Le mariage sous L'Ancien Régime
LA
COMTESSE
D'ISEMBOURG.
Vignette, coupe à fruits, fleurs, feuilles et ailes.
Au-dessous de la vignette, à gauche, l'empreinte (illisible) de la bibliothèque.
A PARIS, Chez Claude Barbin, au
Palais, sur le Perron de la
Sainte Chappelle. Filet simple. M. DC. LXXVIII.
Avec Privilege du Roy. Cote Y2 23585 (écrit à la main)
3
Bandeau décoratif.
LA COMTESSE D'ISEMBOURG. 1
Lettrine (L)
LA Maison de
Hohenzollern,
est une Maison fort
illustre dans l'Alemagne. Elle a eu
l'honneur d'estre al
4
liée à ses Empereurs,
puis qu'un Comte
de Hohenzollern a
épousé autrefois une
fille de la Maison
d'Autriche à laquelle l'Empereur donna les Estats du Marquis de Brandebourg qui luy étoient dévolus par
un droit de l'Empire. La Comtesse
d'Isembourg estoit
sortie de cette fa
5
mille, elle estoit fille de Iean George de
Hohenzollern Prince de l'Empire de la
haute Alemagne &
de la Province de
Suaube. Il fut sur la
fin de sa vie le favory de l'Empereur
Ferdinand II. comme il l'avoit déja
esté des Empereurs
Rodolphe & Mathias, & c'étoit un
des plus grands hom
6
mes d'Estat que l'Alemagne ait jamais
eû.
Il laissa trois garçons & six filles.
L'aisné des Princes
fut élevé en France
& prefera toûjours
une vie douce &
tranquille à l'éclat
des grands emplois.
Il se maria en Flandres avec une fille
unique de la Maison
de Berg qu'il ne pût
7
obliger de passer
dans la haute Alemagne, & qu'elle ne
pût retenir dans la
basse. De sorte qu'ils
se separerent aprés
la naissance de Madame la Comtesse
d'Auvergne leur fille. Le second des
Princes mourut dans
son enfance, & le
troisiéme est marié
dans la haute Alemagne.
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La Comtesse
Des six filles du
Prince de Hohenzollern qui furent
toutes mariées à des
Comtes Souverains
ou à des Princes,
l'aînée entra dans la
Maison de Furstemberg. La seconde
épousa le Prince
Guillaume de Bade
qui presida à la Diette de Ratisbonne
l'année 1640. & l'infortunée Princesse
9
Marie Anne la plus
jeune & la plus belle épousa le Comte
d'Isembourg de la
basse Alemagne.
Comme la fortune luy preparoit
bien moins de bonheur qu'à ses sœurs,
la nature voulut la
favoriser de tous les
avantages qui peuvent rendre une personne accomplie.
Elle estoit grande,
10
blanche & blonde,
ses yeux avoient plus
de langueur que de
feu. La blancheur
& l'éclat extraordinaire de son teint ne
donnoient pas à ceux
qui la regardoient
le loisir ny la liberté
d'examiner, si tous
les traits de son visage estoient reguliers, enfin dés que
l'on la voyoit il estoit
difficile de ne se lais
11
ser pas persuader
qu'elle estoit parfaitement belle. L'on
ne vit jamais un air
si touchant & si majestueux que le sien.
Elle n'avoit que dix
ans lorsque le Prince son pere estant
mort, la Comtesse
de Furstemberg sa
sœur infiniment spirituelle prit le soin
de son enfance, &
& par le secours de
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l'art & les avantages
de la nature la jeune Princesse n'ignora rien de ce qui peut
rendre une personne
accomplie.
Elle parut avec
tous ces charmes à
l'âge de quinze ans
à la Cour de l'Imperatrice durant la
Diette de Ratisbonne de l'année 1630.
Comme l'on y de
13
voit traiter des plus
grandes affaires de
l'Empire, cette Cour
n'avoit jamais esté
si belle. La Princesse
eut d'abord un fort
grand nombre d'Amans. Le Prince
Iulien de Saxe le
mieux fait & le plus
amoureux de tous,
ayant dans une course de Bague remporté le prix que l'Imperatrice donnoit,
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l'offrit à la jeune
Princesse ; & dans
ce moment le vieux
Comte d'Isembourg
arrivant de Cologne, la vit & l'ayma,
c'estoit pour elle
deux choses qui se
suivoient de prés.
Il avoit esté marié à Caroline d'Aremberg de la Maison d'Arschot, mais
il l'avoit épousée
sans amour & vivoit
15
avec elle sans tendresse, lors qu'une
violente colique,
dont la cause fut inconnuë l'enleva du
monde dans deux
heures.
Ce Comte avoit
de l'esprit & du courage, l'ame liberalle & le cœur grand,
il estoit mal-fait,
mais ses plus grands
deffauts étoient dans
son humeur, il l'a
16
voit sombre, emportée, bijarre, l'amour qui adoucit
les naturels les plus
farouches n'avoit
pû changer le sien.
Il n'avoit jamais rien
aymé, il estoit mesme nay avec une
antipathie extreme
pour toutes les femmes, & il en donna
dés le Berceau un
assez plaisant témoignage, puis qu'on
17
ne pût jamais luy
faire teter aucune
femme. On luy choisit inutilement des
nourrices brunes,
des blondes, des
vieilles & des jeunes, il les refusa
toutes, & prit avec
avidité une chevre
qu'on luy presenta.
Il avoit la phisionomie sauvage & terrible, & la conduite du Comte tenoit
18
fidellement tout ce
que sa physionomie
promettoit. Il est
assez difficile à l'amour de se rendre
maistre d'un cœur
de cette nature, il
vint pourtant à bout
de celuy du Comte.
& quoy qu'il ne prit
pas le chemin qu'il
suit d'ordinaire pour
arriver aux autres
cœurs, il y parvint
enfin.
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Comme le Comte ne connoissoit
point l'usage des
soûpirs, il fut surpris des premiers qui
luy échaperent, il
ne sçavoit ce qu'ils
demandoient, mais
ses pressants desirs
le luy ayant bientost fait comprendre, par un accord
fatal de son destin
avec celuy de la jeune Princesse, il fut
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preferé à tous les
Amans par le Comte & la Comtesse de
Furstemberg. Ce n'étoit pas sans raison,
il avoit exercé les
premiers emplois de
l'Armée, il estoit
parvenu à celuy de
Mestre de Camp general, & c'estoit un
des plus riches & des
plus vaillans Seigneurs de l'Empire.
A la fin de la Die
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te la Comtesse de
Furstemberg retourna chez elle avec la
jeune Marie Anne
sa sœur, & le Comte partit pour aller
à Isembourg. Mais
comme il avoit dans
le cœur une impatience amoureuse à
laquelle il n'estoit
pas accoustumé, il
fit tant de chemin
en peu de temps
qu'à peine le croyoit
22
on chez luy qu'il arriva à Furstemberg
pour épouser la Princesse avec un train
digne d'un des plus
grands Princes de
l'Empire.
L'amour l'instruisit tout d'un coup, il
fit faire un équipage
pour la Princesse aussi galand qu'il estoit
magnifique, & excitant la pante naturelle qu'il avoit
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d'estre liberal, il fit
present à sa maîtresse
d'une quantitié prodigieuse de pierreries. On a eu raison
de dire depuis, que
l'amour ne faisoit
que mettre ces pierreries en dépot dans
les mains de la Princesse, & que le Comte s'en reservoit l'usage. Quoy qu'il en
soit le Comte avoit
ses intentions, & l'a
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mour pouvoit avoir
les siennes.
La jeune Princesse paroissoit en cét
état si belle au Comte d'Isembourg, qu'il
estoit le plus amoureux & le plus content de tous les hommes. Il connoissoit
pourtant bien qu'il
n'en estoit pas aymé,
mais cette connoissance qui auroit
troublé les plaisirs
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d'un autre n'alteroit
nullement les siens,
il n'étoit pas d'humeur de les gâter par
de semblables delicatesses. Il partit bientost aprés ses Nopces
pour aller à Isẽbourg
disposer les choses
pour la reception de
la Comtesse sa femme, la Princesse de
Bade & la Comtesse
de Furstemberg la
voulurent accompa
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gner. Elles firent
presque tout leur
voyage sur le Rhin
& dans un batteau
des plus galans & des
plus magnifiques qui
eussent jamais paru
sur ce fleuve.
Le Rhein est bordé en ces endroits de
tres-agreables Villes. Comme le Comte estoit en grande
consideration en ce
païs-là ; les Gou
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verneurs & les Magistrats tâchoient à
l'envy de regaler la
Comtesse ; ils luy
faisoient par tout
des receptions magnifiques, les rivages retentissoient
de mille concerts ;
on n'entendoit par
tout que des acclamations & des cris
de joye, & avec un
vin excellent qu'on
luy offroit selon la
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mode du païs ; les Deputez de toutes ces
Villes venoient luy
faire des harangues.
Comme elle estoit
fort jeune ces ceremonies la fatiguerent, la contrainte
n'est pas de cet âge, &
le divertissement &
la joye luy conviennent mieux ; la Comtesse y avoit un penchant que toutes les
infortunes de sa vie
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on eu peine de chãger. Pour se divertir
& se delasser de la fatigue de ces ennuyeuses harangues ; elle
s'avisa de faire joüer
le personnage de
Comtesse d'Isem
bourg à une fille de
sa suite à peu prés de
sa taille, mais laide
& vieille. Le Comte plein d'amour &
de joye avoit publié
en passant qu'il ve
30
noit d'épouser une
Princesse jeune &
belle, & l'on l'avoit
cru de bonne foy.
L'étonnement de ces
Messieurs, & la peine
qu'ils avoient de prononcer les mots de
belle & jeune estoit
une chose tres-réjoüissante à voir. La
Princesse de Bade
s'en divertissoit comme la Comtesse, mais
Madame de Furstem-
31
berg toûjours severe
& toûjours scrupuleuse, craignant que
le Comte ne fut fasché que l'on pust
condãner son choix
arrêta le cours de cette plaisanterie en faisant connoître la veritable Comtesse, &
il fallut qu'elle écoutât de nouveau des
Harangues. Si bien
que lors que les Habitans de ces diffe
32
rents lieux se trouvoient ensemble, ils
avoient des contestations sur la beauté
ou sur la laideur de
la Comtesse d'Isembourg, dont ils ne
sont pas encore d'accord.
Elle arriva enfin à
Isembourg. Il n'y avoit rien de si beau
que le Château, rien
n'en pouvoit surpasser la magnificence,
33
soit pour le dedans
soit pour le dehors.
La structure en estoit
admirable, & les
peintures, les lambris, les jardins le rendoient un des plus
agreables lieux du
monde. La Comtesse y fut receuë par
le Comte, tout plein
& tout transporté de
sa passion, avec toutes les marques de
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joyes qu'on a accoûtumé de faire paroître en ces sortes d'occasions. Il luy fit de
nouveaux presens de
Pierreries, & pendant tout le sejour
que la Princesse de
Bade & Mme de Furstẽberg firent à Isembourg, ce ne fut que
courses de bague,
que promenades, que
parties de chasse, de
divertissement & de
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plaisir. La separation
de ces Princesses fut le
premier chagrin que
la Cõtesse fit paroître,
elle y fut sensible au
delà de tout ce qu'on
pourroit exprimer,
& beaucoup plus que
le Comte n'eust souhaité, il faisoit tous
ses efforts pour la
consoler, il s'avisoit
de mille petites manieres pour la divertir, en fin pour dis
36
siper la mélancholie
où elle s'abandonnoit quelquefois par
le souvenir de ce
qu'elle perdoit, il luy
faisoit un détail de
tous les avantages
qu'il luy preparoit &
il n'oublioit rien
pour luy plaire.
Quand on ne commence à aymer qu'à
l'âge de soixante ans
& qu'on s'y prend
d'abord de cette ma
37
niere, il semble que
l'on devroit porter sa
passion jusques au
tombeau. Cependant le vieux Comte
cessa bien-tost d'aymer, son cœur n'étoit pas propre à l'amour. Il se lassa d'une
passion si douce, &
les chagrins, les soupçons, les dégoûts en
chasserent bien-tost
ce qu'il y avoit eu de
doux & de raisonna
38
ble. Comme depuis
son mariage il n'avoit point esté à l'Armée exercer sa valeur, il voulut l'employer à dompter la
beauté de sa femme,
il ne songea plus qu'à
faire peur à la jeune
Comtesse. Cela luy
fut plus facile que de
s'en faire aimer. Il
reprit son air sombre
& sauvage que l'amour avoit un peu
39
radoucy, & tout cela faisoit un effet si
terrible sur le cœur
& sur l'esprit de la
Comtesse, qui n'avoit pas assez de
courage pour le regarder sans frayeur.
Il ne s'entretenoit
que d'Histoires tragiques, d'evenemens
funestes, & des punitions que de jeunes femmes s'étoient
attirées de leurs vieux
40
maris. C'estoit ordinairement au lict
qu'il luy faisoit ces
galands recits, &
une nuit la Comtesse en fut si effrayée
qu'elle ne pust s'empécher de crier de
toute sa force : un
long évanoüissemẽt
succeda à ses cris, &
peut-estre seroit-elle
morte de frayeur si
l'on ne fût venu
promptement à son
41
secours. Le Comte
fut fâché de l'avoir
jettée dans ce peril,
& par une grace singuliere il changea
l'heure de ses entretiens.
Lorsque la Comtesse ne sçavoit plus
que devenir, il arriva
pour sa consolation
une Courier de l'Empereur qui portoit un
ordre pressant au
Comte de se rendre
42
auprés de lui à l'occasion de la guerre dõt
l'Empire estoit presque accablé par le
vaillant Gustave Roi
de Suede. Le Comte
qui estoit habile jugea d'abord que cette guerre seroit longue & perilleuse pour
les Alemans, mais il
craignit qu'elle ne
le devînt davantage
pour luy-mesme par
la beauté & la jeu
43
nesse d'une femme
qu'il estoit obligé de
quitter, & d'abandonner à sa bonne
foy & à sa conduite.
La campagne luy
paroissant plus suspecte qu'une Ville
où l'on est sans cesse exposé à la veuë
de tout le monde, il
se resolut de faire aller la Comtesse à Cologne qui estoit la
ville la plus proche
44
d'Isembourg, On y
transporta les meubles les plus precieux
du Château, & le
Comte craignant
toûjours quelque
vangeance pour les
traitemens injurieux
qu'il avoit faits à la
Comtesse voulut la
conduire luy-mesme
dans une Ville où il
croyoit estre mieux
à couvert de la seule
chose qu'il craignoit
45
au monde. Cette
guerre fut d'un grand
secours à la Comtesse pour la délivrer de
beaucoup d'ẽbarras
& dissiper un peu ses
chagrins, elle en avoit de plus d'une
maniere, & toute
jeune qu'elle estoit
elle ne pouvoit se
consoler des ordres
cruels que le Comte
avoit donnez pour
son sejour de Colo-
46
gne. Elle essaya d'abord d'ébloüir toute la Ville par une
joye qu'elle ne ressentoit pas veritablement dans l'ame,
mais à force de cacher & de déguiser
ses douleurs elle les
étouffa tout-a-fait.
Elle oublia jusques
aux brutalitez & aux
injustices du Comte,
& jamais elle ne goûta plus tranquille
47
ment le plaisir. Elle
avoit ainsi passé ses
beaux jours pendant
les six mois que le
Comte avoit fait la
guerre sans que personne se fut apperceu de ses déplaisirs,
elle en auroit encore
passé bien d'autres, &
peut-estre qu'elle eut
même oublié tout à
fait qu'elle estoit la
plus mal-heureuse
femme du monde si
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le Comte ne fût venu luy-mesme pour
l'en faire ressouvenir.
Comme il avoit passé six mois parmy le
sang & le carnage, il
n'avoit point appris
à devenir plus traittable. Au contraire
il revint plus fascheux & plus farouche qu'il n'estoit auparavant. Il estoit jaloux sans sçavoir le
sujet de sa jalousie. Il
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avoit l'ame pleine de
soupçons sans s'arréter nulle part, parce que la Comtesse étoit innocente. Mais
enfin ils tomberent
sur la personne du
monde pour qui elle
avoit le moins apprehendé.
Entre tous les presens que le Comte
luy avoit faits en l'épousant, il luy avoit
donné un page dont
50
la bonne mine & l'esprit estoient l'admiration de tous ceux
qui le connoissoient.
Son pere s'appelloit
Massauve, il estoit
François, & d'une
ancienne famille de
la ville de Montpellier. Par quelque caprice de son destin il
se maria en Lorraine, & s'attacha au
service des plus proches parens de la
51
Comtesse. Lorsqu'elle se maria Madame
de Fustembourg presenta le plus jeune
des fils de Massauve au Comte d'Isembourg, qui le trouvant extrémement
bien fait le donna
pour Page à la Comtesse sa femme. Ce
Page devint en peu
de temps fort accomply. Il estoit sage, adroit, respec
52
tueux, fidelle ; & la
Comtesse prenoit en
luy une confiance
entiere. Mais ce qui
devoit faire en partie sa consolation devint la source de tous
ses malheurs.
Ce Page parust
trop beau aux yeux
du Comte. Sa jeunesse & sa bonne grace
le menaçoient sans
cesse à son avis d'une
secrete intelligence
53
avec les charmes de
la Comtesse, & il ne
pouvoit pas se persuader que deux jeunes cœurs peussent
estre si prés l'un de
l'autre sans s'embrazer.
Dés que les soupçons incertains du
Comte se furent ainsi arrêtez sur le jeune
Massauve, ils éclaterẽt avec tant d'emportement que la
E iij
54
Comtesse crut que
le premier jour de
cette jalousie seroit
le dernier de la vie de
son Page ; cette crainte jointe au juste ressentiment qu'elle avoit d'un traitement
si injurieux la fit resoudre à prévenir les
suites d'un mal qui
pouvoit devenir funeste à son honneur
dans l'estime des
hommes qui ne se
55
donnent pas toûjours la peine d'examiner l'injustice d'un
vieux mari à l'égard
d'une jeune femme.
Pour cet effet ne prenant conseil que de
sa seule innocence ;
elle le va trouver &
laissant agir tout son
air de douceur & de
Majesté ; elle luy reproche ses caprices
avec toute la fermete d'une ame qui se
56
sent incapable de
commettre un crime ; elle luy fait voir
le peu de fondement
de sa rage ; elle luy
en exaggere l'injustice & la violence, &
s'offre à la faire cesser par toutes les
voyes qu'il voudra
luy prescrire.
C'est une étrange
fureur que la jalousie. Elle empoisonne
tout ce qu'on fait
57
pour la guerir. La
justification de la
Comtesse acheva de
la perdre dans l'esprit de son vieux mari, & il ne peut pas se
persuader qu'elle ne
fût coupable, puis
qu'elle prenoit tant
de soin de paroître
innocente.
Il n'est pas difficile de juger combien
cette nouvelle injustice luy fit de
58
peine, elle sentit renouveller toutes ses
douleurs, & peutestre qu'elle en eust
esté accablée si Massauve & Delmas une
de ses filles en qui elle se confioit beaucoup ne luy eussent
donné un expedient
que mille experiences ont fait trouver
infaillible en de pareilles occasions. Ce
fut de faire entre
59
voir au Comte que
la Comtesse avoit un
autre Amant, & détourner par cette
adresse le cours de sa
jalousie.
Le Prince François de Lorraine,
Doyen de Cologne,
estoit effectivement
amoureux de la
Comtesse. Mais il
l'aimoit avec tant
de discretion que
personne n'avoit en
60
core penetré son secret. Il n'est pas malaisé de vaincre la retenuë d'un jeune
cœur fort amoureux.
La Comtesse par mille petites manieres
galantes & enjoüées
qui ne l'engageoient
à rien, rendit le Prince de Lorraine indiscret, la joye qu'elle
luy donna le troubla
tellement qu'il n'eut
plus la force de ca
61
cher sa passion, non
pas mesme au Comte d'Isembourg, qui
croyant avoir une
penetration admirable & sortir de la
plus grande erreur
du monde, cessa d'être jaloux du Page,
& le devint effectivement du Doyen
de Cologne. Comme cét Amant luy
faisoit moins de honte & qu'il y avoit plus
62
d'apparence que la
Comtesse aimât un
Prince, qu'un Page,
il s'abandonna sans
resistance à tout ce
qu'il plut à cette jalousie de luy faire
sentir. La Comtesse
n'aimoit ny le Page ny le Prince, mais
son innocence l'empeschant de ne rien
craindre pour elle,
& le Prince de Lorraine n'estant pas ex
63
posé à la colere du
Comte comme Massauve, elle s'applaudissoit en secret de
l'estat où elle avoit
mis les choses.
Le vieux Comte
qui souffroit toutes
les injures de l'air &
toutes les fatigues
de la guerre sans se
plaindre feignoit d'être malade dés qu'il
arrivoit à Cologne à
la fin de la campa
64
gne. La Comtesse ne
bougeoit de sa chambre & il falloit malgré luy qu'il y vit souvent le Prince de
Lorraine. Sa naissance & sa dignité ne
luy permettant pas
de luy faire les mauvais tours qu'il faisoit à d'autres. La
Comtesse n'avoit la
liberté de sortir que
pour aller aux Carmelites visiter une
65
sainte Religieuse qui
prenoit mille soins
pour sa consolation ;
c'estoit une fort belle & fort spirituelle
personne, dont Henry Prince d'Orange
avoit esté extremement amoureux : apres qu'elle eut fait
tous les efforts possibles pour le guerir
d'une passion qu'elle
ne pouvoit approuver, elle s'échapa se
66
cretement & s'alla
jetter dans la ville de
Grol sous la domination du Roy d'Espagne. Vne action si
belle redoubla l'estime & la tendresse du
Prince, & son amour
luy faisant trouver
des pretextes de guerre assez specieux, il
fit comprendre aux
Hollandois que l'assiete de la ville de
Grol coûtoit de gran
67
des contributions au
Duché de Gueldres,
& à toute la Frise avec l'entretien de
huit mille Hollandois pour empescher
les courses de la Garnison de cette Place.
L'avis du Prince d'Orange fut suivi. Grol
fut assiegé & bientost reduit à se rendre2. Dans la prise
d'une Ville tous les
crimes semblent per
68
mis. Ce jeune Prince victorieux avoit
resolu d'enlever sa
Maîtresse, mais elle
luy parla avec tant
d'esprit & d'une maniere si forte & si touchante, que ce Prince
devint tout d'un
coup respectueux &
moderé : Neanmoins
cette sage fille craignant toûjours quelque retour des sentimens impetueux du
69
Prince, s'enfuit derechef dans les Carmelites de Cologne,
c'est-là qu'elle consoloit la Comtesse
d'Isembourg : elle
sçavoit toutes les intrigues des Seigneurs
de Flandres & de la
Cour du Prince d'Orange, & divertissant
la Comtesse par mille contes agreables
elle luy faisoit mieux
goûter ce qu'elle luy
70
disoit en suite de solide.
Pour donner quelque soulagement à la
captivité de la Comtesse, le Ciel permit
que l'Infante Isabelle, Claire, Eugenie,
qui gouvernoit les
Païs bas, pria le Comte d'Isembourg de
trouver bon que sa
femme allât tenir à
sa place & faire baptiser à son nom un
71
enfant du Duc de
Neubourg. Il y consentit parce qu'il n'osa pas le refuser : &
comme sa mere avoit esté tendrement aimée de l'Infante, il donna un
train magnifique à
la Comtesse, & luy
fit faire tant de liberalitez que l'Infante
mesme n'en eut pas
fait davantage. Le
Duc de Neubourg
72
de son costé mit tout
en usage pour divertir la Comtesse, il
avoit des troupes sur
pied qu'il avoit partagées afin que le
Prince son fils en
commandât la moitié ; il voulut lui donner le plaisir d'une
espece de combat.
Le vieux Duc se mit
à la teste de ses troupes, & le jeune Prince
à la teste des siennes.
73
Ils vinrent d'abord
au combat comme
on y vient dans un
carrouzel, mais par
quelque accident les
soldats s'irriterent si
fort les uns contre
les autres qu'ils combattirent comme ennemis. Le Duc & son
fils eurent toutes les
peines du monde de
les arrester. La Comtesse pensa mourir
de frayeur & les Ale
74
mands estant superstitieux, on crut d'abord que c'estoit un
presage de la mauvaise intelligẽce qu'il
y eut bien-tost apres
entre le Duc & son
fils, qui n'estoit pas
content depuis que
son pere avoit épousé en secondes nopces la fille du Duc des
deux Ponts.
Cependant la guerre duroit toûjours, &
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le Comte d'Isembourg estoit trop attaché au service de
l'Empereur pour mãquer de se rendre à
l'Armée au commencement de la campagne. Ainsi le Printemps faisoit renaître les innocens plaisirs de la Comtesse,
& l'Hyver luy ramenoit son vieux mary
plus bizarre & plus
terrible que lors qu'il
76
estoit party. Ses
injustes soupçons
s'étoient renouvelez
contre le jeune Massauve, quoy que n'étant plus Page il le
suivit toûjours à
l'armée.
La Comtesse avoit
naturellement une
si grande crainte de
la mort que jamais
personne ne l'a tant
apprehendée, elle faisoit de grand cris
77
dés qu'elle entendoit
sonner les cloches
pour un enterremẽt,
& ne paroissoit jamais satisfaite que
lors qu'elle estoit
pleinement instruite
de la maladie & de la
mort de celuy qu'on
alloit enterrer. Elle
apprit un jour que
trois personnes étoient mortes d'une
mesme maladie, &
qu'un de ses domes
78
tiques en estoit attaqué ; Il ne luy en fallut pas davantage
pour luy faire quitter
Cologne, elle s'enfuit d'abord dans
un Chasteau d'une
Dame de ses amies,
& cette mesme nuit
le Prince de Lorraine arriva dans ce
Château. La Comtesse se troublant de
cette avanture, luy
demanda dés qu'il
79
parut, qu'est-ce qui
pouvoit l'avoir amené à cette heure en ce
lieu. Mais, vous mesme, Madame, luy ditil, feignant d'estre
aussi surpris que la
Comtesse paroissoit
interdite, que faitesvous icy ? Ie fuis la
mort, reprit-elle, qui
ravage tous dans la
ruë que j'habite à
Cologne, & j'ay
choisi ce lieu parce
80
que l'air y est bon &
pur, deux de mes
domestiques sont
morts de mesme aujourdh'uy. Madame,
respondit le Prince,
ma maison est infectée, toute la ville
de Cologne le va
devenir, je crains la
mort comme vous,
adjoûta-t'il en riant,
& je suis venu dans
ce lieu connoissant
la pureté de l'air que
81
l'on y respire. Ah !
Prince, luy dit-elle,
il faut vous en retourner, vous sçavez
à quels égards m'engage le chagrin que
le Comte d'Isembourg a contre vous.
Quoy, Madame, repliqua le Prince en
riant, toûjours j'irois mourir à Cologne pour faire plaisir au Comte d'Isembourg, vous me dis
82
penserez s'il vous
plaist de cette obeïssance. La Comtesse
eut beau parler, le
Prince ne répondoit
qu'en plaisantant à
tout ce qu'elle luy
disoit de serieux. La
maîtresse du logis &
deux de ses amies qui
l'estoient aussi du
Prince de Lorraine
la determinerent à
souffrir de bonne
grace ce qu'elle ne
83
pouvoit éviter, puis
qu'elle avoit renvoyé son équipage,
& que le Prince ne
luy auroit pas asseurément presté le sien.
Il se rendit donc galamment le maistre
de cette maison, &
durãt huit jours l'on
ne vit que ses Officiers qui traiterent la
Comtesse & les autres Dames avec une
magnificence prodigieuse.
84
C'estoit sur la fin
de d'Esté. Le Comte
d'Isembourg arriva
bien-tost de l'Armée, & son retour
troubla toutes les
festes. Il avoit des
gens gagez pour luy
rendre compte de la
conduite de sa femme, qui ne manquerent pas de luy dire
cette absence de huit
jours avec toutes ses
circonstances. Ia
85
mais la rage n'a inspiré de mouvemens si
violens. Le Comte
forma déslors le dessein de faire mourir
sa femme, il n'avoit
point d'enfans & l'espoir qui luy restoit
encore d'en avoir
combattoit quelquefois ce noir dessein. Il ne voulut pas
demeurer dans l'irresolution. Il consulta
les Medecins qui fi
86
rent prendre des remedes à la Comtesse si opposez à son
temperament qu'elle
en a esté incommodée toute sa vie, mais
comme cela ne le
contentoit pas il la
fit déguiser un jour,
& se déguisant luymesme sans luy rien
dire de son dessein, il
la mena chez un habile Iuif qui se m'éloit de prédire l'ave
87
nir, & qui sans les
connoistre leur declara qu'ils n'auroient jamais d'enfans. Ils s'en consolerent tous deux, la
Comtesse parce qu'elle crût qu'on ne la
tourmenteroit plus
par des remedes, &
le Comte par ce qu'il
pouvoit la faire mourir sans regret. Dés
le lendemain il ne
luy parla plus que de
88
fer & de prison. Il
sçavoit avec quelle
foiblesse la Comtesse craignoit la mort,
& sa rage n'eust pas
esté satisfaite si elle
l'eust soufferte sans
la prévoir.
Vn jour qu'il la
regardoit d'une maniere où la Comtesse crût d'entrevoir
quelque chose de
moins farouche qu'à
son ordinaire. Elle
89
luy demanda avec
une douceur capable
de toucher le plus
barbare de tous les
hommes. Qu'est-ce
qu'elle voyoit dãs ses
yeux de moins menaçãt que de coûtume.
C'est que je vous
trouve fort belle aujourd'huy, luy ditil, & que je prends
plaisir de m'imaginer
en vous regardant
que quand il me plai
90
ra vous ne serez plus
qu'un objet d'horreur. Quoy que les
termes fussent assez
intelligibles, & qu'il
ne fut pas mal-aisé
de donner dans le
sens du Comte, la
Comtesse ne penetra
pas d'abord cette réponse. Son esprit
quelque éclairé qu'il
fut, ne comprit pas
ce qu'elle avoit d'effroyable : Et par
91
quel art magique,
luy dit-elle en riant,
me pouvez-vous
oster tout d'un coup
le peu de beauté
que le Ciel m'a donnée, & usurper le
droit du temps qui
mesme n'a le pouvoir que de me l'ôter peu à peu ? Mou
art est seur, reprit le
Comte, j'ay plus
d'un secret pour ce
92
la ; mais je vous traiteray en femme de
qualité. Ie ne me servirai que d'une poudre de Diamans qui
donne une colique
toute faite comme
celle qui fit mourir
dans deux heures
Caroline d'Aremberg ma premiere
femme Ah ! Ciel,
s'écria la Comtesse,
qui le comprit enfin,
93
garantissez-moy
des cruels desseins de
cet inhumain, & sortant precipitamment
de la chambre du
Comte elle courut
dans la sienne s'abandonner à la plus
juste de toutes les
douleurs.
Massauve luy estoit
toûjours fidelle, &
Delmas n'estoit pas
moins dans ses interests aprés un tor
94
rent de larmes, elle
leur apprit ce que le
Comte venoit de luy
dire, qu'il luy avoit
avoüé qu'il avoit
empoisonné sa premiere femme, & qu'il
l'avoit menacée d'un
pareil traitement : Et
là dessus s'abandonnant derechef à ses
larmes, elle disoit des
choses si touchantes
que le Comte mesme auroit eu de la
95
peine à n'en estre pas
attendry.
Massauve & Delmas touchez du malheur de leur Maîtresse luy conseillerent
d'écrire à Mesdames
de Bade & de Furstemberg de la vouloir secourir & la retirer des mains du
Comte, ce qu'elle
fit. Mais on est toûjours coupable quãd
on est jeune & belle,
96
& que l'on a un vieux
mary. Les sœurs de
la Comtesse la condamnerent, & Madame de Furstemberg sçavante & spirituelle s'attacha à
luy prouver par bonnes raisons qu'elle avoit tort; qu'une jeune & honneste femme ne devoit jamais
quitter son mary,
qu'elle n'avoit rien
à craindre par cet
97
te maxime generale
que l'on ne menace
point d'un mal qu'on
veut faire, & que puis
que le Comte parloit de poison, il falloit conclurre qu'il
ne songeoit pas à en
donner.
Toutes ces raisons
ne rasseurerent pas la
Comtesse. Elle avoit
incessament devant
les yeux l'image de
cette mort qu'elle
98
craignoit tant, &
n'ayant plus d'esperance qu'en la fidelité de Massauve elle
l'obligea d'écrire à
un de ses freres qui
étoit plus âge que lui
& qui commandoit
en Lorraine le Regiment de Vaubecourt
depuis la mort de son
pere, de d'en venir
incessamment pour
une affaire de la derniere consequence. Il
99
avoit esté Page du
feu Prince de Hohenzollern, & la
Comtesse ne doutoit
pas qu'il n'entrast
dans ses interests aussi bien que son pere.
En effet Massauve
l'aisné se rendit à
Cologne en diligence, & aprés avoir esté
instruit par son frere,
feignant d'avoir une
méchante affaire sur
les bras, il demanda
100
refuge au Comte d'Isembourg qui le luy
accorda de bonne
grace. Il n'eust pas
plûtost appris le détail des avantures de
la Comtesse, qu'il partagea d'abord toutes
ses craintes avec elle, il n'oublia rien
pour sa seureté, &
ces deux freres ayant
gagné les Officiers
du Comte ne manquoient jamais de
101
faire faire l'essay de
certaines viandes dõt
la Comtesse mangeoit lorsqu'ils luy
avoient fait signe
qu'elle pouvoit le faire avec asseurance.
Massauve l'aisné lia
une si étroite amitié
avec un des valets de
chambre du Comte, que ce Prince ne
pouvoit plus rien faire que Massauve n'en
fut averti. Il sçavoit
102
par là ses plus secretes
pensées, & son ami
luy en rendoit un si
bon compte que la
Comtesse n'ignoroit
plus rien de ce qui se
passoit sur son sujet
dans l'ame de son
vieux mary. Il luy
bailla même un jour
un papier qu'il disoit
avoir trouvé dans la
poche d'un habit que
son Maistre avoit
quitté. Ce papier en
103
fermoit quelque poudre. Massauve la montra à la Comtesse, &
cette jeune Princesse
en qui la crainte de la
mort fit ce qu'elle a
coûtume de faire
dans les ames les plus
timides, ne doutant
pas que ce ne fût cette poudre de diamans
dont le Comte l'avoit menacée, declara dés ce moment
aux deux Massauves
104
qu'elle vouloit absolument quitter le
Comte & s'en aller
dans quelque Royaume étranger s'ils avoient assez d'attachement pour elle
pour l'y vouloir conduire. Ils s'engagerent à tout ce qu'elle
voulut. Ils la fortifierent mesme dans un
dessein si surprenant
& si dangereux, &
l'on ne songea plus
105
qu'à l'executer dés
que le Comte seroit
party pour l'Armée.
Cependant la Comtesse envoya consulter l'Vniversité de
Doüay. Massauve
qu'elle employoit à
tout la servit si utilement en cette affaire qu'il luy aporta
un ample avis de cette Faculté pour aller
avec toute seureté de
conscience éviter la
106
mort en tel endroit
du monde qu'elle
voudroit.
Le Comte en partant la menaça de
son retour, & la Comtesse crût positivement tout ce qu'il lui
dit. Le jeune Massauve fut obligé de partir avec le Comte
pour l'Armée & son
frere alla en Lorraine pour faire avancer quelques Com
107
pagnies de son Regiment sur la frontiere
afin d'escorter la
Comtesse. Mais sa resolution s'affoiblissoit par l'absence du
Comte, & dés qu'elle ne le voyoit plus,
elle oublioit tout de
luy jusques à sa fureur. Elle se seroit divertie de nouveau à
Cologne, si le jeune
Massauve ne fut venu
déguisé en pauvre l'a
108
vertir que le Comte
ayant receu quelques
nouveaux avis contre elle alloit quitter
l'Armée & revenoit
infailliblement pour
la faire mourir. Ils
arresterent le jour de
leur fuite, & ils en
donnerẽt avis à Massauve qui n'estoit pas
encore de retour, &
qui ne manqua pas
de venir au devant
de la Comtesse. Il
109
leur fut aisé d'emporter de grandes richesses, puisque tout
ce qu'il y avoit de precieux dãs le Château
d'Isembourg avoit
esté transporté à Cologne. Toute la vaisselle d'argent étoit
entre les mains de la
Comtesse, & outre
quantité de pierreries, elle avoit encore
beaucoup d'argent.
L'on chargea deux
110
charriots & quatre
mulets que l'on fit
partir secretement,
& la Comtesse feignant d'aller à quelque lieu de devotion
se determina à la
chose du monde la
plus étrange par la
crainte de la mort &
par le cõseil des Massauves dont la fidelité ne pouvoit luy être suspecte, puisqu'elle les voyoit at
111
tachez à ses interests
au milieu de ses disgraces. Elle connoissoit si peu l'importance de ce qu'elle
alloit faire qu'elle
dormoit tranquillement lorsque le jeune Massauve & Delmas vinrent l'avertir
qu'il falloit partir. Elle s'y resolut, & pour
mieux cacher son dessein elle sortit de chez
elle en coiffure de
112
nuit & en mulle de
chambre. Son carrosse l'attendoit à une
des portes de la Ville. Dés qu'elle y fut
arrivée elle s'y jetta
avec Delmas, & le
jeune Massauve monta à cheval pour les
conduire à l'endroit
ou quelques domestiques de la Comtesse, cinq ou six gardes
du Comte que l'on
avoit gagnez & Mas
113
sauve l'aisné les attendoit avec cinquante soldats. Lorsque l'on s'apperceut
à Cologne que c'étoit une fuite & non
pas un voyage, les
amis du Comte d'Isembourg firent un
grand amas de gens
& les separant en plusieurs bandes on alla
de toutes parts pour
chercher la Comtesse. Le second jour de
114
leur route les Massauves prirent garde
qu'ils estoient poursuivis. Quelle fatalité ? Dans deux heures de chemin ils entroient dans les Estats
d'un Comte Souverain où l'on ne pouvoit les arréter, & où
Massauve l'aisné avoit disposé toutes
choses pour leur seureté.
La Comtesse crai
115
gnant d'estre remenée à Cologne poussa des cris qui penetrerent toute l'ame
du jeune Massauve.
Son grand attachement pour elle & la
veüe du peril inévitable qui l'a menaçoit luy fit d'abord
former une resolution digne de sa fidelité & de son courage. Il s'approche du
carrosse & pour ras
116
seurer la Comtesse.
Ne craignez rien, Madame, luy dit-il, j'exposeray ma vie pour
garantir la vôtre.
Fuyez avec mon frere, tandis qu'avec
nos gens & quelquesuns de ses soldats je
tiendray ferme contre ceux qui vous
poursuivent, & vous
donneray le temps
de vous dérober à
leur veuë. Le trouble
117
de la Comtesse redoublant par la resolution de Massauve. Non, non, s'écria-elle, nous vivrons ou nous mourons ensemble, fuyõs
tous le plus viste qu'il
nous sera possible, &
si nous ne pouvons
l'éviter vous combattrez tous à mes
yeux. Ne craignez
rien pour moy, Madame, reprit-il, je
118
vaincray & vous me
reverez bien-tost.
A ces mots aprés l'avoir pourtant regardée comme s'il eut
crû de ne la revoir jamais, il fit signe au
cocher de la Comtesse d'aller fort viste,
& courant embrasser son frere. Ah ! luy
dit-il, sauvez la Princesse, ne l'abandonnez jamais, & sur
tout, mon chere fre
119
re, traittez-la toûjours en personne de
sa qualitê. A ces mots
tournant son cheval
& animant à plusieurs fois tous ses
gens par sa Voix &
par ses regards, il se
mit en estat de disputer le passage d'un
chemin assez étroit
& assez difficile à prés
de cent cavaliers qui
les poursuivoient.
Sans vouloir faire
120
un recit de Roman
d'un combat veritable que toute l'Alemagne & toute la
France ont sceu. Il
est certain que le
jeune Massauve fit
des actions d'une valeur prodigieuse. Il
tua plusieurs hommes de sa main, il
combatit à genoux
aprés que son cheval
eût esté tué sous luy.
Ses soldats animez
121
par son exemple témoignerent un courage extraordinaire,
& si les gardes du
Comte ne l'avoient
lâchement abandonné, le vaillant Massauve eut vaincu
malgré l'inégalité du
combat : mais enfin
accablé par le nombre de ses ennemis, il
mourut percé d'une
infinité de coups. On
ne s'amusa point à
122
poursuivre la Comtesse, on connut bien
qu'avant qu'on pût
la joindre elle seroit
en seureté ; l'on mit
sur un cheval le corps
sanglant du jeune
Massauve, afin que
par cette veuë le
Comte pût assouvir
son ressentiment. Il
en fut si contant que
quoy qu'il arrivât de
l'Armée peu de jours
aprés, il ne se soucia
123
plus de la fuite de sa
femme, & depuis ce
jour jusques à sa
mort il ne prononça
plus ny le nom de
Massauve, ny celuy
de la Comtesse.
Les chariots & les
mulets furent pris, &
l'infortunée Comtesse n'eut pour tout
biens que ses pierreries. Cependant Massauve l'aisné malgré
ses cris & ses larmes
124
la faisoit éloignér avec une vîtesse extréme. Ah! Massauve luy crioit-elle à
tout moment, arrétons-nous vôtre frere est mort, ou prisonnier & je suis la
cause de son infortune. Des torrens de
larmes suivoient les
tristes pressentimens
de la Comtesse, mais
il fallut bien-tost
pleurer pour un mal
125
heur certain. Vn valet échapé du combat les joignit dans
leur route. La Comtesse le reconnut d'assez loin, & luy criant
de toute sa force où
est Massauve, elle fit
connoître la part
qu'elle prenoit à ce
qu'il estoit devenu.
Celuy-cy ne croyant
pas qu'il falut luy déguiser une chose
qu'elle luy manque
126
roit pas d'apprendre,
luy avoüa ingenûment qu'il estoit
mort. La Cõtesse s'évanoüit à cette nouvelle, & aprés estre
un peu revenuë, elle
dit tout ce que la
douleur la plus violente put faire dire,
& rendit par là Massauve plus sensible au
pitoyable destin de
son frere. Il est certain qu'elle n'auroit
127
point quitté le Comte d'Isembourg pour
l'amour du jeune
Massauve, quoy que
la médisance l'ait
ainsi publié, la seule
crainte de la mort avoit causé sa fuite ;
mais peut-estre eûtelle attendu constamment cette mort
si elle n'avoit crû
trouver en luy un
guide respectueux &
fidele qui pouvoit la
128
consoler de ce qu'elle abandõnoit. Peuton s'imaginer un état
plus pitoyable que
celuy où se trouvoit
alors la Comtesse.
Dés que les premiers
transports de sa douleur furent un peu
calmez, elle réva
quelques momens, &
puis se tournant vers
Massauve, tous mes
desseins changent,
luy dit-elle, par la
129
mort de vôtre frere,
il me faut remener à
Cologne, je ne crains
plus la mort, & je me
sens assez de courage
pour aller soûtenir
mon innocence &
braver le Comte d'Isembourg. Massauve
fremit à ce dessein, il
en avoit de secrets
qui ne s'accordoient
pas avec celuy-la. Il
estoit bien fait, il avoit de l'esprit sur
130
tout pour tromper &
pour nuire. Il dit à
la Comtesse que sa
mort estoit inévitable si elle retournoit
à Cologne, qu'il valoit bien mieux attendre en seureté celle du Comte d'Isembourg, que sa rage avanceroit peut-estre ;
qu'elle pourroit par
des manifestes instruire tout l'Alemagne des raisons de sa
131
fuite, & que le temps
qui changeoit toutes choses changeroit aussi l'estat de sa
fortune. L'on se laisse facilement persuader de vivre. Le conseil de Massauve parut bon, & la Comtesse s'abandonnant
à ses soins, il fut conclud qu'ils iroient à
Paris, Massauve jugeant que dans le tumulte & l'embarras
132
de cette grande Ville ils seroient mieux
cachez qu'en lieu du
monde. Mais il fit arréter quelque temps
la Cõtesse à Rheims,
tandis qu'il fut à la
Cour de France où il
obtint secretement
un passe-port du feu
Roi Loüis XIII
Lorsqu'ils furent arrivez à Paris Massauve prit le nom de Mesplets & la Comtesse
133
passoit pour sa sœur.
Comme elle n'a jamais pû se resoudre
de vivre obscurement, elle vendit
des pierreries pour
fournir à une grande
dépense. Elle parloit
assez bien François
& n'affectant point
de se cacher, on ne
soupçonna point
qu'elle ne fut pas ce
qu'elle semboit être.
Quoy que le souve
134
nir de sa qualité & de
la mort du jeune
Massauve la troublât
extremement, elle fit
des connoissances agreables pendant son
sejour à Paris, mais
un accident bizarre
pensa gaster tout le
mistere.
Elle estoit à la promenade dans un jardin d'une Dame de
ses amies avec plusieurs personnes. Sur
135
le soir toute la compagnie se ramassa
dans un cabinet, &
comme la conversation tombe souvent
sur les choses que l'on
a le moins preveuës,
l'on vint à parler des
avantures extraordinaires qui arrivent
dans le monde. Y en
peut-il avoir dit un
homme de la troupe
de plus surprenante
que celle qui est arri
136
vée depuis peu en
Alemagne à la Comtesse d'Isembourg.
Mesplets trembla à
ces mots & voulut
changer de discours,
mais la Comtesse qui
brûloit d'envie de
sçavoir ce que l'on
disoit d'elle, prenant
la parole, j'ay entendu parler de cette avanture, dit-elle à
cét homme, mais
comment la sçavez
137
vous, ajoûta-t'elle.
Alors cet homme
pour luy obeïr luy
raconta ses propres
avantures avec de si
noires couleurs qu'elle n'a jamais tant
souffert. Il disoit que
la Comtesse d'Isembourg n'avoit quitté
le Comte son mary
que pour aller inconnuë & vagabonde
aimer sans contrainte le jeune Massauve
138
par tout le monde.
Que le Ciel l'avoit
punie, qu'il avoit esté
tué, & que chacune
des cinq sœurs de la
Comtesse ayant envoyé de toutes parts
sans apprendre de ses
nouvelles, on ne doutoit point que Massauve l'ainé aprés s'être saisi de ses pierreries & de son argent
ne l'eut jettée dans
quelque riviere. Cõ
139
me la Comtesse étoit
extremement enjoüée, cette derniere
particularité luy fit
faire un grand éclat
de rire. Elle est donc
noyée cette pauvre
Comtesse, dit-elle,
c'est dommage, elle
n'estoit pas si coupable que vous pensez :
I'ay sçeu son Histoire, d'un homme qui
avoit esté à son service. En suite elle ra
140
conta à la compagnie une avanture
qu'elle sçavoit tresbien, mais avec tant
de vehemence que
Mesplets crût voir
cent fois le moment
où elle alloit se découvrir. Il avoit
beaucoup d'adresse,
& tâchoit de racommoder ce que la
Comtesse gâtoit. Il
tenoit le party du
Comte d'Isembourg,
141
& il ne doutoit point,
disoit-il, de la mort
de la Comtesse, &
que Massauve ne fut
aux extremitez du
monde.
Lorsque la Comtesse fut de retour
dans sa chambre
Mesplets voulant luy
faire appercevoir respectueusemẽt le danger où elle s'estoit
exposée. Quoy Mesplets, luy dit-elle,
142
vous voulez que l'on
déchire en ma presence la Comtesse
d'Isembourg, & que
je ne la deffende pas ?
La chose est cruelle,
Madame, je l'avoüë,
reprit-il ; mais enfin
l'on trouve vostre
Histoire plus divertissante de la maniere dont on la raconte ; & mille conversations comme celle
d'aujourd'huy, &
143
mille manifestes cõme ceux que vous
avez envoyez en Alemagne ne tourneront pas la chose autrement. S'il est ainsi, Mesplets, dit la
Comtesse, & que je
sois si injustement
l'opprobre de l'Alemagne & de la France, cachez-moy dans
quelque endroit du
monde où je n'entende jamais pro
144
noncer mon nom. Ie
veux quitter Paris,
ajoûta-t'elle, aprés
une profonde réverie Il faut Mesplets
que vous alliez dans
vôtre Province de
Languedoc, que l'on
dit estre un fort agreable païs, m'a
chepter une maison
solitaire, & dés que
vous l'aurez mise en
estat venez moy querir avec toute la dili
145
gence que vous pourrez. C'estoit justement ce que Mesplets
vouloit. Il estoit devenu amoureux de la
Comtesse si-tost qu'il
l'avoit veuë à Cologne, il avoit augmenté ses frayeurs &
contribué à sa fuite,
dans l'esperance que
peut-estre un évenement si extraordinaire luy donneroit des
avantages qu'il ne
146
pouvoit jamais esperer dans le train reglé de la vie de la
Comtesse. Il avoit
pris la mort de son
frere pour un heureux presage, & la
resolution que formoit la Comtesse
d'aller vivre seule avec luy dans un desert luy donna ces esperances qui le comblerent de joye. Il
prit la poste. Il cher
147
cha dans tout le Languedoc & ne trouvant son compte
nulle part, il achepta
enfin un petit Château nommé la Longaigne situé au milieu d'un agreable
bois, à une lieuë de
la Ville d'Alby, &
l'ayant meublé fort
proprement il reprit
la poste pour aller
trouver la Comtesse
à Paris. Ie n'ay point
148
changé de dessein,
Mesplets, luy dit-elle, dés qu'il l'approcha pour luy rendre
compte de son voyage, partons le plus
viste que nous pourrons, je meurs d'impatience d'estre loin
d'icy, & je regarde
le moment que je
sortiray de la plus
belle Ville du monde
comme le commencement de mon bonheur.
149
L'Albigeois est à
deux cens lieuës de
Paris, l'endroit par
lequel la Comtesse
vit la premiere fois
ce petit païs contribua beaucoup à le
luy faire aimer toute sa vie. Elle estoit
fatiguée de la longueur d'un grand
voyage que la difficulté des chemins avoit rendu tres-rude.
La derniere journée
150
avoit mesme esté
plus fascheuse que
les autres, parce que
l'Albigeois du côté
qu'elle l'aborda est
borné par des montagnes. Elle n'avoit
veu que des deserts
& des landes lorsque
tout d'un coup ces
objets lassans, disparoissans à ses yeux
elle apperceut la plus
jolie vallée du monde. La diversité y est
151
merveilleuse. Vne
grande riviere la
coupe en deux parties presque égales,
ses-bords extremement élevez semblent des precipices
& des abismes, mais
la nature a reparé ce
defaut, elle a planté
des arbres tout le
long du rivage qui
s'élevant à une hauteur prodigieuse cachent ce que ces pre
152
cipices ont de terrible. Lorsque par des
sentiers commodes
la Comtesse fut descenduë jusques au
plus bas, elle fut surprise de trouver à
mesme temps & en
mesme lieu la solitude des forests, la
verdure des prairies,
la rusticité des troupeaux, & enfin tout
ce qu'une humeur
gaye ou mélãcolique
153
peut desirer pour son
plaisir. Cette veuë surprenãte fit naître dãs
son esprit un mélange de joye & de tristesse qu'elle ne pouvoit separer. Il y a
sans doute un certain rapport secret &
inconnu entre toutes les choses du
monde qui fait qu'elles se réveillent mutuellement, & c'est
par cette raison qu'à
154
la vüe de ce païs, tout
ce qui durant la vie
de la Comtesse luy
avoit donné du contentement ou de la
douleur se presenta à
elle & luy causa un
trouble qui fut remarqué de Mesplets.
Quel est ce trouble,
Madame, luy dit-il,
qui paroist sur vôtre
visage. Tous les malheurs de vôtre vie n'y
en ont jamais mis de
155
si grand. Y en-a-t'il
quelqu'un qui me
soit inconnu dont le
souvenir fasse ce qu'il
n'a pû faire luy-mesme ? Non Mesplets,
reprit la Comtesse,
ce n'est point le souvenir de quelque disgrace que Vous ne
sçachiez pas qui cause mon agitation,
mais en un moment
tout ce qui m'est arrivé en ma vie de
156
doux & de fâcheux
a repassé dans ma memoire. I'ay senti des
mouvemens que j'ay
voulu arrêter, la violence que je leur ay
faite les a irritez, &
vous en voyez paroître l'impression sur
mon visage. Il est
certain pourtant que
mon cœur panche
plus vers la joye que
vers la douleur, &
sans en sçavoir la rai
157
son je sens une tranquillité qui m'étoit inconnuë depuis
long-temps. Ie ne
sçay si c'est la beauté
de ce que nous
voyons qui la fait
naître, ou si c'est le
présage du repos que
je dois goûter en ce
lieu. Ie commence,
Madame, répondit
Mesplets, à sentir veritablement le bonheur que j'ay de pas
158
ser ma vie auprés de
vous. Ie vous avouë
que j'avois craint
jusques icy que vous
vous repentiriez d'avoir quitté Paris qui
est le seul lieu de
France qui a des
charmes capables de
vous arréter agreablement : j'apprehendois que vôtre esprit
n'eut quelque retour
vers ce lieu, & que
vous voyant proche
159
du terme que vous
vous estiez proposée
vous n'y trouvassiez
de nouvelles peines.
Tandis que Mesplets parloit la Comtesse qui ne l'écoûtoit
guere, regardoit avec plaisir que les
prairies, les terres &
les petits bois étoient
si bien mélez qu'il
sembloit que l'artifice eut fait ce que l'on
ne peut attribuer qu'à
160
la nature. Les fontaines couloient par
tout avec une abondance & une pureté,
qui marquoient assez
l'excellence de l'air
de cét heureux climat. Enfin, Mada-,
me, luy dit Mesplets,
en luy montrant une
maison parmy des
arbres, voicy l'endroit que je vous ay
choisi, & c'est dans
ce desert que vous
161
allez cacher ce que
le monde a de plus
admirable & de plus
beau. A la veuë de
cette petite maison si
differente des superbes Palais qu'elle avoit habitez, la
Comtesse leva les
yeux au Ciel laissa
couler quelques larmes & donnant la
main à Mesplets pour
entrer dans cette
maison, je vous suis
162
obligée, luy dit-elle, de m'avoir choisi
ce lieu, puis que mon
destin me l'ordonne,
je ne songeray plus
qu'à me dérober à
toute la terre, &
qu'à chercher dans
mon propre cœur dequoy me passer du
monde tout entier ;
Aussi bien, Mesplets,
ajoûta-elle en soûpirant, je n'ay que de
la haine & du dé
163
goust pour tout ce
qui n'est pas ce que
j'ay perdu.
La Comtesse trouva dans ce lieu quelque chose de si charmant, soit pour sa
situation, pour la
pureté de son air, &
pour toutes les commoditez qui sont necessaires pour passer
une vie douce & trã
quille, qu'elle n'avoit jamais vécu si
164
contente. Tout ce
que la vertueuse Carmelite luy avoit dit
en faveur de la vie
solitaire luy repassoit
dans la memoire, elle se faisoit des plaisirs de mille secrets
de la nature, & pour
se divertir elle apprit
avec le jargon du païs
à filer de quelques païsannes ses voisines.
Elle avoit vẽdu quelques pierreries avant
165
que de partir de Paris, lorsque l'argent
luy manquoit Mesplets en alloit vendre
d'autres à Thoulouze, & comme les
Heros des Romans
ils faisoient toutes
leurs affaires avec des
diamans & des rubis.
Mesplets s'occupoit
à peindre. Il estoit
sçavant en cét art &
il peignoit la Comtesse de mille manie
166
res differentes. Cette occupation continuelle acheva de
l'enflammer. Son amour devint si violent qu'il n'eut pas
seulement la force
de le combatre. Il ne
s'amusa point à pousser des soûpirs qu'il
sçavoit bien qui ne
seroient pas écouttez. Les premiers témoignages de sa passion furent des trans
167
ports d'un insensé.
La Comtesse fut si
épouvãtée d'un malheur si prêveu qui
venoit troubler le repos dont elle commẽçoit à joüir, qu'elle faillit à mourir de
déplaisir. Elle vit bien
tout d'un coup que
les emportemens ny
les ménaces n'épouvanteroient pas un
scelerat au pouvoir
duquel son destin l'a
168
voit mise, aussi ne
songea-elle qu'à le
ramener de son égarement par des voyes
douces & raisonnables. Elle versoit des
larmes, elle le faisoit souvenir de ce
qu'elle estoit, & de
ce qu'il luy devoit,
& quelquefois elle
réüssissoit, si bien que
Mesplets versoit des
larmes à son tour, &
luy demandoit par
169
don de sa temerité.
Mais la source du
mal restant toûjours
dans son cœur, il
n'étoit jamais un
jour dans une mesme
assiete, & tantost brutal & tantost soûmis,
il tourmentoit la
Comtesse d'une maniere effroyable. Elle n'oublia rien pour
le guerir, & croyant
que la solitude nourissoit sa passion, Mes
170
plets, luy dit-elle un
jour, il me semble
qu'il est indigne d'un
homme aussi vaillant
que vous de vous amuser à peindre tandis que tous les Gentilshommes de cette
Province exposent
leur vie pour vôtre
Roy. Il fut sensible à
ce reproche, il étoit
brave, il aimoit la
guerre, & la passion
qu'il avoit dans le
171
cœur y regnant malgré luy, il fut bien
aise d'essayer les remedes de l'absence.
La Comtesse afin de
l'éloigner d'elle luy
donna un équipage
pour aller à Leucate,
où feu Monsieur l'Evesque d'Alby plein
d'ardeur pour la gloire de son Prince conduisoit toute la Noblesse du païs au secours du Mareschal
172
de Schomberg : Mais
quoy que Mesplets
changeât de place il
ne changea point de
sentiment. L'absence
redoubla son amour,
& la joye qu'il eut de
revoir la Comtesse acheva de troubler sa
raison. Comme il avoit quelquefois hõ
te de sa conduite, il
faisoit des foibles efforts pour la changer. Il fit amitié avec
173
des Gentils hommes
de son voisinage, &
pour vaincre une passion qui faisoit le suplice de la Comtesse,
il cherchoit mille
amusemens pour lesquels il n'avoit que
du dégoust ; mais tous
les remedes estoient
inutiles. Mesplets étoit toûjours amoureux & toûjours insolent, & la Comtesse
perdãt tout espoir de
174
le changer ne songea
plus qu'à se faire un
puissant protecteur
qui la put garantir
des emportemens de
ce temeraire.
Elle avoit entendu
parler de feu Monsieur l'Evesque d'Alby. Il estoit de l'illustre Maison de Daillon du Lude. Vne
longue suite d'ayeuls
tous grands, rendent cette Maison
175
une des plus considerables du Royaume.
Vne grande richesse
accõpagnoit sa naissance ; & son esprit
& son merite étoient
encore plus grands
que sa naissance & sa
dignité. Elle ne douta point qu'un si grãd
Prelat ne fut bien aise de secourir une
Princesse infortunée.
Dans cette pensée aprés avoir vécu trois
176
ans dans la solitude
de la Longaigne, elle en partit un jour
de Noël & fut surprendre toute la ville
d'Alby dans un Sermon solemnel, par
son éclat par sa bonne mine & par la
quantité des pierreries dont elle estoit
parée ; & declarant
le jour mesme à Mesplets qu'elle ne vouloit pas retourner de
177
quelque temps à la
Longaigne, elle le
mit au desespoir ;
mais la Comtesse ne
le craignoit pas dans
une Ville comme
dans un desert, & de
son tyran devenu
son écuyer, il chercha la consolation
de ce changement
parmy la débauche
& le jeu. Elle luy
donna tout l'argent
qu'il voulut pour
178
l'appaiser & le faire
taire, parce qu'elle
ne vouloit pas encore se faire connoître
à tout le monde.
Deux jours aprés son
arrivée comme elle
entroit un matin
dans une Eglise, Monsieur l'Evêque d'Albi
y entroit aussi. Il l'avoit déja veuë au Sermon, mais la voyant
de plus prés il la trouva beaucoup plus
179
belle. L'admiration
& la curiosité l'obligeant de s'arréter,
Madame, luy dit-il,
en luy presentant de
l'Eau benite, mon
Aumônier sera s'il
vous plaist le vôtre
aujourd'huy, je le
veux bien, Monsieur,
luy dit-elle, en laissant agir tout son air
de grandeur qu'elle
avoit si long-temps
contraint, & je vais
180
prier le Ciel qu'il
vous inspire le dessein d'estre le Protecteur d'une personne
que vous ne trouverez peut-estre pas indigne de cette grace.
Elle connut bien à la
réponse de Monsieur
d'Alby qu'il estoit
tres-disposé à l'écouter & à la servir, aussi
le visita-elle le jourmesme, ils eurent
une longue conver
181
sation, & la Comtesse ne luy cacha que
l'amour de Mesplets.
Il trouva bon qu'elle ne se fit pas connoître, il aimoit les
grands & les petits
secrets, & quand la
Comtesse n'auroit
pas esté belle & charmante il auroit eû de
l'amitié pour elle,
parce qu'il y avoit un
grand mystere à conserver.
182
Toute la ville d'Alby à l'exemple de son
Prelat ne songea qu'à
divertir cette belle
inconnuë, & ce ne
furent que bals &
festins. La Comtesse
goûtoit les plaisirs
comme si elle avoit
esté moins malheureuse, & s'asseurant
de la protection d'un
fort grand Seigneur,
elle commençoit à
vivre sans inquietu
183
de, & dans une profonde tranquillité ;
aussi estoit-elle dans
un lieu où la joye regne incessamment, &
où l'on la voit peinte
dans les yeux de tout
le monde. La ville
d'Alby n'est pas grande, mais elle plaist &
l'on se promene à
l'entour agreablement, l'adresse des
habitans a fait que
ce qui sert seulement
184
de deffence aux autres Villes sert encore d'ornement à celle-cy. De la terre
que l'on a tirée pour
faire des fossez profonds on a élevé une
terrasse qui estant
bordée de deux rangs
d'ormes forme une
allée qui n'est pas
droitte, puis qu'elle
environne une Ville
qui est ronde, mais
qui dans une figure
185
assez extraordinaire
est tout à fait belle. La
Comtesse passoit dãs
cette Ville la plus
douce vie du monde,
& Mesplets alloit souvent à la Longaigne
se divertir avec ses amis. Quoy qu'ils pussent faire pour l'engager à parler dans la
débauche le secret ne
luy échappa jamais.
Il disoit seulement
des choses qui fai
186
soient comprendre
qu'il y en avoit de
fort cachées dans les
avantures de la belle inconnuë. L'on
se mit en teste de penetrer ce secret, on
leur voyoit des monoyes étrangeres &
une source d'argent
qui ne s'épuisoit
point par de grandes
dépences : les uns disoient qu'ils estoient
les espions du Roy
187
d'Espagne ; d'autres
que ce devoient estre
des gens de qualité
échapez de quelque
naufrage, ou embarrassez dans des
affaires fâcheuses, &
d'autres conclurent
qu'ils estoient des
faux monnoyeurs,
que c'étoit pour cela
qu'ils avoient demeuré seuls dans un
Château écarté, &
que Mesplets alloit
188
de temps en temps
debiter sa fausse monoye à Thoulouze.
La Comtesse en
mariant Delmas avec un homme du
bas Languedoc,
luy avoit donné
quatre cens Pistoles
& substitué la Longaigne aprés sa mort
& celle de Mesplets :
cét ingrat pour s'enrichir plûtost de
leurs dépoüilles for
189
ma le dessein de les
faire perir tous deux.
Le Parlement de
Thoulouze faisoit alors une exacte recherche des faux
monnoyeurs. Ce traître donna des indices sur lesquels l'on
dénonça Mesplets,
& l'on l'arrêta prisonnier dans Thoulouze. Vn Commissaire du Parlement
se transporta dili
190
gemment à la Longaigne, où la Comtesse s'étant trouvée
il la cõduisit à Thoulouze comme complice de Mesplets.
Dans le trouble où
la jetta une accusation si surprenante
pour elle, elle eut assez de liberté d'esprit
pour retirer adroitement d'un de ses
coffres dont on faisoit l'inventaire le
191
passe-port du Roy
qui la nommoit par
son veritable nom.
Monsieur l'Evesque
d'Alby fort affligé
d'une avanture qu'il
jugea bien qui luy
coûteroit la perte
d'un grand secret fit
suivre la Comtesse à
Thoulouze par des
gens habiles & éclairez afin de lui donner conseil dans une
affaire si perilleuse.
192
L'on fit ce que l'on
pût pour sauver tout
ensemble Mesplets &
le secret de la Comtesse, mais il fut impossible. Il répondit
si ambiguëment à
tout ce qu'on luy demandoit que l'on
creut qu'il estoit coupable, & il eut tant
de fidelité qu'il ne
voulut jamais rien
dire sans la permission de la Com
193
tesse, elle estoit trop
bonne & trop genereuse pour le laisser
perir. Elle fut au Parlement toute allarmée & demandant
un moment d'audience, elle justifia
Mesplets au dépens
de son secret. Elle tira de son sein le passeport du Roy & le
donnant hardiment
à Monsieur le premier President, il leut
194
tout haut, que veu
l'avis de l'Vniversité de Doüay, le Roy
permettoit à la Princesse Marie Anne de
Hohenzollern, de
choisir tel endroit
de son Royaume
qu'il luy plairoit
pour y vivre en seureté. L'air noble &
grand de la Comtesse ne permettoit
pas de douter un moment de la verité de
195
ce qu'elle avançoit.
Par un dénoüement
si extraordinaire Mesplets fut élargy. La
Comtesse aprés luy
avoir sauvé la vie ne
le vouloit plus voir,
il luy avoit donné
de nouveaux sujets
de plainte & porté
son extravagance,
jusques à publier par
des mouvemens jaloux que Monsieur
l'Evesque d'Alby ê
196
toit amoureux de la
Comtesse. Elle avoit
un ressentiment extreme de cette conduite, mais il lui témoigna tant de repentir, il fit tant de
sermens qu'il seroit
le reste de ses jours
raisonnable & soûmis que la Comtesse
se laissa flechir & le
remena à la Longaigne où elle vouloit passer le reste de
197
sa vie, ne pouvant
se resoudre de vivre
dans Alby depuis
qu'elle estoit connuë pour la Comtesse d'Isembourg.
Plusieurs Dames de
cette Ville la visitoient souvent, &
Monsieur l'Evesque
d'Alby en faisoit de
mesme. Comme depuis son retour de
Thoulouze une mélancolie extréme pa
198
roissoit sur son visage & dans toutes ses
actions, il avoit une
grande & sincere pitié de sa fortune, &
resolut fortement de
la tirer d'un lieu qui
nourrissoit sa tristesse. Dans cette veüe,
Madame, luy dit-il
un jour, je vous avoüe qu'à qui ne veut
qu'un beau sejour, il
est mal aisé qu'on se
puisse mieux conten
199
ter ailleurs qu'en ce
lieu ; vôtre solitude
a des charmes, mais
Madame, vous n'étes
pas née pour ne tenir compagnie qu'
aux arbres & aux fontaines, il est tẽps que
vous vous aperceviez
combien vôtre douleur est inutile, que
vous écoutiez les cõseils de vos amis, &
que vous souffriez les
remedes que la rai
200
son, le temps & la
necessité de se consoler apportent à toutes sortes de maux.
Ie sçais que de presenter des biens mediocres à une personne qui en a perdu de
fort grands, c'est aigrir sa douleur ; mais
enfin, Madame, je fais
tout ce que je puis
en vous offrant mon
bien & mes services, il
faut quitter vôtre hu
201
meur solitaire & venir passer vos jours
dans une ville, où l'on
vous honore, où
l'on vous aime & où
l'on ne vous trouve
aucun deffaut que celui d'aimer trop à
estre seule. Vous oserai-je dire, Madame,
continua-il, que l'on
explique mesme vôtre solitude desavantageusemẽt pour
vous. On dit que Mes
202
plets y agit moins
comme vôtre Ecuier
que comme vostre
Maître, & que vous
le souffrez. Si toutes
ces raisons ne peuvent vous obliger à
m'accorder ce que je
vous demande, il
faut que vous le donniez au profond respect & à la consideration que j'ay pour
vous. Si vous m'aviez plûtost parlé de
203
cette maniere, luy
dit la Comtesse, j'aurois déja quitté ce
lieu. Ie dois tout à la
generosité de vôtre
procedé, & je vous
sacrifierois sans peine
non seulement ma
solitude, mais encore
ma vie si elle pouvoit
vous estre utile.
Mesplets qui s'étoit
caché entendoit cette conversation. Dés
que Monsieur d'Al-
204
by fut party, il se
rendit le maître absolu de cette maison,
& perdant toute sorte
de respect, il dit à la
Comtesse qu'elle n'en
sortiroit point, &
qu'il s'y opposeroit
au peril de sa vie. Les
insolẽces de Mesplets
firent oublier ses services. La Comtesse
prit ses dernieres resolutions, & les fit sçavoir à Monsieur l'E
205
vêque d'Alby. Il en
fut surpris ; mais enfin aprés plusieurs cõversations & plusieurs lettres, il convint avec la Comtesse qu'elle termineroit
tous les grands évenemens de sa vie par
une action digne d'elle. La premiere fois
que Mesplets sortit de
la Longaigne pour
aller chez un de ses
voisins, la Comtesse
206
en fit avertir Monsieur d'Alby, qui ne
voulant confier qu'à
luy-mesme l'execution d'un genereux
dessein, monte en
carosse, & suivy seulement de deux Gentils-hommes & de
quelques Laquais, il
fut au petit château
de la Longaigne. Par
quelque secret pressentiment Mesplets
y arriva en mesme
207
temps que luy, &
la Comtesse se promenoit sous des arbres lors qu'ils l'aborderent tous deux.
Venez, Madame, luy
dit Monsieur d'Alby
en luy presentant la
main, & regardant
Mesplets d'un air
menaçant, venez
vous mettre à l'abri
des insolences de ce
miserable. La Comtesse se jetta prom
208
ptement dans le carosse, & le desesperé
Mesplets mettant l'épée à la main, en apuya la pointe sur
l'estomac de Monsieur d'Alby. Rendez-moy la Comtesse, dit-il, ou je vous
perce le cœur. Faites
ce qu'il vous plaira,
luy répondit Monsieur d'Alby avec une
fermeté admirable,
je ne crains rien lors
209
qu'il s'agit de faire
mon devoir. Cependant les Gentils-hõmes de Monsieur
d'Alby vouloiẽt tuer
Mesplets, & ses domestiques qui étoient
accourus se mettoiẽt
en état de le dessendre. La Comtesse
craignant tout dans
cette confusion pour
son genereux protecteur, eut recours
à ses manieres dou
210
ces, qui par une espece d'enchantement
tiroient tout d'un
coup Mesplets de ses
plus grands emportemens. Mesplets luy
cria-elle en descendant du carrosse, &
luy faisant signe de
s'approcher, ne faites pas de nouveaux
crimes, je vous en
conjure au nom du
Prince mon pere,
à qui le vôtre &
211
vous-mesme devez
toute vôtre fortune .
Ah ! Madame, luy
dit-il, je vous ay sacrifié cette fortune que
je tenois du Prince
vôtre pere, & maintenant vous m'abandonnez. Approchezvous reprit-elle &
venez apprendre mes
intentions. Il s'approcha, mais avec
des transports de douleur qui ne se peu
212
vent exprimer ; il apprit le dessein de la
Comtesse : Il s'y
conforma, parce que
son injuste jalousie
y trouva son compte, & se retirant
accablé pourtant d'une mortelle tristesse.
Monsieur d'Alby se
mit en carrosse avec
la Comtesse, & la
conduisit dãs le Convent de la Visitation de la ville d'Alby.
213
Le lendemain Mesplets luy ayant fait
demander la permission de la voir, elle
fut au parloir, où
cet homme parut à
ses yeux dans l'état
du monde le plus pitoyable. En une nuit
la douleur l'avoit si
fort changé, qu'il n'étoit plus reconnoissable. Il se mit à genoux, & comme il
étoit naturellement
214
fort éloquent, il conjura la Comtesse par
tous ses services, dont
il luy faisoit le détail,
par la mort de son
frere, & par le sacrifice entier qu'il
luy avoit fait de sa
fortune, de ne vouloir pas ainsi l'abandonner ; mais lors
qu'il connut le peu
d'effet de ses prieres,
la fureur le saisit, il
tira son épée, il se fit
215
deux blessures, & se
seroit tué si l'on n'avoit retenu son bras.
Il se troubla si fort
qu'il reprochoit à la
Comtesse qu'elle luy
avoit promis de l'épouser bien-tost.
Moy, dit-elle, en
faisant un grand cry,
je vous aurois promis ce que je ne pouvois faire. Quand le
souvenir de ma naissance ne m'en auroit
216
pas empesché, ne
sçay-je pas que le
Comte d'Isembourg
est encor vivãt ? n'estce pas assez que vos
méchants conseils
ayent surpris ma jeunesse, & que vous
m'ayez fait faire l'action du monde la
plus imprudente, sans
que vous m'imputiez
le plus abominable
de tous les projects ?
Mais je vous pardon
217
ne, parce que je n'ay
pas oublié que vous
avez en effet quitté
pour moy un établissement considerable
en Lorraine, & que
vous estes le frere, ajoûta-elle, d'un hõme, dont le souvenir me sera toûjours
fort cher. Ie ne veux
point vous faire punir de vos emportemens, comme il me
seroit facile, & com
218
me je l'avois resolu ;
vivez le plus content
que vous pourrez,
je vous donne mes
meubles, ma vaisselle d'argent, & mesme mes pierreries,
continua-elle, en les
luy jettant toutes,
c'est tout ce que j'ay
au monde, je ne me
reserve rien, & je
m'abandonne toute
entiere à la Providence . En achevant
219
ces mots, elle quitta
Mesplets & ne voulut le revoir de sa vie.
Monsieur le Comte
d'Aubijoux eut pitié
de luy, il luy fit donner une Compagnie
dans le Regiment de
Monsieur le Marquais
de Vardes, & lors
qu'il n'y eut plus de
guerre en France, il
revint à la Longaigne, où il finit ses
tristes jours.
220
Il n'y avoit que
fort peu d'années que
les Religieuses de la
Visitation étoient établies dans Alby. La
Communauté n'étoit pas grande lorsque la Comtesse y
entra, mais elle étoit
composée de personnes de beaucoup d'esprit, de vertu & de
merite. Elles loüerent le dépoüillement entier qu'elle
221
avoit fait de toutes
choses, & Monsieur
l'Evêque d'Alby également charmé du
desinteressement de
ses filles, & de la
generosité de la Comtesse, luy établit une
pension fort considerable pour le reste
de ses jours. Il luy
donnoit mille marques d'estime, & durant toute sa vie il
n'a jamais suspendu
222
les soins qu'il croyoit
estre obligé de prendre pour la consolation d'une grande
Princesse, mais elle
n'eut pas long-temps
besoin de ce secours.
Elle goûta bien-tost
la douceur de la retraite, & regardant
sans peine la privation de toute sorte
de biens, elle fut assez satisfaite de trouver dans son propre
223
cœur des choses infiniment plus precieuses.
La Princesse de Bade qui l'aimoit tendrement, ayant enfin appris qu'elle étoit en France, luy
envoya un Gentilhomme pour la conjurer de repasser en
Allemagne. Elle luy
offrit toute sorte de
seureté dans ses Etats,
& que non seule
224
ment elle ne seroit
point remise entre les
mains du Comte d'Isembourg, mais même qu'elle ne verroit
jamais la severe Comtesse de Furstemberg,
qui avoit paru fort
irritée de sa fuite, &
qui auroit voulu que
la Comtesse eut eu
le courage d'attendre la mort chez le
Comte d'Isembourg,
afin de soûtenir no
225
blement la belle éducation qu'elle luy avoit donnée.
En même temps la
Duchesse d'Arschot
proche parente de la
Comtesse ayant eu la
permission d'aller en
Espagne durant la
prison du Duc son
mary, apprenant sur
sa route la retraite de
la Comtesse, luy fit
écrire par Monsieur
de saint Aunais, qui
226
luy offrit des gens &
de l'équipage pour la
conduire en Espagne
auprés de cette Duchesse.
Mais elle répondit
& à sa sœur & à la
Duchesse qu'elle avoit renoncé à toutes
les choses du monde,
qu'elle les prioit de
trouver bon qu'elle
joüit enfin d'elle même aprés avoir esté
tant d'années sans a
227
voir eu seulement le
loisir de se regarder ;
qu'il luy sembloit qu'-
une certaine obscurité dont elle avoit
esté environnée jusqu'alors, s'étoit dissipée, & qu'elle entroit dans un jour
qui n'avoit ny nüages ny broüillards.
Le Comte d'Isembourg, ne vivoit pas
si paisiblement. Pour
n'être pas exposé à la
228
veüe des parens de
la Comtesse dans la
haute Allemagne, il
quitta incontinent aprés sa fuite, le service de l'Empereur,
il passa dans celuy du
Roy d'Espagne, & il
se trouva Gouverneur d'Arras lorsque
malgré sa valeur &
sa longue resistance
cette ville fut emportée par nos guerriers
François. La gazette
229
publia sa mort, &
dans cette croyance
la Comtesse demanda si instament le viole de Religieuse à
Monsieur l'Evêque
d'Alby, qu'il crût ne
pouvoir pas le luy refuser. Il voulut le luy
donner luy-mesme ;
mais l'on sçeut bientost aprés que le Comte vivoit, & qu'il avoit esté seulement
blessé au visage.
230
Mais enfin il mourut à Bruxelles, aprés
avoir vécu prés d'un
siecle. Il étoit Chevalier de la toison d'or
& Surintandant des
Finances du Roy
d'Espagne en Flandres. Son humeur bizarre luy faisant cherir la memoire de sa
premiere femme depuis la fuite de la seconde ; il fit transporter ces cendres em
231
poisonnées de Cologne à Bruxelles, &
voulut qu'elles fussẽt
enfermées avec les
siennes dans un superbe Mausolée de
marbre. Il laissa dix
mille écus pour les
embellissemens de sa
chapelle, & donna
tous ses grands biens
au Prince de Simey
second fils du Duc
d'Arschot.
Dés que la Com
232
tesse sçeut qu'il étoit
veritablement mort,
elle fit profession entre les mains de Monsieur l'Evêque d'Alby, aprés avoir esté
plus de vingt ans Novice ; & passant tout
d'un coup du Noviciat à la superiorité,
elle gouvernoit ces
saintes Religieuses
lors qu'elle fut atteinte d'une maladie languissante causée par
233
le changement du
climat & les troubles
continuels où elle avoit esté exposée. Elle se démit de sa charge afin de mourir en
simple Religieuse, &
durant sept ou huit
mois elle attendit à
tout moment avec
une fermeté merveilleuse cette mort
qu'elle avoit autrefois tant apprehendée.
234
Ainsi mourut constament l'année mil
dix cent soixante &
dix, cette innocente
& belle Princesse,
que l'humeur trop severe de son mary, les
mauvais conseils de
ses domestiques, &
peut-être une grande
jeunesse, & beaucoup d'enjoüement
ont fait passer pour
coupable, & rendu
une des plus mal
235
heureuses personnes
de ce siecle.
FIN.
Empreinte (illisible) de la bibliothèque.
P
Ar Grace & Privilege du Roy,
Donné à Versailles le 14. jour
d'Octobre 1677. Par le Roy en son
Conseil, Signé Des vieux, &
scellé du grand Sceau de cire iaune.
Il est permis à Claude Barbin,
Marchand Libraire, de faire imprimer un Livre intitulé la Princesse
d'Isembourg, pendant le temps
& l'espace de sept années entieres
& consecutives, à commencer depuis le jour que ledit Livre sera
achevé d'imprimer, & deffences
sont faites à toutes sortes de person-
nes de quelque qualité & condition
qu'elles soient, d'imprimer, faire
imprimer, vendre ny debiter ledit
Livre sans le consentement dudit
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est plus amplement porté par ledit
Privilege.
Registré sur le Livre de la Communauté des Marchands Libraires
& Imprimeurs de cette Ville de Paris, le 18. Octobre 1677. suivant
l'Arrest du Parlement du 8. Avril
1653. & celuy du Conseil Privé du
Roy du 27. Février 1665.
Signé, Couterot, Syndic.
Achevé d'imprimer pour la premiere fois le 5. Novembre 1677.
Noms propres
Aarschot
V. de Belgique (Région flamande), prov. de Braband flamand, arr. de Louvain. 26 327 hab. Église Notre-Dame (chœur du XIVe s.).
- Aarschot, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Albi
Ch. -1. du dép. du Tarn, sur le Tarn. 46 579 hab. (aggl. 64 359) (Albigeois). [...] HIST. La ville (Albiga à l'époque gallo-romaine) fut réunie au Xe s. à la maison de Toulouse et rattachée à la Couronne en 1284. Centre actif de l'« hérésie » cathare aux XIIe et XIIIe s..
- Albi, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Arras
Ch.-1. du dép. du Pas-de-Calais, dans l'Artois, sur la Scarpe. [...] HISTOIRE. Anc. cap. des Atrébates, la ville fut détruite en 407, relevée par saint Vaast en 500, ravagée par les Normands en 880, puis restaurée à nouveau. Elle resta sous l'autorité des comtes de Flandre jusqu'au XIIe s. Intégrée à la France à la suite du mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut (1180), elle passa à la Bourgogne en 1384. Louis XI la reprit (1477), mais les Arrageois se rallièrent à Maximilien d'Autriche (1493). Louis XIII la conquit en 1640. Le Grand Condé et les Espagnols l'assiégèrent, mais furent repoussés par Turenne (1654). Le traité des Pyrénées la céda définitivement à la France et Vauban la fortifia (1659). Très disputée en raison de sa situation stratégique, Arras résista aux Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Occupée en mai 1940, elle fut libérée en sept. 1944.
- Arras, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Aubijoux
Le château d'Aubijoux se situe dans un bourg de Marcenat, commune au nord de Cantal
dans l'Auvergne.
- Marcenat (Cantal), Wikipédia l'encyclopédie libre (5 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcenat_(Cantal).
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Auvergne
Région administrative située au centre de la France. L'Auvergne compte quatre départements
: Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme.
- Auvergne, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Bade (en all. Baden)
Anc. État de l'Allemagne du S.-O. qui s'étendait sur la plaine rhénane de Bâle à Mannheim, et sur le versant occidental de la Forêt -Noire. HISTOIRE. Occupé par les Romains puis par les Alamans, le pays de Bade, partie du duché d'Alémanie ou de Souabe, fut érigé en margraviat v. 1100. Déchiré, pendant la guerre de Trente Ans, entre la ligue catholique de Baden-Baden et la ligue protestante de Baden-Durlach, il fut réunifié par Charles-Frédéric de Baden-Durlach, et, en 1806, constitué en grand-duché (dont le dernier héritier fut Maximilien de Bade). Il adhéra à la Confédération du Rhin (1806) et à la Confédération germanique (1815), puis entra dans l'Empire allemand (1870). La Constitution de 1919 fit du Bade une république. En 1945, le Nordbaden, industriel (Karlsruhe, Mannheim), était en zone d'occupation américaine, le Südbaden autour de Fribourg-en-Brisgau en zone française. Après la fondation de la République fédérale d'Allemagne, le Bade et le Wurtemberg furent réunis pour former le Land de Bade-Wurtemberg.
- Bade en all. Baden, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Berg
Anc[ien] État d'Allemagne situé sur la rive d. du Rhin. Assez convoité pour être passé successivement du duché de Clèves et du Palatinat à la Bavière (1777), à Napoléon en 1806 qui en fit pour Murat un grand-duché, enfin à la Prusse en 1815 qui l'incorpora en 1824 à la Rheinprovinz, auj. en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le pays de Berg offre sur les premières pentes du Massif schisteux rhénan une très forte densité de petites entreprises métallurgiques [...].
- Berg (duché de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Brandebourg (en all. Brandenburg)
Région historique de l'Allemagne s'étendant sur la partie N. de la grande plaine centrale allemande, entre l'Elbe et l'Oder à l'E. HIST. Occupé jusqu'au IIe s. par des peuples germaniques, puis envahi par les Slaves, le Brandebourg fut constitué en marche par Charlemagne. [...] Passé à la maison de Wittelsbach (1323), érigé en électorat en1361, le Brandebourg leur fut arraché par la maison de Luxembourg en 1373, Sigismond de Luxembourg en fit don en 1415 à son neveu Frédéric de Hohenzollern et lui conféra le titre d'électeur en 1417. Le Brandebourg s'enrichit du duché de Clèves en 1614 et du duché de Prusse en 1618. Frédéric-Guillaume, dit le Grand Électeur, après sa victoire de Fehrbellin (1675), y ajouta la Poméranie suédoise, qu'il fut contraint de rendre en 1679.
- Brandebourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Carmélite
Nom des religieuses de l'Ordre du Carmel. (Les religieux de cet ordre s'appelaient
des Carmes.) L'Ordre du Carmel fut fondé en 1185 par Berthold de Calabre sur le mont Carmel
en Israël.
- Carmélite, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 6 novembre 2009.
- Carmel (le) ou ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Cologne (en all. Köln)
V. d'Allemagne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans une plaine fertile, sur la rive g. du Rhin. [...] Fondée en -38 par les Ubiens sous le nom d'Ara Ubiorum (autel des Ubiens), puis rebaptisée Colonia Agrippinensis par Claude en l'honneur de sa femme Agrippine (49), elle fut agrandie et fortifiée sous Néron. [...] Promue ville impériale au XIIIe s., elle eut durant tout le Moyen Âge une grande prospérité commerciale (verreries, céramique, vins), adhéra à la Hanse et fut en relations avec toutes les grandes cités allemandes. Son éclat artistique et intellectuel était très grand. Thomas d'Aquin, Duns Scott et Albert le Grand enseignèrent à l'université. Elle eut sa propre école de peinture (XIVe - XVIe s.) dont le principal représentant était Lochner. Mais, du XIIIe au XVIIe s., des luttes d'influence opposèrent la riche bourgeoisie commerciale à l'archevêque-électeur. Celles-ci furent marquées par le combad de Worringen (1288) et la guerre de Cologne (1582 - 1584). Prise par les Français en 1794, elle passa à la Prusse en 1815.
- Cologne en all. Köln, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Douai
Ch.-1. d'arr. du Nord, sur la Scarpe. [...] HISTOIRE. Duacum à l'époque gallo-romaine, la ville obtint une charte communale au XIIe s. alors qu'elle appartenait aux comtes de Flandre. En 1667, Lous XIV prit Douai qui fut fortifiée par Vauban ; par le traité d'Utrecht (1713), la ville revint définitivement à la France. Fondée par Philippe II, son université joua un rôle important contre le protestantisme. Elle fut transférée à Lille en 1887.
- Douai, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Ferdinand II de Habsbourg
Empereur germanique (1619-1637). Succédant à son cousin Mathias II, il se trouva aux prises avec le soulèvement protestant de la Bohême qui fut à l'origine de la guerre de Trente Ans. Déchu et remplacé par l'électeur palatin Frédéric V que la noblesse tchèque avait élu roi, il écrasa son adversaire à la Montagne Blanche (1620). En 1626, Christian IV, qui avait repris la tête du parti protestant en Allemagne, était battu à son tour (Lutter) et Ferdinand imposait la paix de Lübeck (1629). Les excès de la répression (édit de Restitution) provoquèrent une reprise des hostilités, Gustave II Adolphe, poussé par la France, intervint et remporta une suite de victoires (Breitenfeld, le Lech, Lützen), mais sa mort permit à l'empereur un rétablissement (Nördlingen). Ferdinand fut secondé par de brillants généraux (Tilly, Wallenstein, Maximilien de Bavière). On l'accuse généralement d'avoir obéi à un catholicisme et à un autoritarisme excessifs et intransigeants, mais sans doute agissait-il surtout dans le désir de consolider les possessions des Habsbourgs.
- Ferdinand II de Habsbourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Flandre
- Flandre-Occidentale (en néerl. West-Vlaanderen) :
Prov. de Belgique (Région flamande). [...] LANGUE : néerlandais. Ch.-1. Bruges. La prov. est divisée en 8 arr. : Bruges, Dixmude, Ypres, Courtrai, Ostende, Roeselare, Tielt, Veurne
. - Flandre-Orientale (en néerl. Oost-Vlanderen) :
Prov. de Belgique (Région flamande). [...] LANGUE : néerlandais. Ch.-L. Gand. La prov. est divisée en 6 arr. : Aalst, Dendermonde, Eeklo, Gand, Oudenaarde, Sint-Niklaas
.
- Flandre-Occidentale, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Flandre-Orientale, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Frise (en néerl. Friesland)
Prov. du N. des Pays-Bas. [...] HISTOIRE. Peuplant un territoire aux contours mal définis, mais beaucoup plus vaste que la Frise actuelle, les Frisons (parents des Saxons) apparurent au début de l'ère chrétienne parmi les tribus germaniques de la côte de la mer du Nord, entre la Meuse et la Weser. [...] Au Moyen Âge, la Frise, faisant partie du Saint-Empire romain germanique se trouva morcelée en de nombreux États (comtés de Hollande et de Zéland, évêché d'Utrecht, seigneurie de Groningue). Sous cette appellation substitaient alors la Frise proprement dite et la Frise-Orientale. La première, longtemps pomme de discorde entre les comtes de Hollande et les ducs de Saxe, échut à ces derniers en 1498 quand l'empereur Maximilien nomma Albert, duc de Saxe, gouverneur perpetuel de Frise. Elle passa ensuite sous l'autorité de Charles, duc de Gueldre, puis, en 1515, du futur empereur Charles Quint. En 1579, la Frise adhéra à l'Union d'Utrecht et suivit désormais le sort des Provinces-Unies.
- Frise (en néerl. Friesland), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Frédéric II de Nuremberg
(1188-1255). Frédéric II de Nuremberg fut le co-burgrave de Nuremberg de 1204 à 1218,
ainsi que le comte de Zollern de 1201 à 1251. Frédéric II appartient à la quatrième
brange de la lignée Hohenzollern-Hechingen, issue de la première branche de l'illustra
Maison de Hohenzollern.
- Frédéric II de Nuremberg, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_II_de_Nuremberg.
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Frédéric-Henri d'Orange-Nassau
Orange, près d'Avignon dans le Vaucluse, devint une principauté au XIIIe siècle. Celle-ci
revint, par le jeu des alliances, à la branche hollandaise de la famille de Nassau
en 1544 qui conserve encore le titre de prince d'Orange. La lutte pour le contrôle
de la principauté entre les Princes d'Orange et Louis XIV commença aux années 1640 et finit en 1702 quand le territoire fut formellement annexé
à la France. Cette lutte connut un tournant important en 1673, quand Louis XIV annexa
tout le territoire de la principauté à la France et fit raser le château des princes
d'Orange.
C'est Frédéric-Henri d'Orange-Nassau (1584-1647), un allié de la France, qui mit fin
à l'alliance vers la fin de sa vie en faveur de l'Espagne, qui reconnut l'indépendance
des Provinces-Unies (à partir desquelles furent créés les Pays-Bas actuels) en 1648.
- Orange (province de l'État libre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Orange, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 septembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 janvier 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Henri_d%27Orange-Nassau.
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Furstenberg
Famille allemande originaire de Souabe, connue surtout par Wilhelm Egon Fürstenberg, évêque de Strasbourg (1684 - 1704). Fidèle allié de Louis XIV, il dut se réfugier en France. Sa candidature à l'électorat de Cologne, soutenue par Louis XIV, fut une des causes de la guerre de la ligue d'Augsbourg.
- Furstenberg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Groenlo (Grolle en français)
Ville située dans la province de Gueldre dans l'est des Pays-Bas, près de la frontière allemande.
- Groenlo, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 janvier 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Groenlo.
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Gueldre (en néerl. Gelderland)
Prov. des Pays-Bas. [...] HIST. Après avoir appartenu au Saint Empire, la province de Gueldre devint un duché (maison de Nassau), puis passa à Charles le Téméraire de 1472 à 1477 et enfin à l'Autriche et à l'Espagne. La Basse-Gueldre se joignit aux Pays-Bas protestants en 1579 et la Haute-Gueldre passa aux mains de la Prusse lors de la guerre de la Succession d'Espagne. Occupée par la France sous Napoléon, la Gueldre fut divisée entre les Pays-Bas et la Prusse par la paix de Vienne en 1815.
- Gueldre en néerl. Gelderland, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Gustave II Adolphe
(Stockholm 1594 - Lützen 1632). Roi de Suède (1611 - 1632). Grâce à l'aide du chancelier
Oxenstierna, il parvint à rétablir la paix entre la Suède et le Danemark, entre la
Suède et la Russie et entre la Suède et la Pologne.
- Gustave II Adolphe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Hohenzollern
Famille allemande qui tire son nom du château de Hohenzollern, près de Sigmaringen, en Souabe.
- Hohenzollern , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Infante
l'Infante d'Espagne, id est, la fille d'Espagne..
- Nicot, Jean, Infante, Le Thresor de la langue francoyse (1606), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 6 novembre 2009.
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Isabelle-Claire-Eugénie de Habsbourg (l'Infante) (en esp. Isabelle Clara Eugenia)
(1566 - 1633). L'enfant du roi Philippe II d'Espagne ; gouvernante des Pays-bas, duchesse
de Brabant, de Gueldre, de Lothier et de Limbourg, Comtesse d'Artois, de Flandre,
de Hainaut, de Bourgogne et de Namur.
- Philippe II, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Isabelle d'Espagne (1566 - 1633), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_d'Espagne_)1566-1633).
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Isenbourg
L'une des principautés de la Confédération du Rhin, qui fut fondée en 1806 par seize
princes allemandes. Quoique la Confédération fût protégée par Napoléon, elle s'effondra
en 1813. L'Isenbourg existe de nos jours sous le même nom et constitue plusieurs comtés
du Saint-Empire romain germanique.
- Confédération du Rhin , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Isenbourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isenbourg.
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Isenbourg (Château de)
Le site alsacien du château fut un poste avancé de l'antique Voie romaine commerciale
et militaire. À l'époque mérovingienne, le roi Dagobert II (652-679) céda sa demeure
aux évêques de Strasbourg suite à la guérison miraculeuse de son fils. La petite ville
de Rouffach étant devenu le centre des possessions de l'évêché dans le sud de l'Alsace,
l'édifice servit de résidence aux évêques lors de leur venue dans la région. Le château
existait au 12e siècle, mais fut détruit en 1199. En 1612 la construction d' un nouveau
château fut entreprise au nord de l' ancien. Les travaux eurent lieu de 1612 à 1617,
la décoration intérieure étant à peu près achevée en 1626. Ce château fut endommagé
en 1632 par une troupe française et probablement restauré par l'évêque de l'époque
vers 1664. Les anciennes superstructures furent démolies en 1822, et une restauration
moderne entamée en 1972.
- Isenbourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 juillet 2015), Internet, 15 mars 2018. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isenbourg.
- Château d'Isenbourg : histoire, Grandes Étapes Françaises, Internet, 15 mars 2018. https://www.grandesetapes.com/chateau-hotel-isenbourg-alsace/histoire/.
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Le Languedoc (de la langue d'oc, l'occitan)
Ancienne province dans le sud de France qui aurait compris les régions contemporaines
de Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Auvergne et une partie de la
Haute-Loire. Le Languedoc appartient à l'Occitanie, ancienne région du sud-ouest de
l'Europe dont les habitants parlèrent occitan comme langue principale.
- Languedoc, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Languedoc.
- Le Languedoc n. m., (d'après la langue où l'on dit oc « oui », c'est-à-dire l'occitan), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
- Occitanie, Wikipédia l'encyclopédie libre (16 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Occitanie.
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Le Neubourg
Le Neubourg est une ville en Normandie, site d'un château médiéval et d'événements
politiques importants depuis le XIIe siècle.
- Le Neubourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 mai 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Neubourg.
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Leucate
Comm. de l'Aude, arr. de Narbonne, au N. de l'étang de Leucate. 2 177 hab. (Leucatois). De part et d'autre du grau de Leucate, s'étend l'ensemble touristique de Leucate-Barcarès comprenant les plages de Leucate et de Barcarès, et les stations balnéaires de Port-Leucate et de Port-Barcarès (Pyrénées-Orientales).
- Leucate, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Lorraine
Anc. province de l'E. de la France qui a donné son nom à une région. HISTOIRE. [...] cette région devint le cœur de l'empire carolingien. [...] au XVIe s. [...] la Lorraine joua alors un rôle de premier plan dans la politique française, par l'intermédiaire des Guise, cadets de la maison ducale, se fit le champion du catholicisme [...] et, après sa réconciliation avec Henri IV (1595), connut son apogée, accompagné d'un épanouissement intellectuel et artistique [...].
- Lorraine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Louis XIII le Juste
(Fontainebleau 1601 - Saint-Germain-en-Laye 1643). Fils d'Henri IV et de Marie de Médicis. À l'âge de neuf ans suivant la mort de son père, Louis XIII
prit le trône comme roi de France (1610 – 1643), et sa mère fut proclamée régente.
Puisque sa mère lui exclut du pouvoir, même quand il atteignit l'âge de régner, Louis
finit par exiler Marie de Médicis à Blois. Cependant, à cause de l'instabilité mentale
et la mauvaise santé, le roi restaient incapable d'exercer le pouvoir total. Ainsi,
il compta sur son principal ministre le cardinal de Richelieu pour les conseils politiques.
Ensemble, ils enlevèrent aux Huguenots La Rochelle (1628) ; ils vainquirent les Espagnols
dans la guerre franco-espagnole (1635-1659) ; finalement, ils réussirent à établir
la France comme une grande puissance européenne.
- Louis XIII le Juste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Lude (le)
Ch.-1. de cant. de la Sarthe, arr. de La Flèche. 4 424 hab. (Ludois). Église Saint-Vincent (XIIe et XVIe s.). Château des XIIIe-XIVe s. Maisons anc. Centre touristique. Produits laitiers.
- Lude (le), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Mathias II de Habsbourg
(Vienne 1557 - id. 1619). Empereur germanique, roi de Hongrie et de Bohême (1612 - 1619). Troisième fils de Maximilien II, il succéda à son frère Rodolphe II. L'échec de ses tentatives pour réconcilier catholiques et protestants devint manifeste avec la défenestration de Prague (1618). Il laissa la couronne à son cousin Ferdinand II de Habsbourg.
- Mathias II, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Ratisbonne (diète de)
Diète réunie en 1541 par Charles Quint, en présence d'un légat du pape, pour restaurer l'unité entre catholiques et protestants dans l'Empire. Les théologiens catholiques furent Eck, Gropper, J. von Pflug, les protestants Melanchthon et Bucer. S'appuyant sur les résultats du colloque de Worms qui avait précédé, l'entente faillit se faire ; elle échoua pourtant et, après une ultime tentative cinq ans plus tard (colloque de Ratisbonne), Charles Quint s'engagea dans la guerre contre les protestants tandis que la papauté entrait activement dans la Contre-Réforme.
- Ratisbonne (diète de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Reims
Ch. -1. d'arr. de la Marne, sur la Vesle, en Champagne. [...] HIST. Métropole des Rèmes, la ville eut d'Abord pour nom Durocortorum (« forteresse ronde ») et fut la métropole de la Gaule belgique en 17. Clovis s'y fit baptiser par saint Remi en 496 et les rois de France s'y firent sacrer. La fortification de la ville par Philippe le Bel date de 1295, l'institution de l'université de 1547.
- Reims, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Rhin (en all. Rhein, en néerl. Rijn)
Fl. d'Europe occidentale (1 320 km), tributaire de la mer du Nord. Né dans les Alpes suisses de la réunion du Rhin antérieur (Vorderrhein), émissaire du lac Toma (2 341 m), et du Rhin postérieur (Hinterrhein) né dans le massif de l'Adula, à 2 216 m, il se dirige d'abord vers le N., traverse le lac de Constance où il marque la frontière entre la Suisse et l'Autriche et s'enrichit de la Reuss, de la Limmat et de l'Aar. Il prend ensuite la direction de l'o., jusqu'à Bâle et sert de frontière entre la Suisse et l'Allemagne, la première conservant cependant en rive d. l'enclave de Schaffhouse et la fameuse chute du Rhin. [...] Aux Pays-Bas, le fleuve se subdivise en quatre bras : l'IJssel (qui alimente l'IJsselmeer ou ancien Zuiderzee), le Vieux Rhin, le Waal (qui se dirige vers la Meuse) et le Lek qui rejoint Rotterdam.
- Rhin en all. Rhein, en néerl. Rijn, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Rodolphe II de Habsbourg
(Vienne 1552 - Prague 1612). Empereur germanique (1576 - 1611), roi de Hongrie (1572 - 1608) et de Bohême (1575 - 1611), fils de Maximilien II. Installant sa capitale à Prague, il protégea la Contre-Réforme catholique, mais assura aussi aux protestants de Bohême la librté de culte (lettre de majesté, 1609). Plus attiré par les arts et les sciences que par la politique (il protégea Tycho Brahé et Kepler), il fut supplanté par son frère Mathias II.
- Rodolphe II de Habsbourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Siège de Groenlo (Grolle en français)
Frédéric-Henri d'Orange-Nassau attaqua la ville, alors espagnole, en 1627. Après un mois de siège, la ville s'est
rendu aux Hollandais jusqu'à la fin de la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648,
avec une trève entre 1609 et 1621). C'est sa position stratégique à la frontière allemande
qui lui vaut plusieurs sièges au cours de cette guerre où les Pays-Bas cherchaient
à se libérer de l'Espagne.
- Siège de Groenlo (1627), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 janvier 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Groenlo_(1627).
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Souabe
Région d'Allemagne méridionale, à cheval sur le Wurtemburg et le plateau bavarois. [...] HIST. En 950, (la Souabe) passa au fils d'Othon le Grand et resta désormais dans la famille impériale (Frédéric Barberousse était duc de Souabe). L'extinction de la maison de Hohenstaufen fut suivie d'une période d'anarchie et de la formation de différentes ligues (1331, 1360, 1376), jusquà la grande ligue de Souabe (1488 - 1533) qui assura l'ordre et seconda l'autorité autrichienne : elle soutint Maximilien Ier dans sa lutte contre la Suisse, puis écrasa Ulrich de Wurtemberg, Franz von Sickingen et les Paysans. Déchirée par la guerre de Trente Ans, la Souabe fut définitivement démantelée lors du traité de Westphalie.
- Souabe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Toulouse
Ch.-1. du dép. de la Haute-Garonne et de la région Midi-Pyrénées, sur la Garonne. [...] HISTOIRE. Anc. cap. du royaume wisigoth, devenue cap. du royaume d'Aquitaine, Toulouse abitra l'Inquisition au XIIIe s. ; l'ordre des dominicains y fut fondé pour combattre l'hérésie. La ville avait subi les effets de la croisade contre les albigeois, et Simon IV de Montfort fut tué en l'assiégeant (1218). Le comté de Toulouse fut intégré au domaine royal en 1249. Après une période de décadence, c'est au XVe s. que Toulouse renaquit et essaya de garder ses traditions jusqu'à la Révolution. Son expansion n'a pas cessé depuis le XIXe siècle.
- Toulouse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Varades
Ch.-1. de cant. de la Loire-Atlantique, arr. d'Ancenis. 3 039 hab..
- Varades, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
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Vaubecour
Régime de Vaubecour : Le régiment de Vaubecour exista aux années 1630 en France.
- Chaumont, Gazette de France, tôme premier, Paris, 1766.
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Élizabeth de Habsbourg
La fille du comte Albert IV de Habsbourg, de la maison d'Autriche, et l'épouse de
Frédéric II de Nuremberg.
- Frédéric II de Nuremberg, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_II_de_Nuremberg.
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Notes
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