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La Comtesse d'Isembourg

LA
COMTESSE
D'ISEMBOURG.

Vignette, coupe à fruits, fleurs, feuilles et ailes. Au-dessous de la vignette, à gauche, l'empreinte (illisible) de la bibliothèque.

A PARIS,
Chez Claude Barbin, au
Palais, sur le Perron de la
Sainte Chappelle.
Filet simple. M. DC. LXXVIII.
Avec Privilege du Roy. Cote Y2 23585 (écrit à la main)
3 Bandeau décoratif.

LA COMTESSE D'ISEMBOURG. 1

Lettrine (L)
LA Maison de Hohenzollern, est une Maison fort illustre dans l'Alemagne. Elle a eu l'honneur d'estre al 4 liée à ses Empereurs, puis qu'un Comte de Hohenzollern a épousé autrefois une fille de la Maison d'Autriche à laquelle l'Empereur donna les Estats du Marquis de Brandebourg qui luy étoient dévolus par un droit de l'Empire. La Comtesse d'Isembourg estoit sortie de cette fa 5 mille, elle estoit fille de Iean George de Hohenzollern Prince de l'Empire de la haute Alemagne & de la Province de Suaube. Il fut sur la fin de sa vie le favory de l'Empereur Ferdinand II. comme il l'avoit déja esté des Empereurs Rodolphe & Mathias, & c'étoit un des plus grands hom 6 mes d'Estat que l'Alemagne ait jamais eû.
Il laissa trois garçons & six filles. L'aisné des Princes fut élevé en France & prefera toûjours une vie douce & tranquille à l'éclat des grands emplois. Il se maria en Flandres avec une fille unique de la Maison de Berg qu'il ne pût 7 obliger de passer dans la haute Alemagne, & qu'elle ne pût retenir dans la basse. De sorte qu'ils se separerent aprés la naissance de Madame la Comtesse d'Auvergne leur fille. Le second des Princes mourut dans son enfance, & le troisiéme est marié dans la haute Alemagne.
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La Comtesse
Des six filles du Prince de Hohenzollern qui furent toutes mariées à des Comtes Souverains ou à des Princes, l'aînée entra dans la Maison de Furstemberg. La seconde épousa le Prince Guillaume de Bade qui presida à la Diette de Ratisbonne l'année 1640. & l'infortunée Princesse 9 Marie Anne la plus jeune & la plus belle épousa le Comte d'Isembourg de la basse Alemagne.
Comme la fortune luy preparoit bien moins de bonheur qu'à ses sœurs, la nature voulut la favoriser de tous les avantages qui peuvent rendre une personne accomplie. Elle estoit grande, 10 blanche & blonde, ses yeux avoient plus de langueur que de feu. La blancheur & l'éclat extraordinaire de son teint ne donnoient pas à ceux qui la regardoient le loisir ny la liberté d'examiner, si tous les traits de son visage estoient reguliers, enfin dés que l'on la voyoit il estoit difficile de ne se lais 11 ser pas persuader qu'elle estoit parfaitement belle. L'on ne vit jamais un air si touchant & si majestueux que le sien. Elle n'avoit que dix ans lorsque le Prince son pere estant mort, la Comtesse de Furstemberg sa sœur infiniment spirituelle prit le soin de son enfance, & & par le secours de 12 l'art & les avantages de la nature la jeune Princesse n'ignora rien de ce qui peut rendre une personne accomplie.
Elle parut avec tous ces charmes à l'âge de quinze ans à la Cour de l'Imperatrice durant la Diette de Ratisbonne de l'année 1630. Comme l'on y de 13 voit traiter des plus grandes affaires de l'Empire, cette Cour n'avoit jamais esté si belle. La Princesse eut d'abord un fort grand nombre d'Amans. Le Prince Iulien de Saxe le mieux fait & le plus amoureux de tous, ayant dans une course de Bague remporté le prix que l'Imperatrice donnoit, 14 l'offrit à la jeune Princesse ; & dans ce moment le vieux Comte d'Isembourg arrivant de Cologne, la vit & l'ayma, c'estoit pour elle deux choses qui se suivoient de prés.
Il avoit esté marié à Caroline d'Aremberg de la Maison d'Arschot, mais il l'avoit épousée sans amour & vivoit 15 avec elle sans tendresse, lors qu'une violente colique, dont la cause fut inconnuë l'enleva du monde dans deux heures.
Ce Comte avoit de l'esprit & du courage, l'ame liberalle & le cœur grand, il estoit mal-fait, mais ses plus grands deffauts étoient dans son humeur, il l'a 16 voit sombre, emportée, bijarre, l'amour qui adoucit les naturels les plus farouches n'avoit pû changer le sien. Il n'avoit jamais rien aymé, il estoit mesme nay avec une antipathie extreme pour toutes les femmes, & il en donna dés le Berceau un assez plaisant témoignage, puis qu'on 17 ne pût jamais luy faire teter aucune femme. On luy choisit inutilement des nourrices brunes, des blondes, des vieilles & des jeunes, il les refusa toutes, & prit avec avidité une chevre qu'on luy presenta. Il avoit la phisionomie sauvage & terrible, & la conduite du Comte tenoit 18 fidellement tout ce que sa physionomie promettoit. Il est assez difficile à l'amour de se rendre maistre d'un cœur de cette nature, il vint pourtant à bout de celuy du Comte. & quoy qu'il ne prit pas le chemin qu'il suit d'ordinaire pour arriver aux autres cœurs, il y parvint enfin.
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Comme le Comte ne connoissoit point l'usage des soûpirs, il fut surpris des premiers qui luy échaperent, il ne sçavoit ce qu'ils demandoient, mais ses pressants desirs le luy ayant bientost fait comprendre, par un accord fatal de son destin avec celuy de la jeune Princesse, il fut 20 preferé à tous les Amans par le Comte & la Comtesse de Furstemberg. Ce n'étoit pas sans raison, il avoit exercé les premiers emplois de l'Armée, il estoit parvenu à celuy de Mestre de Camp general, & c'estoit un des plus riches & des plus vaillans Seigneurs de l'Empire.
A la fin de la Die 21 te la Comtesse de Furstemberg retourna chez elle avec la jeune Marie Anne sa sœur, & le Comte partit pour aller à Isembourg. Mais comme il avoit dans le cœur une impatience amoureuse à laquelle il n'estoit pas accoustumé, il fit tant de chemin en peu de temps qu'à peine le croyoit 22 on chez luy qu'il arriva à Furstemberg pour épouser la Princesse avec un train digne d'un des plus grands Princes de l'Empire.
L'amour l'instruisit tout d'un coup, il fit faire un équipage pour la Princesse aussi galand qu'il estoit magnifique, & excitant la pante naturelle qu'il avoit 23 d'estre liberal, il fit present à sa maîtresse d'une quantitié prodigieuse de pierreries. On a eu raison de dire depuis, que l'amour ne faisoit que mettre ces pierreries en dépot dans les mains de la Princesse, & que le Comte s'en reservoit l'usage. Quoy qu'il en soit le Comte avoit ses intentions, & l'a 24 mour pouvoit avoir les siennes.
La jeune Princesse paroissoit en cét état si belle au Comte d'Isembourg, qu'il estoit le plus amoureux & le plus content de tous les hommes. Il connoissoit pourtant bien qu'il n'en estoit pas aymé, mais cette connoissance qui auroit troublé les plaisirs 25 d'un autre n'alteroit nullement les siens, il n'étoit pas d'humeur de les gâter par de semblables delicatesses. Il partit bientost aprés ses Nopces pour aller à Isẽbourg disposer les choses pour la reception de la Comtesse sa femme, la Princesse de Bade & la Comtesse de Furstemberg la voulurent accompa 26 gner. Elles firent presque tout leur voyage sur le Rhin & dans un batteau des plus galans & des plus magnifiques qui eussent jamais paru sur ce fleuve.
Le Rhein est bordé en ces endroits de tres-agreables Villes. Comme le Comte estoit en grande consideration en ce païs-là ; les Gou 27 verneurs & les Magistrats tâchoient à l'envy de regaler la Comtesse ; ils luy faisoient par tout des receptions magnifiques, les rivages retentissoient de mille concerts ; on n'entendoit par tout que des acclamations & des cris de joye, & avec un vin excellent qu'on luy offroit selon la 28 mode du païs ; les Deputez de toutes ces Villes venoient luy faire des harangues. Comme elle estoit fort jeune ces ceremonies la fatiguerent, la contrainte n'est pas de cet âge, & le divertissement & la joye luy conviennent mieux ; la Comtesse y avoit un penchant que toutes les infortunes de sa vie 29 on eu peine de chãger. Pour se divertir & se delasser de la fatigue de ces ennuyeuses harangues ; elle s'avisa de faire joüer le personnage de Comtesse d'Isem bourg à une fille de sa suite à peu prés de sa taille, mais laide & vieille. Le Comte plein d'amour & de joye avoit publié en passant qu'il ve 30 noit d'épouser une Princesse jeune & belle, & l'on l'avoit cru de bonne foy. L'étonnement de ces Messieurs, & la peine qu'ils avoient de prononcer les mots de belle & jeune estoit une chose tres-réjoüissante à voir. La Princesse de Bade s'en divertissoit comme la Comtesse, mais Madame de Furstem- 31 berg toûjours severe & toûjours scrupuleuse, craignant que le Comte ne fut fasché que l'on pust condãner son choix arrêta le cours de cette plaisanterie en faisant connoître la veritable Comtesse, & il fallut qu'elle écoutât de nouveau des Harangues. Si bien que lors que les Habitans de ces diffe 32 rents lieux se trouvoient ensemble, ils avoient des contestations sur la beauté ou sur la laideur de la Comtesse d'Isembourg, dont ils ne sont pas encore d'accord.
Elle arriva enfin à Isembourg. Il n'y avoit rien de si beau que le Château, rien n'en pouvoit surpasser la magnificence, 33 soit pour le dedans soit pour le dehors. La structure en estoit admirable, & les peintures, les lambris, les jardins le rendoient un des plus agreables lieux du monde. La Comtesse y fut receuë par le Comte, tout plein & tout transporté de sa passion, avec toutes les marques de 34 joyes qu'on a accoûtumé de faire paroître en ces sortes d'occasions. Il luy fit de nouveaux presens de Pierreries, & pendant tout le sejour que la Princesse de Bade & Mme de Furstẽberg firent à Isembourg, ce ne fut que courses de bague, que promenades, que parties de chasse, de divertissement & de 35 plaisir. La separation de ces Princesses fut le premier chagrin que la Cõtesse fit paroître, elle y fut sensible au delà de tout ce qu'on pourroit exprimer, & beaucoup plus que le Comte n'eust souhaité, il faisoit tous ses efforts pour la consoler, il s'avisoit de mille petites manieres pour la divertir, en fin pour dis 36 siper la mélancholie où elle s'abandonnoit quelquefois par le souvenir de ce qu'elle perdoit, il luy faisoit un détail de tous les avantages qu'il luy preparoit & il n'oublioit rien pour luy plaire.
Quand on ne commence à aymer qu'à l'âge de soixante ans & qu'on s'y prend d'abord de cette ma 37 niere, il semble que l'on devroit porter sa passion jusques au tombeau. Cependant le vieux Comte cessa bien-tost d'aymer, son cœur n'étoit pas propre à l'amour. Il se lassa d'une passion si douce, & les chagrins, les soupçons, les dégoûts en chasserent bien-tost ce qu'il y avoit eu de doux & de raisonna 38 ble. Comme depuis son mariage il n'avoit point esté à l'Armée exercer sa valeur, il voulut l'employer à dompter la beauté de sa femme, il ne songea plus qu'à faire peur à la jeune Comtesse. Cela luy fut plus facile que de s'en faire aimer. Il reprit son air sombre & sauvage que l'amour avoit un peu 39 radoucy, & tout cela faisoit un effet si terrible sur le cœur & sur l'esprit de la Comtesse, qui n'avoit pas assez de courage pour le regarder sans frayeur. Il ne s'entretenoit que d'Histoires tragiques, d'evenemens funestes, & des punitions que de jeunes femmes s'étoient attirées de leurs vieux 40 maris. C'estoit ordinairement au lict qu'il luy faisoit ces galands recits, & une nuit la Comtesse en fut si effrayée qu'elle ne pust s'empécher de crier de toute sa force : un long évanoüissemẽt succeda à ses cris, & peut-estre seroit-elle morte de frayeur si l'on ne fût venu promptement à son 41 secours. Le Comte fut fâché de l'avoir jettée dans ce peril, & par une grace singuliere il changea l'heure de ses entretiens.
Lorsque la Comtesse ne sçavoit plus que devenir, il arriva pour sa consolation une Courier de l'Empereur qui portoit un ordre pressant au Comte de se rendre 42 auprés de lui à l'occasion de la guerre dõt l'Empire estoit presque accablé par le vaillant Gustave Roi de Suede. Le Comte qui estoit habile jugea d'abord que cette guerre seroit longue & perilleuse pour les Alemans, mais il craignit qu'elle ne le devînt davantage pour luy-mesme par la beauté & la jeu 43 nesse d'une femme qu'il estoit obligé de quitter, & d'abandonner à sa bonne foy & à sa conduite. La campagne luy paroissant plus suspecte qu'une Ville où l'on est sans cesse exposé à la veuë de tout le monde, il se resolut de faire aller la Comtesse à Cologne qui estoit la ville la plus proche 44 d'Isembourg, On y transporta les meubles les plus precieux du Château, & le Comte craignant toûjours quelque vangeance pour les traitemens injurieux qu'il avoit faits à la Comtesse voulut la conduire luy-mesme dans une Ville où il croyoit estre mieux à couvert de la seule chose qu'il craignoit 45 au monde. Cette guerre fut d'un grand secours à la Comtesse pour la délivrer de beaucoup d'ẽbarras & dissiper un peu ses chagrins, elle en avoit de plus d'une maniere, & toute jeune qu'elle estoit elle ne pouvoit se consoler des ordres cruels que le Comte avoit donnez pour son sejour de Colo- 46 gne. Elle essaya d'abord d'ébloüir toute la Ville par une joye qu'elle ne ressentoit pas veritablement dans l'ame, mais à force de cacher & de déguiser ses douleurs elle les étouffa tout-a-fait. Elle oublia jusques aux brutalitez & aux injustices du Comte, & jamais elle ne goûta plus tranquille 47 ment le plaisir. Elle avoit ainsi passé ses beaux jours pendant les six mois que le Comte avoit fait la guerre sans que personne se fut apperceu de ses déplaisirs, elle en auroit encore passé bien d'autres, & peut-estre qu'elle eut même oublié tout à fait qu'elle estoit la plus mal-heureuse femme du monde si 48 le Comte ne fût venu luy-mesme pour l'en faire ressouvenir. Comme il avoit passé six mois parmy le sang & le carnage, il n'avoit point appris à devenir plus traittable. Au contraire il revint plus fascheux & plus farouche qu'il n'estoit auparavant. Il estoit jaloux sans sçavoir le sujet de sa jalousie. Il 49 avoit l'ame pleine de soupçons sans s'arréter nulle part, parce que la Comtesse étoit innocente. Mais enfin ils tomberent sur la personne du monde pour qui elle avoit le moins apprehendé.
Entre tous les presens que le Comte luy avoit faits en l'épousant, il luy avoit donné un page dont 50 la bonne mine & l'esprit estoient l'admiration de tous ceux qui le connoissoient. Son pere s'appelloit Massauve, il estoit François, & d'une ancienne famille de la ville de Montpellier. Par quelque caprice de son destin il se maria en Lorraine, & s'attacha au service des plus proches parens de la 51 Comtesse. Lorsqu'elle se maria Madame de Fustembourg presenta le plus jeune des fils de Massauve au Comte d'Isembourg, qui le trouvant extrémement bien fait le donna pour Page à la Comtesse sa femme. Ce Page devint en peu de temps fort accomply. Il estoit sage, adroit, respec 52 tueux, fidelle ; & la Comtesse prenoit en luy une confiance entiere. Mais ce qui devoit faire en partie sa consolation devint la source de tous ses malheurs.
Ce Page parust trop beau aux yeux du Comte. Sa jeunesse & sa bonne grace le menaçoient sans cesse à son avis d'une secrete intelligence 53 avec les charmes de la Comtesse, & il ne pouvoit pas se persuader que deux jeunes cœurs peussent estre si prés l'un de l'autre sans s'embrazer.
Dés que les soupçons incertains du Comte se furent ainsi arrêtez sur le jeune Massauve, ils éclaterẽt avec tant d'emportement que la E iij 54 Comtesse crut que le premier jour de cette jalousie seroit le dernier de la vie de son Page ; cette crainte jointe au juste ressentiment qu'elle avoit d'un traitement si injurieux la fit resoudre à prévenir les suites d'un mal qui pouvoit devenir funeste à son honneur dans l'estime des hommes qui ne se 55 donnent pas toûjours la peine d'examiner l'injustice d'un vieux mari à l'égard d'une jeune femme. Pour cet effet ne prenant conseil que de sa seule innocence ; elle le va trouver & laissant agir tout son air de douceur & de Majesté ; elle luy reproche ses caprices avec toute la fermete d'une ame qui se 56 sent incapable de commettre un crime ; elle luy fait voir le peu de fondement de sa rage ; elle luy en exaggere l'injustice & la violence, & s'offre à la faire cesser par toutes les voyes qu'il voudra luy prescrire.
C'est une étrange fureur que la jalousie. Elle empoisonne tout ce qu'on fait 57 pour la guerir. La justification de la Comtesse acheva de la perdre dans l'esprit de son vieux mari, & il ne peut pas se persuader qu'elle ne fût coupable, puis qu'elle prenoit tant de soin de paroître innocente.
Il n'est pas difficile de juger combien cette nouvelle injustice luy fit de 58 peine, elle sentit renouveller toutes ses douleurs, & peutestre qu'elle en eust esté accablée si Massauve & Delmas une de ses filles en qui elle se confioit beaucoup ne luy eussent donné un expedient que mille experiences ont fait trouver infaillible en de pareilles occasions. Ce fut de faire entre 59 voir au Comte que la Comtesse avoit un autre Amant, & détourner par cette adresse le cours de sa jalousie.
Le Prince François de Lorraine, Doyen de Cologne, estoit effectivement amoureux de la Comtesse. Mais il l'aimoit avec tant de discretion que personne n'avoit en 60 core penetré son secret. Il n'est pas malaisé de vaincre la retenuë d'un jeune cœur fort amoureux. La Comtesse par mille petites manieres galantes & enjoüées qui ne l'engageoient à rien, rendit le Prince de Lorraine indiscret, la joye qu'elle luy donna le troubla tellement qu'il n'eut plus la force de ca 61 cher sa passion, non pas mesme au Comte d'Isembourg, qui croyant avoir une penetration admirable & sortir de la plus grande erreur du monde, cessa d'être jaloux du Page, & le devint effectivement du Doyen de Cologne. Comme cét Amant luy faisoit moins de honte & qu'il y avoit plus 62 d'apparence que la Comtesse aimât un Prince, qu'un Page, il s'abandonna sans resistance à tout ce qu'il plut à cette jalousie de luy faire sentir. La Comtesse n'aimoit ny le Page ny le Prince, mais son innocence l'empeschant de ne rien craindre pour elle, & le Prince de Lorraine n'estant pas ex 63 posé à la colere du Comte comme Massauve, elle s'applaudissoit en secret de l'estat où elle avoit mis les choses.
Le vieux Comte qui souffroit toutes les injures de l'air & toutes les fatigues de la guerre sans se plaindre feignoit d'être malade dés qu'il arrivoit à Cologne à la fin de la campa 64 gne. La Comtesse ne bougeoit de sa chambre & il falloit malgré luy qu'il y vit souvent le Prince de Lorraine. Sa naissance & sa dignité ne luy permettant pas de luy faire les mauvais tours qu'il faisoit à d'autres. La Comtesse n'avoit la liberté de sortir que pour aller aux Carmelites visiter une 65 sainte Religieuse qui prenoit mille soins pour sa consolation ; c'estoit une fort belle & fort spirituelle personne, dont Henry Prince d'Orange avoit esté extremement amoureux : apres qu'elle eut fait tous les efforts possibles pour le guerir d'une passion qu'elle ne pouvoit approuver, elle s'échapa se 66 cretement & s'alla jetter dans la ville de Grol sous la domination du Roy d'Espagne. Vne action si belle redoubla l'estime & la tendresse du Prince, & son amour luy faisant trouver des pretextes de guerre assez specieux, il fit comprendre aux Hollandois que l'assiete de la ville de Grol coûtoit de gran 67 des contributions au Duché de Gueldres, & à toute la Frise avec l'entretien de huit mille Hollandois pour empescher les courses de la Garnison de cette Place. L'avis du Prince d'Orange fut suivi. Grol fut assiegé & bientost reduit à se rendre2. Dans la prise d'une Ville tous les crimes semblent per 68 mis. Ce jeune Prince victorieux avoit resolu d'enlever sa Maîtresse, mais elle luy parla avec tant d'esprit & d'une maniere si forte & si touchante, que ce Prince devint tout d'un coup respectueux & moderé : Neanmoins cette sage fille craignant toûjours quelque retour des sentimens impetueux du 69 Prince, s'enfuit derechef dans les Carmelites de Cologne, c'est-là qu'elle consoloit la Comtesse d'Isembourg : elle sçavoit toutes les intrigues des Seigneurs de Flandres & de la Cour du Prince d'Orange, & divertissant la Comtesse par mille contes agreables elle luy faisoit mieux goûter ce qu'elle luy 70 disoit en suite de solide.
Pour donner quelque soulagement à la captivité de la Comtesse, le Ciel permit que l'Infante Isabelle, Claire, Eugenie, qui gouvernoit les Païs bas, pria le Comte d'Isembourg de trouver bon que sa femme allât tenir à sa place & faire baptiser à son nom un 71 enfant du Duc de Neubourg. Il y consentit parce qu'il n'osa pas le refuser : & comme sa mere avoit esté tendrement aimée de l'Infante, il donna un train magnifique à la Comtesse, & luy fit faire tant de liberalitez que l'Infante mesme n'en eut pas fait davantage. Le Duc de Neubourg 72 de son costé mit tout en usage pour divertir la Comtesse, il avoit des troupes sur pied qu'il avoit partagées afin que le Prince son fils en commandât la moitié ; il voulut lui donner le plaisir d'une espece de combat. Le vieux Duc se mit à la teste de ses troupes, & le jeune Prince à la teste des siennes. 73 Ils vinrent d'abord au combat comme on y vient dans un carrouzel, mais par quelque accident les soldats s'irriterent si fort les uns contre les autres qu'ils combattirent comme ennemis. Le Duc & son fils eurent toutes les peines du monde de les arrester. La Comtesse pensa mourir de frayeur & les Ale 74 mands estant superstitieux, on crut d'abord que c'estoit un presage de la mauvaise intelligẽce qu'il y eut bien-tost apres entre le Duc & son fils, qui n'estoit pas content depuis que son pere avoit épousé en secondes nopces la fille du Duc des deux Ponts.
Cependant la guerre duroit toûjours, & 75 le Comte d'Isembourg estoit trop attaché au service de l'Empereur pour mãquer de se rendre à l'Armée au commencement de la campagne. Ainsi le Printemps faisoit renaître les innocens plaisirs de la Comtesse, & l'Hyver luy ramenoit son vieux mary plus bizarre & plus terrible que lors qu'il 76 estoit party. Ses injustes soupçons s'étoient renouvelez contre le jeune Massauve, quoy que n'étant plus Page il le suivit toûjours à l'armée.
La Comtesse avoit naturellement une si grande crainte de la mort que jamais personne ne l'a tant apprehendée, elle faisoit de grand cris 77 dés qu'elle entendoit sonner les cloches pour un enterremẽt, & ne paroissoit jamais satisfaite que lors qu'elle estoit pleinement instruite de la maladie & de la mort de celuy qu'on alloit enterrer. Elle apprit un jour que trois personnes étoient mortes d'une mesme maladie, & qu'un de ses domes 78 tiques en estoit attaqué ; Il ne luy en fallut pas davantage pour luy faire quitter Cologne, elle s'enfuit d'abord dans un Chasteau d'une Dame de ses amies, & cette mesme nuit le Prince de Lorraine arriva dans ce Château. La Comtesse se troublant de cette avanture, luy demanda dés qu'il 79 parut, qu'est-ce qui pouvoit l'avoir amené à cette heure en ce lieu. Mais, vous mesme, Madame, luy ditil, feignant d'estre aussi surpris que la Comtesse paroissoit interdite, que faitesvous icy ? Ie fuis la mort, reprit-elle, qui ravage tous dans la ruë que j'habite à Cologne, & j'ay choisi ce lieu parce 80 que l'air y est bon & pur, deux de mes domestiques sont morts de mesme aujourdh'uy. Madame, respondit le Prince, ma maison est infectée, toute la ville de Cologne le va devenir, je crains la mort comme vous, adjoûta-t'il en riant, & je suis venu dans ce lieu connoissant la pureté de l'air que 81 l'on y respire. Ah ! Prince, luy dit-elle, il faut vous en retourner, vous sçavez à quels égards m'engage le chagrin que le Comte d'Isembourg a contre vous. Quoy, Madame, repliqua le Prince en riant, toûjours j'irois mourir à Cologne pour faire plaisir au Comte d'Isembourg, vous me dis 82 penserez s'il vous plaist de cette obeïssance. La Comtesse eut beau parler, le Prince ne répondoit qu'en plaisantant à tout ce qu'elle luy disoit de serieux. La maîtresse du logis & deux de ses amies qui l'estoient aussi du Prince de Lorraine la determinerent à souffrir de bonne grace ce qu'elle ne 83 pouvoit éviter, puis qu'elle avoit renvoyé son équipage, & que le Prince ne luy auroit pas asseurément presté le sien. Il se rendit donc galamment le maistre de cette maison, & durãt huit jours l'on ne vit que ses Officiers qui traiterent la Comtesse & les autres Dames avec une magnificence prodigieuse.
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C'estoit sur la fin de d'Esté. Le Comte d'Isembourg arriva bien-tost de l'Armée, & son retour troubla toutes les festes. Il avoit des gens gagez pour luy rendre compte de la conduite de sa femme, qui ne manquerent pas de luy dire cette absence de huit jours avec toutes ses circonstances. Ia 85 mais la rage n'a inspiré de mouvemens si violens. Le Comte forma déslors le dessein de faire mourir sa femme, il n'avoit point d'enfans & l'espoir qui luy restoit encore d'en avoir combattoit quelquefois ce noir dessein. Il ne voulut pas demeurer dans l'irresolution. Il consulta les Medecins qui fi 86 rent prendre des remedes à la Comtesse si opposez à son temperament qu'elle en a esté incommodée toute sa vie, mais comme cela ne le contentoit pas il la fit déguiser un jour, & se déguisant luymesme sans luy rien dire de son dessein, il la mena chez un habile Iuif qui se m'éloit de prédire l'ave 87 nir, & qui sans les connoistre leur declara qu'ils n'auroient jamais d'enfans. Ils s'en consolerent tous deux, la Comtesse parce qu'elle crût qu'on ne la tourmenteroit plus par des remedes, & le Comte par ce qu'il pouvoit la faire mourir sans regret. Dés le lendemain il ne luy parla plus que de 88 fer & de prison. Il sçavoit avec quelle foiblesse la Comtesse craignoit la mort, & sa rage n'eust pas esté satisfaite si elle l'eust soufferte sans la prévoir.
Vn jour qu'il la regardoit d'une maniere où la Comtesse crût d'entrevoir quelque chose de moins farouche qu'à son ordinaire. Elle 89 luy demanda avec une douceur capable de toucher le plus barbare de tous les hommes. Qu'est-ce qu'elle voyoit dãs ses yeux de moins menaçãt que de coûtume. C'est que je vous trouve fort belle aujourd'huy, luy ditil, & que je prends plaisir de m'imaginer en vous regardant que quand il me plai 90 ra vous ne serez plus qu'un objet d'horreur. Quoy que les termes fussent assez intelligibles, & qu'il ne fut pas mal-aisé de donner dans le sens du Comte, la Comtesse ne penetra pas d'abord cette réponse. Son esprit quelque éclairé qu'il fut, ne comprit pas ce qu'elle avoit d'effroyable : Et par 91 quel art magique, luy dit-elle en riant, me pouvez-vous oster tout d'un coup le peu de beauté que le Ciel m'a donnée, & usurper le droit du temps qui mesme n'a le pouvoir que de me l'ôter peu à peu ? Mou art est seur, reprit le Comte, j'ay plus d'un secret pour ce 92 la ; mais je vous traiteray en femme de qualité. Ie ne me servirai que d'une poudre de Diamans qui donne une colique toute faite comme celle qui fit mourir dans deux heures Caroline d'Aremberg ma premiere femme Ah ! Ciel, s'écria la Comtesse, qui le comprit enfin, 93 garantissez-moy des cruels desseins de cet inhumain, & sortant precipitamment de la chambre du Comte elle courut dans la sienne s'abandonner à la plus juste de toutes les douleurs.
Massauve luy estoit toûjours fidelle, & Delmas n'estoit pas moins dans ses interests aprés un tor 94 rent de larmes, elle leur apprit ce que le Comte venoit de luy dire, qu'il luy avoit avoüé qu'il avoit empoisonné sa premiere femme, & qu'il l'avoit menacée d'un pareil traitement : Et là dessus s'abandonnant derechef à ses larmes, elle disoit des choses si touchantes que le Comte mesme auroit eu de la 95 peine à n'en estre pas attendry.
Massauve & Delmas touchez du malheur de leur Maîtresse luy conseillerent d'écrire à Mesdames de Bade & de Furstemberg de la vouloir secourir & la retirer des mains du Comte, ce qu'elle fit. Mais on est toûjours coupable quãd on est jeune & belle, 96 & que l'on a un vieux mary. Les sœurs de la Comtesse la condamnerent, & Madame de Furstemberg sçavante & spirituelle s'attacha à luy prouver par bonnes raisons qu'elle avoit tort; qu'une jeune & honneste femme ne devoit jamais quitter son mary, qu'elle n'avoit rien à craindre par cet 97 te maxime generale que l'on ne menace point d'un mal qu'on veut faire, & que puis que le Comte parloit de poison, il falloit conclurre qu'il ne songeoit pas à en donner.
Toutes ces raisons ne rasseurerent pas la Comtesse. Elle avoit incessament devant les yeux l'image de cette mort qu'elle 98 craignoit tant, & n'ayant plus d'esperance qu'en la fidelité de Massauve elle l'obligea d'écrire à un de ses freres qui étoit plus âge que lui & qui commandoit en Lorraine le Regiment de Vaubecourt depuis la mort de son pere, de d'en venir incessamment pour une affaire de la derniere consequence. Il 99 avoit esté Page du feu Prince de Hohenzollern, & la Comtesse ne doutoit pas qu'il n'entrast dans ses interests aussi bien que son pere. En effet Massauve l'aisné se rendit à Cologne en diligence, & aprés avoir esté instruit par son frere, feignant d'avoir une méchante affaire sur les bras, il demanda 100 refuge au Comte d'Isembourg qui le luy accorda de bonne grace. Il n'eust pas plûtost appris le détail des avantures de la Comtesse, qu'il partagea d'abord toutes ses craintes avec elle, il n'oublia rien pour sa seureté, & ces deux freres ayant gagné les Officiers du Comte ne manquoient jamais de 101 faire faire l'essay de certaines viandes dõt la Comtesse mangeoit lorsqu'ils luy avoient fait signe qu'elle pouvoit le faire avec asseurance. Massauve l'aisné lia une si étroite amitié avec un des valets de chambre du Comte, que ce Prince ne pouvoit plus rien faire que Massauve n'en fut averti. Il sçavoit 102 par là ses plus secretes pensées, & son ami luy en rendoit un si bon compte que la Comtesse n'ignoroit plus rien de ce qui se passoit sur son sujet dans l'ame de son vieux mary. Il luy bailla même un jour un papier qu'il disoit avoir trouvé dans la poche d'un habit que son Maistre avoit quitté. Ce papier en 103 fermoit quelque poudre. Massauve la montra à la Comtesse, & cette jeune Princesse en qui la crainte de la mort fit ce qu'elle a coûtume de faire dans les ames les plus timides, ne doutant pas que ce ne fût cette poudre de diamans dont le Comte l'avoit menacée, declara dés ce moment aux deux Massauves 104 qu'elle vouloit absolument quitter le Comte & s'en aller dans quelque Royaume étranger s'ils avoient assez d'attachement pour elle pour l'y vouloir conduire. Ils s'engagerent à tout ce qu'elle voulut. Ils la fortifierent mesme dans un dessein si surprenant & si dangereux, & l'on ne songea plus 105 qu'à l'executer dés que le Comte seroit party pour l'Armée. Cependant la Comtesse envoya consulter l'Vniversité de Doüay. Massauve qu'elle employoit à tout la servit si utilement en cette affaire qu'il luy aporta un ample avis de cette Faculté pour aller avec toute seureté de conscience éviter la 106 mort en tel endroit du monde qu'elle voudroit.
Le Comte en partant la menaça de son retour, & la Comtesse crût positivement tout ce qu'il lui dit. Le jeune Massauve fut obligé de partir avec le Comte pour l'Armée & son frere alla en Lorraine pour faire avancer quelques Com 107 pagnies de son Regiment sur la frontiere afin d'escorter la Comtesse. Mais sa resolution s'affoiblissoit par l'absence du Comte, & dés qu'elle ne le voyoit plus, elle oublioit tout de luy jusques à sa fureur. Elle se seroit divertie de nouveau à Cologne, si le jeune Massauve ne fut venu déguisé en pauvre l'a 108 vertir que le Comte ayant receu quelques nouveaux avis contre elle alloit quitter l'Armée & revenoit infailliblement pour la faire mourir. Ils arresterent le jour de leur fuite, & ils en donnerẽt avis à Massauve qui n'estoit pas encore de retour, & qui ne manqua pas de venir au devant de la Comtesse. Il 109 leur fut aisé d'emporter de grandes richesses, puisque tout ce qu'il y avoit de precieux dãs le Château d'Isembourg avoit esté transporté à Cologne. Toute la vaisselle d'argent étoit entre les mains de la Comtesse, & outre quantité de pierreries, elle avoit encore beaucoup d'argent.
L'on chargea deux 110 charriots & quatre mulets que l'on fit partir secretement, & la Comtesse feignant d'aller à quelque lieu de devotion se determina à la chose du monde la plus étrange par la crainte de la mort & par le cõseil des Massauves dont la fidelité ne pouvoit luy être suspecte, puisqu'elle les voyoit at 111 tachez à ses interests au milieu de ses disgraces. Elle connoissoit si peu l'importance de ce qu'elle alloit faire qu'elle dormoit tranquillement lorsque le jeune Massauve & Delmas vinrent l'avertir qu'il falloit partir. Elle s'y resolut, & pour mieux cacher son dessein elle sortit de chez elle en coiffure de 112 nuit & en mulle de chambre. Son carrosse l'attendoit à une des portes de la Ville. Dés qu'elle y fut arrivée elle s'y jetta avec Delmas, & le jeune Massauve monta à cheval pour les conduire à l'endroit ou quelques domestiques de la Comtesse, cinq ou six gardes du Comte que l'on avoit gagnez & Mas 113 sauve l'aisné les attendoit avec cinquante soldats. Lorsque l'on s'apperceut à Cologne que c'étoit une fuite & non pas un voyage, les amis du Comte d'Isembourg firent un grand amas de gens & les separant en plusieurs bandes on alla de toutes parts pour chercher la Comtesse. Le second jour de 114 leur route les Massauves prirent garde qu'ils estoient poursuivis. Quelle fatalité ? Dans deux heures de chemin ils entroient dans les Estats d'un Comte Souverain où l'on ne pouvoit les arréter, & où Massauve l'aisné avoit disposé toutes choses pour leur seureté.
La Comtesse crai 115 gnant d'estre remenée à Cologne poussa des cris qui penetrerent toute l'ame du jeune Massauve. Son grand attachement pour elle & la veüe du peril inévitable qui l'a menaçoit luy fit d'abord former une resolution digne de sa fidelité & de son courage. Il s'approche du carrosse & pour ras 116 seurer la Comtesse. Ne craignez rien, Madame, luy dit-il, j'exposeray ma vie pour garantir la vôtre. Fuyez avec mon frere, tandis qu'avec nos gens & quelquesuns de ses soldats je tiendray ferme contre ceux qui vous poursuivent, & vous donneray le temps de vous dérober à leur veuë. Le trouble 117 de la Comtesse redoublant par la resolution de Massauve. Non, non, s'écria-elle, nous vivrons ou nous mourons ensemble, fuyõs tous le plus viste qu'il nous sera possible, & si nous ne pouvons l'éviter vous combattrez tous à mes yeux. Ne craignez rien pour moy, Madame, reprit-il, je 118 vaincray & vous me reverez bien-tost. A ces mots aprés l'avoir pourtant regardée comme s'il eut crû de ne la revoir jamais, il fit signe au cocher de la Comtesse d'aller fort viste, & courant embrasser son frere. Ah ! luy dit-il, sauvez la Princesse, ne l'abandonnez jamais, & sur tout, mon chere fre 119 re, traittez-la toûjours en personne de sa qualitê. A ces mots tournant son cheval & animant à plusieurs fois tous ses gens par sa Voix & par ses regards, il se mit en estat de disputer le passage d'un chemin assez étroit & assez difficile à prés de cent cavaliers qui les poursuivoient.
Sans vouloir faire 120 un recit de Roman d'un combat veritable que toute l'Alemagne & toute la France ont sceu. Il est certain que le jeune Massauve fit des actions d'une valeur prodigieuse. Il tua plusieurs hommes de sa main, il combatit à genoux aprés que son cheval eût esté tué sous luy. Ses soldats animez 121 par son exemple témoignerent un courage extraordinaire, & si les gardes du Comte ne l'avoient lâchement abandonné, le vaillant Massauve eut vaincu malgré l'inégalité du combat : mais enfin accablé par le nombre de ses ennemis, il mourut percé d'une infinité de coups. On ne s'amusa point à 122 poursuivre la Comtesse, on connut bien qu'avant qu'on pût la joindre elle seroit en seureté ; l'on mit sur un cheval le corps sanglant du jeune Massauve, afin que par cette veuë le Comte pût assouvir son ressentiment. Il en fut si contant que quoy qu'il arrivât de l'Armée peu de jours aprés, il ne se soucia 123 plus de la fuite de sa femme, & depuis ce jour jusques à sa mort il ne prononça plus ny le nom de Massauve, ny celuy de la Comtesse.
Les chariots & les mulets furent pris, & l'infortunée Comtesse n'eut pour tout biens que ses pierreries. Cependant Massauve l'aisné malgré ses cris & ses larmes 124 la faisoit éloignér avec une vîtesse extréme. Ah! Massauve luy crioit-elle à tout moment, arrétons-nous vôtre frere est mort, ou prisonnier & je suis la cause de son infortune. Des torrens de larmes suivoient les tristes pressentimens de la Comtesse, mais il fallut bien-tost pleurer pour un mal 125 heur certain. Vn valet échapé du combat les joignit dans leur route. La Comtesse le reconnut d'assez loin, & luy criant de toute sa force où est Massauve, elle fit connoître la part qu'elle prenoit à ce qu'il estoit devenu. Celuy-cy ne croyant pas qu'il falut luy déguiser une chose qu'elle luy manque 126 roit pas d'apprendre, luy avoüa ingenûment qu'il estoit mort. La Cõtesse s'évanoüit à cette nouvelle, & aprés estre un peu revenuë, elle dit tout ce que la douleur la plus violente put faire dire, & rendit par là Massauve plus sensible au pitoyable destin de son frere. Il est certain qu'elle n'auroit 127 point quitté le Comte d'Isembourg pour l'amour du jeune Massauve, quoy que la médisance l'ait ainsi publié, la seule crainte de la mort avoit causé sa fuite ; mais peut-estre eûtelle attendu constamment cette mort si elle n'avoit crû trouver en luy un guide respectueux & fidele qui pouvoit la 128 consoler de ce qu'elle abandõnoit. Peuton s'imaginer un état plus pitoyable que celuy où se trouvoit alors la Comtesse. Dés que les premiers transports de sa douleur furent un peu calmez, elle réva quelques momens, & puis se tournant vers Massauve, tous mes desseins changent, luy dit-elle, par la 129 mort de vôtre frere, il me faut remener à Cologne, je ne crains plus la mort, & je me sens assez de courage pour aller soûtenir mon innocence & braver le Comte d'Isembourg. Massauve fremit à ce dessein, il en avoit de secrets qui ne s'accordoient pas avec celuy-la. Il estoit bien fait, il avoit de l'esprit sur 130 tout pour tromper & pour nuire. Il dit à la Comtesse que sa mort estoit inévitable si elle retournoit à Cologne, qu'il valoit bien mieux attendre en seureté celle du Comte d'Isembourg, que sa rage avanceroit peut-estre ; qu'elle pourroit par des manifestes instruire tout l'Alemagne des raisons de sa 131 fuite, & que le temps qui changeoit toutes choses changeroit aussi l'estat de sa fortune. L'on se laisse facilement persuader de vivre. Le conseil de Massauve parut bon, & la Comtesse s'abandonnant à ses soins, il fut conclud qu'ils iroient à Paris, Massauve jugeant que dans le tumulte & l'embarras 132 de cette grande Ville ils seroient mieux cachez qu'en lieu du monde. Mais il fit arréter quelque temps la Cõtesse à Rheims, tandis qu'il fut à la Cour de France où il obtint secretement un passe-port du feu Roi Loüis XIII
Lorsqu'ils furent arrivez à Paris Massauve prit le nom de Mesplets & la Comtesse 133 passoit pour sa sœur. Comme elle n'a jamais pû se resoudre de vivre obscurement, elle vendit des pierreries pour fournir à une grande dépense. Elle parloit assez bien François & n'affectant point de se cacher, on ne soupçonna point qu'elle ne fut pas ce qu'elle semboit être. Quoy que le souve 134 nir de sa qualité & de la mort du jeune Massauve la troublât extremement, elle fit des connoissances agreables pendant son sejour à Paris, mais un accident bizarre pensa gaster tout le mistere.
Elle estoit à la promenade dans un jardin d'une Dame de ses amies avec plusieurs personnes. Sur 135 le soir toute la compagnie se ramassa dans un cabinet, & comme la conversation tombe souvent sur les choses que l'on a le moins preveuës, l'on vint à parler des avantures extraordinaires qui arrivent dans le monde. Y en peut-il avoir dit un homme de la troupe de plus surprenante que celle qui est arri 136 vée depuis peu en Alemagne à la Comtesse d'Isembourg. Mesplets trembla à ces mots & voulut changer de discours, mais la Comtesse qui brûloit d'envie de sçavoir ce que l'on disoit d'elle, prenant la parole, j'ay entendu parler de cette avanture, dit-elle à cét homme, mais comment la sçavez 137 vous, ajoûta-t'elle. Alors cet homme pour luy obeïr luy raconta ses propres avantures avec de si noires couleurs qu'elle n'a jamais tant souffert. Il disoit que la Comtesse d'Isembourg n'avoit quitté le Comte son mary que pour aller inconnuë & vagabonde aimer sans contrainte le jeune Massauve 138 par tout le monde. Que le Ciel l'avoit punie, qu'il avoit esté tué, & que chacune des cinq sœurs de la Comtesse ayant envoyé de toutes parts sans apprendre de ses nouvelles, on ne doutoit point que Massauve l'ainé aprés s'être saisi de ses pierreries & de son argent ne l'eut jettée dans quelque riviere. Cõ 139 me la Comtesse étoit extremement enjoüée, cette derniere particularité luy fit faire un grand éclat de rire. Elle est donc noyée cette pauvre Comtesse, dit-elle, c'est dommage, elle n'estoit pas si coupable que vous pensez : I'ay sçeu son Histoire, d'un homme qui avoit esté à son service. En suite elle ra 140 conta à la compagnie une avanture qu'elle sçavoit tresbien, mais avec tant de vehemence que Mesplets crût voir cent fois le moment où elle alloit se découvrir. Il avoit beaucoup d'adresse, & tâchoit de racommoder ce que la Comtesse gâtoit. Il tenoit le party du Comte d'Isembourg, 141 & il ne doutoit point, disoit-il, de la mort de la Comtesse, & que Massauve ne fut aux extremitez du monde.
Lorsque la Comtesse fut de retour dans sa chambre Mesplets voulant luy faire appercevoir respectueusemẽt le danger où elle s'estoit exposée. Quoy Mesplets, luy dit-elle, 142 vous voulez que l'on déchire en ma presence la Comtesse d'Isembourg, & que je ne la deffende pas ? La chose est cruelle, Madame, je l'avoüë, reprit-il ; mais enfin l'on trouve vostre Histoire plus divertissante de la maniere dont on la raconte ; & mille conversations comme celle d'aujourd'huy, & 143 mille manifestes cõme ceux que vous avez envoyez en Alemagne ne tourneront pas la chose autrement. S'il est ainsi, Mesplets, dit la Comtesse, & que je sois si injustement l'opprobre de l'Alemagne & de la France, cachez-moy dans quelque endroit du monde où je n'entende jamais pro 144 noncer mon nom. Ie veux quitter Paris, ajoûta-t'elle, aprés une profonde réverie Il faut Mesplets que vous alliez dans vôtre Province de Languedoc, que l'on dit estre un fort agreable païs, m'a chepter une maison solitaire, & dés que vous l'aurez mise en estat venez moy querir avec toute la dili 145 gence que vous pourrez. C'estoit justement ce que Mesplets vouloit. Il estoit devenu amoureux de la Comtesse si-tost qu'il l'avoit veuë à Cologne, il avoit augmenté ses frayeurs & contribué à sa fuite, dans l'esperance que peut-estre un évenement si extraordinaire luy donneroit des avantages qu'il ne 146 pouvoit jamais esperer dans le train reglé de la vie de la Comtesse. Il avoit pris la mort de son frere pour un heureux presage, & la resolution que formoit la Comtesse d'aller vivre seule avec luy dans un desert luy donna ces esperances qui le comblerent de joye. Il prit la poste. Il cher 147 cha dans tout le Languedoc & ne trouvant son compte nulle part, il achepta enfin un petit Château nommé la Longaigne situé au milieu d'un agreable bois, à une lieuë de la Ville d'Alby, & l'ayant meublé fort proprement il reprit la poste pour aller trouver la Comtesse à Paris. Ie n'ay point 148 changé de dessein, Mesplets, luy dit-elle, dés qu'il l'approcha pour luy rendre compte de son voyage, partons le plus viste que nous pourrons, je meurs d'impatience d'estre loin d'icy, & je regarde le moment que je sortiray de la plus belle Ville du monde comme le commencement de mon bonheur.
149
L'Albigeois est à deux cens lieuës de Paris, l'endroit par lequel la Comtesse vit la premiere fois ce petit païs contribua beaucoup à le luy faire aimer toute sa vie. Elle estoit fatiguée de la longueur d'un grand voyage que la difficulté des chemins avoit rendu tres-rude. La derniere journée 150 avoit mesme esté plus fascheuse que les autres, parce que l'Albigeois du côté qu'elle l'aborda est borné par des montagnes. Elle n'avoit veu que des deserts & des landes lorsque tout d'un coup ces objets lassans, disparoissans à ses yeux elle apperceut la plus jolie vallée du monde. La diversité y est 151 merveilleuse. Vne grande riviere la coupe en deux parties presque égales, ses-bords extremement élevez semblent des precipices & des abismes, mais la nature a reparé ce defaut, elle a planté des arbres tout le long du rivage qui s'élevant à une hauteur prodigieuse cachent ce que ces pre 152 cipices ont de terrible. Lorsque par des sentiers commodes la Comtesse fut descenduë jusques au plus bas, elle fut surprise de trouver à mesme temps & en mesme lieu la solitude des forests, la verdure des prairies, la rusticité des troupeaux, & enfin tout ce qu'une humeur gaye ou mélãcolique 153 peut desirer pour son plaisir. Cette veuë surprenãte fit naître dãs son esprit un mélange de joye & de tristesse qu'elle ne pouvoit separer. Il y a sans doute un certain rapport secret & inconnu entre toutes les choses du monde qui fait qu'elles se réveillent mutuellement, & c'est par cette raison qu'à 154 la vüe de ce païs, tout ce qui durant la vie de la Comtesse luy avoit donné du contentement ou de la douleur se presenta à elle & luy causa un trouble qui fut remarqué de Mesplets. Quel est ce trouble, Madame, luy dit-il, qui paroist sur vôtre visage. Tous les malheurs de vôtre vie n'y en ont jamais mis de 155 si grand. Y en-a-t'il quelqu'un qui me soit inconnu dont le souvenir fasse ce qu'il n'a pû faire luy-mesme ? Non Mesplets, reprit la Comtesse, ce n'est point le souvenir de quelque disgrace que Vous ne sçachiez pas qui cause mon agitation, mais en un moment tout ce qui m'est arrivé en ma vie de 156 doux & de fâcheux a repassé dans ma memoire. I'ay senti des mouvemens que j'ay voulu arrêter, la violence que je leur ay faite les a irritez, & vous en voyez paroître l'impression sur mon visage. Il est certain pourtant que mon cœur panche plus vers la joye que vers la douleur, & sans en sçavoir la rai 157 son je sens une tranquillité qui m'étoit inconnuë depuis long-temps. Ie ne sçay si c'est la beauté de ce que nous voyons qui la fait naître, ou si c'est le présage du repos que je dois goûter en ce lieu. Ie commence, Madame, répondit Mesplets, à sentir veritablement le bonheur que j'ay de pas 158 ser ma vie auprés de vous. Ie vous avouë que j'avois craint jusques icy que vous vous repentiriez d'avoir quitté Paris qui est le seul lieu de France qui a des charmes capables de vous arréter agreablement : j'apprehendois que vôtre esprit n'eut quelque retour vers ce lieu, & que vous voyant proche 159 du terme que vous vous estiez proposée vous n'y trouvassiez de nouvelles peines.
Tandis que Mesplets parloit la Comtesse qui ne l'écoûtoit guere, regardoit avec plaisir que les prairies, les terres & les petits bois étoient si bien mélez qu'il sembloit que l'artifice eut fait ce que l'on ne peut attribuer qu'à 160 la nature. Les fontaines couloient par tout avec une abondance & une pureté, qui marquoient assez l'excellence de l'air de cét heureux climat. Enfin, Mada-, me, luy dit Mesplets, en luy montrant une maison parmy des arbres, voicy l'endroit que je vous ay choisi, & c'est dans ce desert que vous 161 allez cacher ce que le monde a de plus admirable & de plus beau. A la veuë de cette petite maison si differente des superbes Palais qu'elle avoit habitez, la Comtesse leva les yeux au Ciel laissa couler quelques larmes & donnant la main à Mesplets pour entrer dans cette maison, je vous suis 162 obligée, luy dit-elle, de m'avoir choisi ce lieu, puis que mon destin me l'ordonne, je ne songeray plus qu'à me dérober à toute la terre, & qu'à chercher dans mon propre cœur dequoy me passer du monde tout entier ; Aussi bien, Mesplets, ajoûta-elle en soûpirant, je n'ay que de la haine & du dé 163 goust pour tout ce qui n'est pas ce que j'ay perdu.
La Comtesse trouva dans ce lieu quelque chose de si charmant, soit pour sa situation, pour la pureté de son air, & pour toutes les commoditez qui sont necessaires pour passer une vie douce & trã quille, qu'elle n'avoit jamais vécu si 164 contente. Tout ce que la vertueuse Carmelite luy avoit dit en faveur de la vie solitaire luy repassoit dans la memoire, elle se faisoit des plaisirs de mille secrets de la nature, & pour se divertir elle apprit avec le jargon du païs à filer de quelques païsannes ses voisines. Elle avoit vẽdu quelques pierreries avant 165 que de partir de Paris, lorsque l'argent luy manquoit Mesplets en alloit vendre d'autres à Thoulouze, & comme les Heros des Romans ils faisoient toutes leurs affaires avec des diamans & des rubis. Mesplets s'occupoit à peindre. Il estoit sçavant en cét art & il peignoit la Comtesse de mille manie 166 res differentes. Cette occupation continuelle acheva de l'enflammer. Son amour devint si violent qu'il n'eut pas seulement la force de le combatre. Il ne s'amusa point à pousser des soûpirs qu'il sçavoit bien qui ne seroient pas écouttez. Les premiers témoignages de sa passion furent des trans 167 ports d'un insensé. La Comtesse fut si épouvãtée d'un malheur si prêveu qui venoit troubler le repos dont elle commẽçoit à joüir, qu'elle faillit à mourir de déplaisir. Elle vit bien tout d'un coup que les emportemens ny les ménaces n'épouvanteroient pas un scelerat au pouvoir duquel son destin l'a 168 voit mise, aussi ne songea-elle qu'à le ramener de son égarement par des voyes douces & raisonnables. Elle versoit des larmes, elle le faisoit souvenir de ce qu'elle estoit, & de ce qu'il luy devoit, & quelquefois elle réüssissoit, si bien que Mesplets versoit des larmes à son tour, & luy demandoit par 169 don de sa temerité.
Mais la source du mal restant toûjours dans son cœur, il n'étoit jamais un jour dans une mesme assiete, & tantost brutal & tantost soûmis, il tourmentoit la Comtesse d'une maniere effroyable. Elle n'oublia rien pour le guerir, & croyant que la solitude nourissoit sa passion, Mes 170 plets, luy dit-elle un jour, il me semble qu'il est indigne d'un homme aussi vaillant que vous de vous amuser à peindre tandis que tous les Gentilshommes de cette Province exposent leur vie pour vôtre Roy. Il fut sensible à ce reproche, il étoit brave, il aimoit la guerre, & la passion qu'il avoit dans le 171 cœur y regnant malgré luy, il fut bien aise d'essayer les remedes de l'absence. La Comtesse afin de l'éloigner d'elle luy donna un équipage pour aller à Leucate, où feu Monsieur l'Evesque d'Alby plein d'ardeur pour la gloire de son Prince conduisoit toute la Noblesse du païs au secours du Mareschal 172 de Schomberg : Mais quoy que Mesplets changeât de place il ne changea point de sentiment. L'absence redoubla son amour, & la joye qu'il eut de revoir la Comtesse acheva de troubler sa raison. Comme il avoit quelquefois hõ te de sa conduite, il faisoit des foibles efforts pour la changer. Il fit amitié avec 173 des Gentils hommes de son voisinage, & pour vaincre une passion qui faisoit le suplice de la Comtesse, il cherchoit mille amusemens pour lesquels il n'avoit que du dégoust ; mais tous les remedes estoient inutiles. Mesplets étoit toûjours amoureux & toûjours insolent, & la Comtesse perdãt tout espoir de 174 le changer ne songea plus qu'à se faire un puissant protecteur qui la put garantir des emportemens de ce temeraire.
Elle avoit entendu parler de feu Monsieur l'Evesque d'Alby. Il estoit de l'illustre Maison de Daillon du Lude. Vne longue suite d'ayeuls tous grands, rendent cette Maison 175 une des plus considerables du Royaume. Vne grande richesse accõpagnoit sa naissance ; & son esprit & son merite étoient encore plus grands que sa naissance & sa dignité. Elle ne douta point qu'un si grãd Prelat ne fut bien aise de secourir une Princesse infortunée. Dans cette pensée aprés avoir vécu trois 176 ans dans la solitude de la Longaigne, elle en partit un jour de Noël & fut surprendre toute la ville d'Alby dans un Sermon solemnel, par son éclat par sa bonne mine & par la quantité des pierreries dont elle estoit parée ; & declarant le jour mesme à Mesplets qu'elle ne vouloit pas retourner de 177 quelque temps à la Longaigne, elle le mit au desespoir ; mais la Comtesse ne le craignoit pas dans une Ville comme dans un desert, & de son tyran devenu son écuyer, il chercha la consolation de ce changement parmy la débauche & le jeu. Elle luy donna tout l'argent qu'il voulut pour 178 l'appaiser & le faire taire, parce qu'elle ne vouloit pas encore se faire connoître à tout le monde. Deux jours aprés son arrivée comme elle entroit un matin dans une Eglise, Monsieur l'Evêque d'Albi y entroit aussi. Il l'avoit déja veuë au Sermon, mais la voyant de plus prés il la trouva beaucoup plus 179 belle. L'admiration & la curiosité l'obligeant de s'arréter, Madame, luy dit-il, en luy presentant de l'Eau benite, mon Aumônier sera s'il vous plaist le vôtre aujourd'huy, je le veux bien, Monsieur, luy dit-elle, en laissant agir tout son air de grandeur qu'elle avoit si long-temps contraint, & je vais 180 prier le Ciel qu'il vous inspire le dessein d'estre le Protecteur d'une personne que vous ne trouverez peut-estre pas indigne de cette grace. Elle connut bien à la réponse de Monsieur d'Alby qu'il estoit tres-disposé à l'écouter & à la servir, aussi le visita-elle le jourmesme, ils eurent une longue conver 181 sation, & la Comtesse ne luy cacha que l'amour de Mesplets. Il trouva bon qu'elle ne se fit pas connoître, il aimoit les grands & les petits secrets, & quand la Comtesse n'auroit pas esté belle & charmante il auroit eû de l'amitié pour elle, parce qu'il y avoit un grand mystere à conserver.
182
Toute la ville d'Alby à l'exemple de son Prelat ne songea qu'à divertir cette belle inconnuë, & ce ne furent que bals & festins. La Comtesse goûtoit les plaisirs comme si elle avoit esté moins malheureuse, & s'asseurant de la protection d'un fort grand Seigneur, elle commençoit à vivre sans inquietu 183 de, & dans une profonde tranquillité ; aussi estoit-elle dans un lieu où la joye regne incessamment, & où l'on la voit peinte dans les yeux de tout le monde. La ville d'Alby n'est pas grande, mais elle plaist & l'on se promene à l'entour agreablement, l'adresse des habitans a fait que ce qui sert seulement 184 de deffence aux autres Villes sert encore d'ornement à celle-cy. De la terre que l'on a tirée pour faire des fossez profonds on a élevé une terrasse qui estant bordée de deux rangs d'ormes forme une allée qui n'est pas droitte, puis qu'elle environne une Ville qui est ronde, mais qui dans une figure 185 assez extraordinaire est tout à fait belle. La Comtesse passoit dãs cette Ville la plus douce vie du monde, & Mesplets alloit souvent à la Longaigne se divertir avec ses amis. Quoy qu'ils pussent faire pour l'engager à parler dans la débauche le secret ne luy échappa jamais. Il disoit seulement des choses qui fai 186 soient comprendre qu'il y en avoit de fort cachées dans les avantures de la belle inconnuë. L'on se mit en teste de penetrer ce secret, on leur voyoit des monoyes étrangeres & une source d'argent qui ne s'épuisoit point par de grandes dépences : les uns disoient qu'ils estoient les espions du Roy 187 d'Espagne ; d'autres que ce devoient estre des gens de qualité échapez de quelque naufrage, ou embarrassez dans des affaires fâcheuses, & d'autres conclurent qu'ils estoient des faux monnoyeurs, que c'étoit pour cela qu'ils avoient demeuré seuls dans un Château écarté, & que Mesplets alloit 188 de temps en temps debiter sa fausse monoye à Thoulouze.
La Comtesse en mariant Delmas avec un homme du bas Languedoc, luy avoit donné quatre cens Pistoles & substitué la Longaigne aprés sa mort & celle de Mesplets : cét ingrat pour s'enrichir plûtost de leurs dépoüilles for 189 ma le dessein de les faire perir tous deux. Le Parlement de Thoulouze faisoit alors une exacte recherche des faux monnoyeurs. Ce traître donna des indices sur lesquels l'on dénonça Mesplets, & l'on l'arrêta prisonnier dans Thoulouze. Vn Commissaire du Parlement se transporta dili 190 gemment à la Longaigne, où la Comtesse s'étant trouvée il la cõduisit à Thoulouze comme complice de Mesplets. Dans le trouble où la jetta une accusation si surprenante pour elle, elle eut assez de liberté d'esprit pour retirer adroitement d'un de ses coffres dont on faisoit l'inventaire le 191 passe-port du Roy qui la nommoit par son veritable nom.
Monsieur l'Evesque d'Alby fort affligé d'une avanture qu'il jugea bien qui luy coûteroit la perte d'un grand secret fit suivre la Comtesse à Thoulouze par des gens habiles & éclairez afin de lui donner conseil dans une affaire si perilleuse. 192 L'on fit ce que l'on pût pour sauver tout ensemble Mesplets & le secret de la Comtesse, mais il fut impossible. Il répondit si ambiguëment à tout ce qu'on luy demandoit que l'on creut qu'il estoit coupable, & il eut tant de fidelité qu'il ne voulut jamais rien dire sans la permission de la Com 193 tesse, elle estoit trop bonne & trop genereuse pour le laisser perir. Elle fut au Parlement toute allarmée & demandant un moment d'audience, elle justifia Mesplets au dépens de son secret. Elle tira de son sein le passeport du Roy & le donnant hardiment à Monsieur le premier President, il leut 194 tout haut, que veu l'avis de l'Vniversité de Doüay, le Roy permettoit à la Princesse Marie Anne de Hohenzollern, de choisir tel endroit de son Royaume qu'il luy plairoit pour y vivre en seureté. L'air noble & grand de la Comtesse ne permettoit pas de douter un moment de la verité de 195 ce qu'elle avançoit. Par un dénoüement si extraordinaire Mesplets fut élargy. La Comtesse aprés luy avoir sauvé la vie ne le vouloit plus voir, il luy avoit donné de nouveaux sujets de plainte & porté son extravagance, jusques à publier par des mouvemens jaloux que Monsieur l'Evesque d'Alby ê 196 toit amoureux de la Comtesse. Elle avoit un ressentiment extreme de cette conduite, mais il lui témoigna tant de repentir, il fit tant de sermens qu'il seroit le reste de ses jours raisonnable & soûmis que la Comtesse se laissa flechir & le remena à la Longaigne où elle vouloit passer le reste de 197 sa vie, ne pouvant se resoudre de vivre dans Alby depuis qu'elle estoit connuë pour la Comtesse d'Isembourg. Plusieurs Dames de cette Ville la visitoient souvent, & Monsieur l'Evesque d'Alby en faisoit de mesme. Comme depuis son retour de Thoulouze une mélancolie extréme pa 198 roissoit sur son visage & dans toutes ses actions, il avoit une grande & sincere pitié de sa fortune, & resolut fortement de la tirer d'un lieu qui nourrissoit sa tristesse. Dans cette veüe, Madame, luy dit-il un jour, je vous avoüe qu'à qui ne veut qu'un beau sejour, il est mal aisé qu'on se puisse mieux conten 199 ter ailleurs qu'en ce lieu ; vôtre solitude a des charmes, mais Madame, vous n'étes pas née pour ne tenir compagnie qu' aux arbres & aux fontaines, il est tẽps que vous vous aperceviez combien vôtre douleur est inutile, que vous écoutiez les cõseils de vos amis, & que vous souffriez les remedes que la rai 200 son, le temps & la necessité de se consoler apportent à toutes sortes de maux. Ie sçais que de presenter des biens mediocres à une personne qui en a perdu de fort grands, c'est aigrir sa douleur ; mais enfin, Madame, je fais tout ce que je puis en vous offrant mon bien & mes services, il faut quitter vôtre hu 201 meur solitaire & venir passer vos jours dans une ville, où l'on vous honore, où l'on vous aime & où l'on ne vous trouve aucun deffaut que celui d'aimer trop à estre seule. Vous oserai-je dire, Madame, continua-il, que l'on explique mesme vôtre solitude desavantageusemẽt pour vous. On dit que Mes 202 plets y agit moins comme vôtre Ecuier que comme vostre Maître, & que vous le souffrez. Si toutes ces raisons ne peuvent vous obliger à m'accorder ce que je vous demande, il faut que vous le donniez au profond respect & à la consideration que j'ay pour vous. Si vous m'aviez plûtost parlé de 203 cette maniere, luy dit la Comtesse, j'aurois déja quitté ce lieu. Ie dois tout à la generosité de vôtre procedé, & je vous sacrifierois sans peine non seulement ma solitude, mais encore ma vie si elle pouvoit vous estre utile.
Mesplets qui s'étoit caché entendoit cette conversation. Dés que Monsieur d'Al- 204 by fut party, il se rendit le maître absolu de cette maison, & perdant toute sorte de respect, il dit à la Comtesse qu'elle n'en sortiroit point, & qu'il s'y opposeroit au peril de sa vie. Les insolẽces de Mesplets firent oublier ses services. La Comtesse prit ses dernieres resolutions, & les fit sçavoir à Monsieur l'E 205 vêque d'Alby. Il en fut surpris ; mais enfin aprés plusieurs cõversations & plusieurs lettres, il convint avec la Comtesse qu'elle termineroit tous les grands évenemens de sa vie par une action digne d'elle. La premiere fois que Mesplets sortit de la Longaigne pour aller chez un de ses voisins, la Comtesse 206 en fit avertir Monsieur d'Alby, qui ne voulant confier qu'à luy-mesme l'execution d'un genereux dessein, monte en carosse, & suivy seulement de deux Gentils-hommes & de quelques Laquais, il fut au petit château de la Longaigne. Par quelque secret pressentiment Mesplets y arriva en mesme 207 temps que luy, & la Comtesse se promenoit sous des arbres lors qu'ils l'aborderent tous deux. Venez, Madame, luy dit Monsieur d'Alby en luy presentant la main, & regardant Mesplets d'un air menaçant, venez vous mettre à l'abri des insolences de ce miserable. La Comtesse se jetta prom 208 ptement dans le carosse, & le desesperé Mesplets mettant l'épée à la main, en apuya la pointe sur l'estomac de Monsieur d'Alby. Rendez-moy la Comtesse, dit-il, ou je vous perce le cœur. Faites ce qu'il vous plaira, luy répondit Monsieur d'Alby avec une fermeté admirable, je ne crains rien lors 209 qu'il s'agit de faire mon devoir. Cependant les Gentils-hõmes de Monsieur d'Alby vouloiẽt tuer Mesplets, & ses domestiques qui étoient accourus se mettoiẽt en état de le dessendre. La Comtesse craignant tout dans cette confusion pour son genereux protecteur, eut recours à ses manieres dou 210 ces, qui par une espece d'enchantement tiroient tout d'un coup Mesplets de ses plus grands emportemens. Mesplets luy cria-elle en descendant du carrosse, & luy faisant signe de s'approcher, ne faites pas de nouveaux crimes, je vous en conjure au nom du Prince mon pere, à qui le vôtre & 211 vous-mesme devez toute vôtre fortune . Ah ! Madame, luy dit-il, je vous ay sacrifié cette fortune que je tenois du Prince vôtre pere, & maintenant vous m'abandonnez. Approchezvous reprit-elle & venez apprendre mes intentions. Il s'approcha, mais avec des transports de douleur qui ne se peu 212 vent exprimer ; il apprit le dessein de la Comtesse : Il s'y conforma, parce que son injuste jalousie y trouva son compte, & se retirant accablé pourtant d'une mortelle tristesse. Monsieur d'Alby se mit en carrosse avec la Comtesse, & la conduisit dãs le Convent de la Visitation de la ville d'Alby.
213
Le lendemain Mesplets luy ayant fait demander la permission de la voir, elle fut au parloir, où cet homme parut à ses yeux dans l'état du monde le plus pitoyable. En une nuit la douleur l'avoit si fort changé, qu'il n'étoit plus reconnoissable. Il se mit à genoux, & comme il étoit naturellement 214 fort éloquent, il conjura la Comtesse par tous ses services, dont il luy faisoit le détail, par la mort de son frere, & par le sacrifice entier qu'il luy avoit fait de sa fortune, de ne vouloir pas ainsi l'abandonner ; mais lors qu'il connut le peu d'effet de ses prieres, la fureur le saisit, il tira son épée, il se fit 215 deux blessures, & se seroit tué si l'on n'avoit retenu son bras. Il se troubla si fort qu'il reprochoit à la Comtesse qu'elle luy avoit promis de l'épouser bien-tost. Moy, dit-elle, en faisant un grand cry, je vous aurois promis ce que je ne pouvois faire. Quand le souvenir de ma naissance ne m'en auroit 216 pas empesché, ne sçay-je pas que le Comte d'Isembourg est encor vivãt ? n'estce pas assez que vos méchants conseils ayent surpris ma jeunesse, & que vous m'ayez fait faire l'action du monde la plus imprudente, sans que vous m'imputiez le plus abominable de tous les projects ? Mais je vous pardon 217 ne, parce que je n'ay pas oublié que vous avez en effet quitté pour moy un établissement considerable en Lorraine, & que vous estes le frere, ajoûta-elle, d'un hõme, dont le souvenir me sera toûjours fort cher. Ie ne veux point vous faire punir de vos emportemens, comme il me seroit facile, & com 218 me je l'avois resolu ; vivez le plus content que vous pourrez, je vous donne mes meubles, ma vaisselle d'argent, & mesme mes pierreries, continua-elle, en les luy jettant toutes, c'est tout ce que j'ay au monde, je ne me reserve rien, & je m'abandonne toute entiere à la Providence . En achevant 219 ces mots, elle quitta Mesplets & ne voulut le revoir de sa vie. Monsieur le Comte d'Aubijoux eut pitié de luy, il luy fit donner une Compagnie dans le Regiment de Monsieur le Marquais de Vardes, & lors qu'il n'y eut plus de guerre en France, il revint à la Longaigne, où il finit ses tristes jours.
220
Il n'y avoit que fort peu d'années que les Religieuses de la Visitation étoient établies dans Alby. La Communauté n'étoit pas grande lorsque la Comtesse y entra, mais elle étoit composée de personnes de beaucoup d'esprit, de vertu & de merite. Elles loüerent le dépoüillement entier qu'elle 221 avoit fait de toutes choses, & Monsieur l'Evêque d'Alby également charmé du desinteressement de ses filles, & de la generosité de la Comtesse, luy établit une pension fort considerable pour le reste de ses jours. Il luy donnoit mille marques d'estime, & durant toute sa vie il n'a jamais suspendu 222 les soins qu'il croyoit estre obligé de prendre pour la consolation d'une grande Princesse, mais elle n'eut pas long-temps besoin de ce secours. Elle goûta bien-tost la douceur de la retraite, & regardant sans peine la privation de toute sorte de biens, elle fut assez satisfaite de trouver dans son propre 223 cœur des choses infiniment plus precieuses.
La Princesse de Bade qui l'aimoit tendrement, ayant enfin appris qu'elle étoit en France, luy envoya un Gentilhomme pour la conjurer de repasser en Allemagne. Elle luy offrit toute sorte de seureté dans ses Etats, & que non seule 224 ment elle ne seroit point remise entre les mains du Comte d'Isembourg, mais même qu'elle ne verroit jamais la severe Comtesse de Furstemberg, qui avoit paru fort irritée de sa fuite, & qui auroit voulu que la Comtesse eut eu le courage d'attendre la mort chez le Comte d'Isembourg, afin de soûtenir no 225 blement la belle éducation qu'elle luy avoit donnée.
En même temps la Duchesse d'Arschot proche parente de la Comtesse ayant eu la permission d'aller en Espagne durant la prison du Duc son mary, apprenant sur sa route la retraite de la Comtesse, luy fit écrire par Monsieur de saint Aunais, qui 226 luy offrit des gens & de l'équipage pour la conduire en Espagne auprés de cette Duchesse.
Mais elle répondit & à sa sœur & à la Duchesse qu'elle avoit renoncé à toutes les choses du monde, qu'elle les prioit de trouver bon qu'elle joüit enfin d'elle même aprés avoir esté tant d'années sans a 227 voir eu seulement le loisir de se regarder ; qu'il luy sembloit qu'- une certaine obscurité dont elle avoit esté environnée jusqu'alors, s'étoit dissipée, & qu'elle entroit dans un jour qui n'avoit ny nüages ny broüillards.
Le Comte d'Isembourg, ne vivoit pas si paisiblement. Pour n'être pas exposé à la 228 veüe des parens de la Comtesse dans la haute Allemagne, il quitta incontinent aprés sa fuite, le service de l'Empereur, il passa dans celuy du Roy d'Espagne, & il se trouva Gouverneur d'Arras lorsque malgré sa valeur & sa longue resistance cette ville fut emportée par nos guerriers François. La gazette 229 publia sa mort, & dans cette croyance la Comtesse demanda si instament le viole de Religieuse à Monsieur l'Evêque d'Alby, qu'il crût ne pouvoir pas le luy refuser. Il voulut le luy donner luy-mesme ; mais l'on sçeut bientost aprés que le Comte vivoit, & qu'il avoit esté seulement blessé au visage.
230
Mais enfin il mourut à Bruxelles, aprés avoir vécu prés d'un siecle. Il étoit Chevalier de la toison d'or & Surintandant des Finances du Roy d'Espagne en Flandres. Son humeur bizarre luy faisant cherir la memoire de sa premiere femme depuis la fuite de la seconde ; il fit transporter ces cendres em 231 poisonnées de Cologne à Bruxelles, & voulut qu'elles fussẽt enfermées avec les siennes dans un superbe Mausolée de marbre. Il laissa dix mille écus pour les embellissemens de sa chapelle, & donna tous ses grands biens au Prince de Simey second fils du Duc d'Arschot.
Dés que la Com 232 tesse sçeut qu'il étoit veritablement mort, elle fit profession entre les mains de Monsieur l'Evêque d'Alby, aprés avoir esté plus de vingt ans Novice ; & passant tout d'un coup du Noviciat à la superiorité, elle gouvernoit ces saintes Religieuses lors qu'elle fut atteinte d'une maladie languissante causée par 233 le changement du climat & les troubles continuels où elle avoit esté exposée. Elle se démit de sa charge afin de mourir en simple Religieuse, & durant sept ou huit mois elle attendit à tout moment avec une fermeté merveilleuse cette mort qu'elle avoit autrefois tant apprehendée.
234
Ainsi mourut constament l'année mil dix cent soixante & dix, cette innocente & belle Princesse, que l'humeur trop severe de son mary, les mauvais conseils de ses domestiques, & peut-être une grande jeunesse, & beaucoup d'enjoüement ont fait passer pour coupable, & rendu une des plus mal 235 heureuses personnes de ce siecle.
FIN.
Empreinte (illisible) de la bibliothèque.
P Ar Grace & Privilege du Roy, Donné à Versailles le 14. jour d'Octobre 1677. Par le Roy en son Conseil, Signé Des vieux, & scellé du grand Sceau de cire iaune. Il est permis à Claude Barbin, Marchand Libraire, de faire imprimer un Livre intitulé la Princesse d'Isembourg, pendant le temps & l'espace de sept années entieres & consecutives, à commencer depuis le jour que ledit Livre sera achevé d'imprimer, & deffences sont faites à toutes sortes de person- nes de quelque qualité & condition qu'elles soient, d'imprimer, faire imprimer, vendre ny debiter ledit Livre sans le consentement dudit Barbin, sur peine de trois mil livres d'amende, & confiscation des Exemplaires contrefaits, dépens dommages & interests : comme il est plus amplement porté par ledit Privilege.
Registré sur le Livre de la Communauté des Marchands Libraires & Imprimeurs de cette Ville de Paris, le 18. Octobre 1677. suivant l'Arrest du Parlement du 8. Avril 1653. & celuy du Conseil Privé du Roy du 27. Février 1665. Signé, Couterot, Syndic. Achevé d'imprimer pour la premiere fois le 5. Novembre 1677.

Noms propres

Aarschot

V. de Belgique (Région flamande), prov. de Braband flamand, arr. de Louvain. 26 327 hab. Église Notre-Dame (chœur du XIVe s.).
  • Aarschot, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Albi

Ch. -1. du dép. du Tarn, sur le Tarn. 46 579 hab. (aggl. 64 359) (Albigeois). [...] HIST. La ville (Albiga à l'époque gallo-romaine) fut réunie au Xe s. à la maison de Toulouse et rattachée à la Couronne en 1284. Centre actif de l'« hérésie » cathare aux XIIe et XIIIe s..
  • Albi, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Arras

Ch.-1. du dép. du Pas-de-Calais, dans l'Artois, sur la Scarpe. [...] HISTOIRE. Anc. cap. des Atrébates, la ville fut détruite en 407, relevée par saint Vaast en 500, ravagée par les Normands en 880, puis restaurée à nouveau. Elle resta sous l'autorité des comtes de Flandre jusqu'au XIIe s. Intégrée à la France à la suite du mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut (1180), elle passa à la Bourgogne en 1384. Louis XI la reprit (1477), mais les Arrageois se rallièrent à Maximilien d'Autriche (1493). Louis XIII la conquit en 1640. Le Grand Condé et les Espagnols l'assiégèrent, mais furent repoussés par Turenne (1654). Le traité des Pyrénées la céda définitivement à la France et Vauban la fortifia (1659). Très disputée en raison de sa situation stratégique, Arras résista aux Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Occupée en mai 1940, elle fut libérée en sept. 1944.
  • Arras, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Aubijoux

Le château d'Aubijoux se situe dans un bourg de Marcenat, commune au nord de Cantal dans l'Auvergne.

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Auvergne

Région administrative située au centre de la France. L'Auvergne compte quatre départements : Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme.
  • Auvergne, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Bade (en all. Baden)

Anc. État de l'Allemagne du S.-O. qui s'étendait sur la plaine rhénane de Bâle à Mannheim, et sur le versant occidental de la Forêt -Noire. HISTOIRE. Occupé par les Romains puis par les Alamans, le pays de Bade, partie du duché d'Alémanie ou de Souabe, fut érigé en margraviat v. 1100. Déchiré, pendant la guerre de Trente Ans, entre la ligue catholique de Baden-Baden et la ligue protestante de Baden-Durlach, il fut réunifié par Charles-Frédéric de Baden-Durlach, et, en 1806, constitué en grand-duché (dont le dernier héritier fut Maximilien de Bade). Il adhéra à la Confédération du Rhin (1806) et à la Confédération germanique (1815), puis entra dans l'Empire allemand (1870). La Constitution de 1919 fit du Bade une république. En 1945, le Nordbaden, industriel (Karlsruhe, Mannheim), était en zone d'occupation américaine, le Südbaden autour de Fribourg-en-Brisgau en zone française. Après la fondation de la République fédérale d'Allemagne, le Bade et le Wurtemberg furent réunis pour former le Land de Bade-Wurtemberg.
  • Bade en all. Baden, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Berg

Anc[ien] État d'Allemagne situé sur la rive d. du Rhin. Assez convoité pour être passé successivement du duché de Clèves et du Palatinat à la Bavière (1777), à Napoléon en 1806 qui en fit pour Murat un grand-duché, enfin à la Prusse en 1815 qui l'incorpora en 1824 à la Rheinprovinz, auj. en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le pays de Berg offre sur les premières pentes du Massif schisteux rhénan une très forte densité de petites entreprises métallurgiques [...].
  • Berg (duché de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Brandebourg (en all. Brandenburg)

Région historique de l'Allemagne s'étendant sur la partie N. de la grande plaine centrale allemande, entre l'Elbe et l'Oder à l'E. HIST. Occupé jusqu'au IIe s. par des peuples germaniques, puis envahi par les Slaves, le Brandebourg fut constitué en marche par Charlemagne. [...] Passé à la maison de Wittelsbach (1323), érigé en électorat en1361, le Brandebourg leur fut arraché par la maison de Luxembourg en 1373, Sigismond de Luxembourg en fit don en 1415 à son neveu Frédéric de Hohenzollern et lui conféra le titre d'électeur en 1417. Le Brandebourg s'enrichit du duché de Clèves en 1614 et du duché de Prusse en 1618. Frédéric-Guillaume, dit le Grand Électeur, après sa victoire de Fehrbellin (1675), y ajouta la Poméranie suédoise, qu'il fut contraint de rendre en 1679.
  • Brandebourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Carmélite

Nom des religieuses de l'Ordre du Carmel. (Les religieux de cet ordre s'appelaient des Carmes.) L'Ordre du Carmel fut fondé en 1185 par Berthold de Calabre sur le mont Carmel en Israël.
  • Carmélite, Dictionnaire de l'Académie française en ligne (1694), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 6 novembre 2009.
  • Carmel (le) ou ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Cologne (en all. Köln)

V. d'Allemagne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans une plaine fertile, sur la rive g. du Rhin. [...] Fondée en -38 par les Ubiens sous le nom d'Ara Ubiorum (autel des Ubiens), puis rebaptisée Colonia Agrippinensis par Claude en l'honneur de sa femme Agrippine (49), elle fut agrandie et fortifiée sous Néron. [...] Promue ville impériale au XIIIe s., elle eut durant tout le Moyen Âge une grande prospérité commerciale (verreries, céramique, vins), adhéra à la Hanse et fut en relations avec toutes les grandes cités allemandes. Son éclat artistique et intellectuel était très grand. Thomas d'Aquin, Duns Scott et Albert le Grand enseignèrent à l'université. Elle eut sa propre école de peinture (XIVe - XVIe s.) dont le principal représentant était Lochner. Mais, du XIIIe au XVIIe s., des luttes d'influence opposèrent la riche bourgeoisie commerciale à l'archevêque-électeur. Celles-ci furent marquées par le combad de Worringen (1288) et la guerre de Cologne (1582 - 1584). Prise par les Français en 1794, elle passa à la Prusse en 1815.
  • Cologne en all. Köln, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Douai

Ch.-1. d'arr. du Nord, sur la Scarpe. [...] HISTOIRE. Duacum à l'époque gallo-romaine, la ville obtint une charte communale au XIIe s. alors qu'elle appartenait aux comtes de Flandre. En 1667, Lous XIV prit Douai qui fut fortifiée par Vauban ; par le traité d'Utrecht (1713), la ville revint définitivement à la France. Fondée par Philippe II, son université joua un rôle important contre le protestantisme. Elle fut transférée à Lille en 1887.
  • Douai, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ferdinand II de Habsbourg

Empereur germanique (1619-1637). Succédant à son cousin Mathias II, il se trouva aux prises avec le soulèvement protestant de la Bohême qui fut à l'origine de la guerre de Trente Ans. Déchu et remplacé par l'électeur palatin Frédéric V que la noblesse tchèque avait élu roi, il écrasa son adversaire à la Montagne Blanche (1620). En 1626, Christian IV, qui avait repris la tête du parti protestant en Allemagne, était battu à son tour (Lutter) et Ferdinand imposait la paix de Lübeck (1629). Les excès de la répression (édit de Restitution) provoquèrent une reprise des hostilités, Gustave II Adolphe, poussé par la France, intervint et remporta une suite de victoires (Breitenfeld, le Lech, Lützen), mais sa mort permit à l'empereur un rétablissement (Nördlingen). Ferdinand fut secondé par de brillants généraux (Tilly, Wallenstein, Maximilien de Bavière). On l'accuse généralement d'avoir obéi à un catholicisme et à un autoritarisme excessifs et intransigeants, mais sans doute agissait-il surtout dans le désir de consolider les possessions des Habsbourgs.
  • Ferdinand II de Habsbourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Flandre

  • Flandre-Occidentale (en néerl. West-Vlaanderen) : Prov. de Belgique (Région flamande). [...] LANGUE : néerlandais. Ch.-1. Bruges. La prov. est divisée en 8 arr. : Bruges, Dixmude, Ypres, Courtrai, Ostende, Roeselare, Tielt, Veurne.
  • Flandre-Orientale (en néerl. Oost-Vlanderen) : Prov. de Belgique (Région flamande). [...] LANGUE : néerlandais. Ch.-L. Gand. La prov. est divisée en 6 arr. : Aalst, Dendermonde, Eeklo, Gand, Oudenaarde, Sint-Niklaas.
  • Flandre-Occidentale, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Flandre-Orientale, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Frise (en néerl. Friesland)

Prov. du N. des Pays-Bas. [...] HISTOIRE. Peuplant un territoire aux contours mal définis, mais beaucoup plus vaste que la Frise actuelle, les Frisons (parents des Saxons) apparurent au début de l'ère chrétienne parmi les tribus germaniques de la côte de la mer du Nord, entre la Meuse et la Weser. [...] Au Moyen Âge, la Frise, faisant partie du Saint-Empire romain germanique se trouva morcelée en de nombreux États (comtés de Hollande et de Zéland, évêché d'Utrecht, seigneurie de Groningue). Sous cette appellation substitaient alors la Frise proprement dite et la Frise-Orientale. La première, longtemps pomme de discorde entre les comtes de Hollande et les ducs de Saxe, échut à ces derniers en 1498 quand l'empereur Maximilien nomma Albert, duc de Saxe, gouverneur perpetuel de Frise. Elle passa ensuite sous l'autorité de Charles, duc de Gueldre, puis, en 1515, du futur empereur Charles Quint. En 1579, la Frise adhéra à l'Union d'Utrecht et suivit désormais le sort des Provinces-Unies.
  • Frise (en néerl. Friesland), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Frédéric II de Nuremberg

(1188-1255). Frédéric II de Nuremberg fut le co-burgrave de Nuremberg de 1204 à 1218, ainsi que le comte de Zollern de 1201 à 1251. Frédéric II appartient à la quatrième brange de la lignée Hohenzollern-Hechingen, issue de la première branche de l'illustra Maison de Hohenzollern.

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Frédéric-Henri d'Orange-Nassau

Orange, près d'Avignon dans le Vaucluse, devint une principauté au XIIIe siècle. Celle-ci revint, par le jeu des alliances, à la branche hollandaise de la famille de Nassau en 1544 qui conserve encore le titre de prince d'Orange. La lutte pour le contrôle de la principauté entre les Princes d'Orange et Louis XIV commença aux années 1640 et finit en 1702 quand le territoire fut formellement annexé à la France. Cette lutte connut un tournant important en 1673, quand Louis XIV annexa tout le territoire de la principauté à la France et fit raser le château des princes d'Orange.
C'est Frédéric-Henri d'Orange-Nassau (1584-1647), un allié de la France, qui mit fin à l'alliance vers la fin de sa vie en faveur de l'Espagne, qui reconnut l'indépendance des Provinces-Unies (à partir desquelles furent créés les Pays-Bas actuels) en 1648.
  • Orange (province de l'État libre d'), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Orange, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Frédéric-Henri d'Orange-Nassau, Wikipédia l'encyclopédie libre (30 septembre 2016), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 janvier 2017. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Henri_d%27Orange-Nassau.

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Furstenberg

Famille allemande originaire de Souabe, connue surtout par Wilhelm Egon Fürstenberg, évêque de Strasbourg (1684 - 1704). Fidèle allié de Louis XIV, il dut se réfugier en France. Sa candidature à l'électorat de Cologne, soutenue par Louis XIV, fut une des causes de la guerre de la ligue d'Augsbourg.
  • Furstenberg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Groenlo (Grolle en français)

Ville située dans la province de Gueldre dans l'est des Pays-Bas, près de la frontière allemande.

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Gueldre (en néerl. Gelderland)

Prov. des Pays-Bas. [...] HIST. Après avoir appartenu au Saint Empire, la province de Gueldre devint un duché (maison de Nassau), puis passa à Charles le Téméraire de 1472 à 1477 et enfin à l'Autriche et à l'Espagne. La Basse-Gueldre se joignit aux Pays-Bas protestants en 1579 et la Haute-Gueldre passa aux mains de la Prusse lors de la guerre de la Succession d'Espagne. Occupée par la France sous Napoléon, la Gueldre fut divisée entre les Pays-Bas et la Prusse par la paix de Vienne en 1815.
  • Gueldre en néerl. Gelderland, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Gustave II Adolphe

(Stockholm 1594 - Lützen 1632). Roi de Suède (1611 - 1632). Grâce à l'aide du chancelier Oxenstierna, il parvint à rétablir la paix entre la Suède et le Danemark, entre la Suède et la Russie et entre la Suède et la Pologne.
  • Gustave II Adolphe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Hohenzollern

Famille allemande qui tire son nom du château de Hohenzollern, près de Sigmaringen, en Souabe.
  • Hohenzollern , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Infante

l'Infante d'Espagne, id est, la fille d'Espagne..
  • Nicot, Jean, Infante, Le Thresor de la langue francoyse (1606), The ARTFL Project, Department of Romance Languages and Literatures, University of Chicago, Internet, 6 novembre 2009.

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Isabelle-Claire-Eugénie de Habsbourg (l'Infante) (en esp. Isabelle Clara Eugenia)

(1566 - 1633). L'enfant du roi Philippe II d'Espagne ; gouvernante des Pays-bas, duchesse de Brabant, de Gueldre, de Lothier et de Limbourg, Comtesse d'Artois, de Flandre, de Hainaut, de Bourgogne et de Namur.
  • Philippe II, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Isabelle d'Espagne (1566 - 1633), Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_d'Espagne_)1566-1633).

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Isenbourg

L'une des principautés de la Confédération du Rhin, qui fut fondée en 1806 par seize princes allemandes. Quoique la Confédération fût protégée par Napoléon, elle s'effondra en 1813. L'Isenbourg existe de nos jours sous le même nom et constitue plusieurs comtés du Saint-Empire romain germanique.
  • Confédération du Rhin , Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Isenbourg, Wikipédia l'encyclopédie libre (12 août 2009), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 1er octobre 2009. https://fr.wikipedia.org/wiki/Isenbourg.

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Isenbourg (Château de)

Le site alsacien du château fut un poste avancé de l'antique Voie romaine commerciale et militaire. À l'époque mérovingienne, le roi Dagobert II (652-679) céda sa demeure aux évêques de Strasbourg suite à la guérison miraculeuse de son fils. La petite ville de Rouffach étant devenu le centre des possessions de l'évêché dans le sud de l'Alsace, l'édifice servit de résidence aux évêques lors de leur venue dans la région. Le château existait au 12e siècle, mais fut détruit en 1199. En 1612 la construction d' un nouveau château fut entreprise au nord de l' ancien. Les travaux eurent lieu de 1612 à 1617, la décoration intérieure étant à peu près achevée en 1626. Ce château fut endommagé en 1632 par une troupe française et probablement restauré par l'évêque de l'époque vers 1664. Les anciennes superstructures furent démolies en 1822, et une restauration moderne entamée en 1972.

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Le Languedoc (de la langue d'oc, l'occitan)

Ancienne province dans le sud de France qui aurait compris les régions contemporaines de Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Auvergne et une partie de la Haute-Loire. Le Languedoc appartient à l'Occitanie, ancienne région du sud-ouest de l'Europe dont les habitants parlèrent occitan comme langue principale.
  • Languedoc, Wikipédia l'encyclopédie libre (21 mars 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Languedoc.
  • Le Languedoc n. m., (d'après la langue où l'on dit oc « oui », c'est-à-dire l'occitan), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.
  • Occitanie, Wikipédia l'encyclopédie libre (16 avril 2011), Los Angeles, Wikimedia Foundation, Internet, 21 avril 2011. https://fr.wikipedia.org/wiki/Occitanie.

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Le Neubourg

Le Neubourg est une ville en Normandie, site d'un château médiéval et d'événements politiques importants depuis le XIIe siècle.

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Leucate

Comm. de l'Aude, arr. de Narbonne, au N. de l'étang de Leucate. 2 177 hab. (Leucatois). De part et d'autre du grau de Leucate, s'étend l'ensemble touristique de Leucate-Barcarès comprenant les plages de Leucate et de Barcarès, et les stations balnéaires de Port-Leucate et de Port-Barcarès (Pyrénées-Orientales).
  • Leucate, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Longaigne

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Lorraine

Anc. province de l'E. de la France qui a donné son nom à une région. HISTOIRE. [...] cette région devint le cœur de l'empire carolingien. [...] au XVIe s. [...] la Lorraine joua alors un rôle de premier plan dans la politique française, par l'intermédiaire des Guise, cadets de la maison ducale, se fit le champion du catholicisme [...] et, après sa réconciliation avec Henri IV (1595), connut son apogée, accompagné d'un épanouissement intellectuel et artistique [...].
  • Lorraine, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Louis XIII le Juste

(Fontainebleau 1601 - Saint-Germain-en-Laye 1643). Fils d'Henri IV et de Marie de Médicis. À l'âge de neuf ans suivant la mort de son père, Louis XIII prit le trône comme roi de France (1610 – 1643), et sa mère fut proclamée régente. Puisque sa mère lui exclut du pouvoir, même quand il atteignit l'âge de régner, Louis finit par exiler Marie de Médicis à Blois. Cependant, à cause de l'instabilité mentale et la mauvaise santé, le roi restaient incapable d'exercer le pouvoir total. Ainsi, il compta sur son principal ministre le cardinal de Richelieu pour les conseils politiques. Ensemble, ils enlevèrent aux Huguenots La Rochelle (1628) ; ils vainquirent les Espagnols dans la guerre franco-espagnole (1635-1659) ; finalement, ils réussirent à établir la France comme une grande puissance européenne.
  • Louis XIII le Juste, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Lude (le)

Ch.-1. de cant. de la Sarthe, arr. de La Flèche. 4 424 hab. (Ludois). Église Saint-Vincent (XIIe et XVIe s.). Château des XIIIe-XIVe s. Maisons anc. Centre touristique. Produits laitiers.
  • Lude (le), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Mathias II de Habsbourg

(Vienne 1557 - id. 1619). Empereur germanique, roi de Hongrie et de Bohême (1612 - 1619). Troisième fils de Maximilien II, il succéda à son frère Rodolphe II. L'échec de ses tentatives pour réconcilier catholiques et protestants devint manifeste avec la défenestration de Prague (1618). Il laissa la couronne à son cousin Ferdinand II de Habsbourg.
  • Mathias II, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Ratisbonne (diète de)

Diète réunie en 1541 par Charles Quint, en présence d'un légat du pape, pour restaurer l'unité entre catholiques et protestants dans l'Empire. Les théologiens catholiques furent Eck, Gropper, J. von Pflug, les protestants Melanchthon et Bucer. S'appuyant sur les résultats du colloque de Worms qui avait précédé, l'entente faillit se faire ; elle échoua pourtant et, après une ultime tentative cinq ans plus tard (colloque de Ratisbonne), Charles Quint s'engagea dans la guerre contre les protestants tandis que la papauté entrait activement dans la Contre-Réforme.
  • Ratisbonne (diète de), Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Reims

Ch. -1. d'arr. de la Marne, sur la Vesle, en Champagne. [...] HIST. Métropole des Rèmes, la ville eut d'Abord pour nom Durocortorum (« forteresse ronde ») et fut la métropole de la Gaule belgique en 17. Clovis s'y fit baptiser par saint Remi en 496 et les rois de France s'y firent sacrer. La fortification de la ville par Philippe le Bel date de 1295, l'institution de l'université de 1547.
  • Reims, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Rhin (en all. Rhein, en néerl. Rijn)

Fl. d'Europe occidentale (1 320 km), tributaire de la mer du Nord. Né dans les Alpes suisses de la réunion du Rhin antérieur (Vorderrhein), émissaire du lac Toma (2 341 m), et du Rhin postérieur (Hinterrhein) né dans le massif de l'Adula, à 2 216 m, il se dirige d'abord vers le N., traverse le lac de Constance où il marque la frontière entre la Suisse et l'Autriche et s'enrichit de la Reuss, de la Limmat et de l'Aar. Il prend ensuite la direction de l'o., jusqu'à Bâle et sert de frontière entre la Suisse et l'Allemagne, la première conservant cependant en rive d. l'enclave de Schaffhouse et la fameuse chute du Rhin. [...] Aux Pays-Bas, le fleuve se subdivise en quatre bras : l'IJssel (qui alimente l'IJsselmeer ou ancien Zuiderzee), le Vieux Rhin, le Waal (qui se dirige vers la Meuse) et le Lek qui rejoint Rotterdam.
  • Rhin en all. Rhein, en néerl. Rijn, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Rodolphe II de Habsbourg

(Vienne 1552 - Prague 1612). Empereur germanique (1576 - 1611), roi de Hongrie (1572 - 1608) et de Bohême (1575 - 1611), fils de Maximilien II. Installant sa capitale à Prague, il protégea la Contre-Réforme catholique, mais assura aussi aux protestants de Bohême la librté de culte (lettre de majesté, 1609). Plus attiré par les arts et les sciences que par la politique (il protégea Tycho Brahé et Kepler), il fut supplanté par son frère Mathias II.
  • Rodolphe II de Habsbourg, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Siège de Groenlo (Grolle en français)

Frédéric-Henri d'Orange-Nassau attaqua la ville, alors espagnole, en 1627. Après un mois de siège, la ville s'est rendu aux Hollandais jusqu'à la fin de la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648, avec une trève entre 1609 et 1621). C'est sa position stratégique à la frontière allemande qui lui vaut plusieurs sièges au cours de cette guerre où les Pays-Bas cherchaient à se libérer de l'Espagne.

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Souabe

Région d'Allemagne méridionale, à cheval sur le Wurtemburg et le plateau bavarois. [...] HIST. En 950, (la Souabe) passa au fils d'Othon le Grand et resta désormais dans la famille impériale (Frédéric Barberousse était duc de Souabe). L'extinction de la maison de Hohenstaufen fut suivie d'une période d'anarchie et de la formation de différentes ligues (1331, 1360, 1376), jusquà la grande ligue de Souabe (1488 - 1533) qui assura l'ordre et seconda l'autorité autrichienne : elle soutint Maximilien Ier dans sa lutte contre la Suisse, puis écrasa Ulrich de Wurtemberg, Franz von Sickingen et les Paysans. Déchirée par la guerre de Trente Ans, la Souabe fut définitivement démantelée lors du traité de Westphalie.
  • Souabe, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Toulouse

Ch.-1. du dép. de la Haute-Garonne et de la région Midi-Pyrénées, sur la Garonne. [...] HISTOIRE. Anc. cap. du royaume wisigoth, devenue cap. du royaume d'Aquitaine, Toulouse abitra l'Inquisition au XIIIe s. ; l'ordre des dominicains y fut fondé pour combattre l'hérésie. La ville avait subi les effets de la croisade contre les albigeois, et Simon IV de Montfort fut tué en l'assiégeant (1218). Le comté de Toulouse fut intégré au domaine royal en 1249. Après une période de décadence, c'est au XVe s. que Toulouse renaquit et essaya de garder ses traditions jusqu'à la Révolution. Son expansion n'a pas cessé depuis le XIXe siècle.
  • Toulouse, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Varades

Ch.-1. de cant. de la Loire-Atlantique, arr. d'Ancenis. 3 039 hab..
  • Varades, Le Petit Robert : Dictionnaire illustré des noms propres, Paris, Dictionnaires le Robert, 1994.

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Vaubecour

Régime de Vaubecour : Le régiment de Vaubecour exista aux années 1630 en France.
  • Chaumont, Gazette de France, tôme premier, Paris, 1766.

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Élizabeth de Habsbourg

La fille du comte Albert IV de Habsbourg, de la maison d'Autriche, et l'épouse de Frédéric II de Nuremberg.

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Notes

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