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Advis touchant le mariage

ADVIS TOVCHANT LE MARIAGE.

LA femme est vne mer, & le mary nocher1,
Qui va mille perils sur les ondes chercher,
Et celuy qui deux fois se plonge en mariage
Endure par deux fois le peril du naufrage:
Cent tempestes il faut à toute heure endurer,
Dont la mort seulement peut l’homme retirer.
Si tost qu’en mariage vne femme on a prise,
On est bien lié, qu’on perd toute franchise,
L’homme ne peut plus rien faire à sa volonté.
Le riche auec orgueil gesne sa liberté,
Le pauure rend du tout sa vie miserable,
Car pour vn, il conuient en mettre deux à table.
Celuy qui laide femme a dedans sa maison,
N’a plaisir auec elle en aucune saison:
La belle au seul mary à peine aussi peut estre,
Les voisins comme luy taschent à la cognoistre.
Elle passe le iour à se peindre, & farder,
Son occupation n’est qu’à se regarder
Au cristal d’vn miroir, conseiller de sa grace.
Despitée si quelqu’autre en beauté la surpasse,
Semblable est leur beau teint à ces bastons à feu2
Qui n’estans point fourbis se rouillent peu à peu:
Si le pauure mary leur manque de caresse,
On l’accuse soudain d’auoir autre maistresse.
La femme trouble vn lict de cent mille debats
Si son desir ardent ne tente les combats,
Et si l’homme souuent en son champ ne s’exerce,
Labourant, & semant d’vne peine diuerse.
La mer, le feu, la femme auec necessité,
Sont les trois plus grands maux de ce monde habité:
Le feu bien tost s’estaint : mais le feu de la femme
Soudain brusle, & ardent n’estaint iamais la flamme.

Notes

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