir & le 
                     remena à la Longaigne où elle vouloit passer le reste de 
                     
                     
                     
                     
                     197
                     
                     sa vie, ne pouvant 
                     se resoudre de vivre 
                     dans Alby depuis 
                     qu'elle estoit connuë pour la Comtesse d'Isembourg. 
                     Plusieurs Dames de 
                     cette Ville la visitoient souvent, & 
                     Monsieur l'Evesque  
                     d'Alby en faisoit de 
                     mesme. Comme depuis son retour de 
                     Thoulouze une mélancolie extréme pa
                     
                     
                     
                     
                     198
                     
                     roissoit sur son visage & dans toutes ses 
                     actions, il avoit une 
                     grande & sincere pitié de sa fortune, &  
                     resolut fortement de 
                     la tirer d'un lieu qui 
                     nourrissoit sa tristesse. Dans cette veüe, 
                     Madame, luy dit-il 
                     un jour, je vous avoüe qu'à qui ne veut 
                     qu'un beau sejour, il 
                     est mal aisé qu'on se 
                     puisse mieux conten
                     
                     199
                     
                     ter ailleurs qu'en ce 
                     lieu ; vôtre solitude 
                     a des charmes, mais 
                     Madame, vous n'étes 
                     pas née pour ne tenir compagnie qu' 
                     aux arbres & aux fontaines, il est tẽps que 
                     vous vous aperceviez 
                     combien vôtre douleur est inutile, que 
                     vous écoutiez les cõseils de vos amis, & 
                     que vous souffriez les 
                     remedes que la rai
                     
                     
                     
                     
                     200
                     
                     son, le temps & la  
                     necessité de se consoler apportent à toutes sortes de maux. 
                     Ie sçais que de presenter des biens mediocres à une personne qui en a perdu de  
                     fort grands, c'est aigrir sa douleur ; mais 
                     enfin, Madame, je fais 
                     tout ce que je puis 
                     en vous offrant mon 
                     bien & mes services, il 
                     faut quitter vôtre hu
                     
                     201
                     
                     meur solitaire & venir passer vos jours 
                     dans une ville, où l'on 
                     vous honore, où 
                     l'on vous aime & où 
                     l'on ne vous trouve 
                     aucun deffaut que celui d'aimer trop à 
                     estre seule. Vous oserai-je dire, Madame, 
                     continua-il, que l'on 
                     explique mesme vôtre solitude desavantageusemẽt pour 
                     vous. On dit que Mes
                     
                     202
                     
                     plets y agit moins 
                     comme vôtre Ecuier 
                     que comme vostre 
                     Maître, & que vous 
                     le souffrez. Si toutes 
                     ces raisons ne peuvent vous obliger à 
                     m'accorder ce que je 
                     vous demande, il 
                     faut que vous le donniez au profond respect & à la consideration que j'ay pour 
                     vous. Si vous m'aviez plûtost parlé de 
                     
                     
                     
                     
                     203
                     
                     cette maniere, luy  
                     dit la Comtesse, j'aurois déja quitté ce 
                     lieu. Ie dois tout à la 
                     generosité de vôtre 
                     procedé, & je vous 
                     sacrifierois sans peine 
                     non seulement ma  
                     solitude, mais encore 
                     ma vie si elle pouvoit 
                     vous estre utile.
                  
                  
                  Mesplets qui s'étoit 
                     caché entendoit cette conversation. Dés 
                     que Monsieur d'Al- 
                     
                     
                     
                     
                     204
                     
                     by fut party, il se 
                     rendit le maître absolu de cette maison, 
                     & perdant toute sorte 
                     de respect, il dit à la 
                     Comtesse qu'elle n'en 
                     sortiroit point, & 
                     qu'il s'y opposeroit 
                     au peril de sa vie. Les 
                     insolẽces de Mesplets 
                     firent oublier ses services. La Comtesse 
                     prit ses dernieres resolutions, & les fit sçavoir à Monsieur l'E
                     
                     205
                     
                     vêque d'Alby. Il en 
                     fut surpris ; mais enfin aprés plusieurs cõversations & plusieurs lettres, il convint avec la Comtesse qu'elle termineroit 
                     tous les grands évenemens de sa vie par 
                     une action digne d'elle. La premiere fois 
                     que Mesplets sortit de 
                     la Longaigne pour 
                     aller chez un de ses 
                     voisins, la Comtesse 
                     
                     
                     
                     
                     206
                     
                     en fit avertir Monsieur d'Alby, qui ne 
                     voulant confier qu'à 
                     luy-mesme l'execution d'un genereux  
                     dessein, monte en 
                     carosse, & suivy seulement de deux Gentils-hommes & de 
                     quelques Laquais, il 
                     fut au petit château 
                     de la Longaigne. Par 
                     quelque secret pressentiment Mesplets 
                     y arriva en mesme 
                     
                     
                     
                     
                     207
                     
                     temps que luy, & 
                     la Comtesse se promenoit sous des arbres lors qu'ils l'aborderent tous deux. 
                     Venez, Madame, luy 
                     dit Monsieur d'Alby 
                     en luy presentant la 
                     main, & regardant 
                     Mesplets d'un air 
                     menaçant, venez 
                     vous mettre à l'abri 
                     des insolences de ce 
                     miserable. La Comtesse se jetta prom
                     
                     208
                     
                     ptement dans le carosse, & le desesperé 
                     Mesplets mettant l'épée à la main, en apuya la pointe sur 
                     l'estomac de Monsieur d'Alby. Rendez-moy la Comtesse, dit-il, ou je vous 
                     perce le cœur. Faites 
                     ce qu'il vous plaira, 
                     luy répondit Monsieur d'Alby avec une 
                     fermeté admirable, 
                     je ne crains rien lors 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     209
                     
                     qu'il s'agit de faire  
                     mon devoir. Cependant les Gentils-hõmes de Monsieur  
                     d'Alby vouloiẽt tuer 
                     Mesplets, & ses domestiques qui étoient 
                     accourus se mettoiẽt  
                     en état de le dessendre. La Comtesse 
                     craignant tout dans 
                     cette confusion pour 
                     son genereux protecteur, eut recours 
                     à ses manieres dou
                     
                     
                     
                     
                     210
                     
                     ces, qui par une espece d'enchantement 
                     tiroient tout d'un 
                     coup Mesplets de ses 
                     plus grands emportemens. Mesplets luy 
                     cria-elle en descendant du carrosse, & 
                     luy faisant signe de 
                     s'approcher, ne faites pas de nouveaux 
                     crimes, je vous en 
                     conjure au nom du 
                     Prince mon pere, 
                     à qui le vôtre & 
                     
                     
                     
                     
                     211
                     
                     vous-mesme devez  
                     toute vôtre fortune . 
                     Ah ! Madame, luy 
                     dit-il, je vous ay sacrifié cette fortune que 
                     je tenois du Prince 
                     vôtre pere, & maintenant vous m'abandonnez. Approchezvous reprit-elle & 
                     venez apprendre mes 
                     intentions. Il s'approcha, mais avec 
                     des transports de douleur qui ne se peu
                     
                     
                     
                     
                     212
                     
                     vent exprimer ; il apprit le dessein de la 
                     Comtesse : Il s'y 
                     conforma, parce que 
                     son injuste jalousie 
                     y trouva son compte, & se retirant 
                     accablé pourtant d'une mortelle tristesse. 
                     Monsieur d'Alby se 
                     mit en carrosse avec 
                     la Comtesse, & la 
                     conduisit dãs le Convent de la Visitation de la ville d'Alby.
                  
                  
                  
                  
                  213
                  
                  
                  
                  Le lendemain Mesplets luy ayant fait 
                     demander la permission de la voir, elle 
                     fut au parloir, où 
                     cet homme parut à 
                     ses yeux dans l'état 
                     du monde le plus pitoyable. En une nuit 
                     la douleur l'avoit si 
                     fort changé, qu'il n'étoit plus reconnoissable. Il se mit à genoux, & comme il 
                     étoit naturellement 
                     
                     
                     
                     
                     214
                     
                     fort éloquent, il conjura la Comtesse par 
                     tous ses services, dont 
                     il luy faisoit le détail, 
                     par la mort de son 
                     frere, & par le sacrifice entier qu'il 
                     luy avoit fait de sa 
                     fortune, de ne vouloir pas ainsi l'abandonner ; mais lors 
                     qu'il connut le peu 
                     d'effet de ses prieres, 
                     la fureur le saisit, il 
                     tira son épée, il se fit  
                     
                     
                     
                     
                     215
                      
                     deux blessures, & se 
                     seroit tué si l'on n'avoit retenu son bras. 
                     Il se troubla si fort 
                     qu'il reprochoit à la 
                     Comtesse qu'elle luy 
                     avoit promis de l'épouser bien-tost. 
                     Moy, dit-elle, en 
                     faisant un grand cry, 
                     je vous aurois promis ce que je ne pouvois faire. Quand le 
                     souvenir de ma naissance ne m'en auroit 
                     
                     
                     
                     
                     216
                     
                     pas empesché, ne  
                     sçay-je pas que le 
                     Comte d'Isembourg 
                     est encor vivãt ? n'estce pas assez que vos 
                     méchants conseils 
                     ayent surpris ma jeunesse, & que vous 
                     m'ayez fait faire l'action du monde la 
                     plus imprudente, sans 
                     que vous m'imputiez 
                     le plus abominable 
                     de tous les projects ? 
                     Mais je vous pardon
                     
                     
                     
                     
                     217
                     
                     ne, parce que je n'ay 
                     pas oublié que vous 
                     avez en effet quitté 
                     pour moy un établissement considerable 
                     en Lorraine, & que 
                     vous estes le frere, ajoûta-elle, d'un hõme, dont le souvenir me sera toûjours 
                     fort cher. Ie ne veux 
                     point vous faire punir de vos emportemens, comme il me 
                     seroit facile, & com
                     
                     
                     
                     
                     218
                     
                     me je l'avois resolu ; 
                     vivez le plus content 
                     que vous pourrez, 
                     je vous donne mes 
                     meubles, ma vaisselle d'argent, & mesme mes pierreries, 
                     continua-elle, en les 
                     luy jettant toutes, 
                     c'est tout ce que j'ay 
                     au monde, je ne me 
                     reserve rien, & je 
                     m'abandonne toute 
                     entiere à la Providence . En achevant 
                     
                     
                     
                     
                     219
                     
                     ces mots, elle quitta 
                     Mesplets & ne voulut le revoir de sa vie. 
                     Monsieur le Comte 
                     d'Aubijoux eut pitié 
                     de luy, il luy fit donner une Compagnie 
                     dans le Regiment de 
                     Monsieur le Marquais 
                     de Vardes, & lors 
                     qu'il n'y eut plus de 
                     guerre en France, il 
                     revint à la Longaigne, où il finit ses 
                     tristes jours. 
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  220
                  
                  
                  
                  Il n'y avoit que 
                     fort peu d'années que 
                     les Religieuses de la 
                     Visitation étoient établies dans Alby. La 
                     Communauté n'étoit pas grande lorsque la Comtesse y  
                     entra, mais elle étoit 
                     composée de personnes de beaucoup d'esprit, de vertu & de 
                     merite. Elles loüerent le dépoüillement entier qu'elle 
                     
                     
                     
                     
                     221
                     
                     avoit fait de toutes 
                     choses, & Monsieur 
                     l'Evêque d'Alby également charmé du 
                     desinteressement de 
                     ses filles, & de la 
                     generosité de la Comtesse, luy établit une 
                     pension fort considerable pour le reste 
                     de ses jours. Il luy 
                     donnoit mille marques d'estime, & durant toute sa vie il 
                     n'a jamais suspendu 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     222
                     
                     les soins qu'il croyoit 
                     estre obligé de prendre pour la consolation d'une grande 
                     Princesse, mais elle 
                     n'eut pas long-temps 
                     besoin de ce secours. 
                     Elle goûta bien-tost 
                     la douceur de la retraite, & regardant 
                     sans peine la privation de toute sorte 
                     de biens, elle fut assez satisfaite de trouver dans son propre 
                     
                     
                     
                     
                     223
                     
                     cœur des choses infiniment plus precieuses. 
 
                  
                  
                  La Princesse de Bade qui l'aimoit tendrement, ayant enfin appris qu'elle étoit en France, luy 
                     envoya un Gentilhomme pour la conjurer de repasser en 
                     Allemagne. Elle luy 
                     offrit toute sorte de 
                     seureté dans ses Etats, 
                     & que non seule
                     
                     
                     
                     
                     224
                     
                     ment elle ne seroit 
                     point remise entre les 
                     mains du Comte d'Isembourg, mais même qu'elle ne verroit 
                     jamais la severe Comtesse de Furstemberg, 
                     qui avoit paru fort 
                     irritée de sa fuite, & 
                     qui auroit voulu que 
                     la Comtesse eut eu 
                     le courage d'attendre la mort chez le 
                     Comte d'Isembourg, 
                     afin de soûtenir no
                     
                     225
                     
                     blement la belle éducation qu'elle luy avoit donnée. 
                  
                  
                  En même temps la  
                     Duchesse d'Arschot 
                     proche parente de la 
                     Comtesse ayant eu la 
                     permission d'aller en 
                     Espagne durant la 
                     prison du Duc son 
                     mary, apprenant sur 
                     sa route la retraite de 
                     la Comtesse, luy fit 
                     écrire par Monsieur 
                     de saint Aunais, qui 
                     
                     
                     
                     
                     226
                     
                     luy offrit des gens & 
                     de l'équipage pour la 
                     conduire en Espagne  
                     auprés de cette Duchesse. 
                  
                  
                  Mais elle répondit 
                     & à sa sœur & à la 
                     Duchesse qu'elle avoit renoncé à toutes 
                     les choses du monde, 
                     qu'elle les prioit de 
                     trouver bon qu'elle 
                     joüit enfin d'elle même aprés avoir esté 
                     tant d'années sans a
                     
                     227
                     
                     voir eu seulement le 
                     loisir de se regarder ; 
                     qu'il luy sembloit qu'- 
                     une certaine obscurité dont elle avoit 
                     esté environnée jusqu'alors, s'étoit dissipée, & qu'elle entroit dans un jour 
                     qui n'avoit ny nüages ny broüillards. 
                  
                  
                  Le Comte d'Isembourg, ne vivoit pas 
                     si paisiblement. Pour 
                     n'être pas exposé à la 
                     
                     
                     
                     
                     228
                     
                     veüe des parens de 
                     la Comtesse dans la 
                     haute Allemagne, il 
                     quitta incontinent aprés sa fuite, le service de l'Empereur, 
                     il passa dans celuy du 
                     Roy d'Espagne, & il 
                     se trouva Gouverneur d'Arras lorsque 
                     malgré sa valeur & 
                     sa longue resistance 
                     cette ville fut emportée par nos guerriers 
                     François. La gazette 
                     
                     
                     
                     
                     229
                     
                     publia sa mort, & 
                     dans cette croyance  
                     la Comtesse demanda si instament le viole de Religieuse à  
                     Monsieur l'Evêque 
                     d'Alby, qu'il crût ne 
                     pouvoir pas le luy refuser. Il voulut le luy 
                     donner luy-mesme ;  
                     mais l'on sçeut bientost aprés que le Comte vivoit, & qu'il avoit esté seulement  
                     blessé au visage. 
                  
                  
                  
                  
                  230
                  
                  
                  
                  Mais enfin il mourut à Bruxelles, aprés 
                     avoir vécu prés d'un 
                     siecle. Il étoit Chevalier de la toison d'or  
                     & Surintandant des 
                     Finances du Roy  
                     d'Espagne en Flandres. Son humeur bizarre luy faisant cherir la memoire de sa 
                     premiere femme depuis la fuite de la seconde ; il fit transporter ces cendres em
                     
                     231
                     
                     poisonnées de Cologne à Bruxelles, & 
                     voulut qu'elles fussẽt 
                     enfermées avec les 
                     siennes dans un superbe Mausolée de 
                     marbre. Il laissa dix 
                     mille écus pour les 
                     embellissemens de sa 
                     chapelle, & donna 
                     tous ses grands biens 
                     au Prince de Simey 
                     second fils du Duc 
                     d'Arschot. 
                  
                  
                  Dés que la Com
                     
                     232
                     
                     tesse sçeut qu'il étoit 
                     veritablement mort, 
                     elle fit profession entre les mains de Monsieur l'Evêque d'Alby, aprés avoir esté 
                     plus de vingt ans Novice ; & passant tout 
                     d'un coup du Noviciat à la superiorité, 
                     elle gouvernoit ces 
                     saintes Religieuses 
                     lors qu'elle fut atteinte d'une maladie languissante causée par  
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     233
                     
                     le changement du  
                     climat & les troubles 
                     continuels où elle avoit esté exposée. Elle se démit de sa charge afin de mourir en 
                     simple Religieuse, & 
                     durant sept ou huit  
                     mois elle attendit à 
                     tout moment avec 
                     une fermeté merveilleuse cette mort 
                     qu'elle avoit autrefois tant apprehendée. 
    
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  234
                  
                  
                  
                  Ainsi mourut constament l'année mil 
                     dix cent soixante & 
                     dix, cette innocente 
                     & belle Princesse, 
                     que l'humeur trop severe de son mary, les 
                     mauvais conseils de 
                     ses domestiques, & 
                     peut-être une grande 
                     jeunesse, & beaucoup d'enjoüement 
                     ont fait passer pour 
                     coupable, & rendu 
                     une des plus mal
                     
                     235
                     
                     heureuses personnes  
                     de ce siecle.  
                     
                  
                  
                  FIN.
                  
                     Empreinte (illisible) de la bibliothèque.
                     
                   
                   
                   
                   
                   
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                  
                     P
                     Ar Grace & Privilege du Roy, 
                     Donné à Versailles le 14. jour 
                     d'Octobre 1677. Par le Roy en son 
                     Conseil, Signé Des vieux, & 
                     scellé du grand Sceau de cire iaune. 
                     Il est permis à Claude Barbin, 
                     Marchand Libraire, de faire imprimer un Livre intitulé la Princesse 
                        d'Isembourg, pendant le temps 
                     & l'espace de sept années entieres 
                     & consecutives, à commencer depuis le jour que ledit Livre sera 
                     achevé d'imprimer, & deffences 
                     sont faites à toutes sortes de person- 
                     nes de quelque qualité & condition 
                     qu'elles soient, d'imprimer, faire 
                     imprimer, vendre ny debiter ledit 
                     Livre sans le consentement dudit 
                     Barbin, sur peine de trois mil livres d'amende, & confiscation des 
                     
                     
                     
                     Exemplaires contrefaits, dépens 
                     dommages & interests : comme il 
                     est plus amplement porté par ledit  
                     Privilege.
                   
                  
                  
                  
                     Registré sur le Livre de la Communauté des Marchands Libraires 
                        & Imprimeurs de cette Ville de Paris, le 18. Octobre 1677. suivant 
                        l'Arrest du Parlement du 8. Avril 
                        1653. & celuy du Conseil Privé du 
                        Roy du 27. Février 1665.
                      
                     Signé, Couterot, Syndic.
                                 
                     Achevé d'imprimer pour la premiere fois le 5. Novembre 1677.
                     
                  Noms propres
Aarschot
V. de Belgique (Région flamande), prov. de Braband flamand, arr. de Louvain. 26 327 hab. Église Notre-Dame (chœur du XIVe s.).
- Aarschot, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Albi
Ch. -1. du dép. du Tarn, sur le Tarn. 46 579 hab. (aggl. 64 359) (Albigeois). [...] HIST. La ville (Albiga à l'époque gallo-romaine) fut réunie au Xe s. à la maison de Toulouse et rattachée à la Couronne en 1284. Centre actif de l'« hérésie » cathare aux XIIe et XIIIe s..
- Albi, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Arras
Ch.-1. du dép. du Pas-de-Calais, dans l'Artois, sur la Scarpe. [...] HISTOIRE. Anc. cap. des Atrébates, la ville fut détruite en 407, relevée par saint Vaast en 500, ravagée par les Normands en 880, puis restaurée à nouveau. Elle resta sous l'autorité des comtes de Flandre jusqu'au XIIe s. Intégrée à la France à la suite du mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut (1180), elle passa à la Bourgogne en 1384. Louis XI la reprit (1477), mais les Arrageois se rallièrent à Maximilien d'Autriche (1493). Louis XIII la conquit en 1640. Le Grand Condé et les Espagnols l'assiégèrent, mais furent repoussés par Turenne (1654). Le traité des Pyrénées la céda définitivement à la France et Vauban la fortifia (1659). Très disputée en raison de sa situation stratégique, Arras résista aux Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Occupée en mai 1940, elle fut libérée en sept. 1944.
- Arras, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Aubijoux
Le château d'Aubijoux se situe dans un bourg de Marcenat, commune au nord de Cantal
                        dans l'Auvergne.
                     
                     
                     
                     - Marcenat (Cantal), Wikipédia l'encyclopédie libre (5 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcenat_(Cantal).
 
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Auvergne
Région administrative située au centre de la France. L'Auvergne compte quatre départements
                        : Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme.
                     
                     
                     
                     - Auvergne, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Bade (en all. Baden)
Anc. État de l'Allemagne du S.-O. qui s'étendait sur la plaine rhénane de Bâle à Mannheim, et sur le versant occidental de la Forêt -Noire. HISTOIRE. Occupé par les Romains puis par les Alamans, le pays de Bade, partie du duché d'Alémanie ou de Souabe, fut érigé en margraviat v. 1100. Déchiré, pendant la guerre de Trente Ans, entre la ligue catholique de Baden-Baden et la ligue protestante de Baden-Durlach, il fut réunifié par Charles-Frédéric de Baden-Durlach, et, en 1806, constitué en grand-duché (dont le dernier héritier fut Maximilien de Bade). Il adhéra à la Confédération du Rhin (1806) et à la Confédération germanique (1815), puis entra dans l'Empire allemand (1870). La Constitution de 1919 fit du Bade une république. En 1945, le Nordbaden, industriel (Karlsruhe, Mannheim), était en zone d'occupation américaine, le Südbaden autour de Fribourg-en-Brisgau en zone française. Après la fondation de la République fédérale d'Allemagne, le Bade et le Wurtemberg furent réunis pour former le Land de Bade-Wurtemberg.
- Bade en all. Baden, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Berg
Anc[ien] État d'Allemagne situé sur la rive d. du Rhin. Assez convoité pour être passé successivement du duché de Clèves et du Palatinat à la Bavière (1777), à Napoléon en 1806 qui en fit pour Murat un grand-duché, enfin à la Prusse en 1815 qui l'incorpora en 1824 à la Rheinprovinz, auj. en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le pays de Berg offre sur les premières pentes du Massif schisteux rhénan une très forte densité de petites entreprises métallurgiques [...].
- Berg (duché de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Brandebourg (en all. Brandenburg)
Région historique de l'Allemagne s'étendant sur la partie N. de la grande plaine centrale allemande, entre l'Elbe et l'Oder à l'E. HIST. Occupé jusqu'au IIe s. par des peuples germaniques, puis envahi par les Slaves, le Brandebourg fut constitué en marche par Charlemagne. [...] Passé à la maison de Wittelsbach (1323), érigé en électorat en1361, le Brandebourg leur fut arraché par la maison de Luxembourg en 1373, Sigismond de Luxembourg en fit don en 1415 à son neveu Frédéric de Hohenzollern et lui conféra le titre d'électeur en 1417. Le Brandebourg s'enrichit du duché de Clèves en 1614 et du duché de Prusse en 1618. Frédéric-Guillaume, dit le Grand Électeur, après sa victoire de Fehrbellin (1675), y ajouta la Poméranie suédoise, qu'il fut contraint de rendre en 1679.
- Brandebourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Carmélite
Nom des religieuses de l'Ordre du Carmel. (Les religieux de cet ordre s'appelaient
                        des Carmes.) L'Ordre du Carmel fut fondé en 1185 par Berthold de Calabre sur le mont Carmel
                        en Israël.
                     
                     
                     
                     - Carmélite, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 6 novembre 2009.
 - Carmel (le) ou ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Cologne (en all. Köln)
V. d'Allemagne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans une plaine fertile, sur la rive g. du Rhin. [...] Fondée en -38 par les Ubiens sous le nom d'Ara Ubiorum (autel des Ubiens), puis rebaptisée Colonia Agrippinensis par Claude en l'honneur de sa femme Agrippine (49), elle fut agrandie et fortifiée sous Néron. [...] Promue ville impériale au XIIIe s., elle eut durant tout le Moyen Âge une grande prospérité commerciale (verreries, céramique, vins), adhéra à la Hanse et fut en relations avec toutes les grandes cités allemandes. Son éclat artistique et intellectuel était très grand. Thomas d'Aquin, Duns Scott et Albert le Grand enseignèrent à l'université. Elle eut sa propre école de peinture (XIVe - XVIe s.) dont le principal représentant était Lochner. Mais, du XIIIe au XVIIe s., des luttes d'influence opposèrent la riche bourgeoisie commerciale à l'archevêque-électeur. Celles-ci furent marquées par le combad de Worringen (1288) et la guerre de Cologne (1582 - 1584). Prise par les Français en 1794, elle passa à la Prusse en 1815.
- Cologne en all. Köln, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Douai
Ch.-1. d'arr. du Nord, sur la Scarpe. [...] HISTOIRE. Duacum à l'époque gallo-romaine, la ville obtint une charte communale au XIIe s. alors qu'elle appartenait aux comtes de Flandre. En 1667, Lous XIV prit Douai qui fut fortifiée par Vauban ; par le traité d'Utrecht (1713), la ville revint définitivement à la France. Fondée par Philippe II, son université joua un rôle important contre le protestantisme. Elle fut transférée à Lille en 1887.
- Douai, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Ferdinand II de Habsbourg
Empereur germanique (1619-1637). Succédant à son cousin Mathias II, il se trouva aux prises avec le soulèvement protestant de la Bohême qui fut à l'origine de la guerre de Trente Ans. Déchu et remplacé par l'électeur palatin Frédéric V que la noblesse tchèque avait élu roi, il écrasa son adversaire à la Montagne Blanche (1620). En 1626, Christian IV, qui avait repris la tête du parti protestant en Allemagne, était battu à son tour (Lutter) et Ferdinand imposait la paix de Lübeck (1629). Les excès de la répression (édit de Restitution) provoquèrent une reprise des hostilités, Gustave II Adolphe, poussé par la France, intervint et remporta une suite de victoires (Breitenfeld, le Lech, Lützen), mais sa mort permit à l'empereur un rétablissement (Nördlingen). Ferdinand fut secondé par de brillants généraux (Tilly, Wallenstein, Maximilien de Bavière). On l'accuse généralement d'avoir obéi à un catholicisme et à un autoritarisme excessifs et intransigeants, mais sans doute agissait-il surtout dans le désir de consolider les possessions des Habsbourgs.
- Ferdinand II de Habsbourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Flandre
- Flandre-Occidentale (en néerl. West-Vlaanderen) : 
Prov. de Belgique (Région flamande). [...] LANGUE : néerlandais. Ch.-1. Bruges. La prov. est divisée en 8 arr. : Bruges, Dixmude, Ypres, Courtrai, Ostende, Roeselare, Tielt, Veurne
. - Flandre-Orientale (en néerl. Oost-Vlanderen) : 
Prov. de Belgique (Région flamande). [...] LANGUE : néerlandais. Ch.-L. Gand. La prov. est divisée en 6 arr. : Aalst, Dendermonde, Eeklo, Gand, Oudenaarde, Sint-Niklaas
. 
- Flandre-Occidentale, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Flandre-Orientale, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Frise (en néerl. Friesland)
Prov. du N. des Pays-Bas. [...] HISTOIRE. Peuplant un territoire aux contours mal définis, mais beaucoup plus vaste que la Frise actuelle, les Frisons (parents des Saxons) apparurent au début de l'ère chrétienne parmi les tribus germaniques de la côte de la mer du Nord, entre la Meuse et la Weser. [...] Au Moyen Âge, la Frise, faisant partie du Saint-Empire romain germanique se trouva morcelée en de nombreux États (comtés de Hollande et de Zéland, évêché d'Utrecht, seigneurie de Groningue). Sous cette appellation substitaient alors la Frise proprement dite et la Frise-Orientale. La première, longtemps pomme de discorde entre les comtes de Hollande et les ducs de Saxe, échut à ces derniers en 1498 quand l'empereur Maximilien nomma Albert, duc de Saxe, gouverneur perpetuel de Frise. Elle passa ensuite sous l'autorité de Charles, duc de Gueldre, puis, en 1515, du futur empereur Charles Quint. En 1579, la Frise adhéra à l'Union d'Utrecht et suivit désormais le sort des Provinces-Unies.
- Frise (en néerl. Friesland), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Frédéric II de Nuremberg
(1188-1255). Frédéric II de Nuremberg fut le co-burgrave de Nuremberg de 1204 à 1218,
                        ainsi que le comte de Zollern de 1201 à 1251. Frédéric II appartient à la quatrième
                        brange de la lignée Hohenzollern-Hechingen, issue de la première branche de l'illustra
                        Maison de Hohenzollern. 
                     
                     
                     
                     - Frédéric II de Nuremberg, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_II_de_Nuremberg.
 
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Frédéric-Henri d'Orange-Nassau
Orange, près d'Avignon dans le Vaucluse, devint une principauté au XIIIe siècle. Celle-ci
                        revint, par le jeu des alliances, à la branche hollandaise de la famille de Nassau
                        en 1544 qui conserve encore le titre de prince d'Orange. La lutte pour le contrôle
                        de la principauté entre les Princes d'Orange et Louis XIV commença aux années 1640 et finit en 1702 quand le territoire fut formellement annexé
                        à la France. Cette lutte connut un tournant important en 1673, quand Louis XIV annexa
                        tout le territoire de la principauté à la France et fit raser le château des princes
                        d'Orange.
                     
                     
                     
                     C'est Frédéric-Henri d'Orange-Nassau (1584-1647), un allié de la France, qui mit fin
                        à l'alliance vers la fin de sa vie en faveur de l'Espagne, qui reconnut l'indépendance
                        des Provinces-Unies (à partir desquelles furent créés les Pays-Bas actuels) en 1648.
                     
                     
                     
                     - Orange (province de l'État libre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Orange, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 septembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 janvier 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Henri_d%27Orange-Nassau.
 
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Furstenberg
Famille allemande originaire de Souabe, connue surtout par Wilhelm Egon Fürstenberg, évêque de Strasbourg (1684 - 1704). Fidèle allié de Louis XIV, il dut se réfugier en France. Sa candidature à l'électorat de Cologne, soutenue par Louis XIV, fut une des causes de la guerre de la ligue d'Augsbourg.
- Furstenberg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Groenlo (Grolle en français)
Ville située dans la province de Gueldre dans l'est des Pays-Bas, près de la frontière allemande.
                     
                     
                     
                     - Groenlo, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 janvier 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Groenlo.
 
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Gueldre (en néerl. Gelderland)
Prov. des Pays-Bas. [...] HIST. Après avoir appartenu au Saint Empire, la province de Gueldre devint un duché (maison de Nassau), puis passa à Charles le Téméraire de 1472 à 1477 et enfin à l'Autriche et à l'Espagne. La Basse-Gueldre se joignit aux Pays-Bas protestants en 1579 et la Haute-Gueldre passa aux mains de la Prusse lors de la guerre de la Succession d'Espagne. Occupée par la France sous Napoléon, la Gueldre fut divisée entre les Pays-Bas et la Prusse par la paix de Vienne en 1815.
- Gueldre en néerl. Gelderland, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Gustave II Adolphe
(Stockholm 1594 - Lützen 1632). Roi de Suède (1611 - 1632). Grâce à l'aide du chancelier
                        Oxenstierna, il parvint à rétablir la paix entre la Suède et le Danemark, entre la
                        Suède et la Russie et entre la Suède et la Pologne.
                     
                     
                     
                     - Gustave II Adolphe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Hohenzollern
Famille allemande qui tire son nom du château de Hohenzollern, près de Sigmaringen, en Souabe.
- Hohenzollern , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Infante
l'Infante d'Espagne, id est, la fille d'Espagne..
- Nicot, Jean, Infante, Le Thresor de la langue francoyse (1606), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 6 novembre 2009.
 
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Isabelle-Claire-Eugénie de Habsbourg (l'Infante) (en esp. Isabelle Clara Eugenia)
(1566 - 1633). L'enfant du roi Philippe II d'Espagne ; gouvernante des Pays-bas, duchesse
                        de Brabant, de Gueldre, de Lothier et de Limbourg, Comtesse d'Artois, de Flandre,
                        de Hainaut, de Bourgogne et de Namur.
                     
                     
                     
                     - Philippe II, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Isabelle d'Espagne (1566 - 1633), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_d'Espagne_)1566-1633).
 
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Isenbourg
L'une des principautés de la Confédération du Rhin, qui fut fondée en 1806 par seize
                        princes allemandes. Quoique la Confédération fût protégée par Napoléon, elle s'effondra
                        en 1813. L'Isenbourg existe de nos jours sous le même nom et constitue plusieurs comtés
                        du Saint-Empire romain germanique.
                     
                     
                     
                     - Confédération du Rhin , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Isenbourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isenbourg.
 
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Isenbourg (Château de)
Le site alsacien du château fut un poste avancé de l'antique Voie romaine commerciale
                        et militaire. À l'époque mérovingienne, le roi Dagobert II (652-679) céda sa demeure
                        aux évêques de Strasbourg suite à la guérison miraculeuse de son fils. La petite ville
                        de Rouffach étant devenu le centre des possessions de l'évêché dans le sud de l'Alsace,
                        l'édifice servit de résidence aux évêques lors de leur venue dans la région. Le château
                        existait au 12e siècle, mais fut détruit en 1199. En 1612 la construction d' un nouveau
                        château fut entreprise au nord de l' ancien. Les travaux eurent lieu de 1612 à 1617,
                        la décoration intérieure étant à peu près achevée en 1626. Ce château fut endommagé
                        en 1632 par une troupe française et probablement restauré par l'évêque de l'époque
                        vers 1664. Les anciennes superstructures furent démolies en 1822, et une restauration
                        moderne entamée en 1972.
                     
                     
                     
                     - Isenbourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 juillet 2015), Internet, 15 mars 2018. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isenbourg.
 - Château d'Isenbourg : histoire, Grandes Étapes Françaises, Internet, 15 mars 2018. https://www.grandesetapes.com/chateau-hotel-isenbourg-alsace/histoire/.
 
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Le Languedoc (de la langue d'oc, l'occitan)
Ancienne province dans le sud de France qui aurait compris les régions contemporaines
                        de Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Auvergne et une partie de la
                        Haute-Loire. Le Languedoc appartient à l'Occitanie, ancienne région du sud-ouest de
                        l'Europe dont les habitants parlèrent occitan comme langue principale.
                     
                     
                     
                     - Languedoc, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Languedoc.
 - Le Languedoc n. m., (d'après la langue où l'on dit oc « oui », c'est-à-dire l'occitan), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 - Occitanie, Wikipédia l'encyclopédie libre (16 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Occitanie.
 
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Le Neubourg
Le Neubourg est une ville en Normandie, site d'un château médiéval et d'événements
                        politiques importants depuis le XIIe siècle. 
                     
                     
                     
                     - Le Neubourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 mai 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Neubourg.
 
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Leucate
Comm. de l'Aude, arr. de Narbonne, au N. de l'étang de Leucate. 2 177 hab. (Leucatois). De part et d'autre du grau de Leucate, s'étend l'ensemble touristique de Leucate-Barcarès comprenant les plages de Leucate et de Barcarès, et les stations balnéaires de Port-Leucate et de Port-Barcarès (Pyrénées-Orientales).
- Leucate, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Lorraine
Anc. province de l'E. de la France qui a donné son nom à une région. HISTOIRE. [...] cette région devint le cœur de l'empire carolingien. [...] au XVIe s. [...] la Lorraine joua alors un rôle de premier plan dans la politique française, par l'intermédiaire des Guise, cadets de la maison ducale, se fit le champion du catholicisme [...] et, après sa réconciliation avec Henri IV (1595), connut son apogée, accompagné d'un épanouissement intellectuel et artistique [...].
- Lorraine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Louis XIII le Juste
(Fontainebleau 1601 - Saint-Germain-en-Laye 1643). Fils d'Henri IV et de Marie de Médicis. À l'âge de neuf ans suivant la mort de son père, Louis XIII
                        prit le trône comme roi de France (1610 – 1643), et sa mère fut proclamée régente.
                        Puisque sa mère lui exclut du pouvoir, même quand il atteignit l'âge de régner, Louis
                        finit par exiler Marie de Médicis à Blois. Cependant, à cause de l'instabilité mentale
                        et la mauvaise santé, le roi restaient incapable d'exercer le pouvoir total. Ainsi,
                        il compta sur son principal ministre le cardinal de Richelieu pour les conseils politiques.
                        Ensemble, ils enlevèrent aux Huguenots La Rochelle (1628) ; ils vainquirent les Espagnols
                        dans la guerre franco-espagnole (1635-1659) ; finalement, ils réussirent à établir
                        la France comme une grande puissance européenne.
                     
                     
                     
                     - Louis XIII le Juste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Lude (le)
Ch.-1. de cant. de la Sarthe, arr. de La Flèche. 4 424 hab. (Ludois). Église Saint-Vincent (XIIe et XVIe s.). Château des XIIIe-XIVe s. Maisons anc. Centre touristique. Produits laitiers.
- Lude (le), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Mathias II de Habsbourg
(Vienne 1557 - id. 1619). Empereur germanique, roi de Hongrie et de Bohême (1612 - 1619). Troisième fils de Maximilien II, il succéda à son frère Rodolphe II. L'échec de ses tentatives pour réconcilier catholiques et protestants devint manifeste avec la défenestration de Prague (1618). Il laissa la couronne à son cousin Ferdinand II de Habsbourg.
- Mathias II, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Ratisbonne (diète de)
Diète réunie en 1541 par Charles Quint, en présence d'un légat du pape, pour restaurer l'unité entre catholiques et protestants dans l'Empire. Les théologiens catholiques furent Eck, Gropper, J. von Pflug, les protestants Melanchthon et Bucer. S'appuyant sur les résultats du colloque de Worms qui avait précédé, l'entente faillit se faire ; elle échoua pourtant et, après une ultime tentative cinq ans plus tard (colloque de Ratisbonne), Charles Quint s'engagea dans la guerre contre les protestants tandis que la papauté entrait activement dans la Contre-Réforme.
- Ratisbonne (diète de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Reims
Ch. -1. d'arr. de la Marne, sur la Vesle, en Champagne. [...] HIST. Métropole des Rèmes, la ville eut d'Abord pour nom Durocortorum (« forteresse ronde ») et fut la métropole de la Gaule belgique en 17. Clovis s'y fit baptiser par saint Remi en 496 et les rois de France s'y firent sacrer. La fortification de la ville par Philippe le Bel date de 1295, l'institution de l'université de 1547.
- Reims, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Rhin (en all. Rhein, en néerl. Rijn)
Fl. d'Europe occidentale (1 320 km), tributaire de la mer du Nord. Né dans les Alpes suisses de la réunion du Rhin antérieur (Vorderrhein), émissaire du lac Toma (2 341 m), et du Rhin postérieur (Hinterrhein) né dans le massif de l'Adula, à 2 216 m, il se dirige d'abord vers le N., traverse le lac de Constance où il marque la frontière entre la Suisse et l'Autriche et s'enrichit de la Reuss, de la Limmat et de l'Aar. Il prend ensuite la direction de l'o., jusqu'à Bâle et sert de frontière entre la Suisse et l'Allemagne, la première conservant cependant en rive d. l'enclave de Schaffhouse et la fameuse chute du Rhin. [...] Aux Pays-Bas, le fleuve se subdivise en quatre bras : l'IJssel (qui alimente l'IJsselmeer ou ancien Zuiderzee), le Vieux Rhin, le Waal (qui se dirige vers la Meuse) et le Lek qui rejoint Rotterdam.
- Rhin en all. Rhein, en néerl. Rijn, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Rodolphe II de Habsbourg
(Vienne 1552 - Prague 1612). Empereur germanique (1576 - 1611), roi de Hongrie (1572 - 1608) et de Bohême (1575 - 1611), fils de Maximilien II. Installant sa capitale à Prague, il protégea la Contre-Réforme catholique, mais assura aussi aux protestants de Bohême la librté de culte (lettre de majesté, 1609). Plus attiré par les arts et les sciences que par la politique (il protégea Tycho Brahé et Kepler), il fut supplanté par son frère Mathias II.
- Rodolphe II de Habsbourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Siège de Groenlo (Grolle en français)
Frédéric-Henri d'Orange-Nassau attaqua la ville, alors espagnole, en 1627. Après un mois de siège, la ville s'est
                        rendu aux Hollandais jusqu'à la fin de la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648,
                        avec une trève entre 1609 et 1621). C'est sa position stratégique à la frontière allemande
                        qui lui vaut plusieurs sièges au cours de cette guerre où les Pays-Bas cherchaient
                        à se libérer de l'Espagne.
                     
                     
                     
                     - Siège de Groenlo (1627), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 janvier 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Groenlo_(1627).
 
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Souabe
Région d'Allemagne méridionale, à cheval sur le Wurtemburg et le plateau bavarois. [...] HIST. En 950, (la Souabe) passa au fils d'Othon le Grand et resta désormais dans la famille impériale (Frédéric Barberousse était duc de Souabe). L'extinction de la maison de Hohenstaufen fut suivie d'une période d'anarchie et de la formation de différentes ligues (1331, 1360, 1376), jusquà la grande ligue de Souabe (1488 - 1533) qui assura l'ordre et seconda l'autorité autrichienne : elle soutint Maximilien Ier dans sa lutte contre la Suisse, puis écrasa Ulrich de Wurtemberg, Franz von Sickingen et les Paysans. Déchirée par la guerre de Trente Ans, la Souabe fut définitivement démantelée lors du traité de Westphalie.
- Souabe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Toulouse
Ch.-1. du dép. de la Haute-Garonne et de la région Midi-Pyrénées, sur la Garonne. [...] HISTOIRE. Anc. cap. du royaume wisigoth, devenue cap. du royaume d'Aquitaine, Toulouse abitra l'Inquisition au XIIIe s. ; l'ordre des dominicains y fut fondé pour combattre l'hérésie. La ville avait subi les effets de la croisade contre les albigeois, et Simon IV de Montfort fut tué en l'assiégeant (1218). Le comté de Toulouse fut intégré au domaine royal en 1249. Après une période de décadence, c'est au XVe s. que Toulouse renaquit et essaya de garder ses traditions jusqu'à la Révolution. Son expansion n'a pas cessé depuis le XIXe siècle.
- Toulouse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Varades
Ch.-1. de cant. de la Loire-Atlantique, arr. d'Ancenis. 3 039 hab..
- Varades, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
 
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Vaubecour
Régime de Vaubecour : Le régiment de Vaubecour exista aux années 1630 en France.
                     
                     
                     
                     - Chaumont, Gazette de France, tôme premier, Paris, 1766.
 
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Élizabeth de Habsbourg
La fille du comte Albert IV de Habsbourg, de la maison d'Autriche, et l'épouse de
                        Frédéric II de Nuremberg.
                     
                     
                     
                     - Frédéric II de Nuremberg, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_II_de_Nuremberg.
 
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Notes
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