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Le Bon Mariage
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Frontispice allégorique du mariage de Jesus-Christ avec l'église, de l'imprimerie de Jean Serrurier à Douay.

LE BON MARIAGE,
O V
LE MOYEN D'ESTRE HEVREVX
ET FAIRE SON SALVT EN ESTAT DE MARIAGE
AVEC

VN TRAITÉ DES VEFVES:
Liure tres-utile à ceux qui sont mariez, & à ceux qui aspirent au mariage,
ou qui ne sont encor determinez à aucun estat,
& condition de vie.

Ceux & celles qui font profession de cœlibat ou de Religion,
connoistront l'usage qu'ils peuuent auoir de ce
Liure en la seconde preface.

Par le R.P. Clavde Maillard de la Compagnie
de IESVS.

Vignette: un salamandre, devise en latin de l'éditeur en-dessous, VRIT NEC VRITVR (Il brûle sans être brûlé). A DOVAY,
De l'Imprimerie de Iean Serrvrier, à la Salemandre, 1643.
Filet simple.
AVEC PRIVILEGE.
L'explication, & l'application de la peincture du frontispice est immediatement apres l'Epistre dedicatoire.
Bandeau décoratif.

AVX NOBLES, DISCRETS, ET EQVITABLES SEIGNEVRS, MESSIEVRS LES BAILLIF ESCHEVINS ET NOBLES VASSAVX DE LA SALLE ET CHASTELLENIE D'YPRE.

MESSIEVRS, L'attente de mon retour en Lorraine, qui a coulé depuis vn an, de mois à autre, m'ayant donné quelques treues en mes Sermons, m'a pareillement fourny le loisir de me communiquer au public par escrit, comme i'auois fait par cy deuant de viue voix: mettant en lumiere ce Traité du bon Mariage, qu'aucuns m'auoient dés assez long-temps demandé.
Ie le fais d'autant plus volontiers, que moins on a traité de ce subject quant aux mœurs, & pour l'vsage du commun ; quoy qu'assez liberalement quant à la speculation, & pour l'escole ; qui est tou-tefois le fondement de toutes les actions humaines, puis que ce qui a fait viure aux hommes une vie commune & humaine, c'est le Mariage : ce qui les a retiré de la brutalité, pour les appriuoiser, est le Mariage : ce qui a donné commencement aux villes, c'est le Mariage : ce qui a enseigné à garder la foy, honorer la iustice, travail-ler pour le commun, faire des alliances & amitiés, est le mesme Ma-riage.
Le mariage est la premiere compagnie de toutes, le soustien de tous les estats : l'vnique cause de la conseruation de la nature humaine, puis que des bons Mariages ordinairement viennent les bons enfans; des bons enfans, des bons citoyens, & les bons Ecclesiastiques; des bõs citoyens, des bons Magistrats ; & par consequent les bonnes & florissantes villes ; des bonnes villes, les bonnes Prouinces, & enfin la grandeur & puissance des Royaumes. En vn mot, il semble que toute la prosperité humaine depend de ces trois poincts, de bien commẽcer les mariages : d'y maintenir l'vnion, & de bien esleuer les enfans; & voilà en quoy consiste l'estre du bon Mariage : pour l'establissemẽt duquel les sages legisslateurs de la Gentilité ont fait tant de loix.
Or ils n'ont pas connu ce qui est le principal, & que la foy nous enseigne, sçauoir que le bon Mariage est plustot vn don du ciel, qu'vn effect des loix humaines : qu'il est le signe du Mariage de Iesus‑Christauec l'Eglise : qu'il donne vne grace surnaturelle aux mariez (qui n'y mettent point d'empeschement) qu'il les fauorise d'vne as sistance du S. Esprit : qu'il remplit les familles de benedictions, & le ciel de predestinez : enfin est capable de rendre les mariez bien-heureux en ce monde par anticipation, & eternellement en l'autre. En vn mot qu'il est Sacrement.
Il ne faudroit autre instructiõ pour faire vn bon Mariage, qu'vne attentiue consideration de la peincture que i'ay mise en teste de mon liure, qui est la representation du Mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise, qui doit estre l'idée du bon Mariage, comme il en est toute la grandeur, tesmoin S. Paul, a & que ie propose aux mariez comme a Ephes. 5. vn parfait miroir, en la suite de mon liure.
S'il est vray ce que dit S. Augustin, b b Tota vita Christi per hominem que in terris geffit, morum difciplina, & speculum fuit.Lib. I de vera religione c. 16.tom.I.2 que toute la vie que Iesus‑Christ a mené en terre a esté la reigle & le miroir de nos mœurs, il et particulierement veritable pour le regard des mariez, qui sont obligez s'ils veulent auoir vn bon Mariage, & y faire leur salut, d'y essigier autant qu'ils pourront les traits & perfections du Mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise : & partant tout ainsi que les Dames qui desirent se rendre agreables aux yeux d'autruy, disputent cent fois le iour auec la glace d'vn miroir, pour adjancer & corriger ce qui pourroit estre messeant, ou moins parfait, en leurs personnes : de mesme, quiconque se veut rendre agreable à Dieu en estat de mariage, & y acquerir de la perfection, doit se seruir de ce miroir, auant que se marier, & ne le quiter iamais tout le temps de son mariage.
Ie n'entens pas volontiers ces ames sans cœur, qui disent auec le desesperé de l'Euangile, cc Luc 14. Vxorem duxi, & ideo non poffum venire. ie suis marié, & partant ie ne puis estre parfait : si les Payens croyoient qu'en sacrifiant à Iunon, leurs mariages pouuoient estre chastes : à Venus, feconds : aux graces pleins d'amitié & de concorde : croirons nous que les mariez se sacrifians par vn humble seruice, & offre de leurs corps & ames au vray Dieu du ciel & de la terre, s'vnissans par imitation à celuy qui est le principe de chasteté ; la source de fecondité ; & la fontaine des graces ; ne puissent arriuer à la perfection de leur vocation? ce seroit en vain que Dieu les auroit appellé à cet estat, & qu'il l'auroit honoré de la qualité de Sacrement : ce seroit en vain qu'il leurs auroit donné le Mariage de Iesus Christ, pour leurs seruir comme d'vn parfait miroir, pour y reconnoistre l'idée de la perfection qu'ils doiuent essigier en leurs mariages.
Messieurs, i'ay dit, & ie le maintiens, qu'il ne faudroit qu'vne attentiue consideration de ce beau miroir que ie vous propose en petite forme en mon frontispice & en ma preface, pour faire un bon mariage. Or d'autant que chacun n'est pas capable de la faire, sans l'aide d'vne exposition plus ample, des merueilles que ce miroir represente, ie la fais en mon Liure, pour seruir à tous : & voila mon dessein, & le subiect de mon entreprise.
I'ay fais choix de Vos Seigneuries, pour par leur entremise & authorité, communiquer ce beau miroir au public ; poussé de plusieurs raisons. La premiere est, que comme ainsi soit que les exẽples sont plus puissans pour persuader que les paroles : comme vous estes choisis, en tout le territoire, pour donner exemple aux autres de syncerité, fidelité, & iustice ; aussi ie veux croire que vos Mariages sont autant de confirmations & d'exemples des veritez que i'aduance parlant du bon Mariage, & qu'en chacune de vos maisons y a vn miroir du bon Mariage, qui esclate à l'edification & instruction du public. ainsi que vous authoriserez par vos exemples & deportemens, ce que ie represente par mes paroles.
La seconde, que mon intention estant conformement à ma profession de proffiter au public, instruisant ceux qui sont à marier à le bien faire : ceux qui le sont defia à s'y perfectionner, & à esleuer leurs enfans Chrestiennement. Ie n'ay sçeu faire choix de perssonne qui peust seconder mes intentions plus fauorablement que Vos Seigneuries, qui par vostre prudence, fidelité, integrité, & autres vertus, auez esté esleuez sur le noble tribunal de tout ce territoire : & par les qualitez que la naissance vous a données, joinctes aux Seigneuries que vous possedez, faictes la plus noble partie de toute la Chastellenie, & en representez le corps : ainsi m'addressant à vos personnes, i'ay pensé m'addresser à tout le reste pour communiquer mon dessein à tous les membres, par le moyen du chef, & de la partie principale.
La troisiesme est, que me trouuant au College d'Ypres3 depuis d De aduenis qui peregri nantur a-pud vos, vel qui ex his nati fuerunt in terra vestra, hos habebitis famulos & hæreditario iure transmittetis ad posteros ac possidebitis in æternum. Leuit. 25. tantost vn an, où i'ay mis du iour ce petit œuure que ie vous offre, vous auez droict de le repeter comme vostre par toute loy, & moy obligation de le vous offrir.
La loy Diuine le veut, en voicy les termes. d Quant aux estrangers qui sont pelerins parmy vous, ou quant à leurs enfans, qui seront nez en vostre terre, ils seront vos seruiteurs, & par droict de succession vous les lairrez à vos enfans pour en jouyr à iamais. Ce Liure est mon part né en votre Ville, où ie suis estranger : donc la loy vous l'adjuge, et à vos enfans à iamais, comme leur possession legitime et hereditaire. Ie n'ignore pas que la loy s'entend des sere Omnis fructus nõ iure semi nis, sed iu-re soli percipitur. Vlpianus lib. 7 D.lege qui scit. Eius est fructus cuius est fundus. uiteurs estrangers ; qualité que i'admets tres-volontiers pour le re gard de Vos Seigneuries, autant que ma profession me le peut per-mettre.
La loy ciuile m'oblige au mesme deuoir e qui donne le fruict non à celuy qui a fourny la semence, mais à celuy à qui appartient le fond ou croit le fruict, donc il appartient à toute votre Ville, et à tout vostre territoire : partant ie ne le puis mieux rendre au proprietaire, que par les mains de vos Seigneuries, qui faites vn des premiers corps de la iustice, & tout ensemble representez la noblesse.
Il est vostre par droict de reconnoissance, puis que demeurant en ce College où i'apperçois tous les iours les marques de vos liberalitez & magnificences, en la bastisse des escoles, mais sur tout en la stru cture de cette iolie, deuote, & magnifique Eglise, admirée meritoi-rement de tous ceux qui la voyent, marque de vos pieuses liberalitez : i'ay deu prendre cette occasion pour tesmoigner au public, au nom de tous nos Peres (quoy que ie sois le moindre de tous) les obligations que nous vous auons : tant pour les biens-faits du corps, dont vous estes chef ; que pour les vostres en particulier, & pour votre bonne & syncere affection enuers nostre Compagnie, & ce College.
I'espere tant de vos bontez, qu'encor que ce mien part, que ie vous presente comme vostre, par tant de tiltres, soit habillé en estranger : il ne manquera pourtant d'auoir entrée à vos bonnes graces : ains luy ferez l'honneur de le receuoir & le traiter comme vostre, & comme chose de laquelle vous pouuez disposer pour vous & pour vos enfans : & qui a cela de bon, qu'en le communiquant par vostre liberalité & authorité à vos voisins & amis, vous le ferez sans aucune diminution de vos droicts, ny de vostre possession & vsufruict, ains le rendrez plus vostre & plus recommandable.
Son habit ne luy empeschera pas l'accés aupres des personnes honnestes, doctes, & nobles, qui le reconnoistront assez en cet habit : si quelqu'vn auec le temps luy fait la charité de l'habiler à la flamande, il luy en aura de l'obligation, puis qu'il en aura plus libre communication auec le vulgaire, & sera plus connu.
Pour moy ce m'est assez en l'offrant à vos Seigneuries, de ioindre mes deuoirs à ceux des Peres de tout ce College, en reconnoissance de vos bien-faits ; & mes vœux aux leurs, pour la prosperité & le seruice de toute la ville, & de tout le territoire : & croiray auoir bien employé mon petit trauail, s'il est capable de paroistre deuant vos Seigneuries ; s'il peut auoir place en vos bonnes graces, & augmenter le bon-heur & contentement que vous pretendez en vos mariages, & procurez en l'administration de vos charges à tout le territoire, à la gloire de Dieu; & que vous esperez dans le ciel : enfin s'il vous fait connoistre que ie suis
MESSIEVRS DE VOS SEIGNEVRIES Tres-humble, & tres-affectionné Seruiteur Clavde Maillard de la Compagnie de Iesvs
Filet cadre, rayé.

EXPLICATION DE LA PEINCTVRE du frontispice.

L'Honneur du mariage entre l'homme & la femme, consistant en ce qu'il est signe du mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise ( comme dit sainct Paul Ephes. 5. ) & comme ie monstre ample ment au chap. 9. du premier Traité du premier liure, i'ay voulu fi-gurer au frontispice de ce liure, le Mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise : on pourra connoistre comme le mariage de l'homme & de la femme en est le signe, par l'explication de la peincture, & par l'application d'icelle.
Dieu le Pere par son amour enuers l'homme, a esté autheur du mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise, fecit nuptias filio suo, il a fait des nopces à son fils, Math. 22.
Le sainct Esprit jettant ses rayons sur l'agneau, signifie les dons qu'il a donné à l'humanité de Iesus-Christ : & requiescet super eum spiritus Domini, Isaiæ 11. l'esprit du Seigneur reposera sur luy. Les jettant sur l'Eglise, nous monstre les prerogatiues, & l'assistance speciale dont il l'a fauorisée entant qu'espouse.
Les anges se resioüyssent de ce mariage, & en loüent Dieu : Gaudeamus & exultemus, & demus gloriam ei quia venerunt nuptie agni, Apoc. 19. par ce que les enfans de ce mariage doiuent peupler le ciel.
Les deux anges auec les trompettes representent les anges & les predicateurs qui inuitent les hõmes à ces nopces, Omnia parata sunt, venite ad nuptias, tout est prest, venez aux nopces. Math. 22.
L'espoux des nopces est l'agneau, qui signifie Iesus-Christ en tant d'endroits de l'Apocalypse.
L'agneau, ou Iesus-Christ en qualité d'espoux. 1. Nourrit son espouse, voire de sa propre chair, & la gouuerne. Apoc.7. 2.  La mene aux fontaines de vie, qui sont les Sacremẽs. Apoc.7. 3.  La purifie, la lauant de son sang. Apoc.7. 4.  Ouure le liure pour l'instruire. Apoc.5. 5.  A sept yeux pour la conduire & garder : sept cornes pour la defendre & gouuerner, d'vne puissance & authorité Royalle. Apoc.5. 6.  Est assis au throsne, comme meritant tout honneur, Apoc.7. 7.  Meurt pour tesmoigner son amour à son espouse. Apoc.5. 8.  Fera sentir sa cholere au iour du iugement contre les meschans. Apoc.6.
L'espouse est l'Eglise, Apoc. 21. Ephes.5. Iesus-Christ l'a espousée, in fide, par la foy : signifiée par le flambeau : Osee 2. In iustitia, en saincteté, signifiée par le liure des sainctes escritures, où sont les preceptes de toute saincteté. In iudicio, en iugement, auec meure deliberation : luy donnant iurisdiction sur les ames, ce qui est signifié par les clefs. In misericordia, & miserationibus, par sa grande misericorde, non pour les merites qui fussent en elle. In sempiternum, indiuisiblement, à iamais : ce que monstre le quadre sur lequel elle est affermie, contre tous les efforts de l'enfer, qui ne pourront iamais preualoir contre elle.
Comme souuerain Seigneur de l'vniuers, il l'a couronné d'vne triple couronne : de pouuoir, de grace, & de gloire. Et scies quia ego Dominus, monstrant qu'il est le souuerain Seigneur.
Sa robbe d'or & bigarrée monstre sa charité, & les graces & vertus dont elle est ornée, qui est son dost, & qui la rauissent entierement à l'amour de son espoux : comme aussi son espoux à son amour : Dilectus meus mihi & ego illi, Cant. 2. mon bien-aimé est tout à moy, & moy toute à luy.
Les Patriarches, Prophetes, Apostres, Martyrs, Confesseurs, Religieux, seculiers & autres qui sont d'vn costé : les Matrones, Vierges, Vefues, Religieuses, Dames & Damoiselles, & autres qui sont de l'autre costé, predits par Isaie, filÿ tui de longè venient, & filiæ tuæ de latere surgent, vos fils viendront de loin, & vos filles de costé. Isaie 60.  Sont les enfans sortis de ce mariage, qui ont Iesus-Christ pour pere, & l'eglise pour mere.
Moyse & sainct Paul sont les Paranymphes du Mariage, l'vn en la loy ancienne qui en promulge les conditions, Gen. 2. Relinquet homo patrem suum & matrem, & adherebit vxori suæ, l'homme laisse ra son pere & sa mere, & demeurera auec sa femme. L'autre en la nouuelle loy qui les confirme, & nous asseure que c'est vn grand Sacrement, Ephes.5. Sacrementum hoc magnum est.
On peut voir cette explication plus amplement en la suite du liure, & nommément au chap.9. du Traité I. du liure premier, où ie monstre les circonstances de ce mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise par vn discours exprés.
Cul de lampe à motif floral.
Filet cadre, rayé.

APPLICATION DV MARIAGE DE IESVS-CHRIST auec l'Eglise, & de sa peincture : au mariage de l'homme auec la femme.

DIeu autheur du mariage de Iesus Christ auec l'Eglise, est autheur du mariage de l'homme auec la femme, Gen. 2.
Le S. Esprit donne vne grace speciale à l'espoux & à l'espouse en vertu du Sacrement.
Les Anges & les Predicateurs y inuitent, puis que le mariage est vne vocation diuine.
Les Anges s'en rejoüissent, & en donnent loüange à Dieu, d'autant qu'il est la pepeniere du ciel.
Le mary doit estre vn agneau doux, debonnaire, patient, traittable, & à l'imitation de l'agneau mystique Iesus Christ, doit
  • 1.  Nourrir sa femme de la sueur de son corps, & la conduire.
  • 2.  La consoler.
  • 3.  La purifier par son bon exemple, par sa bonne vie, & sainctes prieres.
  • 4.  L'enseigner.
  • 5.  La garder auec les yeux de sa prudence & vigilance : & la defendre par sa force & authorité.
  • 6.  Est assis au throsne comme le chef & comme celuy qui doit commander & qui doit estre honoré.
  • 7.  Meurt pour sa femme ; ce qui luy fait entendre le grand amour qu'il doit auoir pour elle à l'imitation de Iesus Christ.
  • 8.  Fait sentir sa cholere, quand il s'agit de l'honneur & seruice de Dieu, contre lequel il ne doit rien souffrir.
Le quadre monstre l'indissolubilité du mariage, & la fermeté de l'amour des mariez.
Le liure que tient l'espouse, les fins du mariage instituées de Dieu, & contenuës és escritures Sainctes : monstre aussi comme la femme doit estre docille.
Les clefs signifient la liberté auec laquelle le mariage se doit faire : ou bien que c'est à la femme d'auoir soin de la maison, & d'ouurir & fermer.
La robbe d'or & bigarrée, la diuersité des vertus de la femme.
Le flambeau sa fidelité ; ou sa pureté sans obscurité : ou l'amour sincere qu'elle doit auoir pour son mary : ou la bonne reputation que sa bonne vie luy doit donner.
Ces paroles dilectus meus mihi & ego illi, Cant. 2. monstrent l'amour reciproque des mariez, qui doiuent estre vn en vnité d'esprit, comme ils sont en vnité de chair.
La triple Couronne, 1. que la bonne femme est la couronne & la gloire de son mary, Prouerb. 22.  2. Que les enfans sont la couronne & la gloire de la femme mariée.  3. Qu'elle obtiendra la couronne de gloire en l'autre vie, obseruant ce que dit S. Paul, I. Timoth. 2. Saluabitur mulier per filiorum generationem & c. La femme sera sauuée mettant des enfans au monde.
La multitude de personnes de l'vn & l'autre sexe qui est a l'entour, signifie que les Patriarches, les Prophetes, les Apostres & c. Vierges, Matrones, & c. sont les fruicts du mariage, creus en terre & destinez pour le ciel.
Moyse & S. Paul sont les Paranymphes du mariage.
Vous pouuez voir en ce frontispice, comme en vn tableau racourcy tout le contenu de mon Liure, & cette application, faicte icy sommairement, deduicte plus amplement dans les chapitres.
Cul de lampe, cœur entouré de feuilles.
Bandeau décoratif

AVX MARIEZ, ET A CEVX qui aspirent au mariage, ou qui ne sont encor determinez à aucun estat & condition de vie.

Filet cadre, rayé.

PREFACE ET SOMMAIRE DE TOVT LE LIVRE.

Lettrine "M".
MESSIEVRS, L'estat absolument necessaire pour la conseruation de la nature humaine ; le plus important pour la prosperité de tous les estats: le plus commun parmy les hommes: le fondement de tous: le plus espineux : voire le plus perilleux pour le salut, estant le mariage. Ie ne croy pas pourtant qu'il y en ait aucun qu'on entreprenne auec moins de deliberation, qui soit accompagné de plus d'incommoditez, & suiuy de plus de repentir.
Il semble que le monde est plein maintenent de ces combatans, qui se precipitoient anciennement au combat les yeux clos, puis que nous voyons que tant de personnes se jettent dans le mariage les yeux bandez, sans conseil, ny consideration ; comme dans vn combat perilleux, où il faut luicter auec la pauureté, les riottes, les soupçons, les jalousies, la diuersité d'hu meurs & de mœurs, les affaires continuelles, les soins rongeans, & vne infi-nité de semblables ennemis. Ce qui verifie le dire de Socrate, que la plus part des hommes sont comme ces poissons qui se debatent pour entrer en la nasse, sans prendre garde qu'elle doit estre leur prison fatale ; mais n'y sont si tost entrez, qu'ils en cherchent l'issuë, qu'ils ne trouueront iamais qu'auec leur mort.
Les maux qui se retrouuent en cet estat, ne procedent pas de sa nature, qui est excellente & digne d'honneur, comme estant inuention & institution Diuine, capable d'esleuer à la perfection ceux qui en font profession : ils procedent ou de ce que plusieurs l'entreprennent mal â propos, sans considerer ce qu'ils font, & sans y estre appellez de Dieu, ainsi payent la faute de leur temerité par vn long repentir : ou de ce que ceux qui l'ont entrepris comme il falloit, ne s'y comportent comme ils deuroient.
Par la grace de Dieu ce mal-heur n'arriue pas à tous ceux qui sont en l'estat de mariage, plusieurs ne s'y engagent que suiuant le fil de la vocation de Dieu, & n'y prennent autre guide que ses ordonnances & volontez ; ainsi y trouuent la consolation & le repos qu'ils y cherchoient, & par l'abondance des graces qu'ils reçoiuent de la main liberale de celuy qui les y a appellé, reconnoissent que c'est la piste de leur predestination.
Mon liure seruira d'exhortation à ces derniers, pour continuer courageusement leur carriere, & apprehender la couronne de gloire, qui doit estre la recompense de leur perseuerance : & aux autres de soulagement en leurs maux, & fournira les remedes ou à leur temerité, ou à leurs mauuais comportemens ; leurs rendant cette condition, où ils se sont engagé, plus tolerable & meritoire de la vie eternelle.
I'ay dit en mon Epistre Dedicatoire, que le mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise doit estre comme vn miroir aux personnes mariées & à marier, où elles doiuent recõnoistre la perfection de leur estat, ce que les periodes suiuantes mõstreront plus clairement, & serõt cõme le Sommaire de mon Liure.
Les miroirs seruent pour voir nostre face, qu'autrement nous ne pourrions voir, & d'ordinaire ils nous font voir tels que nous sommes : si blancs, blancs : si noirs, noirs : si assis, assis : si debout, debout : si nous approchons, l'image qui est au miroir s'approche de nous : si nous reculons, elle recule. De mesme iamais les mariez ne veront la condition des bons Mariages, que dans ce miroir, où se contemplans, ils connoistront s'ils sont blancs, c'est à dire, purs & Saincts : si noirs, c'est à dire, impurs & imparfaits : si prés de Iesus-Christ en perfection, si esloignez de luy. Cest dans la fine glace de ce miroir sans tache qu'ils apperceuront la beauté, ou la laideur: la bonté, ou la malice : l'honneur, ou le des-honneur : les benedictions, ou maledictions de leur mariage : & par consequent l'estime qu'ils en doiuent faire : la perfection qu'ils y ont aquise, ou l'amendement qu'ils doiuent y apporter.
Pausanias dit que dans le temple d'vne certaine Deesse4 y auoit vn miroir, dans la glace duquel chacun pouuoit apprendre sa bonne fortune : Ie m'en rapporte à ce qui en est : mais ie vous asseure qu Dieu a mis le Mariage de Iesus-Christ dans son Eglise, comme vn miroir, pour y faire voir aux mariez leur bonne ou mauuaise fortune, & vn des principaux traits de leur predestination ou reprobation.
C'est vne chose disputable parmy les Optiques5, si nous voyans par le mi roir, nous voyons nostre face, ou bien l'image de nostre face : le plus proba-ble est, que ce n'est pas l'image de nostre face que nous voyons, mais nostre face mesme, & ce par la reflexion de l'espece : mais c'est vne chose hors de controuerse, que dans le mariage de Iesus C. comme dans vn parfait miroir, les mariez peuuent voir l'estat & condition de leur mariage, or ie les aduertis qu'il y faut vne grande reflexion.
Le second effect que produit cette speculation, est vn moyen tres efficace pour surmonter les ennemis du mariage. Le moyen duquel se seruent les veneurs pour tuer le basilic, animal si venimeux qu'il tuë de sa seule veüe, est qu'ils s'entourent de miroirs, dans lesquels le basilic se regardant, les rayons enuenimez des especes visibles qui sortent de ses yeux retournans par reflexion, du miroir contre luy, l'empoisonnent, & le tuent. Si le diable puant d'Asmodée iette son infection contre les mariez : si la concupiscence tasche de tuer leur ame par les halenées empoisonnées, si la ialousie y veut eclypser l'amour par les nuages des soupçons & deffiances : si quelque langue ser pentine y veut infecter & faire mourir la bonne intelligence : si quelque ruf-fien attaque la fidelité, faut leurs opposer ce beau miroir, il sera capable de rendre leurs efforts inutiles, & de les faire reflechir sur eux à leur confusion.
Lors que le veneur ayant enleué le faon du tygre se voit poursuiuy par la mere enragée de sa perte, il ne fait que luy opposer vn miroir, ou elle se mire & croyant y voir son faon, elle desiste de sa poursuite. Si le diable plein de rage ; si le rapporteur plein d'enuie ; si l'impudique plein de soulfre infernal, poursuit quelqu'vn en son mariage, ne faut que luy opposer ce beau miroir, leur faisant voir l'image de leur Dieu Createur & Sauueur essigiée en leurs mariages pour les arrester tout court.
Le troisiesme effect est que tout ainsi que celuy qui est sal & vilain se rea Nos vero omnes reuelata facie gloriam Domini speculantes, in eandem imaginem transformamur à elaritate in claritatem tanquam à Domini spiritu 2.Cor.3. gardant dans le miroir, peut se nettoyer & deuenir comme vn autre hom me : de mesme, il n'y a si sal, ny si abandonné en estat de mariage, qui se con- templant dans ce miroir, ne puisse reconnoistre sa laideur & vilainie, & a-uec la grace que Dieu luy donnera la corriger, & deuenir vn autre homme. I'ay pour garant S.Paul a qui dit que lors que nous contemplons la gloire de Dieu en Iesus Christ, comme en vn beau miroir, nous essigions la mesme gloire en nous mesmes, & sommes transformez en son image, transportans sa perfection en nous, & ce par l'assistance du S. Esprit.
Ie confesse, Messieurs, que cela se peut entendre de tous les Chrestiens, b Donec formetur Christus in nobis. Galat.4 qui doiuent tenir Iesus-Christ comme vn miroir, ou ils se contemplent continuellement taschans d'effigier Iesus-Christ en leurs ames par imitation de ses vertus : b toutefois on ne sçauroit nier, qu'il ne se puisse entendre des ma riez, ausquels Iesus-Christ & son mariage doit estre comme vn miroir pour en figurer les traits, & en tirer les perfections sortables à leur mariage & se transfigurer d'hommes charnels, en spirituels : de naturels en surnaturels: secondez de la grace speciale que le Sainct Esprit à annexé à leur estat. Ils peuc Hæc no stre generis est dig nitas, si in nobis, quasi in quodam speculo, diuinitatis forma resplendeat. serm. I. de quadrag6. uent dire auec Sainct Leon, c l'excellence de nostre condition est que la forme & figure du mariage de Iesus-Christ paroisse au nostre, comme au miroir de la Diuinité.
Pour arriuer à ce bon-heur, ne faut imiter ceux dont parle S.Iaques d qui ne se voient dans le miroir qu'en passant, & aussi tost s'oublient de leurs mãquemens qu'ils deuoient corriger. Faut imiter les Dames curieuses de leur beauté & bonne grace, qui se regardent cent fois, & corrigent les defauts qu'elles remarquent. Il y en a d'autres qui se voyans laids dans le miroir, se d Iacobi I.7 faschent contre luy & le iettent par despit : ce n'est pas le miroir qui cause la laideur, il la monstre pour l'oster : personne ne se doit fascher contre le miroir sans tache du mariage de Iesus-Christ, si en s'y contemplant, il se trouue e Dicentes malum bonum, & bonum malum : ponentes tenebras lucem, & lucem tenebras, Isaiæ 5. laid en son mariage, cette fine glace ne cause pas ces ordures, elle les monstre pour les nettoyer.
A Smyrne ville de Grece, on gardoit au temple vn faux miroir qui representoit les faces les plus belles auec vne insigne deformité, & donnoit vne beauté imaginaire aux plus laids. Le monde est plein de semblables miroirs, qui sont inuention de la chair, forgez sur l'enclume de la concupiscence, dont le forgeron est l'amour propre, ils se vendent dans la boutique des flateurs, menteurs, imposteurs : ils font paroistre la beauté laideur : la blancheur, noircure : e mais voicy le miroir de verité dit S. Bernard, qui ne flatte perf Speculũ veritatis, nemini blanditur, nullum, seducit talem in eo quisque reperiet qualis fuerit. Serm.I.de 7.panibus.8 sonne, f ne trompe personne, les mariez s'y veront tels qu'ils sont.
Il y a trois sortes de miroirs : les vns plats, & representent les choses au naturel : les autres sont en relief & ronds, ou demy ronds, & representent les choses moindres qu'elles ne sont : & les derniers sont creux, & representent les choses par dessus le naturel. La nature fournira bien quelque miroir pour y reconnoistre l'estat du mariage, mais ce miroir est plat & ne represente rien que de naturel, vne amitié naturelle, vne alliance naturelle, vne lignée naturelle, vne assistance & fidelité naturelle, tout cela est plat.
Le monde donne des miroirs de relief, pour la connoissance aussi du ma riage, releuez par les richesses, les honneurs, les plaisirs : tout ce relief consi-ste en vne figure ronde, qui n'a autre constance que l'inconstance : ny autre consistance qu'en vn point, & ce miroir amoindrit par trop la grandeur du mariage : la bonté du miroir ne consiste pas à l'or, ny aux choses pretieuses où il est enchassé, bien à la parfaicte representation : ny la bonté du mariage à ces choses exterieures, ains à la plus parfaicte representation du mariage de Iesus-Christ.
Ces deux sortes de miroirs representent l'object d'autant moindre, que plus on est esloigné du miroir : tout le contraire arriue au mariage, tant plus on esloigne sa consideration de la seule nature, & l'affection du relief des choses mondaines, tant plus grand voit on le mariage.
Enfin les miroirs creux font les choses grandes par dessus leur naturel, & sont excellents pour seruir de miroirs ardants. D'autant que les rayons du Soleil s'vnissans & se reflechissans dans cette concauité, augmentent la lumiere, & produisent le feu. Ce qui represente le miroir creu & approfondy du mariage de Iesus-Christ, qui s'est humilié iusques à se marier auec l'Eglise, autrefois Ethiopienne, sale, infecte, & roturiere. Tant plus on s'approche de ce miroir, tant plus grand on y voit le mariage, qui estoit tout plat, veu dans le miroir de la nature : & n'auoit qu'vne grandeur imaginaire dedans celuy du monde : mais sa grandeur ne se voit que dans le miroir du mariage de Iesus-Christ, comme asseure S. Paul: a & ce miroir est tres‑g Sacramentum hoc magnum est veruntamen in Christo & in ecclesia Ephes. 5. excellent pour produire le feu d'vn chaste & sainct Amour dans les mariages, & l'ardeur de la grace de Dieu dans les cœurs des mariez, par le moyen de l'vnion de leurs mariages auec celuy de Iesus-Christ, & par la reflexion des perfections qui y esclatent.
On dit h qu'Archimede par l'artifice des miroirs ardants, brusloit de la h Galien. ville où il estoit assiegé toutes les nauires des assiegeans. Ie vous donne parole que ce miroir ardant est capable de brusler & reduire à neant toutes les difficultez, qui voudroient assieger & troubler l'estat & la paix des mariez.
On fait les miroirs ou de verre : ou d'airain & esaint : ou d'argent, ou enfin d'or. Cela nous monstre quatre sortes de mariages : le premier est de verre, qui est le mariage de la loy de Nature, qui est le moindre de tous : le second de la loy de Moyse, estably auec plus de loix & ceremonies que le premier : n'est toutefois que d'airain : le troisieme est celuy des Chrestiens, entant que Sacrement, & entant qu'il represente le mariage de Iesus-Christ auec l'E glise : il n'est toutefois que d'argent quand on ne reçoit pas la grace Sacra-mentale, & qu'on ne represente pas le mesme mariage de Iesus-Christ par l'imitation de ses perfections ; & lors que l'on le fait, il est tout d'or.
Les miroirs ont leurs ennemis. Pline dit i que rien n'en ternit tãt le lustre i Lib.7. c.15.9 que ie ne sçay quoy qui est aux femmes k : rien qui empesche tant la ioüis sance du lustre de ce beau miroir que l'amour desordonné des mariez, prin-k mẽstrua cipalement quand il rompt le digues du mariage, & desborde dehors de ses limites : la boüe entre l'œil & la glace du miroir en empesche l'effect, & la ioüssance.
Le mesme Pline dit l qu'il y a ie ne sçay quelle malignité aux dents des l Lib.11. c.37.10 hommes qui eclypse le lustre des miroirs, qui leurs sont opposez : voire qui fait mourir les pigeonneaux qui sont encor sans plumes. Les dents represen tent les mesdisances, les rapports, les soupçons, les calomnies, les ruffiens, les curiositez & entretiens superflus, qui mettent souuent la ialousie & la dis corde dedans les mariages ; & seruent comme de nuages entre eux & le ma- riage de Iesus-Christ : voire tuent les petits innocens, & deffect & de mau-uais exemples, & par des prodigalitez & mauuais mesnages.
La glace de Venise est si polie, qu'on dit que les mouches n'y peuuent prendre pied, ce qui donna subject à vne certaine Princesse de prendre pour deuise vne fine glace de miroir, auec vn nuage de moucherons qui voltigeoient à l'entour, & auoit pour epigraphe : m Ie n'ay que faire de vous. Les m Nil mihi vobiscum est. mariages des Christiens, à l'imitation de celuy de Iesus-Christ, doiuent estre comme vne fine glace auec le poli d'vn parfait amour, & d'vne inuiolable fidelité ; où ny les rapports, ny les mesdifances, ny les ialousies, ny les discordes, ny les soupçons ne prennent iamais pied, beaucoup moins les mauuaises actions.
Tout ce qui est au miroir n'est pas luisant ny diaphane, il y faut de l'opacité au derrier pour retenir l'espece : il n'y a que le beau miroir du mariage de Iesus-Christ qui soit diaphane & sans macule ny opacité. Les mariages humains ont bien de l'opacité, il s'en trouue peu où il n'y ait du meslange d'incommoditez & d'imperfections. Or voicy le remede.
Moyse n fit le grand vase qui estoit au temple, des miroirs des femmes : ce n Exod. 38 vase estoit afin que les ministres du temple s'y mirassent, reconneussent s'ils auoient quelque tache, & la lauassent auec l'eau qui estoit dans le vase. Et pourquoy Dieu a-t-il mis dans l'Eglise le beau miroir du mariage de son Fils? sinon afin que les mariez y vissent leurs defauts, & les corrigeassent.
Mais voicy vn autre mystere, il falloit que cette mer d'airain fust grande, puis qu'elle fournissoit de l'eau pour lauer les pieds & les mains des ministres du temple, & cependant il semble que la base n'estoit que de miroirs, qui sont fresles comme verre. Comment est-ce que les mariez peuuent faire leur salut, dans vne mer de soins? dans vn ocean d'affaires : parmy tant d'oppositions, de contradictions, de vicissitudes ? ie confesse que l'infirmité humaine n'est capable de supporter ce poids, mais la base & le soustien est le miroir d'or du mariage de Iesus-Christ, representé par le mariage humain : & fortifié de la grace qu'il confere. Voilà quasi le Sommaire de tout mon liure, & l'idée du bon Mariage.
Ie confesse que plusieurs traitent doctement & amplement de cette ma tiere, mais la plus part s'arrestant à la speculation & à la doctrine de l'esco-le, ie me suis estudié à ce qui est de la prattique & de l'instruction des mœurs, de ceux qui entreprennent cet estat, ou l'ont entrepris ; afin qu'ils y puissent treuuer la perfection qu'ils y doiuent chercher, & arriuer par le moyen d'icelle à leur salut.
Ie rapporte plusieurs sentences de l'escriture Saincte des SS. Peres, & autres en Latin, pour la satisfaction de ceux qui entendent cette langue : i'ay laissé à la discretion de l'Imprimeur de les mettre en marge, ou au corps du discours : ne m'estant pas trouué au lieu de l'impression, & luy en ayant lais sé la disposition : il les a mises dans le corps du discours ; & pour le soulage- ment de ceux qui n'entendent le Latin, en lettre Italienne, de sorte que pas-sans ce qu'ils trouueront escrit en telle lettre, ils ne perdront rien du sens du discours, les mesmes sentences estant rendues en François.
La modestie & ma profession ne m'ont permis de particulariser beaucoup de cas, qui concernent cette matiere, qui auroient peu offenser les oreilles delicates : ie me suis contenté de toucher les principes generaux, desquels, ceux qui seront desireux de leur perfection, pourront aysément tirer la connoissance qui leur est necessaire : le surplus se peut plus suremẽt apprẽdre de quelques Confesseur docte & prudent, qu'estre exposé par escrit à la veuë du vulgaire, qui souuent pour sa mauuaise disposition, tourne en poison ce qui luy auoit esté donné comme salutaire medicament.
Ie me tiendray fort bien recompensé de mon petit trauail, si ceux qui as pirent à l'estat de mariage en tirent instruction, & ceux qui y sont en reçoi-uent consolation : & les vns & les autres se laissans conduire par la Diuine prouidence, y trouuent le repos & la perfection qu'ils y cherchent, & enfin la gloire & salut eternel.
Cul de lampe, cœur entouré de feuilles.
Bandeau décoratif.

AUX PERSONNES DEVOTES, Religieuses, & autres qui viuent en l'estat de Mariage. PREFACE.

Lettrine "M".
MESSIEVRS ET DAMES, Vous ne me sçaurez mauuais gré, du tiltre qu i'ay donné à mon liure, s'il vous plaist de prendre la peine de li- re le premier Chapitre ; où vous connoistrez que mon intention n'est pas de deroger à la préeminence de vostre estat, au respect duquel le mariage n'est que le trentieme à comparaison du soixantieme, ou du centieme : mais de monstrer que le mariage, n'est pas vne condition infructueuse, ains qu'estant regardée des influences celestes, secondée de la grace Sacramentale ; arrosée des benedictions dont Dieu a coustume de la fauoriser, elle porte le fruict qui luy est conuenable, & tel que le grand Pere de famille en attend.
Mon dessein est d'instruire ceux que Dieu appelle à cet estat, afin qu'ils le puissent entreprendre à sa gloire, & pour leur salut : ie pretens de donner des remedes à ceux qui y sont, pour euiter, ou au moins addoucir, les incommoditez qui en sont quasi inseparables : & d'encourager aucuns à se rendre tousiours plus capables des consolations qu'ils y perçoiuent : non de raualer la condition de ceux que Dieu a appellé à vn estat de uie plus rele uée, ny apporter aucun retardement à leurs genereuses & religieuses en-treprises.
Ie veux faire voir que comme la prouidence Diuine a crée diuerses intelligences dans le ciel ; & grand nombre de creatures en terre, differentes en perfections & habitudes, qui ne laissent pourtant d'auoir la perfection conforme à la condition de chacune : de mesme qu'elle a estably diuers estats en son Eglise, & quoy qu'auec inegalité d'excellence, pas vn toutefois sans sa perfection speciale.
Partant que c'est à ceux que cette Prouidence a priuilegié par dessus les autres, de la remercier tellement du choix qu'elle a fait de leurs personnes, qu'ils ne laissent pourtant d'adorer la mesme Prouidence en la vocation (quoy que moins noble) qu'elle a fait des autres ; sans se tant complaire à la faueur qu'ils ont receuë, qu'ils se laissent aller au mespris de celle qu'elle a donné aux autres.
Chacun se doit souuenir de ce que dit l'Apostre I. Cor. 7. Vnusquisque proprium donum habet ex Deo, alius quidem sic, alius autem sic. Chacun a son propre don de Dieu, l'vn d'vne façon, l'autre de l'autre : marquez ces paroles, ex Deo, de Dieu, duquel nous deuons attendre & tenir nos vocations, & qui les proportionne aux habitudes & inclinations qu'il nous a donné.
Il importe donc d'instruire & confirmer chacun en sa vocation : par la grace de Dieu les personnes deuotes & Religieuses ne manquent de liures à cet effect : ceux qui sont mariez, ou à marier, n'en ont pas tant qui leurs soient propres & particulieres ; ce qu'ils ont esté quasi commun à tous.
C'est ce qui m'a esmeu à leurs donner ce mien petit trauail, qui leurs sera tellement propre, qu'il ne lairra pourtant de vous seruir, en quel estat que vous soyez, comme ayant quelque rapport au mariage duquel vous estes fruict : vous y pourrez reconnoistre la faueur de vostre vocation plus resleuée, & voir
Combien il importe de vous proposer vne bonne fin en vos actions : Les belles alliances du Verbe auec nostre nature : de Iesus-Christ auec l'Eglise : du mesme auec les iustes; auec les vierges, & auec les personnes Religieuses. Ce que monstre le premier Traité du premier liure.
Au second Traité du mesme liure, tout au commencement aux chapitres 1. 2. 3. 4. 5. vous trouuerez ample matiere pour vous confirmer en vostre vocation, & puis aux suivans, comme vous deuez garder la fidelité à Iesus-Christ vostre espoux.
Au premier Traité du second liure, vous verez d'abord en quoy consi ste la vraye deuotion : en apres, les vertus propres aux hommes, & aux fem-mes, & ce que ie dis pour les femmes conuient pour la plus part aux filles : chacun en peut tirer ce qui luy est propre, suivant son sexe & sa condition.
Au second Traité vous lirez les deuoirs des peres & meres enuers les enfans, & des enfans enuers les peres & meres, chacun y a part.
Au troisieme, les obligations des maistres & maistresses, & des seruiteurs & seruantes, il y en a peu qui ne soit d'vne de ces conditions.
Enfin le Traité des vefues vous monstrera comme vous deuez les honorer : les vertus qui leurs conuiennent ; que les vefues, qui ont fait diuorce auec le monde, pour prendre Iesus-Christ pour espoux, se peuuent facilement appliquer.
Ainsi tout vous peut seruir, sauf le Chapitre 12. du premier Traité du premier liure.
Si Dieu me preste la vie, la santé & le loysir, i'espere vous donner en bref quelque chose qui vous sera plus particulier, pour vous aduancer à la perfection de vostre estat, vous vnir plus estroittement auec Dieu par sa grace, & enfin par sa gloire que ie vous souhaite en qualité de
Tres-humble, & tres-affectionné Seruiteur en nostre Seigneur C. M. de la Compagnie de Iesvs.
Bandeau très orné.

TABLE DES CHAPITRES CONTENVS EN CE LIVRE.

Filet cadre, rayé. LIVRE PREMIER. TRAITE' PREMIER. De l'excellence & des fins du Mariage.

Lettrine "D".
DEs trois diuerses estats qui se retrouuent en l'Eglise, page 1
Combien le mariage est honorable. 6
Qu'au mariage & en toutes autres actions se faut proposer vne bonne fin. 10
De la premiere fin du mariage qui est la generation. 15
De la seconde fin du mariage qui est l'assistance mutuelle. 22
De la troisiesme fin du mariage, sçauoir qu'il est remede contre la concupiscence. 28
De la quatrieme fin du mariage, sçauoir qu'il est Sacrement. 35
Du mariage du Verbe auec la nature humaine. 39
Du mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise. 46
Du mariage de Dieu auec l'ame par la grace. 53
Du mariage de Dieu auec les personnes Religieuses. 61
De l'vsage du mariage. 67
Des mauuaises fins qu'aucuns se proposent en mariage, & premierement de ceux qui se marient principalement pour les richesses. 76
De ceux qui se marient principalement pour satisfaire à leur ambition. 83
De la troisieme fin qu'aucuns se proposent en mariage qui est la sensualité. 87
Que pour estre bien-heureux en mariage & en tous autres estats, ne faut s'y engager sans bien connoistre si Dieu y appelle. 92
Est prouué par exemples que ceux qui suiuent la vocation Diuine ont bon succés, & au contraire ceux qui ne la suiuent mauuais. 96
Comme on peut reconnoistre qu'elle est la volonté de Dieu touchant son estat & vocation. 100

Filet cadre, rayé. TRAITE' SECOND. Des maux & des biens du Mariage.

QV'en tous estats se trouuent des difficultez, page 107
Du premier mal du mariage qui est la tribulation de la chair. 110
De la seruitude, second mal du mariage. 116
Du troisieme mal du mariage que S. Paul appelle diuision. 122
Comme le soin de la famille & des affaires temporelles empeche les mariez de connoistre & aymer Dieu. 128
Des biens du mariage & particulierement du bien de la lignée. 134
D'ou vient que plusieurs en mariage ne participent point au bien d'auoir lignée, ou de la sterilité. 139
D'où vient que le mariage estant chose si saincte, il en sorte quelquesfois des si mauuais fruicts, & de bons peres & bonnes meres quelquesfois si mauuais enfans. 147
Du second bien du mariage, qui est la fidelité. 154
De l'abominable infidelité que les mariez commettent par le detestable peché d'adultere. 161
Quelques causes d'où procede le vice infame d'adultere. 166
Si le peché d'adultere est plus grand en vne femme qu'en vn homme. 170
De la ialousie. 177
Quelques histoires pour monstrer que Dieu defend les innocens contre les ialoux. 181
Du troisieme bien du mariage, qui est le bien de Sacrement. 189
Trois choses qui empeschent que les mariez ne reçoiuent la grace du Sacrement, & premierement le peché mortel. 195
La seconde chose qui empesche la grace du Sacrement de mariage, qui est le manquement de consentement. 198
La troisieme chose qui empesche la grace du mariage, sçauoir quand il est clandestin. 204
Des empeschemens qui rendent le mariage illicite, non toutefois nul. 209
Des empeschemens qui rendent le mariage nul. 211
Quelques causes de tant de mariages infortunez qui se retronuent au monde. 217

Bandeau décoratif. Des obligations des mariez. LIVRE SECOND.

DIscours fondamental de tout ce second liure, qui est la crainte, & le seruice de Dieu, ou la deuotion que doiuent auoir les mariez. 225

Filet cadre, rayé. Des obligations des mariez l'vn enuers l'autre. TRAITE' PREMIER.

DE l'amour mutuel des mariez. 236
Condition que doit auoir l'amour des mariez. 242
Des obligations particulieres du mary, & premierement de sa prudence. 250
Que cest au mary d'entretenir sa famille, & trauailler. 254
Que cest au mary de commander entant que chef. 258
Que le mary entant que chef doit aimer sa femme. 261
Quelques conditions que doit auoir l'amour du mary enuers sa femme. 266
De la pudicité des femmes & filles. 275
De la pudeur & vergongne des femmes & filles. 280
De la diligence des femmes. 283
De l'obeyssance des femmes. 289
Quelques conditions que doit auoir l'obeyssance. 293
De l'humilité des femmes en leurs habits. 301
Quelles sont les intentions de celles qui sont curieuses en habits. 307
Des nuditez qu'aucunes affectent. 312
Du fard des femmes. 319
En quoy consistent les vrays ornemens des Chrestiens. 325
De l'amour des femmes enuers leurs marys. 333

Filet cadre, rayé. Des obligations des peres & meres enuers leurs enfans. TRAITE' SECOND.

DEs obligations particulieres des meres enuers les enfans. 341
Que les meres ont vne obligation particuliere d'auoir soin de leurs filles. 347
Combien est chose importante que l'instruction des enfans. 356
Qu'il faut instruire les enfans lors qu'ils sont encor ieunes 360
Comme les peres & meres qui negligent l'instruction de leurs enfans en sont punis. 366
Que la correction des enfans doit estre discrette. 372
Comme les peres & meres s'acquiteront de l'obligation qu'ils ont d'instruire leurs enfans les recommandans à Dieu, leurs monstrans bons exemples, & les pouruoyans de bons pedagogues. 378
Que les peres & meres sont obligez de pouruoir leurs enfans. 384
Testament de S.Louys à Philippe son fils, & l'idée de l'instruction que les peres & meres doiuent à leurs enfans. 392

Filet cadre, rayé. Des obligations des enfans enuers les peres & meres. TRAITE' TROISIEME.

EN quelle qualité les enfans doiuent tenir leurs peres & meres. 395
Quel est l'honneur que les enfans doiuent à pere & mere. 398
De l'obeyssance des enfans enuers pere & mere. 403
Que les enfans sont obligez d'assister pere & mere. 409

Filet cadre, rayé. Des obligations des maistres & maistresses enuers leurs seruiteurs & seruantes, & des seruiteurs & seruantes enuers maistres & maistresses. TRAITE' QVATRIEME.

QVe tous les hommes sont seruiteurs. 415
De ce que les maistres doiuent à leurs seruiteurs de droict de nature. 419.
De ce que les maistres doiuent à leurs seruiteurs de droict Diuin. 422
Des obligations des seruiteurs enuers leurs maistres & maistresses, & en particulier de l'honneur qu'ils leurs doiuent. 427
De la fidelité des seruiteurs enuers leurs maistres. 430
De l'obeyssance des seruiteurs enuers leurs maistres. 433
Tableau racourcy du bon mariage, qui est le mariage d'Isaac auec Rebecca. 437

Filet cadre, rayé. TRAITE' DES VEFVES.

DE l'estat & condition des vefues. 456
Des qualitez des vrayes vefues, & premierement de leur pieté. 460
De la seconde qualité des vefues, qui est la prudence. 466
De la troisieme qualité d'vne vraye vefue, qui est la chasteté. 469
Exemples d'aucunes vrayes vefues. 475
De l'honneur qu'on doit aux vefues. 478
Des merueilles que Dieu fait par les vefues, & pour les vefues. 482
Qu'on peut se remarier, que c'est toutefois chose plus honorable de demeurer vefue. 487
L'estat que les loix Ecclesiastiques & Ciuiles font de la viduité. 490
Trois considerations en faueur de la viduité. 495
Quatrieme consideration tirée de la nature, qui rend l'estat de viduité recommandable. 497
Le miroir & parangon des vefues. 502
Conclusion du present Traité. 504
1 Vignette.

LE BON MARIAGE OV LE MOYEN D'ESTRE HEVREVX ET FAIRE SON SALVT EN MARIAGE. LIVRE PREMIER

TRAITE' PREMIER. De l'excellence & des fins du Mariage. Des trois diuers estats qui se retrouuent en l'Eglise. CHAPITRE PREMIER.

Lettrine "L". L'Eglise est vne.
L'Vnite' est vne qualité inseparable de l'Eglise : Sainct Paul Rom.12. la compare à vn corps, auquel tous les membres sont vnis souz la conduicte, influence & gouuernement d'vn chef & non de plusieurs. L'espoux mystique (Cant.6.) se congratule en l'vnité de son espouse : le bon Pasteur met toute son industrie à faire vn berçail souz la direction d'vn seul Pasteur (Ioan. 10.) Il ny peut auoir qu'vne foy, qu'vn Baptesme : qu'vn Dieu, ny par consequent qu'vne Eglise. (Ephes.4.) aussi le symbole de Nice fait profession d'vne Eglise, Saincte, Catholique, Apostolique : vnam, Sanctam, Catholicam, & Apostolicam Ecclesiam.
C'est la Reine laquelle dans l'esclat de sa magnificence & majesté est debout à la droite du Roy celeste, couuerte d'vne robbe toute recamée de fin or, bigarrée en la diuersité de ses couleurs, (Ps.44.) elle est vne ; & tant l'vnité de sa personne que l'vnité de sa robbe, nous represente son indiuisibilité : toutefois la varieté de ses couleurs monstre la diuersité des estats & conditions dont elle est enrichie, & qui releuent sa beauté & majesté Royalle, deuant les yeux du Roy celeste son vnique espoux.
2 Significations diuerses de la bigarrure de la robbe de l'espouse mystique
On peut entendre par cette bigarrure la diuersité des vertus & dons celestes qui l'embellissent, & luy seruẽt comme d'vn vestement royal : ou bien la diuersité des Sacremens qui l'enrichissent comme autant de pretieux tresors, mis dans l'espargne de celuy qui se qualifie Roy des Roys : ou bien la diuersité des membres qui composent & font ce corps mystique : ou bien la varieté des nations dont elle est ramassée : nous pouuons aussi dire que cela represente les diuerses dignitez & prelatures qui comme broderies & pier reries l'ornent ; les miracles qui luy donnent l'esclat ; les merites qui luy don-nent le prix, & la recompensent. S. August. (epist.86) entend les ceremonies, lesquelles comme vn ouurage artistement elaboré releuent ses fonctions. Cassiodorus, dit que l'or de cette bigarrure sont les Apostres, en leur charité : l'argent, les Prophetes en la clarté de leur conoissance & reuelations : les pierreries, les Vierges en leur pureté : l'escarlatte, les Martys en leur zele : la pourpre, les Penitens en leur austeritez : le reste des diuerses soyes & couleurs qui entrent en cet œuure, sont tant d'autres conditions de Saincts qui se trouuent en l'Eglise.
Trois estats de l'Eglise.
Ie croy que toute cette bigarrure & varieté se peut entendre des trois principaux estats qui sont en l'Eglise, & ausquels tous les autres se peuuent reduire : sçauoir l'estat des Vierges ; celuy des continens : & celuy des mariez, compris en ce passage du Cantique 6. Quæ est ista quæ progreditur quasi aurora consurgens, pulchra vt Luna, electa vt Sol, terribilis vt castrorum acies ordinata ? qui est cette cy qui s'aduance, paroissant en son leuer comme l'au rore : belle comme la Lune: choisie comme le Soleil : terrible comme vne ar-mée rangée ?
L'Eglise belle cõme la lune, choisie comme le soleil, terrible cõme vne armée rãgée en ses progrés.
C'est l'Eglise representée en ses diuers progrez : semblable à l'aurore en son commencement, lors qu'apres la nuict obscure & espesse de l'infidelité & idolatrie, elle commença à poindre au trauers des nuées des persequutions, comme vne rayonnante aurore : belle comme la Lune, en sa seconde marche : lors que les persequutions des Gentils estant cessées, apres la conuersion de l'Empereur Constantin, ioüyssant du doux air & de l'agreable serain d'vne paix tant desirée, elle fit paroistre l'esclat de sa beauté, au trauers des broüillars de tant d'heresies, lesquelles estans sorties du puits de l'abysme taschoient de ternir son lustre ; elle les a toutefois dissipées, receuant continuellement la lumiere de la grace & de la doctrine celeste, par les benignes influẽces du Soleil de iustice Iesus-Christ; & partant belle comme la Lune en la candeur de sa doctrine, en la pureté de ses mœurs, & en l'esclat de sa perfection : Choisie comme le Soleil en l'estat auquel elle se retrouue maintenant, dans la splendeur de la foy, dans l'ardeur de la charité comme vn Soleil en son zenit : dans le relief de ses esperances toutes surcelestes11, & partant terrible aux persecuteurs, aux heretiques, aux meschans, à 3 l'enfer, & à tous ceux qui voudront s'opposer à ses progrés.
L'estat des mariez est comme l'aurore.
Disons mieux & conformement à nostre dessein, auec Iustus Argelitanus que cela nous represente les trois estats de l'eglise. Celuy des mariez brillans comme l'aurore, lors qu'ils viuent & se maintiennent dans les termes de la chasteté, sobrieté & fidelité que leur estat requiert; & quoy qu'ils soient dãs la nuict de beaucoup d'empeschemens & destourbiers12 à la perfection, si ne L'estat des continens comme la Lune. laissent ils pourtant d'auoir de la lumiere, & quelque esclat de beauté en leur condition. Celuy des continents, beau comme la lune en la pureté de sa splendeur : & enfin celuy des sainctes Vierges, choisies comme vn soleil, dans la lueur de leur perfection & charité. Ces trois estats comme troisforts L'estat des vierges comme le Soleil. escadrons, vnis par l'vnion d'vn sainct amour, rangez par la disposition de la diuine prouidence, qui en fait le choix, & en donne les ordres, assistez de sa faueur et conduite, sont effroyables à leurs ennemis & inuincibles cõme vne bataille rangée.
Ie ne pense en rien deroger à l'honneur que merite l'estat de mariage & que l'Apostre me commande de luy rendre, si ie dis que c'est le moindre des trois, & qu'il est aupres des deux autres comme l'aurore comparée à la lune ou au soleil. I'ay pour garants la Theologie & les saincts Peres, qui tous reuerent (comme ils sont obligez, & la raison requiert) le mariage ; toutefois sans preiudice de la preeminence que requiert l'estat des continents, & sur tout celuy des Vierges.
Que signifie Clerc.
S. Hierosme ep. ad Nepoti.13 exhortant les clercs à bien viure leurs represente leur nom, escoutons-le parler: Clericus interpretetur primo vocabulum suum, & nominis definitione prolata, nitatur esse quod dicitur ; si enim ϰλἢρos Græce, sors Latine appellatur, propterea vocantur Clerici, vel quia de sorte Domini, vel quia ipse Dominus sors, id est pars Clericorum est. Deuant toutes choses que le Clerc interprete son nom & considere ce qu'il veut dire, & lors qu'il prononcera ce mot, qu'il tasche d'estre ce qu'il dit : car si le mot de clerc qui est grec signifie sors en latin, les clers sont ainsi appellez dautant qu'ils sont le sort ou partage de Dieu, qu'il a choisi entre les autres : ou d'autant que Dieu est leur sort, puis qu'ils l'ont choisy pour leur part & portion, Dominus pars hæreaitatis meæ.
Commẽt les Clercs sont le sort de Dieu.
Les Clercs sont appellez la part ou le sort de Dieu dautant qu'ils sont destinez au seruice de sa maiesté ; & consacrez pour l'entretien de la religiõ & des choses sacrées : le sort de Dieu pour autant que par vn soin particulier de sa prouidence, ils sont choisis pour cette condition : Dieu est leur sort d'autant qu'ils doiuent renoncer à tout autre soin pour le seruice de Dieu qu'ils doiuent prendre pour leur part & heritage : dont les clercs ont cela pardessus les mariez & par consequent tiennent un rang & estat plus releué que ceux qui sont en mariage, le soin desquels est diuisé, & leur estu 4 de, s'employe à la recherche des sorts & heritages terrestres.
Les tesmoignages de la Theologie & des saincts Peres, voir de l'oracle de l'eternelle verité sont euidens en faueur de l'estat des vierges (par lequel i'entens l'estat des personnes religieuses, de l'vn ou de l'autre sexe) que ce seroit temerité d'en doubter. Cest estat est appellé par les Theologiens estat de perfection, non que les Euesques ne soient en l'estat de perfection, mais auec ceste distinction, que les Euesques sont dans l'estat de perfection pour Commẽt les Euesques sont en estatde perfectiõ. les autres, estant leur propre de procurer la perfection, en ceux qui sont soubz leur charge, & partant d'estre aussi parfaits en leurs personnes, puis qu'il est malaysé de perfectionner autruy si auparauant on n'est perfait : mais les Religieux sont en l'estat de perfection pour le regard d'eux mesmes, entant que leur condition les oblige d'aspirer continuellement à leur propre Commẽt les Religieux sõt en l'estat de perfection. perfection. Leur estat est appellé vie Apostolique, estat Apostolique, nestce pas les mettre au plus haut faiste de perfection, puis que c'est les mettre en paralele auec les Apostres, que personne ne doubte auoir esté au premier degré de perfection, comme choisis immediatement de Iesus Christ, pour luy estre domestiques, ses amis, ses freres, ses tesmoins, ses heraults, ses trom Eloges des Apostres. pettes, ses ambassadeurs, ses soldats, ses lieutenans en terre, ses compagnons en la conuersion du monde. Comme ceux qui ont esté les fondemens de l'e glise, ses colomnes, les tours de ceste maison que la sapience de Dieu ve-noit bastir au monde : les gouuerneurs du Royaume du fils de Dieu, qui est l'Eglise : les iuges au tribunal qu'il y a estably pour la remission de pechez : les portiers du paradis : les prophetes de la nouuelle loy : les dispensateurs des tresors de Iesus, les conseillers & gardiens de son espouse. Les lumieres du monde, le sel de la terre, ceux qui deuoient conuertir l'vniuers : les mede cins des corps & des ames : des conducteurs & capitaines de la milice Chre-stienne : les docteurs des ignorans, les pescheurs des ames. Enfin les iuges au dernier iugement pour iuger les douze tribus d'Israel. Vne partie de ces qualitez compete14 aux Religieux & partant leur estat est appellé Apostoli que, qui n'est pas vn petit degré d'honneur ny vn leger tesmoinage du re-lief qu'il a pardessus les autres estats.
S. Hierosme ad Hedibiam15 parle grandement à mon propos, & ie ne puis obmettre ses paroles. Vis esse perfecta, dit il, & in primo stare fastigio dignitatis? fac quod fecerunt Apostoli, vende quæ habes & da pauperibus & sequere Saluatorem, & nudam solamque crucem virtute nuda sequaris, Voulez vous estre parfaicts, voulez vous estre au premier rang d'honneur? faictes ce qu'ont faict les Apostres, vendez ce que vous auez & le donnez aux pauures & suiuez le Sauueur : suiuez la croix nuë & seule, auec vne vertu nuë & destitué de tout.
Les escrits des Saincts Peres sont plein de semblables tesmoignages : 5 Dignité de l'estat des vierges. mais quel plus authentique preuue voulons nous que celle de l'oracle de verité Iesus Christ, Matth. 19. Si vis perfectus esse vade & vende omnia quæ habes & veni sequere me. Si tu veux estre parfait, vas, vends tout ce que tu as & viens & me suis, remarquez qu'il ne parle pas à quelque enfant prodigue, ou à quelque desbauché, mais à vn homme de bien, qui toute sa vie auoit gardé les commandemens de Dieu, sans en enfraindre aucun; & ne voila pas la condition des personnes religieuses & des vrayes vierges qui quittent tout pour suiure Iesus Christ. S. Aug. de sancta viduitate, bona pudicitia coniugalis, sed melior continentia virginalis vel vidualis. C'est vne chose bonne que la chasteté coniugale ; mais la virginité & viduité sont meilleures. Le mesme lib. de viduis supergreditur virginitas conditionem humanæ naturæ, per quam homines Angelis assimilantur. Maior tamen est victoria virginum quam Angelorum. Angeli enim sine carne viuunt, virgines vero in carne triumphant. Il faut confesser que la virginité surpasse la condition humaine, & qu'elle rend les hommes semblables aux Anges. Toutefois disons que la victoire des vierges est plus grande que celle des Anges. Car les Anges viuent sans chair, & les vierges triomphent en vne chair fragile S. Cyprian lib. de virg. parlant de la virginité, dict, flos est Ecclesiastici germinis : decus atque ornamentum gratiæ spritualis, illustrior portio gregis Christi. C'est la fleur, le germe Ecclesiastique : la beauté & ornement de la grace spirituelle : la meilleure part du trouppeau de IesusChrist. Le mesme, au mesme endroit, virginitas est soror Angelorum, victoria libidinum regina virtutum possessio omnium bonorum. La virginité est la soeur des Anges : la victoire de la lubricité, la Reine des vertus, la possessiõ de to9 biẽs. Les escrits des SS.PP. sõt rẽplis de sẽblables eloges en faueur de la virginité.
Antithese des trois estats de l'Eglise.
Ie ne puis obmettre le tesmoignage de S. Aldholmus Euesque qui viuoit enuiron l'an 680. tiré de la Bibliotecque des peres tom. 3. libello de laudibus virginitatis c.9. tesmoignage par lequel il monstre la difference de ces trois estats (desquels ie parle maintenant) par diuerses similitudes. Voicy ses paroles. Porro tripartitum, humani generis distantiam orthodoxæ fidei cultricem, Catholica recipit Ecclesia, sicut in quodam volumine Angelica relatione refertur, quomodo virginitas, castitas, iugalitas, tripartitis gradibus separatim differant : quæ sicut tifaria disparis vitæ qualitate sigillatim sequestrantur, ita discretis meritorum ordinibus tripliciter dirimuntur, Angelo hoc modo alternatum distinguente, Vt sit virginitas aurum : castitas, argentum : iugalitas, æramentum vt sit virginitas diuinitæ, castitas mediocritas iugalitas paupertas. Ut sit virginitas, pax : castitas redemptio : iu galitas, capituitas Vt sit virginitas sol ; castitas, lucerna iugalitas, tenebræ. Ut si vir-ginitas, dies : castitas aurora : iugalitas, nox. Ut sit virginitas, regina : castitas, domina iugalitas, ancilla. Vt sit virginitas homo : castitas semiuiuus : iugalitas corpus. Vt sit virginitas purpura ; castitas, rediuiua : iugalitas lana : L'Eglise Catholique admet trois estats de personnes qui font professesion de religion orthodoxe, suiuant 6 ce qui est rapporté en vn certain liure par tesmoignage Angelique, ou est monstré comme la virginité, la continence & le mariage sont trois degrez ou estats : & tout ainsi qu'ils sont distincts l'vn de l'autre en la façon de viure, aussi sont-ils diuers en merites, & voicy la distinction que l'Ange y a mise. La virginité est l'or, la chasteté, l'argent : le mariage, l'airain. La virginité, les richesses : la chasteté, la mediocrité : le mariage, la pauureté. La virginité la paix : la chasteté, la rançon: le mariage, la captiuité. La virginité, le soleil : la chasteté, la lampe : le mariage, les tenebres. La virginité la Reine : la chasteté, la Dame d'honneur : le mariage, la Seruante. La virginité, l'homme : la cha steté, demy vif : le mariage, le corps. La virginité la pourpre : la chasteté la pre-miere teinture ; le mariage la laine. Puis il conclud au mesme chapitre, His igitur tribus graduum ordinibus quibus credentium multitudo in Catholica florens Ecclesia discernitur Euangelicum paradigma centesimum, sexagesimum & trigesimum fructum iuxta meritorum mercimoniam spopondit. La parabole Euangelique Math. 13. promet à ces trois estats par lesquels les fideles sont distinguez en l'Eglise Catholique, le fruict centieme, soixantieme, trentieme, en suite des diuers merites.
Ie ne dis pas cecy pour raualer l'estat du mariage que i'honore, comme il est honorable en effect ; & le mespriser seroit mespriser l'escriture saincte ; mais c'est pour maintenir les mariez dans leur rang & afin que ce que ie diray cy apres à l'honneur de leur condition ne les face trop presumer de leur estat, le preferant aux deux autres & diminuant l'opinion qu'ils en doiuent auoir. Que les mariez sçachent que s'ils peuplent la terre des fruicts de leur mariage, les vierges peuplent le Ciel comme dit S. Hierosme & les vierges suiuent l'agneau par tout ou il va dit S. Iean.

Filet cadre, rayé. Combien le mariage est honorable. CHAPITRE II.

Heresies contre le mariage.
SAinct Paul impose le silence à tous ceux qui ont voulu condamner le mariage, lors qu'escriuant aux Hebrieux c.13. il dict honorabile connubium in omnibus & thorus immaculatus : le mariage est honorable en tous, & le lict immaculé. Cela confond l'impudence de Marcion qui nommoit le mariage commerce d'impudicité : r'abbat l'insolence D'Hierax qui disoit que les mariez ne pouuoient estre sauuez : la temerité des Saturniens16, qui asseuroiẽt que les nopces & la procreation des enfans prouenoient de Satan, & non de Dieu. D'Eustathius, qui soustenoit que pas vn de ceux qui ont femme n'a 7 uoit espoir en Dieu. Des Armeniens qui nioient que la grace accompagnast le mariage : & esmousse toutes les calomnies & entreprises de semblables canailles, ennemis du mariage & du genre humain, entant qu'ils l'ont voulu sapper & destruire en son fondement & racine qui n'est autre que le mariage.
L'authorité de S. Paul secondé des reuelations Diuines, & appuyé sur l'assistance du Sainct Esprit, doit preualoir à ces chauues-souris qui n'ont Explication de S. Paul com me le ma-riage est honorable en tout. veu que dans la nuict de leurs entendemens obscurcis de l'amour d'eux mesmes, sans faire estat d'ouurir les yeux aux clairs rayons de la foy Catholique. Il nous asseure donc que le mariage est honorable, in omnibus, en tous, Nõ cõme l'expliquent Luther & Beze, en toutes personnes, & partãt esleuẽt l'estendart de l'impudicité & d'vne totale liberté. En tous disent ces chastes Prophetes, cest à dire entre les Prestres & Nonnains : pour quoy ne dirõt ils pas, en tous, entre le pere & la fille? la mere & son fils? les freres & soeurs? voila la brutalité de ces reformateurs. Mais le sens de S. Paul est autre in omnibus en tout ce qui le concerne, cest à dire, soit que vous le consideriez cõme Sacrement, soit que vous ayez esgard aux personnes conioinctes ou à l'amour & fidelité qu'elles se doiuent : soit que vous regardiez le fruict qui en prouient qui sont les enfans.
In omnibus, enuers tous, chacun en doit faire estat & l'honorer comme interprete Fulgenti. lib. de fide ad Petrum c. 3. & quoy que Dieu par sa bonté & prouidence ayt daigné vous appeller à vn estat de plus grande perfection, sçauoir, ou au cœlibat, ou à la virginité, vous deuez honorer le mariage comme institué de Dieu, comme vn estat qui ne manque de perfectiõ, & ne deuez mespriser ceux que Dieu y appelle, qui diuise les vocations cõme bon luy semble. In omnibus en tous pauures, riches, rousturiers, ieunes, Raisons pourquoy le mariage est honorable. vieux : le tout conformement aux loix & ordonnances de l'Eglise. In omnibus en toutes ses circonstances, que ie reduiray à six, desquelles on peut recognoistre l'estime qu'on doit faire de ceste condition.
La premiere est son autheur, sçauoir Dieu mesme immediatement & non par le ministere de ses Anges, ou de quelque homme : car ayant formé la Dieu autheur du mariage. premiere femme de la coste d'Adam, il luy amena, voulant estre le premier instituteur & paranymphe du mariage : & leurs dit à tous deux crescite & multiplicamini & replete terram : croissez, multipliez, & remplissez la terre. Gen.1. Ce fut luy mesme qui establit les loix du mariage relinquet homo patrem suum & matrem & adherebit vxori sue, & erunt duo in carno vna, Pour cela l'homme quittera son pere & sa mere pour demeurer auec sa femme, & ils seront deux en vne chair, Gen. 2. Ainsi on ne peut douter que Dieu n'en soit l'inuenteur & instituteur, qui n'est pas vn petit honneur : car si on fait estime des ordres pour les qualitez releuãtes de noblesse, de vertu, de saincteté de ceux 8 qui les ont inuenté & establis, il est clair qu'il ny peut auoir chose au monde, qui puisse entrer en parangon auec Dieu.
Le mariage institué au paradis terrestre en l'estat d'innocence.
La seconde est le lieu & le temps ou le mariage a esté institué ; le lieu n'a esté autre que le paradis terrestre lieu de benedition & de delices : le temps, celuy d'innocence. Les autres estats ont esté instituez en lieu de miseres, en pays de bannissement, en la vallée de larmes : depuis nostre cheutte : comme remede à noz maux & mal heurs : mais le mariage comme vn office de nature, & dans l'integrité d'icelle ; ainsi personne ne peut doubter que ce ne soit le premier & le plus ancien de tous les estats : voire la source & la fontaine de tous les autres, cela est clair.
Excellence du fruict de mariage.
La troisiesme est le fruict qui en sort qui est le plus beau, le meilleur, & le plus rare de tout le monde, pour lequel Dieu a creé le reste du monde ; & duquel naist tout autre fruict. N'est-ce pas du mariage que naissent les patriarches, que procedent les prophètes, sortent les Apostres? vt pomma ex arbore frumentum è stipula ita virginitas è nuptiis, Hier. lib. I. aduers. Iouinianum tout ainsi que la põme naist de l'arbre, le bled du tuyau, de mesme la virginité du mariage n'est ce pas le mariage? qui germe les martyrs? produit les confesseurs? enfante les docteurs? esleue les vierges? enfin donne l'estre à tout ce qu'il y a de meilleur au monde? C'est ce qui fait dire à S. Hierome, Laudo coniugium quia virgines generat, lego de spinis rosam & de concha Margaritam. Ie fais estat du mariage d'autant qu'il engendre les vierges ; ie cueille la rose des espines, ie tire les perles des coquilles. Le mariage est la vigne fertile & belle qui estend ses seps par tout le monde, voire les pousse iusques au ciel. Vxor tua sicut vitis abundans, Ps.127. C'est le champ odoriferant auquel Dieu a donné sa benediction : & Dieu fait ceste faueur aux mariez que les mesmes enfans qui sont le fruict de leur mariage, peuuent aussi estre enfans de Dieu, fruicts de la grace, & enfin capables de gloire à laquelle ils sont destinez par la misericorde Diuine, & coheritiers de Iesus-Christ.
L'hõneur que Iesus Christ a rendu au mariage.
La quatriesme est l'estat que nostre Seigneur a fait du mariage ne voulant naistre que d'vne femme mariée, quoy que vierge, il pouuoit former son corps ou comme il auoit formé celuy d'Adam : ou bien d'vne Adamfemme non mariée : mais voulant naistre d'vne vierge mariée, il a voulu honorer la virginité & le mariage tout ensemble. N'est-ce pas vne prerogatiue & honneur au mariage qu'il a voulu le fauoriser de sa presence, de celle de sa mere, Nostre Dame, & des Apostres se trouuant aux nopces de Cana en Galilée? & comme il auoit approuué la virginité naissant d'vne vierge : la viduité voulant estre benist au temple, d'vne vefue, au iour de sa presentation, aussi a il voulu authoriser le mariage par sa presence & par le premier miracle qu'il a fait, changeant l'eau en vin delicieux : & par ce miracle monstrant comme tous les iours par sa grace il change au Sacrement de mariage l'eau en vin : ie veux 9 dire ce qui est naturel en surnaturel ; ce qui est ciuil en diuin : l'œuure de la chair, de soy vile & brutale en œuure sacramentale & meritoire : le contract ciuil en sacrement : adioustant à l'assistance mutuelle que se doiuent les mariez, qui n'est que ciuile & naturelle ( & qui se retrouue parmy les gentils, voire parmy plusieurs bestes, & partant signifiée par l'eau ) vne grace speciale, signifiée par le vin, ce qui releue cét estat à vn estre diuin & surnaturel.
La 5. est l'honneur que les anges en font, daignans en estre les mi Estat que les anges font du mariage. nistres, comme appert au mariage du ieune Tobie auec Sara, duquel l'ange Raphaël est non seulement l'autheur de la part de Dieu, & le paranymphe, mais donne les preceptes salutaires au nouueau marié, pour y trouuer repos, prosperité, & benedition ; & euiter la malignité que cét ennemy commun des hommes auoit exercé enuers sept autres espoux de la mesme Sara : Il y a beaucoup d'autres exemples en confirmation de la mesme verité.
Mais pourquoy les anges ne se monstreroient-ils pas fauorables au mariage? puis qu'il est institué pour reparer la ruine faite dans le ciel par la cheute des anges reuoltez? pourquoy ne l'honoreroient-ils pas? puis que Dieu leur maistre l'honore tant, qu'il affecte le surnom des Dieu protecteur special des mariez. mariez, se qualifiant le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Iacob : voire il se monstre protecteur special des mariez. Ne punit-il pas Pharaon Gen. 12. & toute sa maison, pour auoir enleué la femme d'Abraham? n'est-il par contraint par la pesanteur de sa main vangeresse de la restituer? Il apparoit à Abimelech la nuict, le menace de mort pour la mesme Sara, quoy qu'il ne pensast pas qu'elle fut la femme d'Abraham ; mais seulement sa sœur, & quoy qu'il ne l'eust touché. Dieu luy pardonna sur la protestation qu'il fit de l'auoir fait en toute simplicité, ignorant qui elle estoit, mais cependant empescha que rien ne fut fait au preiudice du mariage d'Abraham comme protecteur des mariez.
La derniere & plus réleuante circonstance du mariage est celle de laquelle parle S. Paul Ephes. 5. Sacrementum hoc magnum est, ego autem dico in Christo & in Ecclesia, ce Sacrement est grand, mais en Iesus-Christ & en son Eglise, Principal honneur du mariage en ce qu'il represente trois mariages. cette grandeur consiste en ce qu'il represente trois admirables vnions qui sont comme autant de mariages : La premiere est l'vnion du Verbe auec la nature humaine, par l'incarnation ; & ce sont ces nopces que le Roy celeste a fait à son Fils, simile est regnum cœlorum homini regi qui fecit nuptias filio suo Math 22 . Le royaume des cieux est semblable à vn roy qui a fait des nopces à son fils. La seconde est de Iesus-Christ ou du Verbe, fait homme, auec l'Eglise, laquelle il a prise pour espouse dilexit Ecclesiam & tradidit semetipsum pro 10 ea vt exhiberet sibi gloriosam non habentem maculam aut rugam Ephes.5. il a aimé l'Eglise, s'est donné pour elle, pour la glorifier & la rendre belle & sans tache. La troisiéme est l'vnion du mesme Iesus-Christ auec l'ame fidelle par la grace, vnion, qui est qualifiée mariage Osée 2. Sponsabo te mihi in sempiternũ, & sponsabo te mihi in iustitia, & iudicio & in misericordia, & in miserationibus & sponsabo te mihi in fide, ie te fianceray pour iamais, ie t'espouseray en iustice & iugement, & en misericorde & miserations ie t'espouseray en la foy. S. Bern. Serm. Dom. 1. post octau. Epiph. Sponsa nos ipsi sumus, & omnes simul vna sponsa, & anima singulorum quasi singulæ sponsæ. Nous sommes l'Espouse, dit-il, tous ensemble vne espouse, & l'ame d'vn chacun en particulier vne espouse : ie parleray de ces trois mariages puis apres.

Filet cadre, rayé. Qu'au mariage & en toutes autres actions se faut proposer vne bonne fin. CHAPITRE III.

Dieu est la fin de toutes choses.
C'Est le propre d'vn agent raisonnable de se proposer quelque fin en toutes ses actions, & d'y dresser tout ce qu'il fait. Et comme ainsi soit que Dieu est la premiere & souueraine raison, voire la regle de toute raisõ, aussi s'ensuit il, que tout ce qu'il fait il le fait pour quelque fin : & d'autant qu'il est grand α & ω principium, & finis: le principe & la fin de toutes choses, aussi tout ce qu'il fait, il le rapporte à soy mesme & à sa gloire, omnia propter semetipsum operatus est Dominus; & par consequent toutes les creatures ont la mesme fin où elles doiuent mirer comme à leur but, & comme à la fin generale de toutes choses & principalement l'homme qui est doué de raison & d'entendement.
Il ne s'ensuit pas pourtant que les creatures ne puissent auoir quelque fin Chaque creature a vne fin particuliere. immediate & particuliere outre cette fin generale ; ainsi la viande outre la gloire de Dieu, à laquelle elle se rapporte, comme à la fin generale & vniuerselle, a pour fin particuliere la nourriture de l'animal : la medecine, a pour fin particuliere la santé : le cheual a pour sa fin le seruice de l'homme : le soleil & la lune d'esclairer le monde, & ainsi du reste : toutefois tout autant de creatures qu'il y a au monde, & qu'il y en peut auoir, ont Dieu & sa gloire pour leur derniere fin, à laquelle toutes se rapportent comme les lignes à leur centre, & comme les fontaines & riuieres à la mer.
La perfection de chaque creâture gist en ce qu'elle tende à la fin pour laquelle Dieu la creée : c'est pourquoy Dieu a donné à chaque creature des habitudes & inclinations qui la portent à la fin que Dieu s'est proposée en 11 sa production, & ces habitudes sont comme autant de puissans ressorts qui infailliblement font leurs efforts, s'ils n'en sont emportez par quelque violence.
Lors que les creatures vont tout droit à leur fin, voila le bon ordre & la Cause du desordre lors que les creatures se destournent de leur fin. paix de l'vniuers ; lors qu'elles s'en destournent voila les reuoltes, les desordres & confusion, & vne guerre intestine dans le monde, parmy les creatures quand l'air se maintient en sa region qui est la superficie de la terre & de l'eau, il est en bonne paix : mais quand il est comme captif & detenu violemment dans les cauernes de la terre, contre l'ordre estably de la diuine prouidence, il cause des terre-trembles : la ruine des chasteaux & des villes. L'eau se porte tousiours en bas poussée de la pesanteur naturelle que Dieu luy a donnée, & par vn certain instinct de nature qui la tire au receptacle cõmun des eaux, qui est la mer, quand elle est empeschée & detenuë violem ment, elle rompt les digues, inonde les campagnes, gaste les moissons, arra- che les arbres, submerge les villages & les villes, enfin cause des grands ra-uages & desolations : ainsi en est il de tout le reste.
Si cela est veritable pour le regard des autres creatures il l'est à plus forte raison de l'homme, qui est la principale de toutes les sublunaires, si bien que tout son bon-heur & toute sa perfection, depend de ce qu'il corresponde à la fin pour laquelle Dieu la creé ; qu'il y rapporte ses actions ; & son mal-heur arriue, quand il y manque.
La perfection de l'homme consiste non seulement en ce qu'il ayt pour but la fin pour laquelle il a esté creé, qui est Dieu, mais encor qu'en toutes ses actions en particulier, outre la fin commune & generale, il se propose la fin que Dieu pretend de luy, en cette action particuliere qu'il fait lors, & cest de là que les Philosphes disent que la fin est la premiere en toute action : premiere & in intentione en l'intention, d'autant que tout agent raisonnable, agit pour vne fin qui est la mire à laquelle il vise auant toute chose : derniere in executione en l'execution, d'autant qu'il ne met la main à l'oeuure qu'en La bonté ou malice de noz actions depend de la fin. vertu de la fin qu'il s'est proposée : Les mesmes Philosophes disent que, actiones specificantur ab obiecto, c'est à dire que les actions prennent leur estre & distinction de l'object, qui veut dire de la fin pour laquelle elles sont faites : ainsi si elles sont pour vne bonne fin, elles sont bonnes : si pour vne mauuaise, mauuaises. Par exemple vous donnez l'aumosne par charité, la fin est bonne, & partant l'action est aussi bonne : vous la donnez pour acquerir de la reputation ou pour attirer à mal celuy ou celle à qui vous la donnez, la fin est mauuaise, aussi est l'action : ainsi la mesme action prise materiellement peut estre bonne ou mauuaise, eu égard à la fin bonne ou mauuaise, pour laquelle elle est faite : & cela est si veritable, que les choses lesquelles d'elles mesmes sont bonnes, sont renduës mauuaises, quand elles sont faites pour 12 vne mauuaise fin, comme le ieusne, l'oraison, l'aumosne faictes par vanité : au contraire les actions qui sont ou semblent mauuaises, faictes pour vne bonne fin sont souuent bonnes, c'est chose mauuaise de conuerser auec vn heretique, vous le faictes auec desir & esperance de le conuertir, cette fin la rend bonne ; & c'est chose claire que les choses indifferentes, c'est à dire, que d'elles mesmes ne sont ny bonnes ny mau uaises, sont toutefois bonnes ou mauuaises suiuant la fin pour laquelle el-les sont faictes. Cette doctrine est commune entre les Theologiens, & tirée de S. Thomas I. 2. q.19. art.5. in copore, voicy ses paroles. Non solum enim quod est indifferens, potest accipere rationem boni vel mali per accidens, sed etiam id quod est bonum potest accipere rationem mali, vel illud quod est malum, rationem boni, propter apprehensionem rationis. Qui est quasi de mot à mot à ce que i'ay dit : & en suite de cette doctrine plusieurs excusent Moyse lors qu'il tua l'Egyptien17, & les Sages femmes qui cacherent les enfans des Iuifs auec mensonge18, à raison de la droite intention que luy & elles auoient, croyans qu'ils le pouuoient faire en bonne conscience.
Que si la bonté ou malice, l'honneur ou le des-honneur, le merite ou le demerite de nos actions, procede de la fin pour laquelle nous les faisons, ainsi la mort pour la patrie est honorable, d'autant qu'elle a vne bonne fin : la mort sur le prez pour satisfaire à la rage d'vne passion & à vne pointille d'honneur est blasmable, au iugement des bien censez, d'au tant qu'elle a mauuaise fin, nous ne pouuons douter que la bonté ou la ma-lice d'vn mariage, son honneur ou son blasme : son bon-heur ou mal-heur, ne depende de la fin pour laquelle il est fait.
Nous pouuons reduire les fins du mariage qui sont bonnes licites & hon Quatre bonnes fins du mariage. nestes à quatre : La premiere & principale est la multiplication du genre humain, ou la generation : la seconde, l'assistance mutuelle : la troisieme le remede à l'incontinence ou à la concupiscence : la quatriéme est la grace sacramentale ou la signification du mariage du Verbe auec nostre nature, ou de Iesus-Christ auec l'Eglise : ie parleray en particulier de chacune de ces fins, apres que i'auray remarqué vn poinct & doctrine que chacun doit diligemment remarquer, non seulement en entreprenant l'estat du mariage, mais en tout autre affaire comme estant le fondement de toute la vie Chrestienne : il est traité amplement par Hieronymus Platus de nostre Compagnie, au liure qu'il a fait du bien de l'estat religieux lib.1. c.3. ceux qui desireront le lire le pourront faire, ie me contenteray d'en mettre icy vn petit Sommaire.
Tous les hommes sont nez pour estre seruiteurs de Dieu, & afin que comme seruiteurs ils executent ses volontez en toutes choses, soient grandes soient petites, & pour se conformer entierement à ce qu'il desire : ne 13 pensez pas que ce soit assez de vous garder d'offenser Dieu, & qu'il vous soit permis de choisir vn estat selon vostre volonté, ou de vous comporter comme il vous plaira en l'estat que vous auriez choisy : c'est vn erreur ; & c'est vne verité que nous sommes entierement à Dieu, & que nous ne deuons faire aucune action pour petite qu'elle soit que pour luy complaire & qu'en toutes nos entreprises, deuant toute chose, nous deuons sonder la volonté de Dieu, & rapporter tout à sa gloire, il y a diuerses raisons de cette verité.
La premiere, tant plus vne chose est eminente sur vne autre, tant Que nous deuons tout rapporter à Dieu raisons diuerses. plus elle doit auoir d'authorité & de commandement sur celle qui luy est inferieure ; or Dieu a vne eminence infinie sur l'homme, donc il s'ensuit qu'il a vne souueraine authorité & Seigneurie sur luy, & par consequent que l'homme se doit soubmettre à Dieu en tout, & chercher la gloire & volonté de Dieu par tout.
La seconde, il nous a fait, donc nous luy appartenons : voicy vn beau discours de S. Bernard là dessus de quadruplici debito, creator tuus est, tu creatura : tu seruus, ille dominus ille figulus, & tu figmentum. Totum ergo quod es illi debes, à quo totum habes, il est ton Createur, & toy sa creature : tu es son seruiteur, luy ton Seigneur, toy le pot de terre moullé de sa main. Donc tu dois tout à celuy duquel tu as tout.
La troisiéme, nous sommes faits pour Dieu, donc la raison demande que nous luy soyons subjects, & qu'en tout nous ne cherchions que sa gloire & sa volonté : les choses moindres sont creées pour les plus grandes, les plantes pour les animaux, les animaux pour les hommes, l'homme pour Dieu : Dieu n'a peu auoir autre volonté ny fin en la creation de l'homme que sa gloire, donc l'homme se doit rapporter là, & toutes ses actions pensées & intentions. Matth.22.
La 4. est le commandement qu'il nous en donne lors qu'il veut que nous l'aimions de tout nostre cœur, & partant que nous le craignions, le seruions, luy obeyssions, puis que la clef dorée de la crainte, du seruice, & de l'obeyissance est l'amour.
La 5. est tirée de la I. aux Corint.6. où S. Paul dit, non estis vestri, empti enim estis pretio magno, vous n'estes pas à vous, vous estes acheptez à grand pris: le pris auec lequel Dieu nous a achepté est son fils, son fils a dõné son sang & sa vie pour nous, nemo igitur sibi viuat sed ei, qui pro se mortuus est, que personne ne viue selon sa volonté, pour ses commoditez, à sa disposition, mais suiuant la volonté de celuy qui est mort pour luy. Rom.14. & partant dit S. Bernard : Si totum me debeo pro me facto, quid addam iam pro refecto, & refecto hoc modo? si ie me dois totalement à Dieu d'autant qu'il m'a fait, que luy dois-ie donner pour ce qu'il m'a refait, & m'a refait en cette façon ?
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La 6. est qu'il veut recompenser le seruice, que iustement il demande de nous, d'vn pris & recompense eternelle, qui est la gloire, en laquelle comme dit S. Augustin Dieu nous possedera, & sera possedé de nous, & partant puis que nous le possederons à iamais, la raison veut qu'il nous possede dés maintenant, & la possession que nous esperons de luy, merite bien que nous nous donnions entierement à luy, & c'est la condition sans laquelle iamais nous ne le possederons.
La 7. c'est la promesse & le serment solemnel que nous auons fait au baptesme de quitter tout autre seruice, & de renoncer à tout autre maistre pour suiure & seruir Dieu, ce qui a fait dire S. Paul ad Coloss. 3. Mortui estis & vita vestra abscondita est cum Christo in Deo, & vous estes morts au monde, à vous mesmes, & à toutes autres choses, pour viure en Dieu auec Iesus Christ.
De ces raisons nous pouuons & deuons tirer ceste consequence, que nous ne sommes pas à nous, mais à Dieu, & que tout ce que nous sommes, tout ce que nous pouuons, tout ce que nous auons, est à Dieu, se doit rapporter à son seruice, & à sa gloire : qu'en tout, nous deuons dependre de sa bonté, & dresser toutes nos pensées, intentions, desseins & actions à son seruice, ainsi que ceux la font contre toute raison & iustice, qui veulent se gouuerner selon leur volonté, disposer de leurs actions comme il leurs plait & non pas selon les ordonnances de Dieu, qu'en cela ils sont pires que des seruiteurs fugitifs qui se soustraient de la domination de leur maistre, auquel ils appartiennent, partant dit S. Bernard serm. 20 incant. dignus plane est morte qui tibi Domine Iesu recusat viuere, & mortuus est : & qui tibi non sapit, desipit, & qui curat esse nisi propter te, pro nihilo est, & nihil est : propter temetipsum Deus fecit omnia, & qui vult esse sibi, & non tibi, nihil esse incipit inter omnia. Celuy la est digne de mort, ô mon Seigneur Iesus-Christ, qui ne veut viure pour vous, & est mort : qui n'est sage en vous, est fol : quiconque tasche d'estre pour autre que pour vous n'est rien. Dieu a tout fait pour vous, quiconque veut estre à soy & non à vous commence d'estre rien entre tout.
Si nous sommes obligez de rapporter tout ce que nous sommes & tout ce que nous faisons à Dieu, comme à nostre derniere fin, & si nos actions ne sont pas bonnes sinon entant qu'elles sont rapportées à Dieu comme à leur fin generale, & en particulier aux fins ausquelles il les a destiné ; & mauuaises, entant qu'elles s'esloignent des mesmes fins, c'est chose noLe bonheur du mariage depend de la fin. toire que tout le bien & bon-heur du mariage depend de ce qu'il s'entreprenne pour Dieu, & selon Dieu, & se rapporte aux fins pour les quelles il est institué, & tout son mal-heur, procede de ce qu'il ne s'en-treprend pour Dieu, & pour les fins qu'il luy a prescript, in Christo & in 15 Ecclesia, conformement aux ordonnances de Dieu & de l'Eglise. Ie m'en vay monstrer qu'elles sont les bonnes fins qui rendent le mariage heureux, & puis ie monstreray qu'elles sont les mauuaises fins qu'aucuns s'y proposent, & desquelles procede leur mal-heur & leur ruyne.

Filet cadre, rayé. De la premiere fin du mariage qui est la generation. CHAPITRE IV.

C'Est chose euidente que la premiere & principale fin du mariage est la generation & multiplication du genre humain, quoy que S. Chrysost. lib. de virginitate19 tasche de monstrer que la conionction de l'homme & de la femme, pour la production des enfans, est vn effect du peché & n'eust esté en l'estat d'innocence, & semble que S. Iean Damascene lib. 2. & 4. de Fide Orthodoxa20 ayt esté du mesme aduis, disant que Dieu eust pourueu à la multiplication humaine par quelque autre voye, cognuë à la diuine prouidence & à nous incognuë.
L'opinion contraire est toute commune & semble bien fondée, puis que La principale fin du mariage est la generation. l'homme & la femme ont esté creez auant le peché : qu'ils ont esté de sexe different auant le peché, & que ceste diuersité de sexe n'estoit que pour la generation, voire que le mariage a esté institué auant le peché. Il est bien vray qu'en l'estat d'innocence ne se fust trouué cét appetit brutal & desordonné, qui s'y retrouue maintenant, qui est vn effect du peché : ne La generation eust esté quand biẽ l'homme n'eust peché. se fust trouué aucun mouuement en nos membres, sinon par ordonnance de la raison, & par consequent ny eust eu ny honte en cette action, ny vergongne aucune à en parler : la nudité n'eust point fait rougir, puis que tout cela prouient de la rebellion de la chair, contre l'esprit, en punition de la rebellion de l'esprit contre Dieu, laquelle rebellion nous fait rougir, & cette peine & punition du peché nous cause la honte : toutefois l'action eust esté quoy que sans desordre, sans plaisir dereglé, sans brutalité comme elle est maintenant.
Apres la creation de l'homme Dieu dit non est bonum hominem esse solum, Diuerses raions pourquoy il a fallu que la generation fust. il n'est pas bon que l'homme soit seul, comme voulant dire l'homme est vn animal sociable, & partant ne doit estre seul : nous auons creé l'homme pour estre chef de tous les hommes, & la source de tous les autres, & pour multiplier l'espece par son entremise : cette muliplication ne se peut faire sans la generation : la generation ne peut estre sans compagne, 16 ainsi faut luy faire vne compagne. C'est vne perfection des choses qui ont vie d'engendrer son semblable, or puis que les œuures de Dieu sont parfai tes, & qu'entre toutes les choses de ce monde, la plus parfaicte estoit l'hom- me, il n'eust esté parfaict s'il n'eust eu la faculté d'engendrer son sembla-ble : cette faculté eust esté en vain, s'il ne l'eust peu mettre en execution, cela ne se pouuoit faire sans la femme, donc Dieu crea la femme à cét effect.
Ce monde estant creé pour l'homme chef des œuures de Dieu, qui est Diuers eloges de l'homme. prince de toutes les creatures terrestres ; lieutenant de Dieu en terre, petit monde, totius naturæ finis, fin de toute la nature dit Aristote: μἑσoν ἀπαντων, mensura omnium, la mesure de tout le reste dit Pythagore: magnum mundi miraculum, le grand miracle du monde, dit Trismegiste : Exemplar totius vniuersi, dit Theophraste, l'idée de tout le monde. Totius naturæ prodigium, le prodige de toute la nature, dit Nemesius. Horison mundi, la ligne orizontale du monde, dit S. Denys Areopagite, decor & ornatus mundi, la beauté & ornement du monde, dit S. Anastase. Omnis creatura, l'abregé de toutes les creatures, dit S. Gregoire. Totius creaturæ dux & princeps, le capitaine & le prince de toutes les creatures, dit Philon. Enfin l'image de Dieu, imago Dei. L'homme manquant le monde demeuroit sans beauté sans ornement, sans capitaine, sans prince, sans chef : or l'homme ne pouuoit subsister sans generation, la generation ne pouuoit estre sans compagne, donc c'est à bon droit que Dieu dit, il n'est pas bon que l'homme soit seul.
La ruine des anges deuoit estre reparée par la multiplication des hommes, cette multiplication ne se pouuoit faire sans la femme, ansi il n'est pas bon pour les anges que l'homme soit seul.
Le Verbe eternel se deuoit faire homme, deuoit venir de la premiere souche de la nature humaine, sçauoir Adam, deuoit estre le premier né de toutes les creatures, le premier des predestinez, & ainsi il n'estoit pas bõ, que l'homme fut seul, autrement le Verbe ne pouuoit prendre chair humaine.
Le dessein de Dieu estoit de prendre pour ses courtisans plusieurs des descendans d'Adam, ce dessein estoit en vain, sans la multiplication, la multiplication ne pouuoit estre sans la generation, ainsi pour accomplir le conseil & dessein Diuin, il n'estoit pas bon que l'homme demeurast seul.
Les heretiques de nostre temps qui n'ont autre estude que leur liberté & le contentement de la chair ; pensent auoir cause gagnée produisans ces paroles contre les religieux, pour condamner les vœux & donner licence aux nonnains, aux prestres, & autres qui font profession de cœlibat de se marier.  S'il n'est pas bon, disent-ils, que l'homme soit seul, c'est à dire, sans femme, les vœux de chasteté sont donc mauuais, puis qu'ils 17 contrarient à la compagnie que Dieu a trouuée bonne.
Voilà beaucoup de mauuais prestres & religieux, bien obligez à ces pre Que les vœux ne sont contraires à l'ordonance de Dieu touchant la multiplication. tendus reformateurs, qui leurs donnent dispense de leurs vœux à si bon prix; mais cette dispense est elle canonique ? examinons-la. Il est vray que Dieu a dit qu'il n'estoit pas bon que l'homme fust seul, ouy ie l'accorde, mesme auec l'interpretation qu'ils pretendent, seul, sans femme, sans mariage : il est vray que Dieu a institué le mariage : mais aussi est il vray que Dieu a dit par la bouche de S. Paul, son Apostre, bonum est homini mulierem non tangere: il est bon que l'homme ne touche point de femme, ne se marie point. I. Corint. 7. & au mesme lieu, Qui matrimonio iungit virginem suam benefacit, & qui non iungit melius facit. Quiconque marie sa fille fait bien, qui ne la marie pas, fait encor mieux : & mulier cui vult nubat tantum in Domino, beatior autem erit si sic permanserit, secundum meum consilium, puto autem quod & ego spiritum Dei habeam. La femme se marie à qui elle voudra suiuant les loix diuines ; mais elle sera plus heureuse, si elle demeure sans estre mariée, & c'est mon conseil, & ie croy que ie parle selon l'esprit de Dieu. Voire Iesus-Christ mesme n'a-t'il pas dit Matth. 10. Sunt eunuchi qui seipsos castrauerunt propter regnum cœlorum. Il y en a aucuns qui se sont priué du mariage pour le Royaume des cieux.
S. Cyprian lib. de habitu virginum accorde ces passages, qui d'abbord semblent contraires par ces paroles, Prima Dei sententia crescere & generare præce pit, secunda continentiam suasit, cum adhuc rudis mundus & inanis est, copia fœcun-ditatis generante propagamur & crescimus ad humani generis augmentum : cum iam refertus est orbis, & mundus impletus ; qui capere continentiam possunt, spadonum more viuentes castrantur ad regnum. Par la premiere sentence Dieu a commandé de croistre & d'engendrer, par la seconde il a conseillé la continence, lors que le monde estoit encor rude & vuide, il deuoit se multiplier par la fecondité & generation, maintenant que le monde est peuplé, ceux à qui Dieu fait la grace d'estre continens, s'abstiennent de mariage pour le Royaume des cieux : partant que les heretiques & semblables estallons de haras, escoutent ce que leurs dit nostre Seigneur, Matth. 22. Erratis nescientes scripturas neque virtutem Dei, vous vous trompez, vous n'entendez pas l'Escriture, vous ne connoissez pas la vertu de Dieu, vous ne sçauez pas le prix de la continence, vertu diuine que Iesus-Christ a enseigné au monde.
Le mariage a esté institué de Dieu en l'estat d'innocence ie l'accorde, Quel eust esté le mariage en estat d'innocence. mais il eust esté autre qu'il n'est maintenant, car lors on n'eust engendré que des efleus & des predestinez : il ne se fust point trouué de desordre en la sensualité : il eust esté sans corruption, l'esprit n'eust aucunement empesché du seruice de Dieu par son vsage : Depuis le peché, le mariage est subject à tant d'incommoditez, offusque tellement l'esprit, empesche si fort l'excercice des choses meilleures : rauale si bas l'ame, la destourne tant de la connoissance 18 de Dieu, qu'on a iuste occasion de dire, Bonum est mulierem non tangere : il est bon de n'auoir point de femme : Beatior erit si sic permanserit, vaut mieux estre seul que d'estre marié, car estant seul on a plus de moyen de seruir Dieu, & de procurer son salut plus efficacement & plus en repos.
Donc en l'estat d'innocence auquel ny auoit point de reuolte au corps, point de desordre en la chair, point de mouuement qui ne fust commandé & composé par la raison : estat auquel le monde n'estoit encor peuplé, non est bonum hominum esse solum il ne falloit pas que l'homme fust seul, ainsi faciamus ei adiutorium, faut luy faire vn aide.
S. Aug. lib. 9. de Genesi ad literam, recherchant quel aide l'homme pouuoit Commẽt la femme est l'aide de l'hõme principalement pour la generation. tirer de la femme, dit, que cet aide estoit purement pour la generation, car en toutes autres choses l'homme pouuoit receuoir plus d'assistance d'vn autre homme que d'vne femme. Escoutons le parler. Si quæratur ad quam rem fieri oportuerit hoc adiutorium, nihil aliud probabiliter occurrit, quam propter filios procreandos : sicut adiutorium semini terra est, vt virgultum ex vtroque nascatur. Si vous me demandez pourquoy cet aide a deu estre fait, ie ne trouue autre chose, sinon pour la generation : tout ainsi que la terre aide la semence afin que de l'vn & de l'autre naisse la plante. S. Ambroise lib. de paradiso c. 10. Ideo quia ex viro solo non poterat humani esse generis propagatio, pronuntiauit Dominus non esse bonum solum esse hominem, d'autant que la multiplication des hommes ne se pouuoit faire par l'homme seul, Dieu a dit, il n'est pas bon de laisser l'homme seul ; & le mesme plus bas, adiutorium, ad generationem consti tutionis humanæ intelligimus, & vere bonum adiutorium, maior quippe in causa ge-nerationis operatio mulieris reperitur, sicut istius terræ quæ semina primo accepta cohibendo, paulatim fœtu suo, adolescere facit. & producit in segetem. Nous deuons entendre que c'est vn aide pour la generation, ouy vn fort bon aide, car la femme opere d'auantage en la generation, tout ainsi que la terre, laquelle receuant la semence, en la retenant la fait croistre petit à petit, & enfin la fait meurir.
Rupert expliquant ce passage, non est bonum, dit il, non est vtile, non conducit ad propositum nostrum esse hominem solum, proposuimus enim præscitos & prædestinatos de primo homine propagare sanctos, imagini ac similitudini nostræ conformes futuros ergo vt propositum istud impleatur, faciamus ei adiutorium simile sibi, adiutorium inquam ad multiplicandam prædestinatum progeniem sanctorum. Il n'est pas vtile ny expedient à nostre dessein, que l'homme soit seul : nostre dessein est de tirer les predestinez du premier homme, qui soient conformes à nostre image & semblance, donc pour accomplir nostre dessein, faisons luy vn aide qui luy soit semblable, aide pour multiplier les predestinez & les Saincts.
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La mesme verité est confirmée par ces autres paroles que Dieu a dit à Adam La benediction de Dieu dõnée à Adã pour la multiplication efficace. & à Eue, apres les auoir conioinct crescite & multiplicamini & replete terram, croissez & creſcite & multiplicamini & replete terramremplissez la terre : auquel effect il les benit non de paroles creuses, ou seulement accompagnées de fauorables souhaits, comme faisoient les Parens de Rebecca, disans crescas in mille millia, croissez de mil liers en milliers, mais de paroles efficaces, leurs donnant en vertu de ces pa-roles la fecondité comme il auoit donné aux bestes, pour la multiplication de leur espece.
Les Rabbins disent que Dieu s'est reserué l'vsage & la disposition de quatre clefs, de nature ; l'vne de la pluye, pour la faire tomber des nuées quand bon luy semble, Deut. 28. Aperiet Dominus thesaurum suum optimum cœlum vt tribuat pluuiam terræ tue in tempore suo. Il ouurira le ciel qui est son thresor pour donner la pluye à la terre en son temps. La seconde est la clef de la ge Quatre clefs de nature que Dieu s'est reseruée. neration, Gen. 30. Num pro Deo ego sum qui te priuauit fructu ventris tui. Quoy disoit Iacob à Rachel, pour qui me prenez vous? croyez vous que ie sois Dieu, c'est de luy que depend la fecondité, c'est luy qui vous a priué du fruict de votsre ventre. La troisieme clef est la clef du garde de manger, auquel preside la prouidence diuine, & qui donne à chacun sa pitance. Aperis tu manum tuam & imples omne animal benedictione. Vous ouurez vostre main, & vous remplissez tous les animaux de benediction. La quatriesme est la clef de la vie & de la mort, auec laquelle il ouurira les sepulchres, & commandera aux morts d'en sortir, aperiam tumulos vestros, Ezechiel 87. I'ou uiriray vos sepulchres. Dieu auec la seconde clef, par le moyen de sa be-nediction ouurit la fecondité aux premiers hommes pour la multiplication de l'espece.
Les heretiques abusent de ce passage comme de l'autre, non est bonum hominem esse solem, & veuillent inferer de ces paroles, crescite & multiplicamini, que tous, hommes & femmes, prestres, moines, religieuses, & deuotes sont obligez de se marier : & que ces paroles sont vn commandement obligatoire. Voyons auec quelle verité, & examinons ce que les Docteurs Catholiques en disent.
Posons le cas que ces paroles soient commandement : s'ensuit il pourtant que tous les hommes y soient obligez ? & quand ils y seroient obligez Si les paroles de Dieu croissez & mul-tipliez sõt commandement. pour vn temps, est-ce à dire que cette obligation durera tousiours? Nous auons desia monstré par les paroles de S. Cyprian que ce pouuoit estre vn commandement, lors que le monde estoit rude & grossier, & n'estoit multiplié, mais que depuis il n'estoit plus commandement, mais la continence estoit vn conseil, & qu'elle estoit louable, & le maistre des sentences confirme l'aduis de S. Cyprian, lib. 4. dist. 26.
S. Thomas dit que ce commandement n'obligeoit tous les hommes en 20 particulier, mais la multitude des hommes, & partãt n'estoit necessaire qu'il fut mis en execution de tous, mais suffisoit qu'aucuns le pratiquassent, pour la conseruation & la multiplication de l'espece : & 2.2. qu. 152. art. 2. il dit qu'il y a deux sortes de commandemens, les vns doiuent estre mis en ex Que tous les hommes ne sont obligez à se marier. ecution de tous : les autres d'aucuns seulement, & cela suffit. Le commandement que Dieu donna à l'homme de manger de omni ligno paradisi, des fruicts du paradis, obligeoit tous les hommes en particulier, puis que personne ne peut viure sans manger, & que chacun est obligé de conseruer sa vie ; mais le commandemẽt de se marier, n'obligeoit pas tous en particulier, mais obligeoit seulement à la conseruation & multiplication de l'espece, ce qui se pouuoit faire suffisamment, aucuns se mariant sans que chaque parti culier le fist : de plus la perfection de la nature humaine demandoit que com-me aucuns se marioient & vaquoient aux affaires temporelles, aussi d'autres ne se mariassent pour s'employer auec plus d'attention & de perfection à la contemplation des choses celestes.
Scotus in 4. Sent. dist. 26. dit que le commandement de se marier estoit per modum præcepti affirmatiui, comme vn precepte affirmatif, qui oblige semper, sed non ad semper, tousiours, mais non pour tousiours, ains en temps de necessité, & partant obligeoit au commencement du monde, à cause de la necessité de la multiplication, & obligeroit encor si le monde venoit à quelque notable ruine, ou par guerre, ou par peste, ou par famine, ou autrement.
Aucuns pensent que c'estoit vn commandement qui a duré iusque à la Loy Euangelique, par laquelle il a esté abrogé lors que nostre Seigneur a desployé l'estendart de la Continence & Virginité, & y a inuité le monde par ces paroles, qui potesti capere capiat, ceux qui la pourront suiure qu'ils la suiuent.
Quelqu'vns comme remarque S. August. 14. de ciuitate Dei21 c. 21. ont expliqué ces paroles crescite & multiplicamini, croissez & multipliez non de la fecondité charnelle, mais de la spirituelle & de l'ame, il monstre toutefois qu'elles se doiuent entendre de la fecondité de la chair, pour laquelle Dieu a creé l'homme & la femme, auec diuersité de sexe, & à cét effect leurs a donné sa benediction.
Voila diuerses interpretations & intelligences de ces paroles, nous pou Les paroles de croistre & multiplier ne sont pas commandement. uons toutefois dire qu'en ces paroles ny a aucun commandement, mais seulement que Dieu par icelles, a voulu monstrer qu'il auoit creé l'homme & la femme auec diuersité de sexe pour la multiplication du genre humain, & à cét effect leurs auoit donné sa benedition & la fecondité, crescite & multiplicamini. Que si ces paroles croissez & multipliez, sont dictes auec quelque authorité & commandement, ce n'est pas que cette authorité & com 21 mandement oblige chaque homme en particulier de les mettre en practique, mais cét pour monstrer que ces paroles deuoient estre efficaces en vertu de la benediction, de laquelle il les accompagnoit. Dieu auoit dit les mesmes paroles auparauant aux bestes, & toutefois personne ne peut raisonnablement inferer qu'il leurs eust donné quelque commandement par icelles, puis que les bestes sont incapables de commandement ; mais par ces paroles il denote la benediction qu'il donne pour rendre ses paroles efficaces ; & tout ainsi que lors que Dieu dit replete terram & subiicite eam, & dominamini piscibus maris & volucribus cœli, & vniuersis animantibus, quæ mouentur super terram, remplissez la terre, soubmettezlà, & seigneuriez sur les poissons de la mer, sur les oyseaux du ciel, & sur tous les animaux qui se meuuent sur la terre. Dieu n'a pas commandé à l'homme de soubmettre la terre, de Seigneurier sur les bestes, mais seulement luy a donné authorité pour ce faire, & pour s'en seruir : de mesme lors qu'il a dit crescite & multiplicamini, croissez & multipliez, il a don né le pouuoir de se marier & la benediction & la fecondité, & non le com-mandement.
Quoy ! si cest vn commandement, pourquoy S. Iean Baptiste ? pourquoy Iesus Christ ne se sont-ils pas marié ? Pourquoy Iesus Christ exhorte-il à la continence ? Pourquoy S. Paul dit il qu'il est bon de ne point toucher fem me ? pourquoy asseure-il que celles qui ne se seront mariées seront plus heu-reuses ? auront plus grande gloire ? au contraire, elles deuroient estre plus punissables, si c'estoit commandement, d'autant qu'elles ne l'auroient accomply. Disons donc qu'il ny a point de commandement, au moins en la loy Euangelique, mais que nos heretiques voudroient volontiers prendre subiect de ces paroles, d'authoriser leur incontinence, & d'obliger toutes sortes de personnes à se marier contre conseil expres de Iesus Christ pour auoir quelque couuerture de leur impudicité.
Quoy qu'il en soit c'est chose asseurée que la premiere & principale fin du mariage est la generation & multiplication de l'espece, & telle estoit la fin qu'auoit Tobie en son mariage, cõme il proteste. Tu scis Domine quod non luxuriæ causa accipio sororem meam coniugem, sed sola posteritatis dilectione, in qua benedicatur nomen tuum in secula seculorum. Seigneur vous m'estes tesmoing que ie ne prens Sara pour femme, pour satisfaire à ma sensualité ; mais seulement par desir de lignée, par laquelle vostre nom soit beny à iamais. Tobie 8. Il auoit appris cette saincte & salutaire leçon de l'AngeRaphael, paranymphe de son mariage, Accipies virginem cum timore Dei, amore si liorum magis quam libidine ductus, vt in semine Abrahæ benedictionem in filiis con-sequaris. Tu prendras cette pucelle en la crainte de Dieu, plustost par desir d'auoir enfans que pour satisfaire à ta concupiscence, afin que tu reçoiues 22 benediction en la semence d'Abraham par tes enfans. Ceux qui se marient doiuent donc se proposer ceste fin, & non seulement en l'institution de leur mariage, mais aussi en l'vsage d'iceluy, comme vne fin pour laquelle le mariage a esté estably de Dieu & l'homme & la femme crées auec diuersité de sexe.

Filet cadre, rayé. De la seconde fin du mariage qui est l'assistance mutuelle. CHAPITRE V.

LA bonté de Dieu enuers l'homme ne se contentant point de l'auoir crée à son image & semblance ; de luy auoir donné le domaine & Sei gneurie sur toutes les creatures ; a encor eu soin de luy donner de l'assistan- ce par la production de sa semblable, auec laquelle il peust contracter ami-tié, conuerser familierement & doucement auec elle, se peussent consoler & aider mutuellement, & exercer l'vn enuers l'autre tout deuoir de charité & d'amitié.
C'est icy la seconde fin du mariage, sçauoir l'aide & l'assistance mutuelle, exprimée en ces paroles, adiutorium simile sibi. Vn aide qui luy soit semblable. Ie sçay bien que l'aide principal que l'homme pouuoit pretendre de la femme, estoit pour le regard de la generation & nourriture des enfans, ce que l'homme ne pouuoit faire seul, comme i'ay dit au chapitre precedent : il ne s'ensuit pas toutefois qu'elle ne peust assister & aider l'homme en beau coup d'autres choses, & principalement en l'administration & soin de sa fa- Diuerses habitudes de l'hõme & de la femme. mille. Car comme Dieu a fait l'homme & la femme auec diuersité de sexe, aussi leurs a il donné diuerses habitudes & inclinatiõs, conformement à leur sexe, à l'homme la prudence & la force pour faire les affaires exterieures & plus difficiles : à la femme la vigilance, pour auoir soin des affaires domestiques : à l'homme vne authorité pour maintenir les enfans en leur deuoir : à la femme vne tendresse & douceur pour les nourrir & esleuer : à l'homme l'industrie pour amasser, à la femme la diligence pour conseruer & sagement distribuer. Cecy paroistra mieux par l'interpretation de ces paroles, Faciamus ei adiutorium simile sibi, Faisons luy vn aide qui luy soit semblable.
La version Chaldaique22 au lieu d'adiutorium simile sibi, tourne sustentaculũ quod sit penes eum, comme s'il vouloit dire, mettons aupres de luy quelqu'vn qui le soulage à porter son fardeau, & qui luy preste la main au besoin : & ainsi il crea la femme pour assister l'homme en sa necessité. Le Sage dit Eccl. 23 4. Melius est duos esse simul quam vnum : habent enim emolumentum societatis suæ : si vnus ceciderit ab altero fulcietur : Væ soli quia cum ceciderit non habet sublevan tem se, & si dormierint duo fovebuntur mutuo : vnus quomodo calefiet ? & si quis-piam præualuerit, contra vnum duo resistent ei : vaut mieux estre deux, que d'estre seul : car deux ont de l'aduantage de leur compagnie : si l'vn tombe il sera soustenu de l'autre : malheur à celuy qui est seul, car lors qu'il sera tombé il n'aura personne pour l'aider à se releuer : si deux dorment ensemble ils s'eschauferont l'vn l'autre, comment est-ce que celuy qui est seul pourra estre chaud ? si vn troisieme attaque deux qui sont ensemble, les deux se defendront contre luy. Ne voila pas la condition des mariez depeinte par le Sage ? & l'assistance qu'ils se doiuent, representée auec ses circonstances.
Il en prit bien à Nabal qui estoit vn pauure sot & estourdy, sans courtoi Abigail soulage Nabal sie ny recognoissance, homme auare & grossier, d'auoir rencontré vn bon aide, ie dis vne femme sage & prudente, telle qu'estoit Abigail qui luy presta la main au besoin : autrement il estoit perdu : Dauid estoit armé de cholere, & d'vne iuste vangeance contre luy, pour son ingratitude, il auoit iuré son grand iuron de la chastier, mais à toute outrance, il estoit assisté de gens plein de ressentiment & de resolution, il ne pouuoit eschapper, mais Abigail en ayant le vent, sçeut par sa prudence & bonne grace, & par ses liberalitez & bien dire, si bien appaiser Dauid, qu'il pardonna à ce sot pour l'amour d'elle. Ceste fẽme ne fut elle pas sustent aculum penes eum, vn soustien, vn soulagement, qui l'empescha de tomber en vne ruine totale, voire à la mort ? telle doit estre la femme sage, plustost qu'vne pierre d'achopement qui fasse tresbucher son mary : le mary doit porter les charges de la famille, mais la femme se doit souuenir qu'elle est coniux, cest à dire souz le mesme ioug, & partant qu'elle doit en porter sa part & soulager son mary.
La parole Chaldaique23 Semach qui signifie adiutorium, sustentaculum, aide, La fẽme est le support des hommes. soustien, signifie aussi fulcrum, vn estançon, adminiculum vn appuy, vn support : & Chochible signifie prope ipsum, penesipsum, iuxta ipsum, proche de luy, à son costé, à sa main, qui est à dire que la femme doit estre comme à la main de sõ mary, pour l'aider, le consoler, l'assister, le soulager en ses trauaux : pour l'aduertir doucement & prudemment. Telle estoit la fidelle Michol, lors que si fidelement elle assista Dauid son mary, contre les poursuites de Saül son pere & luy sauua la vie : telle la sage Abigail qui prenoit si biẽ son apoint pour faire cognoistre à son mary sa sottise, non auec empire authorité & rigueur, comme font plusieurs, mais auec douceur & mansuetude, suiuant ce que dit Dauid, superuenit mansuetudo & corripiemur, estant aduerty auec mansuetude on se corrige. Elle ne criailla pas, ne tintamarra pas, lors qu'il estoit yure, ains le flatta : mais quand il eut cuit son vin, elle l'aduertit doucement, elle sçauoit trop mieux que tout ainsi qu'il n'est salutaire d'abbreuuer 24 le cheual, lors qu'il est eschauffé ; de mesme qu'il ne faut aduertir le mary lors qu'il est en cholere ou yure. Le Sage a fort bien dit, Eccl. 36. Si est lingua curationis, est & mitigationis & misericordie : non est vir illius secundum filis hominum. Si vne femme a la grace de remedier aux vices de son mary, de le consoler, le soulager, l'appaiser : si elle assiste son mary en ses maladies, incommoditez, auec douceur & misericorde en portant vne partie, cét homme n'est pas de la condition des autres hommes, il est d'vne categorie plus releuée que le reste, il est le plus heureux homme du monde.
O quel soulagement à vn mary, qui a vne telle femme! mulieris bonæ beatus vir, heureux l'homme qui a trouué vne bonne femme ; vne femme sage est la couronne, l'honneur, le soulagement, la consolation, l'ornement d'vn mary, voire souuent la cause de son salut, & corporel & spirituel, c'est Sainct Paul qui le dit Sanctificatus est vir infidelis per mulierem fidelem, Corinth. 7. l'homme infidele est sanctifié, est sauué, par la femme fidele, ne voila pas ce que disoit tantost Le Sage ? Emolumentum Societatis, vn grand aduantage L'hõme doit escouter aucunesfois sa femme. d'vne bonne compagnie.
La saincteté, prudence, sagesse, & autres vertus du Patriarche Abraham, sont assez cognuës, cependant Dieu veut qu'il soit aidé par sa femme en la conduicte de sa famille, ne luy dit il pas, Genes. 21. audi vocem eius : escoutez, faictes ce qu'elle vous dira, c'estoit touchant Ismael, & l'education d'Isaac. Si Pilate eut escouté la parole de sa femme, & eut fait estat de ses aduis, il ne se fut ietté dans l'abysme de mal-heur auquel il se precipita.
Au lieu de simile sibi les septante tournent secundum ipsum, selon luy, c'est à dire de mesme nature auec luy, & non seulement de mesme nature, mais principalement de mesme volonté, de mesme intention, conspirans par ensemble aux mesmes desseins par vn accord & bonne intelligence, par vne condescendance mutuelle, Vir & mulier bene sibi consentientes, Eccli. 25. S'eschauffans l'vn l'autre au seruice de Dieu & à l'acquisition de la vertu, suiuant ce que dit Le Sage, Si dormierint duo fovebuntur mutuo, deux qui couchent ensemble s'eschaufferont l'vn l'autre, de peur que ce grand mal heur ne leurs arriue, que de deux qui se trouueront en mesme lict, l'vn soit esleué à la gloire, l'autre reietté à l'opprobre & confusion.
La version Hebraique au lieu de simile sibi a contra ipsum, contre luy : ce qu'- aucuns Hebreux expliquent qui luy soit contraire, puis que la femme sou uent contrarie à son mary, le tourmente & ne luy donne point de repos, cet-te interpretation repugne à l'intention de Dieu, lequel en la creation de la femme a cherché le soulagement de l'homme, non son affliction, sa consolation, non sa desolation : son assistance, non sa ruine. Que si plusieurs sont des fleaux à leurs marys, les contrarient, les inquietent, c'est vn effect du peché & de leur mauuaise volonté, non suiuant l'intention de Dieu, cela n'est 25 pas commun à toutes, celles qui sont Sages n'ont garde de le faire. Tostatus explique contra ipsum, de diuers Sexe : d'autres contra ipsum, c'est à dire, coram ipso, deuant luy, comme au Psalme 50. Peccatum meum contra me est semper, mon peché est tousiours deuant moy, en S. Matthieu 21. Ite in castellum quod contra vos est, Allez au chasteau qui est deuant vous. Donc coram ipso deuant luy pour monstrer que la femme doit tousiours estre à la main de son mary, comme en sa presence, & se comporter par tout comme si par tout il la voyoit.
Helas que les intentions de Dieu sont maintenant peruerties, par les homEn quoy l'homme semblable à Dieu. mes ! les femmes ne sont pas à plusieurs adiutorium simile sibi, vn aide, vn support semblable à l'homme, car plusieurs marys ne les traictent pas comme leurs semblabes, mais comme des esclaues, comme des seruantes, voire comme des bestes. Si l'homme est fait à la semblance de Dieu entant qu'il a vn estre intellectuel, & par consequent six beaux traits de ressemblance. 1. l'estre spirituel & indiuisible, 2. immortel, 3. est pourueu d'entendemẽt, de volonté, de memoire, 4. le franc arbitre presque tout puissant qui peut mesme, s'il veut, resister à Dieu selon la voye ordinaire establie de Dieu mesme, 5. est ca La femme faite à la ressemblance de Dieu cõme l'homme. pable de vertu & de sapience, & de grace, voire de la gloire & de la iouïssan ce de Dieu, 6. qu'il surpasse le reste des animaux & creatures en dignité, no-blesse, authorité & maiesté royale. La femme est simile sibi, non seulement sẽblable à l'homme, mais aussi semblable à Dieu faite & formée à son image & semblance cõme l'homme ; car comme dit S. Basile ho. 10. in Gen. Habet & mulier nihilominus quam vir, quod ad imaginem Dei est facta, honor utrique nihilo dispar, æquales virtutes: utriq. in agone decertanti propositum par prœmiū, consimilis peccanti decreta condemnatio. La femme n'est pas moins faite à la semblance de Dieu que l'homme, l'vn merite autant d'honneur que l'autre, les vertus sont égale en l'vn & en l'autre : le mesme prix est proposé à tous deux, s'ils combattent valeureusement : que s'ils font mal, la mesme punition leurs est gardée.
S. Ambroise lib. de parad. c.10. de ipsius Ade costa facta est mulier vt sciremus La fẽme pour quoy faite de la coste de l'homme vnam in viro muliere esse naturam, vnum fontem generis humani. La femme a esté faite de la coste d'Adam, afin que nous sçeussions que c'est la mesme nature en l'homme & en la femme, qu'ils sont vne mesme fontaine du genre humain. Elle a esté tirée du costé d'Adam dit S. Augustin, pour monstrer l'amour qu'ils se doiuent porter : non du limon de la terre comme l'homme, dit Rupert, pour denoter l'indissolubilité de l'amour coniugale, S. Thomas 1. part. q.92, art.3. elle n'a pas esté faite de la teste de l'homme, dautant qu'elle ne luy deuoit pas commander : non des pieds, dautant qu'elle ne deuoit pas estre sa seruante ny mespriser de luy : mais de sõ costé, d'autant que l'homme la deuoit tenir comme sa semblable, comme sa compagne, simile sibi : aucuns pẽsent que cette coste fut tirée du costé gauche, qui est le costé du cœur 26 pour monstrer la sincerité de l'amour qui doit estre entre le mary & la femme & qu'il doit estre tout cordial.
Mais mes dames remarquez cette parole adiutorium, aide : non ruine, non Plusieurs femmes ne sont aide à leurs marys. empeschement, non occasion de scandal & de damnation. Quel aide eut Adam de sa femme, sinon qu'elle fut cause de sa ruine & couppa la gorge à toute sa posterité ? quel aide le pauure Iob en ses malheurs de la sienne? elle l'incite à blasphemer, & à se desesperer, elle se mocque de luy au lieu de l'exhorter à patience, & de le consoler.
Ce fut bien icy la plus cuisante de toutes ses afflictions que Dieu reserua comme la derniere, pour l'espreuue de son inuincible patience apres la perte de ses biens, de ses enfans, l'abandonnement de ses amis, les maladies & pourritures de son pauure corps : il falloit vne femme esceruelée, qui au lieu de le consoler & aider se mocquast de luy, le teint en qualité d'vn badin & homme sans courage, & l'incitast à se bander contre Dieu mesme. Ô qu'elle n'a que trop de semblables qui sont souuent la cause de la ruine & damnation de leurs marys, & par leurs meschantes langues les incitent & conduisent au desespoir.
Raulin, de matrimonio serm. 2. Cest vn grand tourment qu'vne mauuaise femme. Histoire plaisante à ce propos.
Vn bon autheur raconte qu'vn certain ieune homme estant en aage d'estre marié pria son pere de luy donner deux femmes, & comme il luy faisoit tres-grande instance, le pere le pria que pour la premiere année il se contentast d'vne, que la seconde année il luy en donneroit encore vne : la premiere année il rencontra vne Proserpine qui le faisoit dépassionner : l'année estant passée, le Pere luy dit, qu'il vouloit s'acquitter de sa promesse & luy donner encore vne femme, helas dit-il, ie vous rends vostre parole, si ie pouuois aussi bien quitter ma femme, ie le ferois volontiers : & si vne seule me fait mourrir cent fois, sans pouuoir mourir, me causant tant d'ennuis, comment pourrois-ie viure auec deux. Il est vray que cest vn grand support à un mary qu'vne bonne & sage femme, mais aussi cest vne charge insupportable qu'vne meschante femme.
Le mesme autheur dit que comme on auoit apprehendé vn meschant Autre histoire au mesme propos. homme, meurtrier, magicien, larron, voleur, & que les bourgeois de la ville se plaignoient aupres du Iuge, des torts qu'ils auoient receu de luy : le Iuge leurs demanda quel estoit leur aduis, de quel genre de mort on le deuoit punir : l'vn disoit qu'il falloit le brusler : d'autres qu'il falloit l'escorcher tout vif : chacun en parloit suiuant ses ressentimẽts, mais vn certain qui auoit rencontré vne fort mauuaise femme, dit, pour Dieu donnez luy ma femme, ie vous asseure que ce sera le plus grand supplice qu'on luy sçauroit donner. Il est tout asseuré qu'vn des plus grands tourmens qu'vn honneste homme puisse auoir au monde, est d'auoir rencontré vne mauuaise femme, au contraire vne des plus grandes consolations est vne bonne femme, Mulieris 27 bonæ beatus vir. Comme on demandoit à Protagoras pourquoy il auoit donné sa fille en mariage à son ennemy, parce dit il que ie n'auois rien de plus mauuais, & que ie ne le pouuois trauailler dauantage qu'en luy donnant vne mauuaise femme.
Que les femmes se souuiennent qu'elles sont simile, semblables à l'homme La foiblesse des femmes ne les dispense pas d'estre vertueuses. ouy à la semblance de Dieu, & si elles sont plus foibles de corps, cela ne les dispense pas d'estre aussi vertueuses que l'homme ; ie les prie d'escouter vne belle exhortation que leurs fait S. Basile homil. 10. in Genesim, ou apres auoir monstré comme la femme est aussi bien formée à l'image & semblance de Dieu que l'homme, comme nous auons rapporté vn peu auparauant, il adiouste, non dicat mulier imbellis sum & infirmæ conditionis, que la femme ne dise pas ie suis delicate & d'vne condition plus foible, isthæc infirmitas carnis est, nam in anima sibi sedem fixit virtus firma ac potens, ceste foiblesse & infirmité est à la chair, la vertu qui doit estre forte & ferme est en l'ame. Comme s'il vouloit dire la ressemblance que l'homme & la femme ont auec Dieu, n'est pas au corps, qui n'est ny spirituel ny intellectuel, ny indiuisible, ny immortel, cest en l'ame : & s'il y a de la diuersité entre le corps de l'homme & celuy de la femme, il n'y en a point entre leurs ames, qui n'ont point de sexe : la vertu est en l'ame non au corps, partant poursuit S. Basile. Nolim isti externo homini animum admone as tuum, quod velut quoddam animi tectorium est : ie ne veux pas que vous croyez que l'ame & l'esprit consiste en ce que vous voyez d'exterieur, qui est le corps, qui n'est que l'enduict de l'ame. Delitescit anima intus sub hoc integumento cessitans, & corpore molliusculo, quæ tamen in viro & fœmina pari honore insignita est, tantum reperitur in istis integumentis discrimen. L'ame est cachée au dedans, elle est soubs cette enueloppe, soubs ce corps molle & doüillet, laquelle toutefois est aussi honorable en la femme qu'en l'homme, toute la difference qui s'y retrouue n'est qu'a l'enueloppe, n'est qu'au corps. Enfin il conclud Diuina igitur imago hæc, cum in vtroque sexu peræque honoretur, sit & compar in vtroque virtus, quæ per bona opera vim suam exerat & explicet. puis donc que l'image de Dieu est autant honorable en vn sexe qu'en l'autre, que la vertu soit esgale en l'vn & en l'autre, & se fasse paroistre par l'exercice des bonnes œuures.
Voila la seconde fin du mariage, sçauoir l'aide & assistance mutuel, que peuuent auoir tant de gens vieilles qui se marient estant hors d'aage d'auoir enfans, voire qui se mettent en mariage non pour y trouuer remede à leur concupiscence, qui est toute amortie ou par l'aage ou par les incommoditez & maladies, mais pour s'assister mutuellement : non est bonum hominem esse solum, ne pouuans viure seuls, & voulans se seruir de la compagnie que Dieu a fait à l'homme pour son aide & consolation.
Cest vn grand soulagement à vn homme d'auoir rencontré vne bonne 28 femme, cest commencer son paradis en ce monde, & estre à demy bien heu La bonne femme prolonge la vie de son mary reux comme dit le sage Eccli. 26. mulieris bonæ beatus vir, numerus enim annorum illius duplex. Bien heureux l'homme qui a trouué vne bonne femme, le nombre de ses ans sera double, premierement d'autant que le contentement qu'il perçoit de la douce conuersation de sa femme luy cause vne plus longue vie, car la ioye & le contentement prolonge les iours, comme au contraire la tristesse les abrege. Secondement, quoy que sa vie ne seroit plus longue, il vit toutefois, viuant en ioye & contentement, la vie qui se passe en trouble, dissension & facherie, estant plustost mort que vie. Suiuant ce que dit le mesme Sage, Eccli. 30. Melior est mors quam vita amara, Mieux vaut la mort, qu'vne vie amere, &, Iucunditas cordis haec est vita hominis, & exaltatio viri est longæ uitas. Le contente ment de l'esprit est la vie de l'homme : Sa ioye est la longue vie. Troisié-mement la bonne femme par ses prieres obtient souuent de Dieu vne longue vie pour son mary.
En fin si le Roy est heureux qui voit tout son Royaume paisible, le mary doit estre estimé heureux qui voit toute sa famille tranquille, par l'aide, conduicte, & assistance d'vne bonne femme : car comme dit le mesme Sage Eccli. 26. Mulier fortis oblectat virum suum, & annos vitæ illius in pace implebit. La femme sage & vertueuse est la consolation de son mary, & luy fait passer sa vie en paix, & comme il dict au mesme Chapitre, Ossa illius impinguabit, l'engraisse, luy cause vn embonpoinct par le contentement & assistance qu'elle luy donne.
Ie peux bien expliquer tout cela d'vn plus grand aide que la bonne fem me donne à son mary, qui est que souuent par sa saincteté & bons exem- ples, elle le conuertit, en fait vn Sainct & est cause qu'il arriue à la vie eter-nelle.

Filet cadre, rayé. De la troisiesme fin du mariage, sçauoir qu'il est un remede contre la concupiscence. CHAPITRE VI.

IL semble que Sainct Paul met en nous comme deux hommes, lors que Des deux hommes desquels parle S. Paul. si souuent en ses Epistres il parle tantost de l'homme interieur, tantost de l'exterieur : tantost de l'homme de l'esprit, tantost de celuy de la chair, tan tost du vieil homme, tantost du nouueau : tantost de l'homme selon le pre- 29 mier Adam, tantost de celuy qui est selon le second ; tantost de l'homme ter Manicheens ont creu que nous auions deux ames. restre, tantost du celeste. Les façons de parler ont donné subiect aux Manicheens de dire que nous auions deux ames, l'vne bonne qui tiroit son ori gine de Dieu, l'autre mauuaise qui auoit le Diable pour autheur, que celle-la estoit la racine des vertus, celle cy des pechez.
Cest vn erreur, mais la verité est que l'homme interieur, spirituel, diuin, celeste, renouuellé, conforme à Iesus Christ, est celuy qui a la grace de Dieu, Que cest que l'hõme interieur. & marche & vit selon l'esprit de Dieu : son ame ou la vie de son ame, c'est la grace : sa loy, c'est la rason & volonté Diuine : ses desseins sont d'estre chaste, sobre, humble, obeyssant, aimer & craindre Dieu : ses operations sont, aimer Dieu, l'honorer, le craindre, luy obeyr, s'vnir à luy, suiuant ce que dit Sainct Paul, Fructus spiritus sunt charitas, gaudium, pax, patientia, benignitas, bonitas, longanimitas, mansuetudo, fides, modestia, Galat.5. continentia,castitas. La charité, la ioye, la paix, la patience, la benignité, bonté, longanimité, mansuetude, foy, modestie, continence, chasteté.
L'homme exterieur est le mesme homme : corrompu & gasté, son ame, L'hõme exterieur est la concupiscence : sa loy, l'inclination au mal : ses desseins, sont la sensualité : ses oeuures, sont fornicatio, immunditia, impudicitia, luxuria & c. fornication, immondicité, impudicité, luxure & c.
L'homme interieur à pour conduite la raison, assistée de la grace de Dieu, auec laquelle il dompte les mouuemens de la concupiscence : l'hom Mouuement de l'homme interieur & exterieur. me exterieur n'a autre guide que la nature corrompue & deprauée, laquelle ne vise qu'aux plaisirs aux contentemens sensuels, à faire sa volonté, se gou uerner selon sa fantasie ne despendre de personne, estre en credit & reputa-tion.
L'homme n'a pas esté crée de Dieu auec ceste corruption, Creauit Deus L'hõme n'a esté creé auec corruption. hominem ad imaginem & similitudinem suam. Dieu a crée l'homme à son image & semblance, l'image signifiant l'entendement, & la volonté : la ressemblance, la sagesse & iustice, suiuant l'interpretation des Saincts Peres, d'ou ils inferent que l'homme en sa creation ne receut pas seulement la nature, auec laquelle nous naissons maintenant, mais encor des ornemens de sagesse & de iustice : & c'est au restablissement de cette ressemblance que S. Paul nous exhorte, Ephe. 4 Renouamini spiritu mentis vestre, & induite nouum hominem ; qui secundum Deum creatus est in iustitia & sanctitate veritatis. Renouuellez vos ames, reuestez vous du nouuel homme, qui a esté creé à la ressemblance de Dieu en iustice & saincteté.
Cette ressemblance estoit vne suite de la grace originele, qui auoit Trois effects de la grace originelle. trois principaux effects, le premier qu'elle soubmettoit tellement la raison à Dieu, que l'homme pouuoit garder tous les commandemens naturels, & se comporter enuers Dieu, comme autheur de nature, sans commettre 30 vn seul peché veniel. Le second, qu'elle assubiectissoit tellement la partie inferieure de l'ame à la superieure, sçauoir le sens à la raison, qu'elle ne pouuoit exercer aucun mouuement sans l'ordre, commandement, & direction de la raison. Le 3. estoit vne parfaicte subiection du corps à l'ame, en sorte que le corps ne causoit aucun empeschement à l'ame & ne pouuoit receuoir aucun changement contre la volonté ou naturelle inclination de l'ame : Effects du peché originel. or d'autant que l'esprit s'est reuolté contre Dieu, & ainsi s'est priué du pre mier effect de la grace, il a esté frappé d'vne pesanteur & stupidité en l'en-tendement, d'vn aueuglement en ce qui concerne sa derniere fin, d'vne ignorance touchant les choses naturels : & en la volonté d'vne repugnance au bien, d'vne negligence de son salut, d'vne propension à l'amour des choses temporeles : & en punition de cette reuolte contre son Createur, la partie inferieure de l'ame s'est bandée contre la superieure, & l'homme quant au corps s'est trouué obligé & condamné à la mort & aux appennages de la mort qui sont, les miseres, alterations & maladies.
De cette reuolte de la partie inferieure de l'ame contre la superieure, ou Que cest que la cõ cupiscẽce. de la chair & sensualité contre l'esprit, a pris naissance ce que nous appellõs concupiscence, qui n'est autre chose qu'vne certaine propension & inclination dereglée que nous sentons en nous mesmes, qui nous fait appeter les biens sensuels & charnels : aussi cette concupiscence est principalement en la chair, suiuant ce que dit S. Paul caro concupiscit aduersus spiritum, la chair conuoite contre l'esprit.
C'est icy la fontaine des tentations qui nous suruiennent, Vnusquisque Effects de la concu piscence. tentatur à concupiscentia sua, Iacobi 24 1. C'est la loy des membres, qui repugne à la loy de l'esprit, Roman 7. c'est le fouïer25 du peché, qui demeure en nous, voire aux plus iustes apres le baptesme, pour leurs seruir de subiect de combat & de triomphes, elle leurs sert comme le feu & le creuset à l'or pour les purifier, elle n'est pas peché, est toutefois appellée peché, d'autant qu'elle tire son origine du peché, & qu'elle nous incite au peché, & est cause de peché & punition du peché.
C'est elle qui est cause de la guerre ciuille que nous sentons en nous. C'est elle qui donne l'alarme au valeureux Champion Sainct Paul, & luy fait dire, mente seruio legi Dei, carne autem legi peccati, Rom. 7. Ie sers à Dieu auec la loy de l'esprit, & auec la chair à la loy du peché. C'est elle qui luy fait dire, Sentio aliam legem in membris meis, repugnantem legi mentis meae, & capituantem me sub lege peccati, Roman 7. Ie sens vne autre loy en mes membres, qui repugne à la loy de mon esprit, se rebelle contre luy, & tasche de me rendre esclaue du peché. C'est elle qui luy fait quasi perdre courage, lors qu'il dit, inselix ego homo quis me liberabit de corpore mortis huius? infortuné que ie suis, qui me deliurera de ce corps mortel ? C'est elle qui l'espoinçonne, 31 qui chatoüille sa chair ; c'est l'Ange de Satan qui le soufflette, & qui l'o blige de faire si grandes instances à Dieu pour son secours & pour sa de-liurance.
Les Pelagiens disoient que la concupiscence estoit vn bien & benefice Erreur des Pelagiens tou chant la concupiscence. de nature, S. August. lib. de peccato originali à cap. 34. vsque ad 39. & lib. duob. de nuptiis & concupiscentia, & ailleurs refute puissamment cét erreur. Si la concupiscence estoit bonne, S. Paul ne l'appelleroit pas mal, Rom. La cõcupiscence n'est pas vn bien. 7. malum adiacet mihi, perficere autem bonum non inuenio. Le mal c'est à dire, la concupiscence est né auec moy, & à peine puis-ie trouuer moyen de faire le bien, que ce mal soit la concupiscence, il est clair du texte, ou il appelle la mesme concupiscence la loy des membres, la loy du peché, repugnante à l'esprit.
Le mesme Apostre 1. Cori.9. chastie son corps & l'afflige, le reduit à la ser La cõcupiscence est vn mal. uitude, & prie Dieu instamment, & par trois fois. 2. Cori.12. de le vouloir deliurer de l'aiguillon de la chair, c'est donc vn mal, puis qu'il se bande si puissamment contre elle, afflige son corps & demande si feruemment à Dieu d'en estre deliuré. Le mesme Apostre Gal.5. dit que la chair conuoite contre l'esprit, & l'esprit contre la chair, on ne peut nier que la conuoitise de l'esprit ne soit bonne, puis que ses œuures rapportées par Sainct Paul au mesme endroict sont si louables, comme sont la charité, la ioye, la paix, &c. donc puis que la concupiscence de la chair luy est contraire, elle est mauuaise, & n'est que trop manifeste de ses œuures racontées au mesme Chapitre. Sainct Iean monstre assez sa malice, lors qu'au chapitre premier de sa seconde, il dit que la concupiscence ne vient pas de Dieu mais du monde.
C'est mal & chose repugnante à la iustice & à la raison de se mutiner Comparaison de la concupiscence à vn chiẽ à vn lyon à vn voleur, à vn tyran. contre ses Superieurs, n'est-ce pas la concupiscence qui fait que la partie inferieure de l'ame se mutine contre la superieure ? ne luy veut obeïr, regimbe, ne veut suiure ses ordres & partant qui peut doubter qu'elle ne soit mauuaise ? C'est comme vn cheual indompté qui a besoin de frain, autrement elle s'emporte à toute liberté & dissolution, c'est à la raison de la brider, car elle est fougueuse & immoderée & partant mauuaise : la honte que nous auons de nostre nudité, laquelle estoit honorable auant le peché, monstre assez que sa rebellion est mauuaise, voire mesme la honte que les mariez ont en l'vsage de leur mariage, qu'ils n'osent exercer qu'en tenebres en cachette & à l'escart à cause des fougues honteuses de la concupiscence mesme souuent en mariage : on la compare à vn chien enragé qui est tousiours aux aguets conte la raison : à vn lyon furieux, à vn voleur qui espie tousiours pour faire son coup ; à vn tyran, qui sempare quelques fois tellement du domaine & empire que la raison deuroit auoir sur elle, qu'elle luy 32 commande tyranniquement, & la priue quasi de tous moyens de pouuoir luy resister.
L'experience n'en est que trop claire, en tant de ieunes gens que la concupiscence embrase tellement, qu'elle les faict deuenir comme foulx, pour ne plus faire estat des iugemens de Dieu, mespriser ses Effects de la concupiscence. menaces, ne tenir aucun compte de ses promesses : voire oublier peres, meres, & leurs aduertissemens, les conseils de leurs meilleurs amis : eux mesmes & leur propre vie, bien, honneur, tout pour satisfaire à cette maudicte & effrenée concupiscence : se mettans à toute sorte de hazard, & s'exposans à toute infamie pour la seruir. Nous auons assez de preuues de son pouuoir en tant de nouuelles & inouyes dissolu tions qu'elle inuente tous les iours, & fait voire en cela que la con-cupiscence des hommes est plus dissoluë que celle des bestes les plus brutes, comme Plutarque mesme monstre au liure quod brutæ ratione utuntur,
Si nous voulons rechercher l'antiquité, nous ne trouuerons ny siecle ny quasi coing du monde, ou elle n'ayt esté cause d'horribles tragedies, ou les theatres ne se soient veus ensanglantez par elle, ou elle n'ayt ruiné les familles, causé la ruine des innocens, & apporté la desolation dans les Prouinces & les Royaumes entieres : elle a surmonté la force, en Samson; la sagesse, en Salomon ; la Saincteté, en Dauid : la iustice aux rufians de Susanne : enfin toutes les vertus, les histoires Sacrées & prophanes sont pleines de ses excez.
Ce n'est pas à dire qu'elle soit indomptable, voyez ce que Dieu dit à S. Paul lors qu'il se plaignoit à luy de ses furies, Sifficit tibi gratia mea, La concupiscence n'est pas indompta ble. nam virtus in infirmitate perficitur, Tu es assez fort estant secondé de ma grace, elle te seruira pour raffiner ta vertu. Lors que le premier peché fut commis, le diable ne prit ny Adam ny Eue par la gorge, ne les violenta pas, il s'addressa à Eue, elle regarda le fruict defendu, y prit plaisir ; Adam son mary y consentit. La concupiscence peut bien nous representer mille obiects, nous solliciter à dix mille excez, Eue qui est la chair y prend quelquefois du plaisir ; mais il n'y a point de peché, si Adam, si la raison ny consent : tout l'Enfer, tous nos membres pourroient se mutiner & bander contre l'esprit, & n'auront iamais assez de pouuoir de nous faire commettre le moindre peché du monde, si nous voulons ; nous sommes assez forts contre leurs efforts, assistez de la grace de Dieu, & encor que nos membres bruslent, si la raison ny consent ils seront comme le buisson ardant de Moyse, qui brusloit sans se consommer.
Sainct Bernard in serm. de sex tribulationibus Peccatum in foribus est, 33 nisi ipse aperias non intrabit ; appetitus in corde prurit, sed nisi sponte cesseris, nihil nocebit ; consensum cohibe, ne præualeant hæc, & immaculatus eris. Le peché est à la porte, si vous n'ouurez la porte il n'a garde d'entrer : la concupiscen ce demange au cœur, mais si vous ne voulez elle ne vous nuira : ny consen-tez point, ne les laissez pas preualoir, & vous serez sans peché, & sans tache. S. Aug. lib. 2. de Genesi contra Manichæos c. 14. Aliquando ratio viriliter etiam commotam cupiditatem resrænat, atque compescit : quod cum sit non labimur in peccatum, sed cum aliquanta luctatione coronamur. Quelquefois la raison dompte virilement la conuoitise, & la rabbat, voire mesme lors qu'elle est la plus eschauffée, & lors tant s'en faut qu'il y ayt du peché, mais au contraire on emporte la courronne d'vn tel combat.
Plusieurs se seruent de ieusnes, de veilles, de cilices, de haires, de foüets, Moyens pour dõpter la concupiscence. de disciplines, de chaines de fer, pour la dompter, aucuns couchent sur la dure, se retirent de la conuersation des hommes, s'emprisonnent, gardent le silence pour euiter ses saillies, aucuns ont recours à l'oraison & à l'vsage des sacremens contre ses furies. S. Benoist se veautre parmy les espines, S. François se couche tout nud dans la neige, S. Hierosme se meurtrit la poictrine à grands coups de cailloux : aucuns ont vne grace speciale de Dieu par laquelle ils la manient comme vn agneau sans ressentir aucun de ses efforts : mais chacun n'a pas cette grace, Dieu la donne à qui bon luy semble, c'est vne grace speciale, chacun ne peut pas faire ces grandes austeritez, ainsi Dieu a donné vn remede plus doux contre ses furies, qui est le mariage, & c'est vne des fins du mariage, non qui luy soit propre dés sa premiere institution, car lors il n'y auoit encor point de rebellion, mais depuis le peché. Gregor. 12. Moral. Qui tentationum procellas cum difficultate tolerant coniugij portum petant, sine culpa enim ad coniugium veniunt, si meliora non vouerunt. Ceux qui ont de la difficulté de surmonter les tentations recourent au port du mariage, ils se peuuent marier sans peché, s'ils ne se sont obligez par vœux à chose meilleure S. Paul 1. Corinth. 7 fait mention de cette fin en ces pa Le mariage remede à la concupiscẽce. rolles : Propter fornicationem unusquisque uxorem suam habeat, & unaquæque virum suum. Pour euiter la fornication vn chacun ayt sa femme, & chaque femme son mary : ce n'est pas vn commandement, c'est vne permission, c'est vn remede à ceux qui ne trouuent point d'autre remede à cette maladie ; il parle à ceux qui ne peuuent se contenir & sont libres, comme il dit au mesme chapitre, qui non se continent nubant, melius est enim nubere quam uri, ceux qui n'ont pas assez de force pour se contenir se marient, il vaut mieux se marier que de brusler. Il ne s'enfuit pas qu'aussi tost que vous sentez le feu de quelque tentation qu'il faille vous marier : mais si la tentation est si violente & si frequente que vous voyez que vous n'y pouuez resister.
Le mariage est donc vne bride contre la concupiscence de la chair qui 34 empesche qu'elle ne s'eschappe & s'emporte à des choses illicites. Mais remarquez les parolles de S. Paul, Hoc autem dico secundum indulgentiam non secundum imperium, ce que i'en dis c'est par permission non par commandement. C'est le mesme remede que S. Paul donne à ceux qui sont desia mariez leurs permettant de s'abstenir quelquesfois de l'vsage du mariage auec consentement mutuel, pour mieux vacquer au seruice de Dieu, pour vn temps ; mais puis apres de s'en seruir pour resister aux tentations du Diable, & euiter l'incontinence, & resister au desordre de la concupiscence.
La concupiscence est comme vn feu, aussi est elle appellée foüier26, brasier, La concupiscence est vn feu. amorce, allumette de peché. Ignis est usque ad perditionem deuorans & eradicans omnia genimina. C'est vn feu qui gaste tout & penetre iusques à la racine des vertus, s'il n'est retenu & reserré dans sa sphere. Or Dieu luy a donné le mariage pour sphere, & il donne la grace aux mariez s'ils veulent s'en seruir de la retenir là dedans, afin qu'elle ne les brusle, Vox domini intercidentis flammam ignis Psal. 28. il veut bien que ce feu arde là, mais pas plus auant, & ne tiendra qu'aux mariez qu'ils ne soient comme les trois iouuenceaux de Babylone qui ne receurent aucun detriment au milieu des flammes : ils pourront se conseruer en la grace de Dieu en l'vsage de leur mariage s'ils veulent cooperer à ses faueurs.
La concupiscence est vne mer esmeuë & furieuse, qui eslance ses flots La concupiscence est cõme vne mer. auec impetuosité, & menace de tout perdre, mais comme Dieu a donné les bornes à la mer, Terminum posuisti quem non transgradientur neque conuertentur operire terram. Psal. 103. & luy a dit, Vsque huc venies & huc te confringes Iob 38. voila où tu iras sans passer plus auant, tu briseras icy ta furie : de mesme Dieu a donné des bornes à la concupiscence qui est le mariage auec defence de passer plus loing.
La concupiscence est comme vne beste indomptée, comme vn asne La concupiscence est cõme vne beste sauuage. sauuage, & partant le faut lier, Gen. 49. Ligans ad vineam pullum suum, & ad vitem asinam suam. Tu lieras ta beste, à la vigne, tu attacheras ton asne au sep. La concupiscence vray poulain indompté, vn asne debasté27 ; mais il la faut lier à la vigne, lors qu'on ne la peut retenir autrement : la vigne est la femme qu'on a en legitime mariage, Vxor tua sicut vitis abundans, Psal. 127. Vostre femme est comme vne vigne fertile : c'est le mariage qui fait cette liason suiuant ce que dit S. Paul 1.Corinth.7. Alligatus es uxori, estes vous lié à vne femme : c'est là qu'il faut lier cette meschante beste par vn amour chaste & fidele, afin qu'elle ne s'eschappe comme vne beste vagabonde & sans arrest, & precipite l'ame dans vne ruine eternelle.
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Filet cadre, rayé. De la quatrième fin du mariage, sçauoir qu'il est Sacrement. CHAPITRE VII.

COmme Iesus-Christ a releué la loy de grace par dessus la loy de nature, & par dessus la loy de Moyse ; aussi a-il mis le mariage en vne autre qualité qu'il n'estoit aux loix susdittes, le mettant au rang des Sacremens, qui est bien le plus grand honneur de cét estat : les fins dont i'ay parlé Le mariage est Sacrement. aux Chapitres precedens ne sõt qu'humaines & naturelles, mais Iesus-Christ luy en a donné vne diuine & surnaturelle, sçauoir qu'il est vray Sacrement, & c'est ce qui fait parler S. Paul si aduantageusement du mariage, lors qu'il dit Sacramentum hoc magnum est, ce Sacrement est grand. Luther lib. de captiuitate Babylonica28 cap. de Matrimonio, ne peut ou ne veut reconnoistre aucune qualité de Sacremẽt au mariage, Caluin l. 4. Instit.29 c. 14. §. 34. dit que le mariage n'est non plus Sacrement qu'est l'agriculture, ou de faire vn soulier, ou de faire le poil & la barbe. Le Concile de Trente prononce sentence definitifue contre ces Heresiarches30 sess 24. can. I. voicy les parolles, & les termes de l'arrest. Si quis dixerit matrimonium non esse verè & proprie vnum ex septem legis Euangelicæ Sacramentis, à Christo Domino institutum, sed ab hominibus in Ecclesia inuentum, neque gratiam conferre, anathema sit. Si quelqu'vn ose dire que le mariage n'est pas vrayement & proprement vn des sept Sacremens de la loy Euangelique, institué de Iesus-Christ, mais que c'est vne inuention des hommes, & qu'il ne confere pas la grace, qu'il soit anatheme.
Ie confesse que ce qui paroit d'abord au mariage, n'a pas si grande apparence qu'il semble meriter l'honneur que S. Paul luy donne, l'appellant honorable, non pas mesme la qualité de Sacrement. Le mariage est vn contract, Ce qui paroit exterieuremẽt au mariage n'est pas grãd. cela n'est que naturel en apparence ; il estoit anciennement contract, & se trouuent beaucoup d'autres contracts, voire de grande importance parmy les hommes : le mariage est vne alliance corporelle, dressée à l'œuure de la chair, rien ne semble de plus vil ny de plus brutal, dequoy les mariez mes me ont honte, chose commune auec les bestes. Les mariez s'assistent mu- tuellement, aussi font les bestes naturellement : il sorte des enfans du ma-riage, en cela rien qui surpasse la nature : les mariez se gardent la foy, aussi font plusieurs bestes inuiolablement : le mariage est comme vne medicine & emplastre à la concupiscence, l'emplastre n'est pas honorable de soy ny le breuuage que donne l'apoticaire, mais vn indice de la playe, ou de la 36 maladie qu'il supposent & de laquelle ils sont remedes. Le mariage a pour apennage vne seruitude reciproque, vn engagement de sa liberté : la tribulation de la chair, comme dit S. Paul, vn soin continuel de la famille, tant d'afflictions, tant de destourbiers du seruice de Dieu, tout cela n'est que de l'eau, c'est à dire, rien que naturel, & partant semble d'abord qu'on ne doit pas tant releuer le mariage, ny le mettre en tel rang d'honneur. Mais voicy son honneur, c'est que Iesus-Christ luy a donné la qualité & Le mariage a esté institué Sacrement. honneur de Sacrement, & ce probablement en S. Iean 1 quand il a honoré les nopces de sa presence, les priuilegiées du premier miracle, conuertissant l'eau en vin, & monstrant par ce miracle qu'il changeoit ce qui estoit naturel, humain & ciuil au mariage, en surnaturel, Diuin, Sacramental : ren dant l'œuure charnel de soy vil & brutal, meritoire : rendant le contract na- turel & ciuil Sacramental, & l'accompagnant d'vne grace speciale, corres-pondante à ce Sacrement, & qui par sa presence addoucit les charges qui se retrouuent au mariage.
S. Paul appelle le mariage Sacrement, & grand Sacrement ; l'essence du Sacrement est d'estre significatif d'vne chose sacrée ; le mesme S. Paul monstre Le mariage comment Sacrement. de quoy il est significtif, distant Veruntamen in Christo & in Ecclesia. Entant qu'il represente le mariage du Verbe eternel auec l'indiuidu de nostre nature par l'incarnation ; & le mariage du mesme Verbe incarné auec l'Eglise, mais me dira quelqu'vn le mariage d'Adam & d'Eue representoit le mesme, & n'estoit pas Sacrement : posons le cas qu'il representast le mesme, ce n'estoit que comme future, mais en la nouuelle loy, il represente comme fait & consommé au lict de la saincte Croix, laquelle representation est beaucoup plus parfaite, & c'est l'occasion pour laquelle S. Paul l'appelle grand Sacrement, & est Sacrement par l'institution de Iesus Christ.
Outre cette representation Iesus-Christ a adjousté au mariage vne grace speciale comme enseigne le Concile de Trente par ce parolles, Gratiam vero Le mariage produit vne grace speciale. quæ naturalem illum amorem perficeret, & indissolubilem vnitatem confirmaret, ipse Christus Sacramentorũ, institutor & perfector, sua nobis passione promeruit. Sess.24. c. I. Iesus-Christ qui a institué & perfectionné les Sacremens, a merité par sa passion vne grace, laquelle perfectionnast l'amour naturel du mariage, & confirmast son vnité indissoluble.
Or comme les Sacremens de la nouuelle loy ne sont pas signes purs & simples, ou signes vuides comme estoient ceux de la loy ancienne, s'il y en auoit, mais sõt signes pleins & efficaces de la grace qu'ils signifient, aussi le mariage n'est pas seulement significatif, mais encor effectif de la grace en ceux qui s'en rendent capables & n'y mettent aucũ empeschemẽt, afin qu'en vertu de cette grace les mariez viuent sainctement, imitans la pureté & saincteté de IesusChrist en son mariage auec l'Eglise, & du Verbe auec la nature humaine.
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Il a esté fort conuenable que le mariage en la nouuelle loy fust Sacrement. Pourquoy le mariage en la nouuelle loy a deu estre Sacrement? I. d'autant que nostre Seigneur en la nouuelle loy adjoustoit quelques char ges au mariage, qui n'estoient en la loy ancienne, ainsi il deuoit donner nou-uelle grace pour les supporter. En la loy ancienne le mary pouuoit repudier sa femme, & en prendre vne autre, la loy nouuelle ne donne pas cette liberté, au contraire fait vne si estroitte vnion entre le mary & la femme, qu'il n'y a authorité ny puissance en terre, qui puisse dissoudre vn vray mariage depuis qu'vne fois il a esté consommé : or combien d'accidens arriuent souuent ausquels les parties sont contraintes de viure en continence ? ou pour voyage & esloignement l'vn de l'autre : ou pour maladies : ou pour furies ; ou pour incompatibilité d'humeurs ? & en tels cas quel moyen a plusieurs de garder continence, si Dieu n'auoit adjoint au mariage vne grace speciale pour refrener les boutades & furies de la concupiscence?
2. Vne des fins du mariage estant comme i'ay dit, de seruir de remede à Le mariage ne remedieroit suffisamment à la concupiscence s'il ne dõnoit vne grace speciale. la concupiscence, ce remede seroit de peu d'efficace si Dieu n'auoit annexé la grace au mariage le faisant Sacrement, pour en rendre l'vsage honneste : pour empescher le desbordement que la corruption de la nature y pourroit causer : pour en rendre l'vsage meritoire, pour y viure auec perfection, sans excés auec pureté, netteté & saincteté. La concupiscence de la chair s'allume plustot par l'vsage du mariage qu'elle ne s'esteint, comme il est manifeste en Dauid & en Salomon, car quoy qu'ils ayent eu quantité de femmes, leur conuoitise n'a pas esté esteinte pour cela, ains plustot allumée, & de telle forte qu'elle brusla la saincteté de Dauid, & la Sapience de Salomon. La chair est si deprauée qu'elle s'emporte aysement des choses qui sont permises aux choses qui luy sont defenduës & illicites, voire mesme en l'vsage du mariage, & partant il sembloit necessaire qu'en la loy de grace Dieu donnast vne grace speciale au mariage, pour rendre ce remede contre la concupiscence plus efficace, & fortifier les mariez contre tant d'embusches & tentations qui attaquent souuent la pureté & fidelité de leur mariage.
L'eglise, sagement inspirée de Dieu, à cette fin en la benediction fait cetPriere de l'Eglise en la benediction nuptiale. te priere en faueur de la femme, à laquelle la pureté & fidelité est principalement recommandable en mariage, Seigneur Dieu regardé cette vostre seruante d'vn œil fauorable, laquelle joincte par le lien de mariage auec un mary, demande d'estre munie de vostre protection : faites qu'en elle se retrouue le joug d'amour & de paix, & ayant commencé son mariage en Iesus-Christ auec foy & chasteté ; qu'elle continuë se rendant imitatrice des sainctes matrones ; qu'elle soit aimable à son mary comme Rachel, sage comme Rebecca, de longue vie, & fidele comme Sara : que l'autheur de preuarication ne s'attribue rien en ses actions : qu'elle garde la fidelité à son 38 mary, qu'elle se garde de tous attouchemens illicites, qu'elle fortifie son in firmité du rempart d'vne saincte discipline, qu'elle soit graue par son hon-nesteté ; venerable par sa pudeur : & instruitte aux choses celestes.
3. Les mariez estans obligez de viure ensemble auec amitié & bonne in Le mariage rend l'amour des mariez surnaturel. telligence, voire auec perfection ( puis que l'estat de la nouuelle loy est l'estat de perfection ) nostre Seigneur ne deuoit leur manquer de ce qui estoit necessaire à cela, autrement sa prouidence auroit esté defectueuse ; ainsi il ne s'est pas contenté de faire que le mariage fust vn estat d'amitié naturelle, comme il estoit en la loy ancienne, mais la voulu éleuer en vne amitié Diuine & surnaturelle, par le moyen de la grace Sacramentale, qui rendist l'amour charnel & humain plus parfaict & digne du ciel : & qui fist que l'amitié des mariez fust de durée, comme estant appuyée sur vn fondement solide & sta ble, qui est la charité surnaturelle, & la grace de Dieu, de laquelle si les ma-riez veulent se seruir, il ne tiendra qu'à eux que leur amitié soit solide en ce monde, & dure autant que l'eternité. C'est ce que l'Eglise demande à Dieu pour les mariez en la benediction nuptiale, par ces parolles : Seigneur Dieu jettez les yeux sur cette solemnité de nopces, & tout ainsi que vous auez daigné enuoyer vostre sainct Ange à Tobie, ainsi daignés enuoyer vostre grace celeste sur ces conjoincts, afin qu'ils viuent en vostre paix, vieillissent, & multiplient plusieurs iours.
4. Quel moyen qu'vne femme puisse endurer auec constance tant d'in La grace du Sacrement de mariage aide à supporter les charges du mariage. commoditez pendant sa grossesse, enfanter auec tant de douleurs, nourrir son enfant auec tant de soin & de facheries, l'instruire auec tant de patience, si elle n'estoit assistée d'vne grace speciale pour se maintenir dans la perfe ction Chrestienne parmy tous ces empeschemens? quel moyen de suppor- ter tant de charges qui se trouuent au mariage auec conformité à la volon-té de Dieu? de s'assister mutuellement auec amour & saincte intelligence? de surmonter tant d'ennemis de la fidelité coniugale sans la grace speciale du Sacrement? tout ainsi donc que Dieu a donné aux autres Sacremens vne grace particuliere conformement à la fin de leur institutiõ, au baptesme vne grace regenerante par laquelle nous sommes regenerez en Iesus Christ : en la confirmation vne grace fortifiante, pour professer la foy de Iesus-Christ : en l'Eucharistie vne grace nourrissante & restaurante, contre la chaleur de la concupiscence : en la penitence vne grace ressuscitante du peché, ou guerissante les playes & maladies : en l'ordre vne grace dignifiante pour exer Graces speciales des Sacremens. cer les ministeres sacrez : en l'extreme-onction vne grace consolidante contre les langueurs de l'ame, & contre les efforts de l'ennemy : de mesme au mariage il donne vne grace qui perfectionne l'amour naturel, aide pour supporter les charges du mariage, & refrener la concupiscence.
Cette grace est vn huile doux & efficace, qui addoucit le joug du mariage, 39 qui autrement seroit insupportable, suiuant la promesse d'Isaye 10. Computrescet iugum à facie olei. Le ioug sera addoucy par l'onction de la grace, qui confortera l'ame : cette grace est vn miel qui tempere le fiel de tant d'amertumes, qui se retrouuent au mariage.
Voicy donc l'honneur du mariage, voicy l'endroit d'où les mariez doiuent prendre occasion d'honorer leur estat par vne pureté & saincteté de vie, sçauoir qu'il est Sacrement, entant qu'il represente le mariage du Verbe auec la nature humaine : le mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise : c'est ce qui fait dire à S. Paul, Sacramentum hoc magnum est, veruntamen in Christo & in Ecclesia. Ce Sacrement est grand, mais Iesus-Christ & en l'Eglise, & en cette qualité Dieu ne manque de grace à ceux qui s'y comportent deüement, laquelle leurs est donnée en vertu des merites & de la passion de Iesus-Christ, comme en tous les autres Sacremens, conformement à l'institition d'vn chacun d'iceux.
Partant que les mariez prennent courage se confians à la prouidence diuine, qui ne manquera de les assister en leur estat, & de leurs donner les moyens de viure en perfection, conformement à leur condition, s'ils n'y mettent eux mesmes empeschement, & enfin d'arriuer à la gloire eternelle, suiuant ce qui dit S. Paul. 1. ad Timoth. 2. Saluabitur mulier per filiorum generationem si permanserit in fide, & dilectione & sanctificatione, cum sobrietate. La femme se sauuera en l'estat de mariage si elle persiste en la foy, en l'amour, en saincteté, & sobrieté, qui sont les quatre biens que Dieu donne aux mariez, auec la grace Sacramentale, pour opposer aux maux qui se retrouuent au mariage. Fidem, la fidelité, contre l'infidelité. Dilectionem, l'amour contre les riottes, qui arriuent entre les mariez : Sanctificationem, la pureté contre les immondicitez, & la rebellion des membres. La sobrieté contre l'intemperance. Le tout entant que le mariage est Sacrement, & qu'il represente le mariage de Iesus-Christ : ce que ie monstreray aux Chapitres suiuans.

Filet cadre, rayé. Du mariage du Verbe auec la nature humaine. CHAPITRE VIII.

LA fecondité de l'escriture Saincte donne vn beau subject d'exercice aux esprits les plus subtils & plus curieux, dans la varieté des interpretations dont elle est capable, qui se rapportent à quatre 40 sens, comme a remarqué le docte Lyranus au prologue sur la Bible : & sont, le sens literal ; le sens allegorique ; le moral, & l'anagogique compris en ces vers,
Quatre sens de l'escriture.
Littera gesta docet, quid credas allegoria : Morale quid agas, quid speres anagogia.
Où il monstre que le sens literal contient l'histoire ou le fait qui est raconté : le sens allegorique, contient matiere de foy : le sens moral, concerne les mœurs, & la charité : le sens anagogique, donne subject d'esperance.
Ces quatre sens paroissent clairement en ce mot Hierusalem, lequel selon le sens literal, signifie la ville qui a porté ce nom : selon le sens allegorique, signifie l'Eglise : selon le sens moral, signifie l'ame qui est en grace, & où Dieu fait sa demeure & monstre ses merueilles : selon le sens anagogique, signifie la hierusalem celeste, demeure de Dieu & des bien-heureux.
De mesme en la matiere de laquelle ie traite, qui est le mariage, ce mot Quatre fortes de mariages suiuant les quatre sens de l'escriture. de mariage selon sa signification literale & materielle, signifie le mariage entre l'homme & la femme, institué de Dieu au paradis terrestre : selon le sens allegorique, signifie le mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise : selon le sens moral, le mariage entre Dieu & l'ame, qui se fait ou par la grace auec tous les Chrestiens, ou par la chasteté auec ceux qui en font profession : selon le sens anagogique, le mariage entre le Verbe eternel & l'humaine nature. Mon subject en ce liure est de traiter principalement du premier, & par occasion des autres qui sont figurez par le premier ; mais sur tout le mariage du Verbe auec la nature humaine, & celuy de Iesus-Christ auec l'Eglise, de la representation desquels le mariage materiel ou qui se fait entre l'homme & la femme tire sa principale grandeur, & plus excellente qualité : ie parleray en ce chapitre du mariage du Verbe auec la nature humaine, qui s'est fait en l'incarnation.
Dauid au psalme 18. parlant du Messie en parle comme d'vn espoux, Le Verbe est vn espoux en l'incarnation. Tanquam sponsus procedens de thalamo suo, il est sorty de son lict nuptial comme vn espoux. S. August. expliquant ce passage, dit Ipse precedens de vtero virginali vbi Deus naturæ humanæ, tanquam sponsus, sponsæ copulatus est: Il est sorty du ventre virginal, qui a esté le lict nuptial, où Dieu s'est conioinct auec la nature humaine, comme l'espoux à son espouse. Salomon nous le represente comme vn espoux amoureux, au grand cantique, mon Les nopces de l'incarnation ou comme l'incarnation est mariage. strant & specifiant les caresses mutuelles de cét espoux & de son espouse, nostre Seigneur se compare à vn espoux. Matth. 9.
L'espoux a esté enuoyé en ce monde par le Roy son pere, pour faire ce mariage suiuant ce que dit nostre Seigneur, Matth, 22. Simile est regnum cœlorum homini regi qui fecit nuptias filio suo. Le royaume des cieux est semblable à vn Roy qui a fait des nopces à son fils. Le royaume des cieux est 41 l'Eglise appellée és escritures sainctes royaume de Dieu, dautant que Dieu la possede, la gouuerne & regit, & elle luy obeit & luy est fidelle. Le Roy est Dieu le Pere : le Fils est le Verbe eternel, les nopces est l'vniõ du mesme Verbe auec la nature humaine par l'incarnation appellée mariage.
Ce mariage a esté fait selon le Martyrologe Romain l'an depuis la crea Temps auquel s'est faite l'incarnation. tion du monde 5199. depuis le deluge 2957. Depuis la natiuité d'Abraham 2015. depuis Moyse & la sortie d'Egypte 1510. depuis que Dauid fut oint roy de Iuda 1032. la 65. sepmaine selõ la prophetie de Daniel : en la 19. olympiade : depuis la fondation de Rome 752. l'an 49. de l'empire d'Octauian Auguste. sur l'aage sixieme du monde31, mais a esté non seulement preueu de Dieu de toute eternité, ains encor ordonné. Eccli. 24. ab initio & ante secula creata sum, i'ay esté creée dés le commencement, & auant les siecles, ce qui se peut entendre de l'humanité de Iesus-Christ premiere née entre toutes les creatures, selon l'ordre de la diuine predestination & la mesme humanité dit, L'incarnation arrestée de toute eter nité. Dominus possedit me in initio viarum suarum, antequam quicquam faceret à principio, le Seigneur m'a possedé dés le commencement de ses voyes32, auant qu'il fist chose quelconque : cette possession a esté faicte par le decret que Dieu a porté de toute eternité de l'incarnation de son Verbe, auant qu'il fist chose quelconque, pour monstrer qu'apres sa gloire, son premier dessein & intention a esté de l'exaltation de son Verbe par l'incarnation.
Le mariage se cõmence par les promesses & fiãçailles, se ratifie par le cõsen Circonstances du mariage, du Verbe en l'incar nation. Promesses du mariage du verbe par l'incarnation. temẽt mutuel : se cõsõme par l'vniõ des corps : le mariage du Verbe a esté promis par les prophetes Osée.2. sponsabo te mihi insempiternum, & sponsabo te mihi in iustitia & iudicio & in misericordia & in miserationibus : & sponsabo te mihi in fide, & scies quia ego Dominus, ie t'espouseray à iamais, ie t'espouseray en iustice, & iugement, & en misericorde, & miserations, ie t'espouseray en la foy, & tu sçauras que ie suis ton Seigneur : il a esté ratifié en l'incarnation lors que N. Dame, a donné le consentement pour l'espouse, à l'ange procureur & ambassadeur de l'espoux : & enfin consommé par l'vnion des deux natu Ratification du mariage du verbe en l'incarnation. res, lors que Verbum caro factum est, le verbe a esté fait chair.
Le mariage se fait entre deux personnes differentes en sexe : & le mariage du Verbe s'est fait entre deux natures bien differẽtes, la diuine & l'humaine, le Createur s'vnissant auec sa creature, par l'vnion d'vn amour infiny : le Roy auec sa seruante : Dieu auec l'homme,
Le mariage se fait par le consentement des parties : l'incarnation ou ma Circonstãces du mariage de l'incarnation. riage du Verbe s'est fait par la volonté & consentement de Dieu d'vn costé, apporté en terre par l'Ange Gabriel, & de l'autre costé par celuy de nostre Dame, au nom de toute la nature humaine.
Le nœud du mariage est l'amour : le nœud de ce mariage, ou la cause de l'incarnation n'est autre que l'amour de Dieu enuers nous, Sic Deus dilexit 42 mundum vt filium suum vnigenitum daret. Ioan. 3. Dieu a tant aimé le monde qu'il luy a donné son fils vnique, & cét amour a esté reciproque en l'humanité vnie auec la diuinité par vn lien tres-estroict d'amour.
Le lien de mariage est indissoluble, sinon par la mort, quod Deus coniunxit, homo non separet. Matth 19. Ce que Dieu a conioint ne peut estre separé des hommes : le mariage du Verbe auec l'humanité n'est pas mesme diuisible par la mort, car les deux natures, la Diuine & l'humaine, n'ont pas esté separées aux trois iours de la mort, la Diuinité ne s'estant nullement separée, ny du corps, qui estoit au sepulchre, ny de l'ame qui estoit au limbes : voire cette vnion ne se rompera iamais, Quod semel assumpsit nunquam dimisit, Il n'a iamais laissé ce qu'il a vne fois pris.
Le mariage doit estre legitime, celuy du Verbe par l'incarnation est legitime, comme estant fait In iustitia & iudicio, En iustice & iugement : en iustice pour donner à l'homme en faueur du mariage dequoy satisfaire à la iustice Diuine.
On fait feste au mariage : & les Anges n'ont ils pas fait feste à la Natiuité de Iesus-Christ ? lors que ce celeste Espoux est sorty de son lict nuputial ? n'ont ils pas entonné ce Diuin Epithalamium, ce celeste Cantique, Gloria in excelsis Deo, & in terra pax hominibus bonæ voluntatis, Gloire soit aux Cieux à Dieu, & en la terre paix aux hommes de bonne volonté ; monstrans la grande ioye que les Cieux receuoient de ce mariage, & le proffit que le monde en deuoit attendre.
Les amis sont inuitez aux nopces ; & Dieu a enuoyé Abraham, Moyse, & les Prophetes pour inuiter le monde à ces nopces, Misit seruos suos vocare inuitatos ad nuptias, Puis il a enuoyé les Apostres & ne cesse d'enuoyer les Successeurs des Apostres qui sont les Euesques & les Predicateurs, il attira à ces nopces les Roys Mages par l'apparition miraculeu se de l'estoille, & les Pasteurs par la voix des Anges, qui leurs en don-nerent la bonne nouuelle, & les signes, pour reconnoistre l'espoux, par la lueur & splendeur du ciel ; & attire les hommes par les predications & cecelestes inspirations.
Au mariage, l'espoux quitte pere & mere pour demeurer auec son espouse : & le Verbe semble auoir quitté en quelque façon le ciel, pour s'vnir auec nostre humanité.
Du mariage sortent les enfans : & par le moyen du mariage du Verbe auec nostre nature, nous deuenons enfans de Dieu, Voluntarie genuit nos verbo veritatis, il nous a engendré de sa pure volonté auec la parole de verité, Iacobi I. & en S. Iean premier, Quotquot autem receperunt eum dedit eis potestatem filios Dei fieri, il a donné le pouuoir à tous ceux qui l'ont receu, d'estre faits enfans de Dieu.
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Au mariage, l'espouse apporte son dot, mais en ce mariage, l'espouse n'a rien a donner, car il est fait In misericordia & miserationibus, par vne pure misericorde, l'espouse n'ayant rien en vertu de quoy, elle puisse meriter vne si fauorable alliance, & l'espoux ayant suffisamment dequoy l'enrichir.
Au mariage, y a communication de biens, d'honneur, & de quali té entre l'espoux & l'espouse ; & ce en suitte de la conionction coniu-gale ; & vne telle communication entre la nature diuine & l'humaine en suitte de l'vnion hypostatique, que ce qui est propre à la Diuinité est at tribué à l'humanité, & ce qui conuient à l'humanité est attribué à la Diui-nité, ainsi nous disons que Dieu est mort, que Dieu est né, que Dieu a souffert : & nous disons qu'vn homme est Createur, qu'vn homme est eternel, qu'vn homme est tout Puissant, & c.
Ce mariage a esté presignifié par le mariage d'Adam & Eue, par celuy du Patriache Abraham & de Sara, d'Isaac & de Rebecca, de Iacob & de Lia, & de Rachel, de Ioseph auec la fille de Putiphar, de Moyse auec l'Ethiopienne, de Booz auec Ruth, de Dauid auec Bersabee & Abigail, d'Assuerus auec Esther : lesquel tous ont eu quelque particularité par laquelle ils ont prefiguré le mariage du Verbe en l'incarnation,
Le mariage a trois biens, Proles, Fides, & Sacramentum : en ce mariage se retrouue proles, les enfans qui sont les fideles : fides la foy, d'vne mutuelle pureté & chasteté : & Sacramentum, le Sacrement qui est l'vnion inseparable des parties. Voyons les causes pour lesquelles ce mariage a esté fait.
La premiere & principale raison de ce mariage a esté pour recouCauses de l'incarnation. urer l'heritage du Royaume celeste perdu, par la faute d'Adam, on ne peut mieux rentrer dans vn Royaume qu'on auroit perdu à cause de la di stance de la souche qu'en espousant la personne qui est legitime heritie-re dudit Royaume. La nature humaine selon l'ame est de la race de Dieu, est son image & semblance, Ipsius enim & genus sumus, genus ergo cum simus Dei, Act. 17. Mais par le moyen du peché, nous estions bien esloignez de Dieu & de l'heritage, Longè à peccatoribus salus, Ps. 118. Tandis que l'homme s'est maintenu en la ligne droicte de consanguinité, c'est à dire de verité & vertu, il a esté capable du royaume, tout ainsi que celuy qui demeure en la ligne droicte royale. C'est pourquoy le Sage dit, Sap. 10 Iustum deduxit Dominus per vias rectas, & ostendit illi regnum Dei, Dieu a mené le iuste par les voyes droictes & luy a monstré le Royaume du ciel, or dautant que l'homme s'est esloigné de cette ligne droicte, il a fallu faire vn mariage entre le Fils de Dieu33, Quem constituit hæredem vniuersorum, qui est heritier legitime de tous les estats de son Pere ; & entre nostre nature, 44 pour rentrer au royaume que la nature humaine auoit perdu par la faute d'Adam.
La seconde raison fut, pour reconcilier l'homme auec Dieu, la terre auec le ciel, & causer vne paix & alliance eternelle, on reconcilie les royaumes ennemis par vne bonne alliance, & par vn mariage : l'homme auoit denoncé la guerre à Dieu, Dieu haissoit l'impie & l'impieté & partant pour faire la paix, le verbe eternel prent la nature humaine en mariage par l'incarnation : Dieu s'est trouué en mesme maison auec l'humanité sçauoir dans les entrailles de nostre Dame : c'est la qu'ils se sont veus ; qu'ils se sõt embrassés, qu'ils se sont vnis, qu'ils ont fait alliance, qu'ils ont eu vn pourparler du tout plein d'amour, qu'il se sont trouués en mesme table & en mesme lict, & se sont vnis si estroictement, que depuis ils n'ont plus rien fait l'vn sans l'autre : & voila l'occasion de nostre reconciliation : c'est pourquoy il est apellé par Isaie. pinceps pacis, Le prince de paix, rex pacificus, Le Roy pacifique, pacificans siue que in cœlis siue quæ in terris, faciens vtraque vnum, pacifiant le ciel auec la terre & vnissant ce qui estoit diuisé.
La troisiesme on fait le mariage pour auoir lignée, pour euiter l'incontinence, pour s'assister mutuellement, & estendre l'amitié ; combien d'enfans de ce mariage ? tous les predestinez, cõbien qui en consideration de ce mariage & de l'honneur que Dieu a fait à nostre nature, ont gardé & conserué leur chair de toute corruption ? viuans en vn corps de chair comme des Anges, aymans mieux mourir & endurer toute sorte de tourmens que de soüiller leurs corps d'aucun plaisir sensuel, non pas mesme de ceux qu'vn honneste & legitime mariage leurs permettoit, considerant ce que dit le prophete Ieremie. Vsquequo delicijs dissolueris filia vaga ? quia creauit Dominus nouum super terram, fœmina circumdabit virum. Que c'est faire tort à la nature humaine, an noblie par vne telle alliance, de la raualler aux voluptez qui nous sont com- munes auec les bestes, ainsi ce mariage a esté vne forte bride contre la con-cupiscence.
Il se trouue vn aide mutuel en ce mariage, le corps de ceste humanité patissant, l'ame meritant ce que Dieu ne pouuoit faire, & par consequent ne pouuoit satisfaire à la iustice diuine : & Dieu dignifiant les souffrances & merites de l'humanité pour les rendre satisfactoires. Enfin en ce mariage Dieu s'vnissant auec vn indiuidu de nostre nature, a fait alliance & amitié auec tous les autres indiuidus, & non seulement selon l'ame faicte à l'image & semblance de Dieu, mais encor selon la chair, vnie indiuisiblement auec Dieu en vne mesme hypostase.
Ne m'obiectez pas icy la pauureté de l'espouse qui la rend indigne d'vn tel espoux, car comme i'ay dit, c'est vne alliance d'amour & de misericorde, & l'espoux a dequoy suffisamment pour l'enrichir. Ne me dictes pas 45 auec Ezechiel pater eius Amorrhæus & mater eius Chætea, qu'elle est d'vne Nostre nature embellie par l'incarnation extraction trop vile & trop basse pour aspirer à vne si noble alliance, que son pere est Amorrhæus c'est à dire Rebel, qu'elle est fille d'Adam, qui s'est rebellé contre Dieu que sa mere est Chetæa formidolosa craintifue fille d'Eue, qui marchoit au paradis terrestre auec crainte, dans l'apprehẽsion de son pe ché, son espoux est le roy des roys, & la noblesse des espoux, se commu-nique aux espouses, Esther & Bersabée deuiennent reynes par le moyen de leur mariage. Elle est laide, elle n'est que de terre, est comme l'Ethiopienne, femme de Moyse, mais son espoux est speciosus forma præ filijs hominum, le plus beau des enfans des hommes, qui par son alliance embellit les laides & de terrestres les fait deuenir celestes. C'est luy qui se vante chez Ezechiel 16. expandi amictum meum super te, & operui ignominiam tuam, qu'il donne vne robbe à ses espouses qui oste toute leur laideur, qui se congratulant de la beauté de son espouse dit, & decora facta es vehementer nimis, & profecisti in regnum, & egressum est nomen tuum in gentes propter speciem tuam, quia perfecta eras in decore meo quem posueram super te. Vous estes belle à merueille, vous estes deuenue reine, vostre beauté vous a rendu recommandée aupres des nations, d'autant que vous auez esté perfectionnée par ma beauté, que ie vous ay communiqué. Si elle est infame pour ses prostitutions, adulteres & & desbauches, c'est le propre de cest espoux de rendre vierges & honnestes, celles qui sont impures & corrompues. Si elle est de condition serfue, son alliance affranchit les esclaues. Quoy que la distance qui est entre cet espoux & l'espouse soit infinie, il ne la dedaignera pourtant, il cognoit cette distance, cependant il affecte ces nopces, son pere la enuoyé du ciel en terre pour les contracter, c'est du consentement de son pere qu'il le fait, il n'y a point de surprise, rien de clandestin.
Quelle occasion ont les mariez de se congratuler de l'honneur de leur mariage qui est l'image & la representation de ce noble mariage du Verbe? mais quelle occasion n'ont ils de prende garde à ne contaminer & foüiller leurs nopces & mariage au preiudice de ce mariage pure & immaculé qu'ils representent par leur mariage ? quelle occasion ont tout les Chrestiens de posseder leur chair, en saincteté, annoblie par vne si admirable alliance, comme est celle du Verbe, auec nostre nature, & quelle occasion ont les vns & les autres de craindre le chastiment qui leurs est deu s'ils d'eshonorent ce celeste espoux & ses nopces, par le mauuais vsage de leurs mariages & par les impudicités de leurs corps?
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Filet cadre, rayé. Du mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise. CHAPITRE IX.

LEs Iuifs estant gens grossiers & charnels, aussi entendoient ils ce que les Prophetes auoient predit du Messie, grossierement & corporelle Les Iuifs ont pensé que le Messie auroit vne femme. ment : ils croyoient qu'il deust venir auec vne pompe & magnificence exterieur, suiuy de courtisans comme vn Roy temporel, auec vne Maiesté comme les Roys de la terre ; voire ont esté si charnels & si sots, qu'ils ont pensé qu'il auroit vne femme & des enfans. Ils se sont fondéz sur diuers passages de l'Escriture Saincte entendus grossierement & corporellement, comme de Dauid. Psalm.44. Astitit regina à dextris tuis in vestitu deaurato circumdata varietate, La Reine s'est trouuée à vostre droicte habillée de drap d'or & bigarrée de diuerses couleurs : & lors qu'il dit Pro patribus tuis nati sunt tibi filij, des enfans vous sont nez au lieu des peres, & au Psal.88. Ponam in seculum seculi semen eius, Sa race, sa semence, sera de siecle en siecle : & Isaie 53. Videbit semen longæuum. Il verra sa race de longue durée.
Il est vray que le Messie deuoit estre marié, auoir vne femme & des enfans, & que ses enfans, sa race & sa semence deuoit passer de siecle en siecle ; mais non sicut estimabant, cela se doit entendre non corporellement ny charnelle ment, ains mystiquement & spirituellement, comme le reste qui a esté pre-dit de la magnificence du Messie.
Sainct Paul ad Ephes.5. nous enseigne qu'elle est la femme & espouse du L'eglise espouse du Messie Messie, lors que parlant du Sacrement de mariage, il dit, Sacramentum hoc magnum est, ego autem dico in Christo & in Ecclesia, Ce Sacrement est grand, ie Circonstance du mariage Iesus-Ch. auec l'Eglise. dis en Iesus-Christ & en l'Eglise, c'est à dire entant qu'il represente le mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise : mariage figuré par le mariage d'Adam & d'Eue : car tout ainsi qu'Adam & Eue, ont esté vnis si estroictement, que des deux n'est faite qu'vne chair, Erunt duo in carne vna, ainsi de Iesus-Christ & de l'Eglise n'est fait qu'vn corps mystique, duquel Iesus-Christ est le chef. Tout ainsi que le mary cherit sa femme comme sa chair, ainsi IesusChrist l'Eglise comme de mesme chair auec luy, Nemo vnquam carnem suam odio habuit, sed nutrit & fouet eam ; sicut Christus Ecclesiam, quia membra sumus corporis eius, de carne eius & de ossibus eius, Ephes.5. nous sommes membres de son corps, de sa chair, & de ses os, comme s'il disoit, nous sommes membres de son corps mystique, & sommes composés de 47 chair & d'os comme luy estant de mesme nature que l'Eglise son espouse.
L'amour de cét espoux l'a obligé de quitter son pere, selon l'humanité, nõ selon la diuinité, puis qu'il est tousiours en son pere & son pere en luy : ie dis, selon l'humanité, dautant que selon elle, il a esté en ce monde trente trois ans esloigné de son pere en qualité de seruiteur, formam serui accipiens, a abandõné sa mere, ie veux dire la Synagogue, de laquelle il estoit issu selon la chair, & c'est en cela qu'il a accomply la loy du mariage, pour demeurer auec son espouse, Relinquet homo patrem & matrem & adherebit vxori sue.
Dieu forma la premiere femme de la coste d'Adam endormy, & l'espouse de Iesus-Christ a esté formée de la coste du mesme Iesus-Christ endormy en la croix : la premiere femme fut appellé Virago, tirant son nom de l'homme dont elle tiroit son origine ; l'Eglise tire son nom de Iesus-Christ estant appellée Chrestienne de Christ, dont elle tire sa source. La premiere femme fut os des os, & chair de la chair du premier homme : l'Eglise est os des os, chair de la chair de Iesus Christ, & ce qui est dauantage esprit de son esprit, saincte de sa saincteté, visue & viuifiée de sa vie. La premiere femme fust appellée Eue, c'est à dire, vie, dautant qu'elle estoit mere de tous les viuans, Gen.3. & l'Eglise n'est elle pas mere de la vie ? mere de tous ceux qui viuent de la vie de la grace ? puis que hors de l'Eglise ny a point de vie, & que personne n'a la vie de la grace s'il n'est enfant de l'Eglise.
C'est la gratieuse Rebecca que le celeste Isaac, Gen. 24. a fait entrer dans Figure de l'Eglise entant qu'elle est espousede Iesus Ch. le tabernacle de sa mere, la Synagogue, la prise pour femme & la aimé si tendrement qu'il a mitigé la douleur qu'il auoit conceu de la mort de sa mere la Synagogue, voire de sa passion. Cest la belle Rachel, pour l'amour de laquelle le vray Iacob a seruy non sept ans, mais trente trois, & auec tant d'affection pour elle, que le temps de sa seruitude ne luy estoit rien à comparaison de son amour, pour laquelle il a souffert le froid, le chaud, la faim, la soif, a veillé, sué, peiné. O quelle a bien plus de subiect d'appeller son espoux, espoux de sang que n'auoit autrefois Sephora ! lors qu'elle disoit à Moyse, Sponsus sanguinum tu mihi es. Vous estes vn espoux de sang, car IesusChrist est espoux de sang en son sacré chef, en ses mains, en ses pieds, en son costé, en tout son corps, sang qu'il espanche auec tant de prodigalité, pour tesmoigner son amour enuers son espouse : & auec son sang donne sa vie volontairement par vn excés d'amour. C'est la prudente Abigail que le mystique Dauid a espousé & esleué à la Royauté. C'est la fille de Pharaon que le magnifique & tres riche Salomon a choisi d'vne nation estrangere, pour la faire sa compagne. Ie dis que Iesus-Christ a tiré de la gentilité pour la faire son espouse.
Salomon en son Cantique est le paranymphe des grandeurs & 48 louanges de cette espouse, ou il l'appelle belle & agreable comme Hierusalem : terrible cõme vne bataille rangée ; qui en sa marche resemble l'aurore à son leuer ; belle comme la lune ; choisie comme le soleil. Cest le iardin fermé ; la fontaine sellée ; le lis entre les espines ; dautant que les Iuifs maintenant repudiez de Dieu, les payens destituez de la lumiere de la foy : les Turcs en leur brutalité : sont comme autant d'espines destinées à la fournaise infernale, mais l'Eglise est comme vn beau lys qui de la suauité de son odeur parfume tout le monde & est choisie pour embellir & embaumer le ciel.
Le Prophete Oseé au chap 2. a donné la promesse de ces sainctes espousailles en ces paroles, sponsabo te mihi in sempiternum, & sponsabo te mihi in iustitia & iudicio & in misericordia & miserationibus, & sponsabo te mihi in fide, & scies quia ego Dominus, ie t'espouseray pour iamais ie t'espouseray en iustice & iugement, en misericorde & miserations : ie t'espouseray en la foy, & tu sçau ras que ie suis le Seigneur. Il l'a espousée pour iamias par vn nœud d'a-mour indissoluble, ego vobiscum sum omnibus diebus vsque ad consummationem seculi : ie suis auec vous tousiours iusque à la fin du monde. C'a esté auec iustice & iugement, ouy auec cette rigueur de iustice, auec laquelle il a satisfait pour nous à la croix, auec ce iugement si seuere que Dieu le Pere a prononcé contre son Fils, le declarant coulpable de la Le mariage de Iesus.Christ auec l'Eglise est vn mariage de misericorde. mort, pour s'estre voulu charger de nos pechez : auec misericorde & miserations : & quelle plus grande misericorde : que d'auoir ietté les yeux de sa bonté sur ceste pauure abandonnée, esclaue, coulpable de l'enfer sans qu'elle eust en soy chose aucune qui peust attirer son affection, ny ayant autre motif de cét amour que sa misericorde : autre subject de ce choix, que sa prouidence : autres attraits de cette vnion, que sa bonté.
Lors que Saül faisoit estat de donner sa fille Michol à Dauid pour espouse, Dauid s'excusoit sur cest offre recognoissant son Dauidextraction qui ne pouuoit aspirer à vn si grand honneur ; representoit sa pauureté qui ne pouuoit doter vne fille de Roy : Mais Saül luy fit dire, Non habet Rex sponsalia necesse, Le Roy est assez puissant pour trouuer le dot à sa fille, vous n'auez que faire de vous en mettre en peine. Helas si cette espouse auoit égard à son extraction, qui n'est autre que sa gentilité barbare : à ses moyens qui ne sont que pauureté & miseres, pourroit elle pretendre cét honneur incomprehensible, que d'estre espouse du Fils de Dieu ! mais il est assez riche pour l'enrichir, ouy, il luy a donné le dot liberalement, la paré de tant de ioyaux, que les esprits celestes s'en estonnent, & tous rauis en admiration dans l'esclat de sa beauté, & dans le prix de ses ornemens, s'escrient, Cantic. 8. Quæ est ista que ascendit de deserto, delicijs affluens 49 innixa super dilectum suum ? La voyez vous, qui sort du desert de sa pauureté, & de la fondriere de ses miseres ? la voyez vous toute esclatante & rayonnante en ses parures ? la voyez vous abondante en delices ? mais qui est elle ? Ah c'est l'espouse de nostre souuerain Monarque, appuyée sur luy : esleuée à cét honneur non pour ses merites, mais par la misericorde de son espoux, entourée de ces parures, non qu'elle a tirée de ses coffres, mais qui luy sont donnez par la main liberale de son bien-aimé. Aussi les prie el le de n'auoir égard à ce qu'elle est en son extraction & de soy, elle n'est qu'v-ne pauure Ethiopienne, Nigrasum, toute couuerte de la noirceure du peché ; elle ne laisse pourtant d'estre belle par la grace que son espoux luy a donné : elle est noire à cause du peché originel, & de ses idolatries, mais belle par les dons & parures que le sainct Esprit luy a si liberalement eslargy, Nigra sum sed formosa.
Il l'espouse in fide en la foy. Nequaquam in legis iustitia, sed in fide & gratia Euangelij dit S. Hierosme, ces espousailles se font non en vertu de la iustice legale, mais en vertu de la foy & de la grace de l'Euangile : il la reuest d'vne robbe qui esclatte en la bigarrure de ses couleurs, qui sont les Parures de l'Eglise entant qu'espou se. diuerses vertus : Il la chauffe, c'est à dire, munit & armes ses affections de souliers de couleur celeste, qui sont les sainctes pensées de foy, d'esperance, & de charité : il la ceint d'vne ceinture de fin lin, qui est la chasteté, qui par sa blancheur & pureté reserre les affections desordonnées de la chair : il la couure d'habits tres-subtils, qui sont les desseins & desirs non grossiers du monde & des choses temporelles, mais du ciel & de Dieu : luy donne des brasselets en ses mains, qui sont les bonnes œuures : vne chaine d'or au col, qui signifie les parolles d'or, la doctrine de fin or de charité : les pendans d'oreilles d'vne saincte obeyssance à son espoux : vne couronne en teste qui est le souuerain pouuoir qu'il luy donne en terre & par tout le monde, voire luy donnant les clefs du ciel : la repaist de fleur de farine & de miel, c'est la pasture des Sacremens, & sur tout de la saincte Eucharistie qui contient toute sorte de douceur & suauité : il luy donne l'huile de ses celestes consolations, & enfin la rend belle & digne d'estre espouse d'vn si grand Roy.
S. Augusstin serm. 75. de tempore : monstre les faueurs que cette espouse Rapports du mariage de Iesus Christ & de l'Eglise auec celuy d'Isaac & de Rebecca. reçoit de son espoux, prenant pour figure de ces espousailles spirituelles & mystiques, celles de l'obeyssant Isaac auec la sage Rebecca. Où est ce, ditil, que le seruiteur d'Abraham trouua l'espouse, destinée de Dieu pour Isaac ? sinon à la fontaine ? où est-ce que Iesus-Christ trouue son espouse? sinon aux eaux du baptesme ? ou si elle ne venoit, elle ne pourroit estre son espouse. Le seruiteur d'Abraham luy donna des ioyaux en la fontaine pour la parer, & entre autres choses des pendans d'oreilles d'or, & Iesus-Christ 50 met aux oreilles de son espouse, des parolles de fin or de charité. Celuy la donne à Rebecca des brasselets, & Iesus Christ des bonnes œuures, qu'il met és mains de son espouse. Or tout ainsi dit S. Aug. que Rebecca n'eust pas eu ces ioyaux si Isaac ne les luy eust enuoyé par son seruiteur ; aussi l'Eglise n'auroit pas toutes ces richesses si son amoureux espoux ne les luy donnoit de sa pure grace, et luy mesme : premierement immediatement, & puis par les mains de ses Apostres. Abraham se seruit de son seruiteur pour trouuer vne espouse à son fils Isaac, & Dieu le Pere se sert de ses Apostres, & des hommes Apostoliques, qui sont les Predicateurs, pour trouuer & amener l'espouse de son Fils. Escoutez ce braue paranymphe S. Paul, Despondi vos vni viro virginem castam exhibere Christo. Ie vous ay fiancé auec vn homme, ie me suis estu dié de donner à Iesus Christ pour espouse vne chaste vierge ; l'espoux est Ie-sus-Christ : l'espouse est l'Eglise, l'ambassadeur qui procure ce mariage, ou le paranymphe, c'est S. Paul & les autres Apostres, & les Predicateurs qui tiennent la place des Apostres, mais ils le doiuent faire imitans S. Paul en son zele, qui dit, æmulor vos Dei æmulatione, i'ay vn grand zele pour vous, procurant cette espouse à ce diuin espoux, auec vn grand soin & un zele ardant de la gloire de l'espoux.
S. Chrisostome & Theophylacte posent ce zele en la personne du seruiteur d'Abraham, lequel estant entré en la maison de Rebecca, comme on luy eust presenté à manger, non, dit il, ie ne mangeray pas que ie ne me sois deschargé de ma commission : les Predicateurs qui cherchent l'espouse de Iesus-Christ, leur maistre, ne se soucient pas de leurs commoditez, mais ne cherchent que le seruice de leur maistre.
Le dot de ce mariage nous est figuré au Gen. 38 où le Patriarche Iudas Les arrhes de l'Eglise entant qu'espouse de Iesus Christ. donne pour arrhes à Thamar son anneau & vne baguette : & Iesus-Christ à son espouse son anneau, qui est la foy, signaculum fidei, & le baston de la saincte Croix, c'est l'obseruation de S. Chrisostome hom. 1. sup. Matth. mais ce sont des arrhes, dit le mesme Sainct sur le chap. II. de l'Epist.2. aux Corinth. de ce dot incomprehensible qu'il luy prepare, qui est le royaume des cieux, & la claire vision de Dieu. C'est aussi la pensée de S. Aug. serm. 75. de tempore, où il dit, Ecclesia accipit in præsenti pretiosam arrham, sanguinem sponsi sui, acceptura dotem postmodum regni sui : l'Eglise re çoit maintenant pour arrhes le pretieux sang de son espoux, auec asseuran-ce de receuoir puis apres son royaume, & estant vnie maintenant par la grace auec son espoux, elle le sera vn iour indiuisiblement par la gloire : Beati qui ad cœnam nuptiarum agni vocati sunt. Heureux, & trois fois heureux, ceux qui auront le bon-heur d'estre faits participans de nopces de l'agneau, & estre à iamais ses espouses.
Corrigez voz pensées Iuifs endurcis & charnels, n'allez pas recherchant 51 des nopces charnelles à cét espoux mystique : la reine son espouse qui est à son costé, n'est autre que l'Eglise : ornée, parée, enioliuée à l'exterieur des parures de ses ceremonies, qui releuent le lustre de ses fonctions, mais sa principale beauté est au dedans, c'est à dire, en l'esclat des vertus, & des dons du S. Esprit. Oyez l'exhortation que luy fait son espoux, de prester l'oreille à ses parolles, puis que la foy, le premier de tous ses ornemens, depend de l'oreille : d'oublier son peuple & la maison de son pere, qui sont les ceremonies Iudaïques & legales, & les idolatries des Payens ses ancestres ; c'est à ces conditions que ce roy Dieu & homme, qui commande à tous autres Monarques, la fauorisera de ses affections & de son alliance.
Les enfans qui naissent de ce mariage sont les fideles desquels S. Iean Les enfans de Iesus Christ. & de l'Eglise. dit au c.I.34 Qui non ex sanguinibus, neque ex voluntate carnis, neque ex voluntate viri, sed ex Deo nati sunt, enfans composez non de sang : non effects de la chair, ou de la volonté d'vn homme, mais enfans de ce grand Pere, qui dit, Isaie 66. Nunquid ego qui alios parere facio, ipse non pariam, dicit Dominus? Si ego qui generationem cæteris tribuo, sterilis ero ! quoy ! moy qui donne la fecondité aux autres, ie seray sans enfans ! moy, qui fais que les autres soient peres, ie seray steril ! ô admirable fecondité de ce Pere de toute benediction ! fecondité preueuë long-temps auparauaut par le mesme Isaie c. 66. Nunquid parturiet terra in die vna? aut parietur gens simul, quia parturiuit, & peperit Sion filios suos ? Quoy la terre enfantera-elle en vn iour ? verrons nous naistre des nations entieres tout d'vn coup ? Sion35 a enfanté & produit ses enfans. S. Hierosme expliquant ce passage dit, les enfans de l'Eglise n'ont pas esté engendrez & enfantez, comme ceux de la loy ancienne, par laps de temps, & par l'entremise d'Abraham, d'Isaac, & de Iacob, par le moyen des douze Patriarches & de leurs descendans, l'espace de plusieurs siecles ; ains à la voix de la predication des Apostres, le monde a conceu & enfanté des nations entieres, non en vn coing du monde, mais par tout le monde vniuersel, In omnem terram exiuit sonus eorum, & in fines orbis terræ verba eorum. C'est vne œuure, non des hommes, mais de la toute puissance de Dieu.
Cette espouse mere de tant d'enfans ne manque pas de laict pour la nour Le laict de l'Eglise est la doctrine celeste. riture de ses enfans, qui est la doctrine celeste tirée des deux testamens, qui sont ses deux mammelles : Non poterat fieri, dit S. Hieros. vt quae erat puerpera careret lactis abundantia, in educationem eius gentis, & paruulorum, qui simul nati fuerant, vt præberet ei duo vbera veteris ac noui testamenti, ad præbendum rationale lac, il appartenoit à la prouidence de Dieu de ne permettre que celle qui deuoit enfanter tant d'enfans mãquast de laict pour leur nour riture, enfans qui ont esté nez, si grãde multitude ensemble, ainsi il luy a don-né les deux mãmelles du vieil & du nouueau testament pour leurs fournir le 52 laict raisonnable. I'apperçois ces mammelles pleines non seulement de laict blanc & doucereux ; mais encor de sang rouge & pretieux au Cant. 7. Statura tua assimilata est palmæ, & vbera tua botris, voz mammelles sont sembla bles au raisin, le raisin est plein de vin rouge, & les mammelles de l'es-pouse qui sont les Sacremens, dont elle allaicte ses enfans, sont pleines du sang de Iesus-Christ son espoux, & de les merites empourprez de son sang.
O que voila bien la promesse qui auoit esté faite à ce diuin Espoux accomplie, Si posuerit pro peccato animam suam videbit semen longæuum, s'il donne sa vie pour les pecheurs, il sera recompensé d'vne longue lignée : ne l'a il pas fait ? n'est-il pas mort pour les pecheurs ? suiuant la conuention qu'il auoit fait auec Dieu son Pere ? aussi son pere ne luy a manqué en ses promesses, Dabo tibi gentes hæreditatem tuam & possessionem tuam terminos terræ. Les Gentils seront vos heritiers, seront vos enfans, & vos enfans seront estendus par tout le monde. Pro patribus tuis nati sunt tibi filij, au lieu des Prophetes & Patriarches anciens, il a engendré les Apostres, & tous les Chrestiens par sa parole, voluntariè genuit nos verbo veritatis & les a enfanté auec douleur, voire auec perte de sa vie au lict de la croix.
S. Paul dit, Virginem castam exhibere Christo, voicy la merueille, sçauoir L'espouse de Iesus Christ l'Eglise, comment vierge & me re. que nonobstant cette grande fecondité, cette espouse demeure vierge, c'est pourquoy S. Aug serm. 119. de tempore compare l'Eglise à nostre Dame, d'autant qu'elle est mere & vierge : les autres espouses sont données à leurs espoux pour n'estre plus vierges, mais l'Eglise est donnée comme espouse à Iesus-Christ son espoux pour estre vierge : & si elle ne l'auoit pour espoux, elle ne seroit pas vierge.
Mais voicy vne plus grande merueille, c'est que son espoux l'ayant trou Iesus Chr. rend son espouse de corrõpuë vierge. uée corrompuë & desbauchée, il la fait vierge : n'estoit-elle pas corrompuë par tant de fornications spirituelles, qu'elle auoit commises à l'adoration des idoles lors qu'elle estoit Gentile ? Fornicans fornicabitur terra à Domino, Osée I. Autant d'autels qu'elles auoit dressé aux Idoles, n'estoient ce pas autant de lieux infames de ses prostitutions ? suiuant ce que dit Ezechiel 6. Fabricasti lupanar tuum, in capite omnis viæ, & excelsum tuum fecisti in omni platea. Mais Dieu par sa misericorde l'a tirée de ces lieux d'infamie, pour la faire vierge en la pureté & sincerité de la foy, & pour la rendre vierge apres des abominables prostitutions. O noua res s'escrie S. Chrisost. in I. Cor. c.II. In mundo virgines manent ante nuptias, post nuptias non item, hic autem non sic, nam licet non sint virgines ante nuptias, post nuptias virgines fiunt. O merueille, & chose non iamais ouye ! aux mariages du monde on est vierge auant les nopces, & non apres les nopces : mais en ce mariage quoy que l'espouse ne soit pas vierge auant les nopces, elle deuient vierge, par le 53 moyen de ces nopces. S. Chrisostome dit, que cela nous a esté figuré par Rahab courtisane, meretricem, laquelle ayant receu en sa maison les explorateurs du peuple de Dieu, fut mariée à Salmon & deuient femme de bien : ainsi l'Eglise addonnée à l'idolatrie & Gentilité, d'où pour la plus part elle a esté tirée : apres auoir admis & logé les explorateurs de Iesus-Christ, qui sont les Saincts Apostres, est deuenuë saincte, & ayant esté faite espou se de Iesus Christ, a pareillement esté faite vierge par l'vnité, pureté, & in-tegrité de sa foy.
C'est en vain que toutes autres sectes se glorifient de cette noble alliance, car tout ainsi qu'en vn mariage n'y a qu'vn espoux & vne espouse aussi en ce mariage n'y peut auoir qu'vne espouse, Vna est columba mea, immaculata mea : Toutes les autres sectes sont comme les vierges folles qui ont des lampes, sçauoir quelque apparence de religion, mais point d'huile, point de charité, ny de vraye foy : il n'y a que cette espouse laquelle ornée des parures des bonnes œuures apres auoir rempli ce mõde de nombre d'enfans, & gardé la fidelité à son espoux, sera enfin introduitte dans la chambre de triomphe & de gloire au ciel, pour y regner à iamais auec son espoux.

Filet cadre, rayé. Du mariage de Dieu auec l'ame par la grace. CHAPITRE X.

Mariage de Dieu auec l'a grace & ses circonstances.
LE mariage qui se fait entre Dieu & l'ame par la grace, duquel parle le prophete Osee c. 2. est si plein de consolation, que ie n'ay sçeu l'ob mettre sans en faire vn Chapitre à part pour la consolation des ames sain-tes & deuotes. S. Bernard expliquant les susdittes parolles d'Osée dit. Si non fecit ille quod sponsus, si non tanquam sponsus amauit, si non zelatus est tanquam sponsus, noli acquiescere sponsam te vocari, serm. 5. de dedicat. Eccles. S'il ne s'est pas acquité de tous les deuoirs d'vn vray espoux : s'il ne vous a pas aimé comme vn espoux, s'il n'a pas esté sainctement ialoux comme vn espoux, ne permettez pas qu'il vous appelle espouse.
Ce mariage se fait in fide par la foy que nous receuons au baptesme, ou en presence d'vn prestre & de deux tesmoins, qui sont le parain & la maraine, nous auons pris Iesus Christ pour nostre espoux, & luy nous a prises pour ses espouses. S. Aug. in Ps. 44. Regi nubis Deo ab illo dotata, ab illo decorata, ab illo redempta, ab illo sanæta: quicquid habes vnde illi placeas ab illo habes. Vous espousez le Roy des Roys, c'est luy qui vous donne le dot, c'est luy qui vous donne des ioyaux pour vous parer, c'est luy qui vous rachepte : c'est luy qui 54 vous guarit : si vous auez quelque chose en vous qui luy soit agreable, vous le tenez de sa faueur, & liberalité.
Dieu donne ce dot & ces ornemens à l'ame pour oster la grande inegalité qui se retrouue en l'ame, & pour la rendre capable de ce sainct mariage. Saincte Agnes espouse de Iesus Chr. C'estoit le sentiment de la chere espouse de Iesus-Christ S. Agnes, lors qu'elle disoit, Ipsi sum desponsata cui angeli seruiunt, cuius pulchritudinem sol & luna mirantur, ie suis espouse de celuy qui a les anges pour seruiteurs, la beauté duquel est admirée du soleil & de la lune. Annulo suo subattauit me, & tanquam sponsam decorauit me corona: il m'a donné vn anneau pour arrhes de son amitié, m'a mise vne couronne sur la teste, comme à son espouse. Posuit signum in faciem meam vt nullum præter eum amatorem admittam, il a mis vn signe en ma face, afin que ie n'aime autre que luy : Circumdedit me vernantibus atque coruscantibus gemmis pretiosis: il m'a entourée de pierreries belles & brillantes: Dexteram meam & collum meum cinxit lapidibus pretiosis: il m'a donné des brasselets, & vn carquant de pierres pretieuses. Induit me dominus cyclade auro texta, & immensis monilibus ornauit me, il m'a reuestu d'vne robbe de drap d'or, & m'a paré d'vne infinité de ioyaux: & partant disoit elle à celuy qui recherchoit son affection, au preiudice de son legitime espoux, Discede à ma pabulum mortis, quia iam ab alio amatore præuenta sum: ipsi soli seruo fidem, retirez vous de moy pasture de la mort, vn autre a emporté mon affection auant vous, c'est à luy seul que ie garde ma fidelité. Quem cum amauero casta sum, cum tetigero munda sum, cum accepero virgo sum, l'aimant ie suis chaste, le touchant ie suis pure, sa compagnie ne m'ostera pas ma virginité.
Iesus Chr. embellit sõ espouse l'ame.
Dieu esleue l'ame par ce mariage d'vn estat vil, pauure & laid, en vne condition noble, riche, & d'vne excellente beauté. Voicy comme en parle S. Bernard ferm. Dom. I. post Oct. Epiphan. Maltum hæc sponsa sponso suo inferior genere, inferior specie, inferior dignitate : attamen propter Æthiopis sam istam filius Dei de longinquo venit, vt sibi desponsaret illam. Moyses qui-dem Æthiopissam duxit vxorem, sed non potuit eius mutare colorem. Christus vero quam adamauit ignobilem adhuc & fœdam, gloriosam sibi exhibuit Ecclesiam non habentem maculam aut rugam. Cette espouse est beaucoup inferieure à son espoux en noblesse, en beauté, en dignité. Toutefois le fils de Dieu est venu de loin pour espouser cette Ethiopienne. Moyse se maria bien à vne Ethiopienne, mais pourtant il ne changea pas sa couleur: mais Iesus Christ ayant aimé vne routuriere & laide, la rendu pleine de gloire sans ta-che & sans ride.
Ornemẽs que l'ame reçoit par la grace.
Voulez vous voir l'estat de l'ame auant ces espousailles, le prophete Ezechiel le descrit c.16. Transiui per te & vidi te: & ecce tempus tuum, tempus amantium: & expandi amictum meum super te, & operui ignominiam tuam, 55 & iuraui tibi & ingressus sus pactum tuum, ait Dominus & facta es mihi, ie suis passé prés de toy, ie t'ay veu, voila l'effect de la grace de Dieu, & le choix de sa diuine predestination : tu estois recherchée d'autres, des dia bles, & du monde, i'ay estendu ma robbe sur toy, c'est la grace, i'ay cou-uert ta turpitude, c'est le peché originel effacé au baptesme : ie t'ay donné la parole, ay fait pact auec toy, & tu es deuenuë mon espouse. Puis il adiouste, Laui te aqua & emandaui sanguinem tuum ex me, & vnxi te oleo & vestiui te discoloribus, & calceaui te hyacintho, & cinxi te bysso, & indui te subtilibus, & ornaui te ornamento, & dedi armillas in manibus tuis, & torquem circa collum tuum & dedi inaurem super os tuum, & circulos auribus tuis, & coronam decoris in capite tuo, & ornata es auro & argẽto, & vestita es bysso, & polymito & multiscoloribus, & c. ie t'ay laué d'eau, oinct d'huile, & paré de toutes sortes d'ornemens, qu'il raconte en particulier; n'est-ce pas ce que Dieu fait en l'ame au baptesme, l'ornant des vertus infuses, & de ses graces; que chacun peut reconnoistre & accommoder à l'ame, considerant & meditant les parolles du prophete.
Enfans de l'ame en qualité d'espouses de Dieu.
La premiere & principale fin du mariage, est la procreation des enfans, qui sont l'esperance de la posterité, & qui font que les peres & meres viuent, en quelque maniere, apres leur mort : les enfans qui sont produits au mariage spirituel de l'ame sont les bonnes œuures, dont la semence est la grace, à facie tua concepimus & quasi parturiuimus spiritum salutis, Isaiæ 66.
De ce mariage dit Origene hom. 20. in c.25. Numeri sortent la pudicité, la iustice, la patience, la mansuetude, la charité, & les autres vertus : les saincts desirs, les chastes pensées, les affections angeliques, les œuures archangeliques, tous enfans de benediction : tous vrays Benjamins, c'est à dire, enfans de la dextre, qui est la grace : ce ne sont point des Benonis, enfans de douleur qui font mourir leur mere, mais qui font viure apres la mort, & d'vne vie eternelle : ce sont des Iosephs, c'est à dire, accroissement, qui font croistre en merite, & enfin des Isaacs, c'est à dire, ris qui causent la ioye & la gloire interminable.
Vnion de l'ame auec Dieu par le mariage de la grace
La premiere loy du mariage est l'vnion de deux en vne mesme chair, erunt duo in carne vna, mais au mariage spirituel est l'vnion de deux en vn mesme esprit, qui adhæret Domino vnus spiritus est 1. Corint. 6. au mariage corporel les deux corps sont tellement vnis, que chacun d'iceux garde les qualitez qui luy sont propres. S'ils sont noirs auant l'vnion ils demeurent noirs, si blancs, blancs, si bossus, bossus, si boiteux, boiteux &c. mais en Loix du mariage au mariage de Dieu auec l'ame. ce mariage spirituel Iesus-Christ l'epoux rẽd l'ame son espouse semblable à soy. 1. Cor. 6. Neque fornicarij, neque idolis seruientes, ne que adulteri, neque molles, neque masculorum concubitores, neque sures, neque auari, neque ebriosi, neque ma ledici, neque rapaces regnum Dei possidebunt, & hæc fuistis, sed abluti estis, 56 sed sanctificati estis, sed iustificati estis in nomine Domini nostri Iesu Christi & in spiritu Dei nostri. Ny les fornicateurs, ny les idolatres, ny les adulteres &c n'entreront au royaume des cieux, vous auez esté tels: voila l'estat de l'ame auant ce mariage: mais voicy le changement, vous auez esté lauez, vous auez esté sanctifiez, vous auez esté iustifiez, au nom de nostre Seigneur IesusChrist, & par l'esprit de Dieu.
Au mariage corporel l'vn des corps ne prend pas la vie de l'autre: mais en ce mariage nostre ame reçoit la vie de Iesus-Christ son espoux, Rom. 6. Consepulti sumus cum illo per baptismum in mortem; vt quomodo Christus surrexit à mortuis per gloriam patris, ita & nos in nouitate vitæ ambulemus. Nous mourons par le baptesme au peché, au monde, à nous mesmes, pour viure vne nouuelle vie en Iesus-Christ : & pour pouuoir dire auec S. Paul, Viuo ego, iam non ego, viuit vero in me Christus. Ie vis, mais ce n'est plus moy qui vis, c'est Iesus Christ qui vit en moy.
La seconde loy du mariage est, Dimittet patrem & matrem & adhærebit vxori suæ. Le mary quittera pere & mere pour demeurer auec sa femme: nostre espoux spirituel ne pouuoit quitter son pere auec lequel il est vny indiuisiblement, il l'a toutefois quitté en quelque façon pour venir demeurer auec nous. Il a quitté sa mere la Synagogue, nous deuons quitter pere, mere, voire nous mesmes pour suiure nostre espoux, c'est à dire, que la où il y va de la fidelité & du seruice que nous deuons à nostre espoux, ny le respect de pere, ny la tendresse de mere, ny l'amour de nous mesmes & de nostre vie ne nous doiuent retenir : nous l'auons ainsi promis, contractans ce mariage, protestans que nous renoncions à Satan, à ses pompes, au monde, & à tout ce qui seroit contraire à l'amour de nostre espoux.
La troisième loy du mariage est l'insolubilité, qui est tel qu'il n'y a que la mort qui en puisse rompre le lien : le mariage spirituel du costé de Dieu est indissoluble, Osée 2. Sponsabo te mihi in sempiternum, Ie t'espouseray pour ia mais : & quoy que nous faisions, la marque & charactere que Dieu a em-praint en nos ames, par ce mariage, ne s'effacera iamais, le diuorce qui s'y fait quelquesfois est vn effect de nostre ingratitude & infidelité, & prouient de nous. Le lien au mariage se fait par le consentement, & au mariage spirituel par la pure volonté de Dieu, Voluntariè genuit nos verbo veritatis, Iacob.1. & par nostre consentement reciproque, Quotquot autem receperuut cum, Ioan. 1. Voluntariè sacrificabo tibi, Psal. 53.
Cette indissolubilité cause souuent des grands ennuis & degousts au mariage corporel : mais au mariage spirituel non, puis que Non habet amaritudinem conuersatio illius, nec tædium conuictus illius. La conuersation de cét espoux n'a ny amertume ny degoust. C'est ce qui faisoit dire à saincte Agnes parlant de son espoux, Mel & lac ex ore eius suscepi, il ne donne que miel 57 & laict, que douceur. Le lien du mariage corporel se rompt par la mort d'vn des conjoincts, celuy de mariage spirituel dure apres la mort, & si nous voulons sera eternel. Le lien du mariage corporel fait que les mariez ne sont plus à eux, mais s'appartiennent l'vn à l'autre: & le lien du mariage spirituel fait que nous sommes à nostre espoux, Non estis vestris, empti estis pretio magno. Vous n'estes pas à vous, vous estes acheptez à grand pris. 1. Cor. 6. & tout ainsi comme Dauid 2. Reg. 3. auoit droict de demander Michol à Isboseth, Redde vxorem meam Michol quam despondi mihi centum præputijs Philistinorum: rendez moy Michol mon espouse, pour laquelle i'ay donné cent prepuces des Philistins, aussi Iesus-Christ n'a-il pas dõné sa vie & son sang pour dot du mariage qu'il a contracté auec vous: nous pouuõs luy dire auec verité, Sponsus sanguinum tu mihi es, qu'il est vn espoux de sang, & partant il a droict de demander que nous luy gardions la fidelité que nous luy auons promise.
C'est vn grand crime de violer la fidelité du mariage charnel & corporel; & Dieu se plaint par Ieremie c. 3. de l'infidelité de ses espouses spirituelles, Quomodo si contemnat mulier amatorem suum? sic contempsisti me domus Israel: O Israël tu t'és comporté auec moy, comme la femme qui est infidelle à son mary ! mais cét espoux spirituel est plus debõnaire que ne sõt les espoux corporels, qui souuent sont implacables enuers leurs espouses, lors qu'elles ont commis vn acte d'infidelité, & luy tousiours prest à pardonner: Tu fornicata es cum amatoribus multis, tamen reuertere, & ego suscipiam te, Ierem. 3. tu t'és abandonné à des ruffiens, qui sont le monde & le peché, mais retourne à moy & ie te receuray.
L'ame annoblie par le mariage auec Dieu.
Au mariage corporel l'espouse entre en communication des biens de son espoux, & est annoblie par le moyen de l'alliance & vnion auec luy, Gaudet Augusta ijsdem priuilegijs quibus Augustus, fœminæ gaudent priuilegijs maritorum, dit la loy, vne fille de village espousant vn Roy est reine, & noble comme le Roy: & l'ame par le moyen du mariage spirituel est esleuée à vne diginité telle, qu'elle est comme faite participante de la diuinité, diuinæ consors naturæ, 1. Petri 2. & entre dans les droicts du royaume celeste, & entant qu'elle est espouse du fils de Dieu, elle est fille du Pere eternel.
Le lien & l'entretien du mariage corporel est l'amour: l'entretien & le lien du spirituel est aussi l'amour : nous sommes asseurez de l'amour de l'espoux qui ne nous manquera iamais, si de nostre costé nous ne luy sommes infideles, & luy manquons les premiers; son amour est bien ordonné, non desreglé comme est souuent celuy de plusieurs marys : non plein d'ingratitude & de perturbation, mais accompagné d'vne grande prudence, amour qu'il fait paroistre comme nostre chef & espoux: nous conduisant: nous aimant: nous nourrissant, nous pouruoyant, & faisant tout deuoir d'vn amoureux espoux.
58 Deuoirs de l'ame enuers Dieu son espoux.
Or tout ainsi que S. Paul demande que l'espouse soit obeyssante à son espoux, mulieres viris suis subditæ sint, sicut Domino, de mesme nous deuons obeyssance à cét espoux spirituel, in omnibus, estans bien asseurez qu'il ne nous commandera rien qui ne soit raisonnable & honorable. Nupsisti Christo? illi tradidisti carnem tuam, illi desponsasti maturitatem tuam, incede secundum sponsi tui voluntatem. Tertul. de veland. virg. auez vous pris Iesus Christ pour espoux? vous luy auez donné vostre chair & vous mesme, par-tant comportez vous selon sa volonté.
La femme doit viure conformement à la qualité de son mary, & quoy qu'elle ne soit que villageoise, employée autrefois à choses viles & basses, si est-ce que depuis qu'elle a espousé le Roy, elle ne doit auoir que des discours, des pensées, des desseins, & entretiens de reine. C'est ce que demande de nous S. Leon serm. 1. de Natiu. lors qu'il dit, Agnosce, ô Christiane dignitatem tuam, & diuinæ consors factus naturæ, noli in veterem vilitatem degeneri conuersatione redire, memento cuius capitis & cuius corporis sis membrum, reminiscere quod erutus de potestate tenebrarum, & translatus in Dei lumen & regnum. Chrestien recognois ta qualité, & puis que Dieu t'a tant honoré, que de te faire participant de sa diuine nature, ne retournes pas dans ton vile estat de rousture, par l'indignité de tes mœurs, souuienne toy de qui tu as l'honneur d'estre espouse, & comme ton espoux t'a tiré de la bouë & de la cendre pour t'esleuer à la dignité royale par le moeyn de ce saincte & diuin mariage.
S. Bernard considerant cét amour inexplicable s'escrie, serm. 2. Dom. 1. post Octau. Epiph. Vnde tibi, ô humana anima, vnde tibi hoc ? vnde tibi tam inæstimabilis gloria, vt eius sponsa mereais esse, in quem desiderant angeli ipsi prospicere? vnde tibi hoc vt ipse sit sponsus tum, cuius pulchritudinem sol & luna mirantur & quid retribues Domino pro omnibus quæ retribuit tibi, vt sis socia mensæ, socia regni, socia denique thalami, vt intoducat te rex in cubiculum suum? ô ame humaine d'où te vient ce bon-heur ? d'où te vient cette gloire inestimable, que tu sois espouse de celuy que les Anges s'estiment bien heureux de regarder : qui t'a fait cette grace d'auoir celuy la pour espoux, la beauté duquel le soleil & la lune admirent ? que pourras tu rendre à ce bon Sei gneur pour tant de faueurs qu'il t'a departies : quoy ! t'auoir faite com-pagne de sa table! participante de son royaume ! mais de son lict nuptial ! te faire entrer en sa chambre !
Exhortation à l'ame pour se cõporter cõme espouse de Dieu.
Puis il poursuit, vide iam quid de Deo tuo sentias, vide quibus brachijs vicaria charitatis redamandus & amplectendus sit, qui tanti te æstimauit, imo qui tanti te fecit, de latere enim suo te resormauit, quando propter te obdormiuit in cruce, & somnum mortis excepit, propter te à Deo Patre exiuit, & matrem Synagogam reliquit, vt adhærens ei, vnus cum eo spiritus efficiaris, regarde 59 maintenant quel sentiment tu dois auoir de ton Dieu, pese auec quels bras d'vn amour reciproque tu le dois aimer & embrasser, puis qu'il a tant fait d'estat de toy, qu'il t'a reformé de son costé, lors que pour ton salut il s'est endormy du sommeil de la mort sur le lict de la croix : il est comme sorty de son Pere par l'incarnation, a laisse sa mere la Synagogue pour t'espouser, afin qu'estant vnie auec luy tu deuienne auec luy vn mesme esprit.
Enfin le mesme sainct Bernard conclud. Et tu ergo audi filia & vide & considera quanta sit erga te dignatio Dei tui, & obliuiscere populum tuum & domum patris tui; desere carnales affectus, seculares mores dedisce; à prioribus vitijs abstine, consuetudines noxias obliuiscere : quid enim putas? nonne stat Angelus Domini qui secet te mediam, si fortè (quod auertat ipse) alterum admiseris amatorem. Partant ma fille escoute & vois & considere quelle faueur ton Dieu t'a fait, oublie ton peuple & la maison de ton pere, renonce aux affections charnelles, aux façons seculieres, quitte tes vices anciens, & tes mauuaises accoustumances. A quoy penses-tu? l'Ange du Seigneur est debout pres de toy pour te couper en deux pieces, s'il arriue (qu'à Dieu ne plaise) que tu sois infidelle & si tu luy donne vn corriual36.
Que l'amour de l'ame en qualité d'espouse de Dieu doit estre toute à Dieu.
Si l'amour comme dit S. Denys, non sinit suos esse amantes, sed amatorum, ne permet pas que ceux qui aiment soient à eux mesmes, mais sont entierement à ceux qu'ils aiment, puis que ce Diuin espoux nous a tant aimé qu'il a voulu estre tout nostre, la raison ne demande elle pas que nous soyons tout à luy? & disons auec l'espouse mystique, dilectus meus mihi & ego illi, mon bien aimé est tout à moy, & moy tout à luy ? serions nous bien si mal heureux que de mespriser vn tel espoux pour aimer des miserables esclaues : ie dis mespriser Iesus-Christ pour faire estat des creatures ! espoux, qui est speciosus forma præ filijs hominum, beau par dessus tous les enfans des hommes : luy qui est la sapience de Dieu : luy dans lequel sont tous les tresors de la Diuinité : luy à comparaison duquel tous les Roys de la terre ne sont que vermisseaux : luy accomply en toutes perfections, totus desiderabilis : tout puissant, tout bon, tout misericordieux, mais aussi tout iuste & rigoureux pour chastier ceux qui abuseront de son amour, & ne garderont la fidelité d'espouses qu'ils luy ont promise. Prenons garde que c'est vn adultere spitiruel d'aimer autre chose que luy, ou de chercher & prendre des ioyaux & ornemens d'autre que de luy. C'est apres S. Prosper, ad Demetriadem, que ie le dis, voicy ses parolles : Adultera est & à Diuino aliena coniugio, si alterius cuiusquam decorem, in speculo sui cordis ostentat, aut vllis alijs monilibus acquiescit ornari, nisi illis quæ de thesauris sponsi per sancti Spiritus pignus accepit.
Zonaras tõ.3. annal. in Theoph. raconte, que cõme l'Empereur Theophile 60 vouloit se marier, il fit chercher toutes les plus belles filles qu'on peut trouuer, & les ayant fait amener en sa cour, les fit mettre en rang à dessein de les voir, en passant, & de donner vne pomme d'or à celle qui luy agreeroit dauantage, pour gage de son affection, & pour arrhes du chaste mariage qu'il pretendoit contracter auec elle. Entre ces filles il y an auoit vne nommée Icasia noble, belle dans la perfection, fort vertueuse & sçauante: l'Empereur l'enuisageant fut tellement rauy & trans-porté de l'esclat de sa beauté, qu'estant comme hors de soy, il donna la pomme d'or à Theodora, qui estoit aupres d'Icasia, pensant la donner à Icasia: ayant reconnu qu'il s'estoit mespris, il creut que c'estoit deroger à sa grandeur de tromper Theodora, & de la frustrer des esperances qu'elle auoit conceuës par l'acceptation de la pomme ; ainsi l'es- pousa au lieu d'Icasia. Plusieurs des principaux Seigneurs de la cour re-chercherent Icasia, pour les grands aduantages que Dieu & la nature luy auoient si liberalement donné: mais elle, piquée d'vne genereuse ambition, & d'vn vif ressentiment de son mal-heur, en fit son bon-heur, croyant chose indigne de sa generosité37, apres auoir esté choisie pour estre espouse de l'Empereur, de faire alliance auec vn homme de moindre condition: ainsi prit resolution de n'auoir iamais autre espoux que le souuerain Empereur du ciel & de la terre Iesus-Christ, qu'elle espousa par les saincts vœux de religion, se rendant recommendable, & par la saincteté de sa vie, & par la subtilité de ses escrits.
Est-il bien possible que nos ames ayant esté chosies de Dieu pour estre ses espouses, nous soyons si lasches que de les prostituer au monde & à la vanité, auec le mespris de l'alliance du Roy des Roys!
De ces trois vnions ou mariages mystiques, representez par le mariage corporel, chacun peut voir l'estat qu'on doit faire du mariage corporel, non seulement entant qu'il a esté inuenté & institué immediatement de Dieu, en vn lieu de delices: en vn temps de paix & de saincteté : pour por ter vn friuct si pretieux : entant que Dieu & ses Anges l'honorent : mais prin- cipalement entant qu'il est Sacrement. C'est vn crime de leze Majesté hu-maine de ietter dans la bouë, & fouler aux pieds l'image du Roy, d'autant C'est vn crime de prophaner le mariage. qu'elle represente le Roy. C'est vn crime de leze Majesté diuine, de mespriser & prophaner la croix, par ce qu'elle nous represente la passion de nostre Seigneur. Et quel crime sera-ce de des-honorer & prophaner le mariage par vne meschante & abominable vie? par vne des-vnion de corps & de volonté: le souiller dans la bouë d'vne immoderée lubricité, ou de quelque detestable adultere? n'est-ce pas prophaner le mariage du Verbe diuin auec le tres-noble indiuidu de son humanité? n'est-ce pas vilipender le mariage de IesusChrist nostre Pere, auec l'Eglise nostre Mere? n'est-ce pas mespriser le ma 61 riage que Dieu daigne misericordieusement faire auec nous par sa grace !
Concluons donc auec le grand Apostre S. Paul, honorable connubium in omnibus, le mariage est honorable en tout ce qui le concerne : le mariage doit estre honoré de tous: tout le monde le doit reuerer, & en faire estat.

Filet cadre, rayé. Du mariage de Dieu auec les personnes religeuses. CHAPITRE XI

Les vierges sont mariées, & cõment & toutes les personnes religieuses.
SAinct Augustin tract. 9. in Ioan38. monstre que les personnes qui font profession plus particuliere de chasteté, comme sont les personnes religieuses, ne sont pas exemptes de mariage : Voicy ses parolles, Quæ virginita tem Deo vouent, licet ampliorem honoris gradum in Ecclesia teneant, tamen sine nu-ptijs non sunt, nam & ipsæ pertinent ad nuptias cum tota Ecclesia, in quibus sponsus est Christus. Les personnes qui voüent virginité à Dieu, sont bien releuées par dessus la condition des mariez, toutefois ne sont pas exemptes de nopces, elles appartiennent aux nopces auec toute l'Eglise, dont IesusChrist est l'espoux.
Dieu n'a pas voulu priuer de l'honneur du mariage, ceux & celles qui se priuent volontairement des nopces charnelles, & des plaisirs naturels & li cites, par le vœux de chasteté; ains comme ils se sont donnez à luy li-beralement, & par vn traict extraordinaire d'amour, aussi Dieu les reçoit par vn amour singulier, en qualité d'espouses, & se donne à eux en qualité d'espoux : & tout ainsi qu'il donne le centuple à ceux qui pour l'amour de luy quittent leurs maisons, champs & possessions, & prend comme ses enfans ceux qui renoncent à pere & à mere pour luy, exerceant enuers eux vne charité plus que paternelle, de mesme il honore d'vn sainct & spirituel mariage, ceux & celles qui se priuent du mariage charnel pour luy complaire : qui sont tous ceux qui pour l'amour de luy mesprisent les nopces charnelles, comme ceux & celles qui font vœux de chasteté, & principale ment les religieux & religieuses; comme ie m'en vay monstrer par les rap-ports que le mariage charnel a auec leur estat & condition.
Circonstances du mariage des personnes religieuses auec Dieu.
Le mariage conjoinct les parties indissolublement, l'vne auec l'autre, Matth. 19. Quod Deus coniuxit homo non separet: que l'homme ne separe ce que Dieu a conjoinct. De mesme les vœux solemnels faits en religion, conjoignent les religieux inseparablement auec Dieu : & tout ainsi que ce mot uolo en mariage, ie veux, ie consens, fait l'vnion, de mesme au mariage des 62
religieux le mot voueo, ie vouë, qui emporte auec soy vn nœud indissoluble: le consentement qu'on donne au mariage corporel, lie la personne auec vne autre personne ; le consentement qu'on donne faisant le vœux, lie la personne qui le fait auec Dieu, qui est vne vnion & liaison plus noble infiniment & plus agreable, que celle qui se fait au mariage corporel : or comme au mariage le lien en lie deux, l'homme auec la femme, de mesme par le moyen du vœux le religieux se lie à Dieu, & Dieu par sa bonté infinie se lie à luy.
Au mariage corporel les parties renoncent à la puissance qu'elles auoient sur leurs corps, se les donnans mutuellement ; mais en ce mariage, les religieux ne renoncent pas seulement au pouuoir & liberté qu'ils auoient sur leurs corps, mais encor sur leurs esprits, faisans vn transport de l'vn & de l'autre à Iesus-Christ leur espoux.
Au mariage corporel l'espouse quitte la maison de son pere, voire pere, mere, freres, sœurs, amis, domestiques, & s'en va à la maison de son espoux: & les religieux quittent toute proprieté, quittent peres & meres pour suiure Iesus-Christ, & se rendre ses domestiques, mais bien d'vne autre façon que d'affection, renonçans souuent à toute communication auec eux, voire se priuants mesme souuent de leur doux & agreable colloque.
S. Bernard serm. 85. in can ica, apres auoir monstré la ressemblance que l'ame religieuse a auec le Verbe eternel, dit que l'ame se voyant esleuée à ce degré d'honneur ose bien aspirer aux nopces du mesme Verbe : & pourquoy, dit-il n'y aspireroit elle pas se voyant semblable ? Non terret celsitudo quam sociat similitudo, amor conciliat, professio maritat : la majesté du Verbe ne l'espouuante point, puis que la ressemblance l'associe auec luy, l'amour luy fait gaigner ses bonnes graces, & la profession fait le mariage.
La forme de la profession dit S. Bernard, est tirée du psalme I 18. Iuraui & statui custodire iudicia iustitiæ tuæ. I'ay iuré & resous de garder les iugemens de vostre iustice. Les Apostres auoient fait cette profession, lors qu'ils disoient, Matth.19. Ecce nos reliquimus omnia, & sequuti sumus te. Nous auons tout quitté pour vous suiure; comme l'homme quitte pere & mere pour demeurer auec sa femme, & sont faits deux en vne chair : partant dit le mes Signes qu'vne ame est espouse de Dieu me sainct Bernard, lors que vous verrez vne ame laquelle ayant quitté tout, s'attache par les vœux auec le Verbe: vit par le Verbe, se gouuerne par le Verbe, conçoit du Verbe, pour enfanter par le Verbe, & qui peut dire auec S. Paul, Philip. I. Mihi viuere Christus est, & mori lucrum : ma vie est IesusChrist, mon gain est de mourir pour luy : croyez que cette ame est l'espouse du Verbe mariée auec luy : le cœur de son espoux se confie en elle dans l'experience qu'il a qu'elle est fidelle, puis que pour l'amour de luy elle a tout 63 mesprisé, & tient tout comme bouë pour luy complaire: voila le discours de S. Bernard.
Ce mariage n'est pas sterile, car comme dit le mesme S. Bernard, les espouses de ce mariage ont deux sortes d'enfantemens, l'vn est lors que par la Enfans du mariage des ames vierges & religieuses. predication elles enfantent les ames, l'autre quand par la meditation elles produisent des intelligences spirituelles. N'est-ce pas du premier enfantement que parloït S. Paul Galat. 4. Filioli mei quos iterum perturio donec formetur Christus in vobis. Mes chers enfançons que i'enfante vne autre fois, iusques à ce que Iesus-Christ soit formé en vous. Et de l'autre. 2. Cor. 5. lors qu'il dit, siue mente excedimus Deo, lors que par la meditation il s'vnit auec Dieu. Les personnes religieuses enfantent lors que par leurs predications, bons exemples, & sainctes prieres, elles gaignent les ames à Dieu : elles enfantent lors qu'elles mettent au iour les bonnes œuures qu'elles ont conceuës par la grace & inspiration Diuine, suiuant ce que dit Isaye 26. A facie tua concepimus & quasi parturiuimus spiritum salutis. Or il ne tiendra qu'à nous, que tout ainsi que ce mariage commence en ce monde par la volonté de Dieu, qu'aussi il ne se consomme dans le ciel.
Tout ainsi qu'au mariage corporel l'espouse disant ces parolles, ie vous prens pour mon mary, aussi tost elle transporte tout son amour à son espoux, voire se donne entierement à luy ; de mesme le religieux doit donner tout son cœur à Dieu, & luy faire vn transport de soy-mesme, & viure desormais selon sa volonté, comme l'espouse est obligée se conformer à la volonté de son espoux.
Tout de mesme que l'espoux reçoit l'espouse à sa protection, luy monstre de la familairité & se communique à elle, de mesme Dieu prend vn soin particuluer des religieux qui le choisissent pour espoux, se familiarise & communique à eux, & lors qu'ils correspondent à leur vocation, & viuent conformement à leurs vœux, les enrichit des dons de sa sapience eternelle.
Mariage du B. Laurent Iusti-nian auec la Sapiẽce eternelle.
Le B. Laurent Iustinian estant aagé de dix-neuf ans eut le bon-heur de voir nostre Seigneur en forme d'vne belle pucelle, qui de la splendeur de sa face surmontoit de beaucoup le lustre du Soleil, & d'vne parole douce & amoureuse luy dit; ieune homme pourquoy te trauaille tu tant, cher chant la paix? i'ay auec moy & à mon pouuoir ce que tu cherche. Et par-tant si tu me veux prendre pour espoux, ie te donneray pour dot vne paix asseurée. Le ieune homme rauy d'vne telle beauté, piqué de telles promes ses, luy demanda son nom & sa race. Lors elle respondit: Ie suis la sa-pience Diuine qui ay pris la forme humaine pour reformer les hommes. Le ieune homme donna incontinent son consentement à ce sainct mariage, cette pucelle luy donna vn chaste & gratieux baiser, & disparut; & luy 64 tout remply de consolation celeste s'en alla en vn monastere pour y conclure & consommer ses nopces, comme il fit par la profession religieuse.
Les filles religieuses sont particulierement espouses de Iesus Christ.
Cecy est commun tant aux religieux qu'aux religieuses, mais voicy qui est particulier aux religieuses, qui sont encor plus intimement espouses de Iesus-Christ, par le moyen de leurs vœux, comme elles peuuent reconnoi stre par les ceremonies que l'on fait en leur profession. Tout ainsi que ia-dis on mettoit vn voile sur la teste des espouses qu'on nommoit velum flam- meum, & de ce voile elles estoient appellées nuptæ, c'est à dire, voilées, de mesme les religieuses sont voilées, pour monstrer qu'elles sont mariées à Iesus Christ, Rebecca Gen. 24. fut voilée auant que d'estre conduitte à la maison d'Isaac son espoux: & entre autre torts dont l'espouse se plaint, elle dit que les gardes luy ont osté son manteau, c'est à dire, selon la signification Hebraïque, son voile. C'est icy l'asyle des vrayes vierges dit Tertulian, c'est leur bouclier impenetrable contre les tentations & mesdisances, Pura virginitas semper timida oculos fugit, confugit ad velamen capitis, quasi ad galeam contra ictus tentationem, contra iacula scandalorum, contra suspiciones & su surros, lib. de velandis virginibus39. C'est le signe de la perpetuelle seruitude qu'elles offrent à leur espoux, c'est pourquoy en le prenant, elles disent Sus cipe me secundum eloquium tuum & viuam, & non confundas me ab expecta-tione meæ. Receuez moy selon vostre parole, & que ie viue, & ne me con fondez pas en mon esperance. On benit ce voile, pour signe des be-nedictions abondantes que Dieu donne en ces nopces spirituelles à ses espouses.
Voulez vous voir comme Dieu prend plaisir à ces celestes espouses, & comme pour les caresser il passe par dessus toutes les loix de nature, y employant sa toute puissante main? ie vous le monstreray en la personne de Admirable constance de saincte Aldegonde. saincte Aldegonde, Fondatrice des nobles Damoiselles chanoinesses de Maubeuge en Haynault, cette noble fille estant importunée de ses pere & mere de se marier, voire d'espouser le fils du Roy d'Angleterre, tout estoit prest pour la celebration des nopces, iour pris, parens & amis inuitez, quoy que contre la volonté de la fille. La nuict que l'espoux arri S. Aldegonde marcha sur les eaux. uoit à la maison du pere de l'espouse, elle s'enfuit, se retira en vne forest, & s'y cacha, voila tout le monde allarmé voyant que l'espouse ne paroissoit pas, chacun se mit en deuoir de la trouuer, & entre autre son espoux, qui enfin la trouua en vn destroit ne pouuant eschapper, ayant deuant soy la Sambre: elle se voyant en danger d'estre enleuée, & craignant de perdre sa virginité qu'elle auoit dediée à Dieu, entendant le bruit des cheuaux, apprehendant l'affection de son espoux, ennemy de sa virginité, iette vne œillade amoureuse au ciel, darde dans le paradis cinq ou six fleches d'vn pur amour tirées de son cœur, & toute pleine d'vne saincte 65 confiance enuers celuy qu'elle auoit choisy pour son espoux, marcha sur les eaux comme sur terre ferme, ayant vn Ange de chaque costé qui la portoit par dessouz les bras, & s'eschappa à la veue de son espoux, lequel tout estonné de la grandeur de ce miracle desista de ses entreprises, connoissant manifestement que Dieu se reseruoit cette espouse: mais elle se sentant tousiours esprise de plus en plus de l'amour de son diuin espoux, alla trouuer Sainct Aubert & S. Amand Euesques, qui estoient en vn monastere à vne lieue de Maubeuge, se ietta à leurs pieds, & fondant toute en larmes les pria qu'ils luy permissent de se consacrer à son cher espoux par vn vœu solennel de chasteté, pour enfin se garantir de importunitez de ses pa- Prodige au voile de Saincte Aldegõde. rens, qui vouloient luy donner vn espoux mortel, les Euesques y consentirent & comme ils benissoient le voile, & luy vouloient mettre sur la teste on vit vne colombe descendre du ciel, laquelle des pieds & du bec esleua le voile & le mit sur la teste de la saincte pucelle, auec l'estonnement de tons les assistans, on garde encor ce voile à Maubeuge auec grande reuerence.
Pour quoy on couppe les cheueux aux religieuses.
On coupe les cheueux aux religieuses lors qu'elles se voüent à Dieu, ô le beau mystere! au Deuter. 21. Dieu donne ceste loy à son peuple, si faisant la guerre contre vos ennemis vous voyez vne femme parmy les captifs qui vous plaise, & desirez de l'espouser; introduces eam in domum tuam, quæ radet cesariem, & circumcidet vngues, & deponet vestem in qua capta est; sedensque in domo tua, flebit patrem & matrem suam vno mense & poste a intrabis ad eam, dormiesque cum ea & erit vxor tua. Vous la ferez entrer en vostre maison, elle rasera ses cheueux, coupera ses ongles, quittera la robbe qu'elle auoit lors qu'elle a esté prise, & elle demeurera vn mois en vostre maison pleurant son pere & sa mere puis elle sera vostre femme.
Les religeuses ne sont-ce pas des captiues de Iesus-Christ, qu'il a rauy au monde, à la vanité, au diable; de l'amour desquelles estant espris, & desirant les espouser, il les a fait entrer en sa maison qui est la religion, l'entrée & le paruis du paradis : mais il faut prendre le rasoir en main, couper ses cheueux qui sont les soins & affections du monde, & tout amour terrestre, qui pourroit diminuer l'amour que demãde ce diuin espoux: faut retrancher les ongles, c'est à dire toute cholere, rancune, vangeance, rebellion, d'autant qu'il demande que ses espouses soient douces, paisibles, obeissantes. Faut quitter ses anciens habits qui est l'habit duquel parle S. Paul Ephes.4. depo nite veterem hominem cum actibus suis, & indiuite nouum quid secũdum Deum crea-tus est in iustitia & sanctitate veritatis, abandonner ses premieres façons de viure, l'homme d'Adam, du monde, de la chair, pour se reuestir de Iesus-Christ, & de toute saincteté & vertus, & de la belle robbe nuptiale de la grace. Faut s'asseoir & pleurer vn mois son pere & sa mere, c'est à dire, deplorer sa vie & 66 ses fautes passées en faire vne bonne & salutaire penitence; penser quel pere on a eu au monde, qui a esté Satan; quelle mere, qui a esté la vanité; pleurer pere & mere qui vous ont engendré, comme s'ils estoient morts pour vous, & les oublier pour plaire à vostre espoux, suiuant la condition qu'il demande de ses espouses, obliuiscere populum tuum & domum patris tui & concupiscet rex decorem tuum, & lors Dieu les prent pour ses espouses.
Les vierges vestales pendoient leurs cheueux à vn arbre.
Anciennement lors qu'on coupoit les cheueux aux vierges Vestales elles auoient coustume de les pendre à vn arbre nommé Lotos40 qui portoit des fruicts si doux, que quiconque en auoit gousté ne s'en pouuoit retirer. Cheres vierges, chastes espouses de Iesus, attachez vos cheueux à l'arbre de vie, qui est la saincte croix: goustez ses fruicts, vous y trouuerez le fruict benit que la vierge des vierges41 a donné au monde, & puis tant de fruict si doux, & si sauoureux, que iamais vous ne pourrez vous en seprarer. Ie dis plus, mon tez hardiment en la croix comme au lict nuptial, vous y trouuerez infailli-blement vostre espoux, c'est la qu'il couche, c'est la qu'il se repaist : c'est la qu'il vous rendra fecondes en toute sorte de bonnes œuures.
Ce que signifie l'anneau qu'õ donne aux religieuses en professiõ.
L'on donne vn anneau aux religieuses en leur profession & leurs dit-on, desponso te Iesu Christo Filio summi patris, qui te illæsam custodiat, accipe ergo an nulum fidei, signaculum spiritus sancti, vt sponsa Dei voceris, & si fideliter ei ser-uieris in perpetuum coroneris. Ie vous espouse auec Iesus-Christ Fils de Dieu le Pere, & le prie de vous garder entiere, prenez donc l'anneau de la foy, le signe du sainct Esprit, afin que vous soyez espouses de Dieu, & qu'apres l'auoir seruy fidellement, vous soyez couronnée d'vne couronne eternelle. Voila ce que luy dit celuy qui fait les ceremonies, & elle dit, Annulo suo subarrhauit me Dominus Iesus & quasi sponsam decorauit me corona. Monseigneur Iesus ma donné vn anneau pour arrés de son amour, & de son alliance, & ma couronné comme son espouse. Aux mariage charnels, l'espoux met l'anneau nuptial au quatriesme doist de la main gauche de son espouse, mais on met l'anneau des religieuses au quatriesme doist de la main droite, pour mõstrer que les mariages du monde sont souuent accompagnez d'afflictions, signifiées par la main gauche, mais les mariages des religieuses de consolations, & d'vne vraye ioye du S. Esprit, signifiée par la main droite, dextera Domini fecit virtutem.
Comme Iesus Ch. espouse Saincte Catherine de Sienne.
Se peut il trouuer plus grande caresse que celle que N. Seigneur fit vn iour à vne de ses cheres & amoureuses espouses, en tesmoignage de celles qu'il fait tous les iours aux religieuses qui le choisissent pour espoux. C'estoit S. Catherine de Sienne, laquelle esprise d'vn tres-ardẽt desir de se cõsa crer entierement à Iesus-Christ, principalement par vne viue foy, luy de-mandoit souuent auec les Apostres qu'il luy accreut sa foy, en sorte que ia mais rien ne l'esbranla en sa croyance, & nostre Seigneur luy respondoit sou- 67 uent, desponsabo te mihi fide, ie t'espouseray en la foy. Or pendant les liber tez & dissolutions du carnaual s'estant retirée dans sa cellule pour ne pen-ser qu'a son espoux, luy faisant instance de luy accorder ce qu'il luy auoit si souuent promis, nostre Seigneur luy apparust accompagé de sa benitte mere & d'aucuns saincts, & luy dit, quia tu spreuisti vanitates mundi, amplexa crucem & pœnitentiam, quærens summum & æternum bonum, his diebus quibus mundani vacant gulæ & luxuriæ, ideo ego te desponsabo. D'autant que vous auez mesprisé les vanitez du monde, & embrassant la croix & la penitence, vous auez cherché le vray & souuerain bien en ces iours ausquels les autres s'addonnent à la gourmandise, & à la luxure, ie vous espouseray. Les ceremonies de ces sainctes espousailles furent que Nostre Dame prit la main droite de Saincte Catherine, & tenant un anneau en sa main pria son fils de vouloir ce qu'il auoit tant de fois promis à cette chaste pucelle, nostre Seigneur exauçant les prieres de sa mere, prit l'anneau qu'elle tenoit & le mit au doist de Catherine son espouse, disant moy Iesus vostre Createur & Sauueur vous espouse en la foy & fidelité, qui durera des à present sans changer iusques à ce que vous iouissiez des nopces eter nelles & me voyez face à face. Partant combatez genereusement, & for-tifiée de la foy que iay emprainte en vostre cœur, surmontez tous les allechemens du monde, & toutes les difficultez qui vous suruiendront, triomphez de tous les assaults de vostre chair, & de toutes les tentations de l'ennemy. Cette histoire est rapportée par Raymondus son confesseur & cest anneau est gardé à Rome au conuent des religieuses de Sainct Dominique.
Voila comme Dieu se comporte interieurement auec les religieuses ses espouses, mais aussi voila les conditions qu'il demande d'elles : les autres circonstances de ce sainct mariage se peuuent tirer de ce que iay dit au chapitre precedent du mariage de Dieu auec l'ame, par la grace.

Filet cadre, rayé. De l'usage du mariage. CHAPITRE XII.

O Vtre beaucoup d'heretiques qui ont absolument cõdamné le mariage & sõ vsage, osans dire que c'estoit vne chose mauuaise, damnable, illicite, Diabolique: se sont trouuez aucũs docteurs Catholiques, qui ont dit que 68 Que l'vsage du mariage peut estre sans aucũpeché. l'vsage du mariage ne pouuoit estre sans peché, à tout le moins veniel. Voyez Sanchez de matrim. 1. 9. disp. 1.
Cette opinion semble choquer Dieu mesme, puis qu'ayant institué le mariage, si son vsage est mauuais, & ne peut estre sans peché, il s'ensuit que le mariage est mauuais, & par consequent que Dieu est autheur d'vne chose mauuaise, qui est vne heresie.
Dieu est autheur du mariage.
Or personne ne peut nier que Dieu ne soit autheur du mariage, sans nier pareillement la verité des Escritures Sainctes, qui disent expressement que Dieu ayant consideré tout ce qu'il auoit creé auec vne telle puissance, & rangé auec vn ordre si admirable, il ietta les yeux sur l'homme, com me sur son chef d'œuure, comme sur le Prince qu'il establissoit pour presi-der au reste, & dit, Non est bonum hominem esse solum, faciamus ei adiutorium simile sibi. Gen. 2. Il n'est pas expedient, ny conforme à l'intention, que nous auõs eu en la production de cét vniuers, que l'homme soit seul, faisons luy vn aide semblable à luy ; ainsi il luy enuoya vn sommeil extatique, pendant lequel, selon l'opinion des Saincts Peres; il luy reuela beaucoup de merueilles, luy fit connoistre, comme il estoit son Souuerain Seigneur & Createur : comme il formoit Eue d'vne de ses costes : comme il vouloit estre l'instituteur du mariage : puis à son reueil, luy ayant presenté cette premiere femme, il dit, Hoc nunc os exex & adhærebit uxori suæ, & erunt duo in carne una. Voila vn os de mes os, la chair de ma chair, partant, l'homme quittera son pere & sa mere pour demeurer auec sa femme, & seront deux en vne chair : paroles qui contiennent les loix & conditions du mariage, & qui ne doiuent estre considerées, comme prouenantes purement & simplement d'Adam, mais comme à luy inspirées de Dieu, qui se seruoit de la bouche d'Adam pour promulger les loix qu'il vouloit estre obseruées au mariage. C'est pourquoy nostre Seigneur en Sainct Matth. 19. attribuë ces paroles à Dieu mesme, disant, Quod Deus coniunxit, homo non separet, que l'homme ne separe point ce que Dieu a conioinct.
Donc le premier autheur du mariage n'est autre que Dieu, qui a creé la femme, l'a fait d'vn autre sexe que l'homme à cause du mariage, l'a presenté à l'homme comme paranymphe du mariage, & partant ny le mariage, ny son vsage ne sont mauuais, si nous ne voulons faire Dieu autheur du mal, qui seroit vn blaspheme.
Que le mariage n'est pas mauuais.
Sainct Paul confirme cette verité par paroles expresses, I. Corinth. 7. lors qu'il dit, que celuy qui marie sa fille fait bien, Qui matrimonia iungit virginem suam, bene facit, & au mesme lieu, Si nupserit virgo non peccavit, la vierge qui se marie ne peche point. Et I. ad Timoth. 4. Volo ego iuniores nubere, filios procreare, matres familias esse, quant à moy (il parle en maistre) 69 i'entens que les ieunes (il entend les veufues (veuves en français moderne)) se marient, mettent des enfans au monde, soient meres de familles, & I. ad Timoth. 2. Saluabitur, mulier, per filiorum generationem, La femme sera sauuée en engendrant des enfans. Enfin aux Hebreux 13. il dit que le mariage est honorable en tout, donc & en sa substance, & en son vsage. Dieu a commandé aux premiers hommes, au moins permis qu'ils se mariassent & missent des enfans au monde. Genes 2. Crescite & multiplicamini & replete terram, croissez, multipliez & remplissez la terre, ce seroit blasphemer de dire que Dieu eut commandé ou permis vne chose mauuaise, & à l'occasion de laquelle il a donné sa benediction, qui a esté si efficace, qu'en vertu d'icelle, de deux personnes s'est faicte vne telle multiplication iusques au deluge42; & depuis le deluge, en vertu de la mesme benediction, de trois fils qu'avoit Noé, l'espace de deux cent cinquante ans, le monde s'est tellement peuplé, que Ninus qui regna enuiron deux cent cinquante ans apres le deluge, fit vne armée de dix sept cent mille hommes de pied, & de deux cent mille cheuaux : Diodorus lib 3. c.2.
L'vsage du mariage est vn acte de iustice.
Tant s'en faut que l'vsage de mariage soit mauuais & tousiours peché, au contraire c'est vn acte de la vertu de iustice, entant que les conioincts se rẽdent mutuellement, ce à quoy ils sont obligez par contract de iustice. Et qui empesche que l'vn & l'autre des mariez, en l'vsage de leur mariage, ne dressẽt leur intention à la lignée qu'il plaira à Dieu leur donner : ne s'arrestans pas à la conseruation de l'espece pour laquelle le mariage est ordonné de Dieu, & à quoy la nature encline vniuersellement, & partant qui ne peut estre mal, mais poussant leur intention plus auant, qui est le seruice & honneur de Dieu qu'ils pretendent en la generation & education des enfans, qui est vn acte de religion & partant louable.
Outre ce que dessus, le mariage des Chrestiens a cela de plus, qu'il est Sacrement, & par consequent accompagné de la grace Sacramentale, que s'il a quelques incommoditez, il a ses biens & commoditez pour recompense.
D'ou prouient la honte qui est en l'vsage du mariage.
I'accorde que l'vsage du mariage, a ie ne sçay quelle honte, qui fait que les mariez ne l'exercent qu'en cachette; il ne s'ensuit pas pourtant qu'il soit mauuais, cette honte dit S. Aug. 14. de Ciuit. Dei, prouient de ce que la raison rougit, de se voir aucunement subiecte aux membres du corps, & à des mouuemens qui ne sont purement de ses ordonnances : elle rougit à cause qu'elle ressent la punition de sa rebellion contre Dieu, qui est la rebelliõ de la chair contre elle.
L'vsage du mariage est meritoire.
De ces discours chacun peut connoistre que non seulement l'vsage du mariage n'est pas mauuais, ny tousiours accompagné de peché, mais que lors qu'il est practiqué en estat de grace, & auec ses circonstances, il est meritoire ; tout ainsi que les autres bonnes œuures qui sont faites en 70 grace & auec les circonstances requises. Escoutons parler S. August. lib. de bono coniugali c. 6. Coniugalis concubitus generandi gratia non habet cul pam, concupiscentiæ vero satiandæ, sed tamen cum coniuge propter fidem to-ri, venialem habet culpam, adulterium vero, sine fornicatio lethalem habet culpem. L'vsage du mariage rapporté à la generation n'est pas peché : rapporté seulement à contenter sa concupiscence est peché veniel, quoy que dans la fidelité coniugale : l'adultere & la fornication sont pechez mortels, & au chapitre 7. Continentia meriti est amplioris, reddere debitum coniugi nullius est criminus, exigere vltra generandi necessitatem culpæ venialis, fornicari vel mœchari puniendi criminis. La continence est plus meritoire; rendre le deuoir à sa partie n'est pas peché, demander le deu de mariage sans au cune intention de generation est peché veniel: adulterer & paillarder est pe-ché mortel.
L'vsage de mariage est souuent obligatoire.
I'adioute à ce que dessus, que l'vsage de mariage est souuent obligatoire, suiuant les paroles de Sainct Paul 1. Corinth. 7. Vir vxori debitum reddat, similiter & vxor viro: qui a mulier non habet potestatem corporis sui sed vir, similiter vir non habet potestatem corporis sui sed mulier. Que le mary rende le deuoir à sa femme, & la femme au mary : d'autant que la femme n'a pas le pouuoir de son corps, mais le mary : de mesme le mary n'a pas le pou uoir de son corps, mais la femme, en quoy la femme n'est nullement infe-rieure à son mary. Or tout ainsi que c'est vn peché contre iustice de rauir le bien d'autruy contre la volonté du proprietaire; ainsi le pouuant rendre, & ne le faisant, on luy fait tort, & partant vn des conioincts refusant le deuoir de mariage, à l'autre luy pouuant donner, fait contre iustice; & contre le commandement de Dieu promulgé par Sainct Paul : & si celuy qui encourt ce refus, fait mal à raison de ce refus, l'autre qui a fait le refus est cause du mal : & notez qu'en cela n'importe si l'on le demande par parolles expresses ou tacitement, comme seroit par signes, caresses, ou Le refus du deu de mariage ordinairement est peché mortel. autrement, comme il arriue souuent, lors que la honte empesche qu'on en vienne aux parolles expresses: & l'obligation à ce deu, est dautant plus grande lors qu'on s'apperçoit qu'à faute de cela, l'vn des conioincts viendroit à commettre quelque incontinence, ou quelque chose contre la fidelité coniugale, & contre le salut de son ame. Parlant ordinairement tel refus, estant fait sans cause, est peché mortel : ie dis parlant ordinarement & sans cause, ce qui est digne de consideration.
Quoy que l'vsage du mariage soit licite comme ie viens de monstrer; soit vn acte de vertu; soit meritoire; voire souuent obligation soubs peine de peché mortel : toutefois il se peut faire, & pleut il à Dieu que n'arriuast si souuent qu'il est illicite & mauuais, ou à cause de la fin qu'on se 71 propose en iceluy; ou à cause du temps: ou de la façon qu'on l'exerce.
Les fins du mariage & qu'õ peut auoir en son vsage.
La vraye & principale fin du mariage, estant la generation, l'vsage du mariage estant rapporté à cette fin, est bon. Ne faut toutefois s'arrester purement à la lignée, mais la rapporter au seruice & honneur de Dieu: n'est pas toutefois necessaire que cela se face auec vne intention actuelle, toutes & quantes fois qu'on vient à l'vsage du mariage, suffit qu'on ait eu ceste intention en se mariant & qu'elle ne soit reuoquée par quelque intention contrai Faut rapporter la lignée à Dieu en l'vsage du mariage. re, & voyla la vraye principale & meilleure fin du mariage.
Lors qu'on a pour fin en l'vsage du mariage, de rendre le deuoir à sa partie, & luy garder la promesse qu'on luy a faite, vn acte de iustice, quand on le fait pour empecher l'incontinence en sa partie, de laquelle on s'appercoit, c'est vn acte de charité.
Aucuns sont d'aduis que quiconque en l'vsage du mariage ne pretend Si c'est peché d'vser du mariage, pour euiter l'in continence. autre chose, & n'a autre fin que d'euiter l'incontinence ou fornicatiõ en soymesme peche venielement, s'il la peut euiter par quelques autres moyens : que s'il ne le peut faire par autres moyens, qu'il peut licitement & sans pe ché se seruir de cesluy-cy : d'autres disent que les mariez ne sont pas obli-gez sur peine de peché de se seruir d'autres moyens, comme ieusnes, austeritez & c. Mais peuuent se seruir de l'vsage du mariage, dautant que depuis le premier peché le mariage a vne seconde fin, qui est de seruir de remede à l'incontinence & partant qu'il ny peut auoir aucun peché, en s'en seruant selon la fin de son institution, ce qui est assez probable & au soulagement des consciences.
On peut pretendre la conseruation ou recouurement de la santé en Comme on peut vser du mariage pour sa santé. l'vsage du mariage, quand il ny a point dautres remedes ou moyens pour ce faire, autrement non; & s'en seruir à ceste fin, ayant d'autres moyens, ce seroit peché veniel, dautant que c'est peruertir l'ordre de ce Sacrement.
L'vsage du mariage pour le seul plaisir est peché veniel.
cest contre le bon ordre estably de Dieu en l'institution du mariage de n'auoir autre fin en son vsage, ou d'auoir pour fin principale, le plaisir & tel vsage est peché veniel.
On se peut proposer en l'vsage du mariage la representation de l'vnion du Verbe auec l'humanité, toutesfois ne faut s'arrester precisement à ceste fin, mais le faut ioindre auec les autres qui sont ou la lignée qu'on pretend, ou L'vsage du mariage n'est defendu les iours de festes ou de ieusnes. la foy du mariage, qu'on accomplit, rendant le deuoir à sa partie. Voila ce qui concerne la fin.
Quant à ce qui concerne le temps ie ne trouue aucun commandement qui defende l'vsage du mariage les iours de feste, voire les plus celebres, ny les iours de ieusne, de Caresme, de processions publiques 72 ou autres semblables; il est bien vray qu'on le conseille auec S. Paul, Corint. 7. Vt vacetis orationi. Pour s'addonner à la deuotion : mais notez que cest vn conseil non vn commandement; vne exhortation, non vne obligation. On ne sçauroit toutefois nier qu'il ne soit souuent expedient de s'abstenir pour esleuer l'esprit à Dieu, pour le seruir auec plus de pureté & de deuotion, & afin que les mariez conspirent ensemblement à leur salut auec plus de liberté d'esprit, & se rendent plus idoines de la grace de Dieu, & impetrent plus efficacement son secours & aide, non seulement contre les maux & difficultez de leur estat, mais encor contre les maux & afflictions communes & publiques. C'est pourquoy le Prophete Ioel. c. 2. exhortant le peuple à appaiser Dieu, & à recourir à sa misericorde par l'exercice de toutes sortes de bonnes oeuures, n'obmet pas la continence des mariez, disant, egrediatur sponsus de cubili suo, & sponsa de thalamo suo.
Il est assez probable que pendant le deluge qui estoit vne affliction vniuerselle on garda la continence. Vrie sçachant que l'armée & l'arche de Dieu estoient en danger, ne voulut aller reposer en sa maison, ny visiter sa femme, quoy que Dauid luy commandast: le Prophete Zacharie c.12. descriuant vne affliction publique en Hierusalem dit, plagent familiæ seorsum & mulieres eorum seorsum, les femmes meneront le deuil separement de leurs marys, où il denote assez l'abstinence du mariage dans les afflictions publiques, & c'est en semblables cas que se peut entendre ce que dit S. Paul, Corinth, 7. qui habent vxores tanquam non habentes sint. Ceux qui ont des femmes se comportent comme s'ils n'en n'auoient point qui se peut expliquer, ou bien que les marys doiuent tellement aimer leurs femmes qu'ils n'offensent Dieu pour leurs complaire : ou bien qu'ils se doiuent tellement seruir du mariage, qu'ils sçachent s'en abstenir en temps & lieu. Faut toutefois prendre garde que semblable abstinence ne cause quelque incontinence, autrement vaudroit mieux retourner à l'vsage du mariage, car ce n'est qu'vn conseil.
La Communion n'empesche l'vsage de mariage.
La Communion faicte ou à faire n'empeche pas l'vsage du mariage, voire le mesme iour, car il ny a nul commandement : se fait bien toutefois vne certaine stupidité, estourdissement & euagation d'esprit qui prouient souuent d'vn tel vsage, & semble indecent de s'approcher d'vn si adorable & venerable Sacrement tandis que telle euagation dure : laquelle neantmoins pourroit estre compensée ou à cause de la solemnité du iour; ou à cause de quelque iubilé, ou grandes indulgences; ou d'autant que si on s'abstenoit de la Communion il y pourroit auoir quelque scandale. Ainsi absolument parlant on peut demander le deu du mariage, le iour qu'on a communié, ou qu'on doit communier, sans peché, & à plus forte raison celuy des parties qui en est requis, le doit rendre, & la Communion ou faite, ou à faire le mesme iour, ne le peut exempter de satisfaire, à ce à quoy la iustice l'oblige.
73
Ie prieray toutefois les mariez de se souuenir, que si Dieu commanda aux Iuifs d'estre sanctifiez, c'est à dire, de s'abstenir de l'vsage du mariage trois iours auant que de receuoir la Loy, & voir les merueilles qu'il deuoit faire, que c'est incomparablement plus de receuoir l'autheur de la Loy en soy mesme: & que si Abimelech ne donna les Pains de proposition à Dauid ny à ceux de sa suitte, que sur l'asseurance que Dauid donna qu'ils s'estoient abstenu de l'vsage du mariage, c'est icy le pain des Anges, & partant digne de toute reuerence : Ie ne dis pas qu'il y aye obligation de s'abstenir, ie dis que c'est vn bon & salutaire conseil, faut toutefois se garder de toute incontinence, & prendre garde de ne manquer au deuoir auquel on est obligé à sa partie par voye de iustice.
Continẽce de sainct Louys.
I'apporteray icy la pratique du grand & incomparable S. Louys Roy de France, qui est plus admirable qu'imitable : aussi ne pretens ie pas d'en tirer vne consequence pour les mariez, qui potest capere capiat. L'imite qui le pourra faire. Nonobstant qu'il menast vne vie totalement religieuse & que sa vie fust vne continuelle preparation à la Communion : qu'il se confessast tous les vendredis, que toutes & quantes fois qu'il se confessoit il descouurit ses espaules & se fit donner la discipline43 par son confesseur auec vne discipline faicte de cinq chainettes de fer qu'il portoit dans vne boiste d'yuoir : qu'il portast le cilice fort souuent: qu'il donnast chaque iour quarante escus aux pauures ; qu'il leurs seruit à table, leurs lauast les pieds, qu'il baisast les lepreux, leurs parlast familiarement & menast vne vie Ange lique, toutefois il s'abstenoit de l'vsage du mariage tout l'aduent & le ca-resme, & quatre iours apres auoir communié. Quelle continence en vn Roy! mais comme i'ay dit, elle est plus admirable qu'imitable, Abrahamus Bzouius in annalibus ad annum 1270.
Si l'excõmunication empesche l'vsage du mariage.
L'excommunication de l'vn des conjoincts n'exempte pas l'autre de luy rendre le deu de mariage : voire quand bien tous deux seroient excommuniez l'vsage du mariage ne leurs seroit pas pourtant interdit, si ce n'estoit que l'excommunication fust à cause du mariage, la valeur duquel fust en doubte.
L'vsage du mariage en public peché mortel.
L'vsage du mariage en lieu public est peché mortel, car c'est contre la bien-seance & contre l'honnesteté humaine, & c'est donner occasion de scandale à ceux qui verroient telle action.
Il n'est non plus permis en lieu sacré sans necessité : c'est vne necessité Commẽt permis en lieu sacré. suffisante lors que le mary & la femme sont assiegez depuis lõg temps en vne Eglise, principalement quand il y a quelque danger d'incontinence, voire quand il n'y auroit nul danger d'incontinence, si la detention est longue.
L'honnesteté ne me permet de specifier ce qui concerne la façon ou situation : ie diray seuelement que toute situation voire toute action qui em 74 pesche directement l'effect de la generation en l'vsage du mariage est peché Tout n'est pas permis aux mariez. mortel, comme estant contraire à la fin du mariage : & i'aduertiray les mariez qu'ils ne se trompent pas pensans que souz pretexte de mariage tout leurs soit permis, & qu'ils puissent faire l'vn enuers l'autre tout ce qu'ils veulent, qu'ils se souuiennent de ce que dit S. Paul 1. Thessal. 4. Sciat vnus quisque vestrum vas suum possidere in sanctificatione & honore, non in passione de-siderij, sicut & gentes quæ Deum ignorant, que chacun de vous autres possede son vase, le mary sa femme, la femme son mary, auec saincteté & honnesteté, non auec vne passion de leurs desirs effrenez, comme les payens qui ne cognoissent pas Dieu. Mais disons, pires que les bestes, sicut equus & mulus, comme cheuaux & mulets, voire pires! puis que les bestes gardent l'ordre de nature, que les hommes outrepassent souuent, ne mettans aucune borne à leur desordonnée sensualité.
O le beau mot que dit S. Fulgence! epist 1. de coniug. où ayant monstré comme les mariez se doiuent comporter, il cõclud Sic ergo debet quæri ex nuptijs fructus, vt cohibendus sit lubricæ voluptatis excessus. Il faut tellement cher cher le fruict au mariage que l'on empesche l'excés de la volupté desordon-née. O combien qui font tout le contraire! qui ne cherchent nullement le fruict, ains font tout leur possible pour l'empescher, ne pretendans que le contentement de leurs infames & brutales voluptez, neque nuptias mundas iam custodiunt, Sap. 14. salissans leur mariage.
Si l'vsage du mariage est permis pendant les ordinaires de la fem me.
La loy ancienne de ne s'approcher d'vne femme qui a ses ordinaires estoit vn precepte legal, qui n'a point de lieu maintement : c'est toutefois vn con seil auquel on ne doit auoir aucun esgard, lors qu'il y a danger d'incontinen- ce, ou crainte que le mary ne diminue son affection enuers sa femme, ou sem-blable cause : & quoy qu'il fust probable que d'vn tel vsage, deut naistre vn enfant monstrueux, plusieurs Docteurs pensent qu'on ne commettroit aucun peché mortel par vn tel vsage, & est certain que la femme qui est en tel estat estant requise de son mary, apres l'auoir aduerty de l'estat auquel elle se retrouue, est obligée de cõdescendre à ses volontez, s'il persiste à ses intentions.
L'vsage du mariage n'est pas illicite pendãt la grossesse : & les mariez apres l'accouchemẽt ne sont pas obligez de garder les iours de la purification prescriptes en la loy Mosaïque Leuit. 12, la loy estoit ceremoniale & est abrogée.
Si l'vsage du mariage est permis aux foux.
Quand les deux cõjoincts sont foux ou furieux faut les separer & ne leurs permettre l'vsage du mariage, à cause du danger que l'enfant encourroit. Si l'vn est sain d'esprit, l'vsage du mariage est permis, supposé qu'il n'y aye nul danger d'auortement, ny peril pour le regard de celuy qui est sain d'esprit. Lors que celuy qui est fol ou furieux demande le deu de mariage, celuy qui est sain d'esprit n'y est pas obligé, d'autant que la demande de l'autre n'est pas vne action humaine, libre ny raisonnable : toutefois il pourroit arriuer 75 quelques fois qu'il y seroit obligé, à raison du peril d'incontinence. Cela s'entend de ceux qui sont continuellement foux & sans aucun interual.
On n'est pas obligé au deu du mariage auec notable interest de sa santé.
Personne n'est obligé au deu de mariage auec notable interest de sa santé. Si l'vn des mariez est lepreux & l'autre sain, celuy qui est sain n'est obligé à rendre le deuoir, s'il y a danger de contagion, ou s'il a grande horreur de l'autre, ce qui se doit entendre lors que la lepre est suruenue depuis le mariage, car si elle l'a precedé, & a esté connue de celuy qui est sain, il est obligé au deu de mariage, car c'est vne charge qu'il a voulu subir.
Quiconque sçait que le mariage est nul ne peut ny rendre, ny demander le deu de mariage à la partie qui n'en sçait rien, car ce seroit fornication : voire n'y a aucun commandement de superieur qui l'y puisse obliger.
La pudeur m'oblige d'obmettre beaucoup d'autres cas concernans cette matiere, & renuoyer ceux qui auront quelque doubte, aux resolutions des Docteurs qui en ont amplemet escry : ou aux aduis d'vn sage, docte & prudẽt confesseur, plustot que d'exposer au vulgaire ce qui seroit peut estre leu auec plus de curiosité que d'vtilité, auec plus de destruction que d'edification : i'en diray encor quelque chose traitant des empeschemens qui rendent le mariage illicite.
Les mariez peuuent estre parfaits.
Les mariez ne doiuent pas perdre courage en leur condition, ils peuuent y trouuer la perfection : s'ils ne peuuent y auoir la pureté de corps, au moins qu'ils s'efforçent d'avoir la pureté d'esprit : que si la sensualité les emporte quelques fois qu'ils escoutent ce que dit S. Fulgence, epist. 1. de coniug. Coniugatus si tori fidem non deserat, sed in uxore sua naturali dumtaxat usu aliquantum excedat, non solum generationem quærens, sed carnis libidini obediens, hoc equidem sine culpa non sacit. Talis autem culpa, citius bene operanti atque oranti remittitur: quia ipsi coniugi seruat maritalis charitas fidem, in qua non potest maritalis infirmitas custodire temperiem: et si nuptialis in vxore modestia non tenetur, à nuptiali tamen fide, nulla immoderatione disceditur. Si celuy qui est marié n'enfraint pas la fidelité coniugale, mais en l'vsage de son mairage fait quelque excés, ne cherchant pas seulement la generation, mais encor de contenter sa sensualité, il n'est pas sans faute, mais telle faute se remet aysement par les bonnes œuures & par l'oraison, d'autant qu'il garde la fidelité à sa partie, quoy qu'en cela l'infirmité humaine s'emporte à quelque excés, & encor bien que la modestie qui y deuroit estre n'y soit pas, toutefois rien ne se fait contre la fidelité qui est deuë.
Ces parolles doiuent seruir d'exhortation aux mariez d'exercer des bonnes œuures, & de s'addoner à l'oraison autant que leur condition leur permettra, afin que par ce moyen ils satisfacent pour les excés ausquels la sensualité & l'infirmité humaine pourroient les emporter à l'vsage de leur mariage, & qu'ils reparent de ce costé là ce qu'ils pourroient perdre de l'autre.
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Filet cadre, rayé. Des mauuaises fins qu'aucuns se proposent au mariage, & premierement de ceux qui se marient principalement pour les richesses. CHAPITRE XIII.

Le desordre des choses humaines vient faute de se proposer la fin.
IL semble que tout le desordre qui se retrouue és choses humaines, pro cede de ce qu'on ne considere pas assez la fin de chaque chose: par exem-ple, pourquoy est-ce qu'aucuns employent leurs richesses à ioüer? à des bastimens superflus, à yurongner & gourmander? à contenter leur lubricité & en choses semblables? sinon d'autant qu'ils ne considerent pas assez la fin pour laquelle Dieu leurs a donné. On se mocqueroit de celuy qui emploiroit du velour, du satin, du drap d'or, pour torcher les planchers; mais quelle occasion de mocquerie? sinon d'autant qu'il ne considere pas assez la fin de ces estoffes pretieuses, qui ne sont pas faites pour vne chose si vile à laquelle il les employe, elles sont faites pour vne fin plus noble. Ne seroit-ce pas le monde renuersé, si ayant à receuoir quelque grand Roy, dans vn superbe palais, vous logiez ses cheuaux ou valets dans les belles chambres dorées, azurées, lambrissées, historiées, tapissées, & le Roy aux escuries, ne voyez vous pas que c'est contre la fin qu'on s'est proposée à la bastisse de ce palais?
La plus part des hommes en leurs actions & deliberations sont semblables aux petits enfans, qui empoignent tout aussi tost ce qu'on leurs presente ; monstrez leurs vn cousteau, ils l'empoignent & se couppent ; vne chandelle ils y mettent le doigt & se bruslent: plusieurs prennent le premier estat & condition qu'on leurs offre, sans penser plus auant, & souuent se procurent leur ruine & mal-heur eternel. Tout ainsi que presentant à vn villageois vn liure bien doré, dãs lequel il y a quelques figures, & qui est rempli d'vne belle, haute & salutaire doctrine, ce bon homme s'amuse à considerer cét or & ces images, sãs se soucier du principal, qui est la doctrine, de mesme plusieurs en leurs actions & deliberations ne regardent que ie ne sçay quelle parure, ie ne sçay quoy d'exterieur sans percer plus auant, prenans souuent l'ombre pour le corps; l'accident pour la substance ; & les moyens, pour la fin : ainsi au progrés de leurs actions, ce n'est que desordre faute d'en auoir bien considéré la fin.
Si cela est veritable en toutes autres actions humaines, il est sans doute tres veritable au mariage, lequel la plus part des hommes entreprennent sans sçauoir ce qu'ils sont, ny pourquoy ils le font : s'y iettans sans considera 77 tion & sans reflexion. Aucuns le font par surprise : d'autres par legereté s'en gageans sans sçauoir comment : d'autres se proposans ie ne sçay quelle liber-té, & pretendans que par cét estat ils s'exempteront du domaine des peres & meres : d'autres par imitation, faisant ce qu'ils voyent que fait la plus part du monde : d'autres pour estre riches; pour iouyr de leurs plaisirs : pour atteindre à quelque estat ou honneur pretendu.
Ainsi il ne m'estonne pas qu'on voit tant de mariages infortunez, puis que n'ayans pas esté commencez pour les fins pour qui cét estat est ordonné, il ne faut s'estonner si tout y vast à rebours, & si ayant mal commencé, on continue encor plus mal, & on finit tres-mal. Faut ne trouuer estrange si on a tant de trauers, & tant de peine à les surmonter, d'autant que tels mariez n'ont receu la grace du Sacrement, comme n'y ayant apporté la disposition requise, qui est de se marier, in Christo & in Ecclesia c'est à dire, pour la fin pour laquelle ce Sacrement a esté institué. Aucuns se proposent biẽ quelque fin, mais prouenantes du conseil de leurs passions, & non de Dieu, & partant opposées à la grace qu'il a adjoincte à ce Sacrement, & qu'il pre tend donner à ceux qui le reçoiuent, pour les fins pour lesquelles il est in-stitué. Ces fins peruerses & sinistres peuuent estre en tres-grand nombre, ie les reduiray à trois principales, qui sont les richesses, l'ambition & le plaisir : ie commence par les richesses.
Ceux de Toscane ne permettoient pas que ceux qui estoient à marier se dõnassent des presẽs mutuellement.
Anciennement en Toscane on ne permettoit pas que ceux qui vouloient se marier se donnassent des presens mutuellement, de peur qu'ils ne fondassent & establissent leur affection plustot sur les dons & richesses que sur la vraye & solide amitié: on ne permettoit pour tout autre don, sinon vn anneau de fer sans aucune pierrerie, que l'espoux pouuoit donner à l'espouse, & s'appelloit proubus, qui estoit plustot vne marque de fidelité & d'amitié qu'vn object de conuoitise, n'estant d'aucun pris. Maintenant on fait tout le contraire, on regarde le pris & non pas l'amitié, ny le fondement de la vraye amitié, qui est la vertu.
Vn ieune homme est à marier, son intention sera de se mettre à son ayse, d'auoir dequoy, ainsi voulant rechercher quelque fille, il ne s'informe pas si elle est sage, bien nourrie, humble, docile, deuote, craignante Dieu : si Ce qu'ordinairement on cherche en mariage les parens sont gens de bien, si leurs moyens sont acquis par bonne voye : c'est assez qu'ils soient riches : & la premiere demande qu'on fait est, combien elle aura. Vn autre se promet que le mariage luy seruira d'eschelle pour monter à l'honneur, & à quelque estat où il aspire, ou à l'amitié & connoissance des grands & n'a autre but. D'autres n'ont que leur sensualité pour fin, & l'assouuissement de leurs plaisirs brutaux, & n'est-ce pas exclure 78 Iesus Christ de leurs nopces pour y inuiter Mammon, Lucifer, Asmodée ? ainsi tant s'en faut qu'ils reçoiuent la benediction du ciel comme ceux de Cana de Galilée par le changement de l'eau en vin, c'est à dire, par le changement de ce qui est naturel, en surnaturel : de ce qui est humain, en diuin: de ce qui est sensuel, en meritoire ; au contraire ils n'ont que de l'eau & souuent bien trouble, bien puante, & bien boüeuse, qu'ils boiuent toute leur vie, plus abondamment qu'ils ne voudroient : ce qu'il ne faut trouuer estrange puis que l'intention ou la fin estant vitiée tout le reste ne peut guere valoir : la source estant corrompue & gastée le ruisseau ne peut qu'il ne s'en ressente.
L'amitié ne peut estre fondée sur les richesses.
Le fondement & le lien du mariage doit estre l'amour, l'amour ne peut estre ferme & asseuré fondé sur les richesses que S. Paul appelle, incertum diuitiarum, 1. Timoth. 6. Incertitude comme n'ayant autre fermeté & solidité que le temps, que la fortune, que le vent, que la sable, & la poussiere : qui en effect ne sont que sable & terre mouuante, & biens de fortune. Le Philosophe l'a bien reconneu, Eth.44 9. où il dit, amicis extantibus propter bonum delectabile : aut utile, hoc cessante cessat amicitia. Lors que l'amitié n'a au tre fondement que l'vtilité, ou le plaisir, le plaisir, ou l'vtilité cessans l'a-mitié perit. Ie n'improuue45 pas que quand on choisit partie qu'on ayt quelque esgard aux moyens, car autrement il seroit mal-aisé de supporter les charges du mariage, d'esleuer les enfans, d'auoir vne paix entiere, puis que souuent la pauureté est accompagnée de riottes ; mais ce que i'improuue & qui doit estre improuué de tous, est de mettre les richesses pour principale fin de son mariage, qui est inuiter Mammon à ses nopces. Non Iesus-Christ, qui est prendre des biens, vne maison, vne metairie, vne Seigneurie, & non vne femme.
Martia fille de Catõ ne veut espouser personne qui la prẽne pour ses richesses.
Martia46 fille du sage Caton, monstra bien qu'elle auoit esté nourrie en bonne escole, lors (comme rapporte S. Hyeros. contra Iouinian. lib. 1.) qu'estant deuenue veuve, encor fort ieune, & se voyant sollicitée par ses amis de se remarier, elle leurs respondit : ie ne puis acquiescer à vos aduis, d'autant que non inuenio virum qui me magis velit quam mea : ie ne trouue point d'homme qui m'aime mieux que mes biens. Elle iugeoit fort prudemment (quoy que Payène) qu'on ne doit pas attendre grãde amitié ny prosperité d'vn mariage qui se fait pour l'amour des richesses plustot que pour l'amour des persõnes.
Vn Philosophe qui donne sa fille à vn pauure & sage plustot qu'à vn riche & sot.
C'estoit le sentiment de cét autre Philosophe qui voyant sa fille recher chée de deux ieunes hommes, l'vn desquels estoit pauure, mais sage & biẽ ad-uisé : l'autre riche & estourdy : la donna à celuy qui estoit pauure, ce que ses amis luy reprochans, il leurs dit, malo dare filiam viro indigenti pecunia: quam pecuniæ indigenti viro : i'aime mieux donner ma fille à vn homme qui ait besoin d'argent : qu'à de l'argent qui ait besoin d'vn homme.
79
Il arriue des grands inconueniens de semblables mariages faits principa
Qui espouse plus riche que soy vend sa libreté.
lement pour les richesses, i'en remarqueray quelqu'vns des principaux. Et ie tire le premier de Plutarque, de liberorum educatione, où il dit, argentum qui accipit, imperium vendidit, quicõnque reçoit de l'argent & des presens d'autruy, vend sa liberté : si cela est vray en autre occasion, beaucoup plus en mariage. Vn homme pauure marié à vne femme riche est obligé d'endurer Inconueniens qui arriuent des mariages qui se font principalemẽt pour les richesses. mille reproches, & dix mille indignitez. Elle luy objecte à tout bout de champs, qu'il n'estoit qu'vn gueux, qu'il ne vit que par elle, que sans elle il seroit miserable, & n'auroit de quoy frire47, qu'il seroit sans honneur & consideration : elle prent vn ascendant sur le pauure mary qui deuient comme esclaue de l'arrogance de sa femme. Et enfin il voit qu'il a l'honneur de manger à la table de son maistre qui est sa femme: n'est-ce pas ce que dit S. Hierosme contra Iouinian. Pauperem uxorem, alere difficile est diuitem ferre tormentum est. C'est vne chose bien difficile que d'entretenir vne femme qui est pauure, & c'est vne pesante croix de supporter vne femme qui est riche.
Secondement l'experience ne monstre que trop souuent que les richesses qui auoient esté amassées auec beaucoup de temps & de sueur se dissipent en peu de mois. En semblables mariages vn gentil-homme qui n'a peut-estre rien de recommandable que ses ancestres, au reste pauure & d'effect & d'esprit, qui n'a pas grande conduite, espousera vne fille de marchand, riche : tout son but n'est que d'en auoir : aussi tost on voit les escus de ce pauure marchand (qui a voulu resleuer sa maison par cette alliance) voler dru & menu, quoy qu'ils luy ayent tant cousté de sueurs, tant de veilles, tant de voyages, & qu'il a amassé auec tant de perils. Vne partie est employée à payer les debtes que ce Monsieur a fait, pour se donner entrée à ce mariage : partie à dresser son train, à des cheuaux, des chiens, des va lets, & puis au bout de quelque temps on est contraint de manger che-uaux, carosses, tapisseries, & quand on a vescu de ce mesnage, & vendu tout, on ronge ce pauure marchand iusques aux os, tout y va, & ce qui auoit esté amassé par plusieurs generations, & de pere en fils, est tout dissipé en peu de temps.
Troisiémement cela est cause souuent d'vne grande inegalité en mariage, vn ieune homme espousera vne vieille decrepite, pourquoy ? non par amour qu'il ait pour elle, c'est plustot vn remede d'amour qu'vne allumette : mais elle a des escus, c'est assez, il y fait bon : vne jeune fille prendra vn vieillard à demy pourry, tout punais, & gangrené, quelle amitié peut-elle auoir pour luy ? mais elle en a assez pour ses moyens, aussi quand ces mariages sont arrestez, qu'on est asseuré des moyens de cette bonne vieille, ou de ce bon vieillard, on n'en demande que la fin, on est fort aisé qu'on est deschargé de 80 ce qui ne fait qu'ennuyer, se contentant d'en auoir la despouille; si on iette quelque larmes en l'enterrant, qu'on fasse quelques souspirs, ce ne sont que des mines, & cela prouient de ioye plustot que de tristesse; car on possede ce qu'on pretendoit, & on a perdu ce qu'on desiroit perdre.
Quatriémement Dieu voulant faire le premier mariage, dit faciamus ei adiutorium simile sibi, Gen.2. faisõs luy vn aide qui luy soit semblable. Quelle ressemblance y peut-il auoir entre vn homme frais & gaillard, & vne marmote demy morte? entre vn vieillard qui radotte, & vne ieune fille fringante? & puis que la ressemblance est cause d'amitié, il ne faut pas attendre grande amitié en cette dissemblance, qui n'a autre alliance que pour les biens. Ie ne dis pas qu'il n'y en puisse auoir, lors que semblables mariages se font pour des bonnes & sainctes considerations, & qui sont selon Dieu. Mais il est bien difficile que cela soit, lors que le but & la fin principale n'est autre que les richesses. Quæ pars bona diuitis ad pauperem? Eccles.13. quelle alliance & intelligence y peut-il auoir entre le riche & le pauure?
Il y doit auoir de la ressemblance entre les mariez.
Tout ainsi dit Platon, que le miroir qui est enchassé dans du fin or, fust il à vingt quatre carats, n'est pas bon miroir pour cela, mais est d'autant meil leur miroir que plus naïfuement il represente son object : ainsi la femme sem-ble d'autant meilleure qu'elle represente son mary de plus prez en toutes choses, en noblesse, en aage, en richesses. Et qui ne voit qu'en cette diuersité & disproportion, que cause souuent le desir des richesses, il n'y peut auoir grande representation ? bien vne grande contradiction, & vne multitude d'inconueniens, qu'on ne ressent que trop tous les iours : car si le mary est ieune & la femme vieille, ce sont des ialousies : si la femme vieille & le mary ieune, des adulteres : & tant d'autres maux, cause pourquoy S. Paul dit aux Corinth.1.5. Scripsi vobis ne commisceamini fornicarijs huius mundi, aut auaris, aut rapacibus, ie vous ay escry que vous n'ayez à faire aucune alliance auec les fornicateurs, auec les auares, & auec les rauisseurs du bien d'autruy.
Les richesses causent la damnatiõ.
Ces parolles me fournissent le cinquiéme inconuenient, qui est que lors que le mariage se fait principalement pour les richesses, il y a danger de tomber au gouffre d'auarice: & enfin de la damnation. Les poëtes ont feint que Pluton estoit le Dieu des richesses & des enfers. Pourquoy ? sinon pour donner à entendre que le souuent les richesses sont cause de la damnation, & qu'il y a vn fort grãd rapport entre les richesses & l'enfer. N.S.48 dit, Matth. 5. Beati pauperes spiritu, quoniam ipsorum est regnum cœlorum. Bien heureux sont les pauures d'esprit, d'autant que le Royaume des Cieux leurs appartient: & Difficile au riche d'estre sauué. quelle sera la part des riches? Væ vobis diuitibus, Luc. 6. Mal-heur à vous autres riches, & Matth. 19. Amen dico vobis quia diues difficile intrabit in regnum cœlorum, ie vous dis en verité que mal-aysement le riche entrera au Royaume 81 des cieux, au mesme lieu. Iterum dico vobis facilius est camelum per foramen acus intrare quam diuitem intrare in regnum cœlorum. Ie vous dis derechef qu'il est plus aisé de faire passer vn chameau par le trou d'vne aiguille, que ce qu'vn riche entre en paradis.
Les Apostres s'estonnerent de ceste parole, & dirent, quis ergo poterit saluus esse? Si cela est, qui pourra estre sauué? mais nostre Seigneur respondit, apud homines hoc impossibile est, apud Deum omnia possibilia sunt. Comme voulant dire, c'est vn trait de la toute puissance de Dieu; c'est vn faict de son infinie bonté que le salut d'vn riche, c'est vne chose qui surpasse tout pouuoir humain, il faut vne assistance speciale.
Ie confesse que quoy que les richesses d'elles mesmes soient indifferentes, c'est à dire, ne soient ny bonnes, ny mauuaises, que toutesois elles sont plustot bonnes que mauuaises, puis qu'elles sont creatures de Dieu, faictes pour l'vsage de l'homme, & qu'elles sont dons du mesme Dieu. Ce qu'elles ont de mauuais, vient du mauuais vsage que la corruption de nostre nature en fait, & de nostre insatiable conuoitise : elles sont comme vne eschelle de laquelle on peut aussi bien se seruir pour monter que pour descendre; on peut aussi bien monter au ciel par les richesses, que descendre en enfer : les employant suiuant l'intention que Dieu a eu les creant. Elles sont comme vn bateau sur la riuiere, si vous le laissez aller au fil de l'eau il coulle en bas, & enfin se trouue à la mer : mais si vous voulez qu'il monte, il faut ramer. Les richesses sont de mesme, si vous vous laissez aller selon le fil & le cours de la conuoitise humaine, elles descendent & vous meinent à l'abysme de la damnation; mais si trauaillant, si vous faisant force, si resistant à la conuoitise, si ramant contre le fil vous surmontez la concupiscence, elle vous feront monter au ciel.
Socrate disoit que les richesses és mains d'vn meschant homme, sont cõ me vn glaiue en la main d'vn frenetique, qui ne sert qu'a se nuire, & aux au- Les bons se seruent bien des richesses, les mauuais, mal. tres : ainsi les richesses causent des vangeances, des banquets, des luxes, des luxures, superbe, vanité, & tant d'autres maux, estant és mains d'vn meschãt, mais és mains d'vn homme de bien, causent des misericordes, des aumosnes, & tout autre bien. L'eau d'Egypte, par le commandement de Dieu fut changée en sang és mains des Egyptiens; mais és mains des Israelites, c'estoit de l'eau tres pure: les vrays Israelites, les predestinez, manient les richesses comme de l'eau pure : mais és mains des reprouuez, c'est sang, meurtres, querelles, procés, rapines, cruauté, inhumanité. Es mains du mauuais riche, ce n'est que sang, pas vn petit ressentiment de la misere du pauure Lazare; mais festins, delicatesse, luxe, magnificence; és mains de Iob, vne eau de benediction, oculus fui cœco & pes clando; pater eram pauperum, Iob. 29. i'estois l'oeil des aueugles, le pied des boiteux, le pere des pauures.
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Vous ne cherchez que les richesses en vous mariant; & ne voyez vous pas Richesse comparée à la ratte. que c'est chercher vostre damnation? L'empereur Traian au rapport de Sextus Aurelius auoit coustume de dire que les richesses estoient semblables à la rate, d'autant que tout ainsi qu'a mesure que la rate croit, on deuient debi le, & a peine de marcher, voir de respirer; de mesme à mesure que les ri-chesses croissent, l'infirmité des vices croit, la superbe, la cholere, l'auarice, la gourmandise, la luxure, &c. & à peine peut on marcher dans le chemin du ciel.
L'espoux celeste inuite son espouse, l'exorte à se haster, mais voyez la qualité qu'il luy donne, surge propera amica mea, colomba mea. Cant.2. Leuez vous, hastez vous mamie, ma colombe : pour quoy colombe sinon d'autant que la colombe n'a quasi point de rate, & partant est fort viste à son vol, & monte bien haut. Le moyen de vous rendre aggreable à Dieu en vostre mariage, de voler à la perfection de cét estat, enfin de monter au ciel, n'est pas de mettre pour la fin principale d'iceluy les richesses qui au contraire souuent par le poids de leur affection attirent à la perte & damnation eternelle.
Helas ! qu'il n'est que trop vray ce que dict Huges de S. Victor escriuant à vn sien compagnon qui vouloit se marier ! Ducuntur hodie vxores non causa fornicationis vitandæ, sed causa luxuriæ: non causa prolis sed causa pecuniæ, diuitiæ magis in vxoribus eligi solent, quam pudicitia: multi non oculis sed digitis vxores ducunt. Optima & sana res quam non auaritia conciliat, quam non luxuria copulat. On se marie maintenant non pour euiter la fornication, mais pour contenter la sensualité : non pour auoir des enfans, mais pour auoir de largent : on aime mieux des richesses en vne femme, que la pudicité : pluseurs font l'amour non par les yeux mais auec les doigts, cest à dire, non pour les vertus qu'ils voient, mais pour les escus qu'ils comptent. C'est vne bonne alliance qui n'est faicte par auarice, qui n'est cimentée par la luxure.
Quelqu'vn demandoit vn iour à Lycurgus pourquoy il auoit ordonné en sa republique qu'on ne donnast aucun dost aux filles, c'est, dit-il, afin que pas vne ne demeure sans mary faute de moyens, & qu'on ne les recherche pour les richesses : mais afin que les ieunes hommes ayent esgard aux mœurs des filles & à leurs vertus: c'estoit pour la mesme raison qu'il bannit le luxe, le fard, & les ornemens de sa ville. Nous aurions maintenant besoin de cette loy parmy les Chrestiens, où la plus part de mariages se font plustot pour les richesses que pour la vertu, aussi en voit on reussir tant de mal-heurs.
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Filet cadre, rayé. De ceux qui se marient principalement pour satisfaire à leur ambition. CHAPITRE XIV.

AVcuns inuitent à leurs nopces vn diable nommé Lucifer qui preside à la superbe, ce sont ceux qui se proposent l'honneur & aggrandissement de leur famille, comme la fin principale de leur mariage : & comme cette fin n'est fondée que sur le vent & la fumée, il ny peut auoir grande solidité en tel mariage, pour y fonder vn parfait contentement, & on n'en peut pas esperer grand bon-heur. Ie m'en vay vous marquer quelques inconueniens des semblables mariages.
Inconueurens des mariages faits pour l'ambitiõ.
1. Les oiseaux tindrent vn iour leurs estats generaux, ou apres auoir rendu tous deuoirs & homages à l'aigle, & l'auoir reconnu pour leur Roy, deputerent vn d'entre-eux (peut-estre le rossignol, comme le mieux enlangagé de tous) pour luy congratuler de la part des Estats, de tant de qualitez royalles desquelles la nature l'auoit enrichy par dessus tous les autres, ce qui le ren Fable de l'aigle qui se marie auec l'austruche. doit meritoirement Roy : toutesfois qu'il sembloit qu'vne luy manquoit pour le comble de ses grandeurs, sçauoir qu'il estoit d'vn corsage trop petit, ainsi qu'il estoit tres humblement prié par toute l'assemblée des Estats, de se marier à vn oyseau plus grand, pour auoir des aiglons plus grands, & afin que rien ne manquant à sa grandeur royalle: & on luy assigna l'austruche: l'aigle se conforma au conseil des Estats : le voila marié, mais voyant que l'austruche mangeoit le fer & l'acier, voulut faire diuorce : c'est vne fable laquelle cependant nous represente au vif ce qui se passe tous les iours.
Ce bon marchand viuoit fort à son ayse, riche, content, iouyssant en repos des trauaux de ses ancestres & des siens; ses amis luy mettent en teste qu'vne chose luy manque, sçauoir vne bonne & releuée alliance, qu'il faut marier sa fille à quelque Seigneur pour auoir des enfans plus grands, & ennoblir sa race, il le fait, mais quand il voit qu'on mange bois, montagnes, vallées, forges, metairies, champs, maisons, Sei Les mariages faits par ambition causent souuent vn mespris. gneuries: il voudroit bien trouuer le moyen de faire diuorce, or c'est trop tard, il n'est plus temps.
2. Souuent par semblables alliances on pretend de l'appuy, & pour toute pretension, on n'a que du mespris : celuy des conioincts qui est d'vne condition plus releuée que l'autre, ne veut reconnoistre les parents de l'austre, & 84 quand il y est contraint, ce n'est qu'auec honte & confusion : que s'il y a de la communication, celuy qui est plus releué, & qui a esté mieux & plus ciui lement esleué, voit tant d'impertinences, tant de manquemens de nourritu-re de l'autre costé, que cela luy fait mal au cœur, & n'a conuersation auec eux, qu'auec horreur & repugnance.
Au 4. des Roys chap. 14. il est dit par vne certaine parabole que le chardon enuoya vne ambassade au cedre du Liban pour rechercher sa fille en mariage pour son fils, Da filiam tuam filio meo vxorem. Les bestes du Liban conceurent tant d'indignation de cette outrecuidance, qu'elles foullerent aux pieds le chardon en vangeance de sa temerité. Mon amy, vous auez esté si sot que de vous allier, poussé de vostre ambition, vous qui n'estiez qu'vn petit chardon, à ces grands cedres; & ne vous estonnez pas si toute la race vous foulle aux pieds, & au lieu de l'appuy qui vous pretendiez, vous n'en auez qu'vn honteux mespris & vne miserable cheute.
On dit que la tortue considerant vn iour le bon heur de l'aigle qui volloit si haut, & par son vol alloit quasi par tout, regardant dessoubs soy les villes & les pays, commença à deplorer son mal heur, se voyant condamnée à ramper tousiours par terre, & trainer dans la bouë & l'ordure : elle pria Ambitiõ de la tor tue qui veut mon ter en haut, & l'applicatoin l'aigle de la porter en haut & luy faire voire le monde : mais regardant en bas, les yeux commencerent à luy tourner en teste; n'estant accoustumée de regarder de si haut, elle eut peur, & commença à souhaitter qu'elle fust dans son ancien trou, pria l'aigle de l'y rapporter, mais l'aigle luy dit, ie t'ay bien promis de t'esleuer en haut, mais non de te remettre en ton ancienne place, ainsi retira la serre, ma pauure tortue tomba en bas, & se froissa. Mon amy que vous estiez à vostre ayse dans vostre petite fortune, viuant en assurance, & en tranquillité; vous auez veu ces Messieurs, qui comme des aigles se fai soient admirer par le vol de leur vanité, vous auez voulu estre esleué par cet-te belle alliance, mais n'estant accoustumé à ces haulteurs & façons de viure, les yeux vous tournent, les soustiens que vous pretendiez vous manquent, & vous estes tout estonné que vous vous voyez tombé de tant plus haut que vostre ambition estoit plus grande, & miserablement froissé, par vne ruine honteuse & miserable.
Le mariage doit estre entre sem blables.
3. Cest vne grande merueille quand en semblables mariages s'y trouue de l'amitié, car comme nous auons dit, la ressemblance estant cause d'amitié, comment en pourroit il auoir en vne telle dissemblance? nunquid coniungere poteris micantes Pleiades? Iob. 38. Omne animal diligit sibi simile, omnis caro ad similem sibi coniungitur, dit le Sage Eccli. 13. Tout animal aime son semblable & s'allie auec luy, tout ainsi que la dissemblance est cause d'auersion, & d'antipathie, si communicabit lupus agno, Eccli. 13. Que le loup & l'agneau n'ont point de communication : de mesme, la ressemblance en nature, en esprit, 85 en mœurs, en richesses, en noblesse, en aage est cause d'amitié. Car comme dit le mesme sage, Eccli. 13. pondus super se tollet, qui honestiori se communicat, faire alliance auec plus grand que soy, car comme dit le mesme au mesme endroit, quid communicabit cacabus ad ollam? quando enim se colloserint consringitur. Le pot de terre n'a garde de s'approcher du pot de cuiure, dautant que s'ils viennent à s'entre-hurter, il sera brisé. Pares cum paribus ueteri prouerbio facillime congregantur, Cicer. in Catone maiore49. Les egaux s'accordent facilement.
Il peut arriuer qu'vne ieune fille de village, quoy que d'extraction vile, & La vertu recompense ce qui manque de naissance. de nulle recommandation, recompense ce que la nature ne luy a donné, auec tant de vertus, que ce qui luy manquoit de naissance, est tres-abondamment rehaussé par ses bonnes mœurs, & bonne grace, & lors elle peut estre tenue pour vrayement noble, puis que la vraye noblesse consiste en la vertu: & lors l'alliance n'en est pas mesprisable: comme au cõtraire, vne de presomption, & d'orgueil.
Esther n'estoit qu'vne simple fillette, mais qui pour sa singuliere beauté, & ses vertus royales, par vne prouidence Diuine, fut esleuée au faiste de l'honneur, meritant d'espouser le grand & puissant Roy Assuerus : & Vasthi50, pour son orgueil, fut repudiée. Athenais qui depuis fut appellée Eudocia, quoy que de petite extraction, fut portée par le char de ses vertus, sur le trosne imperial, ayant esté choisie entre tãt d'autres par l'Empereur Theodose pour son espouse. Il y en a tant de semblables.
L'inesgalité en mariage fait qu'vn des conioinctes est valet de l'autre.
4. Souuent en tel cas, l'vn ou l'autre est valet, si la femme est de grande maison, elle fait la Dame, & tient son mary comme vn faquin : si le mary est plus releué que sa femme, il ne la tient que comme vne seruante. S. Hierosme dit, que comme Marius (ce grand capitaine Romain) offroit vn iour sa fille à Metellus, fille qui estoit forma nobilis, dote diues, genere clara, fama felix, Ex cellente en beauté, tres-puissante en moyens, noble d'extraction : de tres-bonne reputation, il ne respondit autre chose sinon, Malo meus esse quam suus, I'aime mieux estre mon maistre, que d'estre valet d'vne femme.
Metellus refuse la fille de Marius, de peur d'estre son valet.
Et non seulement vn mary releué tiendra vne femme de basse condition pour sa seruante, mais tous les parens de sa femme, & en fera litiere, voire s'ils ont quelque chose, il faudra leur tirer pour contenter son ambition insatiable.
On n'en trouue pas beaucoup qui soient retenus en ce poinct, comme Grande modestie & fidellité de Lycurgus. estoit Lycurgus. Son frere estant mort on le choisit pour regner en sa place, à condition que si la femme de son frere estoit grosse, que ce seroit sans preiudice du fils qu'elle porteroit, au cas que ce fust vn fils, il admit 86 la condition. La Reine vient trouuer Lycurgus, l'asseure qu'elle estoit grosse, mais qu'elle sçauoit bien le moyen de perdre son fruict, & qu'elle estoit preste de le faire s'il vouloit, & s'il luy promettoit de reconnoistre vn tel bienfait. Non Madame (luy dit Lycurgus) conseruez ce fruict que vous portez, quand vous l'aurez mis au monde, nous nous en deferons bien. La reine accoucha, & d'vn beau fils, Lycurgus aussi tost fit assembler le peuple, prend cét enfançon entre ses bras, le couure de la pourpre royalle, & dit, viue la iustice & la la fidelité, voila vostre Roy. O que telle retenuë est rare ! que dit plustost la plus part du monde, viue l'iniustice & l'infidelité, moyennant qu'on fasse fortune, & qu'on s'aggrandisse, on ne se soucie ny de pere, ny de mere, ny de nepueux, ny souuent de ses propres enfans, quand vne fois on s'est consacré à l'ambition.
Anciennemet au rapport de Pline, les espoux quelques iours auant leurs espousailles, enuoyoient vn anneau de fer à leurs espouses, aucuns disent Anciennement les espoux donnoiẽt vn anneau de fer à leurs espouses, & pourquoy. entre autres Pierius, que c'estoit pour leurs representer la seruitude des femmes, lors qu'elles se marient. Clement Alexandrin dit qu'en cet anneau nuptial, estoit grauée la marque de la fidelité, vertu que la femme doit garder inuiolablement à son mary. L'anneau d'ordinaire se met au doigt qui est le plus proche du petit. Isidore remarque qu'au petit doigt y a vn nerf qui tire au cœur, on met donc l'anneau proche de ce nerf du cœur, pour faire entendre aux mariez que leur alliance doit proceder, non des richesses & des consderations humaines, mais du cœur, & d'vn vray amour, autrement, ia mais il ne sera accompagné de bon-heur. Tout cela nous monstre bien quel-ques conditions du mariage, mais voicy vne pensée qui est plus à mon propos : tout ainsi qu'entre l'anneau & le doigt il y doit auoir de la proportion, si l'anneau est trop estroit, il ne peut seruir, s'il est trop large, il est aussi inutile : de mesme, il faut de la proportion entre ceux qui se marient, afin que l'amitié, la paix, & la concorde accompagne leur mariage, & que le tout se passe à leur contentement.
Ie ferme ce chapitre par vne histoire rapportée par par S.Bernardin tom 4. serm 36. On auoit (dit il) fait vn mariage par surprise pour esleuer & mettre en honneur vne famille, mais il y auoit autant de correspondance entre les parties, comme entre le loup & l'agneau : le ieune homme estoit bien fait & accomply en toutes les perfections de sa qualité. La Damoiselle estoit riche en disgraces du corps, & guere plus auantagée aux dons de l'esprit. On auoit couuert les defectuositez de son corps de beaucoup de parures, si bien qu'on pouuoit l'accomparer à vn singe richement desguisé, ou à la corneille d'Esope, belle, mais d'vne beauté empruntée. Entre autres perfections, elle estoit naine, mais on l'auoit monté sur des patins capables d'en faire vne geante. Le ieune homme la premiere nuict des nopces la voyant despouillée 87 de toutes ces impostures, & reconnoissant qu'il auoit espousé vne beauté feinte, en prit vn tel degoust qu'il s'enfuit du lict nuptial & la quitta. Voila la fin qu'ont souuent semblables mariages, ou s'ils ne sont accompagnez de diuorces, au moins le sont ils de discordes & de reproches, & à peine si trou ue il vne once d'vne amitié sincere, ny vn iour de bon-heur, & souuent tou- te leur ambition n'est qu'vne fusée qui se creue en l'air, & ne leurs laisse au-tre chose que du bruslé, & la fumée, ie veux dire vn repentir & vne confusion.

Filet cadre, rayé. De la troisiesme fin qu'aucuns se proposent en leur mariage, qui est la sensualité CHAPITRE XV.

VOicy vn puant Diable qu'aucuns inuitent aux nopces, c'est Asmodée qui ne fait sa demeure qu'aux marais & cloaques; & qui par sa puanteur & infection chasse des lieux où il se trouue, Iesus Christ, nostre Dame, & les Apostres: c'est à dire la grace. Cela arriue lors que les contractans ont pour fin principal de leur mariage l'assouuissement de leurs sales & brutales voluptez, sicut equus & mulus quibus non est intellectus , comme cheuaux & mulets sans entendement.
Ce mal heur commence d'ordinaire par les yeux, lesquels espris de quel que beauté n'ont autre but que la iouissance d'icelle, & en vne affaire de tel-le importance, n'admettent autre conseil que de leur passion.
Ie n'oserois condamner la beauté, c'est vn don de Dieu : si elle estoit blasmable Iesus Christ ne l'auroit pas eu au souuerain degré duquel Dauid dit, Iesus Ch. tres beau. speciosus forma præ filiis hominum. Qu'il est beau par dessus tous les hõmes, quoy que Tertul., ait voulu dire au contraire : Dieu ne l'auroit pas donnée à nostre Dame qui estoit toute belle, non seulement interieurement & quant à l'ame, mais aussi exterieurement & quant au corps, & partant appellée par deux fois belle Cant. 1. Ecce tu pulchra es amica mea, ecce tu pulchra es.
La beauté du corps est comme la monstre de celle qui est, ou doit estre en l'ame, & la vertu qui fait la beauté de l'ame, est d'autant plus prisable selon l'ancien prouerbe, qu'elle est accompagnée d'vne plus grande beauté du corps.
Gratior est pulchro ueniens de corpore uirtus.
La beauté est vn grand tresor, en vne femme principalement, & tout ain La bonté est profitable. si disoit Anacreon in odis51, que la nature a armé le bœuf de cornes : le lion de dents & de griffes, le poisson d'aislerons : l'oiseau d'aisles : le cheual 88 d'ongles: le lieure de vitesse, l'homme de prudence : ainsi a elle donné la beauté à la femme, qui luy sert de bouclier & de lance, voire de chaine pour capituer les cœurs des plus puissans monarques, & des plus redoutables guerriers.
La beauté est fragile.
Dieu n'a pas refusé ce present à tant de nobles matrones de l'ancien Testament comme Sara femme d'Abraham, Rachel, Rebecca, Abigail, la Sunamite, Iudith, Ester, & autres. Mais c'est vne grande folie de s'arrester seulement ou principalement en vne chose si fragile & inconstante, forma bonum fragile est quantumque accedit ad annos sit minor, & spatio carpitur ipsa suo : ἢϰρó νoσ ảváλωσ εv ἢ vóτoς έμàρανε la beauté se ſeche, ou par maladie, ou fletrit avec l'aage.
La beauté comparée à l'eau.
Pindare compare la beauté à l'eau, qui est en element beau & clair, mais labile & perissable, & ne fait que couler. Et tout ainsi disoit il, que l'eau apporte des grandes commoditez, toutefois son voisinage est dangereux pour des debordemens & deluges qu'elle cause; de mesme la beauté est prisable, mais quand elle desborde au dela de la raison, elle cause de grands rauages.
La beauté comparée à l'once.
L'once52 est vn animal beau & plaisant à voir, la bigarrure de ses couleurs, ioincte à la proportion de son corps, accompagnée de ie ne sçay quelle grace que nature luy a donnée, fait qu'il charme les autres animaux, & les attire à soy, mais comme il sont prez de luy, il les deuore : la beauté a des charmes qui entrans par les yeux, penetrent iusque au cœur, le capituent le perdent.
Il ne faut pas trop se fier à la beauté, disoit Theophraste, car comme dit vn autheur moderne, c'est vne tromperie muette, qui persuade sans eloquence, qui crie sans voix : qui brusle, sans feu; qui discourt, sans langue; attire, sans violence : appelle, sans parole : blesse, sans armes : tue, sans frapper & sans coup ferir. Cest vn puissant attrait qui a eu le pouuoir d'attirer Samson de sa Sam-ſonpatrie, Salomon du seruice de Dieu, pour le faire idolatrer; a reduit Iacob à vne longue seruitude; effeminé Hercule; rauy le cœur à Dauid, cor meum dereliquit me, & à tant d'autres.
Beauté dangereuse.
La beauté est vn feu, mais plus actif que le feu elementaire: celuy cy ne brusle que ce qu'on luy donne, celuy là ce qu'il voit. Pauure papillon garde les approches de cette chandelle brillante, si tu t'en approche temerairement, tu ty brusleras, ignis est usque ad perditionem deuoraus, Iob. 31. L'aspic tue de sa veue, aussi fait la beauté : il est vray que la beauté est prisable en vne femme, elle ne laisse pourtant d'estre souuent dangereuse. Voire mesme à celles qui sont tres-femmes de bien, mais en vne mechante femme cest vn anneau d'or aux nazaux d'vne truie, circulus aureus in naribus suis mulier pulchra & fatua, Prouerb. 11.
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Ie m'en vay vous marquer quelques inconueniens qui arriuent lors qu'au mariage on se propose pour fin principale la sensualité & la beauté. Le premier est que rarement la concorde y dure, d'autant que n'estant fondée que sur la corruption qui est la beauté & sur le plaisir corruptible & passager, qui est tout brutal & vil, elle ne peut estre solide, fallax gratia & vana est pulchritudo: Prouerb. 38. Voire souuent telle amitié se change en L'amitié n'y est de durée. inimitié, laquelle est d'autant plus grande que l'amitié a esté plus passionnée. Amnon m'en seruira d'exemple, qui apres auoir eu ce qu'il pretendoit de Thamar sa soeur, Exosam eam habuit odio magno nimis: ita vt maius esset odium quo oderat eam, amore quo antè dilexerat, 2. Reg. 13. la hait mortellement & sa haine fut plus grande que n'auoit esté grand l'amour qu'il auoit porté.
Sont suiuies d'vn repentir.
Le second est que le repentir suit ordinairement semblable mariage, apres que la passion est passée, que les yeux sont deffilez, & qu'on voit la faute qu'on a fait, ou se mes alliant : ou s'incommodant, ou mesprisant les aduis des amis; l'authorité des peres & meres, voire foullant aux pieds toute consideration, raison & remonstances : naissent les regrets, & on est obligé de passer le reste de ses iours dans des mes-ayses, melancholies & chagrins, sainct Augustin a bien remarqué cét inconuenient, ad Ruffinum. Placet delectatio, sed pungit delictum: flos veneris rosa, quia sub eius purpura multi latitant aculei : le plaisir attire, mais il cause des pointes : la rose est agreable, mais les espines sont cachées au dessoubs de ce beau vermeil. C'est le mesme que dit Solomon Prouerb. 5. Nitidius oleo, guttur eius, sed nouissima eius amara uelut absynthium. Souuent la beauté est semblable aux Syrenes qui attirent les passans par la douceur de leur chant, & puis les precipitent dans la mer. On est bien estonné lors qu'apres quelques iours de passe‑temps & inconsiderement dans vne mer de maux, qu'on se voit abandonné de tout le monde, mocqué, mesprisé dans la necessité, & qu'on a de la chair & point de pain. On se trouue tout de mesme que ces galleux qui se gratent & s'escorchent pour vn peu de plaisir: pour vn plaisir mille douleurs.
L'issue en est funeste.
Troisiemement l'issue de tels mariages est souuent funeste & tragique, on en voit naistre des ialousies, des haines, des meurtres, & Theophraste ne veut espouser vne belle femme ny vne laide. bien souuent les theatres ensanglantez, & les familles des-honorées : il n'y en a que trop d'exemples. Propter pulchritudinem mulieris multi perierunt, Eccle.9. Plusieurs se sont perdus pour la beauté des femmes. Theophrastus au rapport de S. Hierosme contre Iouinian , disoit à cette occasion, Nec pulchram volo mulierem, nec turpem. Non pulchram quia difficile erit custodire quod 90 omnes amant: nec turpem quia molestum est possidere quod nemo dignatur habere. Ie n'en veux ny vne belle ny vne laide : non vne belle, car il est difficile de garder ce que tous aiment : ny vne laide d'autant que c'est chose facheuse de posseder, ce que personne ne daigne auoir. Vn autre estant interrogé pour quoy il auoit pris vne femme laide, ie pourray bien, dit-il, garder vne lai-de, mais comment pourrois ie garder celle qui plairoit à tout le monde ? Helas combien de mal-heurs, combien d'adulteres, & de desordres suiuent semblables mariages? Si Sara femme d'Abraham n'eust esté si belle, elle n'eust mis son mary en danger de sa personne, et ne l'eust obligé de l'abandonner à Pharaon au Genese 12. Si Bethsabée femme d'Vrie n'eust esté belle, elle n'eust donné subiect à Dauid de la conuoiter, & n'eust esté cause de la mort de son mary, pleut-il à Dieu qu'il ne s'en trouuast tant d'exemples si tragiques.
Souuent la beauté porte des mauuais fruicts.
Quatriesmement il faut confesser que Dieu a donné la beauté à la femme pour bonne fin & pour en tirer des bons effects, mais la corruption de nostre nature en tire souuent des tres-mauuais. Le chesne est vn bel arbre d'vne riche taille, droit, d'vn beau branchage & cependant qui ne porte autre fruict que pour des bestes immondes : la vigne est vn petit bois tortus, contemptible en apparence, rampant contre terre, mais qui porte vn fruict de benediction. Souuent vne femme belle ne porte que des fruicts de lubricité & vne moins belle, est comme vne vigne beniste. Vxor tua sicut vitis abundans, qui porte des fruicts de benediction. Et quelle merueille lors qu'on ne se marie que pour la beauté & sensualité, si les enfans ne sont que fruict de sensualité, mais quand on se marie à bonne fin, Dieu par sa grace fait qu'on produit des fruicts de grace, & destinez pour le ciel.
Vn Ange de Dieu me fournit vn cinquiesme inconuenient, c'est Raphaël. Tobie 6. Voicy ses propres parolles qu'il dit à Tobie, Audi me &, ostendam tibi qui sunt quibus præualere potest damonium. Hi namque qui coniugium ita suscipiunt, ut Deum à se & à sua mente excludant, & suæ libidini ita uacent, sicut equus & mulus quibus non est intellectus, habet potestatem dæmonium super eos. Escoute moy, & ie te monstreray qui sont ceux lesquels le Diable peut Comme Dieu punit ceux qui ne cherchent que la sensualité en leurs mariages. surmonter.
Ceux qui se marient sans penser à Dieu, qui n'ont autre but que d'assouuir leur concupiscence comme le cheual & le mulet qui sont sans entendement, voila ceux contre lesquels le Diable peut preualoir. Aussi disoit Tobie fort sagement & sainctement à sa femme, filij sanctorum sumus, & non possumus ita coniungi sicut gentes quæ ignorant Deum, Tob.8. nous sommes enfans de peres & meres craignans Dieu, & partant ne faut pas que nous nous comportions en nostre mariage comme des Gentils qui ne connoissent pas Dieu.
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Les Chrestiens n'ont ils pas plus d'occasion de dire le mesme? Ie vous demanderois volontiers qu'elle fut la cause de la mort de sept marys de Sara, mariée puis apres à Tobie, ne fut-ce pas leur sensuelle brutalité qu'ils se proposoient comme la fin de leur mariage ? & qui est cause que le Diable a pouuoir sur tant de mariages ? C'est souuent qu'on n'a autre intention que la sensualité & non la lignée : C'est souuent qu'on met Dieu en oubly, & qu'on ne le craint pas : C'est souuent qu'en se mariant on ne se soucie, ny des conseils des peres & meres, ny des ordonnances des hommes, ny de l'Eglise : & puis ne faut s'estonner si Dieu enuoye des punitions exemplaires sur tels mariages, escoutez S. Paul il vous enseignera comme Dieu veut que vous vous cõportiez en vos mariages, Hæc est uoluntas Dei sanctificatio uestra, vt abstineatis vos à fornicatione, vt siat vnusquisque vestrum vas suum possidere, in sanctificatione & honore, non in passione desiderij sicut & gentes quæ Deum ignorant 1. Thessal., 4. Voicy ce que Dieu demande de vous, sçauoir que vous soyez saincts, que vous vous gardiez de fornication, & non pour satisfaire à sa passion, comme font les Gentils qui ne connoissent pas Dieu. C'est l'explication de S. Augustin.
Cecy a donné occasion au Sage d'aduertir les ieunes hommes à marier de ne faire l'amour par les yeux, Eccli. 25. Ne respicias in mulieris speciem, & non concupiscas mulierem in specie, voulant vous mariez ne prenez pas tant garde à la beauté comme aux mœurs d'vne femme. Quelqu'vn disoit que pour faire vn bon mariage il ne falloit faire l'amour ny des yeux ny des doigts, ceux-la font l'amour des yeux qui ne regardent que la beauté, & n'ont autre fin que leurs plaisirs & sensualité, ceux- la font l'amour des doigts qui ne regardent que les richesses. Les vns & les autres se trompent, puis que le plus solide fondement de l'amour, est la vertu.
Dieu auoit deffendu aux enfans de Loth qu'ils ne se mariassent auec les enfans de Cain, mais ayans estez pris par les yeux, & charmez de la beauté de ces filles, sans auoir esgard à la deffense de Dieu, ils firent alliance auec elles : il fallut vn deluge vniuersel pour expier cette faute; cependant ie ny trouue ny inceste, ny adultere, rien que de la sensualité, Videntes filijs Dei filias hominum quod essent pulchræ, acceperunt sibi vxores ex omnibus quas elegerant.
Mais quoy ! faut-il donc que ceux qui ont contracté auec ces fins & in tentions fassent diuorce ? doiuent-ils desesperer de leur salut, & du bon-heur de leur mariage ? doiuent-ils passer le reste de leurs iours en miseres ? rien moins, car leur mariage est vray mariage, si d'ailleurs rien n'y manque, puis que c'est vn contract fait auec le consentement mutuel, & auec les formes ordinaires. Ce qu'il faut qu'ils fassent est d'uoir recours à la grace & 92
assistance de Dieu qui ne leur manquera, s'ils ne manquent à Dieu de leur costé. Donc le remede (lors qu'ils s'apperçoiuent que leur principale fin en contractant a esté ou l'auarice, ou l'ambition ou la volupté) est d'en deman der pardon à Dieu, purifier leur intention pour l'aduenir, & affermir desor-mais leur mariage, sur les fins pour lesquelles Dieu l'a institué.
I'aduertis vne autre fois qu'on peut auoir esgard aux richesses, pour euiter les incommoditez qu'apporte la pauureté : à la beauté pour conseruer l'amour & n'entrer en degoust; au plaisir que la nature y adjoinct, pour la conseruation & multiplication de l'espece, comme elle l'a mis au boire & manger pour la conseruation de l'indiuidu, mais le mal est com me vne espece de sacrilege, entant qu'on abuse d'vne chose saincte & sa-crée : ou qu'on y procede auec trop de passion & d'affection aux richesses, aux honneurs, aux plaisirs ne se souciant des fins pour lequelles Dieu l'a institué. Les Babyloniens ne pouuoient consommer le mariage qu'ils n'eussent auparauant gousté du parfum : taschez de vous mettre en la grace de Dieu auant l'vsage de vostre mariage, pour passer le tout à sa gloire, & à vostre salut.

Filet cadre, rayé. Que pour estre heureux en mariage, & en tous autres estats, ne faut s'y engager sans bien connoistre si Dieu appelle. CHAPITRE XVI.

V N Pere de famille sage, iuste & puissant, ne dispose pas de ses enfans par hazard, & n'employe pas ses seruiteurs qu'il a en nombre, sans reconnoistre leurs talents & inclinations : mais veille tousiours au bien de ses enfans, pour leur donner l'estat & la condition de vie qu'il sçait leur estre conforme, & employe ses seruiteurs, suiuant les qualitez & habitudes qu'il reconnoit en eux.
Dieu en la creation a eu esgard aux quali tez & habitudes de chaque creature.
Ce grand Dieu qui se qualifie tant de fois Pere de famille, qui a fait tout ce monde des trois doigts de sa bonté, toute-puissance & sagesse : qui le gouuerne auec nombre poids & mesure : a eu tres-grand esgard en la creation à la place, nature, qualité, office & exercice qu'il a donné à chaque creature en particulier, pour petite qu'elle soit, sans qu'il y en ayt vne seule en tout l'vniuers qui ne soit placée par la dispo 93 sition & ordre de sa diuine & souueraine prouidence.
Cela et tres-veritable pour le regard des autres creatures, & qui pourroit douter qu'il le soit à l'égard de l'homme, & que Dieu s'estant deliberé de créer tant d'hommes qu'il auoit dans ses diuines idées, il n'ayt eu esgard à chacun en particulier considerant l'estat auquel selon l'ordre de sa prouidence il le destinoit, luy donnant au poinct de l'execution de ses desseins, les talents, qualitez, & habitudes conformes au choix qu'il en auoit fait de toute eternité ? douter de cela est douter de la diuine prouidence, douter de la diuine prouidence est douter de la diuinité, & douter de la diuinité est estre fol.
Dieu fait choix de chaque homme en particulier.
De ce choix depend tout nostre bon-heur & perfection ; mais quis nouit sensum Domini, aut quis consiliarius eius fuit ? qui se peut vanter d'auoir esté Conseiller d'estat de ce souuerain Monarque ? qui sçait ses secrets ? humilions nous soubs sa puissante main, & disons ce qui est en Iob 38. Nunquid nosti ordinem cœli, & pones rationem eius in terra ? connoissez vous l'ordre que Dieu a estably dans le ciel ? pourriez vous rendre raison de celuy qu'il a constitué en terre ? c'est chose qui surpasse vostre capacité, & qui est reseruée à cette supreme & incomprehensible intelligence : laquelle par sa bonté a donné la nature & les proprietez aux moindres moucherons, & aux plus petits vermisseaux, & à plus forte raison à chaque homme en particulier ; & par sa sagesse les eslit à tel estat qu'il sçait leur estre conforme, appellant les vns à vne sorte de vie, d'autres à vne autre, ayant vn tel esgard au bien vniuersel de tout le monde en general; qu'il ne neglige celuy de chaque creature en particulier, & sur tout de l'homme : & par sa toute puissance fait reussir les effects conformement & à sa bonté & à sa sagesse, sans toutefois forcer l'ordre qu'il a estably en l'vniuers.
I'apperçois deux freres qui naissant de mesme pere & de mesme mere, voire d'vne mesme ventrée. Dieu ! qu'ils sont differens en inclinations !
Les diuerses inclinations sont effects de la Prouidence diuine.
Oserions nous croire que cette diuersité soit fortuite ? c'est vne impieté de le croire : mais peut estre prouient elle des influences des astres ? ce sont des resueries de le penser. Non, il ne la faut attribuer à autre cause qu'à la diuine Prouidence laquelle comme dit Iob c.28. Fecit uentis pondus & aquas appendit in mensura, qui posuit fluuij legem & uiam procellis sonantibus, qui a donné le poids aux vents, qui a posé les eaux par mesure, qui a donné la loy aux riuieres, & la voye aux tempestes sonnantes : Aussi c'est luy qui en a esleué aucuns par des excellents talents qu'il leurs a donné, & les a fait comme des vents & nuées : d'autres commes des eaux de riuieres, leurs ayant donné des talents mediocres pour couler contre terre, & s'exercer aux offices de moindre importance. Les Roys peuuent bien eslire des seruiteurs, & les 94 admettre à leurs cours, mais ne peuuent leurs donner les talents ny les habitudes & inclinations conformes aux exercices ausquels ils les choisissent: mais Dieu autheur de la nature & de la grace, nous choisit, & nous enrichit d'inclinations & de talents conformes au choix qu'il fait de nous ; afin que nous faisions ce à quoy il nous a destiné auec plaisir en suite de l'inclination : & auec perfection en suite de la capacité qu'il nous donne.
Mais comme la prouidence diuine est douce, elle s'accommode à la nature des choses qu'elle a creé, cooperant necessairement auec les necessaires, librement auec les libres, & comme elle a donné à l'homme la liberté, aussi nonobstant toutes ces inclinations & suffisances, elle ne Nostre bon-heur depend de ce que nous nous conformions au choix que Dieu a fait de nous. le force point de prendre l'estat auquel elle l'a destiné, ains laisse le tout à son choix, c'est à luy de se determiner, mais cependant faut croire que tout nostre bien, toute nostre ioye, tout nostre bon-heur : le repos de nostre conscience ; le bon ordre de nostre vie ; la perseuerance en la vertu ; en vn mot le poinct de nostre predestination consiste à nous conformer au choix qu'il a pleu à sa diuiue bonté faire de nous de toute eternité, Elegit nos in ipso ante mundi constitutionem. Dieu a fait choix de nous par les merites de son fils de toute eternité, & cette conformité se doit faire paroistre principalement lors qu'il est question de nous resoudre touchant l'estat & condition de nostre vie. Que si nous y manquons toute nostre vie court risque d'estre parsemée de tristesse, de regrets, & peut estre de mal-heurs, & d'vne ruyne eternelle.
Posons le cas que Dieu vous ayt destiné au mariage, il vous aura donné les inclinations & habitudes conformes à cette vocation : que si faisi de quelque tristesse, de quelque desespoir, poussé par le mouuement d'autruy; violenté par vos parents, pour aduantager les autres; ou sans conseil ny consideration, vous vous iettez dans la religion, dans le celibat : ne rompez vous pas l'ordre de la Prouidence diuine ? ne fermez vous pas la porte aux graces celestes que Dieu auoit determiné vous donner en l'estat auquel il vous auoit destiné ? voulez vous que Dieu fasse vn nouueau monde & vne nouuelle Prouidence pour vous ? est-ce la raison que Dieu s'accommode à vostre volonté, ou vous à celle de Dieu? ie dis le mesme de tout autre estat.
D'icy viennent tant de plaintes lors qu'on se trouue chargé d'vn faiz insupportable; ce n'est pas celuy que Dieu vous auoit preparé, il passe vos forces, attribuez en la pesanteur à vostre temerité; c'est vn bel & bon habit, mais qui n'est taillé sur vostre mesure : c'est vn gand qui n'a nulle proportion auec vostre main : c'est vn soulier qui n'est a vostre poinct, & quelle merueille s'il vous cause des incommoditez ?
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Vous aurez recours à la misericorde de Dieu, dites vous, en vos angoisses & difficultez ; ne meritez vous pas qu'elle vous manque au besoin, puis que vous luy auez manqué le premier ? mais Dieu est bon : il est vray, & a plus de bonté que vous de malice, ie le confesse : toutefois ie crains qu'il ne vous die ce qu'il dit en Osee 2. à vos semblables, Me inuocabunt Deus meus, cognouimus te Israel : Mon Dieu nous auons recours à vous en nos mal-heurs, nous connoissons que vous estes tout bon & tout misericordieux. Helas ! nous abandonnerez vous ? mais voicy comme il respond, Proiecit Israel bonum, inimicus persequitur eum, ipsi regnauerunt & non ex me: principes extiterunt & non cognoui. Israel m'a mesprisé, il n'a point fait d'estat de l'ordre de ma prouidence, il sera poursuiui d'ennuis, de tristesses, de tentations : ils ont regné, ont esté esleuez en des dignitez, mais ce n'estoit pas suiuant mes ordres. Pouuez vous donc attendre vn bon succés d'vn tel estat de vie ? ce seroit Eliezer contre la verité infallible de l'Euangile qui dit, Omnis plantatio quam non plantauit Pater meus cœlestis eradicabitur, Matth. 15. toute plante qui n'aura esté plantée de la main de mon Pere celeste sera arrachée.
Helas ! si le mal-heur vous est arriué d'auoir choisi vn estat de vie en cette forte, ie n'entens pas que vous iettiez le manche apres la coignée53 par vn mal-heureux desespoir, il est quelquesfois arriué par la bonté & misericorde Diuine, que ceux qui n'auoient eu autre conseil en leur vocation que leur passion ont fort bien finy, & apres s'estre reconnu, & auoir demandé pardon à Dieu, & s'estre proposé vne meilleure fin, ont ressenti les efforts de la misericorde Diuine : mais c'est faire fort imprudemment que de choisir quelque estat auec mauuaise fin sur cette confiance. D'ordinaire ceux qui suiuent la vocation diuine au choix de leur façon de viure, arriuent à bonne fin : de douze Apostres que IesusChrist choisit il n'y a eu que Iudas qui se soit perdu : mais de ceux qui prennent vne autre routte que celle que la Prouidence diuine leurs a marquée plusieurs perissent, peu arriuent à bon port, ce que ie m'en vay prouuer par exemples au Chapitre suiuant.
Cul de lampe. 96

Filet cadre, rayé. Est prouué par exemples que ceux qui suiuent la vocation Diuine ont bon succez, & au contraire ceux qui ne la suiuent, mauuais. CHAPITRE XVII.

C E n'est pas assez à la prouidence & bonté Diuine de donner à chacun les inclinations & habitudes naturelles desquelles nous auons parlé au Chapitre precedent, conformement à la vocation ou estat auquel elle nous a destiné : mais elle passe plus outre, ces inclinations & habitudes Ce que fait la grace de la vocatiõ. n'estant que naturelles sont seulement comme la semence de la grace sans laquelle elles ne peuuent rien qui soit : elles sont bien quelque commencement, mais c'est la grace qui introduit la forme & qui donne l'estre & la vie à l'action. C'est elle qui nous faict comme vn autre homme, nous donne comme vn nouueau cur, & nouuel esprit : vne nouuelle ame, nouueaux yeux, nouuelles mains, nouuelle langue, dit S.Machaire Homil. 44. & comme il donna à l'asnesse la parole ; & rendit le feu de la fournaise, chaud de sa nature, comme vne douce rosée : addoucit la furie des lyons en faueur de Daniel, aussi change il par sa grace les ames & les esprits conformemnt à la vocation, qu'il en a fait : d'où vient que l'ame fortifiée & assistée de cette grace fait auec douceur & consolation ce qu'autrement luy sembleroit impossible, & trouue vn singulier contentement en sa vocation.
Car tout ainsi que le bœuf ne peut voler comme n'ayant point d'aisles, & l'aigle se guinde parmy l'air à la faueur de ses aisles auec autant de facilité comme le bœuf marche auec les pieds; de mesme celuy qui est en quelque estat de vie qu'il a choisy de soy mesme, sans consulter la Prouidence diuine, trouue difficulté par tout, estant destitué de ceste grace particuliere : mais celuy qui a suiuy la Prouidence diuine vole à la faueur de la grace & ne trouue aucune difficulté, ou s'il en trouue la surmonte aysément, & à mon aduis on luy peut appliquer ce que dit Isaie 40. Qui sperant in Domino mutabunt fortitudinem, assument pennas sicut aquile, current & non laborabunt, ambulabunt & non deficient : ceux qui ont mis leur esperance en Dieu changeront de force, prendront des aisles comme vn aigle, courront sans trauail, marcheront sans lassitude : ie m'en vay vous le monstrer par aucuns exemples tirez de l'escriture saincte.
Pourquoy Iacob surmonte l'Ange?
Le Partriarche Iacob, Gen.32. se trouue en vn rude combat auec vn An ge, il ne s'estoit pas ietté temerairement dans ce hazard, il eust esté teme- 97 Cyrill. aduersus Iulianum raire de le faire, la partie n'estoit pas egale: ce fut vn trait special de la Prouidence, comme enseigne le sage Sap. 20. Certamen forte deditei vt vinceret, & sciret quoniam omnium potentior est sapientia. Il luy donna vn rude combat, afin qu'il vainquit & sçeust que la sapience surmonte tout. S. Cyrille est d'opinion qu'il combatit non auec vn ange, mais auec Dieu mesme; soit que ce fust auec vn ange, ou auec Dieu, quelle proportion y auoit il entre les combatans ? d'vn homme auec vn ange ? mais auec Dieu ! Mais il estoit choisi de Dieu pour cela, Dieu l'y appelloit, s'il s'y fust ingeré de soy mesme, c'estoit vne insolence & temerité, or l'entreprenant en suite du choix & de la vocation diuine, vt vinceret, il deuoit emporter la victoire, secondé de de sa grace, fortifié de son assistance, & apprendre qu'il n'y a rien de plus puissant que la sapience diuine.
Pourquoy souffrez vous tant en cét estat de mariage, de religion, de celibat ? pourquoy estes vous si souuent vaincu ? pourquoy y trouuez vous tãt de difficultez sinõ d'autant que ce n'est pas Dieu qui vous a donné ce combat, c'est vostre passion, vostre temerité, c'est vostre sagesse terrestre, animale, mõdaine pour ne dire diabolique qui vous y a conduit; & non la sapience diuine de laquelle partant vous ne deuez attendre vostre secours si ce n'est par vn excés de misericorde.
Cause de la victoire de Dauid contre Goliath.
Dauid 1. reg.17. entreprend vn perilleux duel, ne semble il pas vn petit temeraire ? luy vn ieune homme, qui ne s'est iamais trouué au combat, qui peut estre n'a iamais tiré espée; qui ayant endossé les armes de Saül ne peut se bouger. Que diriez vous le voyant marcher auec hardiesse ? la teste le uée couuert tant seulement d'vn meschant habit de pasteur : pour armes of-fensiues n'ayant pour tout qu'vne fronde & cinq pierres. Encor sembleroit il temeraire d'agasser vn chien auec si peu de defense; mais d'aller affronter vne tour de chair, vn monstre armé iusques aux dents, deuant lequel il ne sembloit qu'vn petit pigmée, qui n'eut creu que ce geant l'escraseroit comme vn petit ver ? & cependant tout le contraire aduient, car il luy planta la confusion sur le front & la mort au cœur, l'abbatant par ses propres armes & triomphant de luy.
Ne vous en estõnez pas, certamen forte dedit ei vt vinceret, c'estoit par vn instinct de la Diuine prouidence ce qu'il en faisoit, c'est ce qu'il proteste au commencement du combat : tu venis ad me cum gladio & hasta, & clypeo: ego autem venio ad te in nomine Domini exercituum Dei agminum Israel. Goliath entreprit ce combat de soy mesme, poussé de sa vanité : Dauid suiuant les inspirations de la sapience Diuine. Goliath auec tous les aduantages naturels & acquis qu'il auoit sur Dauid, fut vaincu : Dauid demeura vainqueur, apprenez combien nous pouuons auec la grace de Dieu : combien est foible no stre force, nostre industrie, nos aduantages, lors qu'ils sont destituez de se- 98 cours d'enhaut & partant ne vous precipitez au hazard sans la conduite de la sapience celeste car, qui amat periculum peribit in illo, Eccli. 3. qui s'expose au peril s'y trouuera engagé, & vaincu.
Dieu dit vn iour au Prophete Ieremie c.1 Prophetam in gentibus dedite. Ie Ce que faict la grace de la vocation en Hieremie. t'ay choisi pour estre mõ Prophete : le pauure Ieremie recourut aussi tost aux excuses, & dit, & quoy mon Dieu ! moy estre Prophete ! A a a Domine Deus ecce nescio loqui quia puer ego sum, ne voyez vous pas bien que ie ne fais que begayer, ie ne suis qu'vn enfant : mais Dieu luy dit, noli dicere puer sum, c'est noli dicere puer ſumen vain que tu t'excuses, c'est en vain que tu crains, ne crains point, d'autant que ego tecum sum. Ie suis auec toy, c'est vn effect de ma prouidence, c'est moy qui t'ay choisi, & pour preuue de ce choix, misit dominus manu suam & tetigit os meum, dit il, &dixit Dominus ad me: ecce verba mea in ore tuo, ecce constituite hodie super gentes, & super regna, vt euellas, & destruas, & disperdas, & dissipes, & ædifices, & plantes. Dieu estendit la main, toucha ma bouche, & me dit, ie mets ma parole en ta bouche, ie t'ay estably auiourdhuy sur les peuples, & sur les royaumes, afin que tu arraches, que tu destruises, que tu perdes, que tu dissipes, que tu edifies & plantes.
Ie trouue fort bon que vous recognoissiez vostre foiblesse, & que de vous mesme vous n'auez la force d'entreprendre aucun estat quel qu'il soit, mais aussi faut il qu'ayant reconnu ce que Dieu veut de vous, vous vous confiez à son assistance, qui sera que tout ce que vous entreprendrez reüssira à sa gloire & à vostre contentement, vous laissant gouuerner par sa prouidence.
Que nous ne pouuons rien sans la grace de la vocation.
Au premier de Machabées c.5. Ioseph & Azarias, deux de plus signalez du peuple d'Israel entendant les haults faicts de Iudas Machabée & de ses compagnons; piquez d'honneur se deliberent d'acquerir de la reputation par leurs armes, mais au premier choc les voila en fuite, nõ sans vne grãde boucherie de ceux qui les suiuoient, en estant demeuré deux mille sur la place, & toute l'armée estant en desroute, quelle fut la cause de ce mal heur? ipsi non erant de semine virorum illorum, per quos salus facta est in Israel, ils n'estoient pas choisis de Dieu pour cét office, il s'y estoient ingeré : leur ambition les y auoit porté : & partant ils n'y receurent que de la confusion. Cependant Iudas & ses freres prosperoient en leurs entreprises : aussi estoient ils choisis de Dieu, appliquez cela à vostre personne, l'application en est aisée.
S.Pierre, Luc. 5. se plaint qu'il a pesché toute la nuict sans rien prendre, la nuict est fort propre pour la pesche, cependant il ne prend rien : ce n'estoit pas par commission de son miastre qu'il auoit entrepris cette pesche, c'estoit de sa propre volonté, & partant Dieu ne seconde pas son trauail, il ne prent rien : mais il n'eut pas si tost ietté ses silets par commission de son maistre, qu'il enueloppa si grande quantité de poissons dãs ses rets, qu'il y en eut suf 99 fisamment pour charger deux nacelles. Ce n'est pas merueille si rien ne vous reüssit en ce que vous aurez entrepris de vostre propre volonté : au contraire tout vous viendra à souhait suiuant la volonté de Dieu, in verbo tuo laxabo rete, Luc 5.
Les Apostres Matth.8. se trouuent en grand danger de leurs personnes, la mer est en furie, les ondes semblent les vouloir engloutir, les vents les menacent de ruine totale. Vous diriez que leur pauure barque va fondre aux abysmes; mais nostre Seigneur les secourt, il y estoit obligé, puis que c'estoit par sa conduicte & conseil qu'ils s'estoient embarquez. Si vous vous embarquez en quelque estat, auec la conduicte du ciel, tout l'enfer pourroit se bander contre vous, tous les elemens pourroient conspirer à vostre ruine, toute la nature la nature pourroit se renuerser, que cependant vous demeurerez debout & trouuerez qu'il est tres-veritable, quoniam omnium potentior est sapientia.
Nostre Seigneur enuoye ses Apostres, pauures ignorans & rousturiers (pour la plus part) affronter les roys & empereurs, s'opposer à la sagesse des philosophes, pour renuerser les faulses diuinitez qui ont esté adorées iusques alors; comme des petits agneaux entre les loups, il leurs predit les contradictions & persecutions qu'ils doibuent auoir : mais voicy le secret, voicy leur force, ecce ego mitto vos, ie vous enuoye; c'est moy. Posui vos vt eatis. Comme s'il vouloit dire ne craignez rien, cette entreprise est moy & partant ie ne vous abandonneray pas : il repugne à ma Prouidence ce de vous auoir choisi & vous abandonner, confiez vous en moy, tout succedera comme ie l'ay minuté. Si Dieu permet qu'en l'estat que vous sçauez n'auoir entrepris que suiuant la vocation Diuine vous trouuez des difficultez, c'est pour vous esprouuer, non pour vous perdre, puis qu'il vous y-a mis il doit vous y assister, autrement sa Prouidence seroit defectueuse & ses promesses trompeuses, ce qui ne peut estre. C'est vne tempeste qu'il permet, & peut estre fait semblant de dormir, esueillez-le par vos prieres, & vous sentirez son secours, si c'est sa gloire & vostre bien, ou la force & consolation pour la supporter auec patience & merite.
S. Paul 1.Corint.7. dit, volo omnes sicut meipsum esse, sed vnusquisque proprium donum habet à Deo, vnus sic, alius autem sic. Ie desirerois bien, si faire se pouuoit, que tous fussent comme moy, sans estre mariez, & vequissent en vn estat auquel ils puissent librement vaquer au seruice de Dieu, & soient exempts des tribulations que le mariage cause : mais chacun a son don & vocation parti culiere, l'vn au mariage, l'autre à la virginité, l'autre à la viduité. Il apparte-noit à sa prouidence d'establir diuers estats ausquels la mesme prouidence appelle les hommes chacun à celuy qu'elle connoit luy estre propre, & que les mariez ne perdent pas courage, leur etat est vn don de Dieu, donum & 100 hoc à Deo, & ne manquera de donner à ceux qu'il y appelle la grace, qui est vn autre don, necessaire pour viure conformement à cét estat, pour y trouuer la perfection & y faire son salut. Dieu ne donne pas à tout le don de continence, il en appelle aucuns au mariage, soit ou de peur qu'ils ne bruslent dans les brasiers de la concupiscence : soit qu'il veut les perfectionner dans les difficultez du mariage & y raffiner leur patience & leurs autres vertus, & les faire paroistre au monde comme autant de lumieres. Soit qu'il veut se seruir d'eux comme de plantes de benediction pour en faire sortir des fruicts de predestination : partant chacun doit diligemment prendre garde où Dieu l'appelle, & inuoquer le secours de la grace en l'estat ou il sera appellé.

Filet cadre, rayé. Comme on peut reconnoistre quelle est la volonté de Dieu, touchant son estat ou vocation. CHAPITRE XVIII.

L'Espouse au Cantique 5. parlant des cheueux de l'Espoux, dit, qu'ils sont haults comme les palmes les plus releuées, noirs, comme corbeaux, Comæ eius sicut elatæ palmarum nigræ quasi coruus, on peut entendre cela de la prouidence Diuine, signifiée par les cheueux qui sont les moin dres parties de nos corps, desquels toutefois Dieu a vn soing particulier, sui-uant ce que nostre Seigneur dit, Matth. 10. Vestri capilli capitis omnes numerati sunt. Tous les cheueux de vostre teste sont comptez, & en suite des cheueux, on entend les moindres creatures du monde, voire les moindres actions qui s'y font, qui n'ont autre ressort que la prouidence Diuine : ils sont eleuez comme palmes, dautant, ou que la connoissance humaine n'y peut atteindre, à laquelle cette Prouidence est incomprehensible : ou pour monstrer que Dieu a soin des choses petites & des grandes, Attingit à fine vsque ad finem, gouuernant toutes les creatures depuis la plus petite, iusques à la plus grande. Elle fait mention du corbeau, pour signifier que lors que nous sommes abandonnez de tous moyens humains, la Divine prouidence ne nous abandonne pas, mais nous assiste plus puissamment, comme il fait les petits corbillons, lors qu'estant esclos, le pere & la mere les abandonnent l'espace de sept iours : mais la Diuine prouidence escoutant leurs petites patenostres, par lesquelles ils luy demandent leur pain quotidien, suiuant ce que dit Dauid, Qui dat iumentis escam ipsorum, & pullis coruorum inuocan- 101 tibus eum, Ps. 146. & Iob. 38. quis præparat coruo escam suam, quando pulli eius clamant ad Deum vagantes eo quod non habeant cibos, qui est- ce qui pre pare le desieuner aux petits corbillons quand ils ont recours à Dieu, se voy-ans abandonnez de pere & mere n'ayans de quoy manger ? comme voulant dire, n'est-ce pas cette diuine Prouidence. Elle dit que ces cheueux sont noirs comme corbeaux, & esleuez comme palmes. S.Iean Apoc. I. dit qu'ils sont blancs comme laine lauée, & comme la neige: les cheueux de l'espoux ou de Dieu, sont les haults proiects que sa prouidence a formé de nous de toute eternité, & comparé aux palmes les plus haultes. Ils sont noirs & blancs dit Theodoret sur le 5. des Cantiques, noirs dautant qu'ils nous sont obs curs & incomprehensibles, blancs d'autant qu'ils sont purs, saints & in- faillibles, & ne sont pas si noirs que si nous voulons nous seruir des moy-ens qu'ils nous a laissé, ils ne nous puissent estre blancs; pas si hauts, que nous n'y puissions atteindre auec sa grace, mais comment ?
La vocation de Dieu ne nous mã que pas.
Sainct Bernard Ad Cleric. cap.1. & 2. a des paroles pleines de grande consolation qui sont fort à bon propos, & que ie ne puis obmettre : escoutez le parler : plane conuersio animarum opus est Diuinæ vocis, non humanæ, nec sane, laborandum est, vt ad vocis huius perueniatur auditum, labor est potius aures obturare ne audias, nimirum vox ista se offert, ipsa se ingerit, nec pulsare cessat ad hostia singulorum. La conuersion des ames (disons la vocation aux diuers estats) est vne œuure de la voix de Dieu, non de l'humaine, nous ne deuons nous mettre en peine que cette voix ne se fasse entendre, mais plustost que nous ne bouchions nos oreilles pour ne l'entendre, cette voix crie par tout, nous preuient, frappe à la porte d'vn chacun. Il semble auoit tiré cette pensée du premier des Prouerbes, ou la Sapience crie & appelle les hõmes, & fait tout deuoir de les attirer.
Plusieurs ne se soucient pas beaucoup de recõnoistre la volonté de Dieu au choix de leur estat, principalement du mariage. I'ose dire toutefois qu'apres le moment d'où depend l'eternité, qui est la sortie de ce monde, il n'y a rien qui nous importe tant que le choix d'vn estat arresté: car outre qu'il contient toutes les actions de nostre vie, d'ordinaire aussi c'est la porte de nostre bon-heur, ou mal-heur.
Cependant voyons qu'elles consultations plusieurs y apportent principa lement au mariage, aucuns le font ou par cas fortuit; ou par quelque lege-re occasion : d'autres par esperance de quelque commodité ou liberté : d'au tres se laissent enleuer par le torrent de la multitude & de l'opinion com-mune, choisissant ce que le vulgaire estime, & qui est plus ordinairement pratiqué. D'autres n'ont point d'autre reigle que la volonté, exemple, ou commandement d'autruy, sçauoir de leurs peres, meres, maistres, tuteurs: Les peres 102 & meres font souuent les mariages de leurs enfans auant qu'ils soient en aa ge, & à leur insceu : les maistres & Seigneurs marient souuent leurs subiets se- lon leurs volontez pour des interests & considerations temporelles : ils obli-geront vn homme riche de donner sa fille à vn gentil-homme pauure qui les aura seruy, pour recompense de ses seruices, sans se soucier s'il y a de la proportion ou de l'affection.
D'autres sont de la categorie de ceux dont parloit Socrate, sçauoir comme les poissons qui fretillent d'entrer en la nasse sans considerer où ils vont, & quand ils y sont voudroient bien en sortir.
D'autres sont comme les nautonniers se trouuans aux naufrages, car tout ainsi que ceux-cy embrassent la premiere planche, qui leur vient en main pour sauuer leur vie, ainsi ceux -cy embrassent le premier estant & cõdition qui se presente. Ie m'en vay apporter quelques moyens pour recõnoistre ce que Dieu demande de nous : & quel est l'estat auquel il a determiné de nous sauuer.
Auant que d'apporter ces moyens, ie vous aduertis que si vous voulez proceder sainement en cette connoissance, il faut auoir premierement vne pure & saincte intention : car, Si oculus tuus fuerit simplex, totum corpus tuum lucidum erit; si autem nequam fuerit etiam corpus tuum tenebrosum erit. Tel qu'est l'oeil, telle est l'action, l'oeil est l'intention qui esclaire nostre action, si l'intention est bonne, aussi est l'action : si l'intention est mauuaise, l'action est mauuaise.
Secondement faut proceder en cette connoissance & entreprise, par des moyens honnestes & licites.
Troisiemement auec vn bon conseil, la precipitation y est dangereuse, aussi est la temerité & la passion; la prudence y est necessaire.
Donc le premier moyen pour reconnoistre la volonté de Dieu, touchant Dieu fait entendre sa volonlonté à aucuns par reuelations. nostre estat & vocation, sont les reuelations : ainsi Dieu reuela à Osée c. 1. qu'il se mariast, voire luy specifia la qualité de la femme qu'il deuoit espouser. Le mariage d'Isaac auec Rebecca fut vne reuelation : & celuy du ieune Tobie auec Sara : nous auons plusieurs semblables reuelations aux escritures Sainctes, touchant la vocation : comme de Moyse choisy chef du peuple. Exod. 3. de son successeur Iosué, num. 27. de Gedeon, Iudith 2. de Saül & Dauid esleus Roys d'Israel, 1. Reg.16. & ces reuelations se font ou de Dieu immediatement, ou par le ministere des Anges, ou des Prophetes: nostre Seigneur reuela à S.Pierre qu'il seroit son Lieutenant en terre, à S. Paul qu'il seroit vn vaisseau d'élection, qui porteroit son nom par tout le monde &. c.
Num. 17.
Dieu en appelle aucuns miraculeusement, comme il fit Moyse par la visiõ du buisson ardant qui brusloit sans se consommer : & son frere Aaron fai sant fleurir sa verge tout seiche & porter du fruict. Ce moyen est extraor-dinaire & nous ne le deuons attendre. Quoy ! vous attendrez, peut estre à 103 vous resoudre, iusques à ce que Dieu vous enuoye vn Ange ! ou que luy mesme vienne vous declarer sa volonté, ou bien qu'il fasse quelque miracle à cette fin ! il vous a donné l'oraison, l'entendement, Moyse & les Prophetes, consultez les, vous ne pouuez manquer.
Nous pouuons cõnoistre la volonté de Dieu touchant nostre vocation par l'oraison.
Donc le second moyen est de consulter Dieu par l'oraison, Cum ignoremus quod agere debeanmus hoc solum habemus residui vt oculos nostros conuertanus ad te, 2. Paral. 20. Ne sçachans ce qu'il nous conuient faire, nous auons recours à vous. Priez-le tous les iours, qu'il vous veuille inspirer ce qu'il sçait vous estre salutaire, & afin de vous rendre plus capable de ses inspiratiõs, disposez vostre ame par frequentes confessions & communions. Ce fut le moyen duquel se seruit Eliezer maistre d'hostel du Patriarche Abraham, lors qu'estant prés de la fontaine de Nacor, Genes. 24. il dit, Domine Deus Domini mei Abraham occurre obsecro mihi hodie, & fac misericordiam cum domino meo Abraham, ecce ego sto ad fontem aquæ & c. Seigneur Dieu, Dieu de mon maistre Abraham ie vous prie de m'assister auiourd'huy, faictes misericorde à mon Seigneur Abraham &c. Il demande son assistance pour connoistre celle que Dieu auoit choisy dans son conseil priué, pour seruir d'espouse à son petet maistre Isaac. Mettez vous deuant la fontaine de tous biens qui est Dieu, deuant le canal des graces du Ciel qui est nostre Dame, & dites, Mon Dieu, ie vous requiers par l'entremise de vostre souueraine bonté, ie vous coniure par les merites de vostre tres-amoureuse mere qu'il vous plaise m'addresser à l'estat & au party le plus propre pour aduancer vostre gloire & plus sortable à mon salut.
Le troisiesme moyen est que nous nous seruions de nostre entendement, Nous pouuons cõnoistre la volonté de Dieu touchant nostre vocation consultãs auec nous mesmes. i'entens aucuns qui disent, comment connoistrons nous ce que Dieu veut de nous ? Multi dicunt quis ostendit nobis bona. Ausquels nous pouuons resondre, Signatum est super nos lumen vultus tui Domine. Ce seroit vain que Dieu nous auroit choisy & qu'il nous appelleroit, s'il ne nous donnoit le moyen d'entendre & connoistre ce qu'il veut : le maistre auroit tort qui desireroit que son seruiteur sist quelque chose, & cependant ne luy en donneroit aucune connoissance. Ce n'est pas pour rien que Dieu nous a donné la lumiere de raison, c'est afin que nous nous en seruions pour connoistre ce qu'il desire de nous, car il ne faut pas penser, ou qu'il fait touiours des miracles pour nous donner cette connoissance; ou qu'aussi tost que nous luy demandons par nos prieres, qu'il nous la donne; il veut que nous nous seruions des moyens qu'il nous a laissé, & entre autres, du discours, du iugement, de la raison, & lors que nous le faisons, il s'infinue en nos ames, fauorise nos desseins, ne permet que nous soyons trompez, mais nous fait asseurement connoistre ce qui nous est sortable; or afin que cette consultation soit bonne & solide, elle doit estre accompagnée de ces circonstances.
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La premiere est que nous nous representions la fin de nostre creation qui Circonstance de la susdite consultation. n'est autre que de connoistre Dieu, l'aimer & le seruir, & en l'aymant & luy seruant, d'estre eternellement bien heureux.
La seconde qu'il y a diuerses voyes & diuerses occupations en ce monde, par lesquelles nous pouuons arriuer à cette fin, & que tout ce qui est en ce monde, sont comme autant de moyens qui nous aydent à y paruenir, & partant nous deuons choisir les moyens & occupations qui nous sont plus conformes pour arriuer à nostre fin, qui nous peuuent aider dauantage à l'ac querir & qui sont plus aggréables à Dieu : puis que la raison veut que le ser-uiteur qui est au pain & au gage d'vn maistre, s'occupe selon le bon plaisir de son maistre : or tout ce que nous sommes, nous sommes à Dieu, come seruiteur au maistre & plus.
3. De bien considerer qu'a proprement parler il n'y a aucun estat quel qu'il soit, lequel absolument parlant, & de soy, & de sa nature, soit bon ou mauuais, pour mon regard, & partant ie n'en dois, & n'en puis aimer, ny en hair aucun, parlant absolument, d'autant que l'obiect de l'amour, c'est le bien, & de la haine, le mal; or aucun estat n'est ny bon ny mauuais pour mon regard parlant absolument : mais seulement entant qu'il m'aide & m'empesche d'arriuer à ma fin qui est de seruir Dieu en ce monde, & puis apres iouyr de sa gloire, & partant vn estat peut estre bon à vn, qui sera mauuais à l'autre : le chemin de la gloire à l'vn, à l'autre de perdition : d'où i'infere que nous deuons tascher de nous mettre dans vne certaine indifference, ne panchans ny d'vn costé ny d'autres, ne desirans autre chose que de faire la volonté de Dieu, quelle qu'elle elle soit, en quel estat & condition qu'il luy plaira : or pour arriuer à ceste indifference, faut destacher son affection de tout obiect, & estre prest de quitter tout ce qui nous pourroit destourner d'accomplir la volonté de Dieu, & d'embrasser tout ce que nous connoistrons estre à sa gloire.
4. Faut considerer les diuers estats qui se peuuent proposer à nostre esprit comme l'estat de religion, de continence, de mariage : les biens & les maux qui se retrouuent en ces estats : lequel est plus asseuré pour arriuer au salut : lequel est plus conforme à mon naturel & à ma condition : car tous ne sont pas propres, ny pour le mariage, ny pour la religion, ny pour le cœlibat. Unusquisque proprium donum habet ex Deo, alius quidem sic, alius vero sic. 1. Corinth 7.
5. Quel conseil me donneroit Iesus-Christ, s'il estoit encor en terre, ou bien quelque sainct ou signalé docteur qui m'aimeroit, & ne voudroit me tromper : voire quel conseil ie donnerois à vne personne faicte comme moy deuant Dieu, & esloigné de toute passion : me deliberant de prendre vn tel conseil pour moy, & le mettre en pratique.
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6. Ce que ie voudrois auoir fait si i'estois à l'heure de la mort prest de rendre compte à Dieu, & de receuoir la sentence d'vne interminable eternité.
Or remarquez que ces considerations se peuent faire non seulement en general touchant l'estat qu'on doit choisir comme de religion, ou de celibat, ou de mariage : mais aussi en particulier : comme d'vne telle ou telle religion; d'vne telle forme de vie ou telle au celibat; d'vne telle ou telle personne pour partie en mariage, & pour bien faire ces con siderations faut auoir l'esprit tranquille, des-embarrassé d'affaires impor- tunes, & destaché de toute passion. On peut se disposer à cette tranquil- lité & paix d'esprit par vne bonne confession generale ou par vne fre-quente communion, ou par quelqu retraitte.
Nous pouuons connoistre la volonté de Dieu par conseil.
Le 4. Moyen est le conseil de nos superieurs principalement desinteressez, habent Moysem & prophetas audiant illos, Luc 16. Qui vos audit, me audit, Luc. 10. & il appartient à la diuine prouidence d'assister les superieurs lors, & leur donner le don de conseil : mais garde le sang & la chair & sur tout l'interest, mauuais conseillers. Animalis homo non percipit ea quæ sunt spiritus Dei, 1.Cor.2. L'homme animal n'est pas capable de l'esprit de Dieu. Cum viro sancto assiduus esto, Eccli.37. addressez vous à quelque sainct personnage, exposez luy tout vostre naturel, vos inclinations, difficultez, tentation, Dieu ne manquera de vous faire connoistre sa volonté par son entremise.
Aucuns prennent conseils, mais de ceux qu'ils sçauent qui leurs conseilleront ce qu'ils desirent, & Dieu permet souuent qu'en tels cas & le consultant & le conseiller sont trompez. Achab 3.Reg.12. demanda à Michée s'il donneroit la bataille, il estoit tout porté à la donner, voire estoit resolu à cela : Michée luy dit qu'il la donnast, il le fit mais ce fut à sa ruine.
Si chacun obseruoit ces preceptes, ô qu'on viuroit contents ! nous n'entendrions pas tant de plaintes; on ne verroit pas tant d'apostasies; ny tant de diuorces, ny de scandales, ny de mauuais mesnages, ny qui pis est tant de desespoirs : ny de tant d'autres mal-heurs qui arriuent d'ordinaire faute de considerer & connoistre ce que Dieu veut de nous.
Chacun n'est pas né pour tout estat, plusieurs se damnent en mariage que Dieu vouloit sauuer en religion, au contraire d'autres se damnent en religion, qui se fussent sauuez en mariage : plusieurs en mariage se damnent auec vn tel mary ou auec vne telle femme : & Dieu auoit determiné de les sauver auec un tel ou une telle : puis donc que les resolutions diuines nous sont inconnues, mais connues à Dieu seul, c'est à nous de recourir aux moyens qu'il nous a laissé, & tout à luy, luy 106 disans auec Dauid Pf.143. Notam fac mihi viam in qua ambulem, quia ad te leuaui animam meam. Mon Dieu monstrez moy le chemin que ie dois tenir, c'est pour le connoistre, que i'esleue mon ame à vostre majesté. Doce me facere voluntatem tuam, quia Deus meus es tu: Enseignez moy à faire vostre volonté, car il vous appartient de le faire, puis que vous estes mon Dieu. Spiritus tuas deducet me in viam restam. C'est à vostre sainct Esprit de me conduire au droict chemin. Emitte lucem tuam & veritatem tuam: ipsa me deduxerunt & adduxerunt in montem sanctum tuum, & in tabernacula tua. Enuoyez moy quelque rayon de vostre lumiere, faites moy voir la verité, elle me seruira de guide pour enfin arriuer à vostre saincte montagne & à vos tabernacles. Dites auec Solomon Sap. 9. Da mihi sedium tuarum assistricem sapientiam: & noli me reprobare à pueris tuis. Mitte illam de coelis sanctis tuis, & à sede magnitudinis tuæ, vt mecum sit, & mecum laboret vt sciam quid acceptum sit apud te. Mon Dieu donnez moy vostre sapience qui a l'honneur d'estre participante de vos diuins conseils : ne me rejettez pas du nombre de vos ensans : enuoyez-la du ciel : despechez-la du throsne de vostre majesté, afin qu'elle m'accompagne, qu'elle trauaille auec moy, & que ie connoisse ce qui vous est aggreable. Amen.
Cul de lampe orné de fleurs.
Filet cadre rayé entouré de petites fleurs pour créer un bandeau. 107

TRAITE' SECOND Des maux & des biens du Mariage.

Filet cadre, rayé. Qu'en tous estats se trouuent des difficultez. CHAPITRE I.

En ce mõde point de parfait repos.
SAinct Augustin en la Cité de Dieu remarque que les Romains s'estans deliberé de bastir deux temples, l'vn au repos, l'autre au trauail, bastirent celuy du repos hors de leur ville, & celuy du travail tout au beau milieu de la ville : voulant faire entendre que le temple du vray repos est hors de ce monde, & au ciel, mais que ce monde est le temple du trauail, & qu'en quel estat & condition que vous soyez, vous ne pouuez euiter le trauail ny les difficultez.
Vn ieune homme nommé Detrasthus consultoit vn iour Socrate touchant l'estat de vie qu'il prendroit, s'il se marioit ou non, Socrate luy res Point de bien sans mal en ce monde. pondit, Elige quod vis, de quocunque semper te pœnitebit. Valerius Max.1.7. de memorab. dictis c.2, choisissez ce que vous voudrez, mais quoy que vous choisissiez vous en aurez du repentir. Comment voulez vous qu'il se trouue estat sans difficulté, puis qu'il ne se trouue aucun bien en ce monde sans meslange de mal. Le soleil a ses nuées : la terre, les eclypses, qui le couurent : l'air ses changemens : tantost sec tantost humide : tantost clair tantost obs cur : tantost serain, ores pluuieux, il a les vents, les nuées, les tonnerres. La ter- re a les frimats, les gelées, les terre-trembles, les sterilitez, les diuerses in-iures du ciel : les inondations. La mer ses tempestes & orages. Le vin n'est sans lie, & quoy qu'il soit donné de Dieu à bon vsage est cause de bien grands maux. Les meilleurs & plus beaux arbres ont des vers qui les rongent. L'huile ses fondrilles. Le bled a son yuraye, & sa paille : l'homme ses immondices & ses changemens, & vous voudriez trouuer vn estat en ce monde afforty d'vn parfait contentement & exempt de tous maux! Il n'y a 108 si grand honneur qui soit sans charge : Il n'y a si grand sainct qui soit sans peché : il n'y si heureux qui soit sans souffrance.
Ie m'en rapporte si ce que Pline raconte de Xenophile musicien est veritable, lequel il dit estre paruenu iusques à l'aage de cent cinquante ans, sans aucune incommodité, difficulté, ny maladie, ie croy plustot que c'est vne Xenophile paruenu à l'aage de I 50.ans sans incõmoditez. rodomontade, & que qui auroit bien espluché toute sa vie, trouueroit que comme Xenophile n'est venu au monde sans miseres, suiuant la sentence generale de nostre nature, aussi n'y a il vescu si long-temps, & n'en est sorty sans miseres : que si ce que Pline dit de luy est vray, disons que c'est vn phoenix, & qu'il ne s'en rencontre qu'vn en mille ans, mais encore à peine, voire en toute la durée d'vn monde.
Les Romains auoient basty le temple de l'honneur & du trauail tout voisins l'vn de l'autre, on passoit de l'vn à l'autre : nul bien en ce monde sans mal. Le bien & le mal entrent vn iour en conteste, dit-on, le bien ne vouloit ceder au mal, ny le mal au bien, la voye d'accord fut qu'ils iroient tousiours coste à coste & de compagnie.
Ce monde est vn lieu de miseres, trouuez moy vn coing qui en soit Nul lieu au monde sans mal. exempt; Dieu qu'il sera de grand prix ! c'est vne mer iamais sans quelque agitation : C'est vne milice dit Iob. Les vns sont dans la meslée : les autres gardent le bagage : & les autres sont dans les garnisons. Ie veux dire que tous les estats se peuuent reduire aux trois que nous auons dit au commencement, sçauoir des continents, des religieux & des mariez, lesquels si nous considerons comme soldats, & en cette qualité que l'espouse les represente, vt castrorum acies ordinata, comme vne armée rangée, comme les camps de Dieu, castra Dei sunt hæc,, comme parties de l'Eglise militante, nous pouuons dire que ceux qui sont en garnison sont les religieux, entourez des forts rampars de leurs voeux, des bonnes murailles de leurs reigles, & surtout munis d'vne forte citadelle de l'assistance speciale de Dieu. Que ceux qui sont au bagage sont les continents qui sont plus exposez aux efforts des ennemis, & ont plus d'occasion d'estre sur leur garde : mais que ceux qui sont au combat sont les mariez : nul n'est sans peine, mais l'vn en a plus que l'autre, & c'est vne prouidence Diuine, afin que nous nous souuenions que nous sommes soldats, & que de cette Eglise militante nous aspirons à la la triomphante.
Ce n'estoit pas sans cause qu'anciennement on mettoit les premiers ma Le mariage n'est sans peine. riez soubs le joug. Vrayement le mariage est joug, & bien pesant. Les Romains auoient coustume lors qu'ils marioient quelqu'vn de mettre du feu & de l'eau sur le seuil de la porte, & le nouueau marié & la mariée les al Alexander ab Alex. genial.dierum l. 2. c.5. loient toucher; & puis on arrosoit la nouuelle mariée auec cette eau : cette ceremonie pouuoit representer diuerses choses : comme le lien estroict du quel ils estoient conjoincts, representé par ces deux elemens qui sont com- 109 me les premiers par lesquels subsiste nostre vie. Ou bien pour monstrer Pourquoy anciennement les nouueaux mariez touchoiẽt du feu & de l'eau, & pourquoy on arrosoit l'espouse. qu'en suite de leur mariage, ils deuoient entrer en communication de toutes choses signifiée par l'eau & le feu si communs : ou pour monstrer les principes de la generation, pour laquelle ils se marioient, qui sont la chaleur & l'humidité. On arrosoit l'espouse pour mõstrer qu'elle deuoit entrer chaste & pure en la maison de son mary. Voila aucunes significations de cette ceremonie, mais i'aime mieux dire que ce qu'ils en faisoient estoit pour donner à entendre aux mariez, qu'ils deuoient se resoudre (entreprenans cét estat) de passer par l'eau & le feu, c'est à dire, par toute sorte de souffrances, Transiuimus per ignem & aquam. Et partant qu'ils deuoient se preparer à la pa tience : c'estoit pour la mesme raison qu'aucuns courronnoient les pre-miers mariez de couronnes d'espines, pour monstrer que le mariage n'est sans espines.
Ie confesse qu'en quel estat que vous choisissiez, il s'y trouue des espines, de l'eau & du feu, c'est à dire, des difficultez; mais sur tout au mariage, ce qui a fait dire à Dipocrates, qu'il n'y auoit que deux bons iours au mariage Dipocrates. pour vn homme, le iour des nopces, & le iour des funerailles de la femme; mais vn autre qui pensoit estre plus sage, luy en donna le desmentir disant Deux bõs iours a mariage. qu'il n'y en auoit qu'vn bon, qui estoit le iour auquel on portoit sa femme au tombeau, & tout ensemble sa captiuité. Aussi Platon disoit, que si le monde pouuoit estre sans mariage, nostre vie seroit semblable à celle des Dieux.
Mais escoutons vn Philosophe Chrestien, c'est sainct Gregoire 12. Moral. Bonum est coniugium, sed mala sunt quæ circa illud ex huius mundi cura succrescunt. Dum ergo tenetur, quod non nocet, ex rebus iuxta positis committitur plerumque quod nocet. Sicut sæpe rectum mundumque iter pergimus: & tamen ortis iuxta uiam vepribus per vestimenta retinemur. In via quidem munda non offendimur, sed à latere nascitur quo pungamur. Le mariage est bon, mais ce qui croit à l'entour, à cause des soins de ce monde, est mauuais : lors qu'on tient ce qui ne nuit pas, souuent à cause de ce qui est aupres on fait ce qui nuit, tout ainsi que souuent nous marchons par vn chemin droit & net :& toutefois nos habits ne laissent pas de s'accrocher aux espines qui sont à costé du chemin, & de nous arrester : nous ne receuons aucune incommodité du chemin, mais les pointes & espines naissent aupres du chemin.
On peut dire qu'vne bonne femme est vn grand don de Dieu, Domus & diuitiæ dantur à parentibus, à domino autem propriè vxor prudens: Les peres & meres peuuent bien donner des richesses & maisons, mais c'est Dieu qui donne la bonne femme, on ne sçait comme proceder au choix; car si vous en prenez vne ieune, elle est dangereuse : si vne vieille, elle est riotteuse : si vne riche, elle est glorieuse: si vne pauure, elle est contemptible: si vne belle, elle est 110 volage : si vne laide, elle fait peur : si vne saine, elle est coureuse : vne ma lade est ennuyeuse : vne sçauante est babillarde, vne idiote est vne mesna- gere, auaricieuse : vne liberale, prodigue, le choix en est fort difficile, la bon- ne rencontre est vn benefice du ciel, & vne faueur speciale de la diuine Pro-uidence.
Ie ne dis pas cecy, cy pour diminuer l'estime que chacun doit faire du mariage, ie sçay combien il est honorable, & me donneray bien de garde de contredire à sainct Paul aux eloges qu'il luy donne : ny pour en diuertir aucun, car i'aduoüe que tel se peut sauuer en mariage & y estre sainct, qui se damneroit hors de mariage : ie confesse que Dieu donne à aucuns la vocation & l'inclination à cét estat : ce que i'en die est pour monstrer, que comme ainsi soit que chaque estat ayt ses difficultez, le mariage en est bien party, S. Paul le dit, Beatior erit si sic permanserit. 1. Corinth.7. & partant, que ceux qui y sont engagez fassent prouision de resolution, & de patience : ceux qui sont encor libres ne s'y engagent temerairement, & sans reconnoistre si c'est l'estat pour lequel Dieu les a creés.
Or afin que chacun reconnoisse les biens & les maux qui s'y retrouuent pour iouyr des biens, & en loüer Dieu, les rapportant à sa gloire : & euiter les maux, autant que faire se pourra, ou s'armer contre iceux de patience; & de la grace de Dieu : i'en parleray en particulier, & les reduiray chacun à trois, sans auoir esgard à tant de discours que plusieurs font en general contre cét estat. Les trois maux seront : la tribulation de la chair : la seruitude : & le soin de la famille. Les trois biens qui leurs sont opposez sont : la lignée, qui est le bien opposé à la tributation de la chair : la fidelité, qui addoucit la seruitude & le soin de la famille : & enfin, la grace du Sacrement.
Filet cadre, rayé.

Du premier mal du mariage, qui est la tribulation de la chair. CHAPITRE II.

L'Ange de l'escole S. Thomas 1.2.q.85. art.3. a vne insigne doctrine, qui est comme le fondement de ce que ie dois dire en ce Chapitre. En l'estat d'innocence, dit-il, la raison contenoit toutes les forces inferieures de l'a me : & l'ame estant subjecte à Dieu, estoit perfectionnée de Dieu. Cette iu-stice originelle a esté perdue par le peché d'Adam, & partant toutes les forces de l'ame sont comme priuées de leur ordre, ou inclination, par lequel naturellement elles estoient portées à la vertu : & cette priuation s'appelle 111 blessure de la nature. Or l'ame a quatre puissances, ausquelles se peut trouuer la vertu : sçauoir, la raison, où se trouue la prudence : la volonté, où se rencontre la justice : l'irascible, où est la force : la concupiscible, où se trouue la temperance. Donc entant que la raison est priuée de son ordre touchant le vray, elle est blessée d'ignorance : entant que la volonté perd le mesme ordre : touchant le bien, elle a la blessure de malice : entant que l'irascible perd son ordre ou inlincation aux choses difficiles & ardues, c'est la blessure de foiblesse : entant que la concupiscible perd son ordre à la moderation touchant le plaisir ou le bien delectable, c'est la playe de concupiscence. Ainsi, dit-il, la raison est comme hebetée touchant les choses qu'il conuient faire : la volonté endurcie touchant le bien : la difficulté à bien faire, s'accroit : & la concupiscence s'echauffe. Voila les vrays effects du peché originel, l'ignorance en l'entendement : le refroidissement en la volonté : la soiblesse en l'irascible : l'ardeur en la concupiscible.
Nous n'experimentons que trop ces miseres, mais sur tout la derniere; car depuis que l'esprit s'est reuolté contre Dieu, la chair s'est reuolté contre l'esprit : & c'est de là que naist cette guerre intestine de laquelle parle l'Apostre, Sentio aliam legem in membris meis repugnantem, legi mentis meæ & c. inselix ego homo quis me liberabit de corpore mortis huius? ie sens vne autre loy en mes membres, repugnante à la loy de mon esprit &c. Ah miserable que ie suis! qui me deliurera de ce corps mortel ? Rom. 7.
Cette conteste, qui n'est autre chose que la cõcupiscence, a donné subject à S. Paul de mettre comme deux hommes en nous, l'vn qu'il appelle l'homme interieur, l'autre exterieur: l'vn nouueau, l'autre vieil: l'vn animal, l'autre Les Manichiens disent que l'homme à deux ames. spirituel : l'vn de chair, l'autre esprit: & les Manichiens ont dit que nous auions deux ames: l'vne bonne, & portée à la vertu, l'autre mauuaise & en cline au mal, & à la volupté : l'vne auoit Dieu pour principe & autheur, l'au-tre le Diable qui est vne abominable heresie. I'en ay parlé au Chapitre 6. du premier Traité, parlant de la concupiscence.
Dieu nous a donné diuers remedes contre cette concupiscence, comme la raison, assistée de sa grace : comme le ieusne, les austeritez, les mortifications & autres, & nommément le mariage, c'est pourquoy S. Paul dit 1.Corint.7. Propter fornicationem vnusquisque vxorem suam habeat, & vnaquæque virum Mariage, remede à la concupiscence. suum habeat, de peur de la fornication, c'est à dire, pour resister aux boutades & furies de la concupiscence, mariez vous, c'est pourquoy le mesme S. Paul parlant des mariez dit, Tribulationem tamen carnis habebunt huiusmodi. 1.Cor.7. ils auront la tribulation de la chair, qu'aucuns expliquent d'vne esblouysse ment & estourdissement, que cause souuent l'vsage du mariage : lequel em-porte la raison dans vne impetuosité & brutalité, où ne se trouue quasi 112 La chair estant flatée regimbe. rien d'humain ny de raisonnable. La chair est d'vn naturel seruille, tant plus on la flate tant plus elle est reuesche, tant plus on la caresse, tant plus elle se reuolte : & quand elle est mattée elle obeyt.
Elle est comme ce poisson qui vouloit deuorer Tobie, il estoit redouta La chair comparée au poisson de Tobie. ble tandis qu'il nageoit dans la mer, mais par l'aduis de l'Ange ietté sur le sable, il fut aussi tost estouffé. Nostre chair monstre marin, dans la mer des delices, dans les licts & couches molles; dans les festins; dans l'assouuissement Semblable au serpent d'Esope. de ses plaisirs deuient comme furieuse, mais tirée sur le sable de la penitence elle est mattée. Elle est comme ce serpent d'Esope lequel estant tout morfondu, estoit comme mort, mais le bon villageois l'ayant mis dans son sein par compassion, & l'ayant rechauffé il reprit force & l'empoisonna : nostre chair chastiée est souple : eschauffée par les delices, indomptable, qui delicate nutrit seruum suum postea sentiet eum contumacem, Prouerb.29.
Par la tribulation de la chair aucuns entendent les maladies prouenans de l'vsage du mariage, c'est vn fait de medecin, ie n’y touche pas. Si diray ie en passant qu'il abrege la vie. Arist. De longitudine & breuitate vitæ, dit que les passereaux viuent peu à cause qu'ils engendrent trop souuent, & la raison & l'experience monstrent que les animaux qui font souuent des petits ne sont pas de longue vie : on dit de Salomon qu'il est mort vieil, il n'auoit gueres plus de cinquante ans, mais le trop frequent vsage des voluptez charnelles l'auoit fait vieillir auant l'aage.
Ne sont ce pas grandes tribulations de la chair que les accidens qui arriuent incontinent apres la conception, tant de degousts, de veilles contrain Miseres & peines des meres. tes, vertiges, melancholies, difficulté de respirer, des appetits desreglez, & vn trouble en toute l'œconomie du corps. Puis suiuent les trenchées du part54 qui causent souuent la mort. L'enfant est-il né, faut le nettoyer, le nou rir, l'emmailloter, le vestir, le coucher, le berser, l'alaicter, le chanter & flat-ter pour l'endormir, & empescher de pleurer : de sorte qu'vne pauure mere est occupée à l'entour iour & nuict, sans pouuoir penser ny faire autre chose, & souuent sans prendre aucun repos : que diray ie des puanteurs, ordures, cris, maladies qui suruiennent à la mere & à l'enfant ? les soins plus grands qu'il faut auoir à mesure que l'enfant croit en aage, les facheries s'il s'abanDiuerses miseres du mariage. donne aux meschantes compagnies : s'il est desbauché, s'il dissipe son bien aux berlans & tauernes, s'il se marie sans adueu de pere & mere ? s'il meurt ne sont-ce pas tribulations de la chair?
Ressentiment de Solon sur la mort imaginaire de son fils.
Solon ce grand legislateur des Atheniens, & vn des sept Sages de la Grece, estant vn iour chez Thales le Milesien, s'estonnoit de ce qu'il ne se marioit pas & ne songeoit à sa posterité. Thales ne dit mot lors, mais quelques temps apres, apoſta vn quidam & l'emboucha55. Cettuy-cy fit semblant qu'il venoit de voyage & se presenta à Solon, disant qu'il estoit party d'Athenes 113 depuis dix iours : aussi tost Solon luy demanda ce qu'il y auoit de nouueau, rien dit le messager, sinon que lors que ie suis sorty de la ville tout le monde estoit en deuil à raison de la mort d'vn ieune homme qu'on portoit en terre, & estoit suiuy de toute la ville, d'autant que son pere y est en tres‑grande reputation, & de mal-heur le pere estoit absent. Solon souspira entendant cela, & dit, voila vn pauure pere bien desolé, & mal-heureux. Mais dictes-moy, mon grand amy, n'auez vous pas ouy nommer le pere dit Solon: si ay-ie bien Monsieur dit le messager, mais ie vous prie m'excuser, i'en ay perdu la memoire, si me souuiens-ie bien d'vne chose, sçauoir que par toute la ville on parloit du pere de ce ieune homme comme d'vn personnage qui n'a pas son pareil en prudence & iustice. Solon entendant ces parolles pallit, puis trembla, enfin dit au messager, vous souuiendriez vous bien du nom de ce personnage si ie vous le nommois ? paraduenture qu'ouy dit le messager : ne s'appelloit-il pas Solon; repliqua Solon ? vrayement Monsieur dit le messager vous auez rencontré, c'est le mesme : ouy il se nomme Solon, i'en avois entierement perdu la memoire. Ce fut lors que Solon commença à changer de contenance, s'arrachant la barbe & les cheueux, & frappant sa teste, croyant asseurement que son fils estoit mort. Thales qui consideroit toute cette farce tenant bonne mine, & s'empeschant de rire, & prenant vn singulier plaisir à voir comme ce messager iouoit parfaictement son personnage, commença à souz-rire, & dit, ouy, Monsieur Solon vous me demandiez dernierement pourquoy ie ne me mariois pas : en voila la cause, i'ay peur de tomber dans les accidens qui font perdre courage à vn personnage si resleué & si constant comme vous estes. Ie vous prie de vous mettre hors de peine, tout cecy n'est qu'vne feinte, i'ay apposté cét homme pour vous en donner d'vne, & pour vous faire voir la cause pourquoy ie ne me marie point. Ce sont là des tribulations qui esbranlent mesmes les rochers.
Diuerses miseres du mariage.
S. Chrisostome monstre cette tribulation par vn excellent discours au liure de Virginitate56 en plusieurs chapitres. Voicy comme il parle au chap. 53: on estime celuy-la auoir fait bonne fortune, lequel estant de petite extra ction & pauure, aura espousé vne femme riche & de maison illustre : qu'au- ra-il gaigné en cette alliance sinon vn mespris ? car ordinairement les fem- Insolences d'aucunes femmes. mes sont superbes & insolentes, & partant plus subjettes à s'esmouuoir : que si elles rencontrent quelques grandes occasions de mespris, rien n'est capable de les maintenir dans leur deuoir; mais tout ainsi qu'vne flamme s'estant iet tée dans vne forest s'esleue ordinairement : de mesme elle s'eslancent, bou-leuersent tout ordre, & renuersent ſans dessus dessoubs : car lors la femme ne permet pas que le mary soit le chef, mais comme elle est arrogante & imperieuse, elle en fait son valet : cõmande, fait tout à sa volonté : & qui pourroit 114 raconter les reproches, les iniures, les fascheries, les mespris, qu'endure ce pauure mary. Puis au chap. 54. Quelqu'vn me dira (dit S.Chrysost.) que Dieu m'enuoye seulement cette bonne fortune : que ie rencontre vne femme riche, ie la rangeray bien, ie rabattray bien sa superbe. Mais ie luy respondray qu'il est plus difficile qu'il ne pense : & puis i'en suis content qu'il le fasse, il y aura plus de dommage qu'il ne croit : car c'est chose plus fascheuse de contenir vne femme par force & violence que si elle commandoit absolument. D'autant que cette force & violence oste tout amour; & l'amour esteint quand il n'y reste plus que de la crainte & necessité, quel honneur & contentement y peut-il auoir?
Insolence d'aucuns marys.
Au ch.55. Or posons le cas que la femme est pauure, & le mary riche : la femme sera seruante, & celle qui est noble & libre deuiendra esclaue, & ayant perdu sa liberté sera-elle de meilleure cõdition que les esclaues acheptez à beaux deniers contans ? & lors si le mary est yurogne, si desbauché, si desbordé, s'il amene des courtisanes à sa maison, la pauure femme deura auoir patience ou sortir de la maison. Voire mesme tandis que son mary se comportera de la sorte, elle n'osera commander, ny à seruiteurs ny à seruantes, mais traittera auec eux comme auec des estrangers, & conuersera auec son mary, non comme auec mary, mais comme auec son maistre.
Que si les parties sont esgales, cette esgalité empeschera que la femme se soubmette à son mary, comme la raison le veut, mais elle voudra marcher de pair, comme estant aussi riche & d'aussi bonne maison que luy : i'aduoue que cela n'arriue pas touisours, mais ie maintiens qu'il arriue plus souuent que le contraire.
Il poursuit au chap. 56. & dit, que si la bonne fortune est accompagnée de tant de miseres & incommoditez, que sera la mauuaise fortune ? La femme n'est condamnée qu'vne fois à la mort, puis qu'elle n'a qu'vne vie, & elle meurt mille fois : elle est en peine & apprehension de la mort de son mary, de ses enfans, des femmes ou marys de ses enfans, des enfans de ses enfans, & dans ces apprehensions meurt mille & mille fois : & d'autant plus souuent que sa race est plus estendue, s'ils font quelque perte; s'il leur arriue quelque maladie ou autre incommodité, cela l'afflige comme s'il estoit arriué à sa propre per sonne. Si elle enterre son mary & tous ses enfans, elle sera contrainte de pas-ser le reste de sa vie dans vne tristesse inconsolable : si elle n'en pert qu'aucuns, & les autres suruiuent, elle est affligée de la perte des morts, & en crainte de ce qui peut arriuer aux viuans : la perte des morts reçoit consolation auec le temps, mais l'apprehension du mal-heur des viuans la ronge sans cesse. Il est vray que tous n'experimentent pas ceste tribulation, mais si font bien plusieurs : or ie m'en vay parler de ce que personne ne peut euiter en l'estat de mariage & qui arriue à tous veuille, non veuille. Voila comme parle S. Chrysost. puis 115 il poursuit. Vne ieune fille est à marier, la voila desia dans la peine auant que d'estre mariée : qui espousera-elle ? vn rousturier ? vn infame ? vn testu ? vn trompeur ? vn arrogant ? vn temeraire ? vn jaloux ? vn punais ? vn fol ? vn meschant ? vn cruel ? vn poltron ? cette incertitude la met en peine, elle donnera quelquefois son affection à vn, ses parents n'y veulent consentir, & luy en donnent vn autre, & quelle peine ?
Si les filles ont leurs afflictions, les hommes n'en manqent point : car comment est-ce qu'vn ieune homme pourra connoistre les mœurs d'vne fille, qui est tousiours gardée estroittement dans la maison de ses peres & meres ? ces maux sont auant le mariage, or aussi tost qu'on est marié, vne pauure nouuelle mariée craint que dés le commencement elle n'aggrée à son mary, que s'il s'en desgouste dés le commencement, quel contentement y pourra-il trouuer auec le temps ?
Ie veux qu'elle soit belle; plusieurs quoy que tres-belles, n'õt sçeu empescher que leurs marys ne s'abãdõnassent à d'autres moins belles que leurs femmes : mais ie suis content que cela n'arriue, cõbien s'en trouuent-ils, qui ne peuuent auoir leur dot de leurs beaux peres : le gendre ne l'ose demãder, la femme n'ose leuer les yeux deuãt son mary de hõte qu'elle a que son pere ne le cõtente pas.
Puis les voila en peine s'ils auront des enfans; puis, qu'ils n'en ayent trop: la femme deuient elle enceinte on craint qu'elle n'auorte, qu'elle ne meure en ses couches : si elle est vn peu long-temps sans deuenir grosse, son mary la regarde de trauers, comme si c'estoit sa faute. Quelles douleurs à l'accouchement ? quelles tranchées au corps ! mais plus grandes à l'esprit dans la crainte qu'elle n'enfante quelque monstre ? qu'au lieu d'vn fils elle n'aye vne fille ? elle est plus en peine, que son mary ne reçoiue quelque mesontentement que de sa propre vie. L'enfant est- il né, c'est la peine à le nourrir & le conseruer : s'il est sage & de bon naturel on est en crainte qu'il ne se change, qu'il ne se corrompe, qu'il ne meure auant son aage. Ainsi soit qu'on ayt des enfans, soit qu'on n'en ayt point : soit qu'ils soient gens de bien, ou meschans : les pauures mariez ne sont iamais sans peine.
Il peut arriuer que le mary & la femme viuent de tres-bon accord, on craint que la mort n'en fasse diuorce; qui est d'autant plus dur que l'vnion & amitié a esté plus estroitte, & puis les voyages & absences qu'il faut faire, les soins qu'on a l'vn pour l'autre : les maladies & choses semblables, ne sont ce pas des tribulations, qui souuent causent des tristesses, des ennuis, des maladies & la mort ? voila vne partie de ce que dit S.Chrysostome, plussieurs qui sont en estat de mariage en experimentent peut-estre dauantage.
Ce sont ces considerations qui faisoient que S. Aug. à l'imitation de S. Ambroise ne conseilloit iamais à personne de se marier, comme escrit Possidonius en sa vie, chap. 27. & donnoit ce conseil à ceux qui faisoient 116 profession de seruir Dieu. 1. de ne chercher iamais femme à personne. 2. de ne recommander iamais aucun qui voulust suiure la guerre. 3. de ne se trouuer iamais aux banquets. La raison du premier estoit de peur que les mariez disputans entre eux ne maudissent celuy qui auroit esté cause de leur mariage : la raison du second de peur que le soldat faisant mal, n'en attribuast la cause à celuy qui l'auroit recommandé : la raison du 3. de peur de l'intemperance & d'exposer son authorité.
Filet cadre, rayé.

De la seruitude, second mal du mariage. CHAPITRE III.

PVis que la liberté selon le sentiment commun est vn si grand bien qu'il ne se peut priser, il s'ensuit que la seruitude est vn grand mal, par la reigle des contraires. Or que le mariage soit accompagné de seruitude, S. Paul l'asseure 1. Cor.7. par ces parolles, Mulier sui corporis potestatem non habet, sed uir, similiter autem & vir sui corporis potestatem non habet, sed mulier. La femme La seruitude du mariage est esgale au mary & à la femme. n'est pas maistresse de son corps, mais le mary : semblablement le mary n'est pas maistre de son corps, mais la femme : cette seruitude est reciproque, & quoy que le mary soit chef de la famille en ce qui concerne l'administration d'icelle, & que la femme luy doiue soubmission en cela : toutefois en ce qui regarde la seruitude des corps, elle n'est moindre au mary qu'à la femme, & la femme n'est en rien inferieure au mary pour ce regard, car ils se sont donné l'vn à l'autre par contract mutuel, & ce auec esgale obligation de l'vn à l'autre, sans que le mary soit plus maistre de son corps, ou de celuy de sa femme, que la femme de celuy de son mary, ou du sien propre. C'est pourquoy le mesme S. Paul appelle le mariage lien. 1. Cor.7. Alligatus es vxori? estes-vous liez à vne femme ?
La mariage est indissoluble apres la consommation.
C'est vn lien, mais si fort, que depuis que le mariage est consommé, il n'y a aucune force qui le puisse dissoudre que la mort, quant au lien, quoy qu'en certain cas il puisse estre dissout, quant au lict : & la raison principale est, d'autant qu'autrement ce seroit vn signe faux, puis qu'il est le signe de la conjonction de Iesus-Christ auec l'Eglise laquelle conjonction estant indiuisible, le mariage qui la represente doit aussi estre indiuisible.
Nostre Seigneur enseigne cette doctrine par parolles expresses, Marc 10. Quicunque dimiserit vxorem suam, & aliam duxerit, adulterium committit super eam. Et si vxor dimiserit virum suum, & alij nupserit mœchatur. Quiconque quitte sa femme, & en prend vne autre, il est adultere. La femme qui abandonne 117 son mary, & se marie à vn autre, est adultere. Il dit le mesme en S. Luc 16. v.18. S. Paul suiuant la doctrine de son maistre enseigne le mesme aux Romains c.7. v.2. & aux Corinth.1. chap. 7. v. 10.
Cette doctrine sembla si rude aux Apostres qu'entendans que nostre Seigneur leurs enseignoit, ils dirent si ita est causa hominis cum vxore non expedit nubere, Matth.19. si la seruitude est telle en mariage, il est expedient de ne se marier. Il est mal aysé de demeurer long temps en voyage auec vn amy qu'on ne se saoulle de sa compagnie : & que sera-ce d'estre toute sa vie iour & nuict auec vne mesme personne ? quelquefois punaise, puante, pourrie, fascheuse, riotteuse, insupportable ?
Cruauté de ceux de Toscane qui lioient vn viuant à vn mort.
Certains voleurs de Toscane anciennement (par vne grande cruauté) lioient vn hõme viuant auec vn corps mort, si estroittement qu'il ne pouuoit s'en separer, & estoit contraint de le porter par tout, & pourrir auec luy : ne voila pas la seruitude du mariage ? puis que vous trouuerez quelquesfois vne persõne saine & gaillarde liée par le lien de mariage à vne autre demy morte, & pourrie, de laquelle n'y a cependant moyen de se separer que par la mort.
L'enfant quoy qu'il soit vne partie de la substance du pere & de la mere, se peut separer d'eux, pour l'amour de sa femme. quam ob rem relinquet homo patrem & matrem, & adhærebit vxori suæ, Gen.2. mais les mariez ne se peuuent separer l'vn de l'autre, ny pour pere ny pour mere. Le mariage est appellé coniugium, comme vn joug commun, il faut que deux bœufs accouplez en vn mesme joug marchent de compagnie : il faut que les mariez viuent indiuisiblement soubs le joug du mariage, portant esgalement & auec concorde le joug qu'eux mesmes se sont imposé. Alligatus es vxori noli quærere solutionem, 1.Cor.7. estes vous lié à vne femme, ne cherchez pas d'en estre deslié, d'autant que nulle force le peut faire, ce lien est perpetuel. Que si vous auez rencontré vne partie sascheuse, bon Dieu quelle seruitude ! melius esi habitare in terra deserta, quam cum muliere rixosa & iracunda, Prouerb. 21. vaut mieux demeurer en vn desert qu'auec vne femme fascheuse & cholere. Tecta iugiter perstillantia, litigiosa mulier, vne femme fascheuse est comme vn toict qui goutte de tous costez, Prou.17. quel moyen de demeurer à la maison ?
Auant la consommation du mariage ratifié on peut se ren dre religieux, & l'vn ayant fait profession l'autre peut se remarier.
Notez que i'ay dit depuis que le mariage est consommé, non pas depuis qu'il est contracté ou ratifié, car n'estant consommé si vn des conjoincts entre en religion, & fait profession l'autre se peut remarier. Telle est la doctrine de Theologie, conformement à la definition de l'Eglise, nommément du Concile de Trente sess.14. de matrim. cap.6. telle est la pratique. Comme de saincte Thecle, laquelle par le conseil de sainct Paul, se retira du mariage auant la consommation d'iceluy, pour suiure l'estendart de la chasteté, & puis par les poursuites de son espoux fut condamnée d'estre exposée aux lions, lesquels au lieu de luy nuire luy baiserent les pieds monstrans 118 qu'ils n'auoient l'asseurance de toucher à son chaste corps. Epiphan. heresie 78. de S. Machaire, comme tesmoigne S. Hierosme, de S. Alexis, comme asseure Metaphraste, de saincte Cecile, & plusieurs autres. Et partant, il est li bre aux nouueaux mariez, mesme apres la celebration des nopces, de de-meurer deux mois sans consommer le mariage pour prendre deliberation cependant, & pour entrer en religion : voire nonobstant toutes les contra dictions de l'vne des parties, & tant le mary que la femme ont droit de de-mander ce delay de deux mois, en faueur de a religion, & est contre iustice, & contre les ordonnances de l'Eglise de le refuser.
Il y a deux liens au mariage, l'vn est spirituel, & procede du seul consentement des parties, l'autre est charnel, & procede de l'vnion des corps & de l'vsage du mariage : or tout ainsi que le lien charnel & corporel se dissout par la mort corporelle, aussi semble-il conuenable que celuy qui est spirituel se rompe pas la mort spirituelle & ciuile, qui se fait par la profession religieuse, par laquelle l'homme meurt totalement au monde, & meurt quant à l'ame, & en la volonté par le vœu d'obeïssance, au corps par le vœu de chasteté; aux choses exterieures par le vœu de pauureté, ainsi l'vn ayant fait profession, l'autre peut se remarier le mariage n'ayant esté consommé.
Cas auquel le mariage consommé peut estre dissous voire quant au lien.
Outre ce cas auquel le mariage se peut dissoudre n'estant pas consommé, il y a encore vn autre cas auquel il peut se dissoudre, voire estant consommé, sçauoir si de deux infidelles qui se sont mariéz, ont vescu ensemble long‑temps, & ont des enfans, vn vient à se conuentir, & l'autre ne veut pas se conuertir ny demeurer auec celuy qui est conuerty, ou s'il y demeure, fait iniure au createur, c'est à dire, ou il tasche d'attirer celuy qui est conuerty à l'infidelité : ou il blaspheme contre Dieu & Iesus-Christ, ne veut entendre parler de Iesus-Christ : ou il fait toute sorte d'Exercice d'infidelité en presence de celuy qui est conuerty, ou autre chose au mespris de la foy, mettant au hazard la foy de celuy qui est conuerty, en ce cas celuy qui est conuerty n'est pas seulement obligé de quitter la compagnie de cét infidelle, de peur de se peruertir, & y demeurant auec ce danger peche, mais aussi peut se marier à qui bon luy semblera. Cette doctrine est tirée de S. Paul 1.Cor. 7. où il dit, Quod si fidelis discedit, discedat, non enim seruituti subiectus est frater aut soror in huiusmodi.
Ce n'est pas vn priuilege qui soit accordé aux mariez par les Papes, car toute l'authorité de l'Eglise ne peut pas dissoudre vn mariage qui est consommé : c'est vn priuilege que Dieu a donné en faueur de la foy, & qu'il a reuelé à l'Eglise par l'entremise de S. Paul : puis que le fidelle estant obligé d'euiter la compagnie de l'infidelle auec qui il est marié, plustot que d'entendre des iniures contre Iesus-Christ, & d'estre en continuel hazard de se peruertir, & d'ail 119 leurs Dieu ne voulant obliger personne au celibat contre sa volonté. Ce se roit vne chose dure d'estre obligé à cette separation, & ne pouuoir se ma-rier à vn autre : c'est pourquoy Dieu a donné cette permission en ce cas, en faueur de la foy. Et telle est l'opinion des doctes en suite de la definition de S. Paul, telle est la determination des Papes & des SS. Peres, S.Ambroise entre autres, Non debutur ei reuerentia coniugij qui horret auctorem coniugij, sed potest alteri se iungere. On ne doit pas rendre l'honneur du mariage à celuy qui a en horreur l'autheur du mariage, mais on peut le quitter & se marier à vn autre, cela est manifeste du chap. Quanto, du chap. Gaudemus, titul.de diuort. & c. Si infidelis, 28. q.2. Vide Sanchez disp. 74.
Hors ces deux cas le mariage est absolument indiſſolubleindissoluble quant au lien, quoy qu'en plusieurs cas il puisse se dissoudre quant au lict, comme ie diray tantost : & n'est-ce pas vne grande seruitude, qu'vne telle indissolubilité ? Ordonnée de Dieu mesme suiuant la doctrine de S. Paul, His qui matrimonio iuncti sunt præcipio non ego, sed Dominus vxorem à viro non discedere si autem discesserit manere innuptam. 1.Corinth. 7. i'ordonne aux mariez, mais ce n'est pas moy, c'est Dieu, que la femme ne quitte pas son mary, qui si elle le quitte, elle ne peut pas se remarier.
Seruitude du mariage.
S.Chrysostome suiuant son eloquence ordinaire, parle fort disertement des maux du mariage au liure qu'il a fait de la Virginité, & nommément de cette seruitude au chap. 40. ie rapporteray ses parolles mot à mot : posons le cas, dit-il, qu'vn mary ait rencontré vne femme meschante qui n'a autre chose en sa bouche que maledictions, caqueteuse, & ce qui est commun à toutes, presomptueuse, & farcie de plusieurs autres maux : comment est-ce que ce pauure miserable pourra supporter cette fascherie, cette superbe, cette impudence iournaliere ? Que si la femme est douce, debonnaire, modeste, & le mary fascheux, cruel, insolent, cholere, plein de faſte & d'insolence, qui ne fasse non plus d'estat d'vne femme honneste, que d'vne esclaue : qui la traitte auec autant de rigueur, que ses seruantes ? quelle patience faudra-il pour endurer cette violence & necessité ? Que si le mary a vne auersion perpetuelle de sa femme ? si faut-il supporter cette seruitude, & elle n'en peut estre delivurée que par la mort : car tandis que son mary viura, il n'y a point d'autre remede, sinon de le gaigner par toute sorte de douceur & courtoisie, & luy faire changer de mœurs & de condition : ou s'il n'y a nulle espoir de ce faire, d'estre en vne cruelle & continuelle guerre : voila le discours de ce Sainct Pere.
Le mesme sainct Chrysostome au chap. 41. Vides necessitatem, ineuita bilem seruitutem, & vinculum quod utrumque constringit? verè enim vincu- lum matrimonium est, non solum propter solicitudinum turbam, ac quotidia-nas molestias, sed etiam quod coniuges quouis seruo grauius inuicem subijci cogat. 120 Voyez vous la necessité ? la seruitude ineuitable ? le lien qui les lie tous deux ? Veritablement le mariage est vn lien, non seulement à cause de la multitude des soins & des fascheries qu'il apporte, mais aussi d'autant qu'il astraint les mariez l'vn à l'autre plus fort qu'aucun seruiteur à son maistre. Puis il poursuit son discours en ces termes. Le mary en a le commandement sur la femme, mais quel est l'vsage de ce commandement ? puis que par vne nouuelle espece de seruitude il est fait seruiteur de celle à laquelle il commande, tout ainsi que deux seruiteurs fugitifs liez chacun separément, puis liez tous deux ensemble par par vne contrechaine attachée aux seps de l'vn à l'autre, ne peuuent marcher auec liberté, d'autant qu'il faut que l'vn suiue l'autre, de mesme les mariez ont chacun ses chaisnes en particulier, qui sont leurs soins particuliers : puis vne chaisne qui les lie ensemble, qui est la mutuelle obligation qui les lie plus estroittement qu'aucune chaisne, & leur oste la liberté : d'autant que le mariage ne donne pas le commandement absolu à l'un des deux, mais le divise entre les deux. Voilà comme parle sainct Chrysostome. Partant combien y en a-il de trompez ! tant de ieunes gens qui se marient pour se retirer de la seruitude de leurs parens & tuteurs, & viure en liberté ? mais ils se iettent dans vne seruitude incomparablement plus estroitte que la premiere.
Cas ausquels le mariage peut se dissoudre quant au lict.
Ie sçay bien qu'il y a certains cas ausquels les mariez peuuent se descharger de cette seruitude non pas entierement, mais en partie, sçauoir quant à la cohabitation ou quant au lict, non toutefois quant au lien, & ces cas sont cinq.
Le premier est l'adultere volontaire & coulpable de l'vne des parties, apres lequel celuy des conjoincts qui est innocent peut de son authorité se separer de l'autre quant au lict, non pas toutefois quant à la cohabitation auant la sentence du iuge, sinon lors que l'adultere est publique : en quoy la femme a tout autant de droict que le mary, puis qu'ils sont esgalement obligez à la fidelité. I'ay dit qu'il peut, il n'y est pas tousiours obligé, & l'innocent peut receuoir en grace le coulpable.
Le second est lors qu'vn des conjoincts est en grand & euident danger de sa vie & santé à cause que l'autre est ou fort cruel, ou furieux, ou lepreux, ou atteint de quelque autre maladie contagieuse.
Le troisiesme est la fornication spirituelle ou l'heresie, en laquelle l'vn des conjoincts seroit tombé depuis le contract du mariage.
Le quatriesme vn grand danger du salut de son ame, comme si l'vn des mariez induit l'autre à des grands pechez auec mespris de tout aduertissement, comme à l'heresie, apostasie, sodomie, sorcelerie, si le mary induit sa femme ou à desrober, ou à receuoir les larrons, & qu'elle ne peut l'euiter : ou si le mary apres auoir esté aduerty de ne le faire, amene en sa maison quel 121 ques-vns qui recherchent sa femme de des-honneur & la mettent au hazard de sa pudicité.
Le cinquiesme est le consentement mutuel des parties qui se peuuent abstenir ou pour vn temps, ou pour tousiours, moyennant qu'il n'y ayt aucun danger d'incontinence.
Quoy qu'il en soit on ne sçauroit nier que ce ne soit vn lien bien fort, puis qu'il n'y a que la mort qui le puisse dissoudre, quod Deus coniunxit homo non separet : Matth.19. & vne grande seruitude qui oblige si estroittement, au dire de Hugues de S. Victor, in libello ad socium volentem nubere, quod nulla est vxoris electio: sed qualis aduenerit talis est habenda. Si iracunda, si fatua, si deformis, si superba, si fœtida, quodcunque vitium est, post nuptias discimus. Equus, asinus, bos, canis, & vilissima mancipia prius probantur & sic emuntur: sola vxor non ostenditur, ne ante displiceat quam ducatur. Telle qu'est la femme il faut auoir patience, si elle est cholere, si sotte, si laide, si superbe, si puante. Apres qu'on est marié on connoit les defauts : on a vn cheual, vn asne, vn boeuf, vn chien à l'espreuue : voire des miserables esclaues, & les ayant esprouué on les renuoye, ou on les achepte : il n'y a que la femme qu'on ne monstre pas de peur qu'elle ne dégouste auant que l'on l'espouse.
On ne sçauroit nier que quiconque se marie vend sa liberté: mais s'il arriue qu'vn homme doux & paisible rencontre vne femme fascheuse ne le voila pas esclaue d'vn animal indomptable ? posons le cas qu'elle apporte vn grand dot, elle est imperieuse : si elle n'apporte rien, le mary en est bien tost saoul, & ce ne sont que reproches. Encor vn homme fascheux s'apriuoise par les caresses & mignardises d'vne femme, car il entend raison : vne meschante femme n'entend ny raison ny demy : elle menace, elle tempeste, elle escume : si vous parlez, elle hurle; si vous ne dites mot, elle creue de despit : elle dit, elle desdit, elle redit, elle maudit, quelle seruitude pour vn pauure mary qui s'y trouue engagé ! Au contraire s'il arriue que la femme soit sage & modeste, & le mary meschant, iamais forçat ne fut traicté plus rudement qu'est cette pauure esclave, il dissipe tout aux tauernes & lieux infames, cependant une pauuvre femme est contrainte de ieusner & voir des pauures petits enfans mourir de faim : retourne-il à la maison le ventre plein de vin, le coeur plein de furie, allumée par vne meschante, ie ne sçay qui, qu'il entretient, & qui luy a remply la teste de calomnies & de jalousie contre sa propre femme, ce ne sont qu'iniures atroces; si elle ne dit mot, il la tient coulpable : si elle pense se deffendre en son innocence, on en vient aux coups. Encore faut-il luy demander pardon apres auoir esté outragée, & traittée plus indignement qu'on ne traitteroit vne beste, il faut le flatter & se donner de 122 garde de regarder de trauers celle qu'elle sçait qu'il entretient au preiudice de leur mariage, & qui est cause de la ruyne totale de leur famille. Qui pourroit nier que cela ne soit vne intolerable seruitude ? de laquelle cependant il est fort difficile pour ne dire impossible de se faire quitte.
Filet cadre, rayé.

Du troisiesme mal du mariage, que S. Paul appelle diuision. CHAPITRE IV.

COmme tout le bon-heur de l'homme consiste à voir Dieu & l'aimer, Satiabor cum apparuerit gloria tua, Ps. 16. Ne pouuans iouyr de ce contentement en ce monde, ny auant que d'estre despouillez de ce corps mortel, si pouuons nous en auoir quelques arrhes & auant-goust, qui est de voir le mesme Dieu par la connoissance, & l'aimer autant que nostre fragilité & condition peut permettre, hæc est vita eterna vt cognoscant te solum verum Deum, & quem misisti Iesum Christum. Ioan. 17. Nosce te consummata iustitia est, & scire iustitiam, & virtutem, radix est immortalitatis. Sap. 15. Nous auons deux Deux lumieres qui nous font connoistre Dieu. lumieres qui nous introduisent à cette connoissance & amour, l'vne moindre, luminare minus, qui est la raison naturelle, qui est comme la lumiere de nuict, qui a mesme esclairé les payens, & les a conduit à la connoissance d'vn Dieu : & l'autre plus grande, luminare maius, qui est la foy; & de l'vne & l'autre naist la chaleur en la volonté, c'est à dire, l'amour.
Plusieurs choses suffoquent ces lumieres, & esteignent ou diminuent cét amour, mais rien à mon aduis dauantage que les voluptez charnelles, du boire, manger, dormir, & sur tout de la lubricité ou qui accompagnent l'acte de generation.
Qu'elle est la diuision de laquelle parle S. Paul parlant des mariez.
S. Paul parlant de l'homme marié dit, qui cum vxore est, sollicitus est quæ sunt mundi, quomodo placeat vxori, 1. Corinth.7. l'homme qui est auec vne femme a soin des choses du monde, comme il plaira à sa femme, & diuisus est, adjouste-il, & il est diuisé. Puis parlant de la femme mariée, il dit, quæ autem nuptea est, cogitat quæ sunt mundi, quomodo placeat viro: la femme qui est mariée pense aux choses du monde, comme elle plaira à son mary, cette diuision dit S. Ambroise n'est autre, sinon les soins de la famille, de plaire à vne femme, d'esleuer les enfans, d'entretenir la maison, qui font qu'il ne peut donner tout son coeur & amour à Dieu, mais est contraint de le diuiser, d'en donner vne partie à sa femme, l'autre à ses enfans, vne autre aux affaires, & souuent Dieu a la moindre.
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Le mesme S. Paul au mesme lieu dit, existimo hoc bonum esse propter instantem necessitatem : mon aduis est, qu'il est bon de n'estre point marié à cause de la necessité vrgente. S. Hierosme, S. Chrysostome, S.Anselme entendent par cette necessité vrgente, la necessité & fatalité de la mort : comme si l'Apostre disoit, ce peu de temps que nous auons à viure nous est donné pour nous rendre aggreables à Dieu & nous faire capables de la vie eternelle : & cependant vostre soin est d'entretenir vne femme, d'esleuer des enfans, d'establir vostre famille, d'amasser des moyens, d'acquerir de l'honneur, d'achepter des Seigneuries, de bastir des maisons. Helas ce peu de temps de vostre vie vie qui n'est qu'vne meschante rogneure du temps, & vn moment à comparaison d'une eternité, est-il trop grand pour acquerir vn iamais de bon-heur ! La mort vous talonne, le temps vous presse, l'eternité bien-heureuse vous inuite, vous n'auez autre espace pour acquerir cette eternité que la vie presente, & cependant vous l'employez en vne femme, en des enfans, en vne famille, le diuisant au preiudice d'vne chose de si grande importance qui est l'eternité bien‑heureuse!
S. Paul au mesme endroit dit que la femme qui n'est point mariée a cét aduantage par dessus celle qui l'est, que, cogitat quæ Domini sunt, vt sit sancta corpore & spiritu, elle pense à ce qui appartient à Dieu, elle s'estudie à la connoissance de Dieu, & à son amour, afin qu'elle soit saincte de corps & d'esprit, OEcumenius dit, corpore sancta est propter castitatem, spiritu autem sancta est, propter familiaritatem cum Deo, & spiritus sancti inhabitationem, elle est saincte quant au corps par la chasteté, elle est saincte quant à l'esprit, à cause de la familiarité qu'elle a auec Dieu, & d'autant que le sainct Esprit habite en elle par sa grace.
Il me semble que S.Paul en tout cét endroit veut monstrer que les personnes mariées ont deux choses qui les diuisent de la connoissance & amour de Dieu, & empeschent la familiarité auec luy : l'vne est ce qui est contraire à la parfaitte chasteté ou virginité, qui est l'vsage du mariage, l'autre est le soin des choses domesstiques, & la vierge a ces deux aduantages, par dessus les mariez, pour se rendre familiere auec Dieu, le connoistre & l'aimer. Ie m'en vay monstrer comme l'vn & l'autre diuise l'esprit des mariez.
Etimologie du nom de Venus.
Platon lib. vltimo de Legibus, dit, que Venus est comme vἢ & νϰς, comme qui diroit, sine mente, sans ceruelle, sans esprit, d'autant qu'elle rend l'homme stupide & comme estourdy.
Euripide in Hecuba l'appelle Aphrodisia57 ab a priuatiuo, & ϕϱoσùvn qui signifie prudence, comme qui diroit sans prudence : au mesme lieu il l'appel Venus Deesse de folie. le, insipientiæ Deam, la Deesse de folie : & in Hecuba, amentiæ præfectam, la maistresse de sottise. Salomon conformement à cela aux Prouerb.7. appelle 124 vn ieune addonné aux plaisirs vecordem, sans coeur, ce que les septante tournent indigentem mente, qui n'a point d'esprit, d'autant que la volupté esmousse la pointe de l'esprit, & estourdit l'homme.
Venus pourquoy peinte auec vne tortue.
Pausanias & Plutarque disent que Phidias depeignit Venus tenant vne tortue soubs ses pieds, c'estoit pour monstrer que comme la tortue n'a point de cœur, ainsi ceux qui se laissent emporter à la volupté sont sans cœur, ou s'ils en ont, elle leur rauit.
L'escriture saincte ne dit-elle pas fornicatio, & vinum, & ebrietas auferunt cor? la fornication, le vin, l'yurognerie rauissent le coeur? Osée 4. Dauid s'en plaint, cor meum dereliquit me, mon coeur m'a delaissé, qui luy a rauy sinon la volupté ? S. Augustin expliquant ce verset du Psal. 57. Supercecidit ignis, & non viderunt solem, le feu de est tombé dessus, & ils n'ont point veu le La volupté esmousse l'esprit. soleil, dit que ce feu, est le feu de luxure qui excite vne espaisse fumée, laquelle obscurcit la lumiere de l'ame, & de l'entendement, pour le rendre incapable de voir Dieu, Soleil de iustice, & consequemment de l'aimer. S. Chrysostome en quelque homelie. His qui in delicijs & luxuria vitam ducunt, sensus tardi, graues, obtusi, & quodammodo consepulti : ceux qui viuent en delices ont les sens tardifs, pesans, lourds, & comme enseuelis dans la chair & le plaisir, l'ame demeure comme en pasmoison, & comme sans mouuement & action.
S. Athanase & la raison enseignent que le cœur est vne des trois parties par lesquelles l'ame meut tout le corps, & comme peut-il se mouuoir n'ayant point de cœur ? le cœur est le premier viuant & le dernier mourant, le cœur est la forge de nos desirs & desseins, & des mouuemens de l'ame; quels mouuemens peut donc auoir vne ame qui est sans cœur ? Nous auons deux sortes de cœur, l'vn de la raison, l'autre de chair; le cœur de chair est celuy qui n'a mouuement que pour les creatures, le cœur de la raison est celuy qui n'est que pour Dieu; Dauid n'auoit point de cœur pour Dieu, Bethsabée luy auoit rauy : souuent l'amour d'vne femme voire legitime, emporte tellement le cœur qu'vn mary n'a plus qu'vn cœur de chair, point de cœur de raison, ne peut penser à Dieu : n'est-ce pas vne miserable diuision ?
L'vsage de mariage offusque la raison, & empesche les sciences.
Cela est veritable me direz vous par le regard de ceux qui s'addonnent aux plaisirs illicites, & hors du mariage, mais ne peut auoir lieu en vn iuste, licite, & honneste mariage. Il ne m'est pas fort mal-aysé de prouuer le contraire, comme ie m'en vay faire. Ciceron ayant repudié sa femme Terentia, comme on luy demandoit pourquoy il n'en prenoit vne autre, respondit, non possum philosophari, & simul vxori operam dare, il est impossible de philosopher ayant vne femme. Aussi Aristote & les philosophes ont enseigné que le moyen de deuenir docte est de s'esloigner de toute volupté, voire licite.
125 Minerue vierge.
Les Grecs ont creu que Minerue Deesse des sciences & de sagesse estoit vierge, & sortie sans souïllure de la ceruelle de Iupiter, & sans mariage : que iamais elle ne voulut se marier, ny consentir à chose qui fust contre la pureté, pour la defence de laquelle elle tua le geant Pallas qui vouloit la des-honorer, d'où elle fut appellée Pallas, & les anciens depeignoient les vertus comme vierges.
Cic. l. 2. de nat. Deorum.
Platon disoit que s'il n'y auoit point de mariage, nostre vie seroit semblable à celle des Dieux, voulant dire que mesme le mariage empesche que l'homme ne meine vne vie celeste & diuine. S. Augustin le confirme 1. Soliloq. c.10. Nihil esse sentio quod magis ex arce deijciat animum virilem, quam blandimenta fœminea, corporumque ille contactus sine quo vxor haberi non potest. Ie ne sçay chose quelconque qui raualle tant l'esprit d'vn homme, que l'entretien d'vne femme, & l'vsage du mariage.
Prouué par raison naturelle que le mariage offusque la raison.
Hippocrate dit lib. 4. de morbis, que la prudence ordinairement a son siege au sang, & partant que la phrenesie arriue de ce que la bile entre aux veines, & dans le sang, & l'agite, le meut, le trouble, l'altere : il veut dire que le sang, ou bien les esprits qui sont les plus subtiles parties du sang, donnent la force & l'efficace aux sens pour faire leurs fonctions, & pour operer auec sens & prudence, d'où vient que le sang estant troublé & corrompu, les sens s'en ressentent : or il n'y a nul doute que le sang ne diminue & ne s'altere par l'vsage du mariage, & par consequent que les organes des sens ne s'esmoucent 58 : le corps & cette fonction, qui se rapporte à la la generation, est commune à l'homme auec les bestes, de sorte que l'esprit s'abbaissant iusques à ces plaisirs, communique d'autant plus auec les bestes, ainsi par l'accoustumance des plaisirs l'esprit deuient comme hebeté, & ne peut rien conceuoir ny entreprendre de grand ny magnifique. Et cela vient non seulement par l'vsage des plaisirs illicites, mais encore des licites, la raison en est euidente.
Belle cõparaison de Cassian à ce propos.
Car tout ainsi dit Cassian, que la cholere soit qu'elle soit iuste ou non, ne laisse d'obscurcir l'esprit : & la lame qui est deuant les yeux, empesche la veuë, soit qu'elle soit de plomb ou d'or : ainsi le plaisir soit qu'il soit licite ou illicite, ne laisse de seruir comme de lame à l'entendement, & luy empescher son operation. C'est ce que frere Gilles compagnon de S. François fit entendre à vn homme qui se vantoit de ce qu'il estoit fidele en mariage, & Belle cõparaison de fierce Gilles au mesme subject. se contenoit dans les bornes de la chasteté coniugale : An ex suo quoque ipsius dolio non potest aliquis ebrius fieri? dit-il, pensez vous, qu'on ne se puisse aussi bien enyurer du vin de sa caue, que de celuy de la tauerne ? voulant dire, que les plaisirs, voire licites, enyurent & rendent l'homme comme incapable de science & de connoissance de Dieu.
126 Dieu est vn miroir dans lequel les voluptez empeschẽt de voir.
Dieu est comparé à vn miroir poly, speculum sine macula, or comme il est impossible de voir dans le miroir s'il y a quelque nuage ou ordure entre l'oeil & le miroir ainsi est-il impossible de voir Dieu au trauers des vapeurs grossieres & visqueuses, que les plaisirs charnels excitent, qui empeschent l'ame, & sont comme nuées entre Dieu, & l'entendement. Aussi nostre Seigneur dit, Beati mundo corde, quoniam Deum videbunt, Matth. 5. Bien-heureux sont ceux qui ont le cœur net, car ils verront Dieu, Quem docebit Dominus scientiam aut quem intelligere saciet auditem? ablactatos à lacte, auulsos ab uberibus. Isai. 28. à qui est-ce que Dieu communiquera la science ? qui sera capable de l'escouter ? sinon ceux qui sont sevrez & esloignez des plaisirs : c'est pourquoy S. Paul au lieu sus-allegué 1. Corinth.7. parlant de l'aduantage qu'ont les nonmariez par dessus les mariez, dit, præbet facultatem sine impedimento Dominum obsecrandi, le celibat donne moyen de vaquer à Dieu sans destourbier.
Entre ceux qui estoient inuitez aux nopces, celuy qui s'estoit marié dit tout plat, vxorem duxi ideo non possum venire : i'ay pris femme, partant ie ne puis m'y trouuer; les autres s'excuserent, firent quelque compliment, mais cestuy-cy, non possum, il m'est impossible. Ie ne sçaurois, ie ne veux pas m'y trouuer.
L'ame de l'homme comparée à vne plume.
Comme la plume estant nette auec vn petit souffle s'essorre & s'eslance en haut, mais estant mouillée ou chargée de quelque humeur visqueuse, s'attache contre terre, de mesme vne ame espurée des plaisirs sensuels, monte aysement à Dieu & à sa connoissance, mais estant trempée dans des humeurs terrestres & grossieres de la chair, elle se retient contre terre, animalis homo non percipit ea quæ Dei sunt, l'homme animal ne peut perceuoir les choses diuines. Incorruptio facit esse similem Deo, l'incorruption nous fait deuenir semblables à Dieu.
S. Ambroise, lib. 1. de Virginibus, Virginitas, nubes, aëra, Angelos, sideraque; transcendens, Verbum Dei in ipso sinu Patris inuenit: Elias etiam quia nullius corporei coitus suissse permixtus cupiditatibus inuenitur, ideo curru raptus est ad cœ- La virginité esleue l'ame à Dieu, & le fait connoistre. lum. La virginité passe au dessus des nuées, de l'air, des Anges, des astres, & penetre iusques au sein de Dieu le Pere, pour y trouuer le Verbe. D'autant qu'Elie n'estoit point marié il a esté rauy au ciel dans vn char de feu.
Le Prophete Ezechiel chap. 28. dit, Mortua est vxor mea, & apertum est os meum, voila ma femme morte, & aussi tost i'ay commencé à prophetiser. Voulant dire qu'il estoit incapable de prophetiser pendant la vie de sa femme, tandis qu'il estoit marié. S.Hieros. lib.1. contra Iouinian dit, que les Sybilles ont eu le don de prophetie, d'autant qu'elles estoient vierges.
L'estat des non mariez s'appelle cœlibat. S. Hierosme lib.2. contra Iouin.
127 Pourquoy l'estat des continents apellé cœlibat.
Coelibem, dit-il, quasi coelitem, comme qui diroit celeste, par ce que, d'autant qu'on est plus esloigné des plaisirs, d'autant est on plus proche du ciel par vne vie celeste, nostra conuersatio in coelis est, in carne viuentes non secundum carnem militamus, Philip.3. nostre conuersation est aux cieux, & viuans en vn corps de chair, nous ne viuons pas selon les maximes de la chair. Ie vous demande, qui esleue cette grande multitude qui suit l'agneau de si prez, qui chante vn cantique que nul ne peut entonner sinon la pureté ? Virgines enim sunt, & sequuntur agnum quocunque ierit, ils sont vierges, & suiuent l'agneau par tout, cét agneau plus blanc que neige en pureté, pascitur inter lilia, paist parmy les lys, se communique aux purs.
Pouuez vous vous seruir d'vn parchemin qui n'est bien desgraissé ? il Belle cõparaison. ne veut receuoir l'escriture que vous voulez y former. Penseriez-vous imprimer la connoissance de Dieu sur vne ame toute engraissée de plaisirs? Helas Moyse ! que presumez vous ? quoy ! de vous approcher de cette diuine montagne ! de traitter familierement auec Dieu ayant les souliers aux pieds ! non, non, tolle calceamenta de pedibus tuis, quoy ! pre tendiez vous bien monter à Dieu & à sa connoissance, ayant l'ame plei-ne d'affections mondaines & charnelles ! qui cum vxore est sollicitus est quæ sunt mundi, quomodo placeat vxori, & diuisus est, vostre coeur est diuisé. Il ne peut monter si haut, Deum videre vis? prius cogita de corde mundando, & quidquid ibi vides quod Deo displicet tolle : voulez vous voir Dieu? pensez premierement à purifier vostre coeur, & en oster tout ce qui déplaist à Dieu, dit S. Aug. serm. 2. de Ascens. on ne peut rien voir dans l'eau qui est trouble, l'ame qui est trouble par les plaisirs, n'est pas capable de la connoissance, ny de l'amour de Dieu.
Comme le heron volant au dessus du saulcon, luy moüille les aisles de ses excrements, & ainsi luy appesantit le vol, & rend son effect inutile; de mesme les saillies de la cõcupiscence, mesme dans l'vsage des plaisirs permis, esmoussent la vigueur de la raison, & apesantissent l'esprit contre terre, le rendant incapable de s'eslancer au ciel.
L'histoire de S. Gregoire de Nazianze est commune; lors qu'il estudioit à Athenes, pendant le sommeil, il luy sembla qu'il estoit assis, & estudioit, & qu'il y auoit deux belles Damoiselles prez de luy, l'vne à droite, l'autre à gauche, luy qui estoit chaste comme un Ange, commença à les regarder d'vn œil de trauers, & leur demanda qui elles estoient, & ce qu'elles vouloient : aussi tost elles commencerent à luy parler plus familierement, & le caresser, disans : ne vous troublez point ieune hõme, vous nous connoissez, nous vous sommes familieres; l'vne de nous deux s'appelle Sagesse, l'autre Chasteté, Dieu nous a commandé de venir demeurer auec nous, d'autant que vous nous auez preparé vne demeure nette & agreable en vostre cœur. Cela nous monstre 128 que ces deux sœurs vont de compagnie, la sapience & la chasteté, & que nos cœurs sont d'autant plus capables de sapience qu'ils sont plus espurez de toute sensualité. Et partant que les mariez mesme ont vn grand empeschement à la vraye sapience & que leur esprit en cela est diuisé & moins capable non seulement de la science des Saincts, qui est la connoissance de Dieu, mais encore des sciences humaines.
Filet cadre, rayé.

Comme le soin de la famille, & des affaires temporelles empescha les mariez de connoistre & d'aimer Dieu. CHAPITRE V.

LA seconde chose qui diuise l'esprit des mariez, est le soin des affaires domestiques, ou de la famile. S.Chrysostome expliquant ce passage de S. Paul 1. Corinth.7. Existimo hoc bonum esse propter instantem necessitatem, ie pense que cela est expedient (c'est à dire, de ne se marier) à cause de la necessité pressante, demande quelle est cette necessité si pressante, pour laquelle S. Paul conseille le cœlibat ? & respond lib. de virginitate c. 43. c'est la multitude d'affaires, vn pauure mary est accablé de tant de soins, oppressé de tant de sollicitudes, accueilly de tant de diuers accidents, que souuent il est comme contraint & forcé de pecher, troublé, incité, harcelé par sa femme. Que si la femme est sage, modeste, paisible, toutefois le soin qu'il faut auoir pour l'entretenir, & pour esleuer les enfans, ne permet de penser à Dieu. Mais comme vn gouffre abysme l'esprit.
Que si le mary desire de mener vne vie priuée & tranquille, il luy est impossible, car se voyant entouré d'enfans, & qu'il luy faut beaucoup pour entretenir sa femme, il est contraint veuille non veuille, de se ietter dans les flots des affaires publiques: où estant vne fois enueloppé Dieu sçait combien d'occasions il a d'offenser Dieu, par cholere iurant, iniuriant : par vengeance trompant, feignant, complaisant. Et comment se peut-il faire, que se trouuant en vne si furieuse tempeste, & s'y complaisant, il n'en reçoiue du detriment en l'ame ?
Que si on vient à examiner ce qui se passe en sa maison, nous trouuerons qu'il y a de plus grandes difficultez que dehors, car il est obligé à songer à beaucoup de choses à cause de sa femme, ausquelles il ne seroit obligé de penser pour son particulier : s'il a rencontré vne femme testüe, fascheuse, difficile, ce n'est plus necessité, mais peine & supplice : comment donc pourra 129 s'esleuer vers le Ciel estãt accablé d'vn poids si pesant d'affaires ? ayant les pieds enferrez dans des seps si estroits, ie dis lié & empesché par la malice de sa femme & tenu comme attaché contre terre ? ce discours est de S. Chrysostome.
Soins d'vne femme mariée.
Si le mary a ses empeschemens, la femme n'en manque point, comme sont la domination fascheuse & contrainte d'vn mary, sa cholere, ses caprices, ses yurogneries, ses prodigalitez, la pauureté & les necessitez du mesnage, le vefuage, la perte des enfans, l'entretien des parens de son mary, le soin de ses enfans, de ses seruantes, vne continuelle distraction.
Pourquoy il estoit expedient que nostre Seigneur quitta les Apostres.
Nostre Seigneur dit à ses Apostres, Ioann. 16. Nisi ego abiero paraclitus non veniet ad vos, vous ne pouuez receuoir le Sainct Esprit, si ie ne vous quitte, S.August. tract.94. Gregor. 18.moral. c.13. disent que les Apostres estoient incapables de receuoir le saint Esprit, tandis que nostre Seigneur estoit auec eux, d'autant qu'ils aimoient nostre Seigneur d'vn amour humain & corporel, & non purement spirituel, & iaçoit59 que leur amour ne fust pas mauuais, toutefois il deuoit estre changé en vn amour spirituel, afin qu'ils deuinssent parfaicts, & qu'ils fussent remplys du Sainct Esprit : Ils estoient trop attachez à l'humanité de nostre Seigneur, & le trop grand amour qu'ils luy portoient, empeschoit qu'ils n'aimassent Dieu auec tant de perfection. Grand Dieu, si l'amour des Apostres enuers nostre Seigneur, rendoit moins parfait leur amour enuers Dieu : quel empeschement pourra apporter l'amour d'vne femme, des enfans, & des moyens? Mens occupata carnalibus desideriis gratiam Spiritus Saincti non speret, l'ame qui est destenue des desirs charnels, n'a que faire d'esperer la grace du Sainct Esprit, dict Sainct Bernard ser, 6. de Ascens.
Nostre Seigneur, en Sainct Luc 8. compare les soins, richesses, voluptez, aux espines, d'autant que tout ainsi que les espines suffoquent la bonne se Le soin des choses temporelles empesche le salut. menence, ainsi les soins & sollicitudes estouffent la semence de la vie eternelle qui est la parolle de Dieu; & empeschent nostre salut.
Zenon Philosophe, au rapport de Stobaeus, apperceuant vn de ses amis deuenu tout voutté à cause du trauail continuel qu'il apportoit à cultiuer son champ, luy dit, nisi tu agrum perdideris, ipse te perdet, si tu ne perds tõ chãps, il te perdra : ne pourrions-nous pas dire le mesme de plusieurs mondains ? il seroit expedient qu'ils perdissent ce qu'ils ont, puis que la trop grande affection & le soin immoderé les perd, les empeschant de connoistre Dieu, de l'aymer, & de songer à leur salut.
Tout ainsi que l'impression violente de quelque chose empeche qu'on ne puisse voir vne autre : comme l'experience monstre en celuy qui ayant esté long temps à la neige, ne peut rien voir à cause des especes qui sont fortement imprimées : de mesme celuy qui a vne forte impression des choses tem 130 porelles, ne peut voir les spirituelles : celuy qui a vne grande affection des choses de la terre ne peut aymer celles du ciel.
Les richesses peruertissent, belle responce de Phociõ.
Plutarche en ses Apoth. racompte qu'Alexandre ayant fait grand butins sur ses ennemis, en envoya vne grande partie à Phocion philosophe Athenien; Phocion admirant la grandeur du present, demanda pourquoy l'Empereur luy auoit enuoyé plustot qu'a quelque autre; les ambassadeurs respondirent, dautant qu'il vous tient le plus homme de bien de tous les Philosophes. Allez donc, dit Phocion retournez à Alexandre auec son or, s'il me tient en qualité d'homme de bien pourquoy me presente-il des richesses capables de me peruertir.
Les choses mondaines comme richesses, femmes & enfans sont comme autant de degrez par lesquels nous pouuons monter à Dieu, mais souuent elles seruent de lacets & de sourriciere pour nous retenir & engager en terre, creaturæ Dei in odium factæ sunt & in mussipulam pedibus insipientium, ce qui vient de nostre aueuglement & de la corruption de nostre nature.
Il ne faut qu'vn petit poisson pour arrester vn grand nauire, nonobstant toute l'impetuosité des vents & tous les efforts des pilotes : aussi ne faut-il qu'vne petite affection pour empescher que nostre ame ne soit enleuée par les vents & efforts du S.Esprit & de sa grace. C'est chose impossible de seruir à Dieu & aux richesses, Matth.6. L'arche de Dieu & ne peut demeurer sur mesme autel auec l'idole de Dagon; ny l'amour de Dieu & du monde en vne mesme ame.
Les richesses empeschent de cõnoistre Dieu.
Vn iour vne pauure femme, Luc. 13. se presenta à nostre Signeur toute courbée contre terre & ne pouuant regarder le ciel, elle ne regarda pas nostre Seigneur, ne luy demanda pas qu'il la guarist, mais nostre Seigneur de sa bonté la regarda, & la toucha. Ordinairement ceux qui estoient guarys de nostre Seigneur, luy demandoient la guarison, puis d'vne parolle il les guarissoit : cela nous monstre que d'ordinare le soin des choses mondaines, qui est comme vn pesant fardeau, courbe tellement ceux qui l'ont endossé, qu'ils ne peuuent s'esleuer pour regarder Dieu, qu'ils ne peuuent penser à leur salut, & si Dieu par vne misericorde speciale ne les regarde, & ne les touche, mal-aysément peuuent-ils estre sauuez : c'est pourquoy nostre Seigneur s'escrie, Quam difficile diuites intrabunt in regnum cœlorum! Qu'il est difficile qu'- vn homme riche entre au Royaume des Cieux ! dautant que, Oculos suos statuerunt declinare in terrum, Ils sont attachez à la terre, comme par necessité. N'est-ce pas ce que dit S. Paul, propter instantem necessitatem, à cause de la necessité pressante.
Giezi, 4. Reg.5. n'eut pas pas si tost receu les richesses & dons de Naaman, qu'il deuint lepreux; d'orinaire les richesses sont suiuies de lepre, c'est à dire, de superbe, d'ambition, de gloutonnie, d'enuie, de paresse, & enfin d'oubly de Dieu.
131 Le riche comparé à l'oyseau englué.
Tel se marie & se met dans les affaires qui a vne forte resolution de ne s'y pas engager, mais il luy arriue tout ainsi qu'a l'oyseau qui met premierement le pied sur le gluau, puis l'aisle & enfin est englué de tout le corps & ne peut plus voler & le voyla la proye de l'oiseleur : la glu c'est l'amour des choses du monde, l'oiseleur est le Diable, l'oiseau c'est l'homme, les aisles sont l'entendement & la volonté : on croioit ne mettre que le bout du pied sur la glu, & souuent on se trouue englué de telle sorte, qu'on ne peut s'en retirer. Ah comme Iudas voloit à tire d'aisles vers le ciel au commencement de son Apostolat ! mais depuis qu'il commença d'auoir soin du temporel le voyla petit à petit englué, deuient auare, larron, traistre, hypocrite, & pour comble de tout, desesperé & damné. Si ce mal-heur luy arriua en la compagnie de nostre Segineur, nonobstant tant de saincts aduertissemens qu'il entendoit tous les iours, que ne doit craindre vn pauure homme, qui se voit sollicité à toute heure par l'auarice de la femme, par l'amour de ses enfans, d'accroistre ses moyens ?
Comme il est difficile aux gens du monde de monter à la perfectiõ.
Ie confesse bien que quelques fois au milieu des embarras & sollicitudes de la famile, on donnera quelques eslans vers le ciel, mais ils sont semblables à ceux d'vn eſperuier, lequel estans lié sur vne perche auec ces gets & longes60 les yeux couuerts d'vn chaperon : la pauure beste entendant le vol de quelque oyseau s'eslance, mais il est contraint de retourner sur la perche, il y est attaché : vn homme sentant quelque saincte inspiration, entendant quelque bon discours, entrant en quelque celeste consideration, s'eslance; mais comme il est attaché au gets & longes de la famille, coëffé61 & chaperonné d'vne femme, aussi tost il retourne sur ses premieres affections & sollicitudes vne banqueroutte, vn procés, vne querelle, vne ruine, la perte d'vn enfant ou d'vn amy, la cholere d'vne femme, l'impatience d'vn enfant, la sottise d'vn valet, l'impertinence d'vne seruante, estouffe tout ce qu'il auoit resolu de bon, & esteint toutes les pensées de Dieu & de l'autre vie.
Le ieune homme de S. Matthieu 19. auoit bonne volonté, mais quand il entendit qu'il falloit renoncer aux affections mondaines, abijt tristis, le cœur luy manqua, le voila tout abbatu de tristesse, il perdit courage, quitta toute entreprise.
N. Seigneur dit à ceux que S.Iean luy auoit enuoyé, pauperes euangelizantur, les pauures sont preschez, ne preschoit-il pas à tous ? il semble que non, puis qu'il dit par la bouche d'Isaie 61. Spiritus Domini super me, euangelizare pauperibus misit me, l'esprit de Dieu est sur moy, il m'a enuoyé prescher les pauures : ouy il preschoit & les pauures & les riches, mais il be preschoit efficacement que les pauures, dautant qu'il n'y auoit qu'eux qui se conuertissoient ou peu d'autres, par ce que le soin & l'affection des choses du monde comme vne glu, empechoit que les riches ne se conuertissent.
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Voulez vous trouuer Dieu, & l'aymer, imitez l'espouse, laquelle voyant qu'elle ne trouuoit l'espoux in lectulo, dans les plaisirs; per vicos & plateas, dans les quarrefours, dans l'embarras & soins des choses mondaines : enfin le trouua, paululum cum pertransisset, passant par dessus toutes ces affections terrestres par vn saint mespris : elle y perdit son manteau, tulerunt pallium meum Canti. 5. Aussi fist Ioseph plustost que de consentir à la mechante volonté de la Putiphar, aussi fit Elie, voulant monter au ciel. Ouy quiconque veut trouuer Dieu, quiconque veut euiter les tentations, quiconque veut monter au ciel auec Elie, doit quitter le manteau, S. Greg, Hom. 32. quid sunt terrena omnia nisi quædam corporis indumenta? Que sont toutes les choses terre stres, que des manteaux ? faut les quitter au moins d'affection, sinon d'ef-fect.
Si tant de philosophes anciens, & tant de grands personnages, ont quitté tous ces soins pour vaquer à la philosophie mondaine & humaine, croyez vous estre capable de vaquer à la philosophie Chrestienne, qui est de con-noistre & aymer Dieu dans l'embarras des affaires d'vne famille ? ô qu'il est difficile !
Vision de S. Antonin d'vne famille pauure & vertueuse, puis riche & vitieuse.
Sainct Antonin Archeuesque de Florence, lumiere de l'ordre de S. Dominique, allant vn iour par vne rue de Florence, vit vne multitude d'anges admirables en beauté, qui faisoient feste sur vne petite maison : luy tout estonné entra dans la maison, demanda qui y demeuroit, on luy dit que ce stoit vne bonne vefue auec trois filles vierges, pauures, & qui viuoient sain- cetement gagnans leur vie par le trauail de leurs mains : leurs ayant congra- tulé : & les ayant exhorté à la perseuerance, il leurs donna vne bonne aumos-ne : quelque temps apres repassant au mesme endroict, il eut bien vne autre vision, car il apperceut quantité de Diables qui dansoient & triomphoient au dessus de cette maison, il s'informa d'ou venoit ce subit changement, on luy dit que ces filles auoient employé leur argent à achepter des beaux & vains habits, qu'elles estoient deuenuës toute mondaines, qu'elles ne pensoient plus qu'à se rendre aggreables aux yeux des hommes; n'auoient plus de pensée de Dieu, mais seulement du monde & de la vanité. Si vn peu d'argent & de commodité a ainsi changé leur cœur & façon de vie, & que ferez vous ? vous trouuant dans vn ocean de soins, de tant d'occasions de vanité ? sçauez-vous à quelle condition l'espoux veut receuoir son espouse en qualitez d'espouse ? la voicy, audi filia, & uide, & incline aurem tuam, & obliuiscere populum tuum, & domum patris tui, & concupiscet rex decorum tuum : escoutez ma fille, considerez, prestez l'oreille, oubliez la maison de vostre pere, c'est à dire, quittez l'affection des choses terrestres qui vous empesche de vous vnir auec Dieu. Il est bien mal-aysé de le faire dans les sollicitudes d'vne 133 famille, & partant on ne peut nier que ceux qui sont dans le cœlibat, n'ayent moyen, dominum sine impedimento obsecrandi, de prier Dieu sans empeschement & l'aymer : au contraire que ceux qui sont en mariage n'ayent de grands empeschemens, & que leur esprit, leur cœur, leur amour, ne soient plus diuisez puis que dans l'vsage des choses du monde il est bien mal-aysé de retenir l'affection, & dans le soin & multitude d'affaires & d'accidens qui se rencontrent en cét estat, conseruer le cœur entierement à Dieu.
Faisons parler Hugues de S.Victor, desriuant à vn sien amy qui vouloit se marier. Non vxor ducenda sapienti, primum quia studia philosophie impedit, nec potest quisquam libris & vxori pariter inseruire. Multæ sunt quæ matronarum usibus necessaria sunt, uidelicet pretiosæ vestes, aurum, gemmæ, sumptus, ancillæ, suppel lex uaria, deinde per totas noctes garrulæ quæstiones. Illa ornatior procedit in publicum hæc honorator ab omnibus. Ego in conuenta fœminarum misera despicior. Cur aspiciebas uicinam? quid cum ancilla loquèbaris? de foro veniens quid attulisti? non amicum habere possumus non sodælem: alterius amorem suum suspicatur odium. Iamais vn hõme sage ne se mariera, premierement d'autant que la femme empeche l'estude de la philosophie, & est impossible de contenter vne femme & les liures tout ensemble. Combien de choses faut-il à vne femme ? des habits somptueux, de l'or, des perles, des despenses inutiles, des seruantes, diuers meubles curieux : & ne fera que se plaindre toute vne nuict, disant, vne telle est mieux habillée que moy, vne telle est honorée de tout le monde & on me mesprise. Pourquoy auez-vous regardé nostre voisine ? quel discours auez vous tenu auec la seruante ? que dit-on par la ville ? il n'est pas possible d'auoir vn amy, de conuerserauec quelqu'vn, car si elle s'apperçoit qu'on porte de l'amitié à quelqu'vn, elle croira qu'on la hait. Le mesme Hugues au mesme endroit. Attendenda est semper eius facies & pulchritudo laudanda, ne si alteram inspexeris, se existimet displicere, si totam domum ei regendam commiseris seruiendum est. Si aliquid tuo arbitrio reseruaueris, fidem sibi haberi non putabit, & in odium vertitur & iurgia, & nisi citò consulueris parabit venena anus. Faut tousiours auoir les yeux pointez sur sa face, & loüer sa beauté : si vous regardez quelque autre elle croit qu'elle vous deplaist : si vous luy laissez tout le gouuernement de la maison, il faut vous rèsoudre à estre valet; si vous ne luy donné vn entier pouuoir, elle pense qu'on ne se fie pas en elle : incontinent la haine se saisit de son cœur, elle en vient aux paroles & disputes, & si vous ne prenez garde à vous, il y a danger que quelque vieille ne vous donne vn boucon, ne voyla pas bien du subiect de diuision ?
134

Filet cadre, rayé. Des biens du mariage & particuluerment, du bien de la lignée. CHAPITRE VI.

Ceremonie des Grecs au mariage.
LEs Grecs auoient coustume, lors qu'on menoit l'espouse à la maison de l'espoux, de faire marcher deuant elle vn ieune garçon entouré d'espines & de glands, portant en sa main vn panier plein de pain, & criant à haute voix, ἔφυγoν ϰαϰὀν ἔυρoν ἄμεινoν, effugi malum inueni bonum, i'ay fuy le mal, i'ay trouué le bien, ils voulaient faire entendre que le mariage d'vne fille estoit le commencement de son bon-heur : on pourroit maintenant crier tout le contraire, Effigu bonum, inueni malum, i'ay quitté le bien, i'ay trouué le mal, puis qu'aussi tost qu'on s'engage au mariage, on preste ses espaules à tant de maux, comme nous auons monstré aux chapitres precedens, & on quitte le bien & la liberté qu'on auoit auparauant.
Si ne faut-il pas penser que le mariage n'aye ses biens, puis qu'estant vn estat necessaire pour la conseruation de la nature humaine, Dieu par sa prouidence a deu assaisoner les maux & incommoditez qui s'y retrouuent, de quelque bien, autrement personne ne voudroit s'y ietter, & ainsi la nature humaine viendroit à defaillir : donc à ces maux que nous auõs apporté, Dieu a opposé trois grands biens qui sont selon S. August. lib. 1. de nupt. de concup. c.4. & lib. de bono coniugal. c.7. lib.9. de Gen. ad liter.62 c.7. & lib.5. contra Iulian.c.19. Bonum prolis, bonum fidei, bonum Sacrementi, le bien de la lignée, le bien de la fidelité, & le bien du Sacrement.
S. Bonauenture dict, in 4. dist. 28. que ces trois biens representent la tressaincte & tres ineffable Trinité, & que pour ceste cause en la celebration des nopces, on chãte la messe de la Trinité. Le bien de la lignée, represente Dieu le Pere, le propre duquel est d'engendrer. Le bien de la fidelité ou de la foy, represente le Fils qui est venu du ciel en terre pour nous apporter la foy, & Les trois biens du mariage & ce qu'ils representent. nous enseigner la fidelité. Le bien du Sacrement qui consiste en l'vniõ estroicte & indiuisble entre le mary & la femme, represente le Sainct Esprit, qui est le lien & l'vnion du Pere & du Fils, & vn amour indissoluble.
On se marie pour trois raisons, la premiere pour la multiplication, & voila le bien de la lignée : ou pour euiter l'incontinence, & voila le bien de la fidelité que se doiuent les mariez : ou pour l'aide & assistance mutuelle, & voila le bien du Sacrement. Ces trois biens representent les trois vertus 135 Theologales, la fidelité la foy, la lignée l'esperance, puis que des enfans on espere comme la continuation de soy mesme, de sa race, & du seruice de Dieu. L'vnion, ou le bien du Sacrement la charité. Il y a trois sortes de biens, dit le Philosophe63, vtile, honestum, delectabile, l'vtile, l'honneste, le delectable, tous trois se trouuent au mariage : l'vtile aux enfans qui conseruent la race : l'honneste en la fidelité mutuelle : le delectable en l'vnion & amour mutuel. Ce Chapitre sera du premier bien qui est la lignée.
Que la fecondité est vn grand bien.
Comme la fecondité a esté tenuë en l'ancienne loy pour benediction de Dieu, aussi la sterilité a efté eftimée comme malediction : Dieu ayant creé le premier homme & la premiere femme, & les ayant marié, leurs donna fa benediction, afin qu'en vertu d'icelle ils multipliassent & eussent lignée. Eue ayant mis au monde le premier fruict de son mariage, qui fut Cain, en remercia Dieu, comme celuy qui luy auoit donné cette grace, & reconnoissant cét enfant comme vn grand don de Dieu, dit, Possedi hominem per Deum, i'ay possedé vn homme par la grace de Dieu, l'Hebreu veut dire, possedi, emi, acquisiui, i'ay possedé, achepté, acquis, pour donner à entendre aux peres & meres que c'est comme vn achapt d'vne chose digne d'vn grand prix, que c'est le meilleur acquet qu'ils sçauroient faire : que c'est leur vraye possession.
La fecondité est vne des principales recompenses que Dieu donnoit anciennement à ceux qui le seruoient dans la garde de ses ordonnances, com La fecondité est vne recõpense de la bonne vie. me il appert du Deuter. ch.7. Custodi præcepta & cœremonias atque indicia quæ ego mando tibi hodie, vt facias ea, & Dominus Deus tuus diliget te, ac multiplicabit, benedicetque fructio ventris tui, non erit apud te sterilis utriusque sextus, tam in hominibus quam in gregibus tuis. Garde mes commandements, mes ceremonies, mes iugemens que ie t'ordonne auiourd'huy, & le Seigneur t'aymera, multipliera & benira le fruict de ton ventre, il n'y aura rien de sterile en ta maison, ny entre les hommes, ny entre les bestes.
Dauid au Psalm. 127. le chante hautement, disant vxor tua sicut vitis abundans in lateribus domus tuæ filij tui, sicut nouellæ oliuarum in circuitu mensæ tuæ, ecce sic benedicetur homo qui timet Dominum : voulez vous sçauoir quelle benediction Dieu donnera à l'homme qui le craint, sa femme sera comme vne vigne abondante & fertile, sa table entourrée de ses enfans comme d'autant de petits oliuiers.
La sterilité ignominieuse parmy les Iuifs.
Au contraire la serilité portoit vne telle ignominie parmy les Iuifs, que les plus saincts en auoient de tres-cuissans ressentimens, puis qu'ils se voyoient priuez du fruict de leur mariage, qui n'a eu autre fin en sa premiere institution, que d'auoir lignée afin que de pere en filz & par vne continuelle 136 succession, le genre humain subsistat, & que ceux qui naistroient succedas sent à la place de ceux qui mouroient. Pourquoy Dieu a-il fait la femme ? si-non afin d'auoir lignée, c'est en cela qu'elle est appellée adiutorium, l'ayde de l'homme, d'autant que comme dit S.August. lib.9. de Genes. ad lit.64 c.3. elle est donnée à l'homme pour l'ayder à auoir des enfans qui seruent & honorent Dieu, ainsi dit S.August. au lieu fus-allégué c.7. in prole attenditur ut amanter suscipiatur, benigne nutriatur, religiosè educatur : la fin du mariage est de receuoir les enfans amoureusement, les nourrir doucement, les esleuer religieusement.
La belle Rachel se voyant priuée de cette honneur & contentement, ne fait point d'estat de tous les autres aduantages que son mariage luy pouuoit apporter, comme de l'amour sincere que Iacob son mary luy portoit, des grands moyens que Dieu luy auoit donné; des plaisirs & passe-temps qu'elle pouuoit auoir; non pas mesme de la vie; ains dit à son mary, da mihi liberos alioquin moriar, faites que ie sois mere, que ie voye quelque fruict de nostre chaste mariage, ou il faut que ie meure. La pauure Anne mere de Samuel 1.reg.1. se voyant sterile passe sa vie en continuelle tristesse, & quasi toute sa nourriture ne sont que larmes, qui luy sont augmentées par les reproches que luy fait Phenenna sa compagne à cause de sa sterilité. Michol femme de Dauid, fille du Roy Saül, est punie de Dieu & rendue sterile pour s'estre mocquée de Dauid dansant deuant l'arche 2.reg.6.
La benediction ancienne de fecondité ne repugne pas à la virginité de l'estat de grace. Les enfãs sont vn grand don de Dieu.
C'est fort mal à propos qu'aucuns heretiques prennent occasion de cecy de cõdamner la virginité, cette condamnation estoit bonne à l'ancien Testament & au commencement du monde, lors qu'il falloit multiplier l'espece, & que les hommes n'estoient encore capables du noble estat de la virginité, mais nostre Seigneur ayant voulu naistre d'vne vierge & demeurer vierge a authorizé la virginité, non qu'il l'ayt commandé, mais seulement conseillé, qui potest capere capiat, chacun n'en a pas le don.
Il ne s'ensuit pas pourtant que les enfans ne soient vn fort grand bien & don de Dieu à ceux qui sont mariez : les enfans sont l'honneur & l'ornement des maisons : quelle ioye peut-il auoir en vne maison où il n'y a point d'enfans, les mariez y sont comme ces vieux chesnes, ou comme des ormes pleins de mousse sans fruict. Les enfans sont le lien de l'amour des mariez, le nœud de leur amitié, & c'est comme vn miracle de s'accorder & viure en paix en vn mariage où il n’y a point d'enfans : c'est vne benediction de Dieu de voir des enfans saulter, danser, iouer parmy la maison, voire d'entendre des enfans pleurer & se plaindre. Faisons parler S. Chrysologue au serm. 92. Honor coniugij, matrimonij dignitas, est procreatio dulcium liberorum. Satis enim graue est, & satis triste, & virginitatis carere prœmio, & filiorum solatia non habere: susti- 137 nere onera matrimonij, & ad fructum matrimonij non venire. L'honneur du ma riage, la dignité de cette alliance est la douce lignée, c'est chose assez fas-cheuse & assez triste, & d'estre priué du prix de la virginité, & n'auoir la consolation de la fecondité; supporter les charges du mesnage, & ne perceuoir le fruict de mariage.
Le mesme S. Chrysologue Hom. 18. in Genes. dit, summa postquam subintrauit moralitas, consolatio erat filiorum successio. Idcirco misericors Deus puniendi seueritatem diminuens & mortis personam auferens, liberorum successionem onem largitus est: & quasi imaginem resurrectionis, per hoc subindicans, & dispensans, vt pro cadentibus alijresurgant, belles raisons qui doiuent seruir de consolation aux mariez, la premiere l'homme est condamné à la mort pour le peché d'Adam, mais les enfans deliurent l'homme en quelque façon de cette sentence, entant que le pere vit en son fils & est rendu comme immortel par sa lignée : la seconde, les enfans sont comme l'image de la resurrection, entant que les peres & meres mourans resuscitent en quelque façon en leurs enfans, qui leurs succedent & prennent leur place pour les faire viure apres leur mort.
Quel bien à la mere d'auoir des enfans.
Il faut bien dire, dit S.Chrysostome, que c'est vn grand bien que d'auoir des enfans, puis qu'vne pauure mere apres auoir esté trauaullée l'espace de neuf mois portant vn enfant dans son ventre : apres l'auoir mis au monde auec des si cuisantes trenchées, voire auec danger de sa vie, aussi tost qu'elle le voit nay, le baise, le caresse, l'embrasse, oublie toutes les peines passées, & n'apprehende pas les peines & les dangers d'vne seconde couche, c'est vn traict de la prouidence Diuine, dit S. Chrysostome, qui en dispose ainsi, pour la conseruation du genre humain. Il arriue souuent, dit-il, qu'aucunes meres meurent à la peine, & cependant cela n'espouuante pas les autres, elles n'en ont point d'horreur tant le contentement & la consolation d'auoir lignée est grande. C'est ce que nostre Seigneur a dit, Ioan. 16. Mulier cum parit tristitiam habet quia venit hora eius cum autem peperit, iam non meminit pressuræ propter gaudium quia natus est homo in mundum. Lors que la femme enfante elle est triste, elle se voit à deux doigts de la mort, mais l'enfant estant nay, elle ne se souuient plus de ses trenchées, d'autant qu'elle a mis vn enfant au monde. Si ce n'estoit ce contentement & consolation qu'on reçoit des enfans, qui seroit celle qui voudroit estre mere auec tant de peines & de hazards de sa vie ? les peines, les trenchées, les miseres qu'il faut souffrir à l'entour des enfans, les portant, les enfantant, les nourrissant, les esleuant, sont recompensées par cette consolation d'auoir des enfans, c'est le discours de S. Chrysostome.
S. Ambroise lib. 3. ad Virgin. compare l'estat de mariage auec l'estat de viduité & virginité en ces parolles, hîc cernas germina virginitatis flore ver- 138 nantia: illic tanquam in campis syluæ viduitatem grauitate pollentem: alibi tan quam uberi fruge coniugij Ecclesiæ segetum replentem mundi horrea, ac veluti ma-riatæ vineæ fœtibus torcularia Iesu Domini redundantia, in quibus fidelis coniugij fructus exuberat. Voila comme il represente les trois estats de l'Eglise comparant la virginité à vne belle prairie esmaillée d'vne infinité & diuersité de belles fleurs : la viduité aux arbres & bois forts hauts & reuestus d'vne rauissante verdure : & le mariage à des vignes fecondes, ou à des champs chargez d'vne belle moisson dont on peut remplir les caues & les greniers du grand maistre & pere de la famille de ce monde, pour puis apres en faire le transport dans le ciel.
N'est-ce pas vn grand honneur aux peres & meres, & vne grande consolation contre les maux & incommoditez de leur mariage, qu'ils sont peres & meres des enfans que Dieu forme de sa main, dans le ventre de la mere, suiuant ce que dit la bonne Machabée au second des Machab. chap.7. ? C'est luy qui fait par sa toute puissance & incomprehensible sagesse cette belle œconomie de nos corps, d'vne petite parcelle de la substance des peres & meres qui crée l'ame immediatement, pour seruir de forme à ce corps, & luy donner la beauté, la vie, le mouuement, les operations : ame douée de raison & d'entendement capable de vertus, de sapience, de grace & de gloire. Quel honneur aux peres & meres d'estre peres & meres des enfans que Dieu fait ses enfans par adoption ? & ausquels il destine le paradis ? quelle consolation de voir leurs enfans doctes, deuots, Saincts : mais de voir le Ciel remply du fruict de leur mariage, & que Dieu sera eternellement loué & beny, par ceux ausquels ils auront donné la vie ? C'est donc le mariage qui fait viure les peres & meres apres leur mort : car comme dit le sage Eccle. 30. Mortuus est pater & quasi non est mortuus similem enim reliquit sibi post se, le pere est mort & n'est point mort, car il a laissé son semblable apres soy. C'est le mariage qui les rend immortels : qui conserue les familles, qui peuple les royaumes, maintient les peuples, fait fleurir les villes, qui fait les alliances, entretient la charité, fait les accords, esteint les guerres, fait les paix, qui Biens du mariage. sauue les peres & meres, saluabitur mulier per filiorum generationem, 1. ad Timoth. 2. C'est le mariage qui rend les peres & meres cooperateurs auec Dieu du plus excellent ouurage du monde, du chef-d'œuure de l'vniuers, qui est le corps de l'homme, enfin c'est le mariage qui fait les Vierges, les Martyrs, les Confesseurs, les Predicateurs, les Docteurs, les Saincts & les organes, desquels Dieu est loué en ce monde & sera eternellement honoré en paradis, & les sieges des Anges remplis par toute l'eternité.
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Filet cadre, rayé.

D'où vient que plusieurs en mariage ne participent pas au bien d'auoir lignée. Ou de la sterilité. CHAPITRE VII.

ON tenoit anciennement le mariage mal-heureux & infortuné, auquel il n'y auoit point d'enfans : car comme ainsi soit que l'homme a vn desir naturel d'immortalité, il semble que c'est vne espece de felicité & bon-heur de voir ce desir arriuer à son effect, & vn mal-heur d'en estre priué : or s'il y a chose qui perpetue les hommes, & les rende aucunement immortels, c'est la succession de leurs enfans : suiuant le dire du sage Eccle. 30. Mortuus est pater eius, & quasi non esset mortuus: similem enim reliquit post se. In uita sua uidit & lætatus est in illo: in obitu suo non est constristatus, nec confusus est coram inimicis, reliquit enim defensorem domus contra inimicos: Le pere est mort, & c'est autant comme s'il n'estoit pas mort : puis qu'il a laissé son semblable apres soy, il a eu le bon-heur de le voir pendant sa vie, & ça esté son contentement : la mort ne luy a pas esté à contre-cœur, il n'a receu aucune confusion de ses ennemis, parce qu'il a laissé un defenseur de sa maison contre leurs efforts. Voila des grands aduantages du bien de la lignée, dont ceux qui sont steriles sont priuez.
En l'ancienne loy ceux qui n'auoient point d'enfans estoient tenus comme transgresseurs de la loy, à cause que Dieu auoit promis benediction & fecondité en mariage à ceux qui garderoient sa loy, & auoit menacé de sterilité ceux qui l'enfraindroient, Osée 9. Da eis Domine, quid dabis eis? Mon Dieu punissez les : mais quelle sera la punition que vous leurs enuoyrez ? Da eis vuluam sine liberis, & vbera arentia, punissez les de sterilité, que leurs femmes ne conçoiuent point d'enfans, ou si elles en conçoiuent & les enfantent, faites feicher leurs mammelles, afin qu'elles ne les puissent nourrir.
Ce fut la punition que Dieu enuoya sur la maison d'Abimelech Roy de Gerara pour auoir enleué Sara femme d'Abraham, Gen. 20. Concluserat Dominus omnem vuluam domus Abimelech propter Saram vxorem Abrahæ.
Cette opinion auoit tant d'authorité parmy les Iufs qu'ils croyoient mesme que les femmes les plus Sainctes que Dieu permettoit qu'elles demeurassent long-temps en mariage sans auoir enfans, non pour punition d'aucune faute qu'elles eussent commise, mais d'autant qu'il vouloit prendre occasion 140 de leur sterilité de leurs donner des enfans miraculeux & de benediction, estoient comme infames.
Telle fut Sara femme d'Abraham; Rebecca femme d'Isaac : Rachel femme de Iacob : Anne femme d'Elcana : Sarah fille de Raguel : Elizabeth femme de Zacharie. C'est pourquoy Sara fille de Raguel disoit, peto Domine vt de vinculo improperij huius absoluas me, aut certè desuper terram eripias me, Tobie 3. Mon Dieu plaise à vostre majesté ou me deliurer de cette confusion, ou m'enuoyer la mort. Et Rachel femme de Iacob ayant enfanté dit, abstulit Deus opprobrium meum, Dieu m'a deliuré de mon infamie Gen.30. & S. Elizabeth voyant qu'elle auoit conceu disoit, quia sic fecit mihi Dominus in diebus, quibus respexit auferre opprobrium meum inter homines. Luc.1. Voila comme Dieu s'est comporté auec moy, lors qu'il m'a voulu deliurer de l'infamie que i'auois encourue parmy les hommes.
Le Patriarche Abraham, Gen. 15. ayant remporté vne signalée victoire sur les Assyriens, Dieu luy apparut & luy dit, ne crains point Abraham ie suis ton protecteur & ta grande reconpense. Caietan & d'autres pensent qu'Abraham craignoit que les Assyriens, qu'il auoit vaincu ne se reunissent & vinsent fondre sur luy en plus grand nombre. Il craint, dit Burgensis, qu'il ne se soit porté auec trop de violence & de chaleur à la poursuitte de ses ennemis. Lyranus dit, qu'il craignoit que Dieu ne luy eût donné cette victoire pour recompense des seruices qu'il luy auoit rendu & qu'il ne luy en restast point d'autres. Mais Dieu luy dit, noli timere ego protector tuus sum & merces tua magna nimis. Ne crains point ie te seruiray comme d'vn bouclier contre tous les efforts de tes ennemis. Ie t'ay tiré de la Chaldée; ie t'ay conduit en cette terre : ie t'ay deliuré de l'Egypte; ie t'ay promis tant de fois que ie te donnerois cette possession, & que crains tu ? ie te rendray de iour en iour plus illustre, ie combattray pour toy : ie te defendray : i'ay pris vn soin particulier de toy, ie te rendray facile, ce qui semble plus difficile, ie suis ton protecteur. Ne pense pas que cette victoire que ie t'ay donné ayt espuisé mes liberalitez en ton endroit, ie te garde bien d'autres recompenses, iette seulement ton esperance en moy.
Abraham ayant entendu ces grandes promesses de Dieu prend courage, & la hardiesse de luy dire, Domine Deus quid dabis mihi? Mon Dieu, ie ne suis iamais entré en doute de vos bontez & misericordes en mon endroit; mais de quoy me seruiront toutes ces victoires ? la gloire que vous me donnerez aupres des hommes ? les moyens que vous m'auez si liberalement eslargy, & tout le reste que ie sçaurois attendre ? Ego vadam absque liberis, apres tant de biens receus, que me seruira tout cela si ie meurs sans enfans : vous m'auez promis que vous beniriez toutes 141 les nations de la terre en semence, & que vous multipliriez ma race comme les estoilles du ciel, si cela se fait par quelqu'vn que i'adopte pour mon fils, ce ne m'est pas grande consolation : quoy mon Dieu, mourir sans enfans & hoirs65 de mon corps! vadem absque liberis! & ecce vernaculus meus, erit bæres meus. Ie mourray sans enfans, & vn estranger sera mon heritier! escoutez S. Ambroise là dessus lib. 1. de Abrah.66 c. 3. Non diuitias vt aurus exposcit, non longæuitatem vita istius, vt meticulos mortis, non potentiam; sed dignam quærit sui hæredem laboris, il ne demande point de richesses, comme font les auares : non vne longue vie, comme font ceux qui craignent la mort : non de grands honneurs, comme les ambitieux; mais vn fils qui soit son heritier. Comme s'il disoit, dit S. Chrysost. de quoy me seruent tant de liberalitez de mon Dieu, si Dieu ne m'a pas fait la faueur qu'il a fait à ma seruante, d'auoir vn heritier, & si ie suis contraint d'adopter vn de mes seruiteurs, faute d'vn hoir de mon corps, & voir les estrangers iouyr de mes trauaux.
Mais voicy la consolation que Dieu luy donne, non erit hic hæres tuus, sed qui egredictur de vtero tuo ipsum habebis hæredim. Non, dit Dieu, ton seruiteur ne sera pas ton heritier ny vn estranger, mais celuy qui sortira de tes reins : ne regarde pas ton age, ny la sterilité de Sara ta femme, mais considere la puissance de celuy qui te parle, & crois asseurement qu'il te donnera vn fils pour te seruir d'heritier. Puis menant Abraham hors de sa tente luy faisant voir le Ciel estoillé luy dit, numera stellas, si potes, sic erit semen tuum, compte les estoilles si tu peux, voila comme ie multipliray ta race, ayant vn fils il l'appella Isaac, c'est à dire, ris, pour monstrer le contentement qu'il en auoit.
Il me semble entendre plusieurs peres & meres, qui font les mesmes doleances qu'Abraham, n'estiment rien les richesses, les honneurs, & tous autres contentemens que le monde & le mariage leurs peut donnes, lors qu'ils se voient priuez d'enfans. Le Roy Ezechias, Isai. 38. se voyant condamné à la mort, recourt aux plaintes de se voir mourir en la fleur de son aage, mais ce qui l'afflige le plus est de ne laisser aucun heritier. Generatio mea ablata est, & conuoluta est à me quasi tabernacula pastorum. Donc voila ma race esteinte, donc la voila enueloppée comme la tente des pasteurs. I'ay parlé des complaintes de Rachel attristée de n'auoir enfans, voire iusques à la mort.
I'accorde que les plaintes d'Abraham, d'Ezechias, de Rachel, & de semblables sont iustes, premierement d'autant que lors c'estoit vne igno minie de n'auoir enfans, & comme vne malediction, mais ce temps est pas-sé : secondement d'autant qu'ils auoient la promesse de la venue du Messie, & leur faisoit mal de mourir sans enfans, se voyans priuez de l'honneur d'auoir contribué à la generation temporelle du Messie, & perdans esperance 142 qu'il deût naistre de leur race. Mais ces occasions n'ont plus de lieu mainte nant, & souuent Dieu permet la serilité au mariage par vne singulière pro-uidence pour sa gloire, & pour le bien des mariez.
Causes de la sterilité
Premierement la sterilité peut prouenir pour la gloire de Dieu, afin que les mariez connoissent que la fecondité du mariage vient de Dieu, & que sans luy, ny le mary, ny les medecins, ny les medecines, ny autre chose quelconque n'y peuuent rien : c'est Dieu qui donne la vertu aux semences : qui forme le corps au ventre de la mere, qui crée l'ame; qui en fait l'infusion au corps; & partant Dieu veut que les peres & meres, deuant toutes choses, s'adressent à luy en leur mariage, puis que c'est de luy qu'ils doiuent esperer la benediction : que s'ils voient qu'ils soient steriles, ils doiuent auoir recours à Dieu par la priere, qui peut estre permet cette sterilité, pour manifester sa gloire & sa toute puissance, voulant leurs donner des enfans, non de chair & de concupiscence; mais d'oraison; comme il fit à Sara, à Rebecca, à S. Elizabeth, à Anne mere de Samuel, & à tant d'autres ausquels il en a donné miraculeusement: differant souuent de le faire pour augmenter la deuotion des mariez, & afin qu'ayant receu des enfans, comme par dessus la nature, par vne liberalité & grace parti culiere de Dieu, ils les aiment selon Dieu, & les efleuent d'autant plus soi-gneusement à son seruice.
Secondement quelquesfois cela arriue pour humilier les mariez comme il arriua à Rachel, laquelle estoit beaucoup mieux aimée de Iacob que Lia sa soeur, si elle eust esté feconde, cét amour extraordinaire luy eust peut estre fait mespriser sa soeur, & partant Dieu permet qu'elle fust sterile iusques au temps auquel Dieu auoit resolu de luy faire misericorde, & la rendre mere.
Sterilité punition du peché quelques fois.
Troisiesmement quelquesfois en punition de quelque peché, comme Michol laquelle s'estant mocquée de Dauid son mary, qui sautoit deuant l'Arche; en punition fut sterile, les loups ne portent pas beaucoup, si font bien les brebis : souuent Dieu permet que les meschans sont steriles, comme il se peut voir, Osée 9. & les gens de bien feconds, Ecce sic benedicetur homo qui timet Dominum, benedixit eis & multiplicati sunt, Psal.106. Dieu donne la benediction à ceux qui le craignent; tout ainsi que le laboureur iette sa semence en vne bonne terre, & non en la mauuaise : aussi fait Dieu sa benediction sur ceux qui luy seruent, & non tousiours, ans souuent des gens de bien sont steriles, & c'est en leur faueur, & pour leur consolation que i'apporteray la quatriesme raison.
La sterilité aucunesfois est vn don de Dieu.
Quatriesmement c'est quelquesfois par vne prouidence speciale, pour le salut des peres & meres, & vn dõ du ciel de n'auoir des enfans : Dieu preuoit 143 que si vous auiez des enfans vous les aimeriez, plus que luy, vous enfraindriez ses ordonnances plustost que de desplaire à vos enfans, vous amasseriez à tort & à trauers pour les faire riches & grandes : vous ne feriez aucune autre aumosne; vous ne feriez pas les bonnes œuures que vous faites; Dieu preuoit peut estre que vous vous trouueriez en la mesme peine que Rachel, laquelle apres auoir demandé des enfans auec tant d'instance se voyant saisie des trenchées s'en repentoit, & luy en cousta la vie. Dieu voit que les douleurs de l'enfantement vous feroient mourir, & ainsi permet que vous soyez sterile. N'est-ce pas vne grande faueur que Dieu vous deliure des soins, peines, douleurs, fascheries, qu'il faut qu'vne pauure mere souffre pour esleuer vn enfant ? combien de craintes & d'apprehensions ont des pauures peres & meres qu'il n'arriue quelque mal-heur à leurs enfans ? qu'ils ne se desbauchent ? que se laissans emporter au torrent de leur ieunesse, ils ne perissent miserablement & honteusement ? Dieu vous deliure de toutes ces apprehensions.
Qui est le pere & mere qui n'ayt mille soins de l'education de l'enfant quand il est encore petit : est-il deuenu grandelet on est en peine de luy trouuer vn bon pedagogue : s'il est desobeyssant & meschant, quel desplaisir ? s'il est bon, & de bon naturel, porté au bien, quelle crainte de le perdre ? si on a des enfans bossus, boitteux, aueugles, sourds, muets, on aimeroit souuent mieux n'en point auoir : quand il faut les marier, quelles sollicitudes si on en a beaucoup, & peu de moyens, quelle peine ?
Les peres & meres esperoient de la consolation de leurs enfans, & c'est leur desolation : du soulagement, & ils les ruynent : de l'honneur, c'est le des-honneur de toute la famille : ils croyoient les voir esleuez en honneur, & ils les voient miserables & infortunez. Escoutez le sage Salomon, Eccle. 2. Detestatus sum omnem industriam meam qui sub sole studiossisme laboraui habiturus hæredem post me, quem ignoro utrum sapiens, an stultus futurus sit, & dominabitur ribus meis, quibus desudaui & sollicitus fui, & est quiconquam tam vanum? I'ay detesté toute mon industrie, quoy! apres auoir tant trauaillé i'auray vn heritier que ie ne sçay s'il sera sage ou fol ! & il possedera ce que i'ay acquis auec tant de trauail & de sueurs! se peut-il trouuer plus grande vanité que celle-la?
Enfans cruels cõtre leurs plus proches.
Vous desirez des enfans, & qui sçait s'ils seront point comme Neron qui fit tuer sa propre mere ? Comme Cain qui d'enuie & de rage tua son frere : comme Absalon qui se reuolta contre son propre pere, & voulut le priuer de la couronne & de la vie apres auoir tué son frere. Comme Sylla fille de Nisus qui de rage couppa les cheueux de son pere, ausquels consistoit sa force & son bon-heur, & puis le tua. Comme Tullia fille de Seuius qui ne cessoit d'animer Tarquin son mary, pour faire la guerre à sõ propre pere 144 embrasée d'vne conuoitise de regner, & de voir son mary Empereur, puis eut le courage de faire passer son carosse sur le corps mort de son pere, pour porter les nouuelles de sa mort à son mary. Les histoires sont pleines de semblables monstres, les theatres en sont infames. Souuent les meres ont subject de dire, si sic mihi suturum erat quid necesse erat concipere, si ie deuois estre mere auec tant d'infortune, il valloit mieux mille fois estre sterile : combien qui maudissent l'heure de leur mariage, la nuict en laquelle elles ont conceu, se voyant meres de si maudits enfans.
Les enfans causent les plus sensibles douleurs aux peres & meres.
Iacob disoit à son fils aisné Ruben, tu fortitudo mea & principium doloris mei, vous estes ma force & le commencement de ma douleur. Comment ditesvous cecy, ô sainct Patriarche? ie vous vois en voyage allant en Mesopotamie : pour hostellerie le desert, pour pauillon le ciel : pour cheuet vne pierre : à l'enseigne de la lune : au lieu de reposer vous voila aux prises contre vn Ange, vous suez, vous lutter, bien battu, iusques à en demeurer boitteux : vous seruez à Laban sept ans, & puis encore sept ans : passez le Iourdain haï de vostre frere Esau : poursuiuy comme vn voleur de Laban, trompé de luy en ses promesses : & puis vous reprochez à vostre fils qu'il est vostre plus grande douleur. C'est que vous voulez nous faire entendre que toute autre peine n'est que ieu, à comparaison de la peine que les enfans donnent aux peres & meres, & qu'il n'y a rien de plus sensible au monde. Percussit omne primogenitum in terra Ægypti primitias omnis laboris eorum, Psal. 104. il a frappé les premiers nais en Egypte, ce sont les premices de leurs trauaux, les tenebres, les mouches, sauterelles, & le reste deuança le massacre des premiers nais, mais il l'appelle les premices, d'autant que ce fut la plus sensible de toutes ses peines.
Mais vos enfans seront bons, i'en suis content, que si lors qu'ils seront arriuez à l'aage de vingt, ou vingt cinq ans, quand vous songerez à leur faire vne honorable alliance, la mort vous les rauit ? ne vaudroit-il pas mieuz n'en auoir iamais eu? il vaudroit mieux que le laboureur n'eut ny labouré ny se mé, qu'apres auoir bien pris de la peine, sa moisson estant toute preste à coup-per, la voir ou raslée par vne gresle, ou consommée par vn feu de mal-heur vaudroit mieux n'auoir iamais eu enfans que les voir rauis au plus fort de vos esperances.
Vn enfant mort par les prieres de S.Iean l'aumos nier à l'aage de douze ans de peur qu'il ne fust damné.
On lit en la vie de sainct Iean l'aumosnier qu'il fut vn iour importuné d'vn homme riche de luy impetrer de Dieu (par ses prieres) quelque li gnée, car sa femme estoit sterile, ce qu'il fit; l'enfant estoit suiuant les de-sirs des peres & meres beau, de bon naturel, sage, & promettoit beaucoup : à l'aage de douze ans se pourmenant sur le bord d'vne riuiere il y tomba, & se noya : le pauure pere en vient quasi au desespoir, & ne faisoit qu'importuner le Sainct, luy disant qu'il voudroit ne l'auoir iamais prié de luy obtenir cét 145 enfant, puis que sa mort, & en telle aage luy causoit vne telle tristesse. Apres de longues plaintes & importunitez, il eut reuelation que son fils luy auoit esté rauy par les prieres de Sainct Iean l'Aumosnier, & qu'il estoit sauué, que s'il eut vescu son aage, il se fust peruerty & eust esté damné. Consolez-vous si vous estes sterile, ou si ayant eu des enfans, Dieu vous les a osté, c'est peut estre vostre bien & le leur, vaut mieux n'en point auoir que de les voir damnez, Melius fuisset, si natus fuisset homo ille.
Combien de mal-heureux qui diront à iamais, mais sans aucun soulas, ces parolles de Iob 3. Pereat dies in qua natus sum, & nox in qua dictum est, conceptus est homo. Quare non conclusit ostia ventris, qui portauit me? Quare non in vuluamortuus sum cur exceptus genibus, cur lactatus vberibus? Pleut il à Dieu, que le iour de ma naissance ne se trouuast pas dans le Calendrier, ny la nuict de ma conception dans le rang des nuicts : pourquoy est-ce que ma mere n'a esté brehaigne ? pourquoy n'ay-ie esté estouffé dans son ventre ? pourquoy receu dans son gyron, pourquoy allaicté.
Cinquiesmement la sterilité peut prouenir par l'imprudence des femmes qui se serrent trop pour paroistre plus belles, & plus graisles : par malices d'autres comme par charmes, sorceleries, breuuages, auortemens procurez par vne trop grande intemperence & incontinence, & semblables raisons que ie laisse aux medecins : seulement i'aduertis que c'est vn peché mortel d'empescher la conception de l'enfant, soit par medicamens ou autrement, & par telle voye se rendre sterile, & que c'est contre nature.
Exemples d'aucuns qui ont gardé perpetuelle continence en leur mariage.
Sixiesmement la sterilité peut prouenir d'vn consentement mutuel des mariez, par lequel ils viuent comme freres & sœurs, sans aucun vsage de leur mariage, de quoy il y a tant d'exemples, comme de nostre Dame auec S. Ioseph, mariage toutefois que Dieu a voulu exalter par dessus tous autres, accouplant & accordant la virginité auec la fecondité. Comme de S. Cecile & Valerien: de Iulien & Basilisse: de Pulcheria sœur de l'Empereur Theodose auec Marcien: d'Henry second Empereur, & de Cunegunde, qui donna preuue de sa virginité marchant à pieds nuds sur des charbons ardants: Boleslaus Les mariez ne doiuent perdre la bonne inintelligence pour leur sterilité. cinquiesme prince de Pologne & de Cunegunde fille du Roy d'Hongrie : Conradus Roy, fils de Henry IV Empereur auec Mathilde: & tant d'autres anciennement, & encor auiourd'huy.
Si Dieu ne vous donne en mariage la lignée que vous desireriez, pensez que c'est pour sa plus grande gloire & vostre plus grand bien : vous ne manquerez d'heritiers si vous voulez; tant de pauures & tant d'hospitaux, où vos biens seront mieux employez qu'és mains de quelques prodigue, que vous auriez mis au monde, qui s'en donneroit parmy les ieux sans dire peut estre vn De profundis pour vostre pauure ame. Que cela ne diminue en rien la bon ne intelligence & l'amour que vous deuez auoir l'vn pour l'autre, souue- 146 nez vous que Iacob ne laissa d'aimer tendrement Rachel, quoy qu'elle fut sterile, Elcana Anna, puis apres mere de Samuel: Abraham sa femme Sara, quoy que brehaigne: Sainct Zacharie & S. Elizabeth n'ont rien diminué de leur affection & bonne intelligence non plus que S.Ioachim & S.Anne, assez long-temps sans enfans selon l'opinion plus probable; peut estre que Dieu recompensera vostre bonne intelligence d'vne heureuse lignée, & de quelque fruict de benediction comme il a faict à la pluspart des sufdicts : sinon adorez ses iugements que vous ne connoissez pas maintenant, croyant que ce n'est sans tres-grande sagesse & prouidence qu'il donne beaucoup d'en fans à aucuns : peu à d'autres & d'autres point du tout, vous en verez les rai-sons lors qu'il deploira ceste belle grande tapisserie de sa prouidence si Sterilité ostée par prieres. artistement trauaillée, mais qui nous est presentement pliée & inconnue, & sera vn iour exposée à la veue de tout le monde.
A Rome en l'Eglise de Sainct Sauueur du Laurier, se trouue vn monument celebre d'vne sterilité changée, puis apres en vne grande secondité, l'an mille quatre cent septante quatre, Iean Mates & Catherine Calagnira67, ayant esté huict ans en mariage sans auoir enfans, firent vœux à Dieu afin qu'il luy pleust leurs donner lignée, & firent dire vne messe solemnelle en l'Eglise S. Seuerin à l'honneur des douze Apostres, allumans douze cierges sur chacun desquels estoit escrit le nom d'vn Apostre. Leur vœu fut exaucée & l'es pace de douze ans consecutifs, eurent douze enfans, huict filz & quatre fil-les, à chacun desquels ils donnerent le nom de quelque Apostre. Ils vesquirent encore plusieurs années depuis sans auoir autres enfans : apres la mort du pere & de la mere, tous les enfans moururent enuiron la feste de l'Apopostre duquel il portoit le nom. Celuy qui vesquit le dernier de tous qui fut Pierre Mates68 chambellan du Pape, fit grauer cette histoire en marbre, qui se voit encore auiourd'huy dans le cloistre du monastere.
Dieu permit que ces mariez fussent steriles pour leurs donnner des enfans d'oraison : changeant leur sterilité en fecondité, il monstra que les enfans sont vn don de sa main liberale : les retirant si tost de ce monde, donna à connoistre combien les ressorts de sa prouidence nous sont cachez; & partant les peres & meres les doiuent adorer soit en sterilité, soit en fecondité.
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Filet cadre, rayé.

D'ou vient que le Mariage estant chose si saincte, il en sort quelquefois de si mauuais fruicts, & de bons peres & bonnes meres quelquefois de mauuais enfans. CHAPITRE VIII.

NOstre Seigneur, Matth. 7. nous asseure que du bon arbre vient le bon fruict, qu'vn mauuais arbre ne peut porter vn bon fruict, ny vn bon arbre vn mauuais fruict, Arbor bona bonos fructus facit, non potest arbor bona malos fructus facere. Sainct Paul aux Rom. II. dict, Si radix Sancta & rami, si la racine est saincte, aussi sont les rameaux, le dire commun est assez connu.
Horat.69 carmi. lib. 4.ode 4.
Fortes creantur fortibus & bonis Est in iuuencis, est in equis patrum Virtus : nec imbellem feroces Progenerant aquilæ columbam.
Le mariage est comme vn arbre, les enfans sont les fruicts : le mariage est la racine : les enfans les rameaux : d'ou vient cependant qu'on voit si souuent que d'vn sainct mariage, commencé à bonne fin, continué dans vne concor Le semblable produit son semblable. de, & dans la crainte de Dieu, sortent de si mauuais enfans; d'vn arbre planté de la main de Dieu, arroſé du Sang de son Fils, sorte de si mauuais fruicts : d'vne si saincte racine plantée en laquelle les mariez ont commencé leur mariage, de si mauuais rameaux. Icy ne se verifie pas le commun dire, car d'vn pere genereux naist vn enfant poltron, d'vn sainct vn meschant, d'vn homme de bien vn perdu, d'vn predestiné vn reprouué. Naturæ sequitur semina quisque suæ. Mali corui, malum ouum, il n'est pas touisours vray.
On dit que les abeilles qui sont produictes d'vn corps de taureau, retien nent vne petite figure de taureau sur leur corps : & que si vous faictes vne fi-gure ou charactere sur la semence d'vn arbre, souuent cette figure paroist sur les feuilles & les fruicts. Suiuant ce dire, la figure des peres & meres se deuroit trouuer aux enfans, leur image en eux : & si les peres & meres sont vertueux & saincts, les enfans le deuroient estre : toutefois l'experience montre souuent le contraire, & nous voyons que tout ainsi que le laboureur ne iette que du pur froment en terre, toutefois il en sorte de la paille, de mesme quoy que les peres & meres soient gens de bien, si est-ce que souuent auec la nature de leurs enfans, laquelle est bonne puis que Dieu en est le Prince, il y a de la paille de malice, ce qui prouient de diuerses causes, i'en rapporteray 148 rapporteray quelques'vnes, sans toutefois profonder dans les abysmes inscrutables des iugemens de Dieu, qui permet cela.
Premiere raison: nous auons dit au chap.3. que la bonté de nos actions depend de la fin pour laquelle elles sont faictes, cette verité pourroit auoir lieu en cét endroict, & comme il se rencontre des mariages qui sont faicts auec de mauuaises fins, sçauoir, ou pour la sensualité, ou pour les richesses, ou par ambition, aussi que les effects qui en procedent, qui sont les enfans, sont mauuais par vn iuste iugement de Dieu. Car comme il est mal aysé de mettre vn edifice solide sur vn mauuais fondement, aussi est il bien difficile d'esperer bon fruict d'vn mariage mal commencé : souuent les peres & meres ont offensé Dieu auant le mariage par le ventre & sensualité, & partant ils sont punis au fruict de leur ventre, ayant des vipereaux qui dechirent le ventre de leur pere & mere par leur meschante & abominable vie : per quæ quis peccat per hæc & punietur, Sap. II. lors qu'il se sont mariez, voire en l'vsage de leur mariage, ils n'ont eu aucune intention d'auoir lignée, & partant Dieu permet qu'ils en ayent vne mauuise. Il est mal-aysé de cueillir vn bon fruict d'vne plante mise en mauuais sol : & d'vn mariage mal commencé c'est vne faueur de Dieu s'il ne sort de mauuais enfans, & vne misericorde s'il en sort de bons.
Vne seconde cause pourroit estre les deportemens des peres & meres en leur mariage, il ne sont fideles ny à Dieu, ny entre eux, ne craignent Dieu, sont pleins de fraudes, rapines, vsures, & partant en punition de leur mechante vie, Dieu permet qu'ils engendrent de mauuais enfans. Vn loup engendre vn loup: le renard, vn renard: aussi vn mechant pere, vn mechant enfant. Dauid persecute Vrie contre toute iustice, & Dieu permet qu'il est persecuté de son propre fils Absalon, qui tascha de le priuer, & de ses estats, & peut estre de la vie s'il eust pu. C'est la raison pour laquelle S.Chrysostome donne ce salutaire conseil aux peres & meres, sçauoir qu'ils regardent soigneusement en quelles maisons ils allient leurs enfans, & qu'ils se donnent de garde de les mettre en des maisons mal famées, & ou le maistre & la maistresse soient de mechante vie, car ordinairement de bons peres & de bonnes meres sortent de bons enfans : fortes creantur foribus, & tout ainsi dit Aristote que les fruicts qui naissent aux montagnes sont plus sauoureux, que ceux qui naissent aux vallées, de mesme les enfans qui naissent des peres & meres qui sont comme montagnes en vertus & perfections, sont meilleurs que ceux qui naissent des parents qui comme vallées sont remplis de boue & d'imperfections.
Raguel voyant le ieune Tobie, Tobie 7. luy dit, benedictio sit tibi fili mi, quiæ boni & optimi viri filius es, mon enfant ie prie Dieu qu'il vous benisse, puis que De bons peres bõs enfans. vous estes fils d'un bon, mais d'un tres bon pere. Aussi en consideration des vertus du pere & de la bonne vie du fils, imitateur du pere, Dieu luy trouua vn fortuné party, vostre fille est pour ce ieune homme craignant Dieu, comme 149 dit l'Ange à Raguel, Tobie 7. Huic timenti Deum debetur coniunx filia tua. Noé estoit homme de bien, l'escriture saincte le qualifie tel, Gen.6. Noe vir iustus, & que s'ensuiura-t-il; sinon que Dieu luy donnera de bons enfans, perfectus fuit in generationibus suis, dit l'escriture au mesme endroit. Comme au contraire de mauuais progeniteurs, mauuais descendans. N. Seigneur en S. Matth. 23 inue De mauuais peres mauuais enfans. ctiuant contre les Scribes70 & Pharisiens, leurs dit filij estis eorum qui prophetas occiderunt, & vos implete mensuram patrum vestrorum: vos peres ont mis à mort les prophetes, & vous autres vous les imiterez & mettrez le comble à leurs iniquitez. Le S. Patriarche Abraham voulant marier son cher Isaac, fit venir le surintendant de sa maison, & luy dit, Pone manum tuam, subterfemur meum, vt ad iurem te per Dominum cœli & terre, ut non accipias vxorem filio meo de filiabus Cha-nanæorum inter quos habito, Gen.24. iurez moy solemnellement par le Dieu du ciel & de la terre, que vous ne chercherez point vne espouse à mon fils parmy les Chananeans, parmy lesquels ie demeure. Le bon & sainct vieillard sçauoit trop mieux combien il importe de se bien allier. Isaac imita son pere. Genes. 28. commandant à Iacob son fils de se donner de garde de prendre femme parmy les Chananeans, dautant que cette Tribu estoit mauditte de Noé, & que lors elle estoit idolatre & pleine de magies & d'enchantemens, mais voulut que ce fust de stirpe sua, de sa race qui estoit en faueur aupres de Dieu : le reprouué Esau prit femme parmy les Chananeans, aussi luy en prit-il fort mal, car toute sa race idolotra.
Tout ainsi dit Aristote qu'vn homme engendre vn homme, vne beste vne beste, de mesme des gens de bien des bons, des meschans, des meschans : la Raison naturelle pourquoi les peres engendrent des enfans qui leurs sont semblables. raison naturelle est, que souuent les enfans sont de mesme temperamment que les peres & meres, comme estant de mesme matiere, & semblables quant à la force du corps : & comme ainsi soit dit Aristote, que l'ame s'accommode aux inclinations corporelles, & que le temperamment contribue beaucoup à l'ame & à ses fonctiõs, adioustons au dire d'Aristote, que la nature est le fondement de la grace, il s'ensuit que les enfans retirans sur les peres & meres quant au corps, le font aussi quant à l'ame, si les parens sont blancs, les enfans d'ordinaire sont blancs: si noirs, noir; si grands, grands: si sanguins, sanguins etc. aussi si bons, bons: si sage, sages: si saincts, saincts: les oyseaux ont les plumes de mesmes couleurs que leurs peres & meres.
Combien il importe de se bien allier.
Ie vous prie de meurement peser les considerations suiuantes par lesquelles vous pourrez recõnoistre combien il importe de s'allier à des gens de bien. I. vne mauuaise alliance sera peut estre cause que toute vostre race sera esteinte : en voulez-vous des tesmoignages irreprochables. Ps. 36. Semem impiorum peribit, la race des impies perira : au contraire, semen iustorum saluabitur, Prouer. II, la race des iustes sera conseruée. Sap. 8. ab iniquo thoro semen exterminabitur. Dieu ne permettra pas que la race d'vn mauuais mariage dure long-temps. Cain 150 est meschant, aussi Dieu ne permet pas que sa race dure, elle est toute estouffé par le deluge, voire mesme toutes les autres races à la reserue de huict personnes, dautant qu'elles auoient fait alliance auec cette race maudite : Achab & Iezebel sont tyrans, meurtriers, larrons, cruels, aussi Dieu en punition de leur malice esteint leur race.
2. Souuent ceux qui descendent des meschans, sont subiects à la cholere & indignation de Dieu, & Dieu ne veut auoir aucune communication auec eux. S. Hierosme, sur S. Matth. remarque que l'Euangeliste à obmis trois Roys rapportant la genealogie de nostre Seigneur, & n'en n'a voulu faire aucune mention, d'autant qu'ils estoient descendans d'Achab & de Iezebel race mauditte. La race de Ioab estoit quasi toute lepreuse, la malediction auoit esté donné à Ioab pour son homicide, & estoit passée de pere en fils. S. Chrysostome remarque que cela se verifie principalement, lors que la malediction est donnée de Dieu pour auoir deshonorée pere & mere, comme au contraire, ceux qui les honorent sont benits de Dieu en leurs enfans, qui honorat patrem incundabitur in filijs, Eccl. 3. & le mesme Sainct Chrysostome, sur ces paroles, Salmon genuit Booz de Raab, Salmon engendra Booz de Rahab, qui estoit femme vertueuse, dit que de bonnes races, viennent des bons enfans.
L'exemeple des peres & meres souuent est cause que les enfans sont meschans.
3. Chacun sçait quelle force a l'exemple: comme c'est vn maistre plus puissant que les preceptes : & comment voulez-vous que les enfans soient gens de bien, ayant des peres & meres meschans, & ne voyans que des mauuais exemples, Dauid au Ps. 105. parlant des Iuifs, dit, Commixti sunt inter Gentes, & didicerunt opera eorum, ils se sont alliez auec les Gentils, & ils ont fait comme eux, c'est à dire, ont idolatré.
L'Escriture 4. Reg.8. remarque que Ioram Roy de Iuda, fut meschant, & ambulauit in vijs Achab, & qui en fut la cause ? l'Escriture Saincte la remarqué, Filia Achab erat vxor eius, il auoit pris pour femme la fille d'vn meschant homme qui estoit le Roy Achab, tant l'amour & l'exemple d'vne femme a de pouuoir sur vn mary : Mais l'exemple des peres & meres encore plus sur les enfans qui sont comme des petits singes, faisant tout ce qu'ils voient faire, si bien, bien : si mal, mal. S. August. lib. 2. retract. dit, qu'vn Roy de Cypre estant fort laid, n'engendroit que des enfans laids, dequoy s'apperceuant, il prit vn beau masque, & depuis eut de beaux enfans. Si vous estes meschant en vostre ame, au moins couurez cette laideur & meschanceté d'vn masque de vertu en presence de vos enfans, afin qu'ils soient tels qu'ils vous verront Les bons enfans sõt vn don de Dieu. à l'exterieure, les enfans ordinairement ressemblent les peres & meres quant au corps, mais encore dauantage quant à l'ame, & souuent forment leur vie sur l'idée de celle de leurs peres & meres.
4. Souuent les enfans ne vaillent rien, d'autant que leurs peres & meres n'ont eu soin de les esleuer & instruire, & quoy qu'ils soient nez bons & de 151 bon naturel, ils n'ont esté cultiuez : car tout ainsi que bons fruicts cueillis de bons arbres doiuent estre mus en bon lieu, où ils faut souuent les visiter, autrement ils se pourrissent, de mesme les enfans, s'ils ne sont soignez & esleuez se corrompent : vous trouuerez des peres & meres qui n'ont autre soin que des corps de leurs enfans, & ne songent jamais à leurs ames, non plus que s'ils n'en auoient point : qui ont soin de leurs amasser des richesses, & non de leurs procurer de bonnes mœurs : vne mere veille iour & nuict, pendant que l'enfant est petit, quoy que lors il ne soit question que du corps, mais quand il est question de soigner l'ame, on ny pense nullement, nous en parlerons, plus amplement traictant de l'obligation des peres & meres enuers les enfans.
D'ou vient que de bõs peres sortent de mauuais enfans.
Il arriue quelquefois que les peres & meres sont gens de bien, & que les enfans ne vallent rien. Ce qui peut prouenir premierement des secrets iugemens de Dieu, qui veut esprouuer la patience des peres & meres en leurs enfans, & lors faut que les peres & meres ayent recours à luy, luy recommã dans par leurs prieres, & faisans de bonnes œuures pour eux, les recomman-dans aussi à des gens de bien, à l'imitation de S. Monique, laquelle voyant Les peres & meres doiuent recõmander leurs enfans à Dieu & aux gens de bien. les mauuais deportemens de S. Augustin sont fils, ne cessoit de prier, pleurer, d'importuner S. Ambroise; aussi merita elle d'entendre ces parolles de ce grand Prelat, Filius tantarum lachrymarum non peribit, vn enfant pour lequel vous auez ietté tant de larmes ne peut perir.
Secondement, cela prouient des mauuaises compagnies qu'ils frequentent, la pomme qui est touchée d'vn mauuais air, pourrit bien tost, quoy qu'elle vienne d'vn bon arbre : & l'enfant hantant les meschans se corrompt aysement, quoy que sorti de bons parens. Il y a certains fruicts qui ne meurissent iamais, & sont tousiours comme sauuages, d'autant qu'ils ne sont iamais regardez des benings & fauorables rayons du soleil : & comment voulez vous que voz enfans soient bons, si iamais ils ne voyent aucun rayon de bons exemples ? aucuns fruicts pourrissent bien tost, d'autant qu'ils ont esté cuillis trop tost : plusieurs enfans se gastent d'autant qu'on les emancipe trop tost, on les met trop tost dans le monde, on les marie trop tost. Les fruicts se conseruent sur la paille & le foin, & les enfans dans l'humilité; vous auez enflé cette fille de luxe & de superbe, vous en auez faict vne deesse & vous vous estonné de ce qu'elle est coureuse, rebelle, insupportable, & qu'elle vous contraint d'enuier le bon-heur de ceux qui sont steriles, vous deuez vous en attribuer la faute.
Les bons enfans sõt vn don de Dieu.
Enfin les bons enfans sont vn don de Dieu & vn effect de la misericorde, & partant faut auoir recours à luy, qui de son costé ne demande que le bien & la perfection de ses creatures, & nommement de l'homme, mais les peres & meres & les enfans y doiuent cooperer chacun pour sa part : les peres & 152 meres se comportans en leur mariage tant au commencement qu'au progrés auec intention conforme à celle de Dieu, & disans auec Tobie c.8. filij sanctorum sumus & non possumus coniungi sicut & gentes quæ Deum ignorant, deprecemus Deum hodie & eras, nous sommes enfans de peres & meres saincts, de Chrestiens, & ne deuons-nous comporter en nostre mariage comme de payens qui n'ont point de connoissance de Dieu, ayons recours à Dieu par l'oraison.
Qu'ils se souuiennent de ce que dit S.Crisost. sicut unigenito in virginem ingressuro præcessit Spiritus sanctus vt præcedente spiritu in sancificatione nascatur Christus, sic & ille debet præcedere thorum vt quod concipitur in sanctificatione concipiatur. Tout ainsi que lors que N. Seigneur a deu estre incarné, le sainct esprit a precedé afin que Iesus-Christ nasquit en saincteté, de mesme il doit preceder le mariage afin que ce qui sera conceu soit conceu auec saincteté : les peres & meres doiuent esleuer leurs enfans en la crainte de Dieu, les nourrissans de bons exemples, & de salutaires enseignemens : les destournans des occasions de se perdre, & ne contraignans Dieu de les punir en la malice de leurs enfans.
Que si apres qu'ils auront fait tout leur possible les enfans ne vallent rien, qu'ils se souuiennent qu'à la maison d'Adam a esté Cain : de Noé Cham, d'Abraham Ismael : d'Isaac Esau : de Iacob Ruben : de Dauid Amnon & Absalon : Il est vray que de bons peres & meres naissent souuent des bons enfans, suiuant ce que dit Dauid Ps. 24. anima eius in bonis demorabitur & semen eius hæreditabit terram : il est vray que, Dominus in generatione iusta est, que Dieu donne benediction aux peres & meres qui sont gens de bien en leurs enfans; mais il s'y trouue des exceptions la cause desquelles depend souuent des secrets iugemens de Dieu qui nous sont inconnus.
Les enfãs issus de mauuais peres & meres peuuent estre bõs.
Les enfans doiuent y apporter du leur, se souuenans que la bonté & malice est personnelle, que Dieu donne sa grace à tous, que l'inquité du pere ne sera imputée au filz : qu'il ne sert de rien d'estre né de bons peres & meres, si on veut estre mechant : & que quand les peres & meres seroient meschans, que les enfans auec la grace de Dieu ont leur franc arbitre, & peuuent estre gens de bien. Thare estoit vn faiseur d'idoles, il eut vn braue fils, qui fut Abraham: Achab tyran, Ezechias son fils fut bon: Amon ne vallut rien: Iosias, son fils fut homme de bien. S. Hierosme, ad Lætam, vt radicis amaritudinem dulcedo fructuum compensaret, & viles virgultæ pretiosa balsama sudarent. Des racines ameres ne laissent de porter des fruict doux, des plantes viles portent de pretieux bausmes : quoy qu'vn larron seme la terre, elle ne laisse de porter des bons fruicts : la plante ne laisse pas d'estre bonne quoy qu'elle soit plantée d'vn lepreux, ce n'est pas crime d'auoir vn pere qui est mechant homme, c'est crime d'imiter sa meschanceté. Sicut boni filij, adulterorum nulla est defensio: sic mali filij coniugatorum nullum crimen est matrimonij: quia 153 non in seminibus, sed in voluntate nascentis causa vitiorum est atque virtutum, dit S. Hier. in Ep. ad Rufinü. Tout ainsi que les bons enfãs des adulteres n'excusent pas leur crime : de mesme les meschans enfans des mariez ne sont pas la faute du mariage : car la cause de la vertu ou du vice ne depend pas de la semence, mais de la volonté des enfans. Les enfans doiuent se dire le mesme que faisoit Tobie, filij sanctorum sumus, & expectamus hæreditatem quam daturus est ijs qui nunquam sidem mutant ab eo. Nous sommes enfans de Chrestiens, nous at tendons l'heritage de celuy qui le donnera infailliblement à ceux qui le ser-uiront fidelement. Tobie.2.
Ie fermeray ce chapitre par vn exemple qui fera voir comme de mauuais peres sortent de bons enfans, & de bons peres de mauuais enfans. Achaz quita 4. Reg. 16. Dieu par sa meschante vie, & ne se soucia de la pieté de ses ancestres. Il fut tellement Idolatre, qu'il fit ietter en fonte de nouueaux Idoles en l'hon Achaz meschant a vn bon fils sçauoir Ezechias. neur de Baal, & ce en si grande quantité qu'il y en auoit en tous les coings de Hierusalem, & en toutes les villes de son royaume, leurs fit dresser des autels, & leurs offrit des sacrifices. Il viola le temple de Hierusalem, le pillant, le prophanat, & le fermant afin que personne ny allast reconnoistre & adorer le vray Dieu. Il ne laissa pourtant d'auoir vn tres-bon filz qui fut Ezechias, duquel l'escriture saincte dit, fecit quod erat bonum coram Domino, iuxta omnia quæ fecerat Dauid pater eius. Ipse dissipauit excelsa, & contriuit statuas, & succidit lucos: confregitque serpentem æneum. In Domino Deo Israel sperauit. Il fut homme de bien & agreable à Dieu, imitant en tout Dauid son progeniteur, il ruina les lieux où on adoroit les Idoles, rompit les statues, couppa les bois, brisa le serpent d'airain, mit son esperance au Dieu d'Israël.
Or comme il auoit eu vn meschant pere, il ne laissa pourtant d'estre bon filz, & bon pere, il eut neantmoins vn tres-meschant filz qui fut Manasses. Considerez l'antitheſe du pere pieux, deuot, craignant Dieu, vertueux, & du filz homme impie, cruel, & tres-abominable.
Ezechias tout au commencement de son regne repara ce que son pere auoit violé touchant la religion, & ramena à la vraye foy les infideles mesmes des autres royaumes.
Manasses peruertit les fideles de son royaume, & les rendit impies & Idolatres, Ezechias ramassa les prestres, & les Leuites pour le seruice du temple, & pour honorer & louer Dieu. Manasses les bannit, & establit les prestres des Idoles en leur place.
Ezechias honora Isaie & les autres Prophetes, comme les interpretes des volontez de Dieu, & comme les ministres & instrumens de la majesté diuine : Manasses fit mourir Isaie, son proche parent, tout chenu de vieillesse apres l'auoir fort mal traitté, & ne le fit pas mourir d'vne mort commune, mais le fit scier71.
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Ezechias par ses prieres & larmes obtient des enfans de Dieu. Manasses consacra solemnellement ses enfans aux Diables.
Ezechias consulta Dieu par le ministere & entremise des Prophetes & des Prestres. Manasses consulta les Diables par magie & enchantemens.
Le soleil seruit de signe à Ezechias, & auec le soleil tous les astres, Dieu luy accordant sa requeste : Manasses adora le soleil & les astres au mespris du vray Dieu.
Ezechias impetra par ses prieres la misericorde de Dieu aux meschans & aux pecheurs. Manasses remplit toute la ville du sang des innocens.
Ezechias obtient vne glorieuse victoire sur ses ennemis tres puissans, sans effusion de sang & sans peine, par la pure assistance de Dieu : Manasses en vengeance de ses crimes, fut surmonté de ses ennemys, fut faict captif, chargé de chaisnes, priué de son royaume & mis en prison.
Tout ainsi qu'vn pere laid engendre quelquesfois vn fils qui est beau, & vn nain engendre vn demy geant; & tout au contraire vn pere qui est beau engendre vn enfant laid, & vn geant vn nain : de mesme vn meschant homme engendre vn homme de bien, & vn homme de bien vn meschant enfant, quoy qu'ordinairement les bons enfans sont donnez de Dieu pour recompense aux bons peres, suiuant ce que dit Salomon Prouerb. 20. iustus qui ambulat in simplicitate sua, bonos post se filios derelinquit. Il arriue quelquesfois le contraire par des secrets iugemens de Dieu qui nous sont tres-obscurs, mais tres-iustes & tres-adorables.
Filet cadre, rayé.

Du second bien du mariage qui est la fidelité. CHAPITRE IX.

LA corneille estoit iadis vn bon augure aux nouueaux mariez, d'autant qu'elle est hieroglyphique de fidelité & d'vn contract inuiolable : les corneilles ont vne telle amitié l'vne pour l'autre, que de deux qui ont fait alliance, l'vne estant morte, l'autre demeure en perpetuelle viduité, comme aussi l'once72, aymans mieux passer leur vie en vne triste solitude que de violer leur fidelité.
I'ay monstré au chap. 3 la grande seruitude qui accompagne le mariage, mais elle est compensée par vn grand bien qui est la fidelité, fides bonum fidei, & c'est de ce bien que i'ay à parler en ce chapitre.
Que c'est que fidelité.
Il faut premierement voir que fides, ou fidelité : quel bien c'est & en quoy les mariez la doiuent exercer. La fidelité est vne vertu par laquelle 155 nous nous acquitons de nos promesses : & tout ainsi que la verité fait que nous ne trompons personne en nos parolles, aussi la fidelité fait que nous ne trompons en nos promesses; quoy que la fidelité prise plus amplement & suiuant l'opinion de S. Augustin, & du commun, nous oblige à ne tromper personne, ny en nos parolles, ny en nos promesses, ou pour mieux dire, ny de faict ny de parolles.
La fidelité recommandable.
La fidelité est fort recommandée en l'Escriure Saincte, Prouerb. 28. Vir fidelis multum laudabitur. L'homme fidele receura grande loüange. C'est vne des principales loüanges qu'elle donne à Abraham, Eccl.44. Abraham in tentatione inuentus est fidelis, Abraham a esté trouué fidele en la tentation: & Dieu se vante parlant de Moyse, Num. 12. qu'il est le plus fidele de sa maison, Moyses in omni domo mea fidelissimus est. Dauid reçoit vn semblable eloge, I. Reg.22. Quis in omnibus seruis tuis sicut Dauid fidelis? qui trouuerez-vous entre tous vos seruiteurs qui puisse estre comparé à Dauid en fidelité.
Nous pouuons dire que la fidelité est comme le nœud qui nous lie auec Dieu & auec les hommes, & que ce nœud rompu ne reste qu'vne dissolution totale : c'est la fidelité qui fait que nous gardons à Dieu le serment que nous luy auons fait au Baptesme de le suiure, l'aymer, combattre pour luy, renoncer à tout ce qui luy seroit contraire : c'est la mesme fidelité qui oblige tous les hommes à faire les volontez du mesme Dieu, entant que naturellement ils luy sont obligez comme seruiteurs à leur maistre & souuerain Seigneur.
Effects de la fidelité.
C'est la mesme fidelité qui fait que les subiects & vassaux se maintiennent en bonne intelligence auec leurs Seigneurs & Roys, & les Seigneurs & Roys auec leurs subiects, gardans mutuellement ce à quoy ils sont obligez : ainsi c'est la fidelité qui maintient les Royaumes: voire les Roys en bonne intelligence l'vn auec l'autre, entant qu'ils gardent les traictez & alliances qu'ils ont faittes entre eux. Ostez la fidelité d'entre les hommes, vous ostez le commerce, vous renuersez la societé humaine, voire les familles ne seront que reuoltes, que pilleries, que brigandages, que trahisons, que couppe-gorges : vous renuersez toute communication.
Quoy que ceste vertu soit si necessaire, si est-ce que l'Escriture Saincte se plaint qu'elle est fort rare, Prou.22. Virum fidelem quis inueniet? qui trouuera vn homme fidele? 1. Cor.4. Quæritur inter dispensatores vt fidelis quis inueniatur? il est mal-aysé de trouuer vn homme fidele entre les dispensateurs. C'est aux hommes fideles que Dieu veut donner la surintendance de sa maison, Matt. 24. Quis putas est fidelis seruus & prudens quem constituit Dominus super familiam suam. Qui pensez vous qui est le seruiteur fidele & prudent que Dieu a estably sur sa maison. C'est à l'homme fidele que Dieu augmente ses graces, Luc 19. Quia in modico suisti fidelis, eris potestatem habens super decem ciuitates, d'autant que tu as esté fidele en peu de chose, tu auras le gouuernement sur douze ci 156 tez. C'est le mesme fidele à qui Dieu promet la gloire, Matth. 25. Quia super pauca fuisti fidelis supra multa te constituam; intra in gaudium Domini tui, d'autant que tu as esté fidele en peu de chose, ie t'establiray sur choses grandes, entre en la ioye de ton Seigneur. Et en l'Apoc. 2. Esto fidelis vsque ad mortem, & dabo tibi coronam vitæ, Sois fidele iusques à la mort, & ie te donneray la couronne de vie.
La fidelité est recommandable en toutes personnes, au Roy enuers ses subiects, aux subiects enuers leurs Roys : aux maistres enuers les seruiteurs, aux seruiteurs enuers leurs maistres : aux nations les vnes enuers les autres : aux citoyens entre-eux, mais sur tout entre les amys, car ostez la fidelité, plus d'amitié : ce qui a fait dire au Sage, Eccl. 6. Amico fideli nulla est comparatio, il ny a rien qui puisse entrer en parangon auec auec vn amy fidele: il dit de plus, Amicus fidelis medicamentum est vitæ, l'amy fidele est comme la Nicotiane & remede contre les incommoditez de nostre vie73.
Offices de la fidelité.
La fidelité a comme quatre offices : le premier de garder sa parolle : le se cond de ne reueler le secret qu'on vous aura fié : le troisiesme de n'abandon-ner en l'aduersité : le quatriesme de bien administrer ce qu'on a en charge, c'est à dire, de ne le dissiper : de l'accroistre : de ne frauder le proprietaire : de ne s'attribuer ce qu'on a en depost ou en administration : enfin, de ne le communiquer aux ennemis du proprietaire.
Si la fidelité des mariez surpasse toute autre.
Si la fidelité oblige tous les hommes, de quelle condition qu'ils soient, & conserue tous les estats, beaucoup plus les mariez : la fidelité que le Roy doit à ses subiects, les subiects aux Roys, n'est pas indissoluble, le Roy peut quit ter sa couronne, peut remettre quelques obligations à ses subiects : les sub-iects peuuent changer de pays : le maistre peut renuoyer le seruiteur : le seruiteur peut estre mis en liberté. Ceux qui ont fait quelques contracts y peuuent renoncer de part & d'autre, par consentement mutuel; mais il n'en est pas ainsi de la fidelité que se doiuent les mariez, qui n'est pas vn simple contract, mais vn contract Sacramental, indissoluble, & diuin sans qu'aucune authorité humaine le puisse dissoudre, non pas mesme ceux qui l'ont noué, n'y pouuans renoncer.
Si c'est vn si grand bien que d'auoir rencontré amy fidele, quel bien est ce que la fidelité du mariage puis qu'il n'y a amitié, ny lien qui se puisse com-parer à l'amitié du mariage où deux deuiennent vn, non seulement par vnion d'esprit mais aussi par vnion corporelle, & vne mesme chair, Non sunt duo, sed vna caro.
Ie pourrois monstrer comme les quatre offices de la fidelité que i'ay re marqué vn peu auparauant, se doiuent trouuer en la fidelité des mariez, tou- tefois pour plus grande briefueté ie les reduiray à deux, qui sont, qu'ils gar-dent leur parole, & qu'ils administrent fidelement ce qu'ils ont en charge : 157 les deux autres offices se rapportans à ceux-cy comme on pourra voir.
La parolle que les mariez se sont donné, est celle qui constitue l'estre & essence du Sacrement de mariage, sçauoir ie vous prens pour ma femme : ie vous prens pour mon mary, qui sont le mesme comme si le mary disoit, ie vous donne puissance sur mon corps, il est à vous, & plus à moy : & si la femme disoit au mary, ie vous donne pouuoir sur mon corps qui est desormais à vous, & plus à moy : ce qui se doit entendre quant à l'vsage du mariage. C'est cette donation qui a fait dire à S. Paul, Mulier sui corporis potestatem non habet, sed vir: similiter autem & vir sui corporis potestatem non habet, sed mulier. La femme n'est pas maistresse de son corps, mais le mary : semblablement le mary n'est pas maistre de son corps, mais la femme : cette donation est mutuelle & oblige mutuellement & egallement comme i'ay dict au chapitre. 3.
De cette donation s'ensuit I. que tout ainsi que c'est faire tort à autruy, & contre iustice de retenir son bien contre la volonté du proprietaire : de luy en refuser l'vsage lors qu'il en a besoin, qu'il le demande, soit expressément, soit tacitement, & si c'est en chose d'importance, c'est peché mortel de luy refuser, & de l'en priuer, & vn acte d'infidelité contre la promesse qu'on luy auroit faite, de luy remettre en mains, toutes & quantes fois qu'il le desireroit : de mesme les mariez se font tort : font contre iustice : commettent vn acte d'infidelité contre la donation qu'ils se sont faite de leurs corps mutuellement : lors qu'ils s'en refusent l'vsage, en estant requis soit expressément, soit tacitement, & s'il n'y a legitime excuse, c'est vn peché mortel, & cette obligation est égale à tous deux, car la iustice oblige également à rendre à vn chacun ce qu'il luy appartient : & la fidelité à garder sa parole & qui fait autrement en chose d'importance tel qu'est le mariage, selon le sentiment commun des Docteurs, peche mortellement, notez que i'ay dit s'il ny a excuse legitime, ce qui peut arriuer en plusieurs cas.
2. S'ensuit que tout ainsi qu'il n'est pas loisible de deteriorer le bien d'autruy que vous auez en garde, ny le reduire en tel estat qu'il ne puisse plus seruir au proprietaire, mais le faut administrer suiuant l'intention du proprietaire, de mesme les mariez, par exemple le mary ne peut deteriorer son corps au preiudice de sa femme, ou en disposer selon sa volonté, car il n'est pas à luy, mais à elle : non plus que la femme le sien, puis qu'il n'est plus à elle mais à luy. Ce qui peut arriver par des ieusnes immoderez, des veilles excessiues, des vœux indiscrets & autres moyens qui pourroient contrarier au droict que l'vn a enuers l'autre, comme chose à luy appartenante, & cela est si veritable que mesme il peut arriuer que les mariez soient exempts du ieusne commandé, plustost que de rendre leurs corps par tel ieusne inhabile à l'vsage pour lequel ils se les sont donné mutuellement : & la raison est, d'autant que le commandement de ieusner est vn commandement humain : & le 158 commandement d'estre fidele en mariage est vn commandement naturel diuin, & de iustice & lors que ces deux commandemens concourrent & se trouuent incompatibles le dernier doit estre preferé comme le plus important, comme estant de iustice, & d'autant que la transgression d'iceluy est au preiudice d'autry.
Les mariez sont obligez de demeurer ensemble.
3. S'ensuit que les mariez sont obligez de demeurer en mesme maison : manger en mesme table, ne faire qu'vn lict, ce qui procede de la nature & essence du mariage, qui n'est autre chose sinon, coniunctio maritalis viri & fœminæ inter legitimas personas indiuiduam vitaæ consuetudinem retinens, vne conionction maritale de l'homme & de la femme entre personnes legitimes auec vne compagnie de vie indiuisible. C'est vne conionction, & c'est en cela que consiste le mariage, en l'vnion des volontez par le consentement & contract : maritale c'est à dire qui procede de la tradition mutuelle qu'on s'est faict des corps; entre l'homme & la femme, creez de Dieu auec diuersité de sexe à cét effet : personnages legitimes, c'est à dire qui n'ayent point d'empechemens contraires à cette donation ou contract, comme vœux, parenté &c. auec vne compagnie de vie indiuisible, c'est à dire auec vne cohabitation mutuelle qui ne se peut dissoudre que par la mort. Ce qui est conforme à la nature qui a donné diuerses inclinations & aptitudes à l'homme & à la femme, afin que cohabitans, & chacun s'employant suiuant les aptitudes qu'il a receu, le mary pour les affaires de dehors, la femme pour les domestiques, ils puissent se soulager mutuellement : & comme ainsi soit que l'homme est d'ordinaire plus prudent que la femme, l'homme doit gouuerner la femme, & luy seruir de conseil; la femme doit seruir l'homme aux choses domestiques, ce qui ne se peut bien faire sinon par la cohabitation. Et ce qui est le principal il est mal-aysé d'esleuer les enfans, les nourrir, les pouruoir qui est la fin du mariage sans ceste cohabitation : outre que l'ordonnance de Dieu y est toute expresse, Gen.2. Relinquet homo patrem & matrem & adhærebit uxori suæ, l'homme quittera pere & mere pour demeurer auec sa femme, ie dis demeurer auec, car telle est l'explication de S .Thomas, ad Ephes.5. lect.10. & Abulensis c.19. Matth q. 23. & l'intelligence des doctes.
Les mariez comment se peuuent separer quant au lict.
Ie confesse que cette cohabitation quant au mesme lict, n'est pas si estroicte que par consentement mutuel des parties elle ne se puisse rompre, soit pour vn temps, soit pour tousiours : non par motif de cholere, de haine & d'indignation, mais par affection à la continence, moyennant toutefois que ce soit sans aucun danger d'incontinence : c'est le sentiment de S. Paul, I. Cor. 7. Vt vacetis orationi, nisi forte de consensu ad tempus & iterum reuertimini in id ipsum, ne tentet vos Satanas propter incontinentiam vestram, & par consequent le sentiment commun. Cette cohabitation est si obligeante que le Iuge Ecclesiastique aydé du bras seculier peut y contraindre les parties, au cas qu'- 159 elles se separent : voire mesme le iuge seculier, lors qu'il ny a nul doute de la valeur du mariage, peut contraindre les parties (entant que le mariage est vn contract ciuil), à se garder la fidelité qu'ils se sont promise, qui consiste entre autre chose en cette cohabitation : & partant le mary peut repeter sa femme, voire contre son propre pere, lors qu'on empesche cette cohabitation74.
De la mesme fidelité quant à la cohabitation, s'ensuit que la femme doit suiure son mary quand il change de demeure : que le mary ne peut s'absenter pour long temps de sa femme, ie laisse aux Theologiens certains cas & exceptions qui sont contraires à ces conclusions, & desquels i'ay parlé au ch.3. Ie croy auoir suffisamment monstré les deux deuoirs de la fidelité des mariez, sçauoir de garder la parole & d'administrer fidelement ce qu'ils ont en charge qui sont leurs propres corps qu'ils se gardent l'vn pour l'autre : le mary ayant charge du sien, mais comme chose appartenante à sa femme : & la femme du sien, mais appartenant à son mary. Or d'autant qu'expliquant en quoy consiste cette administration, i'ay dit qu'entre autres choses elle consiste à ne communiquer le bien du proprietaire aux ennemis du proprietaire : ie suis obligé de parler de cette communication, qui se fait quelques fois par les mariez au preiudice de la fidelité qu'ils se doiuent, & ce par le detestable & abominable peché d'adultere, mais auparauant ie coucheray icy vne histoire de la fidelité de quelques mariez, & de la recompense que Dieu leur en donna.
Belle histoire de la fidelité de deux mariez.
Vn marchand ayant fait naufrage & tout perdu, n'ayant sauué chose quel conque que sa personne, estant de retour en sa maison fut aussi tost appre-hendé à la requeste de ses creanciers & ietté en prison : on vendit tout ce qu'on pût trouuer en sa maison iusques aux hardes de sa femme. La pauure femme pleuroit inconsolablement, & principalement de ce quelle ne pouuoit donner vn morceau de pain à son pauure mary, qui mouroit de faim. Vn iour estant allée visiter son mary, pendant qu'ils pleuroient ensemble, suruient vn homme riche, qui visitoit les prisonniers & leurs donnoit l'aumosne; ayant enuisagé cette femme, il s'en amouracha, & dit au geolier qu'il la luy amenast. La pauure femme y vient auec grande devotion poussée d'esperance de quelque bonne assistance, elle luy raconta son infortune. Il luy promit de la mettre hors de peine & de satisfaire à ses creanciers, si elle vouloit condescendre à ses volontez, & passer la nuict auec luy. Cette bonne femme fidelle & chaste respondit : Monsieur i'ay souuent ouy prescher que la femme n'a pas le pouuoir de son corps, mais son mary, il ne m'est pas loisible de disposer selon ma volonté de ce qui appartient à autruy : permettez-moi d'aller trouuer mon mary; le pauure mary fondant tout en larmes, luy dit, m'amie la pauureté & les miseres où ie me retrouue ne 160 m'ont pas encore fait oublier qu'il y vn Dieu au ciel, que nous deuons craindre, & le seruice duquel nous deuons preserer à toutes incommoditéz. Allez respondre à cét homme que nous sommes resolus, par la grace de Dieu, de mourir de mille morts plustot que l'offenser. Dites luy que nous auons mis toute nostre esperance en sa bonté & prouidence, qui ne manque iamais aux siens, & qui nous assistera si c'est sa gloire & nostre bien, au moins nous fera la grace d'auoir patience. Ce Richard qui pensoit tenir sa proye fut tout confus entendant cette responce. Dieu ne manqua de son costé à ces chastes & fideles conioincts. Pendant leur pourparler, vn voleur qui estoit aux mesmes prisons les escoutoit fort attentiuement, & admirant vne telle constance & vne si genereuse resolution en vne telle misere, tout contrit, dit en soy-mesme, helas pauure miserable que feray-ie ? ces bonnes gens ne voudroient pas commettre vn peché qu'ils peuuent cõmettre si aisément pour se deliurer de si grãdes miseres, voir pour leur vie: preferans la volonté & la crainte de Dieu à toutes incommoditez, & moy infortuné, à peine ay-ie iamais eu vne bonne pensée de Dieu, nonobstant tant de vols, tant de meurtres, tant de crimes, que i'ay commis. Disant ces paroles en soy-mesme & fondant tout en larmes, il appella ces bonnes gens & leurs dit : Il faut que ie vous confesse que ie me suis rendu attentif à vostre pouparler, & que vostre chaste resolution m'a donné iusques au cœur, & m'a fait rentrer en moy-mesme, mes crimes sont tels que ie ne puis pas euiter la mort : i'ay caché vne bonne somme d'argent en tel endroit, vous l'y trouuerez infailliblement, seruez-vous en pour vous tirer de la misere ou vous estes, & priez Dieu qu'il daigne me faire misericorde: bien tost apres le voleur fut executé, la femme trouue l'argent, & deliura son mary. Ex prato spririt. c. 18975.
Apprenez d'icy que Dieu ne manque iamais à ceux qui ne luy manquent, & qu'il faut se resoudre à souffrir tout, voire la mort, plustost que l'offencer, & que vous monstrans fidele à Dieu, Dieu vous sera fidele.
Cul de lampe. 161
Filet cadre, rayé.

De l'abominable infidelité que les mariez commettent par le detestable peché d'adultere. CHAPITRE X

LE mary n'ayant ny le domaine de son corps, mais sa femme : ny la femme le domaine du sien, mais le mary, il s'ensuit que ny l'vn ny l'autre n'en peut disposer à sa volonté ny en donner ou permettre l'vsage à qui que ce soit, ny à autre qu'à celuy auquel il appartient, sans encourir l'infame crime d'adultere. Crime condamné par toutes sortes de loys, de nature, des payens, des Iuifs & des Chrestiens, & par la raison, ce que ie m'en vay monstrer, afin de donner occasion aux mariez de se donner de garde d'un si execrable mal-heur : commençons par la loy de nature.
L'adultere est contre la loy de nature.
Le chaste Ioseph n'ayant autre lumiere que de nature, Gen. 39. importuné auec toute instance par son impudique maistresse, ne voulut iamais acquiescer, operi nefario, à vn meschant œuure, dit l'Escriture, faisant paroistre en vn aage boüillant, parmy des telles recherches, vne constance Angelique : Iob en la mesme loy a esté si chaste qu'il ose prendre ciel & terre à tesmoins, & demander que Dieu luy enuoye le feu du ciel pour consommer ses champs & jardins, si deceptum fuit cor suum super muliere, & si ad ostium amici sui insidiatus est, si iamais il s'est laissé aller à ce mal-heureux crime. Il fait beaucoup d'autres imprecations, & conclud, hoc enim est nefas & iniquitas maxima, ignis est vsque ad perditinem deuorans & eradicans omnia genimina, Iob 31. c'est vne tres-grande iniquité, c'est vn feu qui deuore & perd tout, & penetre On brusloit les adulteres. iusques aux racines. On brusloit en la loy de nature les adulteres tout vifs, comme il appert de la sentence que Iudas auoit porté contre Thamar sa bru sur la croyance qu'elle auoit commis adultere : producite eam vt comburatur, qu'on la conduise au feu, qu'elle soit bruslée Gen. 38.
Les bestes mesme semblent auoir horreur de ce vice, tant il est detestable : Aelian lib. II. escrit qu'vn elephant en l'absence de son maistre tua sa maistresse & l'adultere qui pechoit auec elle, tous deux ensemble. Vn autre elephant à Rome soubs l'Empire de Tite voyant sa maistresse auec l'adultere les tua tous deux & les couurit; le maistre estant retourné il tira la couuerte auec sa trompe & fit voir leur infamie. Athenée lib. I. cap. 12. escrit qu'vn oyseau nommé porphyrion nourry à la maison reconnoist si la dame du logis est fidelle à son mary, que si elle vient à commettre quelque adultere aussi 162 tost que le maistre du logis entre il se tue, descouurant & publiant le crime de son hostesse par sa propre mort. Aelian lib. 3. cap. 42. & lib. 8 cap. 20. asseure qu'vne cicogne ayant trouué Alcinoe maistresse de la maison en semblable faute, luy creua les yeux. Pline lib. 8. cap. 16. dit que le lion connoist si la lionne luy a esté infidelle, & s'est abandonnée au leopard & en prend vengeance, la deschirant & mettant en pieces. Aelian lib. I. cap. 57. dit que les Philles peuples de Lybie connoissent si leurs enfans sont d'adultteres, prenans vn tonneau plein de serpents nommez Cerastes, qui sont tres-venimeux dans lequel iettans les enfans, s'ils sont d'adulteres les serpents courent pour les deuorer : si legitimes ne leurs sont aucun tort. Vn docte medecin asseure que mettant vn esclat de diamant sous la teste d'vne femme qui dort, si elle a commis cette faute qu'elle s'esueillera auec des terreurs paniques & effroys; si elle est chaste elle s'esueillera d'vn resueil doux, paisible & chaste, auec des pensées douces &amoureuses de son mary. Voila pour la nature, voyons les sentimens des Payens.
Les Payẽs ont puny l'adultere.
Les Egyptiens chargeoient les adulteres de mille coups de foüets & coupoient les mains à la femme Diod. Sicul. lib. I. cap. 7.
Les Parthes par la loy de Zeleuque leurs creuoient les deux yeux, son fils s'estant laissé aller à ce mal-heur, & transgressé la loy de son pere le premier. Le Roy voulut faire executer la loy sur son fils, mais le peuple l'en ayant empesché, si faut-il, dit le Roy, que ma loy soit inuiolable, ainsi pour ne l'enfraindre fit creuer vn œil à son fils & vn à soy-mesme. Iustin. lib. 14.
Les Allemands anciennement rasoient leurs femmes adulteres, les mettoient toutes nues, & les chassoient de la maison, les fustigeans eux-mesmes tout le long des rues, au rapport de Tacite.
Les Atheniens ne permettoient à la femme adultere d'entrer au temple, il estoit loisible à quiconque les rencontroit de leurs faire toute sorte d'affronts & d'opprobres hors la mort, le mary toutefois la pouuoit tuer, Pausanias, Plutarque in Solone76. Voyons quelques ordonnances des anciens Empereurs.
Ordonnãces des Empereurs contre l'adultere.
Aurelian ordonna qu'on abbaissast la cime de deux arbres voisins, & qu'on lia vn des pieds de l'adultere à vn de ces arbres, l'autre pied à l'autre arbre, & puis qu'on laissa aller l'arbre. Nauclerus volum. 2. generatione 10. anno 276 & alij.
Numa permettoit au mary & aux parents de tuer la femme adultere comme il voudroit. Gellius lib. 10. cap. 13.
Tenedius ordonna qu'on scia les coupables de ce crime tous deux ensemble, & fit executer cette sentence sur la personne de son propre fils.
Lycurgus ne fit aucune loy contre ce crime ne croyant pas qu'il peut arriuer qu'aucun le commit, & comme vn estranger eust demandé à 163 Geradate77 Lacedemonien, de quelle peine on puniroit celuy qui commettroit ce crime au cas qu'il arriuast, il deura payer, dit Geradate, vn taureau si grand que de Sparte il puisse boire dans le fleuue d'Eurote au delà de la grande montagne de Taygete : l'estranger s'estonnant de cela & disant qu'il estoit impossible de trouuer vn tel taureau : Geradate respondit, quomodo Spartæ possit adulter existere, vbi diuitiæ, luxus & fucus ignominiosa censentur, il n'est pas moins impossible qu'il se trouue des adulteres à Sparte, où les richesses, le luxe, le fard sont ignominieux.
Les Brasiliens tuent les femmes adulteres, ou les vendent comme esclaues.
La loy de Mahomet ordonne qu'on les foüette iusques à cent coups.
En Espagne encore auiourd'huy on leur trenche la teste, & le mary tient à l'honneur d'en faire l'office, & d'estre luy-mesme executeur de la iustice.
Loy Diuine contre l'adultere.
Voicy la loy Diuine couchée au Leuit. 20 pour le Iuifs, Si mœchatus quis fuerit cum vxore alterius, & adulterium perpetrauerit cum coniuge proximi sui, morte moriatur & mœchus & adultera. Quiconque commettra adultere mourra tant l'homme que la femme, la mesme loy est reïterée au Deuteron. 22. & & l'adultere maudit, Deuteron. 27. Ioan. 8. Moyses mandauit nobis huiusmodi lapidare, nous auons l'ordonnance de Moyse de lapider l'adultere. Au nombre 5. Si le mary soupçonnoit sa femme d'adultere, & la chose n'estoit pas bien auerée, il la menoit aux prestres, faisoit oblation & sacrifice pour elle, & le sacrifice s'appelloit, Zelotypiæ, de ialousie, puis le prestre prenoit de Miracle continuel en la loy ancienne pour descouurir l'adultere. l'eau beniste, la mettoit en vn vase de terre, y mesloit vn peu de la terre du paué du temple, en outre deuoit auoir des eaux tres-ameres, lesquelles il maudissoit par diuers anathemes & maledictions : de là presentoit la femme soupçonnée deuant le Seigneur, & l'adjuroit & exorcisoit en cette façon, si tu ne t'es polluë auec aucun homme estranger, ces eaux tres-ameres ne te nui ront en rien : mais si tu as esté infidelle à ton mary, & t'es abandonnée à d'au-tre, voicy les maledictions qui t'accableront. I. que Dieu te maudisse. 2. que ton ventre se pourisse, & qu'il creue, & que les eaux maudites y entrent : la femme respondoit Amen Amen, Ainsi soit-il, i'en suis contente puis le prestre escriuoit toutes ces maledictions dans vn liure, & les effaçoit auec de l'eau tres-amere, & faisoit aualer cette eau à la femme soupçonnée, & si elle estoit coupable, les eaux passoient au trauers d'elle, & toutes les imprecations luy arriuoient, mais si elle estoit innocente, Dieu la rendoit feconde : voyez vous comme Dieu faisoit miracle continuel pour descouurir l'adultere, luy mesme voulant en estre tesmoin & iuge.
La chaste Susanne bien instruitte en la loy de Moyse connoissoit l'enormité de ce crime, lors qu'elle ayma mieux se mettre au hazard des calomnies de ces infames ruffiens que de faire chose quelconque contre la fidelité qu'elle deuoit à son mary, Daniel 13.
164 Punition de la loy de Grace contre l'adultere.
Quoy que la loy de Grace soit douce & pleine de misericorde, si ne laisse elle d'estre seuere enuers ceux qui se laissent aller à ce crime, voicy la sentence que S. Paul porte contre eux. 1. Corinth.6. Neque fornicarij, neque idolis seruientes, neque adulteri, neque molles, neque masculorum concubitores, neque fures, neque ebriosi, neque maledici, neque rapaces regnum Dei possidebunt: Incapable du royaume des cieux, donc eternellement maudicts de Dieu & damnez. Prouerb 6. Non grandis est culpa cum quis furatus fuerit, qui adulter est propter cordis inopiam perdet animam suam. Le larcin n'est pas grande faute à comparaison, mais l'adultere monstre qui n'a point de cœur & perdra son ame.
C'est peché de tuer sa femme trouuée en adultere.
Les loix Ciuiles tolerent le meurtre que le mary auroit fait de sa femme & d'vn adultere qu'il auroit trouué auec elle sur la iuste passion & ressentiment qui l'auroit porté à cet acte : mais la loy Diuine le tient coupable d'homicide, c'est vn peché mortel, & outre cela c'est vne barbarie entre les Chrestiens de tuer ces coupables de la sorte, puis que d'vn mesme coup on tue le corps & l'ame.
Me reste à monstrer l'abomination qui accopmagne ce crime, par diuer L'adultere est contre la raison. ses raisons. Combiens d'heritiers legitimes sont des-heritez par le moyen de l'adultere, vn bastard estant censé legitime, est inuesti du bien qui ne luy appartient, ceux à qui il appartient en sont priuez; cela passe de pere en fils auec obligation de restitution, puis que ce n'est pas à eux, & quelle confusion!
L'adultere pille & desrobe l'honneur d'autruy, sçauoir du mary, auquel il L'adultere est larcin. fait tort, honneur que plusieurs preferent à leur propre vie.
Il est contre la fidelité du mariage entant qu'on communique à d'au Est contre iustice. tre ce qui appartient au mary priuatiuement à tous autres, & partant contre iustice.
Il est pire que l'homicide, puis que nous voyons que le pere ne ressentira L'adultere pire que l'homicide. pas tant l'homicide fait en la personne de son fils ou de sa fille, comme ladultere de sa femme. S. Hierosme in 7. Amos, libentius audit uxorem interfici quam pollui, le mary n'a pas tant de desplaisir entendant qu'on a tué sa femme, que de ce qu'elle luy aura esté infidelle. Fabius Iurisconsulte adjouste, plus quam sese proprio corpore vulnerari, cela luy est plus sensible que si on l'auoit blessé en son propre corps.
L'adultere est vne espece de sacrilege, c'est ainsi que le qualifient les loix L'adultere est vne espece de sacrilege. Ciuiles au Code l.30. ad legem Iuliam de adulterijs : sacrilege entant qu'il est contre la saincteté du Sacrement, fait tort & des-honore le mariage de IesusChrist auec l'Eglise : & du Verbe eternel auec la nature humaine, prophane en quelque façon ce Sacrement : separe ce que Dieu a conjoint : fait que les mariez ne sont plus vne chair contre l'institution du mariage.
165
L'adultere est pariure & faussaire, entant qu'il contreuient à la promesse solemnelle qu'il a fait en face de l'Eglise, & viole la foy qu'il a donné par le contract de mariage.
S. Chrysostome homil. 62. tient l'adultere pire que l'idolatrie, maiores nostri quam impudicam iudicarunt, eam venesicij quoque damnatam existimabant, quid ita? quia necesse est eam timere permultos, quos? virum, parentes, cateros: quid postea? quos tantopere timeat, eos necesse est vt quoquo modo possit, venesicio petat. Nos ancestres ont creu qu'vne femme ne pouuoit estre adultere sans estre sorciere ou magicienne : pourquoy cela ? quelle connexion de l'vn à l'autre ? d'autant, dit-il, qu'il est necessaire que la femme adultere craigne beaucoup de gens, mais qui ? son mary, ses parents, tant d'autres : & que s'ensuit-il de là ? sinon qu'elle en sorcelle ou empoisonne ceux desquels elle a si grande apprehension. Le mesme S. Chrysost. Hom. 49. in cap. 14. Matth. Nec dubitandum est adulterij cupidas ad maritorum cedem paratas esse atque accintas, il ne faut nullement douter qu'vne femme addonnée à l'adultere ne soit aussi determinée à faire mourir son mary. Ausonius
Toxica zelotypo dedit vxor mœcha marito,
Nec satis ad mortem credidit esse data.
Miscuit argenti lethalia pocula viui.
Cogeret vt celerem bis geminata necem.
Les anciens, au rapport de Ciceron ad Herenn.78 croyoient qu'vne sorciere ou magicienne estoit aussi adultere : veneficij damnatam putabant quoque impudicam necessario: quare? quia nulla facilius ad maleficium causa quam turpis amor & intemperans libido commouere potest. Et la raison est, d'autant qu'il n'y a rien qui pousse vne personne plus violemment aux malefices que l'amour desordonné & l'impudicité.
N'est ce pas ce detestable crime qui remplit les familles de haines, de troubles, de querelles, de meurtres, d'aſſaſſinats, de charmes & malefices, de crimes horribles ? qui estouffe les pauures petits innocens pour se cacher ? cause les auortements ? fraude les enfans legitimes ? remplit les maisons de confusion ? ensanglante les theatres ? des-honore les familles ? allument les guerres ? renuerse les royaumes & estats ? enfin est le comble de mal-heur, & la fin d'abomination.
Apulée escrit d'vne femme laquelle estant comme desesperée de ce que son mary estoit adultere, brusla tous ses papiers, blez & prouision : puis estrangla vn enfant qu'elle auoit de luy à son despit, & enfin se precipita dans vn puits, combien d'histoires tragiques à ce subject?
L'adultere est vn peché de luxure : vne infidelité, vn larcin entant qu'il rauit la femme, qui est le bien d'autruy : vne trahison arriuant souuent par 166 celuy auquel le mary se fioit, & qu'il tenoit pour son amy : vn sacrilege, comme i'ay dit : souuent est accompagné d'inceste : rauit à autruy son heritage, entant que les enfans legitimes en sont fraudez par la communication qui en est faite à l'enfant venu d'adultere. Bon Dieu, quelle confusion ne cause ce crime !
Il arriuera qu'vn adultere estant mort, & ayant eu vne fille par adultere, que le fils du trespassé espousera cette fille conceue d'adultere, & voila pas le frere marié auec sa soeur ? voire il arriuera que le pere espousera sa propre fille conceue d'adultere : & vne infinité de semblables desordres.
On raconte qu'vne mere voyant que son fils entretenoit sa seruante, se supposa vne nuict au lieu de la seruante & conceut de son fils, le trompant pensant que ce fust la seruante : elle enfanta vne fille secrettement, qui fut nourrie comme si c'eust esté la fille de la seruante, laquelle puis apres ce fils espousa, ainsi estoit le pere, le frere, & le mary, quelle confusion !
Filet cadre, rayé.

Quelques causes d'où procede le crime infame d'adultere. CHAPITRE XI

Clem. Alexand. Hierony. Beda.
LE Sage Prouerb.9. dit, Aquæ furtiuæ dulciores sunt: & panis absconditus suauior, les eaux desrobées sont plus douces, & le pain caché plus sauoureux; il y a diuerses explications de ce passage, mais plusieurs l'expli Causes de l'adultere. quent des voluptez qu'on prend à la desrobée. Donc vne des causes de l'adultere est cette folle apprehension de plusieurs qui croient tousiours le bien d'autruy meilleur que le leur. Et comme nostre nature nature corrompue se porte d'ordinaire auec plus de violence à ce qui est defendu, & que ce qui est plus rare resueille dauantage l'appetit & eschauffe le desir, de là vient qu'on se dégouste aysement de ce qu'on a à sa dispostion, & qu'on recherche auec auidité ce qu'on n'a pas & qui est defendu. Vn ancien, c'est Quintilian qui le dit auec des belles parolles. Declamat.79 14. Diliguntur immodicè sola, quæ non licent. Vt in furorem charitas aliqua conualescat, opus est difficultatibus: breuis de concessis, & statim satietati vicinus affectus est. Non fouet non nutrit amorem concupiscendi, vbi frui licet, & quæcunque in mentibus circa permissa coalescunt, non sunt desiderij sed voluntatis. Le poëte dit le mesme, Ouidius de arte,
Sed cum sit noua grate voluptas,
Et capiant animos plus aliena, suis.
167
Fertilior seges est alienis semper in agris,
Vicinumque pecus grandius uber habet.
Vne autre cause est la curiosité des femmes, elles veulent estre braues, iolies, bien parées, estre veuës; elles sont veuës cõme Dina, conuoitées, recherchées, des-honorées, & voila le mal-heur planté & enraciné au beau milieu de leur maison. On se trouue aux bals, aux berlans, aux places, aux ruës, aux farces, aux theatres, aux ieux, on prend plaisir d'estre recherchée, de rechercher, de courir, d'estre courue : on a vn singulier contenement de voir priser sa beauté, puis on donne l'assignal80, on fait accroire à vn pauure mary qu'on va aux stations, à la confession, à la communion, au sermon, & Dieu sçait où on va.
L'espoux mystique inuite son espouse, Surge propera amica mea, columba mea, leuez vous, hastez vous ma colombe : la colombe court risque en la campagne, l'espreuier81 ne manquera de l'attaquer, son asseurance est en la retraitte, in foraminibus petræ in cauerna maceriæ, ostende mihi faciem tuam. Vne femme n'est hors de danger en publique, ces petits tiercelets ne manqueront de donner la chasse à la proye, & des yeux & des griffes s'ils peuuent; son asseurance est dans les occupations domestiques.
Voyez vous qu'il faut que cét espoux mystique admoneste son espouse de sortir ? & maintenant faudroit des chaines pour retenir aucunes qui ne font que trotter & chercher à estre veuës, Abraham Gen. 12. inuite trois ieunes hommes comme il croioit, c'estoient trois Anges, estants à la maison, Sara n'ose se monstrer deuant eux, ils demandent ubi est Sara vxor tua? où est Sara vostre femme ? il faut l'appeller, & maintenant au lieu de trauailler en la maison, de s'y tenir cachée & close, on court pour estre veuë, & puis viennent les mal-heurs.
Quæritur Ægistus quare sit factus adulter
In promptu causa est, desidiosus erat82.
La mesme curiosité les porte à des nouueautez, à des friandises, des affiquets, des fards : le pauure sot de mary permet à vne femme vaine & curieuse tout ce qu'elle veut, la poictrine descouuerte, la nouueauté des habits, les poudres, le fard, il se ruyne pour faire vne femme poupinne, on rend des enfans gueux, on incommode toute vne famille pour satisfaire à la curiosité d'vne femme, & le pauure niais de mary ne veut pas (comme de raison) que sa femme soit à autre qu'à luy, & il luy donne des filets pour attraper les autres, & pour estre attrapée.
La mesme curiosité les porte à tout voir, & c'est souuent par cette porte qu'entre le mal, Gen. 39. Post multos dies iniecit domina sua oculos in Ioseph, 168 & ait dormi mecum. Cette femelle ietta les yeux sur Ioseph, & le sollicita à mal, ah ! impudente, effrontée, impudique, eshontée ! si tu eusses tenu les yeux bas, si tu n'eusses frequenté ce beau ieune homme : si tu eusses aymé ton mary, tu ne te fusses pas abandonnée à cette brutalle impudicité.
Modestie de Martia fille de Varon.
Martia83 fille de Varon tres-excellente en l'art de peinture, ne peut iamais estre persuadée de peindre vn homme, estant si chaste & si retenue, qu'elle n'osoit mesme regarder vn home en peinture, & maintenant les liures de deuotion de plusieurs Dames sont les metamorphoses d'Ouide, leurs en tretiens les adulteres des faux Dieux, leurs peintures sont des tableaux im-pudents & impudiques, des rauissements, des infamies, & puis on s'estonne s'il arriue des mal-heurs. Dauid fut perdu par vne œillage, & partant il dit, Auerte oculos meos ne uideant vanitatem: Mon Dieu destournez mes yeux afin qu'ils ne voient la vanité, & on ne se repaist que de vanité & d'impudicité.
La mesme curiosité les porte à parler à toute sorte de personne. Il est dit des Apostres que Mirabantur quia cum muliere loquebatur, qu'ils s'estonnoient de ce que nostre Seigneur parloit auec vne femme. Nostre Seigneur ! impeccable, inalterable, la pureté mesme, la saincteté : & on s'estonne qu'il parle auec vne femme, seul à seule : & vne femme qui est toute de feu, la fragilité, l'infirmité, parlera bec à bec toute vne iournée auec vn muguet 84, auec vn courtisan, auec vn prestre, auec vn religieux sans autre necessité, seulement par entretien, & pour satisfaire à sa curiosité, & puis on s'estonne de ce qui s'ensuit !
La cruauté des marys est cause de i'adultere des femmes.
Vne troisiesme cause est la mesme que disoit la bonne Samaritaine à nostre Seigneur au pourparler qu'elle eut auec luy, sçauoir, non habeo virum, ie n'ay point de mary : ouy la cause que plusieurs femmes mariées se laissent emporter à ce vice est, qu'elles n'ont point de mary : mais comment peuuent elles estre mariées & n'auoir point de mary ? ils ne sont pas marys ce sont des petits tyrans, qui traittent leurs pauures femmes commes des esclaues, non comme leurs campagnes : leurs donnent plus de maledictions que de salutations, ne leurs peuuent dire vn beau mot : ne les appellent iamais par leur nom : ne leurs donnent aucun credit dans la maison, & moins qu'à des seruantes. Cependant dit Iob 24. Oculus adulteri obseruat caliginem & ad nimium calorem transit ab aquis niuium, & usque ad inferos peccatum illius. Le meschant homme qui veut commettre adultere est comme vn espion, il regarde s'il y a quelque nuage de desplaisir au visage d'vne femme : si le tonnerre des coups bruye dans la maison : si les esclairs des maledictions y paroissent, si les brouillards de ialousie y sont, si la pluye de larmes y tombe, & lors il prend son temps, fait voir à vne femme comme son mary est vn lion, prend vne peau d'agneau, la cajolle, la flatte, & souuent l'induit à faire mal, voire quand ce ne seroit qu'au despit de son mary.
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Non habeo virum, ie n'ay point de mary, ouy c'est vn bouc, c'est vn im L'impudicité des marys cause l'adultere des femmes. pudique qui en cherche où il en peut auoir, & il veut que sa femme soit femme de bien, il ne luy est point fidele, & il demande la fidelité d'elle, voicy la loy de l'Empereur Antonin, periniquum mihi videtur esse pudicitiam vir ab vxore exigat quam ipse non exhibet. C'est vne chose inuiste que le mary veuille que sa femme soit fidelle luy ne l'estant point.
Dum fuit Atrides vna contentus, & illa
Casta fuit; vitio est improba facta viri85.
Ce n'est pas à dire que l'insolence du mary donne liberté à la femme de mal faire.
L'adultere est vne punition de Dieu.
Quatreismement l'adultere est quelquesfois vne punition de Dieu, comme enseigne Salomon Prouerb 22. Fouea profunda os alienæ, cui iratus est Dominus incidet in eam, la femme d'autruy est vn abysme, Dieu permettra que celuy contre lequel il est fasché y tombe. Vous auez commis d'autres pechez & Dieu permet que pour comble vous tombez en cestuy-cy, qui est bien la plus horrible punition que Dieu puisse enuoyer punissant vn peché par vn autre, & nous pouuons dire que c'est vne punition de fureur, que Dauid craignoit tant, ne in-furore tuo arguas me. Le peché vient souuent de ce qu'on aura abandonné Dieu, & apres cét abandonnement on va d'vn peché à vn autre, abyssus abyssum inuocat, c'est vn abysme duquel il est malaysé de sortir quand vne fois on s'y est ietté, fouea profunda: puteus angustus aliena, dit Le Sage.
Il ne faut point d'excuse à cét enorme peché rejettant la faute sur la fragilité de vostre chair, pourquoy auez vous vne femme ? pourquoy vn mary ? le pilote ne merite il pas d'Estre blasmé qui fait naufrage au port ? le mariage est vostre port, c'est le port de la continence, quelle excuse pouuez vous auoir du mal-heureux & honteux naufrage que vous y faites par vostre adultere? cette pensée est de S. Chrysost. Hom. 3. de verbis Isiæ.
Les mariez n'ont point d'excuse à leur adultere.
Mais les occasions & tentations sont si grandes; ceux qui craignent Dieu assistez de sa grace y pourront resister. Ioseph nonobstant les importunitez de sa maistresse, les feux de sa ieunesse, les allumetes de sa beauté, les caresses & promesses de cette impudique Phutiphar y resista, la crainte de Dieu & la fidelité qu'il deuoit à son maistre luy ayant donné la force de mespriser tout ce qui pouuoit arriuer du mespris qu'il faisoit de cette effrontée. Susanne y resista aymant mieux subir la honte du monde & l'infamie innocente, que de l'euiter, en l'offensant, ayez recours à Dieu il ne manquera pas de vous donner les forces pour surmonter les tentations : ny de vous proteger en cas d'oppression comme il fit à Ioseph & à Susanne & tant d'autres, fust il necessaire de faire miracle, si sa gloire, & vostre plus grand bien le requiert, comme ie monstreray au Chapitre suiuant.
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Filet cadre, rayé.

Si le peché d'adultere est plus grand en vne femme, qu'en vn homme. CHAPITRE XII

IE pense auoir dit suffisamment pour monstrer combien ce peché est abominable & en l'homme & en la femme, & que l'homme pour estre chef de la femme n'a pas plus de liberté en ce point que la femme : toutefois ie me sens obligé de dire encor vn mot contre certains libertins desquels parle Hierem. cap. 5. Equi amatores & emissarij facti sunt, vnusquisque ad vxorem proximi sui hinniebat, ils veulent bien que leurs femmes leurs soient fidelles & s'ils sçauoient qu'elles eussent manqué à leur fidelité ils les estrangleroient, mais eux sont comme des estallons de haras, à la chasse continuelle pour satisfaire à leur insatiable lubricité, & pour faire curée de la femme d'autruy. C'est vn peché irremissible en vne femme, disent-ils, elle est indigne de viure s'estant laissé aller à cette abomination, mais en un homme c'est vne galanterie, c'est vne pecadile, principalement lors qu'on n'en fait pas profession, mais que cela arriue par rencontre, & principlement qu'il n'y a point de force, ains vn libre & prompt consentement des parties.
Ces parolles & excuses sont plustot d'vn Athée que d'vn Chrestien, plus dignes d'vne beste que d'vn homme. Qui entant que Chrestien est obligé aux commandemens de Dieu, & à la reuerence du Sacrement; & entant qu'homme à la fidelité qu'il a promise solemnellement à sa partie, comme il desire qu'elle luy garde. Cette insolence se refute assez de soy-mesme, tou tefois pour ne laisser aucune excuse à semblables impudens, ie m'en vay mon-strer combien ce peché est grand tant en l'homme qu'en la femme & auquel des deux il est plus grand.
La donation des corps entre les mariez est reciproque.
Personne ne peut nier que l'obligation des mariez ne soit reciproque, & que tout ainsi que la femme donne son corps à son mary & n'en a plus la disposition, & qu'elle commet vn peché d'infidelité & d'iniustice en disposant contre sa volonté, aussi le mary donne le sien à sa femme auec mesme charge, & partant deuant Dieu le peché est esgal & vn l'homme & en la femme. Il est toutefois plus grand en l'homme en quelque sens, & plus grand en la femme en quelque autre, comme ie m'en vay monstrer.
171 La grandeur du peché se tire de la personne ou de la faute.
Les Docteurs enseignent que pour reconnoistre la grandeur du peché il faut auoir esgard à celuy qui le commt & au peché qui est commis, faut considerer la personne & la faute. Si on esgard à la personne le peché d'adultere en l'homme est plus grand qu'en la femme : si on a esgard à la faute elle est plus grande en la femme qu'en l'homme.
La faute en la femme est plus grande, premierement d'autant que par La faute au peché d'adultere est plus grande en la femme qu'en l'homme, & pour quoy. ce peché elle en des-honnore plusieurs, il est contre son honneur, contre celuy de son mary, de ses peres & meres, de ses enfans, de toute sa race, ce qui n'est pas en l'homme, puis qu'ordinairement on ne tient pas que ce soit si grand des-honneur en vn homme principalement lors qu'il n'en fait pas profession.
Secondement, ie confesse que la chasteté est recommandable tant en l'homme qu'en la femme, toutefois elle a vn esclat particulier en la fem me, c'est son plus pretieux ioyau : on dit ordinairement que c'est son hon- neur, & que l'ayant perdue elle a perdu son honneur : c'est la vertu des fem- La vertu des femmes est la chasteté. mes & tout le reste qu'elles pourroient auoir de recommandable perd son prix & son lustre, si la chasteté n'y est. Vn homme ne laisse d'estre recommandable en plusieurs autres choses quoy que moins chaste : ainsi cette faute de ce costé là est plus grande en la femme qu'en l'homme.
Troisiesmement, la femme suiuant l'ordre de nature, & de plus par or donnance de Dieu est inferieure à l'homme, l'homme est son chef & super-rieur, & partant la faute qu'elle commet semble plus grande, d'autant que le tort qui se fait au superieur est plus grand que celuy qui se fait à l'inferrieur parlant ordinarement.
Quatriesmement, par cette faute elle fait passer les enfans d'autruy pour enfans de son mary, & fraude les legitimes & vrays enfans de son mary d'vne partie de leur substance, laquelle est donnée à ceux qu'elle suppose comme legitimes non sans vn abominable larcin.
Cinquiesmement, d'ordinaire ce peché en vne femme est plus connu & plus scandaleux, & partant plus grand, l'homme peut aysement cacher cette faute, voire quoy qu'il ne la cache on ne s'en scandalise pas beaucoup d'ordinaire.
En dernier lieu la femme par ce peché donne souuent occasion à son mary de prendre des grandes querelles, & de faire des grands meurtres : ainsi pour ces consderations la faute est plus grande en vne femme qu'en vn homme.
La Sage Eccli. 23. Touche quatre raisons pour lesquelles ce crime est detestable en vne femme. Escoutons le parler, primo in lege Altissimi incredibilis fuit: premierement elle est rebelle à Dieu, desobeyssante, desloyalle, 172 transgressant sa loy : Secundo in virum suum deliquit, elle est infidelle à son mary qui est son superieur, comme i'ay dit. Tertio in adulterio fornicata est, elle a abusé de son corps contre le droit que son mary y auoit, & ex alio viro filios statuit sibi, enfin elle a mis au monde des enfans infames & bastards & incapables de succeder à l'heritage de son mary qui sont quasi les mesmes raisons qui i'ay apporté.
Le mesme Sage au mesme endroit monstre combien ce peché est abomi Punitions de la femme adultere. nable en vne femme par les punitions qui luy sont reseruées lesquelles il apporte en ces termes. I. Hæc in Ecclesiam adducetur. On l'amenera en l'assem blée du peuple, ou deuant les iuges, pour la conuaincre, & puis pour la la-pider. Ou si le crime est occulte pour en reconnoistre la verité par le moyen que Dieu a ordonné au Nombre 5.
Secondement, in filios eius respicietur. On aura vn grand esgard à ses en fans pour separer les legitimes de ceux qui ne le sont, pour donner la suc-cession aux vns & rejetter les autres, & confondre la mere, & la punir en ses propres enfans.
Troisiesmement, non tradent filij eius radices: les enfans qu'elle a eu d'vn autre homme seront mis hors de la maison comme illegitimes, & seront comme arrachez de la famille : ou bien ne viuront pas long temps. La Sage confirme cette explication, Sap., 4. Spuria vitulamina non dabunt radices altas, nec stabile firmamentum collocabunt. Les plantes bastardes ne ietteront pas de grandes racines, ny ne feront pas de solide fondement, Sap. 3. Filij adulterorum in consummatione erunt, & ab iniquo toro semen exterminabitur, les enfans des adulteres periront, la semence d'vn lict inique sera exterminée.
Quatriesmement, ramis eius non dabunt fructum: si les enfans procreez d'adultere viuent; ils ne porteront point de fruict, n'auront point de successeurs en punition du peché de la mere.
Cinquiesmement, derelinquet in maledictum memoriam eius, & dedecus illius non delebitur, on ne parlera d'elle qu'auec infamie, sa memoire sera mau ditte, chacun l'aura en horreur, elle sera infame à iamais, voila les princi-paux chefs par lesquels on peut connoistre la grandeur de cette faute en vne femme, & comme elle excede celle de l'homme.
Le peché d'adultere est plus grand en l'homme qu'en la femme eu esgard à la personne, & pourquoy.
Si nous auons esgard à celuy qui commet l'adultere, si nous consderons la personne, le peché est plus grand en l'homme qu'en la femme. Il n'y a point de doute que la grandeur du peché ne procede quelquesfois de la personne qui le commet, ainsi c'est vn plus grand peché à vn medecin d'empoisonner quelqu'vn, qu'à vn autre : tromper vn pupille à vn tuteur, qu'à vn autre : signer faux à vn notaire, qu'à vn qui ne l'est pas : faire de la fausse monnoye à vn orfeure, qu'à vn autre : vne trahison 173 La grandeur du peché procede souuent de la personne. en vn subject & vassal : estre sorcier ou magicien en vn prestre : seduire vne fille ou femme à vn confesseur : est heretique en vn predicateur &c. & partant le peché d'adultere est plus grand, eu esgard à la personne, en l'homme qu'en la femme.
Premierement, par ce que l'homme est d'vne complexion plus forte, & plus robuste pour resister à la tentation, ainsi s'y laissant emporter il est plus coupable, la femme estant excusable à comparaison de l'homme pour sa soiblesse & fragilité naturelle.
Secondement, ordinairement l'homme est plus docte & plus capable que la femme, & ainsi peche auec plus de connoissance, & par consequent auec plus de malice.
Troisiemement, l'homme est le chef & superieur de la femme, & par droict de nature, & par l'ordonnance diuine; ainsi il doit gouuerner sa femme, & son peché croit de cette obligation comme enseigne fort bien sainct Augustin lib. de adult. coniug. Tanto grauius eos puniri oportet, quanto magis ad eos pertinet & virtute vincere, & exemplo regere fœminas. Les hommes doiuent estre punis d'autant plus seuerement, qu'ils sont plus obligez d'estre plus vertueux que les femmes, & de les gouuerner.
Quatriesmement, l'homme donne occasion à sa femme par son ex emple de se laisser emporter au mesme mal-heur, croyant qu'il luy est au-tant permis qu'à son mary, ou au moins par rage, & pour se vanger de l'infidelité qu'il commet enuers elle.
Cinquiesmement, ce sont ordinairement les hommes qui sont les premiers autheurs de ce peché par leur liberté, importunité, menaces, prieres, promesses, dons, enuoyant des messagers, escriuant, & par mille autres inuentions auec lesquelles ils attirent les femmes dans cét abysme de mal-heur.
Sixiesmement, d'autant que fort souuent l'homme est la premiere cause de l'adultere de sa femme, ou par son consentement, ou par sa trop grande dissimulation, ou pour la trop grande liberté qu'il luy donne, la laissant aller par tout, voir tout, estre veuë de tous, parler à tous, à heure indue, luy permettant des habits superflus, dissolus, des nuditez : ou la tenant trop courte, estant trop seuere enuers elle, la traittant rudement : ou par sa ialousie, ou par sa lasciueté & impudique liberté, auec laquelle il se comporte enuers elle, & par laquelle il luy fait perdre toute honte & retenue, voire mesme enuers tous autres. Ce qui arriue non seulement pendant le mariage, mais souuent auparauant & pendant les recherches, luy emplissant les oreilles de dicts & chansons impudiques, luy repaissant les yeux de tableaux & regards lascifs, le cœur de 174 mille pensées & imaginations des-honnestes qui embrasent l'ame, font perdre toute honte & vergongne, ce qui luy donne subject d'estre souuent adultere auant que d'estre mariée, ou de s'emporter à toute liberté apres qu'elle est mariée. De quoy les hommes sont cause.
Le Sage Eccli.23. monstre la grandeur, & tout ensemble la punition de ce crime en vn homme.
Punition du peché d'adultere en l'homme.
Premierement Omnis homo qui transgreditur lectum suum contemnens animam suam. L'adultere est si miserable, qu'il mesprise sa propre vie, la mettant en euident danger, il parle conformement à la loy ancienne, par laquelle l'adultere estoit puny de mort : & maintenant il s'expose à la mort, les loix ciuiles tolerant l'homicide qu'vn homme auroit fait d'vn autre qu'il auroit trouué auec sa femme, quoy que deuant Dieu il est coupable d'homicide. Vne autre version, A contemnens in animam suam, offençant si enormement son ame & sa conscience : faisant si peu d'estat de son salut & de son ame, la rendant contemptible, esclaue de Satan, seruante de sa chair, & la raualant à la condition des bestes : vendant sa part de paradis & son ame pour vn plaisir si vil.
L'adultere est sans cœur.
Salomon dit quasi le mesme Prouerb 6. Qui adulter est propter cordis inopiam perdet animam suam. L'adultere faute de cœur perd son ame. Il veut dire que iamais vn homme ne sera si mal-heureux que de se laisser emporter à cette extremité de mal-heur, s'il n'est despourueu de raison, de conseil, de prudence, en vn mot, s'il n'est fol : car l'adultere dit S. Chrysost. hom. 8 de pœnitentia, est vne folie & vn aueuglement. Cæcitas mala est adul terium, oculorum est morbus, non corpis, sed animæ prius, propter cordis ino-piam, il n'a point de cœur, ce peché luy fait perdre tout courage, toute generosité86, & le fait deuenir comme vne femmelette. N'est-ce pas ce que reconnoissoit Dauid, cor meum dereliquit me, ie n'ay point de cœur, non ce courage qui mettoit en pieces les ours & les lions, qui auoit l'asseurance d'affronter Goliath, est esteint: l'adultere qu'il a commis auec Bethsabée luy a rauy son cœur : l'a rendu lasche, poltron, & quasi sans forces, aruit tanquam testa virtus mea, ma force & ma vigueur s'est desseichée comme vn pot de terre, defecit spiritus meus. Mon esprit, mon courage est tout affady, tout failly.
Ouy s'il y a chose qui rende vn homme poltron, lasche, sans cœur, sans courage, sans force : chose qui le fasse deuenir comme vne femmelette, c'est la volupté principalement hors du mariage, & sur tout d'adultere: Qui adulter est propter cordis inopiam perdet animam suam. L'adultere quoy qu'auparauant il ait esté comme vn Samson, comme vn Her- 175 cule, deuient si effeminé qu'il n'a pas la force ny le courage de defendre sa vie, & faute de defence la perd. Au contraire s'il y a chose qui fortifie & l'ame & le corps, c'est la chasteté, comme il appert en Iudith, en Daniel, en tant de ieunes hommes & de tendres pucelles qui ont surmonté les tourments & les tyrans ayant esté rendus inuincibles par la chasteté.
Godefroy de Bouliõ extraordinairement fort & pourquoy.
On dit que Godefroy de Bouillon, la gloire des Princes Chrestiens, la terreur des Turcs : le parangon des Roys, le premier Roy de Hierusalem, l'honneur de la tres-illustre & Royalle maison de Lorraine, & le progeniteur de tant de braues Princes & Princesses qui ont fait paroistre par leur generosité87 qu'ils estoient dignes descendans d'vn tel pere. Auoit vn bras si prodigieusement fort, qu'ayant apprehendé vn homme pour robuste qu'il fust, il ne pouuoit s'eschapper de ses mains. Vn Prince d'Arabie ayant ouy dire des merueilles de la force de son bras, fit paix auec luy, luy enuoya des ambassadeurs le priant luy vouloir permettre l'honneur de le venir voir, & d'esprouuer par experience ce qu'il ne sçauoit que par rapport : Godefroy luy ayant mandé qu'il seroit le tres-bien venu, pour preuue de la force de son bras il coupa tout d'vn coup de son espée la teste d'un chameau. L'Arabe creut que cela prouenoit de l'espée non du bras, dit sa pensée à Godefroy lequel ayant demandé l'espée de cét Arabe en fit tout autant auec l'estonnement de l'Arabe qui luy fit des grands presens, & chanta par tout la force admirable de Godefroy. On dit aussi que de son coutelas il tranchoit par le milieu vn homme armé. Guillelm. Tyrius hist. lib. 9. cap. 22.
Or comme on luy demandoit vn iour d'où procedoit vne force si prodigieuse, il respondit, hæ manus impudicam fœminam non tangunt, ces mains ne touchent iamais point de femmes inpudiques : attribuant sa force non tant à la viuacité de ses nerfs comme à sa chasteté.
Secondement, diceus quis me videt, tenebræ circumdant me, & parietes cooperiunt me, & nemo circumspicit me : quem vereor : delictorum meorum non memorabitur altissimus. Il dit qui me voit ? ie suis au milieu des tennebres, ie suis entouré de la nuict, enfermé entre bonnes & fortes murailles, personne ne me voit : qui craindray-ie ? Dieu ne se souuiendra pas de mes pechez : voila, voila l'abomination de desolation où l'adultere amene vn homme, il le fait venir à l'infidelité & au blaspheme, ostant à Dieu toute science & connoissance de son crime & n'est-ce pas faire Dieu aueugle, ignorant, ou plustot nier toute Diuinité ?
Troisiesmement, hic in plateis ciuitatis vindicatibur, & quasi pullus 176 equinus fugabitur: & ubi non sperauit apprehendetur. Dieu par vn iuste iugement manifestera son ordure, & permettra qu'il sera puny publiquement & quoy qu'il s'en fuye comme vn poulain, il sera attrapé où il pensoit le moins.
Quatriesmement, erit dedecus omnibus, il sera infame deuant tout le monde, tant pour son crime, comme pour la punition publique & honteuse qu'il en receura : c'est le mesme que dit Salomon Prouerb. 6. Turpitudinem & ignominiam congregat sibi, & opprobium illius non delebitur, iamais son infamie ne sera effacée.
Cinquiesement, eo quod non intellexerit timorem Domini. Il s'est oublié qu'il y auoit vn Dieu dans le ciel qui voit tout, qui punit tout, s'il fust tant soit peu entré en cette consderation, elle estoit suffisante de le destourner d'vn tel mal-heur. Mais il a fermé les yeux à toute consideration, & a laissé esteindre en son ame toute crainte des iugemens Diuins, autrement ia mais il n'auroit esté si miserable que de se laisser aller à vne telle abomi-nation.
N'y a point d'excuse pour l'homme adultere.
Il n'y a point d'excuse à ce peché dit S. Chrysost. Hom. 3. de verbis Isaiæ. Tout ainsi que le pilote qui fait naufrage au port est inexcusable, aussi est le mary qui commet adultere : sa femme luy doit seruir de port contre les flots & orages de la concupiscence, s'il s'en laisse accabler il ne peut auoir aucune excuse ny deuant les hommes ny deuant Dieu : quand il apporteroit dix mille fois le plaisir & la concupiscence pour excuse, cela n'est receuable & faut aduouer qu'il est fol, & que faute d'entendement & de raison il perd son ame. Voila comme discoure S. Chrysostome, puis il poursuit. Quel plaisir peut apporter ce peché, qui n'apporte que crainte, que peril, que danger, qui est suiuy de tant de maux, d'adiournemens, d'accusations, de cholere & seuerité des iuges, de ruyne, d'vn bourreaux tenant le glaiue en main, de l'enfer & d'vne malediction eternelle ? Mais posons le cas qu'il n'y ait rien de tout cela, & que personne n'en sçache rien que les deux complices. Quelle geine luy donnera la conscience, l'accusant par tout, le condamnant à tout moment? il a beau faire, tout ainsi que per sonne ne peut s'enfuir de soy mesme, aussi personne ne peut euiter la sen-tence de sa propre conscience : ce parquet ne se peut corrompre ny par argent, ny par flatteries, d'autant qu'il est de Dieu, & que Dieu l'a estably en nos ames.
Le mesme S. Chrysost. in Ps. 7. dit que l'adultere auant qu'estre damné est le plus miserable de tous des hommes, il a soupçon de tout, il tremble de la moindre ombre, il n'ose regarder personne librement, il a peur de tout le monde & de ceux qui le sçauent, & de ceux qui ne le sçauent : il luy semble par tout où il est qu'il voit des espées nuës, que les sergeants 177 sont à ses costez, que les iuges prononcent sa sentence. Il n'est iamais sans peine, voire mesme au milieu des tenebres, les douleurs qu'il souffre ne sont pas semblables à celles des femmes qui enfantent, mais à celles de la vipere qui ne peut mettre au monde ses vipereaux, sinon qu'ils luy deschirent, & le ventre & les flancs.
Filet cadre, rayé.

De la ialousie. CHAPITRE XIII

I'Aurois outrepassé la briefueté que ie me suis proposée en ces chapitres, si i'auois voulu enfermer au chapitre precedent toutes les causes desquelles procede le crime infame d'adultere : partant i'en ay reserué vne pour en faire La ialousie est vne grande affliction. vn chapitre à part, qui est la ialousie, qui est bien vn des plus cruels bourreaux qui puissent affliger les pauures mariez, & comme dit S. Chrisost. hom. 38. in Genes. où est la ialousie, la paix en est bannie, encor qu'ils foissonnent en richesses, qu'ils ayent des tables somptueusement couuertes, qu'ils soient nobles & illustres, ils sont miserables : ils ne taschent qu'à se nuire l'vn l'autre, sont en continuels soupçons : ne peuuent auoir aucun plaisir, la guerre intestine mettant tout en confusion & leurs causant mille mescontentements. Qui zelotypia laborant, & bonum pacis amittunt, etiamsi magnis affluant diuitijs, etiamsi sumptuosas habeant mensas, etiamsi clari fuerint, ac nobiles, miserrimi om nium sunt: turbas ac fluctus sibi quotidie excogitant & vicissim suspicantur, nullam- que voluptatem habere possunt, interno bello omnia confundente multamque eis ama-ritudinem inuehente.
La ialousie n'est autre chose qu'vne fascherie de l'ame, & vn soupçon qui fait craindre vn des conioincts, que l'autre ne mette son amour à vn tiers, & ne l'aime plus que luy. Ce soupçon prouient ordinairement d'vn amour ex Que c'est que ialousie. cessif & comme les pommes les plus tendres & les plus douces ne laissent d'engendrer des vers, ainsi l'amour des mariez le plus tendre & le plus doux produit ce maudit ver, rongeur de la paix & bonne intelligence, & les fait seicher & mourir tout vifs.
Il est assez malaysé de resoudre auquel des deux sexes la ialousie est plus dangereuse, & auquel elle produit des plus pernitieux effets.
Ie sçay bien que le Sage dit qu'il a eu crainte en son cœur de trois choses : La premiere, la calomnie, ou fausse accusation : la seconde vne esmotion populaire contre sa personne : la troisiesme, le faux tesmoignage : ces trois craintes n'ont esté qu'en son cœur, sans en faire paroistre aucun signe 178 exterieurement, mais il en a eu vne quatriesme pire que ces trois qui la fait pallir : à tribus timuit cor meum, & in quarto facies mea metuit. Eccli. 26. Les trois premieres ont donné quelque attaque à mon interieur, mais la quatrieme, a paru par dehors & à la face : mulier zelotypa, c'est vne femme ialouse.
Quel grãd mal c'est que la ialousie en vne femme.
Le mesme sage au mesme endroit dit, in muliere Zelotypa flagellum linguæ, omnibus communicans. La femme ialouse se sert de sa langue comme d'vne fleau pour affliger continuellement son pauure mary : elle le querelle, le gronde, murmure, le menace, se plaint sans cesse, l'iniurie, omnibus communicans, fait ses plaintes à tout le monde que son mary ne l'aime pas, mais au contraire le traitte mal : detracte de luy en toutes rencontres : omnibus communicans, parle a toute sorte de personnes indifferemment : s'abandonne à tous, omnibus communicans, pour se venger de son mary. Enfin, dolor cordis & luctus, dit le mesme sage, l'afflige au cœur & luy fait ietter mille larmes.
Voyez cecy par experience au pauure Samson, escoutez les plaintes de cette femelle, Dalila odisti me & non diligis, Iudicum 14. Vous me haissez, vous n'auez point d'affection pour moy : elle ne cessoit, ny iour, ny nuict, se plaignant, l'importunant, pleurant, & disant, quomodo dicis quod amas me cum animus tuus non sit mecum? comment pouuez vous dire que vous m'aymez, puis que vous m'estes si contraire. Escoutez le Texte, sanè cumque molesta esset ei, & per multos dies iugiter adhæreret, spatium ad quietem non tribuens, desecit anima eius, & ad mortem usque lassata est. Elle le molestoit, & l'importunoit l'espace de plusieurs iours, ne luy donnant aucune relache ny repos, enfin il perdit courage & fut lassé comme prest à mourir, & luy reuela son secret, preferant tout ce qui en pouuoit arriuer aux fascheries qu'elle luy donnoit par ses importunitez.
Si ce courage d'acier ou plustost de diamant a cedé & s'est laissé briser aux importunitez d'vne femmelette, helas que feront tant de pauures marys, qui ne sont pas des Samsons : comment pouuront-ils resister aux importunitez d'vne femme ialouse ? ô que plusieurs ont bien subiect de dire ce que dit Le Sage, Eccles. 7. Inueni amariorem morte mulierem. Ma femme m'est plus amere que la mort mesme.
Que sera-ce si vn pauure mary entre dans des iustes apprehensions que sa femme piquée de ialousie, & se voyant trop foible pour se vanger, n'ait recours aux armes des femmes, qui sont les tromperies & finesses, & ne le fasse Combien dangereuse est la ialousie en vn hõme. mourir par surprise ? Dura sicut infernus æmulatio, la ialousie d'vne femme est au mary comme vn enfer, Cant. 8.
D'ailleurs il semble que la jalousie du mary est d'autant plus dangereuse qu'il a plus de pouuoir, lors qu'il se laisse emporter à cette mal-heureuse frenaisie. Il tient vne pauure femme comme prisonniere; la traite comme 179 vne esclaue, ne luy donne aucun credit, ne luy permet ny d'aller aux Eglises, ny de visiter ses plus proches, non pas mesme de leur parler, il est tousiours aux aguets, a des espions par tout, prent garde à tous les deportemens, parolles, œillades, mouuemens de sa femme, voire mesme se veut mesler de sõder ses intentions, se laissant aller à mille discours, dix mille soupçons, cent mille iugemens temeraires : il la tourmente & de paroles & de coups, enfin elle peut dire auec la Samaritaine, Non habeo virum, ie n'ay point de mary : ce n'est pas vn mary, c'est vn bourreau qui la gesne continuellement, vn lyon qui la deschire sans relache & souuent la contraint par ses mauuais traittemens d'en venir aux extremitez.
C'est ce qui a fait dire au Sage, Eccli. 9. Non zeles mulierem sinus tui, ne ostendat super te malitiam doctrine nequam. Donnez-vous de garde de vous laisser saisir de ialousie pour vostre femme, de peur qu'elle ne vous fasse vn mauuais tour. On explique cecy diuersement, aucuns de peur par vostre soupçon & ialousie, vous ne luy donniez occasion de faire ce que vous craignez. Seneque dit fort bien, Habita fides, ipsam fidem obligat, multi fallere docuerunt dum timent falli, & aliis ius peccandi suspicando dederunt: la confiance qu'on a à vne personne, l'oblige d'estre fidelle, plusieurs par leur deffiance ont donné occasion qu'on les trompast, & semblent auoir donné quelque droict de tromperie par leurs soupçons. L'amour & la fidelité sont enfans de la confiance : la haine & l'indifelité du soupçon & de la deffiance.
D'autres expliquent ces paroles de peur que par vostre ialousie vous ne luy donniez occasion de se laisser aussi emporter à la mesme passion; & que vostre ialousie ne luy enseigne la meschante doctrine de ialousie, & qu'elle n'apprenne de vous à estre ialousie & lors vous verrez vn beau tintamare en vostre maison.
En fin d'autres de peur qu'elle n'en vienne aux sorceleries, aux magies, aux empoisonnemens & que pour se vanger du tort que vous luy faites, elle n'experimente sur vostre personne, toutes les malices qu'elle a apprises des autres.
Si le mary doit garder sa femme.
Ou vostre femme est femme de bien, ou non : si elle este femme de bien, quelle atroce iniure luy faictes-vous d'entrer en soupçon de sa fidelité ? quel ressentiment en doit elle auoir ? pensez vous l'obliger par tel soupçon à vous aymer ? ou plustost de vous auoir en horreur, & si elle ne craint Dieu de vous en iouer d'vne pour punition de vostre temerité, & de l'iniure que vous luy faites ? Que si elle ne vaut rien, c'est en vain que vous vous tourmentez par vos soupçons & ialousies qui vous rongent le cœur iour & nuict, vous auez beau y prendre garde, Breuis omnis malitia super malitiam mulieris. Eccli. 25. Il n'y a malice qui puisse entrer en paralele auec la malice d'vne 180 meschante femme, elle trouuera bien l'occasion de faire son coup, & de vous planter les cornes au beau milieu du front.
Areolus Philosophe, demandoit vn iour à vn autre si le mary deuoit garder sa femme, l'autre respondit, la femme honneste ne se doit garder, sa pudicité luy sert de garde : l'impudique ne se peut garder. S. Hierosme dit tout le mesme, lib. I. contra Iouinianuin, Quid prodest diligens custodia, cum vxor seruari impudica non possit, pudica non debeat? infida enim custos est castitatis necessitas, & illa vere pudica dicenda est, cui licuit peccare si voluit. De quoy sert de garder vne femme si soigneuesement, puis qu'il n'y a gardes sufissantes contre vne impudique, & la femme honneste ne doit estre gardée : la contrainte est vne mauuaise gardienne de la chasteté : cette femme est vrayment honneste & chaste qui a eu le pouuoir & la liberté de mal faire, & n'a mal fait.
Il n'y a meilleure garde que la crainte de Dieu, & l'amour mutuel, le frain d'vne femme chaste est l'amour & la crainte de Dieu, & la craincte & amour de son mary qui la retient aux occasions & l'empesche de se laisser emporter à la liberté, & la rend ferme comme vne Susanne : il n'y a murs assez espais contre vne femme impudique, la violence & la crainte luy font perdre tout amour, & luy fournissent mille inuentions, luy donnent hardiesse, & l'obligent souuent à venir à des extremitez.
Sainct Chrysostome nous fait entendre les miseres que cause cette passion par deux beaux passages, l'vn est in cap. 2. Matth. où il dit, Si vir zelet uxorem, aut uxor uirum, omnem auditionem credit de illo, & si non sit auditio digna & idonea vt credatur, tamen fidem auditionis zelus commendat. Si le mary est ialoux de sa femme, ou la femme de son mary, ils croient tout ce que l'on leurs rapporte, & encore que les rapports que l'on leurs fait n'ayent point de probabilité, toutefois leur ialousie les rend assez croyables. Il auoit dit auparauant que comme vn Roy ialoux de son estat, & de sa couronne, croit les moindres soupçons qui pourroient estre au preiudice de la mesme couronne, qu'ainsi en font les mariez qui sont ialoux, l'experience l'enseigne & fait croire à ceux qui sont frappez de cette maladie, ce qui ne fut & ne sera iamais, ils croyent souuent, aueuglez de cette passion, voir ce qui n'eut iamais eſté.
L'autre passage de Sainct Chrysostome est de Virginitate, voicy comme il parle, Morbus iste non tristitiam solum, sed iram intolerabilem ingenerare solet: Cette maladie n'engendre pas seuelement la tristesse, mais encor vn cholere intolerable. Cum vero eo furore corripitur, nihilo melius afficitur, quam qui à Dæmonibus agitantur, aut mente capiuntur, adeo con- 181 tinenter effertur, insultat & stomachatur omnibus, in obuium omnino & innocentissimum quemque semper exercet iracundiam. Lors que quelqu'vn est saisy de cette rage, il est tout semblable à vn demoniaque, ou on à vn sol, il est en continuelle furie, se fache & se met en fougue contre tout le monde : il descharge sa cholere contre tous ceux qu'ils rencontre, voire contre les plus innocens.
Nous auons vne infinité d’histoires en confirmation de cette verité, entre-autres, l'histoire infame d'Herode, qui fit mourir miserablement Mariamne sa femme, laquelle meritoit tout respect, & ayant l'esprit tout transporté par la violence de sa ialousie, luy parloit apres sa mort & l'appelloit comme si elle eut esté en vie. On en voit assez de semblables qui deuroient donner occasion aux autres de se garder de cette abominable manie.
Remede contre la ialousie, le mary doit estre sourd, &la femme aueugle.
Ie me semble qu'Alphonsus n'a pas mal rencontré, lors qu'il a dit qu'vn bon remede contre la ialousie estoit, que la femme se comportast comme si elle estoit aueugle, & le mary comme s'il estoit sourd, ainsi arriueroit que la femme ne seroit pas si curieuse à prendre garde où son mary iroit, à qui il parleroit, & le mary ne se soucieroit pas beaucoup des plaintes & gronderies de sa femme & par ce moyen ils euiteroient beaucoup de riottes, & viuroient en meilleure intelligence.
Filet cadre, rayé.

Quelques histoires pour monstrer comme Dieu deffend les innocens contre les ialoux. CHAPITRE XIV.

Merueille que Dieu fait en protectiõ d'vne femme inno cente frap-pée sept fois de la main d'vn bourreau accusée par ialousie.
C'Est vne cruelle bourrelerie88 que la condition d'vne pauure femme qui se retrouue souz la domination d'vn mary saisi de cette furie; sentir vn mary tousiours dans les soupçons; estre continuellement aux enquestes où elle a esté, à qui elle a parlé, croire tout ce qu'on luy dit qui peut nourrir & entretenir sa maladie; ne vouloir escouter aucune verité, ne faire estat des iu remens, des sermens, des larmes de sa femme non plus que d'vne ame dam-née. Or quel remede ? ie n'en connois point de meilleur que la patience & le recours à la prouidence diuine qui ne manque de predre la cause des innocens fust-il necessaire de faire miracle, quand sa gloire le requiert.
Voulez-vous tesmoingnage plus authentique de cette verité, que celuy que rapporte S. Hierosme. Tom. I. Epist. 47. ie rapporteray icy l'histoire la 182 traduisant le plus fidelement qu'il me sera possible des paroles du mesme saint : à Vercelle en Lombardie, vn mary piqué de ialousie tire sa femme en iugement, l'accuse de luy auoir fauffé la foy : on le saisit & le ieune homme qu'on soupçonnoit d'estre complice, la voyla mise en vn fond de fosse & luy confiné dans vn noir cachot. Apres y auoir esté quelques iours on les tire deuant le iuge criminel. Le mary ne respirant que sang, les accuse puissamment, le ieune homme nie constamment; la femme pleure amerement, & tous deux leuans leurs cœurs & leurs yeux au ciel, attendent de Dieu le tesmoignage de leur innocence, faisans mille & mille protestations de n'estre tels qu'on les qualifioit. Le mary cependant produit ses soupçons, le iuge les condamne à la question ordinaire, on attache le ieune homme à vn poteau, ou on le deschire à coups descorgées89: le pauure garçon voyant son corps tout ouuert de playes, & son sang couler de tous costez perd la constance, aime mieux mourir vne bonne fois que d'en mourir mille, sans pouuoir acheuer de mourir, & pour euiter cette escorcherie & cette mort qui n'auoit point de fin, confesse ce qu'il n'auoit iamais fait, & mentant au preiudice de sa vie, accuse par sa confession l'innocente, ostant tout moyen à cette pauure femme de se defendre de cette atroce calomnie dont elle estoit chargée.
On la tire de la prison, on luy lie les mains derriere le dos auec vne grosse corde, on l'estend sur le cheualet estant toute liée horsmis les yeux que le bourreau ne pouuoir garotter : elle darde des œillades amoureuses dans le ciel, arrouse sa face de grosses larmes & dit : Doux Iesus auquel n'est rien caché, qui penetré iusques au creux & des cœurs & des reins, vous m'estes tesmoin que ce qui me fait tenir ferme sur la negatiue n'est pas la crainte de la mort, mais la crainte de contreuenir à la verité, & en mentant de vous offenser. Ah miserable garçon, si tu as si grande haste de mourir, pourquoy seras tu cause de la mort de deux innocens ? Dieu m'est tesmoin que ie souhaite la mort, ie desire me despouiller de ce corps mortel, mais i'ay horreur de mourir en qualité d'adultere. Voila mon col ouuert, ie n'ay point d'apprehension de l'acier du bourreau, ma consolation est que ie mourray auec mon innocence. Ce n'est pas mourir que trespasser le Laurier en la main.
Le iuge enyuré de ce sang, tout de mesme comme vn lyon qui ayant vne fois gousté le sang ne se peut saouler: commande au bourreau de redoubler les tourmens, & enrageant & grinçant les dents, le menace de la mort s'il ne fait confesser à vne femme, ce que le ieune homme robuste auoit franchement auoué.
O bon Iesus! au secours, helas i'ay horreur voyant tant de supplices prepa rez pour vn seul corps tendrelet & si chaste ! on la lie par les cheueux à vn po-teau, & tout le corps chargé de fer & de chaisnes est attaché : puis on allume vn petit feu à ses pieds, cependant le bourreau luy deschire les costez sans es 183 pargner ses chastes mammelles : cette femme cõme vne amazone, nonobstant tant de cruautez demeure immobile, comme vn rocher, son esprit se promeine parmy le paradis pendant que son corps est ainsi bourrellé90, la pureté de sa conscience charme tellement ses sentimens, qu'ils semblent estre insensibles. Le cruel iuge comme surmonté de la constance de cette femme enrage : elle a recours à Dieu par des deuotes prieres. On ouure son corps de toutes parts à coups d'escorpions91, elle esleue le cœur & les yeux vers le ciel : Le ieune homme confesse ce qu'il ne fit iamais pour faire mourir deux innocens, elle nie constamment pour les sauuer. On n'entend autre parole sinon, frappez, bruslez, deſchirez, iamais ie ne fis ce dont on m'accuse. Si vous ne me croyez i'en appelle au parquet de Dieu, viendra le iour qui manifestera la verité. Dieu est mon iuge, i'adjourne les autres au parlement de la verité.
Le bourreau estoit hors d'haleine, souspiroit & ne trouuoit plus de place dans ce corps pour y exercer sa cruauté, voire sa cruauté cõme surmontée auoir horreur d'auoir ainsi déschiré ce beau corps. Le iuge tout en furie se tournant vers les assistans, vous estonnez vous dit-il si ceste meschante femme aime mieux estre tourmentée que de mourir ? qui a iamais ouy dire qu'vn adultere se soit commis qu'il ny eut deux personnes ? n'est il pas plus croyable que cette femme nie estant coupable que de penser que ce ieune homme soit innocent confessant son crime ? partant ie les condamne pareillement à la mort : le bourreau leur iette aussi-tost la hart au col, toute la ville y accourt & la ville sort comme de la ville : le monde pense s'écraser à la foule sortant de la porte. Il prend ce ieune homme, au premier coup de hache, voila sa teste à ses pieds & son corps tout trempé dans son sang: cette chaste Susanne comme vne saincte victime plie les genoux en terre, le bourreau hausse le bras & brandit son coutelas, voila le trenchant qui descend auec toute l'impetuosité de ses forces, mais le coutelas n'oze toucher à ce col innocent, s'arreste à fleur de peau, raze tant soit peu d'vne legere esgratigneure sursemant quelques gouttes de sang. Le bourreau tout estonné se fache contre son bras & contre le trenchant eſmoussé, de son bras il entoisse92 son espée vne autre fois, il la decharge de toutes ses forces sur la pauure innocente : mais le trenchant se rebouche93 : vne autre fois, vous eussiez dit que le fer auoit apprehension de l'offenser, car il s'arrestoit sur le col sans l'endommager : ce cruel forcené tout en rage, retrousse sa casaque & bandant tous ses nerfs fait tomber en terre vn crochet d'or qui accrochoit sa casaque, & sans s'en prendre garde brandilloit son coutelas, mais cette chaste colombe voyant ce crochet luy dit : mon amy, ramaſſez cét or qui vous couste si cher : ce seroit dommage de le perdre.
Dieu eternel a on iamais veu vne telle asseurance? la mort n'est distante d'elle que d'vn moment, & elle ne la craint point, elle se reiouit estant frappée & le bourreau blesmit : elle n'a point d'yeux pour voir le fer de la mort, 184 & elle en trouue deux pour voir cest or, & non seulement elle n'apprehende pas la mort mais pense à faire plaisir à ce turc94. On donne le troisieme coup à mesme succez que les deux precedans. Le bourreau tout effrayé ne sçachant plus que faire ne se fiant plus au trenchant de son espée, puis qu'il ne peut trencher, veut experimenter la pointe : il pousse de toutes ses forces pour luy percer le col : chose inoüie la pointe se rebouche & la lame se retire vers la poigné, comme regardant son maistre & confessant qu'elle ne pouuoit entamer cette innocente.
Souuenez vous des 3. iuuenceaux qui trouuent vn refraichissement au milieu des flammes chantent au lieu de pleurer, le feu n'osant toucher vn seul de leurs cheueux. De Daniel qui se ioue des lyons comme des agneaux : de la noble Susanne, laquelle estant iniustement condamnée fut deliurée. Dieu suscitant vn enfant remply du Saint Esprit. Voyez comme la diuine misericorde se monstre egalement enuers l'vn & l'autre. Susanne fut deliurée du glaiue par ce petit iuge suscité de Dieu : cette femme condamnée par le iuge est absoue par le glaiue qui n'ose toucher à son innocence. Voila tout le peuple en alarme, il veut deliurer l'innocente. Il menace le bourreau, on est tellement estonné de ce miracle qu'à peine croit-on ce qu'on voit.
Toute la ville à la nouuelle de cette merueille est esmeue, voila toutes les gardes en vn gros. Mais celuy qui auoit charge de faire executer l'arrest se lance au mitan de la trouppe, monstre sa barbe blanche & son chef qu'il auoit sursemé de poussiere, & pleurant à chaudes larmes, commence à crier, quoy messieurs ! voulez vous donc me faire mourir, il y va de ma teste si ie ne fais executer l'arrest du president, voudriez vous bien me faire mourir à la place de ceste adultere ? Si vostre misericorde, si vostre clemence vous porte à sauuer vne criminelle, vous ne deuez estre cause de la mort d'vn innocent. Ses larmes esteignirent la ferueur du peuple : Ses cris luy percerent le cœur, & pour sauuer cét homme il permit qu'on passa outre à l'execution. Voicy donc vn bourreau tout frais auec vne nouuelle espée.
La pauure victime estoit tousiours là, n'ayant autre assistance que de Iesus Christ. On luy donne vn coup si lourd quelle fut vn peu estourdie, on redouble elle est vn peu entamée, on recharge pour la troisiesme fois, elle tombe comme pasmée à terre. O coup tres-admirable de la diuine prouidence, elle auoit esté quatre fois rudement frappée sans blessure, & puis la voila atterrée comme si elle estoit morte, afin que celuy qui auoit charge de l'execution peust eschapper la mort. Soudain on enueloppe le corps comme s'il eust esté mort, on ouure la terre pour luy donner sepulture, la nuict suruient ce semble par vne misericorde de Dieu plustot que l'ordinaire, aussi tost ceste femme reuient à soy, ouure les yeux, puis le cœur, puis la bouche, & va dire : O mon doux Iesus vous estes mon secours, ie ne craindray tout ce que les hommes me 185 sçauroient faire : le mesme iour meurt vne bonne vieille, on la met dans la fosse qui estoit preparée pour cette resuscitée. Le diable cependant enrage de despit, suscite vn des sergeans d'aller visiter le corps du grand matin, on le mene au tombeau, & d'vn iuste courroux on luy dit : deterrez ce corps mort, n'est-ce pas assez de luy auoir fait vne si furieuse guerre pendant sa vie ? faut-il encore la persecuter apres la mort ? ouy ouy, ouurez le tombeau, tirez-en le corps, donnez-le à manger aux bestes et aux oyseaux, mangez luy le cœur puis qu'elle a esté frappée sept fois, c'est bien la raison que iamais vostre barbarie ne se saoule mesme apres sa mort. Il eut honte, & tout plein de confusion s'en retourna.
Cependant on pansa secretement cette femme, on luy couppa les cheueux, on l'habilla en homme pour la faire escouler, on la mit en vne maison de vierges où elle finit ses iours viuant en toute saincteté, & loüant la bonté diuine qui l'auoit assisté si puissamment, & protegé son innocence auec tant de miracles.
La main de Dieu est-elle affoiblie ? sa misericorde est-elle espuisée ? manque-il de bonté pour secourir les innocens, s'il ne le fait tousiours auec tant de miracles, si le fera-il vn iour auec pareille bonté & pareille prouidence. I'ay apporté cette histoire quasi de mot à mot de S. Hierosme, & apres vn escriuain moderne, & assez connu pour la gentilesse de ses escrits, & pour son Binet. eloquence. En voicy vn autre.
L'an 1286. mourut en Espagne F. Don Garsias Martinez soldat de S. Iean de Hierusalem, apres auoir vescu en grande estime de saincteté : & Dieu Autre histoire & miracle en faueur d'vne inno-cente. l'a honoré apres sa mort de quelques miracles. En voicy vn entre autres fait par son inuocation, pour la iustification d'vne pauure femme malicieusement calomniée, & soupçonnée de son mary, de luy estre infidelle. Vn certain mareschal auoit espousé depuis peu vne ieune femme, rare en beauté, plus rare en pudicité. Certains meschans soit d'enuie qu'ils portoient au mareschal d'vne si belle femme qu'il auoit : soit qu'ils enrageoient de ce que nonobstant tous leurs efforts ils n'auoient iamais sçeu corrom pre sa pudicité, ny esbranler sa fidelité, eurent recours aux calomnies, jette-rent la ialousie dans l'esprit du pauure mareschal : le voila plein de soupçons & de deffiance, il garde sa femme, ne luy permet plus de sortir, la regarde de prez & de trauers, la traitte mal, ne luy peut dire vn bon mot, enfin luy fait paroistre sa passion & son auersion par toute sorte de mauuais trait tement. La pauure femme ne trouuant plus de consolation qu'en son in-nocence, ny autre recours qu'à Dieu, protecteur des chastes, esleue son cœur à Dieu, & apres auoir inuoqué bien humblement nostre Dame & le B.95 Garsias Martinez, pleine d'vne grande confiance à la misericorde de Dieu, auec les mains nuës prend le soc d'vne charrue tout ardant en la fournaise 186 de son mary, & le porte iusques au sepulchre du Sainct, sans en receuoir aucune incommodité : Dieu permettant ce miracle pour la deffence de cette pauure innocente, pour guarir la maladie d'esprit de son mary, & pour la confusion de ces abominables calmoniateurs. Bossius lib. 10. Abrah. Bzouius in continuatione Annal. Baronij96 tom. 13. ad an. 1286.
Histoire tragique d'vn mary ialoux.
Ie pourrois icy rapporter beaucoup d'histoires tragiques pour donner horreur aux mariez de cette mauditte passion. Ie me contenteray d'vne seule tirée de Surius in Chron.97 an. 1528. En la ville de Baste vn bourgeois homme riche nommé Christophe Bongartener entra en jalousie de sa femme soupçonnant son valet. Il presse sa femme de dire la verité, luy fait toute instance, luy promettant impunité si elle confesse la verité, & menaçant de la tuer si elle nie. Cette pauure femme espouuantée de ces menaces & de l'horreur de la mort, se confessa coupable de ce à quoy elle n'auoit iamais pensé : puis craignant la furie de son mary se desroba de sa maison & s'en fuit aupres de sa sœur en vn village. Les amis se mirent en deuoir de les re-concilier, la voila retournée. Le mary luy monstra bon visage, ne sirent qu'vn lict la nuict, elle croioit que sa passion fust esteinte. Mais le matin le mary enuoya sa seruante quelque part, fit sortir hors de la maison les enfans de son premier lict, puis transperça sa femme qui estoit enceinte & la tua, & de là vne petite fille qu'il auoit d'elle, laquelle à peine auoit quatre mois, escriuit au Senat le narré de tout ce qu'il auoit fait, & apres auoir inuoqué par trois fois le Sainct nom de Iesus, se precipita du plus haut de sa maison & se froissa tout le corps, que la iustice fit rompre & briser sur vne roue, quelle rage sur vn soupçon ! cét exemple ne doit-il pas estre comme vn puissant remede contre cette furieuse passion qui conduit les hommes à vn tel desespoir ! vous pouuez lire vne infinité de semblables tragedies dans les histoires : pleut-il à Dieu qu'on n'en vit pas tant au preiudice des pauures innocens, & à la confusion des familles honorables.
Auant que finir cette matiere ie prieray les mariez d'escouter l'exhortation que leurs fait le bon vieillard Tobie en la personne de son bien aimé fils, Attende tibi fili mi ab omni fornicatione, & præter uxorem tuam nunquam patiaris crimen scire. Mon enfant donne toy de garde de toute fornication, & garde la fidelité à ta femme : ou comme d'autres expliquent maintenant que tu es encore ieune homme, vis chastement en gardant ta virginité, & quand tu seras marié garde la chasteté conjugale. Tobie. 4.
Souuenez vous comme Dieu a tousiours puny rigoureusement ce peché : Pharaon ose s'emparer de la femme d'Abraham, Dieu le chastie & toute sa famille, bien qu'il ne sçut pas qu'elle fust mariée, voire auant qu'il eust le moyen ny le loysir d'executer les intentions. Gen. 12 Le Roy Abimelech 187 pour mesme subject, sans auoir passé outre ouyt98 cette horrible punition, morieris propter mulierem quam tulisti, habet enim virum, Gen. 20 tu mourras d'autant que tu as enleué cette femme, car elle est mariée, & de fait toute sa famille pour cette offence auoit esté rendue sterile.
O que de maux a eu Dauid pour son adultere, & quoy qu'il en eut pardon en suite de sa grande contrition : qu'il en fit vne grande penitence; toutefois il entend ces horribles parolles, non recedet gladius de domo tua usque in sempiternum, eo quod tuleris uxorem Vriæ vt esset uxor tua. Le glaiue ne partira de ta maison, d'autant que tu as enleué la femme d'Vrie, l'enfant né de cette couche mourut en punition, & le pere ne le peut racheter par aucunes larmes ny austeritez : Absalon se rebella contre son propre pere, luy fit la guerre ouuerte : il souilla sa couche, & tant d'autres mal-heurs qui luy arriuerent en punition de son adultere.
Que si Dieu ne semble si seuere & ne punit l'adultere si exactement parmy les Chrestiens, c'est qu'il en reserue la puition à l'autre vie, n'y ayant point de punition en ce monde condigne d'vn tel crime en des personnes qui font profession d'vne telle saincteté que requiert le Christianisme. Osee 4. Non visitabo filias eorum cum fuerint fornicatæ, nec sponsas eorum cum adulter auerint. Ie ne puniray pas leurs filles, lors qu'elles seront desbauchées, ny leurs femmes lors qu'elles seront infidelles à leurs marys; pour monstrer qu'il en reserue la punition en l'autre monde où il veut les punir sans misericorde. Voicy vne vision veritable pour confirmation de cette verité.
Du temps que S. Dominique preschoit à Paris, il y auoit vn homme de tres-grande authorité, & fort riche, adonné à tous vices, & principalement à la lubricité, de laquelle il s'estoit tellement laissé gagner, que ny les prieres, ny les aduertissemens ne l'en pouuoient destourner. Sa femme qui estoit de sang Royal & n'estoit pas moins Saincte que Noble, souffroit des grands ennuis, tant pour la mauuaise vie de son mary, que pour la haine que luy portoient les courtisanes qu'il entretenoit. Elle ressentoit Supplices des voluptueux en l'autre vie representez par vne vision. fort l'offence que son mary faisoit contre Dieu; & le mespris qu'il faisoit d'elle pour caresser ces vilaines : Apres vne longue patience, ne sçachant plus quel remede employer elle creut qu'elle ne pouuoit mieux se vanger de son mary, qu'en luy estant infidelle comme il luy estoit, à quoy elle se resolut par desespoir & vangeance de l'infidelité de son mary. Comme elle estoit en des angoisses extremes, Dieu luy fit voir les supplices eternels que les impudiques souffrent pour vne briesue volupté : les fournaises ardantes au lieu des licts mollets : les tours & contours des dragons & serpens, enuelopans tout le corps au lieu des embrassemens impudiques : & jettans par les yeux & les oreilles des flammes puantes, comme des veines de soulfre mixtionnées de venin tres 188 infecte. C'estoit comme vne pluye qui tomboit sur la teste des voluptueux & arroſoit tout le corps iusques aux pieds, & penetroit iusques aux entrailles qui brusloient comme vne fournaise. Il y auoit des dragons qui vomissoient l'airain ardant tellement mixtionné, qu'ils rompoient les parties les plus sensibles du corps, & contraignoient ces mal-heureux de crier si espouuantablement qu'ils faisoient hurler & retentir tout l'enfer. Ils desiroient sur tout de mourir, ne voyans point d'esperance à leur infortune, & ne pouuoient mourir. Entre plusieurs places, elle en vit vne qui estoit preparée à son mary, au cas qu'il continuoit à viure comme il auoit fait. Elle se resueille & aussi tost, entre en compassion de la misere de son mary, & agitée de son mouuement ordinaire de jalousie, s'en va trouuer S. Dominique pour luy dire au moins la peine qu'elle souffroit iour & nuict. S. Dominique luy donna vne rose qu'il auoit receu de nostre Dame, qui la deliura aussi tost de son anxieté : & luy ayant persuadé de s'enroler en la Confrerie du Rosaire, elle sentit son ame comblée d'vne ioye extraordinaire. Il luy donna de plus son chappelet & l'aduertit qu'apres qu'elle l'auroit recité quinze iours, qu'elle le mit souz l'oreiller de son mary pendant qu'il dormiroit. Elle retourna en sa maison fort consolée, & pleine d'vne saincte esperance, fit ponctuellement tout ce qui luy estoit ordonné, recommanda tres-feruemment toute cette affaire à Dieu & à nostre Dame. Le chappelet ne fut pas si tost sous le cheuet de ce Seigneur qu'il commença à trembler, & fondre en larmes, souspirant entre les bras de sa femme, implorant l'assistance de Dieu, & se recommandant aux prieres de sa chere partie.
La nuict ensuiuant comme il dormoit il luy sembla que Dieu l'appelloit à son tribunal, où il se voyoit entouré d'vn nombre innombrable de demons, qui demandoient iustice de tant de pechez, desquels ils l'accusoient : cela l'espouuanta tellement, qu'estant esueillé, il demanda humblement pardon à sa femme de ses adulteres, promettant de s'en amender.
La troisiesme nuict la femme ayant encor mis le chappelet sous l'oreiller de son mary, la chose fut plus espouuantable qu'auparauant, pendant qu'il dormoit il se vit traisné en enfer, vit les tourmens qu'y endurent les voluptueux : & ne les vit pas seulement, mais les sentit en partie, iusques à ce que son bon Ange y accourut, qui aussi tost l'en deliura, luy commanda de s'enrooller en la Confrerie du Rosaire; & que s'il le faisoit, Dieu luy feroit la grace de mieux viure, laquelle grace il obtiendroit par les prieres des Confreres, qu'il ne pouuoit obtenir de soy mesme. Aussi tost qu'il fust esueillé, espris d'vne grande repentance, il promit à sa femme que desormais il l'aimeroit sincerement, & luy garderoit la foy coniugale inuiolablement: luy communiqua tout ce qu'il auoit veu, promettant de faire ce que l'Ange 189 luy auoit ordonné, & qu'il seroit veritable & constant en ses promesses : Qu'il feroit en sorte que tout le monde seroit tesmoin de son changement de vie. Il commença vne nouuelle vie par vne saincte & salutaire confession qu'il fit à S. Dominique, lequel luy ayant donné un modelle de la vie qu'il deuoit mener à l'aduenir, le mit au roolle des Confreres du Rosaire, depuis il fut si constant que iamais il ne quitta son Rosaire, & soit qu'il fust en guerre, soit qu'il fust en sa maison, ou aux champs, en voyage, auec le Roy ou les courtisans, iamais il ne manqua à reciter son Rosaire & en faire estat, & par son exemple on aduança grandement la deuotion en France. Garda la fidelité à sa femme le reste de ses iours, & apres plusieurs années moururent tous deux en mesme temps, nostre Dame conduisit leurs ames au ciel, & leurs corps furent enterrez tous deux ensemble à Paris. Ferdinand. hist. Dominic. 1. p. cap. 34. refertur ab Abrahamo Bzouio in continuatione annalium Baronij tom. 13. ad an. 122099.
Finissons ce Chapitre auec cette belle parabole du Sage, Prouerb. 8. beuuez l'eau de vostre cisterne, & de la source de vostre puits sans vous addresser à ceux des autres, afin que les ruisseaux qui sortent de vostre propre fontaine (c'est à dire vos enfans) puissent paroistre publiquement sans rougir, & se qualifier vostres. Iouyssez de cette eau tout seul, sans que les estrangers y participent. Tenez cette veine beniste, & vous resiouyssez auec la femme que vous auec prise en vosre ieunesse. Ne vous laissez pas emporter à la femme d'autruy, pour ce que Dieu regarde la voye des hommes, & compte tous leurs pas, & le meschant sera attrapé en ses malices, & lié des cordes de ses pechez, & il finira mal, faute de s'estre soubmis à la discipline.
Filet cadre, rayé.

Du troisiesme bien du mariage. Qui est le bien du Sacrement. CHAPITRE XV.

LEs effects des Sacremens de la nouuelle loy se rapportent à deux, l'vn est le charactere, l'autre est la grace : tous les Sacremens ne produisent pas le charactere, mais tous produisent la grace, & c'est l'effect qui est propre au Sacrement, & que nous appellons au mariage bonum Sacramenti. Le bien du Sacrement, qui est le dernier & le principal des trois biens du mariage.
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C'est vn article de foy que les Sacremens sont Les Sacremens sont causes de la grace. cause & instrumens de la grace, & la produisent. Cette verité est confirmée par le Symbole de Nyce qui dit, Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum. Ie confesse qu'il y a vn baptesme institué pour la remission des pechez. En S. Iean 6. il est dit, que l'Eucharistie donne la vie eternelle, qui manducat hunc panem viuet in æternum. Quiconque mange ce pain viura eternellement. Au chap. 20. la remission des pechez est accordée aux Apostres, quorum remiseritis peccata remittuntur eis, les pechez que vous remettrez seront remis, ce qui se fait par le Sacrement de penitence. S. Iacques ch. 5. nous asseure que les pechez sont remis par l'extreme-onction, Oratio fidei saluabit infirmum. Et ainsi des autres.
Les Sacremens produisent la grace, non en qualité de vases dans lesquels la grace soit comme reseruée, & en soit tirée comme la medecine de la boiste : ou l'or de la bourse & du coffre, mais comme causes lesquelles produisent leurs effects : non comme les sermons, les bons discours, exhortations & sainctes lectures, qui nous incitent au bien, & ainsi ausent la grace, mais comme causes qui donnent estre à leurs effects, qu'elles contiennent en soy, c'est pourquoy ils sont appellez signa efficacia gratiæ, fignes efficaces de la grace laquelle ils produisent.
Les Sacremens produisent la grace, non pour la dispositõ de ceux qui les reçoiuent, non pour la saincteté des mi nistres.
Nous pouuons acquerir la grace de Dieu par deux moyens, l'vn est ex opere operantis, c'est à dire, par notre disposition, par des mouuemens de nostre liberal arbitre, & par des bonnes actions : l'autre est ex opere operato, c'est à dire, non pour les merites ou disposition de celuy qui reçoit la grace, ou du ministre qui confere le Sacrement : mais par la force & vertu du Sacrement, entant seulement & precisement qu'il est institué de Iesus Christ, & conferé par le ministre à ce ordonné; soit que le ministre soit bõ, soit qu'il soit meschant, moyennant qu'il fasse le deuoir de ministre.
D'icy s'ensuit qu'encore que celuy qui reçoit le Sacrement n'apporte aucune disposition, il ne laisse pourtant de receuoir la grace, comme font les petits enfans au baptesme; ou la reçoit en plus grande abondance qu'il ne feroit s'il y apporte de la disposition comme font ceux qui sont en aage. S. Augustin confirme toute cette doctrine par ce passage lib. 4. contra Cresconium100 cap. 16. Non eorum meritis, à quibus ministratur, neque eorum, quibus ministratur, constat baptismus, sed propria sanctitate atque veritate propter eum à quo institutus est. Les Iuifs n'ont rien eu de semblable, c'est pourquoy S. Paul appelle leurs Sacremens (si toutefois ils en ont eu) infirma & egena elementa, ad Galat. 4 . qui n'estoient que signes & figures sans effects, mais nos Sacremens sont efficaces : au plus leurs Sacremens ne conferoient ou n'augmentoient la grace qu'à proportion de la disposition de celuy qui la receuoit, & les nostres le font par dessus la dispostion, & ce en vertu des merites de Iesus 191 Christ, & de l'institution qu'il en a faite. Ce qui s'appelle ex opere operato.
Deux graces, la premiere & la seconde.
Faut supposer qu'il y a deux sortes de graces, l'vne s'appelle prima, la pre miere grace, l'autre la seconde grace : la premiere grace est celle qui est in- compatible auec le peché, qui le chasse de nos ames, qui nous rend agrea-bles à Dieu, nous met en son amitié; nous rend Saincts; nous donne droict à l'heritage celeste, entant qu'elle nous fait enfans de Dieu, si filij & hæredes. La seconde grace est vne augmentation de la premiere grace, laquelle quand elle est donné comme premiere, n'est pas donnée auec tout le comble & perfection qu'on la peut auoir, mais va s'augmentant & croissant par les bonnes œuures.
Deux Sacremens instituez pour donner la premiere grace.
Tous les Sacremens ne sont pas instituez pour donner la premiere grace, mais seulement deux, sçauoir le Baptesme & la Penitence qui sont instituez à cét effect, quoy qu'aucuns pensent probablement que tous en certains cas la donnent : ces deux le Baptesme & la Penitence sont appellez pour cette raison Sacremens des morts, c'est à dire, instituez pour rendre la vie à ceux qui sont morts spirituellement, le Baptesme à ceux qui sont morts à la grace de Dieu, qui est la vie de l'ame, par le peché originel : la Peniten Les Sacremens des morts. ce à ceux qui sont morts à la mesme grace par le peché actuel & mortel. Les autres Sacremens sont appellez Sacremens des viuans, d'autant qu'ordinairement ils supposent que ceux qui les reçoiuent sont en la grace de Dieu; & ont la premiere grace, laquelle ils augmentent, lors qu'on les reçoit, & qu'on ny met point d'empeschement. Et tant cette premiere grace que la seconde est ordinairement accompagnée des vertus infuses & dons du sainct Esprit que Dieu donne à proportion de la grace qu'on reçoit.
Les Sacremens dõnent des graces speciales.
Outre cette grace premiere ou seconde, chaque Sacrement a quelque grace qui luy est propre & pour laquelle il est institué de Iesus-Christ, & ces graces propres & speciales sont certains aides actuels, qui nous seruent tant pour l'administration des Sacremens au prouffit d'autruy, comme pour la conseruation de la premiere grace, & pour l'exercice des vertus & dons ausquels telles graces se rapportent, suiuant la fin & institution de chaque Sacrement.
Graces speciales des Sacremens.
Ainsi le Baptesme ne donne pas seulement la premiere grace : mais la donne auec cette particuliere consideration qu'il nous regenere : la Confirmation soit qu'elle donne la premiere ou la seconde grace, & le mesme se doit dire des autres, la donne en qualité d'accroissement apres la generation spirituelle : l'Eucharistie en qualité de viande ou nourriture : La Penitence, de medecine : l'Extreme-onction, d'assistance contre les tentations au dernier conflict de la mort : l'Ordre, pour disposer les ministres de l'Eglise à se bien & deuëment acquiter de leurs charges : le Mariage en qualité 192 d'vne spirituelle & chaste vnion d'esprits entre les mariez, & pour les fins du mariage.
I'ay deu apporter succinctement cette doctrine, qui est commune à tous les Sacremens, pour esclaircir dauantage cette matiere; maintenant ie m'en vay monstrer en quoy consiste cette grace speciale, ou ce bonum Sacramenti, ce bien particulier du Sacrement de mariage.
Graces speciales du Sacrement de mariage.
La grace sacrementale ou particuliere & speciale du mariage sont certai nes aides que Dieu donne aux mariez tout le temps de leur mariage (moyen-nant qu'ils n'y apportent aucun empeschement) pour arriuer heureusement aux fins pour lesquels il est institué.
Nous auons dit que le mariage a esté institué pour quatre fins, la premie re est d'auoir des enfans, & Dieu a annexé vne aide & grace speciale à ce Sa-crement, pour les esleuer chrestiennement & sainctement.
La seconde fin est l'assistance mutuelle auec bonne intelligence & amour; & Dieu donne vne grace speciale pour cela, & ce en vertu du Sacrement de mariage.
La troisiesme fin est le remede à la concupiscence, Dieu donne aussi vne grace particuliere aux mariez à cet effect en vertu du Sacrement. Cecy a esté figuré aux trois ieunes hommes qui furent mis en la fournaise de Babylon qui ne receurent aucune incommodité du feu, quoy qu'il consommast ceux qui l'auoient allumé, ce qui nous monstre que quoy que les mariez soient comme au milieu du feu de concipiscence, toutefois lors qu'ils y sont auec foy, esperance & charité, in Christo & in Ecclesia, suiuant l'intention de Iesus-Christ & de l'Eglise, le feu de la concupiscence ne leurs nuit : mais nuit à ceux qui procedent autrement.
Les Anges au Gen. 19. sauuerent Loth de l'incendie de Sodome, & ce dans vne petite ville nommée Segor qui estoit entre Sodome & la montagne, c'estoit bien l'intention des Anges de le mener en la montagne, mais il demanda de demeurer au milieu, sçauoir en Segor. Le lieu de l'incendie sont les voluptez desreglées & illicites hors du mariage, chacun est obligé de le fuir: la montagne est l'estat des vierges, tous n'y peuuent pas monter: aucuns se sauuent en Segor, c'est à dire, en estat du mariage par le moyen de la grace speciale que Dieu y donne pour empescher l'incendie de la concupiscence.
S. Chrysostome super Math. compare le mariage aux eaux de la mer qui ont leurs bornes, suiuant ce que dit Iob. 38. Vsque huc venies, & non procedes amplius & hic confringes tumentes fluctus tuos, tu viendras iusques icy & ne Le maria ge comparé à la mer. passeras pas outre; aussi Dieu a donné & mis les bornes à la concupiscence de la chair, qui sont les loix du mariage, & comme la mer outre passant ses bornes rauage tout, renuerse les campagnes, abysme les villes, noye les animaux, ainsi la concupiscence se iettant hors des digues & loix du mariage 193 cause des tres-grands desordres. Et comme les eaux du Iordain se fendirent, celles d'en bas coulans en la mer morte, celles d'en haut s'arrestans comme vne muraille, & grossissans tousiours sans couler en bas : de mesme les plaisirs qui se prennent hors du mariage coulent à la mort eternelle, ceux du mariage en vertu de la grace speciale du Sacrement montent au ciel, entant que souuent ils sont actes de iustice, & de charité, & partant meritoires de la vie eternelle : & comme les eaux seruirent de murailles aux Israëlites contre leurs ennemys, & noyerent les Egyptiens; de mesme les plaisirs d'vn chaste mariage seruent de muraille & rempart contre les tentations du diable, & de la chair; mais perdent & noyent hors du mariage.
Le mariage cõparé au buissoa ardant.
Nous pouuons comparer le mariage à ce mysterieux buisson que Moyse vit qui brusloit sans se consommer, rubus ardens incombustus: c'est vn buisson, il a ses espines : il ard, il y a du feu de concupiscence : ne se consomme point, c'est à dire, ne consomme point les vertus, ne contrarie pas à la grace, ny à la saincteté lors qu'on y procede deuëment.
La concupiscence est comme vn loup affamé & gourmand qui entrant dans la bergerie ne se contente pas d'vne brebis, mais estrangle tout autant qu'il en trouue, ainsi la concupiscence qui s'eslanceroit à plusieurs est moderée à vne: par la grace du Sacrement: la concupiscence cherche le plaisir, mais le mariage assisté de la grace cherche le fruict: la concupiscence apporte incontinent du dégoust comme il appert en Amnon enuers sa sœur Thamar: mais la grace du Sacrement de mariage conserue l'amour enuers la mesme.
Enfin la quatriesme fin du mariage est la representation du mariage du Verbe auec nostre nature ou de Iesus-Christ auec l'Eglise, & afin que cette representation fust plus parfaitte, Dieu ayant voulu que le mariage fust indissoluble & d'vn auec vne, comme l'vnion du Verbe auec nostre nature & de Iesus Christ auec l'Eglise est indissoluble & d'vn Verbe, auec vn indiuidu : & d'vn Iesus Christ, auec vne Eglise : aussi il a voulu resleuer cette vnion à vn estre surnaturel & diuin, & l'accompagner d'vn amour surnaturel duquel les conjoincts s'aymassent, non seulement d'vn amour humain mais aussi diuin, faisant que cet amour durast entre eux, cõme estant fondé en charité, de sorte qu'il ne tiendra qu'aux mariez que leur amour soit eternel, puis qu'en ver tu du Sacrement Dieu leurs confere la grace & la charité, en faueur de la- quelle ils pourront obtenir cet amour s'ils n'y apportent aucun empesche-ment, & ce afin que la signification du Sacrement soit parfaitte, souuent en l'vsage du mariage y a du peché, d'où aucuns ont pensé que l'oblation qui se faisoit en la purification pro peccato, pour le peché estoit pour le peché des parens quoy que S. Aug. pense que c'estoit pour le peché originel de l'en fant, la grace du Sacrement est pour empescher ce peché des parens en l'vsa-ge du mariage.
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La prouidence Diuine n'auroit-elle pas manqué à l'estat des mariez, si apres leurs auoir imposé des si grandes charges & plus penibles qu'en l'ancienne loy, elle ne leurs auroit donné vne nouuelle grace pour les pouuoir supporter ? n'est-ce pas vne grande charge que l'indissolubilité ? que les Iuifs n'ont eu : que de n'auoir qu'vne femme ? ayant autrefois esté permis d'en auoir plusieurs? Et comment est-ce que les mariez pourroient garder continence, lors que l'vsage de leur mariage ne leurs est permis ? comme quand l'vn d'eux est tombé en quelque infirmité incurable & perpetuelle : ou quand un est absent, our pour quelque crime, ou de sa volonté, & pour affaires; ou qu'il deuient furieux, ou tel qu'il y a du peril de viure en sa compagnie ? ou qu'il tombe en adultere, & que l'autre ne veut plus habiter auec luy ? en ces cas ils sont obligez de garder continence, ce qui seroit bien difficile si Dieu n'auoit donné vne grace speciale à cet estat, suiuant le train de sa Diuine prouidence, qui ne manque à personne ny à aucun estat si on ne s'en rend indigne. C'est icy le plus grand bien d mariage, suiuant ce que dit S. August. lib. de bono coniugali c. 18. In nostrorum nuptijs plus valet sanctitas Sacramenti, quam sœcunditas uteri, au mariage des Chrestiens, mieux vaut la saincteté du Sacrement, que la fecondité.
Voulez-vous pauures mariez addoucir l'amertume & les maux de vostre mariage, imitez le prophete Elisee 4. Reg. 4. son seruiteur ayant fait vn potage d'herbes qu'il ne connoissoit pas, mais si ameres qu personne n'en pouuoit gouster. Elisée jetta de la farine dedans le potage, & corrigea toute l'amertume : jettez la grace de Dieu, par vostre bonne vie dans vos mariages, rendez-vous dignes de receuoir les graces que Dieu y a annexé entant qu'il est Sacrement, & vous verez l'amertume que vous y trouuez, fort addoucie, & receurez le contentement que vous en esperez, & y ferez vostre salut. Iettez la farine du ciel, le plan des Anges par vn frequent vsage des Sacremens de confession & communion dans les amertumes de vos mariages, & vous les sentirez bien adoucies.
Cul de lampe fleuri.
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Filet cadre, rayé.

Trois choses qui empeschent que les mariez ne reçoiuent la grace du Sacrement, & premierement le peché mortel. CHAPITRE XVI.

TOut ainsi que le feu si son actiuité n'est retenue par quelque violen ce produit infailliblement la chaleur, & le soleil la lumiere, de mes-me les Sacremens produisent assurément la grace, & sans y faillir, si celuy qui les reçoit n'y met empeschement: la raison est d'autant qu'ils sont causes efficaces de la grace. Le Concile de Trente ne nous laisse aucune occasion Sacremens causes efficaces de la grace. de douter de cette verité par l'arrest definitif qu'il en a prononcé sess. 7. can. 7. en cette forme. Si quis dixerit non dari gratiam per huiusmodi Sacramenta semper & omnibus, quantum est ex parte Dei, etiam si ea ritè suscipiant, sed aliquando & aliquibus, anathema sit. Quiconque dira que les Sacremens ne donnent pas la grace tousiours & à tous ceux qui les reçoiuent, quoy qu'ils les reçoiuent comme il faut, entant qu'il depend de Dieu, mais seulement quelquesfois & à aucuns, qu'ils soit anatheme.
Le peché mortel empesche que le Sacrement ne confere la grace.
C'est vne chose non moins asseurée, que quiconque commet vn peché mortel en receuant vn Sacrement, ne reçoit aucune grace, d'autant que le peché mortel est incompatible auec la grace : la grace est la vie, le peché la mort : la grace l'honneur, le peché l'infamie : la grace les richesses, le peché la pauureté : la grace la lumière, le peché les tenebres : la grace la force, le peché la foiblesse : la grace l'amitié, le peché la haine : la grace la santé, le peché la maladie : la grace la beauté, le peché la laideur : la grace l'estre, le peché le non estre. Accordez ces contraires, & vous accorderez la grace auec le peché. Vous joindriez plustost le ciel, auec la terre, le iour, auec la nuict : le blanc, auec le noir : que la grace auec le peché, ainsi il est impossible qu'en commettant vn peché mortel, vous puissiez receuoir la grace, ce sont choses incompatibles.
C'est vne controuerse parmy les Theologiens, si lors que vous receuez vn Sacrement validement, c'est à dire, qui est vrayement Sacrement, la matiere, la forme & l'intention, qui sont les choses necessaires & essentielles pour faire le Sacrement s'y retrouuants, & cependant vous ne receuez pas la grace, d'autant que vous auez vn peché mortel, ou quelque obstacle à laditte grace, si le peché mortel estant puis apres effacé, vous receuez la 196 grace du Sacrement, laquelle vous n'auez pas receue en la reception du Sacrement.
Aucuns sont s'aduis qu'ouy pour le regard du Baptesme tant seulement, d'autres y adjoustent la Penitence : aucuns tous les Sacremens qui impriment le charactere : aucuns tous les Sacremens indifferemment, c'est vne chose controuerse.
Quicõque reçoit vn Sacrement estant en grace reçoit augmentation de grace en vertu du Sacrement.
Voicy qui est plus asseuré, sçauoir que quiconque reçoit quelque Sacre ment n'ayant point de peché mortel en l'ame, & par consequent ayant la pre-miere grace, appellée ordinairement grace sanctifiante, grace qui nous rend agreables à Dieu, & nous fait ses enfans, reçoit vn accroissement de cette premiere grace en vertu du Sacrement qu'il reçoit, quoy qu'il n'y apporte autre dispostion, & quoy qu'il aye des pechez veniels, voire qu'il commette des pechez veniels en receuant ledit Sacrement, selon l'opinion la plus pro bable, d'autant que le peché veniel ne repugne à la grace & n'a point d'in-compatibilité auec elle comme a le peché mortel.
Les pechez veniels n'em peschent pas l'augmentation de la grace au Sacrement.
Il est necessaire qu'on foit en grace pour receuoir les aides actuels qui sont donnez par les Sacremens lors qu'on reçoit lesdits Sacremens, sauf tou tefois lors que les Sacremens qu'on reçoit, ne sont ordonnez pour la sancti-fication de celuy qui les reçoit, ains seulement pour le bien & vtilité des autres, ou pour l'vsage de quelque pouuoir & authorité spirituelle, comme sont les Ordres101 qui sont au prouffit & vsage d'autruy.
Tous les Sacremens ne conferent pas tousiours esgale grace : voire vn mesme Sacrement, receu de plusieurs, ne donne pas tousiours esgale grace à tous ceux qui le reçoiuent. La raison est d'autant qu'aucuns Sacremens sont plus dignes que d'autres, comme tous sont d'accord touchant le Sacre Tous les Sacremens ne conferent pas grace esgale. ment de l'Eucharistie, qui ne contient pas seulement la grace comme les autres, mais aussi l'autheur de la grace, & par consequent passe tous les autres en excellence. Il y a aussi aucuns Sacremens, lesquels à raison de la fin pour laquelle ils sont instituez, demandent plus grande grace que d'autres; & partant pour ces raisons il est clair que tous les Sacremens ne confe rent pas grace esgale. Voire non pas le mesme Sacrement receu de plu- Le mesme Sacrement receu de plusieurs ne confere pas tous iours gra-ce esgale. sieurs, car la raison veut que celuy qui reçoit quelque Sacrement, par exemple l'Eucharistie ou la Penitence, auec plus grande contrition ou charité, reçoive aussi plus grand degré de grace, & à proportion de sa disposition, comme il feroit s'il exerçoit vn semblable acte de contrition ou d'amour hors du Sacrement, puis que tel acte n'est de moindre valeur fait auec le Sacrement que s'il estoit fait sans iceluy : mesme il est probable, que la grace qui est donnée en vertu du Sacrement, ex opere operato, comme on parle en l'escole, c'est à dire, en consideration des merites de Iesus-Christ, est d'autant plus grande qu'est la disposition auec laquelle 197 on le reçoit : ainsi voyons nous que les causes naturelles produisent d'autant mieux leurs effects, que le subject est mieux disposé.
Il estoit conuenable que Dieu procedast de mesme train aux Sacremens, afin que les hommes fussent d'autant plus incitez à faire des bonnes & salu taires actions, & à se disposer à la reception des Sacremens, & à l'augmenta-tion de la grace qui s'y fait : d'où s'ensuit que les mariez reçoiuent d'autant plus de grace en vertu du Sacrement de mariage, que les dispositions qu'ils y apportent sont plus grandes.
Les mariez contractants en peché mortel ne reçoiuent ny l'augmentation de la grace ny les aides actuels au moins lors.
De tout ce discours il est clair que les mariez contractans le mariage, en estat de peché mortel, ne reçoiuent lors ny l'augmentation de la grace que les Sacremens donnent infailliblement, ny trouuans point d'obstacle; ny, au moins lors, les aides actuels qui correspondent au Sacrement de mariage, partant il est expedient que ceux qui se marient mettent en prattique l'exhortation du Concile de Trente sess. 24. cap. 1. de reformat. matrim. en ces parolles, Antequam contrahant, vel saltem triduo ante matrimonij consummatio nem sua peccata diligenter confiteantur, & ad sanctissimum Eucharistiæ Sacramen-tum pie accedant. Et adjouste, si quæ prouinciæ alijs, ultra prædictas, laudabilibus consuetudinibus & cæremonijs hac in re vtantur, eas omnino retineri Sancta Synodus vehementer optat. Auant que de contracter, ou au moins trois iours auant la consommation du mariage, qu'ils se confessent diligemment, & communient deuotement; que si quelques prouinces ont quelques autres louables coustumes ou ceremonies, le Concile desire fort qu'elles les retiennent.
Ceux qui se marient deuroient imiteri le bon Tobie, auant la consommation de leur mariage, & dire Deprecemur Dominum hodie & cras, filij quippe sanctorum sumus, & non possumus ita coniungi sicut gentes quæ ignorant Deum. Prions Dieu auiourd'huy & demain, car nous sommes enfans des Saincts, & n'est pas conuenable que nous commencions nostre mariage comme les Gentils, qui ne connoissent pas Dieu : qu'ils ayent recours à l'oraison, & disent nous sommes Chrestiens & enfans de Chrestiens : qu'ils disent auec le mesme Tobie cap. 8. Miserere nobis Domine, miserere nobis, & consenescamus am- On peche se mariant en estant de peché mortel. bo pariter sani. Seigneur Dieu ayez pitié de nous, faites nous misericorde, & donnez nous la grace de vieillir ensemble en santé.
Tant s'en faut qu'on reçoiue la grace ou augmentation d'icelle receuant le Sacrement de mariage en estat de peché mortel, au contraire on commet vn peché mortel & vne espece de sacrilege contre la reuerence qui est deue à ce Sacrement : & en s'opposant à la grace qu'il promet, & on fait, entant qu'il est en soy, que ce soit vn signe vain & qu'il n'opere ce qu'il signifie. Comment est-ce qu'il representera dignement l'vnion de nostre Seigneur Iesus-Christ auec son Espouse l'Eglise, si on est vny d'amitié auec le mesme Iesus-Christ ? mais si tout au contraire on luy est ennemy capital ?
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Il n'y a pas faute de Theologiens qui disent que ceux qui se marient en estant de peché mortel commettent deux pechez mortels, l'vn entant qu'ils reçoiuent le Sacrement en mauuais estat, l'autre entant qu'ils sont ministres du Sacrement en mauuais estat : tout ainsi qu'vn prestre qui dit la messe en estat de peché mortel commet deux pechez mortels, l'vn communiant indignement, l'autre faisant le Sacrement indignement. Ie suppose ce qui est tres-asseuré que les contractans en mariage sont les ministres du mesme mariage, entant que Sacrement, non le prestre qui y assiste qui n'est que tesmoin de la part de l'Eglise.
L'opinion la plus probable est qu'il n'y a pas deux pechez mortels con tractant le mariage en estat de peché mortel, c'est bien vn grand peché mor-tel entant qu'on reçoit le Sacrement idignement, & qui est encor plus grand, d'autant qu'on en est ministre entant en mauuais estant ce n'est pas toutefois vn second peché, d'autant que ceux qui contractent le mariage, ne sont pas consacrez particulierement pous estre ministres de ce Sacrement, & partant n'ont point de particuliere obligation de l'administrer en estat de grace, comme ont les prestres, qui sont consacrez pour estre ministres des autres Sacremens, & insi pechent mortellement les administrans en estant de peché mortel. D'icy appert l'obligation qu'on ceux qui se marient de procurer vne pureté de conscience auant que le faire, tant pour euiter vn nouueau peché mortel & vn sacrilege, que pour se disposer à la reception de la grace.
Filet cadre, rayé.

La seconde chose qui empesche la grace du Sacrement de mariage, qui est le manquement de consentement. CHAPITRE XVII.

Le cõsentement est necessaire au mariage.
LE mariage estant vn contract, & le consentement des parties estant vne chose necessaire à tout contract, il s'ensuit que le mariage ne peut estre mariage sans le consentement, qui doit estre mutuel, libre & franc, faict auec deliberation & raison : veritable, & non feint, & cela est si necessaire, qu'autrement non seulement on ne reçoit pas la grace du Sacrement, mais pas mesme le Sacrement, & quiconque procede aux solemnitez du Sacrement de mariage auec vn consentement feint, peche mortellement, contre la reuerence qu'il doit au Sacrement, & l'homme qui a trompé vne femme par vn consentement feint, est obligé souz 199 peine de peché mortel, tant en conscience qu'en iugement, in utroque foro, de ratifier le mariage par vn vray consentement, si les parties ne sont fort inegales, & s'il est en estat de pouuoir se marier, comme il apert, ex capite consultationis de sponsalibus.
Les contractans au mariage sont ministres du mariage
En tout contract les ministres du contract sont les contractans, & par consequent au mariage, qui est vn contract, les ministres sont ceux qui se marient, les parolles ou les signes qui expriment le consentement sont la matiere & la forme, la matiere, entant qu'ils signifient la donation mutuelle des corps : la forme, entant qu'ils contiennent l'acceptation ou le consentement. Le prestre est comme tesmoin de la part de l'Eglise, & les parolles qu'il dit, ego uos coniungo, ie vous conjoinct, ne sont pas la forme du Sacrement de mariage, mais ce n'est qu'vne ceremonie posterieure au mariage, par laquelle il confirme au nom de Dieu & de l'Eglise ce qui a esté fait comme maistre & ministre des ceremonies, approuuées par l'Eglise; & quand le prestre ne diroit ces parolles (supposé le consentement) le mariage seroit mariage & Sacrement. L'vnion des corps ne fait pas le mariage, c'est seulement l'vsage du mariage, & suppose le mariage, & quoy que cette vnion ne s'ensuiue le mariage ne laisse d'estre vray mariage, non desloratio virginitatis facit conuigium, sed pactio coniugalis, Ambros. in inst. virg. cap. 6. ce qui fait le mariage est le consentement.
Le cõsentement au mariage fait auec grande crainte rẽd le mariage nul.
Lors que le consentement est donné auec quelque grande crainte qu'on appelle, cadentum in constantem virum, capable d'esbranler vn homme fort & constant, laquelle crainte est causée par quelqu'vn iniustement & à dessein d'extorquer le consentement, le mariage est nul, & la raison est, d'autant que le mariage estant indissoluble, & de telle nature qu'ayant vne fois esté faict il ne peut estre deffait, il est bien conuenable qu'on ne se soumettre à vne telle charge, & obli gation, qu'auec liberté. Or c'est aux personnes sages & prudentes d'ex- aminer cette crainte. Si la crainte n'est pas grande ou n'est pas à des-sein de tirer le consentement, & faire le mariage, le mariage ne laisse d'estre bon. La menace de mort peut estre subject de la crainte suffisante, ou quelque grand supplice disposant à la mort, vn long emprisonnement, vn exil, des coups violents, vne seruitude, le violement de quelque pucelle honneste, la perte de quelque estat d'importance, quelque infamie qui ne se puisse aysement effacer &c. Enfin quelque grand mal : car les maux legers & de peu d'importance sont subject de la seconde crainte, qui n'est pas suffisante pour empescher le consentement & la valeur du mariage.
Quel tort font les peres & meres à leurs enfans les contraignans par 200 On ne doit contraindre ny empescher personne de se marier. menaces, coups & autres mauuais traittemens à des mariages ausquels ils n'ont nulle inclination, ou les obligeans à ne se marier le voulans faire : ce qui est cause de tant de mal-heurs, de tant de scandals, de tant d'apostasies qui se voient tous les iours. Comme on ne peut empescher les enfans de se marier s'ils le veulent faire, ny les obliger de viure dans le celibat, contre leur volonté, puis que la liberté de se marier est du droict de la nature, aussi ne peut-on les contraindre à se marier. Cause pourquoy le Concile de Trente sess. 24. de reformat. matrim. defend à toute sorte de personne de quel estat & condition qu'elle soit, de contraindre ses subjects à se marier, ou de les empescher de le faire librement, s'ils le veulent faire soit directement ou indirectement, & ce souz peine d'excommunication qu'on encoure ipso facto. Et cela se doit entendre non seulement des peres & meres pour le regard de leurs enfans, mais aussi des Roys, Princes & Seigneurs pour le re gard de leurs subjects & vassaux. Et l'experience fait voir les mauuais mes-nages, les adulteres, les homicides, les empoisonnemens qui suiuent souuent tels mariages qui ont esté forcez.
Comme les peres & meres peuuent cõmander à leurs enfans de se marier.
Ce n'est pas à dire que les peres & meres & autres superieurs ne puissent agir enuers leurs enfans & subjects, par prieres, exhortations & aduis, voire quelquesfois par precepte suiuant l'opinoin de S. Thomas 3. p. q. 47. art. 6. voicy ses parolles qui esclairciront grandement cette matiere. Cum in matri monio sit quasi quædam seruitus perpetua, pater non potest congere filium ad matri- monium per præceptum; cum sit liberæ conditionis: sed potest eum inducere ex ratio-nabili causa & tunc sicut se habet filius ad causum illam, ita se habet ad præceptum patris, vt scilicet si causa illa cogat de necessitate, vel de honestate & præceptum patris similiter cogat : alias non. Puis qu'au mariage se retrouue vne espece de seruitude perpetuelle, le pere ne peut contraindre son fils par commandement à se marier, d'autant qu'il est d'vne condition libre, mais le peut induire pour quelque iuste cause, & lors le fils est autant obligé au commandement de son pere, comme il est obligé à cette cause; que si la cause le contraint pareillement, & non autrement. Ainsi les peres & meres, les Princes & Seigneurs peuuent pousser & inciter leurs enfans à se marier pour quelque bonne cause, voire leurs commander, non toutesfois les contraindre, & si les enfans ou subjects n'y consentent le mariage est du tout nul.
Notez qu'encore que le pere ayt vn tel pouuoir sur son fils, qu'il le peut vendre estant en necessité & le priuer de sa liberté l. 2. C. de patribus qui filios suos distraxerunt, il ne s'ensuit pas toutefois qu'il le puisse contraindre à se marier, par ce que la seruitude du mariage est plus grande que celle qui est faite par la vente, celle-là estant perpetuelle, celle-cy non. Celle-là ne pouuant estre rachetée, celle-cy le pouuant estre. Outre que celle du mariage doit estre accompagnée d'amour mutuel, ainsi elle est plus 201 difficile que l'autre: & le pere pouuant priuer son fils de la premiere, ne s'ensuit pas qu'il le puisse faire de la seconde.
Point de mariage sans le cosentement des parties.
Quoy que les peres & meres des parties soient d'accord & donnent leur consentement, le mariage est nul sans le consentement des parties : & les parties donnans leur consentement auec les formes & circonstances requises de l'Eglise, encor que les peres & meres y contredisent, le mariage est bon. Les parens de Rebecca estant d'accord auec le surintendant de la maison d'Abraham, enuoyé de son maistre auec procuration authentique, pour trouuer femme à Isaac, dirent Vocemus puellam, & inquiramus eius voluntatem, appellons la fille, reconnoissons sa volonté, Genes. 24. Et comment y pourroit-il auoir mariage sans le consentement des parties ? puis que ce sont les parties qui prononcent la forme du mariage, ie vous prens ma femme, ie vous prens pour mon mary : paroles qui ne seroient pas veritables sans le consentement de ceux qui les prononcent.
L'escriture saincte fait mention de plusieurs mariages faicts sans le cõsentement des peres & meres, qui n'ont pas laissé de subsister comme d'Esau qui prit deux femmes, ce qui lors estoit permis, contre le gré d'Isaac & de Rebecca ses peres & meres, Gen. 26. & puis vne troisieme, Gen. 28. Iacob suiuit bien le conseil de pere & mere pour le regard de la premiere femme qu'il prit, non toutefois pour le regard de deux autres, Gen 29. & 30. Le ieune Tobie, voir mesme par le conseil & direction d'vn Ange, qui ne luy pou uoit rien conseiller de mauuais, se maria à l'insceu de pere & mere, & con-sequemment sans leur consentement : & ces mariages ne sont pas pour cela reuoquez en doute.
C'est vn arrest definitif & sans appel cap. cum virum de regularibusClement 3. parle ainsi en faueur d'vne fille à marier. Tunc quia liberum Le mariage est vallable sans le cõsentement des parens. habet arbitrium in electione propositi, parentum se qui non cogitur voluntatem. D'autant quelle a son franc arbitre au choix de l'estant qu'elle doit prendre, elle n'est pas obligée de se conformer à la volonté de ses peres & meres. Cest arrest est confirmé par le Concile de Trente sess. 24. c. 1. de reformat matrimonij. Et n'est loisible de dire le contraire sous peine d'excommunication.
Il est bien vray que l'enfant doit l'obeissance & le respect à ses pere & mere, toutefois lors qu'il a l'vsage de son franc-arbitre, il a autant de droict & de liberté que pere & mere au choix de l'estat & condition de vie qu'il veut prendre, & contractant sans le consentement de pere & mere, le reste y estant, il n'y a aucune raison de reuoquer en doubte son mariage, le tout In Christo & in Ecclesia, entendu conformement à l'institution de Iesus-Christ & de l'Eglise.
Ie ne pretens pas par ce discours d'excuser les enfans qui se marient à l'in 202 Les enfãs qui se marient sans le cõsentement de pere & mere pechent s'ils n'ont iuste cause, le mariage est toutefois vallable. sceu de pere & mere & contre leur gré, ie les condamne & declare que lors qu'ils le font sans bonne & iuste cause, ils pechent mortellement, le mariage neantmoins ne laisse de subsister. Il est vray que les enfans ont liberté de prendre vn estat de vie, mais aussi la raison veut que lors qu'ils se marient, ce ne soit à l'insceu de leur pere & mere, autrement ce seroit vn mespris & par consequent peché : Les parens sont d'ordinaire plus prudents que les enfans, & prenant leur aduis, la chose reussit mieux, & les enfans ne doiuent pas douter que leurs peres & meres ne soient assez soigneux de procurer leur plus grand bien, puis que naturellement ils les aiment & puisqu'ils sont obligez de pouruoir leurs enfans, & de les conseiller, aussi semble-t-il que les enfans se doiuent laisser gouuerner de pere & mere, & suiure leur conseil & direction.
O le bel exemple que l'obeissant Isaac donne aux ieunes hommes! il estoit en agge competant, toutesfois il porte vn tel respect à son pere, a vne telle confiance à sa prudence & bonté, qu'il ne se soucie nullement de son mariage, Obeissance d'Isaac en son mariage. s'en remettant du tout à ce que son pere en ordonneroit : son pere ne voulut pas qu'il prit femme au lieu où il estoit, ains qu'on luy en cherchast vne ailleurs, il en est content & sans aucune replique : il estoit ieune, toutefois aima mieux suiure le conseil de son pere en ses amours, que celuy de ses yeux : il pouuoit luy mesme aller en Mesopotamie, mais voyant que ce n'estoit l'intention de son pere, il n'y opposa aucun contredict, se confiant au maistre d'hostel que son pere auoit commis en cette affaire de si grande importance, estant bien asseuré que tandis qu'il se comporteroit en enfant obeissant, & se maintiendroit dans le respect, son pere ne luy manqueroit ny de soin, ny de bonté, ny Dieu de prouidence.
Obeissance de Rebecca en son mariage.
En voicy vn autre pour les filles, c'est de Rebecca femme du mesme Isaac, elle laisse faire pere & mere, & ses freres, leurs laisse tout le soin de son mariage, aussi Dieu conduit le tout à sa gloire, & au contentement des parties.
C'est au pere de soigner le mariage de ses enfans.
Ne laissons pas les peres sans leur exemple, qui sera Abraham, lequel aussi tost qu'il fut temps, pensa serieusement aux moyens de pouruoir son fils, & ne pouuant luy mesme en personne aller en Mesopotamie pour luy chercher femme, ne pouuant l'y enuoyer pour bonnes raisons, commit en cest affaire celuy qu'il connoissoit le plus sage, le plus prudent, & le plus vertueux de toute sa maison nommé Eliezer surintendant de sa famille, homme aagé, & qu'il pretendoit faire son heritier s'il n'eut point eu d'enfans : il fit l'office d'vn vray pere, auquel appartient de songer au mariage de ses enfans, c'est au pere & non aux enfans que Dieu en donne le commandement, Exod. 34. Deut. 7. Filiam tuam non dabis filio eius, nec filiam illius accipies filio tuo, id est, Chananei: tu ne donneras pas ta fille à aucun Chananean, & ne prendras aucune fille des Chanaeans pour ton fils.
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Or il faut remarquer les paroles que i'ay dit, sans bonne & iuste cause, car auec bonne & iuste cause les enfans peuuent se marier, non seulement Les enfans peuuent se marier à l'insceu de leurs parens, & contre leur gré pour iuste cause. à l'inseu des parens, mais mesme contre leur gré & consentement, & les pe res & meres qui empechent sans iuste cause le mariage de leurs enfans of- fensent grieuement Dieu. Il y a des peres & meres qui semblent n'estre pe-res que de nom, que vous diriez n'estre nez que pour eux mesmes, qui n'ont nulle affection pour leurs enfans; qui ne songent non plus à les pouruoir comme s'ils ne leurs touchoient de rien; & souuent la raison est qu'ils sont si tenans de ce qu'ils ont, qu'ils ne voudroient rien quitter pour accommoder leurs enfans, ainsi les laissent vieillir, sans se soucier ny de leurs ames, ny de leur fortune. Lors que les enfans rencontrent tels peres, ils peuuent se marier à leur insceu; comme aussi quand les peres & meres veulent que leurs enfans se mes-allient pour estre plus riches : ou qu'ils espousent vne fille qui n'a point de santé, point de prudence, ou tel naturel que le ieune homme ne croit pas pouuoir faire son salut auec elle : ou quand le pere traitte mal ses enfans.
Le meilleur & le plus asseuré est que les enfans rendent ce respect à leurs peres & meres, qu'ils leurs faſſent entendre leur volonté, & prennent leur Les enfãs doiuent prendre aduis de pere & mere pour se marier. conseil, autrement il semble que c'est vn notable mespris qu'ils font des personnes auxquelles ils ont tant d'obligation & s'exposent par tel mespris au hazard d'encourir leur inimitié : ie ne veux pas inferer pourtant que les enfans soient obligez de suiure le conseil de pere & mere en fait de mariage, d'autant que la seruitude du mariage estant si grande & estant personnelle, la raison veut que quiconque s'y soubmet le face de son plein gré sans aucune contrainte, & sans dependance de la volonté d'autruy : tous les hommes estant libres en ce qui est de se marier ou non, sans qu'aucun depende d'autruy, non pas mesme l'enfant du pere.
Donc vn grand empechement à la grace du sacrement de mariage est, ou le consentement feinct, ou contraint, ou aussi quelquesfois le mespris que l'on fait des peres & meres & de leurs aduis, entreprennant vne affaire de telle importance sans leur communiquer, principalement lors qu'ils font tout deuoir de pere, qu'ils sont gens de bien, & qu'on ne peut douter de leur prudence n'y de leur affection enuers leurs enfans, & ny a nul doute que les enfans ne pechent grandement ne faisans estat de ces obligatiõs qu'ils ont à pere & mere, & nous voyons ordinairement que les mariages qui se font auec semblables mespris, sont suiuis de mal heurs & de longs repentirs.
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Filet cadre, rayé. La troisiesme chose qui empesche la grace du mariage sçauoir quand il est clandestin. CHAPITRE XVIII.

Que c'est que mariage clãdestin.
AVcuns appelle mariage clandestin celuy qui se fait sans le sçeu des peres & meres, ou contre leur gré : ce n'est pas proprement mariage landestin : d'autres plus proprement celuy qui se fait sans tesmoins : d'autres, celuy qui se fait sans les trois publications : & enfin celuy qui se fait sans la benedicion du prestre. I'ay parlé du premier au chapitre precedent, ie parleray des trois autres au present.
Les mariages qui se sont sans tesmoins sont proprement clandestins & ont tousiours esté defendus, & partant ordinairement ne se peuuent faire sans peché mortel : toutefois auant le Concile de Trente, ils n'ont esté inualides & ne le sont encore au lieu où le Concile n'est receu.
Pourquoi les mariages clandestins defendus.
On a iuste occasion de defendre tels mariages, d'autant que souuent vne des parties y est prise & trompée, & comme la chose arriue quasi tousiours auec precipitation & sans meure deliberation, aussi est belle bientost suiuie de repentir : on se quitte l'vn l'autre : on se marie à d'autres, auec lesquels on vit en perpetuel adultere : on irrite les parens de part & d'autre, d'où souuent s'ensuiuent des grands maux & incommoditez : outre que c'est chose vilaine de faire en cachette vne chose si saincte & si honorable comme est le Sacrement de mariage, toutefois tels mariages estoient valides auant le Concile de Trente, & le sont encore où il n'est promulgé & receu, d'autant que rien n'y manque estant vn vray contract.
Mariages clandestins inualides.
Depuis le Concile Trente aux lieux où il est promulgé & receu tels mariages qui se font sans presence du Curez ou d'vn prestre ayant permission de luy & de deux tesmoins ne sont pas seulement condamnez, mais aussi punissables & nuls. Toute cette doctrine est manifeste des paroles du Concile sess. 24 c. I de reform. matrim. & ne fussit d'auoir vn prestre qui ait permission sans deux tesmoins : ny d'auoir deux ou plusieurs tesmoins sans vn prestre ayant permission : que si les contractans sont de diuerses paroisses, suffit que le Curé de l'vn ou l'autre soit present, ou vn prestre deputé de sa part, soit que cela se sasse de la volonté & consentement dudit Curé, ou prestre, & des tesmoins, ou non, c'est assez qu'ils soient tesmoins, & qu'ils connoissent ce qui se fait pour estre vn vray & indissoluble mariage, & voila pour le mariage qui se fait sans tesmoins.
205 Les promulgations ne sont pas de la necessité du mariage.
Ce n'est pas chose absolument necessaire pour l'essence du mariage de faire trois publications, & auant le Concile de Trente, & depuis les mariages faits sans les publications, ont esté vaillables, supposé que le reste n'y ait manqué, toutefois on ne les doit obmettre sans iuste cause, soubs peine de peché mortel. Telle est la definition du Concile, sess. 24. I. de reform. matr. & cela est prudemment ordonné pour obuier à beaucoup d'accidens qui pourroient rendre nul le contract de mariage & à beaucoup d'inconueniens qui arriuent faute de telles promulgations : neantmoins elles se peuuent obmettre, ou toutes, ou partie par dispense de l'Euesque, lors qu'il y a quelque bonne raison de ce faire.
La benediction au mariage est ancienne.
Reste la derniere intelligence de mariage clandestin, sçauoir qui se fait sans le benediction du Prestre. C'est vne ancienne coustume pratiquée en l'eglise, de benir les nouueaux mariez, les anciens Peres, comme Tertullian lib. 2. ad vxorem. S. Isadore l. 2 de officiis ca. 19. S. Ambroise epist. 70. ad. vigilium, & l. 1. de Abraham c. vltimo102. Innocent 1. epist. 2. c. 6. Siritius papa epist. 1. c. Par qui la benediction au mariage se doit faire. 4. en ont fait mention. Le Concile de Constance l'a approuuée, & enfin le Concile de Trente sess. 24. c.1. de reform. matrim. en parle ainsi, Sancta Synodus hortatur, vt coniuges ante benedictionem sacerdot alem in templo suscipiendam, in eadem domo non cohabitent : statuitque benedictionem à proprio parocho fieri, neque à quoquam nisi ab ipso parecho, vel ab ordinario, licentiam ad predictam benedictionem faciendam, alij sacerdoti concedi posse, quacumque consuetudine etiam immemorabili, quæ potius corruptela dicenda est, vel priuilegio non obstante. Le S. Concile exhorte, que les mariez ne demeurent en mesme maison auant qu'auoir receu la benediction sacerdotale en l'Eglise, & ordonné qu'elle se donne par le propre Curé & que la permission ne s'en peut donner à vn autre prestre par autre que par le Curé, ou par l'ordinaire, nonobstant tout priuilege ou coustume, voire immemoriale, qui se doit plustost appeller abus.
La dignité du Sacrement merite bien telles benedictions, afin que le tout se passe auec plus reuerence : & cette raison deuroit suffire pour en faire estat & ne les obmettre, toutefois i'en mettray icy quelques autres dignes de consideration.
Cause de la benadiction qui se dõne au mariage. La benediction sert pour moderer la sensualité.
On sçait assez que le mariage est ordonné à des actes qui sont fort animaux pour ne dire brutaux : qui sont grandement conformes à l'appetit sensuel, & charnel, mesme souuent au grand preiudice de la raison, & partant est besoin de recourir aux benedictions Ecclesiastiques pour moderer & regler la sensualité, & pour resister aux efforts du puant diable d'Asmodée : imitant en cela le pieux & prudent Eliezer, lequel creut ne pouuoir mieux commencer le mariage de son petit maistre, qu'en demandant à Dieu qu'il luy pleut le fauoriser & conduire son dessein, & celuy de son maistre Abraham. Les mariez doiuent commencer leur mariage, demandans la grace 206 de Dieu par l'entremise des benedictions Sacerdotales.
La benediction sert pour empescher les efforts de Satan.
2. Ce que disoit l'Ange Raphael au ieune Tobie, est assez connu, sçauoit que le diable a pouuoir sur ceux qui entreprennent le mariage seulement pour satisfaire à leur sensualité, ce fut pour ce subiect qu'il estouffa les sept premiers marys de Sara, mariée depuis au ieune Tobie. Ah qu'il est aysé que la sensualité s'emporte dans l'impétuosité de ses plaisirs ! principalement poussée du souffle de Satan, si elle n'est retenue par la grace & assistance de Dieu qui est communiquée par la benediction Ecclesiastique. Il me semble entendre Dieu qui dit à cet infame Asmodée, ne dissipes, Isaie 65. donne-toy garde de toucher à ce mariage, ne le trouble point, n'y seme point de zizanie, point d'inimitié, point de jalousie, qui a benedictio est, d'autant que i'y ay mis ma benediction.
La benediction sert cõtre les malefices.
3. Non seulement le diable fait la guerre aux nouueaux mariez par soy, & immediatement les poussans au desordre & à des excez, à cause de l'apprehension qu'il a qu'ils ne mettent au monde des enfans de benediction, en la crainte de Dieu, & qui luy soient bons seruiteurs, & enfin remplissent le ciel; mais se sert aussi de ses ministres, qui sont les sorciers, magiciens, enchanteurs, qui par leurs charmes, nœuds, sortileges, ligatures, causent tant de malheurs aux mariages, or ces charmes & inuentions diaboliques, sont souuent empeschez ou dissouts par la benediction des prestres, comme ces maudits instrumens du diable ont confessé. Notez que le diable en veut principalement à ces ieunes plantes pour empeschez leur fruict, soit par soy, soit par ses ministres. Lors que les enfans de Zambri dansoient & se resiouyssoient aux nopces, leur ennemis suruindrent, les tuerent, & changerent les nopces en funerailles. Lors que tout est en ioye aux nopces, le diable tache de troubler la feste, & conuertir la benediction en malediction, partant faut se preualoir de la benediction Ecclesiastique contre ses desseins, & ceux de ses supposts. Si on benit les viandes qu'on mange pour en chasser toute malediction, & pour ruiner les entreprises du diable, qui par tout cherche moyen de nuire à l'homme, on a bien subiect de benir les nouueaux mariez, contre lesquels cet ennemy iuré de nostre nature, n'espargne rien pour rendre leur mariage infortuné.
Benedictiõ cause de fecondité.
4. Ceste benediction est fort ancienne, & Dieu l'a donné luy mesme au paradis terrestre, auant qu'il y eut des prestres, & en vertu d'icelle, il a donné la fecondité à nos premiers parens : & partant ceux qui pretendent tirer quelque fruict de leur mariage, ne la doiuent obmettre, aucuns s'estonnent de ceste grande multiplication que firent les enfans d'Israel en Egypte, lesquels de septante tant seulement, l'espace de deux cens quinze ans qu'ils furent en Egypte, accrurent tellement, qu'outre les femmes & les petits enfans, ils sortirent six cent mille hommes : mais voicy la raison qu'en apporte S. Aug. 207 18. de Ciuitate c. 7 creuerunt Hebræi diuintus fæcundata eorum multiplicatione. Cette multiplication fut vn effect de la benedtion diuine. Toute ainsi que la multiplication des pains au desert fut vn effect de la benediction de nostre Seigneur, de mesme ordinairement la multiplication & fecondité du mariage est vn effect de la benediction Ecclesiastique. Benedixit eis & multiplicati sunt, Psalm. 106. Dieu a beni Noé & cette benediction a esté si efficace que de trois fils qu'il auoit, il a peuplé tout le monde. Voyez les ceremonies que garde Raguel au mariage de Tobie son gendre, & de Sara sa fille, Tobie. 7. Apprehendens dexteram filiæ suæ, dexteræ Tobie tradidit dicens: Deus Abraham, & Deus Isaac, & Deus Iacob vobiscum sit, & ipse coniungat vos, impleatique benedictionem suam in vobis. Il prit la main droicte de sa fille, la mit dans la main droicte de Tobie, & dit, que Dieu soit auec vous, vous conioigne & acomplisse sa benediction en vous. Il y a beaucoup de semblables exemples qui ne figurent autre chose que la benediction abondante que Dieu reseruoit aux mariez, au nouueau testament, & qu'il leurs donne par l'entremise des prestres.
La benediction du mariage establit les maisons.
5. Il est tres-veritable, que benedictio patrem firmat domos filiorum. Eccli.3. Que la benediction des peres charnels establit la maison des enfans : nous pouuons croire que la benediction des prestres qui sont les peres spirituels, qui sont les ministres de Dieu ordonnez specialement pour nous donner par eux ses benedictions, n'establit pas moins la maison de ceux qui la reçoiuent. Voicy des belles paroles que Dieu enseigna à Moyse & à Aaron Num. 6. sic benedicetis Israel, & dicetis eis benedicat tibi Dominus & custodiat te. Conuertat Dominus vultum suum ad te, & det tibi pacem. Inuocabuntque nomen meum super filios Israel, & ego benedicam eis. Voicy la forme auec laquelle vous benirez Israel & luy direz que Dieu te benisse & te garde, que Dieu te monstre sa face & ayt pitié de toy : que Dieu tourne ses yeux vers toy & te donne la paix. Ils inuoqueront mon nom sur les enfans d'Israel, & ie les beniray. Combien d'ef fects signalez de la bonté & misericordre de Dieu en ces paroles ? sa benedi-ction, sa garde & protection, son amour & faueur, sa misericorde : le regard de ses yeux : la paix.
Si Dieu donnoit tous ces biens & graces en faueur de la benediction de Moyse & d'Aaron, sera-il moins liberal en faueur de nos prestres ? ordonnez de Dieu à cét effect, & ministres de l'Eglise à laquelle il a promis son assistance : en consideration d'vn Sacrement auquel il fait profession d'annexer ses graces & benedictions ? permettera-il que ces benedictions & oraisons qu'il a enseigné & suggeré à l'eglise son espouse, pour le bien de ses enfans, qui luy sont communs auec la mesme Eglise, soient sans efficace ? cela repugne à sa bonté & à ses promesses & deroge aux merites infinis de Iesus-Christ sur lesquels ces benedictions sont fondées & desquels elles tirent leur efficace. Remarquez ces paroles, conuertat Dominus vultum suum ad te & det tibi pacem, 208 que Dieu tourne sa face vers toy & te donne sa paix. C'est vn effect de la benediction de Dieu, qui tourne sa face vers ceux qu'il benit & leurs donne la paix. Qui ne desire d'estre regardez d'vn œil fauorable de ceste infinie maiesté ? qui ne desire de iouir de la paix en son mariage ? sans laquelle il n'y peut auoir aucun contenement. Or c'est la benediction de Dieu qui la donne, Dominus benedicet populo suo in pace. Ps. 24.
6. L'empereur Vespasian auoit fait battre vne monnoye, où il y auoit deux mains qui se tenoient mutuellement, & de ces deux mains sortoit vne gerbe de blez. Ces deux mains signifient la concorde & la paix des mariez, que le grand Dieu de benediction leurs donne en vertu de la benediction sacerdo tale, comme ie viens de dire; mais de ces deux mains, de ceste paix & concor-de naist vn autre bien signifié par la gerbe de blez, sçauoir, abundantia pacis, l'abondance & prosperité temporelle, effect de la mesme benediction. Salomon authorise cette doctrine, Prouerb. 10. Benedictio Domini diuites facit. La benediction du Seigneur fait deuenir riches. Si la benediction des anciens Patriarches deliuroit les enfans de la seruitude, leurs donnoit la fecondité : causoit vn abondance de tous biens & partant estoient si soigneux de la demãder, nous ne deuons pas moins attendre de celles des peres spitiruels qui sont les prestres. La benediction de Noé establit la maison de Sem, & de Ia phet & sa malediction apporta la ruine à celle de Cham. Aussi la benediction de l'eglise donnée par les prestres aux nouueaux mariez establit leur maison, & ceux qui la mesprisent sont souuent maudit, noluit benedictionem & elongabitur ab eo, Psal. 108. Il a mesprisé la benediction, & elle s'esloignera de luy. Au contraire, qui seminant in benedictionibus de benedictionibus & metent, ceux qui reçoiuent la benediction cueilleront les fruicts de benediction 2 Corinth. 9.
Quel tort se font les mariez mesprisans la benediction nuptiale, & se priuans de ces grands biens que ie viens de rapporter ? lors qu'on commence vn bastiment on benit la premiere pierre, & n'est-ce pas bien la raison qu'on benisse les mariez qui sont comme pierres viues du bastiment ſpirituel qui est l'Eglise ? à laquelle ils sont vnis par foy & charité, & par le moyen de ces benedictions Sacramentales : & afin qu'en vertu de cette benediction ils soient comme temple du S. Esprit luy estans comme dediez & consacrez en suite des benedictions sacerdotales. C'est en vertu de la mesme benediction que Dieu leurs donne souuent des enfans de benediction, & assistent les me res en leurs couches pour leurs donner des enfantemens de benediction, en-fin fait que leur mariage est comme vn petit paradis suiuant ce que dit le Sage Eccli. 40. Gratia sicut par adisus in benedictionibus.
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Filet cadre, rayé.

Des empeschemens qui rendent le mariage illicite, non toutefois nul. CHAPITRE XIX.

IL ne faut se persuader que le consentement des parties suffise pour faire vn mariage, il peut arriuer que le consentement soit libre, plein, & entier, voire confirmé par serment, que toutefois le mariage sera entierement & absolument nul.
Empeschemens qui rendent le mariage illicite, nõ toutefois nul.
La Theologie enseigne qu'il y a deux sortes d'empeschemens au mariage, les vnes ne destruisent pas le mariage quand il est fait, d'autant qu'ils ne repugnent pas à son integrité & substance, ains sont cause seulement qu'on peche en le faisant auec ces empeschemens : les autres rompent entierement le mariage, ou plustot font qu'il est tout nul, pour autant qu'ils sont contre sa substance & essence.
Les empeschemens qui font que le mariage est illicite qui toutefois n'empeschent pas qu'il ne soit vray, sont six compris en ces vers
Ecclesiæ vetitum, nec non tempus feriatum.
Atque catechismus, crimen, sponsalia, votum
Impediunt fieri, permittunt iuncta teneri.
Ie m'en vay les expliquer tous en particulier. Le premier est, Ecclesiæ vetitum, la defense de l'Eglise, qui n'est autre chose que la defense de l'Euesque, du iuge ou du pasteur, lors que pour iuste cause, ils defendent qu'on ne contracte iusques à ce qu'on soit asseuré qu'il n'y a nul empeschement : & contracter nonobstant telle defense est peché mortel ou veniel, eu esgard aux circonstances du fait, & aux causes de la defense, Sanchez lib. 7. disp. 17. num. I.
Le second est, tempus feriatum, le temps qui est depuis l'Aduent iusques à l'Epiphanie inclusiuement : quoy que ce soit vne opinion fort probable que ce n'est pas peché mortel de se marier en ce temps-là, moyennant que cela se faſſe sans scandal, sans bruit & solemnité, modestement, & auec vn honneste & modeste banquet, Sanchez disp. 7. n. 18.
Le troisiesme est Catechismus, l'affinité spirituelle, que l'on contracte auec celuy ou celle, pour qui on respond aux interrogats du Catechisme, 210 lors qu'on le baptise, soit qu'il soit en aage de raison ou non, or il est plus probable que cét empeschement est abrogé par le Concile de Trente, de sorte que si l'on baptise vn enfant en la maison sans parain & maraine, & que puis apres on le porte à l'Eglise pour faire les ceremonies, ceux qui respondent aux interrogats en l'Eglise, & sont comme parains & maraines, ne contractent aucune affinité.
Le quatriesme, Crimen. Crime. On en rapporte ordinairement sept, le premier d'auoir commis vn inceste auec la parente de sa femme au second degré pendant la vie de sa femme. Le second d'auoir tué sa femme. 3. le rapt de la fiancée d'vn autre. 4. estre parain de son propre fils à intention de priuer sa femme de son droict de mariage. 5. estre dans l'exercice d'vne penitence solomnelle. 6. estre conuaincu en iugement d'auoir tué vn prestre. 7. contracter auec vne qu'on sçait estre religieuse.
Le cinquiesme empeschement est d'auoir fait des fiançailles auec vn autre validement & puis se marier au preiudice du premier, auant qu'auoir le- gitimement diſſouſ les premieres fiançailles.
Vne fille se mariant contre la foy qu'elle auoit donnée à vn autre est emportée du Diable.
Ie rapporteray vne histoire effroyable à ce propos tirée de Delrio disquis. magic.103. lib. 3. p. 1. q. 7. s. 1. En Saxe vne ieune fille riche s'estant amourachée d'vn fort beau ieune homme, mais pas fort riche, luy donna la foy de mariage. Le ieune homme se doutant aucunement de ce qui arriueroit, & que sa pauureté joincte à la legereté de semblables muguettes pourroient donner occasion à cette fille de changer de volonté, & faire contre la pa role qu'elle luy auoit donnée, luy dit Madamoiselle ie n'ose prendre asseu-rance sur vos promesses, i'ay peur que vous ne logiez vos affections ailleurs. Moy! dit-elle, changer de volonté pour vous. Ie suis contente, & ie le dis de tres-bon cœur, qu'au cas que ie me marie à autre qu'à vous que le Diable m'emporte le premier iour de mes nopces. Quelques iours apres arriua ce dont le ieune homme s'estoit douté, elle donna son affection à vn autre : le premier l'aduertit plusieurs sois de prendre garde à ce qu'elle faisoit & de se souuenir des horribles imprecations qu'elle auoit faites. Elle ne fit aucun estat de ces aduertissemens, & se maria auec le second faisant vn grand mespris du premier, le iour des nopces les parens & amis se resiouyssoient fort contents, il n'y auoit que l'espouse qui estoit toute triste, la conscience la bourrellant104, pendant le disner arriuerent deux Diables en forme de caualiers, on les pria vouloir honorer le banquet nuptial de leur preference, ce qu'ils firent volontiers, prenans place & entrenans la compagnie fort gaillardement : apres disner il fut question de danser, & par honneur on defera la premiere danse au plus apparent105 de ces deux caualiers, comme estant estranger : il dansa deux fois auec l'espouse, & puis l'enleua en l'air à la veuë de tous les parens & amis, non sans grand deuil & gemissement de tous, qui 211 estoient forte esmeus d'vn accident si funeste. Le lendemain les parens & amis tout abbatus de tristesse faisoient tout deuoir de chercher le corps pour l'enseuelir, croyans qu'il seroit retombé d'enhaut. Lors que les deux caualiers parurent, rapportans les habits & les ioyaux, & dirent, nous n'auons point de pouuoir sur cela, mais seulement sur l'espouse : ainsi elle fut emportée en corps & ame suiuant son imprecation, pour auoir faulsé la foy à son premier espoux.
Le sixiesme, votem, le vœu, ce qui s'entend du vœu simple de chasteté, sauf toutefois nostre Compagnie, où le vœu simple de chasteté fait apres deux ans de nouitiat, rend le mariage entierement nul par la Bulle de Gregoire 13.106 d'heureuse memoire Ascendente107, l'an 1584. Si on n'est auparauant dispensé des vœux. Nous parlerons du vœu solemnel au Chapitre suiuant.
En ces empeschemens faut auoir esgard à la coustume, laquelle en certains lieux est contraire, & par consequent oste l'obligation de procurer la dispense des empeschemens ausquels elle est contraire.
Filet cadre, rayé.

Des empeschemens qui rendent le mariage nul. CHAPITRE XX.

AVant le Concile de Trente il y auoit douze empeschemens qui rendoient le mariage nul, ausquels le Concile a adjousté deux, & tous sont compris aux vers suiuans, les douze qui estoient auant le Concile aux tois premiers, les deux qui ont esté adjoustez au quatriesme vers & au cinquiesme :
Error, conditio, votum, cognatio, crimen,
Cultus disparitas, vis, ordo, ligamen, honestas,
Si sis affinis, si forte coire nequibis,
Si parochi, & duplicis desit præsentia testis,
Raptaue sit mulier, nec parti reddita tute
Hæc socianda vetant connubia, facta retractant.
Ie les expliqueray tous en particulier apres vne briesue obseruation pour plus grand esclaircissement du tout.
Au mariage on peut considerer le contract ; ou les personnes qui con Empeschemens qui rendent tractent: aucuns empeschemens font que le contract est nul, comme error, 212 le mariage nul, & leur explication. conditio, vis, l'erreur, la condition, la force, par ce qu'ils derogent à la liberté du contract, ou à sa solemnité, comme quand on contracte sans la presence du Curez & de deux tesmoins: les autres empeschemens font que les person nes qui contractent sont incapables de le faire, & quelquefois cette incapa-cité est absolue & generale, comme vocum, ordo, ligamen, impotentia: l'ordre, le vœu, le lien, l'impuissance, qui font que quiconque a ces empeschemens ne peut contracter auec qui que ce soit : autrefois elle n'est absolue, mais seulement pour le regard de quelque particulier, auec qui on ne peut contracter, comme cognatio, crimen, cuitus disparitas, honestas, affinitas, raptus, frigiditas seu impotentia ex parte. La cognation, le crime, la diuersité de reli gion, l'honnesteté, l'affinité, le rapt, l'impuissance qui n'est pas entiere. Les-quels empeschemens ne rendent pas absolument incapable de mariage, la personne en laquelle ils se retrouuent, ains seulement la rendent incapable de se marier auec aucunes personnes, & non auec d'autres. Venons à l'explication de ces empeschemens.
Comme l'erreur empesche la validité du mariage.
Le premier empeschement qui rend le mariage nul est, error, l'erreur, pour autant que l'erreur empesche le consentement. L'erreur peut estre touchant la personne auec laquelle on contracte, par exemple, quelqu'vn croit contracter auec Marie, & c'est Anne, son intention est de contracter auec Marie, le contract auec Anne est nul, si ce n'est que se prenant garde de l'erreur, il consente au mariage auec Anne, comme fit le Patriarche Iacob auec Lia s'estant apperceu qu'elle estoit supposée au lieu de Rachel. L'erreur peut aussi estre touchant la qualité de la personne, par exemple, quelqu'vn pense contracter auec vne riche, & elle est pauure, auec vne qui soit pucelle, & elle ne l'est pas; lors le mariage ne laisse de subsister, si ce n'est que telle condition ayt esté exprimée au contract, ou qu'elle se rapporte à la personne comme seroit, si quelqu'vne croyant contracter auec le premier né d'vn Roy, elle contracte auec le puisné qui luy fait accroire qu'il est le premier né lors le mariage est nul, car l'erreur est touchant la personne proprement, & non touchant la qualité.
Que c'est que l'empeschement de condition.
Le second est, conditio, qu'aucuns expliquent de la condition de la personne, par exemple, quelqu'vn contracté auec vn esclaue & serf, pensant contracter auec vne personne de condition libre, lors le contract est nul, si ce n'est que celuy qui contracte soit aussi serf, ou bien qu'estant libre & se prenant garde de l'erreur il consente au mariage, ou aye affaire auec celle auec laquelle il auoit contracté. D'autres expliquent ce mot conditio, de quelque condition qu'on met en contractant laquelle deroge à la substance du contract, comme seroit si les contractans disoient, ie contracte auec vous à condition que vous gaignerez vostre vie par adultere: que nous ne viuront pas ensemble : que vous ne me rendez pas le deuoir de 213 mariage, ou que ie ne le vous rendray pas : que vous empescherez la conception, que nous n'esleuerons pas nos enfans, telles conditions rendent le contract nul, quand elles precedent le contract ou l'accompagnent, mais non pas quand elles se font apres que le contract est desia fait.
Le 3. est, votum, le vœu, ce qui s'entend ou du vœu qui se fait en prenant Comme le vœu empesche le mariage. quelque ordre sacré, qui rend vne personne inhabile au mariage : si ce n'est qu'on ayt receu tel ordre ou par crainte, ou contre sa volonté, ou n'ayant l'vsage de discretion, ou comme aucuns pensent probablement n'ayant l'aage de puberté. Ou cela s'entend du vœu solemnel fait en vne religion approuuée qui rend le mariage nul, d'autant que par vn tel vœu on dedie & consacre sa personne & son corps à Dieu, & ce publiquement, ainsi la raison veut que ce vœu soit accompagné de perseuerance, autrement il y auroit du scandal. Celuy qui se marie qpres auoir fait vn vœu simple de chasteté peche mortellement, toutefois le mariage est vray mariage, il ne peut neantmoins demander le deuoir de mariage à cause de son vœu, le peut rendre lors qu'il en est requis.
Les ordres pris pendant le mariage ne le rompent pas, ny la profession en religion.
Que s'il arriuoit que le mary apres auoir consommé le mariage, vient à fai re profession en quelque religion, ou à receuoir quelque ordre sacré, sa pro-fession seroit nulle, & ne pourroit exercer ses ordres quoy qu'il les auroit veritablement receu : & seroit obligé de retourner aupres de sa femme, si d'ailleurs il n'auoit point de cause iuste de s'en separer, & deuroit luy rendre le deu de mariage quoy qu'il ne pourroit pas le demander, & sa femme estant morte il ne pourroit se remarier.
Voire si le mary entre en religion & y fait profession, mesme auec le con sentement de sa femme, mais encor ieune, & sans le consentement de l'Eues- que, si puis apres sa femme le repete, ne voulant se passer de luy, & elle ne vou-lant entrer en religion, l'Euesque le peut contraindre de retourner aupres de sa femme. I'ay dit apres auoir consommé le mariage, car le vœu solemnel de religion fait apres le mariage conracté & non consommé, dissout le mariage.
Trois sortes de cognation.
Le 4. est, cognatio, cognation, & y en a de trois sortes, l'vne naturelle qui s'appelle aussi consanguinité, laquelle procede du sang & de la generation charnelle : l'autre spirituelle qui prouient d'vn principe spirituel; & la troisiesme legale, qui vient des loix & ordonnances ciuiles.
Cognatiõ naturelle.
La cognation naturelle est la communication du mesme sang; ou vn lien entre des personnes qui viennent de la generation charnelle & participent au mesme sang par voye de generation. Ce qui se fait premierement par ligne droitte qui va de pere en fils & par generation de l'vn à l'autre, comme de l'ayeul au pere, de pere au fils, du fils au petit fils, & ainsi en suite de l'vn à l'autre, l'vn procedant mediatement, ou immediatement de l'autre.
214 Ligne descendante.
Elle s'appelle descendante, quand elle procede de celuy qui est la souche ou le tronc, & va à ses descendans comme du grand pere elle descend au pere, du pere elle descend au fils, du fils au petit fils, & c. elle s'appelle ascen Ligne ascendante. dante quand elle remonte à la souche, comme du petit fils au fils, du fils au pere, du pere au grand pere ou ayeul, &c. Secondement cela se fait par ligne oblique, qui est lors qu'on ne procede pas l'vn de l'autre, & qu'on vient Ligne oblique. toutefois d'vn mesme principe, comme les freres ne sont pas engendrez l'vn de l'autre, ny les cousins, oncles, tantes, l'vn de l'autre, ils se rapporent toutefois au mesme principe & à la mesme souche de laquelle ils procedent, non pas en ligne droite, mais oblique.
Moyen pour connoistre en quel degré on est en ligne droite.
Pour connoistre en quel degré on est en ligne droite, faut voire le nombre des personnes qui sont en la ligne, & en ostant vne desdittes personnes, vous auez le nombre des degrez : par exemple trisayeul, bisayeul, ayeul, pe re, fils, petit fils : voila fix personnes, ainsi le petit fils est au cinquiesme de-gré pour le regard du trisayeul.
Pour connoistre en quel degré on est en la ligne oblique, faut voire la distance qu'on a du tronc, si Pierre & Iean, par exemple, sont esgalement di Moyen pour connoistre en quel degré on est en ligne oblique. stans du tronc, ils sont en mesme degré entre eux qu'ils sont auec le tronc, comme sont deux freres, par exemple, lesquels sont esgalement distans de leur pere, ou de leur grand pere, ainsi ils sont tous deux au premier degré pour le regard de leur pere, & au second pour le regard du grand pere: Si la distance est inegale entre Pierre & Iean, que Pierre soit esloigné du tronc de quatre degrez, & Iean d'vn ou de deux, Pierre & Iean seront distans entre eux de quatre degrez, car lors la disance se prend de la personne la plus esloignée du tronc.
Ie say bien que les Iurisconsultes supputent autrement les degrez en la ligne oblique, quoy qu'ils s'accordent auec le droict Canon pour le regard de la ligne droicte, mais ce n'est pas mon fait, car ie ne recherche icy que ce qui concerne le mariage suiuant le droict Canon & la Theologie.
Cette connoissance supposée, i'aduertis qu'anciennement on ne pouuoit contracter mariage sinon au huictieseme degré, cela est reduit maintenant au cinquiesme auquel le mariage est bon, & au quatriesme, troisiesme, second, premier, nul.
La raison de cet empeschement est I. que ceux qui sont de mesme paren té se doiuent quelque respect, qui fait que c'est chose indecente d'auoir ac-cointance charnelle entre eux : Dieu mesme l'auoit defendu, Leuit. 18. Omnis homo ad proximam sanguinis sui non accedet, vt reuelet turpitudinem eius. 2. c'est afin que par le moyen de l'alliance qui se fait auec des estrangers & d'autre race, la charité s'estende dauantage. 3. c'est d'autant que l'experience enseigne que tels mairages ne reüssissent guere.
215 Cognatiõ spirituelle.
La cognition spirituelle est celle qui se fait en suite des ordonnances de l'Eglise entre aucuns personnes, à cause de l'administration ou reception des Sacremens de Baptesme & de Confirmation. Au Baptesme le parain & la maraine contractent vne cognation spirituelle auec celuy qu'ils ont leué au Baptesme, & auec son pere & sa mere. Le mesme arriue à celuy qui baptise. En la Confirmation la cognation se contracte entre celuy qui donne la confirmation & celuy qui est confirmé, & auec son pere et sa mere; comme aussi entre celuy qui est confirmé & celuy qui est son parain en la confirmation, & telle cognation empesche le mariage.
Cognatiõ legale.
La cognation legale prouient de l'adoption, & est entre celuy qui adopte & celuy qui est adopté & ses descendans, iusques au quatriesme degré : pareillement entre l'adopté tandis qu'il n'est pas emancipé, & entre les enfans de celuy qui l'a adopté, pendant que lesdits enfans sont souz le pouuoir du pere, entre la femme de celuy qui adopte & entre l'adopté : comme entre la femme de celuy qui est adopté & celuy qui a adopté. Celuy qui a adopté estant mort, il n'y a nul empeschement de mariage entre ses enfans legitimes, & celuy qu'il auroit adopté : il est probable que deux adoptez peuuent se marier ensemble.
L'empeschement du crime.
Le 5. empeschement est crimen, le crime, & arriue 1. si vn adultere fait mourir sa femme, ou le mary de celle auec laquelle il a commis adultere pour pouuoir l'espouser : ou si la femme fait mourir son mary, ou la femme de celuy auec lequel elle a adulteré; en tel cas s'ils se marient le mariage est nul. 2. si l'homme & la femme qui commettent adultere se donnent la foy de se marier ensemble apres la mort de leur partie, ou que de fait ils contra ctent dés lors, & pendant la vie de leur partie, en ce cas ils ne peuuent ia- mais se marier ensemble, ces deux cas supposent que de fait ils ayent com-mis adultere. 3. Pierre & Marie voulans se marier ensemble, procurent tous deux la mort de la femme de Pierre & du mary de Marie, & de fait la mort s'ensuit, quoy qu'ils n'ayent adulteré ils ne peuuent pourtant se marier ensemble : que s'ils ne procurent pas ladite mort tous deux ensemble, mais l'vn seulement à l'insçeu de l'autre, & il n'y a point eu d'adultere le mariage est vray & valide.
Le 6. Cultus disparitas, la diuersté de religion. Ainsi vn Chrestien ne peut contracter mariage auec vne personne qui n'est pas baptisée, & le faisant le mariage est nul. Contractant auec vn Heretique on peche mortellement, toutefois le mariage est valide, car l'Heretique estant baptisé est capable de Sacrement. On peut toutefois contracter auec vn Heretique auec permission du Pape sans peché.
Le 7. Vis, la force, d'autant qu'elle empesche la liberté du contract : i'en ay parlé au Chapitre 13. de ce Traité.
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Le 8. Ordo, l'ordre. I'en ay parlé expliquant le troisiesme empeschement.
Le 9. Ligamen, le lien qui n'est autre chose que le mariage auec vn autre, car quiconque est marié validement, ne peut se marier auec vn autre pendant la vie du premier.
Le 10. Honestas, l'honnesteté qui requiert qu'aucunes personnes ne contractent entre elles, comme aux fiançailles, il y a vn empeschement entre le fiancé & les parentes de la fiancée au premier degré, comme sont sa mere, sa sœur, sa fille : comme aussi entre le fiancé & les parens du fiancé aussi au premier degré, sçauoir son pere, son frere, son fils : que s'ils se marient, encore que le mariage n'ayt esté consommé, toutesois ils contractent alliance auec les parens l'vn de l'autre iusques au quatriesme degré.
Le 11. Affinitas, l'affinité qui est vne alliance qui prouient de l'entier conjonction & operation charnelle capable de soy d'engendrer, soit en mariage soit hors de mariage : par exemple, le mary contracte affinité auec les parentes de sa femme, & la femme auec les parens de son mary, auec lesquels ils ne se peuuent marier, qu'apres le quatriesme degré : que si telle affinité prouient de l'œuure charnel hors du mariage, elle n'empesche que iusques au second degré : la raison de tel empeschement est d'autant que deux person nes par l'œuure de la chair sont faites vne mesme chair, & par ainsi con-tractent affinité auec les parens l'vne de l'autre, à raison qu'elles procedent de mesme chair.
Le 12. Impotentia, l'impuissance à l'vsage du mariage, faut toutefois qu'elle soit perpetuelle & auant le mariage pour le rendre nul; perpetuelle, c'est à dire, qui ne peut estre corrigée que par miracle, ou bien en pechant, ou sans notable interest de la santé ou danger de mort : auant le mariage, c'est à dire, qui n'a iamais peu auoir aucun effect au mariage. Tel empeschement repugne à la nature & essence du mariage qui est vne tradition mutuelle des corps pour l'vsage du mariage.
Le 13. Quand le mariage se fait sans que le Curez ou outre de sa part y soit present, ou sans deux tesmoins : i'en ay parlé au Chapitre 14. de ce Traité.
Que c'est que rapt.
Le 14. & dernier est raptus, le rapt qui est lors qu'vn homme enleue vio lemment d'vn lieu à vn autre vne fille pour l'espouser contre sa volonté, la-quelle il n'a ny fiancé ny espousé, & auec laquelle il n'a aucune promesse, & est rapt, soit que l'on violente ou la fille, ou ses parens & tuteurs. Ce rapt est vn empeschement qui fait qu'il ne la peut espouser, tandis qu'elle est en son pouuoir : que s'il la met en lieu où elle soit asseurée, & hors du pouuoir de celuy qui l'a rauy, & que lors elle consente de l'espouser, le mariage est vray mariage, encore que les parens n'y consentent pas. Ce n'est pas proprement rapt lors qu'vn homme enleue vne fille de son consentement contre la vo 217 lonté des parens de la fille, moyennant toutefois qu'on ne faſſe aucune violence aux parens de la fille.
Filet cadre, rayé.

Quelques causes, de tant de mariages infortunez, qui se retrouuent au monde. CHAPITRE XXI

Le bon conseil est fort necessaire pour faire vn bon mariage.
LE S. vieillard Tobie cap.4. donnoit ce precepte entre autres à son fils. Fili consilium semper à sapiente perquire. Mon fils demandez tousiours conseil en vos affaires à vn homme sage. Seneque à ce propos, disoit, deliberandum est diu, quod statuendum est semel, il est bon de consulter long-temps ce qu'on ne doit faire qu'vne fois. C'est le propre d'vn evprit sot & estourdy de faire ses actions sans conseil & deliberation, d'autant que la folie & la passion aueugle, & donne vne certaine presomption & opinion de soy-mesme, qui fait croire qu'on n'ignore rien, & qu'on n'a que faire du conseil d'autruy : & quand on est trompé, on a recours à, ie n'y pensois pas. Via stulti recta in oculis eius, qui autem sapiens est audit consilia, Salomon Prouerb. 12. le mesme Prouerb. 11. Salus ubi multa est consilia, ubi non est gubernator populus corruet, les affaires qui sont conduites par conseil ont bon succés, celles qui se font sans conseil ne peuuent bien reüssir.
Si le conseil est necessaire pour le bon succés de nos autres affaires, il est tres-necessaire pour le bon succés du mariage, & nous pouuons dire qu'vne des causes de tant de mal-heurs qui s'y retrouuent est qu'on l'entreprend ou sans conseil, ou par l'advis de mauuais conſeillers, S. Hierosme contra Iouin. cap. 28. Plerisque nulla est vxoris electio, sed qualis obuenerit habenda. Plusieurs ne font point de choix quand ils veulent se marier, mais s'allient à la premiere recontre, & apres que c'est fait, on connoit qu'on est trompé, & qu'on est engagé en des mal-heurs quasi irremediables. D'autres se seruent de mauuais conſeillers, comme de la chair, de la sensualité, des yeux, ne consultants que ce qui paroit exterieurement, sans auoir esgard à l'interieur, & ainsi s'engagent dans des abymes de miseres, où ils sont souuent obligez de faire vne longue penitence, & peut-estre forcée, & souuent sans fruict.
On doit auoir égard à l'égalité au mariage.
Vne autre cause des mariages infortunez peut estre l'inegalité qui se retrouue entre les conjoincts, Dieu punissant iustement la temerité de ceux qui ont voulu monter plus haut qu'ils ne deuoient, & qui se sont voulu allier 218 auec leurs inegaux poussez d'vn esprit d'ambition. Le poète Ouide a dit fort à propos,
Quam malè inæquales veniunt ad aratra iuuenci,
Tam premitur, magno coniuge, nupta minor.
Comme il est mal-aysé d'accoupler deux bœufs inegaux en vn mesme joug, aussi est-il fort difficile de joindre deux personnes inegales en mariage. Tout ainsi dit Euripide apud Stobeum serm. 73. que le gouuernail du nauire doit estre proportionné au nauire, si le nauire est grand, & que le gouuernail soit petit, il n'y a moyen de conduire & gouuerner le nauire : que si le gouuernail est grand & le nauire petit, cela sert pour plonger le nauire & non pour le faire voguer. Ainsi si le mary qui doit estre le gouuernail est petit, & la femme, qui est comme le nauire, est grande, il est bien mal-aysé qu'il la gouuerne & conduise, car elle voudra estre maistresse : si le mary est grand & la femme petite & de basse condition, la femme sera seruante & non compagne.
Il faut auoir esgard non seulement à l'égalité d'extraction, de moyens, d'aage, mais principalement de mœurs. Le charbonnier demanda vn iour au foulon ou blanchisseur qu'ils peussent demeurer ensemble, & faire vne alliance, offrant sa fille pour le fils du foullon : le foullon respondit prudemment, i'ay peur que vous ne noircissiez ce que ie blanchis auec tant de trauail. Il est bien à craindre qu'vn homme noir en ses mœurs, ne ternisse la blancheur d'vne fille qu'il espousera, & qu'vn homme blanc en pureté de mœurs, ne se noircisse en la compagnie d'vne meschante femme.
Vne troisiesme cause des mariages infortunez est que plusieurs ne les en treprennent pour les fins pour lesquelles le mariage est ordonné : ainsi quel-le merueille, s'ils n'ont aucun succés fauorable ! I'ay parlé amplement des bonnes & mauuaises fins du mariage, ie n'en diray pas dauantage.
Vne quatriesme cause est que plusieurs entreprennent cet estat sans y estre appellez, ce n'estoit pas l'estat auquel Dieu les auoit destiné, & auquel il les vouloit perfectionner & les sauuer : & quelle apparence que l'ayant entrepris contre les ordres de sa diuine prouidence cela puisse reüssir ?
Il y a plusieurs autres causes, ie m'arreste à deux principales, l'vne est qu'on n'implore pas l'assistance de Dieu auant que de se marier : l'autre qu'on em pesche le cours de ses graces par la meschante vie qu'on mene auant son ma-riage, ou pendant le mariage.
Comme les anciens inuoquoient le Dieu hymen en leurs nopces.
Les anciens Idolatres qui forgeoient les diuinitez selon leur fantasie & en mettoient par tout au champ & à la ville, en donnoient à toute sorte de personne : n'auoient garde d'obmettre les mariez, ils adoroient vn Dieu qu'ils appelloient hymen, ou hymeneus, duquelle ils croioient que dependoit tout le 219 bien & prosperité de leur mariage, & partant en leurs nopces ils chantoient diuers hymnes & cantiques en son honneur, l'inuoquans, afin qu'il voulut les fauoriser de ses benedictions, comme celuy qui presidoit aux nopces & auoit soin des nouueaux mariez.
Peinture du Dieu hymen & sa signification.
Ils le depeignoient en forme d'vn beau ieune homme, portant en teste vne couronne de fleurs odoriferantes, en la main droicte vne torche ardante, en la gauche vn voile de soye, de couleur paille, nommé flammeum, ayant des souliers de mesme couleur, tels qu'ordinairement les femmes portoient.
Pourquoy en forme d'vn homme ? sinon pour monstrer que l'amour des mariez doit estre pur, vigoureux, & syncere : pourquoy courronné de fleurs ? sinon pour faire entendre la ioye & le contentement d'esprit, dont il faut que le mariage soit accompagné, & que tout ainsi qu'il n'y a rien de plus fresle qu'vne fleur qui se flaistrit incontinent, de mesme les plaisirs de la chair & les contentemens du corps, ne peuuent auoir grande solidité. Parmy ces fleurs y auoit des feuilles de myrrhe, qui est amere, ce qui signifioit que souuent les contentemens du mariage sont accompagnez d'amertume; ou bien que tout ainsi que la myrrhe preserue le corps de corruption, ainsi que le mariage estoit indissoluble & qu'il doit estre sans aucune corruption. Plutarque dit qu'en certains pays on couronnoit la nouuelle mariée d'asper Les nouuelles mariées cour ronnées d'asperges. ges, pour luy faire entendre que tout ainsi que l'asperge est bien tost cuitte, qu'ainsi l'amour qu'elle deuoit auoir pour son mary deuoit incontinent cuire & digerer toute la tristesse qu'elle pouuoit conceuoir, pour auoir quitté ses pere & mere. La torche estoit d'autant qu'anciennement on menoit l'es pouse à la maison de l'espoux la nuict, comme par vergogne, voire le nou- Espouses conduittes à la maison de l'espoux la nuict & pourquoy. ueau marié n'alloit au lict nuptial qu'en tenebres, ce qui fut cause que Iacob fut trompé pensant auoir Rachel pour espouse, n'ayant que Lia. Mais cette torche monstre la fidelité que les mariez se doiuent, qui ne doit s'esteindre par aucune aduersité, ny s'eclypser par aucune tentation, ains tousiours luire dans la pureté & candeur d'vn vray & chaste amour : le voile qu'il tint en la main est signe de la subiection & obeissance que la femme doit à son mary : les souliers de couleur paille la font resouuernir qu'elle doit garder sa maisõ, & que c'est vne chose repugnante à son honneur & pudicité, d'estre vagabonde. Voila le Dieu qu'ils inuoquoient comme celuy qu'ils croioient estre protecteur des nouueaux mariez, presider aux nopces, & les fauoriser de benedictions.
Faut inuiter Dieu aux nopces.
Arriere arriere ces sottises Idolatres: la foy ne nous permet d'y dõner aucune croyance, mais bien de reconnoistre que celuy qui a esté le premier autheur du mariage en est le protecteur : que c'est luy qu'il faut inuiter aux nopces, afin qu'il les benisse par sa diuine presence, changeant l'eau en vin, 220 les difficultez en facilité : l'eau de concupiscence charnelle, en amour surnaturel & diuin. C'est luy qui par sa presence chassera le diable puant d'Asmodée; rabbatera les saillies effrenées de la chair, fera que le lict coniugal sera honnorable & sans macule; dissipera les magies, charmes, sorcelleries, ialousies, soupçons, alienations, discordes, impudicitez, & ne permettra pas que le vin de la grace y manque. Sa presence fera que le mariage sera comme vn petit paradis, qui en son absence ne peut estre qu'vn enfer. C'est luy qu'il faut inuiter aux nopces, c'est sa mere, la mere des vierges, l'honneur des mariez, à la recommandation & instance de laquelle l'eau est changée en vin, & la grace est donnée aux mariez, accompagnée d'vn chaſte & fainct amour. Ce sont les Apostres, & les saincts Anges paranymphes des mariez, qui ont conduit Elieser pour trouuer femme à Isaac, & chassé les demons, qui infectoient Oraison de l'Eglise en la benediction des mariez. Sara, espouse de Tobie : C'est ce qu'il faut faire auec l'Eglise, qui dit en la benediction des nouueaux mariez : Domine Iesu Christe fili Dei, & beatæ Virginis Marie, qui in paradiso matrimonium instituisti in officium, & pro nobis homo factus, etiam in Sacramentum tua præsentia, ac miraculorum primitijs dignanter il lustrans: tu per merita & preces Virginis Mariæ, & omnium Sanctorum, hos quos sa- cro matrimonio coniunxisti, benedicere digneris, & liberare ab omni ligamento, fasci-namento, & maleficio Satanæ, & dare eis fœcunditatem & gratiam quâ liberè possint vti matrimonio ad generandum, concipiendum, gestandum, pariendum, & fouendum prolem, gratem Deo & hominibus, in nomine Patris, & Filij, & Spiritus sancti. Amen.
Seigneur Iesus-Christ, fils de Dieu, & de la bien heureuse Vierge Marie, qui auez institué le mariage au paradis terrestre, pour seruir de moyen à la multiplication, & vous estant fait homme pour nous, l'auez honoré de la qualité de Sacrement, voire de vostre presence, & du premier miracle : benissez par vos merites, & par l'intercession de vostre Mere & de tous les Saincts ces personnes que vous auez joint en mariage, par vostre diuine prouidence : daignez les deliurer de toute ligature, charme, & malefice de Satan : donnez leurs fecondité, & la grace qu'ils puissent auoir vn libre vsage de leur mariage, pour engendrer, conceuoir, porter, enfanter, & esleuer des enfans qui soient agreables à vostre diuine majesté, & aux hommes, au nom du Pere, & du Fils, & sainct Esprit. Amen.
Cause des mal-heurs du mariage qu'on inuoque pas Dieu.
Voila donc vne des causes de tant de mauuais succez qui arriuent en mariage, sçauoir qu'on n'a pas recours à Dieu auant le mariage, & qu'on ne le consulte pas par la deuotion, & l'oraison qu'on ne l'inuite pas, domus & diuinitæ dantur à parentibus, à Domino autem vxor prudens, les enfans reçoiuent deux biens ou faueurs de leurs parents, scavoir la noblesse et les richesses, mais la bonne femme vient de Dieu. Les 70. lisent, aptatur vxor viro à Domino, comme s'ils vouloient dire, toute femme n'est pas propre à tout homme, 221 & comme il n'y a que Dieu qui connoisse parfaictement & les mœurs & les cœurs des hommes, aussi n'y a-il que luy qui soit capable de donner à vn homme, vne femme qui luy soit propre; & vn homme à vne femme : ainsi il faut auoir recours à Dieu & l'obliger par prieres, seruices & bonnes œuures de vous adresser celuy ou celle qu'il connoit vous estre propre.
La derniere cause, est la meschante vie qu'on a mené auant le mariage, ou qu'on mene en mariage car tout ainsi que Dieu recompense souuent la bonne vie par vne bonne rencontre qu'il donne, suiuant ce qui est escrit, Eccl. 26. Pars bona, mulier bona, in parte timentium Deum dabitur viro pro factis bonis. Vne bonne partie des faueurs que Dieu garde aux gens de bien, dans le tresor de sa prouidence, & suiuant l'ordre de sa diuine predesination, est La bonne femme est souuent vne recompense de la bonne vie. vne bonne femme, qu'il donne souuent à ceux qui le craignent & le seruent, pour recompense de leurs seruices : ainsi Dieu procura Sara au petit Tobie, & Rebecca à Isaac: S. Basilisse à S. Iulian: à Henry, Cunegunde: à Elzearius Daulphine, & tant d'autres semblables. De mesme souuent il permet qu'on rencontre vne meschante femme, ou vn meschant homme en punition de sa meschante vie, suiuant ce que dit le mesme Sage Eccli. 25. Breuis omnis malitia, super malitiam mulieris sors peccatorum cadat super illam. Il n'y a malice La mauuaise rencontre en mariage est souuent punition de la mauuaise vie. comparable à celle d'vne meschante femme, que le sort des pecheurs puisse tomber sur elle. Cecy se peut expliquer en diuerses façons : premierement que la punition reseruée par le iuste iugement de Dieu pour les pecheurs, la puisse accabler. Secondement qu'elle soit femme de quelque meschant homme, pour accoupler le pareil à la pareille, & chastier l'vn par l'autre pour leur meschante vie, que son sort tombe sur elle, comme chose qui luy est sortable pour luy seruir de punition de ses pechez.
Et que peuuent esperer ces ieunes hommes dissolus, libertins, impudiques, yurognes, qui ne se soucient ny de Dieu, ny de pere & mere, qui n'ont point d'autre Dieu que leurs plaisirs, point d'autres conseils que leurs passions ? ouy! ils cherchent vne femme chaste, sobre, deuote, modeste, docile, mesnagere. Si c'est à Dieu de donner vne femme conuenable à chacun, ne doiuent-ils pas attendre vne femme legere, causeuse, riotteuse, lubrique, prodigue, qui symbolise auec eux ? partant dit fort bien S. Augu. De verbis Domini, si ducturi estis vxores seruate vos vxoribus verstris ; quales vultis eas inuenire, tales & ipsæ inuentant vos. Quis est qui non castam velit ducere? Intactam quæris, intactus esto, puram, purus esto. Voulez vous vous marier ? gardez vous pour vos femmes, qu'elles vous trouuent tels, que vous desirez les trouuer. Il n'y a personne qui ne veuille vne femme chaste. Vous en cherchez vne qui n’ayt point fait de faute, n'en faites point : qui soit pure, soyez le : mais les hommes ont plus de liberté que les femmes. Ouy ! voire ils ont plus d'obligation à bien faire, puis que d'ordinaire ils ont plus de iugement, & sont plus forts, & 222 qu'ils sont chef de la femme, cum tu caput vxoris sis, dit le mesme S. August. Le mary doit estre tel qu'il desire que sa femme soit. præcedit te ad Deum, & sic vis domum tuam, capite deorsum pendere. Caput enim mulieris, vir est, vbi autem melius viuit mulier quam vir, capite deorsum pendet domus. Vous estes chef de la femme & vous voulez que vostre femme soit plus sage & plus vertuese que vous, ainsi vous voulez que vostre maison n’ayt la teste en bas, le mary est le chef de la femme, & lors que la femme vit mieux que le mary, la maison a la teste en bas : & est renuerſée.
La mauuaise vie cause de mauuais mariages.
Combien de liberté se trouue entre les ieunes gens qui sont à marier? Il semble à plusieurs que souz le pretexte de recherche de mariage, ou de promesses, ou de fiançailles, tout soit permis, ou conuerse auec autant de priuauté & familiarité comme si on estoit desia espousé, & apres auoir fait tout ce qu'il ne falloit pas faire, on se presente au sacrement de mariage pleins d'ordures, & de corruption, & de pechez : est cela vne disposition à receuoir la grace de Dieu ? ou plustot donner occasion à Dieu d'enuoyer toute sorte de miseres sur tels mariages ? & puis à la premiere difficulté & differand qu'on a, le mary reproche à vne femme, les legeretez & libertez qu'elle a permis auant le mariage, & en vient aux iniures & au mespris, voila la cause des mariages infortunez.
Combien de mariages qui se font sur des fausses promesses, qui n'ont autre fondement que le mensonge, ou on n'espargne aucune sorte de serment, moyennement qu'on vienne au bout de ses pretensions, & qu'on trompe sa partie. Plusieurs apres s'estre gorgés de toutes les voluptez qu'ils ont peu, & apres auoir vescu vne vie d'Epicuriens108 se marient, ne pensans non plus à la saincteté du mariage, comme s'ils faisoient vn marché de cheuaux : s'ils se confessent ce n'est que par maniere d'acquit, & par ce qu'il le faut faire : & quel bon-heur peut on esperer de semblables mariages ? qui s'estonne si les sorciers, magiciens, & semblables ministres de Satan y predominent & les troublent par leurs malefices, sorceleries, ligatures, & semblables malheurs ?
Voulez vous que Dieu s'oblige à vos donner bonne rencontre en vostre mariage, obligez le autant que vous pourrez par vostre bonne vie : en vos recherches donnez vous de garde de faire, ny de permettre chose qui soit contre l'honneur & deuoir des Chrestiens, que s'il s'estoit passé quelque cho se vn peu trop libre, donnez vous bien de garde de vous presenter au Sacre- ment pour conclure le contract, qu'auparauant vous n'ayez taschez de re-couurer la grace de Dieu par vne saincte & salutaire confession, pour oster tout obstacle que vostre vie passée pourroit apporter à la grace du Sacrement, & appaiser l'ire de Dieu irritée contre vous pour vos pechez, afin qu'elle ne desbonde fur vostre mariage & le rende infortuné. Dites auec S. Cecile, fiat cor meum, & coprpus meum immaculatum, vt non confundar. Mon 223 Dieu faites moy la grace que mon cœur & mon corps soient immaculez de peur qu'en punition de mes pechez ie ne sois chargé de confusion, & mon mariage de mal-heur.
Que si vous auez fait tout le contraire ne perdez point courage, nunquid resina non est in Galaad, & medicus non est ibi, Ieremiæ 8. La chose n'est pas encor desesperée : si vous auez recours à Dieu auec vn bon propos de corriger tous les desordres passez & de le seruir desormais fidellement, asseurez vous qu'il ne manquera de vous donner la grace pour arriuer à la perfection de vostre estat.
Remedes à ceux qui sont mal mariez.
Si vous estes engagé ou par amourettes, ou par precipitation & imprudence, ou par quelque violente passion, ou par quelque fin sinistre dedans le mariage, & par consequent dans des difficultez irremediables, prenez les pour satisaction de vostre faute. Adorez la pruidence diuine tousiours iuste & equitable, & demandez la grace tres-humblement à Dieu de pouuoir vous conformer à sa volonté, par vne entiere & parfaite patience. Taschez de tirer de l'huile de ces rochers de tribulations : & des roses de ces espines d'afflictions par vne humble reconnoissance de vostre faute, & par vn sainct exercice des vertus.
Si vostre temerité vous a allié à vne personne fascheuse, efforcez vous de la gagner par vostre douceur & de la conuertir par vos bons exemples.
Souuenez vous que Dieu a permis que plusieurs saincts se soient trouuez en semblables rencontres non pour les perdre, mais pour perfectionner leurs vertus & les rendre d'autant plus illustres. Iob quoy que canonisé par la bouche du sainct Esprit, n'a pas laissé de ressentir tant d'infortunes, comme la perte de ses enfans, la ruyne totale de ses biens, vne gangrene en tout son corps, l'abandonnement de ses plus proches, & enfin les reproches & mocqueries d'vne meschante femme. Ie vous en pourrois rapporter beaucoup d'autres, de l'vn & l'autre sexe, qui nonobstant les mauuaises rencontres qu'ils auoient faites, voire par leur faute & temerité, ont fait de necessité vertu, ont tiré le bien du mal & pris occasion de leur mal-heur, d'estre au tant plus feruents, & partant se sont rendus d'autant plus dignes, d'vne me-moire & gloire eternelle : suiuez les en leur patience, constance, humilité, reconnoissance de leur faute & temerité, adorant la iuste prouidence diuine, detestant le passé, proposant de bien faire & Dieu ne manquera de vous seconder de sa grace, & vous couronner comme eux, de sa gloire eternelle.
225 Filet cadre rayé encadré de petites fleurs pour créer un bandeau.

DES OBLIGATIONS DES MARIEZ LIVRE II. Filet cadre, rayé. Discours fondamental de tout ce second Liure, qui est la crainte & le seruice de Dieu : ou la deuotion que doiuent auoir les mariez.

Lettrine "L" fleurie.
LA premiere obligation qu'ont tous les hommes est enuers Dieu, comme estant celuy auquel nous deuons tout, & duquel depend tout autre obligation : partant ie trouue qu'il est fort mal-aysé que les mariez s'acquittent des obligations qu'ils ont l'vn enuers l'autre, s'ils ne s'acquittent des obligations qu'ils ont enuers Dieu, ainsi auant toute chose, faut qu'ils iettent pour fondement la crainte de Dieu, & son seruice qui consiste en vne vraye & solide deuotion, s'acquittans des obligations qu'ils luy ont & que là dessus ils establissent l'acquit des obligations qu'ils ont mutuellement.
C'est la cause pour laquelle i'ay voulu faire ce discours, comme vn auantpropos des obligations que les mariez ont l'vn pour l'autre, pour rendre leurs deuoirs l'vn enuers l'autre plus solides, lors qu'ils seront affermies sur le principe duquel procede toute autre obligation qui est Dieu, sa crainte & son seruice. Ce que i'ay fait d'autant plus volontiers, que ie me suis apperceu, qu'aucuns mariez faute de crainte de Dieu & de vraye deuotion s'emportent à des grands excés, souz pretexte d'obligation mutuelle & d'autres pour auoir trop de crainte, mais vaine & seruille, & trop de deuotion, mais creuse & imaginaire, manquent aux obligations qu'ils ont l'vn enuers l'autre. Ainsi tacheray leurs faire entendre en quoy consiste la vraye crainte de Dieu & la vraye deuotion : afin que prenans occasion de cette connoissance de s'acquitter de leur deuoir enuers Dieu, le craignans 226 & le seruans, comme ie feray voir qu'ils peuuent faire en leur estat, ils s'acquitent plus solidement & plus meritoirement des deuoirs & obligations mutuelles que requiert leur condition.
La premiere chose qui est necessaire en tous estats est la crainte de Dieu, timor Domini gloria, & gloriatio, & lætitia, & corona exultationis. Eccli. 1. ce qui rend l'homme honorable deuant Dieu & ses Anges & deuant les hommes est la crainte de Dieu, c'est le fondement de la ioye & du contentement qu'il peut esperer en ce monde. Timor Domini delectabit cor, & dabit lætitiam, & gaudium, & longitudinem dierum, Eccli. 1. le mesme, initium sapientiæ timor Domini. Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu, mille semblables sentences dans les sacrez cayers.
Diuerses comparaisons de la crainte.
Il y a deux sortes de crainte, l'vne est rousturier, l'autre noble, l'vne seruile, l'autre filialle : l'vne est le commencement de la sapience, l'autre en est la perfection. La crainte est comme vn frain qui retient nostre ame, dit S. Chrysostome Hom. 5. de verbis Isaiæ, afin qu'elle ne s'emporte comme che ual indompté par la violence des passions c'est comme le gouuerail au na-uire, dit le mesme, qui conduit le vaisseau de nostre ame sur la mer orageuse de ce monde, & le preserue de la furie des orages & tempestes, le conduisant au port d'vne eternité bien heureuse. C'est comme la sentinelle qui fait le guet au chasteau de l'ame, dit S. Aug. serm. 18. de verbis Apost. qui auec vne torche, monstre de loing que l'ennemy s'approche, & esueille les soldats : elle nous monstre le feu de l'enfer, les foudres de la iustice de Dieu, resueille les vertus, & nous retire de l'abysme, où comme cheuaux indomptez nous allions nous precipiter, comme vn vaisseau du naufrage, comme vn chasteau du pillage.
La crainte seruile comparée au rasoir du chyrurgien, à vne medecine amere, à la theriaque.
La crainte seruile est semblable au rasoir du chyrurgien qui fait ouuerture à la playe, oste la pourriture, retranche la gangraine, semble faire la playe plus grande qu'elle n'est, mais cependant & le feu, & le fer qu'on applique à la playe, ne sont que pour en procurer la gueriſon : cette crainte nous represente le fer des iugemens de Dieu : le feu de sa iustice, mais c'est pour guerir les playes de nos ames, cette comparaison est de S. Aug. in ep. 1 Ioan tract. 9.
Theodoret la compare à vne medecine amere, qui ne laisse pourtant de chasser les mauuaises humeurs & rendre la santé. C'est vne theriaque, dit le mesme, composée de vipres, de diables, d'Enfers, de feux, de foudre, de tonnerres, mais cependant qui a de bons effects, timor Domini expellit peccatum. Eccli. 1. la crainte de Dieu chasse le peché.
In historia Sociétatis109 Tom.1.
Au commencement de nostre compagnie (comme la mere estoit ieune, aussi les enfans ne pouuoient estre fort vieux) on estoit estonnez de voir aucuns de nos Peres ieunes, conuerser à la cour de Philippe second, Roy 227 La crainte de Dieu est le remede contres les ten tations. d'Eſpagne, voire parmy les dames & damoiselles qu'ils formoient & la pieté, auec vne pureté angelique & en tres-grande opiniõ de saincteté, aucuns firent courir vn bruit que nos Peres portoient vne herbe qui rabatoit les assaults de la concupiscence, & seruoit de remede contre les tentations contraires à la chasteté. Le Roy en ayant esté aduerty, fit appeller le Pere Araozius, luy demanda qu'elle estoit cette herbe qui les protegeoit contre les ardeurs de la chair : le Pere luy respondit. Sire elle n'est autre que la crainte de Dieu, c'est elle qui fait ce miracle, & a la force de chasser les Diables, tout ainsi que le foye du poisson de Tobie, timenti dominum non occurrent mala, sed in tentatione Deus illum conseruabit, & liberabit à malis. Tobie 6.
La crainte filialle que c'est.
La crainte filialle est la cousine germaine de la charité, & n'est autre chose qu'vne saincte passion ou mouuement de l'ame qui craint, haït, & a en horreur tout ce qui est contraire à Dieu, non pour l'apprehension des peines, ny pour la grandeur des recompenses : mais pour la peur de l'offencer. Cette crainte ne fait pas seulement suir ce qui est contraire à Dieu, mais fait poursuiure auec vn grand courage ce que Dieu desire, rend l'homme fort, & sans peur de toutes autres choses que de Dieu, suiuant ce que dit Le Sage Eccli. 24. Qui timet Deum nihil trepidabit, & non pauebit, quoniam ipse est spes eius. Cette crainte n'est autre chose qu'vne soubmission à la volonté de Dieu : vne saincte inclination à faire toutes ses volontez : vne reuerence & pieté que nous appellons ordinairement deuotion, qui est vne prompte volonté à faire tout ce qui concerne le seruice de Dieu, & son honneur.
Nous pouuõs dire que c'est icy le cõmencemẽt de sagesse, initium sapientiæ timor Domini. Eccli. 1. & radix sapientiæ est timere Dominum, la racine de sagesse est de craindre Dieu. Cette crainte est vn sentiment syncere de Dieu & de la vraye religion qui cause en nous la iustice & saincteté, comme en Cornelius Actor. 10110. qui est qualifié, vir religiosus & timens Deum, homme religieux & craignant Dieu. Le bon Simeon Luc. 2. Simeon iustus & timoratus, iuste & craignant Dieu111 : c'est tout dire, suiuant ce que dit Salomon Eccli. 12. Deum time & mandata eius obserua, hoc est enim omnis homo, craignez Dieu & gardez ses commandemens, car cela est tout dire, c'est la perfection de l'homme, & la vraye deuotion.
Il y a des personnes mariées ausquelles quand vous parlez de la deuotion le seul mot de deuotion les espouuante, car elles croient que comme c'est vne imprudence de chercher des raisins parmy les espines, ou des figues parmy les ronces, aussi que c'est vne temerité de chercher la deuotion parmy les soins d'vne famile, parmy les sollicitudes d'vn trafic112, parmy les vanitez de la cour, dans les hazards de la guerre, au milieu des disputes & contentions des barreaux, & que ce doux raisin, que cette agreable figue, ne 228 croit que le doux air de la retraitte, & dans le paradis de la religion & des cloistres.
La deuotion & crainte de Dieu est le maintien des familles.
Mais ie pretens monstrer que c'est vn abus, & qu'il est impossible de se maintenir dans la grace de Dieu en quel estat que vous soyez sans la deuotion, & qu'il est de nous tout de mesme que des anges, que Sainct Iean Damescene en vn liure qu'il a fait contre les Manicheens compare à des horologes, qui viendroient enfin à languir & demeurer sans aucune action si Dieu ne les remontoit continuellement par le souffle de son Diuin esprit : ouy les hommes voire les plus vigoureux viellissent bien tost, les plus forts s'af foiblissent, les plus courageux s'élangourissent s'ils ne prennent de la vi- gueur par le moyen de la deuotion, & partant tout le bon-heur d'vn ma-riage, la bonne intelligence, le repos de la conscience, la prosperité d'vne famille depend de la deuotion, & à faute d'icelle tout va en ruine, suiuant ce que dit Le Sage, Eccli. 27. Si non in timore tenueris te instanter, cito subuertetur domus tua. Si vous ne vous maintenez en deuotion, vostre maison sera bientost renuersée.
Plusieurs parlent de la deuotion sans sçauoir ce que c'est: aucuns croyent que la deuotion consiste en des mines refroignées qui espouuante le mon de : à des austeritez indiscretes qui tuent le corps, & esteignent toute la vi-gueur de l'esprit: à des ieusnes excessives: des veilles sans mesure: qui causent souuent des grandes incommoditez, sans apporter aucun profit. C'est vne Deuotiõ des Pharisiens. deuotion des Pharisiens condamnée de I. C. mesme: lors qu'ils marchoient en public ce n'estoit que saincteté en apparence, des hommes haues & defigurez, qui portoient la loy de Dieu dedans des escriteaux qui leurs pendoient deuant les yeux; auoient des espines au franges de leurs robbes qui leurs piquoient le talon en marchant, & cependant leur cœur estoit vne fourmilliere d'impureté, & vne fondriere d'abomination. Telle deuotion n'a souuent autre effet que l'orgueil, est suiuie de grandes tromperies de Satan, d'vn grand degoust au seruice de Dieu, & quelquesfois du desespoir.
Diuerses sortes de deuotion.
D'autres mettent la deuotion à faire des petites mines & fingeries, à auoir vn oratoire bien agencé, vn reliquaire bien estoffé : mais au reste à viure à sa liberté, ne dependre de personne, se gouuerner selon sa fantaisie, se repaistre de mille curiositez, aller, trotter, mespriser ce qui est de sa condition, comme les affaires de la maison, le soin qu'on doit auoir des peres & meres, des marys, ausquels on donne dix mille occasions de murmures & mescontentemens : telle deuotion est semblable aux pommes de Sodome, belles en apparence, au dedans ce n'est que cendre & poussiere.
D'autres pensent que la deuotion consiste à entendre douze messes par iour, dire vignt cinq chapellets, faire deux cent confessions par an, trois cent communions : courir de confesseur à autre, & les experimenter tous en vn 229 mois: ou bien s'attacher tellement à vn comme si nul autre n'auoit la clef de la grace, ny des Sacremens, & s'il le faut quitter c'est à perdre toute deuotion: ou bien à faire des longues confessions, à s'entretenir des heures entieres auec des peres spirituels, donnant occasion aux autres de murmures, & apres toutes ces niaiseries, on est aussi vain qu'auparauant, on est fier comme verjus : colere comme des petits lyons : inexorables aux prieres des pauures comme enclumes, insensible aux miseres d'autruy comme rochers.
D'autres mettront la deuotion à faire scrupule de regarder vne fleur par recreation : de boire frais en esté, & vous aualeront à grands traits les detractions & mesdisances, se repaistront d'enuies & de ialousies : entretiendront leurs esprits de iugemens qu'ils formeront d'autruy, faisant passer tout le monde par la censure de leur petite ceruelle, sans espargner ny con fesseur, ny predicateur, s'estimans capables de porter iugement de tous, voi-re des Prelats & du Pape.
D'autres sont beaucoup plus subtiles mettans la deuotion à des extases desguisées, à des rauissemens trompeux, en des paroles estrangeres: voulans raffiner toute autre deuotion dans le creuset de leur esprit. Ils ont le palais trop subtil en matiere de deuotion, pour prendre goust aux viandes communes: il ne faut que des elixirs, des quintes essences, des consommez: leurs parolles sont toutes alambiquées113: vous ne voyez en leurs deportemens que des choses specieuses & sont comme ces inscriptions qui sont sur les boittes des apoticaires, tout est de fin or au dehors, & au dedans, ce ne sont que des feuilles, & de l'escorce : & soub ces belles apparences vous ne trouuez autre chose qu'vn tintamarre de passions, ou vn meschant rat de vanité & de presomption, & bien souuent toute cette deuotion n'a autre effect que de la fumée, & quelquefois la folie.
Il y a deux sortes de deuotion, l'vne commune, l'autre singuliere: la commune consiste à seruir Dieu, premierement ayant des creances tres-pures & tres-chastes en ce qui concerne la vraye foy, sans aucun meslange de curiosi Deux sortes devraye deuotion, la commune & la singuliere. tez & opinion estrangere. Secondement s'applicant au culte & ceremonies qui appartiennent à la religion, franchement, cordiallement, religieusement, tant pour la satisfaction de sa propre conscience, comme pour l'edification du prochain, chacun est obligé à cette deuotion, puis que la religion ne peut subsister sans icelle, & qu'elle n'est autre chose à proprement parler que l'exercice sincere & pure de la religion: seruant Dieu dans la pieté commune, La deuotion commune. & n'y a aucune affaire qui puisse vous en exempter, ou bien faut renoncer à toute religion.
La deuotiõ singuliere enseigne à seruir Dieu par dessus la pieté comme à La deuotion singuliere. trouuer quelque retraitte selon vostre qualité & condition pour traitter auec Dieu, à l'imitation de Moyse, lequel en toutes ses affaires recouroit tousiours 230 au tabernacle. S. Gregoire Nazianzene dit que nous deuons auoir Dieu en memoire à chasque fois que nous respirons : voila la vraye deuotion, pratiquée par Dauid, prouidebam Dominum in conspectu meo semper, i'auois tousiours Dieu deuant mes yeux; ne vous imaginez pas que cela soit impossible; que ce soit vne Chymere ou idée de Platonique; que cela n'est propre que pour les bienheureux, qui n'ont autre object que Dieu, la chose n'est pas si mal aysée comme plusieurs pensent.
La deuotion est vn don de Dieu.
L'espouse Cant. 1. dit à l'espoux, trahe me post te, curremus in odorem vnguentorum tuorum : l'odeur & le parfum de l'ame c'est la deuotion, la premiere cause d'icelle est Dieu qui nous doit attirer, c'est pourquoy l'espouse dit, trahe me post te, c'est vn don de Dieu. S. Ambroise super cap. 9. Lucæ, quos dignatur vocat, & que vult religiosum facit, & ex indeuotis deuotos reddit : Dieu appelle ceux qu'il veut rendre pieux, ceux qu'il veut, & d'indeuots les rend deuots. Dauid le reconnoissoit lors qu'au Psal. 38. il dit, concaluit cor meum intra me & in meditatione me a exardescet ignis, mon cœur s'est eschauffé, mais qui y a mais le feu? sinon celuy qui n'est que feu, qui est Dieu, & qui embrase les Seraphins, il y La deuotion demãde nostre cooperation. faut toutefois de nostre cooperation, car c'est à nous d'attiser ce feu par nostre meditation, In mediatione mea exardescet ignis. La deuotion n'estant autre chose qu'vne prompte volonté qui nous porte à tout ce qui concerne le seruice de Dieu, la volonté s'eschauffe dans la meditation & consideration des benefices diuins, & dans la consideration de sa souueraine bonté : cette consideration cause l'amour : l'amour la tendresse : cette tendresse est la deuotion qui nous fait dire auec Dauid mihi adhærere Deo bonum est, ponere in Domino Deospem meam, tout mon contentement est en Dieu en qui i'ay mis toutes mes esperances, & à qui ie dresse toutes mes intentions.
Allumettes de la deuotion.
Pour causer vne vraye deuotion, il ne faudroit autre motif que l'infinie bonté de Dieu, laquelle seule (si pouuions bien l'apprehender) seroit capable pour nous inciter à l'aimer, & nous porter à tout ce qu'elle desire de nous, d'vne prompte volonté; mais d'auant que nostre soiblesse ne nous permet d'apprehender comme il faudroit cette souueraine bonté, nous auons besoin de quelques motifs, qui nous soient plus familiers & conformes à nostre foiblesse, comme sont les benefices diuins enuers nous, la creation, conseruation, prouidence, & sur tout l'humanité sacrée de IesusChrist; la consideration des mysteres qu'il a operé en icelle pour nous : car comme dit l'Eglise il est venu en ce monde, a fait tout ce qu'il a fait, afin que, dum visibiliter Deum cognoscimus, per hunc in inuisibilium amorem rapiamur, le connoissant visiblement nous soyons rauis à l'amour des choses que nous ne voyons pas, qui est sur tout la bonté de Dieu qui nous l'a donné.
Il faudroit estre de marbre pour ne s'atendrir à l'amour de celuy qui nous a 231 tant aymé que de nous donner son Fils : il faudroit auoir le cœur plus dur que diamant, s'il n'estoit amolly, plus froid que marbre, s'il n'estoit eschauffé : considerant comme Dieu apres nous auoir donné tout le reste des creatures, nous a enfin donné son Fils par vn excés d'amour, & ce pour suer pour nous, trauailler, souffrir, mourir: Hæc in statera cordis vestri appendite, vt totus vobis figatur in corde, qui pro vobis totus fixus est in cruce. Aug. de S. Virg. c. 55. Pesez cecy dans la balance de vostre cœur, afin que celuy-là soit totalement attaché à vostre cœur, qui a esté attaché entierement pour vous à la croix, dit S. Augustin.
Que les mariez peuuent s'appliquer à la deuotion.
Cela est bon me direz-vous pour les Anges & Bien-heureux, qui n'ont nul autre obiect que Dieu; & en l'intime presence de son essence, ne sont subiects à aucun diuertissement, estant entierement attachez & collez à luy par amour, comme ils sont par la connoissance & operation de l'entendement : & peuuent estre aucunement imitez par des parfaits religieux, mais impossible par vn homme du monde qui a vne famille à gouuerner : par vn marchand, qui a tant de negoces: par vne femme, qui a le soin d'vne famille, & l'obligation de complaire à vn mary, & de prendre garde à des enfans, & à des seruiteurs & seruantes. Mais croiriez vous que, & les affaires, & les soins, & l'administration d'vne famille, vous exceptast de l'obseruatiõ des cõmandemens de Dieu ? il me semble que Dieu s'adreſſe à vous, lors qu'il dit, Deut. 6. Audi Israel, Dominus Deus noster, Deus vnus est, diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo, & ex tota anima tua, & tota fortitudine tua eruntque verba hæc, quæ ego præcipio tibi hodie, in corde tuo, & narrabis ea filiis tuis, & meditaberis in eis sedens in domo tua & ambulans in itinere, dormiens, atque consurgens. Escoutes Israel, nostre Dieu est vn, tu l'aymeras de tout ton cœur, de toute ton ame, de toutes tes forces : ces paroles que ie t'ordonne auiourdhuy, seront en ton cœur : tu les raconteras à tes enfans: tu les mediteras estant assis en la maison: marchant par ton chemin: te couchant & leuant. C'est le mesme que dit N. Seigneur, Luc. 18 Oportet semper orare, & nunquam deficere, il faut tousiours prier, & iamais ne cesser, & S. Paul. 1. Cor. 10. Siue manducatis, siue bibitis, siue aliud quid facitis, omnia in gloriam Dei facite: Soit que vous mangiez, soit que vous beuuiez, soit que vous saffiez quelque autre chose, faites tout à la gloire de Dieu : & au Coloss. 3. Omne quodcunque facitis in verbo, aut in opere, omnia in nomine Domini Iesu Christi facite, tout ce que vous faites, ou de parolles, ou d'œuures, faites-le au nom de nostre Seigneur Iesus-Christ. Voila la vraye deuotion, aymer Dieu de tout son La vraye deuotion. cœur, rapporter tout à sa gloire, qui est comme vne perpetuelle oraison, faire tout en son nom, & de bonne volonté.
Ne pensez pas cela s'adresse seulement aux Religieux & aux personnes qu'on appelle ordinairement deuotes, qui font profession de la deuo 232 tion singuliere : il s'adreſſe à tous les Chrestiens : qui sont obligez comme enseigne S. Thom. 2. 2. qu. 60. art 1. Non seulement par conseil, mais aus Nous deuons tout rapporter à Dieu. si par precepte, de rapporter tout ce qu'ils font à la gloire de Dieu, car puis que Dieu entant que nous sommes Chrestiens est nostre fin surnaturelle, il s'ensuit qu'entant que Chrestiens nous sommes obligez de dresser nos intentions & actions à cette fin. S. Aug. sur le psal. 54. Intentio dirigatur in finem, dirigaturin Christum, quare finis dicitur? quia quicquid agimus ad illum referimus: nostre intention doit buter à vne fin, mais cette fin est Iesus-Christ : pourquoy est-ce qu'on l'appelle la fin ? sinon d'autant que nous deuons rapporter à luy tout ce que nous faisons, & qui est-ce qui soit si embarassé dans les affaires du monde qu'il ne puisse au moins au matin, à midy, au soir, dresser toutes ses intentions & actions à Dieu ? & partant faire tout à sa gloire, quoy qu'en chaque action, en particulier, il ne pense pas à luy actuellement ? & ne peut-on pas renouueller cette mesme intention à chaque heure ? oyant la messe, entendant l'horologe: commençant quelque œuure d'importance: faisant le signe de la croix; voire tout en trauaillant, comme dit S.Basile lib. qq. fusius disputat. interrog. 37. rendant grace à Dieu qui nous donne les forces, qui nous donne l'industrie, qui nous fournit la matiere pour faire les instrumens desquels nous nous seruons : le priant de dresser les œuures de nos mains à ce que nous puissions luy plaire.
Les Roys peuuent auoir la deuotion.
Plusieurs Roys l'ont ainsi fait dans le gouuernement de leurs Royaumes & dans la direction des armées, comme vn S. Louys, n'ayant autre dessein que de consacrer sa personne, sa femme, ses enfans, & son Royaume à la gloire de Dieu & partant estant tousiours luy mesme : d'autant que iamais il ne s'esloignoit de Dieu ny de la deuotion. Son esprit au milieu des plus rudes secousses estant inesbranlable, d'autant qu'il estoit affermy sur la pieté : tant d'autres Roys & Reynes qui ont trouué la deuotion parmy les pourpres & les delicatesses de la cour; voire parmy les rudesses des marys barbares & infideles. On peut estre deuote & femme mariée tout ensemble, on est obligée de complaire à vn mary, de soigner les enfans & les domestiques mais on ne laisse pourtant de trouuer Dieu si on veut, au mesnage, quoy qu'on soit esloigné des autels en faisant ce qui est du mesnage pour complaire à Dieu.
Deuotiõ de S. Severus tisserã.
On trouue la deuotion en tous estats, S. Seuerus tisseran se comportoit en son ouurage auec tant de pieté, de deuotion, & de saincteté, qu'enfin, comme vn iour apres auoir trauaillé, il alloit à l'Eglise ne pensant à rien moins, Dieu enuoya vne colombe qui monstra comme il l'auoit choisi pour estre Euesque de Rauenne, toute sa famille à son exemple, estoit saincte, ses reliques, celles de sa femme Vincentia, de sa fille Innocentia, se voyent à Mayenne, Sigebert in Chron. an. 824. Surius. 1. Ianuarij.
De nostre temps on a canonisé S. Isidore, sçauez vous bien qu'il estoit 233 Plusieurs artisans deuots. laboureur ? sa charrue & son mesnage ne diminuoient en rien sa deuotion qui estoit bien si grande, que souuent pendant qu'il prioit & sembloit ne rien faire, les Anges conduisoient sa charrue & faisoient son ouurage.
S. Crispin & Crispinian estoient cordonniers, S. Cosme & S. Damien Chryrurgiens : Claudius114, Nicostratus & leurs trois compagnons martyrs estoient sculpteurs.
Grande deuotion d'vn conroieur.
Il est rapporté lib. 2. de vitis & miraculis SS. Patrum Heremitarum115 cap. de S.Macario que le grand S.Antoine estant vn iour en prieres en sa cellule, entendit vne voix qui luy disoit, tu n'es pas encore arriué à la perfection d'vn conroieur116 qui est en Alexandrie : aussi tost desireux de voir cet homme, il se mit en chemin & arriué en Alexandrie trouua ce bon homme, & ayant fait quelques preuues de son humilité, pieté & deuotion, qu'il exerçoit parmy son trauail iournaliers; confessa librement qu'apres tant d'années de solitude il n'estoit encore arrivé à la perfection de ce bon homme : il avoit coustume aussi tost qu'il estoit leué, auant que commencer son ouurage, de se recommander à Dieu, luy consacrer tout ce qu'il feroit, s'humilier au desoubz de tous ceux de sa ville, se persuadant que tous les autres alloient au ciel, & qu'il ne faisoit rien digne du paradis, n'ayant aucune opinoin de soy-mesme. Ne pensez pas que la deuotion soit renclose dans les monasteres, & enfermée dans la solitude du desert : elle se trouue par tout.
Deuotion de S. Deus dedit.
S. Deusdedit cordonnier vesquit si sainctement que trauaillant toute la sepmaine il distribuoit le Samedy aux pauures ce qui luy restoit de gain apres son viure, & son entretien : vn Saint homme vit des ouuriers qui bastissoient vne maison à ce Saint homme, mais qui ne trauailloient que le Samedy, c'estoient des Anges. Greg. lib. 4. Dialog. cap. 36. Martyrolog. Rom. 10. August.117
Palladius cap. 41. & 42. apres S. Basile fait mention d'vne bonne sœur conuerse, qui estoit cuisiniere dans vn grand monastere, estoit le but de toutes les religieuses, chacun l'agassoit & l'importunoit & estoit mesprisée de toutes : vn iour vn Ange apparut à S. Pyoterius tres-saint Hermite & luy dit que cette bonne sœur estoit plus saincte que luy, luy commande d'aller au monastere, qu'il la reconnoistroit par le moyen d'vne couronne qu'elle auoit alentour de sa teste, & qu'il declarast par tout, qu'elle auoit si bien vny son trauail auec l'obseruation exacte de ses regles, & auec la deuotion : qu'elle estoit paruenue à vne plus grande saincteté que luy, puis que iamais son cœur n'estoit separé de Dieu au milieu de tant d'embarras, & luy dans son Hermitage vagabondoit d'esprit par tout le monde.
Le bien-heureux Alexandre frere de S. Mathildis, fille du Roy d'Escosse n'a-il pas vescu inconnu dans vn monastere de l'ordre de Cisteau118? seruant de vallet au vacher, & faisant des fourmages, recognu apres sa mort par des mi 234 racles ? Cantiprat. lib. 2. cap. 10. num.3. Caroliman fils de Charle Martel s'estant fait moine au mont Cassin par commandement de l'Abbé, gardoit les brebis portant les debilles sur ses espaules. Ex annalib. cœnobij montis Cassini119 On trouue Dieu & la deuotion par tout; vous la trouuerez en vostre mariage si vous voulez.
Gardez les commandemens de Dieu exactement; fuiez le peché mortel comme la peste, non seulement en vostre personne, mais en tous vos subjects & sur tout, en vos domestiques : ayez pour but en toutes vos actions En quoy consiste la deuotion des mariez. la gloire de Dieu, mirez120-la, & faites que tous les soins que vous prenez en vostre mesnage y visent: exercez les actes de religion conformement à vostre condition entendant la saincte messe, les vespres, les sermons : gaignant les indulgences, vous confessant & communiant suiuant la commodité que vous en aurez : faites bien aux pauures, à proportion de vos moyens : recommandez-vous à Dieu matin & soir, prenez garde que vos enfans & vos domestiques le faſſent, voila vostre deuotion. Ne vous persuadez pas que vostre deuotion consiste à estre toute vne matinée à vne Eglise, à entendre dix messes, & cependant negliger ce qui est du contentement & du service d'vn mary, laisser le soin de la maison à vne seruante : dire tant de Rosaires au lieu de prendre garde que vos domestiques s'acquittent de leur deuoir. Enfin si vous desirez sçauoir en vn mot en quoy consiste la deuotion, ap prenez & retenez bien qu'elle consiste à faire promptement, & auec alle-gresse, & pour Dieu ce qui est de vostre estat & condition. Vous le pouuez faire en mariage & ainsi vous y pouuez auoir la vraye deuotion & y acquerir la perfection conforme à vostre vocation. Voicy ce que Dieu demande de vous.
En la vie de peres est raconté qu'vn iour S. Macaire entendit vne voix du ciel qui luy disoit, Macaire Macaire tu n'es pas encore arriué à la deuo Deux femmes mariez bien deuotes. tion & perfection de deux femmes mariées qui sont en la ville voisine: espris d'vn grand desir de sçauoir qui estoient ces deux femmes, & poussé du saint Esprit il alla à la ville, entra en vne maison en laquelle demeuroient deux femmes mariées à deux freres. Il les pria bien humblement de luy vouloir dire comme elles viuoient : elles luy respondirent qu'il y auoit onze ans qu'elles demeuroient en mesme maison en grande paix & en vne parfaite intelligence auec leurs marys, qu'en leur mariage, elles n'auoient autre intention que d'auoir lignée ou de s'acquitter de leur deuoir enuers leurs marys, qu'elles auoient tousiours tasché d'offrir à Dieu la pureté de leur cœur & s'estoient donné de garde de ne l'offenser ny de fait ny de parolles. S. Macaire les ayant entendu & reconnu leur pureté & la grande crainte qu'elles auoient d'offenser Dieu, conjoincte à vne extreme desir de luy complaire, commença à s'escrier, veritablement la pureté de cœur est agrea 235 ble à Dieu en tous estats & faut confesser qu'il se trouue des gens mariez qui surpassent en deuotion plusieurs vierges & religieux.
Par la grace de Dieu il ne manque maintenant de semblables mariez de l'vn & l'autre sexe, qui craignent Dieu, le seruent, se gardent de l'offenser & non seulement parmy le simple peuple, mais encore parmy les grands & au milieu de cours, & font paroistre par leur vie & bons exemples que la deuotion & Dieu se trouuent par tout, & s'acquitans selon leur petit pouuoir des obligations qu'ils ont à Dieu, prennent nouuelles forces pour s'acquitter des obligations qu'ils ont l'vn pour l'autre & de les rendre d'autant plus solides & plus meritoires.
Vase ornée, remplie de fleurs 236 Grand bandeau, chérubin entouré de feuilles.

TRAITE' PREMIER. Des obligations des mariez l'vn enuers l'autre. Filet cadre, rayé. De l'amour mutuel des mariez. CHAPITRE I

Lettrine "L", fruits et feuilles.
LA plus grande & principale obligation des mariez l'vn enuers l'autre, reciproque & egale à tous deux, est celle qui procede de la donation mutuelle qu'ils se sont fait de leurs corps, de laquelle resultent toutes les autres : or d'autant que i'en ay parlé au liure precedent traitté. 2. Chapitre 3. ie n'en diray rien maintenant, ains monstreray les autres obligations, & commenceray par l'amour mutuel ou reciproque.
Tout se fait en ce monde par amour.
Il semble que l'amour peut estre appellé comme la grande ame de ce monde, que c'est luy qui donne la vie & le mouuement à toutes les creatures : que c'est comme le premier mobile qui emporte tout le reste dans l'impetuosité de son mouuement, amor meus, pondus meum, amore feror quocunque feror, mon amour est mon poids, ie n'ay mouuement que par amour. Aug. Si le feu monte, c'est l'amour de sa conseruation qui l'eslance : si la pierre descend c'est le poids du mesme amour qui la tire. Si les animaux cherchent si auidement ce qui est de la conseruation de leur indiuidu, & la propagation de leur espece, ce n'est qu'auec les ressorts de l'amour : mais sur tout, cela est ve ritable en l'homme, & d'autant plus qu'estant doué de raison la mesme rai-son veut qu'en toutes ses actions il agisse par amour, dans la poursuite du bien qui luy est sortable, & la fuite du mal qui luy est contraire : l'vn & l'autre procedant d'amour, puis qu'il ne fuit le mal qu'à cause de l'amour qu'il se porte.
Que si l'amour doit estre comme la vie de toutes les autres actions de l'homme, beaucoup plus du mariage : d'autant que comme le fondement du 237 mariage est l'amour, aussi le lien du mesme mariage, est le mesme amour: & le moyen d'y viure content est l'amour: il n'y a point d'autre sucre pour addoucir les amertumes & difficultez qui s'y retrouuent que l'amour.
Horat. l. I. carm. ode 13121.
Felices ter & amplius,
Quos irrupta tenet copula, nec malis.
Diuulsus quærimonijs.
Suprema citius soluet amor die.
Anciennement chez les Romains, on prenoit garde de ne faire espousailles en vn iour auquel y eust ou tremblement de terre, ou tempeste en l'air, mais que tout fust tranquil & calme en ce premier iour d'alliance : Alex. ab Alex. genial. dier. lib. 2. cap. 5. arrière les troubles en cette alliance d'amour.
Le Sage Eccl.35. dit que Dieu prend plaisir à trois choses qui sont recommandables deuant luy & les hommes : la concorde entre les freres, l'amour du prochain; le mary & la femme qui viuent en bonne intelligence ou qui Diuersité d'amour. s'aiment.
Faut remarquer auec S. Bonauenture opusc. de profectu relios. l. 2. ch. 27. qu'il y a diuerses sortes d'amour. Vn amour charnel qui n'a autre en Amour charnel. tretien que la chair & ses plaisirs : vn amour appellé d'ordinaire de concupiscence, qui est quand on ayme pour ses interests, comme le chien ayme son Amour de concupiscence. maistre pour le pain qu'il luy donne; le seruiteur le sien pour la recompense : l'amour naturel, comme celuy qui est entre ceux de mesme parenté ou de mesme pays, comme celuy par lequel nous aymons ce qui est de plus beau Amour naturel. & plus conforme à nostre naturel : l'amour social par lequel nous aymons ceux qui sont de nostre connoissance & qui nous sont familiers ainsi le vo Amour social. leur ayme le voleur : l'amour spirituel qui s'appelle ainsi, d'autant que c'est le premier fruict du S. Esprit, lequel n'est autre chose que l'amour du Pere & du Fils. C'est cet amour que Dieu nous ordonne, c'est cet amour qui est le Amour spirituel. lien de perfection : c'est cet amour qui est le precepte de Iesus-Christ, qui est la fin de la loy, & qui seul de soy est meritoire & rend l'amour naturel & social meritoire lors qu'il les informe & gouuerne : ce n'est pas cet amour qui gouuerne l'amour de concupiscence, mais le tolere & le modere de peur qu'il n'excede : or il a l'amour charnel en horreur & ne peut auoir aucune accointance auec luy.
De ce discours de S. Bonauenture il est aysé à voir quel est l'amour que Dieu demande des mariez, mais mariez Chrestiens : non vn amour fondé en l'vnion de la chair & du sang, ce seroit vn amour charnel, naturel où social, tel qui peut estre entre les payens & les plus barbares: non vn amour Quel doit estre l'amour des riez. fondé sur le bien, l'honneur, les prosits, ce seroit vn amour de concupiscence : mais vn amour d'amitié non humaine, mais diuine procedante de 238 la charité, fruict du S. Esprit, qui est la fin des preceptes, laquelle ayme d'vn cœur pure auec vne bonne conscience, & foy sans feintise, de corde puro, & conscientia bona, & fide non ficta, 1. ad Timoth. 1.
Comme les mariez sont deux en vne chair.
Remarquez ces epithetes ou proprietez de l'amour que S. Paul demande, le premier, de corde puro, d'vne pureté de cœur, c'est à dire, dit S. Aug- lib. 1. de doctrina Christiana cap. 35. sans meslange de chose aucune contraire à cét amour. Cor purum est vacuum cupiditate & amore sui, vt nihil aliud diligatur, quam quod diligendum est, n'aymant que ce qu'il faut aymer, sçauoir Dieu pour l'amour de luy & le prochain pour Dieu.
Cet amour ne se doit pas contenter d'vne certaine escorce & apparence exterieure, mais doit estre au cœur & à l'interieur : quand on ente vn arbre, on a beau mettre de la terre à l'entour de la greffe, iamais elle ne s'incorporera auec le sauuageon s'il ny a de la vie & de la chaleur naturelle interieure tant en la greffe qu'au sauuageon pour faire vn des deux. De mesme on a beau auoir des richesses, honneurs & plaisirs en mariage, iamais cela ne sera vne bonne vnion si l'amour du cœur ne se retrouue & en l'vn & en l'autre des conjoincts pour faire vn des deux.
Le second, bona conscientia, ce que S. Ambroise explique d'vne bonne vie.
Le troisiesme, fide non ficta, auec vne fois sans dissimulation, sans feintise ny tromperie aucune, s'entregardans la fidelité mutuelle.
La loy du mariage couchée au sacré Code, Gen. 2.122 en ces termes, erunt duo in carne vna, ils seront deux en vne chair : les mariez sont appellez vne chair. 1. d'autant qu'ils sont joincts pour viure vne vie charnelle ou corporelle. 2. à cause de l'vnion des corps prouenant de la donation mutuelle. 1. Corinth. 6. qui adhæret mulieri unum corpus efficitur. 3. à cause d'vne chair qui procede de tous deux & est commune à tous deux par indiuis, qui sont les enfans, fruicts de leur mariage. 4. à cause du pouuoir qu'ils ont mutuellement sur leurs corps ou leur chair. Les mariez sont vne chair, sont comme vn arbre qui a deux branches, sans lesquelles il ne peut produire sont fruict. C'est pourquoy nous sommes appellez, filij hominum, enfans d'hommes, & non pas d'homme comme nostre Seigneur qui fut filius hominis, fils d'vn homme, d'vne seule femme sans mary, qui contribuast à la formation de son corps. Duo in carne una, deux en vn par vnion d'amitié, car si l'amy est vn autre moy-mesme, Ethic.123 8. à plus forte raison la femme pour le regard du mary & le mary pour le regard de la femme doiuent estre deux en vn.
Trois vnions des mariez.
S.Thomas in cap. 5. Epist. ad Ephes.124 dit que les mariez doiuent auoir trois vnions : la premiere est de l'esprit par vn sainct amour & affection qui doit estre tel que les mariez conformement à la loy de Dieu doiuent quitter pere & mere l'vn pour l'autre. Il est bien vray qu'il n'y a nul amour non pas mesme du mary enuers sa femme, ny de la femme enuers son mary, qui soit 239 preferable à celuy des enfans enuers peres & meres quant à l'obeissance, re uerence & assistance, toutefois quant à la compagnie domestique & cohabi-tation, les mariez sont plus obligez l'vn à l'autre qu'à leurs peres & meres. La seconde vnion est vne tres-estroicte conuersation du mary & de la femme. La troisieme est l'vnion des corps en l'vsage de leur mariage, les septante signifient la force de ces trois vnions tournans, agglutinabitur, le mary sera collé : le Chaldée, hærebit in vxore, s'arrestera en sa femme n'estant qu'vn par la colle & vnion d'amour.
Vn enfant qui a deux corps & vne ame.
Pline raconte d'vn enfant monstrueusement double qui auoit deux corps bien formez mais collez ensemble & n'auoient qu'vne ame, ils auoient vne telle sympathie que tout ce qu'vn des corps faisoit estoit contrefait de l'autre. Figure des mariez qui sont deux corps par nature, mais vnis en vne chair par l'vnion d'vn mesme amour, que s'ils sont vnis d'vne vnion corporelle & charnelle, ils le doiuent estre plus estroittement de l'vnion d'esprit, afin que l'on puisse dire d'eux plus veritablement qu'on ne disoit des anciens Chrestiens, multitudinis credentium erat cor vnum & anima vna, en la grande multitude des Chrestiens ne se trouuoit qu'vn cœur & vne ame. Les mariez sont appellez, coniuges, c'est à dire, qui portent vn mesme ioug : le moyen de le porter doucement ? c'est par vn mutuel consentement & bonne intelligence, par vn sainct amour, par lequel on procure la perfection & saincteté l'vn de l'autre. Si Dieu a obligé chacun à auoir soin du salut de son prochain on ne peut douter que les mariez n’y soient particulierement obligez.
Nous pouuons reduire l'amour que les mariez se doiuent mutuellement à deux poincts, sçauoir l'ame & le corps. Les mariez deuroient auoir cette L'amour des mariez se reduit à 2. poincts. Les mariez se doiuent aymer selon l'ame. sentence de Tobie 8. bien emprainte en leurs ames, filij sanctorum sumus, & non possumus coniungi, sicut & gentes quæ Deum ignorant, nous sommes enfans de Saincts & ne pouuons nous ioindre comme les Gentils qui ne connoissent pas Dieu. Nous sommes Chrestiens, & partant nostre amour doit estre plus releué que celuy des payens. Nous sommes Chrestiens, & partant Gens sancta, vne nation saincte, ainsi nostre vnion doit estre saincte, c'est à dire, nostre amour doit estre selon Dieu, & se doit faire paroistre principalement, secundum animam, en ce qui concerne l'ame, c'est à dire, le salut: & cet amour consiste au soin que les mariez doiuent auoir mutuellement de leur salut S. Paul 1. Corinth.7. Sanctificatus est vir infidelis per mulierem fidelem, le mary infidele est sanctifié par sa femme fidelle, comme s'il disoit ainsi qu'explique S. Anselme, le mariage est sainct : & partant le fidele n'est pas souillé demeu rant auec l'infidelle, mais plustot l'infidelle est en quelque façon sanctifié de-meurant auec le fidele. Le mary infidele est sanctifié souuent, d'autant qu'il a espousé vne femme saincte & est conuerty par les prieres, merites, exhortations, bons discours & exemple de sa femme fidelle & saincte.
240 S. Brigitte gaigne son mary.
Il est rapporté en la Bulle de la canonization de saincte Brigitte qu'ayant esté mariée à Vlfo Prince, elle sçeut si bien le gaigner qu'elle luy faisoit reciter l'office de nostre Dame tous les iours, se confesser tous les vendredis, & par son exemple & Sainctes exhortations luy faisoit faire beaucoup d'autres exercices de pieté & deuotion. Elle nourrissoit ses enfans auec vn tres-grand soin à la crainte de Dieu : estoit mere des malades, & des pauures, leurs auoir assigné vne maison où elle les seruoit auec vne extra-ordinaire humilité, leurs lauant & baisant les pieds: elle fit le voyage de S. Iacque en Galice auec son mary.
S. Marguerite Reyne d'Escosse reforma son mary & le Royaume.
Saincte Marguerite Reyne d'Escosse fut rare en prudence & saincteté: elle eut vne deuotion singuliere, fut tres-liberalle en ce qui concernoit le seruice diuin, eut vn soin signalé de l'education de ses enfans, leurs enseigna les mysteres de la foy, les instruisit à la crainte de Dieu. Dressa sa famille & la maison du Roy auec vne prudence admirable : porta son mary Malcolinus Roy d'Escosse à l'exercice de la iustice, de la misericorde, & des autres ver tus : il la respectoit tellement pour sa saincteté qu'il taschoit de luy com- plaire en tout, & craignoit extremement de luy donner aucun mescontente-ment : il en faisoit tel estat pour ses rares vertus, qu'il baisoit par deuotion ses heures. Elle corrigea toutes les corruptions du Royaume d'Escosse, fut la mere des pauures, se monstrant tres liberalle enuers eux, non seulement de ses biens, mais encore de tous les seruices qu'elle leur pouuoit rendre, apud Surium tom. 5. 10. Iunij.
Pieté de S. Mathilde Reyne d'Angleterre.
De cette vertueuse mere sortit vne fille imitatrice de ses vertus qui fut saincte Mathilde Reyne d'Angleterre 125 laquelle faisoit venir les lepreux en sa maison, & ostant sa robbe Royale s'accommodant comme vne seruante, mettoit elle-mesme l'eau dans des bassins, leurs lauoit les pieds, les torchoit, les baisoit. Vn iour son frere nommé Dauid l'ayant veu luy dit : Ma sœur, si le Roy vous auoit veu baiser les pieds de ces vilains lepreux, il ne voudroit iamais toucher vostre bouche : elle ne fit que sousrire, & dit, ne sçauez-vous pas que les pieds du Roy du ciel sont plus pretieux que la bouche d'vn Roy de la terre, ce n'est pas pour me controler que ie vous ay fait venir, c'est pour m'imiter.
B. Iacopõ conuerty par sa femme.
Dieu retira le B. Iacopon du monde où il ne songeoit qu'à se faire grand, & luy fit embrasser l'humilité de la croix en la Religion de S. François, par le moyen de la femme, lors qu'apres sa mort il la trouua reuestue d'vn rude cilice. Radderus126 cap. 3.
Qui sera curieux de lire beaucoup de semblables exemples le pourra faire au traitté que Ludouicus Viues a fait de l'institution de la femme Chrestienne qu'il a addressé à Catherine Reyne d'Angleterre principalement au liure troisiesme.
241
Il est arriué souuent ce que dit S. Paul 1. ad Corinth. 7. que, Sanctificatus est vir infidelis per mulierem fidelem, qu'vne femme sage, deuote, & prudente, a conuerty son mary & en a fait vn Sainct, & partant Le Sage a raison de dire Eccli. 25. Beatus qui habitat cum muliere sensata. Bien-heureux l'homme qui demeure auec vne femme sage.
Ainsi saincte Cecile fut cause du salut de Valerianus. Theodore de Sisinius; S. Natalia de S. Adrian son mary, qu'elle fit non seulement Chrestien par ses bons discours, mais anima au martyre. Clotilde Reyne de France cause de la conuersion de Clouis Roy de France son mary : Placida Emperiere de la saincteté de Theodose, lors qu'elle seruoit de ses propres mains les malades, & miserables, & exhortoit son mary de se souuenir souuent de ce qu'il auoit esté autrefois & estoit lors, & que c'estoit le moyen d'estre reconnoissant enuers Dieu, & de bien gouuerner son Empire127.
S. Gregoire de Nazianze escrit de sa sœur Gorgonia qu'elle estoit tellement vnie auec son mary par l'vnion d'vn Saint amour, qu'elle croioit n'estre baptisée qu'à demy, son mary ne l'estant point, & partant elle ne cessoit de prier Dieu pour luy, afin qu'il luy fist la grace d'estre vnis par vnité d'esprit, & religion, comme ils estoient par vnité de corps, ce qu'elle obtient.
Si les mariez s'entr'aiment d'vn vray amour, ils ne permettront iamais que cet amour soit rompu pendant cette vie, voire desireront que leur amour soit eternel, & partant procureront, autant qu'il sera de leur pouuoir, qu'ils soient vnis en l'autre vie par amour & gloire, & ne seroit-ce pas vn grand creuecoeur, apres auoir esté vnis en cette vie, de voir cette horrible sentence verifiée en eux Math., 24. Erunt duo in lecto vno, vnus assumetur & alter relinquetur: de deux qui seront en vn mesme lict l'vn sera sauué, l'autre damné.
Or comme les bonnes & vertueuses femmes sont cause du salut de leurs marys, ainsi les mauuaises sont souuent cause de leur perte & damnation, qui perdit Adam ? sinon, mulier quam dedisti mihi sociam, la femme que vous m'auez donné pour compagne, elle le fit chasser du paradis terrestre apres auoir esté cause qu'il perdist la grace de Dieu. Qui renuersa la ceruelle à Salomon, sinon les femmes ? Iezabel porta son mary Achab à voler le bien d'autruy, & à tuer l'innocent.
Valens Empereur par les allechemens de sa femme deuient Arrien128, persequuta les Chrestiens, & enfin perit miserablement. L'empereur Arcadius par les importunez d'Eudoxia fut trompé & priua S. Chrysostome de son Siege de Constantinople, Baronius tom. 5. an. 404. Herodias fut cause qu'Herode fit decapiter S. Iean Baptiste, les liures sont pleins de semblables histoires.
242
Le bon vin est gasté meslé auec le vinaigre : la pomme saine, & entiere, estant aupres d'vne qui est pourrie se pourrit : vn membre sain reçoit la gangraine par la contagion de celuy auquel il est vny : ainsi, souuent le mary sain & entier est gasté, depraué, corrompu par la compagnie & contagion d'vne mauuaise femme. Nous voyons ordinairement, que quasi tous les corps naturels, prennent la figure des corps ausquels ils sont immediatement conioincts, & de ce principe, les Philosophes prouuent, que si le premier corps est rond, que le corps qui le touche de tous costez est rond : vous ne pouuez ioindre parfaictement deux corps ensemble par exemple, deux bois s'ils ne sont semblables en figure, si l'vn est plat, l'autre rond, iamais vous ne les pourrez ioindre parfaictement : il est quasi ordinaire qu'vn des mariez s'accommode aux humeurs, & prent la figure de l'autre, d'autant qu'il est impossible d'y auoir vne parfaicte vnion entre eux, tandis qu'ils sont differens en mœurs & humeurs.
I'ay dit que l'amour que les mariez se doiuent mutuellement, se peut reduire à deux poincts, sçauoir l'ame & le corps, i'ay parlé de l'amour de l'ame, ie n'ay qu'vn mot à dire de l'amour selon le corps, qui sera apres S. Paul, Ephes. 5. Viri debent diligere vxores suas, sicut corpora sua, les marys doiuent aymer leurs femmes comme leurs propres corps : on doit dire le mesme de l'amour de la femme enuers son mary, cet amour consiste à ne permettre iamais aucune diuision de son corps, ce qui se fait par l'infame, & abominable peché d'adultere, duquel i'ay parlé au lib. 2. traitté 2. chap. 10. Ie m'en vay monstrer quelques conditions que doit auoir cet amout reciproque des mariez.
Filet cadre, rayé.

Conditions que doit auoir l'amour des mariez. CHAPITRE II

LA mesure que nostre Seigneur nous donne de l'amour duquel nous deuons nous aimer les vns les autres, est comme il nous a aymé, hoc est præceptum vt diligatis inuicem sicut dilexi vos. Ioan. 15. Voicy mon commandement, sçauoir, que vous vous aymiez l'vn l'autre comme ie vous ay aymé. C'est de nous aymer l'vn l'autre iusques à donner nostre propre vie l'vn pour l'autre comme a fait Iesus Christ. Tel estoit l'amour des premiers Chrestiens desquels les payens tout estonnez disoyent, au rapport de Tertulian, vide vt se diligant, vide vt alter pro altero mori sint parati. Voyez comme ils s'ayment & sont prests de mourir l'vn pour l'autre. C'estoit la mesure que S. Paul prenoit de 243 son amour lors qu'aux Rom. 9. Il proteste qu'il est content d'estre anatheme pour ses freres, & long temps auparauant Moyse lors qu'il demande d'estre effacé du liure de vie les Iuifs.
Voicy vne autre mesure du mesme amour, diliges proximum tuum sicut teipsum, tu aymeras ton prochain comme toy-mesme. Il y a vn ordre & des degrez L'amour est reiglé & quels sont ses degrez. en l'amour comme dit l'espouse, ordinauit in me charitatem, Cant. 2. Le plus hault degré est Dieu, auquel tous les autres se doiuent rapporter. Voicy la regle des autres degrez selon S. Thomas, sçauoir que nous deuons aymer quel que chose d'autant plus qu'elle s'approche de plus prez des principes de cha-rité : or les principes de charité sont deux, l'vn est Dieu entant que souuerain bien, & qui est l'obiect du parfait amour, & le motif pour lequel nous deuons aymer : l'autre principe est celuy qui ayme, d'où s'ensuit que d'autant que quelqu'vn s'approche plus prez de Dieu par saincteté & vertu, & de nous par grace, nature, & alliance, que nous le deuons aimer dauantage : or y peut-il auoir plus grande vnion que celle qui est entre les mariez ? rien de plus prez à l'homme que sa femme, rien de plus à la femme que son mary, & partant ils se doiuent grandement aymer.
Tout ainsi que cette parole tu aymeras ton prochain comme toy-mesme, ne signifie pas comme dit S. Thomas 2. 2. q. 44. art. 7129. vne egalité, ne nous oblige pas à aymer nostre prochain à l'egal de nous-mesmes : mais vne resemblance, ou la façon auec laquelle nous deuons aymer nostre prochain, sçauoir pour Dieu, aussi donne-elle à connoistre comme les mariez se doiuent aymer, sçauoir comme dit le mesme Docteur parlant de l'amour du prochain, sanctè, iustè, verè. Sainctement, iustement, veritablement. Ie rapporteray les conditions que doit auoir l'amour de mariez à ces trois points.
Que c'est qu'aymer sainctement.
Premierement leur amour doit estre sainct, c'est à dire, pour Dieu d'autant que Dieu le veut ainsi, & le commande expressement; pour le regard du prochain, hoc mandatum habemus à Deo, vt qui diligit Deum, diligat & fratrem suum. 1. Ioan. 4. Dieu nous commande que quiconque l'ayme, ayme aussi son frere, son prochain, celuy qui est de mesme nature.
Mais ce commandement appartient aux mariez, d'autant plus particulierement, qu'ils sont vnis par entre eux plus estroittement. Que s'ils s'ayment pour les biens qu'ils esperent l'vn de l'autre : pour leurs commoditez : pour l'vnion naturelle & ciuille qu'ils ont entre eux : pour ce qu'ils symbolisent en humeurs : ce n'est pas vn amour pour Dieu, mais vn amour d'interest semblable au jardinier qui ayme l'arbre de son jardin tandis qu'il en espere du fruict, au vigneron qui garde sa vigne tandis qu'elle luy donne quelque es perance : comme les renardeaux qui succent la mammelle de leur mere tan-dis qu'ils y trouuent du laict, mais quand il n'y a plus rien la dechirent. S'il est sainct, c'est à dire, pour Dieu & rapporté à Dieu comme au principe de tout 244 amour & saincteté, iamais ils ne viendront à faire chose pour l'amour l'vn de l'autre, qui soit contraire à Dieu, puis que Dieu est la reigle de leur amour. L'amour d'Adam enuers Eue manqua en cette condition, lors que pour ne la mescontenter il transgressa le commandement de Dieu, & tout d'vn coup esgorgea toute se posterité. L'amour de Salomon n'estoit pas sainct, puis qu'il fut si passionné que pour complaire à ses femmes, il leurs bastit des tem ples pour y adorer leurs idoles, voire l'induisirent (tant elles eurent de pou-uoir sur ses affections) de les adorer. Est-ce vn amour sainct lors que les mariez font comme ce fol de l'Euangile, Luc. 14. disans tout à plat qu'ils ne peuuent seruir Dieu pour l'amour excessif de leurs femmes ? Multi dementes sacti sunt propter vxores suas, & serui facti sunt propter illas, & multi perierunt, & iugulati sunt, & peccauerunt propter mulieres. Esdræ 3. c. 4. Plusieurs sont deuenus foux pour le trop grand amour qu'ils portoient à leurs femmes : se sont rendus esclaues pour elles : se sont perdus : ont esté esgorgez, ont offensé Dieu pour les femmes. Si leur amour eust esté sainct, il ne fut arriué à cette extremité de folie.
Mariez damnez pour le mauuais vsage de leur mariage.
S. Catherine de Gennes vit vn iour l'enfer ouuert, & parmy les damnez plusieurs Ecclesiastiques pour auoir mal recité leurs heurs, & payé illegitimement le deu de leur mariage spirituel; & plussieurs mariez pour auoir abusé de leur mariage. Pour auoir trop aymé. S. Hierosme contra Iouin. lib. 1. compare l'amour excessif des mariez à l'amour d'vn adultere, & dit que l'homme sage doit aymer sa femme auec iugement, non auec excés d'affection, iudicio cum affectu. Le iugement consiste à ne postposer130 l'amour de Dieu à l'amour d'vne femme. Mais la hair comme dit nostre Seigneur Luc. 14. c'est à dire, comme l'explique S. Thomas, l'aymer d'vn amour moindre que celuy duquel il ayme Dieu ne faisant iamais pour sa femme, ny la femmme pour le mary chose qui puisse estre contre Dieu, ne se laissant emporter aux allechemens de sa femme comme fit Adam à ceux d'Eue. Ne s'abbaissant à l'adoration des idoles comme Salomon : ne quittant le seruice de Dieu pour complaire à sa femme comme le fol de l'Euangile.
Admirable constance de S. Natalia femme de S. Adrian.
Nous auons vn excellent exemple de ce sainct amour en la vie de Sainct Adrian : ayant esté apprehendé, & ietté en prison comme Chrestien, Natalia sa femme y accourut tout aussi tost, louant Dieu de toute l'estendue de son affection : estant arriuée à la prison, elle se prosterna aux pieds de son cher ma ry, baisant en toute reuerence les fers desquels il estoit lié : disant ces parol-les, ô mon cher mary que vous estes heureux d'auoir trouué vn si pretieux tresor : vous estes maintenant asseuré d'aller à Iesus-Christ, aupres duquel vous enuoyez de tres-grandes richesses, pour vous seruir au temps de la necessité, lors que le pere ne pourra deliurer son fils, ny la mere sa fille, ny le seruiteur son maistre. Soyez sans crainte, que l'amour des choses de ce mon 245 de ne vous trompe pas, que l'affection de vos parens, & de vostre femme, ne diminue l'amour que vous deuez à Dieu, que la craincte des tourmens ne vous espouuante. Ne regardez autre chose que la couronne que Iesus-Ch. tient en main pour vous mettre sur la teste, & la constance de ceux qui sont auec vous. Puis baisant les chaisnes de tous les autres martyrs qui estoient auec son mary, leurs disoit à tous : fideles seruiteurs de Iesus-Christ, ie vous prie d'encourager mon mary par vos aduertissemens, gaignez-le à vostre maistre, seruez-luy de pere, engendrez-le à la vie eternelle. Adrian encouragé de la constance de sa femme, luy dit, allez m'amie en la maison, lors qu'on me voudra mettre à la question131, ie vous feray appeller, afin que vous soyez tesmoin de ma constance : quelques iours apres, comme on estoit prest à le mettre sur la geine132, il dõna quelque present aux gardes, & ensemble cautiõ, pour luy permettre d'aller en sa maison appeller sa femme. Quelqu'vn de ses amis le reconnut & le preuenant alla aduertir Natalia que son mary venoit. Natalia croyant qu'il auoit perdu cœur, commença à pleurer, ferma sa porte, & luy dit comme il demandoit d'entrer, ah mal-heureux ne t'approches de moy, apostat, perfide, inconstant, qui t'a contraint de commencer vn si sainct œuure pour ne l'accomplir ? qui t'a si mal-heureusement separé de la compagnie des Saincts Martyrs. Mais Adrian luy dit, ma bien-aymée sœur, il n'en va pas comme vous pensez, ouurez la porte, ie suis venu pour m'acquitter de ma promesse, & pour vous aduertir que me voila sur le poinct d'estre exposé à la question : mais Natalia n'en croyant rien d'abord, ah le trompeur, dit-elle, encore m'en voudroit-il faire accroire, ie m'estranglerois plustot que d'auoir iamais aucune communication auec toy, va. Le sainct martyr fort consolé du zele de sa femme, enfin luy fait croire ce qu'il pretendoit; elle luy ayant ouuert la porte, se iette à ses pieds auec mille congratulations, accompagnées de larmes. Ils allerent tous deux au lieu du supplice, ou Adrian luy demanda, m'amie, comment auez-vous disposé de nos biens, mais elle luy dit, ne pensez plus, ie vous prie, aux choses du monde, n'ayez autre pensée que du ciel. Il fut presenté au tyran, où Natalia se trouua, & luy dit, mon tres-cher mary, iettez tout vostre cœur vn Dieu, n'ayez point de peur, il vous assistera contre les tourmens, & s'il permet que vous souffriez, vn moment de souf france vous sera l'entrée à vn eternel repos. N'est-ce pas là aymer saincte- ment ? aussi ce sont deux Saincts : & qui vous empeschera de les imiter, re-nonçant à tout autre chose plustot qu'à Dieu, & procurant vostre salut reciproquement.
L'amour iuste des mariez en quoy consiste.
Secondement l'amour des mariez doit estre iuste : cette iustice consiste en plusieurs choses, comme de ne disposer de leurs corps au preiudice l'vn de l'autre, ce qui est directement contre la iustice, entant qu'elle dispose du bien d'autruy contre la volonté du proprietaire : ne se fraudant l'vn l'autre de 246 l'vsage de ce qui leur appartient. Comme de ne s'aymer sinon en ce qui est iuste, & ne faire comme des Herodes & Pilate qui s'accorderent pour la ruine de Iesus-Christ le iuste : comme les renards de Samson qui estoient tous vnis, mais c'estoit pour mal faire. Doit estre iuste, c'est à dire d'vn à vn, car la iustice du mariage demande, que le mary, apres Dieu soit tout à sa femme, & la femme tout à son mary, & à nul autre, & qu'elle puisse dire auec verité, dilectus meus mihi, & ego illi, mon mary est tout à moy, & moy tout à luy.
Si cela n'est, il est impossible que le mariage subsiste, vous ne pouuez conioindre deux pieces de fer ensemble quoy que l'vne soit toute ardante, si l'autre demeure froide, vn des mariez a beau estre tout embrasé d'amour, iamais il n'y aura vne vraye vnion tandis que l'autre sera refroidy : ils doiuent tous deux auoir pareille volonté, ayant pareil desir au bien, chacun toutefois demeurant dans l'ordre & degré que Dieu luy a prescrit, sçauoir, la femme en la soubmission qu'elle doit à son mary, le mary en la préeminence ou Dieu l'a estably. Ils doiuent estre comme deux Seraphins marchans vnanimement deuant Dieu, le louant & benissans vniformement, s'exhortans l'vn l'autre de paroles & d'exemples à toute sorte de iustice, & s'aduertissans charitablement de leurs defauts.
Et pourquoy Dieu a il ordonné le mariage en la nouuelle loy entre deux, sans que le mary puisse auoir plusiuers femmes, ny la femme plusieurs marys ? sinon pour donner à entendre la parfaite vnion qu'il demandoit d'eux, semblable à celle de l'espoux mystique à son espouse, dilectus meus mihi, & ego illi, tout l'vn à lautre que leur amour soit iuste, cest à dire singulier, vnique, comme demande l'equité & iustice d'vn vray & legitime mariage : le mary aymant sa femme comme sa moitié, la femme reciproquement son mary. Tel estoit l'amour de l'espoux mystique, lors qu'il dit Cant. 2. sicut lilium inter spinas, sic amica mea inter filias: tel l'amour de l'espouse qui dit, sicut malus in- La femme doit estre vn lys à son mary. ter ligna syluarum, sic amicus meus inter filios. Tel qu'est le pommier entre les arbres sauuages, tel est mon amy entre les enfans : la femme doit estre au mary comme le lys, toute autre femme luy doit estre comme espines, desquelles il se doit donner de garde, mais la sienne comme vn beau lys blanc en pu reté & syncerité de son amour, odoriferant en la suauité de ses mœurs : com-me vn lys sans evpines d'aigreur, de cholere, d'impatience. Tous les hommes luy doiuent estre comme des arbres sauuages, & steriles, son mary seul luy estant comme vn bel arbre chargé de bons fruicts.
Enfin la iustice de cet amour consiste en vn ayde, & assistance mutuelle qu'ils se doiuent, portants le ioug qu'il se sont imposé d'vn commun accord, en se soulageans, & s'assistans l'vn l'autre. Vne charge est mieux portée de deux que d'vn seul : aussi la charge du mariage est plus douce, & legere dans l'assistance mutuelle, & dans la communication de leurs sentimens, de tri 247 stesse, de ioye, des contentements, des desplaisirs, principalement lors qu'elle procede de l'interieur, & d'vn parfait amour, & non d'vne feintiſe, & de quelques compliments, & complaisance exterieure.
Amour veritable
Enfin l'amour des mariez doit estre veritable. L'amour dit S. Iean. 1. 3. ne consiste pas en parole, mais aux œuures, & en la verité : non diligamus verbo, & lingua sed opere, & veritate. Pour aymer auec verité, ce n'est pas assez qu'on soit mariez, qu'on ayt communication de maison, de table, de lict, mais il faut venir aux œuures. S'entraydans, se seruans l'vn l'autre. Cet amour sera veri table s'il est constant, non comme l'amour d'vne courtisanne, ou d'vne adul-tere qui ne dure non plus que le plaisir.
De scrip tion de l'amour.
Les anciens depeignoient l'amour ayant vn foudre en main, pour monstrer que comme le foudre ne monstre iamais sa force dauantage, que lors qu'il trouue plus grande obstacle, qu'aussi le vray amour ne se fait iamais paroistre dauantage, que lors qu'il se trouue combatu des difficultez. D'autres ne depeignoient iamais l'amour, sinon luy donnant d'vn costé Mercure le Dieu de l'eloquence, & de l'autre, Hercule, le Dieu de force, pour monstrer que le vray amour n'a pas seulement les paroles, mais encore les effects. D'autres luy donnoient des aisles, & le faisoient aueugle : ouy le vray amour est aueugle, pour ne voir aucun peril pour se communiquer à la chose ay mée : ouy il a des aisles pour se porter à tout auec vne promptitude ad-mirable.
Si tous ceux qui font profession d'aymer, & d'aymer veritablement, doi uent accompagner leur amour de ces circonstances, qui ne voit que les ma-riez y sont plus obligez qu'aucun autre, puis que leur amour est le plus grand; & le plus imtime de tous les amours. Amour fondé non sur le sable des richesses & biens perissables : non sur la boue des plaisirs charnels, mais fondé sur la pierre ferme qui est Iesus Christ, à laquelle tandis qu'ils se tiendront fermement vnis, il n'y aura tempeste qui puisse preualoir contre eux : leur amour ne sera d'vn iour, mais inseparable & pour tousiours, quod Deus coniunxit, homo non separet, puis qu'il est fondé sur l'amour de Dieu, & cimenté auec le pretieux sang de son Fils: si leur amour est tel, sainct, iuste, vray: ils s'aduanceront l'vn l'autre à la vertu, ayant vn grand soin mutuellement de leur salut : ils ne se feront aucun tort : ils supporteront aysement les defauts l'vn de l'autre, comme Iesus Christ fait de son espouse l'Eglise, à laquelle il pardonne continuellement : cet amour sera esloigné de soupçons, de deffiances, de ialousies, de chagrins : enfin il leur seruira comme d'vn char de feu à Elie, pour les transporter de ce lieu de misere, en vne bien heureuse eternité.
Heureux le mary qui peut dire auec verité ce que dit l'Espoux, Cant. 4. Quam pulchra es amica mea, quam pulchra es sicut fragmen mali punici genæ tuæ. 248 O m'amie que vous estes belle, que vous estes belle, vos ioues sont comme vne piece de grenade : il se complait en sa beauté, dans vn parfait amour, ac compagné d'vne estroicte vnion, & parfait concordre, representée par la pom-me de grenade, qui par sa couronne signifie la charité, reyne des vertus, de laquelle l'amour des mariez doit tirer tout son honneur : qui par ses grains, & pepins si bien vnis & arrangez, monstre l'vnion & bonne intelligence des mariez, chacun se maintenant en sa place. Mais mal-heureux ceux qui sont semblables aux pauots, où se trouuent multitude de grains sans vnion, estans tous diuisez l'vn de l'autre & sans ordre.
L'aspic quoy que serpent, comme dit Pline, lib. 8. a vn tel amour pour son pair, que l'vn estant tué, l'autre se iette au trauers des hommes armez, pour vanger sa mort : symbole de l'amour des mariez. Iesus-Christ a aymé son Es Amour de l'aspic auec son pair. pouse iusques à la mort. Viri diligite vxores vestras, sicut Christus dilexit ecclesiam, & tradidit seipsum pro ea. Marys aymez vos femmes comme Iesus-Christ a aymé l'Eglise, & s'est liuré pour elle, Ephes. 5.
Pour conclusion de tout ce que i'ay dit en ces deux chapitres, & pour en donner comme vn sommaire aux mariez, ie reduiray les deuoirs de l'amour des mariez, l'vn enuers l'autre à 5. points.
Deuoirs de l'amour des mariez.
Le premier est que les mariez faſſent l'vn pour l'autre tout ce qu'ils pourront faire licitement, & conformement à leur estat, & condition, qu'ils s'estudient à se complaire autant qu'il leurs sera possible, & se gardent de tout ce qu'ils penseront deuoir deplaire à leur partie. Procurans l'honneur, la gloire, & les commiditez l'vn de l'autre, se preuenans l'vn l'autre en seruice, & respect : corrigeans en eux tous defaults par lesquels ils pourroient se donner quelque mescontentement l'vn l'autre : le mary laissant faire à sa femme ce qui est de sa condition en l'administration de la famille, la femme ne controlant son mary aux affaires de dehors, & en ses desseins : l'vn & l'autre s'acquittant tellement de ce qui luy est propre que se trouue en la maison vn calme tres-parfaict, joinct à vn amour pure cordial, & syncere.
2. Qu'ils parlent honorablement l'vn de l'autre lors que l'occasion s'en presentera : s'il y a quelques defauts la syncerité de leur amour leurs fournira des voiles pour les couurir, & des parolles pour les excuser, & partant qu'ils se donnent de garde de publier par dehors les petits manquemens de la maison, & sur tout que iamais la femme ne se plaigne à ses voisines, racontant les imperfections de son mary, ny le mary celles de sa femme : quand ils auroient subiect de mescontentement l'vn de l'autre, dequoy leurs seruira que d'autres le sçachant ? sinon pour leur honte, & confusion, & pour en faire des contes puis apres.
3. Ie les prie de se souuenir des proprietez que S. Paul donne à la charité 249 1. Corinth. 13. sçauoir, 1. qu'elle est patiente, patiens est, & comme il est bien difficile qu'il n'arriue beaucoup de petits accidents, & fascheries en mariage, qu'aussi l'amour ne s'y peut conseruer sans patience. 2. Benigna est, elle est douce & benigne, & partant capable de rabattre ce qui seroit vn peu trop violent. 3. Non æmulatur, elle ne sçait que c'est d'enuie, que si cela est vray vniuersellement de l'amour, il doit estre tres-vray du mary, & de la femme qui doiuent auoir vne tres-parfaicte vnion de biens, d'honneurs, & de contentement, & partant se reiouir du bien de l'vn l'autre, se douloir133 de leur mal, comme du leur propre, & ne donner aucun accés à l'enuie.
4. Non agit perperam, elle ne sçait que c'est de flatterie, de dissimulation de malice, de tromperie, de complimens vains, & creux : de precipitation, d'inconstance, de legereté, de superbe, de presomption, de vanterie, d'impudence & effronterie. 5. Non est ambitiosa, elle n'est pas honteuse, n'estime rien de vil ny d'abject pour se communiquer. 6. Non cogitat malum, si elle est attaquée elle ne tient pas cela à iniure, n'en cherche point de vangeance, mais dissimule, excuse, pardonne. 7. Non quærit quæ sua sunt, n'est pas attachée à ses interests, enfin, Non irritatur, ne se fache pont, Non gaudet super iniquitate, congaudet veritati, omnia suffert, omnia credit, omnia sperat, omnia sustinet, ne se resiouyt pas du mal, se resiouyt de la verité, supporte tout, croit tout, espere tout, patiente par tout.
5. Ils doiuent auoir soin du salut l'vn de l'autre, s'exhortans mutuellement au bien, & à l'exercice des bonnes œuures, s'aduertissans charitablement, & modestement l'vn l'autre de leurs manquemens, & receuans reciproquement ces aduertissements de bonne part. Ie confesse que le mary y a vne obligation particuliere entant que chef, & partant est coupable des fautes de sa femme, ausquelles il auroit negligé de remedier : toutefois la femme le doit aussi faire, mais modestement, prudemment, & choisissant le temps & l'occasion propre.
5. S. Paul les aduertit 1. Corinth 13. que, Charitas nunquam excidit, que le vray amour ne meurt iamais, & partant, que les mariez ne doiuent pas s'aymer seulement au temps de la prosperité, mais encore pendant l'aduersité, & c'est lors que l'amour se doit principalement faire paroistre par vn secours, & assistance mutuelle, ayant soins des biens, de l'honneur, de la santé, de la vie l'vn de l'autre. Le vray aymant, ayme Esté, & Hyuer, c'est à dire au temps de la prosperité, & de l'aduersité.
Messieurs les mariez, seruez-vous de cet amour, comme d'vne medecine contre les difficultez, & desolations qui vous peuuent arriuer en vostre estat. L'Escriture Saincte dit, que le bon Patriarche Isaac, ayma Rebecca d'vn tel amour, qu'il modera la douleur qu'il auoit de la mort de sa chere mere, Genes. 24. L'amour des mariez leur doit seruir de consolation, & de 250 remede contre toute desolation.
Il semble que Dieu a eu egard à l'establissement de cet amour, lors qu'en l'ancien testament il auoit defendu que le nouueau marié exerçast aucune charge publique, & qu'il fust receu à la guerre la premiere année de son mariage, afin qu'il demeurast auec sa femme & que leur amour encore tendre & nouueau, ne receust aucune diminution. Deute. 24.
Filet cadre, rayé.

Des obligations particuliers aux marys & premierement de la prudence du mary. CHAPITRE III.

LEs marys peuuent reconnoistre les obligations qu'ils ont enuers leurs femmes, & qui leurs sont particuliers par les paroles de S. Paul. 1. Corint. 11. qu'ils doiuent considerer diligemment, volo autem vos scire, quod omnis viri caput Christus est, caput autem mulieris vir: caput vero Christi Deus: ie veux que vous sçachiez que le chef (cest à dire) le superieur, le maistre, le directeur de l'humanité de Iesus-Christ, c'est Dieu : Iesus Christ est le superieur, maistre, & directeur de l'Eglise; le mary superieur, maistre, & directeur de la femme.
Iesus-Chr. chef de l'eglise en 4. façons.
S. Thomas remarque que Iesus-Christ est chef de l'Eglise en quatre façõs, premierement d'autant qu'il est de mesme nature que les autres hommes : secondement à cause de l'abondance de grace qu'il a par dessus le reste des hommes, troisiemement d'autant qu'il est releué par dessus toutes les creatures : quatriemement d'autant qu'il influe en toutes les creatures, & nommement à l'Eglise. Ainsi dit S. Thomas, l'homme est chef de la femme en quatre façons: premierement il est plus parfaict que la femme, non seulement d'autant que naturellement il a vne preeminence par dessus la femme : troi siemement d'autant qu'il influe gouuernant la femme : quatriemement d'au-tant que le mary & la femme sont conformes en nature, faciamus ei adiutorium simile sibi.
Rapport de la teste & de l'entendement.
La teste est au corps de l'homme, ce que l'entendement est à l'ame, car tout ainsi que l'entendement est le premier principe des actions volontaires, & humaines, aussi est la teste des corporelles : la volonté n'a aucune operation si elle n'est esclairée de l'entendement, puis qu'elle est aueugle, & ne peut aymer le bien, ny hair le mal, si l'entendement ne luy fait connoistre 251 auparauant que le bien, est bien, & le mal, mal : le corps n'a aucun mouuement sãs la teste, car elle est le premier ressort de tous les mouuements du corps, & en elle est la racine de tous les sentimens. C'est la teste laquelle par le moyen du cerueau & des nerfs, enuoye par tout le corps les esprits animaux, & fait iouer les ressorts que la nature a mis en chaque partie du corps, pour leurs mouuemens & operations. Dans la teste resident les cinq sens : les yeux comme deux flambeaux pour la conduitte de tout le corps & pour seruir comme d'espions pour decouurir de loing ce qui luy pourroit nuire, les aureilles qui sont comme le guichet & les autres, sçauoir, le gouster, le flairer, le toucher. La teste est la premiere source de tous les mouuemens interieurs, par les nerfs qu'elle fournit au cerueau, & la cause du total mouuement exterieur par les mesmes nerfs. L'entendement donne mouuement à l'ame, & la fait agir, luy fournissant l'intelligence, aussi fait la teste au corps : la teste est de figure ronde qui est la plus parfaicte de toutes : l'entendement est rond en quelque façon, entant qu'il discourt d'vne chose à l'autre, faisant comme vn mouuement circulaire par la raison.
Comparaison de la teste auec le ciel.
La teste est au corps de l'homme, ce qu'est le ciel au monde : le ciel est la plus haute partie de tout le monde, la teste de tout le corps : rien de plus beau entre toutes les parties du monde qui sont destituées d'ame, que le ciel, dit Aristote, 2. phys. c.2. à cause de sa figure, lueur, mouuement, & autres qualitez: rien de plus admirable que la teste, qui surpasse le ciel en la varieté de ses figures, car le ciel n'ayant autre figure que la ronde, la teste les a quasi toutes estant ronde en sa substance totalle : oualle aux yeux, pyramidalle au nez, ayant la figure de Cylindre, de cube, & autres en la varieté des os, dont elle est composée. Au ciel est la Lumiere des astres, à la teste les yeux, capables de voir toute forte d'obiects, & de couleurs, & de les enclorre dans leur capacité : Le ciel maintient aucunement ce monde, luy communiquant ses influences, la teste conserue le corps, influant en tous ses membres. Si le mouuement du ciel s'arrestoit, tout cesseroit en ce monde, si la teste manque, tout le corps defaut.
4. offices de la teste.
Ie reduiray tous les effects de la teste en quatre, que i'appliqueray à l'hõme, entant qu'il est chef de la femme. Le premier est, de conduire le corps. Le second, de pouruoir au corps, & distribuer la nourriture aux membres. Le troisieme, de commander à tout le corps. Le quatrieme, d'aimer le corps, & tous les membres.
L'homme a plus de prudence que la femme.
Tout ainsi que la nature a mis les yeux, le cerueau, & les sens en la teste, pour la conduitte & gouuernement du corps, aussi a elle donné à l'homme plus de prudence qu'à la femme, pour la conduitte & gouuernement de la femme, & de toute la famille, suiuant le dire de Salomon, Prouerb. 15. Vir prudens dirigit gressus suos, c'est à luy de monstrer à sa femme ce qu'il con 252 uient faire, quand & comment; & partant il est comparé par S. Bernard, sur les Cantiques, à vn chartier134, qui tient les resnes de ses cheuaux, les lache, & les retire, pour les conduire : à un Docteur qui enseigne ses disciples, & leur monstre ce qu'il conuient faire : c'est comme vn soleil au milieu de sa maison, qui par sa prudence, & ses vertus, doit esclairer sa femme, & tous ses domestiques, & leur faire voir ce qu'il faut faire, & ce qu'il conuient euiter. O qu'heureuse est la maison où se retrouue vn tel chef, puis que comme dit Salomon Prouerb. 24. Sapientia ædificabitur domus, & prudentia roborabitur, in doctrina replebuntur cellaria, vniuersa substantia pretiosa, & pulcherrima. Vir sapiens fortis est, & vir doctus robustus: & validus: erit salus vbi multa consilia. Ce qui fait les maisons, & qui les fortifie, & confirme, c'est la sapience, & la prudence : c'est la doctrine qui remplit les caues, & les greniers, & qui fait que les maisons foisonnent en tous biens. Rien de plus fort qu'vn homme sage, & prudent, on est en asseurance, ou on se gouuerne auec conseil.
Force de la prudence.
Le Sage en l'Ecclesiaste chap. 9. nous monstre ce que peut vn homme prudent par cette figure : il y auoit dit-il vne petite ville, peu de garde en icelle, vn grand & puissant Roy l'attaqua, la bloqua, l'assiega, l'entourant de tous costez de tranchées & de forts : se trouua vn pauure homme, mais sage lequel par sa prudence & sagesse la deliura, d'où il prent occasion de tirer cette conclusion, melior est sapientia quam arma bellica. Mieux vaut la sa gesse que les forces, & les armes. Combien de familles voit-on rendues flo-rissantes par la prudence & conduicte d'vn pere de famille ? au contraire destruittes par l'imprudence d'aucuns ? Baruch. 3. quoniam non habuerunt sapientiam perierunt propter suam insipientiam, ils ont manqué de sagesse, & partant se sont perdus.
L'orateur Romain dit fort à propos, in Rethoricis, parua foris sunt arma nisi sit consilium domi135: vne maison a beau auoir des grands appuys d'alliances, d'amys, de faueur, s'il n'y a de la prudence & du conseil à la maison, c'estoit le sentiment de ce Philosophe duquel i'ay parlé au chapitre. 5. du traitté. 1. du premier liure lors qu'il disoit, malo dare filiam viro indigenti pecunia: quam pecuniæ indigeanti viro, i'ayme mieux donner ma fille à vn homme pauure & prudent qu'à vn riche sot. Le Sage Eccli. 7. Trade filiam & grande opus feceris homini sensato de illam, mariez vostre file à vn homme prudent.
Ie m'en vay vous monstrer quelques effects de cette prudence. 1. de dissimuler beaucoup, & quoy que le mary voye beaucoup de petites choses, en Effects de la prudence du mary. la maison, qu'il faſſe semblant de rien, comme Dauid : ego autem tanquam surdus non audiebam, & tanquam mutus non aperiens os suum, qu'il soit souuent sourd & muet. Comme cet agneau d'Isaie 53. qu'on tond & ne dit mot, quasi agnus coram tondente se obmutescet & non aperiet os suum.
2. Qu'il faut s'armer de patience suiuant l'aduis de S. Paul aux Ephes. 4. 253 obsecro vos ego vinctus in Domino, vt digne ambuletis vocatione qua vocati estis, cum omni humilitate, & mansuetudine, cum patientia supportantes inuicem in charitate, solliciti seruare vnitatem spiritus in vinculo pacis, escoutez vn pauure prisonnier pour Iesus- Christ qui vous prie, que vous marchiez dignement en la vocation & condition où Dieu vous a appellé auec toute humilité, mansuetude & patience, vous supportans l'vn l'autre auec charité, estans soigneux de con seruer l'vnité d'esprit, auec l'vnion de paix. Souuent la victoire est plus glo-rieuse en patientant qu'en frappant. Prouerb. 17. melior est vir patiens viro forti.
3. C'est de remedier aux maux qu'il verra en sa maison, & à ses domestiques, par des choses contraires, non pas par des semblables. Si sa femme est cholere, y apporter remede non par vne autre cholere, mais par debonnaireté: si impatiente, non par impatience, mais par patience : si portée à la rancune, la vaincre par amour, suiuant le precepte de Salomon Prouerb. 25. si esurierit inimicus tuus ciba illum, si vostre ennemy a faim donnez-luy à manger, & au chap. 26 ne respondeas stulto iuxta stultitiam suam, ne ei similis efficiaris, ne respondez pas à vn fol follement, de peur que vous ne deueniez fol comme luy.
4. Est de croire comme chose asseurée que le moyen de bien conduire autruy, c'est de se bien conduire soy-mesme, S. August. lib. de doctrina Christiana, non obedienter auditur qui seipsum non audit: quelle apparence de suiure celuy-là comme conducteur, qui ne sçait où il va, S. Greg. in Moralib. cum imperio docetur, quod prius agitur, quam dicitur. On ne peut enseigner plus efficacement, qu'en faisant premierement ce qu'on enseigne.
Ie conclus ce poinct auec le Sage, Sapientæ 8. Omne aurum comparatione sapientiæ arena est exigua, & quasi lutum æstimabitur argentum in conspectu illius. L'or, & toutes les richesses, en comparaison de la sagesse, n'est que du sable, & l'argent n'est que de la bouë. En fin la vraye prudence est de se persuader que, Dominus dat sapientiam, & ex ore eius prudentia, Prouerb. 2. que la sagesse & la prudence vient de Dieu, & partant faut auoir recours à luy, luy demander par frequentes prieres, & l'obliger à la donner par vne bonne vie.
Cul de lampe. 254

Filet cadre, rayé. Que c'est au mary d'entretenir sa famile & trauailler. CHAPITRE IV.

LA seconde obligation du mary entant que chef est de pouruoir au corps, c'est à dire, à sa femme, & à sa famille, il y est condamné par arrest souuerain couché au Genese 3. en ces termes, quia audisti vocem vxoris L'homme condamné à trauailler. tuæ, & comedisti de ligno, ex quo præceperam tibi ne comederes, maledicta terra in opere tuo, d'autant que tu as escouté la voix de ta femme, & que tu as mangé du fruict que ie t'auois defendu, la terre sera maudite en ton œuure. In sudore vultus tui vesceris pane tuo, tu mangeras ton pain à la sueur de ton front: la femme a eu les punitions de sa legereté à escouter le serpent, & à seduire son mary, i'en parleray apres, voicy celle de l'homme pour auoir preferé les parolles de sa femme à celles de Dieu, c'est qu'il doit trauailler, & pouruoir à sa famille par sa sueur.
S. Bernard serm 27. In paruis, Adam dit-il, a peché en aymant trop sa femme, non pas d'autant qu'il a fait sa volonté, mais d'autant qu'il l'a preferé à la volonté diuine : la raison vouloit qu'il fit plustot la volonté de celuy auquel il estoit plus obligé, & qui doute qu'il ne fust plus obligé à son Createur qu'a sa femme ? il n'auoit autre obligation à sa femme que de l'aymer comme sa compagne, or il estoit obligé d'aymer, reuerer & craindre Dieu, & partant ces liens le deuoient astrainde dauantage auec Dieu que le seul lien d'amour auec sa femme, or en punition de cette imprudence il est condamné au trauail.
Et quoy! l'homme ne deuoit-il pas trauailler auant qu'il eust peché? po- L'homme eust trauaillé s'il n'eust peché, par plaisir non par necessité. suit eum in paradiso vt operaretur & custodiret illum. Dieu l'auoit mis au paradis terrestre pour y trauailler, & pour le garder. Il est vray, mais c'estoit vn trauail sans peine, & par recreation, non par necessité, tout ainsi qu'vn prince & Seigneur prent plaisir à dresser des bordures, compartimens, & allées dans son jardin, dit S. Chrysost. Adam eut fait diuers ouurages, & enjoliuemens dans le paradis pour son plaisir & pour passer le temps : & quoy que la terre eust esté fort fertile il l'eust encore rendue plus fertile par son iudustrie. Or depuis le peché la terre a esté maudicte & l'homme condamné au trauail non plus par plaisir & recreation, ains par necessité & obligation.
Comme la terre maudicte de Dieu.
Maledicta terra in opere tuo. La terre sera maudicte en ton œuure, ce que S. Hierosme explique du peché, in opere tuo, en ton peché : toutefois il est plus 255
probable que Dieu veut dire tu trauailleras en punition de ton peché, & en trauaillant & cultiuant la terre, tu experimenteras qu'elle est maudicte pour toy, c'est à dire, qu'elle sera sterile des choses qui te sont vtiles, & fertile des choses qui te sont inutiles, & nuisables, & qu'elle ne te fournira ce qui est necessaire pour ton entretien qu'auec grande peine & trauail. Ce n'est pas à dire que la terre ayt perdu sa sterilité laquelle elle auoit auant le peché d'Adam La terre n'a pas perdu sa fecondité pour le peché d'Adam. ou qu'elle soit diminuée, elle est de mesme nature & condition depuis le peché qu'elle estoit auparauant : mais auant le peché l'homme n'auoit que faire de la cultiuer pour auoir de quoy viure, ou s'il l'eust cultiuée c'eust esté sans fascherie ou peine : d'autant que le paradis terrestre comme vn sol tres-fertile eust fournie à l'homme en tres grande abondance tout ce qui luy eust esté necessaire sans autre culture, ou au moins sans peine ou facherie : le ciel eust enuoyé ses influences plus benignes & plus asseurées sur la terre, pour seconder les trauaux de l'homme, mais depuis le peché, ayant esté chassé de cette terre de benediction, & les hommes espars en diuers quartiers du monde, dont aucuns estoient gras, d'autres maigres : aucuns tout de pierres, d'autres de sable, aucuns sains, d'autres mal-sains : aucuns fertiles, d'autres steriles : aucuns pleins de ronces & d'espines; il a esté necessaire de trauailler, suer, peiner, & dautant plus que souuent au lieu que le ciel deuroit seconder les trauaux des hommes, par la douceur & benignité de ses influences, il les ruine par orages, & punition du peché.
Dauid fait mention de la mesme condamnation, Ps. 127. Labores manuum Le trauail de l'homme est nul sans la benediction diuine. tuarum, quia manducabis beatus es, & bene tibi erit, qui sont paroles que le Prestre dit benissant les nouueaux mariez, pour aduertir le mary qu'il entreprent le mariage, non pour estre faineant, mais pour trauailler, & pouruoir sa famille par son trauail, mais qu'il ne se doit tellement confier sur son industrie, & trauail, qu'il s'oublie de la prouidence & benediction diuine. Puis que toute l'industrie humaine, si elle n'est secondée de la benediction de Dieu n'est que vent, Nisi Dominus ædificauerit domum, in vanum laborauerunt, qui ædisicant eam. Si Dieu n'edifie la maison, c'est en vain qu'on y trauaille : edifier la maison, est establir sa famille, la pouruoir, esleuer ses enfans, ce qui ne peut reussir par tous les trauaux humains, s'ils ne sont accompagnez de la benediction de Dieu.
C'est ce grand pere de famille qui edifia vne maison aux sages femmes d'Egypte, dautant qu'elles n'auoient tué les enfans des Hebreux, Exod. 1. C'est donc en vain qu'on sue, qu'on se tue, si Dieu n'assiste, Vanum est vobis ante lucem surgere, surgite postiquam sederitis qui manducatis panem doloris. Vous perdrez vostre peine de trauailler du grand matin, & frauder vostre repos pour gaigner vostre vie & celle de vostre famille, si Dieu ne benit vostre trauail : & partant vous autres pauures artisans qui mangez, panem doloris, qui ne viuez que du 256 trauail de vos bras, qui gaignez vostre pain auec grande peine & douleur, mettez vostre confiance en Dieu, ayez recours à luy pendant vos trauaux, afin qu'il benisse les œuures de vos mains. Voicy la promesse que Dieu vous fait, Deuter. 28. Si mandata mea custodieris, venient super se benedictiones istæ: benedictus eris in ciuitate, & benedictus in agro, benedictus fructus ventris tui, & fructus terræ tuæ, fructusque iumentorum tuorum. Si vous gardez mes commandemens vous receurez ces benedictions : vous serez benit en la ville, vous serez benit au champ : benit au fruict de vostre ventre, benit en vostre bestail.
Ie sçay qu'aucunes fois il arriue que par des ressorts secrets de la diuine prouidence, aucuns quoy que gens de bien sont priuez de ces benedictions mais qu'ils s'asseurent que Dieu est iuste, & que ce qu'il en fait n'est que pour les benir de benedictions plus grandes, & les combler de biens de plus grande importance; & partant si nonobstant tout leur trauail, tout le deuoir qu'ils taschent de rendre à Dieu en qualité de vrays Chrestiens, à peine peuuent ils viure, qu'ils sçachent que Dieu leurs prepare vn banquet de plus grande importance, & leurs bastit vne maison plus solide dans l'eternité, pour recompense de leur patience & de la confiance qu'ils ont à sa diuine bonté.
Remarquez ce que dit Dauid, labores manuum tuarum quia manducabis, tu mangeras le trauail de tes mains pour vous faire entendre qu'il ne faut pas manger le trauail des mains d'autruy, en desrobant son bien & ses sueurs par rapines, finesses, vsures, & faux contracts : non se nourrir du sang des pauures, des larmes de la vefue, des gemissemens & souspirs du pauure orphelin : mais de son propre trauail.
Folie de ceux qui par auarice se fraudent en leurs necessitez.
Aussi ne faut-il se laisser emporter tellement à l'auarice & au desir d'auoir qu'on se fraude du repos necessaire, & qu'on refuse à son corps l'entretien qui luy est deu par vne auidité d'auoir, car comme dit Le Sage Eccle. 4. quid proderit homini de vniuerso labore, & afflictione spiritus, qua sub sole cruciatus est? cuncti dies doloribus & ærumnis pleni sunt, nec per noctem mente requiescit, & hoc nonne vanitas est? nonne melius est comedere & bibere & ostendere animæ suæ bona de laboribus suis? & hoc de manu Dei est. Que seruira à l'homme d'auoir trauaillé & de s'estre peiné : il passe toute sa vie en douleur & fascheries, ne prent le temps de reposer la nuict, n'est-ce pas vne folie ? ne vaut-il pas bien mieux manger & boire honnestement & ioüir modestement des trauaux de ses mains reconnoissant que ce sont des effects de la benediction diuine ?
Or il y en a qui se laissent emporter à vne autre extremité de laquelle parle aussi le Sage Eccle. 4. stultus complicat manus suas, & comedit carnes suas dicens: melior est pugillus cum requie, quam plena vtraque manus cum labore & animi affli- 257 ction,, le fol croisse les bras & va disant, mieux vaut vne bouchée auec repos, qu'vne grande abondance de toutes choses, auec trauail & peine.
En la prouince de Zyten, les hommes font les offices des femmes & les femmes des hommes.
Il y a vne certaine prouince en Orient nommée Zyten ou Zyben136, où les femmes font les grandes affaires, & les hommes gardent les enfans à la maison, les soignent, les bercent, & fillent, enfin font tout ce qui est propre des femmes: n'est-ce pas là le monde renuersé ? c'est à l'homme de soigner ce qui est des grandes affaires, & pouruoir à sa famille : c'est pourquoy S. Paul dit 1. Corinth. 7. Qui habet vxorem, cogitat quæ sunt mundi, celuy qui a vne femme, pense à ce qui est du monde, c'est à dire, doit soigner ce qui est de sa famille.
Le bon mesnager Iacob, reconnoissoit bien cette obligation, lors qu'il disoit, Genes. 30. Iustum est vt prouideam domui meæ. La raison demande que ie pouruoie à ma maison. Comme on demandoit vn iour à vn certain, ce qui engraissoit dauantage le cheual, il respondit, l'œil du maistre : & vn autre e stant interrogé ce qui engraissoit mieux le champ, respondit le pied du mai-stre, disons de mesme, qu'il n'y a rien qui establisse tant la maison, que la diligence & trauail du mary, secondé de la benediction de Dieu.
Tout ainsi que c'est au chef de distribuer la nourriture aux membres, aussi est-ce le deuoir d'vn mary de nourrir sa famille, & sa femme principa lement lors qu'elle se maintien au deuoir & subiection qu'elle doit à son ma-ry, car si elle s'en retire, il n'y est pas obligé, qui enim non facit quod debet, non recipit quæ oportet dit la Loy : celuy qui ne fait ce qu'il doit, ne doit receuoir ce qu'il pourroit.
Posons le cas que le pere du mary, sa mere, ses freres, ses sœurs, ses cousins & sa femme, se trouuent en extreme necessité, & cependant qu'il ne puisse Si le mary est plus obligé de nourrir sa femme, que pere, mere, freres, sœurs. les assister tous, à qui est il plus obligé ? à sa femme, ou à pere, mere, freres, sœurs, cousins ? responce. Hors de la necessité extreme, le mary est obligé d'as sister sa femme auant tous autres, dauant qu'en ce qui concerne l'œcono-mie (hors toutefois la necessité extreme, il n'y a point de plus estroicte vnion que celle du mary & de la femme, suiuant la Loy du mariage portée au Gen. 2. Propter hoc relinquet homo patrem & matrem, & adhærebit vxori suæ. L'homme quittera pere & mere pour sa femme, & demeurera auec elle : mais en extreme necessité, il doit plustost assister pere & mere, freres, sœurs, que sa femme, dautant que les premieres obligations vont deuant, or il est obligé à pere, mere, freres, sœurs, auant que de l'estre à sa femme, & voicy la raison fondamentale. Le pere, la mere, les freres, & sœurs sont comme le principe d'amour, & le mary a plus de conionction auec eux parlant absolument, qu'auec nul autre : & de ce principe, aucuns colligent137 que le mary est plus obligé d'assister ses enfans en extreme necessité, que sa femme, dautant qu'ils sont plus intimes au pere, que n'est la femme, puis qu'ils sont 258 vne partie de la substance du pere, ce que n'est la femme.
Voicy la regle qu'en apporte S. Thomas. Tant plus quelque choses s'auoisine des principes de charité, tant plus nous sommes obligez de l'aymer, les principes de charité sont Dieu, & nous, & partant tant plus vne chose est vnie auec Dieu par la saincteté, ou auec nous par nature, tant plus sommes-nous obligez de l'aymer. Or est-il que le pere est plus vny par nature auec son filz, qu'auec sa femme plus vny auec frere & sœur, comme estant de mesme sang, dont il est plus obligé à les assister dans l'extreme necessité, comme i'ay dit. Cette doctrine est suiuie par plusieurs autres. Voyez Sanchez lib. 9. disp. 4. num. 26.
Hors de cette extreme necessité, le mary est obligé de nourrir sa femme, & par son trauail d'entretenir sa famille, c'est sa condamnation, c'est sa pei ne, que si au contraire il ne fait que dissiper le bien & le trauail de sa fem-me, c'est vn chef monstrueux, contraire à la nature, & la volonté de Dieu.

Filet cadre, rayé. Que c'est au mary de commander, entant que chef. CHAPITRE V.

C'Est au chef de donner l'ordre au reste du corps, & au mary à toute la famille, & à sa femme : Dieu l'ordonne ainsi Gen. 3. disant à la femme, sub viri potestate eris, & ipse dominabitur tui, tu seras souz le pouuoir de ton C'est au mary de commander à sa femme. mary, & il te commandera, ie parleray de cette subiection parlant de l'obeissance des femmes, & me contenteray de donner icy vn aduis salutaire aux marys, ou plustot ils l'apprendront du sage Eccli. 9. où il dit, non des mulierei potestatem animæ tuæ, ne ingrediatur in virtutem tuam & confundaris. Donnezvous de garde que l'amour de vostre femme ne vous emporte, & de maistre ne vous rende valet, & vous faſſe comme vne esclaue, & luy donne subject d'abuser de l'authorité que vous luy auriez donnée, vous commandant selon sa volonté, contre l'ordre de Dieu, contre l'institution du mariage, de quoy vous ne pouuez tirer autre chose, qu'vne honteuse confusion. Ne ingrediatur in virtutem tuam, si vous luy donnez authorité, elle espuisera vos moyens pour se faire braue, elle vous fera perdre vostre generosité138, par ses flatteries, & caresses.
Pouuoir des femmes, sur Salomon.
N'est-ce pas chose espouuantable que de considerer le mal-heur où se laissa aller Salomon, quoy que si sage, & si puissant, ne maintenant l'authorité qu'il deuoit auoir sur ses femmes ? il en vient comme on sçait iusques à ba 259 stir des temples à leurs Idoles, au preiudice de l'honneur qu'il deuoit au vray Dieu, qui l'auoit priuilegié par dessus le reste des mortels : aucuns pensent que luy-mesme idolatra.
Anneau fatal de Salomon.
On raconte de luy qu'il auoit vn anneau qui estoit fatal, dans lequel estoit enfermée cette admirable sapience, de laquelle il estoit doué, comme la force de Samson en ses cheueux; estant vn iour venu sur le bord du Iordain pour se baigner, ses femmes qui estoient marries de le voir si sage, le caiolerent tant, qu'il deposa son anneau, aussi tost ces proserpines le ietterent dans le coulant des eaux, & soudain cet ocean de sapience qui rauissoit tout le monde en admiration, se tarit, & il deuient comme hebeté; quelque temps apres comme on eust trouué cet anneau dans les entrailles d'vn poisson, & qu'on l'eust rendu à Salomon, il recouura sa premiere sagesse, refert Pineda. l. 3. de rebus Salom. c. 29. num. 7. Ie veux croire que c'est vne fable, & vn conte de Rabbins, mais qui n'est pas sans mystere, puis qu'il monstre combien peuuent les femmes sur les hommes lors que les hommes leurs cedent, ce dont la na ture, & Dieu mesme autheur de nature & du mariage les a honoré par prefe- rence139, qui est le domaine, & la preeminence.
Se peut-il trouuer exemple plus tragique que celuy de cette grande Amazone Sémiramis ? qui n'estant que seruante d'vn esclaue, Ninus Roy se laissa tellement coeffer140 de sa beauté & charmer de sa bonne grace qu'il ne luy Comme Semiramis abusa du pouuoir que luy auoit donné le Roy Ninus. pouuoit rien refuser, & le credit qu'il luy donna la rendit si insolente, qu'il n'y auoit plus rien qu'elle n'osast demander au Roy. Vn iour comme elle disoit familiairement au Roy qu'elle se sentoit esprise d'vn grand desir, le Roy luy dit, qu'elle demandast librement tout ce qu'elle voudroit, qu'il ne luy pouuoit rien refuser. Sire, dit-elle, faites moy cette faueur que ie puisse m'asseoir seulement vne iournée dans vostre throsne Royal, & rendre la iustice & commander absolument en vostre Royaume, & que tous vos subiects ayent à m'obeir seulement cette iournée comme à vostre majesté. Le Roy entendant ce desir creut que c'estoit vne ambition de femme, & commença à rire par familiarité qu'il auoit auec elle, & luy accorda sa demande : on designe le iour auquel cela se deuoit faire : le Roy fait entendre par tout à son de trompe qu'il veut honorer Semiramis, & qu'il entend que tous ses subiects luy obeissent sous peine de la vie, comme à sa propre personne, qu'ainsi luy plaist, qu'il luy a fait transport de toute son authorité Royalle, pour ce iour : ce iour venu, voyla Madame habillée comme vne deesse, toute esclatante en or, & brillante de pierreries, la couronne royalle en teste, le sceptre en main, qui s'asseoit au throsne Royal : toute la Cour luy fait hommage, & luy rend ses deuoirs; tout le peuple accourt à cette nouueauté. On n'entend que des cris de congratulation. Au commencement elle commanda choses de peu d'importance, pour esprouuer l'obeissance de ses subiects, puis voyant que 260 c'estoit tout à bon, & que chacun plioit sous ses ordonnances, elle commanda aux gardes du corps qu'ils eussent à se saisir du Roy, on luy obeit, voila le Roy saisi au corps, puis garotté, enfin le voyant à sa disposition, & és mains de ceux qui s'estoient monstré si parfaictement obeissans iusques là, elle commande qu'on le tue, on le fait, ainsi d'vne iournée qui auoit esté accordée pour commander elle estendit son authorité au reste de sa vie. Voyla où la sottise du pauure Ninus l'amena, lequel ne retenant le domaine & authorité qu'il deuoit sur cette femme, fut enfin l'obiect de son ambition : le subiect d'vne abominable ingratitude : le jouet d'vne insigne cruauté : la risée de tout le monde, & l'exemple aux marys pour ne se laisser posseder & maistriser de leurs femmes.
Comme l'amour de Dalila asseruit Samson.
Auroit-on iamais creu que l'amour d'vne femme deust tellement asseruir Samson qu'il luy dit ses secrets, luy manifestast en quoy consistoit sa force, s'endormist dans le gyron de cette paillarde, & enfin perdist sa liberté, sa force, & la vie ? quelle honte de voir vn Hercule apres auoir despecé les monstres, & s'estre rendu inuincible se rendre tellement esclaue d'vne Iole qu'elle luy change sa massue en vne quenouille. Vn Sardanapalus qui pour com Hercule asseruy par Iole. plaire à des femmelettes est deuenu comme femme, file auec elles, & leurs distribue leur tache ? mais tant de marys que l'amour, & authorité qu'ils ont donné à leurs femmes a tellement asseruy, qu'ils n'ont rien de masle que l'exterieur, estant deuenus tout feminins, Idolatres de leurs femmes, serfs, es Sardanapalus trauail auec des femmes. claues, voire s'estant oubliez de leur generosité141, preeminence & authorité que leur sexe, que la nature, que Dieu leurs ont donné pour vser auec raison, pour la conduitte & gouuernement de leurs familles & de leurs femmes, principalement quand il est necessaire pour la gloire de Dieu.
Comme Darius se soubmet à Apeme.
N'est-ce pas trop raualer ce domaine que Dieu a donné à l'homme sur la femme de voir vn homme, mais vn Roy comme estoit Darius Esdræ 3. c. 4. assis proche d'vne Apeme142, & que cette femelle prenne bien la hardiesse de luy oster son diademe de dessus la teste, le mettre sur la sienne, luy donner des soufflets, & cependant le Roy auoir les yeux collez sur elle, si elle luy monstre bon visage il espanouit de ioye, si elle fait la refrognée & mescontente, il la flatte, & la cajolle iusque à ce qu'il l'ayt appaisée & remise, enfin de Roy qui fait trembler le monde, qui commande aux armées, de qui de pendent les vies des hommes, estre deuenu l'esclaue & le badin d'vne concu-bine, n'est-ce pas estre indigne de porter le tiltre & la qualité d'homme ? & Comme la femme doit honorer son mary. Beau passage de S. Hierosme. plus qu'indigne de porter le sceptre & la couronne Royalle.
Si le mary doit commander, il est clair que la femme doit obeir, & le doit honorer, comme nous dirons traittans des deuoirs de la femme. Ie diray icy seulement en passant auec S. Hierosme, ad Celantiam143. Seruetur viro authoritas sua, totaque à te discat domus quantum illi honoris debeat. Tu illum Domi- 261 num obsequio tuo, tu magnum illum tua humilitate demonstra, tanto ipsa honoratior sutura, quanto illum amplius honoraueris. Caput enim vt ait Apostolus, mulieris, est: nec aliunde magis reliquum corpus ornatur, quam ex capitis dignitate. Gardez l'au thorité à vostre mary, que toute la maison apprenne à vostre exemple, com-bien elle le doit honorer : faictes paroistre par vostre obeissance, & par vos seruices, qu'il est le maistre, monstrez par vostre humilité, qu'il est grand : vous serez d'autant plus honorée, que plus vous l'honorerez. Le mary, comme dit l'Apostre, est le chef de la femme, & n'y a rien qui orne dauantage tout tout le reste du corps, que la dignité du chef.

Filet cadre, rayé. Que le mary entant que chef doit aymer sa femme. CHAPITRE VI.

TOut ainsi que le chef ayme toutes les parties du corps, & pour viles, basses, & contemptibles qu'elles soient, n'en mesprise pas vne, ayme Le mary doit aymer sa femme. toutefois plus tendrement, & garde plus soigneusement celles qui sont plus nobles, & principales; se porte au secours de toutes & s'humilie pour les assister : de mesme, le mary doit aymer tous ses domesstiques, & principalement les parties principales de sa maison, qui sont ses enfans, comme partie de sa substance, mais sur tout sa femme, comme la moitié de soy-mesme, & sans laquelle il ne seroit ny mary, ny chef : ainsi ne doit mespriser, ny sa foiblesse, ny son sexe, ains au contraire, suiuant le precepte de Sainct Pierre, 1. 3. tanquam infirmiori vasculo impertiens honorem, l'honorant comme la plus foible.
Le mary obligé à l'amour de sa femme par ordonnance diuine, pourquoy la femme formée de la coste d'Adam.
Le mary est obligé à cet amour, premierement par ordonnance diuine, car Dieu en l'institution du mariage, a voulu que l'homme quittast pere, & mere, pour demeurer auec sa femme, & a formé la femme du costé de l'homme, d'vne coste proche du cœur, non des pieds, pour luy faire entendre, qu'il ne doit pas la mespriser, ou fouller aux pieds, ny la tenir comme seruante : non des yeux, afin qu'elle ne fust trop curieuse : non des reins, pour luy enseigner qu'elle ne doit estre abandonnée, ny subiecte à ses plaisirs : non des bras, de peur qu'elle ne fust trop hardie, & entreprenante. Mais d'vne coste qui est sous le bras, pour autant qu'elle doit estre sous la protection, direction, & domaine de son mary; proche du cœur, pour enseigner au mary, La nature oblige l'homme à aymer sa femme. qu'il doit l'aymer d'vn amour syncere, & cordial.
Secondement, la nature le veut ainsi, puis que personne ne hait sa chair, mais la nourrit, & la caresse : or la chair de la femme est la chair du mary, 262 ils sont deux en vne chair, ainsi comme chacun s'ayme soy-mesme, procure à sa chair tout contentement, la defend contre ceux qui l'attaquent, de mesme, le mary doit aymer sa femme, & en suite de cet amour luy rendre tout deuoir d'amour, l'assistant, la defendant, la caressant, c'est l'ordonnance de S. Paul, Ephes. 5. viri diligitè vxores vestras, sicut & Christus dilexit Ecclesiam, & tradidit semetipsum pro ea, ita & viri debent diligere vxores suas, vt corpora sua, qui suam vxorem diligit, seipsum diligit. Marys, aymez vos femmes comme IesusChrist a aymé son Eglise, & s'est donné pour elle : ainsi les marys doiuent aymer leurs femmes. Comme leurs corps, quiconque ayme sa femme, s'ayme soy-mesme.
Pouuoit il donner reigle plus parfacite d'amour que celle-là ? nous pro posant l'amour de Iesus-Christ, si grand qu'il n'a refusé, ny difficulté, ny tra- uaux, ny miseres, ny mespris, ny opprobres, ny tourmens, ny la mort mes-me, pour tesmoigner son amour à son espouse l'Eglise. Comme leurs corps dit l'Apostre, quiconque ayme sa femme, s'ayme soy-mesme, voulant dire, que comme on ne doit tenir la femme & le mary pour deux, ains pour vne mesme chose, puis que par l'vnion d'amour, & d mariage, iam non sunt duo, sed vna caro, ils ne sont plus deux, mais vne chair : si le mary s'ayme soy-mesme, il doit aymer sa femme, & partant, dit S. Thomas, lect. 8. in 5. ad Ephes. sicut peccaret contra naturam qui seipsum odio haberet ita qui vxorem. Comme celuy-là pecheroit contre nature, qui se hairoit soy-mesme, de mesme, celuy qui hait sa femme, puis que c'est la moitié de soy-mesme, & partant on doit tenir celuy-là, non pour vn homme, mais pour vne beste, qui n'ayme sa femme, voire pire qu'vne beste : puis que comme les bestes s'ayment, aussi elles ayment leur pair naturellement.
Cette raison reçoit vne nouuelle efficace des parolles du Prophete Malachie, c. 2. où exhortant le mary d'aymer sa femme, il dit hæc particeps tua, & vxor fæderis tui. Elle est vostre compagne, vous auez fait pact, & alliance auec elle, puis adjouste, nonne vnus fecit, & residuum spiritus eius est, n'est-ce pas le mesme Dieu qui a fait Adam & Eue, & qui a donné la vie à l'vn, & à l'autre par son soufle & haleine ? en donnant comme vne partie, à Adam, & La femme est comme la moitié de l'esprit de l'homme. le reste à Eue, residuum spiritus eius. Voulant dire, qu'Eue n'a pas seulement esté faite de la coste de l'homme, & ainsi n'est pas seulement chair, de la chair d'Adam, & os de ses os, mais aussi, ont esté faits tous deux, d'vn mesme soufle de vie, emané de Dieu, dont vne partie a esté donnée à Adam, l'autre à Eue, pour monstrer à l'homme, l'amour qu'il doit porter à sa femme, non seulement en l'vnité d'vne chair, mais aussi en l'vnité d'esprit : non charnel, mais spirituel : & c'est ce que veut dire le mesme Prophete, par ces parolles, au mesme endroit, custodite ergo ô viri spiritum uestrum. Partant marys, gardez vos femmes, honorez vos femmes, faites estat de vos femmes, aymez 263 vos femmes, qui sont la moitié de vostre esprit, la moitié de vostre ame.
Le mary est obligé d'aymer sa femme par obligation ciuille.
Ces paroles de Malachie, vxor fœderis tui, la femme de vostre alliance, me fournissent vne troisiesme raison, qui oblige le mary d'aymer sa femme, qui est le pact, & alliance d'amour qu'ils ont fait par ensemble, & vne raison ciuille, procedant de l'alliance ciuille, qu'ils ont contractée, laquelle comme elle n'a deu auoir autre fondement que l'amour, aussi ne doit-elle auoir autre entretien que l'amour, & comme c'est l'alliance & le pact le plus estroit qui se puisse retrouuer entre les hommes, aussi s'ensuit-il que l'amour y doit estre le plus grand de tous les amours humains.
S. Pierre me fournit vne quatrieme raison 1. 3 Viri cohabitantes secundum scientiam, quasi infirmiori vasculo muliebri impertientes honorem, tanquam cohæredibus gratiæ Christi vitæ, vt non impediantur orationes vestræ, demeurans auec leurs femmes selon la science, honnorans le vase qui est plus foible, comme estans coheritiers de la grace de Dieu; afin que vos oraisons ne soient empechées.
Ie tire ma quatrieme raison de ces paroles, tanquam infirmiori vasculo muliebri impertientes honorem, l'honorans comme la plus foible, comme la femme est naturellement plus foible que l'homme, aussi est-elle fort encline à penser qu'on la meprise, & voicy la cause pour laquelle S. Pierre veut que le mary l'honore, c'est à dire l'ayme, pour luy oster toute occasion de croire qu'elle est mesprisée, & de perdre courage, & pour luy donner subiect de viure paisiblement, & d'aymer & honorer son mary.
Quel est l'honneur que saincte Pierre veut que le mary rende à sa femme.
S. Hierosme explique cet honneur que S. Pierre demande aux marys enuers leurs femmes d'vne certaine retenue, honnesteté, & moderation en l'vsage du mariage, se souuenans qu'elles sont Chrestiennes, & espouses de Iesus-Christ, les tenans, non en rang de concubines, ou courtisanes, auec lesquelles on ne cherche que le plaisir, & la sensualité, mais comme femmes d'honneur, & se comportans auec elles, non auec liberté, & dissolution, comme on feroit auec vne paillarde, mais auec respect, modestie, & reuerence comme requiert la condition de Chrestiens : & pour parler auec Aristote, ne ad vxores tanquam ad meretrices adeant, ne s'approchans pas de leurs femmes, comme ils feroient des femmes de ioye. Œcumenius explique cet hon neur de l'honneur pris en sa signification ordinaire, qui consiste à vn trait-tement honorable, & plein de respect, semblable à celuy d'Abraham enuers Sara, laquelle il apelloit Sarai, cest à dire, Domina mea, Madame, ou ma Maistresse.
La femme estant naturellement craintiue, & vergongneuse, le mari luy doit releuer le courage par l'honneur qu'il luy rendra. Or cet honneur consiste à vn amour sincere, accompagné de respect, & d'vne confiance que le mary doit auoir enuers elle : ne se monstrant pas si exacte à luy faire rendre 264 compte de ce qu'elle a en charge, ne la traittant pas comme seruante, mais comme sa compagne : enfin, cet honneur gist en vn traittement doux, paisible, familier, respectueux, & sur tout accompagné d'amour, luy compatissant, se donnant de garde d'amertume, & de rigueur, conformement aux preceptes de l'Apostre, Coloss. 3. Viri diligite vxores vestras, & nolite esse amari adillas. Marys aymez vos femmes, & ne leurs soyez point fascheux. Tanquam infirmiori vasculo impertientes honorem. La traittant comme vne vase plus fragile, il est bien asseuré que vous maniez vn vase de terre, ou de cristal plus delicatement, & auec plus de circonspection, qu'vn vase d'or, ou d'argent, non qu'il soit plus pretieux, ains dautant qu'il est plus delicat, & plus fragile, tant plus vous connoissez de fragilité, & de foiblesse en vostre femme, tant plus doucement, & plus prudemment deuez-vous la traitter.
La derniere raison de cet amour est tirée de la condition, & qualité de leur alliance qui est sacramentalle, & surnaturelle, & seroit faulse si elle n'estoit accompagné d'amour. C'est de la nature des Sacremens d'estre representatifs de quelque chose : le mariage entant que Sacrement represente l'vnion du Verbe auec la nature humaine, & de Iesus-Christ auec l'Eglise qui sont deux vnions d'vn tres-parfaict amour : ainsi la representation du mariage de l'homme, & de la femme seroit faulse, si le mariage n'estoit accompagné d'amour, puis que l'vnion du Verbe auec nostre nature, & de IesusChrist auec l'Eglise, ne peut estre sans amour.
Si entrant en la boutique d'vn apoticaire, vous voyez vne boitte qui porte le titre de besoüard, ou de fines perles, ou de quelque autre chose pretieuse, & dedans ceste, du sublimé, ou de l'arsenic; vous voyez que c'est vn tiltre specieux sans effect, vn tiltre trompeur. Vostre mariage porte vn beau tiltre, puis que c'est la marque, & le signe de l'amour du Verbe enuers l'humanité de Iesus-Christ, enuers l'Eglise. Si donc il n'y a que la diuision, & mesintelligence entre vous: si dans vos cœurs il n'y a que du poison, de la haine & rancune, n'est-ce pas vn faux tiltre ? Vous deuez vous confier à la bonté diuine, qui ne vous manquera de grace pour rendre vostre mariage signe efficace, si vous taschez de vostre costé de cooperer à ses graces, & d'allumer vostre amour par cette consideration si aduantageuse, & si honorable, qu'il est Sacrement : & partant qu'il doit estre accompagné d'vn amour, & intelligence qui soit signe de l'amour du Verbe enuers la nature humaine, & de Iesus Christ enuers l'Eglise. L'image doit estre conforme à son prototype; La figure à la chose figurée, Propter quam causam, dit S. Paul, admoneo vos, vt resuscitetis gratiam Dei. 2. Tim. 1. Partant ie vous aduertis que vous entreteniez la grace de Dieu, le mariage est Sacrement, ne permettez pas que cette consideration soit enseuelie dans l'oubliance, ou estouffée dans le plaisir sensuel, ou abysmée dans la multitude d'affaires. Sacrement donc accompagné de grace & d'amour.
265
S. Chrysostome comprent quasi toutes ces raisons que ie viens de deduire en trois mots, par vne belle sentence qui meriteroit bien que les marys l'eussent tousiours deuant les yeux, Vir, dit-il, vxorem tanquam gubernator dirigat, tanquam consortem vitæ honoret, participet vt cohæredi gratiæ. Que le mary conduise sa femme comme vn gouuerneur, qu'il l'honore comme sa compagne, qu'il communique auec elle comme auec celle qui est coheritiere de la grace auec luy, paroles d'or, & si le mary les met en pratique, il ne manquera pas d'amour enuers sa femme.
Le moyen d'estre aymé est d'aimer.
Le mary veut que sa femme l'ayme, c'est bien la raison, mais voicy le moyen de se faire aymer, c'est Seneque qui me l'apprent, Ego tibi monstrabo amatotrium sine medicamento, sine herba, sine vllius venesicæ carmine, si vis amari, ama . Ie vous enseigneray vn philtre, vn moyen de vous faire aymer, sans que vous ayez besoin de recourir aux drogues des apoticaires : ny aux arboristes, ny aux vieilles, pour auoir quelque charme : voulez-vous estre aymé, aymez : c'est tout le mesme que dit ce petit poete, Mart. lib. 6. Epigram. ad Marcum.
Vt præstem Pyladen, aliquis mihi præstet Orestem.
Hoc non fit verbis : Marce vt ameris, ama.
Quintilian in gladiatore 144, dit quasi le mesme, amantem odisse non potui, il m'est impossible de hayr celuy qui m'ayme. Zælicius in panegyrico145, Potest fortasse princeps odio esse nonnullis, etiam si ipse non oderit: amari, nisi amet, non potest. Peut estre se peut il faire qu'vn prince soit hay d'aucuns, quoy qu'il ne haysse per-sonne : mais il ne peut estre aymé de personne s'il n'ayme. Comme vn iour Platon eut entendu Xenocrates son disciple qui disoit rage contre luy, il n'en fit point d'estat, & comme on luy eut demandé pourquoy il s'en mettoit si peu en peine, la raison est, dit-il, que ie ne me puis persuader qu'il parle à bon escient, dautant que ie ne croy pas qu'il soit possible qu'il ne m'ayme, puis que i'ay vne affection si tendre pour luy; Valerius max. lib. 4. c. 1. S. Augustin confirme tout cela, lib. de Catech. rudibus146, par ces paroles, nulla est maior ad amorem inuitatio, quam præuenire amando, il ny a motif plus puissant pour se faire aymer, que d'aymer le premier, nimis durus est animus, qui amorem, si nolebat impendere, nolit rependere: vous en trouuerez bien qui sont si froids, qu'ils ne peuuent aymer les premiers : mais il faudroit auoir le cœur plus dure que marbre, pour n'aymer celuy qui nous preuient par son amour.
C'est chose si naturelle d'aymer ceux qui nous aiment, que mesme les be stes les plus cruelles le font : & que doiuent faire les hommes, qui ont la rai-son, & se doiuent laisser gaigner par l'amour, & l'humanité ? Vous auez vn cœur de tygre enuers vostre femme, vous ne luy pouuez tesmoigner aucune amour, ne vous estonnez pas si elle n'a point d'affection pour vous. Natura non amantes, amare prohibuit: La nature deffend d'aymer ceux qui ne nous ayment, dit S. Gregoire de Nazianze, in versibus heroicis : C'est vne vertu 266 Chrestienne d'aymer nos ennemis, cela surpasse la nature, il faut estre assisté d'vne grace speciale pour le faire, & principalement pour aymer auec vne tendresse d'amour, telle que vous voulez que vostre femme ait pour vous. Si vis amari, ama: Si vous voulez estre aymé, aymez : le feu engendre le feu, & l'amour, l'amour.

Filet cadre, rayé. Quelques conditions que doit auoir l'amour du mary enuers sa femme. CHAPITRE VII.

Le cerf a vn ardent amour pour sa biche.
SAlomon en ses prouerb. 5. parle du mary, & de la femme soubz la metaphore du cerf, & de la biche, & dit, cerua gratissima, & gratissimus, hinnulus, la femme doit estre à son mary, comme vne biche tres-agreable, & la mary à la femme, comme un cerf tres-cher, & tres-doux : Aucuns remarquent qu'entre tous les animaux, il n'y en a gueres qui ait vne plus grande tendresse d'amour pour sa femelle que le cerf, & c'est la raison pour laquelle Salomon appelle le mary vn cerf : voicy comme Seneque parle du cerf.
In furias veneremque ruunt,
Si coniugio timuere suo
Poscunt timidi prælia cerui.
Et mugitu dant concepti
Signa furoris.
Quoy que le cerf soit extraordinairement craintif, si est-ce qu'il entre en furie, entreprent courageusement le combat pour la defense de sa biche, Le mary doit estre comme vn cerf. dit Albert le grand, & d'autres. L'homme donc doit estre comme vn cerf, mais comme vn cerf sans peur, & imiter celuy duquel parle l'espouse mystique, similis est dilectus meus caprea, hinnuloque ceruorum. Mon espoux est semblable à vn cheureux, à vn cerf, l'amour duquel a esté si grand pour son espouse, qu'il n'a point fait de difficulté de saillir sur les plus hautes montagnes, passer au trauers des plus releuées colines, brousser au milieu des halliers, des plus eſpaiſſes difficultez pour l'amour de l'Eglise son espouse : le mary doit donc estre comme vn cerf enuers sa femme en tendresse d'amour, en douceur de mœurs, en suauité de conuersation.
Helas que plusieurs marys ont bien vne autre qualité que celle du cerf, le sage s'en plaint, Eccli.. 4. Noli esse sicut leo in domo tua, euertens domesticos tuos & 267 Mauuais marys comparé au lyon. opprimens subiectos tuos: ne soyez pas comme vn lion en vostre maison, renuersant tout, & accablant vos domestiques. Tant de marys les paroles desquels ne sont que rugissemens de lyons, n'estants que menaces, qu'iniures, que maledictions, que reproches, à peine peuuent-ils appeller leur femme par leur nom. Ils ont des yeux de lion, tousiours ardants de cholere, de sorte qu'vne pauure femme n'ose dire vn mot, & à peine ose-elle regarder son mary en face : des dens de lion deuorans toute la substance d'vne pauure femme, mais encore pires que lions; le lion cherche la pasture à sa pair, & à ses lionceaux, & des marys qui ne se soucient que de se farcir le ventre, sans se soucier ny de femme, ny d'enfans : des pattes de lions armées d'ongles tres-aigues, pour deschirer leurs domestiques de coups, & ce qui est plus indigne leurs pauures femmes. Chose indigne d'vn Chrestien.
Chose indigne que le mary batte sa femme.
Messieurs les marys, ie vous prie escouter cette insigne predicateur, cette bouche tout d'or S. Chrisost. & de bien apprendre, & encore mieux retenir la leçon qu'il vous donne, Hom. 26. in. 1. ad Corinth. Et vos viros illud admoneo, nullum sit tam magnum peccatum quod ad verberandum vxores vos compellat, & quid vxorem dico, ne seruam quidem verberare, & manus in eam inijcere viro libero esset tolerandum. Messieurs dit-il, i'ay vn aduis à vous donner, c'est qu'il n'y peut auoir si grande faute de vos femmes, qui vous doiue obliger de les battre, & que dis-ie battre sa femme ! voire c'est vne chose indigne d'vn homme d'honneur, chose intolerable de battre vne seruante. Helas, si cela est, combien y en a-il qui veulent estre tenus pour hommes d'honneur, qui ne sont que faquins, & des hommes de rien.
Les payens ont ordonné que la femme qui auroit esté battue de son mary le quittast.
Ce Sainct adiouste que les Payens mesmes, ont tenu que c'estoit vne telle indignité qu'vn mary en vient aux coups enuers sa femme, que par Loy expresse, ils contraignoient vne femme qui auoit esté battue de son mary, de ne plus habiter auec luy, & dit qu'vn homme qui en vient là, est, sera non uir, patricidæ, & matricidæ similis, c'est vne beste sauuage, non vn homme, c'est vn matricide, vn parricide, voire pire, puis que l'amour du mary enuers sa femme est tel, qu'il quite pere & mere pour elle, & puis la traitter comme vn esclaue, comme vne beste, la battre, quelle manie, dit-il, contraindre vne femme à force de coups, de crier, en sorte que les voisins y accourent, comme pour voire vne beste farouche ? ouy vn tygre, vn lion en furie, vaudroit mieux dit-il, que la terre s'ouurit pour abysmer vn tel monstre, vne beste si desnaturée, que de la supporter.
Mais dira quelqu'vn, i'ay vne femme qui me donne tant d'occasions : est-elle plus meschante que cette desesperée, la femme de Iob, qui iniurie son Patience de Iob enuers sa femme. mary, l'appelle mais fol, l'exhorte à maudire Dieu, & à se desesperer, cependant, ie ne lis pas en toute l'Escriture saincte qu'il en soit venu aux coups : voicy la vangeance qu'il en prent, Quasi vna de stultis mulieribus loquuia es. Si 268 bona susscepimus de manu Domini, mala quare non sistineamus, m'amie, vous parlez comme font les femmes qui ne sont pas sages, il ne l'appelle ny vilaine, ny diablesse, ny desesperée, ny sotte, mais vous parlez comme font celles qui ne sont pas sages. Puis il l'instruict auec bonnes raisons, disant; puis que tout ce qui se passe en ce monde vient de la main de Dieu, & que sa prouidence dispose aussi bien des maux que des biens : la raison veut que puis que Dieu a ouuert sa main si liberalement enuers nous, pour nous combler de tant de faueurs, qu'aussi nous receuions de sa main tousiours paternelle, les maux qu'il nous enuoye.
S. Chrysostome parle aux marys en cette sorte, souuenez-vous du iour auquel le pere & la mere de vostre femme vous l'ont donnée, & qu'elle les a quités pour se donner à vous & vous suiure : souuenez-vous que vous n'auriez point d'enfans sans elle : s'il y a des mauuaises herbes dans le champ le labou reur ne le mesprise pas pour cela, il les arrache : si vostre femme à des mau- Comme le mary se doit comporter enuers sa femme. uaises inclinations, corrigez les, ne la diffamez pas pour cela à l'imitation d'Adam qui descrie sa femme, mulier quam de disti mihi sociam, &c. Gen. 3. reiettant la faute sur elle, voire Dieu qui luy a donné vne telle compagne. Ne l'appellez iamais que d'vn nom d'amitié, parlez d'elle & de ce qui luy appartient honorablement, louez ce qui se peut louer en elle, sa beauté, sa prudence sa conduite, ses parens, vous y trouuerez tousiours assez à louer si vous l'aymez. Preferez là à toute autre femme, & que toutes vous soient comme espines à comparaison d'elle, qui vous doit estre comme vn lis, ou vne biche amoureuse. Enseignez luy la crainte de Dieu par vos vertus & exemples & vous verrez vostre maison remplie de benediction.
I'emprunteray vne belle fentence d'vn petit payen, c'est Varron in Satyra Menippea qu'il a escry du deuoir du mary, ie defirerois fort que vous la L'amour du mary enuers sa femme. missiez en pratique. Vxoris vitium, dit-il, aut tollendum aut ferendum est, qui tollit vitium, vxorem commodiorem præstat, qui fert, se meliorem facit. Ou il faut corriger les imperfections de sa femme, ce qui se fait par des aduis & admonitions charitables, & prudentes, ou par bons exemples; ou les supporter auec patience. Celuy qui les corrige rend sa femme meilleure & plus accorte, & reçoit plus de contentement en sa conuersation, celuy qui les supporte patiemment se fait meilleur.
Cecy me donne entrée en la seconde condition que doit auoir l'amour du mary enuers sa femme qui est vne grande patience pour supporter ses defauts, tanquam infirmiori vasculo muliebri impertiens honorem, s'accommodant à sa foiblesse & infirmité & se souuenant que Dieu a donné plus de force à Patience de Socrate enuvers sa femme. l'homme pour auoir plus de courage & plus de patience contre les imperfections & foiblesses d'vne femme.
Ie n'ose quasi vous apporter l'exemple de ce petit payen Socrate, car i'ay 269 peur qu'il ne confonde vostre impatience, si faut il se seruir de toute piece contre les mauuais marys, il auoit espousé vne Xantippe auec laquelle il ne pouuoit auoir paix, quand il estudioit elle brouilloit ses papiers, gastoit ses liures, renuersoit la table, l'agaçoit de parolles, le lardoit d'iniures & d'opprobres, & mon pauure Socrate auoit patience, & ma folle enrageoit, & tant plus Socrate souffroit patiemment tant plus cette folle escumoit insolemment. Vn iour apres auoir crié, hurlé, tempesté, enragé, taschant d'esmouuoir son pauure mary, luy demeurant tousiours ferme comme vn rocher dans sa patience; elle forcenée monte en haut, renuerse vn sceau d'eau sur la teste de son mary : qu'eussiez vous fait ? dites moy de grace ? aussi tost le fu met vous eust monté au nez, vous euffiez couru apres, vous luy eussiez rom-pu bras & jambes : mais Socrate fut plus sage que vous. Car se tenant coy sans se troubler de plus, dit seulement, ie sçauois bien qu'apres tant de tonnerre & de foudres viendroit la pluie. Imitez cette patience, mais i'espere que vous n'en aurez point d'occasion, car vostre femme sera plus sage. Alcibiades luy disoit vn iour, ie ne sçay comme vous pouuez souffrir vne femme si fascheuse, quant à moy disoit-il ie la mettrois à la porte : mais le bon homme luy respondit celuy qui veut manger des œufs doit se resoudre à souffrir les poulles qui glossent. I'apprens la patience à la maison afin de la mettre mieux en pratique estant dehors Laert. in eius vita Aul. Gell.147 lib. 1. c. 17.
Socrate auoit vn iour inuité Euthydemus à souper; tout au milieu du repas le fumet monta à la teste de Xantippe, elle se leua de table & apres auoir dit pouille contre Socrate renuersa la table. Euthydemus fut tout troublé voyant cette insolence, & commença à froncer le sourcil, tenant cela pour affront. Helas dit Socrate, mon amy pourquoy vous troublez vous ? vous souuenez vous que comme nous soupions dernierement en vostre maison, vne poulle vola sur la table & renuersa pots, verres & tout ce qu'il y auoit. Laertius lib. 2. c. 5.
Alcibiades luy enuoya vn iour vne grande tarte, bonne & bien faite. Xantippe estoit lors en mauuaise humeur, elle prit le panier dans lequel estoit la tarte, renuersa tout par terre, & foulla la tarte aux pieds; Socrate ne s'en esmeut dauantage, mais auec vn petit sousris luy dit, m'amie vous ne mangerez point de la tarte. Ie n'oserois vous dire que vous appreniez la patience de ce petit payen. Toutefois si vous desirez l'auoir pour maistre, vous trouuerez beaucoup de semblables traits en sa vie, que i'obmets de peur Plusieurs qui n'ont pas laissé d'estre Saincts quoy que mariez. d'estre trop long.
Ie veux vous representer vn beau discours de S. Chrysostome pour vous fermer la bouche aux excuses que vous ne pourriez apporter de vostre impatience, c'est homil. 4. de verbis Isaiæ : Isaie, dit-il, auoit vne femme, qui ne l'a pas empesché d'estre Saint: Moyse auoit vne femme, il n'a pas laissé de fai 270 re tant de merueilles, de resister à l'ire de Dieu & luy parler auec tant de familiarité. Abraham en auoit vne qui ne l'a pas empesché d'estre le Pere des croians, le grand amy de Dieu & le progeniteur de Iesus-Christ S. Pierre qui a esté la base de l'Eglise, le grand amoureux de nostre Seigneur, qui a fermé la bouche aux philosophes, a fait tant de miracles, enfin qui a esté martyr auoit esté marié; quasi tous les plus grands, & plus saincts personnages de l'ancien testament ont esté mariez. Adam, Enoch, Noé, Abraham, Isaac, Iacob, Ioseph, Moyse, Iosias, Dauid, Osée, Ezechiel, Isaie, & tant d'autres; ce qui n'a pas derogé à leur saincteté. Pensez vous qu'aucuns d'eux n'ayent pas trouué des femmes aussi facheuses que la vostre pourroit estre ? mais ils ont eu plus de patience, & la syncerité de leur amour, & vous trouuerez la tranquillité qu'ils ont trouué, & arriuerez à la saincteté qu'ils ont acquis, & qui les rend recommandables.
Vous me direz peut estre, que les femmes estoient meilleures en ce temps là, qu'elles ne sont maintenant, mais aussi ie pourrois vous respondre que les marys estoient plus doux, & plus patients : ie vous nie toutefois absolument qu'elles fussent lors meilleures, car elles n'auoient lors tant de bons exemples qu'elles ont maintenant : n'avoient la grace sacramentalle que Dieu a donné en la nouuelle loy. Mais ie vous diray que comme en tout temps se sont trouvé des marys sages, prudens, doux, patients, & des cruels, barbares, sots, & impatiens : auffi en tout temps se sont trouvées des femmes sages, & des folles.
Il y a eu des Semiramis, Phaedra, Thisbé, Phylis, Helene la Grecque, Meschantes femmes. Clytemnestre, Cleopatra, Agrippine, Iulia, Messaline, Callirhoe, Thais, Phrine, Rhodopé, & tant d'autres qui ont des-honoré leur sexe par leur mechanceté. Mais il n'y en a pas eu faute de celles qui l'ont rendu recommandable par leurs vertus. Comme Sara, Rachel, Lia, Debora, Abigail, Susanne, Ester, Iudith, Ma Sainctes femmes. riamne, S. Cecile, S. Helene: S. Monique, S. Felicité, Zenobia, Amalzunthe, Placidia, Pulcheria, Theodora, Marcelle, Paule, Eustochie, Victorine, Clothilde, Radegunde, S. Anne, S. Elizabeth, & le parangon, & l'honneur de toutes les femmes, la mere de Dieu nostre Dame, & tant d'autres.
Mechante fut Medée, mais Penelopé bonne, & vne perle entre les femmes. Clytemnestra mechante, Alcestis fut vn parangon de bonté. La mere des Machabées que i'auois quasi oublié, auoit esté mariée, auoit eu sept garçons, ne les vit elle pas mourir devãt ses yeux pour la religiõ ? ne couronna elle pas les sept Martyres qu'elle auoit souffert en la mort de ses sept fils, qu'elle aymoit comme ses yeux, d'vn huictiesme martyre ? immolant sa personne aux tourmens comme vne glorieuse victime auec vne constance plus qu'humaine. La femme de Iob estoit vne sotte, si ne peut elle pourtant esbransler la constance de son 271 mary. Susanne estoit sage & fidelle. La Phutiphar estoit vne impudente, impudique, effrontée & eshontée. Sara femme d'Abraham estoit pudique, vergogneuse & chaste comme vn Ange. Ce n'est pas la nature ny le sexe qui fait le vice, c'est la volonté, mais il faut l'eschauffer d'vn sainct amour, pour la rendre de plus en plus digne de la grace de Dieu. L'experience monstre tous les iours que comme les bonnes femmes font les bons marys, & les mauuaises femmes les mauuais marys; qu'aussi les bons marys font les bonnes femmes, & les mauuais marys les mauuaises femmes : si la volonté est mauuaise, rendez la meilleure par vostre bonté & patience.
Vous attendez de moy quelque moyen pour pouuoir le faire; le voicy tout prest. Valere le Grand lib. 2. c. 1. dit qu'à Rome il y auoit vn petit temple dedié à vne certaine diuinité qu'on appelloit Viri placa, c'est à dire, qui appaise le mary, lors que le mary & la femme estoient en discorde & qu'ils pouuoient se parler en ce temple aussi-tost par l'entremise de cette Deesse ils estoient d'accord. Ie vous diray que ce temple n'est autre que la crainte de Dieu, que c'est la deuotion, que c'est le souuenir de cet honneur & emi nence que Dieu a donné au mariage le faisant Sacrement. Cette considera- tion est suffisante pour accorder tous vos differents, si vous ne voulez pro-phaner vne chose si saincte comme est ce Sacrement & rendre sa signification inutile, le faire vn Sacrement creux & sans effect.
Comme la vipere retire son venin à l'interieur auant que d'admettre la murene.
S. Ambroise lib. 5. Hexameron c. 7. prent subiect de la vipere d'exhorter les marys à aimer syncerement, & cordialement leurs femmes, & de monstrer, & au mary, & à la femme, comme ils se doiuent comporter l'vn enuers l'autre. La vipere dit-il, est vne mechante beste, & il n'y a serpent si cauteleux qu'elle est quand elle est en amour. Comme elle aime grandement la murene de mer, aussi appete elle extremement sa compagnie, elle va sur le riuage, & auec son siffletis148, fait entendre à la murene qu'elle est là; la murene ne manque pas de venir à ses recherches, ny de reciproquer à ses amours : mais auant que la vipere admette la murene à sa compagnie, elle retire tout son poison à son interieur de peur de nuire à son pair. Voila dit S. Ambroise vn bel exemple aux mariez, premierement de se garder la fidelité, & obeissance en l'vsage du mariage : secondement si l'vn ou l'autre est comme vne vipere pleine de poison, d'vn naturel facheux, cholere, despiteux, faut tirer tout cela à l'interieur pour n'infecter l'autre, & se souuenir de l'amour qu'on se doit mutuellement, & de la reuerence qu'il conuient rendre au Sacrement : sur tout dit S. Ambroise le mary ne doit pas estre comme vne vipere venimeuse pleine de poison, & d'indignation, mais doit se souuenir qu'il est mary non maistre: qu'il a vne femme, non vne seruante: que Dieu l'a estably gouuerneur de celle qui est d'vn sexe plus foible, non son seigneur, & partant, s'il veut estre aymé qu'il doit aymer : s'il veut estre honoré qu'il doit 272 honorer : s'il veut que son mariage soit benit de Dieu, qu'il vomisse tout le poison qui peut contrarier au vray amour.
Il se trouue des marys qui sont si barbares qu'ils ne peuuent dire vn beau mot à leurs femmes, ne les peuuent appeller par leur nom, ce ne sont qu'in iures & parolles de mespris. Ne sont-ce ce pas de belles estincelles d'amour.
Histoire d'vn enfãt de Liege esgaré.
Il y a quelques années qu'à Liege vn petit garçon de quatre ou cinq ans iouant & follastrant auec ceux de son aage, & courant par la ville s'esgara, sans pouuoir retrouuer la maison de son pere, sur le soir ne sçachant ou se retirer, il commença à pleurer, on luy demanda, d'où il estoit, il respondit qu'il estoit de Liege : de quel quartier ? il respond qu'il s'appelloit petit diable, comme s'appelloit son pere, coquin : comme s'appelloit sa mere, il dit qu'elle s'appelloit Carogne, il ne sçauoit point d'autre nom ny de pere ny de mere, d'autant qu'entre eux ils ne s'appelloient pas autrement & n'appelloient leur fils que petit diable, voila à la verité de belles allumettes d'amour.
L'amour excessif des marys.
La troisiesme condition que doit auoir l'amour du mary enuers sa femme est qu'il n'y ait point d'excés, toute extremité est vitieuse, la vertu tient le milieu & ne peut estre vertu sans la moderation. L'excés de l'amour du mary enuers sa femme peut-estre ou en vne trop grande sensualité qui le porte à cet amour : ou lors que par excés d'amour il se laisse emporter à vne jalouse inquietude, & vne jalousie inquiete, qui est souuent vn effect d'vn trop grand amour, principalement lors qu'il a pour object la sensualité.
Amour excessif de Sardanapalus.
C'est vn excés d'amour lors que le mary se laisse aller à des choses indignes de sa personne pour complaire à sa femme, comme fit Adam transgressant le commandement de Dieu pour ne desplaire à Eue. Sichem exceda en amour lors que pour vne femme il se fit circoncir, & ceux de sa ville ses subjects, & leurs en cousta la vie. Sardanapalus excedoit en amour lors qu'il filoit auec ses femmes, & leurs distribuoit leur tache, aussi merita-t'il pour sa lacheté d'estre le dernier des Roys des Assyriens au rapport de Iustin.
Les Romains aymoient trop leur femme.
Caton reprochoit cet excés d'amour aux Romains, apud Liui. decad. 4. lib. 4. omnes homines vxoribus dominantur, nos omnibus hominibus, nobis autem vxores, tous les autres hommes commandent à leur femme : nous commandons à tous les hommes : & nos femmes nous commandent. L'amour du mary doit estre tellement moderé, qu'il se souuienne qu'il est le chef, & partant, que iamais cet amour ne le porte à mettre le chef au dessous des costes, ce seroit vn monstre, qu'il ne se laisse maistriser de sa femme, ny faſſe chose indecente à sa condition & à l'ascendant que Dieu & la nature luy ont donné.
273
Gyges Roy des Lydiens auoit vn amour si excessif pour sa femme, qu'il Amour excessif de Gyges enuers sa femme. l'auoit tousiours en bouche & la loüoit par tout. Ayant vn iour extollé sa beauté en presence de deux de ses amis, non content de ces louanges l'amour l'emporta si fort, que pour leurs en donner d'autres preuues que de parolles, il la leur fit voir toute nüe. Elle aymoit auparauant son mary comme vne femme de bien & sage, mais elle fut si fort indignée de cette legereté qu'il auoit commis, & de cette confusion qu'il luy auoit causée, qu'elle commença à le hayr, & le fit mourir. Herodotus 149. Voila la fin d'vn amour excessif, vne haine excessiue.
Il y a des femmes lesquelles souz pretexte de cet amour croient qu'elles doiuent impetrer de leurs marys tout ce qu'elles desirent, & au cas qu'ils leurs refusent quelque chose, font des plaintes qu'ils manquent à leur deuoir, & qu'ils ne les ayment pas, semblables à la femme de Samson qui luy disoit, odisti me & non diligis, idcirco problema quod proposuisti filiis populi mei, non vis mihi exponere. Vous me haissez, vous n'auez point d'affection pour moy, ainsi vous ne me voulez point declarer l'enygme que vous auez proposé à mes compatriots. Quomodo dicis quod amas me, cum animus tuus non sit mecum, & non vis dicere in qua sit maxima tua fortitudo? Comment pouuez vous dire que vous m'aimez puis que vous n'auez point d'affection pour moy, & ne me voulez pas dire en quoy consiste vostre grande force. Cette femelle fit tant par ses plaintes & importunités, qu'elle tira le secret de Samson, le liura à ses ennemis & fut cause de sa mort.
Helas qu'il n'y a que trop de Dalila qui peruertissent leurs marys par des plaintes importunes, & déraisõnables de mãquement d'amour. Trop de Iesabel qui sont cause de la ruine de leurs marys : trop de marys qui ayans les seps au pieds ou plustot au cœur, d'vn amour desreglé, disent auec ce fol de l'Euangile, vxorem duxi non possum vernire: i'ay vne femme, l'amour que ie luy porte m'empesche de faire la volonté de Dieu. Mais il faudroit que les marys se souuinssent qu'ils sont hommes, & que leur courage, & generosité150, ne doit ceder aux caresses d'vne femme, principalement lors qu'il s'agit du seruice de Dieu.
Victor Vticensis, raconte à ce propos la constance de Saturus151, lib. 1. de Constance de Saturus cõtre les plaintes de sa femme. persequut. Wandalica. Il estoit surintendant de la maison de Hunericus, Roy des Wandales. On luy fit toute instance pour le faire Arrien, on n'espargna ny promesses, ny menaces : mais rien ne peut amollir sa constance diamantine. Sa femme le vient trouuer, menant auec soy ses enfans, qui tous ensemble se iettent à ses pieds, le prient & le coniurent d'auoir pitié d'eux, sa femme luy represente vne fillette qui estoit encore à la mammelle, le prie d'auoir egard à tous ces pauures enfans, qu'il auoit mis au monde, qu'il ne tient qu'à luy de les garantir du malheur qu'ils ne peuuent euiter par la mort de leur 274 pere, qu'il ne leurs faſſe pas ce tort, que de les priuer de la noblesse que la nature leurs a donnée par la mort honteuse de leur pere, qui les rendra infames & rousturiers : qu'elle ne peut euiter d'estre femme d'vn valet, à qui on la destine, apres auoir eu l'honneur d'auoir vn tel mary : que Dieu aura egard à la sincerité de son cœur, qu'on le peut bien exciter à quelque chose exterieure, mais non pas forcer son interieur, qu'il le peut garder entier à Dieu, qu'il aura egard à son intention, & à la contrainte qu'on luy fait. Tant s'en faut que ces considerations, & ces larmes le peurent esbranler, au contraire, prenant nouueau courage, il dit à sa femme, M'amie vous parlez comme vne femme qui n'est pas sage : i'aurois peur, si la douceur de cette vie m'estoit si amere en la perte de ce qu'il me faut perdre : si vous auiez vne affection syncere pour moy, vous ne tacheriez pas par vos attraits de me precipiter dans l'abysme d'vne mort eternelle : que les persecuteurs m'ostent mes enfans, qu'ils enleuent ma femme, qu'ils emportent mes moyens, quant à moy ie m'affermiray sur la promesse de mon Dieu, & croyez fermement, que qui ne quitte femme, enfans, possession, pour le nom de Dieu, n'est pas capable d'estre son disciple. Voila aymer comme il faut. Voila quelle doit estre la constance d'vn mary, laquelle il monstra non seulement de paroles, mais encore par effect, contre tous les tourmens : plustost mourir, que de se laisser emporter par la force de l'amour qu'on a pour vne femme, à faire quelque chose contre Dieu, & contre son seruice.
Puis que les marys sont le chef, c'est à eux de conduire leurs femmes, & par leur prudence, & par leur exemple, que si la femme vit mieux que le mary, c'est vn corps renuersé, & qui a la teste en bas, dit S. Aug. que les marys ne menent leurs femmes par leurs mauuais exemples, où ils ne desirent pas qu'elles aillent. Ie conclus cette matiere auec ces paroles que i'ay rap porté vn peu auparauant, mais qu'on ne sçauroit trop inculquer aux ma-rys, Vir mulierem vt gubernator dirigat, tanquam consortem vitæ honoret, participet, vt cohæredi gloriæ, que le mary conduise sa femme comme vn bon gouuerneur : qu'il l'honore comme sa compagne, qu'il communique auec elle, comme auec celle qui doit estre coheritiere de la mesme gloire.
Petit cul de lampe. 275 Filet cadre, rayé.

De la pudicité des femmes & filles. CHAPITRE VIII.

LE grand secretaire du ciel S. Iean, parmy ses mysterieuses extases, au chap. 19. de l'Apocal. dit, qu'il sortit vne voix du throsne de Dieu, inuitant tous les seruiteurs de cette souueraine majesté, grands, & petits, à luy rendre louange, laudem dicite Deo omnes serui eius, & qui timetis eum pusilli & magni. Et tout aussi tost, il entendit vne voix comme d'vne grande multitu de, comme d'vne infinité de peuple, comme de puissans tonnerres qui di-soient alleluia. L'occasion de cette ioye estoit d'autant que les nopces de l'agneau estoient arriuées, & que sa femme s'estoit preparée, & s'estoit couuerte de fin lin, luisant, & blanc, & il explique que c'est que ce fin lin, bissinus enim iustificationes sanctorum, ce sont les iustifications des Saincts, c'est à dire, pureté, humilité, obeissance, modestie, amour & semblables vertus qui sont les plus grands ornemens des femmes. Voire des hommes.
Le mary qui a rencontré vne femme qui est couuerte de cette belle pa rure, à bien occasion de faire feste, & d'inuiter tous ses amis à luy congratu-ler, & dire alleluia; puis que, mulieris bonæ beatus vir, l'homme qui a rencontré vne bonne femme, est comme en vn paradis, est heureux.
Comme la femme est la gloire de l'homme.
S. Paul donne vn excellent eloge à la femme, 1. Cori. 11. mulier gloria viri est, la femme est la gloire de l'homme, cela se peut entendre en diuerses façons, ou bien que la femme est faite pour la gloire & honneur du mary, entant qu'elle a esté formée de l'homme, qu'elle est comme l'ouurage de l'homme, comme l'image de l'homme, qu'elle est produitte de l'homme, comme de son principe, & de sa source; ou bien que la femme est le plus grand ornement de l'homme, entant qu'elle luy est donnée de Dieu, comme vn ayde pour multiplier son espece, & auoir des enfans, & produire son semblable, qui n'est pas vn petit honneur : ou bien c'est la gloire de l'homme, entant qu'elle l'ayde à gouuerner la famille, ou enfin c'est sa gloire en ce que quoy que l'homme soit comme le lieutenant de Dieu en terre, commandant à toutes les creatures, il n'y en a point enuers laquelle il exerce vn domaine plus honorable, vn empire plus glorieux, vn authorité plus eminente, qu'enuers la femme qui est de mesme nature que luy, douée d'ame, d'entendement, de volonté, de memoire, de franc-arbitre; capable de sagesse, de grace, de gloire, aussi bien que l'homme.
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Comme la femme sage est la gloire du mary, aussi la femme folle est le deshonneur, & infamie de son mary. La femme sage est celle qui s'acquitte des obligations qu'elle a enuers son mary, la folle qui les mesprise. Ie m'en vay monstrer aucunes de ces obligations, qui doiuent seruir à vne femme d'vn bel ornement pour se faire aymer de son mary, & seruiront d'atours aux filles qui sont à marier, pour rencontrer vn bon mary, & pour s'acquitter de leur deuoir en leur endroit lors que Dieu les aura mises en cet estat.
Quel est l'honneur d'vne femme.
La femme, au Cant. 2., est comparée au lis, sicut lilium inter spinas, sic amica mea inter filias, ce qu'est le lis entre les espines, cela est mon espouse entre les filles. Chacun sçait que le lis est le symbole de la pureté : vertu qui doit estre inseparable d'vne femme, & d'vne fille: c'est sa gloire, & honneur, c'est La femme comparée au lys. la gloire, & l'honneur de son mary : ne dit-on pas d'vne femme, & d'vne fille qui a fait quelque chose contre la pureté, qu'elle a perdu son honneur ? elle n'a pas perdu son honneur pour auoir perdu ses peres, meres, freres, sœurs, mary, enfans, beauté, richesses, santé, ioyaux, voire la vie : si bien pour auoir fait faux bond à sa pudicité.
Si elle doit estre lis enuers son mary dans la belle blancheur de sa pudicité, aussi le mary la doit tenir en cette qualité, ne la terniſſant nullement par soupçons, & deffiance, l'aymant comme vn beau lis & tenant toutes autres femmes comme espines à comparaison d'elle.
Voyez comme Dieu a fait estat de cette vertu, il auoit determiné de se faire homme, de naistre d'vne femme mariée, mais qui fust pure comme le lis: il dit qu'il ne se repaist que parmy le lis, qui pascitur inter lilia, aussi prentil la qualité de lis, lilium conuallium, le lis des vallées, pour son insigne pureté. Pourquoy pare-on tant vne nouuelle mariée, luy donnant vn couronne sur la teste, sinon pour luy monstrer par cette parure exterieure la beauté, & la parure de son ame, & que la plus belle couronne qu'elle puisse apporter à la maison de son mary c'est sa pureté, qui doit estre la gloire de son mary. Or tout ainsi que la beauté du lis se perd en le maniant, & qu'en le touchant il put, de mesme, rien qui noircisse tant la beauté d'vne femme, & d'vne fille, rien qui la rende plus puante, que les touchers trop libres & illicites.
La femme ne doit trotter.
Les lis ne se conseruent pas bien au milieu des campagnes, ou ils sont exposez à la mercy des bestes, & des passans, le moyen de les conseruer est vn jardin bien clos. La pureté d'vne femme, ou fille, court risque quand elle trotte, & se trouue par tout, aux bals, aux comedies, aux ieus, aux danses, qu'elle veut voir & estre veuë : le moyen de la conseruer est de se tenir close, & couuerte, sous la garde des peres, des meres, & des marys. Dina voulut voir, elle vit, elle fut veuë, elle fut conuoitée, fut enleuée, fut des honorée & perdit le beau lis de sa pureté. La femme d'Abraham estoit plus sage, aussi 277 estoit-elle plus vieille, mais nonbstant son aage elle est d'autant plus prisable pour sa grande retenue, n'osant paroistre deuant ces ieunes hommes, mais c'estoient des Anges, qui estoient venus en sa maison.
Sur tout, faut euiter les lieux retirez, & suspects, pour conseruer cette pureté, & ne s'entretenir seule auec des hommes. Thamar fut si temeraire que d'entrer seule en la chambre de son frere, mais c'estoit son frere : elle ne laissa pourtant d'en sortir auec vn affront & perte de ce qu'elle ne peut iamais recouurer. C'est ce qui a occasionné S. Hierosme Epist. ad Demetriadem, de donner ce precepte aux filles, nunquam solæ, nunquam sine matre prodeant: que iamais elles ne paroissent seules, iamais qu'en la compagnie de La femme & fille doit euiter les lieux escartez. leur mere. Tout ainsi que l'eſperuier ne prent pas aysement la colombe lors qu'elle est en compagnie, ainsi tasche d'en escarter quelqu'vne & la separer de la compagnie des autres, sur laquelle il fond, & en fait curée; de mesme l'espreuier d'enfer, le diable, qui est continuellement à la chasse, & ces petits tiercelets de damoiseaux, qui cherchent la proye par tout, n'ont garde d'attraper cette belle colombe en la compagnie de son mary, de sa mere, ou de quelque honneste matronne; mais s'il peut la ietter à l'escart, elle est en danger d'estre perdue, Ephraim, facta est quasi columba seducta non habens cor, Osee 7. Ephraim a esté comme vne colombe seduite sans cœur.
Ne doit s'exposer à la veue de tout le monde.
C'est vn pretieux tresor que l'honneur, & pudicité d'vne femme, & fille, le tresor est mal asseuré qui est exposé à la veue de tout le monde, il faut le garder souz bonne clef, & ferme serrure : l'honneur d'vne dame est au hazard, quand elle s'expose à la veue de tous, & ne se tient close, sous la garde, ou d'vn mary, ou de ses plus proches. Quiconque porte vne liqueur pretieuse dans vn vase fragile, doit estre sur ses gardes, habemus thesaurum in vasis fictibus. Mesdames vous auez vne liqueur pretieuse, qui est la pucidité, mais elle est dans des vases extremement fresles, gardez le heurt, donnez vous de garde des occasions, & de la rencontre des compagnies. Le vin qui est transporté de caue en caue est malaysement clair; la femme & la fille qui trotte de maison en maison, est difficilement pure, au moins ne peut-elle euiter le soupçon d'impureté. Le premier deuoir d'vne femme, & d'vne fille, doit estre la netteté, & pureté qu'elle doit tascher de conseruer par la retraite & la solitude.
Les mouches ne prennent pied sur la glace de Venise.
On dit que les mouches ne peuuent prendre pied sur la glace de Venise, à cause de sa politesse, c'est pourquoy vne certaine princesse auoit pris pour deuise, vne sine glace de miroir, auec vn nuage de moucherons, qui voltigeoient alentour, auec cet epigraphe, nil mihi vobiscum est, ie n'ay point d'alliance auec vous. Mesdames ie prie Dieu que vos ames soient polies comme vne tres‑fine glace de miroir, & que toutes vos actions soient si pures, que les moucherons des imaginations impudiques, mesme que les soupçons contraires à vostre pudicité & honneur, ny puissent prendre pied, & qu'en tous vos deportements, 278 comme en vn beau miroir, paroisse l'éclat de vostre pureté, & de vostre honneur.
La femme impudique est appellée mechante femme.
Il semble que quasi toute la recommandation d'vne femme, au moins la principalle, consiste en cette vertu; posons le cas qu'elle soit addonnée à quelque autre vice, moyennant qu'elle soit pudique, & chaste, on dit qu'elle est femme de bien : au contraire quand elle auroit toutes les autres vertus, si elle est impudique elle est appellée pecheresse, & mechante femme. Ou d'autant qu'il semble que ce peché est vn precipice & abysme de tous pechez, dit Plutarque, principalement en vne femme; ou d'autant que c'est comme omne malum, dit S. Christost, tout mal : ou, calamitatis cumulus, le comble de calamitez, dit Menander : ou malum malorum, le mal des maux, dit S. Greg. de Nazianze; ou d'auant qu'vne femme qui est subiecte à ce eché, est appellée pecheresse, comme la Magdeleine, & mechante femme.
On appelle vne femme subjecte à la cholere, cholere, & non pecheresse, ny mechante femme : vne qui est subiecte à sa bouche, gourmande, non peche resse, ny mechante femme : ainsi d'vne auaritieuse, superbe, yurogne, cruel-le &c. Mais vne femme qui est addonnée à ce peché quoy qu'exempte de tous autres on l'appelle pecheresse, mechante femme.
S. Paul 1. ad Timoth. 2. parlant de la femme, ne demande pas grande chose pour estre sauuée, saluabitur mulier per filiorum generationem si permanserit in fide, & dilectione, & sanctificatione cum sobrietate. La femme sera sauuée en met tant des enfans au monde, si elle demeure en la foy, en l'amour, en la sancti-fication auec sobrieté. On explique ce mot, sanctificatione, de la pureté; ainsi Dauid disoit à Achimelech.1. Reg. 21. fuerunt vasa puerorum sancta, les corps de mes compagnons son saincts, c'est à dire purs, donc, in sanctificatione, pour monstrer qu'vn des plus grands points de la saincteté d'vne femme est la pudicité, la chasteté, la pureté, quy luy doit estre aussi naturelle comme le voler aux oyseaux, le nager aux poissons, la beauté aux fleurs, & la lumiere au soleil.
L'impudicité en vne femme est la portiere de tous vices.
Comme la femme pudique, & chaste, a vn grand aduantage pour les autres vertus; aussi la femme impudique, semble estre capable de toute sorte de crimes, & semble que l'impudicité est la portiere qui ouure la porte de l'ame à touts pechez : qui dit ce vice d'vne femme n'a quasi plus rien à dire de tous les maux du monde, & n'y a vice qui ne trouue entrée en l'ame d'vne femme qui a fait banqueroutte à son honneur.
Chariot de la luxure.
S. Bernard le monstre excellemment bien au sermon 39. in cantica152, où il represente le chariot de la luxure cn ces termes : Luxuriæ currus quadriga vol uiter vitiorum, videlicet ingluuie ventris; libidine coitus: mollitie vestium, otij soporis-que resolutione: trahibitur equis duobus, prosperitate vitæ, & rerum abundantia: his præsident ignauiæ torpor, & insida securitas. Le chariot de la luxure est porté sur quatre roues, qui sont la gourmandise : le plaisir de la chair : le luxe des habits : 279 l'oiſiueté ou le trop dormir. Les cheuaux sont la prosperité, & les richesses, les carossiers sont la paresse, & la trop grande asseurance. Le chariot est tout de feu, mais feu qui deuore toute la beauté, & verdure des vertus, & penetre iusque à la racine, & au germe, ignis est usque ad perditionem deuorans & eradidicans omnia genimina, Iob 153. 36.
Ne voila pas assez monstrer comme tous les autres vices accompagnent cetuy-cy, & que ce vice comme vn feu d'enfer consomme toutes les vertus, & la beauté d'vne ame ? ce qui a fait dire à S. Hierosme O ignis infernalis luxuria, cuius materia gula, cuius flamma superbia, cuius scintillæ praua colloquia, cuius sumus infamia, cuius cinis inopia, cuius finis est gehenna154, ô feu infernal que la luxure, qui a pour matiere la gourmandise, pour flamme la superbe, pour estincelles les paroles dissoluës : pour fumée l'infamie, pour cendre la pauureté : & pour fin l'enfer.
Quelle obligation a donc la femme d'estre chaste, & pudique, puis qu'estant destituée de cette vertu tout est perdu, & comme dit S. Hierosme in espist. Quacunque virtute polleat, quibuscunque operibus niteat, si cingulo castitatis careat, omnia per terram trahit: quand elle auroit toutes les autres vertus, qu'elle exerceroit toutes sortes de bonnes œuvres si elle n'a la ceincture de chasteté tout va en dissolution.
Ie ne puis obmettre le bel eloge que S. Cyprian de 12. abusonibus 155, donne à cette vertu, escoutons le parler : pudicita est ornamentum nobilium, exaltatio humilium, nobilitas ignobilium, pulchritudo vilium: solamen mœrentium augmentum omnis pulchritudinis: decus religionis: minoratio criminum: multiplicatio meritorum, creatoris omnium Dei amica. La pudicité est l'ornement des nobles: elle exalte les humbles : annoblit les rosturiers : rend beaux les laids : console les affligez : augmente la beauté : elle est l'honneur de la religion : amoindrit les pechez : multiplie les merites : est la bien aymée de Dieu Createur de toutes choses : ce n'est pas assez d'auoir ce pretieux tresor, il le faut conseruer : c'est vn beau lis, mais il ne faut luy laisser perdre sa beauté.
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Filet cadre, rayé. De la pudeur & vergongne des femmes & filles. CHAPITRE IX.

LE second deuoir de la Dame peut estre representé par la rose, & n'est autre chose qu'vne honneste pudeur & vergongne, qui est bien vn des plus pretieux ornemens de ce sexe, suiuant ce que dit Le Sage, Eccli. 7. Noli disce dere a muliere sensata, & bona, quam sortitus es in timore Domini: gratia enim ve-recundiæ illius super aurum. Il parle aux Iuifs, qui pouuoient quitter leurs femmes, si elles estoient steriles, malades, ou moins aggreables : & leurs dit quand vostre femme seroit sterile, malade, moins belle, si elle est sage & prudente, ne la repudiez pas : sa pudeur & honneste vergongne est le plus grand tresor qu'elle puisse auoir.
Il dit le mesme au chap 26. auec plus d'emphase, Gratia super gratiam, mulier sancta & pudorata. Vn des plus grands benefices que l'homme puisse re ceuoir de Dieu, est de trouuer vne bonne femme, & sainctement vergon-gneuse : gratia super gratiam, c'est vne faueur qui surpasse toute autre faueur : ou gratia super gratiam, grace sur grace, ce n'est pas vn simple benefice, c'est vn comble & amas de benefices : gratia super gratiam, la vergongne en vne femme est, gratia super gratiam, c'est vne grace qui doit estre preferée à toute autre grace, qu'elle pourroit auoir, à la beauté, noblesse, richesses, fecondité, & autres.
Stobæs serm. 72. dit, τἠv ảίδω τδ ϰάλλδς ἀϰρόπoλιv έιvαι, que la pu- deur en vne femme est comme le donjon de la beauté. On donnoit iadis 
 aux nouuelles mariées vn voile de couleur iaune, qu'on appelloit Flami
 neum. Le iaune estoit la couleur d'vne chaste honte, & d'vne honneste ver
 gongne, & de ce voile elles ont esté appellées nuptæ, c'est à dire voilées : pour leurs faire entendre que le plus pretieux
 ornement qu'elles pourroient auoir, est la pudeur. 
Rebecca entendant que son espoux
 approchoit, ne fit pas l'affétée mais se couurit inconintent la face, par vne chaste pudeur, 
 Genes. 24. Si elle
 faisoit cela en presence de son espoux, qu'eust-elle fait deuant les autres?
Pythia fille d'Aristote, disoit qu'il n'y auoit fard, ny couleur aucune, qui rendist si agreable la face d'vne femme, ou d'vne fille, comme la pudeur : c'est le traict de beatué que l'espouse celeste loue tant en son espouse : sicut fragmen mali punici genæ tuæ, Cant. 4. vos ioues sont comme vne pomme de grenade 281 ouuerte, pour monstrer la rougeur, de laquelle vne saincte pudeur auoit vermilogné156 sa face.
Les septante traduisans ce passage, qui inuenit mulierem bonam, inuenit bounm, Prouerb. 28. Quiconque a trouué vne bonne femme, a trouué le bien, tournent; inuenit gratias, Charites, les graces. Les anciens ont dit qu'il y auoit trois graces, mais le mary qui a trouué vne bonne femme, c'est à dire, saincte, & vergongneuse, a trouué autant de graces, qu'elle a de vertus, lesquelles prennent leur relief, & leur vernis du pinceau de la saincte pudeur.
Le meilleur dost d'vne femme est la pudeur.
Ie ne puis icy obmettre le traict du petit payen Plaut. in Amphitrione, voicy comme il parle, non ego dotem duco esse, quæ dos dicitur, sed pudicitiam, & pudorem, & sedatum cupidinem, Deûm metum, parentum amorem, & cognatam concordiam. Quant à moy ie ne tiens pas pour dost d'vne femme, ce qu'on appelle dost, sçauoir vne somme d'or ou d'argent : mais le vray dost est la pudicité, la pudeur, la moderation de la concupiscence, la crainte de Dieu, l'amour des parens & alliez. Se peut il dire chose mieux que cela ? & ces paroles ne meritent-elles pas d'estre escrittes en lettres d'or, en l'ame, & des hommes, & des femmes ? des hommes, pour bien considerer ce qu'ils doiuent souhaiter en leurs femmes : des femmes, pour s'estudier à amasser les vrayes richesses.
La pudeur est la medecine cõtre l'impudicité.
La Rose est vne fleur medicinale, & la pudeur & vergongne en vne femme, est la medecine contre le peché, & depuis qu'vne femme ou vne fille l'ont perdue, elle s'abandonnent à toute liberté, & ne se trouue plus de remede à leurs maux & dissolutions : Fornicatio mulieris in extollentia oculorum & in palpebris eius agnoscitur, Eccl. 26. Voulez vous connoistre si vne femme ne vaut rien, vous le connoistrez si elle est effrontée, eshontée, a les yeux hagards, & la veue esgarée. C'est le mesme que dit S. Augustin en sa regle, impudicus oculus, impudici cordis est nuntius. L'oeil impudique & sans honte, est vn tesmoignage euident d'vn cœur impudique & eshonté.
Tandis que Samson retient ses cheueux, il brisa toutes les cordes des Philstins, & se mocqua de leurs entreprises, aussi tost qu'ils furent coupez, il fut pris, deuient leur iouet, & le traicterent comme vne beste. Tandis qu'vne La pudeur est la force d'vne femme. femme conserue la pudeur, elle surmonte aysement les assauts de ceux qui voudroient attaquer son honneur : auss tost qu'elle l'a perdue, le guichet est ouuert à la la dissolution & liberté, & encore qu'elle soit chaste, si ne peut-elle euiter le soupçon de ne rien valoir : Aussi tost que la Phutiphar perdit la vergongne, elle eut l'asseurance, ou plustost l'impudence de regarder le beau Ioseph, lacha la bride à sa conuoitise, & puis en vient à des insolentes recherches, & voyant qu'elle rencontroit vn cœur d'acier, & impenetrable aux traits de son impudicité, elle eut recours aux mensonges & calomnies, faisant 282 tous ses efforts de perdre celuy qui ne la vouloit impudiquement aymer. Dés qu'vne femme, ou vne fille a perdu la vergongne, sa langue n'a plus de frain, son cœur plus de serrure, ses pieds plus de seps, & son corps plus d'honneur.
Pudeur de N.Dame.
Nostre Dame qui estoit confirmée en grace, qui estoit la pureté mesme, eut peur voyant vn Ange, & fut saisie de vergongne. Ah ! que deuroient faire les femmes & filles qui sont bien esloignées de cette perfection ? elles ne sont que poudre à feu, que soulfre, qu'estouppes, prennent le feu au moindre souffle, & cependant ont l'asseurance de traitter bec à bec auec des hommes, & des heures entieres, & à diuerses reprises.
Belle exhortation de S. Ambroise à la pudeur.
S. Ambroise leur fait vne belle exhortation, lib. 2. in Lucam 157, où parlant de l'ambassade de l'Ange vers nostre Dame, & de la vergongne qu'elle eut le voyant, il dit, Disce uirginem moribus, disce virginem verecundia, disce virginem oraculo, disce mysterio. Apprens quelle doit estre vne vierge par ses mœurs, par sa vergongne, par l'oracle, par le mystere. Trepidare virginum est , dit il, & ad mones viri ingressus pauere, omnes viri affatus vereri. C'est le propre d'vne vierge, (disons d'vne femme pudique & honneste) d'auoir peur & trembler, lors que quelque homme entre vers elle, & d'apprehender tous les pourparler des hommes. Et partant poursuit le mesme Sainct. Discant mulieres propositum pudoris imitari. Sola in penetralibus, quam nemo virorum videret, solus Angelus gelo salutatur: que les femmes apprennent à imiter cette pudeur : elle est seule en sa maison, elle fuit la veue & aspect des hommes : l'Ange le trouue & la salue seule, sans compagnie, sans tesmoins, de peur qu'elle ne fust infectée de quelque mauuaise parole : O la belle & salutaire exhortation à ces libertines qui veulent tout voir, tout sçauoir, & veulent estre veües de tous.
Nostre Dame qui estoit l'honnesteté mesme, traitte en si peu de paroles auec l'Ange, & ces femmes n'ont point de crainte de tenir de longs discours auec des hommes de chair & d'os : quelle presomption ! qui præsumit minus veretur, minus præcauet, plus periclitatur, timor fundamentum salutis est, Tertullian lib. de cultu fœminarum 158, quiconque presume de soy, n'a point de crainte, est moins sur ses gardes, est en plus grand danger. La craincte est le fondement de salut, aussi tost qu'vne femme n'a plus de pudeur, ny de craincte de parler à toute sorte d'homme, elle est à demy perdue.
Eue parle seule à seule auec le serpent, aussi ne tarda-elle guere à estre trompée, il n'auoit garde de l'abborder en presence de son mary, il y eust trouué de la resistance. Si la fille ou la femme n'entretenoit cet homme à part, mais saisie d'vne honneste pudeur, l'inuitoit à la presence de son mary, ou de son pere, elle ne se trouueroit dans le malheur qui la fera gemir 283 mille & mille fois.
S. Elizabeth est honteuse ayant conceu.
Saincte Elizabeth, si chaste, si saincte, ayant conceu miraculeusement & par reuelation Diuine, est saisie d'vne si chaste vergongne, qu'elle n'ose paroistre cinq mois tout entiers : & se trouuent des femmes & filles qui n'ont point de honte de regarder des hommes en face, de dire des paroles, chanter des chansons, lire des liures, auoir des peinctures, qui font quelquefois rougir les plus impudens ! & le pis que i'y vois, c'est que souuent cela prouient de l'instruction des peres & meres, & des marys, qui nourrissent leurs filles & leurs femmes en cette liberté, qui puis apres les fait rougir eux mesmes, & couure leur famille de honte & d'infamie.
Tout ainsi que la nature a donnée la crainte au lieure & au cerf pour garder leur vie, & euiter le danger par la fuite, de mesme, la nature a donné la pudeur & vergongne à la femme pour garder son honneur. Socrate, au rap Socrate demande trois choses aux ieunes gens. port de Maximus serm. 41. demandoit trois choses aux ieunes gens. La prudence en l'ame : le silence en la langue : la pudeur au visage : nous pouuons dire que ce sont trois des plus grands ornemens, & tresors d'vne fille & femme.

Filet cadre, rayé. De la diligence des femmes. CHAPITRE X.

La femme doit trauailler.
ANciennement chez les Grecs & les Lacedemoniens l'espoux & l'espouse prennoient vn pain, le coupoient par ensemble, & en mangeoient; c'est pour leurs faire entendre que tous deux doiuent trauailler pour leur viure, & mettre la main à la paste. Chez les Galates ils beuuoient tous deux dans vn mesme pot : chez les Romains estoient mis sous vn mesme ioug. Toutes ces ceremonies donnoient à connoistre qu'ils deuoient trauailler tous deux.
Ie confesse que c'est proprement à l'homme de trauailler & de pouruoir à sa famille par son trauail, il y est condamné par arrest formel & definitif. Insudore vultus sui vesceris pane tuo. Il ne faut pas pourtant que la femme se persuade qu'elle ne doit rien faire, S. Paul luy enseigne le contraire 1. Corinth. 7. quæ nupta cogitat quæ mundi sunt, la femme mariée pense aux choses du monde, elle doit soigner son mesnage, & pourquoy est elle eppellée l'aide de l'homme ? faciamus ei adiutorium, vne des raisons est d'autant qu'elle doit assister son mary & l'aider en l'administration de la maison.
284 Auguste Cesar voulut que ses filles apprissent à traualler.
Auguste Cesar quoy qu'Empereur voulut que ses filles apprissent à trauailler en laine & qu'en effect elles trauaillassent pour fuyr l'oysiueté, & les maux qu'elle apporte, otia si tollas periere cupidinis artes.
Tout ainsi que la terre n'estant cultiuée ny semée ne porte que de l'herbe, des ronces, & espines : de mesme l'ame dans l'oysiueté ne porte que des mauuaises pensées, des parolles inutiles, des murmures & mauuaises actions. Les L'oysiueté produit des vices. cieux sont en perpetuel mouuemens, & la terre immobile : vne femme qui ne se meut deuient toute terrestre & voluptueuse, mais vne femme celeste & veruteuse est en perpetuel mouuement. Ie m'en vay vous representer l'image d'vne femme diligente, depeint & embellie de tous ses traits & enrichie de toutes ses couleurs par Salomon en ses Prouerbes chap. 31.
Femme forte, c'est à dire diligente.
Mulierem sortem quis inueniet, heureux le mary qui trouuera vne femme forte. Voicy ses qualitez, c'est vne femme forte, c'est à dire laborieuse, diligente, industrieuse : c'est ainsi que se prent souuent le mot de fort en l'Escriture Sainte Prouerb. 10. manus fortium diuitias parat, les mains de ceux qui sont forts amassent des richesses : c'est à dire, qui sont diligens, laborieux, industrieux, & au chap. 12. manus fortium dominabitur, & quæ remissa est tributis seruiet. Ceux qui sont laborieux commanderont, les paresseux seruiront.
La femme diligente est l'appuy du mary.
Voicy le premier trait, considit in ea cor viri sui, son mary se confie en elle touchant l'administration de la maison, luy en laissant le soin & faisant les affaires de dehors. Le Sage dit le mesme Eccli. 36. par ces parolles, qui possidet mulierem bonam, inchoat possessionem: adiutorium secundum illum est, & colmna vt requies. Quiconque possede vne bonne femme, commence sa possession, c'est vn aide qui luy est semblable, vne colomne de reops. Il veut dire que quiconque a vne femme forte, diligente, il est desia demy riche, d'autant que la seule femme diligente est vne grande richesse : & d'autant qu'elle sçait conseruer ce que le mary amasse. C'est la colomne de son repos, colomna vt requies. Par ce que lors qu'il est hors de la maison il n'est pas en soin de ce qui s'y fait, confidit in ea, il se fie à sa femme comme à soy-mesme, & quand il re tourne c'est la colomne de son repos, c'est toute sa consolation. Elle est comme la colomne qui supporte toute la maison & soustient son mary en ses trauaux.
La femme diligente n'a que faire de parure.
Le second trait, & spolijs non indigebit le mary ne sera pas en peine de chercher des ioyaux de pris, des robbes, & habits à la mode, des atours pretieux pour parer sa femme : elle n'a que faire de cela, car son occupation n'est pas à passer toute vne matinée à s'adiancer, se coeffer, se mirer, s'enioliuer : son occupation est de soigner ce qui est de sa maison, spolijs non indigebit, elle n'a que faire de toutes ces parures pour se faire aymer de son mary, confidit in ea cor viri sui, son industrie, sa diligence, la rendent assez aymable.
285 Est fidelle.
Le troisiesme, reddet, ei bonum & non malum omnibus diebus vitæ suæ, la femme diligente, n'aura garde d'estre infidele à son mary, mais sa fidelité sera d'autant plus grande que sera la confiance de son mary enuers elle : elle ne dissipera pas mal à propos le bien de la famille, mais au contraire le multiplira : puis qu'elle n'a qu'autant de pouuoir que son mary luy en donne, auquel seul appartient la dispostion des biens de la maison : ainsi elle n'aura garde de prendre occasion de cette confiance de le tromper & de disposer de chose aucune notable à son insceu, soit par don, soit par aumosne, ou autrement, & quoy qu'il arriue quelquesfois que son mary la traitte rudement, qu'il la reprenne, la tanse, reddet ei bonum & non malum, elle se gardera de perdre la constance pour cela, de luy rendre mal pour mal, ains au contraire taschera de l'adoucir par toute sorte de bons offices, & de le gaigner par sa douceur & patience.
Le 4. quæsiuit lanam & linnum & operata est consilio manuum suarum, elle n'a pas attendu que son mary luy donnast sa tache, mais elle par son industrie a Elle trauaille. cherché de la laine & du lin, & s'est mise à trauailler, consilio manuum suarum, non par contrainte, mais d'vne prompte volonté : non tellement quellement, mais auec vne grande prudence & industrie : non pour faire des bagatelles & ornemens superflus; mais au prouffit de la famille.
C'est suiuant le conseil de S. Hierosme ad Demetriadem, habeto lanam semper in manibus, vel staminis pollice fila ducito, vel ad torquenda subtegmina in alueolis fusi vertantur: ayez tousiours de la laine en main, ou filez, ou remuez les La femme doit trauailler. fuseaux sur le carreau, & ad Lætam159, discat & lanam facere, tenere colum, rotare fusum, & stamina pollice, ducere, qu'elle apprenne à manier la laine, tenir la quenouille, remuer les fuseaux & filer, Varron, Plutarque, & Pline remarquent qu'anciennement chez les Romains les nouuelles mariées portoient Les nouuelles mariez anciennement portoient vne quenouille. à la maison de leur mary vne quenouille & vn fuseau, pour donner à connoistre qu'elles estoient mariées non pour demeurer oyseuses, mais pour trauailler : Salomon compare la femme forte à vne nauire qui porte des prouisions de bouche d'vn pays à vn autre, tout ainsi que cette nauire n'a point de relache, mais va iour & nuict, de mesme vne femme industrieuse & mesnagere trauaille sans cesse pour pouruoir à l'entretien de sa famille.
La femme diligente se leue du matin, se couche tard.
Voyci le 5. trait de pinceau que donne Salomon, & que plusieurs dames deuroient bien considerer, de nocte surrexit, deditque prædam domesticis suis, & cibaria ancillis suis. Elle n'a pas fait comme plusieurs qui ne se leuent que lors qu'il est grand iour, & souuent lors qu'on couure la table pour disner, ou si c'est pour entendre la messe, ce sera apres midy contre les ordonnances de l'Eglise, & les saints canons : mais elle s'est leuée auant le iour, a distribué la tasche à ses domestiques. Helas combien de seruiteurs, & seruantes, ou qui demeurent oiseux, ou qui font pis pendant que Madame ou dort la grasse 286 matinée ou se tourne, & mignarde dans vn lict mollet, au lieu de prendre garde à ses domestiques ! de son trauail elle a achepté vn champ fertile, & y a planté vne vigne; elle n'a pas fait comme ces douillettes qui sont si delicates qu'à peine se peuuent-elles remuer, elle a retroussé ses habits & ses bras, a mis la main à l'œuure trauaillant auec vne force & courage viril. Non extinguetur in nocte lucerna eius. Non contente de se leuer du matin, elle passe vne partie de la nuict, non à danser, iouer, folastrer, mais à trauailler.
Elle est misericordieuse.
Le 6. trait de pinceau, manum suam aperuit inopi, & palmas suas extendit ad pauperem, Non seulement elle a eu de quoy par son trauail pour l'entretien de sa famille : mais encore pour exercer la misericorde enuers les pauures, & souffreteux; vertu sans laquelle la femme est comme vn monstre dit S. Anfelme. Mulier immisericors portento, & monstro similis est, puis que la nature luy La femme sans misericorde est comme vn monstre. ayant donné la tendresse pour apannage l'ayant douée d'vne certaine douceur & compassion, si elle n'exerce la misericorde, c'est vn monstre non vne femme, puis qu'elle ne correspond à la condition & qualité de son sexe.
Cela est bõ, me direz-vous, pour les vefues qui ont l'entiere disposition de leur bien, & peuuent faire des aumosnes selon leur volonté, mais non pour les mariées desquelles S. Augustin parle ainsi, epist. 199. ad Ediciam. Mulieri coniugatæ non licet dicere, facio de meo quod volo: nam & ipsa non est sui, sed capitis sui, id est, viri sui, il n'est pas à soy, mais à son chef, c'est à dire à son mary, & telle est l'opinion de S. Thom. 2. q. 32. art. 8. car c'est à celuy-là de faire l'aumosne qui a la libre disposition des biens, tel qu'est le mary, & non la Si la femme peut faire des aumosnes, sans le cõsentement de son mary. femme. Cela n'empesche pas toutefois qu'elle ne puisse faire des aumosnes, ou auec le consentement expres de son mary, ou auec raisonnable presomption du mesme consentement : voire mesme contre la volonté de son mary, s'il estoit si auaritieux, & si barbare qu'il voulust l'empescher de faire des aumosnes, comme font ordinairement les autres qui sont de mesme condition qu'elle, & conformement à ses moyens voire mesme elle peut faire des aumosnes sans consentement de son mary, de ce qui luy est propre, & qu'elle a acquis de son truail, & de son industrie : si ce n'est que quelque loy ou coustu La femme diligente pouruoit ses domestiques. me particuliere l'en empeche : ses aumosnes dit Salomon, ne diminuent en rien le soin qu'elle doit auoir de ses domestiques qui ne craignent pas la rigueur de l'hyuer, car ils ont chacun deux paires d'habits desquels elle les a pourueu par sa diligence. Et sa diligence & fidelité ſont si grandes, que son mary s'en remettant entierement à elle, s'employe aux affaires publiques se trouuant dans son rang, & habillé par le soin de sa femme suiuant sa condition, parmy les premiers de la ville.
Le 7. sortitudo & decor indumeneum eius. La force luy sert de vestemens pretieux, elle n'a que faire de chercher autres ornemens que sa beauté naturelle : 287 Elle ne se soucie des habits põpeux. elle est habillée comme vne forte & courageuse matrone, non comme vne nymphe ou pouppée ou comme vne courtisane : mais decemment & honnestement, & ses habits sont tesmoignages de la force de son esprit, & non des indices de sa delicatesse & mollesse : elle ne se soucie pas beaucoup des parures, & vestemens exterieurs, ses plus pretieux habits sont la force, & bienseance interieure, & l'ornement des vertus. Voyla pratiquer le precepte de S. Pierre 1. 2. Lors que parlant des dames, il dit, quarum non sit extrinsecus capillatura, aut circumdatio auri, aut indumenti uestimentorum cultus, sed qui absconditus est cordis homo in incorruptibilitate quieti, & modesti spiritus, qui est in conspectu Dei locuples. Que les cheueux ne paroissent pas en dehors, ny des tresses d'or, ou des habits pretieux : mais qu'elles ornent l'homme interieur (c'est l'ame) dans la tranquillité, & modestie interieure, qui est la vraye richesse deuant Dieu. I'en parleray plus amplement, & en feray vn chapitre à part, la matiere le merite bien.
Elle parle peu.
Le 8. Il apporte deux notables vertus en vne femme, l'vne est quelle parle peu, l'autre qu'elle ne parle qu'auec prudence, & pesant ses paroles, os suum aperuit sapientiæ. Vertu qui est comme vne fille de sa diligence, & du soin qu'elle a de sa maison : il n'appartient qu'à celles qui ne s'occupent à chose quelconque, qui laissent tout le soin de la maison, ou à vn pauure mary, ou à des seruantes, de caqueter toute vne iournée, sans discretion ny retenue : vne femme bien occupée au soin de son mesnage, n'a pas loisir de beaucoup causer. Et d'icy vient encor vn autre bien, qui est lex clementiæ sub lingua eius, qu'elle Est clemente. ne profere aucune parole ny de dedain, ny de mespris, ny de rigueur, ny contre son mary, ny contre les domestiques, ce qui n'empesche pas qu'elle ne reprenne ses domestiques quand ils faillent, mais c'est tousiours dans la mesure de la loy & de la raison, c'est sans exceder les loix de la clemence, lex clementiæ sub lingua eius, car elle fait sa demeure soubs sa langue.
Le 9. Considerauit semitas domus suæ, & panem otiosa non comedit, elle prent garde aux deportemens de ses domestiques, elle a soin qu'ils ne soient Elle a soin de sa maison. desbauchez & corrompus en leurs mœurs, qu'ils ne soient oiseux & saineants, & pour leurs donner bon exemple, ne mange iamais qu'elle n'ayt gaigné son disner par son trauail. Elle a l'œil ouuert à toutes les sorties & auenues de sa maison, de peur que rien n'y entre, ny en sorte à son insceu, de quoy elle a vn tel soin que mesme lors qu'elle est à table, elle n'en est pas à repos, panem otiosa non comedit, en mangeant elle ne quitte pas ce soin tant important.
Notez que c'est proprement à la femme qu'apartient le soin & garde de la maison, comme enseigne Aristote Oeconom. lib. 1. cap. 3. par ces paroles : Diuina prouidentia vtriusque natura, viri scilicet ac mulieris, ordinata est ad societatem. Alterum enim robustum fecit, alterum imbecillius: hoc quidem ob timorem, cautius: illud verò propter fortitudinem pugnacius: alterum parat foris, alterum parta domi 288 conseruat. C'est par vne prouidence diuine, & pour le bien des deux natures qu'elles s'assemblent : l'vne est plus forte, l'autre plus foible : la plus foible à cause qu'elle est plus craintiue est plus sur ses gardes; l'autre à cause qu'elle est plus forte est plus propre au combat : l'vne pouruoit en dehors, l'autre garde à la maison ce qui aura esté pourueu. La nature l'a donc pourueu de plus grande crainte, qui est toute propre pour garder.
Comme on demandoit vn iour à vne femme de Lacedemone qui estoit captiue ce qu'elle sçauoit faire, ie sçay bien, dit-elle, auoir soin de ma maison. Plutarque in Laconi. Apophth.160 c'est vne grande science en vne femme.
C'estoit la raison pour laquelle les nouueaux mariez chez les Romains donnoient à leurs femmes des clefs, lors qu'elles entroient en leurs maisons la premiere fois comme pour prendre possession de l'administration de la maison, & des affaires domesstiques, & pour leurs enseigner que c'estoit à elles de fermer, ouurir, garder, distribuer.
On gardoit à Rome les sandales de Caia Cæcilia qui fut vne bonne mesnagere pour les monstrer aux nouuelles mariées & les exhorter à l'imiter demeurant en la maison & en prennant le soin. La nature a donné aux femmes les pieds plus petits qu'aux hommes pour leurs enseigner qu'elles doiuent demeurer en la maison & la garder. Considerauit semitas domus suæ, la femme forte a bien consideré tous les coings de sa maison. Galien dit que la nature a laissé les ioues de la femme nuës pour luy enseigner qu'elle doit garder la maison. 11. de vsu partium161, elle a reuestu celles de l'homme, d'autant qu'il doit soigner les affaires de dehors & s'exposer au froid.
Les 70. tournent ce passage, Considerauit semitas &c. augustæ sunt seu constrictæ sunt mansiones, aut viæ domus eius. La caue, la despence, le gardemanger, sont fermez, non par taquinerie, & auarice; mais comme il conuient à vne bonne mesnagere, qui distribue tout par mesure, & panem otiosa non comedit, ou comme tournent les 70. cibos autem pigros non manducauit, elle ne garde pas toutefois des viandes paresseuses, c'est à dire, inutiles, & qui se gastent, mais les distribue liberalement & quand il faut & à ses domestiques, & aux pauures.
Enfin voicy la recompense qui suit la diligence & preuoyance de cette bonne mesnagere, Surrexerunt filij & beatissimam prædicauerunt: vir eius, & laudauit eam. Les enfans de cette femme diligente & bonne mesnagere, luy ont donné tout plein de louanges, son mary chante ses vertus par tout, & à toute occasion, Surrexerunt filij, ses enfans sont deuenus grands, & par leur bonne education qu'ils ont tiré de leur mere, l'ont rendu recommandable par tout, & ont donné occasion au monde, de louer la mere qui a porté de tels enfans, & a eu le soin de les esleuer. Vir eius, & laudauit eam, comme s'il di 289 soit la docueur & bon comportement du mary a esté vn tesmoignage de la bonne conduicte de la femme, & occasion de louange : puis que par ses vertueux deportemens, elle a esté cause de la bonne & louable vie de son mary. S. Augustin lit, Surrexerunt filij & ditati sunt. Elle a tant amassé de richesses par son bon soin & vigilance, que ses enfans sortans de la maison paternelle & se marians se sont trouuez fort riches.
Le Sage Eccli. 26. parlant d'vne telle femme dit gratia mulieris sedulæ delectabit uirum suum, & ossa illius impinguabit. La bonne grace d'vne femme diligente sera tout le plaisir de son mary & l'engraissera.

Filet cadre, rayé. De l'obeyssance des femmes. CHAPITRE XI.

LA quatriesme obligation luy est signifiée par le tourne-sol, qui monstre que tout ainsi que cette fleur se tourne tousiours vers le soleil, ainsi la Le bonheur du monde depend du bon ordre, & qu'il soit gardé. femme doit tousjoirs auoir l'esprit tourné vers les commandemens de son mary par vne saincte obeissance : le bon heur de ce monde depend de ce que le bon ordre y soit gardé, la prosperité des republiques, que les citoyens obeyssent au Magistrat auec humilité, le Magistrat commande auec raison : entre les esprits bien heureux la paix & la felicité ny sçauroient durer, si l'ordre que Dieu y a estably ne s'y maintenoit : entre les elemens, les cieux, les estoilles, & toute les creatures, le bon-heur depend du bon ordre; & l'ordre rompu ce n'est que trouble : on peut dire le mesme de nos corps, des armées, des familles particulieres. C'est ce qui a fait dire à S. Greg. de Nazianze, orat. de moderatione in disputatione seruanda. Ordinis perturbatio, in aere fulmina, in terra succussiones in mari exundationes, in vrbibus & familijs bella, in corporibus morbos, in animis peccata, quasi nouas res moliendo introduxit. Le defaut d'ordre en l'air cause les foudres, en la terre les tremblemens, en la mer, les inondations, aux villes & familles les guerres, au corps les maladies, aux ames les pechez, introduisant des nouueautez.
L'homme plus noble que la femme & pourquoy. Le masle d'ordinaire est plus parfaict.
L'ordre estably de Dieu est que les choses inferieures soient subjectes & obeyssantes aux superieures, les moins parfaictes aux plus parfaictes, & par consequent la femme à l'homme : l'homme est plus noble que la femme comme enseigne S. Aug. lib. 83. quaest. Premierement d'autant que l'homme est le principe de la femme, car le premier homme n'a pas esté formé de la femme, mais la femme de l'homme. Secondement l'homme est plus fort & plus industrieux que la femme. Troisiesemement il a plus d'authorité pour 290 presider, & comme remarque Aelian lib. 11. c. 26. le masle ordinairement, voire entre les bestes est plus parfaict : entre les dragons le masle a vne creste & de la barbe : le coq a sa creste & ses ergots : le cerf ses ramures. Le lyon son crin, entre les oyseaux les masles chantent d'ordinaire plus melodieusement.
La femme ne doit commander à l'homme.
Partant c'est comme vn monstre & contre nature que la femme commande à l'homme : c'est la reproche qu'Isaie fait aux Iuifs c. 3. Effeminati dominabuntur eis, Aristote 2. poli. 1. n'a pas oublié de reprendre les Dames Lacedemoniennes qui commandoient à leurs marys. C'est vne chose monstrueuse qu'vne femme commande aux hommes : & vne infamie que les hommes obeyssent aux femmes, à muliere dominari summum est viro dedecur, philo apud Antonium in Melissa tom. 2. Serm. 34. S. Aug. de Catech. rud. cum fœmina dominatur in virum, peruersa & misera domus est, la maison est meschante & miserable où la femme maistrise le mary.
Si la femme eust esté subiecte au mary en l'estat d'innocence.
Si c'est chose naturelle que la femme obeysse, & le mary commande; d'où vient donc que Dieu a donné cette subjection à la femme comme en punition de ce qu'elle auoit seduit l'homme, puis que cette subiection eust esté mesme en l'estat d'innocence comme estant naturelle, S. August. lib. 11. de Genes. ad liter. c. 27. respond à ce doute, & dit que la femme en estat d'innocence, seruiret quidem, sed seruitutem dilectionis, non conditionis: elle eust seruy, mais par amour non par contrainte, ou par punition & malediction : car connoissant qu'il estoit conuenable que la raison & l'ordre que Dieu auoit estably, vouloit qu'elle fust subjecte, elle se fust soubmise sans aucune repugnance, n'ayant lors aucune corruption, ny desordre en son esprit, aucune peruersité en sa volonté, aucun dereglement, ny en la chair, ny en les appe tits & passions, elle eust obey tres-volontiers, & auec plaisir, aussi le domai-ne de l'homme eust esté accompagné de raison, d'equité, & de charité, il n'eust pas tenu sa femme comme seruante, mais comme sa compagne & participante à ses conseils, & partant, cette submission eust esté douce & pleine d'amour.
Mais depuis le peché, la nature estant corrompue, subiecte au desordre, & à la reuolte des passions, & partant bien esloignée de cette paix & tranquillité d'esprit qu'elle auoit lors, c'est vne grande peine & punition à la femme que d'estre subiecte à son mary, & dautant plus grande qu'à cause de cette corru ption elle est souuent legere, inconstante, vaine, superbe, impatiente, desi-reuse de liberté, subiecte à ses passions, moins capable de raison, & partant ne peut supporter le domaine du mary qu'auec grande repugnance. D'ailleurs, souuent le mary à cause de la mesme corruption de la nature, est su perbe meschant, iniuste, insolent, cruel, ialoux, iniurieux, outrageux, insup-portable, barbare, brutal, & traitte vne pauure femme tyranniquement, & 291 comme vne esclaue, & lors c'est vn Enfer, non vn mariage.
Seruitude de la femme.
On ne sçauroit nier que cette seruitude ne soit facheuse, & qu'a raison d'icelle la condition de la femme ne soit deplorable, puis que comme dit S. Ambroise, in exhortat. ad virgines, quae nupserit ad seruitutem pecunia sua ven ditur; meliore conditione mancipia quam coniugia comparantur, in illis meritum emi-tur seruitutis, in istis pretium ad seruitutem additur. La fille qui se marie donne de l'argent, se vend pour estre seruante; la condition des esclaues est meilleure que celle des mariées, on achepte les esclaues pour le seruice qu'on en pretend, & les filles se vendent pour rendre seruice, & estre ſerues, on charge la fille d'or, & d'argent pour la vendre, il semble que tout son prix consiste à son or. Cette seruitude de la femme est vne punition, car comme dit Procopius, Seruitude de la feme est vne punition. mulier male imperitans, præuaricationis causa fuit viro. Quapropter quasi non recte imperasset, ex libera & ingenua, alieno iuri subijcitur, & serua fit: la femme n'a pas bien commandé, & ainsi a esté cause que son mary a enfraint le commandement de Dieu, & partant en punition elle a perdu sa liberté, & est deuenue serfue, & sujete à son mary. Verum, dit Rupert, castis & fidelibus mulieribus, hanc pœnam beneuolentia nullam, aut leuissimam efficit, & non solum non obest, sed etiam laudi est. L'amour & la bienueillance des femmes chastes & fidelles enuers leurs marys fait ou que cette seruitude n'est pas punition, ou est tres-legere, & non seulement ne les incommode pas, mais leurs est louable. Or ie m'en vay monstrer les moyens de l'adoucir, & d'en tirer beaucoup de louange, & de merite.
Toute puissance vient de Dieu.
C'est chose claire & asseurée que toute la puissance que les vns ont sur les autres vient de Dieu, en la sapience 8. Meum est consilium, & æquitas, mea est prudentia, & mea est fortitudo, per me reges regnant, & legum conditores iusta decernunt, per me principes imperant, & potentes decernunt iustitiam. C'est de moy que vient le conseil, & l'équité : la prudence, & la force : les roys n'ont royaumes que de moy, c'est par moy que les legislateurs font eurs ordonnances, que vient le conseil, & l'equité: la prudence, & la force: le roys n'ont royaumes que de moy, c'est par moy que les legislateurs font leurs ordonnances, que les princes commandent, & que ceux qui ont du pouuoir font la iustice. Par ces paroles nous apprenons. Premierement que ceux qui commandent ne le font pas par hazard ou par vn pur conseil des hommes, mais par l'ordre de la prouidence diuine, qui donne l'authorité & preeminence à qui il veut. Secondement qu'en s'acquittant de leur charge ils prennent la force, & pouuoir de Dieu qui leurs donne aussi le conseil, la prudence, la lumiere, & intelligence, qui souuent les porte, voire sans sçauoir ce qu'ils font à accomplir l'ordre, & la volonté de Dieu & partant que quiconque leurs resiste, resiste à Dieu : qui potestati resistit, Deo resistit, Rom. 13. Et quiconque leurs obeit pour Dieu, obeit à Dieu : qui vos audit me audit. Et partant que pour rendre la subiection à laquelle la nature a reduit la femme pour le regard de son mary meritoire, elle doit suiure le conseil que donne S. Paul Ephes. 9. obeditæ domi- 292 nis carnalibus cum timore, & tremore in simplicitate cordis vestri sicut Christo, non ad oculum seruientes, quasi hominibus placentes, sed vt serui Christi facientes voluntatem Dei ex animo, cum bona voluntate seruientes, sicut domino, & non hominibus, obeissez à vos Seigneurs & maistres charnels auec crainte en la simplicité de vostre coœr, comme à I. C. ne seruans point à veue d'oeil comme pour plaire aux hommes, mais comme seruiteurs de I.C. faisans la volonté de Dieu de bon cœur, auec bonne volonté seruans comme à Dieu, & non comme aux hommes.
On n'est obligé d'obeyr aux Superieurs, lors qu'- ils commandent quelque chose contre Dieu.
D'icy il s'ensuit que puis que les superieurs n'ont aucun pouuoir, ny authorité sinon dependemment de Dieu, qu'aussi on n'est tenu de leurs obeir lors qu'ils commandent quelque chose manifestement contre Dieu, car ils n'ont point de pouuoir lors, & sont traistres à Dieu, & tout ainsi que les soldats ne sont pas obligez d'obeir au capitaine, ny le capitaine au colonel, ny le colonel au general, lors qu'ils commandent quelque chose qui est manifestement au preiudice du Roy, ou contre sa volonté, de mesme les inferieurs ne sont obligez d'obeyr aux superieurs en chose qui est manifestement contre Dieu, & c'est en ce poinct que se verifie le dire de N.S.162 qui non odit patrem & matrem, non est me dignus, qui ne hayt son pere & sa mere, n'est pas digne de moy, il est clair qu'il ne veut pas que nous hayssions pere & mere, au contraire, il nous commande de les honorer; mais il veut que nous les quittions, que nous les fachions, que nous leurs desobeyssions, plustost que de faire par complai sance enuers eux quelque chose que soit contre Dieu : & voila en quoy con-siste la haine de pere, mere, frere, sœur, mary, femme, voire de nous mesmes.
Or remarquez que comme ce n'est pas à l'inferieur d'examiner curieuse En choses douteuses l'inferieur est obligé d'obeyr au superieur. ment le commandement de son superieur, qu'aussi la femme sage ne doit pas controller, ny examiner les volontez & commandemens de son mary : voicy vne regle generale pour tous inferieurs, & partant pour la femme enuers son mary, sçauoir que comme il ne faut iamais obeyr manifestement contre la volonté de Dieu, qu'aussi en choses douteuses, l'inferieur est obligé d'obeyr au superieur, la femme à son mary, & encore qu'elle iuge en soy que la chose qui luy est commandée est plustot mal que bien, toutefois elle doit obeyr & se conformer au iugement de son mary : si d'elle mesme elle vouloit faire quelque chose, & elle doute si cela est bon ou mauuais, & pense plus proba blement qu'il est mauuais & elle le fait, elle offence Dieu : car elle fait con-tre sa conscience : il n'en est pas ainsi lors que son mary luy commande, car elle doit prendre le iugement de son mary, comme regle du sien, & en le faisant, tant s'en faut qu'il y ait du mal, au contraire; il y a du merite. C'est la regle que donnent les Theologiens & les SS. Peres : conformement aux paroles de S. Bernard, lib. de dispensatione & præcepto 163. Quicquid vice Dei præcipit homo, quod non sit tamen certum displicere Deo, haud secus accipiendum est, quam si præcipiat Deus, & ipsum quem pro Deo habemus tanquzm Deum in iis quæ apertè non sunt contra Deum, audire debemus, tout ce que les hommes qui tiennent la place de 293 Dieu nous commandent, quand il n'est pas manifestement contre Dieu, il le faut faire comme si c'estoit Dieu qui le commandast immediatement : nous deuons escouter celuy qui nous est donné de la part de Dieu, comme Dieu mesme, en ce qui n’est manifestement contre Dieu.

Filet cadre, rayé. Quelques conditions que doit auoir l'obeyssance. CHAPITRE XII.

Conditions de l'obeyssance.
IE ne sçaurois mieux representer aux femmes, voire à tous subiects, les conditions dont elles doiuent accompagner leur obeyssance, que par la representation de l'eschelle mysterieuse de Iacob. Elle estoit debout, non couchée, ce qui monstre que l'obeyssance doit estre droite vers le ciel, & non couchée L'obeissance doit estre droicte. contre terre dans des respects terrestres & humains : le bout touchoit le ciel, l'obeyssance doit toucher Dieu qui doit estre son obiect, & son dernier but, & c'est par le moyen de l'obeyssance qu'on monte au ciel : les anges montoient & descendoient; on vit en ange, obeyssant, & soit qu'on monte par l'execution des choses hautes & specieuses, soit qu'on descende par la pratique des choses basses L'obeyssance cõparée à l'eschelle de Iacob. & humbles, c'est tousiours viure en ange. Dieu estoit appuyé sur le haut de l'eschelle, pour faire entendre que la recompense du vray obeyssant n'est autre que Dieu, & qu'à proportion qu'on monte sur l'eschelle de l'obeyssance, on s'auoisine de Dieu. Iacob voyant cette eschelle, dit, ce lieu est terrible; rien de plus terrible au diable qu'vne maison où le bon ordre & obeyssance est exactement gardée, il dit, le Seigneur est en ce lieu, c'est icy la maison de Dieu, & la porte du ciel, Dieu est dans la maison d'obeyssance, comme dans son domaine : c'est comme l'entrée de paradis : comme au contraire, la maison où il n'y a point d'obeyssance, est l'ombre de l'enfer : vbi nullus ordo, où il ny a nul ordre. Montons par les diuers degrez de ceste eschelle que ie reduiray à sept.
L'obeyssance doit estre volontaire.
Le premier est d'obeir volõtiers: Seneq. ep.67. omne honestũ voluntariũ, admisce illi pigritiam, querelam, tergiuersationem, metum, quod habet in se optimum, amisit: toute chose honneste est volontaire, meslez y de la paresse, des plaintes, & murmures, des retardemens, des craintes, ce qui y estoit bon est perdu : c'est entant que la chose n'est plus volontaire, mais contrainte, & comme forcée. Dieu auoit ordon Dieu demande aux sacrifices la poictrine, & l'espaule. né : Exod. 15. qu'on luy offrit de victimes non contraintes, mais volontaires, iste est sermo quem præcepit dominus, omnis voluntarius prono animo offerat primitias Domino, aussi le faisoit Dauid, voluntariè sacrisicabo tibi, ie vous presenteray des sacrifices volontiers: Dieu demandoit aux sacrifices, pectusculum & armum, Leuit. 7. Voila les deux parties que ceux qui veulent se sacrifier à Dieu par obeissance doiuent offrir : la poictrine, & l'espaule; la poictrine signifie le cœur, ou la volon 294 té; l'espaule, l'execution. L'vne n'est suffisante sans l'autre, ce n'est pas assez d'auoir la volonté si on ne vient aux effects : ny d'executer si cela ne procede d'vne bonne volonté. Paratum cor meum Deus, paratum cor meum, dit Dauid. Mon Dieu, mon cœur est prest, mon cœur est prest : pour quoy deux fois sinon pour monstrer, qu'il donnoit le cœur & l'espaule. Vous faictes ce qu'on vous commande, c'est auec murmure, c'est par la crainte, vous donnez l'espaule, & non le cœur. Vous receuez le commandement volontiers, mais quand ce vient à l'execution les mains sont sans mouuemens, vous y trouuez mille difficultés, c'est donner le cœur, & non pas les espaules : il faut tous deux ensemble. Les Iuifs qui estoient en Hierusalem escriuans à ceux qui estoient en Egypte 2. Mach. c. 1. leurs font ce souhait. Det vobis Deus cor omnibus, vt colatis eum, & faciatis eius voluntatem corde magno, & animo volenti. C'est la mesme priere que ie fais aux Dames, & à tous ceux qui sont obligez d'obeir, que Dieu vous donne du cœur, afin que vous le seruiez, & faisiez sa volonté d'vn cœur franc & genereux.
L'obeyssance doit estre simple.
Le second est, que l'obeissance soit simple, sans auoir egard si celuy qui commande est bon ou mechant : docte, ou ignorant. Mais seulement considerer qu'il tient la place de Dieu, & commande comme lieutenant de Dieu. Le vray deuot ne se soucie pas en l'adoration de la croix, si elle est d'or, ou d'argent, ou de terre : c'est assez que que ce soit vne croix : le vray obeissant n'a pas egard si celuy qui commande est noble, ou rousturier, mais de qui il a l'authorité qui est Dieu.
Beau trait d'Amasis touchans l'obeyssãce.
Amasis Roy d'Egypte, voyant que ses subiects luy refusoient l'obeissance, d'autant qu'il estoit de basse extraction, fit faire vne idole d'vn bassin d'or à lauer les pieds,& la proposa à ses subiects; aussi tost ils l'adorent, d'ou il prit occasion de leurs faire vne bonne exhortation & leurs monstrer, comme ils ne deuoient regarder d'où venoit celuy auquel ils obeissoient mais de qui il tenoit Herodot. l. 2. la place : vn peintre bossu, contrefait, & boiteux, peut peindre vne belle image, & vn superieur méchant, & ignorant, peut faire vn bon commandement, & Dieu se peut seruir de luy, comme d'vn instrument vile pour nous notifier ses volontez.
Le merite est plus grand, obeyssant à vn homme pour Dieu qu' obeyssant à Dieu immediatement.
Rupert Abbé, a fort bien remarqué, que tant s'en faut que le merite soit moindre lors que nous obeyssons à vn homme pour Dieu, au contraire, il est plus grand que si nous obeyssions à Dieu immediatement, d'autant qu'il y a plus de difficulté & de repugnance d'obeyr à vn homme, qui peut-estre en qualité, en sagesse, science, prudence nous est inferieur, qu'à Dieu immediatement : quelle repugnance aurions nous d'obeyr à Dieu, si luy en personne nous commandoit ? ce seroit trop d'honneur pour nous, nous volerions à l'execution de ses commandements, mais d'obeyr à vn homme simplement & pour Dieu, nous y auons souuent plus de difficulté : & la surmonter, c'est vn acte plus heroique, & de plus grand merite. Comme la deuotion nous fait aussi bien adorer vne croix de bois, qu'vne d'or; aussi l'obeyssance nous rend aussi obeyssant à vn homme ignorant, 295 & mechant, qui nous est donné pour superieur, entant qu'il ne commande rien contre Dieu, qu'à vn homme de bien & sçauant. La foy nous fait aussi bien croire les mysteres qui sont petits & humbles, comme la cheute d'Adam & autres, que les plus hauts : comme la Trinité, l'incarnation, la resurrection : puis que c'est le mesme Dieu qui a reuelé, & les vns, & les autres : aussi est-ce pour le mesme Dieu que nous obeyssons aux choses grandes, & petites, nihil minutum est quod Dei causa fit, sed grande atque illustre ce qui se fait pour Dieu, ne peut estre petit, mais est grand & illustre, dit S. Basile le grand.
L'obeissance aueugle.
On appelle ce degré, obeyssance aueugle, d'autant que tout ainsi qu'vn aueugle ne se conduit pas, mais se laisse conduire, ainsi le vray obeyssant : & se laissant conduire, marche en asseurance : qui ambulat simpliciter, ambulat confidenter, qui marche simplement, marche asseurement, & comme en chose de la foy nous deuons croire simplement sans nous enquester comment ? pourquoy ? comme faisoient les Capharnaites164: aussi en matiere d'obeyssance, faut aller in simplicitate cordis, auec simplicité de cœur, reconnoissant Dieu au superieur : quodcumque; facitis ex animo operamini sicut Domino, & non hominibus, Colos. 3. tout ce que vos faites, faites-le de cœur, comme à Dieu, & non pas comme aux hommes.
L'obeyssance doit estre auec ioye.
Le Sage, Eccl. 35. nous enseigne le troisieme degré disant, in omni dato hilarem fac vultum tuum, & in exultatione sanctisica decimas tuas, en tout ce que vous donnerez, donnez d'vn visage gaye, & serain : sanctifiez vos presens par la ioye auec laquelle vous les donnerez. S. Paul le confirme, 2. Cor. 9. non ex tristitia, aut ex necessitate hilarem enim datorem diligit Deus, que ce ne soit pas auec tristesse, ou contrainte, Dieu aime celuy qui donne gaillardement, le mesme Sage, Eccli. 33. monstre la condition de celuy qui obeyt en grondant, & sans allegresse, par vne belle similitude, præcordia fatui quasi rota carri, le cœur d'vn fol est comme la roue d'vn char : vn chariot mal graissé ne fait que murmurer & gronder, & que fait celuy qui manque de graisse spirituelle ? d'onction de la grace de Dieu ? sinon de murmurer contre ce qui luy est ordonné ?
Richard de S. Victor, tract. de sacrificio Dauid & Abrahae 165, remarque vn beau mystere vn ce que dit Dauid, Ps. 65. offeram tibi boues cum hircis. Ie vous offriray vn bœuf : & Dieu commande à Abraham de luy immoler vne vache, sume tibi vaccam triennem: il veut qu'il sacrifie vne vache, c'est pour monstrer, dit-il, qu'il y a deux sortes d'obeyssance, l'vne qui est sans ioye, signifiée par le bœuf, qui porte le ioug, obeyt, fait l'ouurage, mais ne donne point de laict : l'autre qui se fait auec ioye & allegresse, signifiée par la vache, qui donne du laict, bouem facit obedientia fortis, vaccam obedientia dulcis: bouem offerre est obedire viriliter; vaccam offerre est obedire grantater: bouem offerimus obediendo constanter, vaccam offerimus obendiendo gratulanter: caro bouina obedientia robusta, caro vaccina obedientia iucunda. Le bœuf signifie l'obeyssance forte, la vache, l'obeyssance douce : offrir vn bœuf, est obeyr virilement, offrir vne vache, est 296 obeyr gaillardement : la chair de bœuf est l'obeyssance robuste, la chair de vache l'obeyssance ioyeuse : enfin S. Aug. in Ps. 42. Si panem dederis tristis, & panem & meritum perdidisti, vous perdez ce que vous donnez auec tristesse, & le merite tout ensemble.
L'obeyssance doit estre prõ pte.
Le 4. est la promptitude, à laquelle contrarie certain commandement dont le Prophete Isaie fait mention c. 28. Manda, remanda, expecta, reexpecta modicum ibi, modicum ibi, commande, commande vne autre fois, attends, attents encore vn peu, encore vn peu, il faut quelques fois commander mille fois la mesme chose, & auoir tant de patience auant qu'on execute ce qui est commandé : on trouue tant d'excuses, tant de delay : ce n'est iamais fait. Voicy quel doit estre le vray obeissant Prouerb. 22. Uidisti hominem velocem in opere suo, coram regibus stabit, nec erit ante ignobiles. Tout ainsi que les courtisans des roys sont tousiours deuant le roy teste nue, n'attendans qu'vn clin d'œil, & au premier signe de sa volonté courent, volent à l'execution de ses comandemens, & que le roy prent vn singulier plaisir à cette promptitude : de mesme les seruiteurs de Dieu attendent tousiours ses volontez qui leurs sont declarées par leurs superieurs, & aussi tost se portent d'affection à l'execution, & cela plaist Promptitude de l'obeyssance des soldats de Dauid. De Samuel. grandement à Dieu. Voyez les soldats de Dauid: il ne commande rien, il monstre seulement le desir qu'il auoit de boire de l'eau de la fontaine qui estoit proche de Bethleem : ils y courent passant au trauers de l'armée ennemie, auec euident danger de leur vie. Voyez l'obeissance du petit Samuel : il croit que son maistre Elie l'a appellé, il ne combat pas auec son cheuet, il ne s'excuse pas qu'il n'a assez dormy : mais aussi tost qu'il entend la voix, il quitte le lict, court à son maistre, ecce ego quia vocasti me: me voila mon maistre, que vous plaist-il ? Des Apostres. S. Pierre, S. André, S. Iacques, sont appelez, ils auoient de grands empechements, leurs femmes (ceux qui estoient mariez) leurs parents, familles, toutefois mettans tout cela à part, continuo relectis omnibus sequuti sunt eum, aussi tost, De Zachée. sans delay, point de tergiuersation. Zachée estant appellé par N. S., viste, festinans descendit; aussi en eut il bonne recompense, car N. S. luy dit, salus domui huic facta est. Le bon-heur est venu sur cette maison. Le bon cheual n'attend pas qu'on luy donne le coup d'esperon, il ne faut que remuer la bride, faire siffler la houssine; tourner le pied. Ainsi le vray obeissant fait, au moindre signe de la volonté du superieur.
L'astrologie enseigne que tous les cieux des planetes ont deux mouuemens, l'vn qui leurs est propre, & se fait de l'Occident à l'Orient : l'autre qui est com Deux mouuemens des cieux rapportez à l'obeyssance. mun à tous, & se fait au mouument du premier mobile, de l'Orient à l'Occident : les cieux sont fort lents en leur mouuement propre, & particulier : la Lune n'a cheue le sien qu'en vn mois : le Soleil en vn an. Mars en deux : le firmament où sont les estoilles en 36 000 ans : mais au mouuement commun, ils sont fort prompts, se laissans emporter à la violence du premier mobile, & faisant leur tour en vn iour. Nous deuons estre fort lents en ce qui vient de nostre propre 297 aduis & volonté, ne nous mouuoir qu'auec grande deliberation & conseil : mais en ce qui vient de Dieu & de nos superieurs, qui nous commandent à la place de Dieu, qui doit estre le premier mobile de nos actions & mouuemens, il faut vne grande promptitude. Qui citò dat, bis dat, c'est seruir deux fois que de seruir promprment.
S. Ambroise lib. 2. de Cain c. 7. duplex culpa in Cain, dit-il, altera quod post multos dies obtulit, Gen. 4. altera quod ex fructibus, non ex primis frustibus, sacrificium autem & alacritate commendatur, & gratia. Il y a eu deux manquements au sacrifice de Cain pour lesquels Dieu n'a pas accepté son offrande, l'vn qu'il l'a offert apres plusieurs iours; l'autre que ç'a esté des fruicts non des premiers fruicts : le sacrifice est recommandable & pour la vitesse & pour la bonté.
S. Benoist en sa reigle c. 5. mox vt aliquid imperatum à maiore fuerit, ac si diuinitus imperetur, moram pati nesciant in faciendo. Aussi tost que le superieur vous commandera quelque chose, faictes la viste comme si Dieu mesme vous le commandoit. Cassian de instit. c. 12 louë la promptitude des anciens moines qui estoient si prompts à obeyr, qu'au commandement du superieur ils laissoient la lettre encommencée & non encore acheuée, par vn desir d'obeyr. Vous qui estes mariée, n'estes pas religieuse, ie le confesse, vous ne laissez pourtant d'estre obligée d'obeyr à vostre mary, faites le auec promptitude, vostre seruice luy sera dautant plus agreable, il vous en aimera dauantage, & vostre merite en redoublera. Vous qui n'estes pas mariée, rendez la mesme obeyssance à vos superieurs qui que ce soit.
L'obeyssance doit estre accõpagnée de force.
Mais ce qu'on me commande est si difficile, i'y ay tant de repugnance : ma nature y contredit si fort : c'est en cela que vous aurez tant plus de merite si vous surmontez cette repugnance, & auec vne grande force & courage vous passez par dessus toutes les contradictions de vostre nature, & voicy en quoy consiste le cinquiesme degré d'obeyssance. Sçauoir à vne grande force. La vertu, dit Aristote, est circa difficilia , lib. 2. Eth. est aux choses diffifiles, & partant l'obeyssance sera d'autant plus grande, (le reste allant à proportion) que la chose commandée sera plus difficile : c'est à quoy nous exhorte Dauid Ps. 30. Viriliter agite & confortetur cor vestrum, agissez virilement auec vn grand courage.
L'obeyssance representée par vn leurier.
Certains pour monstrer la force de l'obeyssance depeignoient vn leurier poursuiuant vn lieure auec grande ardeur, qui toutefois au moindre sisslement du veneur quittoit sa chasse, & contre son inlination retournoit à son maistre : quoy que la volonté repugne à ce qui est commandé que le iuge ment y contredise : que l'inclination naturelle se porte au contraire : toute- fois le vray obeyssant se fait force, surmonte toutes oppositions pour execu-ter le commandement de son superieur.
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S. Gregoire moralisant 7. moral. sur les vaches qui porterent l'arche lors qu'elle fut renuoyée par les Philistins 1. Reg. 6. qui alloient le droict chemin vers Bethsames, ne se destournoient ny à droite ny à gauche, ne tenoient qu'vn chemin : mugissoient toutefois ou pour la pesanteur du faix qu'elles auoient : ou à cause qu'elles quittoient leurs veaux : dit que ces vaches representent les iustes, qui endossent le joug de nostre Seign. & de la croix; portent toutes les difficultez qui se presentent, & quoy que la chair, la nature, les habitudes passées regimbent, grondent, murmurent, ne laissent pourtant de poursuiure leurs cours sans se destourner ny à droite ny à gauche, d'autant que comme dit S. Paul, Spiritu Dei aguntur, Rom. 1. ils sont poussez de l'esprit de Dieu, semblables aux animaux d'Ezechiel qui alloient in similitudinem fulguris coruscantis, vbi erat impetus spiritus illuc gradiebantur, marchoient comme soudres, & n'alloient qu'auec l'impetuosité de l'esprit.
Pourriez vous bien vous persuader qu'Abraham n'auoit point de repugnance lors qu'il eut le commandement d'immoler son Isaac ? le bien aimé, toute son esperance : cet enfant qui luy auoit esté donné miraculeusement, Obeyssance d'Abraham. comme le commencement de la benediction de tout le monde. Quoy ! apres tant d'esperances & de promesses luy trancher la teste, & tout ensemble cou per le fil de toutes ses pretensions ! mais le pere à son fils, & à un tel fils si sa-ge, si obeyssant, & en la plus naïfue vigueur de sa ieunesse ! cependant il le fit entant qu'il luy fut possible, & l'eut fait entierement si Dieu ne l'en eust empesché : Mementote fractres, dit S. Bern. Christus ne perderet obedientiam perdidit vitam: Abraham factus obediens vsque ad mortem, mortem autem filij: Isaac obediens vsque ad mortem, mortem autem holocausti. Souuenez vous que IesusChrist a mieux aimé perdre la vie que l'obeyssance : Abraham a esté obeyssant iusques à la mort, & la mort de son fils : Isaac obeyssant iusques à la mort, & la mort de l'holocauste, n'y ont-ils point eu de difficulté ? la sueur de sang de nostre Seigneur a bien fait paroistre que si, mais il n'a laissé pourtant de preferer la volonté de Dieu son Pere à la sienne, passant au dessus de toute difficulté.
L'obeyssance doit estre humble.
Ce degré a vne grande connexion auec le suiuant, qui est l'humilité : magna virtus humilitatis, sine cuius obtentu virtus fortitudinis non solum virtus non sit, sed etiam in superbiam erumpit. O que la vertu d'humilité est grande, sans laquelle la vertu de force non seulement n'est pas vertu, mais deuient superbe, dit S. Bern. N'est-ce pas ce degré quenostre Maistre nous enseigne, Luc. 17. Cum feceritis omnia quæ præcepta sunt, dicite serui inutiles sumus, quod debuimus facere fecimus? quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dictes nous La superbe contraire à l'obeyssance. sommes seruiteurs inutiles, nous n'auons fait ce que nous deuions. La superbe est comme vne gangreine qui infecte toutes les œuures, parmy lesquelles elle se retrouue, mais sur tout l'obeyssance, puis que c'est le propre de l'obeyssance 299 de se soubmettre à autruy, & de la superbe de se preferer à tous, & ne vouloir dependre de personne; l'obeyssance endosse le joug, la suberbe le secouë; l'obeyssance captiue son iugement au iugement d'autruy, la superbe condamne le iugement d'autruy pour authoriser le sien.
L'obeyssant comparé à vn corps mort.
S. François au rapport de S. Bonauenture en sa vie chap. 6. auoit coustume de representer l'obeyssant par vn corps mort, tolle, dit-il, corpus exanime & vbi placuerit pone, videbis non repugnare motum, non murmurare situm, non reclamare dimissum: quod si statuatur in cathedra non alta, sed ima respiciet, si collocetur in purpura duplo pallescet: hic verus obediens est, qui cum moueatur non diiudicat, vbi collocetur non curat, vt trasmutetur non instat, euectus ad officium solitam tenet humiliatem, plus honoratus, plus reputat se indignum: Prenez vn corps mort, mettez-le où vous voudrez, il n'aura garde de repugner estant meu : ny de murmurer estant assis; ny de contrôler estant couché : si vous le mettez en vne haute chaire, il ne regardera pas en haut, mais en bas : si sur de la pourpre, il paroistra pasle au double : tel est le vray obeyssant, quand on le meut il ne iuge point, ne se soucie où on le met, ne fait point d'instance pour estre changé de place : s'il est esleué en quelque office il garde son humilité accoustumée, & tant plus il est honoré tant plus se repute-il indigne d'honneur.
L'obeyssant doit estre perseuerant.
Enfin le dernier degré c'est la perseuerance. Que sert-il de monter cinq ou six degrez en vne eschelle si vous ne venez à celuy qui vous doit faire arriuer au lieu pretendu ? ce n'est rien d'obeyr quelque temps, il faut que l'obeyssance soit iusques à la fin, currere quid prodest & ante cursus metam deficere? sic currite vt comprehendalis, dit S. Bernard. De quoy sert-il de courir & s'arrester auant que vous soyez arriué à la fin de la course ? Courrez tant que vous arriuiez à la fin, qui perseuerauerit vsque in finem hic saluus erit, celuy-là sera sauué qui perseuera iusques à la fin. Math. 10.
On demandoit vn iour à Diogene le Cynique pourquoy il demeuroit dans son tonneau, voire en sa derniere vieillesse, & pourquoy il ne se relachoit vn peu sur la fin de sa vie en vne si extreme rigueur de vie. O que vous estes foux, dit-il, si ie courois en la carriere, ne serois-ie pas vn grand sot, si estant tout aupres de la fin de la course & prest à prendre le prix, ie m'arrestois pour laisser prendre le prix à vn autre, tout au contraire, c'est lors qu'il faut courir auec plus de vitesse.
Obeyssance constãte de nostre Seigneur.
Nostre Seigneur nous a monstré la perfection de cette obeyssance n'ayant voulu descendre de la croix qu'il n'eust acheué le sacrifice de son obeyssance. Combien de motifs auoit-il pour descendre ? ses tourmens : sa mere desolée : les larrons qui luy disoient si tu es le fils de Dieu sauue toy & nous : les Iuifs qui disoient qu'il descende de la croix, & nous luy croirons : les Apostres tout abbatus, mais il ne l'a voulu faire qu'apres auoir tout consommé, consummatum est: consommez le sacrifice de vostre obeyssance, afin 300 que vous puissiez dire auec S. Paul, cursum consummaui, reposita est mihi corona iustitiæ, i'ay acheué mon cours, il ne me reste plus que la couronne de iustice que Dieu ne manquera de me donner.
Mesdames ie ne vous impose aucune charge en cette obeyssance qu'apres S. Paul ad Coloss. 3. Mulieres subditæ estote viris sicut oportet in Domino. Mesdames soyez obeyssantes à vos marys comme vous estes obligées, selon Dieu. Selon la loy de Dieu, selon sa volonté, conformement à l'Euangile, comme des personnes qui font profession d'imiter la modestie, l'humilité, l'obeyssance que le Christianisme leurs enseigne. In domino, en ce qui est conforme au seruice & à la volonté de Dieu, in Domino, auec respect & reuerence.
Les Payens ordonnent aux femmes d'obeyr à leurs marys.
Personne ne doit s'estonner de ce que S. Paul donne ce commandement aux femmes, que les payens leurs ont donné auant S. Paul, n'ayans autre lumiere que la raison, Aristote lib. 1. Œconom. c. 1. & 2. Existimare debet mulier bene composita, mores viri esse legem vitæ suæ, impositam sibi à Deo per coniunctionem matrimonij. Qui hæc ergo negligit, Deos ipsos videtur negligere, quibus præsentibus, sacra fecit & matrimonium injit. La femme sage doit croire que les mœurs de son mary sont la loy de sa vie, laquelle Dieu luy a donnée par la conjonction du mariage. Donc quiconque mesprise cela, mesprise Dieu en presence duquel il a fait vne chose saincte & a contracté le mariage. Si Aristote eust esté aussi grand Theologien que S. Thomas pouuoit-il mieux parler en ce poinct ? Le Sage Caton a reconnu la mesme verité apud Liuium 1. 34. Maiores nostri nullam, ne priuatam quidem rem, agere fœminas, sine auctore voluerunt, sed in manu esse virorum. Nos ancestres n'ont pas voulu que les femmes fissent chose quelconque, non pas mesme en leur particulier, sans obeyssance, ains ont voulu qu'elles dependissent du commandement de leurs marys. Le mesme Caton reprochoit aux Romains que leurs femmes au lieu de leurs obeyr leurs commandoient.
Mesdames ne pensez pas en obeyssant à vos marys de deteriorer vostre condition, au contraire vous la meliorez : puis que comme disoit vn homme sage & prudent à vne matrone, voulez-vous commander à vos marys, obeyssez : la femme de bien obeyssant à son mary, commande. Ce fut le moyen par leuquel Liuia femme d'Auguste l'appriuoisa & deuient la maistresse, faisant promptement, allegrement, pontuellement tout ce qu'il vouloit, ainsi en font les femmes sages.
Ie finiray ce discours auec S. Hierosme lequel expliquant les paroles de sainct Paul, Subditas esse viris suis, vt non blasphemetur Verbum Dei, ad Titum 2. que les femmes soient obeyssantes à leurs marys, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphemée, dit : Puis que le mary est le chef de la femme, & Iesus-Christ le chef du mary, la femme qui n'est obeyssante à 301 son mary, c'est à dire, à son chef, est autant coupable que le mary s'il n'obeyt à Iesus Christ qui est son chef. La parole de Dieu est blasphemée, lors qu'on mesprise la premiere sentence de Dieu, & qu'on n'en fait nul estat, ou qu'on des-honore l'Euangile de Iesus-Christ, lors que contre la foy, & la loy de nature la femme qui est Chrestienne, & qui est subjecte à son mary selon l'ordonnance de Dieu veut commander; puis que les femmes gentilles obeyssant à leurs marys par la loy de nature.

Filet cadre, rayé. De l'humilité des femmes en leurs habits. CHAPITRE XIII.

LA curiosité des femmes à se parer & habiller a de tout temps donné occasion aux Saincts Peres de s'alarmer, & de crier à pleine teste contre les vanitez & superfluitez d'aucunes, ou pour les ranger à leur deuoir, ou pour empescher que celles qui estoient modestes ne se laissassent emporter au torrent d'vn si pernicieux exemple. S. Paul ne s'est S. Paul defend la vanité des habits. pas teu, escoutez le parler 1. ad Timoth. 2. où donnant les preceptes pour viure Chrestiennement, il dit, volo mulieres orare in habitu ornato, cum verecundia & sobrietate ornantes se, & non in tortis crinibus aut auro, aut margaritis, vel veste pretiosa. Ie veux (voyez comme il parle en maistre pour monstrer combien la chose est d'importance) que les femmes prient auec vn habit honneste, bien-seant, modeste, chaste, moderé, sobre, non auec des tresses aux cheueux, ou or, ou pierreries, ou habits pretieux.
Tertulian qui viuoit sur la fin du second siecle, c'est à dire, l'an 197. commence ainsi vn liure intitulé de cultu fœminarum, de l'ornement de femmes. Seruantes de Dieu viuant, mes tres-cheres sœurs, ayant l'honneur de seruir le mesme maistre que vous, ie prens la hardiesse de vous addresser ma parole, non par affectation; mais par affection, & porté du desir de vostre salut. Sçachez qu le salut non seulement des femmes, mais encore des hommes depend de la pudicité : car comme ainsi soit que nous sommes tous temples du S. Esprit, puis qu'il habite en nous par la grace, le Sacristain de ce temple est la pudicité, qui empesche qu'il n'y entre rien d'immonde & d'impure, de peur que Dieu qui y fait sa demeure ne trouue quelque chose de souillé. Ie ne veux pas parler, dit-il, de la pudicité à laquelle nous som 302 mes obligez par les ordonnances diuines, mais de ce qui la concerne qui sont les habits. Car plusieurs marchent comme si la chasteté consistoit seulement en l'integrité de la chair, & à fuyr la fornication & non à la qualité & condition des habits.
La pudicité consiste en partie à n'auoir aucune superfluité d'habit.
En ce liure il monstre. 1. que la chasteté ne consiste pas seulement à conser uer sa chair de toute impureté, mais encore à esloigner de soy toute superslui- té & vanité d'habits. 2. que les parures trop curieuses sont signes qu'vne con-science n'est pas pure, & met ceux qui en sont spectateurs au hazard. 3. que ceux qui ont tant de soin de se parer defigurent l'image de Dieu. 4. que les diuerses couleurs, les clinquans & pierreries sont inuentions du diable. 5. que tel estude & ornement est propre des Gentils. 6. que ce sont les appasts & attraicts des courtisanes, meretricum, des desbauchées. 7. que les Chre Sentiment de Tertulian sur les habits sumptueux. stiens sont appellez non aux delices & pompes, mais aux croix & martyres. Il dit au liure qu'il a fait, de habitu mulierum 166, que les femmes considerans leurs habits deuroient pleurer & expier la honte & le peché d'Eue leur mere : que telle superfluité est vn signe, ambitionis aut prostitutionis, ou d'ambition ou de prostitution, voyla parler gros. Enfin il dit que Dieu punit griesuement telle curiosité & superfluité.
La femme qui se pare hors de la maison tenue pour impudique.
Euripides a bien osé dire que la femme qui se pare pour estre veuë hors de la maison en ses ornemens doit estre tenue comme vne femme qui ne vaut rien : d'autant qu'elle n'est obligée de se parer que pour plaire à son mary, & partant voulant paroistre deuant les autres elle cherche quelque chose qu'elle ne deuroit chercher, sçauoir à mal faire.
Zaleucus legislateur defendit qu'aucune femme ne portast des habits Les habits pretieux defendus aux femmes honnestes. pretieux, sinon lors qu'elle voudroit viure en perdue & attirer les hommes au mal, & par cette loy il retient l'insolence des femmes qui eurent peur d'estre tenuës comme infames si elles se paroient. Diodorus Siculus lib. Biblioth. 12.
Baldus in proœmio Gregoriano col. 5. in verbo violentos, remarque que les Euesques peuuent faire des statuts contre la superfluité des habits & contre le fard, & que fulminants vne excommunication contre celles qui sont superflues en habits, l'excommunication auroit lieu & seroit legitime.
Lucianus remarque que tant s'en faut que semblable luxe proffite aux femmes qui sont naturellement belles pour refleuer leur beauté, au contraire il leurs nuit : d'autant qu'on regarde leurs pierreries, atours & habits pretieux & cependant on ne regarde ny leur beau teint, ny leurs yeux, ny leurs visages, ny leurs fronts, ny leur proportion, & autres traits de beauté qui sont en leurs personnes.
Il faut bien dire que cette passion est grande aux femmes, pui qu'elle 303 Les femmes oublient tout pour estre braues. opere des si puissans effects en leurs ames & leurs fait oublier tout ce qu'elles ont de plus cher. Brennus pillant l'Asie estant arriué à Ephese rencontra vne fille de l'amour de laquelle estant espris elle luy permit tout ce qu'il voudroit, & luy promit de trahir Ephese moyennant qu'il luy donna des atours & semblables parures. Brennus pria ses soldats de ietter l'or qu'ils auoient dans le sein de cette fille, ce qu'ils Femmes qui trahissent patrie & parens pour estre braues. firent auec telle violence & quantité qu'ils l'accablerent. Clitophon rerum Gallicarum lib. I167.
Vne autre Romaine & noble liura le Capitol & trahit sa patrie sur la promesse qu'on luy fit de luy donner des ioyaux, ce qu'ayant fait elle fut accablée de ioyaux par ceux mesmes ausquels elle auoit liuré sa patrie. Aristides Milesius lib. rerum Italicarum. Dionys. Halicarnasseus lib. 2. antiquitat. Rom. Plutarque in Romulo. 168 Eriphyla trahit Amphiaraüs son mary corrompue par semblables bagatelles, & fut cause de sa mort; & quelle merueille si cette passion leurs fait oublier leur deuoir & fidelité enuers leurs plus proches, puis que souuent elle leurs fait oublier leur santé, leur propre vie, & Dieu mesme.
Il faut confesser qu'il y a maintenant de l'excés parmy les Dames Chrestiennes, & que nous aurions affaire de Magistrats particuliers comme on auoit autrefois à Athenes, comme tesmoigne Iulius Pollux lib. 8. pour prendre garde à celles qui excedent & les condamner à vne bonne amende.
La source des habits est le peché d'Adam.
Allons prendre la chose à sa source. C'est chose hors de doute que les habits sont marques & punition du peché. Adam & Eue furent creez nuds, mais aussi-tost qu'ils eurent peché Dieu leurs donna des habits & les couurit. Quelle occasion de vanterie & de gloire pourroit auoir vn Roy qui est en prison se voyant enchainé auec des chaines d'or ? quoy qu'elles soient pretieuses elles sont chaines, le tiennent captif, luy ostent sa liberté : & leur prix ne sert que de luy ramenteuoir169 ce qu'il a esté autrefois, & luy causer d'autant plus de regret se voyant tombé du faist de l'honneur au centre de misere. Et quelle subiect de gloire peuuent donner les habits aux hommes ? qui sont les marques de nostre ancienne liberté, les chaines de nostre captiuité, leurs prix ne remediant nullement à nos miseres. Ce n'est pas vne grande gloire à vn larron d'auoir sur le dos les marques de ses larcins : ny a nous de porter sur nos corps les habits, vrayes marques du larcin de nos premiers peres, & de l'infamie que nous en auons encouru.
Habits, couuerture de nostre honte.
On ne sçauroit nier que les habits ne soient le remede à la honte de nostre concupiscence, car la raison s'estant reuoltée contre Dieu, la chair en punition s'est reuoltée contre la raison, & estant deuenue rebelle ne se mouuant plus par le commandement & ordonnance de la raison, mais par des 304 boutades & furies commes les bestes, il a fallu des habits pour couurir la turpitude de cette rebellion. Auant le peché l'homme n'auoit rien de plus beau que sa nudité, & n'auoit garde d'en rougir : c'estoit sa gloire, son corps estant le chef-d'œuure de Dieu, fait auec tant de sagesse. Il ne faut point d'habit pour refleuer la beauté du soleil, sa splendeur luy suffit : la rose n'a que faire d'ornement emprunté, son beau vermeil la rend assez recommanble, sans qu'elle ayt besoin de fard : aussi le corps de l'homme n'a que faire d'emprunter des parrures des creatures moindres que luy, sa plus grande beauté est celle-qui luy est naturelle, & est l'œuure de ce grand ouurier : l'habit n'est que la couuerture de nostre honte, & de la rebellion de nostre chair: la marque de nostre infamie : le deuil de nos premiers parens; & nous en ferons gloire !
Ce n'est pas grand gloire à celuy qui n'a qu'vn pied d'auoir vn pied de bois, qui n'est que le remede de son infirmité, & le tesmoignage de son malheur : ny à vn pauure miserable galleux, ou plein de gangreine d'auoir des pretieuses bandes qui couurent ses miseres : ses miseres le rendent assez confus : & quelle gloire de se vanter & glorifier des habits marques de nostre infirmité, & couuerture de nostre ordure & pauureté ! ceux qui se glorifient en la multitude de leurs habits ressemblent au malade qui se glorifie de la Richeome. multitude de ses medecines & emplastres. I'emprunteray le discours qui suit d'vn signalé escriuain de nostre siecle.
Vanité des habits.
Iugeons sans passions, en quelle qualité tiendrons nous les habits? sinon comme des sacs de deuil, & tesmoins de nostre confusion, tissus des despouil les & excremens des morts, les peaux, les soyes, les draps, les taffetas pro- uiennent de la mort des bestes : l'or, l'argent, les pierreries, la toile & cho-ses semblables dont les hommes se couurent & se parent sont le butin & l'escume de la terre : & nous monstrons nostre pauureté en ce que nous auons besoin d'emprunter tant de choses d'autruy.
Adam au paradis terrestre estoit nud, & n'auoit besoin d'aucun habit : il est banny, & aussi tost deuient necessiteux, & est contraint d'auoir recours à la peau des morts : la necessité va tousiours croissant, ainsi on ne se contente plus d'vne simple peau, comme Adam, mais on se couure & de peau, & de terre, & de plantes, & d'excremens des bestes, & cependant on est si esblouy qu'on fait gloire de ce qui est les tesmoignage de nostre pauureté & le remede nostre disette, & l'aliment de nostre ambition.
Ce n'est pas assez de despouiller la nature pour nous reuestir, & d'emprunter de tant de creatures des tesmoignages de nostre pauureté, mais en core il faut employer l'esprit humain à trouuer des inuentions pour nous des-guiser. Lors que nous voyons vn singe couuert d'vn hoqueton, ou vne cicogne portant vn haut de chausses on en rit, d'autant que ce n'est pas leur habit 305 naturel, mais vne grotesque & inuention de quelque cousturier qui a voulu apprester à rire à ceux qui voyoient cette gallanterie.
O que les Anges ont plus d'occasion de rire, ou plustot de deplorer la sottise de tant de mortels, bigarrez, habillez, desguisez plus que ne fut iamais singe. Certes, si les bestes pouuoient noter nos impertinences, elles s'en riroient, nous voyans chargez de leur despouilles, de la laine des brebis, des peaux de loups, de renards, de martres, de chats, d'onces170, de lyons, de bœufs, de cheuaux, d'asnes, & de tant d'autres bestes : porter les plumes des autruches, des paons, & faire parade de leurs queües, & de leurs aisles : voire de leurs excremens, comme des foines171, des ciuettes, & autres : n'est-ce pas chose ridicule & puis mettre sa gloire & piaffe en cela qui n'est que de l'emprunt ? Si chaque beste prenoit le sien à cette damoiselle qui va pauonnant & piaffant par le moyen de tant d'emprunts, vous la verriez bien honteuse.
Mais que peuuent dire les Anges voyant des Dames qui font profession d'estre Chrestiennes, chargées de tant d'autours ? porter des pierres, & des metaux sur leurs testes, representans des monstres, plustost que ce qu'elles sont : ayans les cheueux entortillez en serpens, estendus en chauue-souris, frisez à la moresque, pendans comme des megeres, ou comme queues de renards : leurs habits dechiquetez, balafrez, mouchetez, bigarrez, vertugalez, deguisez, & contrefaits en autant de façons qu'vn cousturier a eu de resueries. Les oreilles percées, anelées de cercles de metaux, auec des contrepoids de pierres pendantes, ne sont-ce pas là des tesmoignages authentiques de la sottise hu maine ? de l'ambition, de la legereté de ceux & celles qui affectent telles imper- tinences ? auec tant de soin & curiosité qu'ils semblent n'auoir esprit, ny estu-de que pour cela, qui n'est cependant à vray dire, que parade du bien d'autruy, signe de nostre deuil : gloire de nostre crime, indice de nostre pauureté : remede de nostre confusion : mais malheur de nostre conuoitise insatiable.
Ouy piaffez-vous tant que vous voudrez, dans ces emprunts, accompagnez de tant d'inuentions, & d'artifices, iamais vous n'arriuerez à la perfection & beauté de l'habit naturel de la moindre bestiole du monde.
Mais escoutez plus, & escoutez auec reuerence, car c'est Iesus Christ qui parle. Matth. 6. De vestimento quid solliciti estis? considerate lilia agri quomodo crescunt: non laborant, neque nent. Dico autem vobis, quoniam nec Salomon, in omni gloria sua coopertus est, sicut vnum ex istis, pourquoy vous peinez vous tant pour vos habits ? considerez comme croissent les lys des champs, ils ne trauaillent ny ne filent; neantmoins ie vous dis que Salomon mesme en toute sa gloire, n'a pas esté habillé comme l'vn d'iceux.
Iesus-Chr. defend la vanité des habits.
Vous croyez à Iesus Christ, puis qu'il est la pure verité, & vous n'oserez dire autrement. N'estes vous donc pas bien ridicule de prendre tant de peine auec laquelle vous ne pourrez iamais arriuer à la beauté de l'habit naturel, 306 non seulement d'vne petite bestiole, mais non pas mesme d'vne plante champestre ? puis que les habits des bestes & plantes sont viuans, & conuenables à leur nature, & nos habits ne sont qu'emprunts, & des inuentions de cousturiers, mais couuertures de nostre honte, & accoustremens de vray criminel qui nous sont donnez comme notes de nostre infamie.
Que ces ornemens & curiositez soient contre la volonté de Dieu, c'est chose claire. Ie ne me seruiray que de duex passages de l'escriture, outre celuy de S. Paul que i'ay apporté au commencement de ce chapitre. Le premier est tirée d'Isaie 3. Pro eo quod eleuatæ sunt filiæ Sion, & ambulauerunt extento collo, & nutibus oculorum ibant, & plaudebant, ambulabant, & pedibus suis composito gradu incedebant, decaluabit, Dominus verticem filiarum Sion, & Dominus crinem earum nudabit, in die illa auferet Dominus ornamentum calceamentorum, & lunulas, & torques, & monilia & armillas, & mitras, & discriminalia, & periscelidas, & murenulas, & olfactoriola, & inaures, & annulos, & gemmas in fronte pendentes, & mutatoria, & palliola, & linteamina, & acus, & specula, & sindones, & vittas, & the ristra, & erit pro suaui odore fœtor, & pro zona funiculus, & pro crispanti crine cal-uitium, & pro fascia pectorali cilicium. D'autant que les filles de Sion se sont esleuées, & ont cheminé le col estendu, & les yeux affetez : & ont marché se guidant, & branlant, & marchant auec affectation : Le Seigneur descheuelera172 la teste des filles de Sion, & fera tomber leurs cheueux. En ce iour là le Seigneur ostera les ornemens de leurs souliers, & les lunettes, & les carquans173, & les brasselets, & les atours, & les tresses, & les iarretieres, & boistes des parfuns, & les pendans d'oreilles, & les bagues, & les perles pendantes du front : & les roquets174, & les mantelets, & les collets, & les aiguilles175, & les miroirs, & les robbes, & les diademes, & les couurechefs, & au lieu de souefue176 odeur, il y aura puanteur, & au lieu de ceinture, vne corde, & au lieu de tresses, pelure de teste, & pour le corset, le sac.
Le second est de S. Pierre 1. 3. où parlant des femmes, il dit, quarum non sit exterius capillatura, aut circumdatio auri, aut indumenti vestimentorum cultus, sed qui absconditus est homo cordis in incorruptibilitate modesti, & quieti spiritus. Dont l'ornement ne soit point de dehors qui consiste en tortillement de cheueux, ou parure d'or, ou en superfluité, & somptuosité d'habits : mais l'homme qui est caché qui est le cœur qui consiste en l'incorruptibilité d'vn esprit doux & paisible.
Apres des paroles si pressantes comme sont celles d'Isaie, si expresses comme sont celles de S. Pierre, est-il possible que nous ayons l'effronterie de nous professer Chrestiens, & de deroger si expressement au Christianisme par nos luxes, vanitez, superfluitez, curiositez, sottises ? mais considerons à quelles intentions ces vanitez & excés se font.
307 Filet cadre, rayé.

Quelles sont les intentions de celles qui sont curieuses en habits. CHAPITRE XIV.

C'Est chose fort difficile que de connoistre les intentions des hommes, puis qu'elles dependent de la connoissance du cœur, dont Dieu a la clef, Trois signes pour connoistre l'interieur de l'homme, entre autres les habits. qui fait profession d'en estre le scrutateur, & s'en est reserué la connoissance : ce que nous en pouuons connoistre est par les signes exterieurs, Le Sage, Eccl. 29. nous en fournit trois, sçauoir, amictus corporis, & risus dentium, & ingressus hominis, enuntiant de illo: l'habit, le ris, & le marcher. Voyez qu'il n'a pas obmis les habits, mais les a mis en premier lieu.
Or quels signes sont les habits somptueux ? ie ne l'oserois dire si Tertullian ne l'auoit dit le premier, c'est au Liure de cultu fœminarum 177, où il dit tout à plat qu'ils sont signes, aut ambitionis, aut prostitutionis, ou d'ambition, ou de prostitution. S. Bernard ne couche pas si gros, il dit toutefois assez auec peu de paroles, de modo bene viuendi, serm. 9. Mollia indumenta, animi mollitiem indicant disant que les habits mols,à sont signe d'vne ame mole, c'est à dire, lache, & effeminée; vous pourrez tirer des consequences de cette parole, qui reuiendra au dire de Tertullian. Ie sçay bien que souuent on se trompe voulant iuger de l'interieur par l'exterieur, mais aussi rencontre-on quelquefois : & les hommes qui ne peuuent sonder le cœur pour connoistre les intentions, n'ont autre moyen pour ce faire que l'exterieur, or examinons plus particulierement quelles intentions peuuent auoir ceux & celles qui se laissent aller à tels excez & curiositez.
Ie ne veux pas penser qu'il se puisse retrouuer des femmes Chrestiennes si eshontées, ny si desesperées, qu'elles se parent pour donner des allechemens, Grand peché d'attirer au mal par sumptuosité d'habits. & se faire conuoiter par d'autres que par leurs marys : ce seroit vne horrible meschanceté, & indigne d'vne ame dans laquelle reste encore quelque estincelle du Christianisme : & on ne peut douter que ce ne soit vn peché mortel, d'auoir intention de donner semblable attraits de conuoitise, quoy que celles qui les donneroient ne voulussent aucunement consentir à la recherche procedante de tels attraits.
Aucũs se parẽt par superbe.
Qu'il n'y en ayent qui le font par superbe, ie n'oserois le nier, & auoir telle intention est expressement contre Le Sage Eccl. II. In vestitu ne glorieris vnquam, nec in die honoris tui extollaris: quoniam mirabilia opera altissimi solius, & 308 gloriosa, & absconsa, & inuisa opera illius. Ne vous glorifiez iamais en vos habits, ne vous esleuez pas au iour de vostre gloire, d'autant qu'il n'y a que les œuures de Dieu qui soient dignes d'admiration & de gloire, & que les iugemens de Dieu sont cachez, qui souuent change les habits de superbe & de vanité, en habit de deuil & de lamentation : il ne defend point vne honnesteté & bien-seance aux habits, qui doit estre conforme à la qualité d'vn chacun : mais vne vaine superfluité & curiosité qui n'a souuent autre but que de paroistre par dessus les autres, suiuant ce que dit Sainct Gregoire hom. 40. in Euangel. Nemo vestimenta pretiosa nisi ad inanem gloriam querit, vt honoratior cæteris esse videatur, nemo vult ibi pretiosis vestibus indui, vbi ab aliis non possit videri. Personne ne se veste superbement que par vne vaine gloire, & pour paroistre par dessus les autres, personne ne porte des habits pretieux aux lieux ausquels il n'est veu de personne, Sainct Chrysost. hom. 2. in I. ad Timoth. monstre la vanité de cette gloire, en ce qu'elle ne depend que de la teigne & des petits artisons, lesquels ayant rongé vos habits, ont rongé le subiect de vostre gloire, ainsi comme vostre gloire naist des vers, aussi depend elle des vers.
Vanité de Crœsus en ses habits.
Vn iour Crœsus habillé à la Royalle, se panadoit dans son throsne Royal, & rauy de l'esclat de sa gloire; & esblouy du brillant de ses habits, demanda à Solon si iamais il auoit veu chose plus belle ? ouy dea dit Solon : & quoy dit Crœsus ? les coqs, les faisans, les paons en leur beauté & plumage naturel, sont plus beaux que vous en tous ces emprunts, qui ne vous donnent qu'vne beauté exterieure & empruntée. Laertius de vita Philisophorum cap. 2. Ie dirois volontiers à semblables piaffeurs qui font la roüe dans leurs habits, ce que dit vn iour Demonax à vn ieune muguet178 qui faisoit le brauache, heus tu, hoc ante gestabatonis, hola mon amy, souuenez vous qu'- vne brebis, qu'vn ver a porté naguere ce qui vous fait enfler maintenant de gloire.
Comme Dieu punit la vanité des habits.
Et comment est-ce que Dieu chastie semblable vanité ? le mauuais ri che est damné, nous ne lisons pas que ce soit pour ses paillardises, meur-tres, extorsions, tyrannies : mais induebatur quotidie purpura, & bysso: il s'habilloit tous les iours de pourpre & de fin lin : S. Luc Act. 12. nous asseure Herode frappé de Dieu pour son infolence. qu'vn iour Herode haranguant son peuple, assis dans son throsne, habillé à la royalle, & le peuple l'adorant comme vne diuinité, soudain ce Dieu de vent, fut frappé d'vn Ange pour punition de son insolence, & mourut estant tout rongé des vers.
Aucunes se parent pour plaire à leurs marys.
Il y en a qui ont vne intention qui semble vn peu meilleure, mais qui en effect n'est qu'vne couuerture de leur vanité, ce qu'elles en font disent-elles, est pour se rendre agreables à leurs marys, & pour les empescher de porter leur affectiõ & amour ailleurs : pleut-il à Dieu que cela fust tousiours veritable 309 & qu'elles peussent dire auec autant de syncerité & verité que faisoit vne Princesse de Parmes estant contrainte de se parer, les paroles de la braue Esther c.14. tu scis domine necessitatem meam, quod abominer signum superbiæ, & gloriae meæ quod est super caput meum, in diebus ostentationis meæ, & detester illud quasi pannum menstruatæ, & non portem in diebus silentij mei. Mon Dieu vous connoissez ma necessité, & que j'ay en abomination le signe de ma grandeur qui est sur ma teste, au iours que ie fais parade : & que ie l'ay en horreur comme vne chose des plus infames, & que ie ne le porte point au iour de ma retraitte.
Mais si ce que semblables dames disent est veritable, sçauoir que ce qu'el les en font est pour complaire à leurs marys, que c'est pour leurs oster occa-sion d'en aymer d'autres, & pour les retenir dans les bornes & fidelité de leur mariage, leur intention n'est pas mauuaise : elles font toutefois assez parois tre que ce n'est qu'vne couuerture de leur vanité, & curiosité, puis qu'el-les ont plus de soin d'estre bien parées quand elles marchent en public que quand elles sont en la maison en presence de leurs marys : hors de la maison elles sont comme des nymphes; en la maison comme des souillons.
Souuent les habits somptueux desplaisent aux marys.
Tant s'en faut que plusieurs par semblables parures attirent leurs marys à les aymer, au contraire elles leurs donnent toute sorte d'occasion d'auer sion, & de mes-intelligence, lors qu'elles importunent iour & nuict vn pau-ure mary pour auoir des nouueautez, & curiositez, auoir vne parrure telle qu'elles ont veu à vne autre; s'il ne l'accorde point, ce ne sont que plaintes, que murmures; s'il l'accorde faut souuent faire des debtes au marchand pour parer Madamoiselle; faut que les enfans ieusnent pour la faire braue, & à peine le mary peut-il gagner de quoy suffisamment à contenter la curiosité d'vne femme.
C'est à la verité vne bonne, & saincte intention que la femme tasche de sauuer son mary, & l'empeche de s'abandonner à des amours esrangers, mais le mary n'a pas moins d'obligation à procurer le salut de sa femme, & partant il doit prendre garde que luy permettant trop de parrures il ne donne subiect à d'autres de la conuoiter. Les chats qui sont beaux & bigarrez sont en danger d'estre desrobez; & les femmes trop enioliuées d'estre conuoitées, & d'estre à d'autres qu'à leurs marys; vaut mieux qu'elles soient moins parées, & n'appartiennent qu'à vn, que d'estre fort iolies, & estre à plusieurs.
Souuent les femmes se parent pour estre veues.
Socrate voyant vn iour que Xantippe sa femme s'estoit parée mieux que de coustume, luy demanda pourquoy elle l'auoit fait; elle respondit qu'elle deuoit aller en visite ce iour-là : m'amie luy dit Socrate, vous n'irez pas visiter, mais vous irez pour estre veue. L'empereur Auguste au rapporte de 310 Suetone c. 35 en sa vie, appelloit ces curiositez d'habits, superbiæ vexillum, & luxuriæ nidum, l'estendart de superbe, le nid de luxure.
Vn habitant de la ville de Sparte dit à celuy qui luy demandoit de quelle punition on chastieroit vn adultere en sa patrie, Quodomo Spartæ continget adulterium, vbi nullus luxus, nullæ diuitiæ, nulla voluptas, comme y peut-il auoir d'adultere à Sparte, où ny a ny luxe, ny richesses, ny voluptez : voyez vous qu'il met le luxe la premiere cause d'adultere ?
Si les Dames qui ont quelque soin de leur reputation, sçauoient comme l'Escriture Saincte nomme ces curiositez d'habits, elles en auroient horreur, Habits sonptueux appellez habits de couritsannes. voicy comme en parle Salomon, Prouerb. 7. Ecce occurrit ei mulier ornatu meretricio, præparate ad capiendas animas, il rencontre vne femme en habits de courtisane, ie croy que vous sçauez ce que veut dire ce mot de courtisane, preparée pour attraper les ames, il suppose donc qu'il y a quelque habit, sinon celuy de ces poupettes qui semble n'estre autre chose que des rets & fillets pour attraper les ames, contre lesquelles le Prophete Ezechiel ch. 16. fait ses inuectiues, habens fiduciam in pulchritudine tua fornicata es, ad omne caput viæ ædificasti signum prostitutionis tuæ, tu t'es abandonné sur la confiance que tu as eu en ta beauté, tu as mis des marques de tes prostitutions par tous les carrefours.
Les tauerniers qui ont des maisons qui correspondent sur diuerses ruës, mettant des enseignes sur chaque rue, pour faire sçauoir aux passans qu'il y a du vin à vendre, ainsi les femmes mettent des marques par tout, à la teste, aux mains, aux pieds, pour monstrer qu'il y a de la chair à vendre : & puis elles veulent qu'on ayt bonne opionin de leur chasteté : elle font profession d'estre honnestes; qu'elles escoutent S. Hierosme, aut loquendum nobis est, ut vestiti sumus, aut vestiendum, ut loquimur, parlons comme nous sommes habillez, ou habillons-nous comme nous parlons, si elles sont honnestes, qu'elles s'habillent honnestement.
Response aux obiectiõs des curieuses en habits.
Mais elles n'ont point de mauuaise intention, c'est la mode, c'est leur condition, c'est le propre de leur sexe, c'est vne curiosité & petite legereté : elles n'y pensent pas plus auant : posons le cas qu'il soit ainsi, mais le diable a mauuaise intention qui se sert de ces modes, de ces curiositez & vanitez, comme de lacets pour attraper les ames; voudroient elles bien seruir d'instrument à sa malice pour damner vne ame ? elles le font cependant, comme m'enseigne le Sage, Ecc. 7. Inuerni amariorem morte mulierem, quæ laqueus venatorum est, i'ay Les femmes vaines, sont les lacets du diable. trouué vne femme plus amere que la mort, qui est le lacet des chasseurs. Les chasseurs ne sont-ce pas les diables qui chassent continuellement aux ames ? Ceux qui chassent aux Loups font vne fosse, puis la couurent de paille, y mettent vne piece de chair, qui attire le Loup qui tombe dans la fosse, ainsi 311 fait le diable. Le diable se sert de semblables femmes comme de poignards pour tuer les ames; le poignard n'a pas mauuaise intention, si a bien le meurtrier : vous n'auez pas de mauuaise intention, si a bien le diable, & selon la Loy, celuy qui donne occasion au mal est cause du mal : vous donnez occasion à la perte de cette ame & partant vous en estes coupable, Exod. 21. Si quis aper uerit cisternã, & foderit, & nõ operuerit eã, cecideritque; bos vel asinus in eã, reddet Do-minus cisternæ pretium iumentorum. Si quelqu'un fait vne cisterne, & ne la bouche pas, & vn bœuf ou vn asne vient à y tõber, le maistre de la cisterne payera le prix du bœuf ou de l'asne. La femme qui comme vne cisterne doit estre le remede à la soif, & conuoitise de son mary, bibe aquam de cisterna tua, Prouerb. 5. est souuent par ses vanitez & curiositez comme vne cisterne ouuerte, & Dieu luy fera rendre compte de cette asne debatté qui s'y est ietté par le consentement qu'il a donné à sa concupiscence esmeue & eschauffée par ces vanités & superfluitez d'ornemens.
Superfluité en habits signe d'impudicité.
Mesdames vous voulez qu'on vous estime femmes de bien, c'est la raison, mais ne donnez point d'occasion du contraire. Ie veux que vous soyez aussi chastes que des Lucreces: aussi fidelles que des Susannes: aussi pures que des Agnes, Barbes, Catherines; si est-ce que ces ornemens & supersluitez sont signes de courtisanes, & marques ordinairement d'impudicité, & donnent sub iect à ceux qui vous voient de former iugement au preiudice de vostre pu-dicité, & ce sans aucune temerité, puis que vous leurs en donnez subiect. Ouide fait mention d'vne vierge vestale en ces termes 4. Fastorum,
Casta quidem, sed non est credita, rumor iniquus
Læserat, & falsi criminis acta rea est:
Cultus, & ornatos varié fudisse capillos
Obfuit, ad rigidos linguaque prompta sonos.
Elle esoit chaste en effect, mais non de reputation, & sur le mauuais bruit elle fut condamnée d'vn crime dont elle estoit innocente. Ce qui luy nuisit fut trop de curiosité à se parer, le soin trop grand de ses cheueux, & la trop grande liberté à parler.
Clement Alex. Pæd. 179 l. 3. c. 2, compare ces curieuses au temple d'E Femmes curieusement parées aux temples d'Egypte. gypte. Vous voyez de beaux edifices de marbre auec leurs colomnes, chapitaux, architraues, frises, & corniches : les parois brillantes en pierreries, les lambris d'or & d'azures; au lieu le plus sainct du temple vn voile d'vne estoffe pretieuse recamée d'or, & enrichie de pierreries, mais si vous demandiez où estoit la Diuinité qu'on y adoroit, vous voyez vn prestre qui auec beaucoup de ceremonies & reuerence vous tiroit le rideau, & pour toute Diuinité vous ne trouuiez qu'vn chat, vn crocodile, ou quelque serpent. Tant de Dames si richement parées circumornatæ vt similitudo templi, comme des Eglises; mais 312 si vous pouuiez voir le dedans, vous ne trouueriez qu'vn chat, vn crocodile, vn serpent, d'enuie, de rage de concupiscence, d'ignorance, de folie, de presomption, &c.
A quoy aboutissent ces parures ? souuent apres vne infinité de pechez qu'on a commis à cette occasion, le tout aboutit à vne extreme pauureté, & ruine, suiuant ce qui est en l'Apocal. 8. Væ væ ciuitas magna, quæ amicta erat pur pura, & bysso, & cocco, & deaurata est auro, & lapide pretioso, & margaritis; quo-niam vna hora destitutæ sunt tantæ diuitiæ. Mal-heur mal-heur à cette grande cité entourée de pourpre, de fin lin, d'escarlatte, esclatante en or, brillante en pierreries, d'autant que tout est perdu en vne heure, où vn sergeant enleue tout par authorité de iustice, pour payer les debtes, ou vient vn feu, ou vne guerre qui raffle tout en punition des excés passez.
Filet cadre, rayé.

Des nuditez qu'aucunes affectent. CHAPITRE XV.

CEst icy que ie me souhaiterois la ferueur d'vn S. Iean Baptise, & l'eloquence d'vn S. Paul pour inuectiuer contre vne insolence que ie ne puis L'escriture a les nuditez en horteur. souffrir aux Dames Chrestiennes, qui est vne impudique nudité, & vne impudicité impudente, par laquelle elles monstrent à tout le monde sans rougir ce qu'elles ne deuroient monstrer à leurs marys sans honte, faisans parade de la nudité de leur sein, & de leurs mammelles, & de leurs bras.
Voicy comme en parle Dieu mesme par la bouche d'Osée c. 2. Judicate matrem vestram, iudicate, quoniam ipsa non vxor mea, & ego non vir eius. Iugez vostre mere, iugez-la, ie ne la reconnois plus pour ma femme, ie ne seray plus son mary : & voicy la raison, auferat fornicationes suas à facie sua, & adulteria sua de medio vberum suorum, qu'elle oste ses fornications de sa face, & ses adulteres du milieu de ses mammelles : les fornications de la face sont les fards & artifices pour se rendre aymables, & aggreables aux yeux des hommes qui sont autant d'allechemens à la lubricité, & aux fornications: ie ne sçay ce qu'on peut entendre par les adulteres au milieu des mammelles, sinon les seins, & mammelles descouuertes; les bouquets, les pierreries qu'on y met pour attirer les yeux des hommes : (car pourquoy tout cela sinon pour se faire voire) ce qui n'est autre chose que subiect d'adulteres, d'incestes, & semblables abominations. Les fornications aux visages sont vne impudence, & hardiesse, qui ne sçait rougir, & qui monstre l'insolence de l'ame, oculos habentes plenos adulterij, 313 & inaccessibilis delicti. 2. Petri 2. Ayãs les yeux pleins d'adulteres & de meschãcetez : les adulteres au milieu des mammelles sont les allechemens qu'elles donnent par leur nuditez, enyurans les hommes, suiuant ce qui est aux Prouerb. 7. Veni inebriemur vberibus, & fruamur cupitis ampleximus.
Femmes qui affectent les nuditez comparées aux lamies.
Nos premiers parens furent honteux se voyans nuds, & maintenant les Dames en font gloire. Ieremie 4. les compare aux lamies. Sed & lamiæ nudauerunt mammas, & nutrierunt catulos suos, les lamies ont descouuert leurs mammelles, & ont nourry leurs petits. Les lamies estoient certains monstres d'Afrique ayans les mammelles si belles qu'elles charmoient les moins aduisez; vous descouurez vos mammelles & vostre sein, c'est pour repaistre vos appetits brutaux & ces chiens impudiques, tant de muguets180 qui n'ont aucune pasture plus sauoureuse que celle-la : mais pourquoy l'exposer, sinon pour donner à connoistre, que tout ainsi que le boucher met vne piece de chair hors de la boutique, pour faire sçauoir qu'il y en a à vendre en la maison; de mesme elles monstrent vn eschantillon de ce qui est à vendre. C'est pourquoy Tertulian appelle les testes bien coiffées capita nundinalia, de habitu mulierum, cap. 3. des testes à vendre : nous pouuons dire le mesme, des seins à vendre; & au mesme endroit il dit, propter mutuum videre, & videri, omnes pompe in publicum producuntur, aut vt luxuria negotietur, & gloria insolescat, on ne paroist en public auec pompe, que pour voir, ou estre veu, pour trafiquer la luxure, ou acquerir quelque vaine gloire. Ah combien de semblables trafiques maintenant aux bals, aux danses, aux comedies, mais aux Eglises ! & puis on se dit Dame, ou Damoiselle d'honneur, laissez ce trafique à ces femmes qui font mestier d'attirer les hommes au mal, mais c'est chose intolerable à vne femme ou fille qui fait profession d'honnesteté.
S. Hierosme escriuant à Demetrias fait vne belle leçon aux Damoiselles en ces mots, Illa tibi sit pulchra, illa amabilis, illa habenda inter socias, quæ se nescit esse pulchram, quæ negligit formæ bonum, & procedens ad publicum, non pectus, non colla denudat, nec pallio deuoluto ceruices aperit: sed quæ celat faciem, & vix vno oculo, qui viæ est necessarius, patente ingreditur. Tenez celles-là au rang des belles & aimables, prenez les pour compagnes, qui ne sçauent pas qu'elles sont belles, qui negligent leur beauté, & qui sortans en public ne descouurent ny le col, ny le sein; n'ostent pas leur voile pour faire voir leurs espaules, mais qui couurent leur face, & marchent ne regardants que d'vn œil, & autant qu'il est neceffaire pour se conduire.
Plutarque dit qu'vne femme honneste & pudique ne doit pas seulement Honnesteté de Micca. monstrer son coude, in præceptis connubialibus cap. 32. Helas il y en a donc maintenant beaucoup d'impudiques ! le mesme, Lib. de claris mulieribus181 cap. 15. louë grandement Micca fille d'Aristodemus, laquelle en 314 mourant pria instamment qu'on ne la descouurit indecemment apres sa mort182.
Il n'y a pas long temps qu'vn Ambassadeur pour sa Majesté Catholique aupres du Roy d'Angleterre, s'estonnant de voir la nudité honteuse (quoy que neantmoins sans honte) des Dames de ce pays, vn Gentil-homme luy dit, Monsieur ne pensés pas que ces Dames ainsi descouuertes soient pourtant courtisanes, elles sont fort chastes & honnestes. C'est la mode du temps, & du pays; à quoy repartit prudemment l'Abassadeur : Vn paysan apres auoir appriuoisé vne perdrix, la porta au marché, l'exposant hors de sa cage; vn certain qui cherchoit tel gibier luy en demanda le prix, à qui le paysan respondit, ma perdrix n'est pas à vendre, ie n'ay garde de m'en priuer, ce sont tous mes plaisirs. Mon amy repliqua l'acheteur, si elle n'est pas à vendre pourquoy l'apportés vous au marché ? pourquoy la mettés vous hors de sa cage ? pourquoz la monstrés vous comme venale ? les Dames pourront sans difficulté faire l'application de cette response, pourquoy ainsi monstrer & descouurir leurs corps s'ils ne sont venaux : pourquoy faire parade de ces nuditez, autant & plus que ne font les vrayes courtisanes, qui souuent n'osent faire paroistre leur impudicité en public.
Iustin lib. 14. loue grandement Olympias mere d'Alexandre le grand, de ce qu'en mourant elle se couurit auec ses cheueux, de peur que rien ne parust en son corps contre la bien-seance. Christianisme ! Christianisme ! quoy en mourant ces Payennes ont soin de l'honnesteté, & qu'aucune nudité ne paroisse en leurs corps ! & nos Dames Chrestiennes, voire celles qui veulent estre tenues pour chastes & honnestes affectent les nuditez pendant leur vie en leurs bras, en leur col, en leurs espaules, en leur sein, auec le scandale des gens de bien, & la perte & ruyne des mechans & lascifs ?
Mais mon pere le veut, mon mary me le commande : peut estre que vostre pere & vostre mary voudroient bien le contraire, & que ce qu'il en fait est pour vous contenter & auoir paix : que si en effect il le veut, c'est vn vray boucher, qui expose vostre chair à vendre : & bien il le veut, il le commande, Dieu le defend, à qui obeyrez vous ? estes vous encore à l'alphabeth du Christianisme ? ne sçauez vous pas que, obedire oportet Deo magis quam hominibus: qu'il vaut mieux obeyr à Dieu qu'aux hommes ? & qui non odit patrem aut matrem non est me dignus: qui ne haït pere & mere, n'est pas digne de moy. C'est icy qu'il faut haïr sainctement pere, mere, & mary, entant qu'ils vous commandent quelque chose contre Dieu & l'honnesteté.
Mais c'est la mode, mode diabolique, de qui apprendrez vous la mode, d'vne folle, d'vne macquerelle, d'vne fille legere, d'vn reste de cour, d'vne damnée; ou du vaisseau d'eslite, du grand maistre de l'Euangile, du heraut de Iesus-Christ : de S. Paul : escoutez-le parler, mais auec respect, & donnez 315 croyance à ses paroles : il vous commande, voire mesme de couurir vos testes, I. Cor. II. non seulement pour les hommes, mais propter Angelos, pour les Anges ! Quoy ? y-a-il danger que les Anges soient esmeus par vos beautez, non non, mais pour ne les offenser voyans en des personnes qui font profession d'vne religiõ si saincte, des traits d'impudicité; voire-mesme dans le Sanctuaire. Vos marys le veulẽt, vos peres le commandent, donc ils veulent qu'on vous conuoitent, & que vous en donniez occasion, & S. Paul le defend.
Linus defendit que nulle femme entrast à l'Elise la teste découuerte.
Linus disciple de S. Pierre defendit qu'aucune femme n'entrast à l'Eglise sans estre voilée. Dieu ! quelle ordonnance eust-il fait, s'il eust veu des femmes & des filles entrer dans les Eglises, comme si elles alloiẽt à des bourdelles? Clement Alexandrin ne veut pas mesme que les semmes paroissent aux yeux de leurs domestiques autrement qu'entierement habillées, non pas mesme en presence de leurs parens ou plus proches, non pas mesme deuant leurs propres yeux; & se laisser voir, mais s'exposer à la veue de tout le monde ! Comme les femmes d'Arabie se couurent. Quelle condamnation porteront contre vous les femmes d'Arabie, dit Tertulian ? qui ne couurent pas seulement leur sein, mais leur teste, mais auec vne si exacte modestie, qu'elles ne voient que d'vn œil, aimans mieux se priuer de la moitié de la lumiere que de se laisser voir en face.
Caius Sulpitius repudia sa femme, d'autant qu'elle estoit sortie de la maiCaius Sulpitius repudie sa femme pour estre sortie de la maison sans voile. son la teste descouuerte, luy disant la loy vous commande de ne plaire qu'à mes yeux, & non à ceux d'autruy, de vous parer pour moy seul, non pour d'autres. Quel iuge à plusieurs marys qui permettent des si grandes libertez à leurs femmes ?
Les Romains defendoient que les enfans n'entrassent dans les bains auec leurs peres & meres. Christianisme ! où sommes nous deuenus ? ces Payens ne veulent pas que les peres & meres commettent ces indecences en presenLes Romains ne vouloient que les enfans entrassent dans les bains auec leurs peres & meres. ce de leurs enfans; & des femmes qui se disent Chrestiennes, des filles qui se disent honnestes & pudiques : qui veulent auoir cette reputation : paroissent col, espaules, bras, seins nuds, deuant tout le monde : & en font gloire ! Noé eut tant de deplaisir sçachant qu'il auoit paru nud en presence de ses enfans, qu'il en maudit Cham : Clement Alexandrin dit, qu'en tous lieux, voire mesme en nostre particulier, nous deuons ce respect au Verbe diuin, d'estre tousiours decemment couuerts.
Pleut il à Dieu que les marys, & ceux qui ont de l'authorité se monstras Beau trait du Roy de France Louys 13. touchant la nudité des femmes. sent aussi alienes de ces nuditez, comme le Roy de France Louys XIII le Iuste. Faisant son entrée en la ville de Dijon l'an 1629. il alla descendre à la saincte Chapelle selon la coustume, pour y faire ses prieres, & entendre chanter le Te Deum, parmy vne mutlitude de peuple, dont ce beau & ample vaisseau estoit remply, & qui s'approchoit à qui mieux mieux, pour auoir le bon-heur de voir le Roy de prez, il y eut vne Damoiselle, laquelle ayant 316 fendu la presse, s'approcha assez proche du Roy, & tout contre le Capitaine de ses gardes, demandant instamment qu'il luy permit de la laisser passer plus auant, il estoit tout prest de le faire, mais s'estant apperceu qu'elle auoit le sein descouuert, il luy dit, Madamoiselle ou couurez vous, ou retirez vous, le Roy ne vous verra pas de bon œil en cet estat, sçachez que ces nuditez l'offensent : i'estois tout contre le Capitaine des gardes, & entendis tout ce discours auec mon tres-grand contentement.
Le lendemain on permit au peuple d'entrer à la ſalle pour voir disner le Roy. Pendant le disner il y auoit vne Damoiselle vis à vis de sa Majesté habillée & descouuerte à la mode : le Roy tient son chapeau enfoncé tout le temps du disner pour ne la voir, & la derniere fois qu'il beut, il retient en sa bouche vne gorgée de vin qu'il lança dans le sein descouuert de cette Damoiselle, qui se trouua toute honteuse & confuse. Pleut-il à Dieu que que ce bon Roy eust beaucoup d'imitatuers en ce fait, on n'en verroit pas tant qui par leur applaudissement fomenteroient cette effrontée liberté de se descouurir, nous ne lamenterions pas tous les iours tant d'ames attrappées dans ces pieges de Satan : nous verrions les Dames vn peu plus retenues, & bien tost reduittes à la modestie, & honnesteté Chrestienne.
Femme fouettée des Anges pour punition de sa nudité.
Tertulian lib. de habitu mulier. c. 17. rapporte d'vne Dame qui auoit coustume de se descouurir, qui fut payée de la monnoye qu'elle meritoit : vn Ange la nuict la fouetta bien serré sur le dos, l'aduisant d'estre vne autre fois plus sage, & de se couurir desormais. Si Dieu ne vous enuoye point d'Ange maintenant pour chastier vostre impudique legereté, sçachez qu'il ne la lairra impunie, comme chose qu'il a en tres-grande horreur, car comme remarque S. Chrysologue Serm. 3. parlant du prodigue, sustulit filij crimina, qui non sustilit nuditatem, citò proferte stolam primam, ce bon pere eut patience supportant les crimes de son fils, mais ne peut supporter sa nudité, viste viste, qu'on le couure, & comment est-ce que Dieu souffrira vos impudiques nuditez ?
Nostre Dame ne veut entrer en la cellule d'vn religieux mal couuert.
S. Dominique vit vne nuict nostre Dame accompagnée de saincte Cecile & de saincte Catherine qui visitoit les cellules de tous ses religieux, & les arrosoit d'eau beniste : elle en passa vne sans y entrer. S. Dominique luy demanda la raison, pourquoy elle n'y estoit entrée : elle respondit que c'estoit d'autant que le religieux qui y estoit n'estoit decemment couuert : il estoit en son particulier, personne ne le voyoit : personne ne pouuoit prendre subject de là d'offenser Dieu, cependant il est priué de ce bon-heur : & vous voulez que la pudicité, que l'honneur, que la grace de Dieu, que le saint Esprit loge dans ces voiries, dans ces attrappes, où les Diables sont attendans les ames ? Auferte adulteria de medio vberum vestrorum, ostez ces adulteres du milieu de vos mammelles.
317
Comme dit S. Cyprian, lib. de habit. virg. Serico & purpura indutæ, Christum syncerè induere non possunt, in auro & margaritis adornatæ & monilibus, ornamenta mentis & coporis perdiderunt, celles qui son vestues de soye, & de pourpre ne peuuent se reuestir de Iesus-Christ : celles qui ont des parures d'or & de pierreries, ont perdu les parures de l'ame & du corps; comment est-ce que celles qui affectent ces nuditez pourront estre agreables à Dieu ?
L'Empereur Heraclius ne peut porter la saincte Croix estant superbemẽt vestu.
Si Dieu ne voulut pas permettre que l'Empereur Heraclius portast sa croix estant habillé à l'imperial, croyez-vous que vous la porterez en l'ame estant habillée en Courtisane ?
Ie demanderois volontiers à ces femelles ce qu'elles diront au iour de iugement, à ce ieune homme Payen, nommé Spurina, rapporté par Valere le grand lib. 4. c. 5. & par S. Ambroise lib. de Virginibus, & exhorta ad. virgines, lequel estant doué d'vne tres-grande beauté, & s'aperceuant que sa beauté seruoit d'achoppement à quelques esuentées, se défigura la face par Pudicité de Spurina. diuerses cicatrices, esteignant par son sang les flammes de ces folles qui le recherchoient : & vous donnez des flammes de vostre plein gré pour perdre les ames.
Pudicité de Damocles.
Quelle condamnation portera contre vous le ieune Damocles, rapporté par Plutarque en la vie du Roy Demetrius ? ce ieune homme estoit entré dans vn bain retiré, & à l'escart, pour se lauer, croyant n'estre apperceu de personne : le Roy Demetrius l'ayant veu, espris de sa beauté, entra à la desrobée dans ce lieu, passionné de l'amour de cet enfant, & dans vn fort mauuais dessein : le pauure garçon se voyant surpris, & ne trouuant autre moyen pour euader l'impudique rage de ce Roy, de quoy il auoit tres-grande horreur, tira le couuercle d'vne chaudiere qui estoit là, & se jetta dans l'eau toute bouillante : ne voila pas vn fait digne d'vne eternelle memoire, n'est-ce pas dommage qu'il n'a esté fait par vne personne capable d'vne eternelle recompense183? & que vous objectera-il au iugement vniuersel184?
Ie ne veux pas apporter pour exemples à ces muguettes vne saincte Agnes, qui faschée contre sa beauté, disoit selon S. Ambroise, pereat corpus, quod placere potuit oculis quibus nolo: ça ça que ce corps perisse qui a peu plaire à ceux que ie ne desire pas : ny de tant de sainctes Vierges qui se font arraché les yeux, deschiré la face, pour esteindre les flammes de ceux qui estoient embrasez de leur amour.
Comme S. Paule matte son corps.
Ie ne parleray non plus de S. Paule laquelle comme tesmoigne S. Hierrosme en son Epitaphe estant aduertie de S. Hierosme mesme, de moderer ses larmes : Non, non, dit-elle, il faut pourrir de larmes la face que i'ay fardée si souuent contre la volonté de Dieu : Non, non, il faut matter le corps que i'ay autrefois tant caressé : il fait recompenser mes ris dissolus par des 318 larmes continuelles, & changer les fines toiles & les soyes & habits pretieux en de rudes cilices : ma volonté est, que comme i'ay tasché autrefois de me rendre agreable au monde & à mon mary, ie me rende maintenant agreable à Iesus-Christ.
Voyla ce qu'ont fait non seulement les Saincts, mais mesme les Payens, & vous, dit S. Chrysostome tom. 5. Serm. Quod regulares sœminæ 185: vous allumez le feu par vos nuditez pour brusler les ames ? Pensez-vous estre exemptes de pechez ? lors que par ces montres vous faites entrer en appetit de la piece tant de foux, qui enragent dans la furie de leur ardente passion ? vous en estes la cause, vous auez affilé le glaiue : vous auez armé le bras : & vous penseriez estre exemptes d'homicide !
Dictes-moy, les iuges punissent-ils ceux qui boiuent le poison, ou bien ceux qui le composent & le donnent à boire ? on n'a garde de punir ceux qui le boiuent, au contraire on leurs porte compassion; mais on punit ceux qui le preparent : & croyez-vous que ce soit vne excuse pertinente pour eux de dire qu'ils ne se sont pas nuis, mais aux autres, ils en sont d'autant plus punissables. C'est vous miserable, c'est vous qui preparez le poison, & le donnez, & faites mourir ce mal-heureux : & vous croyez estre innocente d'autant que vous n'en auez point beu, mais vous serez d'autant plus griesuement punie, que ne seroit l'apoticaire qui auroit preparé le poison : que celuy-là n'auroit tué que le corps, & vous tuez l'ame, & pour satisfaire à vostre vanité & curiosité, vous iouez les ames qui ont cousté la vie à Iesus-Christ. Voila le discours de S. Chrysostome.
Les femmes se causent la mort par leur nudité.
Mais ie diray auec la permission de S. Chrysostome que non seulement vous tuez les ames de ceux qui vous voient, mais encore les vostres, voire vos propres corps : vrayes martyrs de Satan, homicides de vous-mesmes, il faut faire paroistre la greue186 de la teste, & vostre pauure petit cerueau se refroidit : voyla vn catarre qui se forme, vostre poictrine par vne longue nudité s'est affoiblie, les fluxions y tombent comme sur la partie la plus foible, & s'y arrestent : voila des rhumes & catarres, voila des maux de poulmons, des courtes haleines, & enfin la mort, qui en est cause ? sinon vostre vanité & legereté, martyrs de Satan, meurtieres de vous mesmes, ames abandonées. I'ay veu mourir vne des plus belles Dames de France à l'aage de vingt-trois ans, & quasi soudainement : les medecins ouurirent le corps & ne trouuerent autre cause de sa mort, sinon qu'elle s'estoit refroidie la poictrine l'ayant descouuerte à la mode, dans laquelle ils trouuerent quantité d'eau qui s'y estoit amassée, & l'auoit suffoquée.
319

Filet cadre, rayé. Du fard des femmes. CHAPITRE XVI.

COmme la principale & plus ordinaire louange qu'on donne aux femest la beauté, aussi sont-elles esperduement desireueses d'auoir la reputation d'estre belles, & font tout leur possible ou pour l'estre, ou pour paroistre telles, si elles ne le sont pas, ou pour conseruer leur beauté. De là Les femmes sont fort desireuses de se parer. vient ce soin esperdu qu'elles ont de se parer, dont S. Hierosme parle en cette sorte, adGaudentium de educatione Pacatulæ infantulæ187, Studiosum amãsque ornatus, genus fœnmineum est: multasque insignis pudicitæ, quamuis nulli virorum, tamen sibi, scimus libenter ornari. Les femmes sont grandement curieuses de se parer : & s'en trouuent plusieurs tres-honnestes, qui se parent non pour plaire aux hommes, mais pour contenter leur curiosité : le mesme S. Hierosme ad Demetriadem dit, ad corporis ornatum, cultumque ardere, ac insanire studia matronarum. Que les femmes sont comme folles & enragées en ce qui concerne l'ornement de leurs corps. Ce que semble insinuer le Prophete Baruch c. 6. par ces paroles, sicut virgini amanti ornamenta, comme à vne fille qui est amoureuse de ses parures.
Le grand excés qui se retrouue en cette passion m'oblige d'en parler & de monstrer quel sentiment en a l'escriture saincte : ce qu'en disent les SS. Peres : le iugement qu'en ont porté les Payens, & quelques consequences qui ensuiuent semblable curiosité. Ie parleray principalement en ce Chapitre des fards, peinctures, vermillons, & semblables inuentions de la curiosité de ce sexe. Pour commencer par l'Escriture saincte. Il semble qu'elle insinue assez que semblables fards sont propres aux femmes & filles perdues & desbau Quel sentiment a la saincte Escriture des fards? chées, Isaie c. 57. parlant d'vne meschante femme dit, ornasti te regio vnguento & multiplicasti pigmenta tua. Tu t'es ornée d'onquent Royal, & as multiplié tes odeurs. Ezechiel 23. Circumlinisti stibio oculos tuos, & ornata es mundo muliebri, tu as fardé tes yeux & t'es parée. Au 4. des Roys 188 c. 9 l'infame & abominable Iezabel ne manqua pas à cette curiosité, porro Iezabel introitu eius audito, depinxit oculos suos stibio, & ornauit caput suum. Quand elle entendit que Iehu entroit elle mit du fard sur ses yeux, & para sa teste. Osias parlant d'une meschante femme dit c. 2.189 Ornabatur in aure sua, & monili suo, & ibat post amatores suos, elle auoit des pendans d'oreilles & des brasselets, & alloit apres ses mignons. Le Sage Eccli. 9. aduertit de destourner ses yeux d'vne femme 320 curieusement parée. Auerte faciem tuam à muliere compta. Enfin au Gen. 38. Iudas creut que Thamar estoit vne publique190 la voyant parée. De ces passages, chacun peut voir que l'Escriture saincte tient semblables ornemens comme propres des filles & femmes perdues. Voyons le sentiment des SS. Peres.
S. Cyprian, lib. de habitu virginum, parle ainsi, non virgines tantum aut vi Sentiment des Saincts Peres touchant les fards. duas, sed & nuptas puto, & omnes fœminas admonendas, quod opus Dei & facturam eius, & psalma adulterare nullo modo debeant, adhibito flauo colore, vel nigro puluere, vel rubore, aut quolibet denique lineamenta natiua corrumpere medicamine. Il faut aduertir non seulement les filles ou le vefues, mais encore les femmes mariées, voire toutes les femmes, qu'elles ne doiuent nullement corrompre l'œuure de Dieu auec des couleurs iaulnes, des pouldres noires, auec du vermeil, ou auec quelque autre fard, quel qu'il foit. Puis il fait ce discours que ie rapporteray mot à mot le traduisant en François. Elles attaquent Dieu, lors qu'elles pretendent reformer, & transfigurer ce que Dieu a formé : & ne prennent pas garde que ce qui naist est œuure de Dieu : & ce qu'on y change est œuure du Diable. Si apres qu'vn peinctre a fait & parfait vn tableau, vn autre prend le pinceau en main pour le reformer, il fait tort à celuy qui a fait la piece, & luy donne subject de se facher. Pensez-vous donc que Dieu ne vous chastira pas pour vostre temerité & outrecuidance, & pour l'offense que vous commettez contre luy ? Ie veux que vous soyez chastes pour ce qui regarde les hommes; ie veux que par ces fards vous ne pretendiez d'attirer aucun à mal : vous estes toutefois pires qu'adulteres corrompants & voulants corriger ce qui appartient à Dieu. Ne craignez-vous pas qu'au iour du iugement, & de la resurrection, celuy qui vous a fait ne vous connoisse pas ? qu'il vous rejette de la compagnie de ses esleus ? & comme vn seuere censeur & rigoureux iuge vous dise, Cet ouurage n'est pas mien, ce n'est pas là mon image, tu as pollu ta peau auec des fards, tu as changé tes cheueux auec des couleurs estrangeres : ta face est couuerte de mensonge : ta figure est corrompue, ce n'est pas là ton visage. Tu ne peux voir Dieu, puis que ce ne sont pas là les yeux que Dieu a fait, mais ceux que le Diable a contrefait : tu l'as suiuy, tu as imité les yeux brillants du serpent : puis que tu t'es laissé parer par ton ennemy, brusles eternellement auec luy.
Tertulian lib. de cultu fœminarum 191. In Dominum delinquunt, quæ cutem medicaminibus vngunt, genas rubore maculant, oculos fuligine collinunt: displicet illis nimirum plastica Dei: in ipsis redarguunt, repræhendunt artificem omnium: repræhendunt enim, cum emendant, cum adijciunt, vtique ab aduersario artifice sumentes additamenta ista, id est Diabolo. Celles-là offensent Dieu qui oignent leur peau de medicamens, peignent leurs ioues, frottent leurs yeux de suye : l'ouurage fait de la main de Dieu leurs desplaist : 321 elles reprennent Dieu qui eft le maistre ouurier de toutes choses, n'est-ce pas le reprendre & le contrôler, de vouloir corriger ses œuures, & y adiouster ? elles empruntent ce qu'elles y adioustent d'vn ouurier contraire à Dieu, qui est le Diable.
Sainct Augustin ad Posidonium, Fucare pigmentis, quo rubicundior, vel ve recundior appareat mulier, adulterina fallacia est: qua non dubito ipsos etiam ma-ritos se nolle decipi, quibus solis permittende sunt fœminæ ornari. Se farder pour paroistre plus rouge ou plus blanche est vne tromperie, & ie ne doute pas qu'elle ne déplaise aux marys, pour le regard desquels tant seulement les femmes se doiuent parer. Le mesme Sainct August. lib. de Sermone Domini, Quanta amentia est effigiem mutare, naturæ picturam quærere! tolerabiliora propemodum in adulterio crimina sunt, ibi enim pudicitia hic natura adulteratur. Quelle folie de changer sa face, & chercher des peinctures pour alterer la nature ! les crimes sont en quelque façon plus tolerables en l'adultere: car en l'adultere on corrompt la pudicité, & icy la nature.
Sainct Hierosme, Ad Furiam de viduitate seruanda 192, Quid faciat in facie Christianæ purpurissus, & cerusssa (quorum alterum ruborem genarum, labiorumque mentitur: alterum candorem oris & colli: ignis iuuenum, fomenta libidinum, impudicæ mentis indicia. Quomodo flere potest pro peccatis suis, quæ lachrymis cutem nudat, & sulcos ducit in faciem? ornatus iste non Domini est: velamen istud Antichristi est, qua fiducia erigit ad cœlum vultus? quos conditor non agnoscit. De quoy seruent en la face d'vne femme Chrestienne les teinctures de pourpre & la cœruse, l'vne qui fait paroistre les ioues vermeilles, & les leures : l'autre qui fait paroistre le col & le reste blanc. C'est vn feu pour brusler la ieunesse, c'est vn fusil & des allumettes d'impudicité, ce sont des tesmoignages d'vne ame lasciue. Comment est-ce que celles-là pourroient pleurer leurs pechez qui auec leurs larmes descouurent leur peau, & font des sillons parmy leur face ? ces parures ne sont pas de Dieu, c'est le voile de l'Antechrist : auec quelle asseurance esleuez-vous la face vers le ciel, laquelle Dieu ne reconnoistra pas, quoy qu'il l'aye faicte.
S. Ambr. l. I. de virginibus, dit, c'est de ces fards qu'elles font pour ne point desplaire aux hommes, que naissent les allumettes des vices : & adulterants leur visage, elles songent aux adulteres contre la chasteté : quelle folie de changer le pourtraict de la nature, chercher des peinctures; & lors qu'elles redoutent le iugement de leurs marys, faire paroistre le iugement qu'elles portent d'elles mesmes ? elles monstrent assez l'opinion qu'elles ont d'elles mesmes, desirant chãger ce qu'elles ont de nature : ainsi desirans de plaire à autruy, elles se deplaisent auparauant. M'amie pouuons nous chercher vn plus 322 veritable iuge de vostre laideur que vous mesme qui craignez d'estre veue ? Si vous estes belle, pourquoy vous cachez vous ? si vous estes laide, pourquoy seignez vous d'estre belle, voyez le reste au lieu sus-allegué, & lib. hexamer. 6. c. 8. où il monstre ce qu'on doit estimer de ces fards, & conclud, Noli tollere picturam Dei, & picturam meretricis assumere, ne reiettés pas l'image de Dieu pour prendre l'image d'vne femme perdue. Graue est crimen vt putes, quod melius te homo quam Deus pingat. Graue est vt dicat de te Deus non cognosco colores meos, non agnosco imaginem meam, non agnosco vultum, quem ipse formaui, reijcio ego quod meum non est: illam quære qui te pinxit: cum illo habeto consortium, ab illo sume gratiam cui mercedem dedisti, quid respondebis? C'est vn grand crime de penser qu'vn homme vous peindra mieux que Dieu. C'est vne chose d'importance que Dieu soit contraint de vous dire ie ne connois pas mes couleurs, ie ne connois pas mon image, ie ne reconnois pas le visage que i'ay fait : partant ie reiette ce qui n'est pas mien : cherchez celuy qui vous a peinct : faictes alliance auec luy, demandez la faueur de celuy auquel vous auez donné vostre marchandise, que respondrez vous ?
Voyez S. Chrysostome hom. 21. ad populum Antioch. 193 & hom. 8. in Matth. & hom. 40. in Ioan. & hom. 28. in epist. ad Hebraeos, & in Gen. hom. 36. I'obmets plusieurs autres peres, des passages & conceptions desquels sur ce subiecte ie pourrois faire vn volume entier.
Les Payens mesme ont condamné ces inuentions & ces fards, Xenophon Sentimẽs des payẽs touchant le fard. inuectiue puissamment contre in Œconomico. Gallien s'en mocque, in Exhortatione ad bonas artes, & rapporte cette histoire. Phryne estant vn iour en vn banquet auec plusieurs autres Dames qui estoient fardées, on se mit à iouer ce ieu auquel chacun commande & est obey à son tour : Phryne ayant Plaisant traict de Phryne. son tour pour commander, ordonna qu'on apportast de l'eau, & puis commanda que toutes ces Dames trempassent leurs mains dans l'eau, & les missent contre leur visage, & les essuyassent auec vn linge, & le fit la premiere : c'estoit vn plaisir de voir comme ce fard se liquefioit, apres lequel vous voyiez des marmottes toutes ridees, qui faisoient peur au monde, mais Phryne qui ne se seruoit point de semblables inuentions, paroissoit plus belle.
Le Poete dit fort bien à ce propos, Ouid. lib. 2. Fastorum, parlant de Lucrece,
Forma placet, niueusque color, flauique capilli:
Quique aderat nulla factus ab arte color:
Sic sedit, sic culta fuit, sic stamina neuit,
Neglecte collo sic iacuere comæ.
Les Liures sont pleins des arrests de condamnation que la Genti- 323 lité a porté contre semblables inuentions.
Pythagoras fait quitter le fard aux Dames.
Or i'ay peur que ny l'authorité des Escritures Sainctes, ny le iugement des Sainctes Peres, ny les arrests des Payens, n'ayent pas tant de force enuers les Dames Chrestiennes, qu'eut Pythagoras le Samien au rapport de Iustin lib. 20. lequel voyant les Dames de sa ville portées à semblables folies fut si puissant en ses persuasions qu'elles les quitterent; voire mesme consacrerent leurs habits somptueux, & leurs atours à la Deesse Iunon les donnans à son temple. O Dieu quelles puissantes accusations feront elles contre nos Dames qui se disent Chrestiennes, & qui pour satisfaire à leur vaine curiosité mesprisent l'escriture, & les saints peres !
Les motifs que ie viens d'apporter deuroient estre suffisans pour reprimer leur legereté : en voicy toutefois d'autres que ie les prie de considerer.
Le fard nuit à la santé.
1. Galien libro de medicamentorum compositione c. 19 asseure qu'il a veu plusieurs femmes mortes pour auoir vsé de semblable fard, & s'estre refroidi la teste. Quoy mesdames serez vous meurtrieres de vous mesmes ? & quel compte aurez vous à en rendre deuant Dieu !
Est vn signe d'impudicité.
2. Ie veux que vous soyez chastes, & honnestes; cette curiosité & vanité donne occasion à ceux qui vous voyent de penser le contraire.
Combien de temps perdu en semblables sottises duquel vous deurez satisfaire à la iustice Diuine.
4. Si vous le faictes pour attirer les hommes à mal, il est manifeste que c'est vn grand peché : quand bien vous n'auriez pas cette intention, & vous ne chercheriez que de satisfaire à vostre vanité, & legereté, si ne laissez vous souuent de donner occasion de mal & de conuoitise à ceux qui vous voyent, & que vous trompez par semblables hypocrisies. Qui vous voyent, & vous admirent ornées comme des poupées, dorées comme des beaux lambris, & au dessous de ces ornements & de cet or & de ces fards, ce n'est que foin, & pourriture.
Si telle vanité est blasmable en des filles, beaucoup plus en des vieilles toutes ridées, & decrepites, qui affectent cependant de paroistre ieunes, & ausquelles on pourroit bien dire ce que disoit Protagoras à vne. Si ad viros, falleris: si ad sepulchrum, satis ornata es, m'amie si vous vous fardez pour plaire aux Choses intolerables aux hommes de se tant parer & farder. hommes, vous vous trompez : si c'est pour vous enseuelir, vous estes assez parées. Mais en des hommes c'est chose intolerable, qu'estans nez pour choses plus grandes ils employent & raualent leurs esprits à ces legeretez de fem mes. Et deuiennent femmes en leurs fards, en leurs cheueux, en leurs poul-dres, en leurs mœurs & deportemens. Il faudroit maintenant vn Empereur Aurelian pour leurs en faire defence ou renouueller celle qu'il leurs fit autrefois, la tolerant aux femmes. Au rapport de Vopisch Syracusuis. Mon discours n'est pas maintenant pour les hommes si r'apporteray-ie en passant : le 324 sentiment des anciens touchant cela. Philippe pere d'Alexandre auoit fait Philippe depose vn iuge d'autant qu'il se fardoit. iuge quelqu'vn des amis d'Antipater, mais ayant appris qu'il coloroit sa barbe & ses cheueux, le priua de sa charge disant, puis qu'il est hypocrite & trompeur en ses cheueux, comment pourra-t-il estre sincere au gouuernement de la iustice ? Plutarq. in Apoph.
Archidamus Roy des Lacedemoniens, s'estant apperceu qu'vn certain Archidamus reiette vn ambassadeur fardé ambassadeur qui estoit venu à la ville pour quelque commission, se coloroit la barbe & les cheueux pour ne paroistre si vieil, ne voulut l'escouter, mais dit, que peut dire de bon ce resueur, puis qu'il a non seulement l'esprit fardé, mais encore la teste. Aelianus l. 8. variar. historiar. & vous me persuaderez que ces muguets194 feront quelque chose de grand aux occasions, qui monstrent en leurs actions, que leur ame est totalement feminine.
Diogene ayant rencontré vn ieune homme bien frisé & poudré, luy dit, non te pudet deterius quam naturam de te ipso statuere? illa enim te virum fecit, tu teipsum refingis in mulierem, n'estes-vous pas honteux de vous traicter plus indignement que n'a fait la nature ? la nature vous a fait homme, & vous vous faites femme. Laertius.
Zenon estant en vne compagnie où il y auoit vn ieune homme parfumé, tout estonné, commença à s'escrier, quis mulierem olet? qui est-ce qui sent la femme ? pour monstrer que ces sottises sont plus propres à des femmelettes, qu'à des hommes. Laertius. Synesius tient les ieunes hommes qui ont des longs cheueux, & en ont si grand soing, pour des garcilleux195, oratione de caluitio. Si cela est vray, le nombre en est bien grand maintenant, puis qu'on ne peut tantost plus reconnoistre les hommes d'auec les femmes, à la longueur des cheueux & à l'artifice qu'on y apporte196.
Ie concluray ce chapitre par l'histoire que rapporte Camerarius, cent. 2. horar. succis. c. 38. Il dit que Dominique Syluius, Duc de Venise, auoit vne femme qui estoit sœur de Nicephorus Botoniata, Empereur des Grecs, admirable en beauté, mais si esperduement addonnée aux fards, dont elle se seruoit ordinairement : elle estoit bien si delicate, que iamais elle ne lauoit Puanteur d'vne Duchesse de Venise. ses mains, ny sa face, qu'auec de l'eau de rosée, ou de roses, ne mangeoit chose quelconque qui ne fut auparauant haché, & ne touchoit ce qu'elle mangeoit qu'auec vne fourchette d'or : mais par vn iuste iugement de Dieu, elle tomba en vne maladie si puante, que personne ne la pouuoit supporter, & pourrit en ce miserable estat. Les medecins iugerent que c'estoit vn effect de ses fards & de sa trop grande delicatesse197: encore vaudroit-il mieux mourir en cette pourriture & y faire vne bonne penitence pour ses legeretez, que brusler à iamais sans esperance de mieux.
325

Filet cadre, rayé. En quoy consistent les vrays ornemens des Chrestiens. CHAPITRE XVII.

Vrays ornemens des femmes.
TErtullian permet aux Dames de se parer, mais voicy les atours qu'il leurs donne, li.de cultu fœminarum198 in fine199, prodite vos iam medicamentis, & ornamentis exstructæ Apostolorum, sumentes de simplicitate candorem, de pudicitia ruborem, depictæ, oculos verecundia, & spiritus taciturnitate, in serenentes in aures ser monem Dei, annectentes ceruicibus iugum Christi: caput maritis subiicite: & satis orna- tæ eritis: manus lanis occupate; pedes domi figite; & plus quam in auro placebunt: ve-stite vos serico probitatis, byssino sanctitatis, purpura pudicitiæ, taliter pigmentatæ Deũ habebitis amatorem. Faites-vous voir parée des atours des Apostres, auec la blancheur de simplicité : la rougeur de pudicité : les yeux chargez de vergongne : la bouche de silence, pour pendans d'oreilles, vous aurez la parole de Dieu: pour espaulieres, le ioug de Iesus-Christ : pour ornement de teste, l'obeyssance à vos marys : vous voila aduantageusement parées : que vos mains manient la laine; vos pieds soient arrestez à la maison; & ils seront plus beaux que s'ils estoient reuestus de fin or : pour robbe, vous aurez la soie de bonté, le fin lin de saincteté, la pourpre de pudicité : auec ces ornemens, vous attirerez Dieu à vostre amour.
S. Chrysostome hom. 21. ad populum, dit chose semblable, voulez-vous, dit-il, bien parer vostre face ? parez-la non de pierreries, mais de modestie, & d'honnesteté, & lors vostre mary vous aymera : les atours empruntez de la terre, comme l'or, l'argent, pierreries, fards, causent souuent la ialousie, des differents, des inimitiez, & querelles : mais les atours empruntez de la modestie, & de la misericorde, chassent tout meschant soupçon, rendent la femme aymable : ce qui rend vne personne belle & agreable n'est pas tant la beauté naturelle, la proportion & belle couleur, comme l'affection : or rien n'engendre mieux l'affection que la modestie & l'honnesteté. Parez-vous de modestie, d'honnesteté, de misericodre enuers les pauures : de douceur, de charité : d'amour enuers vostre mary : de mansuetude, de benignité, de patience : voila les couleurs de la vertu qui vous rendront recommandables, non à quelques Le mary vertueux est l'ornement d'vne femme. hommes, mais aux Anges, & à Dieu mesme, & estant agreable à Dieu, vous plairez à vos marys.
La femme de Phocion estant vn iour en vne compagnie de plusieurs nobles matrones, on luy demanda pour quoy elle ne portoit point d'habit d'or 326 comme faisoient toutes les autres qui estoient de sa qualité, voire aucunes de moindre qualité : elle respondit fort sagement que la vertu de son mary la paroit assez : ouy, le plus bel ornement d'vne dame, est auoir vn mary recommandable pour sa vertu, & l'imiter.
Sainct Iean Baptiste a esté loué de nostre Seigneur pour la pauureté de ses Habit de S. Iean Baptiste, & des premiers Chrestiẽs. habits, & le mauuais riche damné pour la vanité des siens : les habits des premiers Chrestiens nous sont representez par S. Paul, Hebræ II. Circuierunt in melotis, in pellibus caprinis, ils ont cheminé ça & la vestus de peaux de brebis, & de cheures.
Le signe que les Anges donnerernt pour reconnoistre Iesus-Christ en sa Les signes de IesusChrist sõt des langes viles. venue au monde ne fut, ny des habits magnifiques, ny vn palais superbe, ny des riches tapisseries, ny semblables magnificences : mais des langes, vne estable,vne creche : Hoc vobis signum, inuenietis infantem pannis inuolutum, & positum in præsepio, S. Bernard serm. 4. de natiuitate Domini, non sine certa ratione mysterij pannis Saluator obuoluitur, quando id manifestè in signum commendatur ab Angelo, hoc ait vobis signum. In signum positi sunt panni tui Domine Jesu, sed in signum cui à multis contradicitur, vsque hodie, multi enim vocati, sed non multi electi, & ideo nec signati. Agnosco certè, agnosco Iesum sacerdotem magnum, sordidis opertum vestibus dum altercaretur cum diabolo: exemplum autem dedit nobis, vt quemadmodum ipse fecit, & nos faciamus: vtilior si quidem in conflictu lorica ferrea, quam stola linea, licet oneri sit illa, hcæ honori. Ce n'est pas sans bonne raison que nostre Sau ueur est enueloppé de langes, puis que c'est le signe que l'Ange donne. Ah Seig-neur Iesus, vos langes sont signes, mais signes ausquels plusieurs contredisent maintenant, plusieurs sont appellez, & peu de choisis : peu qui portent vostre liurée. Ie reconnois, ie reconnois Iesus le grand prestre, couuert de vieux haillons, lors qu'il combat auec le diable : mais il nous a donné exemple, afin que nous faisons comme il a fait. Lors qu'on combat, vn habit de fer est plus vtile qu'vn de lin, quoy que l'vn charge, & l'autre honore & pare.
Indecent que les hommes se parent curieusement.
Seneque dit, epist. 51. qu'il ne faut pas attendre des grandes prouesses de ces ieunes muguets200, frisez, goffrez, parfumez enioliuez: in primo deficit puluere ille nitidus, & unctus, à la premiere allarme ces beaux messieurs perdent courage, & trouuent plus d'asseurance à leurs pieds, qu'à leurs mains, ny à leurs habits.
Cela est veritable, & c'est chose indecente de voir des hommes s'amuser à semblables folies, passer les heures entieres à se releuer la moustache, à se friser, & enioliuer, exercice indigne totalement de la generosité201 d'vn homme, ce n'est pas estre homme, c'est estre effeminé.
Sint procul à nobis inuenes, vt fœmina compti, dit vn Poete, arriere ces ieunes hommes parez comme des fillettes.
327
Mais il faut accorder quelque chose aux Dames, & principalement aux filles qui sont à marier, & qui se doieunt rendre agreables aux yeux des hom Folie des peres qui parent si curieusemẽt leurs filles. mes, pour trouuer bon party. C'est icy la folle persuasion des peres & meres, qui croient souuent que l'aduancement & le bon-heur de leurs fillesdependent de leurs habits, & de les faire voir à tous venans & allans, & de les exposer comme à vente : ainsi font les Parents, en la façon que descrit Tertullian, l. de habitu mulier202, c. 5. Breuissimis loculis patrimonium grande profertur, vno lino decies sestertium inseritur; saltus, & insulas tenera ceruix fert: graciles aurium cutes Kalendarium expendunt: & in sinistra per singulos digitos de saccis singulis ludit: dans des petites boistes, on met en ioyaux la meilleure part de tout son bien, vne enfilure de perles vaut vingt-cinq mille escus, on porte au col tout ce que peuuent valoir les bois & les isles : les pendans d'oreilles espuisent tout le reuenu tant des mois, que des ans : & les bagues des doigts vallent plus que les Ornemẽs de filles. sacs pleins d'or & d'argent : voila la sottise des peres & meres qui souuent s'appauurissent pour vendre leurs filles.
Mais c'est pour les faire voir & les marier, ouy les faire voir, escoutez le mesme Tertullian, lib. de velandis virginibus 203, c. 15. Omnis publicatio virginis bonæ, stupri passio est, quand vous faictes voir vostre fille, vous mettez son honneur au hazard : si elles paroissent, que ce soit auec les ornements de la modestie, de pudeur, de douceur, de silence, souuent ces beaux atours sont comme vn beau tapis de Turquie qui couure vn fumier puant : soubs ces atours, tant de passions desreglées : tant de cholere, d'impatience, de presomption, de vanité, de desobeyssance, &c. Les vierges folles auoient leurs lampes bien nettes & polies exterieurement, mais au dedans point d'huile, aussi n'eurentelles l'honneur d'entrer en la chambre des nopces : tant de petites folles qui sont commes des deesses à l'exterieur, pas vn grain de beauté, pas vne goutte d'huile de douceur & de misericorde au dedans : aussi souuent Dieu les priue de leur esperance, & les laisse sans maris, plusieurs les dedaignent, apprehendant qu'elles leurs cousteroient trop à entretenir braues.
La fille doit estre misericordieuse.
L'Escriture Saincte remarque que Rebecca vint à la fontaine puiser de l'eau, puis en donna au seruiteur d'Abraham, & à ses chameaux, & ainsi trouua vn bon mary, ce fut le moyen par lequel elle fut choisie espouse d'Isaac. Si vous voulez que vostre fille trouue vn bon mary, faites qu'elle puise de l'eau de deuotion dans la fontaine qui est Iesus Christ, qu'elle en donne au pauure necessiteux. Innupta virgo cogitat quæ Domini sunt, vt sit sancta: qu'elle pense à ce qui appartient au seruice de Dieu, à ce qu'elle soit saincte. Ce qui esleua Ester à l'honneur d'estre espouse du Roy Assuerus ne furent pas ces atours, car l'escriture remarque que, non quæsiuit ornatum muliebrem, qu'elle les mesprisa, ce fut son humilité : ce qui fit repudier Vashti fut sa superbe.
Non, non, il faut auoir maintenant vne nouuelle Theologie, il faut immo 328 ler les filles à la vanité, aux yeux des ieunes hommes, à Venus, au Diable, pour les aduantager, pour les marier, immolauerunt filios suos, & filias suas Dæmonijs, faut les contraindre à se parer, & se faire voir quand elles ne voudroient pas, faut s'accommoder à la mode.
Punition de Prætextata pour auoir paré Eustochium.
Ie croy que vous n'ignorez pas l'histoire espouuantable de Prætextata, tres-noble Dame, rapporté par sainct Hierosme Epist. ad Lætam. Hymetius oncle d'Eustochium commanda à Prætextata sa femme de parer la petite Eustochium à la mode, de l'habiller pompeusement, luy releuer ses cheueux à la façon mondaine, contre la resolution de cette vierge, & de sa mere, elle le fit : mais la nuict elle vit vn Ange qui venoit à elle auec vne voix effroyable la menaçant, & luy disant quoy ! vous auez esté si hardie que de preferer le commandement de vostre mary à celuy de Iesus Christ : vous auez eu la hardiesse de mettre vos mains sacrileges sur la teste de cette vierge, espouse de Dieu ! sçachez qu'elles seicheront tout maintenant, afin que vos tourments & punition vous fassent voir la faute que vous auez commis : & d'icy à cinq mois vous serez abysmée en enfer : que si vous continuez en vostre crime, Dieu vous ostera, & vostre mary, & vos enfans. Tout cela arriua comme il Sentimẽt de Tho mas Mo-rus touchant la curiosité des filles. auoit esté predit, & la mort soudaine qui arriua à cette miserable Dame, fut signe de son impenitence. Sic vlciscitur Christus violatores templi sui, sic gemmas & pretiosa ornamenta defendit. Voila comme Dieu punit ceux qui violent son temple, voila comme il defend les pierreries, & ornemens pretieux, conclud S. Hierosme.
Vous contraignez vos filles de porter des habits plissez, bourrez, deschiquetez, chargez de pierreries, de chaines, elles portent des morts sur leurs testes, des ponts leuis attachez aux pieds, employent quasi la moitié de leur Le soin des peres doit estre de garder leurs filles. vie à se peigner & plastrer le visage. Si ce grand chancelier d'Angletere Thomas Morus viuoit encore il vous diroit ce qu'il dit vn iour à vne Damoiselle qui prenoit beaucoup de peine à adiancer ses cheueux pour faire paroistre son front plus hault, & se serroit pour paroistre moins grossiere : Madamoiselle Dieu vous fera grand tort s'il ne vous donne l'enfer pour cette grande peine que vous prenez. Il adiousta qu'il estoit tres-asseuré, que plusieurs prenoient beaucoup de peine pour se damner, qui pourroient gaigner le ciel auec la moitié d'autant de peine.
Vous auez tant de soin de faire voir vos filles, vostre plus grand soin deuroit estre de les bien garder, car comme dit Le Sage Ecli. 26. Columnæ aureæ super bases argenteas & pedes firmi, super plantas stabilis mulieris. Tout ainsi qu'il n'y a rien de plus beau que des colomnes d'or sur des bases Peincture d'vne fille qui ne vaut rien. d'argent, rien de plus riche ny de plus solide : ainsi rien de plus beau, ny de plus pretieux, qu'vne femme graue & modeste, & qui se contient en la maison. Voulez-vous voir la peincture d'vne fille ou femme qui ne vaut rien ? 329 Elle est d'vn excellent peinctre, c'est Salomon Prouerb. 7. Mulier ornatu meretricio præparata ad capiendas animas, garrula & vaga, quietis impatiens, nec valens in domo consistere pedibus suis. Bien parée pour attraper les ames, vne caquetiere, vagabonde, inquiete, ne pouuant se tenir à la maison. Ou comme dit S. Paul I. ad Timoth. 5. Otiosæ discunt circuire domos, oiseuses, qui ne sauent autre mestier que de trotter de maison en maison, & de place en place.
C'est vn bon dost à vne fille que la retenue.
L'Espouse au Cantique 8. estant desja mariée, estoit en peine de sa sœur qui ne l'estoit pas encore, & disoit soror nostra paruula est, & vbera non habet, quid faciemus sorori nostræ in die quando alloquenda est? nostre sœur est encore petite, elle n'a point de mammelles, que ferons nous d'elle, lors qu'il faudra luy parler ? comment la marierons-nous ? quelle dost luy donnerons nous ? voicy ce que respond l'Espoux, si murus est ædificemus super cum propugnacula argentea, c'est à dire, tenons la bien fermée dans la maison, entre quatre murailles, que si les murs sont fendus, ou se ruynent, faut les reparer de peur qu'on ne la voye, & quand il faudroit boucher les trous auec de l'argent, & faire grande despence, ne faut rien espargner : si ostium est compingamus illud tabulis cedrinis: si la porte a des fentes par lesquelles elle puisse parler, ou estre veue, faut les boucher, quand il faudroit le faire auec du bois de cedre. Voila le meilleur dost que nous sçaurions luy preparer, elle ne manquera pas d'honneste recherche lors qu'on sçaura qu'elle est honneste & bien gardée. Ces paroles sont les paroles de l'Espoux auquel l'Epouse respond, Ego munus, & ubera mea turris ex quo facta sum corum eo pacem reperiens. Vous auez raison, quant à moy i'ay esté estroittement gardée, estant fille, & i'ay eu l'honneur d'espouser vn si grand Roy. O le bon dost, que la retenue & modestie d'vne fille !
Comme la vertu des filles les rend aimables.
S. Iean Damascene en l'histoire de Barlaam & de Iosaphat, confirme ce que dessus par vne belle histoire ou parabole. Vn homme fort riche voulant marier son fils, luy chercha vne fille tres-belle, tres noble, & tresriche, mais le ieune homme n'ayant point d'affection pour elle (peut estre manquoit-elle au principal, sçauoir d'estre vertueuse & sage) se desroba de la maison de son pere, plustot que de l'espouser contre son gré : comme il alloit par pays vn iour qu'il faisoit grand chaud, il s'arresta proche de la maison d'vne bon homme de village, iusques à ce que la chaleur fust passée. Ce bon homme auoit vne fille vnique, laquelle estoit au deuant de la maison trauaillant, chantant & louant Dieu, & luy rendant mille actions de grace. Le ieune homme prenoit vn singulier plaisir à l'entendre, & apres l'auoir entendu bien long-temps, luy dit m'amie ie m'estonne de tant d'actions de graces que vous rendez, mais dictes-moy, ie vous prie, à qui ? & pourquoy ? ie n'en vois pas grand subiect : puis que vous estes pauure, & fille 330 d'vn pauure homme. Lors la fille luy respondit auec vne modestie Angelique, & vne pudeur Archangelique : Monsieur, toute ainsi qu'vne petite medecine deliure quequefois de grandes maladies, de mesme les actions de graces pour des petits dons receus de Dieu, font souuent accroistre ses liberalitez : Il est vray que ie ne suis autre chose que fille d'vn pauure vieillard, ie ne laisse pourtant de rendre grace à Dieu pour ces petits biens qu'il m'a fait, sur l'asseurance que i'ay que celuy qui m'a donné ce peu, me peut donner beaucoup : mais à vray dire, ces choses exterieures ne sont proprement nostres, qui souuent nous nuisent, & sont communes aux bons & aux meschans; & qui nous seront rauies par la mort, & que veuillions ou non, il faut enfin quiter. I'ay receu des beaucoup plus grands biens que ceux-là, comme que Dieu m'a fait à son image, qu'il m'a doué de raison; m'a fait Chrestienne, m'a donné la connoissance de soy-mesme, m'a creée capable de sa grace, & de sa gloire : voila le subject de mes actions de grace.
Le ieune Seigneur rauy de la sagesse & prudence de cette fille, pria le bon vieillard son pere de la luy donner pour espouse, disant que sa sagesse luy auoit rauy le cœur, & son affection; mais le bon vieillard tout estonné de cette demande, Quoy, dit-il, mon bon Monsieur, ma fille ! vous qui estes vn grand Monsieur, & ma fille vne paure villageoise : vous qui estes fort riche, & elle qui n'a rien, vostre espouse ! vous vous mocquez de moy & d'elle. Non deâ, dit ce ieune Seigneur, ie parle à bon escient, elle est assez noble estant si sage, assez riche estant si bien instruitte & si deuote, c'est sa pieté & sagesse que ie recherche. Allez Monsieur, luy dit le bon vieillard, passez vostre chemin, ie n'ay garde de vous donner ma fille, ie n'ay qu'elle, elle est toute ma consolation, & tout mon appuy, quand vous l'auriez espousé, vous la meneriez dans les grandes villes, vous en seriez vne grande Dame, & vous me lairiez tout seul, dans ma pauure maisonnette. Non dit le ieune homme, ie vous iure sur ma foy, que si vous me la donnez, ie demeureray auec vous, & m'accommoderay à vostre façon de vie : aussi tost il quita ses habits pompeux, prit vn meschant hocqueton du bon vieillard, se mit à trauailler auec luy : le bon vieillard luy fit faire comme vn nouitiat, esprouua sa constance, & la syncerité de son affection, & connoissant que ce qu'il en faisoit n'estoit pas ny par legereté de ieunesse, ny par aueuglement d'amourettes; mais qu'il faisoit plus d'estat de la sagesse, modestie, pieté, bonne nourriture, que des pompes, des richessses, & de la noblesse, prit le ieune homme par la main, le mene en vne arriere chambre, luy fit voir des grands tresors, & luy dit Monsieur, voila le dost de ma fille, que ie vous donne, & tout ce que i'ay & enfin il se trouua le plus riche de toute cette contrée. O le riche & pretieux dost que la vertu !
331
Si les filles vouloient, outre qu'elles se rendroient recommandables par leurs vertus, & trouueroient des tres-bons partis elles reformeroient les Ludouicus viues. ieunes hommes : on raconte d'vne certaine ville qu'estant fort desbauchée elle fut reformée par le moyen des filles : elles s'adonnerent à bon escient à la vertu, mespriserent tous ceux qui les recherchoient en mariage, s'ils Des filles qui reformerent v-ne ville. n'estoient deuots & modestes, ce qui fut vn moyen tres-puissant pour extirper le vice, & establlir le royaume de la vertu, de sorte qu'en peu de temps on vit la ville toute renouuellée, ô que pleut-il à Dieu qu'on vit cette saincte coniuration en plusieurs villes ! on n'y verroit pas tant de pauures trompez & trompées, nous ne ressentirions pas tant de verges du ciel que souuent Dieu enuoye pour punition du luxe, & pour chastier les dissolutions de la ieunesse, &les curiositez & vanitez des Dames.
Dieu appaisé par les habits rudes.
Le moyen par lequel ie trouue que Diue a esté souuent appaisé, a esté tout contraire à celuy dont nos Dames se seruent maintenant, Exod. 22. le peuple au desert ayant commis ce peché que Moyse appelle maximum, tres grand; adorant le veau d'or, & voyant Dieu courroucé, & foudroyant ses menaces, luxit, & nullus ex more indutus est cultu suo, prit des habits de deuil, quita toute pompe & ornement. Au 3. des Roys 21. Dieu porte sentence de mort contre l'impie Achab, il se couure d'vn cilice, saupoudre sa teste de cendres, & Dieu modere sa sentence. Le pauure qui veut obtenir quelque aumosne, n'a garde de paroistre dans la piaffe204, il se reueste de drilles, monstre ses playes; & vous obtiendrez la misericorde de Dieu de laquelle vous auez si grand besoin pour vos desbordemens ! paroissant deuant luy plein de faste ! Voyez comme les Niniuites obtiennent la misericorde de Dieu, & font casser l'arrest de condamnation fulminé contre eux, c'est quitans la soye & la pourpre, endossant les sacs, se couurans de cendres, voire mesme le Roy.
On ne pouuoit s'approcher du Roy de Perse qu'estant habillé pompeusement.
Nostre Seigneur dit que ceux qui s'habillent pompeusement & mollement sont aux cours des Roys : il est bien vray que ceux qui vouloient s'approcher du Roy de Perse, ne le pouuoient faire qu'estans habillez pompeusement, mais Daniel a bien vn autre sentiment du Roy du ciel duquel voulant s'approcher, ne le fait sinon in ieiunijs, sacco, & cinere, auec le ieusne, le sac, & les cendres, & c'est par ces moyens qu'il obtient la deliurance de son peuple, Daniel 9. C'est par le mesme moyen qu'Esther obtient le pardon de son peuple, cum deposuisset vestes regias, fletibus & luctui apta vestimenta suscepit, cinere & stercore impleuit caput, & corpus suum humiliauit ieiunijs: Esther 14. ayant mis bas les habits royaux, elle prit des habits de penitente & de deuil, jetta des cendres & de l'ordure sur sa teste, & dompta son corps par jeusnes.
332
Ce sont ces armes desquelles se fortifie Iudith voulant entreprendre la deliurance de ceux de Bethulie, Iudith 4. & Iosué voulant appai ser la iustice de Dieu, & obtenir son assistance & faueur contre ses enne-mys, Iosué 7. Si nous ne voulons appaiser le ciel par des habits de peni tens, au moins cessons de le prouoquer à la continuation de ses cour-roux par nos habits de courtisanes, mais de vanité, mais d'arrogance, mais d'ambition, mais de prostitution.
Pour conlucsion de tout ce Traité ie diray auec Le Sage, Eccli. 26. mulieris bonæ beatus vir, bien-heureux l'homme qui a rencontré vne bonne femme : il ne dit pas vne belle femme, puis qu'Eue estoit belle, & cependant elle n'a pas laissé d'estre cause du mal-heur de son mary, de le trahir & couper la gorge à tous ses enfans : il ne dit pas cajoleuse & flateuse : Dalila l'estoit, elle a cependant rendu Samson mal-heureux, le faisant le jouet de ses ennemys, & le liurant à la mort. Il ne dit non plus affetée, puis que Bersabée auec ses affectations & attraits a perdu Dauid le Sainct, & l'a quasi damné : quoy donc ! riche ? Helas Iezabel riche a esté cause de l'infortune du Roy Achab son mary. Ouy, ouy, mulieris bonæ beatus vir. Heureux le mary qui a trouué vne bonne femme. Que ce mot emporte beaucoup : bonne, craignante Dieu, douce, accorte, debonnaire, misericordieuse, modeste, saincte, diligente, patiente, obeyssante, mesnagere, prudente, vigilante. Mais mulierem fortem quis inueniet? où la trouuerez vous ? voicy l'endroit où vous la trouuerez, domus & diuitiæ dantur à parentibus à Domino autem propiè vxor prudens, Prouerb. 20. ce sont les peres & meres qui donnent les maisons, & les richesses, mais c'est de Dieu qu'il faut attendre vne bonne femme, & partant c'est à luy qu'il faut auoir recours, non aux yeux, non à la passion, non aux richesses, non aux habits, non aux charmes, & choses semblables.
Vignette orné.
333

Filet cadre, rayé. De l'amour de la femme enuers son mary. CHAPITRE XVIII.

L'amour enjoinct principalement au mary.
QVoy que l'amour semble laissé à l'homme par ordonnance diuine portée dedans les Escritures sainctes en plusieurs endroits, & nommément aux Ephes. 5. Viri diligite vxores vestras, marys aimez vos femmes, aux Coloss. 3. & ailleurs, sans faire mention de la premiere institution du mariage, propter quod relinquet homo patrem & matrem, & adhærebit vxori suæ, & erunt duo in carne vna, l'homme quitera pere & mere pour demeurer auec sa femme, & seront deux en vne chair : ce qui ne peut estre selon Dieu, & conformement à sa volonté & ordonnance sans que le mary aime sa femme.
L'obeyssance propre à la femme.
Quoy que l'obeyssance est comme la tasche de la femme, mulieres viris suis subditæ sint, que les femmes soient subjectes & obeyssantes à leurs marys Ephes.. 5. Mulieres subditæ estote viris, Coloss. 3. qui sont ordonnances confirmatiues de celle qui a esté promulgée immediatement de Dieu, Gen. 3. Sub viri potestate eris, & ipse dominabitur tui. Tu seras souz le pouuoir de ton mary, il te commandera. Quoy qu'en en suite de cette obeyssance la femme soit obligée de craindre son mary, suiuant le commandement de Dieu publié par S. Paul, Ephes. 5. Vxor timeat virum suum. Ce que S. Hierosme explique de la reuerence & honneur. Toutefois la femme ne doit pas penser qu'elle soit exempte de la loy d'amour enuers son mary.
L'obeyssance que la femme doit à son mary par ordonnance diuine n'est pas vne obeyssance d'esclaue, mais de compagne, vne subiection raisonnable, du moins parfait, au plus parfait : comme à celuy qui la doit gouuerner, & qui à cet effect est doué de plus grande prudence. Cette crainte n'est pas vne crainte feruile, mais coniugale, vne reuerence & respect social; & qui ne voit que ny telle obeyssance, ny telle crainte ne peuuent subsister sans amour ? cause pourquoy le mesme S. Paul ad Titum205 2. commande à Titus d'exhorter les femmes d'aimer leurs marys, vt vires suos ament.
Les raisons par lesquelles i'ay prouué que le mary est obligé d'aimer sa femme, au chap. 6. du second liure, prouuent pareillement que la femme est obligée d'aimer son mary : elle y a encore cette obligation particuliere, 334 que le mary est son chef, obligé de la conduire, & en cette qualité de chef d'influer à son gouuernement, & partant la femme est obligée de l'aimer comme son chef & partie principale : & d'autant plus que l'vnion qu'ils ont par ensemble estant vne vnion toute d'amour, elle ne peut subsitster sans amour reciproque. Ie m'en vay monstrer quelques conditions que doit auoir cet amour.
L'amour doit rendre la femme conforme à son mary.
I'ay dit parlant de l'amour du mary enuers sa femme, que Salomon compare le mary au cerf, & la femme à la biche, cerua gratissima, la biche est vn animal docile, amiable, facile à appriuoiser, & estant appriuoisée fort agrea ble. L'amour de la femme se doit faire paroistre enuers son mary en sa do-cilité, suauité, bonté, submission, comme vne biche s'accommodant aux humeurs de son mary : l'Espoux celeste Cant. 8. dit à son Espouse, pone me vt signaculum super cor tuum, vt signaculum super brachium tuum, quia fortis vt mors dilectio, imaginez vous que ie suis vn cachet, & que vous estes vne cire molle, & partant mettez moy sur vostre cœur, & sur vostre bras, imprimez moy principalement sur ces deux parties, afin que vous soyez ma viue image, & vn autre moy-mesme, que vous me ressembliez en amour, en vie, en tout, comme la chose scellée ressemble le cachet, & cela ne vous sera pas fort difficile à faire si vous m'aimez, puis que l'amour est fort comme la mort, & l'amour seruira de presse pour imprimer cette figure en vostre bras, & en vostre cœur.
Liuia femme d'Auguste ne patissoit que trop de son mary qui estoit assez Amour de Liuia enuers Auguste son mary & sa prudence. libertin, addonée à ses plaisirs, entretenoit mesme aucunes des Damoiselles de sa femme, de quoy elle se doutoit bien. Il estoit austere, fascheux, & rebarbatif, tout le monde connoissoit ses humeurs, & compatissoit à cette pauure Emperiere, qui n'auoit que trop de subject d'exercer la patience, & de rafiner ses vertus. On fut tout estonné qu'on vit l'Empereur deuenu tout modeste, retenu, doux comme vn agneau, esloigné de tout amour des Dio in Tiberio206. ordonné & estranger. On demanda à l'Emperiere comme elle l'auoit peu ainsi gaigner : c'a esté, dit-elle, par ma douceur, modestie, & patience, & quoy que ie me sois assez apperceue des entretiens qu'il auoit au preiudice de la fidelité qu'il me deuoit, i'ay dissimulé lors, n'y pouuant remedier de force; ie n'ay iamais diminué d'vn poinct l'amour que ie luy deuois, & par mon amour, i'ay gaigné le sien. Si vne Payenne a eu ce pouuoir, n'ayant autre assi stance que la raison : que ne sera, mais que ne doit faire vne Dame Chrestien- ne se seruant de la grace que Dieu est prest de luy donner, si elle veut s'en ren-dre digne, & y cooperer ?
La femme comparée à la biche.
La biche a vne antipathie contre les serpens & leurs fait vne furieuse chasse : la femme de bien doit faire paroistre son amour enuers son mary, comme la biche par son antipatie &incompatibilité auec ces serpenteaux 335 qui voudroient infecter de leur maudict venin la pureté de ses mœurs, & ternir le lustre de son honneur, & corrompre la fidelité qu'elle doit à son mary.
La biche a un soin particulier par dessus beaucoup d'autres animaux de la nourriture de ses faons, aussi doit auoir la femme de ses enfans, pour l'a mour de son mary, puis qu'ils luy appartiennent & à elle par indiuis, & prin-cipalement pour Dieu.
La biche n'a point de fiel, aussi ne doit auoir la femme enuers son mary : les anciens ne permettoient pas qu'aux banquets qu'on faisoit à Iuno qu'ils croioient presider au mariage, il y eust du fiel. Point de fiel en ce Sacrement d'amour, s'il y en a il doit estre contre ceux qui voudroient attenter contre la syncerité de l'amour que la femme porte à son mary : c'est là qu'elle doit monstrer son fiel & sa cholere, c'est là qu'il ne faut point parlementer ny proceder auec douceur, il faut estre non biche, mais vne lionnesse.
La biche est fort chaste & fidelle à son masle, aussi doit estre la femme à son mary, si elle l'aime d'vn vray amour, & n'auoir autre soin que de luy complaire, autre object de ses affections que luy. La femme de Phocion appelloit son mary ses richesses, ses ioyaux & parures, & disoit n'auoir autre tresor que luy. Le mary doit estre le tresor de la femme de bien & d'honneur.
Amour de la femme de Tygranes.
Il faut que ie propose icy à nos Dames Chrestiennes les miroir d'vn vray amour, & d'vne vraye espouse. C'est la femme de Tygranes Roy d'Armenie. Le mal-heur leurs en ayant voulu iusques là que d'estre faits captifs de Cyrus Roy de Perse, Cyrus demandant vn iour à Tygranes quelle rançon il donneroit volontiers pour la dilurance de la Reyne sa femme, il respondit, ie n'ay rien plus digne de ses merites, & de l'amour que ie luy porte, que moy-mesme, & ma vie, que ie donneray tres librement, & de tres bon cœur pour sa liberté. Cyrus esmeu de la syncerité de cette de tres bon affection les renuoya à leur Royaume, où estant venus Tygranes demanda à sa femme si elle n'auoit pas admiré la magnificence du palais de Cyrus, mais sur tout la maiesté & beauté du Roy. Quoy, dit-elle, auoir eu autre object de ma veuë qu'vn si amoureux mary, qui preferoit ma liberté à sa captiuité, & ma vie à sa mort ! ie iure & proteste par tous les Dieux viuans, que ie n'ay veu la magnificence du palais de Cyrus, encore moins son visage & sa beauté, n'ayant iamais destourné mes yeux de dessus la face de celuy qui est l'vnique object de toutes mes amours & curiositez. Elle n'estoit pas comme ces biches esgarées, qui ont tousiours leurs yeux aux champs, & font assez connoistre par la legereté de leur regard, que leur cœur n'est gueres arresté à l'affection de leur mary.
336 La mauuaise femme comparée au serpent.
Il y a des femmes qui ne sont pas des biches amoureuses, douces & docilles, mais des lionesses, & des dragons, c'est apres Le Sage Eccli. 25. que ie parle, commorari leoni & draconi placebit, quam habitare cum muliere nequam. Pourquoy ces comparaisons, certes non sans cause. I. tout ainsi que le ser pent ramasse tout son venin dans la bouche, afin que trouuant la commodi-té il le vomisse tout d'vn coup, & tue : ainsi la mauuaise femme, se sentant inferieure en forces à son mary, ramasse toute sa cholere à l'interieur de son cœur, pour l'espancher tout d'vn coup sur son mary, & la perdre.
2. Le serpent siffle, & puis nuit, ainsi souuent la mauuaise femme chante & flatte pour mieux donner son coup.
3. Le serpent fait paroistre sa furie, & sa rage en sifflant, la mauuaise femme plus maligne que le serpent, la cache souz le masque d'vne amitié feinte, & partant dit Le Sage vaut mieux demeurer auec vn lion ou vn serpent qu'auec vne meschante femme. Le dragon & le lion ne nuisent qu'au corps, la meschante femme au corps & à l'ame. Le lion & le dragon font la guerre ou uertement, la meschante femme en cachette. Le lion & le dragon s'appriuoi-sent par industrie, la meschante femme ne se peut appriuoiser, ains auec le temps deuient tousiours plus cruelle. Le lion & le serpent sont mourir bien tost & d'vne mort courte, la mauuaise femme d'vne mort longue & ennuyeuse.
Enfin la mauuaise femme est vn dragon par sa cholere, dragon par ses finesses, rages, surprises, par ses iniures iournalieres, contre vn pauure mary, par sa superbe voulant estre braue : & estant subçonneuse, & jalouse.
Quel furieux dragon que la femme de Iob, escoutez ses sifflets enuenimez : adhuc tu permanes in simplicitate tua benedic Deo & morere, que tu es niais, ne vois tu pas bien comme Dieu te traitte auec toute rigueur, vne bonne malediction contre Dieu & le ciel qui te sont si cruels, & puis la mort.
La mauuaise femme est vn dragon, vn lion, qui veut tout faire selon sa volonté, commander au mary, qui luy fait des continuelles reproches de ses richesses, noblesse, beauté, esprit : dragon, le poussant à vengeance, larcin, rapine, meurtre, comme la maudite Iezabel. Tout cela est bien esloigné de l'amour que Dieu demande d'vne femme enuers son mary, qui ne peut con sister qu'auec vn respect, souplesse, docilité, douceur, modestie, debonnai-reté, humilité, soubmission, patience, à l'exemple de S. Monique mere de Modestie de saincte Monique. S. Augustin, laquelle quoy qu'elle eust vn mauuais mary qui la traittoit fort rudement, & que se trouuant à la compagnie des autres Dames qui racontoient chacune ce qu'elle souffroit du sien, iamais on ne luy entendit faire vn mot de plainte, jaçoit qu'elle eust le pire de toutes, imitez cette prudence, patience, & constance.
337 La femme doit auoir vne mesme volonté auec son mary.
Si l'amour consiste en l'vnion des volontez, c'est chose manifeste que la femme ne peut auoir vn vray amour pour son mary, qu'en se maintenant en cette vnion par vne humble subiection, conspirant à tous les bons desirs, & sainctes intentions de son mary: taschant que comme ils ne sont qu'vne chair, aussi ne soient-ils qu'vne ame, & n'ayent qu'vne volonté.
I'ay conneu vn certain bon frippon qui vint vn iour trouuer vne grande Dame, sage, & à laquelle on auoit recours comme à vn oracle, tant elle Plaisante histoire d'vn qui auoit la mesme volonté que sa femme & ne pouuoient s'accorder. estoit en reputation pour sa prudence, & bon conseil : ce galland207 commença à faire le triste & l'affligé, se plaignant que depuis trente ans qu'il estoit marié, iamais il n'auoit eu vne heure de paix, n'y de syncere amitié auec sa femme, & ce qui l'estonnoit le plus, estoit que ce qu'il vouloit, sa femme vouloit, ayant tous deux la mesme volonté : que ce mal-heur l'amenoit aupres de cette Dame pour voir si sa prudence y trouueroit quelque remede. Cette Dame demeura fort estonnée, ne saçhant quasi que dire là dessus. Enfin elle luy demanda s'ils seruoient bien Dieu, s'ils se confessoient souuent ? Il dit qu'oüy, qu'au reste ils faisoient le deuoir de vrays Chrestiens : S'ils n'estoient point addonnez à quelque vice notable ? dit que non, & plusieurs choses semblables, & estant toute songeante & ne sçachant quel remede donner à ce bon compagnon : il prit la parole, & dit, Madame ce qui deuroit estre la cause de nostre bon-heur, & d'vne paix & amour mutuel, est la cause de nostre mal-heur, & discorde. Ce que l'vn veut l'autre veut : nous n'auons qu'vne mesme volonté, mais non comme vous l'entendez, c'est que moy & ma femme voulons estre maistre tous deux : nous auons la mesme volonté tous deux, or il ne faut qu'vn maistre en vne maison, voyla la raison de nos discordes.
Il est tres-vray, c'est la riason que le mary soit maistre, mais la femme n'est pas seruante, elle doit estre maistresse auec l'humilité & subiection que son sexe demande, que chacun se maintienne dans son rang. Et dans l'ordre que Dieu & la nautre ont estably, & ce sera le moyen de maintenir la paix & bon ne intelligence, & d'auoir en ce monde quelque auant-goust du parfaict con-tentement qu'on espere en l'autre.
L'amour se fait paroistre par les œuures.
S. Iean 1.3. nous enseigne que l'amour ne consiste pas aux paroles, & ne reside pas au bout des leures, mais aux œuures & aux mains, non diligitur verbo & lingua, sed opere & veritate. Iehu ayant rencontré Ionadab 4. Reg. 10. luy dit, Nunquid est cor tuum rectum, sicut cor meum, cum cordre tuo? auez-vous autant de bonne volonté pour moy, comme i'en ay pour vous ? Est, respondit Ionadab, ouy. Iehu ne se contenta pas de cela, mais repliqua, si est, da manum tuam: s'il est vray, donnez-moy la main : il ne pouuoit luy demander tesmoignage plus authentique de l'affection qu'il disoit auoir au cœur pour luy, que la main, c'est à dire les œuures : car tout ainsi que les medecins connoissent l'affection & disposition du cœur par le mouuement du pouls, à cause de la grande 338 correspondance qui est entre le cœur & le poulce, de mesme on connoit l'amour du cœur par le mouuement des mains qui sont les œuures.
Ce n'est donc pas assez que la femme dise qu'elle aime son mary, elle doit faire paroistre son amour par ses mains, par ses œuures, l'assistant, le seruant, le secourant en ses necessitez, puis qu'elle luy est donnée pour aide, & que l'amour cesse d'estre amour, lors qu'il est oysif, ayant trouué l'occasion de trauailler.
Amour rare d'vne reyne d'Angleterre enuers son mary.
Rodericus Santius, historiæ Hispanicæ part. I. cap. 4. me fournit vne histoire de cet amour effectif, laquelle est d'autant plus celebre, que les personnes ausquelles elle est arriuée sont plus illustres : Edouard premier né du Roy d'Angletere, estant allé au Sainct Sepulchre de nostre Seigneur en Hierusalem, receut en chemin vn coup d'espée enuenimé, par vn Maure traistre : les medecins y employerent toute leur industrie sans aucun soulangement : il retourna en Angleterre desesperé de sa santé, & de la vie, n'attendant que la mort : sa femme qui estoit fille d'Espagne trouua vne nouuelle medecine pleine d'amour, parmy les recipé & inuentions de l'amour, qui fut de succer tous les iours elle-mesme la playe de son mary, & d'en tirer de sa bouche amoureuse le venin; & quoy que les medecins l'eussent aduerty qu'elle ne le pouuoit faire sans mourir, l'amour toutefois vainquit la mort : elle tira tout le poison de la playe, sauua la vie à son mary, sans qu'elle en eceust aucune incommodité, Dieu recompensant, comme il est croyable, cet amour extraordinaire, cette fidelité inouye miraculeusement. Il se trouue encore auiourd'huy des femmes en toute condition, sincerement amoureuses de leurs marys, & lesquelles en semblables rencontres seroient prestes de faire paroistre leur amour par des semblables effects.
L'amour de la femme peut auoir de l'excez.
Tout ainsi comme i'ay dit parlant de l'amour du mary enuers sa femme, que l'amour du mary peut auoir de l'excez, aussi peut celuy de la femme.
C'est vn excés d'amour, lors que la femme pour complaire à son mary, ou transportée de son amour, manque à l'amour qu'elle doit à Dieu, ne se souuenant pas qu'elle doit hayr pere, mere, mary, enfans pour Dieu, c'est à dire leurs desplaire, les quiter, & abandonner plustot que de manquer à vn seul point de l'amour & seruice de Dieu, & qu'il n'y a amour, ny authorité de ma ry qui soit suffisant pour la dispenser de l'amour qu'elle doit à Dieu, à com-paraison duquel elle doit mespriser toute autre amour, voire soy-mesme.
C'est vn excés d'amour, lors que les femmes sont tellement attachées à Exces des femmes de Cyanippus, & d'Æmilius. leurs marys, qu'elles n'en peuuent perdre la presence, comme on raconte de la femme de Cyanippus, & d'Æmilius Sybaritain208. Ils estoient tous deux fort addonnez à la chasse, & estans vn iour allez au bois, quoy qu'en diuers temps & lieux, leurs femmes les suiuirent de loing, & en cachettes, lesquelles s'estans mussées parmy les buissons, comme elles menerent quelque bruit, les 339 chiens y accoururent qui les deschirerent, & les firent mourir auant que leurs marys se fussent pris garde que c'estoient leurs femmes : dequoy puis apres les marys s'estans apperceu se firent mourir eux-mesmes, pour ne suruiure à leurs femmes mortes par vn suneste accident. Il y eu de l'excés en ces amours, & du costé des femmes trop attachées à leurs marys, & du costé des marys trop passionnez de la mort de leurs femmes. Fulgosius209 li. 4. c. 6. Il n'y en a que trop de semblables.
C'est vn excés d'amour à vne femme lors qu'elle se rend inconsolable à la perte de son mary, comme Artemisia Reyne de Carie, laquelle se voyant priuée de Mausole son mary, qu'elle aymoit vniquement, en conceut vne Amour d'Artemisia enuers son mary. tristesse qui n'admettoit aucune consolation. Enfin pour se consoler aucunement en son malheur, elle proposa des pris aux plus excellens Orateurs & Poetes, qui voudroient haranguer en faueur du trespassé. Cela ne fut pas capable de la consoler, elle fit donc eriger deux des plus superbes monumens qui furent iamais, mais où elle pensoit trouuer sa consolation, elle trouua l'accroissement de sa tristesse, d'autant que ces superbes bastiments luy seruoient d'vn continuel memorial de ce qu'elle auoit perdu, & par consequent d'vne augmentation de douleurs. L'amour luy fournit vne autre inuention qui fut de prendre les cendres du corps de son mary, les mesler auec ce qu'- elle beuuoit, pour se reunir par ce moyen auec celuy dont la mort l'auoit separée : ce qui toutefois n'appaisa pas sa tristesse, se laissant tellement saisir par les regrets, qu'elle viuoit, ou mouroit plustot en continuels gemissemens, & acheua bientost de mourir toute seiche210, & languissante d'amour, & de tristesse. Valerius Maximus. Il y a de l'excés en cet amour.
C'est encore vn plus grand excez lors qu'elles se font mourir, n'ayant pas le courage de supporter la perte de ce qu'elles aymoient, ny la force de sur Femmes qui se fõt mourir par trop d'amour. uiure : c'est vne barbarie qui a esté tenue parmy les payens pour grandeur de courage, & pour tesmoignage d'vn amour fidele, comme de Panthea, femme d'Abradata, laquelle se ietta sur le bucher de son mary qui auoit esté tué combattant en l'armée de Cyrus contre les Babyloniens, & s'y fit mourir, Fulgosius211. Comme Phila femme du Roy Demetrius, laquelle sçachant que son mary auoit esté surmonté en bataille, & priué de ses royaumes, eut tant de desplaisirs de le voir destitué de ses couronnes, que par vne violence d'amour qu'elle auoit pour luy, elle s'empoisonna. Fulgosius212. Comme de Paulina femme de Seneque, laquelle voyant que Neron faisoit mourir son mary, & qu'il auoit choisy de mourir se faisant ouurir les veines dans vn bain, elle en fit tout de mesme ne voulant luy suruiure, quoy qu'on luy arresta le sang apres en auoir perdu quantité, ce qui la rendit palle le reste de ses iours, & luy fit porter toute sa vie en la face des marques de son affection. Fulgosius. L'antiquité en a veu tout plein de semblables, & d'autant plus qu'on a tenu 340 cela pour vne grandeur de courage, & pour tesmoignage d'vn vray amour, qui doit esre estimé des Chrestiens pour foiblesse, pour vn desespoir, & pour vne cruelle barbarie. Voyez Fulgosius, lib. 4. cap. 6. où il rapporte d'autres exemples semblables aux precedens.
Il faut que la femme sage puisse dire auec verité ce que dit l'espouse mystique, Cant 2. ordinauit in me charitatem, Dieu a ordonné & reiglé mon amour. S. Denys de diuinis nominibus213, c. 4. dit que l'amour de Dieu a quatre degrez : & puis que l'amour de Dieu doit estre la reigle de tout autre amour, & qu'à luy se doit rapporter tout autre amour comme au principe & à la fin de tout amour, ie diray que l'amour de la femme enuers son mary doit auoir les mesmes degrez auec proportion.
Le premier degré d'amour est, facere vnionem, vnir : la femme sage doit estre vnie auec son mary, non seulement par l'vnion d'vne mesme chair, mais par l'vnion d'amour, ou d'esprit.
Le second degré d'amour est, mutua inhæsio, vne reciprocation d'amour, par laquelle on se procure mutuellement toute sorte de seruice & d'assistance. Qu'elle dise donc auec l'espouse mystique, dilectus meus mihi, & ego illi, mon espoux est tout à moy, & moy tout à luy.
Le troisieme, vne pensée continuelle de son bien aymé, mesmes desseins que luy, mesmes affections, mesmes entreprises.
Le quatrieme est l'extase. Extasim facit diuinus amor, dit S. Denys214, amatores suo statu dimouet, & sui iuris esse non sinit, sed in ea quæ amant penitus transfert. L'amour diuin exstasie celuy qu'il possede, le fait oublier de soy-mesme, fait qu'il n'est pas à soy, mais tout à la chose qu'il ayme : parlant auec proportion de l'amour de la femme enuers son mary, si elle l'ayme parfaictement il faut qu'elle soit comme extasiée dans cet amour, s'oubliant de ses interests, mettant à part ses commoditez : voire qu'elle s'oublie de soy-mesme, ne soit plus à soy, mais tout à son mary, sans toutefois se laisser emporter à ces extases, non d'amour mais de folie, de desespoir & de rage, dont i'ay parlé : se souuenant que comme son amour n'est pas vray amour qu'entant qu'il procede du principe du vray amour, & se rapporte à la fin du vray amour, qui est Dieu, aussi pour estre parfait amour il doit estre ordonné, & reiglé suiuant les reigles du vray amour, qui est la raison, & la volonté diuine qui doit ordonner & reigler tout amour.
341 Bandeau, filet cadre rayé bordé de petites fleurs.

Des obligations des Peres & meres enuers leurs enfans. TRAITE' SECOND Filet cadre, rayé. De l'obligation particuliere des meres enuers les enfans. CHAPITRE I.

Lettrine fleurie, "C". Soin que la mere doit auoir de son enfant auant qu'il soit né.
COmme la nature oblige la mere de n'empescher ny la conce petion, ny la formation de l'enfant; aussi l'oblige-elle de pren- dre garde qu'elle ne luy nuise, & qu'elle n'en empesche l'heu-reuse naissance. Elle est pareillement obilgée de s'abstenir de ce qui pourroit nuire à son fruict, soit en son boire & man ger, soit en ses recreations, soit en son trauail, soit en ses af-flictions, ieusnes, abstinences, soit en quelque violente passion, comme de haine, de cholere, d'impatience, de tristesse, ou autre.
La mere ne peut procurer vn auortement.
Et cela est si veritable, que la mere ne peut procurer vn auortement, ny auant que le fruict soit animé, ny depuis qu'il est animé, non auant qu'il soit animé, car c'est contre nature, non depuis qu'il est animé, d'autant qu'il n'est loisible de tuer vn innocent, d'vne intention formelle & directe pour sauuer vn autre.
Si la mere peut prendre vne medecine au preiudice de sõ fruict.
Que si mere se trouuoit en danger de sa personne, & qu'il n'y eust point d'autre moyen pour luy sauuer la vie, qu'en luy donnant quelque medecine à dessein de luy sauuer la vie, cela se pourroit faire, quoy qu'on creust que l'auortement s'en deust ensuiure, au cas toutefois que l'enfant ne fust encore animé : car en cela elle vse du droict qu'elle a de chercher les remedes necessaires pour sa conseruation : son intention n'estant de procurer cet auortement quoy qu'il s'ensuiue de la prise de la medecine.
342
Or si l'enfant est desia animé elle ne peut prendre aucune medecine ordonnée pour la conseruation de sa vie, auec danger de l'enfant, quand il est probable que l'enfant pourroit naistre viuant, si elle ne prenoit cette medecine. La raison est que chacun est obligé de preferer le salut eternel d'autruy à sa vie corporelle, & l'exposer à cet effet : ainsi si la mere sçait que ne prenãt la medecine, l'enfant naistra capable de baptesme, elle est obligée de ne la prendre, quoy qu'auec euident danger de sa vie : que s'il est probable que ne prenant la medecine, & la mere, & l'enfant mouront tous deux; mais si elle la prent, qu'au moins la mere se sauuera la vie, en tel cas la mere peut prendre la medecine, & causer l'auortement de l'enfant desia animé, non toutefois directement, & d'vne intention formelle, mais son intention principale directe & formelle doit estre de se sauuer la vie.
Belle pratique que la mere ayant cõceu offre son fruict à Dieu.
C'est vne bonne & saincte pratique que la mere sentant qu'elle a conceu, offre son fruict à Dieu, & le recommande à son ange gardien, qui a soin de la mere & de l'enfant tandis que l'enfant demeure vny auec la mere; qu'elle se maintienne en la grace de Dieu, de peur que ses pechez ne soient cause de quelque aduanture qui arriue à l'enfant, & qu'elle oblige Dieu par ses vertus, & bonne vie d'estre d'autant plus liberal de ses graces & benedictions enuers l'ame qu'il creera pour vnir à ce petit corps.
Si auant que l'enfant soit né, la mere en doit auoir vn tel soin, la raison veut qu'il ne soit moindre depuis qu'il est né, & sur tout tant le pere que la mere doiuent estre soigneux de procurer la vie de la grace à l'enfant par le baptesme. C'est vn abus de differer le baptesme plusieurs iours d'autant que les enfans estans si tendrelets, on se met au hazard de les priuer de la gloire eternelle par mille accidens qui peuuent leurs arriuer.
Lauduna mere de S. Elzearius, offre son fils né à Dieu.
Ie voudrois que toutes les meres imitassent la Comtesse Lauduna mere de Sainct Elzearius, laquelle ayant enfanté ce sien premier né, dit ces paroles auec la plus grande ferueur & plus deuote tendresse qu'il luy fut possible. Monseigneur & mon Dieu, au commandement duquel toutes les creatures ont estre, ie vous rend grace pour ce filz que par vostre bonté vous m'auez donné, & vous prie en toute humilité que vous daignez l'accepter pour vostre seruiteur, & luy donner vostre benediction : que si vous connoissez qu'il doiue estre contraire à vostre saincte volon Tendresse de S. Elzearius pour les pauures à l'aage de trois ans. té, ie vous prie de le prendre aussi tost qu'il sera baptisé. Il vaut beaucoup mieux qu'il iouisse de vostre gloire innocent, & sans aucuns siens merites, que de viure en ce monde en vous offensant.
Cette offrande fut si aggreable à Dieu qu'en consideration d'icelle 343 il priuilegia cet enfant de grandes graces : entre autres, il auoit vne telle tendresse pour les pauures, qu'à l'aage de trois ans, lors qu'on le portoit hors du chasteau de son pere, s'il rencontroit des pauures à la porte, il n'y auoit moyen de le faire passer outre, mais pleuroit irremissiblement iusques à ce qu'on leurs auoit donné l'aumosne, & l'aumosne estant donnée, se laissoit porter où on vouloit. Surius in eius vita.
La mere doit allaicter son enfant.
La nature & la raison demandent que la mere, si faire se peut, allaicte son enfant, & c'est à cet effect que la nature donne des mammelles, & le laict aux meres : aussi voyons nous cela pratiqué, mesme des bestes, qui n'ont autre instinct que la nature qui leurs enseigne de nourrir leurs petits, auec tant de soin & d'amour.
Instinct de la brebis à reconnoistre sõ agneau.
S. Basile hom. 9. in hexamer. ne peut assez admirer l'instinct de la brebis à reconnoistre son agneau, entre milliasse d'autres tous semblables, & de l'agneau reconnoissant sa mere parmy tant d'autres, que le berger ne sçauroit distinguer l'vne de l'autre, pour leur grande ressemblance.
L'experience nous fait voir qu'il n'y a quasi animal si cruel, qui ne nourrisse ses petits. Sed & lamiæ nudauerunt mammam, lactauerunt catulos suos, Lament 4. les lamies allaictent leurs petits, & quoy qu'en toutes autres choses, plusieurs meres parmy les bestes soient fort cruelles, elles semblent toutefois s'estre despouillées de toute ferocité en allaictant leurs petits.
Les oyseaux, dont la nature n'a donné ny laict ny mammelles, cherchent Tendresse des oyseaux vers leurs poussins. auec tant de soin, de trauail, & peril, la petite prebende de leurs poussins; les couuent si tendrement, les eschauffent si amoureusement : & nous croirons que Dieu en aura exempté les femmes ? Dieu se plaint de celles qui ne le font, Lament. 4. Filia populi mei crudelis quasi struthio in deserto. Les filles de mon peuple sont cruelles comme l'austruche desnaturée qui abandonne ses petits. L'austruche se contente de pondre sans auoir soin de plus & plusieurs meres de mettre des enfans au monde sans plus.
Importe beaucoup que l'enfant soit nourry du laict de sa mere.
Il y en a qui croient que peu importe si la mere nourrit son enfant ou vne autre, en quoy ils se trompent lourdement. Il est notoire qu'il y a plus de proportion entre le laict de la mere, & entre l'enfant, qu'entre le laict d'vne nourrice : & que l'enfant estant accoustumé à estre nourry de la substance de sa mere, qu'il a tiré dans le ventre de sa mere, tirera plus profitablement la mesme substance des mammelles de sa mere, qu'vne substance & laict estranger.
Force de la nourriture.
L'experience enseigne que la nourriture est comme vne seconde nature, & que nourrissant vn agneau de laict de cheures, il aura la laine plus rude : au contraire, vn cheureau nourry de laict de brebis, l'a plus douce : & la 344 mesme experience monstre tous les iours qu'vne plante qui estoit belle, viue, vigoureuse en vn sol, se flestrit, seiche, & enfin meurt en vn autre.
Les meres qui ne nourrissent leurs enfans sont demy meres.
Aulus Gellius appelle ces meres qui ne nourissent leurs enfants, demy meres, dimidiatum matrum genus, & adiouste, par adoxum est aluisse sanguine in vtero id quod non videbant, non alere autem postea suo lacte, quod vident iam viuens, iam hominem, iam matris officia implorantem. C'est vne chose comme incroyable & contre nature, qu'vne mere ayt nourry de son sang son enfant dans son ventre qu'elle ne voyoit pas, & de ne le point nourrir de son laict le voyant né, viuant, homme, & par ses petits cris, & mouuemens tendrelets, implorant l'assistance de sa mere.
C'est l'hõneur des meres d'allaicter leurs enfans.
Prouocantur fœminae meminisse dignitatis suæ, & lactare filios suos, hoc enim matrum gratia. Ambrois. lib. I. de Abraham cap. 7. On exhorte les femmes de se souuenir de leur dignité, & de l'honneur que Dieu leurs a fait, les saisant meres, & partant d'allaicter leurs enfans. C'est l'honneur de meres. S. Chrysost. hom. 60. ad popul.215 inuectiuant contre ces Dames nobles qui ne veulent prendre la peine de nourrir leurs enfans, dit, erubescit fieri nutrix quæ facta est mater: elle a honte d'estre nourrice apres auoir esté faicte mere.
Aucuns Theologiens sont bien passé si auant qu'ils ont dit que la mere laquelle sans iuste cause n'allaictoit son enfant, pechoit mortellement : d'autres ne sont pas si rigoureux. On ne sçauroit nier que la raison ne demande ce deuoir des meres enuers leurs enfans, & ie prie les meres de bien peser les considerations suiuantes.
Raisons pour lesquelles les meres doiuent allaicter leurs enfans.
I. Comme la mere qui allaicte son enfant, est en quelque façon double mere, ou mere toute entiere, les autres ne l'estans qu'a demy, dimidiatum matrum genus, disoit tantost Aulus Gellius, aussi cela accroist l'obligation de l'enfant enuers sa mere, & l'amour de la mere enuers l'enfant, & l'experience fait voir que les meres ayment d'ordinaire moins les enfants qu'elles n'ont pas allaictés, que ceux qu'elles ont allaictez, & que reciproquement les enfans ayment dauantage les meres dont ils ont esté allaictez, ce qui a donné occasion à L'amour est plus tendre lors que les meres allaictent leurs enfans. quelqu'vn de remarquer que parlant communement, l'amour est plus sincere entre les peres & meres & les enfans parmy le commun peuple, que parmy la noblesse, d'autant que parmy le commun peuple, les enfans sont allaictez de leurs meres, & sont nourris auec leurs peres, mais parmy la noblesse, sont mis és mains d'vne nourrice, & souuent les peres & meres sont les semaines, les mois, les années entieres sans les voir, & les enfans ne connoissent autre mere que leur nourrice, ce qui ne peut estre sans grand preiudice de l'amour qui doit estre entre la mere & l'enfant.
L'Escriture Saincte, pour monstrer vne tendresse d'amour parle de l'amour de la nourrice, Ego quasi nutritius Ephraim, Ozee II. ie suis comme 345 le nourricier d'Ephraim, & Isaie 66. Ad vbera portabamini, & super genua bladientur vobis. On vous portera dans le sein, on vous caressera dans le gyron. Iesus-Christ pour nous obliger à l'aimer n'a point eu de moyen plus efficace que de nous repaistre de son sang pretieux, comme vne nourrice. C'est ce qu'admire S. Hierosme hom. 66. Multæ sunt quæ post partus dolores, filios tradunt alijs nutricibus, hoc autem ipse non est passus, sed ipse nos proprio sanguine pascit, & per omnia nos sibi coagmentat. Il se trouue des meres lesquelles apres les douleurs du part, mettent leurs enfans à nourrices, mais Iesus-Christ a bien eu plus d'amour pour nous, nous repaissant de son sang pretieux & nous vnissant tres-estroittement à soy.
L'escriture saincte recommande Sara, de ce que nonobstant sa vieillesse, elle nourrit & allaicta son bien-aimée Isaac. Rebecca, Iacob. Anne femme d'Elcana Samuel; la mere des Machabées ses sept fils, & notre Dame Iesus-Christ, de laquelle l'Eglise chante Saluatorem seculorum, ipsum Regem Angelorum, sola virgo lactabat, vbere de cœlo pleno, elle seule allaictoit le Sauueur du monde, le Roy des Anges de sa mammelle virginalle, pleine non tant par le moyen de la force & chaleur naturelle, comme par la force du sainct Esprit qui l'auoit rendu mere.
L'enfant nourry d'autres que de sa mere en reçoit souuent grand interest.
L'enfant ayant quasi tout ce qu'il a de sa mere, aussi a il vne grande proportion & ressemblance auec sa mere, & partant n'y peut auoir laict qui ayt plus de rapport au temperament de l'enfant, qui est quasi tousiours conforme au temperament de la mere, que le laict de la mere : de là vient que le faisant nourrir d'vn autre laict, souuent il en reçoit de grands interests, & au corps & en l'ame. Le corps n'estant ny si vigoureux, ny si noble, d'autant que le laict de la nourrice n'est tant conforme à sa nature; l'esprit s'en ressent, qui depend en ses fonctions des organes & du corps. Et partant si les meres ne peuuent nourrir elles-mesmes leurs enfans pour iuste cause, au moins doiuent-elles chercher des nourrices, & qui se portent bien, & qui soient sages, d'autant que souuent l'enfant auec le laict tire l'humeur & la complexion de la nourrice, si elle est cholere, impudique, yurogne, cruelle, lepreuse, on infectée d'autre maladie, soit du corps, ou de l'esprit, souuent l'enfant y participe : Comme nous monstrerons tantost par diuers exemples.
L'enfant nourry d'autre que de sa mere vit moins.
Quelqu'vn remarque que l'enfant nourry d'vne autre que de sa mere, est d'ordinaire de moindre & plus courte vie, d'autant que son corps est composé de plus de diuersité, sçauoir de la substance du pere, de celle de la mere, & de celle de la nourrice, & que les choses qui sont composées de plus de diuersité durent moins.
346 Histoire d'vn enfant changé à nourrice.
3. Il est fort facile de changer vn enfant qui est à nourrice, & en supposer vn autre en sa place, comme il est arriué à Paris, & a esté reconnu au Iubilé216 de l'an 1626. Vn Conseillier auoit mis son enfant en nourrice, entre les mains de la femme de son vigneron hors de la ville : on se fioit à cette femme, la fidelité de laquelle le pere & la mere de l'enfant auoient esprouuée plusieurs années. Vn iour l'enfant par la negligence de la nourrice tomba dans le feu & se brusla la face auec notable difformité. La pauure nourrice ne sçachant que faire, craignant la disgrace du pere & de la mere de l'enfant, consulta auec son mary; ils furent d'aduis de supposer leur fille de mesme aage, & semblable à cet enfant, au lieu de la fille du Conseillier : ils le firent. Le pere & la mere furent quelques mois sans voir leur enfant, & enfin cet autre leurs estant representé, creurent que c'estoit le leur : l'enfant estant sevré on l'apporta à la ville, on le nourrit selon la qualité du Conseillier, & celuy qui auoit esté eschaudé fut nourry au village à la villageoise. Enfin on la maria au fils d'vn autre Conseillier, & la vraye fille du Conseillier demeura sans mariage. Cependant le vigneron & sa femme, piquez & gesnez en leur conscience, s'en vont trouuer vn Confesseur pendant le Iubilé, luy exposent le fait; il les oblige de le descouurir à qui il appartient. Quel embarras dedans ces deux familles sur fait de ce mariage ! & le tout par la faute d'vne nourrice.
Ie finiray ce Chapitre par quelques exemples, qui feront voir comme les enfans participent d'ordinaire aux qualitez des nourrices qui les ont allaicté.
Enfans qui ont participé aux humeurs de leurs nourrices.
4. Le Roy Nabuchodonosor, comme rapporte la glosse de Lyranus sur Daniel, sut exposé dés sa naissance dans vne forest, & nourry par vne cheure sauuage, aussi tira-il des mœurs du tout brutalles d'vne nourriture de beste, qui degenererent auec le temps en vne stupidité & orgueil du tout barbare, & ayant obligé Dieu par ses presomptions à le punir, Dieu le fit retourner auec les bestes auec lesquelles il auoit esté nourry.
Titus fils de Vespasian fut malade toute sa vie, d'autant que sa nourrice estoit infirme.
Tiberius Cæsar fut vn signalé yurogne, il auoit tiré cela de sa nourrice.
Caligula vn monstre de cruauté, qui ne sembloit estre grand que pour auoir l'authorité de faire mal à autruy. Il estoit de pere & mere fort doux & humains, mais on luy auoit cherché à dessein vne nourrice virille, barbuë comme vn homme, qui tiroit de l'arc, couroit la bague, piquoit vn cheual, meschante & cruelle; on fit choix de cette Amazone pour le rendre Martial, & elle mettoit du sang sur le papillon de sa mammelle, pour faire succer la cruauté à l'enfant auec le laict, & la chose reüssit si bien, qu'elle en fit vn tygre plustot qu'vn homme.
347
Vn religieux auoit esté nourry du laict de cheure, il estoit modeste en public, par vne grande reflexion sur ses actions, mais il se retiroit quelques heurs parmy la iournée, pour faire des cabrioles, & des saults de cheures. Mendoça in viridario: tant la nourriture auoit de pouuoir sur luy.
Heliogabalus estoit lubrique, aussi estoit sa mere. I'en pourrois apporter cent autres semblables, qui ont tiré les mœurs de leurs nourrices auec leur laict, & la raison est d'autant que tout ainsi que les peres & meres communiquent leurs qualitez à leurs enfans par la communication de leur sang en la generation, de mesme la nourrice les siennes à son nourrisson par le moyen du laict, ce qui se fait plus efficacement que par le sang & la semence, d'autant que le laict estant du sang raffiné, plus cuit, plus pure, comme enseigne Aristote lib. 4. de generat. animal. cap. 8. Albert le Grand lib. 18. de animalibus cap. 7. & d'autres, il s'ensuit que les qualitez de la nourrice se communiquent mieux à l'enfant par la nourriture & le laict, que celles des peres & meres par la generation & le sang : ainsi si les meres desirent que leurs enfans leurs ressemblent d'autant plus, elles doiuent prendre la peine de de les nourrir & allaicter elles-mesmes, si elles n'en sont dispensées pour bonne raison. Helas ! quelle excuse pourront auoir deuant Dieu celles qui se dispensent de ce deuoir de nature, ou pour auoir plus de commodité de satisfaire à leur lubricité : ou pour conseruer leur beauté !
Filet cadre, rayé.

Que les meres ont une obligation particuliere d'auoir soin de leurs filles. CHAPITRE II.

La garde des filles appartient au pere & à la mere.
LA garde des filles appartiennent au pere & à la mere, & ce n'est pas vne des moindres sollicitudes d'vn pauure pere, suiuant ce qu'enseigne le Sage, Eccli. 42. Filia patris, abscondita est vigilia. La fille qui est prest à marier fait bien passer des nuicts à son pauure pere sans dormir, lors qu'il considere à par-soy les mœurs de sa fille, ses inclinations, ses deportemens, ses affections, ses conuersations, ses occupations, ses discours. Ce soin le tourmente & l'inquiete fort souuent, lors qu'on pense qu'il soit à son repos. 348 Il faut qu'vn pauure pere soit comme vn argus à cent yeux, ou plustot tout œil pour garder sa fille, & empescher qu'il ne luy arriue aucun mal-heur, le mesme Sage dit, Eccli. 7. Filiae tibi sunt, serua corpus illarum. Si Dieu vous a fait pere de quelques filles, prenez garde à leurs corps.
C'est principalemẽt à la mere d'auoir soin des filles.
Ie dis que ce soin appartient au pere & à la mere, mais principalement à la mere : c'est le commandement que leurs en donne S. Chrysost. Homil. 9. I. ad Timoth. Matres filiarum vobis curam assumite, est ea cura vobis perfacilis, curate solicite vt domi iugiter sint, ante omnia pias religiosasque esse docete, asper nari pecunias, exterioris ornatus contemptrices esse, atque ita demum nuptui tra-dite. Eas si institueritis, non ipsas modo seruabitis, verum & viros qui illas ducturi sunt: neque viros tantum, sed filios ac nepotes, quippe ex radice optima, surculi prodeunt firmiores, ac semper in meliora proficiunt, horumque omnium merces reddenda est. Meres prenez le soin de vos files, cela vous est facile. Or voicy en quoy consiste ce soin suiuant le mesme S. Chrysostome.
Les filles doiuent garder la maison.
I. Qu'elles gardent la maison. Curate vt domi iugiter sint. Plutarque au liure de Iside, & Osiride217 remarque que Phidias ayant fait la statue de Venus auoit mis vne tortue souz ses pieds : & qu'aupres de Minerue on mettoit d'ordinaire vn dragon. Cela nous fait entendre qu'il faut qu'vne fille garde La statue de Venus ayant souz ses pieds vne tortue, & aupres d'elle vn dragon, & pourquoy. la maison, comme monstre fort à propos Alciate par son embleme,
Alma Venus, quænum hæc facies; quid denotat illa
Testudo, molli quam pede Diua premis ?
Me sic effinxit Phidias, sexumque; referri
fœmineum, nostra iussit ab effigie
Quodque, manere domi, & tacitas decet esse puellas,
Supposuit pedibus talia signa meis.
Les filles doiuent estre comme celle de laquelle il est dit, Cant. 4. Hortus conclusus, fons signatus, vn jardin fermé, vne fontaine ſcellée, & comme dit le Sage, Eccli. 26. Columnæ aureæ super bases argenteas, & pedes firmi super plantas stabilis mulieris. Elle doit estre ferme & stable, & ne sortir de la maison qu'en necessité.
Mais pourquoy vn dragon auprés de la statue de Minerue ? Alciate en apporte la raison en cet embleme,
Vera hæc effigies innuptæ est Palladis, eius
Hic draco, qui Dominæ constitit ante pedes
349
Cur Diuæ comes hoc animal ? custodia rerum
Huic data, sic lucos, sacraque templa colit.
Innuptas opus est cura asseruare puellas.
Peruigili, laqueos vndique tendit amor.
C'est pour monstrer que comme le dragon est le symbole de la vigilance, qu'aussi il faut vne grande vigilence pour garder les filles, & que leurs meres doiuent estre comme dragons tousiours veillans. Comme vn Argus ayant des yeux de tous costez, ou plustot n'estant autre chose qu'œil pour prendre garde à tous les deportemens de leurs filles. Que iamais elles ne les perdent de veue, & que si elles sortent quelquesfois de la maison, ce ne soit qu'en compagnie de leurs meres.
Les Chinois coupent le nerf du pied à leurs filles, afin qu'elles ne sortent de la maison. Plutarque in præcept. coniugal. lib.218 c. 33. dit, que chez les Egyptiens, les filles ne portoient point de souliers, afin qu'elles fussent obligées de demeurer à la maison.
Les filles doiuent estre deuotes.
La seconde chose, qu'elles soient deuotes & craignantes Dieu, ante omnia pias religiosasque esse docete. On a beau les garder, si elles n'ont la crainte de Dieu, la vigilance & le soin qu'on y apportera n'y fera guere : Il faut que la fille soit comme vn Pallas219 ayant en teste la casque de la crainte de Dieu, le bouclier d'vne saincte confiance à sa bonté & misericorde deuant sa poitrine, en main la lance d'vne ferme resolution, autrement la garde de sa mere ne Vne fille doit estre armée come vne Pallas. sera suffisante pour la preseruer. Nisi Dominus custodierit ciuitatem frustra vigilat, qui custodit eam. C'est en vain que les gardes de la ville font la sentinelle si Dieu ne la garde. Lectulum Salomnis sexaginta fortes ambiunt omnes tenentes gladios, Cant. 3. Le lict de Salomon est entouré de soixante hommes armez, qui ont l'espée à la main. Le lict du vray Salomon est le cœur de la Vierge, de la fille craignante Dieu, les vertus en sont les gardes, qui feront plus que tous les soins d'vne mere.
Les filles ne doiuent estre auares.
La troisiesme, qu'elles mesprisent l'argent, & ne soient auares, Aspernari pecunias. Philippe de Macedoine disoit qu'il n'y auoit aucune forteresse imprenable, dans laquelle pouuoit entrer vn asne chargé d'or. Aussi peut on dire qu'il n'y a fille qui soit inuincible, qui se laisse emporter par l'affection de l'argent, & se rend tributaire à l'auarice, les meres leurs doiuent enseigner d'estre bonnes mesnageres, mais non pas d'estre sordides, beaucoup moins d'idolatrer l'or & les richesses.
La quatriesme, qu'elles ne soient addonnées au luxe, mais mespri 350 sent les atours & ornemens d'habits. Exterioris ornatus contemptrices esse, Ne doiuẽt estre addonnées au luxe. & combien de meres qui font tout le contraire, & contraignent leurs filles de se parer dans l'excés, importunent continuellement leurs marys pour donner des nouueautez à leurs filles à la ruyne totalle de leurs maisons !
Ie pourrois adjouster beaucoup d'autres choses, mais d'autant que i'en ay parlé au Traité premier du liure second, parlant des qualitez que doiuent auoir les Dames, & que la plus part de ces qualitez sont aussi bien pour les filles que pour les meres : ie les renuoiray à ce que i'en ay dit.
Voyla dit S. Chrysostome le meilleur dost que vous sçauriez donner à vos filles, c'est qu'elles soient bien vertueuses. Or remarquez les motifs dont il se sert pour induire les meres à faire leur deuoir en cet endroit.
1. Si vous les instruisez vous ne les garderez pas seulement, mais encore vous garderez ceux qu'elles auront pour marys.
Prouffits qui reuiẽnent de la bonne nourriture des filles.
2. Vous ne proffiterez pas seuelement à leurs marys, mais encore à leurs enfans, & aux enfans de leurs enfans, puis que d'vne bonne racine viennent de bons jettons, qui vont tousiours en produisans des meilleurs, & la bonne instruction que vous aurez donné à vos filles ira de race en race, & de siecle en siecle.
Enfin vous en receurez la recompense deuant Dieu, qui ne manquera de reconnoistre ce bon office que vous aurez rendu à voz filles.
Abus des meres à nourrir leurs filles.
O qu'on a bien subject de faire maintenant la plainte que faisoit jadis Fabius Quintilianus, vn des plus sages de l'Empire Romain, ante palatum eorum, dit-il, quam os instituimus: in purpuris repunt, in lecticis crescunt, gaudemus si quid licentius dixerint, verba nec Alexandrinis quidem permittenda delicijs, risu & osculo excipimus, on a plus de soin de leurs chercher des friandises, & leurs rendre le palais delicat, que de leurs apprendre à prier Dieu, elles ne marchent que parmy la pourpre & la soye, elles ne couchent que sur le cottom & le fin lin, si elles disent quelque parole licentiuese : on s'en resiouyt, on en rit, & on les baise; & on les caresse lors qu'elles ont dit des paroles qu'on ne deuroit permettre à des lauandieres. On les laisse courir & trotter par tout, ou en fait de petites Diuinitez en la maison, on n'oseroit les fascher, & tout le serain d'vne famille depend d'elles, il n'y a curiosité qu'on ne leurs accorde, liberté qu'on ne leurs permette, elles sont superbes, haultaines, presomptueuses, languardes220, curieuses, inhumaines, impitoyables, voila pas bien de quoy pour rendre vn mary mal-heureux ? mais pour rendre coupable deuant Dieu, des meres qui 351 deuoient auoir soin d'instruire leurs filles, & qui les ont perdues.
Les meres doiuent enseigner leurs filles par exemple.
Meres, voulez vous que vos filles soient telles que S. Chrysostome, mais que la raison, mais que Dieu demande, faut que vous mesmes le soyez, & que vous leurs enseignez la vertu, plustot par exemple que par paroles. Car tout ainsi qu'ordinairement on naist auec cinq doigts, & que c'est chose extra-ordinaire d'en auoir six dit S. Chrystost. Hom. 60. sup. Math. aussi c'est chose extra-ordinaire que les enfans ne ressemblent aux peres & meres, & nommément les filles à leurs meres : partant dit S. Chystotst. lors qu'vn ieune homme cherche femme, s'il ne connoit les mœurs de la fille qu'il desire, qu'il examine les mœurs de sa mere, car d'ordinaire les filles imitent la mere, & sequitur leuiter filia matris iter.
Comment voulez vous que la mere persuade à sa fille d'estre chaste, temperante, deuote, liberale, aumosnier, humble ? si elle mesme est impudique, gourmande, ne se soucie de la deuotion, est auare, impitoyable, toute pleine de vanité & de luxe ? comment la rendra-elle vertueuse si elle-mesme n'a autre discours que de mensonges, de detractions, de libertinages ? quelqu'vn a dit fort veritbalement, quorum vita turpis est, illi ne seruos quidem obiurgandi potestatem habent, ceux qui viuent mal, n'ont pas l'authorité de reprendre mesme vn seruiteur.
Comparaisons du bon exemple aux pigeons parfumez, aux flambeaux du nauire, à l'aimant, à l'ambre.
Tout ainsi que ceux qui veulent attirer les pigeons estrangers dans leurs colombiers ont coustume de parfumer quelques vns de leurs pigeons, que les autres suiuent aussi tost à l'odeur & suauité du parfum, aussi il n'y a rien de plus efficace pour attirer les filles à la vertu que l'odeur & suauité de la bonne vie de leur mere. Les vertus de la mere sont comme ces flambeaux qu'on met sur les nauires la nuict, pour monstrer le chemin. Autant de vertus qu'elles exercent comme autant d'estoilles brillantes qui esclairent leurs filles : ce sont comme les baguettes que Iacob mettoit deuant les brebis lors qu'elles conceuoient, & qui leurs faisoient porter des agneaux bigarrez : les filles conçoiuent de bons desirs, de sainctes pensées enfantent de bonnes œuures, conformement aux exemples que leurs meres leurs representent par leurs vertus & bonne vie. Le bon comportement des meres est comme vne pierre d'aimant qui attire les filles doucement au bien, fussent-elles de fer : c'est comme l'ambre lequel estant eschauffé attire la paille; les meres estant eschauffées de l'amour de la vertu attirent aysement leurs filles au bien & à la vertu.
Seneque de tranquillitate animi221 cap. 3. parlant en general du bon exemple dit, nunquam inutilis est opera ciuis boni: auditu enim, visu, vultu, nutu, obstinatione tacita, incessuque ipso prodest: vt salutaria quædam citra gustum, tactumque odore proficiunt, ita virtus etiam utilitatem ex longinquo, & latens 352 fundit. Iamais l'homme de bien n'est inutile, il proffite en l'oyant, en le Efficace du bon exemple. voyant, de sa seule face, d'vn clin d'œil, par sa grauité, par son marcher, & comme il y a certaines choses qui proffitent non seulement par le goust & par le toucher, mais encore par l'odeur, de mesme la vertu proffite de loin, voire mesme estant cachée fait sentir la suauité de son odeur.
Si cela est vray, comme il est tres veritable de toute personne vertueuse, beaucoup plus d'vne mere enuers sa fille. Elle la conduit à la vertu par ses oreilles, par ses yeux, par sa face, par ses mains, par sa bouche en parlant, se taisant, en marchant, reposant, en toutes ses actions estant reiglées comme elles doiuent estre, mais si elles sont desreiglées elle a beau exhorter ses filles à la vertu, l'exemple est plus puissant que les paroles.
Ne vous estonnez pas si vous voyez tant de filles qui ne vaillent guere, les meres ne sont pas meilleures. Tant de meres qui se plaignent que leurs filles ne sont obeyssantes, sont superbes, leurs respondent, ne leurs portent aucun respect, n'ont point de deuotion ny de crainte de Dieu, qu'elles prennent garde si elles ne leurs en ont donné exemple. On leurs apprend des amourettes, des chansons lasciues, plustot que leurs patenostres, voire mesme dés la mammelle, & puis on s'estonne si estant grandes elles s'emportent à toute sorte de dissolution. Audite mulieres verbum Domini, & docete filias vestras lamentum, & unaquæque proximam suam planctum, Ierem. 9. meres escoutez la parole de Dieu, enseignez à vos filles des complaintes, enseignez leurs comme il faut prier Dieu, & elles ne vous donneront point de subject de dire auec le temps, beatæ steriles quæ non genuerunt, & ubera quæ non lactauerunt, heureuses celles qui n'ont point d'enfans, heureux les ventres qui sont steriles, & les mammelles qui n'ont point allaicté.
Les meres doiuent recommãder leurs filles à Dieu.
Apres que les meres auront fait leur deuoir, & de paroles, & d'exemples touchant l'instruction de leurs filles, si elles ne vaillent rien, qu'elles imitent la bonne saincte Monique, mere de S. Augustin, qu'elles aient recours à Dieu par leurs larmes & prieres. Mater mea præcepta vitæ quæ in animo plantauerat verbo, rigabat lachrymis, alebat exemplis, dit S. Aug. Ma mere arroſoit de ses larmes les preceptes qu'elle m'auoit donné de paroles, & les nourrissoit par ses bons exemples. Il ne se pouuoit faire qu'elle ne receut vn grandissime desplaisir, voyant qu'apres tant de peine qu'elle auoit apporté pour l'instruction de cet enfant, les torrens des mauuaises compagnies, & la violence de sa ieunesse l'auoient emporté dans les bourbiers de la chair & des voluptez, Larmes de S. Monique pour la conuersion de S. Augustin. & dans la fondriere & l'abysme de l'heresie; elle recourt donc à Dieu.
Aussi c'est à ses larmes que S. Augustin attribue sa conuersion, lib. 3. confess. c. II. mon Dieu, dit-il, vous auez enuoyé vostre main d'en haut, & auez retiré mon ame des tenebres obscures, où elle s'estoit jettée, lors que ma 353 bonne mere vostre fidelle seruante pleuroit pour moy, mais bien autrement que les autres meres ne pleurent la mort de leurs enfans. Par la foy & l'esprit que vous luy auiez donné, elle voyoit la mort dangereuse qui auoit saisi mon ame : mon Dieu vous l'auez exaucé, vous n'auez pas mesprisé ses larmes dont elle arrousoit tous les lieux où elle prioit. Vous receuiez iour & nuict des sacrifices de sang du cœur de ma mere par ses larmes, & en consideration de ces sacrifices, vous auec faict des merueilles en moy : ouy ! mon Dieu c'est vous qui les auez faict, car c'est vous qui maniez les cœurs des hommes, & les addressez au bon chemin. Elle ne vous demandoit ny or, ny argent, ny aucune autre chose transitoire, mais le salut de son fils. O Dieu de misericorde, eussiez vous bien peu n'auoir point d'esgard au cœur contrit & humilié d'vne vefue chaste & sobre ? qui faisoit des aumosnes continuelles, qui seruoit les pauures, qui ne passoit pas vn iour sans presenter quelque offrande sur vos autels, & ne manquoit de venir deux fois le iour au temple, le matin, & le soir, pour y apprendre vos volontez, & pour estre exaucée de vostre misericorde ?
C'est là estre mere, c'est là monstrer qu'on vise à la fin pour laquelle on a des enfans, qui est que Dieu en soit seruy, & qu'enfin ils iouissent de sa gloire. Meres imitez cette bonne mere, arroſez vos aduertissemens de vos larmes, impetrez leurs l'efficace par vos prieres, vous souuenans de ce que S. Ambroise dit à S. Monique, vade fieri non potest, vt filius tantarum lachrymarum pereat, allez Madame, il est impossible qu'vn enfant pour lequel vous auez iettez tant de larmes perisse. Dieu aura esgard à vos larmes, à vos oraisons, à vos offrandes, à vos aumosnes, & aux autres bonnes œuures que vous ferez pour la conuersion de vos enfans.
Meres, sçauez-vous bien en quoy doit estre vostre estude & ambition? c'est que vos filles soient seruantes de Dieu, & non du monde, des sainctes, non des libertines.
Ie m'en vay vous representer l'exemple d'vne saincte mere, & de trois fil Soin de de S. Sophie à instruire ses filles, & martyre des ses trois filles. les qui ont ensuiuies les traces de leur bonne mere: c'est saincte Sophie, laquelle soubs la perſecution de l'Empereur Adrian à Rome, employoit tout son estude, non seulement à instruire trois filles qu'elle auoit à la deuotion, & à tout ce qui concernoit le seruice de Dieu, mais les fortisioit contre tout ce qui leurs pouuoit arriuer, fust-ce le martyre. Elle auoit donné pour nom à l'vne Fides, Foy, à l'autre, Spes, Esperance : & la troisieme, Charitas, Charité. L'aisnée n'auoit que douze ans, la seconde dix, & la cadette neuf : mais leurs vertus & pieté surpassoit leur aage, & se faisoit connoistre dans Rome auec esclat. Elles furent donc deferées auec leur mere qu'elles retiroient plusieurs du culte des Idoles : les voila apprehendées & presentées deuant le Iuge. Le Iuge demanda à la mere son nom, d'où elle est, de quelle religion elle faisoit pro 354 fession : elle respondit librement qu'elle estoit Italienne, & noble, qu'elle s'appelloit Sophie, qu'elle ne se glorifioit nullement de son extraction, qu'elle mettoit toute sa gloire en ce qu'elle auoit l'honneur d'estre Chrestienne. Le tyran indigné de cette grande franchise commande qu'on la mit dans vn cachot auec ses filles; apres trois iours de prison, on les fit comparoistre deuant les Iuges, qui firent tous leurs efforts par promesses, caresses, craintes, & menaces, de faire renoncer ces fillettes à la foy de leur mere, à laquelle elle les auoit instruit dés la mammelle : mais elles pleines d'vne genereuse resolution respondirent au Iuge, vous auez beau faire, vous ne gaignerez rien enuers nous, nous n'auons que faire, ny de vos richesses, ny de vos honneurs, & toutes vos menaces ne sçauroient esbranler nostre resolution, car sçachez que tout le contentement des Chrestiens est de patir pour Iesus-Christ, qui nous a donné cette vie, qui nous doit seruir de passage à vne meilleure, qu'il nous a merité par son sang.
Le tyran perdant esperance de leur faire renoncer à leur foy, les mit entre les mains du iuge pour les faire tourmenter. On mit l'aisnée nommée Fides toute nue, puis on la deschira à grands coups de verges, mais comme elle se mocquoit de tout cela, le iuge commanda qu'on luy coupast les mammelles, & au lieu de sang, il en sortit du laict tres pur qui la blanchit, & la rendit belle extraordinairement. Le Iuge enrageant à la veue de cette merueille, commanda qu'on la iettast dans vne chaudiere de poix bouillante, où ny receuant non plus d'incommodité que iadis les trois Gentils-hommes en la fournaise, ains se resiouyssant au milieu des bouillons de la poix, le Iuge la condamna à estre decapitée.
Auant l'execution, s'addressant à sa mere & à ses sœurs qui voyoient toute cette tragedie, leurs dit, voyez ma chere mere les faueurs de Dieu en mon endroit, ie ne vous demande plus autre faueur sinon que par vos prieres, vous m'impetriez de Dieu la grace d'acheuer ce combat, & vous mes tres-aymées sœurettes, ne craignez point de mourir glorieusement pour Iesus-Christ, nostre tres-honorée mere nous a engendré toutes trois, nous a nourry & esleuées toutes trois ensemble, Dieu nous faſſe la grace d'auoir toutes trois vne mesme fin, taschons d'auoir toutes trois mesme volonté & resolution. Ayant dit ces paroles, la mere & les deux sœurs luy dirent l'adieu, ne pouuans tenir leurs larmes de ioye; elle presta le col au bourreau, & s'enuola à Dieu.
Le Iuge attaqua la seconde, l'inuita à sacrifier à Diane, luy promit de grands biens. Quoy ! dit-elle, croyez-vous que ie sois sœur de celle que vous venez de faire mourir ? ouy ie le suis, & seray sa sœur en constance : La dessus on la batit auec des nerfs de bœufs, puis on la ietta dans vne fournaise ardante, mais ny receuant aucune incommodité, on la pendit à vn bois, où on 355 la deschira auec des peignes de fer, en sorte qu'on luy voyoit les os. Lors esleuant le cœur & les yeux vers le ciel, elle prioit Dieu qu'il ne permit pas qu'on luy fit chose repugnante à la saincteté Chrestienne, puis auec vn grand courage, dit au tyran : mal-heureux, ie triompheray de toy auec ma sœur, assisté de la grace & faveur de mon Dieu. On la ietta vne autre fois dans vne chaudiere pleine de poix, mais la chaudiere se cassant comme du verre, la poix s'espandit, & fit mourir aucuns des bourreaux, enfin on luy trencha la teste comme à sa sœur.
Le tyran fit traitter la troisieme tout de mesme, & de plus, percer son corps tendrelet auec des tarieres. Elle supporta tous ces tourmens auec vne constance Angelique, puis estant condamnée à la mort, la bonne mere commença à s'escrier, grand Dieu que ie suis heureuse d'auoir honoré la tressaincte Trinité par le moyen de mes trois filles ! Qui pourroit comprendre la faueur que Dieu me fait, de me voir auiourd'huy mere de trois filles couronnées de la couronne du martyre, & transportées au Royaume eternel ? Courage ma tendre fille, ie vois les Anges qui attendent auec ioye la fin de vos combats : courage, allez à la chambre nuptiale de vostre espoux Iesus, où vos sœurs sont desia. La mere ayant dit ces paroles, on trencha la teste à l'enfant. La mere enterra leurs corps honorablement, & au bout de trois iours venant sur le tombeau de ses filles rendit l'ame en priant Dieu, & fut enterrée auec ses filles, Metaphrastes & alij.
Quel contentement maintenant à la mere, d'estre mere de telles filles ! quelle ioye aux filles d'auoir eu vne telle mere ! mere qui a donnée vne si saincte instruction à ses filles, filles qui se sont rendues si docilles aux instructions de leur mere : mere qui a preferé le seruice de Dieu à la tendresse de l'amour maternel : filles qui en vn si bas aage sont demeurées si cõstantes, nonobstant la cruauté des tourmens, & la grandeur des promesses : mere qui n'a eu des filles que pour le seruice de Dieu, & pour les immoler à vn glorieux martyre : filles qui n'ont point eu de plus grand contentement, que de souffrir pour Iesus Christ, & de tesmoigner leur fidelité par vne mort si cruelle. Heureuse la mere, heureuses les filles : & heureuses les meres & les filles qui les imitent : les meres ne pretendans autre chose en l'education de leurs filles que le seruice de Dieu : les filles renonçans à tous les apasts du monde, souffrans tout ce qu'il y a de plus cruel plustot que de quiter Dieu.
Ie confesse qu'il ne se trouue point d'Adrian maintenant ny semblables tyrans qui sollicitent la constance de vos filles, mais il y en a d'autant ou plus dangereux, qu'ils sont plus occultes, & que leurs caresses sont plus charman tes qui sont le monde auec ses pompes & vanitez : la chair auec ses mignardi- ses & chatouillements, le Diable auec ses suggestions & les effects de ses mi- 356 nistres. C'est contre ces tyrans que vous deuez les munir de vos bons exemples, de vos salutaires instructions, & de vos sainctes & feruentes prieres.

Filet cadre, rayé. Combien c'est chose importante que l'instruction des enfans. CHAPITRE III.

LE Sage, Eccli. 30. donne ce precepte aux peres & meres, Doce filium tuum, & operare in illo, ne in turpitudinem illius offendas, instruisez vostre enfant, Le pere doit trauailler à l'instruction de ses enfans. trauaillez à l'entour de luy, tout ainsi que vous feriez à cultiuer vn champ, ou vne vigne, labourant, plantant, cerclant, arrachant : faites comme la nourrice, & toute ainsi qu'elle emmaillote l'enfant pour luy dresser & former les membres, de mesme estudiez vous à former son esprit, & dresser ses mœurs : Ne in turpitudinem illis offendas, autrement, vostre enfant estant mal instruict sera la cause de vostre honte, de vostre des-honneur, & de vostre tristesse, puis que la honte & la confusion de l'enfant mal instruict redonde iusques au pere : Confusio patris est de filio indisciplinato, Ecc. 22. Ne in turpitudinem illius offendas, de peur que vous ne soyez coupable de ses vices, faute d'instruction : de peur qu'en mal faisant, il ne vous rende infame : de peur que de vostre exemple & de vostre negligence, il ne prenne occasion de mal faire.
Les peres doiuent auoir plus de soin d'instruire leurs enfans que de les mettre au monde.
S. Aug. in ps. 127. dit que les peres & meres doiuent auoir plus de soin à bien esleuer leurs enfans, qu'à les mettre au monde, car le bon-heur des peres & meres, ne gist pas à auoir des enfans, mais à auoir de bons enfans : de quoy seruiroit à l'ourse d'auoir mis au monde vne masse de chair informe, si elle ne la polissoit & luy donnoit la forme auec la langue ? & de quoy seruiroit aux peres & meres d'auoir engendré des enfans, s'ils ne forment leurs esprits par bonne education ? la terre qui est sterile & rude, par trauail & diligence deuient fertile, & la plus fertile estant delaissée, ne porte que des ronces : les meilleurs esprits estant abandonnez deuiennent tout pleins de ronces de vices; les plus grossiers par la bonne education deuiennent fertiles. Hac conditione gignimur, vt generati Deo debita obsequia præstemus, hunc solum nouerimus, hunc sequamur, dit Lactance, nos peres & meres nous ont engendré pour seruir Dieu, pour le connoistre, & le suiure, ne suffit donc pas qu'il nous ayent donné l'estre, mais ils nous doiuent donner l'instruction pour laquelle nous auons l'estre.
357 Response de l'oracle touchant l'instruction de la ieunesse.
Les Atheniens consulterent vn iour l'oracle pour sçauoir par quel moyen leur republique pourroit estre heureuse & florissante. L'oracle respondit qu'il n'y en auoit point de meilleur, que de pendre aux oreilles des enfans ce qu'ils auoient de meilleur & de plus pretieux. Aussitost on attacha aux oreilles des enfans des anneaux d'or, on y fit pendre des pierres pretieuses en grand nombre, mais la republique n'en fut pas plus heureuse pour cela : il falloit mettre dans leurs oreilles de bonnes & salutaires instructions, c'estoit là le sens de l'oracle.
Le bonheur des estats depend de l'instruction des enfans.
Aussi Platon, lib. 21. de repub. &. 2. de Legibus, ne recommande rien tant que l'instruction de la ieunesse, de laquelle depend le bon-heur des estats, car comme il dit, vous ne pouuez auoir de bons Magistrats, si vous n'auez de bons citoyens, dont vous choisissez les Magistrats : il est impossible d'estre bon citoyen, si on n'a esté bon ieune homme, puis que les cityens se font des ieunes hommes, & sont tels estant en aage, qu'ils ont esté en leur adolescence : & comment pourront-ils estre bons ieunes hommes, si on n'a soin de les bien instruire en leur ieunesse ? L'instruction de la ieunesse est le fondement du bon-heur des estats, & ce fondement manquant, vous ne sçauez rien bastir de ferme ny de solide.
Plutarque a escry vn Liure de l'instruction de la ieunesse, ou entre autres choses, il dit, que tout ainsi qu'on forme les membres des enfans aussi tost qu'ils sont nez, afin qu'ils ne soient contrefaits, de mesme, il faut former les esprits afin qu'ils ne soient vitieux.
Il y a des peres & meres si sots qu'ils pensent auoir suffisamment satisfait à leur deuoir, lors qu'ils ont amassé force biens à leurs enfans, semblables à cette mere dont parle Sainct Hierosme, mere de Sainct Iean, & de Sainct Iacque222, Auiditate fœminea præsentia petit, immemor futurorem, qui auec vne Contre les peres & meres qui ont plus de soin d'amasser des moyens à leurs enfans que de les instruire. auidité de mere, ne pensoit qu'aux choses presentes, oubliant les futures : semblables à ceux dont se plaint Sainct Chrysostome par ces paroles, Alij filiis suis militiam comparant, alij honores, alij diuitias, nemo filiis suis comparat Deum, perditionem eorum magno pretio comparant, salutem vero illorum, nec dono accipere volunt. Aucuns se mettent en deuoir de procurer des charges en la guerre à leurs enfans, d'autres à leurs chercher quelque estat, d'autres à leurs amasser des richesses : personne ne se met en deuoir de les bien instruire à la crainte de Dieu, ils leurs cherchent à grand prix leur ruine, & ne veulent admettre leur salut qu'on leur offre gratuitement. Quelle proportion peut auoir tout le reste, moyens, honneur, santé, beauté, force, noblesse, gloire, reputation, auec la bonne nourriture ? Ceux-la sont indignes d'estre peres & meres qui ont plus de soin d'amasser des richesses, que d'instruire leurs enfans à la vertu, ausquels ils doiuent laisser leurs leurs richesses; c'est proprement faire comme celuy qui a vn grand soin de son soulier, & ne se soucie de son pied, vous 358 verrez des peres & meres qui auront grand soin que leurs enfans ne faſſent quelque inciuilité, comme qu'ils ne mangent de la main gauche, qu'ils ne marchent se penchant, qu'ils ne regardent de trauers, mais qui ne se soucient s'ils sont menteurs, choleres, dedaigneux, opiniastres, impatiens, volontaires.
Aristote disoit que les peres & meres qui instruisent leurs enfans sont plus dignes d'honneur que ceux qui les engendrent : d'autant que par la generation, ils ne donnenet que la vie : mais par l'instruction ils donnent la bonne vie. Laert. lib. 5. c. I. on les peut appeller peres & meres deux fois.
Il faut donner quelque place en ce discours à S. Chrisost. lequel in I. ad Timoth. 2. hom. 9. dit aux peres & meres, ô quel grand tresor Dieu vous à mis en main, gardez le soigneusement, & prenez garde que le larron ne vous le desrobe ! mais helas, qu'on ne s'en soucie gueres maintenant ! on est fort soigneux d'auoir vn bon champ, de trouuer vn bon & fidele laboureur pour luy mettre en main; on cherche par tout vn bon palfrenier, vn bon muletier, vn bon procureur223, & despensier224, qui serue auec grande affection, mais on mesprise ce qui doit estre plus cher, & ne se soucie-on pas de l'instruction des enfans, ny de trouuer quelque braue homme pour les luy mettre en main & les instruire, & rendre gens de bien. Cependant il n'y a champs, possession, ny chose quelconque de quoy on doiue faire tant d'estat que des enfans, puis que tout le reste n'est que pour eux; & on a plus soin des possessions, que de ceux pour lesquels on les amasse. N'est-ce pas vne sottise & impertinence ? partant on doit s'estudier deuant toute chose à les former à la vertu, & à la pieté, & puis le reste apres. Car s'ils sont mechans les moyens ne leurs seruiront de rien : s'ils sont gens de bien, la pauureté ne les incommodera pas.
Le pere de l'eloquence latine 2. de diuinatione, dit qu'il n'y a rien de plus important pour le bien d'vne republique, rien de meilleur, rien de plus noble, que d'instruire la ieunesse lors principalement qu'elle est si libertine qu'il faut chercher tous les moyens possibles pour la maintenir. Ie diray plus qu'il n'y a rien de plus important pour le bien & prosperité de l'Eglise.
L'importance de l'instruction de la ieunesse pour le bien de l'Eglise.
On raconte qu'vne saincte matrone prioit vn iour Dieu fort instamment afin qu'il luy pleut reformer son Eglise, & la restituer en sa premiere vigueur : on luy demanda comme on pourroit tirer des pommes belles & bonnes, d'vne pomme gasté & pourrie ? Ne sçachant que respondre, on luy dit qu'il n'y auoit point d'autre moyen sinon de prendre les pepins de la pomme pourrie, auant qu'ils soient pourris & gastez, les mettre en bonne terre, desquels sortiroit vn pommier qui porteroit de fort bonnes pommes; de mesme que l'vnique moyen de reformer l'Eglise esoit en la ieunesse, la cultiuant pour de cette semence 359 tirer la premiere vigueur & beauté de l'Eglise.
Les tyrãs pour nuire à l'Eglise ont corrompu la ieunesse.
Les cruels Empereurs qui auoiẽt minuté la ruine de l'Eglise sçauoiẽt fort bien cela, & partant pour sapper l'Eglise par le fondement & la ruiner tout d'vn coup, ils n'ont rien trouué de plus efficace que la corruption de la ieunesse, luy donnant des principes tout contraires à la vraye pieté & la pureté & sincerité de nostre religion. L'Empereur Maximin, entre autres, vn des plus cruels qui fut iamais, voyant que tous les tourmens & cruautez que sa rage pouuoit inuenter, ne profitoient de rien contre les Chrestiens, tascha d'en venir au Inuentiõ diabolique de Maximin pour corrompre la ieunesse. bout par subtilité & finesse, de ce qu'il n'auoit sçeu faire par force & cruauté; il fit faire vn liure intitulé, Acta Pilati, les Actes de Pilate 225, plein de mensonges & calomnies contre nostre Seigneur, commanda que tous les les maistres d'escole l'explicassent, & le fissent apprendre à leurs disciples, afin que les enfans apprissent de bonne heure l'impitié, & que commençans à haïr IesusChrist aussi tost qu'à parler, petit à petit ils fussent imbus de cette abominable doctrine, eussent les Chrestiens en horreur, comme gens abominables & execrables, & les persecutassent à toute outrance.
Comment est-ce que Luther & Caluin ont causé vne si grande ruine en l'Eglise ? n'a-ce pas esté faisant des Liurets gentils, des poësies plaisantes, contre le Pape, les Prelats, les Prestres, contre les ceremonies de l'Eglise ? faisant courir ces Liurets par les escoles pour donner des impressions à la ieunesse, qui durassent tout le temps de la vie, & qui engendrassent vne horreur & haine de la vraye religion.
C'a esté pour remedier à ce mal-heur que l'on a escrit tant de Liures de l'instruction de la ieunesse, qu'on a erigé tant de Colleges; fait choix de bons maistres & pieux, qu'on a fait vne nouuelle dignité aux Eglises Cathedrales, qui est des Escolastres qui eussent soin des escoles : qu'on a estably tant de seminaires, que tant de grands personnages se sont abbaissez iusques à l'instruction des enfans, dans le sentiment commun, que non seulement le bonheur des familles, mais que la prosperité des Republiques & des Royaumes, voire de l'Eglise, dependoit de l'instruction de la ieunesse.
Trait de Lycurgus pour mõstrer l'importance de l'instruction de la ieunesse.
Vous n'ignorez pas le trait de Lycurgus rapportée par Plutarque, au liure de l'institution de la ieunesse : il fit prendre deux chiens de mesme pere & de mesme mere, & d'vne ventrée, en fit nourrir vn à la cuisine, à lecher les plats : l'autre à la chasse, puis les amenant en presence du peuple, fit mettre vn plat de potage d'un costé, de l'autre fit lacher vn lievre : le chien de cuisine se ietta aussi tost sur le potage : & l'autre poursuivit chaudement le lieure, lors il prit occasion de monstrer au peuple, quelle force auoit l'education des enfans.
Tout ainsi, dit Seneque, que l'on appriuoise les lyons, que le maistre les 360 rend si doux qu'il les baise, leurs met la main dans la gueule : qu'on apprend à l'Elephant (quoy que si massif) à danser sur la corde, ainsi il n'y a rien qu'on n'apprenne à la ieunesse, quand on veut y apporter l'assiduité & la diligence.

Filet cadre, rayé. Qu'il faut instruire les enfans lors qu'ils sont encore ieunes. CHAPITRE IV

Faut instruire les enfans dés la plus tendre ieunesse.
CE n'est pas assez d'instruire les enfans, mais faut le faire dés leur premiere ieunesse : suiuant le precepte du Sage Eccli. 7. Filij tibi sunt? erudi illos, & curua illos à pueritia illorum. Tout ainsi que la terre produit l'or, mais rude, brut, sans lustre ny beauté, & l'orfeure par le moyen du feu l'espure, & luy donne la beauté : de mesme les peres & meres produisent les enfans auec la lie & le meslange de beaucoup d'imperfections, mais faut les purifier par le moyen de la bonne nourriture & instruction : tout ainsi qu'en vn sauuageon226 on ente vne gresse d'vn bon arbre qui porte de bons fruicts : ainsi les peres & meres par l'instruction doibuent enter la bonne doctrine dans l'ame de leurs enfans qui sont comme sauuages en leur naissance. Mais pour faire vnir la gresse faut qu'elle soit tẽdre, aussi pour rendre les enfans capables de discipline, faut les instruire dés leur premiere ieunesse. On ne peut plus flechir ny manier les arbres qui sont vieux, faut le faire quand il sont encore tendres; le mesme est de la ieunesse. Le Poëte a dit fort veritablement, à teneris assuescere multum, il importe beaucoup de s'accoustumer dés qu'on est encore ieune. Virg. 2. Georg.
Quo semel est imbuta recens seruabit odorem testa diu. Horat.227. Les pots de terre gardent long-temps les premieres ordeurs.
Les enfans sont tels en vieillesse, qu'ils ont esté en ieunesse.
Mais à quel propos ces tesmoignages des Poëtes apres ces belles sentences de l'escriture aux Prouerb. 22. adolescens iuxta vitam suam etiam senuerit non recedet ab ea, le ieune homme sera tel en sa vieillesse, qu'il aura esté en sa ieunesse, & Iob. 20. Ossa eius implebuntur vitijs adolescentiæ suæ, ses os seront remplis des vices de sa ieunesse.
S. Basile compare l'esprit à la cire, quand elle est molle on en fait ce qu'on L'esprit semblable à la cire. veut, on y imprime le cachet sans difficulté, on en fait vn Ange ou vn Diable, comme les doigts veulent : le mesme est des enfans, quand ils sont ieunes, on les forme comme on veut, ou à la vertu, ou au vice. C'est pourquoy Platon 361 aduertissoit les nourrices qu'elles n'apprissent aux enfans des fables sottes, & sales, de peur d'infecter leurs esprits tendres dés le commencement : aussi dit fort à propos vn certain Poëte,
Nil dictu fœdum, uisuque hæc limina tangat,
Intra quæ puer est, procul hinc procul este puellæ
Lelonum, & cantus pernoctantis parasiti
Maxima debetur puero reuerentia, si quid
Turpe paras, nec tu pueris contempseris annos
Sed peccaturo obsistat tibi filius infans.
Iuuenal. Satyr. 14. Ostez de deuant leurs yeux toute lasciueté : esloignez tout sexe diuers de leur conuersation : ne permettez pas qu'on dise des chansons impudiques ou des bouffonneries & des flatteries en leur presence : si vous auez enuie de faire mal, au moins gardez vous en, en presence de la ieunesse, voire mesme des enfançons.
Susanne bien instruicte. Ce qu'on a enseigné aux enfans en ieunesse, demeure en vieillesse.
D'ordinare ce qu'on a enseigné aux enfans en ieunesse, demeure en leur vieillesse : d'où pensez vous que prouenoit cette inuincible constance de la chaste Susanne, laquelle ne se laissa emporter, ny aux caresses de ces impures & detestables ruffiens : ny aux menaces de ces iniustes iuges ? d'où procedoit sa grande patience contre vne iniuste sentence, à laquelle elle se voyoit condamnée, n'en cherchans point d'autre raison que la bonne instruction qu'on luy auoit donnée dés sa plus tendre ieunesse, parentes illius cum essent iusti erudierunt illam secundum legem Moysi228, Daniel 13. & tant de rares & signalées vertus du bon vieillard Tobie, au milieu de tant d'afflictions : n'estoient-ce pas des fruicts de la bonne instruction de sa ieunesse ? Cum ab infantia sua semper Deum timuerit, & mandata eius custodierit, non est contristatus contra Deum, quod plaga cœcitatis euenerit ei, sed immobilis in Dei timore permansit, agens gratias Deo omnibus diebus vitæ suæ. Tob. 2. Ayant commencé à craindre Dieu dés sa plus tendre ieunesse & à garder ses commandemens, il ne murmura pas contre luy de son aueuglement, mais il demeura ferme & constant, rendant grace à Dieu tous les iours de sa vie.
Le bon vieillard Eleazarus, contre la constance duquel ny les tourmens, La constance d'Eleazarus prouenoit de la bonne educatiõ de ieunesse. ny les promesses, ny les tyrans, ny les amys, n'eurent non plus de force que les flots contre vn rocher, auoit acquis cette force & constance par vne bonne education, & qu'ainsi ne soit considerez les paroles de l'escriture comme on l'inuite non à faire contre la loy, mais seulement à feindre de faire, pour s'exempter des tourmens & de la mort cruelle. Cogitare cœpit ætatis ac senectutis suæ emi nentiam dignam; & ingenitæ nobilitatis cantiem, atque; a puero optimæ conuersa-tionis actus. 2. Machab. 6. Il commença à se representer sa venerable vieillesse & la noblesse de sa race, & sa bonne nourriture dés sa plus tendre ieunesse & 362 lors dit constamment, præmitti se malle in insernum, quam à Diuina lege separari: qu'il aymoit mieux mourir que d'enfraindre la loy de Dieu. S. Aug. 3. conf. 4. confesse que sa bonne mere luy ayant appris le sainct nom de Iesus dés la mammelle, quoy que puis apres il se soit emporté à beaucoup de vices, toutefois il ne trouuoit goust à chose quelconque où il ne rencontroit ce saint nom, tant il est veritable que les premieres teintures demeurent tousiours.
Aug. 6. confess. raconte que sa mere estant encore enfant, le pere & la mere luy donnoient souuent du vin à boire; elle apprit si bien, qu'elle beuuoit des verres entiers. Or comme vn iour elle reprenoit la seruante, la seruante luy reprocha qu'elle estoit vne aualeuse de vin, à cette reproche elle fit reflexion sur soy-mesme, & s'amenda, voyez quelle force a la premiere education.
On prit vn iour vn enfant loup aux forests d'Allemagne, dont on fit Vn enfant loup pour auoir esté nourry parmy les loups. present à Henry Prince de Hasse. Il auoit esté nourry parmy les loups, dés l'aage de trois ans, desquels il auoit appris à marcher à quatre pieds comme vne beste : il alloit à la chasse comme les loups auec les loups, partageoit la proye auec les loups, dormoit au milieu des loups : enfin estoit deuenu tout loup. On eut assez de peine de l'appriuoiser, & ne peut-on le faire, qu'en luy liant les mains auec des bastons pour luy apprendre à se tenir debout, & marcher en homme; il rompoit tout, taschant de retourner à ses premieres façons de loup : voila ou porte vn homme la nourriture, qui est comme vne seconde naissance229.
L'experience fait voir que ceux qui commencent de bon-heur à s'addon ner à la vertu se rendent la vertu comme connaturelle, n'ont point de difficul-té à bien faire, & au contraire ceux qui s'addonnent aux vices & à la liberté dés le commencement, se les rendent familiaires, & ne peuuent les quiter qu'auec vne tres-grande violence.
Iamais il n'est bon de differer ce qui se peut faire bien tost quand il est d'importance. Peut-il y auoir chose de plus grande importance que l'instruction de la ieunesse ? partant ne faut la differer, curua ceruicem eius in inuentute, & tunde latera eius dum infans est. Domptez la superbe de cet enfant, son opiniastreté, sa teste, par vne amoureuse correction auec le ioug d'obeissance, & n'attendez pas qu'il soit en aage, dés qu'il est tendre faictes vostre deuoir de le dresser.
L'espoux au Cant. c. 5. inuite son espouse en son iardin, par ces paroles, Dieu demande la ieunesse & la vieillesse. Veniat in hortum meum soror mea sponsa, messui myrrham meam cum aromatibus meis, comedi fauum cum melle meo, bibi vinum cum lacte meo: i'ay meslé mon laict auec mon vin, le laict signifie la ieunesse, le vin la vieillesse : pourquoi dit-il qu'il a meslé le laict auec le vin ? sinon pour monstrer qu'il faut conioindre la ieunesse auec la vieillesse, & que d'ordinaire telle qu'est la ieunesse, telle est la vieillesse : pour monstrer que Dieu veut que nous luy presentions 363 l'vne & l'autre : il ne boit pas seulement du vin, il veut encore du laict. Si le laict, c'est à dire la ieunesse, est corrompu, il est malaysé que le vin, c'est à dire, la vieillesse soit pur, & aggreable à Dieu.
Dieu ne vouloit pas anciennement qu'on luy offrit des cygnes. Ce pouuoit Dieu ne veut pas qu'on luy offre des cygnes. estre entre autres raisons, d'autant que quoy qu'ils chantent melodieusement, ce n'est qu'à la fin de la vie, & non en la ieunesse : voulez vous faire vn aggreable sacrifice à Dieu ? offrez-luy vos enfans, non seulement à la vieillesse, mais en la ieunesse, par vne bonne education. Et pourquoy Dieu Exodi. 22. demande-il les premices & les premiers nez ? Primitias tuas non tardabis reddere, primogenitum filiorum tuorum dabis mihi: tu ne tarderas pas de me rendre tes premices, tu me donneras le premier né de tes fils : les premices, est le premier aage : nos premiers nez, sont les premiers actions : c'est le laict dont nous auons parlé, mais il veut le vin auec : aussi dit-il, Eccl. 26. serua timorem Dei, & in illo veterasce, gardez la crainte de Dieu, & vieillissez en icelle.
Il ne faut pas faire comme certains arbres qui fleurissent en automne, & ainsi ne portent aucun fruict; ny comme les amandiers qui fleurissent bien tost, & à la premiere gelée perdent leurs fleurs. Aucuns fleurissent en ieunesse par vne bonne education, & à la premiere rencontre perdent tout : d'autres ne fleurissent qu'en vieillesse, & est fort mal-aysé qu'ils portent de bons fruicts.
Eccli. 24. La sapience se compare à la vigne, & dit que ses fleurs sont des fruicts, ego quasi vitis fructificaui, & flores mei fructus. Les fleurs sont auant les fruicts voire mesme en la vigne : quelle nature de vigne est-ce cy qui a des fruicts pour des fleurs ? les fleurs c'est vne ieunesse douée de sapience, par vne bonne & saincte instruction : les fruicts sont la vieillesse: elle dit donc, flores mei fructus, mes fleurs sont des fruicts : c'est à dire les fleurs d'vne bonne & saincte ieunesse bien eslevé, sont des tesmoignages si asseurez d'vne fructueuse viellesse, que quoy que ce ne soient que des fleurs, on peut les qualifier des fruits.
Il n'y a point de fruict sans fleurs, ex flore, & per florem omnis fructus, c'est Les Diables en veulent à le ieunesse. pourquoy le Diable en veut principalement aux fleurs, c'est à dire à la ieunesse, luy tendant mille pieges, luy donnant dix mille occasions; incitant les peres & meres à luy donner toute liberté, sçachant bien que les fleurs estant perdues le fruict court hazard : c'est pourquoy l'espouse est si soigneuse de chasser les renardeaux de la vigne : capite nobis vulpes paruulas quæ demoliuntur vineas, Cant. 2. & la raison est, vinea nostra floruit, sa vigne est en fleur. Les vrays renards en veulent principalement aux raisins quand ils sont meurs, mais les renards mystiques, les Diables à la vigne quand elle fleurit, c'est à dire à la ieunesse.
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O que Ieremie monstre bien le bon-heur de ceux qui sont instruicts à la C'est chose bonne de porter le ioug de Iesus Ch. dés la ieunesse. vertu dés leur ieunesse, Thren. 3. Bonum est viro cum portauerit iugum ab adolescentia sua, sedebit solitarius, & tacebit, quia leuauit se, super se: il est expedient de porter le ioug de la vertu dés la ieunesse, autrement il est fort mal-aysé de le porter en la vieillesse. Vn certain auoit vn asne beau & fort, il ne voulut luy faire porter le bat quand il estoit ieusne, fort & beau. Comme sa beauté commença à faillir, & ses forces manquer, il voulut la charger, mais la pauure beste n'auoit pas accoustumé ce mestier, & n'auoit plus de force; ainsi il n'en tira aucun seruice, ny en ieunesse, ny en vieillesse : nostre Seigneur dit que son ioug est doux, & sa charge legere, ouy pour ceux qui se sont accoustumés de ieunesse à la porter, mais insupportable, ou au moins fort pesante, quand on ne l'endosse qu'en la vieillesse.
Sedebit, dit Ieremie, pour monstrer la grande tranquillité & repos de conscience qu'on a, lors qu'on a commencé de bonne heure à bien faire.
Et tacebit, il n'aura point d'occasion de deplorer son malheur, comme font ceux dont parle Salomon, Prouerb. 5. Ne des alienis honorem tuum, & annos tuos crudeli, ne forte impleantur extranei viribus tuis, & labores tui sint in domo aliena, & gemas in nouissimis, quando consumpseris carnes tuas, & corpus tuum, & dicas, Cur detestatus sum disciplinam, & increpationibus non acquieuit cor meum, nec audiui vocem docentium me, & magistris non inclinaui aurem meam. Donnezvous de garde de donner vostre honneur, c'est à dire, vostre ieunesse, aux estrangers, aux vices : & vos années au cruel, au Diable, de peur que le estrangers ne consomment vos forces, & que vos travaux ne soient en vain, & que vous soyez contrainct de vous plaindre à la fin quand les forces vous manquerõt, & de dire, ha mal-heureux que ie suis, pourquoy ay-ie eu en horreur la discipline ? pourquoy ay-ie mesprisé la correction ? pourquoy ne me suis-ie rendu obeyssant à ceux qui m'enseignoient, & prompt à la volonté de mes maistres ?
Solitarius, seul, il arriuera à vne telle perfection, qu'il fera comme vn rang à part : il meritera vne telle recompense, que rien ne pourra luy estre comparé : il sera esleué à vn siege de gloire particuliere, à cause des merites qu'il aura acquis, ayant commencé de bonne heure à s'addonner à la vertu, & à seruir Dieu : solitarius, sans trouble, sans rebellions, sans reuolte de ses passions, d'autant que leuauit se super se, il s'est surmonté soy-mesme, en tant que de bonne heure il a commencé à refrener ses desirs, & moderer ses passions.
S. Ambr. serm. 19. in ps. 118. dit tout cela en peu de paroles, qui à iuuentute iugum portauerit, & habenis maturi moderaminis teneriora volens colla subdiderit, sedebit singulariter remotus à strepitu interpellantium passionum, & quietus sedebit: cui necesse est iam non iurgari cum corpore, decertare cum variis cupiditatibus, quia tulit iugum verbi anima, quæ quærit Deum, quæ captiuas sibi fecit, omnes delicias iuuentutis.
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Dieu voulant faire vn homme incomparable de S. Iean Baptiste, il le fait commencer de bonne heure, & dés sa plus tendre ieunesse. Notre Dame dés l'aage de trois ans fut mise au temple, quoy que desia auparauant Saincte Anne n'auoit manqué de faire tous deuoirs d'vne bonne mere en son endroit, & tant d'autres.
S. Denys Areopagite, eccl. Hierarch.230 c. vltimo, remarque que ce Pourquoi on donne le baptesme dés l'enfance. n'a pas esté sans cause que les Apostres ont ordonné qu'on baptisa les petits enfans afin qu'estans encore purs & saincts, exempts de toute erreur, & corruption, ils commençassent à porter le ioug de Iesus-Ch. & de l'Eglise, qu'ils s'addonnassent à la pieté dés leur naissance, & sucçassent la deuotion auec le laict de leurs nourrices, & qu'estans regenerez en Iesus-Christ par le baptesme, ils n'eussent aucuns desseins, aucune pensée que pour Iesus-Christ.
S. Anselme, lib. de similitud.231 c. 78. compare ceux qui seruent à Dieu dés leur plus tendre ieunesse aux Anges, qui ne sont iamais tombez, mais qui ont perseueré au seruice de Dieu : c'est viure en Ange de commencer de bonne heure, & perseuerer dans des si heureuses brisées232.
Dieu auoit expressement ordonné qu'on ne luy offrit aucune victime, Dieu ne veut aucune victime qui ne soit saine. qui ne fut saine, pure, & sans macule, Leuit. I. Malach. I. Que se soucioit Dieu de la pureté d'vn agneau ? s'il auoit des taches ou non ? mais c'estoit pour nous enseigner l'estat qu'il faisoit de vos enfans, lors que vous les luy offrez comme de tendres agnelets dans l'integrité & pureté de vie, prouenant d'vne bonne instruction.
L'Espouse233 dit, Omnia poma noua, & vetera seruaui tibi dilecte mi, O mon bien aymé, ie vous ay gardé tous mes fruicts, vieux & ieunes : Dieu veut auoir tous les fruicts, de ieunesse & vieillesse, partant faut que les peres & meres soient soigneux de les luy garder.
Le Diable fait tous ses efforts pour empescher que tous les fruicts ne soient à Dieu, c'est l'homme ennemy qui surseme la mauuaise semence sur la bonne, & s'en va : qui tasche de semer la semence des vices dans le champ de ces ames tendrelettes estant bien asseuré que s'il le peut faire, postquam creuerint, apparuerunt zizania, l'ivraye se fera paroistre quand ils seront en aage.
C'estoit iadis la coustume parmy les Romains, que les enfans portoient Les enfãs Romains portoient des medailles à leur col. des medailles à leur col, & n'estoient permis de les oster, qu'ils n'eussent quatorze ans : c'estoit pour les aduertir qu'ils estoient enfans, & partant qu'ils deuoient estre instruicts pendant cet aage : maintenant parmy la plus part des familles on ne se soucie guere de cela; vn bon estat, de l'argent, vn bon mariage, ils seront vertueux quand ile seront vieux.
Faut corriger les enfans.
Le Sage a fort bien dit, Virga, & correctio tribuit sapientiam, puer antem qui relinquitur propriæ voluntati, confundit matrem suam, Prouerb. 29. La verge, & la 366 correction donne la sagesse : l'enfant qu'on laisse viure à sa volonté, sera la confusion de sa mere; vaudroit mieux n'auoir point d'enfans que d'en auoir de mauuais, & ne les corriger, ie le dis apres le Sage, Eccli. 16. Ne iucunderis in filiis si multiplicentur, nec oblecteris super ipsos, si non est timor Dei in illis. Melior est vnus timens Deum, quam mille filij impij, & vtilius est mori sine filijs quam relinquere filios impios. Ne vous resiouyssez pas si Dieu vous donne beaucoup d'enfans; ne vous congratulez pas à leur occasion s'ils ne sont craignans Dieu : vaut mieux n'en auoir qu'vn qui craigne Dieu, que mille de mechans, mieux mourir sans enfans que d'en laisser qui soient impies.
Souuenez-vous de ce que dit le Sage, Eccl. 30. Equus indomitus euadit durus, & filius remissus vadit præceps, vn cheual indompté n'est pas maniable : vn enfant negligé est comme abondonné. Lacta filium, dit le mesme, & pauentem te faciet, lude cum eo, & contristabit te. Caressez vostre enfant, & il vous fera peur, iouez auec luy, & il vous attristera : il faut les retenir dans leur deuoir auec le frain de la crainte, & ne pas attendre qu'ils soient deuenus forts en bouche par vne longue liberté, & indomptables par des habitudes inueterées : quand ils sont ieunes, on les fait aller comme on veut en leurs monstrant seulement la verge, quand ils sont vieux, & accoustumez à la liberté, ils ne font rien, mesme pour l'esperon.

Filet cadre, rayé. Comme les Peres & meres qui negligent l'instruction & correction de leurs enfans sont punis. CHAPITRE V.

DIeu a tousiours monstré comme il vouloit que les peres & meres s'acquitassent de ce deuoir, car commandant aux Iuifs, Deut. 10. de garder ses ordonnances, & de s'en souuenir continuellement, il adiousta, docete filios vestros, vt illa meditentur, enseigner vos enfans à ce qu'ils les meditent : ce n'est pas assez qu'ils ayent soin des corps, il faut qu'ils se souuiennent qu'ils sont Peres, non des corps, mais des hommes; & que l'estre de l'homme consiste principalement en l'ame, & partant Dieu dit par S. Paul, Ephes. 4. Vos patres educate illos in disciplina, & correptione Domini, peres instruisez vos enfans en la Loy de Dieu, & I. ad Timoth. 5. Si quis suorum maximè domesticorum curam non habet, fidem negauit, & est infideli deterior: Si quelque pere n'a soin des siẽs, & principalement de ses domestiques, tenez-le comme vn apostat, & pire qu'vn infidele, & le pere, y manquant, la mere le doit faire. I. Timoth. 2. Saluabitur 367 mulier per filiorum generationem, si permanserit in fide, & dilectione, & sanctificatione, cum sobrietate: la femme sera sauuée mettant des enfans au monde, perseuerant en la foy, en l'amour, en la saincteté, auec sobrieté.
Dieu monstre vne grande familiarité à Abraham, Gen. 18. iusques-là La familiarité de Dieu auec Abraham attribuée au soin qu'il auoit de ses enfans. qu'il dit, Num potero celare Abraham quæ gesturus sum? Pourray-ie bien celer à Abraham ce que ie dois faire ? mais quelle est la cause de cette priuauté ? vous croirez peut estre que ce sõt ses aumosnes, que c'est sa foy, que c'est son obeyssance : non c'est le soin qu'il auoit de l'education de ses enfans, Scio quod præcepturus sit filiis suis, & domui suæ post se, ut custodiant viam Domini: ie sçay qu'il commandera à ses enfans, & à tous ses domestiques, & à sa posterité, de garder mes ordonnances.
Au contraire, rien qui fache tant Dieu, que lors que les peres & meres negligent l'instruction de leurs enfans. Qui ne s'estonne considerant la grande misericorde de Dieu qui est si grande, qu'il cherche quelqu'vn en Ezechiel 22. qui s'oppose à sa cholere, s'il pese le commandement qu'il donne à Ieremie 7. Tu noli orare pro populo hoc, neque assumas pro eis laudem, & orationem, & ne obsistas mihi, quia non exaudiam te: garde toy bien de prier pour ce peuple, ne t'oppose point à ma cholere contre luy, car ie ne t'exauceray pas : qui a mis Dieu dans cette cholere inexorable ? en voicy la cause, Nonne vides quid isti faciunt in ciuitate Iuda, & in plateis Jerusalem? filij colligunt ligna, Dieu punit rigoureusement ceux qui ne corrigent leurs enfans. & patres succendunt ignem, & mulieres conspergunt adipem, vt faciant placentas reginæ cœli, & libent Diis alienis, & me ad iracundiam prouocent: Ne vois-tu pas ce qu'ils font ? les peres, les meres, & les enfans, ne pensent qu'à mal faire, à idolatrer, & les peres & meres monstrent l'exemple aux enfans, au lieu de les instruire à l'obseruation de mes commandemens. Les peres & meres n'ont autre soin que d'engraisser leurs enfans, leurs amasser des richesses, qu'à enioliuer leurs filles, les faire voir, estre veuës, leurs permettre de courir & trotter, n'ont autre pensée que de les aduancer selon le monde, craignent de les facher, en font de petites idoles, leurs laissant faire tout ce qu'elles veulent : & puis quelle merueille si Dieu les punit.
Dauid s'en plaint bien fort, Psalm. 105. Immolauerunt filios suos, & filias suas dæmonijs: ce qui se doit entendre non seulement de ces barbares qui immoloient leurs enfans aux Idoles, au Dieu Moloch, c'est à dire au soleil, & les faisoient brusler tout vifs dans une statuë creuse du Soleil; mais des peres & meres qui immolent leurs enfans au monde, & seroient fort marris qu'ils seruissent Dieu, & s'addonnassent à la pieté. Et pour les destourner du seruice de Dieu, leurs permettent tout ce qu'ils veulent : plus cruels que ces barbares, en ce que ceux-là n'ostent que la vie du corps, ceux-cy de l'ame & de la grace Pauures peres & meres, pourquoy pensez-vous que Dieu vous oste souuent 368 vos enfans, sinon en punition de cet excés ? vn roy qui ayme son fils & desire Dieu oste souuent les enfans aux peres & meres, d'autant qu'ils les perdent par trop de liberté. son aduancement n'a garde de le laisser és mains d'vn pedagogue qui le perd : vous estes peres de vos enfans, mais Dieu dauantage : Dieu vous a estably comme pedagogues : mais lors qu'il voit que vous les perdez, ou negligeans leur instruction, ou les corrompans par vos mauuais exemples, ou leurs donnans trop de liberté, il vous les oste. Tant d'exemples de cecy. Aux Iug. 12. ces deux Iuges & Gouuerneurs d'Israel dont l'vn auoit 30. fils & autant de filles, l'autre 40. & toutefois n'y l'vn n'y l'autre n'eut le contentement d'auoir au cun de ses enfans pour successeur en punition de leur negligence en leur in- struction. Se peut-il trouuer exemple plus tragique que celuy de grand pre- I. Reg. 2. Punition d'Elie pour auoir negligé la correctiõ de ses enfans. stre Elie qui de peur de fascher deux fils qu'il auoit, desquels toutefois il entendoit beaucoup de plaintes, les aduertissoit lachement, & auec trop de retenue : mais Dieu l'aduertit que pour punition de cette trop grande indulgence, pars magna domus tuæ morietur, cum ad virilem ætatem venerit, qu'vne grande partie de sa famille mourroit estant arriuée à l'aage virile, & ses deux fils, Ophni & Phinées, in vno die morientur ambo, ils moururent tous deux en vn mesme iour, & le pere tomba à la renuerse, & se cassa la teste, & à domo eius nunquam recessit plaga, & la punition ne sortit iamais de sa maison. Il falloit les chastier selon leurs demerites, ne les point flatter, n'aprehender pas de les facher, & Dieu ne l'eust pas chastié de la sorte.
On ne peut reuoquer en doute l'amour que Dieu portoit à Dauid; toutefois aucuns croient qu'il permit qu'Absalon fut pendu, Amnon tué apres le violement de sa sœur, parce qu'il les auoit esleué trop tendrement : & que deuez vous craindre ? vous qui n'estes ny si auant aux bonnes graces de Dieu comme estoit Dauid, & qui n'auez autre soin que du corps, sans vous souuenir de l'ame de vos enfans.
Stupidité de l'austruche.
Il y a cette difference entre l'austruche & les autres oyseaux que la plus part font leurs nids en haut, puis pondent, couuent les œufs, & viuifient leurs petits & les nourrissent, iusque à ce qu'ils puissent voler, & se pouruoir; mais l'austruche est si stupide qu'elle met ses œufs à platte terre, & se contentant de les couurir auec de la poussiere, les abandonne sans penser qu'on les foulera aux pieds; ou que quelque beste en fera curée : elle n'a non plus d'affection pour ses petits comme s'ils n'estoient à elle : obliuiscitur quod pes conculcet ea, aut bestia agri conterat, duratur ad filios suos quasi nõ sint sui, Iob 39. Tout son trauail n'est qu'à pondre. Ne voila pas la vraye image de tant de peres & meres, qui n'ont autre soin que de pondre, de mettre des enfans au monde, s'ils font quelque chose dauantage c'est de les couurir de poussiere, ils ne s'en soucient qu'ils soient foullez aux pieds des vices & des Diables, qu'ils soient faicts leur curée; c'est la plainte que fait Dieu, Thren. 4. filia populi mei crudelis, quasi struthio in deserto.
369 C'est vn grand don de Dieu d'auoir des peres qui nous instruisent.
C'est vn grand don de Dieu aux enfans d'auoir rencontré des peres & meres qui ayent soin de leur instruction : S. Paul reconnoit cette faueur, & en rend graces à Dieu, 2. ad Timoth. II. Gratias ago Deo meo, cui seruio à progenitoribus meis, ie rens grace à Mon Dieu, qui m'a donné des peres & meres qui m'ont esleué à sa connoissance, & m'ont enseigné de l'adorer, comme ont fait Abraham, Isaac, Iacob, & autres mes progeniteurs, dont i'ay receu la religion, comme de pere en fils. Il est vray qu'il s'opposoit à Iesus-Christ, mais c'estoit vn effect de son zele, croyant que le Iudaïsme, auquel il auoit esté instruit fust la vraye religion, & partant il adjouste, in conscientia pura: ce que i'en ay fait a esté dans la sincerité de ma conscience, & en bonne foy. Helas combien d'enfans y a-il qui sont comme des tresors cachez & enfouys faute de nourriture ? qui rauiroient le monde, s'ils estoient deterrez par le moyen d'vne bonne nourriture ? combien de pauures villageois qui feroient des merueilles, & aux aramées & aux barreaux, & aux chaires, & aux cours, s'ils estient cultiuez ? & si leur naissance ne les auoit condamnez au joug de pauureté, & d'vne charue, & faute de nourriture, ce sont des lumieres soubs des boisseaux. Helas combien de damnez faute d'instruction, & de sauuez par l'entremise d'vne bonne instruction !
Peres trop indulgens comparez aux chirurgiens.
S. Chrysost, hom. 59. in Gen. compare certains peres à ces chriurgiens, lesquels ayant vne playe à panſer, à laquelle il faudroit appliquer le rasoir & le feu pour couper ce qui est pourry, se contentent d'y appliquer quelques emplastres lenitifs, sans plus : de là vient que la gangreine gaignant le dedans, la playe se rend incurable : plusieurs peres & meres se contentent de quelques corrections lenitiues, lors qu'il faudroit appliquer & le fer & le feu pour la cure des fautes de leurs enfans, & puis les fautes se rendent irremediables : & lors les enfans sont l'affliction des peres & meres, & comme des bourreaux qui les tourmentent iour & nuict, Num. 33. Erunt vobis quasi claui in oculis, & lanceæ in lateribus.
Affection desreglée d'Agrippina enuers son fils.
Agrippina mere de Neron nourrit son fils en toute liberté, n'auoit autre estude que de l'aduancer, autre desir que de le voir regner. On luy dit que si son fils estoit Roy qu'il la feroit mourir : n'importe, dit-elle, qu'il me fasse mourir, moyennant qu'il soit Roy : tant elle estoit affollée de l'amour de son fils. En effect il la fit mourir, & le mesme iour qu'elle mourut vn Orateur dit au Senat, iure interficienda erat Agrippina, quæ tale monstrum peperit populo Romano: Agrippina deuoit mourir, puis qu'elle auoit enfanté vn tel monstre. Ne voila pas ce que ie viens de dire, Erunt vobis claui in oculis, & lanceæ in lateribus.
Sennacherib fut tué de ses propres enfans, pour trop de liberté qu'il leurs auoit donné, 2. Paralip. c. 32. Vous trouuerez des peres & meres qui n'auront garde de dire vn mot à vn enfant, il ne faut le fascher, vous luy eschauf 370 ferez le sang, vous luy altererez la santé, quand il sera en aage la raison luy seruira de correcteur. Dictes-moy de grace, si vostre enfant tombe dans l'eau, & vous le voyez qui se noye, vous pouuez le retirer de ce danger, le prenant par les cheueux; mais vous le blesserez luy tirant les cheueux, & plustot que de luy causer cette petite incommodité vous le laissez noyer, n'estes-vous pas vn meurtrier de vostre enfant ? vous voyez vostre enfant qui se perd dans des mauuaises habitudes, mais si vous l'aduertissez, si vous le corrigez, sa santé en sera alterée : cruel que vous estes ! vous dictes que vous l'aimez, non, vous ne l'aimez pas, si vous l'aimiez bien, vous procureriez son plus grand bien, Quid parcit virgæ, odit filium suum, qui autem diligit eum, instanter erudit, Prouerb. 13. Vous n'oseriez démentir celuy qui dit ces paroles, car c'est le S. Esprit par la bouche de Salomon : celuy qui espargne la verge hait son fils, celuy qui l'aime l'instruit diligemment.
L'histoire que rapporte S. August., serm. 35. ad fratres in eremo234, est Histoire effroyable d'vn enfant nourry en liberté. triuialle, elle ne laisse pourtant d'estre fort espouuantable. Vn pauure & miserable pere aimoit tendrement vn fils vnique qu'il auoit, & luy permettoit tout ce qu'il desiroit. Ce galland estoit quasi tousiours yure, tousiours aux berlans ou aux bordeaux235, vn iour estant eschauffé & de vin & de sa concupiscence força sa mere, suffoquant l'enfant dont elle estoit grosse; tua son pere, blessa ses sœurs. O dolosa libertas, ô grandis filiorum perdito, ô paternus amor mortifer! s'escrie S. Aug. O trompeuse liberté ! ô abominable ruyne des en fans ! ô amour paternel qui ne cause que la mort ! ne voila pas bien confir-mé ce que dit Salomon, Prouerb. 29. Virga atque correptio tribuit sapientiam, puer autem qui dimittitur voluntati suæ, confundit matrem suam? La verge & la correction donnent la sagesse, l'enfant qu'on abandonne à sa volonté confond sa mere.
Peres indulgens pires que parricides.
S. Chrysostome, aduersus vituperatores vitae Monasticæ 236, parlant de semblables peres indulgens, dit des paroles que ie ne puis obmettre : Hos parricicidis, dit-il, immaniores sceleratioresque dixerim, illi enim corpus ab anima dissipant, isti & animam & corpus æternis ignibus tradunt, atque is quidem qui corpore occiditur, necessariò naturali lege, etiam si necatus non suisset, moreretur, his vero sempiternam mortem vitare potuisset, nisi hanc illi consciuisset paterna negligentia: præterea corporis mortem, superueniens protinus resurrectionis gloria delere poterit facillimè, animæ vero interitum solari non poterit, cum nulla erit spes, sed immortales cruciatus lugere cogatur. Tels peres sont pires & plus meschans que des parricides, car les parricides separent l'ame du corps, & ceux-cy sont cause de la damnation & du corps & de l'ame : celuy qui est tué deuoit tousiours mourir quoy qu'il n'eust esté tué, mais tels enfans, nourris en liberté, pouuoient eviter la damnation eternelle, si la negligence de leurs peres ne leurs eust procurée : la mort du corps sera reparée par la resurrection, qui viendra bien tost, 371 point de reparation à la damnation de l'ame, n'y ayant plus d'esperance de retour, mais vne necessité d'endurer sans resource.
Peres indulgens sont des traistres.
Sainct Cyprian dit quelque chose approchant de cela serm. de opere & elemosy.237 Præuaricator & proditor pater es, nisi filijs tuis fideliter consulas, nisi conseruandis eis religiosa & vera pietate prospicias, qui studes terreno magis, quam cœlesti patrimonio, filios tuos Diabolo magis commendare, quam Christo; bis delinquis, & quod non præparas filijs tuis Dei patris auxilium, & quod doces filios patrimonium plus amare, quam Christum. Il en veut principalement aux peres qui s'estudient plus à rendre leurs enfans riches que vertueux, & dit pere, tu es vn traistre & meschant homme, si tu n'as soin de tes enfans; si tu ne t'efforces de les rendre vertueux & pieux : toy qui t'estudies plustot à leurs amasser des richesses que la vertu : de recommander tes enfans plustot au Diable qu'à Dieu; tu commets deux grandes fautes : la premiere, que tu ne procures à tes enfans l'assistance Diuine; la seconde, que tu leurs enseignes par ton exemple d'aimer davantage les biens terriens, que Iesus-Christ. Quelles reproches feront les enfans à tels peres à tout iamais, se voyans damnez par leur grande liberté ? De patre impio queruntur filij, quoniam propter illum sunt in opprobrio. Eccli. 41.
Plaintes des enfans damnez par l'indulgence de leurs peres.
Ils diront ce que dit S. Cyprian, de lapsis238, prodidit nos aliena perfidia, parentes sensimus parricidas. Ah mal-heureux que nous sommes ! peres non peres, mais meurtriers : falloit-il que vous nous donnassiez la vie temporelle & passagere, pour nous causer vne mort eternelle ? falloit-il que vous nous communiquassiez vne estincelle de lumiere, pour estre puis apres adiugez à des tenebres horribles & interminables ! pourquoy naistre, s'il falloit estre l'object d'vne mort qui n'aura iamais fin ? de quoy nous sert d'auoir esté Chrestiens, puis que vous n'auez eu le soin de nous faire viure suiuant la loy de Iesus Christ, & que nous ayans laissé viure suiuant nostre liberté nous sommes maintenant de pire condition que les payens. Ainsi le bon-heur que nous auions ( par la misericorde de Dieu ) d'auoir esté faits Chrestiens est le comble de nostre mal-heur, causé par vostre negligence. Pleut-il à Dieu que nous eussions esté suffoquez dans le ventre de nos meres, & comme auortons jettez dans la voirie, nous ne nous trouuerions pas maintenant dans ces flammes si cuisantes. Pleut-il à Dieu qu'aussi tost que nous auons esté nez nous eussions esté estouffez : nous n'eussions pas commis les crimes que nous auons commis, par la liberté que nous ont donné nos peres, crimes, cause de nostre mal-heur. Donc il a fallu naistre, & receuoir vne meschante rogneure de temps & de vie, pour mourir d'vne mort eternelle ! O l'heure infortunée à laquelle vous vous estes marié, pour mettre au monde des enfans que vostre trop grande 372 licence deuoit rendre enfans de perdition. Vous n'auez pas assez consideré la fin de vostre mariage, qui estoit d'esleuer vos enfans à la crainte de Dieu & à son seruice, & en faire des Saincts. Tout au contraire vous nous auez esleué dans la vanité, vous nous auez laissé viure selon nos volontez : vous auez pris plaisir à nos dissolutions : voire vous nous auez attiré au mal, & comme forcé par vos mauuais exemples, & de peur de nous contrister n'auez voulu nous aduertir de nos fautes, non pas mesme permettre que nos maistres nous corrigeassent. Tout vostre soin a esté de nous amasser vn heritage gras & ample, sans vous soucier de l'heritage du ciel, & pour vne piece de terre vous nous auez priué du Royaume du paradis, vous nous auez procuré des honneurs mondains, pour nous priuer de la gloire celeste. Malheureux que nous sommes d'auoir rencontré de tels peres ! si nous eussions eu des peres qui nous eussent corrigé, nous ne nous verrions pas maintenant reduits à cette eternité infortunée. Helas la perfidie d'autruy est cause de nostre perte, si nos peres eussent esté fideles à Dieu, faisans enuers nous ce que Dieu demandoit d'eux, nous ne serions pas damnez ! ils ne se sont pas monstrez enuers nous des peres, mais des parricides, en la liberté qu'ils nous ont donnée, qui est cause que nous sommes priuez de Dieu, & maudits pour iamais. Ah maudits peres ! maudites les richesses que vous nous auez acquis auec tant d'auidité, maudits les honneurs qui n'estoient que fumée qui nous priuent maintenant des vrays honneurs. Maudit le ventre qui nous a porté, maudites les mammelles qui nous ont allaictez : que la malediction de Dieu soit eternellement sur vous : vous qui estes les peres de nos corps, les causes de nos desordres : l'occasion de la damnation de nos ames, & la raison demande que vous soyez compagnons de nostre malediction, & maudits de Dieu à toute eternité.

Filet cadre, rayé. Que la correction des enfans doit estre discrete. CHAPITRE VI.

La correction comparée à vne medecine.
LA correction est proprement vne testification du cœur, vne admonition charitable, elle doit estre comme vne medicine sagement ordonnée & exactement dosée : les ingrediens sont le vinaigre, & l'huile ou le miel : le vinaigre qui est la iustice, le miel ou l'huile qui est la charité, du sel qui est la discretion : le vinaigre ou la iustice suppose le vice qui est la cause de la cor rection : le miel ou l'huile suppose l'amour & la charité de laquelle la corre- 373 ction doit proceder non de haine ny de passion : il y faut du vinaigre, c'est à Faut de la seuerité en la correction de la ieunesse. dire, de l'aigreur, car tout ainsi que la vigne qui n'est coupée par l'abondance de bois inutile qu'elle jette, se rend sterile, de mesme la ieunesse si elle n'est retranchée en la superfluité des mauuaises habitudes qu'elle pousse ne portera guere de bons fruicts : la grangreine cause bien tost la mort si on n'y applique ou le fer ou le feu, & la corruption de la ieunesse cause la mort de l'ame, & bien des mal-heurs, si on ne se sert du fer & du feu de seuerité : il y faut ce Il y faut de l'huile. pendant mesler la dose de miel ou d'huile, ou elle sera trop aigre & trop corrosiue : & faut que la discretion ayt esgard à tous les symptomes du malade, prenne garde au temps & au lieu pour appliquer cette medecine, autrement souuent elle nuit plus que de prositer, & faut vne grande industrie pour la faire receuoir auec fruict.
Tout ainsi qu'il y peut auoir de l'exces à la trop grande liberté qu'on donne aux enfans, aussi en peut-il auoir à la trop grande rigueur : il faut se donner de garde de l'vn & de l'autre des extremes. L'Apôtre Coloss. 3. aduertit les peres & meres en ces termes, patres nolite ad indignationem prouocare filios vestros, vt non pusillo animo fiant, ne donnez pas occasion d'indignation à vos enfans de peur de leurs rabbatre le courage.
Enfans genereux semblables aux petits lions.
Les enfans genereux, dit Philostrate, in vita Apollonij lib. 7. c. 13.239 sont semblables aux petits lions, il ne faut ny les battre, ny les flatter : si vous les battez ils entrent en furie, deuiennent plus fiers, s'en souuiennent, & s'en vangent : si vous les flattez ils deuiennent insolens. Il y a certaines plantes qu'il est facile de plier, d'autres qu'en pensant les plier vn peu trop, vous les rompez. Il y a des enfans desquels on en fait tout ce qu'on veut, d'autres si reuesches qu'à peine peut-on les manier, c'est pourquoy il y faut bien de la discretion.
Le Prophete Zacharie c. 11. dit, Assumpsi mihi duas virgas, vnam vocaui decorem, alteram vocaui funiculum, & paui gregem. I'ay pris deux verges, l'vne ie l'ay appellé beauté : l'autre vne cordelette, & i'ay donné la pasture à mon trou Deux verges l'vne de beauté l'autre appellée cordelette. peau. Les peres & meres en la correction de leurs enfans doiuent auoir la verge de beauté qui est l'amour, la douceur, la clemence, les promesses, les recompenses : voila le beau & bon gouuernement : que si les enfans se rendent indociles à cette verge, faut prendre funiculum. La corde, le foüet qui est la seuerité, faut venir aux menaces, à la crainte, aux chastimens, mais pour bien faire faut mesler l'vn auec l'autre, le vin auec l'huile, & en cela imiter le bon Samaritain en la cure du voyageur, conformement au precepte de S. Paul 2. ad Timoth. 4. Argue, obsecra, increpa, reprenez, priez, tançez : meslez l'a Faut mesler l'amour auec la rigueur en la correction. mour & la douceur auec la reprehension & la rigueur. Mais que les peres & meres se souuiennent qu'on prend plus de mouches auec du miel qu'auec du vinaigre, & que les hommes se gaignent plustot par douceur & amitié qu'auec rigueur & austerité.
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L'Apostre donne vn fort bon aduis Ephes. 6. Nolite ad iracundiam prouocare filios vestros, fed educate eos in disciplina & correctione Domini: ne donnez point d'occasion à vos enfans par vos continuelles menaces, reprehensions & chastimens de se reuolter & prendre le frain aux dents : ne les laissez pas aussi viure selon leurs volontez, meslez le vin auec l'huile, le vinaigre auec le miel, la verge de beauté auec la cordelette.
Pour la guarison de la lepre falloit mettre du sang & de l'huile sur l'oreille.
Dieu auoit commandé Leuit. 14. que pour la guarison du lepreux, le prestre prit du sang de la beste qui estoit immolée pour le lepreux, & qu'il le mit sur l'oreille du lepreux auec de l'huile. Pourquoy mettre du sang & de l'huile sur l'orelle pour guarir la lepre esparse par tout le corps ? sinon pour monstrer qu'il faut guarir le vice signifié par la lepre, par l'oreille, y appliquant l'huile d'vne douce exhortation, d'vne charitable admonition, d'vn amour paternel, & le sang d'aigreur de punition, quand l'huile n'est assez efficace : souuent ce qui cuit & pique dauantage, est ce qui guarit plustot. Souuent, meliora sunt vulnera diligentis, quam fraudulenta oscula blandientis, melius est à sapiente corripi, quam stultorum adulatione decipi, mieux vaillent les coups de celuy qui aime, que les baisers trompeurs de celuy qui flatte : mieux vaut estre chastié d'vn sage que d'estre trompé des flatteries des foux, Prouerb. 27.
Ne faut estre trop seuere en la correction des enfans.
Vn certain Prelat se plaignoit vn iour à S. Anselme de ce qu'il chastioit continuellement ses nouices, ne leurs donnoit aucune liberté, & cependant qu'ils deuenoient tous les iours plus meschans. Si vous auiez, luy dit S. Anselme, vne plante en vostre jardin, & que vous l'enfermassiez de tous costez, de sorte qu'elle ne peut s'estendre, pourriez-vous esperer que cet arbre deust valoir quelque chose ? il sera inutile, courbé, forcé, & estroit. Aussi si vous tenez vos nouices si courts que vous ne leurs donniez aucune liberté, ne leurs monstriez aucun signe d'amour, mais qu'ils ayent occasion par vos menaces & rigueur de croire que vous ne les aimez pas, tant s'en faut qu'ils doiuent deuenir meilleurs, au contraire ils deuiendront tous les iours pires, & plus reuesches.
Les peres & meres ne doiuent maudire leurs enfans.
Sur tout les peres & meres doiuent se donner de garde de maudire leurs enfans, & de les donner au Diable, car comme la benediction des peres & meres est souuent efficace, aussi l'est la malediction : nous auons plusieurs exemples en confirmation de cette verité, entre autres celuy que raconte S. Aug. 22. de Ciuit. c. 8. d'vne mere en Cesarée, laquelle estant transportée de cholere, & maudissant dix enfans qu'elle auoit, sept fils & Histoire de la malediction d'vne mere sur ses enfans. trois filles, aussitost ces pauures enfans se sentirent saisis d'vn tremblement par tout leurs corps, & ne pouuant supporter la honte qu'ils conceuoient de cette malediction quiterent leur pays, s'en allerent quasi par toute l'Italie, & aucuns furent deliurez de cette incommodité visitans les re 375 liques de S. Estienne, entre autres deux en la presence de S. Augustin. La miserable mere voyant le mal-heur qu'elle auoit causé à ses enfans par sa malediction, s'estrangla. O que Le Sage a bien dit, Eccli. 38. Benedictio patris firmat domos filiorum: maledictio autem matris eradicat fundamentæ. La benediction des peres establit la maison des enfans, la malediction de la mere la ruyne de fond en comble. Ouy ! souuent Dieu attache la bonne ou mauuaise fortune des enfans à la benediction ou malediction des peres & meres; c'est pourquoy les anciens Patriarches recherchoient si soigneuesement la benediction paternelle, comme il appert en Iacob & Esau.
Combien de peres & meres excessifs en ce poinct, qui à la moindre occasion maudissent leurs enfans, leurs souhaitent la peste, les enuoyent au Diable ? semblables à Saül lors que Ionathas luy remonstroit l'innocence de Dauid qu'il persecutoit & cherchoit à mort, qui luy dit, Fili mulieris vltro virum rapientis, fils de femme qui se prostitue, fils de putain : parole trop commune parmy plusieurs Chrestiens au preiudice mesme de l'honneur de leur lict & de leur famille.
Contre les peres trop doux.
Il y a aucuns peres qui ont vne affection si tendre pour leur enfans, qu'ils ne les sçauroient contrister ny les voir pleurer, & partant ne peuuent les corriger; mais il vaut bien mieux que les enfans pleurent pendant qu'ils sont ieunes, que de faire pleurer leurs peres & meres par leur meschante vie quand ils seront en aage; vaut mieux les attrister que fascher Dieu, & s'exposer à la punition de sa iustice, & les enfans à la damnation.
Douceur de nostre Seigneur.
Mais nostre Seigneur presche tant la douceur & debonnaireté : il est vray & s'il faut exceder vaut mieux exceder en trop de douceur, que de rigueur, quoy qu'il faut se garder de tout excés. Nostre Seigneur nous donne pour leçon sa douceur & mansuetude. Isaie dit qu'il seroit si doux que, calamum quassatum non conteret, & lignum fumigans non extinguet, c'est à dire, dit S. Chrysost., quoy qu'il fust si puissant & si fort qu'il pouuoit briser tous les Iuifs comme vn roseau rompu, & les consommer comme vn tison qui est quasi esteint : toutefois sa douceur & mansuetude ne le permettoit pas. C'estoit vn agneau qui ne sçauoitbêler estant iniurié & persecuté; & nonobstant cette admirable douceur il prend le foüet en main, chasse les vendeurs du temple, renuerse leurs comptoirs, inuectiue contre les Scribes & Pharisiens, & d'agneau deuient comme vn lion. Il est bon que les peres & mere apprennent de nostre Seigneur la mansuetude, mais aussi doiuent-ils prendre la verge en main à son imitation, quand la raison le veut : & faut que cette verge soit telle que celle que represente Hieremie c. 1., vne verge veillante, ou bien vne verge au dessus de laquelle est vn œil, qui signifie la diligence, la prudence, que 376 doiuent auoir les peres, pour prendre garde aux de fauts de leurs enfans, pour reconnoistre leurs inclinations, & y remedier auec l'œil de la prudence.
Consolation aux peres qui ayant fait leur deuoir enuers leurs enfans, leurs enfans ne vaillent rien.
Il faut que ie dise icy vn mot, qui seruira comme de conclusion à ce Cha pitre, & au precedent; & de consolation à aucuns peres & meres lesquels ap-res auoir fait tout leur possible touchant l'instruction de leurs enfans, n'ont enfin que des vaut-neant & des pendars, qui leurs seruent de bourreaux & de confusion à toute la famille, & sont comme vipereaux qui rongent les entrailles de leurs pauures meres, par les ennuis continuels qu'ils leurs causent. Ce mot est du Prophete Ezechiel ch. 35. Si annuntiante te ad impium, vt à vitijs suis conuertatur, non fuerit conuersus à via sua, ipse in iniquitate sua morietur, porrò tu animam tuam liberasti. Lors que vous aurez fait vostre deuoir pour corriger l'impie, s'il meurt en son impieté, vous n'en estes pas coupable. C'est en ce cas que le dire du mesme Prophete ch. 18. est tresveritable, Filius non portabit iniquitatem patris, & pater non portabit iniquitatem filij, iustitia iusti super eum erit, & impietas impij erit super eum. L'iniquité de l'enfant ne sera imputée au pere, ny celle du pere à l'enfant, le iuste sera re Aux maisons saintes sont souuent des mauuais enfans. compensé de sa iustice, & l'iniuste puny de son iniquité. Tous ceux que nostre Seigneur a presché, repris, corrigé, n'ont pas esté conuertis : il se trouue vn Cain en la maison d'Adam : vn Cam en celle de Noé : vn Ismael à celle d'Abraham : vn Esau à celle d'Isaac : vn Ruben en celle de Iacob : vn Amnon & vn Absalon en celle de Dauid. Iudas en celle de Iesus-Christ : vn Lucifer dans le ciel.
Ces pauures peres doiuent auoir patience, & leur recours à la prouidence Diuine, & redoubler leurs prieres & bonnes œuures pour leurs enfans : ce n'est pas pour eux que sont les menaces de Dieu, mais pour ces peres negligens qui ne se soucient de l'education de leurs enfans, qui de peur de les fascher leurs permettent tout ce qu'ils veulent : & se rendent coupables des vices de leurs enfans deuant Dieu & les hommes.
Punition des peres indulgens chez les Romains.
Les Romains auoient vne loy nommée Falcidia240, qui ordonnoit que si l'enfant, faute de correction paternelle, venoit à faillir, que pour la premiere fois on aduertit l'enfant : pour la seconde, qu'on le chastiat, & la troisiesme qu'il fust pendu, & le pere banny & priué de ses biens, comme coupable du crime de l'enfant : c'est plus d'estre banny à iamais du paradis, pour auoir conniué à la meschante vie des enfans, & auoir esté cause de leur dissolution pour trop de liberté.
Loy de Solon cõtre les peres negligeans l'education de leurs enfans.
Plutarque & Laërtius, in Solone, disent que Solon fit vne loy, par laquelle il vouloit que le pere qui auoit negligé l'éducation de son fils, & ne luy auroit fait apprendre vne pratique, fut abandonné de son fils en sa necessité, & que le fils ne fust obligé de le nourrir en punition de sa negligence. Les 377 loix de Dieu sont plus seueres, puis qu'elles priuent les peres de la nourriture eternelle des Anges, pour auoir mesprisé l'education de leurs enfans.
Les enfans sont la possession des peres & meres.
Peres & meres souuenez vous de ce que dit la premiere mere du monde se voyant mere, par l'enfantement de son fils, Possedi, dit-elle, hominem per Deum. Par la grace de Dieu i'ay possedé vn homme, elle appelle son enfant sa possession : ouy vos enfans sont la plus pretieuse possession que vous ayez : ne laissez pas cette possession en friche, & toute herissée d'espines de mauuaises inclinations, arrachez en les meschantes herbes, & les ronces que la corruption de la nature y produit : labourez la auec le trenchant de la discipline Chrestienne : ensemencez la de la semence d'vne saincte doctrine, arroſez là de vos bons exemples & saincts aduertissemens. Escoutez ce que vous dit Le Sage Eccli. 30. Non des illi potestatem in iuuentute, & tunde latera eius dum infans est, ne fortè induret, & no credat tibi, & erit dolor animæ tuæ: equus indomitus euadit durus, & filius remissus euadit præceps. Ne luy donnez pas trop de liberté pendant qu'il est ieune, chastiez le pendant qu'il est enfant, de peur qu'il ne prenne sonpli, qu'il ne s'endurcisse, qu'il ne vous croye pas, & lors ce seront les douleurs. Le cheual qu'on ne dompte deuient inutile; & l'enfant libertin s'emporte à l'impetuosité de sa passion.
Prudence du chirurgien d'Auguste.
On peut comparer les peres à des chirurgiens, & à des escuyers : si le chirurgien flatte trop la playe la gangreine s'y met, & cause la mort : il y faut mettre quelquefois & le feu & le fer, mais prudemment & auec circonspection & discretion. La fille d' Auguste Empereur auoit vn iour vne apostume souz la mammelle : le chirurgien de l'Empereur y auoit appliqué tous les remedes lenitifs de son art, & en vain, il y falloit mettre le fer. Cette tendre pucelle aimoit mieux mourir que de sentir le fer, & pasmoit quand on luy en parloit. Le chirurgien cacha subtilement le fer de sa lancette dans du cotton huilé, & engraissant l'apostume la pressa & la perça. Cette fille jetta vn petit cris, & puis commença à rire voyant la gentillesse du chirurgien, mais encore plus se voyant deliurée des douleurs qu'elle souffroit auparauant, & du danger de la mort. Les peres & meres doiuent imiter cette industrie cachant le fer de la rigueur souz l'huile & le cotton de l'amour & de la douceur, mais cependant faut donner le coup, percer l'apostume : si les enfans crient ils en seront bien ayses quand ils connoistront le bien que ce fer leurs aura causé.
Si l'escuyer laisse le cheual sans luy mettre le mord & le cauesson pendant qu'il est ieune, s'il ne le monte, le trauaille, le flatte tantost, tantost luy monstre la houssine, tantost luy donne de l'esperon, luy rompt ses volontez, luy corrige ses ombrages, il n'en fera iamais rien qui vaille : il en est tout de mesme des 378 enfans. Peres & meres voulez vous auoir du seruice & du contentement de vos enfans ? instruisez-les, c'est l'aduis que vous donne Salomon Prouerb. 29. Erudi filium tuum, & refrigerabit te, & dabit delicias animæ tuæ. Enseignez vostre fils, il vous consolera, & sera le contentement de vostre cœur, & Eccli. 30. Lacta filium tuum, & pauentem te faciet, lude cum eo, & contristabit te. Flattez vostre fils, il vous fera trembler, iouez auec luy, il vous attristera, qui parcit virgæ odit filium, qui autem diligit, instanter erudit, c'est hair vostre enfant de ne le corriger : vous ne pouuez mieux luy faire paroistre vostre amour qu'en l'instrui sant, dit Le Sage.

Filet cadre, rayé. Comme les peres & meres s'acquiteront de l'obligation qu'ils ont d'instruire leurs enfans, les recommandans à Dieu, leurs monstrans bon exemple, & les pouruoyans de bons pedagogues. CHAPITRE VII.

Les peres & meres doiuent recommãder leurs enfans à Dieu.
PVis que la Sapience vient de Dieu, c'est de là que les peres & meres la doiuent attendre pour leurs enfans, & luy demander par leurs contiuelles prieres, à l'imitation du bon pere Iob, dont l'escriture saincte dit, Iob c. I. Consurgens Iob diluculo offerebat holocausta per singulos dies, dicebat enim ne peccauerint filij mei & benedixerint Deo in cordibus suis, sic faciebat Iob cunctis diebus. Le bon homme se leuoit du grand matin, offroit à Dieu des holocaustes tous les iours, pour expier les fautes de ses enfans; & afin que Dieu leurs fist la grace, non seulement de ne donner aucun scandale, & ne commettre aucune faute à l'exterieur, mais pas mesme de pensée, c'estoit là sa premiere pensée, non dit S. Chrysost. hom. 3. ad Philip.241 de leurs laisser de grands moyens, comme font plusieurs, des estats, des principautez, des metairies : mais qu'ils honnorassent Dieu, & eussent sa grace.
Doiuent auoir soin que leurs enfans soient gẽs de bien.
Voilà par où il faut commencer l'instruction des enfans, les vouer & consacrer à Dieu aussi tost qu'ils sont nez : tous les iours renouueller cette offrande : leurs donner la benediction : demander à Dieu la grace qu'ils ne l'offensent, & à l'imitation de saincte Monique, lors qu'ils ne sont tels qu'ils deuroient, prier pour eux, les recommander à des gens de bien, faire prier pour leur conuersion comme elle faisoit, faire des aumosnes à leur intention, en quoy on est doublement pere & mere des enfans. Telle estoit la Reine Blanche, mere de S. Louys, 379 qui disoit, mais de bon cœur, qu'elle aimeroit mieux son fils mort, que de luy voir commettre vn seul peché mortel. O quelle mere ! vn tel fils ! bon Dieu qu'elle n'a guere de semblables maintenant ! que les enfans offensent, qu'ils soient deprauez, n'importe : c'est assez qu'ils soient gras, en bon poinct, grands, en honneur, peu importe qu'ils soient en la grace de Dieu, moyennant qu'ils soient riches, & en reputation.
Les Machabées soignent principalement le culte de Dieu.
Pleut-il à Dieu qu'on peut dire des Chrestiens auec verité, ce qui se dit des Machabées du temps de Iudas, 2. Mach. II. Erat enim pro vxoribus & filijs, item que pro fratribus, & cognatis, minor sollicitudo, maximus vero, & primus pro sancti-tate timor erat templi. Ils ne se soucioient guere du temporel, non pas mesme de la vie de leurs plus proches, leur soin principal estoit de la saincteté, & de ce qui appartenoit au culte de Dieu. Aussi Dieu benit-il cette race, & la rendit illustre, & c'est en elle qu'on a trouué cette genereuse mere, qui exhorta si constamment sept fils de mourir pour Dieu & pour la religion, les coniurant par les mammelles qui les auoient allaicté, de n'auoir esgard aux choses temporelles, mais de jetter les yeux vers le ciel, & de rendre courageusement leurs esprits à celuy qui auoit formé leurs corps, & creé leurs ames : aussi merita elle de les voir tous sept martyrs en vn iour, & de mourir la derniere, & emporter vne glorieuse couronne.
Soin de Tobie à instruire son fils.
Peres & meres prenez exemple du bon Tobie, c. 4. voicy comme il instruit son fils, Omnibus diebus vitæ tuæ in mente habeto Deum, & caue ne aliquando pec cato consentias & prætermittas præcepta Domini tui: ex substantia tua fac eleemosy- nas, si multam tibi fuerit abundanter tribue; si exiguũ tibi fuerit, exiguum libenter im-pertiri stude: attende tibi fili mi, ab omni fornicatione &c. honorem habebis matri tuæ, omnibus diebus vitæ tuæ. Ayez tousiours Dieu deuant vos yeux, prenez garde de ne iamais consentir au peché, ny de iamais enfraindre les commandemens de Dieu : faites des aumosnes : si vous auez beaucoup, donnez beaucoup, si peu, peu; mais de bonne volonté : gardez vous de toute fornication &c. honorez vostre mere tous les iours de vostre vie.
Ie vous prie de contenter vostre saincte curiosité lisant ce ch. 4. de Tobie, qui est comme sa derniere volonté qu'il fait entendre à son fils, & vn tesmoi gnage qu'il ne desiroit en luy rien plus que la crainte de Dieu. Si ce bon vieil-lard instruisoit bien son fils, la mere de Sara qui fut femme du petit Tobie, & bru du vieillard Tobie, ne manqua à sa fille, voicy l'adieu qu'elle luy fait, honorare socerum, diligere maritum, familiam regere, & seipsam exhibere irreprehesibilem, luy recommande d'honorer son beau-pere, d'aimer son mary, d'auoir bon soin de sa famille, & de viure irreprehensiblement : voilà la premiere chose que doiuent faire peres & meres pour s'acquiter de leur deuoir.
La seconde chose est de leurs mõstrer bon exemple, Longum iter est per præ- 380 cepta, breue & efficax par exempla, dit Seneque, c'est vn long chemin quand il Force de l'exemple. faut aller par les preceptes, il est plus court & plus efficace par les exemples : il prouue cela par exemple, & dit, Metrodorum & Hermachium, & Polyæmum magnos viros non schola Epicuri, sed contubernium effecit, Metrodorus, Hermachius, Polyæmus sont deuenus grands personnages, non pour auoir frequenté l'escole d'Epicurus, mais par le bon exemple de leurs compagnons242. Validiora sunt exempla quam verba, & plenius opere docetur, quam voce. Leo Papa serm. de ieiunio243. L'exemple est plus puissant que la parole, on enseigne mieux par œuure, que par la voix.
C'est le moyen dont Iesus-Christ s'est seruy, Cœpit Iesus facere & docere, Act. I. Iesus commença à faire, puis il enseigna. S. Cyprian dit fort veritablement lib. de duplici matryrio244, Efficacius est vitæ, quam linguæ testimonium: le tesmoignage de la vie est plus efficace que de la langue : puis il adjouste, habent & opera linguam suam, habent etiam suam facundiam tacente lingua, les œuures parlent & (la langue demeurant muette) se font entendre. Nostre Seigneur parlant de ceux qui seront grands en paradis, dit que ce seront ceux qui auront fait & enseigné, qui fecerit & docuerit hic magnus vocabitur in regno cælorum, Math. 5.
La ieunesse desbauchée faute de bon exemple.
Le bon Eleazar 2. Machab. 6. aima bien mieux mourir s'exposant à la cruauté des tyrans, que d'enfraindre la loy, & de donner mauuais exemple à la ieunesse. Voyez le bien qui en arriua : sept freres animez de sa constance, confirmez par son exemple, endurerent vn glorieux martyre.
S. Chrysostome Homil. 40. ad popul.245 se plaint de tant d'enfans desbauchez, & apporte la raison, exemplaria deleta sunt, propterea neque iuuenes euadunt laudabiles, ils manquent de bons exemples, & quelle merueille s'ils ne vaillent rien ? S. Hieros. escriuant ad Heliod. ep. 3246. luy dit, in te oculi omnium diriguntur, domus tua & conuersatio, quasi in specula constituta, magistra est publicæ disciplinæ; quicquid feceris, id sibi omnes faciendum putant, caue ne committas, quod aut qui reprehendere volunt, dignè lacerasse videantur; aut qui imitari, cogantur delinquere. Tous ont les yeux pointez sur vous, vostre maison & vostre vie est comme vne eschauguette, c'est comme l'idée des mœurs, tous croient leurs estre loisible de faire ce que vous faites : prenez garde de ne rien faire qu'on puisse iustement censurer, & qu'on ne puisse louablement imiter.
La force de l'exemple.
N'est-ce pas chose espouuantable que de lire ce qu'escrit S. Greg. 4. Dialog. 18. de cet enfant de cinq ans, qui ayant ouy souuent son pere iurer & blasphemer, & ayant appris de luy ce langage de Diable, fut rauy par malins esprits entre les bras de son pere ? Si nostre nature corrompue est si encline au mal de soy-mesme, si le chemin de la vertu est glissant comme vne glace, que sera-ce si nous sommes tirez & poussez violemment par le mauuais exemple ?
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Valere le Grand dit que Themistocles fut incité à faire les choses grandes qu'il a fait par l'exemple de Milciades. Flauius Vopiscus, que ce qui espoinçonna Alexandre le grand fut l'exemple d'Achille : & Plutarque que ce qui donna le cœur à Iule Cæsar fut l'exemple d'Alexandre. Quand vos enfans auroient le naturel tout enclin au mal, si est-ce que voyans de bons exemples, ils sont obligez à bien faire : quand ils seroient du meilleur naturel du monde, le mauuais exemple est capable de les peruertir.
Quoy que le peuple des Iuifs fut le peuple choisy de Dieu, que Dieu se communiquast à luy si familiairement ; qu'il eust la vraye religion, que Dieu luy eust donné ses ordonnances ; qu'il fust assisté de tant de graces : toutefois le mauuais exemple le corrompit, commixti sunt inter gentes, & didicerunt opera eorum, & seruierunt sculptilibus eorum, & immolauerunt filios suos, & filias suas dæmonijs. Ils ont veu l'exemple des Chananeans, l'ont ensuiuy, ont adoré leurs idoles, & leurs ont immolé leurs enfans.
Les enfans sont comme des singes.
Les enfans sont comme des singes, ils font tout ce qu'ils voient faire : & partant quelle obligation ont les peres & meres de ne rien faire, d'où ils puissent tirer mauuais exemple ? Belle sentence de S. Greg. De cura pastorali247 parte 3. c. 5. Prælatus tot sibi coronas multiplicat, quot Deo animas lucrisicat: sic si peruersa perpetrat, tot mortibus dignus est, quot ad subditos suæ perditionis exempla transmittit, le superieur acquiert autant de couronnes qu'il gaigne d'ames par son bon exemple : & est digne d'autant de morts, qu'il scandalise de subjects par son mauuais exemple. S. Bernard Epist. 104. monstre fort subtile ment le tort que se font les peres & meres par le mauuais exemple qu'ils don-nent à leurs enfans, Male de te meruit, dit-il, qui te peperit, si propter te perit, an non propter te perit, qui ipsum quem peperit, perimit, celuy qui vous a engendré ne vous est pas beaucoup obligé, s'il se damne à vostre occasion : & celuy qui vous a engendré ne se damne-il pas, vous tuant & damnant par son exemple apres vous auoir engendré ?
Le mauuais exẽple ne necessite point.
Ie ne veux pas inferer que le mauuais exemple, non plus que le bon, soit vne necessité : nous auons tousiours nostre franc arbitre, & l'assistance de la grace de Dieu nonobstant l'exemple ; mais l'exemple a vne grande force. Abraham auoit eu de mauuais exemples, son pere estant vn faiseur & adorateur d'idoles, Gen. II. il ne laissa pourtant d'estre ce que chacun sçait ; Ezechias eut vn fort mauuais exemple en Achaz son pere, 4. Reg. 16. il fut tou Plusieurs nonobstant le mauuais exemple n'ont laissé d'estre bons. tefois homme de bien, & bon Roy. Et tant d'autres, S. Chrysostome discourant des vertus d'Abraham dit, Lando iustum, quia tales parentes habens, talis ipse factus: ecce enim valde rarum & admirabile est, ex agresti radice dulcem fructem produci. Non accusandi sunt ob parentum malitiam filij piè viuentes: sed & vt admirabiles habendi, eo quod cum pietatem à parentibus non acceperunt, nec habuerunt qui manu ducerent, quasi in eremo, & inuio euntes viam quæ in cœlum 382 fert inuenire potuerint: non igitur crimen est habere parentum impium, sed imitari patris impietatem, Ie loue cet homme iuste, d'autant qu'ayant vn tel pere, il a esté si homme de bien : ô que c'est chose rare & admirable de cueillir vn fruict doux d'vne racine sauuage ! il ne faut pas blasmer les enfans, qui sont gens de bien, pour la meschanceté de leurs parens, mais il faut les admirer, d'autant que n'ayant esté instruits à la pieté par leurs parens, n'ayans eu personne pour les conduire, & marchans comme dans vn desert, & sans chemin, ils ont pu trouuer le chemin du ciel : ce n'est pas crime d'auoir vn meschant pere, mais c'est crime d'imiter la meschanceté de son pere.
Il faut que les peres & meres se souuiennent qu'ils doiuent estre comme Les peres & meres doiuent estre comme des soleils en leur maison. des soleils dans leurs maisons pour esclairer tous leurs domestiques, & principalement leurs enfans, par la lumiere de leur exemple, & que S. Paul leurs dit ce qu'il disoit autrefois à Timoth. I. 4. Exemplum esto fidelium in verbo, in conuersatione, in charitate, in fide, in castitate, vt profectus tuus manifestus sit omnibus. Vous deuez estre l'exemple & l'idée de vos domestiques en vos paroles, en vostre conuersation, en charité, foy, chasteté : & vos vertus doiuent paroistre deuant les yeux de tous : & S. Augustin les aduertit in lib. de Pasto.248 Omnis qui male viuit in conspectu eorum quibus præpositus est: quantum in ipso est occidit, & fortè qui imitatur moritur: qui non imitatur, viuit: tamen quantum ad illum pertinet, ambo occidunt, quiconque vit mal en presence de ses subjects les tue, entant qu'il est en luy : & peut estre que celuy qui l'imite meurt, celuy que ne l'imite pas, vit : il ne tient pas toutefois à celuy qui donne mauuais exemple qu'ils ne meurent tous deux. Photius in Bibliotheca Oyseau appellé le iuste. fait mention d'vn oyseau nommé le iuste, d'autant qu'il cache ses excremens, qu'il sçait estre tres-pernicieux, de peur d'infecter les hommes : peres & meres si vous faites mal, au moins cachez vos malices de peur d'infecter vos enfans.
La derniere chose que les peres & meres doiuent faire pour s'acquiter Faut donner de bons pedagogues aux enfans. de leur obligation touchant l'instruction de leurs enfans, est de leurs procurer de bons pedagogues s'ils en ont les moyens, & s'ils ne peuuent les instuire eux-mesmes, voicy comme parle Plutarque, lib. de pueror. educatione249, apres qu'il a dit beaucoup d'autres choses, & donné beaucoup de preceptes, enfin il dit, maximum omnium, longèque primarium, dicturus accedo. Inquirendi filijs præceptores, quorum vita nullis obnoxia criminibus, irreprehensi mores, & optimum experimentum. Ie m'en vay dire la chose la plus grande & la principale de toutes. C'est qu'il faut chercher aux enfans des maistres qui soient sans crimes, irreprehensibles en leurs mœurs, & de grande experience. Car tout ainsi, dit-il, que les bons jardiniers enlacent les arbrisseaux en bordures, de mesme les bons maistres donnent de bonnes instructions aux enfans, leurs donnent de bons preceptes, d'où procedent puis apres de bonnes 383 mœurs : il poursuit disans. O que l'on doit faire peu d'estat de certains peres, qui sans auoir tiré aucune experience des maistres, mettent leurs enfans és mains d'hommes meschans & ignorans!
S. Chrysostome Homil. 60. in Math. encherit par dessus Plutarque disant, maiorem asinorum ac equorum, quam filiorum curam habemus, nam si asinis agaso nobis præficiendus est, non parum vigilamus, ne dementem aut temulentum, aut furem, aut eius rei imperitum præficiamus: sin vero ad colendum filiorum ingenium pædagogus sit nobis inueniendus, qui casu oblatus fuerit eum recipimus, nec consideramus nullam artem hoc artificio sublimiorem inueniri: quid enim maius quam moderari, quam adolescentulorũ fingere mores? omni certe pictore, omni statuario, cæterisque huiusmodi omnibus excellentiorem hunc duco, qui inuenum animos fingere non ignoret, on a plus grand soin des asnes & des cheuaux que des enfans, s'il faut vn muletier ou vn palfrenier, on prend bien garde de n'en auoir vn qui soit estourdy, ou yurogne, ou larron, ou qui ne sçache son mestier : mais s'il faut vn pedagogue pour cultiuer les enfans, on prend le premier qu'on rencontre sans autre consideration : sans penser que le mestier des mestiers est d'instruire la ienuesse : car que se peut-il trouuer de plus grand que de dompter ces ieunes esprits, que de dresser leurs mœurs ? ie fais plus d'estat de celuy qui peut bien esleuer la ieunesse, que ny des peintres, ny des sculpteurs, ny de tous autres artisans.
Et pourquoy enuoyoit-on jadis la ieunesse dans les monasteres ? pourquoy tiroit-on les Hermites de leur solitude pour enseigner la ieunesse : sinon à cause du sentiment qu'on auoit que la chose estoit de tres-grande importance : & partant faut que les peres & meres prennent bien garde où ils enuoyent leurs enfans. S. Chrysostome dit quasi le mesme in I. Timoth. 2. Hom. 9.
Aulus Gell. l. 9. c. 3.
Philippe de Macedoine Pere d'Alexandre le grand, ayant entendu que sa femme estoit accouchée d'Alexandre, escriuit à Aristote qui estoit le plus docte & le plus sage de son temps, luy mandant qu'il n'auoit pas tant de contentement de ce qu'il auoit vn fils heritier de ses estats, comme de ce qu'il Philippe pere d'Alexandre se resiouyt de ce que son fils est né du temps d'Aristote. estoit né pendant la vie d'vn si grand Philosophe comme il estoit, & le pria d'en vouloir prendre la charge & le former à la vertu dés sa plus tendre ieunesse. Il faut auouer qu'en cela il y a de l'abus parmy les Chrestins qui souuent ne se soucient guere de l'instruction de leurs enfans, ny de leurs procurer de bons maisres, mais plustot des biens.
S. Hierosme donne des preceptes pour l'instructiõ des enfans.
Il faut bien dire que c'est vne chose fort importante, puis que S. Hierosme homme de telle saincteté & vertu, parmy tant d'occupations de si grande importance, prend bien la peine d'enseigner comme il faut esleuer des petites fillettes, escriuant à cet effect à Gaudentius & luy donnant les preceptes pour l'education de Pacatula enfançon : & à Læta250, luy monstrant 384 comme elle doit esleuer sa fille, voire mesme prenant la peine de luy particulariser les choses les plus petites : mais sur tout l'aduertit de choisir vn maistre d'aage, de bonne vie, & docte : & ie ne croy pas, dit-il, qu'vn homme docte doiue faire difficulté de prendre soin d'vne noble fillette, puis qu'Aristote a bien pris la peine d'enseigner à lire à Alexandre : il ne faut pas mespriser comme chose petite, ce qui est necessaire pour arriver aux grandes. L'on apprend bien autrement (voire mesme à lire) d'vn homme docte, que d'vn rustaut. Alexandre imita Leonides son pedagogue, en ce qu'il auoit de reprehensible & en ses mœurs, & à son marcher : tout cela est de S. Hierosme, qui en a encore plus, & mõstre l'estat qu'il faut faire de l'instruction de la ieunesse, & comme on doit choisir vn bon pedagogue à ses enfans.
Et pourquoy voyons nous maintenant tant de religieux, doctes, nobles, de bons esprit capables de choses grandes, passer toute leur vie dans les escoles ? sinon à cause de sentiment qu'ils ont de l'importance de l'instruction de la ieunesse, de laquelle (comme nous auons dit) depend non seulement le bien des estats & royaumes, mais de l'Eglise, mais le poinct de la predestination & de la felicité eternelle.
Helas ne se trouue-il pas maintenant beaucoup d'enfans qui pourroient dire ce que disoit autrefois Diogene ! Mallem Megarensis esse aries quam filius. I'aimerois mieux estre vn mouton à Megare qu'vn enfant : puis qu'il y a des peres qui ont plus de soin de leurs bestes que de leurs enfans ! On ne manque pas de bons maistres, mais on est plus soigneux d'en chercher pour apprendre à danser, apprendre ce qui est du monde, que pour apprendre ce qui est des bonnes mœurs, & du seruice de Dieu.

Filet cadre, rayé. Que les peres & meres sont obligez de pouruoir leurs enfans. CHAPITRE VIII.

Les peres & meres sont obligez de pouruoir leurs enfans.
L'Axiome dit que celuy qui donne l'estre, donne ce qui suit l'estre, Qui dat esse, dat consequentia ad esse : Puis donc que les peres & meres donnent l'estre aux enfans, la raison veut qu'il les pouruoient : & nous voyons que les bestes mesme par vn instinct de nature, gardent cette loy, pouruoyans leurs petits auec tant de soin : les hommes y sont beaucoup plus obligez, & par la raison, & par le commandement de Dieu, qui a estably les peres & meres comme 385 ses instrumens & lieutenans, non seulement en la generation des enfans, mais encore en leur instruction, & à les pouruoir, ce qui se doit entendre des enfans soient legitimes, ou non, puis qu'ils sont peres des vns & des autres.
Cette obligation consiste en deux points, le premier est de leurs pouruoir d'vn estat & condition, où ils puissent viure conformement à leur qualité & suiuant leur inclination, & la vocation Diuine, en quoy plusieurs peres & meres font de lourdes fautes : ou par leur negligence ne s'en souciant pas beaucoup; ou par leur auarice, ne pouruoyans leurs enfans, de peur de se de saisir d'vne partie de ce qu'ils possedent, ou d'estre priuez du seruice & assi-stance qu'ils en tirent, n'ayant egard à autre chose qu'a leur interest particulier. Et de la s'ensuiuent de tres-grands inconuenients, principalement pour le regard des filles, lors que les peres & meres n'y prennent pas garde, & n'ont point soin de les marier : cest pourquoy Le Sage Eccl. 7. dit aux peres : trade filiam, & grande opus feceris, & homini sensato, da illam. Quand vous auez vne fille qui desire d'estre mariée, ayez soin de la pouruoir, vous vous deliurerez d'vn grand soin que vous deuez auoir à la garder, ce sera à son mary de prendre garde à elle, vous l'empecherez de faire chose qui pourroit estre contre son honneur, & celuy de vostre famille.
On dit que quoy que Charle-Magne eust vn tres-grand soin de ses filles CharleMagne se tient coupable de n'auoir assez tost marié vne sienne fille qu'il faisoit tousiours mener auec soy en campagne, afin d'estre tesmoin de leurs deportemens : mesme leurs auoit fait apprendre à trauailler en laine & en lin, afin qu'estans à la maison elles ne fussent oiseuses : toutefois ayant vn peu trop tardé d'en marier vne, elle s'amouracha d'vn secretaire de son pere nommé Eginartus. Elle ne pouuoit trouuer l'occasion de contenter ses amours auec luy ; il estoit mal aysé qu'il allast au lieu où les filles de l'Empereur estoient nourries ; encore plus d'aller à la chambre de la fille du Roy, car le chemin en estoit vn peu long, & cecy se passoit en temps d'hyuer que la terre estoit couuerte de neige, si bien que le ieune homme ne pouuoit se transpor ter à la chambre de cette princesse, sans laisser les vestiges de ses pas en che-min imprimez sur la neige. Mais comme l'amour est plein d'inuention, la princesse chargea la nuict son mignon sur ses espaules, & le porta en sa chambre. L'Empereur par hazard n'estoit pas couché, mais contemploit les astres ; il vit, non sans regret, sa fille portant son secretaire, & dissimula l'affaire iusques au lendemain. Lors il appella les principaux Seigneurs de sa cour, leurs proposa le faict, sans toutefois nommer personne, mais soubz des noms empruntez. Tous ces Seigneurs donnerent leur conclusion à mort, de l'vn & de l'autre : mais luy, Non, dit-il, ils n'en mourront pas, c'est ma fille qui est coupable de ce fait, & moy i'en suis aucunement251 cause, car ie n'ay eu le soin que ie deuois auoir de la marier à temps. Lors il fait venir sa fille & son secretaire, 386 lesquels estans fort espouuantez, la conscience les iugeant, estoient plus morts que vifs, lors l'Empereur dit à Eginardus, Mon amy ie vous donne pour femme celle qui vous a porté cette nuict sur ses espaules ; puis que ie vois que vous en estes amoureux.
Ce n'est pas à dire que les peres & meres doiuent incontinent acquiescer aux fols amours de leurs enfans, & principalement de leurs filles : ils doiuent vser de consultation suiuant l'aduis du Sage, qui dit au lieu susallegué, homini sensato da illam, donnez-la à vn homme sage, & bien aduisé.
Il est bien difficile de faire vn mariage.
Marc Aurele l'vn des plus dignes Empereurs qui onc252 porta le sceptre estoit vn iour importuné de marier sa fille : Quoy! dit-il, l'affaire est de si grande importance que si tous les sages auoient mis leur conseil ensemble, & qu'on l'eut tout fondu en vn, encore ne seroit-il suffisant pour faire vn bon mariage, & vous voulez que moy seul, & ce promptement, donne la resolution touchant le mariage de ma fille ; ie n'ay garde, i'en connois trop bien l'importance. Il y a six ans que Antonius Pius me fit l'honneur que de me choisir pour son gendre, & pour dost de sa fille me donna l'Empire; toutefois nous sommes trompez tous deux, luy en ce qu'il ma pris pour gendre, moy prenant sa fille pour femme. Il s'appelloit Pius, & ce nom luy conuenoit fort, estant pitoiable253 par tout, & enuers tous, sauf auec moy : car il s'est monstré fort cruel, puis qu'en peu de chair, il ma donné bien des os. On ne sçauroit nier que la chose ne soit de tres-grande importance, & qui a besoin de bon conseil, & d'vne meure deliberation : si ne faut-il pas auoir tant de consideration qu'on mette la pudicité des enfans au hazard, & nommement des filles, on doit auoir quelque egard à leur affection, & à leur aage, & inclination, puis que la chose les touche, qu'elles y sont parites, & qu'il y va de leur salut.
Comme les peres & meres ne doiuent empecher leurs enfans de se marier sans bonne & iuste raison, aussi ne doiuent-ils les contraindre ou pousser violemment à faire des vœux legerement lors qu'ils sont encore ieunes : voire On ne doit aisement faire vœux de perpetuelle chasteté. ne leurs doiuent permettre sans grande consideration. L'experience fait assez voir plusieurs repentirs qui arriuent de semblables vœux faicts dans vne tendresse de deuotion en vn bas aage ; par vne complaisance auant qu'on ayt aucune experience ; & puis lors qu'on vient en aage, qu'on commence à gouster les caresses du monde, on rompt les vœux, & on se iette dans des embarras inextricables.
Les confesseurs doiuent aussi estre fort retenus en ce point, ne permettans à leurs penitens & penitentes de s'engager par vœux perpetuels de chasteté, qu'apres vne longue experience de leur constance. Les inconueniens qu'on en voit tous les iours les aduertissent assez d'estre sur leur garde en chose de si grande importance, il vaut mieux iuniores nubere, filios procreare, matresfamilias esse, nullam occasionem dare maledicti gratia, qu'elles se marient, qu'elles 387 mettent des enfans au monde, qu'elles soient meres de famille, qu'elles ne scandalisent personne, que faire des vœux, & puis, conuerti retro post Satanam, les enfraindre, quiter Dieu : habentes damnationem, quia primam fidem irritam fecerunt, se damner faussant la foy qu'elles auoient donnée à Dieu, vous entendez assez que c'est sainct Paul qui parle ad Timoth. 8.
Si a la ferueur de leur deuotion les porte à faire des vœux de chasteté, qu'elles les faſſent de mois en mois ; de trois mois en trois mois, d'an en an, & non à perpetuité, iusques à ce qu'elles soient fermes à la vertu & qu'on ayt tiré vne longue experience de leur constance. Ce que ie dis principalement pour le regard de ceux & celles qui demeurent dans le monde, & qui sont parmy les occasions iournalieres : ie ne touche pas à ce qui est des vœux de Religion, le temps desquels est prudemment & sainctement ordonné de l'Eglise.
Le secõd poinct auquel consiste l'obligation de pouruoir les enfans, con C'est aux peres d'amasser pour leurs enfans. siste à leurs procurer de quoy viure, ce n'est pas proprement aux enfans d'amasser pour les peres & meres, quoy qu'en certains cas, ils soient obligez de les nourrir, comme nous dirons cy-apres : mais c'est aux peres & meres d'amasser pour les enfans suiuant ce que dit S. Paul. 2. Cor. 12. Nec debunt filij parentibus thesaurizare, sed parentes filiis: on trouue des peres, ou plustot des parastres qui mangent tout, auallent leur patrimoine bon & gras, & laissent des enfãs gueux : d'autres qui pour aduãtager les enfans d'vn lict, laissent ceux de l'autre, comme s'ils estoient batards : d'autres qui font des grandes aumosnes, des bastiments sumptueux & superflux, & laissent des enfans dans la necessité, aucuns qui ne se soucient pas de leur faire apprendre le moyen de gagner leur vie.
Si tibi sint nati, nec opes, tunc artibus illos
Instrue, quo possint inopem traducere vitam,
dit Caton. Si vous auez des enfans, & point de moyens, faites leurs apprendre quelque pratique, afin qu'ils puissent gagner leur vie : quelle cruauté de mettre des enfans au monde, & puis par la pauureté leurs donner suject d'estre larrons, brigands, bandoliers, voleurs, & enfin pendars & peut-estre reprouuez.
Aristote dit que l'homme a deux maisons, l'vne est le ventre de sa mere; l'autre la maison paternelle, & tout ainsi, dit il, que l'enfant ne sorte de la L'hõme a deux maisons selon Aristote. premiere, sans emporter vne partie de la substance des peres & meres, ainsi les peres & meres ne doiuent les renuoyer de la seconde, sans leurs donner vne partie de leur possession, & le moyen de viure conformement à leur condition.
L'on fait icy vne question fort à propos, sçauoir si les peres & meres doi 388 uent donner leurs moyens à leurs enfans pendant leur vie, & se despouiller auant leur mort : il semble qu'ils deuroient le faire, pour plusieurs raisons.
Raisons qui prouuent que les peres & meres doiuent laisser leurs biẽs à leurs enfans pẽdant leur viuant.
1.   Afin que les enfans puissent faire des connoissances, viure honnestement, manier leur bien auec honneur, inuitans leurs amis & les obligeans à les assister au besoin.
2.   Les enfans auront d'autant plus de subject d'honorer leurs peres & me res, pour ce tesmoignage de bien-veillance en leur endroit, & plus d'obliga-tion de prier Dieu pour eux.
3.   Si les enfans ne sont heritiers des biens paternels qu'apres la mort des peres & meres, ils ne leurs en auront pas grande obligation, mais plustot à la mort, que leurs auront-ils donné? sinon ce qu'ils ne pouuoient plus retenir & s'ils l'eussent peu retenir plus long-temps, ils ne l'auroient quité. C'est plustot vn faict de necessité, que de bienueillance.
4.   Les enfans se voyans depourueus, & si long-temps en attente dans des incommoditez & necessitez, pour la detention que les peres & meres font de leurs biens, n'auront-ils pas quelque occasion de conuoiter la mort des peres & meres, pour se voir à leur ayse, & iouyr de leur succession ?
5.   Ils apprendront de bonne heure à administrer leurs biens, & à mesnager, & autrement il se pourroit faire que les enfans n'auroient aucune administration de biens, qu'estans fort aagez, ny aucun exercice ; ainsi il semble estre expedient de leurs donner de bonne heure de l'occupation en vn honneste exercice de l'administration des biens paternels.
6.   Qu'ont à faire ces bonnes vieilles gens de se tourmenter & embrouiller l'esprit au gouuernement & detention de leurs biens ? ne vaut-il pas bien mieux qu'estans deschargez de tels embarras, ils viuent dans vne tranquillité d'esprit, dans vn repos de conscience, se disposans à vne heureuse mort ?
Charle Quint resigne ses estats à sõ fils pen dãt sa vie. Cosdras de mesme Sẽnacherib. Ptolomée.
C'est ce qu'ont fait tant de signalez personnages, & que des gens de moindre condition peuuent seurement imiter comme le Grand & incomparable Empereur Charle Quint, qui l'an 49 de son aage, inuestit Philippe son fils du Royaume d'Espagne, pour viure plus à repos. Cosdras Roy de Perse donna son Royaume à Medase son fils254; Sennacherib en fit de mesme & tant d'autres. Ptolomée Roy d'Egypte resigna son Royaume à son fils, disant que le plus grand honneur que sçauroit auoir vn homme, est de se voir en son viuant, pere d'vn Roy : aussi le plus grand contentement que puisse auoir vn pere, est de voir ses enfans en honneur & credit, pendant sa vie, ce qui se fait, lors qu'il leurs donne ses moyens de bonne heure, n'attendant pas apres sa mort.
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Ces raisons ont quelque apparence, toutesfois elles ne peuuent preualoir Les peres & meres ne doiuẽt se desaisir de leurs biens en faueur de leurs enfans auant la mort. contre l'authorité du S. Esprit qui nous est exprimée par la bouche du Sage, Eccli. 33. où il determine cette question par ces paroles, qui sont comme vn arrest definitis : escoutez-le parler, Roys, Princes, tous, car il parle à tous : au dite magnates, & omnes populi, & rectores Ecclesiæ, auribus percipite: filio, & mulie- ri, & fratri, & amico, non des potestatem super te in vita tua, & non dederis alij pos-sessionem tuam: ne forte pœniteat te, & depreceris pro illa, melius est enim, vt filij tui te rogent, quam te respicere in manus filiorum tuorum : Escoutez grands, & petits, nobles, & rousturiers : prelats, pasteurs & autres, prestez l'oreille, ne donnez pas le domaine de ce que vous possedez à vos enfans, ny à vos femmes, ny à vos freres, ny à vos amis, pendant vostre vie, de peur que vous ne vous en repentiez, & ne soyez contraints d'auoir recours à eux. Il vaut mieux que vos enfans vous prient, que d'estre contraint de despendre de leur misericorde.
Les peres & meres rarement manquent d'amour pour leurs enfans, l'a mour humain a cela de mauuais qu'il descend plustot que de monter, & par-tant est comparé à la terre qui descend : au contraire, l'amour diuin est comparé au feu qui monte tousiours, & prend le haut, Dieu nous aime plus que nous ne l'aymons : le pere ayme plus que son enfant que l'enfant le pere, & partant le pere aura tousiours plus de bonne volonté pour l'enfant, que l'enfant pour le pere. Ie n'oserois condamner plusieurs personnages qui ont donné leurs biens à leurs enfans auant leur mort, mais aussi n'y en a-il pas eu qui s'en sont repentis ? Ie croy qu'il vaut mieux faire comme Iob, qui dit, Filij mei semper in circuitu meo: mes enfans sont tousiours à ma table. Il vaut bien mieux que les enfans soient obligez de se trouuer à la table du pere, que le pere à la table des enfans. Il faut imiter Raguel, il donne dequoy à son gendre, mais c'est Raguel donne la moitié à son gẽdre se reserue l'autre moitié. sans se despouiller : De omnibus quæ possidebat Raguel, dimidiam partem dedit Tobiæ, & fecit scripturam, vt pars dimidia quæ supererat post obitum eorum, Tobiæ dominio deueniret. Quoy qu'il eust vn gendre qui estoit si homme de bien, il se contenta toutefois de luy donner la moitié de ses biens, se reseruant l'autre moitié, auec asseurance qu'il passa à son gendre qu'il iouiroit de l'autre moitié apres sa mort. Les enfans honorent peres & meres tandis qu'ils esperent quelque chose : quand il n'y a plus rien à prendre, ils ne s'en soucient guere, souuent on voit par experience ce que dit Isaie c. I. filios enutriui & exaltaui, ipsi autem sperauerunt me, apres que les peres & meres ont engraissé leurs enfans, les ont mis à leur ayse, les ont aduantagé, ils n'en ont autre recompense que le mespris, & la mesconnoissance.
Mais il faut les faire riches: il faut les mettre en honneur: il faut donc se rendre miserable pour les mettre à leur ayse. Voire est-il question d'encourir 390 la malediction de Dieu & des hommes ? n'importe, il faut imiter cette mere Les peres doiuent auoir plus de soin de laisser des vertus à leurs enfans que des richesses. qui disoit, in me erit maledictio ista, fili mihi : ie prendray la malediction sur moy, moyennant qu'ils soient grands.
Ah que dira vn Socrate contre les Chrestiens ? Socrate, dis-ie, qui auoit coustume de dire, liberis pudorem magis quam aurum relinquendum, qu'il falloit plustot laisser vne saincte pudeur aux enfans que de l'or, qui comparoit sembla bles peres à vn escuyer qui ayant vn bon cheual, n'a autre soin que de l'en-graisser sans se soucier de le former, & enfin il n'a qu'vne rosse & piece de chair. Anacharsis disoit, liberos doctiores, quàm ditiores esse oportere, qu'il falloit laisser les enfans plustot doctes que riches; disons, plustot vertueux que riches.
Zele de Crates le Thebain contre les peres trop soigneux de laisser leurs enfans riches.
Il faudroit maintenant vn Crates Thebanus, lequel au rapport de Plutarque estant monté au lieu le plus eminent de la ville, commença à crier, quorsum ruitis homines, qui omne studium in pecunijs collocatis, filiorum vero, quibus eas relinquatis nullam curam habetis? où vous precipitez-vous miserables, qui mettez tout vostre estude à amasser de l'argent pour vos enfans, & n'auez point de soin de vos enfans ausquels vous laissez cet argent.
Nous auons bien d'autres herauts que Crates, mais on ne les escoute pas, tant de saints peres qui crient contre cet abus, entre autres S. Chrysost. hom. 9. in I. ad Timoth. Vis filium relinquere diuitem? bonum illum ac benignum esse doce, ita enim rem familiarem auctiorem facere poterit; filios non recte institutos præstat pauperes esse, quam diuites, paupertas enim vel inuitos coercet, atque intra virtutis limites continet, opes vero ne volentes quidem pudice temperanterque viuere sinunt, verum exorbitare faciunt atque peruertunt. Voulez vous laisser vostre fils riche ? enseignez luy à estre bon & doux, ce sera par ce moyen qu'il amassera de quoy ; il vaut mieux si vos enfans ne sont vertueux qu'ils soient pauures, que riches : car la pauureté les retiendra dans leur deuoir, quand ils ne voudroient pas, & les rendra vertueux : s'ils sont riches ils ne pourront viure ny chastement, ny vertueusement quand ils voudroient, mais seront peruertis & desbordez.
Ie concluray ce chapitre auec le narré d'vn plaisant trait que fit vn bon vieil Ex speculo exemplorum. Plaisant trait de Connaxa. lard nommé Connaxa255 se voyant delaissé de deux gendres qu'il auoit apres leurs auoit tout donné.
Ce bon homme n'auoit que deux filles qu'il aimoit tendrement, il les maria à deux gentils hommes, & eut tant d'affections pour eux, que petit à petit il se despouilla de tout pour leurs donner. Tant qu'il eut de quoy leurs bien faire, ce n'estoient que respect & offres des seruices; quand il n'y eut plus rien, on vous le laissa là, mais il ne fut pas sot. Il alla trouuer vn marchant qui luy estoit amy, le pria luy vouloir prester dix mil liures pour trois iours. Il porta cet argent en sa maison, fit apprester vn bon banquet, y inuita ses gen 391 dres, & ses filles; apres auoir fait bonne chere il entra en son cabinet, ouurit vn coffre tout neuf qu'il auoit fait faire, iette l'argent sur la table auec grand bruit. Ses filles qui estoient en vne autre chambre entendans ce bruit accoururent, regarderent pas les fentes, virent ce bon vieillard qui comptoit son argent, & puis le reserroit dans son coffre; elles ne dirent mot pour ce iour là, & estans retournées à leurs maisons, le bon vieillard rapporta l'argent au marchand qui le luy auoit presté. Le lendemain elles revinrent auec leurs marys, demanderent à leur pere combien il auoit en ses coffres : il leurs dit qu'il y auoit vingt-cinq mille liures, dont il vouloit faire vn testament & leurs laisser, moyennant qu'elles le traittassent comme elles deuoient, & que celle-là auroit plus qui le contenteroit dauantage. Dés lors ce fut à l'enuie l'vne de l'autre à qui caresseroit ce bon vieillard, ses gendres luy rendoient mille seruices à qui mieux mieux, & ne manquoient de rien. Estant prest de mourir il fit appeller ses filles, leurs dit qu'elles trouueroient son testament apres son trespas dans son coffre, qui leurs laissoit tout, moyennant qu'elles fissent quelques legs pieux pendant qu'il estoit encore en vie. Vous donnerez, dit-il aux Freres Prescheurs, aux Freres Mineurs, & aux Hermites cinquante liures qui vous mettront en main apres ma mort les clefs de mon coffre. Aussitost dict aussitost fait, tant l'esperance d'vne bonne succession les poussoit. Le bon vieillard meurt, on fait ses obseques somptueusement puis les religieux donnent les clefs du coffre, dans lequel ils ne trouuerent autre chose sinon vne grosse massue, au manche de laquelle estoit escrit : Moy Iean Connaxa fais mon testament, & declare que quiconque a soin d'autruy, & non de soy, merite d'estre bien battu de cette massue. Voila le traittement que meritent les peres & meres qui se rendent miserables, se priuans de leurs biens pour aduantager & aggrandir leurs enfans, qui souuent sont ingrats & mesconnoissans de l'amour excessif de leurs peres & meres.
Cul de lampe.
392 Bandeau, filet cadre rayé bordé de petites fleurs.

TESTAMENT DE SAINCT LOVYS A PHILIPPE SON AISNE'; ET L'Idée de l'instruction que les peres doiuent donner à leurs enfans.

Lettrine "L". Testamẽt de S. Louys & instructions qu'il donne à son aisné.
LEs Peres qui sont desireux de l'instruction de leurs enfans peuuent tirer vne belle idée du chapitre quatriesme de Tobie, où le bon vieillard pensant estre sur la fin de sa vie, tasche de s'acquiter du deuoir d'vn bon pere enuers son fils, luy laissant des preceptes & dernieres volontés dignes d'vn pere. Ie prie ceux qui le pourront faire, de lire & considerer attentiuement le susdict chapitre : ils en pourront tirer de beaux enseignemens pour instruire leurs enfans, & satisfaire au deuoir de bons peres.
Ie croy que c'est de là que S. Louys l'honneur des lis de France, voire le parangon des Roys, a tiré la pluspart des articles du testament qu'il laissa en mourant à Philippe son aisné, pour faire le deuoir d'vn vray pere en ce der nier poinct, comme il l'auoit fait au reste de sa vie. Il a esté trouué dans l'ar-chiue de Charle cinquiesme Roy de France, comme tesmoigne Robertus Ga- guinus lib. 7. de gestis Francorum, escrit de la propre main de S. Louys, & presenté à Charle par Gerard de Montaigu, secretaire du Roy. Il est rapporté par Surius en la vie de S. Louys, & par Abraham Bzouius en la continuation des Annales Ecclesiastiques de l'Eminentissime Cardinal Baronius, tom. 13. sur l'an 1270. auquel S. Louys mourut, & par d'autres. I'ay bien voulu le rapporter icy, d'autant qu'il est diuisé en articles courts & clairs, & qu'il pourra seruir de lumieres aux peres qui sont desireux du bien & salut de leurs enfans, & de leur propre.
1.   Sur toute chose aimez Dieu d'vne bonne & franche volonté, car personne ne peut estre sauué s'il ne l'aime.
2.   Ne l'offensez iamais mortellement.
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3.   Souffrez plustot toute sorte de tourmens, voire la mort, que d'offenser Dieu.
4.   Lors qu'il vous arriuera quelque aduersité, souffrez-la patiemment, & pensez que vous l'auez bien merité, ainsi vous en tirerez du profit.
5.   En prosperité, rendez grace à Dieu : ne vous en orgueillissez pas; c'est faire follement de prendre occasion du bien-faict d'offenser le bien-faicteur.
6.   Descouurez souuent vostre conscience à vn sage & experimenté confesseur, qui n'ayt point de crainte de vous reprendre de vos fautes, & vous enseigne ce qu'il vous conuient faire.
7.   Assistez aux offices Diuins, n'y discourez pas, n'y regardez pas çà, & là, ains priez Dieu de bouche & de cœur, principalement depuis la consecration.
8.   Soyez misericordieux & charitable enuers les pauures : assistez les suiuant vos moyens.
9.   Lors que vous aurez quelque facherie ou inquietude, communiquez-en auec quelque Ecclesiastique, ou auec un fidele ami & cela vous soulagera.
10.   Traitez souuent auec les personnes Religieuses & deuots, fuyez les meschans & les traistres.
11.   Escoutez volontiers la parole de Dieu & les bons discours, & en public & en particulier.
12.   Par tout aymez le bien, & detestez le mal.
13.   Que personne ne soit si osé de dire en vostre presence chose qui attire à peché, & partant fermez la bouche aux detracteurs.
14.   Ne laissez les blasphemateurs impunis.
15.   Rendez souuent grace à Dieu pour ses bienfaits, afin de vous rendre capable de plus grands.
16.   Rendez la iustice equitablement, vous monstrant seuere autant que la raison requiert, sans pencher ny à droite, ny à gauche.
17.   Fauorisez la cause des pauures iusques à ce que la verité paroisse.
18.   Si quelqu'vn a quelque procés ou differand contre vous, soyez plustost pour luy que pour vous, iusques à ce que vous connoistrez le droict : & par ce moyen vos conseillers seront plus libres, & plus equitables en leurs aduis.
19.   Si vous ou vos ministres detenez quelque chose qui appartienne à autruy, rendez-la aussitost que vous le sçaurez asseurement.
20.   Si la chose est douteuse, faites la incontinent examiner par gẽs capables.
21.   Soignez diligemment que ceux qui administrent la iustice, & tous vos subiects, viuent en bonne paix, & principalement les Religieux & autres personnes d'Eglise : aymez les seruiteurs de Dieu, & procurez la paix.
22.   Respectez vos parens & ne mesprisez pas leurs preceptes.
23.   Donnez les benefices à des gens de bien & de merites, & auant que de les conferer, consultez des personnes sages & craignans Dieu.
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24.   Ne faites la guerre, principalement contre aucun Chrestien, sans grand conseil & meure deliberation : que si vous y estes contraint, ne permettez pas qu'on faſſe tort ny aux Eglises, ny aux innocens.
25.   Si vous auez quelque differand, ou bien vos subiects, ou quelque guerre, taschez de l'accorder au plustost, & terminer le tout par vne bonne paix.
26.   Ayez de bons officiers & ministres de iustuce ; & de bons seruiteurs en vostre maison, & prenez garde à leurs mœurs & deportemens.
27.   Opposez vous aux pechez.
28.   Deffendez les iuremens.
29.   Soyez tousiours affectionné à l'Eglise Romaine, obeissant au Pape comme à vostre Pere Spirituel, & coupez la teste au sectes nouuelles & aux Heresies.
30.   Prenez garde à la despence de vostre maison, & qu'elle soit moderée selon la raison.
31.   Ie vous prie mon cher fils, & vos coniure, que si ie meurs auant vous, vous assistiez mon ame de messes & sainctes prieres, & que vous me fassiez participant de toutes les bonnes œures que vous ferez le reste de vos iours.
32.   Enfin mon bien-aymé fils ie vous souhaite & prie Dieu vous donner toutes les benedictions que le pere le plus affectionné peut souhaiter & donner à son fils. Que la tres-saincte & indiuisible Trinité, Pere, Fils & Sainct Esprit vous protege, & vous garde contre tous maux, vous face la grace de viure tousiours selon sa saincte volõté; qu'elle soit honorée de vous, & qu'en fin par sa misericorde nous puissions par ensemble la voir & contempler, viure auec elle, & la louer toute eternité. Ainsi soit-il.
Voila le testamẽt d'vn tres-grand Sainct; d'vn Roy incomparable, & d'vn pere tres-affectionné à son fils : voila les sainctes & salutaires instructions dont il luy auoit donné exemple pendant sa vie, & qu'il luy laissoit à la mort comme ses dernieres volontez, capables de le faire vn autre Sainct. I'exhorte les peres qui sont affectionnez au seruice de Dieu, & desireux de la perfection & salut de leurs enfans, d'en tirer ce qui est conforme à leur condition; & les enfans de le receuoir comme les dernieres volontés de leurs peres; afin que les peres s'estans acquité du deuoir de bons peres, & les enfans ayant mis en execution les salutaires aduertissemens de leurs peres; les vns, & les autres se trouuent de compagnie à la gloire, pour laquelle Dieu les a fait peres, & à laquelle il a destiné leurs enfans, & les louent, & remercient vnanimement à iamais.   Amen.
395 Bandeau, filet cadre rayé bordé de petites fleurs.

TRAITE' TROISIEME. Des obligations des enfans enuers les peres & meres. Filet cadre, rayé. En quelle qualité les enfans doiuent tenir leurs peres & meres. CHAPITRE I.

Lettrine "P".
PEut-on dire dauantage en faueur des peres & meres, que ce que dit Le Sage Eccli. 3. qui timet Deum honorat parentes, & quasi dominis seruiet his, qui se genuerunt: quiconque honore Dieu, honore ses peres & meres, & seruira à ceux qui l'ont engendré comme à ses maistres : par lesquelles paroles il veut faire entendre, que l'obligation des enfans enuers les peres & meres est si grande, qu'il leurs doiuent obeissance, respect, & seruice, comme font des esclaues à leurs maistres.
Conformement à cela les Theologiens & Iuisconsultes enseignent que suiuant la loy de nature, les peres & meres peuuent vendre leurs enfans qui Les peres & meres peuuent vendre leurs enfans en grande necessité. ne sont encore emancipez, comme ceux qui en sont les vrays maistres : ainsi apparoit-il de l'Exode, ch. 21. ce qui se doit entendre en la grande necessité & pauureté des peres & meres. Cela est conforme à la raison, car les enfans sont les fruicts, & comme vne partie des peres & meres, & partant la raison veut que tout ainsi que le maistre de la vigne, du champ & iardin, dispose des fruicts qui en prouiennent : qu'aussi le pere & la mere puissent disposer des enfans comme de leurs fruicts. Aussi Aristote les appelle seruiteurs : & tout ainsi dit Hierocles, apud Stobæum serm. 77. qu'apres qu'vn sculpteur a fait vne statue, si la statue fait quelque action, elle est attribuée au sculpteur, de mesme les actiõs des enfans sont attribuées aux peres & meres, & tout ce qui appartient aux enfans, est au pere, & à la mere, puis qu'ils leurs ont donné l'estre sans lequel ils ne pourroient rien, & n'auroient rien.
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Mais quelle consequence est-ce que faict Le Sage en ces paroles ? qui timet Deum, honorat parentes, quiconque craint Dieu, quiconque honore Dieu, honore ses peres & meres. Comment est-ce que l'honneur de Dieu suit l'honneur des peres & meres ?
Les peres & meres sont lieutenans de Dieu aux enfans.
Le Sage veut dire que les peres & meres sont l'image de Dieu; sont comme des vice-Dieux aux enfans : des petits createurs, comme des Diuinitez terrestres ; & partant que tout ainsi que celuy qui honore le Roy, honore ses images, ses vice-roys, ses lieutenans, de mesme quiconque honore Dieu, honore ses peres & meres : honneur qui leur est deu, non seulement par commandement diuin, mais soubs peine de damnation.
Voyez l'estat que Dieu fait de l'honneur des peres & meres le mettant en parallele auec celuy qui luy est deu : Moyse reçoit la Loy au mont Sinaï en deux tables : la premiere contient ce qui concerne le culte de Dieu, la seconde, ce qui concerne le prochain : mais le premier commandement de la secõ de table, est d'honorer pere & mere. Voicy donc les deux plus grands com-mandemens, l'vn d'honorer Dieu, l'autre d'honorer pere & mere : vice-Dieu, Le commandement d'honorer pere & mere est coste à coste de celuy qui ordonne d'honorer Dieu. petit Dieu en terre, au regard des enfans : l'vn de ces commandemens tient la droite, l'autre la gauche : Dieu veut qu'ils marchent de pair, sauf que l'vn a la droite. Aussi S. Ambroise dit sur ces paroles de S. Matt. 9. honora patrem, primus gradus pietatis est iste, vt quos auctores tibi voluit esse Deus, honores obsequijs, abstineas cotumeliis, nec vultu lædenda est pietas parentum: le premier degreé de pieté est que nous honorions ceux que Dieu a voulu qui fussent autheurs de nostre vie, que nous nous gardions de les offenser, non pas mesme de les regarder de trauers.
Trois cõmãdemẽs grauez au temple d'Apollon.
S. Hierosme dit qu'au temple d'Apollon estoient grauez trois commandemens. Ie I. estoit d'honorer les Dieux, & estoit au costé droit : le 2. d'honorer pere & mere, & estoit au costé gauche, mais vis à vis du premier, coste à coste l'vn de l'autre, & le 3. de s'abstenir des voluptez charnelles.
Pourquoy ces deux commandemens vis à vis l'vn de l'autre ? sinon pour monstrer en quelle qualité les anciens ont tenu les peres & meres, sçavoir comme de petits Dieux terrestres. Aussi tenoient-ils comme sacrilege l'offense qu'on commettoit contre pere & mere. Platon 2. de legibus, existimandum est nullum apud Deos magis honorandum simulachrum nos habere posse aut debere, quam patres senio confectos, matresque similiter, quibus honoratis, Deus gaudet. Faut croire qu'il n'y a rien que nous soyons plus obligez d'honorer, que nos peres & meres vieux, & Dieu prend plaisir à l'honneur que nous leurs rendons. C'est pourquoy on punissoit egalement ceux qui manquoient à l'honneur des Dieux, & des peres & meres, au rapport de Valere le grand, lib. 1. Iustissimè quadam pari vindicta parentum atque Deorum, violatio expianda est.
Hierocles, apud Stobæum disoit que la maison paternelle est vn sanctuai 397 La maisõpaternelle est cõme vn sãctuaire disoit Hierocles. re, & comme vn temple sacré ; que les peres & meres en sont les Diuinitez : que les enfans sont les sacrificateurs & sacristains, lesquels la nature a dedié & consacré pour le seruice de ces Dieux domestiques & tutelaires, & que les peres & meres n'estoient pas seulement les images des Dieux celestes, mais estoient des Dieux terrestres & des seconds Dieux.
Entre vne multitude quasi sans nombre de Diuinitez que ces anciens ado Les peres & meres sont Dillares, les Dieux du soyer. roient, en mettans par tout, au champ, à la ville, de tous costez : ils adoroient certains Dieux qu'ils appelloient lares Dieu du Foyer : mais auec bien tant de respect, que si quelqu'vn se retiroit au Foyer, voire de son ennemy capital, on ne luy pouuoit faire aucune violence, pour le respect qu'on portoit à ces Dieux domestiques, & ce lieu leur seruoit d'azyle. Platon appelle les peres & meres Deos lares, Dieux du Foyer, & par là nous monstre en quelle consideration nous les deuons auoir, adioustant que les peres & meres vieux sont les plus grands biens & richesses que puissent auoir les enfans.
Mais parlons Chrestiennement, & disons que les peres & meres ne sont pas des Dieux, puis qu'il n'y a qu'vn Dieu : ego Dominus, & non est alter, mais bien les viues images de la Diuinité, & les lieutenans de Dieu en terre, pour le regard des enfans. Faisons les paralleles entre Dieu & les peres & meres.
Paralleles entre Dieu & les peres & meres.
1.   Dieu nous donne l'estre, ex quo omnia, per quem omnia, in quo omnia: & le Sage nous dit Eccli. 7 parlant des parens, memento quoniam nisi per illos natus non fuisses; souuenez vous que sans eux vous ne seriez pas.
2.   Dieu est ce grãd pere nourricier, Nutritius Ephraim, Adonai : c'est à dire selon l'interpretation de S. Hierosme, nutriens familiam, Deus mammarum, le Dieu des mammelles : & nos peres & meres sont nos nourriciers, ce qu'ils font auec tant de soin & tant de trauaux, accompagnés ordinairement d'vn tres-grand amour.
3.   Dieu par sa prouidence nous regit & gouuerne, aussi font nos parens, s'estudians à nous pouruoir, & nous faisans apprendre quelque chose suiuant nostre qualité.
4.   Dieu a vne puissance souueraine sur nous comme le Createur sur sa creature, comme le potier sur le pot qu'il a formé : comme le maistre sur son seruiteur, & ainsi nous sommes tout à luy, mais il l'a comme transferé à nos Les Loix de Romoulus donnoient tout pouuoir aux peres & meres sur leurs enfans. peres & meres. Parmy les loys de Romulus leg. 17. est ordonné, parentum in liberos omne ius esto, relegandi, vendendi, & occidendi, les peres & meres auront tout pouuoit sur leurs enfans, voire de les bannir, de les vendre, mesme de les tuer : les loix Chrestiennes sont plus douces, toutefois l'authorité des peres & meres ne laisse d'estre tres grande.
5.   Dieu a toute chose en sa protection, & sauuegarde ; & les enfans sont soubs la protection & sauuegarde particuliere de leurs peres & meres.
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6.   La benediction de Dieu est de grand prix & efficace à ceux qui la reçoiuent, implet omne animal benedictione, la benediction des peres & meres establit la maison des enfans, benedictio patris firmat domos filiorum, Eccl. 3.
7.   La malediction de Dieu est dangereuse comme il appert en la personne de Cain, Gen. 4. Aussi la malediction des peres & meres comme en Cam fils de Noé, & en tant d'autres.
8.   Dieu veut estre honoré, si ego dominus, vbi est honor meus? si ie suis Dieu où est l'honneur que vous me portez ? Aussi veut-il que nous honorions peres & meres, & punit ceux qui ne le font.
9.   Nous ne pouuons iamais rendre à Dieu l'honneur qu'il merite, & que nous luy deuons ; aussi ne le pouuons nous à peres & meres.
10.   Tout ce que nous auons appartient à Dieu, comme à la premiere cause de nostre estre, & à nos parents comme à la seconde, quæ sunt filiorum, ad patrem referri æquissimum ac iustissimum est, Greg. Nazianz. Orat. 20. de Machab. La raison & la iustice demandent que tout ce qui appartient aux enfans soit aux parents.
11.   C'est vn crime de leze Maiesté diuine de mespriser Dieu, aussi de mespriser pere & mere, entant qu'ils sont les viues images de Dieu.
12.   Tout ainsi que celuy qui surpasse les ordonnances du Lieutenant du Roy, offense le Roy, ainsi celuy qui transgresse les ordonnances des peres & meres offense Dieu, dont ils sont les lieutenans. Voila où Dieu a releué l'honneur que nous deuons à peres & meres, le faisant quasi egal à celuy qu'il demande de nous, & voulant que nous les tenions en qualité de ses lieutenans, & comme de petits Dieux en terre.
Filet cadre, rayé.

Quel est l'honneur que les enfans doiuent à pere & mere. CHAPITRE II.

IE reduiray les obligations des enfans enuers leurs peres & meres à trois En quoy consiste l'hõneur qu'õ doit à pere & mere. chefs, le premier est l'honneur, le second est l'obeyssance, le troisiesme est l'assistance : en ce chapitre ie traitteray de l'honneur.
Le Sage, Eccli. 3. monstre en quoy consiste l'honneur qu'on doit aux peres & meres in opere, dit, & sermone, & omni patientia, honora patrem tuum: honore ton pere, d'œuure, de parole, & auec toute patience : d'œuure, executant leurs commandemens, les seruant en ce qu'ils ont affaire, les assistant en leurs necessitez. De parole leurs parlant auec des paroles douces, & de respect, non à 399 la façon de ceux dont il est parlé en la parabole de S. Mathieu 21. d'vn pere qui auoit deux enfans, & commanda à l'vn d'aller trauailler à la vigne, mais il respondit qu'il n'en feroit rien : puis se repentant de sa desobeyssance y alla : & ayant donné le mesme commandement à l'autre, il se montra prompt, disant qu'il y alloit, & n'en fit rien : l'un & l'autre manqua à l'honneur qu'il deuoit à son pere : le premier ne l'honorant pas de paroles, & le second ne l'honorant point d'œuure. Le Sage adiouste, in omni patientia, c'est à dire, ne murmurant contre leurs ordonnances, souffrant leurs reprehensions auec tranquillité : se soubmettant à leurs commandemens, quoy que facheux, supportant le chagrin de leur vieillesse, comme ils ont supporté l'impertinence de nostre ieunesse.
Exhortation de S. Hierosme à vne fille qui vouloit quitter sa mere facheuse.
S. Hierosme escriuant à vne fille qui vouloit quiter sa mere, dautant qu'elle estoit facheuse, dit, maius præmium habebis si talem non deseras: mater te diu portauit in vtero, diu aluit, & difficiliores infantiæ, mores blanda pietate sustinuit, lauit pannorum sordes, & immundo sæpe fœdata est stercore, assedit ægrotanti, & quæ prote sua fastidia sustinuit, tua quoque passa est, ad hanc perduxit ætatem, vt Christum amares, docuit: quoy que vostre mere soit facheuse, vous aurez plus de merite si vous ne la quittezpas. Elle vous a porté long-tmeps en son ventre, vous a nourry, a supporté doucement les sottises de vostre enfance, a laué vos lan ges & ordinaires, vous a gardé lors que vous estiez malade, a souffert ses pro-pres degousts dont vous estiez cause, & les vostres, vous a esleué iusques à cet aage, & vous a enseigné à aimer Iesus Christ.
Patience de Mãlius Torquatus enuers son pere.
Valere le Grand, l. 5. c. 4. loue & meritoirement l'affection & patience de Manlius Torquatus enuers son pere, duquel, quoy qu'il fust indignement traitté & accablé d'outrages indignes de sa qualité ; sçachant toutefois que Pomponius Tribun l'auoit fait adiourner, se glissa du grand matin à la chambre du Tribun, & luy presentant le poignard sur la gorge, l'obligea de iurer qu'il se deportertoit de l'accusation qu'il auoit minuté contre son pere : voicy comme en parle Valere le Grand, commendabilis est pietas quæ mansuetis paren tibus præstatur, sed Manlius quo horridi orem patrem habuit, hoc laudabilius peri- culo eius subuenit; quia ad eum diligendum, præter naturalem amorem, nullo indul-gentiæ blandimento inuitatus fuerat.
C'est chose louable que d'honorer ses peres & meres qui sont doux & traittables, mais tant plus le pere de Manlius a esté rude & rebarbatif, tant est-il plus digne de louange, de l'auoir assisté en sa necessité, puis qu'outre l'amour naturel, il ne l'auoit obligé par aucune caresse de l'aymer. Que diront les Chrestiens ? comment s'excuseront-ils de l'amour & honneur qu'ils doiuent à pere & mere, puis qu'outre la nature ils ont le commandement de Dieu, & vn motif surnaturel que Manlius n'a pas connu, dont la discourtoisie des peres & meres ne peut les exempter : qui timet Dominum, honorat parentes, quiconque craint Dieu, honore pere & mere.
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Les grands honneurs ausquels Ioseph estoit esleué en la cour de Pharaon Ioseph honore son pere. ne le dispenserent pas de l'honneur qu'il deuoit à son pere, & quoy qu'il fust la seconde personne de toute l'Egypte, il n'eut point de honte de recõnoistre son pere en sa pauureté & disette; mais le voyant, irruit super collum eius & inter amplexus fleuit, Genes. 48. il luy sauta au col, l'embrassa & pleura de tendresse, luy faisant vne profonde reuerence, adorauit pronus interram, se pro Salomon honore sa mere. sternant contre terre pour l'honorer. Salomon en fit autan à Bersabé sa mere 3. Reg. 2. laquelle l'estãt venue trouuer, surrexit in occursum eius, le Roy se leua de son throsne, luy alla au deuant, l'adora, adorauitque eam, & sedit super thronum suum: positusque est thronus matri regis, quæ sedit ad dexteram eius, il l'assit sur son trosne, on posa vn autre trosne pour la mere du Roy, qui s'assit à la droite L'hõneur qu'Alphonse Roy d'Aragõ porte à son pere. du Roy. Alphonse Roy d'Aragon sçachant que Ferdinand son pere venoit, luy alla au deuant, descendit de cheual, & le suiuit à pied : le pere l'aduertissant qu'il remontast à cheual, comme auoit fait la plus part de la noblesse, respondit les autres feront comme ils l'entendront, mais personne ne m'empechera que ie ne suiue à pied mon pere, refert Panormitanus.
Thomas Morus demande tous les soirs la benediction à son pere. Lib. 4.
Ce grand Chancelier d'Angletere Thomas Morus nonobstant ses honneurs & grades, ne manquoit iamais tous les soirs de se mettre à genoux, & demander bien-humblement la benediction à son pere.
Ie ne sçaurois obmettre ce que Valere raconte de Decius fils de l'Emper Honneur que Decius porte à son pere. eur Decius. Son pere luy voulant mettre le diademe sur la teste, & se deporter de l'Empire en faueur de son fils, le fils le refusa, disant ie crains que si ie deuiens Empereur, ie ne desapprenne à estre fils : i'ayme mieux n'estre Empereur, mais humble fils, que d'estre Empereur & fils moins respectueux enuers mon pere. Que mon pere regne, mon Royaume & mon Empire est de luy obeir en toute humilité. Quel respect ! renoncer à l'Empire, plustot que de se mettre au hazard de manquer au respect & à l'honneur deu à son pere !
Il n'arriue que trop souuent ce qu'on raconte d'vn bon charbonnier, lequel voyant que son fils estoit de bon naturel, & né pour choses grandes, fit Le fils d'vn charbonier deuenu Roy mesconnoit son pere. tout son effort pour le nourrir à la cour, & la chose reüssit si bien, que le Roy estant mort on ne trouua personne plus capable de porter la couronne que son fils. Comme tout le monde venoit faire la reuerence au nouueau Roy, le bon pere charbonnier s'y trouua, tout encharbonné, rendit ses deuoirs au Roy son fils. Le fils ne fit point semblant de le connoistre : & quoy, dit le pere, mon fils me meconnoissez vous ? Et comment vous connoisterois-ie ? moy qui ne me connois pas moy mesme ? Il n'est que trop vray que les honneurs aueuglent souuent les enfans en telle sorte, qu'ils ne connoissent ny leurs peres & meres ny eux mesmes, estans honteux de se confesser pour tels qu'ils sont, 401 & de reconnoistre ceux qui leurs ont donné l'estre pour autant qu'ils ne sont ou assez riches, ou braues & en honneur.
Vn fils qui mescõnoit son pere.
Lors qu'Alexandre Farnese Duc de Parme estoit Gouuerneur des Pays bas, il auoit vn nain en sa cour, fils d'vn pauure homme de village, lequel il cherissoit grandement. Le pere de ce nain vient à Bruxelles, se presenta à son fils, qui ne daigna pas seulement le saluer. Le pauure pere dans ce mespris n'eut autre recours qu'à ses larmes. Le Prince en fut aduerty, fit appeller le pauure pere, luy demanda qui il estoit : pourquoy il estoit venu en cour, fit appeller le nain, luy demanda s'il reconnoissoit son pere. Mon pere, dit-il, iamais ie ne fus fils d'vn tel villageois, ie suis de bonne & de noble maison. Le Duc ayant sceu l'imposture, reprit l'imposteur aigrement, & le chassa honteusement de sa cour. Si ce nain eust imité Benoist II. il n'eust encouru Benoist II. ne veut recõnoistre sa mere en ses superbes habits. cette disgrace. Il estoit de petite maison, mais par sa vertu estoit deuenu Pape. Sa mere le vient voir & auant que de se presenter s'addressa à des Dames Romaines, lesquelles l'habillerent magnifiquement : cette bonne femme se presente à son fils auec cette pompe. Luy la regardant de trauers, ma mere, dit-il, n'est pas de cette condition, elle n'a pas coustume d'estre habillée si pompeusement : ie sçay qu'elle est pauure, & rousturiere. Elle s'en retourna fort honteuse, mit bas ces habits de soye, prit ses meschans haillons, s'en alla trouuer le Pape, lequel la receut, l'embrassa, & dit ah voila ma mere, ie la reconnois volontiers en cette qualité & equipage.
Pechez cõtre l'honneur des peres & meres.
Ceux-là pechent contre l'honneur qu'ils doiuent à peres & meres. I. qui les maudissent, les iniurient, les contristent, les mettent en colere, les accusent, les tirent en iugement pour rien, & auec ignominie, & voicy l'arrest de leur condamnation en l'Exode 21. Qui maledixerit patri, aut matri, morte Ceux qui maudissent peres & meres punis. moriatur, quiconque maudira ou son pere ou sa mere est digne de mort. Elle est reiterée Leuit. 20. Patri matrique qui maledixerit, sanguis sit super eum. Salomon l'a confirmé Prouerb. 20. Qui maledixerit patri suo, aut matri suæ, extinguetur lumen eius in medijs tenebris.
2. Ceux qui morguent peres & meres & les regardent de trauers au Prouerb. 20. Oculo qui subsannat patrem, & qui despicit partum matris suæ, effodiant eum corui de torrentibus & comedant eum filij aquilæ, quiconque regarde son pere par moquerie, quiconque n'a esgard aux trauaux qu'à eu sa mere le portant en son ventre, sera tourmenté des Diables lesquels comme corbeaux & aiglons le feront mourir, le deschireront, ou bien merite d'estre attaché à vn gibet, où les corbeaux & aiglons luy arracheront les yeux. Entre autres louanges que S. Ambroise donne à nostre Dame lib. de Virg. il dit, nunquam vultu parentes læsit: iamais elle n'a donné aucun mescontentement à ses peres & meres par aucun regard moins gratieux.
3. Ceux qui frappent peres & meres sont dignes de mort suiuant la loy, 402 Exod. 21. Qui percusserit patrem, aut matrem, morte moriatur.
4. Ceux qui leurs souhaitent ou procurent la mort. Il y a vne loy qui or Punition des enfans qui frappent ou tuent peres & meres. donne que semblables parricides soient foüettez, puis enfermez dans vn sac de cuir auec vn chien, vn coq, vne vipere, & vn singe, & jettez dans la mer, ou exposez auz bestes. ff. de parricid. l. penult. & leg. I. C. eodem256. Solon ne fit aucune loy contre ces parricides, & estant interrogé pourquoy ? Respon dit qu'il ne croyoit pas qu'aucun deust estre si mal-heureux que d'enfrain-dre ce droit que nature a tellement graué en nos ames. Aristote a dit lib. 8. Topicorum qu'il ne falloit pas agir par raison auec celuy qui doute s'il faut honorer Dieu & ses pere & mere : mais le chastier de mesme peine : qui dubitat vtrum oporteat Deos venerari, aut parentes, non indiget ratione, sed pari pœna.
Cham maudit de Dieu pour s'estre mocqué de son pere.
L'Escriture saincte nous fournit les horribles chastimens que Dieu a enuoyé à semblables monstres de nature : les histoires sacrées & prochaines en sont pleines. Cham fils de Noé pour s'estre mocqué de son pere est maudit, & luy & ses descendans punis de seruitude, maledictus Chanaam, seruus seruorum erit fratibus suis, S. Ambros. lib. de arca257, & Noé remarque qu'ils furent subiugez, ruinez, & saccagez par Iosué, & les Hebreux qui estoient les des Punition de Ruben pour n'auoir honoré son pere. cendans de Sem. Ruben fils de Iacob Gen. 49. pour auoir attenté à l'endroit d'vne des concubines de son pere au preiudice de l'honneur & respect qu'il luy deuoit, est maudit, effusus es, sicut aqua non creseas, vous n'aurez non plus de consistance ny de fidelité en vos enfans & posterité ; en vos moyens & honneur, que de l'eau. Et se peut-il trouuer punition plus exemplaire que celle du miserable Absalon ? il se bande contre son pere, prend les armes, fait Punition d'Absalon pour n'auoir honoré son pere. reuolter ses subjects, tasche de le priuer de ses estats : mais Dieu prend la cause du pere permettant que ce mal-heureux enfant passant souz vne arbre y est attaché par les cheueux & percé de trois fleches mortelles. Comment se pouuoit-il faire qu'vn homme armé, comme il estoit, fust attaché par les cheueux en passant ? sa monture n'eut-il pas la force de le retirer ? ne se trouua-il personne de ses gens qui le peust secourir ? il n'y a personne qui ne voye que c'est vn coup de la main de Dieu, qui prend la cause du pere contre le fils rebelle.
Histoire d'vn enfant de 18. ans pendu qui deuint barbu comme vn vieillard.
S. Bernardin Dominica 2. quadrages. ser. 17. art. 3. c. I.258 dit que de son temps vn ieune homme en Catalogne en la ville de Sui259 en Espagne prez de Valence apres auoir mesprisé ses pere & mere sans se soucier de leurs conseils ny aduis, s'abandonna à toute sorte de liberté & pour ses larcins & autres crimes fut apprehendé de la iustice, & à l'aage de dix-huict ans fut pendu, n'ayant encore point de barbe : aussi tost qu'il eust rendu l'esprit, voila son menton reuestu d'vne longue barbe, qui deuient soudain toute blanche comme aussi ses cheueux en presence de tout le peuple, qui auoit assisté à 403 l'execution, & sembloit estre vn homme de quatre vingt & dix ans : on en fit le rapport à l'Euesque qui y accourut, luy, & tout le peuple se mirent en deuotion. Leur priere estant faite, l'Euesque fit vne harangue au peuple, & dit que Dieu vouloit monstrer par là que ce ieune homme selon le cours de nature deuoit viure iusques à cet aage de quatre vingt & dix ans, si par le manquement de deuoir & de respect enuers ses pere & mere, il n'eust racourcy sa vie, & que d'ordinaire Dieu punit d'vne mort precipitée ceux qui manquent d'honneur, de respect, & d'obeyssance à leurs peres & meres.
Escoutez enfans, escoutez le Sage Eccli. 3. Filij suscipe senectum patris tui, & non contristes eum in vita illius, & si defecerit sensu, veniam da, & ne spernas eum in virtute tua: elecmosyna enim patris non erit in obliuione. Mon fils, receuez vostre pere en sa vieillesse, ne l'attristez pas pendant sa vie, si le iugement vient à luy manquer, excusez-le, & ne le mesprisez pas : le bien que vous luy ferez ne sera pas mis en oubly. C'estoit le mesme precepte que donnoit Tobie à son fils, honorem habebis matri tuæ omnibus diebus vitæ tuæ, vous honorerez vostre mere tous les iours de vostre vie, Tobie 4.
Filet cadre, rayé.

De l'obeyssance des enfans enuers pere & mere. CHAPITRE III.

CE que i'ay dit au liure second Traité I. Chap. 6. Section 4. & 5. de l'obeyssance des femmes enuers leurs marys peur seruir aux enfans, & leurs monstrer l'obligation qu'ils ont d'estre obeyssans à peres & meres, & comme ils doiuent satisfaire à cette obeyssance. Mais outre cela, ie leurs diray icy quelque chose qui leurs est propre.
Les enfans doiuent obeyssance à pere & mere.
Salomon en ses Prouerbes instruisant vn ieune homme à la vertu, & à toute sorte de perfection, apres auoir dit que le commencement de sapience est la crainte de Dieu, commence aussitost par l'obeyssance deue aux peres & meres, & dit, Audi fili mi disciplinam patris tui, & ne dimittas legem matris tuæ, vt addatur gratia capiti tuo, & torques collo tuo, escoute mon enfant la leçon de ton pere ; ne mesprise pas la loy de ta mere, afin que tu te rendes agreable à tout le monde & que tu merites vne couronne eternelle. Prouerb. I. S. Paul aux Ephes. 6. Obedite parentibus vestris in Domino, hoc enim iustum est, obeyssez à vos peres & meres selon Dieu, car cela iuste.
404 En quoy consiste l'obeyssãce des enfans enuers leurs peres & meres.
Cette obeyssance consiste 1. en ce que les enfans suiuant la direction des peres & meres en choses qui sont d'importance, ne se laissans emporter par l'impetuosté de leur ieunesse, & par la furie de leurs passions. 2. qu'ils executent leurs commandemens, auec les circonstances que nous auons deduit en la section 5. du chap. 1. du traité 1. du liure second. 3. qu'ils n'abusent des trauaux & sueur de leurs peres & meres, dissipans mal à propos ce qu'ils gaignent, ou ne s'employans en ce qu'ils sont occupez comme ils doiuent. 4. qu'ils ne fassent rien contre le bien & aduancement de leur famille, comme en se marians au des-auantage de leur maison, faisans des alliances preiudiciables à leur race & extraction.
Punition des enfans desobeyssans.
Les punitions que Dieu auoit ordonné anciennement, & celles que nous voyons iournellement contre les enfans desobeyssans, deuroient suffire pour espouuanter ceux qui sont tels : voicy la loy & sentence de Dieu, Deuter 21. Si genuerit homo filium contumacem & proteruum, qui non audiat patris aut matris imperium, & coërcitus obedire contempserit, apprehendent eum, & deducent ad seniores ciuitatis illius, & ad portam tudicij, dicentque ad eos: filius iste noster proteruus, & contumax est, monita nostra audire contemnit, comessationibus vacat, & luxuriæ, atque conuiuijs, lapidibus eum obruet populus civitatis, & morietur, vt auferatis malum de medio vestri, & vniuersus Israel audiens pertimescat. Si vn pere a vn enfant desobeyssant, & refractaire, qui ne veuille obeyr ny à pere ny à mere, il le prendra, il le menera aux anciens de la ville, & à la porte du tribunal, & dira aux iuges : Voila nostre fils refractaire & desobeyssant qui ne fait point d'estat de nos aduertissemens, c'est vn hanteur de cabarets, de banquets, de garces : tout le peuple de la ville le lapidera, & mourra, afin d'exterminer du milieu de vous ce meschant homme, & que tout le peuple entendant cecy, ayt crainte.
Entre plusieurs marques de reprobation que S. Paul apporte, Rom. I. il n'a Le mariage n'exẽpte pas les enfans de l'obeyssace aux peres & meres. pas obmis cette-cy, la desobeyssance enuers les peres & meres, Parentibus non obedientes. Vn des signes de l'aduenement de l'antechrist est la mesme desobeyssance, in nouissimis diebus instabunt tempora periculosa, & homines seipsos amantes, cupidi, elati, superbi, blasphemi, parentibus non obedientes. Aux derniers iours il y aura des temps fort dangereux, & des hommes pleins d'amour d'eux-mesmes, conuoiteux, presomptueux, superbes, blasphemateurs, n'obeyssans pas à leurs peres & meres.
Mais me dira quelqu'vn, ie suis maintenant emancipé, & partant exempt de l'obeyssance, ie suis mariée, ie suis obligée d'obeyr à mon mary, & non à pere & mere, puis que la loy du mariage veut que ie quite pere & mere pour suiure mon mary. I'accorde que telle est la loy du mariage, qu'on peut quiter pere & mere pour demeurer auec son mary : toutefois elle n'exempte pas 405 pourtant les enfans de l'obeyssance deue à leurs peres & meres : voicy comme il faut entendre cette loy, & comme l'explique S. Thomas lect. 10.260 Eph. 5. cap. Tantus est affectus inter coniuges, vt parentes suos relinquant, nam licet quoad reuerentiam, obendientiam, & subuentionem plus debeat quisque diligere patrem, quam vxorem, tamen quoad domesticam adhæsionem, & cohabitationem plus debet diligere vxorem, il y a vne telle affection entre le mary & la femme, qu'ils En quoy le mary est plus obligé à sa femme qu'à son pere. quitent pere & mere l'vn pour l'autre, & jaçoit que quant au respect, obeyssance & assistance, chacun soit plus obligé à son pere qu'à sa femme, toutefois quant à la cohabitation, le mary est plus obligé à sa femme, d'où il est manifeste que pour estre emancipé & marié, on n'est pas exempt de l'obeyssance & respect deü aux peres & meres, & que ceux-là pechent griefuement qui mesprisent leurs aduis en chose d'importance, quoy que mariez.
Les peres & meres ne doiuent tant s'arroger en faueur du pouuoir qu'ils Les enfans ne sont pas en toutes choses subjects aux peres et meres. ont sur leurs enfans, & sur l'obligation que les enfans ont à leurs obeyr qu'ils croient estre leurs souuerains Seigneurs, & pensent leurs pouuoir commander en toutes choses. Ils sont priez d'entendre ce que S. Thomas leurs enseigne 2. 2. q. 104. art. 5.261 premierement que tous les hommes sont esgaux, & personne n'est inferieur à autre en ce qui concerne la nature du corps, & qu'en ce point le seruiteur n'est inferieur au maistre, ny l'enfant au pere, comme sont les necessitez du corps, les habits, la nourriture, se marier, ou non ; & partant que ny le maistre ny le pere ne peuuent empescher leurs seruiteurs ou enfans de se marier, ou non, s'ils veulent : d'entrer en religion, ou non : le respect que les enfans doiuent à leurs peres, & les seruiteurs à leurs maistres, les oblige de n'entreprendre semblable estat sans leurs communiquer leur dessein, & ceux qui se marient contre la volonté de leurs peres & meres s'il n'y a iuste cause, qui les excuse, principalement au preiudice de leur religion, ou au desauantage de leur famille pechent mortellement : le mariage est toutefois valide estant accompagné de ses autres circonstances, ils ne laissent pourtant d'offenser Dieu. Or ie prie les peres & meres de considerer que le mariage doit estre libre & non contraint, & qu'ils doiuent plustot auoir esgard à la volonté & inclination de leurs enfans qui sont parties en cette affaire, qu'à la leur propre. C'est leur fait, c'est leur joug, les parens leurs peuuent bien remonstrer ce qui est de leur desir, mais non les contraindre ny violenter. Aristote mesme suiuant les seuls principes de nature Eth. 9. c. 2. monstre que les enfans ne sont pas obligez d'obeyr en toutes choses à leurs peres & meres, car l'enfant qui est malade est plus obligé d'obeyr au medecin qu'à son pere : celuy qui est soldat à son 406 Capitaine, en ce qui concerne la guerre, qu'à son propre pere.
Les enfãs doiuent obeyr à Dieu plustot qu'à pere & mere.
Secondement dit S. Thom. l'authorité des peres & meres sur leurs enfans n'est autre chose qu'vne participation de l'authorité souueraine qui est en Dieu, à quo omnis paternitas in cœlo, & in terra nominatur, Eph. 3. duquel vient toute paternité, & partant ce n'est qu'vne authorité dependante & subordonnée, d'où s'ensuit que si Dieu veut d'vne façon, & les peres & meres de l'autre, obedire oportet Deo magis, quam hominibus; vaut mieux obeyr à Dieu qu'aux hommes. Le vice-roy ou son lieutenant ne doit estre escouté quand il commande quelque chose ou preiudice de son Roy. En S. Math. 10. Qui amat patrem aut matrem plusquam me, non est me dignus, celuy qui aime son pere ou sa mere plus que moy, n'est pas digne de moy. C'est aimer pere & mere plus que Dieu, de leurs obeyr en chose qui est contre Dieu. S. Bernard Epist. 3. Sola causa qua non licet obedire parentibus, Deus est, la seule cause qui nous dispense de l'obeyssance à nos peres & meres, est Dieu.
Troisiemement comptons, calculons, combien nous deuons à nos peres Combien nous sommes plus obligez à Dieu, qu'à pere & mere. & meres à comparaison de Dieu : nous auons l'ame & le corps, l'ame est le principal : or combien y ont nos peres & meres ? autant comme à la lune, elle est créee immediatement de Dieu, & n'est pas au pouuoir ny de tous les hommes ny de tous les Anges ensemble, d'en creer vne seule : nostre ame peut dire à Dieu, tu formasti me & posuisti super me manum tuam, Ps. 138. Vous m'auez formé, ie suis l' œuure de vos mains, & partant disons auec Dauid, benedic anima mea Domino, & omnia quæ intra me sunt, nomini sancto eius, mon ame benis Dieu, rend luy grace, tout ce qui est en moy benisse son sainct nom Ps. 103.
Peut-estre nos peres & meres auront dauantage à nos corps, posons le cas Combien nos peres & meres ont en nos corps. qu'ils l'ayent entierement fait : & qu'est-ce sinon comme l'habit de l'ame, son estuis, vn vase dans lequel elle loge ? & peut-il entrer en comparaison auec la noblesse & excellence de l'ame ? mais que nos peres & meres ne s'arrogent pas tant : le corps n'est pas tout à eux. Si quelqu'vn crachoit en terre, & que de ce crachat Dieu formast vn homme ou vne statue, qui en seroit l'autheur ? Voila tout ce que nos peres & meres ont à la formation de nos corps : vne parcelle de leur substance qu'ils donnent, mais c'est Dieu qui fait cette belle œconomie, formant le corps, moulant les os, estendant les nerfs, les veines, les arteres, composant les muscles, & disposant le tout auec la belle symmetrie qu'on ne peut assez admirer : qui seront les peres & meres qui oseroient s'attribuer la formation de ce bel œuure ? tant s'en faut qu'il leurs appartienne, que mesme ils ne sçauent comment cela se fait, & souuent desirans que cela se faſſe il ne se fait : ne le desirans il se fait.
407 Iob recõnoit Dieu autheur de son corps.
Peres & meres escoutez le grand S. August. in Ps. 70. Istis generantibus, Deus creat, nam si tu creas, dic quid tua mulier paritura sit. Quid dicam? tu dic, dicat ipsa, quæ quid portat ignorat. C'est Dieu qui crée. Si tu crées, dis ce que ta femme doit enfanter, vn fils ou vne fille ? quoy ! que tu le dises, elle-mesme le dise, mais elle ne sçait ce qu'elle porte.
C'est de quoy Iob rend hommage à Dieu, le reconnoissant autheur de son estre, nonne sicut lac mulsisti me, & sicut caseum me coagulasti? c. 10. Ne m'auez vous pas coulé comme le laict ? ne m'auez vous pas moulé & assemblé comme le fromage ? Disons, tu pater noster, & Abraham nesciuit nos: vous estes nostre pere, nos peres qui nous ont engendré ne sçauent comme nous auons esté formez.
C'estoit le motif duquel se seruoit la bonne saincte mere des sept freres La mere des Machabées reconnoit que Dieu a formé les corps de ses enfans. Machabées 2. Machab. 7. pour les inciter à oublier & mettre à part toute tendresse enuers elle, & toute consideration humaine, pour se consacrer & victimer courageusement à Dieu : nescio qualiter in vtero meo apparuistis: neque enim ego spiritum, & animam donaui vobis, & vitam, & singulorum mem bra non ego ipsa compegi, sed enim mundi creator qui formauit hominis natiuita-tem, quique omnium inuenit originem, & spiritum vobis iterum cum misericordis reddet, & vitam, sicut nunc vosmetipsos despicitis propter leges eius. Mes chers enfans, ie ne sçay comme vous vous estes trouué dans mon ventre ; ce n'est pas moy qui vous ay donné l'esprit, l'ame, & la vie, ce n'est pas moy qui ay moulé vos membres : c'est ce grand Dieu, Createur du Ciel & de la terre, qui est l'autheur de tous, qui par sa misericorde vous rendra vne autre fois l'ame & la vie que que vous mesprisez maintenant pour l'obseruation de ses loix.
Voila ce que nos peres & meres ont à la creation de nos ames, & la formation de nos corps, & à la vie corporelle : mais ont-ils dauantage en la vie de l'ame ? voyons-le.
La vie de l'ame consiste en la grace. Nous reconnoissons auec Dauid que nos meres nous ont conceu en peché, in peccatis concepit me mater mea, Ps. 50. La grace nous est donnée par la seule misericorde de Dieu, & par l'influence de son sainct Esprit : c'est à luy seul que nous en sommes redeuables.
Les peres & meres n'ont rien à la vie de grace de leurs enfans.
C'est le motif qu'apporte S. Hierosme, Epl. 10. Ad furiam matronam262, pour mespriser toutes considerations humaines, quand il est question du seruice de Dieu, contristabitur pater, sed lætabitur Christus: lugebit familia, sed Angeli gratulabuntur: faciat pater quod vult de sua substantia, non es eius cui nata, sed cui renata, & quite grandi pretio redemit sanguine suo. Vostre pere s'attristera, mais Iesus-Christ se resiouyra : la famille en portera le deuil ; les Anges en feront feste : que vostre pere faſeſ de sa substance ce qu'il voudra, vous n'estes pas à celuy auquel vous estes née, mais à celuy auquel vous estes renée, & qui 408 vous a rachepté à grand pris sçauoir de son sang, & Epist. 1. ad Heliodor. Licet paruulus ex collo pendeat nepos, licet sparso crine & scissis vestibus, ubera quibus te nutrier at mater, ostendat, licet in limine pater iaceat, per calcatum perge patrem ad vexillum crucis, siccis oculis euola: solum pietatis genus est, in hac re esse crudelem &c. facilè rumpit hæc vincula Christi amor & gehennæ timor. Quand bien vostre Faut mespriser pere & mere pour Dieu. petit nepueux s'attacheroit à vostre col : quand bien vostre mere toute descheuelée & ses habits rompus vous coniureroit par les mammelles desquelles elle vous a nourry : quand bien vostre pere se coucheroit sur le ſeuil de la porte, pour vous empescher d'aller au seruice de Dieu ; marchez sur vostre pere, courez apres l'estandart de Iesus-Christ à yeux secs : la vraye pieté est d'estre cruel en ce point. &c. i'aduoüe que ce sont des liens bien forts, mais l'amour de Iesus Christ & la crainte de l'enfer les rompt aysement. Voyez Platus, de bono status religiosi lib. 3. c. 34.
N'auons-nous pas l'exemple de nostre Seigneur confirmatif de toute cette doctrine ? iamais ne s'est trouué enfant plus obeyssant, cependant il s'absente Nostre Seigneur quite sa mere pour le seruice de Dieu son pere. de la compagnie de sa chere mere, se fait chercher auec beaucoup d'ennuys l'espace de trois iours, à l'aage de douze ans, preferant le seruice de Dieu son pere, au contentement de sa mere : & à l'aage de trente ans la quite pour vaquer à la conqueste des ames : & l'amour & interest de sa mere ne l'empescha pas de mourir en sa presence. Pour nous enseigner iusques où s'estend l'amour des enfans enuers leurs peres & meres, & qu'il ne doit preiudicier à l'amour que nous deuons à Dieu.
Constance d'vne fille à ne se marier.
S. Ambroise, lib. de Virginit. raconte qu'vne ieune Damoiselle de son temps bien noble estant esprise d'vn desir de seruir Dieu, & s'en voyant empeschée par ses parens qui la poursuiuoient pour l'obliger à se marier, luy offrans des grandes richesses : elle s'enfuit proche d'vn autel. Mais vn de ses parens se mettant en humeur, luy dit auec rigueur, Quoy, petite insolente ! osez-vous bien faire ce tort à vostre famille ? croyez-vous que si vostre pere viuoit encore qu'il vous permettroit de ne vous point marier ? mais elle luy respondit courageusement, peut-estre Dieu l'at-il retiré de ce monde, de peur qu'il ne m'empechast : & bien tost celuy-la mesme qui estoit le plus ar dant à l'empescher, mourut, & chacun conneut que c'estoit vne vraye puni- tion de Dieu, de façon que les autres qui auparauant estoient contre elle, fu-rent pour elle.
Les enfans sont obligez d'obeyr à peres & meres, mais à Dieu dauantage ; lors qu'il s'agit du seruice de Dieu, il faut quiter celuy de pere & mere. Souuent Dieu rauit la vie aux peres & meres, lors qu'ils luy rauissent les ames qui sont à luy, & desquelles il veut estre seruy. Il n'y a mary qui n'ayt vn iuste ressentiment, lors qu'on luy rauit son epouse : & ce grand Dieu qui fait estat d'estre jaloux, n'aura point de ressentiment des espouses qu'on luy oste ? Considerez 409 enfans ce que vous devez à vos peres & meres, & à l'imitation de Nostre Seigneur rendez vous obeissans : honora tuos, quia suos Dei filius honorauit, dit S. Ambroise. c. 18. in Lucam263. Considerez peres & meres ce que vous & vos enfans doiuent à Dieu, & pour vostre contentement n'empechez pas le deuoir & obeyssance de vos enfans enuers luy : considerans que ce que vous auez en vos enfans n'est guere à comparaison de ce que Dieu y a : & qu'encore ce que vous leurs auez donné du vostre, vous a esté donné ou plustot presté de Dieu, ils ont de vous le peché & les miseres, contentez vous de les auoir introduit dans ce lieu de miseres, contentez-vous que vous les auez engendré en peché, & nourry en peché : ne soyez pas cause par vn empire tyrannique que vous voulez exercer enuers eux, qu'ils soient enfin des enfans de damnation & de perdition, & le suiect de l'accroissement de vos peines.

Filet cadre, rayé. Que les enfans sont obligez d'assister leurs peres & meres. CHAPITRE IV.

LE mot d'honneur és Escritures Sainctes ne consiste pas seulement en des Que signifie le mot d'honeur. salutations, reuerences, complimens : comme remarque S. Hierosme in cap. 15. Math. 1. & comme i'ay desia dit, mais principalement en l'assistance & bienfaits : Sainct Paul commande qu'on honore les vefues qui sont vrayement vefues, il ne parle pas tant des reuerences, comme de l'assistance des dons & presens : il dit que les prestres sont dignes d'vn double honneur, & principalement ceux qui trauaillent en preschant & enseignant, c'est à dire, d'vn double salaire & recompense ; donc quand Dieu nous commande d'honorer peres & meres, il entend que nous les secourions en leurs necessitez.
Les enfãs ne doiuẽt entrer en religion si leurs peres & meres ne peuuẽt viure sans leur assistance & y estans entrez en doiuent sortir.
Cela est si veritable, qu'encore que ce soit vn bon œuure, & chose fort agreable à Dieu de se consacrer à luy en la religion, toutefois, l'enfant ne le peut faire, si le pere, ou la mere ne peuuent viure sans son assistance : & si l'enfant ne peut les assister sinon demeurant au monde, il doit le faire pour les assister, dautant que l'entrée en Religion qui est de conseil, ne deroge au droict de nature, qui oblige l'enfant à assister pere & mere, comme estans la racine & le principe duquel l'enfant a receu l'estre : voire mesme, si quelqu'vn 410 est desia profés en religion, & son pere ou sa mere ne peuuent viure sans luy, non seulement il peut, mais il doit sortir de la religion pour assister son pere ou sa mere, quoy que pour cela, il n'est pas libre de sa profession, qui n'est que suspendue, iusques à ce qu'ils n'ayent plus besoin de son assistance, & lors Assistance des payens enuers peres & meres. est obligé de rentrer en religion.
Les payens ont reconnu cette obligation, voire les bestes mesmes. Chacun loue le faict d'Ænée qui porta son pere Anchises sur ses espaules pour le Pieté d'Æneas. deliurer de l'incendie de Troye, & est ordinairement appellé pour cela, pieux. Valere le Grand lib. 5. c. 4. rapporte quelque chose de semblable de deux freres, l'vn nommé Amphinomus, & l'autre Anapus, lesquels voyant que Pieté d'Amphinomus, & Anapus freres. le mont Ætna embrasoit leur contrée, chargerent leurs peres sur leurs espaules, & les porterent au trauers des flammes264: & Strabo lib. 6. & Pausanias in Phocicis, disent que Dieu voulut monstrer combien ce deuoir de pieté luy estoit aggreable, mesme en des Payens ; commandant aux flammes de se diuiser en deux, comme iadis les eaux en faueur de son peuple, & tout le lieu par lequel ils passerent, fleurit tout alentour comme vne belle Isle, tout le reste estant rosty & consommé des flammes, ou tout noircy & gasté de suye ou de fumée.
Il y a tant d'autres histoires parmy l'antiquité payenne. Sur ce subiect Pieté d'vne fille qui nourrit sa mere de sa mammelle. entre autres de cette fille dont fait mention Pline lib. 7. c. 36. laquelle ayant obtenu permission de visiter sa mere condamnée à prison criminelle, & le geolier l'ayant tousiours fouillée pour voir si elle ne luy portoit à manger, enfin on s'apperceut que de sa propre mammelle elle la nourrissoit, & ce devoir de pieté pleut tant aux Iuges, qu'on mit la mere en liberté, & qu'on nourrit & la mere & la fille aux despens du public, & pour memoire de cette pieté, on bastit au lieu de la prison vn temple à la Deesse Pieté. La fille de Cimon fit le mesme enuers son pere au rapport de Valere le Grand l. 5.265 & tant d'autres.
Quelle merueille 1ue les hommes reconnoissent cette obligation par la Pieté de la cicogne. lumiere de raison, puis que les bestes mesme le font par le seul insinct de nature ? S. Basile, S. Ambroise, S. Epiphane, Pline, Solinus, & autres font mention du deuoir que la cicogne rend à ses peres & meres estans vieux, voicy comme en parle S. Ambroise in in Hexameron lib. 5. c. 16. lors que les peres & meres ont perdu leurs plumes par vieillesse, leurs descendans estendent leurs aisles, & les couurent : Ils leurs donnent à manger, & auec leurs aisles les esleuent de part & d'autre, les supportent, & les aident à voler, leurs apprenant vne autre fois ce que la vieillesse & la desaccoutumance leurs auoient fait oublier. Aussi prend-on ordinairement la cicogne pour Symbole hierogliphyque de pieté, & du deuoir des enfans enuers les peres & meres.
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Sainct Ambroise lib. 8. in Luc c. 17. fait vne puissante exhortation aux enfans à ce propos. Escoutez-le parler, pasce patrem tuum, pasce matrem: & si paueris matrem, adhuc non reddidisti dolores, non reddidisti cruciatus quos pro te Belle exhoratiõ de S. Ambroise aux enfãs pour assister peres & meres. passa est, non reddidisti obsequia quibus te illa gestauit, non reddidisti alimenta, quæ tribuit tenero pietatis affectu, immulgens labris tuis vbera, non reddidisti famem, quam pro te illa tolerauit, ne quid, quod tibi noxium esset, ederet, ne quid quod lacti noceret, hauriret, tibi illa ieiunauit, tibi manducauit, tibi illa, quem voluit cibum non accepit, tibi, quem noluit cibum, sumpsit: tibi vigilauit, tibi fleuit, & tu illam egere pateris? ô fili, quantum tibi sumes iudicium, si non pascas parentem, illi debes quod habes cui debes quod es. Nourrissez vostre pere, nourrissez vostre mere, encore que vous nourrissiez vostre mere, vous n'auez pas recompensé les douleurs qu'elle a souffert pour vous. Vous n'auez pas satisfaict pour les seruices qu'elle vous a rendu en vous portant, ny les alimens qu'elle vous a donné auec vne affectueuse tendresse, vous mettant la mammelle sur les leures : vous n'auez pas satisfaict pour la faim qu'elle a souffert à vostre occasion, se gardant de manger ce qu'elle pensoit vous estre contraire, s'abstenant de ce qu'elle croioit pouuoir gaster son laict : elle a ieusné à vostre occasion ; elle a mangé pour vostre subject, elle s'est gardé de ce qu'elle appetoit, pour vous, elle a mangé ce qu'elle ne desiroit ; elle a veillé pour vous ; pleuré pour vous, & vous souffrirez qu'elle ayt necessité ! ô mon enfant quel iugement vous attirez sur vous, si vous ne nourrissez vostre mere, vous luy estes obligé de tout ce que vous auez, puis que vous luy estes obligé de vostre estre, & de vostre vie.
Les enfãs qui n'assistent peres & meres sont enfãs du diable.
Est-il possible qu'il se puisse trouuer des enfans si cruels qu'ils manquent à ce deuoir, auquel les payens & les bestes satisfont ? non ce ne sont pas des enfans, mais des monstres, & enfans du diable. Ie le dis apres Pierre de Rauenne, en vn sermon où il dit, Auelle à sole solis radium, & non lucet, riuum à fonte & arescet: ramum ab arbore, & exsiceatur: membrum à corpore, & putrescit: separa filium à deuotione paterna, & iam non est filius, sed frater, & collega illorum, de quibus dicitur: vos ex patre diabolo estu. Ostez le rayon du Soleil, il ne luit plus : le ruisseau de la fontaine, & il tarit : le rameau de l'arbre, & il seche : le membre du corps, il pourrit. Separez le fils de la pieté & deuoir qu'il doit à pere & mere, il n'est plus fils, mais, frere, & collegue de ceux qui ont le diable pour pere.
Enfans comparez à vn gentilhomme qui tient vn fief.
S. Thomas opus. 7. dit que les enfans sont comme les gentils hommes qui reçoiuent quelque fief d'vn Roy, ils le tiennent tant qu'ils sont fideles & satisfont aux deuoirs annexez à leur fief : y manquans ils en sont priuez, aussi la 412 loy permet aux peres & meres de reuoquer la donation faicte entre vifs aux enfans en cas d'ingratitude, Lege finali, C. de reuocat. donation. Où la Loy specifie cinq cas d'ingratitude.
1.   Si donatarius iniurias atroces in donatorem effuderit. Si celuy qui a receu vn bien-fact, fait quelque tort signalé à son bien-faicteur.
2.   Si manus impias intulerit, s'il frappe.
3.   Si iacturam non leuem bonis eius intulerit. S'il luy nuit griefuement en ses biens.
4.   Si periculum vitæ ei intulerit. S'il le met en danger de la vie.
5.   Si donationi appositam conditionem, non impleuerit, s'il n'accomplit les conditions portées en la donation : les Docteurs adioustent, si inopia pressum non aluerit, s'il ne le nourrit estant pauure.
Les benedictions que Dieu promet aux enfans qui s'aqcuitent des deuoirs ausquels la nature, la raison, & la Loy diuine les obligent, leurs doiuent seruir d'vne puissante exhortation, ie m'en vay leurs representer, les tirant du chap. 3. de l'Eccli.
La premiere est que Dieu les comble souuent de moyens, & richesses tant corporelles que spirituelles. Eccli. 3. v. 5. sicut qui thesaurizat, ita & qui honorificat matrem suam.
2.   Qu'ils sont souuent heureux en leurs enfans v. 6. qui honorat patrem suum, incundabitur in filijs.
3.   Dieu les exauce en leurs prieres au mesme endroit, in die orationis suæ, exaudietur.
4.   La longue vie, Qui honorat patrem suum, vita viuet longiore, v. 7. Que si aucuns bien obeyssans meurent ieunes, c'est qu'ils esoient meurs pour le Ciel, & que Dieu veut leurs donner des biens de plus grande importance.
5.   L'establissement de leur maison, & de leur posterité v. 11. benedictio patris firmat domos filiorum.
6.   Ils sont honorés, v. 13. Gloria hominis ex honore patris sui, & dedecus filij pater sine honore, Chacun honore ceux qui honorent pere & mere.
7.   Dieu les deliure des calamitez, v. 17. In die tribulationis commemorabitur tui.
8.   Le pardon des pechez au mesme endroict, Sicut in sereno glacies, soluentur peccata tua.
9.   Le comble de tous biens qui est l'amitié de Dieu, & sa protection, Vt superueniat tibi benedictio ab eo, & benedictio illius in nouissimo maneat.
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Ie n'obmettray pas cette celebre histoire, quoy qu'aſſez notoire, rapportée par Thomas Cantiprat. lib. 2. apum, c. 7. p. 4. & par Cæsarius li. 6. c. 22. d'autant qu'elle est grandement à mon propos. Il y auoit vn homme fort riche en Normandie, mais rousturier, qui n'ayant qu'vn fils le nourrit delicatement : vn gentil homme soldat le vient trouuer, luy dit qu'il a vne fille belle, prudente, & bien nourrie, luy offre pour son fils, à condition qu'il veuille ceder ses biens à son fils en faueur du mariage, & que le fils s'obligera de nourrir son pere & sa mere, selon leur qualité. Le pere trouuoit bien de la difficulté en cette condition, ne quitoit pas volontiers prise, ne se despouilloit pas facilement auant que se coucher : n'osoit se confier à autruy, de ce qu'il tenoit asseuré pour soy‑mesme. Cependant, ses amis luy representerent le tort qu'il faisoit à sa famille, qu'il ne deuoit pas laisser passer cette occasion de l'annoblir par vne belle alliance, qu'il n'a plus guere à viure, qu'il ne doit pas auoir tant d'esgard à ses propres interests, comme à sa posterité ; que son fils, à qui il a monstré tant d'amour, n'a garde de luy manquer. Le bon vieillard passe la condition, on celebre les nopces, le fils s'acquita fort honorablement de son deuoir la premiere année, la seconde vn peu escharcement266, & la troisieme fort mesquinement, enfin la quatrieme année à la suasion de sa femme qui ne pouuait plus supporter son beau pere & belle mere, il leur acheta vne meschante maisonnette vis à vis la sienne, où il les relegua : ce fut là qu'ils commencerent à ressentir la faute qu'ils auoient faicte, patissans, & se trouuans dans la necessité & à l'abandon, à peine osoient-ils venir à la maison de leurs fils pour le mauuais accueil qu'on leurs faisoit, mais enuoyoient querir leurs necessitez par vn valet. Comme vn iour la bonne mere estoit à la maison de son fils, elle vit vne oye qu'on embrochoit : estant de retour à sa maisonnette, elle conseilla à son mary d'aller à la maison de son fils, afin pour le moins qu'il fit vn bon repas. Voila mon pauure vieillard qui s'y porte au moins qu'il peut, à l'aide de son baston : son fils le voyant venir, commanda qu'on destournast l'oye, va au deuant de son pere, luy demande ce qu'il luy plaist. Le bon homme quoy qu'outré au cœur, dissimule sa douleur, fait semblant de rien, retourne en sa maisonnette, va descharger son cœur & ses plaintes auprés de sa femme. Le fils commanda à la seruante de remettre l'oye auprés du feu, mais le pensant faire, elle trouue vn gros vilain crapaud attaché sur l'estomach de l'oye, elle crie, le maistre accourt, tache de faire tomber le crapaud, le-quel se iettant contre la face de ce ieune homme, s'y attacha si beau & si bien, qu'il n'y eut ny chirurgien, ny instrument qui l'en peust faire tomber, & y demeura plusieurs années. Lors qu'on touchoit le crapaud, c'estoit autant comme si on eust percé le cœur à ce ieune homme, tant cela luy estoit sensible. Se voyant reduit à ce malheur, il alla se ietter au pied de l'Euesque, se confessa, monstra 414 grande douleur de son forfait. L'Euesque luy enioignit pour penitence qu'il allast par les villes de France & de Normandie la face descouuerte, & qu'il racontast par tout l'occasion de son infortune, ce qu'il fit, & apres quelques années fut deliuré par les prieres des gens de bien, & par l'assistance des Saincts. Il me semble que voila vn puissant sermon aux enfans ingrats : que si Dieu ne les chastie tousiours par semblables punitions temporelles, il seroit beaucoup plus souhaitable pour eux qu'il le fist, que de les reseruer pour des punitions eternelles, qu'il garde pour chastiment de leur impieté.
Cul de lampe à motif floral. 415 Bandeau, filet cadre rayé bordé de fleurs.

TRAITE' QVATRIEME. Des obligations des maistres & maistresses enuers leurs seruiteurs & seruantes, & des seruiteurs & seruantes enuers leurs maistres & maistresses. Filet cadre, rayé. Que tous les hommes sont seruiteurs. CHAPITRE I.

Lettrine, "I".
IL n'y a que Dieu qui proprement se puisse qualifier Sei 1. Tim 6. Il n'y a que Dieu qui soit proprement Seigneur. gneur, il est Rex Regum, Dominus Dominantium, Roy des Roys, Seigneur des Seigneurs : l'Eglise luy dit, Tu solus Dominus, tu solus altissimus, vous estes seul Seigneur, seul treshaut, c'est la qualité qu'il affecte si souuent és Escritures Sainctes, Ego Dominum, c'est moy qui suis Seigneur & mai stre. Il n'y a que ceux qui ont la ceruelle creuse & pleine de vent qui se tien-nent libres, que Iob compare à des asnons sauuages, cap. 2. Vir vanus in superbiam erigitur, & quasi pullum onagri se liberum natum putat. Il n'y a que ces fous dont parle Dauid qui osent dire, quis noster Dominus est? qui est celuy qui ose nous commander & se qualifier nostre maistre ? Il n'y a que l'endurci Pharaon & ses semblables qui disent nescio Dominum, ie ne reconnois point de maistre.
Dieu est maistre de tous & les raisons pourquoi.
Dieu est maistre de tous, & tous sont seruiteurs, de quelle condition qu'‑ils soient, Princes, Roys, Empereurs, Papes, 1. d'autant qu'il a l'authorité & le domaine de soy-mesme, sans aucune dependence d'autruy, toute autre maistrise venant de luy, Per me reges regnant, & legum conditores iusta decernunt, per me principes imperant, & potentes decernunt iustitiam. C'est par moy que les Roys regnent, que les Legislateurs ont authorité de faire des loix, que les Princes commandent, & que ceux qui sont en authorité font iustice.
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2.   Sa puissance s'estend enuers tous, Anges, Archanges &c. Princes, Roys &c. car tout ainsi que tous despendent essentiellement de luy en leur estre, actions, & subsistance, in ipso viuimus, mouemur, & sumus, aussi luy font ils tous subjects & seruiteurs : son domaine ayant vne telle amplititude & estendue, qu'il va iusques aux choses insensibles & destituées de raison, quoniam omnia seruiunt tibi: tout luy sert. Voyez comme les vents & la mer luy obeissent, Matth. 8. voire ce qui n'est pas : la lumiere n'estoit pas, il luy commanda d'estre, elle obeit, ainsi du reste des creatures, vocat ea quæ non sunt, tanquam ea quæ sunt.
3.   Il n'y a ny temps ny lieu qui puisse borner son domaine, c'est ce que reconnoit Dauid Ps. 144. reguum tuum regnum omnium seculorum, & dominatio tua in omni generatione, & generationem. Vostre Royaume s'esend sur tous les siecles, & vostre domaine de generation en generation. Aussi S. Iean Apoc.5. entend toutes les creatures qui sont au ciel, en terre, soubs terre, toutes qui luy rendent hommage, le reconnoissans pour leur Roy & Seigneur.
4.   Il peut commander & defendre tout ce qu'il luy plaist, il nous pourroit commander absolument tout ce que nous pouuons faire : de ce qu'il nous a laissé comme conseils, il en pourroit faire des ordonnances ; nous pourroit obliger à des ieusnes perpetuels, des cilices, des haires, des disciplines, & toutes autres rigueurs : pourroit nous defendre toutes recreations & passe‑temps, & sa douceur paroist en ce que pouuant nous imposer vne infinité d'ordonnances il se contente de si peu.
5.   C'est à luy de nous punir non seulement au corps, de froid, de chaud, de faim, de soif, de maladies, & par toute autre sorte : mais encore en l'ame, & n'y a si grande peine qu'il ne puisse augmenter, & partant il est à craindre, timete eum qui potest, & corpus, & animam perdere in gehennam, ita dico vobis hunc timete, Luc. 12.
6.   Les Roys ont beau ouurir leurs tresors, iamais ils ny trouueront de si amples recompenses comme Dieu dans les siens, car Dieu donne des recom-penses eternelles ; les Roys ne donnent que des recompenses temporelles, qu'ils trouuent en terre : qui est celuy d'entre eux qui puisse donner pour recompense des seruices qu'il reçoit, la santé, la force, la beauté, la longue vie, la sagesse ? cela n'appartient qu'à Dieu priuatiuement à tous autres, qui peut donner non seulement cela, mais chose encore plus grande.
7.   Il a le pouuoir de punir, mais si absolu qu'il n'en reçoit l'ordre de per sonne, il n'a autre Loy en cela que sa volonté, punissant autant qu'il veut, re-compensant autant qu'il luy plaist, sans que personne le puisse iustement controller.
Rendons luy donc honneur & hommage, grands, & petits, nobles, & rousturiers, & disons, Dominus vniuersorum tu es. Vous estes le maistre de tous : in 417 ditione tua cuncta sunt posita, & non est qui possit resistere voluntati tuæ, Esther 13. Toutes choses sont souz vostre domaine, & n'y a rien qui puisse resister à vostre volonté.
C'est l'argument dont se sert S. Paul. aux Ephes. 6. monstrant les deuoirs des maistres & maistresses enuers leurs seruiteurs, vos Domini eadem facite illis remittentes minas, scientes quia & illorum, & vester Dominus est in cœlis, & personarum acceptio non est apud Deum: Rendez à vos seruiteurs ce que vous leurs deuez, vous souuenans que vous auez vn maistre commun auec eux, qui est au ciel, & qu'il n'a esgard aux personnes, & partant il dit Coloss. 4. Domini quod iustum est & æquum, seruis præstate: Rendez à vos seruiteurs ce qui est de raison & de iustice, & à Timoth. 1. c. 5. Si quis suorum & maximè domesticorum curam non habet, fidem negauit, & est infideli deterior: Si quelque Chrestien n'a soin de ceux qui le touchent, mais principalement de ses domestiques, tenez le pour vn apostat, & pire qu'vn infidele.
Aristote 1. Politicorum cap. 4. dit qu'aucuns sont seruiteurs de nature, Les homes sont egaux par nature, la seruitude vient du peché. d'autres de condition, & en vertu de la loy. S. Augustin, lib. 19. de ciuit. c. 15. a mieux dit, disant que la seruitude est vn effect du peché, & que tous selon la nature sort esgaux, & que le seruiteur s'il est homme de bien est libre : si le maistre est meschant il est serf, voicy ses paroles : Bonus etiam si seruit, liber est: malus autem, & si regnat, seruus est. Nec est vnius hominis, sed quod grauius est, tot dominorum, quot vitiorum, il a autant de maistres qu'il a de vices. Innocent, de vilitate condit. human. dit le mesme, natura liberos genuit, sed fortuna seruos constituit: nous sommes libres & esgaux de nature, c'est la fortune qui a fait aucuns seruiteurs, d'autres maistres.
Escoutons parler Seneque qui a des pensées dignes de sa personne sur cette matiere, lib. 3. Beneficijs267 c. 28. eadem omnibus sunt principia, eadem origo, nemoque est altero nobilior: nous venons tous de mesmes principes, de mesme source, & personne n'est plus noble l'vn que l'autre, & en l'Epistre Les seruiteurs peuuent deuenir maistres & les maistres ser-uiteurs. 31 : Quid est eques Romanus, aut libertinus, aut seruus? nomina ex ambitione, aut ex iniura nata: Que pensez vous que ce soit d'estre ou cheualier Romain, ou affranchy, ou seruiteur ? ce sont noms, que ou l'ambition, ou l'infortune a controuué268, & en l'Epistre 47. Vis tu cogitare illum quem seruum tuum vocas, ex eisdem seminibus ortum, eodem frui cœlo, æque respirare, æque viuere, æque mori, tam tu illam ingenuum videre potes, quam ille te seruum. Stare ante limen Calisti dominum suum vidi, & aliis intrantibus excludi. Martiana clade multos splendidissimè natos, fortuna depressit, alium ex illis pastorem, alium custodem casæ fecit.
Considerez bien la condition de celuy que vous appellez vostre serui teur, vous verrez qu'il est né comme vous, qu'il participe au mesme air, res- 418 pire comme vous, vit & meurt comme vous ; vous le pouuez aussi bien voir noble & commandant, comme il peut vous voir seruiteur. I'ay veu le maistre de Calistus attendant à la porte de son seruiteur, & qu'on donnoit entrée aux autres, & non à luy : en la iournée de Martius plusieurs de tres-bonne maison furent humiliez, les vns deuindrent bergers, d'autres gardes d'vne mechante maisonnette & chaumiere.
Ce n'est pas proprement la nature ou la fortune qui rend l'homme serui Les passions rendent vn homme esclaue. teur, mais le vice, & celuy est d'autant plus libre, qui est plus vertueux : au contraire celuy-là d'autant plus serf qu'il est plus vitieux. Les vices & les passions sont de cruels tyrans, ou plustot des bourreaux ou furies, qui exercent vn puissant empire sur ceux qu'ils possedent. C'estoit ce qui faisoit dire à Seneque, maior sum, & ad maiora natus, quam vt sim mancipium corporis mei, ie suis de tres-bonne naissance, ie suis né à chose plus grande qu'à me rendre esclaue de mon corps. Seneq. epist. 47. Seruus est, sed fortasse liber animo seruus est, ostende quis non fit? alius libidini, alius auaritiæ, alius ambitioni, omnes timori. Nulla seruitus turpior est, quam voluntaria. Celuy-là est seruiteur mais peut estre est il libre de l'esprit. Il est seruiteur, & qui ne l'est ? l'vn est esclaue de l'ordure, l'autre de l'auarice, l'autre de l'ambition, tous de le crainte. Il n'y a seruitude plus infame que celle qui est volontaire.
Aristote in Politicis dit qu'il y a deux sortes de seruitudes, l'vne est natu Deux sortes de seruitude selon Aristote, la naturelle & la legalle. relle, l'autre legalle. L'ame, dit-il, a le domaine & commandement sur le corps. Or il est necessaire qu'il en soit de mesme en tous les hommes : quand vn homme est different d'vn autre homme, autant comme est le corps de l'ame, il est seruiteur de celuy-là, & non maistre, & partant ceux qui n'ont autres exercices ny pensées que pour le corps sont seruiteurs naturellement : ceux qui ont leurs pensées & exercices touchant l'esprit, sont maistres & Seigneurs, voila ce que dit ce Philosophe. Cette seruitude n'est pas proprement seruitude naturelle, mais seruitude volontaire, de laquelle a parlé Seneque vn peu auparauant.
Ce n'est donc pas la nature qui nous rend seruiteurs, c'est le vice & la passion ; & si la fortune nous est contraire, & nous soubmet à autruy, l'on ne perd pas sa liberté pourtant : & souuent ceux, que ou la naissance ou la fortune a soubmis, sont plus libres que ceux qui commandent, d'autant qu'ils sont plus vertueux : est sapienti seruire libertas: stulto imperare seruitus est, Hiero. ep. ad Simplicianum. Le Sage en seruant est libre : le sol en commandant est seruiteur269.
C'est chose asseurée que nous sommes tous seruiteurs d'vn mesme maistre qui est Dieu, qui a vne charité & amour commun pour tous : nous sommes tous créez à mesme fin, & pour la iouissance d'vne mesme beatitude, qui ne se donnera pas selon la condition de fortune qu'on aura eu en ce monde, 419 mais selon l'amour & le seruice que nous aurons rendu à Dieu, qui rendra à vn chacun la recompense conforme à ses œuures. C'est le motif & argument de S. Paul, illorum & vester Dominus est in cœlis, & personarum acceptio non est apud Deum. Le maistre de vostre seruiteur & le vostre est au ciel, qui n'a esgard aux personnes. Si aucuns, quoy que douez de bons esprits, sages & vertueux sont soubz le ioug de seruitude, ou par la condition de leur naissance, ou par le mal-heur de la fortune, ce n'est pas sans vn trait particulier de la prouidence diuine, qui dans la balance de sa diuine predestination pese les sorts & conditions d'vn chacun, sans que chose quelconque puisse arriuer au delà des ordres qu'il a constitué : & partant, si est tibi seruus fidelis, sit tibi quasi anima tua; quasi fratem sic eum tracta, Eccli. 33. Si vous auez vn seruiteur fidele, aymez-le comme vous mesme, traittez-le comme vostre frere de mesme na ture que vous, & creé à la mesme fin que vous : & si vous estes seruiteur d'au-truy, reconnoissez la prouidence Diuine qui l'a ainsi fait, & taschez d'estre libre en vostre esprit.
Filet cadre, rayé.

De ce que les maistres doiuent à leurs seruiteurs de droict de nature. CHAPITRE II.

TOute la iuridiction des maistres enuers leurs seruiteurs se rapporte à cinq actes, sçauoir à commander, à defendre, à permettre, à punir, & à recompenser : ils commandent ce qu'il faut faire : defendent ce qu'il ne faut La iurisdiction des maistres consiste en cinq points. pas faire : permettent, donnans le pouuoir aux seruiteurs de faire licitement ou au moins impunement. Punissent ce qu'ils ont mal faict : recompensent ce qui a esté bien fait.
Nous pouuons reduire les mesmes deuoirs du maistre enuers le seruiteur à deux chefs, sçauoir à ce qui concerne la nature, & ce qui regarde la grace. Ie m'en vay parler de ce qui concerne la nature.
Le deuoir du maistre se reduisant à ce qui concerne la nature & la grace.
Premierement les maistres & maistresses doiuent la nourriture à leurs seruiteurs, panis, & disciplina, & opus seruo, Eccli. 33. Si Dieu a eu soin des bœufs qui trauaillent, & a fait vne ordonnance à leur faueur, non alligabis os boui trituranti, 1. Cori. 9. Vous ne ferez pas ieuner le bœuf qui trauaille, aura‑il oublié l'homme capable du ciel ? n'est-ce pas vne cruauté de viure de la sueur d'vn seruiteur, & luy espargner sa nourriture ? toutefois faut se donner de garde d'vne extremité de laquelle Salomon aduertit, Prou. 28. qui delicate nutrit seruum suum, postea sentiet eum contumacem, le seruiteur qui est trop 420 delicatement nourry deuient rebelle, c'est là vne extremité.
Mais en voicy vne autre, c'est qu'il se trouue des maistres, voire parmy les Chrestiens, qui font plus d'estat de leurs bœufs que de leurs seruiteurs : si vostre bœuf ou vostre asne tombe malade, & ne peut trauailler, vous ne laissez pas pourtant sans pasture, ains c'est lors que vous en auez plus de soin, le nourissez plus delicatement, le visitez & caressez plus diligemment ; & ne se trouue-il pas des maistres qui laissent leurs seruiteurs estans malades & ne leurs rendent les deuoirs qu'ils renderoient à vn bœuf ou à vn asne, leurs espargnans la nourriture, & ne daignans les visiter, ou les faire visiter ?
Ie ne dis pas que les maistres soient obligez de faire des grands fraiz en medecins & chirurgiens pour leurs seruiteurs, mais bien sont-ils obligez aux fraiz communs.
Aussi ne veux-ie pas les obliger de les tenir long-temps malades en leurs maisons : ie sçay qu'ils ont satisfait à leur deuoir, lors qu'ils leurs ont procuré place, ou à vn hospital, ou en quelque autre lieu : mais ie loue fort la charité Charité du Samaritain. du bon Samaritain, Luc. 10. & voudrois que les maistres l'imitassent ; luy mesme appliqua l'huile & le vin sur la playe du pauure languissant qu'il rencontra, quoy qu'il ne fust son seruiteur : luy mesme luy seruit d'ecuyer pour le monter sur son propre cheual ; luy mesme le mena à l'hostelerie, en eut soin, fournit dequoy à le panſer, promettant de suppleer au pardessus. Il n'estoit pas le maistre, qu'eust-il fait s'il eust esté son seruiteur ?
Voicy vn bon maistre Luc. 7. Centurionis cuiusdam seruus malè habens erat Charité du centenier enuers son seruiteur. moriturus, qui illi erat pretiosus, & cum audisset de Iesu, misit ad eum seniores Iudæorum, rogans eum vt veniret, & sanaret seruum eius, le seruiteur d'vn certain centenier estoit malade, & alloit mourant, duquel il faisoit grand cas ; entendant les merueilles que faisoit Iesus, luy enuoya des principaux des Iuifs, pour le prier de prendre la peine de venir, & le guerir. Voyez comme il employe les principaux des Iuifs, pensant qu'ils auront plus d'authorité. Si sa charité fut grande, son humilité & sa foy ne furent pas moindre, lors que voyant que nostre Seigneur luy faisoit l'honneur de vouloir venir en sa maison, il disoit, Domine non sum dignus. O Seigneur ie ne merite pas cet honneur, vne parole sortie de vostre bouche suffira.
La seconde obligation des maistres pour le regard de la nature enuers La maistre doit le salaire au seruiteur. leurs seruiteurs est de payer fidellement leur salaire, ou suiuant la conuention qui a esté faite, ou suiuant la coustume des lieux, Eccl. 7. Ne lædas seruum in veritate operantem, ne traittez pas mal ny de paroles ny d'effect le seruiteur qui fait fidellement & exactement ce qui luy est enjoinct, qui trauaille, non par complaisance & à veue d'œil, mais auec sincerité : puis il adiouste, 421 Seruus sensatus sit tibi dilectus quasi anima tua, non defraudes illum libertate, neque inopem derelinquas illum: auez vous rencontré vn seruiteur d'esprit & bien aduisé ? aymez le comme vous mesme, ne le priuez pas de sa liberté, & ne le lais-sez pas pauure. C'est le mesme commandement que fait S. Paul, Coloss. 4. Domini quod iustum, & æquum est seruis præstate, maistres, rendez à vos seruiteurs ce qui est iuste & de raison. Si le salaire qu'on retient sur vn ouurier d'vn iour crie vengeance, quel iugement doit attendre le maistre qui fraude son seruiteur ? Non morabitur opus mercenarij apud te, vsque mane, Leuit. 19. Tu ne retiendras le salaire du mercenaire iusques au lendemain. Ie louë fort la coustume qui est en plusieurs lieux, laquelle oblige, quand elle est receuë, qu'on ne diminue rien du loyer du seruiteur pour le temps duquel il est malade, quand le temps est court.
Punition de Dieu enuers les maistres cruels.
Dieu fait vne horrible menace à son peuple, Hierem. 34. Vos non audistis me, vt prædicaretis libertatem vnusquisque fratri suo, & unusquisque amico suo, ecce ego prædico vobis libertatem, ait Dominus, ad gladium, ad pestem, & ad famem, & dabo vos in commotionem cunctis regibus terræ. Vous n'auez pas voulu m'escouter, ny obseruer ma loy, touchant vos seruiteurs ; allez ie vous abandonne, ie ne seray plus ny vostre maistre, ny vostre pere, ie vous expose à la mercy des Roys de la terre.
Voulez-vous voir vn braue maistre ? c'est Iob qui prend Dieu à tesmoin qu'il s'est comporté en bon maistre enuers ses seruiteurs, & non pas en tyran. Si contempsi subire iudicium cum seruo meo, & ancilla mea, cum disceptaret aduersum me, quid enim faciam cum surrexerit ad iudicandum Deus, & cum quæsierit, quid respondebo illis? Ie n'ay iamais refusé de comparoistre en iugement auec mon seruiteur, & ma seruante, lors qu'ils ont eu quelque differend auec moy, & pourquoy le ferois-ie, puis qu'eux & moy auons le mesme iuge, qui est Dieu, qui prendra la cause des seruiteurs fideles contre les maistres trompeurs & deteneurs de leurs salaires ? Voila touchant ce qui regarde les deuoirs de nature & du corps.
Vignette à feuilles. 422
Filet cadre, rayé.

De ce que les Maistres doiuent à leurs seruiteurs de droict Diuin. CHAPITRE III.

LA principale obligation des maistres enuers leurs seruiteurs, ie dis des maistres Chrestiens, consiste en ce qui regarde l'ame & le salut. Si Dieu a obligé vn chacun à auoir soin du salut de son prochain, Vnicuique mandauit de proximo suo, beaucoup plus des domestiques. C'est ce qui fait dire à S. Paul, Les maistres doiuẽt auoir soin que leurs seruiteurs exercent les œuures de religion. que qui n'a soin des domestiques, est comme apostat, & pire qu'vn infidele. Les maistres doiuent prendre garde que leurs seruiteurs ne soient vicieux, yvrognes, paillards, larrons, iureurs, menteurs, qu'ils seruent Dieu, assistans à la messe au moins les iours d'obligation, qu'ils soient instruicts aux mysteres de la foy, qu'ils oyent les sermons, assistent aux catechismes, se confessent & communient, & exercent semblables œuures de religion. Mais ne se trouuent-ils pas des maistres & maistresses, qui au lieu de soigner à cela, employent leurs seruiteurs & seruantes les iours de festes à des messages, voyages, & à des ouurages par la maison contre la reuerence des festes, & contre les ordonnances de l'Eglise ? Ie ne parle pas des cas de necessité : mais d'autres maistres qui permettr-ont que seruiteurs & seruantes passent les iours de festes en danses, tauernes, ieux, sans se soucier des exercices pour lesquels les festes sont ordonnées : il y va leur conscience & ils en seront responsables, si faute de s'estre acquité de leur deuoir, leurs seruiteurs se damnent.
Seneque Ep. 47. a des paroles dignes de soy, Libenter ex his qui à te veniunt cognoui familiariter te cum seruis tuis viuere: hoc prudentiam tuam, hoc eruditionem decet, serui sunt, imo homines: serui sunt, imo contubernales, serui sunt, imo humiles amici: serui sunt, imo conserui. I'ay pris plaisir d'entendre de ceux qui viennent d'aupres de vous, que vous traittez familiairement auec voz seruiteurs : cela est conforme à vostre prudence & erudition. Ils sont serutieurs, voire ils sont hommes : ils sont seruiteurs, voire vos compagnons : ils sont seruiteurs, voire vos humbles amis : ils sont seruiteurs, voire vos conseruiteurs.
Il y a des maistres qui croiroient auoir derogé à leur authorité, s'ils auoient traitté familierement auec leurs seruiteurs, s'ils s'estoient informé de leur 423 croyance, s'ils auoient prié auec eux. I'ay connu des Seigneurs de grande qualité, qui vouloient que tous les seruiteurs & seruantes de leur maison se trouuassent ou à la chappelle commune, ou à la chambre du maistre le soir, pour faire tous ensemble leurs prieres, en compagnie du maistre. Le maistre dira peut-estre de grandes kyrielles, & les seruiteurs & seruantes feront cependant ie ne sçay quoy, & se coucheront comme des bestes : ils sont hom-mes, sont créez pour la mesme fin, seruent au mesme maistre. Ce n'est pas monstrer qu'on est Chrestien que de mespriser le salut de ceux pour lesquels Iesus-Christ a espanché son sang, principalement quand ils sont soubs vostre charge, & vos domestiques, nonne oportuit, & te misereri conserui tui, Math. 18. Il y va du profit des maistres qu'ils aient soin de la conscience de leurs seruiteurs. Ne deuez vous point auoir compassion de vostre conseruiteur ?
Les maistres doiuent auoir soin du salut & instruction de leurs seruiteurs non seulement pour la decharge de leur conscience, mais encore pour leur profit temporel. Il est asseuré que tant plus ils sont gens de bien, & seruent Dieu plus parfaitement, tant mieux & plus fidelement seruent ils leurs mai Dieu benit la mai-son de Laban pour Iacob seruiteur fi-dele. stres : & souuent Dieu benit toute vne maison pour vn seruiteur fidele, & homme de bien, au Gen. 30. Laban le reconnoit disant à Iacob. Experimento didici, quod benedixerit mihi Deus propter te, l'experience m'a fait connoistre Celle de Pharaon pour Ioseph. que Dieu m'a donné benediction pour l'amour de vous. Dieu benit la maison de Pharaon à cause de son seruiteur Ioseph. Gen. 39. Benedixitque Dominus domui Ægiptij propter Ioseph, & multiplicauit tam in adibus, quam in agris, totam Le mauuais serui-teur cause la malediction de la maison de son maistre. eius substantiam, & Dominus eius optime nouerat Dominum esse cum eo, & omnia quæ gereret, ab eo dirigi in manu illius. Dieu à sa consideration benit tout ce qui appartenoit à Pharaon, & en la ville, & aux champs : son maistre voyoit bien que Dieu estoit auec luy, & qu'il dressoit tout ce qu'il faisoit.
Si le bon seruiteur cause la benediction à la maison, le mauuais y est souuent cause de malediction. Franciscus Senensis lib. 4. De rep. raconte qu'vn seruiteur meschant ayant rencontré vn maistre pareil, tel maistre, tel valet, comme le maistre ne faisoit que gronder, aussi le seruiteur ne faisoit que murmurer, & tout par despit : vn iour ayant esté rudement traité de son maistre, & tout en cholere, ne pouuant se vanger autrement, prend deux petits garçons que son maistre auoit, l'vn d'vn an, l'autre de deux, monte sur vne haute tour, appelle son maistre, l'aduertit de tendre les bras pour receuoir ses enfans, plus leurs froissant la teste contre la muraille, les iette en bas, & enfin se precipita de la mesme tour, afin de ne tomber viuant és mains de son maistre, & de n'estre puny selon ses demerites.
Le maistre se doit plus faire aymer que craindre.
Les maistres sont obligez de corriger leurs seruiteurs, mais il y faut vne grande moderation. Premierement le maistre ne se doit comporter auec son seruiteur d'vne façon arrogante & superbe, se faisant plus craindre qu'aymer : c'est le precepte de Seneque Epist. 47. Seruis tuis hilarem te præstes, non super- 424 bum: superiorem te colant potius quam timeant. S. Hierosme, epistola 14. donne le mesme precepte à Celant. Familiam tuam ita rege, & confoue ut te matrem magis tuorum, quam dominam videri velis, à quibus benignitate potius quam seueritate exige reuerentiam, fidelius, & gratius semper obsequium est, quod ab amore, quam à metu proficiscitur, gouuernez vostre famille en sorte que vous fassiez paroistre que vous estes mere, plustot que maistresse, que vos domestiques vous honorent plustot pour vostre douceur, que pour vostre rigueur : le seruice qu'on rend par amour est plus fidele & plus agreable, que celuy qu'on rend par crainte.
Les maistres doi-uent estre comme peres enuers leurs seruiteurs.
S. Ambroise ad Constantinum Epistola 44.270 dit encore plus, & monstre que les maistres doiuent auoir vn cœur de pere enuers leurs seruiteurs : Escoutez le parler, seruos quoque, dit-il, dominus purè seruitij subditos habeat, pro moderatione correctionis quasi animæ consortes: paterfamilias enim dicitur vt quasi filios regat, quoniam, & ipse Dei seruus est, & pater appellat Dominum cœli, moderatorem potestatum omnium. Que le maistre ne pretende que le seruice en ses seruiteurs : en la correction, qu'il les traitte comme ceux qui ont vne ame de mesme condition que luy : il est appellé pere de famille, d'autant qu'il les doit gouuerner comme ses enfans, d'autant que luy mesme est seruiteur de Dieu, & appelle pere celuy qui est Seigneur du Ciel & qui preside à toute puissance. Lactantius lib. 4. institut. cap. 5. Conformement au dire de sainct Ambroise, dit, propterea patersamilias nominatur, vt appareat cum duplici potestate præditum, quia & indulgere debet quia pater, coercere quia dominus, il est appellé pere de famille, pour monstrer qu'il a deux sortes de pouuoir, l'vn est qu'il doit pardonner comme pere, l'autre qu'il peut chastier comme maistre. Il doit aymer & caresser comme pere, chastier & corriger comme maistre ; mais obseruant trois choses en la correction.
Le maistre doit obseruer 3. choses en la correction.
La premiere que la punition soit conforme & proportionnée à la faute, suiuant la Loy du Deuteron. 25. Pro mensura peccati erit & plagarum modus, & du Leuit. 24. ne affligas eum per potentiam, sed metuito Deum tuum: n'abusant pas de son authorité, mais ne chastiant qu'auec la crainte de Dieu, & Eccl. 4. noli esse sicut leo in domo tua euertens domesticos tuos, & opprimens subiectos tuos. Ne soyez pas comme vn lion furieux en vostre maison, confondant tout, & opprimant vos subiects. Clem. Alex. l. 3. Pædag. semble inuectiuer contre aucuns qui traittent leurs seruiteurs comme des bestes, neque vero, dit-il, tanquam iumentis famulis vtendum est ei, qui fuerit sanæ mentis: quemadmodum enim illis præcipitur, vt cum omni metu dominis non solum bonis, & clementibus, sed morosis etiam, & prauis, ait Petrus, subijciantur ita æquitas, & patientia, & benignitas pulchre conuenit. Quiconque est sage ne traittera pas ses seruiteurs comme des bestes : mais tout ainsi que les seruiteurs suiuant le commandement 425 de sainct Pierre sont obligez d'obeyr à leurs maistres, non seulement quand ils sont bons & doux, mais encore quand ils sont fascheux & meschans ; aussi la raison veut que les maistres les traittent auec douceur, patience, & iustice.
Le maistre ne peut punir que de legeres punitions.
Mais les fautes que le seruiteur a commis sont grandes, & meritent vne rude & seuere punition, voire la mort : lors ce n'est pas aux maistres de les punir, car ils ne peuuent punir que de legeres punitions : s'ils meritent plus grande punition c'est à la iustice de le faire, suiuant les loix ciuiles & diuines.
Cruauté de Bedius Pollio enuers son seruiteur.
Seneque lib. 3. de ira 271 c. 40. fait mention de la cruauté de Bedius Pollio (& pleut-il à Dieu qu'il n'eust point d'imitateurs parmy les Chrestiens). Comme vn iour Auguste Cæsar soupoit chez luy vn de ses seruiteurs rompit par hazard vn verre de crystal. Bedius sans faire semblant de rien, commanda qu'on le jettast dans vn viuier, qu'il auoit en sa maison plein de poissons, comme anguilles, pour y estre mangé de ces bestes : le pauure garçon eschappa des mains de ceux qui le menoient pour le precipiter, & se vient jetter aux pieds de l'Empereur, ne luy demandant autre misericorde, sinon qu'il ne mourut de ce genre de mort, & qu'il ne fut fait la pasture des poissons. L'Empereur fut tout estonné d'abord, & s'estant informé du tout, detestant la cruauté de ce barbare, renuoya le seruiteur libre, fit rompre deuant ses yeux tous les crystaux qui estoient là, & remplir le viuier. Helas ne voyons nous pas, & parmy les maisons des particuliers, & parmy les cours des Princes, tant de seruiteurs si mal traittez pour vn verre cassé, battus, chassez, honnis de reputation, & priuez de la recompense de plusieurs années de seruices ! & de toutes leurs esperances passées.
La seconde, qu'il faut auoir esgard à la qualité de la personne qu'on chastie. Il y a certaines personnes domestiques qui sont d'authorité, d'aage, de telle condition qu'il est mal-seant de les chastier ; s'ils faillent, il faut les aduertir doucement & prudemment. Ce n'est pas aussi au pere de famille de chastier les manouuriers & autres qui trauaillent à la iournée, & ne sont domestiques, ny de sa iurisdiction.
La correction doit proceder d'amour.
La 3., que la correction soit accompagnée d'amour & de droite intention, non de haine & de cholere : du zele de iustice & de l'honneur de Dieu ; non de vengeance immoderée : il y peut bien auoir quelque pointe de cholere qui fasse apprehender la faute, mais il faut que la raison batte la mesure, & qu'on ne passe ses ordres d'vne note ; sur tout il faut auoir esgard à la correction & amendement du delinquant, & à l'exemple & edification des autres ; que s'il n'y a point d'esperance, ny d'amendement, ny d'edification du prochain, vaut vaut mieux vser de misericorde & de dissimulation que de punition.
426 Comme on doit se comporter enuers les seruiteurs incorrigibles.
Il arriue quelques fois que les seruiteurs se rendent incorrigibles, le remede lors est celuy que pratiquoit le Roy Dauid Ps. 100. Non habitabit in medio domus meæ, qui facit superbiam, qui loquitur iniquæ, non direxit in conspectu oculorum meorum: c'est de leurs donner leur congé, ambulans in via immaculata hic mihi ministrabat, ie ne retiendray à mon seruice que des gens de bien. Il vaut beaucoup mieux leurs donner congé, que de ce qu'ils scandalisent les autres, & troublent toute vne maison : car si suiuant le precepte de nostre Seigneur, au cas que vostre pied, vostre main, vostre œil, vous scandalise il faut le coupper & arracher, c'est à dire si vostre pere, mere, frere, vos plus proches, vous troublent & scandalisent au seruice de Dieu, il faut s'en seprarer ; beaucoup plus de vostre seruiteur.
Vous trouuez quelquesfois des vieux seruiteurs dans des maisons qui sont scandaleux, ausquels cependant on donne toute permission, on leurs souffre tout ce qu'ils veulent, tout le reste de la maison tremble soubs leur authorité, & gemit soubs leur tyrannie : vaudroit mieux offenser Monsieur & Madame, que ces petits tyrans, personne ne peut compatir auec eux qu'en souffrant tout ce qu'ils veulent ; & cependant ils sont les bien-aymez, ils sont creus en tout, on n'escoute pas les autres contre eux, & pour la verité : mais c'est qu'ils sont fort vtiles & au profit de la famille, mais n'est-ce pas peut estre qu'ils sont les ministres de mechanceté, qu'ils cherchent la proye pour la ietter aux filets, & qu'ils entretiennent des infames pratiques, & qu'on n'ose leurs deplaire de peur qu'ils ne descouurent les abominations cachées ?
Celuy qui est maistre peut deuenir ser-uiteur.
Ie finis ce chapitre par vne belle sentence de Seneque parlant aux maistres, Epist. 47. Sic cum inferiore viuas, quemadmodum superiorem tecum viuere velis. Quoties in mentem venerit quantum tibi in seruum liceat, veniat in mentem tantundem in te, domino tuo licere. At ego, inquis, nullum habeo Dominum, bona ætas est, forsitã habebis. Nescis quâ ætate Hecuba seruire coeperit, quâ Crœsus, quâ Darij mater, quâ Plato, quâ Diogenes? Viuez auec vos seruiteurs comme vous desirez que vostre maistre viue auec vous. Quand vous vous representerez le pou-uoir que vous auez sur vostre seruiteur, pensez que vostre maistre en a autant sur vous. Mais ie n'ay point de maistre me direz vous. Vous n'estes pas encore si vieux que vous n'en puissiez auoir. Ne sçauez vous pas à quelle aage Hecuba a commencé à seruir, Crœsus272, la mere de Darius273, Platon, Diogenes ? Voyla les paroles de ce Philosophe qui sont maintenant bien confirmées par l'experience de tant de personnes, lesquelles viuans autrefois dans la grandeur & magni-ficence, seruis comme des Princes, ont esté reduittes par les mal-heurs du temps à se faire seruiteurs d'autruy pour auoir de quoy viure.
427

Filet cadre, rayé. Des obligations des seruiteurs enuers leurs maistres, & en paritculer de l'honneur qu'ils leurs doiuent. CHAPITRE IV.

Diuerses sortes de seruitude.
IE trouue diuerses sortes de seruiteurs : aucuns sont condamnez à la seruitude en punition de leurs pechez, comme Cham, fils de Noé Gen. 9. lequel s'estant mocqué de son pere, receut sa malediction, & fut condamné à estre seruiteur des seruiteurs de ses freres, maledictus Chanaan seruus seruorum erit fratribus suis: sur lesquelles paroles S. Chrysost. hom. 29. in Genes. dit ecce fratrem eodem natum patre, eodemque egressum vtero, peccatum fecit seruum, & ablata libertate, iugum illi vilissimæ subiectionis imposuit, vnde postea seruitus sumpsit originem. Le peché a rendu seruiteur, & ostant la liberté a mis soubs le ioug d'vne tres vile subiection de ses freres, celuy qui estoit né de mesme pere, sorty de mesme ventre. D'autres ont esté reduits à la seruitude par force, & surmontez par guerre. D'autres par necessité comme les Ægyptiens, qui s'obligerent de seruir à Pharaon estans pressez de faim Gen. 47. Cette sorte de seruiteurs n'est pas en vsage parmy les Chrestiens, mais bien des seruiteurs & seruantes qui se louent à autruy, pour vn temps, à certaines conditions, & c'est de ces seruiteurs que ie traitte maintenant.
Deuoir des seruiteurs en uers leurs maistresses.
Le deuoir des seruiteurs enuers leurs maistres se peut reduire à trois points, sçauoir, à l'honneur, à la fidelité, & à l'obeyssance. S. Paul semble auoir compris ces trois deuoirs en cette sentence, Tit. 2. Seruos Dominis suis subditos esse, in omnibus placentes, non contradicentes, non fraudantes, sed in omnibus fidem bonam ostendentes. Mais quant à l'honneur plus particulierement, 1. Tim. 6. Quicum que sunt sub iugo serui, dominos suos omni honore dignos arbitrentur, ne nomen Dom-ini, & doctrina blasphemetur, quiconque est seruiteur honore son maistre, de peur que le nom & la doctrine du Seigneur ne soient blasphemez. Il y a deux sortes d'honneur, l'vn interieur, l'autre exterieur : l'interieur consiste en vne reconnoissance du superieur, & en vne crainte accompagnée de reuerence enuers luy : l'exterieur consiste à ne commettre aucune chose exterieurement contraire à cette reuerence interieure, à ne proferer aucune parole de murmure, de reproches, ou malediction contre son maistre, comme faisoit la mechante seruante de Sara, femme du ieune Tobie, laquelle voyant que sa maistresse la reprenoit de ses fautes, luy reprocha sa sterilité, l'accusant calomnieusement d'auoir tué 428 ses sept marys, que le Diable Asmodée par permission diuine auoit estranglé pour leur lubricité. Tobie 3. C'estoient des grandes & sensibles reproches, d'autant qu'en ce temps là, la serilité estoit ignominieuse & comme malediction : quelles iniures de l'appeller meurtriere, intersectrix virorum tuorum, d'auoir tué sept marys ! qu'eust fait vne maistresse cholere & impatiente ? elle l'eust prise par le poil, luy eust rompu bras & jambes, s'en fut plaint au ciel & à la terre, mais Sara fut plus sage, perrexit in superius cubiculum domus suæ: & tribus diebus, & tribus noctibus non manducauit, neque bibit, sed in oratione persistens cum lachrymis depreca-batur Deum, vt ab isto improperio liberaret eam. Elle se retira en vne chambre au haut de la maison ne mangeant ny ne beuuant chose quelconque l'espace de trois iours & trois nuicts : mais continuant en oraison accompagnée de larmes, auoit recours à Dieu, le priant de la vouloir deliurer de cette calomnie.
Naaman vn des Princes de Syrie 4. Reg. 5. ayant receu ordre du Prophete Elisée de se lauer sept fois au Iordain pour remede à sa mesellerie274, indigné de cet ordre & s'en allant tout grondant, ses seruiteurs luy dirent, Pater &c. nostre pere : d'où on collige qu'anciennement les seruiteurs appelloient leurs Les seruiteurs doi-uent auoir vn cœur filial enuers leurs maistres. maistres, peres ; aussi sont-ils patres familias, peres de familles, quoy qu'ils n'ayent point d'enfans : d'autant que comme nous auons dit au chap. precedent ils doiuent auoir vne affection paternelle non seulement enuvers leurs enfans, mais enuers tous leurs domestiques. Si cela est, il s'ensuit que les seruiteurs doiuent auoir vn cœur filial enuers leurs maistres : que si la loy condamne à mort l'enfant qui maudit pere ou mere, Exod. 21. Leuit. 20. les seruiteurs ne seront-ils pas subjects à la mesme condamnation, s'ils se rendent coupables de mesme crime ?
Le seruiteur ne doit estre imposteur enuers son maistre.
C'est contre l'honneur que le seruiteur doit à son maistre de se seruir de son nom, & l'emprunter au preiudice de son maistre & de sa reputation & authorité, comme fit le meseau275 Giezi seruiteur d'Elisée. Ce gallant voyant que son maistre auoit refusé les grands presens que Naaman luy auoit offert, piqué d'auarice, & croyant faire fortune par ce moyen, courut apres Naaman, luy fit entendre fausement que son maistre s'estoit rauisé, luy demanda de l'argent & des habits, receut deux talents276 & deux paires d'habits au nom de son maistre, mais il fut touché de lepre tant pour son auarice, comme pour l'imposture de laquelle il s'estoit serui au preiudice de l'authorité & reputation de son maistre.
Salomon Prouerb 30. dit, per tria mouetur terra, & quartum non potest sustinere, per seruum cum regnauerit, per stultum cum saturatus fuerit cibo: per odio-sam mulierem cum in matrimonio fuerit assumpta, & per ancillam cum fuerit hæres Dominæ suæ. Il y a trois choses qui donnent le bransle à la terre, & vne quatriesme qu'elle ne peut supporter. Le seruiteur qui regne, le sol qui est saoul, 429 la meschante femme qui est mariée, & la seruante qui est heritiere de sa maistresse.
L'appetit est comme vn seruiteur.
Aucuns expliquent cecy comme si c'esoient des enygmes & metaphores, & par le seruiteur entendent l'appetit, la chair, le corps (qui est vray seruiteur de l'ame) quand il est deuenu maistre, & qu'il commande à la raison : qui est aussi comme vn sot tout brutal & sans raison, & estant saoul des voluptez ne peut estre dompté : c'est comme vne femme insolente, lors qu'elle a rencontré vn mary facile, elle le maistrise & le mesprise. C'est comme la seruante qui tient la place de la maistresse, & la gourmande faisant la mutine contre la raison.
D'autres expliquent le mesme passage allegoriquement des Prelats, Princes & Superieurs, comme si Salomon vouloit dire, ce qui trouble & renuerse les Royaumes, les republiques, les estats, les maisons, est le seruiteur qui regne, vn Prelat, vn Prince, vn Maistre, qui preside, qui regne, qui commande aux autres, mais est seruiteur de ses passions, & leurs obeyt. C'est le fol qui est saoul, vn Prelat, vn Prince, vn Superieur qui est riche, & sot & sans esprit.
La meschante femme estant mariée ce sont les Eglises espouses des Prelats : ce sont les estats & principautez espouses des Princes, ce sont les familles espouses des Superieurs, lors qu'elles se reuoltent contre leurs Superieurs & troublent toute la terre. C'est la seruante qui tient la place de la maistresse. Les bons doiuent estre comme les espouses des Prelats, des Princes, des Superieurs ; les meschans comme les seruantes. Le desordre est lors que les meschans sont en estime, sont prisez & caressez aupres des Princes & des Prelats, & que les gens de bien sont sans credit.
Expliquons cecy au pied de la lettre, & disons qu'il y a trois choses qui troublent & mettent le desordre dans les familles, & vne quatriesme qui les renuerse.
D'où procedent les terre trembles.
Les terre-trembles prouiennent ou de l'air qui est enfermé dans la terre, & la remuë voulant en sortir, ou comme disent d'autres, de ce que toute la terre est hors de son centre, & voulant y retourner cause ce tremblement. Lorsque le seruiteur qui de sa naissance est vile, & par sa superbe n'est que vent, veut s'esleuer au dessus de sa condition, toute la terre tremble, toute la famille est esmeue, de mesme le fol, de mesme la femme insolente, de mesme la seruante mutine & rebelle.
Quel trouble quand le seruiteur commande.
Lors que le seruiteur commande à ceux qui sont libres, le fol aux sages, la femme au mary, la seruante à la maistresse, c'est le monde renuersé, cela cause bien du trouble. La nature veut que la terre soit en bas, l'air au dessus, & le bon ordre du monde consiste en ce que les elemens gardent chacun sa 430 place, autremẽt ce n'est que desordre : la raison veut que le seruiteur obeisse & honore son maistre, la seruante sa maistresse, & cela estant, voila le bon ordre d'vne famille ; mais le contraire arriuant ce n'est que desordre, & chose si indigne que cela est capable d'esbranler toute le terre, c'est le desordre que dit Salomon, vidi seruos in equis, & dominos ambulantes super terram. I'ay veu les seruiteurs montez à l'aduantage, & les maistres à pied.
Ce que font les mechans seruiteurs de-uenus les maistres.
Voyez la preuue de cecy : Ieroboam seruiteur de Salomon estant deuenu Roy commit des enormes mechancetez, & induisit le peuple à l'idolatrie, 3. Reg. 12. Nabal fol estant saoul de richesses ne fit aucun estat de Dauid. 1. Reg. 25. Semiramis ayant obtenu le commandement fit mourir le Roy son mary : Agar seruante de Sara, femme d'Abraham, se voyant honorée d'Abraham, & qu'elle auoit conceu, mesprisa sa maistresse.
C'est contre l'honneur, respect, & reuerence que le seruiteur doit à son maistre, de s'enfuir de la maison pour auoir esté ou repris, ou chastié, c'est la Le seruiteur ne s'en doit fuir pour auoir esté chastié. reproche que faisoit l'Ange à Agar, Gen. 16. Agar ancilla Saræ vnde venis? aut quo vadis? reuertere ad dominam tuam, & humiliare sub manu illius. Agar seruante de Sara, d'où viens tu ? où vas tu ? retourne aupres de ta maistresse & t'humilie sous elle, tu as tort d'auoir quité vne si bonne maistresse, elle a eu raison de te reprendre, retourne, & te soubmets à la correction.

Filet cadre, rayé. De la fidelité des seruiteurs enuers leurs maistres. CHAPITRE V.

Les faueurs que Dieu fait au seruiteur fidele.
QVoy que la fidelité soit grandement recommandable en toute sorte de personne, comme celle de laquelle depend la communication humaine, elle l'est toutefois specialement aux seruiteurs ; & quoy qu'vn seruiteur soit excellent en toute autre qualité s'il manque en cette cy, on n'en doit faire aucun estat. C'est la vertu qui releue Dauid en qualité de seruiteur de Dieu I. Reg. 22. quis in omnibus seruis tuis sicut Dauid fidelis? qui est ce qui se retrouue entre tous vos seruiteurs fidele comme Dauid ? C'est au seruiteur fidele que le grand pere de famille donne la dispensation de ses biens : fidelis seruus, & prudens quem constituit Dominus super familiam suam. Matth. 24. C'est au seruiteur fidele, entant que fidele, que Dieu donne l'accroissement de la grace, Luc. 19. Euge serue bone, quia in modico fuisti fidelis, eris potestatem habens super decem ciui- 431 tates. D'autant que tu as esté fidele en peu de choses qu'on t'auoit mis en mains, tu auras charge de dix citez, on te donnera dauantage. C'est au seruiteur fidele que se donne la gloire, Euge serue bone, quia super pauca fuisti fidelis, supra multate constituam, intra in gaudium Domini tui, Matth. 25. D'autant que tu as esté fidele, entre en la ioye de ton Seigneur.
En quoy consiste la fidelité d'vn seruiteur.
La fidelité d'vn seruiteur consiste à estre veritable, & iamais ne tromper son maistre par ses paroles, que iamais il ne reuele ses secrets : qu'il ne l'abandonne, ny à l'aduersité, ny à la prosperité : qu'il n'abuse de ce qu'on luy met en main, ne le dissipe, mais l'accroisse & augmente, le faisant valoir au profit de son maistre, non comme faisoit ce mauuais seruiteur, Luc. 16. Diffamatus est quasi dissipasset bona, qui fut accusé pour auoir dissipé les biens de son maistre : ny comme l'autre qui cache & enfouyt le bien de son maistre, Matth. 25. ne le faisant profiter comme il pouuoit & deuoit.
Ne pourrions nous pas dire ce que dit Salomon Prou. 22. Virum fidelem quis Aucuns seruiteurs fideles. Mardochée. Ioseph. inueniet? qui trouuera vn seruiteur fidele ? & I. Christ, Matth. 24. Quis putas est fidelis seruus & prudens? qui est le seruiteur fidele ? I'en trouue dans l'escriture saincte, entre autre Mardochée, lequel ayant descouuert la coniuration qu'auoient fait Bagathan & Thares deux seruiteurs du Roy Assuerus qui auoient min uté de le tuer, en fit aduertir le Roy, Esther 2. Ioseph fut vn seruiteur fidele, Gen. 39. lors que sollicité de sa maistresse de faire quelque chose au preiudice de la fidelité qu'il deuoit à son maistre, ne quaquam acquiescens operi nefario dixit ad eam: ecce Dominus meus, omnibus mihi traditis, ignorat quid habeat in domo sua, nec quidquam est, quod non in mea fit potestate, vel non tradiderit mihi: quomodo ergo possum, hoc malum facere, & peccare in Dominum meum? ne voulut iamais consentir à cette meschanceté, mais luy dit, quoy ! mon maistre n'a donné la surintendance de sa maison, il ne sçait ce qu'il a, il n'a rien reserué dont il ne m'ayt donné charge, & ie serois si lache & si infidele de commettre vne telle infidelité ? Cette tentation ne luy arriua pas vne seule fois, mais plusieurs, Huiuscemodi verbis per singulos dies loquebatur, & mulier molesta erat adolescenti, & ille recusabat stuprum, c'estoit tous les iours à refaire, cette semelle l'importunoit, mais iamais il ny voulut consentir : il ayma mieux s'exposer à la calomnie, comme il fit, & estre mis innocent dans vn cachot, que d'enfraindre la fidelité qu'il deuoit à son maistre.
Iacob fut vn seruiteur fidele, voyez les traicts de sa fidelité, quid inuenisti, dit-il à Laban son beau pere, qui fouilloit parmy son bagage, le tenant en qulité de larron, de cuncta substantia domnus tuæ? pone hic coram fratribus meis, & fratribus tuis, & indicent inter te, & me, idcirco viginti annis fui tecum? oues tuæ, & capræ steriles non fuerunt: arietes gregis tui non con edi: nec captum à bestia osentdi tibi: ego damnum omne reddebam: quicquid furtim peribat, à me exigebas, die noctuque, æstu vrebar, & gelu, sugiebatque somnus ab 432 oculis meis, sicque per 20. annos in domo tua seruiui tibi, quatuordecim pro filiabus, & sex pro gregibus tuis. Vous auez fouillez toutes mes hardes, qu'auez vous trouué du vostre ? ça produisez le en presence de toute la compagnie, ie la reçois pour Iuge entre vous & moy. Voila la recompense que i'ay apres 20. ans de seruice d'estre poursuiuy & fouillé comme vn larron : dites moy si vous pouuez me reprendre d'infidelité, & de ne m'estre acquitté de mon deuoir. I'ay fait par mon industrie que vos brebis & vos cheures n'ont esté steriles : ie n'ay pas fait bonne chere des moutons de vostre troupeau: si les bestes sauuages en ont deuoré, ie ne m'en suis pas plaint à vous, i'en ay porté les fraiz, vous m'auez fait rendre compte, & fait reparer ce qu'on a desrobé : tantost i'ay esté rosty de chaud, tantost morfondu de gelée : i'ay passé les nuicts sans fermer l'œil, & voila la vie que i'ay mené l'espace de 20. ans à vostre seruice, vous seruant quatorze ans pour vos filles, & fix pour les bestes que m'auez donné.
Eliezer seruiteur fidele.
Eliezer seruiteur d'Abraham fut fidele à son maistre, gardant ponctuellement ses ordonnances touchant la recherche d'vne femme à son petit maistre Isaac, & sur tout en ce qu'il prefera le seruice de son maistre à son contentement particulier, lors qu'estant arriué à la maison de Bathuel pere de Rebecca, il ne se ietta pas incontinent sur la viande qu'on luy auoit seruy : mais preserant la commission qui luy auoit esté mise en main à tous ses interests, ne voulut manger vne seule bouchée, qu'il ne se fust acquité de sa commisson, non comedam donec loquar sermones meos. Genes. 24.
Hector Pinto dialog. 1. de tranquillitate vitæ 277, cap. 20. Fulgos. lib. 3. Fidelité de Gesualdus seruiteur. c. 8. raconte vn trait admirable de fidelité d'vn certain Gesualdus seruiteur de Remoaldus fils de Grimoaldus Roy des Lombards. Remoaldus se voyant assiegé fort estroictement dans Beneuente en Italie par Constantius second Empereur heretique, & ennemy iuré des Chrestiens, enuoya Gesualdus son seruiteur vers son pere pour demander secours. Le seruiteur fit voyage fort heureusement, mais à son retour tomba és mains des gens de Constantius. Constantius ayant trouué les lettres de Grimoaldus qu'il portoit à Remoaldus, par lesquelles il l'exhortoit d'auoir bon courage, & qu'en bref il luy enuoyroit du secours pour sa deliurance, creut qu'il ne falloit attendre le secours, mais qu'il falloit auoir la ville par finesse, qu'il desesperoit pouuoir emporter par force. Il fait donc tout son pouuoir pour gaigner le seruiteur de Remoaldus, luy promet de grandes recompenses moyennant que la nuict il veuille s'approcher de la muraille de la ville, & apres auoir demandé de parler à Remoaldus luy veuille conseiller de se rendre à l'Empereur, d'autant qu'il ne doit attendre aucun secours de son pere ; autrement qu'il le fera mourir de mort cruelle : à cet effet il le fait accompagner proche de la muraille par des soldats. Remoaldus vient sur la muraille : lors Gesualdus luy dit, Monseigneur me connoissez vous bien ? ie suis Gesualdus vostre seruiteur. Me voila 433 de retour d'auprés Monseigneur vostre pere, qui vous promet vn prompt secours, & partant prenez bon courage. Ie ne puis vous en dire d'auantage, d'autant que ie suis és mains de l'ennemy qui infailliblement me fera mourir ; ie vous recommande ma femme & mes enfans, & disant ces paroles fut mis à mort.
Les Payens mesmes nous ont laissé multitude d'exemples de pareille fidelité, ie me contenteray d'vn entre plusieurs. Le seruiteur de Panopion ayant entendu que certains soldats estoient venus pour tuer son maistr le fit euader, & seignant d'estre le maistre se reuestit des habits de son maistre, prit son anneau, se mit au lict de son maistre, & quoy qu'il vit les armes, entendit le bruit, ouyt leurs menaces, ne s'espouuanta nullement, ains se laissa tuer pour sauuer son maistre. Dieu quelle fidelité ! quel accusateur contre les seruiteurs Chrestiens qui manquent à la fidelité, à laquelle la raison, la iustice, & la Loy Diuine les oblige enuers leurs maistres !

Filet cadre, rayé. De l'obeyssance des seruiteurs enuers leurs maistres. CHAPITRE VI.

LA troisieme chose que le seruiteur doit à son maistre est l'obeyssance, & Les seruiteurs doiuent l'obeissance à leurs maistres. ce telle que demande sainct Paul, Ephes. 6. Serui obedite Dominis carnalibus cum timore & tremore, in simplicitate cordis vestri, sicut Christo, non ad oculum seruientes quasi hominibus placentes, sed vt serui Christi, facientes voluntatem Dei ex animo, cum bona voluntate seruientes, sicut domino, & non hominibus, scientes quoniam vnusquisque, quodcunque fecerit bonum, hoc recipiet à Domino, siue seruus, siue liber. Seruiteurs obeissez à vos maistres charnels auec crainte & respect, en la simplicité de vostre cœur, comme à Iesus-Christ, ne seruans point à veüe d'œil, comme pour plaire aux hommes, mais comme seruiteurs de Iesus-Christ, faisans la volonté de Dieu de bon cœur, seruans de bonne volonté comme à Dieu, & non pas comme aux hommes, sçachans que chacun receura la bien qu'il aura fait, soit qu'il soit seruiteur ou libre. In Domino, selon Dieu. Sicut Christo, comme à Iesus-Christ, non ad oculum seruientes, ne seruans pas seule ment lors qu'ils vous voient : non pour captiuer & gaigner leur bien-veillan- ce : mais pour plaire à Dieu, comme seruiteurs non tant des hommes com-me de Iesus-Christ mesme.
Mais dira quelqu'vn cela seroit facile si Iesus-Christ me commandoit, 434 or i'ay affaire à vn Barbare, à vn Turc, qui me traitte comme vn esclaue, le moyen de luy obeyr ? S. Pierre vous l'ordonne toutefois, moyennant que le Faut obeyr aux maistres fascheux. commandement ne soit contre Dieu, escoutez-le. Serui subditi estote in omni timore Dominis, non tantum bonis & modestis, sed etiam discolis. Seruiteurs obeyssez à vos maistres & Seigneurs, non seulement s'ils sont bons & modestes, mais mesme s'ils sont fascheux. Souuenez-vous que vostre obeyssance sera d'autant plus parfaite & plus meritoire, qu'ils sont plus fascheux, si d'vn grand cœur vous leurs obeyssez pour Dieu.
S. Paul repete quasi la mesme sentence que dessus aux Coloss. 3. Mais il adjouste vn mot, qui pourroit donner occasion à aucuns maistres d'abuser de leur authorité, obedite, dit-il, per omnia, obeyssez en toutes choses. Pour Diuersité de commande-mens. l'intelligence de cette parole faut sçauoir ce que nous auons dit auparavant de l'obeyssance, & remarquer ce que nous dirons icy, sçauoir est qu'aucuns commandemens sont purement & absolument bons, comme estans conformes aux loix diuines, tel est ce qui appartient à la foy, esperance, & charité : d'autres sont indifferents, c'est à dire, de soy ne sont ny bons, ny mauuais, mais peuuent estre, ou bons, ou mauuais suiuant les diuerses intentions : d'autres sont purement mauuais comme le larcin, l'adultere, le menſonge, le sacrilege &c. Les seruiteurs sont obligez d'obeyr en toutes choses, per omnia, Le seruiteur est obligé d'obeyr en choses bõnes & in-differentes qui appartiennent à son office. qui sont purement bonnes, & concernent leur qualité : en toutes choses qui concernent leurs offices, quoy qu'en soy elles soient indifferentes. S. Bernard Epist. 7. Sunt media quædam quæ pro modo, loco, tempore, vel persona, & mala possunt esse, & bona, & in his lex posita est obediente, tanquam in ligno scientiæ boni, & mali, quod erat in medio paradisi. In his profectò, fas non est nostrum sensum, sententiæ præscribere magistrorum, in his omnino prælatorum nec iussio, nec prohibitio, contemnenda. Il y a certains commandemens mitoyens lesquels eu esgard à la façon, au lieu, au temps, ou à la personne peuuent estre bons, ou mauuais. En tels commandemens on est obligé d'obeyr, tel estoit le commandement de l'arbre de la science, du bien & du mal, qui estoit au milieu du paradis terrestre, en semblables choses, il n'est pas permis de preferer son iugement à celuy de ses superieurs, & ne faut mespriser ny les ordonnances ny les defenses des superieurs.
Le seruiteur ne doit obeyr en ce qui est contre Dieu.
Lors que ce que le maistre commande est purement contre Dieu, point d'obeyssance : car il n'a ny authorité de commander cela, ny le seruiteur pouuoir de le faire. S. Bernard au lieu sus allegué, quid enim quod iubet homo, prohibet Deus, & ego audiam hominem, surdus Deo? non sic Apostoli clamant, quippe dicentes: melius est obedire Deo, quam hominibus. Hinc Dominus in Euangelio Pharisæos increpans, quare, & vos transgredimini mandatum Dei, propter traditionem vestram? & per Isaiam, sine causa autem colunt me, mandata, & doctrinam hominum tenentes, & item ad Adam, pro eo quod obedisi voci vxoris tuæ, plusquam meæ, ma- 435 ledicta terra in opere tuo. Igitur sacere malum, quolibet etiam iubente, constat non esse obedientiam, sed potius inobedientiam. Quoy! Dieu me defend ce que l'homme me commande, & ie seray sourd au commandement de Dieu, pour pre-ster l'oreille à vn homme! ce n'est pas ce que m'enseignent les Apostres, lors qu'ils disent qu'il vaut mieux obeyr à Dieu qu'aux hommes. Dieu ne reprend‑il pas les Pharisiens en l'Euangile, disant, Pourquoy enfraignez-vous le commandement de Dieu pour obseruer vostre tradition ? & ne dit-il pas par la bouche d'Isaie, c'est en vain qu'ils m'honorent preferans les commandemens & doctrine des hommes à mes ordonnances ! ne reproche-il pas à Adam, D'autant que tu as obey à ta femme plustot qu'à moy, la terre sera maudite en ton œuure ? Ce n'est donc pas obeyssance, mais des-obeyssance de faire du mal, qui que ce soit qui le commande. Le bel exemple de Ioseph, plustot mourir que d'obeyr à sa maistresse, contre la volonté & ordonnance de Dieu.
Responses aux ob-jections des seruiteurs qui obeyssent en choses mauuaises.
Quelqu'vn me dira, dit S. Bernard, c'est à mon maistre de respondre deuant Dieu de ce qu'il me commande, & non pas à moy de controller ses commandemens, le disciple n'est pas par dessus le maistre, c'est à moy d'obeyr non de commander, de suiure mon maistre non de le conduire. Bien, dit-il, s'il vous mettoit vn poignard en main, & vous commandoit de le tuer, le feriez-vous ? s'il vous commandoit de le ietter dans le feu, ou le precipiter dans l'eau, le feriez-vous ? ne seriez-vous pas homicide le faisant ? prenez garde que souz pretexte d'obeyssance vous ne luy faisiez pis, ne sçauez-vous pas que la Verité Eternelle a dit, Math. 18. qu'il valloit mieux estre submergé dans la mer que de scandaliser autruy. Pourquoy a-il dit cela ? sinon pour monstrer que ceux qui commandent choses mauuaises seront si griefuement punis, que la mort temporelle à comparaison n'est pas à craindre, mais à souhaiter. Voicy comme il inuectiue contre vn seruiteur qui a obey en chose mauuaise : mal-heureux tu voyois ton maistre qui espanchoit le sang & tu le suiuois. Tu sçauois qu'il te commandoit chose scandaleuse, & tu obeyssois ! la vraye patience est de patir, ou agir contre sa volonté, mais non contre la raison : tu escoutois vn homme qui comme un larron te souffloit à l'oreille, & tu n'escoutois pas ton Dieu qui crioit comme vn tonnerre, mal-heur à ceux qui sont cause de scandale.
Mais il faut conseruer la paix auec mon maistre, si ie ne luy obeys, i'encoure sa disgrace : si Iesus-Christ est venu pour mettre la glaiue & la guerre entre le pere & le fils, la mere & la fille, la belle mere & la bru, combien plus entre le seruiteur & le maistre ? Dieu est l'autheur de paix, il la desire, la donne, mais non pas comme le monde. Il vaut mieux encourir la disgrace du maistre, que de Dieu : quiter le maistre, que Dieu, obeyr à Dieu, qu'aux hommes, obedire oportet Deo magis, quam hominibus, Thess. 3. Denuntiamus autem 436 vobis fratres in nomine Domini nostri Iesu Christi, vt subtrahatis vos ab omni fratre ambulante inordinatè, & non secundum traditionem, quam accepterunt à nobis. Mes freres nous vous commandons de la part de Dieu, de qui comme Vicaires nous auons authorité que vous vous separiez de ceux qu ne viuent pas en vrays Chrestiens.
Salomon Prouerb. I. Fili mi, si te lacauerint peccatores, ne acquiescas eis: si les meschans vous nourrissent, ne consentez pas à leurs meschancetez : car non solum digni sunt morte qui ea faciunt, sed etiam qui consentiunt facientibus, Rom. I. Ceux-là sont dignes de mort, non seulement qui font le mal, mais qui y consentent, ne soyez pas ce Vagao seruiteur d'Holofernes, vray maquereau, qui alloit chercher la proye pour son maistre. Introiuit Vagao ad Iudith, non vereatur bona puella intriore ad Dominum meum, vt honoretur ante faciem eius, & manducet cum eo, & bibat vinum in iucunditate, ne faites point de difficulté de venir vers mon maistre, & d'auoir l'honneur de le voir, de manger & boire auec luy : on en trouue trop de semblables, qui ne se soucient d'offenser Dieu pour complaire à leurs maistres. Nostre Seigneur a dit qu'on ne pouuoit seruir à deux maistres, ce qui s'entend lors qu'ils sont conraires, si le commande-ment de vostre maistre est contraire à celuy de Dieu, regardez auquel des deux vous estes plus obligé, & souuenez vous qu'il faut obeyr à Dieu plustot qu'aux hommes.
Cul de lampe. 437

Bandeau décoré. TABLEAV RACOVRCY DV BON MARIAGE, QVI EST LE MARIAGE D'ISAAC AVEC REBECCA, Genes. 24.

Lettrine "I".
IE trouue tant de choses remarquables au mariage d'Isaac auec Rebecca, que ie l'ay bien voulu representer icy, comme le portraict du bon mariage, & le mieux effigié de tous ceux que i'ay consideré au vieux Testament. Les peres & meres y trouueront de l'instruction. Les ieunes hommes & les filles y pourront remarquer de beaux traits ; ceux qui se meslent d'estre paranymphes au mariage, & de traiter semblables affaires, y auront leur modelle. Or pour plus grande intelligence ie mettray en veuë le tableau de l'histoire, puis i'en remarqueray les traits les plus notables.
Abraham estant desia vieil appella son maistre d'hostel278, & le fit iurer qu'il ne marieroit son fils Isaac à pas vne Chananeenne, parmy lesquelles il viuoit ; ains qu'il iroit en Mesopotamie, lieu de son extraction, & que de là il luy ameneroit vne femme. Le maistre d'hostel repliqua, si la fille refuse de venir auec moy, y meneray-ie vostre fils. Gardez vous en bien, luy dit Abraham. Le Seigneur Dieu du ciel & de la terre qui m'a tiré de ce pays-là, & m'a amené en cestuy-cy, enuoyera son Ange deuant vous, & fera que vous amenerez de là vne femme à mon fils, qui si elle ne veut pas venir ie vous quitte de vostre serment. Le maistre d'hostel se met en chemin, & estant arriué en Mesopotamie, en la ville en laquelle demeuroit Nachor, pere de Rebecca279, fit reposer les chameaux qu'il conduisoit prés d'vn puits, où les femmes venoient tirer de l'eau ; & se mettant en oraison, dit : Seigneur, Dieu de mon maistre Abraham, ie vous supplie de m'ayder auiourd'huy, & vser de misericorde enuers mon maistre Abraham. Ie suis prés de ce puits où les filles des 438 bourgeois de la ville viennent querir de l'eau, que la fille donc à laquelle ie diray, donnez moy à boire dans vostre cruche, & qui me respondra beuuez, & ie tireray mesme de l'eau à vos chameaux, soit celle que vous auez preparée à vostre seruiteur Isaac, & i'entendray par là que vous auez fait misericorde à vostre seruiteur. A peine eut-il acheué ces paroles, que Rebecca parut auec vne cruche, qui estoit vne fort belle fille, de la parenté d'Abraham : elle tira vne cruchée d'eau, & s'en retournoit, mais le maistre d'hostel luy dit donnez-moy vn peu d'eau à boire, elle luy respondit, beuuez Monsieur, & luy presenta sa cruche pour boire, & apres qu'il eut beu elle adjousta : ie tirereay aussi de l'eau du puits pour faire boire tous vos chameaux, ce qu'elle fit. Le maistre d'hostel consideroit auec vn profond si-lence ce qu'elle faisoit, pour voir si Dieu luy auoit donné l'heureux succés dont il l'auoit prié. Puis luy donna des brasselets & des pendans d'oreilles, & luy demanda de qui elle estoit fille, & s'il y auoit commodité pour loger en la maison de son pere : elle ayant respondu, il fit la reuerence, & adora le Seigneur, disant benist soit le Seigneur Dieu de mon maistre Abraham, qui n'a pas esloigné sa misericorde & verité de mon maistre, & m'a conduit tout droit en la maison du frere de mon maistre. La fille courut incontinent en la maison, & raconta à sa mere tout ce qu'elle auoit ouy. Rebecca auoit vn frere nommé Laban lequel accourut vistement vers cet homme qui estoit pres de la fontaine, vient aupres de luy, & luy dit, Entrez le benit du Seigneur, pourquoy demeurez-vous dehors ? i'ay preparé la maison & le lieu pour les chameaux. Il le fit entrer, desella les chameaux, leurs donna de la paille & du foin, & de l'eau pour lauer les pieds du maistre d'hostel & de ceux qui estoient venus auec luy, & on couurit la table. Mais il dit ie ne mangeray pas, que ie n'ay dit le subject de mon voyage. On luy dit qu'il par- last. Ie suis, dit-il, seruiteur d'Abraham. Dieu a comblé mon maistre de be-nedictions, il est en gloire, a multitude de brebis, de bœufs, quantité d'ar-gent, d'or, nombre de seruiteurs & seruantes, de chameaux & d'asnes. Sara sa femme a enfanté vn fils en sa vieillesse, lequel il a fait son heritier vniuersel ; puis raconte le reste de sa commission, & ce qui s'estoit passé proche du puits. Enfin demande si on luy veut donner Rebecca pour Isaac. Laban & Bathuel respondent qu'ils connoissent en cela la prouidence Diuine, & qu'ils ne veulent y resister, que Rebecca le suiue. Ayant le consentement, il se jetta en terre, & remercia Dieu. Dés le lendemain il demande son congé. On le prie vouloir demeurer au moins dix iours, il dit ne le pouuoir faire, enfin on appelle la fille, on luy demande si elle est contente de partir promptement, à quoy elle consent. Elle partit auec sa nourrice, ses freres luy sou-haitans des milliers de benedictions. Elle & ses filles monterent sur des chameaux & suiuirent le seruiteur d'Abraham. En mesme temps Isaac se 439 promenoit aux champs où il estoit allé pour mediter sur le soir, & leuant les yeux vit les chameaux de loing. Rebecca voyant Isaac demanda au maistre d'hostel qui il estoit, & le sçachant elle descendit, mit pied à terre, & se couurit de son manteau. Isaac la mena en la maison de Sara sa mere, l'espousa, & l'aima tellement qu'il adoucit la douleur qu'il auoit conceu de la mort de sa mere.
Voila sommairement le tableau de l'histoire vn peu racourcy : si vous desirez le voir en son naturel, lisez le chapitre 24. de la Genese. Il est maintenant question d'en considerer les traites les plus remarquables.
Modestie & chasteté d'Isaac.
1.Le premier trait qui se represente à mes yeux est la modestie & chasteté d'Isaac, aagé lors de quarante ans, comme tesmoigne l'Escriture. Voicy comme en parle Rupert, lib. 6. in Genes. 38. Ita inuentutis petulantiam, supergressus est, vt illam expectaret coniugem; quam Deus daret, non quam concupiscentibus oculis, ipse cum dote magna, arripuisset, il a tellement surmonté les saillies de la ieunesse, qu'il a attendu la femme que Dieu luy auoit destiné, & n'a pas pris celle que ses yeux luy eussent peu faire conuoiter, accompagnée d'vne grande dost. Ce n'est pas vne petite marque de la modestie, retenue & chasteté d'Isaac. Il semble que Rupert remarque en ces paroles la cause pour laquelle Abraham a differé si long-temps le mariage de son fils, lequel toutefois il desiroit extremement, ne luy manquant rien pour comble d'vn parfait bon-heur en ce monde, que de voir son cher fils honnestement marié, & quelque fruict de son mariage ; & cette cause est, qu'il attendoit coniugem quam Deus daret, l'ordre de la prouidence Diuine, à laquelle il remettoit toute cette affaire : & Rebecca estant destinée de Dieu à ce mariage, Dieu n'a pas voulu donner l'ordre qu'elle ne fut en aage, n'ayant que quatorze ans quand elle a esté mariée.
C'est aux peres & meres de soigner le mariage des enfans.
2. Le second trait est le soin qu'Abraham a eu de marier son fils. C'est du deuoir des peres & meres de colloquer leurs enfans, & sur tout leurs filles, qui courent risque de leur honneur apres la mort de leurs peres & me-res, si elles ne sont mariées, ou courent fortune de ne l'estre iamais si aduan-tageusement qu'elles pouuoient estre de leur viuant.
Ce n'est pas aux enfans de soigner leur mariage, & sur tout mal seant aux filles.
Ce n'est pas proprement aux enfans de procurer leur mariage, & sur tout est fort mal-seant que les filles parlent de nopces, de mariage, & d'enfans, & y faſſent paroistre de l'inclination. Les enfans s'en doiuent reposer sur leurs peres & meres, & attendre & receuoir de bonne part, & comme de la main de Dieu, ce que leurs peres & meres en feront. Ce n'est pas le fils du Roy qui procure ses nopces en S. Matth. 22. c'est le Roy son pere : Simile est regnum cœlorum homini regi, qui secit nuptias filio suo. Le Roy est Dieu le Pere, le Fils est le Verbe, qui est la Sapience eternelle ; que si cette infinie Sapience n'a pas soin de ses nopces & mariage auec l'Eglise, ains le Pere : quelle insolence, 440 que tant de ieunes gens, & principalement des filles, ieunes, sans experience, qui souuent n'ont pas vne once de prudence, osent se marier sans aduis de pere ny de mere, voire contre leur volonté, sans prendre autre conseil que de leur aueugle temerité, & de leur impudique liberté, au grand regret de leurs parens qui en jettent des larmes bien sensibles, & au preiudice de toute leur famille, & c'est souuent la cause de tant de mal-heureux & infortunez mariages.
3. Abraham ne pouuant luy mesme & en personne traitter cette affaire à cause de sa vieillesse caduque, ne desirant aussi que son fils allast en Mesopotamie où il vouloit qu'il prit femme, pour la distance du lieu & les hazards du chemin, joint qu'il ne vouloit se priuer de la douce presence de son bien-aimé fils, & peut estre craignoit qu'y allant il n'y demeurast, choisit vne personne d'aage, la plus vertueuse & la plus prudente qu'il eut en sa maison, nommé Eliezer auquel il auoit donné la surintendance de sa maison, & qu'il proposoit faire son heritier vniuersel, à cause de sa grande vertu, s'il fust mort sans enfans.
Les parens ne doiuent em-ployer que des gens sages pour faire les mariages.
Les peres peuuent apprendre d'icy qu'en semblables affaires ils ne doiuent employer des ieunes gens, sans experience, estourdis, passionnez, sans crainte de Dieu, & dont ils n'ayent bien experimenté la vertu : beaucoup moins des maquerelles & semblables personnes infames, qui ne cherchent que leur interest, & ne seruent qu'à seduire la ieunesse, à suborner vne fille & à l'attirer à vn mariage desauantageux par de vaines promesses, ou qu'à tromper les parens par des mensonges, esperances creuses, & supercheries.
Les enfans se doiuent re-mettre de leur mariage à leurs parens.
Les enfans peuuent aussi tirer vn bel exemple d'Isaac, il estoit en aage competant pour soigner cette affaire qui le touchoit de si prés ; toutefois il se soub-mit entierement à la volonté de son pere, s'en remettant à tout ce qu'il en ordonneroit. Il n'y auoit faute de filles en Canaan ; toutefois son pere voulant qu'il prit femme en Mesopotamie, il ne luy contredit nullement. Il pouuoit luy-mesme y aller pour en choisir vne à son gré ; mais il ne voulut s'esloigner d'vn poinct de l'intention de son pere, se fiant au maistre d'hostel auquel son pere en donnoit la charge. Nous ne remarquons point qu'en toute cette affaire on ait pris aduis d'Isaac qui estoit en aage de le donner, d'autant qu'Abraham estoit si asseuré de la vertu & obeyssance de son fils, & du respect qu'il luy portoit, qu'il ne doutoit nullement qu'il ne deust trouuer bon tout ce qu'il en feroit.
4. Abraham considerant l'importance de cette affaire, pour obliger son maistre d'hostel à y estre plus exact, & nommément au point de ne marier son fils à aucune Chananeenne, le voulut obliger par vn serment, pour monstrer aux peres & meres la grande precaution qu'ils doiuent auoir en choses semblables, qu'ils ne doiuent confier à qui que ce soit, qu'auec toutes les 441 asseurances possibles de leur fidelité ; mais aussi qu'ayans preuue suffisante de la fidelité & preud'hommie de ceux qu'ils y employent, ils y doiuent prendre vne grande confiance, à l'exemple d' Abraham, qui donna plein pouuoir à son maistre d'hostel de choisir vne fille telle qu'il voudroit, ne luy en specifiant aucune en particulier, quoy que probablement il y en eut plusieurs en la maison de Nachor, procreées d'huict fils qu'auoit eu Melcha.
Le 5. trait est la defense qu'Abraham donne à Eliezer de prendre semme à Isaac parmy les Chananeans : la raison, dit Procopius, estoit qu'il sçauoit que la race de Cham, duquel venoient les Chananeans estoit maudite de Noé, & que ceste race deuoit enfin estre exterminée. Voicy comme en parle sainct Ambroise, Constrinxit seruum vt non de semine Chananæorum vxorem accersiret Domino suo, quorum generis autor patrem non honorauerat, & ideo maledictionis hæreditatem transmisit in suos: il a obligé son seruiteur à ne prendre femme à son petit maistre parmy les Chananeans : le pere & progeniteur desquels n'auoit honoré son pere, & partant auoit communiqué la succession de la malediction à ses descendans.
Dieu a en horreur ceux qui ne respectent peres & meres.
Voila comme Dieu & les hommes ont en horreur ceux qui ne respectent peres & meres, Dieu ne voulant pas que cette race maudite fust al-liée auec celuy de la race duquel son fils deuoit prendre chair humaine : & Abraham craignoit la contagion que pouuoit encourir sa maison par vne telle alliance.
Sainct Ambroise apporte encore vne autre raison, Vt cognoscamus, dit-il, fidem & quamdam hæreditatem de autoris prosapia in his requirendam, quos nobis volumus adiungere. Afin que nous connoissions que nous deuons faire alliance auec ceux qui sont recommandables par la foy & vertu de leur progeniteur : car puis que par le mariage on est fait vne mesme chair, la raison veut qu'on choisisse vne chair recommandable par la vertu des ancestres.
Ne faut faire alliance auec meschans.
C'estoit aussi d'autant que les Chananeans estoient Idolatres & impies. Il est bien vray que Nachor adoroit les Idoles, suiuant la coustume de son pays ; toutefois il auoit quelque connoissance du vray Dieu, & l'honoroit, & sa maison estoit bien reglée.
Ne faut faire alliance auec infideles.
Sainct Ambroise tire vne consequence de ce faict d'Abraham, à laquelle les peres & meres doiuent bien prendre garde, sçauoir que iamais ils ne fass-ent aucune alliance auec les infideles, ny auec personne de diuerse religion : comment pouuez-vous esperer, dit-il, que Dieu vous donne la grace coniugale estant vne mesme chair auec vne personne qui n'est agreable à Dieu, & qui n'a la vray religion ? comment voulez-vous qu'vn heretique qui a violé 442 la foy qu'il auoit donné à Dieu au baptesme, vous garde la foy du mariage ? le corps peut-il estre chaste, l'esprit estant corrompu d'heresie ? comment est-ce que ceux-là pourront estre gens de bien qui ont en horreur les Sacremens, & principalement celuy de Confession, qui est la bride des vices, & qui purifie l'ame ? qui ne reconnoissent l'Eucharistie, source de toute pudicité, & de tous biens ; qui se mocquent de mortification, de penitence, de ma-ceration de la chair, & qui souz pretexte d'vne foy creuse & trompeuse, s'a-bandonnent à toute sorte de voluptez & de liberté ? quelle apparence que le mariage puisse estre stable, pur, chaste selon Dieu, auec des personnes infidelles, impures & qui ne seruent Dieu que par fantaisie ? C'est vne espece de miracle, si vn mary fidele ne se peruertit demeurant auec vne femme infidelle. La raison est, dit Sainct Ambroise, que ratio docet, sed amplius exempla commouent: species illecebra decepit etiam fortiores maritos, & à religione fecit discedere, & ideo, tu vel amori consule, vol errorem caue, primum ergo in coniugio reli-gio quæritur. La raison enseigne, & les exemples esmeuuent. La beauté qui est comme vn charme a trompé plusieurs marys tres forts, & leurs a fait changer de religion : & partant ou moderez vos amours, ou gardez d'estre trompé : la premiere chose à laquelle il faut prendre garde faisant vn mariage, est la religion.
6. Abraham ordonne qu'au cas que la fille qu'il enuoyoit querir pour son fils ne voulut venir en Chanaan, qu'il se donnast bien de garde de mener son fils en Mesopotamie, soit que ce fut seulement pour la solemnité des nopces, ou pour y demeurer tousiours auec sa femme ; d'autant que Dieu luy ayant commandé de sortir de son pays & de la maison de son pere, & luy ayant promis qu'il multiplieroit sa famille en la terre où il estoit, de laquelle il le feroit iouyr, il ne vouloit en quoy que ce fut contreuenir à l'ordre, ny aux promesses de Dieu, ne voulant que son fils y allast. Abraham voulut aussi que son seruiteur luy amenast vne bru qui ſymboliſaſt auec luy, & auec son fils : & que tout ainsi que par obeyssance il auoit quité son pays, & la maison de son pere, qu'Isaac par obeyssance s'estoit exposé à la mort, qu'aussi par obeyssance elle quitast sa patrie & ses parens : c'est la pensée de Procopius.
Cela enseigne que pour quelle consideration que ce soit, il ne faut iamais admettre aucune condition au mariage contraire aux ordonnaces de Dieu, autrement on n'en peut esperer aucun fauorable succés.
Le 7. trait nous monstre l'admirable confiance qu'auoit Abraham en la Diuine prouidence, qu'il tasche aussi de mettre bien auant dans l'ame de son seruiteur, luy disant : Le grand Dieu tout bon & tout puissant, qui iusques à present m'a comblé de tant de faueurs, qui m'a retiré de la maison de mon pere & du lieu de ma naissance, qui m'a fait l'honneur de me parler, & de me 443 me iurer qu'il donneroit cette terre à ma posterité, ne manquera de vous faire conduire par vn Ange, qui vous seruira de conseil, & vous fera connoistre celle qu'il a destinée pour femme à mon fils, & pour l'accomplissement de ses promesses.
Voulez-vous trouuer parti sortable à vos enfans ? imitez Abraham reconnoissant les bien-faicts de Dieu en vostre endroit, & par vostre reconnois-sance l'obligeant de combler ses autres graces d'vne alliance qui vous duise280, & aux vostres. Apres que vous y aurez apporté la diligence que vous pouuez de vostre costé, mettez vostre confiance en sa bonté, qui ne vous manquera au besoin, recourez à sa prouidence, vous persuadant que la sentence de Salomon est tres-veritable, que les peres & meres peuuent bien donner des maisons & des richesses à leurs enfans, mais que la bonne rencontre en mariage est vn don de Dieu, Prouerb. 19.
Il faut chercher en vne femme la vertu.
8. Abraham estoit homme fort riche : Isaac fort vertueux, noble, beau, & heritier d'vne maison opulente, & partant il n'estoit en peine de trouuer vne femme noble, belle, & riche ; toutefois sans se soucier de tout cela il donna de grands presens à son maistre d'hostel, pour donner à la fille qu'il trouueroit, & à ses parens, sans obliger les parens de la fille à chose quelconque, & ne fit aucune mention de ce qu'elle pourroit pretendre. S. Chrysost. là dessus dit, cogita mentem, & propositum iusti, & quò spectant: & attende quomodo veteres non quærebant substantiam multam, non diuitias, non seruos, & iugera agri, tot & tot, non externæ venustatis formam: sed animæ pulchritudinem, & morum noblitatem. Patriarcha igitur habens respectum virtutum animæ, ita se gerit. Prenez garde à l'intention, & au fait de cest homme iuste, & à quoy cela vise : & sçachez que les anciens ne cherchoient pas de grandes richesses, ny nombre de seruiteurs, ny tant & tant de mesures de terre, ny la beauté du corps : mais celle de l'ame & la noblesse des mœurs. At nunc, dit le mesme, omnes tale quiddam ne cogitant quidem. Name etsi malis innumeris plena sit mulier, hoc solum inquirunt quantum abundet pecunijs, cætera omnia posteriore loco habent, nescientes quod cum mens peruersa sit, licet indicibles assluant diuitiæ, facile in extremam venient inopiam, & nihil proderunt opes, cum non sit tibi mens quæ bene illas dispensare queat. Maintenant à peine pense-on à cela, iaçoit qu'vne femme soit remplie d'imperfections, on ne se soucie sinon qu'elle ait beaucoup d'argent, tout le reste est de moindre consideration, sans prendre garde que l'ame estant mechante, quoy qu'on ait des richesses sans mesure, il est facile d'estre reduit à vne extreme pauureté : & les richesses ne profitent de rien, si on n'a de l'esprit pour les bien dispenser. C'est assez qu'vne fille soit riche pour estre recherchée, quoy que d'ailleurs elle n'ait rien qui la rende recommandable, signe qu'on ne la cherche pas, mais son argent, lequel puis apres s'en va en des ieux, des habits superflus, des banquets somptueux, des desbauches, des courtisanes & vilaines.
444
Nullus fuit in huius coniugij petitione ambitionis locus, sed dominus præsul coniugij petitionem implet. En ce mariage on n'y va pas par ambition, mais le Seigneur qui preside au mariage l'accomplit. Dit S. Ambroise lib. I. de Abrah. c. 9.281 partant, dit-il, disce quid in vxore quæratur, non aurum, non argentum quæsiuit Abraham, non poffessiones, sed gratiam bonæ indolis. Appprenez ce qu'il faut desirer en vne femme : Abraham n'a pas cherché les possessions, ny l'or ny l'ar-gent, mais vn bon naturel.
9. Si Abraham fit le deuoir d'vn bon pere, Isaac d'vn fils obeyssant, & respectueux, Eliezer ne manqua à celuy d'vn seruiteur prudent, diligent & fidele, & d'vn sage & bien aduisé paranymphe. Nous ne lisons pas qu'Eliezer ayt parlé à qui que ce soit en tout ce voyage, d'enuiron dix iours qu'il a employé d'Hebron à Haran, comme remarque Procopius. Seruus, dit-il, obsequens admonitioni herili, eo adueniens neminem conuenit, sed continuo colloquitur cum Deo, quem Abraham itineris comitem, & gerundæ rei arbitrum fore pollicebatur: Le seruiteur allant pour accomplir la commission qui luy auoit esté don Faut se seruir de l'oraison pour faire vn bon mariage. née par son maistre, ne parle à personne en chemin, traite continuellement auec Dieu, qu'Abraham luy auoit promis luy deuoir estre compagnon en ce voyage, & procureur de son affaire : le bon seruiteur sçauoit trop mieux que le moyen ordinaire dont on se seruoit en la maison d'Abraham pour impetrer les faueurs du ciel, estoit l'oraison, & ainsi il s'en sert. Dieu veut aussi que nous nous en seruions, comme de la clef pour tirer des tresors de la providence diuine, les graces & benefices qu'il a determiné de toute eternité de nous donner : & les peres & meres, & les enfans, & tous ceux qui se meslent de faire des mariages, doiuent se seruir de ceste clef, comme de la clef d'or du ciel & des graces diuines.
10. Si Eliezer auoit recommandé cette affaire à Dieu tout le long de son voyage, il redouble ses deuotions estant venu proche de la ville, où se reposant auprés d'vn puits, il dit : O Seigneur, Dieu de mon maistre Abraham, ie vous supplie de m'ayder auiourd'huy & vser de misericorde enuers mon maistre Abraham &c. Remarquez en cette oraison vne admirable modestie & prudence. Il ne fait aucune mention de ses propres merites, son humilité ne luy permet de les reconnoistre, bien de ceux de son maistre, disant Deus Nous deuons fon der l'octroy de nos prieres, princi-palement sur la misericorde de Dieu. Abraham, comme s'il disoit Seigneur Dieu qui auez reconnu tant de merites en mon maistre, qu'en consideration d'iceux vous l'auez comblé de tant de graces, auez daigné traiter si familiarement auec luy, voire mesme vous qualifier son Dieu &c. Et encore qu'il connoisse que les merites d'Abraham sont grands, ce n'est pas neantmoins là dessus qu'il fonde l'esperance de son octroy, mais sur la misericorde de Dieu, disant, fac misericordiam cum Domino meo Abraham, c'est à dire, dit Procopius, Seigneur mon Dieu ie suis du tout indigne d'estre exaucé de vous, mais ayez egard à mon maistre : ce que ie 445 vous demande n'est pas que ie presume que vous luy ayez aucune obligation, ie n'ay garde d'estre si temeraire ; c'est sur la grandeur de vostre bonté, & de vostre infinie misericorde que ie fonde mon esperance, ne me reiettez pas, vous priant humblement en l'affaire de mon maistre.
Apprenons à l'imitation de ce bon maistre d'hostel de fonder l'esperance de nos prieres sur la liberalité & misericorde de Dieu, de laquelle comme de la source de toutes graces, nous deuons attendre tout le bien que nous pretendons : & nos merites pour grands qu'ils soient ne sont que des effects de la bonté de Dieu, & des dons de sa misericorde ; c'est pourquoy Dauid, quoy que chargé de tant de merites dit, ego autem in multitudine misericordiæ tuæ introibo domum tuam. Mon Dieu c'est par la grandeur de vostre misericorde que i'espere auoir entrée en vostre maison eternelle.
11. Ce bon seruiteur se deffiant de la prudence humaine en vn telle affaire a recours à la prouidence diuine, laquelle (conformement à la foy de son maistre) il croioit presider à ce mariage, & partant il y met toute l'esperance de son election : il ne veut pas s'en rapporter à ses yeux, qui ne voient que ce qui paroit exterieurement, & ne penetrent iusques au cœur ; mais inspiré de Dieu, il determine vn signe par lequel il puisse reconnoistre asseurément quelle est celle que Dieu a destiné à Isaac. Ie dis inspiré de Dieu, car autrement c'eust esté vne superstition de se resoudre à vn tel signe : & le mesme Dieu inspira à Rebecca de respondre suiuant l'intention du maistre d'hostel, ayant determiné de toute eternité d'effectuer ce mariage par cette voye.
S'il est loisible de se seruir de pronostiques, ou si-gnes pour sçauoir si on se doit marier, ou à qui.
C'est vne grande imprudence de se fier à sa prudence en fait de mariage. Les mariages selon le commun dire se font au ciel, & s'executent en terre : ce sont des effects de cette prouidence eternelle qui donne les vocations comme bon luy semble, & sçait comme il faut apparier les personnes ; c'est donc à elle qu'il faut auoit recours. C'est encore vne plus grande imprudence de s'en fier à ses yeux : mais vne temerité superstitieuse, & superstition temeraire, & tromperie diabolique, de prendre tel ou tel signe, tel ou tel songe, telle ou telle auanture pour asseurance de l'estat qu'on doit prendre, & de la personne auec laquelle on doit s'allier, si on n'est poussé par vn instinct particulier du sainct Esprit, qu'il faut reconnoistre serieusement. Car souuent l'esprit des tenebres se transfigure en Ange de lumiere.
12. La prudence d'Eliezer reluit en la qualité du signe qu'il demande, c'est auec S. Chrysost. que ie le dis. Pour autant, dit-il, qu'il sçauoit qu'Abraham estoit hospitalier, aussi estoit-il expedient que la fille qu'il deuoit emmener en sa maison luy fut conforme de mœurs ; ainsi il ne demande autre signe pour la connoistre que la douceur, la charité, & l'hospitalité. Le 446 signe qu'il demanda, dit Procopius, montra bien qu'il ne cherchoit ny l'or, ny l'argent, ny la beauté, mais la vertu, & sur tout la charité & l'hospitalité.
Voulez-vous faire bonne alliance ? taschez qu'elle soit auec des personnes qui symbolisent282 auec vous, & ayent mesmes inclinations à la vertu ; Sur tout qui soient portées au bien & à la misericorde. Abraham ayant receu Dieu en sa maison eut pour recompense la promesse qu'il auroit vn fils : sa femme ay Recompense de l'hospitalité. ant pestry sa paste pour festoier ses pelerins, receut l'asseurance que sa posterité seroit multipliée comme les estoilles du ciel : ainsi le maistre d'hostel creut que le moyen le plus efficace pour continuer les benedictions celestes en la maison d'Abraham, estoit de procurer vne femme ausmosniere & hospitaliere à son petit maistre Isaac.
Helas plusieurs croient que si la femme est aumoniere qu'elle est la ruyne de la maison ! qu'ils sçachent que l'ausmosne est la semence des benedictions de Dieu, & que comme, dit Prosper, lib. 3. de vit. cont.283 c. 24. De terreno censu, regni cœleftis hæreditas comparatur, le ciel s'acquiert par l'aumosne.
Le 13. trait effigie la bonté de Dieu & sa promptitude à exaucer les pri Comme Dieu est prompt à exaucer. eres de ceux qui ont recours à luy, disposant les affaires par vne prouidence speciale, en sorte qu'aussi tost Rebecca se fait voir, & tout se passe suiuant le desir du maistre d'hostel : ô qu'il est vray ce que dit Isaie 65. Antequam clament ego exaudiam, præparationem cordis eorum audiuit auris mea. Auant qu'ils ouurent la bouche ie les exauceray, mon oreille a escouté la premiere disposition de leur cœur. Auant que ce bon maistre d'hostel priast, Dieu disposoit desia les pas de Rebecca, & les compassoit tellement qu'elle s'est trouuée à poinct nommé. Le maistre d'hostel pouuoit dire ce que disoit autrefois Daniel en cas semblable, adhuc me loquente ecce vir Gabriel, ie n'auois pas encore finy ma parole que ce que ie demandois m'a esté accordé. Apprenez à vous confier à Dieu, & à prendre asseurance sur la force de l'oraison.
Six belles vertus remarqua-bles aux filles.
14. Les filles trouueront bien dequoy imiter en ce trait, où elles remarqueront. I. La diligence de Rebecca, qui n'estoit pas comme ces petites delicates, mignardes, poupinnes que vous diriez n'estre que du laict caillé, ou vn peu d'air espaissy. Tant elles sont flouettes, qui ne marchent que sur la soye & le cotton, & qui à peine peuuent se bouger, si elles ne sont soustenuës par l'assistance d'autruy : elle estoit laborieuse, actiue, mesnagere, mettoit la main à la paste, prenant bien la peine, quoy que de bonne maison, d'aller querir de l'eau, & faire des ouurages assez grossiers & penibles.
2. Son humilité s'abbaissant aux exercices d'vne simple seruante, & ap 447 pellant le seruiteur d'Abraham son Seigneur, son Monsieur. Tant de petites superbes qui ne voudroient s'humilier à quoy que ce fust, & tiennent le reste du monde, & luy parlent comme si c'estoient des esclaues, se faisant seruir comme si elles estoient quelque diuinité.
3. Sa charité estant requise de donner à boire elle ne s'excuse point sur ce qu'elle ne connoit pas cet homme, ne dit pas qu'il est tard, qu'elle est pressée de retourner, qu'elle est trop ieune & peu forte pour tirer de l'eau en telle quantité comme il en falloit pour abbreuuer tous les chameaux ; ne luy dit pas qu'il en tire luy-mesme, ou qu'il en fasse tirer par quelqu'vn des siens : mais le sert promptement, luy rendant plus de seruice qu'il ne luy demandoit, sans se soucier si ses compagnes auec lesquelles elle estoit venuë, s'en retournent, postposant tout le reste à l'exercice de la charité, voire enuers vn estranger.
4. Sa grande modestie & douceur à respondre, & la bonne grace auec laquelle elle-mesme presente sa cruche au seruiteur, la penchant doucement pour l'ayder à boire : Elle n'attend point qu'il l'a prie d'abbreuuer ses chameaux, ce qu'il n'eust osé faire ; elle le fait sans en estre priée auec vne admirable bonté, charité, promptitude, diligence, humilité, & auec vne modestie & pudeur virginale ; & quoy qu'elle sçeut comme il est probable qu'il estoit seruiteur d'Abraham, elle ne l'amena pas tout aussi tost à la maison comme vne estourdie, ce qui n'eut pas esté bien-seant à vne pucelle, sa modestie ne luy permit de le faire, mais en vient donner la nouuelle à sa mere.
5. Sa chasteté signifiée par ces paroles, virgo pulcherrima, vne tres-belle fille. Il descrit, dit Procopius, sa beauté, pour donner le relief à sa chasteté, en ce que n'ayant pas sa pareille en beauté, elle estoit toutefois tres-pure & esloignée de toute corruption. L'Escriture saincte dit, virgo & incognita viro, vne vierge, & qui n'auoit eu aucune accointance ny approche auec aucun homme. N'estoit-ce pas assez de dire vierge, pourquoy adjouster, qui n'auoit esté touchée d'aucun homme? Procopius, Clement Alex., Origene, disent que cette repetition monstre qu'elle estoit vierge, & de corps, & d'esprit ; & sa pureté est d'autant plus admirable, qu'elle estoit plus belle, & qu'elle ne cachoit pas sa beauté dans la maison, mais alloit en public querir de l'eau à la veuë de tout le monde, d'où j'infere ou vne grande integrité aux hommes de ce temps-là ; ou vne admirable & extra-ordinaire chasteté en Rebecca.
6. Sa retenuë, elle n'accourut pas aussi tost à cet homme pour luy demander qui il estoit, d'où il venoit, où il alloit, ne luy parla pas la premiere, ne le salua point, qu'il n'eut parlé : aussi ne fit-elle pas la dedaigneuse, le 448 mesprisant comme estranger, mais aussi tost qu'elle fut priée luy donna à boire : sa chasteté n'a pas empesché son hospitalité, ny son hospitalité n'a pas derogé à sa chasteté, dit Procopius.
Ie remarqueray quelques autres de ses vertus au Traité 23. 24. 26.
Le 15. trait du tableau est encore vn trait de la prudence d'Eliezer. Le bon homme estoit tout ravy, contemplant la modestie, pudeur, diligence, charité, humilité, & autres vertus de cette fille, & voyoit bien qu'elle estoit propre pour estre femme de son petit maistre : toutefois ne se contentant pas encore de cela, il luy demande de qui elle estoit fille, pour voir si cela correspondroit au pronostique de son signe. Sa response luy fit assez connoistre qu'elle estoit celle qu'il cherchoit. Elle, outre les bien faits susdits l'asseure auec vne grande candeur & charité qu'il y a en la maison de son pere quantité de paille & de foin, que la maison est ample & capable pour y loger. Ce qu'entendant, il se prosterna en terre, & adora Dieu, le remerciant de l'heureux succés qu'il luy auoit donné, attribuant le tout à sa prouidence, & luy en imputant toute la gloire.
Il fait paroistre sa prudence, ne croyant pas de leger, mais cherchant toutes les asseurances qu'il peut, confondant en cela la legereté & temerité d'aucuns qui se laissent emporter aux premieres apparences, mesme aux affaires d'importance. Il monstre sa pieté par la reconnoissance qu'il fait à Dieu, qui est vne grande disposition à ce que Dieu daigne mener à chef ce qu'il a commencé, puis que l'ingratitude bouche souuent les canaux de ses graces, & en empesche les influences vers ceux, lesquels s'attribuans ce qui prouient de la liberalité & prouidence Diuine, se rendent indignes de la continuation d'icelles.
16. Eliezer n'ayant plus d'occasion de douter de la personne qu'il cherchoit, & descouurant manifestement la volonté de Dieu en cette affaire, luy donna des pendans d'oreilles & des brasselets d'or, partie en reconnoissance des faueurs qu'il auoit receu d'elle, partie pour luy faire affectionner Isaac ; partie pour arres de son mariage.
Les pendans d'oreilles representent la foy, qui vient par l'oreille, dit Que signifient les pendans d'oreilles, les brasselets. l'Apostre : les brasselets la charité, qui se fait paroistre par les œuures ; l'vne ne sert de rien sans l'autre. Les pendans d'oreilles peuuent aussi signifier l'obeyssance interieure ; les brasselets, l'exterieure : les pendans d'or-eilles vn entendement docile & prest à escouter ce qu'on commande : les brasselets vne volonté prompte à le mettre en pratique. Les pendans d'oreilles vne doctrine celeste & diuine : les brasselets des œuures conformes à cette doctrine. O les beaux ornemens pour les filles qui sont à marier !
17. Aussi-tost Rebecca accourut à la maison, & raconta à sa mere ce qui 449 s'estoit passé, & luy monstra les presents. Bel enseignement aux filles de communiquer auec leurs peres & meres, pour euiter les tromperies de ces petits tiercelets qui ne cherchent que d'attirer à l'escart ces pauures colombes pour les perdre, & sur tout apprehendent la communication auec Filles ne doiuent traitter auec hom-me à l'in-sceu de pere & mere. les peres & meres, sçachans que c'est la ruine totale de leur dessein. La mere de Samson se monstra admirable en semblable fait laquelle ne voulut communiquer auec l'Ange, ny sçauoir les heureuses nouuelles qu'il luy appor-toit de la part de Dieu sans la permission de son mary, Iudic. 13. Apprenez filles & femmes quelle reserue vous deuez auoir, communiquans auec les hommes & receuans des presens de leur part, que ce ne soit qu'à demy gagnées. Si Eue n'eust communiqué auec le serpent sans son mary, elle n'eust esté trompée, ny la cause de nostre perte.
Portrait d'vn bon pere de famille.
18. Comme Rebecca est le portrait des vierges, aussi Laban son frere est celuy des peres de famille ; aussi tost qu'il eut entendu le rapport de sa sœur, 1. il sortit pour aller au deuant du maistre d'Hostel, & l'inuiter à prendre logis, il n'attendit point qu'il en fust prié. 2. L'ayant rencontré, il luy parla courtoisement & pieusement, l'appellant le benit d Dieu. 3. Fait entrer tous ceux de sa suite, sans se soucier des frais. 4. Desselle les chameaux, appreste l'eau à lauer les pieds, met la table. 5. Ayant entendu le nar-ré du maistre d'Hostel, attribuë tout à la prouidence Diuine, sans y appor-ter aucune opposition. 6. Il ne contrainct pas sa sœur à ce mariage, ou à s'en aller promptement, ains demande son consentement. 7. Ne retient pas le seruiteur auec importunité. 8. Pouruoit sa sœur de bonne compagnie, & de personnes qui en ayent soin. 9. Luy souhaite toute sorte de prosperité & benediction.
Remarquez qu'en cette maison freres & sœurs tous vniuersellement conspiroient à l'hospitalité & à exercer la charité, & apprenez qu'à leur imita-tion, vous deuez receuoir les estrangers comme les benits de Dieu.
19. Apres les complimens & salutations ordinaires, mais plustost d'vne charité extraordinaire, on inuite Eliezer à vouloir prendre quelque refection ; Le seruiteur doit preferer le bien de son maistre à ses propres commoditez. la table estoit couuerte. Luy preferant le seruice de son maistre à ses commoditez, Ie n'ay garde, dit-il, de prendre vne seule bouchée que ie ne me sois des-chargé de ma commission. O qu' Abraham estoit heureux d'auoir rencontré vn seruiteur si fidele & si soigneux en ses affaires ! S'il fut recommandable en cette action, il ne le fut pas moins en sa harangue, laquelle il commença par la recommandation de son maistre, pretendant (comme remarque Procopius) de faire voir qu'Abraham estoit vn grand Roy, que Dieu en auoit vn soin particulier, qu'il l'auoit doué de grandes richesses & d'honneurs, & que pour comble de beaucoup d'autres faueurs, il luy auoit donné vn fils mira 450 culeusement ; & puis fit le narré de sa commission & de ses aduantures.
Bel exemple aux seruiteurs, comme ils doiuent preferer le seruice de leurs maistres à leur commoditez : parler d'eux honorablement, procurer leur bien, & s'acquiter fidelement des commissions qu'ils leurs mettent en main.
20. Ayant expose sa commission, Laban, qui auoit charge de cette affaire, voire de toute la maison, soit ou que le pere fut mort comme aucuns croient, ou qu'il fust vieil, dit, Cette affaire est conduite de Dieu, c'est sa volonté que ce mariage se fasse, ie ne puis my opposer, & y consentit adorant la prouidence Diuine. Rebecca entendoit tout ce discours, ouyt comme ses freres consentoient à son mariage, & par son filence monstra assez qu'elle en estoit contente.
Apprenez à ne vous opposer iamais à la volonté de Dieu, lors que vous la reconnoistrez, quis reslitit Deo, & pacem habuit? qui est-ce qui peut auoir du contentement resistant à Dieu ?
21. Le consentement estant donné, Eliezer se ietta de genoux en terre, & remercia Dieu, & par cette action, dit Procopius, il monstra en quelle maison il seruoit, & qu'il estoit seruiteur d'vn maistre deuot, & craignant Dieu.
La pieté & deuotion des seruiteurs est marque de celle des maistres : ornairement tel maistre, tel valet.
22. Le lendemain dés le matin Eliezer demanda son congé, soit qu'il eust peur qu'on ne se desdist s'il tardoit plus long-temps, dit Procopius : soit de desir de porter incontinent cette heureuse nouuelle à son maistre : soit par dili-gence & promptitude en l'execution de ce qui luy estoit ordonné. Et quoy que les parens de la fille desirassent de la retenir au moins dix iours pour l'accommoder, la caresser, & luy dire à Dieu, il n'y voulut acquiescer. Les seruiteurs ont bien de quoy icy à imiter, & tous ceux qui se chargent de quelque commission.
23. Sur l'instance que fit Eliezer de s'en retourner promptement, les freres de Rebecca s'en remirent à elle, demandans son aduis & consentement ; non pour la promesse du mariage, elle auoit esté donnée par le consentement exprés des freres, & par le tacite de la fille : mais pour vn prompt depart, com La fille doit laisser le choix d'vn mary à son pere. me remarque S. Ambroise, & adiouste vn aduis aux filles, Adolescentula, dit-il, nubat, sed vt electionem mariti parentibus deserat, ne appetentiæ procacioris æstimetur autor, si ipsa de nuptijs suis electionem sibi vendicet. Expetita enim magis debet videri à viro, quam ipsa virum expetisse. Verecundiam præmittat antequam nubat quo ipsum coniugium plus commendet verecundia. Ie suis content que la fille se marie, mais à condition qu'elle laisse le choix d'vn mary à ses peres & meres, & à ceux qui tiennent leur place, de peur que le voulant choisir elle-mesme, elle ne fasse croire qu'elle recherche vn mary plustot que d'estre recherchée. L'honnesteté demande qu'vn mary recherche vne femme, plus 451 tost qu'vne femme vn mary. La pudeur doit preceder son mariage pour le rendre d'autant plus recommandable. Voila comme parle S. Ambroise. Que les filles sçachent qu'elles ne peuuent rien apporter en mariage qui soit plus agreable à leurs maris, qu'vne honneste vergogne & chaste modestie : & celles qui l'ont perduë, & qui pendant les recherches se sont laissé aller aux importunitez de leurs espoux, & leurs ont donné trop de liberté, n'en ont ordinaire ment autre recompense, quand elles sont mariées, que des reproches & des iniures honteuses : au contraire celles qui qui se sont monstrées fermes & craignants Dieu, sont dans l'estime & cheres à leurs marys.
24. Quelqu'vn trouuera estrange la resolution de Rebecca, laquelle aussitost, & sans autre consultation, dit vadem. Me voila preste à partir. Quoy ! si tost ! sortir si promptement de la maison paternelle ! quitter sa chere mere, quasi sans luy dire à Dieu ! abandonner ses freres & autres parens ! s'en aller en pays loingtain, & qu'elle ne connoist pas ! suiure vn homme, vn seruiteur qu'elle n'a iamais veu que cette fois ! aller trouuer vn mary, qui ? de quelles humeurs ? de quel naturel ? comment fait ? tout cela luy est inconnu. N'a-on pas subiect de dire qu'elle est de la categorie de ces ieunes esuentées qui ne s'en soucient pas, moyennant qu'elles soient mariées, sans penser plus auant ? mais considerez que tout cela estoit mysterieux, & se faisoit par vn instinct Ne faut differer les œuvres de Dieu. particulier du sainct Esprit, autheur de tout ce mariage, qui donnoit la volonté à cette fille de se marier, & la promptitude pour l'execution. C'est pourquoy sainct Ambroise dit, merito dilationem non attulit, iure enim properare debuit ad maritum, c'est à bon droict qu'elle n'a pas differé, car la raison demandoit qu'elle allast aussi-tost vers son mary. Estant asseurée de la volonté de Dieu, elle a fait conscience d'y apporter du delay, nescit tarda molina, Spiritus Sancti gratia. Les affaires qui sont de Dieu, ne doiuent se remettre de iour à autre.
C'est vn aduis salutaire de proceder aux nopces le plustost que faire se peut depuis que les fiançailles sont faictes, pour euiter des grands inconueniens qu'on voit tous les iours, principalement quand on est obligé de conuer-ser familiairement par ensemble.
25. Rebecca monte gaillardement sur vn chameau. Voyez, dit S. Chrysost. Generosité de Rebecca. quelle fille espouse le Patriarche Isaac : fille faicte à la fatigue, qui va à l'eau, porte la cruche sur ses espaules, monte les chameaux. En ce conuoy de nopces, mais de personnes de telle qualité, on ne voit point de mules ayant le crin richement lacé d'or & d'argent ; ny grand nombre de pages, laquais, ou estafiers ; point de ces mignardises, & delicatesses qu'il faut maintenant aux filles ; on y voit des filles douées d'vne force & courage virile ; capables 452 de monter les chameaux, & souffrir le trauail d'vn long voyage. L'espouse est vigoureuse, elle n'a que faire de tant de carosses & lictieres, ny de tant d'attirail & d'ornemens, ses plus riches parures, ses ornemens plus pretieux sont ses vertus, sa beauté est toute naturelle sans meslange de fard ou d'artifice.
26. Isaac estoit sorty de la ville sur le soir, se promenoit à l'escart & en L'oraison est vne bonne disposition au mariage. lieu qui n'estoit pas beaucoup frequenté, s'entretenant en des sainctes & celestes pensées, meditant les choses Diuines. Egressus est domo vir iustus ad orationem, & spirituales Deo victimas obtulit, dit sainct Hierosme. Le saint homme est sorty de la maison pour prier, & a offert à Dieu des victimes spirituelles.
Voyez la pieté de ce ieune homme. Voulant se marier il se dispose à cet estat par l'oraison & familiarité auec Dieu, croyant que le meilleur sondement de son mariage est la deuotion, par laquelle Dieu veut qu'on l'oblige à seconder de ses faueurs nos entreprises, & principalement le mariage, qui est vne affaire de si grande importance. Et non seulement Isaac vacque à l'oraison, mais choisit le lieu propre, sçauoir lieu solitaire, sçachant que c'est là que Dieu traitte auec l'ame, a egard au temps, qui est sur le tard.
Les dispositions que la pluspart apportent au mariage sont des ieux, des ballets, des collations somptueuses, des festins, des lettres impudiques, des chansons des-honnestes, des hantises & familiaritez abominables, des trains qui surpassent la qualité, des habits superflus, des vanteries, des mensonges, des piperies & tromperies, des vaines esperances, & semblables desordres & dissolutions : & quel bien en peut-on esperer ? souuent au lieu d'auoir recours à Dieu & à l'oraison, on a recours à des inuentions Diaboliques, à des personnes infames, à des maquerelles pour venir au bout de ses pretensions.
27. Rebecca apperçut Isaac, demanda à Eliezer qui estoit cet homme, & ayant entendu que c'estoit Isaac son espoux, descendit de son chameau, & se couurit de son manteau.
Considerez dit S. Chrysostome, la generosité284 de cette fille. Elle ne fit pas Generosité de Rebecca. la mignarde & doüillette voyant son espoux, ne prit point d'excuse sur la lassitude de son voyage, mais auec vne vigueur masle, descendit de son chameau. Elle n'eut que faire, ny d'ecuyer, ny de l'assistance de ses filles, ny d'autre, mais seule d'vne promptitude virile se met à pied pour monstrer le respect qu'elle porte à son espoux : elle se couure de son voile, c'est la marque de sa modestie & saincte vergogne : elle sçauoit qu'elle ne pouuoit se rendre plus aimable à son espoux que par tels ornemens.
Apprenez filles, dit S. Ambroise, si l'honnesteté qui vous doit estre tant 453 recommandable vous permet de vous faire voir sans voile deuant des estrangers, puis que Rebecca ne se laisse voir mesme à son espoux. Et que diroit S. Ambroise s'il voyoit ces petites impudentes pour ne dire impudiques & effrontées qui font gloire de se faire voir à tous venans, & allans auec des nuditez infames ?
Pudeur recommandable aux filles.
La fille qu'on va marier ne souhaite rien tant que de plaire à son espoux : elle croit qu'elle luy plaira, s'il la trouue belle ; elle se peigne, se frise, se parfu me, se farde, s'enjoliue, se pare, & ainsi se prensente à son mary taschant de ga-gner son affection par ces parures. La sage Rebecca n'a pas tant cherché de paroistre belle comme de paroistre honneste & chaste : elle n'a pas fait parade & montre de sa beauté, mais de sa pudeur : elle n'a pas craint d'en estre mesprisée, au contraire elle a creu que rien ne la pouuoit rendre plus recommandable que cette pureté virginale, cette modestie Angelique, cette pudeur & vergogne Archangelique. Elle a monstré dit S. Ambroise qu'elle estoit vierge par sa grauité, en faisant marcher deuant soy la pudeur, allant posement, ayant la face modeste, les yeux baissez, Virginem grauitas sua nuntiat, pudore obuio, gradu sobrio, vultu modesto, & prænuntia integritatis anteeunt signa virtutis.
Ie demanderois volontiers à ces petites effrontées & impudentes, quelle opinion on peut prendre de leur pudicité, lors qu'on ne voit en elles autre chose que des legeretez ; qu'elles sont eshontées, affectées en leur marcher, la face impudique, les yeux lascifs, le sein nud, les bras à l'air, les mains fretillantes, la langue sans arrest : hardies comme des lions, la teste leuée comme des biches : & que peut estre le cœur sinon vne fonderiere d'impudicité, & vn vray temple de Venus ?
28. Isaac mena Rebacca dans le quartier de feüe sa mere, morte depuis Modestie des nopces d'Isaac. trois ans, & la prit pour femme. Sainct Chrysostome. Considera hic quomodo nusquam superflua illa & inutilia, nusquam diabolica pompa, nusquam tibæ, & choreæ, & satanica illa conuiuia, & scommata omni obscœnitate plena, sed omnis honestas, omnis sapientia, omnis mititas. Considerez qu'en ces nopces ne se retrouue aucune superfluité, ny chose inutile : point de pompe Diabolique, point d'instrumens de musique, ny de danses : point de banquets de Satan, ny de broquarts pleins de tout impudicité : mais on n'y voit que toute sorte d'honnesteté, toute sorte de sagesse, & modestie, toute douceur. Voila la modestie de ces nopces, voire d'vn grand Seigneur, qui condamne la superfluité qui se retrouue à celles de plusieurs Chrestiens, mesme de condition fort mediocre. Et les insolences & impudicitez qu'on y voit, & qu'on y entend quasi ordinairement, & où il semble à plusieurs qu'il y faut leuer la bonde de modestie, de pudeur, de toute vertu pour se laisser aller à toute liberté, autrement la feste n'est pas bonne.
454
29. Isaac l'ayma si tendrement, qu'il modera la douleur qu'il auoit conceu Charmes puissans des fẽmes pour se faire aymer, la vertu, & l'amour de leurs marys. de la mort de sa mere. Cet amour procedoit, dit Procopius, des deux plus puissans philtres qu'vne femme puisse auoir pour se faire aymer de son mary : sçauoir est, virtus, & amor, la vertu & l'amour, qui sont des charmes si puissans, qu'il n'y a mary si farouche qui ne s'adoucisse ; si sauuage, qui ne s'apri-uoise ; si tygre, qui ne deuienne agneau ; si dissolu, qui enfin ne se rende à la chasteté : Si la femme est deuote, patiente, debonnaire, misericordieuse, craignant Dieu, voila le premier philtre. Et si nonobstant le mauuais mesnage de son mary, ses desbauches, ses dissolutions, le mauuais traittement qu'il luy fait, elle luy monstre de l'amour, le sert, luy obeyt promptement & humblement, voila la second. Il faudroit qu'vn mary fut entierement desnaturé, & eut perdu tout sentiment de raison, pour n'estre gaigné par ces charmes ; & l'experience a fait voir que plusieurs par iceux qui sembloient desesperez, se sont rangez dans les bornes de la modestie & honnesteté coniugale.
Cet amour d'Isaac enuers Rebecca addoucit bien la tristesse qu'il auoit Le mary ne doit oublier pere & mere pour l'amour de sa fẽme. conceu de la mort de sa mere, mais ne l'osta pas entierement : O le bon fils ! combien qui aussi tost qu'ils sont mariez se laissent emporter dans vn tel oubly de pere & mere, que vous diriez qu'ils sont desnaturez, perdent toute volonté de les assister s'ils sont encore en vie, ou s'ils sont morts, enseuelissent leur memoire, ne leurs rendans auncun deuoir pour le soulagement de leurs ames.
30. La version Chaldaïque a, Introduxit eam Isaac in tabernaculum, & vidit, & ecco opera eius recta erant, sicut opera Saræ matris suæ. Il la fit entrer dans la maison, considera ses deportemens, & trouua ses actions louables, & semblables à celles de Sara sa mere. Voila vne cause du grand amour qu'il auoit pour elle : sçauoir que cette prudente femme quita incontinent la façon de viure de son pays, les habitudes particulieres de la maison paternelle, tascha de se former entierement sur le modelle de la vie de feüe sa belle mere, assez connue par le rapport des domestiques, & par la reputation que ses vertus luy auoient acquise. C'est ce qui a rendu l'espouse mystique si aymable à son La fẽme se doit conformer à sa belle mere. espoux. Audi filia, & vide, & inclina aurem tuam & obliuiscere populum tuum, & domum patris tui, & concupiscet Rex speciem tuam. Escoute ma fille, & regarde, preste l'oreille, oublie ton peuple, & la maison de ton pere, & le Roy conuoitera ta beauté.
Salutaire precepte à vne ieune femme si elle veut obliger son mary à l'aymer, qu'elle oublie ses anciennes façons de faire, qu'elle se conforme du tout aux mœurs de sa belle mere, entant qu'elles sont louables : qu'elle la tienne comme sa propre mere, & à peine se pourra-il faire que son mary ne l'ayme.
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O qu'Eliezer disoit fort bien, Per hoc intelligam quod feceris misericordiam cum Domino meo Abraham, c'est par ce signe mon Dieu que ie connoistray que vous auez fait misericorde à mon maistre Abraham, mais par quel signe ? Ce n'est ny par la beauté, dit Theodoret, ny par les richesses, ny par la splendeur de sa maison : mais par son hospitalité, affabilité, douceur, condescen-dance, obeyssance à son mary : Abraham estant doué de toutes ces vertus, c'est vne insigne misericorde que Dieu luy fait de luy donner vne bru, qui symbolise285 auec luy, & qui luy serue de fille en sa vieillesse, & entretienne la paix en sa maison, par la conformité, & d'humeurs & de mœurs.
Voila sommairement quelques traits de ce grand tableau du mariage d'Isaac & de Rebecca, tableau inuenté par le S. Esprit, & effigié par Moyse : Il peut donner de l'exercice aux peres & meres, les ieunes gens en peuuent tirer copie & tous ceux qui se meslent de contribuer aux mariages, le peuuent prendre pour modelle ; ceux qui le voudront bien considerer, trouueront que c'est quasi tout ce que i'ay dit en cet œuure, reduit au petit pied, & mis en pratique par Abraham, Isaac, Rebecca, & tous ceux qui ont contribué à ce mariage.
Cul de lampe à motif floral. 456

Bandeau décoré. TRAITE' DES VEFVES. Filet cadre, rayé. De l'estat des Vefues. CHAPITRE I.

Lettrine "Q".
QVoy que les vefues soient hors de l'estat de mariage, par ce toutefois qu'ils y ont esté, & y peuuent rentrer, & que ceux qui sont mariez s'y peuuent rencontrer : i'ay creu estre obligé de dire quelque chose de cet estat, afin que ceux qui y sont & qui pretendent y persister, en fassent l'estat qu'ils doiuent, y trouuent leur consolation, & sçachent comme il faut s'y comporter, & ceux qui cherchent l'occasion d'en sortir, ne puissent pretendre aucune cause d'ignorance : & enfin ceux qui n'y sont pas encore, se premunissent par la connoissance que ie leurs en donneray.
Quand l'Escriture Sainte ou les Saints Peres parlent de l'estat des vefues, Que c'est que l'estat des vefues. ils entendent ordinairement vne continence volontaire, & abstinence libre du mariage, apres auoir esté marié vne fois, soit des hommes soit des femmes : & quand cette continence est confirmée par vœux, c'est proprement estat, c'est à dire, vne condition & qualité de vie stable, fixe & permanente, comme estant asseurée, establie & confirmée par le moyen des vœux. C'est l'estat de viduité que les saints peres apres l'escriture sainte prisent tant, & duquel se trouuent des liures entiers escrits, entre autres par S. Ambroise, S. Augustin, S. Hierosme, S. Fulgence.
C'est l'estat auquel S. Paul exhorte I. Corinth. 7. Comme estant plus propre pour seruir Dieu, & auquel appartient plus grande recompense, & du-quel les saincts peres parlent si fauorablement : entre autres S. Ambroise, 457 libro de viduis286, en ces paroles que i'ay choisy entre plusieurs autres, d'autant qu'elles monstrent la diuersité des trois estats qui sont en l'Eglise, dont nous auons parlé au commencement de cette œuure. Docemur triplicem castitatis esse virtutem, vnam coniugalem, aliam viduitatis, tertiam virginitatis, non enim aliam sic prædicamus, vt excludamus alias: suis quibusque conditionibus ista conducunt. In hoc Ecclesiæ opulens disciplina: quod quos præferat habet, quos reijci-at non habet, atque vtinam nunquam habere possit. Ita igitur virginitatem prædi-camus, vt viduas non reijciamus: ita viduas honoramus, vt suus honos coniugio reseruetur: non nostra hæc præcepta, sed diuina testimonia docent. On nous enseigne qu'il y a trois sortes de chasteté : vne coniugale, l'autre des vefues, & la troisiesme des vierges : nous n'en prisons pas tellement vne, que nous rejettions les autres, elles conuiennent à chacun selon sa condition : C'est en cela que paroit la riche discipline de l'Eglise : laquelle en a aucuns qu'elle prefere aux Les trois estats de l'Eglise. autres, mais n'a personne qu'elle rejette, & Dieu veuille qu'elle n'en ayt iamais à rejetter. Nous prisons donc la virginité sans depriser les vefues : nous honorons les vefues, sans priuer les mariez de l'honneur qui leurs est deu. Ce que nous faisons en cela n'est pas de nostre authorité, mais par l'authorité & tesmoignage diuin.
Trois sortes de vefues.
Il y a trois sortes de vefues selon la remarque qu'en fait S. August., lib. de Sancta viduitate : aucunes sont vefues du Diable, d'autres du Monde, & les troisiesmes vefues de Dieu. Les vefues du Diable sont celles qui estant priuées de leurs marys, n'ont autre soin que de contenter leur sensualité ; autres Les vefues du Diable. pensées que de satisfaire à leurs voluptez, qui sont vaines, curieuses, trottieres287, dont S. Paul parle. I. ad Timoth. 5. en ces termes, adolescentiores viduas deuita, cum enim luxuriatæ fuerint in Christo, nubere volunt, habentes damna-tionem quia primam fidem irritam fecerunt, simul autem & otiosæ, discunt circuire domos, non solum otiosæ, sed & verbosæ & curiosæ, loquentes quæ non oportet, iam enim quædam conuersæ sunt retro post Satanam. N'admettez pas ces ieunes vefues dans l'assemblée de celles qui se sont dediées à Dieu, & qui sont entretenues de l'Eglise, l'experience m'a fait voir qu'apres qu'elles ont esté bien nourries & engraissées aux despens de l'Eglise, elles secoüent le joug, rompent leurs vœux, enfreignent leurs bons propos de chasteté, & pensent à se remarier au preiudice & des-honneur de la religion Chrestienne, & de Iesus-Christ, qu'elles auoient pris pour espoux : elles sont infames deuant les hommes entant qu'elles quitent l'estat de viduité, dont elles auaient fait comme profession publique : coupables deuant Dieu, puis qu'elles font diuorce auec luy apres s'y estre consacrées par le vœux de continence, pour faire alliance auec Asmodée president des voluptez & lubricitez. Elles sont oyseuses, caquetieres, trottieres288, curieuses, disans beaucoup d'impertinences : nous en auons desia veu aucunes, qui ont abandonné Iesus-Christ, pour 458 suiure leurs voluptez. Voilà le discours de sainct Paul. On trouue quelquefois semblables vefues lesquelles frequentent les Eglises, reçoiuent sou-uent les Sacremens, traittent auec des gens d'Eglise, font des deuotes & spirituelles exterieurement & en apparence, & souuent ce n'est à autre dessein, que pour se donner de la reputation, pour passer le temps, pour voir, ou estre veuës, & pour auoir quelque couuerture de leur liberté.
Les vefues du Mõde.
Les vefues du Monde sont celles qui viuent honnestement en l'estat de leur viduité, sans toutefois se priuer de la liberté de se remarier, ains en cherchent les commoditez & occasions, ne s'obligeans à cet estat par aucuns vœux de continence ; elles sont vefues de corps, & non de cœur. Aucunes n'ont point d'intention de se remarier, non pour l'amour de Dieu, ny pour affection qu'elles portent à la continence, mais pour ne s'engager vne autre fois dans les embarras du mariage ; pour ne dependre des fantaisies d'vn mary, pour n'estre subjettes à ses caprices, pour estre Dames & Maistresses de leurs actions, viure auec plus de liberté, & d'independance ; employent au reste tout leur temps & industrie au soin des choses temorelles, ne pensans qu'à faire leur maison, pouruoir leurs enfans, & les aggrandir selon le mõde, quoy qu'elles ne laissent de viure chastement & modestement : cet estat a quelque lustre & gloire deuant le mon-de, mais non deuant Dieu. Il s'en est trouué beaucoup de semblables parmy les Payens, louées par les autheurs, comme Æmilia, Martia fille de Caton289, Valeria Romaine, & autres : s'en trouuent quantité parmy les Chrestiens, mais sans aucun merite de leur viduité.
Les vefues de Dieu.
Les vefues de Dieu sont celles, qui pouuans se remarier preferent l'estat de viduité aux secondes nopces, purement & simplement, par desir de plaire à Dieu, de le mieux seruir, & par vne saincte affection qu'el-les portent à la continence, qui ne cherche en cet estat que de consacrer toutes leurs affections à Dieu, & s'vnir à luy de tout leur cœur, mettant en luy toute leur esperance, & tout leur amour, comme l'espouse fait à son espoux ; puis qu'elles le choisissent pour leur mary, pour leur protecteur & consolateur, s'obligeans à tel estat par vœu, par lequel elles offrent leurs corps & leur chasteté à Dieu, afin de rejetter toutes pensées de mariage, comme chose qui leurs est desormais illicite, & consacrer la der-niere partie de leur vie entierement à Dieu. Ce qui se doit faire auec gran-de prudence & maturité, & apres vne grande preuue & experience de leur constance, & non sans auoir inuoqué auparauant l'aide & assistance du sainct Esprit, de peur qu'elles ne soient auec le temps du nombre de celles, dont parle S. Paul, lesquelles apres s'estre données à Dieu, le quitent & l'abandonnent, pour suiure vn Diable d'Asmodée auec scandal, & au preiudice de la religion.
459
C'est de semblables vefues que parle sainct Paul I. ad Timoth. 5. Honora viduas quæ verè viduæ sunt, honorez les vefues qui sont veritablement vefues. Les histoires sacrées sont pleines d'exemples de tant d'Imperatrices, Reines, Princesses, & autres grandes Dames, qui ont mesprisé les couronnes & les sceptres, ont renoncé aux recherches des Monarques & grands Seigneurs, pour n'auoir desormais autre espoux que Iesus-Christ, qu'aucunes ont seruy & aimé & caressé, demeurans dans le monde en vn estat simple & modeste de viduité : d'autres se sont retirées dans la religion, y viuans comme simples religieuses, & auec grande humilité. Nous en auons encore quantité d'exemples de nos iours.
Cecy n'est pas seulement pour les femmes, car nous auons veu quantité d'hommes fort releuez en noblesse, qualitez & sçauoir, ou se faire prestres apres la mort de leurs femmes ou entrer en religion, & y viure fort chastement, humblement, & religieusement.
C'est chose claire que les vefues dont parle sainct Paul, estoient dediées & consacrées à Dieu par vœux de continence & chasteté, comme appert de S. Aug., De bono viduitatis ad Iulianam, voicy ses paroles : Si nondum Deo vouisses continentiam vidualem, exhortaremur profectò vt voueres. Quia uero iam vouisti, exhortamur vt perseueres: talia mihi tamen video esse dicenda, quibus cam diligant, & accipant quæ adhuc nubere cogitant. Si vous n'auiez pas encore voüé la continence viduale, ie vous exhorterois à la vouer. Mais d'autant que vous l'auez desia voüé, ie vous exhorte à perseuerer : ie croy deuoir vser de ces termes, pour donner occasion à celles qui pensent à se remarier d'aimer la continence & l'embrasser. Voilà le discours de S. Augustin : mais quelles doiuent estre semblables vefues ? ie m'en vay le monstrer aux Chapitres suiuans.
Cul de lampe, une tête de diable entouré de fruits. 460

Filet cadre, rayé. Des qualitez des vrayes vefues, & premierement de leur pieté. CHAPITRE II.

SAinct Paul semble demander cinq qualitez aux vefues de Ievus-Christ. La premiere est de bien gouuerner leur maison, & leurs enfans si elles Cinq qualitez des vefues selõ S. Paul. en ont, les bien instruire & eleuer au seruice de Dieu, honorer leurs peres & meres, & les assister s'ils sont encore en vie ; que s'ils sont morts, assister leurs enfans, & descendans. La seconde est de mettre toute leur esperance en Dieu, & vaquer à l'oraison. La troisiéme, euiter les delices, se souuenans que la vefue qui est en delices est viue & morte, comme dit S. Paul, c'est à dire, viue selon le corps, morte selon l'esprit. La quatriéme, qu'elles soient irreprehensibles en leur conuersation, en leurs paroles, en leur marcher, en leurs actions. La cinquiéme, qu'elles s'adonnent aux bonnes œuures, & principalement à l'hospitalité & à la misericorde.
Sainct Augustin lib. 9. confess. cap. 9. asseure que sa mere saincte Monique a eu toutes ces qualitez en son vefuage : elle n'auoit eu qu'vn mary, S. Monique vraye vefue. dit-il, auoit rendu la pareille à ses peres & meres, auoit gouuerné sa maison prudemment : on sçauoit assez qu'elle s'estoit exercée aux bonnes œuures, auoit nourry ses enfans, les enfantant290 autant de fois qu'elle les voyoit offenser Dieu.
Ie reduiray ces cinq qualitez à trois ; sçauoir la pieté, la prudence, & la L'oraison conuient aux vefues. chasteté. Sainct Paul parle de la premiere, I. ad Timoth. 5. en ces termes, Quæ autem verè vidua est, & desolata, speret in Deum, & instet orationibus, & obsecrationibus nocte ac die, celle qui est vrayement vefue & destituée du secours de son mary, jette son esperance en Dieu, qu'elle prie iour & nuict. La pieté & deuotion est conuenable à toute sorte de personnes, donne commodité de viure paisiblement & tranquillement en cette vie, & heureusement en l'autre, comme dit S. Paul, I. ad Timoth. 4. Pietas ad omnia valet promissionem habens vitæ, quæ nunc est & futuræ. Elle conuient toutefois principalement aux vefues, puis qu'ayant pris Iesus-Christ pour leur consolateur, pour leur pere, pour leur mary, l'oraison est le moyen par lequel elles pourront conuerser familiairement auec luy, & c'est par le moyen de la 461 raison qu'il les assiste & console. C'est pourquoy sainct Augustin escriuant à Proba vefue291, l'aduertit qu'elle doit surmonter le monde par l'entremise d'vne oraison continuelle, qu'elle prie auec esperance, auec foy & amour, auec perseuerance & componction ; enfin qu'elle prie comme vefue de Iesus Christ.
Il y a diuerses sortes de pieté : la premiere est enuers Dieu, & n'est autre chose qu'vne saincte deuotion & occupation à son seruice ; la vefue a le moyen de le faire, n'estant plus obligée de seruir vn mary, ny de despendre de luy en l'exercice de la deuotion : sa condition l'y inuite, puis qu'elle est à moitié hors du monde, ayant perdu son mary ; & supposant que son mary est au ciel, elle y doit estre au moins selon sa moitié, & n'estre en terre qu'autant que la volonté de Dieu & la necessité l'y retient, disant auec S. Paul, nostra conuersation in cœlis est, nostre conuersation est és cieux.
Deuotion d'Anne la Prophetesse.
L'escriture saincte en fournit de beaux exemples, entre autres, d'Anne, Luc. 2. laquelle aagée de quatre vingt & quatre ans n'auoit autre employ que de ieusner, & prier iour & nuict au temple : voicy comme parle d'elle Amphilochius Euesque Iconij, De occursu Domini, & Dei genitrice : Anne la gloire des femmes vefues, femmes de sexe, prophetesse d'ordre : estant dans le monde, foible & cassée selon le corps, forte & nerueuse selon l'esprit, ayant la face toute ridée, mais la prudence vigoureuse & entiere ; voultée de vieillesse, droicte en connoissance ; vieille d'années, gaillarde comme en ieunesse, par la science Diuine : ieusnant, & ne se saoullant ; priant auec confiance ; ne tracassant aux maisons d'autruy, chantant, & ne follatrant ; prophetisant, & ne racontant des fables : meditant les choses diuines, & n'apprenant pas des ordures. Aussi merita-elle pour recompense de sa pieté de voir le Sauueur du monde, & d'en estre la paranymphe.
L'autre est Iudith laquelle auoit fait faire vne chambre retirée au plus Deuotion de Iudith. haut de sa maison, où elle s'enfermoit auec ses filles, & ayant vn cilice sur ses reins, ieusnoit tous les iours de sa vie hors mis les festes, non par necessité, car son mary luy auoit laissé de grands moyens. Elle estoit encore belle à merueille, & pouuoit se faire voir ; mais elle auoit quité toutes les vanitez du monde, pour vaquer à la pieté, au seruice de Dieu, & à vne oraison continuelle : aussi Dieu se seruit d'elle pour monstrer la force de son bras, à la deliurance de son peuple tout effrayé, & à la confusion des ennemis. I'ay choisy ces deux dans l'Escriture saincte entre plusieurs autres, i'en rapporteray deux autres dont S. Hierosme fait mention, l'vne est Melania, l'autre saincte Paule.
Melania pendant vne peste à Rome s'occupant à enterrer les morts, vn Deuotion de Melania. messager luy apporta la nouuelle de la mort de deux braues fils qu'elle auoit, aucuns disent que lors qu'elle receut cette nouuelle, elle enseuelissoit 462 actuellement son cher mary : elle entendant cette fascheuse nouuelle qui sembloit capable de la faire mourir, ne fit qu'esleuer le cœur vers le ciel, puis les yeux, & enfin les mains, & tira ces paroles amoureuses du plus profond de son cœur, scio Domine Iesu quid quæris, totum scilicet amorem meum, partem habebat maritus, partem liberi, tu alteram partem, & ecce totum amorum quæris, & totum habebis. O mon Seigneur Iesus ie vous entens venir, ie sçay ce que vous demandez, vous voulez que ie vous aime de tout mon cœur, mon mary en auoit vne partie, mes enfans vne autre, & vous le reste, vous voulez le tout, la raison le requiert, ie le vous donne. Elle le dit, elle le fit, quitant le monde, & se retirant aux deserts d'Egypte, où apres auoir vescu en toute sorte d'austeritez & de saincteté, elle mourut en saincte, comme elle auoit vescu en saincte, & s'alla vnir au centre de ses amours qui estoit son amoureux Iesus.
Pieté de S. Paule.
L'autre est saincte Paule de la vie ſaincte Paulede laquelle ie feray icy vn petit abregé que ie tireray de son Epitaphe que sainct Hierosme enuoye à Eustochium sa fille. Du costé paternel elle esoit de la race d'Agamemnon. Du costé maternel elle descendoit des Scipions292: elle eut pour pere Rogatus, pour mere Blesilla : fut mariée a Toxotius, dont elle eut quatre filles, Blesilla, Paulina, Eustochium, qui fut aussi nommée Iulia, & Ruffina, & vn fils nommé Toxotius. Se voyant priuée de son mary elle se priua aussitost de l'affection des choses du monde, viuant à Rome l'espace de cinq ans en estat de vraye vefue, & auec tres-grande edification de tout le monde, puis elle quita sa chere patrie pour aller visiter les saincts lieux, & ny l'affection de ses parents & amis, ny la tendresse de son bien-aimé fils, ny les larmes de Ruffina qui estoit preste à marier, & la prioit instamment de differer son dessein iusques apres ses nopces, ne la peurent iamais attendir, ny diminuer la resolution qu'elle auoit prise de se donner entierement à Dieu ; s'oubliant qu'elle estoit mere pour se professer seruante de Iesus-Christ. S'estant donc embarquée elle visita la terre saincte, & les saincts Peres de l'Egypte, & enfin vient prendre port à Bethleem, où elle edifia quatre monasteres, vn d'hommes, & trois de filles, parmy lesquelles elle vesquit vingt ans dans l'exercice de toutes vertus, & mourut tres-sainctement. Voicy vne preuue entre plusieurs de son inuincible courage.
Comme vn iour S. Hierosme l'aduertissoit de moderer ses austeritez, & sur tout ses larmes, de peur qu'elle n'interessast sa veuë, & se rendit incapable de vaquer à la lecture, elle respondit, Il faut enlaidir la face que i'ay souuent fardée & parée, il faut affliger le corps que i'ay tant caressé ; il faut satisfaire par mes larmes, pour les ris dissolus dont ie me suis tant de fois recreée293 ; au lieu de fines toiles que i'ay cherché si curieusement pour chatoüiller ma chair, 463 il faut endosser la haire & porter le cilice. C'est là parler en vefues de Iesus‑Christ : or elle ne parla pas seulement, elle fit plus qu'elle n'auoit dit. Helas qu'il n'arriue que trop souuent qu'au lieu d'imiter ces sainctes Dames, & de s'addonner à la deuotion à leur exemple, on perd le peu de deuotion que le bon exemple & les pieuses exhortations d'vn mary allumoit au cœur d'vne femme durant le mariage : comme aussi qu'vn mary suruiuant à sa femme laisse esteindre tous les bons sentimens de Dieu, & de son seruice, que sa femme excitoit en son ame du temps de leur conjonction.
Apres l'exercice de pieté que la vefue doit à Dieu, elle doit monstrer La pieté d'vn vefue doit s'estendre enuers son mary trespassé. sa pieté enuers son mary trespassé, en l'execution de ses derniers volontez, recommandant son ame à Dieu, l'assistant par bonnes œuures, aumosnes, ieusnes, applications d'indulgences, communions, & faisant paroistre que sa fidelité n'estoit bornée dans les limites de cette vie mortelle, mais qu'- elle s'estendoit aussi loing que l'eternité. La tourterelle animal fort fidele à sa compagne, se voyant priuée de sa chere moitié, ne fait iamais alliance auec autre, mais passe le reste de sa vie en souspirs & gemissemens, dans ses plaintes & ressentimens de la perte de ce qu'elle aimoit comme soy‑mesme. C'est le symbole d'vne vraye vefue, qui doit souspirer & aspirer continuellement apres vne meilleure vie, dans le desir d'estre reünie en gloire auec ce qu'elle a aimé fidelement pendant cette vie.
Enfin la pieté de la vraye vefue doit s'estendre enuers le prochain par La pieté d'vne vefue doit s'estendre enuers le prochain. l'exercice des œuures de misericorde, c'est ce que demande S. Paul, I. ad. Timoth. 5. Vidua eligatur in bonis operibus testimonium habens, si filios educauit, si hospitio pauperes excepit, si sanctorum pedes lauit, si retributionem patientibus subministranit, si omne opus bonum subsequuta est. Qu'on rende tesmoignage de ses bonnes œuures, qu'elle a esleué ses enfans à la crainte de Dieu, qu'elle a logé les pauures & pelerins, qu'elle à laué les pieds aux Chrestiens, qu'elle a donné l'ausomosne aux pauures, qu'elle s'est exercée en toute sorte de bonnes œuures.
Les vefues doiuent fuyr l'auarice.
Dieu preserue celles qui font profession d'vne saincte viduité du malheur que S. Augustin, lib. de bono viduitatis, dit auoir remarqué par experience, sçauoir, que plusieurs vefues d'autant qu'elles retirent d'auantage leurs affections des voluptez de la chair, d'autant plus les attachent-elles aux biens du monde par vne sordide & abominable auarice. Voicy son discours : Dieu destourne de vous ce mal-heur, & vous fasse la grace de ne transporter vos affections des plaisirs à l'amour des richesses ; Dieu veuille que l'or ne possede vostre cœur, au lieu d'vn mary. Considerant comme les hommes se comportent, i'ay souuent trouué par experience que la conuoitise de la chair 464 estant domptée, celle des moyens & richesses croit. Car tout ainsi que les aueugles ont l'ouye d'autant meilleure, & reconnoissent plusieurs choses par le toucher que les plus clair-voyans ne sçauroient, la nature recompensant en vn sens ce qui manque à l'autre. De mesme souuent aduient que la conuoitise des plaisirs charnels estant reprimée, la conuoitise des richesses s'augmente, & au contraire l'auarice cessant & mourant, les voluptez renaissent. Mais donnez ordre qu'auec l'amour des voluptez, vous esteigniez l'amour des richesses, & que vous employiez en choses pieuses ce que vous possedez, afin que vostre liberalité soit plus grande en aydant les pauures, qu'en enrichissant les auaritieux. Voilà le discours de S. Augustin.
C'est aux vefues d'exercer les oeuures de misericorde.
Dieu enuoya vn iour le Prophete Elie 3. Reg. 17. en Sarephta, & luy dit : Voilà où ie veux que tu demeures, car i'ay commandé à vne vefue que tu y trouueras, qu'elle te nourrisse. Il n'y manquoit pas en cette ville de riches marchands, de gentilshommes aysez, de bons bourgeois, chez lesquels le Prophete ne pouuoit estre à charge, & pouuoit loger auec abondance de tout ce qui luy estoit necessaire ; cependant Dieu choisit vne pauure vefue entre tous, pour estre l'hostesse & mere nourrice du Prophete. Ne vous semble-il pas que c'est le bien mal pouruoir ? & que c'est vne espece de cruauté d'obliger cette pauure femme à donner ce peu qu'elle auoit, au detriment de sa personne & de ses enfans ? elle estoit quasi reduitte à l'extremité. N'importe, Dieu veut monstrer que c'est aux vefues d'exercer les œuures de misericorde : Il ne daigne souuent receuoir les biens de ces grands richards & de ces grandes Dames, d'autant que peut-estre c'est le sang des pauures, amassé par rapines, concussions & vsures, leurs mains sont toutes ensanglantées, & indignes que Dieu reçoiue quelque chose par elles, mais il est affriandé du bien des sainctes vefues.
C'est ce qui a fait dire à S. Hierosme, ad Furiam294, recordetur uidua viduæ Sareptanæ, quæ suæ & filiorum saluti prætulit famem Prophetæ, in ipsa nocte cum filio moritura, malens vitam perdere, quam eleemosynam. Que la vefue se souuienne de la vefue de Sarephta, laquelle eut plus de soin de rassasier le prophete, que sa propre personne, ou ses enfans, se mettant au hazard de mourir de male-faim elle & son fils la mesme nuict, aymant mieux perdre la vie que l'occasion de faire l'aumosne.
Toutes les vefues n'ont pas le moyen de faire de grandes aumosnes, toutes peuuent auoir la compassion des pauures, & la bonne volonté de leurs bien faire si elles en auoient les moyens : si elles ont peu qu'elles donnent peu, mais de bon cœur : qu'elles imitent la bonne vefue, laquelle ne donnant que deux petites pieces de monnoye, Luc. 21. donna plus selon le tesmoignage de celuy qui ne se peut tromper, que ces grands Messieurs, que ces 465 Dames pimpantes qui faisoient sonner l'or à poignée. Car elle donna ce qui On peut donner beaucoup en donnant rien. luy estoit grandement necessaire, & ces Messieurs & Dames ne donnoient que la moindre parcelle de leurs superfluitez. S. Ambroise parlant d'elle, lib. de Viduis, dit fort veritablement, liberalitas non cumulo patrimonij, sed largitatis definitur assectu. La liberalité ne consiste pas en la grandeur de ce qu'on donne, mais en l'affection auec laquelle on le donne. Et plus bas, vberior est nummus à paruo, quam thesaurus à maximo, vn petit denier donné par vn pauure est plus agreable que des tresors donnez par des grands : quia non quantum detur, sed quantum resideat, expeditur. Dieu ne regarde pas combien vous donnez, mais combien il vous reste. Nemo plus tribuit, quam qui nihil sibi relinquit, personne ne donne dauantage que celuy qui ne se reserue rien.
S. Paule le parangon des vefues, s'acquitoit tellement de ce deuoir de pieté, que S. Hierosme asseure qu'elle croyoit auoir faite vne perte signalée, si Liberalité de saincte Paule. elle voyoit vn pauure nud & souffreteux auoir faim, si elle ne le reuestoit ou le repassoit : voire recherchoit les pauures, fort curieusement, pour leurs bien faire. Et comme sainct Hierosme l'eust aduerty que ses aumosnes estoient indiscretes, & qu'elle mesme se pourroit bien trouuer en necessité ; C'est, dit‑elle, tout mon souhait, & le comble de mes contentemens, de mendier ma vie pour Iesus-Christ.
Heureuses les vefues qui ont des funerailles semblables à la grande aumosniere Thabita, vefue, où se retrouuent quantité de pauures pluerans, d'autant qu'ils perdent leur bonne mere nourrice. Vaut bien mieux auoir de tels obseques que ceux dont parle Dauid, Psal. 77. Viduæ eorum non plorabantur, personne ne pleuroit leurs vefues, mais au contraire plusieurs les maudissoient pour auoir accumulé tresor sur tresor, or sur or ; auoir laissé pourrir leur bled, vins, habits, plustot qu'en sustenter les membres de Iesus‑Christ, qui sont les pauures. Tels obseques vaillent incomparablement mieux que tant de pompes & magnificences, tant de sons de cloches ; mieux que de testamens pompeux, qui sont souuent plustot des témoignages de vanité, que des effects d'vne vraye pieté.
Cul de lampe.
466

Filet cadre, rayé. De la seconde qualité des Vefues qui est la prudence. CHAPITRE III.

LA seconde qualité d'vne vraye Vesue est contenue en ces paroles de Sainct Paul, I. ad Timoth. 5. Si qua vidua filios, aut nepotes habet, discat primùm domum regere, si filios educauit, si omne opus bonum subsequuta est. Si la vefue a des enfans, ou des petits nepueux, qu'elle apprenne à gouuerner sa maison, qu'elle esleue ses enfans, & s'exerce à toute sorte de bonnes œuures.
Cette qualité est vne certaine prudence qui doit accompagner ses actions & se doit faire paroistre en trois choses : la premiere au gouuernement de sa famille, la seconde à la nourriture & education de ses enfans, la troisiesme en sa conuersation auec ses voisins, parens & alliez.
Voicy le premier traict & excercice de prudence, que Sainct Paul deman La vefue doit dresser sa maison. de d'vne vefue, discat primùm domum suam regere. Qu'elle gouuerne & dresse bien sa maison. Vous en trouuerez qui passeront toute vne iournée, les sepmaines, les mois & les années en des deuotions : cependant n'ont aucun soin de leur maison, tout y va sens dessus dessous ; les seruiteurs & seruantes sont en pique l'vn contre l'autre ; il s'y passe des libertez contre l'honnesteté & bien-seance. On ne prend pas garde si Dieu y est seruy, s'il se commet beaucoup d'offences contre Dieu, si la despence qui se fait est proportionnée à la recepte, si le bien des enfans se dissipe par mauuais mesnage, en aumosnes indiscretes, en despens superflus, en prodigalitez, en meubles inutiles, en habits & bastimens excessifs.
Vne bonne vefue se laisse piper par ces endormeurs de couleuures dont parle nostre Seigneur, Matth. 23. Uæ vobis Scribe & Pharisæi hypocritæ, quia comeditis domos viduarum, orationes longas orantes. Mal-heur à vous autres, Scribes & Pharisiens, qui deuorez les maisons des vefues, trop credules, & leurs tirez toute leur substance, soubs pretexte de vos longues oraisons & deuotions, pleines d'hypocrisie, vrays escornisleurs, qui ruinent de pauures vefues par leur deuotion apparente, & cependant les pauures enfans demeurent gueux, necessiteux, & miserables : telles vefues doieunt apprendre de S. Paul que leur deuotion & longues patenostres sont indiscretes & imprudentes, & que le deuoir, apres ce qui est du seruice ordinaire de Dieu, est, primum domum 467 suam regere, sur tout & auant tout dresser bien leur maison, & ne s'en fier à quelque œconome, qui fait sa maison, & destruit celle de sa maistresse & de ses heritiers.
Secondement, la prudence d'vne vraye vefue doit paroistre en l'edu La vefue doit soigner l'e-ducation de ses enfans. cation de ses enfans, ausquels depuis la mort de son mary, elle doit seruir de pere & de mere : de pere par la verge de correction, accompagnée de discretion, & maintenant vne authorité comme paternelle enuers eux : de mere, les nourrissant auec des mammelles d'amour & de douceur, & sur tout prenant vn soin particulier qu'ils soient gens de bien, craignent & seruent Dieu.
Constance de la mere des Machabées.
Sainct Antonin, Tertia parte summæ Theologicæ titulo. 2. capitulo tertio, propose aux vefues la saincte & non iamais assez louée Machabée. 2. Machab. 7. qui exhortoit si constamment ses sept fils au martyre, & à souffrir plustot tout ce que la rage & cruauté des bourreaux pourroit inuenter, que d'enfraindre la Loy de Dieu, aymant mieux les perdre tous que de les voir offenser Dieu. Mere qui eut bien ce courage de voir ses sept enfans en vne iournée, escorchez, deschirez, demembrez, tenaillez, bourrellez295, & inhumainement martyrisez en sa presence, & cependant les encourageoit auec des paroles toutes embrasées d'vn sainct amour de Dieu & de son seruice. Le mesme Sainct Antonin represente aussi aux vefues, l'exemple de Saincte Blanche, qui n'auoit leçon plus ordinaire à faire à son fils, que de l'aduertir que iamais il ne consentit à aucun peché mortel, & disoit souuent, Soin que S. Blanche a de S. Louys son fils. mais de bon cœur, qu'elle eust mieux aymé le voir mort ; mais vn tel fils, mais vn Roy de France, que de le voir pecher mortellement, aussi en fit-elle vn S. Louys.
O que ces prudentes vefues sont mal suiuies par tant de folles & imprudentes meres, qui ne se soucient guere si leurs enfans sont gens de bien, moy-ennant qu'ils soient gens de moyens ! s'ils plaisent à Dieu, moyennant qu'ils plaisent au monde : s'ils sont sages, moyennant qu'ils soient riches : s'ils sont vertueux, moyennant qu'ils soient gros & gras & en honneur. Le soin & estude des vrayes vefues, dit S. Bernardin, tom. 4. serm. 3. est d'instruire leurs enfans en la religion Chrestienne, & à la crainte de Dieu, les faire confesser & communier quand ils seront en aage competant ; & si elles ont des filles ne les quitter iamais de veuë : si elles vont à la messe ou à la predication, les mener quant & soy, ou mal leurs en prendra.
La vefue doit procurer la paix.
Troisiemement, les vefues doiuent monstrer leur prudence, taschans de maintenir la paix & bonne intelligence en leur parenté, parmy leurs voisins & amys, non comme plusieurs qui semblent estre aux gages de celuy dont parle sainct Iean, Apocalyp. 6. Datum est illi, ut sumeret pacem de terra, & ut inuicem se interficiant, & datus est ei gladius magnus, qui a tasché d'oster la paix 468 du monde, & de faire esgorger les hommes l'vn l'autre : vrayes allumettes de discorde, vrayes boute-feux qui ne songent à autre-chose qu'à femer de la zizanie par leur langue pestifere & serpentine ; par leurs maudits rapports, qui sont comme autant de pommes de discorde qu'elles iettent malicieusement dans les familles ; Ouy autant de brandons infernaux, par lesquels elles allument les cœurs pour les consommer dans des inimitiez & malheurs eternels. Ce sont ces cheuaux de l'Apocal. c. 9.296 qui ont des testes de lions, de la bouche desquels sortoit du feu & du souffre, feu si dangereux qu'il n'en faut qu'vne estincelle pour consommer des familles entieres. Vefues qui n'ont autre estude, que de troubler la paix dans les maisons par leurs rapports & langues de serpents.
Elles deuroient imiter la bonne & prudente Thecuite, laquelle voyant Dauid en cholere contre son Absalon, ne ietta pas de l'huile dans le feu, mais Prudence de la Thecuite à appaiser Dauid. y ietta l'eau auec tant de prudence, qu'elle l'esteignit, & appaisa cet esprit qui estoit tout esmeu. 2. Reg. 14. La langue d'vne vefue sage & prudente doit nager, dit Salomon Prouerb. 31. entre le laict & le miel, mel & lac sub lingua eius: elle ne doit auoir autre loy que la clemence, lex celementiæ sub lingua eius: La langue d'vne vraye vefue com-parée à la langue du chien. elle doit estre comme la langue d'vn chien, elle ne doit s'en seruir que pour guerir les playes, & non pas comme la langue des serpens & des aspics pour faire les playes, Venenum aspidum sub labiis eorum: uenenum aspidum insanabile, playes qui souuent ne se guerissent qu'auec des torrens de sang, & auec la ruine & destruction des familles.
Voulez-vous apprendre les traits de prudence que doit auoir vne vraye vefue, d'vn grand Pape ? c'est Sainct Clement lib. 3. constitut. Apostolicarum capitulo 33. Uiduæ temperatæ, castæ, fideles, piæ: sit omnis uidua mitis, placida, proba, Que les vefues soient temperantes, chastes, fidelles, deuotes, debon Qualité des bonnes vefues. naires, douces, bonnes. Voila de belles qualitez, & des traits qui peuuent les rendre fort recommandables. Mais voicy ce dont elles se doiuent donner de garde suiuant l'aduis du mesme Pape, au mesme endroict, Malitiæ expers, Vices des mauuaises vefues. non iracunda, non laquax, non vociferatrix, non procax, non maledica, non verborum anceps, non bilinguis, non curiosa. Exempte de malice, point cholere, point languarde297, ny criarde, ny effrontée, ny mesdisante, qu'elle ne se serue de paroles à deux ententes, ne soit à deux langues, ny curieuse.
Ie prie les vrayes vefues de se souuenir de ce que dit Salomon, Prouerb. 9. Scientia Sanctorum prudentia, que la prudence est la science des Saincts, & aux Prouerb. 3. Beatus homo qui inuenit sapientiam, & qui affluit prudentia, melior est acquisitio eius negotiatione argenti & auri. Bien-heureux celuy qui a trouué la sapience, & qui a de la prudence, elle vaut mieux que ny l'or, ny l'argent car comme dit le mesme, Prouerb. 24. Domus prudentia roborabitur. La maison s'establit par la prudence : la vefue assistée de prudence 469 surmontera tous les efforts de Satan & du monde, suiuant la promesse d'Isaie 9. Non nocebunt, & non occident in uniuerso monte Sancto meo, quia repleta est terra scientia Domini. Il parle des serpents, & dit, ils ne nuiront pas, ne feront pas mourir en la saincte montagne, d'autant que la terre est remplie de la science du Seigneur. La maison de la vefue, qui est gouuernée par la science de Dieu, qui est vne saincte prudence, ne receura aucun detriment de ces serpentaux qui taschent d'infecter les maisons des vefues, mais elle se maintien-dra moyennant la grace de Dieu contre leurs entreprises.
Filet cadre, rayé.

De la troisiesme qualité d'vne vraye vesue, qui est la chasteté. CHAPITRE IV.

Moyens par lesquels la vefue peut conseruer la chasteté.
SI la chasteté doit estre vne vertu inseparable de la femme, en quel estat & condition qu'elle soit, & si la femme mariée, parmy les delices du mariage, doit estre chaste, à plus forte raison la vefue de Iesus‑Christ, doit aymer la chasteté, la practiquer, & se la rendre familiere, puis qu'elle en fait particuliere profession. Or iamais elle ne sera chaste, dit S. Hierosme, si elle n'est humble en ses habits, temperante en sa bouche & retenue en sa maison.
La chasteté est la couronne des vefues.
Les Romains au rapport de Valere le Grand lib. 2. c. I. donnoient vne couronne de chasteté aux vefues qui proposoient de ne se remarier, pour monstrer que la principale gloire & honneur des vefues gist en leur pureté, laquelle leurs doit seruir de couronne & de guirlande, où il n'y doit auoir aucune defectuosité, aucune tache, non pas mesme le moindre ombre de soub-çon contrariant à la chasteté.
La palme femelle se seiche, la masle qui estoit auprés estant couppée.
S'il y a deux palmes en vn iardin, plantées l'vne proche de l'autre, l'vne masle, & l'autre femelle, & que vous couppiez ou arrachiez la masle, la femelle en trois ans deuient sterile. Auez-vous perdu vostre compagnie, vous resoluez-vous de viure seule, & de n'auoir desormais autre espoux que Iesus-Christ ? Il faut vous resoudre par mesme moyen à deuenir sterile des La vefue doit euiter la su-perfluité d'habits. plaisirs de la chair : que si vous estes pompeuse, pimpante & piaffante en vos habits, souuenez-vous qu'il y a vne grande affinité entre le luxe & la luxure ; si vous estes braue, c'est pour voir, & pour estre veuë ; si vous vou 470 lez voir, & estre veuë, il est mal-aysé que vous ne conuoitiez, & ne soyez conuoitée : que si vous desirez porter la couronne de chasteté dans son iour & son lustre, allez honnestement habillée, sans fard, sans curiosité, modestement voilée, non la teste au vent comme vne biche : mais les yeux baissez & pudiques, non hagards & lascifs. Car comme dit sainct Aug. Impudicus oculus, impudici cordis nuntius, l'œil qui est impudique est le messager d'vn cœur impudique : & le Sage, Eccle. 16. Fornicatio mulieris in extollentia oculorum, l'impudicité d'vne femme paroit en la liberté de ses yeux.
S. Hierosme parle aux vefues vaines & curieuses escriuant à Saluia298, Epist. 9. & en la personne de cette vefue reprent la superfluité de plusieurs autres, voicy son discours, donnons luy audience : vous qui auez enterré auec vostre mary toutes les voluptez, vous qui auec vos larmes auez effacé sur son cercueil le fard de vostre face, vous qui auez changé vostre robbe blanche, & vos brodquins299 dorez en vn habit noir & de deuil, vous n'auez plus besoin d'autre chose que de ieusne. Vos pierres precieuses, vos perles desormais sont la couleur palle & les ordures, il faut quitter les habits mollets, & ne point eschaufer vostre sang, encore boüillant de ieunesse, par la de-licatesse des bains.
Quel doit estre l'habit des vefues.
S. Fulgence leurs fait vne belle leçon, Epist. 2. ad Gallam de statu viduarum La voicy : si les sainctes Dames, quoy que mariées, ne doiuent se parer de ioyaux, mais de mœurs, & si leur ornement doit estre plustot en leur humilité, qu'en leur habit : qu'elle doit estre l'habit & le marcher d'vne vefue qui ne cherche plus de complaire à vn mary & à vn homme, mais à Iesus Christ ? puis il conclud, habitus talis sit qui non ad lasciuiam excitet, sed ad continentiam prouocet: qui non alliciat ad libidinem, sed copmrimat ad timorem: qui non accendat carnis concupiscentiam, sed extinguat. Que l'habit des vefues soit tel, qu'il n'attire pas à la lasciueté, mais incite à la continence : qu'il n'alleche pas à la lubricité, mais cause vne saincte crainte : qu'il n'allume pas la concupiscence de la chair, mais l'esteigne.
C'est ainsi que se paroit la chaste Iudith, estant plus soigneuse d'estre parée de vertus que d'habits ; de modestie, que d'affronterie : de pudeur que d'imprudence. C'est ainsi qu'en faisoit la bonne & honneste Noemi, laquelle se voyant reduite à l'estat de viduité, disoit, ne m'appellez plus Noemi qui signifie belle, la beauté estoit pour plaire à mon mary, les parures estoient pour entretenir & conseruer son affection, appellez-moy amere, i'ay enseuely auec mon mary les douceurs de la vie, les plaisirs du corps, les curiosités des habits : mon dost n'est plus que l'amertume & le mespris de mon corps.
Vefues de Iesus-Christ, voulez-vous viure conformement à vostre pro 471 fession ? laissez le soin de la beauté du corps aux mariées, soignez la beauté de l'ame. Les hommes ne voient que celle-là, Iesus-Christ vostre espoux ne fait estat que de cette-cy, omnis gloria filiæ regis ab intus: toute la beauté des espouses de Iesus Christ est au dedans.
Le second moyen que S. Hierosme donne aux vefues pour estre chastes, La vefue doit estre temperante pour estre chaste. est d'estre temperantes en la bouche, puis que comme dit l'Apostre, vidua quæ in delicijs est, viuens mortua est, I. Timoth. 5. La vefue qui s'addonne à faire bonne chere vit selon le corps, mais enseuelit la vie de l'ame dans les delices & dans la gourmandise. S. Ambroise, lib. de Viduis, parlant de la saincte vefue Anne la Propehetesse, dont sainct Luc faict mention c. 2. dit, cuius diuersorium erat in templo, colloquium in prece, vita in iciunio. Le lieu où elle hantoit estoit le temple, son parler estoit l'Oraison, & sa vie estoit le ieusne : telle estoit la vie de la saincte Iudith. Et le moyen qu'vne femme bien nourrie, qui boit d'autant & du meilleur, soit chaste ? Iudith pour se maintenir dans la pudicité, habebat super lumbos suos cilicium, & ieiunabat omnibus diebus vitæ suæ, præter Neomenias & Sabbatha. Au lieu de fine toile elle portoit vn rude cilice, au lieu de friands morceaux, elle ieunoit toute sa vie horsmis les festes, & vous voulez estre chastes estant gourmandes & bien couchées ?
C'estoit vne infamie anciennement aux Dames Romaines de boire du vin : car comme ainsi soit que l'honneur d'vne femme consiste en la pudicité, ils croyoient que c'estoit chose impossible d'estre chaste & amatrice du vin.
Pline. lib. 14. c. 13. rapporte que Egnatius Mecennius tua sa femme à Femmes punies pour auoir beu du vin. coups de baston, d'autant qu'elle auoit beu du vin au tonneau, & Romulus luy donna grace de cet homicide300. Fabius Pictor en ses annales raconte que les parens d'vne certaine matrone la firent mourir de faim, d'autant qu'on trouua qu'elle auoit les clefs de la caue dans quelques cachettes. Caton voulut que les proches parens donnassent le baiser aux femmes par salutation, pour connoistre si elles sentoient le vin. Cneus Domitius condamna vne Loy contre les femmes qui boiuent du vin. femme pour auoir beu du vin à l'insceu de son mary, & la priua de son dot. Plin. 301
Alcimus Siculus (In Italica historia apud Athenæum) dit que Faunus Roy de Latium fit mourir sa femme Fatua à coups de foüet d'autant qu'elle Femmes addõnées au vin tenues comme adulteres. auoit beu vne cruche de vin en cachette. Romulus auoit fait cette Loy, SI VINVM BIBERIT DOMI, VTI ADVLTERAM PVNIVNTO. La femme qui boira du vin en sa maison, soit punie comme adultere. Et pourquoy comme adultere ? sinon d'autant qu'on peut presumer qu'vne femme addonnée au vin n'est pas chaste.
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N'est-ce pas ce que dit S. Paul ad Ephes. 5. Nolite inebriari vino, in quo est luxuria, donnez-vous de garde du vin, qui contient la luxure. Et Salomon Prouerb. 20. Luxuriosa res est vinum. S. Chrysostome confirme tout ce que dessus, expliquant ces paroles de S. Matth. I. Cum esset desponsata mater eius maria. Où il dit, Omnis mulier quæ vinolenta, & comessatrix est, eadem quoque meretrix est. Toute femme addonnée au vin & à son ventre est impudique. Et comme me persuaderez-vous qu'vne vefue qui est addonnée au vin soit vefue de Iesus‑Christ & chaste ? Partant si toutes les femmes doiuent s'en garder, sur toutes les vefues, pour conseruer l'honneur d'vne vraye viduité.
Les Dames Ro-maines ne beuuoient point de vin.
S. Hierosme, ad Furiam302 dit, Quidquid fœminarum voluptatis est, venenum puta. Toutes delices en vne femme, autant de venin en l'ame : mais sur tout le vin : le mesme S. Hierosme nous asseure que saincte Paule, quoy que malade à la mort, ne voulut iamais boire du vin, elle sçauoit trop mieux, que les friands morceaux, que les vins delicats, que les licts mollets sont autant d'huile, de poix, de graisse, de souffre, d'estoupes, d'allumettes pour attiser le feu de la concupiscence.
Sobrieté de Iudith.
S. Ambroise lib. de Viduis, Aduertitis quantum nocere possit mulieribus obrietus? quando viros vina sic soluunt, vt vincantur à fœminis. Esto igitur vidua temperans, casta primùm à vino, vt casta possis esse ab adultero, nequam te ille tentabit, si vina non tentent, nam si Iudith bibisset, dormisset cum adultero. Sed quia non bibit, haud difficile ebrios exercitus, vnius sobrietus, & vincere potuit & eludere. Voyez-vous combien l'yurognerie peut nuire aux femmes ? puis que le vin reduit les hommes à tel point, qu'ils sont surmontez des femmes. Partant que la femme vefue soit temperante, & qu'elle se garde du vin, si elle veut se garder de l'homme adultere, la tentatino duquel n'aura aucun pouuoir sur elle, si le vin n'en a point. Si Iudith se sust enyurée, elle se fust abandonnée à Holofernes : mais parce qu'elle ne beut, elle surmonta aysement par sa sobrieté, quoy que seule, les armées entieres enyurées, & se mocqua d'elles.
S. Fulgence, Epist. 2. c. 14. à ce propos fait vn excellent discours parlant de Iudith : La chasteté, dit-il, sort en champ de bataille pour combatre la lubricité : la saincte humilité marche pour renuerser la superbe : Holofernes combatoit auec des armes de fer & d'acier, Iudith auec le ieusne : luy auec l'yurognerie, elle auec l'oraison : & auec ces armes elle fit ce que tout le peuple d'Israel non seulement n'auoit peu faire, mais n'osoit esperer. Cette saincte vefue fortifiée par la chasteté trancha la teste au General d'vne si gran-de armée, & rendit la liberté au peuple contre toutes ses esperances. Voila ce que peut la chasteté, mais secondée de l'humilité, de la deuotion, & de la sobrieté.
La vefue doit garder sa maison.
La vefue pour estre chaste doit estre retenüe en sa maison, & point trottiere303, c'estoit vn des moyens dont se seruoit Iudith, viro mortuo in superiori 473 parte domus suæ fecit sibi secretum cubiculum, in quo cum puellis clausa morabatur. Son mary estant mort, elle fit faire vne chambre au haut de sa maison, esloignée de toute conuersation, où elle estoit enfermée demeurant auec ses filles. Iudith 8.
Tandis que Thamar vefue demeura en sa maison, elle fut femme de bien ; se trouuant sur les grands chemins, elle fut tenue pour vne publique, fut sollicitée, & perdit son honneur. Anne la prophetesse ne sçauoit autre chemin que celuy du temple. Dés qu'vne vefue commence à conuerser, elle est obligée de voir, & d'escouter beaucoup, & toutes ces veuës, & tous ces discours luy farcissent l'esprit de mille fantaisies & imaginations, qui reueillent & renouuellent les idées passées. Elle est obligée de parler à son tour & de deueir du nombre de ces vefues dont parle S. Paul. I Timoth. 5. Otiosæ, verbosæ, & curiosæ, loquentes quæ non oportet, oyseuses, parleuses, curieuses, disans ce qu'il ne faudroit pas.
Trois biens communs aux femmes.
S. Paul en ces paroles remarque trois vices qui sont assez communs aux femmes, mais que les sainctes vefues doiuent euiter. Le premier, c'est l'oisiueté, car s'estant accoustumées à ne point trauailler, tout leur temps se passe en fables, ris, & badineries : & pour trouuer occasion de passer le temps, elles prennent le pretexte des visites de charité, & vont de maison en maison, & passent les iournées entieres sans rien faire, & souuent la premiere pensée qu'elles ont le matin, & le premier poinct de leur meditation, est de songer où elles iront cette iournée-là. Le second est de parler beau coup, & ce vice suit aysement de l'autre ; car il faut s'entretenir, faire pa-roistre qu'on a de l'esprit, ne ceder aux autres en discours. Et d'autant que d'ordinaire elles n'ont pas beaucoup de discours serieux & solides, elles sont curieuses recherchans ce qui se fait aux maisons de leurs voisins, & s'entretenans des bruits & de vaulx de ville304. Enfin le troisiesme est de dire ce qu'il ne faudroit pas, parlant par soupçon, auec iugement temeraire, disans tout ce qu'elles pensent, & qui leurs vient en bouche, & n'espargnans souvent ny les viuans ny les morts, qu'elles noircissent par leurs vains, curieux & iniustes discours.
La maison d'vne vraye vefue ne doit estre ouuerte à toute sorte de visites.
Il y en a qui croient estre fort retenues, & auoir satisfait au deuoir d'vne bonne vefue gardans leur maison exactement, s'abstenans de toute visite actiue, mais cependant elles reçoiuent toute sorte de visite, leur maison est ouuerte iour & nuict, elles en sont vn berlan, ce ne sont que ieux, que danses, que balets, que violons, que balladins, que badins. Vous y voyez quantité de valets poupins, frisez, iolis, pouldrez, parfumez, & vous voulez qu'on tienne cette maison pour le temple & domicile de pudicité ! arriere, arriere tout ce qui peut donner soupçon du contriare. Tenera res in fœmina fama pudicitiæ, & quasi flos pulcherrimus citò ad leuem marcescit aurum, maximè 474 vbi ætas consentit ad iudicium, & maritalis deest authoritas, cuius umbra tutamen est vxoris, dit S. Hierosme ad Saluiam305, c'est vne chose delicate aux femmes que l'opinion & la renommée de leur pudicité, c'est comme vne fleur laquelle à la moindre haleine se flestrit, principalement lors que l'aage donne occasion de soupçon, que l'authorité d'vn mary n'y est plus, l'ombre duquel est la defense de la femme.
Les oyseaux qui s'esleuent de terre sont en asseurance contre les lacets, & ont ordinairement le plumage net : ceux qui ne font que marcher par terre sont souuent attrapez, & sont chargez de bouë : les vefues qui s'esloignent de la conuersation des hommes terrestres & charnels, ne tombent pas aysement aux pieges des tenations, ny dans les lacets de la lubricité, celles qui se trouuent souuent aux compagnies des muguets306 & charnels, sont aysement enlacées.
Belles paroles de sainct Hierosme, Epist. 85. Quid facis vidua inter fa mulorum multitudinem, & inter ministrorum greges? caueas quicquid de te fin-gi potest: non ambulet iuxta te calamistratus, non histrio fractus in fœminam, non cantoris diabolici venenata dulcedo, non inuenis cultus & nitidus, nihil artium scenicarum, nihil tibi in obsequijs molle iungatur: habeto tecum viduarum & virginum choros, habeto tui sexus solatia. Il fait beau voir vne vefue parmy vne multitude de valets ? donnez vous de garde de tout ce qui pourroit donner occasion de mal penser de vous: qu'on ne voye point de ces frisez auprés de vous : point de farceurs effeminez, point de chantres diaboliques, qui empoisonnent par l'oreille : point de ieune homme bien peigné & ioly, point de plaisanteurs ny de comediens : n'ayez rien d'affecté ny de mollace à vostre seruice, ayez auec vous des vefues & des vierges, que vostre compagnie soit de vostre sexe.
Cul de lampe, une tête de diable entouré de fruits.
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Filet cadre, rayé. Exemples d'aucunes vrayes vefues. CHAPITRE V.

Exemples d'aucunes vrayes vefues.
IL ne faut pas icy s'imaginer que ce pourtrait & image des vefues que ie viens de representer soit vne idée de Platon, qui consiste en la seule imagination, & qui ne puisse se mettre en pratique : on trouue des vefues par centaines, qui ont effigié ces belles & releuantes qualitez en leurs mœurs & personnes, & se sont rendues recommandables & admirables à tout le monde ; & sans parler d'Anne la Prophetesse, de Iudith, de saincte Paule Romaine, de Blesilla, de Melania, illustres par les escrits de sainct Hierosme, qui a ecsrit leurs vies, mais beaucoup plus par leurs signalées vertus, en voicy quelques autres que ie vous representeray.
Euphrasia braue vefue.
L'vne est Euphrasia Romaine, laquelle ayant esté laissée vefue fort ieune & riche, fut recherchée par l'Empereur307, mais elle prefera la viduité à la couche imperiale ; le mespris des choses mondaines aux cou-ronnes & aux sceptres : toutes les caresses qu'elle pouuoit pretendre dans l'Empire n'eurent pas assez de pouuoir pour l'empescher de quiter tout, pour se retirer dans les deserts de la Thebaïde, où elle vesquit en Ange, & mourut en Archange.
Constãtia.
Vous auez vne Constantia fille de l'Empereur Constantin, qui fut si efficace par ses persuasions auprés de Gallicanus son mary, General de toute l'armée, que non seulement elle le fit Chrestien, mais luy fit faire vœu de continence, apres lequel il s'addonna entierement au seruice des pauures, & couronna toutes ses bonnes œuures de la glorieuse couronne du martyre, souz Iulien l'apostat308.
S. Elizabeth fille du Roy de Hongrie fut laissé vefue fort ieune, & ne voulut plus auoir autre entretien que le seruice de Dieu & le soin des pauures & des malades.
S. Brigitte tres-noble vefue ne voulut iamais entendre à se remarier, s'occupant à visiter les Saincts lieux de Rome & de Hierusalem, & à fonder plusieurs Monasteres, & faire autres merueilles.
Olympias.
Olympias toute ieune, apres deux ans de mariage auec Nebridius 476 gouuerneur de Constantinople, ne voulut iamais admettre autres recherches. L'Empereur Theodose fit tous ses efforts pour la marier à Elidius son proche parent & grand Seigneur, mais elle luy dit : Si mon Dieu & souuerain Empereur eust voulu que ie passasse ma vie auec vn homme, il ne m'auroit osté celuy qu'il m'auoit donné : en me l'ostant il ma deliurée des embarras du mariage, & m'a chargée le doux joug de continence ; ie le porteray le reste de mes iours, ainsi elle s'addonna toute entierement au seruice du temple & des pauures, & à l'exercice d'autres bonnes œuures.
Marcella Romaine, vefue apres sept mois, estant recherchée de Cerealis Marcella. Consul, tant à cause de sa florissante ieunesse, comme pour son illustre extraction, rare beauté, & vertus admirables : mesme il luy promettoit qu'il la tiendroit non seulement comme sa femme, mais encore comme sa fille, & qu'estant ja vieil il la feroit son heritiere. Sa mere Albina luy faisoit toute instance pour accepter ces offres, luy remontrant que c'estoit l'honneur & l'appuy de sa famille : mais elle respondit, Si ie voulois me marier & non pas faire profession d'vne perpetuelle continence, ie chercherois vn mary, non de l'or, ny de l'argent, ny vne succession : elle demeura donc dans sa viduité, s'addonnant entierement à la deuotion & au seruice de Dieu.
Galla fille de Symmachus, Consul Romain, apres vn an de mariage Galla. estant deuenue vefue, fut importunée de tous ceux de sa connoissance de se remarier. Les medecins entre autres l'asseuroient, que si elle ne le faisoit, qu'à cause de sa complexion boüillante elle deuiendroit barbuë : Comme de fait il arriua, elle prefera l'estat de viduité à tout ce qu'on luy pouuoit faire & d'offres, & de menaces, ne se souciant d'aucune difformité qui luy peust aduenir, moyennant qu'interieurement elle aggreast à Dieu son espoux : donc incontinent apres la mort de son mary elle quitta l'habit du monde, se rendit Religieuse en vn monastere proche de l'Eglise S. Pierre, viuant en grande deuotion & simplictié plusieurs années, & faisant de grandes aumosnes. Dieu pour la recompenser de tant de bonnes œuures, & les combler d'vne grande patience, luy enuoya vn chancre à la mammelle qui luy donnoit bien de l'exercice309. Elle auoit coustume d'auoir tousiours la nuict deux chandelles allumées deuant son lict, d'autant qu'elle estoit extremement amoureuse de lumiere, & auoit les tenebres en horreur, non seulement les spirituelles, mais encore les corporelles. Comme vne nuict elle estoit couchée extremement trauaillée de son chancre, elle apperceut S. Pierre au milieu des deux luminaires, au deuant de son lict. Tant s'en faut que cette vision l'espouuantast, au contraire pleine d'asseurance & d'vn sainct amour luy dit, Et quoy mon bon Seigneur, mes pechez 477 me sont-ils pardonnez ? Ouy ma fille, luy dit S. Pierre, ils le sont, n'en dou Heureuse mort de Galla vefue. tez pas, venez auec moy. Elle repartit, ie vous prie que ma sœur Benoiste (c'estoit vne religieuse du mesme Monastere, qu'elle aimoit grandement) soit de la partie. Non, dit S. Pierre, mais ce sera vne telle, & luy en nomma vne autre, & Benoiste vous suiura dans trente iours, puis disparut : incontinent elle fit prier sa superieure de la vouloir visiter, luy raconta tout ce qu'‑elle auoit veu, & le troisiéme iour elle mourut sainctement auec celle qui auoit esté nommée, & Benoiste le trentiéme iour, Greg. lib. 4. Dialog. c. 13. anno 504. Fulgentius, Epistola ad Gallam.
La France a eu & a encore pour le present quantité de semblabes vefues, qui apres la mort de leurs marys ont quitté toute mondanité pour viure dans vne simplicité & modestie de vefue, aucunes mesme pour viure souz l'obeyssance comme simples Religieuses dans des monasteres, il s'en voit encore auiourd'huy.
Clotilde vefue de Clodouée Roy de France, apres la mort du Roy son Clotilde vefue. espoux, passa le reste de ses iours à Tours en l'Eglise de S. Martin, y seruant auec vne grande pudicité, modestie, douceur & humilité.
Elizabeth, vefue de Charles neufuieme dans vne vigoureuse ieunesse, Elizabeth vefue de Charle 9. estant recherchée des plus grands Monarques du monde, respondit qu'apres estre vefue de Charles de France, il ne luy restoit plus rien que d'auoir Iesus-Christ pour espoux, & passa le reste de sa vie parmy des religieuses, qu'elle auoit fondées. Il y a tout plein de semblables exemples, & semble qu'autrefois c'estoit le propre des Reines & grandes Princesses d'en faire ainsi.
L'Allemagne n'en manque point, ie n'en rapporteray qu'vne de plusieurs, qui est Cunegunde, femme de Henry second Empereur, son mary Cunegonde. estant mort elle ne manqua à aucun deuoir qu'elle peust rendre à son ame pour son soulagement, soit d'oraisons, soit d'ausmones, soit de messes & autres : & le iour du bout de l'an, fit dedier vne Eglise qu'elle auoit fait bastir, quitta tous les ornemens d'Emperiere, prit l'habit de religieuse en vn monastere qu'elle auoit fondé, auec resolution d'y seruir les religieuses, où elle persista quinze ans, au bout desquels mourant, & voyant qu'on preparoit des habits & ornemens imperiaux pour sa pompe funebre : Non, non, dit-elle, ie ne l'entens pas ainsi, ces habits magnifiques ne sont pas miens, ils sont estrangers, ce sont ceux auec lesquels i'ay esté mariée & alliée à vn espoux terrestre, voicy ceux (dit-elle) monstrant son pauure habit de religion, qui m'ont joinct à vn espoux celeste. Ie suis sortie nue du ventre de ma mere, ie retourneray volontiers en la mere commune toute nuë. Des grandeurs & superfluitez du monde ie ne desire emporter autre chose que ce pauure hait, dans lequel Dieu me fait la grace de mourir ; ie vous prie d'en enueloper 478 ma miserable carcasse, & de mettre mon corps proche du tombeau de mon frere, & Monseigneur Henry Empereur, qui m'appelle, & ayant dit ces paroles rendit sa beniste ame à son Dieu. Ex Adelberone Episcopo 6. Traie-ctensi: Baron. tom. 2. anno 1024. 1025. 1040310.
Qui a donné les forces à tant de sainctes vefues pour viure en terre vne vie si celeste ? Pour surmonter l'infirmité de leur sexe par des actions si heroiques ? Pour mener vne vie de Seraphin dans vn corps de chair & de bouë ? C'est le pere & protecteur des vefues : c'est luy qui a fait vne Amazone d'vne Iudith. Vn Seraphin d'vne Anne, des Anges & Archanges de celles que nous auons raconté, & de tant d'autres qui les ont imité : mais quel en a esté le motif ? Sans doute celuy qui a acquis à Iudith vne si grande gloire : motif que l'Escriture saincte a voulu qui nous fut connu. Eò quod castitatem amaueris, & post virum tuum, alterum nescieris, ideo & manus Domini confortauit te, & ideo eris benedicta in æternum. Pour autant que tu as aimé la chasteté, & qu'apres la mort de ton mary tu n'en as point pris d'autre, la main de Dieu t'a fortifié, & tu seras beniste à iamais.
Filet cadre, rayé.

De l'honneur qu'on doit aux vefues. CHAPITRE VI.

Faut honorer les vefues.
LE commandement d'honorer les vefues est exprés I. Timoth. 5. Honora viduas, quæ vere viduæ sunt, honorez les vefues qui sont vrayemẽt vefues. S. Hierosme explique ces paroles, quæ vere viduæ sunt, qui sont depourueuës de secours, qui ne peuuent gaigner leur vie, qui sont pauures, qui sont vieilles, qui ont mis toute leur esperance en Dieu, & qui n'ont autre soin que de le seruir, autre occupation que de le prier.
Tout ainsi que l'honneur qu'on doit à pere & mere ne consiste pas à des complimens, à des bonnetades, ny à des reuerences exterieurs, mais à vne assistance & secours en leur necessité & besoin : aussi l'honneur que S. Paul entend qu'on defere aux vefues, gist principalement à les secourir en leur besoin: honos in scriptura non tam in salutationibus deferendis, quam in elcemosynis & munerum oblatione seruitur, dit S. Hierosme in 13. Matth.311 L'honneur és Escritures sainctes ne consiste pas tant à des reuerences exterieures, comme à des aumosnes & à des presens.
479 En quoy consiste l'honneur qu'on doit aux vefues.
Ie reduiray l'honneur qu'on doit aux vefues à quatre points. Le premier est de les assister en leur pauureté, & c'estoit jadis la coustume que les vefues qui ne pouuoient trauailler fussent nourries des moyens des Prelats. I. Timoth. 5. Si quis fidelis habet viduas, subministret illis, ne grauetur Ecclesia, & his quæ vere viduæ sunt, sufficiat. Si quelque fidele a des vefues en sa famille & a On doit assister les vefues en leur pauureté. dequoy leurs donner qu'il les assiste, afin que l'Eglise n'en soit chargée, & que les vefues qui n'ont point d'autre assistance que de l'Eglise, ne soient fraudées d'autant.
Au commencement de l'Eglise, l'Eglise n'estoit pas si riche comme elle est maintenant, & cependant on nourrissoit les vefues des biens de l'Eglise : & maintenant que par la liberalité des fideles les biens sont si fort accreus, les vefues sont abandonnées, & souuent les biens qui deuroient estre pour leur entretien sont pour des chiens, des oyseaux, des cheuaux, & des louues. Voyez le soin que Dieu a eu de l'entretien des vefues, Deuter. 24. Cum mes Le soin que Dieu a des vefues, & de leur nourriture. sueris segetem tu agro tuo, & oblitus manipulum reliqueris, non reuerteris vt tollas illum, sed aduenam & pupillum, & viduam auferre patieris, vt benedicat tibi Dominus Deus tuus in omni opere manuum tuarum. Lors que tu feras la moisson en ton champ, & que par oubliance tu auras laissé vne iauelle, tu ne retourneras pas pour l'enleuer, mais tu la laisseras pour l'estranger, pour l'orphelin & la vefue, afin que Dieu benisse toutes les œuures de tes mains. Voilà comme en faisoit le charitable & misericordieux Booz, qui tout exprés laissoit des espis, afin que Ruth les remassast apres les moissonneurs, pour la nourriture de la bonne Noemi vefue, autrefois riche, & reduitte à la pauureté.
Pourquoy croyez-vous que nostre Seigneur est piqueé de compassion, voyant la pauure vefue de Naim toute desolée sur la mort de son fils ? Pourquoy le resuscite-il sans en estre requis ? sinon pource que cet enfant estoit tout le secours, assistance & consolation de sa mere, & pour nous enseigner comme nous deuons secourir les vefues en leurs necessitez, mesme auant que d'en estre priez, par vne certaine tendresse que nous deuons auoir pour elles, à raison de leur condition & estat digne de toute sorte de compassion & d'assistance. Que si cette obligation s'estend enuers tous ceux qui le peuuent faire, il n'y a nul doute que les Prelats & Ecclesiastiques n'y soient spe-cialement obligez, comme ceux qui doiuent estre les protecteurs & conso-lateurs des vefues.
Faut visiter les vef-ues en leurs afflictions.
Le second poinct de l'honneur qu'on doit aux vefues est de les visiter en leurs afflictions suiuant le precepte de S. Iacques c. 1. Religio munda & immaculata apud Deum & Patrem, hæc est, visitare pupillos & viduas in tribula-tione eorum, & immaculatum se custodire ab hoc seculo: la religion pure & sans macule deuant Dieu le Pere, est de visiter les orphelins & vesues en leur 480 affliction, & ne se soüiller dans le monde. C'est le bon office que nostre Seigneur rendit à la vesue de Naim, la visitant pour resusciter son fils.
Pourquoy N. Seign. resuscite le fils de la vefue de Naim sans en estre prié?
Remarquez que de trois morts que nous lisons auoir esté resuscitez par nostre Seigneur, il est prié de ce faire pour deux, sçauoir pour le fils du Prince de la Synagogue, & ce par son pere, homme marié : pour le Lazare, en estant requis par Marthe sa sœur, vierge ; mais il resuscite le fils de la vefue, sans en estre prié, de son propre mouuement, pour nous enseigner que l'estat des vefues doit feruir de motif à nostre charité pour les assister, sans qu'il soit necessaire d'attendre les prieres. N'est-ce pas pour la mesme raison que Dieu enuoye le Prophete Elie à la pauure vefue de Seraphta. 3. Reg. 17. pour l'assister en sa grande necessité ? Et Elisée à vne autre.
Aucuns visitent les vefues pour les attirer au mal & les perdre; d'autres pour les escornisler & les deualiser : Dieu veut qu'on ayt égard particulier à elles, & à leur condition : voyez la loy qu'il fait, Deuter. 24. Non accipies loco pignoris, viduæ vestimentum: Tu ne prendras pas pour gage l'habit de la N'estoit aucunement loisi-ble de prẽ-dre à vne vefue aucũ habit pour gage. vefue. Lyranus là dessus dit qu'il n'estoit loisible de prendre pour gage à qui que ce fust le jour, l'habit qui luy estoit necessaire pour pour le iour ; ny la nuict, la couuerture qui luy estoit necessaire pour la nuict : que si de iour on prenoit pour gage la couuerture de nuict, falloit la rendre la nuict approchante : & si on prenoit la nuict, l'habit necessaire pour le iour, falloit le ren-dre pour s'en seruir de iour : au reste on pouuoit bien prendre pour gage vn habit non necessaire : les vefues estoient toutefois priuilegiées, & n'estoit nullement permis de prendre d'elles aucun habit pour gage : mais tout ce qu'elles ont, & comme dit nostre Seigneur, pour manger leurs maisons, Comedunt domos viduarum, Matth. 23. on les ruyne, & quelques fois souz pretexte de deuotion ; d'autres par vraye rapine, d'autre par des concussions & procés inuistes.
Le troisieme poinct de l'honneur qu'on doit aux vefues, est de les conso Faut consoler les vefues. ler : Iob s'acquitoit parfaitement de ce deuoir qui dit, c. 29. Benedictio perituri super me veniebat, & cor viduæ consolatus sum. I'assistois ceux qui estoient abandonnez, & i'ay consolé la vefue. Le vray consolateur des vefues est Dieu. 1. Timoth. 5. Quæ verè vidua est, & desolata, speret in Deum. La vefue qui est abandonnée de tout le monde, & desolée mettre son esperance en Dieu, qui luy seruira de paraclet, de pouruoyeur, de pere, de mary, de tout.
Nostre Seigneur dit à la vefue de Naim, noli flere: m'amie ne pleurez pas, c'est pour la consoler : & non content des paroles vient aux effets, & resuscite son fils. Il y est obligé par ses promesses, Non despiciet, Dominus preces pupilli, nec viduam, si effundat loquelam gemitus: nonne lachrymæ viduæ ad maxillam descendunt, & exclamatio eius super deducentem eas? Eccli. 35. Dieu ne mespri 481 sera pas la priere de l'orphelin, ny de la vefue, d'autant qu'il les a pris en sa speciale protection, l'vn comme estant destitué de pere ; l'autre de mary, & partant il les escoute, les assiste, les console, principalement lors que leurs prieres sont accompagnées de larmes & de souspirs. Deuter. 10. Facit iudicium pupillo & viduæ, il est le iuge des orphelins & des vefues, Ps. 145. Dominus custodit aduenas, pupillum & viduam suscipiet, il est leur gardien, Psal. 67. Pater orphanorum, & iudex viduarum: il est leur pere. Psal. 9. Tibi derelictus est pauper, orphano tu eris adiutor, c'est leur aide & secours.
Les vesues doiuent mettre leur confiance en Dieu.
Iudith le sçauoit bien, lors qu'elle s'addressoit à Dieu auec tant de confiance, & luy disoit, subueni quæso te, Domine Deus mihi viduæ, Iudith. 9. Mon seigneur & mon Dieu, qui faites profession d'estre mary, pere, tuteur, protecteur, consolateur des vefues, assistez moy. Partant les vefues doiuent auoir recours à Dieu par l'oraison en toutes leurs afflictions : c'est le precepte que leurs donne S. Paul. I. ad. Timoth. 5. Instet obsecrationibus, & orationibus nocte & die, qu'elle prie iour & nuict. Quelqu'vn appelle l'oraison le mary des L'oraisõ, le mary des vefues. vefues, peut-estre d'autant que Dieu est obligé par leurs oraisons de se comporter enuers elles comme s'il estoit leur mary. L'oraison esoit le mary de la bonne Anne prophetesse, Luc. 2. Quæ non discedebat de templo obsecrationibus seruiens nocte & die, elle entretenoit ce mary iour & nuict. Escoutons parler Le Sage à ce propos, nonne lachrymæ viduæ ad maxillam descendunt, & exclamatio eius super deducentem eas? à maxilla enim ascendunt vsque ad cœlum & Do-minus exauditor non delectabitur in illis. Les larmes qui tombent des yeux des vefues sont autant d'auocates qui montent iusques au ciel, & obligent Dieu d'en prendre la protection & defense contre tous & enuers tous ceux qui les attaquent : il fera bien paroistre par le chastiment qu'il prendra de ces temeraires, qu'il ne prend point de plaisir à l'oppression qu'on fait aux vefues.
Non seulement Dieu prend immediatement la protection des vefues, mais aussi il entend que ceux qu'il a estably en ce monde comme ses lieu Les lieutenans de Dieu doiuent auoir soin des vefues. tenans le fassent. S. Paul escriuant à Timothée, dit, viduas honora, honorez les vefues : la Glosse sur ces paroles adjouste, sumptibus Ecclesiæ sustentando, & solatijs fouendo, les entretenant aux frais de l'Eglise & les consolant. Il veut donc que l'Eglise son espouse, que les Prelats ses lieutenans, prennent vn soin particulier des vefues, les nourissans & consolans.
Conformement à cecy, & au sentiment de Gelase Pape, dist. 87. c. I. est ordonné aux Euesques d'auoir vn soin special des vefues, de les prendre sous leur defense & protection : voicy les propres paroles du Canon, viduis & orphanis Ecclesiæ præsidium implorantibus, Episcopi debent adesse, & contra improboborum violentias protectionis patrocinium eis negare non debent. Les Euesques 482 ne doiuent pas delaisser les vefues & orphelins qui ont recours à l'assistance de l'Eglise, ains les doiuent defendre contre les violences des mechans, comme lieutenans de Dieu.
Les Roys sont les Lieutenans & les viues images de la Diuinité en terre, aussi est-ce leur propre, facere iudicium atque iustitiam, & liberare de manu calumniantium vi oppressos, & perigrinis pupillisque, & viduis, quod facilius oppri-muntur à potentibus, præbere auxilium. Causa. 23. q. 5. c. Regum312. C'est leur propre de rendre iugement & faire iustice, & de deliurer des mains des calomniateurs ceux qui sont oppressez, & d'assister les pelerins, les orphelins, & vefues, comme personnes qui ont coustume d'estre plustot trauaillées de ceux qui sont puissans, & exposées comme but à leur auarice & iniustice.
Les Iuges sont les Lieutenans de Dieu en terre, aussi est-ce à eux de prendre la defense des vefues, & les saincts Conciles de la part de Dieu les excommunient s'il leurs font tort, ou s'ils ne leurs rendent iustice. Et nostre Seigneur mesme, Luc. 7. appelle le iuge inique qui ne defend la vefue.

Filet cadre, rayé. Des merueilles que Dieu fait par les vefues, & pour les vefues. CHAPITRE VII.

Merueilles que Dieu a fait par les vefues.
SE peut-il trouuer plus grande merueille que ce que Dieu a fait par la saincte & chaste vefue Iudith ? Si l'escriture saincte ne nous en donnoit vn infaillible le tesmoignage, nous croirions que ce sont des Romans, & des contes faicts à plaisir. Vne femme tendre & delicate entreprendre vne chose si grande, & confondre toute cette grande armée des Assyriens, qui se tenoit toute asseurée de triompher de la ville de Bethulie, qu'il tenoit assiegée.
Sainct Ambroise lib. de Viduis, monstre les merueilles que Dieu a fait Merueilles que Dieu fait par Debora vefue. par les vefues, & d'autant, comme il dit, qu'il est quasi est quasi impossible de raconter toutes les vefues, dont Dieu s'est voulu seruir pour monstrer la force de son bras, il se contente de mettre en ieu Debora, laquelle comme il dit a bien fait paroistre que les vefues pouuoient non seulement se passer de l'aide des hommes, mais que les vefues pouuoient assister les hommes : laquelle n'a pas esté empechée par la foiblesse de son sexe d'entreprendre les ex-ercices qui sont propres des hommes, & de les mener à chef. Les Iuifs estant 483 gouuernez par les Iuges, & n'estans suffisans ou de leurs rendre la iustice, ou de les defendre contre les ennemis, dont ils estoient attaquez de tous costez, ils appellerent Debora à leurs secours & assisance, pour estre gouuernez par elle, & vne seule femme gouuerna des milliers de personnes pendant la paix, & les defendit contre leurs ennemis. Barach Capitaine General monstra bien que la victoire dependoit de Debora, lors qu'ayant receu commandement d'aller attaquer l'ennemy, il luy repliqua, si venis mecum vadam: si nolueris venire mecum non pergam, Iudic. 4. Madame si vous venez auec moy, i'iray : si vous ne voulez venir ie ne puis aller. Monstrant par la que toute son esperance, apres Dieu, consistoit en la force, prudence, & conduite de cette courageuse vefue, & inuincible Amazone.
Quelle resolution de la magnanime Iahel vefue, lors qu'elle perça les tẽples de Sisara auec tant de courage : mais quelle constance de la saincte mere Courage de Iahel. des Machabées, par laquelle Dieu a fait des si grandes merueilles ? nous en auons desia parlé.
Merueilles que Dieu fait pour les vefues.
Non seulement Dieu fait des merueilles par elles, mais encore pour elles. Il enuoye Elie. 3. Reg. 17. à la vefue de Sarepta pour l'assister en la pauureté : il enuoye Elisée à vne autre pour la secourir à son abandonnement 4. Reg. 4. Et en sa faueur resuscite son fils, & multiplie miraculeusement son huile. Nostre Seigneur mesme resuscite le fils de la vefue de Naim. Sainct Pierre esmeu par les prieres des vefues resuscite Thabita mere nourrice des vefues. Actor. 9. Sainct Estienne est constitué des Apostres comme pouruoyeur des vefues.
Dieu a bien vn tel soin des vefues que mesme il defend de les attrister, Comme Dieu punit ceux qui offensent les vefues. Hierem. 22. Viduam nolite contristare. Escoutez les espouuantables menaces qu'il fait à ceux qui en ce point outrepassent ses ordonnances, Viduæ & pupillo non nocebitis: si læseritis eos vociferabuntur ad me, & ego audiam clamorem eo-rum, & indignabitur suror meus, percutiamque vos gladio, & erunt vxores vestræ viduæ, & filij vestri pupilli. Gardez-vous d'offenser les vefues ny les orphelins : si vous le faites, ils auront recours à moy, ie les escouteray, ie me mettray en furie, ie vous feray passer par le tranchant de l'espée, vos femmes deuiendr ont vefues, & vos enfans orphelins. Le mesme asseure aux Prouerb. 15. qu'il renuersera la maison de ces temeraires qui osent attaquer les vefues, & affermira celles des vefues, Domos superborum demolietur, & firmos faciet terminos viduæ.
Cause de la resurrecetion pre-fumée de Traian le secours d'vne vefue.
Aucuns pensent que l'Empereur Traian a esté resuscité & deliuré de l'Enfer, puis a fait penitence, & enfin est sauué. Ils attribuent cette grace à ce que son fils estant vn iour monté sur vn cheual sougueux, le cheual par cas fortuit tua d'vn coup de pied le fils d'vne pauure vefue, laquelle demandant iustice à l'Empereur, il donna son fils à la vefue, luy commandant de la seruir 484 & honorer, comme si ce fust sa propre mere, & que S. Gregoire, esmeu de cet acte heroique & nonpareil fait par vn Idolatre & persecuteur des Chrestiens, pria pour luy, obtint de Dieu qu'il sortit de l'Enfer, resuscitast, fit penitẽce, & enfin fust sauué. Voyez Baronius ad Annum Chri. 604. & autres qui examinent la verité de cette histoire.
Pleut-il à Dieu que nos iuges imitassent l'Empereur Theophile en ce La iustice que l'Empereur Theophile a fait en faueur d'vne vefue. poinct. Cedrenus & Zonaras, tom. 3. in vita Theophili, racontent qu'vn Capitaine osta le cheual à vn soldat, & le soldat destitué de son cheual, auquel il se confioit grandement, fut tué en la bataille. Le Capitaine fit present du cheual à l'Empereur. La vefue du soldat ayant apperceu l'Empereur qui alloit à l'Eglise monté sur ce cheual, court à grand pas, prend le cheual par la bride, proteste qu'il est à elle, & que personne autre n'est cause de la mort de son mary que l'Empereur, qu'elle croyoit auoir rauy le cheual à son mary : l'Empereur estonné de l'asseurance de cette femme, & espouuanté de ses clameurs, la pria d'auoir vn peu de patience, iusques à ce qu'il seroit de retour à son palais, où il la fit incontinent venir, & s'informa du tout. Il fit appeller le Capitaine, & pendant qu'il l'interrogeoit, commanda à la vefue de demeurer derriere la tapisserie. Le Capitaine fit mille sermens à l'Empereur que le cheual luy appartenoit, enfin on fit paroistre la femme, le Capi-taine ne l'eust pas si tost apperceu, qu'il deuient muet comme vn poisson, & tout esperdu se jetta aux pieds de l'Empereur, & la parole luy estant reuenu confessa son larcin. L'Empereur confisqua ses biens en faueur de la vefue & de ses enfans, & l'ayant priué de sa charge, le bannit à perpetuité.
Lactance 6. Diuinorum instit. c. 25. fait vne belle remarque touchant la constance des saincts martyrs. Il sembloit qu'ils eussent perdu tout ressentiment de nature, lors qu'auec tant d'asseurance ils couroient au martyre, sans auoir egard ny à leurs pauures femmes, qu'ils laissoient vefues, exposées à la risée des Gentils, & à la cruauté des tyrans : ny à leurs enfans tendrelets qu'ils laissoient orphelins : estoit-ce qu'ils eussent perdu toute affection pour elles & pour eux ? Ie sçay bien qu'en cela ils pratiquoient le commandement de N. Seign., qui commande de haïr pere & mere, sa femme, ses enfans, tout. Ouy ! les haïr, c'est à dire les abandonner & quiter plustot que d'enfraindre la fidelité que nous deuons à Dieu. Mais ce qui leurs donnoit vne si admirable con-stance, dit Lactance, estoit la grande asseurance qu'ils auoient que Dieu se- Quatre raisons pour lesquelles on doit assister les vefues. roit le protecteur des orphelins & des vefues, Pupillum & viduam suscipiet. Psalm. 143. & qu'il auoit vne particuliere obligation de prendre sous sa prorection les femmes & les enfans de ceux qui meurent pour la defense de son sainct nom, & pour sa gloire.
Hugue de S. Victor remarque quatre raisons pour lesquelles on doit secourir les vefues. La premiere est la misere de leur condition, qui eut le 485 pouuoir d'esmouuoir le iuge iniuste, Luc. 18. La seconde, l'exemple de nostre Seigneur qui a assisté les vefues. La troisieme, le commandement que Dieu en donne. La quatrieme, la misericorde que Dieu promet à ceux qui le feront.
Comme on persecute les vefues.
Tout ainsi que lors qu'vn chien est mal traité, d'ordinaire tous les autres se iettent dessus à corps perdu, de mesme lors qu'vne pauure femme a perdu son mary, vous diriez qu'elle est la proye du monde, chacun en veut tirer pied ou aisle, vous croiriez qu'elle est à l'abandon.
Mais que pensez-vous faire malheureux ? quoy ! preualoir contre Dieu, qui se qualifie le iuge des vefues ! sçachez que leurs causes sont priuilegiées, & que Dieu en iuge immediatement, & qu'entreprenans contre elles, vous prenez Dieu à partie. L'insolent Heliodorus voulut repaistre son insatiable auarice des tresors & deposts des vefues & orphelins qui estoient au temple : il fut traicté selon ses demerites, 1. Mach. 3. & quiconque l'imitera sera payé de mesme monnoye, suiuant ce que dit Dauid, turbabuntur à facie eius patris orphanorum, & iudicis viduarum, le pere des orphelins, le iuge des vefues, vous iugera comme vous meritez.
Dieu reproche à ceux de Hierusalem, que causam viduæ non iudicauerunt, Hierem. 5. Ils n'ont tenu compte de rendre la iustice aux vefues, & Isaie 1. Pupillo non iudicant, & causa viduæ non ingreditur ad illos: & ne se trouuent-ils pas maintenant des iuges, qui non seulement ne rendent point de droict aux vefues, mais qui les accablent & ruinent d'iniustice, semblables à ceux d'Isaie 10. Qui condunt leges iniquas vt essent viduæ prædæ eorum. Qui font des loix iniustes pour mettre en proye les pauures vefues. Au moins s'ils estoient semblables à ce Iuge de S. Luc. 18 qui ne craignoit ny Dieu, ny les hommes, qui toutefois iugea la cause de la vefue, non par affection qu'il eut à la iustice, mais pressé d'importunité.
Dauid parlant des vefues dit, Viduam eius benedicens benedicam, Psal. 131. La traduction Hebraïque a, Venationem eius benedicens benedicam, il appelle vne vefue vne chasse, vne venaison, vne proye, pourquoy ? sinõ pour monstrer que maintenant la proye, la chasse, la venaison des meschans iuges, des aduocats iniques, des procureurs larrons, sont les pauures vesues, qu'ils chassent, qu'ils escorchent, qu'ils mangent, Viduam & aduenam interfecerunt, & pupillos occiderunt, Psal. 93. & puis ils ne craignent la punition, d'autant que Dixerunt non videbit Dominus, nec intelliget Deus Iacob. Dieu n'en sçaura rien.
Ah mal-heureux, qui plantauit aurem non audiet? aut qui finxit oculum non considerat? qui corripit gentes, non arguet? Celuy qui fait ouyr les sourds, fait voir les aueugles, qui iuge les nations, n'entendra les clameurs des vefues ? ne vera leurs larmes ? ne sçaura vos iniustices ? vous laissera impunis? Mais escou-tez-le qui vous parle par la bouche de Malachie 3. Accedam ad vos in iudicio, & 486 ero testis velox maleficis, & adulteris, & periuris, & qui calumniantur mercedem mercenariis, & humiliant viduas & pupillos. Ie vous trouueray bien, ie vous iugeray promptement, vous sorciers, magiciens, adulteres, pariures, qui retenez le salaire des mercenaires, qui accablez les vefues & orphelins. Maledictus qui peruertit iudicium pupillo, & viduæ. Maudict celuy qui ne rend bonne iustice à l'orphelin & à la vefue.
Se trouue-il pas encore des reliques de la race de ceux dont parle le Sage, Sap. 2. Non parcamus viduæ, & veterano multi temporis, n'espargnons pas la vefue, ny les vieillards chenus, dont se plaint Iob 24. Vim fecerunt pupillo deprædantes, & acceperunt pro pignore bouem viduæ. Ils ont pillé le pauure orphelin, ils ont emmené le bœuf de la pauure vefue.
Comme Dieu punit ceux qui font tort aux vefues.
Pierre Damien raconte qu'vn certain se trouuant au point de la mort, comença à crier comme vn desesperé, de ce que S. Gregoire & S. Ambroise le battoient à toute outrance, d'autant qu'il auoit rauy sept escus à vne vefue, & que la sentence portoit qu'il auoit autant de coups, que la vefue auoit fait de pas pour r'auoir son argent.
En la vie des peres, vn certain ayant emmené son fils à S. Amon pour estre guary de la rage, S. Amon luy dit, que s'il vouloit que son fils fut guary, qu'il rendit auparauant le bœuf, que luy & son fils auoient rauy à vne vefue. N'apperceuez-vous pas que cette rage estoit le chastiment du tort fait à la vefue ?
Souuenez vous donc que Dieu commande d'honorer les vefues, c'est à dire, de les assister, visiter, consoler ; mais les vrayes vefues, qui seruent Dieu, qui sont chastes & prudentes : Souuenez vous qu'il est le mary, le pere, le protecteur, le iuge, le tout des vefues, & partant que comme il punit ceux qui leurs font tort, aussi recompense-il ceux qui les honorent.
S. Chrysostome en vne epistre qu'il escrit à vne ieune vefue, luy dit, Mada me, si parmy tant de maux & trauerses que vous auez eu, vous estes demeu-rée constante, & vostre esprit est tousiours demeuré dans son serein, vous n'en estes obligée à aucun aide, ny assistance humaine, mais c'est vne œuure de la main du tout puissant, c'est vn traict de cette souueraine intelligence qui n'a point de mesure ; de cette prudence qui ne se peut comprendre : c'est vne faueur du pere des misericordes, & du grand Dieu de toute consolation, car comme dit le prophete Osée c. 6. il nous bat & nous guarit, nous frappe, & nous pense313, & nous sanctifie. Lors que vostre mary viuoit, quoy qu'il ne fust qu'vn homme, il auoit toutefois soin de vous, mais d'autant que Dieu l'a appellé à soy, il a pris sa place : ie ne dis pas cela de moy, c'est apres le Prophete, Psal. 145. Pupillum & viduam suscipiet, il prendra la protection de l'orphelin & de la vefue, & au Ps. 67. il s'appelle le pere des orphelins & iuge des vefues ; & l'experience vous sera connoistre qu'il a pour singulierement recommandez & les vns & les autres, les orphelins & les vefues. Voila le discours de S. Chrysostome.
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Filet cadre, rayé. Qu'on peut se remarier, que c'est toutefois chose plus honorable de demeurer vefue. CHAPITRE VIII.

M ontanus, les Cataphryges314, Tertulian, les Nouatiens & autres, ont enseigné que depuis qu'vne fois quelqu'vn estoit vefue, il ne luy estoit loisible de se remarier. Cette doctrine est opposée formellement à La femme vefue peut se remarier. celle de S. Paul, Rom. 7. où il dit, Quæ sub viro est mulier, viuente viro alligata est legi: si autem mortuus fuerit vir eius, soluta est à lege viri: igitur viuente viro, vocabitur adultera si fuerit cum alio viro; si autem mortuus fuerit vir eius, liberata est à lege viri, vt non sit adultera si fuerit cum alio viro. La femme mariée, pendant que son mary vit, est obligée à la loy du mariage : si son mary meurt, elle n'est plus subjette à la loy du mariage : du viuant de son mary, elle ne peut viure auec vn autre hõme sans cõmettre adultere : son mary mort, elle peut se remarier à vn autre sans adultere. Il semble parler assez expressement & clairement, toutefois il parle encore plus clairement, Corinth. 7. disant, Mulier alligata est legi, quanto tempore vir eius viuit: quod si dormierit vir eius, liberata est: cui vult nubat tantum in Domino. Beatior autẽ erit si sic permanserit, secundum meum consilium, puto autem quod & ego spiritum Dei habeam. La femme est obligée à la loy du mariage tandis que son mary vit : son mary estant mort, elle est libre : elle peut se marier à qui bon luy semblera, suiuant la loy de Dieu, & conformement à ses ordonnances. Toutefois elle sera plus heureuse en son vefuage, & ne se remariant pas.
On peut se remarier plu-sieurs fois.
S. Augustin lib. de bono Viduitatis cap. 12. remarque que sainct Paul ne dit pas qu'elle peut se remarier vne fois, deux fois, trois fois, quatre fois, mais qu'il dit absolument, cui vult nubat, elle peut se marier à qui elle voudra, selon Dieu, pour monstrer qu'on peut se remarier plusieurs fois, & que ny les secondes nopces, ny les troisiemes, ny les quatriemes &c. ne doiuent estre condamnées.
S. Paul ne commãde pas aux vefues de se remarier.
Le mesme S. Paul I. ad Timoth. 5. dit, volo iuniores nubere, i'entens que les ienues vefues se marient. S. Aug.. cap. 8. de bono Viduitatis, S. Ambroise lib. de Viduis, S. Chrysostome, S. Hierosme, Epist. 11. ad Ageruchiam315, & ad Saluinam316, remarquent fort bien que S. Paul par ces paroles ne com 488 mande pas, mais permet, & qu'il accorde les secondes nopces aux ieunes vefues, d'autant qu'aucunes auoient fait faux bond à la continence, qu'elles auoient vne fois professée, cela est clair du texte.
Voilà la sentence de S. Paul, qui approuue les secondes nopces, les troisiemes, quatriemes, cinquiemes &c. sentence confirmée par l'Eglise : & pour quoy non ? puis que les fins du mariage se peuuent aussi bien rencontrer aux secondes & troisiemes & autres, qu'aux premiers. Que les secondes, troisiemes, & autres sont Sacrement comme les premieres : qu'és secondes, troisiemes &c. il peut y auoir vn vray contract, il peut y auoir l'intention de la generation, le remede à la concupiscence, l'assistance mutuelle, & enfin la grace sacramentelle, partant c'est heresie de condamner les secondes, 3. 4. nopces.
On ne sçauroit toutefois nier, que ce ne soit chose plus honorable de C'est chose plus honorable de ne se remarier. demeurer vefue que de se remarier, ce que ie m'en vay prouuer par la loy des Iuifs, par le sentiment des Gentils, mais principalement par l'authorité de l'Eglise & des loix Ciuiles.
Sainct Hierosme escriuant à Ageruchia317, dit qu'en l'ancien Testament En l'ancien Te-stament l'estat de viduité preferé aux secõdes nop-ces. les filles des prestres n'ayant esté mariée qu'vne fois, & estant deuenues vefues pouuoient manger des viandes sacerdotales, & si elles mouroient en leur viduité leurs peres pouuoient faire leurs obseques auec solemnité, mais si elles se remarioient elles ne pouuoient plus demeurer auec leurs peres, ny manger des viandes sacerdotales, & estoient tenues comme le reste des femmes, & comme personnes prophanes.
Le mesme S. Hierosme au mesme endroit monstre que les Payens ont eu la mesme coustume, & que personne n'estoit admis pour estre sacrificateur Les Payẽs ont fait estime des vefues. qui eust esté remarié. Il monstre l'estat que les payens ont fait d'vne Reyne de Carthage, laquelle aima mieux estre bruslée que de se remarier au Roy Hiarba : & de la femme d'Asdrubal laquelle prenant ses enfans de ses deux mains se precipita auec eux dans le feu, plustot que de se remarier318. De ces histoires Payennes S. Hierosme prend occasion de confondre plusieurs Chrestiens qui ne font pas tant pour Iesus-Christ que ces Payens ont fait pour le Diable. Pour confondre l'insolence & intemperance de plusieurs Dames qui pensent à se remarier, auant que leur mary soit enterré, & authorisent leur incontinence par les paroles de S. Paul, qu'elles sçauent par cœur comme il dit. Le mesme remarque que les Atheniens n'admettoient personne à la prestrise qui eust esté marié deux fois, non plus que les Egyptiens, qui reiettoient des autels de leur plus grand Dieu celuy qui auoit esté marié deux fois. Tertulian, in fine exhortationis ad castitatem, tesmoigne que les Payens ont grandement prisé ceux & celles qui se contentoient d'auoir esté mariez vne fois, qu'on leurs faisoit des honneurs particuliers, & que le souuerain 489 Pontife319 ne pouuoit auoir eu deux femmes.
Portigena ne veut entendre à se remarier.
Portigena fille de Darius tua sa nourrice, parce qu'elle luy conseilloit de se remarier320. Portia fille de Caton, entendant qu'on loüoit vne matrone qui s'estoit remariée, & qu'entre autres choses on disoit qu'elle viuoit en femme de bien & en bonne reputation, voire qu'on l'exhortoit à son exemple de se remarier, elle dit, Felix & pudica matrona nunquam nisi semel nupsit. Ny Portia. Iamais matrone heureuse & pudique ne s'est mariée plus d'vne fois. Hieron. lib. I. aduersus Iouinianum.
Vefues de Goa ne se remarioẽt.
Les vefues de Goa ou femmes des Brachmanes auant que d'estre Chrestiennes estant vefues iamais ne se remarioient, voire mesme se jettoient dans le bucher & se brusloient auec le corps de leur mary, estimans chose indigne de suruiure apres la mort de leur principale moitié : & cela a esté pratiqué iusque à ce que leurs Roys, par edicts publiques, ont empesché cette barbarie : maintenant qu'elles sont Chrestiennes, depuis qu'elles sont vefues, elles portent continuellement des habits de deuil, iamais de blanc, & se font tousiours raser les cheueux. Epist. Indic. anno 1586.
A la Chine, les Mandarins donnent de grands pris & priuileges aux vef Vefues honorées à la Chine. ues, qui demeurent en leur viduité, comme on faisoit jadis aux vierges Vestales chez les Romains. P. Alexander Valignagnus præpositus Indiæ Prouinciæ in literis anni 1588.
Mon intention n'est pas qu'on defere beaucoup en cet endroit, ny à la loy de l'ancien Testament, laquelle est abrogée en plusieurs choses, ny au sentiment des Payens superstitieux en leurs ceremonies ; & partant ie passe à des preuues plus fortes & plus authentiques.
Il semble que S. Paul parle definitiuement en cette matiere, & ses paroles nous doiuent seruir d'arrest, c'est aux Corinth. I. c. 7. Dico non nuptis & viduis, bonum est illis si sic permanserint, sicut & ego, quod si non se continent, nu-bant melius est enim nubere quam vri. Ie veux que ceux qui ne sont mariez & les vefues entendent qu'il est expedient qu'ils demeurent en estat de continence, comme moy : que s'ils ne peuuent se contenir qu'ils se marient : vaut meiux se marier que de brusler : & au mesme lieu, beatior erit si sic permanserit, la femme qui demeurera en estat de viduité sera plus heureuse, & en cette vie, & en l'autre : me semble qu'il n'y a plus rien à douter en ce poinct apres vn tel arrest prononcé de la bouche de ce grand Apostre, toutefois ie m'en vay exami-ner le sentiment de l'Eglise, en suite de cet arrest.
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Filet cadre, rayé. L'estat que les loix Ecclesiastiques & Ciuiles font de la viduité. CHAPITRE IX.

C'Est vne saincte & louable coustume pratiquée en l'Eglise, approuuée des Saincts peres & Docteurs, authorisée par les sacrez Conciles de Les benedictions nuptiales sainctemẽt instituées. benir ceux qui se marient. Le Concile de Trente, sess. 24. de matri. Can. I. condamne d'Anatheme ceux qui oseront improuuer telles benedictions instituées sainctement, tant pour la dignité, reuerence & majesté du Sacrement, comme pour la necessité qu'en ont les contractans puis que le Sacrement de mariage estant ordonné à des actions grandement conformes aux appetits charnels, & aux inclinations de la sensualité, il a esté necessaire d'y apporter ces benedictions, afin qu'à l'aide d'icelle on s'y comportast plus decemment.
Les benedictions du mariage se doiuent faire, ou par le propre Pasteur de Par qui se doiuent faire les benedictions nu-ptiales. l'vn ou de l'autre des contractans, & n'importe que ce soit du Pasteur de l'es poux, ou de l'espouse, ou bien par quelqu'vn approuué de luy, & ayant au- thorité de ce faire : & ceux qui obmettent ces benedictions par mespris pe-chent mortellement, icelles obligeans non comme chose de conseil, mais de precepte, & en plusieurs endroits ceux qui ne les reçoiuent encourent des grandes peines : & l'opinion la plus commune est que c'est peché mortel tant à l'homme qu'à la femme de consommer le mariage auant ces benedictions, ce qui se doit entendre parlant selon l'ordinaire, car il y peut auoir des cas ausquels il n'y aura aucun peché. I'en ay parlé amplement, liv. I. tra. 2. chap. 18.
Cecy presupposé d'où vient que les sacrez Canons defendent de faire ces Pourquoy les benedictions nu-ptiales ne se font aux secondes nopces. benedictions aux secondes nopces ? & non seulement quand tous les deux contractans sont veufs, mais aussi en aucuns lieux quand seulement l'vn des deux l'est : en quoy il faut auoir esgard aux coustumes & à l'aduis des Docteurs. Aucuns croient que c'est pour faire entendre à ceux qui se remarient qu'ils feroient mieux de demeurer veufs, ita Goffredus summa titulo de secundis nuptijs num. 2. D'autres d'autant que la benediction qui a esté donnée aux premieres nopces demeure, & encore qu'il n'y ait qu'vn des contra-ctans qui soit veuf, que celuy qui a receu la benediction aux premieres no- 491 pces la communique à l'autre, qui n'a pas encore esté marié, tout ainsi que l'eau beniste communique sa benediction à de l'autre eau non beniste que l'on y mesle. D'autres disent que c'est pour ne point reïterer la benediction à vne personne qui la desia receüe, & pour ne rendre la benediction vile & contemptible.
Voicy la raison de l'Ange de l'escole S. Thomas. La grandeur du mariage, dit-il, consiste en ce qu'il represente le mariage de Iesus-Christ avec l'Eglise : les secondes nopces semblent manquer en cette representation, d'autant qu'au mariage de Iesus-Christ n'y a qu'vn espoux & vne espouse : or ceux qui se marient pour la 2. ou la 3. fois ont plus d'vn espoux ou d'vne espouse, & partant leur representation est defectueuse, ainsi en punition de cette defectuosité, ils sont meritoirement priués de la benediction des nopces : & par là chacun peut connoistre que l'Eglise fait estat de ceux qui demeurent en l'estat de viduité, & ne se remarient.
Ie peux dire que c'est pour la mesme raison que l'Eglise exclud des ordres Pourquoy ceux qui ont esté mariez deux fois exclus des ordres sacrez ? sacrez ceux qui ont esté mariez deux fois, qui sont irreguliers, & cette irregularité s'appelle Irregularitas orta ex Sacramenti defectu, seu ex defectu significationis Sacramenti. N'est-ce pas ce que ie viens de dire tout maintenant ? à cause du manquement qui se trouue aux secondes nopces, en la representation du mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise, où se trouue vn auec vne, & non auec plusieurs, comme se fait aux secondes nopces : laquelle irregularité semble fort iustement ordonnée, car comme ainsi soit que ceux qui reçoiuent les sacrez ordres, sont establis pour l'administration des Sacremens, la raison veut que iamais ils n'ayent manqué, ny commis aucun defaut en la signification des mesmes Sacremens, ce que font ceux qui se remarient, comme i'ay monstré, & partant sont irreguliers.
Les Loix Ciuiles sont fort rigoureuses contre les femmes qui se remariẽt ; Rigueur des loix Ciuiles contre les femmes qui se remarient. Premierement elles declarent la femme qui se remarie dans l'année du deuil de son mary, infame, comme aussi celuy qui l'espouse. l. I. C. de secundis nuptiis, & l. regia. 3. titul. 6. part. 7. laquelle infamie on encourt ipso iure, en suite du droict.
Secondement, elle ne peut donner à son mary, ny par dost, ny par derniere volonté plus de la troisieme partie de ses biens.
Troisiemement, elle est incapable de receuoir aucune succession, legs, fideicommis, donation par derniere volonté, donation par cause de mort, d'autre que de son mary, l. I. C. de secundis nuptijs.
Quatriemement, elle est priuée de tout ce que son premier mary luy auoit laissé par sa derniere volonté, & non seulement quant à la proprieté, mais mesme quant à l'vsu-fruict, ex leg. I. C. de secundis nuptijs.
Cinquiemement se remariant auant la fin de l'année de deuil, elle ne peut 492 succeder par intestat à ceux de son parenté au dela du troiseme degré, l. I. C. de secundis nuptijs, ainsi ne peut succeder au fils de son pere, d'autant que selon la supputation du droict ciuil, il est au quatrieme degré.
Sixiemement elle est obligée de donner la moitié de son bien aux enfans du premier lict. l. si qua mulier. 4. C. ad Senat. Consult. Tertul.
Remarquez que ces peines ne sont que pour les femmes qui se remarient dedans l'an, d'autant qu'elles doiuent estre plus reseruées que les hommes ; & ces peines semblent estre iustes tant pour moderer leur intemperance, comme pour ne rendre les enfans incertains, ce qui arriueroit si la femme se remarioit bien-tost apres la mort du premier mary, on ne sçauroit s'il seroit du premier, ou du second.
Or d'autant que le mariage doit estre libre pour euiter l'incontinence, & La rigueur des loix Ciuiles corrigée par les loix Canoniques. d'autres grands incõueniens, les loix canoniques ont corrigé ces peines portées par les loix ciuiles, comme il appert c. Finali de secundis nuptijs, où il est dit, non debet legalis infamiæ sustinere iacturam, quæ licet post viri obitum infra tempus luctus, scilicet vnius anni spatium, nubat, concessa sibi ab Apostolo vtitur facultate. La femme qui se remarie dans l'année du deuil, ne doit encourir l'infamie portée par la loy : elle ne fait que ce que l'Apostre luy permet. Et iaçoit que la loy canonique ne fasse mention que de la peine d'infamie, la correction toutefois s'entend de toutes les autres peines, puis que la raison qui est rapportée au texte est autant pour les autres peines, comme pour l'infamie : & la douceur & iustice des saincts canons ne permet pas qu'elle soit subiecte à punition pour se seruir de son droict, & faire ce que l'Apostre luy permet, en quoy les canons ont egard à la liberté du mariage, & à euiter les inconueniens que telle restriction des loix ciuilles pourroit causer, & sur tout l'incontinence qui pourroit arriuer par la crainte des peines ciuilles portées contre celles qui se remarient.
Aucuns pensent que nonobstant cette correction, la femme qui se rema rie dans l'an n'est pas exempte de la quatrieme peine : d'autres, que cette mo-deration faite par le droict Canon se doit entendre, lors qu'elle se remarie en tel temps qu'il n'y a plus de doute à qui appartient l'enfant, si au premier mary, ou au second.
D'autres, que ces peines sont corrigées quant au tribunal Ecclesiastique, non quant au seculier, auquel ces loix doiuent estre obseruées & conseruées en leur entier. Toutefois le plus probable est, que toutes ces peines sont corrigées par le droict Canon, d'autant qu'elles preiudicient à la liberté du mariage, restreignent le pouuoir que Iesus-Christ a donné de se remarier, & de se seruir du remede qui est laissé contre l'incontinence, & donnent occasion de commettre des fornications.
De ce que ie viens de dire en ces deux Chapitres, ie ne pretens pas d'infe 493 rer que les veufs, soient hommes, soient femmes, faſſent mal de se remarier vne fois, deux fois, trois fois, & plus ; ce seroit contre la permission qu'en donne S. Paul, contre les Peres & Docteurs Catholiques, contre les sacrez Conciles & Canons, contre la definition de l'Eglise, & partant vne heresie. Mais i'apporte seulement le sentiment des legislateurs qui ont creu estre chose plus conforme à la raison & plus honneste de ne se remarier, que de se remarier : & ne me dites pas que S. Paul commande aux vefues de se remarier. I. Timoth. 5. Volo iuniores nubere, filios procreare, matres familias esse. Ie veux que les ieunes vefues se marient, qu'elles mettent des enfans au monde, soient meres de famille, ces paroles ne sont de commandement, mais seu-lement de permission comme ie vay monstrer.
S. Paul ne commande pas aux ieunes vefues de se remarier.
S. Hierosme, Epist. ad Ageruchiam321 explicant ces paroles de S. Paul dit, volo iuniores nubere, quia nolo adolescentulas fornicari, ie veux que les ieunes vefues se marient, d'autant que ie ne veux pas qu'elles paillardent : procreare filios, ne metu partus, ex adulterio filios nectare cogantur: qu'elles mettent des enfans au monde, de peur qu'ayans conceu d'adultere, elles ne soient contrain-tes de faire mourir leurs enfans. Matres familias esse, quare obsecro? quia multò tolerabilius est bigamam esse, quam scortum, & secundum habere virum, quàm plures adulteros. Ie veux qu'elles soient meres de famille, pourquoy ie vous prie ? sinon d'autant que c'est chose plus tolerable d'estre mariée deux fois, que d'estre vne publique ; d'auoir vn mary que plusieurs ruffiens.
Voilà les paroles de S. Hierosme lesquelles ne condamnent pas les secondes, ny troisiemes nopces, ny dauantage : mais monstrent assez la cause pour laquelle S. Paul veut que les ieunes vefues se remarient, cause qu'il exprime dauantage par ces paroles qui suiuent encore au mesme texte : Nullam occasionem dare aduersario maledicti gratia, afin qu'elles ne donnent occasion aux infideles de parler mal de l'Eglise : ou bien qu'elles ne donnent des attraits aux ieunes hommes : qu'elles ne se parent auec superfluité : qu'elles ne se comportent autrement que leur estat de viduité requiert, & voicy la raison de cette permission, iam enim quædam abierunt retro post Satanam, aucunes ont quitté Iesus-Christ leur espoux, ont enfraint le vœu de continence, ont violé leur resolution, s'abandonnans à leurs plaisirs. Partant ie permets les 1. 2. 3. & 4. nopces & plus, car il vaut mieux qu'vne femme s'allie auec un homme, qu'auec Satan. Toutefois, dit l'Apostre, si vous me demandez conseil ie vous diray qu'il vaut mieux demeurer vefues, que de se remarier, beatior erit si sic permanserit, & ce que i'en dis, ie pense le dire selon l'esprit de Dieu.
La viduité meilleure que les secondes nopces.
S. August. en confirmation de la conclusion de l'Apostre, dit ces belles paroles, Angeli non nubunt, & hoc erimus cum surrexerimus: quantò ergo meliores estis, ó viduæ, quia hoc quod erunt homines post resurrectionem, hoc vos incipitis esse ante mortem, seruate gradus vestros, & Dominus seruabit honores vestros: compara- 494 ta est resurrectio mortuorum stellus, in cœlo constitutis: stella enim à stella differt in gloria, sic & resurrectio mortuorum. Aliter ibi lucebit virginitas, aliter castitas coniugalis, aliter sancta viduitas, seruate ergo gradus vestros. Les Anges ne se marient point, & nous serons comme eux apres la resurrection. O combien estes vous meilleures que les mariez, ô vefues ! puis qu'auant la mort vous commencez d'estre ce que nous serons apres la resurrection ! gardez vos grades, Dieu vous gardera vos honneurs & recompenses. La resurrection des morts est comparée aux eſtoiles qui sont au ciel, vne estoille est differente de l'autre en splendeur, ainsi les ressuscitez. La virginité aura vn autre lustre que la chasteté coniugale : & la saincte viduité que le mariage, maintenez vous dãs vostre condition. Le mesme S. August., de bono viduali cap. 5. Bonum est pudicitia coniugalis, sed melius bonum est continentia vidualis. Beata est Ruth, sed beatior Anna, illa transijt ad secundas nuptias, illa non. C'est vne chose bonne que la chasteté des mariez, mais la continence des vefues est meilleure, Ruth est heureuse, Anne plus heureuse : celle-là s'est remariée, l'autre non.
Ie sçay que l'estat & condition des vefues a ses incommoditez, elles sont Remede des vefues contre les mesdisances. sujettes aux langues & mesdisances des meschans : mais voicy le remede donné par S. Hierosme, ad Furiam322, Sanctus amor impatientiam non habet, falsus rumor citò opprimitur; & vita posterior, iudicat de priori: Si elles aiment bien Dieu leur espoux, elles auront patience : les faux bruits s'estouffent incontinent, & la vie qui suit est preuue de celle qui a precedé. Que leurs deportemens faſſent rougir les meschans, & donnent le dementir aux mesdisans. Elles sont subjettes aux persecutions & rapines, Dieu en prend vn soin & protection particulier, leurs seruant de mary : elles sont seules ; mais Dieu ne les abandonnera : elles sont priuées de la consolation d'vne mary, non de celle de Dieu : elles seront steriles, mais fecondes en bonnes œuures : mesprisées deuant les hommes, honorées deuant Dieu : pauures, quiconque a Dieu pour protecteur, ne peut auoir necessité.
Vignette décorative.
495 Filet cadre, rayé.

Trois considerations en faueur de la viduité. CHAPITRE X.

Explicatiõ de la parabole du 30. 60. & 100.
ON explique quelquefois la parabole du champs de l'Eglise ensemencé, & qui porte diuersité de fruict, en vne partie le trentieme, en l'autre le soixãtieme, & en l'autre le centieme, de la diuersité de nostre cooperation qui peut rendre la semence de la grace & de la parole de Dieu plus ou moins fructueuse. Theophile & Euthimius l'expliquent de ceux qui commencent à bien faire, de ceux qui ont commencé dés long-temps & profitent, & des parfaicts. S. Hierosme, S. Cyprian & d'autres des trois estats de l'Eglise, des mariez, des vefues, & des vierges. Les vierges portent le centieme : les mariez le trentieme : les vefues le soixantieme. Ainsi suiuant cette explication l'estat des vefues est plus honorable que celuy des mariez. Mais ie le vay prouuer par diuerses raisons.
S. Paul met les vefues en parallele auec les vierges.
Ce n'est pas vne petite recommandation pour l'estat de viduité que S. Paul I. Cor. 7. le met comme en parallele auec l'estat de virginité lors qu'il dit, mulier innupta, & virgo cogitat quæ Domini sunt, vt sit ancta corpore, & spiritu. La femme qui n'est pas mariée, & la vierge pense à ce qui concerne le seruice de Dieu, afin qu'elle soit saincte & du corps, & de l'esprit, voulant dire que les vefues & les vierges ont la mesme liberté de seruir Dieu, & que la mesme pureté qui rend les Vierges honorables, doit aussi decorer les vefues, en tant que les vnes & les autres se priuent des voluptez charnelles, les vnes estant recommandables pour ne les auoir iamais esprouuées, les autres, pour y auoir renoncé, nonobstant l'vsage & habitude qu'elles en auoient : Ce que i'en dis, dit Sainct Paul, n'est pas pour vous contraindre, mais pour vostre profit, c'est pour vous exhorter à ce qui est plus honneste, & qui vous donne moyen de prier Dieu sans empechement, Hæc ad utilitatem uestram dico, non vt laqueum vobis inijciam, sed ad id quod honestum est, & quod facultatem prebeat sine impedimento Dominum obsecrandi.
La femme vefue n'est plus ſous la domination d'vn mary, ne depend plus de ses fantaisies, peut se leuer & coucher quand elle veut, est maistresse de son corps, n'est plus seruante d'vn homme, mais de Dieu, n'est plus obligée d'auoir mille complaisances pour vn mary, de luy preparer ses necessitez, ains a 496 moyen de vaquer à Dieu & son seruice : & voila la premiere raison, par laquelle ie prouue que l'estat des vefues est plus honorable que celuy des mariez, d'autant que les vefues ont plus de moyen de seruir Dieu.
La seconde, combien d'inconueniens se rencontrent ordinairement au Inconueniens des secondes nopces. mariage ? vne bonne vefue & sage matrone Romaine, nommée Annia, estant incitée par d'autres à se remarier : Ie suis, dit elle, fort perplexe, & ne sçais ce que ie dois faire. Si ie me remarie, & que ie rencontre vn bon mary, ie seray en perpetuelle apprehension de le perdre, comme i'ay perdu le premier : si ie rencontre vn facheux, i'auray continuellement la bonté du premier en mon esprit, dans des cuisants regrets de l'auoir perdu, & ne pourray aymer le second, Hieron. contra Iouinianum.
L'experience ne nous enseigne que trop, que rarement il y a de la paix entre les enfans de deux licts : vne mere n'ose monstrer son affection à ceux du premier lict : si elle leur donne du pain, ce n'est qu'en cachette : le second mary ne peut souffrir qu'elle parle du premier : il faut pour auoir paix, qu'elle fasse semblant de haïr les enfans du premier mariage, autrement vn second mary croira qu'elle garde encore l'affection du premier, & manque d'affectiõ pour luy : si le mary a des enfans d'vne autre femme, la seconde femme pourroit estre la douceur mesme, que toutefois elle sera tenue pour marastre. Les enfans sont-ils grands, ce ne sont que procés : vne femme, vn mary, par complaisance sont souuent contraints d'aduantager les enfans du second lict, au preiudice de ceux du premier ; voire mesme de s'aduantager l'vn l'autre, au preiudice de la nature & de la raison, d'où ie conclus que le vefuage est plus honorable que les secondes nopces, puis qu'il exempte de ces grands inconueniens.
Troisieme preuue, ne semble-il pas que la femme qui se remarie met en La femme qui se remarie sẽ-ble oublier son premier mary. oubly son premier mary, & s'oublie de la moitié de soy-mesme ? L'homme & la femme sont vne chair, Iam non sunt duo, sed vna caro : si vous auiez perdu vos mains, ou vos pieds, vous en seriez marrie, & vous auez perdu la meil-leure moitié de vous mesme, & cependant semble que vous n'en ayez point de ressentiment. Sainct Augustin fait mention d'vn amy, lequel ayant perdu son amy disoit, Dimidium animæ meæ, quia & ego sensi animam meam, & illius unam fuisse in duobus corporibus, & ideo vita mihi erat horrori, nolens dimidius viuere. La moitié de mon ame, puis que i'ay senty que mon ame & la sienne estoit vne ame en deux corps, & partant i'auois la vie en horreur, ne voulant Regret de S. Bernard à la mort de son frere Gerard. pas viure à moitié. Sainct Bernard parlant de son frere Gerard mort, dit Cum essemus cor vnum & anima vna, hanc meam pariter & ipsius animam pertransiuit gladius, & medium quidem scindens, mediam locauit in cœlo, maliam in cœno deseruit: nam ego sum misera illa portio, quæ iacet in luto truncata media per te sui, 497 & parte vtique potiori. Puis que mon frere & moy n'estions qu'vn cœur & vne ame, le glaiue a percé son ame & la mienne tout ensemble, il l'a coupé par le milieu, en a mis la moitié au ciel, a laissé l'autre moitié dans la bouë : ie suis cette miserable portion qui suis dans la bouë, tronçonnée par moitié, & en la principale partie. Si Sainct Augustin auoit vn tel sentiment pour son amy, Sainct Bernard pour son frere : quel sentiment doit auoir vne vefue pour sa moitié, puis que le mary & la femme ne sont qu'vne chair ? Sainct Hierosme, aduers. Iouiniamum, raconte que Valeria, vefue Romaine, estant interrogée pour quoy elle ne se remarioit, d'autant que son mary n'estoit pas mort, mais viuoit, & que tandis qu'elle viuroit, il viuroit. C'estoit cette consideration qui faisoit dire à cette autre,
Sed mihi vel tellus optem, prius ima dehiscat
Vel pater omnipotens adigat me fulmine ad umbras
Pallentes umbras Erebi, noctemque profundam,
Ante pudor quam te violem, aut tua iura resoluam.
Ille meos primus qui me sibi iunxit amores
Abstulit, ille habeat secum seruetque sepulchro.
Plustot la terre m'engloutisse, & Dieu me foudroye & m'abysme dans l'enfer, que ie vienne à commettre quelque chose contre la pudeur. Mon premier mary a emporté tous mes amours, & les a enterré auec foy, iamais autre que luy ne les possedera.
Filet cadre, rayé.

Quatrieme consideration tirée de la nature, qui rend l'estat de viduité recommandable. CHAPITRE XI.

La viduité cõfor-me à la nature.
S Ainct Hierosme, ad Ageruchiam323 monstre que la viduité est conforme à la nature, & le prouue par exemple des hommes & des bestes. Adam n'a eu qu'vne femme : la tourterelle estant priuée de sa compagne n'en admet iamais d'autre : S. Bernard le confirme, Hom. 59. in Cant. Turtur compare vno contenta est, quo amisso alterum penitus non admittit, numerosit atem nuptiarum in hominibus redarguens, itaut pudeat ad negotium honestatis rationem non posse in homine, quod natura possit in volucre: cernere est turturem tempore suæ viduitatis, sanctæ viduitatis opus strennè exigentem, vbique singularem, vbique gementem au- 498 dias, nec unquam in viridi ramo residentem, tu ab ea discas voluptatum virentia virulenta vitare, & in iugis montium, & in summitatibus frequentior illius conuersatio est, ut quod propositum vel maximè decet, doceat mundum despicere, & amare cœlestia.
La tourterelle ayãt perdu son pair demeure vefue.
La tourterelle se contente d'vne compagne, & l'ayant perdue ne s'ac couple iamais à vne autre, condamnant en cela la multitude des nopces par-my les hommes. Quelle honte, qu'en fait d'honnesteté la raison n'a pas tant de pouuoir sur l'homme, comme a la nature sur vn oyseau? Vous verrez vne tourterelle pendant sa viduité, qui monstre le deuoir d'vne saincte viduité. Par tout elle est seule : par tout gemissante, iamais vous ne la verrez se percher sur vne branche verde324. Apprenez d'elle à euiter les verdures venimeuses des voluptez : sa demeure ordinaire est aux sommets des montagnes, & à la croupe des rochers, pour enseigner aux vefues ce qui est du tout conforme à leur estat, sçauoir de mespriser le monde, & aimer les choses celestes. Voilà vn bel embleme de la vraye & saincte vefue.
Ne me dites pas que vous estes ieune, soyez vieille de mœurs & de vertus : ætas senectutis vita immaculata, la vie qui est sans tache, est vne honorable vieillesse. Sapientiæ 4.
Responses aux objectiõs des vefues qui veulent se remarier.
Que vous estes seule, la chasteté aime la solitude : vous ne pouuez estre seule, ayant Iesus-Christ pour espoux, & ses Anges pour courtisans.
Que vous n'auez point d'assistance ny d'aide pour solliciter vos affaires : Dieu est le procureur, l'aduocat, & le iuge des vefues.
Que vous estes pauure : il ne faut guere à vne vefue, & c'est vn grand tresor que la prouidence Diuine, qui nourrit la vefue lors que tout le monde meurt de male-faim, luy enuoyant vn Prophete exprés. 3. Reg. 17. il sera vostre pouruoyeur.
Que vous n'auez point de consolation : Dieu est vostre consolateur, & vous estes d'autant plus heureuse, qu'auec quelque petite desolation vous achetez les ioyes du paradis, & en peu de temps vous gaignez vne eternité.
Que Dieu a dit, crescite & multiplicamini, croissez & multipliez : cela estoit bon pour la loy ancienne, elle est abrogée en plusieurs choses : c'estoit le temps d'embrassemens, & Iesus-Christ est venu promulger le temps de s'esloigner des embrassemens, non par commandement, mais par conseil ; qui potest capere, capiat.
Mais vous auriez volontiers des enfans : Vous en auez du premier lict, ou non : si vous en auez, pourquoy en desirer d'vn second ? si vous n'en auez point, à quel propos vous mettre au hazard de n'en auoir point du second, & de lamenter vne autre fois vostre sterilité, ou bien de les voir mourir comme ceux du premier ? pourquoy vous exposer vne autre fois à telles 499 craintes & miseres ? que si vous auez des enfans, quæ tibi causa nubendi? nisi fortè leuitatis error, & intemperantiæ usus, & saucij cogit pectoris conscientia? Pourquoy vous marier ? sinon, ou par quelque legereté, ou à cause de vostre in-temperance, & que la conscience vous bourrelle325 : Tu filia quid moliris? cur hæredes extraneos, cum habeas tuos, non filios desideras quos habes, sed seruitutem, quam non habes. Generare liberos vis, non sratres futuros tuorum, sed aduersarios filiorum. Quid est ergo generare alios liberos, nisi spoliare quos habes liberos: quibus pariter, & auferuntur pietatis officia, & compendia facultatum. Ma fille, à quoy pensez-vous ? pourquoy cherchez-vous d'autres heritiers, en ayant ? voulez vous des-heriter vos enfans ? vous ne cherchez pas d'auoir des enfans, vous en auez, mais vous cherchez la seruitude que vous n'auez pas. Vous voulez engendrer des enfans, qui ne seront pas freres de ceux qui vous auez, mais leurs ennemis. Qu'est-ce dõc d'engendrer d'autres enfans ? sinon despouiller ceux que vous auez, lesquels vous priuez des deuoirs de pieté, dont vous leurs estes obligée entant que mere & de l'assistance de leurs moyens. Tout ce discours, & la plus part des obiections precedentes, est de S. Ambroise au liure de Viduis.
Que personne ne pense que ces paroles & discours condamnent les secondes, troisiemes, quatriemes, & autres nopces, nous auons desia monstré qu'elles sont permises : mais elles confirmẽt ce que dit S. Paul, que l'estat de viduité est preferable à celuy de secondes nopces, & seruent d'exhortation à celles qui le pourront faire, d'aspirer au soixantieme fruict, puis qu'elles ne peuuent plus pretendre le centieme.
On ne peut nier que S. Paul ne prefere l'estat de viduité aux secondes Est plus honneste de ne se remarier. nopces. I. Corinth. 7. Dico autem non nuptis, & viduis, bonum est illis si sic permaneant, sicut & ego. I'aduertis celles qui ne sont pas mariées, & les vefues, qu'il est bon qu'elles demeurent comme moy (c'est à dire sans estre mariées) en celibat. Et au mesme endroict il adiouste, porro hoc ad vtilitatem vestram dico: non vt laqueum inijciam, sed ad id quod honestum est, & quod facultatem præbeat sine impedimento Dominum deprecandi. Ce que i'en dis c'est pour vostre profit, non pour vous contraindre & obliger, mais pour vous exhorter à ce qui est plus honneste, & qui vous donne moyen de prier Dieu sans empechement.
Sainct Ambroise lib. 2. de offijs, expliquant ce passage demande, Qui peut-il auoir de plus honneste que l'integrité ? que conseruer son corps entier, & la pudeur immaculée ? qui a-il de plus honneste que de garder l'af-fection & la fidelité à vostre mary trespassé ? qui peut-il auoir de plus vtile que ce qui nous fait acquerir le royaume celeste ? que Dieu promet à ceux qui gardent continence, promettant plus grande gloire aux vefues qu'à celles qui se remarient : & S. Paul nous est caution de cette promesse lors qu'il 500 dit, beatior erit si sic per manserit. Elle sera plus heureuse, plus glorieuse, recompensée plus liberalement si elle demeure en estant de viduité.
Sainct Hierosme, ad Ageruchiam326, taxe la legereté & incontinence d'au Liberté d'aucunes à se remarier. cunes qui se remarient si aysement, & si tost. Quid, dit-il, si statim secundum perdiderit, societur & tertia? & si ille dormierit, in quartum quintumque procedat, vt nihil sit, quo à meretricibus differat, omni ratione viduæ prouidendum est, ne castitatis primos excedat limites: quos si excesserit, & verecundiam ruperit matronalem, in omnem debacchabitur luxuriam. Si la femme perd son second mary, en prendra elle auſſitoſt vn troisieme ? & le troisieme mort, vn quatrieme ? & puis vn cinquieme ? afin qu'elle soit en tout semblable à vne femme abandonnée & pub-lique? la vefue doit serieusement prendre garde de ne franchir les premieres barrieres de la chasteté, car si elle le fait, & qu'elle perde la vergogne que doit auoir vne matrone, elle s'emportera à toute dissolution, & ordure.
Vn mariage où la mary auoit enterré 20. femmes & la femme 21. marys.
Puis le mesme sainct Hierosme dit, qu'il veut raconter vne chose qui semble incroyable, mais qui est confirmée par le tesmoignage de plusieurs : I'ay veu, dit-il, y a quelques années deux mariez, dõt le mary auoit enterrez vingt femmes : & la femme auoit le vingt & deuxieme mary : chacun attendoit auec deuotion lequel des deux seroit victorieux, & enterroit l'autre, enfin ce fut le mary. Toute la ville se trouua au conuoy, où le mary marchoit deuant le corps, portant vne couronne en teste, & vne palme en main, & tous luy chantoient triomphe & victoire & cantiques de congratulation. Que dirons-nous à vne telle femme ? dit le mesme S. Hierosme, sinon ce que dit nostre Seigneur à la Samaritaine, Vous auez eu vingt & deux mary, & cestuy-cy qui vous enterrera n'est pas vostre mary. Voila comme S. Hierosme reprend cette grande intemperance.
Trait memorable de l'incõstance & legereté d'vne fẽme.
I'insereray icy vn exemple memorable pour monstrer la legereté & impudicité d'aucuns vefues. Il est rapporté par Petronius Arbiter, qui dit qu'à Ephese y auoit vne matrone si recommandable pour sa pudicité, que les Da mes des pays voisins la visitoient par honneur & admiration de son honneste-té. Son mary estãt mort, elle ne se cõtenta pas de faire ses funerailles comme les autres matrones de sa qualité, mais entra dãs le caueau où estoit le corps de son mary le gardant continuellement, & pleurant iour & nuit. Cõme elle se faisoit mourir par ses pleurs continuelles, & ne mangeant point, ses parẽs, ses amis, enfin le Magistrat sirẽt tout leur possible pour la retirer de cet excés, mais en vain : elle demeura cinq iours & cinq nuicts en cet estat, n'ayant autre assistance qu'vne seruante qui estoit assise aupres de sa maistresse, pleuroit auec elle, & entretenoit la lampe qui estoit eu caueau. Par toute la ville on ne tenoit autre discours que de la pudicité de cette femme, & de son amour signalé enuers feu son mary. Cependant on pendit deux larrons en vn 501 gibet proche du caueau. La nuit on constitua vn soldat pour faire la sentinelle, afin que personne n'emportast les corps de ces pendus. Le soldat ayant apperceu la lumiere de la lampe s'approcha du caueau, & entendant les souspirs qui en sortoient, curieux de sçauoir ce que c'estoit, descendit dans le caueau où ayant trouué vne tres-belle femme, il fut d'abord tout effrayé, croyant que c'estoit quelque esprit, mais ayant veu le corps du defunct, voyant les larmes de cette femme, considerant sa face toute deschirée de ses ongles, se doutant bien de ce que c'estoit, & qu'elle estoit reduitte à cette extremité d'affliction pour la perte de son mary ; il apporta dãs le caueau la petite prouision qu'il auoit pour son soupper, commença à consoler le mieux qu'il peut cette pauure affligé : Or tant plus il luy compatissoit, tant plus elle se deschiroit la face auec ses ongles. Il ne perdit pourtant courage, ains exhorta cette matrone à vouloir prendre quelque parcelle de ses prouisions. La seruante ne se fit pas beaucoup prier, & ayant beu & mangé, inuita sa maistresse d'en faire de mesme, luy remonstrant qu'elle se faisoit mourir à credit, qu'il ne luy profiteroit de guere de s'enseuelir toute viue, que toutes ces pleurs & ces souspirs ne profitoient de rien à son mary : elle luy en dit tant, & de si bonne grace, qu'elle beut & mangea fort liberalement. Le soldat voyant qu'elle s'estoit laissée vaincre en ce point, creut qu'il la pourroit encore vaincre en sa pudicité, ainsi l'attaqua par caresse, & par tout autre moyen, se seruant aussi de l'entremise de la chambriere, & enfin fut victorieux, & l'espousa. Il passa quelques nuicts dans le caueau, faisant bonne chere, & tout le reste, ayant reduit cette matrone à son entiere disposition. Cependant les parens d'vn de ces pendus s'apperceuans que la sentinelle s'absentoit la nuict, emporterent le corps : de quoy le soldat s'estant pris garde, vient faire ses doleances à sa bien aimée, luy monstra qu'il estoit en danger de sa vie, & qu'absolument il ne vouloit attendre qu'on luy mist la main sur le collet, & se vouloit tuer : priant cette femme de le vouloir mettre aupres de son premier mary, apres qu'il se seroit tué : mais cette femme reprenant ses esprits : Quoy ! dit-elle, que ie voye tout d'vn coup deuant mes yeux les corps morts de deux hommes que i'ay tant aymé ! la chose ne se passera pas ainsi : i'ayme mieux exposer le corps d'vn mort, que laisser mourir vn viuant : elle fait donc tirer le corps de son mary de dedans le cercueil, & le fait porter au gibet à la place de celuy qui auoit esté enleué. Le soldat se seruit de cette occasion, & le lendemain, tout le peuple fut fort estonné comme vn mort estoit allé au gibet. Voila pas comme en font tant de vefues, qui font les desesperées à la mort de leurs marys, & au bout de trois iours font tout ce qu'il ne faudroit ny dire ny penser. Tiraquelle rapporte cette histoire, lib. de legibus connubialibus, & iure maritali in nonam legem paragr. 131. pour monstrer l'inconstance & legereté des femmes : ie veux croire que la grace du Christianisme corrige ce qui pourroit estre de 502 de trop leger & inconstant du naturel, au moins en celles qui s'en rendent dignes.

Filet cadre, rayé. Le miroir & parangon des vefues. CHAPITRE XII.

C'Est Saincte Olimpias, tres noble & tres-riche matrone, laquelle a eu l'honneur de garder sa virginité en mariage, & estant vefue, a mené vne vie qui surpasse l'infirmité de son sexe. Ie ne diray rien d'elle qu'apres Palladius in Lausiaca c. 144. i'en ay dit vn mot au chapitre cinquieme, mais ce n'a esté qu'vn petit eschantillon de la piece que ie m'en vay desplier apres Palladius. Voicy comme il parle. Ses aumosnes estoient telles, qu'il n'y a eu coing ny en la compagne, ny en la solitude, qui n'ayt ressenty les influences de ses misericordes : elle a fourny aux Eglises de quoy pour les sacrifices & pour les ornemens : a estendu ses liberalitez aux monasteres & conuents, aux hospitaux, aux prisons, aux pelerins, aux bannis, en vn mot, elle a espanché ses aumosnes par tout le rond de la terre.
Cette bien heureuse vefue paruient au dernier poinct d'humilité, au delà duquel on ne peut passer. Sa vie estoit sans aucune vaine gloire, point d'hypocrisie, elle estoit douce en ses mœurs, point de fard ny faintise en sa face : le corps florissant, l'esprit exempt de superbe & esloigné d'arrogance ; le cœur calme & tranquille : elle auoit vne charité immense, vne liberalité incomprehensible : son habit estoit vil & contemptible, sa continence estoit sans fin, sa pensée droicte, son esperance eternelle en Dieu. On ne sçauroit raconter ses aumosnes : elle n'auoit autre parure que celle des plus pauures & plus hũbles : le Diable ennemy de tout biẽ, pere de tous maux, luy suscita diuerses tentations : elle eut de grands combats pour la defense de la verité : elle vesquit fort long-temps en des larmes continuelles : elle se soubmettoit à tout le monde pour Dieu, obeyssant aux Euesques en toute humilité, honorant les Prestres & les personnes dediées à Dieu : elle deferoit aux mariez, admiroit les vierges, honoroit vn chacun.
Voicy ses œuures de misericorde ; Elle secouroit les vefues, estoit mere des orphelins, le baston des vieillards, visitoit les malades, auoit compassion des pecheurs, ramenoit les déuoyez au bon chemin, exerceoit la misericorde enuers tous, mais estoit prodigue enuers les pauures ; nourrisoit plusieurs 503 femmes des infideles qui se faisoient instruire à la religion Chrestienne ; tou te sa vie n'a esté autre chose qu'vn continuel exercice ce bonté, & de bien-faits. Elle a mis en liberté grand nombre d'esclaues, les faisant ses egaux, ou pour mieux dire, les rendant plus grands, plus puissans, & plus riches qu'elle-mesme.
On ne pouuoit trouuer rien de plus vil que ses habits : les plus drilleux auoient horreur de se reuestir de ce qu'elle portoit : sa mansuetude estoit telle, qu'elle surpassoit de beaucoup la simplicité des petits enfans. Iamais elle n'a dit parole à personne qui peut offenser : elle portoit Iesus-Christ en ses actions, & en son cœur : toute sa vie, si vie se doit appeller, n'estoit que componction, & vn continuel torrent de larmes : plustot l'eau eust manqué aux fontaines, que les pleurs à ses benists yeux, qui voyoient Iesus Christ sans cesse.
Mais à quel propos m'arreste-ie en ce discours, dit Palladius ? Tant plus mon esprit trauaille à raconter les combats & les vertus de cette ame ferme comme vn rocher, tant moins ie trouue de paroles qui puissent correspondre à ses actions : & qu'on ne pense pas que ce que i'en dis soit ou pour me donner carriere, ou pour exercer mon eloquence, lors que ie parle de cette Dame plus forte que toute souffrance : qu'on ne pense pas que ie recherche curieusement tout ce qu'a fait Olympias, qui a esté vn pretieux vase du S. Esprit : ie n'en parle pas par ouy dire, i'ay esté tesmoin oculaire de sa vie bien‑heureuse & du tout Angelique. Voilà ce qu'en dit Palladius, que i'ay voulu rapporter mot à mot & sans aucune amplification.
Or notez que les maladies, dont elle estoit continuellement trauaillée, ne diminuoient en rien l'exercice de ses heroïques vertus. Pour les rafiner, & pour augmenter ses couronnes, Dieu permit qu'elle fust chargée de calomnies, priuée de ses biens, chassée en exile, dautant qu'elle fauorisoit S. Iean Chrysostome, & endura vne espece de martyre auec luy, comme on peut voir en S. Chrysost. Epist. 5. Quel miroir pour les vefues ! quel exemple pour les vierges ! quelle exhortation à la vertu & à toute sorte d'exercice de bonnes œuures, que la consideration de la vie de cette saincte vefue, parangon de toutes vertus, & le but des afflictions, maladies, calomnies & persecutions.
504

Bandeau : filet cadre rayé, entouré de fleurs. CONCLVSION DV PRESENT TRAITE'.

Lettrine fleurie "I".
IE fermeray ce Traité des vefues, voire tout cet œuure du bon-heur du mariage auec trois grands per-sonnages, & par les Eloges qu'ils donnent à l'estat de Le mariage qua-si autant honorable que la viduité selon S. Ambroise. viduité, ce sont S. Ambroise, S. Fulgence, & S. Antonin ; ie feray parler sainct Ambroise le premier, tom. 4. de viduis327 initio. Voicy ses paroles. Nec nim inhonoras viduas debuimus præterire, & à virginibus præconio separare: quas Apostolica sententia cum virginibus copulauit, iuxta quod scriptum est. Et mulier innu-pta, & virgo cogitat quæ sunt Domini, vt sit sancta corpore, & spiritu: quodammodo enim magisterium virginitatis, viduarum valescit exemplis, quæ cum viro castum cubile custodierunt, documento virginibus sunt, integritatem Deo esse seruandam: & propemodum non inferioris virtutis est, eo abstinere coniugio quod aliquando delectauerit, quam coniugij oblectamenta respuere. Nous ne deuions pas laisser les vefues sans les honorer, ny les separer des louanges & recommandations des vierges. Puis que l'Apostre les a joinct auec les vierges, suiuant ce qui est escrit, la femme qui n'est point mariée, & la vierge pense au seruice de Dieu, afin qu'elle soit saincte & du corps & de l'esprit. L'exemple des vefues fortisie en quelque façon l'estat des vierges. Les vefues qui estant en mariage s'y sont comporté chastement, enseignent aux vierges qu'elles doiuent garder leur inte-grité à Dieu. C'est presque vne aussi grande vertu s'abstenir du mariage, apres en auoir eu l'experience, que de renoncer à tout mariage.
On voit par ces paroles l'estat que S. Ambroise fait des vefues, les mettant en parallele auec les vierges, & les honorant quasi à 505 l'esgal. Escoutons parler S. Fulgence Epist. 2. c. 6. ad Gallam comparant la viduité auec le mariage. Vtrumque donum Dei est, & con- Excellence de la viduité pardessus le mariage tinentia vidualis, & coniugalis pudicitia: & hoc quidem quantum in se est, laudabile est quia bonum, hoc autem laudabilius, quia melius, coniugali namque seruitute vincitur turpitudo fornicationis: viduali vero liberatate crescit dignitas castitatis. Illic fides consulit infirmitati ne cadat in vitium: hic se fidelis animus ad virtutis extendit augmentum: de coniuga-tis enim dicitur propter fornicationem vnusquisque vxorem suam habeat, & unaquæque virum; de vidua vero beatior erit si sic permanserit: perinde ex eo quod ex coniugata facta es vidua, donum Dei tibi auctum magis existima, non ablatum. Neque enim te deseruit, qui tibi sequendam vieam vitæ melioris ostendit, gradibus te voluit Dominus ad meliora conscendere. La continence des vefues, & la chasteté coniugale sont toutes deux don de Dieu. La chasteté coniugale est louable, d'autant qu'elle est bonne : la continence des vefues est plus louable, d'autant qu'elle est meilleure. Par la seruitude coniugale on surmonte la turpitude de la fornication : par la liberté du vefuage, l'honneur de la chasteté s'accroit. Au mariage la fidelité empesche que l'infirmité humaine ne tombe au vice : En la viduité l'ame fidele au-gmente la vertu. Il est dit des mariez, que pour remedier à la for-nication chaque homme ayt sa femme, & chaque femme son ma-ry : mais de la vefue, elle sera plus heureuse si elle demeure en sa viduité : partant si Dieu de femme mariée vous a rendu vefue, ne croyez pas qu'il ayt retiré sa grace & faueur de vous : au contraire il l'a accreu : il ne vous a pas abandonné quand il vous a monstré le chemin d'vne meilleure vie, Dieu vous a voulu faire monter à choses grandes par diuers degrez.
Voilà comme sainct Fulgence monstre l'excellence de l'estat de viduité par dessus l'estat des mariez.
Sainct Antonin, 3. parte Summæ Theologicæ tit. 2. cap. 3. de statu viduarum, fait mention de la bonne vefue que nostre Seigneur louë en sainct Luc 21. pour deux petites pieces de monnoye qu'elle auoit donné, & la prefere à ceux qui auoient donné de grands presens ; d'autant que ces Messieurs de l'abondance des moyens que Dieu leurs auoit eslargi, ont contribué vne petite 506 Les mariez ont vn denier, les vefues deux, les vierges trois. parcelle de ce qui leurs estoit superflu, & cette pauure vefue a contribué ce qui luy estoit necessaire & son tout. D'où S. Antonin infere, patet hic quod duo æra dat vidua, quæ etiam si minima sint & quibus minora nemo intulerat: tamen omnia alia bona parua habentur, vel si placet, partem simplici obtinuerunt ad duplum. Castitas itaque matrimonialis non nisi vnum æs infert, & tribuit Deo, tametsi filios gignat plurimos, & plurima dare videatur. Atqui castitas vidualis, ex animo sancto, quæ habet dat, & duo dat æra: nam virginitatem quæ omnia superat, & tria offert æra, vt perfecta in trino illa offerre non poterat. Vt igitur viduæ inferant duo æra templo, per totam vitam castè degant, deficientemque sibi virginitatem appetant. D'icy il appert que la vefue donne deux pieces de monnoye, lesquelles quoy qu'elles soient petites & semblent les moindres de toutes, toutefois elles sont les plus grandes, & le reste est petit à comparaison, & sont au double plus pretieuses que les autres pieces qui sont offertes.
La chasteté coniugale ne donne qu'vne piece de monnoye à Dieu, quoy qu'elle engendre plusieurs enfans, & qu'il semble qu'elle donne beaucoup. La chasteté des vefues donne de bonne volonté ce qu'elle a, & donne deux pieces : Il est bien vray qu'elle n'en peut offrir trois, comme fait la virginité, laquelle surpasse tout, & fait vne offrande parfaite, & de trois pieces de monnoye. Donc si les vefues veulent donner deux pieces de monnoye au temple, qu'elles viuent chastement toute leur vie, & ayent vn grand desir de la virginité qu'elles ont perduë.
Des tesmoignages de ces trois saincts Peres nous pouuons reconnoistre l'estat qu'on doit faire de la viduité, laquelle S. Ambroise esgale quasi à l'estat de la virginité, voire la prefere en quelque façon entant qu'il reconnoit les sainctes vefues comme mai-stresses des vierges. S. Fulgence fait voir ses excellences & passe‑droicts par dessus l'estat des mariez : & S. Antonin monstre que tout ce que les mariez peuuent offrir à Dieu en leur estat, ne peut arriuer au pris de ce qu'offrent les vefues, quoy que toutefois leur offrande ne soit si pretieuse ny si parfaite que celle des sainctes vierges.
Chacun ne peut pas estre vierge, non omnes capiunt verbum istud, 507 qui potest capere capiat. Math. 19. chacun ne peut pas demeurer en estat de viduité, qui se non continent, nubant, celles qui ne peuuent se contenir, se marient. La continence est vn don de Dieu, il la donne à qui bon luy semble : mais chacun auec la grace & misericorde de Dieu peut trouuer la perfection en l'estat auquel Dieu par sa diuine prouidence l'a constitué, seruate gradus vestros, & Deus seruabit honores vestros, viuez conformement à vostre vocation, & Dieu ne manquera de vous donner la recompense qui luy est proportionnée, dit S. Augustin.
C'est vn grand tresor que la paix, pureté & fidelité coniugale : plus grand la continence viduale : tres-grand l'integrité virginale. Les mariez doiuent garder ce tresor, se gardans de ceux qui leurs pourroient rauir : les vefues & les vierges y ont plus d'obligation, puis que le laissans perdre elles font tort à Dieu, à qui elles l'ont consacré. Celuy qui trouua le tresor Euangelique le cacha, & vendit tout pour l'achepter, & en estre proprietaire. Il faut que cha-cun soit resolu, en quel estat qu'il soit, de perdre tout, voire la vie mesme, plustot que de perdre le tresor que Dieu luy a donné en garde. Ie confesse que celuy des mariez n'est que de trente, celuy des vefues est de soixante, & celuy des vierges est de cent ; mais la recompense & des mariez, & des vefues, & des vierges sera le tresor qui n'a point de fond, & ne se mesure ny par trente, ny par soi-xante, ny par cent, ny par mille, ny par millions, ny par milliers ; personne n'en peut faire le calcul, puis qu'il est infiny, & est Dieu mesme, lequel en qualité de recompense sera omnia in omnibus, tout en tous : Ie le vous souhaite de tout mon cœur, le priant vous faire la grace que par sa misericorde vous puissiez garder le tresor qu'il vous a mis en main, en l'estat auquel il vous a appellé, & posseder celuy qu'il vous garde au ciel. Amen.

Bandeau d'vn cherubin entouré de feuillages. TABLE DES CHOSES PLVS REMARQVABLES CONTENVES EN CE LIVRE.

A.
Lettrine "A".
ABigail soulage Nabal son mary. page 23
Achaz mechant, a vn bon fils, sçauoir Ezechias. 153
Adam & Eue, faits d'vn mesme souffle Diuin. 262
Adultere.
L'adultere est contre la loy de nature. 161
Anciennement on brusloit les adulteres. ibidem.
Les bestes ont l'adultere en horreur. ibid.
Les Payens ont puny l'adultere. 162
Ordonnances des Empereurs contre l'adultere. 262
Loy diuine contre l'adultere. 163
Miracle continuel en la loy ancienne pour descouurir l'adultere. ibid.
Punition de la loy de grace contre l'adultere. 164
C'est peché de tuer sa femme trouuée en adultere. ibid.
L'adultere est contre raison. 164
L'adultere est vn larron. 164
Est vn pariure & faussaire. 165
L'adultere est contre iustice. 164
L'adultere est pire que l'homicide. ibid.
L'adultere est vne espece de sacrilege. ibid.
Pire que l'idolatrie, 165
Confusion qu'apporte l'adultere. ibid.
Causes de l'adultere. 166
La curiosité des femmes, cause de l'adultere. 167
La cruauté des marys cause de l'adultere. 168
L'impudicité des marys, cause de l'adultere de leurs femmes. 169
L'adultere est quelquesfois vne punition de Dieu. ibid.
Les mariez n'ont point d'excuse de l'adultere. ibid.
La faute au peché d'adultere est plus grande en la femme, qu'en l'homme, & pourquoy. 171
Punition de la femme adultere. 172
Le peché d'adultere est plus grand en l'homme qu'en la femme, eu egard à la personne, & pourquoy? ibid.
Punition du peché d'adultere en l'homme. 174
L'adultere est sans cœur. ibid.
Il n'y a point d'excuse pour l'homme adultere. 176
S. Agnes espouse Iesus-Christ. 54
Admirable constance de Saincte Aldegunde. 64
S. Aldegunde marche sur les eaux. ibid.
Prodige au voile de S. Aldegunde. 65
Alliance.
Combien importe de se bien allier. 149
Ambition.
Inconueniens des mariages faits par ambition. 83
Les mariages faits par ambition, causent souuent mespris. ibid.
Ambition de la tortüe qui veut monter en haut, & l'explication. 84
Fable de l'Aigle qui se marie auec l'Austruche. 83
Ame.
Comme Iesus-Christ embellit l'ame son espouse. 54
Ornemens de l'ame par la grace. ibid.
Enfans de l'ame en qualité d'espouse de Dieu. 55
Loix du mariage de Dieu auec l'ame. ibid.
L'ame ennoblie par le mariage auec Dieu. 57
Deuoirs de l'ame enuers Dieu son espoux. 58
Exhortation à l'ame pour se comporter comme espouse de Dieu. ibid.
Que l'amour de l'ame en qualité d'espouse de Dieu doit estre tout à Dieu. 59
Signes qu'vne ame est espouse de Dieu. 62
Les Manichiens donnent deux ames à l'homme. 29. & 111
L'ame comparée à vne plume. 126
Amour.
Tout se fait en ce monde par amour. 236
Diuersité d'amour. 237
Amour charnel. ibid.
Amour de concupiscence. ibid.
Amour naturel. ibid.
Amour social. 237
Amour spirituel. 237
Quel doit estre l'amour des mariez. 237
Trois vnions des mariez. 238
L'amour des mariez se reduit à deux points. 239
Les mariez se doiuent aimer selon l'ame. 239
L'amour est reglé, & quels sont ses degrez. 243
Que c'est qu'aimer sainctement. 42
Que c'est que l'amour iuste des mariez. 245
L'amour veritable des mariez. 247
Description de l'amour. ibid.
Amour de l'aspic aue son pair. 248
Deuoirs de l'amour des mariez. ibid.
Regle de l'amour des marys enuers leurs femmes. 262
Le mary doit aimer sa femme par obligation Ciuile. 263
Le mary doit aimer sa femme comme sa chair. 262
Le mary obligé d'aimer sa femme en vertu du Sacrement. 264
Le moyen d'estre aimé est d'aimer. 265
Amour excessif des marys. 272
Les Romains aimoient trop leurs femmes. ibid.
Amour excessif de Sardanapalus. ibid.
Amour excessif de Gyges. 273
Amour de Liuia enuers Auguste son mary, & sa prudence. 334
L'amour doit rendre la femme conforme à son mary. 334. & 337.
Amour d'Artemisia enuers son mary. 339
Amour de la femme de Tygranes. 335
Raisons pour lesquelles les marys doiuent aimer leurs femmes. 261
L'amour du mary enuers sa femme doit estre patient. 267
L'amour se fait paroistre par les œuures. 337
L'amour de la femme peut auoir de l'excés. 338
Excés de l'amour des femmes de Cyanippus & d'Æmilius. ibid
Amour rare d'vne Reyne d'Angleterre enuers son mary. ibid
L'amour de Dieu a quatre degrez. 340
Amour deſreglé d'Agrippina enuers Neron son fils. 369
Anneau.
Ce que signifie l'anneau qu'on donne aux religieuses à leur profession. 66
Anciennement les espoux donnoient vn anneau de fer à leurs espouses & pourquoy. 86
Anneau fatal de Salomon. 259
Eloges des Apostres. 4
Pourquoy il estoit expedient que nostre Seigneur quitast es Apostres. 129
Auarice.
Folie de ceux qui par auarice se fraudent en leur necessitez. 256
Austruche.
Stupidité de l'Austruche. 368
B.
Beauté.
IEsus Christ a esté tres-beau. 87
La beauté est prisable. ibid.
La beauté est fragille. 88
La beauté comparée à l'eau. ibid.
Comparée à l'Once animal. ibid.
La beauté est dangereuse. ibid.
Theophraste ne veut espouser ny vne belle femme, ny vne laide. 89
Souuent la beauté porte des mauuais fruicts. 90
Benediction.
La benediction de Dieu donnée à Adam pour la multiplication est efficace. 19
Prieres de l'Eglise en la benediction nuptiale. 220
La benediction au mariage est ancienne. 205
Par qui la benediction au mariage se doit faire. ibid.
Causes de la benediction qui se donne au mariage. ibid.
La benediction sert pour moderer la sensualité. ibid.
Pour empescher les efforts de Satan. 206
Contre les malefices. 206
Cause la fecondité. ibid.
Establit les maisons. 207
Cause la prosperité. 208
Oraison de l'Eglise en la benediction des mariez. 220
Les benedictions nuptiales sainctement instituées. 490
Pourquoy ne se font aux secondes nopces. 490
Par qui se doiuent faire les benedictions nuptiales. 490
Benoist II. ne veut reconnoistre sa mere superbement vestue. 401
Regret de S. Bernard à la mort de son frere Gerard. 496
Bien.
En ce monde point de parfait bien ny repos. 107
Au monde nul bien sans mal. 108
Brebis.
Instinct de la brebis à reconnoistre son agneau. 343
C.
Chair.
LA chair estant flatée regimbe. 112
La chair comparée au poisson de Tobie. ibid.
La chair comparée au serpent d'Esope. ibid.
Charle.
Charle-magne se tient coulpable de n'auoir assez tost marié vne sienne fille. 385
Charles Quint resigne ses estats à son fils pendant sa vie. 388
Chasteté voyez pudicité
La sapience, & la chasteté apparoissent à Sainct Gregoire de Nazianze. 127
Chasteté, vertu des femmes. 171
On ne doit facilement permettre aux filles de faire vœu de chasteté. 386
Catherine.
Comme Iesus-Christ espouse S. Catherine de Sienne. 66
Chef.
Iesus-Christ Chef de l'Eglise. 250
Rapports du chef, & de l'entendement. ibid.
Comparaison du chef auec le ciel. 251
Quatre offices du chef. ibid.
Cerf.
Le mary doit estre comme vn cerf. 266
Le cerf a vn ardant amour pour sa biche. ibid.
Cheueux.
Pourquoy on coupe les cheueux aux religieuses. 65
Les vierges Vestales pendoient leurs cheueux à vn arbre. 66
Cicogne.
Pieté de la Cicogne. 410
Clefs.
Les Romains donnoient les clefs de la maison à la nouuelle mariée. 288
Quatre clefs de nature que Dieu s'est reseruées. 19
Clere.
Qui signifie Clere ϰλἢρoc 3
Comme les Clercs sont le sort de Dieu. ibid.
Cognation.
Trois sortes de cognations. 213
Cognation naturelle. ibid.
Cognation spirituelle. 214
Cognation legale. ibid.
Commandement.
Trois commandemens grauez au temple d'Apollon. 396
Diuersité de commandemens. 20. & 434
Concupiscence.
Que c'est que concupiscence. 30. Effects de la concupiscence. 30. & 32
Erreurs des Pelagiens touchant la concupiscence. 31
La concupiscence n'est pas vn bien. ibid.
La concupiscence est vn mal. ibid.
La concupiscence comparée à vn chien; vn lion; vn voleur; vn tyran. ibid.
La concupiscence n'est pas indomptable. 32
Moyens pour dompter la concupiscence. 33
Mariage, remede à la concupiscence. ibid.
La concupiscence est vn feu. 34
C'est vne mer. ibid.
C'est vne beste sauuage. ibid.
Le mariage ne remedie suffisamment à la concupiscence, s'il ne donne vne grace speciale. 37
Connaxa.
Plaisant trait de Connaxa. 390.
Conseil.
Le bon conseil est fort necessaire pour faire vn bon mariage. 217.
Consentement.
Du consentement au Mariage, voyez Mariage.  
Continence.
L'estat des continents est comme la lune. 3
Continence de S. Louys. 73
Pourquoy l'estat des continents appellé cœlibat? 127
Exemples d'aucuns qui ont gardé perpetuelle continence en mariage. 145
Correction des enfans.
Faut corriger les enfans. 365
Dieu punit les peres & meres qui ne corrigent leurs enfans. 367
Dieu oste souuent aux peres & meres leurs enfans, d'autant qu'ils les perdent par trop de liberté. 368.
Punition d'Eli pour auoir negligé la correction de ses enfans. ibid.
La correction comparée à vne medecine. 372
Faut de la seuerité en la correction de la ieunesse. 373
Il y faut de l'huile. ibid.
Faut mesler l'amour auec la rigueur en la correction. ibid.
Ne faut estre trop seuere en la correction des enfans. 374
La correction doit proceder d'amour. 425
Crainte.
Crainte seruile comparée au rasoir du chirurgien. 226
Comparée à vne medecine amere. ibid.
Comparée à la theriaque. ibid.
La crainte est le remede contre les tentations. 227
La crainte filiale, que c'est. ibid.
Cygne.
Dieu ne veut pas qu'on luy offre des Cygnes. 363
D.
DArius se soubmet à Apeme. 260
Deuotion.
La deuotion & la crainte de Dieu est le maintien de la famille. 228
Deuotion des Pharisiens. ibid.
Diuerses deuotions. ibid.
Deux sortes de vraye deuotion. 229
Deuotion commune. ibid.
Deuotion singuliere. ibid.
La deuotion est vn don de Dieu. 230
La deuotion demande nostre cooperation. ibid.
Allumettes de la deuotion. ibid.
Que les mariez peuuent s'appliquer à la deuotion. 231
La vraye deuotion. ibid
Les Roys peuuent auoir la deuotion. 232
Deuotion de S. Seuerus tisseran. ibid.
Plusieurs artisants deuots. 233
Grande deuotion d'vn conroyeur. ibid.
Deuotion de S. Deus-dedit. ibid.
En quoy consiste la deuotion des mariez. 234
Deux femmes mariées bien deuotes. ibid.
Deuotion d'Anne la Prophetesse, de Iudith, de Melania. 461
De saincte Paule. 462
Dieu.
Dieu est la fin de toutes choses. 10
Dieu est l'autheur du mariage. 7. & 68
Raisons pourquoy nous deuons tout rapporter à Dieu. 13
Dieu en la creation a eu esgard aux qualitez & habitudes de chaque creature. 92
Dieu fait choix de chaque homme en particulier. 93
Deux lumieres qui nous font connoistre Dieu. 122
Faut inuiter Dieu aux nopces. 219
Cause des mal-heurs du mariage qu'on n'inuoque pas Dieu. 220
Nous deuons tout rapporter à Dieu. 232
Toute puissance vient de Dieu. 291
Les Machabées soignent principalement le culte de Dieu. 379
Combien nous sommes plus obligez à Dieu qu'à pere & mere. 406
Iob reconnoit Dieu autheur de son corps. 407
La mere des Machabées reconnoit Dieu, autheur des corps de ses enfans. ibid.
Il n'y a que Dieu qui soit proprement Seigneur. 415
Dieu est maistre de tous, & les raisons pourquoy. ibid
Diligence.
Femme diligente est l'appuy du mary. 284
Femme diligente n'a que faire de parure. ibid.
Auguste Cæsar voulut que ses filles apprissent à trauailler. ibid.
Les nouuelles mariées anciennement portoient vne quenoüille. 285
Femme diligente est fidelle 285. Trauaille ibid. Se leue matin ibid. Est misericordieuse. 286. Pouruoit ses domestiques. ibid. Ne se soucie d'habits somptueux. 287. Parle peu. ibid. Est clemente. ibid. A soin de la maison. ibid. Ferme tout. 288.
Les louanges de la femme diligente. ibid.
Douceur.
Douceur de nostre Seigneur. 375
E.
Egalité en mariage.
Faut auoir egard à l'egalité en mariage. 217
Eglise.
L'Eglise est vne. pag.1
Trois estats de l'Eglise. 2. & 457
Les mariez ont vn denier: les vefues deux: les vierges trois. 506
L'Eglise belle comme la Lune, choisie comme le Soleil, terrible en ses progrés comme vne armée rangée. 2
Antitheses des trois estats de l'Eglise, & comme ils different. 5
L'Eglise espouse du Messie. 46
Circonstance du mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise. 46
Figures de l'Eglise entant qu'elle est espouse de Iesus-Christ. 47
Le mariage de Iesus-Christ auec l'Eglise est vn mariage de misericorde. 48
Parure de l'Eglise entant qu'Espouse. 49
Rapport du mariage de Iesus-Christ, & de l'Eglise auec celuy d'Isaac, & de Rebecca. ibid.
Arres de l'Eglise entant qu'Espouse de Iesus-Christ. 50
Enfans de Iesus Christ, & de l'Eglise. 51
Le laict de l'Eglise est la doctrine celeste. ibid.
L'Eglise entant qu'Espouse de Iesus-Christ est vierge, & mere. 52
Iesus-Christ rend son espouse de corrompue, vierge. ibid.
Tendresse de S. Elzearius pour les pauures à l'aage de trois ans. 342
Enfans.
Enfans cruels contre leurs proches. 143
Les enfans causent les plus sensibles douleurs aux peres & meres. 144
Vn enfant mort à l'aage de 12. ans par les prieres de S. Iean l'Aumosnier de peur qu'il ne fust damné. ibid.
Les mauuais enfans sont quelques fois punition des mauuais peres. 148
Des bons peres, bons enfans. ibid.
Des mauuais peres, mauuais enfans. 149
Raisons naturelles pour lequelles les peres engendrent des enfans qui leurs sont semblables. ibid.
D'où vient que de bons peres sortent des mauuais anfans. 151
Les peres & meres doiuent recommander leurs enfans à Dieu, & aux gens de bien. 151
Les bons enfans sont vn don de Dieu. ibid.
Les enfans issus de peres & meres mauuais, peuuent estre bons. 152
Achaz mechant, a vn bon fils. 153
Les enfans se peuuent marier à l'inseu de pere & mere, & contre leur gré pour iuste cause. 203
Les enfans doiuent prendre aduis de pere & mere pour se marier. ibid.
Vn enfant auec deux corps, & ame. 239
Enfans genereux semblables aux petits lions. 373
Aux maisons sainctes se trouuent quelques fois des mauuais enfans. 376
Les enfans sont la possession des peres & meres. 377
Les enfans sont comme des singes. 381
Les peres & meres peuuent vendre leurs enfans en grande necessité. 395
Les peres & meres Lieutenans de Dieu aux enfans. 396
Les enfans doiuent obeyssance à pere & mere. 403
En quoy consiste cette obeyssance. 404
Punitions des enfans des-obeyssans. ibid.
Le mariage n'exempte les enfans de l'obeyssance deüe aux pere & meres. ibid.
Les enfans ne sont pas subiects en toutes choses aux peres & meres. 405
Les enfans doiuent obeyr à Dieu plustot qu'à pere & mere. 406
Les enfans ne doiuent entrer en religion si les peres & meres ne peuuent viure sans leur assistance, & y estans entrez en doiuent sortir. 409
Les enfans qui n'assistent pere & mere sont enfans du Diable. 411
Enfans comparez à vn Gentil homme qui tient vn fief. ibid.
La loy permet aux peres & meres de reuoquer ce qu'ils ont donné aux enfans en cas d'ingratitude. 412
Benedictions que Dieu promet aux enfans qui assistent pere & mere. ibid.
Histoire d'vn enfant ingrat enuers pere & mere & sa punition. 413
C'est aux peres & meres de soigner le mariage des enfans. 439
Ce n'est aux enfans de soigner leur mariage & sur tout mal-seant aux filles. ibid.
Les enfans se doiuent remettre de leur mariage à leurs parens. 440
Quatre sens de l'Escriture, Literal, Moral, Allegorique, Anagogique. 40
Espouse.
Significations diuerses de la bigarrure de la robbe de l'espouse mystique. 2
Espouse conduitte à la maison de l'espoux la nuict & pourquoy. 219
Euesque.
Comme les Euesques sont en estat de perfection. 4
Exemple.
L'exemple des peres & meres est souuent cause que les enfans sont meschans. 150
Comparaison du bon exemple aux pigeons parfumez. 351
Au flambeau, ou à la lanterne du nauire. 351. A l'aymant. ibid. A l'ambre. ibid.
Efficace du bon exemple. 352
L'esprit est semblable à la cire, & se moulle par l'exemple. 360
La force de l'exemple. 380
La ieunesse desbauchée faute de bon exemple. ibid.
Le mauuais exemple ne necessite point, & plusieurs nonobstant le mauuais exemple n'ont laissé d'estre bons. 381.
Exhortation.
Exhortation de S. Hierosme à vne fille qui vouloit quitter sa mere fascheuse. 399
Fards.328
Quel sentiment à la S. Escriture des fards. 319
Sentiment des SS. Peres touchant les fards. 320
Sentiment des payens touchant le fard. 322
Plaisant trait de Phryne touchant le fard. ibid
Pythagoras fait quitter le fard aux Dames. 323
Le fard nuit à la santé. ibid.
C'est vn signe d'impudicité. ibid.
C'est chose intolerable aux hommes de se tant parer & farder. ibid.
Philippe depose vn iuge, d'autant qu'il se fardoit. 324
Archidamus reiette vn Ambassadeur fardé. ibid.
Fecondité, voyez Sterilité.
Le fecondité est vn grand bien. 135
C'est vne recompense de la bonne vie. ibid
La benediction ancienne de fecondité ne repugne pas à la virginité de l'estat de grace. 136
Que les enfans sont vn grand don de Dieu. ibid
Quel bien à la mere d'auoir des enfans. 137
Femme.
Comme la femme est l'aide de l'homme principalement en la generation. 18
La femme creée pour estre le soulagement de l'homme. 23
L'homme doit escouter quelques fois sa femme. 24
La femme faite à la semblance de Dieu aussi bien que l'homme. 25
Plusieurs femmes ne sont aide à leurs marys. 26
C'est vn grand tourment qu'vne mauuaise femme. ibid.
Histoire plaisante à ce propos. ibid.
Autre histoire au mesme propos. ibid.
La foiblesse des femmes ne les dispense pas d'estre vertueuses. 27
La bonne femme prolonge la vie de son mary. 28
La femme pourquoy faite de la coste de l'homme. 25
Insolences d'aucunes femmes. 113
Si le mary doit garder sa femme. 179
La bonne femme est souuent vne recompense de la bonne vie. 221
Plusieurs femmes qui ont esté cause du salut de leurs marys. 241
Mauuais femmes perdent leurs marys. ibid.
Admirable constance de S. Natalie femme de S. Adrian. 144
La femme doit estre vn lis à son mary. 246
La femme impudique est appellée meschante femme. 278
L'impudicité en vne femme est la portiere de tous vices. ibid.
La femme comparée à la biche. 334
Mauuaises femmes comparées au serpent. 336
Mauuaises femmes. 270
Bonnes femmes. ibid.
Pouuoir des femmes sur Salomon. 258.
Comme la femme doit honorer son mary, beau passage de S. Hierosme. 260.
La femme est comme la moitié de l'esprit de l'homme. 262.
Quel est l'honneur que le mary doit à sa femme. 263.
La femme doit auoir vne mesme volonté auec son mary. 337.
Femmes qui se font mourir par trop d'amour. 339.
Comme la femme est la gloire de l'homme. 275.
Quel est l'honneur de la femme. 276.
La femme comparée au lis. ibid.
La femme ne doit trotter. ibid.
La femme & fille doit euiter les lieux escartez. 277
Elle ne doit s'exposer à veue de tout le monde. ibid
La femme doit trauailler. 283. & 285
Femme forte, c'est à dire diligente. 284
Femme sans misericorde est comme vn monstre. 286
Si la femme peut faire des aumosnes sans le consentement de son mary. ibid.
Femme diligente, voyez Diligence.
La femme ne doit commander à l'homme. 290
Si la femme eust esté subjette au mary en l'estat d'innocence. ibid.
Seruitude de la femme. 291.
La seruitude de la femme est punition. 291.
Les femmes sont fort desireuses de se parer. 219.
Vrays ornemens des femmes. 325.
Le mary vertueux est l'ornement d'vne femme. ibid.
L'amour doit rendre la femme conforme à son mary. 334. & 337
Amour de Liuia femme d'Auguste enuers son mary. 334
La femme comparée à la biche. ibid.
Amour de la femme de Tygranes. 335
Histoire plaisante d'vn qui auoit la mesme volonté que sa femme, & ne se pouuoient accorder. 337
L'amour de la femme peut auoir de l'excés. 338
Excés de l'amour des femmes de Cyanippus & Æmilius. ibid
L'amour de la femme enuers son mary reduit à quatre degrez. 340
Faut chercher en vne femme la vertu. 443
Charmes puissans des femmes pour se faire aimer, sçauoir la vertu, & l'amour de leurs marys. 454
La femme se doit conformer à sa belle mere. ibid.
Les femmes Romaines ne beuuoient point de vin. 472.
Trois vices communs aux femmes. 473.
Femmes punies pour auoir beu du vin. 471.
Loix contre les femmes qui beuuoient du vin. ibid.
Femmes addonnées au vin tenues comme adulteres. ibid.
Fidelité.
Que c'est que la fidelité. 154
Fidelité recommandable. 155
Les effets de la fidelité. ibid.
Fidelité recommandable entre les amis. 156
Offices de la fidelité. ibid.
Si la fidelité des mariez surpasse toute autre. 156
Belle histoire de la fidelité de deux mariez. 159
Vne fille se mariant contre la foy qu'elle auoit donnée à vn autre, est emportée du Diable. 210
Filles, voyez Femme.
Ornemens des filles. 327
La fille doit estre misericordieuse. ibid.
Punition de Prætextata pour auoir parée Eustochium. 328
Sentiment de Thomas Morus touchant la curiosité des filles. ibid.
Peinture d'vne fille qui ne vaut rien. ibid.
C'est vn dost à vne fille que la retenue. 329
Comme la vertu des filles les rend aimables. ibid.
Filles qui reformerent vne ville. 331
Les filles doiuent garder la maison. 348
Doiuent estre deuotes. 349
Doiuent estre armées comme Pallas. 349
Ne doiuent estre auares. ibid.
Ne doiuent estre addonnées au luxe. 350
Profit qui reuient de la bonne nourriture des filles. ibid.
Abus des meres à nourrir leurs files. ibid.
Constance d'vne fille à ne se marier. 408
Six belles vertus recommandables aux filles. 446
Filles ne doiuent traitter auec homme à l'insceu de pere & mere. 449
La fille doit laisser le choix d'vn mary à son pere. 450
Fin, voyez fin du Mariage.
Chaque creature a vne fin particuliere. 10
La cause du desordre est quand les creatures se destournent de leur fin. 11
La bonté & malice de nos actions depend de la fin. ibid.
Les bonnes fins du mariage sont quatre. 12
Nous deuons tout rapporter à Dieu comme à nostre fin, & pourquoy. 13
Le desordre des choses humaines, vient faute de se proposer la fin. 76
Diuerses fins qu'aucuns ont entreprenant le mariage. 77
G.
Generation.
LA Generation est la principale fin du mariage. 15
La generation eust esté quand bien l'homme n'eust peché. 15
Diuerses raisons pour lesquelles il a fallu que la generation fust. ibid.
C'est vne perfection d'engendrer son semblable. 16
La femme est l'aide de l'homme en la generation. 18
Si les paroles de Dieu, touchant la generation, croissez, & multipliez, sont commandement. 19. & 20
Godefroy de Bouillon, extraordinairement fort, & pourquoy. 175
Grace, voyez Sacrement.
Trois effects de la grace originelle. 29
La grace du Sacrement de Mariage, aide à supporter les charges du Mariage. 38
Grace speciales des Sacremens. ibidem
Mariage de Dieu auec l'ame par la grace, & ses circonstances. 53
Ornemens de l'ame par la grace. 54
Vnion l'ame auec Dieu par la grace. 55
Deux graces, la premiere & la seconde. 291
Amour excessif de Gyges enuers sa femme. 273
H.
Habits.
Sainct Paul defend la vanité des habits. 301
La pudicité consiste en partie à n'estre vain en habit. 302
La femme qui se pare hors de la maison tenue pour impudique. ibid.
Sentiment de Tertulian touchant les habits somptueux. ibid.
Les habits pretieux defendus aux femmes honnestes. ibid.
Source des habits, est le peché d'Adam. 303
Les femmes oublient tout pour estre braues. ibid.
Femmes qui trahissent patrie & parens pour estre braues. ibid.
Habits couuerture de nostre honte. ibid.
Vanité des habits. 304
Iesus-Christ defend la vanité des habits. 305
L'escriture defend l'ornement des habits. 306
Les habits sont vn signe pour connoistre l'interieur de l'homme. 307
Grand peché d'attirer au mal par la somptuosité d'habits. ibid.
Aucuns s'habillent & se parent par superbe. ibid.
Vanité de Crœsus en ses habits. 308
Comme Dieu punit la vanité des habits. ibid.
Aucunes en s'habillant & parant cherchent plaire à leurs marys. ibid.
Souuent les habits somptueux deplaisent aux marys. 309.
Souuent les femmes se parent pour estre veuës. ibid.
Habits somptueux appelez habits de courtisanes. 310
Responses aux objections des curieuses en habits. ibid.
Les femmes vaines en habits sont des lacets du Diable. ibid.
Superfluité en habits signe d'impudicité. 311
Femmes curieusement parées, comparées aux temples d'Egypte. ibid.
L'empereur Heraclius ne peut porter la saincte Croix estant richement habillé. 317
Habits de S. Iean Baptiste & des premiers Chrestiens. 326
Les signes de Iesus-Christ sont des langes viles. ibid.
Il est indecent que les hommes se parent curieusement. ibid.
Folie des peres qui parent si curieusement leurs filles. 327
Dieu appaisé par les habits rudes. 331
On ne pouuoit s'approcher du Roy de Perse qu'estant habillé pompeusement. ibid.
Hercule asseruy par Iole. 260
Herode frappé de Dieu pour son insolence. 308
S.Hierosme donne des preceptes pour l'instruction des enfans. 385
Histoires.
Histoire plaisante d'vn qui auoit la mesme volonté que sa femme & ne se pouuoit accorder. 337
Histoire d'vn enfant de Liege esgaré. 272
Histoire effroyable d'vn enfant nourry en liberté. 370
Histoire memorable de la legereté d'vne vefue à se remarier. 500
L'homme.
Diuers Eloges de l'homme. 16
Diuerses habitudes de l'homme & de la femme. 22
L'homme doit escouter aucunes fois sa femme. 24
En quoy l'homme semblable à Dieu. 25
Des deux hommes dont parle S. Paul. 28
L'homme interieur. 29
L'homme exterieur. ibid.
Mouuemens de l'homme interieur & de l'exterieur. ibid.
L'homme n'a esté crée auec corruption. ibid.
L'homme a plus de prudence que la femme. 251
L'homme plus noble que la femme & pourquoy. 289
L'homme a deux maisons selon Aristote. 287
Honneur.
Quel honneur le mary doit à sa femme. 263
Que signifie le mot d'honneur. 409
Honneur interieur & exterieur. 427
Hospitalité.
Recompense de l'hospitalité. 446
Comme les anciens inuoquoient le Dieu Hymen en leurs nopces. 218
Peincture du Dieu Hymen & sa signification. 219
I.
Ialousie.
LA jalousie est vne grande affliction. 177
Que c'est que jalousie. ibid.
Quel grand mal est la jalousie en vne femme. 178
Combien dangereuse est la Ialousie en vn homme. ibid.
Merueille que Dieu fait en faueur d'vne femme innocente accusée par jalousie, & frappée sept fois fois de la main d'vn bourreau. 181
Autre histoire à ce subject. 185
Autre histoire tragique d'vn mary jaloux. 186
C'est vn remede contre la jalousie si le mary est sourd & la femme aueugle. 181
Le bien-heureux Iacopon conuerty par sa femme. 240
Generosité d'Icasia noble Vierge. 60
Iesus-Christ.
Iesus-Christ Chef de l'Eglise en quatre façons. 250
Iesus-Christ quite sa mere pour le seruice de son pere. 408
Ieunesse, voyez Pere.
Response de l'Oracle touchant l'instruction de la ieunesse. 357
Le bon-heur des estats depend de l'instruction de la ieunesse. ibid.
Contre les peres & meres qui ont plus de soin d'amasser des moyens à leurs enfans que de les instruire. ibid.
Importance de l'instruction de la ieunesse pour le bien de l'Eglise. 358
Les tyrans pour nuire à l'Eglise ont corrompu la ieunesse. 359
Trait de Lycurgus pour monstrer l'importance de l'instruction de la ieunesse. ibid.
Faut instruire les enfans dés la plus tendre ieunesse. 360
Les enfans sont tels en vieillesse qu'ils ont esté en ieunesse . ibid.
Ce qu'on a enseigné aux enfans en ieunesse demeure en vieillesse. 361
La constance d'Eleazarus prouenoit de la bonne education de sa ieunesse. ibid.
Vn enfant loup pour auoir esté nourry parmy les loups. 362.
Dieu demande la ieunesse & la vieillesse. ibid.
Les Diables en veulent à la ieunesse. 363
C'est chose bonne de porter le joug de Iesus-Christ dés sa ieunesse. 364
Pourquoy on donne le baptesme dés la plus tendre ieunesse. 365
Histoire effroyable d'vn enfant nourry en liberté. 370
Incarnation.
En l'incarnation le Verbe est vn espoux. 40
Comme l'incarnation est mariage. ibid.
Temps auquels s'est faite l'incarnation. 41
L'incarnation arrestée de toute eternité. ibid.
Circonstances du mariage de l'incarnation. 41. & suiuants
Promesses du mariage du Verbe par l'Incarnation. ibid
Ratification du mariage du Verbe en l'Incarnation. ibid
Cause de l'Incarnation. 43
Nostre nature embellie par l'Incarnation. 45
Les Iuifs on pensé que le Messie auroit vne femme. 46
Inclination.
Les diuerses inclinations sont effects de la prouidence Diuine. 93
Ingratitude.
Cinq cas d'ingratitude. 412
Patience de Iob enuers sa femme. 267
Modestie, & chasteté d'Isaac. 439
Sobrieté de Iudith. 472
L.
LAuduna mere de S. Elzearius offre son fils à Dieu. 342
Le B. Laurent Iustinian marié auec la sapience. 63
Lepre.
Pour la guarison de la lepre falloit mettre du sang, & de l'huile sur l'oreille. 374
Liberalité.
On peut estre liberal, & donner beaucoup en donnant peu. 465
Liberalité de Sainte Paule. 465
Ligne.
Ligne descendante. 214
Ligne ascendante. 214
Ligne oblique. ibid
Moyen pour connoistre en quel degré on est en ligne droite. ibid.
Moyen pour connoistre en quel degré on est en ligne oblique. ibid.
Amour de Liuia enuers Auguste son mary, & sa prudence. 334
Continence de Sainct Louys. 73
Testament de Sainct Louys, & instruction qu'il donne à son aisné. 392
Luxe, voyez Habit.
Luxure.
Le chariot de luxure. 278
La luxure est vn seu. 279
Grande modestie, & fidelité de Lycurgus. 85
M.
Honneur du mariage.
L'Estat des mariez est comme l'aurore. 3
Heresies contre le mariage. 6
Comme le mariage est honorable en tout, S. Paul expliqué. 7
Raison pourquoy le mariage honorable. ibid.
Dieu est autheur du mariage. 7. & 68.
Mariage institué au paradis terrestre, & en l'estat d'innocence. 8
Excellence du fruict du mariage. ibid.
L'honneur que Iesus-Christ a rendu au mariage. ibid.
Estat que les Anges font du mariage. 9
Dieu protecteur special des mariez. ibid.
Principale honneur du mariage en ce qu'il represente trois mariages, celuy du Verbe auec la nature humaine; celuy de Iesus-Christ auec l'Eglise : & celuy de Dieu auec l'ame. ibid.
Le mariage quasi autant honorable que la viduité selon S. Ambroise. 504
Cest vn crime de profaner le mariage. 60
Fins du mariage. Voyez le tiltre fin. Richesses.
Quatre bonnes fins du mariage. 12
Le bon-heur du mariage depend de sa fin. 14
La principale fin du mariage est la generation. 15
Quel eust esté le mariage en l'estat d'innocence. 17
Tous les hommes ne sont pas obligez à se marier. 20
Le mariage remede à la concupiscence. 33 . & 111
Ce qu'ordinairement on cherche en mariage. 77
Le mariage est Sacrement.
Le mariage est Sacrement. 35
Ce qui paroist exterieurement au mariage, n'est pas grand. ibid.
Le mariage a esté institué Sacrement. 36
Comment le mariage est Sacrement. ibid.
Le mariage donne vne grace speciale. ibid.
Pourquoy le mariage en la nouuelle Loy a deu estre Sacrement. 37
Le mariage ne remedie suffisamment à la concupiscence s'il ne donne vne grace speciale. ibid.
Prieres de l'Eglise, en la benediction du mariage. 37
Le mariage rend l'amour des mariez supernaturel. 38
La grace du Sacrement de Mariage, aide à supporter les charges du mariage. ibid.
Quatre sortes de mariage suiuant les quatre sens de l'Escriture. 40
C'est vn crime de profaner le mariage. 60
Les mariez contractans en estat de peché mortel, ne reçoiuent ny l'augmentation de la grace, ny les aides actuels, au moins lors. 197
Faut se confesser auant que se marier. ibid.
On peche, se mariant en estat de peché mortel. ibid.
Si ceux qui se marient en estat de peché mortel, font deux pechez mortels. 198
Les contractans au mariage, sont ministres du Sacrement de Mariage. 199
Vsage du Mariage.
L'vsage du mariage peut estre sans aucun peché. 68
Le mariage n'est pas mauuais. 68
L'vsage du mariage est vn acte de iustice. 69
D'où prouient la honte qui est en l'vsage du mariage. ibid.
L'vsage du mariage est meritoire. ibid.
L'vsage du mariage est souuent obligatoire. 70
Le refus du deu de mariage ordinairement est peché mortel. ibid.
Les fins qu'on peut auoir en l'vsage du mariage. 71
En l'vsage du mariage, faut rapporter la lignée à Dieu. ibid.
Si c'est peché d'vser du mariage pour euiter l'incontinence. ibid.
Comme on peut vser du mariage pour sa santé. ibid.
L'vsage du mariage pour le seul plaisir, est peché veniel. ibid.
L'vsage du mariage n'est defendu, ny aux iours de festes, ny de ieusnes. ibid.
Est expedient de s'abstenir quelques fois du mariage & pourquoy. 72
La communion, n'empeche l'vsage du mariage. ibid.
L'vsage du maraige en public est peché mortel. 73
Comment permis en lieu sacré. ibidem.
Tout n'est pas permis aux mariez. 74
Si l'vsage du mariage est permis parmy les ordinaires des femmes, pendant la grossesse, & quand elles sont en couche. ibid.
Si l'vsage du mariage est permis aux foux. ibid.
On n'est pas obligé au deu du mariage auec interest notable de sa santé. 75
Les mariez peuuent arriuer à la perfection. ibid.
L'vsage du mariage offusque la raison, & empeche les sciences. 124
Le mesme, prouué par raison naturelle. Voyez virginité, volupté. ibid.
Belle comparaison de Cassian à ce propos. 125
Belle response de frere Gilles au mesme subject. 125
Mariez, damnez pour le mauuais vsage du mariage. 244
De l'indissolubilité du mariage.
Le mariage est indissoluble depuis la consommation. 116
Auant la consommation du mariage ratifié on peut se faire religieux, & l'vn ayant fait profession l'autre se peut remarier. 117
Les mariez peuuent demander delay de deux mois pour la consommation du mariage. 118
Cas ausquels le mariage peut estre dissout quant au lien. ibid
Cas ausquels le mariage peut estre dissout quant au lict. 120
Les mariez sont obligez de demeurer ensemble. 158
Comment les mariez se peuuent separer quant au lict. ibid.
La donation des corps entre les mariez est reciproque. 170.
Comme les mariez sont deux en vne chair. 238
Maux du mariage.
Nul bien au monde sans mal. 108
Le mariage n'est sans peine. ibid.
Pourquoy anciennement les nouueaux mariez touchoient du feu & de l'eau, & pourquoy on arroſoit l'espouse. 109
Il n'y a que deux bons iours au mariage, disoit quelqu'vn. ibid.
Seruitude du mariage. 119
Miseres & peines des meres. 112
Miseres du mariage. 112. & 113
Quelle est la diuision des mariez dont parle S. Paul. 122
Comme le soin de la famille trauaille le mary. 128
Soins d'vne femme mariée. 129
Pourquoy du mariage chose si saincte sortent quelques fois des mauuais enfans. 129. & 148
Biens du mariage.
Trois biens du mariage, & ce qu'ils representent. 134
Biens du mariage. Voyez fecondité & fins du mariage. 138
Consentement du mariage.
Le consentement est necessaire au mariage. 198
Le consentement fait auec grande crainte rend le mariage nul. 199
On ne doit contraindre ny empescher personne de se marier. 200
Comme les peres & meres peuuent commander à leurs enfans de se marier. 200
Point de mariage sans le consentement des parties. 201
Le mariage est valable sans le consentement des parens. ibid.
Les enfans qui se marient sans le consentement de pere & mere pechent s'ils n'ont iuste cause. Le mariage est toutefois valable. 202.
Obeyssance d'Isaac en son mariage. ibid.
Obeyssance de Rebecca en son mariage. ibid.
Mariage clandestin.
Que c'est que mariage clandestin. 204
Pourquoy les mariages clandestins defendus. ibid.
Mariage clandestins inualides. ibid.
Empeschements du mariage.
Empeschements qui rendent le mariage illicite, & non nul. 209
Empeschements qui rendent le mariage nul, & leur explication. 211
Comme l'erreur empesche la validité du mariage. 212
Que c'est que l'empeschement de condition. ibid.
De l'empeschement du vœu. 213
De l'empeschement du crime. 215
Les ordres pris pendant le mariage ne le copent pas, ny la profession en religion. 213
Mary.
Insolences d'aucuns marys. 114
Le mary doit estre tel qu'il desire que soit sa femme. 222
Le mary doit aimer sa femme. Voyez Amour. 261
Le mary doit estre comme vn cerf. 266
Mauuais mary comparé au lion. 267
Chose indigne que le mary batte sa femme. ibid.
Les Payens ont ordonné que la femme qui auroit esté battue de son mary le quittaſt. ibid.
Comme les marys doiuent traiter leurs femmes. 268
Comme ils se doiuent comporter vers elles. ibid.
L'amour du mary enuers sa femme. ibid.
Le mary est plus obligé de nourrir sa femme que ses peres, meres, freres, sœurs. 257
C'est au mary de commander à sa femme. 258
Le mary est obligé d'aimer sa femme par ordonnance Diuine. Par Nature. 261. Par obligation Civile. 263. 261.
L'amour enjoint principalement au mary. 333
En quoy le mary est plus obligé à sa femme qu'à ses enfans. 405
Le mary ne doit oublier pere & mere pour l'amour de sa femme. 454
Mere.
Soin que la mere doit auoir de son enfant auant qu'il soit né. 341
La mere ne peut procurer auortement. ibid.
Si la mere peut prendre vne medecine au preiudice de son fruict. ibid.
Belle practique que la mere ayant conceu offre son fruict à Dieu. 342
La mere doit allaicter son enfant. 343
Importe beaucoup que l'enfant soit nourry du laict de la mere. ibid.
Force de la nourriture. ibid.
Les meres qui ne nourissent leurs enfans sont demy meres. 344
C'est l'honneur des meres d'allaicter leurs enfans. ibid.
Raisons pour lesquelles les meres doiuent allaicter leurs enfans. ibid.
L'amour est plus tendre lors que les meres allaictent leurs enfans. ibid.
L'enfant nourry d'autre que de sa mere en reçoit souuent grand interest. 345
Il vit moins. ibid.
Histoire d'vn enfant changé à nourrice. 346
Enfans qui ont participé aux humeurs de leurs nourrices. ibid.
C'est principalement à la mere d'auoir soin de ses filles. 348
Les meres doiuent enseigner leurs filles par exemple. 351
Doiuent recommander leurs filles à Dieu. 352
Second mariage, voyez secondes nopces & viduité.
Pourquoy ceux qui ont esté mariez deux fois, exclus des ordres sacrez. 491
Rigueur des loix Ciuiles contre les femmes qui se remarient. ibid.
Cette rigueur corrigée par les loix Canoniques. 492
La femme qui se remarie semble oublier son premier mary. 496
Liberté d'aucunes à se remarier. 500
Mariage, où le mary auoit enterré vingt femmes, & la femme vingt & vn marys. 500
Mariage en general
Ceux de Toscane ne permettoient pas que ceux qui estoient à marier se donnassent des presens mutuellement. 77
Il y doit auoir de la ressemblance entre les mariez. 80. & 84
L'inegalité en mariage fait qu'vn des conjoint est valet de l'autre. 85
Ceremonies des Grecs au mariage. 134
Mariage comparé à la mer. 192
Au buisson ardant. 193
C'est au pere de soigner le mariage de ses enfans. 202 . & 439
Nouuelles mariées couronnées d'aſperges. 219
Mauuaise rencontre en mariage est souuent punition de la mauuaise vie. 221
La mauuaise vie cause des mauuais mariages. 222
Remede à ceux qui sont mal mariez. 223
Plusieurs qui n'ont pas laissé d'estre Saincts quoy que mariez. 269
Il est bien difficile de faire vn bon mariage. 386
Histoire du mariage d'Isaac auec Rebecca. 437
Les parens ne doiuent employer que gens sages pour faire les mariages. 440
Ne faut se marier auec les meschans & infideles. 441
Les promulgatinos ne sont pas de la necessité du mariage. 205
Maistres
La iurisdiction des maistres consiste en cinq poincts. 419
Les deuoirs du maistre consistent en ce qui concerne la nature & la grace. 419
Charité du centenier enuers son seruiteur. 420
Le maistre doit le salaire à son seruiteur. ibid.
Punition de Dieu enuers les maistres cruels. 421
Ce que les maistres doiuent aux seruiteurs de droit Diuin. 422
Les maistres doiuent auoir soin que les seruiteurs exercent les œuures de religion. 422
C'est du profit des maistres qu'ils ayent soin de la conscience de leurs seruiteurs. 423
Le maistre se doit plus faire aimer que craindre. ibid.
Les maistres doiuent estre comme peres enuers leurs seruiteurs. 424
Le maistre doit obseruer trois choses en la correction. ibid.
Le maistre ne peut punir que de legeres punitions. 425
Cruauté de Bedius Pollio enuers son seruiteur. ibid.
Celuy qui est maistre peut deuenir seruiteur. 426
Metellus refuse la fille de Marius de peur d'estre son valet. 85.
Patience de Manlius Torquatus enuers son pere. 399
Saincte Marguerite Reine d'Escosse reforma son mary & le royaume. 240
Martia.
Modestie de Martia fille de Varon. 168
Masle.
Le masle est ordinairement plus parfait. 289
Pieté de saincte Mathilde Reine d'Angleterre. 240
Malediction.
Pere & mere ne doiuent maudire leurs enfans. 347
Histoire à ce subject. ibid.
Minerue vierge. 125
Larmes de S. Monique pour la conuersion de S. Augustin. 352
Mouches.
Mouches ne prennent pied sur la glace de Venise. 277
N.
ADmirable constance de S. Natalie femme de S. Adrien. 144
Nopces
Inconueniens de secondes nopces. 496
Modestie des nopces d'Isaac. 453
Nourrice.
Histoire d'vn enfant changé en nourrice. 346
Enfans qui ont participé aux humeurs de leurs nourrices. Voyez, Mere doit allaicter son enfant. 446
Nudité.
L'escriture a les nuditez en horreur. 312
Femmes qui affectent les nuditez comparées aux lamies. 313
Linus Pape defendit les femmes d'entrer à l'Eglise teste descouuerte. 315
Comme les femmes d'Arabie se couurent. ibid.
Caius Sulpitius repudie sa femme, pour estre sortie de la maison sans voile. ibidem.
Femme foüettée des Anges en punition de sa nudité. 316
Nostre Dame ne veut entrer en la cellule d'vn religieux mal couuert. ibid.
Beau trait de Louys XIII. Roy de France touchant les nuditez. 315
Les femmes se causent la mort par leur nudité. 318
Honnesteté de Micca fille touchant la nudité. 313
Les Romains ne permettoient que les enfans entrassent dans les bains auec leurs peres & meres. 315
O.
Obeyssance.
ON n'est pas obligé d'obeyr au Superieurs, lors qu'ils commandent quelque chose contre Dieu. 292
En choses douteuses, l'inferieur est obligé d'obeyr au superieur. ibid.
Conditions de l'obeyssance. 293
L'obeyssance doit estre droite. ibid.
Comparée à l'eschelle de Iacob. ibid.
Doit estre volontaire. ibid.
Doit estre simple. 294
Beau trait du Roy Amasis touchant l'obeyssance. 294
Le merite est plus grand obeyssant à vn homme pour Dieu, qu'obeyssant à Dieu immediatement. ibid.
Obeyssance aueugle. 295
Doit estre auec ioye. 295. Prompte. 296. Forte. 297. Humble. 298. Perseuerante. 299
Promptitude de l'obeyssance des soldats de Dauid. 296
De Samuel. 296. Des Apostres. 296. De Zachée. 296. d'Abraham. 298.
Deux mouuemens des cieux rapportez à l'obeyssance. ibid.
Obeyssance representée par vn leurier. 297
Comparée à vn corps mort. 299
La superbe contrairie à l'obeyssance. 298
Obeyssance constante de nostre Seigneur. 299
Les Payens ordonnoient aux femmes d'obeyr à leurs marys. 300
Œuures.
Ne faut differer les œuures de Dieu. 451
Tendresse des oyseaux vers leurs poussins. 343
Oyseau.
Oyseau appellé le iuste. 382
Oysiueté.
Oysiueté produit les vices. 284
Auguste Cæsar vouloit que ses filles trauaillassent pour fuyr l'oysiueté. ibid.
Oraison.
Faut se seruir de l'oraison pour faire vn bon mariage. 444
Nous deuons fonder l'octroy de nos oraisons sur la misericorde de Dieu. ibid.
Comme Dieu est prompt à nous exaucer en nos oraisons. 446
L'oraison est vne bonne disposition au mariage. 452
Ordre.
Le bon-heur du monde depend du bon ordre, & qu'il soit gardé. 289
Oreilles
Que signifient les pendans d'oreilles, & les brasselets. 448
Olympias.
Honnesteté d'Olympias. 314
Louange de la vefue Olympias. 502
P.
LA palme femelle, seiche le masle qui estoit aupres estant coupé. 469
Explication de la parabole du 30. 60. 100. 495
Comme S. Paule matte son corps. 317
Liberalité de S. Paule. 465
Peché.
Effects du peché originel. 30
La grandeur du peché se tire de la personne, ou de la faute. 171
Deprauation que fait en nous le peché originel. 110
La grandeur du peché procede souuent de la personne. 173
Peres.
Peres & meres doiuent estre comme des Soleils en leurs maisons. 382
Les peres & meres doiuent soigner à garder leurs filles. 347
Doiuent pouruoir leurs enfans.
Sont obligez de pouruoir leurs enfans. 384
C'est à eux d'amasser pour leurs enfans. 387
Charle Quint laisse ses estats à son fils pendant sa vie. Cosdras Sennacherib Ptolomée. 388
Les peres & meres doiuent auoir plus de soin de laisser des vertus aux enfans auant la mort. 389
Les peres & meres doiuent auoir plus de soin de laisser des vertus aux enfans que des richesses. 390
Zele de Crates le Thebain contre les peres trop soigneux de laisser leurs enfans riches. ibid.
Pouuoir des peres & meres enuers leurs enfans, & l'honneur qu'on leurs doit.
Peres & meres peuuent vendre leurs enfans en grande necessité. 395
Sont lieutenans de Dieu aux enfans. 396
Le commandement d'honorer pere & mere est coste à coste de celuy d'honorer Dieu. ibid.
Dieu a en horreur ceux qui n'honorent pere & mere. 441
La maison paternelle est comme vn sanctuaire, disoit Hierocles. 397
Les peres & meres sont les Dieux domestiques. ibid.
Paralleles entre Dieu & les peres & meres. ibid.
Les loix de Romulus dounoient tout pouuoir aux peres & meres sur leurs enfans. ibidem.
En quoy consiste l'honneur qu'on doit aux peres & meres. 398
Ioseph honore Iacob son pere. 400
Salomon sa mere. ibid.
Alphonse Roy d'Aragon, honore son pere. ibid.
Thomas Morus demande la benediction à son pere. ibid.
Decius honore le sien. ibid.
Le fils d'vn charbonier deuenu Roy, mesconnoit son pere. 400
Vn autre fils qui mesconnoit son pere. 401
Pechez contre l'honneur deu aux peres & meres. ibid.
Ceux qui maudissent peres & meres punis. ibid.
Ceux qui les regardent de trauers. ibid.
Punition des enfans qui tuent, ou frappent peres & meres. 402
Cham maudict de Dieu, pour s'estre mocqué de son pere. ibid.
Punition de Ruben pour n'auoir honoré son pere. ibid.
Punition d'Absalon pour n'auoir honoré son pere. ibid.
Vn enfant pendu, deuient apres sa mort comme vn vieillard, en signe qu'il estoit mort ieune, pour n'auoir honoré pere & mere. ibid.
Combien nos peres & meres ont en nos corps. 406
Les peres & meres n'ont rien à la vie de grace de leurs enfans. 407
Faut mespriser pere & mere pour Dieu. 408
Assistance des Payens enuers peres & meres. 410
D'Æneas. ibid. D'Amphinomus, & d'Anapus freres. ibid
Vne fille qui nourrit sa mere de sa mammelle. ibid
Belle exhortation de S. Ambroise aux enfans pour assister peres & meres. 411
Les enfans qui n'assistent peres & meres sont enfans du Diable. 411
Peres & meres doiuent instruire leurs enfans.
Faut donner des bons pedagogues aux enfans. 382
Le pere doit trauailler à l'instruction de ses enfans. 356
Les peres doiuent auoir plus de soin d'instruire leurs enfans, que de les mettre au monde. 356
La familiarité de Dieu auec Abraham attribué au soin qu'il auoit de ses enfans. 367
C'est vn grand don de Dieu d'auoir des peres & meres qui nous instruisent. 369
Peres trop indulgens comparez aux chirurgiens. ibid.
Peres indulgens pires que parricides. 370
Peres indulgens sont traitres. ibid.
Plaintes des enfans damnez par l'indulgence de leurs peres. ibid.
Peres & meres ne doiuent maudire leurs enfans. 374
Contre les peres trop doux. 375
Consolation aux peres qui ayants fait leur deuoir, les enfans ne vaillent rien. 376
Punition des peres indulgens chez les Romains. ibid.
Loy de Solon contre les peres negligeans l'education de leurs enfans. ibid.
Les peres & meres doiuent recommander leurs enfans à Dieu. 378
Doiuent auoir soin que leurs enfans soient gens de bien. ibid.
Perfection.
Comme il est difficile aux gens du monde de monter à la perfection. 131
Prouidence.
La prouidence Diuine a soin des moindres choses. 100
Philippe Pere d'Alexandre se resiouyt de ce que son fils est né du temps d'Aristote. 383
Prudence.
Force de la prudence. 252
Effects de la prudence du mary. ibid.
L'homme a plus de prudence que la femme. 251
Prudence du chirurgien d'Auguste. 377
Pudeur & Pudicité.
Elogé de la pudicité. 279
La pudeur est vn grand tresor en vne femme. 280
N'y a fard preferable à la pudeur. ibid.
Le meilleur dost d'vne femme est la pudeur. 281.
La pudeur est la medecine contre l'impudicité. ibid.
La pudeur est la force d'vne femme. ibid.
La pudeur recommandable aux filles. 453
Pudeur de nostre Dame. 282
Belle exhortation de S. Ambroise à la puduer. ibid.
S. Elizabeth saisie de pudeur ayant conceu. 283
Pudicité de Spurina. 317
Pudicité de Damocles. ibid.
R.
Raguel donne la moitié de ses biens à son gendre, se reserue l'autre moitié. 389
Que c'est que rapt. 216
Generosité de Rebecca. 451. & 452
Religieux.
Comme les religieux sont en estat de perfection. 4
Les personnes religieuses sont mariés, & comment. 61
Circonstances du mariage des personnes religieuses. ibid.
Enfans du mariage des personnes religieuses, & des vierges auec Dieu. 63
Filles religieuses particulierement espouses de Iesus-Christ. 64
Pourquoy on coupe les cheueux aux religieuses. 65
Ce qui signifie l'anneau qu'on donne aux religieuses en leur profession. 66
Richesses.
L'amitié ne peut estre fondée sur les richesses. 78
Les richesses ne doiuent estre la fin principale du mariage. ibid.
Martia fille de Caton ne veut espouser personne qui la prenne pour ses richesses. 78.
Vn philosophe qui donne sa fille à vn pauure sage, plustot qu'à vn riche fol. ibid.
Qui espouse plus riche que soy, vend sa liberté. 79
Inconueniens des mariages qui se font principalement pour les richesses. ibid.
Les richesses causent la damnation. 80
Difficile aux riches d'estre sauuez. ibid.
Les richesses comparées à vne eschelle. 81
On peut bien se seruir des richesses. ibid.
Les bons se seruent bien des richesses, les mechans mal. ibid.
Richesses comparées à la rate. 82
Le soin des choses temporelles empeche le salut. 129
Richesses peruertissent, belle responce de Phocion. 130
Richesses empeschent de connoistre Dieu. 130
Le riche comparé à vn oyseau englué. 131
Vision de S. Antonin, d'vne famille pauure & vertueuse, plus riche, & vitieuse. 132
Romains.
Les enfans Romains portoient des medailles au col. 365
S.
Sacrement.
Le mariage est Sacrement, voyez mariage.  
Les Sacremens sont causes de la grace. 190
Les Sacremens produisent la grace non pour la disposition de ceux qui les reçoiuent, ny pour la saincteté des ministres. ibid.
Deux Sacremens instituez pour pour donner la premiere grace. 191
Des Sacrements des morts. ibid.
Les Sacremens donnent des graces speciales. ibid.
Graces speciales des Sacremens. 38. .& 191
Graces speciales du Sacrement de Mariage. 192
Sacremens, causes efficaces de la grace. 195
Le peché mortel empeche que le Sacrement ne confere la grace. 195
Quiconque reçoit vn Sacrement estant en grace, reçoit augmentation de grace en vertu du Sacrement. 196
Les pechez veniels n'empechent point l'augmentation de la grace au Sacre ment. ibid.
Les Sacremens ne conferent pas la grace egalement. ibid.
Le mesme Sacrement receu de plusieurs, ne confere pas tousiours grace es gale. ibid.
Sterilité, voyez fecondité.
Sterilité ignominieuse parmy les Iuifs. 139 135. & suiu.
Combien Abraham craint la sterilité. 140.
Causes de la sterilité. 142.
Sterilité punition du peché. ibid.
La sterilité est vn don de Dieu. ibid.
Les mariez ne doiuent perdre la bonne intelligence pour la sterilité. 145
Sterilité ostée par prieres. 146
Seruitude.
Seruitude du mariage esgale au mary & à la femme. 116
Les hommes sont esgaux par nature, la seruitude vient du peché. 417
Les seruiteurs peuuent deuenir maistres, & les maistres seruiteurs. ibid.
Les passions rendent l'homme seruiteur. 48
Deux sortes de seruiteurs selon Aristote la naturelle & la legale. ibid.
Charité du Samaritain. 420
Dieu benit Laban & sa maison pour Iacob seruiteur fidele. 423
Dieu benit la maison de Pharaon pour Ioseph. ibid.
Le mauuais seruiteur cause la malediction de la maison de son maistre. ibid.
Comme il faut se comporter enuers les seruiteurs incorrigibles. 426
Diuerses sortes de seruitudes. 427
Deuoirs des seruiteurs enuers leurs maistres. ibid.
Les seruiteurs doiuent auoir vn cœur filial enuers leurs maistres. 428
Le seruiteur ne doit estre imposteur enuers son maistre. ibid.
L'appetit est comme vn seruiteur. 429
Quel trouble quand le seruiteur commande. ibid.
Ce que font les meschans seruiteurs deuenus maistres. 430
Le seruiteur ne s'en doit fuyr pour auoir esté chastié. ibid.
Les faueurs que Dieu fait au seruiteur fidele. ibid.
En quoy consiste la fidelité d'vn seruiteur. 431
Aucuns seruiteurs fideles. Comme Mardochée, Ioseph, Eliezer, Gesualdus. 432. Le seruiteur de Panopion. 431
Les seruiteurs doiuent obeyssance à leurs maistres. 433
Doient obeyr aux maistres fascheux. 434
Le seruiteur est obligé d'obeyr en choses bonnes & indifferentes qui appartiennent à son office. ibid.
Le seruiteur ne doit obeyr en ce qui est contre Dieu. ibid.
Responses aux objections des seruiteurs qui obeyssent en choses mauuaises. 435
Le seruiteur doit preferer le bien de son maistre à ses propres commoditez. 449
Sacrifice.
Dieu demande aux sacrifices la poictrine & l'espaule. 293
Dieu ne veut aucune victime qui ne soit saine. 365
Comme l'amour de Dalila asseruit Samson. 260
Amour excessif de Sardanapalus enuers sa femme. 272
Sardanapalus trauaille auec des femmes. 260
Saturus.
Constance de Saturus contre les plaintes de sa femme. 273
Semblable.
Le semblable produit son semblable souuent. 147
Semiramis abusa du pouuoir que luy auoit donné son mary. 259
Signe.
S'il est loisible de se seruir de signes pour sçauoir si on se doit marier, & à qui. 445
Patience de Socrate enuers sa femme. 268
Socrate demande trois choses aux ieunes gens. 283
Ressentiment de Solon sur la mort imaginaire de son fils. 112
Soin de S. Sophie à instruire ses filles, & martyre de ses trois filles. 353
Susanne bien instruitte. 361
T.
Trauail. Voyez diligence.
L'homme condamné au trauail. 254
L'homme eust trauaillé par plaisir, & non par necessité s'il n'eust peché. ibid.
Le trauaille de l'homme est nul sans la benediction de Dieu. 255
En la Prouince de Tyten les hommes font les trauaux des femmes, & les femmes ceux des hommes. 257
L'oysiueté produit des vices. 284
Terre.
Comme la terre est maudite de Dieu. 254
La terre n'a perdu la fecondité pour le peché d'Adam. 255
D'où procedent les terre-trembles. 429
Teste.
Rapport de la teste & de l'entendement, voyez le chef. 250
Soin de Tobie à instruire son fils. 379
Toscane.
Cruauté de ceux de Toscane, qui lioient vn viuant auec vn mort. 117
Tourterelle.
La tourterelle ayant perdu son masle, demeure vefue. 498
V.
Vefues.
QVe c'est que l'estat des vefues. 456
Trois sortes de vefues. 457
Vefues du Diable. ibid.
Vefues du Monde. 458
Vefues de Dieu. ibid.
Cinq qualitez des vefues selon S. Paul. 460
S. Monique vraye vefue. ibid.
L'oraison conuient aux vefues. ibid.
La pieté d'vne vefue doit s'estendre enuers son mary trespassé. 463
Enuers le prochain. ibid.
Les vefues doiuent fuyr l'auarice. ibid.
Doiuent exercer les œuures de misericorde. 464
La vefue doit dresser sa maison. 466
Doit soigner l'education de ses enfans. 467
Constance de la mere des Machabées vefue. ibid.
Soin que la vefue S. Blanche a de son fils S. Louys. ibid.
La vefue doit procurer la paix. ibid.
Prudence de la Thecuite vefue, à appaiser Dauid. 468
La langue d'vne vraye vefue, comparée à la langue d'vn chien. ibid.
Qualitez des bonnes vefues. ibid.
Vices des mauuaises vefues. ibid.
Moyens par lesquels les vefues peuuent conseruer leur chasteté. 469
La chasteté est la couronne des vefues. ibid.
La vefue doit euiter la superfluité d'habits. ibid.
Quel doit estre l'habit des vefues. 470
La vefue doit estre temperante pour estre chaste. 471
La vefue doit garder sa maison. 472
La maison d'vne vraye vefue ne doit estre ouuerte à toute sorte de visites. 473
Exemples d'aucunes vrayes vefues. 475
Euphrasia braue vefue. 475. Constantia. 475. Olympias. Marcella. 476. Galla. ibid. Clotilde. 477. Elizabeth vefue de Charle 9. 477. Cunegonde. ibid. ibid.
Heureuse mort de Galla vefue. 477
Faut honorer les vefues. 478
En quoy consiste l'honneur qu'on doit aux vefues. 479
On doit assister les vefues en leur pauureté. ibid.
Le soin que Dieu a des vefues, & de leur nourriture. ibid.
Faut visiter les vefues en leurs afflictions. ibid.
Pourquoy nostre Seigneur resuscite le fils de la vefue de Naim sans en estre prié. 480
N'estoit anciennement loisible de prendre à vne vefue aucun habit pour gage. ibid.
Faut consoler les vefues. ibid.
Les vefues doiuent mettre leur confiance en Dieu. 481
L'oraison est le mary des vefues. ibid.
Les Lieutenans de Dieu doiuent auoir soin des vefues. ibid.
Merueilles que Dieu a fait par les vefues. 482. Et pour les vefues. 483.
Merueilles que Dieu a fait par Debora. 482.
La iustice que l'Empereur Theophile a fait en faueur d'vne vefue. 484
Quatre raisons pour lesquelles on doit assister les vefues. ibid.
Courage de Iahel vefue. 483
Comme Dieu punit ceux qui offencent les vefues. 483 & 486.
La cause de la resurrection presumée de Traian, est le secours d'vne vefue. 483
Comme on persecute les vefues. 485
La vefue peut se remarier. 487
On peut se remarier plusieurs fois. ibid.
S. Paul ne commande pas aux vefues de se remarier. 487 & 493.
Est plus honorable de demeurer vefue, que de se remarier. 488
En l'ancien Testament l'estat de viduité preferé aux secondes nopces. ibid.
Les Payens ont fait estat des vefues. 488
Portigena ne veut entendre à se remarier. Ny Portia. Ny les vefues de Goa. ibid.
ibid.
Vefues honorées à la Chine. ibid.
La viduité meilleure que les secondes nopces. 493
Remede des vefues contre les mesdisances. 494
S. Paul met les vefues en paralelle le auec les vierges. 495
La viduité conforme à la nature. 497
Responces aux obiections des vefues qui veulent se remarier. 498
Il est plus honneste de ne se remarier. 499
Excellence de la viduité par dessus le mariage. 505
Etimologie du nom de Venus. 123
Venus Deesse de folie. ibid.
Venus pourquoy peincte auec vne tortue. 124
La statuë de Venus ayant souz ses pieds vne tortüe, & aupres de soy vn dragon, & pourquoy. 348
Verge.
Verges, l'vne de beauté, l'autre appellée cordelette. 373
Vertu.
La vertu recompense en mariage, ce qui manque de naissance. 85
Vipere.
La vipere retire le venin à l'interieur auant que d'admettre la murene. 271
Volupté.
Inconueniens des mariages faits par sensualité & volupté. 89
L'amitié n'y est de durée. 89
Ils sont suiuis de repentir. ibid.
L'issuë en est funeste. ibid.
Comme Dieu punit ceux qui ne cherchent que la volupté en mariage. 90
La volupté eſmouſſe l'esprit. 124
Dieu est vn miroir dans lequel les voluptez empechent de voir. 126
Supplice des voluptueux en l'autre vie, representé par vne vision. 187
Vierges.
L'estat des vierges est comme le Soleil. 3
Dignité de l'estat des vierges. 5
Les vierges sont mariées, & comment, Voyez mariage des religieux, religieux.
La virginité esleue l'ame à Dieu, & le fait connoistre. 126
Comparaison à ce propos. 127
Minerue vierge. 125
Vocation.
Nostre bon-heur depend de ce que nous nous conformions au choix que 94
Dieu a fait de nous. 94
Ce que fait la grace de la vocation. 96
La grace de la vocation fait que Iacob surmonte l'Ange. ibid.
Que Dauid surmonte Goliath. 97
Ce que fait la grace de la vocation de Ieremie. 98
Que nous ne pouuons rien sans la grace de la vocation. ibid.
L'estat de mariage est vn don & vocation de Dieu. 99
Effects de la vocation aux Apostres. ibid.
La vocation de Dieu ne nous manque pas. 101
Dieu fait entendre sa volonté touchant la vocation à aucuns par reuelation. 102
Nous pouuons connoistre la volonté de Dieu touchant nostre vocation par l'oraison. 103
Item consultant auec nous mesmes. ibid.
Item par conseil. 105
Circonstance de cette consultation. 104
Vœux.
Les vœux ne sont contraires à l'ordonnance de Dieu touchant la generation. 17
Voile
Ce que signifie le voile des religieuses. 64
Prodige au voile de Saincte Aldegunde. 65
Pourquoy on donnoit anciennement vn voile aux nouuelles mariées. 280
X.
Xenophile paruenu à l'aage de 150. ans sans incommoditez. 108
FIN.
Cul de lampe.
Filet cadre, rayé.

APPROBATION

EGo infrascriptus Societatis IESV in Prouinciâ Flandro Belgicâ Præpositus Prouincialis, potestate mihi ad hoc fractâ ab admodum R. P. N. Mutio Vitellesco Præposito Generali, Facultatem concedo, vt typis mandetur liber, cui titulus : Le bon Mariage, ou, le moyen d'estre heureux, & faire son salut en mariage, auec vn petit traitté des vefues, Conscriptus à P. Clavdio Maillard, & à tribus nostræ Societatis Theologis approbatus. In quorum fidem has manu propriâ subscriptas, officij, nostri sigillo muniri curauimus. Antuerpiæ. 23. Ianuarij 1643.
ANDRÆAS IVDOCI.
Filet cadre, rayé.

APPROBATION

IE soubigné ay veu ce liure Du bon Mariage, ou du moyen d'estre heureux & faire son salut en estat de mariage, auec vn traitté des vefues, composé par le R. P. Clavde Maillard de la Compagnie de IESVS ; & l'ay trouué digne d'estre mis en lumiere, comme ne contenant rien qui soit contraire à la doctrine Catholque, ou aux bonnes mœurs ; au contraire, fort vtile à ceux qui aspirent au mariage pour l'entreprendre selon Dieu, & à ceux qui y sont pour y viure en concorde & arriuer à la perfection de leur estat, qui conduit à la felicité eternelle. Fait à Douay ce 21. Auril. 1643.
George Coluenere, Docteur & Professeur en la saincte Theologie, Preuost de l'Eglise Collegiale de S. Pierre, Chancelier de l'vniuersité de Douay, & Censeur des Liures.

PRIVILEGE.

IE soubsigné Prouincial de la Compagnie de I E S V S au Pays-bas, suiuant le Priuilege donné à ladicte Compagnie par lequel est defendu à tous Libraires d'imprimer les Liures composez par ceux de ladicte Compagnie sans le congé des Superieurs, ay permis à Iean Serrvrier Marchand Libraire à Douay d'imprimer le Liure intitulé : Le bon Mariage, ou le moyen d'estre heureux, & faire son salut en mariage : Auec vn traité des Vefues : Par le R. P. Clavde Maillard de la Compagnie de IESVS, & ce pour le terme de six ans. Fait à Lille le 18. d'Auril 1643.
IEAN LE PESSIER.

Fautes plus notables suruenuës en l'impression.

Page 5. ligne 6. auant la fin, mediocriter lisez mediocritas
page 8. ligne 10. finale, vefue lisez femme
page 19. ligne 3. croissez & multipliez la terre, lisez multipliez & remplissez
page 48. ligne 12. finale, affection lisez extraction
page 49. derniere note marginale, d'Abraham lisez de Rebecca
page 51. ligne 2. enioliée lisez enioliuée
page 55. ligne 6. part lisez pact
page 68. ligne 20. de ossibus lisez ex ossibus
page 71. ligne derniere, professions lisez processions
page 81. ligne 16. eschole lisez eschelle
page 88. ligne 16. finale, son lisez sans. 12. partie lisez patrie
page 98. ligne 8. vn vain, lisez en vain. Idem ligne 9.
page 100. ligne 11. attendre lisez atteindre
page 102. ligne 12. ceux qui lisez ceux cy
page 119. ligne 11. indistoble lisez indissoluble
page 125. ligne 22. s'esmouuent lisez s'esmoucent
page 132. ligne 6. Putiphar lisez la Putiphar
page 172. ligne 20. sane lisez sacré
page 185. ligne 20. esprits lisez escrits
page 249. ligne 14. finale, choissant lisez choisissant
page 258. ligne 7. que n'est son fils auec sa femme lisez qu'auec sa femme
page 293. ligne 4. est lisez n'est
page 298. ligne antepen. nous n'auons fait ce lisez que ce
page 366. ligne 18. accoustrez lisez accoustumez.
page 462. ligne 14. dont lisez de laquelle ligne derniere recrée listez recreée
page 492. ligne 16. ad. lisez ab ligne 19. que loy lisez que la loy.

Noms propres et Terminologie médicale

Aaron

Selon la Bible, Aaron aurait été le frère de Moïse et le premier grand prêtre des Hébreux.
  • Aaron, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Abbaye du Mont-Cassin (en italien Montecassino)

Un monastères les plus anciens d'Italie, l'abbaye territoriale du Mont-Cassin fut fondé par Saint Benoît de Nursie en 529 : c'est le berceau de l'ordre des Bénédictins.
Carloman, fils de Charles Martel se retira à Mont-Cassin aux années 750. Le futur Saint Thomas d'Aquin y passa son enfance, entre 1230 et 1239.

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Abigaïl

Personnage biblique d'une beauté immense, elle était la femme du riche Nabal. Dans le passage (I Samuel, XXV), elle sauve son mari de la fureur de David. Après la mort de Nabal, elle devint ensuite la seconde épouse de David.
  • Abigail, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Abigaïl (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (6 février 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Abiga%C3%AFl_(Bible).

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Abimelech

Monarque cité dans la Bible, Abimelech est le nom d'un prince de Guérar, ville des Philistins, qui enleva Sara la croyant sœur d'Abraham et non son épouse. Son fils, aussi nommé Abimelech, se trouva dans le même cas à l'égard de Rébecca, femme d'Isaac. Abimelech est aussi le nom commun d'un certain nombre de rois des Philistins qui signifie Mon père le roi.

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Abradatas

Le roi Abradatas était probablement fictif, la création de Xénophon dans sa biographie de Cyrus II le Grand. Selon l'histoire de Xénophon, Abradatas faisait la guerre contre Cyrus et les Perses. Pendant son absence, la femme d'Abradatas, Panthea, fut enlevée par Cyrus. Cyrus la traita si honorablement qu'Abradatas finit par se rallier à l'armée de Cyrus. Abradatas fut tué dans une bataille contre l'armée de Crésus lors de la conquête de Lydie en 547 av. J.-C. Panthea, inconsolable, se suicida. Cyrus fit ériger un monument en l'honneur du couple.

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Abraham

Patriarche biblique du livre de Genèse, époux de Sara puis de Cétura, et père d'Ismaël et d'Isaac; il reçoit à plusieurs reprises la bénédiction de Dieu qui lui donne le pays de Canaan, lui promet une nombreuse descendance et instaure la circoncision comme signe de cette alliance. Il est ainsi considéré comme l'ancêtre des peuples hébreux et arabe, père du judaïsme, patriarche du christianisme et prophète de l'islam.
  • Abraham, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Abraham, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham.

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Abraham Bzowski (en lat. Bzovius)

Cet historien dominicain polonais (1567–1637) continua les Annales ecclésiastiques de Cesare Baronio (1538-1607), une histoire de tout le christianisme.

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Absalon

« Fils de David et de Maakah, il fit tuer son demi-frère Amnon pour venger le viol de sa sœur Thamar puis se révolta contre son père. La Bible le montre vaincu, retenu dans sa fuite aux branches d'un chêne où s'est prise sa chevelure, et mis à mort par Joab (II Samuel, XIII-XVIII). »
  • Absalon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Achab

Personnage biblique qui apparaît dans le Premier Livre des Rois. Achab est le fils d'Omri et était roi d'Israël vers 873 à 853 a.v. J.C. Il réignait pendant l'apogée du royaume du Nord, et il était l'allié de Tyr. Ses disputes avec le prophète Élie furent très importantes dans la religion juive.
  • Achab (roi), Wikipédia, l'encyclopédie libre(25 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Achab_(roi).
  • Achab, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Achaz, Ahaz, ou Joahaz (en gr. Ἄχαζ Akhaz, en héb. אָחָז)

Fils et successeur de Jotham, et père d'Ézéchias, Achaz fut roi de Juda de 736 à environ 716 av. J.-C. Dans la Bible, Achaz est mal famé pour son impiété.
  • Achaz, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • AchazWikipédia, l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Achaz.

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Achille

Achille, un héros de la guerre de Troie, était un des plus grands guerriers grecs. À sa naissance, sa mère le plongea dans le Styx, l'un des fleuves des Enfers, pour que son corps devienne invulnérable, mais son talon, par lequel elle le tint, n'y est pas trempé et resta celui d'un mortel, donc son point vulnérable. À la fin de la guerre, c'est lui qui affronta Hector, le meilleur des Troyens. Achille trouva la mort peu après l'avoir tué, atteint au talon par une flèche de Pâris guidée par le dieu Apollon.

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Actes des Apôtres

Livre du Nouveau Testament de datation difficile (80-100?), placé après les Évangiles. Il raconte l'origine de la première communauté chrétienne de Jérusalem ainsi que les voyages missionnaires de saint Paul. La tradition l'attribue à saint Luc.
  • Actes des Apôtres, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Adam

Dans les traditions juive, musulmane et chrétienne, Adam fut le premier homme, créé par Dieu et mis dans le Paradis terrestre (Éden). Dieu créa également une femme, Ève, à partir de la côte d'Adam, ainsi représentant le mariage comme l'union de l'homme et de la femme en une seule chair.
Selon la tradition, Ève, tentée par Satan, qui avait pris la forme d’un serpent, encouragea Adam à manger le fruit défendu ; ce péché originel, qui pèse sur toute l’humanité, provoqua Dieu à chasser les deux du Paradis. Ève et Adam eurent trois fils, Abel, Caïn et Seth. Le premier livre de la Bible, la Genèse, raconte l’histoire du premier homme et de la première femme sur la Terre.
  • Adam, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Adversus Jovinianum

Texte de réfutation (par Saint Jérôme v. l'année 393) contre les opinions non-catholiques concernant le mariage et la virginité de l'ancien hérétique Jovinien.

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Adversus Julianum

Écrit par Saint Cyrille, cet écrit est critique des pensées de Julien l'Apostat, l'empereur romain de 361 à 363.

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Aelia Eudocia Augusta

Écrivaine et femme de Théodose II, Eudocia était la fille d'un philosophe grec païen et pauvre d'Antioche. Précédemment nommée Athenais, elle dût se convertir au christianisme et changer de nom avant de se marier. Elle utilisait son pouvoir et son influence pour protéger les païens et les Juifs de la persécution et recommandait le fusionnement des enseignements sophistes et chrétiennes. Vers la fin de sa vie en 443, elle fut accusée d'adultère et bannie de la cour. Elle passa le restant de sa vie à Jérusalem où elle écrivit plusieurs poèmes et épopées chrétiens. Elle mourut en 460.

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Agamemnon

Roi légendaire d'Argos et de Mycènes et frère de Ménélas, Agamemnon servit de chef suprême des Grecs pendant la guerre de Troie. Il épousa Clytemnestre qui lui donna trois enfants : Électre, Iphigénie et Oreste. Lorsqu'Agamemnon sacrifia leur fille Iphigénie à Aulis (un port grec en Béotie) Clytemnestre prit Égisthe pour amant. Les deux assassinèrent Agamemnon et Cassandre (l’amante d’Agamemnon) de retour de Troie, après lequel Égisthe prit le trône. Sept ans plus tard, Oreste et Électre, souhaitant venger leur père Agamemnon, assassinèrent Clytemnestre.
  • Agamemnon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Agar (en héb. Hagar)

Dans la Genèse (XVI et XXI), Agar est une servante égyptienne de Sara, la femme d'Abraham. Elle est mère d'Ismaël, un enfant que Sara, qui est jusqu'alors stérile, a suggéré à Abraham d'avoir de sa servante. Agar est renvoyée dans le désert avec son fils à la demande de Sara après la naissance d'Isaac.
  • Agar ou Hagar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Agar (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Agar_(Bible).

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Agrippine la Jeune

(Ara Ubiorum, auj. Cologne 16 – Baïes 59 ap. J.-C.). Fille du général romain Germanicus, Agrippine la Jeune épousa le préteur et le consul Cneus Domitius Ahenobarbus et donna naissance à Néron. À la mort de son mari, elle épousa l’empereur Claude, son oncle, et le fit adopter son fils pour que celui-ci prît le trône. Ensuite, aidée par Locuste, elle empoisonna Claude. Lorsque Néron fut proclamé empereur, il semblait que les rêves d'Agrippine de gouverner sous le nom de son fils se réalisaient. Pourtant, Néron, voulant se débarrasser de la tutelle de sa mère, la fit assassiner.
  • Agrippine la Jeune, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ahenobarbus en lat. Cneus Domitius Ahenobarbus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ahmôsis II, Ahmès II, Iâhmes II, ou Amasis

Pharaon d'Égypte régnant de -571 environ à -526, d'origine plébéienne, les grands succès militaires d'Ahmôsis lui permirent de conserver le pouvoir sur la longue durée. Son règne est caractérisé par une intense activité architecturale; il fut un souverain novateur et réformateur. Il conçut un grand nombre de lois auxquelles on continua de se référer des siècles plus tard. Un an après la fin du règne, les Perses finirent par triompher de l'Égypte, malgré les efforts d'Ahmôsis pour tisser des alliances contre eux.

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Albine

Mère de Sainte Marcelle, Albine était une dame de Rome riche et éduquée connue pour sa piété. Pendant sa vie, Albine correspondait regulièrement avec Saint Jérôme au sujet des saintes Ecritures et des passages difficiles. Selon les Actes des Saints (en lat. Acta Sanctorum), Albine fut martyrisée à Rome avec plusieurs d'autres. Elle meurt le 4 mars 387.
  • Marcelle de Rome, Wikipédia, l'encyclopédie libre (16 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 août 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcelle_de_Rome
  • Saint Albina, Wikipedia, the free encyclopedia (14 août 2017), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 août 2017. https://en.wikipedia.org/wiki/Saint_Albina
  • Migne, J.-P., ALBINE (Sainte), Encyclopédie théologique: Dictionnaire de l'histoire universelle de l'église, Tome I (1-1108), Paris, Jacques-Paul Migne, 1854, p. 576. Google livres, Internet, 28 août 2017.

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Alceste (en gr. Alkêstis)

Dans la mythologie grecque, Alceste était la fille de Pélias roi d’Iolcos en Thessalie. Femme fidèle d'Admète, roi de Phères en Thessalie, Alceste se sacrifia pour délivrer son mari de la mort. Pourtant, Héraclès la ramena des Enfers, la sauvant. La légende évoque la dévotion conjugale, ce qui inspirèrent des œuvres d'Euripide, de Quinault et de Gluck.
  • Admète & Alceste, Le grenier de Clio (2001-2011), Mythologica.fr, Internet, 24 juin 2011. https://mythologica.fr/grec/admete.htm.
  • Alceste en gr. Alkêstis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Alcibiade (en gr. Alkibiadês)

Général et homme d’État grec (Athènes -450 - Melissa, Phrygie 404 av. J.-C.) de l’illustre famille des Alcméonides. Pendant sa jeunesse, il étudia avec Socrate et fut le favori du philosophe. Lors de la bataille de Potidée pendant la guerre du Péloponnèse, Socrate même lui sauva la vie. Alcibiade posséda une reputation controversée car il fut symbole de la démocratie mais aussi déserteur qui alterna son alliance entre Athènes et Sparte. Par conséquent, il fut toujours en fuite de ses ennemis et il finit par être asssasiné. On aurait mis le feu à sa chambre et lorsqu’il tenta de s’enfuire, ses gardiens l’auraient battu jusqu’à ce que la mort s’en suivît.
  • Alcibiade en gr. Alkibiadês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pouget, Andrée, Alcibiade (~450-~404), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Alcimus (en grec Alkimos)

Selon Diogène Laërce, Alcimus était un rhétoricien distingué actif vers l'an 300 av. J.-C. Diogène Laërce parle aussi d'un Alcimus auteur d'une importante histoire d'Italie, mais il n'est pas clair que ce soit la même personne. Athanaeus fait référence lui aussi à un Alcimus historien sicilien.

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Alcinoe

Alcinoe devint victime de la colère divine d'Athéna quand elle a refusé de payer la tisserande qu'elle avait employée. Sous le sort d'Athéna, Alcinoe s'est entichée de Xanthus et s'est enfuie avec lui, en quittant ses enfants et son mari. Au beau milieu de leur voyage ensemble, Alcinoe revint à la raison et se jeta dans la mer.

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Alessandro Alessandri

Écrivain et juriste italien durant la Renaissance. Inspiré par les textes de l'Antiquité, Alessandri écrivit le texte célèbre Dies geniales (1522).

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Alessandro Alessandri Alexander ab Alexandro

Alessandro naquit à Naples en 1461. Il quitta ses études de droit en faveur d'une vie d'écrivain loin de la corruption du monde juridique et se consacra à la lectures des classiques de l'antiquité. Son grand ouvrage en six livres, Genialium Dierum: ("Jours joyeux"), est une compiliation de passages ses lectures, traitant de l'histoire et des coutumes des Grecs et des Romains, publié en 1522. Alexandre mourut à Rome en 1523.
  • Aiken, John Alexander ab Alexandro, General Biography; or Lives, critical and historical, London, G.G. and J. Robinson, 1799, p. 172. Google Books, Internet, 26 juillet 2020.
  • Alessandro Alessandri, Wikipédia, The Free Encyclopedia (11 juin 2019), Los Angeles, Wikimedia Foundation, 26 juillet 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Alessandro_Alessandri

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Alessandro Valignano

Ce prêtre et missionnaire jésuite italien, né en 1539 et mort en 1606, Valignano devint le vicaire général des jésuites de tout l'Orient. Arrivé à Goa en 1574, il intervint aussi à Malacca, à Macao et au Japon, insistant sur le respect des cultures locales pour assurer les conversions au christianisme, changeant complètement les perspectives missionnaires de l’Église. Il passa ses dernières années à Macao.

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Alexandre le Grand

Né en 356 av. J.-C. à Pella, Alexandre le Grand fut le fils du roi Philippe II et d’Olympias devenant en -336 roi de Macédoine ainsi que le chef de la Confédération hellénique. Considéré comme un des plus grands conquérants de l'histoire, Alexandre le Grand créa un empire s'étendant de la mer Ionienne à l'Himalaya. Il fonda Alexandrie en Égypte (-332- -331) et choisit Babylone comme la capitale de son empire (-331). Il mourut à Babylone en -323 après quoi ses généraux, les Diadoques, partagèrent son empire et se mirent à combattre par la suite, assassinant sa mère Olympias, son épouse, Roxane, et son fils, Alexandre IV.
  • Alexander the Great, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 février 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Alexander_the_Great.
  • Alexandre le Grand (~356-~323), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Alexandre le Grand ou Alexandre III, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Alexandrie en ar. al-Iskandarīyah, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Alonso Tostado ou Alonso Fernández (en lat. Tostatus Abulensis)

Exégète espagnol très bien instruit dans la philosophie, la théologie, la loi civile et chanoine, en grec, et en hébreu. Tostado avait écrit des critiques et des commentaires sur l'Ancien Testament et l'Évangile selon Matthieu.

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Alphonse V d'Aragon

Alphonse V, aussi appelé Alphonse le Magnanime ou Alphonse le Grand, né vers 1396 à Medina del Campo en Castille et mort en 1458 à Naples en Italie, fut roi d'Aragon et de Sicile. Fils et successeur de Ferdinand Ier le Juste, il prit pour la première fois le titre de « roi des Deux-Siciles » (royaume de Naples et de Sicile) et s'installa à Naples où il tint une cour brillante.
  • Alphonse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Alphonse V d'Aragon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alphonse_V_d'Aragon.

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Alphonsus de Orozco

Alphonsus de Orozco (1500-1591) était un prêtre augustinien et le théologien espagnol le plus connu de son siècle grâce à ses nombreux écrits. Il servait à la cour d'Espagne, mais était aussi populaire parmi le peuple que chez les aristocrats.
  • Burns, Paul, Butler's Lives of the Saints: The Third MilenniumLondon, Burns & Oates, 2005, p. 226-228.

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Amalasonte

Née en 494 ou 500 près de Ravenne en Italie, Amalasonte était une reine des Ostrogothes et nièce du roi des Francs Clovis. Une femme cultivée, jeune veuve depuis 522 ou 523, elle règna en régente pour son fils. Diplomate, elle entretint de nombreuses ambassades avec les royaumes voisins. Elle adopta une attitude effacée en apparence, laissant la place visible à son fils et agissant plutôt dans la discrétion de sa condition féminine. Amalasonte finit sa vie étranglée par ses ennemis en 535.

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Amnon

Personnage biblique, fils aîné du roi David. Selon le Deuxième livre de Samuel, Amnon viola sa demi-sœur Thamar et se fit tuer par son demi-frère Absalon.
  • David, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Amnon, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Amnon.

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Amon (en gr. Αμων, en lat. Amon, en héb. אָמוֹן)

Fils de Manassé, père de Josias, et roi de Juda, Amon fut assassiné à l'âge de 24 ans par ses serviteurs.
  • Amon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Amon (Juda)Wikipédia, l'encyclopédie libre (24 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Amon_(Juda).

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Amon de Toul (en latin Amonis)

Considéré comme saint par l'Église catholique, Amon dût quitter Toul au moment de la retraite d'Attila suite à la bataille des champs Catalauniques en 451. Selon la tradition,un rocher qui faisait obstacle sur la route d'Amon s'ouvrit puis se referma sur lui pour le cacher de l'armée d'Attila.
Voué à une vie de pénitence, il se retira souvent dans une grotte avec des cavités en forme de cellules.

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Amos (en héb. עָמוֹס)

Un des douze petits prophètes, Amos était berger qui s'éleva contre l'injustice sociale. Il paraît dans le livre d'Amos et il est discuté dans un commentaire écrit par Saint Jérôme.

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Amphiaraos

Selon la mythologie grecque, Amphiaraos était le fils du roi d'Argos Oïclès, ou d'Apollon d'après certaines sources, et d’Hypermnestre. Après avoir rendu service important aux femmes de la Grèce, il reçut une partie du royaume d’Argos dont Adraste aurait dû héritier. Ainsi de longues querelles eurent-elles lieu entre les deux. Or, le mariage entre Amphiaraos et Ériphyle, la sœur d'Adraste, apaisa celui-ci car il reçut enfin le trône auquel il avait droit. Pourtant, le bonheur d’Amphiaraos ne dura pas. Après une vision qu’il périrait dans la guerre des Sept Chefs contre Thèbes, Amphiaraos se cacha. Pourtant, Ériphile, sachant où se trouvait son mari, dévoila le lieu à Polynice après que celui-ci la tenta avec un collier. Avant de partir, Amphiaraos ordonna sa vengeance à son fils Alcméon. La veille de sa mort, Amphiaraos se trouva à table avec les autres chefs lorsqu’un aigle laissa tomber une lance qui se transforma en laurier. Le lendemain, lorsqu’Amphiaros était dans son char, la terre s’ouvrit et l’engloutit, réalisant le mauvais destin de l’ancien roi. Quelques années après, Thersandre, fils de Polynice, prépara une seconde expédition contre Thèbes. Cette fois-ci, il tenta Ériphyle avec une tunique. Ainsi engagea-t-il son fils Alcméon à la tête de l’armée. Ensuite, Thèbes fut presque détruite. En fin de compte, lorsque qu'Éryphile tenait à engager le fils d'Alcméon à encore une expédition dangereuse, celui-ci finit par la tuer.

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Amphiloque d'Iconium (en grec Amphilokhios); en latin Amphilocius

Amphiloque était évêque d'Iconium en Cappadoce au IVe siècle. Cité dans plusieurs conciles, ses écrits les plus connus sont les lettres échangées avec Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze. Huit de ses homélies ont survécu, dont le plus célèbre est In Occursum Domini sur la fête de la purification de Jésus.

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Anacharsis

Anacharsis, rangé parmi les Sept Sages, était un philosophe venu en Grèce mais originaire de la Scythie (donc considéré comme "barbare" par les Grecs, bien qu'il était un fils de prince). Il vivait au début du VIe siècle av. J.-C.; aucun ouvrage ne reste de lui, mais il est connu pour sa perspective du dehors sur la civilisation grecque.

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Anacréon (en gr. Anakréôn)

Poète lyrique né en Grèce vers 550 av. J.-C. Anacréon écrivait des chansons d'amour en dialecte ionien et il est considéré comme un des plus grands poètes lyriques grecs de l'époque.
  • Anacréon, Wikipédia, l'encyclopédia libre(9 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Anacréon.
  • Anacréon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Anchise (en gr. Agkhisês)

Berger troyen et l’amant d’Aphrodite selon la mythologie grecque. Les deux eurent un fils, le légendaire Énée. Fâché contre Anchise lorsqu'il révéla sa liaison avec la déesse, Zeus le foudroya, ce qui, selon certaines sources, tua Anchise, mais selon d'autres, le rendit boiteux ou aveugle. Lors de la guerre de Troie, il fut sauvé par son fils Énée. Après la mort d'Anchise, Énée lui rendit visite aux champs Élysées, sa dernière demeure dans les Enfers.

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Ancien Testament de la Bible

Un ensemble des écrits réligieux rédigés à l'origine en hébreu, araméen et grec, l'Ancien Testament décrit les histoires antérieures à la naissance de Jésus-Christ. Composé des mêmes textes qui constituent la Bible juive (Bible hébraïque ou Tanakh), l'Ancien Testament forme la première partie de la Bible chrétienne avant le Nouveau Testament. Il est constitué de quatre parties principales: 1) le Pentateuque (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome); 2) les livres historiques (Josué, Juges, Ruth, I-II Samuel, I Rois et II Rois, I-II Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther, Tobie, Judith, I-II Maccabées); 3) les Hagiographes (le Livre de Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse de Salomon, Ecclésiastique); et 4) les Prophètes (Isaïe, Jérémie, les Lamentations, Baruch, Ézéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie).

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André Alciat ou Andreas Alciatus

Andreas Alciatus (1492-1550) était un des plus célèbres juristes humanistes du XVIe siècle. Né près de Milan, il s’installa en France où il était connu pour ses recherches sur les textes légaux antiques. Son ouvrage le plus célèbre est l’Emblemata, un recueil de brefs textes latins illustrés de gravures sur bois, qui connut de nombreuses rééditions dès sa publication en 1531. Alciatus est considéré comme le créateur du genre du livre d’emblèmes, très populaire en Europe pendant les XVIe et XVIIe siècles.

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André Tiraqueau (en latin Andreas Tiraquellus)

Un juriste né en 1488 et décédé en 1558, Tiraqueau est parfois considéré comme l'initiateur de la Querelle des femmes, une polémique sur l'égalité entre les hommes et les femmes dont on peut tracer les vrais débuts au XVe siècle et les écrits de l'autrice Christine de Pizan. Dans son traité de 1513, De legibus connubialibus et de jure mariti (Des lois du mariage), Tiraqueau insiste sur la supériorité de l'homme sur la femme. Son ouvrage semble avoir influencé le Tiers livre de François Rabelais car certaines idées exprimées par le personnage de Rabelais, Panurge, reflètent les prises de position de Tiraqueau.
De nobilitate (Traité de la noblesse) et le De poenis temperandis (Traité de la modération des peines) sont d'autres ouvrages renommés de Tiraqueau qui contribuèrent au développement de la culture juridique française.

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Ange Gabriel

Un des archanges des traditions juive, chrétienne et musulmane, le nom Gabriel se traduit par homme de Dieu. Dans le Livre de Daniel, Gabriel interprète visions et prophéties et dans l'Évangile de Luc il annonce à Zacharie la naissance de Jean-Baptiste et à Marie celle de Jésus.
  • Gabriel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ange Raphaël

Raphaël (de l'hébreu : refa- : guérir et -El : Dieu ; c'est-à-dire Dieu guérit) est le troisième archange reconnu par l'Église catholique. C'es un personnage biblique du Livre de Tobie où il apparaît comme le bon ange de Tobie.
  • Raphaël (archange), Wikipédia l'encyclopédie libre (8 août 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Raphaël_(archange).
  • Raphaël , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Anne la prophétesse

Anne la prophétesse (en hébr. חַנָּה ; en grec ancien Ἄννα), fille de Phanuel et de la tribu d'Asher, fut une veuve très âgée du Nouveau Testament, mentionnée dans le livre de Luc. Elle est connu pour avoir prédit l'arrivée de l'enfant Jésus dans le Temple de Jérusalem.

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Antioche (en turc Antakya)

Ancienne ville de la Syrie antique fondée v. 300 par Séleucos Ier Nicator, général d'Alexandre le Grand, qui devint la capitale de l'Empire séleucide et grand centre de l'Orient hellénistique. Pendant la domination de l'Empire romain, Antioche était la troisième plus grande et importante ville après Rome et Alexandrie. Elle fut également le siège de la mission de Saint-Paul (47-55 ap. J.-C.) d'où l'un des premiers centres du christianisme. Antioche se trouve actuellement en Turquie au nord-ouest de la frontière syrienne.

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Antipater ou Antipatros

Né en 394 av. J.-C., Antipater était un général sous Philippe de Macédoine et son fils Alexandre le Grand. Il mourut en 319 av. J.-C.

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Antoine Mélisse (en latin Antonius Melissa

Antoine, un moine du XIe siècle, écrivit un recueil de sermons et de sentences morales, les Loci Communes, qui est similaire à un ouvrage du même titre attribué erronément à Maxime le Confesseur. Les deux contiennent de nombreux extraits des écrits des père de l’Église; ils furent souvent publiés ensemble à la fin des éditions des œuvres de Stobée.
On ne sait pas grand-chose de sa vie, mais le surnom "Mélisse" veut dire "l'Abeille" était probablement le titre d'origine de son ouvrage.

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Antonin le Pieux (en lat. Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius)

Antonin le Pieux (Lanuvium 6 - Lorium 161) fut l'empereur de Rome de 138 jusqu'en 161. Il reçut le titre de Pieux car il exigea du Senat la déification de son père adoptif l'empereur Hadrien après sa mort. Membre du Conseil impérial et proconsul en Asie, Antonin le Pieux fut d'abord et avant tout connu pour son don pour l'administration. Son règne, décrit comme l'apogée de l'Empire Romain, fut paisible. Aucune conquête n'eut lieu, et il fit construire le mur d'Antonin entre le Forth et la Clyde. Son mariage avec Faustine l'Ancienne lui donna quatre enfants, dont Faustine la Jeune qui se maria avec son cousin et frère adoptif Marc Aurèle, le futur empereur romain.
  • Antonin en lat. Titus Aurelius Fulvius Antoninus Pius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Antonin le Pieux, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonin_le_Pieux.

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Antonius Araozius

Un des fondateurs de l'ordre jésuite, Araozius travailla de près avec Ignace de Loyola. Araozius fut le premier Provincial (leader) des jésuites d'Espagne, aux années 1550.

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Aphrodite (en gr. Ἀφροδίτη / Aphrodítê)

La déesse grecque de l'amour et de la fertilité. À cause de son pouvoir sensuel, Aphrodite est considérée comme corruptrice et maléfique.
  • Aphrodite, Wikipédia, l'encyclopédie libre(19 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Aphrodite.
  • Aphrodite, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Apocalypse (en gr. apokalupsis, révélation)

L'Apocalypse est le dernier livre du Nouveau Testament de la Bible. Le livre prophétise ce qui doit arriver à la fin des Temps et le retour de Jésus-Christ sur la terre. Il contient des visions prophétiques et eschatologiques : les sept sceaux, les quatre cavaliers, la chute de Babylone (Rome), et le Jérusalem céleste. La tradition l'attribue à saint Jean l'Évangéliste (L'apôtre Jean.)
  • Apocalypse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Apocalypse, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_l'Apocalypse.

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Apollon appelé aussi Phébus (en gr. Phoibus le Brillant)

Fils de Léto et de Zeus et frère jumeau d’Artémis, il est dieu grec de la lumière, du chant, de la raison, de la musique et de la poésie. Décrit aussi comme dieu à l'arc et flèche, il punit et détruit le méchant. Une légende notoire raconte que quatre jours après sa naissance, Apollon tue au tir à l'arc le dragon, Python, qui avait poursuivi sa mère en route pour Délos.
  • Apollon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Apollon.
  • Apollon appelé aussi Phébus, en gr. Phoibus le Brillant , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Apulée (en lat. Lucius Apuleius Theseus

Avocat, rhéteur et écrivain latin (v.125 - ap. 170) dont l'œuvre le plus illustre est son roman en prose Les Métamorphoses (appelé aussi L'Âne d'or). Une parodie mystique en onze livres, il s'agit d'un héros dont la curiosité pour la magie, le transforme en âne.
  • Apulée, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 juin 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Apulée.
  • Apulée en lat. Lucius Apuleius Theseus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Apôtres

Les douze disciples de Jésus : saint André, saint Barthélemy, saint Jacques le Majeur, saint Jacques le Mineur, saint Jean, Judas l’Iscariote (remplacé par saint Matthias), saint Jude, saint Matthieu, saint Philippe, saint Pierre, saint Thomas, saint Simon le Cananéen.
Saint Paul, connu comme l'apôtre des gentils fut aussi disciple de Jésus.
  • Apôtres, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Archidamos II

Roi de Sparte qui régna de 469 à 427 av. J.-C. Selon Théophraste, à cause du mépris éprouvé par les Spartiates envers les gens de petite taille, les Éphores (magistrats) de Sparte condamna Archidamos à une amende pour avoir épousé une femme trop petite, disant qu'elle ne leur enfanteroit pas des Rois, mais des Roitelets.
  • Howatson, Margaret, éd., Politics, The Oxford Companion to Classical Literature, Oxford University Press, 2011. Oxford Reference Online, Internet, 27 septembre 2011.
  • Plutarque, Les vies des hommes illustres de Plutarque, Amsterdam, R. & G. Wetstein, 1724, t. 5, trad. et éd. Mr. Dacier, p. 293-294. Google livres, Internet, 28 septembre 2011.

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Archimède (en gr. Arkhimêdês)

Grand scientifique grec, on lui doit un corpus scientifique considérable : en mathématiques, il perfectionna le système de numération des Grecs, il compléta les livres d'Euclide sur la géométrie dans l'espace, il découvrit une méthode de calculer Pi d'une précision remarquable. Archimède n'est pas exempte de la légende; la tradition lui attribue la phrase « Eurêka » après avoir trouvé la méthode de mesurer la densité et composition d'une couronne d'or. Il est aussi associé avec la défense de Syracuse après l'attaque par la flotte romaine. On dit qu'il ait construit des miroirs géants au bord de la mer pour réfléchir et concentrer les rayons du soleil dans les voiles des navires romains et ainsi les enflammer.
  • Archimède, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Archimède, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 août 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Archim%C3%A8de.

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Argos ou Argus

  • Argos. Fils de Zeus et de Niobé qui a fondé la ville du même nom.
  • Argos (Panoptès). L’épithète Panoptès qui voit tout témoigne de l’apparence physique de ce personnage : Argos est un géant à cent yeux, cinquante ouverts et cinquante fermés. Lorsqu’Héra lui demande de surveiller Io, Argos s’endort en entendant la musique de la flûte d’Hermès. Ensuite, celui-ci lui tranche la tête, et Héra sème les yeux du mort à la queue de son paon.
  • Le chien d’Ulysse dans l’Odyssée.
  • Argos, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Argos.
  • Argus ou Argos (chien), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Argus ou Argos (prince), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Arianisme

L'arianisme était une doctrine religieux où Jésus-Christ est le fils de Dieu, mais distinct de Dieu, et donc subordonné à Dieu. Le christianisme croit en la Trinité où Dieu le père, Dieu le fils (Jésus) et le Saint Esprit ne font qu'un être suprême, complètement uni. L'Église catholique considère l'arianisme une hérésie dès le premier Concile de Nicée en 325.

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Aristide de Milet (en gr. ancien Aristeidês; en latin Aristides Milesius)

Écrivain grec (-IIe s. ?) initiateur du conte érotique en prose. Ses Fables milésiennes, très appréciées par les Romains, donnèrent le modèle d'un genre d'esprit licencieux. De ces 6 volumes de contes, il nous reste des fragments traduits en latin.
  • Aristide de Milet, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Aristide de Milet, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aristide_de_Milet.

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Aristodemos Malakos, Aristodème le Malaque ou le Mou

Aristodemos, né c. 550 av. J.-C. et mort en -490, régnait sur la cité de Cumes suite à un coup d'état en -505 ou -504. Son programme politique s’opposa à l’aristocratie, et il fut tué par une conjuration d'aristocrates qui furent aidés par une jeune femme, Xénocrite, selon le De claris mulieribus (Conduites méritoires des femmes) de Plutarque.

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Aristote (en gr. Aristotelês, dit le Stagirite)

Né à Stagire (Stavro), Macédoine en 384 av. J.-C. et mort à Chalcis, Eubée en 322, le philosophe grec Aristote était l'étudiant de Platon et le tuteur d’Alexandre le Grand. À Athènes, Aristote fonda le Lycée (335) où il enseigna pendant douze ans. La philosophie, selon Aristote, serait la totalité du savoir. Il gagna la réputation du père de la logique grâce à ses analyses des divers genres et parties de discours. Son recueil à ce sujet, l’Organon, parle de la logique comme un instrument du savoir. Aristote étudia également les espèces naturelles (La Physique ; Histoire des animaux) ; la morale (Éthique à Nicomaque ; Éthique à Eudème) ; la politique (Politique ; Constitution d’Athènes), parmi d'autres sujets. De plus, il fit une étude sur la création des genres littéraires, d’où La Poétique et La Rhétorique.
  • Aristote en gr. Aristotelês, dit le Stagirite, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Artémise II

Artémise II était reine de la cité d'Halicarnasse en Carie (l'actuelle ville de Bodrum en Turquie) au IVe siècle av. J.-C. Épouse de son frère, Mausole, qui décéda en 353, Artémise entra dans un deuil extrême. Elle fit décorer le tombeau de Mausole, dit le mausolée d'Halicarnasse, par les plus grands artistes grecs ; il fut considéré l'une des Sept Merveilles du monde et le terme "mausolée" désigne les grands monuments funéraires depuis ce temps. La légende veut qu'Artémise but les cendres de son époux, mêlés à une boisson. Veuve, elle continua à gouverner la Carie pendant deux ans, jusqu'à sa propre mort en -351.

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Asmodée

Démon biblique qui possède plusieurs autres noms (par exemple : Asmoth, Aesma, Sidonay, etc.), il apparaît dans le Livre de Tobie, chassé du corps de Sara par l'archeange Raphaël. Selon la tradition juive, il est celui qui sème le discorde entre mari et femme.
  • Asmodée, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Asmodée.
  • Asmodée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Assyrie

Royaume en Haute-Mésopotamie qui devint le centre de l'un des grands empires du l’ancien Moyen-Orient, situé dans ce qui est maintenant le nord de l'Irak et le sud-est de la Turquie.
  • Assyria, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 26 août 2010. https://www.britannica.com/EBchecked/topic/39555/Assyria.
  • Assyrie n.f., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Athènes (en gr. Athinai)

Capitale de la Grèce située sur la plaine d'Attique qui est une des plus anciennes villes du monde. La civilisation athénienne exerça une influence prodigieuse et durable sur de nombreux domaines dans la culture occidentale de l'Antiquité jusqu'à nos jours comprenant la philosophie (Socrate et Platon), le théâtre (Euripide) et la rhétorique (Démosthène).

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Athénée de Naucratis 

Érudit et grammairien grec, né à Naucratis en Égypte vers 170, et mort au IIIe siècle. Il est l’auteur du Banquet des Sophistes (ou Banquet des savants), œuvre d’imagination où se rencontrent dans une ambiance festive des penseurs d’époques différentes.

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Auguste (en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus) (aussi : Octave)

(Rome - 63 av. J.-C. - Nole 14 ap. J.-C.). Auguste fut l'empereur de Rome de -27 av. J.-C. à -14 ap. J.-C. En -45, il devint le petit fils adoptif de Jules César (jusqu'alors, il en était le petit-neveu), et à la mort de l'homme d'état, Auguste devint l'héritier de Rome, ce qui lui rendit aussi le rival de Marc Antoine. Après que celui-ci fut vaincu à Modène, Auguste fonda avec Lépide et Antoine le deuxième triumvirat en -43. Les trois divisèrent par la suite l'Empire romain entre eux ; ce fut Auguste qui prit l'Occident. Pendant son règne, Octave fut victorieux contre Sextus Pompée en Sicile (-36) ainsi que contre Cléopâtre (-31), de qui il reçut l'Égypte. En -38, on lui donna le titre d'Imperator et en -28, celui de princeps senatus (le premier ayant le droit de s'exprimer dans des délibérations sénatoriales). Onze ans après, il reçut aussi le titre d'augustus (terme religieux). Pendant ce temps-là, Auguste fit de Rome un principat, ce qui rendit l'ancienne république l'équivalant d'un Empire qui avait pour Empereur le Sénat et le peuple.
  • Auguste, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste.
  • Auguste en lat. Caius Julius Caesar Octavianus Augustus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Aulu-Gelle (en lat. Aulus Gellius)

(Rome v. 130). Érudit latin qui fut l'un des élèves de Fronton. Il a écrit les Nuits attiques, qui s'organise comme une série d'entretiens entre des amis érudits. Sous cette forme, l'œuvre traite de la grammaire, de l'histoire et de la critique littéraire. Elle fournit des renseignements importants sur les écrivans archaïques.
  • Aulu-Gelle (en lat. Aulus Gellius), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Aurélien (en lat. Lucius Domitius Aurelianus)

Empereur romain entre 270 et 275. Restorateur de l'unité de l'Empire romain, qu'il consolida face à nombreux groupes d'envahisseurs même s'il ne put pas reprendre toutes les anciennes territoires de l'Empire. Aurélien voulait aussi l'unité morale de l'Empire romain, créant le culte de Soleil et une identification personnelle avec ce dieu.
  • Aurélien, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Aurélien (empereur romain)Wikipédia, l'encyclopédie libre(5 novembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aurélien_(empereur_romain).

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Ausone (en lat. Decimus Magnus Ausonius)

Professeur et conseiller politique du Bas-Empire romain, Ausone était aussi renommé comme poète latin. Auteur de vingt livres en latin et de plusieurs courtes pièces dont le plus célèbre est La Moselle, un récit racontant son voyage sur la Moselle de Trèves au Rhin.
  • Ausone, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • AusoneWikipédia, l'encyclopédie libre (11 octobre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ausone.

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Avantages de la viduité (en lat. De bono viduitatis)

Les remarques les plus élaborées de Saint Augustin sur la vidiuité paraissent dans Avantages de la viduité ou lettre à Julienne veuve, une lettre écrite probablement en 414 et reliée aux Biens du mariage. Les deux textes considèrent ces deux états de la vie : Augustin, comme les autres théologiens de l'époque, note la supériorité de l'état vierge, tout en valorisant le mariage. Il insiste sur le besoin d'humilité de la part des vierges, malgré la supériorité de leur état.
  • Avantages de la viduité, trad. M. l'abbé Burleraux, in Œuvres complètes de Saint Augustin, L. Guérin et Cie., Bar-le-Duc 1869, t. XII p. 150-165. Bibliothek der Kirchenväter, Internet, 26 avril 2021. https://bkv.unifr.ch/works/402/versions/586/divisions.
  • Dunn, Geoffrey David, The elements of ascetical widowhood: Augustine’s de Bono Viduitatis and Epistula 130, in W. Mayer, P. Allen and L. Cross (ed.), Prayer and Spirituality in the Early Church IV: The Spiritual Life, St Pauls Publications, 2006, p. 247-256.

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Azarias

Personnage dans le livre des Machabées. Suivant les ordres de Judas Machabée, Azarias travailla avec Joseph comme capitaine militaire pour entrer en combat contre Gorgias et son armée. Ensemble ils perdirent la guerre.

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Baal

Titre donné aux dieux sémitiques, canéens, phéniciens, et arméens. Les cultes de Baal adoptés par les Israélites se composaient de sacrifices qui étaient parfois humains. Baal, alors, représente tout culte idolâtrique.
  • Baal, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Babylone (en sémitique Bab-lli la porte du dieu, dans la Bible Babel)

Ancienne ville mésopotamienne qui se trouvait sur l’Euphrate dans le pays contemporain d'Iraq. Existant au moins dès le XXIIIe siècle av. J.-C, Babylone atteignit son apogée comme capitale de l’empire babylonien entre le deuxième et le premier millénaire av. J.-C. La ville de Babylone (Babel) est d’une signifiance religieuse profonde. La Bible comporte plusieurs passages dans l'Ancien et le l'Nouveau Testament représentant Babylone comme la personnification de l'orgueil, de la corruption et de la décadence de l'Homme dans le monde temporel, mais parfois la ville est l'instrument de la volonté divine.
  • Babylone, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Babylone en sémitique Bab-lli la porte du dieu, dans la Bible Babel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Babylone (symbole), Wikipédia l'encyclopédie libre (4 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Babylone_%28symbole%29.
  • Babylone, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 février 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 mai 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Babylone#Dans_les_civilisations_antiques.

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Balde (en latin Baldus) de Ubaldis

Balde était un juriste italien du XIVe siècle (1327-1400). Son œuvre est composée de traités de droit civile et droit canon, aussi bien que des commentaires sur maintes questions de doctrine catholique, et surtout le schisme entre l'Église occidentale et orientale.

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Barac, Barach, Baraq ou Barak

Dans le Livre des Juges, Barac était fils d’Abinoëm, de Cédés en Nepththali, et général des Hébreux. Sous le commandement de Débora, il lutta contre les armées cananéennes et finit par obtenir une victoire définitive contre les troupes de Sisra et du roi Yabin.

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Barlaam

L'histoire de Barlaam et Josaphat est un récit bouddhiste en sanskrit qui circula dans plusieurs sociétés au 1er millénaire avant d'être christianisé au IXe ou Xe siècle. Dans la version chrétienne, le roi Abenner ou Avenier d'Inde persécutait les chrétiens, mais un astrologue prédit que son propre fils, Josaphat, serait un jour de cette religion, alors le roi isola son fils de tout contact. Mais Josaphat finit par rencontrer le saint Barlaam, un hermite qui le convertit. En fin de compte, le roi se convertit au christianisme lui aussi, se retirant dans le désert et laissant le trône à Josaphat, qui se retira à son tour pour développer sa spiritualité. Barlaam et Josaphat sont considérés des saints par l'Église catholique et l'Église orthodoxe.

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Benjamin (en héb. Benyamîn)

Dans la Genèse (XXXV, 16-20), Benjamin, qui signifie le fils de ma droite, est le dernier fils de Jacob et de Rachel. Il est l'ancêtre éponyme d'une tribu d'Israël qui resta fidèle à Roboam, roi de Juda, après la mort de Salomon.
La naissance de Benjamin coûta la vie à Rachel, qui avant de mourir l'appela "Benoni" ou "Ben Oni" ("fils de mon deuil"), mais Jacob changea le nom en Benjamin.
  • Benjamin, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Rachel, Wikipedia, the free encyclopedia (11 avril 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 avril 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Rachel.
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livres de Genèse, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Benoît II (pape)

Pape du 26 juin 684 jusqu'à sa mort l'année suivante, Benoît, né à Rome, fit restaura plusieurs églises romaines pendant son bref pontificat.

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Bethléem (en hébreu Bet Lehem, en arabe Kfar Naḥūm)

La ville à 10 km au sud de Jérusalem. Dans aa tradition juive, la ville s'appelle aussi Éphrata, et c'est le lieu de naissance et de couronnement de David. Dans la tradition chrétienne, c'est le lieu où Jésus est né.

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Bethsabée (en hébr. Bath-Sheba)

Selon l'Ancien Testament de la Bible (II Samuel, XI-XII), la femme d’Urie, officier dévoué du roi David. Sa grande beauté captiva le roi David qui la séduit. Dès que David apprit que Bethsabée était devenue enceinte, il fit tuer Urie pour cacher leur rapport adultère et, ensuite, prit Bethsabée comme épouse. Leur premier enfant mourut mais Bethsabée donna naissance plus tard à Salomon, successeur de David qui promut Bethsabée à Reine mère.
  • Bethsabée, Wikipédia, L'encyclopédie libre (18 janvier 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bethsab%C3%A9e.
  • Bethsabée (en hébr. Bath-Sheba, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Bethsames (en hébreu Beit Shemesh

Une ville à 30 km à l'ouest de Jérusalem, Bethsames est évoqué dans l'Ancien Testament, dans les livres de Josué, I Samuel et Regnes

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Betouel

Personnage biblique dans le Livre de la Genèse, Betuel est le fils de Nahor et de Milcah, le frère d'Abraham. Il est le père de Rébecca, l'épouse d'Isaac et la belle-fille d'Abraham, l'oncle de Betuel.

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Biens du mariage (en lat. De bono coniugali)

Opuscule de Saint Augustin écrit en 401 où il décrit les trois biens du mariage, qui sont les enfants, la fidélité et le sacrement.

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Blanche de Castille 

Reine de France, née le 4 mars 1188 à Palencia et morte le 27 novembre 1252 à Melun. Fille d’Alphonse VIII, roi de Castille, et d’Aliénor d’Angleterre, elle épousa en 1200 le prince Louis, fils de Philippe Auguste, qui devint en 1223 le roi de France Louis VIII. Blanche donna à son mari douze enfants dont le futur Louis IX et Alphonse de Poitiers. Louis VIII la consultait sur les affaires du royaume et, dans son testament, il la désigna comme régente et comme tutrice de leurs enfants. Régente pendant la minorité de Louis IX (1226-1234), elle brisa la révolte des barons (1226-1231), et mit fin à la croisade des albigeois en concluant le traité de Meaux-Paris (1229). Après la majorité de Louix IX, qu’elle maria à Marguerite de Provence (1234), elle continua à s’occuper des affaires puis exerça à nouveau la régence lorsque le roi participa à la septième croisade (1248-1252).

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Boaz ou Booz

Selon le livre de Ruth dans l'Ancien Testament, Boaz était un très riche propriétaire de Bethléem. Il épousa Ruth, une veuve pauvre dont le premier mari (Malchon) et son père (Elimelech) lui étaient apparentés. Ruth et Boaz furent les arrière-grands-parents du roi David. Le nom Boaz signifie la force.

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Boccace (en it. Giovanni Boccaccio)

Écrivain italien né en 1313 et mort en 1375. Son livre le plus connu est Le Décaméron, recueil de nouvelles (1349-1351) qui fonde le genre de la nouvelle européenne en prose. Le cadre de l’ouvrage est la peste à Florence en 1348: dix personnes qui la fuient se racontent des histoires pour se divertir. Des leçons de tolérance, de lucidité et d’humour face aux vicissitudes de l’existence ont fait que Le Décaméron reste durablement partie du canon littéraire occidental.
  • Boccace (Giovanni BOCCACCIO, dit en fr.), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Boccace, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 janvier 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 janvier 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Boccace.

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Boleslas V le Pudique ou Boleslas le Chaste (en pol. Boleslaw V Wstydliwy)

Cinquième souvereign de Pologne et membre de la dynastie Piast. Fils de Lech Ier le Blanc et de Grzymislawa de Luck, Boleslas naquit en 1226 et décéda en 1279.

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Bracmane, Bramine ou Bramin

BRACMANE, BRAMINE, ou BRAMIN, s. m. Philosophe ou Prêtre Indien. — L'Académie met les trois mots sans remarque. — Il me semble que le 1er ne se dit que des anciens Philosophes, et les deux aûtres des modernes; et parmi ceux-ci, Bramine est le plus usité.
  • Bracmane, Bramine ou Bramin, Jean-François Féraud : Dictionnaire critique de la langue française (1787-88), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 24 août 2009.

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Brennos (en lat. Brennus; IIIe siècle av. J.-C.)

Un chef celte du -IIIe siècle, Brennus dirigea une grande expédition, attaquant en 298 la Thrace et la Macédoine avant d'être repoussé. Il eut plus de succès en -279, mais défaite encore, Brennos se suicida en s'empoisonnant vers -278.

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Brutus (en lat. Marcus Junius Brutus)

(Rome v. -85 - -42 av. J.-C.). Homme d’État romain et neveu de Caton d’Utique, Brutus fut adopté par César. Bien que Brutus eût participé comme allié de Pompée à la bataille de Pharsale, César le désigna comme propréteur en Gaule cisalpine en -46, ainsi que préteur urbain en -44. Cependant, Brutus se retourna contre César. À l’aide de Cassius, que César avait fait aussi préteur, Brutus projeta d'assassiner l’empereur. Le fait accompli, il s’évada en Macédoine. À Philippes, pourtant, Brutus et Cassius furent vaincus en -42. Ainsi les deux se donnèrent-ils bientôt la mort. En entendant parler de sa mort, sa femme Porcia prit cette même décision funeste.
  • Brutus en lat. Marcus Junius Brutus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Bède ou Beda (saint) dit le Vénérable

(Wearmouth, Durham 673 - Jarrow Durham 735) Historien et érudit anglo-saxon. Ses ouvrages sont divers : il a écrit une chronologie basée sur des études détaillées astronomiques, une histoire naturelle, un martyrologie, un ouvrage de métrique, un ouvrage sur la vie de saint Cuthbert et son Histoire ecclésiastique des Angles qui traite les événements de la période entre la conquête de Jules César et l'année 597.
  • Bède ou Beda (saint) dit le Vénérable, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Béla IV de Hongrie (Béla IV Árpád)

Fils d'André II de Hongrie et de Gertrude de Méran, Béla IV fut roi de Hongrie entre 1235 et 1270. Durant son règne il réussit à ranimer la vie économique suite à une invasion mongole. Sa femme était Cunégonde ou Kinga de Pologne, et son successeur fut son fils Étienne V.
  • Béla IV, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Béla IV de HongrieWikipédia, l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Béla_IV_de_Hongrie.

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Béthulie

Cette ville de l'ancienne Palestine, en Judée, est célèbre par le siège de Holopherne. Judith est de Béthulie et c'est dans le camp d'Holopherne en dehors de Béthulie que Judith le tue.

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Caesar Baronius (en italien Cesare Baronio)

Prêtre italien de l’Oratoire et historien ecclésiastique de renom, né en 1538 à Sora et mort en 1607 à Rome. Il fut confesseur du pape Clément VIII, bibliothécaire de la Vaticane et cardinal (1596). Il a laissé une édition critique du Martyrologe romain (1586) et 12 volumes d’Annales ecclésiastiques (1588-1607), qui retracent l’histoire de l’Église depuis les premiers temps jusqu’à 1198. Il est parfois nommé le Père de l’histoire ecclésiastique.

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Caius Marius

Né en 157 av. J.-C. à Arpinum des origines humbles, Marius devint un grand général et homme politique romain. Il se distingua comme un excellent soldat et servit comme lieutenant de Metellus pendant la guerre de Jugurtha. Il fut élu au consul par le parti populaire à sept reprises au cours de sa carrière; il est connu surtout pour sa réforme décisive de l'armée romaine, permettant aux prolétaires et aux chômeurs de s'y joindre. Il présida au dénouement de plusieurs victoires et sous ses ordres l'armée devint un instrument puissant pour la conquête de l'empire. Malgré sa réputation comme chef de guerre, sa carrière d'homme politique était entaché de plusieurs incidents sanglants (sa dispute avec Sylla, la guerre sociale, et le massacre de ses ennemis). Il mourut en 86 av. J.-C.
  • Caius Marius, Wikipedia the Free Encyclopedia (9 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Marius.
  • Marius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Caius Sulpicius Galba

D'une famille romaine riche, Sulpicius devint consul en 5 av. J.-C. Il épousa pour première femme Mummia Achaica, dont il eut deux fils, Galba, le futur empereur, et Caius. Sa seconde femme, fort riche selon Suétone, se nommait Livia Ocellina.

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Caligula (en lat. Caius Caesar Germanicus)

(Antium 12 – Rome 41). Troisième empereur romain, regnant de 37 à 41, succédant à Tibère. Fils de Germanicus et d'Agrippine l'Ancienne, il mena pendant quelque temps une politique de libéralisme. On attribue à une maladie mentale le brusque changement de sa personnalité qui le fit régner en roi, et en dieu. Il mourut assassiné par plusieurs membres de la garde prétorienne en 41 à Rome.
  • Caligula (Caius Caesar Germanicus, dit), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Caligula, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caligula.

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Callirrhoé fille d'Achéloos (en grec ancien Kalliróê)

Dans la mythologie grecque, Callirrhoé ou Callirhoé est une naïade et son fils un dieu fleuve. Elle réclama de son mari Alcméon le "Collier d'Harmonie" qu'il avait offert à sa première femme; Alcméon est tué en train de récupérer le collier. Une "intime" de Zeus, Callirrhoé obtient de lui que ses deux fils puissent devenir immédiatement adultes afin de venger leur père, ce qu'ils firent dans une grande tuerie.

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Canaan

Nom biblique donné à la région du Proche-Orient qui correspond aujourd'hui aux territoires d'Israël, de la Palestine, et de l'ouest de la Jordanie, du sud de la Syrie et du Liban. Selon le Bible, ce territoire est la Terre promise, le pays de miel et de lait des Israélites.
  • Canaan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Canaan, (région), Wikipédia l'encyclopédie libre (16 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_de_Canaan.

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Cananéens

Originaires de Canaan, le peuple cananéen était le premier à habiter la Terre Sainte, sous le gouvernement de Moïse.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique ou vie des saints et des bienheureux, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 167-168. Bibliothèque numérique Gallica, 24 octobre 2013. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63160692/f88.image.r=chananeans.
  • Guillaume Marlot, Histoire de la ville, cité et université de Reims, métropolitaine de la Gaule BelgiqueReims, L. Jacquet, Imprimeur de l'Académie, 1843, Vol. I, p. 92, Internet, Google Books, 24 octobre 2013.https://books.google.ca/.

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Cantique des Cantiques ou Le Cantique de Salomon

Situé dans l'Ancien Testament, le Cantique des Cantiques contient des chants d'amour qui se présente comme une suite de poèmes où les voix alternées d'une femme et d'un homme décrivent l'histoire de leur amour.

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Capharnaüm ou Capernaüm (en hébreu Kəfar Nāḥūm ou Kfar Naḥūm)

Un très ancien village de pêcheurs de Galilée, Capharnaüm est cité 16 fois dans le Nouveau Testament car Jésus y séjourna.
Les juifs pieux empreints de la tradition ancestrale sont peu réceptifs à la parole de Jésus qui maudit le village : « Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu'au ciel? Non, tu descendras jusqu'au séjour des morts! (Luc ch. 10, v. 15).

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Captivité babylonien

Il s'agit de la papauté d’Avignon, la résidence du pape en Avignon plutôt que dans son siège traditionel à Rome entre 1309 et 1378, puis dans une deuxième période entre 1378 et 1418 pendant laquelle il y avait deux papes rivaux.

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Cardan (en it. Gerolamo Cardano, en lat. Hieronymus Cardanus), dit en fr. Jérôme Cardan

(Pavie 1501 - Rome 1576) Médecin, physicien, inventeur, philosophe et mathémiticien italien. Cardan enseigna les mathématiques à Milan, et la médecine à Pavie et à Bologne. Comme philosophe, il tentait de constituer un panthéisme sans immortalité de l'âme. En dépit de son érudition, Cardan était néanmoins un personnage naïf : Jean-Claude Margolin de l'université de Tours témoigne, [...] esprit génial, mais personnalité chaotique, [Cardan] pouvait faire preuve de l'esprit critique le plus aigu et de la crédulité la plus enfantine. On a de lui : sa Practica arithmeticè et mensurandi singularis (Milan, 1539) ; son Ars magna ; son Liber de ludo aleae, qui fait le premier calcul des probabilités ; et les ouvrages plutôt philosophiques De subtilitate (Nuremburg, 1550) et De rerum varietate (Bâle, 1557).
  • Cardan (Gerolamo Cardano), dit en fr. Jérôme, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Carloman

Fils de Charles Martel, Carloman (710-754) reçut en héritage le pouvoir sur la moitié de la Gaule, l'autre moitié étant sous la houlette de son frère Pépin le Bref. Carloman est à l'origine d'une réforme ecclésiastique, y compris la moralisation des mœurs des clercs, ce qui suggère une grande piété de sa part.
Pourtant, en 746 il est responsable du massacre des chefs ennemis qui s'étaient joints à son frère pour prendre une partie du territoire que leur père avait attribué à Carloman. À la suite de cet acte, Carloman se retira dans monastère pour le reste de sa vie, peut-être pour expier le massacre.

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Cassienne de Constantinople

Une abbesse, poétesse et compositrice de l'empire byzantin, né vers 805 et morte en 865, Cassienne devint sainte de l'église orthodoxe. Jeune, elle participa au concours de beauté organisé pour que le jeune empereur Theophile choisisse une femme. Théophile préféra Theodora à Cassienne dont l'intelligence semblait blesser la fierté de l'empereur. Cassienne était heureuse de pouvoir entrer en religion.

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Cassiodore (en lat. Flavius Magnus Aurelius Cassiodorus)

Écrivain latin et fondateur du monastère de Vivarium à Sicile, il fut né vers 485 à Scylacium. Après avoir été consul et préfet sous Théodoric, il se retira au monastère. Notamment il écrivit une Historia ecclesiastica tripartita, un manuel encycolpédique sur le plan de l'œuvre de Martianus Capella Institutiones divinarum et saecularium lectionum et un De anima.
  • Cassiodore, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cassiodore, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cassiodore.

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Catherine d'Aragon (en ang. Catherine of Aragon)

Catherine d’Aragon (1485-1536), fille de Ferdinand II d’Aragon et d’Isabelle Ire de Castille, épousa le Prince de Galles Arthur Tudor en 1501. À la mort d’Arthur, elle épousa en secondes noces en 1509 son frère, Henri Tudor, le futur Henri VIII. Henri la répudia en faveur d’Anne Boleyn en 1532, provoquant le schisme entre la monarchie anglaise et l’Église catholique.

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Caton d'Utique ou Caton le Jeune (en lat. Marcus Porcius Cato)

Caton d’Utique était, comme son arrière-grand-père Caton l’Ancien, un homme politique romain. Il vécut de -93 à -46 av. J.-C. Pendant sa vie, il défendit la République avec une férocité stoicienne. Il lutta aux côtés de Cicéron contre Catilina, contre Crassus, César et contre Pompée, mais il devint finalement l’allié de ce dernier. Après la mort de Pompée, Caton continua de mener la guerre en Afrique. Lors de la défaite de son armée à Thapsus en -46, il se suicida.
  • Caton d'Utique en lat. Marcus Porcius Cato, Le Petit Robert : Dictionnaire illustrédes noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Caton d'Utique, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caton_d%27Utique.

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Caton l'Ancien (en lat. Marcus Porcius Cato)

Caton l’Ancien que l’on appelle couramment aussi Caton le Censeur, était un homme politique romain qui vécut de -234 à -149 av. J.-C. Il est connu pour les luttes qu’il mena contre le luxe, la culture et les mœurs helléniques car il privilégiait toujours les mœurs traditionnelles sur lesquelles Rome était fondé. Il participa à la condamnation de Scipion l’Asiatique, le frère du général Scipion l’Africain. Vers la fin de sa vie, il voyagea à Carthage agissant en ambassadeur. Dans la troisième guerre punique, les discours qu’il prononçait eurent une grande influence. Il ajouta à ces discours Delenda quoque Carthago, formule qui signifiait et en outre, il faut détruire Carthage. De nos jours, il ne nous reste que quelques fragments de son œuvre : des parties de ses Origines, une histoire romaine, et De agri cultura, un traité portant sur l’agriculture.
  • Caton dit l'Ancien ou le Censeur en lat. Marcus Porcius Cato, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Caïn

Fils d'Adam et Ève, et le frère d'Abel. Caïn apparaît dans le Livre de la Genèse. Le premier être-humain né, il devint le premier meurtrier sur terre quand il tua son frère Abel. Il fut alors condamné à fuir pour toute l'éternité.
  • Cain and Abel, Wikipédia, l'encyclopédie libre(22 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 novembre 2012.https://en.wikipedia.org/wiki/Cain_and_Abel.
  • Cain, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Chaldéens

Peuple habitant en Chaldée, région de Sumer occidental. La Chaldée n'exista comme un pays qu'entre la fin du Xe et la mi-VIe siècle av. J.-C., avant d'être assimilé à la Babylonie. Selon la Bible hebreu (le Tanakh), Abraham est originaire de la ville chaldéenne d'Ur Kaśdim (en hébreu).
  • Chaldée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Chaldea, Wikipedia, The Free Encyclopedia (21 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 juillet 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Chaldea.

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Cham ou Ham

Fils de Noé et père de Canaan qui paraît dans le Livre de la Genèse. Cham est dépeint comme fils irrévencieux quand il découvre à ses frères leur père ivre et nu.
  • Cham, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Charlemagne ou Charles Ier, dit le Grand

(v.742 – Aix-la-Chapelle 814). Roi des Francs (768-814), roi des Lombards (774-814) et l'empereur de l'empire d'occident (800-814). Considéré non seulement comme le fondateur des deux monarchies française et allemande, mais aussi comme le Père de l'Europe, Charlemagne unit une grande partie de l'Europe occidentale et centrale, établit les principes du gouvernement sur lesquels les grands États européens sont fondés et encouragea la formation d'une identité européenne commune en mettant en œuvre la renaissance carolingienne.

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Charles IX

Second fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, il devint roi de France (1560-1574) à l'âge de dix ans sous la régence da sa mère. Son règne fut dominé par les guerres de religion entre les catholiques et les protestants. Ses efforts de réconcilier les deux factions finirent par entraîner plus d'hostilité. En particulier, sous la pression des catholiques et sa mère, Charles IX ordonna le massacre de la Saint-Barthélemy (1572), dans lequel des milliers de protestants furent tués.
  • Charles IX, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Charles IX de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mai 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_IX_de_France.
  • Saint-Barthélemy (massacre de la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Charles Martel (en lat. Carolus Martellus)

Charles Martel (688-741) dirigea la Francie (royaumes francs) de 718 jusqu'à sa mort, en rétablissant les Francs comme les maîtres de toute la Gaule. En 1732 ses forces triomphent sur l'armée musulmane qui envahit la Gaule dans une bataille décisive qui eut lieu entre Tours et Poitiers. Administrateur aussi bien que guerrier, il est crédité d'un rôle déterminant dans la création du système féodal franc.
À sa mort, il divise la Francie entre ses fils, Carloman et Pépin le Bref. Le petit-fils de Charles (et fils de Pépin) est Charlemagne.

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Charles Quint (en esp. Carlos I)

Charles Quint (Charles d’Habsbourg, Charles I d'Espagne, 1500-1558), empereur du Saint-Empire romain germanique et Roi des Espagnes, était considéré le monarque le plus puissant de son temps. C’est le père de Philippe II d’Espagne.

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Charles V, dit Charles le Sage

(Vincennes 1338 – Nogent-sur-Marne 1380). Roi de France (1364-1380) dont le règne fut marqué par sa réussite dans la récupèration d'une grande partie du territoire français cédée à l'Angleterre au traité de Brétigny (1360) à la fin de la première phase de la guerre de Cent Ans (1337-1543).

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Christ (Jésus) (en lat. Christus)

Les catholiques disent le Christ, les protestants souvent Christ, sans article. Figure centrale de la religion chrétienne, pour laquelle le Christ, c'est-à-dire le Messie, l'Oint du Seigneur, c'est Jésus (Jésus-Christ). Il s'identifie avec le Messie annoncé diversement par les prophètes de l'Ancien Testament (Daniel, VII, 13 ; Isaïe, XI, 1-9 et LII-LIII ; Zacharie, IX, 9), mais le royaume qu'il instaure n'est pas de ce monde (Jean, XVIII, 36). Il est le fils de Dieu annoncé par Jean-Baptiste (Jean, I, 33). Dieu incarné, il possède les deux natures, homme et Dieu (ce point a soulevée plusieurs hérésies), ce qui fait de lui l'intercesseur, le lien entre les hommes et Dieu. Il a souffert sur la croix et il est mort pour le salut des hommes, compromis depuis la faute d'Adam. Il est donc le Rédempteur et le Nouvel Adam.
  • Christ en lat. Christus, calqué sur le grec khristos qui traduit l'hébreu mashiah (d'ou messie) « oint », Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Cicéron (en lat. Marcus Tullius Cicero)

(Arpium 106 – Formie 43 av. J.-C.) Homme d’État latin, avocat, consul et orateur exceptionnel qui a fort influencé la rhétorique latine. Il se fit champion de la préservation de la République romaine mais ses efforts furent en vain lorsque la république fut finalement détruite après une série de guerres civiles suivies par son assassinat en 43. Cicéron chercha pendant toute sa vie à être un grand homme de l’État et son travail intellectuel témoigne de cette ambition. Un écrivain prolifique, il a produit parmi d'autres ouvrages des plaidoyers (Les Verrines), des harangues politiques (Les Catilinaires), des œuvres théoriques sur l’éloquence (De oratore), des écrits philosophiques (De republica, De officiis, De natura deorum, De officiis, Hortensius, De diuinatione) et des lettres (par exemple Ad Atticum).
  • Cicéron en lat. Marcus Tullius Cicero, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marcus Tullius Cicero, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 12 mai 2011. https://www.britannica.com/biography/Cicero.

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Cimon (en grec Kímôn)

Cimon, né en 510 av. J.-C. et décédé en 450 ou 449, était un homme d'état et stratège d'Athènes, où il appartenait à une des plus grandes familles aristocratiques (bien que son père Miltiade mourut en disgrâce. Les largesses de Cimon au peuple lui valurènet le soutien populaire. Il était par contre hostile aux idées démocratiques.
Il mena plusieurs campagnes militaires contre les Perses; il fut tué pendant un siège contre leur ville de Cition. Comme son père, il connut aussi l'oprobre à un moment donné, mais sa gloire était intact à la fin de sa vie.

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Claude Élien (en gr. Elianos, en lat. Claudius Aelianus)

Historien et orateur romain (IIe – IIIe s.) de langue grecque, surnommé Élien le Sophiste, qui composa De la nature des animaux et Histoire variée, recueils qui rapportent en anecdotes l’histoire naturelle des animaux et des coutumes culturelles et des événements miraculeux.
  • Élien en gr. Elianos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Élien le Sophiste, Wikipédia l'encyclopédie libre (7 mars 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lien_le_Sophiste.

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Clotilde Reine des Francs

Clotilde (474 ou 475-545) fut canonisée entre 550 et 560 grâce à sa piété. Elle épousa le Roi Clovis vers 493; selon Grégoire de Tours, Clotilde est responsable de la conversion de Clovis. Clotilde est la première reine chrétienne qui ait fondé plusieurs établissements religieux.

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Clovis Roi des Francs (en latin Chlodovechus)

Clovis (466-511) était d'abord un chef militaire qui finit par accroître considérablement le territoire du royaume des Francs (une ligue des peuples germaniques dans le nord de la France actuelle), dont il hérite à la mort de son père. Il unifia aussi une grande partie des royaumes francs. Grégoire de Tours fit la description du règne de Clovis dans son Histoire des Francs, et Clovis est toujours considéré de nos jours comme un des personnages les plus importants de l'histoire de France.
Il se convertit au christianisme, peut-être en 496, de toute manière sous l'influence de sa femme Clotilde : sur le point de perdre une bataille, il pria au Dieu de sa femme et finit par gagner ladite bataille. Entre 496 et 511, il fut baptisé ainsi que 3 000 de ses guerriers. Le baptême eut lieu dans la cathédrale de Reims, établissant une tradition : presque tous les rois de France furent sacrés dans cette cathédrale, jusqu'à Charles X en 1825.

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Clytemnestre (en gr. Klutaimnêstra)

Clytemnestre était la fille du roi de Sparte Tyndare et de Léda selon la tradition la plus répandue. Il existe, pourtant, une autre version du mythe où celle-ci naquit de l’union de Léda avec Zeus, qui s'était métamorphosé en cygne. Selon cette version, Léda aurait pondu deux œufs : Clytemnestre et Castor dans l’un, et Hélène et Pollux dans l’autre.
Clytemnestre épousa le roi de Mycènes Agamemnon. Les deux donnèrent naissance à des enfants, parmi lesquels furent Oreste et Électre. Leur fille Iphigénie fut sacrifiée à Aulis, un port grec en Béotie. Après ceci, Clytemnestre prit Égisthe pour amant, et les deux assassinèrent Agamemnon et Cassandre (l’amante d’Agamemnon), après lequel Égisthe prit le trône. Sept ans plus tard, Oreste et Électre, souhaitant venger leur père Agamemnon, assassinèrent Clytemnestre.
  • Clytemnestre en gr. Klutaimnêstra, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Clément d'Alexandrie (en lat. Titus Flavius Clemens)

Écrivain grec (Athènes v.150 – Cappadoce v.215) converti du paganisme au christianisme, Clément essaya d'harmoniser la pensée grecque et le christianisme. Il est considéré comme un Père de l'Église.
Dans son Protreptique ou exhortation, il montra la révélation divine dans l’œuvre des philosophes, et dans son Pédagogue il donna les bases de l'éducation chrétiennes.
  • Clément d'Alexandrie, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_d%27Alexandrie.
  • Clément d'Alexandrie en lat. Titus Flavius Clemens, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Clément de Rome

Clément de Rome, saint et martyre, fut le quatrième pape de l'Église catholique, de l'an 92 à l'an 99. Il est surtout connu pour une lettre importante qu'il adressa aux Corinthiens, insistant que son autorité était héritée directement des Apôtres. Cette lettre est considérée un des premiers écrits chrétiens après le Nouveau Testament, établissant, au moins pour l'Église catholique, la primauté de l'évêque de Rome.
Parmi les écrits faussement attribués à Clément est un recueil de doctrine chrétienne écrit vers la fin du IVe siècle, les Constitutions apostoliques, qui développe certaines idées de la lettre aux Corinthiens. Les Constitutions prétendent être l'œuvre des douze apôtres, dont les instructions sont censées avoir été transmises par le pape Clément.

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Clément VIII (en lat. Clemens VIII)

Pape de janvier 1592 jusqu'à sa mort en 1605, Clément VIII était d'abord avocat en droit canonique avant de devenir juge de la Rote romaine, le tribunal ecclésiastique du plus haut niveau établi par le Saint-Siège.
C'est Clément VIII qui effectua la conversion d'Henri IV, mettant fin aux guerres de Religion en France.

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Cléopâtre

Née en 69 av. J.-C. en Alexandrie, Cléopâtre VII fut reine d'Égypte de 51 à 30 suivant son mariage avec son frère Ptolémée XIII. Ayant perdu le trône après trois ans, elle le regagna en 46 grâce à Jules César, devenant en même temps sa maîtresse. À l'assassinat de César en 44, elle connut Marc Antoine et l'inspira à partager son rêve d'un empire oriental. Antoine, déjà l'époux d'Octavie, se maria avec Cléopâtre. Il effectua plusieurs conquêtes en Asie (Judée, Phénicie, Coelésyrie, Chypre). Pourtant, comme le règne d'Antoine et de Cléopâtre posa un menace à la domination romaine sur la Méditerranée, Octave les attaqua et fut victorieux contre les deux à Actium en 31. Entendant la fausse nouvelle du suicide de sa femme Cléopâtre, Antoine se suicida. Après avoir sollicité la clémence d'Octave, Cléopâtre se suicida en se faisant mordre par un aspic.
  • Cléopâtre, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Comtesse Laudune (en lat. Lauduna)

La Comtesse Laudune d’Albe était la mère de Saint Elzéar.

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Concile de Constance

Le XVIe concile œcuménique de l'Église catholique romaine mit fin au Grand Schisme d'Occident. Le concile de Constance fut mobilisé par l'antipape Jean XXIII et l'empereur Sigismond Ier en 1414 et réalisa quarante-cinq sessions jusqu'en 1418.

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Concile de Trente

Le Concile de Trente (1545-1563) représente un moment capital de la Contre-Réforme catholique. Il confirme la doctrine du péché originel, insiste sur l’autorité de la Bible spécifique au catholicisme romain et confirme les sept sacrements, dont le mariage. C’est le concile de l’Église catholique le plus important jusqu’au Concile de Vatican II (1962-1965), le seul autre entre le XVIe et le XXe siècle étant le Concile du Vatican I en 1870.
Le mariage est l’objet des premières et des dernières sessions du Concile, spécifiant, entre autres éléments, la nécessité du consentement des parents, de la publication des bans et de la célébration solennelle du mariage pour lutter contre le phénomène du mariage clandestin.
  • Concile de Trente, Wikipédia l'encyclopédie libre (1er novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 janvier 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Concile_de_Trente.
  • Gaudemet, Jean, Le mariage en Occident: les mœurs et le droit, Paris, Le Cerf, 1987, p. 275-295, Imprimé.

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Confrérie du Rosaire

La Confrérie du Rosaire est une association spirituelle à la charge de l'ordre dominicain, dans laquelle les membres visent prier le rosaire en entier chaque semaine. Par tradition, les origines de la confrérie sont datées de plus de 500 ans, et sont associées avec Saint Dominique.

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Conrad de Basse-Lotharingie (Conrad de Germanie)

Fils d'Henri IV de Germanie et de Berthe de Turin, Conrad de Germanie fut roi des romains de 1087 à 1098 et roi d'Italie de 1093 à 1098. En opposant son père et sous l'influence de la comtesse Mathilde de Toscane, il se rallia au camp papal. Il mourut en 1101 à Florence.

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Constance ou Constantia (fille de Constantin)

Constance, fille de Constantin Ier (née entre 307 et 317 et morte en 354), exerça le pouvoir auprès de son mari Hannibalianus, puis seule quand celui-ci est assassiné, et enfin auprès de l'empereur Constantinus Gallus, avec qui elle gouverne la Syrie.
Après la mort d'Hannibalianus, elle se convertit au christianisme, et elle effectua la conversion de Constantinus Gallus et de ses deux filles à lui. Elle finit par vivre comme une vierge consacrée. Elle est vénérée comme une sainte par les églises catholiques et orthodoxes.

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Constant II (en latin Flavius Heraclius Constantinus Augustus)

Constant II (630-668) fut l'empereur byzantin de 641 jusqu'à sa mort. Il reçoit le nom de Constantin en l'honneur de son père Constantin III; le peuple le surnomma Constant, un diminutif de Constantin. Puisqu'il fut nommé empereur à l'âge de 11 ans lors de l'assassinat de son père, le Sénat et le Patriarche de l'église chrétienne orthodoxe, Paul II de Constantinople, furent nommés régents, mais c'est le général Valentin qui détint le vrai pouvoir. Celui-ci maria sa fille Fausta à Constant dès 642.
Suite à l'échec de Valentin de défendre l'empire contre des invasions arabes, il fut lynché en 644. C'est alors que Constant prit le pouvoir. Cependant, ce n'est qu'aux années 650 que l'empire byzantin peut s'assurer de ses frontières à cause d'une guerre civile entre les Arabes. En 662, il quitta Constantinople pour faire une grande expédition vers l'ouest et le nord, d'Athènes jusqu'en Italie du nord, où il s'attaqua au Duché de Bénévent où il triompha sur le duc Romuald. Par la suite il fut reçu par le Pape à Rome, qu'il fut le seul empereur byzantin à visiter jusqu'au XIVe siècle. En 663, il s'installa à Syracuse, un site stratégique où il passa le reste de ses jours, jusqu'au moment où il fut assassiné par un de ses serviteurs.

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Constantin Ier le Grand (en lat. Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus)

(Naissus, auj. Niš, entre 270 et 288 – Ancyrona, près de Nicomédie 337). Empereur romain de l’empire d’Orient (312) et puis le seul souverain d'Orient et d'Occident à partir de 324. Pendant son règne, il proclama le christianisme comme la religion d'État (313) et déplaça la capitale de Rome à Byzance qu'il rebaptisa Constantinople (324).
  • Constantin Ier le Grand en lat. Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Constantin Ier (empereur romain), Wikipédia l'encyclopédie libre (22 mai 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Ier_(empereur_romain).

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Constantinople (en gr. Kônstantinoupolis, auj. Istanbul)

Fondée par l’empereur romain Constantin Ier le Grand en 330, Constantinople fut l'ancienne capitale de l’Empire romain d'Orient, l’Empire byzantin, l’Empire latin et de l’Empire ottoman. Elle fut également la capitale religieuse de l’Orient chrétien au Moyen Âge. En 1453, Constantinople fut occupé par les Turcs, prenant dès lors le nom d’Istanbul, situé actuellement dans le nord-ouest de la Turquie.
  • Constantinople, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 31 janvier 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Constantinople.
  • Constantinople en gr. Kônstantinoupolis, auj. Instanbul, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Constantius Gallus (Flavius Claudius Constantius Gallus)

Deuxième mari de Constance (fille de l'Empereur Constantin), Gallus (325-354) fut nommé césar et gouverneur de la Syrie à l'âge de 26 ans en 351. Suite à une situation mal gérée, Constance II le rappelle et le fait exécuter en 354.

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Cratès de Thèbes

Diogène Laërce nous raconte la vie de Cratès, né à Thèbes en 365 av. J.-C., mort à Athènes en 285. Il était un philosophe de l'école cynique qui se débarrassa de son bien pour vivre en pauvreté dans la rue. Il épousa Hipparchia qui vécut de la même manière. Élève de Diogène de Sinope, Cratès était connu pour sa joie de vivre, en toute simplicité.

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Crésus ou Crœsus (en grec Κροῖσος)

Roi de Lydie, Crésus (c. av. J.-C. 596 - c. -546) était le dernier souverain de la dynastie Mermnades fondé par Gyges en 687 av. J.-C. Vaincu par Cyrus II le Grand, Crésus reste néanmoins riche grâce aux revenus d'une ville que Cyrus lui octroie. Il fit une énorme quantité d'offrandes au temple de Delphes, d'où l'expression "riche comme Crésus".

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Cyanippus

Selon la légende, Cyanippus de Thessalie aimait tellement la chasse qu'il passait peu de temps avec sa jeune épouse, Leucone, qui soupçonnait de l'infidelité de son mari. Elle le suivit à la forêt pour l'espionner. Les chiens de Cyanippus la prirent pour un animal sauvage et la dévorèrent. Cyanippus arriva trop tard pour la sauver et finit par se tuer de désespoir. Cette histoire ressemble de près à celle de Céphale et de Procris.

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Cyrus II le Grand (en gr. Kuros

Fondateur de l'Empire perse achéménide (-550 à -530). Fils de Cambyse Ier et de Mandane [...]. Roi d'Anshan, il se révolta contre son suzerain Astyage, roi des Mèdes (-556), le déposa (-550) et substitua à l'empire mède un empire perse, mieux organisé et plus puissant. Il annexa d'abord la Lydie (Crésus) et les cités grecques de la côte d'Asie Mineure, puis l'Iran oriental, la Syro-Palestine, l'Arabie du Nord. En -539 il prit Babylone, tua Balthasar, fit prisonnier Nabonide, et entra dans la ville en libérateur. Il s'y fit reconnaître comme roi, sans pourtant annexer le pays. Il se concilia les populations soumises par Babylone en leur restituant leurs divinités. Il mit fin à la captivités des Juifs, autorisant 40 000 d'entre eux à retourner en Palestine [...]. Son fils Cambyse II lui succéda. 
  • Cyrus II le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Céréalis

Devenu consul romain en 358, riche et noble, quelques années plus tard pendant sa vieillesse Céréalis voulut épouser la jeune veuve Marcelle. Conseillée par Saint Jérôme, Marcelle refusa de l’épouser, préférant la vie monastique.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 370. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 24 février 2016. https://gallica.bnf.fr/

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Césaire de Heisterbach (en lat. Caesarius Heisterbach)

Un moine cistercien de l’Allemagne médiévale, né vers 1180 près de Cologne, et mort vers 1240. Il est parfois appelé le Moine Césarius. Il écrivit entre 1219 et 1223 le Dialogus magnus visionum ac miraculorum (Le dialogue des miracles), un des textes les plus connus et appréciés à l’époque. Dans cet écrit on trouve 746 histoires hagiographiques de miracles, composées sous forme de dialogue entre un novice et son maître. Il est également l’auteur de Volumen diversarum visionum seu miraculorum et d’Actus, passio et miracula domini Engelberte.

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Dagon

Dieu de la fertilité, des semences, et de l'agriculture pour le peuple hébreu du Nord-Ouest.
  • Dagon (divinité), Wikipédia, l'encyclopédie libre(12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Dagon_(divinité).
  • Dagan, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Dalila

Le personnage biblique Dalila séduit Samson et lui rasa la tête pendant que celui-ci dormait après avoir appris que sa force se trouvait dans la chevelure.
  • Dalila, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Daniel

Le quatrième des grands prophètes dans la tradition chrétienne qui, après son exil à Babylone entre 587 et 538 av. J.-C., fait connaître au roi Nabuchodonosor la suprématie de Dieu. Livre le plus récent de l'Ancien Testament, le Livre de Daniel fut écrit en hébreu et araméen. Les chapitres I-VI racontent les aventures de Daniel et les chapitres VII-XII décrivent les visions eschatologiques de Daniel. La tradition catholique admet aussi des adjonctions à Daniel après le chapitre XII, notamment l'histoire de Suzanne et les vieillards, L'idol de Bel, et Le Dragon.
  • Daniel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Daniel (Livre de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre de Daniel, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 décembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_Daniel.

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Darios ou Darius Ier

Darius Ier, dit Darius le Grand, né vers -500, mort en -486, fut roi de Perse de -522 jusqu'à sa mort. Il est le fils d'Hystape et le petit-fils d'Arsamès. Il prit part à la conjuration contre Bardiya et monta sur le trône. Il imposa son autorité à l'ensemble de l'Empire achéménide, l'étendant jusqu'à l'Iaxarte et l'Indus à l'Est, soumettant les Thraces et les Maédoniens à l'Ouest. Grand organisateur de l'empire, il réforma l'administration, fit creuser le canal du Nil à la mer Rouge et frapper les premières monnaies perses, les dariques. Après avoir réprimé la révolte des cités grecques d'Asie (-499 à -493), il lança une expédition contre la Grèce qui s'acheva par la défaite de Marathon (-490). Son fils Xerxès Ier lui succéda.
  • Darios ou Darius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Darius Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Darius_Ier.

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David

Selon la Bible (de I Samuel, XVI à I Rois, II), David, fils de Jessé, fut choisi par Dieu pour succéder à Saül comme roi d’Israël (v. -1000 à -972). Après la défaite du géant Goliath, champion des Philistins, que David tua par un coup de fronde à la tête, Saül le nomma comme chef de ses armées et lui donna sa fille Michol comme épouse. À la mort de Saül, David devint, d’abord, le roi de Juda et puis de tout Israël. Il conquit Jérusalem et en fit la capitale sainte en y transférant l’Arche d’alliance. Pourtant, la décadence de sa prospérité commença lorsqu’il fit tuer Urie, un officier dévoué, pour cacher son rapport adultère avec la femme d’Urie, Bethsabée, qui était devenue enceinte. Les malheurs de David à cause de son péché comprennent le viol de sa fille Thamar par son fils Amnon, qui fut vengé par son fils Absalon. À sa mort, son quatrième fils Salomon accéda le trône.
Musicien poète qui écrivit 73 Psaumes que la Bible lui attribue, il est considéré comme figure messianique. Jésus, considéré comme le messie par les Chrétiens, est appelé rejeton ou fils de David.
  • David, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • David (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 décembre 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 janvier 2010.

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De Genèse (De Genesi contra Manichaeos)

Écrit par Saint Augustin à Thagaste vers 389 ap. J.-C., l'œuvre présente une réfutation systématique des arguments manichéens contre le Livre de Genèse. Tout d'abord, Augustin raconte chaque vers de la première histoire de Genèse et discute les objections Manichéennes, puis il explique en détail les passages II:IVb à III:XXIV de Genèse, ce qu'on appelle le Document jahviste.
  • Augustine, Saint, On Genesis, New York, Augustinian Hertiage Institute, 2002. Google livres, Internet, 8 décembre 2011.

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De la doctrine chrétienne (en latin De doctrina christiana)

Un des principales œuvres de saint Augustin. De doctrina christiana (De la doctrine chrétienne) est un traité d'initiation à l'exégèse biblique commencé en 396 et achevé en 426. Le traité est composé de deux parties : herméneutique (livres I à III), et homilétique (livre IV).
  • Augustin (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Augustin d'Hippone, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hippone.

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De la sainte virginité (en lat. De sancta virginitate)

Traité de Saint Augustin écrit probablement en 401 et relié aux Biens du mariage. Les deux traités considèrent ces deux états de la vie : Augustin, comme les autres théologiens de l'époque, note la supériorité de l'état vierge, tout en valorisant le mariage. Il insiste sur le besoin d'humilité de la part des vierges, malgré la supériorité de leur état.
  • P. G. Walsh trad. et éd., De sancta virginitate in De bono coniugali; De sancta virginitate, Clarendon Press, 2001, pp. 65-147. Google Books, 19 juin 2020.

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De Legibus (ou Des Lois) (en gr. Νόμοι)

Le dernier et le plus long dialogue de Platon qui discute la philosophie politique et présente le problème de la meilleure constitution politique. Platon est plus expérimental ici que dans La République. Il analyse des constitutions réelles et propose une constitution aussi juste que possible en grand détail.

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De Natura Deorum

Dialogue philosophique écrit par Cicéron vers 45 av. J.C., établi dans trois livres qui font l'analyse des questions basiques de théologie par les philosophes grecs et romains.

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De officiis ministrorum

Traité d'éthique en trois livres d'Ambroise de Milan.

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De Statu Viduarum

S. Fulgence s'inspira de la vie de la jeune veuve Galla en écrivant sa lettre au sujet des veuves, influencée de la pensée de Saint Augustin dans Avantages de la viduité.
  • Fulgence de Ruspe, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fulgence_de_Ruspe.
  • Fulgence (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Éd. Daniel Bachelet et Johnnes Fraipoint, SC 487 Lettres ascétiques et morales de Fulgence de Ruspe, Les éditions du Cerf, 2004.
  • Galla of Rome, Wikipedia, The Free Encyclopedia (5 mai 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 mai 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Galla_of_Rome

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De verbis domini et apostoli

Une collection de sermons de saint Augustin explique les paroles du Christ tirés des Evangiles et autres livres du Nouveau Testament.

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Denys d'Halicarnasse (en gr. Dionusios, en lat. Dionysius Halicarnasseus)

(-1er siècle). Historien et critique grec. Il passa sa vie comme professeur de rhétorique à Rome, où il fréquenta un cercle littéraire. On a de lui : les onze premiers livres de son Archéologie romaine ; son Traité de l'arrangement ; son Étude sur les anciens orateurs etLes Antiquités romaines.
  • Denys d'Halicarnasse en gr. Dionusios, en lat. Claudius Galenus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Denys d'Halicarnasse, Wikipédia, L'encyclopédie libre (1 mai 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Denys_d%27Halicarnasse.

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Des unions adultères (en lat. De adulterinis conjugiis)

Deux livres de Saint Augustin en 419-420, connus aussi sous le titre de Les deux livres à Pollentius sur les mariages adultères.

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Des vierges (en latin De Virginibus)

Dissertation écrite par Saint Ambroise au sujet de l'éthique de la virginité consacrée. De Virginibus est écrit en forme de lettre à sa sœur, Sainte Marcellina.

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Deutéronome

Cinquième livre du Pentateuque, Deutéronome comprend 34 chapitres qui racontent les événements et préceptes figurant déjà dans l'Exode, le Lévitique et les Nombres, et y ajoute le récit des derniers discours de Moïse aux Israélites et le récit de sa mort avant l'entrée dans la Terre promise (au pays de Canaan).
  • Deutéronome, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Deutéronome, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Deutéronome.

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Deuxième Livre des Rois

Livre de l'Ancien Testament qui raconte une autre partie de l'histoire d'Israël, y compris l'histoire du règne de David et la mort de Saül.

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Diane (en lat. Diana)

Déesse italique et romaine identifiée dès le - VIe s. à l'Artémis grecque. La Diane primitive, dont les légendes sont très pauvres, était une des plus anciennes divinités adorées par les Latins. Ses sanctuaires les plus importants étaient ceux de Capoue (Diana Tifatina) et d'Aricie, sur les bords du lac de Nemi (Diana Nemorensis).
Pour apprendre plus sur le mythe de Diane, veuillez consulter https://fr.wikipedia.org/wiki/Diane_(mythologie).
  • Diane en lat. Diana, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Diane (mythologie), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Diane_%28mythologie%29.

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Didier Érasme (en lat. Desiderius Erasmus)

Humaniste et théologien néerlandais né à Rotterdam vers 1469 et mort à Bâle en 1536. Prêtre de l'ordre augustin, il était l'auteur non seulement des œuvres ecclésiastiques comme le Manuel du chevalier chrétien, livre instructif qui avertit des dangers du formalisme dans la vie chrétienne, mais aussi des œuvres de l'intérêt humain en général, telle que les Adages, un recueil des adages et proverbes latins.
  • Desiderius Erasmus, Wikipédia l'encyclopédie libre (31 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Desiderius_Erasmus.
  • Érasme (Didier) en lat. Desiderius Erasmus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des nom propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Margolin, Jean-Claude, Érasme (1467 env.-1536), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Didon ou Élissa (en lat. Dido)

Selon la légende grecque, Didon, aussi nommée Elissa, fut princesse de Tyr vers IXe siècle av. J.-C. Dépeinte comme la fondatrice de Carthage, certaines versions de la légende prétendent qu'elle se suicida pour éviter d'épouser le chef de Libye Hiarbas.
Virgile la fit vivre pendant la guerre de Troie dans son Énéide, où elle est l'amante déchue d'Énée. Veuillez consulter la référence Énée pour apprendre davantage sur le rôle de Didon dans l'Énéide.
  • Didon ou Elissa en lat. Dido, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Picard, Gilbert-Charles, Didon, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Didon, Wikipédia, L'encyclopédie libre (26 mai 2020), Internet, 1 juillet 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Didon.

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Dijon

Ville qui se trouve dans la région Bourgogne et qui fait partie de la métropole Rhin-Rhône. C'est une ville très connue pour la gastronomie et pour la moutarde de Dijon, moutarde forte et acidulée faite à partir de vinaigre, d'acide citrique, de sel et de graines de moutarde.

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Dina ou Dinah

Fille du patriarche biblique Jacob et sa première femme Léa. Selon le chapitre XXXIV du livre de Genèse, Dina fut violée par Sichem, fils de Hémor Hévien, prince du pays de Sichem. Épris de Dina, Sichem demanda à son père d'obtenir la main de Dina auprès de Jacob. Les frères de Dina consentirent au mariage à condition que tous les hommes de la ville de Sichem soient circoncis. Les citoyens acceptèrent cette proposition; pourtant, trois jours après leur circoncision, les frères de Dina attaquèrent la ville pour venger leur sœur. Siméon et Lévi tuèrent tous les mâles et enlèverent Dina de la maison de Sichem pendant que les autres frères pillèrent la ville, prenant les richesses, les bétails, les femmes et les enfants.

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Diodore de Sicile (en gr. Diodôros Sikeliôtes en latin Diodorus Siculus)

(Agyrion, Sicile v. -90 - v. -20). Historien grec qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome. Son ouvrage magistral en 40 livres, Bibliothèque historique, est une histoire universelle qui va des origines du monde jusqu'à la conquête de la Gaule par Jules César.
  • Diodore de Sicile en gr. Diodôros Sikeliôtes, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Diogène de Sinope, ou Diogène le Cynique

Philosophe grec de l’Antiquité, né à Sinope vers 413 av. J.-C. et mort à Corinthe vers 327 av. J.-C. Il est le plus célèbre représentant de l’école cynique.

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Dion Cassius (en latin Lucius (ou Claudius) Cassius Dio)

Historien de l'Empire romain, Dion naquit vers 155 et vécut jusqu'en au moins 235. Un homme politique et consul romain, il écrivit une Histoire romaine en 80 livres qui raconte 973 ans de la vie de Rome, de sa fondation à 229.

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Dionysius Cato

Cato, qui vécut au IIIe ou IVe siècle, est connu pour ses maximes de caractère moral, en quatre livres. L'œuvre eut une grande réputation au Moyen Âge et fut traduite dans de nombreuses langues.

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Domenico Selvo (en latin Domenicus Silvius)

Élu 31ième doge de Venise en 1071, Selvo conclut des accords avec les principaux pays et empires entourant la République de Venise, assurant ainsi une grande période de prospérité et le développement du commerce international. Il fut pourtant forcé d'abdiquer en 1084 après une défaite militaire.

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Donato Bosso (en lat. Donatus Bossius)

(1436–c. 1500). Cet historien milanais est l'auteur d'une histoire universelle, la Chronica bossiana, publié en 1492.
  • J. L. von Mosheim, J. Murdock, Institutes of Ecclesiastical History: Ancient and Modern, A. H. Maltby, 1832, p. 525. Google Books, 2 juillet 2020.
  • Bossius, Donatus, WorldCat Identities, Internet, 2 juillet 2020. http://worldcat.org/identities/lccn-n91046949/

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Duché de Parme et Plaisance (en italien Ducato di Parma e Piacenza

Créé en 1545, le duché, dont la capitale était Parme, est un ancien État italien Il est intégré au royaume d'Italie en 1860.

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Duns Scot, John (en lat. Johannes Duns Scotus)

(1266-1308) Théologien écossais, franciscain, enseigna à Paris et à Cologne. Son habileté à manier la dialectique le fit nommer le "Docteur Subtil". Sa philosophie affirme la priorité de la foi sur la raison, dans la lignée de Saint Augustin.
  • Duns Scot (John), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Dèce, en latin Gaius Messius Quintus Traianus Decius

D'abord un politicien, puis empereur romain de 249 à 251, Decius fut élu empereur par le Sénat suite à des victoires militaires. La persécution des Chrétiens caractérise son règne.
Pendant la dernière année de son règne, Decius partagea le pouvoir avec son fils Herennius Etruscus Messius Decius (227-251). Les deux furent tués en bataille cette même année, 251.

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Débora, Dvora ou Deborah

Selon les chapitres 4 et 5 du Livre des Juges, Débora était une prophétesse et la seule femme mentionnée par la Bible parmi les Juges d’Israël. Elle exerça cette fonction pendant quarante ans, de 1260 à 1221 avant l’ère chrétienne. À la commande des armées des Hébreux, elle poussa Barac à libérer les Israélites de l’oppression du roi cananéen Yabin.

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Démonax 

Philosphe grec, né en Chypre, contemporain d'Hadrien et de Marc Aurèle. Disciple d'Epictète pour le stoîcisme et de Démétrios le Cynique pour le cynisme. Il fut très respecté des Athéniens et mourut très vieux, se laissant mourir de faim.

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Démétrios Ier Poliorcète

Démétrios fut appelé Poliocète, ou Preneur de villes, grâce à son succès militaire. Né en 336 av. J.-C., il était un général macédonien et fut le roi de Macédoine de 294 à 288. Mais après sa défaite par Séleucos Ier en 285 av. J.-C., il devint le captif de ce dernier. Bien traité par Séleucos qui lui assure une existence digne de son rang, néanmoins Démétrios mourut deux ans plus tard

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Démétrios II de Macédoine

Roi de Macédoine (-275 - -229) de 239 à 229 av. J.-C. qui, pendant son règne, étendit le royaume macédonien jusqu’à l’Eubée, à la Magnésie et à la Thessalie. Plutarque en parle dans ses Vies parallèles.

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Ecclésiaste

Livre de la Bible attribué par la tradition au roi Salomon, son titre se traduit par Celui qui prend la parole dans une assemblée du peuple. Il aborde principalement le thème de la vanité des choses humaines et exprime une philosophie désenchantée et matérialiste. Le livre insiste sur l'impossibilité de connaître les plans de Dieu et sur cette vie comme le seul champ de réalisations pour l'homme. Selon les écrits, la seule chose importante c'est de Craindre Dieu et garder Ses commandements, car c'est là tout l'Homme (12:13).
  • Ecclésiaste, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ecclésiaste.
  • L'Ecclésiaste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Elcana ou Elkana

Personnage biblique qui paraît dans le premier Livre de Samuel. Elcana était le père de Samuel et prit Hanna (Anna) comme son épouse.
  • Pétin, L.-M.,Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 190. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 29 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.

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Eléazar (en latin Imperator Caesar Gaius Valerius Galerius Maximinus Pius Felix Invictus Augustus)

Eléazar, dont l'histoire est racontée dans l'Ancien Testament, 2 Maccabées ch. 6, était un juriste juif persécuté par Antiochos IV Épiphane. Quand Éléazar, un vieillard de 90 ans, refusa de manger du porc (interdit selon la loi juive), Antiochos le fit battre jusqu'à la mort.

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Empereur Trajan

Empereur romain né en l'an 53 à Bétique, son règne (98-117) marque l'apogée territoriale de l'Empire romain. Grand chef de guerre, il conquit la Dacie, l'Arabie Pétrée, l'Arménie, l'Assyrie et la Mésopotamie. Il mourut brusquement au retour de ses campagnes d'Orient en 117, laissant le trône à Hadrien, son fils adoptif.
  • Trajan, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Trajan.
  • Trajan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Esther

Personnage de l'Ancien Testament et héroïne du Livre d'Esther, elle est la fille d'Abigaïl. Elle s'appelait Hadassah jusqu'à ce qu'elle soit entrée au harem du roi de Perse Assuérus (assimilé au roi de perse Xerxès I par les historiens jusqu'à l'époque moderne). Dans le harem Hadassah reçut le nom d'Esther. Quand le ministre Haman décida d'exterminer tous les Juifs du royaume, Esther obtint le faveur du roi et empêcha le massacre du peuple juif.
  • Esther, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Esther, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Esther_(Bible).

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Etna (mont)

Volcan d'Italie au Nord-Est de la Sicile. Dans la mythologie grecque, les géants Typhon et Encelade s'y seraient logés.
  • Etna, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Euclide (en gr. Eukleidês)

Mathématicien grec (IIIe s. av. J-C.) qui fonda l'école de mathématique d'Alexandrie. Ainsi que sa contribution la plus importante fut les Éléments de Géométrie, l'un des textes fondateurs des mathématiques modernes, le grand corpus d'Euclide aborde plusieurs sujets dans les domaines de la géométrie et les mathématiques. Parmi ses œuvres existants sont L'Optique, première taité sur la perspective mathématique, Phaenomena, traité de l'astronomie sphérique, Catoptriques, concernant la théorie mathématique des miroirs, De la division des polygones, et Données, un traité qui aborde le sujet des implications de l'infrmation « donné » dans les problèmes de géométrie.
  • Euclide en gr. Eukleidês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Euclide, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 juin 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Euclide.

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Eudoxie (en latin Aelia Euxdoxia)

Eudoxie épousa Arcadius en 395, prenant rapidement l'ascendant sur son époux d'esprit faible. Elle était critiquée par Jean Chrysostôme à cause de son amour du luxe et du faste, comparant Eudoxie à Jézabel de l'Ancien Testament. Jean est exilé en 404 suite aux manigences d'Eudoxie, qui meurt la même année à la suite d'une fausse couche.

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Euphrasie

Euphrasie, une dame romaine du IVe siècle, vivait à la cour de l'empereur Théodose Ier à Constantinople dont faisait partie son mari Antigonus, un parent de l'empereur. Lors de la mort d'Antigonus, la jeune veuve abandonna sa vie aisée en faveur du désert d'Egypte où elle vécut près d'un monastère; il se peut qu'elle ait pris des vœux. Elle était accompagnée de sa fille Euphrasie, qui demanda à l'âge de sept de prendre ses propres vœux, et qui devint une sainte de l'Église catholique.

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Euripide (en gr. Euripidês)

Poète tragique grec (Salamine -480 – Macédoine -406 av. J.-C.) qui fut l'auteur de 92 pièces mais ne nous reste que dix-huit. D’habitude, on les répartit en trois groupes :
  • Classiques : Médée, Hippolyte porte-couronnne, Iphigénie à Aulis, Les Bacchantes
  • Renouvellement de la tragédie : Alceste, Ion, Électre
  • Tragedies ayant des allusions contemporaines : Héraclides, Andromaque, Les Troyennes, Hélène
Il écrivit aussi les tragédies Hécube, Les Suppliantes, Héraclès furieux, Iphigénie en Tauride, Les Phéniciennes et Oreste et le drame satirique Le Cyclope.
  • Euripide en gr. Euripidês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Euripide, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 juin 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. https://fr.wikipedia.org/wiki/Euripide.

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Eurotas (en gr. Εὐρώτας)

Le principal fleuve grec de la Laconie, qui passe par la chaîne de montagnes Taygète.

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Eustathe de Sébaste (en gr. Eustathius)

Né vers l'an 300, Eustathe était évêque de Sébaste (aujourd'hui Sabasṭiyah en Cisjordanie) et métropolitain de l'Arménie romaine. Il est connu pour ses positions théologiques extrêmes et pour son plaidoyer en faveur d'un ascétisme excessif selon lequel le mariage est condamnable et les personnes mariées ne peuvent pas accéder au paradis chrétien.
Eustathe de Sébastée, Wikipédia l'encyclopédie libre (23 août 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juin 2016. ttps://fr.wikipedia.org/wiki/Eustathe_de_Sébastée.

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Eusèbe de Césarée

Eusèbe de Césarée (265 env. - av. 341), né probablement à Césarée de Palestine, devient évêque de cette ville grâce à son immense érudition. Eusèbe est l'auteur de la première histoire de l'Église, dont le triomphe était selon lui un phénomène historique décisif, préparé depuis des siècles. Dans la Théophanie (333 env.), Eusèbe célèbre la mission providentielle de l'Empire romain. Le panégyriste officiel de Constantin Ier le Grand, lorsque celui-ci meurt en 337, Eusèbe écrit un éloge enthousiaste de l'empereur qui a su si bien soutenir de l’Église.
  • Eusebe de Césarée, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 27 juillet 2010.

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Euthydème

Sophiste grec du Ve siècle av. J.-C., disciple et ami de Socrate. Il est héros d'un dialogue de Platon (l'Euthydème), où il débat de la valeur de l'éristique.

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Exode (en gr. exodos, en hébr. Shemoth)

Deuxième livre de l'Ancien Testament de la Bible. Il raconte l'exode hors d'Égypte des Hébreux sous la conduite de Moïse, le don des Dix Commandements et les pérégrinations du peuple hébreu dans le désert du Sinaï en direction de la Terre promise.

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Fabius Jurisconsulte (en lat. Servius Fabius Pictor)

Jurisconsulte et historien romain, ce Fabius vivait vers 150 av. J.-C. Il était l'auteur du traité De Jure pontificio, cité par Aulu-Gelle et Macrobe et aussi des Annales cités par Cicéron.
  • Fabius (Serv. Pictor), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot Frères, 1858, t. 16, p. 920. Livre numérique Google, 15 juin 2020.

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Ferdinand Ier d'Aragon, dit le Juste ou l'Honnête

Ferdinand (1380-1416) est nommé roi d'Aragon en 1410 suite à une guerre de succession. Parmi ses sept enfants est son illustre successeur, Alphonse V d'Aragon.

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Flavius Arcadius

Fils de Théodose Ier, Arcadius (377-408) était l'empereur de la partie est de l'Empire romain, son père ayant divisé l'empire entre Arcadius et son frère Honorius, qui règna dans l'ouest. Un empereur faible, Arcadius était dominé par ses ministres et par sa femme Eudoxie.

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Flavius Julius Valens 

Empereur romain (364 à 378), né vers 328, mort le 9 août à Andrinople. Il fut associé à l’Empire par son frère Valentinien Ier, qui lui confia les provinces orientales de l’empire, avec Constantinople pour capitale. Il se convertit à l’l'arianisme et fut battu et tué par les Wisigoths dans la grande bataille d’Andrinople.

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Flavius Vopiscus

L'un des six auteurs présumés des biographies d'empereurs romains contenues dans Histoire Auguste, receuil composé à la fin du IVe siècle.

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Francesco Patrizi (Siena) (en latin Franciscus Patricius Senensis)

Patrizi (1413-1494) était un évêque italien et un auteur humaniste. Ses écrits mettent l'accent sur la politique, notamment dans deux œuvres posthumes, De regno et regis institutione libri IX (1519) et De institutione reipublicæ libri IX (1520).

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Frà Don Garcia Martinez

Saint dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Garcia Martinez était portugais et commandant des cinq royaumes d'Espagne ; il mourut en 1286. On dit que plusieurs miracles se produisirent suite à sa mort.

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Frère Hector Pinto

Moine portugais mort en 1584, patriote nationaliste, Fr. Hector fut surtout connu comme exégète et écrivain spirituel. Il est l'auteur de commentaires sur Isaïe, Daniel et Ézéchiel, il se fit connaître du grand public grâce à son ouvrage Image de la vie chrétienne.

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Galice (en esp. Galicia)

Située à l'extrémité nord-ouest de l'Espagne, la Galice fut connue pendant la première modernité (et de nos jours) comme la région où se trouve Saint-Jacques-de-Compostelle, une commune censée être le lieu où Saint Jacques. C'est un haut lieu de pèlerinage depuis le IXe siècle, jusqu'aujourd'hui.
  • Galice, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Galice, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 avril 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 avril 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Galice.
  • Santiago de Compostela, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 juillet 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Santiago_de_Compostela.

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Galien (Claude) (en gr. Klaudios Galênos, en lat. Claudius Galenus)

(Pergame v. 131 - Rome ou Pergame v. 201) Médecin grec. Il commença par étudier la philosophie mais opta pour la médecine, domaine auquel il excelait : il a fait de notables découvertes grâce à ses dissections d'animaux. Comme Hippocrate, Galien croyait aux quatre humeurs (sang, bile, pituite, atrabile et les quatre éléments). Il laissa une forte influence en médecine jusqu'au XVIIe siècle; voir la liste de ses ouvrages, vaste, dans les articles en ligne notés ci-dessous.
  • Galien (Claude) en gr. Klaudios Galênos, en lat. Claudius Galenus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Claude Galien, Wikipédia, L'encyclopédie libre (11 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Galien.
  • Galenic corpus, Wikipedia, The Free Encyclopedia (7 mars 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 septembre 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Galenic_corpus.

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Galilée

Région du nord de la Palestine, actuellement en Israël; berceau de la prédication de Jésus, très présente dans les Évangiles.
  • Galillée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Galla

Galla était la fille du Consul romain Symmachus le Jeune. Quand son père fut injustement condamné à mort par Théodoric I en 525, Galla fut mariée mais après seulement un an, elle devint veuve. Riche, elle fonda un hôpital et un couvent à Rome. Elle mourut en 550 après une vie dédiée au soin des malades et des pauvres. La vie de Galla inspira la lettre de S. Fulgence au sujet des veuves, De statu viduarum.

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Galla Placidia

Galla Placidia (388-450), réputée pour sa piété personnelle, était la fille de Théodose Ier. Elle Elle joua un rôle politique durant les années 410 à 440, devint impératrice romaine en 417 en tant qu'épouse de Constance III, décédé en 421. À partir de 425, elle règna au nom de son fils Valentinien. Elle représente un cas unique de femme exerçant le pouvoir pendant vingt-cinq ans, exerçant une forte influence sur les affaires publiques même après la majorité de son fils. Elle fit construire de nombreuses églises et mit le pouvoir au service de l'Église catholique romaine.

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Genèse (en gr. genesis, traduisant l’hébr. tôledôth générations, généalogie)

Premier livre dans la Bible en 50 chapitres racontant la Création, la faute d’Adam, le Déluge, la tour de Babel et l’histoire du peuple israélite.
  • Genèse en gr. genesis, traduisant l’hébr. tôledôth « générations », « généalogie », Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Georges Cédrène (en grec Georgios Kedrenos; en latin Georgius Cedrenus)

Un historien byzantin du XIe siècle dont l'ouvrage le plus connu est le Synopsis historion, une histoire du monde du temps biblique de la Genèse jusqu'à sa propre époque.

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Giezi (Gehazi, Geichazi)

Domestique d'Élisée qui apparaît dans le Premier livre des Rois.

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Gilles le Bienheureux

L'un des premiers disciples de Saint François d'Assise. Gilles vécut une existence d'extase; à sa mort on apprit de lui des révélations, des prophéties et des maximes spirituelles.

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Goa

État situé au sud-ouest de l'Inde bordant la mer d'Oman qui fut une colonie portugaise de 1510 à 1961.
  • Goa, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Goa, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 16 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Goa.

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Godefroy de Bouillon (ou Godefroi)

Duc de Basse-Lorraine qui dirigeait l'armée des chevaliers à la première croisade. Il fut élu comme souverain après la prise de Jerusalem en 1099, et prit comme titre l'avoué du Saint-Sépulcre.
  • Godefroy de Bouillon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • GodefroiWikipédia, l'encyclopédie libre (4 décembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Godefroy_de_Bouillon.

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Goffredo da Trani (ou di Trano), en latin Godefridus de Trano ou Gaufridus de Trano ou Goffredus Tranensis

Un cardinal et juriste catholique, Goffredo, né en 1200, enseigna aux universités de Naples et de Bologna. Son ouvrage le plus connu est la Summa titulorum Decretalium ou Summa super-titulis Decretalium où il fait des commentaires sur les Décrétales de Grégoire IX. Goffredo fut considéré une autorité en droit canon. mourut en 1245.

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Goliath

Personnage biblique qui paraît dans le Premier livre de Samuel. Goliath était un géant philistin qui fut vaincu par David.
  • Goliath (Bible), Wikipédia, l'encyclopédie libre(10 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Goliath_(Bible).
  • Goliath, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Grimoald Ier de Bénévent

Grimoald (c. 610-671) devint Duc de Bénévent (situé dans la province de Campagnie, dans le nord de l'Italie) en 647. En 662, le roi de Lombardie sollicita son aide, mais Grimoald le tua et prit possession de son royaume. En tant que roi des Lombards, son règne fut marqué par de nombreuses batailles aux frontières de son territoire, couronnées de beaucoup de victoires.

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Grégoire XIII (Ugo Buoncompagni)

Né à Bologne en 1502 et mort à Rome en 1585, Ugo Buoncompagni succéda au pape Pie V en 1572 sous le nom de Grégoire XIII. Afin de continuer le mouvement de Réforme catholique, Grégoire XIII fonda et réorganisa plusieurs collèges, les confiant aux Jésuites.
  • Grégoire XIII (Ugo Buoncompagni), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Grégoire XIIIWikipédia, l'encyclopédie libre(5 février 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grégoire_XIII.

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Guillaume de Tyr

Historien au Moyen Âge et archevêque de Tyr de 1175 à 1184. Guillaume travaillait pour assurer la régence de son fils, Baudouin IV, et prêcha la troisième croisade.
  • Guillaume de Tyr, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Guillaume de TyrWikipédia, l'encyclopédie libre (16 décembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_de_Tyr.

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Guérar

Dans le livre de Genèse, Guérar est une ville ancienne dans le sud de la Palestine gouvernée par le roi Abimelech. Abraham séjourna à Guérar, et c'est probablement la ville de naissance d'Isaac.

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Gygès (en grec ancien Gúgês

Roi de Lydie à partir d'une date entre 708 et 687 av. J.-C., il mourut entre 680 et 648 av. J.-C. Le règne de Gygès marqua le plus haut point du royaume, étendant son territoire. Selon Hérodote, le prédecesseur de Gygès, Candaule, "ne cessait de vanter la beauté de sa femme à son confident Gygès, qui était le fils d'un de ses gardes. Pensant que Gygès doutait des charmes de la reine, Candaule lui ordonne de faire tout son possible pour la voir nue. Gygès, qui s'estime indigne de cette proposition, refuse. Le roi parvient à le rassurer et Gygès accepte finalement de se cacher dans la chambre royale au moment où la reine se déshabille, mais celle-ci s'en aperçoit. Elle décide alors de ne rien laisser paraître et prépare sa vengeance contre le roi qu'elle tient pour l'auteur de cet outrage. Le lendemain, elle convoque Gygès et lui propose un marché : soit il assassine Candaule pour obtenir sa main et le trône de Lydie, soit il est exécuté. Gygès choisit alors de poignarder le roi et s'empare du trône".

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Gédéon (ou Gideon)

Personnage biblique du Livre des Juges et juge des Hébreux. On attribue à Gédéon la conquête des Madianites.
  • Gédéon, Wikipédia, l'encyclopédie libre(5 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Gédéon.
  • Gédéon, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Gélase I

Pape de 492 jusqu'à sa mort en 496, Gélase eut une forte influence sur la doctrine pendant sa brève papauté, surtout en ce qui concerne les relations entre l'église et l'état, et la primauté de la papauté. On lui attribue faussement un Liber sacramentorum Romanae ecclesiæ, une compilation des rituels et sacrements du VIe siècle, mais ses positions doctrinales furent néanmoins souvent citées au Moyen Âge. C'est un saint de l'église catholique romaine.

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Gérard de Montaigu (ou Montagu) l'Ancien

Connu principalement comme secrétaire de Charles V, Montaigu mourut soit en 1380, soit en 1391; sa date de naissance est inconnue. Annobli en 1363, il devint Garde des Chartes et Titres royaux (donc des archives royales) en 1370, une charge dont hérite son fils Gérard de Montaigu le Jeune en 1391.

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Hadrien (en latin Imperator Cæsar Traianus Hadrianus Augustus)

Le 14e empereur romain (76-138), Hadrien était considéré un poète et philosophe à la réputation pacifique, renonçant à la politique expansionniste de son prédécesseur Trajan, s'attachant à structurer administrativement l'Empire, tout en consolidant des frontières. Nommé empereur en 117, il voyagea pendant plus de dix dans les provinces de l'Empire pour mieux en assurer l'ordre. Ile est aussi connu pour sa vie amoureuse, avec un fort penchant pour les femmes et les jeunes hommes.

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Hanna ou Hannah (parfois Anna ou Anne)

Dans l'Ancien Testament, Hannah est l'épouse d'Elcana et la mère longtemps stérile de Samuel. Hannah pria Dieu de lui accorder un fils qu'elle promit de consacrer à l'adoration de Dieu; Samuel fut né par la suite.

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Haran

Haran est une ville qui paraît dans la Genèse comme le lieu où s'installa Tharé (ou Tarah), père d'Abraham, et sa famille. Abraham y resta jusqu'à l'âge de 75 ans, au moment où il partit pour Canaan.

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Hasdrubal le Boétharque

Un général de Carthage lors de la Troisième guerre punique (149-146 av. J.-C.), Hasdrubal défendait sa ville contre le siège des Romains quand il se rendit à l'ennemi, estimant la défaite inévitable. Sa femme, indignée par sa trahison, aurait égorgé ses enfants sous ses yeux puis se serait précipitée dans les flammes -- mais cet incident si contraire à la réputation d'Hasdrubal fait peut-être partie de la propagande romaine à son égard.

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Henri Ier de Hesse, l'Enfant de Brabant (en allemand Heinrich I. von Hessen)

Né en 1244, Henri fut landgrave de Hesse de 1275 à sa mort en 1308. Une guerre civile éclata pourtant en 1292 concernant la succession d'Henri car sa deuxième femme exigeait une part pour ses fils, tandis les fils de la première femme d'Henri refusent de partager leur héritage. Ce conflit continua jusqu'à la mort d'Henri, quand ses possessions furent partagées entre Othon, son fils du premier lit et Jean, fils du deuxième lit.

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Henri II du Saint-Empire (973 - 1024)

Henri II, dit le Boiteux ou le Saint, fut roi de Germanie (1002-1024) et le dernier empereur saxon du Saint-Empire romain germanique (1014-1024). Il épousa sainte Cunégonde de Luxembourg en 998. Comme les époux laissèrent une réputation de piété et qu'ils n'eurent pas d'enfant, une légende tardive veut qu'ils aient fait vœu de continence au soir de leurs noces. Henri II fut canonisé en 1146.
  • Henri II le Saint, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Henri II du Saint-Empire, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_II_du_Saint-Empire.

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Hercule (en lat. Hercules, en gr. Héraclès)

Héros de la mythologie gréco-romaine dont la vie est racontée en plusieurs épisodes héroïques et fabuleux. C’est un demi-dieu, ayant pour père le dieu Zeus et pour mère Alcmène. Héraclès grec a fait plusieurs aventures partout dans la Méditerranée ainsi qu’aux Enfers. Hercule romain semble être moins violent que son alter ego grec.

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Hermarque de Mytilène (en latin Hermarchus)

Philosophe grec qui naquit au IVe siècle av. J.-C. et mourut vers 250, Hermarque était un disciple très proche et successeur d'Épicure. Toutes ses œuvres, pourtant célèbres à l'époque, furent perdues. Elles sont connues seulement grâce aux écrits de Diogène Laërce et de Cicéron. Son nom était autrefois écrit par erreur Hermachus, mais fut rétabli dans sa véritable forme par un chercheur du XVIIIe siècle.

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Hermès Trismégiste (en grec ancien Hermễs ho Trismégistos, Trois fois très grand)

Personnage mythique de l'Antiquité greco-égyptienne, Hermès Trismégiste est identifié avec le dieu grec Hermès et la divinité égyptienne Thot. La tradition lui attribue l'ensemble de textes appelés Hermetica, dont les plus connus sont le Corpus Hermeticum, et la Table d'Émeraude. C'est le père de la doctrine philosophico-religieuse d'Hermétisme.
Selon une interprétation evhémériste de l'époque hellénistique, Hermès Trismégiste fut considéré par plusieurs pères de l'Église catholique comme un ancien roi d'Égypte et contemporain de Moïse. Dans cette tradition il était aussi l'inventeur de l'alchimie, l'écriture et les arts.

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Hiarbas

Selon la légende, Hiarbas était le roi de Libye qui demanda en mariage la princesse phénicienne Didon, fondatrice de Carthage. Didon, ou Élissa, préféra le suicide à ce mariage.

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Hierax

Hierax fut un ascète du IIIème siècle à Léontopolis en Égypte, et le chef de la secte dites des Hieracites. Les personnes mariées furent exclus de cette société ascétique dont un des principes était que seuls les célibataires pouvaient entrer dans le royaume des cieux.

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Hippocrate (en gr. Hippokratês)

(Cos v. 460 - Lárissa, Thessalie, v. 377 av. J.-C.) Médecin grec que l'on considère le père de la médecine. Hippocrate était le premier à employer l'observation clinique pour parvenir à un diagnostic. Comme ordonnance, il préférait prescrire des traitements simples afin de céder la guérison du patient à la nature. Sa physiologie était fondée sur la théorie des quatre humeurs (sang, lymphe, bile jaune et bile noir), qui, selon lui, contrôlaient la santé, la maladie et les tempéraments. On lui attribue avec incertitude un ensemble de traités, tels que son Traité du prognostic, des fractures, des luxations, des airs, des eaux et des lieux, ainsi que les Aphorismes. Le serment d'Hippocrate continue à inspirer des pratiques médicales de nos jours dans le sens où les nouveaux médecins généralement doivent réciter une version moderne de ce serment qui leur rappelle leurs obligations morales, éthiques et légales.
  • Hippocrate (en gr. Hippokratês), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hiéroclès

Philosophe grec de l'école stoïcien, Hiérocles vécut au IIe siècle. Il ne reste que des fragments de ses écrits, conservés par Stobée.

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Holopherne

Dans le Livre de Judith, Holopherne est un général assyrien envoyé par le roi Nabuchodonosor pour punir les Juifs de ne pas avoir participé à une guerre. Il assiège la ville de Béthulie, désormais sans eau et au désespoir. La belle Judith séduit Holopherne, ivre, et lui coupa la tête. Montrant la tête de Holopherne au peuple, ils reprirent courage et chassèrent l'armée assyrienne.

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Homélies sur la pénitence (en lat. Homiliæ de pœnitentia)

Textes de saint Jean Chrysostôme. Il faut noter que l'ordre et la numérotation du XVIIe siècle sont différents de ce que l'on trouve dans les éditions modernes.
  • Jean Chrysostome, Homélies sur la pénitence, Œuvres complètes de saint Jean Chrysostôme, trad. J. Bareille, tome II, Paris, Louis Vivès, 1866, 241-303. Google Livres, internet, 18 juin 2020.

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Hophni ou Ophni

Fils du grand prêtre Héli et frère de Phinéas. Selon la Biblie, Hophni et Phinéas étaient des parangons de vice. Ils finirent par mourir de la main de Dieu lors de la défaite contre les Philistins, en punition de l'irrévérence qu'ils manifestaient en accomplissant leurs tâches sacredotales.

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Horace (en lat. Quintus Horatius Flaccus)

Poète romaine renommé (Venouse 65 – 8 av. J.-C.) dont les œuvres, qui abordent les thèmes de la philosophie, l'art de la poésie, l'amour et l'amitié, eurent une influence énorme sur la littérature latine. De nos jours, il nous reste ses Satires, ses Épodes, ses Odes et ses Épîtres.
  • Horace, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 mai 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Horace.
  • Horace (en lat. Quintus Horatius Flaccus), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hugues de Saint-Victor

Théoligien et philosophe français (Ypres – Paris 1141). Il voulut défendre dans son monastère l'éducation humaniste, tout en la maintenant au rang de servante de la théologie. C'est le problème qu'il aborde dans les Commentaria in hierarchiam caelestem (où il distingue la philosophie mondaine et la théologie divine) et dans l'Éruditio didascalica.
  • Hugues de Saint-Victor, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hunéric ou Honéric (en latin Hunericus ou Hunirix)

Hunéric, né. c. 420, était le deuxième roi du royaume vandale qui couvrait l'ancienne Afrique du Nord-Ouest et la Méditerranée. Il est connu pour sa persécution des membres de l'Église catholique, noté surtout dans l'Histoire de la persécution vandale en Afrique de Victor de Vita. Il mourut en 484 à Carthage, la capitale vandale.

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Hyménée (en gr. Humenaios)

  • Dieu romain, fils de Vénus (Aphrodite) et de Bacchus (Dionysos). Dans l’antiquité, Hyménée présidait au mariage. Les Athéniens en particulier l’invoquèrent souvent, non seulement dans des noces, mais également dans d’autre fêtes.
  • Le cri poussé lors du banquet de noces.
  • Hyménée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Hyménée, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hymen.

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Hébron (en hébreu Hevron; en arabe Al-Khalil)

Hébron de nos jours est une ville palestinienne importante, au sud de Jérusalem. C'est une ancienne ville des Canaanéens qui devint la capitale du roi David dans l'Ancien Testament. Abraham et sa famille sont censés y être enterrés.

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Hécube (en gr. Hekabê)

Dans la mythologie grecque, Hécube fut l’épouse de Priam, roi de Troie. Les deux donnèrent le jour à 19 enfants, parmi lesquels furent Hector, Déiphobe et Pâris. Homère en parle dans son Iliade, où elle devient la personnification de la douleur maternelle, ayant le malheur de voir périr presque tous ses fils pendant la guerre.
Sa vie est le sujet de le tragédie d'Euripide, Hecuba, où elle devient l'esclave d'un des principaux Grecs, vainqueurs de la guerre de Troie, Ulysse.
  • Hécube, Wikipédia, l'encyclopédie libre (1er février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er mars 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9cube.
  • Hécube en gr. Hekabê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Héli ou Éli

Personnage biblique. Juge et grand prêtre des Juifs (-XIe s.). Il éleva Samuel dans le temple de Silo. Il mourut de douleur lorsque les Phéniciens vainquirent les Israélites.
  • Héli ou Éli, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Eli (Juges), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eli_(Juges).

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Héliodore

Dans la deuxième Livre des Maccabées, Héliodore est un général et ministre de Séleucos IV qui finit par assassiner ledit roi quand Séleucos lui ordonne de confisquer le trésor du Temple de Jérusalem. Héliodore tenta de se faire déclarer roi mais il fut renversé et exécuté par le frère de Séleucos, Antiochos IV Épiphane.

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Héliodore d'Altino

Héliodore devint le premier Évêque d'Altino (région Abruzzes en Italie) au IVe siècle. Il était le compagnon de saint Jérôme et l'accompagna dans son voyage en Palestine. Il est fêté le 3 juillet.

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Héliogabale ou Élagabal (Varius Avitus Bassianus)

Varius Avitus Bassianus (204 - 222) fut le grand-prêtre d’Élagabal, dieu solaire de la cité d’Émèse en Syrie, d’où vint son surnom lorsqu’il monta sur le trône comme empereur romain à l’âge de quatorze ans. Son règne (218 - 222) connut une forte opposition, surtout à cause de son mépris des traditions religieuses romaines et des tabous sexuels. Bassianus fut assassiné en 222 et succédé par son cousin Sévère Alexandre.

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Hélène de Troie

Fille du roi de Sparte Tyndare et de Léda. Pourtant, il existe une autre version du mythe où celle-ci naquit de l’union de Léda avec Zeus, qui s'était métamorphosé en cygne. Selon cette version, Léda aurait pondu deux œufs : Clytemnestre et Castor dans l’un, et Hélène et Pollux dans l’autre.
Connue principalement pour sa beauté, la princesse de Sparte et l'épouse de Ménélas fut enlevée par Pâris ainsi provoquant la guerre de Troie. Il existe plusieurs descriptions du comportement d'Hélène pendant la guerre. Certaines versions, comme l'Iliade d'Homère, dépeignent Hélène comme aidant les Grecs en secret, tandis que d'autres indiquent qu'elle consentit à son propre enlèvement.
  • Hélène, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hénoch (en latin Enoch, en arabe Idris)

Hénoch est un patriarche biblique, père de Mathusalem et arrière grand-père de Noé. Selon la Genèse, il vécut 365 avant que Dieu le place au ciel.

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Héraclius (en latin Flavius Heraclius Augustus)

Né vers 575, Héraclius était une Empereur romain d'Orient, ou byzantin, de 610 jusqu'à sa mort en 641. La séparation entre l'ancien monde romain occidental et l'Empire d'Orient s'affirme pendant son règne, et le schisme entre l'église catholique romaine et l'église orthodoxe de l'est apparaît. Néanmoins, il devient un symbole de la défense de la chrétienté et plusieurs siècles plus tard il était un modèle pour les Croisades des catholiques qui cherchaient à reconquérir le Moyen Orient musulman.

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Hérode Ier le Grand

(Ascalon -73 - Jéricho -4). Roi des Juifs (-40 - -4). Iduméen, fils d'Antipatros, le ministre d'Hyrcans II, il se fit reconnaître comme roi des Juifs par les Romains et Marc Antoine l'installa sur le trône (prise de Jérusalem, -37). Pour affermir son pouvoir, il fit périr les derniers membres de la famille asmonéenne, y compris sa propre femme Mariamne Ire. Il fit réaliser de grands travaux à Césarée, Sébasté (l'ancienne Samarie) et surtout Jérusalem où il rebâtit le Temple dans le style hellénistique. À sa mort, son royaume fut partagé entre ses fils Archélaos, Hérode Antipas et Hérode Philippe le Tétrarque.
  • Hérode Ier le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hérodias (ou Hérodiade)

Hérodias était une princesse juive, petite-fille d'Hérode le Grand et épouse d'Hérode dit Philippe le Tétrarque. Après la mort de Philippe, Hérodias épousa Hérode Antipas, son oncle et beau-frère. Ceci scandalisa les Juifs et notamment, selon l'Évangile, Jean-Baptiste. Hérodias demandait qu'on arrête Jean-Baptiste dont, lors d'une fête, elle finit par obtenir la tête.
  • Hérodiade, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hérodias.
  • Hérodiade ou Hérodias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hérodote (en gr. Hêrodotos)

(Halicarnasse v. -484 - v. -425) Le premier historien grec nommé par Cicéron le père de l'Histoire. Son œuvre porte témoignage de l'émergence d'un nouveau genre. Il est également le premier prosateur dont l'œuvre nous appartient aujourd'hui. Il suit sa famille aristocratique en exil à Samos, puis participe au renversement de la tyrannie à Halicarnasse vers -454. À Athènes, devient l'ami du grand tragédien Sophocle avant de s'installer à Thurium en Italie du sud avec les fondateurs de l'ancienne ville. C'est peut-être à Thurium qu'il meurt. Ses œuvres magistrales sont : les Récits assyriens (perdus) et ses Histoires, qui racontent les guerres récentes, notamment les guerres médiques. Inspiré par ses nombreux voyages, Hérodote y énumère aussi les sept Merveilles du monde.
  • Hérodote (en gr. Hêrodotos), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Innocent I (pape)

Pape de 401 à 417, les écrits d'Innocent datent de la même période que ceux des Pères de l'Église. Il joua un rôle influent en établissant les livres canoniques de la Bible (car plusieurs livres existants à l'épopque ne paraissent pas dans la Bible que nous connaissons aujourd'hui), et ses choix furent finalement retenus par le Concile de Trente neuf siècles plus tard.

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Innocent III (pape)

Né Lotario dei Conti di Segni, Innocent III est consideré comme un des papes des plus influents et puissants du Moyen Âge. Élu en 1198, il fut responsable de l'organisation de la quatrième croisade, qui menait par erreur au sac de Constantinople. Il tentait sans succès de réunir les églises orthodoxes et catholiques. Connu pour sa direction autoritaire, il menait la réforme de l'Église et luttait contre l'hérésie jusqu'a sa mort en 1216.
Innocent III est l'auteur du traité influent De Miseria Condicionis Humane (Sur la misère de la condition humaine.

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Iole (en gr. Iolê)

Iole fut une princesse de Thessalie dans la mythologie grecque. Son père le roi, Eurytos, organisa un concours de tir à l’arc, promettant sa fille au vainqueur. Lorsque le concours fut gagné par Héraclès, pourtant, le roi changea d’avis, connaissant les tendances meurtrières du héros. En conséquence, Héraclès enleva la fille. Toutefois, Déjanire, la femme du héros qui était jalouse d’Iole, donna la tunique de Nessus à son mari, ainsi engendrant la mort de celui-ci.
  • Iole en gr. Iolê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Isaac

Patriarche biblique du livre de Genèse et fils miraculeux d'Abraham et de Sara, Isaac hérite de la promesse faite par Dieu à son père. Pour répondre à sa tâche, son père n'hésite pas à vouloir le sacrifier, mais enfin Dieu lui substitue un bélier. Isaac devint l'époux de Rebecca et père d'Ésaü et de Jacob.
  • Isaac, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Isaïe ou Ésaïe

Prophète juif (actif de -746 à -701 env.). La première graphie est plutôt le fait des catholiques ; la seconde, des protestants. Originaire du royaume de Juda, il fut contemporain de l'avance assyrienne qui aboutit à la chute de la Maison d'Israël et à la mise sous tutelle de Juda. Ses prophéties exaltent la puissance de Iahvé (Dieu) seul, aux dépens des forces humaines (préparatifs militaires, recherche d'alliances) qui mènent au malheur .
  • Isaïe ou Ésaïe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Isboseth, Ishboshet ou Isbaal

Dans l'Ancien Testament, Isboseth est le quatrième fils de Saül et son successeur dans la royauté. Il régna à Mahanaïm au-delà du Jourdain sur onze tribus. Son vrai nom était Isbaal, mais les Hébreux, qui avaient en horreur les dieux étrangers, pour ne pas prononcer Baal, mettaient en sa place Boseth, qui signifie confusion, ou homme de la honte. Il avait quarante ans lorsqu'il commença à régner, et il régna deux ans assez paisiblement. Au bout de ce terme, il y eut un petit combat entre les troupes d'Isboseth, commandées par Abner, et celles de David, commandées par Joab. Depuis ce temps, il y eut toujours guerre entre la maison de Saül et celle de David. Isboseth fut assassiné pendant son sommeil par deux chefs benjamites.

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Isidore de Séville

Évêque de Séville et savant prélat (v. 570-636) qui forma l’Église d’Espagne. Il encouragea le dégagement de la religion chrétienne de la culture et de la philosophie païenne. L’un de ses ouvrages le plus célèbre est Originum sive etymologiarum libri, une encyclopédie classifiant les connaissances en arts libéraux, sciences morales, naturelles, agriculture et arts manuels.
  • Isidore de Séville (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ismaël

Personnage biblique du livre de Genèse, XVI-XXI. Son père, Abraham devait être le père de nombreuses nations mais sa femme Sara était stérile. Il prit alors sa servante Agar comme concubine. Lorsque Sara devint jalouse, Agar fut renvoyée dans le désert où elle donna naissance à Ismaël.
Agar et Ismaël retournèrent auprès d'Abraham et de Sara, qui a finalement donné à Abraham un fils nommé Isaac. Les frères furent élevés ensemble, mais encore une fois Sara chassa Agar et Ismaël parce qu'elle ne voulut pas qu'Ismaël hérite d'Abraham. Ismaël grandit dans le désert de Paran et devint archer. Plus tard, il épousa une femme Égyptienne et eut douze fils, devenus tous chefs de tribu.

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Jacob

Patriarche biblique du livre de Genèse. Fils d'Isaac et de Rebecca, frère d'Esaü à qui il achète son droit d'aînesse. Père de douze fils, souches des douze tribus d'Israël. Surnommé Israël après la lutte avec Dieu, il est l'ancêtre éponyme des Israélites, qu'il fait descendre en Égypte à l'appel de Joseph.
  • Jacob, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jacob, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob.

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Japhet (en arabe يافث ; en héb. יפת)

Personnage de la Genèse, Japhet est l'un des trois fils de Noé, ainsi que Cham et Sem. Il est l'ancêtre des peuples de Scythie et de l'Asie Mineure.
  • Japhet, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JaphetWikipédia, l'encyclopédie libre(26 février 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Japhet.

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Jean Calvin

Né en 1509 à Noyon, Jean Calvin fut l'un des principaux artisans de la Réforme protestante ainsi que Martin Luther, Ulrich Zwingli et Martin Bucer. Il étudia les lettres, la philosophie, le droit, l'hébreu, le grec et la théologie en France et en 1533 il adhéra à la Réforme et commença une vie de prédicateur. En 1538 il publia son œuvre déterminante L'institution de la religion chrétienne en latin, qu'il traduisit ensuite en français en 1541. Il fut alors le premier à donner une version systématique de la théologie réformée. Les principes du calvinisme, basé sur L'institution, résident surtout dans la reconnaissance de la Bible comme la source unique de la foi et fut très proche aux thèses de saint Augustin. À Genève, il participa à la rédaction des Ordonnances ecclésiastiques qui furent le statut de l'Église réformée de la ville et il réorganisa l'académie qui devint un centre universitaire renommé. À sa mort en 1564, Théodore de Bèze le remplaça à la tête de l'Église réformée.
  • Calvin (Jean Cauvin, dit), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Calvin, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 décembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Calvin.

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Jean Cassien (Joannes Cassianus, le Romain, ou le Roumain)

Moine et homme d'Église né vers 360 et mort vers 433. Reconnu comme saint par l'Église catholique, Cassien a laissé une œuvre doctrinale concernant la vie monastique.

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Jean de Stobes ou Jean Stobée (en lat. Joannes Stobæus)

Doxographe et compilateur byzantin du Ve siècle ap. J.-C., son Anthologie cite plus de 500 auteurs antiques : poètes, historiens, orateurs, philosophes et médecins. Nous lui devons les seuls fragments connus de certains dramaturges. Il rédigea également plusieurs passages célèbres sur la philosophie stoïque.
  • Jean de Stobée, Wikipédia l'encyclopédie libre (31 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Stobée.
  • Stobæus, Joannes, Sententiarum Ioannis Stobaei, Paris, Martinum Juvenem, 1557, t. 2. Google livres, Internet, 21 juin 2011.

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Jean Louis Vivès (en espagnol Juan Luis Vives; en latin Ioannes Lodovicus Vives)

Un juif converti au catholicisme, Vivès était un théologien et philosophe espagnol du XVIe siècle (1492-1540) qui fit des études à la Sorbonne avant de s'établir aux Pays-Bas espagnols, devenant professeur à l'Université de Louvain en 1519. Son ouvrage le plus influent de nos jours est l'Éducation des filles (De institutione feminæ Christianæ), dédié à la pieuse et très catholique Catherine d’Aragon, la première femme d'Henri VIII d'Angleterre. Grâce à Catherine, Vivès fut nommé professeur à l'Université d'Oxford en 1523. Quand Vivès s'opposa au remariage de Henri VIII avec Anne Boleyn, il fut banni de l'Angleterre et termina sa vie à Bruges.

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Jean Moschos ou Moschus (Jean le Limonaire)

Moine syrien de l'époque byzantine, né à Damas au milieu du VIe siècle (c. 550-619). Il devint moine dans le monastère de saint Théodose, près de Jérusalem, puis il vécut en ermite près du Jourdain et enfin il s'installa auprès de saint Sabas, au sud-ouest de Bethléem. Il se retira ensuite dans le désert de Juda pendant dix ans. Au début du règne de Tibère, il commença à voyager hors de la Palestine. Il se réfugia à Chypre et à Rome, où il mourut en l'an 619. Il est l'auteur d'un des ouvrages hagiographiques les plus célèbres de cette époque, Le Pré spirituel, qui recense et commente les faits et les écrits des érmites d'Orient de son époque.
  • Moschos (Jean), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Moschus, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Moschus.

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Jean Zonaras (en gr. Iôánnês Zônarãs)

Historien, théologien et canoniste byzantin du douzième siècle. Zonaras est l'auteur de plusieurs commentaires sur les constitutions apostoliques et les pères de l'Église. Son ouvrage le plus important est une chronique universelle, l'Epitomé historion. Il décrit le commencement du monde jusqu'à la mort de l'empereur Alexis Comnène en 1118 et critique sévèrement les abus de l'Eglise et de l'État.

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Joab (en héb. יוֹאָב)

Personnage biblique qui paraît dans le deuxième livre de Samuel et dans le premier livre des Chroniques. Joab est le fils de Tsrouyah et le neveu de David, et prince et chef de l'armée de David. Quand Absalon fomente une insurrection contre David, Joab le tue et reste fidèle au roi David. Juste après la mort de David, Joab fut tué par Benaya sur l'ordre de Salomon.
  • Joab, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JoabWikipédia, l'encyclopédie libre (3 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joab.

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Joachim Camerarius l'Ancien

Un érudit allemande du XVIe siècle (1500-1574), Camerarius est issu d'une famille dont le nom avait été Liebhard, surnommé Camerarius parce que plusieurs avaient été chambellans. Il joua un grand rôle dans les affaires politiques et religieuses et fut un champion du protestanisme. Toujours est-il qu'il jouait d'un grand crédit auprès des empereurs catholiques du Saint-Empire romain dont Charles Quint.
Camerarius était surtout connu pour ses nombreuses traductions en latin des classiques grecs, ainsi que des éditions des auteurs classiques avec commentaires.

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Job

Héros du Livre de Job dans l'Ancien Testament, Job est l'archétype du Juste dont la foi est mise à l'épreuve par Satan, avec la permission de Dieu.

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Johannes Nauclerus (Johann Vergenhans)

Historien et humaniste, Nauclerus est l'auteur d'une Chronique universelle (en lat. Memorabilium omnis aetatis et omnium gentium chronici commentarii), qui couvre la période entre Adam du livre de la Genèse et l'an 1500.

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Jonadab ou Jehonadab (en hébreu Yonādāb

Un personnage de l'Ancien Testament, il accompagna Jehu dans l'élimination de la maison d'Achab.

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Jonathas ou Jonathan

Fils de Saül (-XIe s.), et ami de David (I Samuel, 13-20).
  • Jonathan, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Joram roi de Juda (en lat. Ioram, en gr. ᾿Ιωρὰμ, en héb. יְהוֹרָם)

Époux d'Athalie et roi de Juda pendant huit ans au milieu du IXe siècle av. J.-C. Il est présenté dans le Bible comme roi impie.
  • Joram, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Joram (Juda)Wikipédia, l'encyclopédie libre (15 mai 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joram_(Juda).

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Josaphat ou Joasaph

L'histoire de Barlaam et Josaphat est un récit bouddhiste en sanskrit qui circula dans plusieurs sociétés au 1er millénaire avant d'être christianisé au IXe ou Xe siècle. Dans la version chrétienne, le roi Abenner ou Avenier d'Inde persécutait les chrétiens, mais un astrologue prédit que son propre fils, Josaphat, serait un jour de cette religion, alors le roi isola son fils de tout contact. Mais Josaphat finit par rencontrer le saint Barlaam, un hermite qui le convertit. En fin de compte, le roi se convertit au christianisme lui aussi, se retirant dans le désert et laissant le trône à Josaphat, qui se retira à son tour pour développer sa spiritualité. Barlaam et Josaphat sont considérés des saints par l'Église catholique et l'Église orthodoxe.

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Joseph

Fils du patriarche biblique Jacob et sa séconde femme Rachel. Selon le livre de Genèse (chapitre XXXVII-L), vendu par ses frères jaloux comme esclave, Joseph fut amené en Égypte où il devint l'intendant de Putiphar, officier de Pharaon. La femme de Putiphar tenta de séduire Joseph, mais, comme il ne succomba pas à ses avances, elle accusa Joseph d'avoir tenté de la violer. Par conséquent, Putiphar mit Joseph en prison. Quelques années plus tard, à l'aide de son don d'interpréter les rêves, il s'attira les bonnes grâces de Pharaon qui le fit ministre. Enfin, il retrouva sa famille et l'installa en Égypte.

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Joseph, fils de Zaccharias

Personnage juif dans le livre des Machabées, et fils de Zaccharias. Suivant les ordres de Judas Machabée, Joseph entra en combat contre Gorgias et son armée. Joseph et Azarias, son partenaire en combat, perdirent la guerre.

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Josias

Fils et successeur d'Amon, Josias fut roi de Juda de 640 à 609 av. J.-C., quand il fut tué par le pharaon Nékao II à la bataille de Megiddo.
  • Josias, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JosiasWikipédia, l'encyclopédie libre (25 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Josias.

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Josué (en gr. Iêsous)

Personnage biblique du Livre de Josué et successeur de Moïse dans la conduite des Hébreux vers la Terre promise. On lui attribue des phénomènes tel que l'arrêt du Soleil au-dessus de Gabaon pendant la guerre, le passage du fleuve Jourdain, et l'effondrement des murailles à Jéricho.
  • Josué, Wikipédia, l'encyclopédie libre(11 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Josué.
  • Josué, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Joël

L'un des douze petits prophètes, Joël est l'auteur présumé du Livre de Joël qui fait partie de l'Ancien Testament. D'après le récit biblique, il vivait au sein de la tribu de Juda et il amenait le peuple à se repentir.
  • Joël, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Joël (prophète), Wikipédia l'encyclopédie libre (18 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joël_(prophète).

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Juan de Pineda 

Juan de Pineda (Sevilla, 1558-1637), un théologien jésuite espagnol, n'est pas à confondre avec ses contemporains, les deux "Juan Perez de Pineda", l'écrivain protestant et le frère et auteur franciscain. Juan de Pineda est l'auteur de commentaires sur Salomon en huit livres (Salomo previus sive de rebus Salomonis regis libri octo) et d'un index de livres proscrits, Index novus librorum prohibitorum et expurgatorum (1612) utilisé dans les condamnations pour hérésie pendant l'Inquisition espagnole.

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Juda

Personnage biblique du Livre de la Genèse, Juda était le quatrième fils de Jacob et de Léa et l'ancêtre épynome d'une des douze tribus d'Israël. La tribu de Juda fut celle dont les rois d'Israël sont issus, de la lignée de David.
  • Juda, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tribu de Juda, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tribu_de_Juda.

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Judas l'Iscariote

L'un des douze apôtres de Jésus Christ. Judas était la seule des apôtres à trahir les demandes de Jésus. Pas longtemps après il eut des remords et il se pendit.
  • Judas Iscariote, Wikipédia, l'encyclopédie libre(23 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Judas_Iscariote.
  • Judas l'Iscariote, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Judas Machabée, ou Judas Maccabée

Guerrier juif qui dirigea la révolte des Maccabées contre Antiochos IV Épiphane et la domination syrienne. Il succéda à son père et le prêtre juif Mattathias comme chef de la révolte. Aujourd'hui Judas est considéré comme un héros de l'histoire juive.
  • Maccabée, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Judas Maccabée, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Judas_Maccabée.

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Judith

L'héroine biblique du livre de Judith. Après avoir séduit Holopherne, Judith lui coupa la tête pendant son ivresse pour sauver la ville de Béthulie.
  • Judith, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jules César (en lat. Caius Julius Caesar)

(Rome 101 – Ides de Mars 44 av. J.-C.) Illustre homme d'état, général et enfin dictateur romain (46-44 av. J.-C.) qui joua un rôle essentiel dans la transformation de la République romaine à l'Empire romain. Toutefois, ses réformes politiques et sociales furent déjouées lorsque Marcus Junius Brutus, un noble à la Chambre du Sénat, l'assassina en 44 av. J.-C.
Non seulement César fut-il un homme politique célèbre, mais il était un bon orateur et historien. Il écrivit quelques œuvres littéraires : Commentarii de bello gallico (Commentaires de la guerre des Gaules) et Commentarii de bello civili (Commentaires de la guerre civile).

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Julia (fille d'Auguste) (en latin Julia Caesaris filia)

Julia est la fille unique du premier empereur romain Auguste Caesar. Elle était mariée trois fois, la dernière au successeur de son père comme empereur, Tibère, un homme réservé qui n'appréciait pas que Julia fut entourée de nombreux amants. En 2 av. J.-C. elle fut accusée d'adultère et exilée sur l'île de Pandateria selon la loi promulguée par son père, la lex Julia.

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Julien dit l'Apostat (en lat. Flavius Claudius Julianus)

Neveu de Constantin Ier le Grand (Constantinople 331 – Mésopotamie 363). Julien régna comme empereur romain (Julien II) de 361 à 363. Il fut surnommé l'Apostat à cause de sa tentative de renoncer à la religion chrétienne et de restaurer la religion païenne dans l'empire romain.
  • Julien dit l'Apostat en lat. Flavius Claudius Julianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Julien (empereur romain), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_%28empereur_romain%29.

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Julius Pollux (en grec Julius Polydeukès)

Au IIe siècle Julius enseigna la rhétorique à l'empereur Commode. Il est l'auteur d'un dictionnaire du grec classique en dix volumes, l'Onomasticon. Ses autres œuvres ont été perdus.

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Junon (en lat. Juno)

Déesse de la nature dans la religion romaine, Junon représentait la féminité. Junon et Jupiter, son frère de la même mère Rhéa ainsi que son époux, sont considérés comme divinités primordiaux qui constituent deux des trois figures dans la triade capitoline (Jupiter-Junon-Minerve).
Les grecs hellénisèrent Junon et la renommèrent Héra. Ils lui attribuèrent le rôle de protectrice du mariage et des femmes mariées.
  • Héra en gr. Hêra, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Junon en lat. Juno, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jupiter

D’autres noms : Stator (qui arrête), Elicius (qui fait le foudre) et Feretrius (qui frappe). L’équivalent du dieu grec, Zeus, Jupiter, fils de Saturne, est le roi des dieux considéré comme divinité primordiale faisant partie de la triade capitoline (Jupiter-Junon-Minerve) dans la mythologie romaine-italique. Jupiter gouverne le ciel, les éléments météorologiques (tonnerre, foudre) et la lumière du jour. Ainsi il est souvent représenté avec les emblèmes de l'éclair, du trône et du sceptre.
D'un esprit licentieux, Jupiter prit maintes amantes, cependant, seulement sa sœur jumelle Junon conquit son cœur. Après plusieurs tentatives de la courtiser, il réussit finalement à gagner sa main en se transformant en coucou mouillé pour exciter la sympathie et l'affection de la déesse. Ainsi leurs noces marquèrent le premier mariage du monde.
  • Hera / Junon, Le grenier de Clio (2001-2008), Mythologica.fr, Internet, 19 juillet 2011. https://mythologica.fr/grec/hera.htm.
  • Jupiter, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Zeus / Jupiter (3/4), Le grenier de Clio (2001-2008), Mythologica.fr, Internet, 19 juillet 2011. https://mythologica.fr/grec/zeus3.htm.

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Justin (en lat. Marcus Junianus Justinus)

(IIe siècle). Historien latin et l'auteur d'une Histoire universelle qui comprend 44 livres, résumé par Trogue Pompée dans ses Histoires philippiques.
  • Justin (en lat. Marcus Junianus Justinus), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Juvénal (en lat. Decimus Junius Juvenalis)

Poète latin, auteur de satires. Il naquit à Aquinum en Campanie vers l’an 55 ap. J.-C. Il produisit seize Satires qui traitent des vices de son époque, contrastant la Rome traditionnelle (pure, exaltée par Cicéron) avec la Rome contemporaine. Juvénal mourut vers 140.
  • Juvénal en lat. Decimus Junius Juvenalis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré de noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jéhu

Fils de Josaphat et petit-fils du Namsi, capitaine des troupes de Joram, roi d’Israël. Il fut destiné par le Seigneur pour régner sur Israël, et pour venger les crimes de la maison d’Achab. Son règne (841-814 avant J.-C.) est évoqué dans le Deuxième livre des Rois.

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Jérobaum

Un officier de la cour de Salomon, Jérobaum fut impliqué dans un complot contre son maître qui l'incita à s'enfuir en Égypte. À la mort de Salomon, Jérobaum rentre en Israël où il est sacré Roi avec le soutien de dix tribus d'Israël; seulement deux tribus restent sous la tutelle de Roboam, fils de Salomon. Cett e histoire est racontée dans le dans le Premier livre des Rois.

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Jérusalem (en hébr. Yerushalayim)

La ville de Jérusalem fut construite à l’époque cananéenne. Vers 1,000, elle fut conquise par David, le Roi d’Israël, qui nomma la ville ensuite la capitale judaïque. Sous Titus, la ville fut conquise par les Romains. Ce fut également là où Jésus mourut. En 637, Jérusalem devint une ville sainte islamique, prise par les Arabes. Selon la tradition, le prophète Mahomet se serait levé dans le ciel au sommet du mont Moriah.
Aujourd'hui, Jérusalem est la capitale de la Palestine qui demeure toujours partie d’une intense lutte politique israélo-palestinienne (le nom Israélien comprenant les juifs, les chrétiens et les musulmans) vu qu’elle est un lieu important aux trois monothéismes.
  • Jérusalem en hébr. Yerushalayim la paix apparaîtra en ar. al-Quds, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jérémie

Le deuxième des grands prophètes de l'Ancien Testament, la tradition lui attribue la rédaction du Livre de Jérémie, du Livre des Lamentations et des deux Livres des Rois (I Rois et II Rois). Selon la tradition ces livres furent écrits avec l'assistance de son scribe et disciple, Baruch ben Neriah. La Bible présente Jérémie comme un grand solitaire sans femmes ni enfants. Alors que le roi Josias réformait le royaume de Juda, la mission de Jérémie était de dévoiler l'immoralité et le péché des Judéens et de leur expliquer la cause de la catastrophe imminente. Il annonça l'arrivée des Chaldéens et prédit la destruction de Jérusalem, ainsi que l'exil des Judéens à Babylone du fait de leur manque de foi.
  • Jérémie, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jérémie.
  • Jérémie (Livre de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Jésuites, ou Compagnie de Jésus

Ordre catholique de clercs réguliers, appelés Jésuites, fondé par Ignace de Loyola en 1540. Les missions principales des Jésuites sont l'évangélisation (d'où leurs nombreuses incursions en terres étrangères dès la fondation de l'ordre) et l'éducation (d'où les nombreuses écoles et universités jésuites, qui existent toujours de nos jours).
  • Jésus (Compagnie de), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Compagnie de JésusWikipédia, l'encyclopédie libre(27 mars 2018), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2018.https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_de_Jésus.

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Jézabel

Princesse tyrienne (-IXe siècle) et épouse d'Achab, le roi d'Israël. La Bible lui reproche de détourner Achab du vrai Dieu et d'adorer son dieu Baal. Ce sacrilège souleva l'hostilité violente de tout un parti, exprimée par la voix indignée du prophète Élie. Jézabel fut assassinée avec ses fils sur l'ordre de Jéhu.
  • Achab, Encyclopædia Universalis France France, Encyclopædia Universalis, Internet, 31 octobre 2012. https://www.universalis.fr/encyclopedie/achab/.
  • Jézabel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Khosrō Ier Anocharvan (en gr. Chosroès)

Roi sassanide de Perse (531-579). Il fut le plus brillant des souverains sassanides, célèbre autant par sa sagesse que par le raffinement de la civilisation de son temps. En 540, il entreprit la guerre contre Byzance, prit Antioche, occupa la Lazique; mais il signa une trève (555) puis la paix (562) : Justinien lui payait tribut, en échange de quoi il évacuait la Lazique et accordait la liberté de conscience aux chrétiens de son empire. [...] 
  • Khosrō Ier Anocharvan , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Khosro Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 août 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 décembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Khosro_Ier.

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L'Arche d'Alliance

D'abord mentionné dans le livre biblique de l'Exode (ch. 25 et 37), l'Arche d'Alliance était le coffre fabriqué par les Israélites dans le désert du Sinaï, destiné à transporter les deux tables de la Loi. Le coffre sacré accompagna les Hébreux durant l'Exode et à Canaan, avant d'être installé dans le Temple de Jérusalem par le roi Salomon. Perdu dans des circonstances énigmatiques, il devint un des objets antiques les plus convoités.

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L'Art d'aimer (en lat. Ars amatoria)

Une des œuvres les plus célèbres d'Ovide composée vers le premier siècle avant J.-C. qui a pour thème l'art de l'amour et de la séduction. En dépit du succès du poème, Ovide fut exilé à Tomes en 8 ap. J.-C. par l'empeureur Auguste sous l'allégation, entre autres, de l'immoralité sexuelle représentée dans ses vers.

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L'Ascension du Seigneur

L'Ascension du Seigneur est le titre de quelques sermons (261-265) de Saint Augustin.

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L'Exhortation aux veuves (en latin De Viduis)

L'Exhortation aux veuves de Saint Ambroise est placée dans ses œuures juste après sa dissertation De Virginibus (Des Vierges), et au milieu de ses autres écrits sur la virginité. Les deux états ont beaucoup en commun dans la pensée d'Ambroise.

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L'Hexaëméron

L'Hexaëméron ou l'Ouvrage de six jours de Saint Basile de Césarée explique la création du monde d'après la Genèse. L'ouvrage fut traduit du grec en latin par Saint Ambroise.

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La bonne Samaritaine

Dans le Nouveau Testament (l’Évangile selon Saint Jean, IV, 1-30), cette femme de Samarie s'étonne que Jésus lui demande de l'eau car normalement les Juifs ont du mépris pour les Samaritains. Jésus lui explique que "celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle", ce qui entraîne la conversion de cette femme au Christianisme. Elle déclara partout que Jésus était le Messie tant attendu.

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La Catéchèse des débutants (en lat. De Catechizandis rudibus)

Ouvrage écrit par Saint Augustin vers 399.

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La Cité de Dieu (en lat. De civitate Dei)

Œuvre comprenant 22 livres écrite par Saint Augustin vers 413-427 ap. J.-C. Dans son traité, il conteste les critiques païennes en attestant que le sac de Rome par les Wisigoths (410) fut à cause de sa déchéance morale plutôt que l'abolition de la religion païenne pour le christianisme. En plus, l’auteur caractérise la relation conflictuelle entre l'éternelle Cité de Dieu et la temporelle Cité de l'Homme.
  • La Cité de Dieu en lat. De civitate Dei, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • The City of God, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 4 mai 2011. https://www.britannica.com/topic/The-City-of-God.

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La Galatie

La Galatie est une région historique d'Anatolie, aux environs de l'Ankara actuelle. Son peuple, les Galates, est celtique qui migra dans cette région vers 279 av. J.-C.

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La Physique d'Aristote (en gr. Phusike akroasis)

C'est un recueil de traités ou de leçons qui examinent les principes (philosophiques) les plus généraux au sujets des choses naturelles ou en mouvement, vivants ou inanimés.

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La Politique (en gr. Hê Politikê) d'Aristote

Traité en huit livres dans lequel Aristote analyse la constitution des gouvernements divers (monarchie, aristocratie, démocratie, etc.) et présente sa théorie de l'État idéal. Une partie du septième livre est dédiée à la discussion sur le mariage, l'enfantement et l'éducation des enfants.
  • Howatson, Margaret, éd., Politics, The Oxford Companion to Classical Literature, Oxford University Press, 2011. Oxford Reference Online, Internet, 27 septembre 2011.

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La République (en gr. Hê Politeia ê peri tês dikês)

Dialogue socratique en dix livres écrit par Platon vers 380 av. J.-C. où le philosophe distingue la raison de la justice et précise les caractéristiques de la cité juste et de l'homme juste.
  • La République en gr. Hê Politeia ê peri tês dikês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • The Republic (Plato), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Republic_%28dialogue%29.

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La Sunamite

Dans II Rois ch 4, cette femme de la ville de Sunam invitait plusieurs fois Élisée chez elle pour manger et dormir, le reconnaissant comme un saint homme de Dieu. Sans enfants, elle accoucha d'un fils un an après la promesse miraculeuse d'Elisée. Quand cet enfant mourut, elle appela Elisée au secours et il redonna la vie au petit. La foi de la Sunamite, reconnaissant en Elisée un représentante de Dieu, fut récompensée deux fois.

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La Thécuite

La femme de Thécua ou la Thécuite venait de la ville de Thécué ou Thécua, située selon Saint Jérôme à douze milles de Jérusalem. (Les Thécuites étaient des pasteurs éleveurs de moutons qui vivaient dans le désert.) Selon la Bible hébraïque (II Samuel, 14), la Thécuite était responsable du pardon d'Absalon par son père David.
  • Calmet, Augustin, Dictionnaire historique, archéologique, philologique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, Paris, J. P. Migne, 1846, 4, 760-764. Google Books, Internet, 13 mai 2021.
  • Migne, Jean-Paul, Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés, Paris, J. P. Migne, 1855, 62, 1596. Google Books, Internet, 13 mai 2021.
  • Woman of Tekoa, Wikipedia, The Free Encyclopedia (1 juin 2022), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 mai 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Woman_of_Tekoa

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La Trinité (chrétienne)

Dans le christianisme, la Trinité est Dieu en trois personnes: le Père, le Fils et le Saint Esprit, trois êtres distincts bien que participant de la même essence divine.

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Laban (en héb. lavan)

Personnage biblique qui paraît dans le livre de la Genèse comme fils de Betouel, frère de Rebecca, père de Léa et de Rachel qu'il donne en mariage à Jacob, son neveu.
  • Laban, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • LabanWikipédia, l'encyclopédie libre (19 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Laban.

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Lactance (en lat. Lucius Caecilius Firmianus, dit Lactantius)

Rhéteur latin (v.260 – v.325) et précepteur du fils de l'empereur Constantin Ier. Son œuvre la plus connue est les Institutions divines, une apologie chrétienne en 7 livres écrite après sa conversion au christianisme (v. 300).
  • Lactance en lat. Lucius Caecilius Firmianus), dit Lactantius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lacédémone

Veuillez consulter la référence Sparte.

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Laertius ou Diogène Laërce

Écrivain grec, né à Laërte, en Cilicie, vers le début du IIIe siècle après J.-C. Il est l’auteur des Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, compilation en 10 livres regroupant des informations sur les vies des philosophes les plus célèbres et des commentaires sur leurs doctrines.

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Laurentius Surius (en allemand Lorenz Sauer)

Historien d'église et hagiologue allemand de l'ordre des Carthusiens (Lübeck 1522 - Cologne 1578). Il traduisit plusieurs œuvres ascétiques et théologiques en latin mais il est surtout connu pour son recueil de vies de saints en six volumes, Histoire de la vie, mort, passion et miracles des saints reconnus par l'Église Catholique (De probatis vitis sanctorum), publié entre 1570 et 1577.
  • Grudé, François, Laurens Surius, Les Bibliothèques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier, sieur de Vauprivas, Paris, Saillant & Nyon, 1773, t. 4, p. 577. Google livres, Internet, 20 octobre 2010.
  • Laurentius Surius, Wikipedia (26 décembre 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 juillet 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Laurentius_Surius.

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Lazare

Dans le Nouveau Testament (l’Évangile selon Saint Jean), Lazare est le nom du frère de Marthe et de Marie, ressuscité par Jésus quatre jours après sa mort. Ce miracle contribue à augmenter le nombre de croyants en la divinité du Christ.
  • Lazare, Dictionnaire de la langue française (Littré), 1873, 3, The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 24 août 2009.
  • Lazarus of Bethany, Wikipedia, The Free Encyclopedia (8 avril 2021), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 mai 2021. https://en.wikipedia.org/wiki/Lazarus_of_Bethany.

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Le Bienheureux Jacopon

Jacopon, qui vivait en Italie au tournant des XIIIe et XIVe siècles, était un avocat dont la femme mourut des mortifications qu'elle s'imposa à cause de sa grande piété, ce qui inpira Jacopon à devenir lui-même moine franciscain (ordre fondé par saint François d'Assise). Il refusa par humilité l'incitation de devenir prêtre, après des années de vie pieuse. Critique du Pape Boniface VIII, emprisonné par ce dernier, Jacopon fut libéré à la mort de Boniface.
  • Fulgence Ferot, Le Bienheureux Jacopon, Abrégé historique de la vie des saints et saintes, bienheureux des trois ordres de Saint François, Paris, Jean-François Bastien, 1779, t. 2, p. 170-173, Google Books, Internet, 31 juillet 2020.

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Le bon Samaritain

Dans le Nouveau Testament (l’Évangile selon Saint Luc, X, 25-37), la parabole du bon Samaritain met en scène un voyageur attaqué par des bandits et laissé pour mort. Le Samaritain lui sauva la vie, tandis que deux Juifs, dont un prêtre, passent à côté de lui sans l'aider. Les Samaritains sont considérés comme impies par les Juifs, mais Jésus observe que cet homme illustre son exhortation d'aimer ton prochain comme toi-même, déjà énoncé dans l'l'Ancien Testament (Lévitique XIX:18).

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Le fils prodigue

Le fils ou l'enfant prodigue est une parabole de Jésus relatée dans l'Évangile de Luc 15:11-32. La parabole met en scène le Père, le Fils aîné, qui suit fidèlement les commandements de son père et ne le quitte pas, et le deuxième, le Fils cadet, le fils prodigue, qui s'éloigne de son Père et part à la découverte du monde et de ses séductions. L'aîné est en colère quand le Père reçoit le cadet les bras ouverts, répliquant « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ».

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Le Jourdain (en héb. ירד ou נהר הירדן)

Fleuve du Proche-Orient qui s'écoule sur 360 km du mont Hermon à la mer Morte, ayant la vallée la plus profonde du monde. Dans l'Ancien Testament, c'est le Jourdain que les Hébreux traversent à pied pour entrer en Canaan. Dans le Nouveau Testament, c'est dans les eaux du Jourdain que Jésus reçoit le baptême par Jean-Baptiste.
  • Jourdain, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • JourdainWikipédia, l'encyclopédie libre (22 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jourdain.

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Le Martyrologe romain

Dans le Martyrologe Romain il s'agit d'une liste détaillée, mais non exhaustive des saints reconnus par l'Église catholique romaine. La première édition date de 1583 sous la papauté de Grégoire XIII, mais ce n'est que la troisième édition de 1584 qui devint obligatoire partout où s'appliquait le rite romain. Son origine remonte au premier martyrologe, le Martyrologium Hieronymianum traduit par saint Jérôme au quatrième siècle. Puisque le genre connaît une grande vogue au neuvième siècle plusieurs martyrologes furent imprimés dont le martyrologe d'Usuard, moine parisien de l'époque, est un des plus influents. Le Martyrologe Romain est le seul qui fasse autorité aux yeux de l'Église catholique romaine.

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Le Verbe (en grec le Logos)

Le "logos" signifie "parole" en grec, et aussi raison et intelligence. On le traduit par le terme Verbe ou Parole dans les textes anciens. C'est le titre que Jean donne à Jésus dans le prologue de son Évangile.

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Les Alamans ou Alémans (du germanique all-mann-, tous les hommes)

Ensemble de tribus germaniques mentionnés pour la première fois par l’historien romain Dion Cassius en 213.

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Les Apophtegmes

Les Apophtegmes de rois et de généraux, ou anecdotes, sont parmi les œuvres les plus connues des Œuvres morales de Plutarque.

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Les Confessions

Un texte autobiographique introspectif sur le voyage spirituel de saint Augustin, écrit entre 397 et 401. L'œuvre est composée de treize livres. Les 9 premiers racontent sa jeunesse, ses erreurs et sa conversion au christianisme, jusqu'à la mort de sa mère. Les suivants sont une méditation sur Dieu, le temps, la mémoire et un commentaire des premiers versets de la Genèse.
  • Les Confessions, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Les Confessions (saint Augustin), Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Confessions_(saint_Augustin).

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Les Gaules

Nommées celtiques par les Grecs, les territoires de la Gaule s'étendaient de l'Atlantique jusqu'au Danube pendant la deuxième âge du fer (vers 450 av. J.-C.) . Nommée Gaule par les Romains lors de leur conquête du 1er siècle av. J.-C., la région comprenait trois aires distinctes: la Gaule celtique (au centre, entre la Seine, la Garonne et le Rhin), la Gaule aquitaine (au sud-ouest) et la Gaule belgique (au nord, entre le Rhin et la Seine; la Belgique actuelle). Le sud-est de la France actuelle faisait partie de la patrie romaine donc avait un statut différent du reste de la Gaule, considérée comme une colonie. Le nom Gaule fut remplacé petit à petit à partir du VIIIe siècle par Francia à cause de la domination des Francs, une tribu germanique arrivée du nord.
  • Gaule, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Gaule, Wikipédia, l'encyclopédie libre (22 octobre 2017), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 octobre 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaule

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Les Gentils

Traduction du mot hébreu Goyim, qui signifie les non-Juifs. Dans la littérature chrétienne, les auteurs emploient le terme pour désigner les païens.

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Les Macabées, Maccabées ou Machabées; les livres des Machabées

Famille juive qui vivait à Jerusalem au IIe siècle et qui joua un rôle important dans la sauvegarde du judaïsme face à l'hellénisme. Le nom Maccabée est le surnom de Juda, qui dirigea la révolte, mais par extension on l'applique à ses frères, Jean, Simon, Éléazar et Jonathon.
Le Premier livre des Machabées décrit le temps avant les combats pour la libération d'Israël. La famille Machabée dirigea la lutte des juifs contre Antiochos IV Épiphane et ses successeurs, qui régnaient sur les Sélucides.
Le deuxième livre des Machabées (qui fait partie de l'Ancien Testament) raconte le martyr des sept frères Machabées et leur mère qui, n'ayant pas voulu manger de viande de porc, furent mis à mort par l'ordre d'Antiochus IV Épiphane, roi séleucide.
  • Maccabées, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 août 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Maccabées.
  • Maccabée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Saints Maccabées, Martyrs et Saints (28 avril 2009), Martyretsaint.com, Internet, 3 octobre 2012. http://www.martyretsaint.com/.

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Les Manichiens

Au IIIe siècle, les Manichiens pratiquaient le Manichéisme, une religion maintenant disparue composée de certains éléments du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme.
  • Manichéisme, Wikipédia, l'encyclopédie libre(7 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 13 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Manichéisme.
  • Manichéisme, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Les Parthes

Peuple semi-nomade d'origine iranienne gouvern​é par une aristocratie guerrière. Ils établirent l'empire parthe qui s'étendit de l'Iran à la Mésopotamie entre -190 et 224 av. J.-C. Les Parthes sont connus pour leurs tactiques militaires de harcèlement et de l'attaque surprise qu’ils utilisèrent pour vaincre le siège de Marc Antoine en 36 av. J.-C.

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Les Remèdes à l'amour (en lat. Remedia amoris)

Cet ouvrage écrit par Ovide en l'an 2 après J.-C. explique comment guérir de la passion amoureuse.

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Les Rétractations (en lat. Retractationes)

Dans ses Rétractations, Saint Augustin établit une chronologie de ses écrits, en les relisant et les évaluant entre 426 et 427, à la fin de sa vie.

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Les Sept Sages

Nom donné par les Grecs à des philosophes et des tyrans du – VIe s. à qui on attribuait des maximes devenues très populaires à l'époque hellénistique. La liste des Sept Sages varie selon les historiens, mais inclut le plus souvent les noms de Thalès de Milet, Pittacos de Mytilène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos, Périande de Corinthe, Chilon de Lacédémone et Solon d'Athènes. On admettait parfois au nombre des Sept Sages notamment Épiménide, Phérécyde, le Scythe Anacharsis.
  • Sages (les Sept) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Les Sibylles

Le nom donné aux femmes de l'Antiquité qui reçurent le don de prophétie d'Apollon. La plus célèbre des prophétesses Sibylles fut celle de Cumes.

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Les Soliloques d'Augustin

Dissertation constitué de deux livres écrits par Saint Augustin au IVe siècle.

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Les Économiques (en gr. Οἰκονομικά) d'Aristote

Traité en trois livres attribués traditionnellement à Aristote, mais le deuxième ne peut pas être de la main du philosophe. Le titre en grec fait allusion à la gestion d'une maison privée ou d’un patrimoine privé, ce qui est pertinent dans la présente anthologie.

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Lex Julia maritandis ordinibus et Lex Julia de adulteriis et de pudicitia

Lois promulguées sous l'Empire romain par l'empereur Auguste en 17-18 av. J.-C. La Lex Julia maritandis ordinibus encouragea le mariage et la procréation des enfants parmi les citoyens romains pour maintenir la pureté de la race tandis que la Lex Julia de adulteriis et de pudicitia chercha à réprimer l'adultère et l'impudicité et à rendre plus difficile le divorce.

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Linus

Deuxième pape, après Saint Pierre. Mort en 76 apr. J.-C., il est mentionné dans le Nouveau Testament comme accompagnant Saint Paul à Rome.

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Livie (en lat. Livia Drusilla)

Née en 58 av. J.-C., fille de Marcus Livius Drusus Claudianus et membre de la gens Claudia par son premier mariage avec Tiberius Claudius Nero dont elle eut deux fils, Tibère et Drusus. Elle épousa l'empereur romain Auguste en 38 av. J.-C. et parvint à assurer à son fils Tibère la succession au trône.
  • Livie, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livie, Wikipédia l'encyclopédie libre (8 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livie.

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Livre d'Esther

Livre biblique, un des cinq rouleaux. Il est lu lors de la fête juive des Pourim ou Sorts, fête dont il narre l'institution par Esther et Mardochée. Il comporte 10 chapitres rédigés en hébreu entre -300 et -150. Les Septante et la Vulgate acceptent des compléments grecs au Livre d'Esther, rédigés au -1er siècle.
  • Esther (Livre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre d'Esther, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d'Esther.

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Livre d'Isaïe

Le livre biblique d'Isaïe, ou d'Ésaïe, est le premier des grands prophètes (66 chapitres). Chapitres I-XXXIX : prophéties et visions d'Isaïe proprement dit ; forme poétique ; texte issu de traditions remontant en partie au prophète lui-mème ou à ses disciples (-VIIIe s.) chapitres XL-LV (Deutéto-Isaïe) : poèmes de la fin de l'exil à Babylone, relatifs à la restauration future d'Israël (-VIe s.) chapitres LVI-LXVI (Trito- Isaïe) : poèmes visant les juifs réinstallés après l'exil, dans une perspective de religion universelle.
  • Isaïe ou Ésaïe (Livre d') , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre d'Osée

Livre de l'Ancien Testament qui raconte l'histoire du prophète mineur Osée. Le récit présente un parallèle entre la vie d'Osée et son rapport avec sa femme, une ancienne prostituée sacrée, et la relation de Dieu avec la nation d'Israël. Le livre contient des prophéties et des enseignements contre l'idolâtrie, la prostitution spirituelle et la corruption morale.
  • Livre d'Osée, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d'Osée.
  • Osée (Livre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre d'Ézéchiel (ou la Prophétie d'Ézéchiel)

Livre de l'Ancien Testament écrit par le prophète Ézéchiel, le troisième des quatres grands prophètes, lorsqu'il était parmi les exilés de Babylonie entre 593 et 570 av. J.- C. Le livre est divisé en trois parties distinctes : les chapitres 1 à 25 parlent des jugements sur Jérusalem et des reproches contre les Israélites; les chapitres 25 à 32 proclament les jugements sur les autres nations et la prophétie de la chute des nations entourant Jérusalem; les chapitres 33 à 48 contiennent des visions du rétablissement d'Israélites.
  • Ézéchiel (Livre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre d'Ézéchiel, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d'Ézéchiel.

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Livre de Baruch

Un livre de l'Ancien Testament absent de la Bible juive (Bible hébraïque ou Tanakh) et de la tradition protestante, le Livre de Baruch fit partie des Septante en grec et de la Vulgate latine (catholique). Il est placé parmi les livres des Prophètes. Le nom du livre vient de Baruch ben Neriah, le scribe bien reconnu de Jérémie.

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Livre de Josué

Le Livre de Josué est le premier livre des Prophètes dans le Tanakh ou Bible hébraïque, et le premier livre historique de l'Ancien Testament chrétien. Il suit le Pentateuque et relate la conquête de la Terre promise sous la direction de Josué.

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Livre de Judith

Livre deutérocanonique de l'Ancien Testament. Il raconte l'histoire de Judith, une jeune veuve qui coupe la tête du général de l'ennemi, Holopherne, pour sauver la ville de Béthulie. Au même temps elle restaure la foi du peuple Juif en son Dieu.
  • Livre de Judith, Wikipédia, l'encyclopédie libre(1 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_Judith.
  • Judith (Livre de), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre de la Sagesse

Appelé en grec Sagesse de Salomon, ce livre de l'Ancien Testament fait partie du canon des Écritures inspirées pour les catholiques ainsi que pour les orthodoxes. Attribué à Salomon par les Septante, le rédacteur probable était un juif d'Alexandrie au premier siècle av. J-C. À travers les dix-neuf chapitres, le livre personnifia la sagesse et l'établit comme l'esprit du Seigneur agissant dans le monde.
  • Livre de la Sagesse, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_la_Sagesse.
  • Sagesse (Livre de la), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre de Luc

Le troisième Évangile du Nouveau Testament.
  • Luc (saint) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre de Tobie ou de Tobit

Livre biblique de l'Ancien Testament. Le livre raconte l'histoire de Tobit, un Judéen devenu aveugle et qui envoie son fils Tobie en Médie pour récupérer une dette.

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Livre des Chroniques

Deux des livres historiques de l'Ancien Testament, les Septante et la Vulgate les nomment Paralipomènes, du grec paraleipomena, « ce qui a été omis » car ils représentent une interprétation orginale des Livres de Samuel et des Livres des Rois (I Rois et II Rois).
  • Chroniques (Livre des) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre des Chroniques, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 juillet 2019), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Livres_des_Chroniques.

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Livre des Juges

Le deuxième livre historique de la Bible ; dans la Bible hébraïque, il suit le Livre de Josué. Cet ensemble emploie plusieurs sources et contient 21 chapitres qui parlent de la résurgence du polythéisme en Israël, les guerres entre les indigènes et des Israélites et les efforts des Juges, visant à restaurer la vénération d’Iahvé.
  • Juges (Livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Livre des Juges, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Livre des Lamentations

Ce recueil de cinq poèmes est une élégie pour la ville de Jérusalem suite à sa destruction par Nabuchodonosor II. La tradition l'attribuait à Jérémie mais cette attribution n'est pas acceptée par les experts de nos jours.
Le Livre des Lamentations, connu aussi comme Le Livre des Thrènes, est considéré comme l’un des chefs-d’œuvres du lyrisme biblique. Il suit le Livre de Jérémie dans l'Ancien Testament.

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Livre des Nombres

Livre biblique, quatrième tome du Pentateuque, et donc de l'Ancien Testament. Ce livre regroupe tous les éléments qui ont pris place entre la sortie d'Égypte (racontée dans le livre de l'Exode) et l'entrée dans la terre promise (racontée dans le Livre de Josué).

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Livre des Proverbes

Un des livres poétiques de la Bible, les Proverbes comprennent 31 chapitres et neuf sections, dont le deuxième et le cinquième sont attribués (soit directement, soit indirectement) à Salomon, roi d’Israël. Ces deux sont considérés les sections de base du Livre, et ils discutent de la situation sociale que remarque l’auteur (brutalité, la disparité entre riches et pauvres, etc.). D’autres collections du livre sont d’origine étrangère. Le Livre aurait été composé entre le XIIe siècle et l’époque hellénistique.
  • Proverbes, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Proverbes (livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre des Psaumes

Les psaumes sont des prières poétiques composées en plusieurs versets qui font partie de la Bible. Il existe 150 poèmes qui se divisent en cinq livres par analogie avec le Pentateuque. Les psaumes servaient à une fin liturgique et ils sont toujours incorporés dans la synagogue. La liturgie chrétienne en a adopté plusieurs (LI, Miserere ; CXXX, De profundis). En outre, le Psautier a toujours été le livre de l’Ancien Testament le plus utilisé par les chrétiens.
  • Psaumes (Livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livre des Règnes

Livre dans la Septante, version grecque de la Bible hébraïque, le Livre des Règnes comprend les deux Livres de Samuel et les deux Livres des Rois (Le Premier et Le Deuxième).

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Livres d'Esdras (en anglais Ezra, en grec Ἔσδρας)

Le Livre d'Esdras est un livre de la Bible hébreu qui comprenait anciennement le Livre de Néhémie. Il existe deux autres Livres d'Esdras (III et IV) qui sont considérés aprocryphes.
  • F. Vigouroux éd., Esdras (Premier Livre D'), Esdras (Second Livre D'), Esdras (Troisième Livre D'), Esdras (Quatrième Livre D') in Dictionnaire de la Bible, Letouzey et Ané, 1899, p. 1934-1945. Google Books, 18 août 2020.
  • Book of Ezra, Wikipedia, The Free Encyclopedia (21 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 août 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Book_of_Ezra.

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Livres de Samuel

Les deux livres de Samuel sont des livres de l'Ancien Testament qui, à l'origine, ne formaient qu'un seul ouvrage. Ils couvrent une période d'environ cent-trente ans et sont consacrés à la vie de Samuel et aux règnes de Saül et David.
  • Premier Livre de Samuel, Wikipédia l'encyclopédie libre (10 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_livre_de_Samuel.
  • Samuel (Livres de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Livres de Timothée

L'apôtre Paul, emprisonné, ecrivit deux épîtres à son disciple Timothée qui forment deux livres du Nouveau Testament.

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Liège

Liège est une ville francophone de l'est de la Belgique. De 972 à 1795, elle fut la capitale de la principauté de Liège. À partir de 980, l'évêque de Liège devint l'unique maître de ses terres, prince-évêque, et son domaine une principauté ecclésiastique.

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Lombardie (en it. Lombardia)

Région dans le nord de l'Italie et à l'est du Piémont, dont la capitale est la ville de Milan. La région de Lombardie tient son nom des Lombards, qui y régnèrent de 568 à 572.
  • Lombardie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • LombardieWikipédia, l'encyclopédie libre(24 décembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 janvier 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lombardie.

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Lorraine

Anc. province de l'E. de la France qui a donné son nom à une région. HISTOIRE. [...] cette région devint le cœur de l'empire carolingien. [...] au XVIe s. [...] la Lorraine joua alors un rôle de premier plan dans la politique française, par l'intermédiaire des Guise, cadets de la maison ducale, se fit le champion du catholicisme [...] et, après sa réconciliation avec Henri IV (1595), connut son apogée, accompagné d'un épanouissement intellectuel et artistique [...].
  • Lorraine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Loth (ou Lot)

Personnage dans le Livre de la Genèse. Il est le neveu d'Abraham et il échappe de la destruction de la ville de Sodome.
  • Loth, Wikipédia, l'encyclopédie libre(16 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Loth.
  • Loth ou Lot, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Louis IX (Saint Louis)

Fils de Louis VIII, Louis prit le trône comme roi de France à l'âge de douze ans (1226) sous la régence de sa mère Blanche de Castille. Ce roi avait une réputation de diplomate et de juriste ; il développa notamment la juridiction d'appel et en 1259 il régla le conflit avec Henri III d'Angleterre par le traité de Paris. Son règne fut marqué par un rayonnement tant intellectuel et artistique que moral ; il fit construire la Sainte Chappelle du Palais, fonda l'hospice des Quinze-Vingts et confirma la fondation de la Sorbonne. Louis IX mourut en 1270 à Tunis pendant la huitième croisade.
  • Louis IX de France, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IX_de_France.
  • Louis XI ou Saint Louis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Louis Richeome

Né à Digne en 1544, Louis Richeome, aussi appelé le Cicéron français, était père jésuite et auteur de traités de théologie, de morale et de controverse. Il mourut à Bordeaux en 1625.
  • Carayon, Auguste,Documents inédits concernant la Compagnie de Jésus : L'Université de Pont-à-Mousson : 1572-1650; document V, vol. 22, Poitiers, Oudin, 1870. Livre numérique Google, Internet, 20 mars 2013.https://books.google.fr.

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Louis XIII le Juste

(Fontainebleau 1601 - Saint-Germain-en-Laye 1643). Fils d'Henri IV et de Marie de Médicis. À l'âge de neuf ans suivant la mort de son père, Louis XIII prit le trône comme roi de France (1610 – 1643), et sa mère fut proclamée régente. Puisque sa mère lui exclut du pouvoir, même quand il atteignit l'âge de régner, Louis finit par exiler Marie de Médicis à Blois. Cependant, à cause de l'instabilité mentale et la mauvaise santé, le roi restaient incapable d'exercer le pouvoir total. Ainsi, il compta sur son principal ministre le cardinal de Richelieu pour les conseils politiques. Ensemble, ils enlevèrent aux Huguenots La Rochelle (1628) ; ils vainquirent les Espagnols dans la guerre franco-espagnole (1635-1659) ; finalement, ils réussirent à établir la France comme une grande puissance européenne.
  • Louis XIII le Juste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lucien de Samosate (en gr. Loukianos, en latin Lucianus Samosatensis)

Écrivain satirqiue grec (v. 125 – v. 192 ap. J.-C.) qui était particulièrement critique de ceux qu’il considéra comme hypocrites. Ses 86 ouvrages comprennent La Mort de Pérégrinos, lettre satirique qui critique le philosophe cynique, Pérégrinos, de son opportunisme et de son exhibitionnisme lorsqu’il se suicida en public en s’incendiant sur un bûcher funéraire aux Jeux olympiques de 165 ap. J.-C.
  • Lucian, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 9 septembre 2010. https://www.britannica.com/biography/Lucian.
  • Lucien de Samosate en gr. Loukianos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lucifer

s. m. Chez les anciens Païens, Étoile de Vénus, quand elle précédoit le Soleil. Chez les Chrétiens, chef des Démons. Veuillez consulter également la référence Satan.
  • Lucifer, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1798), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 12 août 2010.

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Lucrèce (en lat. Lucretia)

Femme de l'homme politique romain Tarquin Collatin réputée pour sa beauté et, surtout, sa vertu. Selon la tradition, après avoir été violée par Sextus, fils du roi de Rome Tarquin le Superbe, elle se donna la mort (-509 av. J.-C.). L'affaire déclencha la révolution qui renversa la monarchie tarquine à Rome et fonda la République romaine.
  • Lucrèce en lat. Lucretia, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lybie antique

La Lybie antique désigne une ancienne région de l'Afrique du Nord-Ouest, et plus étroitement le pays immédiatement à l'ouest de l'Egypte.

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Lycurgue (en gr. Lykoûrgos)

Législateur mythique de Sparte au IXe siècle avant J.-C. Inspiré par les modèles juridiques en Crète, en Égypte, et en Asie, Lycurgue créa la Constitution officielle de Sparte. La constitution de Lycurgue introduisit la gérousie (l'équivalent du Sénat moderne) et mit en place une institution éducatif spartiate.

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Léa ou Lia

Selon le livre de Genèse chapitre XXIX, Léa est la cousine et la première femme de Jacob. Le récit biblique raconte que Dieu lui accorda la fécondité tandis que Rachel, sa sœur et la femme la plus aimée de Jacob, fut stérile. Elle donna à Jacob six fils, Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar et Zabulon, et une fille, Dinah.

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Léon Ier le Grand (pape)

Pape de 440 à 461 et docteur de l'Église, Léon Ier est l'auteur des premiers Sermons, qui contiennent des exhortations morales ainsi que de grandes affirmations de la dignité et la primauté de l'évêque de Rome.
  • Léon Ier le Grand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Léon Ier (pape), Wikipédia, L'encyclopédie libre (21 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Léon_Ier_(pape).

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Léonidas d'Épire

Parent d'Olympias (princesse d'Épire, reine de Macédonie et mère d'Alexandre le Grand), Léonidas fut un des précepteurs d'Alexandre le Grand. D'un caractère austère, il est dit que Léonidas instruisait Alexandre dans la discipline laconique.

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Lévites (Tribu de Lévi)

Une des douze tribus d'Israël dans l'Ancien Testament, les Lévites sont les descendants de Lévi. Les Lévites sont dédiés au service de Dieu; ils détenaient 48 villes du royaume d'Israël sur lequel ils exerçaient un pouvoir administratif et politique. Ils avaient le devoir de veiller sur les trésors de la maison de Dieu et des choses saintes.

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Lévitique (en gr. Leuitikon)

Troisième livre du Pentateuque dans l'Ancien Testament. Il détaille les prescriptions des Israélites et le code selon lequel le peuple doit vivre pour devenir saint. Son but fut d'enseigner les préceptes moraux et les vérités religieuses de la loi de Moise au moyen du rituel.
  • Lévitique, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Lévitique, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lévitique.

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Macaire de Scété (ou Macaire le Grand)

Moine égyptien du IVe siècle et auteur de Homélies spirituelles, où l'on trouve toute la substance de la théologie ascétique, vivant en hermite dans le désert.

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Mahomet (en arabe Muhammed)

Mahomet (571?-632) fonda l'islam, qui compte aujourd'hui près d'un milliard d'adhérents. Cette religion est basée sur son livre sacré, le Coran, annoncé ou transmis par Mahomet, qui prit la tête du premier groupe de croyants et que ceux-ci à leur tour vénérèrent comme un prophète et un envoyé de Dieu. Après sa mort en 632, une expansion fulgurante mena les armées arabes, puis musulmanes, loin de leur pays d'origine. L'expansion militaire fut doublée et souvent précédée par une pénétration pacifique, un rayonnement religieux et, très vite, culturel, ces divers aspects se complétant les uns les autres. Selon l'Islam, il y a un seul Dieu, Allah, dont Mahomet était le messager. De nos jours plus de 24% de la population du monde adhère à l'Islam.

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Maison d'Israël, Enfants d'Israël

Appellations utilisées souvent dans l'Ancien Testament pour désigner les Israélites, c'est-à-dire les Hébreux descendus du patriarche Jacob, renommé Israël.

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Malachie (Livre de)

Malachie est le dernier des douze petits prophètes du canon juif; le Livre de Malachie est le dernier de l'Ancien Testament chrétien. Son nom veut dire "messager" en hébreu. La prophétie du Livre de Malachie dénonce la répudiation des hommes par rapport à la femme qu'ils ont aimée dans leur jeunesse; elle est donc un important témoignage du passage progressif à la monogamie fidèle.

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Mammon

Mot d'origine araméenne, Mammon désigne les richesses injustement acquises dans les écrits bibliques. Mammon est souvent personnifié comme un ange de la richesse ou un démon de l'avarice.
  • Mammon, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mammon.
  • Mammon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Manassé

Quinzième roi de Juda (v. 687 – v. 642 avant J.-C.), fils et successeur d’Ézéchias. Il réorganise le royaume de Juda après les destructions infligées au royaume pendant la campagne de Sennachérib et la perte des possessions judéennes dans la Shéfélah. Il restaure un état prospère qui se développe en direction du nord du Néguev et de la mer Morte. Il est mentionné dans les annales d’Assarhaddon.
Le Deuxième livre des Rois le décrit comme un roi impie et impénitent, coupable de tout ce qui peut être fait contre le Dieu de ses pères, mais le Deuxième livre des Chroniques, ainsi que la Prière de Manassé décrivent sa conversion.

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Manichéisme

Doctrine religieuse fondée au IIIe siècle par Mani. Il s'agit d'un dualisme qui présente des ressemblances avec le gnosticisme : le caractère radicale de l'opposition entre bien et mal, Dieu et la matière, la lumière et l'ombre. L'homme aussi est radicalement coupé en deux et doit chercher à produire et à maintenir la séparation entre l'âme et le corps. Les sectes dites manichéennes apparurent en Europe médiévale à partir du XIe siècle.
  • Manichéisme, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Marc Aurèle (en lat. Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus

Marc Aurèle fut un empereur et philosophe romain. Il naquit à Rome, 121, et en 180 mourut à Vindobona, qui est aujourd’hui Vienne. Il fut adopté par l’empereur Antonin, dont il épousa la fille plus tard. En 139, Aurèle devint césar, et après avoir reçu l’imperium proconsulaire (c’est-à-dire un pouvoir presque illimité), il fut empereur. En tant qu’empereur, il changea l’administration financière et fut scrupuleux concernant la pratique judiciaire. Plusieurs guerres contre les Germains et les Parthes ponctuèrent son règne. Aurèle fut humaniste, mais il ne fit jamais rien pour cesser la persécution des Chrétiens romains de son Empire. Il rédigea ses Pensées avant sa mort, qui furent le dernier ouvrage stoïque antique, ayant pour but de se remémorer le but fondamental de la vie (Hadot, Pierre).
  • Hadot, Pierre, Marc Aurèle (121-180), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Marc Aurèle en lat. Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Marcien (en lat. Flavius Marcianus)

Empereur d'Orient qui fut successeur de Théodose II et mari de sa sœur, sainte Pulchérie.
  • Marcien, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • MarcienWikipédia, l'encyclopédie libre (19 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcien.

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Marcion de Sinope

Marcion était un évêque chrétien de la fin du Ier siècle et du début du IIe siècle ap. J.-C. ; c'était le fondateur d'une église dissidente Marcionite. Marcion rejetait en bloc l'Ancien Testament et il écarta la Déité décrite dans les Écritures juives comme inférieur au Dieu proclamé dans l'Évangile chrétien. Il était considéré comme l'un des premiers hérésiarques et fut excommunié par Rome en 144. Son rejet de plusieurs livres saints aboutit à la création du canon catholique des Écritures.
  • Marcion, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marcion, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcion.

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Mardochée 

Personnage biblique du Livre d'Esther. Fils de Jaïr de la tribu de Benjamin et cousin d'Esther, il déjoua un complot entre les Juifs.
  • Mardochée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livre d'Esther, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Mariage et concupiscence (en lat. De nuptiis et concupiscentia)

Du mariage et de la concupiscence de Saint Augustin, écrit en 419, traite de la grâce et du péché en mariage.

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Mariamne l'Hasmonéenne ou Mariamne Ier (en héb. מִרְיָם)

Princesse hasmonéenne et reine de Judée vers -60 à -29. Mariamne était la petite-fille d'Hyrcan II et l'épouse d'Hérode Ier le Grand. Ce même époux, Hérode, la fit mettre à mort quand 'il la soupçonna de complot. L'histoire de Mariamne fut l'inspiration des tragédies de Tristan l'Hermite et de Voltaire.
  • Mariamne, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Mariamne l'HasmonéenneWikipédia, l'encyclopédie libre (14 avril 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mariamne_l'Hasmonéenne.

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Marie

Selon la tradition chrétienne la Vierge Marie, aussi appelée la Sainte Vierge, Notre Dame ou Mère de Dieu chez les catholiques et les orthodoxes, était la mère de Jésus et l'épouse de Joseph. Les Évangiles de Luc et de Matthieu narrent son histoire en commençant par l'Annonciation de l'ange Gabriel que Marie enfanterait le fils de Dieu et en finissant par la Nativité, la naissance de Jésus.
Marie apparaît dans tous les Évangiles du Nouveau Testament et les Églises catholiques et orthodoxes accordent une place spéciale à son histoire. Le culte de la Vierge Marie se développa à partir du IVe siècle et se concentre sur deux thèses principales : L'immaculée conception de Marie et son Assomption, dogme selon lequel Marie fut enlevée corps et âme au ciel et alors mourut sans souffrir.
  • Marie (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marie (mère de Jésus), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_(mère_de_Jésus).

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Marthe (sainte)

Sœur de Lazare de Béthenie dans les Évangiles de Jean, XI, et de Luc, X, 38. Selon la légende, elle aurait débarqué avec Marie et Lazare à Marseille.
  • Marthe (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Martia Catonis

Fille aînée de Caton d'Utique et sœur de Porcia Catonis. Devenue veuve, on lui conseilla de prendre un second mari, mais elle refusa, se déclarant inconsolable jusqu'à la fin de ses jours. (À ne pas confondre avec la femme de Caton d'Utique, aussi appelée Martia.)
  • Bourdeille, Pierre de,Œuvre du seigneur de Brantome, t. 2, Londres, aux dépens du Libraire, 1779, p. 446. Livre numérique Google, Internet, 10 mai 2013. https://books.google.fr.

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Martial (en lat. Marcus Valerius Martialis, surnommé Cocus)

Poète latin qui vécut d'environ 40 à 104 ap. J.-C. Il est l'auteur de 15 livres d'Épigrammes qui attaquent, entre autres, les débauchés et les femmes âgées.
Dans Les épines du mariage, Jean-Philippe Varin cite une des épigrammes de Martial sans en citer l'auteur. La citation en question vient du premier livre des épigrammes, seizième poème, Ad Julium.
  • Martial en lat. Marcus Valérius Martial, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sur Martial et sur ses écrits, Épigrammes de M. Val. Martial., Paris, Le général baron Simon, son fils, et P. R. Auguis, de la Société royale des Anqiguaires de France, 1819, p. III-V.

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Martin Luther

Moine augustinien allemand, théologien, réformateur de l'Église, et premier traducteur de la Bible en allemand, Martin Luther (1483-1546) est considéré le père du protestantisme et de la théologie luthérienne.
En 1517, il afficha sur les portes du château de Wittenbuerg ses 95 Thèses où il dénonçait la vente des indulgences, et qui marquèrent le début de la Réforme... En 1520, il publia son manifeste À la noblesse chrétienne de la nation allemande puis Prélude sur la captivité babylonienne et De la liberté du chrétien (dans lequel il affirme l'autorité de la seule Écriture sainte et précise la doctrine de la justification par la foi). Il brûla publiquement la bulle Exsurge Domine et, en 1521, il fut excommunié et mis au ban de l'empire par la diète de Worms.
  • Luther, Martin, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Martin Luther, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Luther.

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Martín Antonio Delrío

Né en 1551 à Anvers et décédé en 1608 à Louvain, Martín Delrío était prêtre jésuite des Pays-Bas, philologue, juriste, et exégète. Il est l'auteur de Disquisitiones magies, un ouvrage qui traite de la magie et de l'occultisme.

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Mathilde d'Écosse (en anglais Matilda of Scotland)

Fille de Marguerite d'Écosse, Mathilde (1080-1118) devint la femme d'Henri Ier, roi d'Angleterre, en 1100. Elle agit beaucoup sur les plans politiques et religieux. Très pieuse, elle était la patronne de plusieurs établissements catholiques.

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Mathilde de Toscane (la comtesse Mathilde, Mathilde de Briey, Mathilde de Canossa)

Marquise de Toscane née vers 1046 et morte en 1115. Elle soutint le pape Grégoire VII durant la querelle des Investitures et la réconciliation de cette querelle avec l'empereur germanique Henri IV eut lieu à son château.
  • Mathilde dite la comtesse Mathilde, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Mathilde de ToscaneWikipédia, l'encyclopédie libre (24 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mathilde_de_Toscane.

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Maubeuge

Maubeuge est une commune française située près de la frontière belge, est rattachée à la France seulement en 1678. Aldegonde, citée par les théologiens du XVIIe siècle comme exemple d'une vierge ayant refusé le mariage, y fonda une abbaye de femmes au VIIe siècle.

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Mausole

Mausole devint le satrape, ou gouverneur, de la cité d'Halicarnasse en Carie (l'actuelle ville de Bodrum en Turquie) en 377 av. J.-C., héritant le poste de son père. La Carie faisait partie de l'empire perse sous le règne d'Artaxerxès II. Mausole se joigna à une révolte contre lui, terminé en 360 av. J.-C., mais fut pardonné par le successeur d'Artaxerxès (Artaxerxès III). Mausole finit par maintenir beaucoup d'indépendance, et acquit le statut de roi.
Il fit construire un monument funéraire reconnu à l'époque comme l'une des Sept Merveilles du monde, au point où le terme "mausolée" désigne depuis de grands tombeaux. Il mourut sans postérité en 353 av. J.-C. et fut remplacé par sa femme Artémise II (qui était aussi sa sœur) ; elle fit venir les grands artistes grecs pour décorer le mausolée.

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Maximin II Daïa (en latin Imperator Caesar Gaius Valerius Galerius Maximinus Pius Felix Invictus Augustus)

Né en 270, Maximin a été l'empereur romain de 310 à 313. Défait par Licinius en 313, il a dû s'enfuire de Rome déguisé; sa femme et sa fille furent executées. C'est Maximin qui apparemment fait torturer et tuer sainte Catherine d'Alexandrie en 312, parmi plusieurs autres martyres chrétiens.

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Menander

Disciple de Simon le Magicien (Ier siècle ap. J.-C.) venant de Samarie considéré comme hérétique par l'Église car il enseigna que les hommes recevraient l'immortalité et la résurrection de son baptême et de la pratique des arts magiques. Il prétendit également être un sauveur envoyé par les puissances spirituelles supérieures pour enseigner aux gens la connaissance sacrée qui leur permettrait de se libérer de la domination des archontes, c'est-à-dire, les pouvoirs régissant le monde matériel.

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Mercure (en lat. Mercurius)

Dieu du commerce, du profit et du voyage qui sert aussi de messager des autres dieux dans la mythologie romaine. Assimilé au dieu grec, Hermès, Mercure représente également l'habileté et la ruse.
  • Hermès, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Mercure, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercure_(mythologie).
  • Mercure en lat. Mercurius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Messaline (en lat. Valeria Messalina)

(25 av. J.-C. - Rome 48 ap. J.-C.). Fille du consul romain Marcus Valerius Messalla Barbatus, Messaline devint impératrice romaine lorsqu'elle épousa Claude Ier. Connue pour sa conduite despotique, Messaline manipula Claude pour qu'il éliminât les rivaux potentiels à elle et à leurs enfants, Octavie et Britannicus. Messaline était également réputée pour la vie dévergondée qu'elle mena. Selon le poète latin Juvenal, elle se prostituait dans des bordels de Rome et elle aménagea même une partie du palais en lupanar. Cependant, l'empereur mit fin à ses débauches lorsque l'affranchi Narcisse l'avertit du mariage prévu entre Messaline et Silius, son amant secret, et de leur attentat comploté contre lui. Effectivement, Claude fit exécuter sa femme et Silius dans les jardins de Lucullus.
  • Messaline, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 31 mars 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Messaline.
  • Messaline en lat. Valeria Messalina, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Pars, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Metelle Le Numidique (en lat. Quintus Caecilius Metellus Numidicus, Conquérant de Numidie)

Général et consul romain. C'est en 109 av. J.-C. que Metellus devint consul et mena la guerre contre Jugurtha, le roi de Numidie. Malgré le fait que c'était son successeur comme consul, Marius, et le lieutenant de celui-ci qui finirent par remporter la victoire définitive contre Jugurtha, Metellus obtint le titre de conquérant en -106. En -100, suite à des disputes avec ses ennemis politiques, Numidicus s'exila, mais rentra à Rome en 99 où il mourut en -91.

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Michol (ou Michal)

Selon le livre de Samuel dans l'Ancien Testament, Michol fut la fille benjamine du Roi Saül et elle fut aussi l'épouse de David après sa défaite du géant Goliath. Dans son histoire, elle choisit d'aller à l'encontre de la volonté de son père pour protéger son mari. Elle aida David à s'échapper afin qu'il ne soit pas exécuté par Saül. Enfin, bien que David soit resté en vie, Saül donna Michol à Phaltiel.

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Michée

L'un des douze Prophètes juifs qui prophétiserent pendant les règnes de Joatham, Achaz, et Ezéchias. Michée est l'auteur du Livre de Michée dans l'Ancien Testament, dans lequel il prédit que le Messie sera né à Bethléem.
  • Michée, Wikipédia, l'encyclopédie libre(7 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Michée.
  • Michée, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Milcah or Milkah

Personnage biblique dans le Livre de la Genèse, Milcah est la femme de Nahorm la mère de Betouel et donc la grand-mère de Rébecca, qui épousa le fils d'Abraham, Isaac.

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Miltiade le Jeune

Miltiade (540-489 av. J.-C.) était un stratège athénien dont la résolution et l'énergie permirent à Athènes de gagner l'importante bataille de Marathon contre les Perses en 490 av. J.-C. Il mourut par contre en prison, accusé de trahison.

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Minerve (en lat. Minerva)

Déesse romaine appartenant à la triade capitoline (Jupiter-Junon-Minerve), Minerve équivaut à la déesse grecque Athéna. Celle-ci est la déesse guerrière et la déesse de la raison ainsi que la déesse de l’intelligence, s’occupant de la littérature et des beaux arts et protégeant les sciences. Elle est d’habitude associée à la chasteté, d’où l’épithète Athena Parthenos.
Selon la tradition, Jupiter avala son amante Métis de peur que l'enfant qui naîtrait de Minerve ne le détrônât. Un jour, pris par un mal de tête violent, Jupiter quémanda à Vulcain de lui fendre le crâne, d'où sortit Minerve tout armée.
  • Athéna, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Athéna / Minerve, Le grenier de Clio (2001-2008), Mythologica.fr, Internet, 24 février 2011. https://mythologica.fr/grec/athena.htm
  • Minerve en lat. Minerva, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Moloch (en hebr. Ha-Molék)

Moloch était un dieu cananéen mentionné dans la Bible auquel les Ammonites sacrifiaient leurs premiers-nés. Les enfants étaient passés par le feu, c'est-à-dire immolés et puis brûlés. Cette pratique suscita la réprobation des prophètes bibliques.
  • Moloch, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Moloch.
  • Moloch (le), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Montanus de Phrygie

Montanus était un chrétien du IIe siècle, fondateur du "christianisme phrygien" ou "montanisme" qui naquit avec lui en Phrygie perdura jusqu'au IXe siècle en Asie Mineure et en Afrique du Nord. Selon Eusèbe de Césarée, Montanus entra dans un état d'extase en 172 ou 173. Convaincu de l'imminence de la fin du monde, il prêcha une morale rigouriste et le détachement du monde matériel. Le plus célèbre converti au montanisme était Tertullien, converti en 207.
La secte finit par être condamné par l'Église catholique car ses adhérents considéraient l'inspiration divine supérieure à l'autorité de la hiérarchie l'Église.

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Moralia in Job

Un commentaire à la fois littéral et historique, mystique et surtout moral du livre de Job par saint Grégoire le Grand, élu pape en 590. Le premier manuscrit renferme les vingt premiers livres et la plus grande partie du vingt et unième. Le second contient la suite jusqu'au trente-cinquième livre.

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Moïse (en hébr. Mosché)

Prophète et fondateur de la religion juive et de la nation d'Israël (- XIIIe s.), on lui attribue la rédaction des premiers livres de la Bible.
Selon le livre d’Exode, Moïse monta sur le Mont Sinaï pour recevoir La Loi (Décalogue) dicté par Dieu. Pendant ce temps, les Israélites, ne pouvant plus supporter d’avoir affaire à un dieu invisible, persuadèrent Aaron, le frère de Moïse, de leur fabriquer un veau en or, l'acte qui brisa le premier des Dix Commandements. En conséquence de cette transgression, Moïse dut remonter le Mont Sinaï pour renouveler l’alliance entre le peuple juif et Dieu, après quoi il redescendit de la montagne, la peau toute rayonnante.
Moïse est le descendant direct d'Abrahahm.
  • Moïse, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 mai 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 mai 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Moïse.
  • Moïse (en hébr. Mosché, nom d'origine égyptienne), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Römer, Thomas, Les cornes de Moïse, Évangile et liberté (2005), numéro 190, Évangile et Liberté, Internet, 22 juillet 2010. http://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/190/article8.html.

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Médée (en gr. Mêdeia)

Selon la mythologie grecque, Médée fut la fille du roi de Colchide, Éétès. Cette magicienne célèbre, amoureuse de Jason, trahit son père et son pays en utilisant la magie pour aider celui-ci à gagner la Toison d’or. Lorsqu'ils furent poursuivis par Éétès, Médée tua son frère Absyrtos et dépèça son corps, jetant ses membres sur la route pour retarder son père. Les deux amants réussirent à s'évader et, ensuite, ils se marièrent. Parvenue à Iolcos en Thessalie, Médée fit périr Pélias, roi de Iolcos et l'oncle qui avait envoyé Jason en Colchide pour s'emparer de la Toison d’or. Elle convainquit les filles de Pélias de dépecer leur père et de jeter les morceaux dans un chaudron d’eau bouillante pour ainsi le faire rajeunir. À cause de ce crime, Médée et Jason furent exilés à Corinthe où les époux donnèrent le jour à deux fils. Pourtant, lorsque Jason la répudia pour Créüse, la fille du roi Créon, Médée se vengea de l'adultère. Elle envoya à Créüse une tunique empoissonée comme cadeau et, enfin, égorgea ses propres enfants.
  • Medea, Wikipédia l'encyclopédie libre (7 mars 201), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 mars 2011. https://en.wikipedia.org/wiki/Medea.
  • Médée, Le grenier de Clio (2001-2007), Mythologica.fr, Internet, 9 mars 2011. https://mythologica.fr/grec/medee.htm
  • Médée en gr. Mêdeia, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Mélanie l'Ancienne

Mélanie (341-410) perdut successivement son mari, un Préfet romain, et ses deux fils vers 365. Par la suite, elle se retira au désert en Terre sainte, où elle fonda vers 380 un monastère sur le mont des Oliviers à l'est de Jérusalem. Sa petite fille Mélanie la Jeune le rendit célèbre.

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Mésopotamie (en gr. Μεσοποταμία/Mesopotamíos)

Région historique du Moyen-Orient, située entre les vallées du Tigre et de l'Euphrate. La Mésopotamie fait référence généralement à son histoire antique, pour la civilisation qui avait occupé la région jusqu'aux derniers siècles avant l'ère chrétienne et avant l'ère musulmane du XIe siècle.
  • Mésopotamie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • MésopotamieWikipédia, l'encyclopédie libre (19 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mésopotamie.

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Métrodore de Lampsaque le Jeune (en latin Metrodorus)

Philosophe grec originaire de Lampsaque en Asie Mineur, Métrodore, qui vécut de 330 à 278 av. J.-C., était un disciple très proche d'Épicure. Ses écrits ne sont connus qu'indirectement ou par de courtes citations; les titres ont été transmis par Diogène Laërce.

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Naaman (en héb. נַעֲמָן)

Lieutenant du roi Ben-Hadad II qui a eu la lèpre après avoir baigné dans le Jourdain sur le conseil d'Élisée. On trouve son histoire dans le Deuxième livre des Rois.

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Nabal

Personnage biblique du premier livre de Samuel dans l'Ancien Testament, Nabal fut un riche marchand de la famille de Caleb. Le nom Nabal est librement traduit par imbécile et on dit qu'il fit honneur à son nom.
Pendant qu'ils promenaient la campagne, les bergers de Nabal furent protégés par David et ses hommes, avant que David devint roi. Quand David demanda de l'argent et des provisions en échange de sa protection, Nabal les lui refusa. En colère, David décida d'envoyer 400 de ses hommes chez Nabal pour se venger. La belle femme de Nabal, Abigail, les intercepta et leur offrit des provisions pour sauver son mari.

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Nabuchodonosor II

(605-562 avant J.-C.) Fils et successeur de Nabopolassar, battit les Égyptiens à Karkemish (605) et à Hamat (Hama), réunissant la Syrie au royaume de Babylone. Il s’empara de Jérusalem et en déporta les habitants (587), puis bloqua Tyr pendant 13 ans (585-572). Il rétablit les réseaux d’irrigation, restaura les temples de Babylonie et protégea sa capitale par deux lignes de remparts et un mur barrant l’isthme entre Tigre et Euphrate au N. de Babylone.

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Nahor, Nachor, ou Naghor

Personnage biblique dans le Livre de la Genèse, Nahor est le frère d'Abraham, le mari de Milcah et le père de Betouel. La fille de Betouel, Rébecca, épousa le fils d'Abraham, Isaac.

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Naïm

Naïm est un village de Galilée cité dans le Livre de Luc comme l'endroit où Jésus ressucita le fils d'une veuve éplorée.

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Niccolò Tedeschi, dit Panormitanus

Après avoir étudié le droit à Bologne, Tedeschi (1386-1455) devint professeur à Bologne, à Parme, à Siene et enfin à Florence. Membre de l'ordre des Bénédictins, il devint archévêque de Palerme en 1434 et cardinal en 1440. Il est considéré un juriste important, ayant publié un nombre d'œuvres canoniques.

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Nicolaus Lyranus

Né en 1270 à Vieille-Lyre en Normandie, Lyranus, un des plus grands théologiens franciscains et exégètes bibliques du Moyen Age, fut l'auteur du premier commentaire sur la Bible. Docteur à la Sorbonne à Paris en 1309, en 1319 on l'élut chef de l'ordre franciscain de France. Lyranus mourut en 1349 à Paris.
Son chef-d'œuvre, Postillae perpetuae in universam S. Scripturam, consiste de cinquante volumes de commentaires sur la Bible et fut le texte principal des exégètes jusqu'au seizième siècle. Le commentaire influença plusieurs réformateurs, y compris Martin Luther, à cause de l'insistance sur une interprétation littéral et non allégorique des Écritures saintes.

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Nicéphore III Botaniatès

Nicéphore, né vers 1001 et mort en 1081, fut l'Empereur byzantin de 1078 à 1081, une époque où crises et révoltes secouent le monde politique byzantin. Nicéphore abdiqua et se retira dans un monastère où il meurt quelques mois plus tard. La dynastie de la famille Comnène s'établit suite à la défaite de Nicéphore.

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Ninive

Une des plus anciennes villes de l'Assyrie, dans le nord de la Mésopotamie.

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Ninus ou Ninos

D'après la mythologie grecque, Ninus, le fils de Bélus, était le fondateur de l'ancienne ville de Ninive (appelé parfois Ninus) en Assyrie. Ninus conquit toute l’Asie de l’Ouest en 17 ans avec l’aide d’Ariaeus, roi arabe. Il se maria avec Sémiramis, la femme d’un de ses soldats. De leur union naquit Ninyas le Ninevien.
  • Nikiprowetzky, Valentin, Sémiramis, reine légendaire d'Assyrie, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 28 octobre 2009.
  • Ninus, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 16 mars 2011. https://www.britannica.com/topic/Ninus.

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Nisos

Selon la légende grecque, Nisos était roi de Mégare et père de la princesse Scylla.

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Noces de Cana

Dans l'Évangile selon Jean du Nouveau Testament, l'apôtre Jean raconte le premier miracle de Jésus Christ où Jésus, invité à un mariage à Cana en Galilée, transforme l'eau en vin. L'événement préfigure le mariage entre Jésus, le jeune marié, et l'Église, sa future épouse, dont le vin, symbole du sang du Messie, signale sa mort prévue et la célébration de l'Eucharistie. La présence du Christ aux noces représente la bénédiction de l'institution du mariage.
  • Burnet, Éliane et Régis Burnet, Pour décoder un tableau religieux, Nouveau testament, Paris, Éditions du Cerf, 2006, p. 123-24. Google livres, Internet, 13 juillet 2011.

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Nouveau Testament de la Bible

Considéré par les chrétiens comme deuxième moitié de la Bible avec l'Ancien Testament, le Nouveau Testament comporte plusieurs textes racontant la vie de Jésus, ses enseignements, et les premieres années du christianisme. Cette œuvre comprend les livres des quatre Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, et Jean), les Actes des Apôtres, les Épîtres de Paul, les Épîtres catholiques, et l'Apocalypse (ou livre de la Révélation).

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Novatien (en latin Petrus Damianus)

Né en 220 en Phrygie, Novatien était un prêtre et théologien catholique. Pendant la persécution des Chrétiens par l'empereur romain Decius entre 249 et 251, Novatien maintint depuis Rome les contacts avec les Églises chrétiennes d'Afrique et d'Orient grâce aux nombreuses lettres qu'il leur envoya. Amer lors de l'élection de Corneille comme pape en 251, Novatien essaya de se faire élire à sa place. Il finit par être excommunié et quitta Rome en 253; il mourut vers 258.
Une secte novatianiste exista au sein du catholicisme jusqu'au IVe siècle, soutenant la position de Novatien que ceux qui avaient apostasié lors de la persécution des Chrétiens ne devraient pas être reçus de nouveau par l'Église suite à un repentir. Au IVe siècle, elle se confonda avec d'autres courants qui abondaient dans le même sens.

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Noé (en hébr. Noakh)

Patriarche biblique qui, selon le livre de Genèse de la Bible, fut épargné avec sa famille du Déluge que Dieu lança sur la Terre pour éliminer l'humanité corrompue. À la faveur de sa vertu, Noé fut choisi pour faire perdurer la race humaine. Suivant l'ordre de Dieu, le patriarche construisit un arche sur lequel il fit embarquer un mâle et une femelle de toutes les espèces animales existantes. L'arche flotta sur les eaux d'inondation jusqu'à ce qu'il s'arrêta sur les montagnes d'Ararat.
  • Noé (en hébr. Noakh, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Noé, Wikipédia, L'encyclopédie libre (30 mai 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 juin 2016.https://fr.wikipedia.org/wiki/No%C3%A9_(patriarche).

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Noémi ou Naomi

Dans l'Ancien Testament, Noémi est la veuve d'Elimelech la belle-mère de Ruth, qui l'accompagne quand elle retourne du royaume de Moab à Bethléem après la mort de son mari.

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Numa Pompilius

Le second des sept rois de Rome, il établit une organisation politique fondée sur le droit, la loi, les bonnes mœurs et la crainte des dieux, pacifiant ainsi une société fondée sur les valeurs militaires.
  • Numa Pompilius, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Numa PompiliusWikipédia, l'encyclopédie libre(22 novembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 novembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Numa_Pompilius.

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Némésius (ou Némésios)

Né vers 350 apr. J.-C., Némésius était un théologien et philosophe chrétien et l'évêque d'Émèse (aujourd'hui Homs), en Syrie. Némésius était l'auteur du premier recueil connu de l'anthropologie théologique avec une orientation chrétienne, Peri physeōs anthrōpou (La Nature de l'homme). Le livre pose la question : Puisque créée, comment l'âme peut-elle être immortelle, voyant que tout ce qui est créé est périssable? Enfin Némésius rejeta la préexistence et la doctrine matérialiste et conclut que l'homme est composé d'une âme et d'un corps, principes séparés mais sympathiques. Selon ses conclusions, l'homme est immortel à l'origine et mortel après le péché.
L 'ouvrage eut un grand succès au Moyen Âge ; de grandes sections furent incorporées dans le livre De fide Orthodoxia par Saint Jean Damascène.

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Néron (en lat. Lucius Domitius Claudius Nero)

(Antium 37 - Rome 68). L'arrière-petit-fils de l'empereur romain Auguste (Octave), Néron fut le cinquième et dernier empereur romain (54-68 ap. J.-C.) connu surtout pour son règne tyrannique et prodigue. Néron succéda à son beau-père l'empereur Claude Ier en 54. Consommé par la paranoïa et désirant se libérer de la tutelle de sa mère, Agrippine, Néron empoisonna Britannicus, le fils de Claude, en 55 et fit assassiner sa mère en 59. En 64, Rome fut incendiée, et certains, désillusionnés, blâmèrent Néron, qui choisit de nombreux chrétiens romains comme boucs émissaires, les exécutant. En plus, l'incendie permettait à Néron de faire bâtir son Domus aurea, la Maison dorée. Après une conspiration de la part de certains opposants, Néron fit périr Sénèque parmi d'autres et s'appropria les biens des condamnés. L'Empire dans son ensemble commença à souffrir de la démence démesurée de Néron. Vindex, général gaulois, rallia la Gaule contre Néron, et Galba, jusqu'alors le gouverneur de l'Espagne tarraconaise, fut proclamé empereur. Néron s'évada dans une villa près de Rome et, après une crise de paranoïa, se suicida.
  • Neron en lat. Lucius Domitius Claudius Nero, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Olympias (en gr. Olumpias)

Née vers 375 à Pydna, Olympias fut reine de Macédoine lorsqu’elle épousa Philippe II, roi de Macédoine. Elle fut aussi la fille de Néoptolème, roi d’Épire, une région montagneuse des Balkans. Les deux époux donnèrent naissance à un fils, Alexandre le Grand. Après avoir été répudiée par Philippe, elle retourna chez son père. Certains pensent qu’Olympias a instigué l’assassinat de son mari. Il est certain qu’elle a instigué celle de Cléopâtre, et de la fille de celle-ci.
  • Olympias en gr. Olumpias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ordre de Cîteaux

  • Cîteaux-l'Abbaye : Hameau de la comm. de Saint-Nicolas-lès-Cîteaux (Côte d'Or), à l'E. de Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne. Abbaye fondée en 1098 par Robert de Molesme.
  • Cisterciens : Moines de l'ordre bénédictin réformé de Cîteaux. Fondé par Robert de Molesme en 1098, l'ordre se développa à partir de l'abbatiat d'Étienne Harding (1109-1133) et sous l'impulsion de Bernard de Clairvaux. Le routour à la règle bénédictine appliquée dans toute sa rigueur, l'idéal de retrait du monde et de pauvreté absolue assurèrent le succès de la spiritualité cistercienne. Après la fondation en 1113 - 1115 des abbayes de La Ferté, Pontigny, Clairvaux, Morimond (les « quatre filles de Cîteaux »), qui à leur tour essaimèrent, les cisterciens s'organisèrent en une fédération d'abbayes observant la Charte de charité (1114, confirmation pontificale en 1119) et regroupées en lignes sous la direction d'« abbayes mères ». Ils connurent leur âge d'or aux XIIe-XIIIe s., lorsqu'ils furent appelés à intervenir dans maintes affaires de l'Église, cependant qu'ils constituaient de puissants domaines agricoles.
  • Cîteaux-l'Abbaye, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cisterciens, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (l'ordre Hospitalier)

Ordre religieux qui remonte jusqu'au XIe siècle, dès l'installation des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d'hôpitaux en Terre sainte, d'où le nom Hospitalier. Avec le temps, l'Ordre devint militaire en plus que d'être hospitalier afin de protéger les pèlerins malades dans leurs hôpitaux et pour combattre les Sarrasins.

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Origène

Docteur chrétien grec, Origène fut né à Alexandrie vers 185 et mourut à Tyr vers 253 ap. J.-C. À un très jeune âge, en 215 il succéda à la tête de la Didascalée à L'École théologique d'Alexandrie. Auteur de plusieurs textes ascétiques, dogmatiques et polémiques, il est considéré comme le père de l'exégèse biblique pour ses Commentaires sur toute l'Écriture sainte et ses Homélies. Il enseignait une doctrine mystique et gnostique, et fut le premier à proposer un système complet du christianisme intégrant les théories néoplatoniciennes. En 250, sous le règne de Dèce, il subit la persécution et la torture, il mourut peu après des suites de ses blessures.
  • Origène, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Origène, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Origene.

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Ovide (en lat. Publius Ovidius Naso)

Poète latin (Sulmona, Abruzzes 43 av. J.-C. – Tomes 17 ou 18 ap. J.-C.) connu pour sa poésie élégiaque. Ses œuvres sont particulièrement diverses : Les Amours, livre de poésie qui parle de son amour pour Corinne évoque un érotisme subtil; Les Héroïdes, de l’autre côté, sont des lettres fictives écrites par des femmes et des hommes légendaires; Les Fards et Les Remèdes à l'amour sont des traités qui satirisent l’élégance de la haute société romaine; Les Fastes portent sur le calendrier romain et les fêtes religieuses. L’œuvre la plus ambitieuse de sa carrière fut les Métamorphoses, poème mythologique comprenant quinze livres, qu’il n’acheva pas. Ovide fut exilé à Tomes (aujourd'hui Costantza) par Auguste, qui trouva immoral le poème L’Art d’aimer, dix années après sa publication.
  • Ovide en lat. Publius Ovidius Naso, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Viarre, Simone, Ovide (~43-17), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.

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Ozias ou Azarias

Roi de Juda pendant 52 ans, au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. Sa vie est décrite dans l'Ancien Testament dans le Deuxiène Livre des Rois et les Livres des Chroniques. Il est aussi mentionné dans le Livre d'Isaïe, le Livre d'Osée, le Livre de Zacharie et dans le Nouveau Testament, Livre de Matthieu.

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Pains de proposition

Dans l'l'Ancien Testament, on appelle pains de proposition, c’est-à-dire de présentation (les pains présentés), ceux que le prêtre déposait chaque sabbat sur la table d’or du sanctuaire où ils restaient exposés jusqu’au sabbat suivant. Il y en avait douze; seuls les prêtres avaient le droit de les manger.
Un jour, Dauid, affamé avec ses hommes, s’en fit donner par le prêtre (1 Samuel 21.1-6), exemple d’indépendance envers la loi rituelle en cas de nécessité.

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Palladios (en lat. Palladius)

Né en Galatie en 363 ou 364, Palladios se rendit en Égypte vers 387 pour connaître les fameux Pères du Désert. En 400 il fut consacré évêque de Hélénopolis en Bithnyie par saint Jean Chrysostôme. Palladios est l'auteur des Dialogues I et II sur la vie de Jean Chrysostome (c. 408) et vers 420 de la Histoire lausiaque (en latin Historia Lausiaca), un recueil de biographies d’ascètes égyptiens et syriens, dédié à Lausus, chambellan de Théodose II.

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Pallas

Dans la mythologie des Grecs, Pallas fut un Géant qui voulait violer Athéna. Ainsi celle-ci le brûla et se fabriqua une cuirasse de la peau écorchée qu’elle portait en combat contre les Géants.
Pallas fut également un surnom de la déesse Athéna. Selon une légende, celle-ci aurait été une fille de Triton, le dieu grec des mers, et une amie enfantine d’Athéna. Pallas aurait été tuée pendant un de leurs jeux. Pour commémorer son amie, Athéna aurait pris son nom et construit le Palladion (en lat. Palladium), statue ayant des propriétés magiques.
  • Pallas, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Panthea

Selon une histoire, probablement fictif, racontée par Xénophon dans sa biographie de Cyrus II le Grand, Panthea était la femme du roi Abradatas. Quand son mari fut tué en bataille, Panthea, inconsolable, se suicida. Cyrus fit ériger un monument en l'honneur de la fidélité du couple, car Abradatas devint l'allié de Cyrus uniquement grâce à la manière dont ce dernier traita Panthea quand elle fut capturée par lui.

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Patriarches

On appelle patriarches plusieurs personnages de la Genèse, membres d’une famille avec laquelle Dieu fonda selon l’Ancien Testament une alliance avec pour but de créer une grande nation. Dans la tradition juive, on identifie cette grande nation avec le peuple juif ; les patriarches sont considérés comme les pères des civilisations juive et chrétienne par les théologiens de ces religions. Les patriarches devaient peupler la terre avec leur descendance.

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Paul de Burgos Paul de Santa Maria

Paul du Burgos (1351-1435) était un juif d'Espagne et un rabbin respecté. Converti au christianisme en 1391, il devint docteur en théologie à l'Université de Paris et l'archévêque de Burgos.

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Pausanias

(Lydie - Rome IIe siècle) Géographe et voyageur grec qui parcourut l'Orient, toute la Grèce et l'Italie avant de s'installer à Rome vers 174. On a de lui sa Description de la Grèce (Periegêsis), œuvre en 10 livres, qui décrit notamment les sites qu'il a visités et des légendes et récits y associés.
  • Pausanias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pharaon de l'Exode

Roi d'Égypte qui refusa de reconnaître le dieu de Moïse et des Israélites.
Selon le livre de l'Exode, le Pharaon d'Égypte refusa de laisser les Hébreux quitter le pays pour honorer leur dieu. Afin de persuader le Pharaon de laisser son peuple partir, Moïse, sous l'ordre de Dieu, invoqua une série de plaies. Après la dixième plaie, le Pharaon céda et agréa la demande des Israélistes.

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Pharisiens

Adhérents au judaisme ancien actifs entre le IIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle après, les Pharisiens n'hésitaient pas à modifier la Loi juive en faisant appel à la tradition de la Torah orale. Les Évangiles les accusaient d'un ritualisme stérile .
  • Pharisiens, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phenenna 

Phenenna était la seconde femme d'Elcana, père de Samuel. Phenenna tourmentait la première femme de celui-ci, Hannah (Hanna, Anna ou Anne), qui était stérile. Hannah pria Dieu de lui accorder un fils qu'elle promit de consacrer à l'adoration de Dieu; Samuel fut né par la suite.
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Rois, livre premier, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Phidias ou Pheidias (en gr. Φειδίας)

Artiste grec vers 490-430. Phidias était sculpteur, architecte, et peintre des œuvres classiques tel que la statue chryséléphantine de Zeus à Olympie, ce qui est considérée comme l'œuvre la plus admirable de l'Antiquité grecque.
  • Phidias, Wikipédia, l'encyclopédie libre(4 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Phidias.
  • Phidias, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phila Ire

Une princesse macédonienne née vers 350 av. J.-C., Phila épousa en secondes noces Démétrios Ier Poliorcète, qui avait 12 ans de moins qu'elle. Cette union dura 33 ans; Démétrios finit par prendre quatre autres épouses, mais c'est Philia qui devint la Reine de Macédoine en 294 quand Démétrios accèda au trône. Démétrios perd son royaume en 288; ne voulant pas survivre à la chute de son mari, Phila s'empoisonne.

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Philippe II d'Espagne

Philippe II d’Espagne (1527-1598) épousa en secondes noces Marie Ire d’Angleterre en 1554, un mariage très impopulaire en Angleterre. Quant Marie mourut sans descendance en 1558, le trône anglais passe à la demi-sœur de cette dernière, Elizabeth Ire.

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Philippe II de Macédoine

Philippe II, roi de Macédoine naquit vers 382. Le troisième fils d’Amyntas III, il fut d’abord régent pour son jeune neveu, mais se proclama roi en 356. Il épousa Olympias, fille de Néoptolème, le roi d’Épire (région montagneuse des Balkans). Les deux donnèrent le jour à Alexandre le Grand. Après avoir été répudiée par Philippe, Olympias, selon certains, aurait instigué son assassinat. Il mourut en 336.
  • Philippe II de Macédoine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Philistins

Peuple ancien vivant sur le littoral de Canaan depuis -1190 av. J.-C., les Philistins sont d’une origine incertaine. Ce peuple domina les autres peuples indigènes, tels les Israélites et les Cananéens (de l’âge du bronze), jusqu’à la triomphe des Israélites sous David. Les livres Juges et I Samuel racontent ces luttes.
  • Philistins, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phillippe III de France, dit Philippe le Hardi

Philippe III (1245-1285), fils de Louis IX (Saint Louis), fut roi de France de 1270 à 1285.

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Philon d'Alexandrie (ou Philon le Juif)

Philosophe grec d'origine juive, Philon reçut une formation hellénique tout en étudiant la Bible et la doctrine hébraïque. Ses écrits se partagent en traités apologétiques et en ouvrages de philosophie. Sa pensée est connue pour une tentative de synthèse et de conciliation entre sa foi monothéiste et la philosophie grecque.
  • Philon d'Alexandrie, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philon_d'Alexandrie.
  • Philon le Juif, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Philostrate

Philostrate l’Athénien fut un orateur et biographe romain de langue grecque du IIe siècle. Il est l’auteur d’une célèbre Vie d’Apollonius de Tyane, une biographie romancée de ce philosophe.

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Phinéas ou Phinées

Fils du grand prêtre Héli et frère d'Hophni. Selon la Bible, Phinéas et Hophni étaient des parangons de vice. Ils finirent par mourir de la main de Dieu lors de la défaite contre les Philistins, en punition de l'irrévérence qu'ils manifestaient en accomplissant leurs tâches sacredotales.
  • Eli (Juges), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eli_(Juges).
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livres des Juges, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Phocion (en gr. Phôkiôn)

Phocion (c. 402-318 av. J.-C.) était un stratège et un orateur athénien du parti aristocratique. Il était connu comme un combattant courageux et en même temps un partisan de la paix et un ambassadeur efficace auprès d'Alexandre et d'Antipatros.
  • Phocion, Wikipédia, l'encyclopédie libre(1 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Phocion.
  • Phocion, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phocis

Phocis était une région ancienne au centre de la Grèce Ancienne. C'est un des sujets du 10e de la Description de la Grèce Pausanias.

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Photios ou Photius

Photius était un théologien byzantin à Constantinople au IXe siècle. L'Église orthodoxe le compte parmi les saints et les Pères de l'Église. Il est l'auteur de plusieurs œuvres, notamment la Bibliothèque de Photius, Amphilochia, Contre les manichéens et Traité sur le Saint-Esprit.
  • Photios Ier de Constantinople, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 décembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Photios_Ier_de_Constantinople.
  • Photios ou Photius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phryné (en gr. Phrunê)

Née à Thespies, Phryné fut joueuse de flûte et la courtisane grecque la plus riche et connue d’Athènes au IVe siècle av. J.-C. Elle aurait servi de modèle pour son amoureux, le sculpteur célèbre athénien Praxitèle, lorsqu'il sculptait ses statues d’Aphrodite. Elle aurait été d’une beauté hors du commun, car, selon la tradition, lorsqu’elle fut accusée d’impiété, le tribunal l’acquitta lorsque son défenseur dévoila le corps de la courtisane.
  • Phryné en gr. Phrunê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Phyllis

Dans la mythologie grecque, Phyllis est la fille d'un roi de Thrace qui épousa Démophon, roi d'Athènes et fils de Thésée et de Phèdre. Démophon rentrait après la guerre de Troie quand il rencontra Phyllis. Malgré leur mariage, Démophon continua sa route, la laissant à Thrace. Phyllis lui remit un coffret en lui disant de ne pas l’ouvrir tant qu’il conserverait l’espoir de revenir auprès d’elle. Démophon ne revenant pas, Phyllis le maudit et se tua. Démophon de son côté ouvrit le coffret, et frappé de terreur, il monta à cheval, s’élançant à bride abattue; il mourut en retombant sur son épée.

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Phèdre (en gr. Phaidra)

En mythologie grecque, la fille de Minos, roi de Cnossos, et de Pasiphaé. Elle était également la sœur d’Ariane et la femme de Thésée, héros de l’Attique et le fils du héros Énée. Phèdre tomba amoureuse de son beau-fils, Hippolyte, qui la repoussa. Anéantie, Phèdre accusa Hippolyte d’avoir cherché à la violenter. Thésée implora la malédiction de Poséidon, dieu grec des mers, qui fit périr ensuite Hippolyte. Peu après, Phèdre se pendit.
  • Phèdre en gr. Phaidra, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Piatti, Girolamo (en latin Hieronymus Platus)

(1545-1591) Théologien jésuite, auteur d'un célèbre Traité du bonheur de la vie religieuse (1601), traduit en français dès 1620.
  • Piatti, Girolamo, Istituto Centrale per il Catalogo Unico delle biblioteche italiane e per le informazioni bibliografice - ICCU Ministero dei beni e delle attività culturali e del turismo, Internet, 22 mai 2014. http://edit16.iccu.sbn.it/web_iccu/ihome.htm.

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Pierius

Curé Catholique et écrivain d'une douzaine de traités religieux. Pierius souffrit pour la foi Catholique et est considéré comme un martyr de l'Église Catholique.

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Pierre Auriol (Petrus Aureolus)

Théologien et philosophe franciscain, on ne connaît pas trop de sa vie avant l'année 1312. Dès 1312, il enseignait au couvent franciscain à Bologne, et ensuite au couvent à Toulouse vers 1314. En 1321, Aureolus fut nommé archevêque d'Aix.

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Pierre Damien (en latin Petrus Damianus, en italien Pier Damiani)

Né en 1002, Pierre Damien était un moine-ermite italien qui devint évêque, puis cardinal. Considéré un saint depuis son décès en 1072, il produisit une œuvre considérable qui consiste surtout en une imposante correspondance (158 lettres), des sermons (75), des hagiographies et des traités.

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Pindare (en gr. Pindaros)

Poète lyrique grec (-518 - v. -438) célèbre pour ses dithyrambes patriotiques, ses odes triomphales, ses hymnes, ses thrènes et ses péans. Il fut admiré par les poètes français de la Renaissance, particulièrement par Pierre de Ronsard.
  • Pindare (en gr. Pindaros), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Platon

(Athènes -428 - -348 av. J.-C.). Étudiant de Socrate qui, comme philosophe, prit part à la formation de la pensée du monde occidental. Il était le fondateur de l'école philosophique, l'Académie, à Athènes (387) où Aristote compta parmi ses élèves. Auteur d'au moins 28 dialogues socratiques, Platon créa un genre littéraire qui le permit d’aborder certains problèmes métaphysiques et philosophiques en combinant le discours rationnel et le langage poétique. Parmi ses dialogues les plus connus on trouve le Timée, La République, Des Lois et Le Banquet.
  • Platon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Plaute (en lat. Titus Maccius Plautus)

(Sarsina v. -254 - Rome -184 av. J.-C.). Poète comique latin, Plaute parvint à assimiler la technique théâtrale des Grecs tels que Ménandre, Philémon et Diphile dans son œuvre, tout en l’adaptant au goût romain. Le public de son temps fut sensible à des personnages plutôt typés qu’à ceux témoignant d’un caractère extrêmement nuancé. Nous n’avons que vingt de ses comédies. Parmi les plus connues sont Amphitryon (Amphitruo), La Comédie de l’âne (Asinaria) et Les Bacchides (Bacchides).
  • Plaute en lat. Titus Maccius Plautus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pline l’Ancien

Pline l’Ancien (23-79) est l’auteur d’une Histoire naturelle, une sorte de bilan du savoir de la Rome antique. Dans ses écrits, Pline présentait beaucoup d'information factuelle concernant la littérature, les arts, la botanique, et la gastronomie.
  • Pline l'Ancien (23-79), Encyclopédie Universalis (2010), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 29 juillet 2010.
  • Pline l'ancien, Wikipédia, l'encyclopédia libre(26 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 octobre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Pline_l'Ancien.

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Plutarque (en gr. Ploutarkhos)

Biographe et philosophe grec de moyen-platonisme (v.46/49 – v.125 ap. J.-C.), Plutarque est l’auteur des Vies parallèles et des Œuvres morales qui traitent la religion, la politique, la pédagogie, l'histoire et la littérature.
Ses Préceptes du mariage (en latin Præcepta connubialia ou Conjugalia praecepta), un petit traité qui fait partie des Œuvres morales, était très connu en France à partir du XVIe siècle grâce à la traduction de Jacques Amyot.
Les Apophtegmes de Plutarque sont souvent cités pendant la période de la première modernité aussi.

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Pluton

Dieu chthonien (chthonien qui renvoie à la terre, par opposition aux dieux célestes) de la mythologie romaine. Il garde les Enfers ainsi que le sol. Il est similaire au dieu grec Hadès.
  • Pluton, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pluton_(mythologie)#Descriptions.
  • Pluton n. f., Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Polyen de Lampsaque (en latin Polyænus)

Philosophe grec originaire de Lampsaque en Asie Mineur, mort en 278 av. J.-C., Polyen avait une formation en géométrie, qu'il abandonna pour devenir un disciple d'Épicure. Son importance dans l'école épicurienne semble être attesté par le fait qu'il fut un des interlocuteurs d'Épicure dans son ouvrage intitulé Le Banquet.

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Pompeia Paulina

Paulina était la femme du philosophe et homme politique Sénèque. En 65, l'empereur romain Néron exigea que Sénèque se suicide, l'accusant d'avoir pris part à une conjuration contre l'empereur. Paulina tenta de mourir avec son mari, mais survit à sa tentative de suicide. Elle ne se remarie pas et reste fidèle à la mémoire de son mari.

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Ponce Pilate (en lat. Pontius Pilatus)

Préfet de la province romaine de Judée de 26 à 36 connu surtout dans le Nouveau Testament comme le juge qui ordonna à contrecœur la cruxifixion de Jésus.
  • Pilate (PONCE) en lat. Pontius Pilatus), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ponce Pilate, Wikipédia l'encyclopédie libre (14 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 juin 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ponce_Pilate.

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Porcia Catonis

Fille de Caton d’Utique, Porcia épousa son cousin Brutus, l'assassin de Jules César. Elle se suicida après avoir appris que son mari s’était donné la mort (-42 av. J.-C.).
  • Brutus en lat. Marcus Junius Brutus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Porcia, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Posidonius (en gr. Poseidônios)

Philosophe grec (Apamée -135 - Rome -51 av. J.-C.), considéré comme l'homme le plus savant de son temps, qui fonda l'école stoïcienne à Rhodes. À part la philosophie, ses traités contribuèrent également aux domaines historique, scientifique et mathématique.
  • Posidonius, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Posidonios.
  • Posidonius en gr. Poseidônios, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Premier Livre des Rois

Livre de l'Ancien Testament qui raconte une partie de l'histoire d'Israël, y compris l'histoire de Samuel et le règne de Saül.

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Procope de Césarée (en latin Procopius Caesarensis

Un historien byzantin, Procope né vers 500 et mort vers 565. Son œuvre est consacrée surtout au règne de l'empereur Justinien.

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Properce (en lat. Sextus Aurelius Propertius)

Poète latin (Ombrie v. -47 - -15 av. J.-C.) connu pour sa thématique de l’amour romanesque et de l’imagination angoissée. Il produisit quatre livres d’Élégies témoignant de son amour pour Cynthie. Selon plusieurs, Properce est le plus personnel des élégiaques de l’époque augustéenne.
  • Properce en lat. Sextus Aurelius Propertius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Prophète Osée

Prophète d’Israël qui vécut au huitième siècle (v. 780-740). Protagoniste du Livre d'Osée de l'Ancien Testament.
  • Osée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Prophètes

L’Ancien Testament de la Bible parle de trois grands prophètes : Isaïe, Jérémie, Ézéchiel. L’Ancien Testament parle également de douze petits prophètes (l’on distingue grand de petit selon la longueur des livres qui portent leur nom) : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie. Le Nouveau Testament ajoute Daniel aux trois grands prophètes.
  • Prophètes (Livre des), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Testament (Ancien et Nouveau), Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 12 mai 2009.

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Proserpine

L'équivalente à Perséphone dans la mythologie grecque. Divinité des Enfers, Proserpine était probablement d'abord une déesse agraire, mais elle fut par la suite assimilée à Perséphone, divinité chtonienne.
  • Proserpine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Perséphone, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Perséphone.

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Protagoras (en gr. ancien Πρωταγόρας)>

Philosophe grec du Ve siècle av.J-C.

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Pseudo-Denys l'Aréopagite

Cet auteur de traités chrétiens de théologie mystique en grec n'est pas à confondre avec Denys l’Aréopagite, converti par saint Paul dans les Actes des Apôtres du Nouveau Testament. Le Pseudo-Denys était probablement un moine syrien qui a vécu vers l'an 500. La rédaction des traités de Denys est fixée entre 485 et 515. Ses œuvres furent traduits en français au XXe siècle et comprennent Les Noms divins, La Théologie mystique , La Hiérarchie céleste, La Hiérarchie ecclésiastique et des Lettres.

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Ptolémée Ier Sôter le Sauveur

(-367 à -283). Roi d'Égypte (-323 à -285). Fils de Lagos, il fut un des principaux généraux d'Alexandre le Grand et reçut l'Égypte en partage à la mort de ce dernier (-323). Entré en rivalité avec les successeurs d'Alexandre, il s'allia à Séleucos Ier contre Antigonos Monophthalmos et battit le fils de celui-ci, Démétrios Ier Poliorcète, à Gaza (-313). La bataille d'Ipsos (-301) lui permit d'établir sa dominsation sur la Palestine, la Cœlésyrie et Chypre. À l'intérieur, il organisa administrativement le pays, y introduisit le culte de Sérapis et fonda en Haute-Égypte la Ptolémaïs qui supplanta Memphis. Il établit sa capitale à Alexandrie et donna à la ville un essor intellectuel et commercial considérable ; il y fit construire le musée et la bibliothèque.
  • Ptolémée Ier Sôter, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pulchérie (en lat. Aelia Pulchéria)

Fille d'Arcadius et d'Eudoxie, née à Constantinople, Sainte Pulchérie fut nommée impératrice d'Orient en 414 à la place de son frère, l'empereur Théodose II. Pour obtenir un appui, Pulchérie se marie avec Marcien, qu'elle proclame empereur.
  • Pulchérie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • PulchérieWikipédia, l'encyclopédie libre (9 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pulchérie.

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Putiphar (ou Potiphar)

Personnage biblique qui apparaît dans le Livre de la Genèse comme officier égyptien et maître de Joseph. La femme de Putiphar tenta de séduire Joseph, mais, comme il ne succomba pas à ses avances, elle accusa Joseph d'avoir tenté de la violer. Par conséquent, Putiphar mit Joseph en prison.
  • Potiphar, Wikipédia, l'encyclopédie libre(14 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Potiphar.
  • Putiphar, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pyrame et Thisbé

La légende des deux jeunes amants babyloniens fut racontée pour la première fois dans les Métamorphoses d’Ovide. Les parents de Thisbé et de Pyrame leur interdirent de s’unir, ce qui poussa les deux à se parler à travers une fissure du mur qui séparait leurs deux maisons. Un soir, les deux décidèrent de fuir ensemble ; ainsi projetèrent-ils de se donner rendez-vous au pied d’un mûrier en dehors de la ville. Lorsqu’arriva Thisbé, elle fut effrayée par une lionne. Elle s’évada, abandonnant son écharpe, que la lionne déchira par la suite. Pyrame, arrivant le second, vit l’écharpe en pièces et pensant que sa bien-aimée avait été dévorée par la lionne, se poignarda. Ensuite, Thisbé, de retour, vit son cher Pyrame mort par terre et se donna la mort de la même épée. Selon la légende, à cause du sang versé sur la terre, les mûres de l’arbre, jusqu’alors blanches, devinrent rouges.
  • Pyrame en gr. Puramos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pythagore (en gr. Puthagoras)

Mathématicien et philosophe grec, Pythagore vécut au VIe siècle. De nos jours, sa vie demeure mal connue. L’on croit qu’il naquit à Samos et qu’il vécut en Italie, où il fonda des communautés savantes qui propageaient une morale ascétique. Son œuvre nous est également mal connue aujourd’hui : aucun de ses écrits ne reste. Ceci dit, on attribue plusieurs découvertes à l’école pythagoricienne, dont la science principale était l’arithmétique. L’arithmétique de cette école est pourtant loin de celle que nous avons aujourd’hui. Celle-là était liée à la religion et au mysticisme : selon cette école, il existe un nombre entier qui correspond à toute chose. Pythagore exerça ainsi une influence sur la musique : certaines des formes géométriques des figures représentant les nombres sont harmonieuses, et l’harmonie musicale provient d’une mise en place de nombres appropriée. De ce fait, Pythagore provoqua une découverte important acoustique concernant la relation entre une corde vibrante et la hauteur du son émis. On attribue plusieurs autres découvertes à l’école pythagoricienne, notamment celle des nombres irrationnels (qui ne sont pas entiers). Pythagore nous est d’abord et avant tout connu pour le fameux théorème de Pythagore qui nous permet de calculer la troisième côté d’un triangle à partir des deux autres.
  • Pythagore en gr. Puthagoras, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pythias la Jeune

Pythias est la fille d'Aristote et de Pythias d'Assos, une biologiste et embryologiste et la première femme d'Aristote. Pythias d'Assos est connue pour avoir fait une grande collection de spécimens vivants et pour avoir collaboré avec Aristote dans l'étude de l'embryologie.

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Pères de l'Église

Depuis le XVIe siècle, l'historiographie moderne appelle Pères de l'Église des auteurs ecclésiastiques, généralement (mais non exclusivement) des évêques, dont les écrits, les actes et l'exemple moral ont contribué à établir et à défendre la doctrine catholique. Ce sont donc des personnages qui se recommandent par quatre caractéristiques : l'ancienneté, la sainteté, l'orthodoxie, l'approbation ecclésiastique.
Il y a quatre pères de l'Église d'Occident : Saint Ambroise, Saint Augustin, Saint Grégoire, Saint Jérôme.

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Pères du Désert

Représentants du clergé de l'Antiquité tardive (IIIe et IVe siècles) qui vécurent dans les déserts de l'Égypte, en hermites.

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Pélagianisme

Doctrine de Pélage et première hérésie de l'Occident chrétien, le pélagianisme est marqué par le stoïcisme et l'affirmation de la création et du libre arbitre aux dépens du péché originel. Par rapport à la vie conjugale, les idées pélagiennes élaborèrent une morale sexuelle du mariage fondée sur la maîtrise de soi (tradition ascétique). La doctrine fut combattue par saint Augustin et condamnée au concile d'Éphèse en 431.
  • Pélagianisme, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Pénélope

Dans l'Odysée d'Homère, Pénélope est l'épouse fidèle par excellence, attendant son mari Ulysse, parti pour la guerre de Troie pendant de longues années, malgré l'insistance de beaucoup de prétendants.

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Pétrone (en latin Petronius Arbiter

Écrivain romain du Ier siècle, Pétrone est l'auteur du roman satirique Satyricon, considéré comme un des premiers romans de l'histoire littéraire.

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Quintilien (en lat. Marcus Fabius Quintilianus)

Rhéteur latin qui vécut entre 30 et 100 ap. J.-C. Sous l’empereur Vespasien, qui régna entre 69 et 79, Quintilien fut maître de rhétorique à Rome. Domitien, le second fils de Vespasien, fit de Quintilien le tuteur de ses neveux. Quintilien fut également l’auteur d’un ouvrage décrivant la formation de l’orateur, l’Institution oratoire. Dans l’ouvrage, qui comprend douze livres, il soutient les théories de l’auteur Cicéron contre celles de Sénèque.
  • Quintilien en lat. Marcus Fabius Quintilianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Quintilien, Wikipédia l'encyclopédie libre (6 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 août 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Quintilien.

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Rachel

Selon le livre de la Genèse (XXIX-XXXV), Rachel était la fille de Laban et l'épouse préférée de Jacob à qui elle n'est accordée, par ruse, que suite au mariage de Jacob et de la sœur de Rachel, Léa. Mère de Joseph et de Benjamin, Rachel meurt sur le chemin du retour du pays de Canaan.
  • Rachel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Rachel, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachel.

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Raffaele Fulgosio (en latin Fulgosius)

Juriste à l'Université de Padoue, Raffaele Fulgosio (1367-1427) fut un intervenant important lors du Concile de Constance en 1414-15. Son œuvre la plus connue est In Justiniani Codicem Commentarii, un commentaire sur le Code Justinien en trois volumes.

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Raguel ou Reuel

Père de Sara et beau-père de Tobie.

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Rahab

Héroïne biblique du Livre de Josué, Rahab était la prostituée à Jericho qui cacha les deux espions de Josué et leur sauva la vie. Elle devint la femme de Salmôn et la mère de Boaz.

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Raulin, Jean

(1443-1514) Théologien français dont le recueil des sermons est publié pour la première fois en 1512.

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Raymond de Capoue (en lat. Raymondus; en it. Raimondo delle Vigne)

Raymond (1318-1399), maître général des Dominicains à partir de 1380, est considéré le deuxième fondateur de l'ordre fondé par Saint Dominique grâce aux réformes qu'il a introduites. Il était le confesseur de Sainte Catherine de Sienne.

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Rebecca

Personnage biblique du livre de Genèse, épouse d'Isaac, mère des jumeaux Esaü et Jacob. Sa grossesse était pénible parce que les deux enfants se battaient dans son sein. Dieu lui prédit que deux nations seront issues de ces deux garçons et que l'ainé servira le cadet. Par la suite, Rebecca aidera Jacob, le plus jeune et son préféré, à usurper la bénédiction qu'Isaac devait donner à Esaü.

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Rhodope

Esclave d’origine de Thrace au VIe siècle av. J-C, Thaïs travailla comme hétaïre (courtisane ou prostituée) à Samos où elle fut la maîtresse d'Ésope avant que Charax ne l'épouse et l'emmène en Egypte.

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Richard de Saint-Victor

Richard de Saint-Victor (1110-1173) était un moine écossais ou irlandais, prieur de l'Abbaye de Saint-Victor à Paris de 1162 à sa mort. Disciple de Hugues de Saint-Victor, Richard promulgua une théologie basée sur l'amour divine et le mysticisme intérieur. Il laissa 33 œuvres derrière lui, dont De la Trinité (en latin De Trinitate est la plus célèbre.

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Robert Gaguin (en latin Robertus Gaguinus)

Gaguin (1433 ou 1434-1501) était un religieux, historien, philosophe humaniste et diplomate français de l'ordre des Trinitaires. Son Compendium de Francorum origine et gestis (La mer des chroniques et miroir historial de France) est une histoire de la monarchie franque, puis française, des origines légendaires du Ve siècle jusqu'en 1500.

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Rodrigo Sánchez De Arévalo (en latin Rodericus Zamorensis ou Rodericus Sanctius)

Évêque, historien et théologien espagnol du XVe siècle (1404-1470), Sánchez De Arévalo était un plein participant à la vie politique de l'Église catholique de son époque et passa plusieurs années à Rome. Parmi ses œuvres l'Historia Hispanica, une histoire de l'Espagne depuis les commencements jusqu'en 1469, est cité par Claude Maillard dans Le bon mariage.

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Rois mages

Selon l'Évangile de Matthieu, ce sont des visiteurs guidés par une étoile "de l'Orient" qui rendent hommage à Jésus lors de sa naissance en lui apportant des présents d'une grande richesse symbolique.

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Romuald Ier de Bénévent

Fils aîné de Grimoald Ier de Bénévent, Romuald (630-687) succéda à son père comme Duc de Bénévent en 662 quand celui-ci part à la conquête de la Lombardie. (Le frère cadet de Romuald, Garibald, succéda à leur père comme roi des Lombards car sa mère était une princesse lombarde.) En 663, Bénévent fut assiégé par l'empereur byzantin Constant II, chassé seulement grâce à l'aide de Grimoald.
Contrairement à son père, Romuald se convertit au catholicisme.

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Romulus

Selon la légende romaine (de -753 à -715 av. J.-C.), Romulus, fils du dieu Mars et de la vestale Rhéa Silva, fut le fondateur et le premier roi de Rome.
  • Romulus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Romulus et Rémus, Wikipédia l'encyclopédie libre (18 juin 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Romulus_et_R%C3%A9mus.

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Royaume de Juda

Royaume formé par la région actuelle de Palestine après la mort du roi Salomon vers 931 av. J.-C. Lorsque Salomon meurt, dix tribus d'Israël se rassemblaient dans le nord pour former le royaume d'Israël tandis que les tribus de Juda et de Benjamin formaient le royaume plus religieusement homogène de Juda autour de Jérusalem au sud. Sa disparition intervint en -587 lors d'une campagne menée par le roi babylonien Nabuchodonosor II contre Jérusalem.
  • Juda (royaume de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Royaume de Juda, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 23 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_de_Juda.

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Royaume des Cieux (Royaume de Dieu ou Règne de Dieu)

Concept théologique du judaïsme, du christianisme, et de l'islam qui forme la base de la prédication de Jésus de Nazareth, qui introduit l'idée chrétienne d'une ère nouvelle de rédemption grâce à sa venue sur terre. Les gens qui y croient auraient accès à la vie éternelle.

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Ruben ou Reouven (en héb. ראובן)

Fils aîné de Jacob et Léa dans le livre de la Genèse, et l'ancêtre d'une tribu située dans le Mishor.
  • Ruben, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ruben (Bible)Wikipédia, l'encyclopédie libre (29 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ruben_(Bible).

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Rufinus de Syrie

Rufinus était un théologien chrétien, un prêtre et un auteur du IVe siècle qui entretint une correspondance avec Saint Jérôme.

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Ruth

Personnage biblique, son histoire fut racontée dans le Livre de Ruth dans l'Ancien Testament. Ruth était une veuve dont l'époux, Malchon, et le père et le frère décèderent dans le pays de Moab. Ruth suivit sa belle-mère à Bethléem où elle épousa Boaz, parent de Malchon. Leur fils, Obed, était le grand-père du roi David.
  • Ruth, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ruth, Wikipédia l'encyclopédie libre (12janvier 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 janvier 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ruth_(Bible).

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Saint Adrien

Martyr à Nicomédie vers l'an 306 et époux de Sainte Natalie. Adrien était officier dans les armées de l'empire et il persécuta les chrétiens sous l'ordre de l'empereur Maximien Galère. Quelques années plus tard, Saint Adrien se convertit au christianisme. Il fut arrêté et torturé à son tour à Nicomédie.
  • Adrien de Nicomédie, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Adrien_de_Nicomédie.
  • Godescard, Jean François, La vie des saints, pères et Martyrs, Paris, Furne et Ce., 1844, p.407.
  • Adrien (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Albert le Grand (en lat. Albertus Magnus

(Lauingen v. 1193 - Cologne 1280). Albert le Grand était un philosophe, théologien et scientifique allemand. Il avait une formation dominicaine et fit ses études comme maître de théologie à l'université de Paris. Ensuite, il enseigna à Cologne. D'une érudition encyclopédique, il fit des commentaires sur la Bible (In psalmos ; In matthaeum), sur la théologie (Commentaire des Sentences ; De mystica theologica), sur le corpus aristotélien (Super duos libros Aristotelis Prihermenias ; Commentarium in De generatione et corruptione) et sur les sciences De secretis mulierum ; De vegetalibus et plantis).
  • Albert le Grand, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_le_Grand.
  • Albert le Grand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Aldhelm

Évêque anglais (vers 639 – 25 May 709) qui mit lui-même en musique ses poèmes anglo-saxons. Ses écrits, hymnes et chants anglo-saxons ont tous disparus, mais ses œuvres latines existent toujours. De ces œuvres, on y trouve un poème en l'honneur des vierges sacrées et un traité sur la virginité.
  • Aldhelm de Sherborne, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aldhelm_de_Sherborne.
  • Aldhelm (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Alexis (l'Homme de Dieu, Alexis de Rome, ou Alexis d'Édesse)

Saint chrétien né vers 411. La légende de sa vie est connue dans La Vie de saint Alexis, un assortiment de poèmes hagiographiques. Il s'embarqua vers la ville d'Édesse où il devint mendiant pendant dix-sept ans. Après il retourna à Rome et fut hébergé par son père qui ne le reconnaissait plus. Il a vécu sous un escalier pendant dix-sept ans, jusqu'à sa mort.

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Saint Amand

Évêque itinérant puis évêque de Maastricht, Saint Amand était l'évangélisateur du nord de la Gaule et est considéré comme le fondateur de l'Église en Belgique. Il est l'apôtre des Flandres et de Hainaut et le patron des corporations de brasseur et des marchands de vin. Il mourut à Elnone vers 679.
  • Amand de Maastricht, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Amand_de_Maastricht.
  • Amand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Ambroise (ou Ambroise de Milan)

Né à Trèves vers 340 ap. J.-C., Saint Ambroise fut évêque de Milan de 374 à 397. Docteur de l'Église, il est l'un des Pères de l'Église d'Occident avec saint Augustin, saint Jérôme et Grégoire 1er. Connu en tant qu'écrivain et poète, il fut aussi l'auteur de plusieurs œuvres et traités d'éthique chrétienne, dont De officiis ministrorum, en 3 livres, qui inclut par exemple De Cain et Abel. Un de ses ouvrages les plus célèbres est la dissertation De Virginibus, sur le virginité. Il meurt en 397.

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Saint Anastase (pape)

Né à Rome, Anastase le 1er fut le 39e pape, de 399 à 401 ap. J.-C. Anastase condamna les donatistes et les sectes hétérodoxes, et décida que les prêtres devaient se lever et tenir la tête inclinée durant la lecture de l'Évangile.
  • Anastase Ier (pape), Wikipédia l'encyclopédie libre (7 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anastase_Ier_(pape).
  • Anastase Ier (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint André (apôtre)

Un des douze apôtres du Christ, André, un Juif de Galilée, est le frère de Saint Pierre. Jésus l'appela à se joindre à lui quand André faisait de la pêche avec son frère, mais en fait André était le premier des apôtres à rencontrer Jésus, alors la tradition ecclésiastique lui donne le titre de Protoclet ou « Premier appelé » (par le Seigneur).

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Saint Anselme (Anselme de Cantorbéry, Anselme d'Aoste, ou Anselme du Bec)

Théologien et philosophe chrétien, il était un des plus grands écrivains mystiques de l'Occident médiéval, et certaines le considère comme le premier penseur scolastique. Il voulait comprendre la foi chrétienne et créa l'argument ontologique en faveur de Dieu.
  • Anselme de Cantorbéry, Wikipédia, l'encyclopédie libre (3 janvier 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 janvier 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anselme_de_Cantorbéry.
  • Anselme (saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Antoine le Grand (Antoine d'Égypte, Antoine l'Hermite, Antoine du Désert)

Né en 251 près d'Héraclée, dans la Haute-Égypte, saint Antoine est considéré comme le fondateur du monachisme chrétien. Sa vie nous est connue par le récit qu'en a fait Athanase d'Alexandrie, qui avait été quelque temps son disciple, vers l'an 360.
  • Pétin, L.-M.,Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 208-216. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 17 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Antoine le Grand, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Antoine le Grand, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 avril 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_le_Grand.

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Saint Antonin de Florence ou Antonino Pierozzi de Forciglioni

Saint Antonin, né en 1389 à Florence, était un dominicain et prélat italien. Il devint archevêque de Florence en 1445. Les principaux écrits de saint Antonin sont Somme théologique, dont il fit un abrégé à l'usage des confesseurs, et Chronique tripartite, un abrégé de l'histoire depuis la création du monde jusqu'en 1458.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 228-232. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 23 janvier 2013. https://gallica.bnf.fr/.
  • Antonin (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Athanase ou Athanase d'Alexandrie (en gr. Αθανάσιος)

Évêque d'Alexandrie et docteur de l'Église chrétienne, Athanase était l'auteur de plusieurs œuvres polémiques et dogmatiques des années 300.
  • Athanase d'Alexandrie, Wikipédia, l'encyclopédie libre(13 janvier 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Athanase_d'Alexandrie.
  • Athanase (Saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Aubert d'Avranches

Évêque d'Avranches mort vers 725. Selon la tradition, Saint Aubert eut trois visions dans lesquelles l'archange Michel lui ordonnait d'édifier une église en son honneur sur l'île rocheuse Mont Tombe sur la côte de la Noramndie. Ainsi, en 709 Aubert fonda le Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-Mer, ou simplement le Mont-Saint-Michel et y installa un chapitre de douze chanoines.

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Saint Augustin (en lat. Aurelius Augustinus)

(Thagiste, auj. Souk-Ahras 354 – Hippone, auj. Annaba 430 ap. J.-C.). Évêque africain, docteur et père de l’Église, Saint Augustin a un impact énorme et durable sur la théologie chrétienne, la philosophie logique et la théorie du sens. Parmi ses nombreuses œuvres les plus éminentes sont Les Confessions (397-401), texte autobiographique introspectf sur le voyage spirituel de l'auteur, et La Cité de Dieu (413-427). Les débats suscités par sa conception de la grâce continuent de nos jours; il insista que la grâce du Christ est un don de Dieu et que ce n'est pas à nous de la gagner par nos actes. Le fait que toute l'humanité est tarée par le péché originel et l'importance de la doctrine de la prédestination a fait de la théologie augustinienne le contrepoids de la théologie jésuite en France sous l'Ancien Régime.
  • Augustin (Saint) en lat. Aurelius Augustinus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Augustin d'Hippone, Wikipédia l'encyclopédie libre (26 mai 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 mai 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d%27Hippone.

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Saint Basile de Césarée ou Basile le Grand (en gr. Basileios)

Né en Césarée de Cappadoce en 329, Basile mourut en 379. Docteur et père de l'Église qui fonda une communauté monastique en Cappadoce. Devenant évêque de Césarée en 370, il combattit contre l'arianisme de l'empereur Valens. Il est égalment l'auteur de plusieurs œuvres monastiques, théologiques et canoniques, y compris l'Hexaméron et le Contre Eunomios (contre l'arianisme).
  • Basile de Césarée, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 décembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Basile_de_C%C3%A9sar%C3%A9e.
  • Basile le Grand (saint) en gr. Basileios, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Benoît de Nursie

Né en 490 en Nursie, Italie, Saint Benoît est souvent vénéré comme patriarche des moines d'Occident. Sa vie n'est connue qu'à travers le récit des Dialogues, II par Grégoire le Grand. En 529 il fonda l'abbaye du Mont-Cassin et il y rédigea sa célèbre Règle Monastique de Saint Benoît en 547. La Règle décrit la vie spirituelle et matérielle des moines ainsi que l'organisation du monastère; elle reste la règle fondamentale des bénédictins.
  • Benoît de Nursie (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Bernard de Clairvaux

Saint Bernard (1090-1153) était moine et le directeur de conscience de l'ordre cistercien. Il devint une des principales personnalités de l'Occident chrétien. C'est un conservateur qui intervenait souvent dans les affaires publiques et conseillait les papes. En 1146, à la demande du pape Eugène III, il prêcha la deuxième croisade. Plus homme d'action et de spiritualité que théologien, il est cependant l'auteur de quelques traités polémiques, de sermons, et de poèmes.
  • Bernard de Clairvaux, Wikipédia, L'encyclopédie libre (3 août 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_de_Clairvaux.
  • Bernard de Clairvaux (Saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Bernardin (ou Bernardin de Sienne)

Prêtre franciscan (1380-1444) et un prédicateur important dont les sermons publiés avaient une grande influence au Moyen Âge et à la Renaissance.

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Saint Bonaventure (surnommé le Docteur séraphique)

Théologien italien (1221-1274) et Docteur de l'Église. Saint Bonaventure (Giovanni di Fidanza) s'inscrit dans la lignée augustinienne. Comme philosophe et mystique, Saint Bonaventure est aussi l'auteur de plusieurs œuvres, tel que l'Itinéraire de l'âme vers Dieu.
  • Bonaventure (saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 455-462. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 10 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Cyranides, Wikipédia l'encyclopédie libre (19 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bonaventure_de_Bagnoregio.

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Saint Cyprien de Carthage (en lat. Thascius Caecilius Cyprianus)

Écrivain latin chrétien et Père de l'Église né vers 200, mort en 258, il fut nommé évêque de Carthage en 248. Il prêcha l'indulgence en faveur des chrétiens qui avaient abjuré. Il laissa plusieurs œuvres dont Des faillis, De l'unité de l'Église, des Lettres, précieux témoignage de leur temps, et De habitu virginum, ou Les habits des vierges, qui doivent être simples et modestes.
  • Cyprien (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cyprien de Carthage, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 septembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyprien_de_Carthage.

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Saint Cyrille (ou Cyrille d'Alexandrie)

Un évêque d'Alexandrie et un des Pères de l'Église. Cyrille fut neveu et successeur de Théophile, et un saint chrétien.

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Saint Denys l'Aréopagite

Selon les Actes des Apôtres, Denys fut le converti de Paul et le premier évêque d'Athènes.
Il est surtout connu pour la fausse attribution des traités chrétiens de théologie mystique écrits par le Pseudo-Denys l'Aréopagite. En dépit de sa fausseté, l'attribution fut significative. À l'époque, emprunter le nom d'un personnage pour lui attribuer une œuvre était une manière de la situer dans un courant de pensée, ainsi l'attribution représente-t-elle une des tentatives faites par l'Église de réconcilier le message évangélique et la tradition néoplatonicienne.

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Saint Denys ou Denis (en lat. Dionysius, surnommé l’Aréopagite)

Évêque et martyr, membre du célèbre tribunal de l’Aréopage, qui siégeait à Athènes. Il fut converti par l’apôtre Paul, lorsque celui-ci vint, en 51, prêcher l’Évangile à Athènes. Il devint ensuite le premier évêque de cette ville et il y fut martyrisé vers l’an 95, pendant la persécution de l’empereur Domitien.

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Saint Deusdedit

Deusdedit était un laboureur romain dont les vertus et la charité étaient reconnus dans les Dialogues de Grégoire le Grand et dans la Martyrologie romaine. Chaque samedi il distribuait aux pauvres ce qu'il a pu gagner pendant la semaine. Il mourut vers la fin du Ve siècle.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 739. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 23 juillet 2020. https://gallica.bnf.fr/.

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Saint Dominique

Prédicateur castillan né vers 1170, Dominique de Guzman est le fondateur de l'ordre des Prêcheurs appelés couramment les « dominicains ». Il étudia la théologie et la philosophie avant d'entrer comme chanoine régulier au chapitre d'Osma. Après un voyage à Rome en 1205, il passa par l'Occitanie et y rencontra l'hérésie cathare et pour concurrencer les institutions cathares il fonda un monastère de femmes à Prouille. Dominique suivit les croisades mais ne prit aucune part à la guerre; il obtint un grand nombre de conversions par la persuasion et la prédication. À son retour il s'établit à Toulouse avec quelques compagnons de mission et se mit à prêcher dans tout le territoire. Après les réticences d'Innocent III, l'ordre des Prêcheurs fut approuvé officiellement par pape Honorus III en 1216. Il mourut en 1221 à Bologne, et fut cannonisé peu après en 1234.
  • Dominique de Guzmán , Wikipédia l'encyclopédie libre (11 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_de_Guzmán.
  • Dominique (Saint) [Domingo de Guzmán], Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Elzéar ou Elzéar de Sabran (en lat. Elzearius)

Saint Elzéar, comte d'Arian, né en 1285 à Robians, dans le diocèse d'Apt, épousa Delphine de Glandèves en 1299. Elle imposa un mariage virginal à son époux; Elzéar et Delphine firent d'un commun accord leur vœu de chasteté en 1316.
Parmi ses charges politiques, il fut régent du Royaume de Naples. Elzéar fut canonisé en 1369.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 839-843. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 21 janvier 2013. https://gallica.bnf.fr/.
  • Elzéar de Sabran, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 septembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 janvier 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Elzéar_de_Sabran.

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Saint Euthyme le Grand 

Abbé en Palestine, né en 377 à Mélitène, dans la province de Petite-Arménie, et mort le 20 janvier 473. Il est le père et le fondateur du grand mouvement monastique qui allait remplir le désert de Palestine. Il passa soixante-sept ans dans la solitude et mourut célèbre par son humilité, sa charité et son observance de la règle monastique.

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Saint François d'Assise

Moine catholique italien et fondateur de l'ordre des frères mineurs, une organisation catholique pour les hommes qui ne pouvaient pas suivre la vie nomade de prédicateurs. Ces hommes suivaient, alors, les lois de Saint François. C'est le patron des animaux et de l'environnement.
  • Francis of Assisi, Wikipédia, l'encyclopédie libre(10 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://en.wikipedia.org/wiki/Francis_of_Assisi.
  • Franciscan, Wikipédia, l'encyclopédie libre(12 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2013.https://en.wikipedia.org/wiki/Franciscan.
  • François d'Assise, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Fulgence

Né à Thelepte vers 467, Saint Fulgence était un fonctionnaire, un moine et puis l'évêque de Ruspe. Il professa l'augustinisme et défendit le christianisme orthodoxe dont la doctrine ne s'était pas encore affermie dans la région de Byzacène (de nos jours la Tunisie). Lors son exil en Sardaigne par le roi Thrasamund, il fonda le monastère de Cagliari et écrivit plusieurs ouvrages théologiques pour instruire les chrétiens d'Afrique, dont un recueil de 18 lettres sur différentes questions de morale.
  • Fulgence de Ruspe, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 avril 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 2 avril 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fulgence_de_Ruspe.
  • Fulgence (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Grégoire 1er (le Grand)

Né vers 540 ap. J.-C., Saint Grégoire le Grand était un docteur de l'Église et le 64e pape. Il est l'un des quatre Pères de l'Église d'Occident (avec Saint Ambroise, Saint Augustin et Saint Jérôme). Grâce à lui, la papauté devint la principale puissance de l'Occident. Il fut l'auteur des Moralia in Job, des Dialogues et de la Regula pastoris, traité d'administration de l'Église. C'est à lui que l'on doit le nom de "chants grégoriens". Mort le 12 mars 604.
  • Grégoire Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Grégoire_le_Grand .
  • Grégoire Ier Le Grand (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Grégoire de Nazianze

Saint Grégoire (v.330 – v.390), docteur de l'Église et archevèque de Constantinopole, fut surnommé le Théologien à cause de sa profonde connaissance de la religion chrétienne. Il est l'auteur de deux discours Contre Julien (l'Apostat) et de cinq Discours théologiques dans lesquels il développe la théologie chrétienne et principalement la nature divine de l'Esprit Saint comme personne de la Trinité. Sur la fin de sa vie, il composa des poèmes sur des sujets de piété, afin de contribuer à l'édification des fidèles.
  • Grégoire de Nazianze, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 juin 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grégoire_de_Nazianze.
  • Grégoire de Nazianze (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Godescard, Jean François, La vie des saints, pères et Martyrs, Paris, Furne et Ce., 1844, p.216-218.

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Saint Jacques, dit le Majeur

L'un des douze disciples de Jésus Christ qui serait mort par le sabre sur ordre d'Hérode Agrippa Ier (Actes des Apôtres 12, 2). Il est considéré comme l'apôtre de l'Espagne car, selon une légende, son tombeau se trouverait dans la ville de Compostelle en Galice.
  • Jacques de Zébédée, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_de_Z%C3%A9b%C3%A9d%C3%A9e.
  • Jacques (saint) dit le Majeur, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Jean Chrysostome

Docteur de l'Église et prêtre d'Antioche vers 349 ap. J.-C. ; c'est un saint de l'Église catholique romaine, de l'Église orthodoxe et de l'Église copte. Il devint célèbre pour sa prédication et son éloquence, d'où vient son surnom de Chrysostome, en grec chrysóstomos, littéralement Bouche d'or. Cependant, son œuvre, qui comporte des traités ascétiques et un grand nombre d'homélies, ne supporta ni le luxe du haut clergé ni l'adultère de l'impératrice, ce qui lui valut d'être enfin exilé en 404.
  • Jean Chrysostome, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Chrysostome, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Chrysostome.

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Saint Jean Damascène

Né vers 696 ap. J.-C., Jean Damascène fut un Père de l'Église grecque à Damas. Il est l'auteur de plusieurs traités doctrinaux importants. Dans son œuvre Source de la connaissance, il défendit les vérités philosophiques contre le scepticisme, et dans De fide orthodoxa il se lança dans une controverse avec l'Islam, qu'il classa parmi les hérésies. Il mourut le 4 décembre 749, et fut déclaré docteur de l'Église catholique par le pape Léon XIII en 1890.
  • Jean Damascène, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Jean Damascène, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 octobre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Damascène.

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Saint Jean l'Aumônier

Jean l'Aumônier, patriarche d'Alexandrie, naquit vers l'an 556 à Amathonte en Chypre, dans une famille noble et riche. Il s'engagea de bonne heure dans l'état du mariage, mais ayant perdu sa femme et ses enfants, il résolut de renoncer entièrement au monde. Il entra alors dans l'Église et déménagea à Alexandrie en Égypte, où il fut nommé archevêque et patriarche de la ville en 608. Dès son arrivée, il recensa les pauvres et les sans domicile fixe. Jean les logea tous dans son palais patriarcal et la nourriture ne manqua jamais grâces aux prières et miracles de celui-ci. Lors de l'invasion de la Palestine par les Perses, de nombreux réfugiés vinrent se cacher à Alexandrie. Jean les accueillit chez lui avec un grande générosité. Les Perses ayant envahi l'Egypte, saint Jean, afin d'échapper à leur fureur, s'embaraqua pour l'île de Chypre. Il mourut à Amathonte, vers l'an 619, âgé de soixante-quatre ans.

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Saint Jean l'Évangéliste (Apôtre)

Un des douze  principaux apôtres, on l'appelle Jean l'Apôtre, Jean l'Évangéliste, Jean le Théologien, ou Le disciple que Jésus aimait pour le distinguer de Jean le Baptiste. Saint Jean avait été choisi vierge et resta vierge toute sa vie. Selon saint Jérôme, cette pureté lui mérita la garde de Marie, la mère de Jésus. Saint Jean assista à la Transfiguration et à la Passion, et accéda avec saint Pierre au tombeau vide. Saint Jean mourut à Éphèse, âgé d'environ quatre-vingt-quatroze ans. La tradition lui attribue la quatrième Évangile, trois épîtres, et l'Apocalypse.

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Saint Jean-Baptiste

Saint-Jean Baptiste (aussi appelé le Baptiste) fut un prophète juif. Les Évangiles reconnurent en lui certaines qualités chrétiennes ; ainsi fut-il surnommé le Précurseur. Il vécut dans le désert (possiblement celui de Juda) et trouva des disciples, leur prêchant la conversion intérieure et annonçant la venue prochaine du Messie. Selon Marc I,IX Jésus fut baptisé par lui dans l’eau du Jourdain, où il pratiquait d’habitude le baptême. Il mourut par décollation (décapitation) sur un ordre donné par Hérode Antipas, comme demandé par Salomé (princesse juive). Elle aurait dansé devant Antipas, son oncle, et demanda la décollation comme récompense.
  • Jean-Baptiste (saint) ou le Baptiste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Joachim

Époux de sainte Anne et père de la Vierge Marie, selon la tradition catholique et orthodoxe. L’Écriture sainte ne fait de lui aucune mention formelle. Il aurait vécu au premier siècle.

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Saint Joseph

Dans l'Évangile, Saint Joseph est l'époux de Marie et père nourricier de Jésus. Il est présenté comme un homme justequi a accepté d'accueillir Marie et son enfant suite au message de l'ange.
  • Joseph (Nouveau Testament), Wikipédia l'encyclopédie libre (30 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_(Nouveau_Testament).
  • Joseph (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Julien l'Hospitalier

Martyr et époux de sainte Basilisse. Un jour, rentrant de la chasse, Julien trouva donc dans son lit un homme et une femme, qu'il pensa être sa femme et un amant; il les tua tous les deux. Mais c'étaient ses parents, dont la mort de sa main avait été prédit.
Julien s'enfuit et vit dans la pauvreté. Les deux époux finirent par consacrer tous leurs biens à des œuvres de charité et firent de leur maison une espèce d'hôpital pour les pauvres et les malades. Julien fut martyrisé, vers l'an 313, sous l'empereur Maximin II. Il est notamment le patron des charpentiers, des hôteliers et des passeurs.

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Saint Justus Orgelitanus (ou Urgellensis)

Justus fut le premier évêque d'Urgell, un comté de Catalogne, entre 526 et 546, approximativement. Son ouvrage le plus connu est un commentaire sur La cantique des cantiques.
  • Oliver A. Taylor, Catalogue of the Library of the Theological Seminary in Andover, Mass, Andover, Gould and Newman, 1838, p. 253. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.
  • Catalogue of the Printed Books in the Library of the Faculty of Advocates,, vol. 4, Edinburgh and London, William Blackwood and sons, 1876. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.
  • James Darling, Cyclopaedia Bibliographica: A Library Manual of Theological and General Literature, vol. 2, London: J. Darling, 1854, p. 1703. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.
  • J. Doujat, Histoire du droit canonique, Paris, Michel Petit, 1675. Livre numérique Google, Internet, 22 mars 2018.https://books.google.ca/.

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Saint Jérôme

Ce Père de l’Église, qui vécut de 342 à 420, connu pour son rigorisme, mena une vie austère, d’abord en ermite dans le désert en Syrie. Après un séjour à Rome pour établir la Vulgate, la première version latine de la Bible, il passa les trente dernières années de sa vie isolé dans un monastère en Palestine.
En 393, il écrit un traité polémique Contre Jovinien (en lat. Adversus Jovinianum), où il critique les thèses du moine Jovinien, qui était un opposant de l'ascétisme chrétien au IVe siècle.
On a aussi un recueil de ses Epîtres.
  • Saint Jerôme, 342-420, Le dossier pédagogique, Bibliothèque nationale de France, Internet, 21 janvier 2010.
  • Jérôme de Stridon, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jérôme_de_Stridon.

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Saint Laurent Justinien

Né en 1381 à Venise, Saint Laurent Justinien était un religieux catholique italien au XVe siècle. Il fut l'évêque de Castello et le premier patriarche de Venise. Considéré comme un grand réformateur, il est l'auteur des Degrés de la perfection. Il mourut en 1455 et fut canonisé en 1690 par le Pape Alexandre VIII.
  • Laurent Justinien, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Justinien.
  • Laurent Justinien (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Luc (Apôtre)

Auteur du troisième Évangile, Luc est identifié avec le compagnon de saint Paul de L'Épître aux Colossiens, (IV:XIV). En plus, la tradition lui attribue les Actes des Apôtres.
  • Luc (saint) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Macaire d'Alexandrie 

Saint Macaire, né vers 293, était confiseur à Alexandrie. À l'âge de 40 ans, il décida de devenir moine au désert auprès d'Antoine. Devenu prêtre, Macaire était célèbre pour ses austérités extraordinaires et ses exploits ascétiques. À partir de 335 et pendant sept ans, il ne vécut que de légumes et d'herbes crues. La rigueur de son ascèse le fit reconnaître. Il vécut une soixantaine d'années au désert et mourut en 393. On a de saint Macaire un Discours sur la mort des justes, et on lui attribu aussi les Règles des Moines, ouvrage qui se trouve dans le Codex regularum.

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Saint Marc

Un des douze apôtres choisis par Jésus-Christ. L'Évangile selon Marc est le deuxième des quatre évangiles du Nouveau Testament, et aussi le plus bref et le plus ancien de ces livres bibliques, centré sur la vie adulte de Jésus.
  • Évangile selon Marc, Wikipédia, l'encyclopédie libre (24 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 janvier 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Évangile_selon_Marc.
  • Évangile (Marc), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Martin de Tours (surnommé Saint Martin le Miséricordieux

Évêque de Tours, né à Sabarie dans la Pannonie, en 316, et mort à Candes en 397. Il est un des principaux saints de la chrétienté et le premier saint à être vénéré sans avoir subi le martyre. Sa Vie par son disciple Sulpice Sévère répandit son culte dans toute la Gaule ; son tombeau devint le centre d'un important pélerinage.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 425-432. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 5 juillet 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Martin de Tours, Wikipédia l'encyclopédie libre (4 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 juillet 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Martin.

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Saint Matthieu

Appelé Lévi par Marc et Luc, Matthieu est l'un des douze apôtres. Son évangile est le premier des quatre évangiles canoniques; il raconte la passion, l'envoi en mission, la mort et la résurrection du Christ selon la perspective de Matthieu en s'appuyant beaucoup sur l'Évangile selon Marc.
  • Évangile selon Matthieu, Wikipédia l'encyclopédie libre (25 septembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 28 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Évangile_selon_Matthieu.
  • Matthieu (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Nicostrate

Chef de la Cour Impériale à Rome dans la seconde moitié du troisième siècle et mari de Sainte Zoe. Nicostrate fut emprisonné par l'empereur Dioclétien après avoir été converti au christianisme par saint Sébastien. Nicostrate fut torturé et jeté dans la mer avec Claude, Castor et Victorin.
  • Godescard, Jean François, La vie des saints, pères et Martyrs, Paris, Furne et Ce., 1844, p.45-46.

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Saint Paul

Paul naquit à Tarse (ville de l’ancienne province romaine Cilicie en Turquie) environ 5 av. J.-C. Il fut un des douze apôtres du Christ et il travaillait en particulier auprès des non-juifs, ce qui lui a donné le surnom l’Apôtre des gentils. Nous connaissons son travail grâce aux Actes des Apôtres et à ses quatorze Épîtres. Juif fervent, nommé Saül, il commença par lutter contre le christianisme, pourtant, à cause d’une vision du Christ sur le chemin de Damas, il changea d’avis et se convertit. Dès lors, il fit trois voyages missionnaires en Asie Mineure, Macédoine et Grèce pour fonder d’autres communautés proto-chrétiennes. Il fut accompagné pendant ces voyages par les apôtres Barnabé et Marc et par les compagnons Timothée, Tite et Silas. Paul fut arrêté à Jérusalem, incarcéré et ensuite transféré à Rome où, selon la tradition, aurait été exécuté (vers 62 ou 64 ap. J.-C.).
  • Paul (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Pierre

Dans les Evangiles de la Bible, Pierre est le principal apôtre. Jésus qui lui donna son nom de Képhas Pierre : Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église (Matthieu XVI, 18) ; jusqu’alors, Pierre s’appelait Simon et il était un pêcheur sur le lac de Tibériade en Galilée. Pierre fut le premier à suivre Jésus, avec son frère, André. Tous les deux devinrent ensuite des apôtres. Pierre assista à plusieurs miracles religieux et événements majeurs pendant sa vie, notamment la Transfiguration, la Passion et l’arrestation de Jésus. Il vit également le tombeau de Jésus vide; par la suite, avec les douze autres apôtres, il assista à l’apparition du Christ dans la grotte. Selon Jean XXI, 15-17, Pierre devint le chef de l’Église de Jésus après la Résurrection. En outre, selon la Tradition Catholique Romaine, il aurait été le premier évêque de Rome. En 64, sous Néron, il fut martyrisé. On attribue à Pierre deux Épîtres canoniques, écrites sous son nom.
  • Pierre (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Pierre Chrysologue ou Pierre de Ravenne

Né à Imola dans la Romagne, saint Pierre Chrysologue, c'est-à-dire « qui parle d'or », fut théologien et archevêque de Ravenne vers l'an 433 jusqu'à sa mort, en 450.

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Saint Prosper d'Aquitane

Théologien, moine et écrivain chrétien né en Aquitaine vers 390, Saint Prosper était un disciple de Saint Augustin d'Hippone. Il prit le parti d'Augustin contre les pélagiens et il se mit à propager sa pensée et sa doctrine à Rome. Il y mourut entre 455 et 463. Ses œuvres principales sont Sur la vocation des gentils et la Chronique.
  • Prosper d'Aquitane, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Prosper Tiro, Wikipédia l'encyclopédie libre (2 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Prosper.

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Saint Rupert de Salzbourg

Né vers 660 ap. J.-C., Saint Rupert fut le premier évêque de Salzbourg en Autriche. D'une famille mérovingienne, il fut nommé évêque de Worms vers 697 avant de partir évangéliser la Bavière. En 699 le duc Théodon de Bavière lui donna les restes ruinés de la ville de Juvavum, aujourd'hui Salzbourg, et il y érigea la première église dans la région, l'église de saint Pierre, ainsi que le premier monastère. Selon la tradition, Rupert instaura l'exploitation du sel à Salzbourg, ce qui donna à la ville son nouveau nom. Il est considéré comme l'apôtre de la Bavière, de la Carinthie et de l'Autriche.

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Saint Sévère de Ravenne (en lat. Severus de Ravenna)

Un pauvre homme du IVe siècle, Sévère fut désigné par un colombe qui atterit trois fois sur son épaule au moment où il regardait l'élection pour le nouvel évèque de Ravenne. Le peuple considéra que c'était Sévère qui devait être élu. Sévère décéda en 348.

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Saint Thomas (surnommé Didyme)

Un des douze apôtres des Évangiles, la légende lui fait l'évangélisateur des Indes. Dans l'Évangile selon saint Jean, Thomas refuse de croire à la résurrection de Jésus avant d'avoir touché ses plaies; il devint ainsi symbole de la persévérance de la foi face au doute religieux. Selon la légende, il meurt martyr à Mylapore, près de Chennai.
  • Thomas (apôtre), Wikipédia l'encyclopédie libre (24 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 novembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_(apôtre).
  • Thomas (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saint Thomas d’Aquin

Thomas d'Aquin (c. 1224-1274) est célèbre pour son œuvre théologique et philosophique. Considéré comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, canonisé en 1323, il fut proclamé docteur de l'Église en 1567. Son ouvrage le plus célèbre est sans doute sa Somme théologique écrit entre 1266 et 1273 et resté inachevé, mais il publia de son vivant beaucoup d'autres ouvrages.

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Saint Théophylacte d'Ohrid

Père de l'Église orthodoxe du XIIe siècle, Saint Théophylacte fut né sur l'île d'Euripe en Eubée vers 1054. Théologien et orateur inspiré et professeur de rhétorique à l'académie patriarcale, Théophylacte fut consacré évêque d'Ohrid dans l'empire de Bulgarie-Macédonie par l'empereur de Byzance. Il fut métropolite de l'Église de Bulgarie durant 25 ans. Grand érudit et commentateur de l'Écriture, il fit une exégèse complète du Nouveau Testament ainsi que des commentaires sur le texte grec des Psaumes et sur les Prophètes de l'Ancien Testament.

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Saint Timothée

Timothée vécut à Lystres, en Asie Mineure, au premier siècle. Selon les Actes des apôtres 17, il accompagna Paul pendant ses deux derniers voyages missionnaires. Il mourut à Éphèse (une cité d’Ionie, en Turquie). Il est le destinataire de deux Épîtres pauliennes.
  • Timothée (saint), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Timothée de Lystre, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 juin 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 juillet 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Timoth%C3%A9e_de_Lystre.

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Saint Tite

Apôtre du Christ d'origine grecque, Tite fut collaborateur et compagnon de Saint Paul pendant la 1ère siècle AD. Connu pour sa clarté et sa fermeté comme diplomat, Tite joua un rôle éssentiel en ramenant la paix dans l'Église de Corinthe. Il contribuait aussi à l'organisation de l'Église crétoise, où Paul lui ordonna comme évèque. Il est célébré le 25 août par l'Église orthodoxe et le 26 janvier par l'Église catholique, avec son contemporain Saint Timothée.

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Saint Valérien

L'un des quarante martyrs de Sébaste en Arménie, souffrit diverses tortures pendant la persécution de l'empereur Licinius, et fut ensuite condamné, ainsi que ses compagnons, à être exposé nu sur un étang glacé où ils moururent presque tous de froid. Comme ceux qui vivaient encore ne pouvaient plus marcher, à cause de l'engourdissement de leurs membres, on les chargea sur des voitures pour les conduire à un bûcher où leur corps furent livrés aux flammes, l'an 320. 10 mars. 
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 1222. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 3 décembre 2012. https://gallica.bnf.fr/.

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Saint Zacharie (père de Saint Jean-Baptiste)

Prêtre juif et miraculeusement père de Saint Jean-Baptiste, malgré la stérilité de sa femme Élisabeth. L'histoire de Saint Zacharie et Sainte Élisabeth paraît dans l'Évangile de Luc.

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Saint Étienne

L'un des sept premiers diacres choisis par les apôtres (Actes des Apôtres 6, 1-6) considéré comme le premier martyr chrétien.

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Saint-Esprit (Esprit saint ou l'Amour du Père et du Fils)

Dans le christianisme, le Saint-Esprit est l'Esprit de Dieu et la troisième personne de la Trinité. Dans le Nouveau Testament, on dit que le Saint-Esprit diffère du Père et du Fils et avec eux forment tous les trois un seul Dieu. Le dogme de la Trinité a été formulé progressivement, mais il tire son origine lors des conciles anciens; particulièrement, le premier concile de Nicée.

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Sainte Agnès

Sainte Agnès de Rome (209-303 ap. J.-C.) était une vierge et martyre dont l'histoire est racontée par saint Damase, saint Ambroise et d'autres. À l'âge de douze ans, ayant refusée les avances du fils d'un préfet romain puisqu'elle était chrétienne et promise à Jésus-Christ, Agnès fut enfermée dans un lupanar. Lorsque le fils du préfet vint la conquérir, un démon l'étrangla et il mourut. Son père, le préfet, ordonna qu'Agnès soit brulée mais le feu l'épargna et tua le bourreau. Enfin Agnès fut égorgée. Elle est la patronne de la chasteté, des couples, de la pureté corporelle, des filles, des victimes de viol et des vierges.

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Sainte Aldegonde

Sainte et abbesse Franque, né vers 630, Aldegonde est la patronne du cancer et des plaies. Elle est la Sainte la plus reconnue des Saints Mérovingiens. Elle fit construire l'Abbaye de Mauberge entre 659 et 661, s'étant consacrée à Dieu suite à son refus de se marier. Elle mourut en 684 d'un cancer au sein.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 93-94. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 8 avril 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Aldegonde, Wikipedia, the Free Encyclopedia (6 mars 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 mars 2012. https://en.wikipedia.org/wiki/Aldegonde.

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Sainte Anne

Épouse de saint Joachim et mère de la sainte Vierge Marie. On ignore les détails de sa vie et l’année de sa mort, mais elle aurait vécu au premier siècle. L’Écriture sainte ne fait d’elle aucune mention formelle.

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Sainte Barbe (en lat. Barbara)

Vierge et martyre à Nicomédie, en l'an 235, pendant la persécution de l'empereur Maximin Ier. Elle fut emprisonnée pour la foi et subi la torture des lampes ardentes. Ensuite, on lui brûla certaines parties du corps et on lui coupa les mamelles, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Elle fut enfin décapitée par son père, Dioscore.

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Sainte Basilisse

Originaire d'Égypte, elle épousa saint Julien l'Hospitalier. Sainte Basilisse demeura vierge à partir du jour de leur mariage. Saint Julien et sa femme prenaient soin des malades qui résidaient dans leur maison qui fût transformé en hôpital.

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Sainte Blésille

Fille de Sainte Paule et sœur de Sainte Eustochium, elle devint comme elles une disciple de Saint Jérôme une fois devenue veuve à l'âge de 18 ans. Blésille n'a pas eu l'occasion de suivre Jérôme dans le désert comme sa mère et sa sœur parce qu'elle pratiquait le jeûne comme discipline spirituelle de façon si stricte qu'elle s'affaiblit et finit par mourir à l'âge de 20 ans.

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Sainte Brigitte de Suède

Née en 1303, cette mère de huit enfants devient veuve en 1344 de son mari le prince Ulf Gudmarson. Retirée dans un l'abbaye suédois de Wadstena, qu'elle fonda, elle finit par s'établir à Rome, où elle se consacre à des pèlerinages, une vie d'intense apostolat et de prière assidue. Renommée pour ses prophéties, elle n'hésita pas à donner ses avis politiques sur la gouvernance des états. Décédée en 1373, elle a travaillé de son vivant pour l'unité au sein de l'Église catholique.

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Sainte Catherine de Gênes

Mystique italienne et veuve, née à Gênes en 1447, morte le 14 septembre 1510. Elle est l’auteur d’un Traité sur le Purgatoire et un Dialogue où elle insiste particulièrement sur la nécessité de la mortification universelle et de l’humilité parfaite.

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Sainte Catherine de Sienne

Née à Sienne en 1347, Catherine était une mystique italienne du tiers ordre de Saint-Dominique qui exerça une grande influence sur l'histoire de la papauté et sur l'Église Catholique. Elle se fit connaître par sa passion et les phénomènes mystiques et elle réunit vite un cercle de disciples. Catherine accomplit deux missions à Avignon avec l'aumônier des dominicains en tant qu'ambassadrice de Florence et son influence auprès du pape Grégoire XI jouait un grand rôle dans sa décision de quitter Avignon pour Rome en 1377. Pendant le grand Schisme d'Occident elle écrivit de nombreuses lettres aux princes et cardinaux pour promouvoir l'obéissance au pape Urbain VI.
Elle mourut en 1380. Publié en 1472, son œuvre principale, Le Dialogue de la Divine Providence, est un ensemble de traités spirituels écrits sous forme d'un dialogue entre elle et Dieu. L'Église reconnut sa grande influence et l'importance théologique de ces écrits. Elle fut canonisée en 1461, déclarée sainte patronne de Rome en 1866 et de l'Italie en 1939, et (avec Thérèse d'Avila) elle fut la première femme déclarée Docteur de l'Église en 1970.
  • Catherine de Sienne, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 22 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Catherine_de_Sienne.
  • Catherine de Sienne (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pétin, L.-M.,Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 531-537. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 1 mai 2013. https://gallica.bnf.fr/.

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Sainte Cunegonde (ou Kinga) de Pologne

Fille du roi d'Hongrie Béla IV et reine de Pologne qui fut mariée à Boleslas le Pudique en 1239. Cunegonde servait elle-même des pauvres dans les hôpitaux en Pologne.

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Sainte Cunégonde de Luxembourg

Impératrice germanique née vers 975 et morte le 3 mars 1033 ou 1039 à Kaufungen. Elle épousa en 998 le duc Henri de Bavière qui devint l'empereur Henri II et fut plus tard canonisé. Comme les époux laissèrent une réputation de piété et qu'ils n'eurent pas d'enfant, une légende tardive veut qu'ils aient fait vœu de continence au soir de leurs noces. À la mort de son mari, sainte Cunégonde se retira à l'abbaye de Kaufungen qu'elle avait fondée.
  • Cunégonde (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Cunégonde de Luxembourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 mars 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cunégonde_de_Luxembourg.

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Sainte Cécile (Cécile de Rome ou Sainte Aziliz)

Sainte chrétienne connue par une légende de la fin du Ve siècle. Elle était fiancée à Valérien mais elle le convainquit de respecter sa décision de démeurer vierge et le convertit dans la chambre nuptiale. Les deux sont devenus martyrs.
  • Cécile de Rome, Wikipédia, l'encyclopédie libre(20 janvier 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Cécile_de_Rome.
  • Cécile (sainte), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sainte Delphine

Delphine de Glandèves (ou de Sabran), née en 1283 à Pui-Michel dans les Alpes provençales, fut l'épouse de Saint Elzéar, comte d'Arian. Le jour de leurs noces, Elzéar et Delphine s'engagèrent, d'un commun consentement, à passer toute leur vie dans la continence. Veuve en 1323, Delphine continua à vivre à la cour de Naples où pendant 17 ans elle fut la confidente de la reine Sancia.
Bien que désignée comme une sainte dans l'imaginaire populaire, Delphine ne fut jamais canonisée, contrairement à son mari.

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Sainte Démétrias

Né en 398 d'une illustre famille romaine, à 15 ou 16 ans Démétrias était sur le point d'être mariée quand elle refusa en faveur d'une vocation religieuse. Elle fut influencée par ses contacts et correspondance avec Saint Augustin et Saint Jérôme, dont la Lettre à Démétrias (en latin Epistola ad Demetriadem) la félicite de son choix tout en lui recommendant une pratique spirituelle stricte.

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Sainte Eustochie (en lat. Eustochium

Vierge et abbesse, née à Rome vers l’an 364. Elle est la sœur de sainte Blésille et la fille de sainte Paule à laquelle elle succéda à la tête du monastère de Bethléem. Vers l’an 382, elle prit saint Jérôme pour son guide spirituel, et s’engagea à rester toute sa vie dans l’état de virginité. À cette occasion, saint Jérôme lui adressa une lettre intitulée De custodia virginitatie, son traité De la Virginité, plus connu sous le nom de Lettre à Eustochie.
Hymettius, un oncle d'Eustochie, ainsi que sa femme, Prætextata, essayèrent vainement de la persuader la jeune femme de quitter cette vie austère et de jouir des plaisirs du monde, mais elle resta ferme dans sa vœu de virginité perpétuelle.
Sainte Eustochie mourut un an avant saint Jérôme, l’an 419, et fut enterrée auprès de sa mère.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 1, 950-951. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 4 juillet 2013.https://gallica.bnf.fr/.
  • Eustochium, Wikipédia l'encyclopédie libre (15 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 4 juillet 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eustochium.

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Sainte Félicité

Sainte Félicité de Rome était veuve martyre avec ses sept fils en 150 ou 164.

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Sainte Hélène

Concubine de l'empereur Constance Ier Chlore et mère de l'empereur Constantin Ier le Grand, Hélène fut proclamée Augusta par son fils en 325. On lui attribue la découverte de la Sainte Croix lors de son pèlerinage à Jérusalem et à Bethléem en 326.

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Sainte Marcelle

Sainte Marcelle (m. 410), une jeune veuve à l’époque de Saint Jérôme, refusa d’épouser le riche vieillard Céréalis, ancien prefet de Rome et (en 358) consul romain. Marcelle préféra la vie monastique ; elle vécut le reste de sa vite dans une retraite religieuse; Jérôme la conseillait.
En 409 lors du sac de Rome par les Goths, elle protège les vierges qui partagent son asile; elle meurt peu après.
  • Pétin, L.-M., Dictionnaire hagiographique, Paris, J. P. Migne, 1850, 2, 370-371. Bibliothèque numérique Gallica, Internet, 24 février 2016. https://gallica.bnf.fr/

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Sainte Marguerite d'Écosse (en anglais Margaret of Scotland)

Une princesse anglo-saxonne née en Hongrie en 1045, Marguerite et sa famille retournèrent de leur exil en 1057 pour que son frère puisse réclamer le throne d'Angleterre. Ils durent fuir en Écosse en 1066 lors de la victoire de Guillaume le Conquérant. En 1070, Marguerite épousa Malcolm III, roi d'Écosse. Très pieuse, connue pour ses œuvres charitables, Marguerite fut canonisé en 1250.

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Sainte Marie Madeleine (en gr. Magdalênê, de Magdala

Dans les Évangiles, une des saintes femmes qui assistèrent à la Passion. Elle fut guérie par Jésus, qui chassa d'elle « sept démons ». Elle appartenait au groupe des femmes qui suivaient Jésus et l'aidaient de leurs biens. Elle était présente lors de la mise au tombeau, et, au matin de Pâques, elle fut la première à trouver le tombeau vide (Matthieu, XXVI, 6-13). On l'identifie avec la femme anonyme (pécheresse pour Luc, VII, 37) qui parfuma les pieds de Jésus. Dans Jean, XII, 1-8, cette femme est Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare. Une légende la fit débarquer miraculeusement à Marseille avec Marthe et Lazare et fonder le couvent de la Sainte-Baume.
  • Marie Madeleine (sainte) , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Marie de Magdala, Wikipédia l'encyclopédie libre (13 mai 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Magdeleine.

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Sainte Monique

Née à Thagaste (aujourd'hui Souk-Ahras, Algérie) vers 331 et morte à Ostie en 387, sainte Monique fut la mère de saint Augustin. Elle se maria très jeune à Patrice, un homme païen dont le tempérament impétueux et l'infidelité incitèrent la discorde dans leur mariage. C'était la foi chrétienne et la dévotion de Monique à son mari et à son fils qui amenèrent Patrice et Augustin à se convertir.
  • Monique (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Pope, Hugh, St. Monica, The Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company, 1911, vol. X. New Advent, Internet, 4 janvier 2012. https://www.newadvent.org/cathen/10482a.htm.

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Sainte Natalie

Martyre chrétienne et épouse de Saint Adrien. Sainte Natalie soignaient en cachette les chrétiens emprisonnés par l'empereur Maximien Galère vers 306.

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Sainte Olympiade (Olympe de Constantinople)

Olympiade (368-408) épousa Nébridius, préfet de Constantinople devint veuve à l'âge de 19 ans, après à peine deux ans de mariage. La protégée de Grégoire de Nazianze et proche de Jean Chrysostome, elle se consacra à la religion et s'occupa d'un hôpital et d'un orphelinat.
En 404 elle fut persécutée pour son soutien de Jean Chrysostome et dut s'exiler en Nicomédie pour le reste de sa vie.

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Sainte Paule

Paule, née patricienne romaine en 347, décida de mener une vie ascétique après la mort de son mari sénateur (Toxoce) et quatre de ses enfants. Elle devint une disciple de Saint Jérôme et co-fondatrice de son ordre. Avec sa fille Eustochium, elle soutint Jérôme dans sa traduction de plusieurs livres de l'Ancien Testament. Sainte Paule mourut en 404.

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Sainte Perpétue

Jeune femme noble, Perpétue fut martyrisée à Carthage en 203 avec son esclave Félicité, deux hommes libres (Saturninus et Secundulus) et l'esclave Revocatus. Ayant accouché récemment et allaitant encore pendant son emprisonnement, Perpétua fut suppliée par son père de renier sa foi afin de ne pas laisser orpheline son enfant. Cependant, Perpétua demeura fidèle à Jésus-Christ et fut condamnée à être déchirée par des bêtes.

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Sainte Radegonde 

Reine franque (en Thuringe v. 520 – Poitiers 587), épouse de Clotaire Ier. Après la révolte de la Thuringe et l'exécution de son frère par Clotaire (555), elle se fit consacrer diaconesse par saint Médard puis fonda l'abbaye de Sainte-Croix, près de Poitiers [...].
  • Radegonde (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sainte Sophie

Une martyre chrétienne de Rome, Sophie mourut en 137. Elle gagna beaucoup de femmes au christianisme; Sophie et ses trois filles très pieuses, Pistis, Elpis et Agapi (ou Foi, Espérance et Charité, les "vertus théologales") étaient renommées parmi les Romains. Selon la légende, émerveillé par la beauté des enfants l’empereur Hadrien voulut les adopter. Rendu furieux par leur refus de renoncer à leur religion, l’empereur décida de les mettre à mort. Sophie encouragea ses trois filles pendant leur supplice; elle fut mise à mort par la suite.

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Sainte Thècle (ou Thècle d'Iconium)

Sainte chrétienne de l'Église catholique. Elle pensait devenir une épouse, mais elle changea sa décision selon les prédications de Saint Paul. Sainte Thècle devint, alors, le disciple de Saint Paul et s'engagea au christianisme. De plus, elle pratiqua la virginité pendant sa vie.

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Sainte Élisabeth (mère de Saint Jean-Baptiste)

Femme du prêtre Zacharie et mère de Saint Jean-Baptiste malgré sa stérilité. Le miracle de cette conception est élucidé dans l'Évangile de Luc.

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Sainte Élisabeth de Hongrie (en hong. Erzsébet)

Élisabeth (1207- Marburg 1231) est la fille du roi André de Hongrie. Elle fut fiancée à 4 ans et mariée à 14 ans au landgrave Louis IV de Thuringe. Veuve à 20 ans, elle entra dans le tiers ordre de Saint-François et se consacra à son hôpital de Marburg. Elle meurt d'épuisement à 24 ans à Marburg.
  • Élisabeth de Hongrie (sainte), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Élisabeth de Hongrie, Wikipédia l'encyclopédie libre (23 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 mars 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Élisabeth_de_Hongrie.

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Saintes Écritures (ou Écritures Saintes)

Inspiré par le Saint-Esprit, les Saintes Écritures sont les paroles de Dieu racontées à l'oral et à l'écrit par les hommes saints.

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Saints Crépin et Crépinien (en lat. Crispinus et Crispinianus)

Crépin et Crépinien sont des frères martyrs persécutés par l'empereur Maximien en 285 ou 286. Ce sont les patrons des cordonniers : cordonniers euxpour les pauvres, qu'ils ne faisaient pas payer, et pour les riches, qui appréciaient la qualité de leur travail.

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Saints Côme et Damien (en lat. Crispinus et Crispinianus)

Saint Côme est le patron des chirurgiens et Saint Damien le patron des pharmaciens. Ce sont des frères chrétiens martyrisés sous l'empereur Dioclétien en 303 ou 310. Appelés "anargyres", ils soignaient sans accepter de l'argent. Ils attirèrent un grand nombre de convertis au christianisme en Cilicie.

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Salmôn (Salmah)

Personnage biblique, Salmôn était le mari de Rahab et père de Boaz.

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Salomon

Salomon fut le roi d’Israël de 972 à 932 av. J.-C. et le fils de Bethsabée et de David. Pendant son règne, Israël vît la construction du Temple, d’un palais, d’une flotte, aussi bien qu'une alliance puissante entre Salomon et Hiram 1er de Tyr (ancienne cité phénicienne) et le maintien d’une armée équipée de chars et de cavalerie. Selon la tradition, ce roi aurait écrit le Cantique des cantiques, l’Écclésiaste, les Proverbes, la Sagesse, une partie des Psaumes et certaines Odes. I Rois, III, 16 de la Bible décrit la sagesse de Salomon. Lorsque deux femmes lui rendirent visite, prétendant être la mère d'un enfant, il annonça qu’il fallait le partager en deux dans l’espoir que la vraie mère y renoncerait. Ainsi la femme qui montra de la compassion reçut-elle l’enfant. La locution jugement de Salomon se voit associé donc à un jugement équitable.
Malgré sa sagesse, Salomon avait une grande faiblesse – son amour des femmes, qui était témoigné par ses septs cents épouses Princesses et trois cents concubines. Selon I Rois XI, puisque Salomon se maria avec des femmes étrangères (des Moabites, des Hammonites, des Iduméènnes, des Sidoniènnes et des Héthiènes) qui avaient détourné sa dévotion vers leurs dieux, le Dieu d'Israël lui avertit que tout son royaume, à l'exception d'une tribu, serait perdu pour son fils en faveur de son serviteur.
  • Salomon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sambre

La Sambre est une rivière franco-belge, affluente de la Meuse. Selon la légende, Sainte Aldegonde put marcher sur les eaux de la Sambre quand elle s'échappait de l'homme qu'elle devait épouser, ayant refusé le mariage en faveur d'une vie consacrée à Dieu.

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Samson (en hébr. Shimshin celui de Shemesh, du Soleil)

Personnage biblique, juge d’Israël (Juges, XIII-XVI). Consacré à Dieu (nazir), il porte intacte sa chevelure, siege de sa force. Il lutte contre les Philistins, en tue mille avec une mâchoire d’âne, mais est trahi par Dalila qui lui rase la tête et le livre. Prisonnier, il retrouve sa force et renverse le temple de Dagon sur lui-même et sur les Philistins.
  • Samson en hébr. Shimshin celui de Shemesh, du Soleil, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Samuel

Personnage biblique, prophète et juge d'Israël. Il lutte victorieusement contre les Philistins, instaure la royauté en nommant Saül, puis, lorsque celui-ci devient indésirable, joint secrètement David. Il aurait vécu au -XIe s.
  • Samuel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sara ou Sarah, femmme d'Abraham

Femme du patriarche biblique Abraham. Selon le chapitre XII du livre de Genèse de l'Ancien Testament, lorsqu'Abraham et Sara arrivèrent en Égypte, de peur que les Égyptiens le tuât en raison de la beauté de sa femme, Abraham fit passer Sara pour sa sœur. Pharaon, captivé par sa beauté, prit Sara comme épouse et montra sa faveur à Abraham par égard pour elle. Toutefois, Dieu infligea de grandes plaies à Pharaon et à sa maison à cause de Sara. Pharaon, découvrant que Sara était, en fait, la femme d'Abraham, renvoya les deux de l'Égypte.
Sara étant stérile, Abraham prit sa servante Agar comme concubine. Lorsque Sara devint jalouse, Agar fut renvoyée dans le désert où elle donna naissance à Ismaël.

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Sara, femme de Tobie

Dans le Livre de Tobie, Sara, fille de Raguel, devient la femme de Tobie. Elle est tourmentée par le démon Asmodée; afin de la libérer, Tobie la prend comme épouse.

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Sardanapale, Sardanapalos ou Sardanapalus

Dans la littérature grecque, Sardanapale est le fils d'Anakindaraxés, empereur d'Assyrie, lui-même dernier souverain de la dynastie de Ninus. Différents auteurs de l'antiquité grecque parle de la vie de Sardanapale comme un exemple de la mollesse, du luxe effréné et d'une vie dissolue, mais cette évaluation critique n'est pas historiquement avérée.

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Sarepta

Sarepta était une ville phénicienne sur la côte de la Méditerrannée, entre Sidon et Tyr. Le site de la ville, qui n'est plus, est au Liban de nos jours. La ville se trouve dans le premier Livre des Rois (XVIII, 8-10), quand Dieu y envoie le prophète Elie qui serait hébergé par une veuve pauvre mais pieuse. Cet épisode est évoqué encore dans le Nouveau Testament, dans le Livre de Luc, ch. 4.

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Satan (en hébr. ha-sâtân)

Le nom vient du mot hébreu ha-sâtân, qui veut dire l’Adversaire en justice, l’Accusateur, et correspond au mot grec diabolos (accusateur, calomniateur). Dans les traditions juive et chrétienne, Satan fut le chef des démons. Dans le poème épique Le Paradis perdu (Paradise Lost) de John Milton, le poète décrit l’avènement au pouvoir de ce démon. Celui-ci est mentionné dans les livres Zacharie III, 1 ; Job, I et II ; et Apocalypse II de la Bible.
  • Satan en hébr. ha-sâtân, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Satires Ménippées

Satire en 150 livres composée par l’érudit latin Varron. Imitant l’œuvre du philosophe Ménippe de Gadara, Varron entremêle la prose et les vers. Ses satires discutent de querelles philosophiques et religieuses, les irritations quotidiennes et de la politique, tout sur un ton ironique.
  • Marcus Terentius Varro, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 17 mai 2011. https://www.britannica.com/biography/Marcus-Terentius-Varro.
  • Ménippe en gr. Menippos, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Saturnin d'Antioche

Disciple de l'enseignement de Menander, Saturnin établit en Syrie (IIe siècle) un secte gnostique, considéré hérétique par l'Église catholique. Le secte saturnien fut fondé sur la tradition de Simon le Magicien.

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Saül

Premier roi des Israélites (-1020 - -1000) selon la Bible.
Troublé par un esprit maléfique, Saül appelle David, harpiste et soldat habile, pour l'apaiser par sa musique. Gagnant sa faveur, Saül donne sa fille cadette à David en mariage et le fait chef de l'armée. Toutefois, devenant jaloux des succès militaires de David et ayant peur qu'il usurpe son trône, Saül le persécute et tente de l'assassiner. Ses attentats échouent et Saül, enfin, se donne à la mort après sa défaite à Guilboa par les Philistins. David devient finalement roi des Israëlites après la mort du fils de Saül.
  • Saül, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Saul, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 octobre 2010. https://en.wikipedia.org/wiki/Saul.

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Scylla

Dans la mythologie grecque, Scylla est la fille du roi Nisos de Mégare. Selon la légende, elle avait promis le pays de Mégare à son amant Minos. Afin de mettre son plan à exécution, Scylla coupa un cheveu doré de la tête de son père pendant qu'il dormait. Mais Minos la méprisa pour sa traîtrise, et Scylla se jeta dans la mer.

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Sem (en arabe سام ; en héb. שם)

Personnage de la Genèse, Sem est le fils de Noé et le frère de Cham et de Japhet. C'est lui l'ancêtre éponyme des sémitiques. Sem a vécu pendant une période de 600 ans.
  • Sem, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sem (Bible)Wikipédia, l'encyclopédie libre(27 octobre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sem_(Bible).

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Sennachérib

Quand Sennachérib devint roi d'Assyrie en 705 av. J.-C., les provinces périphériques de son empire se révoltaient. Il arriva à supprimer toutes les révoltes, notamment à Babylone (qu'il détruisit en 689 av. J.-C.) et dans le royaume de Juda. L'histoire de Sennachérib est racontée dans Ancien Testament, notamment dans le Deuxième livre des Rois et le Deuxième livre des Chroniques. Avant de mourir assassiné en 681 av. J.-Ch., il fit construire la dernière grande capitale de l'Assyrie, Nineveh.

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Septante

Les Septante sont les 70 ou 72 interprètes qui, selon l'opinion commune, traduisirent en grec de la Bible hébraïque, le Tanakh. On appelle par extension "Septante" la version grecque ancienne de la totalité des Écritures de l'Ancien Testament.
  • Septante, Wikipédia, L'encyclopédie libre (27 juin 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 juillet 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Septante.
  • Calmet, Augustin, Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, t. 4, Paris, Migne, 1830, pp. 178-184. Livre numérique Google, Internet, 10 janvier 2015. https://books.google.ca/.

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Sichem (en hébr. Shechem)

Fils de Hémor Hévien qui, selon le chapitre XXXIV du livre de Genèse dans la Bible, il violenta Dina, fille du patriarche biblique Jacob. Épris de Dina, Sichem demanda à son père d'obtenir la main de Dina auprès de Jacob. Les frères de Dina consentirent au mariage à condition que tous les hommes de la ville de Sichem soient circoncis. Les citoyens acceptèrent cette proposition; pourtant, trois jours après leur circoncision, les frères de Dina attaquèrent la ville par vengeance de leur sœur. Siméon et Lévi tuèrent tous les mâles et enlèverent Dina de la maison de Sichem pendant que les autres frères pillèrent la ville, prenant les richesses, les bétails, les femmes et les enfants.

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Sigebert de Gembloux 

Moine bénédictin et hagiographe, polémiste et chroniqueur gibelin, né dans le Brabant français vers 1030, et mort le 5 octobre 1112 à Gembloux. Son ouvrage le plus célèbre, et historiquement très précieux, est sa Chronographia, une chronique universelle des événements les plus importants entre 379 ou 381 et 1111.

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Sion

Nom de la colline de Jérusalem où dans l'Ancien Testament la citadelle conquise par David fut construite. Le nom s'étendit à la ville entière et finit par symboliser pour les chrétiens le Jérusalem céleste, donc la présence de Dieu.
  • Sion, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Sirice (pape) (en lat. Siricius)

38e pape, Sirice vécut de 320 à 399, et fut élu en 384. Il écrivit la première décrétale, lettre pontificale sur des questions de discipline ou de droit canonique, où il établit des sanctions pour les chrétiens qui ne respectent pas la doctrine établi dans les conciles. Il s'adresse à des questions importantes, y compris le mariage.

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Sisinnius et Théodore

Théodore, femme de Sisinnius, fut convertie au christianisme par le Pape Clément Ier; Sisinnius se convertit à la suite.

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Smyrne (en gr. Smyrna)

Ancienne ville située à un point central et stratégique sur la côte égéenne de l'Anatolie, ce qu'on appelle maintenant la ville d'Izmir en Turquie moderne.
  • Izmir et Smyrne, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Socrate (en gr. Sôkratês)

Philosophe grec né à Athènes en -470 av. J.-C. dont la philosophie d'atteindre à la connaissance de soi et au bonheur par la raison humaine exerça une grande influence sur la philosphie antique et moderne. Socrates fut fort influencé par les sophistes (qu'il critiqua plus tard dans sa vie), maîtres du raisonnement axé sur des fins utilitaires et par le savant grec et biologiste, Anaxagore, de l’école ionienne. Il se maria avec Xantippe vers 416 et eut d'elle trois fils mais il continua à dédier sa vie à l'enseignement des jeunes athéniens, parmi lesquels le général Alcibiade et les philosophes Phédon et Aristippe, et au débat partout à Athènes, suscitant des réactions favorables de beaucoup mais aussi hostiles de certains. C'étaient les hostiles, nommément Anytos, Lycon et Mélitos, qui provoquèrent la mort de Socrate en -399, le condamnant à boire la ciguë sous prétexte d'avoir corrompu la jeunesse.
  • Socrates, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 8 février 2011. https://www.britannica.com/biography/Socrates.
  • Socrate en gr. Sôkratês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Socrate le Scolastique ou Socrate de Constantinople

(Constantinople -380 – 450 ap. J.-C.). Historiographe de l'Église byzantine célèbre pour son ouvrage Historia ecclesiastica qui fait l'autorité en histoire chrétienne de 305 jusqu'en 439.

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Sodome

Une cité biblique qu'on situe au sud de la mer Morte, dans l'actuelle Jordanie, en face de la forteresse de Massada. Sodome est détruite, avec Gomorrhe, par le soufre et le feu à cause de la décadence qui y régnait, dans la Genèse, XIX.
  • Sodome, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sodome, Wikipédia l'encyclopédie libre (3 octobre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 octobre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sodome.

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Solin (en lat. Caius Julius Solinus)

Grammairien et compilateur de langue latine qui a écrit soit au IIIe, soit au IVe siècle. On a de lui son ouvrage De mirabilibus mundi (Les Merveilles du monde) que l'on appelle parfois Collectanea rerum memorabilium (Recueil de choses mémorables), ou bien Polyhistor (Celui qui en sait beaucoup). L'ouvrage fut inspiré par l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien.

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Solon

Législateur et poète athénien (v. -640 – v. -558) connu comme l’un des Sept Sages de la Grèce qui introduisit une série de réformes sociales et politiques à Athènes. Parmi ces réformes, Solon introduisit la démocratie en accordant le droit de vote et l’égalité à toutes les classes dans l’Assemblée du peuple et il passa un nouveau code de droit plus juste.
  • Solon, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 8 septembre 2010. https://www.britannica.com/biography/Solon.
  • Solon, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Solon, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 septembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Solon.

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Sparte ou Lacédémone

Ancienne ville grecque située sur le fleuve Eurotas dans la Laconie sur la péninsule Péloponnèse qui fut fondée au -IXe siècle av. J.-C. Connue pour sa puissance militaire éminente, sa domination dans la Grèce antique dura du VIIe au IVe siècle av. J.-C.
  • Sparte, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sparte, Wikipédia l'encyclopédie libre (11 février 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 février 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sparte.

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Strabon (en gr. Strabôn, en lat. Strabo)

Géographe grec (-58? av. J.-C. – entre 21 et 25 ap. J.-C.) et auteur de l’ouvrage perdu Mémoires historiques et de l’ouvrage conservé (sauf que quelques parties du livre VII), Géographie. Ce dernier présente une histoire descriptive des peuples et des pays de différentes régions du monde connus par les Grecs et les Romains à l’époque de Strabon.
  • Strabo, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 25 août 2010. https://www.britannica.com/EBchecked/topic/567832/Strabo.
  • Strabon, Wikipédia l'encyclopédie libre (1er août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 25 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Strabon.
  • Strabon en gr. Strabôn, en lat. Strabo), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Suzanne

Héroine d'un des suppléments grecs au Livre de Daniel de l'Ancien Testament. Dans l'histoire de Suzanne et les vieillards, elle est l'objet des convoitises de deux vieillards qui la surprennent au bain et veulent la séduire. Sur son refus, les hommes l'accusent d'adultère et veulent la condamner à mort au tribunal religieux. Le jeune prophète Daniel prit la défense de Suzanne et convainquit le tribunal du faux témoignage des vieillards, qui sont alors condamnés et lapidés.
  • Suzanne, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Suzanne et les vieillards, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 décembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_et_les_vieillards.

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Suétone (en lat. Caius Suetonius Tranquillus)

Tranquillus (français moderne : Suétone). Biographe latin, Suétone naquit à Rome vers l’an 70 ap. J.-C. et mourut après 128. C'était un homme d'études, consacrant toute sa vie à des recherches érudites. Vers 120, il devint secrétaire chargé de la correspondance d’Hadrien, ce qui lui donna accès aux archives du Palatin, bibliothèque dans le temple d’Apollon Palatin établie par Auguste. Grâce à ses visites fréquentes à cette bibliothèque, Suétone écrivit ses Vies des douze Césars, biographies des empereurs, plutôt anecdotiques qu’historiques. Il produisit également De viris illustribus (Des hommes illustres), recueil de biographies des figures littéraires célèbres.
  • Suétone, Wikipédia l'encyclopédie libre (1 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 31 mars 2011. http://fr.wikipedia.org >/wiki/Su%C3%A9tone.
  • Suétone en lat. Caius Suetonius Tranquillus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Symbole de Nicée

Profession de foi commune au catholicisme, à l'orthodoxie, et à la plupart des églises protestantes. Promulgué depuis le concile de Nicée en 325 et complété dès le concile de Constantinople en 381, le symbole de Nicée résume les points fondamentaux du christianisme.

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Syméon Métaphraste (Syméon Magistros ou Syméon le Logothète)

Homme d'État, historien, et l'auteur de la plus notable collection hagiographique du Moyen Âge byzantin.

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Synésios de Cyrène

Synésios (370-414) était un philosophe néoplatonicien grec et un evêque en Libye.

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Syrie Ancienne

La région en question était d'abord connu comme Eber Nari ('de l'autre côté de la rivière') par les gens de Mésopotamie. Elle comprenait la Syrie, le Liban, et l'Isräel actuels. Les livres bibliques d'Ezra et de Nehemiah font référence à Eber Nari, ainsi que les rapports des scribes des rois d'Assyrie et de Perse. Le nom moderne de la Syrie est considéré par beaucoup d'érudits d'émaner de l'habitude de l'historien Herodote d'appeler toute la Mésopotamie "l'Assyrie", et après la chute de l'Empire assyrien en 612 av. J.-C., la partie à l'ouest continuait à se faire appeler "l'Assyrie" jusqu'à la période suivant l'Empire seleucid quand il devint "la Syrie".

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Sémiramis

Reine légendaire d’Assyrie et de Babylonie, elle fut la femme du gouverneur Omnès puis du roi Ninus, montant sur le trône après la mort de celui-ci.
  • Sammu-ramat, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 30 août 2010. https://www.britannica.com/EBchecked/topic/520556/Sammu-ramat .
  • Sémiramis, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sémiramis, Wikipédia l'encyclopédie libre (24 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 30 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9miramis.

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Sénèque (en lat. Lucius Annaeus Seneca)

Philosophe stoïcien, homme politique et écrivain, Sénèque naquit à Cordoue en -4 av. J.-C. Il fut également le précepteur de Néron, exerçant une influence bienveillante et stable sur le jeune empereur pendant les premières années de son règne. Pourtant, après le meurtre de Burrus (le préfet de la garde) par Néron, Sénèque se retira. En 65 ap. J.-C., il dut se suicider sur l’ordre de Néron après que l’empereur l’ait accusé de participer à une conspiration.
Plusieurs tragédies sont attribuées à Sénèque : Médée, Les Troyennes, Phèdre, Agamemnon et Hercule furieux. Il écrivit aussi les traités de philosophie De la clémence, Des bienfaits, De la constance du sage, De la tranquillité de l’âme, De la colère, De la providence et Lettres à Lucilius. L’ouvrage scientifique Naturales Quaestiones lui est également attribué.
  • Sénèque, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Sénèque en lat. Lucius Annaeus Seneca, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Sénèque, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 janvier 2021), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 mars 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9n%C3%A8que.

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Séphora

Selon le Livre de l'Exode, Séphora fut l'épouse de Moïse et la fille de Jéthro (aussi appelé Réuel), prêtre des Madianites. Séphora donna à Moïse deux fils, Guershom et Éliézer. D'après la tradition juive, elle est enterrée dans le Tombeau des Matriaches à Tibériade.

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Séraphins

Des créatures célestes ailées (trois paires d'ailes), que l'on trouve dans la Bible entourant le trône de Dieu.
  • Séraphin (Bible), Wikipédia l'encyclopédie libre (25 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Séraphin_(Bible).

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Tabitha (en grec Dorcas)

Dorcas ou Tabitha est une chrétienne resuscitée par l'apôtre Pierre selon les Actes des Apôtres. C'était une veuve riche connue par sa charité à l'égard des veuves moins bien munies.

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Tacite (Publius Cornelius Tacitus)

Historien latin (v. 55 - v. 120 ap. J.-C.) qui fut également consul (97) et proconsul d’Asie (110-113) sous l’empereur Vespasien. Sa première œuvre, Dialogue des orateurs (-106), est un essai qui visait à chercher la cause du déclin de l’éloquence. En 98, il produisit l’éloge Vie d’Agricole, biographie qui loue la carrière de son beau-père comme général sous l’empereur Domitien. Tacite écrivit aussi la Germanie, traité parlant des coutumes germaines. Ses deux ouvrages les plus connus, pourtant, sont les Histoires (-106), qui examinent l'Empire romain à partir de 69 jusqu'en 96, et les Annales (-110), qui traitent la période de l'empire entre 14 et 68. Tacite avait une façon très particulière d’écrire, qui aurait été inspirée par Thucydide : ses phrases ont une tension nerveuse et sont extrêmement concises. La mention de cette concision pourrait faire de ses écrits historiques des chroniques, mais en effet, il s’agit du contraire : l’Histoire devient, dans un ouvrage de Tacite, un genre littéraire.
  • Tacite en lat. Publius Cornelius Tacitus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tacitus, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 5 avril 2011. https://www.britannica.com/biography/Tacitus-Roman-historian.

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Tanaquil (ou Caia Cæcilia ou Gaia Cæcilia)

Aristocrate étrusque du VIe siècle av. J.-C. et femme de Tarquin l’Ancien, cinquième des sept rois de Rome légendaires. Selon Tite-Live, Tanaquil avait le don de prophétie. Après la mort de son époux, elle fit ensuite proclamer roi Servius Tullius, son gendre, et le fit reconnaître par le peuple.
Elle était aussi associée au dieu du foyer familial et considérée comme un modèle pour la vie domestique. Selon la tradition romaine, avant d'entrer dans la maison de leur mari, les nouvelles mariées déclareraient "Je m'appelle Caia", ce selon Valère Maxime et Plutarque.

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Tarquin le Superbe (en lat. Lucius Tarquinius Superbus)

Fils de Tarquin l'Ancien, Tarquin le Superbe fit assassiner son beau-père, Servius Tullius, afin de devenir le septième et dernier roi de Rome.
  • Tarquin le Superbe, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tarquin le SuperbeWikipédia, l'encyclopédie libre (22 septembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tarquin_le_Superbe.

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Taygète (en gr. Ταΰγετος)

Le Taygète est une chaîne de montagnes qui sépare la Laconie et la Messénie en Grèce. Dans l'Antiquité, le Taygète était bien connu pour sa hauteur et son caractère majestueux.

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Terentia (ou Terenzia)

Noble romaine, épouse de Cicéron dont Terentia a deux enfants; Tullia et Cicero Minor.
  • Terentia, Wikipédia, l'encyclopédie libre(17 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Terentia.
  • William Smith, ed., Terentia, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, Boston: Little, Brown and co., p. 995, .

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Tertullien (en lat. Septimius Florens Tertullianus)

Écrivain latin (v. 155 - v . 225) considéré comme le fondateur de la théologie chrétienne de langue latine. Auteur d’œuvres apologétiques et polémiques, il fut le premier à tenter la synthèse entre le christianisme et la culture païenne. Ayant une morale rigoureuse, particulièrement pour le mariage, il rejoignit le mouvement montaniste, considéré hérétique par les catholiques, vers la fin de sa vie.
  • Tertullien, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 août 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 août 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tertullien.
  • Tertullien en lat. Septimius Florens Tertullianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Thalès de Millet (en gr. Thalês)

Un philosophe, mathématicien, physicien et astronome grec né à Milet vers 625 av. J.-C. et mort vers l'an 547 av. J.-C. Il fut le plus ancien et le plus célèbre des Sept Sages de la Grèce antique et était considéré par Aristote comme le premier des philosophes ioniens.
  • Thalès, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thalès.
  • Thalès de Millet , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Thamar (Livre de Samuel)

Selon la Bible (II Samuel XIII), Thamar est fille du roi David et de Maakah. Elle fut violée par son demi-frère Amnon; son frère Absalon la vengea en tuant Amnon.
  • Thamar ou Tamar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Thamar ou Tamar

D'après le Livre de la Genèse, Thamar était l'épouse des deux fils de Juda, Er et puis Onan. Veuve rejetée par le troisième fils de Juda, elle feignit de se prostituer et devint enceinte de Juda lui-même. Elle lui donna les jumeaux Zerah et Perets, ancêtre du roi David.
  • Thamar ou Tamar, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tamar (Genèse), Wikipédia l'encyclopédie libre (23 décembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 février 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thamar.

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Tharé ou Terah (en héb. תֶּרַח)

Père d'Abraham, de Nahor et de Haran, Tharé est un personnage dans le Livre de la Genèse. Dans le Coran, il est connu par le nom d'Azar et est le père d'Ibrahim, qui est l'équivalent d'Abraham.

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Thaïs

Thaïs était une hétaïre, en Grèce ancienne une femme éduquée et de haut niveau social qui offrait compagnie et services sexuels. Elle vécut au IVe siècle av. J.-C. et accompagna Alexandre le Grand en Asie. Elle était la maîtresse de Ptolémée Soter, avec qui elle eut trois enfants.

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Thomas de Cantimpré (en lat. Thomas Cantipratensis)

Cantimpré (1201-1272) est un théologien de Bruxelles et l'auteur du Bonum universale de apibus, un ouvrage allégorique d'édification morale et spirituelle en deux volumes, inspiré de la vie des abeilles et du livre encyclopédique Liber de Natura Rerum.

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Thomas de Vio, dit Caietan

Thomas de Vio (1469-1534) était un théologien et cardinal italien, né à Gaete, en latin Caieta (dans la province actuelle de Latina), d'où son nom.

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Thomas More (en lat. Thomas Morus)

Thomas More (1478-1535) fut le plus célèbre représentant anglais de la pensée humaniste. Théologien, historien, juriste, philosophe et homme politique, More était le Chancelier du roi Henri VIII. Mais après son refus de reconnaître l'autorité religieuse du Roi (en refusant d'abord d'assister au couronnement d'Anne Boleyn comme reine d'Angleterre), More fut décapité. Sir Thomas More est devenu saint Thomas More, béatifié par l'Église catholique en 1886 et canonisé en 1935.

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Thébaïde, région de l'Égypte antique

Thébaïde était une region du sud de l'Égypte dont le nom vient de sa capitale, Thèbes. La ville était entourée de déserts où se retirèrent plusieurs ermites chrétiens, notamment au IVe siècle.

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Thémistocle (en gr. Themistokiês)

Homme d'État et stratège athénien (v.-525 – Magnésie du Méandre v.-460) qui établit la puissance maritime d'Athènes et sauva la Grèce de la sujétion à l'Empire perse à la bataille de Salamine en 480 av. J.-C.
  • Themistocles, Encyclopædia Britannica Online (2010), Encyclopædia Britannica, Internet, 25 octobre 2010. https://www.britannica.com/biography/Themistocles.
  • Thémistocle en gr. Themistokiês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Théodora (Impératrice Byzantine)

Théodora était l'épouse de l'empereur Théophile et mère de Michel III. Après la mort de son époux et pendant la minorité de son fils, elle assura la régence de l'empire byzantin entre 842 et 856. En 843, contre la volonté de son mari défunt, elle convoqua un concile qui mit fin à l'iconoclasme et rétablit le culte des images. En 858, Théodora et ses quatre filles furent enfermées dans un monastère sur l'ordre de son fils Michel III ; elle y mourut en 867.
  • Théodora, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Théodora (femme de Théophile), Wikipédia l'encyclopédie libre(26 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Théodora_(femme_de_Théophile).

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Théodore de Bèze

Né en 1519 à Vézelay, Théodore de Bèze, un écrivain et théologien protestant, était le disciple et successeur de Jean Calvin en 1548 comme modérateur de la Compagnie des pasteurs. Il tint un rôle important durant les guerres de Religion et dans la Réforme. Il fut l'auteur de quelques œuvres humanistes et théologiques ainsi qu'une tragédie biblique, Abraham sacrifiant (1550), considérée comme la première tragédie du théâtre français. Il mourut à Genève en 1605.
  • Bèze (Théodore de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Théodore de Bèze, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 octobre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 septembre 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Théodore_de_Bèze.

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Théodoret de Cyr

Évêque, historiographe chrétien, et théologien grec. Il se rattacha à l'École d'Antioche et il défendit Nestorius contre Cyrille d'Alexandrie. Théodoret ait plusieurs commentaires sur des textes bibliques. Son commentaire sur le Cantique des Cantiques est nommée le Commentaire sur le Cantique.
  • Théodoret de Cyr, Wikipédia, l'encyclopédie libre(22 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Théodoret_de_Cyr.
  • Théodoret de Cyr, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Guinot, Jean-Noël, La Christologie de Théodoret de Cyr dans son commentaire sur le CantiqueJSTOR: Vigiliae Christianae39.3 (1985): 256-272, Internet, 5 décembre 2012.http://www.jstor.org/stable/1583856.

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Théodose Ier le Grand (en lat. Flavius Theodosius)

Théodose Ier (347-395) fut l'Empereur romain de l’empire d’Orient (379-392) puis devint le seul souverain d'Orient et d'Occident (392-395). Sous son règne, il lutta avec force contre le paganisme et il établit le christianisme comme la religion d’État.
  • Théodose Ier le Grand en lat. Flavius Theodosius, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Theodosius I, Wikipedia, The Free Encyclopedia (2 août 2020), Internet, 2 août 2020. https://en.wikipedia.org/wiki/Theodosius_I.

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Théodose II

Fils de Flavius Arcadius et d'Eudoxie, Théodose fut l'empereur romain de l'empire d'Orient de 408 à sa mort en 450. Son règne est marqué par les victoires contre les Perses, et une relation diplomatique et complexe avec l'empire hunnique. Théodose était toujours sous l'influence de son entourage, mais principalement de sa sœur Pulchérie qui choisit aussi sa femme Eudocia. Pulchérie exerçait un rôle dominant dans la cour et elle le succéda après sa mort.

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Théophile (Empereur Byzantin)

Né en 813, Théophile fut l'Empereur byzantin de 829 à 842, et le fils de Michel II, le fondateur de la dynastie amorienne. Son règne marqua le prélude d'une période prospère pour l'Empire byzantin en dépit des menaces extérieures : il soutint une longue guerre contre les califes de Bagdad et fut battu en 838. Cependant, en 841 il parvint à signer une trêve avec le calife Al-Mutasim, mais il dut leur abandonner la Sicile.
  • Théophile, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Théophile (empereur byzantin), Wikipédia l'encyclopédie libre (13 février 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Théophile_(empereur_byzantin).

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Théophile d'Antioche

Évêque d'Antioche au IIe siècle mort en 183 ou 185, Théophile est surtout connu pour son Traité à Autolycus, une apologie du christianisme en trois livres. Divers témoignages attestent que Théophile jouissait d'une bonne réputation dans l'Église ancienne : il est cité, par exemple, par Eusèbe de Césarée, par Jérôme de Stridon et par Lactance.

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Théophraste

Philosophe grec péripatéticien, naturaliste et alchimiste, Théophraste fut le successeur d'Aristote et le directeur de l'école du Lycée de 322 à 288 av. J.-C. Ses qualités d'orateur attirèrent un large public à l'école qui atteint alors son zénith.
Né à Erése, dans l'île de Lesbos vers 371 av. J.-C., Théophraste est considéré comme le fondateur de la botanique. Il fut l'auteur de plusieurs traités sur la nature, surtout sur les plantes, dont les plus connus sont Historia de Plantis (Histoire des plantes) et De Causis Plantarums (Causes des plantes). En philosophie il suivit et continua les doctrines d'Aristote. On dit que : Il plaçait la vie spéculative au-dessus de la vie pratique ; il insistait sur la nécessité de joindre les biens extérieurs à la vertu pour vivre heureux. Il maintenait que la vertu mérite d’être recherchée pour elle-même.
Il fut également l'auteur des Caractères, un ouvrage philosophique, scientifique et moraliste sur les mœurs de son époque, qui était le modèle des Caractères de La Bruyère (1688).

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Thériaque

s. f. Composition medicinale, qui est faite avec de la chair de vipere & plusieurs autres ingredients, & que l'on donne pour fortifier le coeur, & pour servir d'antidote contre le venin & le poison.
  • Theriaque, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 12 mai 2010.

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Tibère (en latin Tiberius Cæsar Divi Augusti Filius Augustus

Né en 42 av. J.-C., fils de Livie et de Tiberius Claudius Nero, Tibère fut adopté par son beau-père, Auguste, et devint son successeur comme Empereur romain en 14 apr. J.-C. Tibère, le deuxième empereur, régna jusqu'en 37.

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Tigranes

Roi d'Arménie entre 560 et 535 av. J.-C., Tigranes était un allié du roi perse Cyrus II le Grand.

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Tite-Live (en lat. Titus Livius)

Historien Romain illustre (Padoue v. -64 ou -59 - Rome v. 10), auteur d’une Histoire de Rome (Ab Urbe condita libri), 142 livres couvrant des origines de la ville jusqu'à l'an 9.
  • Tite-Live en lat. Titus Livius), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Titus (en lat. Titus Flavius Sabinus Vespasianus)

Titus (Rome -40 – Aquae Cutilae, Sabine 81 ap. J.-C.) regna comme empereur romain de 79 à 81. Fils de Vespasien, il mena des campagnes militaires sous son père et conquit Jérusalem ainsi mettant fin à la guerre de Judée (67-70). Pendant la campagne en Galilée (67), Titus rencontra la belle princesse juive Bérénice et tomba amoureux d'elle. Contre l'approbation de son père et des Romains, il continua sa liaison avec Bérénice et, en 75, il la reçut dans le palais dans l'espoir de faire d'elle sa femme. Cependant, lors de la mort de son père, il renonça à Bérénice et la renvoya en Judée par respect du désir du peuple romain. De ce fait, son avènement au trône était pacifique. La période de son règne, par contre, était tumultueuse. L'Italie fut bouleversée par une série de catastrophes parmi lesquelles l'éruption du Vésuve (79), l'incendie de Rome (80) ainsi que des épidémies mortelles. Pourtant, c'étaient à cause de ces catastrophes qui manifestèrent les qualités d'un empereur dévoué et généreux comme démontrée par la consécration de tous ses efforts à faire parvenir des secours et des réparations aux sinistrés.
L'histoire de Titus et Bérénice fut le sujet de deux tragédies célèbres de 1670, une créée par Pierre Corneille et l'autre par son rival Jean Racine.
  • Titus (empereur romain), Wikipédia l'encyclopédie libre (3 mai 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 12 mai 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Titus_%28empereur_romain%29.
  • Titus en lat. Titus Flavius Sabinus Vespasianus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Titus Manlius Imperiosus Torquatus

Homme politique romain, Titus Manlius fut consul en 347, 344 et 340 av. J.-C. et dictateur en 353 et 349 av. J.-C. Fils du dictateur de 363 av. J.-C. Lucius Manlius Capitolinus Imperiosus. Le tribun Marcus Pomponius l'accusa d'avoir agi avec cruauté envers les Romains et surtout envers son propre fils, mais Titus Manlius defendit son pere en forçant Pomponius à retirer sa plainte. Ce geste plut au peuple, et Titus Manlius fut élu tribun. Il eut une carrière politique et guerrière glorieuse.
Titus Manlius fit executer son propre fils pour avoir désobéi aux ordres pendant une campagne militaire, dans une inversion de l'histoire père-fils qu'il vécut dans sa jeunesse. Le fils fit un acte héroïque contraire aux réglement établi par son père de ne pas attaquer l'ennemi hors des rangs.

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Tobie ou Tobias

Fils de Tobit et le héros du Livre de Tobie, qui raconte les actes de ce jeune Israélite lors de la déportation à Ninive en 721. Selon l’histoire, Tobie, aidé par un poisson magique, aurait chassé les démons qui tourmentaient Sara. Ensuite, il aurait épousé cette dernière et aurait rendu la vue à son père, qui était aveugle auparavant.
  • Tobie ou Tobias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Tobit, père de Tobie

Selon le Livre de Tobie, l'Israélite Tobit, devenu aveugle, retrouva la vue grâce à un miracle accordé à son fils.
  • Tobie ou Tobias, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Tomás Sánchez

Né en 1550 à Cordoue en Espagne et mort en 1610 à Grenade, Tomás Sánchez était un théologien et écrivain jésuite. Professeur de droit canonique et de théologie morale, son ouvrage principal, le traité sur le mariage De sancto matrimonii sacramento, fut publié en 1602 et attirait beaucoup de controverse. Destiné aux religieux, l'ouvrage traite des questions relatives à la sexualité des gens mariés, d'où l'interdiction de certains volumes, placés à l'index.
  • Sánchez (Tomás), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Tomás Sánchez, Wikipédia l'encyclopédie libre (17 novembre 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tomás_Sánchez.

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Tours

Département de l'Indre-et-Loire, sur la Loire. HISTOIRE. Sous l'impulsion de saint Martin, sont troisième évêque, la ville des Turons (civitas Turonum) devint au IVe s. l'un des plus importants centres religieux de la Gaule. L'influence de Tours comme foyer intellectuel et artistique alla grandissant aux siècles suivants avec Grégoire de Tours (VIe s.) sous la direction de qui la ville s'agrandit, puis avec Alcuin (VIIIe s.), fondateur d'une école renommée et d'une importante bibliothèque. Au XVe s., Louis XII introduisit l'industrie de la soie, qui assura pendant deux siècles la prospérité de la ville. Le calvinisme trouva au XVIe s. de fervents adeptes parmi les artisans et les ouvriers tourangeaux, et Tours devint un centre actif de la Réforme ; la révocation de l'édit de Nantes, provoquant l'émigration de nombreux soyeux, portera à la ville un coup dont elle ne commencera à se relever qu'au XIXe s., avec les débuts du chemin de fer.
  • Tours, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Traités sur l'épitre de Saint Jean aux Parthes

Augustin écrivit en 416 dix traités sur la première Épître de Jean.

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Trenchée ou tranchée

En termes de Medecine, se dit d'une colique, ou d'une douleur de ventre qui est causée par des vents enfermez dans les boyaux. Les femmes prestes d'accoucher ont des trenchées..

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Troie (en gr. Troia ou Ilion, en lat. Ilium)

Ancienne ville située dans le nord-ouest d'Anatolie en Asie Mineure, près de la mer Égée qui fut le cadre de plusieurs mythes grecs, notamment de la fameuse guerre de Troie qui est racontée dans l'Iliade et l'Odyssée d'Homère. Selon la légende, c'était l'enlèvement d'Hélène, femme du roi de Sparte Ménélas par le prince troyen Pâris qui provoqua le siège de Troie. Ménélas vainquît Pâris lors d’un combat ; pourtant, celui-ci fut sauvé par Aphrodite. Peu après, Pâris fut tué. Cependant, c'était la ruse du cheval de Troie qui mit fin à dix ans de combat. Après avoir reçu le cheval en bois dans la ville, Ménélas et les autres guerriers cachés à l'intérieur s'affranchirent, détruisant Troie par le feu, massacrant tous les hommes et contraignant toutes les femmes à l'esclavage.

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Tsoar (Tsoara ou Soar ; en héb. צוער)

Ville de la Palestine située près de la mer Morte dans la Judée. Connue autrefois sous le nom de Béla ou Segor, la ville de Tsoar est reconnue dans le Bible pour avoir abrité Loth et sa famille du désastre qui avait détruit les villes de Sodome et Gomorrhe.
  • Moreri, L., Le grand dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l'histoire sacrée et profaneParis, Pierre-Augustin le Mercier, t. VI, p. 192, Internet, Google Books, 20 février 2014.https://books.google.ca/.
  • TsoarWikipédia, l'encyclopédie libre(30 juillet 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 20 février 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tsoar.

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Tullie la Jeune (ou Tullia Minor)

Jeune fille du roi de Rome Servius Tullius. Elle tua sa sœur, la première femme de Tarquin le Superbe, pour en devenir sa deuxième.

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Tyrannius Rufinus, Rufin d'Aquilée, ou Turranius Rufinus

Tyrannius Rufinus était un moine, un historien et théologien qui traduisit les œuvres des Pères de l'Église du grec en latin.

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Ténès (en lat. Tenedius)

Selon les Questions grecques de Plutarque, Ténès régnait dans l'île de Ténédos, à laquelle il donna son nom après qu'il y fut abandonné par son père à cause du faux témoignage de la femme de celui-ci. Cette femme prétendait avoir été violée par son beau-fils Ténès. Ténès établit dans son royaume des lois sévères contre la fausseté, y compris l'adultère, crime pour lequel il fit exécuter son propre fils.

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Ulpien (en latin Gnaeus Domitius Annius Ulpianus)

Domitius Ulpianus (né c. 170) était un juriste romain réputé. Les réformes introduites par Justinien dans le Corpus iuris civilis (le Code Justinien) plus de 300 ans plus tard s'inspirent largement des écrits d'Ulpien. Parmi les formules attribuées à Ulpien, l'idée que la validité du mariage tient non pas au fait qu'il soit consommé [ou non], mais en son consentement mutuel est reprise par Justinien.

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Urbinius Panopion

Selon Valère Maxime, un des esclaves de Panopion se laissa tuer à la place de son maître, prenant ses habits et son anneau et se mettant sur son lit. Panopion fit ériger un magnifique tombeau en son honneur.
  • Valère Maxime, De la fidélité des esclaves, Œuvres complètes, livre VI, chapitre 8.6. Ed. C. A. F. Frémion, trad. P. Charpentier, Paris, Garnier, 1864, t. 2, p. 61-62. Livre numérique Google, Internet, 29 juin 2013. https://books.google.fr/.

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Urie le Hittite

Selon le deuxième livre de Samuel, Urie était un officier et homme influent dans l'armée de David et l'époux de Bethsabée. Pendant la bataille de Rabba, David ordonna que l'on mette Urie en première ligne afin qu'il meure pour que David puisse s'approprier sa femme.
  • Urie le Hittite, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Urie le Hittite, Wikipédia l'encyclopédie libre (7 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 mars 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Urie_le_Hittite.

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Valeria (femme de Sylla)

Romaine du premier siècle avant J.-C., sœur de Marcus Valerius Messala Corvinus et la cinquième épouse de Sylla (Lucius Cornelius Sulla). Devenue veuve à un jeune âge, elle refusa de se remarier.

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Valère Maxime ou Valère le Grand (en lat. Valerius Maximus)

Historien et moraliste latin (-1er s. av. J.-C. – 1er s. ap. J.-C.) dont les Faits et dits mémorables, recueil d’anecdotes en neuf livres, connut un grand succès dans l’Antiquité et au Moyen Âge.
  • Valère Maxime en lat. Valerius Maximus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Valère Maxime, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 juillet 2020), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 19 août 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Val%C3%A8re_Maxime.

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Varron (en lat. Marcus Terentius Varro)

(Réate, auj. Rieti -116 - -27). Écrivain qui était un lieutenant de Pompée le Grand pendant les guerres civiles. Après la victoire de César contre l’armée de Pompée, Varron se réconcilia avec César, qui lui ordonna de faire construire les premières bibliothèques publiques de Rome. Varron fut un des premiers encyclopédistes romains ainsi qu’un auteur de nombreux traités. Il produisit 74 ouvrages sur plusieurs sujets, dont il ne reste que des fragments. Parmi les plus connus :
  • La langue latine, traité de grammaire
  • L’Économie rurale, traité d’agriculture
  • Les Satires Ménippées, traité philosophique
  • Les Antiquités, traité historique
  • Varron, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Vashti

Femme putative d'Xerxès I, roi de Perse (appelé Assuérus dans la Bible), on trouve son histoire dans le livre biblique d'Esther. Ayant bu beaucoup de vin a un grand festin de tout le royaume, le roi ordonna à ses officiers de faire venir la reine Vashti, avec la couronne royale en tête, afin de montrer sa beauté aux peuples et aux grands. Mais Vasthi refusa fièrement de venir. Le roi fut enflammé de colère, et le principal de ses conseillers, Marnucan, lui conseillait que l'exemple de Vasthi pourrait avoir des suites très fâcheuses dans le royaume, puisque toutes les autres femmes se croiraient autorisées à ne pas obéir à leurs maris. Vasthi fut alors répudiée, et Esther mise en sa place.

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Vedius Pollion (en latin Publius Vedius Pollio)

Vedius était un très riche homme d'affaires romain mort en 15 av. J.-C. L'empereur Auguste facilita son ascension ; le père Vedius était un esclave affranchi. Pourtant, Vedius était connu pour sa cruauté envers ses esclaves.

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Verceil (en it. Vercelli)

Ville italienne dans le nord-ouest du Piémont, sur la rivière Sesia, et fondée vers l'an 600 av. J.-C.
  • Verceil, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • VerceilWikipédia, l'encyclopédie libre(8 août 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 15 janvier 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Verceil.

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Vespasien (en lat. Titus Flavius Vespasianus)

Empereur romain de 69 à 79, succédé par ses fils Titus et Domitien. Son grand-père étant centurion et son père un publicain, il n'y avait rien qui le désignait à l'empire. Il avait en premier une carrière militaire et fut finalement proclamé empereur par les légions d'Orient. Vespasien était le fondateur de la dynastie Flavien qui régna sur l'Empire de 69 à 96.
  • VespasienWikipédia, l'encyclopédie libre(8 février 2014), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 27 février 2014. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vespasien.
  • Vespasien, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Victor de Vita (en latin Victor Vitensis)

Né vers 440, Victor était l'évêque de Byzacène, qui correspond à la Tunisie actuelle et l'auteur d'une Histoire de la persécution vandale en Afrique contre les fidèles catholiques. En 482 il doit abandonner son église et part avec les autres exilés. Il mourut en Sardaigne en 510.

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Victorine ou Vitruvia

Au IIIe siècle, Victorine assura la stabilité de l'Empire des Gaules lors de l'assassinat de son fils, l'Empereur Victorinus, en 271.

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Vierges vestales

Les vestales étaient des prêtresses romaines dédiées à la déesse Vesta. Le bien-être des vestales étaient considéré essentiel à la sécurité de Rome. Elles entretint le foyer du temple de Vesta dans le Forum romain. Les vestales étaient libérées des obligations sociales habituelles de se marier et de donner naissance à des enfants, et font vœu de chasteté pendant 30 ans afin de se consacrer à l'étude et au respect des rituels de l'État.

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Virago

Une Virago désigne une femme qui possède l'allure et les manières héroïques d'un homme. Construit sur la racine latine vir, homme, à laquelle on ajoute le suffixe féminin ago. La première traduction de la vulgate en latin par saint Jérôme utilise les termes Vir, et Virago, pour homme et femme afin de marquer le fait que les femmes tirent leurs origines des hommes.

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Virgile (en lat. Publius Vergilius Maro)

(Près de Mantoue, v. -70 – Brindes -19 av. J.-C.). Poète latin renommé dont les œuvres les plus célèbres comprennent les Géorgiques, épopée qui loue le travail et la vie rurale et l'Énéide, épopée qui parle des aventures du héros Énée et du fondement de Rome. Malheureusement, Virgile mourut avant que l'Énéide ne fût achevée. Quoiqu’il eût demandé qu’on brûlât l’épopée partielle, Auguste ordonna que la publication fût terminée par Varrius et Tucca, poètes et amis de Virgile.
  • Perret, Jacques, Virgile, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Virgile Publius Vergilius Maro, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Vénus

Déesse romaine de la végétation et des jardins. À partir du -IIe siècle, elle fut assimilée à Aphrodite grecque acquérant ses attributs de la beauté, de l'amour et des plaisirs. C'est ainsi que la déesse attira plusieurs amants, parmi lesquels Vulcain, Mars et Jupiter. Comme déesse grecque, Vénus est parfois appelée Cythérée, surnom accordé à Aphrodite alors qu'elle fut portée à l'île de Cythère après sa naissance.

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Xanthippe (en gr. Xanthippê)

(Athènes -Ve s. - déb. - IVe s.). Femme du philosophe athénien Socrate qui devint symbole de la femme d’esprit acerbe. Selon la tradition, Socrate ne l’aurait épousé que pour mettre à l’épreuve sa patience. Dans son dialogue Phédon, Platon dit que Socrate, condamné à mort par la consommation de la ciguë, aurait renvoyée Xanthippe avant de s’empoisonner en raison de ses pleurs irritants.
  • Xanthippe en gr. Xanthippê, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Xanthippe (femme), Wikipédia l'encyclopédie libre (2 novembre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 8 février 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Xanthippe_%28femme%29.

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Xerxès Ier ou Assuérus

Roi de Perse (de -486 à -465), né vers -519, mort en -465, membre de la dynastie des Achéménides. Fils de Darios Ier et d'Atossa. À son avènement il dut faire face aux révoltes d'Égypte (-486) et de Babylonie (-482) qu'il réprima durement. Pour venger l'échec de son père à Marathon, il prépara longuement l'invasion de la Grèce. Pendant la deuxième guerre médique (-480 à -479), il traversa la Thrace, la Macédoine, puis vainquit les Grecs aux Thermopyles et à l'Artémision et prit Athènes. La fin de son règne fut marquée par des complots et il fut assassiné à Suse par un dignitaire de sa cour. Son fils Artaxerxès Ier lui succéda.
Xerxès Ier est assimilé par les historiens contemporains à l'Assuréus de la Bible, qui apparait dans le Livre d'Esther et les Esdras comme le mari d'Esther.
  • Xerxès Ier, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Xerxès Ier, Wikipédia l'encyclopédie libre (20 novembre 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 3 décembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Xerxès_Ier.

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Xénocrate (en gr. Xenokratês)

Philosophe grec, Xénocrate (Chalcédoine v. 400 – Athènes v. 314 av. J.-C.) était élève et ami de Platon. En 339, Xénocrate devint le directeur de l'école philosophique de Platon, l'Académie. Inspiré par les théories platonicienne et pythagoricienne, il chercha à unir les deux pensées.
Réputé pour tenir des mœurs austères, une histoire bien connue raconte que la courtisane athénienne Phryné perdit un pari lorsqu'elle n'a pas réussi à séduire Xénocrate.
  • Xénocrate, Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, L.-G. Michaud, 1828, t. 51. Google livres, Internet, 27 octobre 2011.
  • Xénocrate en gr. Xenokratês, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Xenocrates, Encyclopædia Britannica (2011), Encyclopædia Britannica en ligne, Internet, 27 octobre 2011. https://www.britannica.com/biography/Xenocrates.

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Xénophile de Chalcis (en gr. Ξενόφιλος)

Philosophe et musicien grec du IVe siècle. Xénophile est considéré comme fondateur de l'école philosophique d'Élée.
  • Xénophile de Chalcis, Wikipédia, l'encyclopédie libre(13 juillet 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 10 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Xénophile_de_Chalcis.
  • Xénophane, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Xénophon (en gr. Xenophôn)

(dème d'Erchia, Attique v. 430/425 – v. 355/352 av. J.-C.). Historien, philosophe et chef militaire grec dont les contributions littéraires comprennent des récits sur l'histoire politico-militaire grecque de son époque (Helléniques ; Histoire de Thucydide) et des dialogues socratiques (Mémorables ; Apologie de Socrate).
  • Xénophon en gr. Xenophôn, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Yaël, Jaël ou Jahel

Dans le Livre des Juges de l'Ancien Testament, Yaël est une héroïne qui tua le chef de l'armée de Canaan, Siséra, délivrant les Israélites de la domination de du roi Yabin. La juge Débora avait prédit la victoire du général israélite Barac, mais Siséra s'était échappé et c'était Yaël arriva à le tromper en enfin le tuer avec un piquet de tente.

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Ypres

Ville de Belgique, en Région flamande. Connu pour son patrimoine architectural important, Ypres fut considérée une des plus grandes villes d'Europe pendant le XIIIe siècle et une des principales cités drapières de Flandre.

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Zacharie

L'un des douze petits prophètes, Zacharie est l'auteur du Livre de Zacharie dans l'Ancien Testament. Selon la tradition il était le contemporain du petit prophète Aggée, avec qui il participa à la reconstruction du Temple de Jérusalem après l'exil à Babylone.

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Zachée (en latin Zacchaeus

Zachée est mentionné dans le livre de Luc à cause d'un incident où Jésus s'invita chez Zachée, devant une foule étonnée car Zachée était détesté de ses compatriotes : il travaillait comme receveur d'impôts pour les Romains. Zachée se convertit au christianisme, en donnant la moitié de ses biens aux pauvres.

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Zaleucos ou Zaleucus de Locres

Un législateur mythique grec du VIIe siècle av. J.-Chr., Zaleucos est selon des auteurs antiques le legislateur responsable des lois de la ville grecque de Locres, qui devint un modèle de la stabilité politique. Zaleucos est surtout connu pour la légende selon laquelle il aurait partagé la punition de son fils adultère : plutôt que de laisser excuser son fils qui devait avoir les deux yeux crevés, il insista pour que le châtiment ait lieu, mais en faisant enlever un œil à son fils et un de ses propres yeux.

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Zambri

Fils de Salu, chef de la tribu de Siméon, étant entré à la vue de tout le monde dans la tente d’une fille madianite nommée Cozbi, y fut suivi par Phinées, fils du grand prête Éléazar, qui le perça d’un seul coup avec Cozbi au milieu de leurs honteux embrasements (Num. 25 :14).
  • Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, trad. Livres des Nombres, La Sainte Bible, 1696; Bruxelles, Société Biblique Britannique et étrangère, 1855, Wikisource, la bibliothèque libre (18 novembre 2015), Internet, 14 janvier 2016. https://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy.

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Zeleuque

Roi des Locriens, une ancienne tribu grecque. Zeleuque avait mis en pratique une loi dirigée aux adultères – on crevait les yeux des coupables.

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Zénobie d'Arménie

Femme de Rhadamiste, roi d'Ibérie, en 53 ap. J.-C. elle fut poignardée et laissée dans la rivière Araxe par son mari, qui craignait qu'elle ne soit capturée par l'ennemi lors d'une bataille en cours. Elle fut sauvée par des paysans et amenée à la cour du roi arménien Tiridate, qui la traita en reine.

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Zénon de Citium ou Zénon de Cition (en gr. Ζήνων / Zếnôn)

Philosophe grec v. 335 av. J.-C. et fondateur du stoïcisme. Aucune de ses œuvres n'a été conservée. Nous ne pourrons que faire référence aux titres et aux extraits tirés d'autres historiens, tel que Stobée.
  • Zénon de Cition, Wikipédia, l'encyclopédie libre(8 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 11 mars 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Zénon_de_Cition.
  • Aénon de Citium ou Cition, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Æmilia Tertia ou Æmilia Paula

L'épouse du général romain Scipion l'Africain, Aemilia (c. 230 - 163 ou 162 av. J.-C.) était aussi la mère de Cornelia Africana, bien plus connue que sa mère. Aemilia fut connue surtout sa loyauté féroce à son mari, mais aussi pour sa mode de vie luxueuse qui continua après la mort de Scipion.

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Ève

Dans les traditions juive, musulmane et chrétienne, Adam fut le premier homme, créé par Dieu et mis dans le Paradis terrestre (Éden). Dieu créa également une femme, Ève, à partir de la côte d'Adam, ainsi représentant le mariage comme l'union de l'homme et de la femme en une seule chair.
Selon la tradition, Ève, tentée par Satan, qui avait pris la forme d’un serpent, encouragea Adam à manger le fruit défendu ; ce péché originel, qui pèse sur toute l’humanité, provoqua Dieu à chasser les deux du Paradis. Ève et Adam eurent trois fils, Abel, Caïn et Seth. Le premier livre de la Bible, Genèse, raconte l’histoire du premier homme et de la première femme sur la Terre.
  • Ève, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Édouard I d'Angleterre (en anglais Edward I of England, Edward Longshanks ou The Hammer of Scotland)

Édouard mena la Neuvième Croisade en Terre Sainte en 1271-1272, avant d'accéder au trône. Malgré quelques succès militaires, les conflits entre les diverses communautés chrétiennes empêchait une paix durable, qu'Édouard tentait d'instaurer lorsqu'il fut gravement blessé au moment d'une tentative d'assassinat, ce qui a retardé son retour en Angleterre. Il rentra en Angleterre enfin en 1274, après le décès de son père. Édouard fut couronné le 19 août 1274, et son règne dura jusqu'à sa mort en 1307.
Une grande partie du règne fut consacrée à la réforme de l'administration royale et du droit commun. Il s'intéressa également aux affaires étrangères, conquérant le pays de Galles en 1283, suivi de l'invasion de l'Écosse en 1296 -- mais Édouard n'arriva jamais à dompter ce pays.

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Éginhard ou Einhard

Érudit et écrivain du IXe siècle (Franconie v.770 – abbaye de Seligenstadt 840) surtout connu pour sa biographie de Charlemagne, Vita Caroli Magni. Étant homme de confiance de l'empereur, Éginhard fut chargé d'organiser la construction des grands édifices, y compris le palais impérial et la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle, aussi d'accomplir plusieurs missons diplomatiques.
L’éditeur des Œuvres d'Éginhard qualifie l’histoire du mariage de celui-ci avec la fille de Charlemagne de “légende poétique”. Teulet démêle avec soin les sources de cette légende.
  • Éginhard, Wikipédia l'encyclopédie libre (11er octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 9 décembre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eginhard.
  • Éginhard [eʒinar] ou Einhard, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Teulet, J.-B. Alexandre T., éd., Les œuvres d'Éginhard, Paris, Librairie Firmin-Didot, 1856, notice, p. xxii-xxxviii. Google livres, Internet, 5 janiver 2011.

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Église Saint Sauveur (Basilique Saint-Jean-de-Latran)

Connue aujourd'hui sous le nom de Basilique Saint-Jean-de-Latran, cette église est l'une des quatre basiliques majeures à Rome. Elle fut construite en 324 sous le règne de Constantin Ier.

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Église Saint-Séverin

Église du Quartier latin de Paris dédiée à Saint Séverin de Paris. L'église a été construite au VIe siècle dès la mort de Saint Séverin, au lieu où il avait l'habitude de prier dans un petit oratoire durant sa vie.

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Église éthiopienne orthodoxe

L'église éthiopienne orthodoxe est une des institutions religieuses les plus anciennes au monde. Fondée au IVe siècle, elle une des seules Églises chrétiennes pré-coloniales de l'Afrique. Elle fut isolée du reste du monde chrétien suite aux conquêtes musulmanes du VIIe siècle.

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Élie (en héb. Eliyahû)

Prophète biblique d'Israël qui dut s'enfuir à cause de l'inimitié de la reine d'Israël Jézabel. Il laisse sa succession à Élisée avant qu'un char de feu ne l'enlève au ciel.
  • Élie, Wikipédia, l'encyclopédie libre(27 février 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 février 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Élie.
  • Élie, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Élisabeth d'Autriche

La femme de Charles IX, Élisabeth (1554-1592) fut la reine de France entre 1570 et 1574. Après la mort de son mari quand elle avait 20 ans, elle retourna vivre en Autriche où elle décéda à 37 ans, ayant refusé toutes les offres de mariage, sans quitter le deuil de son mari.
Elle fonda un monastère près de Vienne et l'église de tous les saints à Prague, tout en continuant de doter des églises et les pauvres.

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Élisée

Prophète biblique dans l'Ancien Testament (I Rois, XIX, 16-21 ; II Rois, II-XIII) et disciple du prophète Élie.
Dans II Rois III, 12-19, le roi d'Israël, le roi de Juda et le roi d'Edom, manquant d'eau pour l'armée et pour les animaux qui la suivent, consultent Élisée qui fait appel à un joueur de harpe dont la musique permet de comprendre le message de Dieu. Élisée prophétise que Dieu remplira d'eau la vallée où ils se trouvent et qu'il livrera l'adversaire, Moab, entre les mains des trois rois.
  • Élisée, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Élisée, Wikipédia l'encyclopédie libre (11er octobre 2010), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 18 octobre 2010. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lis%C3%A9e.

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Éliézer de Damas

Personnage biblique qui sert son maître Abraham et qui est considéré comme son héritier. Éliézer est identifié comme le serviteur anonyme dans le Livre de la Genèse qui cherche Rébecca pour qu'elle devienne l'épouse d'Isaac, le fils d'Abraham.
  • Éliézer de Damas, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Éliézer, Wikipédia, l'encyclopédie libre(28 novembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 6 décembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Éliézer.

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Éléonore de Castille

La première épouse d'Édouard I d'Angleterre, Éléonore l'accompagna lors de la Neuvième Croisade en Terre Sainte, quittant l'Angleterre en 1270 pour ne rentrer qu'en 1274. Suite à une tentative d'assassiner Édouard en 1272, il fut blessé au bras. Selon une légende (infondée), Éléonore suça le poison de la blessure infectée.
Éléonore mourut en 1290. Édouard se remaria neuf années plus tard avec Marguerite de France, fille de Philippe III.

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Énée (en gr. Aineias, en lat. Aeneas)

Tout comme Hercule, Énée fut le fils d’un mortel et d’une déesse, ayant pour parents Anchise (cousin du roi Priam) et Vénus. L’épopée romaine l’Énéide raconte l’histoire d’Énée, le décrivant le plus souvent comme pieux. Ainsi ce héros incarne-t-il des valeurs romaines comme la dévotion à son devoir, d’abord et avant tout.
Selon la mythologie gréco-romaine, Énée fut un des plus grands héros de la guerre de Troie, avec Hector. Il luttait avec les héros grecs Dioméde et Idoménée pendant la guerre, et deux fois, les dieux le délivrèrent de situations périlleuses. Éventuellement, les Grecs lui ordonnèrent de fuir la Troie, et ensuite, il se trouva naufragé avec quelques-uns de ses hommes à Carthage. Là, selon l'Énéide, il connut Didon, fondatrice et reine de la ville. Les deux tombèrent vite amoureux. Malheureusement, cet amour menaçait le destin de ce héros : il était censé fonder Lavinium (Rome) en Italie. À cause du départ de son bien-aimé, Didon, inconsolable, se donna la mort. Atteignant l'Italie, Énée rencontra Latinus, le roi du Latium qui désira lui donner sa fille Lavinie en mariage. Cependant, Turnus, roi des Rutules d'Ardée, qui voulait à tout prix prendre Lavinie comme épouse, fit la guerre contre Latium. C'était Énée qui mit fin à la lutte lorsqu'il tua Turnus au combat rapproché. Il épousa, finalement, Lavinie et les deux se donnèrent le jour à Ascagne, futur fondateur d'Albe la Longue.
  • Aeneas, Greek Mythology Link (1997), Carlos Parada et Maicar Förlag, Internet, 10 août 2011. http://www.maicar.com/GML/Aeneas.html.
  • Énée (en gr. Aineias, en lat. Aeneas), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Éphraïm

Deuxième fils d'Asnath et Joseph, Éphraïm fut béni par son grand-père Jacob avant son frère ainé, Manassé. Ce signifie la préséance éventuelle de la tribu d'Éphraïm sur celle de Manassé. Ses descendants constituent une des douze tribus d'Israël, incluant Josué fils de Noun.

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Éphèse (en turc Efes; en gr. Éphesos; en lat. Ephesus)

Éphèse est l'une des plus anciennes villes de la côte Ouest de l'Asie Mineure (aujourd'hui en Turquie). Elle était dans l'Antiquité l'une des plus importantes cités grecques, la première de l'Ionie, et l'un des ports les plus actifs de la mer Égée. Elle fut également l'un des premiers centres du christianisme.
  • Éphèse, Wikipédia l'encyclopédie libre (28 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 29 octobre 2012. https://fr.wikipedia.org/wiki/Éphèse.
  • Éphèse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Épicure (en gr. Epikouros)

(Samos ou Athènes 341 – Athènes 270 av. J.-C.). Philosophe grec qui fonda l’épicurisme, une école philosophique très importante de l’Antiquité. Cette philosophie se base sur une théorie de la connaissance qui voit les sensations physiques comme la seule preuve de la réalité.
La plupart des ouvrages qui exposent les théories d’Épicure ont disparu. Cependant, il nous reste trois lettres :
  • Lettre à Hérodote (qui parle de la physique)
  • Lettre à Ménécée sur la morale (qui critique les fausses idées des hommes concernant les dieux et la mort)
  • Lettre à Pythoclès (qui traite des météores)
  • Épicure en gr. Epikouros, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Épicure, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picure.

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Épiphane de Salamine, ou Épiphane de Chypre (en lat. Epiphanius Constantiensis)

Évêque et théologien chrétien né en 315 et mort en 403.
  • Épiphane de Salamine, Wikipédia, l'encyclopédie libre(2 décembre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 14 janvier 2013.https://fr.wikipedia.org/wiki/Épiphane_de_Salamine.
  • Épiphane (saint), Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Épître aux Colossiens

Lettre de saint Paul adressée à l'Église de la cité phrygienne de Colosses. C'est une des quatre lettres écrites par Paul pendant sa première captivité à Rome, pendant laquelle il écrivit les Épîtres aux Éphésiens, aux Phillipiens et à Philémon.
La situation à Colosses fut semblable à celle chez les Galates, où les docteurs judaïsants prêchèrent le retour à la loi de Moise (en particulier l'accent sur les observances : circoncision, prescriptions alimentaires et fêtes annuelles) et sur un ascétisme extrême. Dans sa lettre, Paul reprend les membres de l'Église en enseignant que la rédemption n'est possible que par le Christ et qu'ils devaient faire preuve de sagesse et le servir.

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Épître aux Corinthiens

Les deux épîtres intitulées Corinthiens dans le Nouveau Testament ont été écrites par saint Paul. La première épître aux Corinthiens a été écrite à Pâques de l’an 55, 56 ou 57. Dans cette première lettre, Paul traite des difficultés qu’il a rencontrées dans l’Église de Corinthe, par exemple, cas d’inceste, désordres dans la pratique de l’Eucharistie, l’existence des tribunaux païens et des erreurs doctrinales concernant la résurrection. Il répond également à quelques questions posées par les Corinthiens concernant les dons spirituels et la virginité, parmi d’autres. De nos jours, on se fie à l’authenticité de cette première épître aux Corinthiens, vu qu’elle est citée par Clément de Rome et par Ignace.
La seconde épître écrite aux Corinthiens fut produite pendant le séjour de Paul en Macédoine, lorsqu’il pensait à aller à Corinthe pour la troisième fois. Dans cette seconde épître, Paul fait allusion à un deuxième séjour en Corinthe, apparemment pénible (I, 23 et II, 3). Il parle d’une lettre écrite en larmes aux Corinthiens ; l’on croit de nos jours qu’il y aurait eu au moins quatre épîtres écrites à ce peuple, dont deux nous restent. La seconde épître peut être divisée en quatre parties : celle de Paul et de son rapport avec les Corinthiens ; la collecte et les bienfaits en résultant ; discours où il se dresse contre les diffamateurs et ensuite, la conclusion, qui est la quatrième partie.
  • Corinthiens, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 20 mai 2009.

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Épître aux Galates

L'Épître, neuvième livre du Nouveau Testament, prend la forme d'une lettre de l'apôtre Paul aux chrétiens de la Galatie. Elle énonce les « fruits de l'esprit » à savoir les vertus théologales que le chrétien est en mesure de développer lorsqu'il a reçu le Saint-Esprit (Galates V:XXII). Elle inscrit aussi la vie chrétienne comme une liberté vécue dans l'amour. Le thème de cette lettre est qu'on ne peut trouver la vraie liberté qu'en vivant l'Évangile de Jésus-Christ. Si les saints (soit les chrétiens disciples de Paul) adoptaient les enseignements des judéo-chrétiens qui tenaient à observer la loi de Moïse (à commencer par la circoncision), ils limiteraient ou anéantiraient la liberté qu'ils avaient trouvée dans le Christ. Dans l'épître, Paul se définit comme apôtre, expliquant la doctrine de la justification par la foi et affirme la valeur d'une religion spirituelle.

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Épître aux Hébreux

Une épître dans le Nouveau Testament. Elle s'adresse à des chrétiens issus du judaïsme, c'est-à-dire, au sens premier, aux judéo-chrétiens encore attachés à certains usages de la Loi juive. L'église catholique reconnaît l'épître aux Hébreux comme « de filiation paulienne indirecte », mais la critique indépendante en considère plusieurs autres comme des attributions postérieures, notamment les épîtres pastorales et les épîtres catholiques.
L'épître se divise en deux parties. Dans la première partie, Jésus-Christ est décrit comme supérieur à Moïse, il est considéré comme le grand prêtre qui remplace le sacerdoce lévitique et qui établit une nouvelle alliance pour être accepté par la foi (chap. 1-10). Dans la deuxième partie, l'auteur donne des conseils sur la persévérance fidèlement dans la nouvelle alliance (chap. 10 à 13).
  • Épîtres du Nouveau Testament , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Épître aux Hébreux, Wikipédia l'encyclopédie libre (5 mai 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 7 mai 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Épître_aux_Hébreux.

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Épître aux Philippiens

Livre biblique du Nouveau Testament à propos de l'importance du dévouement à Jésus Christ. Le livre fut écrit pendant l'emprisonnement de l'apôtre Paul à Rome, et envoyé à l'Église de Philippes par la suite.

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Épître aux Romains

L'épître aux Romains, le plus long des livres du Nouveau Testament, fut envoyée par l'apôtre Paul à l'Église de Rome. Les idées développées dans cette épître forment le fondement de la doctrine des Églises chrétiennes. L'épître comprend deux parties : la première est une lettre de circonstance à une communauté rencontrant des difficultés, et la deuxième est la lettre doctrinale où Paul expose ses convictions sur le salut et la foi chrétienne.

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Épître aux Éphésiens

La lettre aux Éphésiens correspond aux chapitres XVIII et XIX des Épîtres des Apôtres du Nouveau Testament, et fut écrite par des disciples de l'Apôtre Paul entre l'an 60 et 63. Dans la première partie (I:III-III:XIX), l'auteur insiste sur l'union de tous les chrétiens avec Jésus Christ grâce au sacrement du baptême et réalisée dans l'Église. La deuxième partie continue avec la conception de l'union de Christ avec l'Église comme l'archétype du mariage chrétien, une idée tirée de l'Ancien Testament; elle exhorte les chrétiens à vivre d'une manière honorable et digne pour maintenir cette unité. Dans cette deuxième partie, (de V:XXI à VI:IX) l'auteur décrit brièvement les normes et les règles fondamentales de la conduite de tous les membres de la famille (maris, femmes, enfants, parents, etc.) De V:XXI à V:XXXIII l'auteur décrit la vie domestique et présente les devoirs des époux, ce qui forment la base de la conception du mariage chrétien.
  • Rouche, Michel, Le sacrement de mariage dans l'Église paléochrétienne, Mariage et sexualité au Moyen Âge. Accord ou crise?, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2000. Google livres, Internet, 17 août 2011.
  • Épîtres aux Éphésiens, Wikipédia, L'encyclopédie libre (29 juillet 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 17 août 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Épître_aux_Éphésiens.
  • Éphésiens, Épître aux, Encyclopédie Universalis (2011), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 17 août 2011.

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Épître à Tite

L'Épître à Tite est un livre du Nouveau Testament attribué à l'apôtre Paul, dont Tite était un disciple.

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Épîtres (en lat. Epistulæ) de Horace

Ensemble de lettres divisées en deux livres dont l'auteur est Horace. Le premier livre fut publié vers 20 av. J-C. et le second livre vers 14 av. J.-C. Les épîtres traitent des thèmes qui incluent l'amour, l'amitié, la philosophie et l'art de la poésie.
  • Horace, Encyclopædia Britannica Online (2011), Encyclopædia Britannica, Internet, 5 décembre 2011. https://www.britannica.com/biography/Horace-Roman-poet.
  • Horace en lat. Quintus Horatius Flaccus, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Épîtres aux Thessaloniciens

Attribués à Saint Paul, la première épître aux Thessaloniciens est le plus ancien texte du Nouveau Testament. Elle fut envoyé en 51 à Thessalonie, où Paul s'était rendu en 50 lors de son deuxième voyage missionnaire; elle comprend une exhortation à la chasteté et à la charité.

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Épîtres du Nouveau Testament ou Épîtres des Apôtres

Cet ensemble de 21 lettres est le troisième livre du Nouveau Testament, suivant les Actes des Apôtres, qui décrivent Paul et Pierre comme les héros du christianisme pendant la naissance de celui-ci. Il s’agit de quatorze Épîtres écrites par Saint Paul -- ou ses disciples -- qui prennent la forme de lettres ayant pour destinataires les premières communautés chrétiennes. Les Épîtres pauliennes sont suivies par sept autres lettres, appelées communément les Épitres catholiques. Les quatorze de Paul sont divisés ainsi :
Les Épîtres catholiques sont divisées ainsi:
1 Épître de Jacques, 2 Épîtres de Pierre, 3 Épîtres de Jean, 1 Épître de Jude.
Ces sept Épîtres prennent également la forme de lettres, mais cette fois-ci, elles ne s’adressent pas à une communauté spécifique, contrairement à celles de Paul, adressées à une communauté chrétienne. L’adjectif catholique est donc quelque peu trompeur et devrait être compris plutôt comme universel. Ainsi les appelle-t-on également les Épîtres universelles.
  • Épîtres, Encyclopédie Universalis (2009), Paris, Encyclopædia Universalis, Internet, 1er octobre 2009.
  • Épîtres du Nouveau Testament ou Épîtres des Apôtres, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ériphyle

Selon la légende grecque, Ériphyle, fille de Talaos, était la femme d’Amphiaraos qui régnait sur une portion du royaume d’Argos. Le mariage des deux apaisa Adraste, frère d’Éryphile, qui était l’héritier du royaume qu’Amphiaraos avait reçu. Après le mariage, Amphiaraos céda le trône à Adraste. Pourtant, le bonheur d’Amphiaraos ne dura pas. Après une vision qu’il périrait dans la guerre des Sept Chefs, Amphiaraos se cacha. Seulement, Ériphile, sachant où se trouvait son mari dévoila le lieu à Polynice après que celui-ci la tenta avec un collier. Avant de partir, Amphiaraos ordonna sa vengeance contre sa femme à son fils Alcméon. La veille de sa mort, Amphiaraos se trouva à table avec les autres chefs lorsqu’un aigle laissa tomber une lance. Ensuite, la lance se transforma en laurier. Le lendemain, lorsqu’Amphiaros était dans son char, la terre s’ouvrit et l’engloutit, réalisant le mauvais destin de l’ancien roi. Quelques années après, Thersandre, fils de Polynice, prépara une seconde expédition contre Thèbes. Cette fois-ci, il tenta Eryphile avec un peplum (tunique). Ainsi engagea-t-il son fils Alcméon à la tête de l’armée. Ensuite, Thèbes fut presque détruite. En fin de compte, Éryphile fut tuée par son fils, Alcméon, lorsque celui-ci apprit que sa mère tenait à engager son fils à encore une expédition.
  • Claustre, André de, Éryphile, Dictionnaire portatif de mythologie : pour l’intelligence des poëtes, de l'histoire fabuleuse, des monumens historiques, des bas-reliefs, des tableaux, &c., Paris, Briasson, 1765, t.1. Google livres, Internet, 6 avril 2011.

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Ésaü (en héb. עשו)

Personnage de la Bible dans la Genèse. Ésaü était le fils d'Isaac et de Rébecca et le frère aîné de Jacob, à qui il vend son droit d'aînesse pour un plat de lentilles. Par la suite, il fut formellement supplanté par Jacob qui usurpe la bénédiction paternelle par une ruse. Ésaü faillit tuer son frère, qui part vivre chez son oncle Laban. Les frères se réconcilièrent vingt ans plus tard.
  • Ésaü, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • ÉsaüWikipédia, l'encyclopédie libre (3 août 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 26 septembre 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ésaü.

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Ésope (en gr. Aísôpos)

Auteur grec à qui on attribue l'origine de la fable. Les fables d'Ésope servaient d'inspiration pour plusieurs écrivains notamment, Jean de La Fontaine de la dix-septième siècle.
  • Ésope, Wikipédia, l'encyclopédia libre (18 octobre 2012), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 5 novembre 2012.https://fr.wikipedia.org/wiki/Ésope
  • Ésope, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Éthique à Nicomaque

Traité d'Aristote qui traite de l'éthique, la politique et de l'économie. Il se propose surtout à interroger la notion du bonheur.

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Étienne Binet

Binet (1569-1639) était un prêtre jésuite et écrivain spirituel. Un auteur prolifique, son œuvre connut beaucoup de popularité : ses quarante-cinq ouvrages de spiritualité sont réimprimés plusieurs fois de son vivant, et traduits en d'autres langues.

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Évangile

Livres saints de la Bible qui contiennent la révélation chrétienne du Christ. Il existe quatre Évangiles canoniques, qui comprennent les premiers livres du Nouveau Testament : ceux d’après saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean. Les trois premiers parlent des mêmes événements et on les appelle les Synoptiques à cause de leur relation et dépendance entre eux. Le livre de Matthieu comprend 28 chapitres et se concentre sur l’annonce du Royaume chrétien et sur son accomplissement en Jésus Christ. Celui de Marc traite plutôt de la vie adulte de Jésus et a pour destinataire en particulier les chrétiens qui étaient jadis des païens. Le livre de Luc comprend 24 chapitres et transmet la prédication faite par Paul. Le dernier livre, celui de Jean, consiste en 21 chapitres et se distingue des trois autres par son mélange de symbole et d’histoire, témoignant d’une perspective théologique aussi bien que liturgique.
  • Évangile, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ézéchias (en héb. חזקיה)

Fils et successeur du roi Achaz, Ézéchias est un roi du royaume de Judah qui paraît dans le Deuxième Livre des Rois.
  • Ézéchias, Le Petit Robert : dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ézéchiel 

Un prophète du Tanakh et de l'Ancien Testament. On lui attribue le livre auquel il donne son nom, le troisième dans l'ordre canonique des « Grands Prophètes » (Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel). Aux Juifs à Babylone, il annonça la ruine de Jérusalem, puis la restauration future d'Israël.
  • Ézéchiel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Ézéchiel, Wikipédia l'encyclopédie libre (27 mars 2013), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 24 avril 2013. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ézéchiel.

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Œcumenius (en gr. Οικουμένιος, Επίσκοπος Τρίκκης)

Un commentateur grec sur le Nouveau Testament dont les écrits datent probablement du Xe siècle.

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Œuvres morales (en lat. Moralia ou Ethica) de Plutarque

Ouvrage de Plutarque qui se compose de plus de soixante traités écrits sous la forme de dialogues et de diatribes. Les traités discutent de sujets éthiques, religeux, physiques, politiques et littéraires.

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Notes

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